Préhistoire du Sahara et de ses abords: Tome 2 - Le Néolithique ou le temps des producteurs (2) 9782343174525, 2343174520

Préhistoire du Sahara et de ses abords . Plus qu'en d'autres régions, la Préhistoire au Sahara est marquée par

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Préhistoire du Sahara et de ses abords: Tome 2 - Le Néolithique ou le temps des producteurs (2)
 9782343174525, 2343174520

Table of contents :
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INTRODUCTION
Chapitre I
Chapitre II
TABLE DES MATIERES

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Préhistoire du Sahara et de ses abords

Ginette Aumassip et Michel Tauveron

Préhistoire du Sahara et de ses abords Tome 2 Le Néolithique ou le temps des producteurs

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17452-5 EAN : 9782343174525

INTRODUCTION Pour l'Homme, l'Holocène marque un changement majeur par le passage d’un monde de chasseurs-cueilleurs à celui de paysans et la conquête d'un nouvel espace, la mer. A partir des 8-7èmes millénaires, en effet, en Méditerranée, une navigation bien affirmée met en relation le sud et le nord. Une savane plus ou moins claire supplante alors le désert qui s'était développé sur le Sahara lors de la dernière période glaciaire. Les hommes qui, au cœur du Sahara, s'étaient réfugiés dans des secteurs privilégiés, véritables niches écologiques où l'eau était restée accessible, vont se déployer. Ceux qui vivaient au sud vont suivre la remontée du front intertropical, en accompagnant une faune d'éléphants, girafes, félins, hippopotames, poissons, oiseaux aquatiques... qui occupaient les plaines herbeuses et les plans d'eau. A l'est, les crues de la vallée du Nil vont chasser les occupants qui rejoindront les dépressions du désert redevenues des lieux favorables à la vie. Au 8ème millénaire, l'essentiel du Sahara est réoccupé. Les transformations amorcées au Paléolithique, constitution de réserves, enterrement des morts, développement de la parure et de l’art, trouvent alors leur plein épanouissement tandis qu’émergent lentement et irrégulièrement des innovations économiques et technologiques, que des structures sociales nouvelles s'affirment. Elles appellent une montée globale du psychisme par interaction avec l'environnement ayant conduit en divers points, en des temps voisins, à la naissance d'idées et pratiques semblables. Partout, l'homme développe de nouvelles manières de se procurer sa nourriture, facilitant la pousse de certains végétaux, apprivoisant des animaux, substituant les uns et les autres à des produits de chasse et de cueillette ; il fabrique des récipients en terre cuite, invention qui deviendra fondamentale dans l’histoire des hommes. Le Néolithique, dont nous sommes les derniers héritiers, est né. Au 7ème millénaire, seuls le Constantinois et le Sudtunisien semblent ne pas l'avoir adopté. La diachronie dans la mise en place de ces nouveaux processus a ouvert la voie à diverses interprétations ou plutôt dénominations. Dans la définition du Néolithique africain, deux écoles s'affrontent. L’une privilégie la technologie et l’expression picturale, s’appuyant préférentiellement sur l'apparition de techniques nouvelles telles que la céramique ou le piquetage et le polissage d'outils lithiques comme les haches, meules, broyeurs et sur l’importance prise par les représentations humaines dans l’art. L’autre réserve le terme Néolithique aux sociétés où seuls des témoins directs de production animale ou végétale ont été identifiés. Cette dernière définition qui peut paraître a priori plus pertinente, néglige le fait qu’un changement dans l’économie d’une société humaine ne

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Sahara préhistorique peut se faire sans changement dans ses techniques. Au plan pratique, elle présente de notables difficultés qui vont parfois, ainsi que l’a souligné G. Quechon, entraîner de véritables absurdités en considérant des groupes humains dont on ignore le mode réel d'existence comme forcément chasseurs-cueilleurs, au seul fait de l'absence, chez eux, de preuve directe d'agriculture ou d’élevage ; tel serait souvent le cas de bien des sites bovidiens sans les indications portées par l’art rupestre ! Aussi, avec Ch. Bonnet, posent-on la question « Doit-on à cause d’une réalité climatique et technique nier un certain développement pour ces sociétés ? »1. Alors que la question n'est pas close, une autre s'amorce, celle de l'appartenance ou non du Néolithique à la Préhistoire. Certains auteurs en effet, voient dans la mise en place de systèmes de production une coupure majeure qui oppose le Néolithique au Paléolithique et propose de lui appliquer le terme de Protohistoire2. Quoique connaissant des variantes dans sa définition actuelle, jusqu'alors, Protohistoire marquait un autre moment crucial de l'évolution de l'homme, le passage à l'écriture syllabique en s'appliquant aux sociétés ne possédant pas elles-mêmes ce mode d'expression, mais connues par ce biais. A l'inverse de ceux qui traitent de Paléolithique, les travaux sur le Néolithique saharien sont nombreux. Mais il s'agit souvent de notes éparses, dues au ramassage de quelques pièces, qui ne permettent pas l'exploitation cohérente des documents. Seules les recherches programmées qui se sont développées au cours de ces dernières décennies conduisent à de premières synthèses régionales. C'est le cas des travaux menés dans la vallée du Nil et le long de ses affluents, dans les oasis égyptiennes, dans l'Akakus, le Tassili n'Ajjer, le Bas Sahara, la bordure de l’Aïr, le Sahara malien ou le Sahara atlantique, plus récemment dans les marges avec ceux du Rif marocain, de la péninsule tingitane, de Tunisie centrale ou du nord de la Libye. Grâce à la mise au point de nouvelles méthodes d’analyse, de nombreux sites de surface ont pu être pris en considération, les méthodes de radiodatation actuelles ont permis de multiplier les données chronologiques, renforçant les points d’ancrage précis, la prise en compte des paléoenvironnements a contribué à un meilleur accès aux activités des hommes même si, souvent, l’altération du matériel non lithique entraîne des difficultés pour identifier certains comportements. Néanmoins, bien des sites sont trop réduits pour fournir des données susceptibles de préciser des cultures, auquel cas il a été fait appel à des ensembles régionaux qui paraissaient les unités les mieux cernées. Aujourd’hui, la précision apportée par le géopositionnement par satellite (GPS) permet de situer les moindres vestiges ce qui pourrait ouvrir vers l'identification de circuits et la compréhension des déplacements. Retracer l'histoire récente de la tribu des Hominines dans son développement, ses luttes, son appropriation de la terre, ne saurait se faire sans une périodisation. Les éléments de sériation nécessaires pour l’établir sont souvent fournis par l’étude typologique, soutenue par l'étude technologique ; elles permettent de suivre les traditions dans l'équipement, les « manières de faire » et 1.- Origini, 90-91 : 338. 2.- D’autres, soulignant l’incidence des activités humaines sur la nature, proposent une nouvelle ère qu’ils nomment Anthropocène.

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Introduction leurs transformations, de définir des critères significatifs et, par leur récurrence, d’en mesurer le poids statistique. Plus qu'en tout autre moment de la préhistoire, ressortent alors les diachronies : les transformations n'ont pas eu partout le même rythme, n'ont pas produit les mêmes effets. Les divergences sont marquées entre les cultures de la vallée du Nil qui contribueront à édifier les premiers empires, celles qui conduiront aux premiers villages de Mauritanie et celles de la zone désertique où les hommes « piégés » dans les oasis, mettront en place une multitude d’attitudes leur permettant de survivre ; elles soulignent le rôle fondamental de l'environnement et l'extraordinaire plasticité des hommes. L’usage des datations par le radiocarbone, qui s’est développé dans les années 60, est à l’origine d’un réajustement des données archéologiques et de nouvelles orientations méthodologiques. S’il a contribué à vieillir l’Atérien dont seule la phase finale est contemporaine de l’Aurignacien et du Périgordien d'Europe, à vieillir l’Ibéromaurusien, le séparant radicalement du Capsien, il a aussi remodelé l’Epipaléolithique, montrant des relations Capsien typique - Capsien supérieur autres qu’évolutives. Il a permis de cerner divers faciès de cette culture, fait admettre l’existence très ancienne de la céramique en zone saharienne. Au Néolithique récent, Histoire et Préhistoire s’entremêlent et il a fallu attendre de disposer de dates calibrées1 pour que les éléments livrés par l’archéologie puissent être parallélisés avec les données historiques2 : par comparaison avec des données obtenues par dendrochronologie et/ou des datations de coraux par la méthode Uranium/Thorium, en effet, il est désormais possible de corriger la déviation des dates 14C par rapport au calendrier. Ces déviations, induites par les variations de la teneur de l’atmosphère en carbone radioactif au cours du temps, furent constatées lors de comparaisons avec le calendrier égyptien. Bien qu’en constante augmentation, le nombre de points de repères fourni par dendrochronologie ou U/Th reste limité et c’est par la modélisation mathématique qui en résulte, que s’obtiennent des courbes de calibration ; si l’on parle souvent de dates calendaires pour les datations 14C calibrées, c’est qu’elles se placent sur une échelle de temps d’ordre comparable, mais il faut garder à l’esprit que la précision d’une telle datation reste loin de celle d’un calendrier historique3 et que sa 1.- Dans les pages qui suivent, les dates 14C mentionnées ont été calibrées avec le programme Radiodarbon Calibration program « Calib » rev. 4.3 (© M. Stuiver & P.J. Reimer, 2000) établi d’après les courbes de correction de 1993 (Stuiver M., Reimer P.J., 1993, Radiocarbon, 35, 215-230), étendues et rectifiées en 1998 (Stuiver M., Reimer P.J., Bard E., Beck J.W., Burr G.S., Hughen K.A., Kromer B., McCormac F.G., v.d. Plicht, J. Spurk M. 1998, Radiocarbon 40). Les datations ajoutées lors de la révision du texte le sont également par les programmes 2013 Calib Radiocarbon Calibration Stuiver M., Reimer P.J., Reimer R., version 7.0htmln et CalPal online. Elles sont exprimées sous la forme de fourchettes « av. J.-C. » ou « ap. J.-C. », expressions équivalentes aux « Cal BC » ou « Cal AD » des auteurs anglo-saxons ; les limites données sont les dates extrêmes obtenues par la calibration à 1 sigma selon la méthode de la distribution des probabilités, arrondies à la quinte la plus proche. Il n’a été appliqué aucun coefficient de correction lié au laboratoire ou à des données techniques, la publication de la plupart des dates ne le permettant pas, particulièrement les plus anciennes. Les indications chronologiques « génériques » (siècle, millénaire) sont, par défaut, av. J.-C. ; toute référence à une période postérieure au début de l’ère chrétienne est clairement précisée dans le texte. 2.- Un certain flou a existé dans l’écriture de ces résultats. Ils furent longtemps ramenés à une approche calendaire exprimée en BC par soustraction de 1950 (le zéro du radiocarbone) ; les données calibrées allaient montrer des inadéquations rendant simpliste une telle transformation et, selon les auteurs, elles seront un temps transcrites en BP ou bp, BC ou bc, avant que des formulations mieux normalisées ne s’imposent. 3.- Une modélisation de la chronologie historique égyptienne par l’équipe d’Oxford montre la possibilité de décalage de quelques décennies des dates calibrées par suite des effets saisonniers et d’effets réservoir dans des

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Sahara préhistorique pertinence est largement tributaire de la nature de l’échantillon, des conditions d’échantillonnage, voire de la courbe de calibration utilisée. Longtemps, les datations de carbonates furent discutées, compte tenu des risques de contamination par des carbonates d’origine géologique lors des processus de fossilisation ; les progrès réalisés dans l’étude des isotopes stables du carbone (12C et 13C) ont permis de cerner précisément de telles influences et d’obtenir des dates fiables sur des matériaux tels que l’apatite de l’os, le test d’œuf d’autruche, ce dernier essentiel à la chronologie en zone aride. En n'utilisant que de très faibles quantités de carbone, la mesure par accélérateur au spectromètre de masse, communément abrégée AMS, a permis de s’affranchir de certains problèmes d’échantillonnage et donné accès à de nouveaux matériaux. Il est ainsi devenu possible de dater directement les peintures rupestres ou d’affiner la chronologie de sites de surface sahariens par les datations d’esquilles osseuses calcinées, de tessons céramiques à dégraissant végétal, la technique permettant (théoriquement) d’obtenir l’âge d’un seul tesson et non plus l’âge « moyen » d’un sac de 200 g, ce qui néanmoins pose une question de représentativité si les datations ne sont pas multipliées. En l'absence de matière organique, la thermoluminescence TL, la luminescence stimulée optiquement OSL, peuvent être utilisées avec une marge d'erreur comparable aux fourchettes de datations 14C calibrées pour l’Holocène ancien ; à partir de l’Holocène moyen, actuellement, le 14C est généralement plus précis. Les moyens d'exprimer ces résultats ont varié au cours du temps, il s'en suit des données fluctuantes, même aujourd'hui où selon le protocole de calibration que l'on utilise, on obtient des valeurs légèrement différentes. Pour éviter les désordres que ce détail est à même d'introduire, il est indispensable d’indiquer, pour chaque mesure, le résultat exprimé en B.P. et sa référence. Les questions de Génétique et Linguistique interviennent de plus en plus dans la compréhension du développement et de l’origine des sociétés africaines. Des langues qui ont pu être parlées, on sait peu de chose. En Egypte, l’ancien égyptien utilisé jusqu’à la Première période intermédiaire (env. 2200-2000 av. J.-C.), avec probablement des différences régionales et temporelles, se serait séparé des autres langues afro-asiatiques vers 6000-5500 av. J.-C. La coïncidence entre cette donnée linguistique et les répercutions de la phase aride mi-holocène des climatologues est troublante. Si les divergences importantes qui existent entre les auteurs, tant en Génétique qu'en Linguistique, ne permettent pas encore de leur accorder un crédit total, il est permis d’envisager dans l’avenir, l’utilisation de ces disciplines en complément de l’Archéologie, au même titre que l’Histoire ou l’Ethnographie. Avec ce passage du Paléolithique au Néolithique, l’Holocène apparaît ainsi comme un des grands moments de l'Histoire des Hommes, une des étapes fondamentales dans son processus d'évolution qui l'éloigne définitivement du parcours traditionnel d’une espèce.

écosystèmes fermés sans changement climatique important.

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Chapitre I L’HOLOCèNE, PéRIODE POST-GLACIAIRE La fin de la glaciation de Würm marque le début d’une nouvelle période géologique, l’Holocène1. Elle porte le nom de Guirien dans la Saoura, Rharbien au Maroc2, Malakien en Afrique orientale. Au cours de ces temps, les vicissitudes du climat ont entraîné deux phases majeures d’érosion-sédimentation : l’une, à l’Holocène inférieur, correspond à un climat à tendance froide et pluvieuse, l’autre, à l’Holocène moyen, a été plus chaude et généralement plus sèche. Après le grand aride développé sur le Sahara durant la dernière phase glaciaire, la reprise de la pluviosité y a favorisé le développement de nouveaux modes de vie matérialisés par la mise en place de systèmes de production, de nouvelles structures sociales. Des civilisations qui durent être brillantes se sont développées dans la zone saharienne. Elles ont périclité, puis disparu sous l’effet d’une aridité croissante piégeant des populations dans quelques niches écologiques et entraînant les autres vers la périphérie où elles ont contribué à la création des premières cités.

Le climat La régression glaciaire s’est accompagnée d’un réchauffement généralisé de l’atmosphère et d’une disponibilité plus grande de l’eau. Le niveau de la mer qui avait atteint la cote -120 m, remonte. Cette remontée, dite transgression versilienne en Méditerranée, y atteint son maximum vers 8500 B.P. (7600 av. J.-C.), submergeant des îles, dont une à l’ouest de Gibraltar, a pu poser en termes scientifiques la question de l’Atlantide3. Cette transgression n’a pas été régulière, elle a connu des phases de stationnement et de menues régressions qui traduisent des oscillations secondaires du climat. Sur la côte atlantique, cette transgression a reçu le nom de Mellahien au Maroc. Plus au sud, elle est peu marquée, probablement oblitérée par les phénomènes de subsidence de la côte, un maximum transgressif dit Nouakchottien4 y est daté seulement de 5570 ± 120 B.P. (T404) (4540-4260 av. J.-C.). La mer 1.- Récemment, l’Holocène a perdu sa valeur d’étage unique et a été divisé en 3 : Holocène inférieur 117008200 B.P. dit Greenlandien, moyen 8200-4200 dit Northgrippian, supérieur 4200-actuel dit Meghalayan. 2 .- Beaudet et al font correspondre Rharbien et Sub-boréal. 3 .- Les particularités de cette île sont telles que J. Collina-Girard a pu poser la question d’une correspondance avec l’Atlantide telle que l’évoque Platon. Cf L’Atlantide retrouvée ? Enquête scientifique autour d’un mythe. 2009, Bellin, Paris. 4 .- La définition du Nouakchottien a été adoptée par la Commission du Lexique stratigraphique lors de sa réunion à Dakar en 1966. Il est caractérisé par la terrasse marine de 3m, terrasse de sables fins. Pour certains auteurs, ce qui est vu comme maximum transgressif, ne traduirait qu’un niveau de tempête.

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Sahara préhistorique nouakchottienne voit l’épanouissement de certaines espèces Anadara (Arca) senilis, Donisia isocardia, Cardium edule qui auront un rôle important dans la vie des populations côtières. Après un abaissement de la température de l’océan d’environ 5° C depuis 5700 B.P. (4540 av. J.-C.), une dérive littorale s’établit le long de la côte atlantique vers 5000 B.P. (3800 av. J.-C.) ; au sud du Cap Timiris, elle crée des cordons sableux qui barrent les golfes et les transforment en lagunes. Cette formation a été nommée Tafolien. Elle est marquée de courtes oscillations dues à des périodes humides autour de 3500, 2500 et 500 B.P. (1800, 600 av. J.-C. et 1400 ap. J.-C.). Les détails de ces variations climatiques (fig. 1), qui n’ont pas eu le même effet à toutes les latitudes, commencent à être assez bien connus. Les réajustements qui accompagnent la fin de la glaciation se sont traduits en crises climatiques plus ou moins sensibles dans le Sahara ou ses abords méridionaux. Dans le Tell septentrional, un épisode aride situé vers 11500 B.P. (11500 av. J.-C.), lié à une reprise du froid durant quelques centaines d’années, a été bien perçu dans la végétation identifiée dans le gisement du Relilaï (Algérie). Au sud de l’Atlas saharien, cet épisode est peut-être télescopé avec les marques d’une extrême aridité antérieure, en particulier celles qui se perçoivent le long du piedmont méridional et autour des chotts. Durant l’Holocène inférieur, la pluviosité n’atteint pas la même intensité et n’intervient pas au même moment dans le Sahara septentrional et méridional. Dans les régions méridionales touchées par la mousson, elle est précoce, marquant dès 12000 B.P. (12100 av. J.-C.), une expansion de la zone tropicale. Graduellement en effet, à partir de 15000 B.P. (16000 av. J.-C.), le Kanémien est passé à un épisode pluvieux qui porte ici le nom de Tchadien et qui est bien connu au Tchad et au Niger. Outre la remontée des nappes, à partir de 9500 B.P. (8800 av. J.-C.), la pluviosité a permis l’installation de lacs à lignes de rivage élevées -à son maximum, le lac d’Ine Kousamène, dans le nord du Mali, se serait étendu sur 300 km2-. Elle serait importante au Soudan septentrional, atteignant 600 mm à Khartoum, un peu plus faible vers l’ouest, estimée à 500 mm dans la région d’Akjoujt en Mauritanie. Au Tibesti, où s’édifie une nappe à matériaux grossiers1 qui est en relation avec des lacs à sédimentation calcaire, certains auteurs lui ont accordé des valeurs de 600 Fig. 1 – Variation de la pluviosité au cours de l'Holocène (en date calendaire) : à droite, augmentation de la pluviosité, à gauche diminution. Une telle courbe ne saurait être qu'approximative : le plus souvent, on ignore encore les intensités voire les dates en raison des décalages régionaux et de données chiffrées plus ou moins précises selon les particularités des prélèvements et l'époque où les mesures ont été réalisées. 1.- Des lambeaux d’une nappe antérieure, graveleuse, rouge, sont en outre conservés sur les sommets les plus hauts.

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L’Holocène à 1000 mm selon l’altitude, pour d’autres, elle serait restée réduite car les oueds n’ont pu alimenter les lacs du Niger ou du Tchad. Dans l’Akakus, à Uan Muhuggiag, la pluviosité n’aurait oscillé qu’entre 150 et 300 mm durant l’optimum. En Ahaggar, les dépôts holocènes constituent le sommet d’une terrasse qui se serait édifiée entre 15000 et 7500 B.P. (16000 et 6400 av. J.-C.) ; des calcaires lacustres qui seront suivis de déformations se déposent dans l’Atakor entre 11600 et 8500 B.P. (11600 et 7600 av. J.-C.). A l’inverse, dans le Sahara septentrional qui est soumis aux pluies méditerranéennes, les précipitations restent peu efficaces durant l’Holocène inférieur, de l’ordre de 50 à 100 mm. Dans la région d’Ouargla, d’Hassi R’mel, elles ne laissent pas de traces sur les versants et les remontées de nappe n’amènent pas de résurgences à écoulement continu. Ainsi, à El Hassi, la compétence des eaux a été insuffisante pour drainer des sédiments, la source n’a permis que l’installation d’un remblaiement type El Haouita. Cependant, les pluies deviennent tangibles à l’ouest du Sahara : dans la Saoura, avec le début de la sédimentation guirienne, les oueds allochtones amorcent la construction de la basse terrasse, à Kadda des calcaires lacustres sont datés de 10100 ± 200 B.P. (10130-9310 av. J.-C.). Y. Callot reconnaît une phase d’extension maximale des plans d’eau dans le Grand Erg Occidental et la date entre 8800 et 7350 B.P. (7900-6200 av. J.-C.). Il l’attribue à une pluviométrie locale d’origine atlantique et/ou méditerranéenne, au Maroc, dans les monts d’Oujda, une phase d’érosion importante est alors identifiée. Dans le Sahara central, le gisement de Tin Hanakaten conserve les traces de brèves séquences arides vers 9400-9300 B.P. (8700-8550 av. J.-C.), puis 85008200 B.P. (7600-7200 av. J.-C.). Elles sont marquées par des langues de sable éolien plus ou moins vastes, s’intercalant dans une partie du dépôt anthropique. Ces séquences sont bien connues dans la vallée du Nil, où la plus ancienne marque la fin d’une phase pluvieuse nommée Sélima, datée autour de 9700 B.P. (8600 av. J.-C.), la plus récente sépare la phase pluvieuse d’El Beid (9300-8800 B.P. soit 8550-7950 av. J.-C.) de celle de Nabta Playa datée entre 8600 et 7100 B.P. (7600 et 6000 av. J.-C.). Au Niger, le lac de Gobero disparaît entre 8200 et 7500 B.P. (7200 et 6400 av. J.-C.). Dans la vallée de la Saoura, l’enrichissement de la sédimentation en sables éoliens pourrait traduire l’une de ces phases. Au sud, dans la région de Taoudeni, aucune trace de ces moments arides n’a été retrouvée et un seul haut niveau de lac a été perçu pour celui d’Ine Kousamène à 9000-7500 B.P. (8250-6400 av. J.-C.). Vers 7300 B.P. (6200 av. J.-C.), une nouvelle crise aride, courte, qui paraît généralisée et avoir eu des incidences majeures sur les paysages de nombreuses régions, est dite « aride mi-holocène ». Les sédiments lacustres des régions méridionales témoignent alors d’une nette baisse des eaux1. Dans la vallée du Nil, F. Hassan date cette séquence de 7100 à 6900 B.P. (6000 à 5800 av. J.-C.). Dans le nord du Mali, elle se placerait entre 7000 et 6000 B.P. (5900 et 4900 av. J.-C.), donc y serait plus tardive qu’au Tchad où M. et S. Servant la situent vers 7500 B.P. (6400 av. J.-C.). Au Niger, le lac de Gobero est asséché entre 6700-6400 B.P. (5600-5400 av. J.-C.). Au Tassili n’Ajjer, elle est traduite à Tin Hanakaten, 1.- M. Servant nomme cette phase, Nigéro-Tchadien IV.

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Sahara préhistorique par un lit millimétrique de sable éolien dont le dépôt paraît terminé à 7220 ± 140 B.P. (Gif 5419) (6230-5920 av. J.-C.). Dans le Sahara septentrional, elle est marquée par des ensablements qui, dans le sillon de l’oued Mya, peuvent être couronnés par un gô mal consolidé. A El Hassi, elle construit une croûte gypseuse coiffant un remblaiement1. C’est alors qu’une nouvelle génération de dunes se met en place à l’ouest de l’Ahaggar et que l’érosion prend fin dans la région d’Oujda. Un changement de direction des vents dominants est possible, c’est ce que suggèrent les dépôts de l’abri de Ti l in Frsa, en Ahaggar. Nanti de deux ouvertures opposées, l’abri renferme, à la base, une sédimentation de sables rouges semblables à des dépôts méridionaux des environs, elle est suivie d’une sédimentation de sables ocre semblables aux dépôts qui se trouvent au nord de l’abri. Les sables ocre sont enrichis en cendres et ont donné la date moyenne de 5500 ± 100 B.P. (Gif6144) (4456-4253 av. J.-C.). Cela rejoint une remarque de R. Vernet qui voit les sites de la culture Foum Arguin se protéger des vents du sud et sud-ouest qui prédominaient avant 7000 B.P. (5900 av. J.-C.). Une reprise des pluies ne sera pas partout la même. Au Tibesti, des pluies torrentielles détruiront les dépôts de tufs qui barrent les oueds en haute montagne. En Ahaggar, ce seraient plutôt des pluies peu violentes et réduites auxquelles P. Rognon rapporte les sables et graviers formant la basse terrasse. Dans les régions méridionales, les pluies resteront plus faibles qu’antérieurement ; M. Servant nomme Nigéro-Tchadien V ce moment où un climat tropical avec des saisons contrastées se met en place. L’extension des lacs ou des mares, dont le haut niveau est perçu vers 5000 B.P. (3800 av. J.-C.), sera moindre qu’à l’Holocène inférieur. La faune ichtyologique trouvée dans de nombreux sites du Sahara central datant de l’Holocène inférieur et représentée dans les gravures bubalines et les peintures têtes rondes devient rare. Toutefois, entre 6600 et 6000 B.P. (5600 et 4900 av. J.-C.)2, des dépôts argileux carbonatés à Limicolaria3 se forment à nouveau dans les dépressions méridionales et des sols bruns se constituent. Dans la vallée du Nil, F. Hassan n’identifie plus des phases pluvieuses mais seulement humides : El-Heiz entre 6900 et 6100 B.P. (5800 et 5100 av. J.-C.), Kharga I entre 5900 et 5000 B.P. (4800 et 3800 av. J.-C.), Kharga II entre 4800 et 4600-4500 B.P. (3550 et 3300-3200 av. J.-C.). L’épisode aride qui sépare El-Heiz de Kharga I, se retrouve peut-être en Mauritanie vers 6400-6200 B.P. et dans le Darfour où deux petits pics d’aridité sont alors mentionnés par Dumont et El Moghraby4. Dans le Sahara septentrional, inversement, l’humidité paraît alors plus efficace qu’à l’Holocène inférieur. Dans l’Atlas saharien, si l’on retient les propositions de M. Ould Baba Sy5, son maximum serait atteint entre 5000 et 4500 B.P. (3800 et 3200 av. J.-C.) avec une valeur de 850 mm et une augmentation régulière depuis l’aride mi-holocène alors que durant l’Holocène 1 .- Cf p. 88. 2 .- 6605 ± 140 B.P. (Az22) (5660-5380 av. J.-C.), 6540 ± 130 B.P. (Az20) (5620-5370 av. J.-C.), 6010 ± 120 B.P. (Az54) (5050-4730 av. J.-C.). 3 .- Pulmoné qui implique une humidité permanente. 4 .- Dumont H.J., El Moghraby A.J., 1993 - Holocene evolution of climate and environment, and stone ‘city’ ruins in Northern Darfur, Sudan: Is there a relationship? Environmental change and human culture in the Nile basin and Northern Africa until the second Millenium B.C., Krzyzaniak L., Kobusiewicz M., Alexander J. eds., Poznan : 381-397. 5 .- Ould Baba Sy M., 2005 - Recharge et paléorecharge du Système aquifère du Sahara septentrional. Thèse Faculté des Sciences de Tunis.

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L’Holocène inférieur, les précipitations n’auraient montré qu’un pic à 550 mm entre 8000 et 7500 B.P. (6900 et 6400 av. J.-C.). Dans les monts d’Oudja, au Maroc, L. Wengler reconnaît une phase humide avec bonne répartition des pluies du 5ème au milieu du 3ème millénaire, elle sera suivie d’une phase plus aride qui se poursuit de nos jours. Dans la Saoura, les fonds lacustres se multiplient de 6000 à 4000 B.P. (4900 à 2500 av. J.-C.). Des ravinements sont perceptibles dans le Bas-Sahara ; le débit de la source d’El Hassi augmente jusqu’à permettre une incision dans le bouchon sableux. L’occupation humaine, particulièrement lâche jusque là, explose. C’est la raison de l’appellation « humide néolithique » dont on affuble encore parfois ce moment1. Avec des décalages de quelques centaines d’années, qui peuvent atteindre un retard de l’ordre du millénaire dans le Sahara méridional, le climat actuel se manifeste à partir de 4500-4000 B.P. (3200-2500 av. J.-C.). C’est le Nigérotchadien VI de Servant. Les ergs récents se forment. Cette fin du dernier épisode humide est bien marquée dans les cuvettes du Nord Mali ou à Gobero avec l’assèchement du lac ; celui-ci connaîtra cependant une petite remontée à 40003700 (2500-2100 av. J.-C.) ainsi, peut-être, qu’à 2400-2300 B.P. (450-390 av. J.-C.). Au Tibesti, l’aridité n’est réellement perçue qu’en fin de 1er millénaire av. J.-C., une nappe à matériaux fins s’édifiant entre 5000 et 2000 B.P. (3800 et 0 av. J.-C.). Dans l’Atlas saharien, pour Ould Baba Sy, la récession serait rapide à partir de 4000 B.P. (2500 av. J.-C.), atteignant les valeurs actuelles à 1000 B.P. (1050 ap. J.-C.). M. Benazzouz a montré que l’aridité ne se mettait pas en place de manière continue, il reconnaît des oscillations traduites par des phases d’ensablement. Il situe la plus ancienne entre 4500-4000 B.P. (3200-2500 av. J.-C.), une nouvelle phase hyperaride intervient entre 3300-3000 B.P. (1550-1200 av. J.-C.), puis 2400-2200 B.P. (550-250 av. J.-C.), les conditions actuelles se mettant en place à partir de 1650 B.P. (400 ap. J.-C.) et la basse terrasse, historique, se constituant entre 1470-1350 B.P. (600-650 av. J.-C.) ou vers 610 B.P. (1350 ap. J.-C.). Ces oscillations sont identifiées en de nombreuses régions, à l’est comme à l’ouest, mais pourraient connaître des décalages. A l’est, elles sont perçues dans la vallée du Nil, entre 4000-3400 B.P., 2950-2900 et 2000-1500 B.P. (2500-1700 av. J.-C., 1150-1100 av. J.-C., 0-600 ap. J.-C.), à l’ouest dans le nord de la Mauritanie, L. Hebrard en fait état entre 4500 et 4200 B.P. (3200 et 2800 av. J.-C.), puis aux environs de 3000 B.P. (1200 av. J.-C.). Au Maroc, une reprise d’érosion serait sensible vers 4000 B.P. (2500 av. J.-C.), les dépôts sont disséqués, les oueds s’encaissent, la basse terrasse se constitue. Cette pulsation pourrait être mise en relation avec une remontée rapide du lac d’Ine Kousamène qui atteint à nouveau un maximum vers 3600-3400 B.P. (1950-1700 av. J.-C.) ; pour certains auteurs, cette rapidité confirmerait que les aquifères n’ont pas été asséchés. En Ahaggar, la dernière terrasse pourrait s’être mise en place alors. Elle est antérieure à l’entaille récente des oueds qui, elle, date probablement de l’Antiquité ou est un peu plus ancienne, une pluviosité de l’ordre de 400 à 500 mm ayant pu être proposée en Libye littorale à l’époque romaine. Pour le Sahara méridional, les variations de niveau du lac Tchad donnent de bonnes indications. Le Paléo-Tchad a connu deux épisodes majeurs à l’Holocène inférieur, L1 et L2, séparés par une importante régression entre 9800 et 1 .- L’expression est née de l’idée d’une néolithisation n’intervenant au Sahara qu’à cette période.

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Sahara préhistorique 9200 B.P. (9300 et 8450 av. J.-C.). Le premier, L1, est composé de trois petites transgressions dont le maximum se place à 12500, 11300 B.P. et entre 101009800 B.P. (12800, 11300 et 9700-9300 av. J.-C.). Le second, L2, est moins précis, il traduit une transgression entre 9200 et 7500 B.P. (8450 et 6400 av. J.-C.). Une nouvelle transgression se placerait entre 7000 et 5200 B.P. (5900 et 4000 av. J.-C.)1 et la plus récente entre 3500 et 3000 B.P. (1800 et 1200 av. J.-C.), moment où la dernière régression s’installe. Avec la fin des temps glaciaires, la série (ou époque) pléistocène s'achève et une nouvelle série (ou époque) géologique débute, l'Holocène. Ses témoins peuvent être datés aisément et finement par 14C en raison de la conservation de matière organique dans nombre d'entre eux. De multiples oscillations climatiques deviennent perceptibles dans la sédimentation ; elles montrent souvent de légers décalages d'une région à l'autre qui compliquent l'appréhension globale des transformations. Cette absence de synchronisme des changements marquants fait qu'il n'y a pas de stratotype marin traditionnel. Les subdivisions sont basées sur des carottes glaciaires (NGRIP) que peuvent appuyer des spéléothèmes (Mawmluh, Inde, pour le Meghalayen).

Le milieu naturel Les glacis et terrasses qui se forment au cours de l’Holocène sont peu nombreux et tous restent modestes. Ils sont courts, à dépôts limoneux avec galets émoussés, illites, chlorites ; dans les montagnes du Sahara central, ils peuvent ne pas être encaissés dans la terrasse moyenne, mais la recouvrir. L’Ahaggar connaît diverses manifestations volcaniques qui sont datées de 6090 ± 300 B.P. (Orsay) (5330-4690 av. J.-C.) dans la région d’Idelès. Outre des scories, des cendres et lapillis, des basaltes se répandent, s’étendant faiblement sur les alluvions. Au Tibesti, l’activité se traduit encore par des fumerolles, des dépôts de natron et de soufre. Au Néolithique, l’homme va introduire des modifications sensibles dans le milieu en pratiquant l’agriculture et l’élevage. Le déboisement qui les accompagne et qui deviendra de plus en plus important, entraînera des transformations de plus en plus sensibles2.

La végétation

Les fluctuations climatiques ont constamment engendré des modifications du couvert végétal3, mais leurs impacts ne sont pas partout les mêmes, l’incidence du substrat conduit à des secteurs privilégiés, ceux qui ont une forte capacité de 1 .- La télédétection et une ré-analyse des données disponibles ont conduit M. Leblanc et G. Favreau (Regards sur le méga-lac Tchad holocène révélé par la télédétection. Géochronique, 2006, n° 99) à placer ce dernier épisode entre 8500 et 6300 B.P. (7600 et 5260 av. J.-C.), ce serait la dernière manifestation du Méga-Tchad ; cela rejoindrait les propositions de H. Faure, 1966, Evolution des grands lacs sahariens à l’Holocène. Quaternaria, 8 : 165-175. 2.- Certains auteurs, soulignant l’incidence des activités humaines sur la nature, proposent de nommer Anthropocène, cette période et d’en faire une nouvelle ére. 3 .- Par ailleurs régi par les conditions écologiques.

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L’Holocène rétention hydrique comme les vallées, les lits d’oued, les dayas du Maghreb, les playas du Machreg. A l’ouest, une extension rapide de la végétation grâce à l’intensification des flux de mousson atlantique (dite aussi mousson africaine) est sensible vers 9000 B.P. (8250 av. J.-C.). Au nord, des couloirs de végétation se développent le long des oueds venant des versants méridionaux de l’Atlas. Au Sahara méridional, les formations de type savane à acacias s’étendent vers le nord couvrant les plaines d’une steppe arborée largement ouverte, riche en Graminées et Composées, dominée par les acacias. Acacia ehrenbergiana occupe les oasis du Sahara oriental. Acacia albida, arbre de la savane soudanienne qui demande une nappe phréatique assez proche de la surface, une pluviosité minimale de l’ordre de 300 mm et des sols bien drainés se développe près de Tin Hanakaten, au Tassili n’Ajjer. Ponctuellement, des peupliers, tamaris, figuiers, appellent des eaux à faible profondeur. A Amekni, les données palynologiques traduisent un paysage à micocouliers, arbres de Judée, figuiers et oliviers avec, peut-être, du chêne vert ; l’absence de résineux dans les analyses laisse penser à leur rareté dans ce secteur. La fréquence du micocoulier dans les sites de Tadrart attribuables à cette période évoque un paysage comparable. A l’Holocène moyen, la végétation traduit déjà une dégradation. Le Massif central saharien montre une biodiversité faible avec une flore qui ne se différencie de l’actuelle que par la présence d’Erica arborea, bruyère encore présente au Tibesti. Les espèces arborées sont peu nombreuses : Pistacia atlantica et Olea laperrini sont les seules se retrouvant dans toutes les analyses (Silet, In Tekadène, Taessa, Ikadelout). Le cèdre, Cedrus atlantica, est plus rare (Silet, oued Ahor). Le cyprès, Cupressus dupreziana, dont seulement quelque 230 spécimens subsistent actuellement dans les Meddak, n’est mentionné qu’à Sefar1. Acacia raddiana, arbre peu exigeant en eau (il accepte une pluviosité de 50 mm, ne tolère pas d’inondation), qui aime les sols sableux, se trouve à Tin Hanakaten. Dans les régions méridionales, des fluctuations pouvant atteindre une grande amplitude apparaissent. Un secteur comme le Gilf Kebir témoigne de conditions difficiles entre 7700 et 4300 B.P. (6600 et 2900 av. J.-C.) par la pauvreté de sa flore dominée seulement par deux taxons, Tamarix et secondairement Ziziphus ; autour de 6600, 5700 et 4800 B.P. (5600, 4550 et 3550 av. J.-C.), le développement de Mœrua crassifolia et Balanites ægyptiana qui s’associent à quelques acacias y traduit des pics d’humidité. Ils se retrouvent peut être dans le nord du Soudan, avec une végétation sahélienne qui, vers 7000 B.P. (5900 av. J.-C.) et après 6000 B.P. (4900 av. J.-C.), remonte de 300 à 500 km à plusieurs reprises. De 6000 à 4000 B.P. (4900 à 2500 av. J.-C.), apparaît une dégradation qui connaît des décalages régionaux. Dans les wadi Howar et Shaw, vers 5300 B.P. (4100 av. J.-C.), une végétation sahélienne se substitue à la végétation soudanaise. A l’ouest, la flore indique une diminution de la pluviosité ainsi qu’un allongement de la saison sèche ; une reprise du couvert végétal apparaît entre 4000 et 2000 B.P. (2500 et 0 av. J.-C.) suivie d’une destruction rapide vers 2000 1 .- L’extension de ce taxon a longtemps posé problème. Des restes signalés dans l’oued Tin Tarabine qui lui étaient attribués appelaient à une vaste distribution, or une étude récente a montré qu’il s’agissait d’un acacia (M. Thinon, com. pers.).

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Sahara préhistorique B.P. (0 av. J.-C.), qui met en place les conditions actuelles. Dans les régions telliennes, les cédraies sont remplacées par des formations à base d’oliviers et pistachiers ou de chênes à feuillage caduc. Des variations sont saisies en milieu capsien, à Aïn Misteheyia, avec la consommation de plus petits Vertébrés, et une augmentation de la consommation d’Helicella aux dépends d’Helix, ce qui est rapporté à un court épisode, chaud et aride. A partir de 4500 B.P. (3200 av. J.-C.), les facteurs anthropiques vont déterminer une grande part des paysages. Dans le Tell, il est probable qu’ils ont favorisé le remplacement de la forêt de chênes à feuillage caduc par des chênaies à chêne vert et chêne liège. Dans la montagne des Aurès, une dégradation qui résulterait autant de l’action de l’homme que du climat, est bien marquée à partir de 4500-4200 B.P. (3200-3000 av. J.-C.). Dans les montagnes du Sahara central, la présence de taxons européens (chênaie mixte fragmentaire) et méditerranéens (cédraie, junipéraie), auprès d’éléments steppiques (Graminées, Salsolacées, armoises) et tropicaux (épineux type Acacia) avait laissé supposer une disparition du désert à l’Holocène. Or, les travaux de A. Ballouche et M. Thinon ont montré que les éléments méditerranéens étaient des plantes endémiques, plantes locales à rythme de végétation méditerranéen, et non un continuum de la végétation de la zone méditerranéenne comme ce fut longtemps admis ; les taxons européens qui avaient été identifiés provenaient, eux, d’une pollution de la partie superficielle du dépôt de guano ayant livré ces informations. On ne peut donc plus retenir l’effacement plus ou moins marqué du désert lors des phases humides holocènes.

La faune

La faune connaîtra une profonde transformation à partir de l’Holocène moyen avec l’intervention sensible d’une faune domestiquée de bovins, ovins, caprins... Dans le Sahara méridional, on note la présence courante d’hippopotames dans les sites de l’Holocène inférieur alors qu’ils ne figurent que sporadiquement après l’aride mi-holocène. Les bovidés sont fréquents et se retrouvent tout au long de l’Holocène. Les sites de la vallée du Nil montrent la présence de nombreux mammifères de savane, antilopes chevalines, oribis, kobs, buffles, phacochères, girafes, éléphants, chats sauvages, lions, des hippopotames, des tortues et crocodiles. Le nord du Sahara est peuplé de gazelles, antilopes, mouflons, bovins, sangliers. L’autruche est omniprésente. Pelorovis antiquus1 a été rencontré dans le Sahara central et dans le Tell où il figure parmi les restes de faune du Capsien et du Néolithique. Loxodonta africana, connu actuellement en Afrique tropicale et équatoriale, a été retrouvé dans le Capsien (Khanguet el Mouhaâd) et le Néolithique du Tell (Fort de l’eau, Bou Zabaouine, Adrar Gueldaman) ; la taille des individus qui y vivaient encore à l’époque carthaginoise souligne une dégénérescence qui peut être liée à un isolat ou à des conditions de vie devenues difficiles. Il est donc possible que leur disparition à l’époque romaine ne soit pas le seul fait d’une surexploitation par l’homme. 1 .- Il est nommé bubale par les uns qui suivent A. Pomel, inventeur de l’espèce, buffle par d’autres qui craignent une confusion avec l’antilope bubale.

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L’Holocène Les animaux présents, ceux figurés par l’art rupestre, peuvent apporter d’utiles indications sous réserve de pouvoir leur accorder une position chronologique et d’éviter les généralisations. On connaît en effet les exigences écologiques des diverses espèces représentées. Des poissons comme Tilapia demandent des eaux profondes, renouvelées, à l’inverse de Clarias qui vit en eau superficielle et peut parcourir de longues distances sur terre. L’hippopotame est lié à un milieu aquatique, les antilopes Redunca redunca, Adenota kob ne s’éloignent jamais de l’eau, Phacocherus æthiopicus est un habitant des espaces herbeux bien ouverts. Diceros bicornis, le rhinocéros noir, est très rustique alors que Ceratotherium simum, le rhinocéros blanc à longue corne, plus exigeant en matière de nourriture et d’eau, marque des îlots préservés. A l’éléphant, on attribue comme limite l’isohyète 150, mais il est capable d’importants déplacements, car bien que recherchant l’eau et la boue pour se baigner et se débarrasser de ses parasites, il peut ne s’abreuver que tous les deux ou trois jours, ce qui rend peu fiable cette limite. De même, la limite 200 mm donnée pour la girafe peut être ramenée à 50 mm en prenant en compte sa grande mobilité.

Les hommes

Au post-glaciaire, une forte variabilité transparaît dans la population. Au Sahara central, plusieurs types humains sont attestés : un type négroïde est identifié à la fois dans l’art et les restes osseux, un type europoïde dans l’art et par des cheveux venant de fouilles. D’après J.L. Heim, à Tin Hanakaten, les individus de l’Holocène inférieur montrent la coexistence d’un type négroïde peu différencié, pourvu d’affinités méditerranéennes et d’un type négroïde plus robuste. Au Tibesti, D. Jäkel identifie également, vers 7000 B.P. (5900 av. J.-C.), une population mixte. A cette population montagnarde s’oppose, dans les plaines du Sahara méridional et occidental, un type mechtoïde ; il aurait été retrouvé récemment en Ahaggar dans un coffrage non daté, implanté dans un site néolithique. Il ne se retrouve pas dans la vallée du Nil qu’il occupait au Paléolithique supérieur. Là, va se mettre en place, au cours des 5ème-4ème millénaires, le type éthiopien1; il succèdera à une population de grande variabilité, encore mal connue malgré ses nombreux restes. Dans le Nord, L. C. Briggs a signalé ces caractères mixtes, méditerranéens et négroïdes, sur le crâne du Khanguet el Mouhaâd2. Dans cette partie du Maghreb, un mechtoïde gracile identifié aux débuts de l’Holocène, fait place au cours du Capsien, à une forme dite proto-méditerranéenne, comparable à la population actuelle et qui est bien connue dans le Néolithique et les monuments mégalithiques. Cette forme n’est pas sans évoquer le type Chancelade d’Europe et offre des ressemblances avec les Natoufiens du Proche-Orient. Mais l’on ne sait encore dire si cette gracilisation, largement répandue, résulte d’un déplacement de population différenciée au Proche-Orient comme on l’a admis longtemps, d’un métissage ou d’une évolution sur place, laquelle pourrait être liée à un nou1 .- Il se caractérise par une face allongée, sans prognathisme, un nez droit et des cheveux droits ou ondulés. 2 .- Il ressemblerait à la fois aux restes connus dans l’oasis de Siwa (Ouest égyptien) et à ceux du Soudan oriental, se reliant ainsi aux groupes « semi-hamites » ; L. C. Briggs conclut à un type méditerranéen avec des caractères le reliant aux groupes qu’il nomme « boskopoïdes » et « Nègres soudanais ».

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Sahara préhistorique veau mode de vie. Pour P. Biberson, dès le Néolithique apparaissent au Maroc des éléments « vieux méditerranéens » et petit à petit se constitue le peuplement que les diverses invasions, des Phéniciens aux Hillaliens, ne changeront guère.

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L'amélioration climatique intervenue au début de l'Holocène a dynamisé la vie végétale et animale dans le Sahara et sur ses bordures. Puis les incessantes fluctuations de la pluviosité, accompagnées de sa diminution globale, ont entraîné une réduction des espèces en zone saharienne et, à partir de 2000 B.P. (0 av. J.-C.), le paysage actuel est en place. L'action de l'homme est d'abord sans incidence irréversible sur l'environnement mais, à partir du 4ème millénaire, certains milieux vont être sévèrement affectés. Connu par de nombreux restes, l'homme montre une grande variabilité morphologique. En zone saharienne, mechtoïdes, négroïdes, méditerranoïdes se côtoient, leurs sphères d'action s'interpénètrent. Dans la vallée du Nil, s'y ajoutera au Néolithique moyen, une population de type éthiopien. Alors que les conditions environnementales deviennent plus difficiles, les contacts deviennent plus nombreux, ainsi des divergences majeures qui auraient pu conduire à un développement de caractères spécifiques et un buissonnement de formes s'estompent. Chez Homo sapiens, les différences restent à peine au rang de « variétés ».

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Chapitre II L’ECONOMIE NEOLITHIQUE D’importantes transformations vont apparaître durant l’Holocène. En mettant en place un nouveau mode de vie qui s’appuie sur l’agriculture et l’élevage, non seulement l’homme développe la production de biens de consommation, mais favorise aussi une certaine distance vis-à-vis de son environnement physique, élargissant ainsi sa sphère culturelle. Suivant l’expression du Professeur Fabrizio Mori de l’Université de Rome, « nous assistons à une prise de conscience de la valeur de l’homme et de sa suprématie ». Les vestiges matériels1 permettent de saisir ce changement par l’empreinte que l’agriculture et l’élevage impriment au milieu, par des modifications technologiques inhérentes à ces changements dont la poterie utilitaire, par l’art qui exprime une pensée nouvelle avec pour sujet essentiel l’homme et non plus l’animal. Dans cette partie de l’Afrique, l’élément le plus marquant car le plus aisé à identifier, est le tesson de poterie2 ; presqu’aussi indestructible que la pierre, issu d’éléments fréquemment renouvelés, il est un des meilleurs traceurs. Cependant ces changements n’interviennent pas partout de la même manière, ni en même temps et ne se développent pas au même rythme : ils peuvent connaître d’importants décalages d’une région à l’autre. Pour suivre les phénomènes de néolithisation en Afrique, il est nécessaire de s’affranchir du modèle proche-oriental que sa position historique et géographique a rendu quelque peu mythique. L’ordre d’apparition des éléments de néolithisation, tel qu’actuellement connu, ne paraît pas le même. A la succession sédentarité, têtes de flèche, agriculture, élevage, poterie dont l’apparition s’échelonne entre 12000 et 8500 B.P. (12100 et 7600 av. J.-C.), les données du Sahara central opposent une présence de poterie antérieurement à une perception de sédentarisation, et un élevage précoce, peut-être antérieur à l’agriculture. Au 9ème millénaire, le bœuf aurait été domestiqué au Sahara oriental et peutêtre au Sahara central, la poterie largement attestée dans la région de Khartoum. 1.- L’habitude tend à être prise chez les francophones d’utiliser le terme « artefact » déformation du mot anglais «  artifact  » pour désigner ces vestiges ; cet anglicisme ne manque pas d’humour, quand on sait qu’en langue française, ce mot désignait jusqu’alors des figures virtuelles que connaissent bien les familiers des lames minces. Une remarque semblable vaut pour le mot « diète » (diet) employé par certains comme synonyme d’alimentation ! 2 .- La Préhistoire utilise indifféremment le mot poterie (du latin « potum » qui indiquait l’usage des verres à boire) ou céramique (du grec « keramos » qui désigne la corne des animaux qui fut le premier récipient et la première forme des verres à boire). Céramique était aussi le nom du quartier d’Athènes où étaient situées les fabriques de tuiles et de briques. Aujourd’hui, le langage courant tend à utiliser le mot céramique pour tout ce qui peut être fabriqué avec de l’argile, poterie étant plus spécifique, réservé aux pièces fabriquées de façon artisanale par un potier.

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Sahara préhistorique Dans le Sahara méridional, la poterie pourrait être plus ancienne, remontant au 10ème millénaire, quelques tessons ayant été retrouvés par E. Huysecom dans un site qu’il place antérieurement à 9400 av. J.-C. Au Maroc, en Oranie, les transformations pourraient dater du 8ème millénaire. Elles seraient plus tardives ailleurs. A en juger par les datations connues aujourd’hui, elles remontent au 7ème millénaire dans le sud du Bas-Sahara. Elles interviendraient seulement au 6ème millénaire dans le Constantinois, la Tunisie5, la Libye septentrionale. L’intervention de nouvelles pratiques ne met pas un terme aux anciennes. La période durant laquelle tous les éléments du Néolithique ne sont pas acquis par tous, a reçu le nom de néolithisation et, si certains auteurs la désignent encore par le terme Mésolithique, il devient de plus en plus rare que l’on emploie celui d’Epipaléolithique pour qualifier ces ensembles industriels si différents de ceux du Paléolithique et en partie identiques à ceux du Néolithique.

Le concept « néolithique » Les manières nouvelles de se procurer la nourriture n’excluent pas les procédés d’acquisition antérieurs. L’homme reste chasseur, cueilleur, quand les conditions le permettent il est pêcheur, mais les relations homme-nature sont balisées par une conception autre. Ce nouveau mode de vie est aussi, avant tout, la traduction d’un changement majeur dans le comportement et la pensée. S’exprimant et se lisant de diverses manières, le concept néolithique n’a pas exactement le même sens chez tous les auteurs. L’appréhension restrictive qui appelle des preuves directes d’élevage et/ou d’agriculture n’a été que peu retenue au Sahara, pauvre en informations concernant la flore et la faune du fait de conditions de conservation défectueuses alors que la complexité du processus de néolithisation est telle, qu’elle permet de le saisir de diverses autres manières, en particulier par le biais d’éléments aisément accessibles, comme l’outillage. Ces transformations n’interviennent pas forcément en même temps, ni de la même manière. Les unes, brusques, traduisent un apport extérieur, l’emprunt à une autre culture, d’autres, progressives, soulignent les hésitations, les tâtonnements qui jalonnent une invention. Toutes n’ont pas eu le même succès. Ces modifications n’interviennent pas non plus sur le même support. On ignore encore ce qu’il était dans le Massif central saharien, là où le Néolithique est des plus anciens. Dans le nord du Bas-Sahara, sporadiquement dans le Sahara oriental ou occidental, tout comme dans le Maghreb occidental, la néolithisation se greffe volontiers sur des industries lamellaires. Dans le Maghreb oriental, elle se développe à partir d’industries à trapèzes et triangles.

Le Néolithique, une transformation de l’Economie Si par la mise en place de systèmes de production, le Néolithique amorce d’importants changements dans la vie des hommes, ils ne sont pas toujours sensibles dans les vestiges, y compris les restes animaux ou végétaux. Ainsi, au tout début du Néolithique, les preuves d’une production sont souvent délicates à identifier : il est difficile d’apprécier le statut sauvage ou

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L’économie néolithique domestique des animaux ou des plantes tant que leur élevage ne se traduit pas par des caractères tranchés, marqués génétiquement et s’exprimant dans leur morphologie. En Afrique saharienne, le problème se double de questions de conservation du matériel non lithique. L’acidité des sols détruit rapidement les ossements, déchiquette les pollens qui sont, en outre, susceptibles de venir de très loin. Le critère montre encore mieux ses limites avec des sites que l’on sait par ailleurs être des habitats de pasteurs, dans lesquels on ne trouve quasiment pas trace d’animaux domestiques malgré, parfois, des conditions de conservation exceptionnelles. A l’instar des pratiques connues chez les peuples pasteurs actuels, on évoque à leur propos la consommation de lait et de sang, celle de chair restant liée à des cérémonies rituelles. Dans de telles conditions qui privent de restes osseux, comment déceler directement une preuve de domestication ? En s’arrêtant à ce seul aspect, on risque de biaiser fortement la compréhension de l’évolution des sociétés humaines et l’on peut perdre de vue que la mise en place d’un système de production passe obligatoirement par l’intervention de nouveaux ensembles industriels, par une nouvelle conception cosmogonique. L’origine de la domestication est largement débattue. Un modèle fréquent la considère comme une invention sans motivation particulière. Certains, à la suite de E. Hahn et E. Isaac, envisagent des raisons religieuses, les animaux auraient été domestiqués en vue de sacrifices rituels. Aujourd’hui encore dans la zone d’élevage des bovins qui s’étend du Portugal à l’Est de l’Inde, une attitude particulière concerne le bétail : en certains endroits, ce sont des sacrifices comme les corridas, en d’autres, une sacralisation qui rend l’animal intouchable. Un autre modèle s’appuie sur une concentration des populations ; proposé par Gordon Childe qui voyait dans le développement de l’aridité au Moyen-Orient un facteur de regroupement des hommes et des animaux près des lieux où se trouvait de l’eau en permanence, il est souvent retenu. De ce contact plus étroit serait née l’idée de domestication. On retrouve ce thème dans la mythologie peule.

Apparition et développement de l’élevage A la suite de R. Haaland, il y a lieu de distinguer élevage et domestication. La domestication est un processus biologique. Elle est définie comme l’ensemble des attitudes humaines favorisant des changements fondamentaux dans la vie des animaux sauvages, destinés à les rendre plus accessibles à l’homme. Elle entraîne des changements physiologiques : une modification du métabolisme avec un développement plus rapide que chez l’animal sauvage conduit à un changement morphologique avec des proportions différentes des diverses parties du corps, d’où des changements de la taille et une modification du cerveau dans la population fondatrice. Elle opère un changement génétique par l’endogamie qu’elle introduit et cette dérive génique est accentuée par la sélection qu’introduit l’intervention humaine. L’élevage est tout autre, c’est un phénomène socio-économique dans lequel l’exploitation de l’animal devient une activité majeure par la mise en place de conditions favorables à son développement. On connaît encore assez mal les moments de la domestication des principales espèces, de plus en plus, l’idée de foyers primaires multiples s’impose et

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Sahara préhistorique il paraît de plus en plus assuré que le Sahara fut un des foyers de domestication des bovins. Au 9ème millénaire, des indices en ont été saisis dans le Sahara oriental et soupçonnés dans le Sahara central. Constatant la fréquente représentation en ligne des hommes dans l’art des Têtes rondes, on peut se demander si ce procédé qui affecte aussi quelques animaux, mouflons, girafes, antilopes, équidés, ne leur accorderait pas un statut particulier. Les bovins L’origine des bovins domestiques dans la zone saharienne ou ses abords est encore imprécise. Il y a consensus pour voir leur ancêtre sauvage dans Bos primigenius, animal qui est connu dans l’ensemble du Sahara au Pléistocène et à l’Holocène. En révélant une séparation des bovins africains de ceux d’Eurasie et d’Inde remontant à 25 000 ans, les données génétiques confortent l’hypothèse d’une domestication locale indépendante et permettent de la rapporter autour du 10ème millénaire. Une réduction de taille est considérée par de nombreux auteurs comme le signe de leur domestication ; en fait la taille est bien plus variable chez les animaux domestiqués que chez les animaux sauvages. Dans le Sahara oriental, des restes osseux rapportés à un animal domestiqué sont mentionnés dans le Néolithique type El Adam daté entre 9600 et 8900 B.P. (9000 et 8100 av. J.-C.). Ils figurent dans le Néolithique type El Kortein qui lui fait suite. Vers 8500 B.P. (7600 av. J.-C.), un bovin domestique se trouverait dans le sud-est du Désert libyque, là où les territoires actuels de Libye, Egypte, Soudan et Tchad se rencontrent. Au Soudan, à Wadi el-Arab près de Kerma, il est daté de 8200 B.P. (7200 av. J.-C.)1. Dans le Sahara central, Bos taurus est présent dans le gisement de Tin Hanakaten aux alentours de 7900 B.P. (6825 av. J.-C.) et soupçonné vers 9000 B.P. (8250 av. J.-C.). Au cours du 7ème millénaire, ses restes deviennent plus fréquents. Des bovins domestiques datant du 6ème millénaire ont été retrouvés à Rabak au Soudan et Mérimdé dans le delta du Nil, à cette époque, voire plus anciennement, ils sont aussi présents à Délébo en Ennedi, à Uan Muhuggiag dans l’Akakus. Le bovin intègrerait la sphère symbolique au 6ème millénaire, voire plus anciennement. Dans la vallée du Nil, au 4ème millénaire, de sévères pathologies osseuses sont vus comme les conséquences de son emploi aux labours. Dans l’art, peint ou gravé, les bovins domestiques interviennent en période têtes rondes, le saut au-dessus du taureau traduisant un pastoralisme déjà fortement engagé. Plus tard, ils seront fréquemment peints en troupeaux au cours de la période bovidienne dont les premières manifestations se situent en fin de 7ème millénaire. La consommation intensive de produits laitiers se lira dans la représentation des pis que l’on doit pouvoir rapporter au Néolithique moyen. L’art conforte ainsi les données issues des fouilles. Pour F. Hassan, l’aridité qui s’abat sur le Sahara vers 7000 B.P. (5900 av. J.-C.) aurait entraîné des migrations vers les régions d’altitude puis, avec l’amélioration climatique qui a suivi, l’élevage des bovins dans la zone saharienne se serait généralisé. 1 .- Celui identifié entre 7600 et 6900 B.P. (6500 et 5820 av. J.-C.), à Dakhla, dans la phase Bashendi, a ensuite été reconnu sauvage.

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L’économie néolithique Si l’idée d’une dispersion à partir de Grèce où ils sont connus au 7ème millénaire, est abandonnée, ces dates ne permettent pas d’exclure une introduction des bovins à partir de Turquie où ils sont datés autour de 9000 B.P. (8250 av. J.C.) à Hacilar, ou du Proche-Orient où ils le sont aux environs de 9500 B.P. (8800 av. J.-C.) à Jericho. Entre les 10ème et 7ème millénaires, la vallée du Nil aurait pu être, d’après K.M. Banks, un centre de domestication ; pour J. Jelinek comme pour P. Huard et J. Leclant ce serait le pourtour des grands massifs montagneux. F. Wendorf a noté une fréquence anormale de restes de bovins dans un contexte environnemental du Sahara égyptien qui ne leur permettait pas de survivre en raison du manque d’eau, il propose d’y voir une intervention de l’homme. Celui-ci se serait déplacé accompagné de quelques animaux qui auraient constitué un « garde manger » ambulant. Les représentations de bovins apparaissent avec des traits suffisamment distincts pour que plusieurs types qui se côtoient, puissent être identifiés. Au Fezzan, A. et A.M. Van Albada en distinguent quatre qui pourraient correspondre à quatre espèces. Outre Pelorovis au port de cornes très caractéristique, un animal lourd, aux cornes puissantes ramenées en pince sur le front serait Bos primigenius. Syncerus caffer serait caractérisé par son attitude tête relevée et cornes rejetées vers l’arrière. Un quatrième type est le bœuf domestique, volontiers représenté en troupeaux. Ses représentations sont dominées par deux formes : un animal haut sur pattes, aux cornes bien développées, souvent lyrées, a été dit Bos africanus, l’autre à cornes courtes dit Bos brachyceros, pose problème, l’unanimité des paléontologues ne se faisant pas sur une synonymie avec Bos taurus ; au nord du Sahara, où il porte volontiers le nom de Bos ibericus1, certains l’assimilent à Bos taurus, d’autres y voient deux espèces indépendantes. Face à cet imbroglio, on peut regretter que les propos d’A. Muzzolini, non conformes aux travaux menés par les paléontologues, ne soient accompagnés d’aucun tableau de mensurations qui pourraient étayer les révisions de nomenclature qu’il a proposées. Les ovi-caprinés Les restes osseux ne permettent pas toujours de distinguer les ovins des caprins, d’où l’expression courante d’ovi-caprinés pour les désigner. Les premiers indices d’élevage d’ovi-caprinés se rencontrent aux 10ème-9ème millénaires au Proche-Orient ; les plus anciens seraient connus à Shanidar en Iraq aux 10ème9ème millénaires. Ils sont présents en Iran à Ali Kosh au 8ème millénaire, en Turquie au 7ème millénaire ; ils ont été introduits en Corse au milieu du 7ème millénaire. Ils pourraient être bien plus anciens en Andalousie où on les trouve dès le 10ème millénaire, mais, d’après certains auteurs, avec une taille qui serait trop importante pour un animal domestique. Ils ont été reconnus dans le Néolithique moyen d’El Nabta daté de 7800 à 6300 B.P. (6600 à 5200 av. J.-C.) par A. Gautier. Ils ont été retrouvés à l’aube du 6ème millénaire sur les bords de la Mer rouge, vers 6800 B.P. (5700 av. J.-C.), dans l’oasis de Dakhla, entre 6800 et 6400 B.P. (5700 et 5400 av. J.-C.), dans celle de Farafra, à Nabta Playa, à 6600 B.P. (5600 av. J.-C.). Ils seraient présents au 6ème millénaire à Uan 1 .- B. ibericus serait connu dès l’Acheuléen.

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Sahara préhistorique Muhuggiag . Leur présence n’a pas été constatée dans la vallée du Nil, ce qui est attribué au mode de vie des populations du fleuve. Le mouton est fréquent dans l’art de l’Atlas saharien, il est volontiers mis en parallèle avec Pelorovis, lequel appartient à l’étage le plus ancien des gravures, et l’on ne saurait dire formellement si ses représentations sont ou non domestiques. Toutes les représentations anciennes1 traduisent Ovis longipes, espèce ou sous-espèce à poils qui, pour certains auteurs, serait africaine. Ceci suggère une introduction par le sud ; or l’on attribue habituellement une origine asiatique au mouton que certains spécialistes introduisent dans le Tell avec le Néolithique cardial. L’espèce actuelle, Ovis africanus, a été identifiée par A. Pomel dans la grotte du Grand Rocher sur le littoral algérois, mais sa position stratigraphique, son âge, y restent des plus incertains2. En l’état des connaissances, l’élevage des moutons s’épanouirait aux 5ème4ème millénaires ; on les rencontre alors un peu partout. L. Wengler fait état de pasteurs nomades, éleveurs d’ovicapridés, dont les terrains de parcours occupaient les monts d’Oudja et les Hauts Plateaux, C. Roubet de semi-nomades éleveurs de moutons et de chèvres dans l’Aurès. Néanmoins, on n’a guère progressé depuis 1984 où H. Lhote écrivait « les données établissant que le mouton avait été domestiqué en Afrique du Nord entre 6000 et 5000 av. J.C. sont donc très incertaines et les questions relatives à la domestication des espèces sauvages demeurent en suspend »3. Après avoir supposé deux centres de domestication de la chèvre au MoyenOrient, les données actuelles n’en localisent qu’un dans l’est de l’Anatolie et le nord-ouest de l’Iran. La présence de chèvres domestiquées est attestée en Iran, à Ganj Dareh, dans des niveaux datés de 9250 à 8750 B.P. (8500 à 7900 av. J.-C.), en Anatolie, à Cayönü vers 9000 B.P. (8250 av. J.-C.) où la diminution de leur taille est nette. Comme le mouton, les chèvres sont figurées dans l’art rupestre saharien en particulier dans les peintures du Tassili n’Ajjer, de l’Akakus et du Djado. Leurs représentations sont fréquentes dans la région d’Iherir. Si H. Lhote en reconnaissait dans un niveau antérieur aux peintures bovidiennes à Tin Rhardès, d’autres, comme celles de l’enneri Domo dans le Djado, n’interviennent que postérieurement aux plus anciens bovins peints de la région. Leurs ossements sont présents vers 5600 av. J.-C. dans diverses oasis du Sahara égyptien. Elles viendraient des rives de la Mer rouge ; F. Hassan rapporte leur introduction en Egypte, à l’aride mi-holocène. Les données de Tin Hanakaten posent problème : leurs excréments seraient nombreux dans les niveaux datés du 9ème millénaire, si les identifications faites par de vieux Touaregs sont exactes4. Au nord du Sahara, dans le gisement néolithique (non daté) du Grand Rocher près d’Alger, une chèvre a été identifiée parallèlement au mouton. A. Pomel l’a 1 .- Anciennement, il a été fait état d’une représentation d’Ovis ammon à Akmimane, dans l’Atlas saharien. 2 .- On admet aujourd’hui trois vagues de peuplement des ovins : la plus ancienne, Ovis longipes, mouton sans laine, bien connu par les gravures de l’Atlas saharien a disparu du Nord de l’Afrique, serait-elle à l’origine de la race sidaoun, à poils, que l’on trouve en zone saharienne ?, la seconde, le mouton barbarin, a disparu sauf une espèce (?) à queue très longue qui subsiste au Maroc et une autre à grosse queue qui se trouve en Tunisie et Algérie orientale, la troisième est le mouton actuel avec ses diverses variétés souvent dites races (daman, hamra, ouled Djellal, rembi...). 3 .- p. 225. 4.- De vieux Touaregs les ont formellement distingués de ceux de mouflons.

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L’économie néolithique nommée Capra promaza et la voyait comme souche de la chèvre kabyle, petite chèvre à longs poils, à petites cornes plates très divergentes. Mais on admet généralement que, dans le Tell maghrébin, la chèvre, comme le mouton, aurait été introduite avec le Néolithique cardial1 ; sa présence y est affirmée au 6ème millénaire. Cela paraît conforme aux données actuelles de la génétique qui indique une seule lignée paternelle pour les chèvres du pourtour méditerranéen y compris le Maghreb ; elle implique néanmoins des lignées maternelles diverses. Les Canidés Jusqu’à ces dernières années, on faisait remonter la domestication du chien aux 12ème-11ème millénaires, des essais de domestication du loup étant connus à Oberkassel en Rhénanie vers 14 000 B.P. (14 800 av. J.-C.) et le chien étant présent en Espagne durant le Mésolithique. Des restes ont été retrouvés à Palagawa en Irak vers 10 000 B.P. (9 500 av. J.-C.) et à Aïn Pallaha dans le Natoufien de Palestine à la même époque. Sa présence dans des sites datés de près de 32 000 en Belgique, 33 000 en Sibérie appellent une domestication bien plus ancienne2. S’il est bien avéré qu’il descende du loup, la question d’une origine autre, le chacal, qui a pu être posée, n’a pas de réponse. Dans la vallée du Nil, il pourrait être présent à Shaheinab ; il l’est à El Omari et El Kadada. Ailleurs, ses restes les mieux connus viennent du Néolithique de tradition capsienne où, au Khanguet Si Mohamed Tahar, ils sont rapportés à un chien berger qui serait proche du chien égyptien d’Hawara. Dans l’art rupestre, le chien intervient dans les gravures bubalines de l’Atlas saharien, avec un chien à queue en trompette attaquant Pelorovis ; d’après G. Camps, il pourrait être autochtone. Un lévrier représenté dans les gravures du Sud-oranais est difficile à dater. Le chien existe peut-être dans l’art des Têtes rondes. Il est souvent figuré dans l’art bovidien. A Sefar, un chien ressemblant fortement à un lévrier est associé à un chasseur à l’arc ; les lévriers sont connus en Egypte, à Summer, au Turkestan avant 4 200 B.P. (2 800 av. J.-C.), mais les avis sont très partagés quant à leur foyer de domestication. Au Sahara central, ils sont peints en meute dans des scènes de chasse au mouflon d’époque caballine et cameline, ce qui suggère leur fréquence. Le basenji, race dont a pu s’enorgueillir l’Egypte ancienne, est représenté par une peinture bovidienne de Tikediwine au Tassili n’Ajjer3. A l’heure où l’on voyait le foyer du basenji au Congo, certains auteurs en ont fait l’ancêtre du tesem égyptien, d’autres le descendant ; aujourd’hui, il est vu comme ancêtre des terriers. Les Equidés En Egypte, l’âne, souvent représenté chassé sous Ramsès III (1200-1168 av. J.-C.), est peint dans des tombes de la Vème dynastie (2500-2350 av. J.C.) et trois squelettes d’ânes qui seraient domestiques ont été retrouvés dans des tombes datées de 4500-4000 av. J.-C. Il est probablement domestiqué avant 1 .- Il est difficile de retenir la position de A. Muzzolini pour qui leur présence au Sahara ne saurait être antérieure au milieu du 5ème millénaire ; l’âge qu’il leur assigne, situé entre le début du 4ème et celui du 2ème millénaire, ne reposant que sur une étude comparative de leurs cornages et de ceux des ovins de la vallée du Nil. 2 .- Une étude génétique récente propose 27 000 au moins pour la divergence loup chien. 3 .- Actuellement, il semblerait se retrouver, abâtardi, au Tassili n Ajjer.

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Sahara préhistorique 5500 B.P. (4300 av. J.-C.), car il est connu en Haute Egypte, dans l’Amratien, associé à des animaux domestiques. Sauvage, il figure dans les sites préhistoriques sous deux formes : Equus africanus le plus répandu et Equus asinus major reconnu il y a peu dans l’Epipaléolithique de Columnata et dont on ignore encore la dispersion. Il est connu dans le Néolithique marocain, à Dar es Soltan et dans les grottes tingitanes, sans que son statut soit précisé. Il est figuré dans l’art rupestre : dans l’Atlas saharien, il est présent dans les gravures anciennes du djebel Ammour et des environs de Djelfa-Laghouat. Au Tassili n’Ajjer, une peinture qui appartient à la période bovidienne, le représente monté, une autre dépecé. Pour G. Camps, certaines représentations qui lui sont traditionnellement attribuées pourraient être celles d’Equus mauritanicus. L’analyse phyllogénétique révèle une origine exclusivement africaine pour l’âne domestique, le Nord-Est de l’Afrique pourrait être un foyer de sa domestication à partir d’Equus africanus, pour B. Barich ce pourrait être la Libye, en raison de son abondance au Jebel Gharbi, au début de l’Holocène. Le cheval paraît domestiqué tardivement bien que des représentations en ligne d’équidés aux oreilles courtes suggèrent qu’un intérêt particulier ait pu lui

Fig. 2 – Comparaison des âges et génotypes des chevaux. Le nombre de mutations entre le génotype D, qui est celui du groupe barbe, et la souche (génotype primitif A6 dit génotype-mère) permet de rapporter à quelque 500 000 ans, le moment de sa séparation. La génétique en fait ainsi le groupe de chevaux le plus ancien (d'après Oelke).

être porté par les populations têtes rondes. Les origines de sa domestication sont obscures. Un temps, on a admis un foyer en Ukraine au 4ème millénaire1. Pour V. Eiseman, les traces les plus sûres sont des chariots inhumés dans les steppes de l’Oural il y a environ 4 000 ans ; les preuves de domestication qui abondent 500 ans plus tard, en Grèce, au Moyen-Orient, en égypte l’amènent à conclure à une rapide exportation de chevaux domestiqués et des techniques de domestication à partir d’un point unique vers diverses régions où ils furent ensuite croisés avec des chevaux sauvages locaux. A. Outram s’appuie sur l’identification de lait de jument dans des poteries de la culture Botaï datées de 3500 av. J.-C. pour situer le foyer de domestication dans les steppes au nord du Kazakhstan. L’étude des restes de chevaux y a montré par ailleurs une morphologie semblable à 1 .- De nombreux restes de chevaux ont été trouvés dans le site de Dereivka daté de 3500 av. J.C. L’un d’eux dont les os présentaient des modifications par rapport aux formes sauvages, était associé à un mors de bois de cerf, ce qui avait conduit à cette proposition. Mais des datations directes de ces ossements ont situé la mort entre 700 et 100 av. J.-C. ; les fouilleurs n’auraient pas vu la fosse creusée dans le gisement où l’animal avait été enterré. Quant aux autres chevaux trouvés dans le site, rien n’affirme leur domestication hors leur petite taille 135 cm et une proportion de quinze mâles pour deux femelles, choix peu compatible avec la chasse où les femelles, adultes ou âgées, sont aussi tuées.

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L’économie néolithique celle des chevaux domestiques de l’âge du Bronze et des chevaux modernes de Mongolie. Dès l883, s’appuyant sur des données linguistiques et des écrits anciens, C.-A. Pietrement, voyait le berceau de cette domestication en Asie. Sa thèse, longtemps admise sans restriction, proposait la domestication d’un cheval à front bombé par les Mongols, d’un autre à front plat par les Aryens. Les premières migrations des Aryens vers le Nord de l’Inde auraient rencontré le cheval mongol. Vers le 3ème millénaire, les deux races se seraient répandues, ainsi sans doute que le produit de leurs croisements. Domestiqué, le cheval connaît une vaste distribution : il est présent en Mésopotamie et dans le Golfe persique, il est peut-être évoqué par des textes sumériens. Il existerait aussi en Espagne où ses restes auraient été retrouvés à la Cueva de la Carigüela. Sous l’empereur chinois Yu (2205 à 2l96 av. J.-C.), il figure dans un écrit qui fait état de chars de guerre attelés à quatre chevaux de front, et qui est la plus ancienne mention de chevaux que l’on connaisse actuellement. Elle est confirmée par une autre datant de l’empire de Ki (2l97 à 2l87 av. J.-C.). Des travaux de génétique apportent un nouvel éclairage à la question. Contrairement à ce qui fut longtemps proposé, ils excluent le cheval de Prjewalski comme lointain ancêtre des chevaux actuels, lesquels pourraient dériver du tarpan. La variabilité des chevaux domestiques appelant 77 juments de base, la question de croisement avec des juments sauvages de diverses régions ou celle de plusieurs lieux où les hommes eurent l’idée d’élever un cheval local peut se poser. Ces données rendent plausible l’existence d’un foyer de domestication au Maghreb, question ouverte par la découverte d’Equus algericus1. De là pourrait être issu le cheval barbe que sa carte génétique distingue nettement des autres races (fig. 2) hormis le cheval espagnol et le mustang dont on sait par ailleurs qu’il figure dans leur souche. Les Camelidés La présence de chameau sauvage (Camelus dromedarius) dans le Nord de l’Afrique est une question très controversée. Pour certains auteurs, il aurait disparu au cours du Paléolithique supérieur, puis aurait été réintroduit. Cependant J. Bouchud l’a identifié entre 8500 et 6500 B.P. (7600 et 5500 av. J.-C.) dans le Capsien supérieur de Medjez II ; il existerait également au Khanguet el Mouhaâd. Au Maroc, il a été trouvé dans les niveaux néolithiques d’El Heriga datés de 4600 ± 60 B.P. (Gif 6186) (3500-3120 av. J.-C.). En Egypte où on le connaît chassé sur des bas-reliefs, ses traces les plus anciennes proviennent d’une tombe qui remonte à 3200 av. J.-C. ; une figurine datée de 1300-1200 av. J.-C. qui le représente portant des jarres d’eau impliquerait, pour F. Pétrie, qu’il soit alors assez commun pour être dévolu à cette tâche. A Chypre, il est présent dès le 3ème millénaire. Deux dates sont proposées pour son introduction au Sahara : le 3ème siècle av. J.-C. pour les uns, les 1er-2ème siècles ap. J.-C. pour d’autres. Cette présence tardive en zone saharienne ne cesse de surprendre d’autant que son élevage est avéré en Tripolitaine aux 5ème-4ème siècles av. J.-C. Cependant en 46 av. J.-C., Jules César ne s’empare que de 22 chameaux appartenant à Juba. 1 .- L’argument essentiel sur lequel s’appuyait l’hypothèse de l’introduction d’un cheval déjà domestiqué, au Maghreb, était l’absence de cheval sauvage, absence infirmée par la découverte d’Equus algericus.

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Sahara préhistorique Actuellement le Sahara central dispose de deux variétés de chameaux domestiques. L’un dit autochtone offre des traits de résistance au froid, de frugalité qui le distinguent du chameau dit arabe, lequel est, de loin, le plus répandu. Le premier possèderait des traits mandibulaires archaïques, une tête plus allongée, un volume endocrânien plus grand, des membres postérieurs moins hauts, des canons plus longs, une bosse déportée plus en arrière et il porterait volontiers une robe pie. Pour certains auteurs, l’ensemble de ces caractères tendrait à supposer des souches différentes, pour d’autres des adaptations. Autres animaux Des tentatives de domestication de la girafe sont parfois proposées en s’appuyant sur diverses représentations rupestres, girafe tenue en longe à In Djeran (Tadrart), Kharga, Dabous (Aïr), attelée à un char à Immesseridjen (Tassili n’Ajjer), scène qui a pu être interprétée comme une scène pastiche. De même la représentation en ligne des antilopes, au même titre que les humains, ne peut que leur assurer un statut particulier. Des indices d’appropriation du mouflon, Ammotragus lervia, animal réputé très sauvage, ont été identifiés au Tibesti, dans l’Akakus, au Tassili n’Ajjer, en Tadrart1. Les signes qui en avaient été vus dans une représentation de mouflon entravé et muni d’une longe à Gira-Gira ou une scène de capture de femelle gravide à Tin Tazarift et dans ses représentations en frise, ont trouvé confirmation dans l’Akakus. A Uan Afuda, au fond d’un abri occupé par les hommes, existent des traces de stabulation de ces animaux et des restes de foin montrant qu’ils recevaient une nourriture de l’homme. Pour S. di Lernia, la présence de plantes toxiques dans cette nourriture montrerait que cet élevage était fait en vue de pratiques cérémonielles et non alimentaires. Les représentations d’éléphants dont on connaît pourtant l’utilisation à l’époque carthaginoise, ne traduisent aucune trace d’appropriation. Le porc qui serait domestiqué vers 9200 B.P. (8400 av. J.-C.) à Cayönü en Anatolie, n’est connu que dans le delta du Nil et ne se retrouve qu’au 6ème millénaire, dans le Néolithique cardial. Des oies, poules, canards domestiqués en Europe à l’Age du fer, aucun n’a laissé de traces ici, sauf les oies dans l’Abkien.

Apparition et développement de l’agriculture Tout comme la faune, la flore va subir d’importantes mutations avec l’agriculture et, de la même manière, un stade intermédiaire entre la cueillette de plantes sauvages et celle de plantes cultivées faisant l’objet d’une préparation du sol, de semailles, a existé. C’est le moment où en intervenant sur la végétation, l’homme commence à favoriser le développement de certaines espèces aux dépens de celles qui l’entourent. Les plus anciens témoins viennent de l’oasis égyptienne de Nabta Playa et de la péninsule tingitane ; au Néolithique moyen, leur développement est bien attesté dans le delta du Nil et la vallée. Au Tassili n’Ajjer, dans l’Akakus, c’est peut-être par l’art que l’on accède à leurs débuts : la phase III de l’art Têtes rondes voit se généraliser les représentations de meules, apparaître des végétaux, éléments rares dans l’art saharien et péri-saharien. 1 .- cf chap. IV.

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L’économie néolithique A l’inverse de ce que l’on pense souvent, la cueillette de végétaux ne demande pas beaucoup de temps, ni d’effort. Les travaux sur les populations de cueilleurs actuels montrent que contrairement à des idées reçues, ces populations dépensent peu de temps dans les activités de subsistance, l’équivalent de deux jours et demi par semaine chez les Boshimans. Le remarquable ouvrage de Harlan, de Wet et Stemler (1992) consacré à l’origine des plantes cultivées, souligne « qu’au cours du millénaire précédant l’apparition de l’agriculture, la majorité des hommes étaient plus cueilleurs que chasseurs et que l’alimentation végétale dominait largement »1. Il rappelle que le système chasse-cueillette est stable, que les catastrophes naturelles ont peu de prise sur lui et pose la question : pourquoi cultiver ? L’archéologie livre quelques témoins botaniques d’agriculture, mais ce sont surtout des témoins indirects, associés, qui permettent de la supposer. L’incidence du travail de la terre est en effet particulièrement marquée dans l’outillage. Toutefois, si les boules de pierre perforées peuvent lester un foret, elles peuvent aussi servir pour la cueillette ou la destruction des terriers d’animaux qui font des réserves de graines ; les faucilles, le lustre des moissons peuvent traduire la coupe de graminées sauvages, les meules et molettes peuvent être utilisées au broyage de pigments ou de graines sauvages. Seuls, peut-être, les pics pourraient être plus significatifs. Pour P. Huard et al, des pièces allongées, de profil généralement convexe et section ovoïde à extrémité amincie, souvent spatulée, auraient servi au travail de la terre. Ils sont façonnés dans des grès tendres, inaptes à l’attaque de la roche ou du bois et sont volontiers associés à de nombreux broyeurs et meules. Ils sont mentionnés de la région d’Ounianga (Borkou oriental) à celle de Fada (Ennedi occidental), sans précision chronologique. Dans le massif de Termit, un gros outillage en grès tendre, interprété comme instruments à remuer le sol par G. Quechon, rapporte au 9ème millénaire une possible activité agraire. Quant à l’irrigation, les premières pratiques en sont affirmées en Egypte, au Gerzéen. L’art ne figure que rarement des représentations pouvant traduire l’agriculture. A Ksar el Ahmar, G. Camps propose de lire une houe dans l’instrument brandi par le personnage ; elle serait proche de la daba africaine et de la petite houe kabyle. A Oued el Hallaïl, un personnage pourrait porter sur le dos une pioche. A Azib n’Ikkis figurerait une scène de labour. Les scènes de coït traduiraient une magie sympathique pour assurer la fertilité ; pour G. Camps, les sociétés porteuses de ces mythes seraient celles qui ont inventé l’agriculture. Les céréales La dimension des grains de pollen est l’une des bases de l’identification des céréales cultivées. On distingue trois types : céréales type I dont le diamètre est inférieur à 50 µm qui sont les céréales sauvages, céréales type II dont le diamètre est compris entre 50 et 60 µm qui traduisent un mélange de plantes sauvages et domestiques, céréales type III dont le diamètre est supérieur à 60 µm et qui sont cultivées. 1 .- p. 9.

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Sahara préhistorique Les principales espèces domestiques sont en premier lieu l’orge, Hordeum, qui se rencontre dans la région d’Esna dès le Paléolithique final sous une forme différant légèrement de la forme sauvage1. Sa culture est pratiquée vers 70006500 B.P. (5900-5500 av. J.-C.) dans le Tasien de la vallée du Nil. On en connaît plusieurs espèces Hordeum vulgare, H. hexalichum et H. distichum. Au Maroc, la question d’un centre de domestication d’Hordeum spontaneum a pu être posée. Les plus anciens témoins de blés domestiques viendraient des oasis sudégyptiennes ; F. Wendorf a trouvé le blé amidonnier, Triticum dicoccum, à Nabta Playa, dans des niveaux datés de 7700 à 6200 B.P. (6600 à 5100 av. J.-C.)2. Il accompagne l’orge dans le Tasien. Des grains calcinés ont été découverts au Fayum, dans des niveaux datés de 5410 ± 110 à 4820 ± 100 B.P. (4350-4050 à 3710-3380 av. J.-C.). Plusieurs variétés, blés durs T. aestivum et T. durum, amidonnier T. dicoccum, engrain T. monococcum, ont été identifiés à Kaf Taht el Ghar, dans des dépôts de Néolithique cardial et un grain a été lui-même daté de 6350 ± 85 B.P. (Ly-971 0XA) (5477-5078 av. J.-C.)3. Dans le Bas-Sahara, le blé aurait été introduit à une époque ancienne : une longue histoire en isolat est inscrite dans son polymorphisme et ses potentialités génétiques, son origine étrangère est confirmée par l’absence de prédateurs endémiques, mais on ne dispose d’aucun élément pour préciser le moment et la source de cette introduction. Sous l’appellation « millet », on regroupe Pennisetum typhoides, P. glaucum (americanum) qui proviendraient d’une vaste bande de savane allant du Sénégal au Soudan4 et Panicum miliaceum, Panicum miliare, Echinochloa, Paspalum scrobiculatum, Eleusina coracana le millet africain qui, d’après Harlan et al, seraient originaire de l’aire Ethiopie-Ouganda. La culture du mil se contente de 275 mm d’eau. Les généticiens ont montré que les mils cultivés de l’Inde sont issus de ceux d’Afrique ; ils s’y seraient répandus en fin de 3ème millénaire, ce qui impliquerait leur culture antérieurement, probablement dans la zone sud-saharienne. Des empreintes de mil cultivé ont été observées dans les poteries des dhars Tichitt-Walata datées du 3ème millénaire. Des empreintes de millets ont été identifiées dans celles de Kadero qui datent du 4ème millénaire, mais leur statut domestique reste incertain. A Amekni, les deux pollens retrouvés dans des dépôts pouvant dater du 7ème millénaire ont d’abord été dits trop gros pour appartenir à une espèce sauvage, c’est néanmoins cette appartenance qui leur est le plus souvent attribuée aujourd’hui. Le sorgho, Sorghum vulgare et S. bicolor, qui proviendrait de la zone lac Tchad-Soudan central, aurait été domestiqué dans la région du Nil soudanais vers 7000 B.P. (5900 av. J.-C.), sinon plus tôt5. Des empreintes de sorghos accompagnent celles de millet dans les poteries de Kadero. Toutefois, il semblerait 1 .- A 7800 av. J.-C., une forme domestique se retrouve sur une aire vaste du Moyen-Orient. 2 .- De même que l’engrain, il est connu sous forme probablement cultivée entre 8400 et 8300 av. J.-C., dans le Nord du Levant. 3 .- On ne peut retenir une présence dans le niveau dit épipaléolithique par J. Linstadter, les datations montrant qu’il s’agit d’une intrusion. 4 .- L’aire actuelle de répartition du mil sauvage comprend, à l’ouest, la Mauritanie méridionale, à l’est, le Darfur et le bassin du Tchad et au centre, l’ensemble des bassins du Tilemsi et de l’Azawagh (au sens très large, c’est-àdire comprenant l’Adrar des Ifoghas et l’Aïr). 5.- D’après Ar. Leroi-Gourhan, Dictionnaire de la préhistoire, sa culture aurait gagné la Péninsule arabique entre 5000 et 4500 B.P. (3800 et 3200 av. J.-C.), puis l’Inde vers 4000 B.P. (2500 av. J.-C.).

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L’économie néolithique que les modifications génétiques n’interviennent pas lorsque la récolte du sorgho se fait par égrenage, elles n’apparaîtraient que lorsque la cueillette est faite en coupant les tiges, ce qui complique l’identification de sa culture. Autres plantes Les céréales ne sont pas les seules plantes dont la culture a été tentée dès l’Holocène moyen, voire plus tôt. Dans la vallée du Nil, des fèves, des pois, du lin sont datés de 5700 et 5300 B.P. (5800 et 4100 av. J.-C.), des lentilles de 4730 ± 60 B.P. (Beta2804) (3630-3380 av. J.-C). Au Fayum, il est fait état de sarrasin, ainsi que d’un petit palmier dattier, Phœnix reclitana qui auraient pu être cultivés. Au Maroc, dans le Néolithique cardial de Kaf Taht el Ghar, la présence de gesse ocre Lathyrus v. ochrus accompagnant les blés, celle de fèves Vicia cf faba dans les niveaux anciens, de mâche, Valerianella, dans les niveaux récents, indique leur consommation, sans qu’aucun élément autre permette de percevoir leur culture.

Le Néolithique, une transformation de la culture matérielle Le Néolithique est surtout accessible au travers d’éléments de sa culture matérielle qui se conservent aisément. Nommé « âge de la pierre polie » par J. Lubbock en 1865, longtemps, la présence de cette technique a suffi pour le qualifier et l’opposer aux ensembles industriels du Paléolithique dit « âge de la pierre taillée ». Ces outils sous-entendaient en effet de nouvelles pratiques. Le polissage augmente la solidité de l’outil et le tranchant est facile à réaffuter par frottement. Les haches sont souvent vues comme des éléments de travail du bois, de défrichage. Les herminettes seraient des houes et sont fréquemment associées au travail de la terre. Les meules et molettes rapportent l’écrasement de plantes, la fabrication de farine, elles suggèrent un développement des Graminées. En étant interprétées comme pierres d’entrave -ce qui paraît confirmé par une représentation rupestre-, quelques pièces baroques, les pierres de Ben Barour1, interviennent comme éléments de domination de l’homme sur l’animal, bien qu’on ignore leur âge et leur appartenance culturelle. Au Sahara et ses abords, tant au nord qu’au sud, cette opposition pierre polie-pierre taillée a toujours paru délicate à utiliser. La pierre polie est rare, peutêtre parce que les haches et herminettes ont pu être réutilisées jusqu’à l’époque actuelle. L’appellation « matériel de broyage » donné aux meules et molettes qu’en d’autres lieux on n’hésite pas à qualifier de « matériel de meunerie », est significative, ces pièces pouvant aussi bien être liées à l’écrasement de plantes sauvages qu’à celui de plantes domestiques ou de n’importe quelle substance, comme des colorants dont ne subsisterait aucune trace. Leur seule présence ne peut donc suffire à traduire une agriculture.

Les transformations de l’industrie lithique D’une manière générale, les outils deviennent plus volumineux qu’aux périodes antérieures et, bien souvent, l’éclat retrouve une place prédominante. 1.- Cf p. 96.

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Sahara préhistorique L’éventail des types devient plus vaste. Les uns comme les pièces à coches, les racloirs, se multiplient, se diversifient, de nouveaux interviennent comme les têtes de flèche qui rapportent l’emploi d’un nouvel instrument, l’arc. Entre l’outillage lithique du Paléolithique et celui du Néolithique se place volontiers une différence majeure de conception qui marque une véritable rupture. A un outillage très stéréotypé, se substituent des outils d’une variabilité si grande qu’ils remettent en jeu jusqu’aux méthodes d’études. Au cours du Paléolithique final et de l’Epipaléolithique, en effet, les outils reproduisent soigneusement un modèle qui n’admet que des variantes infimes, puis vient un moment où le nouveau produit offre une réelle distance par rapport au modèle ; tout se passe comme si ce dernier avait disparu ou était devenu inutile, comme si sa reproduction pouvait se satisfaire d’approximation. Le travail de la pierre peut alors paraître sommaire car il se limite souvent à quelques retouches, mais qui sont essentielles. Cette dégradation technique n’est qu’apparente comme en témoignent les ensembles industriels qui comportent auprès de tels objets, des pièces, essentiellement des armes, soigneusement façonnées pouvant faire de la pierre une véritable joaillerie et ceci même dans des matériaux peu aptes à la taille comme les roches grenues. Non seulement ces éléments soulignent une grande dextérité des ouvriers, mais ils traduisent une attitude nouvelle, un changement fondamental de la mentalité en modifiant le concept de l’outil qui, perdant peut-être une charge magique, devient un simple « instrument », se distinguant de l’arme, instrument susceptible de retirer la vie. Ce changement est des plus marqué dans certaines régions où le Néolithique s’est développé à partir d’une phase épipaléolithique dont l’outillage très modélisé fait place à des outils aux formes ne reproduisant qu’approximativement le type. A l’inverse, ces différences de conception n’apparaissent pas dans l’outillage osseux qui multiplie simplement les types d’outils. Un tel changement dans l’outillage lithique est chargé d’une signification forte qui peut être entendue comme un fait de néolithisation.

Transformation de la manière d'acquérir la nourriture par la mise en œuvre de l'agriculture et de l'élevage, le Néolithique se traduit aussi par une modification de la culture matérielle. Il voit l'intervention d'une arme nouvelle, l'arc. Mais la simple présence de meules et molettes qui est parfois entendue comme un signe d'appartenance au Néolithique n'a jamais paru suffisante en Afrique où on a toujours hésité devant ce seul critère car ces objets peuvent se retrouver en nombre dans certaines cultures vues comme épipaléolithiques ; à l'inverse, on accorde un statut particulier à la poterie d'autant qu'au même titre que l'élevage ou la culture, sa fabrication traduit l'emprise de l'homme sur son environnement et, de même, son utilisation exprime un nouveau mode de nutrition. 34

L’économie néolithique

La fabrication de récipients en terre cuite Elément nouveau à forte portée évolutive, la vaisselle en terre cuite est ici un marqueur des plus pertinents ; tout autant que l’élevage ou la culture, elle témoigne de l’emprise de l’homme sur son environnement. La poterie n’est plus, en effet, seulement une transformation de la matière, elle devient un nouveau matériau, une production aussi complexe que l’animal ou la plante domestique ; un état d’esprit novateur est nécessaire à une telle démarche. En permettant une nourriture différente, plus variée, la poterie donne une dimension nouvelle à la vie. Elle est connue en divers lieux à la même époque. Figurée dans la phase III des peintures têtes rondes du Tassili n’Ajjer, et peut-être dès sa phase II1, elle figure dans des sites datés entre 10000 et 9000 B.P. (9090 et 8250 av. J.-C. au Sahara central2, 9990-8290 av. J.-C. au Sahara oriental3. En marge méridionale du Sahara, à Ounjougou au Mali, elle a été identifiée dans un dépôt remanié antérieur à 9300 av. J.-C.4 par E. Huysecom. Il est difficile d’admettre, à l’éclairage des connaissances actuelles particulièrement bien matérialisées par des figurines en terre cuite retrouvées dès le 20ème millénaire ou des soles de foyer calcinées qui s’échelonnent dans le temps, que l’homme n’ait pas perçu les propriétés de l’argile, qu’il n’ait pas connu, bien avant, son indéformabilité après passage au feu. Longtemps, il n’a pas utilisé cette connaissance pour un usage domestique. Pourquoi ? Sa mise en œuvre délicate pour la fabrication de récipients conduit à penser qu’il fallut un motif impérieux ou nouveau pour les façonner. Huysecom et al le voient dans le développement des prairies tropicales à la transition Pléistocène-Holocène ; la poterie y répond au besoin qui vient de naître, stocker et cuire les céréales sauvages qui foisonnent. Les auteurs rejoignent ainsi G. Camps, et à sa suite divers autres auteurs, pour qui une des supériorités de la poterie5 sur les autres contenants susceptibles d’aller au feu est de supporter longtemps une forte chaleur, ce qui l’avait conduit à évoquer à ce sujet une nouvelle cuisine, la prise en compte d’aliments à cuisson lente, la préparation du bouilli qui permet d’introduire dans l’alimentation la consommation de céréales cuites, beaucoup plus digestes. Des diverses hypothèses émises quant à son foyer d’invention, Sahara 1 .- Cf p. 406. 2.- Adrar Bous 10 : 10500±730 B.P. (9250-7790 av. J.-C.) (BDX1088) TL ; Tagalagal : 10180±780 B.P. (8980-7420 av. J.-C.) (BDX) TL ; 9820±780 B.P. (8620-7060 av. J.-C.) (BDX) TL ; elle est antérieure à l’épisode aride 93009100 B.P. (8600-8560 av. J.-C.) à Tin Hanakaten ; Tagalagal : 9370±130 B.P. (9090–8340 av. J.-C.) (Orsay) ; 9350 ± 170 B.P. (9090–8300 av. J.-C.) (Gif-1728) à Tamaya Mellet ; 9210±115 B.P. (8550-8290 av. J.-C.) (UW-97) Site Launey ; 9080±70 B.P. (8430-8230 av. J.-C.) à Tin Torha (R-1036) soit un créneau de 9250 TL/9090-7060 TL/8230 av.J.-C. 3 .- 9820 ± 380 B.P. site E-79-8 Bir Kiseiba (9990-8650 av. J.-C.) (SMU858) ; Farafra : 9650±190 B.P. (9250-8750 av. J.-C.) (R1983) ; 9610±150 B.P. (9210-8800 av. J.-C.) (SMU928) ; Wadi el Akhdar : 9400 ± 215 B.P. (90708437 av. J.-C.), 9370±215 B.P. (9110-8300 av. J.-C.) (KN2879) ; Sorourab : 9370±110 B.P. (8790–8450 av. J.-C.) (Har3475) ; 9330 ± 110 B.P. (8740–8340 av. J.-C.) (HAR3476) E-79-8 ; 9220 ± 120 B.P. (8580–8290 av. J.-C.) (SMU-925) Bir Kiseiba site E-80-4. Soit un créneau 9990-8290 av. J.-C. 4 .- Au Japon, les dates très anciennes remontant à près de 20000 B.P. (21700 av. J.-C.) sont contestées, la poterie y reste datée entre 9500 et 9000 B.P. (8800 et 8200 av. J.-C.) et, pour certains, la « Jomon pottery » remonterait à 12-13000 av. J.-C. à Futui Cave. En Iran, elle daterait autour de 9000 B.P. (8250 av. J.-C.), 8300 B.P. (7300 av. J.-C.) à çatal Huyuk en Turquie, 8000 B.P. (6900 av. J.-C.) au Kenya. 5 .- L’autre étant de mettre les réserves plus aisément à l’abri des rongeurs.

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Sahara préhistorique central, Sahara oriental, celle de la bordure Sahara-Sahel trouve une justification à la fois dans une antériorité affirmée et un mobile. Cette consommation qui fait valoir une transformation majeure dans les habitudes alimentaires, a fait de la poterie un des marqueurs essentiels du Néolithique en Afrique saharienne et subsaharienne. Par ses formes, son mode de façonnage et surtout son décor1, son renouvellement fréquent, la rapidité de ses transformations, elle joue un rôle primordial dans l’identification des cultures.

Le Néolithique, une transformation socio-culturelle La mise en place de l’agriculture s’est aussi accompagnée de changements des concepts espace et temps. Le cultivateur doit préparer la terre, semer en périodes propices et attendre plus ou moins longtemps pour récolter ; ce choix et cette attente d’un résultat figent la notion de temps et introduisent la planification. La création du champ modifie le rapport à l’espace en le dissociant de l’environnement, créant la notion de géométrie. Il en est de même de la création d’un habitat fixe. L’homme devient ainsi animateur de son environnement, changement puissamment exprimé par l’art. Et l’art et l’habitat, d’approche plus aisée que les indices de production, deviennent des fondamentaux du changement. Le Néolithique entraîne aussi une démographie plus importante. Il a été calculé que le taux de fécondité qui serait de l’ordre de trois ans dans les sociétés de chasseurs cueilleurs passe à un an dans les sociétés paysannes, malgré un taux de mortalité de 50 %, ces sociétés s’agrandissent rapidement.

Un art en mutation Créateur d’objets, de formes, dont chaque figure transpose une idée, l’art traduit particulièrement bien le changement. A l’art animalier à forte dominance d’individus isolés figurés par des populations de Chasseurs, se substituent des groupes et une omniprésence de l’homme. Celui-ci perd la taille parfois démesurée ou inversement volontiers réduite, que lui octroient les Chasseurs. Ses figurations se chargent de détails. Son association à des animaux est courante et il les domine parfois explicitement. Divers éléments convergent pour mettre en relation des ensembles rupestres et matériels : à l’art bovidien correspondent les industries pastorales (dites « bovidiennes » dans certaines régions), à celui des Têtes rondes, les niveaux archéologiques antérieurs, fraction du Néolithique saharo-soudanais, qui renferment les céramiques les plus anciennes.

Un habitat qui s’adapte Base de la création de la Cité et de l’Etat, la sédentarité est généralement entendue comme un facteur d’évolution et pour cela opposée au nomadisme. En fait, ces deux modes de vie visent à l’exploitation d’un périmètre. Que celui-ci permette au groupe de vivre sur une faible surface et le groupe sera sédentaire, 1 .- L’identification du décor tient donc une place notable dans l’étude du Néolithique saharien et péri-saharien et implique un premier niveau simplement descriptif ayant des définitions précises et un second technologique.

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L’économie néolithique que le milieu soit trop pauvre et exige une vaste surface pour satisfaire ses besoins fondamentaux, et le groupe deviendra nomade. Ainsi, en zone saharienne, le nomadisme traduit même, souvent, un état d’évolution rapportant l’adaptation de l’homme à la détérioration de son environnement.

Pratiquant l'agriculture et l'élevage, l'homme néolithique s'installe dans un écosystème nouveau dont il est maître d'œuvre. Ce changement, qui a été qualifié de « révolution néolithique » par Gordon Childe, s'est fait sur le long terme dans les régions d'invention, brusquement dans les autres. Si un faisceau d'indices, les uns économiques, les autres culturels, permet de saisir ce changement majeur, aucune donnée ne suffit encore à résoudre totalement cette question essentielle : le changement économique a-t-il induit le changement culturel ou, inversement, ce dernier a-t-il engendré le changement économique ? Les propositions de E. Huysecom quant à l'origine de la poterie peuvent-elles y répondre ? Le Néolithique a modifié les écosystèmes, directement par les mises en culture si rudimentaires soient-elles, indirectement en augmentant la pression animale sur le milieu. La mise en culture de terres, le pastoralisme, en effet, ont fait reculer la faune sauvage ; refoulée des zones cultivées, ne trouvant rien dans les pâturages lorsque le bétail les abandonne, elle n'a cessé de voir ses territoires se restreindre. Le Néolithique est aussi un changement profond dans la pensée, bien traduit dans l'art où l'homme joue alors un rôle central. Il pose la question de la portée de l'alimentation dans l'élaboration de la pensée elle-même. A ceux qui voient la néolithisation comme liée à une contrainte, les données actuelles répondent oui. Elle se lit dans les propositions de garde manger ambulant faites par F. Wendorf , les mythes des peuples éleveurs. A ceux qui voient la néolithisation s'installer dans un contexte d'opulence, les données actuelles répondent aussi oui avec la prolifération de Graminées que propose E. Huysecome. L'opposition éleveur agriculteur se dessinerait-elle déjà ? D’autres méthodes d’études Les méthodes d’étude doivent s’adapter à ces changements. La prolifération des racloirs, le développement de la retouche plane, l’introduction de l’arc et des têtes de flèche, des pièces foliacées ajoutent des éléments nouveaux aux objets antérieurs ; beaucoup ne répondant plus à des stéréotypes, il devient parfois délicat de les classer et de caractériser les cultures par la seule structure du sac à outils. Les chaînes opératoires qui se multiplient prennent une importance plus grande dans l’identification des cultures et la notion de fossile directeur re-

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Sahara préhistorique paraît, étant entendu qu’un fossile ne saurait être une pièce unique : il est constitué par plusieurs éléments typiques. L’un d’eux est volontiers le décor de la poterie ou un des motifs qui le constituent, ce rôle souvent fondamental appelle donc une grande précision dans la dénomination (fig 92). Les imprécisions qui le concernent, résultent des fréquentes confusions entre les chaînes opératoires et le résultat final à savoir le motif. Un même motif peut être réalisé par des chaînes différentes, or selon le cas, ce peut être le motif lui-même ou la façon de l’obtenir qui participe du fossile directeur. La technique de décoration la plus courante est l’impression, elle rend en creux la forme de l’objet utilisé et par l’éloignement différent de chaque impression, produira des motifs variés et plus ou moins aérés. Dans le Sahara central et septentrional, un procédé très prisé est l’impression pivotante qui permet de couvrir rapidement une grande surface, dans les régions méridionales, le motif est souvent produit par une roulette. Si le décor s’y maintient en s’amplifiant au fil des temps, se retrouvant jusqu’à l’époque actuelle, dans les régions septentrionales, le décor dans la masse s’est réduit jusqu’à disparaître, faisant place à un décor peint.

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Chapitre III PREMICES A LA NEOLITHISATION LA QUESTION EPIPALEOLITHIQUE Le mot Epipaléolithique apparaît en Afrique du Nord, vers les années cinquante, pour désigner des industries lithiques riches en microlithes de l’Holocène inférieur. Au Maghreb, L. Balout instaura l’usage du terme en nommant ainsi les cultures à outillage léger, à débitage lamellaire, à savoir l’Ibéromaurusien et le Capsien, auxquels on adjoignit plus tard, Columnatien, Kérémien, Kristelien, Mellalien... En 1963, J. Tixier lui donna une large audience en publiant une Typologie de l’Epipaléolithique du Maghreb. Aujourd’hui, le qualificatif lui-même fait de plus en plus problème. Non seulement ce qui fut l’une de ses cultures majeures, l’Ibéromaurusien, prend place durant le Paléolithique supérieur, mais le Capsien par sa position chronologique et ses modes de vie peut apparaître comme un Mésolithique. En zone saharienne, la question de l’existence d’un Epipaléolithique est depuis longtemps une question ouverte. Au Sahara central, ce que certains auteurs proposent comme Epipaléolithique est dit Mésolithique, voire Néolithique, par d’autres. Dès lors, les noyaux culturels qui peuvent être attribués sans discussion à un Epipaléolithique sont peu nombreux, peu étoffés, plutôt dispersés. Les définitions différentes du Néolithique entraînent un véritable imbroglio pour cette période qui, ainsi, est parfois qualifiée d’« Epipaléolithique à poterie ». Pour les raisons mentionnées ci-dessus1, nous ne saurions retenir pareille position qui, de plus, priverait le Sahara de l’essentiel de ses manifestations nouvelles du seul fait que les critères sélectionnés ne s’y conservent qu’exceptionnellement ! A ceux qui répugnent à accorder ce statut malgré les diverses preuves indirectes dont on dispose, nous proposerions d’utiliser le terme « Mésolithique ». Une industrie lithique sur lamelle n’est bien attestée que dans le Nord du Bas-Sahara, l’extrême Sahara occidental, les oasis du Sahara oriental et la vallée du Nil. Ailleurs, l’Epipaléolithique est parfois soupçonné, quelques gisements isolés ayant été retrouvés de-ci de-là. Un site est mentionné dans l’erg el Ouar, à l’extrémité méridionale du Grand Erg Oriental. Dans la région de Béchar (vallée de la Saoura), il a été fait mention d’escargotières renfermant un outillage à microlithes géométriques et microburins. Dans le Sahara central et le Sahara occidental, divers auteurs ont noté dans les plus anciennes industries de l’Holocène, un matériel lithique de petites dimensions, à tendance lamellaire, parfois

1-. Cf

chap. II.

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Fig. 3. Gisements épipaléolithiques cités

Sahara préhistorique

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La question épipaléolithique interprété ainsi. Mais la présence de Capsien au Tidikelt a seulement été proposée, au Tademaït, elle a été remise en cause. Les travaux touchant l’Epipaléolithique sont, pour l’essentiel, anciens et réalisés en dehors de contextes environnementaux : on ne connaît généralement que les caractères des industries ce qui permet d’appréhender le savoir-faire, de définir des cultures et approche peu les modes de vie. La plupart de ces cultures se démarque de celles, paléolithiques, qui les précèdent, en utilisant des armatures -ce qui annonce d’importantes transformations matérielles-, en agrémentant les œufs d’autruche d’un décor qui enveloppe un orifice artificiel -ce qui propose une nouvelle dimension d’expression-. Certains ensembles industriels peuvent présenter un phénomène de miniaturisation non expliqué, diverses pièces atteignant des dimensions de l’ordre du centimètre, parfois même, ultraFig. 3 – Gisements épipaléolithiques mentionnés dans le texte : 1) Tin Torha (Tin Torha Est, Tin Torha Two Caves), Uan Afuda,Tin Hanakaten ; 2) Merdjouma ; 3) Reggan, Aïn Chebli ; 4) Greboun ; 5) Agorass n’Essoui, Lookout Hill (gisement 13 Roset), Sandy Hill (gisement 12 Roset) ; 6) KG15, KG74 ; 7) KG68 ; 8) Catfish Cave ; 9) Dibeira West 1 (=DIW1), DIW3, DIW6, DIW50, DIW51, DIW53 ; 10) Dyke E-72-5 ; 11) Wadi el Akhdar ; 12) Kharga (Abu Sighawäl, Yebsa Passes) ; 13) Dakhla (30/420-D1-1, 264, 300) ; 14) Farafra ; 15) El Kab, Somein Tree Shelder ; 16) Arab es Sabaha ; 17) Helouan ; 18) Qsar el-Sagha (E-29-H1, E 29 G1, Two Sisters (=MB2Sa), S4) ; 19) Sitra-Hatiyet ; 20) El Arag ; 21) Siwa (Hatiyet um el Hiyus), Shiyata ; 22) Gara ; 23) Haua Fteah ; 24) El Hadjar ; 25) El Hassi ; 26) El Haouita-Versant ; 27) Rocher des Pigeons (=Pk 379) ; 28) El Hamel, Zaccar I, Dakhlat es Saâdane ; 29) Aïn Naga ; 30) Ouled Djellal, Oued Mengoub, Rabah, El Mermouta ; 31) Bir oum Ali, El Oghrab, Aïn Oum Henda 1, Mezzouna, Chabet Salah en Arbi, Chabet el Bakrer ; 32) Hergla ; 33) Aïn Kouka ; 34) La Meskiana ; 35) Bou Aïchem (=Crique des pêcheurs) ; 36) Djebel Mekaîdou ; 37) Aïn Fritissa ; 38) Kheneg Kenadsa ; 39) Aïn el Kahla, Cote 1937, Assaka n Haddouhm ; 40) Telouet ; 41) Aïn el Dhobb ; 42) Ouakda, Djenien ; 43) Site 19, TR15 ; 44) Oum Arouaghem ; 45) Telig (=MF8) ; 46) Sebkha el Melah (=MT2) ; 47) Kaf Taht el Ghar ; 48) Marja ; 49) Chaâba Bayda ; 50) Abbiar Miggi ; 51) Oued Guettara ; 52) Cansado, FA38, FA39, FA10 ; 53) Chabet el Houidga (=Saint Trivier) ; 54) Ounjougou ; 55) Erg el Ouar ; 56) Kasserine, Hamlet Boulaaba (=Hamaïne). Cartouches : A - 1) Hassi Mouillah, Les deux œufs ; 2) El Hamraïa (=Site 7207), L’œuf décoré (= Site 7206), Les burins, Les vieux puits (=Site 7205) : 3) L’isthme ; 4) Piste de N’Goussa ; 5) Bordj Mellala II ; 6) El Oued EO5 ; 7) El Oued EO2 ; 8) Chouchet el Hamadi ; 9) Bir el Adal ; 10) MJ3, MJ1 ; 11) Chouchet el Ghour. B - 1) Bir Hamaïria ; 2) Bortal Fakher ; 3) Hamda ; 4) Bou Hamram ; 5) Aïn Zannouch ; 6) El Mekta ; 7) Abri Clariond (=Moularès), Abri 402; 8) Redeyef ; 9) Bir Khanfous ; 10) Aïn Sendes ; 11) Bir Zarif el Ouar ; 12) Aïn Aachena ; 13) El Outed ; 14) Aïn Misteheyia (=Telidjène) ; 15) Relilaï ; 16) Foum Seïd ; 17) El Kifene ; 18) Dra Mta el Ma el Abiod ; 19) Aïn Bahir ; 20) Henchir Hamida ; 21) Aïn Dokkara (=escargotière du Chacal) ; 22) Bekkaria ; 23) Aïn Khanga ; 24) R’fana (=Rafana) ; 25) Khanguet el Mouhaâd ; 26) Aïn Metherchem ; 27) Aïn Rhilane ; 28) Site 51. C - 1) Mac Donald ; 2) Medjez II, Aïn Boucherit, Saint-Arnaud ; 3) Mechta el Arbi ; 4) Koudiat Kifène Lahda ; 5) Saint Donat ; 6) Oued Safia ; 7) Aïn Turk, Aïn Regada ; 8) Kef Fenteria ; 9) Bou Nouara ; 10) Aïoun Berriche (=Site 12) ;11) Faïd Souar. D - 1) Bois des Pins ; 2) Aïn Keda ; 3) La Jumenterie ; 4) Aïn Missoum ; 5) Cubitus (=Torrich I), Aïn Sandouk ; 6) Kef el Kerem ; 7) Aïn Cherita ; 8) Kef Torad ; 9) Columnata ; 10) Fontaine Noire.

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Sahara préhistorique microlithiques, ne mesurant que quelques millimètres1. L’Epipaléolithique voit l’intervention d’une nouvelle technique de travail de la pierre, le débitage par pression ; il est connu dans le Mellalien, le Kérémien, bien développé dans le Capsien supérieur. Au Sahara central Au Sahara central, la plus ancienne mention d’Epipaléolithique est due à P. Fitte qui, en 1947, identifiait non loin de Reggan, une industrie à grattoirs et burins qui fut rattachée au Sébilien par E. Vignard, attribution peu crédible aujourd’hui. En 1971, A. Méry confirmait l’existence d’un faciès épipaléolithique dans cette région ; après avoir retrouvé la station signalée par P. Fitte, il découvrait celle d’Aïn Chebli, partiellement télescopée avec des occupations atérienne2 et néolithique. L’auteur ne donne cependant que peu d’indications à son propos, il souligne simplement, mais fortement, l’absence d’armatures alors qu’elles se retrouvent dans la partie néolithique du site. Certains sites néolithiques de l’Ahaggar ou de ses bordures ont livré à la base de dépôts néolithiques, une industrie de petites dimensions, fruste, à nette tendance lamellaire, taillée dans des roches magmatiques, parfois qualifiée d’épipaléolithique ; dans l’Akakus, une telle industrie a été nommée Early Akakus. J. Desmond Clark rapporte à l’Epipaléolithique une industrie sur lames et lamelles découverte dans l’Aïr, au wadi Greboun. Elle est essentiellement façonnée dans des roches vertes. Les nucléus sont volontiers prismatiques. L’outillage récolté est peu abondant. Dominé par les burins 33 %, il comporte 19 % de lamelles à retouche Ouchtata, retouche de préférence située en partie proximale, et une part notable de pointes d’Ounan 14 % ; les pièces à coches et denticulés voisinent 17 %, les autres types d’outils, racloirs, perçoirs n’atteignent pas 5 %, les bords abattus autres qu’à retouche Ouchtata sont rares, de même les troncatures. Il renferme 1% de pointes de Bou Saada, pièce habituellement peu fréquente. Mais il n’y a ni grattoir, ni microlithe géométrique, ni microburin. La même mission retrouvait un ensemble industriel semblable dans divers sites de l’Adrar Bous : Agorass n’Essoui, Look out Hill, Sandy Hill ; à l’Adrar n’Kiffi, où les diatomites qui renferment des pièces provenant des sites bordant les anciens lacs sont datées de 7310 ± 120 B.P. (T361) (6330–6020 av. J.-C.), J.P. Roset en a revu certains, il mentionne Look out Hill et Sandy Hill sous le nom de gisement 13 et gisement 12, conteste l’attribut épipaléolithique et rapporte ces industries au Néolithique. Early Akakus S. di Lernia dénomme ainsi une culture connue dans l’Akakus. à la base des gisements de Tin Torha et Uan Afuda. Elle a été identifiée à Uan Tabu par A.A.E. Garcea. Cette formation est surmontée, sans discontinuité, d’industries incontestablement néolithiques dont elle se distingue par l’absence de tête de flèche et de poterie, le reste du matériel n’offrant que peu de différence. 1 .- Le même phénomène se retrouve en Europe avec des industries tel le Montadien daté du 8ème millénaire. On l’attribue à une importante activité de pêche en raison de son association à des restes de poissons. Dans les sites qui, en Afrique du Nord, témoignent d’ultramicrolithisme, on ne dispose pas d’éléments rapportant une quelconque activité. 2 .- Cf t. I, p. 209.

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La question épipaléolithique Tin Torha est un cirque rocheux très fréquenté dès les débuts de l’Holocène, où plusieurs abris conservent une couche archéologique étudiée par B. Barich. A Tin Torha Est, le niveau inférieur, où la date de 9080 ± 70 B.P. (R1036) (84308230 av. J.-C.) a été obtenue, se différencie du Néolithique qui le surmonte par les dimensions de l’outillage lithique, nettement plus petit, à tendance plus volontiers lamellaire. Il ne renferme aucun microlithe géométrique, aucune tête de flèche, ne s’accompagne pas de poterie. Dans le site voisin, Tin Torha Two Caves, daté de 9350 ± 110 B.P. (R1402) (8700-8340 av. J.-C.), la poterie manque également ; quelques tessons n’ont été retrouvés qu’à partir de 8840 ± 60 B.P. (R1405) (82007830 av. J.-C.). L’abri de Uan Afuda, autre site important de l’Akakus central, reconnu en 1960 par F. Mori, dans le wadi Kessan, est un vaste porche haut de 20 m, large de 40, profond d’une vingtaine, qui s’ouvre par 24°52’07 N., 10°30’02 E., sur un affluent de l’oued Teshuinat, ses parois portent des peintures de la période têtes rondes et des cupules sont aménagées dans les blocs de grès provenant d’effondrements de la voûte. Il a fait l’objet de fouilles conduites par S. di Lernia, en 1992-93 et 1994 : ouvertes sous le porche après des sondages menés en quatre points, elles ont couvert un total de 21 m2, l’un des points atteignant une profondeur de 3,20 m. Immédiatement à l’avant du porche, S. di Lernia et M. Cremaschi ont identifié un niveau épais d’une trentaine de centimètres, daté de 9765 ± 105 et 8765 ± 105 B.P. (GX-20010), ce qui propose une présence humaine entre 9350-8860 et 8160-7610 av. J.-C.. Ce niveau repose sur une surface d’érosion qui, vers 1,15 m de profondeur, tronque des sables rougeâtres renfermant, entre 1,90-2,70 m, une industrie Levallois datée de 90 000 à 69 0001. L’industrie lithique du niveau Early Akakus est de petites dimensions, ne dépasse guère 1 cm pour certaines lamelles à dos. Les nucléus ont le plus souvent un seul plan de frappe. Leur débitage a produit essentiellement un talon plat et laissé du cortex sur de nombreuses pièces. Près de 10 % du débitage est retouché. Les pièces les plus fréquentes sont les racloirs et les lamelles à dos qui peuvent être réalisées sur enclume. Les autres groupes, y compris les microburins, figurent en faible proportion, il n’y a pas de tête de flèche. Quelques fragments de matériel de broyage ont été retrouvés. En rapportant la présence de céréales type II, la palynologie indiquerait un mélange de plantes sauvages et cultivées ; néanmoins en raison de l’absence de poterie, S. di Lernia attribue ce niveau à l’Epipaléolithique. L’abri d’Uan Tabu s’étend sur 50 m de long, 10 de haut avec une profondeur de 4 m, en rive gauche de l’oued Teshuinat. Il fut fouillé en1960-63 par S. Tiné, les fouilles furent reprises en 1990-93 par M. Casini puis A.A.E. Garcea. Elles atteignirent une profondeur de 2,20 m et permirent de dégager en niveau inférieur, exclusivement sableux, une occupation atérienne. Au-dessus vient un colluvion de sable et argile qui s’enrichit en calcite et gypse dans sa partie sub-sommitale. Il renfermait du fourrage et du fumier attribué à des mouflons, Ammotragus lervia, quasiment seule espèce retrouvée ; il a livré un matériel lithique pauvre, essentiellement en grès, des nucleus plutôt simples, des produits de débitage à forte tendance laminaire qui ont généralement un talon plan, rarement punctiforme ou 1.- Cf t. I p. 199.

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Sahara préhistorique cortical, aucun témoin de poterie. Il est rapporté à la culture Early Akakus et daté de 9810 ± 75 B.P. (9355-9230 av. J.-C.) (BO 509). On retrouve une absence de tête de flèche et de poterie à la base de l’occupation de Tin Hanakaten dans un niveau sableux développé sur une quarantaine de centimètres. Daté de 9420±200 B.P. (Alg27) (9120–8450 av. J.-C.) dans sa partie supérieure, il a livré une industrie presqu’exclusivement sur quartz, de petite dimension avec une légère tendance à l’allongement des éclats ; riche en petits burins dièdres, elle est dominée par les pièces à coches, comporte des racloirs, pièces esquillées, quelques perçoirs, quelques palets1, de rares grattoirs et microlithes géométriques. De nombreuses cultures au Sahara oriental et dans la vallée du Nil Dans le Sahara oriental, une présence épipaléolithique est mentionnée dans diverses oasis. Au Fayum, elle porte le nom de Qarunien et ce qui fut nommé Bedouin microlithic est peut-être à en rapprocher. A Dakhla, M.M.A. Mc Donald nomme Complexe Masara, une série d’occupations de la périphérie de l’oasis. Dans l’oasis de Farafra, B. Barich et F. Hassan ont identifié une industrie datée de 9650 ± 190 B.P. (R1983) (9250-8750 av. J.-C.) qui évoque le Néolithique type El Adam2 et présume de contacts avec les autres oasis et la Grande mer de sable. L’outillage, laminaire, comporte des lamelles à dos, des denticulés, des racloirs et des pièces foliacées mais pas de tête de flèche. Il n’y a ni microlithe géométrique, ni poterie. L’œuf d’autruche est courant. Au wadi el Akhdar, dans le massif du Gilf Kebir, une industrie à lamelles à dos, troncatures, triangles, a été découverte, mais les outils sont en trop petit nombre pour permettre de la qualifier et aucun élément ne permet de la dater. Dans la vallée du Nil, divers faciès ont été identifiés, Arkinien et Shamarkien en Nubie, Elkabien dans la Moyenne vallée. Pour P. Vermeersch, l’Epipaléolithique serait rare dans la vallée égyptienne, outre El Kab, il ne mentionne qu’Arab el Sabaha3 en rive droite, où fut trouvé, en 1981, un ensemble industriel comportant de très petites lamelles et des microlithes géométriques n’atteignant pas 1,5 cm de long. Il fait un ample usage de retouche Ouchtata, près de 10 %. Les nucléus y sont abondants, les formes à deux plans de frappe opposés fortement prédominantes, le débitage est essentiellement lamellaire et tend à donner des produits calibrés, montrant une étroite relation entre leur longueur et leur largeur. La faune très mal conservée, n’a permis d’identifier que quelques dents de bovins. Diverses comparaisons avec les autres industries de la vallée ont pu être faites pour tenter une datation : plus microlithique que l’industrie paléolithique des sites E71-K20 près de Kom Ombo et GS 2B II près d’Esna dont elle est proche, elle traduirait une expression plus récente et a été située entre 12000 et 8000 B.P. (12100 et 6900 av. J.C.). Mêlé à des ossements et des coquillages, un outillage à nombreuses lames, lamelles, avec des microlithes géométriques qui sont essentiellement des segments, sans tête de flèche, ni poterie, a également été retrouvé dans les stations d’Helouan 1.- Pour rappel, ce nom a été donné par G. Camps aux objets ovoïdes nommés plaquettes par H. Lhote. 2.- Cf p. 143. 3.- Cf la structure de l’ensemble industriel en Annexes p. 543.

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La question épipaléolithique près du Caire. Des foyers y étaient conservés. Etudiés entre 1871 et 1950, ces sites ont été rapprochés du Natoufien1 par D. Garrod. Le Qarunien Le Qarunien a été défini dans les années 70, à partir de sites identifiés sur le plateau de Qsar el-Sagha, au nord du lac Qarun, par l’équipe de F. Wendorf. Ce serait une culture qui, entre 8000 et 7500 B.P. (6900 et 6400 av. J.-C.) serait liée au lac pré-Moeris et aurait été orientée vers la pêche. Ce que G. Caton-Thomson nommait Fayum B, lui est assimilé. Le Qarunien offre des similitudes avec le Shamarkien. Il utilise volontiers de petits nucléus à un seul plan de frappe sans préparation. L’outillage est dominé par les lamelles à dos arqué dont la base est souvent retouchée. Les pièces à coches atteignent autour de 10 %, les microlithes géométriques, grattoirs, perçoirs, troncatures, microburins sont peu nombreux, moins de 5 %. Il n’y a pas de burin. La population est connue par le biais d’une sépulture mise au jour dans le Site E-29-G1, qui renfermait les restes d’une femme sans parure ni dépôt funéraire. Dans le site E-29-H1, deux occupations qui se chevauchent, se distinguent aisément par une altération différente du matériel lithique ; l’occupation la plus récente est daté de 8100 ± 130 B.P. (I4128) (7310-6830 av. J.-C.). Les matériaux proviennent de galets issus des conglomérats du gebel Qadrani voisin. Ils ont fourni une industrie dominée par les lames et lamelles à dos aux formes arquées, bases retouchées, puis par les lamelles rectilignes. Les coches, les denticulés sont fréquents. Il y a peu de microlithes géométriques, de troncatures, de microburins ou de grattoirs, encore moins de perçoirs, pas de burin. Des harpons ont été faits à l’aide de mâchoires de Clarias. Des concentrations comparables ont été identifiées par I. Caneva et al dans l’oasis du Fayum et sont rapportées par ces auteurs à un Paléolithique terminal. Elles disposent des mêmes objets, mais avec une distribution différente2, suggérant une orientation vers d’autres activités. Comme dans le Qarunien, les nucléus sont pour la plupart à un seul plan de frappe qui est lisse. Les lamelles à dos rectiligne ont leur base tronquée ce qui les distingue du Qarunien, le groupe des pièces à coches est plus étoffé, les troncatures sont plus fréquentes. Les perçoirs oscillent entre 7 et 18 %, les grattoirs sont présents (5 à 10 %) et diversifiés, les lames à dos quasi-absentes et il n’y a pas d’outil composite. B. Barich et F. Hassan reconnaissent à des ensembles industriels trouvés dans les oasis égyptiennes de Siwa, Gara, Sitra, des similitudes avec le Qarunien ainsi qu’avec le Libyco-Capsien. Les sites se localisent sur le bord des dépressions et tout comme les industries qaruniennes renferment une majorité de lamelles à dos droit, des perçoirs, microlithes géométriques, troncatures, microburins, peu de grattoirs, mais elles s’en distinguent par la présence notable de burins et la rareté des pièces à coches et denticulés, ce qui les rapproche du Libyco-Capsien. Quelques pièces bifaciales peuvent être présentes. A Gara, les burins prédominent, puis le groupe pièces à coches-denticulés où les pièces à 1.- Daté entre 10500 et 8200 B.P. (10500 et 7180 av. J.-C.), le Natoufien est riche en segments, l’industrie osseuse et les éléments de parure y sont abondants. 2.- Cf la structure des industries des Sites S4 et Two sisters en Annexes p. 543.

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Sahara préhistorique coches sont peu nombreuses, les lames et lamelles à dos ont un rôle plus effacé, il existe en nombre sensible des pièces esquillées et une pièce originale, une pointe sur lame à pédoncule. Les microburins manquent. Ces sites sont datés de 8219 ± 72 (SMU300) et 7860 ± 65 B.P. (KN3756) (7450-7080 et 6980-6590 av. J.-C.) à Siwa, 8119 ± 64 B.P. (SMU281) (7290-7050 av. J.-C.) à Hatiyet um el Hiyus, 7980 ± 160 B.P. (SMU1694) (7080-6650 av. J.-C.) à El Arag. A SitraHatiyet, les occupations n’ont laissé que des « Steinplätze » postérieurs à ce faciès, datés entre 6850 ± 70 (KN3555) et 5940 ± 60 B.P. (KN3589) (5790-5660 et 4900-4720 av. J.-C.). A Shiyata, à une quarantaine de kilomètres de Siwa, a été mis au jour un demi-cercle de dalles calcaires enserrant du matériel archéologique qui était réuni en secteurs, ces regroupements étaient formés l’un de nucléus, un autre d’éclats, un autre de lames, les outils de même que les tests d’œuf d’autruche étaient eux aussi regroupés. Le site a été daté de 8817 ± 77 B.P. (SMU1241) (8200-7800 av. J.-C.). Qualifier le Qarunien d’Epipaléolithique pose problème depuis l’identification par A. Gautier dans le Site E-29-H, d’un Bos qui serait domestique. Dans les oasis qui bordent l’escarpement, en effet, une identification semblable a conduit F. Wendorf et al. à rapporter à un Néolithique ancien, des ensembles industriels qui n’offrent quasiment pas de différences avec ceux rapportés à un Epipaléolithique. Le Complexe Masara Le Complexe Masara s’est développé dans l’oasis de Dakhla, dans un milieu sahélien à Acacia nilotica, Balanites aegyptiaca, Calotropis procera, Capparis decidua, Salvadora persica..., où Scirpus et des Cyperacées soulignent la proximité de l’eau. Les gisements reconnus par M.M.A. Mc Donald disposent de matériel de broyage, de quelques tests d’œuf d’autruche et d’un outillage lithique peu abondant mais suffisant pour distinguer deux variantes essentielles qui peuvent avoir valeur chronologique. L’une datée entre 8720 ± 100 et 7730 ± 110 B.P. (B23684 et VRI-2054) (7940-7600 et 6650-6460 av. J.-C.) est faite sur lames et lamelles obtenues à partir de nucléus à un seul plan de frappe toujours lisse. L’outillage consiste en lamelles à dos, microlithes géométriques, pièces à retouche continue ; les pièces à coches, denticulés, perçoirs sont rares. L’autre datée entre 8950 ± 120 et 8130 ± 140 B.P. (Gd6320 et GD11324) (8270-7920 et 7450-6830 av. J.C.) comporte des grattoirs, perçoirs, pièces à coches et denticulés, microlithes géométriques ; les lamelles à dos sont quasiment absentes. Les burins sont habituellement obtenus en partie proximale d’éclats Levallois préexistants, réemploi établi par la double patine que portent souvent ces pièces. En 30/420-D1-1, les burins atteignent 67 %, les grattoirs et coches-denticulés respectivement 14,3 % et 11,6 %; les pièces esquillées 3,6 %, les perçoirs et les microburins, 1,8 % chacun. Il n’y a ni lamelle à dos, ni microlithe géométrique ; dans le Site 2641, les burins ne représentent que 1 %, les microlithes géométriques atteignent 7,5 %, les pointes d’Ounan 11,6 %. Les restes de nourriture montrent la présence d’anti1.- Cf le détail de l’industrie lithique en Annexes p. 543.

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La question épipaléolithique lopes, gazelles, lièvres, oiseaux, tortues, lézards ; dans certaines localités (Sites 2641 et 300), il pourrait y avoir des chèvres. M.M.A. Mc Intosh rapporte au Complexe Masara, divers sites du plateau à l’est de Kharga. Ils se singularisent par la présence de pointes d’Abu Tartur, variété de pointe d’Ounan du Sahara oriental, plus anciennes. Le « Bedouin microlithic » C’est à l’Epipaléolithique que l’on rattache le « Bedouin microlithic » identifié vers 1950, par G. Caton-Thomson et E.W. Gardner, dans divers sites de l’oasis de Kharga ou des plateaux environnants, tel que Abu Sighawäl, Yebsa Passes. Il n’y a pas de poterie, mais les pointes de flèche sont nombreuses2. Essentiellement de forme foliacée, ce sont les seules pièces utilisant la retouche plane ; une forme à tranchant transversal possède une base très étroite lui donnant un aspect en V ou en Y. Les nucléus sont pyramidaux ou à deux plans de frappe, certains de ces derniers ont des plans de frappe inclinés l’un vers l’autre selon un angle de 60°3. L’industrie (fig. 4) est faite de longues lames portant souvent des coches, de lamelles à dos et de mèches de foret. Les microlithes géométriques, à l’exclusion des trapèzes, sont relativement nombreux, mais les microburins hormis quelques microburins Krukowski, manquent. Il existe des pointes d’Ounan et d’OunanHarif (fig. 89), des disques unifaces, des pièces esquillées. Quelques molettes sont présentes, ainsi que des tests d’œuf d’autruche parfois aménagés en rondelles d’enfilage. Ces ensembles industriels offrent des ressemblances avec le Shamarkien, même débitage bipolaire, même fréquence des lamelles à dos, ici de préférence rectilignes, même petit nombre de burins, denticulés, grattoirs. Ils offrent aussi des ressemblances avec le Néolithique type El Ghorab, dont il est parfois délicat de les dissocier. H.A. Winkler mettait en relation cette culture avec les gravures de la vallée du Nil qu’il rapportait aux « earliest hunters ». L’Elkabien Faciès de Haute Egypte, il a été reconnu à la fin des années 60, à El Kab d’où il tire son nom, par l’équipe de P.M. Vermeersch. Il est connu à Arab es Sabaha autour de 8000 B.P. (6900 av. J.-C.), par de petits campements de chasseurs qui se sont installés à l’embouchure du wadi Hellal. L’outillage (fig. 5) est taillé dans des galets de silex brun clair de très bonne qualité qui proviennent de l’oued. A Somein Tree Shelder, il est daté de 8120 ± 45 B.P. (Kik656/UtC5389) et 7790 ± 70 B.P. (Kik655/UtC5388) (7250-7170 et 6710-6540 av. J.-C.). Les auteurs rapprochent cet ensemble industriel de celui du Site E-72-5 à Dyke area, bien que R. Schild et F. Wendorf y fassent mention de microlithes géométriques prédominants et de nucléus à un seul plan de frappe. Ce faciès présente en effet, de même, des lamelles à dos rectiligne, des pièces à coches et des denticulés fréquents, des grattoirs et des burins rares. Ces éléments orien1.- Cf l’ensemble industriel p. 544. 2 .- La présence de ces pièces qui sont un des éléments traditionnellement introduits par le Néolithique, souligne la position ambiguë de cet ensemble industriel. 3.- Forme de nucléus bien connue dans les industries mellaliennes du Sahara septentrional.

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Sahara préhistorique teraient vers une relation entre l’oasis et la vallée. D’autres auteurs voient des liens avec le Qarunien malgré la rareté des lamelles à dos, d’autres avec l’Arkinien et le Shamarkien. El Kab Situé dans les sédiments nilotiques, peu élevé au-dessus de la plaine alluviale du Nil, le site est daté autour de 7990 ± 150 (Ly464) et 7785 ± 50 (GrN7190) (7120-6710 et 6660-6550 av. J.-C.). Le matériel recueilli comprend quelque 20000 pièces dont 532 outils. Le caractère microlithique, lamellaire, est fortement prononcé ; il n’y a pas de grandes pièces, les lames ne dépassent pas 7 cm de long et, tout comme les lamelles, sont minces et étroites. Les nucléus sont petits, le plus souvent à un plan de frappe, beaucoup sont cannelés. La structure de l’industrie fait valoir une quasi-absence de burins, grattoirs et microlithes géométriques. Les perçoirs, les lames à dos sont également rares. Les outils comportent 30 à 35 % de lamelles à dos aux formes rectilignes ou à cran, prédominantes, jusqu’à 37 % de microburins ; les coches et denticulés abondent également. La retouche Ouchtata est peu employée. De nombreuses pièces sont ocrées. Des fragments de matériel de broyage sont courants. Du matériel osseux est traduit par des lissoirs et une palette rectangulaire en os poli qui pourrait être une pièce de parure. Des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche sont présentes. Les restes de nourriture consistent en poissons et animaux de savane herbeuse et boisée, où l’antilope bubale manque. Les auteurs concluent à une occupation d’été, elle est également suggérée par l’absence d’oiseaux migrateurs, occupants de période hivernale de la région, et la présence de Claria qui vit dans les eaux peu profondes. Ces lieux auraient été abandonnés l’hiver car ils seraient devenus trop marécageux. L’Arkinien L’Arkinien a été reconnu dans la vallée du Nil, entre les villages de Shamarki et Nag el-Arab ainsi qu’à proximité de Wadi Halfa, par R. Schild et al. au cours de la saison de fouilles 1963-64. Les sites seraient des campements saisonniers s’étendant sur des surfaces de l’ordre de 300 à 350 m2. Ce serait la plus ancienne industrie épipaléolithique de la vallée avec des dates allant peut-être jusqu’à 10670 ± 110 B.P. (SMU581) (10950-10450 av. J.-C.) à Dibeira West 1 (DIW1). La structure industrielle est assez proche de celle du Shamarkien pour que certains auteurs attribuent des sites comme DIW51 à l’Arkinien malgré leur pauvreté en grattoirs. L’outillage arkinien dispose de galets aménagés, de galets de quartz qui sont des sortes de petites enclumes avec une dépression centrale portant des traces de chocs sur les surfaces inférieures et supérieures et un pourtour pouvant ou non présenter des enlèvements et des traces de chocs (J.D. Clark les nomme dimplescarred). De nombreux nucléus ont un seul plan de frappe, beaucoup montrent un changement de direction du débitage mais peu possèdent deux directions opposées. L’outillage est essentiellement fait de grattoirs et lamelles à dos. La retouche Ouchtata a été fréquemment utilisée. Les pièces esquillées sont nombreuses, par-

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La question épipaléolithique

Fig. 4 – Bedouin microlithic : 1 à 3) têtes de flèche à tranchant transversal : 4, 6, 14) têtes de flèche sur fragment de lamelle brute; 5) tête de flèche pédonculée ; 7, 8) têtes de flèche foliacées ; 9) lamelle à dos partiel ; 10, 21) perçoirs ; 11) segment ; 12, 13) lamelles à retouche Ouchtata ; 15) lame à retouche continue ; 16) burin sur lame ; 17, 25) grattoirs ; 18) éclat laminaire à bord abattu ; 19) mèche de foret ; 20) ciseau ; 22) lame denticulée ; 23) racloir sur lame à coche ; 24) racloir sur lame denticulée. (Origine : 1, 3-8, 11-14, 19) Yebsa Pass, 2, 9,10,15-18, 20, 21) Gala Hill, 22-25) Ghuata basin ; d'après Caton-Thomson, 1952).

Fig. 5 - Elkabien : 1, 4, 5, 7, 15) lamelles à dos rectiligne ; 2) lamelle à dos partiel ; 3, 6, 17) lamelles à cran ; 8, 9) lamelles à retouche Ouchtata ; 10, 11, 14) triangles ; 12, 23) microburins ; 13) trapèze ; 16) pointe d'Ounan ; 18) lamelle à dos rectiligne et base tronquée ; 19, 22) lames à coches ; 20) éclat laminaire denticulé ; 21) lame denticulée ; 24) nucleus. (Origine : 1 à 4, 6, 7, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 21, 24) El Kab ; 5, 8, 9, 11,13, 15, 17, 19, 22, 23) Dyke ; d'après Vermeersch in Krzyzaniak et al., 1984).

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Sahara préhistorique

Fig. 6 – Arkinien : 1, 2, 7, 15) lamelles à dos arqué ; 3, 18) lamelles scalènes ; 4, 19) lamelles obtuses à bord abattu ; 5, 6) lamelles à retouche Ouchtata ; 8, 9) segments ; 10) éclat à bord abattu ; 11) lame à bord abattu ; 12 à 14, 20 à 22) grattoirs simples ;16) grattoir sur éclat à bord abattu ; 17) grattoir sur lame denticulée ; 23, 24) denticulés. (Origine : DIW1. d'après Wendorf, 1968).

Fig. 7 – Shamarkien : 1 à 4, 6, 27) lamelles à dos arqué ; 5, 16) lamelles à retouche Ouchtata ; 7, 8) mèches de foret ; 9) lamelle à dos rectiligne et base tronquée ; 10) lamelle à dos rectiligne et base arrondie ; 11) éclat à retouche Ouchtata ; 12) pointe Levallois ; 13) troncature ; 14, 21) segments ; 15, 19) triangles ; 17) lamelle à cran ; 18) trapèze ; 20) pointe de Bou Saada ; 22, 26) troncatures ; 23) denticulé ; 24) grattoir ; 25) burin sur troncature ; 28) lamelle à dos convexo-concave. (Origine : DIW53. d'après Wendorf, 1968).

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La question épipaléolithique fois associées à des grattoirs. Outre des meules toujours fragmentées, le matériel de broyage comporte diverses formes de molettes. Quelques lissoirs sont les seuls objets en os qui soient connus. Les auteurs qui se sont intéressés à l’origine de l’Arkinien proposent deux hypothèses : l’une évoque l’Ibéromaurusien comme ancêtre1, pour Schild et al., il offre d’étroites similitudes avec le Kérémien d’Algérie en raison de l’importance des grattoirs ; l’autre le suppose issu d’un fond ayant antérieurement engendré l’Halfien et le développement de la retouche Ouchtata. Dibeira West 1 DIW1 se place sur une banquette du Nil, en rive gauche. La surface est couverte de pierres taillées et de pierres brûlées auxquelles se mêlent quelques ossements. La distribution de l’outillage n’est pas homogène, il se concentre sur douze secteurs d’altitude variée, mais qui n’offrent pas de différences sensibles dans leurs structures industrielles. Les auteurs, M. Chmielewska et R. Schild, pensent que les occupations les plus basses sont les plus récentes. La datation pose problème, seul le secteur le plus élevé a pu être daté, mais les deux parties d’un même échantillon traitées dans des laboratoires différents n’ont pas donné les mêmes résultats : 9390 ± 180 B.P. (WSU-175) et 10670 ± 110 B.P. (SMU581) (9110-8340 et 10950-10450 av. J.-C.). Les nucléus proviennent de galets de l’oued. Ils sont petits, mesurant entre 2,5 et 4,5 cm. La plupart ne possède qu’un seul plan de frappe, rarement deux. Des nucléus quelconques semblent résulter de l’épuisement des précédents. Quelques galets aménagés peuvent être confondus avec des nucléus. L’outillage (fig. 6) atteste un développement important des pièces esquillées avec une forte prédominance d’esquillements opposés. Les grattoirs abondent (de 26 à 52 % selon le secteur), certains sont esquillés à leur base, beaucoup conservent de vastes plages de cortex. Le groupe perçoirs, peu étoffé, 1 à 2 %, consiste surtout en mèches de foret. Les burins n’atteignent pas 1 %. Si les lames à dos sont quasiment absentes, les lamelles oscillent entre 29 et 53 % selon les secteurs. Elles sont toujours petites, la majorité ne dépassant pas 5 cm de long. Ce sont essentiellement des lamelles à dos arqué, lequel est souvent dissymétrique, s’incurvant plus fortement en partie distale. Des lamelles Ouchtata et des lamelles à retouche Ouchtata abondent. Quoique rares, sauf dans l’un des îlots, les coches sont plus fréquentes que les denticulés et les coches clactoniennes sont les plus communes. Les troncatures et microlithes géométriques sont peu nombreux, ces derniers renferment des segments, quelques triangles et quelques rectangles ; le secteur le plus élevé se démarque par le nombre de segments qui, de l’ordre de 1 % ailleurs, atteint là plus de 6 %. Les quelques racloirs montrent une très grande variété de types. Il y a quelques microburins Krukowski, mais pas de microburin. L’industrie osseuse qui n’a été retrouvée que dans certaines concentrations, se limite à des lissoirs et des spatules. Un nombre relativement important de dimple-scarred et surtout du matériel de broyage brisé jonchent la surface du site. Leur présence et celle d’une lamelle à dos qui porte un « lustre des moissons » le long du bord brut, font envisager la cueillette de graminées et l’écrasement de graines. 1.- Cette proposition s’appuyait sur un milieu saharien propice, caractère qui demande à être révisé depuis les travaux de Ballouche et al (1995).

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Sahara préhistorique Le Shamarkien Le Shamarkien qui se déploie auprès de l’Arkinien est connu au travers de quelques sites, DIW3, DIW6, DIW53, Catfish cave. Au Soudan, ils se placent tous sur des rives du Nil, en retrait du fleuve, sur les plages de 120 à 131 m. Des ensembles industriels voisins sont volontiers assimilés au Shamarkien : DIW51, parfois DIW50 qui a été daté de 5600 ± 200 B.P. (WSU174) (4710-4250 av. J.-C.), puis 5880 ± 150 B.P. (SMU2) (4940-4550 av. J.-C.) et rapporté au Post-Shamarkien. Il pourrait marquer la longue durée et la grande stabilité de cet ensemble industriel, dans un secteur où, à la même époque, les faciès néolithiques se multiplient. Le Shamarkien a tiré sa matière première des galets du Nil par débitage bipolaire. Les lamelles à dos, de l’ordre de 60 %, constituent l’essentiel des outils. Bien que moins fréquents que les dos rectilignes, les dos arqués sont nombreux et leur base tronquée ; la retouche Ouchtata est utilisée. Les perçoirs, les microlithes géométriques qui sont surtout des segments et qui comprennent quelques rectangles, sont fréquents ; des microburins Krukowski peuvent être présents alors que les microburins n’ont pas été retrouvés. Les burins, denticulés, grattoirs sont peu nombreux. Les pièces esquillées sont rares ou manquent. On peut trouver des pointes d’Ounan et surtout cette forme peu fréquente qu’est la pointe de Bou Saada. L’œuf d’autruche abonde. Il y a peu de matériel de broyage. Outre ses similitudes avec l’Arkinien, cet ensemble industriel offre d’étroites ressemblances avec le Fakhurien -ce que D. Lubell interprète comme un continuum-, et serait proche du Bedouin microlithic. Certains auteurs, soulignant des analogies avec l’outillage du Khanguet el Mouhaâd, lui reconnaissent des affinités avec le Capsien, d’autres avec l’Ibéromaurusien en raison de l’importance des lamelles à dos. DIW3 Découvert lors de la campagne 1962-63 par J. de Heinzelin et R. Paepe, le site fut fouillé et étudié par W. Chmielewski. Les traces de divers foyers y furent identifiées, ainsi qu’une organisation de l’espace. L’industrie1 est dominée par les lamelles à dos, la préférence allant à des dos rectilignes avec une reprise de la base qui est volontiers arrondie. La retouche Ouchtata a été utilisée. Les perçoirs qui sont surtout des mèches de foret, sont fréquents. Autre groupe secondaire conséquent avec un indice qui approche 10, celui des coches-denticulés qui privilégie les coches. Les grattoirs, les burins sont peu nombreux. Les microlithes géométriques se ramènent essentiellement à des segments, comportent quelques triangles, exceptionnellement des trapèzes. Les microburins manquent, mais les microburins Krukowski figurent. Il existe des pointes de Bou Saada et des pointes d’Ounan. DIW51 Situé sur une banquette du Nil, le gisement qui a été daté de 7700 ± 120 B.P. (WSU176) (6680-6420 av. J.-C.), puis de 8860 ± 60 B.P. (SMU582) (8200-7850 av. J.-C.), s’étend sur 95 x 35 m. Sa surface est jonchée d’os brûlés et de pierres taillées, au-dessous le matériel est inclus dans des dépôts sableux interstratifiés de silts et repose parfois sur ces derniers. 1.- Cf la distribution de l’outillage p. 543.

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La question épipaléolithique Les nucléus sont de mêmes types qu’à DIW53, le plus souvent à un plan de frappe, mais les formes à deux plans opposés sont ici plus fréquentes. L’outillage est pauvre en grattoirs, perçoirs, burins. Les grattoirs les plus courants sont simples sur éclat, leur front régulièrement arqué et ils peuvent conserver du cortex. Les perçoirs, moins de 3 %, sont essentiellement des mèches de foret et certaines pièces épaisses sont rapportées à de gros perçoirs trièdres. Les burins sont de mauvaise facture, rarement sur troncature. Le groupe dominant est celui des lamelles à dos ; leur répartition n’est pas homogène, leur indice voisin de 45 dans une partie du site, est supérieur à 65 dans une autre et à peine moindre en couche. Ce sont de petites pièces qui mesurent entre 15 et 23 mm, rarement plus. Les formes les plus fréquentes ont un dos rectiligne légèrement arqué à la base ou un dos arqué, certaines portent un microburin Krukowski ; les bases peuvent être diversement reprises. La retouche Ouchtata est exceptionnelle. Il y a peu de pièces à coches ou denticulées et leur répartition, comme celle des lamelles à dos, n’est pas homogène ; elle montre une fréquence nettement plus grande là où celle des lamelles à dos fléchit. Les coches sont le plus souvent clactoniennes. Les troncatures sont volontiers obliques concaves, les microlithes géométriques regroupent essentiellement des segments. Les microburins sont irrégulièrement distribués, nettement plus fréquents en couche. Les autres types, pièces esquillées, pièces à retouche continue, racloirs sont rares. Il existe quelques galets aménagés, quelques pièces atypiques et deux lamelles ayant un bord poli. Quelques fragments d’éléments de broyage proviennent de la surface. L’œuf d’autruche est courant, il a été travaillé en rondelles d’enfilage, en pendentifs ayant une forme ovale d’environ 2 cm de long et un trou de suspension à un pôle ou à chaque pôle ; il a également servi au façonnage de petits disques de moins d’un centimètre de diamètre. Quelques tessons de poterie ont été retrouvés à la surface du site, mais aucun ne provient de la couche. DIW53 DIW531 se situe dans la région de Nag Shamarki, sur une banquette du Nil moins élevée que celle qui supporte l’occupation arkinienne. Le site couvre 280 m2, il fut fouillé par R. Schild en 1964, R. Schild et W. Chielewski en 1965. Il est daté de 7910 ± 120 B.P. (SMU4) (7030-6650 av. J.-C.) et appartiendrait comme DIW50 au Shamarkien récent. Une partie est incluse dans une sédimentation riche en sable, couverte du même sédiment, l’autre est en surface. La station occupe une surface de 70 x 40 m avec une couche archéologique discontinue pouvant atteindre une épaisseur de 50 cm et dans laquelle fut trouvé un foyer. Les matériaux utilisés sont issus de galets du Nil d’où a été tirée une relative haute fréquence de lames. La plupart des nucléus a été débitée à partir d’un seul plan de frappe, quelquesuns à partir de deux plans perpendiculaires ou parfois opposés, dans ce cas, les plans de frappe ne sont pas parallèles. Il existe quelques nucléus pyramidaux. Les grattoirs portent souvent du cortex, leur front est peu élevé. Les perçoirs, relativement nombreux, sont pour l’essentiel des mèches de foret ; parmi eux figure un perçoir de l’Aïn Khanga. Les lamelles à dos, courantes, peuvent être rectilignes ou 1 .- Cf la distribution de l’outillage taillé Annexes p. 543.

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Sahara préhistorique arquées, elles ne sont que rarement façonnées par retouche Ouchtata. Les microlithes géométriques sont fréquents et consistent essentiellement en segments. Les pièces à coches et denticulés sont rares, les burins paraissent exceptionnels. Il n’existe que des microburins Krukowski. Des pointes de Bou Saada (fig. 7), outil habituellement peu courant, constituent ici près de 3 % de l’outillage. Quelques tests d’œuf d’autruche sont décorés, certains ont subi l’action du feu. Quelques tessons de poterie retrouvés en surface ont été vus comme intrusifs. Autres faciès Des ensembles industriels de type épipaléolithique, KG15, KG68, KG741 ont été identifiés au Soudan, dans la basse vallée de l’Atbara, par A.E. Marks et al. KG15 est daté de 10230 ± 270 B.P. (SMU1149) (10650-9400 av. J.-C.). L’industrie lithique est essentiellement taillée dans des chailles qui se rencontrent dans le lit de l’Atbara. Les nucléus possèdent de préférence un plan de frappe lisse, parfois deux plans opposés. Leur débitage a essentiellement produit des lames. L’outillage est néanmoins dominé par les lamelles à dos ; les coches et denticulés, troncatures, microlithes géométriques et retouches continues jouent des rôles équivalents. Il n’y a ni tête de flèche, ni poterie et il n’est pas fait mention de pierre polie. Parmi les abondants restes osseux, aucune trace d’animaux domestiques n’a été retrouvée et rien ne permet de supposer une culture de plantes. Le site KG68, daté de 7700 ± 90 B.P. (SMU1907) (6630-6450 av. J.-C.) se marginalise par divers caractères. Les nucléus les plus fréquents sont à deux plans de frappe opposés, le débitage privilégie l’agate et le quartz, présents eux aussi dans le lit de la rivière. Les microlithes géométriques sont exclusivement des segments type quartier d’orange, les pièces esquillées forment un groupe secondaire conséquent. Des restes de poissons abondent ainsi que ceux de grands mammifères. Outre des antilopes, gazelles, hippopotames, probablement des ânes, qui se rencontrent aussi dans les autres sites, KG68 a livré de nombreux restes de girafes et de buffles Syncerus caffer, mais Bos primigenius présent dans les autres sites, manque. Ceci traduirait une savane herbacée avec bosquets et placerait cette occupation dans un paysage moins aride que lors de l’occupation KG15. Particulièrement original est un ensemble industriel de la vallée nommé « Dabarosa complex ». Ce sont de petits sites qui possèdent des témoins de débitage Levallois ou halfien et où fut employé un débitage à plans de frappe opposés, facettés. L’industrie qui comporte des lamelles à dos, des segments, est riche en denticulés et coches. Pour J.D. Clark, elle se situerait entre 9000 et 6000 B.P. (8250 et 4900 av. J.-C.), mais certaines dates pourraient faire remonter ce complexe industriel jusqu’à 20000-17000 B.P. (21700-18300 av. J.-C.). Il peut alors être vu, non comme épipaléolithique, mais paléolithique supérieur ayant eu une durée particulièrement longue en se prolongeant à l’Holocène inférieur, ce qui ne paraît nullement incompatible avec ses caractères. Au Sahara méridional, pauvreté apparente ou réelle ? Dans le Nord du Mali, l’abbé Breuil qualifiait d’Ounanien une industrie rencontrée à Bir Ounan. Il y identifiait un type de lamelle que J. Tixier devait nommer 1.- Cf la composition des sacs à outils p. 543.

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La question épipaléolithique pointe d’Ounan1. Pour R. Vaufrey, ce serait une tarière, pour G. Camps et J.P. Roset, une armature. L’abbé Breuil attribuait cet ensemble industriel à l’Epipaléolithique. Les travaux de M. Raimbault dans le Sahara malien ont permis de préciser ces données et l’ont conduit à distinguer deux ensembles : des sites dans lesquels les pointes d’Ounan s’accompagnent de pièces polies, têtes de flèche et poteries, qu’il rapporte au Néolithique et nomme Ounanien, et de petits sites, rares, où microlithes géométriques et pointes d’Ounan ne s’accompagnent ni de tête de flèche, ni de poterie, qu’il attribue à l’Epipaléolithique. Sebkha el Melah (=MT2) L’industrie2 retrouvée par M. Raimbault dans ce site proche de la piste Tessalit-Taoudeni, présente des traits comparables à MF8 par l’absence de poterie, pierre polie ou matériel de broyage ; elle est, de même, taillée dans une roche siliceuse locale. Sa structure diffère de celle de MF8 par sa pauvreté en perçoir, pointe d’Ounan dont un seul exemplaire a été retrouvé. Dominée par les pièces à retouche continue, elle possède des grattoirs aussi nombreux que les microlithes géométriques et des pièces à coches qui sont toutes clactoniennes. Telig (= MF8) Site de surface du nord de Telig, proche de travertins, MF8 comporte uniquement du matériel taillé façonné dans une roche siliceuse locale, avec production de nucleus cannelés. Il ne renferme ni grattoir, ni microlithe géométrique, aucune trace de poterie, pierre polie ou matériel de broyage. L’outillage dominé par les pièces à coches 39 %, se distribue en perçoirs 18 % comportant de nombreuses mèches de foret, lamelles à dos 10 %, éclats-lames à dos 5 %, burins 1 % et microburins 1 %. Les pointes d’Ounan représentent 24 % des outils, ce qui, pour M. Raimbault, marquerait la culture ounanienne. Sahara, en particulier dans le secteur des Ouled Djellal. L’Epipaléolithique du Sahara atlantique, une facile confusion avec le Néolithique Dans la partie occidentale du Sahara, seule la bordure océanique est connue. Nombreux, les gisements sont installés sur les dunes littorales qui sont couvertes d’un manteau plus ou moins dense de pierres taillées. Parfois, l’érosion ayant évacué les sables, le matériel repose directement sur le substrat rocheux. Occupées par les populations épipaléolithiques puis néolithiques dont les sacs à outils sont très proches, ces sites ont été rapportés longtemps au seul Néolithique. Dans la région de Tarfaya, on doit à D. Grébénart, l’identification de l’industrie épipaléolithique ; elle ne se distingue du Néolithique que par l’absence de pièces à retouches bifaciales et de poterie, les fonds d’outillage taillé restant les mêmes. Cette disposition se retrouve au sud le long de la côte mauritanienne où R. Vernet identifie un ensemble lithique qu’il nomme « culture de Foum 1 .- La présence de cette pièce dans diverses cultures d’âges différents montre sa large distribution et lui retire le rôle de marqueur culturel qui lui est parfois attribué. Toutefois, l’identification de deux chaînes opératoires (dont une, plus ancienne, utilise la technique du microburin), pourrait reposer la question. 2 .- Cf la distribution de l’outillage taillé Annexes p. 544.

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Sahara préhistorique Arguin » et qui, comme la culture de Taoulekt, se singularise par l’importance accordée aux pointes d’Ounan. Le Taoulektien Identifié par J. Onrubia-Pintado en 1996, le Taoulektien est marqué par la forte prédominance des pièces à coches, denticulés et des microburins, la rareté des lamelles à dos, l’emploi de la retouche Ouchtata. Le test d’œuf d’autruche est largement décoré. Il pourrait se développer du 7ème au 5ème millénaire, dans la zone côtière de la région de Tarfaya. L’armature dite « pointe de Taoulekt » (fig. 89) y a été définie1. Site19 Peut-on rapporter au Taoulektien, le site 19, découvert et étudié par D. Grébénart au début des années 70 à quelques dizaines de kilomètres de Tarfaya ? Les seules affinités résident dans l’abondance des microburins, mais ils y sont volontiers doubles, alors qu’ils sont distaux à TR15 et les pièces à coches, bien que groupe dominant, restent modestes en Site 19 ; avec des grattoirs et trapèzes qui s’affirment dans les deux sites, les microburins ne suffisent pas à gommer d’importantes différences marquées par la présence de retouche Ouchtata, pointe de Tarfaya dont il n’est pas fait état à TR15, pointe de Taoulekt qu’aucune description2 ne permet de supposer présente Site 19. Site 193 est un voile de 5 cm d’épaisseur habillant de pièces taillées et de coquilles marines, une surface dunaire sur 30 x 25 m. Il est daté de 6350 ± 120 et 6150 ± 120 B.P. (Mc 555 et Mc 556) (5470-5150 et 5260-4940 av. J.-C.) sur tests d’œuf d’autruche4. Les fouilles portèrent sur 70 m2 et dégagèrent une industrie façonnée sur un silex d’excellente qualité qui se trouve dans les formations turoniennes environnantes. Les nucléus globuleux, très petits, ramenés à la taille d’une noix, ont été débités sur place. Les lamelles sont rares dans le débitage, les lames manquent. L’industrie qui ne comporte que du matériel lithique, est marquée par une extrême abondance de microburins5 dont 20 % sont doubles et qui étaient régulièrement répartis dans le site. Leur facette porte parfois des traces d’utilisation. La pointe d’Ounan est courante, 10 %. L’outillage6 comprend en outre des grattoirs dont plus de la moitié est faite sur lamelle, il ne dispose pas de burin, ni de lame à dos. A la seule mèche de foret, il faut joindre trois pointes de Labied décomptées parmi les divers par l’auteur. Les lamelles denticulées viennent en second, suivies de près par les lamelles à coches et retouches continues. Les segments qui sont de petite taille, confortablement représentés, forment la masse des microlithes géométriques avec une 1 .- Cf p. 537. 2 .- Rappelons que sa définition est postérieure à l’étude du Site 19. 3 .- Il a été nommé Site 11 (G. Camps et al., 1973) et Site I, et attribué au Néolithique (G. Camps et al., 1974) 4 .- R. Vernet a attiré l’attention sur les problèmes liés aux datations sur test d’œuf d’autruche dans ces régions où les résultats sont souvent irrecevables sans que l’on ait pu déterminer s’il s’agit de la présence de pontes récentes dans les sites, pontes que l’on ne pourrait distinguer du matériel plus ancien, ou d’un problème d’ordre physico-chimique non encore appréhendé. On notera que ce problème ne se pose pas partout dans le Sahara. 5 .- Bien qu’elle soit moindre, 24,8 %, une forte proportion de microburins est à signaler à l’Aïn Korrich, escargotière capsienne de la région de Djelfa où les coches prédominent avec 27 %. 6 .- Cf Annexes p. 544.

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La question épipaléolithique forme particulière nommée « pointe de Tarfaya » (fig. 89) qui fut définie dans ce site. Quelques galets aménagés sont présents. L’œuf d’autruche abonde, souvent décoré de quadrillages ou hachures rectilignes ou curvilignes, parfois aménagé en disques perforés ou en rondelles d’enfilage. Aucun tracé ne permet de supposer l’existence de motif animalier comme celui qui a été récolté sur un site néolithique proche. C’est aussi à l’Epipaléolithique que D. Grébénart rapporte le site 11 d’Izriten, qui a livré des restes humains. Pauvre en matériel, il montre néanmoins l’importance accordée aux pièces à coches et aux grattoirs, la rareté des lamelles à dos et des microlithes géométriques, le développement des racloirs et pièces à retouches bifaciales. Il est daté de 8100 ± 110 B.P. (Mc557) (7297-7222 av. J.C.) sur coquilles marines et a pu être occupé bien plus tôt, des charbons retrouvés dans l’une des tombes indiquant 10430 ± 180 B.P. (Gif2910) (10622-10083 av. J.-C.). R. de Bayle des Hermens identifie ce même Epipaléolithique dans plusieurs sites reconnus par les missions Petit-Maire entre l’oued Draa et le Cap Bojador. TR15 Situé à proximité de la falaise côtière du secteur de Tarfaya, TR15 occupe quelque 1000 m2 à la surface d’un épandage. La couche archéologique fouillée par J. Onrubia-Pintado, ne dépasse pas 2 cm d’épaisseur, elle a été datée sur tests d’œuf d’autruche de 6350 ± 60B.P. (Gif8033) (5380-5290 av. J.-C.). Taillée exclusivement sur silex local, l’industrie lithique est faite pour l’essentiel de lames courtes et étroites et de lamelles. Elle est fortement dominée par deux groupes, les pièces à coches et denticulés et les microburins, des autres groupes, seuls les microlithes géométriques atteignent 10 %. Les outils composites sont courant 6,1 %, associant dans la plupart des cas grattoir et scie. Le groupe des pièces à coches doit son importance à la présence de scies 21,5 %, elles sont volontiers sur lame, voire sur lamelle. La plupart est simple, due à de petites coches clactoniennes qui dégagent des épines régulièrement espacées et souvent émoussées. Aucun segment ne figure parmi les microlithes géométriques qui privilégient les trapèzes, plus particulièrement ceux à deux côtés concaves. Les microburins accordent largement la préférence aux pièces distales, pas loin du tiers. Les lamelles à dos sont quasi inexistantes, néanmoins, on doit noter l’utilisation de la retouche Ouchtata sur une dizaine de pièces. Parmi les divers a été rangée une pointe de Taoulekt. L’œuf d’autruche abonde et porte volontiers un décor qui est riche et diversifié, résultant le plus souvent d’une incision, parfois d’un pointillage et où les motifs angulaires sont rares. La culture de Foum Arguin R. Vernet rapporte à ce qu’il nomme « culture de Foum Arguin » quelque 200 sites situés dans le nord du Tijirit, l’Inchiri, l’Amsaga et l’Aouker occidental. Installés à l’Holocène inférieur, sur les reliefs dunaires qu’ils couvrent d’innombrables débris de pierres taillées, de meules et molettes, ils sont généralement très vastes. Si la plupart est en surface, quelques cas montrent une stratigraphie. A FA38 et FA391, un niveau « Foum Arguin » est surmonté d’un 1.- Cf l’ensemble lithique en Annexes p. 544.

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Sahara préhistorique amas coquillier d’époque néolithique dont il est séparé par un dépôt de sable éolien stérile. L’outillage lithique proprement dit est rare et quelques tessons de poterie figurent parfois. Une localisation préférentielle au nord-est des buttes est, pour l’auteur, une manière de se protéger des vents du sud et sud-ouest qui prédominaient avant 7000 B.P. (5900 av. J.-C.). A Cansado, la « culture de Foum Arguin » est en effet datée de 7480 ± 130 B.P. (NIA336) (6459-6225 av. J.-C.) sur Helix à 6000 ± 60 B.P. (Pa2065) (4961-4825 av. J.-C.) sur tests d’œuf d’autruche. L’industrie réalisée sur lame et lamelle, dans des matériaux locaux, silex souvent de mauvaise qualité, utilise parfois le débitage Levallois. Elle se caractérise par la prolifération d’une pointe, multiples variations autour de la pointe d’Ounan, qui est vue comme armature plutôt destinée à des sagaies en raison de son poids et d’irrégularités peu conciliables avec des têtes de flèche. L’ensemble industriel est fortement dominé par les armatures dont beaucoup procèdent de cette silhouette, suivies de très loin par les grattoirs et pièces à coches. Les autres types, dont les lamelles à dos, ne sont que faiblement représentés, les microburins, les microlithes géométriques rares. Il ne fait aucun doute que la culture de Foum Arguin soit celle d’une population de chasseurs à laquelle R. Vernet accorde « un goût immodéré pour la dissymétrie ». FA10 Site occupant la surface d’une dune basse, FA10 se développe sur 300 x 200 m ; peu visible, il pourrait avoir quelque peu échappé au pillage important qui a sévi dans cette région. La superposition d’occupation néolithique n’ayant affecté que sa partie sud, il est permis d’en soupçonner les traits essentiels dans la partie restante. Les matériaux sont essentiellement des rognons caverneux d’un silex clair à cœur marron que l’on trouve dans les formations aïoujiennes de la région. D’autres qualités de silex, le quartz, n’ont été que peu utilisés. Les nucléus discoïdes prédominent. Les lames et lamelles, peu représentées, se terminent le plus souvent en pointe non retouchée. Une étude exhaustive de 120 m2 montre un sac à outils1 constitué pour près de moitié par les armatures qui dominent largement, les grattoirs et pièces à coches n’atteignent qu’environ 14 % chacun, les autres outils sont rares et il n’y a quasiment pas de burin, ni de microburin. Les armatures, variantes autour de la pointe d’Ounan, sont parfois issues d’un débitage Levallois ; elles forment un groupe homogène par leur pédoncule, toujours très court, obtenu de diverses manières, de préférence par retouche abrupte. Le limbe et surtout la pointe peuvent être affectés de retouches. Un sac à outils semblable se trouvait dans les sites FA38 et FA3. Oum Arouaghem Dans le Zemmour, R. Vernet tend à rapporter à la culture de Foum Arguin, le gisement d’Oum Arouaghem, non loin de Zouérate. Très vaste2, son industrie est façonnée de préférence sur jaspe. Elle montre la prédominance de lamelles à dos 38 %, elle est riche en perçoirs, 12 %, et le groupe éclats et lames à dos occupe une place importante, 25 %. Hormis les Divers, les autres groupes ne se manifestent que très timidement et il n’y a pas de grattoir. Des lames appoin1 .- Cf Annexes p. 544. 2 .- Il ne serait pas totalement exempt de restes néolithiques.

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La question épipaléolithique ties naturellement ou par retouches, dont la base est pédonculée, dites pointes d’Ounan, sont vues comme des têtes de flèche.

Au Sahara septentrional : Mellalien et Faciès d’El Oued Outre le gisement de Reggan, P. Fitte signalait bien plus au nord, aux abords de la sebkha el Mellah, celui d’Aïn el Dhobb et des éléments comparables non loin de Béchar, à Djenien et près d’Ouakda. Il rapprochait ces derniers de la station de Telouet, reconnue une dizaine d’années plus tôt dans le Haut Atlas marocain, ce qui pourrait suggérer une distribution lâche de l’Epipaléolithique par le couloir de la Saoura. J. Morel a identifié un ensemble microlithique trouvé en 7°40 E, 30°35 par la mission Erg el Ouar comportant des mèches de foret, des scalènes perçoirs à l’exclusion de toute pièce néolithique. Si cet Epipaléolithique reste souvent indifférencié, deux faciès originaux ont été reconnus dans le nord du Bas-Sahara, le Mellalien dans la région de Ouargla et, plus au nord, dans l’extrémité septentrionale du Grand Erg Oriental, le faciès d’El Oued. En outre, le Capsien, culture typiquement tellienne, a débordé dans les zones de contact entre le Tell et le Sahara, en particulier dans le secteur des Ouled Djellal. Le Mellalien La dénomination Mellalien proposée par G. Camps a pris le pas sur celle de Ouarglien donnée par G. Trécolle à une culture lamellaire qui fut identifiée par celui-ci dans la région de Ouargla, en 1964. Un certain nombre de dates place son développement entre 8600 et 7000 B.P. (7700 et 5900 av. J.-C.). Bien connue dans la région de Ouargla, elle semble se développer d’une manière très lâche vers le sud jusqu’au pied du Tademaït. Trois sites Hassi Mouillah, Les deux œufs, El Hadjar montrent le Mellalien sous-jacent au Néolithique et séparé de celui-ci par une sédimentation sableuse traduisant une phase aride. Il s’agit là de sites qui furent longuement occupés à en juger par l’absence de discontinuité sur une certaine épaisseur. Néanmoins, les sites mellaliens sont le plus souvent des sites de surface, d’extension variée, ils peuvent couvrir 200 m2, voire plus1, ils peuvent aussi atteindre à peine une cinquantaine de m2. Dans ces sites de faible extension, un type de lamelle à dos connaît souvent une forte suprématie. Leur surface restreinte et cette présence fortement prédominante d’un outil les opposent aux gisements plus vastes, à structure industrielle équilibrée, et permet d’envisager, dans la culture mellalienne, l’existence de véritables ateliers distincts des habitats. L’originalité du Mellalien est d’offrir des traits qui se retrouvent partie dans l’Ibéromaurusien, c’est le cas de l’importance donnée au groupe lamelles à dos, partie dans le Capsien, c’est le cas de la présence d’aiguillons droits, de la faible utilisation de la retouche Ouchtata, du développement des décors sur œuf d’autruche. Mais du Capsien, il ne possède pas les microlithes géométriques, rarement des nucléus cannelés.

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Sahara préhistorique

Fig. 8 - Mellalien : 1) nucleus ; 2) grattoir nucléiforme ; 3,14) lamelles à cran ; 4 à 7, 9, 23) lamelles à dos rectiligne ; 8, 11) lamelles à dos partiel ; 10, 12) aiguillons droits ; 13) lamelle à dos rectiligne et base arrondie ; 15, 27) scies ; 16) mèche de foret ; 17, 18) microburins K ; 19) triangle ; 20, 24) lamelles à dos arqué ; 21, 22) rondelles d'enfilage ; 25) burin nucléiforme ; 26) lame à coche ; 28) lame à dos rectiligne et base retouchée (Origine :1 à 9, 12, 15, 17 à 19, 21, 22, 26, 27) El Hadjar, 10, 11, 13, 14, 20, 24, 28) L'œuf décoré, 16, 25) Les vieux puits. d'après Aumassip et al., 1983).

Fig. 9 – Faciès d'El Oued :1 à 3) perçoirs ; 4) burin ; 5) lamelle à dos arqué et base retouchée ; 6, 9, 11) lamelles à dos arqué ; 7, 8) aiguillons droits ; 10) lamelle à dos rectiligne ; 12, 23, 24) segments ; 13, 14) lamelles à dos rectiligne et base arrondie ; 15) lamelle à dos arqué et base tronquée ; 16, 17) triangles scalènes à angle arrondi ; 18, 19, 27) triangles scalènes ; 20, 22) troncatures ; 21) lamelle à coche ; 25) trapèze ; 26) triangle ; 28) scie ; 29, 30) nucleus ; 31) lamelle à dos partiel ; 32) éclat à coche ; 33) microburin ; 34, 36) fragments de test d'œuf d'autruche biseautés ; 35) rondelle en test d'œuf d'autruche. (d'après Bobo, 1955).

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La question épipaléolithique L’industrie mellalienne (fig. 8) est faite sur calcédoine, matériau courant dans les dépôts du Quaternaire ancien de la région1. Elle se caractérise par un débitage lamellaire soit au percuteur dur, soit le plus souvent au percuteur tendre, effectué à partir de petits nucléus bipolaires dont les plans de frappe, non préparés, s’inclinent l’un vers l’autre à 60°, forme également utilisée dans le « Bedouin microlithic ». Les indices de débitage sont très proches d’un site à l’autre, 73 à 87, de même ceux de transformation qui, eux, sont toujours bas, 5 à 82. L’outillage est dominé par les lamelles à dos, volontiers de l’ordre de 60 %, mais pouvant dépasser 75 % ou descendre vers 30 %. Leur dos est de préférence rectiligne, leur extrémité aiguë. Parmi les pièces à coches, se remarquent des scies aux dents arrondies. Les grattoirs et les burins sont diversement représentés ; des grattoirs nucléiformes et des burins nucléiformes sur éclat allongé, caractérisent le style de cet outillage. Dans certains sites, Les Burins, Piste de N’Goussa, où ils constituent le tiers des outils, les burins posent le problème d’un possible rôle de nucléus, problème également posé dans d’autres cultures, en particulier dans le Capsien typique vers la même époque. Les microlithes géométriques sont quasiment absents, alors que les microburins peuvent être en nombre comme à Bordj Mellala II3, déséquilibre qui ne trouve pas d’explication, les pointes de La Mouillah ou les lamelles à dos arqué, pièces d’où ils peuvent également provenir, étant peu nombreuses. Les pièces à coches peuvent être peu présentes (Bordj Mellala II, Les Vieux puits, L’Œuf décoré4). L’œuf d’autruche abonde et il est souvent décoré. Le matériel de broyage se retrouve dans tous les sites, en abondance dans certains. Dans l’Atlas marocain, R. Chenorkian devait remarquer une étrange analogie structurelle entre le Mellalien et les industries d’Assaka n Haddouhm5 ou Aïn al Kahla. Néanmoins ces industries disposent de divers outils les rapprochant par ailleurs du Capsien, burins dièdres d’angle, pointes du Chacal, qui ne sont pas connus dans le Mellalien. El Hadjar Au sud de Ouargla, dans le sillon de l’oued Mya, les restes d’un habitat qui fut daté de 7925 ± 130 (Mc 527) et 7300 ± 170 B.P. (Gif 880) (7030-6660 et 6380-6010 av. J.-C.), apparaissent à la base d’une butte sableuse coiffée par un gisement néolithique. A proximité, en divers endroits, se trouvent des traces ténues d’autres occupations offrant des traits semblables. Des fouilles menées de 1967 à 1970 par des équipes du CRAPE dirigées par l’un de nous (G.A.) dégagèrent une surface de 20 m2 montrant une couche archéologique faite de sables et de cendres, épaisse de 0,20 à 0,30 m. Elle ne présentait aucune discontinuité, mais n’a livré aucune structure d’habitat autre que des foyers empierrés, irrégulièrement espacés et deux dépôts d’œuf d’autruche à 1 .- Elle est toujours altérée dans le Mellalien ce qui la rend opaque et lui donne une couleur blanche la distinguant nettement du matériel néolithique façonné dans les mêmes matériaux et resté translucide. 2 .- A propos de ces indices, cf glossaire p. 592. 3 .- Gisement daté de 8070 ± 100 B.P. (UW389) (7230-6820 av. J.-C.). Cf sa structure industrielle en Annexes p. 545. 4 .- Cf la structure de l’industrie en Annexes p. 545. 5 .- Cf la structure de l’industrie en Annexes p. 557.

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Sahara préhistorique la périphérie du gisement, l’un de quatre, l’autre de deux œufs. Le matériel brut qui était dispersé dans la couche, porte souvent des cupules thermiques. Le débitage fait au percuteur dur, parfois souple, a laissé des nucléus à deux plans de frappe lisses opposés, typiques du Mellalien ; ceci n’exclut pas la présence de quelques nucléus globuleux ou à plans de frappe croisés ou encore à un seul plan de frappe dont quelques exemplaires sont cannelés. Tous sont de petite dimension. Le façonnage des outils fait essentiellement appel à la retouche abrupte, peu à la retouche Ouchtata ; le dos des lamelles est fait parfois par retouche alternante, souvent sur enclume. L’outillage1 est dominé par les lamelles à dos avec prédominance des lamelles rectilignes dont celles à base retouchée. Les bords abattus partiels ne montrent aucune préférence pour une position distale ou proximale. Les grattoirs sont souvent denticulés ou nucléiformes. Des mèches de foret doubles, aux extrémités plutôt fuselées, forment la masse du groupe perçoir. Parmi les denticulés et les scies se distingue une forme due à l’alternance d’enlèvements directs et inverses produisant un profil « en vague ». Les quelques microlithes géométriques sont plutôt des trapèzes de petite dimension pouvant avoir un ou deux côtés concaves. Les pièces à retouche continue sont assez fréquentes, les pièces esquillées exceptionnelles. L’œuf d’autruche est très abondant, souvent altéré par le gypse. Il est aménagé en rondelles d’enfilage petites et fines, qui sont peu nombreuses. Quelques surfaces sont décorées, toujours de décors simples, traits parallèles, losanges, qui entourent le plus souvent l’orifice. El Hamraïa Parmi les cordons de dunes d’El Hamraïa, apparaissent diverses stations. La plus importante occupe une surface de l’ordre de 35 x 30 m ; elle fut étudiée dans les années 60, par G. Trécolle, F. Marmier et une mission du CRAPE. Sa surface supporte une faible densité de pierres taillées et de fragments de tests d’œuf d’autruche mêlés à des pierres brûlées, matériel qui se retrouve dans des lambeaux de couche archéologique cendreuse subsistant par endroit. La disposition du matériel au sol, par sa concentration sur certaines surfaces, permet de supposer l’existence d’enclos ou de huttes de 6 à 12 m2, éloignés de 1 à 2 m les uns des autres. L’outillage2, l’un des rares qui ait utilisé quelques silex, est semblable à celui des autres sites mellaliens, peut-être peut-on y trouver un peu plus fréquemment des coches retouchées et y remarquer l’absence totale de troncature et de microlithe géométrique. La date de 7070 ± 170 B.P. (Gif 3412) (6070-5750 av. J.-C.) a été obtenue sur test d’œuf d’autruche. Hassi Mouillah Situé à l’ouest de Ouargla, en bordure de la sebkha Mellala, le gisement Hassi Mouillah fut fouillé par les Dr G. Trécolle et F. Marmier en 1964. Il forme une petite butte dont la base comporte une couche sableuse grise, continue, épaisse de 0,40 m, à base ondulée. Quelque 0,60 m au-dessous, dans la masse des sables, existe un autre niveau, lui discontinu, qui a livré une industrie com1 .- Cf Annexes p. 545. 2 .- Id.

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La question épipaléolithique parable. Au-dessus, séparé par 1,10 à 1,20 m de sable éolien stérile, se trouve un niveau néolithique1. L’industrie mellalienne a été datée de 8600 ± 150 (Mc 150) et 7650 ± 150 B.P. (Gif1195) (7930-7490 et 6650-6260 av. J.-C.). Le seul élément de faune retrouvé est une dent de phacochère. L’industrie2 ne se distingue de celle d’El Hadjar que par de menues différences dans l’outillage taillé en particulier par un fort développement des lamelles à dos rectiligne, elle dispose en outre d’un abondant matériel de broyage. La richesse du décor des œufs d’autruche est remarquable, il offre plus de 10 % de motifs composés ne rapportant quasiment jamais la même association et montrant une nette préférence pour les tracés rectilignes. Dans le matériel de broyage figure en nombre un type de molette à contour circulaire, à deux surfaces actives opposées, dont une, par son inclinaison, lui donne un profil trapézoïdal. L’Isthme Le gisement fut découvert en 1976, aux environs d’El Hadjira, par F. Marmier et G. Trécolle. Il couvre environ 200 m2 d’un reg qu’entourent de petites dunes plus ou moins stabilisées par une végétation de Limoniastrum. A l’inverse d’El Hamraïa, il n’a montré aucun aménagement de l’espace et la structure de son industrie ouvre à l’idée de station spécialisée. Les lamelles à dos qui dominent l’industrie3, sont en effet, pour près du quart, des pointes à cran, lamelles aiguës ayant à la base du bord abattu un cran placé généralement à gauche ; de telles pièces manquent ou sont exceptionnelles dans les autres sites mellaliens connus. Des groupes secondaires d’égale importance sont constitués par les burins de types variés, les pièces à coches-denticulés indifféremment sur éclat ou lame, parmi lesquelles figure une scie, les pièces à retouche continue. Les microburins sont nombreux alors que les microlithes géométriques, tout comme les perçoirs et troncatures, sont rares. Les grattoirs manquent. Cette présence en grand nombre d’un type de lamelle a été notée dans divers autres petits sites de la région. Aucun n’a produit le même outil, mais sauf les burins qui semblent procéder d’une autre démarche, il s’agit toujours d’un type de lamelle à dos, ce qui peut signifier l’existance de spécialisations. Les Burins Autre gisement du pourtour de la sebkha Mellala découvert par G. Trécolle, Les Burins se distingue par le nombre important de burins4 et des nucléus plus volumineux que dans les autres sites. Une datation, 6950 ± 170 B.P. (Gif 2649) (5990-5670 av. J.-C.) sur test d’œuf d’autruche, le rapporte à la phase finale du Mellalien. L’indice retouche abrupte est très bas. Les burins offrent les mêmes traits que dans les autres sites, ils sont fréquents sur cassure et troncature concave. On retrouve cette richesse en burins dans d’autres gisements tel Piste de N’Goussa5 identifié en 1955 par G. de Beauchêne et que ces particularités ont longtemps marginalisé. Les nucléus y sont plus souvent pyramidaux que dans les autres sites. 1 .- Cf p. 262. 2 .- Cf Annexes p. 545. 3 .- Id. 4 .- Cf composition de l’ensemble industriel Annexes p. 544. 5 .- Cf composition de l’ensemble industriel Annexes p. 545.

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Sahara préhistorique Le Faciès d’El Oued Les particularités de plusieurs sites de la région d’El Oued -EO2, EO5, Bir el Adal, MJ1, MJ3, Chouchet el Hamadi- ont permis à J. Bobo d’individualiser ce qu’il a nommé faciès d’El Oued1. Ces gisements occupent tous les mêmes positions, « sur les sommets, pentes et base de monticules nichés dans les sahanes » et se perdent sous les dunes actuelles. L’outillage (fig. 9) sort de bancs de sable ou d’un sédiment calcaro-gypseux. Il est très riche en lamelles à dos qui forment plus de la moitié des outils avec des formes rectilignes à retouche de la base prédominantes et des aiguillons droits courants. On trouve des perçoirs aménagés par fine retouche inverse de l’extrémité. Les triangles sont fréquents sous l’aspect de triangles scalènes allongés. Les microburins, pièces à coches sont en nombre variable. Un microlithisme accentué peut affecter les lamelles à dos et surtout les triangles ; à Bir el Adal, des lamelles ne dépassent pas 1,1 cm de long. Les grattoirs sont rares partout. L’œuf d’autruche abonde, parfois gravé de motifs géométriques droits ou courbes, de points ; divers fragments ont un ou plusieurs bords biseautés, ce que certains auteurs voient comme produit d’une intervention humaine, d’autres comme une éolisation. De l’ocre, diverses coquilles de Nassa gibbosula, Columbella rustica ainsi que des meules et molettes proviennent de certains sites. La faune se limite à des antilopes, gazelles, lièvres, elle ne renferme aucun reste de gros mammifères. Bir el Adal Entre 1937 et 1941, J. Morel reconnaissait une couche sableuse en léger relief, contenant des silex, cendres, foyers dans un sahane des marges du Souf. L’industrie riche en lamelles à dos2, est de petite dimension pour l’essentiel. Le matériau est du silex de diverses qualités provenant des zones d’épandage de ce secteur. Les lamelles à dos prédominent, 65 %, obtenues volontiers par retouche sur enclume ayant produit des dos rectilignes, plutôt sur le bord gauche. Les grattoirs et les pièces à coches sont peu nombreux et le matériel recueilli comprend 12 rectangles qui sont des pièces inhabituelles dans l’Epipaléolithique. L’œuf d’autruche abonde, de nombreux fragments ont un ou plusieurs bords biseautés. Ceux-ci ne sont jamais décorés alors que les autres fragments peuvent être gravés de points, traits rectilignes ou courbes, hachures. Le gisement a livré des coquilles de Columbelle rustica et Nassa gibbosula, un fragment de pendentif en malachite et quelques restes osseux provenant de gazelles dorcas et cuvieri, lièvres, oiseaux ; quelques vertèbres de poissons supposent une activité de pêche. Nassa gibbosula (Nassarius gibbosulus) qui demande des eaux tempérées à chaudes, traduit probablement des contacts avec le golfe de Gabès où ce gastéropode est fréquent. EO2 Non loin d’El Oued, en direction de Behima, J. Bobo a trouvé un matériel archéologique abondant mêlé à des cendres au sommet de deux monticules de 1,50 m de haut ; le matériel archéologique s’étalait aussi sur leurs pentes et à 1 .- Leur appartenance au Néolithique proposée par J.P. Maître qui s’appuyait sur quelques tessons trouvés sur certains sites, ne peut être retenue depuis que cette poterie s’est avérée subactuelle. 2 .- .- Cf composition de l’ensemble industriel Annexes p. 548.

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La question épipaléolithique leur base. Il en a retiré 3100 pièces brutes de taille, 631 outils et seulement 27 nucléus et 3 éclats d’avivage, quelques débris de meules et molettes, de l’ocre rouge et jaune, des fragments osseux non identifiables ainsi qu’une coquille de Pectunculus. Les fragments d’œufs d’autruche sont nombreux, beaucoup sont biseautés par polissage, certains sont ornés, d’autres transformés en rondelles d’enfilage. Aucune grosse pièce n’a été trouvée ; les nucléus, épuisés à l’extrême, mesurent moins de 3 cm de haut. Les lamelles à dos constituent la masse de l’industrie1, 65 %, avec prédominance des formes rectilignes dont la base peut être retouchée diversement. Des retouches affectent souvent la pointe accentuant son caractère aigu. Les microlithes géométriques, groupe secondaire, n’atteignent que 15 % ; ils consistent essentiellement en triangles qui sont volontiers allongés. Les microburins sont présents dont 3 microburins Krukowski. Les grattoirs, les perçoirs sont très peu nombreux et il y a quelques racloirs. Si le mauvais état des ossements n’a permis ici aucune identification, dans les sites similaires voisins et qui paraissent contemporains, EO5, Bir el Adal, des restes de gazelles, antilopes, rongeurs et vraisemblablement autruche ont été reconnus. EO5 A quelques kilomètres au nord-est d’El Oued, EO5 couvre un tertre allongé coupé en son milieu par une dune de 15 m de haut. J. Bobo y a collecté un nombre impressionnant de lamelles à dos, 3500, figurant quasiment tous les types et portant volontiers des retouches sur le bord opposé. Elles constituent l’essentiel de la boite à outils 89,8 %, les microlithes géométriques, 207, soit 5,9 %, consistent surtout en triangles 170, les microburins sont au nombre de 110, 3,1 %, les burins seulement 30, 0,9 %, les coches et denticulés 19, 0,5 %, lames à dos 12, 0,3 %, racloirs 10, 0,2 %, grattoirs 8, 0,2 %, dont trois discoïdes. Les nucleus sont très petits, certains sont pyramidaux. Le matériel comportait aussi des fragments de meules et de molettes. L’œuf d’autruche abondait, souvent gravé, biseauté, aménagé en rondelles d’enfilage. De l’ocre jaune et rouge était présente. Dans le Tell : Capsien et autres cultures Au cours de l’Holocène inférieur, le Tell oriental a été occupé par le Capsien, culture qui a laissé une densité inhabituelle de sites. Reconnaissant des variations locales, G. Camps propose d’y lire des faciès régionaux. Cet éclairage ne résout pas la question d’une attribution à l’Epipaléolithique ou au Mésolithique, attribution ancienne qui, à la lumière de récentes découvertes, reprend corps. Dans l’Ouest tellien, l’Epipaléolithique paraît moins fréquent et les cultures plus variées. L’extension de chacune, quoique encore mal cernée, semble toujours réduite. Certaines, Columnatien, Kristelien, sont marquées par le nanisme ; le phénomène, dit élassolithisme, atteint principalement les lamelles à bord abattu, les segments et les microburins. Il intervient dans des milieux divers et connaît une vaste extension. Il a été identifié dans les régions de Constantine, Tiaret et Oran. Il est présent dans certaines cluses de l’Atlas saharien, signalé dans le nord 1.- Cf la composition de l’ensemble lithique p. 548.

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Sahara préhistorique du Bas-Sahara avec le Faciès d’El Oued. Le Maroc a longtemps posé problème, de nombreux auteurs soulignant une «lacune de sédimentation systématique couvrant la période 9500-6500 av. J.-C.». G. Souville notait quant à lui, mêlé à l’Atérien de surface, la fréquence d’un matériel lamellaire qu’il proposait de rapporter à un Epipaléolithique car se distinguant du Néolithique par l’absence de tête de flèche, de poterie, l’utilisation très réduite, voire le manque, de retouche plane. A Ma Izza, dans la région de Casablanca, un niveau comportant 68 % de lamelles, sous-jacent à des niveaux néolithiques, a été rapporté à l’Epipaléolithique. Les dates récemment obtenues à Kaf Taht el Ghar, au-dessous du Néolithique cardial dans une zone « palimpseste » : 9910 ± 50 B.P. (Ly7287) (9755-9285 av. J.-C.) et 9865 ± 75 B.P. (Ly7695) (9465-9285 av. J.-C.), à Marja : 9930 ± 90 B.P. (Gif6188) (9650-9340 av. J.-C.) et à Chaâba Bayda : 9560 ± 100 B.P. (Gif6828) (9130-8795 av. J.-C.) traduisent, pour J. Linstädter, un Epipaléolithique. Il aurait des affinités avec le Kérémien. Le Columnatien Faciès élassolithique, le Columnatien a été reconnu d’abord dans la région de Tiaret, puis dans le Constantinois et l’Atlas saharien. Il vient d’en être fait mention à Chabet el Houidga (Saint Trivier) dans la région de Mascara. Dénommé par G. Camps en 1967, il doit son nom au gisement de Columnata dans lequel P. Cadenat l’identifiait dès 1954, le nommant provisoirement « Epipaléolithique de transition ». Le Columnatien se caractérise par l’importance donnée aux lamelles à dos, aux segments voire aux microburins, et la présence d’un nanisme qui en affecte une partie. Quelques segments sont apparentées à des triangles ou à des trapèzes à petite base concave retouchée. Les pièces à coches forment autour de 15 % du sac à outils. Comme dans diverses autres cultures, les burins peuvent être nombreux -dont des burins d’angle sur troncature de petite taille-, leur rareté dans les sites orientaux a conduit G. Camps à proposer deux groupes indépendants, retrouvée à Chabet el Houidga, cette rareté atténue la distinction d’ordre géographique et pourrait la reporter à une cause autre. L’outillage osseux dispose de nombreux tranchets à biseau oblique, outil considéré comme de tradition ibéromaurusienne. Columnata A Columnata, quatre niveaux culturels ont été reconnus : Ibéromaurusien, Columnatien, Capsien, Néolithique. Le niveau columnatien repose sur la roche, entre la falaise et l’occupation ibéromaurusienne qu’il chevauche légèrement1. Il est surmonté d’un niveau capsien dont il est séparé par des éboulis. P. Cadenat qui fit les fouilles, lui rapporte les dates de 8280 ± 150 (Mc 155), 8140 ± 150 (Mc 211) et 7300 ± 200 B.P. (Mc 154) (7520-7140, 7450-6830 et 6380-5990 av. J.-C.). Même si on n’en connaît pas les modalités, cette longue occupation du site implique un environnement particulièrement favorable à l’homme sur la longue durée. 1 .- Ce passage se retrouve à Saint Trivier où T. Dachy et al rapportent une occupation columnatienne au-dessus d’un Ibéromaurusien final et la datent du 8ème millénaire.

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La question épipaléolithique Hors les microburins qui la dominent largement, l’industrie lithique1 s’équilibre entre lamelles à dos, coches-denticulés et burins. La miniaturisation affecte les lamelles à dos avec 6 % de l’ensemble des outils, les microlithes géométriques, 1 %, avec des microsegments très allongés. Elle concerne à peu près tous les microburins (lesquels montrent une plus grande fréquence des microburins de base), ainsi que les burins qui ne dépassent pas 3,5 cm de long et sont quasiment tous des burins d’angle sur troncature, souvent multiples. L’industrie osseuse est abondante, mais peu de pièces sont entières. Les fragments présentent souvent des traces de passage au feu. De bonne facture, les outils sont totalement et soigneusement polis, ils comportent des poinçons, alènes, lissoirs et, en particulier à la partie inférieure du niveau, de nombreux tranchets. Parure et art se traduisent dans des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, une pendeloque en pierre. Des fragments de schiste vert ont été polis et certaines plaquettes peuvent porter des traits gravés. Le fût de quelques poinçons présente de courts traits transversaux parallèles. Les vestiges fauniques montrent la présence de gazelles, antilopes, canidés, ânes et surtout de petits animaux tels que des hérissons, lézards, rongeurs et des oiseaux. Bien que rare, le caballin Equus algericus, reconnu dans le Pléistocène supérieur, est cité pour la première fois dans l’épipaléolithique. Equus melkiensis qui fut longtemps confondu avec Equus mauritanicus et qui serait fréquent dans l’Ibéromaurusien, est ici rare. Bos, Alcelaphus, le sanglier, le porc-épic sont rares eux aussi. Des crabes d’eau douce, barbeaux, escargots abondent. La comparaison entre leur fréquence dans ce niveau et dans les niveaux sus-jacents, où Leucochroa devient très largement prédominant, pourrait faire valoir un climat alors plus chaud. P. Cadenat a mis au jour 35 tombes qu’il rapporte au Columnatien2, elles auraient renfermé une cinquantaine de sujets adultes et enfants traités de la même manière. Identifiés comme Mechta el Arbi graciles, leur durée de vie moyenne a été située à 21-22 ans par J.N. Biraben et leur état a permis à J. Dastugue de parler d’une population menant une vie paisible, utilisant volontiers une position assise ou accroupie. Cubitus Dans la même région, le gisement du Cubitus, également connu sous le nom de Torrich I, offre les mêmes caractéristiques. Découvert en 1952 par G. Bonneau et J. Vassot, qui y firent d’importantes récoltes de surface, il fut fouillé à partir de 1961 par P. Cadenat. Celui-ci reconnaissait trois niveaux qui lui ont permis de proposer une évolution par variation du pourcentage des burins dont l’augmentation est régulière, puis des grattoirs ; augmentations qui se font aux dépens des lamelles à dos, pièces à coches et à un degré moindre des microlithes géométriques. Le gisement s’étend sur une pente légère, il a fait l’objet de fouilles d’un volume global de 10 à 15 m3, échelonnées en quatre points le long de la pente. Elles ont montré une couche archéologique épaisse de 0,70 à 0,90 m avec cer1 .- Cf Annexes p. 547. 2 .- Pour L. Aoudia-Chouakri, 13 tombes rapportées par P. Cadenat au Columnatien pourraient être ibéromaurusiennes.

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Sahara préhistorique taines concentrations d’objets qui laissent entrevoir une probable structuration de l’espace. L’industrie lithique1 est, à tous les niveaux, taillée dans des silex d’aspect varié mais avec prédominance de silex noir yprésien. Elle est marquée par le nanisme. Les nucléus sont petits, généralement polyédriques ou globuleux, le plus souvent à un plan de frappe. Les outils sont de petites pièces courtes ; les lamelles à dos, étroites, mesurent pour la plupart quelque 3 cm de long et un ultramicrolithisme en affecte certaines. Les dos sont rectilignes, les bases souvent retouchées, les extrémités effilées. Les burins sont nombreux, ce sont généralement des burins d’angle sur troncature, volontiers aménagés sur des lamelles. Les microlithes géométriques sont marqués par la miniaturisation de certains segments et la présence d’une forme originale, un trapèze dont le petit côté abattu est concave. L’industrie est également originale par la fréquence d’un émoussé affectant une partie du tranchant de lamelles brutes ou retouchées. Un travail par polissage est traduit par la mise au jour d’une cinquantaine d’outils en os, mais il s’agit seulement de pointes ou poinçons et de tranchets ; il n’y a pas de véritables aiguilles bien qu’un fragment montre l’amorce d’un chas. Ces outils, entièrement polis, attestent du soin mis à les façonner. Du polissage se retrouve sur quelques fragments de test d’œuf d’autruche, matériau peu abondant, et sur un fragment de schiste vert. La faune comporte des restes de Bos primigenius, Equus algericus, Equus mauritanicus, Equus melkiensis, Equus asinus, Alcelaphus buselaphus, gazelles, peut-être de mouflon, un renard, un félin, deux espèces d’oiseaux, ainsi que de la tortue et des barbeaux. A quelques coquilles d’Unio, s’ajoutent de nombreux gastéropodes terrestres avec Rumina decollata, quelques Leucochroa candidissima, de nombreuses espèces d’Helix, Helicella. Divers fragments provenant d’un squelette humain2 (cubitus, fragment de mandibule, métacarpiens, rotule) gisaient à la surface du gisement. El Hamel couche A Des traits comparables se retrouvent dans l’Atlas saharien avec l’industrie récoltée dans la couche A du gisement d’El Hamel. Epaisse de 0,20 m, cette couche a été attribuée au Néolithique par J. Tixier qui découvrit et étudia le site au début des années cinquante ; pour C. Roubet, il relève plutôt de « l’Epipaléolithique de transition ». Le niveau n’est pas daté directement, mais il est postérieur à un niveau ibéromaurusien daté de 9540 ± 120 B.P. (9140-8740 av. J.-C.)3. C. Roubet devait souligner les similitudes remarquables entre cette industrie et celle de Koudiat Kifène Lahda, leur principale divergence résidant dans la présence d’un rectangle à El Hamel. Ce niveau a livré outre l’industrie lithique4, des pierres de foyer, des cailloux de la grosseur d’une noix, deux rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche5. 1.- Cf p. 547. 2 .- Le gisement doit son nom au premier de ces restes qui y fut retrouvé. 3 .- Cette date obtenue très longtemps après les fouilles et à partir de prélèvements faits sans précaution comme ils se faisaient avant la mise en place des méthodes de datation, doit être retenue avec précaution. 4.- Cf p. 547. 5 .- Des fragments de poterie, parfois minuscules, trouvés à toutes les profondeurs étaient responsables de l’attribution de la couche au Néolithique. Il est probable qu’ils proviennent d’un niveau supérieur, en raison des remaniements incessants dus aux labours, ce qui entraîne un doute quant à la composition réelle du sac

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La question épipaléolithique J. Tixier remarquait que la facture des pièces était beaucoup plus soignée que dans les niveaux plus anciens rapportés à l’Ibéromaurusien. Les lamelles à dos se répartissent en types bien plus nombreux, leur retouche est plus fine et a créé un dos souvent perpendiculaire à la face d’éclatement, les retouches de base ou de pointe sont fréquentes. Les coches sont plus volontiers façonnées sur lamelle. Les nucléus, peu nombreux, petits, peuvent être pyramidaux, subcylindriques ou globuleux ; les plans de frappe sont lisses. Les restes de faune sont peu nombreux, très fragmentés, rarement déterminables, une écaille et des plaques dermiques de tortue, une pince de crabe d’eau douce y ont été reconnues. Koudiat Kifène Lahda Gisement de la région d’Aïn M’lila, il s’étend sur une pente au pied d’un auvent que longe une étroite plateforme. Découvert par B. Dedieu, il fut fouillé en 1967 sous la direction de C. Roubet. La couche archéologique d’une épaisseur de 1,30 m était divisée en deux par un dallage de pierres mal jointées, épais de 0,25 m. Sous ce dallage, un niveau original à caractère élassolithique1 a été daté de 8540 ± 150 (Gif 879) et 8320 ± 150 B.P. (Mc 207) (7870-7350 et 7540-7140 av. J.-C.). Le débitage a produit 4 % de lamelles dont la longueur est inférieure à 2,5 cm et n’atteint que 1 cm pour certaines. Les nucléus, le plus souvent de forme globuleuse, sont de petites dimensions, non cannelés, caractère qui apparaît dans le dépôt sus-jacent. Les grattoirs sont simples, souvent aménagés sur lame ou lamelle. Les perçoirs sont faits sur lamelles à dos. Les formes de burins sont variées. Les lamelles à dos sont de préférence rectilignes, souvent à dos partiel. La retouche Ouchtata est utilisée à 13 %. Près de 20 % des lamelles à dos sont atteintes de nanisme, caractère qui affecte plus particulièrement les formes arquées. De nombreux éclats et surtout des lamelles portent des coches, toujours retouchées. Les microlithes géométriques, dont 87 % sont affectés de nanisme, font une part essentielle aux segments et ne renferment aucun trapèze. Les microburins, indifféremment distaux ou proximaux, constituent près du tiers des outils ; ils peuvent être de très petite taille, jusqu’à 4 mm pour les plus petits. Le matériel osseux est rare, limité à quelques fragments de poinçons. De l’ocre jaune et rouge, une molette qui en porte des traces ont été retrouvées ; avec quelques restes de faune provenant de gazelles, lézards, barbeaux et l’œuf d’autruche, ce sont les seuls autres éléments perçus dans ce niveau. Saint Trivier/Chabet el Houidga Au sud-est de la ville de Mascara, à flanc de colline et en bordure d’un ravin, le site domine la plaine de Ghriss. Il a été découvert et fouillé dans les années 60 par G. Simonnet, préhistorien amateur, officier en poste dans ce qui était le dépôt de carburant de l’armée. Les fouilles menées par décapages de 5 à 15 cm en trois secteurs ont couvert une surface de 15 m2. Grâce aux carnets de fouilles, croquis, notes diverses, la stratigraphie dégagée alors a pu être précisée, le matériel recueilli analysé. La synthèse des données faite par T. Dachy et ses collaà outils sans remettre en cause son appartenance du fait des similitudes avec le niveau inférieur de Koudiat Kifène Lahda. 1 .- Cf Annexes p. 547.

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Sahara préhistorique borateurs montre la succession de six niveaux. Le niveau supérieur, C1, épais de 15 à 30 cm, est une terre rouge renfermant du matériel remanié qui n’a pas été pris en compte. Au-dessous, une terre noire plus ou moins riche en cendres, est interrompue à deux reprises par un niveau de cailloux, l’un supérieur C3 d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, l’autre C5 d’une dizaine. Réalisés à l’aide de pierres informes, mais de dimensions voisines, 5 à 10 cm, disposées régulièrement, ils forment de véritables dallages et cette régularité plaide en faveur de « constructions » anthropiques. Le niveau supérieur, C2, de plus de 50 cm d’épaisseur reposait sur le dallage supérieur C3, il renfermait deux foyers et était riche en « escargots », au-dessous, l’occupation C4 reposait sur le dallage inférieur C5, elle comportait aussi deux foyers et une fosse. Ce serait l’occupation principale. Au-dessous du dallage inférieur vient un niveau de quelque 30 cm riche en lamelles à dos C6. Diverses datations, bien que peu cohérentes, permettent de placer les dépôts noirs entre 11390±30 B.P. (UGAMS-28900) et 6860±30 B.P. (Beta 450252), 11350-11195 et 5785-5710 av. J.-C. L’essentiel du matériel archéologique consiste en pièces lithiques1, elles sont tirées de silex de diverses qualités, un silex noir prédominant largement, 3 % sont en calcédoine et quelques pièces en chaille. Beaucoup ont été passées au feu, caractère également noté à Columnata par P. Cadenat. Les nucleus (une quarantaine a été récoltée) sont petits, souvent fragmentés, le plan de frappe est lisse, ils ont été travaillés par percussion dure ou tendre pour produire de petits éclats ou des lamelles irrégulières, de petite taille. Le sac à outils montre la prédominance des lamelles à dos, elles sont particulièrement abondantes dans le niveau inférieur C6 où elles sont volontiers arquées et les bases tronquées ; dans sa partie supérieure le niveau s’enrichit en lamelles rectilignes, ainsi qu’en triangles et trapèzes. Les pièces à retouches continues forment un autre groupe important. Avec plus de 10 %, les coches-denticulés et microlithes géométriques viennent ensuite avec à peu près la même importance, les autres outils y compris les grattoirs sont peu nombreux. Le niveau médian C4 où les lamelles rectilignes prédominent, est marqué par l’élassolithisme qui affecte segments et microburins. Au niveau C2 interviennent les lamelles à tête arquée. L’état de surface des segments conduit les auteurs à y voir des projectiles de 1 à plus de 6 mm, dont la plupart aurait été insérée obliquement. Sur une cinquantaine de pièces, dont des lamelles de belle qualité, ils notent un lustre strié envahissant plutôt la face inférieure. Le matériel osseux est réduit à 24 pièces qui sont des tranchets et des outils appointis. Avec 2 fragments de test, l’œuf d’autruche est rare. Un souci esthétique ou plutôt prophylactique peut être marqué par de l’ocre, une perle en matériau non déterminé et quelques coquilles marines, Turritella, Cerastoderma (Cardium) edule qui pourraient être des éléments de parure. La faune comporte Gazella dorcas, Alcelaphus buselaphus, Ammotragus lervia, des Léporidés, de la tortue, des pinces de crustacées. La malacofaune est variée avec Otala lactea et punctata, Theba pisana et Sphincterochila (Leucochrea) candidissima, Cernuella, Helicella, Caracollina lenticula, Rumina decolata, Melanopsis. 1.- Cf la composition du sac à outils p. 547.

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La question épipaléolithique Kérémien et Kristelien Le Kérémien se caractérise par une structure industrielle qui accorde une importance majeure aux grattoirs dont l’indice varie entre 40 et 55 ; ils sont courts, épais, souvent carénés. Les lamelles à dos, encore courantes, 20 à 25 %, donnent la préférence aux formes arquées, les coches-denticulés oscillent de 5 à 15 %, les racloirs peuvent atteindre 10 %. Les microlithes géométriques, essentiellement des segments, sont plus ou moins fréquents. Quelques pièces esquillées peuvent figurer. Les burins n’ont pas été retrouvés dans tous les sites. Le Kérémien doit son nom au gisement de Kef el Kerem que firent connaître P. Cadenat et G. Vuillemot en 1944, mais il fut longtemps assimilé à l’Ibéromaurusien malgré de notables différences industrielles. Il fallut la découverte des sites de La Jumenterie, Le Bois des Pins pour qu’en 1967, J. Tixier individualise ce faciès. Il se retrouverait à Aïn Sandouk, Djebel Mekaîdou. Il existe peut-être au Kheneg Kenadsa où une industrie trouvée à la base des dépôts, comportant 50 % de grattoirs et un grand nombre de lamelles à dos, a été attribuée par A. Jodin au Néolithique, en raison de la présence de quelques tessons de poterie atypique, sans décor1. Il se retrouve sans doute à la base des dépôts d’Oued Guettara2. A Zaccar I, la prolifération des grattoirs s’accompagne d’une miniaturisation et rapproche le Kérémien de ce qui fut nommé Kristellien par F.E. Roubet, dans la région d’Oran. Le Kristelien possède les mêmes caractères que le Kérémien, en particulier l’abondance des grattoirs, mais en outre, tout comme le Columnatien, il présente des outils de très petites dimensions. Le gisement princeps, Bou Aïchem3 dit aussi Crique des pêcheurs, signalé par P. Doumergue, avait été attribué par Ch. Goetz et L. Balout au Néolithique en raison de quelques tessons de céramique sans décor trouvés à la surface ; or ceux-ci offrent des caractères tardifs qui supposent plutôt une pollution. Il est daté de 10215 ± 400 B.P. (Alg25) (105209350 av. J.-C.) sur coquille marine, 9700 ± 400 B.P. (Alg26) (9870-9700 av. J.-C.) sur charbons. F.E. Roubet et G. Camps rapportent l’ensemble industriel à un Epipaléolithique en raison de sa richesse en grattoirs et d’un microlithisme accentué. Privilégiant ce dernier, F.E. Roubet l’attribue au Kristelien. G. Camps l’attribue au Kérémien, lui assimilant le Kristelien en rappelant que l’ancienneté des fouilles à Kef el Kerem n’a probablement pas permis d’y percevoir cet outillage minuscule. Toutefois le nombre de sites kérémiens où ce trait n’est pas signalé, milite plutôt en faveur de l’existence de deux faciès. Bois des Pins Le gisement Bois des Pins, mis au jour en 1953 dans la région de Tiaret par le défrichement, se présente comme un cercle noirâtre de 30 m de diamètre. L’industrie4 recueillie par R. de Bayle des Hermens traduit un choix de la matière première en fonction de sa destination. Les lamelles sont, en effet, en silex 1 .- La poterie néolithique de ces régions ayant un décor qui n’occupe souvent qu’une faible partie des surfaces, l’absence de tesson décoré ne peut prendre de signification, seules les caractéristiques des pâtes pourraient, peut-être, préciser l’appartenance. 2 .- Cf p. 242. 3 .- Cf détail de l’industrie Annexes p. 546. 4 .- Id.

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Sahara préhistorique noir ou brun, les grattoirs en silex laiteux venant du poudingue des oueds environnants. Ces derniers constituent plus de 60 % des outils, ils sont façonnés sans souci de qualité, la plupart sur des éclats irréguliers. Les lamelles à dos, plutôt arqué, forment plus du quart des outils, il n’y a pas de lamelle à piquant trièdre. Les pièces à retouche continue sont courantes avec près de 10 % alors que le groupe des pièces à coches dépasse à peine 5 %. Il n’y a pas de microlithe géométrique mais 2 troncatures et 2 microburins (moins de 1 %) ont été mis au jour. Les nucléus, peu nombreux, sont issus de galets et disposent d’un plan de frappe préparé. Du matériel de broyage est présent ainsi que des fragments d’hématite et de plomb lequel se retrouverait dans tous les sites de la région. Kef el Kerem Le gisement éponyme du Kérémien fut découvert dans la région de Tiaret au pied de rochers par P. Cadenat en 1938. Avec G. Vuillemot, il fouilla un volume de 20 m3 en tranchée de 1 m de large et attribua alors l’industrie à l’Ibéromaurusien. Gisement de plein air situé près d’une grotte minuscule, Kef el Kerem a livré la même structure industrielle1 sur toute son épaisseur. Elle est dominée par des grattoirs courts, épais, souvent carénés et les lamelles à dos y sont fréquentes. La faune comporte Bos (identifié comme B. opisthonomus), Alcelaphus buselaphus, Gazella dorcas, Ammotragus lervia, un équidé, de la tortue, des oiseaux. La Jumenterie Proche de Tiaret, le site fut reconnu et étudié par R. de Bayle des Hermens qui effectua une fouille de sauvetage. Les nucléus sont en majorité globuleux, certains sont pyramidaux ou cylindriques. L’industrie2 est riche en grattoirs, presque tous les types sont présents, seul celui sur lame à dos (pièce typiquement capsienne) ne s’y retrouve pas ; la majorité consiste cependant en grattoirs simples, souvent faits sur éclat cortical et dont certains tendent vers le grattoir unguiforme. Dans les pièces composites, grattoir et burin sont associés. Il n’y a pas de mèche de foret. Les lamelles à dos arqué sont nombreuses, les bases rarement aménagées. Les pièces denticulées sont plus fréquentes que celles à coches et plus souvent faites sur lames et lamelles. Parmi les microlithes géométriques, peu nombreux, les segments prédominent, les trapèzes et les triangles sont présents. Il existe un certain nombre de racloirs, plusieurs montrent un émoussé du bord opposé à la retouche ou de la retouche elle-même. Du matériel de broyage est représenté par des molettes dont deux portent une cupule piquetée au centre d’une ou de plusieurs faces. De petits fragments d’ocre rouge sont présents. Zaccar I. Dans la région de Bou Saada, Zaccar I s’est installé sur un remblaiement sableux type El Haouita qui, au Pléistocène supérieur, en fin de sédimentation, a colmaté une cluse de la vallée de l’oued Bou Saada. Le niveau anthropique cendreux, noirâtre, renfermant des esquilles osseuses et des pierres taillées, de l’ocre rouge et des fragments de meules ocrées, affleure en coupe sur une épaisseur de 0,30 m. Aucune discontinuité n’y apparaît. Découvert par D. Godard en 1.- Cf détail de l’industrie Annexes p. 546. 2.- Id.

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La question épipaléolithique 1966, les premiers travaux furent menés en 1970 par une mission CRAPE qui étudia les modalités de destruction l’affectant, entraînant du matériel archéologique au pied de la coupe. En 1976, N. Ferhat poursuivait la fouille après ramassage du matériel dégagé par l’érosion depuis les précédents travaux.

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Industrie paléolithique qui persiste au post-glaciaire, l’Epipaléolithique est surtout connu par ses outillages et son mobilier. Il dispose d’un sac à outils microlithiques qui accorde une place importante, souvent prédominante, aux lamelles à dos. Les microburins, les grattoirs, parfois les coches-denticulés peuvent jouer un rôle notable, voire dominer. Quelques cultures ou sites disposent néanmoins d’une structure industrielle plus équilibrée. Un phénomène de miniaturisation peut affecter des lamelles à bord abattu, des segments, des microburins. A Columnata, les burins sont également concernés. On ne sait donner un sens à ce caractère qui se rencontre dans des milieux différents. L’Epipaléolithique n’a connu qu’un faible développement au Sahara, une partie de ces régions, celles du sud, étant déjà engagée dans un processus de néolithisation à l’Holocène inférieur. Les quelques faciès identifiés n’occupent que des aires restreintes, le Mellalien la région de Ouargla, le faciès d’El Oued la région de même nom, le Qarunien celle du Fayum. Dans les autres régions sahariennes, comme celle de Reggan, ne sont connues que quelques installations épisodiques et, à l’Adrar Bous, l’existence d’Epipaléolithique est discutée. L’Epipaléolithique est bien implanté dans la vallée nubienne du Nil, où plusieurs cultures ont été retrouvées ; Elkabien, Arkinien, Shamarkien se sont développés entre les 11ème et 7ème millénaires, voire plus tard, le Shamarkien s’avérant particulièrement récent. Dans le Tell, de multiples cultures à faible développement, Columnatien, Kérémien, Kristelien, connues à l’ouest, s’opposent à l’importance prise par le Capsien qui s’est épanoui dans sa partie orientale.

Les fouilles montraient une densité de l’outillage lithique1 régulière avec des altérations différentielles des pièces liées aux conditions même de gisement, un remblaiement type El Haouita, ce qui implique une circulation capricieuse des eaux dans les sables2. Certains groupes d’outils présentent, eux, une distribution particulière. Ainsi, les premiers travaux ont mis en évidence une forte densité de grattoirs, 33,4 %, alors que les travaux de 1976, contigus, voyaient leur indice s’abaisser à 10 %. On retrouve ce même phénomène de groupement pour les microburins qui représentaient 3 % dans les premières fouilles, 51,6 % dans les suivantes. Tous les autres outils offrent une distribution homogène. 1.- Cf Annexes p.546. 2 .- Ce qui explique les différences d’altération du matériel, de ce fait, elles ne peuvent être attribuées à un mélange comme certains, sans connaître le site, ont pu l’avancer.

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Sahara préhistorique L’industrie lithique1 est façonnée sur silex et quelques pièces sur calcaire. Les nucléus comportent essentiellement des formes pyramidales cannelées. Les grattoirs offrent une grande variété de types avec une nette prédominance des grattoirs simples. Les lamelles à dos et microburins sont volontiers marqués par l’élassolithisme. Les unes, dont la partie proximale est parfois brisée, ne dépassent que rarement 2 cm de long, la plupart se situant entre 1 et 2 cm. Les autres atteignent à peine 1 cm, mesurant le plus couramment moins de 0,5 cm. Les pièces à coches qui sont un groupe secondaire, montrent des coches toujours bien marquées, aussi larges que profondes. Aucune molette ne se trouvait dans le secteur fouillé qui renfermait toutefois des fragments de meule portant des traces d’ocre.

Le Capsien : épipaléolithique ou mésolithique ? Occupant l’Est maghrébin, la culture la plus développée, la plus connue, est le Capsien. Elle tient une place de choix dans la littérature préhistorique car elle fut longtemps vue comme l’ensemble industriel majeur ayant généré le Néolithique. Le terme fut créé en 1909 par J. de Morgan pour nommer une industrie identifiée près de Gafsa (l’antique Capsa) que caractérisait la présence de nombreuses lames dont le dos était abattu ou qui portaient un grattoir terminal ou un burin et qui fut longtemps rapprochée de l’Aurignacien européen2. La même année, sous la plume de P. Pallary paraissait l’appellation Gétulien pour désigner cet ensemble industriel, terme qui ne fut guère utilisé et qui est tombé en désuétude. L’origine du Capsien reste une question ouverte : une origine méditerranéenne et européenne fut d’abord proposée, elle n’a plus de défenseur, une origine proche-orientale qui lui a succédé et reposait sur l’antériorité au Proche Orient et dans l’est du Maghreb d’une population proto-méditerranéenne, alors que l’ouest restait peuplé de Mechta el Arbi, en a de moins en moins ; de plus en plus d’auteurs trouvent des éléments de filiation dans l’Ibéromaurusien. En 1933, dans ses Notes sur le Capsien, R. Vaufrey devait distinguer deux phases, un Capsien typique qui répondait aux premières définitions et un Capsien supérieur d’où disparaissaient les grandes lames tandis que les microlithes géométriques se multipliaient. Lors des fouilles du Relilaï, le Capsien typique, sous-jacent au Capsien supérieur, fut reconnu antérieur, cette superposition se retrouve Abri Clariond, El Mekta... ; actuellement l’ensemble des dates connues traduit une contemporanéité partielle et même, dans certaines régions, une antériorité du Capsien supérieur. Néanmoins, en s’appuyant sur les processus de débitage, récemment N. Rahmani a vivement contesté cette position3, avant d’y adhérer. Aucune explication n’a été trouvée à cette dualité, toutefois, la présence de grosse faune dans les seuls gisements Capsien typique, leur distribution, pourraient être un indice en faveur d’une spécialisation. Vu d’abord comme mésolithique, le Capsien fut considéré comme épipaléolithique par L. Balout, suivi en cela par la plupart des auteurs. L’état actuel 1 .- Cf Annexes p. 545. 2 .- Cf à ce sujet Balout 1955 : 387-391, Camps 1974 : 100-101. 3 .- Pour cela, elle rejette les éléments antinomiques, dates anciennes sous prétexte de marges d’erreur trop importantes, fouilles qu’elle juge plus ou moins mal menées.

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La question épipaléolithique des connaissances, sans résoudre la question, permet de la reposer si l’on retient comme définitions celles du Dictionnaire de Préhistoire dirigé par A. LeroiGourhan, d’après lequel le Mésolithique est une industrie située entre le Paléolithique supérieur et le Néolithique, présentant des caractères suffisamment différents de ces deux périodes et l’Epipaléolithique est entendu comme une industrie paléolithique qui persiste au post-glaciaire. Le Capsien s’est développé du 10ème au 5ème millénaires. Il disparaît par passage insensible au Néolithique qui constitue un voile à la surface de maintes escargotières. Les sites sont très nombreux et beaucoup n’ont fait l’objet que d’un sondage sommaire ou ont été simplement signalés1. L’industrie se distingue de celle du Paléolithique supérieur par la fréquence des microlithes géométriques2, le développement du matériel osseux, de l’art mobilier, et de celle du Néolithique par la rareté des racloirs, l’absence de poterie3. Le Capsien fait un ample usage de l’ocre, en enduit le dos de lames à bord abattu4, l’utilise dans ses rites funéraires. Il a beaucoup été écrit à son propos, la densité des gisements capsiens dans certaines régions5 ayant particulièrement retenu l’attention, tout comme leur aspect en raison de l’abondance des cendres, des coquilles de gastéropodes et de pierres de la taille d’une orange, plus ou moins calcinées, qu’ils renferment. Quelques gisements le montrent sus-jacent à une autre culture : à Columnata, Koudiat Kifène Lahda, le Capsien supérieur repose sur un niveau columnatien, dans les quelques cas où il surmonte l’Atérien, un hiatus les sépare. Une stratigraphie impliquant le Capsien typique, autre qu’en relation avec le Capsien supérieur, n’a été signalée qu’aux Ouled Djellal où, d’après le Dr Marchand, il reposerait directement sur l’Atérien. Cette stratigraphie n’a pas été confirmée par D. Grébénart qui n’a retrouvé aucun site procédant du Capsien typique dans ce secteur, bien que la présence de grosses lames, dont des couteaux de Guentis, qui en proviennent, figurent dans les collections CRAPE. Malgré des variations latérales d’aspect dont il est souvent fait mention, on ne dispose pas d’éléments permettant de préciser les modalités de l’occupation. En fait, la plupart des travaux étant anciens, peu de sites sont à même de fournir des renseignements suffisants pour connaître l’origine, l’habitat et la vie des populations capsiennes. Les travaux de S. Merzoug ont attiré l’attention sur un changement de comportement, le passage graduel d’une chasse sélective à une chasse plus diversifiée et l’accentuation du phénomène avec une augmentation du gibier de petite et très petite taille (gazelles et lagomorphes) durant le 1 .- On trouvera un maximum d’indications à leur propos dans Préhistoire de l’Afrique de R. Vaufrey. 2 .- Les sites de Cheria et Lalla font problème. Quoique traditionnellement attribuée au Capsien, Cheria fouillé par M. Reygasse dans les années 1910, paraît n’avoir disposé d’aucun microlithe et posséder des outils de très petite dimension. La position stratigraphique de Lalla, telle que décrite par R. Vaufrey, place le site bien antérieurement au Capsien, ce que confirme la structure industrielle reconnue par E.G. Gobert (cf T. I, p. 229). Or l’industrie dont fait état R. Vaufrey avec microlithes géométriques, pièces à coches, est rapportée au Capsien, ce qui a conduit G. Camps à proposer l’existence de deux niveaux. 3 .- On verra cependant ci-dessous que quelques tessons ont été retrouvés à Dra Mta el Ma el Abiod, Bekkaria. A Aïn Misteheyia, ils se sont avérés intrusifs. 4 .- M.L. Inizan y voit un élément de pâte qui aurait servi à fixer la lame dans un support, le gypse ayant pu contribuer à la préparation, hypothèse controversée par G. Camps. 5 .- D. Grébénart en reconnaît plus de 200 dans le secteur Cheria-Telidjene qui paraît l’un des plus denses.

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Sahara préhistorique Capsien supérieur, ce qu’elle tend à rapporter à un événement climatique, en l’occurence, le « 8.2 ka event ». En rapportant au Capsien, des traits profonds, rectilignes, plus ou moins parallèles qui marquent les parois de certains abris, divers auteurs, L. Balout, G. Camps, H. Camps-Fabrer y ont vu l’origine de l’art rupestre nord-africain. Le Capsien typique Le Capsien typique est connu entre 8500 et 6500 B.P. (7600 et 5500 av. J.-C.). Il utilise un débitage au percuteur tendre, possède un outillage volumineux, fait de préférence sur lame (fig. 10), où prédomine la retouche abrupte. Le burin, le plus souvent un burin d’angle sur troncature, est un outil courant qui fait partie de ses caractéristiques, de même de grosses lames étranglées engendrées par de vastes coches. De grandes lames à dos sont fréquemment arquées et une de leurs formes, le couteau de Guentis, prend lui aussi valeur de marqueur. Les lamelles à dos sont acérées, rectilignes, ce sont souvent des aiguillons droits aménagés aux dépens de chutes de burin. Les microlithes géométriques sont des segments ou des triangles, plus rarement des trapèzes. L’industrie osseuse est pauvre. Des restes de grosse faune s’y retrouvent volontiers. En 1948, dans l’escargotière d’Aïn Metherchem qui est partiellement superposée au site moustérien et en est séparé par un niveau de sable remanié, la découverte de l’inhumation d’un homme protoméditerranéen par F. et T. Lacorre, fut à l’origine d’une vive polémique en raison d’une parenté certaine avec l’homme de Combe-Capelle, R. Vaufrey n’admettant pas de présence autre que mechtoïde avant le Néolithique. Si cette présence est admise aujourd’hui, l’homme de l’Aïn Metherchem lui-même est plutôt rapporté au Néolithique en raison de la richesse et du mode de fabrication de sa parure, une résille et un pagne faits ou ornés de centaines de rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche fabriquées en série, pratique typiquement néolithique. Le Capsien typique n’a été identifié que sur un petit territoire occupant le sud des Nemencha jusqu’au nord des chotts, sur une distance de quelque 200 km de part et d’autre de la frontière algéro-tunisienne. Aïn Zannouch, Bou Hamram1 sont actuellement les sites connus les plus orientaux. Vers le sud, une extension dans la région des Ouled Djellal est probable, en raison du matériel figurant dans les collections anciennes. Le matériel récolté à Merdjouma dans le Tademaït qui lui fut un temps attribué, n’est nullement significatif et aucune trace n’en a jamais été notée entre le Tademaït et les Ouled Djellal, soit sur plus de 500 km. J. Tixier a distingué deux faciès qu’il nomme « de type Bortal Fakher » et « de type El Mekta », auxquels P. Vermeersch ajoute un type Kasserine que caractérise l’abondance des pièces à coches et qui serait tardif. Il est connu à Hamlet Boulaaba (=Hamaïne), Chabet Salah en Arbi, Chabet el Bakrer2. Le type Bortal Fakher, très homogène, est riche en burins qui interviennent pour plus d’un tiers. M.L. Inizan a pu établir que seuls les burins d’angle sur troncature assuraient cette discrimination. Outre le site éponyme, ce faciès est connu à l’Abri 402, Aïn Sendes, Bir Hamaïria II. Le type El Mekta est connu à Redeyef Table sud, Abri Clariond. Il 1 .- A. Gragueb souligne l’erreur de transcription et propose «Bou Umram ». 2.- Cf le détail de l’industrie p. 548.

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La question épipaléolithique accorde la suprématie aux lamelles à bord abattu avec plus du quart des outils, la distribution du reste de l’outillage montrant des variations très marquées d’un site à l’autre, il est riche en pièces à coches et denticulés. Fouillant les gisements du Relilaï et d’El Outed, D. Grébénart devait reconnaître les faciès el Mekta et Bortal Fakher dans des niveaux qui s’intercalent. Parallèlement, les données radiométriques le conduisaient à ébranler l’hypothèse plaçant le Capsien supérieur en successeur du Capsien typique ; elles les montraient contemporains. Abri 402 L’Abri 402, non loin du village minier d’Aïn Moulares, est une escargotière de 2 m d’épaisseur qui présentait deux couches superposées : à la base un niveau gris, au sommet un niveau noir. Il fut fouillé en 1948 par M. Lacorre qui nommait Gétulien I, le niveau inférieur dans lequel il dit ne pas trouver de microlithe, et Gétulien II, le niveau supérieur qui en renfermait. Les fouilles furent reprises peu après par R. Vaufrey et E.G. Gobert à la demande du Service des Antiquités de Tunisie. S’ils retrouvaient bien ces deux niveaux, ces auteurs n’y retrouvaient pas les différences signalées par M. Lacorre. Le niveau gris inférieur renfermait une industrie comparable à celle du niveau supérieur ; l’existence d’un Capsien inférieur, différent du Capsien typique, s’avérait une méprise. L’industrie de l’Abri 402 appartient au type Bortal Fakher1 ; elle est riche en lamelles à dos, groupe qui domine légèrement celui des burins. Ceux-ci sont essentiellement des burins d’angle sur troncature. Fait inhabituel dans le Capsien typique, l’industrie comporte plus de 10 % de microlithes géométriques plutôt des triangles, et près de 20 % de microburins. Les lames à dos sont de larges pièces, l’arcure fréquente du dos est souvent accentuée en partie distale. Les grattoirs sont volontiers façonnés en bout de lame. Les pièces à coches sont de grosses lames épaisses caractéristiques du Capsien typique, avec des bords abrupts, crénelés. Les denticulés sont peu nombreux et sont pour l’essentiel des lamelles. Le groupe des perçoirs se limite à quelques mèches de foret. Le matériel recueilli comprend aussi des rondelles d’enfilage, des fragments de poinçons ou d’alènes et une molette. Abri Clariond Proche du précédent, l’abri Clariond qui fut fouillé par E. et L. Passemard en 1928, se développe sur 75 m avec une profondeur de 5 à 15 m. Il renfermait une couche archéologique de 3 m de puissance où la succession Capsien typiqueCapsien supérieur a été reconnue. De la base des dépôts viennent les restes mal conservés et incomplets d’un enfant2. Le Capsien typique3 d’une épaisseur de 2 m, y était subdivisé en deux niveaux séparés par un lit continu de coquilles écrasées. Ces niveaux se seraient différenciés par l’absence de trapèze et de microburin dans le plus profond ; cette distinction qui participa à la question d’un Capsien ancien ou inférieur4 sans microlithe, fut rejetée par R. Vaufrey. Dans les deux niveaux, l’industrie osseuse porte parfois des entailles parallèles. Un petit 1 .- Cf. le détail de l’industrie lithique en Annexes p. 549. 2 .- Manquent la tête, le bassin et les membres inférieurs. 3 .- Cf. le détail de l’industrie lithique en Annexes p. 549. 4 .- A propos de cette question, cf Balout 1955 p. 409-414 et Camps 1974 p. 100-101.

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Sahara préhistorique fragment d’ivoire, une carapace de tortue et des plumes d’autruche accordent un intérêt particulier au site. Aïn Sendes Escargotière proche de la frontière algéro-tunisienne, elle s’étale sur 18 x 15 m avec une épaisseur de 1,5 m. Une fouille portant sur moins de 5 m3 fut menée par R. Vaufrey en 1935, puis l’étude du matériel reprise par M.L. Inizan. Les nucléus sont pyramidaux, parfois discoïdes ou à plans de frappe opposés. L’industrie lithique1 montre une prédilection pour les burins d’angle sur troncature, les lames à dos arqué, les lamelles à dos rectiligne et extrémité aiguë, les segments. Elle se marginalise par l’absence de mèche de foret, outil toujours présent dans les industries du Capsien typique, et la présence d’un perçoir de l’Aïn Khanga, pièce caractéristique du Capsien supérieur. Les aiguillons droits et les chutes de burin à retouche abrupte sont particulièrement fréquents. Un burin sur lame à dos présente un émoussé sur les deux bords de la lame. Des molettes, des rondelles d’enfilage, de l’œuf d’autruche gravé y ont été trouvés. Aïn Zannouch Petite escargotière dont l’épaisseur ne dépasse pas 0,60 m, elle a été identifiée en 1949 par E.G. Gobert sur les pentes septentrionales du djebel Orbata. L’outillage2 retiré a été étudié et publié par J. Tixier en 1959. Il est tiré de nucléus pyramidaux ou prismatiques, est riche en burins d’angle sur troncature retouchée, avec forte prédominance de troncature concave. Les lames à dos forment deux groupes de valeur semblable, l’un à dos rectiligne, l’autre à dos arqué, 40 % d’entre elles présentent des traces d’ocre rouge tout au long des retouches. Les supports de grattoirs sont toujours allongés. De nombreuses pièces ont un tranchant ou une partie de tranchant émoussé. L’œuf d’autruche est présent, mais un seul fragment porte des gravures. La faune se réduit à des antilopes boselaphes, gazelles et mouflons. Bir Hamaïria II Bir Hamaïria qui se trouve dans la région de Gafsa, est un des rares sites capsiens de Tunisie installés en plaine. Il comporte deux escargotières éloignées d’une centaine de mètres qui renfermaient l’une, une industrie de Capsien typique, l’autre de Capsien supérieur3. On ne sait de quel site vient un crâne qui y fut mis au jour. Découvert et fouillé par M. Teste, le site fut un temps célèbre pour des gravures animalières sur test d’œuf d’autruche ; en s’avérant l’œuvre d’un des ouvriers employés à la fouille, elles rendirent longtemps suspect le matériel des deux sites. L’industrie de Bir Hamaïria II est taillée dans un silex provenant des environs du site. Les nucléus, nombreux, de forme globuleuse ou pyramidale non cannelée, ont des dimensions variées, certains, épuisés à l’extrême, n’atteignent pas 5 cm de long. Le débitage, laminaire pour plus de la moitié, comporte un quart d’éclats, plutôt petits. Le groupe des burins domine avec préférence pour 1 .- Cf Annexes p. 549. 2.- Cf Annexes p. 551. 3 .- Cf p. 551 et 555.

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La question épipaléolithique les types sur troncature et prédominance des burins multiples. Parmi les grattoirs, ceux sur éclat retouché ou non, et ceux sur lame ou lamelle à bord abattu prédominent. Plus de la moitié des lamelles à dos est rectiligne, souvent avec une base tronquée. On note quelques pointes de La Mouillah. Les éclats et lames à dos forment un autre groupe secondaire qui comprend essentiellement des lames à dos arqué et à dos partiel et où figurent quelques couteaux de Guentis. Les coches sont plutôt retouchées et affectent surtout le bord gauche du support. Les scies sont fréquentes, elles sont faites sur lames et présentent une denticulation fine. Les microlithes géométriques consistent pour plus de la moitié en segments. Le groupe microburins renferme quelques lamelles à piquant trièdre, quelques microburins Krukowski, l’essentiel étant constitué de microburins distaux. A la rubrique divers, figurent quelques racloirs. Bir Zarif el Ouar Non loin de Négrine, sur les pentes d’un ravin, Bir Zarif el Ouar a fait l’objet de récoltes de M. Reygasse, puis R. Vaufrey. Des sables chargés de cendres renfermaient un outillage assez pauvre et quelques débris de cuisine sur une épaisseur de 1,50 m et une longueur de 55 m. Les sédiments avaient une couleur rougeâtre due à la présence d’ocre. Une analyse sommaire du matériel recueilli a permis de préciser son appartenance au Capsien typique du fait du gros outillage qu’il renferme. Mal connu par son outillage, il est réputé par un pétoncle perforé, maculé d’ocre à l’intérieur, qui a été étudié par C. Brahimi. Bortal Fakher Le gisement est un abri éboulé de la région de Redeyef. La couche archéologique, formée de cendres, couverte de blocs plus ou moins volumineux et de blocailles, montrait une épaisseur de 1,5 m à l’arrêt des fouilles. D’après R. Vaufrey, l’avant de l’abri était occupé par un talus de 10 x 7 m. Des récoltes y furent faites par R. Vaufrey qui sont dites Bortal Fakher talus et une fouille par E.G. Gobert dite Bortal Fakher abri. Les décomptes1 montrent une grande similitude entre les produits des récoltes de ces deux points2. La couche anthropique est datée de 7600 ± 200 et 6930 ± 200 B.P. (L) (6650-6220 et 5990-5640 av. J.-C.), dates qui ont été jugées trop récentes jusqu’aux travaux de D. Grébénart à El Outed3 où des dates comparables étaient obtenues. Les nucléus comprennent quelques pièces pyramidales. Les grattoirs sur lame sont fréquents et une retouche d’un bord ou des deux est courante. Plusieurs lames ont le dos enduit d’ocre. Une forte majorité de burins est faite sur troncature, le plus souvent sur lame et il y a de nombreuses chutes. Les lamelles à dos sont plutôt rectilignes, à extrémité aiguë et sont souvent des aiguillons droits. E.G. Gobert attire l’attention sur les lamelles à dos dont la pointe est aménagée dans la partie proximale quand l’extrémité distale est trop légère. Les microlithes géométriques ne comportent que des segments et des triangles. Le 1 .- Cf Annexes p. 551. 2 .- Le nombre de pièces récoltées, 126 dans un cas, 3086 dans l’autre, a conduit E.G. Gobert à souligner qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un très grand nombre de pièces pour rendre la physionomie d’un ensemble industriel. 3 .- Cf p. 81.

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Sahara préhistorique matériel osseux est réduit à quelques fragments d’aiguilles et d’alènes. La parure est traduite par Nassa, Columbella, des rondelles en test d’œuf d’autruche, une incisive humaine qui porte une rainure de suspension autour de la racine. L’œuf d’autruche est parfois gravé, il montre alors le souci de ceinturer l’ouverture ; dans un cas, elle l’était par une peinture à l’ocre. Un godet en meulière, haut de 6 cm, d’un diamètre de 10 cm, provient de la partie supérieure de la couche. Les charbons proviennent de la combustion de pin d’Alep et de chêne kermès, ce qui laisse soupçonner un environnement boisé. El Mekta Gisement princeps du Capsien, il fut découvert par P. Boudy et signalé par J. de Morgan, L. Capitan et P. Boudy en 1910. A ce titre, il fut inscrit dès 1931 sur la liste des sites protégés de Tunisie. Une fouille portant sur 10 m3 fut menée par R. Vaufrey en 1931 et suivie entre 1948 et 1950 par celle de E.G. Gobert qui ouvrit trois tranchées, fouillant un volume de 35 m3. Il identifia au-dessus du Capsien typique, une couche qui fut rapportée au Capsien supérieur. La collection Vaufrey fut re-analysée par M.L. Inizan dans les années 70. Situé à 14 km de Gafsa, le gisement qui couvre une surface de 1200 m2 avec une épaisseur de 1 m, repose sur une large plate-forme s’adossant à un banc de calcaire. Il renferme, outre une industrie dont R. Vaufrey remarquait qu’elle était curieusement faite de l’association d’un matériel « macrolithique et microlithique », de l’œuf d’autruche, des pierres brûlées ou non, un peu de faune dont de nombreuses coquilles d’escargots. L’industrie1 d’El Mekta a été obtenue dans un silex d’excellente qualité qui foisonne autour du site. Dans le niveau Capsien typique, le débitage a été fait au percuteur dur ou tendre, aucune pièce ne témoigne d’un débitage par pression. Malgré l’importance des rognons de silex, les nucléus sont petits, beaucoup présentent un seul plan de frappe. La question d’un passage au feu précédant le débitage a pu être posée en raison du nombre de pièces ayant subi cette action. Les grattoirs ont volontiers été aménagés sur des éclats corticaux qui peuvent porter une coche. Les trois quarts des burins sont faits sur troncature, les lames à dos qui sont courantes, présentent plus volontiers un dos arqué et un bord abattu senestre. Des grattoirs-lames à bord abattu sont présents, certains montrent le grattoir comme aménagement secondaire d’un burin qu’il recoupe. Les lamelles à dos appartiennent souvent au type aigu à dos rectiligne, mais la plupart est cassée ; les aiguillons droits, les pointes de La Mouillah sont bien représentés. De grosses pièces à coches, des pièces à denticulation profonde sont présentes. Les triangles, où figurent les types les plus habituels, prédominent parmi les microlithes géométriques. De grands trapèzes évoquent l’industrie néolithique hadjarienne. Plus de 1 % de l’outillage lithique est ocré, tout particulièrement des lames à dos. Le matériel osseux comprend des fragments d’alènes, de lissoirs. Le matériel de broyage est limité à une molette et comporte des galets plats. L’œuf d’autruche a fourni des grains d’enfilage à divers stades de fabrication, des disques qui peuvent être décorés. Diverses coquilles perforées ont pu être utilisées en éléments de parure. Une petite pierre à gorge, des polissoirs et un art 1 .- Cf. le détail de l’industrie lithique en Annexes p. 549.

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La question épipaléolithique mobilier important ont été mis au jour. R. Vaufrey fait état de pierres portant des traits gravés en faisceaux parallèles ou convergents, de pierres figures, d’ocre rouge ; E.G. Gobert mentionne des blocs qui paraissent sculptés en forme de tête animale ou humaine, de vulve. La faune est banale bien que comportant du guépard Cynælurus guttatus. Non datés eux-mêmes, ces dépôts sont antérieurs à 8400 ± 400 B.P. (L) (7960-6830 av. J.-C.), date obtenue pour le niveau susjacent. Des restes humains se réduisent à une M1 supérieure droite. El Outed Une vingtaine d’escargotières a été reconnue dans ce secteur par D. Grébénart. Celle fouillée en 1968 se développe sur 25 x 20 m sur le flanc sud du djebel el Outed, avec une épaisseur variant de 0,30 à 1,10 m. Les fouilles ont porté sur un volume d’environ 7 m3 et permis de distinguer quatre niveaux successifs1 riches en pierres brûlées, sans répartition homogène du matériel, trois concentrations d’outils y ayant été notées ainsi que des lentilles de cendres et de coquilles d’Helix plus ou moins écrasées. Des niveaux les plus anciens, datés entre 7850 ± 170 (Gif 1850) et 6750 ± 150 B.P. (Gif 1593) (7030-6510 et 57705520 av. J.-C.), provient une industrie de Capsien typique, elle se distingue bien par les burins, particulièrement nombreux en II. Pour l’auteur, le niveau supérieur (IV) ne saurait être qualifié de Capsien typique ; il ne correspond pas non plus à un Capsien supérieur d’où l’appellation « intermédiaire » qu’il lui donne. Les microlithes géométriques, plus courants qu’à l’habitude, ne comprennent aucun segment. La prédominance des pièces à coches évoque le type Kasserine. Dans tous les niveaux, le matériau employé est un silex brun d’excellente qualité, bien connu dans la région de Tébessa. Il a été débité à partir d’un seul plan de frappe mais aucun nucléus n’est cannelé. De préférence irréguliers, globuleux, de petites dimensions, ils traduisent une utilisation maximale, et certains ont été réemployés comme percuteur. Les burins offrent une grande variété de types et ont été ré-affûtés ; une diminution de leur fréquence touche essentiellement les burins d’angle sur troncature. Les lames à dos ne privilégient pas nettement une forme rectiligne ou arquée. Quel que soit le niveau, les lamelles sont peu diversifiées avec prédominance des formes rectilignes et des aiguillons droits. Les bords abattus partiels sont peu nombreux. Les pièces denticulées sont bien plus fréquentes que celles à coches. Les microlithes géométriques à prédominance de triangles, peuvent aussi comporter un nombre sensible de trapèzes. Les microburins sont indifféremment proximaux ou distaux. Les retouches continues sont fréquentes. De l’ocre subsistait dans les creux des retouches façonnant le dos de 18 lames. L’industrie osseuse, les éléments de broyage sont très rares. Aucun des quelques petits fragments d’œuf d’autruche retrouvés n’est décoré, mais une grosse pierre porte deux faisceaux de traits fins sur une partie de sa surface. En confortant les résultats obtenus à Borthal Fakher et qui furent un temps jugés rajeunis par contamination provenant de la roche phosphatifère dans laquelle est creusé l’abri, les datations ont confirmé l’existence d’un Capsien typique récent. 1 .- Cf. le détail de l’industrie lithique en Annexes p. 551.

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Sahara préhistorique Kef Zoura D Kef Zoura D est un des nombreux abris sous roche qui occupent l’escarpement entourant la dépression de Télidjène. Proche du Relilaï, il fut fouillé en 1976 sous la direction de D. Lubell, par fractions arbitraires de 5 cm d’épaisseur, puis en 1978 en suivant la stratigraphie. Les fouilles ont permis de dégager les restes de deux individus dont un enfant. Le Capsien typique a été reconnu vers l’avant de l’abri (unités V et IV1) et par la présence d’outils plus grands jonchant le talus d’éboulis. Daté de 9390 ± 130 (SMU-712 ) à 8390 ± 170 (SMU-1121) (9520-9260 à 8560-8220 av. J.-C.)2, il est surmonté d’un niveau Capsien supérieur3. Le niveau V a utilisé un silex gris-brun venant de formations sénoniennes proches auquel le niveau IV ajoute un silex noir de qualité moindre connu à une centaine de kilomètres au nord. Le débitage est fait au percuteur dur ou tendre à partir de plans de frappe lisses. Un débitage pression apparaitrait durant l’occupation IV. Le gisement a livré des grattoirs, encoches, denticulés, il est riche en lames souvent transformées en lames à dos quand elles ont été produites par percussion douce alors que celles venant d’une percussion dure ont aussi été aménagées en burins d’où ont été tirées des lamelles caractérisées par leur section triangulaire. Les auteurs accordent un rôle de projectile aux microlithes géométriques et lamelles à dos. Les grattoirs auraient servi au travail de la peau. La végétation comporte pistachier, genévrier et cèdre ; Helix melanostoma qui prédomine dans l’unité V, y soulignerait une ambiance humide. La faune a livré Lepus, Oryctolagus et Bos. Redeyef A mi-chemin entre Gafsa et Négrine, le djebel Redeyef est creusé de nombreux abris sous roche dont plusieurs ont été occupés par les populations préhistoriques. Le Capsien typique est particulièrement courant. Le gisement principal, dit « Redeyef Table sud », est un vaste abri sous roche fouillé par R. Vaufrey en 1931 et 1932 ; à quelques centaines de mètres, deux ravins, Ravin n° 2 et Ravin n° 3, lui ont livré cette même industrie. Le site nommé « Table de Redeyef » renferme du Capsien supérieur sous un niveau néolithique. Redeyef Table sud mesure 60 m de long, 20 m de profondeur et renfermait une couche archéologique de 3,65 m d’épaisseur qui s’épandait sur une quinzaine de mètres le long du versant. Dans le fond de l’abri, en arrière de cette couche qui ne prenait pas appui contre la paroi rocheuse, se trouvait une couche néolithique de 1 m d’épaisseur. D’après R. Vaufrey, l’industrie capsienne4 est homogène de la base au sommet. Les lamelles à dos et les microburins y occupent une place importante alors que les microlithes géométriques restent en nombre modeste et ne comportent que peu de trapèzes. Les lamelles à dos sont plutôt courtes, à dos rectiligne. Les grattoirs, burins et lames à dos sont en 1 .- Dans les multiples publications parues à partir d’environ 2000, la numérotation des unités est inversée sans que l’on saisisse s’il s’agit ou non exactement des mêmes subdivisions. 2 .- Ces dates ne figurent pas dans les publications récentes qui font état de 9280 ± 140 (I7691) ou situent le Capsien typique entre « 10700 et 9300 calBP » sans référence. 3 .- D. Lubell et P. Sheppard ne placent pas le passage au même niveau, il se ferait entre les niveaux IV et V  pour ce dernier qui s’appuie sur un changement dans la production des lames et lamelles, entre IV et III pour D. Lubell. 4 .- Cf. le détail de l’industrie lithique Annexes p. 549.

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La question épipaléolithique nombre sensible et peuvent être associés deux à deux sur le même instrument. Les burins les plus fréquents sont des burins d’angle sur troncature. De ce gisement proviennent aussi quelques fragments de meules, quelques molettes, un outillage osseux pauvre, réduit à quelques poinçons, alènes, une possible sagaie et des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche. Des restes d’enfants, certains associés à des pierres, y ont été retrouvés. Relilaï Autre site majeur du Capsien, le gisement du Relilaï découvert par M. Reygasse dans les années dix, a fait l’objet de fouilles de R. Vaufrey entre 1931 et 1935 ; elles furent reprises par D. Grébénart en 1970. Une couche archéologique de 3 m d’épaisseur prend place dans un abri sous roche proche de Telidjène, de 70 m de long, quelque 10 m de profondeur. Aux alentours, mais aussi vers le bas de la paroi puisqu’ils étaient recouverts par la couche archéologique, se voient des « traits capsiens » ; neuf sont disposés en fuseau sur un bloc de calcaire trouvé dans la fouille et qui a servi de meule. R. Vaufrey devait identifier à l’avant de l’abri, à l’aplomb de l’ouverture, en dôme s’étendant longuement en talus d’avant-grotte, un niveau Capsien typique homogène et en arrière, dans l’abri lui-même, un niveau Capsien supérieur qui reposait partiellement sur le Capsien typique. D. Grébénart reprenant l’étude du site, reconnaissait dans le niveau Capsien typique, quatre phases que distingue l’indice burin, plus élevé en II et IV1. La base du Capsien typique est datée de 8380 ± 150 B.P. (Gif1897) (7541-7209 av. J.-C.), son sommet de 7850 ± 150 B.P. (Gif1896) (6978-6574 av. J.-C.). L’outillage se montre semblable dans les trois secteurs fouillés. Les nucléus globuleux, puis à un plan de frappe sont les plus fréquents, Le débitage est fait au percuteur dur ou tendre, mais de rares nucléus cannelés permettent de supposer exceptionnellement, l’emploi d’un débitage pression. Les grattoirs sont de types variés, de même les burins malgré une nette préférence pour les burins d’angle sur troncature concave. Les lamelles à dos occupent une position secondaire, elles comprennent en majorité des lamelles aiguës à bord rectiligne. Les microburins, particulièrement nombreux dans le niveau inférieur, sont de grandes dimensions et certains montrent des stigmates d’utilisation. Des traces d’ocre s’observent sur de nombreuses lames à dos, quelques lamelles à dos, microlithes géométriques, pièces à retouche continue et outils en os. Du matériel de broyage se réduit à quelques pierres portant des traces de percussion et qui peuvent être ocrées, et à quelques pierres à bord biseauté. L’industrie osseuse, guère abondante, privilégie les poinçons et les alènes. La parure se traduit par une pendeloque en pierre et quelques rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche. Par ailleurs, ce dernier peut être décoré de motifs rectilignes et présente souvent des aménagements d’orifice. Le Capsien supérieur Le Capsien supérieur dispose d’une industrie à lamelles et microlithes géométriques qui ne possède plus de gros outillage, en particulier de lames à dos et qui utilise largement le débitage pression. Les burins sont rares. L’aiguillon 1 .- Cf. p. 550.

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Sahara préhistorique droit y est fréquent. L’abondance des lamelles denticulées lui conserve l’aspect déchiqueté que les pièces à coches confèrent au Capsien typique (fig. 10). Les microlithes géométriques se multiplient, tout particulièrement les trapèzes, ce développement lui donne un cachet particulier parmi les industries microlithiques, cachet qui paraît lié à l’utilisation systématique du débitage pression lequel s’exprime souvent par des nucléus cannelés. D. Lubell mettrait volontiers ce procédé en relation avec 8200 event. L’industrie lithique renferme diverses pièces vues souvent comme éléments de fossiles directeurs. Tel est le cas de la pointe d’Aïn Keda, d’Aïoun Berriche ; pour J. Tixier, le scalène perçoir à petit côté court serait caractéristique de la phase terminale, tout comme la pointe du Chacal, le perçoir de l’Aïn Khanga et la pièce à languette. L’industrie osseuse, pauvre dans le Capsien typique, est ici fréquente et variée. Le réemploi d’ossements humains est aussi un trait marquant des pratiques de cette culture. L’extension territoriale du Capsien supérieur est bien plus vaste que celle du Capsien typique mais nulle part, la culture capsienne ne semble atteindre la mer. En Tunisie, elle reste localisée dans un rayon de 150 km au nord et à l’est de Gafsa avec les gisements d’Aïn Kouka, Mezzouna, Bir oum Ali ; seul le site de Hergla n’est qu’à quelques kilomètres du rivage actuel. En Algérie, elle se poursuit avec une haute fréquence dans la région de Tébessa : Khanguet el Mouhaâd, Aïn Bahir, Dra Mta el Ma el Abiod, Aïn Dokkara, R’fana, Aïn Khanga. Au nord, elle déborde légèrement la latitude de Constantine avec les escargotières d’Aïn Turk et Aïn Regada. Au sud, les Ouled Djellal, El Oued témoignent de son implantation ; la question de Capsien au Tademaït paraît résolue par les dernières fouilles qu’y mena G. Camps et qui n’ont livré que des industries néolithiques. Au Tidikelt, une présence capsienne reste incertaine tout comme à Reggan ; le gisement le plus méridional appartenant sans conteste possible au Capsien supérieur est El Hassi, au sud d’Hassi R’mel. Vers l’ouest, le Capsien est fréquent dans la région de Sétif avec les escargotières de Medjez I et II, Aïn Boucherit, Mac Donald, il se retrouve dans celle de Tiaret (Kef Torad, Aïn Cherita, Aïn Missoum, Columnata, Aïn Keda, Fontaine noire) ; pour certains auteurs, il y aurait des influences capsiennes au Maroc, dans l’industrie de l’Aïn Fritissa, de Telouet, dans celle de la Cote 1937. En 1972, G. Camps a proposé, avec prudence, de distinguer cinq grands ensembles régionaux : faciès tébessien, central, sétifien, tiarétien, méridional. R. Chenorkian rapproche sétifien et tiarétien en raison d’indices de grattoirs et de microlithes géométriques faibles, les opposant aux trois autres faciès où ces indices sont forts. Ces particularités régionales n’excluent pas une évolution qui se fait de manière semblable sur l’ensemble du territoire capsien. G. Camps reconnaît trois phases. La phase ancienne, qui serait antérieure au 6ème millénaire, est pauvre en trapèzes, les lamelles à dos sont nombreuses, souvent prépondérantes. Cette phase se développerait sur divers substrats : Capsien typique, industrie dérivée de l’Ibéromaurusien, substrat inconnu pour le faciès méridional. Elle serait présente en Libye sous l’appellation Libyco-Capsien, appartenance qui vient d’être écartée au profit d’une culture locale. Dans la phase moyenne, les microlithes géométriques augmentent, les pièces à coches deviennent légèrement prépondérantes. Dans la phase récente, la structure industrielle est large-

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La question épipaléolithique ment dominée par les pièces à coches, les burins qui étaient fréquents dans la région de Tiaret, régressent fortement, disparaissant même dans la région de Tébessa-Redeyef. Les dates les plus anciennes proviennent des faciès méridionaux et sétifiens ; leur éloignement n’est pas en contradiction avec l’idée, le plus

Culture du Maghreb oriental, développée du 10ème au 5ème millénaire, le Capsien est traditionnellement subdivisé en Capsien typique daté d'environ 8000 à 5500 av. J.-C. et Capsien supérieur d'environ 9000 à 4500 av. J.-C. Partiellement contemporains, ces faciès diffèrent essentiellement par la présence ou l'absence de gros outillage. Mais alors que le Capsien supérieur occupe un vaste territoire, l'extension du Capsien typique est limitée au secteur Gafsa-Tébessa. Divers outils sont considérés comme caractéristiques du Capsien typique. C'est le cas des grands perçoirs dits capsiens, des couteaux de Guentis, des lames à bord abattu obtuses, des grosses lames étranglées. Certains procédés comme l'aménagement de grattoir sur lame à dos, la retouche presque systématique des chutes de burin, lui sont propres. Le Capsien typique comporte plusieurs faciès. L'un des plus connus « type Bortal Fakher » accorde la suprématie aux burins, l'autre « type El Mekta » aux lamelles à bord abattu. Le Capsien supérieur présente des pièces caractéristiques tel les pointes d'Aïn Keda, d'Aïoun Berriche et une évolution qui a permis d'identifier trois phases, ancienne, moyenne et évoluée. La pointe du Chacal, le perçoir de l'Aïn Khanga, le scalène perçoir à petit côté court, la pièce à languette caractériseraient son faciès évolué, parfois nommé Aïn Aachena. Ses particularités régionales ont amené G. Camps à distinguer cinq grands ensembles : faciès tébessien, central, sétifien, tiarétien, méridional. Le Capsien supérieur dispose d'un art mobilier riche dans lequel certains auteurs ont pu voir l'origine de l'art rupestre. souvent admise, d’une origine exogène du Capsien1, mais l’idée d’attaches avec l’Ibéromaurusien qui se profile de plus en plus pour le Sétifien, montre, malgré la somme de travaux portant sur cette culture, combien on est loin d’en saisir les éléments fondamentaux. Plus récents, les travaux de L. Aoudia-Chouakri en confirmant des liens culturels profonds entre ces deux cultures, amènent même l’auteur « à privilégier l’hypothèse d’une relation ancêtre-descendant et une origine locale de la culture capsienne »2. Faciès méridional G. Camps caractérise le faciès méridional par sa richesse en microlithes géométriques et microburins, des lamelles à dos plus nombreuses que les pièces à coches, ce qui est commun à la phase ancienne dans tout le territoire capsien. 1 .- Cf à ce sujet Balout 1955 p. 414-417. 2 .- Cf résumé de thèse

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Sahara préhistorique Le faciès méridional se caractérise aussi par la rareté des objets de parure et des manifestations artistiques. Dans ce faciès, qui couvre une vaste région, se distingueraient deux groupes, celui de l’Oued Djedi à l’est avec des sites tels que Rabah, El Mermouta et celui des Ouled Naïl à l’ouest avec Dakhlat es Saâdane, Aïn Naga. Aïn Naga Le gisement d’Aïn Naga s’étend le long d’une ligne rocheuse voisine de la palmeraie. La couche archéologique d’une quarantaine de mètres de long avec une épaisseur allant de quelques centimètres à 0,90 m, est faite d’un sable cendreux gris clair, pauvre en pierres brûlées et coquilles d’Helix. Découvert par D. Grébénart en 1967, les fouilles menées par celui-ci en 1967 et 1968 ont montré une occupation capsienne datée de 9300 ± 300 (Alg) à 8900 ± 280 B.P. (Alg) (9120-8240 à 8290-7610 av. J.-C.) sur coquille d’Helix. Comme au Relilaï, les dépôts capsiens ne prennent pas appui contre la barre rocheuse ; ils en sont éloignés de près d’un mètre et sont surmontés d’une occupation néolithique en appui contre la roche et qui prend assise entre celle-ci et l’occupation capsienne. Le débitage provient essentiellement de nucléus à un plan de frappe dont aucun n’est cannelé, ou de nucléus à deux plans de frappe opposés ou croisés. Un certain nombre de pièces, brutes ou transformées en outil, présente un émoussé de l’un des bords. Dominé par les microburins, l’ensemble industriel1 possède une bonne représentation des lamelles à dos, plus de 20 %, des microlithes géométriques et des pièces à coches. Ce groupe fait une large part aux lames et lamelles denticulées. Les lamelles à dos accordent la préférence aux formes rectilignes à extrémité aiguë dont les bases sont parfois aménagées de diverses manières. Si les triangles prédominent largement dans le groupe des microlithes géométriques, les segments atteignent 10 % et forment deux groupes, les uns de petite taille, les autres de grande taille. Les triangles sont courts, parfois à un côté concave, parfois à silhouette de triangle rectangle. Parmi les microburins, quelques très petites pièces évoquent l’élassolithisme. Les grattoirs présentent un vaste éventail de types. Il existe des perçoirs de l’Aïn Khanga dont un très petit. Des burins et quelques lames à dos évoquent le Capsien typique, mais ces dernières sont ici de dimensions plus modestes ; des traces d’ocre subsistent sur la partie retouchée de l’une. Les retouches continues sont fréquentes. Le matériel comporte deux pointes de Bou Saada, pièce dont G. Camps fait une caractéristique du groupe occidental de ce faciès méridional. Le matériel de broyage est présent de même que quelques restes d’outillage osseux. La parure est rare, limitée à quelques rondelles d’enfilage et quelques coquillages. Chouchet el Ghour J. Bobo a fait état, en 1952, en bordure du chott Bel-Djeloud, d’un gisement comportant deux occupations dont l’industrie reste mal connue. L’occupation inférieure a livré des pièces très patinées, nucléus nombreux, grattoirs, burins d’angle, petites lames et lamelles à dos essentiellement rectiligne, microlithes géométriques parmi lesquels se distinguent les trapèzes à côtés 1 .- Cf Annexes p. 553.

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La question épipaléolithique concaves, microburins. J. Bobo y voit un Epipaléolithique indifférencié. L’occupation supérieure appartient incontestablement au monde capsien. Elle en possède l’abondance et la variété des microlithes géométriques, les perçoirs de l’Aïn Khanga, les scalènes perçoirs ; les pièces à coches, denticulés et scies sont courantes. L’œuf d’autruche abonde, il peut être décoré, aménagé en rondelles d’enfilage. Dakhlat es Saâdane Des divers abris creusés dans les grès tendres du djebel el Maalleg qui ont été occupés par les populations préhistoriques, le plus vaste a fait l’objet de fouilles de J. Tixier en 1953. L’occupation humaine a laissé une couche dont l’épaisseur varie de 0,20 à 1 m et dans laquelle furent reconnus deux niveaux1. Le niveau inférieur, le plus étendu, évoque le Capsien typique, cependant pour G. Camps, il appartiendrait à une phase ancienne du Capsien supérieur, le niveau supérieur se rapportant à une phase évoluée. Le niveau inférieur renferme de nombreux blocs tombés de la voûte. Il est riche en burins, dispose de lames à dos qui sont parfois enduites d’ocre. Les grattoirs, bien représentés, ont parfois servi de départ à l’enlèvement d’une lamelle de coup de burin. Les coches sont souvent bilatérales ; elles sont plutôt retouchées. Les segments sont nombreux, il y a quelques triangles mais aucun trapèze. Des pointes d’Ounan sont fréquentes. Des lamelles et des éclats bruts, des outils portent un émoussé très localisé qui peut exister en plusieurs points de la même pièce. De nombreux objets présentent des traces de passage au feu. Les nucléus, obtenus aux dépens de petits galets provenant des oueds voisins, n’offrent pas de forme prédominante. L’auteur signale une particularité du débitage avec deux bulbes jumeaux distants de 5 mm, présents sur un certain nombre de pièces. Un gros outillage en calcaire, à bord déchiqueté, retouché en grattoirs, racloirs, quelques outils en os, des tests d’œuf d’autruche parfois décorés ou à bord biseauté, des fragments d’ocre, de rares objets de broyage étaient mêlés à ce matériel. Dans le niveau supérieur, les lamelles à dos perdent leur rôle prédominant et n’occupent plus qu’une place très modeste. Elles sont supplantées par les pièces à coches puis les microlithes géométriques, groupe où les trapèzes et les scalènes-perçoirs sont bien représentés. Le nombre de burins diminue, les lames à dos ont disparu. Quelques éclats en calcaire, fragments d’outils en os, des tests d’œuf d’autruche qui peuvent être décorés, de l’ocre, des coquilles complètent le matériel. Un défunt, en très mauvais état et sans tête, reposait sur le plancher rocheux en position forcée ; l’inhumation est à rattacher au niveau supérieur car les silex trouvés dans la tombe viennent d’un mélange des deux couches. El Haouita-versant Gisement de surface étalé sur le versant caillouteux de la cluse d’El Haouita, il fut reconnu par P. Estorges en 1965. Il couvre une surface d’une centaine de m2 et conserve dans sa partie haute des pierres de foyer. 1 .- Cf structure des sacs à outils en Annexes p. 552.

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Sahara préhistorique L’outillage1 est marqué par une importance semblable des grattoirs, pièces à coches et divers. Les éclats à coches prédominent dans le groupe pièces à coches. Le groupe lamelles à dos est dominé par le type partiel, avec une retouche qui affecte de préférence la partie distale et des formes arquées qui ont le pas sur les formes rectilignes. Les pièces esquillées et les retouches continues sont en quantité notable. Le caractère capsien s’affirme dans la présence d’un perçoir de l’Aïn Khanga, de nucléus cannelés à un plan de frappe. Aucune trace de parure, aucun fragment de test d’œuf d’autruche n’a été trouvé. El Hassi A El Hassi, dans l’incision amont de l’oued Sobti, l’occupation humaine affleure sur une trentaine de mètres avec une épaisseur de 0,10 à 0,30 m. La position stratigraphique du gisement est du plus haut intérêt pour apprécier les vicissitudes du climat dans ce secteur. Situé vers le sommet d’un remblaiement type El Haouita qui est coiffé d’une croûte gypseuse, il a été mis au jour par une incision. Elle permet l’interprétation suivante : une source à faible débit entretient de l’humidité et assez de végétation pour pièger les sables transportés par les vents, elle attire les hommes qui y laissent des traces de leur passage, puis une altération du climat abaissant le niveau des nappes, libère les particules de gypse des sebkhas qui, s’ajoutant aux sables, produisent une croûte, enfin un climat plus pluvieux engendre un débit de la source assez important pour permettre l’incision du bouchon sableux. Signalé en 1881 par la mission Choisy, le gisement ne fut retrouvé qu’en 1974 par une mission CRAPE-Institut de Géographie de l’Université d’Alger. Il est le plus méridional des gisements incontestablement capsiens connus à ce jour. Les nucléus, de forme irrégulière, ont pour la plupart un seul plan de frappe. L’outillage2 a une structure équilibrée avec lamelles à dos, pièces à coches, microlithes géométriques et microburins en proportions comparables. Les lamelles sont dominées par les bords abattus partiels à retouches distales. Les dents des denticulés et des scies sont souvent arrondies. Les microlithes géométriques, de dimensions très régulières, font valoir une nette suprématie des triangles isocèles ; les segments et les trapèzes sont peu nombreux. Les lamelles à dos rectiligne présentent une relation entre leur longueur et leur largeur. Une pointe du Chacal atypique, une pointe de Bou Saada traduisent des identités avec les autres gisements méridionaux. Rapporté au 7ème millénaire par sa structure industrielle, par la suite, il a été daté de 7520 ± 110 B.P. (UW390) (6440-6240 av. J.-C.) sur test d’œuf d’autruche. Hormis ce matériel lithique et les quelques fragments d’œuf d’autruche qui ont permis la datation, ce gisement n’a livré aucun autre objet. El Mermouta Le site, découvert en 1967 par D. Grébénart, s’étale sur une surface plane, en rive gauche de l’oued Djedi, où il tend à être recouvert de nebkas. Il occupe une surface subcirculaire, d’un diamètre de 200 m, avec une épaisseur de 0,20 à 0,30 m. Une surface de 25 m2 a fait l’objet de fouilles du CRAPE sous la direc1 .- Cf Annexes p. 553. 2 .- Id.

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La question épipaléolithique tion de D. Grébénart, ce qui permit d’identifier cinq niveaux1 dont les médians fournirent les dates de 6450 ± 260 et 6240 ± 270 B.P. (Alg18 et 20) (5640-5080 et 5470-4860 av. J.-C.) sur tests d’œuf d’autruche. Pour D. Grébénart, ils pourraient correspondre à des phases distinctes d’occupation ne s’accompagnant d’aucune évolution, l’augmentation du rôle des trapèzes, la diminution de celui des triangles allongés ne lui paraissant pas symptomatiques. Les différences notées dans la structure de l’industrie provenant d’une fosse et constituant le dépôt le plus ancien, ne lui paraissent pas non plus significatives malgré l’absence de grattoir et perçoir et un plus grand nombre de microlithes géométriques, en particulier de trapèzes à un côté concave. Les nucléus comprennent une forte majorité de pièces globuleuses puis à un plan de frappe dont le tiers est cannelé, montrant ainsi un large développement du débitage pression. Outre la prédominance des microburins, l’outillage est marqué par la fréquence des microlithes géométriques. Les trapèzes, majoritaires, sont des pièces de grande dimension, dissymétriques pour la plupart avec souvent un, voire deux, côtés concaves. Il n’y a aucun segment. L’abondance des fragments de lamelles à dos est à noter. Les lames et lamelles denticulées abondent. L’importance des perçoirs est liée à la forte représentation du type Aïn Khanga, près de 3 %. Les pièces à retouche continue sont courantes. L’ocre est fréquente, elle subsiste sur du matériel de broyage, mais il n’a pas été trouvé d’outil ocré. L’œuf d’autruche abonde et livre des orifices de bouteille, des fragments à bord poli qui sont interprétés comme provenant de possibles pendeloques. Certains tests sont décorés de traits rectilignes, pectinés, plus rarement d’éléments courbes. Les rondelles d’enfilage sont exceptionnelles, la parure quasiment réduite à huit columbelles perforées portant des traces d’ocre. L’absence quasi-totale d’industrie osseuse pourrait résulter d’une mauvaise conservation. Rabah Dépôt cendreux en dôme aplati, situé à l’extrémité de la palmeraie des Ould Djellal, en rive droite de l’oued Djedi, le gisement de Rabah couvre une surface de 80 m de diamètre avec une épaisseur maximale de 0,80 m. D. Grébénart qui le découvrit en 1967, y conduisit des fouilles du CRAPE en 1968 et 1970. Il reconnaissait cinq niveaux qui permettent de suivre l’évolution des techniques et de l’ensemble industriel2. Des diverses dates obtenues, cet auteur ne retient que celles sur tests d’œuf d’autruche et os brûlés soit 7300 ± 300 B.P. (Alg 17) (6440-5850 av. J.-C.) pour le niveau le plus ancien, 7000 ± 280 (Alg 22) (62005630 av. J.-C.) et 6980 ± 275 B.P. (Alg 23) (6160-5620 av. J.-C.) pour le niveau II, 6725 ± 155 B.P. (Alg 59) (5730-5490 av. J.-C.) pour le niveau III. Au plan technologique, la majorité des nucléus est de forme globuleuse, plus rarement pyramidale ; les niveaux inférieurs ont également utilisé le débitage de nucléus à deux plans de frappe, les niveaux supérieurs quelques nucléus cannelés qui témoignent d’un débitage pression. Les dimensions des produits du débitage se réduisent de la base au sommet et l’outillage devient de plus en plus lamellaire. 1 .- Cf Annexes p. 552. 2 .- Id.

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Sahara préhistorique L’évolution de la structure industrielle souligne la forte régression des burins, des lamelles à dos, en particulier des formes à dos rectiligne. La régression des burins apparaît brusquement avec le niveau II, puis se poursuit ; celle des lamelles se fait régulièrement après une très légère augmentation dans le niveau II et s’accompagne de l’apparition du perçoir de l’Aïn Khanga dans les niveaux supérieurs. A l’inverse, le nombre de microlithes géométriques et de microburins s’élève fortement et régulièrement pour se stabiliser au niveau IV. Les formes allongées de trapèzes et triangles deviennent prépondérantes alors que les triangles courts décroissent. L’œuf d’autruche, toujours présent, est parfois décoré, il montre alors une préférence pour les motifs courbes, il est aussi aménagé en rondelles d’enfilage, bouteilles, peut-être en bols ou coupelles. Le matériel de broyage est très rare de même que l’industrie osseuse qui, elle, est probablement mal conservée. Rocher des Pigeons (=Pk 379) Non loin de la route Djelfa-Laghouat, un niveau capsien épais de 1 m, s’appuie sur la face orientale d’un énorme rocher gréseux. Les travaux de D. Grébénart ont porté sur 1 m3 et montré de nombreuses identités avec Aïn Naga malgré l’absence de pointe d’Aïoun Berriche et de pointe de Bou Saada1. Les pièces à coches et les lamelles à dos s’équilibrent, de même que les grattoirs, microlithes géométriques et microburins. Les grattoirs sont en majorité courts, sur éclat. L’œuf d’autruche est rare et l’ocre dispersée à tous les niveaux. Faciès tébessien Nommé Inter-capso-néolithique par R. Vaufrey, Inter-gétulo-néolithique par E.G. Gobert, le faciès tébessien se développe dans la zone occupée par le Capsien typique. Pour G. Camps, ces dénominations y recouvriraient la phase évoluée du faciès tébessien, celle que J. Tixier nomme « faciès Aïn Aachena ». Le faciès tébessien possède encore, en particulier dans sa phase ancienne, un nombre important de gros outils, burins, lames à dos qui, comme celles du Capsien typique, peuvent être enduites d’ocre. Sa structure industrielle est très équilibrée, aucun groupe d’outils ne prédominant fortement, mais J. Morel en souligne l’extrême variabilité. Les microlithes géométriques comportent de nombreux triangles courts et trapèzes isocèles ; les segments sont rares, sans manquer totalement. Les manifestations artistiques, gravures sur test d’œuf d’autruche, sur plaquette sont particulièrement nombreuses. L’industrie osseuse est courante, de belle venue, souvent décorée. Le Capsien supérieur apparaissant au-dessus du Capsien typique au Relilaï, à El Mekta, Bir Khanfous, avait fait conclure à l’antériorité de ce dernier, ce que la radiochronologie n’a que partiellement confirmé en le montrant plus ancien dans d’autres gisements. La phase évoluée serait plus riche en lamelles à coches, scalènes-perçoirs ; les lamelles tronquées à base ogivale, pointes du Chacal, perçoirs de l’Aïn Khanga et pièces à languette la caractériseraient. 1 .- Cf Annexes p. 553.

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La question épipaléolithique Aïn Aachena Plusieurs gisements ont été reconnus dès le début du 20ème siècle aux abords de l’Aïn Aachena, non loin de Redeyef. A des moments divers, E.G. Gobert et R. Vaufrey y firent des récoltes dont on ignore la composition. En s’appuyant sur l’industrie de l’un d’eux, implanté en rive droite de l’oued, E.G. Gobert a identifié ce qu’il nommait Inter-gétulo-néolithique qui est vu comme le faciès le plus évolué du Capsien supérieur et auquel J. Tixier a donné son nom. Aïn Dokkara Proche de Tébessa, le gisement de l’Aïn Dokkara1, dénommé aussi escargotière du Chacal, fut signalé en 1934 par M. Costa. Il couvre une surface de 50 x 25-30 m avec une épaisseur de 0,80 à 1,10 m et a fait l’objet de travaux de E. Sérée de Roch, R. Le Dû, J. Morel puis L. Balout. Outre le magma de coquilles d’escargots écrasées et de coquilles intactes, l’escargotière est formée d’une couche noirâtre pulvérulente avec pierraille. Les premiers fouilleurs distinguaient trois niveaux : le niveau supérieur était fait de « coquilles d’Helix agglomérées dans un cailloutis assez grossier », le niveau moyen, de teinte claire comportait « un magma de coquilles d’escargots bien conservées » mêlé à des pierres calcinées, le niveau inférieur, partie la plus riche en industrie, différait par sa teinte noirâtre et ne renfermait que peu de coquilles intactes. La partie inférieure de l’escargotière a été datée de 8530 ± 100 B.P. (Mc 339) (7700-7480 av. J.-C.), sa partie supérieure de 7090 ± 100 B.P. (Mc 340) (6030-5840 av. J.-C.). On ne connaît de l’outillage que les proportions des divers groupes : Grattoirs 3,9 %, Perçoirs 1,3 %, Lamelles à dos 8,9 % parmi lesquelles des lamelles très élancées à base tronquée sur les deux bords ont reçu le nom de « pointe du Chacal », Coches-denticulés 60,5 %, Microlithes géométriques 10 %, Microburins 6,9 %, Divers 3,2 %, auxquels s’ajoutent des valeurs insignifiantes résultant de la présence de 1 lame à dos et 2 outils composites. J. Tixier, auteur de l’analyse, remarque l’absence de grandes pièces à bord abattu, de grands burins, la variété des microlithes géométriques souvent produits par troncature concave pour les trapèzes, la présence de perçoirs de l’Aïn Khanga, de scalènes perçoirs à angle arrondi dont il fait les caractéristiques du faciès Aïn Aachena. L’os a été aménagé en poinçons. L’œuf d’autruche est utilisé pour façonner des coupelles, des pendeloques. Le gisement a livré des pierres gravées, des os d’oiseaux transformés en perles. En outre, en 1949, L. Balout en retirait les restes d’un individu qui serait le « document le plus représentatif du peuplement humain méditerranéen ». Légèrement enfoncé dans le sol, il gisait en décubitus latéral droit et présentait des traces de crémation. Aïn Khanga Escargotière de la région de Tébessa, d’un diamètre d’une trentaine de mètres et une épaisseur de 1,75 m, elle fut fouillée par R. Le Dû. L’industrie2 retirée par le tamisage de 25 m3 est largement dominée par les lamelles à dos, 1 .- Il est nommé Aïn Bekkaria par R. Vaufrey dans « Le Capsien des environs de Tébessa ». Rec. de la Soc. de Préhist. de Tébessa, 1938, I, : 41-82. 2 .– Cf Annexes p. 554.

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Fig. 10 – En haut Capsien supérieur : 1) grattoir ; 2) perçoir ; 3) burin ; 4, 7) lamelles à dos gibbeuses ; 5,10,12,19) aiguillons droits ; 6) lamelle obtuse à dos rectiligne ; 8, 9) lamelles à dos arqué ; 11, 20) lamelles à dos rectiligne ; 13) lamelle à dos partiel ; 14) lamelle à dos arqué et base retouchée ; 15, 17) lames étranglées ; 16) lame denticulée ; 18) troncature ; 21, 24) trapèzes ; 22) microburin ; 23, 40) triangles scalènes à angle arrondi ; 25, 26, 29, 32) triangles scalènes ; 27, 28, 30, 31, 33) triangles ; 34) nucleus ; 35) lamelle étranglée, tronquée ; 36) lamelle à coche et denticulé ; 37, 41) lamelles à coche ; 38) éclat à bord abattu arqué ; 39) racloir-denticulé. (Origine : Medjez II, d'après Camps-Fabrer 1975). En bas Capsien typique : 1) grattoir ; 2) mèche de foret ; 3, 4) burins ; 5) lamelle à dos partiel ; 6) microburin ; 7, 16) triangles scalènes ; 8) lamelle à dos arqué et base retouchée ; 9, 10) lamelles à dos rectiligne et base tronquée ; 11, 13) scies ; 12) lame étranglée ; 14, 15) trapèzes ; 17) couteau de Guentis ; 18) lame à dos arqué ; 19) segment ; 20) lamelle à dos arqué ; 21) perçoir ; 22) lame à cran ; 23) scalène perçoir. (Origine : Bir Hamaïria. d'après Marty, 1966).

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La question épipaléolithique puis les microlithes géométriques et à un degré moindre, les microburins. Les pièces à coches sont peu courantes. Il n’a pas été trouvé d’os poli ou de restes osseux. Une Nassa gibbosula usée jusqu’à la columelle et quelques tests d’œuf d’autruche gravés ou transformés en rondelles d’enfilage ont été recueillis. Des charbons proviennent de pins d’Alep, chênes verts et genévriers, principaux éléments d’une association végétale qui occupe actuellement la région, ce qui montre le peu de changement qu’y a connu le climat depuis cette époque Aïn Kouka L’abri d’Aïn Kouka s’ouvre sur les pentes nord du djebel Faïd en Tunisie. Des fouilles menées par G. Laplace au milieu du siècle dernier, atteignirent une profondeur de 4 m, sans arriver au plancher. Elles montrèrent un dépôt anthropique fait de cendres, blocailles, coquilles d’Hélicidés dans lequel l’auteur distingue trois niveaux. Le niveau supérieur serait pour l’auteur un Capsien néolithisé1. L’industrie2 des niveaux inférieur et moyen est fortement dominée par les pièces à coches, près de 40 % pour le niveau inférieur, avec une légère diminution pour le niveau sus-jacent. Le groupe des microlithes géométriques, presqu’exclusivement des triangles, croît ainsi que celui des microburins sans perturber la structure générale de l’ensemble. L’auteur ne dissocie pas les lames, qui semblent peu nombreuses, des lamelles à dos, dont l’importance ne varie guère et qui sont à peine plus fréquentes que les grattoirs. Aïn Misteheyia En rive droite de l’oued Télidjene, l’escargotière d’une trentaine de mètres de diamètre, se développe sur 1,50 m d’épaisseur. Signalée par D. Grébénart, elle fut fouillée sous la direction de D. Lubell en 1973 et 1976. L’industrie lithique3 traduit une évolution qui conduisit à différencier, à 0,65 m de profondeur, deux niveaux que séparerait une courte période aride. Le niveau supérieur s’enrichit en burins et s’appauvrit en coches-denticulés, il est daté entre 7725 ± 120 et 7280 ± 115 B.P. (I-7781 et I-7690) (6680-6440 et 6230-6020 av. J.-C.) la base du niveau inférieur est rapportée à 9805 ± 160 B.P. (I-9824) (9600-8840 av. J.-C.). Deux squelettes humains en ont été retirés. L’un était un nouveau-né, l’autre un homme âgé de 20 à 30 ans, mesurant entre 1,76 et 1,85 m. Deux datations directes, 5000 ± 200 B.P. (Pta-MC1225) (5990-5475 av. J.-C.) et 4890 ± 80 B.P. (TO-12194) (5725-5490 av. J.-C.) posent la question de son attribution à la population capsienne. De menus fragments de poterie qui posaient celle des relations des populations capsiennes à ce matériau ont, de même, étaient datés directement de 4230 ± 370 (UW1875) (4600–3860 av. J.-C.). Cela appellerait des remaniements qui n’ont pas été perçus à la fouille. Les nucléus appartiennent aux formes à un plan de frappe ou deux plans opposés ou croisés et à des formes globuleuses. L’éventail des outils est vaste, presque tous les types sont présents à l’exception des perçoirs de l’Aïn Khanga, 1 .– Cf p. 254. 2 .– Cf Annexes p. 553. 3 .– Cf Annexes p. 555.

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Sahara préhistorique ou des pièces qui font le Capsien typique, grands perçoirs capsiens, couteaux de Guentis, grosses pièces à coches ou étranglement. La retouche Ouchtata est peu utilisée. Les grattoirs donnent le pas aux formes sur éclat, sur éclat retouché dans le niveau inférieur. Dans le niveau supérieur, la variété des lamelles se réduit, il n’y a plus ni pointe de Mechta el Arbi, ni aiguillon droit. Alors que, dans le niveau supérieur, les lames ou lamelles denticulées prédominent, leur répartition est équilibrée dans le niveau inférieur. A l’inverse, les microlithes géométriques qui, à la base, connaissent une forte proportion de segments, se diversifient avec prédominance des trapèzes. Dans les deux niveaux, mais en particulier dans le niveau supérieur, les retouches continues sont très abondantes. Le matériel autre est rare ; il y a très peu d’éléments de parure, de tests d’œuf d’autruche ; l’outillage osseux se limite à quelques poinçons, une alène, une pointe de sagaie. Le site a d’abord été attribué dans sa totalité au Capsien supérieur, puis le niveau inférieur rapporté au Capsien typique. La faune consommée comportait Alcelaphus busephalus, Equus mauritanicus, Bos primigenius, Ammotragus lervia, Gazella sp. La fréquence d’Helix melanostoma dans le niveau inférieur passant à une dominance d’Helicella setifensis dans le niveau supérieur d’où viennent de nombreux lagomorphes traduit une phase plus aride. Bekkaria Autre escargotière de la région de Tébessa, elle s’étend sur le flanc d’une éminence où elle occupe une surface de 35x25 m avec une épaisseur qui atteint 1,25 m à son maximum. Elle est surtout connue par les restes de 9 individus adultes et 2 enfants qu’elle a livré à M. Le Dû et E. Sérée de Roch et qui, pour la plupart, reposaient en position contrainte. L’industrie1 voit la suprématie des pièces à coches et denticulés, l’abondance des grattoirs et des lames à dos qui dominent les lamelles. Il y a peu de microlithes géométriques. Les auteurs soulignent la grandeur des lames à dos, la dimension jamais importante des burins, la présence courante de grattoirs circulaires, de scies. Des fragments de poterie parfois décorée ont posé la question d’intrusions, ils ont été rapportés au Néolithique en raison des remaniements introduits par l’inhumation de restes humains attribués à cette période. Bir Hamaïria I Située à une centaine de mètres en aval de Bir Hamaïria II2, l’escargotière de Bir Hamaïria I fouillée par M. Teste dans les années trente, ne fut étudiée que trente ans plus tard par P. Marty, son matériel archéologique restant suspect en raison des tests d’œuf d’autruche qui avaient été gravés par un ouvrier à Bir Hamaïria II. L’industrie3 de fort belle venue, est taillée dans le même silex que celle de Capsien typique mais paraît moins fortement et moins régulièrement cacholonnée ; elle est de dimensions plus réduites. Les nucléus sont nombreux, quasiment tous pyramidaux. Les grattoirs et surtout les burins sont moins fréquents, 1 .– Cf Annexes p. 554. 2 .– Cf p. 78. 3 .– Cf Annexes p. 555.

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La question épipaléolithique mais restent bien représentés. Les grattoirs museaux, présents dans le Capsien typique, manquent et ceux sur éclat se développent aux dépens de ceux sur lame. Le type burin dièdre disparaît, mais le pourcentage de burins sur troncature, qui sont toujours rectilignes obliques, est plus élevé. Les mèches de foret sont courantes ainsi que les grands perçoirs capsiens, pièces peu habituelles dans le Capsien supérieur. Les éclats, lames à dos sont en nombre réduit. Les pièces à coches sont beaucoup plus fréquentes, dominant très modestement les lamelles à dos ; l’importance des scies, 3,3 %, est une des particularités du site tout comme sa pauvreté en microlithes géométriques et la représentation équilibrée des segments, trapèzes, triangles avec de nombreux triangles scalènes. Un certain nombre d’outils, grattoirs, segments, une scie et des pilons présentent des traces d’ocre. De nombreuses molettes, 2 meules dormantes et 4 boules percées pesant de 150 à 45 g ont été mises au jour ainsi qu’une palette à ocre, fortement lustrée, pourvue d’un trou de suspension. Dra Mta el Ma el Abiod L’escargotière de Dra Mta el Ma el Abiod se situe à une trentaine de kilomètres au sud de Tébessa, sur un replat dominant de quelques mètres un lit d’oued. Elle couvrait une surface de quelque 700 m2 avec une épaisseur de 1,75 m au centre. Signalée en 1912 par M. Reygasse et M. Latapie, elle a été fouillée par J. Morel entre 1938 et 1953, avant d’être bouleversée par la construction de la voie ferrée. A sa base, un lit de sable de 5 à 20 cm a dû être mis en place par l’homme. Les datations situent l’occupation entre 7280 ± 120 et 7000 ± 110 B.P. (Mc 628 et 627) (6240-6010 et 5990-5750 av. J.-C.), mais les diverses dates comprises dans cette fourchette, ne s’ordonnent pas exactement comme la stratigraphie. L’industrie lithique1 ne montre pas une distribution homogène mais des variations latérales sensibles. Elle témoigne d’une discrète évolution avec allègement de l’outillage ; les grosses pièces disparaissent, le nombre de burins diminue tandis que la fréquence des pièces à coches augmente et de nouveaux types apparaissent : perçoirs de l’Aïn Khanga, lamelles et triangles scalènes. Cet ensemble industriel possède un groupe grattoir développé où tous les types sont présents mais qui marque une nette préférence pour les grattoirs simples ou sur éclat retouché. Les perçoirs, nombreux, sont d’une qualité exceptionnelle, le plus souvent sur lamelles à dos ; les mèches de foret restent rares. Les burins privilégient les formes sur troncature, en particulier multiples; ils sont parfois associés à un grattoir. Le groupe lamelles à dos, prédominant, est riche en lamelles scalènes, puis en lamelles à bord rectiligne et à bord abattu partiel, ceux-ci montrant une préférence pour les retouches proximales dextres, ce qui traditionnellement est vu comme un élément marquant de l’Ibéromaurusien. Il n’y a ni pointe de Mechta el Arbi, ni pointe d’Aïoun Berriche. Des pointes du Chacal évoqueraient un faciès récent. Les coches ont été façonnées sur lame et lamelle plutôt que sur éclat. Parmi les microlithes géométriques, le trapèze à deux côtés concaves prédomine fortement. Les pièces à retouche continue sont fréquentes, il existe une pointe de Columnata et quelques pièces 1 .– Cf Annexes p. 554.

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Sahara préhistorique à languette qui confirment l’appartenance au faciès évolué. Les nucléus sont souvent pyramidaux, cannelés, quelques formes sont discoïdes et un débitage Levallois est signalé pour 21 pièces. Enfin, sans que l’on puisse préciser s’il est ou non intrusif, un petit fragment de poterie décorée qui aurait renfermé des éléments de coquilles comme dégraissant, a été trouvé à 0,70 m de profondeur. Un outillage osseux de belle venue, obtenu le plus souvent à partir d’os de gazelles ou d’alcélaphes et dont plusieurs pièces sont ocrées, était réparti à peu près régulièrement dans la fouille ; il s’agit de poinçons, alènes, épingles, plus rarement de tranchets, lissoirs. L’escargotière a livré une pierre à gorge, pièce dite souvent pierre de Ben Barour, portant des traits incisés, les uns isolés, les autres groupés. C’est l’une des deux seules pierres à gorge retrouvées en couche et l’une des trois seules qui portent un décor. Une centaine de pierres à gorge est connue ; elles viennent quasiment toutes de la zone saharienne où elles ont été signalées dans la plupart des régions bien qu’elles soient rares dans certaines (Tassili n’Ajjer, Fezzan, Tidikelt, Borkou). Elles offrent toutes une gorge annulaire qui est la seule marque de travail hors, parfois, quelques traces de mise en forme sommaire. Leurs dimensions sont très variables allant de 87x23 à 43 cm pour la plus grande qui provient de la région de Ouargla et pèse une centaine de kg, à 19x17 cm pour la plus petite trouvée dans le Borkou qui pèse 7,4 kg. Elles sont façonnées dans des matériaux divers toujours présents au voisinage des lieux où elles ont été trouvées. Toujours retrouvées sans contexte, bien souvent isolées sur les regs, elles donnent lieu à diverses interprétations parmi lesquelles celles de poids morts servant à l’arrimage d’objets ou à entraver des animaux ou à armer des pièges sont privilégiées. Elles ont donné lieu à la légende de Ben Barour, géant qui connaissait bien le Sahara et en a tracé les pistes en traînant derrière lui une grosse pierre qu’il attachait à une corde par une extrémité, l’autre étant passée au cou de sa monture. El Mekta A El Mekta, un niveau Capsien supérieur que E.G. Gobert nomme Capsien évolué, surmonte sans discontinuité celui de Capsien typique. Il est daté de 8400 ± 400 B.P. (L) (7960-6830 av. J.-C.). Il montre une réduction du groupe lamelles à dos, l’augmentation des coches-denticulés qui sont pour l’essentiel des lames ou des lamelles denticulées d’aspect déchiqueté, jusqu’à une sorte d’équilibre entre les deux1. Les trapèzes prennent le pas sur les triangles. L’industrie osseuse peut être ornée. L’art mobilier, déjà présent dans le niveau inférieur, est d’une grande richesse dans le niveau supérieur (fig. 13). Diverses gravures et sculptures, dont certaines figurant des masques, ont été produites dans du calcaire et une écaille tombée de la voûte porte la gravure d’un quadrupède. Hamda Abri sous roche éboulé de la région de Redeyef, il renfermait une couche de 0,40 à 0,85 m d’épaisseur qui a livré à R. Vaufrey une très belle industrie2 avec abondance de coches, présence de perçoirs de l’Aïn Khanga, de pièces à 1 .– Cf Annexes p. 553. 2 .– Cf Annexes p. 554.

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La question épipaléolithique languette ainsi que des plaquettes gravées dont l’une incisée de traits évoquant le cou et la tête d’une autruche, des objets de parure avec Nassa et une boule en os perforée. Le gisement a été rapporté à l’Inter-gétulo-néolithique par cet auteur. Les segments sont très rares, les trapèzes à peine plus fréquents, les triangles qui constituent 23,7 % de l’outillage, forment la masse des microlithes géométriques. Il existe peu de matériel de broyage. L’œuf d’autruche est parfois décoré, aménagé en bouteille, mais aucune rondelle d’enfilage n’a été découverte. Des ossements humains portant des traces de feu1 ont été retirés par les ouvriers travaillant dans les mines de phosphate ; on ignore leurs conditions d’ensevelissement. Henchir Hamida L’importance de ce site provient d’un riche dépôt funéraire2 qui accompagnait une inhumation, probablement néolithique. Proche d’El Ma el Abiod, en rive droite de l’oued Hadjadj, l’escargotière a été détruite par la construction de la voie ferrée Tébessa-Djebel Onk. Des fouilles de sauvetage dues à G. Fournier ont montré un allègement de l’outillage du bas vers le haut du dépôt archéologique. L’industrie, quoique mal connue, marque une modification dans l’usage des microlithes géométriques avec une inversion du rôle des segments et des trapèzes, les segments se réduisant des trois quarts alors que les trapèzes augmentent dans les mêmes proportions. Les fouilles ont retrouvé des pièces ocrées et des éléments de parure avec Nassa gibbosula et Columbella rustica. Hergla SHM-1 Découvert en 1954 par E.G. Gobert sur un bourrelet éolien, en bordure de la sebkha littorale Halk el Menjel, le site fut étudié en 1970 par J. Zoughlami et M. Harbi-Riahi qui firent état d’une occupation néolithique. Les travaux furent repris de 2002 à 2007, par L. Belhouchet et S. Mulazzani et, pour la première fois, l’étude d’une escargotière fut menée en coordonnées. Le dépôt archéologique de 0,80 m d’épaisseur est noir, riche en pierres brûlées et coquillages marins, en particulier Cerastoderma glaucum et Trunculariopsis trunculus, abondants dans les cordons littoraux et qui proviennent probablement de rejets de nourriture. Il s’agit plutôt d’un amas coquilliers que d’une escargotière. Les dernières fouilles qui ont porté sur une surface totale de plus de 100 m2, partie en tranchée, partie en décapage, ont identifié 7 niveaux ; les quatre niveaux inférieurs sont rapportés au Capsien, et leur sommet daté de 7715 ± 30 (SacA23649) (6590-6510 av. J.-C.), sur test d’œuf d’autruche. Ils passent sans discontinuité à des dépôts également attribués au Capsien par L. Belhouchet et S. Mulazzani malgré les changements qui interviennent alors3. La partie inférieure, niveaux 1 à 4, montre une nette suprématie des cochesdenticulés et lamelles à dos sur les grattoirs et microlithes géométriques4. Le silex prédomine, mais nombre de pièces, y compris des lamelles sont en calcaire. 1 .- R. Vaufrey n’élimine pas la possibilité d’une action accidentelle lors de remaniements. 2 .- Cf p. 496. 3 .- Ils nous conduisent à attribuer la partie supérieure des dépôts au Néolithique, rejoignant ainsi les premières identifications, cf p. 268. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que la terminologie n’est qu’une étiquette que nous appliquons à une entité ; en aucun cas, elle n’affecte le vécu humain. 4 .- Cf le détail de l’industrie Annexes p. 555.

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Sahara préhistorique De nombreux outils, grattoirs dont un denticulé, burins, sont faits sur lamelle. Les perçoirs se partagent entre mèches de foret et perçoirs aménagés sur lamelle à dos, les lamelles à dos entre dos rectiligne et dos arqué, beaucoup sont fragmentées, elles peuvent porter une retouche Ouchtata. Le groupe dominant des coches-denticulés comporte une scie sur lamelle ; les coches sont plutôt larges, bien échancrées. Les microlithes géométriques délaissent les trapèzes. Il existe deux racloirs venant du niveau le plus profond. Des coquilles de Cerastoderma étaient souvent associées à des pierres portant des marques de combustion. De nombreuses structures ont été mises au jour, structures de combustion diverses, foyers construits, surfaces empierrées, fosses plus ou moins circulaires, creusées dans le sédiment dunaire pour celles de la base ; d’un diamètre de 1 à 2 m, elles avaient une profondeur d’environ 0,50 m, leur remplissage, complexe, contenait de nombreuses pierres pouvant être associées à des coquilles d’Hélicidés. Dans le niveau 4, des trous de poteau avec calage de pierres, un fossé pourraient traduire l’implantation, dans le niveau sus-jacent, de deux cabanes, dont une de forme subquadrangulaire. Les restes de trois individus auxquels s’ajoutent des os épars pouvant appartenir à quatre autres, ont été exhumés. Deux sépultures viennent de la base du site, dont une creusée dans la dune. Les corps étaient fortement contractés. L’un des défunts, orienté ouest-est, reposait sur le côté droit, l’autre était assis dos au nord-ouest ; le voisinage de Cerastoderma glaucum a permis de le dater de 7206 ± 56 B.P. (ENEA-668) (5875-5490 av. J.-C.). La troisième sépulture qui renfermait des restes également en position contractée, était orientée nord-est/sud-ouest, elle est datée de 7595 ± 80 B.P. (Pa 2471) (6320-5810 av. J.-C.). Kef Zoura D A Kef Zoura D, le niveau supérieur rapporté au Capsien supérieur est subdivisé en trois unités datées de 7750 ± 50 (SMU-1082), 6485 ± 125 B.P. (I-9836) (6630-6520 à 5550-5340 av. J.-C.) pour l’unité III, de 5965 ± 115 (I-9835) (5010-4730 av. J.-C.) pour l’unité I. Il montre un net changement de la boite à outils avec augmentation des pièces à coches et denticulés. Les coches sont entendues comme outil à gratter une substance rigide ou semi-rigide (bois ou os). La faune comporte davantage de mouflons que les niveaux capsiens typiques, les antilopes Alcelaphus buselaphus en forte régression dans l’unité IV, redeviennent courantes, les gazelles et surtout les Lagomorphes diminuent. L’étude des escargots a montré une représentation qui variait au cours du temps et qui semble liée au contexte environnemental. Ainsi, le niveau supérieur est riche en Otala sp, l’unité II en Helix melanostoma, l’unité III en Helicella sitifensis et Leucochroa candidissima, ce serait une période de changement avec un climat de plus en plus aride qui correspondrait à la crise de 8200 B.P. (7200 av. J.-C.), ce qui se traduit par des escargots de plus en plus petits. La partie superficielle de l’unité I a livré une pierre portant une gravure d’autruche. Khanguet el Mouhaâd Gisement de la région de Tébessa, il fut signalé en 1909 par M. Latapie. Au confluent de deux petits oueds, à proximité de sources, le gisement formait

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La question épipaléolithique un mamelon ovale de 96x36 m dont l’épaisseur atteignait 5 m au centre. Il a été daté de 7350 ± 200 B.P. (L) (6400-6030 av. J.-C.). Il est constitué de cendres, pierrailles, coquilles écrasées ou non. Il fit l’objet de travaux de A. Debruge, d’une fouille importante du Logan Museum, puis de travaux de J. Morel1. Celui-ci devait remarquer des lits de cendres épais, quasiment sans matériel, une répartition inégale des pierres, certaines disposées comme des éléments de foyer, d’autres en tas irréguliers. L’industrie paraît homogène sur toute l’épaisseur. Elle comporte des pièces microlithiques mais aussi, jusqu’au sommet, quelques pièces plus volumineuses, en particulier des lames et des grattoirs ; aucun burin d’angle n’y a été trouvé. Le débitage est produit dans un silex local de grande qualité. Il est essentiellement lamellaire obtenu à partir de nucléus pyramidaux cannelés. Les lamelles à dos résultent d’une retouche directe ou bibord ; l’apex présente souvent des retouches alternes déterminant une pointe aiguë. Les scies sont bien représentées. L’outillage osseux comprend des alènes, poinçons, aiguilles, lissoirs ; il provient de métapodes d’antilope bosélaphes ou de gazelles et conserve souvent une partie de la surface articulaire. L’œuf d’autruche abonde. Les tests sont souvent décorés, ils peuvent être transformés en plaquette avec trous de suspension. J. Morel fait aussi mention de plaquettes de pierre provenant du djebel voisin, couvertes de traits fins en quadrillage irrégulier, de motifs enchevêtrés figurant des quadrupèdes, pouvant se retrouver sur les deux faces. L’ocre rouge ou jaune abonde. A. Debruge mentionne un humerus humain ocré, aménagé en représentation phallique. Les gros mammifères ne sont représentés que par les parties nobles, la tête et les membres. On y retrouve Alcelaphus buselaphus, Equus, Bos primigenius, Gazella cuvieri et dorcas, Ammotragus lervia, Connochœtes prognu ainsi que Canis anthus, Vulpes vulpes atlantica et quelques ossements d’oiseaux et de lapins. Les restes incomplets d’un individu ont été retrouvés par J. Morel. Ils gisaient à faible profondeur, mais mis au jour par un éboulement, leur position n’a pu être identifiée. Antérieurement, quatre individus dont deux complets, un limité à un crâne, en avaient été retirés. R’fana (=Rafana) Autre escargotière de la région de Tébessa, elle est située sur un monticule en bordure d’oued et s’étend sur 50x30 m avec une épaisseur de 1,50 m. Dans les décomptes qu’il donne de l’industrie récoltée par une mission du CRAPE en 1964, G. Camps distingue deux niveaux qui n’offrent pas de différences sensibles si ce n’est une légère diminution des lamelles à dos dans le niveau supérieur qui se fait essentiellement au profit des pièces à coches2. R’fana est un des quelques sites capsiens dans lesquels des structures ont été mentionnées. A. Debruge fait état de cercles de pierres de 1,5 à 2 m de diamètre contenant des cendres et des charbons et auprès desquels se trouvaient de minuscules grattoirs pour les uns, de très petites lames pour d’autres. 1 .- Cf Annexes p. 553. 2 .- Ici, ces décomptes ont été regroupés, Cf Annexes p. 554.

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Sahara préhistorique Relilaï Au Relilaï comme à El Mekta, le Capsien supérieur surmonte le Capsien typique1 sans coupure stratigraphique visible. Seule la structure industrielle2 change brusquement avec une augmentation importante de la fréquence des microburins et des microlithes géométriques qui comportent essentiellement des trapèzes. Les burins restent courants. Les nucléus ne se distinguent guère des niveaux sous-jacents, mais les lamelles attestent l’utilisation d’un débitage par pression. Plusieurs pièces portent de l’ocre rouge. La date de 7800 ± 140 B.P. (Gif1900) (6825-6469 av. J.-C.) a été obtenue vers la base. C’est dans ce niveau que R. Vaufrey a trouvé un fragment de faucille et deux plaquettes calcaires gravées de motifs géométriques, l’une de chevrons, l’autre qui est ocrée, d’un ovale compartimenté. Faciès central Il reste assez proche du faciès tébessien par son industrie lithique qui ne présente peut-être qu’une plus grande fréquence des lamelles à dos, par son industrie osseuse qui est aussi riche. Il ne s’en distingue guère que par une abondance moindre de l’œuf d’autruche et la rareté de l’art mobilier. Pour J. Tixier, la pointe d’Aïoun Berriche serait l’une de ses caractéristiques. Bou Nouara Abri sous roche, il fut étudié par G. Camps qui remarquait le peu de coquilles d’Helix, d’où un aspect un peu différent des autres gisements capsiens. Ceci et les particularités de l’outillage lithique3 le conduisirent à rapporter l’occupation à une phase ancienne du Capsien supérieur et au début de l’occupation capsienne de la région ; les lamelles à dos prédominent en effet, de nombreux grattoirs sont présents et les pièces esquillées fréquentes. Les mêmes caractères existent dans les couches profondes de Medjez II qui datent du 9ème millénaire. Faïd Souar Dans la région de Constantine, l’escargotière de Faïd Souar atteint une puissance de 3 m. Deux fosses entendues comme silos, profondes de 20 et 45 cm pour des diamètres de 75 et 50 cm, étaient creusées dans le sol. G. Laplace a distingué 5 couches4 avec une évolution par augmentation discrète des microlithes géométriques et des denticulés. L’importance des microburins rappelle le faciès méridional. L’industrie osseuse est limitée à des poinçons. L’œuf d’autruche est souvent décoré. Des restes humains appartenant à 6 individus ont été exhumés. Parmi eux une pièce exceptionnelle, dite masque (fig. 12), taillée dans un crâne humain, était associée à une inhumation ne comportant pas de membres inférieurs5. Les autres dépôts concernaient deux inhumations, un fragment crânien et un fragment de maxillaire. Dans l’une, un enfant reposait sur le côté droit, membre 1 .- Cf p. 83. 2 .- Cf Annexes p. 550. 3 .- Cf Annexes p. 555. 4 .- Cf Annexes p. 556. 5 .- Cf p. 115.

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La question épipaléolithique supérieur droit fléchi, gauche en extension, membres inférieurs fléchis, dans l’autre, un adulte reposait sur le côté gauche, tête vers le nord, membres inférieurs fléchis, genoux ramenés à hauteur du thorax, membres supérieurs tendus, mains reposant sur les genoux. Kef Fenteria Non loin du Kroub, au voisinage de gravures, un site rapporté par R. Vaufrey au Néolithique, fut étudié par G. Camps qui l’attribue au Capsien supérieur. De la base au sommet, une réduction de la fréquence des lamelles à dos s’accompagne d’une augmentation de celle des pièces à coches qui deviennent prédominantes. Le reste de l’outillage lithique n’offre pas de variations notables. G. Camps distingue deux niveaux1. Le niveau inférieur a livré une industrie comparable à celle de R’fana, ce qui pourrait la situer au milieu du 8ème millénaire et souligner les identités entre faciès tébessien et faciès central. Le niveau supérieur peut être mis en parallèle avec les niveaux supérieurs du Sétifien. Koudiat Kifen Lahda Au-dessus du niveau élassolithique et séparé de lui par un dallage, C. Roubet a identifié un niveau Capsien supérieur qui occupe 9/10 de l’épaisseur de la couche anthropique2. Daté de 8050 ± 150 B.P. (Mc206) (7230-6770 av. J.-C.), il conserve un microlithisme marqué qui affecte près de 10 % des lamelles à dos, le tiers des segments et un perçoir de l’Aïn Khanga. Ce niveau a été subdivisé en deux séquences qui ne montrent pas de différences sensibles. Les nucléus sont plutôt globuleux et, dans la partie supérieure, existent quelques pièces cannelées. Les grattoirs privilégient les formes sur éclat court, bien que dans la séquence supérieure, le tiers soit fait sur lame ou lamelle. La présence d’un perçoir de l’Aïn Khanga dans la séquence inférieure conforte un changement entre le niveau sous-jacent au dallage et celui-ci. Le groupe burins et le groupe éclats et lames à dos sont des plus modestes, ce dernier comportant des pièces plutôt de petites dimensions. Dans la partie supérieure a été trouvée une lame à dos, véritable couteau, à tête arquée, restée corticale sur une grande partie de sa longueur ; le cortex ainsi que quelques retouches conservaient des traces d’ocre. Parmi les lamelles à dos, des pièces ultramicrolithiques sont vues comme une survivance ; elles peuvent porter une retouche Ouchtata. De nombreux types sont présents, les pièces rectilignes restant privilégiées ; leurs extrémités aiguës, tout comme celles des lames, sont aménagées de préférence dans la partie proximale, ce qui montrerait un choix de leur partie la plus robuste. Les pointes de La Mouillah, fréquentes ici, évoquent l’Ibéromaurusien alors qu’une pointe du Chacal suggère un Capsien évolué. L’éventail des microlithes géométriques s’ouvre largement, en particulier avec des scalènes-perçoirs, des trapèzes à côté concave, mais les segments restent majoritaires et sont eux aussi marqués par l’élassolithisme. Dans les deux séquences, ont été trouvées des pièces esquillées, pièces rares dans le Capsien. L’outillage osseux est peu fréquent, en mauvais état, il comprend des poinçons et des fragments pouvant pro1.- Cf l’outillage lithique Annexes p 554 où les deux niveaux ont été regroupés. 2.-.- Cf la distribution de l’outillage lithique en Annexes p. 555.

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Sahara préhistorique venir d’aiguilles. Le matériel de broyage se limite à deux fragments de meule et une molette livrés par la séquence supérieure, et sur lesquels nulle trace n’a été observée. La parure est suggérée par la présence de quelques rondelles d’enfilage venant également de la séquence supérieure. Des fragments d’ocre proviennent des deux séquences et une boulette d’argile verte pétrie de la séquence inférieure. Celle-ci a également livré un fragment de mandibule d’enfant. Les restes de nourriture proviennent de bovidés, mouflons, antilopes bubales, Gazella cuvieri, outardes, tortues, lézards, hérissons, de nombreux Helix et Rumina decollata. Site 51 C’est l’un des gisements découverts par le Logan Museum dans le Tarf et dont une partie de l’industrie, déposée au CRAPE, a été étudiée par L. Ramendo1. La couche archéologique avait été subdivisée en deux niveaux artificiels qui n’offrent pas de différences significatives. Les grattoirs sont plutôt simples, faits sur éclat retouché ou non, souvent sur éclat cortical, ce qui n’exclut pas les types sur lames ou lamelles. Il existe quelques pièces circulaires. Les burins sont un peu plus nombreux dans la partie supérieure d’où provient une série de petits burins sur lamelle qui évoquent ceux d’Aïn Kéda ou de Columnata. Les bords abattus privilégient les dos arqués et partiels. Les pièces encochées sont plutôt des éclats, les scies sont rares. Les microlithes géométriques paraissent peu nombreux, ce qui peut résulter d’un tamisage à trop grosses mailles ; les formes en sont variées bien que les côtés soient souvent concaves. L’outillage osseux de cette série consiste simplement en poinçons ou aiguilles. De l’œuf d’autruche, parfois gravé, de l’ocre et des coquilles de Columbella rustica perforées sont présents. Un squelette d’enfant y fut découvert. Faciès sétifien Au contact du territoire occupé antérieurement par les Ibéromaurusiens, ce faciès qui paraît presque aussi ancien que le faciès méridional, peut jouer un rôle majeur dans la compréhension du peuplement de l’Afrique du Nord par le développement de particularités dont les prémices figurent dans l’Ibéromaurusien (pointe d’Aïn Keda, pointe du Chacal, réemploi d’ossement humain). Il se caractérise par la présence d’un trapèze allongé à petit côté concave et la prédominance des pièces à coches, prédominance qui ne fait que s’accentuer au cours du temps. Il est connu dans divers sites dont certains comme Medjez II, ont permis de suivre son évolution. Aïn Boucherit Non loin du gisement paléolithique de l’Aïn Hanech, deux escargotières, Aïn Boucherit I et II sont connues. La première, signalée par C. Arambourg en 1931, a fait l’objet de divers travaux dont une fouille menée par le CRAPE en 1965 qui a mis en évidence sous un niveau perturbé par les labours, une couche très riche en coquilles, entrecoupée de lits de pierres qui surmontait une couche avec foyers et charbons où les coquilles étaient rares et toujours écrasées. L’in1.- Cf Annexes p. 554.

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La question épipaléolithique dustrie lithique1 qui en a été retirée souligne l’importance des lamelles à coches et des lamelles à dos, la présence de scalènes-perçoirs. On y retrouve le gros outillage en calcaire connu à Medjez II. Les trois niveaux artificiellement isolés, n’offrent pas de différences sensibles, l’augmentation du nombre des trapèzes étant insignifiante. Ils sont datés de 7000 ± 150 et 6800 ± 150 B.P. (Mc210 et Mc209) (6020- 5750 et 5860-5590 av. J.-C.) pour le plus profond 1,50 à 1,30 m, 5400 B.P. (Alg7) (4245 av. J.-C.) entre 1,40 et 1,20 m, 5120 ± 310 B.P. (Ny76) (4260-3580 av. J.-C.) pour la surface. Les fouilles n’ont livré aucun objet autre que les pièces lithiques. Mechta el Arbi Près de Chelghoum el Aid (Chateaudun du Rhummel), l’escargotière de Mechta el Arbi fut reconnue en 1907 par G. Mercier. Elle couvrait une surface de 50x90 m et fut fouillée par A. Debruge, puis le Logan Museum, mais de nombreux visiteurs y firent des récoltes. Le gisement a livré une industrie riche en lamelles à dos, pièces à coches qui sont prépondérantes ; il renfermait des microlithes géométriques, segments, triangles et trapèzes. L’outillage osseux qui serait abondant, paraît d’une qualité exceptionnelle, avec des tranchets, couteaux, pellettes, lissoirs, hameçons, poinçons, une faucille, des tubes en os, pendeloques, poignards. Divers ossements présentent des stries subparallèles. Le traitement de l’os a pu affecter des os humains, un péroné a été aménagé en poignard et deux fragments crâniens, un frontal et un occipital, ont été perforés. Aucun test d’œuf d’autruche n’est gravé. Le gisement est surtout célèbre pour la découverte des restes humains provenant d’au moins une douzaine d’individus. Des stries de découpe se trouvent sur plusieurs cadavres, un frontal scié au-dessus des orbites, présente deux perforations latérales. Un enfant dont le bloc crânio-facial était teinté de rouge, était accompagné du dépôt funéraire le plus important qui soit connu à cette période avec près de sa tête, un couteau de silex, une pointe en os poli et un broyeur portant des traces d’utilisation et de pigments. Une tête osseuse découverte en 1912 par Debruge et étudiée par Bertholon devait être à l’origine de l’identification et de la dénomination du type humain Mechta el Arbi défini par H. Vallois en 1934. Medjez II Escargotière de la région d’El Eulma, G. Camps en fait le gisement princeps du Sétifien. Découverte par M. Verguet en 1955, elle fut fouillée de 1963 à 1967 par celui-ci, puis par H. Camps-Fabrer. Longue de 100 m, large de 40 m, avec une épaisseur de 3,65 m, elle apparaît comme un véritable tell. L’industrie renferme, auprès des silex taillés pouvant être issus de nucléuscannelés, un gros outillage de galets aménagés en calcaire, du matériel de broyage, un outillage osseux important, varié et de belle qualité, –29 types ont été identifiés-, avec couteaux, pellettes, ciseaux, lissoirs, brunissoirs, poinçons alênes, plumes. Les manifestations d’art sont nombreuses, os décorés, pierresfigures ou pierres gravées -souvent d’un quadrillage-, objets de parure avec des perles en os, pendeloques en pierre, rondelles d’enfilage, coquillages et dents 1.- Cf Annexes p. 555.

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Sahara préhistorique perforées, ocre. Divers ossements humains ont été réutilisés dont la pièce maîtresse est un fragment d’occipital scié et poli. Les restes de 15 individus dont 7 nouveaux-nés et un enfant ont été mis au jour. L’inhumation la plus profonde est attribuée à la phase II et montrait une position contractée, les autres un décubitus latéral fléchi ou dorsal allongé., sans orientation privilégiée. Un dépôt d’ocre dont une couche au-dessus de l’un des nouveaux-nés, parfois des éléments de parure, des ossements de petits animaux, des pierres y étaient associés. Des fragments crâniens portent des traces de sciage et de polissage. L’avulsion dentaire a été pratiquée chez une femme. H. Camps-Fabrer a reconnu quatre phases dans l’industrie1. Dans la phase I, la plus ancienne, datée de 8800 ± 150 à 7860 ± 130 B.P. (Mc 327 et 325) (8200-7660 à 8200-7660 av. J.-C.), les grattoirs offrent un vaste éventail, seul le type circulaire n’est pas présent. Un perçoir de l’Aïn Khanga figure dans le groupe perçoir constitué surtout de perçoirs simples. Tous les types de lames à dos s’y retrouvent à l’exception des couteaux de Guentis. Les lamelles à dos, nombreuses, ont un éventail très ouvert ; les pièces dites à affinité capsienne, lamelles aiguës à dos rectiligne, aiguillons droits, pointes d’Aïn Keda, lamelles à tête arquée, à bord abattu partiel, à cran, y prennent une place notable. La retouche Ouchtata est utilisée. Les pièces denticulées prédominent en particulier les lames et lamelles. Les microlithes géométriques sont peu nombreux et les segments tendent à disparaître. Parmi les nucleus, deux sont cannelés. Il y a peu de coquilles d’Helix. Des restes d’alcélaphes sont courants. S. Merzoug a reconnu des restes d’autruche portant des traces de découpe. La phase II est datée de 7570 ± 160 à 7280 ± 120 B.P. (Mc 319 et Mc 323) (6590-6230 à 62406010 av. J.-C.) avec certaines inversions dans la série de datations. Elle montre une structure lithique équilibrée. Les microlithes géométriques se diversifient, les segments restant majoritaires. Les aiguillons droits, les lamelles à à base se multiplient. De rares nucleus sont cannelés. Dans la phase III datée de 7030 ± 120 B.P. (Mc 318) (6010-5790 av. J.-C.), l’accentuation du microlithisme se poursuit avec une diminution marquée des grattoirs, burins, lames à dos mais aussi des perçoirs ; une lamelle à languette y a été trouvée. denticulés sont en progression, en particulier ceux sur lamelle. Les microlithes géométriques augmentent brusquement ; les segments disparaissent tandis que les trapèzes et triangles scalènes allongés à un côté concave prédominent. Les nucleus cannelés sont rares. La phase IV est datée de 6620 ± 300 et 6500 ± 150 B.P. (Gif 462, Mc 151) (5840-5220 et 5610-5320 av. J.-C.). Elle est la mieux représentée dans la région. Elle se caractérise par un fort déséquilibre de l’industrie au profit des lamelles à coches ou denticulées. La fréquence des microlithes géométriques augmente encore fortement. Le débitage lamellaire s’accentue. Les nucleus cannelés deviennent courants. Une quinzaine d’essences a été identifiée dans les charbons, frêne, saule, caroubier, chêne, cèdre, genévrier, thuya, térébinthe, plus tardivement pin, mais aussi arbousier, aubépine voire fenouil sont répartis irrégulièrement, ce que M. Couvert traduit en brusques fluctuations climatiques. Les restes de nourriture 1.- Cf p. 556.

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La question épipaléolithique sont largement dominés par Alcelaphus dans les niveaux inférieurs, Lepus, Gazella, Bos, Ammotragus, Ovis sont présents ainsi que quelques éléments de Pelorovis, Sus, voire Camelus et Equus, des oisaux, lézards, tortues, divers carnassiers et de nombreux coquillages Leucochroa, Helicella, Eobania. Faciès tiarétien Il se traduit dans une forte proportion de pièces à coches, un fort indice de microlithes géométriques, la présence de pointes de l’Aïn Keda, de scalènes perçoirs et pointes de Columnata. Aïn Cherita Station de plein air des environs de Dahmouni, elle fut reconnue par P. Cadenat sur indications de J. Aïassa, au début des années soixante. Elle n’a donné lieu qu’à des récoltes de surface1 qui suggèrent sa grande richesse. Elle n’a livré que peu de nucléus, dont l’auteur ne précise pas l’aspect. L’éventail d’outils est comparable à celui d’Aïn Keda avec prédominance des pièces à coches et lamelles à dos, les autres outils étant peu fréquents. Aucun scalène perçoir n’y figure, mais les pointes d’Aïn Keda sont courantes et des perçoirs d’Aïn Khanga s’y trouvent. Les trapèzes, peu nombreux, offrent un aspect particulier avec une petite base retouchée, concave. Les triangles scalènes allongés à petit côté court sont les seuls à être bien représentés. Malgré son importance, la série ne renferme aucune pointe de Columnata. La présence d’un rectangle et d’une petite tête de flèche à tranchant transversal est vue comme signe d’un âge récent, presque néolithique, par P. Cadenat. L’outillage osseux est abondant, de belle facture avec des poinçons et des tranchets. La parure est traduite par quelques rondelles d’enfilage, coquillages percés, cyprées, pétoncles ; le site a également livré des pierres gravées de traits. Les reliefs de repas montrent la consommation de bovins, gazelles, antilopes-bubales, porcs-épics, Equus mauritanicus, probablement des lapins, des oiseaux, quelques mollusques terrestres Leucochroa, Rumina decollata. Quelques restes humains en mauvais état proviennent de plusieurs individus. Aïn Keda En 1955, R. de Bayle des Hermens a identifié, dans cet abri sous roche de la région de Tiaret, un niveau capsien sous un niveau meuble renfermant de nombreuses pierres éboulées mêlées à du sable. Ce niveau supérieur, pauvre, livra deux têtes de flèche qui le firent attribuer au Néolithique. Dans un premier temps, le niveau inférieur fut également attribué au Néolithique, mais à un Néolithique ancien en raison de l’absence de céramique et de tête de flèche. Il est riche en pièces à coches et lamelles à dos. Les nucléus sont ir réguliers, parfois pyramidaux. Le gisement a fourni2 un grand nombre de fines lamelles à dos rectiligne dont le tranchant est repris par retouche inverse et qui ont reçu son nom. Elles appartiennent à l’ensemble d’objets caractéristiques du Capsien supérieur. Les lamelles à dos comprennent aussi un lot de petites pièces 1.- Cf Annexes p. 557. 2.- Id.

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Sahara préhistorique ne dépassant pas 2 cm de long. Quoique peu nombreux, les grattoirs sont de types variés, parfois sommairement aménagés. Les burins sont faits sur lamelle et sont tous des burins d’angle sur troncature. Les microlithes géométriques accordent une nette préférence aux segments. Le matériel de broyage est pauvre. L’outillage en os, de belle facture, abonde ; ce sont des tranchets, lissoirs, aiguilles et poinçons dont un grand poinçon orné de traits transversaux parallèles. Un fragment creusé d’une rainure se rapporte probablement à une faucille. La parure se limite à quelques rondelles d’enfilage, une pendeloque en pierre et de l’ocre en abondance. Des restes appartenant à huit individus de type mechtoïde, ont été retirés ; très mal conservés, ossements brisés et mêlés, ils ont fait songer à des inhumations secondaires. La faune était peu abondante, quelques dents ont permis d’identifier Alcelaphus buselaphus, Ammotragus lervia, une gazelle, un ovidé qui pourrait être du mouton, un canidé. Testudo mauritanica abondait. Des coquilles ont été rapportées à Rumina decollata et Helix melanostoma. Columnata A Columnata, un niveau capsien supérieur en appui contre la falaise, se superpose au Columnatien dont il est séparé par une couche discontinue d’éboulis. Il est surmonté d’un niveau néolithique renfermant des fragments de grès et des blocs plus ou moins importants, particulièrement à sa base. Il est daté de 6850 ±300 et 6350 ± 300 B.P. (Gif308 et 309) (6010-5480 et 5610-4960 av. J.-C.). On connaît assez mal l’industrie capsienne qui paraît fortement dominée par les coches et denticulés, où les microlithes géométriques -pour près de moitié, des trapèzes- sont particulièrement nombreux. On y trouve des scalènes-perçoirs. Les microburins sont bien représentés, les burins, les pointes de Columnata présents. Les lamelles à dos peu nombreuses, incluent des pointes d’Aïn Keda. L’outillage osseux, abondant, a livré des pièces remarquables avec trois faucilles dont une entière ; il ne comporte pas de tranchet. Il est possible que les deux ciseaux retrouvés dans les éboulis lui appartiennent. L’outillage osseux est parfois incisé de traits courts, décor qui se retrouve sur des coquilles d’Helix (fig. 11). Divers ossements humains ont été réaménagés : mandibule ocrée dont les branches montantes ont été sciées, pendeloque façonnée dans un os crânien, humerus, radius, cubitus sciés transversalement. Le même auteur a cru devoir insister sur l’évolution de l’outillage. Les triangles scalènes allongés et pointes de l’Aïn Keda apparaissent d’abord, puis les triangles à base convexe, les scalènes perçoirs et les pointes de Columnata. Les trapèzes qui seront abondants au Néolithique, viennent en dernier. Fontaine Noire Découvert en 1953 par Bonneau, le gisement fut fouillé en 1955 par P. Cadenat. Habitat de plein air, situé à mi-coteau, il est proche d’une source. Les fouilles ont retiré 878 outils1 taillés dans un silex noir local, plus rarement en quartzite. Les nucléus sont nombreux, peu ont une forme pyramidale ; le matériel brut de taille abonde, de nombreuses pièces portent du cortex, ce qui souligne la petitesse des nucléus. Plus que des pièces à coches, ce sont des denticulés qui prédominent, ils sont en majorité sur lame avec des coches d’amplitude et profondeur variées. 1.- Cf détail en Annexes p. 556.

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La question épipaléolithique Les lamelles à dos résultent d’une retouche abrupte, rarement sur enclume, avec prédominance des types rectilignes et partiels. Les microlithes géométriques et microburins sont quasiment absents. Les divers sont un ensemble hétéroclite à nombreuses pièces à retouche continue. Une dizaine de pièces brutes, quelques denticulés et lamelles à retouche Ouchtata présentent un tranchant émoussé ou poli. L’os très mal conservé n’a livré qu’une dent de bovin. Les coquilles de Rumina et Leucochroa sont nombreuses.

Fig. 11 - Art mobilier épipaléolithique : Coquilles d'Helix striées. Columnata (d'après CampsFabrer, 1966).

Kef Torad Gisement de plein air de la région de Tiaret, épais de 0,50 m, il affleurait sur un diamètre de 60 m. Il fut identifié en 1956 par P. Cadenat qui en assura l’étude. Les nucléus, nombreux, sont épuisés. L’industrie lithique se caractérise par la grande abondance des pièces à coches, des lamelles à dos, une relative fréquence des microlithes géométriques. Les grattoirs sont simples sur éclat ou en bout de lame, ils peuvent alors être doubles. Les burins sont de petite taille. Les trapèzes prédominent et les segments sont fréquents ; les scalènes perçoirs sont présents ainsi que trois pointes de Columnata et une pointe de Bou Saada. Il n’a pas été trouvé de scie. Les molettes sont relativement nombreuses, mais il n’est fait état d’aucun fragment de meule. L’os et l’œuf d’autruche sont rares, ce que P. Cadenat voit comme une indigence, en raison de leur présence dans le site voisin d’Aïn Cherita. Des restes de faune étaient concentrés dans une zone cendreuse ; rares, ils se rapportent à Bos, Alcelaphus, Gazella et à quelques coquillages. Autres faciès Si le territoire capsien a longtemps semblé très circonscrit, Bordj bou Arreridj paraissant sa limite occidentale, la découverte de cette culture à Columnata a ouvert la voie à l’idée d’une extension territoriale bien plus vaste. A l’ouest, on a même pu parler de forte influence capsienne au Maroc, dans des sites du Haut Atlas. A l’est, Mc Burney qualifiait de « Libyco Capsian complex », un des niveaux reconnus à Haua Fteah, attribution qui a été contestée.

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Sahara préhistorique Aïn Fritissa Pour J. Tixier, l’industrie épipaléolithique provenant de ce site1 de la région de Guercif, traduirait comme celles de Telouet reconnue par M. Antoine dans le Haut Atlas en 1936 et Cote 1937 identifiée par R. Chenorkian, une forte influence capsienne dans le Maghreb occidental. Elle se lirait dans l’importance des groupes coches-denticulés, burins d’angle sur troncature et dans la présence de perçoirs d’Aïn Khanga et de pointes d’Ounan. R. Chenorkian rapproche cette industrie du Sétifien ou du Tiarétien en raison du faible indice de microlithes géométriques. Tel n’est pas l’avis de J. Roche qui, en 1963, faisait valoir un hiatus géographique trop important. Cote 1937 Situé sur une légère éminence au nord du djebel Hayane, le gisement fut reconnu par R. Chenorkian. Les 186 pièces2 qu’il étudia montrent la suprématie des pièces à coches, qui sont des éclats plutôt denticulés, et l’importance des retouches continues, qui sont des éclats de petite taille à retouche Ouchtata souvent alternante. La retouche Ouchtata est également utilisée dans le façonnage des lamelles à dos. Il n’y a pas de mèche de foret. Les burins sont tous des burins dièdres, la plupart d’angle. La présence d’une pointe d’Aïoun Berriche évoque le faciès central. Malgré la présence de microburins, les microlithes géométriques manquent, un rectangle, le seul trouvé, étant vu comme intrusif au même titre qu’un tesson de poterie. Haua Fteah et le complexe libyco-capsien En Cyrénaïque, Mc Burney a qualifié de « Libyco Capsian complex »3, le niveau X d’Haua Fteah, niveau immédiatement superposé à l’Eastern Oranian et surmonté d’un néolithique caractérisé. Il propose d’y voir un complexe industriel se rattachant au Capsien typique. G. Camps l’attribue à la phase ancienne du Capsien supérieur. Pour A. Close et B.E. Barich se serait une expression tardive d’Ibéromaurusien que cette dernière retrouve au jebel Gharbi4. E. de Faucamberge fait valoir « un courant culturel indigène ». Le niveau X d’Haua Fteah présente des divergences nettes avec les niveaux précédents. Les lamelles à dos conservent le rôle prépondérant qu’elles connaissent dans l’Eastern Oranian malgré leur régression au profit des burins et des grattoirs ; ceux-ci occupent une place comparable, de l’ordre de 10 à 20 % chacun. Les grattoirs comprennent de grandes pièces sur lame denticulée. Les coches, rares, sont dues à des retouches obliques et sont largement ouvertes comme dans les industries capsiennes. Bien que les microlithes géométriques soient rares, ils comportent segments, triangles et trapèzes. La pierre polie est présente. Plus par leur style que la structure de l’ensemble industriel, ces outils évoquent le Capsien, G. Camps souligne la fréquence des burins en particulier des burins d’angle et, de manière plus significative, des éléments comme l’ocre dont de grandes lames à 1.- Cf Annexes p. 557. 2.- Id. 3.- Id. 4.- Cf p. 276.

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La question épipaléolithique dos conservent des traces, des tests d’œuf d’autruche à décor de points, de hachures, des rondelles d’enfilage à vaste lumière et surtout le travail de l’os qui peut s’accompagner de la gravure de traits parallèles. Un galet gravé d’une tête de flamant (?) évoquerait pour Mc Burney, la tête d’autruche de Hamda en Tunisie alors qu’une série de galets peints de motifs rubanés trouverait un équivalent aux Iles Levanzo. Ces plaquettes peintes sont vues par l’auteur comme témoin d’un rapprochement avec le Romanellien, ce qui réactive l’idée de R. Vaufrey qui voyait dans celui-ci l’origine du Capsien. Pour Mc Burney, cette culture se serait déployée vers l’ouest. En Cyrénaïque, elle aurait évolué en perdant le contact avec ce déploiement et en gardant certains de ses traits originaux. Sa partie médiane datée de 8400 ± 150 B.P. (GrN3167) (7590-7190 av. J.-C.) et la surface du niveau sous-jacent de 10600 ± 300 B.P. (W104) (11000-10030 av. J.-C.) lui accordent un âge entre 10000 et 7000 B.P., soit 9500 à 5900 av. J.-C. Les travaux récents du Cyrenaican Prehistory Project datent cette phase de 12360±50 (OxA-18678) et 9425±40 (OxA-19184), (14 900-14050 et 10760-10560 av. J.-C.). La faune a surtout fourni des restes d’ovicaprinés qu’un réexamen a identifié en partie comme caprins domestiques, peut-être mouton, tout en restant réservé quant à l’appartenance au niveau, Les gazelles, antilopes et bovins sont moins fréquents que dans l’East Oranian, Canis anthus conserve la même place ainsi que Lepus. Hystrix y est connu comme il le sera dans le Néolithique. Quant aux restes de hyènes qui ne se trouvent pas dans les autres niveaux, ils pourraient traduire des moments d’abandon du site.

Les hommes et les modes de vie La population La population des débuts de l’Holocène n’est pas homogène. Le type le plus fréquent, toutes régions confondues, était probablement le type mechtoïde. Sa forme gracile a été trouvée au Sahara oriental associée aux industries qaruniennes ; dans les régions telliennes, elle est porteuse du Columnatien et se rencontre dans le Capsien, toujours à la base des escargotières, ce qui pose la question de son devenir. Il est bien connu à Mechta el Arbi, gisement qui lui a donné son nom, à Medjez II... M.C. Chamla a pu estimer que l’homme de Mechta-Afalou constituait 40 % des restes humains retrouvés dans le Capsien ! Longtemps, il fut considéré comme le seul type humain peuplant le Maghreb. La découverte de l’homme de l’Aïn Metherchem en 1949 montrait la présence d’un autre type qui a été attribué à une population protoméditerranéenne. La plus ancienne présente deux variantes, l’une à face haute, l’autre à face basse, elles se différencient par divers autres détails, la variante à face haute marquant une nette différenciation sexuelle avec des individus féminins graciles et masculins robustes. Certains auteurs l’entendent comme une population étrangère, pouvant venir du Proche Orient. Dans le Sahara, où les quelques traces épipaléolithiques retrouvées ne sont accompagnées d’aucun reste humain, on sait seulement que des populations contemporaines vivant dans le Massif central saharien, et nettement engagées

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Sahara préhistorique dans le processus de néolithisation, appartiennent à une population à caractères négroïdes peu accentués. Dans le Tell, de rares individus provenant de gisements capsiens auraient présenté, eux aussi, des caractères négroïdes. L. Balout fait état d’un crâne de Bir Hamaïria I, perdu depuis, Bertholon et Royer attribuent les individus retirés des gisements de Redeyef et La Meskiana en Tunisie à ce type. L’habitat Les gisements épipaléolithiques se rencontrent en plein air, rarement dans des abris sous roche. Ils occupent des surfaces variées, plutôt modestes. Ils atteignent jusqu’à 10 hectares dans la culture de Foum el Arguin. Les sites shamarkiens couvrent des surfaces de l’ordre de 300 m2. Dans le Capsien, la surface des gisements varie de moins de 300 m2 à plus de 7000 m2 avec une longueur d’une dizaine de mètres pour les plus petits, atteignant 100 ou 150 m pour les plus vastes. A Aïn Turk, le contact franc avec le terrain dans lequel le site s’insère implique une palissade. L’originalité des restes d’habitats capsiens a si fortement marqué les premiers préhistoriens qui s’y sont intéressés, qu’ils lui ont donné des noms particuliers, « escargotières » pour souligner la masse colossale d’escargots entiers ou brisés qu’ils renferment et qui évoque les kjökkenmödding, « rammadiyat » pour faire valoir la forte accumulation de cendres. Au Khanguet el Mouhaâd, J. Morel remarquant l’abondance des cendres, la rareté et la petitesse des charbons, propose l’emploi d’herbes et de broussailles pour alimenter les feux. Les sites capsiens sont également très chargés en pierres brûlées diversement disposées, certaines en éléments de foyer, d’autres isolées, d’autres en tas irréguliers qui ont suggéré une pratique encore vivace dans le Sud tunisien et en diverses autres régions : des pierres jetées dans les flammes pour ralentir la combustion et prolonger le rayonnement calorifique. Introduites brûlantes dans des récipients contenant un liquide, elles ont, aussi, pu servir à le porter à l’ébullition, à cuire des aliments. Dans la région de Tiaret, la découverte, par A. Amara, d’une structure de cuisson des gastéropodes dont la sole, épaisse d’une vingtaine de centimètres, est faite de ces pierres, peut aussi expliquer, tout ou partie, leur prolifération. Le site arkinien DIW1 a livré des concentrations de matériel archéologique, de forme ovale, adjacentes, qui ont été interprétées comme des unités de campement saisonnier ; leur disposition implique une superstructure qui se serait conservée d’une saison à l’autre. A El Hamraïa, dans le Mellalien, une irrégularité de la densité des objets esquissant des îlots d’une quinzaine de m2 séparés de 1 à 2 m, sont entendus comme des emplacements de cabanes, de même le demi-cercle de pierres reconnu par F. Hassan, à Shiyata dans le Qarunien. Dans l’oasis de Dakhla, dans le Complexe Masara, M.M.A. Mc Donald a discerné des huttes de 3 à 4 m de diamètre, dont les piquets soutenant la superstructure étaient calés par des pierres et dont le plancher pouvait s’enfoncer d’une trentaine de centimètres dans le sol, particularité évoquant les habitats natoufiens et harifiens. Des structures ont également été identifiées dans quelques sites : à Medjez I, Hergla SHM-1 où des fossés, des trous de piquets ont été mis au jour.

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La question épipaléolithique

Les activités D. Grébénart s’appuie sur l’importance des dépôts et leur continuité pour accorder une vie sédentaire aux populations capsiennes, de même D. Lubell, mais pareil comportement semble peu en accord avec les pratiques funéraires de décarnisation qui, elles, pourraient impliquer un nomadisme ou semi-nomadisme. La question de déplacement des populations, de contacts entre cultures différentes ou vivant dans des régions plus ou moins éloignées, est en effet posée. Les similitudes que B. Barich et F. Hassan reconnaissent dans les industries de Siwa et de l’Akakus, les ont conduit à proposer des relations entre le Sahara central et la vallée du Nil, dans lesquelles Siwa aurait servi d’étape en raison de sa situation géographique intermédiaire. Dans le faciès d’El Oued et nombre de gisements capsiens de faciès tébessien, la présence de Nassa gibbosula, espèce vivant dans des eaux tempérées à chaudes, souligne des liens avec le golfe de Gabès. La chasse, la cueillette restent les activités dominantes des populations épipaléolithiques. Les mammifères les plus fréquemment rencontrés sont des antilopes alcélaphes, des gazelles et des mouflons, ou encore Bos primigenius, Equus ; ils s’ajoutent au petit gibier, en particulier aux lapins, aux reptiles, tortues et rongeurs divers. Les restes osseux d’autruche sont très rares alors que leurs œufs ont été très utilisés. Cette opposition avait engendré l’idée d’un tabou alimentaire qui aurait concerné cet oiseau. Les stries de boucherie que S. Merzoug a reconnues sur des restes venant de Medjez II, repose la question. A Foum Arguin, la population, quoique littorale, est vue comme ayant essentiellement vécu de produits de chasse, aucun coquillage n’y traduit alors un attrait pour la mer. Les restes d’Alcelaphus retrouvés dans le Capsien, posent un problème relevé par J. Morel. Tous les individus abattus sont des jeunes dont l’âge tourne autour de trois ans ; à l’instar de ce qui se trouve à Taza, Tamar Hat..., la totalité de leur squelette, y compris le bassin et les côtes, se trouve dans les gisements. Ces parties n’étant qu’exceptionnellement retrouvées dans les produits de chasse appellent à une relation particulière avec cet animal ; certains auteurs ont proposé une domestication, d’autres un parcage de jeunes individus, prélude à la domestication. Pour la plupart des auteurs, les végétaux auraient été l’un des éléments essentiels de la nourriture des Capsiens, la consommation de Gastéropodes n’était qu’un élément mineur, venant en complément alimentaire, malgré l’abondance des coquilles, la variété des espèces, tel n’est pas l’avis de I. Saafi et al, pour qui les Capsiens pouvaient en vivre comme c’était le cas récemment en Tunisie centrale où ils constituaient une base importante de l’alimentation. Sur les sept espèces qu’ils ont reconnues à El Oghrab et Aïn Oum Henda 1, en Tunisie centrale, Leucochroa candidissima et Helix melanostoma prédominent ; cette même prédominance est constatée à Medjez II sur les six espèces présentes, de même à Aïn Misteheyia. La collecte se faisait surtout le printemps et l’automne, elle privilégiait les adultes et les individus les plus grands et les plus pourvus en chair. A Wadi Halfa, la dentition des défunts retrouvés Site 6B-36, indique une forte consommation de graine. A Kaf Taht el Ghar, A. Ballouche a montré que

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Sahara préhistorique les occupants du niveau épipaléolithique consommaient des graminées sauvages et des amandes de type Prunus dulcis. On hésite à voir des bâtons à fouir dans les petites boules perforées, parfois trouvées dans les dépôts capsiens et déjà connues dans l’Ibéromaurusien de Tamar Hat, en raison de leur faible dimension, de l’ordre de 5 cm, et de leur légèreté, de l’ordre de 50 à 125 grammes. G. CatonThomson qui en a retrouvé dans le Néolithique du Fayum y voyait des fusaïoles, G. Montandon évoquait les drilles employés pour la production du feu. Une spécialisation -ce qui appelle une structure sociale élaborée-, matérialisée par des aires spécifiques où prédomine fortement un type d’outil, a été reconnue au Sahara septentrional et la vallée du Nil, au sein de divers gisements mellaliens et shamarkiens. A DIW3, une concentration de nucléus est traduite comme un poste de travail spécialisé à l’intérieur de l’habitat, à l’Isthme et plus généralement dans les petits sites mellaliens, c’est la fréquence d’un type de lamelle à dos qui évoque un lieu propre à sa production. Les recherches sur les techniques de fabrication et l’utilisation des objets en os rejoignent les propositions de H. Camps-Fabrer qui identifiait un débitage longitudinal des métapodes de Gazella dorcas ou d’Alcelaphus buselaphus. Elles ont permis à G. Petrullo de reconnaître des outils utilisés pour tresser de la vannerie parmi les formes pointues. Les pratiques culturelles A l’instar des Ibéromaurusiens, les Epipaléolithiques du Maghreb, Columnatiens et Capsiens ont pratiqué l’avulsion dentaire. Cependant, elle ne touche pas les hommes, à l’exception d’un sujet d’Aïoun Berriche (=Site 12), et n’est pas limitée aux incisives supérieures comme chez les Ibéromaurusiens. Elle affecte aussi les incisives inférieures et peut concerner les deux mâchoires à la fois. Les auteurs ne sont pas d’accord sur l’âge auquel elle était pratiquée, début de l’adolescence ou fin, mais tous y voient un rite de passage. Outre l’avulsion des deux incisives médianes de la mandibule et du maxillaire, H2 de Medjez II présente une usure très particulière d’une incisive latérale qui est considérée comme un limage. L’aménagement d’ossements humains, pratique qui a pu paraître un temps propre au Capsien, a été retrouvée dans le Columnatien où, à Columnata, les branches montantes d’une mandibule ocrée ont été sciées et polies, un humérus, un radius et un cubitus appartenant au même sujet sciés et un pariétal transformé en pendeloque. Cette pratique d’aménager les ossements humains existait déjà dans l’Ibéromaurusien où un cubitus d’enfant débité a été retiré du site d’Afalou bou Rhummel. A Bortal Fakher, une incisive est transformée en pendeloque. Au Khanguet el Mouhaâd, A. Debruge mentionne un humérus préparé en représentation phallique, ainsi qu’un fémur travaillé. A Aïoun Berriche, c’est un radius et des os crâniens sciés et régularisés qui sont perforés. A Medjez II, un occipital et deux pariétaux droits sont sciés et polis, un fragment de pariétal gauche est perforé. De Mechta el Arbi viennent un frontal scié portant deux perforations, une portion d’occipital nantie de trois perforations et un péroné aménagé en poignard. Mais la pièce la plus insolite est le crâne de Faïd Souar II (fig. 12) qui a été scié pour enlever la partie postéro-inférieure et dont les pariétaux portent

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La question épipaléolithique chacun une perforation, en outre, une dent a été remplacée par une prothèse taillée dans une phalange (?) qui pourrait être humaine ; c’est la plus ancienne prothèse que l’on connaisse. Ce masque provient d’une femme de type méditerranéen sur laquelle avait été pratiquée l’avulsion des quatre incisives supérieures et des deux médianes inférieures ; la possibilité d’un surmodelage est envisagée par L. Aoudia-Chouaki. La pratique de décollation de la tête concerne quelques individus ; les parties détachées auraient été utilisées lors de certaines cérémonies, puis remises dans la tombe. A Taforalt elle semble liée à des actes de violence. Une telle pratique attribue un statut particulier au défunt : à celui de captif, L. AoudiaChouakri préfère celui d’ancêtre.

Fig. 12 – Capsien supérieur. Détails du masque de Faïd Souar, aménagé dans un crâne humain. La canine est une prothèse taillée dans une phalange (ph. J. Tixier).

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Sahara préhistorique Ces transformations d’ossements humains présents dans le Capsien, le Columnatien et aussi l’Ibéromaurusien, s’ajoutent à la pratique de l’avulsion dentaire pour proposer des liens entre ces cultures. Les pratiques funéraires Un fort pourcentage d’inhumations d’enfants souligne une vie difficile et les soins post-mortem qui leur sont portés l’affectivité de la population ; elle pose aussi la question du devenir d’une grande partie des restes adultes. Aucune trace de ce qui aurait pu être un ossuaire tel que les a connus l’Ibéromaurusien, n’a été signalée dans l’Epipaléolithique. Tous les restes de cette période proviennent d’inhumations individuelles, parfois doubles, exceptionnellement plurielles comme à Aïn Keda où une sépulture renfermant quatre individus, limitée par quatre grosses pierres dont une meule dormante, a été mise au jour. Les tombes qui peuvent truffer les habitats, ne portent généralement aucun repère. La profondeur des fosses n’est pas connue ; le Capsien a utilisé des fosses étroites, contenant à peine le défunt. Parfois la fosse funéraire a été creusée aux dépens du soubassement : à Medjez I, Saint-Arnaud, gisement qui n’a livré qu’une industrie très pauvre, où la fosse avait été creusée dans le tuf sous-jacent à l’escargotière, Aïn Dokkara où le défunt était légèrement enfoncé dans un sable provenant de la décomposition des grès sous-jacents à l’escargotière et était recouvert par celle-ci, Hergla SHM-1, où l’une des fosses mortuaires a été creusée dans la dune qui supporte l’habitat. A l’Epipaléolithique, l’inhumation primaire paraît de règle bien qu’à Aïn Keda, l’inhumation secondaire semble avoir été pratiquée pour les huit individus mis au jour. Les modes d’inhumations ne présentent pas de constante malgré une légère préférence pour le décubitus latéral fléchi retrouvé en repos sur le côté droit ou gauche sans qu’un lien ait été recherché avec le sexe1. Les membres inférieurs sont plus ou moins repliés, le genou ne dépassant pas le bas du thorax. La position des membres supérieurs est très variable, allongés le long du corps, ramenés sur la poitrine ou à hauteur de la face. Le décubitus latéral fléchi est fréquent à Columnata2 parmi la vingtaine d’inhumations qui se rapporterait au Columnatien. Il se retrouve dans le site qarunien E-29-G 1 où la défunte, une mechtoïde gracile, reposait en chien de fusil, sur le côté gauche, regard dirigé vers le sud. C’est aussi la position de l’individu protoméditerranéen retrouvé en 1949, à Aïn Dokkara, qui reposait sur le côté droit, face contre terre, légèrement penchée sur la droite, une pierre brûlée sous la joue. Cette position fléchie est connue à Bekkaria avec six individus en décubitus droit, H6 et H7 en décubitus gauche, à Medjez II qui privilégie le décubitus gauche avec un adulte H3 et trois enfants E1, E2, E6 ; le côté de repos de E4 et E5 n’est pas connu. Pour G. Camps, la position forcée serait plus ancienne. Elle est connue à Aïn Bahir, à Columnata pour cinq individus, H16 à H21, à Bekkaria pour l’une des inhumations les plus profondes, ainsi qu’à Medjez I, Dakhlat es Saâdane. A 1 .- Une telle relation a été mise en évidence par O. Dutour chez les populations néolithiques du Sahara méridional, cf p. 293. 2 .- P. Cadenat ne rapporte qu’une partie des inhumations au Columnatien ; pour lui, les restes en paquets qui témoignent d’inhumations secondaires, appartiendraient à l’Ibéromaurusien. S’appuyant sur d’autres critères, L. Aoudia-Chouakri ne le confirme que partiellement en ne rapportant à l’Ibéromaurusien que 13 d’entre elles.

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La question épipaléolithique Saint-Arnaud (El Eulma), le squelette mis au jour était assez peu contracté. A Medjez II, l’inhumation la plus profonde, H4, paraît plutôt un tas qu’une inhumation très fortement forcée. Le décubitus dorsal allongé est connu à Medjez II avec quatre individus H1 et H2, E3 et E7, Columnata, deux individus H8 et H22 avaient l’un et l’autre les jambes repliées sous les cuisses, Bekkaria H2 avait lui aussi les jambes ramenées sous les cuisses. A ces modalités, L. Aoudia-Chouakri ajoute le dépôt « en blocs anatomiques disloqués » qui ne concerne que quelques individus. Il trouve son origine dans la décollation de la tête, le démembrement du corps, l’éviscération, le nettoyage du thorax avant une mise en sépulture par blocs anatomiques reconstituant à peu près le corps ; la tête et certains membres pouvaient connaître un traitement particulier, être sciés, perforés, ils étaient probablement décorés par coloration, surmodelage pour participer à des cérémonies (?) ; en fin de rituel, ils étaient placés dans la tombe, de préférence près du bassin. Pour cet auteur, les inhumation en tas procèdent aussi de cette pratique. Elles sont connues pour quelques individus : Faïd Souar, Mechta el Arbi, Medjez I et II, Khanguet el Mouhaâd, Aïoun Berriche où cinq individus sur la trentaine retirée se présentaient ainsi. La décarnisation n’est pas une pratique propre au Capsien, elle a été signalée dans le Columnatien, à Aïn Keda, par R. de Bayle des Hermens, elle existerait dans l’Ibéromaurusien à Afalou bou Rhummel, Taforalt et dans le Néolithique de Kef el Agab. Réalisée alors que les chairs commençaient à se décomposer, ces auteurs y voient un comportement lié au semi-nomadisme, motivé par le souci d’enterrer le défunt dans le camps de base. D’après L. Aoudia-Chouakri, cette pratique se ferait rapidement après la mort et la dextérité dont font preuve ces découpes appelle des personnes expérimentées. Elle explique le manque de tête noté à Dakhlat es Saadane par exemple ou les têtes isolées comme celle de Taza. Elle explique de même les calottes crâniennes comportant deux ou trois perforations trouvées à Medjez II, Mechta el Arbi, le crâne trophée et des stries de découpe sur les coxaux rapportant une désarticulation de la hanche et l’ablation des membres inférieurs dont aucun ne se trouvait dans la tombe à Faïd Souar II. L’orientation n’obéit pas, non plus, à une règle. L. Aoudia-Chouakri reconnaît néanmoins dans le Capsien, deux regroupements majeurs : sud-nord déviant vers le sud-ouest nord-est, cas de Medjez II où seul H4 en position contractée avait la tête au nord, et ouest-est, cas de Bekkaria où toutefois H7 avait probablement la tête à l’est ; tous avaient le regard dirigé vers le sud sauf H6 qui regardait au nord. Une orientation nord-sud, regard vers l’est, se trouvait à Saint-Arnaud (El Eulma). A Aïn Bahir, la tête était au nord-est. A Columnata, l’orientation était anarchique. Des traces de brûlures sont visibles dans quelques cas, crâne trophée de Faïd Souar, certaines apophyses vertébrales d’Aïn Dokkara. A Columnata, deux individus portaient des traces très partielles pouvant provenir des conditions d’inhumation : l’un reposait en milieu cendreux, l’autre était interstratifié avec des charbons. Les éléments de parure sont rares, aucune rondelle d’enfilage n’a été retrouvée. Une perle en os et une défense de sanglier accompagnaient H1 de La

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Sahara préhistorique Meskiana, une défense de sanglier perforée et une perle tubulaire H1 de Medjez II, une épingle en os était plantée à la verticale derrière la tête de H2, ce qui rappelle H28 d’Afalou bou Rhummel. On retrouve cette pratique à Columnata avec un os poli planté à la verticale derrière la tête d’un enfant. Les dépôts funéraires sont toujours modestes. Un dépôt d’ocre se note dans la quasi-totalité des inhumations capsiennes, placé près de la tête ou imprégnant les sédiments. A Medjez II, le dépôt se trouvait près de la tête ou des bras de la plupart des individus, E6 reposait sur un lit d’ocre et la coloration des os de E7 donne même à penser qu’il aurait eu la tête peinte en rouge, pratique reconnue à Aïn Keda et Mechta el Arbi. A Aïoun Berriche, la présence d’ocre n’intéressait que les adultes, aucun enfant. Les autres offrandes se ramènent à une corne de grand bovin placée près de H5 à Bekkaria1, un oursin fossile accompagnant H2 ; à Medjez II, des ossements de lapins étaient déposés près de H2 et E5. Quant aux deux nouveaux-nés retrouvés de part et d’autre de la tête de l’individu masculin H1 qui avaient pu être interprétés comme un double sacrifice, d’après L. Aoudia-Chouakri, ils seraient indépendants de l’adulte. Les autres ossements trouvés près des défunts, os de carnivores, herbivores, oiseaux peuvent être tout autant des refus de repas que des offrandes. A Columnata, il a été fait état de fragments d’os animal ou d’outils -dont des lamelles à dos- qui pourraient tout aussi bien être des projectiles. L’association à des pierres se rencontre dans le Columnatien qu’elle caractérise et le Capsien. Elle est présente à Aïn Bahir, à Medjez II où H3 était peutêtre associé à un lit de pierres. A. Debruge a pu parler de « rempart » de pierres protégeant les défunts à Mechta el Arbi. A Aïn Misteheyia, un squelette était recouvert de 19 pierres de tailles différentes. A Columnata, des pierres étaient disposées n’importe comment sur le corps d’une douzaine d’individus, adultes ou enfants ; dans six cas, une pierre placée de champ reposait sur le bassin, dans deux cas, un véritable monument avec une assise à peu près circulaire supportant une sorte de monolithe était dressé au-dessus de la fosse et dans l’un, au-dessous des pierres, séparées du squelette par une couche de sédiment, se trouvaient deux chevilles osseuses de bovins ; des chevilles osseuses de bovins se trouvaient aussi sur une autre tombe. Cette pratique rappelle les cornes enchevêtrées mises au jour dans le même gisement, au-dessus de l’homme ibéromaurusien H27. A Bekkaria, dans le Capsien, la présence d’une seule corne sur une tombe, procède peut-être du même rituel. La parure et l’art mobilier Avec l’Epipaléolithique, en particulier le Capsien, la parure et l’art mobilier connaissent un fort développement. Un auteur comme H. Camps-Fabrer a tendance à voir dans la parure un souci de protection plus marqué qu’au Paléolithique supérieur. Elle peut être, aussi, signe de position sociale, affirmation de l’individualité, traduisant ainsi de nouvelles structures mentales et sociales. Outre les témoins conservés, il est probable que des matériaux périssables, bois, peaux en aient été le support. L’abondance de l’ocre sous diverses formes 1 .- H6, singulièrement riche, présentait diverses particularités qui le rapportent à une période plus récente Cf p. 294.

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La question épipaléolithique -poudre, bâton-, les meules et molettes qui en sont imprégnées, lui accordent un rôle important chez les populations capsiennes, et a amené E.G. Gobert à parler d’un « rite capsien du rouge ». On peut penser à un rôle prophylactique ainsi qu’à un rôle pratique, les traces qui subsistent sur les outils, lames, lamelles pouvant être des résidus de liant visant à les maintenir dans un emmanchement. La coquille d’œuf d’autruche L’élément le plus fréquent rangé parmi la parure1 est la rondelle d’enfilage en test d’œuf d’autruche. On en rencontre dans le Mellalien, l’Elkabien, le Shamarkien, le Bedouin Microlithic, sa présence est constante dans le Capsien où ce matériau a joué un rôle important. Ces rondelles présentent un mode de fabrication caractéristique et qui les distingue des pièces néolithiques : façonnées une à une, leur bord est irrégulier, fait d’une somme de minuscules facettes qui correspondent chacune à une plage d’abrasion et leur donne une section ovale. Outre cet emploi comme matière première, l’œuf d’autruche a joué un rôle important dans le Capsien, le Mellalien, ainsi probablement que chez les occupants du Sahara atlantique. Ses débris qui peuvent être nombreux dans certaines régions tel Gafsa-Tébessa, rapportent ses multiples usages, en bouteille d’abord, puis en coupe, coupelle, disque, jeton, rondelle d’enfilage. Il est souvent décoré, et avec exubérance dans certains sites. Les fragments dont on dispose montrent un décor gravé volontiers organisé autour de l’ouverture, parfois des traces d’ocre à l’intérieur. Les motifs sont variés, essentiellement géométriques : ce sont des traits droits ou ondés, des traits ciliés, des ponctuations. Ils peuvent être diversement disposés les uns par rapport aux autres. H. Camps-Fabrer a pu reconnaître 10 motifs simples et établir un classement en 60 décors. L. Belhouchet et R. Khedaier-el Asmi distinguent un ensemble figuratif et un ensemble schématique. A l’Abri Clariond, la forme des traits suppose un décor non géométrique mais les fragments sont trop petits pour permettre une restitution ; ils rappellent quelques pièces exceptionnelles à décors animaliers retrouvées à Hamda et Redeyef dont l’attribution au Capsien ou au Néolithique reste incertaine. Pour certains auteurs, ces motifs gravés qui pouvaient être rehaussés d’ocre, pourraient évoquer une personnalisation des récipients. A la suite de E. G. Gobert, H. Camps-Fabrer, J. Tixier accordent à l’ocre entourant l’orifice de bouteilles, un rôle magique, propitiatoire, en vue de lutter contre les génies pouvant en sortir. Les coquillages Des coquillages perforés naturellement ou par l’homme ont été aménagés en éléments de parure. Les plus courants sont des coquilles de Nassa gibbosula et Columbella rustica. Leur utilisation n’était probablement pas la même, Columbella rustica est perforée et pouvait être portée en pendentif, Nassa gibbosula usée jusqu’à la columelle par frottement devait être fixée sur une peau. D’autres coquillages n’ont été que rarement retrouvés, un pétoncle à Bir Zarif el Ouar, un dentale à Aïn Naga, site pourtant fort éloigné de la mer, une 1 .- Cela n’exclut pas un rôle possible de « monnaie d’échange ».

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Sahara préhistorique cyprée à l’Abri Clariond, des mitres, cônes et pourpre à Columnata, des Melanopsis à El Mekta. A Columnata, quatre coquilles de Leucochroa candidissima marquées de groupes de fines incisions parallèles ont été perforées (fig. 11) et pouvaient être portées en pendentif, elles ont amené P. Cadenat à soulever la question du symbolisme des traits. Les pierres gravées ou sculptées Des pendeloques en pierre obtenues par perforation ou par un sillon permettant leur suspension, sont connues à Columnata dans le Columnatien, à Aïn Keda, Relilaï, Medjez II, dans le Capsien. Le Capsien est la culture épipaléolithique qui a livré le plus grand nombre de pierres gravées ou sculptées. Elles se retrouvent dans divers gisements quelle que soit leur localisation, mais sont beaucoup plus fréquentes dans la région de Gafsa-Tébessa. Elles portent souvent des décors rudimentaires, simples incisions, traits plus ou moins enchevêtrés, croisés, en chevrons, les plus originaux forment des fuseaux ; certains suggèrent des motifs plus complexes, tel les tectiformes du galet de l’oued Safia, les représentations sexuelles d’El Mekta, Saint Donat, Aïn Boucherit, Oued Mengoub. Des fragments de représentations d’oiseaux sont connus dans le Capsien typique d’Oued Mengoub, le Capsien supérieur d’Hamda ou Redeyef et le Libyco-Capsien. A Hamda, une tête et un cou d’autruche se lisent sur une plaquette et à Kef Zoura D, une autruche de tracé original a été réalisée par traits incisés, les uns figuratifs, les autres géométriques. Des mammifères devaient être représentés à Aïn Bahir, Aïn Rhilane, El Mekta, Khanguet el Mouhaâd. Au Khanguet el Mouhaâd, une pierre plate supporte une gravure anthropomorphe sur une face, un mouflon (?) couché parmi de nombreux traits désordonnés sur l’autre. D’El Mekta viennent non seulement de nombreuses pierres incisées et des représentations sexuelles, mais aussi une plaquette de calcaire tombée de la voûte qui est gravée d’une tête de capridé (?). Dans ce gisement, diverses sculptures travaillées dans du calcaire tendre ont également été mises au jour. La plus grande, une tête humaine, mesure 15 cm. Quatre qui proviennent du Capsien typique représentent des têtes animales, un phallus, celles venant du Capsien supérieur figurent des masques, pendentifs, phallus ou des cônes interprétés comme pions de jeux ; une pierre-figure ayant déjà à l’état naturel l’aspect d’un coquillage entrouvert a été complétée par des incisions rendant un aspect côtelé (fig. 13). Os et autres éléments Des perles tubulaires ont été faites dans des os d’oiseau ou de lapin. A Medjez II et Mechta el Arbi, des défenses de sanglier ont été sciées et perforées, des dents ont été transformées en pendeloques. Des plumes en os enduites d’ocre trouvées à Columnata, Medjez II, Aïn Dokkara, pour J. Morel, les fins perçoirs de l’Aïn Khanga ont suggéré l’existence de tatouages. L’art rupestre Certains auteurs ont vu dans l’art mobilier capsien, les prémices de l’art rupestre du Nord de l’Afrique. H. Lhote, F.E. Roubet se sont vivement opposés

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La question épipaléolithique à une telle origine, soulignant le faible développement de l’art rupestre en zonecapsienne et son importance en dehors. En zone capsienne, hormis certaines gravures d’Abbiar Miggi, une d’El Mekta, quelques unes du Constantinois qui seraient antérieures au Néolithique, l’art rupestre se limite essentiellement à des incisions, traits soigneusement gravés en V qui ont reçu le nom de traits capsiens. On en connaît à Foum Seïd, abri gardant les traces d’une présence de Capsien typique, et dans les abris d’alentours où ils forment des groupes de traits parallèles ou se recoupant plus ou moins. On en trouve dans plusieurs abris d’El Kifene, au Relilaï.

Fig. 13 – Epipaléolithique. Art mobilier : Pierres sculptées d'El Mekta.1, 2, 7) Capsien typique ; 3 à 6) Capsien supérieur. (d'après Camps, 1974).

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A l’Epipaléolithique, les objets de parure, les pierres gravées ou sculptées font valoir la recherche d’un souci de protection, le Capsien étant à cet égard, des plus significatifs ; en outre, il fait un ample usage d’ocre rouge et, chez les femmes, développe le rite de l’avulsion dentaire que pratiquaient les Ibéromaurusiens. La population épipaléolithique n’a été identifiée que dans le Qarunien, le Columnatien et le Capsien. Elle laisse percevoir plusieurs types humains. Un peuplement mechtoïde, issu par gracilisation des populations du Paléolithique supérieur semble le plus courant. Au cours du temps, le Capsien fait valoir son remplacement par un type protoméditerranéen auquel se joignent peut-être quelques individus négroïdes. Les pratiques funéraires adoptent l’inhumation individuelle, elle se fait dans l’habitat. Elle est faite en fosse, parfois marquée de quelques pierres, voire d’un monument. Le défunt pouvait être accompagné d’un mobilier modeste où les cornes de bovidés pourraient être symboliques. La pratique du réemploi d’ossements humains se développe. Elle passe par une phase de décarnisation décapitation qui pourrait être liée au transport du défunt jusqu’à un camp de base. Une vie sédentaire ou à petits déplacements saisonniers est perçue chez les Capsiens, une organisation sociale avec des ateliers spécialisés existe dans le Mellalien et probablement l’Arkinien. Les populations épipaléolithiques restent tributaires de la chasse, la cueillette, la pêche. Toutefois, les Capsiens ont eu un comportement très particulier vis à vis de l’alcélaphe : ses restes ne se limitent pas aux parties nobles mais comportent la totalité du squelette, ce qui suppose un animal qui n’était pas ramené de chasses plus ou moins lointaines, mais se trouvait proche du campement ; on évoque à ce propos des prémices de domestication. Dès lors le Capsien peut être entendu aussi volontiers mésolithique qu’épipaléolithique

Ce que F.E. Roubet a nommé « le pays des gravures » se développe en ligne droite sur 500 km, de Figuig-Beni Ounif à Djelfa-Messad1, avec des représentations essentiellement figuratives, mais de styles si différents qu’elles appellent une réalisation échelonnée sur une longue période. L’on s’accorde à considérer que les collectes de R. Vaufrey par lesquelles il rapportait la totalité de l’art de l’Atlas au Néolithique de tradition capsienne, biaisées par la recherche de microlithes géométriques, sont peu fiables. Dans ce pôle d’art rupestre où les dépôts archéologiques associés aux gravures sont exceptionnels, on ne dispose pas de données suffisantes pour permettre de relier gravures et vestiges matériels. 1- D’incessantes découvertes montrent qu’il s’étendait certainement aussi au Constantinois.

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La question épipaléolithique Nonobstant l’existence des plus anciennes gravures rapportables au Paléolithique1, faut-il en rapporter aux cultures épipaléolithiques dont F.E. Roubet s’est attaché à rechercher les sites dans cette zone ? Faut-il seulement les associer au Néolithique tellien ainsi que l’a envisagé D. Grébénart ? En délaissant les représentations animales, en leur préférant des représentations humaines, la période subnaturaliste traduit incontestablement un monde nouveau. Nombre d’auteurs en voient les prémices dans les représentations d’ithyphalliques qui, loin d’un effet d’érotisme, exprimeraient une force vitale et à travers elle, le monde des producteurs..Peut-on dès lors rapporter l’étage des personnages à tête trilobée qui précède les représentations d’ithyphalliques, à l’Epipaléolithique ? La question est ouverte.

1 .- Cf T. I, p. 309 et svtes.

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Chapitre IV UNE TRES ANCIENNE NEOLITHISATION Les premières manifestations du Néolithique sont saisies à l’aube de l’Holocène dans certaines régions du Sahara central et oriental. Elles témoignent de tâtonnements multiples dans l’appropriation d’animaux, la valorisation de plantes et s’expriment par la présence d’un ustensile nouveau, le récipient en poterie, d’une arme nouvelle, l’arc. L’outillage traduit une variabilité telle d’un site à l’autre que les méthodes d’étude employées pour l’Epipaléolithique sont difficilement utilisables et en appellent d’autres1. Il faudra toutefois des siècles pour que l’ensemble des éléments qui font le plein Néolithique soit réuni. On ne sait d’où vient la population du Sahara. Pour partie de la vallée du Nil dont les turbulences en Haute Egypte auraient chassé les populations de la vallée vers les oasis du Sahara oriental. Pour partie, probablement des lieux privilégiés du Sahara central où se trouvait de l’eau, niches ayant pu servir de refuges aux hommes lorsqu’au Pléistocène final, une sévère aridité sévissait sur l’ensemble du Sahara ; les planchers à auges (fig. 72) identifiés par l’un de nous (MT) dans le sud de la Tadrart en témoignent2 et on ne croit plus à une période aride ayant totalement chassé les hommes du Sahara. Et, de plus en plus, on tend à proposer une migration venant du sud qui aurait accompagné la remontée du FTI et de la grande faune mammalienne. Les innovations apparaissent à peine plus tard au Soudan, A.J. Arkell rapportait à un Mésolithique tardif, « Late Mesolithic », qui pourrait procéder d’une phase de néolithisation3, une période caractérisée par une poterie à décor d’incised wavy line4, puis dotted wavy line. Elle précède le développement du pastoralisme qui réplique à son habitat dispersé par des sépultures regroupées, dotées d’un riche dépôt funéraire, ce qui a favorisé le développement de l’archéologie funéraire. Mais le reste de la vallée du Nil semble demeurer longtemps en dehors de ces transformations, tout comme le Sahara occidental ou le Tell maghrébin. 1.- Les liens doivent souvent être perçus au travers de fossiles directeurs, étant entendu que seul un éventail d’objets peut être signficatif 2 .- Cf t. I p. 301. 3.- Ces travaux ont eu une forte répercussion en servant d’appui à l’idée de l’origine égyptienne du Néolithique saharien. 4- Afin d’éviter les confusions qui existent parfois entre le motif wavy line, ligne ondée souvent obtenue par incision, et le motif dotted wavy line obtenu par impression, distinction devenue fondamentale dans la compréhension de l’évolution du Néolithique saharien, I. Caneva et F. Jesse proposent de nommer incised wavy line, le motif incisé et d’accorder au vocable wavy line un sens générique.

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Fig. 14 - Gisements du Néolithique ancien cités

Sahara préhistorique

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Une néolithisation très ancienne La néolithisation dans les massifs centraux et le Néolithique saharo-soudanais En 1964, en découvrant des poteries dans un site de l’Ahaggar daté du 9ème millénaire, J.P. Maître reposait la question de la néolithisation en zone saharienne. Il fallut attendre les données livrées par le site d’Amekni en 1968, pour faire valoir cette découverte malgré l’âge sensiblement plus récent de ce dernier. La date elle-même trouvait un écho quelques années plus tard, dans le Tassili n’Ajjer à Tin Hanakaten et dans l’Akakus, à Tin Torha, renforcée dans les années 90 par les données d’Uan Afuda et Uan Tabu. A partir de 1978, le Nord du Niger s’y ajoutait, avec les gisements de Tagalagal, Temet, puis une vingtaine de sites analogues qui occupent une bande de plus d’une centaine de kilomètres au nord de l’Adrar Bous. En raison de la quasi-contemporanéité d’une poterie réalisée de manière élaborée par l’ajout de dégraissant et toujours de même manière sur un territoire aussi vaste, la question d’une origine plus ancienne se posait. Elle trouve actuellement une réponse dans les travaux que E. Huysecom mène au Mali1. Cette poterie consiste toujours en grands vases, de forme sphérique avec des ouvertures de 20 à 30 cm, qui peuvent être agrémentés d’un minuscule col. La pâte était faite d’argile à laquelle étaient ajoutés des végétaux, herbes hachées. Le montage était fait par moulage du fond, puis montage de la panse à l’aide de colombins ou de bandeaux. Avant séchage, les vases étaient décorés d’impressions réalisées le plus volontiers à l’aide d’une spatule, d’un peigne ou d’une roulette, qui produisaient un motif enveloppant le vase d’une sorte de résille. La cuisson devait se faire à l’air libre, durer longtemps sans feu vif, les tessons étant généralement de teinte sombre et portant des traces de coups de feu. Cette présence d’une poterie très ancienne a été doublée récemment de la découverte d’indices d’interventions sur les animaux et les plantes. Fig. 14 - Gisements du Néolithique ancien mentionnés dans le texte : 1) Site Launey (=Adrar Tiltekin) ; 2) Timidouin (TF-TD-155-32) ; 3) Amekni ; 4) Tamaya Mellet ; 5) Tagalagal ; 6) Temet ; 7) Tin Ouaffadene ; 8) Adrar Bous ; 9) Adrar n'Kiffi (=Gisement 9) ; 10) Diatomite I (=Site 10) ; 11) Well area ; 12) Oued Yentas ; 13) Gobero ; 14) Tan Zoumaïtok, Tin Teferiest, Sefar, Tin Tazarift ; 15) Jabbaren ; 16) Tin Hanakaten ; 17) Fozzigiaren, Afa ; 18) Uan Afuda ; 19) Uan Tabu ; 20) Tin Torha (Tin Torha Est, Tin Torha Two caves) ; 21) Great Sand Sea ; 22) Farafra ; 23) Kharga E-76-6 ; 24) Dyke E-72-5 ; 25) Abu Ballas ; 26) Wadi Bakht ; 27) Dibeira 5 ; 28) El Barga, Wadi el-Arab, Site 2016 ; 29) Sites 626, 628 ; 30) Aneibis ; 31) Abu Darbein, El Damer ; 32) Shaqadud ; 33) Saggaï ; 34) Kabbashi ; 35) Sorourab ; 36) Island I ; 37) Khartoum Hôpital, El Qoz ; 38) Shabona ; 39) Guli ; 40) Djebel Moya ; 41) Délébo ; 42) Ounianga ; 43) Bardagué ; 44) Gabrong ; 45) Dirennao ; 46) Termit (Dougoule, Cheguelenga, Tchire Ouma) ; 47) Ounjougou ; 48) Uan Muhuggiag ; 49) Ouan Bender, Techekalaouen ; 50) Dakhla ; 51) Fayum. Cartouche : 1) E-79-4 ; 2) E-77-7 ; 3) E-79-5 ; 4) E-79-1, E-79-3 ; 5) E-79-8, E-80-1, E-80-3, E-80-4 ; 6) E-75-6, E-77-3, E-77-6. 1 .- Cf p. 160.

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Sahara préhistorique D’une manière générale, l’industrie lithique accorde alors un faible rôle aux lamelles et microlithes géométriques, hormis peut-être le secteur de l’Adrar Bous où se développe ce que A.B. Smith a nommé Kiffian. Ailleurs, le débitage a généralement un caractère fruste, il a fort justement été dit « débitage d’opportunité » par H.J. Hugot. Il a été fait souvent dans des roches plutoniques difficiles à débiter et à retoucher, d’où la profusion d’un outillage atypique où abondent les pièces à retouche continue, mais où se trouvent aussi des têtes de flèche soigneusement façonnées ; lorsqu’il désirait une pièce de bonne dimension, le tailleur employait volontiers le débitage Levallois, on en retrouve encore des traces au 5ème millénaire à Meniet ou à Mankhor. Le matériel osseux consiste en outils tranchants (tranchets le plus souvent atypiques), outils mousses (lissoirs) et surtout outils perforants (poinçons divers, alènes, parfois épingles). L’os a également été façonné en objets de parure, perles et pendeloques. La présence seulement épisodique de ces dernières et de quelques fragments de bracelets laisseraient croire à un développement réduit de la parure. Cependant, au Tassili n’Ajjer et dans la Tadrart, les peintures têtes rondes que l’on est en droit d’associer en partie à ces premières manifestations néolithiques montrent des parures d’une grande richesse ce qui donne à penser qu’elles étaient réalisées en matériaux périssables. L’art apporte nombre d’autres éléments fondamentaux à la connaissance de ces populations, diverses peintures concernent les techniques de subsistance comme celle de capture d’un mouflon gravide à Tin Tazarift, peut-être le repiquage d’une plante à Tin Teferiest ; d’autres scènes évoquent un rituel comme le saut au-dessus d’un taureau de Tin Hanakaten, Sefar ou Tehe-t-in-t-an Efiggiag. L’art souligne ainsi des agissements nouveaux dans lesquels se lisent des débuts de domestication. G. Camps a nommé Néolithique saharo-soudanais, les premières manifestations néolithiques dans le Sahara central, substituant ce terme à celui de Néolithique de tradition soudanaise. Bâti sur le modèle Néolithique de tradition capsienne qui avait fait fortune, Néolithique de tradition soudanaise avait été employé par H.J. Hugot en 1963 pour traduire la dualité qu’il percevait dans ce que R. Vaufrey nommait Néolithique de tradition capsienne et auquel ce dernier accordait un immense territoire s’étendant de la Méditerranée au Sahel. Les ensembles industriels des régions méridionales se distinguent en effet fortement de ceux des régions septentrionales par l’abondance et la forme de la poterie, son décor largement couvrant, la pauvreté en œuf d’autruche, son décor exceptionnel, et par la rareté des microlithes géométriques lesquels étaient, pour R. Vaufrey, le ciment du Néolithique de tradition capsienne. Le Néolithique saharo-soudanais ainsi défini connaît un vaste développement aux limites encore très imprécises tant dans l’espace que dans le temps. Pour certains auteurs comme G. Camps, J. Chavaillon, il s’étendrait à l’ensemble des temps néolithiques, ne prenant fin qu’avec l’apparition du métal. Pour d’autres, il se réduirait aux manifestations les plus anciennes, celles de l’Holocène inférieur. Sur les marges orientales du massif, à la suite de P. Graziosi, M. Lupacciolu, puis S. di Lernia nomment Néolithique pré-pastoral des manifestations semblables, les distinguant nettement du Néolithique pastoral qui se déploie à l’Holocène moyen.

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Une néolithisation très ancienne Les cultures de l’Ahaggar et le faciès d’Afilal En Ahaggar, en s’appuyant sur les proportions de motifs céramiques, J.P. Maître distinguait diverses cultures au sein du Néolithique de l’Ahaggar. Ils feraient un ample usage de l’impression pivotante. La culture la plus ancienne s’exprimerait dans le faciès, ou culture, d’Afilal et se développerait en altitude. Elle est traduite dans le Site Launey, se retrouve à la base de divers gisements, évoluerait en culture d’Amekni et de Timidouin qui s’épanouissent au Néolithique moyen, puis en Idelesien au Néolithique récent et, dans le piedmont sud, en faciès Tamanrasset. Amekni On doit à Baccou, la connaissance du site d’Amekni, à une quarantaine de kilomètres de Tamanrasset dans le sud de l’Arechoum. Les fouilles menées en 1965, puis 1968, sous la direction de G. Camps et J.P. Maître, portèrent sur quatre points. Elles identifièrent une couche cendreuse discontinue, riche en

Fig. 15 – Amekni. Industrie lithique : 1) perçoir ; 2) tête de flèche à tranchant transversal ; 3) trapèze ; 4) triangle ; 5, 8, 9, 12, 13) éclats à bord abattu ; 6, 7) rondelles d'enfilage ; 10) éclat retouché ; 11) éclat denticulé ; 14) fragment de lamelle à dos ; 15) éclat denticulé ;16) poignard. (d'après Camps 1969). Décors des poteries : 17, 22, 23) dotted wavy line ; 18 à 21) woven mat. (d'après Camps, 1969).

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Sahara préhistorique pierres taillées et tessons de poterie, au pied de boules granitiques creusées de nombreuses cuvettes de broyage à divers stades d’utilisation. Trois niveaux ont été identifiés dont le plus ancien, rapporté à la culture d’Afilal, est daté de 8670 ± 150 B.P. (Mc212) et 8050 ± 80 B.P. (UW87) (79607580 et 7180-6820 av. J.-C.)1. Les objets ont été façonnés dans des roches granitiques ou éruptives et des quartz, présents à proximité du site. Niveau le plus microlithique, il consiste en petits éclats, rares lamelles dont un bord peut être abattu ou porter une retouche semi-abrupte, il possède des pièces à coches ou denticulés, quelques têtes de flèche et de la poterie. Un décor couvre les vases de motifs divers parmi lesquels ceux de dotted wavy line sont courants. Les décors composés sont rares et résultent le plus souvent de l’emploi du même motif dans des directions différentes. Certains tessons ont une couleur noire, brillante, qui a été traduite comme un enduit graphité. Le matériel osseux varié, peut être décoré ; il comporte un remarquable poignard d’une vingtaine de centimètres de long, dont l’un des bords est orné de crans espacés de quelques millimètres (fig. 15). La parure consiste en pendentifs tirés de coquillages et d’une phalange d’ovidé perforée, en bracelets de pierre dont divers fragments ont été retrouvés. Les trois inhumations mises au jour par les fouilles semblent attribuables à ce niveau. La faune, qui n’est connue que globalement, renferme des animaux de savane, phacochère, bubale (Pelorovis antiquus), Tatera qui aujourd’hui ne dépasse pas la latitude du Sénégal, Arvicanthis qui ne remonte pas au nord de l’Aïr, du mouflon, des gazelles dorcas, antilopes Redunca redunca et Alcelaphus buselaphus, du porc-épic, quelques oiseaux sédentaires, des reptiles, lézards, vipères, naja. Elle évoque un paysage ouvert avec des forêts galeries et des zones marécageuses. La palynologie fait état de micocouliers, arbres de Judée, peut-être de chêne vert. L’anthracologie rapporte des espèces proches de celles qui vivent actuellement dans la région ; elles ne peuvent cependant y être assimilées, ainsi, l’olivier qui n’est connu que par des charbons, diffère quelque peu d’Olea laperrini, l’espèce actuelle, pour M. Couvert, il serait proche d’Olea europea, oleaster qui croit dans la région d’Oran ; le figuier dont des fragments de bois minéralisé ont été mis au jour, se rapporte à Ficus elastica et n’appartient donc pas à l’espèce actuelle de l’Ahaggar. La question d’une pratique culturale a été soulevée par deux pollens de Pennisetum2 associés à une abondance des Liguliflores. Site Launey Le premier site africain ayant livré une poterie très ancienne est le Site Launey (également dénommé Adrar Tiltekin). Il fut découvert en 1961 par M. Launey, géophysicien de l’observatoire de Tamanrasset et fouillé par J.P. Maître en 1964. Ce dernier y voit l’un des sites de référence du faciès d’Afilal, qui pourrait être une variante de la culture d’Amekni qu’il caractérise par la part importante donnée aux décors composés ornant la céramique. L’habitat préhistorique avait été établi près des gueltas d’Afilal, sur un vaste promontoire encombré de boules granitiques ; les pierres taillées, matériel de 1 .- Voir le détail de l’industrie lithique en Annexes p. 558. 2 .- Peut-il s’agir de céréale cultivée comme il est parfois rapporté ? Les botanistes P. Guinet et D. Planque qui firent les analyses à cette époque, ont précisé une taille « seulement supérieure à 40 µm ».

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Une néolithisation très ancienne broyage, tessons de céramique, mais aussi des foyers, abondent sur le plateau et ses pentes. L’industrie lithique comporte de nombreuses pièces à coches et denticulés, pièces à retouche continue ; elle renferme des galets aménagés, mais ne possède aucun microlithe géométrique. L’industrie osseuse est de médiocre qualité, sans harpon, ni hameçon. La poterie tient une place importante avec de nombreux tessons sans décor ; J.P. Maître notait un certain dédain pour les motifs de dents et de flammes, une certaine préférence pour les motifs de ponctuations au peigne, la présence de dotted wavy line et de décor composé de plusieurs motifs. Les fouilles identifièrent trois niveaux. Le plus ancien fut daté de 9210 ± 115 B.P. (UW97) (8550-8290 av. J.-C.) et quoique parfaitement cohérente avec les dates des dépôts sus-jacents, 8475 ± 100 B.P. (UW96) et 6800 ± 105 (UW94) (7600-7360 et 5790-5560 av. J.-C.), la date a été tenue longtemps pour aberrante en raison de son ancienneté. Le site n’a pas connu l’intérêt qu’il aurait mérité. Il fallut attendre de longues années et la découverte d’autres gisements offrant les mêmes caractères pour que, dans cette partie du monde, soit admise cette présence ancienne d’une vaisselle en poterie. Cette découverte ne s’inscrivait pas, en effet, dans la lignée des hypothèses qui avaient été énoncées jusqu’alors et qui, au fil du temps, avaient pris force de vérités1, en particulier dans l’idée largement véhiculée d’une invasion des régions sahariennes par une population porteuse du Néolithique qui serait venue de la vallée du Nil au cours du 4ème millénaire. Late Akakus S. di Lernia a nommé Late Akakus la culture identifiée dans les sites de l’Akakus à l’Holocène inférieur ; elle est bien connue à Uan Afuda, Tin Torha, Uan Tabu... elle a été retrouvée à Takarkori. Si l’industrie lithique est plutôt disparâtre, il n’en va pas de même de la poterie dont les décors sont si semblables qu’elle pourrait être interchangée ou des vanneries qui, toutes, ont été réalisées de manière semblable. Les séquences inférieures de Tin Hanakaten qui offrent ces mêmes caractères, lui sont assimilées, leurs particularités ayant conduit à y voir un faciès particulier dit « faciès In Djerane ». Fozzigiaren Abri sous roche de la vallée de Teshuinat, aux parois couvertes de peintures, Fozzigiaren possède un dépôt anthropique étudié par F. Mori en 1962. Epais de 170 cm, il présente deux niveaux. Le niveau supérieur est rapporté à la phase pastorale. Le niveau inférieur, rapporté à la phase prépastorale, est daté de 8072 ± 100 B.P. (Pi) (7290–6820 av. J.-C.) ; il renferme de la poterie à motif de dotted wavy line. Une inhumation très perturbée y fut mise au jour sans pouvoir être attribuée à un niveau précis. 1 .- Au Sahara ou dans le Nord de l’Afrique, peu d’auteurs ont contesté l’idée d’une néolithisation tardive. L’hypothèse parut même trouverconfirmation avec la première datation absolue qui rapportait vers 3000 av. J.-.C., La Table de Jaatcha en Tunisie, date qui semblait confirmer l’enracinement du Néolithique du Nord de l’Afrique dans le Capsien et la pertinence de l’appellation Néolithique de tradition capsienne que lui avait donnée R. Vaufrey.

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Sahara préhistorique Takarkori Takarkori est un vaste abri sous roche de 80 x 10 m abritant un dépôt archéologique de 2 m d’épaisseur, coiffé par un fumier d’ovi-caprinés. Il a été occupé en continu de 8820±60 (UGAMS01844) à 4590±80 B.P. (GX-31071) (82607720 à 3090-2700 av. J.-C.). La première occupation, attribuée à la culture Late Akakus, s’est développée jusqu’à 7470±100 B.P. (GX-31066) (6490-6080 av. J.-C.), elle s’est installée dans une cuvette qui drainait les eaux du Tassili au profit d’un lac occupant la dépression entre Akakus et Tadrart algérienne, dans un environnement de savane peu boisée, riche en tamarix. Elle a livré une zone de stationnement de mouflon, de nombreux foyers d’aspects divers ; près de certains, de petites concentrations de graines, qui n’ont pu être réalisées par les fourmis, rendent compte d’une cueillette sélective et d’un stockage de plantes utilisées dans l’alimentation. Cette utilisation est confirmée par des résidus de bouillies de graminées sauvages. L’ADN montre un lien avec Panicum laetum -graminée sauvage récoltée actuellement au Sahel-. Outre des restes végétaux provenant de Balanites, Typha et Ficus, d’excellentes conditions de conservation ont permis de recueillir près d’une centaine de fragments de vanneries ou corderies, importance que les auteurs attribuent au rôle de la cueillette ; ce sont de grands paniers dans la fabrication desquels ont été reconnues des Panicoïdés, Setaria et Panicum, alors que Vitex a été identifié dans un objet en bois. Tin Hanakaten Situé dans le sud du Tassili n’Ajjer, près de la gara Tin Eziren, Tin Hanakaten a été reconnu en 1971 par le Père Bergantz et M. Khirani sous la conduite de Adhane Iknane. Le site se présente sous l’aspect de deux abris sous roche contigus, dont un très profond, qui s’ouvrent à la base d’une butte témoin du plateau Ajjer. Leurs parois portent des peintures appartenant aux périodes bovidiennes, caballines et camelines1 avec prédominance de ces deux dernières, bien conservées. Les fouilles menées par le CRAPE à partir de 1973 se sont développées sur une surface de l’ordre de 80 m2, mettant en évidence un remplissage qui atteint par endroit plus de 5 mètres d’épaisseur et couvre en continu la totalité des temps holocènes. Les dépôts néolithiques débutent avec une formation brune qui repose sur un sable éolien formant une véritable dune dont le sommet renferme un niveau épipaléolithique2. Elle est séparée d’une formation grise sus-jacente, par un niveau millimétrique de sable éolien. Le tout est coiffé d’une couche de fumier -celle que l’on trouve dans la plupart des abris du Tassili n’Ajjer-, couverte de 2 à 8 cm de sable éolien subactuel. La formation inférieure, d’environ 130 cm d’épaisseur, a été datée de 8980 ± 65 B.P. (Hela 1466) à 7310 ± 50 B.P. (Alg71) (8256-8024 à 6150-6102 av. J.-C.) sans que les premières occupations aient été concernées. Outre le matériel lithique et la poterie, la matrice, riche en argile et matière organique, renferme des cendres, charbons, brindilles de bois, restes osseux ainsi que de nombreux objets inhabituels, vanneries, insectes, fleurs. Cette formation est elle-même 1 .- De rares peintures, mal visibles, doivent appartenir à la période têtes rondes. 2 .- Ce sable scelle un niveau de sables grossiers rougeâtres d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur reposant sur le plancher de l’abri et contenant une occupation atérienne en son sommet.

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Une néolithisation très ancienne subdivisée en deux séquences par un lit de sable éolien, millimétrique, discontinu, rapporté à une courte phase aride survenue dans le créneau 8500-8000 B.P. (7600-6950 av. J.-C.) qu’il y a tout lieu de rattacher à l’évènement climatique de 8200. La séquence inférieure inclut de nombreux blocs de grès atteignant jusqu’à 1 m dans leur plus grande dimension ; certains ont été utilisés pour aménager des cercles interprétés comme des bases de huttes. La base de la séquence renferme quelques taches de sable éolien laissant soupçonner une autre phase aride, plus brève ou/et moins sévère, qui paraît se placer vers 9500-9000 B.P. (8800-8250 av. J.-C.). La séquence supérieure ne renferme que de petites pierres centimétriques. L’ensemble de ce dépôt a permis de rapporter l’industrie à la culture Late Akakus et de définir le faciès In Djerane. Il est attribué à des populations qui s’exprimèrent dans les peintures têtes rondes ; ils ont en commun la présence de poissons, un emploi courant du kaolin, qui n’existent ni dans la séquence suivante, ni dans les peintures postérieures ; en outre, on retrouve dans les modes d’inhumations, les particularités d’une peinture de l’Akakus que

Fig. 16 – Tin Hanakaten. Décors des poteries : 1) bord cerné de dents+flammes ponctuées ; 2) bord cerné d'un rang de hachures ponctuées+lignes de points ; 3, 11,12) dents ; 4) dents+dotted wavy line ; 5) fileté ; 6, 14) dotted wavy line ; 7) herringbone ; 8) flammes ; 9) semis ; 10) bord entouré de bâtons ponctués+ ponctuation ; 13) guirlandes ponctuées : 16, 17) woven mat ; 18) flammes ponctuées. (les tâches blanches sont des particules de kaolinite qui adhèrent aux surfaces). (ph. M. Arib).

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Sahara préhistorique F. Mori a décrite comme scène d’enterrement. Les restes de trois individus qui avaient été enveloppés dans une vannerie, y ont été mises au jour à la base des dépôts. L’industrie lithique1 est de qualité médiocre, façonnée pour une grande part dans des quartz dont les filons se rencontrent à proximité du site, plus rarement dans des microdiorites qui proviennent aussi des proches alentours. Le débitage a produit de petits éclats épais dont 12 % sont retouchés, la retouche abrupte est peu utilisée ; le sac à outils comporte pour le tiers des burins dont beaucoup sont de petits burins dièdres ou sur cassure, faits sur pièces triangulaires, des éclats à coches, plus rarement denticulés, des racloirs et des palets. Les autres outils sont peu nombreux. De rares têtes de flèche viennent de la base de la séquence inférieure, puis manquent avant de revenir en nombre dans la séquence suivante. Aucune n’est de forme pédonculée. Cet outillage évolue par régression des burins, et de manière moindre des racloirs, au profit des têtes de flèche et, très légèrement, des bords abattus. L’outillage osseux, peu nombreux, est de belle qualité, il peut être décoré, il consiste surtout en poinçons, dans la séquence supérieure lissoirs et brunissoirs sont aussi présents. Quelques éléments de vannerie proviennent des deux séquences, l’un d’eux, trouvé parmi des noyaux de micocoulier, montre une remarquable technique (fig. 17) ; ils sont faits de myrthe, Juncus, Typha, de tiges et feuilles de Graminées. La céramique abonde. Alors qu’un seul tesson, peut-être intrusif, était dans la séquence épipaléolithique sous-jacente, dès la base, cette séquence en renferme en nombre. Sa teinte, généralement noirâtre peut résulter d’une cuisson de médiocre qualité en atmosphère réductrice ; comme à Amekni, un enduit graphité couvre la surface de certains tessons auxquels il donne une coloration noire et un aspect brillant. Les tessons proviennent de vases à fond rond, d’une vingtaine à une trentaine de centimètres de diamètre pour la plupart, à ouverture resserrée, probablement sans col. La pâte plutôt très compacte est dégraissée avec du sable, auquel se mêlent parfois quelques éléments végétaux probablement ajoutés involontairement. Le décor (fig. 16) ne couvre que la partie supérieure de la panse, le

Fig. 17 – Vanneries néolithiques de l'Akakus et du Tassili n'Ajjer : 1, 3, 4) Uan Afuda, (d'après di Lernia,1999) ; 2, 5, 6) Tin Hanakaten. (ph. M. Arib). 1 .- Cf Annexes p. 558.

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Une néolithisation très ancienne bord est volontiers souligné de dents rasant la lèvre. Les motifs ponctués prédominent : filetés, woven mat, semis, sont dus à une impression roulée ou pivotante, viennent ensuite des dents et des flammes réalisées à la spatule. Le motif wavy line est exceptionnel. Quelques pièces sont polies. Un abondant matériel de broyage dispose de molettes à un seul plan de travail, plat ou très légèrement incurvé. Les nombreux macrorestes végétaux sont riches charbons venant d’Acacia albida, en fruits de micocoulier, figuier, olivier. La faune renferme surtout Ammotragus lervia, quelques restes d’Alcelaphus buselaphus, de poissons, lézards, tortues dont Pelomedusa olivacea1 ; son originalité vient de quelques éléments de bovins. Bos taurus présent dans un niveau daté autour de 8000 B.P. (6950 av. J.-C.), est soupçonné dans un niveau (N22) remontant à près de 9000 B.P. (8250 av. J.-C.). Dès sa base, en N27, la séquence renfermait en abondance des coprolithes d’ovicapridés, ils sont en partie rapportés à des chèvres par les Touaregs, qui affirment que leur aspect ne permet pas de les attribuer au mouflon. Tin Torha Dans le massif de l’Akakus, en bordure du wadi Auis, les abris de Tin Torha Est et Tin Torha Two Caves fouillés par B. Barich, ont livré au-dessus du niveau Early Akakus, un niveau néolithique ancien Late Akakus. A Tin Torha Est, il est daté de 8640 ± 70 B.P. (R1035) (7740–7590 av. J.-C.) et 7330 ± 80 B.P. (R1036 et R1158a) (6240-6070 av. J.-C.), à Tin Torha Two Caves, il débute à 8840 ± 60 B.P. (R1405) (8200–7830 av. J.-C.). Tin Torha Est est un abri peu profond, largement ouvert, où les fouilles ont révélé deux phases d’occupation subdivisées en cinq niveaux. Elles ont mis en évidence, dans la partie supérieure, des fonds de huttes délimités par des blocs de grès et qui prenaient appui contre la paroi. Les niveaux néolithiques disposent d’une industrie lithique (fig. 18) faite dans des quartzites et des quartz. Les décomptes de B. Barich rapportent pour chacun, une structure industrielle2 dominée par les lamelles à bord abattu ; au cours de l’occupation, une chute sensible de leur rôle est liée à une réduction de fréquence des microlamelles3 qui vont jusqu’à disparaître dans la partie sommitale. Tout comme dans le niveau inférieur attribué à l’Epipaléolithique, les têtes de flèche manquent dans le niveau de base, puis interviennent discrètement, leur présence ne devenant sensible qu’au sommet. Elles atteignent alors des proportions proches de celles des racloirs, 4,1 %, présents, eux, dès la première occupation. Les denticulés, les segments, ainsi que les grattoirs ne connaissent qu’une faible représentation entre 3 et 1,5 %, l’importance des denticulés allant en augmentant. L’outillage en os consiste essentiellement en poinçons et spatules qui peuvent être décorés. Le matériel de broyage est courant, l’œuf d’autruche commun. La poterie intervient à partir de 8640 ± 70 B.P. (R1035) (7740–7590 av. J.-C.). Toujours décorée (fig. 19), dans ses premières manifestations, elle supporte des motifs de sillons pointillés, dotted wavy line, flammes montrant l’emploi courant d’impressions pivotantes. Des pièces sans décor proviennent des niveaux supérieurs. 1.- Espèce palustre qui n’est pas connue dans le Nord de l’Afrique. 2 .- Cf Annexes p. 558. 3 .- L ≤ 2,5 cm.

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Sahara préhistorique

Fig. 18 – Tin Torha. Industrie lithique : 1, 5) lamelles à dos arqué; 2, 11, 14, 32) lamelles à dos rectiligne et base arrondie ; 3, 6) segments ; 4) lamelle à dos arqué et base retouchée; 7) éclat à bord abattu ; 8) grattoir ; 9, 28) mèches de foret ; 10, 15, 16) têtes de flèche foliacées ; 12, 19, 20, 30) perçoirs ; 13, 27) lamelles à dos rectiligne ; 17, 18, 38) lames à dos arqué ; 21, 22) triangles ; 23, 35) racloirs ; 24, 33, 34) denticulés ; 25) lame à retouche continue ; 26) tête de flèche à tranchant transversal ; 29) pointe de La Mouillah atypique ; 31) lamelle à dos rectiligne et base tronquée ; 36) lame à dos arqué. (d'après Barich, 1974).

Le mouflon prédomine parmi les restes de faune, les oiseaux tout comme les poissons y sont fréquents et un Equidé mal défini, cf E. grevyi, est à signaler. A. Gautier y voit une occupation semi-permanente de saison sèche. Tin Torha Two Caves1 est un site voisin de Tin Torha Est. Il dispose d’un outillage lithique comparable, fait dans les mêmes matériaux et produisant les mêmes objets. La poterie est rare ; seuls quelques tessons non décorés ont été retrouvés dans le niveau daté de 8840 ± 60 (R1405) à 8520 ± 60 B.P. (R1407) (8200-7830 à 7590-7540 av. J.-C.) ; partiellement contemporains de la poterie décorée retrouvée à Tin Torha Est2, ils ont conduit B. Barich à conclure à des fonctions différentes des deux sites à cette époque. B. Barich rapproche cet ensemble industriel de celui du Néolithique type El Adam reconnu en Egypte, 1 .- Cf structure de l’ensemble lithique Annexes p. 558 2 .- Elle pourrait aussi être intrusive.

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Une néolithisation très ancienne en raison de la fréquence des lamelles à dos, des denticulés, de la pauvreté en burins, troncatures et poterie. La faune renferme des mouflons, gazelles, lièvres, des poissons mais aucun animal domestique. La végétation identifiée à partir des pollens, ne paraît guère différente de la végétation actuelle mais devait être beaucoup plus dense. Végétation ouverte, l’essentiel est une association à Acacia-Panicum ou à TamarixStipagrostis dans les secteurs les plus humides. Uan Afuda Au-dessus du niveau Early Akakus attribué à un Epipaléolithique, S. di Lernia distingue une occupation, dite Late Akakus, qu’il attribue à un Mésolithique dans lequel furent mis au jour des foyers et des plages de rejets de cendre. Le niveau Late Akakus est épais d’une cinquantaine de centimètres ; il est daté de 8935 ± 100 B.P. et 8000 ± 100 B.P. (GX18104) (8250–7970 et 7060– 6760 av. J.-C.). L’industrie lithique1 utilise les mêmes matériaux que le niveau précédent, accordant plus d’importance aux grès qui prédominent, aux chailles, moindre aux quartzites, quartz, silex, le schiste passant de 4 % à 2,4 %. La centaine de nucleus se répartit pour l’essentiel entre des formes à un plan de frappe et à plans de frappe multiples. Le débitage a produit des pièces plus grandes que dans le niveau précédent, il comporte 90 % d’éclats et des lames. L’indus-

Fig. 19 - Tin Torha. Décors de poterie : 1) dents+dotted wavy line+woven mat ; 2) fileté+cannelures ; 3, 5, 14) flammes pointillées ; 4) dotted wavy line+woven mat ; 6) arcs pointillés ; 7, 15) dotted wavy line ; 8, 11) semis ; 9) herringbone ; 10) cannelures ; 12) pied de poule ; 13) dents ; 16) flammes ; 17) woven mat. (d'après Barich, 1974). 1 .- Voir Annexes p. 558.

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Fig. 20 - Uan Afuda. Industrie lithique : 1) mèche de foret ; 2, 6) lamelles à dos rectiligne ; 4, 5, 9, 11) lamelles à dos arqué; 3) lamelle à dos rectiligne et base retouchée ; 7) segment ; 8) lamelle scalène ; 10) lame à dos partiel ; 12, 13) éclats à bord abattu ; 14) pointe de La Mouillah ; 15) lame à dos arqué ; 16) triangle ; 17, 19) pointes à deux bords abattus ; 18) gros perçoir ; 20) hache taillée. (d'après di Lernia, 1999).

trie (fig. 20) montre l’importance des racloirs, un ensemble lames et lamelles à bord abattu prédominant, des pièces à coches courantes et un nombre élevé de pièces esquillées. Les têtes de flèche manquent. Le matériel de broyage est plus fréquent que dans le niveau Early Akakus et porte parfois des traces colorées, rouge ou jaune. Quelques fragments d’œufs d’autruche proviennent du sommet du dépôt, certains sont décorés de ponctuations ou de croisillons. L’industrie osseuse regroupe une spatule et quelques objets perforants. Il existe aussi des objets en corne, en bois dont une spatule en Calotropis portant des traces rouges, des restes de vanneries et de liens (fig. 17) faits à l’aide de Cypéracées, Juncacées, Graminées. La poterie est présente, avec une distribution non homogène. Elle est faite avec un dégraissant minéral qui peut être riche en micas et peut renfermer des éléments végétaux. Ces tessons semblent provenir de vases à fond rond dont le diamètre est compris entre 20-22 et 44 cm et qui étaient probablement entièrement décorés. Le décor le plus fréquent consiste en ponctuations -semis et woven mat-, obtenues par des impressions au peigne. Une impression pivotante a pu produire des dents, parfois des flammes. Des décors complexes ont été créés par changement de direction des motifs ou association à un motif de dotted wavy line bordant l’ouverture. Les lèvres sont parfois décorées à la spatule d’un motif de lignes brisées. Quelques tessons de la partie supérieure du dépôt sont seulement lissés. Trois dents humaines proviennent du niveau 2 rapporté entre 9000 et 8000 B.P. (8250 et 6900 av. J.-C.) ; comme celles trouvées à Uan Muhuggiag, elles indiquent des périodes de perturbation, de mal nutrition, chez l’enfant.

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Une néolithisation très ancienne Des restes de Tamarix, Ficus, Calligonum sont nombreux, ceux de Calotropis procera, Ephedra, Cocculus pendulus sont moins courants, ceux d’acacia rares. Des Panicoidées se retrouvent à tous les niveaux, ainsi que des Borraginacées, divers fruits, en particulier de Ficus. La palynologie montre une nette suprématie de Ficus et Artemisia et, au sommet du niveau, une abondance d’Echium. La faune renferme Ammotragus lervia, Alcelaphus buselaphus, Equus sp, Hystrix cristata, Erinaceus v. algirus, Canis v. aureus, de nombreux coprolithes d’ovi-capridés et quelques traces d’oiseaux et de poissons. Une aire de stabulation d’Ammotragus qui s’accompagne d’un apport d’herbes sélectionnées, est entendue par S. di Lernia comme reste de capture en vue de pratiques cérémonielles ; elle permet d’entrevoir des tentatives de domestication du mouflon qui expliqueraient la proportion élevée de ses restes. Uan Tabu L’abri de Uan Tabu a également montré un niveau Late Akakus surmontant le niveau Early Akakus. Il est daté de 8870 ± 100 (R295) à 8730 ± 10 B.P. (BO478) (8175-7825 à 7756-7720 av. J.-C.). Pour A.A.E. Garcea, les occupants auraient été sédentaires ou de faible mobilité. De ton brun à gris, la formation est faite de cendres et matières organiques décomposées. Plusieurs vastes foyers, dont un pouvant atteindre 1 m de diamètre y ont été reconnus. Le matériel lithique1, abondant, est aménagé dans des grès et quartzite, il fait peu appel au silex, encore moins au quartz, il privilégie les coches, denticulés et racloirs, n’a livré qu’une tête de flèche, le matériel de broyage abonde, mais il y a peu de matériel osseux et il ne comporte que des poinçons qui peuvent aussi être faits en

Fig. 21 - Uan Tabu. Décors de poterie : 1) flammes+dotted wavy line+woven mat ; 2) woven mat ; 3) dotted wavy line+woven mat ; 4) hachures pointillées ; 5) dents+hachures pointillées ; 6) dotted wavy line+flammes pointillées. (d'après Garcea, 2001).

bois. Il s’accompagne d’œufs d’autruche, de sparteries, de poterie, de matières colorantes. Les paniers sont faits avec des plantes type Urochloa-Brachiaria. La poterie est peu abondante. Elle renferme des particules de granite qui excluent une fabrication locale ; on tend à la situer au Tassili n’Ajjer, point possible le plus proche, distant de 70 km. Le décor est celui que l’on trouve habituellement dans le Sahara central avec des ponctuations, dents, flammes, dotted wavy line (fig. 21) ; certains vases portaient un décor complexe avec un rang de dents ou de 1 .- Voir Annexes p. 558.

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Sahara préhistorique dotted wavy line, pouvant entourer l’ouverture, puis des ponctuations au peigne couvrir la panse. La répartition n’était pas régulière et la destination n’était probablement pas domestique. A.A.E. Garcea y voit le produit de colportage et lui accorde une valeur symbolique. Cette valeur, comme celle des matières colorantes, est soulignée par une concentration à l’intérieur d’une structure en bois, hutte rectangulaire, dégagée par les fouilles de S. Tiné, que des charbons venant de l’intérieur ont datée de 8580 ± 80 B.P. (7710-7560 av. J.-C.) et qui reposait sur des charbons datés de 7045 ± 175 B.P. (6095-5770 av. J.-C.). Dans les niveaux supérieurs, la végétation indique un milieu ouvert avec une présence d’eau marquée par Typha et des Cypéracées. Une mise en valeur de plantes, que l’on peut voir comme des prémices d’agriculture, est nettement affirmée, en particulier celle de Graminées dans l’unité II-I.

Le Kiffian et la néolithisation dans les régions méridionales A.B. Smith a utilisé le terme Kiffian pour dénommer les sites dont l’industrie est semblable à celle qu’il a identifiée à l’Adrar n’Kiffi et qui utilise un débitage lamellaire. J.D. Clark y voit le télescopage de deux occupations, J.P. Roset qui a retrouvé les mêmes caractères dans une dizaine de sites le long du Tafassasset et de l’oued Aza n’Amellal, propose un mélange intime qu’il rapporte néanmoins au Néolithique. P.C. Sereno et al lui rapportent l’occupation néolithique la plus ancienne de Gobero dont on sait qu’elle utilise des poteries à motif de dotted wavy line ou de dents. Les gisements sont souvent immenses pouvant atteindre plusieurs kilomètres de long ; la plupart repose sur des dunes fossiles et leur pied peut être recouvert de diatomites scellant le dépôt archéologique. L’industrie lithique est assez variée, elle dispose de mèches de foret, lamelles à dos, microlithes géométriques plutôt des segments. Les pointes d’Ounan, les têtes de flèche, figurent en plus ou moins grand nombre. Les grattoirs sont plutôt rares et il y a plutôt peu de poterie. L’outillage osseux dispose de harpons qui permettent de rapporter ces sites à une population de pêcheurs. A un noyau cohérent établi ainsi et à défaut de données suffisantes, des sites de la même région, de même ancienneté lui sont rattachés des seuls faits de leur âge et leur situation géographique. Adrar Bous L’Adrar Bous est un petit massif montagneux au nord de l’Aïr où de nombreux sites ont été reconnus par divers auteurs. Ce sont de vastes surfaces plus ou moins riches en matériel archéologique, le plus souvent néolithique, implantées dans les zones d’épandage des oueds qui descendent du massif. Les premiers gisements furent mentionnés par M. Reygasse en 1934, puis G. Joubert et R. Vaufrey en 1941 ; en 1961, la mission Berliet montrait la richesse archéologique du secteur avant que les recherches de la mission américaine dirigée par J.D. Clark et les travaux de J.P. Roset précisent cette documentation. L’un des sites les plus représentatifs est, par 20°19’50 N., 9°2’ E., Adrar Bous 10 qui a été identifié par J.P. Roset. Un abondant outillage lithique s’étend sur un hectare environ. Il repose sur une dune fossile dont la base est recouverte

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Une néolithisation très ancienne par un dépôt lacustre sous lequel il se retrouve. La coexistence probable de diverses occupations a conduit J.P. Roset à mener une fouille à la lisière des diatomites ; elle a porté sur quelque 150 m2. L’industrie lithique produite sur lames et lamelles, est comparable à celle de Temet. Les pièces géométriques sont nombreuses. Le matériel de broyage abonde, la poterie également ; elle porte souvent un décor de dotted wavy line qui distingue ce gisement des autres sites de la région où ce motif est extrêmement rare. Une analyse des pâtes a montré une fabrication en grande partie locale ou ayant utilisé des terres éloignées de 15 à 20 km. Le gisement est daté de 10500 ± 730 et 10210 ± 720 B.P.1 (BDX1088) (9250-7790 et 8950-7510 av. J.-C.) par thermoluminescence. Les charbons identifiés à ce jour proviennent d’acacias. La faune comporte Alcelaphus buselaphus, Gazella sp, des habitants de savanes comme Phacocherus æthiopicus, Syncerus caffer qui impliquent des espaces herbeux ouverts et une espèce qui pourrait être Adenota kob, antilope qui ne s’éloigne jamais beaucoup de l’eau. Clarias, Heterobranchus sp, Lates niloticus, Auchenoglanis sp, Crocodylus sp, Palusios castaneus traduisent une consommation d’espèces aquatiques. Adrar n’Kiffi Site éponyme du Kiffian, il a été reconnu dans les environs de l’Adrar Bous par J.D. Clark, M.A.J. Williams et A.B. Smith en 1970 puis nommé Gisement 9 par J.P. Roset qui ouvrit une fouille sur 25 m2. Il est associé à des diatomites datées de 7310 ± 120 B.P. (T361) (6330–6020 av. J.-C.). Il est riche en poissons, crocodiles, tortues, renferme de l’hippopotame. L’outillage lithique, tel qu’il est connu par l’ensemble des récoltes, est pauvre ; il consiste en lames, lamelles à dos, segments, racloirs, têtes de flèche auxquels s’ajoutent quelques triangles, une troncature, un perçoir et deux pointes d’Ounan. Il a livré quelques restes de poterie, certains tessons à décor intérieur, de la pierre polie et une belle industrie osseuse avec des pointes et des harpons dont un a été retrouvé dans les diatomites. Diatomite I De même, Diatomite I couvre une dune fossile sur une surface de l’ordre d’un hectare et sa base est recouverte de diatomites. Découvert par A.B. Smith, il fut revu par J.P. Roset qui le nomme Site 10 et rapporte la présence de nucleus prismatiques, la fréquence des pointes d’Ounan, des segments, l’existence de minuscules perçoirs, de lamelles à dos, de matériel de broyage, de poterie ainsi que de faune et de quelques restes humains. Il est daté de 9030 ± 190 B.P. (UW754) (8520–7950 av. J.-C.). Gobero Le site de Gobero situé 160 km à l’est d’Agadez par 16°54’34.97 N et 9°30’12.06 E, fut reconnu fortuitement en 2000 par une expédition paléontologique nigéro-américaine. Il donna lieu à des fouilles en 2005, puis 2011. Le site qui regroupe huit locus diversement développés et diversement distants les 1 . La première valeur a été obtenue avec enrichissement d’uranium récent, la seconde d’uranium permanent.

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Sahara préhistorique uns des autres, repose sur de petites dunes kanémiennes, de 2 à 3 mètres de haut, en bordure d’un ancien lac qui, alors, aurait été relié au lac Tchad par un chenal. Il a été occupé jusqu’à 4450 B.P. (2500 av. J.-C.), une occupation ténéréenne y succédant à l’occupation kiffiane. Celle-ci a été datée de 8640±40 et 7390±40 B.P. (P587 et P544) (7730–7580 et 6380–6210 av. J.-C.) et correspond à un moment d’extension maximale du lac. Le matériel lithique retiré comporte de nombreuses têtes de flèche aux formes triangulaires ou à base échancrée, aucune ne présente de pédoncule, elles sont accompagnées de grattoirs, denticulés et segments et de fragments de matériel de meunerie. L’utilisation de felsite implique des contacts avec l’Aïr d’où vient cette roche volcanique. Le matériel osseux dispose de harpons à un ou deux rangs de barbelures, de hameçons et de ce que les auteurs nomment « pointes ». La poterie abonde : poteries épaisses, à pâtes grossières utilisant en abondance un dégraissant végétal, elle est volontiers décorée de groupes de dents, de wavy line. La densité des vestiges suggère une population largement sédentaire, fréquentant les bords de lac ou marécage à joncs et carex. Des restes de palourdes, poissons divers, perches, Clarias, Synodontis, Tilapia, donnent à la pêche un rôle important dans l’alimentation auprès de tortues et de gros animaux, hippopotames, crocodiles. La végétation identifiée rend compte d’une savane ouverte avec graminées, tamaris, ficus. Le site était truffé d’inhumations, plus de 250 sépultures affleuraient et une soixantaine a été prélevée. Qu’elles soient uniques ou multiples, les corps étaient toujours hyperfléchis, pouvaient porter une parure (bracelet, perles) ; les os sont colorés en brun en raison d’une remontée du niveau du lac qui, submergeant les dunes, les a assombris et durcis. Ils appartiennent à une population de grande taille, attribuée au type Mechta el-Arbi, proche des populations néolithiques du Mali et de Mauritanie. Tamaya Mellet Découvert en 1931 par G. Le Rumeur à l’ouest de l’Aïr, dans le bassin de l’Azawagh, par 17°45’N., 5°22’E., Tamaya Mellet fut exploité par H. Lhote puis par F. Paris. Très grand site dans les dunes, d’après ce dernier, il comporte diverses occupations qui ont pu s’étaler longuement dans le temps, seuls Tamaya Mellet 1 et 3 peuvent être qualifiés de néolithique ancien. Tamaya Mellet 1 est le plus important, la date la plus haute dont on dispose remonte à 9350 ± 170 B.P. (Gif1728) (9090–8300 av. J.-C.), la plus basse, 5230 ± 100 B.P. (Pa1078) (4220-3960 av. J.-C.), se rapporte à une inhumation1. La structure industrielle connue au travers de ramassages anciens a probablement privilégié les têtes de flèche ; elles constituent en effet 80 % du matériel alors qu’il n’y a que quelques pièces à coches ou denticulés. La majorité est de forme triangulaire, souvent à base concave, et les formes pédonculées à pédoncule court et ailerons le plus souvent droits sont nombreuses. Des haches ont été polies, d’autres taillées dans des grès. L’outillage osseux comprend des fragments de sagaie, des harpons à deux rangs de barbelure ce qui est exceptionnel par ailleurs. Des éléments de parure consistent en perles et pendeloques en os. La poterie est rare, souvent décorée au peigne. La faune est abondante, elle renferme des poissons, mollusques, crocodiles, hippopotames, rhinocéros, girafes, antilopes ainsi que des restes de Bos 1 .- Cf p. 293.

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Une néolithisation très ancienne rapportés à un animal domestique par A. Gautier. Les restes de 14 individus, incomplets, en ont été retirés ; d’après H. Lhote, ils auraient simplement été jetés sur des tas de refus. Ils ont été étudiés par M.C. Chamla. F. Paris a donné le nom de Tamaya Mellet 3, à un des locus. Le matériel1 qu’il y a recueilli ne témoigne pas de différence notoire d’avec celui qui provient des récoltes anciennes et tend à conforter l’hypothèse de la présence d’une même aculture qui aurait longuement perduré. La même profusion de têtes de flèche avec dominance de formes triangulaires à base concave a été notée, mais leur proportion descend à 58. L’industrie comporte en outre de grands segments qui pourraient être caractéristiques d’une province néolithique. Des pointes d’Ounan s’avèrent beaucoup moins fréquentes que dans d’autres locus. Des haches ou hachettes polies au tranchant plutôt rectiligne ont volontiers une forme triangulaire. Des harpons à un rang de barbelure sont les seuls éléments qui distinguent cet ensemble des récoltes anciennes. La céramique, rare, à dégraissant végétal, est décorée de ponctuations et l’ouverture, à lèvre arrondie, peut être soulignée d’un zigzag pseudo-excisé. F. Paris a retiré plusieurs individus ; l’un qui provient d’un secteur à forte concentration de pointes d’Ounan et de microlithes géométriques, est daté de 8230 ± 300 B.P. (7580-6820 av. J.-C.).

Fig. 22 – Temet. Industrie lithique :1, 2) nucleus ; 3) grattoir ; 4) perçoir ; 5 à 8) burins ; 9, 10) lamelles à dos arqué et base tronquée ; 11, 12) lamelles à retouche Ouchtata ; 13) lamelle à dos rectiligne ; 14) lamelle à dos partiel ; 15) perçoir ; 16, 17, 20) segments ; 18) lame étranglée ; 19) triangle scalène ; 21, 22) pointes d'Ounan ; 23) mèche de foret ; 24) scie ; 25) racloir sur lame. (d'après Roset in Close, 1987). 1 .- Cf Annexes p. 559.

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Sahara préhistorique Temet Situé par 19°58’ N., 8°40’25 E., sur les marges orientales de l’Aïr, le gisement fut découvert et étudié par J.P. Roset entre 1979 et 1983. L’occupation humaine est incluse dans les 15 cm supérieurs de colluvions recouverts pro parte de diatomites. Elle est datée de 9550 ± 100 B.P. (Orsay) (9140–8750 av. J.-C.) et les diatomites qui la scellent de 8565 ± 100 B.P. (Orsay) (7730–7520 av. J.-C.). La fouille s’est étendue sur une vingtaine de m2. Le débitage dispose de nucleus prismatiques. L’industrie (fig. 22) comporte un fond microlithique de lames et lamelles à bord abattu taillé sur « jaspes » verts1 et grès siliceux, des microlithes géométriques où prédominent les segments, ainsi que des grattoirs, perçoirs, burins, pièces à coches et denticulés. Elle renferme des pointes d’Ounan, des têtes de flèche foliacées ou à base concave, des fragments de récipients en pierre polie. Du matériel de broyage et de la poterie n’ont été rencontrés qu’en surface. Le décor de la poterie comporte diverses impressions dont des motifs de dotted wavy line ; un peigne servant à la décorer a été mis au jour par la fouille. La faune, rare, est semblable à celle de Tagalagal et Adrar Bous 10. Un élément d’importance est un récipient en pierre polie dont la base brunie est fortement altérée par la chaleur, ce qu’indique la disparition des micas, épidotes et chlorites alors que subsistent quartz et sillimanite ; pour J.P. Roset, il s’agirait d’un récipient de cuisson servant à chauffer des aliments liquides ou pâteux. Tin Ouaffadene Le site de Tin Ouaffadene s’étale sur une dune fossile à une vingtaine de kilomètres au sud de l’Adrar Bous par 20°10’40 N., 9°11’30 E. Il a été partiellement submergé par la montée du niveau d’un lac daté de 9080 ± 230 B.P. (Orsay) (8590-7930 av. J.-C.). Lui-même est daté de 9220 ± 140 B.P. (Orsay) (8600–8290 av. J.-C.) sur charbons. Il a livré à J.P. Roset, une industrie de lames et lamelles sur rhyolite semblable à celles de Temet et Adrar Bous 10, comportant quelques lamelles à dos, des segments, des pointes d’Ounan, un petit nucleus prismatique et du matériel de broyage. Des restes osseux proviennent de Loxodonta africana, Oryx gazella, Redunca redunca, Alcelaphus buselaphus, Gazella sp, de petits bovidés indéterminés, Lepus, Canis, d’outardes et de tortues. Well area Identifié par J.D. Clark, M.A.J. Williams et A.B. Smith en 1970 au nord de l’Adrar Bous, son industrie fut étudiée par A.B. Smith. L’outil le plus courant est le segment, le matériel2 comprend en outre de nombreux racloirs, grattoirs dont de petits grattoirs circulaires, des perçoirs, lamelles à dos, de rares triangles, troncatures, quelques burins, pièces à coches, pièces à retouche continue. Les têtes de flèche sont nombreuses, souvent triangulaires à base rectiligne ou concave. Il existe des fragments de pierre polie et quelques tessons décorés. 1 .- L’appellation « jaspe » vert est souvent appliquée à une argilite verte, très utilisée à l’Adrar Bous. 2 .- Cf Annexes p. 559.

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Une néolithisation très ancienne

Les oasis et la néolithisation dans le Sahara oriental Le Nil qui avait été encombré par les sables lors de l’aride pléistocène final, a connu des inondations catastrophiques autour de 12 000 B.P. (12 100 av. J.C) ; elles ont chassé les populations vers le désert. Au Dryas récent, vers 11 500 B.P. (11 500 av. J.-C.), la régression des pluies réduit le fleuve à son lit actuel ; dès lors, il permettra de saisir des moments plus ou moins longs de pluies ou d’aridité et leur incidence sur les populations. Les bords du fleuve étant inhabitables lors des épisodes pluvieux au contraire des dépressions à venues artésiennes du plateau, ces dernières deviennent alors des lieux privilégiés de vie. Les travaux réalisés par l’équipe de F. Wendorf, dans les oasis méridionales, le long de l’escarpement de Kiseiba, ont conduit à identifier une série néolithique évolutive avec quatre faciès, types El Adam, El Kortein, El Ghorab et El Nabta. Peut-être faut-il leur associer certains sites de l’oasis de Farafra, d’âge comparable, qui renferment quelques tessons de poterie décorée et un outillage lithique légèrement différent. H. Riemert leur rapporte divers gisements retrouvés en bordure de la Grande Mer de Sable. Dans le wadi Bakht au Gilf Kebir, des sites à poterie sont datés entre 8000 et 6000 B.P. (6900 et 4900 av. J.-C.) et dans le wadi el Akhdar quelques traces de présence humaine porteuse de poterie de 9400 ± 215 et 7670 ± 75 B.P. (9070-8440 et 6590-6470 av. J.C.). Ces sites ont été considérés par certains auteurs comme un jalon entre le Sahara central et la haute vallée du Nil, une influence venant du Sahara central se marquant, en particulier, par la poterie et le décor de dotted wavy line1. A.E. Close fait remarquer qu’il n’y a pas de changement radical entre le Paléolithique final et le Néolithique ancien, les sites dits « paléolithiques » par certains auteurs pouvant renfermer quelques tessons et même, dans certains cas, des restes de bovins que l’on s’accorde à voir domestiques. Elle propose deux pôles indépendants de néolithisation, ce que les travaux de I. Caneva et F. Jesse sur les motifs céramiques dotted wavy line et incised wavy line, tendent à soutenir. Le Néolithique type El Adam Le faciès le plus ancien a été nommé « type El Adam ». Il fut d’abord considéré comme paléolithique final en raison de son outillage, mais l’identification de bœuf domestique ou en voie de domestication, devait conduire F. Wendorf à un réexamen et un reclassement de divers sites. Le Néolithique type El Adam est daté entre 9600 et 8900 B.P. (9000 et 8100 av. J.-C.) ; il est connu dans diverses dépressions localisées au pied de l’escarpement de Kiseiba, dans les oasis de Nabta Playa, El Beid, El Adam. Il se retrouverait dans celle de Farafra. Il utilise des nucleus à lamelles ayant un seul plan de frappe ou deux plans opposés. L’outillage se caractérise par de nombreuses lamelles à dos, généralement appointies, les grattoirs, perçoirs et pièces à coches sont bien représentés, mais les denticulés sont rares. Les burins, troncatures et microlithes géométriques sont peu nombreux, ces derniers sans relation avec les microburins, eux bien plus fréquents. Les meules et molettes 1 .- Rappelons qu’à la suite des travaux de A.J. Arkell et jusqu’à la fin des années 70, ce motif était entendu comme la preuve d’un mouvement est-ouest.

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Sahara préhistorique sont courantes, la poterie extrêmement rare, voire absente. L’œuf d’autruche est fréquent dans certains sites, les tests peuvent être décorés ou transformés en rondelles d’enfilage ce qui va de pair avec la présence de pierres à rainure. Les fragments osseux sont assez nombreux pour avoir permis l’identification d’un Bos qui serait domestique. On se trouverait ainsi aux débuts de la domestication de cette espèce.

Au Sahara central, les débuts du Néolithique datent de la fin du 10ème millénaire. Le Néolithique, nommé Néolithique saharo-soudanais, s’est installé sous un climat froid et très humide, allant en se réchauffant. Il est connu dans divers sites fort éloignés marqués par l’abondance de récipients en poterie. Il s’agit de grands vases sphériques, à fond moulé, dont la surface, amplement décorée, se couvre souvent d’un semis de ponctuations, de dents ou de flammes. Un motif dotted wavy line y figure volontiers. Au Tassili n’Ajjer, cette séquence a pu être mise en relation avec l’étage III des peintures têtes rondes. Dans l’Akakus, ces premières manifestations néolithiques se rapprochent de celles des oasis du Sahara oriental où la poterie est encore rare. L’industrie lithique est généralement sommaire, peut-être en raison des matériaux utilisés qui sont souvent des roches grenues. Toutefois, des têtes de flèche, toujours soigneusement façonnées, indiquent la maîtrise des techniques de travail de la pierre et soulignent l’emploi de l’arc. Le microlithisme varie, dans certains sites des lamelles à dos, dans d’autres des microlithes géométriques, peuvent former un fond d’outillage, tout comme les uns et les autres peuvent manquer. Partout, le matériel de broyage est courant. Au Sahara méridional, les premières traces néolithiques pourraient être un peu plus anciennes qu’au Sahara central. En bordure sud, la poterie est datée autour de 9500 B.C., époque à laquelle des instruments que tout donne à voir comme outils à remuer le sol sont présents dans le massif de Termit, à Tchire Ouma. A l’Adrar Bous, elles précèdent le maximum de développement de lacs à diatomites. Les différences perçues entre les sites supposent le développement de divers faciès. Le nom de Kiffian a été donné à une culture de débitage lamellaire reconnue à l’Adrar Bous. A Gobero, elle est portée par une population mechtoïde de grande taille. A Tamaya Mellet, C. Chamla a identifié un type négroïde soudanais de grande taille, aux os robustes. E-77-7 Situé au pied du Gebel el Beid, sur des dépôts de playa, le site E-77-7 fut d’abord rapporté au Paléolithique terminal par F. Wendorf et R. Schild. N’ayant

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Une néolithisation très ancienne fourni que 90 pièces, il a été attribué à une seule occupation de faible durée. Il montrerait des analogies avec les industries arkiniennes de la vallée, mais s’en distingue par le peu de grattoirs et la technique du microburin bien représentée. Cependant, l’ensemble industriel ne dispose pas de microlithe géométrique. Il ne renferme ni lame, ni éclat à bord abattu, peu de perçoirs ; les burins sont rares. Plus de 50 % de l’outillage consiste en lamelles à dos, 10 % en pièces à coches, 10 % en troncatures, les pièces à retouche continue sont nombreuses. Le site renfermait du bœuf qui serait domestique. E-79-8 Découvert en 1979, dans la dépression d’El Adam, le site a été étudié par D.R. Connor. Il est installé sur une dune ancienne où il couvre une surface de 50 x 50 m. L’occupation qui est datée entre 9820 ± 380 B.P. (SMU858)/9610 ± 150 B.P. (SMU928) et 8920 ± 130 B.P. (SMU757), (9990-8650/9210-8800 et 8260-7840 av. J.-C.), se place dans un environnement de tamaris et acacias. Malgré la présence de divers foyers, aucune distribution particulière n’apparaît dans le matériel lithique (fig. 24)1, les restes osseux ou les tests d’œuf d’autruche, qui abondent. Le débitage a été fait pour l’essentiel dans des chailles et bois pétrifiés. Les nucleus ont des plans de frappe lisses ou corticaux, ils peuvent être à un seul plan de frappe ou deux plans opposés, rarement à plans de frappe multiples. L’outillage2 est marqué par la suprématie des lamelles à dos, la fréquence des grattoirs pour la plupart grattoirs simples sur éclat. Le groupe perçoir renferme de nombreuses mèches de foret. Quoique les burins soient peu nombreux, les types sont variés. La base des lamelles à dos n’est guère retouchée. Les dos peuvent être faits sur enclume 10 % ; peu de différence existe entre les positions dextre et senestre. La retouche Ouchtata, rarement employée, a été identifiée sur deux lamelles à dos partiel. Une pointe du Chacal et quelques pointes de la Mouillah figurent. La technique du microburin regroupe une lamelle à piquant trièdre et treize microburins Krukowski. Le matériel de broyage, abondant, dis- pose de molettes coniques à une seule surface de travail, de pièces circulaires d’une dizaine de centimètres de diamètre à deux surfaces de travail opposées, légèrement convexes et de formes plus ou moins cubiques pouvant avoir trois surfaces de travail. Plusieurs pierres à rainures ont été identifiées qui sont mises en relation avec la fabrication de rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche. Ces derniers sont souvent décorés de motifs complexes à base de courts éléments obliques opposés dits « en feuille de fougère » et de courbes concentriques formant une bande de lignes ondées ou évoquant des écailles. Trois tessons de céramique ont été trouvés à une dizaine de centimètres de profondeur pour deux, 60 cm pour le troisième. Les trois portent un décor en registres faits d’impressions parallèles produites par un peigne légèrement courbe ou un coquillage ; l’un est un tesson de bord issu d’un vase à large ouverture. Ce sont les plus anciens témoins de poterie du Sahara oriental. D’abondants restes osseux proviennent de Gazella dorcas, moins fréquemment de Gazella dama ou d’un Bos qui serait domestique pour A. Gautier. Canis 1 .- Un secteur excentré, E-79-8X, a livré une occupation quelque peu différente qui est rapportée au Néolithique type El Nabta. 2 .- Cf détail en Annexes p. 559.

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Sahara préhistorique aureus est présent ainsi que des éléments de tortues et lièvres. Aspatharia rubens espèce commune dans le Nil, rapporterait un contact avec la vallée. E-80-4 E-80-4 est un petit site proche de E-79-8, qui a été étudié par A.E. Close. Il couvre une surface de 15 x 8 m avec une épaisseur d’une trentaine de centimètres sans différences sensibles dans l’ensemble industriel. Il est daté de 9220 ± 120 B.P. (SMU925) (8580–8290 av. J.-C.). Les matériaux sont les mêmes qu’en E-79-8, avec des proportions comparables. Le tiers des nucleus présente un seul plan de frappe, un grand nombre deux plans opposés, les autres ont des plans de frappe multiples à l’exception d’un nucleus Levallois fortement éolisé. Les plans de frappe sont le plus souvent lisses ou corticaux. La structure industrielle1 est très proche de celle de E-79-8 et offre les mêmes particularités stylistiques. Le matériel de broyage est courant ; 5 tessons de poterie proviennent de la surface. L’œuf d’autruche présente les mêmes décors et, de même, a été aménagé en rondelles d’enfilage ; elles sont nombreuses et ont été façonnées sur le site, ce qui permet de suivre l’enchaînement des gestes : découpage d’un petit disque, perforation centrale débutant face interne, se terminant par la face externe, puis polissage à l’aide d’une pierre à rainure qui standardise la dimension. La faune, courante, est essentiellement composée de gazelles, Gazella dorcas, Gazella dama, quelques lièvres, du chacal et un bœuf domestique. Le Néolithique type El Kortein La phase néolithique dite type El Kortein fait suite au type El Adam entre 8800-8500 B.P. (7960-7600 av. J.-C.). Elle est bien identifiée dans la dépression de Nabta Playa avec les sites E-75-6 niveau inférieur, E-77-32 qui furent d’abord rapportés au Paléolithique terminal, elle est connue au pied de l’escarpement d’El Kiseiba, par la surface du site E-79-13, à El Adam par le site E-80-1A4. Certains auteurs y rattachent les sites de la Grande Mer de Sable et d’Abu Ballas (fig. 23) voire le Fayum B, les Unités Masara A, B de Dakhla que d’autres rapportent à un Epipaléolithique5. Les sites couvrent de faibles étendues à l’intérieur des playas, suggérant une occupation en saison sèche. Ce faciès qui reste proche du type El Adam, s’en distingue par sa pauvreté en grattoirs, la réduction du rôle des lamelles à dos, celui plus important dévolu aux coches et denticulés, aux microlithes géométriques et microburins ; des triangles scalènes sont présents bien que modestement, des pointes d’Ounan-Harif (fig. 89) peuvent être très nombreuses dans certains sites. De rares tessons de poterie ont été retrouvés (un seul en E-79-1 et E-75-6). Des restes de bovins domestiques ont été identifiés en E-75-6 et E-77-3, mais la plupart des restes osseux provient de gazelles et de lièvres Lepus capensis. 1 .- Cf Annexes p. 559. 2 .- Cf Annexes p. 560. 3 .- Id. 4 .- Id 5 .- D’après l’industrie lithique, certains auteurs rapportent plutôt Masara A au type el Ghorab, Masara B au type el Nabta.

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Une néolithisation très ancienne

Fig. 23 - Abu Ballas. Industrie lithique : 1 à 3, 7) mèches de foret ; 4 à 6, 13, 17) segments ; 8, 14, 18) pièces esquillées ; 9 à 11) triangles ; 12) trapèze ; 15, 19) racloirs ; 16) scie. (d'après Kuper in Krzyzaniak et al., 1993).

Le site le plus ancien, E-77-3, est daté de 8840 ± 90 B.P. (SMU416) (8200– 7820 av. J.-C.), il renfermait 6,5 % de pointes d’Ounan-Harif. E-75-6 qui se place sur des dunes, vers le centre du bassin de Nabta Playa, a été daté de 8290 ± 80 B.P. (SMU257) (7480–7190 av. J.-C.), il possède une fréquence à peine plus élevée, 8,2 %, de ces mêmes pointes. Le Néolithique type El Ghorab Le type El Ghorab, lui aussi, fut d’abord rapporté à une phase finale du Paléolithique terminal. Il apparaîtrait entre 8500 et 8200 B.P. (7600 et 7200 av. J.-C.) au cours d’une phase humide, or les sites, de faible étendue, sont généralement situés à l’intérieur même des playas, ce qui suggère une occupation de saison sèche. A Bir Kiseiba, le type El Ghorab a été identifié dans les sites E-791 par H. Wieckowska, E-79-31 par F. Wendorf et R. Schild, à El Ghorab, dans le niveau inférieur de E-79-42 par M. Kobusiewicz, dans la dépression d’El Adam, en E-79-8X3 par D.R. Connor. A Kharga, E-76-6 qui fut rapporté au « Bedouin microlithic »4, lui est parfois assimilé ainsi que certains sites de Nabta Playa et Dyke. La structure de l’industrie lithique ne diffère guère des précédentes hormis quelques détails qui la particularisent. Elle utilise un débitage unipolaire ou bipolaire à plan de frappe préparé. Les pièces à retouche continue abondent, 1.- Cf détail de l’industrie en Annexes p. 560. 2 .- Id. 3 .- Id. 4 .- Cf p. 47.

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Sahara préhistorique

Fig. 24 – Kiseiba. Industrie lithique : 1) lamelle à dos rectiligne ; 2) lamelle à dos rectiligne et base ogivale ; 3) lamelle à dos rectiligne et base arrondie ; 4, 6, 14) lamelles à dos arqué ; 5) lamelle à cran ; 7, 11) lamelles à dos arqué et base retouchée ; 8, 9, 12) lamelles à dos partiel ; 10) pointe de Tamar Hat ; 13) lamelle à retouche Ouchtata ; 15, 17) grattoirs ; 16) grattoir circulaire ; 18) troncature ; 19 à 21) triangles scalènes ; 22) tête de flèche sur lamelle ; 23, 24) burins ; 25) éclat à coche ; 26) denticulé ; 27) racloir sur lame à coche. Décors de poterie : 28) croisillons et herringbone ; 29) rangs de points ; 30) bâtons ; 31) dents pointillées ; 32, 33) herringbone. (Origine : 1, 4 à 6, 10, 14, 17, 19, 21, 23, 24, 26, 27) E-79-8, 2, 3, 7 à 9, 11 à 13, 15, 16, 18, 20, 25) E-80-4, 22) E-80-1. d'après Close 1984 ; 28 à 33. d'après Banks in Krzyzaniak et al., 1984).

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Une néolithisation très ancienne des triangles scalènes allongés qui sont presque les seuls microlithes géométriques présents, sont fréquents ; en cela, le type El Ghorab est très proche du Bedouin microlithic. Les lamelles à dos avantagent les formes rectilignes. Les microburins sont plus ou moins nombreux. Les grattoirs sont particulièrement discrets, la présence des coches et denticulés, perçoirs, burins est variable. La faune est rare, comporte quelques restes de Bos. De rares fragments de poterie proviennent de E-79-8 et E-79-4. E-79-4 reconnu en 1979 dans la playa El Ghorab où il affleure sur une surface de 70 x 40 m, est l’un des sites les plus vastes. Il présente certains traits (position du site, poterie décorée de ponctuations) comparables à ceux de E-756, qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres, mais les outillages lithiques diffèrent. En 1979-80, M. Kubosiewicz ouvrît deux points de fouilles totalisant un volume de 33 m3, lui permettant de reconnaître 5 niveaux dont les deux plus anciens (I et II) sont rapportés au type El Ghorab. Le niveau I ne comporte que quelques traces d’un passage des hommes. Le niveau II est daté de 8190 ± 120 B.P. (SMU750) (7450–7060 av. J.-C.). Epais de 20-30 cm, il est fait d’un sable mêlé de cendres et de charbons, contenant un outillage en silex avec lamelles à dos, triangles et pièces à retouche continue. Les burins, perçoirs, pièces à coches et denticulés sont rares. La pointe d’Ounan-Harif manque. Il a livré deux tessons de poterie à décor de points, aucun test d’œuf d’autruche. La faune comprend des gazelles, lièvres, porcs-épics. E-76-6 qui a été retrouvé dans l’oasis de Kharga à proximité d’une source artésienne et étudié par F. Wendorf et al, est parfois assimilé à ce faciès. Il est daté de 7860 ± 90 B.P. (SMU734) (7020–6590 av. J.-C.). Les nucleus, presque tous à lames ou lamelles, présentent un plan de frappe ou deux opposés. L’outillage est dominé par les triangles scalènes allongés 26,4 %, suivis des pièces à coches 25,6 % qui sont souvent des lames ; elles présentent des coches simples ou multiples, retouchées, très ouvertes. Les troncatures, 15,2 %, sont suivies des lamelles à dos, 13,6 %, les microburins atteignent 8 %. Les autres outils sont rares, les grattoirs manquent. Ici, il n’y a ni tête de flèche, ni matériel de broyage, ni poterie. E-77-6 à Nabta Playa et E-72-51 à Dyke disposent d’un éventail d’outils identique à celui de E-76-6 auquel s’ajoute du matériel de broyage. Le Néolithique type El Nabta Le type El Nabta est de beaucoup le plus fréquent. Il est daté de 8200 ± 110 B.P. (7440–7070 av. J.-C.) à Nabta Playa et durerait jusqu’à la seconde moitié du 7ème millénaire, sa disparition étant peut-être liée au pic d’aridité bien connu alors. Le sorgho, Sorghum bicolor, paraît y jouer un rôle important. Son industrie lithique se retrouverait dans la plupart des oasis et assurerait l’assise du faciès qui s’y épanouit au Néolithique moyen. Il a été identifié à El Ghorab E-79-4 surface2, El Balaad E-79-53, El Adam E-80-1C4, E-80-35. A Nabta Playa, dans 1 .- Cf détail de l’industrie en Annexes p. 560. 2 .- Cf détail de l’industrie en Annexes p. 561. 3 .- Id. 4 .- Id. 5 .- Id.

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Sahara préhistorique le site E-75-61 des occupations s’y rapportant voisinent les occupations type El Kortein. Dans la dépression d’El Adam, le site E-80-1 regroupe de même des occupations attribuables à ces divers types. La poterie devient plus courante, elle provient de vases dont l’ouverture a pu être située entre 28 et 38 cm. Elle porte des motifs pseudo-cordés, des dents faites au peigne, des croisillons qui peuvent former un bandeau autour de l’orifice. La taille des sites est plus importante que dans les faciès précédents et une organisation de l’espace a été perçue à Nabta Playa, en E-75-6. Dans ce site, les chailles sont les matériaux préférés. Les nucleus possèdent un plan de frappe ou deux plans opposés et ont produit des lames et des lamelles. Les burins dominent un fond d’outillage qui reste comparable à celui des autres faciès mais où les lamelles à dos régressent, les pièces à retouche continue augmentent. Les perçoirs sont plus fréquents. La poterie est décorée de dotted wavy line. La faune accuse une augmentation de la consommation de lièvre et moindre de gazelle. Bos est présent. L’orge est cultivé. Dans le niveau III du Site E-79-4, les outils les plus courants sont les triangles et à un degré moindre les lamelles à dos et les pièces à retouche continue, les burins, perçoirs, pièces à coches et denticulés restent modestes. Des chailles et quartz sont les matériaux employés le plus souvent. Du matériel de broyage et de la céramique sont présents. Les restes osseux comportent surtout des gazelles et il y aurait un bovin domestique. Sur une surface de 70 x 40 m, ce niveau a montré une suite de cuvettes, irrégulièrement disposées, de 1 à 3 m de diamètre, dans lesquelles se trouvaient de nombreux objets. Le Néolithique du Gilf Kebir Au sud du Gilf Kebir, le wadi Bakht a été occupé entre 8200 ± 500 B.P. (KN3096) (7710–6500 av. J.-C.) et 6150 ± 180 B.P. (KN3328) (5300–4850 av. J.-C.)2. W.P. Mc Hugh, F. Wendorf et R. Schild, ainsi que K.M. Banks, R. Kuper, W. Schön, attribuent l’occupation à des éleveurs de bovins et d’ovi-capridés. L’industrie lithique est essentiellement sur quartzite. Riche en lames, elle comporte perçoirs, microlithes géométriques, denticulés, retouches continues, elle dispose de grattoirs et racloirs, de peu de pièces à coches, les burins sont exceptionnels. La poterie est entièrement moulée, se distinguant ainsi des poteries des autres régions qui ont utilisé en partie le montage au colombin. Les bords, non décorés, montrent des ouvertures de 15 à 25 cm pour des vases de 24 à 41 cm de diamètre. Le décor des vases fait surtout appel à des sillons pointillés, motifs filetés, chevrons pointillés, et au polissage ; quelques motifs d’incised wavy line sont signalés par W. Schön. Pour K.M. Banks et H.A. Nordström, divers traits rattacheraient cet ensemble industriel à l’Abkien et au Khartoum variant, culture qui trouverait une origine en zone saharienne. Le mode de fabrication de la poterie invite à y voir une origine méridionale. 1 .- Cf Annexes p. 561. 2 .- Période nommée « Gilf A » par J. Linstädter et S. Kröpelin.

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Une néolithisation très ancienne Un néolithique ancien dans la vallée du Nil ? Aucun site de la vallée du Nil égyptien n’est attribuable au Néolithique ancien ; seules quelques modestes implantations épipaléolithiques1 peuvent être rapportées à l’Holocène inférieur. Il faut remonter au Soudan central, dans la province de Khartoum, le long du Nil et de l’Atbara, pour trouver des sites qui, à cette époque, attestent de cette grande innovation qu’est la poterie. Toutefois, les auteurs sont partagés quant à leur attribution, aucune production autre n’ayant été identifiée, certains les rapportent à un Mésolithique. Le Mésolithique de Khartoum, Pre-Khartoum ou Khartoumien Du 9ème au 7ème millénaires, la région de Khartoum se démarque de la vallée aval par l’importance de l’occupation humaine. Celle-ci fut mise en évidence dans les années quarante par les fouilles de A.J. Arkell à la confluence du Nil bleu et du Nil blanc. Les seules activités connues, la chasse et la pêche, lui valent souvent l’appellation Mésolithique ou Protonéolithique. Un outillage lithique riche en segments, grattoirs et denticulés, un outillage osseux riche en harpons, s’accompagnent d’une poterie abondante, bien faite, bien cuite, dont la pâte est enrichie d’un dégraissant quartzeux et la surface, diversement décorée (fig. 25), supporte des motifs wavy line. Il y a peu d’éléments de parure. Cette poterie assure une unité certaine à une communauté occupant une vaste région et dont la culture matérielle évoluera pour produire le Shaheinabien au Néolithique moyen. Elle s’étend jusqu’à Dongola et Wadi Halfa au nord, au djebel Moya au sud. Pour certains auteurs, elle serait connue à Guli, Island I, se retrouverait dans le niveau inférieur de nombreux gisements de la région de Khartoum, Saggaï, Sorourab, Shabona, Shaqadud, El Qoz..., et entre le cours de l’Atbara et Kosti, où une soixantaine de sites a été reconnue. Pour certains auteurs, les Sites 2016, 626, 628, DIW 52 que J.L. Shiner rangeait dans le Khartoum variant seraient plutôt du Pré-Khartoum. A.J. Arkell voyait l’origine du Pré-Khartoum au Tibesti. Abu Darbein Localisé sur la rive gauche de l’Atbara, Abu Darbein est daté entre 8640 ± 120 B.P. (T8624) et 7700 ± 40 (T5728) (7910-7550 et 6580-6470 av. J.-C.). Le site qui s’étend sur 1200 m2, a été utilisé comme cimetière à partir du Méroïtique ; érodé, son épaisseur restante est de l’ordre de 60 cm. Des fouilles portant sur 62,5 m2 ont montré un dépôt homogène. Il a livré une poterie à motif d’incised wavy line, celui de dotted wavy line n’est pas utilisé. L’industrie lithique la plus courante est faite de lamelles à dos, de segments, elle comporte des perçoirs, grattoirs et racloirs. Des harpons suggèrent des activités de pêche. Pour J. Peters, elles auraient été pratiquées à l’aide de filets, à partir de radeaux ou de barques, l’ichtyofaune comportant de grandes perches du Nil dont la prise est impossible à partir du rivage. Dans la même région, à El Damer et Aneibis, R. Haaland a mis au jour deux ensembles industriels semblables et d’âges comparables. 1.- Arkinien à hauteur de la Deuxième Cataracte, Shamarkien, Elkabien, cf chapitre III. 2 .- Cf Annexes p. 559.

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Sahara préhistorique El Barga Dans la région de Kerma, le site d’El Barga appartient à une série d’occupations de bordure de la plaine alluviale, il est daté de 8340 ± 65 B.P. (ETH-27204) à 8190 ± 70 B.P. (ETH-25503) (7485-7320 à 7315-7115 av. J.-C.). Découvert en 2001 par L. Chaix, les fouilles menées sous la direction de M. Honegger ont couvert 200 m2, livrant les restes dʼun fond de cabane et diverses sépul-

Fig. 25 – Néolithique ancien (Pré-Khartoum) de la vallée du Nil. Décors de poterie. En haut. Khartoum : 1) écailles ; 2) fileté ; 3) woven mat ; 4) flammes ; 5) dotted wavy line+woven mat ; 6) hachures pointillées ; 7) dents pointillées ; 8) flammes pointillées ; 9, 13) dotted wavy line+fileté (?) ; 10) sillons pointillés ; 11) hachures pointillées+registres de dents ; 12) wavy line+bord crénelé ; 14) incised wavy line. (Origine : 1 à 4, 7 à 13 d'après Arkell 1949 ; 5, 6, 14 d'après Vaufrey 1969). En bas. Saggai : 1, 5) incised wavy line ; 2, 7) dotted wavy line ; 3) dents pointillées ; 4) écailles ; 6) sillons pointillés (d'après Caneva et Zarattini in Krzyzaniak et al.,1984).

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Une néolithisation très ancienne tures. L’habitat, aux parois creusées dans le grès nubien à plus de 50 cm de profondeur, appelle une construction pérenne. Il est daté autour de 8340±65 B.P. (BTH-25503) (7485-7320 av. J.-C.). Le matériel de broyage abondait. Les rejets alimentaires comportent nombre de restes de poissons, des coquillages, des os de mammifères. M. Honegger a reconnu deux zones d’inhumation, dans l’une, les inhumations sont dispersées au sein même de l’habitat, dans l’autre, elles sont regroupées en cimetière. La première qui est attribuée au Mésolithique de Khartoum, a livré 11 individus dont un enfant, sans orientation préférentielle, en position plus souvent fortement contractée. Seul, un adulte était accompagné de mobilier consistant en une coquille d’Aspatharia. Le cimetière est plus récent ; par sa poterie, il évoque des sites où se trouvaient des animaux domestiques. Il est daté de 7045 ± 70 B.P. (ETH-27208), 6960 ± 65 B.P. (ETH-27207) (59905850 et 5915-5775 av. J.-C.). Placé au sud, il a livré 64 individus femmes et surtout enfants, qui laissent supposer des secteurs réservés les uns aux femmes et enfants, les autres aux hommes. Le défunt, en position contractée, d’orientation variée, reposait sur le côté droit ou gauche et s’accompagnait d’un mobilier abondant. Ces populations n’offrent pas les mêmes caractères, soudanais robustes pour les plus anciens, plus graciles et de taille plus réduite pour ceux du cimetière. El Barga rapporte un moment important dans la vallée, le passage au pastoralisme : il se traduit par un habitat plus dispersé, conservant moins de vestiges, et inversement, dans un domaine des morts qui prend de l’importance avec un regroupement des tombes et un mobilier abondant. Khartoum Hôpital En 1944, A.J. Arkell identifiait une culture originale dans l’enceinte de l’hôpital de Khartoum et la qualifiait de Late Mesolithic1. Le niveau d’occupation est une couche cendreuse de 1 à 2 m d’épaisseur truffée d’éclats de quartz, de fragments de matériel de broyage, de coquillages ainsi que d’inhumations (le secteur fouillé a livré 17 tombes). Dès la base, la poterie abonde. L’industrie lithique est taillée dans des petits galets de quartz, chailles, bois pétrifié ou dans une rhyolite qui provient de la Sixième Cataracte, 80 km au nord de Khartoum. Un abondant matériel consiste en microlithes géométriques (segments et trapèzes), lamelles à dos et têtes de flèche à tranchant transversal, grattoirs, pièces à coches. Les burins sont rares et atypiques. Des meules, des molettes sont courantes, beaucoup portent des traces d’ocre. On y trouve des haches. De nombreux anneaux de pierre sont interprétés comme bâtons à fouir. Un grand nombre de harpons en os2, à barbelure unilatérale dont la ligature était faite par encoche ou stries transversales, constitue l’essentiel de l’industrie osseuse. Ils indiquent le rôle important de la pêche que confortent de nombreuses petites pierres à gorge qui pourraient être des poids de filet. De nombreux fragments osseux ont pu être employés comme hameçons. Certains portent un décor de stries parallèles ou de croisillons. La poterie, très abondante, provient de vastes récipients, en forme de bols largement ouverts et possédant 1 .- Certains auteurs réunissent cette culture et celle reconnue à Shaheinab, sous le seul nom de Early Khartoum ou Khartoum neolithic culture. 2 .- On a accordé aux harpons un rôle important dans le Néolithique méridional : A.J. Arkell proposait leur diffusion à partir de Ishango, ce qui ne peut plus être retenu.

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Sahara préhistorique un fond ovoïde. La pâte est sombre, à dégraissant sableux. Elle est vue comme une fabrication locale à base de terre renfermant un sable micacé. Le bord est souvent simple, la lèvre peut être décorée d’impressions parallèles profondes lui donnant un aspect crénelé. La poterie est lissée à l’intérieur, décorée à l’extérieur à l’aide d’un peigne fileté ou d’un peigne et, dans ce cas, une impression pivotante est volontiers utilisée. Elle peut porter des motifs en écaille, des motifs incised wavy line, dotted wavy line dont la fréquence ne dépasse pas 1 %, les motifs dotted wavy line apparaissant plus tardivement que les motifs incised wavy line. Elle peut être couverte d’un décor complexe provenant d’orientations différentes d’un même motif. Un ou deux rangs de ponctuations profondes peuvent souligner le bord. Ces caractères ont conduit I. Caneva à y voir une occupation un peu plus récente qu’à Saggai. Les éléments de parure sont nombreux, perles façonnées en tests d’œuf d’autruche, coquilles d’huitre ou d’Ampullaria, vertèbres de python, grès, pendeloques en os de poissons, dents, l’une d’elles est une phalange d’antilope. La récolte de fruits de micocoulier est bien attestée. La faune souligne l’importance de la chasse, de la pêche et de la collecte de mollusques. Les restes de poissons, nombreux, appartiennent pour la plus grande part à Clarias, Tilapia ou Lates, mais il existe diverses autres espèces. Les mollusques d’eau douce, Aetheria elliptica (l’huitre du Nil), Aspatharia rubens sont les plus courants ; les mollusques terrestres sont nombreux, mais seul Ampullaria wernei paraît consommé. La faune renferme quelques éléments de Carnivores, mangoustes, panthères, hyènes, loups (Canis v. lupaster), lions. Des ossements provenant d’antilopes kob (Kobus), oribis (Ourebia ourebi), Tragelaphus et diverses autres non spécifiées, de buffles (Syncerus), ânes ou zèbres, éléphants, phacochères, rhinocéros, hippopotames, porcs-épics témoignent d’un milieu de savane. Le peu de restes d’oribis suggère qu’elles vivaient assez loin. Les rongeurs tiennent un intérêt particulier de la présence de Thryonomys arkelli, espèce éteinte qui y fut définie. La faune renfermait aussi des reptiles, crocodiles, pythons, varans, quelques restes d’oiseaux, Plectropterus gambensis, aucun d’autruche. Des fragments d’argile brûlée pourraient venir du recouvrement d’habitations en branchages. En raison de sa position au bord du Nil bleu, A.J. Arkell y voyait une occupation semi-permanente par un groupe dont l’économie était basée sur la pêche. Les lieux, inondables, n’auraient été occupés que pendant la saison sèche qui, à cette latitude, se développe l’hiver et le printemps1. La population, aux ossements robustes, comparables à ceux du djebel Moya, appartient au stock soudanais ancien connu en Haute Nubie. Elle pratiquait l’avulsion des incisives supérieures. Saggaï A une quarantaine de kilomètres au nord de Khartoum, en rive droite, Saggaï occupe une surface de 200 x 160 m et atteint une épaisseur de 70 à 160 cm. Le site est daté entre 7410 ± 100 (T5025) et 7230 ± 100 B.P. (T5024) (63906110 et 6210-6000 av. J.-C.) sur coquilles. Les fouilles de I. Caneva portèrent 1.- Au Soudan, la saison des pluies est l’été et elle peut coïncider avec la crue ; une longue saison sèche se développe en hiver et au printemps. En raison de sa latitude, la situation est tout autre en Egypte avec des pluies d’hiver et la crue qui s’étale de juillet à octobre, laissant ainsi une saison sèche courte, d’avril à juin.

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Une néolithisation très ancienne sur un volume de 80 m3 et par la haute teneur en strontium des ossements provenant des six individus exhumés indiquent une alimentation riche en végétaux et mollusques, qui va de pair avec l’abondance des coquillages mis au jour. L’outillage1, microlithique, est fait sur quartz et rhyolite. La moitié consiste en segments, en position secondaire viennent les perçoirs et les éclats à coches. Comme à Khartoum, les segments sont en rhyolite. L’industrie osseuse renferme des harpons à un rang de barbelures, des lissoirs, tranchets, alènes, aiguilles, perles et un peigne de potier. Le matériel de broyage abonde. Des milliers de tessons proviennent de vases d’assez grandes dimensions couverts d’un décor en vague de type wavy line ou de sillons pointillés, parfois de flammes. Les motifs de dotted wavy line sont rares, voire manquent dans les niveaux inférieurs, mais on suit leur progression aux dépends des incised wavy line dans les niveaux supérieurs. Des coquillages, certains venant de la Mer rouge, ont été utilisés en éléments de parure. La faune est identique à celle que l’on trouve aujourd’hui 400 km au sud. Elle est riche d’une trentaine d’espèces dont deux fortement prédominantes, le kob, 50 %, et de petites antilopes type oribi, 33 %, qui vivent non loin de points d’eau. On y trouve des chats sauvages, phacochères, hippopotames, girafes, buffles, lions... ainsi que des tortues, des crocodiles et une dizaine d’espèces de poissons dont Clarias et Lates. Pour A. Gautier, ces éléments indiqueraient une pluviosité de l’ordre de 400 à 800 mm, engendrant une savane boisée. Comme à Khartoum Hôpital, l’économie reposait essentiellement sur la chasse et la pêche. Pour I. Caneva et A. Zarattini, les occupants ne pratiquaient aucune production, d’où l’attribution du site au Mésolithique, et étaient sédentaires ou peu mobiles pour des motifs d’ordre climatique. Shabona Une centaine de kilomètres en amont de Khartoum, sur les bords du Nil blanc, Shabona s’étend en discontinu sur 5 hectares. L’occupation est datée de 7470 ± 240 B.P. (SUA2140) et 7050 ± 120 B.P. (SUA298) (6560–6030 et. 6020– 5800 av. J.-C.). Les fouilles dirigées par J.D. Clark en 1973, furent menées en quatre points et portèrent sur une surface totale de 83 m2. Elles montrèrent une couche archéologique de 30 cm d’épaisseur avec des pièces ayant pu s’infiltrer jusqu’à 70 cm, ce qui a permis de découvrir sept inhumations et d’identifier diverses cuvettes. Les unes, d’une dizaine de centimètres de diamètre et cinq centimètres de profondeur, étaient remplies de restes de poissons brûlés et de fragments de terre calcinée, d’autres, plus grandes, de restes de poissons et de mammifères non brûlés, d’autres étaient remplies de coquillages. L’industrie lithique (fig. 26) est obtenue à partir de nucleus de préférence à un plan de frappe. Elle se caractérise par l’abondance des microlithes géométriques, 36,6 %, essentiellement faits en quartz et dont les plus courants sont des segments ; des rectangles sont présents. Parmi les lamelles à dos figurent des lamelles à dos arqué, courtes et larges, taillées dans des rhyolites, elles aussi caractéristiques. Les grattoirs sont courts, à front mal dégagé, les perçoirs comprennent surtout de robustes mèches de foret. L’industrie lithique comporte 1.- Cf détail p. 564.

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Sahara préhistorique aussi des racloirs, pièces à coches, du matériel de broyage en grès. L’industrie osseuse consiste en harpons dont les dimensions sont très variées, elle dispose d’aiguilles et de lissoirs. La parure est attestée par un pendentif triangulaire en hématite. La poterie, abondante, procède de deux techniques de préparation des pâtes, l’une à dégraissant végétal dite « Naima ware », l’autre à dégraissant minéral dite « Shabona ware ». Les tessons à dégraissant végétal proviennent de grands bols de 11,5 cm de diamètre ou de vases globuleux. On y trouve des impressions de graines de Digitaria, graminée actuellement connue dans les zones pluvieuses du Soudan. Le décor montre une prédilection pour les lignes d’impressions, pointillées ou non. Cette poterie qui rappelle celle de Khartoum, est plus abondante dans les niveaux inférieurs. Le type Shabona qui la remplace a produit des vases petits, de 9,5 cm de diamètre, bien cuits, aux formes et décors variés. Les surfaces sont lissées, certaines ont pu recevoir un enduit d’ocre. Les motifs les plus courants sont des sillons pointillés, des dotted wavy line. Les motifs incised wavy line et women mat y sont plus fréquents que dans le type Naima. Le site a livré les restes très fragmentés de sept individus ; l’avulsion des incisives supérieures a été reconnue sur une femme. Tout comme les restes humains de Khartoum, ils appartiennent au stock soudanais ancien connu en Haute Nubie à l’Holocène inférieur. La faune comprend des antilopes chevalines, buffles, phacochères, éléphants qui appellent des plaines parsemées de buissons. Les poissons, tortues, crocodiles, lézards divers, serpents, hippopotames, des kobs et oribis supposent

Fig. 26 – Shabona. Industrie lithique : 1, 2) grattoirs ; 3, 4) perçoirs ; 5, 6) mèches de foret ; 7) micro-grattoir ; 8) lamelle à dos rectiligne ; 9, 13, 14) racloirs ; 10) éclat à bord abattu ; 11, 15 à 19) segments ; 12, 24) pièces à coches ; 20, 21) rectangles ; 22) troncature ; 23) grattoir-racloir. (d'après Clark in Krzyzaniak et al.,1989).

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Une néolithisation très ancienne des plans d’eau proches. L’abondance des coquilles de Pila wernei implique leur forte consommation. La flore se révèle riche en Panicoïdés dont Digitaria. Sorourab Au nord de Khartoum, en rive gauche du Nil, face à Saggai, le site de Sorourab 2 couvre une surface de 75 x 35 m. Il a été daté de 9370 ± 110 B.P. (Har3475) et 9330 ± 110 B.P. (HAR3476) (8790–8450 et 8740–8340 av. J.-C.) sur charbons. En 1978, A.M. Ali Hakem et A.R.M. Khabir y pratiquèrent une fouille sur 200 m2 . L’industrie lithique est semblable à celle de Khartoum Hôpital. Une part notable est faite sur quartz, les autres matériaux incluant des grès, rhyolites, chailles et bois pétrifiés. Les grattoirs sont particulièrement fréquents, 21 %, les microlithes géométriques riches en segments. Les éclats à coches, surtout les denticulés et les perçoirs sont courants. L’outillage osseux comprend des harpons dont un a été retrouvé entier. Le matériel de broyage et la poterie abondent. Celle-ci a une épaisseur de l’ordre de 7-8 mm ce qui est un caractère du PréKhartoum et la distingue de celle du Shaheinabien qui ne dépasse pas 5-6 mm. Elle porte des motifs incised wavy line et dotted wavy line, la fréquence de celui-ci ne cessant d’augmenter aux dépens du motif incised wavy line, trait reconnu à Kabbashi et dans divers autres sites. Wadi el-Arab Découvert près de Kerma par la mission archéologique suisse, le site occupe plusieurs hectares de la plaine alluviale. Il présente un intérêt multiple en raison d’une structure d’habitat dégagée par les fouilles et de la présence de bœuf domestique. Les fouilles se sont développées sur 24 m2, par décapages horizontaux de 6 cm d’épaisseur. Elles ont montré un dépôt anthropique de 60 cm environ daté de 8990 ± 65 B.P. (ETH31788) à 7750 ± 50 (ETH35681) (8265-8030 et 6630-6520 av. J.-C.), dans lequel le décor des poteries a permis d’individualiser trois niveaux. Dans la phase I, le motif est produit par rocker stamp, la phase II est caractérisée par la présence de dotted wavy line et d’herringbone, le niveau III utilise la technique alternative pivoting stamp. Les matériaux utilisés, chailles pour l’essentiel, 93 %, accessoirement quartz, grès, bois silicifié, agathe, proviennent tous des proches environs. Les trois niveaux n’offrent pas de différences significatives, seul le niveau I se singularise par des pièces à retouche irrégulière1. L’industrie lithique comporte 258 outils2 pour un total de 1708 pièces provenant en très grande partie d’un débitage d’éclat, les lamelles n’interviennent que pour 6 % et sont plus volontiers aménagées en outils que les éclats. Les nucléus sont de petites pièces de moins de 5 cm qui traduisent deux modes de débitage privilégiés, à un plan de frappe lisse, ou à débitage centripète libérant des surfaces de débitage discoïdales, les plans de frappe étant pour la plupart corticaux. Il existe également des nucléus à plans de frappe opposés ou multiples, quelques uns sont des éclats. L’industrie est dominée par les microlithes géométriques, presque tous des segments, ils ont donné lieu à 1 .- Ne comportant que 18 outils, nous ne l’avons pas dissocié du reste du dépôt ; les pièces à enlèvements irréguliers ont été placées en divers. 2 .- Cf Annexes p. 561.

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Sahara préhistorique une subdivision en fonction de leurs dimensions, leur taille ouvrant sur des utilisations différentes ; un seul est grand, ce serait un élément de faucille, les autres, petits, seraient des projectiles sauf quelques exemplaires épais. Les pièces à bord abattu, groupe secondaire, sont des éclats, les perçoirs surtout des mèches de foret, les pièces à coches et denticulés privilégient à peine ces der niers. Il y a peu de burins, aucun n’est fait sur bord abattu, il n’y a pas de tête de flèche. Les grattoirs sont plutôt simples sur éclat, quelques uns sont sur lamelle dont un par retouches inverses. Les pièces à bord abattu sont pauvres en lamelles, riches en fragments d’éclats. Huit sépultures ont été dégagées montrant des orientations variables données au mort. L’auteur rapproche cette industrie du site de Karmakol caractérisé par une même richesse en segments et mèches de foret, à un degré moindre de ceux d’Aneibis (Abu Darbein), Saggaï et El Barga lequel a montré un habitat similaire avec parois enfoncées dans le sol.

D’autres cultures ? La question se pose à propos de sites reconnus à Termit, au Tchad, en Ennedi ou au Tibesti. En Ennedi, divers sites renferment une poterie à motif de dotted wavy line, qu’en l’absence de datation, on tend à situer dans un Néolithique ancien, c’est le cas par exemple à Ounianga. La grotte de Délébo exploitée par G. Bailloud a montré une occupation humaine antérieure à 7200 ± 300 B.P. (Gif 351) (6370–5750 av. J.-C.), qu’il subdivise en deux niveaux dont le plus récent est caractérisé par une céramique abondante à décor d’incised wavy line ou de dents ; il la rapproche de celle d’Es Shaheinab, et met en parallèle le niveau inférieur avec Khartoum Hôpital. L’outillage lithique du niveau ancien est sommaire, essentiellement sur quartz, avec des galets aménagés, des disques, quelques grattoirs et des outils de fortune tranchants. La faune révèle la présence de potamochères et hippopotames, de nombreuses antilopes, de gazelles, d’un grand bœuf ainsi que de poissons chats, tortues d’eau... Au Tibesti, un Néolithique ancien a été reconnu en divers lieux du nordouest du massif dont Gabrong, probablement Bardagué et Dirennao. Gabrong est daté de 8065 ± 100 B.P. (Hv2748) (7280–6820 av. J.-C.) et a livré des restes humains ; plus récent, Bardagué a été occupé entre 7455 ± 180 (Hv2775) et 6435 ± 225 B.P. (Hv2773) (6450-6100 et 5620-5080 av. J.-C.). L’industrie a utilisé des basaltes, obsidiennes et quartz. Le débitage produit des lames. L’outillage taillé comporte des grattoirs, racloirs, perçoirs, des segments et des têtes de flèche triangulaires. Le polissage a servi à la fabrication de haches, d’anneaux. Les tessons de céramique portent des motifs de dotted wavy line, des impressions simples. La faune associée consiste en poissons, gazelles, mouflons, bovins lesquels, d’après A. Gautier, pourraient être des bœufs domestiques. En plusieurs points du massif de Termit, G. Quéchon a pu faire état d’une industrie provenant d’un dépôt sableux sous-jacent à un dépôt de diatomite. A Tchire Ouma, l’industrie est partiellement scellée par le rivage d’un niveau lacustre daté de 9130 ± 120 B.P. (Orsay) (8530–8240 av. J.-C.) ; elle comporte des haches polies, des pics et surtout des houes. A Dougoule, elle consiste en houes, pics–bifaces et polyèdres, à Cheguelenga, elle est faite de houes, pics–

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Une néolithisation très ancienne bifaces, rabots, éclats divers, petites haches polies et un site ne comportant pas de houes, a livré un tesson de poterie. Ces instruments en roche tendre ne se trouvent pas en montagne, ce qui conforte la position de G. Quéchon qui y voit des instruments à remuer le sol.

Dans les oasis du Sahara oriental, les premières manifestations néolithiques datent aussi de la fin du 10ème millénaire. Elles s’expriment dans le faciès El Adam, auquel succèdent les faciès El Kortein, puis El Ghorab et enfin El Nabta. Ces ensembles industriels sont riches en lamelles à dos, très peu fournis en microlithes géométriques malgré un large usage de la technique du microburin. La fréquence des meules et molettes n’entraîne pas celle de poterie qui est rarissime. L’œuf d’autruche peut être fréquent, les tests peuvent être décorés ou aménagés. Les fragments osseux sont assez nombreux pour avoir permis l’identification d’un bovin qui serait domestique. L’évolution se fait par le développement des triangles scalènes, des pointes d’OunanHarif, puis des pièces à retouche continue. La fréquence de la poterie augmente. Les sites deviennent plus importants. La vallée du Nil traduit des comportements différents au nord et au sud. La partie égyptienne paraît peu fréquentée à l’Holocène inférieur et la néolithisation y serait tardive, les populations se regroupant dans les oasis et le long des grands oueds. Dans la partie soudanaise, une occupation de la vallée connue vers 9300 B.P. (8600 av. J.-C.), devient fréquente vers 7500 B.P. (6400 av. J.-C.). La poterie y apparaît très tôt ; dans la région de Khartoum, elle a permis d’individualiser un faciès marquant, nommé Mésolithique de Khartoum ou Pré-Khartoum, qui a eu une vaste extension. Identifié par A.J. Arkell dans les années 40, pendant plus d’une vingtaine d’années, il a été vu comme le foyer de néolithisation du Sahara, ce que les travaux récents ont infirmé. Les travaux amorcés au Djado ont montré des installations humaines qui pourraient se rapporter à cette période : un sondage effectué à l’avant d’un abri de l’oued Yentas, a révélé deux niveaux à céramique sous-jacents à un niveau que R. Vernet rapporte à un Néolithique moyen postérieur à 6400 B.P. (5400 av. J.-C.). Aucun décor de wavy line n’y a été reconnu. Bien plus au sud, à Ounjougou, non loin des falaises de Bandiagara, les travaux menés par la mission suisse que dirige E. Huysecom, a retrouvé des tessons associés à un outillage en quartz avec têtes de flèche qui ouvrent des perspectives nouvelles quant au développement du Néolithique en raison de leur âge et de leur contexte.

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Sahara préhistorique Ounjougou L’appellation Ounjougou couvre un complexe de sites de plein air qui se déploie autour de la confluence de l’oued Yamé et des oueds temporaires Boumbangou, Mélié-Mélié et Andoulou, occupant une dizaine de km2 sur le plateau de Bandiagara, une quinzaine de kilomètres à l’est de la ville. Les recherches ont été facilitées par l’importance du ravinement d’un ensemble complexe de dépôts éoliens, alluviaux et colluviaux résultant de la modification brusque du cours du Yané en 1936. E. Huyzecom y a défini deux phases d’occupation durant l’Holocène inférieur. La phase 1 est connue au Ravin de la Mouche à la base de l’unité stratigraphique HA1, dans un site détruit par des pluies torrentielles, avant 9785 ± 70B.P. (9300-9200 av. J.-C.). L’industrie lithique, essentiellement des galets de quartz, dispose de petits éclats retouchés, perçoirs, forets, burins qui n’ont pas été identifiés dans les industries antérieures, de grattoirs, denticulés, têtes de flèche foliacées connus dans les dépôts paléolithiques. Un débitage unidirectionnel prédomine, accompagné de débitage multidirectionnel ou bipolaire sur enclume. Trois tessons de poterie donnent sa dimension au site. Ils ont une épaisseur de 4,5 et 7 mm, l’un est couvert d’un décor à la roulette (fig. 27), un vient d’un bol hémisphérique à bord simple de 21 cm de diamètre. Les pâtes ont été faites à l’aide d’argile non calcaire renfermant des quartz semblables à ceux qui se trouvent dans les grès et argiles locaux, sans ajout de dégraissant hors de très petits morceaux de chamotte d’introduction probablement accidentelle. La cuisson a dépassé une température de 550° comme l’atteste l’absence de kaolinite présente dans les argiles locales. La phase 2 est bien documentée par deux sites principaux, Ravin du Hibou et Damatoumou. L’industrie lithique se caractérise par un débitage de galets de quartz selon les modes unidirectionnel, bidirectionnel, multidirectionnel, périphérique et par percussion bipolaire sur enclume. Elle se compose essentiellement de pièces microlithiques : perçoirs, pointes à bord abattu, encoches, denticulés, racloirs, éclats retouchés et microlithes géométriques. Au Ravin du Hibou, sept tessons ont été prélevés, le quartz est présent dans tous. Un seul contient aussi de la chamotte. Deux tessons décorés ont permis d’identifier plusieurs techniques dont une impression simple au peigne. Un fragment de meule en grès et une molette cylindrique traduisent l’usage du broyage.

Fig. 27 – Ounjougou Décors de poterie : semis (d'après Huysecom et al., 1999).

Pour K. Mc Donald, le microlithisme sur quartz à débitage bipolaire sur enclume traduit des affinités méridionales, alors que la poterie, qui s’avère actuellement la plus ancienne d’Afrique, paraît une invention locale. E. Huysecom la rapporte au développement d’une vaste plaine couverte de graminées sauvages,

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Une néolithisation très ancienne comestibles, due à un rapide retour de la mousson ; parallèlement à la consommation de petit gibier, elle aurait favorisé une collecte intensive de graminées appelant l’usage de la poterie. Tagalagal Le site de Tagalagal fut identifié en 1978 par J.P. Roset, sur les marges sud-est de l’Aïr, dans le nord des monts Bagzanes par 17°50’50N, 8°46’15 E., à 1850 m d’altitude. Il est daté de 9370 ± 130 (Orsay) et 9000 ± 120 B.P. (Nancy) (9090–8340 et 8290–7960 av. J.-C.) sur charbons, de 10180 ± 780 et 9820 ± 780

Fig. 28 – Tagalagal. Industrie lithique : 1) burin ; 2, 3) racloirs ; 4 à 6) têtes de flèche ; 7) pointe à retouche plane ; 8) éclat ; 9) nucleus. Décors de poterie :10, 15) cannelures ; 11, 13) semis ; 12) ridé ; 14) woven mat ; 16) dents ; 17) dotted wavy line. (d'après Roset in Close,1987).

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Sahara préhistorique (8980-7420 et 8620-7060 av. J.-C.) par thermoluminescence1. Site de plein air, il se déploie parmi des boules granitiques au pied d’un inselberg et doit la préservation d’une partie de son dépôt archéologique à leur disposition qui détermine une sorte d’abri. La couche archéologique, totalement en surface sur une partie du site, peut atteindre là, jusqu’à 70 cm d’épaisseur. Outre le matériel archéologique, elle renferme des cendres, charbons et pierres brûlées. Les charbons identifiés se rapportent tous à Olea laperrini. L’industrie lithique (fig. 28), fruste, est taillée dans des rhyolites. Ce sont des éclats courts, des pointes Levallois ou pseudo-Levallois rarement retouchés. L’outillage comporte des grattoirs, des racloirs qui sont souvent transversaux, quelques pointes, quelques burins. Il n’y a pas de microlithe mais des têtes de flèche de type foliacé ou à base concave. Des haches et des herminettes, du matériel de broyage façonné dans des grès, voisinent des tessons de céramique. A partir de l’analyse des pâtes, J.P. Roset a pu montrer que la céramique avait été fabriquée sur place ou provenait d’une distance atteignant de 20 à plus de 75 kilomètres, ce qu’il interprète comme le témoignage d’un semi-nomadisme. Il s’agit de grands vases de forme sphérique dont le diamètre de panse le plus courant va de 20 à 30 cm, ils étaient largement ouverts ou pouvaient avoir un minuscule col évasé à lèvre ronde. Ils étaient entièrement décorés de motifs de dotted wavy line, de dents et surtout d’un semis de ponctuations qui pouvaient avoir une forme triangulaire. Les restes de faune, rares, comprenaient des antilopes et bovidés. L’Aqualithique, une notion périmée ? Proposée en 1974 par J.E.G. Sutton qui reprenait des idées anciennes de A.J. Arkell, l’idée d’une « civilisation aqualithique » s’appuyait d’une part sur la présence de nombreux paléolacs, d’autre part sur l’existence dans divers sites, de restes d’animaux aquatiques et de harpons en os présentant toujours un seul rang de barbelures. Des auteurs comme A. Muzzolini, A.B. Smith en font un usage excessif en voyant un complexe lithique assez uniforme couvrant une vaste région s’étendant du Nil jusqu’en Mauritanie, et auquel seraient associées les premières céramiques sahariennes. De multiples données ne permettent pas de retenir cette thèse : les harpons à un rang de barbelures se retrouvent à diverses époques, les habitats de pêcheurs ne sont pas exclusifs du Néolithique ancien, ni de ces régions, les plus anciennes céramiques ne sont pas associées à une économie lacustre. On ne saurait donc parler d’un ensemble culturel homogène, il s’agit plutôt de groupes pouvant procéder de cultures différentes, qui, pour des périodes de durée variable, profitaient de la mise en eau de surfaces plus ou moins vastes pour s’adonner à la pêche. Est-ce suffisant pour identifier une « civilisation de pêcheurs » ?

Les hommes et les modes de vie Avec une pluviosité moyenne estimée supérieure à l’actuelle de plus de 100 mm, l’Holocène inférieur développe sur le Sahara un paysage de steppe arborée plus ou moins éparse dans les lieux les plus favorisés, de steppe herbacée 1 .- Rappelons que la thermoluminescence a pour 0, l’année 1980.

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Une néolithisation très ancienne ailleurs. Autour de 8000 B.P. (6900 av. J.-C.), on estime la remontée du Sahel vers le nord à 300 km. Des forêts de chênes et de cèdres avec érables, tilleuls se développent en altitude. Dans l’oasis égyptienne de Nabta, H. Barakat verrait une brousse semi-désertique à acacias. Dans les régions méridionales, un climat chaud et humide installe des zones lacustres ou marécageuses, que le développement de trypanosomiases désavantage. C’est néanmoins près d’un lac qu’a été identifié le site de Gobero.

La population La population du Néolithique ancien est connue par des restes provenant les uns du Massif central saharien, surtout de sa périphérie depuis la découverte de Gobero, les autres de la vallée du Nil. Ceux venant de la phase ancienne de Gobero, développée de 7700 à 6200 av. J.-C., ont été rapportés à une population mechtoïde. Ce sont des sujets robustes, de stature élevée (jusqu’à 2 m) pour les deux sexes. Ailleurs, les individus retrouvés appartiennent à une population aux caractères négroïdes plus ou moins marqués, à face allongée, prognathe, aux orbites écartées. Les plus anciens viennent de Tin Hanakaten et appartiennent à l’Holocène inférieur, ils présentent des caractères négroïdes atténués, le cas de H1 est significatif. Ces caractères sont plus accentués dans des périodes suivantes. Ph. Lefèvre-Wittier qualifie de négroïdes, les deux enfants et l’adulte retrouvés dans le niveau inférieur d’Amekni. M.C. Chamla range dans un type négroïde soudanais les hommes de Tamaya Mellet, remarquables par leur grande taille, leurs os robustes à extrémités très volumineuses. A El Barga, M. Honegger parle « d’une robustesse et une taille impressionnantes ». C’est aussi à un type soudanais que sont rapportés les restes retrouvés en Haute Nubie, à Khartoum Hôpital, au Djebel Moya, à Shabona. Une grande partie de ces populations viendrait de niches écologiques dans lesquelles elles s’étaient réfugiées durant le Pléistocène final, le graphisme des gravures Kel Essuf identifiées en Tadrart par l’un de nous (M.T.) évolue en effet vers celui de personnages têtes rondes et les superpositions confirment bien la succession. Elles viendraient aussi des marges désertiques qu’elles avaient investi alors ; l’homme de l’Holocène inférieur aurait accompagné la remontée de la grande faune mammalienne, celle représentée par l’art rupestre et qui comprend des animaux de savane et de forêt claire. Cette hypothèse déjà ancienne trouve confirmation dans les travaux menés à Ounjougou par l’équipe E. Huysecom.On retrouve des indications semblables dans l’art rupestre du Sahara central. Les peintures têtes rondes qui sont rapportées à l’Holocène inférieur, figurent des individus aux traits négroïdes particulièrement prononcés avec leur nez épaté, leurs reins cambrés. Dans la plus récente de ses phases, dite des masques nègres, H. Lhote voyait aussi la présence de profils nettement europoïdes, à nez aquilin, stature plus raide.

La stratégie alimentaire Partout, la chasse procurait certainement une part sensible de la nourriture. Les gazelles, en particulier Gazella dorcas, les antilopes, mouflons, figurent comme animaux les plus prisés. Les techniques de chasse illustrées par l’art

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Sahara préhistorique rupestre rapportent, dans les peintures têtes rondes anciennes, l’emploi d’une arme nouvelle, l’arc. Il paraît se généraliser très vite, à en juger par le nombre de têtes de flèche retrouvé dans la plupart des sites à partir de 8200 B.P. ; les peintures le montrent clairement sous différentes formes dont certaines indiquent un degré de sophistication élevé dès cette époque avec une arme à triple courbure qui ne peut être que composite. La pêche paraît la base de l’alimentation à Gobero où des poissons-chats, Clarias, Synodontis, des perches et des carpes sont mentionnés. La vallée du Nil a apprécié les mollusques dont on retrouve nombre de coquilles. A Saggaï, la teneur en strontium des ossements humains, outre une nourriture riche en coquillages, traduit une consommation de plantes bien supérieure à ce qu’elle sera postérieurement. Le micocoulier devait être de consommation courante dans le Sahara central où il a été retrouvé dans la plupart des sites. Des figues et des olives ont été consommées à Tin Hanakaten et Amekni1. A Tin Hanakaten, Acacia albida a pu avoir une utilisation alimentaire. Dans l’Akakus, Artemisia et des Graminées retrouvées dans des coprolithes humains ne laissent aucun doute quant à leur consommation, outre les Graminées, l’usage de Ficus, Tamarix et Calligonum, à un degré moindre de Mœrua, Boscia paraît privilégié. Mais il s’agirait de plantes spontanées plutôt que de plantes connaissant une intervention humaine. La consommation de graines sauvages par les populations touarègues actuelles a été largement soulignée par des auteurs tels que M. Gast ou E. Bernus. Or, précisant l’importance de la production de céréales sauvages qui, dans la vallée de l’Ighazer, après de fortes pluies d’été, pourraient atteindre 250 kg à l’hectare pour Sorghum æthiopicum et Panicum lætum, 40 à 70 kg pour Stipagrostis pungens ou Panicum turgidum, E. Schulz et A. Adamou estiment que les conditions climatiques de l’Holocène inférieur devaient permettre de semblables productions2. C’est cette prolifération de graminées sauvages consommables qui serait à l’origine de l’invention de la poterie utilitaire dont les premiers témoins ont été reconnus à Ounjougou, ouvrant des perspectives nouvelles quant au développement du Néolithique. Néanmoins, tout en demeurant ténues, les données disponibles pour cette époque laissent percevoir auprès d’activités de subsistance des plus anciennes, chasse, pêche, collecte, cueillette, des essais de culture et d’élevage. Cet intérêt pour une nouvelle nourriture se décèle dans la poterie qui traduit un besoin nouveau tel qu’une nouvelle préparation culinaire ou un stockage ; son importance, sa valeur symbolique se perçoivent dans l’emplacement protégé qui lui était réservé à Uan Tabu. Et faut-il voir une traduction d’une nouvelle manière de vivre dans les représentations de végétaux et de meules dont la phase III des peintures têtes rondes s’enrichit ? Une intervention humaine sur la végétation est soupçonnée en divers lieux. A Amekni, P. Guinet et D. Planque posaient la question d’un défrichement en raison de l’abondance des Composées liguliflores et d’une possible modification de Pennisetum, cependant, les deux pollens jugés trop grands pour une espèce 1 .- Les bois d’Olea et Ficus ont été très utilisés à Amekni ; si Olea peut fournir un bon combustible, Ficus aurait plus probablement servi à faire des ustensiles ou des charpentes légères. 2 .- Actuellement, la consommation moyenne normale serait de l’ordre de 220 g par personne et par jour.

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Une néolithisation très ancienne sauvage, s’avèrent aujourd’hui en deçà de la taille des espèces cultivées. A Uan Afuda, le nombre réduit d’espèces végétales comparé au spectre de la région montre que l’homme opérait un choix parmi les plantes ; un stockage de Graminées sélectionnées y paraît probable. Des céréales type II proviennent de la base du niveau Late Akakus ; des empreintes de Panicum et autres Graminées ont été observées dans les poteries. Des caryopses calcinés suggèrent par ailleurs une cuisson par grillage. Un grain d’orge cultivé et un fragment d’inflorescence ont été identifiés dans le site E-75-6 du Désert libyque daté de 8290 ± 80 B.P. (SMU-257) (7480–7190 av. J.-C.). Dans le faciès El Nabta, l’orge est cultivé et le sorgo paraît jouer un rôle important. Divers auteurs tel R. Porteres, J.R. Harlan, plus récemment J. Pernès, L. Marchais, S. Tostain ou P.E.L. Smith et A.S.A. Mohamed-Ali, en effet, ont vu les uns dans le Sahara central, les autres dans le Sahara méridional et le Sahel un centre de diffusion de la culture des mils et sorghos. Pour S.A. Mohamed-Ali, elles auraient atteint la vallée du Nil par le Tibesti.

Les populations des débuts de l’Holocène sont connues par diverses inhumations retrouvées dans le Sahara central et la vallée du Nil. Celles retrouvées à Gobero se rattachent à un peuplement mechtoïde, les autres présentent toutes des traits négroïdes plus ou moins marqués. Ces derniers caractères sont confortés par les représentations humaines qui figurent dans l’art rupestre du Tassili n’Ajjer et de l’Akakus se rapportant à cette période. Les restes retrouvés montrent l’attention qui pouvait entourer les malades et les infirmes, et les pratiques funéraires témoignent de soins portés aux cadavres, sans laisser percevoir de rituel systématisé dans la mise en terre. L’origine des populations est incertaine. Celles du Sahara central viendraient des niches écologiques investies lors de l’aride pléistocène final et d’une migration accompagnant la remontée du FTI. Celles du Sahara oriental viendraient de la vallée du Nil rendue inhabitable par les inondations des débuts de l’Holocène inférieur alors que l’artésianisme faisait des dépressions qui truffent le désert, des lieux privilégiés de vie. Dans le massif de Termit, au sud du Ténéré, G. Quéchon interprète comme houes les très nombreuses pièces de grès de deux à trois centimètres d’épaisseur taillées en ogive par retouche bifaciale et munies de deux encoches latérales permettant de ligaturer un emmanchement. Pour l’auteur, ces pièces sont particulièrement adaptées à préparer un sol meuble et léger, du genre limon sableux. Les pics-bifaces et les haches polies qui les accompagnent, sont des outils que l’on traduit généralement comme matériel de défrichage. P. Huard fait également état de matériel aratoire sur les franges du Borkou et de l’Ennedi, mais sans précision d’âge. L’existence de pratiques agricoles dans le Néolithique pré-pas-

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Sahara préhistorique toral est par ailleurs suggérée par une peinture de Tin Teferiest montrant deux personnages penchés tenant en main un plant aux racines très marquées, qui est lue comme une scène de repiquage par la quasi-totalité des auteurs. La domestication du bœuf paraît acquise au 9ème millénaire. Dans les oasis égyptiennes, des restes qui lui sont attribués par A. Gautier proviennent des sites E-75-6, E-77-3 et E-77-7, accordant cette pratique aux faciès El Adam et El Kortein. A Tin Hanakaten, si l’élevage est bien avéré à l’Holocène moyen, quelques fragments osseux rapportés à Bos taurus par Y. Chaid-Saoudi sont plus anciens. Et, dans le Tassili n’Ajjer, l’Akakus, des peintures têtes rondes des environs de Tin Hanakaten, de Sefar, Afa figurent un saut au-dessus d’un taureau, réplique parfaite d’un rite initiatique de vacher pratiqué encore récemment dans la région des grands lacs. Partout, la rareté de leurs restes osseux donne à penser que les bovins n’étaient pas élevés pour leur chair mais pour leur lait et/ ou leur sang. La chèvre traditionnellement originaire du sud-ouest asiatique où elle serait domestiquée avant 8000 B.P. (6950 av. J.-C), pourrait être aussi ancienne au Tassili n’Ajjer. Même si l’on ne dispose pas d’ossements, il est en effet difficile d’entendre comme sauvages, celles qui auraient laissé leurs excréments au sein d’habitat humain daté autour de 9000 B.P. (8250 av. J.-C.). Les plus anciens restes de capridés viennent par ailleurs des régions de Nabta et Kiseiba, Bashendi A et dateraient du 6ème millénaire. A la même époque, leur présence a été contestée à Uan Muhuggiag. Ces éléments attirent l’attention sur les propos de A. Muzzolini qui insistait sur la présence de moutons et chèvres sauvages en Afrique et une domestication locale possible. Au Tassili n’Ajjer et l’Akakus, une intérêt particulier est également porté aux mouflons. Non seulement leurs restes sont des plus fréquents, mais l’art leur accorde une place de choix, les figurant souvent, les mettant volontiers en ligne au même titre que les humains. Une peinture de Tin Tazarift représentant un personnage arc-bouté qui tire une femelle gravide a pu être entendue comme une scène de capture en vue d’une mise bas près des hommes. Une zone de stabulation de mouflons avec apport de foin a été identifiée au fond de l’abri de Uan Afuda et montre indiscutablement que ces animaux vivaient en captivité. Si S. di Lernia évoque une capture en vue de pratiques cérémonielles, la forte fréquence de leurs ossements dans les gisements indique aussi qu’ils devaient être recherchés pour leur chair.

L’habitat Au Sahara central, l’importance des dépôts, leur continuité suggèrent des habitats de longue durée sans interruption sensible. Des abris devaient être construits, même dans les habitats sous roche. Tin Torha Est et Tin Hanakaten ont montré une structuration de l’espace offrant les mêmes caractères : des blocs de grès disposés en cercle. Ils prenaient appui contre la paroi à Tin Torha Est, formaient des cercles avec une discontinuité vue comme une ouverture à Tin Hanakaten où leur diamètre variait de 1,5 à 3 m. Il est probable que les blocs

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Une néolithisation très ancienne aient été surmontés d’un matériau périssable. A Tin Hanakaten, l’intérieur du plus grand était pavé de petites pierres plates et des restes de branchages conservant des feuilles qui en couvraient une partie ont été interprétés comme une couche possible. Des huttes1 ont été également identifiées dans les habitats de plein air. A El Barga, Wadi el-Arab, des huttes de 5 m de diamètre avaient leurs parois enfoncées de plus de cinquante centimètres dans le sol. A Khartoum Hôpital, des fragments d’argile brûlée portant des traces de claies ont été rapportés à des auvents. Des données significatives viennent de E-75-6 où F. Wendorf et al font état de huttes avec foyers, de fosses de stockage disposées sur deux rangs parallèles. Elles dateraient de 8200 B.P. (7200 av. J.-C.). Ils identifient deux types de huttes aux parois enfoncées plus ou moins dans le sol, sans pouvoir affirmer ou infirmer leur contemporanéité. Les unes ont une forme ronde d’un diamètre de 4 m, les autres, rectangulaires, allongées, mesurent 7 m en direction est-ouest. Les montants devaient être faits en tamaris et être recouverts de peaux d’animaux. Des foyers sont diversement disposés, alignés selon le grand axe ou placés au centre et au sud dans les huttes allongées, au sud dans des huttes rondes. Chaque hutte renfermait une douzaine de petites cuvettes à fond arrondi, dont certaines étaient placées près des foyers ou dans les foyers eux-mêmes. Ce serait des restes de récipients ayant contenu des aliments. L’une des huttes allongées disposait en son centre de trois niches interprétées comme des couches. Une telle organisation traduit une communauté relativement large et disciplinée. Divers sites sont entendus comme des habitats de populations semi-nomades. A Tagalagal, J.P. Roset propose des déplacements pouvant atteindre plus de 75 km, à l’Adrar Bous 10, ils seraient plus réduits, de l’ordre de 20 km. Tin Torha, Khartoum Hôpital, les sites de type El Kortein du Sahara oriental auraient été occupés en saison sèche, sans que l’on ait d’indications sur les déplacements. A El Barga, au tout début du 6ème millénaire, le passage à un pastoralisme dominant se traduit dans un habitat plus diffus, une moins forte densité de matériel dans les sites, et s’accompagne d’un regroupement des morts en cimetières.

Les pratiques culturelles En constatant, chez la femme H3 d’Amekni, une lésion crânienne, fracture grave qui a été consolidée, mais qui a laissé des séquelles dont la comitialité, Ph. Lefèvre-Wittier souligne une grande solidarité chez cette population. Divers rites anciens se retrouvent comme l’avulsion dentaire largement adoptée dans le Pré-Khartoum2 : à Khartoum Hôpital, hommes et femmes avaient pratiqué celle de l’incisive médiane supérieure, maintenant ainsi une coutume qui existait en Nubie au Paléolithique supérieur. L’art rupestre et les rites funéraires traduisent une grande richesse spirituelle, aux manifestations à la fois abondantes et diversifiées. La question du chamanisme, qui a été posée par U. Sansoni, pourrait être accréditée par la découverte de plantes hallucinogènes, Peganum et Hyosciamus, dans le gisement 1 .- Celle identifiée à Uan Tabu, se démarque par une forme rectangulaire et la concentration d’objets « précieux », poteries, colorants, à l’intérieur. Elle suppose plus un lieu de conservation qu’un habitat. 2 .- Cette pratique se retrouve au Kenya, dans le Néolithique et semble avoir persisté longtemps en Afrique.

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Sahara préhistorique d’Uan Afuda. Elles auraient pu être utilisées avec Artemisia pour la préparation d’infusions narcotiques. De même, la forte proportion d’Echium dans les pollens issus de la litière d’Ammotragus a laissé supposer l’utilisation de la plante pour droguer l’animal. Tout porte ainsi à croire que les propriétés des plantes étaient alors bien connues. Les pratiques funéraires Une dizaine d’individus vient de la zone saharienne à laquelle la découverte d’une imposante nécropole à Gobero datée entre 8640 ± 40 et 7390 ± 40 B.P. (P587 et P544) (7730–7580 et 6380–6210 av. J.-C.) en ajoute une trentaine. La vallée du Nil a, elle aussi, livré une trentaine d’individus. Aucune tombe n’avait de marque. Elles renfermaient des inhumations individuelles ; des cas particuliers ont été observés à Gobero où des tombes ont livré deux ou trois individus dont les ossements enchevêtrés indiquent des inhumations simultanées. A Tamaya Mellet, les premières découvertes, des ossements épars, avaient conduit les auteurs à retenir l’idée de morts « jetés » parmi les rejets de nourriture ; les travaux récents ont pu y mettre au jour à la fois des ossements dispersés et des inhumations et montrer que par manque de place, les restes anciens étaient repoussés pour permettre de déposer un nouveau corps. Aucune orientation, aucun côté de repos privilégié n’apparaît, seules les positions semblent répondre à un rituel. Le décubitus latéral fléchi paraît privilégié en zone saharienne, les membres inférieurs pouvant être plus ou moins repliés. Une position contractée était toutefois celle des deux enfants d’Amekni et une position hypercontractée celle de la population kiffiane de Gobero. Cette position contractée est courante dans la vallée du Nil. C’est le cas dans le PréKhartoum, à Khartoum Hôpital, El Barga, El Damer, Saggaï avec des positions fortement fléchies ou contractées mais non forcées. Au Sahara, peu de parure figurait dans les tombes. A Amekni, deux rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, une pendeloque en ivoire et deux épingles, étaient dispersées à proximité de l’adulte, à Gobero, certains défunts portaient un bracelet, étaient associés à quelques perles en pierre ou en test d’œuf d’autruche. Dans les tombes de la vallée du Nil, la parure consiste en pendeloques aménagées dans des phalanges et des dents, en rondelles d’enfilage façonnées dans des tests d’œuf d’autruche, en coquilles d’Ampullaria ou vertèbres de python, en colliers faits avec des vertèbres de poissons. Elle est importante à El Barga avec des bracelets en divers matériaux, tout particulièrement en ivoire, des coquillages auxquels s’ajoutent pour les adultes des boucles d’oreille et des labrets. Les dépôts funéraires sont rares dans le Sahara, fréquents dans les tombes de la vallée du Nil. Ils comportent des colorants, ocre, pigments blanc ou bleu. A El Barga se trouvaient des palettes, à Saggaï des coquilles de mollusques, dans quatre tombes d’El Damer, des coquilles abrasées, dans une autre ce pourrait être une tête de gazelle qui était placée à 60 cm et regardait dans la même direction que le défunt. Le rituel le mieux connu vient de Tin Hanakaten avec les trois inhumations du niveau inférieur : faites en fosse, elles ont été marquées à hauteur de la tête

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Une néolithisation très ancienne par une grosse pierre aux surfaces plus ou moins planes, portant de l’ocre sur sa face inférieure. Chaque corps avait été enduit de peinture blanche à base de kaolin et enveloppé d’une vannerie avant d’être mis en terre. Aucun mobilier, aucune parure n’a été retrouvé. H1 et H2 étaient dans la même fosse, l’un audessus de l’autre et tout donne à penser qu’ils avaient été inhumés en même temps. H1 était en décubitus dorsal, au-dessous H2 reposait en décubitus latéral fléchi, H7 avait cette même position. Mais les orientations variaient, est-ouest pour H1 et H2, nord-est sud-ouest pour H7.

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Un important changement dans le mode de vie est traduit dans la trousse à outils qui diffère de la trousse épipaléolithique par la présence de l’arc, de haches, d’erminettes, de récipients en poterie. Il implique de nouvelles activités qui s’ajoutent à celles de chasseurcueilleur, voire pêcheur. A.E. Close a proposé deux pôles de néolithisation, l’un au Sahara oriental, l’autre au Sahara central, si le premier se confirme, le second semble faire place à la bordure méridionale du Sahara et l’idée d’une néolithisation complexe, chacun des éléments qui font le Néolithique se mettant en place indépendamment en des lieux différents prend corps ; les uns auraient connu le succès, d’autres n’auraient pas duré comme on le soupçonne pour le mouflon et probablement l’antilope, la girafe et peut-être le cheval dans le Sahara central. Les traces les plus anciennes d’élevage affirmé pourraient venir du Sahara oriental où des ossements de bovins domestiques sont connus vers 9000 av. J.-C., du Sahara central où des excréments d’ovicapridés se retrouveraient dans l’habitat dès avant 8200 av. J.-C. Au Sahara méridional, la poterie est antérieure à 9400 av. J.-C. ; E. Huysecom lie son invention au développement de graminées dû à la reprise de la mousson : entraînant de nouvelles ressources, il a engendré un nouveau comportement et une nouvelle technologie pour la collecte, le stockage et le traitement. Les céréales cuites étant beaucoup plus digestes, elles auraient été bouillies dans un récipient, conduisant au développement de la poterie. A l’inverse de l’art des Chasseurs, l’art rupestre d’alors figure souvent l’homme. Il suggère des rites parfois rapprochés du chamanisme. Il montre un imposant développement de la parure, l’existence de vêtements variés avec pantalons, jupes et gilets

Les manifestations artistiques Alors que les témoins d’art mobilier sont quasi-inexistants, l’art rupestre s’avère d’une très grande richesse. Dans la vallée du Nil, aux représentations de faune, il substitue des tracés géométriques, des formes en champignons, entendus comme pièges à poissons. Au Sahara central, on rapporte à cette période une partie de l’art peint têtes rondes et de l’art gravé bubalin en raison de leurs positions stratigraphiques respectives que conforte, pour les Têtes rondes, diverses

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Sahara préhistorique similitudes dont les inhumations. Ces séquences, marquées par l’abondance des représentations humaines, tranchent avec les représentations animales de la période des Chasseurs et sont entendues par F. Mori comme le signe d’un profond changement dans la pensée de l’homme et de la position qu’il occupe dans sa cosmogonie. L’art des Têtes rondes exprime un esprit très africain par ses masques, ses personnages masqués -ils ont pu être rapprochés de masques senoufo subactuels de Côte d’Ivoire-, alors que la fréquence des zoomorphes dans le Messak et la Tadrart, n’est pas sans évoquer l’Egypte ancienne. Certaines figures attirent l’attention sur la musique chez les populations têtes rondes. A diverses reprises, des instruments à vent sont discernables, sans qu’aucun élément pouvant s’y rapporter n’ait été identifié dans les fouilles. Mode et Parure L’aspect des personnages, leurs attitudes, leurs vêtements, sont des apports notables de l’art rupestre à la documentation. Ils prennent tout leur sens quand des relations sont établies entre des niveaux archéologiques et des niveaux picturaux comme c’est le cas pour la période des Têtes rondes et le Néolithique ancien (Late Akakus) des Tassili-Akakus. Les peintures têtes rondes figurent volontiers des corps couverts de peintures ou tatouages, aux motifs divers, réalisés par combinaison de points et/ou lignes parallèles. Le pagne, porté par hommes ou femmes, est le vêtement le plus courant et se décline en plusieurs modèles. Sur les figures masculines, il pourrait être associé au port d’un étui pénien. Diverses figures laissent soupçonner des vêtements plus sophistiqués, tel un pantalon corsaire sur une figure de Sefar et probablement sur un personnage de la grande fresque de Tan Zoumaitok ; il prend l’aspect d’une courte jupe semblable à un tutu à Ouan Bender ou Sefar. A l’inverse, un personnage de Techekalaouen est revêtu d’un long vêtement à courtes manches qui dénude le dos jusqu’aux reins. La tête devait être couverte, mais il reste délicat de dissocier ce qui est une chevelure d’un couvre-chef. Une peinture de Sefar montre que la tête ronde pourrait traduire le port d’un casque. La parure est abondante, d’une grande variété. N’ayant pas utilisé le métal avant le 4ème millénaire et cet usage s’étant peu répandu avant le milieu du second millénaire, on doit admettre que, longtemps, les hommes se parèrent de bijoux faits en coquillages, en pierre tendre et surtout en matériaux périssables tels que peaux, végétaux, ce qui explique la discordance entre la richesse des figures et la pauvreté des produits de fouille. Sur les peintures têtes rondes, les bracelets sont courants aux bras des hommes comme à ceux des femmes. Ils peuvent être simples, étroits ou larges, évoquer des « semaines » ; ils ornent les poignets, se portent au-dessus du coude ou haut sur le bras à la naissance de l’aisselle ; ils se portent aussi à la cheville. Les colliers peuvent être un simple lien supportant un pendentif, comporter plusieurs rangs reliés les uns aux autres jusqu’à prendre l’aspect de pectoraux. A hauteur du genou et du coude, se voient parfois des accessoires triangulaires, sorte de sacs oblongs qui descendent jusqu’au bas du membre et sont peut-être des sacs à esprits. La comparaison que l’on peut faire avec les peintures plus récentes montre que les représentations d’aucune autre période n’accorde une telle place à la parure.

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Chapitre V LE NéOLITHIQUE MOYEN UN NéOLITHIQUE PASTORAL Avec le Néolithique moyen, une véritable explosion du peuplement transparaît, le Sahara se couvre d’installations humaines. Un climat généralement moins froid, globalement plus sec qu’à l’Holocène inférieur, qui favorise le large développement d’une steppe herbacée propice au pastoralisme, est certainement en cause. Mais à partir de 4500 B.P. (3200 av. J.-C.), la zone saharienne se dépeuplera peu à peu sous l’effet de l’aridité qui s’amorce et qui ne cessera d’être accentuée par l’action des hommes. La distinction entre un Néolithique ancien et moyen est souvent délicate1. L’aride mi-holocène, que l’on situe vers 7500-7000 B.P. (6400-5900 av. J.-C.) au Sahara central, n’a pas entraîné une rupture partout et quand elle existe, elle ne se manifeste pas toujours de la même manière. A Tin Torha, dans l’Akakus, elle est marquée par une fin d’occupation, à l’Adrar Bous par un repeuplement, les travaux de J.P. Roset ayant mis en évidence une désaffection de la région au 7ème millénaire, lors de la période d’extension maximale des lacs. Dans des sites qui ont connu une longue occupation, le passage peut être insensible. En Ennedi, G. Bailloud n’a saisi aucune discontinuité jusqu’à l’Age du Fer dans les dépôts de la grotte de Délébo. A Tin Hanakaten dans le Tassili n’Ajjer, l’outillage ne traduit qu’une discrète évolution alors qu’une modification sédimentaire est bien marquée, que l’art rupestre et les pratiques funéraires traduisent des coutumes différentes. Dans le Tell, la question d’une appartenance à un Néolithique ancien ou moyen se pose pour le Néolithique cardial dont on saisit aujourd’hui les prémices au 7ème millénaire. Le nombre de sites connus, étudiés, ne doit pas faire illusion ; eu égard à la surface des pays, ils ne permettent qu’une approche très lointaine ; parfois, voire souvent, des faciès ne sont que soupçonnés au travers de quelques éléments comme la forme des têtes de flèche. Outre de petits sites limités à quelques pièces dont on ne peut saisir ni l’âge, ni l’appartenance culturelle, des pièces isolées, insolites, gisent parfois sur les regs. C’est le cas des pierres de Ben Barour, dont l’interprétation comme pierres d’entrave paraît confirmée par une représentation rupestre. Tout comme au Néolithique ancien, la variabilité de l’outillage est telle d’un site à l’autre que souvent les identités ne peuvent être 1 .- Rappelons que cette subdivision n’est qu’un moyen de classement à même de souligner la diachronie des transformations.

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Fig. 29 - Gisements du Néolithique moyen mentionnés.

Sahara préhistorique

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Un néolithique pastoral

Fig. 29 - Gisements du Néolithique moyen mentionnés dans le texte : 1) Amekni ; 2) Abouleg ; 3) Tiouiyne ; 4) Chet Iler ; 5) Meniet, Km 20, Baguena V, N'Bibi ; 6) Arak ; 7) Ekaham wan Taliwin ; 8) Tan Ainesnis ; 9) Idelès ; 10) Tihodaïne ; 11) Iheren ; 12) In Itinen, Ouan Tartaï, Titerast n'Elias, Tissoukaï, Sefar, Jabbaren ; 13) Anou Oua Lelioua, Tahort, In Relidjem, Ihâran ; 14) Tin Hanakaten, Tin Aressu ; 15) Uan Muhuggiag, wadi Athal ; 16) Tin Torha Nord ; 17) Uan Telocat ; 18) Fozzigiaren ; 19) Tissalatin ; 20) Mankhor ; 21) Bardagué, Ounianga Kebir, Ounianga Serir, Katam ; 22) Soro Kézénanga II, Orogowdé, Délébo, Gobé V ; 23) Rabak ; 24) Shabona, Jebel et-Toma ; 25) Guli ; 26) Djebel Moya ; 27) Site KG10 ; 28) Shaqadud ; 29) El Ghaba ; 30) Wadi Howar, (Djebel Rahib (80/87), Abu Tabari (S95/2-3), Conical Hill (= Site 84/24)) ; 31) Wadi Shaw ; 32) Wadi el Khowi ; 33) Kadruka ; 34) Saï ; 35) Abka, Gorgon ; 36) Selima (Site 85/79) ; 37) Cansado, Tintanpêcheurs, Et Teyyedché, FA38, FA39 ; 38) Gebel Kamil ; 39) Wadi el Akhdar (81/4) ; 40) El Kortein E-77-5, El Kiseiba E-79-2, El Ghorab E-79-4 ; 41) Nabta Playa E-75-8 (=E101K3) ; 42) Abu Ballas (Site 85/50) ; 43) Dakhla (sites 269, 385) ; 44) Lobo (=Site BOS 81/55) ; 45) Farafra (Aïn Dalla, Wadi el-Obeiyd) ; 46) El Tarif ; 47) Fayum (kôm W, kôm K, QS X/81), Qasr el Sagha ; 48) Merimdé Beni-Salamé ; 49) Grande Mer de Sable ; 50) Siwa ; 51) Haua Fteah, Abou Tamsa ; 52) Abbiar Miggi ; 53) Izimane ; 54) Oued Labied ; 55) El Bayed ; 56) XO La Touffe ; 57) Chaambi III ; 58) Khellal II ; 59) Aïn Guettara ; 60) Abd el Adhim ; 61) El Hadjar-sebkha (=Site 6710) ; 62) Ashech III (=Site 6910) ; 63) Bonh Behl (Site 6601), Hassi Mouillah, Les Deux œufs ; 64) Bamendil-Gara Driss, Bordj Mellala I ; 65) Sidi Aïch ; 66) Aïn Kouka ; 67) Hergla ; 68) Constantine (Grotte des ours (=Ghar Zahar), Grotte du mouflon, Grotte des pigeons) ; 69) Aïn Naga ; 70) Safiet bou Rhenan, Botma Si-Mammar ; 71) Hassi Menikel ; 72) Ouhaïda ; 73) Ouhada ; 74) Columnata, Vigne Serrero, Vigne Boubay, El Kef ; 75) Les Deux mamelles, Djebel Djezzar, Oued el Kheir, Torch, La Stidia, Aïn Tédelès, Djebel Mouzaïa ; 76) Oued Guettara ; 77) El Arrouya ; 78) Mahisserat, Garet et Taleb ; 79) Kheneg Kenadsa ; 80) Rhafas ; 81) Jorf Akhdar, Sidi Moussa ; 82) Hassi Ouenzga ; 83) Ifri Oudadane, Ifri Armas, Kaf Boussaria ; 84) Gar Cahal, Kaf Taht el Ghar ; 85) Achakar Grotte des idoles, Mugharet el Aliya (El Khril A?), Mugharet es Safiya (El Khril B), Mugharet el Khail (El Khril C ?) ; 86) Oued Tahaddart ; 87) El Harhoura 2, Rouazi ; 88) El M'nasra 1(=Grotte des Contrebandiers), El M'nasra 2 (=Grotte du Casino) ; 89) Cap Sim ; 90) Oued Zeggag ; 91) Foum Seïada ; 92) Zmeilet Barka ; 93) Hassi Manda ; 94) Gisement Florence ; 95) Tarentule I, II et III ; 96) Tabelbala ; 97) Autruche V ; 98) Hassi bou Bernous ; 99) Aoulef : 100) Khouigueur ; 101) Barouâga ; 102) Tin Kar ; 103) Takéné-Bawat (TB1, TB6) ; 104) In Aruinat (1, 2, 7) ; 105) In Tékébrin ; 106) In Tuduf ;107) Chin Tafidet ; 108) Dufuna ; 109) Konduga ; 110) Adrar Gueldaman ; 111) Doukanet el Khoutifa, Kef Hamda ; 112) Majâbat el Koubrâ ; 113) Ounjougou. Cartouches A - 1) Shaheinab ; 2) Geili ; 3) Sarourab ; 4) Saggaï ; 5) Kabbashi ; 6) Island ; 7) Kadero ; 8) Zakiab ; 9) Umm Direiwa 1, Umm Direiwa 2 ; 10) El Qoz. B - 1) Dibeira West 4 ; 2) DIW 5 ; 3) Ashkeit ; 4) Dibeira West 50, DIW53 ; 5) Site 626 ; 6) Site 628 ; 7) Site 629 ; 8) Site 1045 ; 9 ) Site 2007 ; 10) Site 1029 ; 11 ) Site 604 ; 12) Site 2002, Site 1001 ; 13) Site 94. C – 1) Table de Jaatcha ; 2) Bekkaria ; 3) Henchir Hamida ; 4) Redeyef ; 5) Abri 402 ; 6) Ksar Tebinet ; 7) Damous el Ahmar. D - 1) Bou Zabaouine ; 2) Ouled Zouaï ; 3) Harmelia ; 4) Mechta el Azla ; 5) Djebel Marhsel, El Marhsel ; 6) Djebel Fartas, Roknia (grotte des Hyènes) ; 7) Khanguet Si Mohamed Tahar. E -1) Kristel-jardins (=Station des Travertins) ; 2) Cimetière des escargots (=Les Coralès) ; 3) Grotte du Midi ; 4) Grotte du Polygone ; 5) Grotte des Troglodytes ; 6) Grotte de Noiseux ; 7) Aïn Gueddara ; 8) Les Genêts. F – 1) Kolokaya ; 2) Tardjié ; 3) Kolokoro ; 4) Yentas ; 5) Arkana ; 6) Dao Timmi ; 7) Ehi Woro. G - 1) Rocher Toubeau 3 (=Site 3 Roset) ; 2) Rocher Toubeau 5 ; 3) Agorass in-Tast ; 4) Adrar Bous (I, III) ; 5) Adrar Chiriet ; 6) Arlit, Madaouéla ; 7) Areschima ; 8) Gara Tchia Bo, Dogomboulo ; 9) Gobero. H - 1) Trhaza MT25 ; 2) Trhaza MT26 ; 3) Trhaza MT27 ; 4) MT21 ; 5) MK42, Tagnout Chaggeret ; 6) Ine Sakane ; 7) Bir Ounan MK21 ; 8) Foum el Alba MK36 ; 9) Hassi el Abiod AR7 ; 10) Outeïdat ; 11) MN10 ; 12) MN14, MN27, MN35, MN36, 13) MK35 ; 14) AZ21 ; 15) AZ22.

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Sahara préhistorique perçues que par le biais de fossiles directeurs1. C’est alors que les indices d’artisanat se confortent, que les prémisses d’une organisation en cité s’esquissent dans la Basse vallée du Nil. Des scènes d’affrontement apparaissent dans l’art rupestre du Sahara central. Les plus anciennes ne dénotent cependant guère d’agressivité et s’interprèteraient plus comme des joutes que des batailles, au contraire de scènes du Néolithique récent qui montrent l’enjeu que représente alors le point d’eau ou le puits et aucun site du Néolithique moyen ne peut se lire comme clairement défensif, ce qui sera le cas plus tard. Divers auteurs ont remarqué la présence, en Egypte, de traits culturels bien affirmés beaucoup plus tôt dans certaines régions du Sahara comme les inhumations animales, les représentations d’hommes à tête animale de Tadrart et du Messak, de personnages cornus du Messak, de l’Akakus, du Tassili n’Ajjer ou du bélier à sphéroïde de l’Atlas saharien. F. Mori lit une barque des morts à Uan Muhuggiag. A l’inverse, des particularités égyptiennes manquent dans le Sahara central. Ce sens unique, ouest-est, de circulation culturelle ne peut donc être entendu comme résultant de contacts ayant mis en relation deux régions car ceux-ci auraient entraîné des échanges. Se posent alors les questions suivantes : s’agit-il d’entités issues à un rythme différent de mêmes mythes dont on n’a pas encore su saisir les traces, (mythe très africain puisqu’en Europe ou en Asie occidentale, ces thèmes sont rares ou manquent) ? S’agit-il d’un mouvement de populations lié au développement du désert au cours de la crise aride mi-holocène ?

Le néolithique des massifs centraux : un néolithique pastoral Dans les massifs centraux, le Néolithique moyen a d’abord été connu par les travaux de H.J. Hugot à Meniet sur la bordure septentrionale de l’Ahaggar. Le matériel archéologique qu’il retira des fouilles le conduisit à réduire le territoire démesuré, qu’en 1939, R. Vaufrey avait accordé au Néolithique de tradition capsienne2. Ni la structure de l’outillage, ni la poterie du Sahara central n’étaient en effet conformes aux ensembles industriels qui avaient servi à créer cette notion, même le site d’Aoulef qui se distingue par un matériel microlithique3 représentant le quart de l’outillage, la rareté des têtes de flèche, sa poterie grossière pouvait être rapproché du Néolithique de tradition capsienne. Depuis, divers travaux ont conforté, puis précisé, cette conception. En Ahaggar, s’appuyant sur les décors de la céramique, J.P. Maître distinguait plusieurs cultures ou faciès régionaux qu’il nommait culture de Timidouin, d’Amekni, faciès d’Abouleg. La culture de Timidouin apparaîtrait au cours du Néolithique ancien. Au Tassili n’Ajjer, le Néolithique moyen a reçu le nom de « Bovidien » en raison d’une mise en relation avec la période d’art rupestre désignée ainsi ; vers le sud, le Ténéréen pourrait traduire une facette de son évolution. Dans la Tadrart Akakus, F. Mori, M. Lupacciolu, à la suite de P. Graziosi, nomment cette période « Néolithique pastoral ». Dans l’Edeyen de Murzug, di Lernia et al y reconnaissent trois phases : « pastoral ancien » avec bovins domestiques, installations alternées en montagne et au bord de lagunes, daté de 1 .- Seul un ensemble de divers éléments significatifs a valeur de fossile directeur. 2 .- Cf p. 253. 3. Cf Annexes p. 565.

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Un néolithique pastoral 7438 ± 220 B.P. ( 6520-6180 av. J.-C.), « pastoral moyen » avec bovins, ovins et caprins, situé entre 6100 et 5000 B.P. (5050 et 3750 av. J.-C.), il connaît un vaste développement depuis l’erg Uan Kasa jusqu’au Tanezrouft avec de nombreux sites en bordure de plans d’eau qui peuvent être le point de départ de déplacements saisonniers, « pastoral récent » sans bovins, avec seulement caprins et ovins, situé entre 5000 et 3500 B.P. (3750-1850 av. J.-C.). Au Tibesti, la culture identifiée au Néolithique ancien dans les Enneri Bardagué et Dirennao, perdure ; un squelette humain, retiré de Bardagué par B. Gabriel, a été daté de 6930 ± 370 B.P. (Hv2195) (6200-5480 av. J.-C.). Au Djado, les travaux du CNRS (Groupement De Recherches 848), interrompus par la situation politique, n’ont permis qu’une approche sommaire. Dans ces régions mal connues, l’attribution de sites au Néolithique moyen demeure hypothétique. C’est le cas de Chet Iler dans le Tanezrouft, qui, sur 500 m de long, borde l’oued. Il renfermait des restes de caprins, bovins, antilopes. L’ensemble industriel, qui ne contenait pas de tête de flèche, est rapporté à une population d’éleveurs par H. Lhote, inventeur du site. L’outillage façonné dans des roches locales comprend des burins, perçoirs, des haches polies, des fragments de poteries et de plats en pierre. Des pièces ovoïdes avec méplat aux extrémités ont été dénommées « masses ». Des restes humains consistent en un crâne près duquel était une hache polie. Bovidien et Néolithique pastoral L’appellation Bovidien attribuée à une phase rupestre du Tassili n’Ajjer, dans laquelle les bovins sont omniprésents1, fut étendue, en 1966 par H. Lhote, à des industries qui semblaient en être les équivalents matériels. Depuis, cette relation n’a cessé d’être confirmée, mais les caractéristiques qu’en donnait H. Lhote : présence de plaquettes à bords retouchés -minces plaquettes de forme généralement ovoïde aux bords affectés d’une courte retouche plane- dites palets par G. Camps, disques et poterie rougeâtre à motif nids d’abeilles provenant de grands vases globuleux souvent engobés, lustrés, à ouverture légèrement resserrée, lèvre généralement arrondie, sont certainement à revoir. Néolithique pastoral est employé par les Italiens pour désigner une culture identique identifiée dans l’Akakus que les dates disponibles situent de la fin du 7ème millénaire jusqu’en fin de 3ème millénaire au moins. Le fond d’outillage reste celui du Néolithique saharo-soudanais ancien2. Les outils les plus courants sont des outils de fortune, racloirs sommairement aménagés, éclats portant quelques retouches marginales sur un bord. L’importance des pièces à coches et denticulés varie d’un site à l’autre, les têtes de flèche qui sont les pièces les plus soigneusement façonnées, sont toujours présentes, ainsi que quelques grattoirs volontiers circulaires. Les microlithes géométriques, pièces à bord abattu sont rares ou manquent. La poterie est courante, le décor est surtout fait au peigne, plus rarement à la spatule ; il peut se limiter à la partie supérieure du vase. Un art mobilier d’une grande qualité esthétique est traduit par des sculptures en pierre, des figurines en terre cuite qui esquissent des formes animales où les bovins prédominent. 1 .- Cf chapitre VII. 2 .- Ou seulement Néolithique saharo-soudanais pour les auteurs qui n’accordent à cette culture qu’un développement temporel réduit.

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Sahara préhistorique H. Camps-Fabrer a pu proposer une transhumance pour expliquer les différences mais aussi les relations fortes qui marquent les industries de l’erg d’Admer et celles du plateau des Ajjer attribuées les unes au Ténéréen, les autres au Bovidien. L’une aurait été une industrie de plaine à laquelle on accordait un territoire couvrant la vallée fossile du Tafassasset et l’erg d’Admer, l’autre, une industrie d’altitude. On sait aujourd’hui que les objets tels que disques, haches à gorge sur lesquels reposait l’attribution au Ténéréen sont des produits de négoce. Ils témoignent de contacts et ne peuvent être pris en considération pour différencier ces ensembles industriels. Cette remise en cause de l’appartenance culturelle des industries de l’erg d’Admer n’affecte pas l’hypothèse d’une transhumance qui peut restée liée à des motifs environnementaux. La culture bovidienne ne se limite pas au Tassili n’Ajjer. Vers l’ouest, non seulement elle couvre l’erg d’Admer, mais le Bovidien-Téfédest pourrait être vu comme un de ses faciès, un autre soupçonné en Immidir, demande à être précisé. Vers l’est, le Bovidien se retrouve dans l’Akakus sous l’appellation Early, Middle ou Late Pastoral, il se prolongerait dans l’erg de Mourzouk, le motif nids d’abeilles qui couvre les poteries y faisant volontiers place à des dents. En Tadrart, où les industries lithiques offrent des traits qui ne permettent de les dissocier ni de celles de l’erg d’Admer ni de celles du plateau, la poterie ajoute un aspect inhabituel par des décors à motifs pseudo-excisés, du polissage, qui sont des techniques bien connues au sud et permettent de voir dans cette région, une zone de contact (fig. 32). Cette influence du sud se retrouve peut-être dans les haches à gorge et les anneaux en hématite qui y sont fréquents. Ceux-ci pouvaient être façonnés localement, un atelier spécialisé y étant connu au pied d’un filon d’hématite. Anou Oua Lelioua Peu éloigné du puits de même nom, Anou Oua Lelioua occupe le bas d’une dune ancienne, sur les bords d’une formation marécageuse dont la masse gris bleuâtre1 émerge de temps en temps des sables subactuels. Les restes d’un enfant en décubitus latéral fléchi gisaient en bordure du site. Reconnu par M. Vallette, le gisement fut fouillé sous la direction de G. Camps en 1966. Il comporte de nombreux foyers construits en pierres, d’une cinquantaine de centimètres de diamètre, autour desquels les pierres taillées, le matériel de broyage et la céramique abondaient. Le matériel lithique2 (fig. 30) est taillé dans des roches diverses, mylonites, jaspes, quartz, silex… provenant probablement, pour une grande part, des épandages d’oued. Tous les nucleus sont en effet très petits, de forme globuleuse, en accord avec le débitage qui n’a guère produit que des éclats courts. Ils présentent souvent un ou deux plans de frappe. De ce fait, les grattoirs, qui sont nombreux, sont courts, avec un front très arqué ou volontiers circulaire. Les perçoirs consistent essentiellement en mèches de foret. Les burins manquent parmi les récoltes, mais des lamelles de coup de burin sont présentes et quelques burins ont été retrouvés dans des sites voisins offrant les mêmes caractères. C’est aussi dans un site voisin que fut trouvée une lamelle 1 .- Sous certains éclairages, ces dépôts pourraient être confondus avec des cendres, mais leur étendue, leur épaisseur suffisent à prévenir la méprise. 2 .- Cf Annexes p. 563.

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Un néolithique pastoral

Fig. 30 – Bovidien faciès Admer. 1, 4, 15) têtes de flèche foliacées ; 2) tête de flèche à base concave ; 3) tête de flèche triangulaire ; 5, 16, 19, 20) têtes de flèche à tranchant transversal ; 6) triangle à base retouchée ; 7, 8) grattoirs ; 9) perçoir ; 10) pointe de Temassinine ; 11) lamelle à dos arqué; 12) pièce esquillée ; 13) lamelle à bord abattu partiel ; 14) racloir double sur lamelle ; 17, 18) triangles ; 21) burin ; 22) lame denticulée ; 23) éclat denticulé ; 24) racloir sur lame ; 25) pointe de Labied. Décors des poteries : 26, 31) nids d'abeilles ; 27) dotted wavy line ; 28, 36) hachures pointillées+cannelures ; 29) woven mat ; 30) semis ; 32) dents ; 34) herringbone ; 33) hachures pointillées divergentes ; 35) bâtons+vannerie . (Origine : 1, 7 à 9, 14, 24, 25, 33, 35) Tahort, 10, 11, 13, 21, 22) In Relidjem ; 2 à 6, 12, 15 à 20, 23, 26 à 34, 36) Anou Oua Lelioua (d'après Aumassip et al., 1977).

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Sahara préhistorique montrant l’emploi de retouche Ouchtata. Les pièces à coches portent souvent du cortex et les coches sont volontiers retouchées ; les scies sont fort rares. Les têtes de flèche sont essentiellement de forme triangulaire ou à tranchant transversal, elles sont petites, leurs dimensions les plus fréquentes oscillant autour de 1,2-1,4 cm. Il existe des haches taillées ou polies, du matériel de broyage en abondance ainsi que des plaquettes à bords retouchés et des disques de 3 à 4 cm de diamètre, caractéristiques des industries bovidiennes. Tout comme dans les sites de ce secteur, le polissage de la pierre s’avère relativement fréquent avec des fragments de godets ou de plats, de petits sphéroïdes à facettes évoquant des balles, de petites pierres à gorge et des pierres à rainures. La poterie abonde, certains vases, encore entiers, étaient retournés et seul leur fond était détérioré par l’érosion. Toujours sphérique, de grande dimension, cette céramique est souvent munie d’un col dont une des formes, en pavillon, est remarquable ; elle peut être nantie d’une embase, ce qui permettait une fermeture hermétique. Le fond est moulé, le haut de la panse monté aux colombins. Le dégraissant est fait de sable et de végétaux. Le décor ne couvre pas toujours totalement la surface des vases, souvent il se limite à un large registre placé sur le haut de la panse et le même motif peut être repris à l’intérieur du col quand celui-ci est évasé. Le décor est fait au peigne, plus rarement à la spatule ou au coin, l’impression pivotante est souvent employée. Rarement monotone, le décor est aménagé en triangles, en bandeaux isolés ou regroupés, soulignés ou non d’une cannelure. A Anou Oua Lelioua, le décor en nids d’abeilles est courant. Quelques tessons sont ornés de dotted wavy line, parfois d’incised wavy line. La parure est attestée par des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, une perle en amazonite, des fragments d’anneaux en pierre. Dans des gisements voisins, ont été trouvées des tiges d’encrines. Anou Oua Lelioua a également livré une ronde bosse qui gisait en bordure du site, un fragment non identifiable et deux ébauches ; pour H. Camps-Fabrer qui en a fait l’étude, la ronde bosse représenterait un goundi, Ctenodactylus gundi. Les restes osseux se limitent à de nombreuses esquilles. La pratique de la pêche est indiquée par d’abondants débris de silures et un fragment de hameçon en péridote. Des sites semblables sont courants dans l’erg d’Admer, seuls Tahort, In Relidjem et divers petits sites de la cuvette d’Ihâran ont été étudiés. Ils occupent la même position au bas de dunes, renferment un matériel archéologique ne différant que par de menus détails. A In Relidjem, un foyer fait de pierres de la grosseur d’une orange renfermait des ossements calcinés d’un bovin qualifié de domestique par A. Gautier. Dans l’erg Tihodaïne, des foyers semblables reposent au pied des dunes et sur les diatomites. C. Arambourg a retiré de deux d’entre eux, des restes calcinés de Rhinoceros simus (Ceratotherium simum). La poterie est décorée de dents, croisillons, ponctuations dont des nids d’abeilles. Ouan Tartaï et In Itinen Sur le plateau des Meddak, les gisements Ouan Tartaï et In Itinen fouillés par H. Lhote en 1962 comportent cette même poterie sphérique pouvant être nantie d’un col court et qui est décorée de nids d’abeilles ou de dents. A In Iti-

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Un néolithique pastoral nen, le motif nids d’abeilles a été précédé d’une application d’engobe rouge. Les outils les plus courants sont des outils de fortune, des éclats portant quelques retouches marginales sur un bord. Il existe des têtes de flèche et des plaquettes. Le matériel de broyage, meules et broyeurs, abonde. En outre, la surface du dépôt d’In Itinen a livré des haches et des anneaux en hématite. In Itinen est daté de 4860 ± 250 et 4630 ± 250 B.P. (Gif286 et 287) (3950-3370 et 36403030 av. J.-C.), Ouan Tartaï de 4470 ± 250 B.P. (Gif292) (3520-2880 av. J.-C.). Divers autres sites ont donné des dates comparables, 4850 ± 110 B.P. (Gif 2222) (3870-3770 av. J.-C.) à Iheren, 4560 ± 250 B.P. (Gif288) (3630-2920 av. J.-C.) à Titerast n’Elias, 4500 ± 300 B.P. (Alg) (3630-2880 av. J.-C.) à Tissoukaï, 4270 ± 300 B.P. (Sa65) (3340-2500 av. J.-C.) à Jabbaren, montrant une occupation courante au 4ème millénaire, mais aussi des dates plus anciennes 7400 ± 300 B.P. (Gif290) (6560-5920 av. J.-C.) à Titerast n’Elias, 5470 ± 300 B.P. (Sa66) (4670-3980 av. J.-C.) à Jabbaren, 5020 ± 300 B.P. (Sa62) (4220-3380 av. J.C.) à Sefar, ou plus récentes 3650 ± 130 B.P (Gif840) (2200-1780 av. J.-C.) à Tissoukaï, ce qui suppose une présence des pasteurs sur le plateau dès le 7ème millénaire et qui subsiste au 2ème millénaire. A proximité de l’abri d’In Itinen où furent menées les fouilles, se trouvait une grosse meule sans trace d’usure qui, d’après H. Lhote, pourrait être un lithophone en raison de sa résonance. Takarkori Au-dessus du niveau Late Akakus, à partir de 7327±65 (LTL914A) (63706060 av. J.-C.) se développe une culture pastorale. Elle fait suite à une période aride datée de 8200 B.P. qui, si elle est nettement marquée dans la sédimentation et la palynologie par une diminution substantielle des graminées, n’a pas interrompu l’occupation humaine. Au contraire, c’est le moment d’occupation la plus intense. Le développement d’un pastoralisme qui concerne surtout les bovins, mais aussi les moutons et les chèvres, et qui aurait pratiqué la transhumance, aurait modifié le comportement des hommes. La phase ancienne se terminerait vers 6230±90 B.P. (UGAMS01842) (5470-4940 av. J.-C.), elle a livré 15 squelettes appartenant à des femmes et des enfants, qui étaient inhumés le long de la paroi. La phase moyenne, Middle Pastoral, connaît un développement appréciable de la strate herbacée avec Dactyloctenium ægyptium, plante fourragère dont les graines sont aussi utilisées en consommation humaine. Le lait joue alors un rôle important, ses traces ont été retrouvées dans des poteries probablement antérieures à 5200 av. J.-C. La fabrication de fromages est attestée par des restes de lait fermenté et l’utilisation de caséine, liant lipidique, a été identifiée dans des restes de matières colorantes où elle était mêlée aux pigments colorés (hématite, gœthite, kaolin) ayant connu un traitement thermique. Des vanneries, des graines moins nombreuses soulignent une certaine désaffection de la cueillette. Tin Hanakaten Un dépôt gris cendreux qui fait suite au lit de sable éolien insufflé lors de l’aride mi-holocène, est rapporté à la période bovidienne. Sa base est datée de

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Sahara préhistorique 7220 ± 140 (Gif5419) à 3930 ± 140 B.P. (Alg29) (6230-5920 à 2600-2200 av. J.-C.) sur charbons et la thermoluminescence indique 3100 ± 240 B.P. (BDX 480) (1360-880 av. J.-C.) pour les débuts du niveau qui le surmonte. D’une épaisseur moyenne de l’ordre de 1 m, il se subdivise en deux séquences. La séquence inférieure1 a été étudiée par M. Hamoudi. Elle est épaisse d’une trentaine de centimètres. Elle offre un aspect varvé et renferme diverses bases de poteaux ayant servi à des aménagements de l’abri. Elle se termine vers 5800 B.P. (4700 av. J.-C.). La séquence supérieure, étudiée par M. Alliche, procède du Néolithique récent2. L’outillage lithique octroie un rôle majeur aux pièces à coches et denticulés. Elles s’accompagnent de pièces à retouches continues dont la fréquence varie légèrement selon les niveaux. A eux seuls, ces groupes d’outils réunissent la moitié de l’industrie lithique. Les têtes de flèche accordent la même importance aux formes triangulaires, pédonculées et foliacées. Les palets sont courants, les disques, peu nombreux, proviennent surtout de la base de la séquence. La poterie consiste en vases sphériques, probablement entièrement décorés. Les décors sont généralement simples. Les motifs woven mat prédominent, mais régressent au cours de la séquence au profit des filetés et des lissés et surtout des dents qui passent de 12 à 27 %. Les semis, nids d’abeilles, flammes sont courants et constants, les wavy line exceptionnels. La séquence présente une discontinuité vers 6500 B.P. (5500 av. J.-C.) avec un niveau pauvre en matériel archéologique, ce qui est interprété comme un moment d’abandon du site par une partie des occupants ou un balancement de la surface d’habitat. L’industrie marque alors quelques différences : le lithique devient plus abondant, le quartz est beaucoup moins utilisé, la retouche abrupte est employée. Des figurines en terre cuite n’atteignant pas plus de 3 cm dans leur plus grande dimension étaient mêlées au matériel lithique et à la poterie. La fouille a livré les restes d’un bébé de six mois et ceux d’un très jeune enfant. En raison de ses pratiques funéraires, c’est aussi à ce niveau qu’il y a probablement lieu de rapporter l’enfant H5 dont la tombe retrouvée dans les dépôts S6, était surmontée d’un tumulus et bien qu’il ait été daté de 7900 ±120 ans (Gif-5857) 6989-6653 av. J.-C. car on ne saurait éliminer la présence de vieux charbons dans cette datation. Sa momification partielle, qui paraît naturelle, le place au début de l’aride mi-holocène. Ce changement de pratiques funéraires fait valoir un changement culturel plutôt concomitant à l’installation de l’aridité que postérieur, ce qui remet en cause les débuts du Bovidien. Des macrorestes de flore indiquent la présence de Ricinus communis, Celtis, Ficus, Acacia tortilis raddiana, Acacia seyal, Calotropis procera, Pistacia et Artemisia, la faune celle d’Ammotragus, de Bos par de menus restes et de criquets pèlerins par de nombreux ; la découverte d’une sole de cuisson3 a permis d’identifier leur mode de préparation. Tin Torha Nord Contrairement à ses voisins, Tin Torha Est et Tin Torha Two Cave, l’abri de Tin Torha Nord n’a été occupé qu’à partir de 7070 ± 60 B.P. (R1032) (6000-5850 1 .- Cf Annexes p. 563. 2 .- Cf Annexes p. 575. 3 .- Cf p. 287.

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Un néolithique pastoral av. J.-C.) avec une interruption de l’occupation, marquée par un niveau stérile. Les fouilles menées sous la direction de B. Barich ont identifié cinq niveaux qui reposent sur une dune fossile. L’industrie est comparable à celle de Tin Torha Est, mais elle est moins microlithique. Les niveaux les plus anciens V et IV, sont les plus riches en pièces microlithiques, ils renferment de nombreuses lames émoussées, les éclats à bord abattu, les racloirs et denticulés sont courants, les grattoirs, les têtes de flèche rares. Il n’y a pas de microlithe géométrique. Le matériel de broyage abonde. Le niveau III, stérile, correspondrait à un épisode aride d’abandon. Le site fut réoccupé entre 5970 ± 50 B.P. (R1031) et 5260 ± 130 B.P. (R1029) (4930-4800 et 4250-3960 av. J.-C.). L’industrie lithique (fig. 31) devient plus abondante, de plus grande taille, riche en racloirs, têtes de flèche, denticulés et grattoirs. Les grattoirs sont souvent des pièces courtes, épaisses et peuvent être circulaires. Les têtes de flèche appartiennent aux formes triangulaires ou foliacées et sont nettement plus fréquentes dans le niveau I. L’industrie osseuse comprend des outils perforants et des spatules. La parure se

Fig. 31 – Tin Torha. Industrie lithique : 1,13) grattoirs ; 2) racloir ; 3, 5, 9) têtes de flèche foliacées ; 4) trapèze ; 6) mèche de foret ; 7) nucleus ; 8) éclat denticulé ; 10) éclat à bord abattu ; 11) lame denticulée ; 12) tête de flèche à base concave. Décors des poteries : 14, 15, 17) woven mat ; 16, 18) nids d'abeilles ; 19) dents. (d'après Barich, 1974).

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Sahara préhistorique présente sous forme de rondelles d’enfilage, les unes standardisées, les autres non, et d’une phalange de gazelle perforée transformée en pendentif. La poterie, abondante à tous les niveaux, est faite avec une pâte grossière dans les niveaux inférieurs, fine dans les niveaux supérieurs. Elle est entièrement décorée, essentiellement de motifs à base de ponctuations (fig. 31) dont des nids d’abeilles. Le niveau IV qui a été corrélé avec Tin Torha Est, renferme des motifs dotted wavy line. Seuls les niveaux supérieurs ont livré de la faune où figure du bœuf domestique. L’abri aurait été occupé pendant la période sèche de l’hiver par des bergers nomadisant ; à cette époque, le climat aurait déjà été détérioré, ne comptant plus, d’après A. Gautier, que 150 mm d’eau par an alors que les pluies auraient pu atteindre 200 mm lors de l’occupation de Tin Torha Est. Uan Muhuggiag Uan Muhuggiag est un des multiples abris du wadi Teshuinat aux parois couvertes de peintures se rapportant à diverses périodes. De la période têtes rondes vient une peinture remarquable par sa charge symbolique, la scène présente une barque dans laquelle un des personnages est en position poirier, ce qui est vu comme la représentation d’un mort par F. Mori. Des peintures de la phase bovidienne se trouvent sur un bloc de grès tombé de la voûte, recouvert par des dépôts anthropiques datés de 4730 ± 310 B.P. (GX87) (3900-3030 av. J.-C.) et sur le négatif du bloc figurent des peintures bovidiennes de la phase récente, dite des pasteurs de Tin Anneuin. En outre, la roche présentait deux creux de 30 à 40 cm recouverts par des dépôts archéologiques des plus anciens. L’abri fut occupé de 6035 ± 110 B.P. (Ud225) (5060-4780 av. J.-C.), probablement 7438 ± 220 B.P. (Pi) à 2220 ± 220 B.P. (Gd4290) (6470-6060 av. J.-C. à 530 av. J.-C.-45 ap. J.-C.) par une population négroïde. Les premiers travaux, menés entre 1955 et 1964 par la Mission italo-libyenne conduite par P. Graziosi, puis F. Mori, mirent au jour les restes momifiés d’un enfant de deux ans et demi portant un collier en rondelles d’enfilage. Il avait été placé dans un sac en peau d’antilope qui fut daté de 5405 ± 180 B.P. (Pi) (4420-4040 av. J.-C.) ; en identifiant des incisions sur le thorax, A. Ascenzi devait montrer qu’il avait été éviscéré avant d’être momifié naturellement (?). Plus récemment di Lernia rapportait une déformation crânienne à l’instar de celle notée sur H5 de Tin Hanakaten. Un autre sondage devait livrer le squelette d’un bovin domestique daté de 5952 ± 120 B.P. (UD225) (5000-4690 av. J.-C.). En outre, un bloc de grès tombé de la voûte portant des peintures bovidiennes était recouvert par des dépôts anthropiques datés de 4730 ± 310 B.P. (GX87) (3900-3030 av. J.-C.). Sur la paroi, le négatif du bloc supporte des peintures de la phase bovidienne récente, dite des pasteurs de Tin Anneuin. Une sépulture d’adulte a été trouvée à l’avant de l’abri dans un niveau daté de 7823 ± 95 B.P. (GX17816) (6810-6500 av. J.-C.) par AMS. En fosse, sans marque extérieure, elle ne comportait ni parure, ni mobilier funéraire. L’usure des dents du défunt suggère l’utilisation de la bouche pour maintenir des fibres végétales, ce qui pourrait se rapporter aux sparteries dont de nombreux vestiges ont été retrouvés dans cette culture.

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Un néolithique pastoral F. Mori remarquait la présence de restes de moutons et chèvres, la prépondérance de ceux de bovins dans les niveaux inférieurs. Dans les niveaux supérieurs, les bovins deviennent rares, les chèvres prédominent. De nouveaux travaux entrepris en 1982 par B. Barich, puis en 1991 et 1992, par S. di Lernia en collaboration avec G. Manzi, confirment ce changement et le rapportent au début du 3ème millénaire. Ils concluent à une occupation saisonnière et un abandon définitif de l’abri au début du 2ème millénaire. L’outillage1 est en grès, moins souvent en quartz et chaille, rarement en silex. Macrolithique, il est dominé par les pièces à coches et denticulés, possède des grattoirs, racloirs, pièces esquillées et têtes de flèche en nombre sensible. Les burins, les perçoirs sont rares, les microlithes géométriques et microburins absents. Des pierres polies, du matériel de broyage proviennent des niveaux inférieurs. L’outillage osseux comprend des poinçons, des spatules ; l’œuf d’autruche abonde. La poterie, de forme globuleuse, préfère des motifs de dents et de ponctuations, elle sera peu décorée dans les niveaux supérieurs où elle privilégie les motifs filetés. A la base de la séquence, la palynologie rapporte

Fig. 32 –Tadrart. Décors des poteries : 1) dotted wavy line+woven mat ; 2) woven mat ; 3) wavy line+points ; 4, 10) pseudo-cordé ; 5) dents ; 6, 7) chevrons pointillés ; 8) flammes ; 9, 11 à 14) pied-de-poule. (Origine : 1 à 3) Uan Afuda, 4 à 10) Uan Telocat. d'après Barich, 1987 ; 11, 12) In Zaouaten, 13, 14) In Ezzan. inédit). 1 .- Cf Annexes p. 563.

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Sahara préhistorique une végétation de savane et une source qui entretient une population de plantes aquatiques ou marécageuses Potamogeton, Phragmites, Typha, des Cypéracées en particulier Scirpus, dont le maximum de développement se place aux 6ème5ème millénaires pour disparaître aux 4ème-3ème millénaires. Les Graminées abondent, dont diverses espèces consommables, en particulier Panicum. La présence d’endocarpes de Phœnix a permis d’y envisager une souche de dattier. Des dépôts archéologiques comparables sont connus à Uan Telocat et dans le niveau supérieur de l’abri orné de Fozzigiaren, grand abri qui tire un intérêt tout particulier d’une peinture tête ronde en partie recouverte par une couche archéologique datée de 6754 ± 175 B.P. (GX88) (5800-5530 av. J.-C.). Aux 5ème et 4ème millénaires, les éléments déterminables de la faune montrent ici une forte majorité d’ovi-capridés, très peu de bovins et une faune sauvage essentiellement constituée de damans, Procavia capensis. Cultures d’Amekni et de Timidouin Face à un outillage lithique atypique, taillé dans des roches grenues, des quartz, c’est surtout vers la céramique que l’on s’est tourné pour saisir les particularités des ensembles industriels du Sahara central. Par ce biais, J.P. Maître a tenté d’identifier des unités culturelles. En Ahaggar, il reconnaît une « culture d’Amekni » qui se développerait aux 6ème-5ème millénaires et pourrait être enracinée dans le faciès d’Afilal. Elle disposerait de pièces bifaciales et évoluerait par diversification des outils. Chaque poterie était entièrement décorée, généralement d’un seul motif. Ce sont surtout des ponctuations au peigne, en semis ou woven mat, voire des sillons pointillés, plus rarement des dents, parfois des dotted wavy line. En 1974, J.P. Maître y incluait ce qu’il avait antérieurement nommé faciès d’Abouleg car il n’offrirait pas de différences très marquées. La culture d’Amekni évoluerait en culture d’Idéles par régression du décor. La culture de Timidouin, souvent nommée « Bovidien Téfédest », est moins microlithique que celle d’Amekni. Elle possède des pièces à retouche continue formant au moins le quart de l’industrie, des segments. Les têtes de flèche, haches ou herminettes sont peu nombreuses. La poterie abonde, utilise des motifs au peigne, en particulier des dents, préfère les motifs de sillons aux semis ; les flammes seraient rares, les wavy line absentes. Les vases supportent souvent un décor complexe fait de plusieurs motifs et conservent d’importantes surfaces vierges. La culture de Timidouin, probablement complexe à en juger par les différences entre sites, paraît en relation avec les dépôts hydromorphes qui occupent les replats de la montagne et qui sont datés de 5660 ± 240 B.P. (Alg0100) (4800-4250 av. J.-C.) à Tan Tefeltasin, 4185 ± 280 B.P. (Alg0101) (3310-2350 av. J.-C.) à Tala t Melah. Comme en d’autres lieux du Sahara, la culture matérielle n’a pas permis de saisir le développement du pastoralisme, seul l’art rupestre qui lui est associé en a livré les signes. Remarquant une distribution des peintures « bovidiennes » limitée à la Téfédest orientale et méridionale, alors que les gravures abondent ailleurs, J.P. Maître y voit les traces d’une migration qu’il oppose au Néolithique saharo-soudanais. La culture de Timidouin serait une extension vers l’ouest du Néolithique pastoral qui se déploie

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Un néolithique pastoral dans le Tassili n’Ajjer, mais l’art de Téfédest et du Tassili n’Ajjer, s’ils figurent l’un et l’autre une multitude de bovins, disposent de thèmes et d’expressions picturaux différents, ce qu’il souligne par l’expression Bovidien-Téfédest. Si les premières manifestations du Bovidien-Téfédest s’avèrent réellement antérieures à l’aride mi-holocène ainsi que le proposait J.P. Maître, ses racines bovidiennes posent problème sauf à voir dans le Bovidien une culture aux prémices antérieurs à l’aride. Le faciès de Tan Ainesnis dériverait de la culture de Timidouin par régression du décor et rareté des décors composés, auxquels aurait été préféré un simple bandeau. Abouleg Eponyme du faciès d’Abouleg qui accordait une large place à des décors au peigne, le gisement occupe un amas d’éboulis granitiques en rive droite de l’oued Aoufaghen. Découvert en 1964 par J.P. Maître, il fut fouillé en 1965 et 1966. Il est daté de 6860 ± 100 B.P. (UW89) et 5090 ± 80 B.P. (UW88) (58405660 et 3960-3800 av. J.-C). L’outillage lithique1 est dominé par les éclats à retouche continue, les pièces à coches sont courantes et à un degré moindre, les grattoirs. Il renferme quelques lamelles à dos et mèches de foret, ne dispose pas de burins. Les têtes de flèche sont rares. Le décor céramique, lui aussi, se démarque quelque peu. Il laisse des plages vierges et utilise en mêmes proportions les sillons et les points. Amekni niveau moyen Le niveau moyen du gisement d’Amekni, est daté de 5500 ± 250 B.P. (Gif464) (4590-4000 av. J.-C.). J.P. Maître en fait la référence de la culture d’Amekni qui se développerait en plaine. Elle est caractérisée par une céramique qui, quoique portant parfois des dents ou des flammes, est le plus souvent entièrement couverte de points en semis ou woven mat, dont la diversité résulte essentiellement de la forme des points. Ici, les hommes ne semblent pas avoir connu un milieu bien différent de ce qu’il était à l’Holocène inférieur2. Pourtant l’outillage se modifie : l’évolution se traduit par la disparition des petites pièces, le gros outillage de galets aménagés, rabots, gros éclats retouchés, prend de l’importance, parallèlement les types d’outils se diversifient. Le rôle des pièces à retouche continue et des grattoirs augmente sensiblement alors que les pièces à bord abattu, les pièces à coches et denticulés décroissent. Les meules et molettes sont présentes et l’on doit rappeler l’existence de nombreuses cuvettes sur les rochers proches du gisement, même s’il n’est pas possible de les attribuer précisément à un niveau. L’outillage osseux comporte toujours des tranchets, lissoirs, poinçons, alènes, de probables peignes. La céramique présente les mêmes formes que dans le niveau inférieur mais le bord est plus volontiers simple, la lèvre arrondie. Le décor devient moins exubérant, la surface ornée se réduit de plus en plus, les motifs dotted wavy line et ceux au peigne régressent bien que ces derniers restent à l’origine du plus grand nombre ; à l’inverse, estèques et poinçons progressent, des incisions apparaissent. Outre des coquilles de moules et de cardium, des 1 .- Cf Annexes p. 562. 2 .- Cf p. 128.

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Sahara préhistorique rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, la parure comprenait des bracelets en serpentine pouvant être décorés de stries ou de chevrons. Idelès I Petite grotte dominant l’oued Idelès, en aval du village, elle fut fouillée par J.P. Maître en 1965 et 1966. Jusqu’alors protégée par des superstitions locales, la couche archéologique qui en constituait le sol a été utilisée comme engrais après la première intervention. Les dépôts anthropiques ont été datés de 6050 ± 100 B.P. (Mc485) (5200-4800 av. J.-C.) dans le talus d’avant-grotte et 5300 ± 100 B.P. (Mc486) (4240-4000 av. J.-C.) au fond de la grotte. L’industrie lithique1, peu abondante, est dominée par les pièces de fortune et les retouches continues bien que la technique du bord abattu soit utilisée. Il y a des grattoirs, quelques burins, mais pas de perçoir. Les microlithes géométriques sont tous des segments. Les têtes de flèche privilégient les formes triangulaires à base excavée. De gros outils, galets aménagés, percuteurs, sont présents. La poterie paraît entièrement décorée, elle recherche les motifs au peigne, les impressions pivotantes, les décors complexes. Il n’a pas été trouvé de motif wavy line. Fait rare en Ahaggar, ce gisement renfermait des tests d’œuf d’autruche décorés. Meniet H.J. Hugot présente le site de Meniet comme un ensemble d’habitats de l’Ahaggar septentrional, plus ou moins rapprochés les uns des autres2. Ils s’insinuent dans les abris et les couloirs formés par les blocs de granite au pied des pitons. Ils ont fourni la date de 5410 ± 300 B.P. (Sa59) (4550-3820 av. J.-C.) et livré quelques fragments crâniens humains. L’essentiel des travaux a été mené à Baguena V, en 1956 et 1957, et a couvert quelque 20 m2. La couche archéologique dont les 40 ou 50 cm supérieurs ont été enlevés par l’érosion à en juger par les traces laissées sur la roche, atteignait entre 0,35 et 1,10 m d’épaisseur. Elle était riche en cendres, tests de petits mollusques, débris de poissons, graines fossiles. Plus de 500 pièces3 ont été retirées : aux côtés de restes de poteries et mammifères, l’industrie lithique, en schiste et rhyolite pour l’essentiel, montre la fréquence d’outils de fortune, la rareté du débitage lamellaire, l’absence de microlithe géométrique. H.J. Hugot devait noter deux particularités, d’une part l’emploi de silex, dont l’origine n’a pu être précisée, pour façonner les « beaux outils » et quatre armatures à tranchant transversal, d’autre part celui de débitage Levallois pour obtenir de grands éclats. Les têtes de flèche, très nombreuses, ont pour la plupart une forme triangulaire à base excavée qui se retrouve à N’Bibi et sera utilisée plus tard à Tamanrasset II. Tout comme à Tiouiyne, les hommes qui occupèrent le site possédaient des haches et des herminettes polies, un matériel de broyage abondant. Ils disposaient aussi de disques, pièces que l’on rencontre fréquemment plus à l’est, dans l’erg d’Admer et la Tadrart, et au sud-est, dans le Tafassasset et le Ténéré. Ils 1 .- Cf Annexes p. 562. 2 .- H.J. Hugot signale des industries comparables à Arak, N’Bibi (cf détail de l’industrie de ce dernier site Annexes p. 562) 3 .- Cf détail Annexes p. 562.

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Un néolithique pastoral utilisaient des bolas, pièces rarement signalées dans les gisements néolithiques, et des pierres portant une rainure que l’auteur met en relation avec le travail de l’os. L’outillage osseux bien que mal représenté comprend un hameçon et un fragment de harpon qui suffisent à évoquer une activité de pêche. Plusieurs fragments de plaquettes osseuses crantées seraient des peignes à décorer les poteries. De grandes valves de Mutela auraient été utilisées comme cuillères. La poterie abonde. Le décor est volontiers aménagé en bandeaux autour de l’orifice, il emploie des motifs de ponctuations, incised wavy line et dotted wavy line1, dents ou flammes. Outre les formes sphériques traditionnelles du Néolithique du Sahara central, une embase et un fond conique ont été retirés des fouilles. Pour l’auteur, ce dernier pourrait traduire des relations avec les pays plus au nord qui, eux, disposent de pareils modèles, proposition qui se retrouverait dans l’abondance de l’œuf d’autruche. De nombreux tessons ont été réaménagés en arrondissant leurs bords, les transformant parfois en disque qui, perforés, ont pu devenir des « fusaioles ». Une multitude de colorants, ocre rouge, brun-rouge en rognons ou bâtonnets, oxyde de manganèse, qui, d’après l’auteur, aurait pu être associés à du talc pour former des fonds de teint, des nodules blancs (kaolin?) coexistent avec des nodules roses qui pourraient résulter de mélanges. La parure comporte des bracelets en pierre, de nombreuses rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche et une perle en amazonite, fragment d’anneau de 1,3 cm de diamètre, haut de 0,6 cm, à très large lumière ; divers fragments de plaquettes percées et une petite coquille marine pourraient être des pendentifs. La faune comportait Pelorovis, Bos, Gazella, Oryx et Redunca, des Carnivores, Canis et Hyæna striata, des Rongeurs, des Reptiles, Varanus af. niloticus, Crocodylus niloticus et des restes de poissons. La flore des niveaux profonds a montré la présence de Celtis, qui n’existe plus dans la partie supérieure (0-40 cm), et celle de l’horizon moyen a livré un pollen de céréale. Meniet Km 20 qui se trouve à 40 km de Baguena V, disposait d’une industrie beaucoup plus modeste2 où abondent les grattoirs dont un grand nombre est atypique. Il y a des têtes de flèche de type triangulaire, des fragments d’objets polis, de la céramique, du matériel de broyage, un fragment de harpon, des débris de poissons et des graines de Celtis. Timidouin Eponyme de la culture nommée « de Timidouin » par J.P. Maître, le site Timidouin TF-TD-155-32 a été reconnu par celui-ci, vers la fin des années 1960. Divers sites de Téfédest qui sont tous installés dans les éboulis granitiques présentent des caractères comparables. TF-TD-155-32 couvre le sommet d’un bombement granitique, en rive gauche de l’oued du même nom. Il est daté de 8100 ± 130 B.P. (Mc 484) (7310-6820 av. J.-C.). L’industrie lithique est dominée par les pièces à retouche continue (près de 50 % dont la plupart serait, d’après l’auteur, des retouches d’utilisation), les autres outils se répartissent en pièces à coches et denticulés (14,5 %), lamelles 1 .- Ce fut l’assise de l’hypothèse voyant l’origine de ce peuplement dans la vallée du Nil. 2 .- Cf Annexes p. 562.

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Sahara préhistorique à dos (9,7 %), perçoirs (7,6 %), grattoirs (6,9 %), il existe un certain nombre de segments (4,8 %) et quelques racloirs (2,8 %). A cet ensemble s’ajoutent un galet aménagé et diverses pièces tel que des bolas, mais il n’y a pas de tête de flèche. La poterie est courante. Les motifs au peigne prédominent avec des lignes et dents pointillées. Les dents sont aussi réalisées à la spatule. Le décor est volontiers composé ; il reprend en les associant, les mêmes motifs, les mêmes techniques que le décor simple, avec quasiment les mêmes fréquences. Le Ténéréen Le terme Ténéréen fut créé en 1934 par M. Reygasse pour désigner une industrie riche en haches à gorge, meules et broyeurs. Vivement combattu en raison de l’imprécision de son contenu, le terme fut longtemps délaissé, puis repris par J. Tixier en 1962. Ce dernier montrait que, si la définition donnée par M. Reygasse était insuffisante, des industries originales existaient bien dans cette partie du Sahara qui s’étend au nord-est de l’Aïr. Parfois difficile à distinguer du Bovidien malgré ses lamelles à dos, segments, l’usage qu’il fait de la retouche plane, le Ténéréen pourrait en être, pour G. Quéchon, un avatar tardif. Il est daté entre 6850 ± 250 B.P. (S4116) (59905530 av. J.-C.) à Dogomboulo où il a été identifié par J.P. Roset au début des années 70, et 4470 ± 110 B.P. (TIWL) (3350-3030 av. J.-C.) à Areschima où

Fig. 33 – Ténéréen. Industrie lithique : 1,16) haches taillées à tranchant partiellement poli ; 2, 7 à 10) têtes de flèche à base concave ; 3, 4) têtes de flèche pédonculées ; 5) tête de flèche triangulaire ; 6) tête de flèche à tranchant transversal ; 11) perçoir double ; 12, 14) grattoirs circulaires ; 13) racloir ; 15) disque (e=7 mm) ; 17) mèche de foret ; 18) hache à gorge. (Origine : 1 à 17) coll. Jaubert, 18) coll. Kelley. Musée de l'Homme. d'après Vaufrey, 1969).

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Un néolithique pastoral il fut reconnu par la mission Berliet-Ténéré en 1959. Il diffère du Bovidien essentiellement par la présence de haches à gorge1, de disques de forme et de technique très caractéristiques (fig. 33). Il a pu être redéfini par la présence, outre ces outils, de feuilles bifaciales et de pièces bifaces rectangulaires ou à tranchant convexe souvent encochées qui évoquent le Prédynastique égyptien. Il comporte de nombreux petits grattoirs circulaires, des rabots, des scies. Une forte proportion de pièces microlithiques (segments, triangles, lamelles à dos et surtout microburins) n’a été observée qu’à Adrar Bous III. Le Ténéréen est connu dans de nombreux sites dont les plus importants se trouvent dans la région de l’Adrar Bous où plusieurs gisements lui sont rapportés. Il est connu dans l’Azawagh par de petits gisements tel Takéné Bawat, In Tékébrine ; J.D. Clark l’identifie à Agorass in-Tast. Il est connu à Rocher Toubeau 5, Adrar Chiriet, Arlit... Il a été reconnu à Gobero. Il se développe peutêtre jusqu’au Borkou oriental où J. Courtin a signalé une industrie identique à celle d’Adrar Bous III et à la lisière orientale du Tibesti où le même auteur mentionne des outils comparables sur des dunes anciennes dominant de petites dépressions fermées. Il a été identifié au nord de l’Ennedi, à Ounianga Kebir, Ounianga Serir, Katam. L’outillage d’Ounianga Kebir taillé dans des phtanites vertes, évoque tout particulièrement les ensembles industriels de l’Adrar Bous. Microlithique, riche en segments, perçoirs, ce sac à outils dispose de grattoirs, racloirs, têtes de flèche, herminettes taillées et matériel de broyage. A.J. Arkell l’apparentait à la culture des gouges ou Shaheinabien. Plus que leur structure industrielle, l’organisation des sites pourrait caractériser le Ténéréen. Dans sa phase récente, à Gara Tchia Bo, les outils sont souvent rassemblés par catégories, groupements d’unifaces, de disques, de rabots, d’armatures, de grattoirs… Dans la région du Rocher Toubeau, au nord du Niger, J.P. Roset distingue du Ténéréen des sites qu’il attribue à un « Néolithique pastoral » par la présence d’une « longue armature uniface à talon épais » et l’absence de retouche bifaciale, c’est le cas du site qu’il a nommé « Site 3 » ou « Rocher Toubeau 3 » et qui est daté de 5590 ± 75 B.P. (Orsay) (4490-4350 av. J.-C.) . Adrar Bous Dans le massif de l’Adrar Bous, au nord-est de l’Aïr, la mission Berliet-Ténéré reconnaissait de nombreuses installations humaines dont un nombre important appartenant à la phase pastorale. En 1970, la mission Clark avait mis au jour l’inhumation d’un bœuf entier et en 1985, J.P. Roset et F. Paris, deux fosses renfermant chacune les ossements d’un bovin recouverts de gros blocs. Adrar Bous III, gisement découvert par la mission Berliet, est daté de 5130 ± 300 B.P. (Sa100) (4320-3650 av. J.-C.). L’industrie lithique2, taillée pour l’essentiel dans des argilites vertes souvent nommées jaspes, fut étudiée par J. Tixier et servit à une première redéfinition du Ténéréen. La série récoltée ne renferme que quelques nucleus, tous petits. L’industrie lithique décrite par cet auteur est remarquable par la qualité de sa taille qui utilise volontiers la retouche plane. Les groupes les plus 1 .- Des haches à gorge ont été retrouvées à l’ouest, au Tilemsi, voire dans le Sud marocain, et, à l’est, dans le Sahara égyptien. 2 .- Cf Annexes p. 563.

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Sahara préhistorique étoffés sont, avec des représentations voisines, ceux des lamelles à dos, microlithes géométriques, essentiellement des segments ou des triangles, et des têtes de flèche plutôt de formes foliacées ou triangulaires, voire à tranchant transversal. Les lamelles à dos sont aiguës, les dos rectilignes. Les microburins sont particulièrement nombreux, ils constituent près du quart de l’industrie lithique prélevée par la mission. J. Tixier y voit les sous-produits de la fabrication des microlithes géométriques en raison de la concordance des pourcentages et de l’identité du matériau. Des pièces à coches et denticulés, perçoirs qui sont surtout des mèches de foret, racloirs, pièces à retouche continue, pièces esquillées figurent modestement, les troncatures et les grattoirs encore plus discrètement. Ces derniers sont toujours courts, parfois circulaires. Des pièces foliacées qui présentent une base encochée ont été dites « couteaux égyptiens ». Des herminettes et haches taillées, plus rarement polies, sont courantes ainsi que du matériel de broyage. Tout comme les pièces foliacées, elles sont entièrement couvertes de retouches planes, des retouches semi-obliques pouvant reprendre les bords. L’industrie renferme aussi des pointes d’Ounan, quelques burins. La poterie est peu abondante, elle est décorée de flammes ou de dents fines obtenues à l’aide de mâchoire de silure. Il n’y a pas de dotted wavy line. L’existence de parure est suggérée par une rondelle d’enfilage et une perle en amazonite. Il est fait mention de restes humains en très mauvais état, pouvant se réduire à des dents. Malgré la présence de restes de poissons et de grande faune, antilopes et bovins, les analyses polliniques montrent un milieu détérioré, riche en Salsolacées avec des points d’eau ponctués de Myrtus nivellei. Adrar Chiriet L’Adrar Chiriet, dans le nord de l’Aïr, a été prospecté par J.P. Roset, qui a donné une étude de la poterie. Ce sont surtout des vases en forme de bol, de 10 à 15 cm de profondeur, 20 à 25 cm de diamètre maximal, très largement ouverts. Ils peuvent posséder un col dont la forme varie mais qui est plutôt court, difficile à distinguer parfois d’un renforcement du bord lui-même. De grandes jarres peuvent atteindre plus de 40 cm de haut pour un diamètre de l’ordre de 60 cm. Les vases peuvent être entièrement couverts d’un même motif, souvent de ponctuations en semis ou women mat, de dents dont les rangs jointifs simulent une résille. Le bord peut être mis en relief par un motif autre, volontiers un croisillon, ou souligné de dents en relief. Un décor original vient de motifs d’écailles ou de lignes verticales. Le décor peut aussi ne couvrir qu’une partie du vase, le motif borde alors l’orifice puis se prolonge sur la panse en une large bande qui conserve des plages triangulaires ou trapézoïdales vierges. Une forme à col étroit et droit permet d’évoquer une bouteille ; dans ce cas, le vase ne porte aucun décor. Areschima Un ensemble de sites peu étoffés qui présentent les traits fondamentaux du Ténéréen y fut découvert par la mission Berliet. La date de 4480 ± 80 B.P. (Pa) (3340-3030 av. J.-C.) obtenue par J.P. Roset sur charbons conforte celle obtenue par la mission Berliet et confirme la longue durée de cette culture. Ces sites

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Un néolithique pastoral disposent de têtes de flèche, grattoirs sur lames, couteaux de type égyptien, ils sont riches en haches, dont des haches à gorge et des herminettes. Le matériel de broyage est en nombre, la poterie peu fréquente. Des restes humains ont été retrouvés dans des fosses sans marque extérieure, orientés ouest-est, ils reposaient sur le côté droit, en position fléchie. Les vestiges de parure étaient rares et il n’y avait aucune trace de mobilier. Gobero Après une interruption de peuplement qui correspond à la phase aride du 6ème millénaire, un nouveau type humain, plus gracile et de moindre stature, s’implante à Gobero. Sa présence est datée de 7150 à 4450 B.P. (5200 à 2500 av. J.-C.), moment où le site est définitivement abandonné. L’industrie lithique à base de microlithes géométriques, têtes de flèches et grattoirs s’accompagne de gouges, haches polies, couteaux et disques ténéréens en jaspe vert. La poterie plus fine que celle du Kiffian, est décorée d’impressions pivotantes et de ponctuations au peigne. Une d’elles a été retrouvée en place sur un lit de charbons de bois. Sur les os, des traces de rongeurs commensaux indiquent une population sédentaire ou semi-sédentaire. Avec la présence de Bos taurus, la faune rapporte l’élevage de bovins, elle rapporte aussi la consommation d’herbivores autres et celle de petits carnivores de la savane, d’hippopotame, crocodile, tortue et grenouille, de Mutela, Clarias et Tilapia mais pas d’oiseau. Par sa petite taille, Tilapia indiquerait des eaux peu profondes. La flore est variée, d’une savane arbustive ouverte avec prairies et quelques intrusions d’arbres tropicaux, elle passe à des plantes xériques et psammophiles. La moitié des restes humains recueillis dans ce site, dont de très jeunes enfants, appartient à cette culture. Ils reposent en position fléchie ou semi-fléchie, indifféremment sur l’un ou l’autre côté. D’autres faciès Réduire le Néolithique moyen de la zone centrale saharienne aux seules cultures bovidienne au nord, ténéréenne au sud, aux diverses cultures soupçonnées en Ahaggar ou à des cultures apparentées serait une vue restrictive du peuplement au Néolithique moyen. Bien qu’elles soient encore à peine perçues, les données de divers gisements donnent à penser que d’autres cultures ont dû exister alors. Tiouiyne Tiouiyne (ou Adrar Tiouiyne) se trouve par 22°48’N., 4°16’E., en bordure de l’oued Amded, là où il va aborder le Tanezrouft oriental. Le site étudié en 1968 par une mission CRAPE sous la direction de G. Camps, a été occupé par une population de pêcheurs dont témoigne l’abondance des arêtes de poissons. Il est daté entre 5320 ± 130 B.P. (Gif1380) et 5150 ± 140 B.P. (Alg44) (4320-4000 et 4220-4100 av. J.-C.). Les pierres taillées sont rares, l’objet le plus fréquent est la tête de flèche qui est parfois si petite que G. Camps a pu envisager son utilisation comme hameçon ou pour atteindre de petits oiseaux. La poterie est d’une qualité exceptionnelle, avec des vases particulièrement grands, à surface lustrée, parfois simplement polie, souvent couverte d’un motif de flammes. Les

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Sahara préhistorique objets de parure y étaient nombreux : labrets en os, perles en amazonite, rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, ce qui est peu courant en Ahaggar, Le gisement renfermait des haches polies, de très nombreux fragments d’anneaux et de boules perforées en pierre semblables à celles qui se retrouvent dans la région de Meniet. Les micocoules abondaient. Arlit Dans les années 50, lors de la construction de la ville d’Arlit, ville nouvelle implantée dans le Talak, à quelques kilomètres de l’usine d’uranium, un important gisement fut identifié sans que des travaux de sauvetage soient menés. Il n’en fut pas de même à l’occasion de travaux d’agrandissement qui mirent au jour une vaste nécropole. Des fouilles effectuées de 1971 à 1974 sous la direction d’H. Lhote montrèrent une vaste cuvette de 120 x 60 m, d’une profondeur de 2,5 m, dans laquelle on estime que quelque 500 individus ont été inhumés. Une cinquantaine de squelettes a été retirée. Ils reposaient en position fortement fléchie, sans orientation ni côté de repos privilégiés. Autour d’eux se trouvaient des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, quelques perles en amazonite. Deux niveaux ont été reconnus. Dans le niveau profond, daté de 5380 ± 130 B.P. (Gif3057) (4340-4050 av. J.-C.), de grosses pierres recouvraient et entouraient les morts. A une profondeur de 1,50 m intervenait un niveau de ruissellement, sableux et limoneux ; au-dessus, les corps n’étaient plus protégés. Le matériel archéologique est pauvre, il comprend surtout de la poterie qui restait clairsemée dans le niveau inférieur, quelques pointes de flèche, petites haches, de nombreux poids de filets de pêche en divers modèles, l’outillage osseux retrouvé est fait de poinçons, d’un harpon et d’un hameçon. Les restes alimentaires sont peu nombreux dans la zone à inhumations, ils auraient été plus abondants dans le secteur où fut construit l’hôpital ; ils sont riches en poissons, comportent hippopotame, rhinocéros, girafe, diverses antilopes dont l’antilope chevaline, des gazelle, phacochère, porc-épic, de la chèvre et du bœuf. De nombreux mollusques ont été retirés dont Bubulina striatella qui vit actuellement dans la zone maritime d’Afrique occidentale. Dans un rayon de 80 km, de nombreux sites qui occupent des surfaces de l’ordre de l’hectare, offrent des traits comparables. Madaouéla étudié par F. Chantret et R. de Bayle des Hermens est daté de 5520 ± 250 B.P. (Gif374) (4700-4000 av. J.-C.). L’ensemble industriel est riche en haches et herminettes taillées ou polies, en têtes de flèche triangulaires (types a18 et a25), alors que les autres types d’outils sont rares ; il renfermait des nucleus globuleux en silex et discoïdes en quartzite. La poterie porte surtout des motifs woven mat ; dans d’autres sites, figurent aussi des dents, croisillons, lignes ponctuées dessinant de grands U et un motif original, en damier hexagonal. La parure est faite de perles en amazonite, de rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche. La faune renferme de nombreux restes de poissons et d’Unios. Pour H. Lhote, la culture de cette population ne peut être assimilée à celle du Tassili n’Ajjer. Sa poterie est différente, elle n’a laissé ni gravure, ni peinture sur les parois rocheuses ; elle serait proche du Shaheinabien.

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Un néolithique pastoral Le Néolithique moyen au Djado La majeure partie de cette région est couverte d’un voile néolithique diffus qu’accompagne un art gravé ou peint. Dans le sud, des sites plus conséquents se trouvent dans les dépressions de Dao Timmi, Woro, Dadafui, en lisière méridionale des Monts Totomaye. Il s’agit de sites de surface dont les plus vastes

Fig. 34 - Bovidien faciès Djado. Industrie lithique : 1, 9, 11, 12) têtes de flèche à tranchant transversal ; 2 à 6) têtes de flèche foliacées ; 7) tête de flèche pédonculée ; 8, 14) lamelles à dos arqué ; 10) grattoir circulaire ; 13) lamelle à deux bords abattus ; 15, 16) lamelles à retouche Ouchtata ; 17) éclat à bord abattu ; 18) racloir sur pièce uniface ; 19) racloir double sur lame ; 20) pièce foliacée. (Origine : Ehi Woro, d'après Striedter et al 1995). Décors des poteries : 21) hachures pointillées ; 22, 28) herringbone ; 23) woven mat ; 24) croisillons+pieds de poule+pastille à fausse perforation ; 25, 32) dents ; 26) croisillons+cannelures+fileté ; 27) croisillons+pied de poule ; 29) pieds de poule ; 30) nids d'abeilles ; 31, 34) damiers ; 33) pseudo-cordé. (Origine : 21 à 23) Ehi Woro, 24 à 26, 28, 29) Tardié, 27, 30, 31, 34) Arkana, 32, 33) Yentas. d'après Striedter et al., 1995).

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Sahara préhistorique sont installés sur les rives de la vaste sebkha de Dao ou de mares et marigots plus ou moins saisonniers, les plus petits se placent au sommet des buttes rocheuses, le plus souvent près des points d’eau actuels. Au centre du plateau, la majorité des occupations s’adosse aux grès le long des vallées, parfois en relation avec des abris sous roche également occupés, et les zones de confluence se sont montrées les plus denses, avec les sites les plus importants. Si une partie des vestiges se retrouve en surface, des sondages pratiqués dans deux abris lors d’une reconnaissance menée sous la direction de R. Vernet, dans le cadre du Groupement De Recherches 848 du CNRS « Néolithisation en régions sahariennes et ses incidences sur la désertification », ont montré des dépôts archéologiques de plus d’un mètre d’épaisseur, faits de cendres, outillage lithique, céramique, graines, ossements de mammifères et de poissons, coquillages d’eau douce. L’industrie lithique (fig. 34) emploie des quartzites blondes et, pour plus de 90 %, des grès ferrugineux. Dans l’ensemble, elle pourrait traduire des apparentements avec le Ténéréen, notamment par la présence de haches à gorge, de grandes pointes bifaciales, foliacées ou asymétriques. Elle s’en distingue cependant par l’absence de disque, la rareté des grattoirs -particulièrement celle des formes circulaires-, et la présence d’un type de tête de flèche original, quasi-exclusif dans la région de Dao Timmi, de forme foliacée étroite et épaisse. L’importance prise par ces armatures sur certains sites où elles atteignent jusqu’à 50 % de l’outillage comme à Ehi Woro Marigot, pose la question d’un lieu de production et/ou d’une spécialisation poussée de l’activité, d’autant que, vers le nord, les habitats de l’oued Yentas n’ont fourni que quelques dizaines d’armatures de flèche, très variées dans leurs matériaux et leurs formes. Le matériel de broyage est toujours abondant. Des éclats et de petits outils en « jaspe » vert, classique du Ténéréen, matière première absente de la région, indique des contacts avec le secteur de l’Adrar Bous. Une abondante céramique offre un ensemble de caractères communs à tous les sites : forme globuleuse, fond sphérique, présence systématique de dégraissant végétal, absence de motifs wavy line. Le décor, varié, essentiellement réalisé par impression, le plus souvent pivotante, a permis une pré-sériation qui subdivise le Néolithique en quatre phases. Avec des datations échelonnées entre 6490 ± 90 (Ly 6213) et 3725 ± 125 B.P. (Ly 5488) (5530-5330 et 2300-1940 av. J.-C.), les groupes les plus anciens, 3 et 4, du Néolithique moyen restent très proches et largement inspirés des modèles attribués ici au Néolithique ancien. La céramique du groupe 3 est présente dans les niveaux supérieurs des sondages de l’oued Yentas (0-60 cm) et de Kolokaya Station Rupestre, datés respectivement de 6405 ± 65 (Ly6127) et 6490 ± 90 B.P. (Ly6213) (5470-5320 et 5530-5330 av. J.-C.). Les tessons sont épais, de cuisson médiocre, quelques uns laissent reconnaître un engobe. Les décors sont couvrants, à base de ponctuations aux formes diverses formant des woven mat et des nids d’abeilles, plus rarement des dents et des flammes disposées en bandes parallèles. Les lèvres sont fréquemment décorées de lignes incisées. La céramique du groupe 4 est datée de 5690 ± 65 B.P. (Ly6214) (4670-4410 av. J.-C.) à Tardjié 12 , 5600 ± 60 B.P. (Ly6126) (4490-4360 av. J.-C.) à Oued

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Un néolithique pastoral Yentas Sondage 1 (surface), 5565 ± 125 B.P. (Ly5489) (4540-4250 av. J.-C.) à Arkana Terrasse. Les tessons sont moins épais que dans le groupe précédent et un dégraissant sableux s’ajoute au dégraissant végétal. Le décor est couvrant, le plus souvent une large bande de croisillons entoure l’orifice, elle peut être soulignée d’une ou plusieurs cannelures, suivie d’un motif différent pour la

Au Néolithique moyen, le peuplement saharien explose. En favorisant l’élevage bovin, la steppe herbacée qui s’installe est certainement en cause. La variabilité des structures industrielles augmente. Leur identification s’articule souvent autour de fossiles directeurs, étant entendu qu’il s’agit toujours d’un ensemble d’éléments, jamais d’un seul ; les formes des têtes de flèche et les caractères de la poterie sont des données majeures de distinction qui conduisent à l’individualisation d’unités chrono-géographiques. Les cultures les mieux appréhendées, Bovidien et Ténéréen, se déploient l’une à l’est, l’autre au sud-est de l’Ahaggar où se développent les cultures d’Amekni, de Timidouin. Par sa technologie, l’industrie lithique du Djado s’apparente au Ténéréen. Des palets et des disques, une poterie sphérique, volontiers de ton rouge brique, lustrée, à décor nids d’abeilles caractérisent la culture bovidienne. Le Ténéréen s’individualise de plus en plus par une organisation sociale que traduisent des concentrations d’outils identiques. Les superbes objets, disques, haches à gorge en « jaspe » vert ne suffisent plus à l’identifier car ils ne sont propres qu’au secteur de l’Adrar Bous où cette roche affleure. L’art de la période bovidienne est l’un des mieux connu, il dispose d’une expression artistique sur roche, centré sur les bovins. Il s’épanouit en multiples faciès, groupes ou styles selon les auteurs. panse et le fond. Les ponctuations sont moins fréquentes, les damiers et pieds de poule deviennent courants, les dents sont souvent organisées en rangs serrés et décalés donnant une résille, les flammes restent rares. Un fileté est présent à Tardjié 05. La céramique du groupe 5 se retrouve essentiellement dans la région de Dao Timmi. Il n’est pas évident qu’elle puisse être vraiment dissociée du groupe précédent. Le décor, toujours majoritairement impressionné, comporte plus de flammes et il n’y a ni gros points, ni motif nids d’abeilles.

Les playas et le Néolithique moyen au Sahara oriental Dans le Sahara oriental, l’habitat humain se déploie alors largement dans les oasis, dans les massifs, Gilf Kebir, Ouenat, Gebel Kamil, dans le Soudan septentrional. Les sites se placent en bordure d’oued, de plans d’eau nommés playas, s’installent parfois à la surface asséchée du lac lui-même. F. Wendorf a reconnu trois périodes de développement des lacs qu’il nomme Playa I, II et

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Sahara préhistorique III, liées aux vicissitudes du climat et séparées par des épisodes arides autour de 8200 et 7700 B.P. (7200 et 6700 av. J.-C.) ; il souligne une lacune de un à deux siècles entre le Néolithique ancien et moyen correspondant soit à un maximum d’extension des lacs, soit à la phase aride qui sépare Playa II et III. Alors qu’elle se maintient au Soudan, la céramique décorée de wavy line disparaît du désert égyptien vers 7800 B.P. (6600 av. J.-C.) au profit de céramiques plus sobrement décorées ayant parfois simplement un bord noir. Aux bovins domestiqués, qui étaient rarement tués pour la viande, s’ajoutent, vers 6700 B.P. (5600 av. J.-C.), les chèvres et les moutons qui en seraient fournisseurs. A partir de 6500 B.P. (5500 av. J.-C.), la culture du blé est nettement affirmée. W. Schön reconnaît deux phases dans l’occupation du Sud égyptien. La plus ancienne est datée entre 6400-5800 B.P. (5400-4700 av. J.-C.) et occupe l’essentiel des oasis, la seconde, entre 5500-4200 B.P. (4300-2800 av. J.-C.), est limitée aux régions sud. L’oasis du Fayum : Fayumien et Moérien Dans l’oasis du Fayum, les prospections menées entre 1924 et 1926 par G. Caton-Thomson et E.W. Gardner, les conduisirent à identifier un site important où deux occupations, dites « kôms W et K », leur permirent de définir les faciès Fayum A et B, ce dernier considéré alors comme une dégénérescence du Fayum A, ce qui fut infirmé par les travaux postérieurs. Les deux surfaces d’occupation étaient creusées de cuvettes ayant servi de foyers et, en 1984, M. Casini faisait état de vestiges de huttes. Entre les deux buttes, se plaçait une zone de greniers, silos d’un diamètre de 150 à 30 cm, profonds de 90 à 30 cm, tapissés de nattes ou de paille et pouvant renfermer des graines1, parfois calcinées, de blé Triticum dicoccum ou d’orge Hordeum hexastichum, H. vulgare, H. distichum. L. Krzyzaniak a calculé que ces silos pouvaient contenir 400 kg de grains. Les fouilles ont aussi livré du lin, une Graminée de type sarrasin, des paniers qui étaient parfois remplis de coquillages, des plateaux en paille, des faucilles en bois de tamaris dont l’une conservant encore des éléments en silex dans la rainure. Cette population aurait également pratiqué la pêche et la collecte des moules, des escargots. La faune comprenait de l’éléphant, hippopotame, crocodile, tortue et surtout des ossements de chèvres, moutons, bœufs, porcs ainsi que du chien. De nombreuses investigations ont amené la révision de ces données, les confirmant à l’exception du porc dont aucun ossement n’a été retrouvé. Elles ont abouti à reconnaître un horizon néolithique, le Fayum A ou Fayumien et un horizon épipaléolithique, le niveau Fayum B également nommé Qarunien. Le site QS X/81 étudié par J.K. Kozlowski et B. Ginter les montre en stratigraphie. Le Fayumien est daté de 6480 ± 170 B.P. (Gd2021) (5620-5300 av. J.-C.) et 5540 ± 70 B.P. (Gd1140) (4460-4340 av. J.-C.) à Qasr el Sagha. Il apparaît en fin de période sèche et se développe parallèlement au lac Mœris. L’industrie lithique (fig. 35), faite sur éclat, provient de nucleus quelconques issus de galets du Nil. Elle utilise volontiers une retouche plane souvent couvrante. Elle com1 .- Ce sont ces graines carbonisées qui, en 1955, servirent à Libby à développer la méthode de datation par Carbone 14.

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Un néolithique pastoral porte des pièces à coches et des denticulés, des scies qui peuvent être façonnées sur pièces foliacées, des racloirs, des éclats retouchés, des pièces bifaciales dont des pièces foliacées et des têtes de flèche à base concave profondément échan-

Fig. 35 – Fayum. Industrie lithique : 1, 2, 3) têtes de flèche à base concave ; 4, 6) têtes de flèche pédonculées ; 5) perçoir ; 7) tête de flèche foliacée ; 8) tranchet ; 9, 13) scies sur pièce foliacée ; 10) tête de flèche foliacée étroite ; 11) pièce foliacée ; 12) herminette. (Origine : 1) Site V, 2) Site O, 3) Kom K, 4, 6, 7) CII, 5,10) Site Z, 8, 9, 11,) Kom W, 12) Site N, 13) Site X. d'après Caton Thomson, 1934).

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Sahara préhistorique crée ou de formes pédonculées étroites. Une pièce originale est un tranchet à étranglement, en forme de hallebarde (fig. 35). Des haches, des herminettes sont taillées ou plus ou moins polies. On y trouve des éléments de faucilles dont la denticulation est lustrée. La poterie, courante, renferme un dégraissant végétal, elle n’est jamais décorée, mais soigneusement lissée ou même polie et recouverte d’un enduit rouge ou parfois noir. Les formes, globuleuses à fond plat ou arrondi, peuvent être très sophistiquées avec des coupes à pied trilobé. L’outillage osseux, épingles, poinçons, harpons, abonde. Des coquillages semblent avoir servi de cuillères. La parure se traduit par des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, des disques de pierre percés, des perles en amazonite. Des objets en cuivre natif martelé à froid y auraient été trouvés. Son économie, basée sur l’agriculture et l’élevage, paraît résulter de l’importation de plantes et d’animaux domestiqués. La plupart des auteurs voit dans ce niveau, en rupture avec les sites antérieurs par les têtes de flèche et les éléments de faucilles, une origine orientale en raison de diverses similitudes avec des industries du delta ; cependant, pour D. Holmes, il serait lié au désert libyque et son fond culturel pourrait trouver ses racines en milieu saharien et non proche-oriental. Le Fayumien est suivi par une phase sèche au cours de laquelle se développe le Moérien. Les sites sont alors inclus au sommet d’une formation limoneuse. Ils sont datés de 5410 ± 110 B.P. (Gd903) à 4820 ± 100 B.P. (Gd976) (43504050 à 3710-3380 av. J.-C.) à Qasr el Sagha. Les nucleus, petits, ont un ou deux plans de frappe. L’outillage est fait sur lame ou lamelle, les bords abattus, les retouches continues et les perçoirs en forment la masse, ils s’accompagnent de quelques grattoirs, burins, troncatures, d’éléments de faucille ; une seule tête de flèche a été retrouvée. Les tessons de poterie proviennent de vases sphériques pouvant avoir un col cylindrique, de vases à fond conique qui sont faits à l’aide d’un dégraissant minéral. En évoquant ce que l’on trouve à Siwa (fig. 36), certains auteurs voient dans le Moérien un écho tardif des traditions sahariennes. Autres oasis Dans l’oasis de Dakhla et en bordure de la Grande Mer de Sable, la phase la plus ancienne comporte deux moments d’occupation plus dense. A Dakhla, M. Mc Donald a identifié une séquence dite Bashendi datée entre 7600 et 6900 B.P. (6500 et 5820 av. J.-C.), elle traduirait une occupation intermittente, le refuge de pasteurs nomades de bovins et de chèvres, lors de l’aride mi-holocène. La seconde séquence, dite Sheikh Muftah, datée entre 6500 et 5500 B.P. (5500 et 4300 av. J.-C.) est, elle, associée à une sédimentation de playa. Sur les marges de la Mer de sable, une période majeure d’occupation se place autour de 7800 B.P. (6700 av. J.-C.), une autre vers 6100 B.P. (5000 av. J.-C.). Au Soudan, dans la basse vallée du wadi Shaw, W. Schuck trouve également deux périodes essentielles d’occupation avec de l’éléphant dans la plus ancienne. Des motifs dotted wavy line, incised wavy line et croisillons qui ornent la poterie, indiqueraient des contacts entre la Haute vallée du Nil et le Sahara. Ailleurs, la position des sites, souvent sur les dépôts de playa eux-mêmes, suggère des occupations en saison sèche et un lien avec les émergences de sources. A Farafra, oasis d’origine karstique, où l’occupation est datée entre

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Un néolithique pastoral 8080 ± 60 B.P. (R1902) et 5380 ± 110 B.P. (R2006) (7280-6840 et 4330-4050 av. J.-C.), la faible superficie des sites et la faible densité des vestiges ont suggéré des séjours brefs. Dans le secteur d’Aïn Dalla, les industries se distinguent

Fig. 36 – Siwa. Industrie lithique : 1, 4, 5) mèches de foret ; 2) troncature ; 3) lamelle à dos partiel ; 6, 7) têtes de flèche foliacées ; 8, 9) têtes de flèche pédonculées ; 10) nucleus ; 11) burin ; 12) racloir. (d'après Hassan et Gross in Close, 1987).

de celles, précédentes, du Qarunien par les matériaux qui ajoutent des quartzite, agate, silex aux chailles, et par le développement de la retouche plane ; l’outillage lithique comprend des perçoirs, coches, denticulés, racloirs, pièces esquillées et têtes de flèche. Certains sites disposent en outre d’un « tranchet » qui est décrit par B.E. Barich et F. Hassan comme une pièce allongée, étroite et épaisse, à retouche plane unifaciale, dont l’un des bords est abattu et qui est une pièce connue dans le Prédynastique de Nagada. Wadi el-Obeiyd a livré de nombreux restes végétaux dont Sorghum, Pennisetum, Panicum, une faune d’ovi-caprinés, mais aussi Gazella dorcas, qui sont datés entre 7130 ± 100 B.P. (Gd10505) et 6190 ± 270 B.P. (Gd9629) (6160-5840 et 5460-4810 av. J.-C.). Des fonds de huttes y ont été retrouvés et diverses similitudes montreraient des contacts entre ces populations et celles du sud ou de l’ouest. Dans la région de Selima, les dépôts néolithiques se surimposent souvent à des éléments paléolithiques ; ils sont datés entre 7180 ± 160 et 6300 ± 80 B.P. (6210-5890 et 5370-5080 av. J.-C.). Pour R. Kuper, ils évoqueraient Early Khartoum. La plupart des sites occupe le sommet et les bords nord de cordons dunaires, parfois le fond de dépressions. Généralement petits, chacun n’a livré qu’une centaine de pièces. L’outillage (fig. 37) comprend une majorité de petites lames et de lamelles à dos, de triangles et surtout de segments. Des lames

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Sahara préhistorique évoquent le matériel de Nabta, elles portent deux bords abattus, des coches, voire un burin. Le matériel de broyage est fréquent ainsi que l’œuf d’autruche dont un, retrouvé entier, présente un orifice latéral1. La céramique est rare, à surfaces très altérées. Outre les motifs damier et herringbone qui la caractérisent, elle est décorée de sillons pointillés droits ou en arc de cercle, parfois d’un motif dotted wavy line. La faune associée consiste en bovins sauvages, girafes, rhinocéros, gazelles, antilopes oryx ; elle renferme des chèvres et des moutons. Le Site 85/79 qui est daté de 6550 ± 65 B.P. (KN3880) (6010-5470 av. J.-C.), a livré un squelette humain en position contractée. El Kiseiba E-79-2 Au cours des campagnes de 1979 et 1980 qu’ils ont menées le long de la ligne d’installations préhistoriques qui borde l’escarpement d’El Kiseiba, F. Wendorf et R. Schild ont fouillé 13 sites et noté un net changement entre le Néolithique ancien et moyen. Les motifs dotted wavy line ne sont plus utilisés, des impressions au peigne, ponctuations en semis ou woven mat, motifs fréquents dans le Néolithique saharien toutes périodes confondues, des motifs à la spatule, en particulier un motif herringbone, leur étant préférés ; ils réapparaissent néanmoins dans le niveau le plus récent daté autour de 6300 B.P. (5300 av. J.-C.). Les lamelles sont abandonnées elles aussi pour une production plus fréquente d’éclats. Le choix des matériaux diffère, ce ne sont plus des silex éocènes qui sont recherchés, mais des roches locales ; quartz, chailles, roches métamorphiques diverses sont employées, ce qui entraîne une qualité moindre des objets. Dans ce chapelet d’oasis où le matériel de broyage est commun, l’orge et le blé auraient été cultivés. L’occupation est rapportée à de petits groupes d’éleveurs s’installant après les pluies estivales pour profiter des pâturages jusqu’au retour de la sécheresse. E-79-2 montrerait la continuité de l’occupation de ce secteur depuis le plus ancien Néolithique2. Il a été étudié par K.M. Banks. Daté entre 8130 ± 110 (SMU760) et 7610 ± 70 B.P. (SMU764) (7330-6840 et 6510-6390 av. J.-C.), il présentait probablement à sa base quelques traces d’une occupation de type El Nabta ; la même succession se lit à El Ghorab dans le Site E-79-4. Les occupants de E-79-2 ont surtout utilisé les chailles, quartz et bois pétrifiés, débités le plus souvent en éclats à partir d’un même plan de frappe. Les grattoirs qui comportent de nombreux types, privilégient les grattoirs simples et sur éclat retouché ou les grattoirs denticulés. Ils sont toujours faits en extrémité distale alors que les burins se placent indifféremment à l’une ou l’autre extrémité. Le groupe perçoir est riche en mèches de foret volontiers produites dans du bois silicifié. Les pièces à coches sont plus fréquentes que les denticulés, elles sont souvent faites sur éclat, la coche est volontiers retouchée, les pièces les plus longues portent aussi, fréquemment, une retouche. Les racloirs sont très rares et les têtes de flèche manquent. Les pièces esquillées, particulièrement nombreuses, privilégient le quartz ; la plupart est esquillée aux deux extrémités, près de 10 % l’est à la fois sur les bords et les extrémités, un peu moins l’est 1 .- Cette position de l’orifice est rare. Elle est connue sur six œufs dans l’erg Issaouane n Inarrarene, sur deux au Damous el Ahmar. 2.- Cf le détail de l’industrie lithique p. 564.

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Un néolithique pastoral

Fig. 37 - En haut. Selima. Industrie lithique : 1, 2) burins ; 3) mèche de foret : 4, 5) lames à dos ; 6, 8) lamelles à dos arqué ; 7, 13) lamelles à dos rectiligne ; 9, 16) triangles rectangles ; 10) lamelle à retouche Ouchtata ; 11) lame à cran ; 12) lamelle obtuse ; 14, 15) pièces à coches ; 17 à 19) segments. (d'après Schuck in Krzyzaniak et al., 1993). En bas. Lobo. Industrie lithique : 1, 11, 12) grattoirs ; 2) perçoir ; 3) trapèze ; 4) burin dièdre ; 5) tête de flèche pédonculée ; 6 à 8, 13) têtes de flèche foliacées ; 9) lamelle à deux bords abattus ; 10) lamelle à dos rectiligne ; 14) racloir ; 15) lame à deux bords abattus ; 16) pièce esquillée ; 17) lamelle à dos arqué et base retouchée. (d'après Klees in Krzyzaniak et al., 1989).

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Sahara préhistorique seulement sur les bords. Dans les récoltes figurent huit pointes d’Ounan-Harif et une pointe de Bou Saada. Des fragments de meules et molettes abondent. La céramique peut ne porter aucun décor, quand il existe, le plus courant est un motif de ponctuations, woven mat de préférence, couvrant une grande partie ou la totalité du vase. Des motifs dotted wavy line sont présents mais rares, ainsi que des herringbones et des dents. Le décor peut s’organiser en bandes. Les lèvres peuvent être incisées. Des fragments d’œufs d’autruche montrent la fabrication de rondelles d’enfilage sur le site même et de l’ocre souligne l’usage de colorant. La faune recueillie comprend surtout de petites gazelles et des lièvres, elle renferme un Canidé, du chat sauvage, des lézards et quelques restes provenant probablement de bœufs domestiques. Kortein E-77-5 Sa position au centre de la playa rapporte ce gisement à une occupation en saison sèche. L’industrie1 est dominée par les retouches continues et les pièces à coches ou denticulés. De nombreux types d’outils manquent ou sont faiblement représentés, c’est le cas des burins, éclats et lames à dos, troncatures, lamelles à dos ; les microlithes géométriques, particulièrement discrets, sont tous des segments. Il n’y a pas de tête de flèche. La poterie n’a pas la qualité de celle du Néolithique ancien et en diffère par son décor. Certains récipients n’en portent aucun ou le réduisent à la partie supérieure de la panse ; les motifs les plus courants sont des ponctuations et des galons faits au peigne traîné. La faune comprend surtout Lepus capensis, de petits rongeurs, des gazelles, aucun animal domestique. Lobo (=Site BOS 81/55) Dans la petite oasis d’Abu Minqar, proche des franges est de la Grande Mer de Sable, le site de Lobo (=Site BOS 81/55) fut découvert en 1934 par O. Wingate, il aurait été retrouvé en 1978 et étudié par une mission de l’Université de Cologne. Lié à des sources pérennes, il occupe une surface de 1200 x 300 m au pied d’une dune et tire son intérêt de la distribution irrégulière du matériel archéologique mise en évidence par plusieurs points de fouille : un secteur riche en mèches de foret ne renfermait ni microlithe géométrique, ni burin, d’autres qui en comportaient, étaient riches en lamelles à dos. Le site aurait été occupé de manière discontinue. Il a été daté entre 7900 ± 75 (KN3017) et 6070 ± 60 B.P. (KN3142) (7020-6650 et 5050-4850 av. J.-C.), deux phases majeures se dessinant autour de ces dates ; elles ne montrent pas de divergences fondamentales dans l’industrie lithique, mais seule la seconde a livré quelques tessons d’une céramique semblable à celle du Fayum et qui pourrait être plus ancienne. L’industrie (fig. 37) est faite dans des chailles dont un gite possible serait à 40 km, et dans des quartzites. Elle est partout dominée par des pièces esquillées, de petits perçoirs et des éclats à retouche continue, elle dispose de têtes de flèche foliacées étroites ou à très court pédoncule, de peu de denticulés. La seconde phase voit le nombre de pièces à bords abattus et microlithes géométriques augmenter. Elle renferme de la poterie qui est simplement 1 .- Cf Annexes p. 564.

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Un néolithique pastoral lissée, sans décor, ou décorée d’un motif pivotant. L’œuf d’autruche abonde et peut être décoré. Nabta Playa E-75-8 A l’ouest du bassin d’El Nabta, E-75-8 (=E101K3) est un vaste gisement qui occupe le sommet d’une dune. En partie enfoui dans le sable, il est associé au début de la phase Playa III. Il fut fouillé en 1975 et 1977 par « The combined prehistoric expedition » conduite par F. Wendorf. Les travaux qui portèrent sur plus de 70 m2 permirent de reconnaître trois niveaux. Le niveau inférieur est constitué de sables noircis par des charbons et des cendres. Il renferme des foyers et du matériel archéologique datés entre 7120 ± 150 (SMU242) et 6500 ± 80 B.P. (SMU435) (6160-5810 et 5520-5370 av. J.-C.). Les chailles, quartz, y compris du quartz hyalin, sont les matériaux les plus utilisés. Les nucleus sont souvent épuisés à l’extrême, réduits à des dimensions de 1,5 à 2 cm, les plus fréquents ont un seul plan de frappe ou des plans multiples sans organisation. Un ensemble de 345 outils taillés montre un fort développement d’éclats à retouche continue, 30,8 %, et d’éclats à coches ou denticulés, 27,1 %, groupe surtout constitué de coches. Les troncatures sont courantes, 17 %. Les microlithes géométriques, moins de 3 %, sont de petite taille ne dépassant guère 1,5 cm de long ; ce sont surtout des segments d’aspect trapu, quelques uns, dissymétriques, appartiennent à la variété J-shaped. Il y a de nombreux petits éclats appointis (10 %) dont la base est diversement aménagée : quand elle est concave, ils ressemblent à une pointe de Bou Saada, quand elle est convexe, ils se rapprochent de lamelle à base arrondie. Le groupe perçoirs, aussi peu représenté que les microlithes géométriques, comprend surtout des mèches de foret doubles. Des pièces à retouche bifaciale interviennent pour 2 % dont des têtes de flèche de formes diverses. Le matériel de broyage est fréquent, avec des meules ovales ou rondes parfois retrouvées face active contre le sol et pouvant porter des traces d’ocre rouge ou jaune ; certaines disposent de deux faces actives opposées. Des tests d’œuf d’autruche pouvant être décorés de quadrillage, des coquillages, de l’ocre ont été trouvés. De vastes vases en poterie, de médiocre qualité, sont décorés sans soin de ponctuations, parfois de dents ou de flammes réalisées au peigne, leur lèvre peut être crénelée. Les deux autres niveaux présentent le même agencement avec des foyers peu ou pas démantelés, renfermant des cendres, des charbons et parfois des os brûlés. Le sommet du plus récent est daté de 5810 ± 80 B.P. (SMU473) (4770-4550 av. J.-C.). Les coches et denticulés prédominent, 39,7 %, les pièces à retouche continue atteignent jusqu’à 33,8 %, les autres groupes demeurent au-dessous de 10 %. La poterie, de qualité médiocre, diffère de la précédente par un motif fileté, elle montre des affinités nilotiques et pourrait être en relation avec l’Abkien. Dans les niveaux supérieurs, des restes végétaux ont permis d’identifier de nombreuses Graminées, orge Hordeum vulgare, blé Triticum dicoccum, du palmier doum et du palmier dattier probablement Phœnix reclitana, petit palmier d’Afrique tropicale, connu dans le sud du Soudan. La faune comporte un fragment de coquille d’Aspatharia qui traduit un contact avec la vallée du Nil, des restes d’oiseaux mal conservés, de hérisson, lapin Lepus capensis, porc-épic,

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Sahara préhistorique une petite gazelle (Gazella dorcas ?), des chèvres, des moutons et quelques éléments attribuables à un bœuf domestique. Ces ovi-capridés sont entendus parfois comme des premiers témoins indiscutables de la présence de ces animaux domestiques en Afrique. Des trois inhumations, dont une double, mises au jour, n’ont été retiré que des restes en mauvais état. Néanmoins, ils ont pu être apparentés à une population négroïde. Un complexe mégalithique original avec alignements et cercle de pierres associés à un tumulus et des foyers1 est vu comme émergence du fait religieux. Les massifs Dans les années trente, R.A. Bagnold, O.H. Myers et al faisaient connaître les premiers éléments de préhistoire du Gilf Kebir. Les oueds qui drainent ce vaste plateau de grès nubiens, très isolé à la frontière égypto-libyenne, ont été barrés par les dunes qui se sont installées au cours de l’aride mi-holocène, dès lors, les écoulements ont créé des « playas » comparables aux oasis, favorables au développement de la végétation et à l’installation des populations sous une pluviosité estimée aux alentours de 200 mm. Dans le wadi el Akhdar, R. Kuper et W. Schön ont reconnu plus d’une vingtaine de sites qui place l’essentiel de l’occupation entre 5500 et 4500 B.P. (4300 et 3200 av. J.-C.), elle pourrait débuter vers 7700 ± 60 B.P. (6590-6460 av. J.-C.)2 ; J. Linstädter et S. Kröpelin nomment « Gilf B » cette période. Ces sites offrent des traits semblables. La phase ancienne est riche en segments, en microburins ; la poterie, de forme conique, est volontiers décorée d’un bandeau de motif herringbone entourant l’ouverture. Dans les phases suivantes, les pièces à retouche continue et les denticulés prennent de l’importance. La phase la plus récente est enrichie en triangles et trapèzes. Dans le Site 81/4 où la densité de matériel est importante sur 15 x 10 m, l’outillage est caractérisé par la fréquence des pièces denticulées, à un degré moindre des retouches continues et des perçoirs. En appréhendant la dispersion des éclats, Z. Cziesla a pu constater des différences dans la destination des diverses matières premières. La poterie est rare, peut supporter un motif dotted wavy line. Des gravures sur bloc figurent des bovins dans un style connu de l’Ouest libyen. On retrouve cette rareté de la poterie en Libye, au Djebel Ouenat voisin où le Néolithique pastoral est daté de 6115 ± 70 B.P. (GrN7236) (5210-4860 av. J.-C.) en Pt 24. Elle est peu décorée, 65 % des tessons ramenés en 1969 par la mission belge du Musée royal de Tervuren étant simplement lissés et seul le quart entièrement décoré. Les motifs peuvent être soulignés d’une cannelure, ils font largement appel à un peigne à dents rectangulaires ou à des aiguillons de silure. Ils consistent en dents, flammes, fines cannelures voire stries, chevrons, galons, éventails, parfois filetés. Les décors les plus réduits se ramènent à un registre de hachures pointillées faites à l’aiguillon de silure ou à un rang de fausses perforations autour de l’orifice. Des motifs dotted wavy line et incised 1 .- Cf p. 291. 2 .- Des foyers, sans matériel archéologique, indiquent aussi une présence humaine à 9370 ± 215 B.P. (KN2879) (9110-8300 av. J.-C.).

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Un néolithique pastoral wavy line ont été utilisés. Un souci de composition apparaît sur divers vases par l’utilisation d’un même motif dans des directions diverses et la conservation de vastes plages vierges. Au Gebel Kamil, au sud-est du Gilf Kebir, J. Hahn n’a reconnu d’occupation qu’entre les 6ème et 4ème millénaires. Il s’agit toujours de petits sites à caractères différents, montrant une population qui disposait de quelques bovins, moutons et chèvres. Du matériel de broyage, présent sur certains sites, indique l’utilisation de graines écrasées. Les grattoirs et denticulés sont quasiment toujours présents à l’inverse des perçoirs, microlithes géométriques. L’œuf d’autruche et la poterie peuvent manquer, séparément ou conjointement. De multiples cultures dans le bassin du Nil Alors que la fabrication de poterie, dès le Néolithique ancien, traduit un stade techno-économique plus évolué en Nubie qu’en aval de la vallée, au 7ème millénaire, la situation s’inverse. En Basse Egypte, l’élevage et l’agriculture sont prépondérants ; l’habitat, dense, est déjà largement sédentaire. En Nubie, il est dispersé, la chasse, la pêche, la cueillette continuent à jouer un grand rôle malgré des activités de production. Plus tard, l’absence de cuivre dans le sud marquera une autre différence. Toutefois, divers traits culturels partagés traduisent l’existence de relations. L’Urschicht, culture rapportée aux 6ème-5ème millénaires, est connu dans le delta et la basse vallée. Le Tarifien se développerait vers 6000 B.P. (4900 av. J.-C.) dans la région de Thèbes, pour B. Ginter et J.K. Kozlowski, ce serait une phase céramique d’un épipaléolithique local. Au Soudan, à hauteur de la Deuxième Cataracte, la région de Wadi Halfa est riche de plusieurs cultures : l’Abkien qui procèderait du Qadien et pourrait être l’ancêtre du Groupe A, le Post-Shamarkien et le Khartoum variant, ces trois cultures semblant occuper le même espace spacio-temporel. L’Abkien et le Post-Shamarkien seraient autochtones, le Khartoum variant serait allochtone. Au 5ème millénaire, le Shaheinabien connaît un ample développement à hauteur de la Sixième Cataracte. Le Kadruka par ses structures sociales annonce Kerma. Au sud-est de la région de Khartoum, dans l’Atbaï, le Kassala, le delta de la Gash, une technologie céramique dite « Atbai tradition » assure la continuité entre divers faciès culturels, Pré-Saroba, Saroba et Kassala. L’élevage n’y serait pratiqué que tardivement, à partir du 2ème millénaire. On peut rattacher au bassin du Nil une région périphérique, le wadi Howar où se développe le Shaheinabien et qui, au sud-ouest, assure un contact avec l’Ennedi. On doit accorder un intérêt particulier à la céramique décorée de dotted wavy line. Ce motif qui apparaît tôt dans la zone saharienne et sahélienne, n’interviendrait qu’à partir du 6ème millénaire dans le bassin du Nil, la céramique n’y connaissant jusque là que des motifs incised wavy line. Tout comme en zone sahélienne, ses vagues y sont d’une grande amplitude et non faible comme en zone saharienne, la frontière entre ces caractères, ondes courtes, ondes longues, se placerait au nord-est du Tchad.

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Sahara préhistorique Le Shaheinabien et son évolution Le Shaheinabien, nommé Early Khartoum par certains auteurs, a été appelé un temps « culture des gouges » en raison de l’importance qu’y prenait cet outil1. Il se développe le long du Nil et de ses affluents où 22 sites ont été répertoriés sur une distance d’une vingtaine de kilomètres. Il est connu dans le wadi Howar où les plus anciens sites lui sont attribués. Le Shaheinabien serait issu du Pré-Khartoum directement ou par un stade évolutif connu à Shabona. Son évolution se lirait à Kadero. Au nord, en Haute Nubie, plusieurs groupes, tel les groupes de Tergis, Karat, ainsi que, dans la région de Debba, le groupe Early Khartoum related, évoquent la même culture. Le Shaheinabien se développe du 6ème au 4ème millénaire où il fait place au Post-Shaheinabien connu au 3ème millénaire. Il s’individualise par une poterie rouge ornée de demi-cercles noirs qui bordent la lèvre, des haches polies en os et l’abondance des gouges ; il comporte des têtes de massue, des harpons en os, des hameçons en nacre, des perles en pierre dure (amazonite, cornalite), des labrets. Dans la plupart de ces ensembles, l’utilisation du quartz prédomine. La poterie se distingue de celle du Pré-Khartoum par son épaisseur bien plus faible, 4 à 6 mm, celle du Pré-Khartoum atteignant 7 à 8 mm. Dans la phase ancienne, elle présente un motif incised wavy line, dans la phase récente un motif dotted wavy line intervient. Ce caractère qui se retrouve dans divers sites le long du Nil, à El Qoz supérieur, Islang, Kabbashi, Saggaï, Sarourab…, a conduit certains auteurs, pour qui le motif dotted wavy line caractérise le Pré-Khartoum entendu comme Mésolithique, à n’attribuer au Néolithique que les niveaux postérieurs aux manifestations les plus récentes de dotted wavy line et à lire dans ce motif, le prolongement du Pré-Khartoum dans cette région. Djebel Moya Les premières recherches au djebel Moya ont été menées par F. Addison dans les années quarante, puis D. Adamson, J.D. Clark et M.A.J. Williams dans les années soixante dix, les dernières par I. Caneva au début des années quatrevingt-dix. On ne dispose pas de datations pour l’occupation préhistorique, mais la comparaison avec des ensembles industriels similaires, a permis de proposer le créneau 8000-7000 B.P. (6900-5900 av. J.-C.). La poterie fréquente à la base, l’est moins dans les niveaux supérieurs. Elle offre d’étroites similitudes avec celle de Kadero. D’après I. Caneva, la plus ancienne est riche en dotted wavy line et comporte un nombre écrasant de décor tournant2, 90 %. L’auteur conclut à une similitude avec Shaqadud phase 3, Kabbashi-A et avec des motifs sahariens, en particulier ceux qui se retrouvent à Délébo, ce qui suggère des contacts intensifs entre les deux régions. 1 .- On rappellera que les gouges ne possèdent qu’un seul côté façonné alors que les haches ont un tranchant à deux côtés façonnés symétriques et les herminettes, à deux côtés dissymétriques. Pour A.J. Arkell, la gouge aurait été inventée dans les forêts congolaises par les Lupembiens, proposition qui ne repose sur aucun élément archéologique. 2 .- I. Caneva distingue deux modes d’obtention des motifs wavy line. Une technique pivotante (return technique) où l’instrument progresse par appui d’une extrémité puis de l’autre, une technique tournante (rocker technique) où la progression se fait en conservant une extrémité en appui fixe pendant que l’autre trace un arc.

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Un néolithique pastoral El Ghaba Le site d’El Ghaba, 150 km au nord de Khartoum, comporte un niveau d’habitat d’une vingtaine de centimètres perturbé par de nombreuses inhumations. Fouillé entre 1977 et 1986 par la section française de la Direction des Antiquités du Soudan, il livra un matériel comportant une gouge, mais ni harpon, ni hameçon, ce qui est une singularité. Il renfermait des restes de grands bovins Bos primigenius. Plus de 250 inhumations ont été mises au jour et datées entre 5660 ± 120 (Gif5505) et 4990 ± 110 B.P. (Gif5506) (4670-4360 et 3940-3660 av. J.-C.). Les tombes fouillées étaient très groupées et déterminaient un espace inoccupé qui pourrait être la trace d’un édifice. Les défunts gisaient en décubitus latéral contracté pour la plupart, ou en décubitus latéral fléchi, sans côté privilégié de repos ; quelques cas de décubitus dorsal existent dont un aux jambes repliées en tailleur. La couleur verdâtre des dents, parfois de la face, résulte de la présence de malachite dans la bouche. Les défunts étaient accompagnés d’un mobilier important, ossements divers, coquilles, poteries, qui est dans la lignée de celui d’El Kadada. Les différences dans le mobilier ont permis de distinguer deux phases dont l’une comporte une poterie typique du Shaheinabien. Geili A une cinquantaine de kilomètres au nord de Khartoum, Geili fait face à Shaheinab sur la rive droite. C’est une élévation qui domine de plus de 4 m la plaine alluviale et renferme une couche archéologique de 1 m d’épaisseur perturbée par de nombreuses inhumations allant du Néolithique tardif au Méroïtique. Découvert en 1970 par S.M. Puglisi, le gisement fut fouillé à partir de 1973 par la Mission italienne de recherches préhistoriques en Egypte et au Soudan. L’occupation est datée de 5570 ± 100 B.P. (T5022) (4520-4260 av. J.-C.). La faune traduit un élevage de bovins, moutons et chèvres. Elle est faite de restes de gazelles, antilopes, buffles, hippopotames, girafes, singes, de carnivores, reptiles, tortues, de poissons-chats, de coquillages (Pila wernei). Le quartz fournit la plus grande part du débitage, mais l’outillage lui-même est en majorité sur rhyolite. Les pièces à retouche continue et les pièces à coches

Fig. 38 – Geili. Décors de poterie : 1) woven mat ; 2) dents ; 3) sillons courbes pointillés ; 4) sillons courbes; 5) boulier ; 6) wavy line. (d'après Caneva in Krzyzaniak et al., 1984).

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Sahara préhistorique prédominent, ces dernières sont faites sur quartz. Les grattoirs, perçoirs, denticulés sont courants, les microlithes géométriques rares ainsi que les haches et les gouges. Il y a peu d’outillage osseux, il a été trouvé des harpons à un et deux rangs de barbelures, avec encoche d’accrochage, des aiguilles, des alènes. Il est possible que des hameçons aient été façonnés dans des coquilles d’Aspatharia. La parure est faite de perles en os et en test d’œuf d’autruche. Le matériel de broyage comprend des disques, des molettes de diverses formes. La poterie est dégraissée au sable, sa surface est volontiers polie. Les formes sont simples sans col ni anse, aux parois peu épaisses qui supposent des récipients plutôt petits. Le décor peut être complexe, il peut se développer sur la lèvre. Les motifs les plus fréquents sont les dents et les lignes de ponctuations (fig. 38) qui peuvent être organisées en registres. Des motifs tels que dotted wavy line, triangles, demicercles concentriques, pointillés ou non, peuvent aussi border l’orifice. Certains décors pourraient être spécifiques à certaines formes. Les restes humains mis au jour reposaient en position contractée, sur le côté droit, orientés ouest-est, comme à Shaheinab ou Kadero. Kadero Egalement en rive droite du Nil, Kadero est une butte argileuse dominant de près de 2 m la plaine. Les travaux conduits par L. Krzyzaniak à partir de 1980, ont porté sur plus de 1500 m2 en huit campagnes de fouilles. Ils ont déterminé deux secteurs d’habitat et, entre eux, une zone de sépultures en pleine terre, contemporaine de l’habitat, où une quarantaine d’inhumations a été mise au jour. Une autre zone de sépulture est extérieure à l’habitat nord. L’occupation est datée entre 5610 ± 55 (KN2822) et 5030 ± 70 B.P. (T2189) (4490-4360 et 3940-3720 av. J.-C.). L’industrie, sur éclat, est en quartz et rhyolite, mais il y a fort peu de débitage et de nucleus en rhyolite, des nucleus discoïdes en quartz prédominant largement. Les éclats de quartz proviennent de galets ovales qui ont été débités en demi rondelles par percussion alternative sur les côtés, des retouches abruptes de la surface prédéterminant des segments. L’outillage comprend en proportions comparables des perçoirs, coches et denticulés qui sont mieux représentés qu’à Shaheinab, des gouges et des pièces simplement retouchées. Les grattoirs, burins, troncatures, géométriques, racloirs, haches sont peu nombreux et les géométriques qui se ramènent tous à des segments, sont plus fréquents qu’à Shaheinab. La poterie est faite à l’aide d’un dégraissant végétal. Comparable à celle de Shaheinab, elle utilise de même des motifs incised wavy line ou dotted wavy line, mais les décors complexes sont plus courants qu’à Shaheinab. La faune est dominée par les bovins, les moutons et les chèvres. De récentes analyses isotopiques des acides gras extraits des résidus organiques provenant de poteries montrent l’importance de la consommation de plantes fixant le carbone selon le mode C4, Dunne et al concluent à un élevage loin du Nil, en zone steppique. Des poissons, mollusques, oiseaux, du gibier suggèrent une savane ouverte avec mares et végétation dense le long des cours d’eau. Mils et sorghos abondent en impressions dans les poteries, ils appartiennent à une dizaine d’espèces dont Hordeum, Setaria, Pennisetum avec une forte majorité d’Eleusine

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Un néolithique pastoral coracana et Sorghum vulgare dont le statut domestique n’est pas certain pour M. Klichowska1. Un décalage chronologique existerait entre les deux secteurs d’habitat, il se traduit dans la céramique : celle de l’habitat nord est plus proche de celle de Shaheinab, mais possède davantage de tessons à engobe rouge, celle de l’habitat sud serait plus proche de celle d’El Kadada, elle renferme davantage de tessons à bord noir, est plus riche en décor de triangles et de dents, son industrie lithique comporte une plus grande proportion de gouges. On retrouve des traits comparables dans divers sites : Zakiab, Umm Direiwa, ont fait l’objet de sondage par R. Haaland en 1978 et livré des impressions de Sorghum verticilliflorum, El Qoz fouillé par A.S.A. Mohamed Ali a révélé une stratigraphie montrant la superposition Pré-Khartoum-Shaheinabien, Guli sur le Nil blanc, étudié par Adamson, Clark et Williams a été daté de 5480 ± 90 B.P. (SUA211) (4450-4230 av. J.-C.). Rabak Identifié par R. Haaland, à quelques kilomètres du Nil blanc, le site de Rabak domine la plaine de 3,5 m. Le niveau archéologique qui affleure en surface, a une épaisseur de 0,60 à 0,80 m et couvre une surface de 16000 m2. Il est daté de 6050 ± 100 (T5133) à 4490 ± 100 B.P. (T5132) (5190-4800 à 3350-3030 av. J.-C.) et a été interprété comme un habitat permanent. L’industrie lithique, sur éclat, voit la prédominance de pièces à retouche continue, près de 50 %, la haute fréquence des racloirs, puis viennent les perçoirs et les segments. Généralement les bords abattus sont faits sur quartz d’où la médiocrité apparente du travail. Le quartz est d’ailleurs le matériau le plus fréquent, 58 %, puis les quartzite et bois pétrifié ; quelques pièces sont en rhyolithe dont l’affleurement connu le plus proche est à 300 km au nord. Rabak se distingue de Shaheinab par l’absence de gouge et de matériel de broyage, mais aussi par le peu de matériel poli et de décor de la poterie. Le motif le plus courant est fait de ponctuations qui peuvent provenir d’un aiguillon de silure. Le niveau supérieur dispose d’une poterie à décor incisé localisé autour d’un col droit très court, laissant l’essentiel de la panse vierge, ce qui évoque la plus ancienne poterie du djebel Moya que J.D. Clark a également retrouvée au Jebel et Toma. Rabak pourrait être une transition entre Shaheinab et le djebel Moya. La vie était articulée autour de ressources aquatiques et d’animaux domestiques comme le bœuf. Toutefois en raison de la forte pluviosité, 750 mm entre 6000 et 4000 B.P. (4900 et 2500 av. J.-C.), il est possible qu’il y ait eu des mouvements de transhumance entre le Butana et la région de Rabak, mouvements qui expliqueraient la présence de rhyolite. Shaheinab Site éponyme du Shaheinabien, le site de Shaheinab a été fouillé en 194950 par A.J. Arkell. Il occupait une surface de 200 x 60 m, en rive gauche du Nil et comportait une épaisse couche cendreuse, sans stratigraphie visible, avec des foyers en cuvette profonde bordée de fragments de grès, dont le plus grand mesu1 .- En 1981, R. Haaland y note aussi des empreintes de Sorghum verticilliflorum.

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Sahara préhistorique rait 1,50 m de diamètre. Ils renfermaient des cendres et des ossements brisés. Shaheinab a été interprété comme un habitat permanent. Le site est daté de 5370 ± 80 (T3223) et 5240 ± 80 B.P. (T3222) (4330-4050 et 4220-3970 av. J.-C.). L’outillage (fig. 39), en rhyolite, quartz ou bois silicifié, est façonné sur éclat avec prédominance de microlithes géométriques, en particulier de segments très larges. Il dispose de grattoirs, racloirs, lames à dos, perçoirs parmi lesquels les mèches de foret en quartz sont nombreuses. Il n’y a ni burin, ni tête de flèche. L’usage courant de la retouche plane a conduit au façonnage de pièces foliacées et de nombreuses haches, herminettes, gouges qui peuvent être partiellement polies. Un temps, les gouges furent considérées comme fossile directeur. De petits disques épais, des percuteurs portant des traces de piquetage et une légère dépression au centre d’une face, parfois des deux, sont courants. Des meules et molettes sont présentes, elles peuvent présenter des traces d’ocre. Des têtes de massue sont des anneaux d’une dizaine de centimètres de diamètre avec une lumière de 4 à 5 cm. L’industrie osseuse est diversifiée avec des poinçons, lissoirs, hameçons, outils à bord tranchant, haches. Les harpons peuvent avoir leur base perforée ce qui devait faciliter la ligature. Des hameçons sont façonnés dans des coquilles de mollusques. La céramique est soigneusement lissée, lustrée ou polie. Outre des vases rouges à frise de demi-cercles noirs bordant la lèvre devenus les nouveaux marqueurs, elle connaît un décor d’impressions ou d’incisions, les lignes brisées sont recherchées, des motifs en triangle ou en écaille courants. Des rangs d’incised wavy line, de dents, de ponctuations peuvent couvrir les tessons d’un décor monotone ou être disposés en décors complexes faits de bandes jointives d’aspects différents. Les lèvres peuvent être décorées et un motif se développer sur un rang à l’intérieur du vase. La parure comporte des bracelets, colliers de perles, pendeloques, labrets. Elle utilise des tests d’œufs d’autruche, des pierres semi-précieuses, amazonite et cornaline, de l’ivoire, des dents, de l’os, des coquillages. La faune comporte des coquilles de mollusques1, en particulier Aspatharia, des restes de poissons Clarias, Lates, de reptiles, varans, crocodiles, de tortues, les oiseaux sont plus courants qu’à Khartoum Hôpital. La faune mammalienne renferme Cercopithecus, Canis, Hippopotamus, des phacochères, antilopes, gazelles, girafes, rhinocéros, éléphants, porcs-épics, du lièvre en abondance et des espèces domestiques Bos, Ovis ammon, Capra ægagrus, ainsi que du chien. La pratique de l’agriculture n’est pas démontrée, les impressions de plantes retrouvées dans des pâtes céramiques indiquent seulement la présence d’un sorgho non différent morphologiquement de l’espèce sauvage2. L’alimentation comprenait aussi des noix de palme qui se trouvent actuellement en Afrique de l’Ouest, du micocoulier déjà présent dans le Pré-Khartoum. Des restes humains retrouvés dans les niveaux supérieurs sont rapportés à une période plus récente, prédynastique ou méroïtique. Des ensembles industriels identiques existent à Umm Direiwa 1 et Umm Direiwa 2, petits monticules de rive droite du Nil, à une quinzaine de kilomètres 1 .- A.J. Arkell voyait dans celles d’Aetheria elliptica, de possibles louches ou cuillères. 2 .- A propos des caractères domestiques du sorgho, cf p. 33.

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Un néolithique pastoral

Fig. 39 - Shaheinab. Industrie lithique : 1) grattoir ; 2, 3, 8 à 10) segments ; 4) éclat à bord abattu ; 5, 13) lamelles à retouche Ouchtata ; 6, 12) lamelles à dos arqué ; 7) mèche de foret ; 11) lame à dos arqué ; 14) racloir sur pièce uniface ; 15, 16) gouges ; 17) denticulé ; 18) lame à retouche Ouchtata et base rétrécie ; 19) racloir sur face plane. (d'après Arkell, 1953).

au nord de Khartoum. R. Haaland a daté l’un de 6840 ± 110 et 5715 ± 120 B.P. (5840-5630 et 4710-4410 av. J.-C.). Shaqadud Shaqadud comprend un ensemble de sites regroupés dans un petit canyon du Butana, à une cinquantaine de kilomètres à l’est du Nil. Sa faune traduit un environnement de savane. Le site fut reconnu en 1963 par K.H. Otto, revu en 1987 par A.S.A. Mohamed-Ali, puis par I. Caneva et A.E. Marks en 1990. Les dépôts de Shaqadud midden et Shaqadud cave réunissent une séquence de près de 7 m d’épaisseur sans changements significatifs de l’industrie lithique, mais où l’on peut suivre l’évolution du décor céramique. A Shaqadud midden, le niveau Néolithique moyen d’une épaisseur de 3,35 m, repose sur un niveau Pré-Khartoum. Il est daté de 7056 ± 321 B.P. (SMU1290) à 5584 ± 74 B.P. (SMU1134) (6220-5640 à 4490-4350 av. J.-C.). L’industrie, tirée de quartz, est dominée par des segments, perçoirs et denticulés. Du matériel de broyage se rencontre à tous les niveaux. Les gouges et herminettes manquent. Les harpons sont fréquents. On retrouve dans la poterie l’antériorité du motif incised wavy line sur le motif dotted wavy line. Des quatre phases que la poterie a permis de distinguer, seule la phase supérieure, phase IV,

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Sahara préhistorique est attribuée au Shaheinabien, les trois autres sont rapportées au Pré-Khartoum. Datée entre 5970 ± 290 B.P. (SMU1735) et 5584 ± 74 B.P. (SMU11734), (52304550 et 4490-4350 av. J.-C.), elle se particularise par un décor en lignes brisées. Cette succession incised wavy line-dotted wavy line, reconnue dans divers sites, a été retrouvée en rive droite du Nil bleu par la Mission archéologique espagnole au Soudan qui propose une intéressante sériation d’ordre chronologique à partir de la distribution des motifs, avec la succession incised wavy line, dotted wavy line, impression tournante, puis impression pivotante. Des micro-aires spécialisées pourraient correspondre à une subdivision occupations féminines-occupations masculines et des mouvements saisonniers existeraient entre la rivière et le désert. La faune consommée comporte des restes d’antilopes de diverses espèces, des phacochères, porcs-épics, girafes ainsi que des tortues et des Gastéropodes tel Pila. Les restes d’animaux domestiques se limitent à un radius de chèvre, espèce probablement introduite à partir de la vallée du Nil. Wadi Howar Ancien tributaire du Nil, le wadi Howar est, dans le Soudan nord-occidental, une longue bande de végétation de quelques kilomètres de large, qui se déroule sur près de 650 km depuis les montagnes de l’Ennedi jusqu’au sud du désert libyque. Il doit son importance à la connexion qu’il a pu assurer entre l’est du Tchad et les plateaux bordant le Nil lors des périodes humides de l’Holocène. Les travaux menés par l’Université de Cologne ont, en effet, confirmé ce que laissait supposer l’examen des images satellites, le wadi Howar a bien été un tributaire du Nil et non un cours d’eau s’arrêtant au djebel Rahib comme on l’a cru longtemps. A l’Holocène, il peut être vu comme une suite de plans d’eau et de marécages se transformant en sections fluviales lors de fortes pluies. A partir des années 80, les recherches menées sous la direction de R. Kuper dans le cadre des projets BOS (Besiedlungsgeschichte der Ostsahara) puis ACACIA (Arid Climate and Cultural Adaptation in Africa), ont permis d’identifier près de 300 sites et une occupation continue autour des plans d’eau et surtout sur les dunes, en particulier celles qui s’appuient contre le djebel Rahib. Du 6ème au 4ème millénaires, des sites de 1 à 4,5 hectares, traduisent un habitat qui pourrait être saisonnier et l’épaisseur des dépôts rapporte la longue durée de fréquentation. Ils renferment des harpons, une poterie à motifs de dotted wavy line, croisillons et herringbones. F. Jesse rattache la phase située entre les 6ème et 5ème millénaires à Early Khartoum. La basse vallée aurait été désertée au cours du 3ème millénaire, tandis que l’occupation de la moyenne vallée durerait jusqu’en fin de 2ème millénaire La poterie permet de suivre une nette évolution précisée par la stratigraphie reconnue à Conical Hill (= Site 84/24), dans la basse vallée, où le dépôt anthropique a plus de 1,25 m d’épaisseur. L’occupation la plus ancienne, datée vers 7000 B.P. (5900 av. J.-C.), est rapportée à des chasseurs-cueilleurs. Ils possèderaient une poterie à décor de dotted wavy line, motif qui serait développé dans l’ensemble du cours inférieur. Viendrait ensuite vers 6500 B.P. (5500 av. J.-C.), une poterie dite de type Laqiya, en majorité décorée de croisillons et herring-

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Un néolithique pastoral bones. Des pasteurs de bovins auraient vécu vers 5300-5000 B.P (4100-3800 av. J.-C.) porteurs de la poterie type Leiterband, dont le motif boulier est fait à l’aide d’un peigne disposant d’une extrémité à dent spatulée, sur laquelle prend appui un mouvement tournant. Le décor s’organise en étroits registres parallèles à l’ouverture, pouvant parfois s’emboîter plus ou moins. C’est alors que le cours inférieur aurait été déserté. Le site Rahib 80/87 est particulièrement significatif. Placé dans la partie occidentale du djebel Rahib, au pied d’une petite montagne, à proximité de dépôts de playas dont des lambeaux subsistent à sa surface, il s’étend sur 200 x 80 m avec une épaisseur de l’ordre de 10 cm, l’essentiel des objets se trouvant en surface. Découvert en 1980, il fit l’objet de fouilles en 1984. Elles furent développées sur près de 150 m2 et ont permis de dater le site de 6660 ± 70 B.P. (KN3404) et 5580 ± 60 B.P. (KN2962) (5640-5520 et 4460-4360 av. J.-C.) sur mollusques. Le matériel lithique est tiré de quartz, silex et surtout quartzite qui affleure à proximité. Les outils sont rares et frustes, avec une forte dominance de segments. Du matériel de broyage, des pierres à rainures, des outils en bois ou en os, de nombreuses rondelles d’enfilage ont été retrouvés. Leur disposition suggère soit des secteurs d’activités, soit des phases d’occupation différentes ; la poterie qui abonde, par sa différence d’épaisseur et la répartition des motifs appuie plutôt la seconde proposition. Fortement chargée en dégraissant quartzeux grossier, elle a été montée aux colombins et cuite à l’air libre. De forme globuleuse, elle ne porte pas de col, est entièrement couverte d’un décor monotone privilégiant l’impression pivotante. Les motifs dotted wavy line et écailles prédominent, puis les dents, points et sillons pointillés. La distribution des motifs est aussi en faveur de deux occupations, leurs proportions connaissant des différences sensibles. La faune comprend Hippopotamus amphibius, Crocodylus niloticus, Loxodonta africana, Gazella dama, Hippotragus equinus, des poissons. Le Néolithique de Kadruka En Haute Nubie, dans la région de Dongola, en amont de la Troisième Cataracte, une densité de sites d’habitat et de cimetières est très forte le long du wadi El Khowi qui coulait parallèlement au Nil. Ce serait les restes de petites communautés d’une centaine d’individus, vivant d’élevage et d’agriculture, entre 6500 et 5300 B.P. (5500 et 4100 av. J.-C.). Les habitats installés dans la plaine sont très altérés par l’érosion, alors que les cimetières placés sur des buttes, ont été préservés. La base de l’industrie lithique est faite de microlithes, l’outillage poli est courant. La céramique, d’abord ornée d’impressions pivotantes, voit le décor se réduire progressivement jusqu’à se limiter à des incisions sur la lèvre. De l’orge a été retrouvé dans plusieurs tombes, alors qu’il y a peu de matériel de mouture. Un mobilier funéraire des plus riches (fig. 68), de plus en plus abondant au fil du temps, préfigure celui des royaumes de Kerma, Napata et Méroé. Le mobilier et la stratigraphie issue des tombes qui se recoupent ont permis d’identifier cinq

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Sahara préhistorique phases. Les tombes, circulaires, individuelles, renferment souvent des bucranes de bovidés, parfois des statuettes en terre cuite. Elles se placent autour d’une sépulture plus riche qui doit être celle du personnage le plus important, et dont l’une est datée de 5360 ± 70 B.P. (4320-4050 av. J.-C.). Cette disposition traduit un groupe très fortement hiérarchisé conduisant à l’installation de chefferies. L’Abkien L’Abkien est connu en Moyenne et Basse Nubie. C’est à lui que l’on rapporte une bonne partie de l’art rupestre de la vallée. Découvert par O. Myers en 1947-48, il fut étudié par J.L. Shiner (Combined Prehistoric Expedition), puis H.A. Nordström (Scandinavian Joint Expedition). Pour J.L. Shiner, il serait l’ultime développement des cultures de la « Cataract tradition » qui débute avec le Gemaien et dont le Qadien serait le terme intermédiaire1 ; il voit ainsi la fréquence des segments diminuer, les grattoirs devenir plus courants, la largeur des pièces augmenter. Il est connu du 5ème au 3ème millénaire.

L’occupation des oasis du Sahara oriental, celle des grands oueds transformés en une succession de plans d’eau par des barrages dunaires mis en place par l’aridité, s’intensifie au cours de la dernière phase humide dite Nabta Playa, favorisant les contacts entre le Sahara central et la vallée du Nil. Elle serait le fait de populations semi-nomades s’installant dans les dépressions en saison sèche, en particulier dans celle du Fayum. Elles élevaient des moutons, chèvres et bovins, pouvaient posséder des chiens. Elles cultivaient des céréales, blé (Triticum dicoccum), orge (Hordeum vulgare surtout, H. hexastichum, H. distichum), sorgho (Sorghum), mils (Pennisetum, Panicum), probablement du sarrasin et, peut-être, un petit palmier dattier d’Afrique tropicale, Phœnix reclitana. Du lin était produit au Fayum. La céramique est le marqueur essentiel de ces cultures. Elle est plutôt abondante et parallèlement à des caractères propres tel l’emploi de motifs damier et herringbone, développe un motif dotted wavy line qui introduit des similitudes avec celle du Sahara central et Khartoum. Les sites abkiens sont petits, 20 m de diamètre pour le Site 2007. Le matériel est peu dense. Proche de Khartoum variant, l’Abkien s’en distingue par l’implantation des sites, toujours en bordure du Nil, alors que ceux de Khartoum variant se dispersent du Nil à l’intérieur du pays. Divers auteurs rapprochent ces deux ensembles industriels des sites anciens du Gilf Kebir. L’industrie lithique, microlithique, est obtenue à partir de galets du Nil, quartz, agate, silex. La trousse à outils comporte des meules, des palettes parfois ocrées, un outillage en os avec poinçons. Quelques têtes de flèche à tranchant transversal ont été retrouvées dans les sites 629 et 2007. La poterie renferme un dégraissant sableux. De forme simple, hémisphérique ou ovoïde, elle a souvent un bord éversé. La 1 .- Cf t. I.

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Un néolithique pastoral surface est lissée ou légèrement polie, rarement décorée. La lèvre seule peut être décorée. La parure comprend des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, des amulettes. L’évolution de l’industrie a permis d’identifier trois stades : - L’Abkien ancien encore proche du Qadien ne dispose pas ou peu de poterie. - L’Abkien dit développé voit le déploiement des pièces à coches, denticulés, racloirs ; des haches apparaissent ainsi qu’une poterie à bord incisé, pouvant être décorée de dents ou de guillochages. - L’Abkien terminal est caractérisé par une céramique à motif ridé (rippled ware) ou à surface rouge polie et bord noir. Il entretiendrait des relations avec le Badarien, assurerait la transition avec le Groupe A. Peut-être faut-il en rapprocher les Sites 94, 604, 1001, 10291, 20022 de la région de Wadi Halfa. Dans cette région, les fouilles de O.H. Myers en 1948 et 1957, puis les travaux de A.P. di Cesnola, reconnaissaient, succédant à un Mésolithique, un Néolithique qui disposait d’une trousse à outils comparable à celle de l’Abkien. Elle utilise abondamment le quartz, comporte de nombreuses pièces à coches et denticulés, est pauvre en pièces à bord abattu ; les racloirs, sommaires, se limitent à quelques retouches. Les datations obtenues par la Scandinavian Joint Expedition s’échelonnent entre 6000 et 4500 B.P. (4900 et 3200 av. J.-C.). Les restes d’un enfant qui reposait sur le dos, tête à l’ouest, proviennent du Site 629. La faune montre la présence de mollusques, poissons, Clarias, Lates, de gazelles, autruches et oies Alopochen ægyptiacus. Une chèvre domestique pourrait y exister. Les restes de chasse, moins nombreux que dans les autres cultures contemporaines, ont donné à penser qu’il s’agissait d’une culture de pêcheurs. Site 604 Le Site 604 occupe une surface de 400 x 30 à 20 m, sans structuration de l’espace perceptible. L’industrie lithique3 est essentiellement taillée dans du quartz, ce qui est, pour J.L. Shiner qui en a fait l’étude, une caractéristique de l’Akbien, elle provient pour le quart de nucleus à directions d’enlèvements multiples, plus rarement uniques ou opposés. Les plans de frappe sont préparés dans la moitié des cas. Malgré un débitage pauvre en lamelles, le microlithisme de l’outillage est accentué, affectant près des trois quarts des pièces. La poterie consiste en bol à bord simple ; elle est préparée à l’aide de sable, plus fin quand des végétaux s’y ajoutent. La surface est lissée mais jamais polie. Le Khartoum variant Dans la région de Wadi Halfa, d’autres ensembles industriels très proches du Pré-Khartoum se développent vers 6500 B.P. (5500 av. J.-C.). Ils sont connus à Ashkeit, DIW 54 qui est daté de 6540 ± 110 B.P. (Tx1155) (5620-5370 av. J.-C.), DIW53, dans les Sites 626, 628, 1045… Ce sont en général des installations de l’ordre de 500 à 1000 m2. A l’inverse de l’Abkien qui occupe la même région, aucun ensemble culturel local antérieur n’a pu en être rapproché. J. L. Shiner qui en a fait l’étude, leur attribue une origine extérieure. 1 .- Cf détail de l’industrie en Annexes p. 564. 2 .- Id. 3 .- Id. 4 .- Cf Annexes p. 563.

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Sahara préhistorique L’outillage renferme de nombreux racloirs qui sont, pour la plupart, concaves et disposent de formes peu courantes à fronts multiples. Les pièces à bord abattu sont plus fréquentes que dans l’Abkien. Mais c’est surtout la céramique qui distingue ces deux cultures. Peu décorée dans l’Abkien, elle est couverte d’impressions diverses, presque toujours réalisées au peigne ou au peigne fileté dans le Khartoum variant, ce qui lui donne un cachet saharien. Des éléments de parure, rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, proviennent des Sites 626, 628, DIW51. Ce faciès est également connu dans l’île de Saï, petite île longue de 12 km, large de 5,5 km, placée entre les Deuxième et Troisième Cataractes. Elle a été étudiée par J. Vercoutter, puis F. Geus. Des sites néolithiques se placent dans la zone basse, sur le pédiment qui borde les grès nubiens constituant l’essentiel de l’île. En 1978, A. Hesse retrouvait le site de Soleb où il crût identifier des habitats les uns circulaires, les autres carrés, interprétations que les travaux récents ont infirmées. Site 1045 Le Site 1045 (=S-428)2 possède une couche archéologique de 15 à 25 cm d’épaisseur, affleurant en surface. Il fut fouillé par la Scandinavian Joint Expedition, revu par J.L. Shiner. Il y a peu de restes osseux ou de poissons. Parmi les nombreuses pierres brûlées, les restes lithiques abondent ainsi que les fragments de céramique. Ils proviennent de grands vases ayant un diamètre de l’ordre de 40-44 cm, montés avec une pâte à dégraissant quartzeux prédominant. La plupart est ornée d’impressions filetées ou de women mat. L’outillage est surtout fait sur éclat, dominé par les racloirs qui privilégient le type concave ; quand il est court, ce dernier est proche de larges coches retouchées. Les lamelles à dos, peu nombreuses, sont de petit module. La retouche bifaciale, le polissage de la pierre sont utilisés pour façonner des gouges atypiques. Le Post-Shamarkien Le Post-Shamarkien n’est connu que par deux sites proches de la Deuxième Cataracte, Dibeira West 50 (DIW 50) et Dibeira West 4 (DIW 4), datés de 5600 ± 200 B.P. (WSU174) et 5220 ± 50 B.P. (WSU103) (4710-4250 et 4220-3970 av. J.-C.). Dibeira West 50 présente les caractères du Shamarkien auxquels s’ajoute de la poterie. Certains auteurs y voient une extension septentrionale du Pré-Khartoum. L’industrie lithique faite sur éclat, accorde une large part aux pièces à coches et denticulés, aux perçoirs, groupe où les mèches de foret sont bien représentées. Malgré une certaine stabilité des microlithes géométriques, au fil du temps le microlithisme régresse, lié en grande partie aux lamelles à dos. Les têtes de flèche comportent des formes à tranchant transversal et à pédoncule. Il existe des rabots, racloirs, haches taillées ainsi que du matériel de broyage. La parure

1 .- Cf Annexes p. 559. 2 .- Cf Annexes p. 563.

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Un néolithique pastoral est attestée par des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, la poterie par de menus tessons. Le Tarifien El Tarif, près de Thèbes, serait un des plus anciens sites néolithiques de la vallée de Haute Egypte. Il a été étudié par Arnold en 1974, puis B. Ginter et al en 1979. Le niveau archéologique, argileux, atteint une épaisseur de 50 cm ; il est recouvert d’une couche d’argile stérile, probablement d’origine éolienne que surmonte une occupation d’époque nagadienne. L’industrie lithique est faite sur éclats, taillée pour l’essentiel dans du silex local. Les pièces à retouche continue, lames et surtout éclats, forment près du tiers des outils, les racloirs quelque 20 %. Le reste de l’outillage se répartit entre pièces à coches-denticulés, grattoirs, perçoirs, quelques lames tronquées, des trapèzes atypiques. L’industrie comporte aussi des haches taillées et des galets aménagés. La poterie est réduite à de menus morceaux, elle provient de formes peu variées, hémisphériques ou coniques. La pâte est faite d’argile d’origines diverses et renferme un dégraissant végétal. Prise dans les limons pléistocènes, elle a été travaillée à la main et cuite autour de 350°-650° ; extraite de la plaine alluviale, elle a été montée sur une base mobile assimilable à une tournette et cuite à 600°-900°. L’ensemble de ces caractères évoque le post-Shamarkien de Nubie. B. Ginter et J.K. Kozlowski en font d’ailleurs une variante de celui-ci. En l’absence d’élément directement datable, le site est rapporté au début du 5ème millénaire par sa stratigraphie et ses caractéristiques sédimentologiques. Le Pré-Saroba et le Saroba : l’Atbai tradition « Atbai tradition » est une dénomination de A.E. Marks et R. Fattovich pour souligner la continuité culturelle entre divers faciès du Soudan oriental. La phase la plus ancienne, le Pré-Saroba, n’utilise la céramique qu’au début du 6ème millénaire et peut se subdiviser en deux groupes régionaux à céramique différente dont l’une avec boutons au repoussé, aurait produit l’Atbai tradition. Les sites du Pré-Saroba comportent deux groupes dont l’un dit Amm Adam Group est implanté aux bords de l’Atbara ou de lac. L’autre n’est connu que par un site daté de 6215 ± 75 B.P. (5270-5070 av. J.-C.) que caractérise une céramique sans décor wavy line. Amm Adam Group est une culture de pêcheurs qui ne dispose d’aucun matériel de mouture. Sa faune comprend outre des poissons, des hippopotames, crocodiles, tortues, des singes, phacochères, antilopes en particulier oribis. Un seul groupe saroba lui succède, Malawiya group, qui présente de grandes identités avec le Pré-Khartoum, elles disparaissent au cours d’une phase de transition avec le faciès suivant, le Kassala. Les sites saroba ont abandonné les bords de l’eau pour la savane. Ils occupent des surfaces de 1 à 2 hectares, sont datés de 5644 ± 70 B.P. (SMU1181) (45404360 av. J.-C.) au Site KG10. La céramique est le plus souvent décorée d’un motif de dents au peigne. Le matériel de broyage abonde. La richesse en coquilles de Pila wernei indique des marécages saisonniers qui confortent l’hypothèse d’un vaste delta du Gash, à la mi-Holocène. Dans cette région déjà sahélienne qui reçoit

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Sahara préhistorique actuellement 300 mm d’eau durant les seuls mois d’été, on estime que la végétation était semblable à ce qu’on connaît aujourd’hui 175 km au sud ; un changement significatif serait intervenu après 3000 B.P. (1200 av. J.-C.). L’Urschicht et les cultures du delta Connue à la base du gisement de Mérimdé Beni-Salamé à 45 km au nordouest du Caire, la culture Urschicht recèle des influences proche-orientales. Elle est rapportée au 6ème millénaire par comparaison stratigraphique. Mérimdé Beni-Salamé inférieur Situé sur une terrasse de galets de la partie occidentale du delta, le gisement de Mérimdé Beni-Salamé se développe sur près de 20 hectares atteignant par endroits une puissance de 3 m dans une matrice de sable éolien. Il fut découvert par H. Junker et fouillé de 1928 à 1939, la fouille fut reprise en 1977-83 sous la direction de J. Eiwanger. Il a montré cinq niveaux d’occupation provenant de trois phases culturelles et des traces d’habitats qui livrèrent un matériel archéologique très varié. Le niveau le plus ancien, I, est rapporté à l’Urschicht ; il a été daté de 5890 ± 60 (KN3277) et 5790 ± 60 B.P. (KN3276), (4840-4690 et 4710-4550 av. J.-C.), dates qui ne sont pas retenues car jugées trop récentes. Le niveau II dont il est partiellement séparé par des plages de sable éolien, serait de tradition saharo-soudanaise. Le niveau III constitue le type de la culture mérimdéenne1. Le niveau I comporte une organisation comparable à celle identifiée dans le Fayumien, avec des trous de poteaux, des fosses peu profondes de 2 à 3 m de diamètre, à laquelle s’ajoutent quelques foyers. Toutefois, la trousse à outils est différente. La céramique abonde, elle provient de coupes, plats, bols à surface généralement polie ou lustrée, parfois incisée d’un motif herringbone ; elle aurait possédé des louches. Une série miniature simplement lissée reprend ces mêmes formes. La pâte est faite sans ajout de dégraissant. Les fonds sont arrondis ou plats, les panses peuvent porter des anses. Les parois sont épaisses. L’industrie lithique a été façonnée dans des galets de la terrasse débités à partir d’un seul plan de frappe, ils ont donné des lames courtes et des éclats à tendance lamellaire, volontiers des lames et lamelles torses. La retouche Ouchtata a été utilisée. L’outillage dispose de grattoirs sur gros éclats, de nombreux perçoirs sur éclat, de haches sommaires dues au simple aménagement d’un tranchant de galet. Une hache partiellement polie, une tête de flèche rappellent les armatures à encoches du Proche-Orient par leur forme. Les meules et molettes sont nombreuses. Le site a livré une figurine anthropomorphe en terre cuite et divers fragments provenant de représentations de bovins. Ce niveau est attribué à une population sédentaire vivant d’agriculture. Il comporte de l’hippopotame et des espèces domestiques, surtout du mouton, mais aussi du bœuf, porc, chèvre en faible quantité et du chien. La présence des ovi-capridés et du porc évoquerait des contacts avec le Proche-Orient, voire l’Anatolie. 1 .- Cf p. 309.

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Un néolithique pastoral

L’occupation des régions méridionales et occidentales, des paléolacs et cordons dunaires Dans les régions méridionales et occidentales où l’on ne connaît guère de sites se rapportant au Néolithique ancien, les premières manifestations tangibles de la néolithisation apparaissent au 7ème millénaire, son plein développement se plaçant au 5ème millénaire. Pour R. Vernet, des contacts avec les populations de la forêt n’interviendraient guère avant 4000 B.P. (2500 av. J.-C.). En Ennedi, les fouilles menées par G. Bailloud n’ayant pu donner lieu à une publication exhaustive, les connaissances sont limitées à celles de la céramique. Les données restent sommaires. Quelques sites reconnus aux alentours du lac Tchad traduisent leur appartenance saharienne par leur poterie, en particulier par

Fig. 40 – En haut, Ennedi. Décors de poterie : 1, 2) dotted wavy line ; 3, 4, 9, 10) bouliers type Leiterband ; 5, 6, 14) vanneries ; 7, 8,16) pieds de poule ; 11) cannelures (éventail ?) ; 12) festons ; 13) hachures ; 15) vannerie+croquet. Les motifs 9, 10, 14 à 16 sont typiques du style Hohou. (Origine : 1 à 4, 6 à 8) Soro Kézénanga ; 5, 9 à 16) Délébo (d'après Bailloud, 1969). En bas, Borkou. Décors de poterie : 1) incised wavy line+lignes ponctuées ; 2, 3) woven mat ; 4) incised wavy line ; 5) dents pointillées ; 6) flammes en registres perpendiculaires ; 7) incised wavy line+hachures ponctuées (Origine : 1 à 4, 7) Ounianga Kebir, 5, 6) Fochi 2. (d'après Courtin, 1969).

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Sahara préhistorique son décor de woven mat. Konduga prend place sur un rivage ancien du lac Tchad. Découvert par H. Thiemeyer, il y fut reconnu trois niveaux dont le plus ancien, entre 1 et 1,2 m de profondeur, est daté de 6340 ± 250 (KN4300) et 6180 ± 60 B.P. (UtC2248) (5520-5000 et 5230-5050 av. J.-C.). L’outillage en quartz est accompagné de poterie à dégraissant sableux, décorée de motifs woven mat. Dans le bassin de l’Azawagh, quelques éléments permettent d’accorder une valeur particulière à de grands segments, ce qui ne suffit pas à cerner des faciès. Le Timetrine, à l’ouest de la vallée du Tilemsi, connaît peut-être un faciès local reconnu à Tin Kar1 par J. Gaussen ; il serait riche en segments, grattoirs et mèches de foret, disposerait de pointes d’Ounan. Les armatures privilégient les formes pédonculées. Le matériel poli comporte des haches de petite taille. La poterie est réduite à de minuscules tessons. L’Adrar des Ifoghas est presque inconnu archéologiquement, l’art rupestre ayant quasiment seul fait l’objet d’études. Le Nord Mali est la région la mieux connue grâce aux missions du laboratoire de Géologie du Quaternaire de Marseille-Luminy conduites par N. Petit-Maire, elles ont permis de définir trois faciès essentiels, Oum el Assel, Ounanien et Hassi el Abiod. A la lisière méridionale du Sahara, le Néolithique moyen s’est développé dans un contexte climatique plus humide que le Néolithique ancien. A Ounjougou, il n’est matérialisé que par un site nommé « Promontoire», daté de 6300 ± 800 B.P. (5965-4315 av. J.-C.), spécialisé dans le façonnage de pointes bifaciales en grès quartzitique, avec ou sans pédoncule, dont les bords sont volontiers denticulés. Après un hiatus d’information d’environ 2000 ans, le site témoigne d’une nouvelle occupation de la vallée du Yamé au 6ème millénaire. Au Sahara occidental où la phase récente du Néolithique et la métallurgie du cuivre ont retenu la plupart des travaux, le Néolithique moyen n’a été identifié qu’en de rares points2. Sur le littoral atlantique et à proximité, il est probable que les installations humaines qui forment des cordons quasi-continus coiffant les dunes au Néolithique récent, débutèrent au cours du Néolithique moyen et se développèrent sans changement marqué. Le Néolithique de l’Ennedi et du Borkou Au Borkou, le Néolithique moyen paraît fréquent, mais il est mal connu dans le détail. En Ennedi, les travaux de G. Bailloud ont montré des industries lithiques toujours atypiques et leur peu de changement ; comme en Ahaggar, seule la céramique (fig. 40) permet de suivre une évolution. G. Bailloud reconnaît trois phases, deux pourraient appartenir au Néolithique moyen3 : la plus ancienne a été rencontrée non loin de Fada, à Délébo et Soro Kézénanga II, la seconde connue à Délébo, Gobé V dans un niveau daté de 5000 ± 150 B.P. (Gif354) (3950-3660 av. J.-C.), privilégie un décor en bandes étroites parallèles à l’ouverture qui évoque la poterie Leiterband du wadi Howar. Ce style est dit de « Hohou » par G. Bailloud. 1 .- Toutefois, en l’absence d’indication d’âge, le rapporter au Néolithique moyen reste hypothétique. 2 .- On ne dispose que d’une médiocre connaissance de ces régions hors la bordure atlantique. De nombreux sites dont on soupçonne l’appartenance à divers faciès d’âges différents existent dans les ergs et n’ont pas été étudiés. 3 .- Elles correspondent respectivement au Néolithique ancien et moyen de l’Ennedi tel que défini par G. Bailloud.

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Un néolithique pastoral Un art rupestre conséquent accompagne l’occupation humaine. G. Bailloud associe les phases dites Bovidien ancien et moyen aux niveaux à céramique de style Hohou.

Durant le Néolithique moyen, diverses cultures s’édifient. Dans la vallée du Nil : l’Urschicht s’implante en Basse Egypte, le Tarifien en Haute Egypte, l’Abkien en Moyenne et Basse Nubie, alors que la Haute Nubie voit l’épanouissement du Khartoum variant, Post-Shamarkien, Kadruka et surtout du Shaheinabien. A l’est, la vallée du Gash, avec l’Atbai tradition, développe le Pré-Saroba et le Saroba. L’Urschicht qui se déploie au 6ème millénaire, connaît des influences proche-orientales ; elle est portée par une population sédentaire vivant d’agriculture et élevant des moutons, chèvres, bovins, probablement du porc introduit du Proche-Orient. Toutes ces populations s’adonnent à la pêche, au ramassage de coquillages qui leur assurent une part importante de nourriture, elles la complètent par les produits de la chasse, de l’élevage et de l’agriculture, plus ou moins développés selon les cultures. Au 6ème millénaire, la culture la plus répandue, le Shaheinabien (nommé parfois Early Khartoum) qui occupe un vaste territoire à hauteur de la Sixième Cataracte, pratique l’élevage de moutons, chèvres et bovins, l’agriculture n’y est pas affirmée, les nombreuses impressions de mils et sorghos qui s’observent dans les poteries de certains gisements pouvant être sauvages. Elle serait issue du Pré-Khartoum directement ou par un stade évolutif connu à Shabona ; au 5ème millénaire, son évolution se lirait à Kadero. Elle se caractérise par des vases rouges à frise de demi-cercles noirs bordant la lèvre et un motif impressionné d’incised wavy line. Elle fait un ample usage de la retouche plane, dispose d’un grand nombre de gouges ce qui, un temps, lui a valu le nom de culture des gouges. En Nubie, l’évolution du Qadien par augmentation des pièces à coches et denticulés, des racloirs et des haches, enrichissement en poterie, conduit à l’Abkien caractérisé par une poterie à motif ridé. Sa phase majeure pratique l’élevage, élève l’oie. Les gravures qui figurent une profusion d’animaux à hauteur de la Deuxième Cataracte, lui sont attribuées. L’Abkien est proche du Khartoum variant qui se développe lui aussi dans la région de Wadi Halfa ; ses relations avec le Badarien conduiraient à l’Amratien en Egypte et assureraient la transition avec le Groupe A en Nubie. 221

Sahara préhistorique Délébo La grotte de Délébo se trouve à 30 km à l’ouest de Fada. Les couches archéologiques apparaissent dans une coupe dégagée à l’avant de la grotte par un petit thalweg. D’une épaisseur de l’ordre de 0,80 m, au fond de la grotte, elles sont scellées par des sables stériles. Le niveau le plus profond n’est pas daté. Entre 7180 ± 300 (Gif351) et 6900 ± 300 B.P. (Gif352) (6370-5750 et 6060-5520 av. J.-C.), il a été surmonté d’une occupation humaine qui a laissé un abondant matériel archéologique et de la faune. L’industrie lithique est essentiellement en quartz, bien que le grès soit de plus en plus utilisé dans les niveaux rapportés au Néolithique moyen. De facture médiocre, elle consiste en grattoirs, racloirs, denticulés. G. Bailloud a également retiré une lame à dos et quelques gros segments, des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, certains décorés, de l’ocre, une palette en grès, des fragments de cordelettes. La poterie du niveau profond utilise à profusion le motif incised wavy line et des dents ou flammes faites à l’aide d’un peigne à larges dents. Les niveaux suivants s’enrichissent en dotted wavy line. La surface a parfois été polie après décor ou frottée à l’ocre ce qui a laissé des incrustations rouges dans les creux de la décoration. La faune comprend des antilopes, gazelles, un bovin, du potamochère, hippopotame, chacal, hyène, ainsi que de l’autruche, de la tortue d’eau, des grenouilles, des poissons parmi lesquels de nombreux silures. Soro Kézénanga II Dans l’abri de Soro Kézénanga II, la couche archéologique atteint 1,20 m. La faune montre les mêmes espèces qu’à Délébo ainsi que du chien et de la chèvre. Le matériel archéologique du niveau de base est identique, puis vient un niveau où un décor d’impressions pivotantes à l’aide d’un long peigne à dents carrées abonde ; ce décor disparaîtrait totalement de l’Ennedi, mais se maintiendrait au Borkou et au Tibesti. Les niveaux supérieurs renferment des motifs de ponctuations triangulaires et de dotted wavy line aux vagues de plus en plus courtes. Ces mêmes traits se rencontrent à Orogowdé, abri de la même région où peut se percevoir la suite de l’évolution culturelle. L’industrie lithique n’utilise plus le quartz, elle est presque exclusivement faite sur quartzite, mais sa structure reste la même. Le décor céramique devient monotone, il se limite à des bourrelets parallèles d’impressions serrées imitant la vannerie ou proches d’un motif pied de poule, qui pourrait provenir d’une impression à la roulette ou d’un montage par technique poussée. Le Néolithique du bassin de l’Azawagh Divers gisements, généralement modestes, ont été identifiés par les missions ORSTOM1 dans le bassin de l’Azawagh. Ils possèdent en commun de grands segments épais qui seraient propres à cette région. L’industrie lithique est très pauvre en outils alors que le matériel brut abonde. Les grattoirs sont petits, volontiers circulaires, et une forme en croissant pourrait elle aussi être particulière à ce faciès. Les têtes de flèches privilégient les pièces triangulaires dont les bases ont des formes variables. Le matériel poli est courant, il dispose de 1 .- Devenu IRD (Institut de Recherche pour le Développement).

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Un néolithique pastoral petites haches dont la longueur ne dépasse pas 3,5 cm. Le matériel de broyage est fréquent, avec des molettes à plusieurs faces actives. La poterie, nombreuse et variée, reste mal connue. A.I. Maga a obtenu la date de 5095 ± 200 B.P. (Pa1100) (4220-3660 av. J.-C.) à In Tékébrin 6. In Aruinat Les sites d’In Aruinat rapportés au Néolithique moyen laissent soupçonner divers faciès dans l’Azawagh. L’outillage d’In Aruinat 1, peu abondant, est dominé par les grattoirs qui sont des pièces circulaires ou unguiformes ; il comporte des perçoirs, des têtes de flèche et quelques segments. Le matériel poli est un peu moins fréquent qu’habituellement dans la région. Il n’y a ni restes d’outillage osseux, ni de poterie. La faune montre la présence d’antilope, crocodile, tortue, poisson (Lates niloticus). In Aruinat 2 renferme essentiellement des têtes de flèche où dominent les formes triangulaires à base concave, est fourni en microhaches polies longues de 18 à 34 mm. La céramique, rarement à dégraissant végétal, supporte un décor qui utilise le peigne et l’impression pivotante. In Aruinat 7 ne comporte que quelques armatures, perçoirs et grattoirs, du matériel poli dont des microhaches. Il n’y a ni céramique, ni outillage osseux, ni faune. Takéné-Bawat Takéné-Bawat est un ensemble de gisements de la même région qui furent découverts par F. Paris et étudiés par A. I. Maga. ` TB1 est un des plus importants, il couvre une surface de 600 x 300 m en bordure d’un petit lac holocène, à l’extrémité d’une dune. Il est daté de 6300 ± 200 B.P. (Pa571) (5470-5040 av. J.-C.). L’industrie lithique paraît dominée par les grattoirs et les têtes de flèche. Les grattoirs sont de petite taille, souvent de l’ordre de 2 cm, beaucoup sont circulaires, voire unguiformes ; une forme en croissant connue à In Tékébrine s’y retrouve. Les armatures sont plutôt de type triangulaire à base concave ou convexe mais les formes foliacées et pédonculées ne sont pas rares et il existe un exemplaire à tranchant transversal. Les pièces à coches sont peu représentées, de même que les microlithes géométriques. Le matériel poli est fréquent avec des haches de forme triangulaire, quelques microhaches et quelques herminettes. La céramique est rare, décorée d’impressions diverses. La faune comporte de l’antilope, hippopotame, phacochère, ainsi qu’un bovin identifié comme Syncerus, des restes de tortues, crocodiles, silures. TB6 est un site voisin, partiellement pris dans des limons gris et se poursuivant sur le versant d’une dune. Il est daté de 5880 ± 120 B.P. (Pa454) (49004560 av. J.-C.) sur poterie. Il a fourni 95 pièces, les armatures constituant plus de la moitié des objets avec les mêmes formes et proportions qu’en TB1. Le matériel poli, haches et microhaches, est fréquent. A l’inverse de TB1, les grattoirs sont peu nombreux. Il a été trouvé une pointe d’Ounan et sept grands segments épais. La poterie y est plus abondante, elle est faite avec un mélange de dégraissant végétal et minéral. Les récipients paraissent vastes, de 20 à 30 cm d’ouverture. Auprès d’une forme sphérique largement prédominante, figurent des pièces elliptiques. Le décor est volontiers fait d’impressions au peigne, flammes, dents, woven mat, arcs de cercle. Ces derniers peuvent s’emboîter, formant des groupes qui couvrent la panse à la manière d’imposantes écailles.

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Sahara préhistorique L’utilisation d’engobe est attestée. La faune comprend des gazelles, hippopotames, éléphants, Syncerus et des crocodiles.

Fig. 41 – Sahara méridional. Industrie lithique : 1, 2, 3) grattoirs ; 4, 5) segments ; 6) tête de flèche à base concave ; 7) lame denticulée ; 8) lamelle à tête arquée ; 9) lamelle à traces d'utilisation ; 10) grattoir-scie sur lame ; 11) lame à bord abattu ; 12) perçoir ; 13) racloir sur lame à bord abattu ; 14) racloir ; 15) harpon à deux rangs de barbelures ; 16) harpon à un rang de barbelures. Décors des poteries : 17) flammes ; 18) pieds de poule ; 19) boulier ; 20) herringbone ; 21) nid d’abeilles ; 22) flammes pointillées ; 23) dents pointillées. (Origine : 1, 4 à 13) MT27, 2, 3, 14) MT26, 15, 16) MN10, 18) Erg Jmeya, 19, 21) MK36, 20, 22, 23) MN35. d'après Raimbault, 1994 ; 17) Tagnout Chaggeret. d'après Petit Maire, Riser, 1983).

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Un néolithique pastoral Le Sahara malien et le faciès Oum el Assel Le faciès Oum el Assel1 a été identifié par les missions conduites par N. Petit-Maire dans le Sahara malien de 1980 à 1984. Dans la région de Trhaza, il se développe autour de lacs au cours d’une période humide reconnue dans la région entre 9500 et 6900 B.P. (8800-5800 av. J.-C.). M. Raimbault, à qui on doit une étude des industries lithiques, le rapproche d’Autruche V. Certains auteurs y ont vu des identités avec le Néolithique de tradition capsienne tel que défini par R. Vaufrey. Les sites occupent de vastes surfaces, jusqu’à 10 000 m2, où se discernent des foyers et des structures circulaires couvertes de pierres plates qui paraissent des fonds de cabanes. L’industrie lithique (fig. 41) est taillée dans des silex locaux. Les nucleus sont petits et traduisent souvent un débitage pression. Le débitage laminaire atteint 50 %, lamellaire 25 %. En constituant 30 % ou plus de l’outillage, les pièces à coches dominent les microlithes géométriques, lamelles à dos, armatures, perçoirs. Les grattoirs sont courants avec près de 15 %, les racloirs n’atteignent que 5 %. Les armatures de flèche sont des pièces triangulaires étroites, à base échancrée et les segments incluent un type original, demi-cercle à retouches parallèles couvrantes. L’outillage poli est rare ou manque, le matériel de broyage peu abondant, l’œuf d’autruche exceptionnel. La poterie, de dimension modeste, de forme sphérique avec ou sans col, abonde. Elle est montée par moulage du fond puis colombins, avec des pâtes à dégraissant de quartz et de végétaux. Elle est entièrement décorée et le décor peut s’organiser en registres. De nombreux décors résultent d’une impression pivotante et probablement de l’usage d’une roulette. Les motifs privilégient des hachures, dents, flammes, ponctuations diverses. MT25 a livré un motif de dotted wavy line. Ce site est daté de 6980 ± 320 B.P. (Gif6198) (6200-5560 av. J.-C.), MT27 de 5700 ± 100 B.P. (Gif6630) (4690-4410 av. J.-C.). La population aurait vécu essentiellement de la pêche et du ramassage de coquillages. Diverses études environnementales montrent un paysage de Graminées sous couvert d’acacias et des étendues de Chénopodiacées qui pourraient rappeler le paysage actuel des abords du lac Faguibine. L’Ounanien L’Ounanien tient son nom du puits d’Ounan, à proximité duquel il a été reconnu par l’abbé Breuil qui l’a dénommé en 1930. A sa suite, il était devenu traditionnel d’y voir une culture épipaléolithique ; M. Raimbault le rapporte au Néolithique. Contrairement à certaines propositions, la pointe d’Ounan, outil défini par J. Tixier longtemps après sa reconnaissance, à elle seule ne peut servir à l’identifier car elle est présente dans d’autres cultures du Sahara et se retrouve même dans le Tell. Des sites appartenant à ce faciès ont été reconnus à Foum el Alba, au sudest de l’erg Jmeya. Pour D. Commelin et M. Raimbault, l’occupation humaine ounanienne serait dense sur les hauteurs ou à mi-pente des dépressions. Ce sont de petits gisements à industrie lithique laminaire, faite sur une quartzite rougeâtre locale, qui possèdent moins d’une centaine d’outils. Un ensemble semblable, plus récent, a été retrouvé dans l’erg Tin Guettai où il traduirait un déplacement vers le sud. 1.- Cf l’industrie des sites MT21, MT25, MT27C en Annexes p. 574.

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Sahara préhistorique La phase ancienne1, non datée directement, se situerait autour de 7500 B.P. (6400 av. J.-C.) en raison de l’âge des dépôts lacustres, 7450 ± 130 B.P (Gif5811) (6440-6120 av. J.-C.) pour celui associé à MK36. Les grattoirs sont toujours très nombreux, souvent en éventail. Les lames à coches et les pointes d’Ounan sont courantes. Les lames à dos et base arrondie ainsi que de longs perçoirs figurent de manière sensible. Partout, le matériel de broyage est abondant et varié, il dispose de molettes de formes diverses, de mortiers profonds. Il existe des haches polies et des anneaux de pierre. Les restes osseux manquent. De la poterie se retrouve dans la plupart des sites, jamais en abondance. Les décors qui affectionnent les peignes et les impressions pivotantes, privilégient les flammes et les sillons organisés en registres. D. Commelin distingue deux groupes : une céramique globuleuse à col fréquent, paroi fine, décorée, où le dégraissant est rare et une céramique ne portant que rarement un col, aux parois épaisses, à dégraissant abondant, qui est peu décorée. Les éléments de parure sont des anneaux, pendeloques, perles dont des rondelles en test d’œuf d’autruche. De MK42 viennent deux pendeloques en forme de hameçon droit perforées au centre, travaillées dans une roche ignée ; divers objets semblables ont été signalés dans les confins sud du Tanezrouft et, par S. Amblard, à Akreijit. La phase récente2 développe les armatures, en particulier les pièces foliacées et les microlithes, des triangles à retouche oblique bifaciale ; les grattoirs sont parfois circulaires, ils ont volontiers un front convexe surbaissé. Cette phase est datée de 5270 ± 130 B.P. (Gif5814) (4250-3970 av. J.-C.) en MK21 et 3795 ± 200 B.P. (Pa1065) (2490-1940 av. J.-C.) en MK36, dans la région de Bir Ounan

Fig. 42 – Faciès Hassi el Abiod. Hemi-mandibule de crocodile décorée. H. Camps-Fabrer fait remarquer la conformité avec l'anatomie d'un poisson. (Origine : Site AR7. d'après Camps-Fabrer, 1983).

Plusieurs nécropoles se trouvent à proximité des sites. La fouille d’un tumulus non daté, a montré un individu reposant en décubitus latéral droit contracté, accompagné de rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche et de fragments de poterie. Le faciès Hassi el Abiod Il se développe au nord-ouest d’Araouane, sur les rives de petits lacs fossiles. Dès les années trente, L. Joleaud puis divers auteurs, dont R. Mauny et 1.- Cf industrie du site MK35 p. 574. 2.- Cf industrie du site MN14 p. 574.

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Un néolithique pastoral Th. Monod, mentionnaient la fréquence des amas coquilliers dans la région. En 1964, A. Gallay identifiait une culture propre à la région d’Araouane, illustrée par le site d’Outeïdat. Les travaux menés en 1981 par l’équipe de N. Petit-Maire ont reconnu de nombreux gisements placés en bordure de petits dépôts lacustres interdunaires. Des amas coquilliers forment de petits sites occupant 10 à 60 m2 et dont l’épaisseur ne dépasse pas 20 cm. Ils sont riches en restes de poissons, renferment des ossements d’hippopotames, rhinocéros, bovidés, des restes de crocodiles, de tortues. L’industrie lithique1 est pauvre, à base de grattoirs courts et épais, discoïdes, unguiformes, de microlithes géométriques, plus particulièrement de grands segments ; en MN36, ceux-ci représentent 24 % de l’ensemble industriel et les deux tiers d’entre eux mesurent plus de 2,5 cm. De petites haches polies, longues de 2 à 3 cm, toujours présentes, sont assimilées à des coins par M. Raimbault. Il y a peu d’armatures de flèche, peu de matériel de broyage ; à Outeidat, A. Gallay mentionne des têtes de flèche à base concave. L’outillage poli comporte de petites haches trapues en roche granitique, de nombreux anneaux de pierre d’un diamètre allant de 106 à 180 mm, avec une lumière de 43 à 100 mm, une section subtriangulaire et une perforation biconique. L’outillage osseux est riche, avec des hameçons de formes typiques, fortement recourbés, de nombreux harpons à un ou deux rangs de barbelures et talon perforé. Des harpons à deux rangs de barbelures se retrouvent dans le Site AR7 ; les barbelures de tels harpons sont généralement plus courtes. De AR7 provient une pendeloque (?) hemi-mandibule de crocodile perforée, décorée de chevrons qui évoque un poisson (fig. 42), de Outeidat, des bracelets en quartzite. On retrouve des pendeloques en os en MN36 et dans divers autres sites où l’outillage osseux est volontiers gravé de traits parallèles, croisillons, triangles, chevrons. La poterie, de forme hémisphérique, vaste, sans col et à bord simple rentrant -ce qui, pour A. Gallay, est caractéristique-, est décorée de dents, ponctuations, incised wavy line différente de celle de la vallée du Nil par ses ondes courtes, et d’impressions de coquille de cardium. A Outeidat, de petites plaques crantées pourraient être des peignes à poterie. L’étude de D. Commelin fait apparaître deux groupes de sites. L’un, qui correspond à l’épisode humide daté de 6500-6000 B.P. (5500-4900 av. J.-C.), dispose de vases de grandes dimensions, sans col, à bord simple ou aminci, lèvre arrondie ou ogivale. Le décor, parfois en bandes, est fait à l’aide d’instruments de grande dimension. Il affectionne les filetés, nids d’abeilles, traits, dents pointillées ou non. L’autre serait plus récent2. La faune a pu être comparée à celle de l’Adrar Bous. Abondante, elle comporte des crocodiles, hippopotames, poissons (Lates), tortues. Elle renferme aussi des mollusques, de nombreux restes d’antilopes et en moindre fréquence de girafes, rhinocéros, phacochères. Des restes humains cro-magnoïdes sont mêlés à ces rejets, les uns étaient épars, trois reposaient en décubitus contracté, sans structure particulière. La seule parure retrouvée pourrait être une perle en amazonite qui était près de l’un. Aucun mobilier les accompagnant n’est mentionné. Les os sont tous de teinte brune, fortement minéralisés, ce qui suppose qu’ils se sont fossilisés en 1.- Cf le matériel lithique des sites MN27 et MN 36 p. 574. 2 .- Cf p. 315.

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Sahara préhistorique milieu marécageux ou lacustre. Ils seraient associés à des dépôts lacustres datés sur Lates maliensis de 6970 ± 130 (Gif5495) à 4885 ± 200 B.P. (Pa1024) (59805730 à 3940-3380 av. J.-C.). G. Camps retrouve dans ces ensembles lithiques, des analogies avec ceux du Borkou et les rattache à un Néolithique saharo-soudanais évolué1. Le Tidikeltien, faciès de la Saoura P. Pallary nommait ainsi en 1922, des industries lithiques de la vallée de la Saoura et de l’oued Messaoud qui renferment des têtes de flèche « tour Eiffel ». Elles se retrouvent vraisemblablement dans la région de Timimoun. Les rares

Fig. 43 – Tidikeldien. En haut, Industrie lithique : 1, 2) triangles ; 3) trapèze ; 4) segment ; 5, 19) perçoirs ; 6 à 10, 18) têtes de flèche tour Eiffel ; 11) tête de flèche pédonculée ; 12) grattoir discoïde ; 13) lamelle à dos rectiligne ; 14) lamelle à dos arqué ; 15) lamelle à coches ; 16) lame à coches ; 17) tête de flèche foliacée. (Origine : 1 à 6, 10, 12 à 16, 19) Zmeilet Barka, 7 à 9, 11) Erg Iguidi. d'après Vaufrey, 1969). En bas, Décor de poterie, Tidikeldien (?) : 1) chevrons filetés+cannelures ; 2) flammes pointillées+croisillons ; 3) chevrons+cannelures ; 4) fausses perforations ; 5) herringbone+cannelures+chevrons ; 6) poterie ovoïde décorée de fileté+cannelures ponctuées+herringbone pointillé ; 7) poterie conique à col, à motifs herringbone+cannelures. (Origine : Oued Zeggag. d'après Lihoreau, 1993). 1.- Rappelons que pour cet auteur, le Néolithique saharo-soudanais se développe sur la totalité des temps néolithiques.

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Un néolithique pastoral dates dont on dispose montrent un faciès ayant eu une longue durée, il est rattaché au Néolithique tellien par certains auteurs, au Néolithique de tradition capsienne par d’autres en raison de la fréquence des microlithiques géométriques. Ces ensembles industriels (fig. 43) comportent des pièces à coches et denticulés, lamelles à dos, perçoirs, microlithes géométriques (segments et trapèzes, plus rarement triangles), des microburins. La pointe de Foum Seïada (fig. 89) est assez courante. Des haches polies sont de petite taille, l’œuf d’autruche est utilisé en parure. La poterie porte souvent un décor impressionné assez typique. Sur une certaine hauteur, il entoure l’orifice de registres de hachures pointillées, faites à l’aide d’un peigne à dents fines, probablement un aiguillon de silure ; courtes, obliques, symétriques d’un registre à l’autre, elles produisent un effet de chevrons et sont souvent bordées d’une cannelure peu profonde. Les récipients de faible dimension, une quinzaine de centimètres de haut, ont un fond appendiculé, dont l’ouverture peut être évasée ou, au contraire, assez resserrée pour être une bouteille. Un ensemble important de récipients, dont beaucoup appartenant à ce type, proviennent d’Oued Zeggag. Leur décor évoque ce qui sera le style Skhirat au Maroc, un motif ponctué réalisé au peigne -probablement aiguillon de silure pour obtenir la finesse de l’impact-, ordonné principalement en bandes ou chevrons. Il faut peut-être rapprocher du Tidikeltien, les sites d’Hassi bou Bernous dont l’un est associé à une formation marécageuse datée de 6750 ± 190 B.P. (I1648) (5800-5490 av. J.-C.) et Hassi Manda daté de 6330 ± 300 B.P. (Gif365) (5600-4860 av. J.-C.). L’industrie recueillie par J. Mateu, à Hassi Manda en bordure de l’erg Er Raoui, dans une couche cendreuse de 0,70 m d’épaisseur reposant sur un tuf, comporte des pièces à coches, lamelles à dos avec pointe d’Ounan et de Foum Seïada, microburins, segments, têtes de flèche lesquelles sont dominées par le type tranchant transversal. Le matériel de broyage et le matériel poli avec haches et herminettes sont courants. Des outils en os parfois décorés, dont un poinçon (?) portant des incisions obliques, ont été retrouvés. On ne dispose pas de détail concernant l’aspect de la poterie. Abd el Adhim L’un des sites les plus connus, Abd el Adhim, fut identifié par M. Reygasse à l’extrémité sud-ouest du Grand Erg Occidental. Le matériel recueilli est en majorité constitué de perçoirs et de microlithes géométriques parmi lesquels ne figurent que segments et trapèzes ; en second viennent des lamelles à dos et des têtes de flèche, la plupart de type tour Eiffel, auxquels s’ajoutent quelques formes à écusson. Les racloirs, burins, grattoirs sont fort rares, ces deux derniers groupes sont façonnés en quartzite et non en silex comme le reste de l’outillage taillé. Parmi les grattoirs, de grosses pièces épaisses, carénées, évoquent celles d’El Arrouya dans le piedmont de l’Atlas, mais il n’y a ni hache, ni herminette. La poterie est volontiers décorée de points. Le gisement découvert, puis étudié par H.J. Hugot, dans les années cinquante, occupe le fond d’une petite dépression sur la rive gauche de l’oued Asriouel dans le Tidikelt. La fouille couvrit 20 m2 et dégagea une surface cir-

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Sahara préhistorique culaire cendreuse renfermant des ossements et des fragments de meules, autour de laquelle se trouvait l’industrie. Celle-ci se compose d’un grand nombre de pièces microlithiques en silex, de percuteurs, meules et molettes, de 5 petites haches en hématite de moins de 5 cm de long et de quelques fragments de haches ou herminettes taillées ou polies faites pour la plupart dans un calcaire rose ; elle dispose d’ocre, de quelques tests d’œuf d’autruche qui peuvent être gravés et de nombreuses rondelles d’enfilage. Les têtes de flèche sont de types tour Eiffel ou triangulaires. La poterie est rare, de mauvaise qualité ; elle peut être incisée ou engobée. Autruche V Autruche V s’étale sur 400 x 50-60 m sur le reg du Tanezrouft à proximité de la bordure orientale de l’erg Chech. Il fut reconnu en 1961 par J. Mateu et C. Favergeat. Il est singulier par la coexistence d’une grande quantité d’œuf d’autruche et de poterie amplement décorée ; l’un évoque des traits caractéristiques d’un Néolithique de tradition capsienne, l’autre du Néolithique saharo-soudanais. On ne sait s’il s’agit-il d’une zone de contact ayant engendré un faciès particulier ou du mélange de deux occupations n’appartenant pas au même faciès. Du matériel lithique, des meules et molettes, des pierres brûlées abondent et des restes cendreux subsistaient lors de la découverte. Quelques bolas ont été remarquées. Plusieurs poteries étaient brisées sur place, la plupart avait été renversée lors de leur abandon. L’outillage1 est taillé dans des silex, des jaspes ou des grès. De belle venue, il utilise volontiers la retouche plane. Les nucleus sont fort petits, probablement issus de galets, ils ont servi au débitage de lamelles. L’outillage renferme de nombreux trapèzes, plus rarement des segments, mais aucun triangle. Les têtes de flèche, fréquentes, appartiennent surtout au type tour Eiffel ; il n’y a aucune forme pédonculée. Les haches et herminettes polies sont courantes, les haches exclusivement produites en lydienne2. Le matériel poli comporte aussi de petits pilons en quartz, mesurant entre 2 et 4,6 cm. Le matériel de broyage foisonne (les auteurs font état de 27 meules entières et 263 molettes ou broyeurs décomptés sur le site). L’outillage osseux comprend des poinçons, lissoirs, spatules. L’œuf d’autruche a été diversement travaillé, a servi à faire des rondelles d’enfilage. La parure est également riche de fragments de bracelets en grès ou jaspe, d’une pendeloque-poinçon en os. Les nombreux tessons de poterie proviennent de vases sphériques, sans col ou à col court, souvent décorés. Ils sont faits avec une pâte fine, à dégraissant végétal, ont été en partie moulés et sont entièrement couverts d’un motif de dents ou de flammes réalisé à la spatule ou au peigne. La forme des dents des peignes engendre une certaine variabilité dans l’aspect du motif, elles peuvent être triangulaires, arrondies ou presque quadrangulaires, mais chaque vase n’a été décoré qu’avec un seul instrument. Des coquillages ou des fragments végétaux sont responsables de flammes totalement ou partiellement crénelées. Les motifs peuvent être agencés en registres séparés par des bandes simplement lissées. Des restes de faune ont été attribués à des oryx et des gazelles. 1 .- Cf Annexes p. 566. 2 - Roche siliceuse de la famille des jaspes.

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Un néolithique pastoral Erg Iguidi bordure nord L’erg Iguidi a fait l’objet de travaux sporadiques de G. de Beauchêne, puis de R. Choumovitch. En 1971, C. Roubet effectuait une reconnaissance sur sa bordure septentrionale et identifiait plusieurs vastes gisements. Le gisement Florence est daté de 4890 ± 80 B.P. (Paris VI) (3780-3540 av. J.-C.). Un débitage lamellaire donne des produits élancés avec lamelles à dos, microlithes géométriques surtout des triangles scalènes, têtes de flèche souvent triangulaires à base concave ou tour Eiffel, un gros outillage en basalte qui porte des coches et des denticulés. Les grattoirs, perçoirs et racloirs sont en nombre modeste, les burins, éclats et lames à dos, haches, herminettes et ciseaux rares. Le matériel de broyage reste discret. L’œuf d’autruche abonde. La céramique provient de formes globuleuses dont l’orifice est entouré de registres limités par des cannelures et remplis de chevrons pointillés dus à une impression à l’aiguillon de silure. En 1960, R. Choumovitch identifiait les gisements de Tarentule I, II et III et dans ce dernier trouvait des œufs d’autruche portant un décor animalier. Les gisements renfermaient, outre les formes tour Eiffel, des têtes de flèche étroites à court pédoncule et bords convexo-concaves dégageant les ailerons. Des ensembles industriels comparables se rencontrent à Tabelbala. Foum Seïada Le gisement de Foum Seïada qui se trouve aux abords de Beni Abbès, a été reconnu par J. Mateu au cours des années soixante. Il est daté de 4930 ± 250 B.P. (Gif366) (3980-3380 av. J.-C.), date qui, comme celle du site Florence, pourrait indiquer une longue durée du Tidikeltien. Situé au pied d’une dune proche d’une ancienne étendue d’eau, le site occupe une vaste surface et conservait un lambeau de couche cendreuse. Une fouille pratiquée en deux points a porté sur un volume total de 5,6 m3. La répartition des objets est homogène. Les objets de pierre, à l’exclusion du matériel de meunerie, ont été façonnés dans un très beau silex. Les pierres taillées1 soulignent l’importance accordée aux pièces à coches et denticulés. Quelques objets sont remarquables : des perçoirs sur éclat, identiques à des pièces de la région d’Oran dites pointes de Bou Aïchem2, de grands segments, des têtes de flèche tour Eiffel sans crans latéraux, une pointe d’Ounan et une courte lamelle à petit pédoncule désaxé, la pointe de Foum Seïada, qui se rencontre fréquemment dans les sites de cette région. Des outils en os, poinçons pour la plupart, ont été retrouvés. L’œuf d’autruche, courant, a souvent servi à faire des objets de parure, grains d’enfilage, pendeloques. La pierre polie est rare tout comme les restes de poterie laquelle paraît de mauvaise qualité. L’essentiel de la faune est rapporté à quelques mollusques d’eau douce, à de petits animaux tels que fennec, lièvre, hérisson, gerbille, varan, scinque… quelques restes proviennent d’Addax nasomaculatus et Gazella. Khouigueur L’abri de Khouigueur dans l’Adrar mauritanien a été reconnu par H.J. Hugot en 1963. Le matériel retiré d’un sondage et d’un ramassage systématique de 1 .- Cf détail Annexes p. 566. 2 .- Cf définition p. 595.

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Sahara préhistorique surface comprend plus d’un millier d’outils, près de 400 nucleus, de nombreuses pièces brutes et déchets divers qui ont été étudiés par J.F. Pasty. Bien qu’il ne soit fait mention ni de tête de flèche tour Eiffel, ni de poterie, ce gisement a été rapproché d’Autruche V et surtout de Foum Seïada du fait de sa structure industrielle. L’industrie lithique est taillée dans des phtanites locales colorées, parfois dans du silex ou du quartz. Le débitage, de préférence unipolaire, a fourni des éclats rectangulaires en raison des nombreuses diaclases qui cassent l’homogénéité de la roche. Un débitage centripète avec préparation du plan de frappe, donc comparable au débitage atérien, a également été employé ainsi qu’un débitage pression. L’outillage1 est dominé par les pièces à coches et denticulés, en majorité à coches clactoniennes. Les retouches continues et les grattoirs forment des groupes secondaires d’importance équivalente. Les grattoirs sont de types et dimensions variés et l’un présente des traces de polissage. Les microlithes géométriques comportent de nombreux segments, des triangles et trapèzes qui favorisent les formes isocèles. Près de la moitié des têtes de flèche se rapporte à des formes foliacées. Les burins, les perçoirs et les racloirs sont peu nombreux, les burins plutôt dièdres, les racloirs de types divers. Deux becs figurent parmi les perçoirs et des pièces à retouche plane envahissante parmi les divers. Zmeilet Barka Découvert par P. Fitte, non loin d’Ougarta, en bordure de l’erg Er Raoui, Zmeilet Barka repose sur une dune ancienne et est partiellement recouvert par une dune récente. Le matériel archéologique se retrouve jusqu’à 0,80 m de profondeur et a été daté de 7700 ± 180 B.P. (Gif1656) (6810-6380 av. J.-C.). L’outillage2 prélevé par P. Fitte, puis J. Mateu, présente les mêmes traits : emploi du débitage pression, de la retouche envahissante, même fréquence de lamelles à dos, abondance de perçoirs, coches et têtes de flèche qui sont pour l’essentiel des formes tour Eiffel. Les tests d’œuf d’autruche abondent et quelques tessons de poterie sont présents. L’étude du matériel Mateu, menée en 1980 par M.H. Alimen et al., fait état de l’emploi de jaspes et silex, parfois de quartz, de matériel de broyage en grès. Les nucleus sont petits. L’outillage traduit un certain équilibre entre les pièces à coches, denticulés et les lamelles à dos ; dominées par les dos rectilignes et partiels, celles-ci n’offrent pas une grande variété de types. Les coches, larges, à retouche semi-abrupte évoquent les coches du Capsien. Des microlamelles dont la longueur ne dépasse pas 25 mm, sont nombreuses. Les têtes de flèche sont en grande majorité de type tour Eiffel. Le matériel de broyage est rare. Des poinçons en os, de l’ocre, des éléments de parure en tiges d’encrines y ont été retrouvés. Les tests d’œuf d’autruche sont parfois décorés ou transformés en rondelles d’enfilage. Dans les 14 m3 fouillés par J. Mateu, ne se trouvait ni poterie, ni pierre polie. La faune comprend du hérisson, porcépic, oryx, gazelle, lézard, lièvre, couleuvre, des rongeurs et suggère un milieu proche de l’actuel. Le site a été attribué à des chasseurs ou à un groupe seminomade qui l’auraient fréquenté de manière intermittente. 1.- Cf détail p. 566. 2 .- Id.

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Un néolithique pastoral Le Néolithique du Sahara atlantique Les longs cordons dunaires du Sahara atlantique fréquentés par les populations épipaléolithiques, l’ont été également par des Néolithiques de même tradition, aussi serait-il difficile dans nombre de cas, de les différencier si les industries lithiques ne se distinguaient pas par un choix différent de matériaux, silex pour le Néolithique, calcédoine pour l’Epipaléolithique. Le Néolithique serait connu à Cansado, site de pêcheurs dans lequel R. Vernet a estimé la consommation de poissons (essentiellement des Sciaenidés et Sparidés) à 30 tonnes et proposé une pêche au filet ou lors de l’échouage de bancs de poissons. Il est connu à Berouâga, Tintan-pêcheurs, Et Teyyedché, dans le Tijirit..., il est en stratigraphie dans les sites FA38, FA39 où un niveau de sable éolien le sépare de l’occupation épipaléolithique. Il est daté de 5440 ± 80 B.P. (4350 ± 4170 av. J.-C.) à FA38. R. Vernet le caractérise par sa céramique. De forme sphérique, à lèvre simple, rarement renforcée, la panse est décorée entièrement, la lèvre souvent, et autour d’elle, parfois l’intérieur du récipient. Le décor peut être simple, fait de croisillons, herringbones ou de ponctuations diverses, en semis, en woven mat, en bandes diversement orientées, des dotted wavy line peuvent couvrir des tessons en totalité, ce qui suggère leur extension à une grande partie ou la totalité du vase. Le peigne est l’instrument le plus utilisé, ainsi que, probablement, la roulette. L’impression pivotante est fréquente. D’une manière générale, au Néolithique, les armatures abondent, les perçoirs sont courants, les grattoirs bien représentés, les microlithes géométriques présents. Les récoltes Crova montrent que partout, des galets aménagés, des haches, herminettes, gouges sont présents. Le matériel de broyage abonde. L’outillage osseux consiste en poinçons et lissoirs. De nombreux coquillages ont été transformés en instruments, cuillère, estèque, peigne... Berouâga A quelques dizaines de km à l’est de la baie du Lévrier, les dunes du secteur de Berouâga sont occupées par plusieurs sites. L’ensemble industriel étudié par N. Ould Mohamed Kaber, repose sur des dunes ogoliennes où il couvre autour d’un hectare. Il est daté de 6700 ± 200 B.P. (5810-5470 av. J.-C.). Il dispose d’un outillage1 en silex, accessoirement en quartz, dominé pour près de moitié par les microlithes géométriques, plus particulièrement les triangles. Les têtes de flèche se ramènent à des lamelles dont seule la base est aménagée en pédoncule. Les nucleus sont modestes, peu réguliers. Le matériel de broyage, abondant, est fait de pièces épaisses, en boule, travaillées dans des grès ou de pièces minces de forme ovale réalisées en calcaire. La céramique, peu abondante, a des formes simples demi-sphériques ou demi-ovoïdes, ses pâtes sont grossières, à dégraissant de quartz et végétaux. Le décor monotone peut se développer sur une large bande longeant le bord sur la face interne. Les motifs les plus fréquents sont des traits pointillés, nids d’abeilles, chevrons, dents ponctuées, lignes ondées. La faune nettement dominée par les gazelles comporte du chat sauvage, rhinocéros, antilope redunca, buffle. H. Jousse et ses collaborateurs évoquent une forêt-galerie, avec des points d’eau importants et pérennes que fréquentait une faune 1.- Cf détail p. 573.

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Sahara préhistorique variée, soudanienne, avec éléphants, hippopotames, rhinocéros, lions, phacochères, antilopes et gazelles de milieu humide, sahélienne avec antilopes chevalines, bubales, damalisques, gazelles, Bos sp., Pelorovis antiquus, ou désertique avec Oryx, Addax, Gazella dorcas et dama.

Dans le Sahara méridional, le Néolithique moyen est bien appréhendé dans le nord du Mali où ont été menées des études systématiques. Trois faciès ont pu être identifiés, faciès Oum el Assel, Hassi el Abiod et Ounanien. Liés à des paléolacs, tous traduisent l’importance de la pêche. Ils sont fournis en grattoirs, segments, petites haches polies et poterie. La population, de type mechtoïde, témoigne d’une intense activité physique. Ailleurs, les données, trop sommaires, ne dégagent que quelques lignes majeures. Ainsi de grands segments confèrent une certaine unité aux sites reconnus dans le bassin de l’Azawagh. En Ennedi, les industries lithiques ne présentent pas de traits marquants, mais la céramique a permis de suivre une évolution ; un motif incised wavy line qui orne la plus ancienne, pourrait évoquer des contacts avec le Soudan. Dans la partie nord-occidentale du Sahara où peu de travaux ayant été menés, peu de sites sont connus, la présence de têtes de flèche tour Eiffel assure une certaine unité à des ensembles industriels nommés Tidikeltien et suggère une grande province au sein de laquelle s’ébauchent divers faciès. Dans le Sahara atlantique, où Néolithique et Epipaléolithique sont étroitement imbriqués, quelques stratigraphies montrent un choix différent des matériaux, le Néolithique ayant privilégié le silex, l’Epipaléolithique, la calcédoine. Dans les régions septentrionales : Néolithique tellien, Cardial et Néolithique de tradition capsienne Alors que le Néolithique saharo-soudanais s’épanouissait dans le Sahara central, le Néolithique méditerranéen se développait dans le Tell. Nommé par G. Camps, il comporte plusieurs cultures, à l’ouest le Néolithique tellien et cardial, alors que l’est est le domaine du Néolithique de tradition capsienne. Certains auteurs ont pu voir dans le Néolithique tellien, un faciès du Néolithique de tradition capsienne, pour d’autres, et de plus en plus fréquemment, ces deux cultures seraient indépendantes. Elles auraient été précédées par un autre courant, le Néolithique cardial, qui se développait sur la côte méditerranéenne et auquel on a longtemps attribué la néolithisation du Tell. Aboutissement extrême de pratiques plus que de populations venues du Proche-Orient par cabotage, le Néolithique cardial

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Un néolithique pastoral aurait atteint le nord de la Méditerranée occidentale par l’Adriatique au 8ème millénaire, puis, franchissant le détroit de Gibraltar, il se serait développé d’ouest en est sur une étroite frange du littoral méditerranéen de l’Afrique, par enchaînement de plages successives. Il aurait apporté les innovations néolithiques au reste du pays, la lecture de la stratigraphie de Kaf Taht el Ghar faite par M. Tarradell montrant le Néolithique tellien au-dessus du Néolithique cardial. Récemment, l’identification de Néolithique également au-dessous du Cardial a modifié totalement l’image du processus de néolithisation de la région. D’un secteur à l’autre, le Néolithique est diversement cerné. Le Tell a fait l’objet de nombreux travaux fin 19ème-début 20ème siècles qui ont servi d’assises à la préhistoire maghrébine, mais ils restent difficiles à actualiser, la plupart des sites ayant été détruits par des carrières et un seul ayant été identifié depuis. Le Néolithique de tradition capsienne est la culture la plus connue. Il ne remonte pas au-delà du 6ème millénaire, mais est peut-être plus ancien au Sahara. Sa dispersion géographique est essentiellement liée à sa définition, tous les auteurs ne lui accordant pas la même : développé en régions constantinoise et tunisienne pour tous, pour certains, il se serait aussi étendu au Sahara septentrional. La région la mieux connue est le Bas-Sahara, en particulier le secteur de Ouargla où, grâce à la présence des Dr G. Trécolle et F. Marmier, des recherches systématiques ont été menées. Dans le Sahara septentrional, de petits gisements marquent partout des séjours brefs. B. Gabriel a accordé une étude particulière aux plus modestes. Il nomme « Steinpläze », les innombrables amas de pierres, foyers laissés par une halte, qui jonchent le Sahara. Etudiant leur fréquence, il met en relief trois phases, la première entre 8500 et 5800 B.P. (7600 et 4700 av. J.-C.), la seconde qui est la phase majeure entre 5800 et 5300 B.P. (4700 et 4100 av. J.-C.), la dernière entre 5300 et 3500 B.P. (4100 et 1800 av. J.-C.). Le Néolithique tellien H. Camps-Fabrer a nommé Néolithique tellien, le Néolithique1 qui se développe sur l’Ouest du Maghreb et qui a été reconnu au début du 20ème siècle dans la région d’Oran où il était présent dans de nombreuses grottes, aujourd’hui entièrement détruites. Le Néolithique tellien dispose d’un outillage lithique (fig. 44) dans la lignée des industries ibéromaurusiennes. Les lamelles à dos, les pièces à coches et denticulés, paraissent bien représentées, à Mahisserat, Garet et Taleb2, elles constituent le tiers de l’industrie lithique.. Les grattoirs et perçoirs sont présents, les microlithes géométriques rares, les têtes de flèche3 exceptionnelles, plus encore les pièces foliacées. Le matériel de broyage est peu employé, de même que le matériel poli. Le matériel osseux est riche en objets perforants, en tranchets et lissoirs. A cette structure industrielle, la poterie apporte un élément original et significatif. Toujours abondante, sa forme est généralement à large fond co1.- C’est le Néolithique II de Balout. 2. Cf ces ensembles industriels p. 565. 3.- Cette rareté des têtes de flèche pose la question de leur origine, Sahara ou Europe ? Les identifications minéralogiques susceptibles de répondre n’ont pas été faites.

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Sahara préhistorique nique ; elle est faite à l’aide de terres franches, possède des éléments de préhensionautour desquels s’organise un décor qui laisse toujours des plages réservées. Les motifs sont simples, souvent cannelés (fig. 44). La date de 7760 ± 190 B.P. (Alg 40) (7000-6430 av. J.-C.) a été obtenue dans le gisement de plein air de Kristel jardins (=Station des Travertins), celles de 6680 ± 300 B.P. (Gif 463) (5880-5320 av. J.-C.) dans celui du Cimetière des escargots (=Les Coralès), 5550 ± 225 B.P. (Alg 35) (4670-4060 av. J.-C.) dans celui dit Les Deux mamelles près de Mostaganem. On peut leur associer Jorf Akhdar et Sidi Moussa, petits sites installés dans la basse terrasse de l’oued Isly mentionnés dès 1908 par le Dr Pinchon, qui disposent de petites pièces taillées, de fragments de hache polie et ont été datés de 5930 ± 80 (Gif 6494) et 5080 ± 70 B.P. (Gif 6493) (4910-4710 à 3960-3800 av. J.-C.). La répartition du Néolithique tellien est vaste. Vers l’est, il est connu à Bejaïa, se développerait le long du littoral1, couvrirait le Tell sans atteindre le Constantinois. Vers l’ouest, Hassi Ouenzga, dans la province de Taza, pourrait être un jalon entre l’Oranie et la péninsule tingitane. Il pourrait se déployer à l’intérieur des terres, peut-être jusqu’aux alentours de Laghouat. Pour certains auteurs, le Néolithique tellien, ou ses influences, s’étendrait même loin vers le sud, son emprise ayant peut-être rejoint les abords de Nouakchott ; toutefois, à l’exclusion du littoral atlantique où divers travaux ont été menés, le Sahara occidental est fort mal connu, y compris la vallée de la Saoura où la préhistoire récente a été délaissée. En stratigraphie, il présente différentes superpositions. Dans la région d’Oujda, A. Jodin rapportait au Néolithique tellien le site du Kheneg Kenadsa d’où il a retiré les restes de deux individus ; il y reconnaissait deux niveaux dont le supérieur renfermait quelques tessons de poterie sans décor, une hache polie, une tête de flèche et une pièce foliacée ; il surmontait un niveau riche en grattoirs que G. Camps rapporte au Kérémien. Une superposition semblable se retrouve à Kaf Taht el Ghar et probablement Oued Guettara. Dans la grotte du Rhafas, bien connue pour ses occupations moustériennes et atériennes, le Néolithique repose directement sur la couche atérienne dont une partie aurait pu être éliminée ; il est daté de 5190 ± 100 B.P. (Gif 6185) (4220-3810 av. J.-C.). C’est probablement à lui qu’il y a lieu de rapporter les dépôts supérieurs remaniés qui surmontent l’Ibéromaurusien dans la grotte d’Ifri n’Ammar. L’origine du Néolithique tellien n’est plus à rechercher dans le Néolithique cardial car il lui est antérieur dans les sites tingitans2. L’hypothèse de G. Camps qui lui reconnaissait une influence saharienne se traduisant par l’emploi du peigne, de l’impression pivotante dans le décor de la poterie des sites atlasiens, s’affirme, tout comme les remarques de A. Gilman qui, à Mugharet el Khail (couche H inférieure) et Mugharet es Safiya (couche D), avait noté une sorte de substrat lui permettant de proposer une néolithisation autochtone pour le Maghreb. Une reprise des fouilles à Kaf Taht el Ghar sous la conduite de J.P. Daugas, a authentifié cette stratigraphie induite des documents des missions américaines des années 1920. Une situation semblable se retrouve au Kaf Boussaria 1 .- Dans cette région, M. Dalloni a reconnu divers sites (Djebel Djezzar, Oued el Kheir, Torch, La Stidia, Aïn Tédelès, Djebel Mouzaïa...) qui pourraient procéder de cette culture. 2.- Cf ci-dessous p. 246 et svtes.

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Un néolithique pastoral où A. El Idrissi a identifié une « phase initiale », dite phase A, qui y est datée de 7589 ± 166 B.P. (Rabat57) (6754-6045 av. J.-C.). Elle dispose d’une poterie hémisphérique à bord droit ou évasé souligné d’un étranglement, incisée de lignes, chevrons, quadrillages largement développés sur la panse. Elle assoit en termes nouveaux le processus de néolithisation du Maghreb occidental et le place dans la fourchette 8765 ± 176 B.P. (US1028) - 7136 ± 156 B.P. (US1025) (80887445 à 6227-5669 av. J.-C.). Placer les premières manifestations néolithiques antérieurement au Cardial et les rapprocher du Néolithique tellien conduit à le vieillir et en faire un Néolithique ancien ayant longuement perduré. Aïn Naga A Aïn Naga, dans la région de Messad, D. Grébénart a reconnu une occupation néolithique au-dessus de l’habitat capsien, leurs vestiges s’insérant entre le fond de l’abri et les dépôts capsiens qui ne l’atteignaient pas. L’industrie lithique est riche en microburins1. Les lamelles à bord abattu, les pièces à coches et les microlithes géométriques ont une importance comparable. Les têtes de flèche malgré leur petit nombre, n’en montrent pas moins des formes variées, pédonculées, foliacées, à base échancrée, à tranchant transversal. Il y a peu d’outils en os, peu de matériel de broyage. L’œuf d’autruche, fréquent, n’est qu’exceptionnellement décoré. Il a été employé pour façonner en série des rondelles d’enfilage qui sont les seuls éléments de parure mis au jour. La poterie n’intervient que sous forme de minuscules fragments ne permettant aucune restitution de la forme des vases. Elle comporte des éléments de préhension et un décor relativement riche, probablement composite, fait de cannelures, de dents qui évoquent la poterie tellienne et nullement la poterie capsienne. Le gisement est daté de 7500 ± 220 B.P. (Gif1221) (6570-6080 av. J.-C.). Columnata La stratigraphie de Columnata : Ibéromaurusien, Columnatien, Capsien, se clôt par un niveau néolithique2 épais de 1 m. Daté de 5850 ± 100 et 5250 ± 250 B.P. (Mc156 et Gif307) (4800-4560 et 4330-3800 av. J.-C.), il est remarquable par l’importance des lamelles à coches puis des microlithes géométriques, en particulier des trapèzes ; certains qui n’atteignent pas 1 cm évoquent la dimension des industries columnatiennes antérieures. Les segments manquent. Un trapèze déjeté et échancré est une forme typique de la région (fig. 89). Des têtes de flèche pédonculées sont rapportées à une influence saharienne. La poterie est abondante, porte des éléments de préhension, le décor, non couvrant, utilise des motifs d’impressions au peigne. Il n’y a pas traces de pierre polie. L’art mobilier comprend une pierre-figure qui évoque un pecten. Divers autres sites de la région, Vigne Serrero, Vigne Boubay, El Kef3 présentent des traits comparables. Des nuances résident dans la place accordée aux lamelles à dos prédominantes Vigne Serrero, dans l’importance du groupe coches-denticulés qui atteint plus de 60 % Vigne Boubay et El Kef. Pour G. Camps et P. Cadenat, tout comme à Columnata, la fréquence et la forme des têtes de flèche traduisent une influence saharienne. 1.- Cf Annexes p. 565. 2.- Cf Annexes p. 571. 3.- Cf Annexes p. 571. Pour P. Cadenat, ce site et Vigne Serrero pourraient appartenir au Chalcolithique, cf p. 382.

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Sahara préhistorique Doukanet el Khoutifa Le gisement occupe 2200 m2 d’une plateforme entourée de rochers, qui domine la plaine des Ouled Ayar au pied de la Dorsale tunisienne. Découvert en 1972 par J. Zoughlami, les fouilles qu’il y mena en 1972 et 73, puis 2009, lui ont permis de reconnaître deux niveaux coiffés d’un niveau subsuperficiel fortement remanié. Le niveau inférieur daté de 6750 ± 200 B.P. (Mc828) (5860-

Fig. 44 - Néolithique tellien. Industrie lithique : 1, 17) triangles ; 2, 3, 4) têtes de flèche à tranchant transversal ; 5) lame à dos arqué ; 6) lamelle à dos rectiligne et base tronquée ; 7, 8, 18 à 20, 29) segments ; 9) tête de flèche pédonculée ; 10, 22) rectangles ; 11) lamelle à dos rectiligne ; 12) grattoir sur lamelle retouchée ; 13) mèche de foret ; 14) lame à coches ; 15) lamelle à dos arqué ; 16) aiguillon droit ; 21, 28) lamelles à double troncature ; 23) microburin ; 24, 31) nucleus ; 25) lame denticulée ; 26) lamelle à coches ; 27) éclat à coches ; 30) trapèze. (Origine : 1, 12, 13, 15, 18) Djebel Djezzar ; 2, 6, 11, 14, 25) Oued el Kheir ; 3, 4) Torch ; 5, 10, 28) La Stidia ; 7, 16, 17, 22, 24, 27, 29 à 31) Pelissier ; 8, 26) région de Mostaganem ; 9) Karrouba ; 19, 20, 23) Aïn Tédelès ; 21) Djebel Mouzaïa (d'après Vaufrey, 1955). Décor de poteries : 32) chevrons+cannelures ; 33, 40) fausses perforations ; 34) bâtons dans sillons ; 35) lunules+hachures en motif complexe; 36) galons ; 37) crénelé ; 38) hachures+ponctuation rectangulaire+dents en motif complexe ; 39) hachures en triangles ; 41) cordon écrasé ; 42) rangs de hachures opposées+cannelures. (Origine : 32, 40) Batterie espagnole, 33, 42) Troglodytes, 34) La Guethna, 35) Noiseux, 36) Rhar oum el Fernam, 37) Midi, 38, 41) Cimetière des escargots, 39) inconnue. d'après Aumassip, 1971). Les n° 36 et 37 pourraient appartenir à un Néolithique cardial.

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Un néolithique pastoral 5510 av. J.-C.) est une couche jaune, épaisse de 0,40 m, riche en Rumina decolata, qui repose sur la roche en place. Il est surmonté d’un niveau noir épais de 1,50 m environ, daté de 6000 ± 100 B.P. (Mc835) (5035-4786 av. J.-C.), où Rumina est remplacé par Helix. Ils ont été généralement perforés pour faciliter leur consommation Avec une structure industrielle type néolithique tellien, le gisement pose problème en étant situé dans un territoire connu pour être le fief du néolithique de tradition capsienne1. L’industrie lithique2 est faite dans un silex local, accessoirement en calcaire, quelques pièces en obsidienne viennent de Pantelleria. Elle dispose de rares galets aménagés, évolue par régression des lamelles à dos qui constituent presque la totalité de l’outillage du niveau inférieur, au profit des pièces à coches et des grattoirs. Ces derniers sont volontiers denticulés et toujours façonnés dans la partie la plus épaisse du support qui, ici, est sa partie distale. Les perçoirs comportent un perçoir d’Aïn Khanga, les microlithes géométriques quelques rectangles. Les racloirs sont peu nombreux. Seule la surface est riche en têtes de flèche ; assez variées, elles privilégient les pédoncules courts, les ailerons mal dégagés faisant passage à des formes losangiques, un exemplaire est à écusson. Deux galets aménagés, des nucleus, du matériel de broyage avec molettes ovoïdes, deux boules en calcaire de 21 et 36 mm de diamètre, des polissoirs complètent le sac à outils. Haches, pilon soulignent un polissage de la pierre. Une pierre à rainure évoque la fabrication des rondelles d’enfilage qui sont nombreuses ; une parure de 64 rondelles retrouvée près d’un défunt, suggère le port d’un collier ou d’une résille. Le matériel osseux abonde avec prédominance des poinçons, présence de lissoirs, spatule et d’une cuillère, objet peu courant. Dans une niche, se trouvait un petit amas d’ocre. L’œuf d’autruche, abondant, est transformé en pendeloques (10 ont été retrouvées dont une en os) qui s’ajoutent à de nombreuses coquilles, dentale, nasse, cone, columbelle... pour souligner la richesse en éléments de parure. L’œuf d’autruche a aussi été utilisé comme récipient (6 ouvertures de bouteille ont été retrouvées). La poterie est particulièrement courante dans le niveau supérieur ; elle provient de vase à fond conique, pouvant posséder de petits mamelons de préhension. Bien que certains vases aient été richement décorés par un même motif organisé en groupes perpendiculaires, elle est plutôt décorée sommairement de lunules, bâtons, crénelés qui évoquent l’usage de coquillage pour leur réalisation, elle peut porter des impressions parallèles de peigne. Des restes humains provenant de 18 individus, gisaient au pied d’un grand rocher, enchevêtrés pour la plupart ou en décubitus latéral fléchi ; ils pouvaient être calés par des pierres et une grosse pierre reposait sur la tête de certains. Ils sont rapportés à une population proto-méditerranéenne robuste. Les occupants pratiquaient la chasse de grands mammifères qu’attestent des ossements de Bos primigenius, d’un bovin de petite taille qui se retrouve 1 .- Dans un article daté de 2004, S. Roudesli-Chebbi et J. Zoughlami écrivent (p. 79) : « Le Néolithique tellien de Doukanet El Khoutifa s’apparente au Néolithique méditerranéen qui couvre le littoral de la France, de la Péninsule Ibérique, de l’Italie du Sud et les Iles, les contacts sont à chercher vers le Sud de l’Italie et des Iles, matérialisés par la présence d’obsidienne ». 2 .- Cf Annexes p. 566.

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Sahara préhistorique à Redeyef et ne peut être assimilé à Bos taurus, d’antilopes diverses, gazelles, mouflons. Fait exceptionnel, des restes d’autruches s’y trouvaient, alors qu’à l’inverse de leurs œufs, ils sont rarement trouvés. La chasse de petits animaux comme le lapin, la capture de tortues, la collecte d’escargots étaient également pratiquées. Des animaux domestiques, limités à quelques chèvres dans le niveau inférieur deviennent nombreux dans le niveau supérieur avec des ovi-capridés et des bovins ; un chien pourrait être le signe d’une présence de troupeaux. Le site s’est constitué dans un milieu ouvert, semblable à celui de Kef el Hamda avec cependant une régression de Pinus halepensis qui traduit un climat identique à l’actuel. La végétation était dominée par les composées suivies des graminées, agrémentée de quelques crucifères et ombellifères ; la couche médiane se singularise par la présence de Vitis. Hassi Menikel Dans la partie méridionale du piedmont du Djebel Amour, Hassi Menikel est un vaste gisement reconnu en 1968 par une mission CRAPE-Institut de Géographie de l’Université d’Alger. Il est daté de 5810 ± 150 B.P. (Gif3408) (4830-4470 av. J.-C.). La surface est jonchée de silex taillés, de tessons de poterie, parsemée de fragments d’œuf d’autruche ; des amas de pierres traduisent des foyers démantelés par l’érosion. La structure de l’outillage est relativement équilibrée1. Les lamelles à bord abattu sont abondantes, riches en bords abattus partiels et retouche Ouchtata. Les têtes de flèche, fréquentes, ont un pédoncule mal dégagé du corps ou une forme triangulaire, elles peuvent alors être tranchantes plutôt que perforantes. Le matériel de broyage est en grès, mais il est altéré ou réduit en menus morceaux. L’œuf d’autruche est rare, peu réemployé. La poterie abonde. Elle a été montée aux colombins avec une pâte franche, préparée sans ajout de dégraissant. Ses fonds sont coniques, ses formes les plus courantes devaient être simples, sans col. Le décor, essentiellement des ponctuations, n’occupe qu’une surface réduite. Il était réalisé à l’aide d’un peigne et occasionnellement par impressions pivotantes. Des motifs comparables notés dans les sites plus septentrionaux de Columnata ou El Arrouya peuvent suggérer des relations entre ces populations. Le site d’Ouhaïda, daté de 4490 ± 140 B.P. (Gif3410) (3360-2940 av. J.-C.) et qui est proche d’Ouhada, offre des caractères semblables à celui d’Hassi Menikel dont il est éloigné de plus d’une cinquantaine de kilomètres. Il dispose de la même structure industrielle2, des mêmes formes de têtes de flèche, du même aspect de la poterie. Hassi Ouenzga Dans le Rif, le site d’Hassi Ouenzga qui est proche d’une source, comporte un habitat de plein air rapporté à un Ibéromaurusien tardif et, sous abri, une occupation néolithique. L’abri, ouvert au sud, a fait l’objet de fouilles menées par la mission germano-marocaine dirigée par A. Mikdad et J. Eiwanger. Elles ont couvert une surface de 17 m2 et montré un dépôt anthropique de 1,60 m d’épaisseur où trois ensembles stratigraphiques ont été individualisés. Le niveau 1 .- Cf Annexes p. 566. 2 .- Cf Annexes p. 565.

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Un néolithique pastoral supérieur, développé sur plus de 0,60 m, remanié sur sa plus grande épaisseur, a livré 3 tessons campaniformes, au-dessous viennent deux niveaux néolithiques. Le niveau néolithique inférieur épais de 50 à 60 cm est un sédiment noir, dur qui comporte des restes de mollusques. Avec 103 pièces, l’industrie lithique est dominée par les pièces à retouche continue 35 %, puis les perçoirs 26,2 %, pour la plupart à retouches inverses, et les lamelles à dos qui se distribuent en lamelles aiguës à dos rectiligne 12,6 %, à dos arqué 3,9 %, à dos partiel 1,9 %, fragments 1 %. Les pièces à coches comprennent une même proportion d’éclats et lamelles, 4,9 %, et 1 % de lamelles denticulées. Il existe 4,9 % de pièces à troncature, 1,9 % de microburins et 1 % de grattoirs. Cet ensemble modeste est complété par 1 % de pièces bifaciales. Les nucleus sont peu nombreux, irrégulièrement exploités, un seul est à lames. L’outillage osseux se limite à une spatule. Très proches les unes des autres et à proximité de nombreux perçoirs, se trouvaient 348 perles en test d’œuf d’autruche de diamètre varié. Une pierre à double rainure, en calcaire, qui atteste de leur fabrication sur place, s’ajoute à un percuteur, une meule en grès et des fragments de matériel de broyage. Une poterie abondante provient de vases épais dont les bords sont volontiers évasés et qui peuvent porter des anses, mamelons, plus rarement des oreilles ou tétons. Le dégraissant grossier est un mélange de minéraux et végétaux. Le décor est dominé par des cordons en relief, des bandes de traits obliques parallèles, de quadrillages. Un décor au cardium, simples impressions parallèles et dents, figure sur trois tessons. Ce niveau est daté de 6710 ± 50 (KIA-434) à 6240 ± 40 B.P. (KIA-437) (5660-5560 à 5300-5080 av. J.-C.), une date plus ancienne 7930 ± 50 B.P. (KIA-433) (7030-6790 av. J.-C.) pourrait être contaminée. Les auteurs s’appuyant sur des parentés stylistiques avec la céramique d’Andalousie, n’excluent pas des liens entre les deux continents. Le niveau supérieur est daté de 6230 ± 70 (UtC-6185) à 5029 ± 47 B.P. (UtC6184) (5300-5060 à 3940-3710 av. J.-C.). C’est une couche noire, épaisse de 10 à 60 cm. L’industrie lithique est pauvre ; faite sur silex, elle comporte des pièces à retouche continue, lamelles à dos, grattoirs sur éclat, perçoirs, microlithes géométriques, une pièce esquillée. Plusieurs meules se trouvaient dans ce niveau auquel on peut rapporter deux poinçons en os. La poterie est épaisse, à dégraissant minéral. Le décor se limite à un bandeau placé au haut de la panse et couvert le plus souvent de traits parallèles, d’un fin quadrillage ou de poinçonnage. Le motif le plus marquant est fait au peigne à dents fines en lignes ou traits parallèles, en chevrons. Tout comme dans le niveau inférieur, quelques tessons décorés au cardium assurent soit des contacts avec le Néolithique cardial, soit son influence. Les Genêts Installé sur une dune fossile des environs d’Oran, le site « Les Genêts » est recouvert de 0,70 m de sédiments ruisselés. M. Couvert a recueilli du matériel dégagé par l’érosion et y a pratiqué deux sondages. L’industrie récoltée1, en silex, comporte un seul nucleus qui est volumineux, des grattoirs et perçoirs variés, peu de lamelles à dos dont quelques pièces à retouche Ouchtata, de nombreuses pièces à coches dont les coches présentent divers aspects, des têtes de 1 .- Cf Annexes p. 565.

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Sahara préhistorique flèche à tranchant transversal et un galet aménagé en calcaire. L’œuf d’autruche est présent et peut être gravé. Divers coquillages, Purpura hæmastoma, Patella, Murex ont été retrouvés ainsi qu’un segment de Pectunculus qui était transformé en pendeloque. La poterie à fond conique a été montée aux colombins, la pâte grossière contient un dégraissant de quartz ou de graviers ferrugineux, la surface porte des décors de croisillons ou d’impressions diverses à l’estèque, au coin, au poinçon… Des charbons ont permis d’identifier Olea europea. Oued Guettara Le site Oued Guettara est constitué de trois grottes voisines qui, non loin de Brédéah, s’ouvrent sur l’un des versants d’un petit affluent de l’oued. A leur pied et presque jusqu’au bas du versant se développe un important talus d’avant-grotte. Les fouilles qui, en 1967, furent faites dans l’une des grottes par le CRAPE sous la direction de G. Camps, ont montré une masse homogène de sédiments brun-noir reposant sur un dépôt argilo-sableux jaunâtre bien connu dans les grottes de la région oranaise. De nombreuses inhumations néolithiques ont bouleversé les couches archéologiques et rendent l’interprétation de la stratigraphie délicate. G. Camps distingue néanmoins quatre niveaux : à la base le niveau IV a livré trop peu d’outils pour être qualifié mais la fréquence des grattoirs, proche du cinquième, évoque les industries kérémiennes. Il a été daté de 10190 ± 230 B.P. (Gif882) (10370-9390 av. J.-C.). Au-dessus, dans un niveau d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, se trouve l’essentiel des inhumations ; son industrie ne diffère guère de la précédente, si ce n’est par une légère diminution des grattoirs et une augmentation des lamelles à dos. Il a livré une pièce à retouche envahissante et quelques tessons de céramique. Les deux niveaux supérieurs, II et I11, ne se distinguent l’un de l’autre que par une fréquence moindre de la céramique dans le niveau II, où le nombre de lamelles à dos est plus grand, celui de coches et denticulés plus faible. L’industrie osseuse y est plus abondante. Le niveau I, riche en denticulés et pièces à retouche continue, a livré une hache polie, les éléments de parure sont courants, valves de moule et de cardium, turritelles ; des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche ne proviennent que du sommet des dépôts. Aucune tête de flèche ou pièce foliacée n’a été retrouvée dans la grotte, alors qu’elles sont présentes dans le talus d’avant-grotte. La céramique consiste en vases à fond conique et large ouverture, décorés d’une bande d’impressions au coin qui entoure l’orifice. Oued Zeggag Situé dans la terrasse inférieure de l’oued Zeggag, à une dizaine de kilomètres d’Hammaguir, Oued Zeggag tient son originalité de l’accumulation de plus d’une cinquantaine de poteries entières et de milliers de rondelles d’enfilage en tests d’œuf d’autruche accompagnée d’un rare matériel lithique -quelques têtes de flèche, pièces foliacées, grattoirs, perçoirs, scies, hache polie-. Les poteries gisaient entre 20 et 80 cm de profondeur dans un sédiment fin à petit cailloutis, recouvert d’une couche de sable mêlé à un cailloutis plus grossier, au-des1 .- Cf Annexes p. 565.

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Un néolithique pastoral sous d’elles se trouvait une mince couche de petits galets. En surface, au-dessus des poteries, le sol était couvert de petits tessons et dans un rayon d’une centaine de mètres gisait un matériel comportant quelques fragments d’outils, d’éclats, une lame, des têtes de flèche et des haches. Découvert par M. Farina, en 1966, une centaine de m2 fut immédiatement fouillée sous la conduite de M. Lihoreau. Le matériel présentait une disposition très particulière se regroupant dans une ellipse d’une dizaine de mètres de long, à peine plus de quatre de large avec une forte concentration dans 6 m2 seulement. Les poteries y constituaient de petits tas de trois ou quatre pièces, très proches les uns des autres, sans orientation particulière. Généralement, dans chaque groupe, un collier de 500 rondelles environ en tests d’œuf d’autruche, gisait autour de l’une des poteries. Un rare matériel lithique était associé à chaque groupe de poteries, une tête de flèche dans quatre cas, une hache polie et une meule dormante dans quatre autres, dans trois cas, une tête de flèche et quatre lamelles en silex se trouvaient à l’intérieur d’une poterie1. Aucun reste osseux n’a été signalé. Aucune poterie ne porte d’élément de préhension. La moitié consiste en pièces ovoïdes à fond appendiculé, hautes d’une vingtaine de centimètres, une partie est de forme simple, une autre, un peu plus nombreuse, présente une carène dans le tiers supérieur et se termine par un col étroit. Une autre série à peu près de même importance se termine par un col très largement évasé. Plus rarement ce sont des bols à large ouverture possédant ce même fond appendiculé. Le haut de la panse, le col sont décorés de lignes parallèles, bâtons, chevrons, réalisés à l’aide d’un peigne fin, motifs semblables à ceux qui ornent les poteries de type Skirat. Une datation sur tests d’œuf d’autruche indique 5320 ± 150 B.P. (Gif848) (4400-3990 av. J.-C.), ce qui les fait contemporaines de celles de Rouazi. Un récipient comparable a été découvert par J. Iliou, à Tiout. Ouhada Les dépressions du piedmont de l’Atlas saharien sont souvent bordées de gisements néolithiques. En bordure occidentale de celle d’Ouhada, une surface de 500 x 200 m est couverte d’amas plus ou moins disloqués de pierres de foyers qu’entourent des tessons de poterie et du matériel lithique ; des lambeaux de couche archéologique subsistent dans les parties basses. L’étude menée en 1970 dans le cadre du Centre de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques, Ethnologiques (CRAPE) et de l’Institut de Géographie de l’Université d’Alger sous la direction de P. Estorges et de l’un de nous (G.A.) a permis de dater ce site de 5520 ± 110 B.P. (Mc524) (4460-4250 av. J.-C.). Elle a montré des nucleus nombreux, petits, avec une majorité de formes aplaties, un débitage organisé de manière très variée. L’outillage2 est largement dominé par les têtes de flèche qui privilégient les formes pédonculées à ailerons très écartés et pédoncule très court. Les groupes secondaires, perçoirs et coches-denticulés, restent modestes, l’essentiel du groupe perçoir consistant en mèche de foret. Les denticulés sont nombreux, mais une seule scie a été retrouvée. Les autres groupes sont à peine 1 .- Les premières fouilles, qui ont dégagé six groupes de poteries, ont livré de même des rondelles d’enfilage, têtes de flèche et hache polie, sans autre précision. 2 .- Cf Annexes p. 565.

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Sahara préhistorique représentés. Les racloirs sont plutôt sur lame ou lamelle et présentent des aspects variés. Les quelques pièces à bord abattu portent volontiers une retouche Ouchtata. De très nombreux fragments de pierres à rainures suggèrent leur emploi pour préparer les hampes de flèche. Le matériel de broyage abonde et possède des molettes typées soit en forme de petit disque de 1 à 2 cm d’épaisseur, soit « en sabot » dont le plan de travail unique, est oblique par rapport au corps plus ou moins ovoïde de la pièce qui possède une gorge. L’œuf d’autruche, courant, est peu décoré, souvent transformé en rondelles d’enfilage. Une pièce originale, en étoile, a été obtenue par cinq perforations autour de la lumière centrale (fig. 45). La poterie se rapporte surtout à des bouteilles, formes coniques à goulot plus ou moins étroit. Elle n’est que partiellement décorée par un registre de ponctuations, de chevrons, de flammes ou par des cannelures.

Fig. 45 – Ouhada : perle en œuf d'autruche ; on remarquera sa préparation par aménagement de cinq perforations périphériques à partir de la face inférieure. (d'après Aumassip 2001).

Les grottes d’Oran Le massif du Murdjadjo qui domine Oran est creusé de nombreuses grottes fouillées pour la plupart à la fin du 19ème et au début du 20ème siècles par F. Doumergue et P. Pallary. Celle de Noiseux l’avait été dès 1888 par Tommasini. Dans les dunes, en bord de mer, plusieurs sites de plein air sont également connus. Tous offrent des traits semblables avec un outillage lithique façonné sur silex noir, riche en pièces à coches, denticulés, lamelles à bord abattu, où les microlithes géométriques et les têtes de flèche sont rares. Par leur style, les lamelles à bord abattu prolongent l’Ibéromaurusien. Des objets en pierre polie et du matériel de broyage accompagnent un outillage osseux de belle qualité et une poterie abondante. Une faucille aménagée dans une vertèbre dorsale d’antilope bubale, Alcelaphus buselaphus, provient de la grotte du Polygone, elle est incisée d’une rainure de 8,5 cm, dans laquelle restait insérée une lamelle à dos, tranchant vers l’extérieur. Un poignard a été retrouvé à Aïn Guedara, un autre aux Troglodytes, des pointes de sagaie dans diverses grottes. Une soixantaine d’individus, mal conservés pour la plupart, tous de type Mechta-Afalou, a été retirée de ces grottes. La céramique est montée aux colombins avec des pâtes naturellement dégraissées, les surfaces sont régularisées, parfois polies. Ce sont des vases à large fond conique bien que quelques pièces à fond plat existent. L’ouverture est resserrée ; les cols, exceptionnels, déterminent toujours des goulots. Les moyens de préhension sont courants, en particulier les mamelons et oreilles qui interviennent dans la disposition du décor. Celui-ci se limite à la partie supérieure du vase y formant un bandeau plus ou moins large qui souligne l’orifice, enveloppe les éléments de préhension. Il procède de cannelures et d’incisions, il n’accorde aucun intérêt aux motifs curvilignes, aux motifs au peigne ou à l’impression

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Un néolithique pastoral pivotante. Les motifs les plus courants sont des quadrillages, croisillons, chevrons et des poinçonnages produisant de fausses perforations de divers aspects. Les sites étaient riches en matières colorantes et en éléments de parure, surtout en pendeloques. Elles sont faites à l’aide de coquilles de mollusques marins, pétoncles le plus couramment, de plaques dermiques de tortues ou de pierres avec une préférence pour le schiste. Le test d’œuf d’autruche est utilisé pour produire des rondelles d’enfilage. La faune se rapporte à des bovins Bos opisthonomus1 et Bos ibericus2, du porc, Sus domesticus, qui serait l’espèce la plus fréquente, sanglier Sus scrofa, des antilopes Alcelaphus buselaphus, gazelles Gazella dorcas et Gazella cuvieri, mouflon, mouton. Le mouton très rare, serait un mouton domestique, Ovis aries v. africana3, qui aurait été introduit par le Néolithique cardial et trouverait son origine au Proche-Orient, de même la chèvre4. Les dépôts renfermaient aussi de nombreux mollusques, moules, patelles et hélicidés. Ces éléments qui contribuèrent à asseoir la Préhistoire du Nord de l’Afrique, ne peuvent être révisés à l’aide de techniques récentes, les gisements d’où ils proviennent ayant été détruits depuis longtemps par des carrières. La grotte de l’oued Guettara, la seule ayant fait l’objet de travaux relativement récents, renferme de nombreuses inhumations qui n’ont pas permis de saisir la phase de néolithisation en raison des remaniements qu’elles ont provoqués, si ce n’est montrer que le Néolithique repose sur un niveau kérémien. Safiet bou Rhenan Le gisement de Safiet bou Rhenan découvert et étudié par D. Grébénart en 1969, est installé dans un chaos rocheux de la région de Djelfa. Il est daté de 6970 ± 170 B.P. (Gif884) (6000-5710 av. J.-C.). Les lamelles à dos et mèches de foret sont les outils les plus courants, les têtes de flèche et pièces à retouches bifaciales sont fréquentes, les microlithes géométriques rares. L’œuf d’autruche est très abondant, les rondelles d’enfilage courantes. La céramique avec ses mamelons de préhension, un décor limité au bord de l’orifice, produit par une ligne ou deux, rarement plus, de ponctuations de formes diverses (lunules, triangles, parallélogrammes, disques), de flammes ou de galons, est dans la tradition tellienne. Le Néolithique cardial Le Néolithique cardial se caractérise par une céramique décorée à l’aide d’une valve de mollusque, Cardium5, Pecten, Pectunculus (fig. 46). Il fait partie d’un vaste ensemble qui couvre le nord-ouest de l’Italie, le sud de la France, le littoral oriental et méridional de l’Espagne et le sud du Portugal ; sur la face 1 .- Bos opisthonomus n’est pas reconnu comme espèce par tous les auteurs, bien qu’une tendance actuelle nomme les bovins africains Bos primigenius opisthonomus afin de marquer leur séparation des Bos eurasiatiques. 2 .- L’existence de cette espèce est un problème posé. Pour G. Camps, il serait l’ancêtre d’une race locale, celle de Guelma. Pour A. Muzzolini, ce serait une variété naine de Bos primigenius adaptée au milieu semi-aride. Une révision du matériel osseux reste à faire. 3 .- Il est à distinguer de Ovis longipes couramment figuré par l’art rupestre et à qui on attribue aussi une origine proche-orientale. 4 .- Soulignant la présence d’Ovis sp. dans le Capsien de Medjez II, A. Muzzolini considère ces animaux comme domestiques ou s’ils étaient sauvages, comme ancêtres du mouton domestique. 5 .- D’où son nom.

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Sahara préhistorique atlantique, il est connu de la Loire jusqu’au sud de Rabat. D’abord identifié dans des abris des régions de Tanger et Tétouan, le Néolithique cardial a été découvert en 1972 dans le site de plein air de l’oued Tahaddart et des travaux récents ont permis de l’étendre jusqu’aux environs de Rabat. Dans la grotte du Midi à Oran, la présence de tessons se rattachant à la poterie cardiale par leur décor, suppose son expansion ou des contacts vers l’ouest ; l’analyse des pâtes montre de telles similitudes avec la production locale que l’on doit proposer une fabrication locale à l’exception d’un tesson dont la pâte est très différente. Cette expansion qui pourrait se poursuivre jusqu’à Bejaïa, a été jalonnée par la découverte récente des sites de Guenfouda dans l’Oriental marocain, Ifri Oudadane, Ifri Armas, Hassi Ouenzga, dans le Rif, qui ont livré, chacun, quelques tessons de poterie cardiale. Contrairement à ce qui a été longtemps admis, le Néolithique cardial ne peut être retenu comme seul vecteur de la néolithisation et de l’introduction de la poterie dans le Nord maghrébin en rayonnant à partir d’un noyau tingitan aboutissement d’un courant venu du Proche Orient par le nord de la Méditerranée et ayant franchi le détroit de Gibraltar. Les remaniements identifiés lors de fouilles récentes remettent en cause les stratigraphies sur lesquelles s’appuyait cette proposition et certaines, qui le montrent au-dessus d’un dépôt néolithique autre, l’excluent. L’outillage lithique cardial est lamellaire, il comporte des lamelles à coches, lamelles à dos, quelques grattoirs, perçoirs, têtes de flèche, probablement des galets aménagés, de l’outillage poli avec des haches qui peuvent être plates ou en boudin. L’outillage osseux est riche, il consiste en poinçons, lissoirs, alènes, épingles, aiguilles dont plusieurs à chas, peut-être des hameçons. Les poteries ont un fond conique, une large ouverture, elles peuvent être légèrement étranglées ou avoir un col cylindrique ; une forme originale, ovale, est nommée « en grain de blé » par G. Camps. Le décor, caractéristique, s’organise en bandeaux impressionnés parallèles à l’ouverture ou en motifs complexes, auxquels s’ajoutent volontiers des motifs de cordons ou de pastilles. Le mode d’utilisation de la coquille a produit des motifs différents de flammes crénelées, de guirlandes ou d’empreintes de crochet qui sont parfois incrustés d’ocre rouge. Le Cardial proprement dit est subdivisé en deux phases : une phase ancienne, 5600-5300 av. J.-C., développée dans le nord, dite « cardial alborain » (phase B d’El Idrissi1) dans laquelle les premiers témoins d’un décor à la coquille apparaissent, ils sont marqués par des impressions courtes, s’accompagnent de motifs « plastiques » et de cannelures, une phase récente, 5000-4500 av. J.-C., dite « cardial lusitano-marocain », (phases C et D d’El Idrissi) qui s’exprime dans les sites de la bordure atlantique. La poterie est richement décorée, juxtaposant plusieurs motifs, associant volontiers flammes et cannelures, développant la technique pivotante, des motifs en résille ; des fonds plats apparaissent. Néanmoins, si ce décor et quelques formes de poterie rattachent le Cardial marocain au Cardial ibérique, il reste original. 1 .- A. El Idrissi reconnait quatre phases : les phases B et C se rapportent incontestablement au Néolithique moyen, la phase A, reconnue seulement dans la province de Tetouan à Kaf Boussaria et Kaf Taht el Ghar, par sa chronologie se placerait en fin de Néolithique ancien et la phase D au Néolithique récent.

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Un néolithique pastoral Les similitudes entre ces céramiques et celles du reste du bassin de la Méditerranée occidentale, en particulier de la péninsule ibérique, proposent des échanges entre les deux continents. Si la question du franchissement du détroit de Gibraltar, souvent controversé en raison de courants violents, paraît résolue, le sens de propagation de la néolithisation n’est encore pas assuré. La présence d’un Néolithique antérieur au Cardial redonne corps à la proposition de P. Bosch Gimpera qui, en 1932, alors que Capsien et Néolithique de tradition capsienne tels que présentés par R. Vaufrey, dominaient le paysage de la Préhistoire méditerranéenne, évoquait une influence sud-nord dans le processus de néolithisation de la péninsule ibérique et un Néolithique circum-méditerranéen. Combattu par Bernabo Brea à la suite de ses travaux sur le site des Arene candide, le « Néolithique méditerranéen » a repris corps avec l’ouvrage de G. Camps. Achakar Le Cap Achakar doit ses nombreuses grottes à un vaste réseau karstique dans lequel Ch. Tissot identifia des occupations préhistoriques dès la fin du 19ème siècle. La grotte des Idoles, la plus connue, est précédée d’un porche où G. Buchet mena les premiers travaux en 1906, l’intérieur de la grotte fut fouillé entre 1923 et 1928 par le R.P. H. Koehler. La couche archéologique épaisse de 1,20 m, fut subdivisée en trois niveaux par G. Buchet : le niveau inférieur, cardial, était surmonté d’un niveau à céramique rouge sur lequel repose un niveau de l’Age du Bronze. A l’intérieur, H. Koehler trouvait la même succession, avec un niveau cardial reposant sur une argile stérile d’où ont été retirés des restes humains. A l’entrée de la grotte, en position stratigraphique indéterminée, se trouvait une quarantaine de figurines en terre cuite auxquelles la grotte doit son nom. Mesu-

Fig. 46 – Néolithique cardial. Décors de poterie : 1, 2) flammes crénelées ; 3) cannelures ; 4) cannelures+hachures crénelées ; 5) hachures crénelées ; 6, 7, 12) flammes striées ; 8) dents striées ; 9) galons ; 10) incised wavy line ; 11) cercles+cannelures+cercles ; 13) galons+cordon écrasé ; 14) palmettes. (Origine : 1 à 3, 11) Mugharet el Khail ; 4 à 10, 12, 13) Mugharet el Aliya ;14) Mugharet es Saifiya. (d'après Gilman, 1975).

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Sahara préhistorique rant entre 3 et 5 cm, de forme grossièrement phallique, certains détails ont conduit G. Buchet, puis H. Koehler, à des interprétations anthropomorphes. H. Camps-Fabrer les rattache aux idoles méditerranéennes et à un culte de la fécondité. La céramique est abondante, les fouilles Koehler ont mis au jour plusieurs vases entiers et de nombreux tessons. Le décor parallèle ou perpendiculaire à l’orifice, est souvent fait d’impressions crénelées, traits, flammes, palmettes ; un pastillage ou des cordons rapportés qui peuvent être décorés, sont courants. Les vases ont une forme légèrement ovoïde, plus ou moins large, avec un léger rétrécissement séparant la panse de l’orifice sans créer véritablement un col. D’autres ont un fond quasiment conique et peuvent avoir un col droit ou un bord resserré. La pâte est grossière, à dégraissant minéral volumineux, les parois sont épaisses, plus de 10 mm. Un vase « grain de blé », à col, offre une décoration recherchée avec deux arcs de cercles concentriques à chaque extrémité de la panse, et entre elles, des incisions doubles limitant des bandes horizontales à motif crénelé vertical, motif qui se retrouve sur le col et le fond du vase. Parmi le matériel osseux, figure un fragment d’omoplate portant 14 entailles parallèles et un os long sectionné en tube. A. Gilman qui a repris l’étude du matériel, reconnaît des chèvres dans les niveaux datant du 5° millénaire. Des mesures de thermoluminescence effectuées sur un tesson du fonds Koehler venant de la base du remplissage, ont donné 6900 ± 600 B.P. (55504350 av. J.-C.) et des mesures sur charbons par AMS, 5630 ± 80 B.P. (45404360 av. J.-C.). La datation des restes humains leur accorde un âge très récent, 1505 ± 35 B.P. (540-620 ap. J.-C.). El Khril L’appellation grottes d’El Khril désigne plusieurs cavités1 à remplissage archéologique, voisines de la Grotte des Idoles. A Mugharet el Aliya, une fouille portant sur 75 m2 et atteignant 1,45 m de profondeur, fut menée de 1936 à 1938 par le Dr Nahon et H.A. Doolittle, auxquels s’adjoignit en 1939, une équipe américaine dirigée par C.S. Coon, une dernière campagne eut lieu en 1947 dirigée par H. Hencken. Les résultats furent publiés en 1947 par B. Howe et J. Movius et 1967 par B. Howe. Les travaux, repris en 2000 dans le cadre d’un programme de recherche maroco-belge, se sont intéressés plus particulièrement au niveau atérien reconnu par les équipes américaines à la base des dépôts2. Mugharet el Khail, au nord du cap Spartel, fut fouillé sous la direction de H. Hencken en 1947. Mugharet es Saifiya au sud du cap, fut également fouillé en 1947, sous la direction de C.S. Coon. Ces deux fouilles ne furent publiées qu’en 1975 par A. Gilman qui fait état de deux niveaux néolithiques ne différant guère que par leur poterie, à décor cardial typique dans le niveau inférieur, à motifs de dents ou de sillons pointillés parallèles et espacés évoquant la céramique tellienne pour le niveau supérieur qui renfermait également une céramique rouge polie. En 1958, A. Jodin avait repris les travaux dans les grottes qu’il nomme A (Mugharet el Aliya ?), B (Mugharet es Saifiya) et C (Mugharet el Khail ?) ; 1 .- Dites A, B, C ou Mugharet el Aliya, Mugharet es Saifiya, Mugharet el Khail. Pour certains, la Grotte A serait Mugharet el Aliya, pour d’autres ce serait Mugharet el Khail. 2 .- Cf T. I. p. 218.

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Un néolithique pastoral malgré quelques variations d’une grotte à l’autre, il retrouvait les séquences de la Grotte des Idoles : Cardial reposant sur le substratum, Néolithique récent, Age du Bronze. Dans la Grotte C où des encroûtements assurent un minimum de remaniements, la céramique cardiale est mêlée à une céramique décorée de cannelures puis, au-dessus d’un lit stalagmitique, intervient une céramique incisée et une céramique rouge lisse. En 1984, la mission archéologique franco-marocaine retrouvait une figurine identique à celles de la grotte d’Achakar et datait le niveau à céramique cardiale de 6400 ± 500 et 5950 ± 350 B.P. (Cle 118 et Cle 119) (4920-3920 et 4320-3620 av. J.-C.) par thermoluminescence. Une datation sur charbons 5720 ± 114 B.P. (Rabat119) (4810-4350 av. J.-C.) a confirmé cet âge. L’industrie lithique1, pauvre, comporte essentiellement des éclats et lames retouchés, 62 %, des coches et denticulés, 17 %, les lames ou lamelles à dos n’atteignent que 9 %, les perçoirs 4 %, les grattoirs 3,6 %. Il y avait quelques têtes de flèche à tranchant transversal, mais pas de microlithe géométrique. Des haches proviennent des grottes C et B. Gar Kahal Autre site en grotte proche de Tétouan, Gar Kahal fut découvert en 1953 par le Dr Apffel et fouillée par M. Tarradell en 1954. Celui-ci reconnaissait quatre niveaux au-dessus d’un dépôt de type ibéromaurusien ; il rapportait les deux niveaux inférieurs au Néolithique cardial, les niveaux sus-jacents au Campaniforme et à l’Age du Bronze, et accordait à cette séquence une valeur régionale. La céramique cardiale du niveau inférieur était associée à des tessons peints de lignes parallèles et de quadrillages qui posaient problème, même en étant rattachés à la céramique peinte de Serraferlicchio en Sicile, par J.D. Evans. Les travaux menés en 1987 par J.P. Daugas et J.P. Raynal ont remis en cause cette stratigraphie et montré que les niveaux sont totalement remaniés sur toute leur épaisseur. Les tessons peints ont fait l’objet d’une longue étude de J. Onrubia-Pintado qui y voit « l’un des précédents de la céramique modelée et peinte domestique du Maghreb occidental », tandis qu’ils sont attribués par J.P. Daugas à des poteries médiévales locales. Ifri Oudaden Abri côtier situé à l’ouest de Melila, parfois transcrit Oudadane, il comporte 2,5 m de dépôts archéologiques. Les fouilles faites de 2006 à 2011 par l’INSAP et la KAAK2, par niveaux arbitraires de 5 cm, portèrent sur une surface de 12 m2. A la base, un niveau épipaléolithique est daté de 6780 ± 40 B.P. (Beta316137) (5710-5650 av. J.-C.), il supporte un niveau néolithique dans lequel ont été identifiées trois phases. La phase ancienne datée de 6740 ± 50 B.P. (Beta295779) (5700-5625 av. J.-C.) comporte une industrie lithique pauvre avec lames à coches, une poterie à vases ovoïdes, décor de cardium d’abord de l’ordre de 70 %, diminuant jusqu’à n’atteindre que 13 % ; une pratique de l’élevage est 1 .- Cf Annexes p. 569. 2 .- Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, Rabat et Kommission für Archäologie Außereuropäischer Kulturen des Deutschen Archäologischen Instituts, Allemagne.

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Sahara préhistorique attestée. La phase moyenne possède des vases à fond rond qui n’existent pas dans les autres phases, elle atteste la culture de céréales, légumes, ainsi que la pêche en mer. La phase récente est datée de 5000 ± 30 B.P. (KIA39296) (39003730 av. J.-C.). La poterie est dégraissée naturellement par de l’andésite venant du gebel Amar voisin. Elle présente souvent un col droit ou éversé, quelques pièces sans col sont assimilables à des jattes. Elle peut porter des éléments de préhension, volontiers des boutons qui peuvent se grouper par deux placés l’un au-dessus de l’autre ou présenter près du bord une perforation susceptible de recevoir un lien. Un décor au cardium produit des lignes, des bâtons ponctués, parallèles, groupés en registres ou en damier, des cordons peuvent eux-mêmes être décorés. Ce décor évolue par réduction. Kaf Taht el Ghar La grotte de Kaf Taht el Ghar, grotte karstique du massif calcaire des BéniHosmar, proche de Tétouan, fut fouillée par M. Tarradell peu après Gar Kahal. Sur 2 m d’épaisseur, il dégageait une stratigraphie quelque peu différente de Gar Kahal, avec une céramique cardiale à la base. Entre 1989 et 1994, les fouilles étaient reprises par J.P. Daugas et A. Mikdad. Elles ont porté sur 75 m2 et montré de nombreuses perturbations affectant le remplissage, néanmoins, diverses phases ont été reconnues dans le niveau cardial et un mince niveau sans céramique, ayant des affinités avec le Kérémien, identifié au-dessous. Il est daté de 9910 ± 50 et 9868 ± 75 B.P. (Ly7287 et Ly7695) (9620-9030 et 9520-9000 av. J.-C.) ; un grain d’orge cultivé y a été identifié, mais tout porte à croire qu’il s’agit d’une intrusion. Le Néolithique ancien a livré deux niveaux cardial. Une phase initiale qui se placerait entre 8765 ± 176 et 7136 ± 156 B.P. (Rabat 66 et 65) (8160-7600 et 6200-5820 av. J.-C.), se traduit par quelques tessons de poterie décorée de motifs au cardium et de motifs incisés, elle traduirait une fréquentation sporadique. Puis apparaît une autre phase d’occupation sporadique qui comporte une céramique lisse, accompagnée de quelques tessons à motifs cannelés ou d’impressions à la coquille. Elle utilise des nucléus en plaquette et un débitage au percuteur dur, un outillage à base de lamelles à dos et de pièces à coches. Une troisième période, saisie à 6050 ± 120 B.P. (Ly3821) (5200-4790 av. J.-C.), est une occupation généralisée qui présente deux phases. Dans la première, des aires d’activités sont bien individualisées, la céramique à motifs coquilliers prédomine, elle est associée à des motifs de cordons et pastillages et à des motifs de cannelures, ces dernières devenant de plus en plus fréquentes. Un débitage pression coexiste avec le précédent. Les coches prédominent, accompagnées de microlithes géométriques, trapèzes et triangles. Dans la seconde, l’espace est beaucoup moins structuré, la poterie offre de nettes différences. Les cordons et les pastillages ont presque disparu, le décor cardial se raréfie, les cannelures augmentent, atteignant près du quart des effectifs, la céramique lisse est plus fréquente. Les lames et lamelles à dos deviennent plus nombreuses, les trapèzes rectangles dominent le groupe des microlithes géométriques.

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Un néolithique pastoral La flore rapporte un paysage ouvert à Graminées et Composées. A. Ballouche y voit « une clairière défrichée dans un environnement forestier méditerranéen à base de chêne vert ». Trois espèces de blé, blé amidonnier Triticum dicoccum qui domine, blé dur Triticum aestivum/durum, peut-être engrain Triticum monococcum, une espèce d’orge Hordeum vulgare var. nudum, des Légumineuses, gesse ocre Lathyrus cf ochrus, fèves Vicia cf faba viennent des niveaux de Cardial ancien. Un carpe calciné daté de 6350 ± 85 B.P. (Ly-971 0XA) (54805320 av. J.-C.) par AMS, rapporte la pratique d’une céréaliculture dès la première moitié du 6ème millénaire, ce qui est conforme aux données espagnoles. Dans les niveaux récents, l’abondance de Valerianella paraît indiquer une consommation de mâche, consommation bien connue ailleurs en Méditerranée. La faune comporte Sus scrofa, Cervus elaphus, Bos primigenius, Gazella cuvieri, Redunca redunca, Oryx v. dammah, quelques carnivores avec Felis, Oryctolagus cuniculus. On retrouve Hystrix cristata, Testudo. L’élevage est bien attesté dès le début de la troisième période avec des restes attribués à Bos taurus, Sus domesticus, Canis domesticus, Capra hircus, Ovis aries et prédominance de ces derniers. Antérieurement, dès la fin de la Première période, interviennent quelques restes de chèvres dont le nombre croit fortement, de même que celui de petits ruminants et de Suidés dès le début de la Deuxième période. Kaf Boussaria Découverte en 1994 par A. El Idrissi, cette grotte est distante de deux kilomètres de Kaf Taht el Ghar. Le remplissage archéologique, épais de 1,20 m, dont 9 m2 ont été fouillés, a montré la succession suivante : argile rouge stérile, niveau charbonneux à poterie incisée et impressionnée, niveau brun à poterie cardiale, niveau brun « néolithique moyen récent », puis Campaniforme, le tout scellé par une bergerie moderne. Le niveau inférieur qui est daté de 7589 ± 166 B.P. (Rabat 57) (6755-6045 av. J.-C.), renferme une poterie à fond arrondi, col très court, plus ou moins évasé, un décor imprimé ou incisé couvre l’essentiel de la surface de quadrillages, chevrons, ponctuations. Il n’y a aucun motif coquillier. Le niveau cardial renferme de l’orge Hordeum vulgare var. nudum, du blé Triticum sp., des fèves Vicia faba auprès de Graminées et autres Papilionacées. Il dispose d’une faune dans laquelle le mouton est mieux représenté que la chèvre, les Suidés sont présents sous forme sauvage et domestique et où il y a peu de grands ruminants. La présence d’ours notée dans les niveaux inférieurs fait valoir une occupation seulement intermittente par les hommes. Oued Tahaddart Habitat de plein air, le site occupe 500 x 200 m à une trentaine de kilomètres au sud de Tanger. Découvert en 1970 par G. Hadacek, il a donné lieu à diverses récoltes qui apportent une connaissance précise de la poterie avec des vases à fond rond ou conique, pouvant présenter un léger rétrécissement d’où émerge un col. Les motifs de cannelures, souvent très élaborés, qui prédominent, font l’originalité du site. Diverses datations permettent de le rapporter au milieu du 5ème millénaire. De nombreuses vertèbres de thon, parfois aménagées en grains d’enfilage, ont permis d’évoquer « une aire de pêche spécialisée ».

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Sahara préhistorique

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Dans l’est et l’ouest du Sahara septentrional et du Tell, le Néolithique n’offre pas les mêmes traits malgré un fond d’outillage comparable et qui évolue de manière parallèle. La céramique est l’un des témoins les plus marquants de cette différence. Le Tell occidental a connu deux cultures néolithiques, l’une, allochtone, le Néolithique cardial, est venue d’Europe, l’autre, autochtone, le Néolithique tellien, du Sahara. Le Néolithique cardial aurait franchit le détroit de Gibraltar au 8ème millénaire, se développant le long du littoral atlantique au moins jusqu’à Rabat et assurant au moins des contacts le long du littoral sud méditerranéen, peut-être jusqu’à Bejaïa. Il se caractérise par sa céramique à décor coquillier. Longtemps, il a été supposé l’un des vecteurs de néolithisation du Maghreb car il s’y place à la base des dépôts à céramique de la région tingitane ; ce rôle est remis en cause à la suite de nouveaux travaux menés dans la région qui ont identifié, au-dessous du niveau cardial, un niveau à céramique différente. Le Néolithique tellien qui le surmonte dans divers gisements, le supporterait parfois ; il connaît une extension beaucoup plus vaste. Son outillage reste lamellaire évoquant l’Ibéromaurusien dont il occupe les territoires occidentaux. Il se caractérise par une poterie à fond ovoïde large, nantie d’éléments de préhension autour desquels s’organise le décor. La pâte est faite de terre franche. Longtemps, on a cru à une expansion nord-sud, aujourd’hui, certains la revoient au profit d’un courant inverse qui serait le véhicule de la néolithisation du Tell occidental.

Environs de Rabat Le Cardial a été retrouvé dans diverses grottes des environs de Rabat où il coiffe l’occupation ibéromaurusienne. Les motifs utilisés sur la face atlantique le distinguent de ceux de la péninsule tingitane. A El Harhoura 2, la couche 1 qui est perturbée, contient de la céramique appartenant à diverses cultures dont de la céramique cardiale ; c’est un dépôt cendreux noir, pouvant atteindre plus d’1 m d’épaisseur, il est très riche en coquilles de mollusques terrestres et marins, a livré six sépultures humaines sans mobilier funéraire. Le matériel lithique est assez fruste, surtout composée d’éclats accompagnés de rares lames et lamelles. Elle est datée de 6978 ± 167 B.P. à 5 800 ± 150 B.P. (Uq1601) (6010-5720 à 5070-4415 av. J.-C.). A El Mnasra 2 (Grotte du Casino), le cardial est présent au sommet des dépôts. La partie fouillée qui renfermait 18 squelettes, a livré de nombreux tessons, deux micro-vases évoquant la poterie d’Achakar, dont un associé à des restes humains incomplets et perturbés et une céramique lisse dont un vase de forme cardiale qui a pu être en partie reconstitué. Aux Contrebandiers (El Mnasra 1), la poterie récoltée par J. Roche dans le niveau néolithique renferme des tessons typiques du cardial.

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Un néolithique pastoral Le Néolithique de tradition capsienne En 1933, s’appuyant sur les gisements de Jaatcha et Redeyef, R. Vaufrey nommait Néolithique de tradition capsienne1 des ensembles industriels à poterie, marqués par l’abondance des microlithes géométriques. Pour cet auteur, il s’agissait de l’ultime développement du Capsien supérieur, lui-même issu du Capsien typique. En 1939, il lui accordait un territoire immense, l’étendant jusqu’au Congo ! Autant l’expression Néolithique de tradition capsienne avait rencontré de succès, autant cette extension allait être battue en brèche. Les travaux de Ch. Goetz, L. Balout et E.G. Gobert s’inscrivaient dans une optique différente. En 1955, L. Balout nommait Néolithique I, les industries dans lesquelles les rectangles, têtes de flèche, pierre polie apparaissaient discrètement et dont les plus anciens témoins allaient se placer vers 6500 B.P. (5500 av. J.C.). Il occupait le Maghreb à l’est du méridien de Constantine, existait en voile à la surface de nombreuses escargotières, intervenait peut-être dans certaines grottes. Celles de Constantine -Grottes des Ours (=Ghar Zahar), du Mouflon, des Pigeons-, fouillées par A. Debruge en 1909 et 1916, ont fourni un outillage lithique mal connu, probablement sans tête de flèche, à céramique rare, pauvrement décorée, mais où l’outillage poli serait courant et l’outillage osseux abondant. Sa pauvreté en poterie opposait ce faciès au Néolithique II, à poterie abondante, pauvre en art mobilier, qui couvrait les régions occidentales. En 1963, en reconnaissant en Ahaggar, un Néolithique n’ayant aucun des traits qui font le Néolithique de tradition capsienne, H.J. Hugot portait le coup de grâce à l’extension prônée par R. Vaufrey. Divers travaux, divers auteurs, en particulier H. Camps-Fabrer, C. Roubet allaient contribuer à préciser ses caractères. En 1979, s’appuyant sur une reprise de l’étude du gisement du Khanguet Si Mohamed Tahar, C. Roubet en donnait une définition très restrictive qui pourrait remettre en cause des dénominations paraissant trouver l’accord des auteurs et devenues traditionnelles. Le Néolithique de tradition capsienne dispose d’un ensemble industriel microlithique dans lequel les pièces à coches et denticulés, les microlithes géométriques jouent un rôle essentiel, ces derniers l’individualisant et le distinguant du Néolithique tellien. L’autruche est omniprésente par ses œufs utilisés comme bouteilles, dont les débris deviennent des coupes, disques, pendeloques, rondelles d’enfilage. Ces récipients pouvaient être décorés. Ils pouvaient aller au feu ainsi que le montrent parfois des traces de calcination. Est-ce en raison de leur disponibilité que l’attitude vis à vis de la poterie est des plus réservée ? Partout, elle est peu abondante, certains sites tel Botma Si-Mammar2, divers gisements de la région de Ouargla, n’en possèdent même pas. De forme conique, peu décorée, la poterie du Néolithique de tradition capsienne privilégie un dégraissant calcaire, volontiers fait de coquilles écrasées, accorde peu d’intérêt au décor et conservera les mêmes caractères durant deux millénaires. 1 .- L’expression est souvent abrégée en NTC. Tradition capsienne ne doit pas être compris comme issu du Capsien, mais comme offrant des traits qui existent antérieurement dans le Capsien. 2 .- Petit gisement de la région d’Ouled Djellal, découvert en 1967 par D. Grébénart, daté de 6880 ± 100 B.P. (Mc328) (5840-5640 av. J.-C.), il se placerait dans les débuts du Néolithique de ces régions.

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Sahara préhistorique En zone saharienne, assez de différences interviennent dans les sites pour que plusieurs ensembles aux structures industrielles bâties autour des microlithes géométriques, aient pu être définis. Néanmoins certains sites restent singuliers, ainsi Khellal II quelques centaines de km au sud de Ouargla, où les lamelles à dos prédominent, pourrait appartenir à un faciès encore non précisé. Faible surface couverte de matériel peu dense, sans limites sensibles, il est daté de 7750 ± 100 B.P. (Mc401) (6680-6460 av. J.-C.). De nombreuses pierres noircies par le feu, regroupées, évoquent des foyers distants de quelques mètres les uns des autres. Outre les lamelles à dos, l’industrie lithique1 comprend des grattoirs, des pièces à coches et denticulés. Les pièces esquillées sont particulièrement nombreuses. La parure limitée à une rondelle d’enfilage en test d’œuf d’autruche, témoigne d’une grande indigence bien que l’œuf d’autruche abonde. La poterie, en quantité sensible mais petits fragments, se singularise par l’emploi d’un dégraissant de sable très ferrugineux et l’absence de décor. En territoire capsien, G. Camps reconnaît divers faciès géographiques ; ils offrent une évolution semblable dans laquelle il identifie trois stades : - La phase initiale est dite Capsien néolithisé. Comme les niveaux capsiens précédents, elle comporte de nombreuses pièces à coches, denticulés et microlithes géométriques. La présence néolithique est toujours discrète, ne se distinguant du Capsien que par la manière dont sont façonnées les rondelles d’enfilage et par la présence de rares têtes de flèche, à tranchant transversal pour la plupart. Parmi les microlithes géométriques apparaît la forme rectangle. La poterie manque. C’est ce faciès qui est présent à la surface des escargotières, qui se trouve à l’Abri 402, Redeyef, dans les niveaux profonds du Khanguet Si Mohamed Tahar, Aïn Naga, Djebel Fartas2, El Marhsel (= Daklet el Youndi)3, Mechta el Azla4, Harmelia5. Il a été d’abord reconnu dans le niveau supérieur de l’Aïn Kouka par G. Laplace qui le dénomma. Dans ce niveau, la néolithisation est traduite par la prédominance des trapèzes, et non plus des triangles, et par la présence de pièces foliacées. - La phase suivante, Néolithique Capsien ou faciès Damous el Ahmar, conserve les trois quarts du fond industriel capsien. Mais les pièces à coches et denticulés, les microlithes géométriques sont moins nombreux, les grattoirs plus fréquents, des racloirs, lames à dos, têtes de flèche interviennent en nombre plus ou moins sensible. Il est connu, outre le gisement princeps, dans les couches moyennes du Khanguet Si Mohamed Tahar, à Ouled Zouaï, Ksar Tebinet. - La troisième phase, faciès Bou Zabaouine, est connue à Bou Zabaouine, dans les niveaux supérieurs du Khanguet Si Mohamed Tahar, au Djebel Marhsel6. Les lamelles à dos n’ont qu’un rôle insignifiant, pouvant tomber à moins de 3 %, les racloirs abondent, les têtes de flèche sont fréquentes, le matériel de broyage foisonne, la poterie quoique un peu plus courante, reste modeste. L’outillage osseux est remarquable. La parure se multiplie en particulier avec des perles de pierre. 1 .- Cf Annexes p. 567. 2 .- Cf Annexes p. 571. 3 .- Cf Annexes p. 573. 4 .- Id. 5 .- Cf Annexes p. 570. 6.- Cf détail de l’industrie p. 573.

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Un néolithique pastoral Le Faciès El Bayed Le faciès El Bayed occupe le sud du Grand Erg Oriental, tout particulièrement la région de Temassinine où il paraît très homogène. C’est une partie de ce que R. Vaufrey nommait faciès de l’Igharghar et qu’il étendait de Biskra aux abords du Tassili n’Ajjer-Ahaggar en englobant le Tidikelt et le Gourara. S’appuyant sur la forme des têtes de flèche, H.J. Hugot en faisait un faciès particulier de la province de Ouargla. Pour G. Camps, ce serait un des types du Néolithique de tradition capsienne. Il est défini par la coexistence, tout ou partie, d’une mèche de foret, la pointe de Labied (fig. 89), d’une lamelle à dos, la pointe de Temassinine (fig. 89), d’une tête de flèche à base profondément échancrée et angles arrondis (type a25 de Hugot) qui lui donne une forme de cœur. Il dispose d’un triangle dit pointe d’Izimane dont l’un des côtés est retouché en grattoir (fig. 89), d’un racloir limace de forme caractéristique, d’une scie sur lame épaisse aux dents obtenues par retouche pression. Les microlithes géométriques sont peu nombreux. Les lamelles peuvent occuper une place notable, ce sont de fines lamelles rectilignes, souvent des aiguillons droits. Le style des racloirs, à retouches parallèles, est remarquable (fig. 47). Le faciès semble perdurer quelque 3000 ans sans changement majeur. Une lente évolution s’est produite par simple diminution du nombre de lamelles à dos et augmentation de celui des têtes de flèche. Izimane pourrait apparaître comme son expression récente et son évolution pourrait être jalonnée par une industrie comme celle connue à Oued Labied1. El Bayed El Bayed a été identifié en 1966 par une mission du CRAPE dirigée par G. Camps, au nord-ouest de Temassinine, dans l’extrémité occidentale du Grand Erg Oriental. Un matériel très dense, provenant en majorité de plaquettes ou petits rognons de silex brun, couvre une surface de 1000 à 1200 m de long, 700 à 800 m de large, et protège des lambeaux de couche archéologique. L’indice de débitage n’atteint que 72, celui de transformation 12. Une retouche abrupte est courante, la retouche Ouchtata est employée. Le site est daté de 7300 ± 200 (Mc152) et 7250 ± 100 B.P. (Gif1931) (6360-5990 av. J.-C. et 6220-6230 av. J.C.). L’outillage2, lamellaire, est riche en armatures et perçoirs, avec néanmoins un éventail ouvert où les racloirs viennent en troisième position. Le groupe perçoir consiste essentiellement en mèches de foret dont le dixième est une pointe de Labied. Les lamelles à dos sont effilées, souvent obtenues sur enclume, le bord opposé peut porter des retouches et passer à des pointes de Temassinine. Les scies sont particulièrement nombreuses, certaines méritent l’appellation de limaces. Les têtes de flèche donnent la prédominance à de grandes formes pédonculées et au type a25, à base concave et ailerons arrondis. Les microlithes géométriques, peu nombreux, se répartissent entre trapèzes et triangles, les segments sont rares et il a été trouvé un rectangle. Le matériel de broyage abonde. La poterie, très rare et en menus fragments, n’a pas permis d’identifier de forme, 1 .- Etudiée d’abord comme une collection d’origine imprécise, il s’est ensuite avéré que cet ensemble provenait d’un seul site qui a pu être identifié. Cf détail de l’industrie lithique Annexes p. 567. 2 .- Cf Annexes p. 567.

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Sahara préhistorique

Fig. 47 – Néolithique de tradition capsienne Facies El Bayed. Industrie lithique : 1) grattoir ; 2) mèche de foret ; 3, 4) perçoirs ; 5, 6) pointes de Labied ; 7) lamelle à dos rectiligne et base arrondie ; 8, 15) pointes de Temassinine ; 9) lamelle à dos rectiligne et base retouchée ; 10) burin ; 11) lame à dos gibbeux ; 12) lame à dos partiel et base tronquée; 13, 22) scies sur lame ; 14, 24) triangles ; 16) tête de flèche à base concave ; 17) trapèze ; 18) coche sur éclat à bord abattu ; 19) tête de flèche à base concave et ailerons arrondis ; 20) tête de flèche à base convexe ; 21) segment ; 23) tête de flèche losangique ; 25) scie sur éclat ; 26) racloir sur éclat à base rétrécie ; 27) racloir circulaire ; 28) racloir convexe à retouche bifaciale ; 29) racloir double sur lame. (Origine : 1, 3, 16, 20, 23, 27) Izimane, d'après Roubet, Libyca, 1970 ; 2, 4, 5, 6, 8, 11, 12 à 14, 17, 21, 24, 26, 28, 29) Oued Labied, d'après Aumassip, Libyca, 1967 ; 7, 9, 10, 15, 18, 19, 22) El Bayed. (d'après Aumassip, Libyca, 1968) ; 25) scie. Chabet Rechada. (d'après de Morgan, 1925).

ni de mode de façonnage. Le décor reconnu utilise le motif pseudo-cordé courant dans la région de Ouargla et des ponctuations au peigne ; un tesson était orné de dotted wavy line. L’essentiel des récipients allant au feu consiste en œufs d’autruche dont les restes, nombreux sur le site, peuvent présenter des traces de calcination. Il n’a pas été retrouvé de restes osseux. La parure a été aménagée dans des coquilles d’œuf d’autruche transformées en rondelles d’enfilage, dans des oursins fossiles venant de terrains voisins et qui ont été perforés. Des pierres ont été polies ou gravées comme un éclat cortical qui supporte les restes d’un quadrillage ornant la pierre dont il est issu.

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Un néolithique pastoral Izimane Izimane est un site de surface reconnu par J. Mateu à l’est de Temassinine, pour lequel il a obtenu la date de 3600 ± 100 B.P. (Gif1655) (2130-1780 av. J.-C.). En 1971, à l’instar des autres sites sahariens, C. Roubet l’exclut du Néolithique de tradition capsienne. Le site couvre une centaine d’hectares non loin de formations marécageuses. Toutefois, A. Bonnet y aurait retrouvé une butte de 3 m de haut, datée de 8060 ± 140 B.P. (7290-6710 av. J.-C.) à la base, 6780 ± 140 B.P. (5790- 5560 av. J.-C.) au sommet, qui renferme de l’industrie en place dans un niveau noirâtre. Elle est coiffée d’une couche calcaro-argileuse que scelle une croûte calcaire dont le sommet est daté de 4200 ± 180 B.P. (3010-2500 av. J.-C.). On ne connaît pas l’industrie de ces divers niveaux et on ignore les relations pouvant exister entre les données de ces deux témoignages. Le matériel récolté par J. Mateu, étudié par C. Roubet, montre les mêmes outils, le même style qu’à El Bayed, mais, sauf échantillonnage non représentatif, les proportions ont changé1. Possible terme ultime du faciès El Bayed, les lamelles à dos y ont fortement régressé au profit des têtes de flèche et pièces foliacées. Les nucleus en mitre, pièces qui supposent un artisanat, sont nombreux. La poterie, en fragments plus grands et plus nombreux qu’à El Bayed, a permis d’identifier des vases sphériques qui peuvent être munis d’un col court, ils portent un motif pseudo-cordé, des dents ou des flammes. La parure est fréquente, grains d’enfilage à grande lumière centrale, oursins fossiles, perles, labret en agate. Une coquille de Nassa gibbosula usée jusqu’à la columelle traduit des relations avec le golfe de Gabès. L’Hadjarien L’Hadjarien, faciès daté de 6900 ± 110 (Mc530)2 à Dmirat Sbah II à 5125 ± 140 B.P. (ALG55) à Ashech G2 (5890-5670 à 4220-3710 av. J.-C.), a été identifié entre 1967 et 1970, par des missions du CRAPE3. Il n’utilise pas la poterie. Il a été défini par la présence conjointe de trapèzes à côté(s) convexe(s), scalènes perçoirs à angle arrondi, armatures en écusson4 (fig. 48). Il est connu au sud de Ouargla, sur une aire restreinte liée à des sebkhas surcreusées par le vent5. Ces points bas du paysage servirent alors de bassin de réception aux écoulements, les argiles véhiculées par les eaux imperméabilisant leur fond en se déposant. Au cours d’une occupation des sites qui ne montre aucune discontinuité, le débitage lamellaire régresse légèrement au profit des éclats. Les indices de transformation sont toujours très bas, inférieurs à 5, alors que les indices de débi1 .- Cf Annexes p. 567. 2 .- Le gisement Le Signal ayant donné une date plus ancienne 8050 ± 110 B.P. (7180-6770 av. J.-C) (Mc400) pose problème, par ses caractères qui, à ce jour, ne sont pas connus dans d’autres sites, et qui pourraient traduire le télescopage de deux occupations, l’une hadjarienne, l’autre mellalienne, qui n’ont pu être démêlées. 3 .- Les gisements hadjariens ont eu un rôle essentiel dans le développement de l’archéologie du Sahara. Certains qui présentaient des restes de couche archéologique sous une nappe de pierres taillées, ont permis en comparant surface et couche, d’apprécier la fiabilité des études portant sur les sites de surface jusqu’alors relégués en raison des possibilités de mélanges, vues souvent et sans argument, comme certitudes. 4 .- Ce type de tête de flèche pourrait marquer le Néolithique le plus ancien du Bas-Sahara. 5 .- L’alignement de ces sebkhas a parfois conduit à les interpréter comme vestiges du lit de l’oued Mya. Il n’en est rien, le lit de l’oued Mya est plus oriental. Elles-mêmes résultent d’un accident qu’il y a sans doute lieu de relier à la surrection de la Dorsale saharienne et situer fin Villafranchien.

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Sahara préhistorique tage sont supérieurs à 70. Des nucleus cannelés traduisent l’emploi d’un débitage pression, ils proviennent de nucleus en mitre dont la fréquence dans certains sites suggère un colportage. Des formes à deux plans de frappe opposés non parallèles, montrent des relations avec le Mellalien qui occupait antérieurement le même territoire. L’éventail des outils est très ouvert, mais assez nuancé d’un site à l’autre. Les microlithes géométriques constituent près du quart des outils avec suprématie des formes allongées, primauté des trapèzes à côté convexe qui peuvent atteindre de grandes dimensions1 et des scalènes perçoirs à angle arrondi qui présentent des valeurs comparables. De nombreuses lamelles à dos appartiennent aux types à bord abattu partiel ou rectiligne. Les microburins, les pièces à coches sont fréquents, dans ce dernier groupe, les scies sont nombreuses et une forme à front convexe, dents arrondies est remarquable. Les burins connaissent une forme typique, un burin double ayant un enlèvement de coup de burin latéral, outrepassé, servant d’appui à un enlèvement de direction opposée. Les têtes de flèche ont une représentation intéressante avec des formes pédonculées, à pédoncule court, voire très court, et des formes à écusson. Les grattoirs sont façonnés avec soin, leur front est régulier, bien arrondi, ils sont souvent faits sur lame ; le type rabot à front haut et oblique est caractéristique. L’œuf d’autruche abonde, généralement peu décoré et toujours à l’aide de motifs rectilignes. Le matériel de broyage est présent ainsi que, parfois, des haches taillées. Des fragments de pierre polie ont montré l’utilisation de cette technique. Ashech III, El Hadjar-sebkha, Bonh Behl sont les plus riches témoins du faciès et traduisent très peu de différences d’avec des sites de moindre importance comme Chaambi III2. Ashech III (=Site 6910) Petit gisement de 30 x 20 m, il se situe à une dizaine de kilomètres d’Hassi Berkane et présente une couche archéologique épaisse de 0,15 à 0,65 m, protégée par une nappe de pierres taillées due à la destruction de sa partie supérieure par la déflation. Il est daté de 5300 ± 230 B.P. (Alg32) (4350-3810 av. J.-C.). Deux structures circulaires de 3 m de diamètre, limitées par un bourrelet de nodules gréseux qui ont été interprétées comme des fonds de huttes, renfermaient la quasi-totalité du matériel ; il était pris dans un sédiment noirâtre qui tranchait avec le ton fauve du reg encaissant, et se prolongeait en une bande partant de l’ouverture, s’éclaircissant en s’éloignant pour disparaître à 2 ou 3 m. L’outillage3 utilise le même silex qu’El Hadjar et, pour le tiers, de la calcédoine. L’indice de débitage atteint 83, celui de transformation est bas, 3,1. La retouche sur enclume est moins utilisée que dans les autres sites hadjariens, une retouche oblique, envahissante s’y substitue, augmentant la fréquence des racloirs et des têtes de flèche. Un grignotage ou un émoussé est nettement marqué sur plusieurs pièces. Le décor de l’œuf d’autruche est plus volontiers complexe que dans les autres sites. Bonh Behl Situé en berge sud de la sebkha de Ouargla, le gisement Bonh Behl (=Site 6601) formait une petite butte de 200 x 60 m avant d’être écrasé par le passage 1 .- Ils évoquent certains trapèzes retrouvés dans le Capsien d’El Mekta ou d’El Mermouta. 2 .- Cf détail de l’industrie lithique Annexes p. 568. 3 .- Id.

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Un néolithique pastoral de véhicules. Il est daté de 6290 ± 120 B.P. (Mc399) (5460-4850 av. J.-C.). Une couche archéologique, cendreuse, atteignait jusqu’à 40 cm par endroits, manquait à d’autres, ce qui, à la suite des identifications faites à Ashech III, peut être interprété comme traces de fonds de cabanes. L’ensemble des fouilles faites par le CRAPE ou sous son égide par J.P. et M. Jacob, ont porté sur cinq points et un total de 2,50 m3. La densité de l’outillage en couche est très élevée, 950/m3 et comporte outre le matériel taillé, quelques percuteurs et de nombreux fragments de matériel de broyage qui suggère son abondance. L’indice de transformation est de 3,4 alors que l’indice de débitage atteint 84.

Fig. 48– Néolithique de tradition capsienne. Hadjarien. Industrie lithique : 1) grattoir ; 2) perçoir ; 3) mèche de foret ; 4, 5) burins sur troncature ; 6, 26) têtes de flèche pédonculées ; 7) scalène perçoir ; 8) scalène perçoir à angle arrondi ; 9, 10) lamelles à dos rectiligne et base tronquée ; 11) pointe de La Mouillah ; 12) lamelle à retouche Ouchtata ; 13, 14) trapèzes ; 15) lamelle à cran ; 16) éclat à bord abattu ; 17) pointe de Labied ; 18) pièce foliacée ; 19) lamelle à dos rectiligne et base retouchée ; 20, 22) perçoirs sur lamelle à dos ; 21) grand segment ; 23) scie ; 24, 25) armatures en écusson ; 27, 28) trapèzes à côtés convexes ; 29) troncature. (Origine : 1, 2, 24) Site 6710, 6, 7, 21, 25, 28) Site 6601, 3) Site 6709, 4, 10, 12, 14, 16, 18, 23, 29) Site 6910, 5) Site 6915, 8, 11, 15, 26) Site 6701, d'après Aumassip, 1972).

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Sahara préhistorique L’outillage1 a été taillé sur place, essentiellement dans une calcédoine locale, fréquente dans les formations du Quaternaire ancien. Les lamelles à dos privilégient les dos partiels, avec de préférence une retouche proximale, elles comportent quelques pièces à retouche Ouchtata. Les racloirs montrent un vaste éventail de formes. L’émoussé que présentent divers outils et des lames brutes va de pair avec l’abondance du matériel de broyage pour suggérer la récolte de Graminées. Avec un orifice apical, l’œuf d’autruche servait de récipient. Il a aussi été transformé en rondelles d’enfilage, plutôt grandes, faites en série avec une prédilection pour un diamètre de 10 mm et une lumière de 4 mm. La faune se réduit à des fragments indéterminables, à l’exception d’une dent reconstituée qui appartient au genre Bos. El Hadjar-sebkha (=Site 6710) Sur un îlot de sable non enraciné de la sebkha d’El Hadjar, le gisement couvre une surface de 100 x 50 m. Il est daté de 6160 ± 150 B.P. (Alg42) (53004860 av. J.-C.). Les fouilles menées en quatre points affectèrent un volume de 3,2 m3 montrant une couche plus ou moins cendreuse, discontinue, préservée de la déflation par le télescopage du matériel archéologique en surface. Ce matériel consiste en pierres taillées et tests d’œuf d’autruche ; en un point de la surface gisaient quelques tessons de poterie vus comme intrusifs. L’indice de transformation est très bas, 1,7, l’indice de débitage 71,5. Les outils2 sont façonnés dans un silex fréquent dans les calcaires crétacés des environs, ils sont souvent débités à partir de nucleus en mitre dont aucune trace de préparation ne se trouvait sur le site. Quelques pièces sont remarquables, des rectangles aux angles obtus, quelques éclats, lames ou lamelles avec traces d’utilisation sous forme de lustre ou de grignotage. Les meules, molettes et percuteurs sont nombreux. Les fragments d’œuf d’autruche abondent, portant un décor de traits simples ou opposés, ils proviennent de bouteilles ayant un orifice compris entre 1,5 et 2 cm. Des éléments de parure consistent en rondelles d’enfilage, Columbella rustica et Cyclonassa neritea usées jusqu’à la columelle et un cylindre de limonite de 1 x 0,45 cm, perforé. Une évolution de l’outillage se traduit par l’augmentation du groupe pièces à coches, en particulier des scies et des denticulés à coches retouchées, de celui des perçoirs par accroissement du nombre de mèches de foret, des racloirs, lames à dos, grattoirs dont aucun n’a été retrouvé en couche. Corrélativement, les microlithes géométriques et les lamelles à dos décroissent. Les techniques de travail témoignent d’un développement du débitage pression, aucun nucleus cannelé n’a été retrouvé dans la couche archéologique alors qu’ils sont nombreux en surface. Le faciès Aïn Guettara Il est connu dans la région de Ouargla et sur les franges du Tademaït. Il ne dispose d’aucun outil particulier susceptible de l’individualiser en dehors de la composition du sac à outils. Pauvre en têtes de flèche, il se caractérise par un 1 .- Cf Annexes p. 568. 2 .- Id.

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Un néolithique pastoral nombre très important de microburins et de pièces à coches ou denticulés. Les lamelles à dos, les pièces à retouche continue, microlithes géométriques restent des groupes étoffés. Les têtes de flèche appartiennent aux formes pédonculées ou triangulaires à base concave. L’œuf d’autruche abonde et peut être décoré. La poterie peut être, ou non, décorée. Aïn Guettara Gisement éponyme du faciès, Aïn Guettara fut identifié en bordure du Tademaït, dans les années vingt par L. Chapuis. Il occupe le fond d’un défilé encombré de rochers dus à l’effondrement d’abris. Fouillé en 1936 par une mission du Logan Museum dirigée par A.W. Pond, il fut visité par L. Balout en 1950. Face à l’importance des questions soulevées, telle l’extension méridionale du peuplement capsien, des fouilles furent reprises sous la conduite de G. Camps en 1968. Malgré les remblaiements liés à la construction de la piste qui avait permis de le percevoir, il est peu probable que le gisement qui donna lieu aux fouilles Pond et à l’identification d’un épipaléolithique soit autre que celui fouillé en 1968. G. Camps y reconnut trois niveaux ; les niveaux inférieur et moyen n’ont fourni chacun qu’une cinquantaine de pièces mais sans caractères différents de ceux du niveau supérieur1. Celui-ci, daté de 5950 ± 100 B.P. (Mc279) et 5935 ± 140 B.P. (Gif1223) (4990-4620 et 5000-4620 av. J.-C.), dispose d’un indice de débitage de 80 et d’un indice de transformation de 12,42. Il a livré un nombre considérable de microburins qui sont souvent doubles et étaient dispersés dans le secteur fouillé, sans regroupement. Beaucoup sont de minuscules pièces n’atteignant que 5 mm de long. Les têtes de flèche sont peu nombreuses et évoquent celles de la région de Ouargla par leurs formes pédonculées, celles de Temassinine par les bases concaves et ailerons arrondis, mais, assez mal venus, ils ne peuvent cependant leur être assimilés. Les grattoirs privilégient les formes denticulées, les lamelles à dos disposent d’un vaste éventail de types. Les coches sont volontiers retouchées, faites sur pièces corticales. Les microlithes géométriques sont surtout des trapèzes et privilégient les formes symétriques. L’œuf d’autruche abonde, il est décoré de motifs simples, ponctuations, lignes brisées, quadrillages. Au cours des dernières fouilles, de grands fragments ont été trouvés soigneusement empilés entre deux blocs. L’outillage osseux comprend un fragment d’épingle ornée d’un croisillon. La poterie est rare, partiellement décorée, quelques tessons présentent un décor sur les deux faces. La parure consiste en rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche et perles en pierre. Les restes fauniques se réduisent à des esquilles. Bordj Mellala I Le campement préhistorique de Bordj Mellala I fut reconnu en 1965 par G. Trécolle et J. Tixier sur le plateau qui borde la sebkha de Ouargla, à proximité du bordj et a donné lieu à une étude par G. Trécolle et F. Marmier3. Il est daté de 7125 ± 120 B.P. (Mc810) et 6950 ± 120 B.P. (Mc809 et Mc811) (6160-5840 et 1 .- Cf Annexes p. 567. 2.- Les deux autres niveaux, peu fournis en objets, ont des indices semblables. 3.- C’est le seul site saharien dont le matériel a été recueilli en totalité ; il a été relevé en coordonnées cartésiennes et déposé à Alger au CRAPE (CNRPAH).

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Sahara préhistorique 5980-5730 av. J.-C.) ; J. Tixier l’attribue avec réticence à un « Capsien de type Aachena néolithisé ». Plus que par son ensemble industriel, il tient son intérêt de la distribution du matériel. Les pierres taillées étaient irrégulièrement dispersées, des surfaces étant vides d’objets ou extrêmement pauvres. Huit foyers aux contours subcirculaires, de 0,40 à 2 m de diamètre, tapissés de petites pierres, étaient concentrés en deux secteurs éloignés d’une quarantaine de mètres. Grâce à des raccords dont la recherche a été facilitée par l’emploi de matériaux variés, les auteurs ont proposé son agencement : trois espaces d’habitat dont deux ouverts, un partiellement clos par une palissade qui a laissé un effet de paroi, et trois aires d’activités spécialisées. Il s’agit de deux ateliers de fabrication de microlithes géométriques d’une cinquantaine de m2 chacun, où gisaient en nombre des trapèzes, triangles, microburins, diverses autres pièces ne se comptant que par unité. Un atelier plus vaste, de 150 m2 où étaient produits des rectangles, diffère des précédents par la présence de pierres brûlées, matériel de broyage, test d’œuf d’autruche et tessons de poterie qui laissent supposer qu’il servait également d’habitat. Couvrant deux hectares, ce site pose un intéressant problème par la surface qu’il occupe et qui appellerait un groupe humain important comme il n’en a jamais été identifié par ailleurs dans cette région. Auprès d’un matériau local, une calcédoine qui fut employée à tout moment de la préhistoire, deux qualités de silex ont été utilisées, leur origine n’a pas été précisée. Un débitage pression a été couramment pratiqué. L’outillage1 est globalement dominé par les microlithes géométriques et les microburins. Ces derniers peuvent atteindre une grande taille, jusqu’à 5,5 cm pour certains. Les scalènes perçoirs abondent. Les lamelles à dos présentent un bord abattu abrupt et rectiligne, une extrémité apicale aiguë. Il existe des pièces à troncature et base retouchée qui sont des pièces caractéristiques des industries capsiennes. Les têtes de flèche les plus fréquentes sont de types pédonculés, certaines sont à écusson, forme que l’on trouve dans les premières industries néolithiques de la région. Plusieurs œufs d’autruche transformés en bouteilles ont été retrouvés. Des fragments d’ouverture à décor gravé proviennent de divers points et près de la clôture de l’habitat principal existait un véritable « cellier » regroupant 7 œufs ; ils ne portaient aucun décor, mais intérieurement, autour de l’orifice, ils conservaient des traces d’ocre. L’œuf d’autruche a également servi à la confection de petits disques de 1,5 à 2 cm de diamètre et de rondelles d’enfilage à large lumière, faites en série. La parure comporte aussi des coquillages percés, colombelles, nasses, deux cardium, de l’ocre. Le matériel comporte en outre une vingtaine de billes en grès de 2 cm de diamètre, des fragments de matériel de broyage, de meules et molettes, d’une herminette et de récipients en pierre. Les quelques tessons de poterie sont typiques de la région de Ouargla par leur couleur sombre et leur décor pseudo-cordé. Hassi Mouillah inférieur L’occupation néolithique d’Hassi Mouillah repose sur une couche de sable stérile qui la sépare du niveau épipaléolithique2. Sur une épaisseur de 1 m, elle 1 .- Cf Annexes p. 567. 2 .- Cf p. 62.

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Un néolithique pastoral n’offre comme seule discontinuité qu’une différence de teinte de la matrice, jaune pour la partie inférieure, grise pour la partie supérieure en raison de sa richesse en cendres, avec un passage insensible de l’une à l’autre. En y reconnaissant deux niveaux archéologiques, les travaux menés par G. Trécolle et F. Marmier ont permis de mettre fin à une polémique quant à l’abondance des têtes de flèche dans cette partie du Sahara, question qui a longtemps opposé les auteurs. Pour les uns, en effet, ces objets foisonnaient, pour les autres, les stations en étaient pauvres. En montrant ces deux aspects superposés, Hassi Mouillah apportait la preuve incontestable qu’il existe dans cette région deux faciès dont l’un, pauvre en têtes de flèche, serait plus ancien1. Le niveau inférieur2 jaune, est épais de 0,60 m. La datation par thermoluminescence d’un même tesson provenant de sa limite supérieure, a donné 6330 ± 445 et 5970 ± 420 B.P. (BDX112a et BDX112b) (4825-3945 et 4540-3600 av. J.-C.). Ce niveau est particulièrement riche en microburins. Les microlithes géométriques, troncatures, pièces à coches et denticulés sont, après eux, les groupes les plus étoffés, ce dernier est essentiellement composé de lamelles à coches. Les microlithes géométriques sont, pour la plupart, des trapèzes à tendance dissymétrique, montrant une étroite relation entre leur largeur et leur longueur. Il n’y a quasiment pas de lamelles à dos, ni de racloirs. Les têtes de flèche sont foliacées ou pédonculées. Le débitage a été pratiqué par pression à partir de nucleus pyramidaux ; au cours de leur exploitation, ils étaient tronqués par un second plan de frappe faisant un angle de 60° avec le premier. Le matériel de broyage est abondant, l’œuf d’autruche, fréquent, est parfois transformé en rondelles d’enfilage faites en série. La poterie appartient à deux types. Plus de la moitié est faite avec une pâte à dégraissant calcaire, cuite en atmosphère à tendance oxydante. De tels tessons ne sont guère décorés et l’exiguïté des ouvertures de certains, 3 à 4 cm de diamètre, les rapporte à des bouteilles. Leurs fonds sont coniques. L’autre type intervient plus tardivement, il est de ton sombre, à dégraissant végétal, provient de vases à fond conique plus évasé, à large ouverture, qui sont entièrement couverts de motifs pseudo-cordés. Le faciès Hassi Mouillah Le faciès Hassi Mouillah occupe à peu près la même aire que le faciès Aïn Guettara, mais il est plus récent, ses gisements sont plus fréquents. Il comporte un nombre important de têtes de flèche, abondance qui avait été notée pour la première fois en 1872 par Ch.L. Féraud dans un gisement de Bamendil. Les microburins sont nombreux, le groupe des pièces à coches et denticulés, celui des microlithes géométriques très étoffés. L’œuf d’autruche abonde, porte des décors à motifs rectilignes. La poterie, toujours de ton sombre, de forme ovoïde très standardisée tant dans sa forme que ses dimensions, paraît une production artisanale qui est rapportée à une tribu spécialisée itinérante, si sa technologie 1 .- Ce problème de la richesse du Bas-Sahara en têtes de flèche est donc un faux problème. C’est au Sahara septentrional, le deuxième désaccord de ce genre que l’on rencontre. L’autre controverse mettait en jeu les partisans d’un Sahara « vert » et ceux d’un Sahara « sec ». Or, les premiers travaillaient à l’ouest de la Dorsale saharienne qui bloque les eaux venant de l’Atlas ; les autres à l’est où, de ce fait, l’alimentation est en grande partie fossile. Ils n’avaient donc pas eu accès aux mêmes données. C’est en établissant l’âge de la Dorsale saharienne que P. Estorges a mis fin à la polémique. 2 .- Cf Annexes p. 567.

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Sahara préhistorique est la même, les terres qui servirent à sa fabrication diffèrent, en effet, selon les secteurs. Ce faciès se rencontre dans le niveau supérieur d’Hassi Mouillah, à Bamendil-Gara Driss, Les Deux Œufs, XO La Touffe… Hassi Mouillah supérieur Le niveau supérieur d’Hassi Mouillah1 est noirâtre, épais d’une trentaine de centimètres. La matrice, sableuse, doit sa teinte à la présence de cendres et de menues particules charbonneuses. Au cours des fouilles, un foyer non empierré a laissé échapper une forte odeur de cendres lorsque le dépôt qui le recouvrait a été perforé, ceci implique un recouvrement très rapide du foyer alors qu’il n’était pas totalement éteint, soit sous l’effet d’un vent violent, soit plutôt par action humaine, aucune trace de sable propre qu’aurait déposé le vent n’ayant été perçue. La base du niveau est datée de 5280 ± 150 B.P. (Gif438) (43203960 av. J.-C.) par radiocarbone sur charbons, de 5830 ± 410 et 5700 ± 400 B.P. (BDX114b et BDX114a) (4260-3440 et 4120-3320 av. J.-C.) par thermoluminescence. Les têtes de flèche et les microlithes géométriques prédominent, représentant chacun le quart des outils. La grande majorité des têtes de flèche est pédonculée ; on ne trouve pas les pièces assez vastes des régions plus méridionales, mais des objets qui ne dépassent guère 2 cm de long. Les microburins, toujours nombreux, restent moins fréquents que dans le niveau inférieur, ils conservent le même aspect et la même préférence pour les pièces distales. Il n’y a quasiment pas de lamelles à dos, le reste de l’outillage est essentiellement fait de pièces à coches, denticulés et microlithes géométriques. Le matériel de broyage abonde avec des molettes banales à deux surfaces actives opposées, planes ou légèrement convexes, qui ne sont jamais parallèles. L’œuf d’autruche est d’usage courant et un amas de 11 bouteilles empilées a été mis au jour. La poterie surprend par son uniformité, elle ne dispose quasiment que d’une seule forme, un petit vase conique haut de 15 à 22 cm, largement ouvert, de teinte toujours noirâtre, toujours décoré entièrement du motif pseudo-cordé déjà rencontré dans le niveau inférieur. Divers autres sites offrent les mêmes caractères. Les Deux Œufs2 également en bordure de la sebkha Mellala, est un site à stratigraphie Mellalien-sable stérile-Néolithique faciès Hassi Mouillah. Le niveau néolithique est daté de 5500 ± 125 B.P. (Alg34) (4490-4120 av. J.-C.). Les têtes de flèche moins nombreuses que dans les sites voisins, peuvent être victimes de pillage, le gisement étant très connu depuis longtemps par les « ramasseurs de fléchettes ». L’œuf d’autruche foisonne. Deux petits dépôts, l’un de deux œufs, l’autre de trois, font songer à des récipients placés dans des filets pour transporter l’eau. La poterie, fréquente, est identique à la poterie sombre d’Hassi Mouillah. Bamendil-Gara Driss3 non loin de Ouargla, est daté de 5190 ± 70 B.P. (UW388) (4220-3820 av. J.-C.). Les 1 .- Cf Annexes p. 567. 2 .- Connu depuis longtemps, il fut signalé par G. Trécolle vers 1965 à une équipe du CRAPE qui en fit la fouille en 1967. 3 .- Gisement découvert lors d’une extension des jardins de Bamendil et fouillé en 1967 par F. Marmier qui ne put y recueillir que peu d’objets ; l’ensemble industriel n’atteint pas une centaine de pièces.

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Un néolithique pastoral têtes de flèche, toutes pédonculées, représentent la moitié du matériel. XO La Touffe qui se situe dans les environs d’Hassi Messaoud, en bordure de l’oued Sioudi où il constituait une butte de quelques centaines de m2, est daté de 5930 ± 150 B.P. (Gif731) (5000-4610 av. J.-C.). Découvert par M. Ruche, il fut fouillé en 1964 sous la direction d’A. Leroi-Gourhan par M. Brézillon et N. Chavaillon. L’outillage lithique1 montre une assez haute fréquence d’outils doubles, des têtes de flèche plutôt pédonculées, l’utilisation de retouche alterne pour façonner les denticulés. La base du niveau archéologique est rapprochée d’Hassi Mouillah supérieur. Le sommet qui affleure s’enrichit en mèches de foret, trapèzes et lamelles à dos rectiligne. Le NTC s.s. ou le Néolithique en territoire capsien Sous la dénomination Néolithique de tradition capsienne s.s. (fig. 49), C. Roubet regroupe ce que G. Camps nomme Néolithique Capsien (= faciès Damous el Ahmar) et faciès Bou Zabaouine. En 1979, elle en donne une définition qui accorde une place importante au mode de vie. « Faciès montagnard du Maghreb oriental », elle le caractérise par un habitat au moins saisonnier en grotte ou sous abri, une vie pastorale reposant sur l’élevage de petit bétail, moutons et chèvres, avec transhumance : l’été, séjour en altitude, l’hiver vers la plaine, sans d’ailleurs l’atteindre. La cueillette de végétaux divers, le ramassage de mollusques terrestres se maintiennent. Le matériel archéologique consiste en nombreux instruments en pierre ou en os qui peuvent être agrémentés de gravures par incisions parmi lesquels les têtes de flèche sont toujours rares, en poteries à fond conique, bouteilles en œuf d’autruche, coupes aménagées dans des boucliers de tortue, objets de parure parfois rehaussés de colorants. Abri 402 Alors que les Capsiens ont occupé une plateforme en avant du léger auvent produit par la roche, les Néolithiques ont choisi de s’installer entre l’occupation capsienne et la falaise. Le niveau néolithique a fait l’objet de fouilles de R. Vaufrey ; elles portèrent sur 5 m3, montrèrent une grande variété dans l’outillage lithique, la présence d’une grosse lame étranglée semblable à celles du Capsien typique. Les têtes de flèche sont représentées par des formes à tranchant transversal et des pièces à base concave. Des outils en os -fragments de poinçons et d’alènes-, un dentale et quelques grains d’enfilage en test d’œuf d’autruche en ont été retirés. Contrairement au Capsien, le niveau néolithique est pauvre en pierres brûlées, en coquilles et même en industrie. Il tire son intérêt particulier de sa stratigraphie qui montre le passage sans discontinuité du Capsien typique au Néolithique. L’absence de Capsien supérieur fut entendue par certains auteurs comme résultant d’un déblayage. G. Camps y voit une continuité, ce qu’appuie la structure de l’industrie de la couche supérieure du Capsien typique et son aspect évolué marqué par la présence de trapèzes. 1 .- Cf Annexes p. 568.

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Sahara préhistorique Adrar Gueldaman Reconnu près d’Akbou par P. Royer, le gisement de l’Adrar Gueldaman a d’abord fait l’objet de fouilles menées par A. de Beaumais et P. Royer dans les années 20. En reprenant ces fouilles en 2010-2012, F. Kherbouche a reconnu par ailleurs deux autres grottes à dépôt anthropique GLD2 et GLD3. Il a daté le dépôt GLD1 de 6120±35 (SacA36981) à 3945 ± 30 B.P. (SacA39409) (5180-5010 à 2500-2380 av. J.-C.), moment d’abandon qui coïncide avec la crise d’aridité reconnue sur le pourtour méditerranéen. Le dépôt est subdivisé en quatre unités archéologiques UA1 : 7200-6500 B.P. (6050-5480 av. J.-C.), UA2 : 6500-5300 B.P. (5480-4150 av. J.-C.), UA3 : 5000-4600 B.P. (3765-3220 av. J.-C.), UA4 : 4500-4200 B.P. (3225-2830 av. J.-C.). Le matériel lithique montre un débitage d’éclats vastes, de lames, de lamelles, alors que les outils sont essentiellement sur éclat. Ils sont dus à des retouches abruptes ou marginales scalariformes, certains à des retouches bifaces envahissantes. Les racloirs sont courants, les coches denticulés, microlithes géométriques, peu fréquents, ces derniers étant plutôt des segments. Les têtes de flèche sont rares, les pièces esquillées présentes. Le débitage est fait sur des silex locaux à l’exception d’un silex jaune pâle d’origine indéterminée et dont aucun nucleus n’a été trouvé. Le matériel de broyage, de même que de nombreuses pièces, conserve souvent des traces de pigments colorés ; la marque de traitement thermique est également fréquente sur le matériel lithique. Le matériel osseux abonde avec une majorité d’outils perforants, dispose de pièces allongées perforées d’un trou de suspension. La poterie, à fond conique, porte un décor de points, tirets, lunules, peigne, incisions de lignes croisées..., en bordure de l’ouverture. Elle a livré des résidus de lait et de miel, et montré la consommation de plantes en C31, ce qui est traduit en une vie stable. Les rondelles d’enfilage sont nombreuses et ont été façonnées en série à l’aide de pierres à rainure. Des objets de parure, pendeloques en os, coquilles de gastéropodes marins, carapaces de tortues, os d’oiseaux, impliquent pour certains des contacts ou déplacements de l’ordre de 70 km. Des restes humains, un fragment de mandibule d’enfant de huit mois, des dents d’adultes viennent de l’unité inférieure. Orge, blé et fèves sont présents dans l’unité supérieure UA4. Le quart de la faune consiste en chèvres et moutons domestiques présents dès la base du dépôt, les bovins n’interviennent qu’en UA2. La faune sauvage2 est dominée par Bos primigenius, elle comporte mouflon, alcélaphe, gazelle, probablement éléphant et rhinocéros, porcs-épics, lapins, oiseaux et, en abondance, tortues. Le statut domestique ou sauvage du sanglier peut être posé. Une microfaune abondante -22 taxons dominés par les musaraignes Crocidura ont été identifiés- est inégalement répartie, elle est rare en UA3, manque même à la partie supérieure. 1 .- Pour rappel, selon que la plante, dans la première étape de la photosynthèse, fixe trois ou quatre atomes de carbone, elle est dite en C3 ou en C4. Ce dernier mode, plus récent, traduit une adaptation à la sècheresse. 2 .- La présence de marques de Carnivores sur une partie de la faune montre que les lieux ont aussi servi de tanière.

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Un néolithique pastoral Bou Zabaouine Dans le massif calcaire du Djebel Zabaouine près d’Aïn M’lila, deux grottes distantes d’une cinquantaine de mètres renfermaient chacune une occupation néolithique caractéristique de la phase finale du Néolithique de tradition capsienne. Les premières fouilles furent faites au début du siècle dans la grotte des Pigeons, la plus importante, par A. Robert puis A. Debruge, elles furent reprises en 1963 par M. Boukhanafa et B. Dedieu. La seconde, Bou Zabaouine II, fut fouillée par ces derniers en 1966-67. Le dépôt archéologique de Bou Zabaouine II atteint 1,40 m d’épaisseur. Les fouilleurs reconnurent quatre niveaux homogènes superposés passant insensiblement l’un à l’autre, appartenant tous au Néolithique. La partie supérieure du niveau moyen a été datée de 4375 ± 145 B.P. (Alg39) (3330-2880 av. J.-C.). L’outillage lithique1 est bien fourni en éclats et lames à dos, pièces à coches et denticulés. La proportion de microlithes géométriques, quasiment tous des segments, augmente de la base au sommet alors que celle des racloirs diminue. Les armatures n’étaient fréquentes que dans la Grotte des Pigeons ; elles sont de formes pédonculées à pédoncule très court, plus rarement à base légèrement excavée ou de forme foliacée. Ici comme en bien des abris, diverses activités étaient pratiquées devant l’entrée et les têtes de flèche y sont plus fréquentes. L’outillage osseux est mal conservé, il comporte des poinçons, des fragments d’outils plats pouvant provenir de couteaux, les éléments les plus pertinents étant deux hameçons et une sagaie. La poterie est rare, peu décorée, montée aux colombins, elle aurait eu une ouverture large. L’œuf d’autruche peut être décoré. La parure se réduit à des rondelles d’enfilage auxquelles peuvent s’ajouter des plaques dermiques de tortue non encore perforées. Le niveau supérieur renfermait les restes d’un enfant. La Grotte des Pigeons a livré aux derniers fouilleurs un outillage essentiellement fait sur éclat, malgré la présence de nucleus pyramidaux. Il est à peine dominé par les pièces à coches ou denticulés. Les grattoirs, racloirs et armatures occupent des positions comparables, les autres outils sont rares. Les outils en os abondent, à l’inverse de ceux de Bou Zabaouine II, ils sont bien conservés, montrent une forte prédominance des poinçons. Divers objets prennent un intérêt particulier, une aiguille à chas en ivoire, objet très rare en Afrique du Nord, une épingle à tête, une défense de sanglier retaillée et percée d’un trou à chaque extrémité. La carapace de tortue a été utilisée comme matériau pour la parure. L’œuf d’autruche, pourtant abondant, est peu travaillé, mais sur un fragment figure la gravure d’une tête d’autruche. Quoique rare, la poterie a permis de remonter la plus grande partie de deux vases. La faune comporte Bos primigenius, Bos ibericus, Equus mauritanicus, Gazella dorcas, Ovis, Tragelaphus. Il y aurait eu des restes de mouton, sanglier, antilope, genette, lièvre, gerboise, tortue, hyène, chacal... Les coquilles d’Hélicidés abondent. Damous el Ahmar Le gisement du Damous el Ahmar est vu par C. Roubet comme type des industries de la phase moyenne du Néolithique de tradition capsienne. Le gisement, deux vastes abris sous roche et un étroit boyau s’ouvrant sur les pentes 1 .- Cf Annexes p. 570.

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Sahara préhistorique nord du Djebel Anoual, fut fouillé par M. Latapie et M. Reygasse en 1912, puis en 1964 par C. Roubet. Quelques pièces furent ramassées par R. Vaufrey et L. Balout, et, en 1973, E. Poty devait retirer des restes humains d’un éboulement. Deux squelettes complets avaient déjà été mis au jour par M. Latapie, ainsi qu’un crâne isolé enduit d’ocre près duquel se trouvait une poterie. La couche archéologique est une véritable escargotière avec des lits d’Hélicidés tantôt écrasés, tantôt bien conservés. Elle a été datée de 5720 ± 195 et 5400 ± 190 B.P. (4780-4360 et 4450-4000 av. J.-C.). Elle a montré la suprématie des pièces à coches et denticulés, une quasi absence de microlithes géométriques1. Les nucleus sont petits, sans forme définie. Les grattoirs sont plus volontiers

Fig. 49 - Néolithique de tradition capsienne s.s. Industrie lithique :1, 2) têtes de flèche à tranchant transversal en éventail ; 3 à 6) têtes de flèche à tranchant transversal ; 7, 8) trapèzes ; 9) grattoir ; 10) burin sur troncature ; 11, 24) mèches de foret ; 12) grattoir circulaire ; 13) pièce esquillée ; 14, 15) lamelles à dos arqué ; 16) triangle scalène ; 17) lame à dos arqué ; 18) racloir double sur lame ; 19) grattoir ; 20) racloir convergent sur pièce polie ; 21) lame étranglée ; 22) segment ; 23) tête de flèche à tranchant transversal atypique ; 25) lamelles à coche et bords abattus ; 26) lamelle scalène; 27) lamelle denticulée ; 28, 30) perçoir ; 29) nucleus pyramidal cannelé. Décors de poterie : 31, 32, 34, 36) guillochés ; 33) lunules ; 35) bâtons. (Origine : 1 à 30) Djebel Marhsel. d'après Vaufrey, 1955 ; 31 à 36) Bou Zabaouine. d'après Dedieu,1965). 1 .- Cf Annexes p. 570..

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Un néolithique pastoral aménagés sur éclat, trois pièces remarquables sont faites sur très grandes lames. Les perçoirs favorisent les mèches de foret, les burins, ceux d’angle sur cassure. Les lames à bord abattu sont de préférence arquées ou à tête arquée. Dans le groupe coches denticulés, les lames et lamelles à coches prédominent, les scies sont rares. Les racloirs sont plutôt simples, rectilignes ou convexes. Les têtes de flèche sont pour moitié des pièces à tranchant transversal, les autres sont foliacées ou à court pédoncule. L’originalité de l’outillage de ce site réside en la présence de 30 très grandes lames dont la longueur se situe entre 213 et 126 mm. Dix d’entre elles et un retouchoir avaient été trouvés par M. Latapie dans une sorte de niche. Leur faible épaisseur, leurs bords parfaitement parallèles soulignent la grande dextérité des tailleurs, mais aussi la qualité de la matière première qui est un silex de la région. Les fouilles ont permis de retrouver plusieurs meules, des molettes, un pilon et une dizaine de haches ou herminettes polies de longueur variable, mais toujours étroites avec un tranchant n’atteignant guère 6 cm. Les outils en os sont nombreux et variés, les uns tranchants, les autres mousses, le plus grand nombre perforant ; une faucille inachevée est une côte de bovin pourvue longitudinalement d’une rainure assez profonde, évoquant celles qui ont été trouvées dans la Grotte du Polygone à Oran ou dans des dépôts capsiens à Columnata, Aïn Kéda, Relilaï ou Mechta el Arbi. Un dépôt d’œufs d’autruche découvert par M. Latapie consistait en 6 ou 7 pièces disposées dans une fosse. C. Roubet a estimé que cette sorte de cellier permettait d’avoir une réserve d’une dizaine de litres d’eau. Les bouteilles sont ouvertes au pôle et l’une présente autour de l’orifice un décor sommaire. Deux récipients en terre cuite, entiers, ont également été retrouvés dans des anfractuosités de la roche ainsi que des tessons diversement mais toujours modestement décorés de ponctuations. Dans cet ensemble homogène, un petit tesson fait figure d’intrus par sa pâte et son décor complexe, en registres de bâtons parallèles relevés d’un bandeau de courtes cannelures parallèles à l’ouverture, entrecoupées de triangles en réserve, incrusté de pâte blanche ; il se rattache au style de Stentinello développé en Sicile au 4ème millénaire. La parure consiste en rondelles d’enfilage dont une partie était en cours de fabrication - fabrication sur place confortée par la présence de calibreurs-, pendentifs en test d’œuf d’autruche, pétoncle, incisive d’herbivore perforée près de la racine, plaques dermiques de tortue et un tube en os poli. Deux pierres gravées ont été retrouvées par les premiers fouilleurs, l’une qui fut employée comme molette présente sur les deux faces, des incisions de lecture difficile, l’autre porte sur une face deux quadrupèdes superposés que H. Camps-Fabrer a identifié comme renards. Les restes de faune indiquent la présence de moutons et de chèvres, d’un bovin de petite taille et de faune sauvage avec équidé, antilope bubale, gazelle, rhinocéros, porc-épic, mouflon, des carnivores, lion, panthère, hyène, chacal et de l’ours. Djebel Fartas La grotte du Djebel Fartas fut découverte par A. Debruge qui la fouilla en 1922 et en retira les restes incomplets de plusieurs individus. Sur un niveau de sable blanc stérile, il reconnaissait un niveau jaune argileux renfermant quelques outils atypiques en silex, puis quatre niveaux noirâtres plus ou moins riches en

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Sahara préhistorique foyers et en matériel archéologique. Il n’attribuait que les deux niveaux supérieurs au Néolithique. Le tout était recouvert d’un sédiment rougeâtre stérile. R. Vaufrey devait faire diverses récoltes montrant une industrie1 riche en lames et lamelles à coches, comportant des lamelles à dos, des grattoirs, peu de perçoirs, de rares têtes de flèche toutes à tranchant transversal. Il n’y a pas de pièce à retouche bifaciale. Le polissage est attesté par des haches et des herminettes. Un outillage osseux abondant consiste en tranchets, couteaux, poinçons, un lissoir, une sagaie et une épingle. L’ocre rouge est fréquente, des pendeloques ont été réalisées dans des plastrons de tortue et des valves de pétoncle. L’œuf d’autruche abonde, la poterie est modestement représentée. La faune comprend des restes d’Equus et de Bos attribué à l’espèce opisthonomus. C. Roubet rapproche ces dépôts du niveau inférieur du Khanguet Si Mohamed Tahar et des gisements de plein air d’El Marhsel ou Harmelia. Hergla SHM-1 Les travaux menés à SHM-1, par le Projet italo-tunisien de recherches archéologiques sous la direction de S. Mulazzani et L. Belhouchet, permettent de voir dans les niveaux 5 à 7 du gisement2, des témoins d’une culture néolithique, rejoignant ainsi les propositions faites par M. Harbi-Riahi et J. Zoughlami, lors des premiers travaux. Outre des restes épars, trois individus adultes et deux enfants qu’il est difficile de rapporter à l’un des niveaux, ont été retrouvés dispersés dans le gisement. Comme dans les niveaux capsiens sous-jacents, l’industrie lithique est tirée de matériaux locaux, calcaire à gros grains, mais aussi de silex, calcaire beige à grains fins qui traduisent des déplacements ou contacts pouvant atteindre une centaine de kilomètres, tandis que quelques pièces en obsidienne provenant de Pantelleria évoquent des déplacements maritimes. Un important changement dans le mode de débitage des lamelles est noté par les auteurs ; il devient plus sophistiqué, le débitage pression reconnu dès la base des dépôts s’enrichissant de plans de frappe dièdres, de l’emploi d’un instrument dur et pointu qui évoquerait un matériau métallique. Le groupe cochesdenticulés augmente fortement jusqu’à représenter la moitié de l’outillage, et ce dès le niveau 5, les lamelles à dos régressent de manière plus régulière, les retouches continues de façon abrupte, le rapport lamelles à dos rectiligne et à dos arqué s’inverse ; à partir du niveau 6, les segments diminuent, le rectangle apparaît. Des boules de pierre perforées figurent dans le niveau 7. Les premières fouilles ont également livré des têtes de flèche, haches et herminettes, du matériel de broyage. L’outillage osseux qui comporte essentiellement des outils perforants, porte des traces d’ocre, il comorte un probable manche de cuiller. La parure se traduit par des rondelles d’enfilage, des coquillages perforés naturellement ou non (divers Hélicidés, Hexaplex, Cerithium, Nassarius, Columbella, Glycymeris...). Les quelques rondelles d’enfilage figurées montrent un diamètre d’anneau légèrement plus grand, des bords plus abrupts que dans les niveaux 1 à 4, suggérant des techniques différentes. Des tessons de poterie sont présents. 1 .- Cf Annexes p. 571. 2 .- Rappelons que ces niveaux sont attribués au Capsien supérieur par L. Belhouchet et S. Mulazzani. Cf p. 97.

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Un néolithique pastoral Faite à l’aide d’un dégraissant calcaire, la poterie présente un décor réduit, banal dans cette région, bien que celui de certains tessons puisse évoquer des contacts avec la Sicile. L’ocre est omniprésente. Une coquille cassée de Charonia à perforation latérale retient l’attention quand on sait que ce coquillage est encore utilisé comme instrument de musique. La faune, assez mal conservée, ne présente pas de changements sensibles. Elle renferme Bos primigenius, Syncerus caffer, Alcelaphus buselaphus, des gazelles, Canidés, Léporidés, des oiseaux, des poissons (essentiellement des dorades) et des mollusques. Les restes de bovins sont cependant bien plus fréquents à la partie supérieure. Un comportement particulier concerne les gazelles, toutes abattues jeunes alors que les autres espèces sont adultes. Le milieu aurait été une savane peu boisée, avec points d’eau, évoluant vers une steppe à graminées et armoise. Diverses structures ont été identifiées dont, à la base du niveau 5, un fond de hutte de 4 m de côté, avec dallage de pierres, murets de soutènement à deux angles et, à proximité, deux foyers empierrés de 30-40 cm, paraissant protégés par deux alignements arqués de petites pierres, placés à 60-80 cm. Des foyers, sols empierrés, trous de poteau avaient également été mis en évidence par les premières fouilles. La base a été datée de 7920 ± 40 B.P. (ENEA-837) et 8170 ± 133 B.P. (SS663) (6585-6186 et 7450-7050 av. J.-C.) lors des premières fouilles, le sommet de 4320 ± 30 B.P. (P1071) (3015-2890 av. J.-C.) lors des plus récentes. Kef el Agab Situé à l’extrémité orientale du massif de l’Haïrech non loin de Jendouba (Souk el Arba), la grotte de Kef el Agab a livré à P. Bardin en 1947-48, un matériel archéologique important mêlé à une formation cendreuse truffée de gros blocs calcaires qui impliquent des effondrements au cours de l’occupation. Les fouilles eurent lieu à l’avant de la grotte et dans un imposant talus d’avant grotte. N. Aouadi a récemment effectué des sondages dans le talus d’avant-grotte qui lui ont permis d’identifier plusieurs niveaux d’occupation et l’utilisation de coquilles d’Unio parallèlement au silex et au calcaire pour produire l’industrie lithique. Le matériel recueilli par P. Bardin réunit près de 30 % de lamelles à coche et à peu près autant de lamelles à dos, 25 % de microlithes géométriques essentiellement des segments, quelques grattoirs, perçoirs, microburins, têtes de flèche, une seule à pédoncule et taille bifaciale, la plupart à tranchant transversal. Les nucleus sont particulièrement nombreux, soulignant un débitage sur place, globuleux pour la plupart, quelques uns ont un seul ou deux plans de frappe ou sont pyramidaux. A ce matériel léger s’ajoutent des haches en ophite à tranchant poli, herminettes, galets aménagés, en nombre des meules, molettes et pilons, deux anneaux en calcaire et deux pierres à rainures en strontianite évoquant la fabrication sur place de rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche. L’outillage osseux est abondant, essentiellement sous forme de poinçons, parmi lesquels se trouve une aiguille à chas. L’œuf d’autruche abonde, quelques fragments portent un décor, un œuf à peu près entier est orné de quadrillés (IIC3 de la classification Camps-Fabrer) convergeant vers l’orifice et de pointillés en

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Sahara préhistorique lignes parallèles (IXB1). La poterie est rare, typique en cela du Néolithique de tradition capsienne, mais elle est plus décorée qu’à l’accoutumée dans cette culture avec des registres plus ou moins proches ornés de guillochés, lunules volontiers ponctuées, bâtons, cordon en relief, lui-même agrémenté de guillochés, larges bandes de croisillons. Inversement la pâte est peu élaborée, l’ajout d’un dégraissant calcaire n’est pas régulier, un dégraissant naturel de quartz et particules ferrugineuses y est plus fréquent ; les parois sont épaisses, la cuisson médiocre. Les éléments de parure consistent en nombreuses rondelles d’enfilage qui sont de très petites dimensions, pendeloques dont plusieurs sont aménagées dans des canines de sanglier, plaques dermiques de tortue, voire galets ; les coquillages perforés naturellement ou non sont nombreux. Les rejets alimentaires comprennent Bos primigenius, Pelorovis antiquus, des antilopes et des gazelles, des sanglier, renard, chacal, lapin, chat, mangouste, hérisson, tortue, barbeaux, oiseaux auxquels s’ajoutent quelques éléments de moutons et chèvres domestiques, de nombreuses coquilles d’escargots et d’Unio, mais aussi du renard et porc-épic qui y ont peut-être gîté comme ils le font actuellement. Les restes de cinq individus gisant pêle-mêle (?) dans des cavités naturelles des parois, en ont été retirés et les derniers travaux ont mis au jour un individu en décubitus latéral fléchi. Alors que H.V. Vallois fait état de méditerranéen primitif, M.C. Chamla reconnaît deux types, mechtoïde et proto-méditerranéen. Kef el Hamda Situé sur une terrasse de la Dorsale tunisienne, le site a été reconnu en 1973 par J. Zoughlami et les fouilles reprises en 2014. Une épaisseur de dépôt de l’ordre de 1 m est datée de 7975 ± 40 vers la base ( SacA42329) à 7010 ± 35 B.P. (SacA42328) (9000-8650 à 7950-7750 av. J.-C.) aux deux tiers de la hauteur. L’industrie faite pour une grande part sur petits nodules de silex gris local, montre la prédominance des pièces à coches sur les lamelles à dos, peu de microlithes géométriques. L’emploi d’un débitage pression est attesté dès les premières occupations. Un éclat d’obsidienne venant de Pantelleria a été trouvé à 90 cm de profondeur. Le site se singularise par des fragments d’une poterie assez mal finie, dont un seul fragment porte une décoration, un paquet de quatre lignes de ponctuations carrées en haut du vase qui évoque les motifs vus dans le site SHM-1; cette poterie pouvait être réemployée comme le montre un jeton, tesson transformé en disque de 20 mm. Elle pose diverses questions, son origine, les motivations qui ont présidé à son utilisation et aussi le statut du Capsien. Les fouilles récentes ont mis au jour divers ossements provenant de petits bovins, alcelaphidés, gazelles, léporidés, montré que Helix melanostoma, Eobania vermiculata ont été consommés durant toute l’occupation et, par les restes végétaux, identifié une occupation en toute saison. Les plantes les plus communes sont Pinus halepensis, Quercus sp, Lathyrus/Vicia sp, des rhizomes de Stipa tenacissima. Khanguet Si Mohamed Tahar Khanguet Si Mohamed Tahar fut découvert en 1909 par J.B. Capéleti dans le massif des Aurès ; après un sondage fait par R. Laffitte en 1935, il fut fouillé

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Un néolithique pastoral par T. Rivière en 1936 puis par C. Roubet en 1968. Une partie du matériel mis au jour par T. Rivière donna lieu à des travaux de A. Bachir-Bacha. Couloir qui s’étire sur une vingtaine de mètres de long, 4 m de large, son remplissage d’une épaisseur de 3,30 m, à peu près homogène, est daté entre 6530 ± 250 B.P. (Alg37) et 4340 ± 200 (Alg30) (5720-5220 et 3340-2700 av. J.-C.). T. Rivière y reconnaît trois niveaux, C. Roubet quatre séries d’occupations1, le niveau médian défini par T. Rivière en comportant deux. Les hommes se seraient installés au fond et à l’entrée de l’abri, accumulant leurs déchets entre les deux, c’est ce qu’il ressort des fouilles qui ont mis au jour des structures pour celles de T. Rivière, des déblais pour celles de C. Roubet qui a trouvé un matériel souvent brisé. La quasi-totalité du matériel lithique est tirée de silex, les nucleus sont petits et ont été débités au percuteur dur. Les deux séries d’outillage sont semblables, le matériel Rivière, moins abondant, étant un peu plus varié par les pièces polies et le décor céramique au registre plus large. Dans chaque série d’occupation, les pièces à coches-denticulés constituent au moins le quart de l’outillage, les racloirs et pièces à retouche continue sont courants. Les haches et herminettes sont plus nombreuses à la partie supérieure, celles tirées de serpentine, diorite, traduiraient des contacts ou déplacements de l’ordre de 200 km. Le matériel de meunerie est en grès et quartzites, matériaux locaux ; il est riche en molettes, comporte des pilons. Trois pierres à rainure en strontianite, roche que l’on trouve à une cinquantaine de km, ont servi à la fabrication de rondelles d’enfilage. A ceux-ci, la parure ajoute des pendeloques en derme ossifié de tortue, des perles en os, en pierre polie, un fragment de bracelet en ivoire. L’industrie osseuse abonde avec des poinçons, couteaux, lissoirs... L’œuf d’autruche est courant, il a été transformé en rondelles d’enfilage et divers tests portent des incisions de traits parallèles ou séquents. Une coupe de 15 x 12 cm est faite d’une dossière de tortue. La céramique est présente dès la première occupation avec des vases à fond conique, montés au colombin, pauvrement décorés par impressions localisées autour de l’orifice. Une évolution mineure se perçoit au travers d’une augmentation des grattoirs et des retouches continues, d’une diminution des microlithes géométriques. Les burins montrent plus d’instabilité, manquant à la base, puis se réduisant à nouveau dans la dernière occupation. Les techniques de fabrication des outils font une large part à la retouche plane qui tend à se développer sur les deux faces. Du matériel poli apparaît sous l’aspect de hache avec la deuxième série d’occupation, au début du 4ème millénaire ; les têtes de flèche interviennent encore plus tardivement au milieu de ce même millénaire. La faune traduit un faible intérêt pour la faune sauvage, elle consiste en quelques antilopidés, oiseaux, léporidés, des hérissons, tortues, lièvres ; le ramassage de Gastéropodes s’exprime dans des coquilles d’Hélicidés, essentiellement Otala punica, Helix melanostoma, Helicella sitifensis, à un degré moindre Rumina decollata, Leucochroa candidissima, Helix aspersa. Les espèces domestiques constituent l’essentiel des restes osseux avec un grand nombre d’ovicapridés, 80 à 90 %. Ils sont particulièrement fréquents dans les niveaux 2 et 3 1 .- Toutefois le petit nombre d’outils récolté dans certains niveaux, en particulier le niveau 01, fait problème pour différencier les trousses à outils. Cf détail Annexes p. 570.

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Sahara préhistorique où plusieurs milliers d’ossements proviennent d’individus âgés de 10 à 42 mois. Les bovinés sont beaucoup plus rares, ils représentent autour de 10 % dans les niveaux inférieurs, mais atteignent près du quart dans le niveau supérieur avec des animaux âgés de 24 à 42 mois. Des canidés ont été retrouvés dans les deux niveaux supérieurs, ils ressembleraient à un chien de berger égyptien, le chien d’Hawara. Pour C. Roubet, on trouve là, sous son faciès montagnard d’été, un témoin de la vie semi-nomade de petits éleveurs de moutons et de chèvres. Ksar Tebinet Reconnue dans les années soixante, à une quinzaine de kilomètres de Tébessa par J. Planchet, l’occupation néolithique se situe sur une plateforme en avant d’une grotte complètement obturée. Un sondage de 4,8 m3 a montré un niveau de 1 m d’épaisseur, homogène, reposant sur la roche, recouvert de 0,20 m de couche végétale riche en plaquettes rocheuses. L’industrie1 dominée par les coches-denticulés, dispose de lamelles à dos qui utilisent la retouche Ouchtata. Elle ne comporte aucune pièce bifaciale. La céramique est peu abondante, à pâte dégraissée à l’aide de coquilles pilées ou, pour deux tessons de la base, par des particules calcaires. La plupart des tessons est décorée et un porte un mamelon. L’œuf d’autruche se réduit à quelques tests pouvant être décorés et quelques rondelles d’enfilage. L’outillage osseux comprend des poinçons. Une molette ocrée était associée à une plaque rocheuse portant elle aussi des traces d’ocre. Une partie de calotte crânienne se trouvait à la base du dépôt. La faune recueillie n’a pas été identifiée. Redeyef Les deux gisements de Redeyef offrent une disposition comparable à celle de l’abri 402, avec une occupation néolithique surmontant l’installation capsienne et s’insérant aussi entre elle et le fond de l’abri, qu’il s’agisse du niveau capsien typique de la Table sud ou de la phase finale du Capsien supérieur de la Table Hamda que E.G. Gobert nommait Intergétulonéolithique. Les gravures récemment découvertes à Doukene qui représentent des personnages, des animaux, des signes de divers styles, se trouvent à proximité. La Table Hamda dite souvent Table de Redeyef fut signalée par Boudy et Capitan en 1906, les premiers travaux menés par Boudy furent suivis d’une fouille de E.G. Gobert publiée en 1912. En 1933, Redeyef servit, avec Jaatcha, à R. Vaufrey pour définir le « Néolithique de tradition capsienne ». Les fouilles ont été reprises récemment par Y. Dridi et N. Aouadi. Une énorme dalle calcaire couvrait une partie de la couche archéologique, ne laissant entre elle et le fond de l’abri qu’un couloir large de 2 m et long d’une quinzaine. La couche archéologique2, épaisse de 1,50 m, passait insensiblement du Capsien supérieur au Néolithique par intervention de têtes de flèche à tranchant transversal, foliacées ou pédonculées, haches polies, fragments de boules percées, poteries. L’outillage néolithique taillé est fait, en outre, de perçoirs, 1 .- Cf détail Annexes p. 571. 2 .- Pour R. Vaufrey, il y aurait un seul niveau, évolutif, en raison de la forme des trapèzes dont les côtés sont excavés dans la partie supérieure alors qu’ils sont rectilignes dans la partie inférieure.

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Un néolithique pastoral pièces à coches, microlithes géométriques qui sont essentiellement des trapèzes, de quelques lamelles à dos. Divers tests d’œuf d’autruche qui portent un décor animalier dans lequel E.G. Gobert, puis H. Camps-Fabrer ont pu voir une représentation de hyène et de grand oiseau, proviennent probablement de ce niveau. Un crâne, des maxillaires d’adulte et les restes de huit enfants ont été retirés d’une sorte de fosse située près de la paroi. La Table sud fut fouillée en 1931-32 par R. Vaufrey. Tout comme à Table Hamda, entre la paroi et les dalles existe une occupation néolithique qui est un niveau pulvérulent, pauvre en industrie. Ici, l’auvent éboulé scelle une couche à stratigraphie Capsien typique-Néolithique, stratigraphie qui se retrouve Abri 402. Roknia La grotte de Roknia, dite Grotte des Hyènes, est ouverte au sud, assez haut sur la montagne de même nom. Elle fut reconnue et fouillée par A. Debruge en 1925-26. Dans la couche archéologique, épaisse de 1,65 m, atteignant 3,25 m par endroits, il distingue plusieurs niveaux laissant supposer la présence de Capsien au-dessous du Néolithique. Entre les deux, il voit une longue période sans occupation. L’outillage néolithique en silex, comporte des grattoirs, des lames et lamelles à coches et à bord abattu, quelques microlithes géométriques, triangles et trapèzes, ainsi que probablement des microburins car s’ils ne sont pas mentionnés, l’un est figuré. D’après R. Vaufrey, il y aurait eu des têtes de flèche à tranchant transversal, pour L. Balout, elles manquaient. Les haches et herminettes polies sont nombreuses, ainsi que des meules, molettes, pierres à rainures. L’outillage osseux est riche avec des épingles, alènes, poinçons, couteaux, lissoirs. Des diaphyses d’os d’oiseaux dont une extrémité est soigneusement polie forment des tubes, l’un façonné dans un os plus robuste est percé de trois trous alignés et une face est ornée de ponctuations irrégulières ; il fait songer à une sorte de pipeau. La parure est faite en os dermique de tortue, test d’œuf d’autruche aménagé en rondelles d’enfilage, une incisive de bovidé a été échancrée au collet. Aucun décor n’est mentionné sur l’œuf d’autruche. La poterie est rare, le décor réduit à un rang de ponctuations ou autres impressions de formes diverses. Les restes de plusieurs individus, adultes et enfants, ont été exhumés et sont rattachés au type mechtoïde. La faune aurait livré Pelorovis, Bos, Gazella dorcas, différentes espèces d’Equus, du porc-épic, du sanglier, des lapins et des oiseaux ainsi que des félins dont la hyène, et du dromadaire. Table de Jaatcha L’abri dit Table de Jaatcha, proche de Metlaoui, renferme une escargotière découverte par M. Teste en 1933. C’est en s’appuyant sur cette découverte que R. Vaufrey créa le concept de Néolithique de tradition capsienne. Le gisement donna lieu à la première datation de Néolithique au Maghreb, les résultats, 5000 ± 150 B.P. (L) (3950-3660 av. J.-C.), contribuèrent fortement à asseoir l’idée d’une présence néolithique tardive dans cette partie de l’Afrique. Le peu de matériel récolté se rapporterait à un Néolithique capsien. Il montre en effet une structure industrielle ayant des valeurs voisines pour les pièces à

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Sahara préhistorique coches et les lamelles à dos, avec la présence de microlithes géométriques, de grattoirs, de quelques têtes de flèche dont certaines pédonculées. Les perçoirs sont rares. Il y a peu d’outillage en os, quelques éléments de parure, rondelles d’enfilage, dentale. La poterie est très rare, la pierre polie manque. Un faciès libyen ? Traditionnellement rattachés au Néolithique de tradition capsienne, les quelques sites étudiés en Libye, s’en distinguent pourtant par la grande rareté des microlithes géométriques, microburins, la place irrégulière des pièces à coches. Pour M.C.B. Mc Burney, il s’agissait d’une variante libyenne. G. Camps voyait l’appartenance au Néolithique de tradition capsienne surtout au travers du style de l’outillage, de la poterie par sa technique à dégraissant calcaire, mais s’en détachait par ses formes sphériques. En Cyrénaïque, des fouilles ont concerné trois sites importants et, en Tripolitaine, la région Jefara-jebel Gharbi a livré aux travaux de la mission italo-libyenne une importante occupation humaine développée entre 6700 et 5400 B.P. (5600 et 4300 av. J.-C.) à la faveur de marais et de grands étangs, dans laquelle B. Barich reconnaît trois phases. L’importance de l’occupation est soulignée par la palynologie avec la présence de Plantago et Urtica. Abbiar Miggi Les abris d’Abbiar Miggi, en Tripolitaine, ont été signalés par P. Graziosi en 1933. Il fit un sondage dans l’un d’eux. En 1955, P. Neuville fouilla deux abris superposés et un puits qui les reliait, l’abri inférieur ayant été produit par l’effondrement d’une partie de la voûte. L’abri supérieur renfermait une couche archéologique de 2,50 m de puissance où furent reconnus trois niveaux archéologiques renfermant de nombreux foyers. Ils sont rapportés au Néolithique malgré l’absence d’éléments significatifs en particulier dans la phase I dont on ne peut éliminer formellement l’appartenance à la culture capsienne. A la base, dans une argile jaunâtre, ont été retrouvés quatre petits bifaces évoquant un Paléolithique moyen. Puis vient le niveau inférieur, dit phase I, séparé de l’occupation suivante, phase II, par un niveau de sable stérile. Ce niveau stérile qui se termine par une couche de terre avec ossements de hyène, renferme des écailles tombées de la voûte, supportant des gravures schématiques et celle d’un quadrupède. Les parois du puits portent des représentations incisées de gazelles, antilopes, autruches, personnages… qui sont oblitérées par des dépôts de la phase II. En outre, d’après G. Camps, deux figurations de bœufs domestiques et une d’éléphant seraient en rapport avec la phase III. L’industrie1 est essentiellement tirée d’un silex des environs ; un silex autre, du quartz utilisés pour quelques pièces, des grès et basalte pour les meules et molettes, sont d’origines diverses. Les nucleus sont petits, peu nombreux, plus ou moins prismatiques. L’industrie lithique est dominée par les pièces denticulées et retouches continues. Les burins et les racloirs sont courants. La retouche bifaciale n’est utilisée qu’à partir de la phase II, lors de la reprise de l’occupation après l’effondrement de la voûte. Comme dans la phase I, les têtes de flèche 1.- Cf Annexes p. 572.

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Un néolithique pastoral manquent, elles apparaissent en nombre en phase III, la plupart est pédonculée avec des formes variées. Il n’y a pas de pierre polie. Les meules et molettes sont nombreuses. L’industrie osseuse est de belle venue ; elle manque dans la phase III quand interviennent les têtes de flèche. Elle est fournie en sagaies ; la phase I renferme deux aiguilles à chas et un fragment de pariétal humain qui a été perforé, aminci et était enduit d’ocre. Des traces d’ocre rouge ou jaune se trouvent sur toutes les meules et molettes. Tout comme les têtes de flèche, la poterie n’a été trouvée que dans la phase III et elle y est rare. A l’inverse, l’œuf d’autruche abonde, des fragments noircis sur leur face externe montrent des récipients ayant été au feu ; certains fragments sont gravés, d’autres aménagés en disques. La parure est fréquente : rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, coquilles de Pectunculus, Nassa, Columbella, Cardium usées ou perforées. Abou Tamsa Situé à proximité d’Haua Fteah, environ à 600 m de la mer, Abou Tamsa est un petit abri du djebel Akhtar ouvert plein est. Dans le cadre des travaux menés par la Mission archéologique française en Libye, un sondage qui a atteint 1,20 m de profondeur sans atteindre le bed-rock, a conduit à une fouille développée sur 10 m2. Ces travaux ont permis à E. de Faucamberge d’identifier quatre niveaux à matrice sablonneuse, sans foyer, renfermant simplement quelques taches cendreuses et de menus charbons dispersés. Le niveau III, (4050 cm), se particularise par sa richesse en coquilles de Gastéropodes qui forment un niveau coquillier très dur. Il a pu être lié à une période plus humide datée de 6605 ± 40 B.P. (Pa2468) (5314-4874 av. J.-C.). Le niveau inférieur IV (50-120 cm) est daté de 7695 ± 60 (Pa2472) et 7275 ± 40 B.P. (6380–5960 et 5930-5560 av. J.-C.), le niveau II (10-40 cm) de 6 085 ± 30 B.P. (4 662 – 4 469 av. J.-C.). Le niveau I (0-10 cm) a livré un mélange d’industries préhistoriques et de matériel historique. L’industrie lithique des autres niveaux n’offre pas de différences sensibles. La plus grande part est en silex qui provient des environs, un indice de débitage bas suggère que l’essentiel de cette production n’ait pas été faite dans le site ou qu’un secteur lui ait été réservé. Les nucléus ont livré essentiellement des éclats, ils sont multidirectionnels pour le plus grand nombre, quelques uns sont uni ou bipolaires. L’outillage1 est largement dominé par les groupes coches-denticulés qui constituent 20 à 25 % des outils, et pièces retouchées (essentiellement des éclats) 50 %, les burins venant en groupe secondaire sans toutefois atteindre 10 %. Les racloirs sont rares, les microlithes géométriques et microburins quasiment absents, les lames et lamelles à bord abattu, têtes de flèche manquent. L’industrie osseuse bien représentée dans le niveau inférieur, manque dans le niveau supérieur. Elle privilégie les outils perforants, ne dispose que de rares microlithes géométriques. La poterie est rare, réduite à de menus morceaux de qualité médiocre, sa surface peut être polie, engobée, décorée, sa pâte est dégraissée par des coquilles d’escargots brisées, caractère traditionnellement lié au Néolithique de tradition capsienne. Le niveau III a livré une pièce en Y, le niveau II un fragment de hache. Le matériel de broyage comporte des 1 - Cf Annexes p. 573.

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Sahara préhistorique meules, molettes, pilons et de petits galets qui ont été utilisés comme polissoirs. La parure est traduite par une rondelle en test d’œuf d’autruche, des pendeloques en coquillages terrestres et marins percés. Les restes osseux concernent des ovi-caprinés domestiques, bovidés sauvages et lagomorphes. Des coquilles de gastéropodes renvoient le plus fréquemment à Helix et Rumina pour les espèces terrestres, Patella et Trochus pour les espèces marines. S’appuyant sur les techniques de débitage, E. de Faucamberge voit des affinités avec les sites du désert occidental égyptien mais conclut à un faciès culturel propre à la région. Haua Fteah En Cyrénaïque, l’imposante série d’Haua Fteah se termine par un niveau néolithique1, couches VIII à VI, qui repose sur le niveau « libyco-capsien ». Il a été daté de 6800 ± 350 (W98) à 4870 ± 97 B.P. (NPL41) (6050-5370 à 37703530 av. J.-C.) par M.C.B. Mc Burney lors des premiers travaux ; les travaux récents menés par G. Baker dans le cadre du Cyrenaican Prehistory Project, conduisent à deux groupes de dates 9740 ± 45 à 9425 ± 40 B.P. (OxA19158 et 19184) et 6917 ± 31 à 5462 ± 32 B.P. (OxA18673 et 18676) (9265-9200 à 8755-8655 av. J.-C. et 5835-5760 à 4345-4280 av. J.-C.), qui suggèrent une discontinuité de l’occupation. Les lames à dos, moins nombreuses que dans le niveau « libyco-capsien », conservent néanmoins un rôle important, de l’ordre du tiers. Parmi les racloirs figurent des disques de calcaire de 8 à 10 cm de diamètre, 1,5 à 2 cm d’épaisseur, à retouche semi-abrupte ou plane pouvant envahir la totalité du pourtour et couvrant généralement une face. Une quarantaine de lames à dos offre une extrémité aigüe qui résulte d’un bord abattu très abrupt, recoupé par une ligne de retouches semi-abruptes, ce pourrait être des projectiles. Une évolution est perceptible parmi les grattoirs : fréquents à la base, ils voient leur importance en régulière décroissance. Dans les niveaux les plus récents, interviennent des pièces foliacées et les têtes de flèche deviennent plus nombreuses, elles appartiennent aux formes foliacées ou pédonculées. Du matériel de broyage, 14 houes, fragments de hache et herminette, complètent le matériel lithique. Une industrie osseuse assez variée, privilégie cependant les poinçons. La céramique est rare, à dégraissant calcaire, voire coquilles pilées, elle provient de récipients à large ouverture qui pouvaient porter des mamelons. Le décor est un motif de ponctuations bordant l’ouverture ou placé sur un léger bourrelet circulaire ; quelques tessons minces, rougeâtres, évoqueraient le Badarien ou le Tasien. Des coquilles marines peuvent être travaillées, l’œuf d’autruche décoré de points ou de traits, transformé en rondelles dont deux ont une forme carrée. La parure est réduite à une coquille de cyprée et un fragment de coquille travaillée, qui pourrait être partie de bracelet de type prédynastique. La faune consiste en mollusques marins, surtout patelles et troques, en restes, nombreux et très fragmentés, de chèvres et peut-être en moutons domestiques qui auraient été introduits depuis le Proche-Orient par le delta du Nil. Elle renferme du mouflon en nombre, de l’alcélaphe, de rares restes de gazelles parmi lesquels dorcas n’a pas été identifiée, du porc-épic et du chacal. Les bovinés sont moins nombreux que dans le niveau dit libyco-capsien, et il n’y a été retrouvé aucun lièvre ou lapin. 1 - Cf Annexes p. 573.

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Un néolithique pastoral D’autres faciès D’autres faciès sont soupçonnés mais mal définis, non datés. Certains supposent des cultures complexes ou instables qui pourraient s’interpréter comme des carrefours d’influence. On doit à M. Antoine, l’appellation « Mogadorien » à propos d’une industrie recueillie dans les dunes du Cap Sim et qu’il ne put publier. G. Souville fait état de pièces à coches et à bord abattu où la retouche Ouchtata est utilisée, d’un grattoir, de rectangles, têtes de flèche à tranchant transversal fréquentes et d’une pièce typique, dite par M. Antoine « pointe mogadorienne », pièce très plate, triangulaire ou trapézoïdale, avec un côté très oblique obtenu par une retouche abrupte qui affecte également les deux côtés adjacents (fig. 89). Sidi Aïch Le gisement de surface de Sidi Aïch se trouve dans la trouée de Gafsa où il occupe une surface de 500 hectares à la confluence des oueds el Kebir et Sidi Aïch. Il fut découvert en 1888 par le Dr Couillault, puis étudié en 1949 par M. Gruet et en 1951 par A. Diard. Dit « Néolithique C » par E.G. Gobert, il est volontiers rapproché de ce que M. Reygasse nommait « S’baïkien » et qu’il caractérisait par l’abondance de pièces foliacées à gros enlèvements. Comme tous les gisements de surface, il ne comporte que du matériel lithique1. Celui-ci consiste en fragments de nucleus irréguliers, parfois à tendance pyramidale, accompagnant un nombre considérable d’éclats bruts et de l’outillage taillé. Plus du quart consiste en pièces foliacées façonnées par gros enlèvements qui ont produit des pièces épaisses, atteignant volontiers 1 cm, leur longueur va de 2 à 9 cm, une forte majorité se plaçant entre 3 et 6 cm. Les formes sont variées, avec une préférence pour les ovoïdes ; certaines sont nanties de coches, d’autres d’ébauche de pédoncule. Elles s’accompagnent de grattoirs plutôt courts, à front arrondi voire circulaire, de burins d’angle. Les racloirs sont fréquents, généralement simples, convexes pour la plupart. Les perçoirs comportent des pièces épaisses et étroites à retouche alterne et de petites pièces d’aspect classique. Les microlithes géométriques sont pour la quasitotalité des rectangles, les têtes de flèche à tranchant transversal prédominent, alors que les formes pédonculées, foliacées ou à base concave sont rares.

Les hommes et les modes de vie Au Néolithique moyen, le développement de systèmes de production affranchit de plus en plus les hommes du milieu naturel. Ils lui restent néanmoins fortement inféodés, la pêche, la chasse, la cueillette conservant une position dominante qui fluctue selon l’importance de la production. Au sein des campements, celle-ci conduit à l’aménagement de lieux de stockage de plus en plus nombreux, de plus en plus vastes et à une répartition des activités qui se traduisent par des aires spécialisées. Pour certains auteurs, un culte de la fécondité aurait accompagné le développement des systèmes de production. Même si les éléments sont infimes pour aborder cet aspect, on a pu supposer qu’il se serait ajouté, aurait peut-être submergé, les cultes antérieurs rendus par les populations de Chasseurs. 1 .- Cf Annexes p. 572.

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Sahara préhistorique L’art rupestre apporte sa contribution à cette connaissance en montrant des soucis différents de ceux des Chasseurs et l’importance accordée aux astres qui se lit à Nabta Playa dans un monument vu comme cercle-calendrier. Pourtant, comparés à ceux du Néolithique ancien, les paysages du Néolithique moyen sont souvent dégradés. La détérioration est issue de la phase aride qui, à la mi-Holocène, sévit durant un demi millénaire ou davantage, entraînant de notables modifications des milieux. Même avec le retour des pluies, la dégradation reste marquée ; au Sahara central, la steppe herbacée se substitue à la steppe arborée et fut sans doute bénéfique à de nombreuses régions en permettant un ample développement du pastoralisme. Dans la vallée du Nil, les répercussions furent profondes, durant les siècles d’aridité, ce fut un milieu pri vilégié qui, attirant les populations, draina des éléments culturels des régions voisines, en particulier de l’Ouest1. L’ancien parler égyptien se serait individualisé

A l’ouest, s’est développé le Néolithique de tradition capsienne dit souvent NTC. Culture la plus notoire, sa présence en zone saharienne est une question posée car si aucun auteur ne retient plus le vaste territoire que lui octroyait R. Vaufrey, l’accord n’est pas fait sur son extension. Faut-il lui rattacher le Néolithique du Bas-Sahara ? celui du Sahara occidental ? Dans le Bas-Sahara, divers faciès ont été reconnus. Au sudest, le faciès El Bayed se caractérise par une association de pièces typiques : pointe de Labied, pointe de Temassinine, pointe d’Izimane, tête de flèche type a25 de Hugot, racloir ou scie limace ; au nord-est, l’Hadjarien par la présence conjointe de trapèzes à côté(s) convexe(s), scalènes perçoirs à angle arrondi, armatures en écusson et absence de poterie. Le faciès Aïn Guettara et le faciès Hassi Mouillah qui en est issu par augmentation du nombre de têtes de flèche, sont plutôt définis par leur structure industrielle et pour le faciès Hassi Mouillah par sa poterie, de petits vases simples, sombres, à décor pseudo-cordé. Le NTC est riche en microlithes géométriques, il dispose d’une poterie de forme conique, jamais abondante, à dégraissant calcaire, volontiers des coquilles pilées, décor succinct ou absent. Sa rareté est compensée par l’abondance de l’œuf d’autruche, lui, richement décoré. Des pierres sont volontiers gravées ou sculptées. Le NTC a été subdivisé en plusieurs faciès évolutifs dits Capsien néolithisé, Néolithique Capsien ou faciès Damous el Ahmar, faciès Bou Zabaouine, ces deux derniers formant le Néolithique de tradition capsienne s.s. de certains auteurs. 1 .- Les travaux de J. Leclant, puis de J. Leclant et P. Huard ont été pionniers en ce domaine, en identifiant un apport africain bien plus important que l’apport asiatique seul reconnu jusqu’alors dans les fondements de la civilisation égyptienne.

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Un néolithique pastoral vers 6000-5500 av. J.-C., se séparant des autres langues afro-asiatiques (sémitique, couchitique, libyco-berbère, tchadique, omotique) ; il aurait été utilisé jusqu’à la Première Période Intermédiaire. Ceci pourrait marquer un isolement de la région -incidence de l’aride mi-holocène ?- ou la forte suprématie d’un groupe. Une vie paisible, à faibles déplacements et le plus souvent sédentaire, transparaît aux travers des données, tel l’absence de site défensif et quelques indices comme la prise en charge d’impotents à Hassi el Abiod, laissent soupçonner une grande solidarité. Néanmoins on ne peut éliminer totalement quelques heurts possibles entre les populations sahariennes. Au 5ème millénaire, les têtes de flèche s’y multiplient et l’art rupestre bovidien fait état d’affrontements entre les hommes avec des combats d’archers, cependant, l’absence d’hommes au sol ou touché par une flèche dans ces figurations suggère qu’il s’agit alors plus d’un aspect ludique que guerrier. Dans les peintures plus tardives, de vrais affrontements s’exprimeront en effet par une mise en situation, comme le contrôle d’un puits ou la représentation explicite d’homme au sol. Le campement, tel qu’il est présenté à Iheren, offre un spectacle serein d’enfants qui jouent, de personnages qui causent ou s’affairent auprès d’une poterie alors que d’autres consomment un breuvage à l’aide d’une paille ; nulle représentation ne traduit la violence.

La population La complexité du peuplement est saisie par le biais de plusieurs centaines d’individus retrouvés pour cette époque. Kadero, site qui en a livré 39, a apporté des indications sur la mortalité avec un âge moyen de la mort estimé à 42,6 ans pour les hommes, 33,4 pour les femmes, ce qui serait un âge relativement élevé pour cette époque1. La population mechtoïde connaît alors une nouvelle extension. En zone saharienne, elle a été retrouvée dans le Nord Mali, où les restes de 130 individus mechtoïdes dont les deux tiers totalement conservés, ont été mis au jour. A Ine Sakane, ils sont datés de 7000 B.P. (5900 av. J.-C.). Leurs os crâniens sont particulièrement épais, caractère qui pourrait être une mutation en relation avec une protection contre la malaria. O. Dutour émet trois hypothèses quant à leur origine. Ils viendraient de l’Est, ayant migré de la vallée du Nil par les plateaux au nord du lac Tchad. Ils seraient issus de populations atériennes locales réfugiées dans les secteurs ayant conservé de l’humidité. Ils viendraient du Maghreb à la faveur de l’amélioration climatique et sous la pression des protoméditerranéens. Dans le Tell, l’homme de Mechta el Arbi occupe toujours les régions occidentales y gardant volontiers ses caractères archaïques ; il est bien connu en Oranie où Oued Guettara et les grottes d’Oran ont livré plus d’une soixantaine d’individus. Quelques restes mechtoïdes proviennent aussi du Tell oriental, deux, peut-être trois, sont connus dans le Néolithique de tradition capsienne, au Damous el Ahmar, au Djebel Fartas, celui trouvé à Roknia pouvant être soit néolithique, soit capsien. Cette population n’a pas été identifiée dans la vallée du Nil à l’Holocène, alors qu’elle l’occupait au Pléistocène final. 1 .- Il sera de 29,4 pour les hommes, 26,1 pour les femmes dans le Méroïtique final.

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Sahara préhistorique Des individus négroïdes ont été mis au jour dans le Massif central saharien et les oasis du Sahara oriental : Tin Hanakaten, Uan Muhuggiag, Nabta Playa, malgré le mauvais état de conservation de certains restes. Le Dr Bertholon mentionnait des caractères négroïdes atténués sur les restes humains retrouvés à Redeyef par E.G. Gobert, caractères confirmés par J.L. Heim. Ils seraient présents au Tibesti1 où D. Jäkel fait état d’une population mixte vivant en petits groupes isolés vers 7000 B.P. (5900 av. J.-C.) ; à Arlit, ils présentent un prognatisme assez marqué. A Gobero, les hommes qui s’installent après l’aride mi-holocène sont moins grands que leurs prédécesseurs, plus graciles ; leur crâne est long, haut et étroit, leur face fortement prognathe. Auprès d’éléments négroïdes, des populations à caractères « éthiopiens », face allongée, sans prognathisme, nez droit, cheveux droits ou ondulés ont été identifiés dans la vallée du Nil. Le Tell oriental serait le domaine de protoméditerranéens : les restes retrouvés à Bekkaria, Henchir Hamida, appartiennent à des individus identiques à ceux qui y vécurent durant le Capsien. L’art rupestre saharien n’infirme pas ces données. Les auteurs sont d’accord pour y reconnaître un type négroïde au corps souple, fesses rebondies, face prognathe, lèvres épaisses, menton effacé qui prédomine dans la plupart des régions. Un type, dit pulloïde par H. Lhote, qui paraît dominant dans l’art du Tassili n’Ajjer-Akakus, s’en éloigne par un profil moins prognathe, un système pileux développé, des cheveux lisses, il rappelle les Peuls à nez droit et est conforté par divers traits culturels que l’on retrouve identiques dans l’art rupestre et la tradition bororo. Une phase plus tardive voit des personnages au visage en angle droit, nez droit et pointu, de type europoïde. Certaines fresques en figurent aussi à silhouette élancée, profil caucasien. Dans ces pasteurs aux longs membres, F. Mori voit les « gardiens des derniers grands troupeaux » ; une lente évolution conduirait aux Libyens de fin de période pastorale, c’est parmi eux que seraient à rechercher des éléments éthiopiens et un lien éventuel avec les groupes Tutsi2. La population d’Hassi el Abiod s’individualise par une musculature développée, la robustesse des os et les lésions des insertions musculaires qui appellent une importante activité physique et des mouvements forcés et répétés. En mettant cette activité en relation avec la chasse et la pêche, O. Dutour pose aussi la question de l’origine de particularités jamais notées chez les autres populations exerçant ces mêmes activités.

Des mouvements de population Des facilités de déplacements se perçoivent dans l’art du Sahara central avec l’existence d’animal porteur. Les populations bovidiennes se servaient ainsi du bœuf ; les représentations de bovins montés par des femmes sont bien connues par les peintures du Tassili n’Ajjer, certaines montrent même des harnachements de luxe. L’usage du bœuf monté se conservera longtemps : au 4ème 1 .- Ils y sont attribués à un « afro-méditerranéen ». 2 .- Il n’est peut-être pas sans intérêt de noter une structuration sociale identique chez les Tutsi et les Touaregs. Cf à ce sujet : Bellil R., Darnaud M., 1978-79 – Etude comparative de deux sociétés pastorales africaines : les Kel Ahaggar et les Tutsis. Libyca, XXVI-XXVII : 235-277.

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Un néolithique pastoral siècle, l’évêque d’Hippone qui allait devenir Saint Augustin, rapporte que le roi des Garamantes se déplaçait ainsi. Divers mouvements majeurs de populations sont soupçonnés à travers le Sahara depuis longtemps. Même si les données actuelles amènent certaines réserves quant aux propositions émises dès 1958 par A.C. Blanc, elles confortent l’une de ses hypothèses, en germe dans les travaux de H. Breuil, C. Galassi, un mouvement ouest-est se substituant à l’axe nord-sud antérieur. Le Sahara oriental semble l’avoir privilégié alors. Cette influence est bien marquée dans la vallée du Nil par la présence du motif dotted wavy line décorant les poteries. Il est probable qu’un ample mouvement se soit produit à l’articulation Néolithique ancien-Néolithique moyen, lors de la détérioration climatique. Il est probablement ressenti à Dakhla dans la séquence Bashendi B, vers 6100-5900 B.P. (5020-4880 av. J.-C.) ; le Gilf Kebir l’aurait favorisé en servant de relai. Un autre mouvement qui serait de moindre amplitude a été reconnu vers 4800 av. J.-C., par F. Hassan. L’absence ou la rareté de no man’s land transparaît dans la circulation des objets ou des matériaux au cours du Néolithique moyen ; une augmentation de la population explique peut-être qu’aux 5ème-4ème millénaires, l’occupation du Sahara ait été généralisée. La présence d’obsidienne, de perles en amazonite, de coquilles marines loin de leurs lieux d’origine possible ou avérée, proposent des relations entre les populations, parfois même des relations lointaines. Il en est de même de la présence d’objets en argilite verte, matériau spécifique à certaines régions, en particulier l’Adrar Bous ou d’outils originaux tels les disques ténéréens, haches à gorge ou rondins de pierre1. Les circuits que ces éléments supposent, qui atteignent des centaines de kilomètres, pourraient préfigurer les circuits caravaniers d’antan, ce qui reste à vérifier. L’amazonite connaît une large distribution, des perles ont été retrouvées dans de nombreuses régions et dans la plupart des cultures. Elles sont présentes en Ahaggar, dans l’erg d’Admer, à l’Adrar Bous, Arlit, dans le Djouf, le BasSahara, à Hassi el Abiod, au Fayum, dans la vallée du Nil blanc. Une a été notée récemment dans la Majâbat el Koubrâ. Souvent uniques dans les habitats où elles ont été trouvées, ces perles devaient avoir une grande valeur symbolique2. Leur origine reste imprécise ; on sait que des filons existent au Tibesti (Djebel Eghei Zouma), probablement dans l’Adrar des Ifoghas et B. Gabriel a pu en identifier au Djebel Ouenat. On ne peut donc plus retenir sans réserve une origine proche-orientale même pour celles de la vallée du Nil. L’obsidienne est un autre matériau à présence significative. En zone saharienne, elle pourrait provenir du Tibesti, elle est en effet présente dans le Trou au natron et à Tarso Yega. Celle retrouvée sporadiquement dans l’est du Tell maghrébin, dans des gisements tunisiens ou d’Algérie orientale, viendrait de Pantelleria ou des Iles Lipari. Au Kef Hamda3, elle a servi à produire des outils qui sont datés de 7445 ± 125 B.P. et 7510 ± 125 B.P. (6430-6120 et 6450-6240 av. J.-C.). A Hergla, elle provient du Balata dei Turchi au sud de l’île de Pantelleria et un des outils a été daté de 5320 ± 150 B.P. (Alg45) (4220-4050 av. J.-C.). 1 . - Cf p. 469. 2 .- Au Proche Orient, elles ont été mises en relation avec l’agriculture. 3.- Cf détail de l’industrie p. 573.

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Sahara préhistorique Cette présence d’obsidienne, celle de poterie cardiale affirment avec force l’existence d’une navigation transméditerranéenne ; elle est bien attestée au 7ème millénaire à l’est du Maghreb, au 8ème millénaire à l’ouest. A. Ballouche souligne également la présence conjointe d’amidonnier et de blé nu dans la péninsule tingitane et la région de Valencienne qui implique des contacts ou des échanges. D’autres indices de navigation viennent du décor de poteries présentes à Hergla, au Damous el Ahmar, qui appellent des relations avec la Sicile. Un autre pourrait venir des têtes de flèche. A leur abondance dans le Sahara, s’oppose leur rareté dans le Tell ; G. Camps a fait justement remarquer leur bien plus grand nombre dans les secteurs les plus proches des terres européennes et proposé de voir outre-Méditerranée, l’origine de l’arc du Maghreb méditerranéen

L’habitat Des trous de poteaux ou des fonds de huttes ont été identifiés dans divers sites et diverses régions : dans le Sahara oriental à Farafra, Abu Ballas (site 85/50), Dakhla (sites 269, 385), Nabta Playa où une grande hutte a été restituée (fig. 50), dans le Sahara septentrional à Ashech III, dans le Sahara méridional avec les pavages des sites de la région de Trhaza, dans le Tell à Hergla.... Ces habitats présentent à peu près tous les mêmes caractères : de forme généralement arrondie, la hutte avait un diamètre de l’ordre de 3 à 5 m ; à Iheren, où des huttes en dôme sont représentées, leur couverture est marquée de lignes en zigzags indiquant nettement des coutures de peaux. La cabane identifiée à Hergla était plus originale : légèrement rectangulaire elle mesurait 4 m de long. A Dakhla Site 385, le sol était dallé de pierres et un rang de dalles verticales formait la base des murs. A Nabta Playa, E-77-5 possédait trois structures sub-circulaires de 3 m de diamètre, celle qui a été fouillée montre une limite en pierres plantées de chant et, au sud-ouest, contre la limite, un foyer de 0,50 m de diamètre qui a été daté de 7230 ± 100 B.P. (SMU470) (6210–6000 av. J.-C.). Au Tassili n’Ajjer, diverses peintures complètent ces données. Dans le Sahara septentrional, Ashech III a permis de préciser une organisation intérieure. Au centre de l’un des cercles matérialisé par un bourrelet gréseux, se trouvait un foyer d’une cinquantaine de centimètres de diamètre et près de lui, d’un côté une pierre plate, de l’autre une meule et une molette ; de part et d’autre de l’ouverture marquée par une absence de bourrelet sur quelque 60 cm, était placé un foyer d’une trentaine de centimètres de diamètre et une petite pierre plate reposait près de chacun, à l’opposé de l’ouverture. Le matériel, exclusivement lithique, se concentrait à l’intérieur et s’échappait par l’ouverture sur une distance de 2 à 3 m tout en s’éclaircissant. Une organisation complexe des sites a été reconnue dans certaines cultures. Les cas les plus typiques se voient dans le delta du Nil et l’oasis du Fayum avec une zone de greniers aux côtés de l’habitat. Des silos susceptibles d’engranger plusieurs centaines de kilogrammes de graines ont été trouvés dans divers gisements, Nabta, Mérimdé Beni-Salamé, Kôm W et Kôm K du Fayum. A Nabta Playa, un habitat construit de grande taille, avec deux rangées de huttes circulaires munies de silos et un puits, a été dégagé par l’équipe Wendorf -Schild.

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Un néolithique pastoral A Takédétoumatine, une peinture rapporte l’organisation du campement bovidien : entre un alignement de huttes et un troupeau de bovins, les veaux sont attachés à une corde ; de nombreux personnages en aplat ocre vaquent à leurs activités, les uns se déplaçant, les autres assis devant les huttes. A Iheren, un autre campement est certainement plus tardif, si les huttes sont comparables, le troupeau n’a que quelques têtes de bovins, les moutons et les chèvres en constituent l’essentiel.

Fig. 50 – Nabta Playa. Reconstitution d'une grande hutte par M. Puszkarski (d'après Schild et al in Krzyzaniak et al.,1996).

L’habillement Le développement de l’élevage d’ovi-capridés a probablement permis la fabrication de vêtements en tissus, remplaçant voire supplantant ceux en cuir. Au Fayum, une production de lin oriente vers des activités de filage et tissage. De même à Mérimdé Beni-Salamé, où elles sont traduites par des fusaïoles qui montrent la pratique du filage. A Tin Hanakaten, un fragment tissé qui n’a pu résister au premier contact de l’air, a été retrouvé dans un niveau de 6500-6200 B.P. (5500-5140 av. J.-C.). Mais seul l’art rupestre, en particulier les peintures, donnent accès à l’aspect des vêtements bien que des peintures corporelles et tatouages puissent être confondus avec eux. Nonobstant le peu d’indications disponibles en raison d’une connaissance très parcellaire de l’art rupestre, des différences se perçoivent entre les principales régions à peintures, Téfédest, Immidir, Tassilis, Tadrart, qui peuvent suggérer des « modes » régionales, ainsi dans le Tassili n’Ahaggar, à Tan Tefeltasin en Téfédest, In Aglim dans l’Immidir, des franges, caractère des objets touaregs actuels, sont présentes, ce genre d’ornement n’est pas signalé dans le Tassili n’Ajjer, l’Akakus ou la Tadrart. Le pagne est longtemps resté un vêtement courant. Il apparaît sur de nombreuses peintures bovidiennes, même de période

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Sahara préhistorique récente. Il en existe plusieurs modèles indifféremment portés par les hommes ou les femmes et qui conservent l’aspect qu’ils avaient à la période têtes rondes, moulant les fesses, laissant flotter un pan. A l’inverse, les autres vêtements ne paraissent pas identiques pour les hommes et les femmes. Les femmes revêtent volontiers une jupe qui montre comme aujourd’hui des longueurs diverses : longues, elles peuvent descendre jusqu’aux pieds ou s’arrêter au-dessus de la cheville ou au-dessous du genou ; courtes, elles n’atteignent pas le genou, certaines, véritables mini-jupes, ne couvrent que le haut des cuisses. Elles peuvent être fendues plus ou moins haut, toujours devant. La diversité existe aussi dans les finitions avec des bas de jupe soulignés d’un « biais » de couleur différente, de franges, la position de la taille qui peut être normale ou basse. Le buste peut être recouvert d’une longue chasuble droite, sans manche, qui ne laisse voir que le bas de la jupe. Il peut être moulé dans un corsage. Les encolures sont d’une grande diversité, ronde, en pointe, ras du cou, col montant ou inversement large décolleté découvrant la naissance de l’épaule. Les manches longues sont larges, trois quarts elles sont toujours étroites, courtes elles peuvent être bouffantes et sont alors de véritables manches ballon, elles peuvent aussi manquer. Par-dessus les longues jupes ou longues robes, une peau de bête peut ceindre les reins à la manière des « futa » kabyles. Le port de pèlerine semble devenir courant au cours de la période bovidienne, elles sont toujours faites de l’assemblage de bandes qui peuvent être semblables ou intercaler des couleurs ou des motifs différents. Chez les hommes, shorts et pantalons rapportent aussi leur variété. Quand il atteint la cheville, le pantalon moule la jambe et le bassin à la manière d’un jean ou d’un pantalon de cuir, certains modèles peuvent être lacés sur le côté, d’autres sont ornés de motifs. Le pantalon peut s’arrêter à mi-mollet, au-dessous ou au ras du genou, être bouffant. Le short est porté court ou long, ce dernier étant lui aussi, parfois, bouffant. Le buste semble souvent couvert d’un justeau-corps à encolure plutôt dégagée. A Iheren, ce qui paraît une peau de bête est retenu à la taille ou sur l’épaule et couvre le bas du dos jusqu’à hauteur des genoux. En fin de période bovidienne, la cape apparaît, se généralisant chez les hommes. Ces hommes et ces femmes ne marchaient pas forcément pieds nus. A diverses reprises, on voit des chaussures dont les modèles diffèrent. A Tin Aressu, des chaussons sont lacés et les nœuds bien discernables. Partout, l’importance prise par la coiffure est sensible. Jamais un personnage n’a un aspect hirsute, tous sont soigneusement coiffés ou ont la tête couverte. Il existe même dans l’Akakus, à Uan Amil, une scène de coiffure qui donnerait à penser, déjà, à l’existence de salon de coiffure. Il est vrai que les coiffures peuvent être très sophistiquées comme les hautes coiffures en cimier des danseuses de Sefar. Néanmoins, sauf à les confondre avec un bonnet, une coiffure fréquente chez les femmes bovidiennes est cheveux mi-longs avec frange couvrant le front ; sauf à y voir une coiffe, les hommes du Bovidien final ont des cheveux raides, mi-courts, revenant sur le front. Le couvre-chef le plus courant qui se retrouve à toutes les époques est un bonnet couvrant la nuque, dégageant largement le front, et qui est, le plus sou-

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Un néolithique pastoral vent, attaché sous le menton. A Tin Tazarift, à Jabbaren, il est porté avec un simple pagne. A Medaforh wan Adefla, en Téfédest, un archer peint a la tête couverte d’un haut chapeau conique ; sans devoir supposer une contemporanéité des images, on retrouve cette forme de coiffure gravée sur la dalle du Python dans l’oued Djerat où elle est portée par une femme tenant un enfant par la main. En Immidir, dans l’abri que J.L. Bernezat nomme Ekaham wan Taliwin, figure aussi un haut chapeau conique à large bord semblable à la « télé » touarègue. Le Bovidien final voit la mise en place au-dessus de la tête, d’excroissances évoquant des plumes. Elles peuvent orner un bonnet qui couvre toute la tête sans laisser les oreilles libres. A Iheren, un bonnet, à Tissalatin, un casque, supportent un cimier qui se dresse tel une crête au-dessus du crâne. Plus simple et moins courante que dans l’art des Têtes rondes, la parure conserve une prédilection pour le bracelet, en général un simple anneau au poignet et/ou à la cheville. On ne retrouve pas dans l’iconographie les anneaux de bras, ni les vastes pectoraux antérieurs. Les colliers, eux aussi plus sobres, apparaissent comme des chaînes retenant un pendentif ou des amulettes et sont portés par des hommes ou des femmes.

La stratégie alimentaire Malgré l’élevage et, à un degré moindre et plus localisé, l’agriculture, un apport notable à l’alimentation provient toujours de la chasse, la capture de petits animaux, la collecte, la cueillette et, partout où elle est possible, la pêche qui joue un rôle important durant le Néolithique moyen. A Tin Hanakaten, la présence de têtes, pattes et ailes de criquets pèlerins a été notée dans plusieurs niveaux et une sole de cuisson démontrant l’utilisation de la chaleur diffuse a été mise en évidence. Datée de 6200 ± 120 B.P. (Gif5418) (5370-4847 av. J.-C.) de forme ellipsoïdale, légèrement affaissée au centre, la sole mesurait 65 x 50 cm avec une épaisseur de 18 cm. Une épaisse couche de charbons de bois, 3 à 4 cm, très dense, était surmontée d’une nappe de plaquettes de grès de 5 à 10 cm de long, 2 à 4 cm d’épaisseur placées cote à côte ; quand elles n’étaient pas jointives, des tessons de poterie, des éclats de microdiorite, de petits cailloux comblaient les interstices. Un tapis de branchettes, brindilles, tiges de graminées reposait sur cette surface et parmi elles se trouvaient des restes de criquets dont subsistaient des têtes et des pattes ou, parfois, des insectes entiers collés aux plaquettes de grès. Sur les branches, des bourgeons, de petites feuilles encore verdâtres, évoquaient le printemps. Une forte consommation de gastéropodes a été notée dans de nombreux sites. Dans la région de Nador (Ifri Oudadane, Ifri n’Ammar, Hassi Ouenzga...) au nord-est du Maroc, diverses espèces, Sphincterochila maroccana, Cernuelle globuloïdea, Alasbatrina, Otala, présentent systématiquement une perforation étroite et allongée toujours placée entre les 2ème et 3ème spires, cette fenêtre n’existe pas chez les autres espèces provenant des mêmes sites et n’a été signalée nulle part ailleurs. L’expérience a montré aux auteurs1 qu’il s’agissait d’un 1 .- Hutterer R., Linstädter J., Eiwanger J., Mikdad A., 2014 – Human manipulation of terrestrial gastropods in Neolithic culture groups of NE Morocco. Quaternary International, 320 : 83-91.

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Sahara préhistorique procédé ingénieux pour extraire le corps de sa coquille, l’extraction étant fort difficile pour ces espèces sans cet artifice. La pêche, y compris en eaux profondes, est bien attestée en de nombreuses régions dont des zones aujourd’hui hyperarides comme la région de Trhaza. Dufuna, sur un ancien rivage du lac Tchad, a été rendue célèbre par la découverte d’une pirogue, à 5 m de profondeur, lors du creusement d’un puits. Elle est datée de 7670 ± 110 (KN4683) et 7264 ± 55 B.P. (KI3587) (6640-6430 et 62106040 av. J.-C.). Dans la vallée du Nil, les gouges sont mises en relation avec la fabrication de canots utilisés pour la pêche. A Tintan-pêcheurs, des barrages à poissons, longs murets destinés à retenir les poissons à marée descendante, supposent l’emploi de pièges en fibre végétale, sans doute en forme d’entonnoirs. R. Vernet a pu envisager une pêche à l’arc en raison de l’abondance des têtes de flèche dans certains sites spécialisés dans la pêche. A Cansado, daté de 7550 B.P. (5600 av. J.-C.), les innombrables otolithes qui parsèment le site, ensemble d’amas coquilliers et de concentrations d’arêtes de poissons de faible épaisseur, appellent une exploitation intensive de courbines, moindre d’ombrines, sares, daurades... L’analyse de la dernière strie de croissance des otolithes montre une pêche en saison froide, comme elle se pratique aujourd’hui. Sur la côte marocaine, les restes de thon qui parsèment le site de Tahaddart impliquent une pêche éloignée des rivages. Dans le Sahara central, vers la fin du 7ème millénaire, des populations d’éleveurs se pressent quand, après l’aride mi-Holocène, le retour des pluies permet à une steppe herbacée de se développer en de nombreuses régions. Cette activité qui se traduit dans des milliers de représentations gravées et surtout peintes sur les rochers du Sahara central, n’est pas toujours sensible dans les vestiges matériels où les restes d’animaux domestiques sont rares ou peuvent manquer ; ceci appelle un élevage orienté vers la production de lait et de sang, et fait peut-être apparaître la notion de troupeau-capital. L’utilisation du lait que diverses représentations rupestres évoquaient, a été confirmée par l’analyse de résidus dans des tessons datant du 6ème millénaire, ils ont été retrouvés à Ka dero, sans doute avant 5200 av. J.-C. à Takarkori, vers 5000 av. J.-C., à Gueldaman. A Agorass in Tast, un petit Bos entendu comme domestique daté de 7710 ± 500 B.P. (UCLA1658) (8210-7210 av. J.-C.), est accompagné d’hippopotame, rhinocéros, gazelle, antilope, de poissons (Clarias et Lates), de crocodile, de lézard. Limicolaria abonde, Hydrobia et Succinea indiquent des conditions marécageuses. Dans la vallée du Nil ou le Nord-est soudanais, l’élevage est resté-très accessoire longtemps ; dans l’Atbaï, le Kassala, le delta de la Gash, il n’a été identifié qu’à partir de 4000 B.P. (2500 av. J.-C.). Dans la province de Khartoum, il connaîtra sans doute un important développement, c’est à lui en effet, qu’aux 3ème-2ème millénaires, on attribue la détérioration du milieu que l’altération du climat à ces latitudes ne permet nullement de justifier. Dans l’Ouest du Maghreb, par l’association de céréaliculture à un début de domestication de moutons et chèvres d’abord, de bœuf et porc ensuite, A. Ballouche voit dans le Néolithique cardial l’une des premières civilisations à « manipuler le paysage en organisant dès la seconde moitié du 6ème millénaire av. J.-C., de

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Un néolithique pastoral véritables systèmes agro-pastoraux »1.- Dans la basse vallée du Nil, les oasis du désert libyque, Fayum, Nabta Playa, la culture de céréales joue un rôle important. L’orge est la plus courante, elle a été retrouvée dans de nombreux sites. Le millet, Brachiaria deflexa, le sorgho, Sorghum vulgare, interviendraient peutêtre moins précocement. Leurs traces figurent dans des poteries venant de Agorass in Tast où la végétation est riche en Celtis et Cenchrus. Entre le milieu des 6ème et 5ème millénaires, l’oasis du Fayum montre une production variée avec plusieurs espèces d’orge, du blé, peut-être du sarrasin. Un Phœnix qui pourrait être la souche des dattiers actuels2 a laissé des endocarpes à Uan Muhuggiag et Phœnix reclitana est présent à Nabta Playa. A l’autre extrémité du Maghreb, diverses espèces de blé, l’engrain, Triticum monococcum, l’amidonnier, T. dicoccum,

Le peuplement du Sahara et de ses abords paraît aussi varié au Néolithique moyen qu’au Néolithique ancien. Un type mechtoïde occupe le Sahara occidental et au moins une partie du Sahara méridional ; il se retrouve dans le Tell occidental, mais il a disparu de la vallée du Nil. Ailleurs, une population négroïde ou éthiopienne est installée, à laquelle se mêlent peut-être des éléments méditerranéens. Dans le Tell oriental, quelques éléments négroïdes s’ajoutent parfois à la population proto-méditerranéenne mise en place durant le Capsien. Un habitat de huttes rondes de 3 à 5 m de diamètre paraît courant, il se rencontre dans diverses cultures. Parfois une organisation complexe a été retrouvée : c’est probablement le cas à Hergla. A Nabta Playa ou dans le delta du Nil, les huttes sont placées de part et d’autre d’un espace vide et des zones de greniers sont souvent aménagées au voisinage. Des peintures du Sahara central montrent des organisations comparables aux campements peuls subactuels avec la corde à veaux et la rangée de huttes occupées par les femmes ou la disposition particulière des pots à l’intérieur de la hutte. L’élevage joue un rôle essentiel dans la zone saharienne, mais il n’est pas toujours sensible dans les gisements, certains ne gardant que des traces infimes des bœufs figurés en nombre sur les roches ; on est donc tenté de voir le troupeau comme signe de richesse et son apport à la nourriture lié au lait et au sang plutôt qu’à la chair. A l’inverse de l’élevage qui se développe, les traces d’agriculture restent modestes. Elles ne sont sensibles que dans la vallée du Nil et le Maroc septentrional. On cultive des céréales, orge, blé, mil, sorgho, du sarrasin, des fèves et, peut-être, un petit palmier dattier. 1 .- Encyclopédie berbère, XXXIV : 5464. 2 .- Ceci renforce l’intérêt des Tassili n’Ajjer-Akakus dans la recherche de l’origine de la domestication de cette espèce, on sait en effet qu’à Djanet, un grand nombre de mots est utilisé pour la désigner (dont 5 précisant son état de croissance), élément souvent entendu comme particulier aux lieux d’origine.

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Sahara préhistorique l’épeautre, T. aestivum, le blé dur, T. durum sont connues dans la province tingitane du Ma roc dès le 6ème millénaire, peut-être plus tôt ; il s’agit d’un apport extérieur. Dans la région de l’oued Mya, certains auteurs ont supposé que la prolifération de Cornulaca monacanta au 5ème millénaire pourrait être liée à une intervention de l’homme sur le milieu. Dans les autres régions, les indices sont infimes, mais les données concernant la végétation sont restreintes.

Un artisanat Dans diverses régions, les données archéologiques traduisent une spécialisation des taches. C’est le cas dans la région de Ouargla avec une céramique qui présente une homogénéité de formes, de décors et de techniques de fabrication telle qu’elle implique une fabrication en série. Ayant utilisé des terres différentes, elle a été interprétée comme produite par une tribu spécialisée itinérante. A Ashech III, plusieurs petites stations proches du locus majeur présentent assez de ressemblances avec lui pour permettre d’envisager d’étroites relations et être interprétées comme secteurs spécialisés. Bordj Mellala fournit un schéma significatif avec des aires d’activités nettement spécialisées dans le façonnage de microlithes géométriques. Une distribution des outils par catégorie existe par ailleurs dans le Sahara septentrional, sans que l’on puisse toutefois la dater. Elle fut notée dès 1880 par L. Rabourdin dans le site de Retmaïa dont il dit : « chaque type d’instrument occupe une position particulière ». La fabrication en grand nombre d’un type d’outil ou d’arme, se rencontre aussi au Djado ; un des sites du secteur d’Ehi Woro est un atelier de taille spécialisé en pointes de flèche foliacées, il utilisait comme matériau des bifaces acheuléens en quartzite blonde, la quantité de déchets et de pièces cassées suppose une activité intensive et en objectif un négoce.

Les pratiques culturelles On ne sait toujours pas quel sens donner à une mutilation comme l’avulsion dentaire dont subsistent de derniers témoins. Mais la zone saharienne atteste d’autres pratiques déformantes. Au Sahara central, une déformation crânienne a été observée sur H5 de Tin Hanakaten et l’enfant mis au jour à Uan Muhuggiag par F. Mori. En vue postérieure, H5 présente un contour de crâne franchement pentagonal, les bosses pariétales font saillie, la base du crâne est très étroite ce qui semble dû à une compression transversale en arrière des mastoïdes. Elle aurait été obtenue par des bandelettes ou un appareillage compressif de l’arrièrecrâne provoquant un rétrécissement de la base du crâne et l’aplatissement des parois pariéto-temporales. Elle pourrait également s’être exercée à Gobero ainsi qu’au wadi Shaw. D. Hadjouis propose d’y voir une déformation intentionnelle d’origine ethnique. Plutôt qu’à des délassements, c’est probablement à des rites que sont associées des pratiques musicales. Affirmées dans l’art du Néolithique ancien, au Néolithique moyen, elles sont suggérées par un pipeau (?), os d’oiseaux percé

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Un néolithique pastoral de trous à espaces réguliers à Roknia, une coquille de Charonia à Hergla qui, perforée latéralement, évoque les conques encore utilisées comme instrument de musique et dont un exemplaire retrouvé en France dans le Magdalénien de Mar soulas rapporte l’usage très ancien. Sans que l’on connaisse leur âge, H. Lhote accorde la valeur de lithophone à des pierres retrouvées dans des sites du plateau des Meddak et E. Gonthier a démontré que ces objets mystérieux qu’étaient les rondins de pierre, sont des lithophones assez élaborés pour lui avoir permis avec l’aide d’un compositeur et de percussionnistes de réaliser un concert. Des rites stellaires ? A Nabta Playa, l’équipe Wendorf a identifié diverses structures qui permettent de supposer des cérémonies liées à des éléments astronomiques. Un cercle de pierres de 4 m de diamètre est percé de quatre ouvertures limitées chacune par un couple de pierres plus volumineuses laissant entre elles un espace étroit, l’une de ces ouvertures marque le nord, l’autre le sud. Les deux autres sont alignées 70° E. Des charbons retrouvés à l’intérieur du cercle ont livré la date de 6000 ± 60 B.P. (CAMS1787) (4975-4825 av. J.-C.), ce qui a permis de calculer qu’elles marquaient la position du soleil levant au solstice d’été. A l’intérieur se trouvent trois couples de pierres dressées alignées1, l’astrophysicien T.G. Brophy suggère qu’elles représentent les six étoiles de la constellation d’Orion qui apparaissait ainsi à cette date ; cette position se retrouve en effet tous les 25 000 ans et la plus récente a été réalisée entre 6400 et 4900 av. J.-C. A 300 m au nord, un tumulus recouvrait une fosse contenant les restes d’un jeune bovin ; il était surmonté de branches de tamaris. Le toit a été daté de 6470 ± 270 B.P. (CAMS 17289) (5635-5090 av. J.-C.). Sept autres tumulus qui se trouvaient à proximité, renfermaient également des restes de bovins, mais aucun d’eux n’était en fosse. Dans un rayon de 500 x 200 m, F. Wendorf signale également un groupe de trente structures comportant chacune des blocs de grès dressés encadrant une zone ovale de 5 x 4 m, au centre existe une ou deux grandes dalles placées horizontalement, ces structures qui ne renfermaient aucun matériel, ont été construites sur des « tables » naturelles (?) en forme de champignon dont les sommets sont à 2 ou 3 m de la surface. Plusieurs alignements de pierres, pouvant être sculptées d’un anthropomorphe qui leur accorde valeur de stèle, ont été identifiés dans le nord de la playa : trois lignes parallèles de 600 m de long, sont faites de pierres taillées rectangulaires ou ovales, hautes de plus de 2 m, face dirigée vers le nord ; 500 m au nord de l’alignement, se trouve un cercle de dalles dressées, de 4 m de diamètre et sur le même alignement, à 300 m, une troisième partie consiste en tumulus avec dalles ayant plus d’une trentaine de foyers de pierres autour d’eux. Cet alignement serait dirigé vers le lieu où Arctoris, l’étoile la plus brillante de la Grande ourse se levait entre 4700 et 4000 av. J.-C. Un double alignement long de 250 m serait dirigé vers le lever d’Orion, un autre vers le lever de Sirius. 1.- Le développement du tourisme mettant en danger cette structure, elle a été démontée et remplacée par une réplique. Le monument lui-même a été remonté dans les jardins du musée d’Assouan.

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Sahara préhistorique Les pratiques funéraires Les pratiques funéraires restent le mode d’appréhension privilégié des rites. Dans la vallée du Nil, en Haute Nubie, elles ont permis à I. Caneva d’individualiser, au sein de vastes ensembles, de petits groupes ayant leurs propres traditions. A Kadero, la distribution par sexe montre une forte majorité d’hommes, situation qui peut supposer un traitement différent des défunts selon leur sexe. Si la découverte de fragments de peau sur la tête et les membres de l’enfant H5 de Tin Hanakaten laissent penser à une momification naturelle, la question d’une pratique funéraire peut être posée avec deux momies, dont une jeune femme, découvertes à Takarkori, où elles sont datées entre 6100 et 5000 B.P. (5020 et 3765 av. J.-C.), et l’enfant d’Uan Muhuggiag daté de 5405 ± 180 B.P. (Pi) (4420-4040 av. J.-C.) dont on sait qu’il a été éviscéré. D’une manière générale, l’inhumation est faite en pleine terre dans des fosses habituellement ovoïdes, rondes à Kadruka. Elles peuvent ou non porter une marque extérieure ; sans marques, elles ne sont guère connues que grâce à la déflation qui les met au jour, c’est ainsi qu’ont été découvertes les vastes nécropoles du Sahara méridional ou atlantique. Les tombes sont creusées dans l’habitat lui-même, parfois placées en bordure comme l’enfant retrouvé à Anou Oua Lelioua ou à El Ghorab, site E-79-4. Toutefois, au cours du Néolithique moyen, une tendance à placer les défunts en dehors de l’habitat et à les regrouper s’installe. A Hassi el Abiod, des groupes de 10 à 50 tombes constituent de véritables cimetières alors que d’autres restes humains simplement mêlés aux restes animaux, évoquent Tamaya Mellet. Les fouilles ont permis, en effet, de retrouver dans ces amas coquilliers, non seulement des ossements épars, mais aussi des squelettes en connections anatomiques dont les positions appelaient des soins post-mortem1. A Gobero, où 35 individus ont été mis au jour, les morts étaient placés vers le sommet des dunes, l’habitat au pied. A Kadero existaient deux zones de sépultures, l’une entre les deux secteurs d’habitat, l’autre jouxtant l’habitat nord. A Rouazi, une nécropole se trouvait à proximité d’un habitat de pêcheurs. A El Barga, vers le début du 6ème millénaire, M. Honegger a mis en évidence le passage d’inhumations dispersées à un regroupement en cimetière, ce qu’il voit comme une réponse à la dispersion de l’habitat qu’entraîne le développement du pastoralisme. Parfois, des monuments marquent les tombes, les plus courants sont des tumulus qui peuvent procéder de divers types. Les plus simples sont de petits amas de pierres dominant la tombe, il en a été signalé au Sahara méridional, exceptionnellement ailleurs. Les monuments les plus complexes sont les monuments en trou de serrure qui, par leur distribution et leur âge, sont associés au Bovidien moyen. Au Kheneg Kenadsa existait un agencement de pierres évoquant un ciste. Les inhumations sont presque toujours individuelles ; quelques inhumations multiples ont été pratiquées à Kadero, Gobero... Les orientations, relevées systématiquement dans les sites du secteur Hassi el Abiod, s’y montrent globalement est-ouest. Inversement, dans l’oasis d’El Ghorab, dans la région de Khartoum, à Geili, Shaheinab, Kadero, Areschima, les corps sont orientés ouest-est, orien1 .- L’étude des diverses altérations, raclage, rayures… qui avaient posé problème, a montré qu’elles étaient dues à des agents naturels et non à une intervention humaine.

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Un néolithique pastoral tation qui sera, plus tard, systématique dans le Méroïtique. A E-79-4, un enfant était inhumé en chien de fusil, tête à l’ouest, face vers le sud. Une orientation nord-sud existait dans le wadi Howar pour les restes d’une jeune femme, seuls restes relativement bien conservés venant d’Abu Tabari (S95/2-3). Les positions varient. Une position contractée est rare, elle se trouvait à Geili, El Ghaba, dans le wadi Howar, à Abu Tabari. A Oued Guettara, les individus se trouvaient dans une position non pas fléchie mais repliée, talons au niveau du bassin, bras remontés vers le visage, toutefois la colonne vertébrale restée rectiligne, l’écartement entre elle et les genoux montraient qu’il n’y avait aucun forçage. A Gobero, l’inhumation hypercontractée des défunts de culture kiffianne fait place à un décubitus latéral fléchi. Très répandu, le décubitus latéral fléchi est pratiqué au Tassili n Ajer à Anou Oua Lelioua, au Soudan à El Ghaba, au Niger à Arlit, en Tunisie à Doukanet el Khoutifa, Kef el Agab. A Areschima, dans le nord du Mali, il a été identifié dans des tombes surmontées d’un tumulus. Le décubitus dorsal est rare, à Bekkaria, H6, individu rapporté au Néolithique, était allongé sur le dos, jambes repliées sous les cuisses, semblables en cela à d’autres inhumations plus anciennes venant du même site. L’enfant H3 de Tin Hanakaten reposait sur le dos, jambes en tailleur, position qui pourrait résulter de l’exiguïté de la fosse. Il est possible que H2 de Uan Muhuggiag se soit trouvé dans la même position, ses bras et jambes étaient repliés sur eux-mêmes, ses mains appliquées contre les joues. Cette position est aussi mentionnée à El Ghaba, pour quelques individus et dans la vallée du Nil, pour un enfant de culture abkienne, retrouvé dans le Site 629, tête à l’ouest. Un des défunts de Tamaya Mellet, daté de 5230 ± 100 B.P. (Pa1078) (4220-3960 av. J.-C.), était assis face au sud. Le côté de repos n’est pas toujours indiqué, il semble qu’il ait été indifférent à Gobero. Ce détail est peut-être d’importance car à Hassi el Abiod, dans des temps plus récents, O. Dutour notera que les restes masculins reposent sur le côté droit, les restes féminins sur le côté gauche. Une distinction d’ordre sexuel a également été notée par F. Paris à Iwelen. Ce n’était pas partout la règle, à Areschima, tous les défunts reposaient sur le côté droit, dans des fosses sans marque extérieure. Dans la région de Khartoum, le défunt était également placé sur le côté droit. C’était aussi la position de la jeune femme d’Abu Tabari. Il est possible que le défunt ait été placé sur une litière1, c’est ce que suppose la haute fréquence de graminées dans la tombe de H5 à Tin Hanakaten, dans l’une des tombes d’Hergla, que l’on ne peut cependant attribuer formellement au Néolithique. Comme au Paléolithique supérieur et à l’Epipaléolithique, l’ocre joue un rôle important, probablement majeur dans diverses cultures, en particulier dans le Bovidien et le Néolithique de tradition capsienne. Des auteurs comme E.G. Gobert, H. Camps-Fabrer ont souligné sa valeur symbolique qui donne force et vie. A Tin Hanakaten, une pierre ocrée était placée au-dessus de la tête de l’inhumations H3 face ocrée vers le bas, reproduisant ainsi une pratique du Néolithique ancien. Le sédiment qui entourait le défunt était fortement ocré, de même pour H6 de Bekkaria ; à Henchir Hamida, à Rouazi, des corps 1.- D’après les Touaregs qui accompagnèrent les fouilles de Tin Hanakaten, ce serait une pratique encore utilisée.

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Sahara préhistorique reposaient sur un véritable lit d’ocre. Un crâne isolé enduit d’ocre provient du Damous el Ahmar et le pariétal percé d’Abbiar Miggi était également ocré. A l’abondance de l’emploi de l’ocre s’oppose généralement la pauvreté de la parure et du mobilier funéraire. De riches parures et offrandes n’ont été observées que dans quelques sites de la vallée du Nil et, à un degré moindre, dans deux tombes du Néolithique de tradition capsienne. Dans l’escargotière d’Henchir Hamida, l’enfant de 6 ou 7 ans qui reposait sur un lit d’ocre portait un collier fait de 5000 rondelles d’enfilage, perles, os d’oiseau, lames tirées de canines de sanglier et percées de trous à chaque extrémité. Au bas de la colonne vertébrale de H6 de Bekkaria se trouvaient deux amas comportant l’un 8 coquilles (dont 4 fragmentaires) de Trochocochlea turbinata, une de Pectunculus violacescens, de l’œuf d’autruche (3 fragments gravés, 3 rondelles, 1 plaquette perforée), une plaquette triangulaire en calcaire, perforée ; l’autre amas était fait de 10 coquilles de Columbella rustica, 1 plaquette de nacre perforée, 3 pendeloques en os, 6 perles polies dans une pierre rougeâtre et un collier de 1635

Au néolithique moyen, l’habillement est varié et des modes régionales possibles. Dans la vallée du Nil au 5ème, peut-être 6ème millénaire, la culture du lin permet le tissage ; il sera réservé aux temples et aux tombeaux et sa production deviendra très règlementée en passant sous le contrôle des scribes. Les motifs de certains vêtements s’expliqueraient aisément par l’usage de métiers à tisser semblables à ceux retrouvés au Proche-Orient au 4ème millénaire et qui produisaient d’étroites bandes. Dans les Tassili n Ahaggar, en Téfédest, dans l’Immidir des franges qui bordent les vêtements peints sur les rochers évoquent l’une des particularités actuelles des objets touaregs. La coiffure connaît un soin particulier et son importance paraît bien marquée par une scène peinte à Uan Amil. Les inhumations en dehors de l’habitat deviennent courantes à cette époque dans la vallée du Nil. Le décubitus latéral fléchi se retrouve fréquemment et dans certains sites le côté de repos dépend du sexe. L’abondance et la richesse du mobilier et de la parure témoignent d’une différentiation sociale particulièrement marquée en Nubie où Kadero, El Ghaba, Kadruka sont significatifs. Chez les pasteurs du Sahara central, des animaux, essentiellement des bovins, ont été mis en terre avec les mêmes soins que les hommes ; plus tard, dans la vallée du Nil, s’ajoutent des chiens, chats, ovins ou caprins, oiseaux... L’intérêt porté aux astres par les populations sahariennes se traduit à Nabta Paya dans un ensemble mégalithique complexe dont les composants multiples et diachrones sont orientés vers Sirius et les étoiles les plus brillantes de la Grande ourse ou d’Orion. 294

Un néolithique pastoral rondelles d’enfilage. A Gobero, la parure serait courante, il est possible qu’il y ait eu des dépôts funéraires, une défense de phacochère se trouvant sur l’une des tombes. Dans le nord du Mali, quelques éléments de parure, perles, labret, ainsi qu’un dépôt funéraire fait de graines, peuvent accompagner le mort. El Gharba a montré une pratique singulière avec un morceau de malachite placé dans la bouche. A Tin Hanakaten, seul H4, un bébé, semblait accompagné de parure : sans trace de fosse, limités à un fragment de tibia et de péroné et à quelques métatarsiens, ses restes gisaient près d’une enfilade de rondelles en test d’œuf d’autruche. La poterie, vases entiers ou souvent brisés, est le mobilier le plus habituel. A Abu Tabari, deux vases sphériques à motif herringbone, placés l’un dans l’autre, étaient à hauteur du pelvis de la jeune femme ; un coquillage, quelques pierres taillées, de l’ocre, des restes de poissons et de bovins calcinés se trouvaient autour et sur le squelette. Cette inhumation offre des similitudes avec les inhumations du groupe A et du Pré-Kerma. A Rouazi, au Maroc, se trouvaient des haches polies, de nombreux objets en os, en ivoire d’éléphant, des gobelets et des vases en pierre. Dans la vallée du Nil, l’archéologie funéraire rapporte des pratiques qui diffèrent sensiblement selon les individus. A Kadero, la quinzaine de tombes regroupée près de l’habitat nord était accompagnée de riches parures et offrandes, colliers et pendentifs en cornaline, coquillages, labrets en zéolithe, poteries fines, têtes de massues, alors que dans les autres inhumations les offrandes étaient rares. A El Ghaba, deux groupes d’inhumations ont été distingués. Dans l’un se trouvaient des bucranes et des vases rouge à frise de festons noirs sous la lèvre qui évoquent le Shaheinabien, dans l’autre, des vases caliciformes dont on ne trouve pas trace dans l’habitat et qui pourraient être associés à un rituel funéraire de libation. A El Barga, les tombes du cimetière étaient riches en parure -colliers, bracelets, labrets, boucles d’oreille, pendentifs, perles- ; le mobilier pouvait comporter des vases, des coquillages diversement utilisés -transformés en cuillère pour l’un, en boite pour d’autres qui étaient liés par paire-, palettes, quelques poteries et objets divers. Dans l’une des tombes, datée d’environ 5750 av. J.-C., où se trouvaient un homme et un enfant, avait été placé un bovin domestique. A Kadruka, des figurines en terre cuite, souvent des bucranes de bovidés accompagnaient le mort. Une tombe autour de laquelle étaient disposées les autres sépultures présentait un mobilier beaucoup plus riche ; cette disposition et cette distinction supposent une hiérarchie, la tombe centrale serait celle d’un chef. Les cultures du Néolithique moyen, en particulier la culture bovidienne, n’ont pas réservé des soins aux seuls morts humains, divers animaux, chiens, ovins ou caprins, bovins ont été ensevelis. Une telle pratique qui connaîtra son apogée dans la vallée du Nil, a été retrouvée à Chin Tafidet, In Tuduf, dans la région d’Arlit, à Rouazi1, à l’Adrar Bous2. Le site le plus important, celui de Mankhor3 dans la Tadrart, est une véritable nécropole indépendante de tout 1 .- Cf p. 509. 2 - L’une d’elles qui conservait toutes ses connexions anatomiques pourrait être liée à un rapide recouvrement naturel. 3 .- Cf p. 513.

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Sahara préhistorique habitat et de toute inhumation humaine ; étalée sur une cinquantaine d’hectares, elle s’échelonne entre 5650 et 4775 B.P. (4650 à 3375 av. J.-C.). Les manifestations artistiques L’art mobilier se développe au cours du Néolithique moyen et atteint un haut niveau esthétique au Sahara central, dans le Bovidien, avec la sculpture en ronde-bosse (fig. 51). Une cinquantaine de pièces est actuellement connue mais leur contexte reste ignoré dans la plupart des cas. Il s’agit pour la quasi-totalité de formes animales parmi lesquelles prédominent les bovins. D’une extrême sobriété, ces sculptures sont façonnées et polies dans des roches dures variées, grenues ou microgrenues le plus souvent. Seuls les traits essentiels à même de rendre l’animal sont esquissés d’où les variantes qui peuvent advenir dans

Fig. 51 - Rondes bosses : 1) tête de bélier de Tamentit ; 2) pierre sculptée de l'oued Heffek ; 3) tête de bovin de Tadjentourt (d'après Camps-Fabrer, 1966).

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Un néolithique pastoral l’identification. Les figurines en argile qui connaîtront une grande vogue dans les sites médiévaux, sont connues dans le Néolithique pastoral. Au Fezzan, B. E. Barich et F. Mori mentionnent une représentation de chien et une de gazelle retrouvées dans les fouilles de l’oued Athal. Les niveaux bovidiens de Tin Hanakaten en ont livré plusieurs figurant des bovins (fig. 80) ou des humains. Dans le Néolithique de tradition capsienne, le test d’œuf d’autruche est un support privilégié de tracés géométriques auxquels Redeyef ajoute des tracés animaliers. Le Bovidien fut d’abord connu par d’innombrables gravures et peintures du Tassili n’Ajjer et de Téfédest, traduisant le développement du pastoralisme : elles renvoient les images de la société et de ses artisans et permettent d’y suivre le remplacement des bovidés par des ovi-capridés, vers le 4ème millénaire, lors des débuts de la détérioration climatique. Des peintures rattachées à cette période abondent au Djebel Ouenat, en Ennedi. Beaucoup figurent des troupeaux de bovins et de chèvres. Au Djebel Ouenat, les girafes et les oryx sont nombreux, les autruches fréquentes. Des personnages interviennent dans des scènes pastorales ou de chasse. L’Ennedi conserve une profusion de personnages de styles divers, du bétail, peu de faune sauvage. Art peint surtout connu dans la région de Fada, la période bovidienne y serait plus récente qu’au Tassili, elle aurait été précédée d’une période dite archaïque dont les peintures sont souvent rapprochées de l’art des Têtes rondes. Plusieurs cultures montrent des expressions artistiques d’une haute qualité. Au Djado, l’art peint se développe dans les zones à abris ; il com porte deux groupes qui se rapprochent du Bovidien, présent plus au nord durant cette période. Un art gravé d’une diversité stylistique exceptionnelle est omniprésent, mais avec une densité extrêmement variable, allant des figures isolées éparses dans certaines zones jusqu’aux sites à forte concentration présentant plusieurs centaines de gravures de différents styles (Arkana, butte de Kolokoro, .rocher de Kolokaya). Le Sahara méridional paraît moins riche en manifestations rupestres. Dans le nord du Mali, l’art bovidien, peu présent, est seulement gravé. Des gravures sur dalles ont été identifiées à l’oued Haïjad. Elles figurent de grands mammifères (antilopes, girafes, rhinocéros) en traits polis, dont le style évoque les gravures du Sahara atlantique. N. Petit-Maire les associe aux restes d’un lac holocène daté de 8300-4400 B.P. (7320-3080 av. J.-C.). Les gravures reconnues par O.H. Myers à Abka et à Gorgon, à hauteur de la Deuxième Cataracte, figurent une profusion d’animaux et de signes que P. Huard et J. Leclant attribuent pour partie à des Chasseurs. Un recouvrement par des niveaux archéologiques et diverses associations ont conduit W. Davis à les rapporter à l’Abkien et au Khartoum variant. Dans l’Atlas saharien, les gravures représentent des animaux Pelorovis, éléphants, bovins, antilopes, gazelles, rhinocéros... et comportent des motifs spiralés originaux, des signes vulvaires particulièrement délicats à associer aux autres gravures. S’appuyant sur le matériel archéologique qu’il avait récolté au pied de parois gravées, R. Vaufrey les a attribuées au Néolithique de tradition capsienne, attribution qui, longtemps, est restée exclusive. Il n’est plus possible de la maintenir, d’autant que divers faciès culturels sont connus dans la région. L’industrie lithique identifiée par F.E. Roubet dans un dépôt cendreux au pied

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Sahara préhistorique de la Station du Méandre dans le piedmont sud n’est pas significative, ni sa date, 5850 ± 150 B.P. (Gif883) (4900-4510 av. J.-C.). Les outillages retrouvés dans les stations de Marat et Garet et Taleb, Mahisserat qui disposent du même éventail d’outils (les proportions différentes de perçoirs et microlithes géométriques ne suffisant pas à masquer la même représentation des lamelles à dos et cochesdenticulés) suggèrent un faciès (non daté) bien différent du Néolithique de tradition capsienne et qui aurait des liens avec le Néolithique tellien. Au Sahara atlantique, on ne sait, non plus, situer les nombreuses gravures. L’apport du langage Quelques informations proviennent de la vallée du Nil, où un changement marquant interviendrait dans le langage vers 6000-5500 av. J.-C., avec l’individualisation de l’ancien parler égyptien qui aurait été utilisé jusqu’à la Première Période Intermédiaire. Sa séparation des autres langues afro-asiatiques marquerait soit un isolement de la région -incidence de l’aride mi-holocène ?soit la forte suprématie d’un groupe.

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Chapitre VI LE NEOLITHIQUE RECENT ET L’APPARITION DE LA METALLURGIE A partir du 4ème millénaire, une dégradation du climat entraîne de profonds changements dans les paysages sahariens. Les réseaux hydrographiques se désorganisent totalement à l’exception de ceux des fleuves allochtones, Nil et Niger, qui prennent une dimension nouvelle, tout particulièrement le Nil par sa crue. Le troisième fleuve allochtone, la Saoura, seulement alimenté par la montagne méditerranéenne, ne pourra, au mieux, qu’entretenir un ruban verdoyant le long de son parcours. Ce changement se fait par à coups, il engendre le dépeuplement de nombreuses régions et contribue à augmenter la densité ailleurs. Dans le Sahara, parallèlement à la raréfaction du peuplement, bien qu’aucune zone de concentration ne soit connue, on ne saurait exclure que se créent alors les oasis, secteurs pour lesquels on ne dispose quasiment d’aucune donnée. A l’est, les sites Pt 22 daté de 3510 ± 35 B.P. (GrN6949) (1890-1770 av. J.-C.), Pt 43 de 3320 ± 35 B.P. (GrN6018) (1680-1530 av. J.-C.) marquent une des dernières phases ayant favorisé l’occupation du Djebel Ouenat. Dans le Sahara méridional, des périodes de rémission amènent un balancement du peuplement. Partout l’activité dominante reste l’élevage, mais la constitution du troupeau change. Au 3ème millénaire, l’intervention de la métallurgie n’introduit pas de transformations sensibles dans les cultures matérielles sahariennes alors que, tout comme l’intervention du char et du cheval, elle modifie les structures sociales et met en place les bases des sociétés actuelles. L’art rupestre traduit bien ces changements et, pour la première fois, l’importance accordée aux armes. Mais à comparer les dates des sites où se perçoivent les premières traces de métallurgie et celles de sites qui n’en portent aucune, il est probable que cette nouvelle technologie mit longtemps à se généraliser ; elle apparaît parfois par des marques si ténues, qu’il est délicat de distinguer un vrai Néolithique final d’un « Age des métaux ». Au 3ème millénaire, avec la forte augmentation de la population en périphérie du Sahara, une organisation en villages, parfois en villages défensifs, en cités-états, chefferies, puis en royaumes se met en place. Dans la vallée du Nil, la société s’organise très tôt et le contrôle des matières premières, abondantes dans le désert arabique, supplantant la production, engendrera une nouvelle classe. Dès 3200 av. J.-C., avec l’écriture, l’Egypte entrera dans l’Histoire. Les populations vivant à l’ouest du Nil tenteront en permanence de s’installer dans la vallée et le Désert libyque peu à peu vidé de ses populations deviendra un lieu de bannissement.

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Fig. 52 - Gisements et secteurs du néolithique récent et des premières métallurgies cités

Sahara préhistorique

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Fig. 52 – Sites et secteurs du Néolithique récent et de l'Age des métaux (en italique) cités : 1) Tamanrasset II (=Tam II), Tahabort (= AK-HG 076-10), Amekni, Abalessa ; 2) Tin Hanakaten ; 3) Oued el Agial ; 4) Adrar Bous ; 5) Iwelen ; 6) Eghei Zouma ; 7) Borkou, Taïmanga, Oum el Adam; 8) Ennedi ; 9) Wadi Howar (Djabarona, Conical Hill (=84/24), Site S95/2) ; 10) djebel Moya ; 11) Geili ; 12) Khartoum ; 13) Butana ; 14) Hagiz ; 15) Shaqadud ; 16) Shendi ; 17) El Kadada ; 18) Atbaï, Delta du Gash ; 19) Kerma ; 20) Wadi Shaw ; 21) Saï ; 22) Nabta (site E-75-8), Kiseiba (sites E-79-4, E-79-5, E-79-9) ; 23) Wadi Bakht ; 24) Wadi el Akhdar ; 25) Oueddane ; 26) Dakhla ; 27) Kharga Site E-76-7 ; 28) Sayala ; 29) Khor Daoud ; 30) Khor Bahan ; 31) Adaïma ; 32) Hierakonpolis ; 33) Héliopolis ; 34) Armant ; 35) Laqeita ; 36) Hammamat ; 37) Hémamieh ; 38) Badari ; 39) Pt 22, Pt 43 ; 40) Mostagedda ; 41) Farafra ; 42) Baharia ; 43) El Omari ; 44) Maadi ; 45) Mérimdé Beni-Salamé ; 46) Buto ; 47) Izimane ; 48) Sidi Menaa ; 49) Les Dunes ; 50) Les Perles, Site 731, M'Raneb ; 51) Tilrempt ; 52) Doucen ; 53) Bou Zabaouine, Ouled Zouaï ; 54) Ali Bacha, Pic des Singes ; 55) Bolloghine (=St Eugène) ; 56) Chenoua, Cherchell ; 57) Columnata, Vigne Serrero, Ain Torrich 5 ; 58) Brézina (El Arrouya (=Rhar Msakna), Grotte de la Piste, station du Méandre) ; 59) Aïn Sefra, Rhar oum el Fernam ; 60) Oued Saïda ; 61) Karrouba ; 62) El Ghot ; 63) Beni Snassen ; 64) Fontaine Rahal ; 65) El Heriga, Kef el Baroud, Aïn Smene ; 66) Rhirane, Bou Guennouna, Jorf el Anngra ; 67) Bab Merzouka ; 68) Kaf Taht el Ghar ; 69) Gar Kahal ; 70) El Khril ; 71) Mers, El Mries ; 72) Sidi Slimane ; 73) Oued Beth, Dchira, Halabadu ; 74) Oued el Akrech ; 75) Dar es Soltan, Mehdia, Rouazi (=Skhirat), El Kiffen ; 76) Oued Zeggag ; 77) Mazagan ; 78) Marrakech, Oukaimeden, Ifri Oberrid ; 79) Taouz ; 80) Tazarine ; 81) Yagour ; 82) Rat ; 83) Amzri ; 84) N'Metgourine ; 85) Tarentule ; 86) erg Er Raoui ; 87) erg Chech ; 88) Izriten ; 89) Site Letan ; 90) Lanzarote ; 91) Fuerteventura (Cueva de los Idolos, Tindaya) ; 92) Grande Canarie (Cueva Pintada de Galdar) ; 93) Ténérife (La Arena) ; 94) La Gomera ; 95) El Hierro ; 96) La Palma (La Guancha) ; 97) Zemmour, Ifri n’Amr ou Moussa ; 98) Zouerate ; 99) Adrar, Oum Arouaba ; 100) Cap Blanc ; 101) Tintan ; 102) Arguin ; 103) Chami (B15) ; 104) Nouaferd (=Lemdena 8), Acheïl AC1 ; 105) Tijirit (Site 11, 13, 24, 36, 37, 71, 73, 74) ; 106) Akjoujt (grotte des Chauves Souris), Guelb Moghrein ; 107) Amatlich, Khatt Leimaïteg, Touizigt, Damane, Lemdena ; 108) Dkhraïna, NKT Km 130, Aïn es Salama, Imbich-est, Nouakchott KN2, Tenneswillim ; 109) Khant ; 110) Tagant ; 111) Akreijit, Dakhlet el Atrouss, Tichitt ; 112) Aouker ; 113) Djonaba ; 114) Nioro ; 115) Tejalet oum Ekedjar ; 116) Chegga ; 117) Kobadi ; 118) Ounjougou, Fanfanniékéné ; 119) Jenné ; 120) MK13, MK36 ; 121) Taoudeni (MT4, MT29, MT32, MT10A, Aïn Guettara) ; 122) Bordj Mokhtar ; 123) Ine Sakane (MK6, Tagnout Chaggeret, MK42, AZ41, AZ21, AZ56, AZ15) ; 124) Adrar des Ifoghas ; 125) Tin Lalou ; 126) Anezrouft, In Silouf, Tin Astel, Oued Oukechert ; 127) Asselar, Aguendemen ; 128) Hamoud Nechek ; 129) Km 110, Eblelit, Nilkit Mich ; 130) Taguelalt ; 131) Karkarichinkat-sud, Karkarichinkat-nord, Nilkit Aoudache, Smar Smarren, In Arabou, In Begouen ; 132) Lagreich, Ilouk ; 133) Taouardeï ; 134) In Aoukert, Gao-hydrocarbure, Gadaoui ; 135) Télataye ; 136) Zarmaganda (B.14.04) ; 137) Aroyo ; 138) Kirkissoy ; 139) Sirba (Tondikwaré) ; 140) In Tékébrin ; 141) Asanamas, Ikawaten ; 142) In Tuduf ; 143) Chin Tafidet ; 144) Mentes ; 145) Taferjit ; 146) Termit Gara Tchia Bo (Site 20, 55, 48, 75) ; 147) Do Dimmi ; 148) Djourab, Koro-Toro ; 149) Egaro ; 150) Daïma ; 151) Konduga ; 152) Gajiganna ; 153) Ehi Woro Marigot ; 154) Tardjié ; 155) Dao Timmi ; 156) Arlit ; 157) Takéné-Bawat TB4 ; 158) Gossolorom ; 159) Mahroughet, Tazbent ; 160) Atbara KG28 ; 161) Nagada ; 162) MN14, MN 36 ; 163) Cap Manuel, Bel Air, Diak, Pointe de Fann, N’gor. Cartouche : A -1) Sekiret ; 2) Azelik site 210 : 3) Tuluk site 211 ; 4) Anyokan site 201 ; 5) In Gall (In Taylalen I) ; 6) Shin Ajeyn ; 7) Marandet ; 8) Orub ; 9) Tamat 155 ; 10) Eres n'Enadan ; 11) Chin Oraghen site 105 ; 12) Afunfun 175, 162, 176, 179 ; 13) Mio 169 ; 14) Chin Wasararan 117 ; 15) Efey Washaran 149 ; 16) Site 119.

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Sahara préhistorique LE NéOLITHIQUE RéCENT Le passage Néolithique moyen-Néolithique récent est encore moins net que le passage Néolithique ancien-Néolithique moyen. Au Sahara, l’aridité qui croît sans cesse étiole certaines cultures, chasse les hommes vers la périphérie, en piège dans les lieux privilégiés où l’eau est accessible. Ceux qui restent doivent utiliser de plus grandes superficies pour nourrir les troupeaux ; le nomadisme se développe. Les bovins cessent d’être l’essentiel du bétail, des moutons et des chèvres les remplacent, puis, à l’aube de l’ère chrétienne ne resteront que les chèvres, les moutons ayant laissé place aux chameaux1. Les difficultés à dissocier les dernières manifestations néolithiques des premières métallurgies, entraînent certaines ambiguïtés, la présence de métal seule, n’étant pas jugée significative. Ainsi des sites dans lesquels cette présence n’est pas avérée, mais où il paraît peu probable qu’il n’ait pas été connu, peuvent être rattachés à l’Age des métaux. La phase récente du Ténéréen a certainement perduré longuement : elle se développe jusqu’à 3810 ± 60 B.P. (2380-2168 av. J.-C.) à Rocher Toubeau 7 où elle est associée à un petit cimetière dont une des tombes est datée de 3860 ± 200 (Pa840) (2612-2054 av. J.-C.) ; la découverte d’objets métalliques sur un site d’artisan fabricant de petits grattoirs pose la question de son maintien à l’Age des métaux. Par ailleurs des pierres taillées que les datations permettent de situer jusqu’au 11ème siècle ap. J.-C. (!)2 montrent la longue durée d’un outillage typiquement néolithique.

Les cultures du Massif central Au cœur du massif, la culture de Tamanrasset, évolution probable de la culture d’Amekni, se met en place marquée par une lente transformation du décor des poteries. Les sillons restent fréquents, les poinçonnages et les dents connaissent une plus grande faveur alors que l’usage du peigne perd sa place privilégiée. L’outillage lithique développe les pièces à retouche continue et les têtes de flèche. En Téfédest, la culture de Timidouin voit la surface décorée des poteries se réduire jusqu’à disparaître, les dents deviennent moins fréquentes, un penchant pour les motifs au peigne est cependant conservé. L’outillage lourd régresse, les pièces à retouche continue se multiplient, le nombre de grattoirs, microlithes géométriques augmente légèrement, celui des têtes de flèche se multiplie. J.P. Maître a nommé Idélesien et faciès de Tan Ainesnis, ces nouveaux aspects. Il leur attribue une partie des gravures et des peintures de Téfédest. Sur les marges du massif central, quelques changements interviennent dans les outillages lithiques bovidiens. Les palets et les disques ne figurent pas dans les plus tardifs et de minuscules haches, inconnues antérieurement, s’y trouvent. La poterie paraît mieux cuite, le décor s’organise souvent en registres, peut se limiter au pourtour de l’orifice, voire manquer. L’art rupestre permet de suivre 1 .- Souvent, le terme chameau est utilisé en place de dromadaire  ; se rapportant à Camelus dromedarius, l’appellation n’est pas erronée. 2 .- En 1970, les vieux du Souf savaient encore tailler le silex et façonner les pierres à fusil.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie les modifications de la vie par la transformation des troupeaux, l’intervention du cheval dont on n’a aucune trace autre. Bien que l’on soit encore loin d’appréhender toutes les images de cette période, leur répartition semble différente, elles seraient moins fréquentes et moins dispersées. A Takarkori, une instabilité climatique évoluant vers une savane sèche a été identifiée entre 5700 et 4650 B.P. (4530 et 3465 av. J.-C.), période nommée Pastoral récent. Elle conduit à l’abandon de l’abri. La découverte de 5 squelettes d’hommes ou d’adolescents dans un tumulus à proximité de l’abri, datés à partir de 4500 B.P. (3225 av. J.C.), moment où la région devient aride, confirment une ségrégation sexuelle qui se dessinait avec les inhumations féminines retrouvées dans l’abri. Une étude de l’émail des dents rend compte de la sédentarité de la population en montrant des inhumations près des lieux de vie et de naissance. Au Djado, dans la région de Dao Timmi et, plus au nord, dans l’oued Tardjié, des changements se traduisent également dans la céramique. A Ehi Woro Marigot, où elle est datée de 4195 ± 75 B.P. (Ny55) et 4000 ± 130 B.P. (Alg0108) (2880-2640 et 2850-2310 av. J.-C.), un décor fait de dents, flammes, sillons pointillés, n’atteint qu’exceptionnellement les bords. Les rares monuments funéraires qui ont été étudiés, non datés, sont délicats à situer ; tout au plus peut-on remarquer une orientation ouest-est et une position en décubitus latéral fléchi dans un tumulus, en décubitus dorsal, jambes repliées dans une bazina. Arlit Dans le nord du Niger, le niveau supérieur du gisement principal d’Arlit, sableux et limoneux, correspond à une phase où des moments de sécheresse et d’humidité se seraient succédés. Il est daté de 4530 ± 110 B.P. (Gif2289) (34903030 av. J.-C.). Il renfermait de nombreux restes humains qui, contrairement à ceux du niveau inférieur, n’étaient pas protégés par des pierres. Une inhumation avait été faite en jarre. Les éléments archéologiques y étaient beaucoup plus nombreux, mais restés semblables à ceux du niveau inférieur, F. Paris les interprète comme des tas de refus postérieurs aux inhumations. Divers sites de la région procèdent probablement de cette phase. Ils offrent diverses singularités, four de potier dans l’un d’eux, appuis-têtes en argile dans d’autres ; dans l’un, une inhumation de femme était encore recouverte par endroits d’une robe ou d’un linceul de cuir descendant à mi-jambe. Tahabort (= AK-HG 076-10) Parmi les éboulis granitiques de l’extrémité orientale du plateau des Telbosetîn, en Taessa, un niveau cendreux discontinu associé à de nombreuses auges fut découvert en 1971. Ce gisement qui fut fouillé en 1972 et 1973 par J.P. Maitre et C.A. Vaucher, est daté entre 2650 ± 100 (GSY2900) et 930 ± 100 B.P. (GSY3325) (900-790 av. J.-C. et 1000-1220 ap. J.-C.). L’industrie lithique de faible densité, est faite d’éclats et lames retouchés, de pièces à coches, de quelques grattoirs, elle renferme des têtes de flèche qui sont pédonculées et des cristaux de quartz à sommet écrasé. Les pièces de fortune sont nombreuses. La céramique, en général fine, porte souvent un engobe rouge, elle n’est que rarement décorée dans la masse, généralement d’un motif poinçonné. Tel qu’il est

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Sahara préhistorique existe des galets aménagés, des fragments de meules, des molettes. Des meules plates, légères, auraient pu servir de plat. Les molettes ont des formes diverses, une en lave présente une gorge équatoriale1, certains fragments sont ocrés. Le matériel est proche de celui d’Amekni niveau supérieur2, mais il manque de pièces à coches et ici, sa répartition n’était pas homogène : dans un secteur se concentraient les têtes de flèche, dans un autre des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, ce qui pourrait traduire une organisation de la surface occupée par les hommes. Le gisement a livré deux inhumations. Les corps étaient étendus l’un près de l’autre, parallèlement. En position fléchie, ils reposaient sur le côté droit, orientés est-ouest. Trois tessons de poterie se trouvaient en contact avec eux. Tin Hanakaten A Tin Hanakaten, dans le Tassili n’Ajjer, seul un changement dans le mode d’occupation de l’habitat particularise un Néolithique récent. Sur 1 m d’épaisseur, en effet, la sédimentation S3 (niveaux N4 et N3) est homogène, massive, grise, cendreuse, ne se modifiant que par un enrichissement en sable éolien de plus en plus important. La base de la séquence S3 se placerait vers 5435±45 B.P. (Hela1470) (4335-4260 av. J.-C.), sa fin vers 3100±240 B.P. (BDX 480) (1360880 av. J.-C.). La distribution du matériel au sol consiste en lentilles constituées de foyers auprès desquels gisent des pierres taillées qui se télescopent, ce qui permet d’identifier un habitat discontinu, de faible durée. Sans que l’on puisse percevoir de changement dans le matériel ou les modalités d’occupation, ces campements se poursuivent dans la partie inférieure du niveau de fumier N2 (=S2) qui coiffe les dépôts anthropiques, où les plus récents sont datés de 2520 ± 35 (Hela1150) (790-540 av. J.-C.). Avec quelques éléments de Bos taurus, Ammotragus lervia, de gazelles, la faune recueillie est comparable à celle de la séquence inférieure S4, mais l’enrichissement de la végétation en Ziziphus souligne sa dégradation. Le matériel3 étudié par M. Alliche montre une grande stabilité tout au long de cette occupation, avec seulement quelques nuances lors du passage à S2 où la poterie et le matériel lithique sont peu fournis, les éclats plus irréguliers, globalement plus petits, les outils de facture plus médiocre. Le matériel de S3 consiste surtout en têtes de flèche, pièces à coches-denticulés et burins. Il marque une évolution par rapport à celui de S4 par l’augmentation sensible de ces derniers et la diminution des retouches continues qui étaient particulièrement abondantes en S4. En S3, les bords d’éclats, de lames, lamelles, sont parfois polis. Des haches polies de 4 à 8 cm de longueur, quelques outils en os ou bois durcis au feu, des débris de matériel de broyage, des tessons de poterie interviennent. Bien que leur décor soit toujours dominé par les ponctuations, leur distribution change, les woven mat diminuent au profit des semis, les filetés régressent alors que les dents connaissent une forte progression ; deux tessons portent un motif 1 .- Dans les proches environs, deux molettes en lave présentant une gorge équatoriale gisaient sur le sol. De telles pièces seraient encore utilisées pour façonner les plats en bois. 2 .- Cf Annexes p. 575. 3 .- Id.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie décrit et daté, ce site montre l’emploi extrêmement tardif d’un outillage de pierre dans le Massif central saharien. J.P. Maître y verrait volontiers une extension de la culture de Timidouin. Tamanrasset II Le gisement Tamanrasset II, le plus souvent nommé Tam II, fut découvert fortuitement en 1964 par J.P. Maître lors d’une mission menée avec le concours du CRAPE et de l’IRS. Il est daté de 3900 ± 100 (Mc487) et 3330 ± 250 B.P. (Gif357) (2550-2200 et 1950-1300 av. J.-C.). Comme Amekni, il est fait de divers foyers installés parmi les boules granitiques et celles-ci sont creusées de cuvettes dont certaines ont des dimensions importantes. L’outillage1 (fig. 53) est peu diversifié, dominé par les pièces à retouche continue ; les grattoirs, puis les têtes de flèche forment des groupes secondaires étoffés. Les têtes de flèche sont en majorité triangulaires à base excavée (type a18 de Hugot), certaines sont pédonculées ou foliacées et quelques fragments évoquent les formes tour Eiffel. Les grattoirs sont variés, certains, très petits, ne dépassent guère 1 cm et peuvent être circulaires. Les rares microlithes géométriques sont plutôt des segments. Il

Fig. 53 – Néolithique récent du Sahara central. Industrie lithique : 1, 11) racloirs ; 2) grattoir circulaire ; 3, 4) têtes de flèche à base concave ; 5) tête de flèche tour Eiffel ; 6) segment ; 7) grattoir sur éclat à bord abattu ; 8) triangle scalène ; 9) fragment de lame retouchée ; 10) rabot ; 12) tête de lance. Décors de poterie : 13) croquet+cannelures+hachures ; 14, 15) dents+croquet (Origine : 1 à 12) Tamanrasset II. (d'après Maître, 1965) ; 13) In Djeran, 14- 15) Iberdjen. (inédit). 1 .- Cf Annexes p. 575.

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Fig. 54 – Les séquences culturelles récentes d'Egypte et du Soudan (d'après Manzo in Krzyzaniak et al., 1996).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie de dotted wavy line et quelques exemplaires un motif pieds de poule. Nombre de fragments de vanneries et de liens montrent une qualité moindre que précédemment. Cette séquence a livré des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, quelques tests décorés, de l’ocre, des figurines en terre cuite représentant des bovins et des personnages stylisés, toutes de plus grandes dimensions que celles de la séquence S4 sous-jacente. Les quelques éléments de faune rapportent la présence de Bos taurus, de gazelles, mouflons, damans . Il n’est pas exclu que l’enfant H3 retrouvé dans la partie sommitale de la séquence précédente appartienne au niveau inférieur, N4. Un changement dans la structuration générale de l’espace transparaît avec des fonds de piquets qui disparaissent de la zone qu’ils occupaient depuis les toutes premières installations pour se localiser le long de la paroi, non loin d’elle. De même les vanneries et les liens se regroupent eux aussi près de la paroi, un amas placé vers l’entrée de l’abri durant N4, fait place à un similaire vers le fond durant N3, soit à partir de 2500 av. J.-C. On ne sait à quoi associer cette dernière réorganisation de l’espace, sauf à réviser les temps caballins. Si la date paraît haute pour y voir le passage bovidien caballin, l’abondance des traces picturales de période caballine, y compris la présence d’une figure majeure -un char au galop volant-, implique une présence caballine ; la seule autre rupture sensible étant l’abandon des lieux aux animaux, la question se pose. Cette hypothèse rapporterait l’intervention du cheval au Tassili n’Ajjer à une date bien plus haute qu’il n’est actuellement admis.

Dans le Sahara oriental, les horizons Leiterband et Handessi Dans le Désert libyque, à l’ouest du Nil, le Néolithique récent se rencontre dans les grands oueds, wadi el Akhdar, wadi Shaw, wadi Bakht où il est nommé « Gilf C » et daté de 4350 à 3500 av. J.-C. Les dunes qui barrent leurs cours, favorisent la formation de petites mares et facilitent l’implantation des habitats. Le Néolithique forme aussi un voile à la surface de sites oasiens. Il est connu à Kharga Site E-76-7, Nabta Site E-75-8, Kiseiba Sites E-79-4 sup1, E-79-52, E-79-9. Il possède une poterie de belle qualité, dont le décor se limite généralement à un bandeau autour de l’ouverture. L’industrie lithique est dominée par les coches et denticulés, les grattoirs et les segments sont courants alors que les triangles ou trapèzes, plus encore les têtes de flèche, restent rares. Le matériel de broyage est commun, tout comme les haches polies ou les palets. C’est au Néolithique récent que se rattacherait le « Peasant Neolithic », ensembles industriels dominés par les pièces à coches et denticulés, riches en racloirs, grattoirs et perçoirs, où les pièces foliacées bifaciales à retouche couvrante sont nombreuses, dont la poterie peut porter un motif incised wavy line à très larges vagues, qui a été reconnu par G. Caton-Thomson dans l’oasis de Kharga. Les horizons Leiterband et Handessi Reconnus dans le sud du désert libyque par les travaux de la mission interdisciplinaire (BOS) de l’Université de Cologne sous la direction de R. Kuper, 1 .- Cf Annexes p. 576. 2 .- Id.

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Sahara préhistorique les horizons nommés Leiterband et Halbmond Leiterband se caractérisent par leur décor céramique. D’étroits registres d’impressions parallèles à l’ouverture couvrent entièrement la poterie, formant autour d’elle une guirlande festonnée et portant successivement une impression en V renversé, puis des lignes de points. Ces registres résultent d’une impression de type boulier, faite avec un peigne dont la première dent est large et bien dégagée ; cette dent est droite dans le type Leiterband que diverses dates placent entre 5200 et 4000 B.P. (4000 et 2500 av. J.-C.), elle est ondulée dans le type Halbmond Leiterband connu dans la moyenne vallée à 4000 B.P. (2500 av. J.-C.). Les horizons Handessi A et B qui leur font suite, se distinguent par leur poterie ; ils sont rapportés vers 3800 B.P. (2200 av. J.-C.) pour l’un et 3500 B.P (1800 av. J.-C.) pour l’autre. La phase Handessi A possède une poterie dont le décor se développe seulement autour de l’ouverture en un ou plusieurs rangs de zigzags pseudo-excisés et dont la lèvre est volontiers décorée. Dans la phase Handessi B, la poterie est entièrement décorée de motifs géométriques, en particulier de triangles et le décor peut se développer à l’intérieur, mais la lèvre n’est pas décorée. Wadi Howar Tributaire du Nil à l’Holocène inférieur, le wadi Howar, au nord du Soudan, s’encombre de dunes jusqu’à devenir une succession de plans d’eau à l’Holocène supérieur. L’augmentation de l’aridité se traduit par la présence d’un plus grand nombre de moutons et de chèvres, le présence d’ânes domestiques. La poterie présente une plus grande variété de formes et de nouveaux motifs de décoration qui caractérisent les horizons Leiterband et Halbmond Leiterband. Dans les horizons supérieurs, dits horizons Handessi, sus-jacents, deux phases sont discernées : « fine geometric » ou « Handessi A » et « coarse geometric » ou « Handessi B », qui semblent avoir une signification chronologique. L’un des sites les plus importants du wadi Howar, Djabarona, s’étend sur 1 km2 au sommet d’une dune. Il est daté de 3360 ± 110 B.P. (KN3416) (18601520 av. J.-C.). L’étude de B. Keding fait état d’un outillage microlithique tiré de quartz, quartzite et calcédoine. De nombreux restes de matériel de broyage parsèment la surface, alors que la poterie et les restes osseux se concentrent dans des cuvettes. La poterie a une forme globuleuse ou en goutte, un motif typique d’écailles successives entoure le bord alors que la panse est entièrement couverte de dents ou de flammes, pointillés ou non, qui peuvent former des rangs parallèles à l’ouverture, jointifs ou séparés par un registre vierge. Conical Hill (=84/24) qui a été occupé jusqu’au 2ème millénaire montre l’évolution du décor avec à la base une céramique type Halbmond-Leiterband, au-dessus, vers 3800 B.P. (2200 av. J.-C.), vient une poterie à motifs géométriques « fine geometric », puis, vers 3500 B.P (1800 av. J.-C.), des motifs « coarse geometric ». Dans le Site S95/2, une poterie décorée de motifs dotted wavy line, herringbone, Leiterband, se trouve dans le niveau inférieur ; dans le niveau supérieur, de nombreux tessons ne sont pas décorés, les motifs herringbone, Leiterband perdurent, les motifs dotted wavy line disparaissent, des dents apparaissent. Cette poterie évoquerait celle du Pré-Kerma et du Groupe A de Nubie, similitudes appuyées par une inhumation présentant les mêmes position contractée et orientation

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie sud-nord, regard à l’ouest. La faune comprend de l’hippopotame, des bovins et diverses autres espèces ; les poissons, en particulier Clarias, et les coquillages d’eau douce indiquent la présence d’une activité de l’oued. A proximité, des gravures représentent divers animaux, mouflons, éléphants, girafes, bœufs aux cornages variés. Wadi Shaw Plus au nord, la basse vallée du wadi Shaw est restée peuplée jusqu’au 3ème millénaire, son occupation cesse au cours de celui-ci. Dans la moyenne vallée, divers faciès, qui procèdent probablement les uns des autres, se distinguent par leur poterie et son décor. On y retrouve la même évolution que dans le wadi Howar. Au 4ème millénaire, les motifs herringbone et dotted wavy line sont privilégiés, puis les décors Leiterband. Le décor évolue ensuite vers le type Halbmond Leiterband qui passera à des motifs géométriques de triangles impressionnés d’abord emboîtés, puis juxtaposés. Divers sites attestent de cette succession. L’importance des motifs dotted wavy line au 4ème millénaire est interprétée par W. Schuck comme l’installation d’une nouvelle population. Des cercles de pierres matérialisent des fonds de huttes de 3-4 m de diamètre, ouverts au sud ou au sud-ouest, dont des foyers sont datés de 4850 ± 55 (KN3138) à 4010 ± 60 B.P. (KN3188) (3660-3540 à 2620-2460 av. J.-C.). Ils renfermaient quelques tessons de poterie décorée de lignes rouge brun peintes ou portant un motif impressionné de lignes brisées verticales ; un rang de triangles hachurés (dotted chevrons de Banks) borde volontiers la lèvre, ce motif est également présent dans la poterie du Gilf Kebir. Une poterie plus récente, dont l’orifice est bordé de pastilles puis d’un motif au peigne et enfin de dents pseudo-excisées, traduirait des relations avec le Groupe C et Kerma.

En Basse Egypte et Haute Nubie, le Néolithique récent Dans la vallée du Nil, le Néolithique récent n’est guère connu qu’en Basse Egypte où se développent l’Omarien et le Mérimdéen, et en Haute Nubie où le Kadadien s’installe. Ailleurs, le métal est déjà utilisé antérieurement à la première dynastie dont la date, imprécise, est placée vers 3100 av. J.-C. A l’est de Khartoum, divers groupes d’importance variable, se succèdent. On peut rapporter au Néolithique récent le groupe Gash du sud de l’Atbaï ; il serait contemporain de la séquence Shaqadud qui se développe dans le Butana. Le Mérimdéen Dans le delta du Nil, au-dessus des niveaux urschicht de Mérimdé Beni-Salamé, les travaux menés sous la direction de J. Eiwanger ont dégagé une occupation humaine qui constitue le type de la culture mérimdéenne. Mérimdé Beni-Salâmé supérieur Représenté par les niveaux III-V, le Mérimdéen y repose sur un niveau de tradition saharo-soudanaise. Le niveau V est daté de 5760 ± 60 (KN3279) et 5260 ± 90 B.P. (WSU1846) (4690-4540 et 4220-3980 av. J.-C.). Surmontant le niveau urschicht dont il est séparé par des plages de sable stérile, vient le niveau II, couche sombre en raison de sa richesse en cendres. Il annonce les niveaux

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Sahara préhistorique mérimdéens par une poterie de ton rouge ou gris, polie ou lissée, sans décor, par sa technique de travail du silex, ses figurines en terre cuite. A partir de ce niveau, l’industrie lithique affectionne en effet la retouche bifaciale et préfère le silex des formations calcaires proches, aux galets de la terrasse. Des pièces bifaciales prennent de grandes dimensions. Des têtes de flèche à ailerons avec parfois un pré-polissage visant à faciliter la retouche, des haches à tranchant poli, des éléments de faucille qui sont parfois lustrés, des fragments de vases en albâtre apparaissent. Deux têtes de massues piriformes semblables à un type connu en Palestine et de même âge, qui ont été fabriquées sur place, posent le problème de l’origine de cette forme. L’outillage osseux comprend un grand nombre de poinçons, des aiguilles, des harpons, de petites haches taillées dans des côtes d’hippopotame. Des hameçons ont été façonnés dans des coquilles de moules. La céramique qui comporte toujours une série miniaturisée, est dégraissée à l’aide de végétaux hachés. Les récipients prennent une teinte noire, la surface, lustrée, ne supporte aucun décor. Une forme ovale qui n’existait qu’en miniature antérieurement s’y développe. De nombreux objets de parure sont confectionnés en os, coquille, ivoire ; des dents de canidés sont transformées en pendentifs. On trouve aussi des perles en terre cuite, des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, des fragments de modelage figurant des bovidés. La faune est riche en bovins, poissons et porcs, l’hippopotame demeure courant. Des trous de poteaux, fosses et foyers sont plus nombreux que dans les niveaux précédents. Des huttes disposées de part et d’autre d’un espace vide sinueux, montreraient l’amorce d’une urbanisation. Le niveau supérieur possède une organisation complexe avec des maisons ovales creusées légèrement dans le sol, des enclos à bétail en roseaux, des greniers dispersés qui devaient être individuels et une aire de battage des céréales. Les restes de plus d’une centaine d’individus ont été retrouvés dans des fosses ovales, souvent tapissées de fibres végétales, qui ont été creusées à l’intérieur et autour de huttes. Les défunts, enveloppés de nattes ou de peaux, reposaient sur le côté droit, regard au nord ou au nord-est. Presque tous ont été rapportés à des femmes et des enfants.` L’Omarien Un ensemble de sites de Basse Egypte, un peu à l’écart de la vallée, a été identifié à quelques kilomètres au nord d’Helouan par P. Bovier-Lapierre en 1918 ; le site principal a reçu le nom d’El Omari en hommage au minéralogiste qui le découvrit en 1924 et décéda peu après. El Omari fut fouillé en 1925 par P. Bovier-Lapierre et entre 1943 et 1951 par F. Debono qui le publia en 1990. Daté entre 5700 et 5300 B.P. (5800 et 4100 av. J.-C.), ce faciès est contemporain des derniers niveaux de Mérimdé Beni-Salamé, implanté un peu plus au sud, mais il représente un groupe original, peut-être descendant d’épipaléolithiques locaux. El Omari Le site couvre une superficie de 750 x 500 m. Des bases de poteaux parfois consolidés par des pierres, parfois réunis par des sillons de 20 à 40 cm de large, laissent penser à des fondations de clôtures. La surface est creusée de fosses de

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie 0,50 à 2,50 m de diamètre, d’une profondeur de 0,50 à 1,10 m, dont les parois et le fond peuvent être tapissés de nattes ou de terre, voire de tissu. F. Debono et B. Mortensen proposent une évolution du site avec glissement : il débuterait par des fosses de faible profondeur servant probablement au stockage, progresserait vers un secteur de fosses plus vastes renfermant parfois un panier, avant d’être en totalité occupé par l’habitat dont restent les trous de poteaux et des foyers. L’outillage lithique provient de galets issus des terrasses voisines et d’un silex gris allochtone, introduit sous forme de grandes lames. Il comporte des mèches de foret, des lames à dos, des racloirs. Les outils composites sont courants, combinant grattoirs, perçoirs, burins, denticulés. Il existe des triangles à bord épais, des pointes de flèches triangulaires à base concave. De petites haches ogivales ont le tranchant partiellement poli. Des lames à dos nanties d’un pédoncule dont les plus grandes sont en silex gris, caractérisent la phase finale. Elle est marquée par le développement des pièces bifaciales, renferme des vases en pierre, des aiguisoirs (?), des disques de calcaire qui évoquent des poids de filet ou pouvaient être adjoints à des fuseaux, des palettes en calcite, meules en grès, molettes en matériaux divers. L’os a été poli pour faire des épingles, poinçons, sans doute des hameçons. La poterie constitue un groupe original. De forme simple, à fond plat parfois légèrement concave, elle est de ton brun ou rouge, polie ou lissée, parfois engobée à l’ocre. Elle est produite à l’aide de deux terres calcaires qui peuvent ou non être mélangées, procédé connu dans le Néolithique A et B de Palestine. Une quarantaine de sépultures a été mise au jour. Les morts, en position contractée, étaient souvent enveloppés dans une natte. Parés de colliers et bracelets, ils étaient accompagnés d’un vase funéraire. Des graines carbonisées montrent non seulement la pratique de l’agriculture, mais la connaissance de divers blés Triticum dicoccum, T. monococcum, T. compactum, de l’orge, du seigle, des fèves, des vesces, des pois, du lin. Malgré la présence de chèvres, moutons, bœufs, porcs, chiens, la population restait une population de pêcheurs qui prenaient en eaux profondes les perches et poissons chats (Synodontis). Elle collectait les escargots qui tenaient une place importante, les tortues, elle chassait crocodiles et hippopotames, mais peu les animaux de la steppe. Le Tasien Développé près de Badari en Moyenne Egypte, le Tasien marquerait la fin du Néolithique. Il est daté autour de 5500-4500 av. J.-C. Il dispose de poteries brunes ou rouges à bords noirs, de vases caliciformes, de vases évasés à motifs incisés incrustés de pâte blanche qui portent des trous de suspension, de vases à ouverture resserrée et panse anguleuse supportant un décor ridé. La prédominance de l’albâtre pour le façonnage des palettes à broyer la malachite est elle aussi caractéristique, comme les haches polies en calcaire. L’outillage, assez volumineux, est tiré de silex. La parure est sobre, n’utilise pas la pierre, elle est faite d’anneaux, de perles en os ou ivoire, de coquilles percées et elle serait plutôt portée par les enfants. La culture de céréales, le tissage y sont bien affirmés.

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Sahara préhistorique Les pratiques funéraires révèlent des tombes ovales, peu profondes, des morts reposant sur le côté gauche, en position contractée, mains touchant le visage tourné vers l’ouest. La séquence Shaqadud En Haute Nubie, à l’est du Nil, Shaqadud cave qui renferme 3,5 m de dépôts, possède à sa partie supérieure, les témoins d’une culture du 3ème millénaire. L’industrie lithique ne dispose que de peu de types. Elle reste dominée par les segments, suivis par les coches-denticulés et les retouches continues, et non les perçoirs comme dans le niveau précédent. Les poteries portent un décor impressionné de chevrons ou de hachures sur la lèvre, leur panse étant souvent couverte d’un poli noir. Il y a peu d’animaux domestiques, mais on trouve du chien et du singe ; à l’inverse, la faune sauvage est courante avec des girafes, des antilopes. La végétation renferme Ziziphus et un millet probablement cultivé. Le Kadadien Le Kadadien, reconnu par F. Geus et J. Reinold, est une culture pastorale du Néolithique final soudanais, fortement hiérarchisée, qui se développe le long des oueds de la région de Shendi, une trentaine de kilomètres au sud de Méroé. Il est daté de 5170 ± 110 (Gif5509) et 4790 ± 110 B.P. (Gif 5508) (4220-3800 et 3660-3380 av. J.-C) à El Kadada. Il est connu à Geili et existerait à Khartoum. Il montre des relations avec la Mer rouge, en particulier par ses bracelets en coquillages. Sa structure industrielle, en continuité avec celle d’El Ghaba, permet d’y voir une évolution du Shaheinabien. El Kadada Le site éponyme, El Kadada, couvre plusieurs hectares d’une terrasse fluviatile de rive droite du Nil. L’industrie lithique, essentiellement sur galets de quartzite, est peu typée sauf les microlithes et lamelles qui sont de grande qualité. Elle dispose de matériel de broyage en grès, de haches, herminettes, mais à l’inverse du Shaheinabien, ne possède pas de gouge. L’industrie osseuse comporte des harpons, des poinçons. Des hameçons sont faits dans des valves de mollusques d’eau douce. Des palettes à fard s’ajoutent à une riche parure de pendeloques, bracelets, labrets, perles, colliers en pierres, os, tests d’œuf d’autruche. La présence de perles en amazonite, celle de coquillages marins indiquent des contacts lointains. Des figurines en terre cuite représentant des formes féminines pouvaient être percées pour devenir des éléments de colliers. La poterie abonde, généralement noire, son décor incisé ou impressionné est souvent incrusté de blanc. Ses formes sont variées, ouvertes comme des assiettes ou des plats, fermées comme des bouteilles, l’essentiel étant des vases globuleux à décor d’écailles et des vases ovoïdes. Le vase caliciforme, à fond arrondi et large ouverture (fig. 55), qui existe également dans le Tasien et le Badarien, prend son essor ; il est strictement lié aux tombes. La faune comprend 80 % d’espèces domestiques, moutons, chèvres, bovins, du chien dont des squelettes complets ont été retrouvés dans des tombes. Elle évolue par augmentation des moutons et des chèvres dans les niveaux supérieurs.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie La faune sauvage traduit une savane sèche avec antilopes, éléphants, phacochères, hippopotames, rhinocéros, girafes, elle renferme aussi des singes, lièvres, porc épics, mangoustes, crocodiles, pythons, tortues, varans, divers autres lézards, des félins, chiens, chats, caracals, panthères, divers rongeurs, des oiseaux surtout des Gallinacés. La consommation d’espèces aquatiques s’affirme dans des Gastéropodes marins et d’eau douce dont Aspatharia et des poissons à prédominance de Synodontis. Des tombes, sépultures individuelles renfermant un mobilier abondant, sont regroupées en plusieurs cimetières près de l’habitat. Les sépultures d’enfants de moins de six ans se retrouvent autour de l’habitat, ce sont de grands vases usagés dans lesquels étaient enfermés les cadavres. Celles d’adultes, regroupées dans plusieurs cimetières, sont des fosses circulaires. Dans les uns et les autres, le défunt est en position contractée, les mains ramenées sur le visage, sans côté de repos ou orientation privilégiés. Une sépulture a été datée de 4630 ± 80 B.P. (Gif4675) (3515-3220 av. J.-C.). Les coutumes funéraires évoluent. Outre des figurines anthropomorphes en terre cuite (fig. 70), le mobilier funéraire de la phase ancienne comprend des bucranes de bovidés, des animaux : chiens, chèvres, moutons. Dans la phase récente, les vases caliciformes deviennent courants, l’œuf d’autruche est utilisé comme bouteille et il n’y a plus de bucranes ou d’animaux. Quelques cas d’inhumations multiples, la disposition des restes montre que la fosse pouvait être réouverte pour introduire un nouveau cadavre, mais aussi que des sacrifices humains devaient être pratiqués lors de l’inhumation de personnages importants. Dans l’un des cimetières, les tombes réunies en plusieurs groupes denses où les recoupements sont nombreux, sont vus comme des regroupements familiaux. Le groupe Gash Le groupe Gash se développe de 3000 à 1500 av. J.-C. dans le delta du Gash et la plaine alluviale qui s’étend au sud, probablement dans un milieu de savane boisée. Il pratiquait l’agriculture et l’élevage de bovins et d’ovi-caprinés. Il se caractérise par sa poterie peu décorée, utilisant surtout des ponctuations, dents ou des motifs à la roulette. Il dispose d’une vaisselle miniature et de figurines animales ou anthropomorphes. L’industrie consiste en grattoirs, racloirs, denticulés, pièces à coches ; les burins, troncatures, perçoirs, bords abattus et géométriques sont rares. Des haches polies et du matériel de broyage sont courants. Sa phase moyenne a livré des restes humains dont les tombes étaient marquées par des stèles.

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Fig. 55 – El Kadada. Vase caliciforme (d'après Reinold 2000).

Sahara préhistorique Ce groupe présente un système social complexe et des affinités avec le Groupe C et Kerma. Tout donne à penser qu’il occupait une position importante dans les échanges qui se faisaient entre la vallée du Nil, la corne de l’Afrique voire le sud de l’Arabie, contacts qui paraissent particulièrement fréquents au début du 2ème millénaire. Ensuite, la domination de l’Egypte sur la Nubie aurait entraîné son isolement.

Les cultures du Sahara méridional Les franges méridionales du Sahara, tout comme la côte atlantique, se sont peuplées intensément au fur et à mesure que l’aridité chassait les populations sahariennes vers des lieux moins défavorisés. A partir de 4000-3500 B.P. (2500-1800 av. J.-C), la densité des sites est forte à la limite Sahara-Sahel. R. Vernet constate qu’au Zarmaganda, cette occupation humaine diminue au 1er millénaire, se ramenant à un voile léger alors que le long du Niger, tout particulièrement au niveau du delta intérieur, les sites devenaient plus nombreux. M. Raimbault fait une observation comparable au Mali. Au Tchad, une forte régression du lac abaisse les lignes de rivage d’une vingtaine de mètres, laissant de vastes plans d’eau entre les dunes. Une prospection aérienne montre un grand nombre de sites installés dans la région de Gajiganna. Les travaux menés dans deux gisements datent l’occupation de 3150 ± 70 (UtC2330) à 2730 ± 50 B.P. (UtC2796) (1510-1320 à 910-830 av. J.-C). La pauvreté de leur industrie lithique est compensée par la richesse de l’industrie osseuse, ce qui peut s’expliquer par l’éloignement des sources de matériaux dont les plus proches se trouvent à une centaine de kilomètres. L’os a également servi à la fabrication de perles. La poterie abonde, les formes sont variées avec prédominance de pièces globuleuses à col très court, au décor se limitant à la partie supérieure. Un dégraissant végétal n’est employé que dans le niveau supérieur. Les mêmes caractères se retrouvent à Konduga et Daïma. Les restes osseux renferment une forte représentation de bovins, des ovi-capridés, peu d’animaux sauvages (Phacochœrus, Redunca redunca). Des oiseaux, poissons, mollusques (Aspatharia, Pila) ont aussi été consommés. Les restes de quatre individus ont été retrouvés en décubitus latéral, mains ramenées sur la face, sans orientation privilégiée. Dans le Sahara méridional, quelques secteurs moins touchés par la désertification subsistent. A l’Adrar Bous, le Ténéréen développe son faciès final, le faciès de Gossolorom dans lequel apparaissent de nouvelles formes ; de nouveaux décors (pot à encolure soulignée d’une impression pivotante, bord épaissi et composition en motif géométrique) ; une céramique à fond conique datée de 4445 B.P. (3200 av. J.-C), originale pour ce secteur, pose problème. En Aïr, les travaux de F. Paris et J.P. Roset font ressortir une rupture culturelle vers 3600 B.P. (1950 av. J.-C) et l’arrivée d’une nouvelle population bien cernée à Iwelen. Au Mali, dans le nord-ouest de l’Adrar des Ifoghas, une population d’éleveurs se serait installée au cours du 2ème millénaire. Au Niger, les premières métallurgies s’implantent alors au pied de la falaise de Tiguidit. A ces latitudes devaient encore exister des lacs, en particulier dans l’Azawagh. Taferjit est un amas de coquilles de moules tassées, parfois presque pulvérisées,

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie d’arêtes et vertèbres de poissons de grande taille, de restes de crocodiles, hippopotames, mêlés à des ossements de bovidés et des cendres. D’une cinquantaine de centimètres d’épaisseur, le gisement s’étend sur 60 x 40 m. Parmi l’outillage figurent des pierres ovoïdes à sillon médian ayant pu servir de poids de filets de pêche, des harpons. Il fut identifié en 1931 par le capitaine Le Rumeur, puis par H. Lhote. Il a livré les restes de trois enfants de 3 à 6 ans. Il est daté de 4080 ± 110 (Gif1727) et 2130 B.P. (2860-2470 et 200-120 av. J.-C). Mentes, proche de la frontière malienne, est une dépression bordée au sud par une falaise, au nord par des dunes sur lesquelles sont établis de petits sites d’habitat qui ont livré une industrie en silexoïde où prédominent les segments et les armatures, où existe un peu de matériel poli dont des harpons. Trois inhumations ont été mises au jour ; deux individus en décubitus fléchi gauche étaient orientés est-ouest, regard au sud, le troisième en décubitus droit était placé ouest-est. Deux tombes sont datées de 4590 ± 130 (Pa415) et 4080 ± 250 B.P. (Pa) (3510-3100 et 29202210 av. J.-C.). Takéné-Bawat TB4, daté de 4965 ± 80 B.P. (Pa437) (3910-3660 av. J.-C.), se distingue des sites antérieurs par sa céramique. Au Sahara malien, l’Ounanien perdure et glisse vers le sud. Le faciès Hassi el Abiod, au nord-ouest d’Araouane, subsiste durant la seconde phase humide reconnue dans cette région par les missions Petit-Maire et datée entre 5000 et 4000 B.P. (3800 et 2500 av. J.-C.)1. La poterie change. Les vases sont moins grands, leurs parois plus minces, ils sont le plus souvent décorés d’un motif fileté. Au Djourab, c’est probablement à un Néolithique tardif que l’on doit rattacher la céramique cannelée associée à des harpons et hameçons. La monotonie des cannelures est relevée par un rang de dents pseudo-excisées le long du petit ourlet qui renforce le bord ou à la naissance de la panse. Pour Y. Coppens, elle serait dans la tradition des céramiques précédentes, à motifs pointillés. Des détails lui ont permis d’identifier diverses phases dont la distribution suit la baisse des eaux, ce qui a permis de retracer les lignes de rivages. Au Borkou, hormis le style de Taïmanga, le décor céramique se réduit à une bande autour de l’orifice. Reconnu et nommé par J. Courtin, le style de Taïmanga est un décor de triangles et damiers hachurés au peigne, laissant entre eux des plages réservées qui sont des silhouettes d’antilopes, autruches ou autres oiseaux (fig. 56). Une ligne de dents pseudo-excisées s’y ajoute souvent. Ce décor zoomorphe rappellerait celui du Groupe C. En Ennedi, le Néolithique final serait marqué par une rupture à la fois dans l’outillage lithique qui s’enrichit en haches polies, où apparaissent des haches à gorge, dans la céramique généralement rouge, fine et bien cuite, et dans l’art rupestre qui devient beaucoup plus fréquent. L’habitat en grotte est abandonné au profit de la construction de huttes rondes à armatures de bois, elles sont représentées dans les peintures, ce qui pourrait permettre des corrélations. Le décor des céramiques (fig. 56) est surtout organisé en bandes, parfois en triangles remplis d’un pointillé très fin ou d’un fileté, soulignés d’une cannelure ; ces plages décorées peuvent alterner avec des plages lisses qui peuvent être enduites d’un colorant noir, décor également connu en Nubie, dans le Groupe C. On trouve 1 .- Cf chap. 1.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie aussi des poteries dont la lèvre seule est décorée. Des vases analogues aux poteries de Nubie, à bord fortement épaissi, noirci à la cuisson alors que l’extérieur de la paroi est rouge, seraient des apports extérieurs. Le faciès de Gossolorom Identifié par J.H. Hugot lors de la mission Berliet-Ténéré de 1959, le faciès de Gossolorom doit son nom à la déformation de Gossololom, nom d’un volcan éteint qui se trouve à 5 km du gisement. Certains auteurs lui conservent d’ailleurs ce dernier nom. Les sites découverts par la mission Berliet ont été revisités par G. de Beauchêne en 1960, M. Servant en 1970 et, en 1972-1974, par G. Quéchon et J .P. Roset qui en ont reconnu de nouveaux. L’outillage est taillé dans un quartzite à grains fins qui pourrait venir d’un filon connu à une trentaine de kilomètres. Du matériel de broyage est fait dans des laves noires. La poterie est rare, identique à celle d’Adrar Bous III. Le faciès est riche en haches à gorge. Un cachet particulier provient d’un débitage presqu’exclusif de lames d’aspects et dimensions très réguliers, travaillées sur une seule face pour devenir grattoirs, perçoirs, couteaux ou scies, la retouche n’affectant jamais la face inférieure, traits qui sont devenus des marqueurs de ce faciès. La retouche bifaciale a néanmoins été utilisée pour la confection de disques, d’armes en particulier de têtes de flèche. Autre particularité, les outils sont groupés par catégories : disques, unifaces, grattoirs, armatures… Gara Tchia Bo Au nord du massif de Termit, le site de la Gara Tchia Bo a été découvert en 1959 par la mission Berliet, revisité par G. Quéchon et J.P. Roset en 1972. Le gisement comporte divers locus. Le Site 20 est daté de 4100 ± 90 B.P. (UPS2584) et 3695 ± 80 B.P. (Orsay) (2860-2500 et 2200-1960 av. J.-C.). G. Quéchon y reconnaît un outillage fait de lames uni- ou bifaciales, disques, couteaux, haches et herminettes taillées. Il offre une organisation originale avec des groupements d’objets neufs appartenant à un même type : disques, armatures et surtout lames et grattoirs. Ces amas nappent des surfaces notables ou forment de petits tas qui ne peuvent que provenir de la destruction d’un récipient. Fig. 56 - Néolithique récent du Sahara méridional (Niger et Borkou). Décors de poterie : 1) triangle hachurés+croquet+pied de poule ; 2) hachures en triangles+croquet ; 3) pointillé+chevrons+croquet+pied de poule ; 4) pointillé+hachures+croquet+vannerie; 5) pointil lé+hachures+pastilles+vannerie ; 6) fileté+cannelures en motif complexe ; 7) fileté+cannelures ; 8) dotted wavy line ; 9, 13) boulier ; 10) herringbone ; 11) pieds de poule ; 12) registres de dents verticales : 14) pseudo-cordé+croquet ; 15) peudo-cordé ; 16) fileté en motif+croquet ; 17; 18) fileté dessinant des formes animales en réserves pouvant être agrémenté de croquet ; 19) fileté en registres ; 20) fileté+dents ; 21) pastilles en lignes+ridé(?) ; 22, 25) fileté en registre+lignes ponctuées ; 23) cannelure+fileté+coins en ligne ; 24) pied de poule en motif ; 26) flammes ponctuées. (Origine : 1-5) Orub (Néolithique saharien) ; 6, 7) Chin Wasararan ( Néolithique sahélien) (d’après Grébénart, 1985) ; 8 à 11) Soro Kézénanga (style Orogowdé) ; 12 à 14) Délébo (style Hohou) ; 15) Délébo (style Arsa-Ténébyéla) (d’après Bailloud, 1969) ; 16, 18, 19) Taïmanga ; 17) Oum el Adam (Style Taïmanga) d’après Courtin, 1969) ; 20 à 26) Kirkissoy, (d’après Vernet, 1996).

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Sahara préhistorique Le Site 55, d’une surface de 750 x 500 m, est un site de débitage. Il supporte des monticules d’une centaine de m2 et de 1 à 2 m de haut, formés de restes de débitage et de nucleus, placés à quelques mètres d’affleurements ayant fourni le matériau. De gros éclats étaient enlevés à la roche en place, puis débités, générant une matière première très homogène dans chaque monticule. Le Site 48, à 2 km du Site 55, s’étend sur 1,5 km et 150 m de large de part et d’autre d’une petite barre rocheuse. Il est daté de 3265 ± 100 (Pa811) et 3260 ± 100 B.P. (Pa810) (1680-1430 et 1680-1430 av. J.-C.). D’un côté de la barre rocheuse, le matériel est mêlé, des outils paraissent usés, on trouve des cendres et des os brûlés, ainsi que des fragments de métal. De l’autre côté de la barre, de gros blocs de grès disposés en cercle ont fait songer à des emplacements de tentes. Des amas plus ou moins importants de matériel lithique comportent les uns exclusivement des outils, les autres des restes de taille, nucleus et débitage. Deux zones étaient spécialisées dans la fabrication ou le stockage des grattoirs ; dans l’une, amas de 1 m de diamètre, L. Bonabel a identifié uniquement des grattoirs souvent posés sur l’avers, dans l’autre, ils avaient tous une forme de goutte, les fronts étaient variés, tous étaient façonnés dans un quartzite très fragile, ne pardonnant pas la moindre erreur de taille. Le Site 75, distant de quelques kilomètres, est daté de 4445 ± 80 B.P. (33402930 av. J.-C.) (Pa 290) ; plusieurs amas ou nappes de 1 m de diamètre renferment chacun de 20 à 150 grattoirs. Ce sont généralement des pièces courtes, à front développé jusqu’à être circulaire, beaucoup ont une forme sub-triangulaire. La céramique abonde et des structures circulaires identiques à celles du site 48, s’y retrouvent. Le « Néolithique saharien » de Grébénart D. Grébénart a nommé « Néolithique saharien » une culture qu’il a identifiée dans les plaines de la région d’Agadez, autour de la falaise de Tiguidit. Les habitats sont souvent très étendus, toujours peu fournis en matériel, un peu plus riches au nord sur la bordure occidentale de l’Aïr. L’industrie lithique dispose toujours de grattoirs, de grosses pièces polies ou à retouche bifaciale. Les haches sont nombreuses ; à In Tuduf, site qui a livré un bovin qui pourrait être un zébu, Bos taurus indicus, un dépôt de haches taillées comportait 25 pièces entières. La céramique (fig. 56) est particulièrement abondante, souvent retrouvée entière ; Orub a ainsi livré 49 vases reconstituables ou restituables1. Chin Tafidet Reconnu en 1976 dans l’Ighazer wan Agadez, le site de Chin Tafidet a été fouillé en 1977 et 1981 par F. Paris. Il couvre 220 x 100 m et a été daté de 4555 ± 130 à 3325 ± 260 B.P. (3500-3080 à 1940-1320 av. J.-C.). Le matériel lithique comprend, en petit nombre, des grattoirs museau ou caréné, racloirs, quelques têtes de flèche et pièces foliacées de médiocre facture, de nombreux broyeurs 1 .- Il y a lieu de distinguer les récipients retrouvés brisés et qui peuvent être tout ou partiellement remontés, dans ce cas, quand il est possible de restaurer la partie manquante, ils sont assimilés à des vases entiers et on parlera de « reconstitution ». Dans le cas, fréquent, où les tessons ne sont pas jointifs mais permettent de dessiner la forme du vase, on parlera de « restitution ».

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie et percuteurs de dimensions variées, mais pas d’outillage osseux. La poterie, sphérique ou ovoïde, à ouverture resserrée, est faite par martelage, ce qui peut expliquer le grand nombre de percuteurs présents ; de forme sphérique, elle est entièrement décorée, le plus souvent de ponctuations au peigne. Elle dispose de quelques pièces de forme ovale à ouverture concave. Aux deux extrémités, se trouve une zone d’inhumations humaines et la partie centrale est occupée par deux secteurs d’inhumations animales. Les inhumations humaines et animales paraissent contemporaines, les premières sont datées entre 3910 ± 150 B.P. (Pa1054) et 3375 ± 150 B.P. (Pa1043) (2620-2140 et 1880-1520 av. J.-C.). La plupart des morts repose en décubitus latéral demifléchi, avec une tendance à l’orientation est-ouest pour ceux qui reposent sur le côté droit, ouest-est pour ceux qui reposent sur le côté gauche. Des éléments de parure, de poterie sont exceptionnels. Le site a été occupé par une population négroïde qui vivait essentiellement de pêche, élevait des bovins et des chèvres mais pas de moutons. La présence d’ossements de chat pose la question de leur consommation. In Taylalen I Quelques kilomètres à l’est d’In Gall, le site d’In Taylalen I s’étend sur 40 x 30 m. Non daté, pour D. Grébénart, il pourrait être contemporain de la fin de ce qu’il nomme Cuivre I ou des débuts du Cuivre II. Une fouille a porté sur 120 m2 et livré de nombreux nucleus, globuleux et très irréguliers pour la plupart, des éclats de débitage, peu d’outillage1, peu de matériel de broyage. Il comporte des grattoirs en forte majorité simples sur éclat, tous de taille réduite (14 à 40 mm), des éclats à coches ou denticulés. Les quelques lamelles à dos portent une retouche Ouchtata, les pièces esquillées sont toutes en bois fossilisé qui se trouve dans la falaise de Tiguidit. Les haches ou herminettes sont taillées ou polies, le type boudin est courant. Une tête de flèche est foliacée, quatre sont pédonculées ; les pièces foliacées sont toutes fragmentées. La céramique abonde et quelques vases étaient encore entiers. Dans les parois de l’un ont été retrouvés des caryopses de cram-cram, Cenchrus biflorus. Les formes sont globuleuses, largement ouvertes, peu profondes, sans élément de préhension. Les ouvertures ont un bord droit, le plus souvent à lèvre arrondie, le décor peut alors se limiter à un rang de fausses perforations. Quand le vase est entièrement décoré, le bord est ourlé et, souvent, un registre de hachures au peigne qui peut ou non être souligné de dents pseudo-excisées, entoure l’ouverture. Les ponctuations au peigne sont fréquentes et d’une grande diversité -registres de courbes parallèles, woven mat, semis-, et des groupes d’impressions semblables conduisent à des décors complexes par leur différence d’orientation. Orub Gisement de 180 x 120 m, placé dans un affaissement de la falaise, non loin de Marandet, il fut étudié par D. Grébénart et daté de 3390 ± 100 B.P. (Gif 4173) (1860-1530 av. J.-C.). Il conserve des fragments de couche archéologique à industrie lithique rare, avec meules dormantes et broyeurs. Un sondage a livré 1 .- Cf Annexes p. 576.

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Sahara préhistorique quelques grattoirs, perçoirs, lamelles à bord abattu, pièces à coches, racloirs, microlithes géométriques, une pièce foliacée, une petite hache polie et trois fragments de figurines en terre cuite dont un nettement anthropomorphe. A la surface du site, gisaient plusieurs haches de grande taille, taillées ou partiellement polies. De nombreuses poteries étaient enterrées en bordure ; ce sont des vases de forme simple, généralement sphérique, parfois à tendance ovoïde, sans élément de préhension hormis des anses en bobine. L’ouverture est plus ou moins large, son profil est parfois concave et certains vases peuvent avoir un ergot. Une série porte un col très court, droit ou conique. De ton rouge brique régulier, cette poterie est faite d’une pâte fine, homogène, à rares végétaux. L’ouverture est volontiers entourée d’un registre de croisillons que souligne une ligne de dents pseudo-excisées ; le corps du vase est décoré de motifs en arcs de cercle ou en triangles garnis de ponctuations ou de hachures parallèles se succédant tête-bêche et qui sont souvent agrémentés de pastilles. D’une manière générale, les impressions sont profondes. Des poteries aux mêmes motifs profonds se retrouvent à Anyokan Site 201. Le « Néolithique sahélien » de Grébénart Parallèlement à Néolithique saharien, D. Grébénart a utilisé le terme Néolithique sahélien pour désigner un ensemble de sites datés du 2ème millénaire qu’il a reconnu dans la partie orientale de la falaise de Tiguidit. Leurs emplacements qui ne dépassent pas la falaise, ont développé l’idée d’un déploiement vers le sud. Ils disposent d’une poterie originale : des récipients à col évasé, parois épaisses, de formes simples à tendance ovoïde plutôt que sphérique, certains à fond plat. Une pièce insolite, allongée et étroite, en forme de flacon à fond plat, n’a pas d’ouverture. La décoration est caractéristique avec des croisillons, des registres de hachures pointillées qui peuvent se succéder en étant, ou non, jointifs. Quelques vases ont reçu un engobe rouge, soigneusement lissé, qui peut les recouvrir partiellement ou totalement, être disposé en registres ; l’engobe peut être associé à un décor dans la masse, voire s’y surimposer. Il est possible que ces populations aient entretenu des relations avec celles de l’Age du fer que les dates montrent contemporaines. Chin Wasararan 117 Chin Wasararan site 117 occupe un rayon de 300 m sur le sommet et les flancs d’une dune ancienne. La poterie abonde : des tessons couvraient le site, des vases étaient partiellement enterrés, des fosses contenaient des tessons et souvent du charbon, ce qui a permis de les dater entre 3160 ± 95 et 2795 ± 105 B.P. (Mc1700 et Mc 1701) (1520-1270 et 1110-830 av. J.-C.). Une pâte riche en végétaux a été utilisée pour monter des parois épaisses ; divers tessons rapportent l’existence d’anses, peut-être de faisselles et de formes flacons. D. Grébénart a distingué deux formes privilégiées de récipients, les unes avec col, les autres sans. Ceux à col ont des dimensions variables, leur surface peut être mal lissée, souvent sans décor ou porter simplement un rang de poinçonnage ; ils peuvent être entièrement ou partiellement engobés et leur surface est alors lissée. Ceux sans col sont des bols dont le décor entoure seulement l’ouverture

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie ou qui ont été totalement ou partiellement engobés. L’industrie lithique, très rare, comporte quelques grattoirs, pièces esquillées, denticulés et une tête de flèche. Le matériel de broyage abonde. Aucune trace de métal n’a été observée. Divers sites, dont Efey Washaran 149, Tamat 155, Mio 169, Afunfun 176 et 179 présentent des traits identiques. Mio 169 est daté de 3170 ± 90 B.P. (Mc 2395) (1600-1320 av. J.-C.), Afunfun 179 de 3030 ± 100 (Gif 5178) (1410-1130 av. J.-C.), Efey Washaran 149 de 2875 ± 105 B.P. (Mc1703) (1210-920 av. J.-C.). Le faciès A du Haut Tilemsi J. et M. Gaussen signalent ce faciès (fig. 57) dans divers sites à l’ouest de l’Adrar des Ifoghas, dont Hamoud Nechek1, Asselar, Aguendemen, et le rapporte au 4ème millénaire. Il est riche en grattoirs dont presque tous les types existent, en microlithes géométriques, 20 à 30 %, qui sont fréquemment des segments et peuvent atteindre de grandes dimensions. Les lamelles à dos, les mèches de foret sont courantes. Les têtes de flèche montrent une préférence pour les formes triangulaires à base concave ou les formes foliacées ; leurs bords peuvent être encochés, denticulés. Il y a peu de pièces à pédoncule et un nombre non négligeable d’ankyroïdes. Malgré l’abondance des microlithes géométriques, il n’y a pas de microburin. Des pointes d’Ounan sont présentes, mais jamais en nombre. Le matériel poli, en particulier les gouges, les herminettes, et le matériel de broyage abondent, façonnés dans des roches métamorphiques ou éruptives. Les outils à gorge sont courants, de formes et dimensions très variées. Les restes osseux sont très réduits, un fragment de harpon provient de Aguendemen. Malgré son abondance, l’œuf d’autruche ne semble pas avoir été utilisé à la fabrication de rondelles d’enfilage, aucune n’ayant été notée. La parure consiste en grains de collier en stéatite, labrets en quartz, anneaux de bras en roche tendre. La forme des vases est peu variée, globuleuse, sans brusque variation de courbure, sans élément de préhension, les bords sont volontiers renforcés par un bourrelet et il existe des couvercles. La pâte est faite à l’aide de dégraissant sableux, de végétaux et de chamotte. Le décor, riche, peut associer plusieurs motifs d’impressions ou incisions dans la masse, souvent après engobe ; il peut se développer sur les deux faces avec, toujours, des impressions pivotantes à l’intérieur. Un décor complexe peut s’organiser en registres. Le motif dominant est la dent, on trouve aussi des cannelures, des incisions verticales, des impressions de peigne fileté souple, peut-être un moulage sur vannerie ou un décor à la roulette. A proximité du bord, un rang de dents pseudo-excisées s’associe aux autres motifs. Chaque site offre quelques traits particuliers. A Asselar, la poterie porte un décor de damiers qui paraît provenir d’un croisillon fait sur pâte molle dont les cases se sont rétrécies lors du retrait dû à la dessication. A Aguendemen, de nombreux fragments de vases en stéatite ont fait songer à un atelier. La faune renferme des silures, Lates niloticus, crocodiles, phacochères, rhinocéros, antilopes. Asselar Asselar est une cuvette en bordure ouest de l’oued Tilemsi, très connue par la qualité des eaux que fournissent les puits creusés au centre. Les rives 1 .- Cf Annexes p. 577.

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Sahara préhistorique

Fig. 57 - Néolithique récent du Tilemsi. En haut. Faciès A : 1) grattoir ; 2) grattoir circulaire ; 3) trapèze à sommet retouché ; 4, 6, 7, 18) têtes de flèche à tranchant transversal ; 5, 9) trapèzes ; 8, 19) armatures ankyroïdes ; 10, 24) mèches de foret ; 11, 22) perçoirs ; 12, 29) grands segments ; 13) lame à dos arqué ; 14, 26) segments ; 15) lamelle à retouche Ouchtata ; 16) triangle scalène ; 17, 20) têtes de flèche à base concave type tour Eiffel ; 21, 32) têtes de flèche à base concave ; 23) pointe de Foum Seïada ; 25) lamelle à dos et base tronquée ; 27) lame à dos partiel ; 28) pointe d'Ounan ; 30) tête de flèche pédonculée ; 31) tête de flèche foliacée. En bas. Faciès T : 1) perle en début de perforation ; 2, 3, 7, 10) perles type Telataye ; 4, 14) têtes de flèche pédonculées ; 5, 6) têtes de flèche foliacées ; 8, 9) perles en pierre ; 11) labret ; 12, 13) têtes de flèche à base concave ; 15) pointe de Tin Bordal ; 16) bec multiple ; 17) bec simple. (d'après Gaussen, 1988).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie

Fig. 58 – Néolithique récent du Tilemsi. En haut. Faciès K : 1) lamelle à dos rectiligne et base retouchée ; 2, 9, 10, 13) perçoirs ; 3 à 5) flèches-oiseaux ; 6, 7) grattoirs à pédoncule ; 8, 17) pointes du Tilemsi ; 11, 15) mèches de foret ; 12) hache-spatule ; 14, 16) tamponnoirs ; 18, 19) figurines ; 20) cylindre en céramique. En bas, Faciès B : 1, 2) pièces en T ; 3, 4) têtes de flèche à bords denticulés; 5, 6) grattoirs ; 7) pilon à extrémité piriforme. (d'après Gaussen, 1988).

abondent en sites renfermant souvent des restes humains dont l’un fut ramené en 1927 par la mission Draper-Augieras et étudié par M. Boule et H.V. Vallois. La connaissance d’un des sites les plus importants est due à J. et M. Gaussen. Sur 3 ou 4 hectares, le sol était jonché de coquilles de mollusques essentiellement de Melania, de restes de poissons -surtout des silures pouvant atteindre une grande taille-, de phacochères, gazelles, antilopes, rhinocéros. L’industrie lithique1, abondante, a livré plus de 2000 pièces ne comportant que des grattoirs 21,2 %, microlithes géométriques 49,5 %, armatures 25,1 % et du matériel poli 1 .- Id.

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Sahara préhistorique 4,2 %. Les grattoirs bien que d’une grande variété de formes, privilégient nettement le type simple sur éclat et les têtes de flèche, les types triangulaires à base concave. Le matériel poli comprend de nombreuses haches souvent à gorge, des herminettes, des fragments d’anneaux, des pierres à rainures. Quoique pauvre, le matériel osseux a livré trois fragments de hameçons. La céramique est très fragmentée en raison du passage fréquent des troupeaux pour rejoindre les puits ce qui rend son examen délicat. Elle est souvent décorée de damiers, un décor particulier à ce site, est un motif pastillé fait de micro-pastilles de 2 à 3 mm, serrées les unes contre les autres. Le faciès K Tout comme les faciès T, B, le faciès K (fig. 58) a été dénommé par J. et M. Gaussen. Il se développe en bordure du Tilemsi, de Aguelock à Gao. Il se caractérise par une armature dite « pointe du Tilemsi » (fig. 89) qui constitue une part importante de l’industrie (15 à 25 %). Les armatures pédonculées sont par ailleurs nombreuses, ce sont des pièces étroites à arêtes convexes ou convexo-concaves et pédoncule court. Elles ont été façonnées après chauffage de l’ébauche, ce qui n’est pas le cas des autres armatures. La forme dite « flècheoiseau » (=d13), à ailerons en forme d’ailes (fig. 89), est fréquente. Les grattoirs, rares et atypiques, comprennent parfois une pièce originale, caractéristique, à front arrondi et qui est pourvue d’un pédoncule (fig. 89). Les perçoirs, les lamelles à dos ainsi que des pièces foliacées bifaciales qui peuvent être asymétriques, sont courants. Il n’y a pas de microlithes géométriques. Le matériel osseux est bien conservé, dominé par les poinçons. Le matériel poli abonde, y figurent une petite hache dite hache-amulette dont la taille peut ne pas dépasser celle d’un ongle et une hache spatule au corps cylindrique et tranchant évasé (fig. 59) qui paraît propre à ce faciès. Les polissoirs sont nombreux. Les objets de parure abondent, grains de collier en pierre dure, pendeloques ; il n’est pas certain que les anneaux en calcaire, en schiste, voire en céramique, soient des bracelets, leur lumière allant de 3,5 à 7,5 cm. Les poteries ont des formes globuleuses, à ouverture plus ou moins large, certaines sont munies de col. De rares fonds plats sont obtenus par apport secondaire de pâte sur un fond arrondi. Les éléments de préhension sont exceptionnels, mais il existe des becs verseurs. La pâte céramique a été dégraissée à l’aide de quartz, chamotte ou accessoirement de végétaux. Le façonnage pourrait être fait par martelage. La surface est généralement polie, peut avoir des ajouts de cordons et de pastilles. Le motif le plus fréquent est l’impression au peigne fileté souple ; il s’organise en registres symétriques juxtaposés ou séparés par une bande réservée. Les décors composés sont courants, un pastillage pouvant intervenir dans les compositions ; les plus fréquents sont des motifs en demi-cercles concentriques associés à d’autres éléments, des V emboîtés dont l’ouverture s’appuie sur l’orifice du vase. Un objet propre au faciès K est un cylindre (fig. 58), souvent couvert d’un enduit ou d’une peinture monochrome qui respecte des motifs dans la masse. Plusieurs figurines représentent des animaux d’identification difficile et des hommes toujours acéphales.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Le faciès K se développe le long des vallées du Tilemsi et de l’Anchaoudj où une vingtaine de sites semblables ont été inventoriés. Il est bien connu par les sites de Karkarichinkat-sud, Karkarichinkat-nord, Nilkit Aoudache, Smar Smarren, Km 110, In Arabou, Eblelit, Nilkit Mich. A In Arabou, de très nombreuses pierres à rainures ont été retrouvées ; en grès pour la plupart, elles n’excédent pas 8 cm de long, portent de multiples rainures en U ayant 6 à 10 mm de large qui se recoupent sous les angles les plus variés. A Eblelit, le matériel est disposé par plages de 10 à 20 ares séparées de 20 à 100 m, qui correspondent probablement à des enclos. Station très riche, elle renferme en nombre des grattoirs et rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche. Elle a livré deux perles en pâte de verre dont une de type Zanaga, type dont la fabrication qui a perduré en Tchécoslovaquie, a commencé en Egypte avant l’ère. Certains sites, Ilouk, Gadaoui, Lagreich, paraissent des regroupements d’artisans fabricants de perles. Ilouk A Ilouk, une dizaine de plages d’occupation, de dimensions variables, repose sur une dune. Chacune dispose d’un outillage typique du faciès K et de rares éléments d’outillage osseux, céramique, faune ; à 200 m se trouvent cinq plages jonchées de restes de fabrication de haches, ciseaux et pics, et un atelier de fabrication de perles en cornaline. Celui-ci est une surface de 100 x 20 m, flanquée de quatre plages circulaires de 6 m chacune, couvertes de fragments de perles. La fabrication des perles utilise une technique particulière : débitage par percussion directe, peut-être après chauffage, dégrossissage des éclats par enlèvements centripètes, puis choc latéral pour détacher un éclat plus ou moins circulaire et créer une surface plane. La perle était alors régularisée pour obtenir un cylindre de 6 à 12 mm de diamètre et 4 à 10 mm de hauteur, aux flancs plus ou moins concaves. La dernière opération, très traumatisante, permettait la perforation par piquetage au tamponnoir. Ce dernier objet, très fréquent sur le site, est une épaisse lamelle à section triangulaire ou polygonale, portant à une extrémité d’innombrables écaillures, à l’autre des micro-enlèvements parallèles à l’axe de la pièce. Les ateliers de perles sont fréquents dans ce secteur et chacun présente des traits particuliers. H. Lhote en a découvert un à Gadaoui, en 1939, où seul le quartz et un probable quartzite ont été utilisés comme matière première. G. Calegari en a retrouvé un à Taouardeï où les perles sont faites dans une calcédoine colorée allant du jaune au rouge brun dont un affleurement a été identifié à 5 km. Elles ont été fabriquées par percussion à l’aide d’un objet pointu. A Taguelalt, J. et M. Gaussen ont reconnu une autre technique de perforation produisant une lumière parfaitement cylindrique à l’aide d’un abrasif entraîné par une tige de bois qui, pensent-ils, pourrait être une épine d’acacia montée sur un mandrin animé d’un mouvement de rotation. Karkarichinkat Les gisements de Karkarichinkat, 80 km au nord de Gao, ont été identifiés dans les années cinquante et ont fait l’objet de nombreuses récoltes et de diverses études. Il est difficile d’apprécier leur appartenance au Néolithique ou

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Sahara préhistorique à l’Age des métaux, A.B. Smith ayant décelé par examen microscopique des traces de cuivre sur les parties usées de certains outils.

Fig. 59 - Haches spatules. (Origine : Tilemsi. d'après Gaussen, 1988).

Les gisements forment deux buttes, Karkarichinkat-nord et Karkarichinkat-sud, distantes de 6 km, qui dominent de 5 à 6 m, une vaste zone plane ; à l’époque néolithique, durant l’hivernage, elles devaient être transformées en îles. Karkarichinkat-nord est daté de 3950 ± 90 à 3620 ± 80 B.P. (N1396 et N1398) (2570-2300 à 2130-1830 av. J.-C.), Karkarichinkat-sud de 3960 ± 180 à 3310 ± 110 B.P. (N1395 et Gif851) (2860-2200 à 1740-1450 av. J.-C.). Ce dernier occupe une surface de l’ordre de 3 hectares. La couche archéologique qui dépasse 2 m en divers endroits est un niveau sableux chargé de cendres, riche en coquilles, restes de poissons, ossements de mammifères, phacochères, girafes, hippopotames, antilopes hippotragues et tragelaphes, gazelles dorcas et rufifrons, petits carnassiers. On y trouve du bœuf domestique. L’industrie lithique comporte des têtes de flèche, lames retouchées, mèches de foret, burins, racloirs ; J. et M. Gaussen remarquent la fréquence du matériel brut et des esquilles de silex caractérisant un débitage sur place alors que les nucleus sont presque totalement absents. Les broyeurs, les bolas abondent, le reste du matériel lourd a dû être emporté par les populations récentes qui le réutilisent volontiers. Les objets de parure sont rares, peut-être pour la même raison ; ils comportent surtout des grains de collier. L’industrie osseuse comprend un hameçon. Divers fragments de crânes humains ont été recueillis par R. Mauny et un squelette par J. et M. Gaussen. Lagreich Lagreich est un ensemble de stations des bords de l’oued Ichaouan, à peu près de même configuration. Lagreich 1 occupe divers monticules pouvant être

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie élevés de 7 à 8 m, il est vu comme une véritable zone artisanale à proximité d’affleurements de silex, devenus quasiment des champs, sur lesquels étaient taillées des ébauches ovoïdes longues de 25 à 30 cm ; l’absence de percuteur pourrait s’expliquer par une première attaque thermique. Des buttes de silex sont dues aux déchets de confection de haches et de pics. Auprès d’elles, se trouve un atelier de fabrication de burins où presque tous les types sont présents, certains faits aux dépens de pièces polies ; la proximité d’un atelier de perles permet de supposer qu’ils servaient au débitage de lamelles robustes et étroites, base de tamponnoirs utilisés pour percer. Lagreich 2 à quelques kilomètres du précédent, spécialisé dans les mêmes objets, y ajoute une production de pièces foliacées. Bien que l’on ne dispose que de fragments, leur forme asymétrique paraît appartenir à deux types, l’un à ergot, l’autre en virgule. Singularité de la station ou aménagement secondaire ?, lors de sa découverte, deux groupes de haches taillées alignées, distants de 25 cm, comportaient l’un uniquement de grandes pièces, l’autre uniquement des petites. Le faciès B Il occupe le même espace que le faciès K, le débordant quelque peu vers le sud jusqu’à Gao. La station type est In Begouen et il est connu à In Aoukert, Gao-hydrocarbure. J. et M. Gaussen le rapprochent du faciès K, il en diffère par l’absence totale de pointe du Tilemsi. Les grattoirs constituent l’autre particularité, rares dans le faciès K (0,5 %), ils peuvent ici représenter le quart de l’industrie lithique, voire davantage ; les plus courants sont les types simples sur éclat puis sur lame retouchée ou non. Les armatures possèdent souvent des bords denticulés. Les formes privilégiées sont pédonculées, le pédoncule est souvent spatulé, plutôt court, à peine dégagé d’ailerons en crochet. Des formes triangulaires à base rectiligne ou concave sont également fréquentes ; certaines à base concave très prononcée rappellent les formes du Fayum. Le gros outillage est moins fréquent que dans le faciès K, les grandes haches et les haches spatules manquent, le matériel de broyage est assez rare. Il existe une pièce particulière, un pilon à extrémité piriforme (fig. 58) en grès fin. La parure, abondante, comporte de nombreuses pendeloques, des perles en amazonite, des labrets pour la plupart en quartz. La céramique dispose de grands vases globuleux, de 50 cm de haut, 40 cm de diamètre maximum, aux parois épaisses, jusqu’à 4 cm, dont l’ouverture est légèrement éversée, qui sont entièrement couverts d’un décor fileté. Les pastilles et les compositions n’existent pas, mais les cordons crénelés sont courants. In Begouen présente quelques originalités avec des plages d’occupation de 10 à 40 ares et un assez grand nombre de pièces en T qui ne se trouvent pas dans les autres sites. Le faciès T Développé dans le secteur de Télataye, le faciès T utilise des roches siliceuses variées, dispose d’un faible pourcentage d’armatures 1 %, qui ont des formes pédonculées, foliacées ou à base concave ; J. et M. Gaussen ont noté une forme particulière élancée, à retouches non couvrantes qu’ils nomment pointe de Tin Bordal (fig. 89). Les grattoirs abondent, 18 à 25 %, les instruments à bord

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Sahara préhistorique abattu, en particulier les mèches de foret, sont nombreux. Une pièce caractéristique est un bec sur éclat massif qui peut être multiple. Les pièces à coches et denticulés, les pièces à retouche continue sont courantes et il n’y a pas de microlithe géométrique. Le matériel poli est rare. L’industrie osseuse est peu abondante, dominée par les poinçons. La céramique est caractéristique, la pâte était dégraissée avec du mica sauf pour les récipients à paroi épaisse qui ont employé la chamotte. Les formes sont globuleuses et peuvent être nanties de pied, les bords ont des formes très variées. Le décor reste le plus souvent limité autour de l’ouverture. Les motifs courants sont des dents, chevrons, lignes ondulées type wavy line, demi-cercles, lignes brisées, il n’y a ni motif en relief, ni décor composé. Les objets de parure abondent. Les cinq stations de Télataye possèdent chacune un atelier de fabrication de perles. Les perles de Télataye sont des disques de cornaline aplatis, de 20 mm de diamètre et 6 mm d’épaisseur, elles peuvent être brutes de taille ou polies totalement ou partiellement. J. et M. Gaussen ont pu préciser les modalités de fabrication : les sommets de l’ébauche obtenue de diverses manières étaient arasés par frottement, puis un piquetage bipolaire et alterne permettait la perforation qui était probablement obtenue à l’aide des becs. Le faciès Ine Sakane Le faciès Ine Sakane (fig. 60) a été défini par M. Raimbault à partir des travaux menés en 1980 par les missions du Laboratoire du Géologie du Quaternaire (Marseille) dirigées par N. Petit-Maire. La fréquentation humaine de la bordure sud-est de l’erg Ine Sakane est liée à un paléolac alimenté par des sources ou à une paléovallée entrecoupée de petits barrages naturels. Les gisements du faciès Ine Sakane peuvent être vastes, occupant plusieurs hectares, ou réduits à de petites stations de quelques mètres carrés. L’industrie lithique est en quartz, en roche siliceuse noire, silex et quartzite. Elle a produit des pièces courtes, mal définies typologiquement. Le quartz a servi à la production de petits galets aménagés, de petits grattoirs, de petites lamelles et de microlithes géométriques. Il a également servi à la production d’un fort pourcentage de pièces brutes de taille qui, toutes, ont la forme d’un segment à dos cortical, rappelant ainsi que les aménagements par retouche ne sont pas seuls à faire l’outil. La partie lamellaire de l’outillage est faite dans les autres roches. Les têtes de flèche sont fréquemment pédonculées et portent volontiers un seul aileron. En MK42, se trouvaient des pendeloques en forme de hameçon, modèle connu aux confins du Tanezrouft, à Bordj Mokhtar, Akreijit... Le matériel poli est abondant avec des haches, herminettes, gouges, le matériel de broyage est courant. La poterie est de bonne dimension, d’un diamètre supérieur à 30 cm, ses parois sont épaisses, les cols sont rares, les bords souvent ourlés ou roulottés. Un décor couvrant utilise des motifs incised wavy line à ondes courtes, beaucoup de dents ou de flammes, de ponctuations. Des tombes sont situées dans l’habitat ou à proximité. Des restes humains reposant en décubitus latéral droit plus ou moins fortement fléchi, retrouvés dans divers sites, ont donné des dates qui s’échelonnent entre 4710 ± 120 B.P. (Gif5818) et 2850 ± 100 B.P. (Gif5440)

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie (3640-3370 et 1210-900 av. J.-C.), ce qui correspond au second épisode lacustre de ces régions. AZ21 est un des plus vastes gisements de la région avec une surface de 500 x 150 m. L’outillage est riche en haches polies, comporte du matériel de

Fig. 60 – Néolithique récent du Sahara méridional. Industrie lithique : 1) grattoir sur éclat retouché ; 2) grattoir ; 3) scie ; 4) éclat denticulé ; 5) pointe d'Ounan ; 6, 13) pièces foliacées ; 7) tête de flèche triangulaire ; 8, 9) têtes de flèche foliacées ; 10) tête de flèche à base concave ; 11) racloir sur lame ; 12) racloir convergent ; Industrie osseuse :14, 15) fragments d'outils à décor de croisillons. Poterie : 16) pied de poule ; 17) damier+croisillons ; 18, 20) croisillons+flammes ; 19) fileté+pied de poule+lignes pointillées ; 21) dents ; 22) boulier type Leiterband ; 23) pseudocordé ; 24) festons. (Origine : 1, 2, 5, 11,13) MK13, 3, 4, 6 à 10,12) MN14, 14, 15) MN36, 17) In Silouf, 18) Tin Astel 2, 20) Anezrouft, 21) Oued Oukechert, 22, 23) MK36, 24) AZ21 (d'après Raimbault,1994) ; 16, 19) Tagnout Chaggeret. (d'après Petit Maire, Riser 1983).

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Sahara préhistorique broyage et une industrie taillée banale, de nombreux restes osseux, éléments de parure -rondelles en test d’œuf d’autruche que la mise au jour d’une pierre à rainure suppose fabriquées sur place, perle en cornaline-, poteries où les motifs woven mat sont bien représentés. Il renfermait de nombreux ossements animaux, essentiellement de bovins. Les restes de six individus en ont été retirés. Le gisement est daté entre 3990 ± 130 et 3600 ± 180 B.P. (Gif5442 et Gif5441) (2840-2290 et 2200-1690 av. J.-C.). Des sites comparables sont plus anciens. AZ41 dispose d’une poterie provenant de grands pots de 30 cm de diamètre, fréquemment décorés de dents, faits avec une pâte à dégraissant minéral. Il a livré des restes humains et est daté de 6760 ± 130 B.P. (UQ) (5770-5530 av. J.-C.). MK6, dans lequel la poterie porte des motifs de dotted wavy line et incised wavy line, serait l’occupation la plus ancienne ; l’incised wavy line y résulterait d’une impression roulée et non d’une incision comme dans la vallée du Nil. Des tumulus sont fréquents au voisinage des sites, mais n’ont pas été datés. Ce sont de petits monticules de 0,5 à 1 m de haut, 1 à 2 m de diamètre recouvrant quelques grosses dalles qui ferment la fosse funéraire ; ils sont parfois isolés, généralement regroupés en nécropole d’une trentaine de monuments. Les fouilles ont surtout livré des restes d’enfants, ils reposaient en décubitus contracté ou fléchi, portaient parfois de la parure, des perles, l’un avait un labret. Ils appartiennent à un peuplement de type proto-méditerranéen. Le faciès du Pays rouge Au nord du Mali, à la suite de Th. Monod, M. Raimbault nomme faciès du Pays rouge, un ensemble1 qui, vers 4500 B.P. (3200 av. J.-C.), se développe au sud-est du faciès Oum el Assel, dans la cuvette de Taoudeni, jusqu’à El Guettara. Les sites sont souvent installés sur les dépôts lacustres. MT29 est daté de 5610 ± 150 B.P. (Pa1116) (4670-4260 av. J.-C.). MT32 de 4525 ± 120 B.P. (Pa1070) (3490-3020 av. J.-C.), MT4 de 3910 ± 130 B.P. (Pa 1145) (2570-2150 av. J.-C.). Ce faciès se distingue du faciès Oum el Assel par l’augmentation substantielle des grattoirs, le peu de lames ou lamelles à dos, de microlithes et d’armatures, une poterie peu décorée. L’industrie fait un ample usage du quartz et d’une roche siliceuse noire qui privilégie le débitage de lamelles. Elle est dominée par les grattoirs qui peuvent atteindre jusqu’à 40 % de l’industrie taillée, suivis des pièces à coches, racloirs, perçoirs en majorité des mèches de foret. L’outillage poli et le matériel de broyage sont inégalement représentés. La poterie porte souvent un col, des lèvres plates ou arrondies. La pâte est préparée à l’aide de dégraissant végétal. A proximité de MT32 se trouve une petite nécropole réunissant des tumulus dont deux à antennes. La fouille de l’un a montré un individu non mechtoïde, reposant en décubitus latéral droit fléchi. Les deux squelettes découverts en 1959 par J. Fabre à Aïn Guettara, dont l’un est rapporté à un type méditerranéen, proviennent de la limite sud de cette zone. Les deux sujets, masculins, reposaient 1.- Cf l’industrie des sites MT29, MT32, MT10A p. 576.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie sur le côté droit en position repliée, orientés est-ouest, quelques perles en test d’œuf d’autruche paraient l’un d’eux. Les villages à enceinte A l’ouest de l’Adrar des Ifoghas, passée la vallée du Tilemsi, des sites originaux, de dimensions variables, entourés d’une enceinte sont établis dans les zones basses, position mise en relation avec la proximité de l’eau par M. Raimbault. L’enceinte de forme sommairement sub-circulaire à ovalaire est sinueuse, coupée d’interruptions qui peuvent être importantes. Ce sont des murs bas à double parement dont l’épaisseur va de 0,40 à 0,70 m, qui étaient probablement surmontés d’épineux. On est tenté d’y voir des systèmes de protection. A l’intérieur se rencontrent des vestiges d’activités domestiques -outillage taillé, poli, meules et molettes, ossements animaux, charbons- et des tombes. Les tombes peuvent également se trouver à l’extérieur de l’enceinte. La culture matérielle n’est guère connue qu’à Anezrouft1. L’industrie est taillée dans des matériaux très divers, provenant vraisemblablement des épandages. Elle comporte de nombreux grattoirs, jusqu’à 40 %, des coches et denticulés, racloirs, perçoirs, retouches continues. Les têtes de flèche et microlithes géométriques sont fort rares. Le matériel poli abonde sous forme de haches de formes diverses, toujours entièrement polies. Le matériel de broyage est courant, ainsi que des bolas, des percuteurs, pierres à rainures, disques et anneaux de pierre. Il y a peu d’industrie osseuse ou de test d’œuf d’autruche. La poterie, de forme sphérique, est diversement décorée, croisillons, dents, flammes, ponctuations. La lèvre peut être large et porter des ponctuations, des hachures. Les restes osseux appartiennent à des bovins pour le plus grand nombre ; ils sont associés à de grandes antilopes, à des girafes. Anezrouft est daté de 3920 ± 100 B.P. (Pa172) (2560-2210 av. J.-C.). Des sites de même culture, également en terrain plat mais sans enceinte, pourraient être plus anciens. La question des relations de cette population avec les gravures de l’Adrar des Ifoghas a été posée.

Un repli vers le fleuve Au Niger, R. Vernet a particulièrement bien souligné la fréquentation élevée des régions voisines du fleuve au cours du 2ème millénaire. A la suite de R. Mauny, il voit l’assèchement des lacs engendrant la mise en pâturages d’une bande sommairement située entre 18° et 16° de latitude N. Des remarques similaires ont été faites au Mali où M. Raimbault voit un exemple de ce repli à Kobadi, E. Huysecom et al. à Ounjougou. Kobadi Gisement installé à une dizaine de kilomètres de Nampala, sur les bords du delta intérieur du Niger, Kobadi occupe la pente d’un léger talus en bordure d’un paléolac. Il s’étend sur 360 x 15 m, avec une épaisseur qui peut atteindre plus de 1,50 m. Découvert en 1954 par R. Mauny et M. Giengier, il fut signalé 1 .- Id.

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Sahara préhistorique en 1955 par Th. Monod et a fait l’objet de fouilles en 1984, puis 1989 et 1995 par T. Togolo et M. Raimbault. Il est daté entre 3335 ± 100 B.P. (Pa221) et 2415 ± 120 B.P. (Pa223) (1740-1520 et 760-400 av. J.-C). Le matériel archéologique est pauvre en pierres taillées, riche en outillage osseux et en poteries. L’outillage lithique provient de grès, argilite, dolérite ; la présence de phtanite est interprétée par R et S. Mc Intosh comme un signe d’échanges avec les villages du Hodh. Il ne comporte que quelques grattoirs, des pièces à retouche bifaciale ; presque la moitié des outils est polie, ce sont des haches et des têtes de flèche dites pointe d’Enji (fig. 89) dont une variante à base échancrée. Des pierres à rainures qui auraient pu servir à la fabrication de cordages, anneaux en grès, de curieuses pierres à cupules de forme pyramidale sont courants. Les harpons en os abondent. La poterie consiste en vases sphériques sans col, à bord simple arrondi pour les plus courants, qui peuvent se ramener à deux séries selon leur taille, les uns de l’ordre de 20-25 cm, les autres 35-40 cm, voire davantage. L’étude menée par A. Gallin montre des pâtes différentes, à dégraissant de spicules pour les grands qui auraient été orientés vers le stockage, à os broyé pour les petits. La poterie la plus récente aurait utilisé un dégraissant végétal. Les vases sont montés par moulage du fond, puis bandeaux. Ils sont décorés d’impressions diverses souvent filetées, produites à la cordelette roulée, des impressions pivotantes ont créé des dents disposées en éventails emboîtés qui couvrent la moitié du vase. Une faune abondante comporte de nombreux poissons, des tortues, des lamantins, Trichechus senegalensis, animal jamais retrouvé ailleurs, des crocodiles, hippopotames, buffles, antilopes, phacochères, kobs, guibs d’eau Tragelaphus spekei, ainsi qu’un bovin domestique de petite taille à cornes courtes identique à celui que A.E. Smith mentionne à Karkarichinkat. Le site renfermait près d’une centaine de sépultures1 affleurant, la plupart en décubitus latéral contracté. Les défunts présentent des identités avec les populations d’Hassi el Abiod, ce qui a permis de proposer l’hypothèse d’une migration de l’ordre de 600 km. Dans la même région, les fouilles de R. et S. Mc Intosh à Jenné2 ont livré des dépôts plus récents, dans la continuité de ceux de Kobadi. Oungoujou Vers le troisième millénaire, alors que la période montre une aridification graduelle, l’occupation semble s’y intensifier. Elle est connue dans deux sites bien datés entre 4105 ± 55 et 3697 ± 51 B.P. (Ly-1282 et 9441) soit 2860-2595 et 2170-2020 av. J.-C., Ravin sud et 4085 ± 60 B.P. et 3905 ± 45 B.P. (Ly-6540 et 6806) soit 2820-2565 et 2455-2325 av. J.-C. Ravin du hibou. Avec un décor de dotted wavy line, la céramique traduit des migrations venant du Sahara. La pâte renferme un dégraissant de quartz, moins fréquemment de la chamotte et des spicules d’éponges indiquant une fabrication locale pour deux vases retrouvés dans cette formation. Hémisphériques, à ouverture droite, ils sont entièrement décorés à la roulette, l’ouverture de l’un est bordée de quatre rangs de dotted wavy line, celle de l’autre d’un double rang de ponctuations. 1 .- Cf p. 508. 2 .- Cf p. 519.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Au deuxième millénaire, avec la présence de millet, Pennisetum glaucum, une nouvelle migration est perceptible ; elle est attribuée à des populations venant du nord-ouest. Les sites nombreux, Confluence, Varves..., avec structures d’habitat en pierre, matériel de broyage abondant volontiers réutilisé, débité, transformé en enclume, en percuteur, ne disposent guère de matériel lithique autre. Il est limité à un grattoir, un possible perçoir, des denticulés et des fragments de haches polies. Les armatures manquent alors qu’elles sont nombreuses en surface. Vers 1800 av. J.-C., avec des récipients à col et décors à la roulette, la poterie marque cette arrivée. Jusqu’à 900 av. J.-C., la culture du mil et l’élevage deviennent dominants dans un paysage soumis à des crues saisonnières. L’occupation disparaît vers 400 av. J.C., lors d’un épisode climatique très aride. Les phases A, B, C, D du Zarmaganda Laa partie nord-orientale du Zarmaganda est une région de plaines et collines sableuses où R. Vernet reconnaît plusieurs phases néolithiques successives qu’il nomme A, B, C, D. Il situe la phase A entre 3900 et 3700 B.P. (3100 et 2300 av. J.-C.), B de 3600 à 3400 B.P. (1950 à 1650 av. J.-C.), C de 3400 à 3200 B.P. (1650 à 1450 av. J.-C) et D de 3200 à 2900 B.P. (1450 à 1050 av. J.-C.). Les changements s’opèrent au niveau de la céramique et non de l’industrie lithique qui reste la même. Cette dernière utilise des silex importés de la vallée du Tilemsi et du sud des Ifoghas, du quartz probablement local ainsi que des objets plus anciens ou hors d’usage comme des haches polies. Les outils sont de petite taille, peu nombreux et peu variés. Le site B.14.04, l’un des mieux fournis1, dispose de moins de 150 outils essentiellement des microlithes géométriques -surtout des segments- et des lamelles à dos ; hormis les armatures et retouches continues, les autres outils sont quasi inexistants, mais le matériel de broyage abonde. Il y a peu d’éléments de parure - perles en cornaline et amazonite qui pourraient être importées des Ifoghas, labrets en quartz, bracelets-, ce qui est peut-être lié à des récupérations ultérieures. Les têtes de flèche ont souvent un tranchant transversal ; un type lauriforme fait sur lamelles dont les bords sont plus ou moins abattus prédomine ensuite dans les phases A et B, alors qu’il est supplanté par les types pédonculés en C et des pièces lauriformes à bords dentés en D. Les formes triangulaires, peu fréquentes, manquent en D. La pâte céramique contient un dégraissant sableux fin. Les vases, à base arrondie, sont largement ouverts et peu profonds. Dans la phase A, la lèvre présente le plus souvent un biseau interne. Les vases sont enduits d’engobe rouge assez épais qui peut les couvrir entièrement ou n’affecter qu’une bande impressionnée. Les motifs impressionnés peuvent être couvrants ou non. La plupart est obtenue au peigne, ils consistent en woven mat droits ou courbes, en damiers ; un large registre de flammes peut souligner le bord. Dans la phase B, les formes restent à peu près semblables, mais les lèvres sont volontiers arrondies, l’engobe est plutôt brun que rouge, le décor moins soigné est presque toujours complexe, il peut aussi se limiter à un bandeau de hachures pointillées obliques qui paraissent faites à l’aiguillon de silure. Dans la phase C, les flammes dominent, 1.- Cf p. 577.

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Sahara préhistorique le peigne fileté souple est utilisé ainsi que le poinçonnage, la forme des lèvres est variée mais jamais biseautée. Dans la phase D, les bords sont épais souvent plats, les motifs de dents ou de flammes sont nombreux ainsi que des sillons pointillés parallèles. Le faciès Tin Farad A l’est du fleuve, au nord d’Aroyo, R. Vernet reconnaît un ensemble de sites présentant des traits similaires qu’il rapporte au 2ème millénaire en raison de ressemblances avec ceux du Zarmaganda. Il est possible que ce faciès s’étende au sud d’Aroyo et à l’ouest du fleuve. Les sites sont de grandes dimensions, plus d’un hectare. Une céramique abondante provient de vases sans col pouvant avoir un diamètre à l’ouverture de 15 et 30 cm. Elle est souvent engobée et porte des motifs réalisés au peigne fileté ou à l’estèque qui peuvent couvrir toute la panse ou se limiter à des registres. L’industrie lithique abonde. Riche en microlithes géométriques et têtes de flèche à tranchant transversal, elle renferme des bords abattus, perçoirs, coches, burins, racloirs ; les grattoirs sont rares. Il existe des pointes d’Ounan, des anneaux de pierre, des polissoirs. Les haches, le matériel de broyage devaient être fréquents. La culture de Kirkissoy Très en aval, au-delà de la boucle du fleuve et le long de celui-ci, divers sites néolithiques, reconnus par R. Vernet pour la plupart, lui ont permis d’identifier une culture qu’il a nommée culture de Kirkissoy. Les quelques dates disponibles la placent vers 2900 B.P. (1050 av. J.-C.). R. Vernet voit dans cette distribution spatio-temporelle, un mouvement à partir du Zarmaganda qui se vide alors. Kirkissoy est, à hauteur de Niamey, un vaste gisement, fortement perturbé en raison de la proximité d’habitations actuelles. L’industrie est souvent sur quartz, parfois sur dolérite. Le débitage a généralement produit des pièces triangulaires dont certaines pourraient provenir d’un débitage Levallois. L’outillage est fait de racloirs, perçoirs, de quelques pièces à coches ou denticulés, de haches, hachettes ainsi que de matériel de broyage. Il existe des pierres à rainures qui peuvent être des redresseurs de hampes de flèche ou avoir servi à la fabrication de cordes1. La céramique, analysée par M. Martineau, provient de vases aux parois épaisses, d’assez grande taille. Les formes sont le plus souvent simples, peu profondes, largement ouvertes et à fond sphérique, elles peuvent avoir un col court, évasé, quelques formes, dont une carénée, ont un fond ovoïde ou plat. Les niveaux inférieurs renferment une poterie engobée de belle facture, à parois fines où prédomine un motif de hachures pointillées faites à l’aiguillon de silure, organisé en registres parallèles à l’ouverture (fig. 56) ; ils sont soulignés de tirets ou de cannelures ou de dents pseudo-excisées. Dans les niveaux supérieurs, le décor privilégie le motif fileté. Une céramique noire, dégraissée à la chamotte, serait d’âge historique, les décors sont alors des rubans, des pastillages. Pour R. Vernet, l’économie serait fondée sur la pêche, ce qu’attestent de nombreux restes de poissons -en particulier perches et silures-, la chasse, la 1 .- On verra à ce propos l’article de P. Boisseau et F. Soleilhavoup - Pierres à rainures du Sahara : Paléotechnologie des cordes, des peaux et des cuirs. L’Anthropologie, Paris, 1992, 96/4 : 797-806, qui interprète les pierres ayant des rainures parallèles comme des toupins servant à faire des cordages.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie collecte et l’élevage de bovins. L’abondance du matériel de broyage plaiderait pour une agriculture.

A l’ouest, une occupation de l’escarpement du Hodh et des dunes côtières Comme le Sahara méridional, le Sahara occidental oppose au Sahara central et septentrional, une multitude d’immenses gisements, mais leur nombre et leur superficie ne cessent de diminuer. Avec les amas coquilliers, les sites-buttes d’une part, des villages construits d’autre part, la côte et le sud-est qui sont les deux régions connues, disposent d’une densité de vestiges qui suppose une population importante. La région de Dakar voit la concentration de sites tel que Cap Manuel daté de 2880 ± 80 B.P. (T724) (1200-900 av. J.-C.), Bel Air, Pointe de Fann, N’Gor, Diak… riches en restes de poissons. Ils renferment un outillage grossier taillé ou/et poli, fait de rabots, pics, haches, herminettes, hachereaux, le petit outillage se limitant à des pièces esquillées et retouches continues, ce qui peut être lié à l’emploi de roches locales, ankatarite et dolérite, peu aptes à la retouche. La poterie présente des motifs filetés, des flammes, des dents qui peuvent être ponctuées1. Il est possible que le peuplement des Canaries résulte partiellement de la pression démographique s’exerçant alors. Ces concentrations humaines sont probablement en rapport avec des conditions climatiques moins drastiques dans ces secteurs où des microclimats auraient régné en raison d’une remontée de la mousson à cette époque. Il est probable que des sources aient conditionné l’occupation le long de la falaise du Hodh, que l’humidité nocturne et un milieu attractif dû aux coquillages qui pullulaient dans les lagunes tafoliennes aient favorisé celle de la bande littorale. La culture de Tichitt et les villages construits du Hodh Au cours du 3ème millénaire, quelque 400 villages se sont installés le long de l’escarpement du Hodh -seule zone rocheuse émergeant entre 18° et 16° nord-, où il étend ses 500 km entre la cuvette sableuse de l’Aouker au sud et l’immensité sableuse de la Majâbat el Koubrâ au nord. Des sources dues à un microclimat produit par la remontée de la mousson qui dura jusqu’au début du 1er millénaire et qui a entraîné des précipitations de l’ordre de 400 mm dans ces régions, ont dû jouer un rôle fondamental dans cette concentration. Mentionnés dès 1912, les villages du Hodh n’ont été étudiés qu’à partir de 1968, d’abord par la mission Munson de l’Université d’Urbana, puis les missions Hugot du Museum d’Histoire naturelle de Paris. Un habitat en dur n’est connu que le long de cette ligne de falaise. Ces agglomérations aux murs de pierre occupent des positions et des surfaces variées, les unes perchées au sommet de la falaise ou de petits guelbs, disposant de rampes d’accès pour atteindre son pied, d’autres s’étageant sur les pentes. Au pied de la falaise, d’importants sites non construits ont donné lieu à diverses interprétations : pour P.J. Munson qui distingue huit phases d’occupation, il y 1 .- Ces ensembles industriels évoquent ceux que R. Vaufrey avait nommé Paratoumbien, terme tombé en désuétude, qui avaient été identifiés en 1913 dans les régions de l’Aouker, Hodh, Bamako par F. de Zeltner, puis G. Waterlot.

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Sahara préhistorique aurait eu déplacement progressif des falaises vers la plaine, pour S. Amblard et R. Vernet, l’occupation de la plaine serait plus ancienne, pour A. Holl, un déplacement saisonnier aurait été lié aux pâturages, les falaises étant occupées à la saison des pluies, la plaine en saison sèche. Les sites construits ont des aspects divers, ils peuvent être fortifiés, dissimulés quand ils sont petits. Les plus anciens sont datés entre 3900 et 3500 B.P. (2400 et 1800 av. J.-C.), ils se trouveraient sur la bordure sud. Les plus récents marquent la fin de la culture de Tichitt, vers 2700-2400 B.P. (850-500 av. J.-C.)1, époque où de nombreuses inscriptions tifinaghs sont interprétées comme produits d’une pression de populations libyco-berbères venant du nord. Quelle que soit leur superficie (certains atteignent jusqu’à un kilomètre carré), ils sont constitués d’enclos disposés sans ordre et séparés par des places et des passages étroits et tortueux (fig. 61). Les enceintes des enclos, de plus d’un mètre d’épaisseur, sont faites d’un mur double en pierres sèches dont l’espacement est comblé par de la pierraille et divers débris, tessons de poteries, fragments de meules… Ils reposent sur des blocs cyclopéens et sont percés de portes pouvant être munies d’un seuil. A l’intérieur, des piliers devaient soutenir un toit et une grande dalle pouvait servir de table. Dans certains de ces villages, S. Amblard a identifié des greniers surélevés dont ne subsistent que les piliers qui supportaient le plancher, laissant au-dessous d’eux un espace à même d’être utilisé. Le nombre de greniers, la présence de grandes jarres soulignent l’importance du stockage. Des tumulus, isolés ou regroupés en nécropoles, se trouvent souvent à la périphérie des villages et quelques restes humains inhumés sans marque extérieure, ont été retrouvés à l’intérieur même. A Dakhlet el Atrouss, site probablement le plus important avec 600 concessions, deux énormes tombeaux ont été construits dans le village ; le plus grand mesure 30 m de diamètre. Des gravures rupestres sont fréquentes sur la falaise et dans les villages eux-mêmes, elles sont piquetées, figurent des bovins, oryx, autruches, des personnages -hommes et femmes qui portent parfois des attributs céphaliques-, des chasses à la gazelle ou l’autruche, des cavaliers, des chars et, pour les plus récentes, des chameaux. Des ovi-capridés, animaux qui ne se trouveraient pas dans les autres régions de Mauritanie, sont figurés. Il en est de même de personnages en frise où adultes et enfants se tiennent par la main, gravures que R. Vernet rapporte au début de la période libyco-berbère. La trousse à outils2 renferme un outillage lithique abondant, riche en grattoirs, où les perçoirs, parfois les denticulés ou pièces à coches, sont courants, les racloirs rares, de même l’outillage lamellaire qui est surtout fourni en segments. Les têtes de flèche, le matériel poli -haches, herminettes et gouges-, le matériel de broyage, abondent. Des pièces à gorge, fréquentes, pourraient être des poids de filet. L’outillage osseux et les éléments de parure sont courants. La céramique comprend des vases globuleux sans col ou à petit col droit et de grandes jarres aux parois épaisses vues comme jarres de stockage. La pâte faite avec un dégraissant végétal, renferme parfois des empreintes de Pennisetum cultivé. Le décor fait volontiers appel à des motifs filetés. Des fragments de 1 .- La culture de Tichitt a pu perdurer davantage, le site 11 étant daté de 2170 ± 105 B.P. (I3819) (360-100 av. J.-C.). 2.- Cf p. 577.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie figurines zoomorphes ont été retrouvés sur le sol de concessions de divers sites. Quelques objets en cuivre qui gisaient en marge des villages, posent la question de relations avec des centres d’activité métallurgique. Savane faiblement arborée, la plaine comportait du micocoulier, jujubier, de nombreuses graminées, Panicum laetum et P. turgidum, Brachiaria deflexa, Andropogon, Sorghum, Citrullus, Pennisetum, Cenchrus biflorus. Des bovins, dont Pelorovis, des antilopes, gazelles, ânes, rhinocéros, hippopotames, éléphants, girafes, autruches, des crocodiles, serpents, tortues, fréquentaient les lieux. Lates niloticus, Clarias lazera, Tilapia, Heterobranchus et Limicolaria turriformis1 étaient présents. La culture du mil Pennisetum americanum, l’élevage de bovins et de moutons y sont bien affirmés. A Akreijit, le quart de la faune est domestique.

Fig. 61 - Village de Dakhlet el Atrouss sur le dhar Tichitt-Walata. (d'après Amblard 1983).

Akreijit Akreijit est l’un des villages néolithiques les plus vastes. Il a fait l’objet de nombreux travaux des missions conduites par H.J. Hugot et d’une restauration de la partie centrale. Il est daté entre 3776 ± 120 (Dak52) et 2430 ± 80 B.P. (Gif6083) (2400-1980 et 760-400 av. J.-C.). Il est implanté à l’extrémité d’un vaste plateau rocheux d’où il surplombe le baten. Il s’étend sur 600 x 200 m et comprend près de 200 enclos protégés par une muraille au-delà de laquelle existent de vastes enclos à bétail. Des enclos et des silos à grains sont aménagés dans l’abrupt de la falaise et au bas de la pente ; on y accède par une rampe. Malgré la présence de quelques pièces comme une tête de flèche en cuivre, le site est traditionnellement attribué au Néolithique final. Le matériel lithique est taillé dans des matériaux locaux et comprend des grattoirs, perçoirs, pièces à coches et denticulés ainsi que des microlithes géo1 .- Gastéropode terrestre qui demande un minimum de 350 mm d’eau.

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Sahara préhistorique métriques et des têtes de flèche. Des haches, herminettes, gouges, très nombreuses, ont été obtenues par polissage ainsi qu’une tête de flèche, la pointe d’Enji. Le matériel de broyage abonde. L’industrie osseuse est rare, comporte surtout des poinçons. Les objets de parure, bracelets, perles, pendeloques et labrets sont courants. Une abondante céramique provient de vastes récipients hémisphériques avec ou sans col, de cuillères. Le décor est fait en grande partie de motifs filetés, de croisillons, il utilise des impressions pivotantes essentiellement des dents, et parfois des dotted wavy line ; il est souvent limité à la lèvre. Certains tessons sont engobés. La poterie a également servi à façonner des statuettes zoomorphes. Des gravures rupestres piquetées figurent essentiellement du bétail -surtout des bovins et quelques chèvres-, ainsi que quelques antilopes. Les vaches sont beaucoup plus nombreuses que les bœufs et peuvent être associées à de petits quadrupèdes sans corne interprétés comme des veaux. Les lemdenat ou sites-buttes Dans l’extrême ouest saharien, les dunes ont été recherchées comme lieu d’habitat. Tous les cordons dunaires bordant la côte atlantique sont recouverts d’un voile de pierres taillées. Les datations dont on dispose permettent de supposer que ce fut un des lieux de repli de populations chassées par le développement du désert. Les dunes devaient être couvertes de végétation, les points d’eau plus nombreux, diversement étendus, permettant à une flore de Graminées et Cypéracées de se développer. Le secteur le mieux connu est le Tijirit. Large couloir entre les amas dunaires de l’Akchar et de l’Azeffal, le Tijirit est un reg plat parcouru par l’incision modeste du ghatt el Ogol. Les gisements habillent les dunes de bordure de manière presque continue. M. Bathyli les nomme sites-buttes. Ils sont aussi mentionnés dans la littérature sous le nom de lemdenat1. Ils sont truffés d’inhumations. Dans la région de Tarfaya, une faible densité de matériel, une industrie peu typée, ont fait problème un temps ; le Site Letan a pu être rapporté au Néolithique à la suite des travaux de D. Grébénart montrant l’existence d’une occupation néolithique postérieure au 4ème millénaire. Daté de 4400 ± 90 B.P. (Mc 669) et 3290 ± 70 B.P. (Mc 670) (3300-2900 et 1680-1500 av. J.-C), il comporte des zones d’habitat longues de 2 à 10 m, surélevées légèrement, renfermant de 1 à 6 foyers composés d’un rang de pierres formant fer à cheval. L’intérieur est occupé par des cendres, coquillages, restes de crustacés, œufs d’autruche, galets qui peuvent être polis ; des fragments d’un gros cétacé étaient dispersés sur le site. A un outillage atypique, s’ajoute une statuette phallique à tête de serpent, en calcaire coquillier. Chami Les travaux menés en 1971 par le Laboratoire de Géologie du Quaternaire de Marseille sous la direction de N. Petit-Maire, ont reconnu aux alentours immédiats du puits de Chami, cinq groupes de dunes anciennes truffées d’inhumations et qui peuvent posséder une couche archéologique plus ou moins mince, 1 .- Pluriel du mot hassania lemdenne désignant une dune ancienne à sommet arrondi ; terme souvent entendu par les préhistoriens et géomorphologues de langue française comme synonyme de site préhistorique. Pour M. Bathyli, la confusion serait attribuable à une proximité de prononciation avec medina (ville, village).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie être revêtues de galets quartzeux de quelques centimètres de dimensions pour certains. L’industrie lithique est toujours très pauvre, la fréquence de la poterie variable et des éléments de faune peuvent s’y trouver. Les datations rapportent ces installations entre 3950 ± 80 et 2290 ± 130 B.P. (Gif1856 et Gif2166) (25602330 et 590-200 av. J.-C.). Les restes humains, nombreux, ne sont jamais marqués par une super-structure, mais le sont parfois par un cymbium. Ils sont rapportés à une population mechtoïde. N. Petit-Maire propose une forte mortalité, 44 % avant 19 ans, 8 % seulement dépasseraient 30 ans. La parure funéraire est courante sous forme de perles parfois de colliers ou pendeloques. Ils sont datés entre 3850 ± 120 et 2100 ± 180 B.P. (Gif 2486 et Gif2163) (2470-2140 av. J.-C. et 370 av. J.-C.-60 ap. J.-C.). L’un de ces groupes, B15, comporte trois dunes dont l’une est recouverte de meules en matériaux locaux, calcaire silicifié pour la majorité, une autre est une zone de sépulture, la troisième laisse voir, à son sommet, un niveau néolithique perturbé par de nombreuses tombes souvent marquées par un cymbium. On ne connaît guère l’industrie lithique mais la céramique abonde, grands vases sphériques entièrement décorés le plus souvent de woven mat, volontiers de flammes crénelées (fig. 62) réalisées à l’aide de coquilles d’Anadara (ce qui a conduit E. de Longrée à rattacher cette céramique au Néolithique cardial), parfois de dotted wavy line ou de motif fileté. La distribution de ces objets est irrégulière, seuls des éléments de parure étaient rassemblés dans une zone de 6 à 7 m2. Il s’agit de perles en roches dures, en test d’œuf d’autruche ou coquilles de mollusques, de quelques coquilles perforées qui ont pu être des pendeloques, d’un collier de dentales et d’un fragment d’anneau en pierre, décoré, qui provient sans aucun doute d’un bracelet. De nombreux restes de grands mammifères comprennent par ordre de fréquence, Phacochœrus æthiopicus, Oryx algazel, Bos ibericus, quelques restes de Ovis, gazelles, rhinocéros, éléphants, équidés, des batraciens, tortues, oiseaux.` Khatt Leimaïteg Situé par 19°12 N-14°45 W, à l’extrémité sud du massif dunaire de l’Amatlich, Khatt Leimaïteg est implanté sur des dunes fossiles de hauteur variable et partiellement recouvert de dunes vives. Il fut reconnu en 1975 par R. Vernet et étudié entre 1979 et 1985, sous sa direction. Comme les sites de Touizigt, Damane, Lemdena, il occupe la bordure septentrionale du massif, dominant ainsi la plaine de l’Inchiri, là où de nombreuses incisions viennent se perdre au pied des dunes. Il s’étend de manière discontinue sur plusieurs kilomètres, les creux interdunaires restant inoccupés ; une nécropole avec quelques tombes construites en occupe une partie. La surface du site est un manteau de matériel lithique et de céramique. De nombreux vases sont entiers. Il n’y a pas de foyer construit, peu de restes osseux, en partie en raison d’une forte altération. L’existence de contacts avec la zone côtière s’y traduit par de nombreux coquillages. R. Vernet a reconnu cinq habitats dont trois (I, II et III) ont donné lieu à l’essentiel des travaux ; l’habitat III diffère des autres en occupant une banquette surélevée de 1 à 2 m au-dessus du reg et non le sommet d’une colline. Loin d’avoir une distribu-

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Sahara préhistorique tion homogène, la répartition du matériel suggère une structuration de l’espace sous-entendant des ateliers spécialisés, avec des zones réservées à la meunerie par exemple, à la fabrication et l’utilisation de micro-perçoirs, à la fabrication de têtes de flèche. L’industrie lithique1 utilise des matériaux divers, grès, roches métamorphiques, en abondance du quartz, tous disponibles dans les environs, et parfois du silex. Une importante série de 932 pièces a été étudiée. Le débitage montre une nette tendance lamellaire. Les nucleus, exploités à l’extrême, sont le plus souvent informes, mais des pièces cylindriques et pyramidales restent représentées. Le quartz a été très employé en éclats bruts. La retouche Ouchtata est peu utilisée. Certains grattoirs appartiennent aux pièces les plus volumineuses du site. Les perçoirs comportent outre des mèches de foret, des « pointes » sur quartz, à extrémité aiguë dégagée par retouches et, en très grand nombre, des micro-perçoirs longs de 1,4 et 2,2 cm. Fabriqués et utilisés sur un secteur bien délimité, ils sont supposés avoir servi à percer une matière peu dure sur une faible épaisseur car des traces d’émoussé ou de poli apparaissent sur une faible longueur ; un emmanchement et un emploi par rotation sont exclus. Les rares burins sont portés par des pièces à coches. Les lamelles à dos, courtes, sont fournies en dos arqué. Les coches sont fréquentes sur quartz ; le groupe est probablement sous-estimé du fait du rejet de pièces à coches clactoniennes supposées liées à un piétinement. Les segments peuvent être obtenus par retouche bifaciale. Les têtes de flèche abondent, en grande majorité foliacées (type c3), des pièces à base concave sont fréquentes en II ; les formes pédonculées, peu nombreuses, proviennent presque toutes de I. Quelques pièces plus grandes, de travail sommaire, peuvent être des pointes de lance. Les haches et herminettes sont abondantes, de qualité médiocre. Quelques fragments de pierre polie proviennent de bols. Des plaques en quartzite ou brèche, ne dépassant pas 3 cm d’épaisseur, de forme ovoïde ou discoïde, ont reçu le nom de « palette », l’une de leur surface est souvent polie, l’autre porte parfois une cupule. Des pièces à rainures peuvent avoir une forme en « grain de café ». Les outils en os sont peu nombreux, ce sont surtout des tranchets, des perçoirs sommairement façonnés. Les objets de parure sont courants, perles, pendentifs, bracelets ainsi que des billes en quartz et silexite. Les perles, de forme cylindriques ou discoïdes, sont en pierre plus ou moins polies, silexite et surtout en coquille d’Anadara ; l’amazonite a été utilisée pour une perle de forme tonnelet. Des lots de perles agglutinées par une matière non identifiée constituaient encore des fragments de colliers. Des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche se réduisent à un collier qui ornait un défunt. Des pendentifs ont été façonnés dans des coquillages, Anadara, Pecten, Conus, dans une phalange de gazelle, du quartz rose. Si certains anneaux peuvent être entendus comme bracelets, d’autres trop étroits pour cela peuvent s’interpréter comme kwés ; un en grès, retrouvé entier, mesure 15 cm de diamètre avec une lumière de 6 cm pour un poids de 1500 g. Le matériel de broyage abonde, les auteurs dénombrant plusieurs centaines de meules, d’innombrables molettes et pilons. Leur répartition est irrégulière. 1 .- Cf Annexes p. 577.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Les meules offrent diverses variétés, avec légère prédominance de meules-blocs, pièces épaisses, à base simplement aménagée par grands éclats. La plupart de celles qui ont été soigneusement façonnées est naviforme, épaisse de 5 à 10 cm. La surface de travail peut être surcreusée ou plane. Les molettes abondent, une partie se présente sous forme de boules de quartz qui pourraient tout aussi bien être des armes de jet. A ce matériel de meunerie peuvent s’adjoindre quelques pics.` La céramique, très abondante, comporte 85 vases entiers ou qui ont été reconstitués et de gros anneaux qui pourraient être des poignées. Elle a également servi à façonner des figurines, toutes retrouvées en fragments. Les vases montrent une très grande unité, pâte préparée à l’aide de dégraissant végétal, parois dont l’épaisseur se place le plus souvent autour de 6 mm, vases à fond sphérique mesurant pour l’essentiel autour de 18 cm de haut, avec une ouverture de 15 à 16 cm. Un point d’inflexion très proche de l’ouverture est fréquent, le bord est alors volontiers éversé. Les cols sont rares, peuvent être de très courts goulots. Le décor s’organise autour des éléments de préhension ou en bandeaux, regroupe divers motifs et couvre les vases. Des variations notables apparaissent d’une occupation à l’autre : flammes dominantes en I, formes moins variées et présence d’un vase semi-elliptique en II, récipients un peu plus grands, cuillères présentes, prédominance de motif fileté en III, décors plus pauvres, formes plus nombreuses en IV. Quelques objets en cuivre (deux armatures, un anneau, deux aiguilles), que leur composition rapporte au Chalcolithique d’Akjoujt1, étaient dispersés sur le site. Ils pourraient être plus récents, au même titre qu’une pipe en céramique de type portugais. Des restes osseux peu abondants proviennent de bovins, ovins, caprins, phacochères, zèbres, addax, Taurotragus, Gazella dorcas et Nanger dama, autruches… Quelque 280 tombes, la plupart dans un état de dégradation avancée, ont été dénombrées. Elles ont été datées de 3350 ± 130 B.P. et 3040 ± 160 B.P. (Ly2502 et Ly2974) (1860-1460 à 1490-1050 av. J.-C.). Les auteurs les estiment contemporaines de l’habitat. Les fouilles ont livré une soixantaine d’individus en majorité adultes de 20 à 50 ans, au crâne de grande dimension et faible épaisseur, mandibule basse et robuste, dents fortes. Les défunts portaient volontiers un collier de perles en Anadara, pouvaient avoir une bille de jaspe ou quartz poli dans la bouche, être accompagnés d’une poterie simple, sans décor. Nouaferd A hauteur du cap Tafarit, le site de Nouaferd (=Lemdenat 8) occupe cette même position sur dune. Il est daté de 5040 ± 120 B.P. (I3949) (3950-3720 av. J.-C.). Un outillage de silex comporte peu de lamelles, des grattoirs, fréquents, présentant un front arrondi ; les armatures de flèche se rapportent en majorité aux types à base concave puis aux types pédonculés. Des percuteurs, pierres à rainures, meules dormantes, broyeurs sont courants. Bien qu’il y ait des tests d’œuf d’autruche, aucune rondelle d’enfilage n’a été découverte. La poterie provient de vases grain de blé ou en bulle, dont la surface était ornée de quadrillages, dents, dents crénelées qui les rapprochent de Tintan. Les restes 1 .- Cf p. 577.

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Sahara préhistorique incomplets de 9 individus qui en ont été retirés sont rapportés par G. Thilmans à une population négroïde. Tijirit Site 37 L’occupation du secteur oriental du guelb et de la sebkhet Nich pourrait être liée aux proches affleurements rocheux de la daya El Ghoueïrga et à la présence des nombreux petits cours d’eau qui le drainent. Le site 37 est installé par 20°18 N-15° W, 5 km au nord-est du guelb, au sommet d’une dune fossile subcirculaire à faible pente où il occupe près de 15 000 m2. Un grand nombre de fragments de végétaux silicifiés couvre la surface, les zones les plus denses semblent contournées par les vestiges archéo-

Fig. 62 - Néolithique récent du Sahara occidental. Décors de poterie : 1) cannelures pointillées ; 2) cannelures pointillées+bâtons en motif complexe ; 3) cannelures+incised wavy line ; 4) incised wavy line ; 5) crépé ; 6) fileté en triangles emboîtés+cannelures ponctuées en motif complexe ; 7) fileté en ligne et chevrons ; 8) croisillons+lignes pointillées ; 9) lignes de ponctuations+cannelures en motif complexe triangulaire ; 10 à 13) flammes crénelées ; 14) woven mat. (Origine : 1 à 9) Aouker, d'après Vaufrey, 1969 ; 10 à 14) Chami. (d'après Petit-Maire, 1979).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie logiques malgré leur étalement probable, ce qui pourrait indiquer la contemporanéité de l’occupation du site et d’une végétation relativement importante1. La surface du gisement supporte une densité moyenne de matériel de l’ordre de 50 par m2 et diverses structures. Sur sa pente méridionale, un pavage de pierres anguleuses couvre une surface de quelque 160 m2. Au centre, une zone subcirculaire de 3,5 m de diamètre maximal, dénuée de pierres, possède des alvéoles de 10 à 20 cm de diamètre dont la profondeur n’a pu être appréciée. De nombreuses surfaces subcirculaires ou ovales de 2 à 2,5 m de diamètre2, légèrement surcreusées sont totalement vides de vestiges archéologiques. Celles qui ont été fouillées montrent la présence de 2 à 6 petits trous subcirculaires dont le faible diamètre, la faible profondeur actuelle, la répartition irrégulière ne prônent guère en faveur de trous de poteau supportant une clôture. Près de 65 % de l’industrie lithique est taillée dans des quartz venant pour l’essentiel de filons voisins ; du schiste vert et des roches granitiques ont aussi été débitées, mais aucun des outils retrouvés n’a été façonné dans ces matériaux. Les nucleus sont peu nombreux, informes. L’outillage recueilli est dominé par des grattoirs de très bonne facture qui atteignent près de 25 %, avec une place importante accordée aux grattoirs simples sur éclat. Les pièces à coches et denticulés, les pièces à retouche continue viennent en second, n’atteignant pas 10 %. Les microlithes géométriques, à peine 5 %, sont des triangles ou des trapèzes. Les têtes de flèche, 3 %, sont de type foliacé ou triangulaire à base concave. Les haches polies qui représentent 4 %, sont toutes cassées. Les meules, elles aussi toujours fragmentées, les molettes et les pilons abondent à la surface du site. La céramique est plutôt rare, inégalement répartie ; un vase entier, sphérique, était renversé en périphérie. Les pâtes étaient faites avec un dégraissant quartzeux plus ou moins ferrugineux associé dans la moitié des cas à des végétaux. Les vases ont été montés par moulage ; ce sont de vastes récipients sphériques, à paroi épaisse de l’ordre de 1 cm. Les surfaces sont fortement altérées, les motifs lisibles sont plutôt des ponctuations et des flammes, des impressions filetées, des cannelures entourant l’orifice. Certaines formes rendent possible la présence de cuillères. Autres sites du Tijirit On retrouve un aspect semblable et un outillage comparable dans la plupart des sites du Tijirit. M. Bathyli assimile aux sites-buttes, les installations trouvées dans la plaine, elles utilisent en effet les mêmes outillages avec des proportions semblables, disposent des mêmes organisations, des mêmes structures en pierres. Hormis quelques sites qui ont préféré l’un des schistes noirs, d’autres du bois silicifié provenant du Continental Terminal ou un silex apporté sous forme de lames ou lamelles, on retrouve la même utilisation du quartz. L’outillage taillé est de même toujours pauvre, fait surtout de grattoirs ; le matériel de broyage, la poterie sont, eux aussi, toujours peu abondants. Dans la plupart des sites-buttes, des restes de végétaux silicifiés se mêlent au matériel archéologique, des surfaces circulaires d’un diamètre de 1 à 3 m 1 .- Ces végétaux n’ont pu être identifiés. 2 .- 130 ont été décomptées et il est probable que leur nombre soit bien plus élevé.

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Sahara préhistorique sont pavées, d’autres de 2 à 3 m de diamètre sont totalement libres d’objet. Des inhumations en pleine terre affleurent souvent et il est rare que ces sites ne supportent pas un ou plusieurs tumulus. Quelques détails peuvent distinguer les sites. Dans le Site 71, l’un des plus vastes de la région, et dans plusieurs autres, existent des cercles de 7 à 10 m de diamètre faits de gros blocs de pierres de 70 cm d’épaisseur, ouverts au nord-est, dont l’intérieur renferme du matériel archéologique. Le Site 36 disposait de nombreux anneaux de pierre, il supportait plusieurs tumulus. La fouille de l’un d’eux a livré des restes d’un individu, en mauvais état, reposant sur le côté droit, en position contractée. Le Site 13, site de plaine en bordure de l’Akchar, qui a livré deux squelettes subaffleurants, paraît s’être étendu près d’un bouquet d’arbres. Il comporte de nombreux galets aménagés, ses occupants ont importé du silex, façonné des outils de petite dimension, des grattoirs, quelques microlithes géométriques et têtes de flèche, de rares lamelles à dos qui peuvent présenter un poli. Le matériel de broyage, les haches y sont rares. Ce site a livré un harpon, un peigne de potier obtenu dans une coquille d’Anadara. La poterie comprend une cuillère et des pots à ouverture resserrée et lèvre arrondie, d’autres à ouverture légèrement évasée ou plus rarement à col, aux lèvres de formes diverses ; elle est pauvrement décorée d’une cannelure, de croisillons ou de lignes pointillées. D’un autre site de plaine, le Site 18, viennent quelques indications fauniques avec des ossements d’éléphant, girafe, buffle et probablement d’alcélaphe. Dans le Site 24, site-butte daté de 2145±170 B.P. (Alg) (390 av. J.-C.-20 ap. J.-C.), le test d’œuf d’autruche a été aménagé par retouches abruptes, en formes géométriques -segments, triangles, trapèzes, rectangles, losanges- de 2 cm de long. Le Site 50 renferme des disques en schiste, granite ou dolérite, à amincissement bifacial, partiellement polis. Le Site 71, l’un des plus étendu, supporte cinq tumulus et diverses structures circulaires en pierre, il a livré une perle en amazonite. Le Site 73, au pied du cordon de l’Azefal, daté de 1680±100 B.P. (Alg) (240-530 ap. J.-C.) sur test d’œuf d’autruche1, présente à son extrémité sud, une zone empierrée de 3 m de diamètre ; il dispose d’un nombre important de perçoirs et micro-perçoirs regroupés en atelier qui évoquent Khatt Leimaiteg, les quartz proches ont été délaissés au profit d’un schiste noir dont l’origine n’a pas été déterminée. Le Site 74, également en bordure de l’Azeffal, tire son originalité de têtes de flèche sur lamelle brute dont la base est aménagée de manière à fournir des formes pédonculées aux ailerons discrets ou des formes foliacées. Tintan A 9 km à l’est de la baie du Lévrier, en bordure d’un ancien golfe nouakchottien, Tintan est un site de surface d’un hectare, étalé sur des dunes fossiles. 1 .- R. Vernet ayant montré le manque de fiabilité des datations sur test d’œuf d’autruche dans ces régions, cette date est à retenir avec réserve. Néanmoins, deux datations sur tests calcinés du site 5 ont donné un âge semblable, 1580 ± 90 (Alg) et 1330 ± 40 B.P. (Gif8122) (400-600 et 660-760 ap. J.-C. ). A leur tour, M. Wuttmann et al, (2012, Dating the end of the Neolithic in an Eastern Sahara oasis : Modeling absolute chronology. Radiocarbon 54/3-4 : 305-318) introduisent un doute sur la validité de telles datations dans les oasis égyptiennes.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie En 1971, il fut étudié par une mission que dirigeait N. Petit-Maire. Deux secteurs, un habitat discontinu et une nécropole, dont les relations sont complexes, ont été distingués, les zones d’inhumations pouvant recouper l’habitat. Une série de datations rapporte ces occupations entre 6390 ± 160 (Ly-552) et 2460 ± 100 B.P. (Gif1884) (5510-5100 et 760-410 av. J.-C.), les restes humains entre 3240 ± 110 (Gif2484) et 2090 ± 120 B.P. (Orsay) (1670-1410 av. J.-C. et 350 av. J.-C.-30 ap. J.-C.). R. Vernet en fait l’éponyme de la « culture de Tintan » qui s’étendrait du Rio de Oro au sud du Banc d’Arguin avec une forte concentration dans la presqu’île de Tintan. Les zones d’habitat conservent des foyers empierrés de 5 à 10 cm de diamètre, parfois encore construits, le plus souvent démantelés, auprès desquels se regroupent l’outillage et des fragments de Cymbium. Les outils ne montrent pas de distribution particulière. Ceux qui sont taillés1 sont essentiellement faits sur silex, une calcédoine ayant toutefois servi pour des pièces à coches et des perçoirs. Les nucleus, généralement globuleux, ont livré une très forte majorité d’éclats. Les grattoirs comportent essentiellement des formes simples ou sur éclat retouché ou à coches. Les perçoirs simples et les mèches de foret sont souvent des pièces en calcédoine ou en jaspe, matériau utilisé à cette seule fin. Le groupe des pièces à coches et denticulés est fait d’éclats à coches retouchées et de quelques scies. Peu nombreux, les microlithes géométriques n’en montrent pas moins des types variés, de même les racloirs parmi lesquels figurent des limaces. Les têtes de flèche sont plutôt pédonculées, à pédoncule court, quelques pièces sont pistiliformes ou à base concave et bords convexes (type a25). Les haches sont polies, de forme boudin ou rectangulaire pour un grand nombre ; il n’y a aucune herminette. Des galets aménagés en quartz qui ne dépassent guère 3,5 cm, sont nombreux, ainsi que les meules et molettes ; diverses pierres à rainures se mêlaient à l’outillage taillé. Des cymbium ont été découpés de manière à obtenir un récipient. La céramique abonde, de nombreux vases, souvent cassés, ont été abandonnés renversés, ouverture enfoncée de quelques centimètres dans le sable. Auprès des formes sphériques habituelles, se trouvent ici des formes hemi-ovoïdes, en grain de blé, ainsi que des vases ayant une petite base aplatie. Ce sont tous de vastes récipients, à bord simple, entièrement décorés -y compris souvent la lèvre-, le décor peut même former un bandeau à l’intérieur. Les motifs de ponctuations sont fréquents, faits au peigne ou au peigne fileté. La parure consiste en pendeloques, perles en roche dure, tests d’œuf d’autruche ou coquillages. Aucun reste de vertébrés n’a été retrouvé. Une centaine de sépultures a été fouillée dont la moitié a livré des restes humains susceptibles d’être partiellement analysés malgré une fragmentation qui n’a permis la reconstitution d’aucun crâne. Aucun élément de parure, aucun mobilier n’a été mis au jour. Tous sont rapportés à une population mechtoïde. Les tentatives d’identification d’espérance de vie montrent que 9 % seulement de la population dépassait 30 ans ; avec prudence, N. Petit-Maire rapporte à 67 % la proportion disparaissant entre 12 et 17 ans. 1 .- Cf Annexes p. 577.

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Sahara préhistorique La « culture de Dkhraïna » Occupant un territoire de 150 x 100 km, au nord de Nouakchott, la culture de Dkhraïna a été définie par R. Vernet. Elle est datée de 4000 à 3400 B.P. (2500 à 2350 av. J.-C.) et surtout connue par ses inhumations auxquelles est associée une poterie originale qui la caractérise. Ce sont des vases de forme ovoïde allongée, à étroit fond conique, ils sont légèrement étranglés pour produire un col court, faiblement évasé. R. Vernet voit dans cette forme une influence septentrionale. Ils sont entièrement décorés d’étroits registres généralement couverts de hachures pointillées obliques. La pâte renferme exclusivement un dégraissant sableux fin. L’industrie lithique est très pauvre. La population se serait adonnée à l’élevage et la récolte de coquillages. Les sites coquilliers de la côte atlantique Le littoral atlantique est bordé d’amas coquilliers d’ampleurs variables et d’âges divers. Ils traduisent une pratique qui paraît permanente du milieu du 5ème millénaire jusqu’à l’aube de l’ère chrétienne où elle devient rare par modification soit des pratiques alimentaires, soit des populations. Ils sont connus au Maroc, où G. Souville note des dépôts de plus d’un mètre d’épaisseur s’étendant de façon plus ou moins continue sur plusieurs dizaines de mètres ; ils peuvent avoir une grande ancienneté, l’un d’eux proche de la nécropole de Rouazi étant daté de 7710 ± 180 B.P. (Ly 4097) (6980-6270 av. J.-C.). Il en a été reconnu dans les îles canariennes d’El Hierro et La Gomera. On en retrouve dans le sud du banc d’Arguin. Ils deviennent particulièrement fréquents le long du littoral mauritanien, essentiellement au sud de la baie Saint Jean où la dérive littorale liée à l’abaissement du niveau de la mer s’est installée aux débuts du 3ème millénaire. En formant des cordons littoraux, elle a bloqué l’ouverture des golfes, les transformant en lagunes. Dès lors, les divers oueds qui drainent ces régions, n’aboutissent plus à la mer à l’exception du Khatt el Khleïjane1 ; ils s’épandent en arrière du cordon dunaire, créant une succession de petits bassins endoréiques tous orientés nord-est sud-ouest. La prolifération de coquillages, Anadara senilis d’abord, puis Donax rugosus, a développé une activité de collecte d’une importance telle que de gigantesques amas coquilliers semblent border la côte mauritanienne et sénégalaise ; en fait, il ne s’agit que d’un voile de 15 à 20 cm d’épaisseur, qui recouvre de coquilles le sommet des dunes et s’amenuise à mesure que l’on descend la pente. Ils sont nommés kjökkenmödding, sambaquis ou concheros, de plus en plus souvent amas coquilliers. Selon la profondeur de la pénétration de la mer nouakchottienne à l’intérieur des terres, ils peuvent se retrouver plus ou moins éloignés du littoral actuel. Le long de la baie de Saint Jean, ils se développent jusqu’à 3 km à l’intérieur et dans quelques cas, jusqu’à 15 km. Il peut s’agir d’habitat ou de lieux d’exploitation, préparation et séchage des mollusques. Ceux des îles du Saloum au Sénégal étudiés par C. Descamps, sont récents (ils sont datés entre 1580 ± 80 B.P. (Mc581) et 1140 ± 80 B. P. (Mc590) (410-600 et 780-980 ap. J.-C.) et connus par les chroniques historiques qui y voient de véritables conserveries. Les coquillages étaient mis au feu jusqu’à ce qu’ils s’ouvrent ; on retirait la chair, la faisait sécher au soleil 1 .- C’est le début du Tafolien.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie et la mettait en pots qui étaient vendus dans les foires. G. Souville décrit une pratique comparable dans les environs de Salé et Rabat : après une cuisson plus ou moins sommaire, la chair était séchée au soleil puis réduite en poudre et pouvait alors être transportée et vendue fort loin. Les dépôts coquilliers se composent de 95 % à 99 % d’Anadara senilis, comportent quelques coquilles de Cardium, Cymbium, Ostrea, Hemiphusus morio… ; les accumulations plus récentes sont constituées de Donax rugosus d’écologie différente, soulignant la dégradation du milieu. Au Maroc, ils sont constitués de coquilles de moules, pourpres, patelles. Les coquilles peuvent porter des traces de brûlures. Quand les dépôts sont importants, l’outillage est rare, les restes alimentaires toujours discrets, C. Descamps y voit des lieux d’exploitation, comparables à ceux du Saloum. Il distingue ces dépôts de ceux où les restes de poissons sont toujours présents, où une industrie lithique abondante peut disposer de têtes de flèche, haches, de poids de filet de pêche, ce qui pour cet auteur, traduirait des habitats. De tels sites se retrouvent essentiellement au nord de la baie Saint Jean et plus à l’intérieur des terres où le voile coquillier devient discontinu. Acheïl AC1 (400-600 ap. J.-C.) Situé sur la bordure orientale de la sebkhet Acheïl, près de l’embouchure de l’oudeï El Gassâl, le gisement d’une surface de 35 x 25 m, domine le paysage alentour de près d’une dizaine de mètres. L’étude menée en 1988 dans le cadre de la RCP 848 du CNRS, sous la direction de M. Bathyli, reconnût une couche anthropique d’une vingtaine de centimètres coiffant la dune et constituée quasiexclusivement de coquilles d’Anadara senilis. Elle est datée de 4410 ± 140 B.P. (Alg) (3330-2900 av. J.-C.) vers la base et 3960 ± 40 B.P. (Alg) (2560-2350 av. J.-C.) vers le sommet. D’après l’expérimentation menée par S. Amblard, les coquilles auraient été ouvertes par percussion. Un sondage livra quelques tessons de céramique, fragments de coquilles d’œuf d’autruche, un fragment de poinçon en os, un nodule de silex, quelques éclats bruts en silex ainsi qu’un grattoir, deux segments, des plaquettes ou disques taillés et un fragment poli en schiste, deux fragments de meule dont l’un réutilisé en polissoir à rainures, quelques broyeurs en roches granitiques. Quelques coquilles présentent des traces d’aménagement : bord poli, usé ou découpé en dents, fractures permettant l’obtention de fragments pointus ; des objets de type racloir, perçoir ou scie ont été produits à partir de coquilles d’Anadara senilis, Murex, Cardium ou Cymbium. La céramique est en général sombre, parfois rougeâtre et sa paroi est alors plus mince. Le dégraissant est un quartz fin. Les formes sont difficiles à restituer ; probablement sphériques, les unes évasées, d’autres resserrées, elles pouvaient porter des mamelons de préhension. Le décor est fait de motifs filetés couvrants, de flammes crénelées réalisées à l’aide de coquilles d’Anadara senilis, de croisillons, d’un bandeau de motif ondé délimité par des sillons parallèles. Il peut s’organiser autour de mamelons. Khant Aux alentours de Saint Louis, le site coquillier du marigot de Khant a livré à A. Ravisé, puis à M.A. Mbow, un important matériel en os et en bois aux nom-

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Sahara préhistorique breux harpons et hameçons, haches, herminettes, poinçons, tranchets, lissoirs. Il a également livré un outillage en silex, de nombreux tessons décorés, des ossements et, en abondance, des restes de poissons. Il est daté de 5248 ± 177 B.P. (DaK-39) (4320-3820 av. J.-C.). Le Néolithique canarien A une centaine de kilomètres des côtes africaines, l’archipel canarien, les « Iles Fortunées » des auteurs grecs et latins, offre maintes singularités : entièrement issu du volcanisme, il ne dispose pas d’eaux souterraines, son peuplement est tardif et chaque île a développé des cultures propres qui témoignent de peu de contacts entre elles, tout au plus a-t-on pu retrouver quelques airs de parenté entre Ténérife et La Gomera d’une part, Lanzarote, Fuerteventura et la Grande Canarie d’autre part. Les îles les mieux connues, la Grande Canarie, La Palma et Ténérife, développent divers horizons culturels. En Grande Canarie, les deux horizons qui avaient été identifiés par C. Martin, celui de la Cueva Pintada et celui des Tumulus, se sont avérés deux faciès de la même culture. Ils sont situés, pour le moment, du 7ème au 15ème siècle ap. J.-C. A La Palma, M.S. Hernandez reconnaît quatre stades de peuplement : le plus ancien se caractérise par la crémation des morts, viendrait ensuite un groupe pouvant avoir des attaches avec les cultures mégalithiques européennes, puis, à la charnière 2ème-1er millénaires, des « prospecteurs de métaux » qui sillonnaient les mers au Bronze atlantique et seraient les auteurs d’idéogrammes géométriques, à base de motifs curvilignes ; enfin, des populations berbérophones d’origine saharienne se seraient installées après le 1er siècle av. J.-C. On les rapporte au faciès des Tumulus. Si la pauvreté de l’outillage lithique ne permet guère de traduire de différences entre les îles, il n’en est pas de même de la poterie. L’industrie lithique en effet est faite d’outils grossiers, galets aménagés, éclats et lames ; un outillage poli est connu à Lanzarote par des plaquettes, en Grande Canarie par des haches en jadéite qui ont été importées. Du matériel de broyage, des outils en bois, des vanneries sont fréquents en particulier à Ténérife ; ils n’introduisent pas de divergences majeures entre les sites. La poterie quant à elle est propre à chaque île. De forme conique, ovoïde ou globulaire, elle est décorée de motifs incisés, de cannelures à Fuerteventura où elle pouvait être fermée par un couvercle de pierre. A La Palma, ce sont des récipients globulaires ou cylindriques dont le décor a pu être sérié en chronologie relative : vases cylindriques à fond convexe décorés de cannelures pour les plus anciens, vases globuleux à motifs d’oves verticales, suivis par des pièces hémisphériques à motifs cannelés courbes, puis à motifs rectilignes incisés. A Ténérife comme à La Gomera, ce sont des bols ovoïdes à éléments de préhension, à surface lisse ou dont le haut du vase est décoré de motifs en creux. A Lanzarote, les formes sont arrondies, décorées de motifs angulaires ou linéaires profondément incisés. Dans la Grande Canarie, aux formes ovoïdes munies d’un col, s’ajoutent des pièces carénées, tronconiques, à fond plat, qui disposent d’éléments de préhension et dont la surface peut être engobée ou peinte de motifs géométriques comme à la Cueva Pintada.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Les manifestations artistiques, art mobilier, peintures et gravures rupestres, sont courantes. Des rondes bosses en basalte ont été retrouvées à Fuerteventura, Cueva de los Idolos, des figurines essentiellement anthropomorphes à la Cueva Pintada en Grande Canarie. Les gravures sont toujours piquetées, leur trait est large, à bords irréguliers dans la plupart des cas. Ce sont en majorité des motifs géométriques, quadrillages, rectangles, ovoïdes qui rappellent l’art africain récent. Ils s’accompagnent de pieds ou de sandales à Tindaya dans l’île de Fuerteventura. A La Palma, des motifs circulaires ont été privilégiés. La Cueva Pintada est remarquable par ses hypogées décorées de motifs géométriques polychromes. Les caractères tifinaghs seraient tardifs, ils auraient été introduits par le faciès des Tumulus. Très peu de dates sont disponibles ; à Ténérife, 2490 ± 60 B.P. (CSIC199) (760-520 av. J.-C.) a été obtenue dans le gisement La Arena à Barraco Honda, après avoir été contestée, elle a été confirmée par les recherches menées à la grotte de Los Guanches où un niveau d’occupation en place renfermant un matériel archéologique abondant (céramique, industrie lithique en obsidienne, faune et graines) a été daté de 2770 ± 160 B.P. (1200-800 av. J.-C.). En faisant remarquer l’absence de tâtonnement adaptatif dans ces occupations, J. Onrubia-Pintado souligne que ces dates ne peuvent correspondre à une phase initiale de colonisation de l’archipel. Cette remarque est confortée par des dates globalement plus anciennes dans les îles occidentales, ce qui est en contradiction avec l’idée habituellement retenue, d’un peuplement venant de l’hinterland continental et ayant progressé d’est en ouest. Ces divers éléments ont conduit J. Onrubia-Pintado a rapporter l’occupation primitive vers le début du 2ème millénaire. L’habitat se localise de préférence dans la partie septentrionale des îles soumise à l’influence de l’alizé du nord-est, responsable d’un climat doux et humide. Arrêté par l’altitude du centre des îles, son influence n’atteint pas les parties méridionales qui manquent d’eau et n’ont guère été habitées dans les temps les plus anciens. Des grottes naturelles ont été aménagées en habitat, à El Hierro en grottes cérémonielles ; à Fuerteventura, des constructions semi-souterraines résultent de l’aménagement de galeries volcaniques. Des habitations en pierres sèches auraient été introduites par le faciès des Tumulus ; en Grande Canarie, elles offrent une forme extérieure ovale, intérieure en croix en raison d’une variation de l’épaisseur des murs. Les inhumations ont été faites sous tumulus ou, pour le plus grand nombre, dans des grottes. La position allongée en décubitus dorsal est courante. Des individus en décubitus latéral fléchi pourraient appartenir à un horizon culturel ancien : quelques cas sont connus dans la Grande Canarie, Ténérife, La Palma et à La Gomera où L. Diego les a retrouvés au-dessous d’inhumations en décubitus dorsal. La crémation a été pratiquée à La Palma par le groupe le plus ancien et quelques cas isolés se rencontrent à El Hierro et Ténérife. Les cas de momification sont fréquents à Ténérife et la Grande Canarie ; les procédés mis en œuvre qui peuvent être plus ou moins soignés, utiliser un nombre plus ou moins grand de peaux de chèvres pour envelopper le défunt, souligneraient les différences de

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Sahara préhistorique rang social. Dans le faciès des Tumulus, les structures funéraires évoqueraient les pratiques africaines. La population se compose d’une fraction méditerranéenne et d’une fraction cro-magnoïde1. Ces fractions, qui se retrouvent dans toutes les îles, n’ont pas eu partout le même statut. Ainsi, les momifications affectent la population méditerranéenne à Ténérife, cro-magnoïde dans la Grande Canarie. Du fait de leur isolement, de leur peuplement récent, ces îles pourraient être un remarquable laboratoire pour tenter de comprendre les mécanismes d’évolution des sociétés humaines sous l’effet des contraintes biologiques et culturelles.

La grande pauvreté du Sahara septentrional A l’abondance des vestiges du Néolithique moyen, le Sahara septentrional oppose une grande indigence en sites récents. Seuls, le pied du Tademaït, le sud du Grand Erg Oriental conservent un peuplement proche du précédent, avec les vastes sites du faciès El Bayed qui perdure. Son évolution pourrait être traduite à Izimane2 par l’augmentation du nombre des têtes de flèche que compense la diminution de celui des lamelles à dos. Ailleurs, la plupart des sites se réduit à quelques « steinpläze » qui, pour B. Gabriel, disparaissent quasiment à partir de 3500 B.P. (1800 av. J.-C.), après s’être raréfiés depuis 5300 B.P. (4100 av. J.-C.). Des sites un peu plus conséquents se notent à proximité des oasis actuelles, mais leur nombre est faible et la densité de l’occupation traduit toujours de petits groupes. Leur attribution à une période tardive ne s’appuie bien souvent que sur la présence d’une poterie sans décor, couverte d’une barbotine rougeâtre. Les Dunes Le gisement fut découvert par Ch. Drouin vers 1966, près du terrain d’aviation de Ouargla, alors que les premières pierres taillées étaient dégagées par le déplacement d’une dune ; en deux ans, une surface de 5 x 10 m a été ainsi mise au jour. Le peu d’industrie dégagé sur cette partie du gisement, exclusivement en surface, montre une structure très déséquilibrée3 au profit des racloirs, des pièces à coches et denticulés. Les têtes de flèche sont courantes, les lamelles à dos et microlithes géométriques manquent presque totalement. La présence de poterie rougeâtre, sans décor, propose de le rapporter au Néolithique récent ; il est daté de 5450 ± 150 B.P. (Mc525) (4450-4050 av. J.-C.) sur test d’œuf d’autruche. Les Perles Le gisement Les Perles fut découvert par F. Marmier vers 1968, non loin du bordj Mellala. Il est daté de 2400 ± 120 B.P. (Mc723) (760-390 av. J.-C.). Sur une surface de 100 x 20 m, gisaient très dispersés des silex et calcédoines taillés, du matériel de broyage, des tests d’œuf d’autruche ; il n’y avait aucune trace de cendres, ni de pierres de foyer. De très nombreuses rondelles d’enfilage dont une partie en cours de fabrication, des coquillages aménagés, onze perles en calcite veinée de noir et de rouge ont valu au site son appellation. Ces dernières sont 1 .- Contrairement aux populations continentales, les cro-magnoïdes canariens n’ont pas pratiqué l’avulsion dentaire. 2 .- Cf Annexes p. 567. 3.- Cf p. 575.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie des pièces en forme de tonnelet de 19 à 12 mm de long pour 12 à 10 mm de large avec une vaste lumière longitudinale de 3 à 4 mm d’ouverture. Les têtes de flèche forment l’essentiel de la panoplie lithique1 avec des formes à tranchant transversal, formes peu courantes par ailleurs dans cette zone saharienne. Les racloirs prennent le pas sur les pièces à coches et denticulés qui portent généralement des coches vastes. L’œuf d’autruche abonde. La poterie peut être engobée, sans décor dans la masse, et renferme alors un dégraissant calcaire. Elle peut porter le décor pseudo-cordé bien connu dans la région et, dans ce cas, renferme un dégraissant végétal. Site 731 Pour cette période, le site 731, sis entre Ouargla et Bamendil, est actuellement l’un des plus importants de la région. Constitué d’un foyer central entouré de foyers plus petits, tous empierrés, bien individualisés, il couvre une surface de l’ordre de 1000 m2. Les pierres taillées s’étalent autour de chaque foyer avec un indice moyen de débitage de 80, de transformation de 25. Des quelques outils recueillis, il faut retenir une prédominance des pièces à coches et denticulés, des racloirs. Il n’y a quasiment pas de lamelles à dos, de microlithes géométriques, de têtes de flèche. L’œuf d’autruche2 ne porte aucun décor. La poterie, peu abondante, sans décor, montre l’emploi systématique d’une barbotine ocrée lui donnant une coloration superficielle rougeâtre.

Le Tell et ses régions montagneuses Les régions septentrionales restent mal documentées, non seulement les fouilles sont très anciennes, mais bien souvent, la partie supérieure des gisements a été rejetée en raison des perturbations dont elle était l’objet. Dans la région d’Oujda, les travaux de L. Wengler montrent néanmoins que malgré les perturbations, il est encore possible d’en retirer quelques indications. Tout donne à penser que divers faciès se sont développés par adaptation à des milieux que l’aridité diversifiait. Les dernières manifestations du Néolithique de tradition capsienne sont alors perçues dans quelques sites tardifs comme Bou Zabaouine, Ouled Zouaï daté de 3330 ± 110 B.P. (Mc208) (17401460 av. J.-C.), où s’exprime une grande stabilité de tels ensembles industriels. Au Maroc, les régions de Rabat, Tanger, Tétouan voient le développement d’une poterie caractérisée par son décor au peigne fin, qui est dite de « style Skhirat »3. Elle est connue dans les niveaux supérieurs de Kef el Baroud, Dar es Soltan 1 et 2, El Harhoura 2, El M’nasra-Les Contrebandiers, El Khril, Mugharet el Aliya, Mugharet es Safiya, Achakar, Gar Kahal, Kaf taht el Ghar, elle a été identifiée à Toulkine. A Dar es Soltan 2, elle a été datée de 5000 ± 350 (Cler TL132) (35002850 av. J.-C.) par thermoluminescence. El Arrouya El Arrouya est le nom d’une des grottes qui rongent les flancs méridionaux de l’Atlas saharien. Elles sont multiples au nord de l’oasis de Brézina et 1.- Cf p. 575. 2 .- Il n’a pu être daté en raison d’un incident de laboratoire survenu en cours de manipulation. 3 .- Un décor semblable est connu à Tiout et dans la Saoura, cf p. 504.

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Sahara préhistorique les dépôts cendreux qu’elles renferment, témoins d’occupations humaines1 fort anciennes pour les unes, récentes pour d’autres, ont été en grande partie détruits pour servir d’engrais dans la palmeraie. Plusieurs grottes ont été fouillées, l’une dite Rhar Msakna par P. Delmas en 1908-1909, une autre par R. Vaufrey en 1935, une troisième, nommée Grotte de la piste, par une mission conjointe CRAPE-Institut de Géographie, en 1969. Dans les grottes les moins obscures, au-dessus du dépôt archéologique, repose un niveau cendreux, avec foyers, sans matériel archéologique. Il est attribué aux populations qui y trouvaient refuge en cas de danger, la tradition gardant ce souvenir de 1845. Dans la Grotte de la piste, les couches archéologiques de près de 1 m d’épaisseur, reposent sur un lit de pierres qui coiffe un dépôt limoneux stérile de plus de 2 m d’épaisseur. Un talus d’avant-grotte, fait de plaquettes calcaires mêlées à des cendres et du matériel archéologique, écrasé par endroit par des blocs volumineux, repose sur le Tertiaire Continental raviné. Le talus d’avant-grotte est daté de 4730 ± 100 (Mc911) et 4340 ± 200 B.P. (Mc914) (3640-3380 et 3510-2475 av. J.-C.), le niveau supérieur de l’intérieur de la grotte de 4160 ± 100 B.P. (Mc910A)(28802600 av. J.-C.). Les données provenant de ces trois exploitations sont semblables. L’outillage taillé2 (fig. 63) est pauvre, il comporte des lamelles à dos, quelques segments ou triangles, grattoirs, perçoirs, pièces à coches ou denticulés, des racloirs médiocres. Les têtes de flèche retrouvées sont toutes à tranchant transversal. A l’inverse du lithique, l’outillage osseux est fréquent et varié avec des pièces remarquables comme une grosse perle aménagée dans une petite tête de fémur ou une cuillère en corne. L’outillage bouchardé occupe une place importante avec des haches secondairement polies, du matériel de broyage, des pierres à rainures. Dans le talus d’avant grotte de la Grotte de la piste, 10 haches polies mesurant de 7 à 10 cm de long à l’exception d’une hache boudin qui dépasse 17 cm, étaient entassées ; il s’agit d’outils usagés, à tranchant ébréché. Les poteries sont de forme ovoïde et généralement portent un col dont l’ouverture peut être large ou étroite, ramenée alors à 3 ou 4 cm de diamètre qui les transforme en véritables bouteilles. Elles possèdent des éléments de préhension, principalement des mamelons et des boutons, assez souvent des anses funiculaires placées verticalement. La fréquence de trous de réparation indique un emploi poussé jusqu’à l’extrême, signifiant par là, la difficulté d’obtention de ces récipients. Les pâtes paraissent renfermer un dégraissant naturel malgré la présence de quelques fragments végétaux ou de chamotte assez rares pour être accidentels. Le décor ne couvre jamais la totalité des vases, bien qu’il puisse se développer largement sur la surface ; dans de nombreux cas, il atteint la lèvre et se poursuit sur quelques centimètres de la surface interne. Le peigne est très employé créant des lignes de chevrons, de dents ou de flammes. Des décors composites résultent de la juxtaposition de bandes horizontales et verticales. Les bouteilles ne sont jamais décorées. La faune comprend Ammotragus lervia, Gazella dorcas, Alcelaphus buselaphus, un grand bovin et un rhinocéros. 1 En 2008, une nouvelle grotte de dimensions impressionnantes dont le remplissage renfermerait des restes humains a été signalé par l’Agence nationale de Géologie et du Contrôle minier. 2.- Cf p. 578.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Plusieurs stations de gravures sont connues dans le secteur et de nombreux traits dits capsiens présents. Reprenant les fouilles Delmas, R. Vaufrey dégagea à l’entrée de Rhar Msakna, un bloc portant une gravure d’équidé qui était recouverte par les dépôts archéologiques. A l’entrée d’une autre ouverture, se trouvent des traits verticaux parallèles, à profil en V. A l’est de Rhar Msakna, un groupe de trois grottes présente de part et d’autre de chaque entrée, ces mêmes traits qui, dans l’une, s’accompagnent de cupules. Des « traits capsiens » s’observent aussi à l’entrée d’une grotte appartenant à un autre groupe situé à plusieurs centaines de mètres et dont une a fait l’objet des fouilles de R. Vaufrey ; il en existe également, à côté, dans une anfractuosité. Non loin, à Hadjrat Berrik, de nombreux « traits capsiens » peuvent oblitérer des représentations d’éléphants, antilopes, des caballins, des autruches, parmi lesquels figurent des chars et de nombreux caractères tifinaghs1. El Heriga et les monts d’Oujda A El Heriga, entre les Hauts Plateaux et les monts d’Oujda, à 1080 m d’altitude, L. Wengler a identifié quatre niveaux à caractères voisins. On retient la date de 4600 ± 60 B.P. (Gif 6186) (3500-3120 av. J.-C.) pour le plus profond2. L’industrie, laminaire, renferme surtout des têtes de flèche. L’œuf d’autruche est présent. La poterie provient de grands vases dont le décor reste localisé autour de l’orifice. Ce niveau a livré des éléments de Camelus dromedarius, ainsi que des ossements d’ovi-capridés, équidés et bovidés qui devenaient particulièrement nombreux dans le niveau 3. Le niveau supérieur qui était remanié contenait une pointe de flèche en cuivre type Palmela. Divers autres sites semblables, un peu plus récents, ont été reconnus dans la même région, à une altitude comparable : Jorf el Anngra daté de 4110 ± 90 B.P. (Gif 6492) (2870-2500 av. J.-C.), Bou Guennouna de 3820 ± 90 et 3400 ± 80 B.P. (Gif 6491) (2460-2140 et 1870-1530 av. J.-C.), Fontaine Rahal de 2460 ± 60 B.P. (Gif 6825) (760-410 av. J.-C.). Ils possèdent une poterie identique à celle des grottes d’Oran et une industrie lithique qui évoque celle d’Oued Guettara. Ces sites de montagne paraissent occupés saisonnièrement et sont attribués à des pasteurs d’ovi-capridés, auxquels se mêleraient tardivement quelques bovins. Ouled Zouaï En 1966-67, dans une zone d’épandage de la région d’Aïn M’lila, B. Dedieu remarquait une escargotière démantelée. Elle ne conservait qu’un lambeau de couche archéologique fortement indurée, d’une épaisseur de 20 cm. En raison de la dureté du sédiment, elle n’a pas donné lieu à des fouilles. Une étude de la surface a permis de récolter de l’outillage lithique3 sur 200 m2, quelques rondelles d’enfilage, tests d’œuf d’autruche décorés, un fragment de pétoncle, quelques tessons de poterie. Le gisement renferme probablement des inhumations car plusieurs os humains affleurent. Sa datation, 3330 ± 110 B.P. (Mc208) 1 .- Une autre station rupestre au pied de laquelle F.E. Roubet a identifié un dépôt néolithique, la Station du Méandre, se trouve à proximité, en bordure de l’oued Seggueur, les gravures les plus récentes figurent entre autre chars, personnages armés de lance et du poignard de bras, caractères tifinaghs, chameaux. 2 .- Les autres dates paraissent fortement rajeunies par pollution. 3 .- Cf Annexes p. 578.

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Sahara préhistorique (1740-1460 av. J.-C.), si elle était confirmée, montrerait la longue durée du Néolithique de tradition capsienne et évoquerait ce que pouvait être la vie dans le Tell, lorsque les premiers navigateurs phéniciens abordèrent ses côtes. Rhar oum el Fernam Dans la région de Saïda, la grotte de Rhar oum el Fernam fut fouillée en 1933 par G. Doumergue, à la suite d’un sondage effectué par P. Pallary l’année précédente. Il reconnaissait trois niveaux néolithiques superposés surmontés par un niveau remanié qui renfermait un tesson campaniforme. Le site a livré de nombreux objets lamellaires en silex, de nombreux outils en os, deux haches polies, une poterie abondante, divers éléments de parure, galet percé, plaques dermiques de tortue, coquilles, diverses perles et de l’ocre.

Fig. 63 - El Arrouya. Industrie lithique : 1, 17) grattoirs ; 2) racloir convergent ; 3, 4) perçoirs ; 5) burin sur toncature ; 6) lamelle à dos arqué ; 7, 18) lames à coches ; 8) éclat à coches ; 9) trapèze ; 10, 13) têtes de flèche à tranchant transversal ; 11) troncature ; 12, 14, 16) segments ; 15) microburin ; 19) lame à dos arqué ; 20) pièce foliacée ; 21) tête de flèche pédonculée ; 22) racloir. Décors de la poterie : 23) fileté+cannelure en registres ; 24) cannelures+herringbone; 25) lignes de points ; 26) herrringbone fileté; 27) fausse perforation ; 28) bâtons crénelés sur bourrelet ; 29) bâtons ; 30) hachures filetées+sillons filetés ; 31) herringbone fileté. (d'après Vaufrey, 1939).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Rhirane L’abri Rhirane, dans la région d’Oujda, est un gisement d’altitude sis à 950 m, dans lequel L. Wengler a reconnu deux couches néolithiques séparées par un niveau de blocs d’effondrement anguleux. Le niveau supérieur est épais de 20 à 60 cm, le niveau inférieur de plus de 60 cm, sans que les fouilles aient atteint le plancher. Outre le matériel archéologique, ces niveaux renfermaient des escargots, des charbons, de la galène. L’outillage taillé1 a une répartition homogène avec quelque 115 pièces par m3 et des indices de débitage identiques pour les deux niveaux, Id=90, alors que l’indice de transformation, It, augmente, passant de 13,3 à 20 dans le niveau supérieur. L’outillage est tiré d’une roche siliceuse (calcédoine et schiste silicifié), rarement de silex, parfois de calcaire. Il est riche en lamelles à dos, 40 à 50 %, coches-denticulés, 15 à 18 % ; les microlithes géométriques sont peu nombreux, ainsi que les microburins et les grattoirs. Les burins sont rares, les têtes de flèche, haches polies exceptionnelles, le matériel de broyage pauvre. Peu d’outils en os sont mentionnés. Il y a quelques tests d’œuf d’autruche, mais aucun fragment ne paraît décoré. Les éléments de parure sont rares. La poterie ne figure que par quelques tessons sans caractères spécifiques. La faune comporte Bos, Ovis ou Capra, Sus scrofa, Canis, Hyaena, de la tortue, du porc-épic, un cheval ou un âne. Diverses datations, peu cohérentes, placeraient cette occupation de 3900 ± 90 (Gif6490) à 720 ± 50 B.P. (Gif6878) (2550-2200 av. J.-C. à 1250-1380 ap. J.-C.). Les matériaux utilisés ont permis de préciser la sphère d’action de la population, ils viennent des monts d’Oujda voisins, mais aussi des Beni Mathar, quelque 70 à 90 km au sud, Le Toulkinien L’abbé Glory a nommé Toulkinien une industrie de l’Atlas marocain constituée en majorité d’éclats de forme triangulaire, à section également triangulaire, nommés pointes de Toulkine (fig. 89). Elles sont issues d’un mode particulier de débitage à partir de nucleus pyramidaux et sont diversement retouchées. En 1951, l’abbé Glory, fouillant la grotte d’Amzri, mettait au jour un ensemble industriel inhabituel2. Les 12 m3 étudiés montrent un habitat à nombreux foyers, daté de 2380 ± 60 B.P. (760-390 av. J.-C.). L’outillage lithique fait dans un silex provenant d’un rayon de 4 à 10 km, renferme essentiellement ces pièces originales que sont les pointes de Toulkine. Le reste des outils consiste en lamelles à dos souvent arqué et microlithes géométriques lesquels sont pour la grande majorité des triangles, tous les autres groupes sont présents sauf les têtes de flèches. Le matériel poli est rare. Un abondant matériel de broyage s’accompagne de vases subsphériques disposant d’éléments de préhension dont des anses funiculaires. Un décor de dents, flammes en motifs composés, de cannelures, chevrons, motifs filetés, se localise autour de l’orifice. Divers tessons participent du style Skhirat. L’outillage osseux est riche en poinçons. Une abondante parure comprend des pendeloques, perles de pierre, rondelles d’enfilage, coquilles de cyprée. De nombreux restes osseux proviennent d’antilopes, gazelles, mouflons, cerfs, sangliers, porcs, bœufs, lièvres, chacals. La présence en 1. Cf Annexes p. 578. 2.- Id.

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Sahara préhistorique abondance de matières colorantes, de palettes de malaxage1, tendent à rapporter aux occupants, les peintures d’un abri voisin orné de figures schématiques représentant des animaux, des anthropomorphes, des motifs géométriques -dont des ponctuations- et serpentiformes. La poterie à anses funiculaires, un faciès marocain ? Divers gisements du Tell occidental possèdent une poterie à anses internes qui pourrait avoir valeur de marqueur. Ces anses sont dues à l’ajout, à l’intérieur du vase, d’une plaque de pâte pour façonner un conduit vertical afin de permettre le passage d’un lien. Ce type est fréquent dans la région de Casablanca, il est connu à Dar es Soltan, Oued Beth, dans l’Atlas marocain à Amzri, ainsi que sur les marges de l’Atlas saharien à El Arrouya. Les récipients sont volontiers carénés, largement ouverts, modestement décorés de cannelures ou d’impressions au peigne. Des haches, herminettes leur sont fréquemment associées. Le reste de l’outillage lithique est pauvre, réduit à quelques grattoirs, perçoirs, à des meules, molettes, pilons et galets aménagés. Le Néolithique de Bab Merzouka et le « Mahrouguétien » X. de Cardaillac a appellé « Néolithique de Bab Merzouka », une industrie qu’il a reconnue dans les environs de Taza en 1915 et qui se singularise par l’abondance des haches taillées ou polies partiellement ou totalement. Des travaux de Lafanechère, Martinie, Biberson, Grébénart ont conforté la présence dans ce secteur d’une industrie originale et G. Souville rappelé la présence de traits polis à Oued Zireg dans la même région. La station de Bab Merzouka est une station de surface qui a livré quelque 70 pièces taillées, 20 avec polissage des deux faces et un fil du tranchant irrégulier, plus ou moins écrasé ; elles étaient associées à des broyeurs, molettes, à un petit outillage d’éclats avec racloirs et à un fragment de poterie à anse funiculaire externe. Ces pièces polies qui traduiraient un travail dans un solide fluide, ont reçu parfois le nom de houes et sont rapportées à des pratiques agricoles, mais on ne dispose d’aucun élément de chronologie. Depuis, diverses stations qui concentrent un nombre important de haches frustes comparables, ont été reconnues en divers points du Maroc, sur la côte atlantique près de Mazagan, dans la vallée de l’oued Beth, près de Marrakech, aux environs d’Akka. G. Souville les identifie aux outils mugiens du Portugal et n’exclut pas qu’ils en soient venus par l’Atlantique. Le gisement de N’Metgourine dans la région d’Akka, reconnu par A. Simoneau et D. Grébénart pourrait s’y rattacher. Il a livré une houe aux mêmes traits, 9 haches ou herminettes, 8 têtes de flèches ovalaires ou à pédoncule, quelques éclats qui peuvent être denticulés. La céramique abonde, elle paraît décorée dans sa seule partie supérieure de quelques rangs d’impressions diverses, lunules, bâtons pointillés ou non, tirets, chevrons, flammes, dents, quelques tessons portent un motif woven mat. Des éléments de préhension, mamelons et anses funiculaires externes, interne pour une, lui confèrent un aspect plus récent que celui suggéré par le reste de la poterie. 1 .- L’une d’elle a été trouvée au pied de la paroi peinte.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Le « Mahrouguétien » (ou Mahroughetien) nommé par M. Reygasse en 1934, n’a jamais reçu de définition, ni de position chronologique ; le placer au Néolithique récent est donc hypothétique. Le regrouper avec les industries précédentes ne vaut que par la présence dans tous ces cas d’un gros outillage. Le Mahroughetien est connu à Mahroughet, Tazbent, gisements qui ont livré une industrie à base d’outils lourds, pics-ciseaux, pics-haches que l’auteur rapprochait du Campignien (alors vu comme un faciès culturel et non une technique de taille) et qui sont associés à des formes bifaciales. Il pourrait s’agir d’un matériel de défrichement. L. Balout souligne à ce propos des similitudes avec le « Peasant Neolithic » de Caton-Thomson1, identifié dans l’oasis de Kharga. A Tazbent, cet outillage pourrait être associé à un « quadrillage », essentiellement fait de murettes ne dépassant pas la surface du sol et épousant la topographie, vu par G. Camps, comme des champs en terrasse.

LES PREMIERS MéTALLURGISTES La date des débuts de la métallurgie varie sensiblement d’une région à l’autre d’autant qu’avant d’être l’objet d’une transformation complexe, le cuivre était déjà utilisé martelé. La technologie du métal coulé aurait été connue dès la fin du 6ème millénaire dans la vallée du Jourdain. Dans la vallée du Nil, les premières métallurgies apparaissent en deux points, au sud, dans le Groupe A daté de 4900 à 4100 B.P. (3750 à 2650 av. J.-C.), au nord, où elles pourraient s’enraciner dans le Badarien qui, à la même époque, accordait un grand intérêt à la malachite. En zone saharienne, la métallurgie du cuivre est connue à partir de 2800 B.P. (950 av. J.-C.) dans la région d’Akjoujt en Mauritanie, où l’on ne perçoit pas ses débuts. Dans celle d’Agadez au Niger, elle pourrait remonter à 3800 voire 4100 B.P. (2200, 2650 av. J.-C.)2. Dans le Sahara central, on ne sait si le minerai de l’Adrar Ahnet a été anciennement exploité. La seule donnée qui traduise l’emploi de métal, est très tardive : elle concerne le « mausolée » d’Abalessa attribué à Tin Hinan, princesse légendaire de l’Ahaggar ; il contenait divers objets en cuivre, fer, or et argent, mais aussi des monnaies romaines émises entre 308 et 324 ap. J.-C. Dans le Tell, la phase chalcolithique qui a été reconnue est rapportée à des relations avec l’Espagne, la sidérurgie étant, elle, traditionnellement attribuée aux contacts avec les Phéniciens. Les origines de la métallurgie saharienne restent une question ouverte. Une origine ibérique est parfois proposée pour le foyer d’Akjoujt, mais aucun jalon n’a été retrouvé. Une origine phénicienne ne dispose d’aucun argument. Une origine égyptienne pour le foyer d’Agadez n’est, elle non plus, corroborée par aucun jalon et, d’après D. Grébénart, les produits finis et les techniques de fabrication diffèrent beaucoup trop. Aussi, l’hypothèse d’inventions locales et de foyers secondaires a-t-elle pu être évoquée par divers auteurs : les métallurgistes seraient parvenus à saisir les techniques de la réduction par leurs propres observations. Néanmoins, les avis divergent à propos d’une origine commune 1 .- Cf p. 307 . 2 .- Date contestée, cf ci-dessous p. 367.

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Sahara préhistorique aux deux foyers, pour certains, les techniques utilisées dans ces deux foyers présentent suffisamment d’identités pour cela. Hormis les lieux de travail du métal, cette innovation peut ne pas être perceptible, car les indices de l’emploi du métal sont rares parmi les témoins archéologiques, l’outillage de pierre ne connaissant guère de modifications et les objets métalliques étant très peu nombreux ; divers facteurs peuvent expliquer cette rareté dont l’importance de la corrosion et probablement, à l’instar des pratiques actuelles, d’incessantes refontes. Aussi connaît-on mal le développement que purent avoir ces deux pôles sahariens et leur impact sur l’environnement. Dans la vallée du Sénégal, des auteurs comme H. Bocoum, S. et R. Mc Intosh concluent à de graves conséquences par déboisement. La généralisation de la sidérurgie en Afrique paraît acquise au cours du 1er millénaire, elle a été identifiée au Nigeria sur le plateau de Jos, dans le sud du Cameroun, au Gabon, en Ethiopie, dans la région des grands lacs. En Ennedi, elle transparaîtrait sur les peintures de style Koko. En fin de 2ème millénaire, probablement avant, elle se développe dans la région d’Agadez et dans le massif de Termit où G. Quéchon n’hésite pas à parler de Sidérolithique. Elle serait présente vers 4000 B.P. (2500 av. J.-C.) à Egaro1, en Egypte, à Giseh entre 2550 et 2450, à Abydos entre 2350 et 2200 av. J.-C. Si le massif de Termit et le sud du massif de l’Aïr montrent les dates les plus anciennes, aucun intermédiaire n’est connu entre ces régions et les autres lieux de sidérurgie ancienne ; l’état des connaissances ne permet ni d’accorder une quelconque antériorité à un secteur, ni de privilégier l’idée d’un polycentrisme. Les représentations rupestres d’Egypte et de Nubie offrent des scènes directement associables à la métallurgie, ailleurs, seules des représentations d’armes métalliques peuvent convaincre de l’intérêt qui lui était porté. Ces représentations sont particulièrement fréquentes en Aïr et au Maroc. En Aïr, les figures attestent le port du bouclier rond, l’utilisation de lances et de javelots, auxquels s’associent d’abord le poignard de bras puis l’épée2. Une faune sauvage, lions, rhinocéros, éléphants, est associée aux chevaux. Au Maroc, ce sont des hallebardes, des poignards, des têtes de lances, des flèches. La tendance au schématisme qui est marquée alors dans l’art rupestre, et qui le ramène volontiers à quelques stéréotypes, suggère de profondes transformations des sociétés ayant accompagné l’emploi des métaux.

Aux origines de l’Egypte pharaonique, un foyer de métallurgie ? Dans la vallée du Nil, l’utilisation du métal qui apparaît peu à peu à partir de 4900 B.P. (3700 av. J.-C.), conduit très tôt à individualiser une phase nouvelle de la Préhistoire qui fut nommée Enéolithique. Le métal restera rare jusqu’au début du Moyen Empire, ne se généralisant que sous la pression des Hyksos, vers 2000 av. J.-C. 1 .- Ces données ne sont pas conformes à la proposition qui rapporte les plus anciennes traces de métallurgie du fer à l’Anatolie (ou au Taurus) où elles remonteraient vers 3500 B.P. (1800 av. J.-C.), la sidérurgie ayant été introduite en Egypte par les Hittites, puis diffusée en Afrique. 2 .- La question du cerclage des roues de char est toujours une question ouverte depuis que J. Spruytte a montré que le métal n’était indispensable ni à leur construction, ni à leur utilisation.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Longtemps, on a vu dans la métallurgie une technique importée du ProcheOrient où elle intervient à la même époque, mais on propose de plus en plus un foyer nilotique dont on soupçonne les débuts dans le Badarien. Pour certains auteurs, le travail du métal serait lié à l’emploi de poudre de malachite pour farder les yeux ; le Désert arabique, riche en minerais, particulièrement en malachite et en or, est à même d’en avoir connu l’invention, la calcination de la malachite que l’on y pratiquait conduisant à un double résultat, le dépôt d’un émail bleu turquoise très prisé des Egyptiens qui en ont recouvert des milliers de perles d’une part et l’obtention de cuivre d’autre part. En 1951, A. Debono mentionne un village de la région de Laqeita où l’on traite le minerai : de nombreuses meules et molettes y côtoyaient une industrie semblable à celle du Badarien et des bracelets de nacre y étaient fabriqués à partir de coquillages de la Mer rouge. Ce développement de la métallurgie du cuivre en Haute Egypte n’atteindra la Basse Egypte, où l’usage de métal natif martelé est attesté au Fayumien, qu’à l’Amratien. En Nubie, le cuivre qui est connu du Groupe A de Basse Nubie, ne montrera son importance en Haute Nubie qu’à la fin du Kerma moyen avec la découverte de plus d’une centaine de dagues en cuivre datées de 3400 B.P. (1700 av. J.-C.). Cet âge prône lui aussi en faveur d’une invention locale. Le bronze, dont des ateliers de métallurgie existent dans le delta oriental, se répandra plus lentement que le cuivre. En Nubie, un âge du Bronze ancien daté d’environ 5650 B.P. (4500 av. J.-C.) a été identifié dans l’île de Saï et nommé parfois Pré-Kerma. Le Pré-Kerma, culture d’éleveurs proches du Groupe A, était installé en amont de la Troisième Cataracte vers 4500 B.P. (3200 av. J.-C.). Le travail du fer natif ne remonte pas au-delà de 2500 B.P. (600 av. J.-C.). En moins d’un siècle, il devient d’usage courant ; il est travaillé dans les centres urbains sous influence grecque et connaîtra un ample développement à Méroé. Dans le Sahara oriental, les données sont sommaires, seul P. Huard fait mention de scories et charbons au nord du Tibesti, dans la région de l’Eghei Zouma, lesquels ne sont pas datés. En Libye, aucune trace de métallurgie n’est signalée avant l’époque garamantique, vers le 5ème siècle av. J.-C. ; les rares objets métalliques connus sont en or, ils constituaient le trésor, non daté, d’Oueddane découvert dans une grotte lors d’une construction. Pourtant à Karnak, une inscription donne une liste d’armes et de vases en bronze que le pharaon Meneptah aurait pris aux Libyens orientaux, les Mashaouash, au 13ème siècle av. J.-C., elle est assez longue pour rendre peu vraisemblable qu’ils n’aient pas su les fabriquer. Dans la vallée de Basse et Moyenne Egypte, divers faciès culturels datés du milieu du 4ème millénaire ont été reconnus. La région de Nagada qui concentre de nombreux sites, a vu se développer la « culture de Nagada » regroupant ce qui est classiquement nommé « Prédynastique » où l’Amratien1, puis le Gerzéen2 succèdent au Badarien3. Le « Protodynastique4 » ou Semainien qui lui fait suite, correspond aux séquences dates S.D. 61-78 de Petrie5 ; ce serait la 1 .- aussi nommé Nagada I ou Middle Predynastic. 2 .- aussi nommé Nagada II ou Late Predynastic. 3 .- parfois nommé Early Predynastic. 4 .- dit également Nagada III ou Terminal Predynastic. 5 .- Le système « sequence dating » s’appuie sur une sériation des poteries ; il a été mis au point par W.M.F. Petrie pour élaborer la chronologie relative des tombes du cimetière de Nagada et a longtemps servi de réfé-

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Sahara préhistorique Dynastie 0 (pharaons Scorpion et Narmer). Les limites de ces cultures ne sont pas exactement les mêmes pour tous les auteurs, on peut momentanément retenir celles qu’a proposé F. Hassan en 1988 : 3900-3650 av. J.-C. pour l’Amratien, 3650-3300 av. J.-C. pour le Gerzéen, 3300-3050 av. J.-C. pour le Semainien. En remontant le Nil, ces faciès pourraient être plus tardifs. En marge de la vallée, se développent diverses cultures. Faisant suite au Saroba, la phase Kassala se déploie du milieu du 4ème millénaire à la fin du 2ème ; elle est datée de 4727 ± 154 (SMU1201) à 2755 ± 107 B.P. (SMU1187) (3700-3140 à 1020-800 av. J.-C.) à Atbara KG28. Elle réunit trois groupes : Butana, le plus ancien, Gash localisé dans la partie sud-est de l’Atbaï, Mokran le plus récent qui se localiserait entre les rivières Atba et Gash et montrerait des affinités avec d’autres cultures, en particulier la culture Pan Grave du désert oriental. La population quitte le bord de l’eau pour la savane avec un passage graduel d’agriculteurs sédentaires à des éleveurs nomades. Deux types de sites existent alors : grands, ils atteignent jusqu’à 12 hectares à Hagiz (jebel Taka) avec des couches archéologiques de 2 m d’épaisseur, ou petits, inférieurs à 1 hectare, pauvres en matériel, ils supposent des campements courts ou de petits villages spécialisés dans l’exploitation des ressources minérales. Une culture de céréales est possible. La phase Taka qui lui succède au début du 1er millénaire, montre des relations avec le Pré-axumite et peut-être le Méroïtique. La culture Pan Graves se déploie dans le désert arabique, de la Basse Nubie jusqu’au sud de l’Atbaï, entre 3300 et 3100 B.P. (1600 et 1300 av. J.-C.) ; caractérisée par une poterie à décors de triangles emboîtés, remplis de sillons d’impressions, elle est rapportée à des nomades qui fournissent des mercenaires servant l’Egypte durant la Deuxième Période Intermédiaire et le début du Nouvel Empire. Parallèlement au développement des premières métallurgies, le monde funéraire connaît des cimetières de plus en plus imposants et une importance sans cesse grandissante du mobilier funéraire. Il conduira à un développement de l’archéologie funéraire qui supplantera l’étude des habitats durant des décennies. Le Maadien Le Maadien occupait le delta du Nil jusqu’aux environs du Caire. Le site de Maadi et le niveau inférieur de Buto (fig. 64) offrent les mêmes traits. Situé à la pointe du delta, Maadi est une vaste zone d’habitat, à nombreux silos, datée de 4730 ± 60 B.P. (Beta2804) (3630-3380 av. J.-C), jouxtant un cimetière où ne reposent que des adultes, les enfants étant inhumés dans l’habitat selon un mode différent de celui du cimetière. Les morts reposent sur le côté droit, tête au sud, face vers l’est, ils sont souvent accompagnés de vases. Des animaux ont également été inhumés : dans le cimetière de Maadi ce sont des gazelles accompagnées elles aussi de poterie, à Héliopolis, une rangée de chiens, sans objet funéraire, sans orientation particulière, bordait le cimetière. F. Debono leur accorde le rôle de gardiens comme de leur vivant. L’industrie lithique, lamellaire, se caractérise par un débitage torse (qui sera utilisé à Hierakonpolis1, à l’Amratien final et au Gerzéen). Elle consiste essentiellement en grattoirs -dont de grands grattoirs connus en Palestine- et perçoirs. rence pour la chronologie de l’Egypte. 1.- Cf p. 579.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie La trousse à outils comporte également des objets en pierre polie, en os ou en métal. La céramique la plus courante est ovoïde, à surface généralement polie, noire à lèvre rouge pour les unes, rouge à lèvre noire pour d’autres. Maadi se serait spécialisé dans la production en série de certains modèles. Les vases rouges à bord noir rappellent ceux de Haute Egypte, mais les tons moins tranchés permettent d’y voir une imitation maladroite plutôt qu’une importation. Le cuivre est utilisé, il indiquerait des contacts avec le Sinaï. L’habitat est fait de huttes en matériaux périssables, traduites par des restes de poteaux, avec un foyer et parfois un trou de stockage à l’intérieur. Malgré de nombreuses perturbations, trois types d’occupation ont été reconnus. Le plus remarquable est creusé dans le sol et peut atteindre jusqu’à 3 m de profondeur1. Des escaliers courent le long de la paroi qui peut être doublée d’un parement en pierre. Des trous de poteau suggèrent une superstructure en bois soutenant le rehaussement des parois et supportant le toit. Ces structures sont interprétées comme des habitats bien que certains auteurs y aient vu des magasins ou des aménagements cérémoniels. La poterie abonde tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le contenu rapporte la richesse en blé de diverses variétés, en orge, pois, lentilles. Les animaux préférés étaient les ovi-capridés -surtout des moutons-, les porcs et les bovins. Les chiens étaient présents et les singes portés au rang d’animaux domestiques. On y trouve aussi des poissons, des tortues et des oiseaux. Des échanges importants auraient eu lieu avec la Palestine par caravanes d’ânes et plus modestes avec la Haute Egypte par le fleuve. La culture de Nagada La culture nagadienne est un des deux pôles de développement de l’Egypte. Elle occupe la Haute Egypte alors que la culture de Maadi/Buto2 se déploie en Basse Egypte. L’unification interviendra en fin de 4ème millénaire par son expansion qui conquiert le delta ; à la suite de travaux sur l’habitat, l’idée de conquête est remise en question et remplacée par celle d’acculturation. A sa phase ancienne dite Badarien succède une phase moyenne l’Amratien, elle se clôt avec le Gerzéen qui selon l’expression de B. Midant-Reynes voit une explosion « d’inventions techniques, de peaufinements technologiques ». La culture de Nagada possède des harpons à un rang de barbelure et encoche transversale qui ressemblent à ceux du Soudan. Sa poterie dispose de vases doubles qui sont nombreux dans la phase récente, de vases thériomorphes en pierre ou en terre, figurant surtout des oiseaux et des poissons. Elle a livré d’abondants restes de végétaux sauvages ou domestiqués. Armant, Hamamieh, Hierakonpolis sont des sites les plus représentatifs. Le Badarien Phase la plus ancienne de la culture de Nagada, le Badarien a été reconnu en 1920 par G. Brunton et G. Caton-Thomson dans les fouilles de Badari et ses relations avec les autres faciès établis dans le gisement de Hemamieh. Il 1 .- Ces maisons souterraines ont été vues souvent comme une influence des populations de Palestine ; des groupes de pasteurs ghassouliens se seraient installés en Basse Egypte apportant aussi l’usage de la brique crue et du vin. 2 .- B. Midant-Reynes propose de la dénommer Culture de Basse Egypte : CBE.

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Sahara préhistorique se développerait des environs de 6000 à 5000 B.P. (4900 à 3800 av. J.-C.)1. Il fait transition entre le Néolithique et le Prédynastique, époque à laquelle se mettent en place les conditions de la naissance de l’Egypte pharaonique. Il se déploie en Moyenne Egypte, une poterie typique a permis de l’identifier de Assiout à Tahta en rive droite du Nil, peut-être au wadi Hammamat et sur la côte de la Mer rouge ; la poterie badarienne retrouvée ailleurs serait importée. A Hamamieh, les travaux récents rapportent l’installation badarienne à 5440 ± 60 B.P. (Beta35825) (4350-4230 av J.-C.). A Mostagedda, elle fait suite au Tasien, faciès qui lui est souvent assimilé. Le Badarien serait lié à une rupture écologique, le Désert libyque devenant inhospitalier aurait alors renforcé l’attrait de la vallée. Le Badarien est surtout connu par ses nécropoles. Les tombes, de forme ovale, renferment un individu en position contractée, généralement enveloppé dans une natte ou dans une peau d’animal. Il repose sur le flanc gauche, tête au sud, regard à l’ouest. Il porte souvent des éléments de parure et est accompagné de mobilier. Des crânes d’animaux placés près des défunts, des amulettes qui en représentent, des sépultures animales, chiens, chats, moutons, chèvres, bœufs, antilopes, chacals…, évoquent un culte des animaux. La population présente un type physique qui la rattache aux populations historiques de Haute Egypte et témoignerait d’une rupture avec ses prédécesseurs. Elle élevait des bovins et des moutons. Elle cultivait le lin, les lentilles, Lens esculenta, le blé amidonnier, Triticum dicoccum, et l’orge, Hordeum vulgare et H. hexastichum, céréales essentielles de l’Egypte, dont les graines séchées étaient conservées dans des silos ou de grands récipients en toub. L’industrie lithique2, abondante, est faite de lames et d’éclats, elle utilise peu la retouche bifaciale. Elle renferme des perçoirs, pièces à retouche continue, pièces à coches, éléments de faucille, pointes de flèche à base concave, à ailerons, pièces foliacées, herminettes. Un grattoir épais taillé dans un galet de silex est caractéristique. Les premières palettes de schiste qui joueront un rôle important dans les cultures de la vallée font leur apparition. Les bâtons de jet sont présents. L’os et l’ivoire sont très utilisés, ils ont servi à faire des aiguilles, peignes, hameçons, cuillères, vases, des figurines qui privilégient les représentations féminines et celles d’hippopotames. Une poterie fine, polie, rouge ou brune, ou rouge à bord noir dite « black-top », est typique, elle voisine des vases décorés de motifs au peigne ou de motif ridé et des vases caliciformes Les premiers vases thériomorphes en poterie, en forme de poissons, remontent à cette période ; des statuettes féminines, des bateaux en argile sont présents. On y trouve sous la forme de perles, d’épingles, de perçoirs, les premiers objets de cuivre natif, martelés à froid, mais ce métal sert très peu. La technique de la glaçure est utilisée pour recouvrir des perles d’émail turquoise, ce qui, d’après certains auteurs, aurait induit la découverte fortuite de la métallurgie du cuivre3. 1 .- Il n’y a pas accord sur les débuts. La date la plus ancienne qui lui est parfois rapportée serait 5730 ± 100 B.P. (soit 4830- 4560 av. J.-C.) pour les uns, 6115 B.P. (5050 av. J.-C.) pour d’autres. 2.- Cf site 3000/6 p. 579. 3 .- Cf ci-dessus p. 359.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie

Fig. 64 - Néolithique récent du Sahara oriental. Buto. Industrie lithique : 1) perçoir ; 2, 3, 5, 6, 9) lamelles à retouche Ouchtata ; 4, 10) grattoirs sur lamelle ; 7) racloir ; 8) grattoir ; 11) racloir sur lame ; 12) grattoir-racloir sur lame ; 13) nucleus. Djabarona. Poterie : 14) Leiterband ; 15 à 18) Halbmond Leiterband. (Origine : 1 à 13) d'après Schmidt, in Krzyzaniak et al., 1993 ; 14 à 18) d'après Keding, 1997).

Le Badarien présente des affinités sahariennes par la forme des têtes de flèche, l’emploi de l’œuf d’autruche qui le rapproche du Néolithique des oasis, en particulier Baharia, Farafra, Dakhla et Kharga. On s’accorde à y voir la fusion de traditions culturelles venant d’horizons différents dont l’influence prépondérante serait sans doute celle des Néolithiques du Désert libyque qui, poussés par l’aridification, auraient investi la vallée. Le Badarien aurait eu des contacts avec l’Abkien terminal ainsi qu’avec l’Orient qui se traduisent dans des objets en turquoise, stéatite, coquille marine et en cuivre. Le cuivre, inconnu à cette époque

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Sahara préhistorique en Basse Egypte, montre que ces objets atteignaient directement le Sinaï par voie maritime. Leurs traditions perdureront dans les cultures suivantes, nombre de leurs traits culturels se perpétuant dans l’Egypte historique avec le bâton de jet qui restera longtemps une des armes préférées, les palettes à fard, les silos, les inhumations animales. Une partie des gravures du wadi Hammamat lui sont rapportées. D. Huyge lui attribue aussi des gravures piquetées, schématiques, figurant des éléphants, bouquetins, chèvres qui se trouvent à El Kab à la confluence du wadi Hellal1. L’Amratien Succédant au Badarien, souvent sur les mêmes sites, sans discontinuité sauf à Hamamieh, l’Amratien (S.D.30-37) est une culture couvrant la partie occidentale de la vallée de Moyenne et Haute Egypte et, peut-être, une large part de la région entre Nil et Mer rouge vers 3500 av. J.-C. Le Néolithique, qui subsiste en Basse Egypte, est alors définitivement terminé en Haute Egypte, cependant il ne perd pas tous ses éléments, l’usage du silex se prolonge, celui des têtes de flèche durera même jusqu’au Nouvel Empire. L’industrie lithique amratienne est faite sur éclat, sans que les lames et lamelles ou même quelques bifaces ne manquent. La taille du silex s’affine, l’emploi de la retouche bifaciale se développe avec un couteau rhomboïdal et un couteau bifide caractéristique dit en queue de poisson ; il pourrait être à l’origine du couteau utilisé dans le rite d’ouverture de la bouche. Les burins sont nombreux pouvant atteindre près de 40 %, les retouches continues jusqu’à 30 %. Les autres groupes fréquents sont les grattoirs et les pièces à coches. Les perçoirs, les bords abattus sont présents. La massue tronconique du Badarien se maintient. Chaque site est susceptible de détenir des objets de types inconnus dans les autres. Hierakonpolis dispose de micro-perçoirs qui prendront une importance certaine au Gerzéen. Des vases en pierre, dont des vases cylindriques, dériveraient des vases en ivoire badariens. Les palettes en schiste prennent des formes multiples, représentent volontiers des animaux ; des peignes sculptés, des figurines en terre cuite ou en ivoire se multiplient. L’Amratien dispose d’une céramique identique à la céramique badarienne, polie, rouge à bandeau noir autour de l’orifice, aspect dû à un artifice de cuisson, mais elle est de moindre qualité. Une poterie rouge décorée de motifs géométriques et végétaux blancs, prend une place considérable. Des figurines représentent souvent des femmes stéatopyges aux bras levés qui peuvent avoir un visage en bec d’oiseau. Le cuivre est employé pour façonner des harpons et des perles, l’or et l’argent pour des perles. La population vit dans des huttes ovales auprès desquelles existent des maisons rectangulaires à toit plat avec une porte à linteau et deux fenêtres sur la paroi opposée. Elle se serait adonnée à la pêche, la chasse, la cueillette, aurait élevé des chèvres, moutons, porcs, bovins, cultivé l’orge, le blé, le millet. Triticum monococcum, Hordeum sativum ont été retrouvés à Adaïma. Une division du travail s’installe. Des coquillages traduisent des contacts avec la Mer rouge, mais on ne connaît pas l’origine des quelques objets en obsidienne retrouvés dans des tombes. Une augmentation rapide de la population entraîne la création de centres importants tel que Nagada. 1 .- Celles qui figurent des barques d’une grande variété de styles et de techniques, seraient gerzéennes.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie De nombreuses tombes ont livré des restes humains en bon état. Généralement, l’inhumation est simple, néanmoins, à Adaïma, le sixième des tombes renfermait deux ou trois individus, cinq dans un cas. Certaines tombes recèlent des corps sans tête ou des têtes plus nombreuses que les corps. A Adaïma, daté de 4875 ± 40 (Ly7691) à 4260 ± 95 (Ly7692) (3700-3640 à 3260-3240 av. J.-C.), les individus inhumés seuls disposaient d’offrandes allant jusqu’à 30 vases dans un cas. Une continuité avec le Badarien s’exprime par une position similaire des morts, par des inhumations animales, parfois la présence de tête de massue. Des tombes rectangulaires comportent une niche où est déposée une partie du mobilier funéraire, leurs parois sont souvent enduites de limon. A Hierakonpolis, un mur de briques a été bâti le long des parois de l’une d’elles. Le Gerzéen Le Gerzéen (S.D.38-60) repose sur l’Amratien dans divers sites (Hémamieh, Armant, Mostagedda). L. Krzyzaniak lui accorde un rôle central dans la formation de la société par l’organisation de l’irrigation ; pour F. Hassan, l’irrigation ne serait pas encore assez complexe pour appeler une administration. Pour divers auteurs, le Gerzéen serait l’époque d’invasions asiatiques. La poterie polie à bord noir disparaît progressivement au profit d’une poterie décorée dans la masse ou d’une poterie à décor rouge-brun sur fond clair ; souvent naturaliste, ce décor figure des animaux et surtout des bateaux. Des insignes placées à la proue sont entendues comme les précurseurs des enseignes des provinces d’Egypte pharaonique. L’industrie lithique comme l’industrie osseuse est riche, marquée par le développement des couteaux, occasionnellement à manche en or richement travaillé, celui du Gebel el Arak est des plus célèbres. Des peignes en os ou ivoire sont sculptés. Les têtes de massue sont toujours piriformes. Les palettes deviennent rondes ou rectangulaires, les figurines en os ou ivoire schématiques. L’habitat consiste en huttes rondes faites de clayonnages ou en terre. Les parois des tombes sont volontiers revêtues de bois, limon ou brique, mais l’orientation sud-nord des corps n’est plus constante, la tête est souvent au nord, la face tournée vers l’est et non l’ouest. Les parures funéraires s’enrichissent d’or et pierres précieuses ou semi-précieuses (lapis-lazuli, turquoise, agate), la statuaire se développe privilégiant le faucon et la tête de vache, préfigurant Horus et Hathor. Le Groupe A de Nubie En 1910, G.A. Reisner découvrait et mettait en évidence une culture qu’il nomma Groupe A, antérieure à 4000 av. J.-C., qui a duré plus de 1000 ans. Alors que les premières dynasties régnaient sur l’Egypte, elle aurait occupé la Basse Nubie entre les Première et Deuxième Cataractes et les savanes voisines. Elle offrirait suffisamment de différences entre les secteurs pour que M.C. Gatto propose d’utiliser l’expression « Groupes A ». Culture de pasteurs, elle ne cessera d’accentuer des différences avec l’Egypte en restant une culture orale alors que vers 3200 av. J.-C., l’écriture apparaît en Egypte où l’organisation devient de plus en plus centralisée. L’industrie lithique du Groupe A est proche de l’Abkien, culture locale qui la précède. Elle dispose de nombreux perçoirs et denticulés, utilise la retouche

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Sahara préhistorique bifaciale. La poterie, dégraissée à l’aide de cendres et de bouses, est légère et poreuse. Les récipients, largement ouverts, ont un fond arrondi ou conique, leur surface est rouge, lustrée ou légèrement polie, elle peut être décorée d’incisions avec ou sans incrustations de pâte blanche. Le bord et l’intérieur qui peuvent être noirs impliquent dans ce cas une ouverture enfoncée dans le sol lors de la cuisson, ayant, de ce fait, entraîné une atmosphère réductrice pour ces parties. Le décor consiste en motifs géométriques rouges sur fond clair dans la phase finale. Des statuettes anthropomorphes semblables à celles d’El Kadada, de la vaisselle en pierre et des têtes de massue du même type que celles fabriquées en Egypte à la même époque, soulignent des contacts étroits avec celle-ci. Le Groupe A est surtout connu par ses sépultures. Actuellement, le site le plus ancien est le cimetière de Khor Bahan au sud d’Assouan où furent trouvées 79 inhumations dont 16 animales (13 chiens, 1 chèvre ou mouton, 2 bovins). Les tombes, y compris les tombes animales, sont des fosses ovales ou circulaires où les défunts reposent en position contractée accompagnés d’un abondant mobilier. Les restes humains, richement parés, étaient souvent enduits d’ocre et enveloppés dans une natte. Ils reposaient sur le côté gauche, tête au sud, face vers l’ouest. A Sayala, les tombes renfermaient des objets en métal, lingots et ciseaux de cuivre, massues au manche recouvert d’une plaque d’or sur laquelle divers animaux sont gravés au repoussé ; elles montreraient des relations avec la culture de Nagada. L’économie s’appuie sur l’élevage de bovins et de chèvres. L’orge, des pois, des lentilles sont cultivés. La chasse est traduite par l’utilisation de l’ivoire, des gravures rupestres et les décors des poteries où figurent éléphants, girafes, gazelles, antilopes. La pêche est attestée ainsi que le ramassage de coquillages. Les hommes du Groupe A connaissaient la bière et le vin qui étaient importés d’Egypte. Il semblerait qu’ils se soient adonnés au commerce, leur position géographique leur permettant de contrôler le trafic du fleuve. L’Egypte recevait en effet du bétail, de l’or, de l’ivoire, des pierres précieuses, de l’ébène, de l’encens, des peaux … provenant du Soudan. Elle lui envoyait de l’huile, du vin, de la bière, des bijoux, outils en métal, vases en pierre… A Khor Daoud, plus de 500 silos à céréales (blé et orge) ont été identifiés, ce qui suppose la présence d’un marché. L’habitat traduit une société hiérarchisée : dans la phase finale ont été érigées des constructions en pierres, rectangulaires, ayant 2 à 6 pièces, ouvertes par plusieurs portes, qui sont interprétées comme les résidences de chefs locaux ; la population occupe des huttes et des abris sous roche dont les parois peuvent être peintes. Le Groupe A disparaîtrait ravagé par les raids de l’armée égyptienne. Son territoire sera occupé vers 4000 B.P. (2500 av. J.-C.), jusqu’au rattachement de la Nubie à l’Egypte vers 3200 B.P. (1500 av. J.-C.)1, par une population d’éleveurs nomades, le Groupe C, sans doute originaire du Sahara d’où elle aurait été chassée par l’aridité : ce pourrait être les Temehou. Ses principales originalités sont certainement d’une part sa céramique de très haute qualité, ornée de motifs 1 .- Il se scinde probablement en deux entités, l’une en direction de la Mer rouge, l’autre vers le sud-ouest (Kordofan).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie géométriques rehaussés de pâte blanche où alternent zones claires et foncées, ou sa céramique de luxe, polychrome, d’autre part la présence fréquente d’une chapelle sur le côté ouest des sépultures. Le Pré-Kerma Le Pré-Kerma est une culture d’éleveurs qui, vers 4300 B.P. (2900 av. J.C.), édifie dans une vaste plaine en bordure d’un bras du Nil soudanais, une agglomération protégée par des levées de terre. Entre 1995 et 1998, les travaux de l’Université de Genève conduits par Ch. Bonnet ont dégagé, sur environ 1 hectare, de très nombreux fonds de huttes rondes de 5 m de diamètre qui entourent une zone de greniers, silos plus ou moins profonds, dont certains renfermaient des jarres contenant quelques résidus. Plusieurs huttes ayant autour de 7 m de diamètre, seraient des habitats de personnages importants ou des salles de réunion. Deux constructions rectangulaires ont appelé une comparaison avec des pratiques actuelles qui font de bâtiments semblables des magasins pour stocker la nourriture des animaux. La céramique semblable à celle du Groupe A, suppose d’étroites relations avec lui. Il en est de même des pratiques funéraires qui montrent le défunt orienté sud-nord, reposant sur le côté gauche. Des gravures retrouvées entre les Deuxième et Troisième Cataractes et qui sont attribuées à cette culture, tendraient à prouver son rôle dans le contrôle du trafic sur le fleuve. Le site aurait été abandonné à la suite d’un assèchement du Nil. Vers 2500 av. J.-C., s’installera à quelques kilomètres, la capitale du puissant royaume de Kerma, dont les premières phases restent apparentées au Néolithique. Cette culture semble s’étendre de la Deuxième Cataracte à la plaine de Kerma. Dans l’île de Saï, les poteries indiqueraient une transition entre Néolithique et Kerma. Elles portent un motif ridé, incisé ou impressionné ; elles sont rouges, brunes ou noires. Elles ont été trouvées dans des cuvettes avec des outils lithiques, œufs d’autruche, ossements, perles, charbons et restes végétaux (Triticum dicoccum, Hordeum vulgare, Ziziphus, Acacia) ; l’une d’elles était encore fermée par une plaque de schiste scellée par de l’argile. Diverses poteries, importées d’Egypte, témoignent de relations entre l’Egypte et la Nubie.

Un foyer de métallurgie dans le Sahara méridional Soupçonnée en 1962 suite à l’identification d’une pointe de flèche près du puits de Taguedoufat, confirmée en 1976, par P. Gouletquer à Sekiret, la connaissance de la métallurgie ancienne du cuivre dans le Sahara méridional est due aux travaux menés par D. Grébénart dans la région d’Agadez. Si la métallurgie y est unanimement admise pour ce que cet auteur nomme Cuivre II et qui est daté entre 2800 et 2000 B.P. (1000 et 0 av. J.-C.), elle a pu être contestée pour le Cuivre I qui remonterait à 4140 B.P. (2700 av. J.-C.). La polémique repose sur l’âge du four n° 1 d’Afunfun 175 qui aurait été une cavité laissée par la décomposition d’une souche d’arbre et utilisée bien plus tard pour fabriquer du fer et non du cuivre1. Des charbons provenant des scories ayant donné par la suite un âge de 1510 B.P. (700 ap J.-C.), les premières datations auraient concerné 1 .- L’analyse des déchets de réduction ne permet pas toujours d’identifier le métal produit.

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Sahara préhistorique l’arbre et non la production. Il est toutefois difficile de rejeter les divers fours qui ont été retrouvés à proximité, dont l’un est daté à 3800 B.P. (Mc2401) (2250 av. J.-C.). Pour parler de métallurgie, la véritable question est posée par D. Grébénart qui oppose « la simple fonte du cuivre natif » qui paraît y être réalisée1, au « traitement d’un minerai ». Le minerai utilisé est un cuivre natif qui apparaît en granules, à la surface du sol ; il n’est donc pas nécessaire de creuser des galeries pour se le procurer et aucune trace de l’exploitation ne subsiste. Il se caractérise par la présence d’arsenic et de fer. Peu d’objets fabriqués ont été retrouvés ; ce sont des pièces de petite dimension : épingles, aiguilles, alènes, tiges, pointes de flèche, spatules, lamelles, fils, bracelets, anneaux divers, petits lingots2. D’Iwelen viennent cependant, outre alènes et aiguilles, des armes dont de grandes pointes de lance. Le massif de Termit a livré quelques objets. A In Tékébrin, dans l’Azawagh, un site daté de 3825 ± 100 (Pa507) à 3530 ± 120 B.P. (Pa284) (2460-2075 à 2030-1690 av. J.-C.), renfermait des nodules de cuivre et deux petites lames, les grattoirs y occupaient une place prépondérante comme à Gara Tchia Bo et il disposait d’une céramique à lèvre plate semblable à celle de Do Dimmi. Les sites du Cuivre I se concentrent dans le secteur d’Afunfun, ils se retrouvent à Eres n’Enadan, dans la vallée de Sekiret, près du puits d’Ikawaten, et à Asanamas. Les fourneaux ont des aspects très différents, souvent baroques, mais établis sur le même concept de bas-fourneau qu’il est nécessaire de briser pour recueillir le métal. On ne connaît pas de façon certaine les objets qui auraient été fabriqués. Les débuts du Cuivre II sont datés de 2800 ± 90 B.P. (Mc2404) (1050-830 av. J.-C.), moment où disparaît le Cuivre I. Sa fin, difficile à établir, pourrait se lire à Marandet I dont la date la plus ancienne remonte à 1700 ± 100 B.P. (Gif5547) (220-530 ap. J.-C.). Alors que les fours du Cuivre I offrent une très grande variété de formes, ceux du Cuivre II montrent un maximum de similitudes. Ce sont des bas-fourneaux légèrement tronconiques, à base enfoncée ou posée sur le sol, qui étaient activés par des soufflets. Leur production aurait été faible. Le Cuivre II connaît une distribution plus vaste que le Cuivre I, outre les témoins retrouvés dans les mêmes secteurs, parfois les mêmes lieux, il est également présent dans la région d’In Gall, ainsi qu’à Tuluk. . La fabrication du métal ne se faisait pas dans les sites d’habitat, elle s’accompagnait de très peu d’objets d’usage courant, ce qui a conduit D. Grébénart à l’idée d’une pratique épisodique et qui ne concernait que de faibles quantités de métal. La céramique dispersée autour des fourneaux présentant des affinités avec celle du Néolithique saharien et suffisamment de différences avec celle des sites d’habitat d’alentour pour ne pas en provenir, il conclut à des artisans procédant du Néolithique saharien, qui auraient été itinérants. Le bronze et le laiton ont également été produits grâce aux minerais de zinc et d’étain de l’Aïr, et façonnés par martelage en bracelets et anneaux de cheville, décorés de motifs géométriques incisés ou abrasés. 1 .- Cette fonte de cuivre natif se retrouvera à la période médiévale à Azelik. 2 .- Le plus gros pèse 160 g.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie La sidérurgie connaît, elle, une vaste répartition, l’exploitation du minerai étant particulièrement aisée à partir des nombreuses cuirasses ferrugineuses de ces régions. Les dates les plus anciennes proviennent du massif de Termit où Egaro est daté de 4000 ± 110 B.P. (Pa629) et 3645 ± 150 B.P. (Pa661) (28402310 et 2270-1770 av. J.-C.), Do Dimmi de 3650 B.P. (2000 av. J.-C.) ; la sidérurgie y paraît ainsi contemporaine du Cuivre I. Dans le Borkou et le nord du Tchad, l’Age du Fer fait directement suite au Néolithique et intervient vers 3000 B.P. (1200 av. J.-C.) associé à une poterie cannelée. Il paraît bien développé au Sahara méridional entre 2500 et 2000 B.P. (600 et 0 av. J.-C.). Dans la région d’Agadez, les travaux de D. Grébénart ont permis de distinguer deux périodes, le Fer I daté de 2440 ± 90 B.P. (Mc2397) (760-410 av. J.-C.) au Site 119, de 2010 ± 90 B.P. (Gif4171) (150 av. J.-C.-80 ap. J.-C.) à In Taylalen, et le Fer II, en grande partie médiéval, connu par les vestiges de Marandet I1, dont les forgerons actuels sont vus comme les successeurs. Le passage du Cuivre II au Fer I se traduit par de petits objets en fer qui se rencontrent autour des bas fourneaux du Cuivre II et des bijoux en bronze ou en laiton2 dans les sites du Fer I. Divers habitats de plein air de vastes dimensions, pouvant dépasser un hectare, et des fosses dépotoirs se trouvant à côté des emplacements de bas-fourneaux ont livré du métal et des scories. D. Grébénart y voit une population sédentaire, groupée en village, qui fabriquait du fer sur place, par petites quantités. A la surface des sites, mêlés à un outillage lithique rare et à des tessons de poterie, il est possible de reconnaître comme produits finis malgré leur altération, des javelots, pointes de flèche, harpons, tiges, rubans, épingles, plaquettes, fragments de lames, anneaux en fer, tous issus du forgeage de tiges. Des bijoux se retrouvent assez nombreux sur les sites, portés par des personnages enterrés directement dans le sol de leur habitat ou aux abords immédiats, ce sont des bracelets, des anneaux de chevilles ouverts ou fermés, des perles, peut-être des boucles d’oreilles ; les bracelets peuvent être décorés, ceux qui sont ouverts se terminent souvent par la stylisation d’une tête de serpent. Ils auraient été faits par martelage. Ils évoquent la bijouterie berbère et le décor de certains est en tout point identique à ceux retrouvés dans le tombeau d’Abalessa en Ahaggar3. L’outillage lithique est représenté par de petits grattoirs, quelques haches et têtes de flèche. La poterie est riche en dégraissant végétal, la plus courante est ovale nantie d’un col court et large s’évasant à l’ouverture laquelle peut être décorée de croisillons ; les panses portent volontiers des motifs filetés qui, par leurs orientations ou la conservation de réserves peuvent engendrer divers décors en registres, triangles, eux-mêmes peuvent être bordés d’un rang d’impressions très profondes en trompe-l’œil (fig. 65). Cette poterie n’a jamais été retrouvée au nord de la falaise de Tiguidit. Elle présente des analogies avec celle du Néo1 . - Ce pourrait être Maranda, marché important et relai caravanier cité par Al Yacoubi au 9ème siècle, qui aurait décliné au 12ème siècle après son apogée entre les 6ème et 10ème siècles. 2 .- Le bronze contient toujours une quantité d’étain supérieure à 10 %, le laiton de 12 à 22 % de zinc. Il existe en outre des bijoux à composition complexe tenant à la fois du bronze et du laiton que l’on suppose due à une réutilisation de divers objets cuivreux. 3 .- Cf p. 497.

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Sahara préhistorique lithique sahélien, mais les datations accordent en partie un âge plus ancien à celui-ci qui serait contemporain du Cuivre II. Les artisans du Fer I disposaient d’une bonne maîtrise du métal ; les analyses montrent que les diverses parties des loupes étaient affectées à un usage particulier selon leur teneur en carbone. Celui-ci en effet, dont la présence est normale dans la métallurgie ancienne, n’est jamais concentré uniformément, ainsi les parties les plus dures qui pouvaient contenir jusqu’à 0,4-0,5 % de carbone, ce qui correspond à nos aciers les plus durs, étaient utilisées pour les pointes. Le Fer II voit une augmentation de la production et une amélioration des techniques, parallèlement à un abandon de l’outillage lithique. Au Borkou, J. Courtin et F. Treinen-Claustre notent un peuplement dense à l’Age du Fer. Au Djourab, dans la région de Koro-Toro, les habitats sont nombreux, souvent très vastes. L’Age du Fer y est divisé en trois phases : ancien, moyen et récent. En Ennedi, G. Bailloud met en parallèle le plein Age du Fer et les peintures d’époque cameline. Il souligne la dégradation continuelle du décor de la céramique où le motif fileté devient de plus en plus courant, parfois simplement rehaussé d’un zigzag pseudo-excisé. A Daïma, le cuivre, daté de 1140 ± 90 B.P. (I2368) (780-980 ap. J.-C.), pourrait être plus tardif que le fer daté, lui, de 1500 ± 670 B.P. (170 av. J.-C.-1210 ap. J.-C.). Souvent martelé, ce dernier a servi à la production de petits objets, plus particulièrement d’éléments de parure qui se retrouvent dans le mobilier funéraire, ces objets métalliques accompagnent un matériel lithique riche en haches, matériel de broyage, un matériel osseux en harpons et de nombreuses figurines en terre cuite qui représentent essentiellement des bovins. L’or, présent dans la vallée de la Sirba au Burkina Faso, a donné lieu à une extraction ancienne que l’on ne sait pas dater hormis le village de Tondikwaré qui ne remonte qu’à 545 ± 40 B.P. (1330-1430 ap. J.-C.)1. Un art rupestre abondant apporte un témoignage indirect de ces activités. Deux ensembles principaux ornent, l’un, la bordure orientale de l’Aïr au sud des monts Greboun, l’autre, sa bordure occidentale. Afunfun Dans la même région, le site d’Afunfun est une aire étroite, longue de 2 km pour une largeur de l’ordre de 200 m, orientée nord-sud où sont dispersés les vestiges d’une centaine de fourneaux en terre cuite de diverses formes. En bordure se trouvent deux cimetières. Le site a été occupé par une population négroïde gracile. Afunfun 175 appartient pour l’essentiel au Cuivre I. Les fours, nombreux, dont 18 ont été étudiés par D. Grébénart, sont semi-enterrés ; ils étaient surmontés d’une voûte en berceau qui devait être percée d’une ouverture et des conduits horizontaux, de disposition et nombre variables, partaient au ras du sol. Les parois étaient construites à l’aide d’un torchis très fin. Les uns renferment des scories, d’autres non. Ils sont datés entre 3800 ± 90 (Mc2401) et 3100 ± 70 B.P. (Gif5173) (2400-2050 et 1440-1260 av. J.-C.), le four n°1 qui a posé problème, serait plus ancien avec les dates de 4140 ± 90 (Mc2399) et 3920 ± 90 1 .- Rappelons que les mines d’or du désert oriental sont exploitées au 3ème millénaire, celles de Nubie au 4ème millénaire.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie B.P. (Mc2398) (2870-2600 et 2560-2240 av. J.-C.). Au centre et au nord du site, deux secteurs renferment des documents quelque peu différents avec des tessons à motifs d’impressions pivotantes, d’impressions au coin, de cannelures ou de croisillons. Des objets en cuivre, un bloc de métal pur, une plaquette d’assemblage, un ruban et des fragments de tiges de fer s’y trouvaient. D. Grébénart interprète ces secteurs comme des occupations surimposées qu’il rattache au Cuivre II. Afunfun 162 qui appartient au Cuivre II, fut un lieu de fabrication du cuivre et occasionnellement un habitat. Il est daté entre 2800 ± 90 (Mc2404) et 2520 ± 90 B.P. (Mc2403) (1040-840 et 790-530 av. J.-C.). A proximité se trouve un fourneau isolé qui appartiendrait au Cuivre I. Afunfun 162 regroupe des restes de bas fourneaux, des tas de scories, divers objets éparpillés sur le sol, outillage lithique, tessons de poteries, objets en métal cuivreux ou en fer. Les fourneaux sont disposés au-delà de l’habitat, en deux groupes de plus d’une dizaine de fourneaux chacun. L’habitat a livré trois vases qui étaient partiellement enterrés et divers tessons. Ceux-ci montrent l’existence d’ouverture concave, ce qui suggère des vases de forme « grain de blé ». Le décor comporte des cannelures, des registres de hachures pointillées qui peuvent être soulignés d’un zigzag pseudo-excisé, dit aussi en pseudo-relief, des groupes de hachures produisant un décor complexe par changement d’orientation, des triangles hachurés alternés. L’industrie lithique est faite de petits grattoirs, de têtes de flèche foliacées ou àbase concave, de petites haches polies, de broyeurs. Des fragments de bracelets et des perles montrent l’usage d’une parure en pierre. Des objets en cuivre consistent en fragments de bracelets ouverts, épingles, têtes de flèche, « quartiers d’orange » -pièces nommées ainsi en raison de leur forme-, lamelles, fragment de ciseau ?, objets martelés sans forme caractéristique et lingots. Il existe aussi des objets attestant de contacts avec les artisans du fer, têtes de flèche, épingles, couteaux, harpon, fragments de bracelets, collier ouvert et objets divers dont deux plaquettes à double perforation. Azelik site 210 Azelik site 210 se place à quelques centaines de mètres de la source et quelque 500 m des ruines de la ville. D’après R. Mauny, celle-ci serait la ville médiévale de Takkada connue par Ibn Battuta qui y a décrit la fabrication du cuivre au 14ème siècle. Le site s’est montré bien antérieur avec des dates entre 2490 ± 90 (Gif4175) et 2040 ± 90 B.P. (Gif3863) (780-430 av. J.-C. et 170 av. J.-C.-50 ap. J.-C.). Très altérés par le piétinement, les vestiges permettent néanmoins de parler d’un habitat temporaire et de lieu de fabrication épisodique du cuivre. Les scories sont dispersées sur toute la surface avec des zones de plus forte concentration qui correspondent à l’implantation des fours. Plusieurs vestiges de fourneaux étaient entourés de débris métalliques, lingots pesant de 138 à 4 g, et de fragments de tiges en fer. La poterie se limite à un tesson portant un motif cannelé. Chin Oraghen site 105 Vaste habitat de 150 m de diamètre, installé sur un léger relief sableux de la région d’Agadez, il conserve des lambeaux d’une couche archéologique

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Sahara préhistorique cendreuse qui ne dépassent pas quelques centimètres d’épaisseur. L’industrie lithique consiste essentiellement en petits grattoirs sur éclat. Une abondante poterie à décor de croisillons provient essentiellement de vases ovalaires à col court et évasé, de vases à double courbure et de vases à large ouverture et à lèvre arrondie. D’abondantes scories jonchent la surface du gisement montrant une production du fer sur place, mais aucun reste de four n’a été noté. Les objets en fer, fragments de tiges, épingles, têtes de flèche, harpons à double barbelure sont nombreux, irrégulièrement répartis. En outre, un petit bloc de cuivre et une perle y ont été retrouvés. Un tumulus, de forme ovale, de 8 x 6 m, haut de 1 m, est installé au pied de la colline et des sépultures en pleine terre au sommet. Les ossements de celles-ci qui affleurent, montrent par une couleur verdâtre, le port de bijoux en métal cuivreux.

Fig. 65 – Décors de poteries de l'Age du Fer : 1) fausses perforations+pieds de poule+cannelures+pastille en motif complexe ; 2) fausses perforations+pieds de poule+cannelures ; 3, 4) pieds de poule+cannelures en motif complexe ; 5) woven mat+croisillons+filetés en motif complexe; 6) fausses perforations+pieds de poule ; 7) cannelures+fileté en motif complexe ; 8) semis+filetés ; 9) dents+croisillons+guillochés ; 10) semis+cannelure ; 11) cannelures+triangles+c roisillons ; 12) croquets+cannelures en motif complexe; 13) croquets+cannelures+filetés en motif complexe ; 14, 18) lignes droites et lignes courbes ponctuées en motif complexe ; 15) cannelures en triangles ; 16, 17) croisillons+cannelure ; 19, 20) cannelures parallèles ; 21) cannelures en motif complexe. (Origine : 1, 5, 7) Shin Ajeyn, 2 à 4, 6) In Taylalen II site 15. d'après Grébénart 1985) ; 8 à 13) Borkou, Age du fer ancien, 14 à 21) Borkou Age du fer récent. d'après Courtin 1969).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie

Les plus anciennes métallurgies sahariennes ont été trouvées au Niger où D. Grébénart fait état de deux périodes pour le cuivre : le Cuivre I daté de 2400 à 2050 av. J.-C., le Cuivre II qui pourrait durer jusque vers 800 ap. J.-C. Le Cuivre I possède des bas fourneaux d’aspects très variés alors que ceux du Cuivre II sont tous identiques. Un second pôle, daté de 950 av. J.-C., a été identifié en Mauritanie dans la région d’Akjoujt ; on ne connaît pas ses débuts. L’un et l’autre ont produit des armes et des bijoux, à partir de granules qui se trouvent à la surface du sol pour l’un, de filons de malachite affleurant au Guelb Moghrein pour l’autre. Dans la vallée du Nil, les plus anciens témoins connus du travail du cuivre viennent de Nubie où ils ont été identifiés dans le Groupe A entre 3750 et 2650 av. J.-C., mais le cuivre ne se répandra que vers 2000 av. J.-C. sous la pression hyksos. On discute pour savoir si la métallurgie a été introduite du ProcheOrient comme on l’a admis longtemps, ou trouve ses origines dans les glaçures du Badarien (4900- 3800 av. J.-C.) faites à partir de malachite, la présence de bronze dans l’île de Saï vers 4500 av. J.-C., étant à l’origine de cette nouvelle proposition. Dans le Tell, les premiers témoins de cette période sont des poteries campaniformes importées qui se retrouvent sporadiquement dans l’Ouest (Maroc et Oranie) et proposent une origine ibérique. L’Age du Bronze n'est pas perçu en zone saharienne où la métallurgie du fer succède à celle du cuivre voire la précède. Dans la vallée du Nil, il semble se développer lentement. A l'ouest, il a une extension plus vaste que le Campaniforme et a laissé d’innombrables gravures dans les montagnes marocaines. Le travail du fer le plus ancien a été retrouvé au Niger où il est daté de 2500 av. J.-C à Egaro. Au Borkou et dans le nord du Tchad, la métallurgie du fer fait suite directement au Néolithique. Dans la région d’Agadez, le Fer I qui succède au Cuivre II est bien plus tardif, il est daté de 760 av. J.-C. à 80 ap. J.-C. Le Fer II serait en grande partie médiéval. En Mauritanie, les populations de l’Age du Fer installées dans le Tagant, riche en minerai, pourraient venir du repli des populations du Hodh face à la sécheresse. Dans la vallée du Nil, la métallurgie du fer serait plus récente et se serait généralisée en un siècle. Dans le Tell, elle paraît liée au cabotage phénicien Iwelen Situé dans la partie orientale de l’Aïr, par 19°46’35’’ N., 8°26’00 ‘’ E., sur la grève du kori de même nom, Iwelen est un immense gisement qui comporte deux zones d’habitation. L’une de quelque trois hectares, s’adosse aux rochers d’une courbe du kori, l’autre un peu en amont serait moins étendue. La simi-

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Sahara préhistorique litude des vestiges a donné à penser aux fouilleurs que ces deux zones étaient contemporaines. Elles sont en relation avec des gravures rapportées pour l’essentiel à la période des chars et une vaste nécropole dont les tombes sont érigées sur les collines avoisinantes. Reconnu en 1979, les travaux menés de 1980 à 1985 par F. Paris et J.P. Roset ont permis de rapporter à 3595 ± 100 B.P. (Pa234) (2130-1780 av. J.-C.) les débuts d’une culture originale, en rupture avec une occupation néolithique ténéréenne antérieure de deux siècles qui est connue à quelques kilomètres. Iwelen est vu comme l’installation de nouveaux venus, des conducteurs de char possesseurs d’armes en cuivre, qui appartiendraient à une population paléoberbère. L’installation et l’évolution du site correspondraient à un épisode lacustre, le nigéro-tchadien VII, bien marqué dans le Ténéré entre 3500 et 3000 B.P. (1800 et 1200 av. J.-C.), et des documents recueillis pour la période historique ont amené les auteurs à conclure à la continuité de ce peuplement au fil des siècles. L’industrie lithique utilise surtout le quartz pour façonner de petits grattoirs courts, des pièces à coches, des perçoirs ; un outillage minuscule comprend des grattoirs, perçoirs, lamelles diversement retouchées. La poterie est de petite taille, à fond sphérique et panse cylindrique, se terminant par un col court très évasé, elle est décorée de cannelures ou de festons. Le cuivre est employé pour la fabrication d’objets divers comme des alènes, des aiguilles, quelques haches, certaines pièces sont très petites, notamment des tranchets et des scies. Il est utilisé pour la fabrication d’armes : une vingtaine de pointes de lance a été retrouvée par J.P. Roset. A cette époque, l’art rupestre de la bordure orientale du massif est significatif : la lance a remplacé l’arc. Les similitudes entre les pointes de lance retrouvées et celles figurées proposent de rapporter ces gravures au Chalcolithique. Les tombes sont, pour l’essentiel, des tumulus à cratère dans lesquels le défunt est accompagné de meules, molettes et poteries semblables à celles trouvées dans l’habitat. Au Néolithique, les morts sont enterrés en fosse orientés estouest, au Post-Néolithique, ils sont en chambre orientés nord-sud et, souvent, portent une parure. Tuluk site 211 Vaste habitat du Néolithique saharien installé à un kilomètre d’une source, Tuluk site 211 occupe une surface de quelque 200 m de diamètre où des vestiges abondants et de belle facture sont irrégulièrement répartis. Des rhyolithes, des argilites vertes ont été utilisées pour produire l’outillage. Les grattoirs occupent une place importante, de nombreuses lames portent des retouches, des coches, des denticulations ; un outillage à retouches bifaciales et/ou poli est courant. La poterie réduite à de menus tessons présente des ponctuations au peigne pouvant créer un décor en registres, en triangles, en arcs concentriques, accompagnés de zigzags pseudo-excisés qui, placés au ras de la lèvre, peuvent lui donner un profil en dents. L’habitat est bordé par une zone où le cuivre a été traité sans que D. Grébénart ait pu associer ou dissocier les deux secteurs. Quelques tessons identiques à ceux de l’habitat et une pièce à retouche bifaciale étaient mêlés à des sco-

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie ries abondantes. Un bas fourneau à base arrondie a été daté de 2360 ± 70 B.P. (Gif5545) (720-380 av. J.-C.). Le Haddadien et le développement de la sidérurgie au Djourab Défini par Y. Coppens, le Haddadien est une culture de forgerons pratiquant une exploitation intensive du minerai de fer, très localisée aux abords de Koro Toro. F. Treinen-Claustre le nomme Culture de Koro-Toro. Il est attribué à la phase moyenne de l’Age du Fer dans cette région. Sa population viendrait de l’est, elle se serait implantée dans ce secteur où le minerai est abondant, y supplantant la culture des vases cannelés, culture plus ancienne pratiquant elle aussi la métallurgie du fer. La culture des vases cannelés dispose d’une poterie abondante, de forme simple, possédant parfois un petit col. Le décor est peu varié. Il se caractérise par des cannelures horizontales bordées de dents pseudo-excisées dites ici « dents de loup ». Les vases peuvent aussi porter des lignes ou des hachures ponctuées, parfois organisées en bandes verticales, qui peuvent s’agrémenter de bourrelets en relief ; ils peuvent aussi porter des bandes d’incisions en quadrillages ou croisillons. L’outillage en fer est très rare (tiges, alènes, épingles, pointes de flèche ou de lance, anneaux…), l’outillage lithique est semblable à celui du Néolithique avec haches polies, têtes de flèche. L’outillage osseux comporte des harpons. L’art mobilier est remarquable par des statuettes anthropomorphes ou zoomorphes. L’habitat se traduit par des fonds de cabanes circulaires disposées en arc de cercle, éloignées de 10 à 50 m les unes des autres. Ce serait une culture de pêcheurs dans laquelle aucune preuve d’élevage ou d’agriculture n’a été décelée. Le Haddadien fabrique des outils, alènes, rasoirs…, des armes, pointes de lance, haches, des pointes de flèche à un aileron identiques à celles du djebel Moya, de Geili… où elles sont fréquentes. Les meules et molettes abondent. Auprès d’une céramique comparable à celle de la phase ancienne, avec décor fileté, figurent des vases peints dont l’originalité trouve son inspiration dans la vallée du Nil. Une céramique domestique rouge et noire, à ouverture étroite, fond rond, panse enflée mesurant jusqu’à 30 cm de diamètre voisine un petit vase conique d’une quinzaine de centimètres de haut, à diamètre d’ouverture à peine plus réduit, à fond plat très étroit, à surface couverte d’engobe rouge et de motifs géométriques peints en noir, puis polie, qui est caractéristique. L’originalité de cette poterie tant par sa forme que son décor, ses surfaces, soit rouges décorées ou non, soit noires à fleurs de lotus stylisées, sa pâte fine, sa cuisson « black-topped ware », œuvre en faveur d’une population étrangère. Elle rappelle la céramique sans décor d’Ennedi et évoque le Méroïtique. Elle est datée entre 2360 ± 100 et 670 ± 100 B.P. (760-230 av. J.-C. et 1270-1400 ap. J.-C.) et aurait connu son plein développement entre les 3ème et 8ème siècles ap. J.-C. Elle aurait évolué en une céramique lustrée noire ou rouge qui accompagne plus tardivement une poterie à jours triangulaires dans laquelle F. Treinen-Claustre lit la fin de la phase moyenne de l’Age du Fer. Les sites haddadiens sont des buttes pouvant atteindre 10 m de haut, les ateliers sont généralement à l’intérieur. Des silos, l’abondance du matériel de

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Sahara préhistorique broyage sont en faveur d’une agriculture. De nombreux ossements de Bos taurus, suggèrent un élevage important. Une phase récente du fer montre une réduction sensible du peuplement, elle est rapportée à la première moitié du premier millénaire ap. J.-C. Elle renferme des objets en cuivre et en bronze. L’outillage lithique comprend surtout des haches et des broyeurs, la poterie est volontiers lissée ou polie.

Akjoujt et la métallurgie du cuivre Des traces d’exploitation du cuivre, des ateliers de métallurgie ont été identifiés en divers lieux du Sahara occidental et des objets en cuivre régulièrement retrouvés, mais jamais en nombre, sur des sites d’aspect néolithique. Les premières découvertes remontent à 1912, avec une petite hache et une pointe de flèche en cuivre recueillies dans la région du Cap Blanc par M. Baudouin et B. Crova. En 1951, les travaux de R. Mauny et surtout, dans les années 60, ceux de N. Lambert devaient apporter l’essentiel des connaissances d’aujourd’hui. Un millier de pièces environ, armes, outils, bijoux, a été découvert en Mauritanie. Ces objets, toujours isolés dans un contexte lithique de Néolithique récent, sont constitués pour l’essentiel d’armes. Ce sont surtout des têtes de flèche, près de 400 sont connues, toutes pédonculées, mais le pédoncule peut être long ou court, percé ou encoché. Les pointes de lance dont la douille est faite d’une tôle enroulée, peuvent atteindre 30 cm de long. Les pointes à soie sont propres à la métallurgie d’Akjoujt, la soie peut être pleine ou creuse, décorée d’incisions parallèles ou de croisillons. Les outils sont variés, les plus courants sont des aiguilles et des alènes. Peu de haches ont été retrouvées, ce qui n’a guère de signification car elles sont très recherchées par les forgerons qui les récupèrent pour les refondre. Les bijoux, boucles d’oreille, bagues, pendeloques, bracelets, proviennent surtout des tombes, ce sont souvent des anneaux faits de fils de cuivre fermés par une torsade. Si le plus grand nombre d’objets a été retrouvé sur des cordons dunaires du sud-est d’Akjoujt, des objets isolés ont été identifiés jusqu’au sud-est de Chegga, au Mali. Ils sont connus dans l’Aouker, la région de Nouakchott, des regroupements qui ne dépassaient pas une demi-douzaine de pièces, existaient près de fours du massif de Dkhraïna et à Aïn es Salama. La distribution est plus lâche dans les régions de Zouérate, le Zemmour, l’Adrar, le Tijirit, ainsi qu’au sud dans les dhar Tichitt-Walata. Rien n’exclut de cette production les quelques objets provenant des ergs Chech et Er Raoui. L’activité métallurgique la plus importante et la mieux connue est au Guelb Moghrein, près d’Akjoujt. Avant leur destruction par l’exploitation moderne, N. Lambert a pu identifier plusieurs galeries exploitées au 2ème millénaire. Des traces d’exploitations préhistoriques de gîtes cuprifères sont connues en divers autres points de Mauritanie, dans le sud, région de Djonaba, au Sahel malien, région de Nioro. A Tejalet oum Ekedjar, des dépressions circulaires sont bordées de débris, à Nioro, des tranchées peuvent atteindre 1 km de long et 2 m de profondeur. Mais les gîtes du sud-est, n’ont vraisemblablement été exploités que bien plus tard, à l’époque médiévale, comme ceux du Sénégal et la plupart de ceux du Mali.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie La métallurgie du fer intervient autour de 2000 B.P. (0 av. J.-C.) dans les villages du Tagant où M. Ould Khattar a reconnu d’abondantes scories et des vestiges de fours en périphérie des villages, mais n’a retrouvé que de rares objets, têtes de flèche ou fragments indéterminables. Au Sénégal, les amas de scories et les vestiges de fourneaux qui abondent sur les rives du fleuve sont datés du début de l’ère chrétienne pour la plupart.

Fig. 66 – Mobilier métallique. (d'après Vernet, Noffé, 2003).

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Sahara préhistorique La métallurgie d’Akjoujt et sa diffusion Le centre métallurgique qui s’est développé au Sahara occidental s’identifie par un minerai issu des mines du Guelb Moghrein, que caractérisent ses traces d’or, d’arsenic, de fer et de nickel. Une composition semblable se retrouve dans tous les objets de la région sauf quelques cas plus riches en arsenic dont on ne sait s’ils proviennent ou non d’une autre source. Tout le minerai n’était pas transformé sur place : l’activité métallurgique elle-même pouvait être éloignée d’une centaine de kilomètres des lieux d’extraction. Lemdena, Touizigt sont des sites où le minerai était transporté. Il était fondu dans des fours rudimentaires qui permettaient d’atteindre une température de 1085°. C’est ce qu’indiquent les fragments de tuyère venant du Tijirit site 11 ou la quinzaine de cuvettes creusées dans le sable aux parois tapissées d’argile, nantis d’une tuyère en argile et les tas de minerai restant près d’eux retrouvés Km 130, au nord de Nouakchott, où ils sont datés de 2470 ± 180 B.P. (Ly2579) (800-400 av. J.-C.). Divers ateliers de métallurgie du cuivre ont également été identifiés dans l’Ouest saharien, l’Amatlich, la région de Zouérate. Les objets produits (fig. 66) connaissent une distribution lâche qui a pu atteindre le nord-ouest du Mali. L’essentiel a été retrouvé dans l’ouest mauritanien où il a alimenté de petits groupes vivant au cours du 1er millénaire av. J.-C., qui se distinguent surtout par leur poterie. La Grotte des Chauves Souris au Guelb Moghrein A l’ouest d’Akjoujt, les galeries creusées dans le Guelb Moghrein suivaient les filons d’hématite veinée de malachite et de chrysocolle qui, affleurant, étaient facilement exploitables. N. Lambert a pu pratiquer quatre sondages dans la Grotte des Chauves Souris (deux se situent en avant de la galerie dans une zone où avait lieu la préparation et le grillage, deux, dans la galerie) qui lui ont permis de retrouver les processus d’exploitation et de transformation du minerai1 et de dater l’exploitation entre 2776 ± 126 (Dak25) et 2350 ± 110 B.P. (Gif1284) (1110-800 et 760-210 av. J.-C.) sans que son début ait été atteint. La Grotte des Chauves Souris était en partie comblée par des fragments d’hématite et de magnétite rejetés par les métallurgistes qui ne travaillaient que la malachite. Elle a livré du minerai concassé, des charbons de bois riches en Ficus, des fragments de broyeurs et des déchets de combustion. Des traces de chauffe sur les parois ont montré que le traitement du minerai se faisait sur place. Après son extraction, il était broyé, puis mélangé à du charbon de bois et chauffé, ce qui permettait d’extraire un cuivre pur à 96 %, à partir d’un minerai à 6-10 %. Oum Arouaba Site de bordure d’un lac de la région d’Atar, proche de gravures piquetées figurant divers animaux, Oum Arouaba est daté de 2107 ± 117 B.P. (Dak53) et 1689 ± 110 B.P. (Dak59) (350-0 av. J.-C. et 240-530 ap. J.-C.) sur os. Il renferme un outillage sur éclat où abondent les grattoirs (près du tiers des outils)2, où les burins sont nombreux, les microlithes rares. Il est riche en pièces polies, il a livré des harpons et parmi les rares objets de parure, une 1 .- Le cuivre natif qui existe dans la région, ne semble pas avoir été utilisé. 2.- Cf p. 578.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie perle en cuivre. La paroi des poteries laisse voir des traces d’épillets et de petites graines employés comme dégraissant. La surface est ornée de motifs women mat droits ou courbes, herringbones, dents pointillés et cannelures. Tout comme à Nouaferd, G. Thilmans rapporte les restes humains qui y furent retrouvés à une population négroïde. Les cultures de Bouhdida et de Bguent La « culture de Bouhdida » occupe de vastes sites sur les dunes et de petits sites côtiers, bien illustrés par Imbich-est où ont été retrouvés des objets en cuivre. Le matériel lithique comporte des haches, des têtes de flèche, du matériel de broyage. Les grattoirs, perçoirs, l’outillage lamellaire ou laminaire, sont rares. Une céramique typique abonde. Les vases sont sphériques, souvent de dimension réduite, volontiers munis d’un col court formant avec la panse un angle très marqué. Les parois sont fines, les pâtes faites au dégraissant minéral. Le décor est riche en motifs ponctués et filetés suivis de registres polis pouvant s’agrémenter d’engobe brun ; de petites perforations peuvent entourer l’ouverture, très près du bord. La lèvre porte volontiers une cannelure qui la dédouble. Ce serait une culture d’éleveurs de bœufs, moutons, chèvres et ânes, semi-sédentaires, qui pratiquaient la pêche -ce qu’indiquent des poids de filets en terre cuite-, récoltaient des coquillages. Elle est datée de 2690 ± 80 B.P. (Gif6357) (970-800 av. J.-C.) à Tenneswillim, 2240 ± 60 B.P. (Ly4396) (380-210 av. J.-C.) à Nouakchott KN2. A Imbich-est, auprès de poterie caractéristique de la culture de Bouhdida, R. Vernet fait état d’une poterie très différente, aux parois très fines, à dégraissant sableux, décor fileté avec plages polies et engobe marron connue à Touila ; les motifs de cette coexistence ne sont pas élucidés. La « culture de Bguent » a, elle aussi, été définie par R. Vernet. Elle occupe, au fond de la baie d’Acheïl, un long cordon dunaire de l’Azefal. Datée de 2700 ± 100 B.P. (Ly444) (1141-565 av. J.-C.), elle possède de petits vases à bord droit, de ton grisâtre, faits d’une pâte à dégraissant végétal. Les décors les plus courants utilisent un motif herringbone fileté, vertical ou horizontal, couvrant plus ou moins largement la panse et un motif losangique qui peut être réalisé à l’aiguillon de silure. L’industrie lithique comporte des grattoirs, de petits racloirs, des pointes, de nombreuses haches, du matériel de broyage, des pierres à rainures. Il existe un outillage en os. La parure se traduit par des rondelles d’enfilage en tests d’œuf d’autruche. Ce serait aussi une population d’éleveurs et, quoique proche du rivage, à l’inverse de la précédente, elle montre peu d’intérêt pour la pêche ou la collecte de coquillages. Les villages du Tagant Le long du dhar Tagant, près de 300 sites ont été dénombrés par M. Ould Khattar. La sidérurgie est attestée par de nombreux restes de fourneaux en périphérie et d’abondantes scories surimposées ou placées à quelques mètres. Leur position sur la falaise montre d’étroites ressemblances avec les villages du dhar Tichitt-Walatta, quoiqu’ils en diffèrent par certains facteurs : leur architecture aux murs montés par une seule assise de pierres, une activité sidérurgique intense, la rareté de l’art rupestre. La date de 4040 ± 65 B.P. (Ly6712) (2830-2470 av. J.-C.) les montre plus récents que les villages du Hodh, ils pourraient traduire

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Sahara préhistorique une migration de cette population, la date la plus haute que l’on connaisse, montrant un chevauchement. L’identification de parcellaires rattachés à ces villages rapproche cette culture de celle des Gangaras identifiée dans le Tagant et l’Assaba. Des cabanes rondes de près de 2 m de diamètre aux murs doubles et remplissage médian comme ceux de la culture de Tichitt, coiffées d’une coupole aplatie, sont perchées et regroupées par quelques unités. Ce serait des greniers, les habitations étant plus allongées et nanties d’une cour. Pour S. Daveau et Ch. Toupet, cette occupation du sol qui n’est pas datée, traduirait une production de céréales sous pluie ; sa disparition est mise en rapport avec le développement local de l’aridité.

Une indigence dans le Sahara septentrional ? Du Sahara septentrional ne viennent que de rares données : un poignard en bronze dans l’erg Chech, une hache plate en cuivre et une pointe de flèche en bronze dans l’erg Er Raoui, dont on ignore le contexte et l’origine, et qui sont parfois rapportés à l’industrie d’Akjoujt ou comparés à des formes ibériques. Des armes ou des bijoux en fer proviennent aussi de tombes, tumulus pour la plupart, mis au jour par d’anciennes fouilles, aucune date n’existe. C’est le cas à Tilrempt où neuf anneaux en fer entouraient la cheville d’un défunt, à Doucen où furent trouvés un collier avec fibules, un bracelet en bronze et un anneau en fer. Dans la région de Ouargla, M’Raneb a livré un témoignage indirect avec, d’après J. Pellegrin, de grandes lames en silex (195 à 250 mm) qui n’ont pu être débitées qu’à l’aide d’un instrument métallique1. Un autre témoignage rapporté à cette période a été identifié à Beni Isguen en bordure du plateau dolomitique qui domine la vallée du M’zab, dans un art rupestre où figurent poignards et épées.

L’Age des métaux dans le Tell Dans le Tell maghrébin, l’Enéolithique a conservé les dénominations de l’Age des métaux européen. Son existence a été souvent discutée, parfois niée, faisant passer directement les cultures néolithiques à un « Age du fer » introduit par les Phéniciens. En 1961, les travaux de G. Camps établissaient incontestablement cette présence dont la phase campaniforme est bien affirmée par sa céramique. Si la partie orientale du Maghreb semble ne disposer d’aucun élément métallique avant l’installation phénicienne, une influence méditerranéenne, témoignage des navigations, s’y fait cependant sentir. Elle se traduit par des dolmens et des haouanet, monuments funéraires allochtones2, dont la répartition, très localisée, paraît significative d’une implantation étrangère. Elle se traduit aussi par une céramique aux formes carénées, au fond plat qui sont encore façonnés dans les Aurès et sont des modèles typiques de l’Age du 1 .- Des travaux récents donneraient à penser qu’un « outil » métallique a été employé beaucoup plus tôt pour le débitage, ce pourrait être le cas à Hergla SHM-1. 2.- Remarquant la quasi-disparition du mégalithisme dans le domaine méditerranéen à l’époque assignée par G. Camps à ces monuments, J. Guilaine propose d’y voir « un processus d’émergence autochtone et tardif, sans influx externe majeur » (in colloque Le peuplement ancien de l’Algérie. Sa place dans le contexte méditerranéen, Paris 2003).

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Bronze italien et sicilien. Dans le Maghreb occidental, un Age du Bronze ancien s’amorce aux débuts du 1er millénaire, avec une influence ibérique sensible au Maroc. Les objets métalliques recueillis viennent pour la plupart de monuments funéraires. Leur apport est conforté par un art rupestre caractéristique avec ses armes et ses signes, fréquent dans les régions du Haut-Atlas et de l’Anti-Atlas. On ne peut s’étonner que le Maroc soit la région la plus riche car, outre sa proximité de l’Espagne, elle dispose de mines de cuivre et d’étain susceptibles d’avoir été exploitées durant ces périodes, alors que les mines sont rares dans le reste du Tell1. Un apport encore mal cerné malgré les travaux de G. Camps, concerne la poterie tournée, modalité de fabrication inconnue du Néolithique et qui intervient alors2. Elle est attestée en fin d’Age du Bronze, au Maroc, dans la région d’Azrou, à Ifri Oberrid (= Ou Berid) à 2370 ± 50 B.P. (Ly597) (740-390 av. J.C.), date radiocarbone obtenue pour des ossements humains associés. Le problème des éperons barrés C’est à cette période que sont attribués les éperons barrés signalés en divers points du territoire, tous mal connus car très pauvres en matériel archéologique et n’ayant guère fait l’objet d’étude depuis plus d’un siècle. Le plus significatif est sans doute celui d’Oued Beth au Maroc. L’outillage consiste essentiellement en gros matériel, haches polies et haches à gorge, que A. Ruhlmann met en relation avec l’exploitation du sel et qu’il rapporte au Néolithique. Celui de Sidi Menaa mentionné par la mission Choisy en 1880, a été retrouvé par G. Trécolle quelque cent ans plus tard. Sidi Menaa Sidi Menaa est un promontoire de 500 m de long, 10 à 30 m de large, situé dans la région de Ghardaia. On y accède de plein pied par le plateau ou, à l’opposé, par un sentier qui serpente parmi les éboulis, ailleurs les bords sont à pic. A son pied se trouve un imposant tumulus qui fut longtemps vénéré et un gisement probablement néolithique, à son sommet sont implantés quatre redjem. Aucun autre matériel n’a été mentionné. L’accès par le plateau est fermé par un mur en S, ne laissant qu’un étroit couloir près du précipice ; le mur, de 1,20 m d’épaisseur, 1,50 m de haut, est fait de deux parements en pierres sèches séparés par un intervalle rempli de pierraille. Il est couronné par de larges pierres plates plantées de chant qui forment de grossiers créneaux. Le sentier d’accès, de même, est fermé à son débouché par des pierres placées en créneaux. Oued Beth Entre Rabat et Meknès, sur une butte culminant à 208 m, la place forte d’oued Beth s’étale sur 300 x 80 m, cernée pour ses deux tiers par des cours d’eau que dominent de hautes falaises. Des abris sous roche sont situés au pied 1 .- Au Maroc, une mine de cuivre est connue près de Kef el Baroud, des gisements cuprifères dans l’Anti-Atlas, le djebel Sarho ; Oulmès est encore exploité pour son étain. Le fer existe en Algérie dans les Monts des Ksour et les Aurès sans que l’on ait retrouvé trace d’exploitation antérieure à l’époque romaine. 2 .- Rappelons qu’une tournette était utilisée dans la vallée du Nil durant le Tarifien.

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Sahara préhistorique du flanc méridional et un gisement néolithique sur le plateau qui prolonge l’oppidum. La butte ne se rattache aux plateaux voisins qu’au nord où elle est fermée par un rempart en terre couronné d’une assise de pierres brutes. Lors de la découverte, le rempart était haut de 5 m, large de 7 m à sa base, seulement 3 m à son sommet ; vers l’intérieur, il était renforcé par un fossé dû probablement au prélèvement de terre pour l’aménager. Les autres flancs étaient également renforcés par des remparts de moindre importance. A 85 m, un second rempart, de 77 m de long, formait une nouvelle ligne de défense. Le matériel recueilli par A. Ruhlmann abonde, mais on ne sait dissocier ce qui vient de l’oppidum de ce qui vient du site néolithique. Il consiste en quelques pierres taillées, certaines par méthode Levallois, où se reconnaissent des nucleus, un galet aménagé, plusieurs denticulés ou pièces à coches, un racloir, une lamelle à dos. L’essentiel de l’outillage est fait de haches, plus de 700 ont été récoltées, elles sont généralement épaisses, mais rarement en boudin, et possèdent un tranchant plutôt curviligne. La plupart est bouchardée et polie au voisinage du tranchant. Plus d’une trentaine de haches à gorge s’y ajoute. Elles ont généralement une extrémité en pointe, une gorge soigneusement bouchardée, placée dans le tiers supérieur, dans quelques cas existe une gorge perpendiculaire qui sépare en deux l’autre extrémité. Des meules dormantes et surtout des molettes ou broyeurs plutôt sphériques, des pierres à cupule sont nombreuses. La poterie est abondante, à paroi épaisse, parfois décorée de cordons qui peuvent être impressionnés, elle présente des anses funiculaires externes. Deux autres éperons barrés, Dchira et Halabadu, se trouvent à quelques kilomètres. Ils ont livré du matériel de broyage, meules dormantes, molettes, broyeurs, pilons, des pièces à gorge, de nombreuses haches et de la céramique. Le Chalcolithique Le Chalcolithique est connu au Maroc dans la fourchette 2900-1900 av. J.-C. Les objets en métal sont rares. Pour G. Souville, ils ont dû être introduits en petit nombre par le détroit de Gibraltar comme l’atteste la composition du métal, un cuivre mêlé d’arsenic et, ensuite, ont probablement été fabriqués sur place. G. Camps rapporte au Chalcolithique une pointe de Palmela retrouvée à Sidi Messaoud, près d’Azemmour, un poignard à languette retrouvé dans une anfractuosité du massif du Chenoua dans les années soixante, la hache plate venant de l’oued Akrech près de Rabat, une pointe de lance et un poinçon venant d’El Mriès pourraient s’y rapporter ainsi que les haches de Kef el Baroud et El Ghot, la pointe de flèche d’El Heriga. P. Cadenat rapporte au Chalcolithique le gisement Vigne Serrero dans la région de Tiaret, qui a livré un fragment métallique et dont la structure industrielle présente un pourcentage de lamelles à dos nettement plus élevé et un pourcentage de pièces à coches nettement plus faible que celui des sites néolithiques1. Des éléments de culture campaniforme, essentiellement quelques éléments de céramique, sont mentionnés à la partie sommitale de divers dépôts en grotte où ils sont remaniés. D’abord connu dans la péninsule tingitane où les premières trouvailles ont été faites par le R.P. Koehler à Achakar, très vite suivies de celles 1 .- Cf Annexes p. 571.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie de M. Tarradell à Gar Kahal et Kaf Taht el Ghar, le Campaniforme était découvert dans la région de Rabat, à Dar es Soltane, par A. Ruhlmann d’où vient une jatte presque complète, aux Contrebandiers par J. Roche, qui y trouvait une jatte comparable. Les tessons venant de Mehdia ont permis d’en restituer une autre identique. G. Souville a fait état de deux vases ayant probablement appartenu à une sépulture et découverts par des labours à Sidi Slimane du Rharb. Il reconnaît une influence campaniforme dans la poterie d’El Khril, oued Mellah, El Kiffen (fig. 67). Plus récemment des tessons de céramique campaniforme ont été retrouvés à Kahf Boussaria par A. El Idrissi, signalés à Ifri Ouzabour dans la région de Taza et à Ifri Ouberrid dans le Moyen Atlas par A. Mikdad. A Aïn Smene, la poterie voisinait une pointe de Palmela et une épingle en cuivre. Dans le site d’Hassi Ouenzga, plusieurs tessons ont été rapportés à une céramique campaniforme plus ou moins polie, décorée de registres à hachures obliques réalisées au peigne. Des tessons rapportés de même au Campaniforme ont été identifiés à Ifri Ouzabour dans la région de Taza et un vase identique à ceux de Dar es Soltane et Sidi Slimane, a été remonté à partir des tessons trouvés par A. Rodrigue dans le site de plein air d’Aïn Fouarat. La poterie présente des formes et des décors caractéristiques, vases en cloche, jattes largement ouvertes, décors en registres incisés ou impressionnés au peigne, parallèles à l’ouverture, ne couvrant pas la totalité des récipients, incrustations de pâte blanche. Ils permettent de suivre le développement du Campaniforme le long des côtes méditerranéenne et surtout atlantique et de l’étendre loin à l’intérieur des terres. Deux tessons viennent de la région de Saïda : un était dans un niveau remanié de Rhar oum el Fernam, l’autre dans le niveau supérieur, également remanié, du gisement voisin d’Oued Saïda. Dans le site de plein air du Pic des Singes, A. Debruge aurait retrouvé un hameçon en cuivre. Il n’est pas fait mention d’outillage ; il était associé à de la parure -nombreuses perles en os ou émaillées, fragments de bracelet en ivoire-, divers minéraux colorés, une abondante poterie sans décor ou à cannelure ondée, des restes de faune mammalienne, de poissons, de mollusques. La dominance du « style international », décor en registres, suggère une présence ancienne de la poterie campaniforme et sa vaste répartition, sa fabrication locale œuvrent en faveur d’une culture campaniforme locale et non de seuls éléments d’importation. Plus récemment, cette période s’est enrichie de niveaux campaniformes reconnus dans la grotte d’Ifri n’Amr ou Moussa, dans le Zemmour, par A. Ben Ncer et Y. Bokbot. Ils ont livré une pointe de Palmela, un poinçon double et, outre la céramique, un matériel osseux important comportant aiguille à chas, harpon, poinçons, plumes. Un élément remarquable est un pendentif courbe aménagé dans une défense de sanglier, percée de trois trous en triangle à l’extrémité proximale. La faune consiste en escargots, coquillages marins, hérisson, porc épic, tortue, antilopes, gazelles, sanglier, autruche, elle renferme des rapaces, des animaux domestiques chien et chèvre, mais aussi des restes d’ours et panthères dont on peut supposer qu’ils utilisaient ces lieux comme tanière. Des restes humains, dont quatre sépultures d’enfants en bas âge, sont les premiers appartenant à cette époque qui ont été retrouvés.

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Sahara préhistorique Kef el Baroud Le gisement du Kef el Baroud au Maroc atlantique, est un habitat du massif de même nom. Il comporte deux grottes qui communiquent, l’effondrement du plafond de l’une postérieurement à l’occupation, lui a valu le nom de « Aven Bleton ». Des fouilles y ont été menées à partir de 1968 par une équipe que dirigeait A. de Wailly, mais le gisement était connu1 et avait fait l’objet de divers sondages, certains clandestins. Malgré d’importants remaniements, A. de Wailly distinguait trois couches : à la base une couche jaune apparemment stérile, une couche moyenne blanchâtre, puis une couche cendreuse riche en gastéropodes. Ces couches renferment des éboulis, particulièrement abondants au passage de la couche inférieure à la couche moyenne. Divers aménagements avec des murettes ont été signalés dont, dans une partie latérale à l’entrée de l’abri, un poste de fabrication de poterie. Du fait de sa position dominante, de l’existence de restes archéologiques similaires en des points pouvant être des postes de guet, A. de Wailly concluait à un réseau de surveillance et une atmosphère d’insécurité. Le matériel archéologique retiré comprend de nombreux objets en os, surtout des poinçons, une industrie sur silex où figurent quelques lamelles à dos, des meules et molettes, des haches ou herminettes polies de forme boudin, un fragment de vase en ophite polie, quelques fragments d’œufs d’autruche, divers fragments humains. La poterie abonde, de nombreux tessons proviennent de grandes pièces à large col et paroi épaisse. Les fonds seraient arrondis ou plats, les anses sont fréquentes. Le décor se limite à un rang d’impressions profondes proche de l’ouverture, la lèvre peut être décorée en créneaux faits par impression du doigt ou pincement. Une hache en cuivre et deux objets non identifiables proviennent de déblais. Le gisement est daté de 5160 ± 110 et 4750 ± 110 B.P. (4220-3800 et 3640-3380 av. J.-C.). Ces objets, des gravures et des restes de peintures évoquant divers animaux ou des signes tracés à l’ocre sur la paroi audessus d’une hauteur d’homme et la situation du site font l’essentiel de son intérêt. Reprenant les fouilles de 1991 à 1997, A. Mikdad et Y. Bokbot ont reconnu quatre niveaux dont un seul, le supérieur, renfermait un matériel assez abondant pour donner lieu à une diagnose. Les objets retirés comportent des plaquettes en schiste polies et perforées identifiées comme brassards d’archers, des pendeloques en schiste et des tessons qui leur ont permis de reconstituer deux vases attribués au Campaniforme. L’Age du Bronze L’Age du Bronze est perçu au travers d’objets typiques, de gravures représentant des armes, d’inhumations en ciste. G. Camps à qui l’on doit son identification, lui accorde un développement plus vaste que celui du Campaniforme. A l’est, il est probablement connu au-delà de Tiaret en raison d’objets isolés retrouvés en divers lieux. Vers le sud, il atteindrait Dakhla. Les principaux objets en bronze retrouvés, qui sont des pointes de sagaie, des hallebardes et des haches2, témoigneraient de commerce avec le sud de l’Espagne qui recevait en échange des œufs d’autruche, de l’ivoire. Les pointes sont 1 . - Il aurait été reconnu par l’abbé A. Glory dans les années cinquante. 2 .- Certaines seraient liées à des modèles sahariens.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie probablement les objets les plus fréquents et sont volontiers mis en relation avec les javelots numides. Les haches sont rares, elles ont été retrouvées dans les dépôts sommitaux de grottes, voire dans les déblais de fouilles les ayant délaissés -Aïn Smene, peut-être El Ghot- ou hors contexte -haches de Karrouba, La Stidia, Ouled Mimoun (Lamoricière), Cherchell-, hache à talon de Bolloghine (=St Eugène), hache plate de Columnata, hache pelte des Beni Snassen. Les hallebardes et épées sont exceptionnelles ; une épée a été retrouvée près de Larache par un dragage à l’embouchure du Loukkos, une hallebarde dans une ciste de Mers, toutefois, la fréquence et le détail des représentations de hallebardes dans l’Atlas, comme celle des poignards, leur accorde un rôle important. Quelques armes signalées aux confins du Sahara (pointe de javelot de Tazarine), des bijoux retrouvés dans les nécropoles de Tazarine, Taouz et de la région d’Aïn Sefra sont trop peu typés pour que leur origine puisse être précisée ; ceux de la région d’Aïn Sefra seraient tardifs et sont aussi rapportés à la période romaine. Une poterie noire, lisse, brillante venant de petites urnes globulaires à fond rond, datée par thermoluminescence de 1900 à 220 av. J.-C. à Gar Kahal, est présente à Kaf taht el Ghar, Kahf Boussaria. Des gravures rupestres qui figurent de nombreuses représentations de boucliers et d’armes (hallebardes et poignards triangulaires à rivets pour l’essentiel,

Fig. 67 – Néolithique récent du Tell. Vases en poterie : 1) vase à fond rond à motif herringbone pointillé ; 2) vase à fond rond, col et oreilles décoré de fausses perforations ; 3) vase à fond ovoïde à motif herringbone fileté ; 4) vase à fond rond et col, à décor complexe de hachures et sillons filetés. (Origine : El Kiffen, d'après Bailloud et al., 1964).

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Sahara préhistorique moins couramment haches) manifestement métalliques, que l’on connaît dans le Bronze ancien d’Europe occidentale où on les rattache à la culture d’El Argar, parsèment les massifs montagneux du Maroc et de l’extrême Ouest algérien, jusqu’au Sahara. Les stations de l’Oukaimeden, du Yagour connues par les travaux de J. Malhomme et A. Simoneau, celles du Rat par ceux de l’abbé Glory, font du Haut-Atlas de Marrakech, un haut-lieu de l’art de cette époque.

Dans les régions sahariennes et périphériques, hors le Nord du Maghreb, le terme « Age des métaux » et ses subdivisions sont peu utilisés pour désigner cette période, celui de « Enéolithique » qui lui avait été donné dans la vallée du Nil, est souvent délaissé. « Protohistoire » est employé volontiers, en raison de la coïncidence entre la présence de métal et la connaissance de ces populations qui ne possèderaient pas l'écriture, par les textes émanant de leurs contemporains qui la possèdent. Quelle que soit la région, les restes de métaux sont rares. L'industrie lithique restant semblable à celle du Néolithique récent, cette rareté rend souvent délicate la distinction ; ne sont aisés à reconnaître que les sites ayant eux-mêmes pratiqué une métallurgie en raison de la présence de scories et/ou de vestiges de bas fourneaux. Cette période traduit d’importantes modifications dans la vie des hommes avec des changements dans les structures sociales et des signes de violences. Ces dernières sont marquées dans le Tell où on leur attribue les plus anciens éperons barrés bien qu’aucun n’ait pu être daté. Dans la vallée du Nil, à partir du Badarien, l’archéologie funéraire se montrant d’une grande richesse, les travaux vont la privilégier. Elle permet de reconnaître une hiérarchie sociale qui ne cesse de s’accentuer ; elle se marque par des parures de plus en plus opulentes à l’Amratien et surtout au Gerzéen où elles s’ornent d’or et de pierres précieuses et où le mobilier se dote de nombreuses statuettes. L’âge ancien du fer Alors que le Sahara méridional a connu le fer aux débuts du 3ème millénaire, dans le Nord de l’Afrique, sa présence est plus tardive. Ses premières traces paraissent liées aux navigations phéniciennes et, en Phénicie, il est utilisé en 2900 B.P. (1100 av. J.-C.). Les marins de Tyr, à la recherche de minerai, ont laissé des vestiges tout au long des côtes, y compris de la côte atlantique, où ils devaient faire escale chaque soir. Ils l’ont ainsi occupée jusqu’à Mogador, plus probablement jusqu’à l’embouchure du Draa et peut-être au-delà. Par les oueds, ils ont pénétré profondément dans les terres. On leur doit de nombreuses hypogées, puits pouvant être profonds, à ouverture plus ou moins ronde ou carrée et parois verticales.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie

Les populations et leurs modes de vie La dégradation du climat est perceptible dès le début du 3ème millénaire, voire plus tôt. A Uan Muhuggiag, aux 4ème-3ème millénaires, la source se tarie, la végétation aquatique ou marécageuse disparaît, Artemisia, Cassia, Fagonia, Capparia, Rhus, Salvadora persica se développent, puis au 2ème millénaire Cornulaca. La dégradation engendre une transformation totale de la vie saharienne. D’importantes migrations vident une grande partie du Sahara de ses populations, les autres se replient vers des micro-milieux appelés à devenir les oasis actuelles. Les troupeaux ne subsistent que par l’utilisation des chameaux et le développement du nomadisme. Les échanges se multiplient, de nouvelles classes sociales se créent que l’intervention du cheval, de la métallurgie paraissent affermir. Une activité guerrière qui s’exprime dans les éperons barrés, les peintures de période caballine avec homme à terre est un fait nouveau, rarissime antérieurement. Les actes de violences paraissent, en effet, exceptionnels antérieurement : ils sont connus au Pléistocène final dans la vallée du Nil quand l’aridité y précipitant les peuples, y a entraîné une forte concentration humaine, peut-être, à la même époque, peut-on aussi en voir quelques indices à Taforalt. Dans l’art des Têtes rondes, dans l’art bubalin, dans l’art bovidien, sauf peutêtre dans sa phase finale, rien ne permet d’en suspecter. L’intervention du cheval dans la vie des hommes est une nouvelle composante que seul l’art rupestre a, jusqu’alors, permis d’approcher. Devenu compagnon de l’homme au cours du 2ème millénaire, ses représentations dans les peintures sahariennes y ont donné lieu à la création d’une période, caballine ou équidienne selon les auteurs, dont aucun élément matériel n’a été retrouvé avec certitude. L’importance du cheval pour les populations africaines s’exprimera au 1er millénaire av. J.-C. dans les ex-votos des monuments funéraires à chapelle des marges du Sahara septentrional ou dans la cavalerie numide du Tell ; au Sahel, elle se lit plus tardivement dans la statuaire du Niger datée du 1er millénaire ap. J.-C. Il disparaîtra peu à peu sous la pression du désert, supplanté par le chameau qui, lui non plus, n’a guère laissé de traces dans les vestiges matériels.

La population Les composantes anthropologiques connues jusqu’alors se retrouvent au Néolithique récent, mais leur répartition est modifiée. Une population mechtoïde subsisterait dans le Tell : A. Debruge lui rapporte les restes retrouvés dans la grotte d’Ali Bacha. Le nord du Mali se dépeuple au profit de l’ouest où une population mechtoïde a été identifiée au Sahara atlantique et, au cours du 1er millénaire, aux Canaries. Un individu a été récemment trouvé en Ahaggar, dans le monument construit sur le site néolithique de Tan Ainesnis. Un glissement vers le sud est traduit par la présence d’une population semblable, connue à Kobadi, dans le delta intérieur du Niger, aux alentours de 3300 B.P. (1550 av. J.-C.). Disparaît-elle ensuite totalement comme le proposent M. Raimbault et O. Dutour ? Migre-t-elle encore plus au sud, se retrouvant à Ounjougou ou Fanfanniékéné, vers 2600 B.P. (700 av. J.-C.), comme le propose E. Huysecom ?

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Sahara préhistorique Au Sahara central, un peuplement négroïde se maintient ; il est présent à Tam II. Il se retrouve dans le Sahara occidental, G. Thilmans l’a identifié en Mauritanie à Oum Arouaba, Nouaferd. A Khatt Leimaïteg, Ch. Cluzel le rapproche des populations noires graciles actuelles telles les Peuls ou les Somalis. A l’est, il en sera fait mention dans les monuments funéraires de l’oued el Agial occupé vers 2400 B.P. (500 av. J.-C.) par les Garamantes. Une population méditerranéenne a été reconnue à Ine Sakane par O. Dutour, à Iwelen par F. Paris où sa présence cadre bien avec l’hypothèse d’une population « paléoberbère » ayant migré du nord maghrébin vers le sud. Sa présence est tangible en fin de Néolithique dans les peintures du Tassili n’Ajjer et de l’Akakus sous l’aspect de personnages très typés dénommés « Libyens »1. La vallée du Nil égyptien se singularise avec les restes d’une population exclusivement de type éthiopien livrés par les nombreux cimetières du Néolithique récent, type qui se retrouvera dans les populations historiques de Haute Egypte. Les débats quant à l’origine, négroïde ou non, des populations de l’Egypte ancienne qui ont alimenté le colloque du Caire en 1974, soulignent l’imprécision qui règne encore à propos de ce type. Un début de solution vient des études d’ADN effectués sur les populations d’Adaïma datées du 4ème millénaire, qui font valoir leur apparentement aux populations sub-sahariennes. Cette suprématie du type éthiopien résulterait pour les uns d’un apport nouveau, une migration, pour d’autres, d’une sélection d’origine encore inconnue et qui pourrait être liée à un isolement génétique procédant de la hiérarchisation de la société. A Nagada, les particularités notées sur les individus issus de l’un des cimetières traduiraient plutôt un lignage (l’élite) qu’une émigration. L’espérance de vie, qui a pu être calculée à Tintan, la montre très basse, 30 ans et partout, les restes d’enfants sont fort nombreux.

L’habillement et la parure Des informations directes venant des nécropoles de la vallée du Nil s’ajoutent à cette époque aux indications livrées par l’art rupestre. Les tombes badariennes qui ont conservé des vêtements en peau, montrent qu’ils se portaient poils à l’intérieur. L’étui pénien en peau de chèvre y est alors courant. Le port de vêtements en lin est probable à Mérimdé Beni-Salamé, où cette plante était cultivée et où la découverte de fusaïoles rapporte la pratique du filage. 1 .. Les sources égyptiennes mentionnent divers groupes susceptibles de correspondre à ce terme et qui augmentent leur pression sur la vallée au fur et à mesure que l’aridité s’accroît. Les Tehenu, nom qui serait la première dénomination des Libyens, hommes à barbiche, conservant une mèche de cheveux, portant étui phallique, double baudrier croisé, plumes (d’autruche ?) dans la chevelure, se seraient installés dans le delta et sur le bord occidental de la vallée jusqu’à Memphis, vers 3500-3200 av. J.C., ils pratiquent l’élevage, s’acculturent et il paraît possible que Ounas, le dernier pharaon de la V° dynastie en soit issu. Les Lebu (ou Rebu) fourniront l’ethnonyme “Libyen”, vers 2500-2400 av. J.-C. Les Mashaouash, (= Meshouesh, qui, pour certains auteurs, pourraient être les Mazyes, nomades de Libye dont parle Hérodote) seraient venus du littoral libyen ou du Sahara central ; éleveurs de chevaux, ils possédaient des armes de bronze semblables à des poignards du Bronze moyen européen. Les Temehou qui vivaient à l’ouest de la Quatrième Cataracte, auraient fondé le Groupe C vers 2500-1600 av. J.-C. ; à peau claire, yeux souvent bleus, ils portent une cape qui dégage une épaule, des plumes sur la tête et leur chevelure revient en une longue natte sur la poitrine. Pasteurs nomades, ils auraient d’abord pris le contrôle des oasis jusqu’au Darfour.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie Les peintures de fin de période bovidienne montrent les hommes revêtus d’une grande cape qui dégage l’épaule gauche. Ces figures de « Libyens » rappellent les Temehou, qui, pour certains auteurs, seraient les hommes du Groupe A, porteurs d’une cape semblable ; plus tard, les hommes du Sahara porteront une courte jupe identique au vêtement de peau dont de jeunes Touaregs étaient revêtus au début du 20ème siècle. Les femmes revêtent le plus souvent une longue robe moulante, volontiers fendue devant, aux manches courtes, genre ballon. Dans une phase plus récente, de longues chasubles raides qui pourraient être particulières aux enfants, évoquent des « kachabias » par leur forme et leurs bandes verticales. Il semble qu’une ou plusieurs plumes étaient plantées dans la chevelure, c’est ce qu’indiquent les représentations gravées de chasseurs au wadi Hammamat et de nombreuses peintures du Sahara central. Des ateliers spécialisés dans la fabrication de perles comme ceux du Tilemsi soulignent l’importance de la parure, sa présence fréquente et parfois abondante dans certaines tombes renforce son intérêt ; or force est de constater qu’elle n’est alors quasiment pas représentée sur les figures rupestres.

L’habitat Une des innovations du Néolithique récent est la construction en pierre. Elle est connue vers 4000 B.P. (2500 av. J.-C.) dans le Sahara occidental où les bâtis sont organisés en villages non hiérarchisés, sans que l’on ait encore pu saisir les causes de cette innovation. L’unité est l’enclos qui couvre des surfaces variables, dont la moyenne est de l’ordre de 500 m2 et qui peut s’adjoindre des enclos secondaires ; à l’intérieur s’individualisent ce que A. Holl a nommé « maisons », espaces délimités par des piliers calés par de gros blocs, avec, entre les piliers, des alignements de blocs définissant des quadrilatères d’une longueur moyenne de 5 m, ouverts sur un petit côté et qui s’organiseraient autour d’un foyer commun. Dans ces espaces, la disposition de meules et molettes d’une part, d’enclume, nucleus, percuteurs d’autre part, traduirait, pour le même auteur, une division sexuelle du travail, la fabrication d’outils étant le témoin d’activité masculine, la meunerie d’activité féminine. L’enclos serait une unité résidentielle de base, habité par une unité familiale large et chaque maison serait occupée par une famille nucléaire. Certains villages montrent aussi une conception politique de l’espace avec un début d’urbanisme : de rares rues serpentent entre des quartiers formés de nombreux enclos juxtaposés, l’une débouche parfois sur une place. Si rien dans l’architecture ne traduit une quelconque hiérarchie, mis à part l’importance de certains enclos, A. Holl la lit dans l’occupation stratégique de l’espace, avec de petits villages limités à quelques enclos, d’autres vastes pouvant en compter plusieurs centaines, jusqu’aux environs de 600 à Dakhlet el Atrouss, le plus étendu. Dans la vallée du Nil, les premières constructions en dur apparaissent aussi vers le milieu du 3ème millénaire en Nubie, mais témoignent d’une conception autre. Ce sont des lieux de culte, des dépôts de marchandises ou un habitat destiné au seul chef. A Sayala, dans le Groupe A, la maison du chef est rectangulaire, comporte plusieurs pièces ouvertes par plusieurs portes. Dans la basse

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Sahara préhistorique vallée, les regroupements d’habitat ne traduisent pas de suprématie. A Mérimdé Beni-Salamé, une amorce d’urbanisation se dessine avec un espace vide long de près de 80 m pouvant évoquer une rue sinueuse, bordée de huttes de part et d’autre ; on a pu voir une sorte de drainage dans une dame-jeanne enterrée au point le plus bas. Des huttes ovales couvertes de roseaux, de 1,5 à 3 m, avaient des murs en pisé sur 1 m de haut. Elles étaient enfoncées de plus de 50 cm dans le sol, l’accès à l’intérieur était facilité par une marche faite d’un tibia d’hippopotame. D’autres huttes étaient en bois. De simples auvents en ellipse étaient réalisés en tiges de roseaux réunies entre elles par un lien et soutenus par des poteaux. Des silos creusés dans le sol, aux parois tapissées de paille tressée, des jarres à provision enfouies jusqu’au ras du sol se trouvaient à proximité. De faibles dépressions, de 4 m de diamètre, revêtues de nattes ont été interprétées comme des aires de battage. Certains des nombreux foyers identifiés possèdent des sortes de cônes en limon qui servaient à surélever les marmites ainsi qu’on peut le voir sur une peinture de l’ancien Empire. Maadi conserve un habitat comparable à celui de Mérimdé Beni-Salamé. A côté de huttes ovales, d’abris en fer à cheval, existent des habitations circulaires ou rectangulaires creusées dans le sol, disposant d’escaliers, couvertes d’un toit reposant sur des poteaux1. En nombre d’endroits se maintiennent des regroupements exclusivement de huttes en matériaux périssables dont ne restent que des bases de poteaux. Au wadi Shaw, elles ont 3-4 m de diamètre et sont ouvertes au sud ou au sud-ouest. Un foyer peut se trouver à l’intérieur et, parfois, un trou de stockage.

L’économie Sous la pression de la désertification, une partie des troupeaux quitte le Sahara tandis que le nomadisme s’y déploie et que la composition des troupeaux se modifie, s’appauvrissant en bovins, s’enrichissant en caprins et ovins, jusqu’au moment où ces derniers eux-mêmes ne subsisteront que difficilement et les camelins deviendront la richesse du Sahara. Les troupeaux chassés du Sahara glissent vers le sud où l’aridité qui assèche les marécages, fait disparaître les parasites tels que la mouche tsé-tsé. Dans le delta du Nil, le mouton connaît une position privilégiée. L’agriculture se développe au Sahara méridional où le Hodh apparaît comme un foyer de culture du mil. La présence de cuillères pourrait y rendre compte d’une modification de l’alimentation, en évoquant l’idée de bouillies. La vallée du Nil, outre diverses espèces de céréales, diverses variétés de blé, produit des fèves, des pois, des lentilles, du lin… Dans le sud de la vallée et dans l’Akakus, différentes espèces de dattiers ont été identifiées. Selon les cultures, même dans la vallée du Nil, ces activités laissent une part plus ou moins large à la chasse et la cueillette2. Des activités saisonnières sont présumées dans le Hodh par A. Holl. Il interprète ainsi les différences observées dans les dégraissants des poteries, plus de 60 % d’empreintes de Pennisetum dans celles qui proviennent des villages, moins de 3 % dans celles provenant des dépressions dunaires où les empreintes 1 .- Certains auteurs y voient une influence palestinienne. 2 .- Le Gerzéen pratiquait la cueillette des olives.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie de plantes sauvages, Panicum lætum, Cenchrus biflorus, Brachiaria deflexa, atteignent plus de 60 %. En saison sèche, les populations se déplaceraient vers les points d’eau et pratiqueraient le ramassage de graines sauvages ; à la période des pluies, elles occuperaient les villages. P.J. Munson interprétait les mêmes données comme un processus progressif de domestication du mil. Les données chronologiques ne sont pas suffisantes pour privilégier l’une ou l’autre de ces hypothèses. Le développement des activités de production semble avoir créé une dynamique nouvelle par la multiplication des échanges devenus un véritable négoce. Les amas de grattoirs, de pièces foliacées trouvés à Gara Tchia Bo supposent non seulement une fabrication « en série », mais aussi un colportage. Des ateliers spécialisés dans une production s’installent ; dans la vallée du Tilemsi, une fabrication de perles, typique de chaque atelier, traduit probablement une société fortement structurée et une population aisée. Parallèlement, dans le Nord du Niger, la métallurgie est le fait d’artisans itinérants. Dans la vallée du Nil, les zones de stockage se multiplient, leur importance s’accroît. L’ampleur que le commerce y acquiert, est marquée par les installations de magasins près du fleuve, les gravures de barques qui indiquent un trafic par voie d’eau. Vers 4800 B.P. (3550 av. J.-C.), Maadi était occupé par une population de commerçants qui étaient aussi des agriculteurs, éleveurs et à l’occasion des chasseurs ou pêcheurs. Le Badarien pratiquait l’art de la glaçure ; une hypothèse qui prend de plus en plus d’assise rapporte l’invention de la métallurgie du cuivre à cette pratique. Il appréciait un émail bleu turquoise dont il recouvrait de nombreux objets. Une demi-perle émaillée ainsi, découverte dans le Sahara septentrional à Oued Labied, pose la question de leur dispersion. Pour J. Leclant, il s’agirait soit d’une pièce d’origine égyptienne tardive, soit d’une imitation provenant d’un lieu non identifié. Hors la vallée du Nil, peu d’éléments de métallurgie subsistent, ainsi au Maghreb, on compte à peine une dizaine de haches qui sont les pièces les plus fréquentes et on ignore le contexte de la plupart. Utilisée essentiellement pour la fabrication de bijoux et d’armes, la métallurgie favorise de nouveaux comportements, une nouvelle société que tout donne à penser reposer sur la force. Les scènes de bataille se multiplient en effet dans l’art rupestre alors que l’usage de l’épée qui aurait été introduite au Sahara au 2ème millénaire par les peuples de la mer, développe le corps à corps. L’importance de la sidérurgie à Méroé a longtemps soutenu la thèse d’une origine orientale du fer par migration des métallurgistes le long de la zone subsaharienne ; celle d’une diffusion à travers le Sahara à partir de la côte méditerranéenne où les Phéniciens l’auraient fait connaître, proposée par R. Mauny, était moins courante. Or la métallurgie du fer est précoce au Sahara méridional : alors que le cabotage phénicien est daté du milieu du 2ème millénaire, Méroé du 1er millénaire -le fer intervenant en Egypte vers 1100 av. J.-C.-, que l’Europe occidentale n’en ferait usage que vers 800 av. J.-C., Do Dimmi et Egaro remontent au-delà de 2000 av. J.-C. Ces données ne permettent plus de soutenir l’hypothèse d’un foyer primitif au Caucase ou en Mésopotamie où il est connu

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Sahara préhistorique vers 1700 av. J.-C., ni en Anatolie où il est attesté vers 1800 av. J.-C.1. De tels éléments confortent les propos d’auteurs comme C.A. Diop, J. Ki-Zerbo ou H. Lhote qui voyaient un foyer primaire de la sidérurgie en Afrique. En Méditerranée, la navigation bien attestée au Néolithique moyen par les importations d’obsidienne d’une part, la présence de Néolithique cardial d’autre part, l’est alors par la céramique campaniforme que l’on retrouve jusqu’au sud de Casablanca et par le peuplement des Canaries, probablement au 2ème millénaire. Peut-on parler d’un commerce entre les deux continents, l’africain et l’européen ? L’œuf d’autruche et l’ivoire que l’on trouve dans le Chalcolithique espagnol argumentent dans ce sens bien que l’impact européen paraisse plus prononcé que l’impact maghrébin avec l’importation d’objets métalliques, pointes type Palmela, hallebardes type El Argar ou Carrapatas, fréquemment figurés dans les gravures de l’Atlas marocain, par celle de poterie, même si l’on admet de plus en plus que nombre d’entre elles sont des copies de fabrication locale. A ces contacts ibérico-portugais, se substituent plus à l’est, des relations avec la Sicile et l’Italie traduites dans l’implantation de dolmens, de haouanet le long du littoral, et dans des céramiques carénées à fond plat et décor peint.

Les pratiques funéraires Partout, l’inhumation en dehors de l’habitat se développe, elle se généralise dans la vallée du Nil où l’archéologie funéraire fournit l’essentiel des informations. Cette suprématie du domaine des morts qui, dans les temps historiques, y prendra une ampleur rarement égalée, traduit l’une des assises de la société égyptienne, une vie post-mortem, éternelle, plus importante que la vie sur terre. Le concept de personnalité faite d’éléments multiples se traduit, lui, par des cénotaphes ou des tombeaux multiples renfermant chacun une partie du mort. Des cimetières comme ceux de Kadruka, d’El Kadada témoignent d’une hiérarchisation de la société, amorce du développement historique. Les inhumations se font dans des fosses dont la profondeur est difficile à établir en raison de la déflation qui peut les amener à l’affleurement et même les faire disparaître ; El Kadada présente un cas très particulier d’inhumations d’enfants en vase, mode qui connaîtra son apogée dans la vallée du Niger au 1er millénaire ap. J.-C. La forme ovoïde des fosses connue au Néolithique moyen reste courante, bien qu’elles soient circulaires à El Kadada. Les parois de tombes peuvent être bordées de pierres, c’est le cas à El Omari, à Hierakonpolis, au Sahara malien, dans le site AZ56 où les 9 tumulus fouillés ont livré le défunt entouré d’un coffrage de dalles avec une ou deux dalles reposant sur sa tête. Au Néolithique récent, comme antérieurement, les fosses peuvent être surmontées ou non d’un tumulus, amas de pierres généralement de faible dimension. A Iwelen, les morts sont enterrés en fosse sous plateforme gravillonnée au Néolithique, en chambre dans des tumulus à cratère postérieurement. A Tintan, souvent, les tombes sont simplement marquées par un Cymbium. A Khatt Leimaïteg, dans 9 cas, un petit dôme de sable coiffé d’un lit de galets et d’éclats de quartz recouvrait la tombe. Au Sahara malien, des tumulus de dimensions très variables, ne dépassant cependant pas 2 m de diamètre et 1,50 m de haut, 1 .- On rapporte souvent aux Hittites, occupants de l’Anatolie, un martelage à chaud du fer vers 1500 av. J.-C.

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie peuvent la recouvrir ; ce sont le plus souvent de lourdes dalles surmontées de pierres plus petites. Des cercles de pierres peuvent limiter le tumulus ; dans l’erg Ine Sakane, à AZ15 et AZ56, le cercle était double et, au sommet de l’un des tumulus, se trouvait un dallage de petits cailloux colorés. A Chami, quatre tombes complexes sont des tertres artificiels d’un diamètre de 10 à 15 m, de moins de 2 m de haut, parfois encore recouverts d’un pavement de pierres délabré. Les fouilles y ont mis au jour une série de squelettes disposés en couronne. De tels tertres, qui peuvent être de petites dunes fossiles isolées à sommet aplani, s’observent en divers points peu éloignés de la côte atlantique. Généralement, les inhumations sont individuelles, mais quelques cas d’inhumations multiples sont connus. A Chami, où 81 sépultures ont été fouillées, l’une contenait les restes de deux individus, une autre de quatre, dont deux enfants. A Tintan, trois cas d’inhumation double, un d’inhumation triple ont été trouvés sur cent sépultures fouillées. En zone saharienne, une orientation privilégiée n’est signalée qu’à Iwelen, avec, au Néolithique, une orientation est-ouest qui devient nord-sud au postNéolithique. La position la plus courante est le décubitus latéral fléchi. En 1968, étudiant l’ensemble des restes humains alors connus, M.C. Chamla notait la prédominance du décubitus fléchi latéral droit. Cette prédominance ne se retrouve pas à Tintan, où le côté gauche est quasi systématique, alors qu’à Chami, le défunt repose indifféremment sur le côté droit ou gauche. Le décubitus dorsal qui est courant aux Canaries, n’est par ailleurs mentionné qu’à Chami où un individu reposait ainsi, jambes écartées. Un décubitus ventral a été retrouvé à Tintan dans un amas coquillier où le défunt était entouré de fragments de meules. A Tin Lalou, M.C. Chamla signale le cas d’une femme dont la face était contre le sol, les bras repliés et les doigts sur la nuque. Une position assise a été reconnue dans les deux inhumations en pleine terre fouillées dans le site 20 du Tijirit. Une position contractée a été notée à Kobadi. Elle est générale dans la vallée du Nil où le défunt repose sur le flanc gauche, tête au sud, regard à l’ouest, elle se rencontre à El Kadada, El Omari, elle est de règle dans les cimetières badariens et amratiens, se retrouve dans le Groupe A. Auprès de cette pratique, le Gerzéen a également adopté une orientation nord-sud, face vers l’est. Maadi s’en démarque avec le défunt placé sur le côté droit, tête au sud, face vers le nord. Le corps des défunts, mais aussi celui des animaux, a pu être enveloppé dans une natte, un tissu ou une peau d’animal ; certains disposaient d’une enveloppe multiple. Dans le Groupe A, le corps était souvent enduit d’ocre. A AZ15, dans l’erg Ine Sakane, l’enduit restait en traces rouges sur les os et un dépôt d’ocre se trouvait près du défunt. Des pierres ou des végétaux pouvaient surélever la tête à El Omari, pratique qui se retrouve à Tintan et qui a été notée chez les Ibéromaurusiens de Taforalt. La parure est fréquente. Dans la plupart des tombes de Chami, des perles, des pendeloques ont été mises au jour; à AZ15, ce sont des rondelles d’enfilage, mais en AZ56, un seul défunt possédait des éléments de parure, rondelles de poterie, perles en test d’œuf d’autruche et quartz, labret en quartz. A Chin Oraghen site 105, des bijoux en cuivre ont laissé une trace colorée sur les os. Dans la vallée du Nil, les éléments de parure sont courants dans le Badarien et

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Sahara préhistorique le Groupe A avec des perles, des pendeloques et des plumes d’autruche. A El Omari, la parure était faite de coquillages venant de la Mer rouge, de perles en test d’œuf d’autruche, de galets percés. A Iwelen, la parure ne se retrouve qu’après le Néolithique. Le mobilier est pauvre, manque bien souvent dans la zone saharienne : à Tam II, il consistait peut-être en trois tessons, à Dkhraïna, en une poterie, à Chami, par deux fois une cyprée a été placée au sommet du crâne, et dans deux autres tombes un cône perforé à hauteur du bassin. A Iwelen, le défunt est accompagné de meules, molettes et poteries semblables à celles trouvées dans l’habitat. A l’inverse, la vallée du Nil possède des tombes ayant volontiers un riche mobilier, à El Omari, un petit vase se trouvait près de chaque mort et des cornes d’ibex étaient associées à un enfant, des fleurs à un autre défunt. Le mobilier est particulièrement riche dans le Groupe A où il paraît lié à la position sociale du défunt. Il consiste en grandes jarres en céramique, pièces de silex à taille bifaciale, bols de pierre, palettes de schiste, massues tronconiques et objets divers en cuivre ; des plaques de mica sont vues comme des miroirs. Plus modeste dans les cimetières badariens, le mobilier s’y limite parfois à un vase, une palette. Les défunts y sont souvent accompagnés de crânes animaux ou d’amulettes qui en représentent. La pratique d’inhumations animales connue en zone saharienne au Néolithique moyen, se retrouve à Afunfun, Chin Tafidet, In Tuduf et se développe. Elle a été identifiée dans la nécropole de Rouazi au Maroc. Elle devient de première importance dans la vallée du Nil où la culture badarienne a inhumé de nombreux animaux, chiens, chats, moutons, chèvres, bœufs, antilopes, chacals…. Elle s’y perpétue dans les cultures suivantes.

L’art L’art mobilier s’enrichit de nombreuses pierres-figures, de figurines en terre cuite (fig. 68). Elles paraissent fréquentes dans le Sud saharien avec des pièces zoomorphes, anthropomorphes ou phalliques retrouvées dans l’Ighazer (Orub, Sekiret, In Tuduf), dans la vallée du Tilemsi, le Hodh où elles sont volontiers associées à la métallurgie du cuivre. Sur les tests d’œuf d’autruche ne figure pas seulement un décor géométrique, des tracés animaliers proviennent du Sahara atlantique. J. Mateu et M. Almagro Basch en ont trouvé figurant un addax dans la région de Tarfaya, D. Grébénart a identifié un oryx sur une coquille d’Izriten et obtenu la date de 2790 ± 105 B.P. (Gif2652) (1100-830 av. J.-C.) pour un fragment du même œuf. A Tarentule III en Iguidi, H. Choumovitch en a reconnu plusieurs dont l’identification est difficile. L’art rupestre de cette période marque une évolution graphique nette, il devient géométrique. Il utilise plus volontiers les droites que les courbes, privilégie les formes anguleuses. La période caballine s’épanouit, marquée, au Tassili n’Ajjer, par des chars attelés de deux chevaux au galop volant. Les peintures de cette période sont faites à l’ocre rouge clair ou violet et quoique plus récentes que les peintures bovidiennes, sont souvent mal conservées. Au Tassili n’Ajjer, la représentation de la tête se ramène à un étroit rectangle, cette forme n’est peut-

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Néolithique récent et apparition de la métallurgie être que résiduelle, une auréole blanche qui paraît sur certaines figures, donne à penser qu’elle a pu disparaître, sauf à y voir un signe distinctif. En Téfédest, un petit personnage à tête géométrique, au sommet en V renversé, souvent associé à des bovins de petite taille et à des signes, caractérise l’art peint. Dans le Hodh, les bovins ont généralement des pattes et des cornes filiformes, une robe rayée ou quadrillée. C’est en particulier le cas d’une figure d’Akreijit mesurant 4 m de long sur 2 m de haut, aux cornes en lyre, portant une pendeloque sous le cou. Les bovins y sont gravés sur des rochers à l’intérieur des enclos, sur la falaise ou rejetés à la périphérie du village pour les plus récents. Aux Canaries, l’art est essentiellement faits de quadrillés, rectangles, ovoïdes, à Tindaya de pieds et sandales, à La Palma de nombreux motifs circulaires, à El Hierro de signes géométriques et zoomorphes, dans la Grande Canarie, figurent des équidés et des

Fig. 68 – Vallée du Nil. Figurines :1) grès de Kadruka ; J. Reinold fait remarquer la maîtrise de l'artisan qui a rendu la féminité du personnage sans le moindre détail anatomique ou attribut sexuel ; 2, 3) terre cuite de Kadada. (d'après Reinold, 2000).

anthropomorphes ; ces tracés s’accompagnent souvent de caractères assimilés aux caractères tifinaghs du Sahara. En Aïr oriental, un personnage très conventionnel (fig. 79), en pied, de face, à corps bitriangulaire en raison d’une courte tunique serrée à la taille, membres grêles, tête hypertrophiée surmontée de trois petites pointes, qui est dite « en tulipe », est fréquemment gravé. Il tient en main une lance qui, d’après les auteurs, serait la réplique de celles qui furent trouvées dans l’habitat d’Iwelen et souvent un petit bouclier rond ou rectangulaire. Il peut être associé à des chars et à une faune de girafes et d’autruches. Dans le bassin du Nil, les gravures du wadi Hammamat figurent de nombreux personnages, des bovins, des bateaux qui appartiennent à diverses époques, à El Kab des gravures schématiques, piquetées, reproduisant des éléphants, bouquetins, chèvres sont rapportées au Badarien par D. Huyge.

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Sahara préhistorique

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Au Néolithique récent, le peuplement traduit toujours la présence de divers types humains, mais avec une nouvelle répartition. Au Sahara central, un peuplement négroïde se maintient, certains auteurs le retrouvent en Mauritanie où, gracile, il offrirait des traits évoquant les populations peules ou somalies. Des éléments mechtoïdes subsistent dans le Tell ; ceux du Nord Mali migrent vers l’ouest et le sud. La population méditerranéenne se déploierait vers le sud, elle occuperait les îles Canaries tardivement, vers le 1er siècle av. J.-C., y introduisant l'écriture tifinagh. La vallée du Nil connaîtrait alors un peuplement de type éthiopien montrant de notables divergences avec ses prédécesseurs et qui serait identique au peuplement historique de Haute Egypte. En zone saharienne, le pastoralisme reste l’assise de la société, maintenu par le déploiement du nomadisme. Le Tell manque de données. L’agriculture intervient dans la vallée du Nil et au Sahara occidental, dans le Hodh, avec un foyer de culture du mil. Le développement des activités de production est à l’origine d’un véritable négoce probablement accentué par l’intervention de la métallurgie et le développement de la navigation. L’habitat connaît d’importants changements avec des constructions en pierres. Dès 2500 av. J.-C. un début d’urbanisme intervient dans le Sahara occidental avec les villages du Hodh où de rares rues serpentent entre les murs de pierres de nombreux enclos juxtaposés. A la même époque, la Nubie construit en dur des lieux de culte, des dépôts de marchandises, l’habitat des chefs ; en Egypte, d’importantes agglomérations en pisé se constituent dans lesquelles une amorce d’urbanisation peut se dessiner. Les inhumations hors de l’habitat deviennent courantes, elles sont généralement individuelles, faites dans des fosses qui peuvent ou non être surmontées d’un monument. Les corps reposent plutôt en position fléchie sans orientation privilégiée dans le Sahara, le plus souvent en position contractée, sur le côté gauche, tête au sud, regard à l’ouest dans la vallée du Nil. Les inhumations animales prennent de l’importance dans la vallée du Nil. Humain ou animal, le mort peut être enveloppé de linceul : peau, natte... L’importance de la parure et du mobilier dans la vallée du Nil a conduit au développement de l’archéologie funéraire qui supplante alors l’étude des habitats. Cette importance se rattache à l’une des assises de la société égyptienne, une vie post-mortem, éternelle, plus importante que la vie sur terre. L’art rupestre marque alors une évolution majeure qui conduira à l’écriture. Il devient géométrique, utilise volontiers les droites, privilégie les formes anguleuses, stylisées, les transforme en signes jusqu'à devenir alphabet. 396

Néolithique récent et apparition de la métallurgie Dans le M’zab, les gravures de Beni Isguen1 qui dateraient de l’Age du Bronze sont des tracés essentiellement non figuratifs, surtout des formes en U, en arcs, mais aussi quelques armes blanches, obtenus par piquetage à l’aide d’un instrument métallique qui a également produit des pastilles de 3 à 4 cm de diamètre. Au Maroc, existent des cercles, des rectangles et des signes d’identification souvent difficile. Des chars sont figurés dans le Yagour. Les représentations humaines sont rares, stylisées, fréquemment en relation conflictuelle. Cet état est souligné par les figurations d’armes qui sont le thème majeur des représentations de l’Atlas. Elles sont le plus souvent isolées, gravées en désordre, sans relation entre elles, valorisées par leur dimension, donc représentées pour ellesmêmes.

Un dérivé de l’art, l’écriture Vers la fin du 4ème millénaire, apparaissent les premières écritures. En Egypte, se développe l’écriture hiéroglyphique faite de signes symboliques qui seront d’abord strictement utilisés à la gloire d’individus. Si, à la suite des nombreux travaux qui leur ont été consacrés, on commence à bien connaître ce mode d’expression, il n’en est pas de même du libyque qui se développe au Maghreb ou du tifinagh, sa forme saharienne, bien que ce dernier s’écrive encore. Le libyque, écriture alphabétique consonantique d’une trentaine de signes, qui ne sépare pas les mots, est mal daté. S. Chaker estime qu’il aurait perduré, au moins jusqu’à la fin de l’Antiquité. Mais on ne connaît guère ses débuts, seule une inscription gravée aux Azib n’Ikkis dans le Haut Atlas marocain, aujourd’hui détruite, a pu être rapportée par G. Camps antérieurement au 6ème siècle av. J.-C. Le libyque fut d’abord vu comme un dérivé du punique ou du phénicien (la plus vieille écriture alphabétique après celle d’Ougarit), lequel aurait été répandu par le négoce, en particulier en Afrique du Nord. Or, de plus en plus, seules des interférences paraissent probables, le libyque semblant trouver une origine autre. Il emploie en effet des lettres anguleuses et non des signes tout en courbes comme le punique, il s’écrit à la verticale et non à l’horizontale, quant au tifinagh actuel, il s’écrit dans n’importe quelle direction, le sens de la lecture étant donné par l’ouverture des lettres. S. Chaker rejoint P. Février, G. Camps, pour qui le libyque viendrait d’un vieux fond de tatouages, de marques locales de propriété, de l’art rupestre. K. Ouazzar Merzouk l’illustre en dégageant un certain nombre de formes géométriques présentes dans les gravures de l’oued Djerat qui ont une correspondance presque parfaite avec certains signes libyques. T. Mebarek Slaouti qui a mené une longue étude sur de tels rapports, va beaucoup plus loin. Retrouvant les premiers graphes conduisant au libyque dans l’art bubalin dont l’art des Têtes rondes ainsi que dans l’art capsien2 et accordant à l’art, la valeur de message linguistique, sa symbiose avec des signes 1 .- Il faut souligner l’intérêt et l’originalité du comportement de l’Agence foncière de Bounoura, en charge des travaux d’extension de la ville, dont le directeur, A. Bankih, a fait appel aux préhistoriens afin d’intégrer cet art dans la nouvelle ville et assurer ainsi sa conservation. 2 .- « A partir du cercle -lune et soleil-, du croissant de lune, du trait figurant les rayons solaires et du point, cette écriture s’est constituée depuis la plus haute antiquité » a-t-elle pu écrire.

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Sahara préhistorique abstraits l’amène à conclure que l’écriture libyque serait « une écriture d’essence divine » où les divinités astrales joueraient un « rôle primordial ». Fraction saharienne du libyque, le tifinagh le plus ancien est associé au cheval, sans que l’on puisse préciser son âge. Au Sahara central, son association à un cheval monté à Tiror, avait conduit à le rapporter à cette phase de l’art ca ballin quand on croyait que la cavalerie avait succédé à la charrerie. La remise en cause de cette succession1 ne prive pas réellement d’indices ; de nombreux auteurs ont noté en effet sa fréquente association avec la phase à personnages bitriangulaires de la période caballine et, en Aïr, J.P. Roset rapporte les caractères les plus anciens au Caballin final. L’alphabet tifinagh comporte 26 signes2 dont 23 consonnes ; comme le libyque, outre cette quasi-absence de voyelle, il ne compte pas de coupure entre les mots. A de rares exceptions près, cette écriture utilise les mêmes signes que le tifinagh moderne mais ne peut être confondue avec lui. Sur les roches sahariennes, le tifinagh ancien se distingue par ses traits fins aux bords nets ; le tifinagh moderne, volontiers tracé à l’aide de charbon ou d’un bâton d’ocre, a un trait en général épais, à bords irréguliers. Malgré une même graphie, la valeur des signes a changé. H. Lhote distinguait deux catégories. La plus ancienne, totalement indéchiffrable, accompagnerait les chars. L’autre qui figure en contexte camelin, serait partiellement comprise par les populations actuelles ; elle remonterait au moins au 5ème siècle ap. J.-C., moment supposé de la disparition du libyque, ailleurs, en Afrique du Nord. Actuellement, le tifinagh est transmis par les femmes, les jeunes enfants l’apprenant de leur mère. Certains auteurs voient dans l’utilisation de ce terme par les Touaregs pour désigner les images rupestres, un indice de continuité avec l’art rupestre.

1 .- Cf p. 387. 2 .- Ce nombre varie de 23 à 27, le nombre de voyelle variant selon les régions.

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1a.- Faitalas. Tassili Ajjer. Archer en position de tir. Période bovidienne (?). Cl. S.A. Kerzabi.

1b.- Baidakoré. Tassili Ajjer. Elephant et son petit. Cl. G.A.

2a – Iheren.Tassili Ajjer. Bovins blancs. Scène de monte ? Période bovidienne. Cl. S.A. Kerzabi.

2b – Iheren. Tassili Ajjer. Abri Khen. Vache vélant, bovin à rayure et personnages. Période bovidienne. Cl. S.A. Kerzabi.

3a – Tissoukaï. Tassili Ajjer. Personnages groupés par deux, ils offrent des profils comparablesdans des styles très différents. Période bovidienne. Cl. H.Lhote.

3b - Ouan Bender. Tassili Ajjer. L'un des palimpsestes les plus riches d'œuvres rupestres du Tassili n Ajjer. Les peintures pivoine, blanches ou à contour blanc appartiennent à la période têtes rondes, les peintures brunes à la période bovidienne. On notera leur plus grand dynamisme. Cl. H. Lhote.

4a - Sefar. Tassili Ajjer. Sanglier suité et saut initiatique au-dessus du taureau. Période bovidienne ? Cl Choppy.

4b - Tin Hanakaten. Tassili Ajjer. Saut au-dessus du taureau et procession. L'original est de période têtes rondes (il en reste, entre autre, une partie de personnage vers le milieu de la procession et un postulant de ton plus clair), une reprise soigneuse souligne l'importance que la cérémonie conservait à la période bovidienne. Cl. M.T.

5a - Assadjou ouan Mellen. Tassili Ajjer. Bovin porteur. Période bovidienne. Cl. M. T.

5b – Iheren. Tassili Ajjer. Montage de la tente. Période bovidienne. Cl. M. T.

6a – Markawandi. Tadrart. Les nombreuses représentations de récipients (poterie ou calebasse) qui couvrent cette paroi sont oblitérées par deux bovins. Période bovidienne. Cl. M. T.

6b.- In Djeran. Tadrart. Bovins couchés, une position rare dans l’art rupestre. Période bovidienne. Cl. G.A.

7a – Tin Aressou. Tassili Ajjer. Personnages autour d'un pot, on notera le nœud pour maintenir le laçage des chaussures. Période bovidienne. Cl. M. T.

7b – Wadi Teleschut. Messak. Personnages et bovins. Période bovidienne. Cl. M. T.

8a – In Djerane. Tadrart. Girafe mettant bas. Période bovidienne. Cl. G. A.

8b - In Djerane. Tadrart. Troupeau d’éléphants, alors qu’habituellement les éléphants sont figurés isolés, ils sont volontiers en troupeau dans cette région. fréquents dans cette région. Période bubaline avec reprise bovidienne. Cl. M. T.

9a – Wan Zawaten. Tadrart. Bovins en semi bas relief ou double trait. Période bovidienne. Cl. G. A.

9b - In Djeran. Tadrart. Fauve rendu par évidage. Période indéterminée. Cl. O. Bonis.

10a – Ifadaniwan. Tassili Ajjer. Chars au galop volant. Période caballine. Cl. M. Beddiaf.

10b -  Akhourout. Tassili Ajjer. Bataille ou simulacre ? Le bouclier rond qui dispose à l’arrière de deux tiges amovibles glissant le long de l’écu et pouvant être plantées en terre ou faire du bouclier une arme, est utilisé actuellement en Afrique du Sud. Période caballine. Cl. A. Sèbe.

11a – Tamadjert (Tassili n Ajjer). Partie du plafond de l'abri principal à nombreux personnages dont les têtes sont réduites à un bâtonnet ou manquent, et char au galop volant. Période caballine. Cl. K.H. Striedter.

11b - Ibandradj. Tadrart. Attaque d’une caravane ? Période cameline. Cl. M. Bediaf.

12a – Oued Tehadj. Tassili wan Ahaggar. Chameaux, petit personnage et hutte. Période cameline. Cl. M. T.

12b - Ayou I. Ennedi. Chameaux montés. La tête des personnages préfigure ce qui sera la forme en tulipe. Période cameline. Cl. C. Staewen.

13a - Eberer. Immidir. Personnages. Période caballine. Cl. S.A. Kerzabi.

13b.- Tin Tedert. Tassili Ajjer. Sur grand personnage très estompé de période bovidienne (?)chasseurs armés de lance ; des couleurs, accoutrements et coiffures différents marquent peut-être un rôle différent. Période caballine. Cl. S.A. Kersabi.

14. Iheren. Plafond de coupole couvert de bovins. Période bovidienne. Cl. S.A. Kersabi.

15a - Abri Marmier (Fadnoun). Archers et hutte. On notera l’élégance du geste de celui qui est accroupi. Cl. G.A.

15b.- Baïdakoré. Tassili Ajjer. Des personnages isolés ou en file, marchant à grands pas, sont un motif favori de la période bovidienne finale. Ici, ils oblitèrent un bovin monté par une femme, sujet courant lui aussi à une phase antérieure de la période bovidienne. Une microscopique pellicule calcaire en recouvre une partie. Cl G.A.

16a - Youf Ahaket. Ahaggar. Cheval monté et tifinagh. Période caballine ? Cl. M.T.

16b - In Aglim. Immidir. Personnages assis, conversant (?) et troupeau de bovins. Période bovidienne. Cl. J.L. Bernezat.

Chapitre VII LE DéVELOPPEMENT DE L’ART À L’HOLOCèNE Si le Paléolithique moyen a vu naître l’art, cette activité propre à l’homme, le Paléolithique supérieur le développer, le Néolithique voit une généralisation et une amplification de ses manifestations les plus saisissantes, ses manifestations rupestres. D’une extraordinaire profusion dans le Sahara central où il est particulièrement bien conservé, l’art rupestre ajoute alors de nombreuses peintures aux gravures ; tout donne à penser qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle expression artistique mais d’un problème de conservation comme quelques vestiges de peintures de l’Atlas saharien ou du Rif en témoignent. Cet art peint apporte à l’archéologie des informations inhabituelles, en particulier sur les vêtements, la parure, les activités et les préoccupations. Au Néolithique, l’art mobilier s’enrichit d’un nouveau et important volet, le décor de la poterie. LE DéPLOIEMENT DE L’ART RUPESTRE Art de plein air, qu’il soit gravé ou peint, l’art rupestre est largement répandu en zone rocheuse mais n’est que modestement appréhendé malgré la multitude de publications qui le concerne. Telle qu’elle fut définie au cours de près d’un siècle de travaux, la chronologie de l’art rupestre dans le Nord de l’Afrique (fig. 71) s’appuie sur des apports successifs : superpositions et différences de patine entre les figures, thèmes animaliers et notion de fossile directeur, notion de style bien que souvent peu formalistes, et, plus récemment, l’analyse typologique, ont permis la mise en perspective de la chronologie relative. Un certain nombre de datations ante quem et/ou post quem, obtenues le plus souvent grâce à des recouvrements par des couches sédimentaires datées, ont servi d’ancrages en chronologie absolue. Certains auteurs, tel A. Muzzolini, ont contesté le bien-fondé de toute approche chronologique de ces manifestations artistiques et proposent de ne voir dans la diversité des ensembles identifiés que l’expression de la coexistence sur le même territoire de groupes humains -supposés nomades-, certains éleveurs, d’autres chasseurs-cueilleurs, durant le Néolithique moyen. Cette hypothèse, reposant essentiellement sur une relecture des superpositions et l’exclusion des patines, posait ainsi la question de la valeur de ces critères. A la lumière des ré-

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Fig. 69 - Sites d’art mentionnés

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Développement de l’art sultats les plus récents de la recherche, elle ne saurait plus être prise en compte, de même que la chronologie extrêmement courte qu’elle propose dans laquelle aucune œuvre rupestre du Sahara ne serait antérieure à l’Holocène moyen. Tous les travaux, en effet, aboutissent à situer les périodes bubaline et têtes rondes antérieurement au bref épisode aride marquant la fin de l’Holocène inférieur et les recherches les plus récentes sur les patines conduisent à rapporter la patine primitive au début de l’aride pléistocène supérieur, donc à accorder un âge supérieur à 20 000 ans aux gravures qu’elle recouvre. Cependant, classification souple, applicable à tout le Nord de l’Afrique y compris le Sahara, mise en évidence par Th. Monod dès 1932, la périodisation de l’art rupestre en quatre grands ensembles, Bubalin, Bovidien, Caballin et Camelin, rend mal compte des spécificités régionales. Ainsi, la période bubaline, la plus ancienne, est, hormis la présence de Pelorovis, souvent définie par l’absence de faune domestique et son antériorité aux périodes suivantes qui en Fig. 69 – Sites et secteurs d'art rupestre cités : 1) Gebel ben Ghnema ; 2) Dor el Gussa ; 3) wadiZigza ; 4) Adrar Iktebine ; 5) oued Mathendous (In Habeter, Tilizzaghen (=Tel Issaghen) ; 6) Oued El Adjal, ouadi Ertan ; 7) Iberjen wan Tabarakat, In Araien III, oued In Djeran ; 8) Tin Hanakaten ; 9) Iheren, Tadjelamine, Tissebouk ; 10) Tikadewine (=Tikediwine) ; 11 oued Djerat (Nafeg, Isakharharet) ; 12) Tamadjert ; 13) oued Eousséli, Tin Temeroualine, 14) Tahaouhaout ; 15) In Tifinagh ;16) oued Feyek ; 17) Tan Kebran, Tin Tefeltassin ; 18) Medaforh ; 19) Timelain, Ahor ; 20) Oued Ouhet, Oued Ahétès ; 21) oued Tagrira ; 22) Tin Tarabine, Youf Ahakit ; 23) Tin Ghergho, Ouan Rechla ; 24) Ti n Missao ; 25) Taouardeï, Tamaradant, Deladjou, Tin Tarbayt ; 26) Egharghar (Issamadanen) ; 27) Oued Mammanet ; 28) Iwelen ; 29) Termit ; 30) oued Tardjié site 12 ; 31) enneri Tiguelluli ; 32) Gonoa ; 33) Fofoda ; 34) Korossom 2, Tigui, Riparo delle Mani, Kla Uenama ; 35) Kozen Michidin, Faruanama ; 36) Ehi Atrun ; 37) Tohil ; 38) Oum el Adam, Toungour, Misty, Guirchi Nialadoia, wadi Dishie ; 39) Hohou, Niola Doa; 40) Karkur Talh ; 41) Gilf Kebir (Aïn Dua wadi Sora) ;42) Geddi, Sabu ; 43) Jebel Gorgod, Abou Hamed, Tnari, Koya, Agula ; 44) Abka, Gorgon ; 45) Batn el Hagar, Tugnan, Dal, Sarkamato ; 46) El Hosh, Jebel Silsila, Qurta ; 47) Ouadi Hammamat ; 48) Kef Tassenga, Chabet el Heulsa, Kef Sidi Salah, Khanguet el Hadjar ; 49) M’zab ; 50) Brézina (Station du Méandre, Hadjra Berrik) ; 51) Ifri n'Ammar ; 52) Yagour (Tizi n’Ghellis, Azib n’Ikkis, Talat n’Isk, Talaisane) ; 53) Rat ; 54) Oukaïmeden (Tifina, Village, Tizerag) ; 55) Taouz ; 56) Tifariti ; 57) El Rhallaouiya ; 58) Tenses ; 59) Amojar ; 60) Aïouneght ; 61) Khadra. Cartouches I - 1) Afa (=Tehe Tin Tan Efiggiag) ; 2) A-Fozzigiart, ; 3) Uan Telocat ; 4) Uan Muhuggiag, Uan Amil ; 5) Ti n Lalan, Ti n Ascigh ; 6) Lancusi. II – 1) Adjefou ; 2) In Aouanghat ; 3) Jabbaren ; 4) Matalen-Amazzar ; 5) In Etouami ; 6) In Itinen ; 7) Sefar ; 8) Tin Tazarift ; 9) Tin Abouteka ; 10) Tan Zoumaïtok ; 11) Ouan Bender ; 12) oued Bedjedj ; 13) Iddo ; 14) Tissoukai ; 15) Takechelaouen ; 16) Ouan Derbaouen. III - 1) Djebel Melias ; 2) Djattou ; 3) Oued Dermel ; 4) Oued Lar'ar ; 5) Taghit-Tatania ; 6) Guelmouz el Abiod ; 7) Rosfat el Hamra men et-That ; 8) R’chem Dirhem ; 9) Garet et Teben ; 10) Garet et Taleb (= Djebel bou Sbaa) ; 11) El Krima ; 12) Oued Seffalou ; 13) Oued Chréa ; 14) Aïn Marshal ; 15) Merdoufa ; 16) El Harhara ; 17) El Hasbaia ; 18) Teniet el Mekam ; 19) Aïn Naga ; 20) Mokhotma ; 21) Feidj Elleben.

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Fig. 70 – Principales cultures holocènes du Sahara et de ses marges.

comportent toutes. A l’échelle du subcontinent nord-africain, cette caractéristique implique, au fil des découvertes, des diachronismes et une hétérogénéité importante de ce groupe : aux figures que l’on a pu attribuer au Pléistocène final1 s’ajoutent divers ensembles situés dans l’Holocène inférieur et liés aux cultures néolithiques débutantes. C’est notamment le cas, au Tassili n’Ajjer et dans la 1 .- Cf t. I.

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Développement de l’art Tadrart, de l’ensemble Têtes rondes, longtemps considéré comme un groupe marginal plus ou moins inséré entre Bubalin et Bovidien qui, avec des représentations de faune sauvage dont Pelorovis et une antériorité toujours attestée sur l’art bovidien, possède les caractères essentiels de la période bubaline tout en montrant des caractères évolutifs annonciateurs du pastoralisme et témoins de l’avancée des processus de néolithisation. Dès le début de l’Holocène moyen, les bovins domestiques s’imposent comme thème majeur de l’art rupestre saharien. Cette large domination thématique confère à cet ensemble bien plus de cohérence et, si l’on perçoit des différences, c’est à travers des glissements chronologiques renvoyant à la détérioration du milieu et une diversité remarquable dans le détail qui traduit la multiplicité des groupes de pasteurs et les limites plus ou moins fluctuantes de leurs territoires. L’apparition du cheval, que la plupart des auteurs situe dans le courant du deuxième millénaire, détermine les débuts de la période caballine. Elle ne s’accompagne pas nécessairement de la disparition du bœuf et peut être bien plus tardive dans certaines régions, tel le massif de l’Ennedi où elle semble contemporaine de l’apparition du chameau. Ce dernier marque le passage à la période cameline que l’on s’accorde généralement à voir débuter peu avant l’ère chrétienne. Comme la précédente, la période cameline peut être fort discrète dans des régions sans doute déjà fortement marquées par l’aridité. A l’intérieur de ces grands ensembles, des subdivisions régionales et/ou chronologiques se font jour au gré de l’avancement des travaux. Leurs relations restent mal précisées du fait de vastes secteurs géographiques encore fort peu connus, tels le Sahara occidental, le Tibesti, le Gilf Kebir ou le Désert oriental d’Egypte, et de la rareté des travaux de relevés systématiques. La dispersion des méthodes, peu propice aux comparaisons des résultats d’un auteur à l’autre1, c’est à dire, le plus souvent, aussi d’une région à l’autre, est également un obstacle à la mise en perspective de classifications plus précises. Les régions les mieux connues sont celles de l’Atlas saharien et du Haut Atlas, où les travaux ont aussi débuté le plus anciennement ; les connaissances que l’on a de l’art du Sud algérien et du Sud libyen ont été longtemps surévaluées, les résultats spectaculaires obtenus dans les années 1950-1960 au Tassili n’Ajjer et dans la Tadrart libyenne ayant trompé les observateurs, habitués aux échelles européennes, sur l’étendue réelle de ces travaux par rapport aux très vastes territoires considérés2. 1 .- Le développement du « tourisme aventure » dans la zone saharienne est à l’origine de la publication de beaucoup de « découvertes » par des amateurs ayant circulé dans ces régions ; l’information se limite souvent à une photographie avec un commentaire « stylistique » et une éventuelle attribution périodique, sans aucune autre donnée, ce qui est scientifiquement peu exploitable. Il existe aussi des amateurs éclairés qui ont fait un très utile travail de relevé systématique dans certaines régions. Leur portée est souvent limitée par l’absence d’approche globale des phénomènes archéologiques et environnementaux permettant la mise en perspective historique de ces inventaires. 2 .- Cette distorsion a eu un effet particulièrement néfaste sur la recherche, beaucoup ayant cru, à la suite de la mise en valeur de plusieurs milliers d’œuvres, que les travaux devaient être « terminés ». En réalité, les missions Lhote au Tassili n Ajjer n’ont guère parcouru que 20 % des régions considérées, les missions italo-libyennes guère plus de la moitié de la Tadrart-Akakus, nettement moins étendue. Dans les deux cas, les échantillons des premières reconnaissances avaient montré une dispersion bien plus large des manifestations rupestres, quelque peu oubliée à la suite de la densité révélée par les secteurs choisis pour étude.

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Fig. 71 - Données chronologiques pour l'art rupestre dans le Sahara central (d'après Tauveron, 2003).

L’art aux débuts du Néolithique et la fin de la période bubaline Les travaux de H. Lhote dans l’oued Djerat, en attribuant de nombreuses représentations de bovins à la période bubaline, dessinaient en filigrane la question de l’identification de leur domesticité : certains auteurs, ne voyant dans les figurations de bovinés que celles d’animaux domestiques, raccourcissaient ainsi la séquence chronologique de l’art saharien, d’autres interprétaient la multiplication des bovins sauvages dans l’art comme les premières manifestations de l’intérêt aboutissant ensuite à leur domestication. Les connaissances actuelles, qui ont montré l’ancienneté de la domestication du bœuf dans le Sahara, rendent ce débat caduque et l’on ne s’étonnera guère de voir l’art rupestre multiplier leurs figurations dès la fin de la période bubaline. Au même moment, en divers

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Développement de l’art points, une place nouvelle, plus importante sinon dominante, est accordée à l’homme. Le passage Bubalin-Bovidien n’est cependant pas précisément situé, ni nécessairement synchrone dans un aussi vaste ensemble régional, et seules des datations ante-quem permettent d’affirmer qu’il est totalement terminé au début de l’Holocène moyen, moment où le Bovidien envahit l’espace nord africain. La perception des relations du Bubalin avec certains ensembles régionaux mieux définis, comme celui des Têtes rondes ou encore les Kel Essuf, a récemment évolué. Ensemble de gravures peu figuratif, dominé par des représentations de type humain qui, au-delà d’une domination numérique des individus de sexe masculin, montre une socialisation sur la base du couple et d’une famille mononucléaire, les Kel Essuf sont difficiles à intégrer au grand ensemble de la période bubaline auquel ils appartiennent pourtant du seul point de vue de la chronologie relative, comme l’atteste leur antériorité sur les peintures têtes rondes de la Tadrart. Du fait d’une localisation limitée à ce seul massif1, ils apparaissent comme un isolat, probablement en relation avec la stratégie de résistance, lors d’un moment hyperaride, d’un groupe de graveurs, éventuels héritiers d’un Bubalin plus ancien et qui s’en démarquent. Les Têtes rondes, dont les phases les plus anciennes, exclusives au Tassili n’Ajjer, ne se rencontrent pas associées aux Kel Essuf, respectent quant à elles l’essentiel des critères de la période bubaline. La continuité qui apparaît entre les deux ensembles dans la Tadrart, notamment dans la reprise sensiblement à l’identique de thèmes gravés des Kel Essuf par les peintres têtes rondes, est sans doute liée à un rétablissement des relations inter-régionales après la phase aride, de même que la présence à ce moment, dans la même région, de gravures clairement typiques du Messak. Aucun ensemble industriel n’ayant encore été retrouvé dans la Tadrart méridionale, seule l’association étroite des gravures Kel Essuf à des abris à plancher aménagé pour recueillir de l’eau comme la maigre faune représentée conforte l’association à une période sèche nécessairement antérieure, soit durant le Pléistocène final2. L’art bubalin récent du Sahara central et l’ensemble Têtes rondes Les plus anciennes peintures furent dénommées « Têtes Rondes » à la suite des missions Lhote au Tassili n’Ajjer, terme qui, en fait, simplifiait l’expression « peuple bovidien à tête discoïde » employée précédemment par H. Breuil pour les désigner. Elles ont une extension pour l’instant limitée au Tassili n’Ajjer, la Tadrart et l’extrême nord du Djado ; leur influence se perçoit dans quelques peintures anciennes de Téfédest et elles se démarquent nettement de l’ensemble de l’art rupestre saharien, seule la phase archaïque de l’Ennedi définie par G. Bailloud pouvant en être, éventuellement, rapprochée3. Parfois qualifiées de grossières ou maladroites, elles témoignent en réalité d’une technique parfaitement maîtrisée -pas de reprise du trait, utilisation des aspérités de la paroi, graphisme parfois très sophistiqué, traits, voire contour, partagés par plusieurs figures- et qui peut même traduire l’humour. L’une de leurs particularités est un 1 .- Il en a été signalé dans l’extrême nord du Djado, plateau immédiatement voisin de la Tadrart au sud, sans aucune autre précision de localisation. 2 .- Cf t. I p. 329. 3 .- Pour certains auteurs, quelques peintures à affinités têtes rondes se trouveraient à Ouenat et au Gilf Kebir ; elles n’apparaissent cependant dans aucun des relevés publiés provenant de ces massifs.

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Sahara préhistorique rendu graphique ambigu susceptible d’induire des figures différentes selon la distance de l’observateur. Une autre est l’usage de la superposition, indépendamment de toute considération chronologique, comme un élément de construction des compositions qui détermine plusieurs plans conceptuels en « profondeur » sur un même panneau1. L’étude de l’ensemble Têtes rondes a été reprise au début de la dernière décennie par l’élaboration de typologies descriptives à partir de techniques modernes d’analyse des données (analyses factorielles de correspondances multiples et cluster analysis). Le groupe a pu être ainsi subdivisé en six phases successives par U. Sansoni comme par l’un de nous (M.T.), avec une nuance d’importance puisque les six phases identifiées par le premier correspondent pratiquement à une subdivision en deux de chacune des trois dernières identifiées par le second. Cette divergence trouve son origine dans les échantillons étudiés par chacun des auteurs qui, bien que conséquents2, sont encore numériquement insuffisants pour être parfaitement représentatifs de l’ensemble du groupe et s’avèrent influencés par des différences régionales. Les sous-groupes envisagés anciennement par H. Lhote3 présentent aussi une correspondance globale remarquable avec ces résultats, les principales divergences se situant dans leur mise en perspective chronologique qui déplace l’un des groupes. Les plus anciennes phases identifiées sont absentes de la Tadrart et, moins bien conservées du fait de leur ancienneté, souffrent aussi d’une sous-représentation statistique : - Une Phase 0, la plus ancienne, ne comporte que des vestiges de figures de grande taille, en aplat blanc, toujours difficilement lisibles, rarement identifiables. - La Phase I comprend des figures en aplat blanc d’assez grande taille, parfois avec des détails au trait blanc, représente des mouflons, antilopes, autruches, des personnages à tête ovoïde sans profil ni coiffure et quelques objets (bâtons, arcs). - La Phase II est constituée par des figures de petite taille exécutées en aplat et/ou au trait rouge ou blanc, comporte les mêmes types de représentations que la précédente mais la faune y est plus rare, les personnages plus connotés sexuellement, à têtes plus complexes (coiffures, profils) et les représentations d’objets voient apparaître des instruments de musique. Les trois phases suivantes se retrouvent dans la Tadrart comme dans le Tassili n’Ajjer avec quelques nuances dans les figurations, notamment au début. - La Phase III, soit les phases arcaica et tardo arcaica de U. Sansoni, comprend des figures cernées de violacé ou rouge, exécutées avec ou sans remplissage du corps en aplat blanc. Mouflons et antilopes dominent une faune par 1 .- Il ne s’agit pas d’un rendu de perspective, lequel n’est guère traduit chez les Têtes rondes que par un alignement dans le même plan de figures de type identique et de taille dégressive. 2 .- Les corpus de départ regroupent environs 2500 sujets dont environ 2/3 d’anthropomorphes dans les deux cas, tous n’ayant pas pu être utiles aux analyses typologiques en fonction de leur état de conservation. 3 .- Rappelons qu’il distinguait les groupes :A) petits personnages cornus monochromes ou ocre violacés, B) diablotins polychromes, C) hommes à tête ronde phase moyenne, D) hommes à tête ronde phase évoluée, E) hommes à tête ronde phase décadente avec figures monumentales, F) influences égyptiennes, G (=I en 1958) les juges, H (= J en 1958) personnages blancs longilignes.

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Développement de l’art ailleurs diversifiée (poisson, autruche, phacochère, éléphant, girafe, rhinocéros, bovin...). Les représentations humaines sont fréquemment sexuées et possèdent en majorité une tête discoïde à décor interne. Les figurations d’orants sont courantes. Les artistes mettent en scène des récipients. Dans la Tadrart, c’est l’étage qui montre la continuité avec les Kel Essuf par des représentations anthropomorphes et animales de formes identiques mais peintes et non plus gravées. Les compositions complexes y sont fréquentes et traduisent une structuration qui inclue la profondeur par le jeu des superpositions, que l’on a pu traduire comme une différenciation de plans conceptuels : domaine surnaturel, domaine de la

Fig. 72 - Tadrart : restes très érodés d'un plancher à auges aménagé sous abri. Placées immédiatement au-dessous d'un joint sédimentaire, minuscule lit d'argile qui s'insère dans les grès, une surface rocheuse aplanie a été creusée de cuvettes qui recueillent les eaux de pluies comme l'indiquent celles qui sont en place sur des surfaces non perturbées. Le démantèlement de nombre de ces planchers au début de l'Holocène, n'a pas encore trouvé d'explication (cl. M.T.).

nature, domaine humain culturel et domaine humain concret. - La Phase IV, soit les phases media et medio evoluta de U. Sansoni, englobe des figures réalisées en aplat rouge, violacé ou jaune-vert, cernées de blanc ou violacé, et au trait blanc ou violacé. La faune est peu diversifiée, montre surtout des mouflons et antilopes. Les représentations humaines, à corps sinueux et tête ronde, possèdent souvent des profils esquissés. Les coiffures sont diversifiées, les décors corporels systématiques. Les représentations de récipients sont nombreuses et les armes rares. - La Phase V, soit les phases evoluta et finale de U. Sansoni, comprend des figures exécutées en aplat au minimum bichrome, cerne blanc, trait blanc. Elle reste assez proche de la précédente : figurations humaines à tête ronde, souvent sexuées, profils le plus souvent esquissés, parfois précisément figurés,

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Sahara préhistorique décor corporel et parure abondants. Elle s’en distingue par des corps plus raides, des coiffures peu diversifiées, la réduction et la raréfaction de la faune, quasiexclusivement ramenée à des gazelles. LHOTE 1973 Groupes A + J

TAUVERON 1993 Phase I (et0) Phase II

Groupe E

Phase III

Groupes C + D + F

Phase IV

Groupe I

Phase V

SANSONI 1994

MORI 1965

Fase Arcaïca Fase Tardo-arcaïca Fase Media Fase Medio-evoluta Fase Evoluta Fase Finale

Fase Initiale Fase Media Fase Finale

Fig. 73 - Subdivisions et chronologies comparées du faciès des Têtes Rondes.

Dans sa première définition, l’art des Têtes rondes ne comportait que des peintures et ne paraissait jamais directement associé à l’art gravé, posant le problème des relations entre ces deux modes d’expression. Le premier, F. Mori souleva la question de l’appartenance de certaines gravures aux Têtes rondes dans la Tadrart Akakus : ayant constaté la quasi-absence de scènes à caractère sexuel dans les peintures, il y intègre des gravures du site de Ti n Lalan par complémentarité du thème et identité de situation chronologique. Cette dernière est vérifiée à Ti n Ascigh par la lecture d’un panneau complexe à superpositions où figure une gravure considérée comme de même style (fig. 74). D’autres auteurs, tel H. Lhote, se basant sur la répartition géographique des gravures anciennes, qui paraissait alors essentiellement périphérique à la zone des Têtes rondes, et sur l’apparente identité des espèces animales représentées, proposaient de les considérer comme les manifestations d’autres groupes humains contemporains ou un peu plus anciens. Les données actuelles, en multipliant les découvertes de peintures et gravures se partageant les mêmes secteurs, notamment dans la Tadrart et le nord-ouest du Tassili n’Ajjer, ne permettent plus de retenir l’argument d’H. Lhote, et U. Sansoni a pu montrer que certaines des gravures de l’oued Djerat possédaient des caractères typologiques des Têtes rondes (fig 76). Des figures combinant les deux techniques, gravure et peinture, sont connues dans la Tadrart-Akakus. S’il est donc indiscutable qu’il existe des gravures têtes rondes en nombre non négligeable, il est malgré tout difficile d’y intégrer les scènes sexuelles comme le suggérait F. Mori, précisément du fait de leur thématique particulière qui contribue à les isoler. En personnalisant chaque figure anthropomorphe, l’art des Têtes rondes semble indiquer l’individu comme élément de base de la société, mais il est aussi toujours exprimé en tant que constituant d’un groupe, ou, au minimum, d’un couple. Cette « modernité » de la conscience sociale s’exprime aussi dans la solidarité, par exemple la prise en charge des malades, comportement que l’on connaît dans la culture ibéromaurusienne et qui est bien avérée dans le Néolithique d’Amekni.

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Développement de l’art D’autres œuvres dans le centre du Sahara A côté de l’ensemble Têtes rondes existent de nombreuses gravures qui s’en démarquent typologiquement et qui furent attribuées à une phase récente du Bubalin. C’est probablement dans l’oued Djerat qu’elle est le mieux connue : présente dans de nombreuses stations, elle regroupe des figures à patine totale1, au trait piqueté ou poli, ce dernier pouvant reprendre le piquetage, et figure de nombreux bovins. Ceux-ci peuvent avoir des cornes en lyre ou déformées, sont parfois porteurs d’attributs céphaliques ou d’ornements, traits souvent attribués à la domestication et en raison desquels certains auteurs ont proposé une chronologie courte. H. Lhote lui attribuait aussi des personnages généralement de grande dimension -plusieurs atteignent ou dépassent 2 m- souvent masqués ou à tête zoomorphe : il a reconnu des têtes de chien, chat, chouette, lièvre, deux évoquant un félin et dont le nez ressemble à un bec d’oiseau. Ils peuvent être ithyphalliques ou/et porter une queue postiche ; parfois, ce sont des femmes ouvertes, soit masquées elles aussi, soit à tête ramenée à un cercle ouvert sur le cou sans aucune esquisse de visage. Du fait de la présence de masques ou de têtes animales, H. Lhote intégrait à ce groupe les scènes à caractère sexuel, donc celles de Tin Lalan dans l’Akakus et, par extension, toutes celles que F. Mori rapportait aux Têtes rondes. La présence de figurations de bovins à cornes « en pinces », identifiés comme aurochs par A.M. et A. Van Albada au Messak, permet un rapprochement avec ce massif, remarquable par ses gravures de thérianthropes qui affirment alors leur domination sur la faune sauvage, non seulement chassée mais aussi asservie. Commodément qualifiées d’hommes-chiens, les plus spectaculaires de ces figures montrent une tête animale composite qui emprunte des éléments à l’hippopotame et au crocodile, autant qu’aux canidés. H. Rhothert et R. Kuper ont décrit dans l’ouadi Ertan près de Ghat, un combat qui met face à face des personnages à tête de chat munis d’armes bien humaines, sous-jacent à des représentations humaines traditionnellement nommées Libyens. Outre les aurochs, les bovins sont présents à travers des représentations de buffles (Syncerus) et de Pelorovis, lequel est, pour R. et G. Lutz, une clé de la classification chronologique de la région, délicate à établir par ailleurs du fait d’une fréquence très élevée des reprises et réemplois. De rares figures animales montrent aussi des convergences avec les Têtes rondes : ce peut être le pendant des relations attestées alors entre le Messak et la Tadrart méridionale par la présence d’hommes-chiens caractéristiques dans cette dernière région. Au Djado, un groupe de gravures anciennes est rapporté à plus de 7800 B.P. (6700 av. J.-C.) par un calage géomorphologique. Toujours de patine totale, les sujets sont de dimensions moyennes (environ 1 m d’envergure pour les éléphants ou les girafes) et traités de façon réaliste, exécutés au trait en « V » marqué. Ce sont essentiellement des représentations de la grande faune qui occupent indifféremment des surfaces verticales ou des dalles sub-horizontales, mais aussi des ceintures pelviennes sur ces dernières. En l’absence de données suggérant une occupation de la région à la fin du Pléistocène, ces manifestations seraient à rapporter à l’Holocène inférieur et une ressemblance notée avec des 1 .- On parle de patine totale quand le trait de la gravure est noir, de même teinte que la roche support.

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Sahara préhistorique gravures anciennes du Tibesti a suggéré l’hypothèse d’un repeuplement venant de ce massif dont, d’après R. Vernet, des indices seraient également sensibles dans l’industrie du site 12 de l’oued Tardjié. Les figurations de ceintures pelviennes se retrouvent très largement réparties dans le Sahara, souvent dans une expression très simplifiée dont on peut supposer qu’elle ne traduit qu’une dimension symbolique et qui a pu être qualifiée de nasse, poisson, ovaloïde voire même sandale selon les auteurs : les gravures du Djado en montrent toute l’évolution, depuis l’objet original détaillé jusqu’aux formes les plus schématiques, sur une longue période qui se prolonge probablement jusqu’au Bovidien final. Dans l’Ahaggar, à l’oued Ahétès, H. Lhote reconnaissait un étage intermédiaire entre Bubalin et Bovidien, composé de gravures de faune sauvage, éléphants et rhinocéros dominants, Pelorovis plus rare, et de bovins considérés comme domestiques ou pré-domestiques selon les auteurs. Il se retrouverait au Serkout, où il pourrait être associé à des figurations de femmes ouvertes et personnages à tête zoomorphe, et dans les Tassilis n Ahaggar. Dans l’oued Tin Tarabine, le site de Youf Ahakit montre une situation légèrement plus complexe puisque l’on a pu faire état de deux groupes de gravures anciennes, probablement à valeur chronologique. Le premier représente éléphants, rhinocéros, girafes, Pelorovis et se caractérise par l’emploi exclusif du trait poli en U, de la formule dioculaire, associée à une perspective relative ou tordue pour la tête, et la dimension des figures (toujours au moins 1 m d’envergure), caractères bien connus dans le Bubalin ancien. Le second figure surtout des bovins, montrant des marques d’appropriation à défaut d’être clairement domestiques, et encore rhinocéros, girafes et éléphants ; il emploie surtout un trait piqueté partiellement poli, réserve la perspective tordue aux cornages lyrés, offre globalement des dimensions plus réduites. Dans les deux cas, la patine est totale, et en l’absence de superposition entre les deux groupes, l’état de conservation bien meilleur du second permettrait de le voir plus récent. Au sud du Tassili de Tin Ghergho, les séries à patine totale non éolisée montrent une partition proche : une série ancienne à faune sauvage exclusive et une plus récente qui y ajoute des bovins ambigus. La première comprend aussi des personnages masqués et/ou thérianthropes, tels l’homme-girafe représenté à Ouan Rechla. Dans ce dernier site, elle pourrait avoir été précédée par des gravures, qualifiées d’hommes-reptiles par F. Soleilhavoup, antérieures à 6000 ± 70 B.P. (Gif 7789) (4960-4780 av. J.-C.) selon l’âge d’un foyer les recouvrant partiellement. L’art bubalin récent dans le Tibesti Au nord-ouest du massif, Staewen et Striedter proposent dans leur publication de Gonoa une partition en deux phases successives des gravures de période bubaline. Dans les deux cas, la technique est un trait poli à section en V, la surface endopérigraphique pouvant être parfois polie, et la patine est totale. A la plus récente appartiennent des représentations de faune sauvage plus schématiques que celles de la période précédente, des figurations humaines touchant ou affrontant des fauves et/ou en posture d’orant, quasi-absentes antérieurement1. Egalement rares dans le Bubalin ancien de la région, les bovinés sont 1 .- Le célèbre « homme de Gonoa », gravure monumentale de 1,85 ou 1,93 m de haut selon les auteurs, est

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Développement de l’art plus fréquents et certains pourraient être domestiques. Pelorovis n’a pas été relevé, ce qui surprend dans une région qui en a livré des restes datés de 7455 ± 180 B.P. (6460-6090 av. J.-C.) à Bardagué : c’est peut-être cette absence qui conduit les auteurs à proposer un âge récent, entre 5000 et 4000 av. J.-C., pour cet ensemble. Plus au sud, près de Zouar, une série de peintures en blanc de l’enneri Tiguelluli n’est pas sans rappeler les sujets Kel Essuf tels qu’ils furent ré-interprétés dans les peintures têtes rondes archaïques de la Tadrart. Au nord-ouest du Borkou, dans le secteur d’Ehi Atrun, une série de mains gravées sur un inselberg gréseux, associée à des cupules, a été rapportée par A. Ravenna à un haut niveau du « Méga-Tchad »1. A Kla Uenama, au piemont sud-ouest de l’Emi Koussi, c’est aux Têtes rondes que pourrait renvoyer la peinture, en rouge et blanc, d’un animal fantastique issu d’un véritable calembour graphique dans lequel se retrouvent des girafes, des personnages, des éléments géométriques tels que cercles et spirales. Dans la même région, des gravures bubalines sont connues à Tigui. Elles semblent comparables à celles de Gonoa et figurent, notamment, des girafes et des éléphants2. La région nord-orientale du Tibesti n’a pas livré de gravures anciennes mais quelques peintures pourraient être antérieures au Bovidien. Le « Riparo delle Mani », abri bas et profond, recèle des mains négatives et positives peintes en plafond, au fond de l’abri. A Korossom 2, au centre d’un panneau portant des peintures bovidiennes figure un personnage typique des Têtes rondes de phase IV, associé, au moins par effet de proximité, à deux bovinés à robe ponctuée, également marginaux par rapport aux autres figurations du site. Période archaïque en Ennedi et peintures anciennes au Djebel Ouenat et Gilf Kebir Dans les peintures rupestres de l’Ennedi, G. Bailloud distingue une période archaïque aux figures volontiers majestueuses, chargées de symbolisme, qu’il subdivise en cinq « styles » dont il envisage, avec quelques doutes, la possible succession : style de Mayguili3, style de Sivré4, style d’Elikeo5, style Quadrillé6 et style de Guérola7. Dans l’état des connaissances, ces peintures n’ont été rencontrées que dans la région de Fada et montrent, globalement, assez de points communs avec les Têtes rondes du Tassili n’Ajjer auxquelles elles ont été fréquemment comparées. Les figurations humaines sont les plus fréquentes aux traditionnellement rapporté à la phase ancienne. Cf t. I. 1 .- Appellation donnée par H. Faure au lac lors de sa plus grande extension à l’Holocène moyen. 2 .- L’un d’eux, de grande taille (3 m de long), appartiendrait à l’étage ancien. 3 .- Personnages en teinte plate violacé ou blanc, tête ronde en aplat violacé ou blanc, mal dégagée du corps, surmontée de plumes, qui peuvent porter un bâton. 4 .- Sujets isolés ou en file, figures linéaires violacées ou blanches cernées de violacé, pouvant être cloisonnées par des traits ou des lignes de points, pouvant porter un pagne, un bâton court ; la faune comprend éléphant, girafe, panthère, autruche. 5 .- Figures blanches entièrement remplies de points ou traits rouge-violacé dont les personnages sont parfois masqués. 6 .- Proche du style d’Elikeo mais aux personnages représentés en course, avec le bâton et la massue ; portant l’arc. 7 .- Personnages, plus rarement animaux, sommaires, en aplat, rendus en mouvement. Présence d’archers.

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Sahara préhistorique côtés d’une faune sauvage assez peu variée : éléphant, girafe, félins (lion, panthère) et autruche. Ni les traits du visage, ni les profils ne sont représentés ou même esquissés. Quelques gravures ont été également relevées dans le même secteur. Les plus remarquables sont plusieurs sujets anthropomorphes, au trait poli, large et profond, à patine totale, en tous points comparables aux peintures de période archaïque1. Le nord du massif semble dépourvu d’œuvres antérieures

Fig. 74 - Superpositions de Ti n Ascigh : la gravure la plus ancienne est celle de Pelorovis (période bubaline), suivie de la girafe de droite, contemporaine du rhinocéros, gravures attribuées par F. Mori aux Têtes Rondes ; des trois girafes du centre, la plus à droite est attribuée au Bovidien, les deux autres à deux moments distincts de la période caballine. (Relevé Sansoni, 1994 ; longueur de l'ensemble 5,4 m environ).

Fig. 75 - Oued Djerat, deux rhinocéros gravés considérés par U. Sansoni comme répondant aux critères typologiques des Têtes Rondes. (Relevé d'après Lhote, 1976 ; longueur du sujet le plus grand 1,9 m). 1 .- Des gravures anciennes, dont des éléphants qui furent rapprochés de ceux de Gonoa, figurent aussi.

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Développement de l’art à la période bovidienne et G. Bailloud soulignait la pauvreté générale du massif en gravures de la grande faune. Dans le Gilf Kebir, de très nombreuses figurations de mains négatives, plus rarement positives, forment l’étage ancien du massif. De même que dans le Djebel Ouenat, quelques représentations humaines à tête discoïdale, très mal conservées, généralement de grande taille comme la faune qui les accompagne parfois, ont souvent été rapprochées des Têtes rondes du Tassili n’Ajjer. Elles sont certainement anciennes, dans les deux massifs, elles précèdent toujours les peintures bovidiennes dans les superpositions. La phase naturaliste de l’Adrar des Ifoghas C. Dupuy a relevé une cinquantaine de gravures dans le nord-ouest de l’Adrar des Ifoghas qu’il qualifie de naturalistes et qui seraient les plus anciennes de cette région. Ce « caractère naturaliste » qui « se perçoit surtout en notant comment les membres des animaux et des personnages sont représentés », s’il suffit à démarquer cet ensemble des autres gravures locales, reste insuffisant pour que l’on suive l’auteur dans sa tentative d’extension d’une « phase de gravure naturaliste saharienne »1. La situation chronologique proposée, entre le début du 6ème et la fin du 4ème millénaire, est largement tributaire de cette conception. Les représentations les plus fréquentes sont les bovins, tous considérés par l’auteur comme domestiques, suivis des éléphants et girafes. En incluant dans le même groupe quelques gravures qualifiées de « sub-naturalistes échappant à toute classification chronologique » les figurations de rhinocéros et lion prennent un peu d’importance, le reste des sujets se limitant à deux exemplaires (personnages, autruches). Seules quatre figures n’en provenant pas, la concentration de ce groupe dans la seule vallée de l’Egharghar est remarquable, plus particulièrement sur le site d’Issamadanen (EGH2) qui comprend les trois quarts d’entre elles et la totalité des bovins et girafes. Chasseurs tardifs de la vallée du Draa et du Sahara atlantique Les prospections de A. Simoneau dans le bassin du Draa l’ont amené à identifier une période de Chasseurs tardifs représentant essentiellement de la faune sauvage (Pelorovis, éléphant, rhinocéros, lion, antilope, autruche…) et des bovins qu’il considérait comme domestiques. Il y intégrait des figurations de scène de chasse avec chien, spirale, piège, et rapportait l’ensemble au Néolithique. D’autres auteurs, tels R. Wolff, ont classé une partie de ces gravures dans le « style de Tazina »2. Plus récemment, diverses publications font état d’un ensemble de gravures de ceintures pelviennes couvrant le Sahara occidental depuis le Nord mauritanien jusqu’à Tazarine, souvent regroupées, parfois associées à des représentations de faune sauvage. Un cas de superposition sur un boviné est signalé, sans qu’il soit précisé s’il s’agit d‘un animal domestique. Situées pour la plupart sur des dalles horizontales ou des blocs peu inclinés, ces gravures montrent un trait poli à section en V, étroit et rarement profond, parfois 1 .- En s’appuyant sur le seul « naturalisme » des figures, en 1991, C. Dupuy trouve évidemment des points communs avec toutes les gravures sahariennes ni stylisées, ni schématiques, ce qui lui permet de faire table rase des classifications antérieures et de proposer cette phase pan-saharienne, d’où il exclut cependant l’Atlas. 2 .- Etage bubalin de petite dimension de l’Atlas saharien, Cf. T.1 p. 325.

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Sahara préhistorique réduit à une très fine incision, et une patine toujours identique à la roche. Dans le secteur de Tifariti, à l’est-sud-est de Smara, des bancs de grès recèlent des abris sous roches ornés de peintures parmi lesquelles des mains positives et des personnages évoquant les Têtes rondes pourraient être antérieurs au Bovidien. L’art bubalin récent de l’Atlas saharien : la Période sub-naturaliste L’art bubalin de l’Atlas saharien présente dans son évolution une transformation majeure, notée par tous les auteurs mais peu soulignée, le changement de thème qui accompagne le passage de la période naturaliste à la période subnaturaliste. Les représentations d’animaux isolées, se raréfient tandis que les personnages jusque-là peu nombreux, de petite dimension, associés à un animal, deviennent l’essentiel des sujets. Les particularités de ce thème nouveau ont servi à établir la classification. H. Lhote reconnaît ainsi un étage sub-naturaliste ancien caractérisé par des personnages à coiffure trilobée, des ponctuations ou des lignes brisées pouvant orner la forme en W renversé de la coiffure. La tête elle-même peut apparaître, sphérique, au centre (fig. 76). Viendraient ensuite deux étages caractérisés l’un et l’autre par des personnages à sexe démesuré, dits ithyphalliques. Dans l’un, ils seraient figurés de trois-quarts, dans l’autre qui est postérieur, ils seraient accroupis. Ils sont souvent associés à des motifs géométriques à diagonales. La phase des personnages accroupis connaît un développement vers l’est, elle se retrouve en particulier à Kef Tassenga (fig. 77), Kef Sidi Salah et Chabet el Heulsa. Des personnages peints de même silhouette, connus en Grande Kabylie, appartiennent probablement à cette époque. A cette subdivision, M. Hachid ajoute une phase d’ithyphalliques de face. Ils seraient debout pour les uns, auraient des membres inférieurs exagérément écartés à l’horizontale pour les autres. Ces deux types de représentations d’ithyphalliques de face, qui seraient contemporaines, sont placées avant les personnages accroupis. Pour cet auteur, l’évolution graphique de cette dernière phase conduirait aux représentations linéaires. L’art rupestre de la vallée du Nil, un art marginal ? L’art rupestre de la vallée du Nil se groupe le long du rebord du plateau qui borde le fleuve en rive gauche et sur les pentes occidentales des hauteurs qui le dominent en rive droite. Les techniques utilisées sont généralement réduites à du piquetage ou du martelage. Telles qu’elles sont actuellement connues, ces œuvres s’intègrent difficilement dans le cadre saharien, même si des auteurs comme P. Huard et J. Leclant ont longuement souligné des identités qu’ils attribuent à une culture des Chasseurs dont certains éléments se prolongeraient jusqu’à la période pharaonique. De nombreux auteurs ont cependant remarqué que lors des optima climatiques sahariens, la vallée, alors soumise à des crues importantes, devait être peu attractive, ce qui pourrait justifier d’importants diachronismes. Pour H. Winkler, les plus anciennes gravures figuraient des éléphants aux pieds en boule, des girafes, des autruches, parfois des crocodiles ; elles sont de taille moyenne, parfois grandes, subnaturalistes à schématiques. P.E.L. Smith

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Développement de l’art rapporte à l’Holoccène inférieur un grand troupeau de bovins d’une trentaine de têtes gravé au Jebel Silsila. Compte tenu des données environnementales, il est probable qu’appartiennent aussi à l’Holocène inférieur des dessins de girafes du Mont Qurta dans le massif thébain et des figures de petites dimensions, subschématiques, assez rigides, exécutées par percussion et burinage. Ce dernier était réalisé en deux temps, d’abord s’effectuait une préparation de la roche, puis la surface endopérigraphique de la figure était entièrement travaillée. Cependant H. Ziegert qui a retrouvé des figurations semblables à Dor el Gussa (Libye), les rapporte à une phase tardive. W. Davis attribue à l’Abkien et au Khartoum variant une partie des gravures reconnues par O.H. Myers à Abka et à Gorgon, à hauteur de la Deuxième Cataracte, en raison d’un recouvrement par des niveaux archéologiques. Elles figurent une profusion d’animaux et de signes qui pour P. Huard et J. Leclant procèdent en partie de la culture des Chasseurs. La période bubaline récente, période subnaturaliste de l’Atlas saharien, accorde une place essentielle à l’homme ; schématique, elle fait souvent appel au piquetage, sa patine varie, mais, sauf cas particulier, elle est toujours fortement marquée. Bien connue dans l’Atlas saharien, cette période y est subdivisée en trois étages : des personnages à coiffure trilobée, Fig. 76 – Feidjet Elleben (Atlas saharien) : persondes personnages ithyphalliques de nages à tête trilobée. (ph. M. Arib). trois-quarts, des personnages ithyphalliques accroupis. Avant ce dernier étage, certains auteurs placent un étage de personnages ithyphalliques de face. Au Sahara, les plus anciennes peintures, les peintures têtes rondes paraissent circonscrites au Tassili n’Ajjer, la Tadrart et l’extrême nord du Djado ; des peintures anciennes de l’Ennedi pourraient en être rapprochées. Longtemps limité à des peintures, on rattache actuellement à cet art, certaines gravures qui ont été peintes secondairement. L’art des Têtes rondes a été mis en relation avec le Néolithique saharo-soudanais, faciès Late Akakus, ce qui le situe antérieurement à l’aride mi-holocène. Reconnues vers 1932 par Brenans, ces peintures ont été étudiées par Y. Tschudi, l’abbé Breuil et surtout H. Lhote, puis récemment U. Sansoni et l’un de nous (M.T.). Elles sont subdivisées en six phases par ce

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Sahara préhistorique dernier, les trois dernières seules figurent dans la classification Sansoni où chacune des trois plus récentes est dédoublée. En Tadrart, la phase II montre une continuité avec les gravures Kel Essuf qui forment un ensemble original propre à une partie de cette région, ce qui peut traduire un rétablissement de relations inter-régionales après l’aride fini-wurmien. L’art des Têtes rondes présente une faune riche en mouflons et antilopes, de nombreux personnages, le plus souvent statiques, qui peuvent être richement décorés. Cet art figure les mouflons, antilopes, girafes, des équidés en ligne, au même titre que les hommes et à l’exclusion des autres animaux, ce qui leur donne une position particulière.

L’art bovidien Soupçonné par les premiers auteurs, G.B.M. Flamand, L. Frobenius, l’abbé Breuil, M. Reygasse, l’art « bovidien » a été identifié comme étage pictural par Th. Monod. Il rapportait à l’époque précameline un groupe particulier de gravures postérieur au groupe naturaliste de Frobenius, retrouvé dans l’Ahnet, partie nord-occidentale du massif central saharien. Elles étaient caractérisées par la présence du bœuf qui était domestiqué ; la faune contemporaine comprenait l’éléphant, la girafe, des antilopes, probablement le rhinocéros. Les hommes étaient armés de l’arc et du bâton de jet. P. Graziosi, de son côté, reconnaissait en Libye, un « grand groupe pastoral » à faune domestique. Dans diverses régions, cet art pastoral paraît le plus ancien, c’est le cas dans l’Ahnet, probablement dans l’Adrar des Ifoghas et en Mauritanie. Il est rare que peintures et gravures se rencontrent dans les mêmes lieux, ce qui a parfois été entendu comme l’expression de deux groupes, l’un graveur, l’autre peintre. Plus que la période précédente, l’art bovidien est omniprésent dans le Sahara central. Il est identifié dans des peintures en Téfédest, au Tassili n’Ajjer, dans la Tadrart, l’Ennedi, le Djebel Ouenat, l’Adrar de Mauritanie... Il est connu par des gravures dans l’Aïr, l’Adrar des Ifoghas. Des découvertes récentes permettent de faire état de peintures de période bovidienne dans les Tassilis n Ahaggar et le Djado mais les gravures y dominent néanmoins. En fait, il couvre l’ensemble des roches sahariennes de l’Atlantique au Nil mais il est peu présent au nord, dans l’Atlas saharien et le Haut Atlas. La fréquence des représentations de bovins domestiques, souvent groupés en troupeaux, sert de dénominateur commun à ce vaste ensemble. L’identification des bovins domestiques repose sur divers critères ne laissant place à aucun doute : un pelage pie, la présence d’un pis volumineux, celle de troupeaux, a fortiori d’animaux montés, bâtés ou chargés entre les cornes de ballots ou de traits reposant sur leurs extrémités, qui peuvent être interprétés comme des piquets de tente (les « tiguetaouine » des Touaregs). Quant aux cornes déformées ou tournées vers le bas et animaux sans corne, seuls ils ne peuvent être retenus comme marqueurs réellement contraignants de la domestication, quoiqu’ils puissent faire valoir d’étroites relations entre l’homme et l’animal. Il en est de même de certains traits qui barrent parfois le cou, insuffisants en eux-mêmes pour être forcément des colliers.

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Développement de l’art

Fig. 77 – Kef Tassenga (Tell constantinois). Personnage ithyphallique accroupi. (ph. M. Arib).

L’art bovidien a accordé un intérêt tout aussi particulier aux personnages et aux bovins. Les uns et les autres sont omniprésents dans des scènes de campement ou illustrant les activités du quotidien, des scènes initiatiques. Le plus souvent très réaliste, il illustre de nombreux détails ; habillement, parure et/ou coiffure, forme et usage de nombreux objets, sont ainsi perceptibles. Les bovins constituent le plus souvent de petits troupeaux de quelques têtes, parfois plus importants comme ceux de Jabbaren avec une quarantaine de bêtes ou d’Uan Tabu avec une cinquantaine. Globalement, les gravures, dont la technique se prête moins au détail, s’avèrent plus riches que les peintures en scènes de chasse et représentations de faune sauvage alors que les scènes de campement sont plus rares. La question de l’évolution interne de l’art bovidien a été peu abordée. Dans le Tassili n’Ajjer et la Tadrart une subdivision chronologique en trois phases, ancienne-moyenne-finale (ou récente), proposée par H. Lhote comme par F. Mori, est communément admise. Chacune de ces phases comprenant différents faciès, dont la valeur apparaît à la fois régionale et chronologique, la partition réelle est probablement bien plus complexe avec des imbrications loin d’être démêlées1. 1 .- Un auteur comme Muzzolini regroupe les peintures bovidiennes en groupes dits Sefar Ozanéaré à person-

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Sahara préhistorique Certains caractères qui marquent le Bovidien final sont cependant présents partout dans ces deux massifs : c’est le cas du stéréotype des sabots « en pinces » du bétail domestique, que l’on retrouve encore dans le Caballin, et de figurations de personnages porteurs d’un manteau ne couvrant le plus souvent qu’une épaule, parfois associé à un baudrier et/ou au port de plumes, fréquemment nommés Libyens en raison de leur ressemblance avec les Libyens orientaux de l’iconographie égyptienne. Du fait de l’étendue des manifestations de cette période, une telle partition ternaire n’est pas applicable à l’ensemble, d’autant que d’importants diachronismes régionaux apparaissent. Dans l’Adrar des Ifoghas, la « phase moyenne » définie par C. Dupuy, qui peut correspondre au Bovidien, figure des armes métalliques et se développerait selon lui durant le premier millénaire. A ce moment, le Bovidien de l’Ennedi en serait à sa phase récente que P. Huard a mise en parallèle avec le Groupe C de Nubie. Pour G. Bailloud, les plus anciennes œuvres bovidiennes de ce massif pourraient remonter au 3ème millénaire, ce qui est probablement le cas en Mauritanie, où les débuts du Bovidien sont volontiers associés aux sites néolithiques dunaires qui s’épanouissent à ce moment. Dans le Sahara central, l’art bovidien est alors entré dans sa phase finale ; c’est le moment où s’achève l’occupation suivie des abris, elle ne sera ensuite que sporadique. En fait, ces éléments de chronologie sont presque tous issus de déductions liées aux connaissances du moment sur les vestiges matériels rapportables aux auteurs de l’art bovidien. Les seuls ancrages en chronologie absolue proviennent de la Tadrart Akakus et, pendant longtemps, la seule datation 14C en relation indiscutable avec des peintures provenait d’Uan Muhuggiag où un niveau archéologique recouvrant un bloc peint tombé de la voûte était daté de 4730 ± 310 B.P. (GX87) (3900-3030 av. J.-C.) et d’Uan Telocat, où un niveau anthropique recouvrant des peintures daté de 6754 ± 290 B.P. (GX88) (5945-5410 av. J.-C.). Plus récemment, la première datation directe de peintures sahariennes, effectuée sur les restes d’un troupeau de l’abri de Lancusi, donnait un âge de 6145 ± 70 B.P. (GX-20749-AMS) (5210-4960 av. J.-C.) conforme aux attentes des spécialistes, et un troupeau de bovins rouge et blanc de 4990 ± 50 B.P. (3800-3700 av. J.-C.) à A-Fozzigiart1. Le passage bubalin-bovidien : continuité ou rupture ? Le critère essentiel de dissociation de l’art bovidien et bubalin est la présence du bœuf domestique qui s’associe à des critères de « style » (jusqu’à présent encore peu formalisés), eux-mêmes associés à des superpositions. Cet élément fut largement confondu avec l’idée de l’arrivée dans le nord de l’Afrique de nouvelles populations, éleveurs de bovins s’imposant dans la sous-région depuis le Proche-Orient via la vallée du Nil et porteurs du Néolithique « vrai ». Cette idée était également liée à celle de l’arrivée d’un nouveau peuplement, de type méditerranéen, or des profils de ce type sont déjà présents dans l’art nages robustes, négroïdes, aux cuisses volumineuses, tracés en aplat rouge sombre, Abaniora à personnages graciles, élancés, menton pointu, réalisés en aplat ocre clair, Eheren-Tahilahi personnages minces tracés en aplat plus clair limité par un trait fin, Wan Amil  à coiffure caractéristique. H. Lhote a pu parler d’un style Mertoutek avec des coiffures en cimier, M. Hachid et J.L. Bernezat de style Wan-Tissemt à personnages au corps massif, long cou et fortes cuisses, chignon avant du crâne fréquent. 1 .- Les sept autres datations directes ne sont pas retenues ou ont daté des figures non identifiées.

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Développement de l’art rupestre des Têtes rondes, et même plus largement bubalin, depuis longtemps. Assimilant dès lors l’argument chronologique à un argument culturel, on a longtemps considéré le passage de la période bubaline à la période bovidienne comme une rupture complète dans les traditions rupestres sahariennes. En fait, si l’on s’intéresse aux régions où le bœuf sauvage est représenté durant la période bubaline, notamment celles de l’ensemble Tassili n’Ajjer Tadrart – Messak, divers indices de continuité ont été signalés, ténus mais non négligeables. Les plus évidents sont les reprises de scènes de saut par-dessus un taureau, à l’origine œuvres têtes rondes, remaniées par des peintres bovidiens auteurs de peintures de faciès Sefar. Trois cas sont actuellement connus, à Sefar, Tin Hanakaten (Tassili n’Ajjer) et Taha Tin Tan Effigiag (Tadrart Akakus), suffisamment éloignés pour qu’il ne s’agisse pas d’un incident local. De plus, hormis les cas de reprise/réemploi quasi à l’identique, les artistes bovidiens ont montré un grand respect à l’égard des figures têtes rondes sur lesquelles ils ont évité de peindre, sauf accident, bien que se retrouvant souvent dans les mêmes sites et employant les mêmes surfaces, une attitude qui n’a que de faibles probabilités d’être celle de nouveaux arrivants si l’on se réfère aux modèles historiques et ethnographiques connus. Dans le secteur nord-occidental du Tassili n’Ajjer, la question d’une relation des Têtes rondes avec le groupe bovidien d’Iheren a pu être posée. En fait, c’est surtout à travers l’ambiance générale des peintures de ce dernier groupe que s’établit la relation : figures d’assez grande taille pour le Bovidien, emploi de la polychromie, richesses des vêtements, coiffures et parures qui peuvent évoquer les deux dernières phases des Têtes rondes, objets communs aux deux groupes. Elle apparaît plus étroite encore avec certaines figures de la Téfédest, au point d’avoir soulevé la question de leur appartenance aux Têtes rondes plutôt qu’au groupe Bovidien-Téfédest dont elles sont également proches. Dans l’art gravé de la Tadrart, c’est l’ajout d’accessoires (collier, pendeloques, sangles, bâts), l’ajout ou la modification de certains caractères anatomiques (robe, cornage), sur des gravures de bovins à l’occasion d’une reprise qui pourraient marquer une certaine continuité, la domestication semblant ainsi s’accomplir à partir de l’animal sauvage préexistant plus que par l’importation. Au Messak, l’appropriation par reprise de gravures anciennes par les artistes bovidiens est d’ailleurs si fréquente qu’elle perturbe fortement les possibilités de lectures chronologiques par les patines relatives et les superpositions. Le Bovidien de l’ensemble Tassili n’Ajjer – Tadrart Dans l’Akakus, F. Mori conserve le terme de « pastorale » employé par P. Graziosi et subdivise la période bovidienne en trois phases, ancienne, moyenne et récente, ce qui rejoint la subdivision de H. Lhote pour le Bovidien du Tassili n’Ajjer. Au sein de ces trois phases apparaissent divers faciès, parfois qualifiés de « style » ou « école », qui, selon les cas, peuvent avoir une valeur chronologique, régionale ou chrono-régionale, voire pour certains, pas encore clairement établie : de nombreux sites montrent en effet conjointement plusieurs faciès contemporains, sans qu’ils semblent s’opposer ni se compléter, et l’on manque encore d’étude de distribution.

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Sahara préhistorique Les phases bovidiennes anciennes de la Tadrart Akakus et du Tassili n’Ajjer oriental, respectivement représentées par les faciès de Uan Amil et de Sefar, se démarquent nettement l’une de l’autre, montrant une forte composante régionale aux débuts du Bovidien, toutefois postérieure à la phase de transition avec les Têtes rondes laquelle montre dans les deux massifs des personnages plus proches du faciès de Sefar. Ces derniers, généralement identifiés comme négroïdes, sont peints en aplat brun ou brun-violacé, parfois rehaussé d’une touche de blanc, de jaune ou d’orangé, pour la coiffure ou un simple pagne. Dans l’ensemble, les corps sont sveltes, avec une cambrure marquée, les jambes longues avec des cuisses fortes mais fuselées. Dans le faciès de Uan Amil, les personnages sont dessinés par un cerne fin brun-rouge, partiellement rempli d’un aplat de même teinte, normalement moins dense et permettant de jouer sur des effets de transparence, un ample usage de la réserve permettant la mise en évidence des coiffures et de diverses parties du corps. Les silhouettes sont plus larges d’épaules, moins cambrées, les cuisses plus fines. Les profils identifiables pourraient être méditerranéens ou hamitiques ; ils montrent un nez pointu, des lèvres peu marquées, pas de prognathisme, une barbiche taillée en pointe pour les hommes dont la coiffure, savant chignon ramené en avant au-dessus du front, est caractéristique. Elle apparaît d’ailleurs dans des gravures, ainsi rattachées à ce groupe, notamment dans la Tadrart méridionale où elles se sont avérées très fréquemment reprises et ne figurent que peu de thèmes pastoraux. Dans les deux faciès, les bovins sont volontiers, mais pas exclusivement, bichromes, les troupeaux parfois polychromes. Les figurations de faune sauvage sont plutôt rares, le chien figure dans des scènes de chasse ou de campement, lesquels se limitent à des représentations de cabanes, en coupe ou en plan, autour desquelles s’organise la vie quotidienne. Fréquent dans le Tassili n’Ajjer occidental et septentrional, le faciès d’Iheren pose problème : considérées comme anciennes par H. Lhote lors de leur découverte, les peintures d’Iheren ont ensuite été attribuées à une phase récente en raison de la date de 4850 ± 110 B.P. (Gif 2222) (3870-3770 av. J.-C.) obtenue pour un foyer mis au jour dans un sondage au pied de celles-ci et bien que ses relations avec l’art rupestre soient peu précises. La présence de moutons et chèvres qui sont, à Iheren même, associés à des figurations de girafes, lions, éléphants au côté d’antilopes, gazelles, bovins, chiens, ne saurait être l’indice d’une quelconque péjoration climatique dans un tel contexte, ce qui exclut qu’elles puissent être rapportées systématiquement au Bovidien final. Si la présence du mouton, la fréquence des profils méditerranéens ou hamitiques, l’usage d’un cerne fin délimitant les figures, celui de la réserve, le rapprochent du faciès de Uan Amil, le faciès d’Iheren s’en distingue nettement par sa polychromie, la présence de quelques profils négroïdes, l’abondance et la diversité du vêtement et des coiffures au rang desquelles ne se retrouve pas le chignon caractéristique de Uan Amil. Ces trois faciès continuent à évoluer en parallèle durant le Bovidien moyen. Au faciès de Sefar succède sans rupture un groupe moins bien défini, dans lequel les personnages se simplifient dans le dessin de leurs profils et adoptent fré-

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Développement de l’art quemment, une monochromie rouge ; le bétail, qui ne comprend que des bovins, peut être monochrome, avec ou sans réserve, ou bichrome, le blanc s’ajoutant au rouge pour représenter les robes. C’est à cet ensemble que se rattache probablement le faciès de Uan Tabu dans la Tadrart Akakus et, plus ou moins, l’« école d’Abanoria » d’A. Muzzolini. Les compositions montrant des pasteurs poussant leur bétail devant eux sont alors dominantes. Les faciès d’Iheren et de Uan Amil évoluent de la même manière en perdant du détail et de la finesse dans le trait. Dans la Tadrart, le faciès de Uan Amil évolue jusqu’à la caricature, le chignon caractéristique persiste, moins emphatique, ou disparaît au profit d’une coiffure plus plate mais toujours élevée au-dessus du front. Il met en avant quelques ithyphalliques (Iberjen wan Tabarakat, In Araien III), montre les premières figurations de baudrier croisé et manteau « libyen » qui caractériseront le faciès de Tin Anneuin, des bovins monochromes à robe zébrée ou tachetée. Dans le Tassili n’Ajjer, l’abri de Tikadewine montre une évolution en deux étapes, la première bichrome en rouge-violacé et blanc, la seconde monochrome en rouge, avec réduction progressive des détails, mais qui restent dans la tradition d’Iheren pour les thèmes. Des bovins à robe zébrée, peut-être inspirés de modèles plus anciens d’Iheren se retrouvent à Ouan Derbaouen dans des peintures bichromes en rouge et jaune, à Tadjelamine au simple trait rouge, et rappellent ceux de la Tadrart, montrant le début d’une convergence des divers ensembles qui va se renforcer dès le Bovidien final. Dans la Tadrart méridionale se retrouvent aussi de nombreuses gravures qui marquent le rôle de carrefour joué par la région à cette époque : elles montrent des caractères que l’on retrouve dans les zones voisines du Djado et du Messak, des peintures du Tassili n’Ajjer, qui, se succédant souvent sur les mêmes œuvres au gré des reprises, montrent, sinon une occupation alterne de la région, du moins une rivalité des cultures dans ce secteur. Ce dernier point est d’importance puisqu’il tempère l’impression de « melting pot » harmonieux que pourrait laisser le paysage rupestre perçu dans le Tassili n’Ajjer. La phase récente définie dans la Tadrart Akakus, le faciès de Tin Anneuin (ou Tin Lalan), est caractérisée par des personnages longilignes, à tête stylisée et emplumée, porteurs d’une grande cape quelquefois associée à un baudrier croisant la poitrine. Elle se répartit depuis la Tadrart méridionale jusqu’au Tassili du nord-ouest (Tissebouk). Dans la zone la plus méridionale, des archers emplumés à carquois et baudrier, mais sans manteau, relèvent clairement du même groupe. Outre l’arc, on rencontre encore le bâton de jet dans l’armement, le poignard apparaît et la lance se fait plus fréquente. Les bovins sont monochromes, avec ou sans réserves pour les robes, exceptionnellement encore bichromes. Un autre ensemble, composé de personnages au trait ou en aplat monochrome, à profil fréquemment en « museau », au corps resserré à la taille, qui accompagnent des bovins à sabots « en pinces » et robe bichrome, est également fréquent dans l’ouest du Tassili n’Ajjer. Vers la fin de la période, ces deux groupes convergent au point de se confondre au début du Caballin, lequel succède ici au Bovidien final sans aucune rupture, seulement marqué par l’apparition du cheval. Dans la Tadrart méridionale, le Bovidien final montre une densité nettement plus lâche que les phases antérieures, peu de gravures et sans trace de rivalité, probables

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Sahara préhistorique indices d’un abandon plus précoce de cette région, sans doute redevenue sèche un peu plus tôt que ses voisines. Le Bovidien dans le Messak et le Sud libyen Si le pastoralisme est bien traduit dans les gravures du Messak, les recherches qui y furent menées jusqu’à maintenant n’ont mis en évidence assez clairement que deux sous-ensembles bovidiens. Selon A. et A.-M. Van Albada l’un, dit naturaliste, comprendrait des gravures « classiques et originales du Messak », l’autre regrouperait des « gravures pastorales tardives ». Le réemploi extrêmement fréquent de gravures antérieures dans le premier groupe a sans doute contribué largement à masquer ses propres développements que l’on soupçonne dans des figurations de pasteurs et de troupeaux de bovins de types bien différents, sans que l’on puisse dire si ces divergences sont d’ordre régional ou chronologique. Lorsqu’ils sont lisibles, les profils des personnages évoquent des populations plutôt méditerranéennes, voire, d’après R. et G. Lutz, un type oriental pour certains. L’emploi général du trait poli, certains détails propres au Messak comme le tracé quasi-systématique sur le corps des bovins d’avant-plan de l’épaule et de la cuisse, la fréquence élevée de gravures en pseudo-relief, contribuent en outre à l’apparente homogénéité d’un ensemble qui flatte particulièrement les goûts esthétiques européens. A contrario, les « gravures pastorales tardives » montrent des bovins fortement schématiques, le plus souvent piquetés, qui peuvent porter de larges bandes bouchardées en travers du corps et dont la patine, plus claire que la roche, est cependant marquée, le plus souvent décrite comme « chamois ». Omniprésent et abondant dans l‘ensemble du plateau, ce groupe comporte également de la faune sauvage -girafes, autruches, lions, chiens, rares éléphants- et quelques personnages peu détaillés de même facture.

Fig. 78 – Tin Hanakaten (Tassili n’Ajjer). Troupeau conduit. (ph. G.A.).

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Développement de l’art Objets de plusieurs publications de P. Graziosi dans les années 1930, plusieurs vallées du Fezzan septentrional, à l’ouest de Brach, ont vu leur étude reprise par J.-L. Le Quellec dans le courant des années 1980. Elles abritent nombre de sites rupestres à gravures dont les plus anciennes pourraient être bovidiennes. Celles-ci figurent des bovins domestiques, de la faune sauvage dont l’éléphant et des personnages armés de l’arc ; elles sont essentiellement piquetées, rarement polies et leur patine est foncée. H. Ziegert a identifié des gravures bovidiennes au Gebel ben Ghnema et à Dor el Gussa. Aux côté de bovins domestiques, la girafe et l’antilope sont encore chassées, l’éléphant n’est pas représenté alors qu’il figure dans un niveau plus ancien rapporté au Shaheinabien, ce qui indiquerait une détérioration du milieu. D’autres œuvres bovidiennes du Sahara central Dans l’Ahaggar, en Téfédest, J.-P. Maitre a pu reconnaître un ensemble de peintures lié au pastoralisme à bovins et qu’il dénomma Bovidien-Téfédest, l’associant étroitement au faciès néolithique du même nom qu’il avait identifié dans la région, faciès qu’il nomme aussi culture de Timidouin. Exécutées sur granite, ces peintures sont souvent mal conservées. Elles mettent en scène des personnages et des bovins généralement bichromes (rouge et blanc), volontiers dessinés en aplat pour les corps, d’un trait fin pour les accessoires. Celles qui furent publiées laissent supposer deux phases qui se distinguent par la figuration des profils dans la plus ancienne, la présence d’une coiffure en auréole dans la plus récente. Dans le Serkout, la période bovidienne domine largement l’ensemble rupestre régional. Les travaux menés par N. Aïn-Seba aux débuts des années quatre-vingt-dix ont mis en évidence d’au moins trois phases distinctes : la plus ancienne, qualifiée de naturaliste, utilise une technique avec polissage ou incision, sa patine est toujours foncée, parfois totale ; une phase moyenne est dite subnaturaliste, elle respecte encore perspective et rendu des mouvements, et la patine en est généralement grise selon la terminologie de l’auteur ; de technique piquetée comme la précédente, la troisième, décrite comme subschématique, montre des dessins plus sommaires et la patine en est gris clair ou chamois-gris. Plus au sud, on retrouve une telle partition dans l’oued Tagrira et le cours moyen de l’oued Tin Tarabine, plus particulièrement à Youf Ahakit. Ce dernier site abrite aussi un petit groupe de peintures « miniatures » généralement attribuées à un Bovidien final. D’autres, dont on sait peu de choses, ont été signalées dans la même région comme relevant du Bovidien moyen et/ou final, par des affinités avec des peintures du Tassili n’Ajjer (?). Toujours dans le Tassili n Ahaggar, une telle affinité a été notée pour des peintures du secteur de Ouan Rechla où existent aussi de petites gravures peintes (12 cm d’envergure maximum) rappelant fortement celles décrites par H. Lhote à Jabbaren. La grande majorité des figures bovidiennes du Tassili de Tin Ghergho, des oueds Tagrira et Tin Tarabine est cependant gravée et représente essentiellement des bovins, le plus souvent en petits groupes, bien plus rarement leurs pasteurs. Phases ancienne, moyenne et finale y sont perceptibles, marquées par des graphismes différents auxquels s’ajoutent techniques et patines différenciées, même si les cas de réemploi sont assez fréquents et laissent quelques figures difficiles à classer.

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Sahara préhistorique C’est à la suite de son séjour dans l’Adrar Ahnet que Th. Monod entreprit de réviser la classification de l’art rupestre nord-africain, après y avoir constaté l’absence des gravures les plus anciennes reconnues dans l’Atlas et notamment celle de Pelorovis. Le Bovidien s’y manifeste par de nombreuses gravures de bovins, des personnages, quelques girafes, autruches et bovidés indéterminables (antilopes ?). La technique est presque exclusivement le piquetage, avec diverses qualités d’exécution, mais il existe plusieurs niveaux de patine et des superpositions qui ont permis d’établir une chronologie relative. On distingue ainsi un étage ancien à bovins à corne unique en avant, qui montrent peu de signes de domesticité (pendeloques jugulaires, plus rarement robe figurée), accompagnés de rares silhouettes humaines très sommaires. Un second niveau bovidien, à patine un peu plus claire et moins homogène, montre des bovins à deux cornes droites, parallèles ou légèrement divergentes, ou à large cornage lyré, et des personnages souvent équipés de l’arc et d’une sorte de massue (?). Au Djado, une ébauche de chronologie des peintures a été proposée à la suite des prospections du début des années 1990. Elle met en évidence quatre épisodes dans la période bovidienne, qui semblent en accord avec les données fournies par les cultures matérielles : - Les plus anciennes peintures seraient comparables à certaines du Bovidien moyen du Tassili n’Ajjer et de la Tadrart, avec des boeufs à robe bicolore -rouge et blanc- souvent en file indienne et suivis d’un pasteur à profil négroïde vêtu d’un simple pagne. - Un second groupe, de facture voisine mais de dessin moins précis, comporte des chèvres en troupeaux et des archers. - Un troisième groupe, en aplat ocre rouge sans cerne, de petites dimensions (au plus 10 cm d’envergure), montre uniquement des chèvres et des personnages, dont des archers. - Le quatrième et dernier groupe comprend des peintures de dimensions sensiblement plus importantes que les précédentes, bovins à sabots « en pinces » et personnages à longue robe, en aplat ocre rouge vif sans cerne ; il s’apparente au Bovidien final du Tassili n’Ajjer. Dans ce cas, l’apparition de la chèvre qui intervient en remplacement du boeuf, la réapparition de celui-ci dans une phase finale, pourraient marquer les limites d’un moment plus aride. Dans les gravures, la période bovidienne est relativement moins bien représentée. Au contraire des plus anciennes, celles de période bovidienne se trouvent essentiellement sur des surfaces verticales en bordure des vallées et non plus sur des surfaces horizontales. Trois regroupements ont été proposés sans qu’il soit fait état d’une valeur chronologique très précise, les relations qui les unissent apparaissant encore assez floues, notamment à cause de nombreux réemploi. - Un premier groupe est constitué de gravures naturalistes, réalisées au trait piqueté serré et de patine chamois, dont les thèmes sont rapportés à une culture pastorale. Il pourrait s’être développé durant une grande partie du Néolithique moyen. - Le second groupe comprend des gravures subnaturalistes réalisées par piquetage et dominées par des représentations de bovins qui peuvent être figu-

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Développement de l’art rées en troupeau ou isolées. Il figure aussi de la faune sauvage et des représentations humaines, parfois associées dans des scènes de chasse. - Le troisième groupe est un ensemble de gravures subschématiques piquetées, souvent « sommairement », qui comporte des bovins parmi de nombreux quadrupèdes difficilement identifiables et des autruches. L’art bovidien dans le Tibesti et ses abords Dans les gravures du secteur de Gonoa, la période bovidienne retrouve une partition ternaire en phases successives, ancienne, moyenne et finale. La première est encore de grande dimension, bien que se réduisant par rapport aux gravures antérieures. La patine est, en général, à peine plus claire que la roche, le trait incisé, et si les bovins domestiques dominent, la faune comprend toujours des animaux sauvages. La plupart des représentations de bétail doit être attribuée à la phase moyenne, dont la faune sauvage a disparu à l’exception de la girafe. Le dessin est de plus en plus schématique, ramenant les gravures à quelques éléments formels en même temps que leur taille se réduit. Au côté de l’incision, qui reste la technique prédominante, apparaît un piquetage, suivi ou non d’un polissage partiel. La patine est nettement plus claire que la roche. Dans la dernière phase bovidienne, la girafe se fait rare et les bovins domestiques dominent largement un ensemble par ailleurs moins dense que celui du Bovidien moyen. La tendance à la schématisation s’accentue et il n’y a plus de polissage ni d’incision, mais le piquetage, à patine claire, peut être soigné, figurer des robes compartimentées par le travail des surfaces. De nouvelles armes apparaissent avec la lance et le couteau de jet. Dans le nord-est du massif, le Bovidien est surtout marqué par les peintures du faciès de Karnasahi identifié par F. d’Alverny avant 1950. Des bovins à poitrail gras, des personnages élancés à face « en museau » en rouge (ou brunrouge) et blanc le caractérisent. Les troupeaux, figurés en déplacement accompagnés par les personnages, qui peuvent comprendre des moutons et chèvres, sont les représentations les plus fréquentes. Il y a peu de scènes de campement mais il existe plusieurs scènes de danse « en ligne ». L’ensemble pourrait s’apparenter aux peintures du Bovidien récent (style de Fada) et du Bovidien final de l’Ennedi ; il n’est d’ailleurs pas exclu qu’il puisse être subdivisé en deux phases comme le suggèrent des superpositions avec des différences marquées dans la conservation des peintures, particulièrement claires sur le site de Fofoda. Enfin, au nord de Faya-Largeau, le site de Tohil a livré des représentations en relation avec le milieu aquatique : une scène de chasse au crocodile et trois embarcations peintes en aplat ocre rouge ont été rapprochées de l’art du Nil. L’art bovidien dans le Djebel Ouenat et le Gilf Kebir Le djebel Ouenat (=Uweinat) où une occupation humaine a été datée entre 6115 ± 70 (GrN7236) et 3320 ± 35 (GrN6018) (5175-4959 et 1680-1530 av. J.-C.), possède d’importants vestiges gravés et peints de période bovidienne. Un ensemble homogène de peintures montre des personnages à profil « en

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Sahara préhistorique museau » proches de ceux du « style de Karnasahi » du Tibesti oriental, mais les bovins qui les accompagnent s’en éloignent et montrent plus de points communs avec ceux du Bovidien récent de l’Ennedi, les robes sont unies ou bichromes en rouge et blanc, peuvent montrer de grosses taches en réserve. Les plus récents se rapprochent des formes d’une série de bovins gravés, de silhouette anguleuse, à robe souvent quadrillée. Les cornes en sont généralement longues et arquées, les pattes minces, réduites à un simple trait avec des sabots en boule ou, exceptionnellement, en pinces. Ils sont fréquemment accompagnés de girafes, représentations statiques aux membres très longs, filiformes, raides, à la queue le plus souvent droite. C’est dans ce contexte qu’apparaissent les premiers personnages porteurs de javelots à pointes métalliques. Au karkur Talh figure un combat d’archers placés en deux arcs de cercle parallèles, avec dans la concavité, un bovin aux cornes en lyre, chaque rang est débordé par de nombreux petits traits blancs qui figurent des flèches et n’atteignent quasiment pas les hommes. Dans le Gilf Kebir, les peintures semblent un peu plus tardives, plus proches du Bovidien final de l’Ennedi, avec des personnages à tête en bâtonnet mais encore armés de l’arc, des vaches à gros pis entre les pattes arrière et dos plat ou concave. La station d’Aïn Dua Wadi Sora montre de nombreux personnages en ligne, jambes fléchies. Des gravures à trait poli ou finement incisées, qui représentent des bovins, girafes et personnages filiformes, sont sans doute plus anciennes. Assez difficile à situer du fait de sa mauvaise conservation et d’un fort dépatinage, identique à celui des grès supports, cet ensemble est cependant considéré comme bovidien. L’art bovidien dans la vallée du Nil Dans la vallée du Nil, l’art rupestre bovidien, qui couvre une vaste région de la Première à la Troisième Cataracte, est mis en relation avec le Groupe C de Nubie, notamment par des rapprochements entre des décors mobiliers (céramiques, stèles...) et certains motifs rupestres utilisés pour la représentation des robes du bétail ou la forme des cornages. Il serait donc contemporain de la Première Période Intermédiaire et du Moyen Empire égyptiens. L’essentiel est constitué de gravures de bovins et de personnages, les deux pouvant être associés dans des compositions stéréotypées telles que celles montrant un homme tenant l’animal par la queue ou en longe. La technique est majoritairement le piquetage mais le trait poli à profil en V n’est pas rare, alors que la patine, variée, est peu indicative, en relation avec la dispersion des conditions d’exposition des supports ornés, indifféremment parois, diverses faces de blocs ou surfaces horizontales. Si les formes générales des figures sont plutôt schématiques, peu dynamiques, les bovins montrent une belle variété dans le détail des robes et des cornages, bien que les formes à corne unique en avant ou sans corne soient exceptionnelles. Les représentations humaines sont toujours sommaires, sans profil ni coiffure identifiables, rarement équipées de vêtements ou d’accessoires explicites ne serait-ce quelques archers et, occasionnellement, de probables étuis péniens. Parmi les nombreuses figurations de bateaux qui font l’originalité de l’art rupestre du Nil, certaines seraient à rapporter à la même époque, en particulier celles des « square-boats », bateaux à fond plat, poupe et

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Développement de l’art proue dressées. D’après L. Allard-Huard, ces dernières ne sont présentes qu’en deux exemplaires dans les sites de la Troisième Cataracte (secteurs de Gorgod et Geddi-Sabu), où elles seraient remplacées par des formes évolutives du modèle « sickle-boat », à fond cintré, connu dans le Prédynastique égyptien dès l’Amratien (Nagada I). Au Jebel Silsila, le Bovidien pourrait être représenté par des gravures de bovins, hippopotames, quelques gazelles et carnivores qui, selon P.E.L. Smith, seraient plus récents que le troupeau rapporté à l’Holocène inférieur. Des figurations de bateaux, girafes, ibex, chiens, chasseurs de style et technique différents y sont considérés comme d’époque pharaonique. A Abka et Gorgon (Deuxième Cataracte), des gravures subchématiques à schématiques, souvent martelées, traduisent volontiers des scènes de hallage de bateau. Les hommes sont alors fréquemment figurés, de même que des signes et des animaux difficilement identifiables qui pourraient être des chiens, quelques rhinocéros, des crocodiles. L’art bovidien dans l’Ennedi Les zones à peintures et celles à gravures paraissent nettement disjointes dans l’Ennedi durant la période bovidienne. Compte tenu du peu d’éléments archéologiques dont il disposait, G. Bailloud proposait de la voir s’épanouir ici durant les trois derniers millénaires avant J.-C. Le Bovidien ancien se limite au faciès dénommé « style d’Ebiki ». Ce sont des peintures représentant des bœufs et des personnages d’une manière assez proche des peintures archaïques, notamment celles du style de Guérola dans la continuité duquel elles s’inscrivent. L’arc est adopté mais il est encore difficile d’affirmer la domesticité des bovins. G. Bailloud attribue au Bovidien moyen le « style de Hohou » dans lequel on retrouve des bovins peints en noir ou rouge, en aplat ou avec des réserves plus ou moins vastes pouvant donner des corps compartimentés. Les pis de quelques vaches sont figurés et elles peuvent être accompagnées d’un veau. La faune sauvage est surtout remarquable par la présence de deux rhinocéros dans la grotte éponyme de Hohou. Les personnages, à fortes cuisses, corps en poire lorsqu’ils sont de face, stéatopyges et ventrus de profil, sont très caractéristiques. Outre l’arc, plus rare, l‘armement consiste en un bâton de jet et une longue lance, parfois accompagnés d’un bouclier ; les femmes peuvent porter un panier sur la tête. Il est fort probable que les gravures dites du « style de Niola Doa » par J. Choppy, dont les personnages montrent des silhouettes très proches, soient à attribuer à la même période. Elles montrent cependant des caractères propres (« baguette » en arrière du cou), certains communs aux bovins qui leur sont parfois associés (décors corporels en zigzag), qui incitent à les considérer aussi comme un faciès régional. A ces stades ancien et moyen correspondrait un Néolithique moyen caractérisé par la céramique de style Hohou qui est datée du 4ème millénaire. En l’absence d’une période caballine marquée, le cheval apparaissant dans les peintures de l’Ennedi en même temps que le chameau, G. Bailloud a distingué un Bovidien récent d’un Bovidien final qu’il précède, tous deux déjà proches des peintures caballines du Sahara central. Le premier figure personnages, bovins, moutons, plus rarement de la faune sauvage et comporte trois « styles »,

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Sahara préhistorique Tamada, Fada et Koko, à caractère plutôt régional. Tous trois illustrent nombre de détails d’habillement et de parure, l’armement reste majoritairement l’arc et le bâton de jet mais l’on voit apparaître quelques lances à grandes pointes qui peuvent suggérer l’emploi du métal. Les « styles » de Tamada et de Koko se rapprochent par la présence de figurations de scènes de la vie quotidienne et de « cases » en élévation ou en coupe, se distinguent dans leur figuration du bétail, à grandes cornes et robes volontiers complexes pour le premier, cornes courtes et robes unies pour le second. Les personnages, bien plus richement parés dans le « style » de Tamada, rapprochent plutôt ceux de Koko et de Fada mais ce dernier se démarque par ses figurations d’hommes en course qui lui confèrent un fort dynamisme. Dans la zone de Niola Doa, un ensemble de peintures proches du « style de Koko » marque le Bovidien récent, lequel ne se retrouve pas dans l’art gravé. Ces peintures montrent encore quelques bœufs à décor en zigzag et une courte baguette, simplement tenue à la main par certains personnages, qui assurent le lien avec les gravures du « style de Niola Doa ». Le Bovidien de l’Ennedi n’offre plus la même partition lors de sa phase finale, de loin la plus fréquente dans le massif, très homogène par ses peintures. Celles-ci montrent une tendance générale simplificatrice dans le dessin des bovins et des personnages. La lance, le plus souvent à grande pointe, s’impose dans l’armement, fréquemment accompagnée d’un bouclier, rond ou rectangulaire, alors plus volontiers décoré. L’arc a presque totalement disparu mais le bâton de jet reste fréquent, les figurations de cases sont moins soignées, certaines pouvant suggérer tout autant des enclos. La faune domestique comprend la chèvre en sus des moutons et bovins alors que les figurations de faune sauvage se raréfient encore. Cette phase est celle du plus grand foisonnement de l’art rupestre en Ennedi et fut mise en parallèle avec le Groupe C de Nubie par P. Huard. Le Bovidien dans l’Aïr et le massif de Termit Dans le massif de Termit et ses environs, les travaux de G. Quéchon ont permis la mise en évidence de gravures qui renvoient à la pratique du pastoralisme et la découverte d’une structuration des panneaux mettant en opposition des bovins domestiques et des girafes. Pour l’auteur, l’explication de cette structuration serait l’expression des équivalences boeuf/espèce domestique/culture et girafe/espèce sauvage/nature, soit la simple marque d’une opposition nature/ culture. Recherchant des comparaisons régionales, il note la forte probabilité d’une telle structuration des panneaux pour des figures de type proche au nordouest du massif de l’Aïr, dans lequel très peu de figurations rupestres furent considérées comme antérieures à la période caballine. A Termit, en l’absence de cheval et/ou dromadaire, il est clair que ces ensembles relèvent de la période bovidienne mais il est difficile d’être plus précis : des tracés assez schématiques pour les animaux, complètement pour les personnages, des patines plutôt claires, militent en faveur d’un bovidien final bien que la représentation périphérique de l’éléphant puisse suggérer un environnement encore peu dégradé, la latitude très méridionale du massif pouvant suffire à en expliquer la présence ici.

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Développement de l’art Le Bovidien dans l’Ouest saharien En Mauritanie, des peintures de la région d’Amojar, de dessin réaliste et qui représentent volontiers de petites scènes animées, par leurs superpositions ont permis d’identifier deux groupes bovidiens successifs. Le plus ancien rappelle le Tassili n’Ajjer et pourrait « être antérieur à 5000 B.P. » (3800 av. J.-C.) selon R. Vernet. C’est à ce groupe que l’on doit aussi rapporter les peintures de Tenses, dans le sud-est de l’Adrar. Cependant, dans sa grande majorité, l’expression artistique bovidienne est gravée et serait en relation avec une importante expansion du Néolithique autour du 3ème millénaire av. J.-C. L’essentiel des gravures consiste en figurations de bovins qui permettent la mise en avant de deux niveaux chronologiques distincts. Le plus ancien montre des animaux de dessin stylisé, accompagnés de faune sauvage, le second figure des boeufs à corps compartimenté parfois associés à des personnages schématiques, souvent filiformes. Les données disponibles pour le Sahara atlantique et la vallée du Draa, qui font état de bovins au corps compartimenté, antilopes et autruches, personnages filiformes, à grosse tête ronde, portant un objet (hache ?) en croissant, pourraient montrer ces deux mêmes ensembles, avec des variantes pour les personnages et/ou dans les formes des cornages et le soin apporté à leur exécution. Il n’est pas exclu que certaines gravures du Haut Atlas doivent également y être rapportées ou, du moins, en montrent l’influence.

Contrairement aux périodes précédentes, l'art bovidien (ou pastoral) est omniprésent dans le Sahara central. Il figure essentiellement des bovins domestiques et des personnages en activité. Des scènes de campement sont fréquentes. L’identification du caractère domestique des bovins repose sur leur pelage pie, leur pis volumineux, le troupeau, le portage. L’art bovidien est généralement subdivisé en trois étages, ancien, moyen et final, qui ne sont pas synchrones sur tout le territoire. Dans le Sahara central, le dernier se termine par une phase à personnages portant une grande cape, dont la tête est surmontée de plumes, qui sont dits « Libyens ». Développé après l’aride mi-holocène, l’art bovidien y est mis en relation avec des ensembles industriels de l’Holocène moyen. Ailleurs, son âge paraît des plus variable mais ne peut être précisé que rarement. Le Bovidien dans l’Atlas Les gravures bovidiennes sont peu nombreuses dans l’Atlas saharien ; connues à Djattou, El Harhara, Taghit-Tatania, au Djebel Melias, elles seraient plus fréquentes dans le Sud marocain ce qui a amené H. Lhote à voir une remontée de pasteurs sahariens. Ces gravures qui ont un trait poli, une patine rousse, appartiennent au style « quadrangulaire » de Breuil. Les bovins sont dotés de larges pattes arrondies, une par paire, les cornes peuvent être longues ou courtes,

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Sahara préhistorique porter des sphéroïdes, être reliées par un trait. Le corps peut être quadrillé. Les figures peuvent aussi être piquetées, les pattes ramenées à un trait terminé par une boule. La faune sauvage est représentée par des éléphants, des antilopes et des autruches. Les figurations humaines, peu nombreuses, ont souvent les bras levés.

La fin du Néolithique et la traduction graphique d’un Age des métaux Au Sahara central, l’art néolithique finit avec l’apparition de nouveaux sujets, le char et le cheval, qui caractérisent la période caballine. Par extension, le char seul a souvent été considéré comme marquant cette période dans les régions où le cheval manque antérieurement à l’apparition du dromadaire. Mais lui aussi manque dans certaines régions, entre la vallée du Nil et le Tibesti où il est exceptionnel et où aucun char n’a été relevé. On ne l’observe pas au sud de 18° de latitude nord. Il est rare dans l’Atlas saharien et les montagnes marocaines malgré leur richesse en gravures. Cette absence résulte peut-être d’un manque de documentation, comme en Cyrénaïque, mais y souligne néanmoins sa rareté. La période caballine ne peut être synonyme d’Age des métaux : il n’existe pas de trace d’emploi du métal à ses débuts, les travaux d’expérimentation de J. Spruytte ayant démontré que la fabrication de char du type ancien du Tassili n’Ajjer n’en demandait pas l’usage. A contrario, on constate une forte fréquence de figurations d’armes métalliques dans le Haut-Atlas dans un contexte bovidien antérieur aux premières figurations de chevaux et chars dans cette région. De telles données concordent avec l’étude des cultures matérielles et des monuments funéraires qui montrent qu’un Age des métaux, tel que défini en Europe, n’est appréhendé que dans le Tell et, avec une haute fréquence, seulement au nord-ouest du Maghreb. Ailleurs, l’intervention des métallurgies au sein d’ensembles culturels qui n’évoluent pas vraiment restreignent l’interprétation à des faciès chalcolithique et/ou sidérolithique selon les régions, parfois regroupés de façon générique sous le terme Post-néolithique. On rencontre également celui de Protohistoire qui déborde parfois son domaine d’application strict, limité aux populations connues de l’Empire égyptien et des auteurs anciens. En 1953, H. Lhote subdivisait la période caballine en deux étages : celui des chars, considéré comme analphabétique, constitue la phase inférieure, et celui du cheval monté, fréquemment associé à des caractères tifinaghs, lui fait suite. Cette proposition a été admise jusqu’en 1994 où M. Hachid, s’appuyant sur la représentation de cavaliers menant chacun deux chevaux au galop volant, propose la contemporanéité du cheval attelé et du cheval monté. L’apparition des représentations de dromadaires met fin à la période caballine et caractérise une nouvelle période, la période cameline. Un enrênement à double bride des chevaux et une selle à troussequin, souvent associés à des personnages vêtus de sarouals, l’intervention de caractères arabes, des harnachements de chameaux comparables à ceux des Touaregs actuels, notamment par des selles à pommeau en croix, et la présence de marques de propriété toujours connues en caractérisent, eux, la phase moderne. Elle précède une dernière phase, contemporaine, dans laquelle apparaissent toute sortes de véhicules, de l’automobile à l’hélicoptère mais qui produit aussi nombre de copies.

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Développement de l’art Le Camelin peut être difficile à saisir dans les scènes où le chameau manque, particulièrement sur les surfaces horizontales où même les gravures de cette période peuvent être patinées. Généralement, il est traité plus sommairement dans les compositions, avec des personnages schématiques, souvent filiformes, des animaux aux pattes réduites à des traits et qui, en l’absence d’élément très caractéristique, s’avèrent difficilement identifiables. Ses gravures sont très rarement incisées, souvent grossièrement percutées. Ses peintures offrent volontiers des traits à bords irréguliers qui diffèrent de ceux, parfaitement nets, des périodes antérieures et, souvent, une apparente fraîcheur de la teinte qui contraste avec une mauvaise conservation d’ensemble. Dans le Sahara central La période caballine se manifeste d’abord dans le Tassili n’Ajjer et la Tadrart par un stéréotype, dit « galop volant », figurant de profil des chevaux en pleine extension attelés à un char et guidés par un aurige penché en avant. Le plus souvent peintes, ces représentations interviennent dans un contexte de pasteurs à bovins, même si ceux-ci sont peu figurés. Traditionnellement attribuées aux Garamantes, elles sont d’abord associées à des personnages vêtus de longues robes ou de courtes tuniques évasées à leur base, qui font passage à la graphie des populations du Bovidien final. Par la suite, les corps prennent une forme bitriangulaire, les têtes celle d’un bâtonnet, un temps encadré d’une auréole, parfois ornée de plumes, malheureusement mal conservée. L’arc si courant aux périodes précédentes, devient exceptionnel, remplacé par le javelot et la lance. Les animaux sauvages sont peu nombreux, les espèces réduites aux girafes, mouflons, autruches. Les scènes narratives sont encore nombreuses mais s’associent moins souvent dans un ensemble, sur une même paroi : dépeçage d’un boeuf, attelage de chevaux, cueillette, écoute musicale, puisage, danse, combat de lanciers, constituent cependant une vaste banque de données palethnologiques. Plus tardivement, des boeufs pourront être attelés, ce qui souligne bien la permanence de leur élevage durant cette période, mais rarement figurés dans l’attitude du « galop volant ». Le char sera reproduit ensuite selon une toute autre perspective, la plateforme figurée en plan, les roues de part et d’autre, les animaux tracteurs restant de profil. Les bœufs attelés deviennent alors plus fréquents et les scènes détaillées se raréfient au profit de stéréotypes tels que chasse au mouflon, couple en posture hiératique, combat de lanciers. C’est dans ce contexte qu’apparaissent, au Tassili n’Ajjer et dans la Tadrart, les premières représentations du dromadaire qui interviennent, au côté des bovins, en remplacement du cheval. Les personnages évoluent avec des corps encore plus resserrés à la taille, dits en « diabolo », les têtes prennent de l’ampleur et leurs formes sont variées : les plus fréquentes sont discoïdales ou en « champignon » et peuvent être coiffées de plumes (?), certaines sont de simples bâtonnets épaissis, d’autres sont polylobées. Au cours de son évolution, l’aire couverte par cet ensemble va s’étendre de façon diffuse et asynchrone jusqu’au Tassili n Ahaggar, à la Téfédest, à l’Aïr et au Djado, touchera plus ponctuellement l’Ahaggar central, l’Adrar des Ifoghas et le Messak. En retour, on trouve jusqu’au coeur du Tassili n’Ajjer quelques

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Sahara préhistorique figures dispersées, gravées ou peintes, de personnages typiques de ces régions, mais l’on ne sait rien des modalités de ces influences croisées. Dans l’Ahaggar, la période caballine s’exprime de manière originale par de très nombreuses gravures de motifs spiralés et d’entrelacs. N. Aïn-Seba propose d’y voir une forme dérivée de déformations exagérées des cornages, rencontrées notamment dans le Bovidien final du Serkout. Très nombreux dans l’Ahaggar central, ces motifs se retrouvent dans le secteur de l’oued Tin Tarabine où ils sont contemporains de représentations de faune sauvage (girafe, autruche) et de bovins assez schématiques, d’animaux et de personnages à caractère fantastique. Dans les peintures de Téfédest, l’influence du Tassili n’Ajjer est nettement perceptible, avec des personnages à tête en bâtonnet comparables, que l’on retrouve aussi très au sud du massif de l’Ahaggar, notamment avec deux chars peints du secteur de Ouan Rechla, des chars et chevaux « montés » au galop volant dans le Tassili de Ti Missao. Dans ces dernières régions, le Caballin est encore peu individualisé dans l’art gravé. Dans l’Adrar Ahnet, cheval et dromadaire ne sont pas dissociés. Ils apparaissent tous deux montés, sans que l’on ne perçoive jamais de selle, par des personnages schématiques équipés de lances, boucliers ronds et poignards de bras, dans un contexte où figurent de nombreux caractères tifinaghs. On note leur présence dans des scènes de chasse au mouflon ou à l’autruche. Un groupe de figurations humaines, souvent exagérément sexuées, bitriangulaires, à tête en bâtonnet ou en champignon, pourrait être un peu plus ancien ; bien qu’associé à des caractères tifinaghs, il ne l’est ni au dromadaire, ni au cheval. Le char est extrêmement rare et attelé à des bœufs au Djado où le cheval n’apparaît pas. Le Caballin y est discrètement marqué par des gravures de personnages bitriangulaires et d’autres, à corps rectangulaire et tête emplumée, apparentés à ceux de l’Aïr, notamment à la bordure occidentale du plateau. Peu fréquent au Messak, l’art de période caballine y est représenté par des peintures sous de très petits abris dispersés dans toute la région, le plus souvent en plafond. Très mal conservées pour la plupart, elles figurent des animaux que l’on peine à identifier (chiens et chèvres probables, peut-être des chevaux) et des personnages le plus souvent de types connus dans la Tadrart : corps à tendance bitriangulaire et têtes en bâtonnet, avec ou sans auréole, parfois en champignon. Les gravures de même période sont rares et plutôt situées vers le nord, non loin du wadi El Adjal. Elles se distinguent de celles de période cameline par une patine plus marquée et, selon A. et A.-M. Van Albada, pourraient être en partie contemporaines du groupe des « gravures pastorales tardives ». Outre des chars schématiques dételés, souvent à deux timons, elles comportent des personnages bitriangulaires à tête trilobée ou en bâtonnet, souvent équipés de lances et de boucliers ronds, qui peuvent s’affronter dans des scènes guerrières. Quelques représentations de faune domestique (bovins, chèvre) et sauvage (oryx) lui sont également rapportées. Dans le Camelin, le schématisme s’accentue encore et l’on peine parfois à identifier la faune figurée, les caractères tifinaghs sont communs. Si, dans le Tassili n’Ajjer et la Tadrart, les peintures dominaient le Caballin, les gravures se font alors plus nombreuses et montrent quelques belles scènes pastorales dans

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Développement de l’art lesquelles le dromadaire a pratiquement remplacé le boeuf qui n’est plus présent que rarement, peut-être à titre symbolique. Les chameliers, parfois figurés dans des scènes de combat, sont alors équipés de lances à pointes métalliques, du bouclier et du poignard de bras. Les représentations féminines sont très rares. La faune sauvage comprend encore des autruches, oryx et mouflons, qui, comme dans la période précédente, peuvent être chassés à l’aide de chiens. Sans que l’art camelin en soit globalement bouleversé dans son mode d’expression, le cheval réapparaît lors de l’expansion de l’islam dans la région. Le long des principaux axes de communication se trouvent des figures moins schématiques permettant d’identifier des personnages à saroual et turban souvent accompagnés de caractères arabes ; quelques unes peuvent être très réalistes. A cet épisode près, la tendance à la schématisation ne cesse de s’accentuer tout au long de la période, elle aboutit à la multiplication d’images sommaires, autruches et dromadaires surtout, à l’apparition de symboles dérivés de pièces d’équipement (baçour) vues en plan ou en coupe. On retrouve ainsi ce type de gravures dans tous les secteurs du Sahara central, bien que leur distribution soit désormais essentiellement restreinte aux abords des pistes chamelières. Au Djado, les figurations de dromadaires s’associent rarement à des tifinaghs : d’autres caractères, non déchiffrés, y sont plus fréquents, qui traduisent sans doute déjà la présence d’un peuplement venu du Tibesti, comme l’actuel, et préfigurent les luttes entre Touaregs et Toubous dans la région. L’influence arabe semble s’être limitée à la bordure occidentale de la falaise, où étaient implantées des villes caravanières. Dans l’Adrar Ahnet, l’absence de figuration de selle à pommeau et troussequin, celle de caractère arabe, conduisent à situer le Camelin antérieurement au 7ème siècle ap. J.-C. : la région, à l’écart des grands axes de communication, était sans doute déjà très peu fréquentée à cette date. Dans le Messak, chevaux et cavaliers pourraient n’apparaître que dans le Camelin, ces derniers combattant quelquefois des chameliers. Plus présent ici que le Caballin, le Camelin n’y est pourtant dense que sur quelques sites comme ceux de l’Adrar Iktebine, la « Montagne aux écritures » de R. Frison-Roche. De technique essentiellement piquetée, exceptionnellement piqueté-poli, à patine nulle, il montre d’innombrables tifinaghs couvrant des pans entiers de rochers et fréquemment accompagnés de dromadaires schématiques. Il représente aussi des chiens, chèvres, autruches, quelques girafes et oryx, de rares bovins. Sa distribution montre une implantation préférentielle des stations aux intersections des oueds et des itinéraires marqués par les medjbed. Les chars du Fezzan septentrional Plusieurs affluents du wadi Shati, au Fezzan septentrional, présentent un ensemble caballin marqué par les représentations de chars gravées, bien plus nombreuses ici qu’au Fezzan méridional (Messak). Schématiques et piquetées, ces figurations montrent des engins à un ou deux timons, dételés ou attelés. Les animaux tracteurs furent interprétés comme des chevaux par P. Graziosi au wadi Zigza ; des quadriges y sont conduits par des personnages bitriangulaires équipés d’un javelot ou d’une lance à pointe métallique, parfois du bouclier rond, installés sur une plate-forme rectangulaire. Un cas de char à deux timons

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Sahara préhistorique tracté par un seul animal y figure également. Il y a peu d’éléments contextuels : des personnages de même type que les conducteurs, des animaux schématiques, surtout des autruches, peut-être quelques bovins. Le dromadaire dans le Tibesti et ses abords Si le Borkou, les contreforts sud-sud-est du Tibesti montrent des peintures et gravures tout à fait comparables à celles de l’Ennedi, le secteur oriental du massif jusqu’au pied de l’Emi Koussi vers le sud est marqué par deux séries distinctes de peintures camelines. La première, bien représentée à Korossom, montre des chameaux équipés de selles et de bâts, montés ou barakés, qu’accompagnent des personnages au corps resserré à la taille mais pas encore bitriangulaires, munis de javelots parfois armés d’une pointe métallique, portant fréquemment le baudrier croisé, dont les ornements et la tête, ronde mais désaxée par rapport au cou, rappellent le faciès de Karnasahi. Le second ensemble, clairement identifié à Faruanama, comprend des peintures réalisées uniquement à l’ocre rouge. Il figure, en aplat ou au trait, des personnages bitriangulaires à tête généralement en bâtonnet, aux bras semi-relevés en position d’orant ou montant des dromadaires et munis d’une longue lance, tous portant le poignard de bras, quelques uns équipés d’un bouclier rond. Ce second groupe pourrait être postérieur au premier mais le passage de l’un à l’autre se ferait sans rupture comme le montre un panneau de Kozen Michidin, lequel associe en outre aux peintures en aplat rouge des figurations de chevaux montés, exceptionnelles au Tibesti, massif qui, par ailleurs, ignore le char. Dans l’ouest, n’ont été relevées que quelques gravures camelines représentant essentiellement des chameaux, quelques autruches, signes abstraits, contours de sandales, bovins, antilopes et probablement des babouins. Toujours à patine très claire ou inexistante, ces gravures sont majoritairement piquetées, très exceptionnellement à trait lisse. Le Camelin et le cheval dans le Djebel Ouenat et l’Ennedi Dans le Djebel Ouenat, c’est dans un contexte encore totalement bovidien qu’apparaissent des figurations d’armes métalliques. Les bovins alors gravés montrent des points communs avec l’art rupestre du Nil, notamment dans la représentations des cornages. Ils sont accompagnés d’autruches, d’antilopes (addax, oryx), de personnages longilignes armés d’une lance à pointe métallique, parfois équipés d’un bouclier, et de nombreuses girafes à corps quadrillé dont quelques-unes peuvent être tenues par la queue, par un court lien attaché à la tête ou encore entravées. Les scènes de chasses au mouflon à l’aide de chiens sont courantes. Cheval et char sont absents et le dromadaire semble apparaître indépendamment de cet ensemble avec des figures incisées, dont le corps peut être poli, accompagné de personnages quasi-filiformes dont beaucoup sont en position d’orant. La fin du Camelin est constituée d’un ensemble de gravures tendant au schématisme, à patine très claire et piquetage peu soigné, dont les caractéristiques sont une synthèse des deux groupes précédents. Les personnages, portant lance et bouclier, plus épais et plus courts, sont figurés les bras semi-levés. Dromadaires, autruches et girafes dominent les représentations d’animaux parmi lesquelles bovins et chiens perdurent.

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Développement de l’art C’est également en l’absence de toute figuration de char que le cheval apparaît en Ennedi, conjointement au dromadaire, dans une phase du Camelin ancien que l’on s’accorde à rapporter à l’Âge du Fer, dans les derniers siècles avant l’ère chrétienne. G. Bailloud distingue deux « styles » de peintures dans cette phase, celui de « Gribi » et celui de « Keymena », qu’il considère comme en partie contemporains. Dans le premier, le contexte reste proche de celui du Bovidien final local, avec des figurations de bovins, de chèvres et de huttes. Les personnages sont nettement bitriangulaires, à tête en bâtonnet, parfois surmontée d’un disque interprété, ici, comme un chèche. Les chameaux montés sont représentés en partie dans la même attitude de « galop volant » que les chevaux qui leur sont contemporains, proches des peintures caballines du Sahara central, mais ils évoluent très rapidement vers un stéréotype qui leur est propre et respecte l’amble en faisant diverger, en pleine extension, les membres de chaque train. L’arc est encore présent, mais les archers vont à pied alors que cavaliers et chameliers, lorsqu’ils sont armés, portent une lance, quelquefois terminée par une grande pointe foliacée à douille, certainement métallique. Seuls quelques chameliers portent un poignard de bras, les figurations de bouclier sont absentes. Les scènes de combats sont fréquentes, les représentations de femmes plutôt rares. Le « style de Keymena » représente les personnages avec de grosses têtes rondes, tendant à prendre une forme « en champignon », surmontées de plumes et porteurs de sagaies. Les scènes sont plus statiques et les figurations de dromadaires, bien qu’en mouvement, n’ont pas le même élan. Le cheval est quasiment absent mais l’on trouve quelques chiens. Les cases ne possèdent plus de mobilier identifiable, seules quelques ponctuations blanches cernées de rouge suggèrent des greniers. Un groupe plus récent, Camelin moyen, montre une bien moins grande variété thématique, avec des sujets limités aux bovins, chevaux et chameaux montés et surtout personnages, dont il offre une déclinaison simplifiée des dessins du style de Keymena. Dans le Camelin récent, les peintures sont moins soignées dans leur exécution. Des guerriers à tête emplumée armés de sagaies et d’un bouclier, des queues d’animaux se terminant en épi, sont typiques de cette phase. De nombreuses représentations montrent une forte schématisation, parmi lesquelles subsistent des chevaux montés au « galop volant ». Des scènes de rezzou sont alors figurées. Une rupture dans la continuité archéologique marquerait le début de la période moderne vers le XVIème siècle. Si l’art rupestre est encore pratiqué, les peintures sont dès lors d’exécution excessivement sommaires, les sujets réduits à des personnages, des chevaux montés par des cavaliers portant épée ou couteau de jet et de nombreux chameaux. La période cameline se terminerait au XVIIIème siècle sur des compositions pectiniformes dans lesquelles le zèbre apparaît. Dans l’art gravé, la période cameline ne se manifeste pas avant sa phase récente et ne figure que peu le cheval. En majorité piquetées, avec plus ou moins de soin, toujours à patine claire, voire quasi-absente pour certaines, ses gravures représentent quelques bovins, des personnages emplumés armés d’une lance et portant un bouclier le plus souvent rond, des chameaux montés, fréquemment avec une selle. Un groupe extrêmement schématique, au piquetage très gros-

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Sahara préhistorique sier, qui figure aussi de probables caprins (des mouflons ?), se détache. Les rares chevaux montés montrant une selle à pommeau et troussequin, la fréquence des représentations d’épée, conduisent à situer cet ensemble tout à la fin du Camelin, certaines gravures devant même être rapportées à la période moderne. Dans la vallée du Nil, le Caballin et le Camelin face à l’Histoire Dans l’Egypte ancienne, le cheval et le char deviennent couramment figurés dès la XVIIIème Dynastie, à la fin du Moyen Empire. Dans la vallée du Nil, en Basse Nubie, L. Allard-Huard et P. Huard ont compté six chars rupestres qu’ils considéraient comme « d’époque tardive ». Parmi ces figures, très différentes les unes des autres bien qu’elles montrent toutes des chars à un seul timon dont la plateforme n’est pas représentée, trois sont schématiques, une subschématique, une stylisée et une est nettement plus réaliste. Ce dernier char est conduit par un aurige interprété comme un roi par M. Almagro Basch du fait d’une coiffure identifiée comme une tiare conique avec l’indication d’un uraeus. Les chevaux sont dans une posture en semi extension rappelant le « galop volant », la plateforme, en profil absolu, se confond avec le timon. Le char stylisé est le seul à être figuré totalement en profil absolu, seule la présence de quatre pattes décalées permettant de percevoir un bige, têtes et corps des chevaux étant strictement confondus. L’aurige est réduit à un trait sinueux fini par un petit disque représentant la tête à sa partie supérieure. Dans les trois cas où ces détails sont perceptibles, le chanfrein des chevaux est nettement convexe, leur queue attachée assez bas dans deux d’entre eux n’est pas figurée dans le troisième. Ces traits renverraient à une identification de petits chevaux nubiens, proches des barbes et dongolas, dont on perçoit encore mal l’origine. Si l’on retrouve ces caractères sur la plupart des chevaux montés gravés dans le même secteur, ils sont plus variés pour les chevaux libres ou tenus en longe, avec la présence de chanfreins concaves et queues attachées haut, critères généralement retenus pour l’identification des chevaux arabes. Ces manifestations assimilables localement à un épisode caballin restent cependant peu fréquentes et n’ont guère pu être situées en chronologie. On ne saurait vraiment parler de période cameline sur le Nil, l’ensemble de la vallée étant largement entré dans l’Histoire lors de la généralisation de l’usage du dromadaire. Réputé introduit en Egypte depuis l’Asie mineure en 677 av. J.-C. à l’état domestique, on s’étonne de le trouver chassé sur des basreliefs ce que l’on ne retrouve pas dans l’art rupestre de Nubie, où D. Newbold en admettait la présence à partir du 2ème siècle av. J.-C. pour sa partie soudanaise. Généralement piqueté, il est presque toujours figuré monté, souvent par deux personnages, l’un des deux au moins étant alors armé. Si les tracés sont assez sommaires, ils ne sont pas schématiques et permettent d’identifier divers modèles de selle, des lances à pointes métalliques et des sortes de hallebardes probablement métalliques elles aussi. Pour la plupart des auteurs, ces armes et celles gravées isolément ou équipant quelques personnages, seraient en fer et ne remonteraient pas au delà de l’époque kouschite pour les plus anciennes, soit aux 7ème - 6ème siècles av. J.C., seraient contemporaines de Méroé pour la plupart, entre le 6ème siècle av. J.C. et le 4ème siècle ap. J.C.

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Développement de l’art Le Caballin dans l’Aïr La période caballine constitue l’essentiel de l’art rupestre dans le massif de l’Aïr. Si la peinture y est rarissime, ce sont plus de 5000 gravures relevées qui sont rapportées à cette période. D’après une étude statistique menée par A. Muzzolini, puis par H. Lhote, l’état de la patine représente un critère de classification valable pour les gravures récentes du massif et c’est essentiellement d’après ce critère que ces deux auteurs ont établi leurs classifications. A. Muzzolini distingue deux phases liées au char dans les gravures de Mammanet : une phase ancienne à patine foncée, avec très peu de chevaux, des personnages sans armes et les premiers chars et une phase récente à patine rousse, avec chars schématiques, inscriptions libyques, premiers chameaux, personnages armés et quelques cavaliers. Un ensemble d’âge historique, à patine claire ou absente, représente de nombreux dromadaires, tifinaghs et les premières inscriptions arabes. H. Lhote distingue la période caballine, subdivisée en trois sous-étages, de la période cameline, strictement liée à la présence du chameau. D’après lui, le Caballin ancien comporte des gravures à patine foncée, souvent à contour, voire surface endopérigraphique, poli. Analphabétique, il comporte les chars, de nombreux bovins et des personnages bitriangulaires, à tête hypertrophiée, armés de lances. Ces derniers sont associés à un petit cheval « tenu en laisse », stéréotype exclusif à l’Aïr, durant le Caballin moyen (fig. 79). Celui-ci présente une patine gris-roux, est alphabétique mais aux caractères de type ancien. Le Caballin final regroupe des figures à patine rousse, est alphabétique avec des caractères d’un type plus récent que les précédents et une écriture orientée. Les chars sont en majorité des représentations schématiques en plan, les animaux tracteurs étant figurés de part et d’autre du timon, mais deux d’entre eux sont dessinés avec des chevaux attelés vus du même côté dans un rendu plus proche des chars du Sahara central bien qu’ils ne soient pas en « galop volant ». La faune n’évolue pas vraiment et des gravures de girafes, autruches, gazelles, oryx, addax, éléphants et rhinocéros sont courantes tout au long de la période. C’est ce dernier animal qui figure sur un bloc gravé employé lors de la construction d’un monument funéraire d’Iwelen, monument qui fut daté de 2675±200 B.P. (Pa0525) (1100-520 av. J.-C.) date à laquelle la gravure ne saurait donc être postérieure. Les gravures caballines et camelines de l’Adrar des Ifoghas C. Dupuy a reconnu deux phases de gravure stylisée dans l’Adrar des Ifoghas, à partir de critères croisés, thématiques, stylistiques et superpositions. Il attribue la première d’entre elles à une population de pasteurs à bovins qui aurait occupé le massif sur une certaine durée, suffisante pour constater une évolution dans l’armement, le passage d’une hallebarde à la lance, les deux étant considérées comme métalliques. Outre les bovins et personnages, l’autruche et la girafe sont fréquemment figurées, parfois des carnivores et des animaux hybrides. Des chars schématiques sont aussi rapportés à cet ensemble que l’auteur considère comme renvoyant à une population ancêtre de « certains groupes peuls actuels », originaire de « quelque part entre le lac Tchad et la vallée du Nil », dont on aurait là les manifestations les plus occidentales dans le courant du 1er millénaire. Pour certaines représentations cependant, celles de « girafes à liens », il est

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Sahara préhistorique avancé un âge plus ancien, du 2ème millénaire. Quelques figurations de chevaux renvoient cet ensemble à la période caballine. Par le remplacement de la lance par le javelot, la systématisation d’un modèle de cheval stéréotypé dans l’iconographie de l’Adrar des Ifoghas, C. Dupuy voit une rupture nette lors du passage de la phase moyenne à la phase finale de l’art rupestre de la région, au moment où y apparaît aussi le dromadaire. Elle correspondrait à un remplacement de population : aux pasteurs de type peul succèderait une population « d’origine berbère et nord-africaine » vers le début de l’ère chrétienne. Outre chevaux et personnages, ces derniers graveurs ont en effet laissé de nombreux caractères tifinaghs qui renvoient à une telle origine. Plus précisément même, C. Dupuy propose d’y voir les débuts du peuplement touareg de la région, notamment par la présence de scènes de chasse à courre et à travers « la coiffure, le vêtement et l’armement » qui « renvoient donc incontestablement à des éléments caractéristiques de la culture des Touareg ». Il reste surprenant, dans un tel contexte, de ne pas trouver le mouflon parmi les espèces sauvages représentées, aux côtés des autruches, gazelles, antilopes et girafes Dans l’Atlas et l’Ouest saharien L’appellation libyco-berbère donnée parfois à la phase récente de l’art rupestre entraîne une certaine ambiguïté. Dans le Sud oranais où elle fut définie par G.B.M. Flamand, cette dénomination s’appliquait à des gravures associées par leur technique et leur patine à des caractères alphabétiques les voisinant sur la paroi. Elle y fait suite à l’étage des chars et représente le cheval. Ses techniques sont le piquetage ou l’incision et la patine en est toujours claire. N’intervenant qu’au cours de la période caballine et se perpétuant ensuite jusqu’à l’époque actuelle, les caractères alphabétiques ne permettent pas de superposer celle-ci à la période libyco-berbère. L’art de période caballine est courant dans l’Atlas saharien, la vallée du Draa, le Sahara atlantique et en Mauritanie. Le char est représenté à plat, les animaux tracteurs symétriquement de part et d’autre du timon, mais il montre aussi des traits communs avec ceux des chars tassiliens, tels la plateforme à l’avant de l’essieu et le timon terminé par une courte barre transversale. Il est parfois associé à un personnage très typé, vu de face, à corps bitriangulaire, grosse tête plus ou moins discoïde, porteur d’une longue lance à pointe parfois nervurée, ce qui renvoie à des pièces métalliques. Lorsqu’il est attelé, les animaux tracteurs identifiés sont le plus souvent des bœufs. Certains chars à quatre roues ont été rapprochés des « plaustra » gétules par Th. Monod. On note une nette tendance à la concentration en stations sur lesquelles voisinent volontiers divers types de chars, jusqu’aux plus schématiques, qui marquent sans doute l’évolution de l’objet vers le « symbole ». Des sites comme Oued Lar’ar (Sud oranais), Aïouneght (Zemmour, Mauritanie), en comptent ainsi plus de cent, d’autres sont plus modestes et se limitent à quelques dizaines (Taouz, El Rhallaouiya...) mais il n’existe guère de char isolé dans l’Ouest saharien : même dans les zones où ils deviennent plus rares, ils vont encore souvent par deux, comme à Khadra, sur le dhar Tichitt.

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Développement de l’art Dans l’Atlas saharien, le Camelin se perpétue avec des graffitis, mais aussi des gravures de petits chevaux, dont la patine, très claire voire inexistante, peut souvent servir de repère. Des dromadaires et chameliers, mais aussi des cavaliers, girafes, bovins, autruches et antilopes sont présents tout au long de cette période dans l’ensemble de l’Ouest saharien. Quasi-dépourvues de patine, ces gravures évoluent vers le graffiti. Dans le Haut Atlas, l’apparition du métal est confondue avec celle des premières manifestations rupestres. Les gravures figurant des armes métalliques comptent, en effet, pour, respectivement, environ la moitié et le quart des gravures identifiées sur les sites de l’Oukaïmeden et du Yagour, sans compter les nombreux boucliers qui leur sont associés. L’étude des différents types d’armes représentés a montré la présence de modèles argariques qui a permis de situer les débuts de l’activité des graveurs entre 1800 et 1500 av. J.-C. selon les auteurs, en fonction du délai accordé à leur transmission depuis la péninsule ibérique, quasi-immédiate pour certains, ayant demandé quelques siècles pour d’autres. Le contexte animal est essentiellement constitué de bovins, dont quelques-uns sont proches de ceux rencontrés dans le Bovidien final de la vallée du Draa. La faune sauvage est moins fréquente dominée par les figurations de félins et d’éléphants. Les représentations anthropomorphes, un peu moins nombreuses que celles de faune sauvage, sont le plus souvent schématiques, certaines, comme les fameuses « idoles en violon », sont stylisées. On compte une vingtaine de chars relevés au Yagour, dont un de profil, aucun à l’Oukaimeden. A l’instar de certaines formes de bovins, ils apparaissent comme un témoignage d’échanges et/ou contacts avec les régions plus méridionales, dont les modalités seraient à préciser. En partant des différents types d’armes figurés et de leur distribution, A. Rodrigue a proposé une partition chronologique en trois épisodes successifs. Le premier, lié au Bronze argarique, débuterait vers 1500 av. J.- C. et s’achèverait vers 1200 av. J.-C. Le second, dit Bronze atlasique, lui succède pour s’achever vers 600 av. J.C. Il attesterait d’une production métallique autochtone, caractérisée par les figurations de hallebardes et poignards atlasiques, de haches de type Metgourine. Selon cette classification, l’art de l’Oukaïmeden serait un peu plus ancien que celui du Yagour. Le dernier épisode ne serait que peu marqué, ne se manifestant peut-être que par des représentations de chevaux douteuses au Yagour, absentes de l’Oukaïmeden. Hormis du Haut Atlas proprement dit, il est bien représenté sur les stations du Rat où il est marqué par des figurations de cavaliers et chameliers avec lance et bouclier rond, « dont la guerre semble la principale préoccupation » selon l’auteur qui les attribue à un monde libycoberbère, en relation avec l’Age du Fer, qui débuterait vers le 5ème siècle av. J.C. E.H. Ezziani utilisant une analyse factorielle des correspondances aboutit à six groupes dans lesquels la hallebarde tient une place majeure, les plus fréquentes par leur lame courte à multiples nervures s’apparentant au type Carrapatas du Portugal, lui permettent de proposer une arrivée par la façade atlantique. Ils se regroupent en deux classes en s’appuyant sur les figures anthropomorphes faites l’une avec deux trais parallèles, l’autre avec un seul trait large. La première réunit les groupes II et VI, avec des figures de grande taille, souvent sexuées, présentant de nombreux détails, accompagnées d’animaux et d’armes. La seconde

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Sahara préhistorique réunit les groupes V et III, avec des figures miniatirusées, sans détail, souvent en groupe. Dans le M’zab, se différenciant totalement de l’art de l’Atlas, des gravures à gros piquetage évoquent, avec nombre de tracés non figuratifs, mais aussi quelques animaux mal identifiables et quelques armes, poignards, épée (?), ce qui ailleurs est rapporté à l’Age du Bronze.

Quelques sites et secteurs essentiels La plupart des sites rupestres comporte diverses stations elles-mêmes riches de nombreux panneaux et regroupe souvent des manifestations appartenant à des phases voire des périodes différentes ; néanmoins, les superpositions sont relativement peu fréquentes. Par ailleurs, les entretiens ou surtout les reprises sont à même d’introduire d’importantes difficultés de lecture allant jusqu’à perturber sévèrement la compréhension d’une évolution de l’art. Au Messak, dans de nombreuses stations, des gravures qui se rapportent au Bubalin récent sont mêlées à des gravures plus anciennes reprises et, en l’absence d’étude stylistique approfondie, peu de distinctions peuvent être faites. L’art caballin dispose d’un réseau lâche et de quelques sites tel Tamadjert, Oued Lar’ar, El Aouinegh où ses représentations sont seules et nombreuses, ce qui, a fait remarquer H. Lhote, est difficile à expliquer. Aïn Marshal Site majeur de l’Atlas saharien, éloigné d’El Bayadh d’une vingtaine de kilomètres, Aïn Marshal fut reconnu en 1910 par le Dr Delmas. Il comporte plusieurs stations échelonnées le long du kef où, auprès de gravures anciennes, partiellement détruites par l’érosion, figurent en nombre des éléments de style et technique autres, qui sont rapportés à la phase récente du Bubalin même si leur patine est apparemment semblable à celle des gravures altérées. La station est remarquable par l’emploi de traits polis, en U, qui montrent une technique, ici courante, utilisée même pour des figures schématiques, félins en particulier. Les personnages sont fréquents, souvent ithyphalliques et/ou en orant. L’étage des personnages à coiffure trilobée est représenté par plusieurs figures. L’une, à tête décorée de zigzags, est tracée au centre d’un motif rectangulaire à sommet cintré, le personnage, de trois quarts, jambes légèrement fléchies, lève un objet en forme de serpe qui dépasse de l’encadrement. Le trait est fin, soigneusement poli. Sur le corps d’un autre dont la coiffe est couverte de petits cercles, est plaqué un vaste carré décoré de lignes brisées que Lhote interprète comme un bouclier. Une représentation comparable présente une tête ronde. Des personnages à tête trilobée sont connus dans la même région, à Merdoufa, dans la région de Brézina à Hadjar Berrick, dans celle de Tiaret à Oued Seffalou, de Djelfa à Feidj Elleben sur un personnage à queue postiche, Teniet el Mekam sur un personnage au corps en rectangle, Mokhotma où le personnage, à jambes jointes ployées, tient un objet coudé, à El Harhara (région d’Aflou) avec un homme ithyphallique brandissant une hache. Une coiffure isolée existe à Garet et Teben.

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Développement de l’art Les étages des orants à silhouette de trois quarts et des orants accroupis sont également présents. Ces personnages accroupis, ithyphalliques, dont la tête est rendue par un simple cercle sans le moindre trait de visage, sont traités en piqueté, vus de face. Ils sont à rapprocher par la technique du trait de divers animaux, autruches, félins, antilopes, bovins. Des personnages accroupis se retrouvent à El Krima, Rosfat el Hamra men et-That, Guelmouz el Abiod, Merdoufa où ils sont dessinés d’un trait poli et tiennent en main un objet coudé.

L’art néolithique se termine avec l’apparition du char et du cheval qui caractérisent la période caballine. Le dessin devient anguleux, géométrique, la richesse picturale antérieure disparaît au profit d’images très stéréotypées comme le « galop volant ». La période caballine prend fin avec l’intervention du chameau qui au début de l’ère chrétienne marque la période cameline. J. Spruytte ayant montré que le char pouvait être utilisé sans cerclage métallique des roues, la période caballine ne peut être synonyme d’Age des métaux. L'appellation libyco-berbère donnée parfois à la phase récente de l'art rupestre entraîne une certaine ambiguïté ; définie dans l’Atlas saharien, elle s'appliquait à des gravures associées par leur technique, un trait piqueté ou incisé, et leur patine claire, à des caractères alphabétiques les voisinant. Elle intervient au cours de la période caballine, se perpétuant ensuite jusqu'à l'époque actuelle. Aïn Naga Le site d’Aïn Naga, l’un des principaux de la région de Djelfa, comporte plusieurs stations célèbres dont deux appartiennent incontestablement à l’étage monumental, l’une où figurent l’un derrière l’autre deux grands bubales à cornes annelées, une autre avec bélier à sphéroïde, mais sur ces mêmes parois des figures plus tardives ont été tracées par piquetage : un possible bovin près du bélier, des bovins, autruche, lion, cheval, signe en S près des bubales. Autre station majeure, celle qui a été nommée « les amoureux timides » est probablement plus récente. Dans un petit abri en bordure de l’oued, très abritée par un auvent qui a empêché la formation de patine, elle met face à face deux personnages, celui de gauche qui porte un carquois d’où sortent des flèches, ploie le genou, celui de droite est assis. Ils sont tracés d’un trait poli dont l’épaisseur varie selon les détails rendus. La différence de corpulence, de coiffure permet de distinguer un homme et une femme qui tendent les bras l’un vers l’autre. La scène semble marquée de trois empreintes de pattes animales soigneusement polies, rapportées à un canidé ou un félin. La coiffure de l‘homme est couverte de ponctuations qui, dans le même site, s’observent sur le grand personnage qui précède le bélier à sphéroïde. Ces mêmes ponctuations se retrouvent sur la coiffure d’un des deux personnages à bras levés de R’chem Dirhem. Le carquois (?) n’est pas sans évoquer des représentations d’Oued Dermel, soulignant

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Sahara préhistorique ainsi des identités avec les gravures du Sud oranais. Le panneau montre divers autres petits personnages dont un porteur du même carquois, deux personnages à tête ronde, de silhouette souple, un possible bélier. Un personnage aux jambes écartées, deux signes rectangulaires avec diagonales et cupules, qui pourraient être des boucliers, à large trait piqueté sont plus récents. Sur une paroi contiguë perpendiculaire, deux grands asiniens sont faits d’un trait en U poli. Plusieurs autres stations dont un abri où fut menée une fouille sauvage montrent divers personnages, des autruches, bovins, éléphants dont un petit schématique, et ce qui pour Lhote serait un lion en position d’approche, pour Grébénart un lapin, remarquable par la qualité du trait, une fine incision, sa position étirée, son œil rond ; la station est une des rares à inscription. Djebel Gorgod Le site qui réunit plus d’un millier de gravures, se trouve en rive gauche du Nil, à hauteur de la Troisième Cataracte. Il est connu par les travaux de H.A. Winkler, P. Cervicek, plus récemment L. Allard-Huard. La plupart de ses représentations sont attribuées à une période pastorale. Trois stations ont été reconnues dont une exclusivement sur les grandes dalles de grès d’un vaste cirque. Les bovidés et capridés sont nombreux. Les bovins, isolés ou en troupeaux, sont des figures schématiques, dues à un piquetage soigné ou plus rarement une incision. Ils sont volontiers en profil absolu et leur queue peut se terminer en boule. Ils portent des cornes courtes recourbées vers l’avant ou, le plus souvent, de longues cornes en lyre qui peuvent être déformées ou refermées en anneau. Le port de pendeloque jugulaire est fréquent. Les robes peuvent être décorées : quadrillées, rayées. Des animaux suités, des pis volumineux figurent parfois. Diverses scènes regroupent des personnages autour d’un bovin. Les girafes abondent, on en compte une soixantaine, isolées ou en groupes. Elles sont souvent statiques, rigides, peuvent avoir de petites dimensions, être piquetées sur toute leur surface. Elles ont souvent la queue relevée. Plusieurs broutent, participent à des scènes de chasse avec des chiens. Une qui est tenue en longe paraît immobilisée par un piège, une autre, de patine claire, est montée. Une douzaine d’éléphants subnaturalistes, piquetés, peuvent avoir des oreilles en ailes de papillon, être à patine totale ou non. Les autruches, courantes, sont souvent en bande de plus d’une dizaine d’individus, leurs ailes peuvent être déployées. Des hippopotames sont obtenus par un large contour piqueté. Des antilopes chassées par des chiens ont une patine plus claire que la roche. La distribution des figures ne paraît pas quelconque : l’une montre surtout du bétail, une autre est dominée par des figurations de chiens isolés ou en meute, une autre par des scènes de chasse, une autre par des représentations de bateaux associées à des chevaux et chameaux. Les représentations humaines sont des plus récentes, elles ne comportent pas d’ithyphalliques. Des sandales jamais par paire, incisées ou piquetées, peuvent être associées à des girafes ou des antilopes, quelques pièges circulaires, des fauves fusionnés, des signes, cercles et arcs concentriques, spirales et motifs serpentiformes, cupules, lignes d’encoches s’étagent dans le temps.

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Développement de l’art Plusieurs autres stations comparables ont été signalées dans la même région, Abou Hamed, Tnari, Tugnan, Koya, Agula ou plus au sud, Geddi, Sabu … El Aouinegh El Aouinegh dans le Zemmour, a été reconnu par le Commandant Cauneille. La minutie et l’abondance des informations de ses relevés ont permis à Th. Monod et H. Lhote d’en présenter le détail. Sur dalles horizontales est gravée plus d’une centaine de chars dont quelques-uns attelés, des bovins, de rares chevaux, des girafes, des antilopes, quelques éléphants. Les chars présentent une grande variété, à un timon, deux timons fermés, quatre timons ; deux sont à quatre roues. Deux groupes de gravures d’importance à peu près égale ont été identifiés d’après leur patine sombre pour l’un, claire pour l’autre. Cette différence de patine dans des conditions d’altération identiques traduit un âge différent, ce que soutiennent des caractères comme la réduction de la faune sauvage dans le groupe à patine claire où un seul éléphant douteux est figuré. La séparation des deux groupes s’impose aussi par les dimensions des figures, plus petites pour les claires et le soin apporté à leur réalisation, au piquetage sommaire pour les claires. El Rhallaouiya El Rhallaouiya est l’un des principaux sites rupestres de l’Adrar de Mauritanie. Il se trouve dans le vallon de Gat Chouail, passage obligé pour franchir la falaise qui borde l’Adrar au nord. La station, découverte par J. Trancart, fut mentionnée en 1938 par Th. Monod puis étudiée par R. Vernet. Les gravures occupent la seule rive gauche du vallon probablement en raison de la qualité des roches ; elles couvrent la paroi de la falaise et des blocs éboulés à son pied. Environ 220 panneaux ont été reconnus au sein lesquels 65 chars schématiques et d’innombrables bovins situent le char dans un contexte de pasteurs. Pourtant les hommes sont presque toujours armés ; ils portent une lance, parfois des sagaies, et un bouclier rond. Il s’agit vraisemblablement d’armes métalliques. Les pointes de lance en cuivre sont présentes dans la région, ce sont des pointes à douille qui appartiennent au Chalcolithique d’Akjoujt et permettent de rapporter ces gravures au 1er millénaire av. J.-C., âge qui rejoint celui donné pour le site d’Iwelen dans l’Aïr. Les équidés, des chevaux (?), sont rares, ils peuvent être attelés ou montés par un guerrier ou un véritable équilibriste qui se tient debout sur l’animal. Les chars sont figurés en plan, volontiers dételés, parfois attelés à des chevaux, plus souvent à des bœufs. Ils possèdent généralement un seul timon terminé par une barre de traction ou un joug, certains peuvent avoir deux timons, voire trois ou même quatre. La plateforme quand elle est figurée est toujours en avant de l’essieu. Généralement à deux roues, le char peut aussi en avoir quatre. Un char à six roues et trois plateformes est entendu comme un convoi par R. Vernet. La plupart des chars a une patine claire, un seul une patine très claire, inversement quelques uns sont assez fortement patinés, semblables à des figures schématiques d’un fond plus ancien, qui couvre un panneau de grande faune sauvage, sans que cela prenne une signification de contemporanéité. Ceci atteste proba-

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Sahara préhistorique blement d’un certain étalement dans le temps avec une phase majeure à laquelle se rapportent des bovins de plus grande taille, aux cornes en lyre ou déformées, à longues pattes, dont la robe est quadrillée ou polie ou couverte de spirales, dont les pis et des pendeloques sont couramment figurés. Des caractères tifinaghs apparaîtraient avec les figures les plus récentes. Garet et Taleb (= Djebel bou Sbaa) Garet et Taleb signalé en 1925 par L. Frobenius sous le nom de Djebel bou Sbaa, appelle une attention particulière en raison de la grande variété de styles qui s’y trouve et surtout de l’utilisation d’une technique inhabituelle, le trait miroir. Auprès de figures naturalistes qui peuvent appartenir à une phase très ancienne, se trouvent des images baroques, représentant des êtres mythiques qui doivent être plus récentes. C’est le cas d’un bovin dont la corne paraît libérer une guirlande qui supporte un personnage tenant un arc. Un thème semblable se retrouve dans la même région, à Oued Chréa. Guirchi Nialadoia et l’art de l’Ennedi Un des sites majeurs de l’Ennedi, Guirchi Nialadoia, fut découvert par le lieutenant Courtet, qui le fit connaître en 1956. Il décrivait quatre personnages gravés hauts de 2 m, au corps couvert de motifs incisés. Leur main droite relevée retient un bâton qui repose sur l’épaule. Près d’eux, ont été gravés postérieurement de petits sujets dont des femmes à grande jupe. Les gravures représentent aussi des bovins aux cornes déformées et robe décorée que P. Huard rapproche du Groupe C de Nubie. Une station voisine dite Wadi Dishie présente une scène comparable regroupant trois petits personnages et quatre grands dont l’un porte une spirale sur le ventre. A proximité se voit un pasteur au corps orné, bâton sur l’épaule et des bovins aux corps décoré et cornes déformées. D’autres groupes de grands personnages de même style mais de facture médiocre, à patine plus claire, pourraient être plus récents. Ces gravures sont à rapprocher des bovins d’Oum el Adam, découverts par J. Courtin dans la même région, qui mesurent jusqu’à 4 m de long, aux robes décorées de méandres, grecques et spirales, et de celles de Toungour, du Misty à la lisière sud du Tibesti où douze grands bœufs gravés sont également couverts de méandres. Iheren Le massif d’Iheren est particulièrement riche en peintures bovidiennes de facture très homogènes, qui sont fortement altérées pour la plupart. Tout en souplesse et mouvement, les artistes ont joué avec les compositions, les alignements pour produire des œuvres magistrales d’une extrême complexité et d’une grande beauté. Les couleurs connaissent un vaste inventaire d’ocres. Il y a peu d’aplats, mais des dessins au trait fin, précis et caractéristiques. Les rayures sont fréquentes y compris pour orner le corps des bovins. Elles sont souvent larges et transversales, parfois fines et longitudinales évoquant certaines scènes de Téfédest. Les cornes des bovins sont toujours mises en valeur, volontiers décorées.

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Développement de l’art Des empreintes de doigts qui peuvent se surimposer aux figures ont conduit H. Lhote à poser la question : iconoclastie ou rite magique ? Les animaux, vaches, moutons, chèvres foisonnent, se mêlant en troupeaux plus imposants que dans les Meddak. La faune sauvage est rare, deux ou trois éléphants qui apparaissent comme des intrus, de rares lions, des gazelles dont le rendu permet de reconnaître dorcas, des antilopes oryx et bubale, des autruches, des girafes qui sont fréquentes. Des chiens sont présents. Une scène montre un troupeau de girafes en période de rut, avec un rendu des mouvements, des entrecroisements qui leur donne vie. Plusieurs peintures figurent des mises bas (pl. 2, 8), une antilope bubale lèche son petit qui vient de naître, un girafon est encore pourvu de son cordon ombilical. Peu de personnages sont isolés, ils vont généralement en groupe de moins d’une dizaine d’individus. Ils sont rendus avec soins et multitude de détails et sont volontiers bi- ou multicolors. Ils tiennent souvent une sorte de boomerang à la main. Les profils peuvent être méditerranéen ou à tendance négroïde pour certains au nez court et relevé, lèvres épaisses, prognatisme net. Un soin particulier est accordé à la coiffure des femmes, bonnets, haute coiffe cylindrique pour les unes, conique pour une autre. Quelques vêtements sont typiques : la robe des femmes couvrant le genou, élargie à la base, la grande cape des hommes. De nombreuses attitudes sont rendues comme un personnage serrant un enfant sur sa poitrine, un autre attachant le lacet de sa chaussure. Bien des compositions sont remarquables. Un lion qui s’est emparé d’un mouton est poursuivi par des hommes armés de javelots ou de bâtons. Plusieurs scènes montrent des animaux à l’abreuvoir : d’un troupeau de bovins d’une quinzaine de têtes, au trait, serrés les uns contre les autres, les neuf premiers boivent dans une mare et le reflet dans l’eau de plusieurs museaux est rendu avec un remarquable souci de perspective ; deux groupes de moutons au corps couvert de gros points se font face de part et d’autre d’une fissure de la roche dans laquelle ils semblent boire ; dans une mare où vient boire un bœuf, des grenouilles sautent. Un homme grimpe à un arbre. La scène la plus complexe et la plus connue est un campement avec huttes, personnages dans de multiples attitudes, moutons, chèvres et bovins en troupeau dense. Le thème du bovin monté par une femme (Pl VI) qui est vu à Sefar, se retrouve dans des déplacements de campement. Les habitats sont volontiers figurés, très différents de ceux des Meddak et ne montrant jamais l’installation intérieure, ce sont des cases arrondies couvertes de peaux dont on voit les coutures et peut suivre le montage. Issamadanen Dans l’Adrar des Ifoghas, massif de faible altitude, entaillée de vallées larges et peu encaissées, bordées d’empilements granitiques, Issamadanen occupe une place privilégiée par la présence de figures appartenant à chacune des périodes avérées dans ce massif. Le site reconnu par R. Mauny puis H. Lhote, a été étudié par C. Dupuy. S’appuyant sur les styles, ce dernier reconnaît trois phases. Une cinquantaine de figures est rapportée à la phase naturaliste indifféremment en traits polis ou piquetés, elles représentent la faune sauvage en figures isolées. Les bovins constituent le tiers des gravures piquetées, ce sont des figures isolées comme celles des animaux sauvages ou regroupées par deux.

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Sahara préhistorique Les cornes longues ou courtes, sont rendues diversement, elles peuvent être pendantes ou manquer. Les corps sont volontiers cloisonnés et certains exemplaires portent des attributs collier, pendeloque… Autres représentations, les autruches et les girafes, celles-ci parfois associées à un petit personnage, des antilopes, kob. Des chars et de petits personnages portant à bout de bras un objet coudé surdimensionné voisinent des signes dont un motif en croix aux branches arquées agrémenté de cupules, qui a pris le nom de « rosa camuna » Les gravures schématiques traduisent rhinocéros, girafes, antilopes, autruches, félins, quelques éléphants, des bovins qui sont nombreux, des chiens, chèvres, quelques chevaux, des personnages où l’association bœuf-autruche-girafe est privilégiée. Les corps peuvent être barrés de traits et/ou couverts de cupules. Des animaux hybrides mi-girafe mi-autruche ou mi-girafe mi-bœuf sont des figures particulièrement originales. Les tracés sont volontiers enchevêtrés, les traits réutilisés, les figures peuvent être rendues par transparence. Les chevaux ont toujours la tête baissée à l’inverse de ceux de la phase la plus récente. Les personnages montrent la même proximité avec la faune sauvage que domestique. Malgré les apparences, ce ne serait pas un art narratif, ainsi le trait qui descend du mufle de bovins est vu comme symbolique plutôt que matériel. La phase la plus récente est illustrée par de nombreux chevaux, des chameaux, des inscriptions tifinaghs. De nombreux signes, variations autour du cercle pour l’essentiel, réalisés par piquetage, couvrent les dalles horizontales ou faiblement inclinées, certains sont associés à des figures de chars, d’autres sont oblitérés par des gravures de porteurs de lance. Iwelen L’habitat d’Iwelen qui est daté du 1er millénaire av. J.C., s’accompagne de nombreuses gravures. Elles sont piquetées et figurent essentiellement des personnages très stéréotypés, vus de face ; les bras, ramenés à un trait, sont levés, décollés du corps, les mains aux doigts écartés placées à hauteur des épaules, la tête hypertrophiée prend une forme en tulipe surmontée de trois pointes. Les jambes sont raides, les pieds opposés. Ils sont vêtus d’une tunique courte, serrée à la taille, donnant une silhouette bitriangulaire. Ils tiennent en main droite une lance ou une épée pour les plus récents et de leur bras gauche pend ce qui pourrait être un bouclier rond. La faune sauvage est représentée par des éléphants, rhinocéros, lions, antilopes, autruches et de très nombreuses girafes. Ces dernières peuvent être chassées ou reliées à un personnage, ce qui pourrait évoquer des scènes de domestication. Certains de ces personnages sont associés à un cheval qui est toujours beaucoup plus petit que lui. Sur l’ensemble de la station rupestre, les chevaux isolés sont très rares, les bovins nombreux et il n’y a aucun caractère alphabétique. J. P. Roset souligne la présence d’un homme qui porte une lance à pointe foliacée avec nervure centrale indiquant « très probablement une armature métallique » ; juste à côté, sur ce même panneau, on trouve un char à un timon, attelé à deux chevaux. Les pointes de lance foliacées qui ont été retrouvées dans le site confirment la liaison entre le char et un armement métallique en cuivre.

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Développement de l’art Khanguet el Hadjar Le site du Khanguet el Hadjar (T.I, pl. 16), dans la région de Guelma, éloigné de la zone principale des gravures de l’Atlas, est original par ses représentations. Il ne comporte qu’une seule station, un énorme rocher isolé, dont chaque face est couverte de gravures en bas-relief qui sont rapportées à l’art bubalin récent. Elles reproduisent, les uns au-dessous des autres, des groupes, quasiment toujours identiques, centrés sur un personnage à bras levés tenant d’une main un objet carré, de l’autre un objet coudé, des moutons en nombre plus ou moins important et souvent un chien, figurent au-dessous de ses bras. Ce motif et cette technique, singuliers, donnent lieu à discussion quant à leur position chronologique, une frise de gravures animalières au trait en U, les recoupant ; le port d’un objet coudé, une tête trilobée, rattache incontestablement certains de ces personnages à la période sub-naturaliste de l’Atlas saharien.

Fig. 79 – Zourika (Aïr). Personnages et chevaux. (d’après Striedter, 1984).

Kosha el Mograkka Kosha el Mograkka est une zone granitique riche en gravures d’époque pastorale. Elles représentent une faune variée avec autruches, hippopotames, rhinocéros, félins, souvent dans des scènes de chasse. Les bovins aux robes tachetées, cornes déformées portent volontiers des pendeloques jugales, ils peuvent être accompagnés de personnages filiformes. A Bos brachyceros et B. africanus, s’ajoutent des représentations de zébus. Les barques sont fréquentes. La période la plus récente figure des personnages bitriangulaires dont un associé à un char attelé de deux chevaux qui, d’après A. Vila, serait une des rares figures de char non égyptien de la vallée.

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Sahara préhistorique Ce même auteur en rapproche les stations de Dal, Sarkamato et celles du Batn el Hagar. Meddak Le plateau des Meddak est certainement avec le massif d’Iheren, le secteur qui possède la plus grande fréquence d’art rupestre du Tassili n’Ajjer. Riches en peintures têtes rondes, il l’est aussi en peintures bovidiennes. A l’inverse des peintures têtes rondes, les peintures bovidiennes offrent une multitude de représentations de bovins qui peuvent être zébrés, tachetés ou pointillés, ils peuvent porter des traits entre les cornes proposant avec des piquets de tente, le déplacement d’un campement. La faune sauvage représentée à cette période comporte des girafes, autruches, éléphants, rhinocéros ; on peut également voir des moutons, chèvres, canidés. Les personnages sont nombreux, certains surprenants par leur tête surmontée d’un grand appendice blanc qui prend une forme en point d’interrogation. Diverses activités sont figurées, archers chassant l’âne, débitage d’un âne, huttes, campement ; une figure surnommée disque solaire appartiendrait au cérémonial reconnu chez les Peuls. Ces peintures se trouvent parfois à 3 m du sol actuel, ce qui implique d’accéder à cette hauteur. Les peintures bovidiennes évitent généralement d’être superposées aux peintures têtes rondes et l’on ne trouve guère de parois fortement chargées où les divers styles se recouvrent plus ou moins comme sur le panneau de la grande girafe à Adjefou qui montre six étages superposés. Les peintures têtes rondes sont mal conservées pour la plupart, en particulier à In Etouami, Iddo, Tissoukai ; elles n’ont gardé l’essentiel de leur éclat que dans certains abris qui les ont protégées de la lumière comme le grand abri de Tan Zoumaïtok. Situé au nord de Tamrit, la station de Tan Zoumaitok comprend plusieurs abris aux peintures très mal conservées et un abri comportant une très belle fresque où la plupart des phases têtes rondes sont présentes. La phase I aux petites peintures en aplat blanc forme une sorte de toile de fond avec de petits personnages et où s’identifie nettement une frise de mouflons ; peut-être, certaines de ces figures, mal lisibles, appartiennent-elles à la phase II. A la phase III appartiennent des mouflons très stylisés en aplat blanc cerné de brun qui ne sont guère identifiables qu’aux poils de leur gorge dont un pourrait être chevauché par un petit personnage, et un masque (?) parfois dit « méduse » en raison de sa forme. La phase IV a laissé un grand personnage brun cerné de blanc, à tête ronde, couvert de ponctuations blanches, dans la position typique de cette période, jambes parallèles, légèrement fléchies, bras tendus supportant de grands sacs aux poignets, des sacs plus petits aux coudes. Les sujets sont dominés par deux personnages de phase V, placés côte à côte au centre de la paroi, richement parés, aux coiffures sophistiquées. La paroi porte également un petit personnage marchant, bras en mouvement et un majestueux mouflon aux cornes annelées peint à l’ocre brun que l’on ne sait formellement attribuer à une phase, ce dernier montre des caractères de la phase IV, mais il est recouvert par la « méduse » de phase III. Sefar est la station la plus importante du Tassili n’Ajjer avec un millier de peintures têtes rondes et probablement autant bovidiennes. Les peintures

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Développement de l’art plus récentes en sont quasiment absentes. La station se place aux confluents des oueds Sefar, In Itinen et Tin Rassoutine et fut reconnu par la mission Lhote en 1957. Les peintures ornent les parois d’abris dont l’agencement simule les rues d’une ville. Hormis les phases 0 et I, toutes les autres phases de la période têtes rondes sont présentes avec diverses superpositions qui ont permis à H. Lhote de débrouiller les premiers éléments de chronologie. Un panneau placé au fond d’un abri bas porte une cinquantaine de figures appartenant à cinq niveaux stylistiques. De nombreuses figures sont en aplat blanc ou violacé. On retrouve la fréquence du mouflon, dont une longue file sur une paroi, des personnages divers, souvent des femmes et des danseurs. De grandes figures ont reçu le nom de « grand dieu » pour l’une haute de 3 m, « dieu pêcheur » pour une autre légèrement plus petite. Les grandes figures apparaissent comme des pivots d’une frise comprenant boviné, suite d’orants, grand orant, animal qui peut être antilope, autruche, mouflon, poisson ; celui de Sefar oblitère une frise d’antilopes blanches et participe à une frise d’orants fermée à son extrémité par une antilope. Une paroi porte alignés trois remarquables masques polychromes qui ont reçu le nom de « masques nègres » et côtoient de nombreuses traces non identifiées. Le « guerrier grec » appartient à cette série des polychromes. Les représentations de femmes sont nombreuses « la femme au loup » aux caractères négroïdes portant un rectangle blanc sur les yeux, tient dans ses mains tendues vers le bas, un objet en croissant que l’on voit fréquemment sur les peintures de cette période, une femme polychrome en aplat jaune cerné de violacé, entièrement striée de lignes verticales violacées, à coiffure en aplat blanc bordée d’un trait gris-bleu connaît une représentation similaire dans l’oued In Djeran. La musique est évoquée avec un joueur de trompe, thème qui se retrouve à l’oued Bedjedj entre l’oued Iddo et le plateau de Tamrit. Des diablotins en aplat brun peuvent être munis d’une « fourche ». Diverses espèces d’animaux sont peintes, parfois en galop volant, éléphants en aplat blanc, rhinocéros, phacochère, un sanglier suité, des poissons… Une antilope « muselée » visible aux infra-rouges, un saut au-dessus du taureau évoquent la domestication. Cette dernière scène est également connue à Tin Hanakaten (pl. 4) et à Afa (=Tehe Tin Tan Efiggiag) où elle se trouve en plusieurs exemplaires. A Sefar, les peintres bovidiens ont surtout figuré des bovins, des personnages en activité, gardant le troupeau, déroulant la corde à veau, femme se déplaçant à dos de bovin. Les robes des bovins offrent une grande variété de facture. Le chien est présent, évoquant le tesem égyptien. Diverses scènes ont été rapprochées par Hampaté Bâ de la cérémonie peule du Lotori qui, chaque année, célèbre l’origine des bœufs. Une longue figure étroite et arquée parfois assimilée à une barque, pourrait être un serpent, animal toujours présent dans ces cérémonies. Les représentations d’habitat sont multiples, rondes ou ovales, toutes figurent l’aménagement intérieur. Des archers de fort petite taille sont groupés en combat qui apparaît plutôt comme une joute. Le plus souvent les personnages sont en aplat d’un rouge brun caractéristique qui les rend en ombre chinoise, ce qui n’exclue pas des dessins au trait. Des personnages à profil europoïde ont le corps couvert de pointillés soigneusement disposés en rangs horizontaux.

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Sahara préhistorique A l’ouest de Sefar, Tin Tazarift est une station des plus spectaculaires où, avec plus de 150 figures têtes rondes disposées sur diverses parois, presque la totalité des styles est représentée. Les personnages sont nombreux, les uns très petits évoquent des ichtyomorphes, d’autres peuvent être de grandes dimensions et parfois en position originale, à l’horizontale, d’où l’expression « flottante » qui leur est volontiers attribuée. Peints en aplat ocre violacé parfois cernés de blanc, leur tête très forte est souvent surmontée de deux appendices. Ils portent un pagne et se montrent en attitude dynamique ; certains sont masqués et évoquent lion (?), antilope ou gazelle. Beaucoup d’autres sont rendus jambes parallèles, fléchies, bras légèrement écartés du corps, ils peuvent porter aux bras et aux jambes de nombreux accessoires, de gros bracelets. Les animaux les plus courants sont les mouflons volontiers figurés en frise, les antilopes ; les poissons sont présents. Diverses scènes sont remarquables ou de haut intérêt esthétique. Un panneau est entièrement couvert par des archers peints en aplat brun sans détail, dont la tête peut être surmontée de deux petites antennes. Une femelle mouflon gravide qu’un personnage s’efforce de tirer évoque des prémisses de domestication : une prise pour mettre bas en captivité. La période bovidienne, plus modestement présente, y prend un intérêt majeur avec des figures rattachées aux cérémonies du Lotori par Hampaté Bâ, dont un des plus singuliers, un motif digité qui représenterait la main du premier berger, Kikala. Quoique moindre, de nombreuses autres stations sont aussi d’un intérêt majeur. In Itinen renferme des « grands dieux » comme ceux de Sefar, des éléphants de plus de 4 m de haut !, des bovins, cynocéphales, crocodiles… Une paroi qui supporte des personnages du type « juge de paix » à coiffure blanche maintenue par un bandeau polychrome, au corps ployé dans une position qui se retrouvera bien plus tard dans les peintures caballines, est recouverte d’un enduit blanchâtre qui date l’iconoclastie de 300 av. J.-C. Tin Abouteka, au nord de Tin Tazarift qu’a fait connaître Y. Tschudi, conserve des personnages de grandes dimensions, des personnages masqués, des représentations d’antilopes. Ouan Bender est célèbre par un panneau aux personnages polychromes et antilope stylisée. Des personnages polychromes se retrouvent à Tekechelaouen. A Tissoukaï, deux Pelorovis antiquus ont été identifiés dans le groupe têtes rondes, les bovins sont rares et le site ne comporte pas de grandes figures, ni de personnages à tête de scaphandrier de la phase III qui furent nommés « martiens » par évocation de ces extra-terrestres dont les médias faisaient leur audimat au temps de ces travaux. Ouan Derbaouen est riche en compositions de période bovidienne. Plutôt qu’en aplat, les figures sont dues à un trait fin, les corps pouvant ou non être remplis de taches ou de traits. Les effets de perspectives y sont courants. Le jeu des cornes des bovins est des plus remarquables. Parmi les nombreux bovins se détache un troupeau imposant, au trait, avec un gros point rouge marquant la plupart des animaux à la gorge. Des vaches sont montées par des femmes élégantes. Une scène qui évoque la cérémonie du Lotori figure un bovin blanc s’apprêtant à traverser une porte, un U fait de branchages tenu par deux personnages, il est entouré par un motif serpentiforme et accompagné de divers personnages et bovins.

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Développement de l’art Ouadi Hammamat Tributaire de rive droite du Nil, l’ouadi Hammamat dans sa traversée de la montagne, présente de nombreuses stations rupestres dont beaucoup d’époque historique. Tout comme les gravures de Haute Egypte, H. Winkler les classe en cinq groupes auxquels il accordait une valeur chronologique qui, depuis, a été réfutée. Les représentations humaines, courantes, sont volontiers des chasseurs à l’arc accompagnés de chiens et de bovins. Ils peuvent figurer dans un contexte de signes alignés. L’un d’eux tient en longe une autruche aux ailes déployées. Les bovins portent parfois un disque entre les cornes. Des représentations de bateaux, dont la chronologie reste flottante, sont fréquentes. Oued Amazzar Dans le sud du plateau des Meddak, l’oued Amazzar a retenu les populations néolithiques qui y ont laissé divers centres d’intérêt majeur. Jabbaren a été signalé en 1938 par le Lt Brenans ; la station fut relevée et étudiée en 1956-57 par la mission Lhote. Située le long du cours amont de l’oued, elle comporte un très grand nombre de figures (plus de 5000 d’après H. Lhote) appartenant à toutes les périodes, beaucoup participent de l’ensemble têtes rondes dont la plupart des phases a été identifiée. Sur de nombreuses parois, les traces sont fortement estompées, ne permettant pas sans artifice de discerner les figures qui avaient été représentées, encore moins l’ordre des superpositions. Contrairement à ce qui est dit parfois, à en juger par des diapositives qui remontent au moment de leur étude, leur état de conservation médiocre est un effet du temps, sans rapport avec une quelconque intervention anthropique. Une figure singulière est produite par des mains négatives, réalisées en blanc et disposées de manière à dessiner le contour d’un animal, antilope ou mouflon. Des multiples panneaux peints, on retiendra celui nommé « Les Juges » par la mission Lhote : une frise de deux files de personnages l’une au-dessus de l’autre, rendues en perspective par légère diminution des sujets non seulement d’une extrémité à l’autre mais aussi par la taille plus réduite de la file supérieure. Elle est précédée d’un grand animal en aplat jaunâtre, probablement cerné d’ocre violacé et repassé en rouge. De telles files de personnages sont des sujets favoris de la période. Sur un autre panneau où se côtoient plusieurs styles, on peut remarquer un animal double. Un autre présente un sujet d’une hauteur de 6 m, fort mal conservé, figurant un personnage nommé « grand dieu martien ». Une autre paroi porte la célèbre représentation d’« Antinea » et trois mouflons très effacés. Une figure énigmatique en aplat blanc, qu’en 1952, H. Breuil nommait verseau, pourrait être une représentation de masque. Bien d’autres parois supportent des peintures originales, telle une frise de lièvres, animaux très rarement figurés dont on ne connaît qu’une autre représentation à la période bovidienne. L’un des panneaux les plus chargés comprend plus de 70 figures, on y voit de petits personnages qui peuvent être cornus, un grand animal qui pourrait être un mouton, des autruche, éléphant, poisson. Les personnages cornus peuvent porter des cornes de mouflon ou de bovin. Des diablotins ont été peints en aplat rouge. Un mouflon en agnus dei avait été vu comme « antilope à corps d’éléphant » par H. Breuil.

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Sahara préhistorique In Aouanghat est situé en rive droite de l’oued Amazzar, en aval de Jabbaren, dans un massif gréseux très escarpé. La station, reconnue en 1957 par la mission Lhote, comporte outre quelques représentations bovidiennes, caballines et camelines et des inscriptions tifinaghs, plus d’une cinquantaine de figures têtes rondes dont une célèbre dite « la dame blanche » ou la « déesse cornue ». Elle montre un cas très caractéristique de superposition de petits personnages en peinture rouge sur la peinture blanche où la peinture rouge n’a pas tenu produisant à première vue un effet de superposition inverse. On y note diverses représentations d’hommes masqués, des mouflons, des girafes... Les phases têtes rondes les plus anciennes s’y trouvent. Un marathon se place presque au niveau du sol. Un panneau est original par ses figures flottantes. Enfin c’est l’un des rares cas où une peinture recouvre une gravure. Matalen-Amazzar est un îlot rocheux au centre duquel se trouve une place dégagée entourée d’abris peints, les peintures d’époque Têtes rondes, sont dominées par un curieux personnage masqué orné d’attributs cordiformes. Oued Djerat Avec 75 stations, l’oued Djerat apparaît comme le site majeur de l’art saharien gravé. Les gravures bubalines récentes comme celles qui sont attribuées à la période bovidienne sont peu nombreuses et dispersées, à l’inverse de celles de la phase bubaline ancienne omniprésentes et des gravures caballines et camelines regroupées essentiellement en quelques stations d’amont. Les gravures bubalines récentes résultent quasiment toutes d’un trait poli préalablement piqueté et présentent une patine totale. Diverses stations, en particulier les stations XV, XVII, XX, XXI, XXIV à XXVIII possèdent quelques figures rattachables à cette phase rupestre ; ce sont le plus souvent des personnages sexués. Divers bovins à pendeloque, corps compartimenté ou portant un trait entre les cornes ou figurés en petit troupeau pourraient aussi s’y rattacher. La station la plus spectaculaire est certainement la station VIII ou Rocher Ahana, gros bloc détaché de la falaise qui encombre la rive gauche et repose sur un conglomérat ancien. Les gravures qui s’entremêlent représentent des personnages ithyphalliques masqués, des femmes ouvertes également masquées, des phallus et de nombreux traits enchevêtrés. Les uns sont de face, d’autres de profil. H. Lhote a identifié une tête d’antilope, une de chouette. Le personnage le plus grand mesure 2 m de haut. L’ensemble évoque un culte de la fécondité totalement étranger au monde des Chasseurs. Quelques personnages montrent un profil europoïde. Les gravures bovidiennes sont des figures généralement piquetées, de patine chamois ou gris, tendant au schématisme en négligeant les détails. Elles représentent surtout des bovins à cornes courtes ou en lyre, quelques autruches, girafes, rhinocéros, éléphants, spirales, parfois des personnages. Ce sont toujours des sujets isolés, parfois, de petits troupeaux de bovins. Seule scène, un combat d’archers, de même technique piquetée, patine chamois se rapporterait à cette période. Il est difficile d’accorder une position stratigraphique aux nombreuses spirales ou motifs spiralés qui peuvent marquer certains animaux. D’un tracé postérieur à ceux-ci, ils peuvent aussi en être contemporains. Ces figurations sont

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Développement de l’art fréquentes sur le territoire nord-ouest du Tassili n’Ajjer, en Ahaggar, régions contiguës qu’ils particularisent. D’après H. Lhote, le Caballin, plus fréquent que le Bovidien, y comporte au moins 420 gravures et de remarquables panneaux peints. Les gravures, assez finement piquetées, à patine chamois, se retrouvent plus fréquemment sur dalle que sur paroi. Quatre groupes « stylistiques » y furent définis. Le premier, identifié sur la dalle de Ti-n-Smâd, connu depuis 1934 par la première reconnaissance de M. Reygasse, E.F. Gautier et H. Lhote, comprend des chars au galop volant de même type que ceux des peintures dont ils seraient contemporains. Ils voisinent avec des guerriers armés d’une lance et coiffés d’une plume. Le second groupe comprend des personnages élancés aux jambes bien modelées, essentiellement des hommes ithyphalliques, de profil européen, portant des plumes et une barbe en pointe, les quelques femmes figurées apparaissant surtout dans des scènes de coït. Selon H. Lhote, qui rattache au même ensemble un combat d’archers et une chasse au mouflon de Nafeg supérieur, ce type serait propre à l’Oued Djerat. Identifié à la station I, le troisième groupe, qui semble analphabétique, comprend de petits personnages dont certains portent lance, bouclier rond et poignard de bras, auxquels sont associés des figurations de félins et un « possible » rhinocéros. Le dernier groupe est alphabétique et montre, aux côtés de caractères libyco-berbères (tifinaghs), de grands personnages à tunique rectangulaire gravés dans le lit même de l’oued, accompagnés d’autruches, mouflons, chiens, girafes et lions. Ces gravures sont à patine rousse et réalisées plutôt par martelage que piquetage. Parmi elles se remarquent en particulier une grande scène sur paroi de Nafeg supérieur, qui figure des lions dévorant un bovin, et une représentation de girafe transformée ensuite en dromadaire monté. Les gravures de contours de sandales d’Isakharharet en seraient en partie contemporaines. Les peintures se retrouvent essentiellement dans la fraction amont de l’oued, dans un contexte marqué par la forte fréquence des bovins à sabots « en pinces », en tracé rouge, robe avec une partie réservée ou blanche (?). Un abri est couvert de petites peintures figurant des animaux isolés les uns des autres, au tracé raide, sans rendu de perspective ; ils sont souvent bicolores avec une réserve (ou une peinture blanche ?) au centre du corps. Les cornes des bovins sont particulièrement marquées. Un bovin et une girafe broutent des arbres, deux bovins face à face luttent. Deux chars, l’un au galop volant miniaturisé, l’autre attelé à des bœufs, montrent le sommaire de leur réalisation par les rayons des roues faits simplement de traits doubles ou triples s’entrecroisant. Des femmes et des chameaux sont tracés de même manière, elles portent de longues robes, lèvent souvent les bras en V. Outre les manifestations de violence, un intérêt majeur vient d’une représentation de puits, en coupe, surmonté de deux personnages tirant un « delou » que l’on voit au fond, de palmiers et même d’un homme grimpant dans l’un d’eux. Oued Lar’ar Reconnu en 1955 par H. Lhote dans le Sud oranais, Oued Lar’ar comporterait 112 peut-être 114 exemplaires de chars schématiques dételés, tracés par piquetage les uns près des autres, sur des dalles horizontales. Ils offrent les

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Sahara préhistorique mêmes traits que les chars tassiliens avec la plateforme à l’avant de l’essieu, le timon terminé par une courte barre transversale. Quelques variantes montrent des chars à deux timons, un à trois, et trois exemplaires possédant quatre roues. L’inventeur signale deux chars à « très large essieu, aux fusées prolongées par des crochets dont la pointe est orientée vers l’arrière » qu’il rapproche des chars à faux signalés par Strabon chez les Pharusiens tout en soulignant qu’à l’inverse des chars d’Oued Lar’ar, chez ces derniers, les faux étaient orientées de l’arrière vers l’avant. La faune associée est très réduite, se ramenant à deux chevaux et six bœufs. Bien qu’ils soient tous dételés, par comparaison avec des chars semblables, on pense que ces chars étaient tirés par des bœufs, ce qui étonne en région gétule réputée dans l’Antiquité pour ses nombreux chevaux et dans laquelle l’art rupestre le plus ancien en a figurés. Des représentations de chars comparables sont connues dans diverses stations du Sud oranais, à Brézina (Station du Méandre, Hadjra Berrik), Rosfat el Hamra men et-That. Le plus oriental serait à El Hasbaia. Ils sont plus nombreux dans le Sud marocain et la Mauritanie avec les importantes stations de Taouz, El Aouineght, El Rhallaouiya… Oued Mammanet Vallée située à moins d’une centaine de kilomètres au nord-ouest d’Iférouane, avec plus de 3000 figures, l’oued Mammanet est le plus riche site à gravures de l’Aïr. Il fut reconnu en 1928 par F. R. Rodd, visité en 1950 par F. Nicolas, puis par le Cdt Laurent avant d’être inventorié par H. Lhote avec la contribution de Boubé Gado, P. Colombel et B. Sébire en 1971. Ses représentations vont du subnaturalisme au schématisme lequel affecte particulièrement les personnages. L’essentiel des figures est patiné avec une patine généralement rousse pour les caractères tifinaghs ; une patine sombre, brune ou grise, indique une plus grande ancienneté, pour quelques girafes plus nettement naturalistes. Hormis ces dernières, H. Lhote distingue deux étages dans les gravures, celui du cheval et celui du chameau. Les représentations humaines dont la fréquence varie d’une station à l’autre et qui peuvent représenter près de la moitié des figures dans certaines, sont souvent très stylisés, plutôt statiques. Le corps est rendu de face, ramené à un épais trait piqueté d’où s’écartent les membres supérieurs volontiers levés. La tête est le plus souvent surmontée de traits souples qui évoquent des plumes. Ces figures stéréotypées, qui sont fréquentes dans l’Aïr, se montrent néanmoins très variées dans leur style. Ces personnages peuvent monter un cheval ; ils sont le plus souvent armés d’un javelot et d’un bouclier rond, parfois de lance ou d’épée pour les chameliers et quelques cas doivent être des poignards de bras. La lance figure dans une scène de chasse à la girafe. La faune représentée est dominée par la girafe et l’autruche avec près de 20% des représentations (compte non tenu de petites gravures médiocres qui sont des chevaux informes, autruches schématiques, chameaux, tifinaghs isolés), puis les bovins. Les ocellures de la girafe sont toujours marquées bien que de manières diverses. Dans quelques cas, une longe pose la question d’apprivoisement, voire de domestication, de cette espèce. L’autruche, fort rare dans les gravures à patine foncée, devient ensuite fréquente, l’animal est plutôt de petite

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Développement de l’art taille, peut être chassé, parfois avec l’aide de chiens. La gazelle est présente, toujours représentée avec soin ; elle est chassée à cheval ou à chameau, parfois avec des chiens. Il existe une quinzaine de représentations de rhinocéros, d’éléphants, de lions. Les éléphants sont schématiques, piquetés, à trait chamois et seraient d’âge bovidien ; ils sont toujours figurés avec des oreilles en ailes de papillon, ils ne sont jamais chassés, de même le rhinocéros qui est toujours isolé, parfois rendu en course. On note quelques figures originales de cynocéphales, une hyène, des oiseaux aquatiques. La faune domestique est dominée par les bovins dont le corps est volontiers compartimenté, le cornage en lyre ou en arc de cercle. Le cheval est courant, souvent associé à l’homme, il est alors de plus petite taille que lui, il paraît conduit par un collier-frein qu’évoque un trait qui lui barre le cou ou une corde à bouche, il ne porte jamais de selle. Il n’existe que trois figurations de chars, les trois dételés. Le chameau est commun, de petite taille, seul ou monté. Oued Mathendous Célèbre pour avoir été l’un des premiers sites à gravures préhistoriques connus dans le monde, l’oued Mathendous échelonne diverses stations sur son parcours où ne se trouvent que quelques scènes appartenant au Bubalin récent ou au Bovidien, l’essentiel des gravures se rapportant au Bubalin ancien. L’une des particularités de ce secteur est l’intégration d’une figure ancienne dans une composition nouvelle qui amène une reprise de la figure et, parfois, a conduit à n’y voir que cet aspect nouveau. Tilizzaghen (=Tel Issaghen) possède un troupeau de bœufs rendu célèbre par H. Barth qui le fit connaître dès 1850, trois ans après Tiout ; la scène tire son originalité de la posture d’un animal de premier plan se dressant sur ses pattes arrières. Des gravures voisines figurent des bovins dont les corps peuvent être compartimentés, les cornes déformées. C’est dans cette station que se trouve la scène dite communément « l’Apollon garamante » qui représente face à face, séparés par un bovin, deux personnages masqués porteur d’arc. In Habeter riche de grands personnages, à profil soigneusement rendu attribuables à la phase bubaline récente est surtout célèbre pour ses ithyphalliques à tête zoomorphe généralement accroupis vus de face. Un panneau en comporte quatre dont deux petits et des autruches. A cette période appartiennent probablement des poissons. La période bovidienne est riche de troupeaux de bovins, certains représentés couchés, mode peu habituel, et de scènes de traite ; certains animaux portent entre les cornes des attributs qui peuvent être vus comme du matériel de campement. Oukaïmeden et Yagour Lieu de transhumance, situé à plus de 2000 mètres d’altitude, l’Oukaimeden et le Yagour sont des sites majeurs du Haut Atlas marocain et offrent de nombreuses identités. Les gravures, faites sur dalles de grès, sont par ce fait particulièrement sensibles aux dégradations, aux passages des animaux, aux effets du gel. Le trait est piqueté, d’un tracé peu précis qui appelle cependant un piquetage indirect. La patine est variable, A. Rodrigue distingue trois stades, iden-

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Sahara préhistorique tique à la roche, plus claire que le support ou plus sombre, mais ne leur accorde pas une valeur chronologique. La faune comporte de nombreux bovins, tournés vers la droite dans leur grande majorité. Ils sont souvent isolés, exceptionnellement associés à des hommes, les cornes ont divers aspects, en lyre ou portées en avant, et sont alors indifféremment longues ou courtes. La faune sauvage est dominée par des éléphants, dont une suite de quatre dans la station de Talaisane, et des félins ; elle traduit des différences entre l’Oukaimeden et le Yagour. Les personnages sont schématisés et stéréotypés, porteurs d’arme le plus souvent, ils sont représentés de face, debout, bras écartés ou en « orant », position vue généralement comme position d’imploration, bien que certains auteurs y voient un signe d’effroi. Quand le sexe est figuré, les pieds sont le plus souvent opposés. Deux types ont été distingués, l’un statique où l’homme est accompagné d’armes, il ne les tient pas réellement en main, elles sont toutes figurées contre la main. L’autre est un personnage filiforme, plus dynamique. Il n’est pas rare qu’une partie seulement du corps, bras armé, tête isolée, soit censée représenter la totalité. Le sujet le plus commun est l’arme : poignards, hallebardes, haches, pointes, armes courbes qui pourraient être des boomerangs. Ces dernières prennent une valeur particulière pour P. Huard et J. Leclant qui leur accordent un rôle d’autorité, de main mise symbolique. A l’inverse des personnages de dimensions réduites, les armes sont en dimensions réelles voire augmentées. Leur fréquence avec dominance d’armes offensives n’appelle cependant aucune scène d’affrontement et très peu de surcharge. On ne connaît pas, non plus, de scène de chasse. Les poignards appartiennent à des types variés, à lame étroite, à deux ou trois nervures ; les rivets sont parfois dessinés en triangle, pointe indifféremment vers le haut ou le bas. R. Chenorkian puis A. Rodrigue distinguent deux ensembles, l’un à garde et pommeau, l’autre sans garde. Les hallebardes peu nombreuses sont classées en trois groupes par G. Camps : à rivets proximaux, médians, à manchon métalliques, la présence de ce dernier étant contestée dans l’Atlas marocain. Les premiers qui évoquent les types El Argar et Carrapatas des débuts de la culture argarique, sont entendus comme des témoins de contacts avec l’Espagne. La hallebarde ne touche jamais un homme ou un animal, elle est seulement brandie deux fois à Tifina. Les haches seraient de trois types, trapézoïdale sans rivet, subcirculaire ou subrectangulaire à angles adoucis avec rivets au niveau du raccordement lame-manche qui sont fréquentes à l’Oukaimeden en particulier à Tifina, type en croissant dit type de Metgourine qui serait allochtone mais non européenne pour R. Chenorkian et qui manque à l’Oukaimeden. Les pointes peuvent être des pointes de flèche ou de lance, la morphologie du limbe conduit A. Rodrigue à distinguer des formes pédonculées à ailerons récurrents, pédonculées à soie plus ou moins longue, sans pédoncule de forme triangulaire, en feuille de laurier. Les boucliers ont une forme circulaire ou quadrangulaire avec des décors internes ; ils sont parfois vus comme disque solaire, mais celui qui est brandi par un homme à Tifina, pourrait mettre un terme à cette interprétation. A l’Oukaimeden, que J. Malhomme faisait connaître en 1950, huit stations ont été trouvées. Elles regroupent 60 % d’armes dont 30 % de poignards, 10 %

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Développement de l’art de bovins, 6 % d’hommes, 4 % de faune, le reste étant indéterminable. La plus importante, Tifina, renferme près de 400 figures, Village et Tizerag en comportent près de 150 chacune, les autres une quinzaine chacune. A Tifina figurent des formes originales fortement schématisées, stylisées, plus ou moins cruciformes, dites « idoles en violon ». Ce n’est que par la figuration de leurs yeux rendus par des cercles que de telles figures ont été rapportées à un anthropomorphe. Les membres sont de curieuses excroissances, boudinées pour les membres supérieurs, filiformes et arqués pour les inférieurs, entre lesquels figurent volontiers de nombreux traits parallèles, sortes de franges, qui ont pu également être ajoutés n’importe où. Ces représentations sont parfois associées à des armes. On a évoqué à leur propos la déesse-mère, figure qui, d’après J. Onrubia-Pintado, est présente des Canaries au Turkménistan. La station renferme des connections d’armes de même type, ainsi qu’une connection arme-homme. Elle tire son originalité de la représentation de grenouilles ou tortues, peut-être de lézards qu’il est difficile de distinguer des anthropomorphes filiformes, d’un petit bovin dont l’encolure est surchargée d’un grand poignard, d’une gravure de hyène tâchetée (Crocuta crocuta), espèce qui peut se rencontrer en haute montagne et dont c’est la seule représentation à l’Oukaïmeden. A Tizerag, un bouclier pourrait être associé à un petit cheval atypique, c’est la station la plus riche en éléphants dont un à formule dioculaire ; une autre particularité lui vient des bovins avec un exemplaire au cornage fermé, seul cas connu de disque dans le Haut Atlas et un autre associé à un homme ce qui est exceptionnel dans cette région. Des scènes rares comme les panoplies, armes différentes disposées symétriquement, une connection d’armes de même type qu’à Tifina s’y trouvent. Le Yagour connu surtout par les travaux de J. Malhomme, A. Jodin et plus récemment A. Simoneau, comporte une douzaine de stations dont la plus importante Tizi n’Ghellis groupe une centaine de figures ; Azib n’Ikkis, Talat n’Isk malgré le peu de figures témoignent d’un intérêt majeur. Quoique bon nombre de représentations soient comparables à celles de l’Oukaïmeden, les gravures du Yagour se singularisent par la présence de caprins, chiens (un seul est connu à l’Oukaïmeden dans la station Village), une plus grande fréquence des éléphants, qui sont de petites dimensions voire minuscules, mais dont un exemplaire est cependant estimé à 3 m, des félins. La faune renferme des oiseaux avec autruche, outarde (?) ibis, des antilopidés, peut-être des rhinocéros, deux girafes entre-croisées, les seules girafes du Haut Atlas. A l’inverse des représentations de l’Oukaïmeden, les animaux sont touchés ou surchargés par des armes. Des hallebardes type atlasique, haches type Metgourine sont plus fréquentes qu’à l’Oukaïmeden, des faucilles, outils rares, pourraient être un indice chronologique accordant au Yagour une date plus récente que celle de l’Oukaïmeden. Tizi n’Ghellis figure de curieux félidés géants. Azib n’Ikkis où les bovins sont très nombreux, montre l’association bœuf-éléphant, un zèbre, une frise de gazelles, des tortues, de possibles travaux des champs, une scène de coït, et quelques outils houes, faucilles. Un personnage à tête trilobée serait recouvert d’une peau de bœuf. Y figurent des chars toujours dételés, schématiques et vus en plan, il s’agit pour la plupart de modèles comparables aux biges sahariens,

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Sahara préhistorique à plateforme en avant de l’essieu et un seul timon. La station est célèbre par une inscription tracée dans un cartouche à l’intérieur d’un personnage, dont les caractères sont rapprochés de l’alphabet saharien ancien, scène qui, malheureusement, a été fortement détériorée. Serkout Le Serkout, un des secteurs les plus sauvages d’Ahaggar, est un massif cristallin d’altitude moyenne proche de 1500 m, connu par des prospections de J. Blaise, J.P. Maître et surtout les travaux de N. Aïn-Seba. Celle-ci a dégagé cinq stations majeures, oued Eousséli, In Tifinagh, oued Feyek, Tahaouhaout et Tin Temeroualine qui, sauf oued Feyek, se trouvent à la confluence d’oueds. Des gravures de styles très variés allant du réalisme au schématisme peuvent s’étendre sur des kilomètres de gros éboulis qui coiffent les lignes de crête ; à oued Tahaouhaout et oued Feyek, elles occupent des parois verticales. Il est probable que des peintures aient existé, J. Blaise, en 1956, rapporte la présence à Tahaouhaout, d’un personnage à l’ocre très altéré qui n’a pas été retrouvé une quarantaine d’années plus tard, ce qui suggère la disparition d’un pan des représentations. Les stations offrent une unité certaine par les sujets, les styles et les techniques. Les gravures sont généralement piquetées, exceptionnellement incisées ou en trait poli lequel n’est jamais profond, la surface endopérigraphique souvent partiellement traitée pour souligner quelques traits anatomiques. N. AïnSeba les attribue à la période bovidienne dans laquelle elle distingue une phase ancienne apparentée au Bubalin récent. La figure qui prédomine largement est le bovin, dans le cas le plus fréquent, il est isolé, mais peut constituer de petits troupeaux de quelques têtes. Quasiment tous sont affublés de signes de domestication. Les chameaux sont présents, quelques chiens, mais il n’y a qu’une seule figuration de cheval qui se trouve à Tahaouhaout, à l’orée du massif, alors que celles-ci sont fréquentes en Ahaggar. La faune sauvage, présente elle aussi, accorde à l’éléphant une position particulière parmi des représentations de girafes, autruches, moins fréquemment d’antilopes, rhinocéros et de quelques félins : ses gravures sont tracées sur des parois toujours visibles de loin et peuvent atteindre de grandes dimensions. Certains montrent l’anomalie de marche notée souvent dans la Tadrart et qui traduirait la reprise de la figure par un groupe ne connaissant pas l’animal. Les personnages sont rares, plutôt en scènes. Des figures symboliques sont nombreuses, les plus fréquentes sont les motifs spiralés isolés ou associés à des animaux et qui peuvent former des entrelacs et des sandales. D’autres figures dites « rayons de miel » par N. Aïn-Seba, des cous de girafes inversés à l’intérieur d’un cercle sont, en l’état des connaissances, les unes particulières à l’Ahaggar, les autres au seul Serkout. Les inscriptions tifinaghs sont rares et seulement associées au chameau. Oued Eousséli se distingue en ajoutant à cette forte majorité de gravures bovidiennes quelques figures plus anciennes, ne serait-ce qu’en raison de leur patine plus sombre : femmes ouvertes, personnages zoomorphes et une représentation de bubale, Pelorovis antiquus, l’une des rares indiscutables de l’Ahaggar.

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Développement de l’art Tamadjert L’abri de Tamadjert près d’un centre de culture abandonné, est entièrement et exclusivement orné de peintures caballines faites avec des ocres brun-rouge, rouge ou jaune. Les personnages sont nombreux, portent une courte jupe ou une longue robe, et sont volontiers figurés dans une case. L’une d’elles a donné lieu à une interprétation extravagante, les traces d’un bovin très effacé pour l’essentiel ayant été interprétées comme un animal marin. Typique de la période caballine, le thorax des personnages est ramené à un triangle supportant des membres filiformes et surmonté d’un cou qui se prolonge en tête en bâtonnet. Ils sont souvent assis, ceux qui sont debout ont une position légèrement ployée vers l’avant caractéristique de la période. Ils portent des lances. A l’exception d’un bovin, les animaux sont tous des chevaux dételés ou attelés. Trois chars au galop volant qui n’ont pas le même nombre de rayons à leurs roues, sont conduits par des cochers à vêtements différents. Taouardeï Au Nord-Mali, Taouardeï est une importante station aux figures finement piquetées, étudiée par G. Calegari. Homogène tant d’un point de vue stylistique que chronologique, elle traduit particulièrement bien la phase finale de Dupuy. Chevaux et chameaux y sont presque exclusifs, seulement accompagnés de quelques antilopes qui peuvent être chassées, de lions, girafes et chiens. Art très conventionnel empreint d’un certain dynamisme, les chevaux sont rendus tête levée au-dessus la ligne du dos, croupes rebondies, queue attachée haut, détachée du corps, ensellures marquées, ventre peu proéminent. De petits personnages associés aux chevaux ou aux chameaux, ne les chevauchent pas, ils sont généralement debout sur leur dos et on ne note pas de représentation de selles. Ils sont armés de javelots, ne portent pas de bouclier et s’accompagnent d’inscriptions tifinaghs et arabes. Cette phase est également bien illustrée à Tamaradant, Deladjou, Tin Tarbayt. Tin Tarbayt est un petit affleurement granitique non loin de Taouardei, où un couloir entre deux grands blocs de granit, riche en gravures, est dit par les nomades locaux, la « chambre à coucher » de leur ancêtre mythique Amamellen qui utilisait comme oreiller une « pierre chantante » placée à l’une des extrémités. A Tamaradant, des centaines de gravures appartenant pour la plupart à la phase finale de l’art rupestre saharien ont été réalisées autour d’un imposant monument en pierres sèches. Téfédest Au Nord de l’Ahaggar, la Téfédest, puissant et étroit massif granitique entaillé de vallées profondément encaissées, s’allonge sur plus de 150 km du nord au sud. En 1935, à la suite d’indications fournies par C. Kilian qui lui avait rapporté une légende véhiculée par les campements touaregs faisant état de grands personnages dessinés sur les rochers, la mission Coche faisait appel à deux vieux Touaregs pour les retrouver. En 1938, F. de Chasseloup-Laubat publiait « Art rupestre au Hoggar (Haut Mertoutek) ». Diverses autres données viennent des inventaires de J.P. Maître et de la reprise récente des travaux par le Centre National de Recherches Préhistoriques Anthropologiques et Historiques (CNRPAH).

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Sahara préhistorique Les plus fortes concentrations de peintures se trouvent à Timelain avec une cinquantaine de parois, et Ouhet avec une quarantaine. Dans certains cas, le granit a subi une préparation par polissage plus ou moins prononcé, parfois un enduit blanc a précédé le dessin. Les représentations, vigoureuses, remarquables par leur qualité, leur diversité, sont empreintes de dynamisme. Elles figurent volontiers de petits troupeaux de bovins, souvent peints en blanc ou dont le corps est barré d’un large bandeau vertical blanc. A Medaforh, ce sont des bœufs à cornes ballantes dont le corps est traité par fines rayures rouges parallèles. Dans l’oued Tin Tefeltassin, des bovins blancs sont surchargés de petits personnages rouges. Les personnages sont courants, d’aspects divers. Certains ont un vêtement bordé de franges semblable à celui qui est figuré dans l’Immidir. Un procédé connu ailleurs dans l’art rupestre, la démultiplication d’une partie du corps, s’applique ici aux bras de personnages. La superposition d’un archer portant une coiffe conique à des bovins blancs à Medaforh, suggère deux phases indépendantes. Cet art évolue sans rupture picturale. Le dessin devient plus anguleux, perd de son dynamisme. De nouvelles espèces d’animaux sont figurées, des moutons, des chèvres, des chiens à longue queue en trompette. Certaines paraissent en relation avec les dépôts marécageux des replats de la montagne datés des 4ème et 3ème millénaires. On en rattache le plus grand nombre au Bovidien-Téfédest, probablement une partie au Néolithique final, dit Idélesien, que J.P. Maître situe de 2500 à 1500 av. J.-C. Des gravures, de période bovidienne pour l’essentiel, habituelles représentations de bovidés, girafes, éléphants... se rencontrent sur de gros blocs dans les parties basses des oueds, en particulier des oueds Ahor et Ahetes. De remarquables scènes de chasse y sont figurées dont une spectaculaire chasse à l’éléphant qui utilise les deux pans d’un rocher. L’un montre les chasseurs à l’affût. Sur l’autre, deux hommes sont aux prises avec des éléphants : l’un des chasseurs est à terre, piétiné par l’un des pachydermes, l’autre est soulevé par la trompe d’un autre éléphant. Des gravures plus tardives rendent des personnages portant un javelot ou un bouclier rond qui évoquent les guerriers libyens par les plumes qui surmontent leur tête. L’art caballin se localise dans les parties basses de la montagne, soulignant ainsi la dégradation du paysage. Deux chars au galop volant figurent près de Mertoutek. A Tan Kebran, se retrouvent les personnages bitriangulaires à tête en bâtonnet bien connus dans le Tassili n’Ajjer. Puis les représentations humaines deviennent rectangulaires traduisant le port d’un ample vêtement du genre kachabia qui est parfois traité en bandes verticales, aspect qui se généralise chez les personnages associés au chameau. Tikadewine (=Tikediwine) Le long de l’oued Tikadewine, dans le bassin du Tasset, les parois de plusieurs abris supportent des peintures bovidiennes dans un style proche de celui d’Iheren, figures au trait fin utilisant des remplissages de traits et non d’aplat, croisillons leur donnant légèreté et élégance. Les personnages s’adonnent à des tâches quotidiennes, préparation de peau par exemple. Parmi les scènes figure un retour de la chasse (?) avec la triade, homme, femme, enfant : deux per-

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Développement de l’art sonnages typés, une femme assise auprès de récipients, probables calebasses, à grosse coiffe portant sur ses vêtements une peau de bête jetée sur l’épaule, tend un enfant à l’homme qui arrive, un objet coudé, certainement son arme, en main. Une scène complexe évoque un campement et ses activités. Centrée sur deux girafes, elle montre des lapins, des hommes en groupe de deux à l’affût derrière les girafes, des scènes de dépeçage de gibier, un basenji, des moutons, des bovins aux cornes décorées qui sont toutes des figures d’une grande finesse. Un âge tardif pourrait s’induire des gros pis représentés entre les pattes des vaches. Uan Muhuggiag et la Tadrart Akakus Uan Muhuggiag est un grand abri d’une cinquantaine de mètres de long de la vallée de l’oued Teshuinat dans l’Akakus. Au pied de la paroi peinte, un dépôt archéologique s’est avéré parmi les plus riches du Sahara central. Sur le plancher de l’abri, couvertes par les dépôts anthropiques, deux auges profondes sont entendues par F. Mori qui pratiqua les fouilles comme procédant d’un caractère sacré attribué à l’abri par les populations têtes rondes. Trois petits groupes de petits personnages bruns courants sont attribués à la période pastorale. A la période Têtes rondes appartiennent deux scènes peintes qui évoquent la mort. Dans l’une, parmi des personnages en aplat blanc cerné de rouge, deux figures allongées couvertes d’un quadrillage sont entourées d’un trait blanc formant une sorte d’ovale irrégulier ouvert dont chaque extrémité semble tenue par l’un des personnages. L’autre scène est une file de personnages dans diverses positions, la plupart bras tendus obliquement, le personnage central les bras levés et près de lui un personnage en poirier ; les têtes présentent toutes une coiffure volumineuse. Ces personnages apparaissent sans jambes au-dessus d’un long registre fait de deux traits parallèles enserrant une ligne ondulée. F. Mori l’interprète comme une barque et remarque que la position tête en bas est utilisée dans l’art archaïque pour représenter le mort, c’est le cas en Afrique du Sud ou en Egypte prédynastique. Youf Ahakit (=Youfaket, Ouféké) Dans le Tassili n Ahaggar, le site de Youf Ahakit recèle plus de 200 figures tracées les unes sur la falaise, les autres sur des blocs de chaos rocheux ou des affleurements de roche. La station la plus spectaculaire, dite « la baleine », est une très ancienne dune gréséifiée dont le sommet émerge des sables vifs. Pour P. Huard, ce site présenterait la plus longue séquence chronologique concernant l’art rupestre dans cette zone et plusieurs cas de reprise ancienne y ont été notées. Une phase bubaline récente est essentiellement faite par trait piqueté partiellement poli, elle est riche en bovins montrant des signes d’appropriation comme des spirales marquant l’encolure ou la croupe, faune sauvage avec rhinocéros, girafes et éléphants. Il est délicat de préciser si les représentations de Pelorovis peuvent y être rattachées ou appartiennent à la phase ancienne de la période bovidienne. La grande majorité des figures bovidiennes représente des bovins, plus rarement leurs pasteurs. On retrouve la faune sauvage de girafes, rhinocéros, éléphants. On note les cornes volontiers en lyre des bovins, une remarquable frise

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Sahara préhistorique de girafes, un bovin en pseudo-relief dû à un trait large soigneusement piqueté puis poli. Les phases ancienne, moyenne et finale y sont perceptibles. Outre sa patine plus claire, cette dernière est marquée par son dessin sommaire tendant au schématisme obtenu par un piquetage soigné. De petites peintures de moins de 8 cm d’envergure, mal conservées, figurant des archers lui sont attribuées. A la période caballine se rattachent des personnages souvent bitriangulaires, à têtes polylobées ou emplumées, équipés de la lance et/ou du bouclier rond, qui rappellent certaines figures de l’Aïr et que l’on trouve plus à l’ouest dans le Tassili n Ahaggar, à Ouan Rechla. La faune domestique comprend alors des chiens, des chevaux et des boeufs ; la faune sauvage des autruches, girafes, mouflons, oryx et addax. Toutes les gravures sont réalisées au trait piqueté, large et assez profond et sont de patine chamois moyen ; les personnages peuvent être entièrement piquetés. On rapporte à cette période des scènes de chasse : chasses à l’autruche avec l’aide d’un chien ou d’un cheval tenu en longe par un personnage de taille nettement plus grande, ce qui est un stéréotype bien connu dans l’Aïr. Un cavalier armé d’une lance poursuit un groupe de quatre girafes dont la queue est relevée en boucle. Une autre scène de chasse à la girafe très peu visible pourrait appartenir à la fin de la période caballine, voire à la période cameline. L’une des stations est un énorme bloc de grès dont la surface supérieure, horizontale, supporte deux motifs spiralés complexes, des entrelacs au trait piqueté-poli, divers signes à tracé piqueté pour la plupart, de patine chamois et deux séries de tifinaghs, une à patine foncée associée à des figurations de sandales et à celle d’un cavalier, l’autre à patine très claire.

Motivations et interprétations C’est probablement à J. Ki-Zerbo que revient le mérite d’avoir exprimé en quelques mots ces paramètres : « On a qualifié les représentations rupestres de pétroglyphes. En effet, plus que partout ailleurs cet art est signe, c’est-à-dire pont entre le réel et l’idée. C’est un symbole graphique qui requiert une grille de lecture. L’ignorance des conditions sociales de production de cet art est en fait le plus grand handicap pour son explication correcte. C’est pourquoi il importe de ne pas se ruer trop vite vers l’interprétation, en brûlant l’étape de la description du signe lui-même, c’est-à-dire de l’analyse formelle. Or très souvent, la description elle-même est faite en terme d’interprétation. ». Divers auteurs ont tenté en effet de pénétrer la signification de l’art préhistorique en prenant appui sur des pratiques actuelles ou subactuelles. C’est le cas des « liens psychologiques figurés », de la « minimisation et l’emphatisation » (dont la confusion dans un même ensemble symbolique montre bien l’imprécision actuelle des connaissances à leur propos), des « attributs céphaliques », « cornes et croissants », « pendeloques, colliers et longes », pour ne citer que quelques unes des catégories proposées. En outre, certaines interprétations sans lecture directe des parois peuvent être erronées et ne peuvent être admises sans restrictions. De même, la confusion de formes qui ne sont ni identiques, ni même comparables (par exemple des figures semblables se retrouvent indifféremment

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Développement de l’art

Largement répandu en zone saharienne rocheuse, l’art rupestre n’est que modestement appréhendé malgré la multitude de publications qui le concernent. A de rares exceptions près, les auteurs sont d’accord pour le subdiviser en quatre périodes majeures : bubaline, bovidienne, caballine, cameline ; seules les deux premières sont préhistoriques, partiellement pléistocène pour la première, les deux dernières sont dites protohistoriques par certains auteurs. Les peintures têtes rondes, restées longtemps marginales sont vues comme une expression peinte de la période bubaline récente. Au sein de ce vaste ensemble, des subdivisions régionales et/ou chronologiques se font jour au gré de l’avancement des travaux. Il est difficile de mettre en parallèle les gravures de la vallée du Nil ; très tôt des bateaux y interviennent, prenant le pas sur les animaux et les hommes. « Pont entre le réel et l’idée » l’art rupestre requiert pour son interprétation une grille de lecture que l’on recherche souvent dans des pratiques actuelles ou subactuelles, ce qui demande une observation sans faille de l’image, une grande prudence et gagne à être placé en chronologie. Il est probable que le rôle de l’art ait changé au Néolithique. Les animaux sont le plus souvent représentés en groupe et non plus isolés, soulignant un souci du pasteur autre que celui du chasseur. Plutôt totémique que magique, symbolique, peut-être idéologique, peut-on lui accorder une expression religieuse ?

. classées comme nasses, ovaloïdes ou sandales, termes qui regroupent par ail leurs des représentations de formes différentes) marque la limite de ce type d’approche comparatiste négligeant les notions de chronologie et de classement stylistique. Ainsi des « sandales » et des « nasses » sont parfois assimilées, ce que chronologie relative et style permettraient parfois de dissocier favorisant un rapprochement mieux ajusté avec les données ethnographiques et une interprétation plus précise en terme de symbolisme, elles permettraient aussi de suivre l’évolution du symbole dans l’espace et/ou la chronologie. Si l’art préhistorique est un langage, il est aussi quelque chose de plus écrivait F. Mori dans son remarquable ouvrage de 1998. En Egypte où l’image est susceptible de devenir le support du principe de l’énergie vitale, le ka, il a un rôle utilitaire. On peut penser qu’il jouait de même un rôle important dans les périodes les plus anciennes. Pour R. Chenorkian, les représentations d’armes pourraient supposer une médiation entre un vécu collectif terrestre et un « ailleurs » lointain. L’art de l’Age des métaux qui évolue vers une personnalisation progressive, l’apparition de panoplies mettant en relation des éléments autour d’un individu figuré ou omis, est lu par M. Varela Gomez et J. Pinho Monteiro et à leur suite R. Chenorkian comme la personnalisation progressive d’un pouvoir, traduite dans un premier temps par la figuration d’un ensemble de symboles au sein duquel les armes auraient joué un rôle prépondérant. On lirait ainsi un

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Sahara préhistorique déplacement progressif du sens des armes qui « d’attributs du dieu » seraient devenues ceux « des hommes » puis « d’un homme ». D’AUTRES MANIFESTATIONS D’ART Si l’exigence d’un support rocheux ne permet pas à toutes les cultures de s’exprimer par l’art rupestre, toutes peuvent le faire par l’art mobilier. Or toutes ne lui ont pas porté le même intérêt. Important dans certains faciès capsiens ou néolithiques de tradition capsienne, l’art mobilier paraît peu recherché dans d’autres, du moins sous ses formes à même d’être conservées. Dans des cultures comme celle des Têtes rondes, les différences entre la richesse des parures dont l’art témoigne et la pauvreté des restes retrouvés supposent que bien des pièces n’ont pu se conserver. A partir du Néolithique, les poteries tiennent un rang particulier parmi les objets porteurs d’art en servant, souvent, de marqueur, leur décor apportant une note majeure à l’identification des cultures par les motifs utilisés (fig. 92). Ce décor n’est pas anodin. Décor dans la masse, il crée des discontinuités qui peuvent limiter le bris lors de la cuisson. Mais à voir son rôle chez les potières d’aujourd’hui, on doit surtout lui accorder une valeur symbolique. Il couvre souvent toute la surface, il évolue par réduction, la surface ornée se limitant alors au pourtour de l’ouverture, puis le lissage des surfaces vierges devient polissage, la couleur intervient. Elle joue un rôle dès le milieu du 5ème millénaire dans la vallée du Nil, avec des vases rouges à bord noir caractéristiques du Shaheinabien ou avec la céramique « black-top » du Badarien et de l’Amratien. Elle se retrouve à Maadi avec une qualité moindre. Elle est présente dans le Groupe A, est connue au Tchad dans l’Haddadien. Dans le Tell, la poterie se couvrira de motifs géométriques peints. L’évolution du décor sera autre dans le Sahara méridional où, à l’inverse, les motifs d’impressions restent exubérants ou le deviennent et peuvent s’organiser en décors complexes jusqu’à produire, dans le style de Taïmanga au Borkou, des décors zoomorphes par le jeu de réserves (fig 56). Ce que nous appelons art s’exprime également dans les objets de parure. Limités d’abord à des coquillages perforés naturellement ou non, les plus anciens bijoux sont des pendeloques et des perles, avant que les bracelets ne deviennent les objets les plus courants et les plus variés.

Des parures L’os, l’ivoire, la coquille de mollusque, le test d’œuf d’autruche ont été travaillés ainsi que, dès le Néolithique moyen, des pierres dures, calcite, calcédoine, amazonite, quartzite, zéolithe, cornaline, hématite et même quartz. Avec l’Enéolithique interviendront cuivre, bronze, fer, or et argent. Le Gerzéen pratiquera des incrustations de pierres précieuses ou semi-précieuses, lapis-lazuli, turquoise, agate... A l’Holocène, l’art de la parure s’exprime beaucoup par des perles. Le matériau le plus anciennement utilisé et le plus courant est le test d’œuf d’autruche. Il occupe une place privilégiée dans le Capsien où il est volontiers aménagé en

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Développement de l’art rondelles d’enfilage. La technique est partout la même : un fragment était préparé en ébauche par égrisage, une lumière centrale était obtenue à l’aide d’un foret travaillant d’abord sur la face interne, puis externe. Ces ébauches étaient enfilées sur une tige rigide ou non, puis le bord des rondelles était régularisé par frottement sur une pierre à rainure, souvent en strontianite. Cette dernière étape permet de distinguer les pièces néolithiques faites en série, qui possèdent un pourtour très régulier, perpendiculaire aux faces, d’où leur section rectangulaire, des pièces épipaléolithiques faites une à une, au pourtour fait d’une multitude de facettes produisant une section ovale. Un cas particulier consiste à produire, à l’aide d’un foret, des perforations en cercle qui donnent un pourtour étoilé (fig. 45). Au Sahara méridional, les perles de pierre ont eu la faveur des hommes du Néolithique récent voire des cultures suivantes. Dans la vallée du Tilemsi, des ateliers spécialisés dans leur fabrication permettent de suivre les techniques employées qui variaient d’un site à l’autre1. L’amazonite eut probablement un rôle particulier2 : une perle (souvent unique) a été retrouvée dans nombre de sites datés du 4ème millénaire, elles sont plus courantes dans la vallée du Nil. Au Sahara septentrional, ces perles ont toutes la même forme cylindrique, une hauteur de l’ordre de 1,2 cm et un diamètre de 1 cm, ce qui suppose un centre de production. Minéral lié à la genèse des jeunes granites, l’amazonite est un des éléments à même de retracer par sa dispersion des circuits de contacts néolithiques. Les perles ont aussi été produites en terre cuite ; les Badariens les recouvraient d’une glaçure bleue turquoise obtenue à partir de malachite. Les bracelets sont mal connus, seuls quelques fragments proviennent de divers gisements. Dans le Sahara central, ils sont en serpentine ou en hématite. En Tadrart, au pied d’un filon d’hématite, de nombreux fragments de bracelets provenant de pièces brisées avant d’être terminées révélent un atelier de fabrication. Des indications viennent aussi de l’art rupestre qui montre l’importance des bijoux chez les populations. Avec des bracelets de poignée, de bras, des chevillères, les représentations des populations têtes rondes s’opposent à la médiocrité des éléments de parure retrouvés dans les fouilles ; ils se réduisent dans les périodes suivantes jusqu’à ne plus être figurés malgré la présence de vestiges globalement plus nombreux dans les sites, ce qui appelle à la réflection. Les pendentifs mis au jour dans les fouilles sont essentiellement tirés de coquillages, parfois de coquilles d’œuf d’autruche et leur représentation rupestre se confond aisément avec les colliers ; les autres bijoux sont plus rares, quelques fragments de bracelets en pierre, quelques labrets ont été retrouvés dans les régions méridionales, dans diverses cultures de la vallée du Nil ; ces derniers n’ont pas été identifiés dans l’art rupestre. Ce sont souvent des pièces en quartz. Les bijoux sont aussi, avec les armes, des productions de la métallurgie. Ce sont alors des bracelets, des anneaux de chevilles ouverts ou fermés, des perles, plus rarement des boucles d’oreilles. Les bracelets peuvent porter un décor. Au Sahara nigérien, ils auraient souvent été faits par martelage et ceux qui sont ouverts se terminent volontiers par la stylisation d’une tête de serpent ; ils évoquent la bijouterie berbère. 1 .- Cf Faciès K p. 324. 2 .- D’après M.F. Delarozière, Perles d’Afrique, 1994, Edisud, Aix en Provence, l’amazonite renverrait à l’agriculture et aux dieux chargés de la protéger.

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Du mobilier gravé ou peint L’Epipaléolithique a vu le développement de l’art mobilier sur pierre ou test d’œuf d’autruche. Il atteint son plein épanouissement dans le Mellalien et le Capsien, se perpétue dans le Néolithique de tradition capsienne, avec certains faciès, voire certains sites, particulièrement riches. Tel est le cas du faciès tébessien ou des sites Hassi Mouillah au Sahara septentrional, El Mekta dans le Tell constantinois. Si l’œuf d’autruche a été utilisé comme récipient, soit entier, soit après avoir été transformé en coupes, coupelles, disques..., H. Camps-Fabrer a pu se demander s’il n’avait pas été, aussi, utilisé à des fins non utilitaires. Le Musée de Tébessa possède un œuf qui viendrait de l’escargotière Km 3,200 dont l’orifice est entouré d’une couronne de dix perforations de 2 à 3 mm, de part et d’autre, à 3 cm, une série de six perforations semblables a été disposée en V très ouvert, renversé, dont l’angle est surmonté d’une septième perforation ; le pôle opposé présente une autre couronne de 17 perforations dont une est deux fois plus grande que les autres. Rappelant le rôle de l’œuf dans l’occultisme, H. CampsFabrer y voit un possible objet cultuel et le rapproche d’un œuf retiré de fouilles puniques et ayant de même une couronne de perforations polaires. La gravure sur test d’œuf d’autruche est courante dans la plupart des faciès du Sahara septentrional et du Tell oriental. Le décor est incisé, géométrique, fait de traits parallèles ou se recoupant en produisant des motifs variés que H. Camps-Fabrer ramène à 10 éléments de base pouvant se combiner diversement. Dans le Capsien et le Néolithique, L. Belhouchet et R. Khedaier el-Asmi identifient deux ensembles décoratifs géométriques : un figuratif et un schématique. Les quelques figurations animales qui ont été retrouvées seraient néolithiques, elles sont cependant présentes à Redeyef. Elles paraissent plus fréquentes dans le Sahara atlantique où elles représentent des oiseaux, une gazelle ; à Azrag, un œuf retrouvé entier portait la gravure d’un poisson, nageoire caudale placée à proximité de l’orifice. L’usage de peinture est rare sur ce matériau, hormis les bouteilles dont l’orifice peut être cerné d’ocre ; les traces d’ocre que l’on rencontre parfois sont plutôt des résidus provenant de coupes ou coupelles en coquille d’œuf d’autruche qui en ont contenu. Du Capsien d’Ouled Djellal viendrait la représentation d’un bovin couché, figurée à l’intérieur d’un test, la gravure a été suivie (?) d’un enduit d’ocre, puis d’un grattage exopérigraphique qui l’a laissée colorée. Les pierres gravées sont peu fréquentes. La gravure résulte d’incision au trait continu en V ou U, de piquetage, succession de minuscules enlèvements contigus formant une ligne, ou de pointillage quand ces enlèvements sont opérés de place en place. Les pierres gravées, souvent de simples traits mais qui peuvent former des quadrillages, se concentrent dans le Capsien de faciès tébessien ou le Néolithique de la même région. A El Mekta, l’avant-train d’un capridé est tracé sur la face d’une pierre, un anthropomorphe sur la face opposée. Un galet provenant du Capsien d’Oued Safia est célèbre pour un signe en V parfois entendu comme une hutte. Au Damous el Ahmar, le Néolithique a livré une plaquette calcaire portant deux renards finement gravés l’un au-dessus de l’autre. A El Mekta, au Khanguet el Mouhaâd, les dépôts capsiens ont livré des pierres-

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Développement de l’art figures (fig. 13) sur lesquelles ont été identifiés des représentations sexuelles et des motifs animaliers : des visages humains, une possible tête de capridé, des coquillages. Des pierres-figures sont présentes à Akreijit, se retrouvent dans la région de Tarfaya. Dans la vallée du Nil, la gravure se fera bas-relief : elle couvrira des objets tels que peignes, manches de couteau ; une vaisselle de pierre soigneusement polie, les palettes à fard deviennent elles-mêmes de véritables sculptures. En région saharienne, certaines meules ont été ornées tel une grande meule ovoïde provenant de l’erg d’Admer dont le pourtour est incisé ou celle de Tihigaline (Bas-Sahara) dont une extrémité est gravée de spirales.

Fig. 80 - Art mobilier : 1) bétyle anthropomorphe (Ouan Sidi) ; 2) « idole » anthropomorphe (Achakar) ; 3) statuette anthropomorphe (Djebel Marhsel). (d'après Camps-Fabrer 1966) ; 4) bovidé en terre cuite (Tin Hanakaten) ; 5) Bovidé en granite (Alidema) (cl. G.A.).

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Des sculptures L’argile n’a pas seulement été travaillée pour produire des objets utilitaires, des figurines en terre cuite ont été retrouvées dans divers sites. Celles du Néolithique cardial d’Achakar, phallomorphes, sont connues depuis longtemps. A Tin Hanakaten, elles étaient fréquentes dans les niveaux bovidiens tout particulièrement Bovidien supérieur. Ne dépassant pas 5 cm dans leur plus grande dimension, certaines ayant moins de 3 cm, ce sont des représentations très sobres, anthropomorphes ou zoomorphes parmi lesquelles prédominent les bovins. La plus élaborée porte encore deux brindilles en guise de cornes (fig. 80). A l’oued Athal, F. Mori et B. Barich ont décrit un chien et une tête de gazelle, cette dernière provenant d’un niveau également attribuable au Bovidien supérieur et daté de 5630 ± 50 B.P. (4520-4400 av. J.-C.). Les figurines sont plus récentes dans le Sahara méridional. P. Gouletquer et D. Grébénart en ont retrouvé une à Orub et un grand nombre sur les sites de l’Age du Cuivre de l’Ighazer. Des statuettes zoomorphes proviennent aussi de la vallée du Tilemsi et des villages du Hodh. Elles se trouvent dans l’Haddadien et plus au sud, à Daïma. Elles sont fréquentes aux Canaries. Dans la région du Nil, elles connaîtront un développement inégalé : si Mérimdé Beni-Salamé n’a livré qu’une figurine anthropomorphe et divers fragments de bovidés, le groupe Gash diverses pièces, elles deviennent courantes dans le Néolithique moyen de Kadruka et la phase ancienne d’El Kadada où leur vocation funéraire est bien affirmée ; elles auront un maximum d’essor au Gerzéen où elles privilégient le faucon et la tête de vache. Le Sahara central a produit des sculptures remarquables, les rondes bosses (fig. 51). Pierres façonnées par bouchardage probablement à partir d’une préforme qui serait un galet, puis polies, elles apparaissent comme des objets d’un grand modernisme par leurs lignes épurées. Elles prennent le plus souvent l’aspect de formes animales au sein desquelles prédominent les bovins et les ovins ; bien que leur interprétation soit parfois délicate, des représentations d’antilope, gazelle, lièvre, poisson, ont également été reconnues. De telles pièces paraissent centrées sur la zone tassilienne, tout en connaissant une vaste répartition. Elles sont présentes en Ahaggar et tardivement à Fuerteventura. Dans la Saoura, l’une d’elles trouvée à Tabelbala, identifiée comme ovidé, se singularise par ses dimensions, moins de 4 cm de long, et la présence de pattes. Parfaitement polie, elle est façonnée dans un calcaire sombre à veines blanches. Découvertes fortuites le plus souvent, il est encore difficile d’attribuer un âge précis aux rondes bosses. Les rares pièces retrouvées en place (?) viennent de sites bovidiens, c’est le cas à Anou Oua Lelioua, Alidema, Tin Aberou, Tin Hanakaten. La seule qui provienne d’une couche archéologique a été recueillie dans un abri de Jabbaren, à une cinquantaine de centimètres de profondeur ; elle a été extraite d’un niveau pulvérulent sous-jacent à une couche de fumier, par des militaires touaregs qui creusaient un trou pour faire du feu. Des sculptures phalliformes (fig. 80), pièces aux dimensions plus imposantes, sont connues dans le Sahara central et méridional. A Tondidarou au Mali, elles peuvent être gravées de cannelures, de dessins géométriques, de symboles sexuels (sein, triangle pubien). Dans le Sahara central, elles sont assimilées à des

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Développement de l’art formes humaines. De Tabelbalet, dans le nord du Tassili n’Ajjer, proviennent des pièces en grès, en pain de sucre, dites bétyles, pouvant atteindre 50 cm de haut, dont le sommet est sommairement sculpté « en tête de chouette1 ». Un premier groupe dont il est fait mention en 1905 comprenait quatre bétyles placés autour d’un tumulus, cinq autres provenant du même secteur et qui étaient dispersés, ont été regroupés au musée du Bardo d’Alger. Des pièces comparables ont été trouvées en divers lieux, toujours en petit nombre, voire isolées, souvent associées à une tombe comme à Tabelbala au pied de l’Erg Er Raoui ou Tazrouk dans l’Ahaggar où elles portaient le nom de « tibaradines » et étaient l’objet d’un culte. A Tan Khadidja dans la région d’Iherir, où une dizaine de pièces semblables sont regroupées, F. Chikhi-Aouimeur a montré qu’il s’agissait là de figures sédimentaires2, formes naturelles issues de lobes de sable fin inclus dans les grès ordoviciens voisins, dégagés par l’érosion, et non du produit d’une intervention humaine. Un travail de sculpture s’est également orienté vers la production de rondins de pierre, objets restés longtemps mystérieux, qui ont été identifiés comme lithophones par E. Gonthier. Ces pièces cylindriques aux extrémités soit plates, soit légèrement coniques, pouvant atteindre plus d’une cinquantaine de centimètres de long avec un diamètre de 5 à 15 cm, sont soigneusement piquetées sur toute leur surface. Aucune n’a d’origine précise. Une qui provient du secteur de Tamrit a été décorée sur une face sans que l’on sache si cela a été fait ou non dans un second temps. Certaines, tel le pilon serpentiforme de Silet ou les pilons phallomorphes des régions méridionales (Mont Gréboun, Sherda), ont pu être rapprochées des rondes bosses. La sculpture sur pierre est rare ailleurs, une statuette anthropomorphe en gypse se trouvait dans le tombeau attribué à Tin Hinan, H. Camps-Fabrer la rapproche de figurines en pierre des Cyclades. Plus ancienne puisque provenant d’un site néolithique qui a livré par ailleurs des têtes de flèche tour Eiffel, de la poterie à fond conique, des fragments de haches polies, des microlithes géométriques, des rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, une plaquette de grès dont une extrémité est sculptée en tête de faucon a été trouvée à l’ouest d’Igli, elle a permis à H. Lhote d’évoquer des rapports avec l’Egypte avant l’époque prédynastique, perspective reprise par H. Camps-Fabrer, suivant en cela H. Breuil, A.C. Blanc, C. Galassi...

1 .- On nomme ainsi, dans l’art, une manière schématique de représenter la figure humaine dans un style très dépouillé qui la ramènent à deux courbes mettant en valeur les arcades sourcilières et se rejoignent en une arête verticale qui suggère le nez. 2 .- Chikhi-Aouimeur F., Aumassip G., 2015 - Réflexion autour de l’origine des bétyles de Tan Khadidja (Plateau d’Iherir, Tassili n’Ajjer). Ikosim, IV : 131-139.

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Chapitre VIII UN MONDE POUR LES MORTS Un habitat des morts distinct de celui des vivants se généralise au cours du Néolithique moyen donnant lieu à une archéologie funéraire. En plein essor en zone saharienne et périsaharienne au début du 20ème siècle, elle fut ensuite délaissée, hors la vallée du Nil. Les fouilles de monuments funéraires demandent, en effet, une main d’œuvre importante rarement compatible avec les moyens dont dispose la Préhistoire et, en raison de la médiocrité des conditions de conservation, n’offrent au Sahara qu’une très faible probabilité de retrouver des ossements exploitables. Cependant, dans les années 80, les travaux menés par F. Paris dans le bassin de l’Azawagh au Niger, devaient renouveler cet intérêt. L’emploi de méthodes de fouilles fines a montré que la probabilité de retrouver des restes était bien supérieure à ce qui transparaît des travaux anciens qui négligeaient les restes en mauvais état et les possibilités de datations absolues ont apporté un ancrage qui enrichit la Préhistoire d’un volet fondamental. Le moment où l’inhumation est faite hors habitat reste délicat à saisir. Alors que l’Ibéromaurusien réservait aux morts des secteurs inutilisables de l’habitat, des abris non habités, au début de l’Holocène, les inhumations connues se trouvent dispersés dans les habitats eux-mêmes ; au Capsien, elles truffent les sites. Il faut attendre le Néolithique moyen, pour retrouver des inhumations hors de l’habitat avec parfois des superstructures les surmontant. On ne peut cependant généraliser, au Néolithique récent, au Sahara atlantique, inhumations et habitats, contemporains ou non, semblent confondus. Au Maadien, les inhumations d’enfant se font dans l’habitat, alors que les adultes sont inhumés dans un cimetière. Longtemps on a cru voir dans cette séparation du monde des morts, la frontière entre la Préhistoire et ce que l’on nomme souvent Protohistoire dont les inhumations auraient été indiquées par un signe, le plus souvent un amas de pierres, et pouvaient être regroupées en nécropoles comme à Gastel, Tiddis, Djebel Mazela... ; de nombreuses données vont à l’encontre de ces propositions, de nombreux monuments sont néolithiques. Un tumulus du wadi Shaw, dans le nord du Sahara soudanais, a été daté de 6650 ± 450 B.P. (5990-5070 av. J.C.). En Ahaggar, en bordure du Site Launey (= Adrar Tiltekin), si un tumulus daté de 7017 ± 70 B.P. (UW93) (5980-5810 av. J.-C.) n’a livré aucun reste, un autre, voisin, daté de 5055 ± 85 B.P. (UW 95) (3950-3780 av. J.-C.), contenait un crâne. Ces monuments deviennent plus fréquents au Néolithique récent. J. et M. Gaussen datent un tumulus de la frontière algéro-malienne de 4750 ± 80 B.P.

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Fig. 81 - Inhumations et Monuments funéraires cités

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Un monde des morts (3640-3380 av. J.-C.) (UCLA1096), J.D. Clark de 4390 B.P. (3100 av. J.-C.) un chouchet de l’Adrar Bous. Au Tibesti, J.P. Roset a obtenu la date de 3375 ± 120 B.P. (1870-1520 av. J.-C.) et au Ténéré, celles de 3350 ± 100 B.P. et 3180 ± 100 B.P. (1750-1520 et 1600-1310 av. J.-C.). Dans le Tell, les données quoique encore très restreintes, pourraient montrer l’usage de cette pratique tardivement : T. Sahed fait mention de 3200 ± 195 B.P. (Alg132/92) (1690-1220 av. J.-C.) pour un tumulus de N’gaous, M. Remili de 2520 ± 120 et 2375 ± 130 B.P. (800430 et 760-370 av. J.-C.) pour une bazina d’Achir. Dans le Sud marocain, un tumulus de la nécropole de l’Adrar n’Zerzem, a été daté de 1430 ± 35 B.P. (Hela 1484) (590-634 ap. J.-C.) par M. El Graoui et al. Ces monuments disparaissent lors de l’islamisation. Dans le nord du Niger, Iwelen dispose d’une nécropole dont les fouilles ont permis de nombreuses datations qui l’échelonnent entre 6720±300 B.P. (Pa1109) et 1160±90 B.P. (Pa0765) (5820 av. J.-C. et 960 ap. J.-C.), date obtenue pour la dernière tombe de tradition pré-islamique. Au Sahara central, les plus anciennes tombes islamisées connues, celles de Tit et Silet, remontent à 650 ± 100 (Gif701) et 420 ± 100 B.P. (Gif700) (1280-1400 et 1260-1400 ap. J.-C.). En zone saharienne, ces monuments dérivent tous du tumulus, il n’en est pas de même dans le Tell qui recèle des formes autres, dolmens, haouanet, cistes, toujours très localisées et dont l’origine exogène est généralement admise. Leur étude, ancienne, n’a pu donner lieu à des datations absolues, c’est probablement à l’Age des métaux que la plupart est attribuable. Pour G. Camps, il ne fait aucun doute que nombre d’entre elles soient antérieures à l’installation phénicienne. Fig. 81 - Inhumations et Monuments funéraires cités : 1) Tit, Silet, Abalessa, Amekni ; 2) Site Launey (= Adrar Tiltekin) ; 3) Youf Ahakit ; 4) In Zize, Iglen, Ifrag ; 5) Amguid ; 6) Hassi Tan Taménokalt, Tassat Tan Taménokalt ; 7) Aïn el Hadjadj, Oued el Agial, El Charaig ; 8) Tisrass ; 9) Tin Hanakaten ; 10) Wa Yehoseyen, Mankhor ; 11) Uan Muhuggiag ; 12) Adrar Bous ; 13) Emi Lulu ; 14) Areschima, Iwelen ; 15) Agadez ; 16) Arlit : 17) In Tuduf ; 18) Chin Tafidet site 105, Tin Lalou, Morzouba : 19) Tamaya Mellet ; 20) Afunfun, Chin Oraghen, Orub ; 21) Gobero ; 22) Dao Timmi ; 23) Namanamassou ; 24) Akarau, Alabakat, Aoukaré, Ikawaten, Tin Kulna, Tagudalt ; 25) Tumulus de la frontière ; 26) Termit ; 27) Gonoa ; 28) El Ghorab ; 29) Nabta Playa, E-75-8 ; 30) El Barga : 31) Wadi Shaw ; 32) Kadruka ; 33) Wadi Howar ; 34) El Kadada, El Ghaba ; 35) Saggai, Shaheinab, Geili, Kadero ; 37) Shabona ; 38) Khor Bahan ; 39) Hierakonpolis ; 40) Héliopolis, El Omari ; 41) Djerba ; 42) Djebel Behelil, Djebel Mlezza, 43) Hergla ; 44) Cap Bon ; 45) Quarantaine ; 47) Kef el Blida, Mogods ; 46) Dougga ; 49) Bekkaria, Aïoun Berriche, Aïn Metherchem ; 48) Sila, Tiddis, Djebel Mistiri, Bou Nouara, Roknia ; 50) Oued el Hamara, Oued Tamda ; 51) Ouled Djellal ; 52) Médracen, N'gaous ; 53) Faïd Souar II, Henchir Hamida, Mechta el Arbi, Medjez ; 54) Tilrempt ; 55) Beni Messous ; 56) Achir ; 57) Tipaza, Tombeau de Juba II, Cherchell ; 58) Ténès ; 59) Tighnif ; 60) Djidiouia (Saint Aimé), Oued Riou (Inkerman) ; 61) Sidi Benyebka (Kléber), Sidi Hammadouche (Les Trembles) ; 62) Tiaret, Columnata, Aïn Keda ; 63) Rachgoun ; 64) Aïn Sefra ; 65) Djorf Torba ; 67) El Mreïti ; 66) Tindouf ; 68) Bidon V ; 69) Kifan bel Ghomari ; 70) Fès ; 71) Aïn Dalhia, El Mriès, Mers ; 72) M’zora ; 73) Sidi Slimane ; 74) Rouazi ; 76) Tayadirt, Tifrit ; 75) El Kiffen ; 77) Akka ; 78) Adrar n'Zerzem ; 79) Ténérife ; 80) Izriten ; 81) Laasalia ; 83) Dakhla (Villa Cisneros), Amtal, Aïn el Nouss ; 82) Assabet el-Meddahia ; 84) Mahariat, Lemheiris, Edjaila ; 85) Tintan ; 86) Chami ; 87) Khatt Lemaïteg ; 88) El Rhallaouiya ; 89) Tiris ; 90) Dakhlet el Atrouss ; 91) sites AZ56, AZ15, Hassi el Abiod ; 92) Tondidarou ; 93) Kobadi ; 94) Bura.

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Sahara préhistorique La disproportion entre le nombre de sépultures et la population présumée implique un choix dans le traitement des défunts. Il pose la question de leur rôle et de la permanence de ce rôle. La fréquence des inhumations d’enfant ne soutient pas l’idée de tombes réservées à des chefs. Elle suggère plutôt l’idée de cimenter le groupe. A. Holl s’est interrogé sur les motifs qui conduisaient l’homme à entourer le défunt de soins : « L’inhumation et les rites funéraires qui l’accompagnent servent en partie à apprivoiser la mort qui est un fait biologique inévitable, à la transformer de manière symbolique en alliée des vivants et à restructurer une partie des relations sociales en crise »1. Matérialisée par un monument, la tombe traduirait une communauté devenue plus vaste, plus éloignée de sa source. Les rites susceptibles d’y prendre forme interviendraient ainsi dans la construction des communautés en soutenant une mémoire collective.

Divers types de sépultures Si les pratiques qui entourent la mise en terre offrent un large éventail de variabilité avec des inhumation pouvant se faire dans le gisement lui-même ou en dehors, des tombes pouvant être isolées ou regroupées, des tombes ellesmêmes marquées ou non par un monument, il en est de même des défunts qui peuvent être déposés dans une fosse creusée dans le sol ou dans une chambre bâtie au-dessus, avoir des positions et orientations diverses. Des tombes sans superstructures aux monuments complexes à chapelle et déambulatoire, une multitude de pratiques définit ainsi les territoires et les époques. Parallèlement aux comportements quotidiens que livrent les habitats, elles véhiculent des traits majeurs des sociétés qui les ont produites. Les soins post-mortem n’intéressent pas seulement les humains, divers animaux, bovins, ovins ou caprins, chiens… ont aussi été mis en terre avec un cérémonial dont la répétitivité rend compte de l’importance.

Les inhumations humaines sans superstructures Les inhumations sans superstructures se ramènent à deux types selon qu’elles disposent ou non d’une ouverture sur l’extérieur. Appartiennent au second type, les inhumations en fosse, en jarre, leur identification repose sur le hasard et, le plus souvent, sur leur affleurement par effet de déflation ; au premier type appartiennent les hypogées, puits et silos, et les haouanet. Les fosses Simples cavités creusées dans le sol, dans le sable des dunes anciennes, dans les amas coquilliers, elles se rencontrent durant tout l’Holocène et dans toutes les régions. Un cas particulier de fosse est la ciste, caisson de pierre couvert d’une dalle et s’ouvrant sur un côté. Les plus anciennes sont creusées dans les sites d’habitat sans que l’on puisse définir un lieu privilégié ; l’évolution des pratiques a conduit à les regrouper dans une partie qui ne se distingue pas, par ailleurs, du reste de l’occupation comme à Chin Tafidet, ou à les placer en bordure de l’habitat comme à Kadero. Le plus souvent, elles n’ont aucune marque 1 .- in Baroin et al., 1995 : 34.

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Un monde des morts extérieure, bien qu’au Sahara atlantique, elles soient parfois marquées par un Cymbium ou par un lit de galets. Les tombes en fosse ont des formes diverses, plutôt ovale et évoluent vers une forme rectangulaire. Au Capsien, elles auraient été étroites, L. AoudiaChouakri note des constrictions transversales du squelette par effet de paroi. Au Néolithique récent, des tombes circulaires étaient utilisées par le Groupe A et étaient systématiques à El Kadada. La profondeur de la tombe est essentiellement variable mais souvent difficile à apprécier en raison de la déflation. En zone saharienne, en effet, en arrachant les particules de recouvrement, la déflation parvient à mettre les ossements au jour, puis à les détruire ; leur affleurement explique le grand nombre qui a pu être trouvé dans certains sites du Sahara méridional comme Areschima, Gobero ou du Sahara occidental, Khatt Lemaïteg, Amtal, Chami, Mahariat, Tintan... La fosse peut être fermée ou marquée par des dalles avant d’être recouverte de terre comme à Izriten, Tintan, Edjaila ; dans certains cas, d’autres pierres plates placées de chant reposaient sur celles-ci. Un coffrage peut habiller la fosse ou entourer le défunt, il ne saurait être confondu avec une ciste, forme très localisée à l’extrême Nord marocain et mis en relation avec des populations migrantes. A Tin Hanakaten, l’enfant H5 reposait dans un caisson de pierres coiffé d’un petit tumulus, la tombe renfermait des charbons datés de 7900 ± 120 B.P. (Gif5857) (7050-6590 av. J.-C.) et était recouverte par un niveau daté de 7220 ± 140 B.P. (Gif5419) à 6900±50 B.P. (Hela1153) (6239 à 5742 av. J.-C.). A Arlit, dans le niveau profond daté de 5380 ± 130 B.P. (Gif3057) (4340-4050 av. J.-C.), les morts étaient entourés et recouverts de grosses pierres. Au Mali dans le site AZ56, à Lemheiris, à Laasalia, de grosses pierres délimitaient un coffrage dans lequel reposait le défunt, il est daté de 3740 ± 130 B.P. (Gif3463) (2300-2000 av. J.-C.) à Lemheiris. Un coffrage se note dans les nécropoles garamantiques de l’oued el Agial en Libye méridionale, étudiées par B. Pace, G. Caputo et S. Sergi dans les années trente. Dans la vallée du Nil, à Hierakonpolis, un mur de briques crues a été bâti le long des parois de l’une d’elles, à El Omari puis à l’Amratien, les parois étaient souvent enduites de limon. Ces murs se couvriront de peintures dès le 4ème millénaire ; la plus ancienne tombe peinte connue est à Hierakonpolis et est datée de 3350 av. J.-C., des représentations humaines, des animaux, des huttes et d’après certains auteurs des bateaux y figurent. Les inhumations en jarre Des inhumations en jarre existent sporadiquement dans diverses régions. Cette pratique, fréquente au sud de l’Aïr (Tchad, Burkina Faso, vallée du Niger), a été reconnue au nord dans la région d’Arlit, à Alabakat et Ibatalen. A Bura, dans la vallée du Niger, Boubé Gado a retrouvé des vases renfermant des ossements qui étaient surmontés de représentations de personnages en terre cuite, témoins d’un art statuaire de grande qualité dont les plus anciens remontent au 2ème siècle ap. J.-C.. Des inhumations en jarre sont connues au pied de l’Atlas saharien, aux Ouled Djellal, où elles semblent tardives. Dans la vallée du Nil, elles ont été retrouvées dans la région de Kadruka. A El Kadada, les jeunes enfants sont enterrés ainsi, à l’écart de la nécropole.

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Sahara préhistorique Les hypogées Deux types d’hypogées sont connues dans le nord du Maghreb, les puits et les silos. Les puits ont des parois verticales et peuvent atteindre plusieurs mètres de profondeur, ils sont liés à la présence phénicienne. Les silos sont des cavités subsphériques aménagées dans le sol qui affleurent par un orifice subcirculaire obturé par une grosse pierre, il donne accès à un puits s’ouvrant au centre de la cavité, d’où leur forme de gourde à col plus ou moins long. Le diamètre de la cavité est de l’ordre de 1,20-1,50 m pour une ouverture de 0,75 m. C’est un mode d’inhumation peu fréquent, auquel peu de travaux se rapportent, ils permettent toutefois de le localiser au Tell maghrébin, Maroc et Algérie occidentale, et de noter une absence totale en Algérie orientale et en Tunisie. Dans la région de Fès, les silos forment de véritables nécropoles. Dans la région de Tighnif, de nombreuses ouvertures existent. En Algérie centrale, ils sont limités à la région côtière, sont connus à Ténès, Cherchell, dans la Kabylie du Djurdjura où ces formes ont été signalées en 1869 par A. Letourneux. Le silo peut être simple comme celui reconnu à Sidi Benyebka (Kléber) qui renfermait deux individus, complexe comme celui de Sidi Hammadouche (Les Trembles)1 qui comporte trois chambres communiquant entre elles par une ou-

Fig. 82 – Principaux types de monuments funéraires : 1) monument en goulet ; 2, 3) monuments en silo. (Origine : 1) Immidir, 2) Sidi Benyebka (Kléber), 3) Sidi Hammadouche (Les Trembles).

verture équatoriale de l’ordre de 0,30 à 0,50 m, dont deux seulement s’ouvrent à l’extérieur (fig. 82). Lors de leur découverte, elles étaient obturées par des dalles placées de chant. La plus vaste, en bout, sans ouverture extérieure, renfermait plusieurs squelettes, la chambre de l’autre extrémité était vide et dans la chambre centrale se trouvait un squelette reposant sur le dos. Leur localisation permet d’y voir un mode d’inhumation importé ; on peut en trouver l’origine en Andalousie où des tombes semblables datent du Bronze ancien, l’hypothèse parfois émise d’une réutilisation de silos romains paraissant totalement à écarter. Les particularités notées par J. Campardou à Kifan el Ghomari confortent 1 .- Desjardins V., 1935 - Découverte d’une sépulture ancienne aux Trembles. Bull. Soc. de Géogr. et d’Archéol. Oran, t. LVI : 87-88.

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Un monde des morts cette interprétation : dans la nécropole, de telles formes utilisées aujourd’hui pour emmagasiner le grain, voisinent, voire communiquent, avec d’autres qui renferment des restes humains. Les haouanet Sépultures en falaise (fig. 83), les haouanet (sing. hanout) sont creusées dans les roches à paroi verticale, parfois dans des rochers isolés. De forme généralement cubique, elles possèdent une ouverture de moins de 1 m de haut, toujours verticale, donnant directement sur l’extérieur ; à Djerba, leur forme est volontiers ovale. Dans le cas où la paroi de la falaise est oblique, une sorte d’antichambre à ciel ouvert conduit à l’ouverture. Celle-ci peut être fermée par

Fig. 83 - Principaux types de monuments funéraires : 1) haouanet ; 2) dolmen. Origine : 1) Gastel (d'après Reygasse 1950) ; 2) Beni Messous (d'après Camps 1961).

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Sahara préhistorique une dalle encastrée dans une feuillure qui pouvait être verrouillée de l’extérieur. Le plus souvent, l’hanout dispose d’une seule chambre, mais, sur la côte orientale de Tunisie, il a été fait mention d’haouanet ayant deux ou trois chambres en enfilade. Dans l’île de la Quarantaine au large de Monastir, les formes sont plus complexes encore, avec des enfilades de chambres qui se développent dans plusieurs directions. Certaines, qui seraient des plus anciennes, disposent d’un petit couloir ou d’un plafond à double pente. Les haouanet sont particulièrement courantes dans le Nord-tunisien, dans les Mogods, les Kroumirs et la péninsule du Cap Bon. Elles se retrouvent, moins fréquentes, dans le Nord-constantinois jusqu’à Bejaia. Plus à l’ouest, elles sont très dispersées, seules celles de Djidiouia (Saint Aimé) et Oued Riou (Inkerman) sont regroupées en nécropoles qui ne sont éloignées l’une de l’autre que de quelques kilomètres, les quelques autres haouanet connues -Tipaza sur la côte algéroise, Kifan el Ghomari au Maroc oriental-, sont isolées. L’intérieur de la chambre peut posséder une banquette sur laquelle le mort était couché ; à Djerba, la banquette peut courir le long de trois parois. Des sculptures et des peintures peuvent orner les parois. Les sculptures sont rattachées au mode de creusement laissant en saillie des colonnes, des corniches, des tasseaux susceptibles d’être décorés. Un motif fréquent est un disque qui peut figurer sur plusieurs parois de la chambre. A Kifan el Ghomari, il mesure 1,30 m de diamètre. Il a été interprété comme disque solaire. Au Djebel Behelil en Tunisie, des personnages et des animaux sculptés ont, d’après G. Camps, de grandes analogies avec les peintures du Constantinois. Les peintures, faites à l’ocre rouge, traduiraient un fond libyque avec des animaux terrestres, des motifs géométriques, auquel s’ajoute un fond étranger figurant des poissons et des bateaux. Une figure étrange est celle d’un homme à tête de cerf, animal très rarement figuré dans l’art rupestre. A Kef el Blida dans les Mogods, une fresque représente un navire à poupe relevée, voile à demi roulée, au gréement de type phénicien ; sept guerriers casqués1 munis de lance et d’un bouclier rond sont alignés sur le pont. A droite, un peu surélevé, figure un personnage barbu portant le bouclier rond et une bipenne qu’il dirige vers un personnage imberbe coiffé d’un bonnet et qui est allongé sur le ventre. L’âge de ces sépultures reste difficile à préciser en raison du manque de mobilier funéraire. Le réaménagement d’époque romaine connu dans certaines permet de les rapporter antérieurement à cette période. Pour E.G. Gobert, P. Cintas, la fresque de Kef el Blida par la forme des casques est à mettre en relation avec les peintures d’une tombe phénicienne du Djebel Mlezza où se retrouvent les motifs et techniques des haouanet. Divers autres éléments de décor, en situent un grand nombre entre les 4ème et 2ème siècles av. J.-C. Mais leur origine est bien plus ancienne, G. Camps note parmi les plus anciennes haouanet des détails architecturaux (petit couloir, plafond à double pente) connus dans les hypogées de Sardaigne et de Sicile, il les rapporte à un « courant méditerranéen archaïque » -ce que conforte la présence de bipenne dans ces mêmes îles et la répartition géographique des haouanet-, et place leur origine dans les îles ita1 .- Leur forme est celle des casques portés par les Phéniciens.

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Un monde des morts liennes. Dans ce cas, en Sicile, l’abandon des hypogées au 8ème siècle av. J.-C., implique une date antérieure pour les premières haouanet. P. Cintas les rattache à l’aire égéo-anatolienne et rapporte les remarques de F. Bonniard notant deux modes de creusement dont le plus ancien n’aurait pas fait appel au métal.

Des inhumations avec superstructures Les superstructures qui surmontent la tombe peuvent avoir des aspects différents et s’accompagner de divers aménagements ; elles peuvent ou non connaître une orientation privilégiée, liée ou non à la topographie. La forme la plus courante est circulaire, mais certains monuments peuvent être elliptiques ou rectangulaires. Le défunt peut y être placé dans une fosse ou une chambre, il n’est directement recouvert de pierres que dans certains cas de tumulus simple. La chambre ou la fosse se situe généralement au milieu du monument, les cas où elles sont désaxées sont néanmoins nombreux. Dans les formes anciennes, elles sont totalement isolées de l’extérieur ; elles évoluent avec la présence d’un déambulatoire qui peut se transformer en couloir complexe, volontiers en chicane, et dont l’ouverture extérieure est soigneusement masquée par divers artifices comme dans les pyramides d’Egypte ou le Tombeau de Maurétanie en Algérie. Le tumulus, forme élémentaire Les tumulus sont définis par G. Camps comme « amoncellements de pierres de dimensions et de nature diverses placées sans ordre dont la base peut être circonscrite par une rangée de pierres plus grosses fichées en terre ». Lorsque l’amoncellement est en terre, il prend le nom de tertre et a l’aspect d’un petit monticule comme à Khatt Lemaïteg, ou d’une minuscule colline. Le tertre paraît une forme récente, il est fréquent au Sénégal, est connu au Maroc. A Sidi Slimane, un tertre de 47 m de diamètre, haut de 2 m recouvrait une chambre funéraire au toit en thuya disposant d’une antichambre qui avait été murée et à laquelle on accédait par un couloir non couvert dont l’entrée était elle aussi murée. Le tumulus est la forme la plus courante, répandue sur l’ensemble des territoires. Il peut être dressé directement sur le sol ou sur un pavage dont il n’occupe jamais le centre. Quelques cas de tumulus pris dans les couches archéologiques sont connus : à Rachgoun, par exemple, dans un gisement atypique rapporté à l’Ibéromaurusien, G. Camps mentionne un amoncellement de pierres non brulées au-dessus de l’emplacement d’un squelette, à Tin Hanakaten, un petit tumulus recouvrant un enfant, se trouvait à la base des niveaux bovidiens. Le tumulus varie par ses dimensions, pouvant atteindre plusieurs mètres, être inférieur à un mètre ; il varie surtout par ses formes qui permettent de distinguer : - des tumulus coniques, les plus imposants par leurs dimensions avec des hauteurs atteignant jusqu’à 6 m dans la région d’Aïn Sefra (Sud oranais) où ils sont la forme privilégiée, - des tumulus tronconiques parmi lesquels F. Paris distingue des formes tronconiques à plateforme et en calotte sphérique, - des tumulus en barre, très allongés, ils peuvent atteindre plusieurs di-

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Sahara préhistorique zaines de mètres de long, sans que leur hauteur dépasse 1,5 m. Ils ne sont connus qu’en Mauritanie, - des tumulus à cratère (fig. 84) dont le sommet est évidé en cuvette aux parois quasi-verticales ce qui, d’après H. Lhote, les distingue d’un effondrement lié à la décomposition du corps où les parois sont inclinées. Il renferme indifféremment homme, femme ou enfant, la parure et le mobilier y sont plus fréquents que dans les autres monuments. D’après F. Paris, le tumulus à cratère apparaît au Sahara nigérien vers 2000 av. J.-C., il est mis en relation avec l’époque des chars. Il disparaîtra avec l’implantation de la religion islamique, - des tumulus à carapace ou à chape, mamelons circulaires recouverts de pierres plates pour les uns, d’une couche d’argile ou de gypse pour les autres.

Fig. 84 - Principaux types de monuments funéraires. 1) tumulus à cratère ; 2) bazina à base cylindrique; 3) plateforme ; 4) monument à chapelle. (Origine : 1, 3) Ahaggar (d'après Heddouche 2003) ; 2) Aïn el Hamara, 4) Taouz. (d'après Camps 1961).

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Un monde des morts La bazina, une forme élaborée Le tumulus peut connaître une construction soignée par empilement de pierres qui peuvent être équarries ; il porte alors le nom de bazina. La bazina est définie par F. Paris comme une construction « de forme généralement cylindrique dont le mur extérieur généralement vertical ou avec un léger fruit, est construit par empilement régulier de pierres sur plusieurs assises ». Le mode d’appareillage distingue donc les tumulus des bazinas. Elles offrent plusieurs variantes : à enceintes concentriques, à carapace, à degrés... Dans son expression la plus évoluée, la bazina deviendra, dans le Tell, l’un de ces grands monuments tardifs avec couloirs et chambres que sont les mausolées dits berbères : Médracen près de Batna daté de 2270 ± 110 B.P. (Gif1671) (500-120 av. J.-C.), Tombeau royal de Mauretanie dit aussi de Juba II près de Tipaza que l’on rapporte au début du 1er siècle ap. J.-C., djeddars de Tiaret datés de 1540 ± 50 et 1630 ± 50 B.P. (440-600 et 360-530 ap J.-C.). La plateforme est faite de plusieurs assises de pierres sur lesquelles repose un dallage (fig. 84) ou une surface gravillonnée. Ce type peu répandu peut être circulaire ou ovale ; une variante est simplement un dallage, forme peu visible, faite de pierres plates jointives, reposant directement sur le sol. Ces deux formes sont connues au Sahara central. L’une des plateformes les plus imposantes est à Youf Ahakit avec un diamètre de 32 m et une hauteur de près de 2 m. Elles sont fréquentes au Néolithique final dans le bassin de l’Ighazer où, associées à des tessons de type ténéréen, elles sont datées de 5020 ± 250 (Pa0837) à 2735 ± 120 B.P. (Pa0839) (4200-3500 à 1000-800 av. J.-C.) à Iwelen. La choucha (pl. chouchet) est un monument turriforme qui possède une enceinte circulaire double, haute de 1 m environ (fig. 85) et dont l’intérieur est rempli de graviers. De 2 à 3 m de diamètre, elle est recouverte d’une grande dalle ne débordant pas. Elle est fréquente dans les Aurès. La margelle est une petite tour en pierres sèches, d’environ 1 m de haut, élevée autour d’une fosse. Cette forme, courante dans le Sahara central, se distingue de la choucha par l’absence de dalle sommitale. Les formes dérivées A partir des tumulus et bazinas, diverses formes ont été édifiées par adjonction de pierres dressées, d’enceintes et/ou de bras. - Le tumulus sur plateforme, dit « monument en sombrero » par A. Heddouche, repose sur un dallage plus ou moins vaste, le plus souvent circulaire, parfois carré, qui peut être bordé d’un rang de petites dalles dressées. - Les tumulus à dalles dressées, tumulus bas, n’atteignant pas 1 m, sont limités par un rang de grandes dalles pouvant atteindre de 2 à 4 mètres et placées obliquement (fig. 86). Ils abondent dans la région de Tindouf, Bidon V, ils sont connus en Tadrart, dans le Messak Settafet. - Les tumulus à lucarne, de forme conique, au sommet parfois très pointu, disposent d’un conduit horizontal mettant en communication la chambre avec l’extérieur par une lucarne qui ouvre en direction d’un petit monument. Localisés dans le Sud-marocain, pour G. Camps, ils traduiraient une minorité ethnique ou religieuse.

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Sahara préhistorique - Le monument à stèle est un tumulus aplati surmonté en son centre d’une pierre ou d’un groupe de pierres dressées (fig. 87). Ils sont nombreux dans le Sahara occidental, sont connus dans la Tadrart, le Messak Settafet où certains ont été datés autour de 5000 B.P. (3800 av. J.-C.). - Le monument en trou de serrure, dit aussi à couloir et enclos, comporte un tumulus central de grande taille d’où partent en direction de l’est, deux bras parallèles qui délimitent une allée (fig. 87). Deux enceintes elliptiques, concentriques, murettes de pierres atteignant plus de 0,50 m de haut, les entourent. L’enceinte extérieure délimite le monument, l’enceinte intérieure se place à 1 m environ du tumulus et est interrompue au niveau de l’allée. Fréquemment deux petits tumulus se dressent au contact de l’enceinte extérieure et des bras. Ces monuments sont volontiers placés dans des points bas, terrasses de petits oueds, parfois à flanc de montagne. D’après A. Heddouche, le plus imposant serait à Tassat Tan Taménokalt, il mesure 128 m dans son plus grand axe et a la hauteur d’une maison d’un étage. Courants au Tassili n’Ajjer, ils s’étendent à l’Anahef et au Tafassasset, leur plus grande concentration se trouvant dans le Fadnoun. Les travaux menés par H. Berkani ont légèrement élargi leur aire de distribution, dépassant largement celle des peintures de style Iheren auxquelles Y. et C. Gauthier les limitaient. Les plus méridionaux ont été reconnus par F. Paris à Emi Lulu où ils sont datés de 5610 ± 220 B.P. (4730-4240 av. J.-C.) à 4515 ± 150 B.P. (3495-2930 av. J.-C.), les plus septentrionaux à Aïn el Hadjadj, les plus occidentaux vers Amguid et In Zize ou Laouni, le plus oriental près du col d’Anaï. Datés

Fig. 85 - Principaux types de monuments funéraires :1) cercle ; 2) choucha. (Origine : 1) Ahaggar (d'après Heddouche 2003 ; 2) Tit (d'après Reygasse 1950).

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Un monde des morts entre 4447±46 (AA102275) et 4301±46 B.P. (AA102274) (3340-2930 et 30902780 av. J.-C.) au Tassili n’Ajjer par H. Berkani, ils s’avèrent contemporains, voire plus récents que ceux fouillés au Niger par F. Paris, ce qui, malgré le peu de dates encore disponibles, les place en fin de culture bovidienne et repose la question du centre de diffusion. Ceux qui ont été fouillés renfermaient toujours un individu masculin sans parure ni offrande, placé dans une fosse exigüe qui exige un ligotage du cadavre. On doit à J.P. Savary une intéressante étude de la région du Fadnoun faite à partir de photographies aériennes et qui a porté sur quelque 150 monuments. L’auteur constate qu’ils ont été construits sur un plan assez rigoureux pouvant correspondre à une codification liée à un rite solaire. L’allée, en effet, est placée dans une direction significative, l’est du tumulus central tel qu’il est directement observable à partir du lieu de construction. Cette particularité lui a permis de déceler un optimum de mortalité durant la première quinzaine de mars, ce qui rejoint les données ethnologiques et médicales de l’époque actuelle. - Le monument à antennes comprend un tumulus d’où partent deux murettes plus ou moins divergentes, allant jusqu’à être opposées, qui sont nommées bras (fig. 86). Ce sont les « tumulus à soutaches » de E.F. Gautier, « idebnanes en forme de V » de M. Reygasse. Les bras, nettement moins hauts que les murettes bordant l’allée des monuments en trou de serrure, ont des dimensions variables, les plus fréquents ayant une vingtaine de mètres ; les plus longs mesureraient 360 m à Hassi Tan Taménokalt dans le Tassili n’Ajjer, 600 m à Ifrag, près d’In Amguel (Ahaggar). La partie délimitée par les bras peut être vide, pavée ou remplie de graviers. Ces monuments sont bien connus au Sahara central et ont été signalés en Mauritanie. Une variante résulte de deux bras parallèles d’une longueur de l’ordre de 2 m, distants de 1 m, formant une allée qui est pavée. - Le monument en croissant (fig. 86) est une forme très répandue dans l’Ouest-saharien. Il est connu dans le Tiris où se trouve peut-être le plus grand avec un « périmètre (sic) proche de 840 m », en Mauritanie. Il se retrouve sur un vaste territoire comprenant le nord et l’ouest de l’Air, l’Azawagh ; il englobe l’Ahnet, Il devient rare à l’est de l’Ahaggar. Il aurait été utilisé entre 3300 et 1900 av. J.-C. C’est un tumulus à antennes dont les bras opposés et arqués diminuent régulièrement de hauteur depuis le tumulus jusqu’à leur extrémité ; il arrive que leur point de départ se confonde totalement avec le tumulus. Le monument en croissant se place souvent à flanc de montagne, la ligne joignant les deux extrémités est toujours dirigée nord-sud, généralement ouvert vers l’est, parfois vers l’ouest. Le corps repose dans une petite cuvette, en décubitus latéral plus ou moins fléchi, face à l’ouverture du monument, généralement sur le côté droit pour les hommes qui regardent vers l’est, regardant moins systématiquement vers l’ouest pour les femmes. A Iwelen, F. Paris note l’absence d’enfant. - Le goulet (fig. 82) est connu dans l’Immidir. M. Milburn le signale au Maroc dans la région d’Akka. Du tumulus partent deux murets parallèles, de longueur variable qui se rabattent en directions opposées pour se rejoindre à hauteur du tumulus en l’enserrant, dessinant ainsi deux lobes étroits, symétriques.

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Sahara préhistorique

Fig. 86 – Principaux types de monuments funéraires : 1) monument en croissant ; 2) monument à antennes ; 3) tumulus à dalles dressées. Origine : 1, 2) Ahaggar (d'après Heddouche, 2003), 3) Tiratimine (Immidir) (d'après Reygasse 1950).

- Les cercles sont des aires circulaires limitées par une ou plusieurs rangées de pierres (à Amekni, on en compte huit) fichées plus ou moins profondément dans le sol (fig. 85). Ces structures ont des dimensions variables, allant de 3 à 13 m de diamètre. L’intérieur du cercle est souvent rempli de petits cailloux, le centre parfois occupé par une annexe, par un tumulus dans l’erg In

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Un monde des morts Sakane. Le cercle engravillonné est daté entre 650 et 1200 ap. J.-C. Une forme particulière est le cercle ou le rectangle ouvert dont la destination funéraire reste incertaine pour nombre d’auteurs. Bien que ces cas soient rares, dans la région d’Agadez, les cercles ont livré à F. Paris, des restes humains en position assise. Au Tibesti, près de Gonoa, B. Gabriel a décrit des tombes (dites en forme de boussole) entourées de deux cercles de pierres concentriques nantis d’une excroissance triangulaire en direction de l’est. - Le nom de mégalithes est donné à des pierres dressées de dimensions imposantes, volontiers taillées ; elles sont souvent regroupées en nombre, certaines peuvent être gravées.

Fig. 87 - Principaux types de monuments funéraires : 1) monument à stèle ; 2) monument en trou de serrure. Origine : 1) In Ezzan, 2) Immesseridjen. (cl. M.T).

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Sahara préhistorique Un ensemble monumental se trouve à M’zora, au Maroc. Une ellipse de 59 x 56 m est formée de 176 monolithes en grès d’une hauteur de l’ordre de 1,5 m ; à l’ouest, se placent deux éléments de 5,34 m et 4,20 m. A l’intérieur, un tumulus de 50 m de diamètre, 6 m de haut, renfermait une sépulture centrale à incinération, sous tholos. Il contenait une épée en fer. Il était entouré d’une enceinte et surmonté d’une stèle. Il a été daté par calcul astronomique en fonction d’alignements de constellations, de 1700-1500 av. J.-C. Plus récemment, une étude typologique comparative propose la charnière des 4ème-3ème millénaires av. J.-C. comme terminus a quo pour l’érection du cercle initial et 5ème-4ème siècles av. J.-C. pour l’édification du tertre funéraire. La première serait dans la lignée des grands monolithes du sud du Portugal, la seconde renverrait aux tumulus du Gharb voisin. La légende en fait la tombe du géant Antée, roi de Libye, fils de Poséidon et de Gaïa, qui fut terrassé par Héraclès. De nombreux monolithes effondrés, qui pourraient provenir de cercles semblables, ont été reconnus à proximité. Des mégalithes sont connus dans le nord du Sahara atlantique où H. Nowak et S. Ortner font état de menhirs à Dakhla (Villa Cisneros), ils sont fréquents dans les marges méridionales du Sahara. Les mégalithes sont souvent associés à des tells ; deux dont la surface est couverte de tessons et de fragments métalliques, pierres taillées ou polies se trouvent à Tondidarou dans le delta intérieur du Niger, l’un est daté de 1300 ± 40 B.P. (670-770 av. J.-C.). Ces tells évoquent les tombes des souverains de l’empire de Ghana. Le locus le plus célèbre de Tondidarou (fig. 88) a été reconnu en 1904 par J. Brévié, il fut fouillé à diverses reprises. Il comportait quatre groupes de monolithes taillés, polis et/ ou gravés. L’un d’eux réunit 150 pièces, très serrées les unes près des autres, qui étaient probablement disposées en ellipse allongée nord-sud. Phalliformes, certains monolithes sont gravés de cannelures, de dessins géométriques et de symboles sexuels (sein, triangle pubien), ils portent un bouton dit aussi ombilic. Des monolithes plus réduits, plus sommaires, style de Konsaka, avec à leur base un caisson de pierres qui pourrait être funéraire, ont été signalés dans la région de Zouérate à Assabet el-Meddahia. Ils sont courants au Sénégal, dans la culture de Bouar. Datés du 1er millénaire av. J.-C., ils se concentrent près des sources et des cours d’eau. Les dolmens, une forme d’importation Quand les dalles sont placées de chant, formant une case carrée ou rectangulaire -dite chambre- coiffée d’une dalle horizontale, le monument porte le nom de dolmen, ou d’allée couverte si la case est allongée et la couverture faite de plusieurs dalles. Quoique sépulture individuelle, le dolmen peut parfois renfermer plusieurs individus. Il peut être élevé sur un pavage dont il n’occupe pas le centre. G. Camps distingue plusieurs types : sur socle, à couloir, à manchon. Il n’est pas rare qu’ils soient entourés d’un cercle qui délimite autour d’eux une autre zone de sépultures, c’était le cas à Beni Messous. Les dolmens ne sont pas connus au Sahara, ils montrent une distribution restreinte dans l’Est du Tell qui souligne leur caractère allochtone et a permis de les mettre en relation avec la

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Un monde des morts Sicile et surtout la Sardaigne. Toutefois, J. Guilaine tendrait à opposer à cette hypothèse d’apport étranger, celle de « processus d’émergence autochtone et tardif ». Quelques dolmens dispersés sur le nord du territoire marocain pourraient être liés à l’Espagne et l’introduction du vase campaniforme. Dans la nécropole de Beni Messous, leur ouverture vers l’est traduit un rite solaire, ce ne serait pas toujours le cas, dans les nécropoles du Tell oriental, une adaptation à la topographie prédominerait. Très étudiés dès le 19ème siècle, peu de travaux originaux leur ont été consacrés depuis.

Fig. 88 - Principaux types de monuments funéraires : 1) monolithes de Tondidarou (d'après Reygasse, 1950) ; 2) nécropole de Bura-Asinda-Sikka. (d'après Boubé Gado, 1996).

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Sahara préhistorique

Les aménagements et structures cultuels Les monuments funéraires, plus particulièrement les bazinas, peuvent être nantis d’éléments cultuels d’aspects divers. La niche est un renfoncement situé à l’est de l’enceinte qui peut figurer sur des monuments de types différents. Elle peut être placée à l’intérieur ou l’extérieur du monument. Elle est intérieure dans les tombes amratiennes et une partie du mobilier funéraire y est déposée. Le plus souvent, elle est extérieure, sans communication avec l’intérieur, elle peut même être construite à proximité du monument. La chapelle est un renfoncement d’une certaine ampleur qui a reçu une couverture (fig. 84). Sans communication avec la sépulture elle-même, elle s’enfonce généralement dans la masse du monument, bien qu’à Djorf Torba, elle se développe à l’extérieur. Pour G. Camps, les chapelles sont liées à la pratique de l’incubation. De tels monuments ont une distribution restreinte, limitée à une bande pré-saharienne ; ils sont connus dans le Sahara occidental, Tagant, Zemmour, Tafilalet, El Hank, Hamada du Guir, et sur la bordure sud de l’Atlas saharien et des Aurès. Certains auteurs voient leur origine dans la vallée du Nil. La table d’offrande, aménagement rare, fait face à une lucarne, ouverture de la chambre funéraire. Elle est destinée à des sacrifices ou des célébrations. L’alignement est une construction placée à 1 ou 2 m d’un monument, qui forme une sorte de mur de faible hauteur pouvant être continu rectiligne ou arrondi, ou discontinu formé de petites tours alignées. Une dalle peut être dressée entre le tumulus ou la bazina et l’alignement. Un cercle peut entourer le tumulus et, fréquemment, une niche ouverte vers l’intérieur est adjacente au cercle. Ce type d’aménagement paraît fréquent au Tassili n’Ajjer et à l’ouest de l’Aïr. La tente de Fatima est une structure en U ou en arc de cercle ou en rectangle ouverte à l’est sur des éléments frontaux, le plus souvent un alignement d’éléments turriformes en pierres sèches. Elle est bien connue en Ahaggar. Les rares fouilles n’ont livré aucun reste humain. Les cénotaphes, monuments qui ne contiennent pas de corps, ont été soupçonnés sur le littoral atlantique. D. Grébénart en décrit un à Izriten. Il en existe peut-être un à Oued Tamda (Sud constantinois) qui est un petit tumulus avec pierre dressée placé au pied d’une bazina. Cette pratique serait plus fréquente en Egypte où elle est liée à la conception même de l’individu composé d’éléments multiples, d’où la pluralité de tombeaux pour une même personne. Le cénotaphe d’Izriten (Sahara atlantique) est une calotte sphérique de 4 m de diamètre, 0, 80 m de haut limité par des dalles fichées obliquement dans une dune fossile, couvert de dalles. Sous les dalles centrales, sur toute son épaisseur, de nombreuses coquilles marines sont mêlées au sable. Pour D. Grébénart, sa position dominante le mettrait en relation avec les sépultures qui truffent la dune et les manifestations d’un culte funéraire. Les monuments pourvus d’éléments cultuels peuvent participer de plusieurs types. La nécropole de Tisrass près de Djanet possède un groupe de bazinas qui, par leurs aménagements, se rattachent aux monuments à niche d’une part, aux monuments à alignement d’autre part. L’élément principal, de forme circulaire, a un diamètre pouvant atteindre 6,5 m pour une hauteur qui ne dépasse pas

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Un monde des morts 2 m. Une niche couverte de dalles est placée à l’est, une autre à l’ouest ; elles mesurent de 1 à 1,5 m de long pour une largeur de 0,9 à 1,1 m et une hauteur n’atteignant pas 1 m. Environ à 3 m en direction de l’est, se trouve un alignement de 5 à 9 tumulus de 1 m de diamètre et 1 m de haut éloignés d’environ 1 m les uns des autres. La fouille de l’un de ces monuments complexes a montré un élément principal formé d’un cercle de 1 m de diamètre, à l’intérieur duquel reposait le défunt, surmonté de trois autres enceintes en gradins. Chacune était faite de petites pierres et délimitée par des dalles ou de grandes pierres soigneusement agencées. L’inhumation, en chambre, se trouvait au centre du monument et, malgré le mauvais état des ossements réduits pour l’essentiel à des esquilles, il semblerait qu’il ait pu y avoir deux inhumations probablement successives. Un monument insolite, daté de 1480 ± 130 B.P. (430-670 ap. J.-C.) est celui d’Abalessa au Sahara central. Les fouilles menées en 1926 et 1933 avec l’appui de M. Reygasse ont mis au jour onze chambres entourées d’une enceinte et, sous l’une d’elles, une salle souterraine renfermant une inhumation. Autour du monument se trouvaient 14 margelles. Un couloir qui passe à l’arrière de la chambre surmontant la chambre mortuaire et réunit deux chambres contiguës, est vu comme un déambulatoire par G. Camps.

Vers une chronologie Loin d’être anarchique, la distribution des monuments répond à une distribution spatiale et temporelle, à l’exception des tumulus simples qui se rencontrent partout, à toutes les époques. S’appuyant sur plus de 300 tombes du Sahara centro-méridional et à l’aide d’un grand nombre de datations sur hydroxycarbonate-apatite de l’os, F. Paris a pu établir dans cette région, une chronologie pour les six derniers millénaires. Il notait des inhumations sans monument jusqu’aux environs de 5000 av. J.-C. Les monuments en trou de serrure sont probablement les plus anciens monuments complexes, ils remonteraient à plus de 4000 av. J.-C. Les monuments en croissant marqueraient l’arrivée d’une nouvelle population vers 3600-3300 av. J.-C. Ils manquent dans le centre de l’Air où se serait réfugiée la population autochtone avant de migrer vers le sud. Vers la même époque ou un peu plus tôt, les plateformes qui viendraient de l’Ahnet se développent, atteignant l’est de l’Aïr. Elles connaissent leur maximum de développement vers 3000 av. J.-C., moment où des changements notables interviennent dans le monde des morts. Les bazinas et des monuments à alignement s’imposent. Les orientations d’inhumation changent, la direction est-ouest est remplacée par l’orientation nord-sud qui existait déjà dans les formes en croissant et qui se généralise. Dans une nouvelle étape, vers 1900 av. J.-C., avec la généralisation des tumulus à cratère, la direction est-ouest redevient privilégiée. La fin du Néolithique serait, elle, marquée par l’abandon de la fosse funéraire au profit de la chambre.

Les inhumations L. Aoudia-Chouakri distingue trois modes d’inhumation : inhumation primaire, secondaire et blocs anatomiques. Dans le premier cas, les corps sont

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Sahara préhistorique entiers, les ossements en connexion. Dans les autres, les os sont en tas, les connexions anatomiques manquent pour la plupart dans le cas d’inhumation secondaire, de nombreuses sont conservées dans le cas de blocs, certains os portent alors des stries de découpe et la position des différentes parties peut être incohérente, c’est le cas de 3A1 d’Aïoun Berriche vu habituellement comme une position contractée très forcée. Cette pratique se retrouve dans le Capsien à Faïd Souar, Mechta el Arbi, Khanguet el Mouhaad, Medjez I et II,Aïoun Berriche pour cinq individus, elle existe dans le Columnatien à Co lumnata, Aïn Keda, et dans le Néolithique à Kef el Agab. Elle est liée à une transformation des os en outils, du crâne en coupe. Elle explique les têtes isolées, le manque de tête de certaines inhumations et certaines positions insolites comme H4 de Medjez II dont les membres inférieurs étaient perpendiculaireaux supérieurs, A Mechta el Arbi, deux calottes crâniennes comportaient deux ou trois perforations, L. Aoudia-Chouakri observe des stries de découpe (cutmarks) sur la mandibuled’Aïn Boucherit, les clavicules de Khanguet el Mouhaad, les coxaux de Faïd Souar II rapportant une désarticulation de la hanche et l’ablation des membres inférieurs dont aucun ne se trouvait dans la tombe avec le crâne trophée. L. Aoudia-Chouakri voit dans ces éviscérations, ces thorax nettoyés, une pratique qui se ferait rapidement après la mort, la dextérité dont font preuve ces découpes appelant des personnes expérimentées. Les inhumations les plus fréquentes sont individuelles. Il y a lieu de distinguer les inhumations multiples simultanées des inhumations multiples successives qui appellent une réouverture de la fosse. Ces dernières sont rares jusqu’à l’adoption des monuments à cratère où elles deviendront courantes. Les inhumations multiples simultanées ne sont généralisées qu’à El Kadada et dans le Groupe A ; à El Kadada, la disposition des restes montre que des sacrifices humains étaient probablement pratiqués lors de l’inhumation de personnages importants. Ailleurs, elles concernent à peine 3 % des inhumations mises au jour. Elles sont connues à l’Epipaléolithique où quatre individus ont été retrouvés dans la même fosse à Aïn Keda. Elles se retrouvent du Néolithique ancien au Néolithique récent : à Tin Hanakaten, H1 et H2 reposaient en contact, l’un au-dessus de l’autre, à Nabta Playa Site E-75-8 une inhumation était double, quelques cas sont mentionnés en Téfédest ainsi qu’au Sahara atlantique, à Chami, Tintan. Plus tardivement, deux squelettes reposant tête-bêche ont été retrouvés dans quelques tumulus d’Algérie, à Aïn Sefra et Tilrempt.

Les soins portés au défunt Pour son inhumation, le défunt était l’objet de divers soins. Le plus sophistiqué est la momification qui connaît une ampleur inégalée en Egypte où elle est pratiquée dès le 3ème millénaire pour pharaon. Aux Canaries, elle pourrait traduire un haut rang occupé par le défunt dans la société. Au Sahara central, les conditions de conservation, en particulier les lambeaux de peau retrouvés sur l’un des défunts de Tin Hanakaten peut soulever la question d’une momification naturelle ou non, à Uan Muhuggiag, l’enfant momifié aurait été éviscéré et son abdomen rempli de plantes.

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Un monde des morts Le corps pouvait subir une préparation plus sobre avant la mise en terre. Le kaolin a probablement servi à peindre les corps des Néolithiques saharo-soudanais de Tin Hanakaten. L’usage de l’ocre paraît plus généralisée : on la retrouve colorant les os ou le sédiment sur lequel repose le défunt, colorations pouvant provenir d’un enduit ocré recouvrant tout ou partie du corps ou de la décomposition d’une étoffe ocrée dont aurait été paré le défunt comme à Aïn Metherchem. Cette pratique de l’enduit a été observée dans le Groupe A, à AZ15 dans le faciès Ine Sakane, à Rouazi (Maroc), il est particulièrement courant dans le Capsien, le Néolithique de tradition capsienne, le Groupe A. Dans certains cas, des accessoires d’inhumation ont été identifiés : lit de pierres à Medjez II, lit de plâtre dans la chambre funéraire du tertre de Sidi Slimane, lit de chaux dans les haouanet de Djerba, litière de graminées à Tin Hanakaten pour l’enfant H5 et il est probable que l’abondance des pollens de graminées dans une tombe de Hergla soit due à une telle pratique ; dans le groupe C, le défunt reposait sur un véritable lit. Les corps pouvaient être enveloppés d’une vannerie, c’est le cas à Tin Hanakaten dans le Néolithique saharosoudanais ancien. Ils pouvaient être enveloppés d’une peau ou enfermés dans un sac. A Ténérife, le nombre de peaux de caprins enserrant le mort dépendait de son rang social. Dans les plateformes et monuments à cratère de l’Aïr, F. Paris a mis au jour, des corps ensevelis dans des sacs de cuir. A Iglen, A. Heddouche a observé la même pratique dans un monument à antennes de l’Ahaggar. A Uan Muhuggiag, le mort était enveloppé d’une peau probablement d’antilope. A Dao Timmi, un personnage enterré dans une bazina était probablement couvert d’une grande cape en plumes d’autruche. Un traitement présépulcral Des ossements humains aménagés ont été mis au jour dans divers sites capsiens et columnatiens : radius, pariétal à Aïoun Berriche, frontal, occipital, humerus et péroné à Mechta el Arbi, parietal, mandibule, humerus et cubitus à Columnata, fémur à Khanguet el Mouhaad, occipital à Medjez II. Le cas le plus remarquable est le crâne-trophée de Faïd Souar II qui est attribué à une femme de type méditerranéen. Il comporte la face y compris la mandibule et le tiers antérieur de la boîte crânienne. La tête a été détachée du corps par section de l’axis. Pour L. Aoudia-Chouhri, cela élimine une décapitation, on se trouverait devant un cas de décollation de la tête, pratique connue ailleurs dans la culture capsienne. La base du crâne a été sciée au niveau des bosses pariétales et porte une perforation de chaque côté. Une avulsion dentaire affectait les quatre incisives supérieures et les deux médianes inférieures. Le maxillaire présente une fausse dent en os, en remplacement de la 2ème prémolaire droite, l’os a été soigneusement sculpté pour figurer le collet et poli, il est ajusté de manière quasiparfaite sur trois faces ; pour J. Granat cet « implant » aurait été posé du vivant de l’individu en raison d’une ostéogenèse. Une possible trépanation peut se lire sur une portion du bord scié avec la présence d’un bourrelet osseux. G. Laplace supposait que les deux coquilles d’Unio réaménagées grossièrement, trouvées sous la face, avaient remplacé les yeux. Un matériau blanchâtre qui recouvrait

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Sahara préhistorique le masque a conduit L. Aoudia-Choukri à envisager un surmodelage qui aurait concerné la voûte et la face, et aurait été coloré en rouge.

A partir du Néolithique moyen, les inhumations deviennent de plus en plus nombreuses en dehors des habitats et restent à proximité ; à partir du 5ème millénaire, elles se regroupent en cimetières. Les types de sépultures sont variés : simple fosse sans marque extérieure, monument dérivant du tumulus (amas chaotique de pierres) ou de la bazina (construction plus ou moins conique) par ajout d’excroissances, bras, enceintes, stèles ou/et d’aménagements cultuels, niche, chapelle, table d’offrande qui soulignent des cultes funéraires. En Egypte, un coffrage doublera les parois des fosses, des formes originales, mastabah et pyramides, seront construites, ces dernières connaîtront leur apogée aux environs de 4000 B.P. (2500 av. J.-C.) ; au Maghreb, les bazinas conserveront leur forme arrondie et sous une forme magnifiée deviendront les mausolées berbères, tel le tombeau royal de Mauretanie. Dans la vallée du Nil, leur étude s’est volontiers substituée à celle des habitats en raison de leur richesse archéologique. Les formes allochtones restent très circonscrites et sont rarement isolées. Les cistes, connus dans le seul Nord-marocain, datent du Chalcolithique et de l’Age du Bronze et pourraient traduire l’implantation d’une population d’origine lusitano-ibérique. Les silos ont une extension géographique un peu plus importante, ils évoquent le Chalcolithique espagnol. Les haouanet, localisés dans le Tell oriental, sont rattachés aux îles italiennes, Sardaigne et Sicile, et aux tombes sicules de la fin de l’Age du Bronze et du début de l’Age du Fer par G. Camps. Les dolmens concentrés dans le Nord-ouest tunisien et le Constantinois, posent un problème à la fois quant à leur âge et l’origine de leurs bâtiseurs. Dans le Niger septentrional, F. Paris a pu établir une succession chronologique des formes de monuments. Les monuments en trou de serrure sont datés entre 4300 et 3200 av. J.-C., les plateformes entre 3800 à 1200 av. J.-C., les monuments en croissant apparaîtraient à peine plus tard à 3300, un peu plus au nord, ils dureraient jusqu’à 1900 av. J.-C. Les monuments à alignement et les bazinas, les tumulus à cratère sont plus tardifs, ils interviendraient vers 1900 av. J.-C. En constatant que des membres, ou des têtes détachés du corps, pouvant être modifiés, ont été retrouvés dans des sépultures ou dans l’habitat, L. Aoudia-Choukri conclut à un rite concernant certains individus. Les parties détachées auraient été façonnées pour participer à une ou des cérémonies puis repla-

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Un monde des morts cées dans la sépulture, comme le montrent les données taphonomiques de Faid Souar II. Les modalités d’inhumation L’ensevelissement peut se faire selon diverses modalités : mise en terre, crémation, incinération. Dans le rituel de mise en terre interviennent divers éléments, position, côté de repos, orientation du corps, dont on ne saisit toujours pas le poids respectif. La position la plus courante est le décubitus latéral fléchi ou contracté, avec peut-être une légère suprématie du premier, les membres inférieurs étant plus ou moins repliés, les membres supérieurs ramenés sur la poitrine. Il est difficile d’attribuer une plus grande ancienneté à l’une ou l’autre. Au Sahara, la position fléchie paraît la plus répandue et des plus anciennes, elle existe également dans le Columnatien, le Qarunien, le Capsien. Elle a été pratiquée dans le Néolithique saharo-soudanais dès le niveau inférieur de Tin Hanakaten, où elle peut dater de la charnière 10ème-9ème millénaires. Elle figure à Anou Oua Lelioua pour un enfant. Elle perdure, se retrouvant dans le Néolithique récent aux 3ème-2ème millénaires. La position contractée serait plus fréquente dans la vallée du Nil et dans les régions telliennes. A Geili, Shaheinab ou Kadero, les restes humains mis au jour reposaient en position contractée, sur le côté droit, orientés ouest-est, mais à El Ghaba, aucun côté privilégié de repos n’a été noté et la position fléchie voire le décubitus dorsal existait. Dans la vallée du Nil, une position hypercontractée, dite recroquevillée, est distinguée de la position contractée, le défunt portant alors des traces d’égorgement. Pour G. Camps, la position contractée serait la plus ancienne. Elle est courante dans les escargotières capsiennes, mais à Bekkaria d’où viennent 11 individus, elle semble ne pas avoir été pratiquée pour tous. Elle est connue dans le Sahara central à Areschima, pour l’individu exhumé par J.P. Roset et qui paraît attribuable à un site daté de 4470 ± 115 B.P. (TIWL) (3350-3020 av. J.-C.) ; le même auteur a observé une position moins contractée que dans une bazina proche, datée, elle, de 3180 ± 100 B.P. (Gif3639) (16001320 av. J.-C.). A Amekni, alors que les enfants étaient en position contractée, l’adulte était en décubitus fléchi. La position contractée était pratiquée dans le Pré-Khartoum, elle se rencontre dans les niveaux profonds de Saggai. Elle se retrouve dans le Néolithique récent, à El Omari, El Kadada, Khor Bahan. Une position accroupie qui, parfois, pourrait être une négligence de mise en terre, s’observe à Tamaya Mellet, à Hergla, elle est fréquente à Khatt Lemaïteg, elle a été retrouvée dans des silos, G. Camps la signale dans une bazina de Bou Nouara. Elle est courante chez les populations historiques, pré-islamiques de la région du lac Tchad et occasionnelle chez celles de la boucle du Niger. Le décubitus dorsal est probablement plus tardif, il est courant dans les monuments en margelle, a été identifié par M. Reygasse dans ceux d’Abalessa, par M. Petit dans ceux d’Aïn Sefra, il existerait pour deux inhumations de Chin Tafidet, dans l’Abkien pour un enfant du Site 629. Un cas est signalé à Chami. A Tin Hanakaten, H1 qui appartient au niveau Late Akakus, était peut-être dans cette position, ses restes paraissant peu perturbés par H2 qui reposait directe-

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Sahara préhistorique ment sous lui, seule sa tête connaissait une forte inclinaison vers sa poitrine. Il est également connu dans plusieurs escargotières, Medjez II, Columnata, Bekkaria avec dans ces derniers sites comme à Dao Timmi, Uan Muhuggiag, des individus aux jambes repliées, qui pourraient traduire une fosse trop exiguë ou un basculement en position accroupie. Le décubitus ventral est exceptionnel, il n’est pas mentionné avant le Néolithique moyen. Il a été reconnu à Tin Lalou, Chin Tafidet pour H9, dans un amas coquillier de Tintan. Plus significatif est peut-être le côté de repos. S’il peut sembler indifférent dans de nombreux cas, il est quasi systématique dans certaines cultures. Dans la région de Khartoum, en particulier à Kadero, le défunt était habituellement couché sur le côté droit. M.C. Chamla notait cette même prédominance dans le matériel du Sahara qu’elle a étudié. Au Niger, F. Paris la remarque dans les monuments en croissant pour des individus tous masculins. Toutefois, à Aïn Sefra, le côté gauche serait plus fréquent dans des monuments tardifs où le fer est présent et il est quasi systématique à Tintan au Néolithique récent. Si l’on retient la remarque de F. Paris pour certaines cultures du bassin de l’Ighazer, celle de 0. Dutour qui, à Hassi el Abiod, a retrouvé les restes d’hommes reposant sur le côté droit, ceux de femmes sur le côté gauche, on a peut-être dans la position, une indication d’ordre sexuel. L’orientation des corps pourrait connaître des directions privilégiées, mais la quantité d’informations reste insuffisante pour les dégager nettement ; ainsi on ne sait si c’est la direction du corps elle-même qui acquiert le plus d’importance ou la direction du regard. Dans divers lieux, Khatt Lemaïteg, Chami, Columnata, Medjez II aucune orientation préférentielle n’a été discernée. La direction est-ouest est courante dans le Sahara méridional à Hassi el Abiod, In Tuduf. Inversement, la direction ouest-est semble privilégiée en E-79-4 dans l’oasis d’El Ghorab, dans la vallée du Nil région de Khartoum, à Geili, Shaheinab, Kadero, El Kadada, dans le Tell à Bekkaria. L’orientation était sud-nord dans le monument à cratère fouillé en Ahaggar par A. Heddouche. Le défunt était généralement orienté nord-sud à Afunfun et dans les monuments à alignement du Sahara nigérien. A Chin Tafidet, les défunts reposant sur le côté gauche étaient plutôt orientés ouest-est ceux sur le côté droit est-ouest, tous avaient donc leur regard systématiquement dirigé vers le nord. On retrouve cette direction du regard dans les monuments en trou de serrure, puis les tumulus à cratère où la dépouille est orientée est-ouest. Celui-ci est plutôt dirigé vers le sud dans l’Epipaléolithique. A Tamaya Mellet, l’individu accroupi regardait vers le sud, il en était de même de l’enfant de E-79-4. Dans les monuments en croissant où le regard est toujours vers l’est, la tête du défunt étant placée soit au nord, soit au sud selon la direction d’ouverture du monument. Il en est de même dans les monuments en trou de serrure étudiés par A. Heddouche, dans le Sahara central. Dans le wadi Howar, les seuls restes encore orientables, ceux d’une jeune femme, étaient placés nordsud, en position contractée, regard à l’ouest. Le Kadruka, le Badarien, l’Amratien comme le Groupe A ont privilégié l’orientation sud-nord et le regard vers l’ouest. Or c’est à l’ouest que l’Egypte pharaonique situera le royaume des morts.

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Un monde des morts Le décharnement a été reconnu dans diverses bazinas et dolmens, il ne doit pas être confondu avec un entassement d’ossements dû à une concentration d’inhumations qui repousse les restes précédents et se marque généralement par l’opposition entre l’amoncellement osseux et le dernier inhumé qui est quasiment complet. Dans le cas de décharnement, les ossements sont rangés : dans les nécropoles de Dougga, Sila et Tiddis, vestiges d’une ancienne civilisation berbère dit S. Lancel, ce souci est manifeste, notamment pour certaines parties du corps, les crânes et les os longs. Dans les nécropoles d’Oued Tamda et Oued el Hamara, l’absence de certains os, pas forcément les mêmes, suggère des inhumations secondaires de populations nomades regroupant leurs morts dans un lieu particulier. Pour G. Camps, un décharnement par exposition aux rapaces pourrait se traduire dans la fréquence des représentations d’oiseaux pour décorer les céramiques de cette époque. Les travaux de L. Aoudia-Chouakri montrent qu’il peut s’agir aussi d’un découpage du cadavre, comme l’indiquent les stries de boucherie notées sur de nombreux individus capsiens ou columnatiens. La crémation est rare. Elle a été reconnue au Niger dans une tombe à l’Adrar Bous et une à In Tuduf. Elle a été identifiée dans quelques monuments du Maghreb oriental, au Djebel Mistiri, à Roknia. A Hamda, quelques ossements humains, à Aïn Dokkara, un individu en portaient des traces. Dans deux tombes sans superstructure de Wa Yehoseyen (Tadrart), les os ont été entièrement calcinés après l’inhumation, une calcination totale affectant les ossements les plus profonds et de minuscules charbons se trouvant dans la cage thoracique, on doit songer à un foyer au-dessus de la terre de recouvrement, ce qui pourrait être, aussi, un feu de brousse bien qu’aucune trace n’en ait été retrouvée dans le sol sableux où les tombes ont été creusées. L’incinération est également une pratique rare qui semble surtout concerner le Tell. Sur 300 inhumations étudiées par F. Paris dans le Sahara nigérien, une seule est une incinération. Dans le Tell oriental, les travaux de G. Camps ont montré qu’il s’agit d’une pratique probablement élitiste ; elle serait d’origine gréco-punique et aurait perduré les deux premiers siècles de l’ère chrétienne. En Oranie et dans le Maroc oriental, ce serait « un fait régional des plus caractéristiques » souvent associé à une autre coutume régionale, le dépôt d’armes dans la tombe ; remarquant son ancienneté (elle existe dans le Néolithique à Tifrit) et lui supposant une origine espagnole, le même auteur la rapporte à une époque assez lointaine pour qu’elle soit devenue « indigène » lorsque les Phéniciens abordèrent les côtes maghrébines.

Les dépôts funéraires Le dépôt funéraire reste le signe le plus formel de la croyance en une extension de la vie outre-tombe. Il peut être subdivisé en trois aspects : la parure (bijoux ou accessoires vestimentaires retrouvés sur le mort), le mobilier (objets placés dans la tombe) et les offrandes (éléments temporaires tels qu’animaux, parfums… qui peuvent accompagner le mort, et qu’il peut être alors difficile de distinguer du mobilier, ou qui sont déposés postérieurement hors de la tombe). Le statut des dépôts d’ocre est difficile à déterminer. D’usage courant, particuliè-

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Sahara préhistorique rement chez les Capsiens, l’ocre se présente de multiples manières : ossements entièrement colorés ou portant des traces de colorant, amas près du défunt, lit au-dessus du défunt -E6 de Medjez II-, sédiment ocré entourant le corps -H1 d’Aïn Metherchem, 342, 3A7 d’Aïoun Berriche, H6 de Bekkaria. A Tin Hanakaten, la coloration du sédiment dans lequel se trouvait H3 pourrait venir de la destruction d’un enduit ocré lors du creusement de la tombe. Quel rôle faut-il accorder aux pierres parfois associées aux défunts ? La pratique est bien connue chez les Capsiens. A Aïn Dokkara, Aïoun Berriche, Medjez II... , une pierre était placée sous la tête, à Mechta el Arbi, il est fait mention d’un « rempart » de pierres, Aïn Bachir, H3 de Medjez II reposaient sur un lit de pierres. A Columnata, une petite pierre reposait sur le pubis de trois individus de sexe féminin. H1 d’Aïn Misteheyia que D. Lubell rapporte au Néolithique, était en décubitus latéral fléchi, recouvert de 19 pierres, les plus grandes de forme plus ou moins parallélépipédiques au-dessus du tronc et des membres inférieurs, laissant libre la tête, des petites sur les membres supérieurs. A Tin Hanakaten, quelque soit leur appartenance culturelle, toutes les tombes étaient fermées par une pierre plate, sans contact avec le corps, et dont au moins la face inférieure était ocrée. La parure La parure est plutôt rare, sauf à envisager le port de bijoux en matériaux périssables. Aucune parure n’a été identifiée sur les défunts épipaléolithiques, quelques restes de colliers existent dans certains sites du Néolithique ancien (Amekni, Shabona par exemple) ; son usage se développe au Néolithique moyen jusqu’à devenir courant au Néolithique récent. D’une manière générale, elle s’enrichit au fil du temps jusqu’à devenir opulente dans certaines tombes de la vallée du Nil. Les parures qui subsistent sont en pierre, en os, en ivoire, en test d’oeuf d’autruche ou en métal. Les bracelets, les colliers mais aussi les anneaux de cheville paraissent les plus fréquents. En fer, ils sont mentionnés par L. Voinot dans l’Immidir ; à Tilrempt dans le nord du Sahara septentrional, neuf anneaux entouraient la cheville d’un défunt. Des bagues, des boucles d’oreille, des pendeloques et des boucles de ceinture ont également été retrouvées. Les fibules sont rares. A Chin Oraghen site 105, D. Grébénart note une coloration verdâtre sur les os à l’emplacement de bracelets qui ont disparu. A Aïn el Nouss au Sahara atlantique, où les ossements sont très dégradés, les tombes s’identifient par les dents et les colliers de perles d’Anadara senilis. Dans les escargotières capsiennes, les inhumations de la partie supérieure qui disposent d’une riche parure sont rapportées au Néolithique moyen. C’est le cas à Bekkaria, où un long collier comptant 1635 rondelles d’enfilage en test d’œuf d’autruche, des pendeloques en os, perles en pierre rougeâtre polie se trouvaient sur l’un des défunts, à Henchir Hamida, où un enfant portait également un collier fait de 5000 rondelles d’enfilage semblables, auxquelles s’ajoutaient des perles, os d’oiseau, lames de canines de sanglier. A Medjez I, le défunt qui portait un collier fait de 250 grains d’enfilage en test d’œuf d’autruche était moins richement fourni, mais tranche suffisamment sur les inhumations pro-

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Un monde des morts fondes pour être présumé, lui aussi, néolithique. De même, à Aïn Metherchem, où plusieurs centaines de rondelles en tests d’œuf d’autruche retrouvées dans la tombe ne proviennent pas d’un collier, réparties en quatre points, les unes devaient orner une résille qui couvrait la tête, les autres une sorte de pagne ou appartenaient à un pendentif ornant le thorax et à deux bracelets, elles donnent à penser que le défunt était revêtu d’atours de parade. Les inhumations de Chami qui se rapportent au Néolithique récent, portaient toutes de la parure. Dans la vallée du Nil, les tombes d’El Ghaba, outre des perles et pendentifs, ont livré des bracelets en ivoire, des labrets. A Kadero, Kadruka, cet usage ne semble le fait que de certains individus : parés de colliers et pendentifs en cornaline, coquillages, de labrets en zéolithe, ils occupaient une place remarquable parmi les autres tombes à Kadruka, ils étaient réunis dans un cimetière particulier à Kadero. La parure peut être riche dans certaines cultures, Badarien, Groupe A. En zone saharienne, seul le monument tardif d’Abalessa, au Sahara central, a livré une parure importante avec sept bracelets en or d’un poids de 1,7 kg, des bracelets en argent, des pendentifs et perles en or, des perles en pierre. Le mobilier Le mobilier funéraire, objets placés intentionnellement dans un but magique ou religieux, comprend des objets utilitaires ou symboliques : autour de 3200-3000 B.P. (1400-1200 av. J.-C.), à Termit et en Mauritanie occidentale des billes de quartz étaient placées dans la bouche du défunt ; à El Ghaba, la présence de fragments de malachite a entraîné une couleur verte des dents. La vaisselle est la base du mobilier funéraire, elle consiste le plus souvent en une ou plusieurs poteries qui ont pu être façonnées spécialement. Elle est interprétée comme la volonté de mettre les moyens de séjourner dans l’au-delà à la disposition du défunt. F. Paris considère que des objets comme molette, poterie, retrouvées dans les tombes du bassin de l’Ighazer wan Agadez, ne sont pas un véritable mobilier, ils auraient servi lors des funérailles, puis auraient été abandonnés. Les poteries sont souvent placées près de la tête. A Afunfun, chaque tombe possédait au moins une poterie qui avait été brisée, de forme ovale à fond rond, elles ont une ouverture concave, ce qui est une forme connue, mais rare, dans les habitats. A la Nécropole de la frontière (Mali), de grands tessons provenant de cinq vases entouraient le squelette à hauteur du thorax, en avant se trouvaient huit haches polies et de l’outillage osseux, en arrière était placée une coquille de mollusque. Des haches polies s’ajoutent aussi aux poteries et divers autres objets à Rouazi. En Nubie, à El Kadada, le vase caliciforme, à fond étroit et arrondi, à large ouverture (fig. 55), est alors strictement lié aux tombes ; il était courant en Haute Egypte, dans la vie quotidienne du Tasien et du Badarien. Au Niger, une sépulture de Gobero est en relation directe avec un pot identifié comme offrande placée sous la tête du mort (sépulture H3B36). A Aïn el Nouss au Sahara atlantique, les morts sont accompagnés d’une ou plusieurs poteries. La présence de mobilier fait problème dans le Néolithique de tradition capsienne car Bekkaria est le seul site a en avoir montré avec deux dépôts funéraires au bas de la colonne vertébrale de H6, individu qui, de ce fait même, est rapporté au Néolithique ; ils étaient faits l’un de coquilles marines, tests d’œuf d’autruche

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Sahara préhistorique diversement travaillés et d’une plaquette calcaire perforée, l’autre de coquilles de Columbella rustica et d’une plaquette de nacre perforée. Dans la vallée du Nil, le mobilier peut être considérable ; il est remarquablement riche dans le Groupe A. En introduisant des différences entre les tombes, son importance souligne la hiérarchisation de la société, ce que conforte la présence de têtes de massue, symbole de pouvoir, toujours liée à un riche mobilier. A Kadero, où une quarantaine d’inhumations en pleine terre, sans marque particulière, ont été mises au jour, seule la quinzaine d’individus richement parés venant du cimetière nord, était accompagnée d’un mobilier important qui, entre autre, comprenait des poteries fines et des têtes de massues ; à l’inverse, tout comme la parure, le mobilier était rare dans le cimetière placé entre les habitats. A Kadruka, les tombes, circulaires, individuelles, parfois placées autour d’une sépulture plus riche, renferment souvent des bucranes de bovidés. Dans les autres régions, seule la tombe d’Abalessa en Ahaggar a livré un mobilier notable qui comptait outre des fragments de poterie, des monnaies, des poinçons, une statuette féminine en gypse, des écuelles en bois, un gobelet en verre, une lampe, un brûle parfum. Dans le Tell, à une période récente, un comportement différent oppose l’est et l’ouest. Dans les régions occidentales, les armes métalliques sont relativement fréquentes, alors que les régions orientales ont privilégié les pièces de monnaie puniques, numides et romaines. Par extension à l’ensemble des monuments funéraires, ces monnaies sont à l’origine de l’idée longtemps admise de l’âge récent des monuments du Maghreb. Les offrandes Les aménagements tels que niches, chapelles, alignements extérieurs rapportent l’idée d’offrande et de culte funéraire. Des ex-voto, plaques gravées ou peintes, ont été retrouvés dans les monuments à chapelle. L’idée d’offrande se retrouve avec des poteries cassées sur la tombe, pratique que l’on connaît au Niger à la fin du 6ème millénaire et qui, dans certaines régions comme le M’zab, en Algérie, existait encore récemment. Les ossements animaux parfois placés dans des vases quand il s’agit de restes de petite taille, des parfums suggérés par de minuscules écuelles, des unguentaria, des dépôts d’ocre sont les plus courants. A Medjez II, des ossements de lapins pourraient être une offrande de nourriture, de même à Afunfun les carcasses de jeunes ovi-capridés. A Bura (Niger), les ossements humains renfermés dans les vases au-dessus du défunt laissent penser à des sacrifices humains. Il est parfois difficile de discerner ce qui est offrande de ce qui est mobilier, la question se pose pour les dépôts d’ocre particulièrement courants dans les inhumations capsiennes, les pigments blancs ou bleus retrouvés dans des tombes pré-Khartoum de Shabona ; à Abalessa, la présence de paniers avec noyaux et dattes suggèrent plus des offrandes qu’un mobilier, ce pourrait être aussi le cas pour une coupe contenant de l’ocre. Les pierres en relation avec des inhumations -celles de formes particulières retrouvées à Columnata, celles ocrées reposant au-dessus de la tête des morts de Tin Hanakaten-, peuvent être offrande, mobilier ou avoir un autre sens. Il en est de même des fleurs identi-

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Un monde des morts fiées dans certaines tombes. On ne sait non plus si les cornes ou les bucranes de Bos primigenius retrouvés dans des tombes de diverses cultures, Columnatien, Capsien ou les innombrables bucranes de bovins des tombes kerma qui révèlent le rôle important des bovins dans les cultures africaines, sont des offrandes ou du mobilier.

Au cours du Néolithique, hors quelques exceptions, il semble que seuls les hommes aient été inhumés sous monument ; postérieurement, les femmes, les enfants l'ont été en égales proportions et dans les mêmes types de monuments. Les inhumations sont le plus souvent individuelles ; les inhumations multiples connues sporadiquement, se généralisent dans la vallée du Nil, dans le Groupe A et le Badarien. Les inhumations secondaires qui sont fréquentes dans certaines nécropoles pourraient être liées au nomadisme. L’incinération et la crémation sont des pratiques rarissimes. Les positions les plus courantes sont le décubitus latéral fléchi ou contracté. Des directions d’orientation est-ouest ou nord-sud, souvent privilégiées, pourraient avoir une valeur chronologique. Le côté de repos pourrait varier avec le sexe, fait nettement avéré à Hassi el Abiod où les hommes reposent sur le côté droit, les femmes sur le côté gauche. La parure n’est riche que dans de rares tombes du Néolithique de tradition capsienne et certaines cultures de la vallée du Nil, Groupe A, Kadadien, Kadruka. Le mobilier funéraire comprend des objets utilitaires, poteries entières ou fragmentées, ou symboliques comme des billes de quartz retrouvées dans la bouche de défunts. Des ossements d’animaux, des unguentaria, tout comme les aménagements de niches, chapelles, alignements extérieurs rapportent l’idée d’offrandes et de culte funéraire. Dans la vallée du Nil, leur importance marque la hiérarchisation de la société. . La création du monde des morts et les nécropoles Le regroupement, tout ou partie, des tombes hors de l’habitat est manifeste au Néolithique moyen ; il peut se limiter à quelques dizaines d’individus ou en concerner plusieurs centaines dans lesquels la disposition des tombes ne paraît pas quelconque. Pour A. Holl, la création du cimetière résulterait d’un processus de dissociation qui pourrait être le signe de l’émergence d’un « esprit communautaire ». Ce royaume des morts prend tout son sens avec le développement du nomadisme ; en traduisant un point d’attache pour ces populations que l’aridité a conduit à parcourir de grands espaces pour survivre, ils soulignent fortement, pour l’homme, la nécessité d’un ancrage à la terre.

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Sahara préhistorique Le cimetière apparaît anciennement dans la vallée du Nil soudanais et a eu très vite des proportions notables. El Barga montre vers 7000 B.P. (5800 av. J.-C.), le passage d’une inhumation dispersée, pouvant être à l’intérieur de l’habitat, à un cimetière jouxtant l’habitat. Le Kadruka sépare nettement l’habitat et le cimetière, l’un s’installant dans la plaine, l’autre étant placé sur les buttes. A El Ghaba, au milieu du 5ème millénaire, les inhumations sont réunies en deux groupes au rituel différent. A Kadero, à en juger par le mobilier funéraire, le regroupement n’intéresse que la partie la plus aisée de la population. Cependant, un regroupement des inhumations ne devient courant qu’au Néolithique récent, un royaume des morts est alors pratiquement constitué, il se retrouve dans le Groupe A de Nubie, le Badarien de Moyenne Egypte. Dès lors, la richesse des tombes de la vallée du Nil a conduit à privilégier leur étude aux dépens de celle des habitats. Au Sahara méridional, cimetière et habitat sont parfois imbriqués. A Arlit, H. Lhote a décompté environ 500 sépultures rassemblées hors d’un espace d’habitat et datées entre 5380 ± 130 B.P. (Gif3057) et 4530 ± 110 B.P. (Gif2289) (4340-4050 et 3490-3030 av. J.-C.). A Gobero, une importante nécropole qui regrouperait plus d’une centaine d’individus, prend place entre 7700 ± 40 (P682) et 4250 ± 40 B.P. (P593) (6620-6460 et 2910-2760 av. J.-C.). A Tintan, dans le Sahara atlantique, quatre zones de sépultures recoupent des zones d’habitat, le tout est daté de 5520 ± 100 à 2090 ± 120 B.P. (Orsay) (4490-4250 à 300 av. J.-C.-10 ap. J.-C.). Dans le Hodh, à Dakhlet el Atrouss, R. Vernet fait état de deux monuments imposants installés au milieu de grands enclos du centre de l’habitat. Le plus grand a un diamètre de 30 m à sa base et 20 m au sommet. Il est composé de cinq murs parfaitement appareillés, séparés par des bourrages de pierres. Au sommet, horizontal, de l’un, neuf caveaux individuels fermés par des dalles affleurent. Les dimensions, la forme, la composition des regroupements varient fortement. Au nord du massif de l’Adrar Bous, les nécropoles sont vastes, regroupant plus d’une centaine de monuments alors qu’au sud de petits cimetières n’en rassemblent, au plus, qu’une vingtaine. Dans le nord du Mali, les tumulus forment souvent des groupes de 10 à 50. La Nécropole de la frontière proche de Bordj Moktar est décrite par J. et M. Gaussen comme un segment de cercle prenant appui sur la falaise et limité par une enceinte ouverte au sud. Elle mesure 250 x 150 m, l’intérieur est hérissé d’une vingtaine de petits tumulus. L’un est daté de 4750 ± 80 B.P. (UCLA1096) (3650-3380 av. J.-C.). Au Sahara atlantique, des cimetières sans superstructures, implantés sur de petites dunes prennent une forme de couronne, les défunts étant placés côte à côte à quelques mètres les uns des autres, parallèlement à la pente. Dans le Sahara central, les regroupements ne comportent au mieux que quelques tombes relativement éloignées les unes des autres, les inhumations restant le plus souvent dispersées. Dans le Sahara septentrional, de vastes nécropoles ne sont installées qu’en bordure de l’Atlas saharien et dans les vallées de la Saoura et du Guir ; ailleurs, en particulier dans le Bas-Sahara, ne se rencontrent que de petits regroupements de quelques monuments. Les nécropoles peuvent mêler bazinas et tombes romaines ou comme à Tipaza, de nombreuses inhumations en fosse peuvent environner anarchiquement ces dernières, dispositions qui soulignent la complexité de la culture déve-

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Un monde des morts loppée à cette époque. Les nécropoles peuvent ne comporter que des inhumations en fosse, c’est le cas à El Kiffen, Chin Tafidet, In Tuduf, Kobadi, Gobero. Rarement, elles ne renferment que des monuments, elles réunissent plus volontiers fosses et superstructures. A Khatt Leimaïteg, sur quelque 300 tombes identifiées, une dizaine était marquée d’un petit dôme de sable recouvert de galets et d’éclats de quartz. Dans le Tell, d’imposantes nécropoles semblent tardives, elles se rapporteraient à l’Age des métaux à l’ouest, à l’époque berbéro-romaine à l’est où l’un des monuments de Tiddis est daté de 2200 B.P. (200 av. J.-C.). Pour N. Kallala et al. qui ont fouillé trois monuments dans la région du Kef, les nécropoles de l’Est-maghrébin dateraient du 1° millénaire av. J.-C., et traduiraient une forte densité de population. Aït Raouna La Kabylie du Djurdjura possède un ensemble original de même tradition que les dolmen de Beni Messous, des allées couvertes d’une dizaine de mètres de long rassemblées par petits groupes. Des monuments isolés sont signalés à Ksila, Aït Garet, El Kseur, plusieurs sont regroupés à Takdempt, Ibahrissen, l’un des regroupements les plus importants est à Aït Raouna non loin de Tigzirt, avec sept allées couvertes et trois abris aménagés. Signalé en 1952 par le Bachagha Belaïd, le site fut fouillé entre 1967 et 1969 par J.C. Musso avec l’appui de G. Camps, publié récemment par J.P. Laporte. Ces monuments mesurent 10 à 15 m de long pour une largeur de l’ordre de 1,50 m et une hauteur de 2 à 3 m. Les murs latéraux sont construits en parpaings et plaquettes sur lesquels les dalles de couverture ont été glissées grâce à la pente ; le sol est dallé. Les restes humains étaient en paquets séparés, laissant supposer des pratiques de décharnement et des inhumations secondaires. Le mobilier retrouvé consiste en quelques ossements de moutons, des perles en pâte de verre, coquillages marins, fragments de métal et de nombreux vases. La plupart appartient à une poterie tournée ou modelée, un petit nombre offre une couverte noire qui a permis d’y voir des constructions situées entre le 4ème et le 2ème siècle av. J.-C. Beni Messous La nécropole ramenée aujourd’hui à quelques éléments résiduels, devait comporter 200 à 300 dolmens qui occupaient les deux versants d’un ravin de l’oued Beni Messous dit anciennement oued Tarfa (d’où le nom qui lui est donné jusqu’en 1898), près d’Alger, et s’étendait sur une partie du plateau voisin. Elle fut signalée en 1743 par M.D. Shaw, des fouilles furent menées en 1868 et 1869 par le Dr Bertherand, reprises entre 1882 et 1904 par M. Kuster puis M. Goux, en 1931 par le Dr Marchand et la documentation synthétisée par G. Camps en 1961. Formés d’une case rectangulaire faite par des pierres plates fichées en terre et supportant une dalle ou table de couverture, ces dolmens n’atteignaient pas 2 m de haut. La table avait une longueur de 2 à 3 m pour une largeur de 1,5 à 2 m en moyenne et quoique petits, ce sont les plus grands du Nord de l’Afrique. Souvent une dalle intérieure subdivisait la chambre et chaque partie renfermait des ossements et des poteries. Certains étaient entourés d’un cercle de petites

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Sahara préhistorique pierres, enceinte délimitant une zone de sépultures où se trouvaient des restes humains, des poteries et des bijoux. Bien que ces monuments, implantés dans une zone devenue zone de culture, aient été très endommagés, J.P. Savary a pu reconnaître la présence d’un couloir à ciel ouvert orienté vers le soleil levant et qui tenait compte des masques topographiques retardant son apparition. Le mobilier funéraire retiré par les fouilles est pauvre. La céramique est une vaisselle de circonstance, de forme simple, à fond plat, écuelles, vases à bec pouvant être carénés… un vase à fond conique tranche sur cet ensemble et évoque les poteries néolithiques, un pot galbé à mamelons de préhension, décor de cannelures, revêtu d’engobe noir, est comparable à des vases du Bronze III européen. Des bijoux en bronze, anneaux ouverts ou fermés, boucles d’oreille ou de nez, bagues, chaînes, agrafes et fibules, présentent souvent un décor de chevrons, croix, triangles, faisant appel aux droites et aux angles, jamais aux courbes. Chaque dolmen renfermait des restes appartenant à plusieurs individus, ils sont estimés de 4 à 7, et sont de tout âge. Aucun squelette n’était entier, ce qui suppose la pratique du décharnement. Quoique l’on manque de données chronologiques, pour G. Camps, ils sont antérieurs à la présence phénicienne en raison de l’absence d’objets évoquant cette influence alors qu’ils sont situés dans le domaine littoral ; les quelques éléments de poterie tournée, un vase punique, suggèreraient plutôt une réutilisation jusqu’à l’époque romaine qu’une construction tardive. L’étude anthropologique menée par M.C. Chamla fait valoir des hommes à stature élevée, de robustesse moyenne. Le seul crâne intact est robuste, hyperdolichocéphale, à ébauche de chignon occipital, la face est longue, à prognathisme modéré, les orbites sont basses, les arcades sus-orbitaires marquées de même que les mastoïdes, ce qui évoque les populations mechtoïdes. Des nécropoles comparables sont connues à Roknia et Bou Nouara. Elles sont beaucoup plus importantes, comportant des milliers de monuments, dolmens et tumulus. Les dolmens sont toujours plus petits que ceux de Beni Messous. Chin Tafidet et les sites de l’Ighazer wan Agadez A Chin Tafidet, aux deux extrémités du site d’habitat se trouve une zone d’inhumations humaines où 71 sépultures ont été inventoriées, 17 fouillées et 33 ont fait l’objet de notes, Les 71 sépultures étaient en fosse, regroupées en deux secteurs de bordure d’un site dont les dates s’échelonnent de 4555 ± 130 (Pa660) à 3325 ± 260 B.P. (Pa292) (3500-3080 à 1940-1320 av. J.-C.), les inhumations sont datées de 3910 ± 150 (Pa1054) à 3520 ± 120 (Pa252) (2620-2180 à 2020-1710 av. J.-C.). La partie centrale est occupée par deux secteurs d’inhumations animales où ont été reconnues 24 inhumations avec squelettes en connexions anatomiques ou animaux débités en quartiers et dont tous les quartiers étaient enterrés. Le site a livré du matériel lithique, de la céramique, de nombreux percuteurs et broyeurs, de la faune, mais pas d’outillage osseux. La position courante est un décubitus latéral plus ou moins fléchi, F. Paris n’a noté que deux individus en décubitus dorsal, aux jambes repliées, un en décubitus ventral. Le décubitus latéral droit orienté est-ouest, puis latéral gauche

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Un monde des morts orienté ouest-est, ce qui dirige le regard vers le nord, sont largement privilégiés. Les deux extrémités du site ne montrent pas exactement les mêmes pratiques, le décubitus latéral gauche étant plus fréquent dans la partie sud-est, le latéral droit dans la partie nord-ouest alors que la tête serait plutôt au nord dans la partie centrale. F. Paris tend à y voir une distinction d’ordre sexuel, les hommes reposant sur le côté droit. La parure est rare, une seule tombe a livré trois perles en ivoire trouvées sous les vertèbres cervicales et un objet en forme de croissant, en ivoire d’hippopotame, au niveau des cuisses. Deux autres tombes contenaient de la poterie. Dans la même région où se note une profusion de sites du Néolithique final, de petites nécropoles sont courantes en limite de villages. In Tuduf dont l’outillage est riche en matériel poli, d’où proviennent trois figurines dont une anthropomorphe, de la faune sauvage avec hippopotame, phacochère et buffle (Syncerus caffer), canidés, hyènes ou chacal, des poissons dont Lates niloticus, de la faune domestique avec Bos taurus peut-être Bos indicus, a livré 41 sépultures humaines et 5 animales en fosse. Les défunts étaient en attitude fléchie, les deux tiers reposant sur le côté droit, avec tendance à une orientation est-ouest montrant deux pics qui correspondent à la mousson d’été et la saison sèche d’hiver. Les inhumations animales sont celles de bovins. L’un était couché sur le côté droit orienté sud sud-est, crâne plus ou moins détruit, pattes avant en tas près de la tête, membres postérieurs en hypertension non naturelle ; il reposait sur un lit de cendres de 5 cm d’épaisseur. A proximité, un autre bovin était posé sur le flanc droit, tête à l’est, membres en connexion séparés du reste du corps. Afunfun a fait montre d’un rituel original avec le dépôt systématique de vases identiques à la vaisselle commune, coquilles d’Unio, carcasses de petit ruminant et dans certaines tombes de haches polies ou de molettes. D’Afunfun 9 et 1 proviennent 3 vases grain de blé. Les défunts étaient en position semifléchie, l’orientation nord-sud dominant, toutefois ceux qui reposaient sur le côté gauche avaient quasiment tous la tête vers le nord alors qu’elle était indifféremment au nord ou au sud pour ceux reposant sur le côté droit. Djebel Mazela Djebel Mazela (dit aussi Bou Nouara) est certainement l’une des plus importantes nécropoles d’Afrique du nord avec 3 000 à 4 000 dolmens qui couvrent le sommet et le versant ouest du Djebel Mazela. Les premières fouilles datent de 1865 et concernent 5 monuments ouverts par le général Faidherbe, une douzaine en 1909 par P. Pallary, 25 dolmens en 1913 par A. Debruge et L. Joleaud, 22 dolmens et 2 bazinas, en 1954, par G. Camps. Ce sont généralement de petits monuments, ayant moins de 4 m pour la plupart1, mais qui paraissent plus soignés que ceux des autres nécropoles. Afin de compenser la pente, le monument est bâti sur un socle dissymétrique qui rétablit l’horizontalité et la pente a été utilisée pour faire glisser les dalles qui ont servi à la construction. Plusieurs types de dolmens ont été identifiés par G. Camps : dégagé quand il domine largement le 1 .- J.F. Santucci et El Hadi Kroumeri dans « Observations of megalithic tombs in Algeria (1) : djebel Mazela and Roknia necropolises, and the kabylian allées couvertes » J. of the Hist. of Astronomy, 39/1, n° 134, 2008, p. 65-76, estiment les plus grands à 3 m de long sur 1 m de large.

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Sahara préhistorique socle, engagé, lorsque le haut des orthostates et la dalle de couverture dépassent le niveau du socle, enfoui, lorsque seule la table affleure à la surface du socle. Dans certains cas des gradins, voire un escalier, ont été aménagés pour descendre depuis la surface du socle dans la chambre funéraire. D’après Santucci et Kroumeri, 78,4 % sont orientés vers le sud, 12,2 % vers l’est, 9,5 % vers l’ouest, aucun vers le nord. Généralement la chambre renfermait des ossements réduits à l’état d’esquilles, des dents dispersées, ce qui laisse croire à un décharnement préalable à l’inhumation. Cependant une bazina qui contenait trois individus, en renfermait un qui avait été inhumé accroupi ; chacun était accompagné d’une poterie. Le mobilier funéraire est très pauvre, quelques poteries, bols, gobelets, jattes qui reproduisent, en miniature, la vaisselle domestique. Le mobilier métallique est réduit à deux bracelets en fil de bronze, un anneau de fibule, une bague et un clou en fer. Les offrandes animales consistent en de rares ossements de moutons, une dent de gazelle, un squelette d’oiseau de la taille d’un passereau. Une construction imposante, située à mi-pente, pourrait avoir une destination cultuelle. G. Camps attribue ces constructions à de petits éleveurs de moutons et les date du IIIe ou début du IIe siècle av. J.-C., voire avant. Des regroupements comparables sont connus à Aïn el-Bey, Ras el-Aïn, Bou Merzoug, Sigus, Bou Nouara, Roknia, Gastel, Dougga... Djorf Torba La nécropole de Djorf Torba, installée sur le plateau qui domine le Guir, comporterait 75 monuments d’une grande diversité. Ce sont des tumulus et des bazinas de dimensions et formes variables, allant de 22 x 15 m avec une hauteur de 2,50 m pour le plus grand, à 2 m de diamètre et 0,25 m de haut pour le plus petit. Ils sont faits de dalles provenant de la surface du plateau qui se délite naturellement. Cinq bazinas présentent des aménagements placés vers l’est ou le sud-est, chapelle simple pour une, chapelle avec niches pour deux autres, niche pour deux. Un de ces monument est daté de 1780 ± 60 B.P. (320-160 av. J.-C.). Les premières fouilles furent faites en 1948-49 par le capitaine Villalonga et concernèrent probablement six monuments, 33 autres devaient être ouverts par le colonel M. Lihoreau en 1966-67. D’une manière générale, les ossements sont mal conservés. Seuls huit squelettes en connexion ont été mis au jour, un reposait en décubitus dorsal, les autres en décubitus latéral contracté dont un seul sur le côté gauche. Dans six monuments, des inhumations secondaires ont été identifiées. Le défunt était déposé au niveau du sol ou au-dessous, plus rarement au-dessus. Dans trois cas, les sépultures étaient superposées. Aucune ne renfermait de restes d’enfant. Un seul défunt présentait des traces d’ocre ; les os teintés d’un seul côté supposent de l’ocre jeté après le dépôt du corps ou un suaire ocré déposé sur lui. Des éléments de parure sont des perles en cuivre, en test d’œuf d’autruche, en pierre (cornaline et agate), des anneaux (bagues, bracelets ou anneaux d’oreille) en cuivre, argent ou fer, des pendentifs en pierre ou coquillage. Une sépulture renfermait une intaille carthaginoise en cornaline figurant Bacchus. Le mobilier est très pauvre, une pointe de javelot en fer dans l’un, une meule ocrée et des tubes en cuivre contenant de l’ocre ou un colorant noir dans un autre, une

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Un monde des morts pointe de lance, en fer, avec douille d’emmanchement dans un troisième qui renfermait aussi une griffe de rapace perforée. Aucune ne contenait de poterie. Les monuments à chapelle portent des traits verticaux à l’ocre sur les murs d’entrée de la chapelle, ils renfermaient des dalles peintes ou gravées placées en ex-voto, supportant des personnages, des représentations animales avec une majorité de chevaux. De telles représentations de chevaux sont également connues à El Mreïti en Mauritanie où une centaine de plaquettes calcaires retirées d’un monument à chapelle, en supporte. G. Camps s’appuie sur le style des peintures, encadrement par une guirlande de triangles, décor de croix, qui ont des analogies dans les épitaphes chrétiennes pour les dater des Vème et VIème siècles. Les individus retrouvés dans ces monuments appartiennent au type méditerranéen, à l’exception de l’un qui a des caractères négroïdes. L’avulsion de deux incisives supérieures avait été pratiquée sur un. El Charaig La vallée de l’oued el Agial au Fezzan, a connu une occupation importante vers le 1er siècle av. J.-C. Elle est attribuée aux Garamantes, confédération de tribus dont fait état Hérodote, qui se traduit dans un habitat construit à l’aide d’imposantes pierres soigneusement taillées en parallélépipèdes et des foggaras qui drainent les eaux de la hamada. Il est probable que les haches polies, le débitage de lames retrouvées avec une poterie sigillée, appartiennent à cette époque. Des tumulus se regroupent en plusieurs nécropoles, ils surmontent une fosse dans laquelle le défunt repose en décubitus latéral fortement fléchi, orienté nord sud. La nécropole d’El Charaig se particularise par des superstructures pyramidales. Hautes de 2 m environ, elles habillent un tumulus ou un tertre placé au-dessus d’une fosse elliptique de 1,20 x 0,80 m environ ; le défunt n’y a pas la même orientation que dans les autres monuments, il est placé est-ouest. Une telle forme extérieure peu connue par ailleurs, parce qu’elle évoque les pyramides égyptiennes, est attribuée à une population venant d’Egypte. El Kiffen Près de Casablanca, les fouilles de P. Mieg de Boofzheim et F. Nadaud menées en 1956 dans la nécropole d’El Kiffen, puis en 1961 et 1962, celles de G. Bailloud et F. Treinen, ont mis au jour une vingtaine d’individus de type méditerranéen. L’un est daté de 4300 ± 80 B.P. (R348) (3080-2770 av. J.-C.). J. Guilaine propose de les vieillir et de les rapporter au 5ème millénaire. Aucune relation avec un habitat n’a pu être identifiée. Les inhumations étaient faites en pleine terre, sans élément superficiel distinctif, elles reposaient sur le substratum, le plus près possible de la paroi rocheuse. Il s’agit pour la plupart d’inhumations secondaires. Les fosses n’ont que rarement reçu un seul individu, le plus souvent plusieurs individus incomplets s’y trouvaient. Hormis deux grandes lames de silex brutes et une défense d’éléphant sectionnée aux deux extrémités, le mobilier funéraire consiste en vases. Ils ont pu être cassés lors de leur dépôt. Ils se trouvaient le plus souvent au contact immédiat du crâne, placés diversement, debout, retournés, couchés. Une inhumation primaire de la base, a montré le défunt en décubitus dorsal, mains ramenées sur le ventre, jambes légèrement

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Sahara préhistorique fléchies, pieds joints ; aucun élément de parure, aucune offrande alimentaire n’a été décelé. Une cinquantaine de vases provient des fouilles. Ils ont été montés aux colombins avec des pâtes ayant toutes les mêmes caractéristiques : dégraissées à la calcite, avec quelques grains de quartz, elles ne renferment pas de végétaux. Les vases appartiennent à diverses formes à fond conique ou arrondi, ils peuvent être munis de anses dont des anses funiculaires, peuvent avoir un col, qui est généralement cylindrique, toujours large et haut. Ces formes rappellent la poterie campaniforme d’importation. Les vases les plus soignés ont été enduits de barbotine. La plupart porte un décor occupant la moitié supérieure de la panse, organisé en registres, les motifs, traits ou chevrons, sont faits à l’aiguillon de silure. Ce décor, très répandu dans l’ouest marocain et qui se retrouve à Oued Zeggag, Tiout, permet des comparaisons avec le Chalcolithique ancien ibérique, plus particulièrement la phase ancienne de Los Millares. Gobero A Gobero, mêlés aux vestiges d’habitat qui se développent sur plus de 1,5 km de long, près de 200 squelettes sub-affleurants en petits groupes ont été décomptés dont cinq essentiels. Les nombreuses datations effectuées rapportent au Kiffian, entre 7700 et 6200 av. J.-C., les restes les plus anciens et au Ténéréen, entre 5200 et 2500 av. J.-C., les plus récents. Ils se différencient aisément par la couleur des os, devenus brun sombre pour les Kiffians en raison de leur fossilisation liée à une remontée des eaux du lac près duquel les hommes s’étaient installés. Ils diffèrent aussi par leurs caractères anthropologiques, mechtoïdes pour les Kiffiants, méditerranoïdes pour les Ténéréens. Les inhumations des deux populations sont généralement individuelles et l’iconographie montre surtout des positions fortement contractées pour la population kiffianne, simplement fléchie pour la population ténéréenne qui repose indifféremment sur l’un ou l’autre côté. Les défunts sont parés de colliers et bracelets en ivoire (éléphant ou hippopotame), en test d’œuf d’autruche. Un mobilier funéraire est fait de coquillages, têtes de flèche, grattoirs, herminette, poterie, os, défenses ; une plante avait été placée sous la tête et les pieds d’une fillette datée de 6785 B.P. (6690 av. J.-C.) qui portait un bracelet en ivoire d’hippopotame. Il est possible qu’il y ait eu des dépôts funéraires, une défense de phacochère se trouvant sur l’une des tombes. Quelques sépultures sont émouvantes : celle de deux adultes, homme et femme, inhumés côte à côte, dont les mains se touchaient, datée de 3315 av. J.-C., celle d’une femme reposant sur le côté droit faisant face à deux enfants de 5 et 8 ans, en décubitus latéral gauche, dont elle tenait les mains, la sépulture renfermait 4 têtes de flèche et l’abondance des pollens suggère la présence de fleurs d’amaranthes (Celosia). Iwelen Le site le mieux connu, celui d’Iwelen, conserve plusieurs groupes de monuments voisins de l’habitat. Ils rapportent deux cultures funéraires successives, l’une à plateformes gravillonnées qui est néolithique, l’autre à tumulus à cratère

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Un monde des morts qui est plus tardive ; quelques monuments en croissant avec inhumations en chambre sont en marge de leur limite méridionale de répartition qui est le nord et l’ouest de l’Aïr. Les inhumations néolithiques ont été faites en fosse, le défunt était ligoté dans un linceul de cuir, sans parure, au-dessus une plateforme gravillonnée était construite. Les inhumations post-néolithiques ont été faites dans des tumulus à cratère, dont certains sont contemporains de quelques tumulus simples ou à plateforme. Dans les tumulus à cratère, le défunt est déposé sur le sol en position non contrainte, il est soigneusement recouvert de pierres et les ustensiles ayant servi à la toilette mortuaire sont déposés dans ou sur la tombe. Ces inhumations sont à 70 % orientées est-ouest. Les défunts portent de la parure et sont accompagnés d’une ou plusieurs poteries. L’un d’eux dont les restes sont datés de 1160 ± 90 B.P. (Pa0765) (780-960 ap. J.-C.), appartenait à une femme encore revêtue d’une tunique de laine rouge à motifs vert et bleu. Dans les autres tumulus étudiés, l’orientation préférentielle est nord-sud comme au Néolithique. Grâce aux 43 datations qui ont été faites, F. Paris a proposé un schéma d’occupation du site : une présence néolithique est traduite à 6720 ± 300 B.P. (Pa1109) (5970-5370 av. J.-C.) par une sépulture en pleine terre associée à un site très pauvre et très altéré. Cette première phase est suivie de trois autres qui s’en sépareraient par une discontinuité de 400 ans. A la seconde est attribuée la construction des plateformes et des monuments en croissant, l’existence de cette forme rare et excentrique datée de 3990 ± 120 (Pa526) et 4720 ± 110 (Pa253) (2725-2335 et 3615-3380 av. J.-C.) pourrait signaler la présence épisodique d’un groupe étranger. Les tumulus à cratère, datés entre 3595 ± 100 (Pa234) et 2200 ± 60 B.P. (Pa0146) (2130-1780 et 360-190 av. J.-C.), marqueraient la fin du Néolithique. L’épisode qui débute à 2595 ± 50 B.P. (830-590 av. J.-C.) correspond à l’installation d’un village permanent qui se serait développé jusqu’à 2430 ± 25 B.P. (750-410 av. J.-C.). Les autres occupations qui ont duré jusqu’à aujourd’hui, ont été épisodiques. Malgré le grand nombre de restes humains, on ne dispose pas encore d’indications anthropologiques. F. Paris propose seulement une migration des porteurs du Néolithique et, lors de la création du village, l’installation d’un nouveau peuplement lié aux gravures d’époque caballine. Khatt Leimaïteg Avec près de 280 tombes, Khatt Leimaïteg offre l’un des ensembles mortuaires les plus importants d’Afrique de l’ouest. L’essentiel se trouve dans « l’habitat I » ; en dehors de 9 tombes construites au nord, l’inhumation se faisait en simples fosses qui sont dévoilées par la déflation, de ce fait les restes humains ne sont guère exploitables. Les quelques tombes construites sont des monticules de sable de 4 à 5 m, d’une hauteur de l’ordre de 1,50 m, qui recouvrent une fosse profonde de 0,50 m et qui sont revêtus d’un lit de galets et d’éclats de quartz. Les tombes peuvent être isolées ou regroupées par 3, 4 ou 5, ou en vaste nécropole ; R. Vernet accorde une signification familiale aux petits regroupements. Les corps ont été inhumés dans diverses positions, en décubitus dorsal, latéral fléchi, latéral contracté, assis menton entre les genoux. Aucune orientation

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Sahara préhistorique préférentielle n’a été remarquée. Les défunts étaient mis en terre parés d’un collier en Anadara et de nombreux fragments de coquilles paraissent liés aux tombes, une tranche de défense d’éléphant accompagnait un des défunts et des billes de jaspe ou quartz ont été retrouvées à plusieurs reprises associées aux débris humains. Plusieurs tombes comportaient des poteries sans décor. Kobadi Sur le site de Kobadi, une centaine de sépultures affleurantes a été retrouvée ; 80 ont été étudiées. Elles sont datées entre 3335 ± 100 (Pa221) et 2415 ± 120 B.P. (Pa223) (1740-1520 et 760-400 av. J.-C.). Les inhumations ont été faites en pleine terre dans une fosse sans superstructure et sans marque. Les morts reposaient en décubitus latéral droit contracté, orientés est-ouest ou ouest-est. H37 était en décubitus dorsal. Un vase retourné se trouvait près de certains squelettes. Chez deux femmes, l’avulsion des incisives latérales avait été pratiquée. O. Dutour rapporte la population au groupe mechtoïde. Le Nord marocain et les nécropoles à cistes Dans le nord du Maroc, les nécropoles d’El Mriès, Aïn Dalhia, Mers qui se sont édifiées du Chalcolithique au Bronze moyen, offrent des caractères semblables. Les tombes, des cistes de forme trapézoïdale, mesurant autour de 1,5 x 0,7 m, sont faites de dalles ou de murets de 1 à 1,5 m de haut, d’une dalle de fermeture et sont recouvertes de terre. Les défunts reposent en position fléchie ou contractée, de l’ocre imprègne souvent les os. Le mobilier est pauvre, réduit à des écailles de tortue, fragments de poterie, parfois quelques objets en métal. G. Buchet mentionne une inhumation ayant une écuelle noire près de l’épaule, dans une autre, se trouvaient une pointe de lance ou de javelot à soie en bronze ou cuivre et un poinçon qu’il date du milieu de l’Age du Bronze européen. Cette présence massive et localisée d’une tradition particulière, pose la question de la présence, en nombre sensible, d’une population étrangère. Il en est probablement de même avec les inhumations en silos et, à l’autre extrémité du Maghreb, les dolmens et haouanet. Namanamassou La nécropole de Namanamassou fut fouillée en 1975-76, dans des « conditions défavorables » dit simplement l’auteur, Françoise Treinen-Claustre. On doit à la mémoire de rappeler que ces « conditions défavorables » sont en fait trois années passées comme otage au Tibesti et que ces travaux menés avec l’aide de ses geôliers furent interrompus par la population locale qui craignait un mauvais sort. Elle parvint néanmoins à identifier cinq regroupements réunissant un total de 160 monuments, tumulus ou chouchet, d’un diamètre de 2 à 3 m, voisinant un habitat d’où fut extrait un outillage pauvre, avec lamelles à dos, pièces à troncatures et pièces esquillées, obtenu dans une obsidienne locale. Les cinq cimetières paraissent s’échelonner dans le temps. Dans le plus ancien, la poterie est décorée d’impressions au peigne ou à l’estèque, de motifs dotted wavy line de phase tardive, ou d’écailles. La plus récente rapportée au Néolithique final et à l’Age du Fer est décorée au poinçon, de points et de bâtons.

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Un monde des morts Oued Tamda et Oued el Hamara Au pied des Nemencha, les nécropoles d’Oued Tamda et Oued el Hamara regroupent des tumulus et des bazinas. Ces monuments peuvent être entourés d’un pavage ayant jusqu’à 3 m de large ou d’une enceinte ; parfois une petite allée est aménagée à l’est. Les inhumations y sont souvent multiples et réduites à quelques ossements ; ce seraient des inhumations secondaires après décharnement. Des ossements de chameau probablement déposés en guise d’offrandes dans certains monuments, proposent une date basse. Sans relation avec un habitat, d’après E. Pothier, ces nécropoles pourraient être liées à un comportement comparable à celui des populations nomades actuelles établissant leurs cimetières importants dans les lieux qu’ils traversent plusieurs fois chaque année. Rouaz Près de Skhirat, la nécropole de Rouazi a été mise au jour en 1980 par des travaux de carriers. Elle prend place dans un cordon dunaire littoral, à 6 m de profondeur, sans marque extérieure. Attenante à un habitat avec foyers et coquilles marines, elle a été datée de 5350 ± 150 B.P. (UQ1868) (4330-4010 av. J.-C.). Une fouille menée de 1982 à 1984, par J.P. et C. Daugas, F.Z. Sbihi Alaoui porta sur 900 m2 et a permis de dégager une centaine de structures funéraires, sépultures et dépôts mobiliers sans ossement, ainsi que six emplacements d’inhumation animale. Les défunts -dont beaucoup sont des adolescents, enfants en bas âge, voire fœtus-, étaient en décubitus latéral fortement fléchi, rarement contracté, avec une nette prédominance du décubitus droit. Les enfants de moins de un an étaient regroupés dans un secteur éloigné des hommes adultes et des adolescents, ce qui suggère un statut particulier. Certains défunts reposaient sur un lit d’ocre. Quelques-uns étaient demi-assis, le thorax et la tête relevés. Généralement orientés sud-ouest nord-est, le regard était dirigé vers l’est avec un glissement jusqu’au nord. Ils étaient rarement parés, seuls deux bracelets en ivoire d’éléphant et une parure de rondelles d’enfilage en test d’oeuf d’autruche riche de plusieurs milliers d’unités ont été retrouvés. La plupart s’accompagnait de poteries (132 ont été mises au jour) souvent brisées qui offrent des analogies avec celles d’El Kiffen ; de formes diverses, avec des fonds coniques, ronds ou plats pour des jattes, elles portent un décor de chevrons au peigne, organisé en bandes, qui est bien connu dans la région (Dar es Soltan, El Harhoura, El M’nasra, Kef el Baroud, Oued Mellah, Témara, Toulkine...) ; certaines sont enduites de barbotine. Les auteurs ont donné le nom de « style de Skhirat » à ce décor et lui ont attribué une origine saharienne. Le mobilier funéraire comprend aussi des haches polies, des éclats de silex, de nombreux objets en os, en ivoire, des gobelets et un vase en pierre. Certains éléments se retrouveraient dans le Chalcolithique de la péninsule ibérique. La population apparaît cependant comme isolée, culturellement différente de celle des autres stations néolithiques de cette région, elle tient un intérêt particulier de la présence de particularités anatomiques liées à des caractères génétiquement transmissibles (dépression bipariétale symétrique, dysplasies sincipito-obéliaques) qui pourraient être utilisés comme traceurs de mouvements de populations.

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Sahara préhistorique Tayadirt De part et d’autre d’un affluent de la haute Moulouya, près de leur confluent, la nécropole de Tayadirt regroupe trois types de monuments, des tumulus simples en dôme qui en constituent l’essentiel, des tumulus en cône et des cercles de pierre. Les tumulus peuvent atteindre une quinzaine de mètres de diamètre et une hauteur de 1 m. Les deux tumulus en dôme qui ont été fouillés par N. Lambert, ont montré qu’ils recouvraient un ensemble mégalithique complexe avec chambre et caisson auquel on accédait par un couloir non couvert long de près de 3 m pour une largeur de moins de 1 m, orienté vers le SW, qui renfermait des ossements humains sans connexions. Le tout était entouré d’une enceinte circulaire faite, tout comme les murs du couloir, de plaquettes de grès pour l’un, de schiste pour l’autre. La chambre, rectangulaire, était partiellement creusée dans le granite et couverte de dalles de granite, elle renfermait des restes humains en très mauvais état. A l’est, opposé à l’allée, un caisson est entendu comme table de libation. Dans l’un des monuments, le mobilier était pauvre, réduit à quelques tessons de céramique engobée, un décoré d’une bande de croisillons au peigne, un fragment de natte, la parure y était plus importante avec des boucles d’oreille en or ou en bronze, bracelet, éléments spiralés provenant de coiffure ou de collier associés à des perles évoquant des trouvailles faites à Roknia, perles en verre, en cornaline, en test d’œuf d’autruche, la pièce la plus remarquable restant une amulette en alliage cuivre plomb, moulée puis ciselée, haute de 3,7 cm représentant un homme barbu dont la tête est surmontée d’une haute coiffure. Le second monument n’a livré qu’une bague en cuivre, des fragments d’un bracelet en fer, des perles en test d’œuf d’autruche. La fouille d’un cercle de pierre a montré la présence d’une fosse funéraire en partie creusée dans le granite. Elle renfermait deux squelettes, un enfant et un adulte d’une vingtaine d’années, en décubitus latéral fléchi, reposant sur le côté gauche, tête au SW. Seul l’adulte portait des bijoux, boucles d’oreilles et bracelets en cuivre, et s’accompagnait d’un fragment de perle en verre bleu. Le mobilier a permis de situer ces monuments entre les 5ème et 1er siècles av. J.-C. Tintan et Chami Le site de Tintan comporte plusieurs zones de sépultures qui couvrent environ un hectare. Si une grande partie chevauche un habitat, pour J.P. Carbonnel, il y a indépendance entre eux, les sépultures étant plus récentes. Elles peuvent être regroupées en couronne autour de tertres que l’auteur dit artificiels. L’un d’eux préservé par un pavement de pierres montre une hauteur de l’ordre de 2 m pour un diamètre de 12 à 14 m. Les tombes d’un diamètre de 1 à 2,50 m, hautes d’environ 0,40 m étaient couvertes d’une couche de pierres ou dalles calcaires, parfois de deux couches séparées par une couche de sable. Elles étaient souvent marquées d’un ou plusieurs gros Cymbium. La centaine de tombes fouillée a montré des inhumations individuelles à l’exception de trois cas doubles et un triple. Les corps reposaient en décubitus latéral plus ou moins fortement fléchi, de préférence gauche, sans orientation préférentielle, mains ramenées à hauteur du visage, ce qui suppose un moyen de maintien (lien par exemple), la tête

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Un monde des morts reposait parfois sur une pierre plate. Une inhumation était à plat ventre entourée de fragments de meules brisées. Les dates obtenues à partir des seuls restes humains s’étalent entre 3240 ± 110 B.P. (Gif2484) et 2090 ± 120 B.P. (16801410 et 300 av. J.-C.- 13 ap. J.-C.). Les restes étudiables, 50, appartiennent essentiellement à des adultes ou pré-adultes montrant une mortalité plus importante entre 12 et 15 ans. On trouve des dispositions comparables à une centaine de kilomètres dans le site de Chami installé de même sur des dunes ogoliennes et où les inhumations sont beaucoup plus étalées. Chami et Tintan seraient sensiblement contemporains, les restes humains datés s’échelonnant ici entre 3850 ± 120 (Gif2486) et 2100 ± 180 B.P. (Gif2163) (2470-2140 av. J.-C. et 370 av. J.-C.-60 ap. J.-C.). Les 81 tombes fouillées, à l’inverse de celles de Tintan, n’ont montré aucune super-structure à l’exception d’une tombe profonde surmontée d’un pavage de grosses pierres. Deux sépultures collectives renfermaient l’une deux squelettes, l’autre quatre individus dont deux enfants. La position des squelettes est moins constante qu’à Tintan, les membres étant diversement disposés et les corps indifféremment placés sur le côté droit ou gauche. A l’exception d’un défunt en décubitus dorsal, jambes écartées, tous les restes se trouvaient en décubitus latéral fléchi. Des éléments de parure distinguent aussi les deux nécropoles, perles éparses en roche dure, en test d’œuf d’autruche ou coquille de mollusques ainsi que deux colliers en dentale viennent de Chami alors que Tintan n’a livré aucune parure. L’âge au décès paraît sensiblement plus élevé à Chami qu’à Tintan avec 38 % entre 19 et 25 ans. O. Dutour rapporte la population des deux nécropoles à un type mechtoïde et, malgré leur relative proximité, les hommes de Chami et Tintan traduisent des différences qui, pour N. Petit Maire et M. Charon, pourraient résulter d’isolats.

Des inhumations animales Depuis longtemps, il est fait mention d’inhumations animales dans la vallée de Nil où la pratique apparaîtrait vers 5000 av. J.-C. dans le Badarien et intéresse de nombreuses espèces. Elle est développée dans le Groupe A : à Khor Bahan au sud d’Assouan, par exemple, des 79 inhumations reconnues, 16 sont des inhumations d’animaux (13 chiens, 2 bovins, 1 chèvre ou mouton). Une telle pratique a été sporadiquement signalée au Sahara : d’abord au Sahara méridional, plus récemment au Sahara central où elle paraît d’âge comparable, elle a été retrouvée au Maroc dans la nécropole de Rouazi datée de la fin du 5ème millénaire. Ces inhumations se présentent diversement : en squelettes entiers, en quartiers, en amas osseux. Des divers animaux concernés, les bovins et les chiens viennent en premier, puis les ovi-caprinés nettement plus rares, à Maadi, ce sont des gazelles. Les inhumations peuvent être isolées et concerner un animal entier, à l’Adrar Bous les restes complets d’un petit bœuf à cornes courtes, peut-être mort naturellement et recouvert de sable par le vent, ont été mis au jour par la mission Clark en 1970. Ils sont datés de 5760 ± 300 B.P. (UCLA1658) (4990-4260 av. J.-C.). Celui trouvé dans le gisement d’Uan Muhuggiag, daté de 5952 ± 120

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Sahara préhistorique B.P. (UD225) (5000-4690 av. J.-C.), était aussi un bovin domestique. De même ceux retrouvés à Nabta Playa par l’équipe de F. Wendorf, dans un contexte de rite stellaire ; l’un est daté de 6470 B.P. (5490 av. J.-C.), date qui en fait la plus ancienne inhumation animale connue. H. Lhote mentionne de tels squelettes de bovins en divers lieux au sud d’Arlit, mais y voit soit une épizootie, soit les conséquences d’une sécheresse ; or ces restes d’animaux offrent tous la même orientation, tête vers l’est, ce qui paraît un argument en faveur d’inhumations. Des inhumations comparables sont connues dans le Sahara méridional, à Tagudalt près Anu Mellen, Akarau, Alabakat, Tin Kulna, Aoukaré, Ikawaten, F. Paris en a identifiées à Chin Tafidet et In Tuduf qui présentaient une orientation semblable. Des inhumations en quartiers ont été retrouvées à Mankhor dans la Tadrart et à l’Adrar Bous 1 où F. Paris a mis au jour, sous un petit tas de pierres, le quart avant droit d’un bovin dont les os étaient en connexion. Les inhumations en tas ont été retrouvées à Mankhor par une mission initiée par l’Office du Parc National du Tassili, à l’Adrar Bous I par J.P. Roset et F. Paris. J.P. Roset a obtenu la date de 6325 ± 300 B.P. (Pa330) (5600-4860 av. J.-C.) pour des ossements fortement brûlés, rassemblés dans une fosse et recouverts de grosses pierres formant un tas d’environ 1,40 x 0,40 m, F. Paris celle de 6200 ± 250 B.P. (Pa753) (5410-4850 av. J.-C.) pour un squelette de Bos en tas, qui serait complet, partiellement brûlé, il était surmonté d’un amas de pierres vu comme un bouchon de fosse mis en relief par la déflation. Une seconde inhumation ne renfermait qu’une partie d’un animal. Cette pratique existe peut-être dans le wadi Howar où des fosses remplies d’ossements de boeufs souvent associés à des tessons de céramique de type Leiterband se trouvent dans de nombreux sites datés des 4ème-3ème millénaires ; ils sont généralement interprétées comme des aires de déchets, cependant une fonction rituelle semble apparente dans plusieurs cas. Parfois, ces inhumations s’avèrent des offrandes accompagnant une inhumation humaine. A Afunfun, des ovi-capridés qui reposent sur le côté gauche, en position semi-fléchie, apparaissent au même titre que les offrandes de Lamellibranches. A El Kadada, ce sont des chiens, des moutons et des chèvres. On accorde un rôle de gardiennage aux inhumations de chiens qui bordent un cimetière d’Héliopolis daté du 4ème millénaire ; il peut aussi s’agir de témoins d’un rituel. Chin Tafidet et In Tuduf A Chin Tafidet et In Tuduf, les inhumations animales sont datées des 3ème2ème millénaires. A Chin Tafidet, 18 inhumations concernaient des bovins, 3 des ovi-capridés et 3 des chiens. Il semble que les bœufs aient été en décubitus latéral droit, un en décubitus latéral gauche, tous orientés est-ouest. Le dos était voussé, la gorge en extension, en attitude d’égorgement et des traces d’égorgement à l’aide d’un outil tranchant ont été identifiées sur la 5ème vertèbre cervicale. Un était débité en quartiers (les quatre membres, le thorax, la tête, le cou). Les lévriers étaient aussi en décubitus latéral gauche, pattes sous la poitrine. A In Tuduf, 34 tombes animales ont été recensées ; elles étaient regroupées dans le même secteur, jamais mêlées aux inhumations humaines. Les animaux

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Un monde des morts reposaient sur le côté droit généralement orientatés est-ouest, à l’identique des hommes. Les membres étaient séparés du tronc, les membres antérieurs placés en tas près de la tête, postérieurs en connexion partielle, mais dans une position impossible naturellement. Un bovin (possible zébu) reposait sur un lit de cendres épais de 5 cm ; les ossements en très mauvais état n’ont permis aucune précision. Mankhor Mankhor est une véritable nécropole animale qui s’étend sur quelque 50 hectares. Elle se présente comme une surface plane hérissée d’une multitude de petits tas de pierres irrégulièrement éloignées les uns des autres avec des distances allant d’une vingtaine de centimètres à plusieurs mètres. Il s’agit parfois de foyers, le plus souvent d’un amoncellement sans pierres brûlées qui surmonte ou/et signale une inhumation de bovin. F. Paris a, de même, mentionné de petits tas de pierres au-dessus des inhumations qu’il a reconnues à l’Adrar Bous. J.F. Salièges a daté la trentaine de sépultures fouillée à Mankhor entre 5530 ± 120 (Pa1713) et 4875 ± 100 B.P. (Pa1714 et Pa1715), 4500-4250 et 3780-3530 av. J.-C. Les ossements avaient été disposés, toujours de même manière, dans un récipient en peau1, conservant les poils à l’extérieur : le fond et les bords étaient limités par des omoplates et des côtes disposées obliquement ou verticalement de manière à former une sorte de berceau. Au centre se trouvaient de nombreux fragments osseux, épiphyses, esquilles non identifiables, restes crâniens réduits en menus morceaux, vertèbres qui pouvaient être en connexion, phalanges ainsi que quelques pierres. Les mandibules toujours séparées à hauteur de la symphyse, pouvaient être placées obliquement, l’avant pointé vers le sol ou être mises à plat, s’entrecroisant, au sommet du dépôt. Quand le crâne était entier, il était placé sur le bord, verticalement, calé par d’autres ossements et de petites pierres plates. Il est tout à fait singulier de constater l’absence systématique de bucrane. Tous les os, en effet, à l’exception des chevilles osseuses, s’y retrouvent, mais les diaphyses réduites à menus morceaux ne permettent pas de savoir si la totalité des os a été conservée ou une partie prélevée. Des stries qui pourraient être des traces de raclage existent sur certains os. Dans une partie du site, l’un de nous (M.T.) a reconnu une position singulière des tas de pierres : deux tas se plaçaient aux sommets d’un triangle équilatéral et un amas osseux qui affleurait sur une surface de quelque 50 cm de diamètre occupait le troisième sommet. L’amas osseux obéissait aux mêmes pratiques que dans le reste du site. Aucune orientation préférentielle de cette disposition n’a pu être déterminée. Dans cet ensemble, une inhumation se singularisait. Les ossements n’étaient pas en tas mais en quartiers qui, chacun, conservait ses connexions anatomiques. Ils étaient empilés de manière à reconstituer le squelette avec de légers chevauchements. On distinguait de haut en bas : la tête et deux vertèbres cervicales, puis les membres antérieurs, thorax et colonne vertébrale jusqu’aux lombaires, le reste de la colonne vertébrale avec le bassin, enfin, les membres inférieurs. Les chevilles osseuses et le haut du crâne manquaient. Les membres avaient été 1 .- En raison du mode d’arrangement des os, cette option paraît préférable à celle d’une peau qui les aurait enveloppés.

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Sahara préhistorique sciés au-dessus des métapodes et un orifice circulaire de 2 cm de diamètre aménagé dans l’un des os iliaques. Près de l’animal se trouvait une poterie façonnée assez sommairement pour y voir une stricte destination funéraire. Les animaux sont tous jeunes, les cartilages de conjugaison n’étant pas totalement ossifiés et appartiennent à l’espèce Bos taurus.

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Des inhumations animales, bien connues dans la vallée du Nil, ne sont pas exceptionnelles au Sahara. Elles peuvent être isolées, regroupées dans un cimetière humain, constituer de véritables nécropoles indépendantes. Au 6ème millénaire, elles se rencontrent au Sahara central et au Sahara méridional où elles sont encore en usage au 2ème millénaire. Elles sont connues au Maroc. Elles intéressent en premier chef les bovins, puis les ovi-caprinés et les chiens. La tombe renferme la totalité de l’animal ou une partie. Le squelette peut conserver toutes ses connexions anatomiques, il peut être débité en quartiers, les os plus ou moins brisés peuvent être assemblés en tas. A Mankhor, nécropole qui regroupe une trentaine de tombes exclusivement de bovins, les ossements ont été soigneusement entassés dans un sac en peau, toujours de la même manière. Une tombe, qui se particularisait par la présence d’une poterie funéraire, renfermait un animal débité en quartiers ; tout en se chevauchant légèrement, ceux-ci étaient disposés de manière à reconstituer l’animal. L’inhumation peut être marquée au sol par de petits tas de pierres. C’est le cas à l’Adrar Bous et à Mankhor qui apparaît comme un champs hérissé de minuscules monticules avec un secteur où la disposition particulière des tas souligne un marquage complexe de la tombe.

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Chapitre IX VERS UNE ORGANISATION URBAINE La désertification qui s’installe dès le 4ème millénaire conduit inexorablement à des concentrations humaines périphériques qui, pour perdurer, exigent des règles pour en assurer l’administration, la sécurité, la justice. Des bourgades vont se constituer puis devenir des cités ; des états vont naître. Les temps préhistoriques s’achèveront avec une rapidité des plus variables selon les lieux. Ces vastes mouvements de recul face au désert conduisent à deux pôles d’afflux, les vallées du Nil et du Niger. Ils appellent une réorganisation de l’espace et de la société qui implique des échanges complexes et trouve des racines dans la différenciation professionnelle apparue au Néolithique moyen, voire plus anciennement. Les petits groupes de huttes, le plus souvent disposées sans ordre, qui ont été identifiés à partir du Néolithique moyen dans diverses régions, peuvent devenir des communautés de plus en plus importantes et complexes qui s’ordonneront puis s’uniront, souvent par la violence, et formeront des états. L’organisation ne sera pas la même à l’Est et au Sud, malgré des conditions environnementales voisines. Les sociologues proposent trois schémas pour passer de petites sociétés égalitaires à un état hiérarchisé : - compétition de groupes qui cherchent à s’emparer de terres cultivables, - nécessité d’obtenir par échanges des matières premières qui manquent au groupe, - organisation de la défense d’un groupe contre un ennemi. Pour B. Midant Reynes, l’émergence d’un pouvoir centralisé puissant ne peut se faire qu’avec l’établissement de centres religieux et administratifs, résidences de l’élite. D’autres auteurs voient dans l’irrigation contrôlée mise en place au Gerzéen le fondement de l’état égyptien ; faite de digues, barrages de retenue et canaux sur une vaste région, elle nécessite en effet un système social élaboré pour assurer l’entente préalable et durable d’un grand nombre d’individus.

Les sociétés hiérarchisées du pôle oriental Dans la vallée du Nil, les multiples cultures qui se juxtaposent ou s’interpénètrent, conduisent à deux ensembles fortement structurés : au nord, l’Egypte pharaonique, au sud, le royaume de Kush.

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L’Egypte pharaonique La détérioration climatique qui réduit le pastoralisme, entraîne l’abandon des plateaux et lie la vie au Nil ; divers détails, dont le décor des poteries, marquent ce repli. Au sein des communautés qui se créent le long du fleuve, des chefferies locales se mettent en place et certaines étendront leur pouvoir en absorbant leurs voisines. A partir de 3500 av. J.-C., des proto-royaumes prendront naissance, ils conduiront à la formation des deux royaumes de Haute et Basse Egypte qui s’esquissent vers 3300 av. J.-C., avec Hierakonpolis et Buto pour capitales. Conquise à diverses reprises par le royaume de Haute Egypte, la Basse Egypte lui sera associée définitivement vers 3000 av. J.-C. Au début du 3ème millénaire, Ménès (= Narmer ?) installera la capitale à Memphis1, à la limite entre les deux royaumes. Avec Hor-Aha qui lui succèdera, la première dynastie sera en place. Une urbanisation qui se dessinait dès le milieu du 5ème millénaire à Mérimdé Beni-Salamé avec une distribution de l’habitat de part et d’autre d’un espace vide et la probabilité d’un drainage, se généralise. A partir de 4000 av. J.-C., des centres importants tel que Nagada, Hiérakonpolis, Abydos, se sont créés. Les agglomérations disposent d’importants édifices traduisant des résidences de chef ou des lieux de décisions collectives. A Nekhen (Hiérakonpolis), un palais primitif émerge parmi des maisons semi-souterraines et des huttes. A South Town, F. Petrie avait découvert une structure mesurant 30 x 50 m, donnée comme fortification et qui, depuis, paraît plutôt un temple ou un palais. Le monde funéraire reflète, lui, la différenciation sociale et rend compte d’une hiérarchisation, creuset du pouvoir centralisé. Les prémices de telles transformations se perçoivent au Néolithique moyen avec la présence d’artisans, de silos ou de greniers, des échanges. La constitution de réserves est une pratique très ancienne dans la vallée du Nil où elle a été reconnue dans le Paléolithique final2. Elle se développe avec l’agriculture qui deviendra une composante de base de la structure socio-économique. A Mérimdé Beni-Salamé, des silos, des jarres sont déjà nombreux dès l’Urschicht. Au Gerzéen, Abydos disposait d’une zone circulaire de 30 m de diamètre au sein de laquelle ont été identifiées des huttes en terre et un grenier communal avec des jarres renfermées entre des murs de brique. A cette période, l’usage de l’irrigation artificielle en augmentant la productivité agricole, appelle une multiplication des échanges et pour être efficace, exige une organisation administrative forte. Origines de la stratification sociale Certains auteurs ont vu dans une distribution inégale des terres, l’origine de surplus alimentaires conduisant à une accumulation de biens qui introduirait une différenciation sociale. L’accumulation de richesses favoriserait l’installation d’un artisanat de luxe pour répondre au souci d’ostentation engendré. La poterie y prend la première place, sa qualité demandant une maîtrise technique qui appelle une spécialisation. Les vases en pierre dure, en ivoire, les palettes, 1 .- Memphis prendra le nom de Thèbes à la fin de l’Ancien Empire 2 .- Cf T. I.

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Vers une organisation urbaine statuettes, les manches de couteau sculptés sont d’autres éléments de spécialisation. Par la division du travail qu’il implique, l’artisanat rapporte une stratification de la société et un embryon d’organisation politique avec dirigeants et exécutants, qui seront d’autant plus prononcés qu’il est lui-même développé. Le commerce qui se développe devient aussi source de richesse. Aux échanges à dos d’ânes –ils sont connus entre Basse Egypte et Palestine-, s’ajoute un trafic fluvial traduit par les représentations de bateaux dans l’art rupestre et mobilier. L’intervention de la métallurgie entre 4900 et 4100 B.P. (3650 et 2650 av. J.-C.) donne à Nagada, une position géographique privilégiée lui permettant le contrôle des ressources minières venues du Désert oriental, ce qui lui vaudra le nom de « Golden Town ». Le trafic fluvial créera une autre source de différenciation sociale et de pouvoir. En Basse Nubie, aux abords de la Deuxième Cataracte, il devra, en effet, se protéger des hommes du Groupe A d’abord, puis de leurs successeurs, les hommes du Groupe C qui contrôlent la région. Il devra aussi se protéger de Kush. Jusqu’à la VIème dynastie, les relations avec la Basse Nubie oscilleront entre coopérations et raids, conduisant l’Egypte à construire des forteresses le long des 80 km de la Deuxième Cataracte pour contrôler le trafic, puis à annexer la Basse Nubie. Les débuts de l’écriture, vers 3200 av. J.-C., infèrent eux aussi l’émergence d’une nouvelle catégorie sociale et favorisent une organisation administrative forte. Hierakonpolis paraît alors jouer un rôle essentiel dans la création de l’état égyptien avec le développement d’une élite. L’origine de la suprématie de certains individus ne serait pas la même en Haute et Basse Egypte. B. Midant Reynes remarque qu’en Haute Egypte, la société accorde une place importante à la chasse ; elle nécessite des hommes forts et courageux, exalte l’exploit, créant le privilège. Ceux qui en tirent bénéfice tendent à le rendre héréditaire, ainsi serait générée une aristocratie, mais aussi des luttes d’influences pour régir le groupe. En Basse Egypte où prédomine l’agriculture, le maximum d’importance est accordé au nombre de bras, moteurs d’une relance de la dynamique de vie après le chaos. La notion de cycle s’installe et celle d’antériorité qui prend une position fondatrice dans le cycle de la vie. Elle trouve un écho dans le rôle d’aîné qui devient mandataire de la communauté et est à même d’établir des liens avec les forces obscures ; le caractère divin de Pharaon trouve son ancrage dans ces pouvoirs magiques et religieux. La suprématie de certains individus pourrait aussi avoir un lien avec la crue. Sur le Haut Nil, en effet, on attribue encore à certains individus, le pouvoir magique de commander la pluie et la crue ; ce pouvoir qui se transmet de père en fils ou mère en fille, les dote d’un pouvoir absolu sur le groupe.

Le royaume de Kush et Kerma Au sud, le royaume de Kush trouve ses racines dans le Kadadien, culture pastorale issue elle-même du Kadruka, dans lesquelles les sociétés ont déjà une structure hiérarchisée1. Il tire sa puissance de sa richesse agricole et commer1 .- Ce fait est en contradiction avec l’idée faisant des sociétés paysannes, des sociétés égalitaires et des sociétés

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Sahara préhistorique ciale, sa position à un croisement de routes commerciales -voie de terre entre Mer rouge et Afrique subsaharienne, voie d’eau par le Nil-, lui ayant permis de prendre le contrôle du trafic. L’artisanat est bien développé avec une céramique remarquable, aux formes originales figurant des animaux, ce qui rappelle les vases du Groupe C et propose des parentés culturelles entre ces populations. Le territoire de Kush s’étendait probablement jusqu’à la Mer rouge ; à son apogée, lors de la Deuxième Période Intermédiaire égyptienne, alors que les peuples de la mer envahissent le delta, il aurait atteint Assouan. Les premières phases de cette culture puissante qui se développe de la Deuxième à la Quatrième Cataracte, entre 3900 et 3100 B.P. (2400 à 1300 av. J.-C.), où la métallurgie du cuivre connaîtra une technologie élaborée, peuvent être considérées comme apparentées au Néolithique. Les travaux menés par la Mission de l’Université de Genève dirigée par Ch. Bonnet, ont permis de suivre le développement de la puissance de ses dirigeants et d’en dégager les étapes. Au Kerma ancien1, vers 2400-2000 av. J.-C., une population hétérogène contemporaine du Groupe C qui occupe la Basse Nubie entre la Première et la Deuxième Cataracte, habite des huttes de 4 m de diamètre en moyenne. Elle enterre ses morts sous tumulus, dans des tombes très profondes, semblables à celles du Kadruka. Le défunt en position fléchie repose sur le côté droit, tête à l’est, regardant le nord. Il porte ses parures et ses armes. A l’est, en surface, sont disposés des vases, vestiges de repas funéraires, au sud formant un croissant, des bucranes de bovins bordent la fosse. La production céramique, à motif de vannerie ou polie, rouge à bord noir, uniforme sur l’ensemble du territoire, traduit des groupes peu différenciés. Au Kerma moyen2, vers 2000-1750 av. J.-C., les tumulus sont plus grands, atteignant 8 à 10 m, leur sommet est recouvert de petits cailloux de quartz blanc entourés d’un rang de dalles noires en grès. Au nord-ouest apparaissent de petites chapelles rectangulaires. Des animaux sont inhumés avec le défunt, chèvres, chiens, moutons surtout de jeunes béliers portant un bonnet. Les inhumations multiples sont interprétées comme des sacrifices qui sont d’autant plus nombreux que le défunt était puissant. La brique crue est employée dans l’habitat. La population évolue vers un type éthiopien. Au Kerma classique, vers 1750-1550 av. J.-C., des tombes, les tombes royales, deviennent gigantesques mesurant jusqu’à 100 m ; elles sont liées à l’importance des sacrifices. La population présente alors un type éthiopien homogène. Son parler est rattaché au groupe linguistique nilo-saharien, s’opposant ainsi aux parlers égyptien et berbère qui appartiennent au groupe afro-asiatique (= afrasien)3. Kerma, la capitale, est installée près du Nil. Ses liens avec le site Pré-Kerma, situé à proximité et abandonné par suite d’un changement de lit du fleuve, ne sont pas nets. Les constructions de Kerma mettent en valeur l’importance des systèmes de protection et des systèmes religieux. L’agglomération est entourée urbaines, des sociétés hiérarchisées. 1 .- A cette phase pourrait correspondre le pays de Iam. 2 .- Le terme royaume de Kusch qui d’après certains auteurs couvrirait d’abord un petit territoire en amont de la Deuxième Cataracte, apparaîtrait à cette phase. 3 .- Termes qui se sont substitués à chamito-sémitique et qui comprennent diverses langues africaines, la plus ancienne serait l’omotique , les plus récentes le tchadique et le berbère .

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Vers une organisation urbaine de murs épais en briques crues reposant sur une assise de grès ou de briques cuites. Aux quatre points cardinaux se dresse une porte défendue par une tour, la « deffufa ». L’intérieur se partage en deux quartiers religieux, dont un était lui-même entouré d’une muraille, et un quartier d’habitation ayant au centre une grande hutte de 16,5 m de diamètre, interprétée comme salle d’audience des souverains. Des postes fortifiés proches de la ville défendaient une « route de l’or » menant aux mines. Au Kerma classique, les bâtiments sont plus vastes, leurs murailles plus épaisses. Une administration est organisée sur le modèle égyptien. Cette égyptianisation est liée à la pratique égyptienne élevant les fils de chefs des pays voisins à la cour de pharaon.

Le pôle méridional et sa lente constitution Malgré des conditions qui pourraient paraître comparables à celles de la vallée du Nil, avec un fleuve navigable, un arrière pays riche en minerai, pouvant alimenter métallurgie et commerce, le pôle méridional présente un tissu totalement différent. D’importantes agglomérations, Niani, Tegdaoust, KumbiSaleh… ne se créeront qu’au 1er millénaire. Les empires sahéliens ne se mettront en place que tardivement. L’empire du Wanadu, qui deviendra l’empire de Ghana, ne se constitue qu’au 2ème siècle av. J.-C. ; sa capitale présumée, Kumbi Saleh, ne sera que bien plus tard le point d’aboutissement du commerce trans-saharien. Les autres empires sont encore plus tardifs, Ghana leur servira de modèle. Kanem-Bornu n’était encore qu’une cité-état vers 600 ap. J.-C., l’empire Songhay ne fut créé que vers 800 ap. J.-C., celui du Tekrour au 9ème siècle, celui du Mali au 13ème. Aux premières constructions en dur de la vallée du Nil qui sont limitées aux lieux de culte, de dépôts de marchandises ou d’habitats destinés à un seul personnage, dès le Néolithique récent, l’Ouest oppose, dans le Hodh, puis le Tagant, des villages entièrement bâtis. Ils ne traduisent au mieux qu’une prédominance discrète de certains groupes par des agglomérations plus importantes que d’autres. De nombreux auteurs recherchent leur devenir dans les populations Gangara qui occupaient le Sud mauritanien où l’on connaît leurs greniers et leurs parcellaires. En faisant venir du sud de la Mauritanie, d’où ils auraient été chassés par la désertification, des groupes tels que Serer et Wolof du Sénégal, Soninké du Mali, la tradition orale soutient cette proposition. Les mouvements de population, bien perceptibles, n’induisent aucune importante concentration ; des étapes intermédiaires de repli dans des zones jusque là peu ou pas peuplées se font sans changement marqué. Au Mali, M. Raimbault propose de suivre une migration depuis les régions d’Oum el Assel, Bir Ounan, d’abord vers la région d’Araouane, puis vers le fleuve. Les sites de Kobadi daté entre 1400-500 av. J.-C., Jenné qui se crée dans les derniers siècles av. J.-C. et se développe jusqu’au 11ème siècle ap. J.-C., seraient leur ultime étape. Les habitats des zones de repli restent semblables aux habitats antérieurs. Avec une superficie de l’ordre de 5000 m2, Kobadi qui occupe la bordure d’un paléolac, n’a montré aucun indice de structuration. Il en est de même dans les zones de repli du Zarmaganda et d’Aroyo, ou de Kirkissoy au Niger, sites qui présentent

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Sahara préhistorique des répartitions régulières d’un matériel archéologique sans changement significatif au cours du temps. A Jenné, dans le delta intérieur du Niger, les premières installations se réduisaient à quelques huttes rondes probablement en roseaux enduits d’argile qui sont datées de 2160 ± 180 B.P. (RL807) (400 av. J.-C.-45 ap. J.-C.). Quelques scories y attestent de la métallurgie du fer. Les fouilles menées par R et S. Mc Intosh entre 1970 et 1994, ont montré un développement de l’agglomération qui occupera au moins 25 hectares au Vème siècle, moment où une organisation sociale nouvelle s’y traduit par des cimetières en bordure de l’habitat et des inhumations en urne. Un commerce important n’est attesté qu’au début du 1er millénaire ap. J.-C. ; des échanges se pratiquent entre une riche plaine agricole, le Wangara et le Bambuk, régions qui produisent le métal que Jenné importe, et le fleuve lui-même, exceptionnelle voie de communication. Si ce trafic du cuivre et de l’or traduit un commerce à des centaines de kilomètres, la présence de perles d’appartenance romaine ou hellénique dans les niveaux anciens laisse aussi soupçonner des contacts très lointains, passant vraisemblablement par divers intermédiaires. A la société fortement hierarchisée d’Afrique orientale, l’Afrique de l’Ouest semble répondre par une organisation en castes. Ces différences résultent-elles d’un repli dans des arrières-pays différents, l’un devenant désertique, l’autre sahélien avec une steppe à graminées ? Sont-elles liées à des fleuves différents, l’un marqué par ses crues, l’autre avec seulement un débit irrégulier ? Ou l’ampleur de la crue du Nil, ce phénomène naturel resté longtemps mystérieux, le voile de magie qui l’enveloppe, est-il à lui seul, à même de justifier ces différences d’évolution ? Ou une organisation sociale différente perceptible dès la fin du 3ème millénaire, pourrait-elle déjà être en cause ? La question est ouverte.

Au nord du Sahara, les royaumes libyco-berbères Au nord du Sahara, le Tell a été peu touché par des migrations humaines importantes venant du Sahara et il est peu probable qu’il ait connu de fortes concentrations même si des indices de présence étrangère1 sont sensibles dans diverses régions. Il présente néanmoins la même évolution en états, mais ceuxci sont mal connus, leurs prémices inconnus, l’archéologie funéraire seule ayant livré des informations en un temps où l’on ne disposait d’aucun moyen de datation directe, ce qui rend leur utilisation des plus délicates. Si le monde phénicien est bien appréhendé avec la création de Carthage, traditionnellement datée de 814 av. J.-C. et les nombreux ports, bourgades de quelques centaines d’individus, qui bordaient la côte, permettant de la suivre par cabotage jusqu’à Mogador voire au-delà, l’Histoire ignore ce qu’était le reste du pays jusqu’au milieu du millénaire, même si les textes anciens font parfois état d’agglomérations liées à des implantations phéniciennes comme lixus (larache). Les écrits des auteurs anciens, en particulier Hérodote, montrent qu’une structuration en état, les royaumes libyco-berbères, s’est constituée bien avant qu’ils émergent dans l’Histoire, au Vème siècle av. J.-C. 1 .- Des mouvements de population sont connus aux 1er millénaires av. et ap. J.-C., liés à des affrontements humains : lutte des Grecs contre l’hégémonie phénicienne, déplacement des Italiens par Auguste, populations du Proche-Orient chassées par Salomon, migration des Ifoghas (Ifuraces de l’Antiquité), défaits par les Byzantins, de Tripolitaine au Sahara, au 6ème siècle.

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Vers une organisation urbaine Des villes comme Dougga, Tébessa, Cirta, probablement Guelma, sont assez importantes au IVème siècle av. J.-C. pour que l’on ne puisse plus saisir des bribes de leur création. On est en droit de penser que lorsque Carthage devint autonome et dût faire appel à des mercenaires pour maintenir son hégémonie maritime et lutter contre les Grecs, il y eut là une source d’enrichissement de l’arrière pays ayant pu modifier la société.

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Dès le 4ème millénaire, le développement de l’aridité au Sahara entraîne des déplacements de populations et leur forte concentration le long des vallées du Nil ou du Niger et de la côte atlantique. Elle sera particulièrement marquée en Egypte en raison d’un arrière pays désertique. A la forte contrainte qui s’installait, les hommes ont répondu par une organisation de la société d’autant plus précoce que la contrainte l’était ; avec des décalages qui atteignent plusieurs millénaires, des royaumes s’ordonnent. Facilitée par le développement de l’artisanat, du commerce, la stratification sociale sera renforcée par l’usage de l’écriture. Mais ces éléments ne suffisent cependant pas à la constitution de la société pharaonique, certains voient dans l’aménagement de l’irrigation, d’autres dans la crue du Nil, le facteur déterminant d’un pouvoir religieux, fondement de la société et de la civilisation égyptiennes. Dès le 4ème millénaire, les premières structures s’y mettront en place dans un monde de cultivateurs. Vers 3500 av. J.-C., les proto-royaumes de Haute et Basse Egypte se créeront. En Nubie, qui connaît des conditions voisines de celles d’Egypte, le royaume de Kush n’émerge que bien plus tard, vers 2000 av. J.-C. Il accorde lui aussi une importance majeure au religieux, mais pourrait s’appuyer sur le pastoralisme et non l’agriculture comme l’Egypte. Il dispose en effet d’un arrière pays conséquent où l’élevage prend une place notable à en juger par ses pratiques funéraires avec la présence de bucranes dans les tombes. Au sud du Sahara, la vallée du Niger ne connaîtra pas une concentration de population comparable à celle de la vallée du Nil, l’arrière pays sahélien retiendra les populations de pasteurs qui n’auront pas à se reconvertir. Ce sera donc une transformation lente qui, au début du 1er millénaire ap. J.-C., conduira aux multiples royaumes du Moyen Age. Au nord, le Tell, peu marqué par les mouvements des populations sahariennes, mais ouvert aux apports méditerranéens, verra de même la constitution d’états centralisés dont la mise en place, mal connue, se fera au cours du 1er millénaire av. J.-C., peut-être antérieurement. 521

Sahara préhistorique

La zone saharienne, un autre modèle ? Les grandes migrations du 3ème millénaire n’ont pas vidé totalement la zone saharienne. La montagne et des micro-milieux privilégiés, les oasis, ont été des zones de refuge mineures. Mais repliées sur elles-mêmes, les cultures matérielles se sont étiolées. Les oasis ont vécu indépendamment les unes des autres en développant la culture du palmier, sans que l’on connaisse encore ni le moment, ni le ou les premiers lieux de sa mise en place. Il est fortement présent à Nafeg dans l’oued Djerat dans un contexte de pasteurs et dès le 5ème millénaire Phœnix reclitana, était présent à Nabta Playa. Tin Hanakaten, où l’on peut suivre le passage de la fin du Néolithique à l’époque historique, ne montre aucune rupture entre ces deux moments. L’outillage de pierre qui s’appauvrit alors, perdure longuement sans présenter de changement révélateur. Les outils sont moins variés, de nombreuses formes disparaissant. La poterie est moins abondante, les surfaces décorées se réduisent sans que les motifs se modifient. L’art rupestre suggère ce même glissement. Dans des régions comme les Irharhaïns au Tassili n’Ajjer, il passe insensiblement de la fin du Bovidien au Caballin puis au Camelin, conduisant ainsi progressivement du Néolithique final aux temps historiques. Dans un contexte de petits isolats indépendants ponctuant de vastes espaces de nomadisation, la population s’est organisée en confédérations de peuples basées sur une hiérarchie sociale très stricte. Le 1er millénaire av. J.-C verra l’émergence de Germa, capitale des Garamantes, confédération au territoire mal défini. Ce nom aurait été donné par Hérodote, à la population qui occupait le Fezzan, et pour certains auteurs le Tassili n’Ajjer1, au Vème siècle av. J.-C. Ce serait une fraction des Libyens2, terme qui a d’abord désigné les populations vivant à l’ouest du Nil et dont le sens a varié au cours des temps jusqu’à se limiter aux populations littorales. S’appuyant sur divers textes anciens, J. Desanges propose de voir dans les Libyens une population blanche et de leur accorder les territoires du nord de l’Afrique et dans les Ethiopiens3 des populations noires vivant au sud du territoire libyen. Les limites sont peu précises et il semble que ces populations s’imbriquent fortement. Les Garamantes sont connus pour posséder des chars tirés par quatre chevaux avec lesquels ils poursuivaient les Ethiopiens troglodytes, un peuple généralement situé au Tibesti4. 1 .- Pour H. Lhote, le Tassili n Ajjer aurait été occupé par les Atarantes. Il s’appuie pour cela sur les descriptions de paysages données par Hérodote pour qui les Atarantes étaient à dix jours de marche de Germa et il situe les Atlantes, adorateur du mont Atlas, en Ahaggar. 2 .- Une autre fraction libyenne, les Gétules, population essentiellement nomade, occupait le nord du Sahara et au moins une partie du Tell, une autre, les Numides, le Tell. D’abord appliqué à l’ensemble des populations du Tell, Numides a été ensuite limité aux populations orientales, les populations occidentales prenant le nom de Maures. 3 .- On ne peut accorder une valeur anthropologique à ce terme quand il est utilisé par les auteurs anciens. G. Camps nomme « Ethiopiens » l’ensemble des populations sahariennes et voit dans les « harratins » des oasis, leurs descendants. Les Toubous et les Peuls seraient ceux qui auraient conservé le plus fidèlement les caractères des anciens Ethiopiens. 4 .- Une thèse soutenue à Paris I-Panthéon-Sorbonne, les place dans le Sud tunisien.

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Vers une organisation urbaine

Une nouvelle dynamique La désertification de plus en plus drastique qui s’est développée sur le Sahara à partir du 4ème millénaire, a piégé une partie de la population dans les oasis. Une autre a dû faire face à la gestion de grands espaces pour entretenir ses troupeaux, le pasteur est devenu nomade ; appelant de nouveaux moyens de communication, il a entraîné une structure nouvelle de la société bien traduite dans l’art. Le pastoralisme appauvri qui demande des superficies de plus en plus importantes pour assurer sa survie, introduit une nouvelle notion d’espace ; le cheval et le char qui interviennent alors au Sahara sont en adéquation avec elle, sans que l’on sache s’il s’agit ou non d’un épiphénomène. Les chars peints traduisent une dynamique novatrice qu’accompagnent de fréquentes images de couple qui font valoir un changement dans la structure de la société. Non daté, jusqu’à récemment, on a admis que cet art était l’œuvre d’une population étrangère introduisant de nouvelles pratiques au cours du 2ème millénaire. Mais, ni l’origine de ces pratiques, ni le moment de cette introduction n’ont fait l’unanimité. L’hypothèse la plus courante les rattache à l’Egypte et, selon les auteurs, propose la date de 1500 ou 1200 av. J.-C.1 pour leur introduction. La première date les rapporte aux Hyksos, peuples asiatiques qui ont envahi l’Egypte vers 1800 av. J.-C., moment à partir duquel le cheval et le char interviennent couramment dans l’art égyptien. La seconde y voit l’effet d’une dispersion des « peuples de la mer », mélange hétéroclite d’ennemis de l’Egypte, après leur défaite dans le delta à la fin du 13ème-début 12éme siècles. Or, les « peuples de la mer » disposaient de chars à bœufs et ne possédaient sans doute que peu de chevaux, ainsi D. Valbelle, C. Lalouette rapportent que dans leur déroute, les Mashaouash2 ont abandonné 9268 épées en bronze, mais n’ont livré que 44 chevaux. Toutefois, en 1187 av. J.-C., Ramsès III, lors de la troisième campagne contre les Libyens se serait emparé du fils du roi des Mashaouash, de 183 chevaux et ânes, et d’une centaine de chars3. D’autres y voient des contacts avec la Crète, d’autres avec la Grèce, Ch. Dupuy verrait volontiers le littoral de Cyrénaïque fréquenté par les Egéens, à la faveur des vents et des courants. D’aucuns rattachent ce cheval à celui de Dongola (Soudan). Un élément d’importance est l’absence de jalon perceptible entre l’Egypte ou le Soudan et le foyer tassilien. Ces hypothèses reposaient sur divers arguments, méconnaissance du char et de la roue, existence de monuments funéraires imposants -les monuments en trou de serrure-, supposés leur être liés, absence de cheval sauvage en Afrique, allégations qui n’ont pas résisté aux travaux récents. Les tombeaux en trou de serrure ne peuvent être attribués sans restriction à cette période ; ils s’avèrent en effet plus anciens, datés de 3500 à 3000 av. J.-C., dans le Tassili n’Ajjer, remontant à plus de 4500 av. J.-C. au Niger. L’argument absence de cheval sauvage est tombé avec l’identification d’Equus algericus4 dans le Nord de l’Afrique. 1 .- A. Muzzolini s’appuyant sur le quadrige d’Ikadnouchene, bien que ce soit une figure atypique, date la présence du cheval du 5ème siècle av. J.-C. 2 .- Les Mashaouash seraient les ancêtres des Maces de l’époque classique ; ils vivaient au bord de la Grande Syrte. 3.- Toutefois, en 1988, H. Fekri faisat état de petits chevaux en Egypte au 4ème millénaire. 4 .- Cf p. 29.

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Sahara préhistorique Par ailleurs et bien que l’on ne puisse généraliser, les caractères des chevaux peints ou gravés par les artistes caballins, quand ils sont identifiables, sont ceux de chevaux barbes ; on ignore toutefois tout du cheval de Barca si ce n’est que Ch. Tissot le rapporte au cheval barbe1 et qu’il était élevé par les Grecs de Cyrénaïque, célèbres comme dresseurs. Des informations concordantes viennent de récents travaux de génétique qui dissocient le cheval barbe et ses descendants présumés, andalous, mustangs, des autres races. L’ensemble de ces données permettant l’hypothèse d’un foyer africain, il n’est plus possible d’admettre sans réserve l’introduction du cheval au Maghreb suite à une invasion. Parallèlement à cette remise en cause de l’origine du cheval, se pose celle du char. Dans l’ensemble de la zone saharienne, l’art rupestre montre le char dans deux contextes, soit associé au cheval, soit associé au bœuf, l’un excluant quasiment l’autre, seules de rares peintures figurant les deux sur un même panneau. Aucun des attelages égyptiens, crétois ou grecs, n’offre les traits de l’attelage saharien. Les chevaux sont en extension extrême, position que l’on a nommée « galop volant » et rapproché des galops crétois ou grecs. Or ce mode de figuration n’est pas réellement conforme aux représentations de ces galops alors qu’il a des équivalents locaux mais beaucoup plus anciens dans l’art des Têtes rondes. Les chars n’offrent pas la même conception. Les chars sahariens présentent toujours les mêmes traits : deux roues reliées par un essieu au contact duquel vient un timon, au-dessus une étroite plate-forme sans rambarde, dont l’arrière s’appuie contre l’essieu, supporte le cocher. Le timon est terminé par une courte barre transversale qui serait un joug d’encolure pour les uns, une barre de traction s’appuyant sur le poitrail pour les autres. Cette conception qui déporte le centre de gravité à l’avant de l’essieu, le distingue du char méditerranéen et pourrait l’identifier au char égyptien. Il s’en rapproche par ses roues qui, d’après J. Spruytte et l’expérimentation qu’il a menée, seraient faites, de même, de multiples pièces démontables et remontables sans le moindre outil. Mais il se distingue de ce dernier par divers détails suffisamment importants pour ne pas en être une simple copie. Il dispose d’un timon droit2 alors que le timon du char égyptien est recourbé, ce qui a pour effet de maintenir la plateforme horizontale et non oblique. Il n’existe pas de rambarde, ni de fourchon d’encolure pour passer les guides. Pas plus que pour le cheval, on ne connaît de représentation entre le Tassili n’Ajjer et la vallée du Nil. Ce char n’a nulle part de similaire et aucune des objections émises ne s’oppose à une origine locale : l’idée de la roue est déjà présente dans des peintures rapportables au Bovidien final avec des représentations de puits disposant d’installations rotatives qui facilitent la remontée des récipients. L’originalité de la roue saharienne tient du nombre variable de rayons qui se remarque sur leurs représentations et qui n’est sans doute pas une fantaisie de peintre comme il a été souvent proposé. J. Spruytte a pu montrer que ce nombre influe sur la vitesse du véhicule, un nombre réduit la favorisant. L’âge des chars est une autre question ouverte. Le seul élément de datation serait l’utilisation simultanée du métal, aussi discute-t-on de la nécessité 1 .- Tissot Ch., 1874, Géographie comparée de la province romaine d’Afrique. Imprimerie nationale, Paris, p. 356. 2 .- Les cas de représentation d’un timon recourbé sont très rares  : Wan Tabarakat (Tadrart), Oued Djerat (Tassili n Ajjer).

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Vers une organisation urbaine de l’utiliser afin d’avoir cet ancrage chronologique. Or, les détails portés par les peintures de char ayant permis à J. Spruytte d’en reconstruire un, ses expériences montrant qu’il pouvait être fonctionnel sans disposer de la moindre pièce métallique, le cerclage de métal pouvant être remplacé efficacement par un cerclage de peaux préparées à cet effet, font perdre toute valeur à cette possibilité.

Alors que les périphéries du Sahara qui connaissent un afflux de population s’organisent en états avec une rapidité plus ou moins grande, le Sahara où la densité de population est devenue très faible s’organise en confédérations de peuples. Les oasis se développent indépendamment les unes des autres grâce à la culture du palmier et le nomadisme permet aux pasteurs de survivre. Les cultures matérielles s’étiolent : l’outillage de pierre s’appauvrit, la poterie est moins abondante, les surfaces décorées se réduisent sans modifier les motifs. Char et cheval introduisent une nouvelle dynamique en adéquation avec la nouvelle notion d’espace développée par le nomadisme. On ignore leur origine, mais les hypothèses traditionnelles ne répondent plus aux données actuelles et permettent de poser la question de leur origine locale, d’autant que le 1er millénaire av. J.-C verra l’émergence de Germa, capitale des Garamantes, fraction des Libyens célèbre pour ses chars et ses chevaux. Vers le IIème siècle av. J.-C., le chameau interviendra dans la vie saharienne sans que l’on saisisse encore son origine et peu à peu, le cheval en disparaîtra. Le rôle de ce char léger reste incertain. Les premières identifications de char, par leur situation, avaient conduit R. Mauny à concevoir une « route des chars » traversant le Sahara1. Cette hypothèse séduisante a perdu son support avec la multiplication des découvertes et la présence de ces images dans des lieux retirés ou d’accès difficile. Les écrits d’Hérodote faisaient un char de guerre de celui des Garamantes, or aucun n’est connu en telle situation ; par ailleurs, la répartition des chars peints ne se surimpose pas à la contrée attribuée aux Garamantes, ainsi aucune représentation n’a été signalée dans le Messak et les régions plus orientales, régions authentiquement garamantiques et les chars tirés par quatre chevaux dont fait état Hérodote sont rarissimes dans l’art saharien où il n’est attelé qu’à deux chevaux qui sont toujours au galop volant. Limité à une plateforme, le char ne porte que le cocher ; il n’est pas armé, les javelots n’étant jamais lancés ou pointés, aucun auteur ne les envisage comme significatifs d’affrontement. Les auteurs y voient, les uns, un engin de chasse 1 .- Ces tracés auraient préfiguré certains de ceux qui s’épanouiront au Moyen Age avant que le développement des échanges par voie maritime ne les réduisent. Ils pourraient trouver leur origine dans les circuits de colportage reconnus dès le 4ème millénaire.

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Sahara préhistorique ou de parade, les autres de dressage, parfois de déplacement comme le suggère celui de Wan Tabarakat, ou de compétition car l’aurige est souvent en position de victoire ou d’arrêt. Ceci invite à revoir les questions d’origine du char et du cheval et ébranle l’hypothèse d’une population étrangère ayant inféodé la population locale aux 2ème-1er millénaires ; et si elle est retenue, elle ne peut plus être abordée en terme de conquête ou colonisation, elle doit l’être en terme d’interpénétration culturelle. Ceci ne modifie pas l’action probable du cheval, son emploi a créé une nouvelle notion d’espace-temps favorisant le maintien d’une partie de la population saharienne et créant une hiérarchie. Le monde saharien tel qu’il était connu hier, est alors en place. A partir des Vème-IVème siècles av. J.-C. peut-être, le chameau remplace le cheval ; développé à cette époque en Tripolitaine, il aurait été largement répandu à partir du Ier siècle av. J.-C.1.

1 .- Rappelons les divergences de l’ordre de quatre à cinq siècles quant à la date de l’introduction du chameau au Sahara, existent entre les auteurs.

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EPILOGUE Le réchauffement généralisé de l’atmosphère qui intervient à la charnière Pléistocène-Holocène, s’accompagne d’une régression glaciaire et d’une disponibilité plus grande de l’eau. Avec des phases de stationnement et de menues régressions, le niveau de la mer qui avait atteint la cote -120 m, remonte. Des formations de type savane à acacias s’étendent sur le Sahara méridional et central. L’Holocène inférieur a même été assez pluvieux au Sahara méridional pour qu’une multitude de lacs et de mares s’y déploient. Ils disparaissent à l’Holocène moyen au profit d’une steppe riche en Graminées et Composées. Au cœur de l’Ahaggar, la strate arborée qui s’installe, subsistera jusqu’au milieu du 3ème millénaire ; elle traduit une végétation endémique, propre à la haute montagne saharienne et non un continuum de la végétation des bords de la Méditerranée comme ce fut longtemps admis. Elle ne peut donc indiquer un effacement plus ou moins marqué du désert lors des phases humides holocènes. Sur le Sahara septentrional, une pluviosité bien moindre n’a fait naître que des couloirs de végétation le long des oueds venant des versants méridionaux de l’Atlas ; à l’Holocène moyen, ce sera l’inverse, la pluviosité sera plus importante dans le nord du Sahara, mais n’atteindra jamais l’importance qu’elle avait antérieurement dans le sud. Dès le 4ème millénaire, une dégradation des paysages engendrée par une réduction généralisée des pluies, débutera dans les secteurs sensibles, elle se fera à des vitesses différentes, engendrant une mosaïque de paysages. Elle sera perceptible partout au 3ème millénaire et, au 2ème millénaire, le désert aura réinvesti les territoires qu’il occupait au Pléistocène final. La charnière Pléistocène-Holocène est aussi le passage Paléolithique-Néolithique ; il se fait diversement et il est pour le moins singulier de constater que le foyer de néolithisation proche oriental, auquel on attribue la néolithisation du bassin méditerranéen, y compris des îles, n’a pas diffusé sur les rives sud. Les quelques données disponibles pour ces rives n’évoquent que des liens avec le sud. Au tout début de l’Holocène, une phase Epipaléolithique s’est développée ne laissant que des traces discontinues. Elle sera très brève au Sahara central et oriental en raison d’une néolithisation précoce. Depuis quelques décennies, on ne croit plus en effet, à un lieu privilégié où le Néolithique a pris naissance, d’où il s’est répandu sur le reste de la terre. Divers foyers primaires ou initiaux, indépendants, lieux où ont été inventés les facteurs nécessaires à cette nouvelle appréhension du monde, ont été identifiés. Ils appellent une montée globale du psychisme ayant conduit en divers points, en des temps voisins, à la naissance d’idées et pratiques semblables, domestication d’animaux, culture de végétaux,

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Sahara préhistorique fabrication de récipients en terre cuite, inventions qui deviendront fondamentales dans l’histoire des hommes. Ainsi que l’a souligné D. Grébénart, la poterie aura une incidence capitale en favorisant en quelques millénaires, la naissance de la métallurgie par la maîtrise du feu qu’elle a engendrée. Apparue au 4ème millénaire en Egypte, la métallurgie du cuivre se développera aussi à partir de deux autres foyers, l’Aïr au 3ème millénaire, la Mauritanie avec Akjoujt au 2ème millénaire tandis que le fer apparaîtra au 3ème millénaire, avant le cuivre, dans le sud du Sahara. La phase épipaléolithique se déploie en multiples cultures. A l’est, elle s’installe dans les oasis, laissant la vallée aux turbulences du Nil. Elle trouvera son expression la plus remarquée dans le Nord-est maghrébin avec le Capsien qui se développe du 10ème au 5ème millénaire et occupe un vaste territoire. Alors que les autres cultures épipaléolithiques privilégient l’usage des lamelles à dos pour réaliser des outils complexes, le Capsien recherche les microlithes géométriques qu’il produit en fracturant par microburin des lamelles, volontiers standardisées par débitage pression. Il dispose d’un matériel osseux abondant et de belle qualité, s’enrichit d’art mobilier. Les anciens auteurs ont très tôt distingué deux états, Capsien typique et Capsien supérieur et vu ce dernier comme le plus récent. L’intervention des datations a montré leur contemporanéité, le Capsien supérieur ayant débuté avant et duré plus longtemps que le Capsien typique. Avec le Capsien, une population protoméditerranéenne s’installe. Son origine fait problème car on voit de moins en moins de signes de migration dans la culture capsienne, à l’inverse, nombre d’indices traduisent des liens avec les cultures antérieures, ainsi, non seulement la population capsienne, à l’instar des Ibéromaurusiens, pratique l’avulsion dentaire et l’étend à un bien plus grand nombre de dents, mais de même, elle aménage des ossements humains en objets perforants, en masques, elle développe l’usage de types d’outils apparus timidement jusqu’alors... Et l’hypothèse d’un continuum est confortée par la présence d’hommes de Mechta el Arbi dans les niveaux capsiens les plus anciens. Cependant certains anthropologues rejettent la possibilité anatomique d’une filiation Mechta-Afalou Capsien. En 1974, dans Les civilisations préhistoriques de l’Afrique du Nord et du Sahara, G. Camps présentait une donnée récemment identifiée, la présence très ancienne de poteries dans le Sahara central et, en corollaire, l’indépendance du Néolithique africain. Depuis, cette présence s’est doublée d’indices de protoculture et protoélevage qui montrent un processus de néolithisation différent de celui du Proche-Orient avec un ordre d’intervention autre des divers éléments qui font le Néolithique, livrant ainsi un modèle autre de néolithisation. La poterie n’a cessé d’être retrouvée dans des sites de plus en plus anciens ; aujourd’hui, sa présence remonte en fin de 10ème millénaire et l’ampleur du territoire sur lequel elle est connue suggère une origine encore plus lointaine, on tend de plus en plus à la voir au sud, là où une explosion de prairies de graminées intervient au tout début de l’Holocène. De proche en proche, ce Néolithique aurait gagné la totalité des territoires sahariens puis le Tell, rencontrant toutefois au nord, un môle de résistance à l’usage de la poterie, le territoire capsien.

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Epilogue Les premières poteries sahariennes sont de vastes récipients qui évoquent autant des contenants pour réserves que des ustensiles. Leur forme, leur décor permettent souvent d’identifier les cultures et d’en suivre l’évolution. Les formes sphériques des régions méridionales y sont parfois ponctuellement supplantées par celles, coniques, des régions septentrionales, mais toujours tardivement ; au nord de l’Adrar Bous, F. Paris les situe vers 4500 B.P. et R. Vernet vers 4000 B.P. au nord de Nouakchott. D’abord décor dans la masse, de manière générale, le décor évolue par réduction, faisant place au polissage et à des motifs peints, seul le Sahara méridional le conservera en développant des motifs complexes et l’emploi de roulettes. Le passage de la fabrication d’une poterie modelée à une poterie tournée est soupçonné dans la vallée du Nil au cours du Tarifien avec la présence d’une tournette, ancêtre du tour ; ailleurs, celui-ci n’est attesté qu’au Maroc, à l’Age du bronze. Parallèlement à la poterie, un nouvel instrument, l’arc, intervient dans la panoplie lithique saharienne, dès les débuts de l’Holocène. Présent dans l’art de l’Holocène inférieur, il se manifeste dans les sites d’habitat par le biais des têtes de flèche ; vers 9000 av. J.-C, on le trouve à Temet, il manque dans le Sahara oriental, interviendra tardivement et modestement au nord. Il devient courant au 7ème millénaire. Si l’art montre parfois l’affrontement de groupes d’archers, on peut croire qu’il s’agit de jeu et non de rixe, car jamais n’y figure de blessé ou d’homme au sol comme ce sera le cas en fin de Néolithique, moment où, avec le développement du désert, une lutte pour la survie soulignera alors la notion « d’espace vital ». Dans des régions où le Néolithique est précédé d’Epipaléolithique, où l’outillage lithique est diversifié, des modifications singulières peuvent survenir : les outils/armes hautement stéréotypés y font place à des formes variant plus ou moins autour du type, les armes seules restant fortement stéréotypées. Cette apparente désinvolture dans la fabrication des outils traduit une émancipation qui suppose un changement fondamental de la mentalité. Longtemps, on a vu l’origine de la néolithisation du Maghreb dans le Néolithique cardial, courant qui, de Ligurie, bordait les rives nord de la Méditerranée et, passant par l’Espagne, atteignait le nord du Maroc au 5ème millénaire. Au 4ème millénaire, un autre courant venu d’Egypte par le sud aurait apporté le culte du bélier au Maghreb. Les travaux de ces dernières années ont nuancé ou infirmé ces hypothèses. Caractérisé par la décoration de sa poterie, une impression de coquille de cardium, le Cardial alborain restera localisé en bord de Méditerranée, ses manifestations connues les plus orientales sont à Oran ; le Cardial lusitano-marocain, courant un peu plus récent, se développera sur la côte atlantique jusqu’à Rabat. Bien qu’il ait été vieilli, reporté au 7ème millénaire, le Cardial aurait été précédé par un courant méridional de néolithisation, bien sensible à l’ouest et que l’on cherche à suivre. Au courant égyptien porteur du culte du bélier, se substituent des relations plus anciennes et certainement plus fréquentes qui infirment, voire inversent, l’origine de ce culte car il s’y montre beaucoup plus récent qu’au Maghreb. Du Néolithique de tradition capsienne de R. Vaufrey ne subsiste qu’un territoire restreint du nord-est (Constantinois, Tunisie, voire Sahara septentrio-

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Sahara préhistorique nal) ; depuis longtemps, le NTC a explosé au profit de deux grandes entités, Néolithique saharo-soudanais au sud, Néolithique tellien au nord-ouest. Or un site comme Doukanet el Khoutifa, sis en territoire néolithique de tradition capsienne, est d’appartenance tellienne par son industrie lithique ; il pourrait conduire à une révision de la totalité du Néolithique maghrébin. Si la vie néolithique resta longtemps tributaire de la cueillette et de la chasse, des innovations, telles la constitution de réserves, une spécialisation des taches, apparues ou développées au cours du Pléistocène, s’épanouissent et l’élevage, balbutiant à l’Holocène inférieur, 8ème voire 9ème (?) millénaire, s’affirme avec force au 7ème millénaire. Le rapport homme-animal qui posait problème dès l’Ibéromaurusien avec l’importance accordée au mouflon et soulevait la question de son statut, se pose chez les Capsiens pour l’antilope et la gazelle. Des essais de domestication s’avèrent localement nombreux, mais tous n’ont pas eu le même succès. Celui des bovins a connu une réussite remarquable. Des ovins et caprins, on sait seulement qu’ils figurent dans la faune domestique aussi anciennement, voire plus, que les bovins. Leur introduction à partir du Proche Orient, sa date, doivent donc être réexaminées. Des tentatives ont vraissemblablement affecté d’autres animaux, mouflon, girafe, certainement antilope, l’art rupestre les traite en effet d’une manière particulière avec une représentation en ligne. Il en est de même d’Equidés, trop stylisés pour être identifiés, on tendrait à privilégier l’âne, mais les formes figurées ne sauraient éliminer le cheval en raison de la dimension des oreilles. Au cours de l’Holocène moyen, le pastoralisme s’imposera comme mode de vie sur l’essentiel des territoires ; l’art rupestre saharien l’immortalise par les innombrables troupeaux de boeufs qu’il substitue à la faune sauvage. Diverses espèces de blé seront introduites par la culture cardiale. Cependant, l’agriculture n’occupera une place privilégiée que dans la vallée du Nil, ailleurs on dispose de très peu d’éléments, bien qu’en diverses régions, l’importance du matériel de meunerie suggère une place appréciable accordée aux graminées et que les régions méridionales soient vues comme foyer de domestication du mil. L’agriculture pourrait avoir développé des changements fondamentaux dans la pensée des hommes. En distinguant l’espace cultivé de l’espace naturel, la notion de propriété se crée ou se conforte définitivement et des éléments de mathématiques s’ancrent ; on ne peut que suivre Binsberger quand il voit dans le champ et l’évolution de sa forme, la naissance de la géométrie. Des données de plus en plus nombreuses permettent une approche de l’habitat, de son évolution, de ses regroupements. Les isolats mis en évidence par les données culturelles et anthropologiques, s’effaceront à partir du 4ème et surtout du 3ème millénaire quand l’aridité qui s’étend, réduira les pâturages, obligeant une partie de la population à fuir vers les zones périphériques plus clémentes. La densité humaine y passant certain seuil, des bourgades se multiplieront, des cités s’organiseront. Parallèlement, les systèmes sociaux connaitront des transformations majeures. Le développement de l’artisanat traduit en effet une hiérarchie qui conduira à une organisation en cités-états, puis royaumes. Elle se met en place plus ou moins rapidement, probablement sous l’effet de la densité humaine et de la présence d’individus phares : dès le 4ème millénaire dans la

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Epilogue vallée du Nil, seulement au cours des 2ème-1er millénaires av. J.-C. au nord, pour les royaumes libyco-berbères, plus tardivement encore, au 2ème siècle av. J.-C. au sud, avec l’empire du Wanadu. Il est singulier et du plus haut intérêt d’en voir les deux pôles essentiels, la vallée du Nil et celle du Niger, ne pas évoluer de la même manière. Des arrières pays différents, saharien pour l’un, steppique pour l’autre sont-ils seuls en cause ? La crue du Nil a-t-elle eu un impact fondamental ? Ceux qui resteront dans la zone saharienne, connaîtront une évolution autre, avec le développement du nomadisme et la création de confédérations de peuples. Dans le nord du Niger, comme dans le Tassili n’Ajjer, le créneau 4000-3500 B.P. (2600-1700 av. J.-C.) pourrait marquer un important changement attribué à l’intervention du cheval. L’hypothèse traditionnelle de son introduction demande à être étayée, de plus en plus d’indices proposant une domestication locale de celui qui est devenu le cheval barbe. Avec l’intervention du cheval, la société égalitaire (?) des temps bovidiens fera place à une société stratifiée, prémisse de la société touarègue traditionnelle. Grâce au chameau qui intervient au 2ème ou 1er siècle av. J.-C., les hommes se maintiendront dans un milieu extrême, matériellement réduits au minimum, spirituellement d’une extrême richesse. Au cours de l’Holocène, les soins donnés aux morts vont en se généralisant, sans que l’on connaisse le moment où ils affectent la totalité de la population. La tombe gagne en importance, elle est marquée par un tas de pierres plus ou moins grand, plus ou moins complexe, le mobilier prend de l’importance exprimant la notion d’au-delà et permettant le développement d’une archéologie funéraire qui, dans une région comme la vallée du Nil, supplantera les autres études. Ailleurs, un mégalithisme qui, sauf cas particulier, restera de dimensions très modestes, apparu au 6ème millénaire, ne paraît se développer que tardivement au cours du 3ème millénaire. Au nord du Sahara, diverses nécropoles traduiront des implantations étrangères par leurs monuments connus les uns en EspagnePortugal, les autres en Sardaigne et Sicile. Avec l’essor du nomadisme, le royaume des morts s’amplifie, les cimetières se multiplient et le regroupement de tombes devient de plus en plus imposant. En traduisant un point d’attache pour ces populations que l’aridité a conduit à parcourir de grands espaces pour survivre, ils soulignent fortement pour l’homme, la nécessité d’un ancrage à la terre. Un regard global sur les temps holocènes peut être porté par le grand nombre de dates radiocarbone obtenues pour le Sahara oriental. Il montre avec une forte probabilité un peuplement dense entre 8500 et 7500 B.P. (7600 et 6400 av. J.-C.), suivi d’un très fort dépeuplement entre 7600 et 7300 B.P. (6500 et 6200 av. J.-C.), puis un repeuplement atteignant son maximum entre 6700 et 6300 B.P. (5660 et 5260 av. J.-C.) pour décroître de manière irrégulière jusqu’à devenir insignifiant vers 3800 B.P. (2220 av. J.-C.). Bien qu’aucune autre région ne dispose de données comparables, les concordances entre ces variations et les changements climatiques permettent d’envisager un schéma semblable pour l’ensemble du Sahara. Il met en valeur des moments critiques à grandes migrations qui modifient totalement le paysage humain. Le Néolithique ancien naîtra d’une migration d’expansion des débuts de l’Holocène, il s’effacera au milieu

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Sahara préhistorique du 7ème millénaire lors des quelques siècles arides mi-holocènes, une migration de survie apportera alors à la vallée du Nil les mythes du Néolithique saharo-soudanais. Une nouvelle migration d’expansion lors de la période favorable de l’Holocène moyen développera le Néolithique pastoral, puis, l’aridité actuelle engendrant à nouveau le désert, le 3ème millénaire verra une nouvelle migration de survie, vers le sud et l’ouest. Appuyés par les indications issues de l’art rupestre, divers types humains, soudanais, méditerranéen, mechtoïde ont pu être identifiés ; tout au long de l’Holocène, ils se côtoient, s’imbriquent et, dans la vallée du Nil, un type éthiopien se met en place à partir du 4ème millénaire. De plus en plus de données, datations directes ou indirectes, permettent la mise en relation de l’art rupestre et des cultures reconnues durant cette période, soustrayant ainsi ces dernières au seul aspect technologique, les enrichissant d’informations inhabituelles et parfois, par la qualité exceptionnelle de cet art, appelant de brillantes civilisations. Ainsi, l’art des Têtes rondes comme l’art bovidien ont pu être reliés à des vestiges matériels Late Akakus, pour l’un, bovidiens pour l’autre. Quoiqu’ésotérique, l’art des Têtes rondes livre parfois au travers de ses pratiques des informations immédiatement compréhensibles. A l’inverse, l’art bovidien, figuratif, chronique de la vie saharienne, n’en reste pas moins chargé d’un sens profond que le biais de l’ethnographie permet à peine d’entrevoir. L’art n’est pas seul à souligner la richesse spirituelle et le niveau de savoir des populations holocènes. Dès la fin du 6ème millénaire, le « cercle-calendrier » de Nabta Playa traduit un niveau élevé de connaissance astronomique ; il montre l’importance que la population du désert accordait aux astres et le développement d’un phénomène religieux autour d’eux. Ainsi, en seulement 3 millions d’années, l’homme a acquis le langage, conquis le feu, découvert la symétrie et peut-être avec elle l’opposition, reconnu la notion de temps ; le symbolisme a imprégné sa vie. Il a appris à circuler sur l’eau, inventant des bateaux de plus en plus performants. Devenu producteur, il s’éloigne définitivement du parcours traditionnel d’une espèce : de plus en plus indépendant de la nature, il crée autour de lui une sphère culturelle de plus en plus large, il prolonge son temps moyen de vie, se multiplie jusqu’à poser des problèmes d’espace vital atteignant une acuité particulière dans la zone saharienne lors du développement du désert, il apporte de plus en plus de soins à ses morts, élargit le moyen de communication qu’est l’art, expression de sa pensée symbolique, en inventant l’écriture. Avec elle va naître la bibliothèque, nouvelle mémoire de l’homme à l’expansion infinie.

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ANNEXES

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LA TERMINOLOGIE ET LES LISTES-TYPES Une terminologie précise est un impératif car elle permet des comparaisons fiables de la manière la plus simple et la plus efficace. Elle suppose que chaque terme soit clairement défini. Elle a conduit à des listes-types qui, depuis des décennies, ont permis de formidables avancées de la Préhistoire africaine. Non seulement, elles ont consolidé un vocabulaire commun, mais elles permettent d’établir des similitudes entre les sites par le biais de l’importance accordée aux outils ou armes utilisés et, ainsi, de définir les cultures, les divers moyens d’obtention d’un même outil ou arme conduisant par l’approche du geste à des subdivisions complémentaires. Pour l’Epipaléolithique, la liste-type la plus courante, établie par J. Tixier en 1963, conserve encore toute sa pertinence bien qu’à l’usage elle montre des types peu significatifs ou assez rares pour perdre leur intérêt. Elle est rapportée T. I. Pour le Néolithique, nous proposons celle qui a été établie par le collectif des néolithiciens d’Alger. Les travaux menés jusqu’à présent donnent à penser que des formes nouvelles, parfois typiques, peuvent encore être découvertes dans les régions non étudiées. Afin de faciliter leur insertion dans une liste-type, il a été préféré une suite de groupes qui donne plus de souplesse pour intégrer de nouveaux types. Ne sont précisées ci-dessous que les types n’existant pas dans l’Epipaléolithique.

Liste typologique pour le Néolithique I. Grattoirs 1.- Grattoir sur éclat (simple, retouché, à coche) 2.- Grattoir circulaire 3.- Grattoir nucléiforme ou rabot 4.- Grattoir denticulé 5.- Grattoir à épaulement ou à museau 6.- Grattoir simple sur lame ou lamelle 7.- Grattoir sur lame à bord abattu 8.- Grattoir double II. Perçoirs 1.- Perçoir simple 2. Perçoir double 3.- Perçoir sur lamelle à bord abattu 4.- Perçoir sur pièce foliacée : « pièce à retouches envahissantes généralement bifaciales présentant une ou plusieurs saillies aiguës dégagées par retrouches bilatérales » 5.- Mèche de foret, deux sous-types : - à retrouches abruptes - pointes de Labied : « pièce à silhouettte élancée, section triangulaire obtenue par retouches envahissantes, couvrantes ou partielles, l’épaisseur de la pièce étant toujours supérieure ou au moins égale à la moitié de la largeur » III. Burins 1.- Burin dièdre, deux sous-types : - d’axe ou incliné

- d’angle 2.- Burin d’angle sur cassure 3.- Burin multiple dièdre 4.- Burin d’angle sur troncature rectiligne normale, rectiligne oblique, concave ou convexe 5.- Burin multiple sur troncature 6.- Burin multiple mixte 7.- Burin nucléiforme 8.- Burin sur lame à bord abattu IV. Eclats et lames à bord abattu 1.- Eclat ou lame à bord abattu rectiligne 2.- Eclat ou lame à bord abattu arqué 3.- Eclat ou lame à bord abattu partiel 4.- Lame à cran 5.- Fragment d’éclat ou lame à bord abattu 6.- Eclat ou lame à retouche Ouchtata V. Lamelles à bord abattu 1.- Lamelle aiguë à bord abattu rectiligne 2.- Lamelle aiguë à bord abattu rectiligne et base arrondie 3.- Lamelle aiguë à bord abattu rectiligne et base tronquée 4.- Pointe de Mechta el-Arbi 5.- Lamelle aiguë à bord abattu rectiligne et base retouchée 6.- Pointe d’Aïn Keda 7.- Pointe de Temassinine : « lamelle aiguë à bord abattu rectiligne ar retouches abruptes, de

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Annexes silhouette très élancée, présentant sur la totalité ou partie du bord opposé au dos, des retouches envahissantes, couvrantes ou partielles, unifaces ou bifaces, pouvant produire une denticulation » 8.- Aiguillon droit 9.- Chute de burin à retouches abruptes 10.- Lamelle à tête arquée 11.- Lamelle à bord abattu arqué 12.- Lamelle à bord abattu gibbeux 13.- Lamelle à bord abattu et base rétrécie 14.- Pointe de La Mouillah, deux sous-types : - à bord abattu - à bord abattu partiel (pte de Tamar Hat) 15.- Lamelle à bord abattu partiel 16.- Lamelle à cran 17.- Fragment de lamelle à bord abattu 18.- Lamelle obtuse à bord abattu 19.- Lamelle à deux bords abattus 20.- Lamelle scalène 21.- Lamelle à retouche Ouchtata VI. Pièces à coches 1.- Grosse pièce à coche ou étranglement 2.- Eclat à coche(s) ou denticulation(s) clactonienne(s) 3.- Eclat à coche(s) ou denticulation(s) retouchée(s) 4.- Lame ou lamelle coche(s) ou denticulation(s) clactonienne(s) 5.- Lame ou lamelle coche(s) ou denticulation(s) retouchée(s) 6.- Scie 7.- Pièce à coche(s) ou denticulation et retouche continue VII. Racloirs 1.- racloir simple rectiligne : « éclat, lame, lamelle ou plaquette à retouche plane ou semi abrupte définissant un bord rectiligne » 2.- Racloir simple convexe : « éclat, lame, lamelle ou plaquette à retouche plane ou semi abrupte définissant un bord convexe » 3.- Racloir simple concave ; « éclat, lame, lamelle ou plaquette à retouche plane ou semi abrupte définissant un bord concave » 4.- Racloir transversal : « éclat dont l’extrémité distale, parfois proximale a été aménagée en racoir rectiligne, convexe ou concaves » 5. Racloir double : « éclat, lame, lamelle ou plaquette portant un racloir sur chaque bord, les deux racloirs ne se rejoignant pas » 6.- Racloir simple sur lame ou lamelle : « lame ou lamelle portant sur un bord un racloir le plus souvent rectiligne » 7.- Racloir double sur lame ou lamelle ; « lame

ou lamelle portant un racloir, le plus souvent rectiligne » 8.- Racloir convergent : « éclat ou plaquette, rarement lame ou lamelle, portant sur chaque bord un racloir, les deux racloirs se rejoignant ». Il existe plusieurs sous-types : - limace : « lame épaisse de section triangulaire, portant sur la totalité du pourtour une retouche par pression » - racloir-pointe : « lorsque l’angle déterminé par les deux racloirs est aigu et dans l’axe de la pièce » - racloir déjeté : « lorsque l’angle déterminé par les deux racloirs est aigu et déporté par rapport à l’axe de la pièce » - racloir circulaire : « lorsque la retouche qui donne naissance au racloir s’étend à la totalité du contour du support » 9.- Racloir su face plane : « éclat, rarement lame ou lamelle portant un racloir façonné par retouche inverse » 10.- Racloir à retouche bifaciale : « éclat, lame, lamelle ou plaquette portant généralement sur un bord, un racloir façonné par une retouche qui se développe plus ou moins sur chaque face » 11.- Racloir alterne : « éclat, lame, lamelle ou plaquette dont chaque bord porte un racloir obtenu par retouche directe sur l’un, inverse sur l’autre » VIII.- Outils composites 1.- Grattoir-burin : « pièce associant un grattoir (d’un des types définis au groupe I) à un burin (d’un des types définis au groupe III) » 2.- Grattoir-scie : « pièce associant un grattoir (d’un des types définis au groupe I) à une scie » IX.- Troncatures 1.- Pièce à troncature simple : « lame ou lamelle présentant une retouche à une extrémité » 2.- Pièce à troncature double : « lame ou lamelle présentant une retouche à chaque extrémité, elle se distingue du trapèze par ses dimensions, sa longueur (mesurée à mi-hauteur) est supérieure à 3,5 cm » 3.- Pièce à troncature et base ogivale retouchée X.- Microlithes géométriques 1.- Segment ou demi-cercle 2.- Trapèze isocèle 3.- Trapèze dissymétrique 4.- Trapèze à un côté concave 5.- Trapèze à deux côtés concaves 6.- Trapèze à un côté convexe 7.- Trapèze à deux côtés convexes 8.- Triangle isocèle ou équilatéral

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Sahara préhistorique 9.- Triangle scalène 10.- Triangle scalène 11.- Triangle à un côté concave 12.- Triangle à deux côtés concaves 13.- Triangle à un côté convexe 14.- Triangle scalène allongé 15.- Scalène-perçoir 16.- Triangle scalène allongé à angle arrondi 17.- Scalène-perçoir à angle arrondi 18.- Pointe d’Izimane : « petite pièce trapézoïdale ou triangulaire présentant deux troncatures, l’une oblique obtenue par retouche abrupte directe, l’autre convexe ayant l’aspect d’un front de grattoir obtenue par retouche semi-abrupte microlamellaire reprise par petite retouche écailleuse. La base souvent brute de taille est parfois denticulée » 19. - Pointe de Foum Seïada : « courte lamelle à dos ou partie distale arquée, à sa base, une coche qui occupe toute la largeur, dégage une soie déjetée (fig. 89) ». 20.- Pointe de Tafaya : « microlithe géométrique à silhouette subtrapézoïdale dont la petite base porte des retouches inverses déterminant avec le petit côté, concave, un angle aigu et dont le grand côté porte un piquant (fig. 89) » 21.- Rectangle: « petite pièce ayant la silhouette d’un carré, rectangle, trapèze ou paralléllogramme, retouché sur trois côtés. Les angles peuvent être atténués mais restent marqués » XI.- Technique du microburin 1.- Lame ou lamelle à piquant-trièdre 2.- Microburin 3.- Microburin Krukowski XII.- Têtes de flèche 1.- Armature triangulaire à base rectiligne : « petite armature obtenue par retouche envahissante sur les deux faces, à arêtes et base rectilignes, les arêtes peuvent être denticulées ». 2.- Armature triangulaire à base concave : « petite armature obtenue par retouche envahissante sur les deux faces, à arêtes rectilignes pouvant être denticulées et base concave ». 3.- Armature triangulaire à base concave et ailerons arrondis : « petite armature obtenue par retouche envahissante sur les deux faces, à arêtes rectilignes ou convexes pouvant être denticulées, à base excavée et dont les ailerons sont ovalisés ». 4.- Armature triangulaire à base convexe : « petite armature obtenue par retouche envahissante sur les deux faces, à arêtes rectilignes, convexes ou concaves, portant ou non des denticulations et à base convexe déterminant un angle avec chaque arête ».

5.- Armature foliacée : « petite armature à symétrie bilatérale, façonnée par retouche envahissante dont le corps est compris entre deux lignes courbes opposées par leurs arcs ». 6.- Armature foliacée : « petite armature à symétrie bilatérale, façonnée par retouche envahissante dont le corps est compris entre deux lignes courbes opposées par leurs arcs et dont la largeur est supérieure aux deux tiers de la longueur ». 7.- Armature pédonculée : « petite armature de forme triangulaire façonnée par retouche envahissante, supportée par un pédoncule issu du milieu de la base. Les arêtes peuvent être rectilignes, convexes ou concaves, elles peuvent porter des coches ou des denticulations ». Un sous-type : - pointe du Tilemsi : « petite armature pédonculée à limbe triangulaire, faite sur pointe Levallois, l’extrémité est acérée, le pédoncule court, dégagé par une denticulation due à des retouches bifaciales » 8.- Armature pédonculée étroite : « petite armature de forme triangulaire façonnée par retouche envahissante, à corps long et étroit, supportée par un pédoncule issu du milieu de la base. Les arêtes peuvent être rectilignes, convexes ou concaves, elles peuvent porter des coches ou des denticulations ». 9.- Armature losangique : « petite armature façonnée par retouches envahissantes bifaciales, ayant la forme de deux triangles opposés par un côté ». 10.- Armature à tranchant transversal : « petite armature façonnée par retouches envahissantes ou semi-abruptes dont la partie active est une arête coupante ». La forme de celle-ci définit deux sous-types : - à tranchant rectiligne (il peut être faiblement convexe ou concave), l’armature est alors triangulaire ou trapézoïdale - à tranchant curviligne, la forme la plus fréquente est un disque. 11.- Armature sur fragment de lamelle brute : « armature de type quelconque obtenue à partir d’un fragment de lamelle dont seule la silhouette a été transformée ». 12.- Armature à écusson : « armature de petite dimension dont le corps est généralement un fragment de lamelle sans retouche, terminée à chaque extrémité par une pointe obtenue par retouches abruptes ou obliques, rarement envahissantes ». 13.- Fragments : « partie d’armature obtenue par retouche envahissante ne pouvant être classée dans un des types du groupe ». 14.- Pointe d’Enji : « petite armature de formes

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Annexes variées, souvent triangulaire, en schiste ou grès fin, entièrement polie, elle peut être denticulée, présenter un très court pédoncule ». XIII.- Pièces foliacées 1.- Très grande pièce foliacée : « très grande armature (la longueur est supérieure à 11 cm) obtenue par retouches envahissantes bifaciales, généralement symétrique ». La forme des extrémités détermine trois sous-types : - en pointe - ovalaire - dissymétrique nommée souvent couteau 2.- Pièce foliacée en pointe : « grande armature obtenue par retouche envahissante bifaciale, à symétrie bilatérale, terminée en pointe à une ou aux deux extrémités ». 3.- Pièce foliacée ovalaire ou arrondie : « grande armature obtenue par retouche envahissante bifaciale, à symétrie bilatérale, dont une extrémité ou les deux sont de forme ovalaire ou arrondie ». 4.- Pièce foliacée à dissymétrie bilatérale : « grande armature obtenue par retouche envahissante bifaciale, définie par deux lignes courbes opposées par leurs arcs dont l’un est toujours plus convexe que l’autre. Les extrémités sont en pointe ». Un sous-type : - feuille d’Azmir : « pièce foliacée à retouche envahissante bifaciale, dont les bords sont repris secondairement sur une face par retouches obliques subparallèles ». 5.- Pièce unifaciale : « grande armature de formes diverses obtenue par retouche envahissantes sur une seule face ». 6.- Fragment : « fragment d’armature rapportable au groupe XIII et ne pouvant être classé dans un des types définis ».

7.- Pièce foliacée à retouches épaisses : « grande armature de formes diverses, plus généralement ovalaire, due à des enlèvements épais couvrant totalement ou partiellement les faces ». XIV.- Haches. Herminettes 1.- Hache taillée : « pièce en forme de trapèze isocèle obtenue par retouches envahissantes souvent écailleuses, déterminant un tranchant (généralement la grande base) curviligne, plus rarement rectiligne, symétrique. Le talon (généralement la petite base) est souvent arrondi ». 2.- Hache polie : « pièce de forme diverses trapézoïdale, rectangulaire, triangulaire, en boudin, totalement ou partiellement affectée par un polissage qui détermine à une extrémité un biseau symétrique dont le tranchant est rectiligne ou curviligne ». 3.- Microhache : « pièce généralement de forme trapézoïdale ou rectangulaire, entièrement polie, ayant un biseau à tranchant rectiligne ou curviligne à une de ses extrémités et dont la longueur n’excède pas 5 cm ». 4.- Herminette : « pièce de formes diverses trapézoïdale, rectangulaire, triangulaire, en boudin, totalement ou partiellement polie, terminée à une de ses extrémités par un biseau asymétrique à tranchant rectiligne ou curviligne ». XV.- Divers 1.- Pièce esquillée 2.- Pièce à retouche continue 3.- Pointe d’Ounan 4.- Pièce à languette 5.- Divers.

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Fig. 89 – Pièces néolithiques caractéristiques : 1, 2) trapèzes échancrés ; 3) pointe d'Izimane ; 4) grattoir à pédoncule ; 5) pointe de Foum Seïada ; 6) flèche oiseau ; 7 à 9) pointes de Tarfaya ; 10, 11) pointes de Tin Bordal ; 12, 13) pointes du Tilemsi ; 14) pointe d'Enji ; 15) pointe d'Enji denticulée ; 16) pointe de Temassinine ; 17) pointe de Labied ; 18) pointe de Taoulekt ; 19, 20) pointes mogadoriennes ; 21) pointe d'Ounan-Harif ; 22) tranchet ; 23, 24) pointes de Toulkine. Origine : 1, 2) Vigne Serrero (Cadenat in Libyca 1969) ; 3) Oued Labied (Aumassip 1967) ; 4, 13) Tahébanat (Gaussen 1988) ; 5) Hassi Manda (Mateu 1964) ; 6) Nilkit Mich II (Gaussen 1988) ; 7 à 9) Site 19 (Grébénart in L'Epipaléolithique méditerranéen 1975) ; 10, 11) Tin Bordal, 12) Tin Arabou, 14, 15) (Vernet 1993) ; 16) El Bayed, 17) Oued Labied (Aumassip 1986) ; 18) Site TR-15 (Onrubia in Le bassin de Tarfaya 1996) ; 19, 20) Cap Sim (Souville in Mélanges Balout 1980) ; 21) E-80-1 (Close 1984) ; 22) (Barich in Origini 1984-87) ; 23, 24) Toulkine (Glory in Actes 2ème Congrès panafricain 1955).

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Annexes

Fig. 90 – Principaux motifs décorant l'œuf d'autruche. Le décor des tests d'œuf d'autruche peut se ramener à des points ronds ou allongés, diversement disposés (1 à 5), à des traits droits simples (6), parallèles (7) divergents (8) ou en hachures (9), à des courbes (10), festons (ou vagues quand les angles ne sont pas marqués) (11) et cercles (12). Les traits peuvent avoir des franges, être ciliés (13) ou pectinés (14) ; ils peuvent déterminer un quadrillage (15, 16), un scalariforme (17, 18), un scalariforme contrarié (19), un losangé (20, 21), un désordonné (22), des lignes brisées (23 à 26). Ces motifs sont parfois combinés en décors complexes (27, 28), parfois en décors animaliers (29). (Origine : 1) Djebel Hamra ; 2, 25) Site 7015 ; 3) Djebel Mazoui ; 4, 5, 13, 20, 27, 29 ) Redeyef ; 6) Site 6906 ; 7) Lalla ; 8) Site 6910 ; 9) Abri Clariond ; 10, 21, 24) Hassi Mouillah ; 11) Site 6710 ; 12) Redeyef; 14) Site 6709 ; 15) Bou Aïchem ; 16, 26, 28) Djebel Hamra ; 17) Bir Hamaraïa ; 18) Hassi Manda ; 19) Kifène ; 22) Site 6701 ; 23) Oued Mya (d'après Camps-Fabrer 1966).

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Fig. 92a – Principaux motifs de décoration des poteries. Le décor des poteries peut se réduire à deux types essentiels de motifs, la ponctuation lorsque le motif offre des discontinuités, le trait quand il est continu, ces deux types pouvant interférer dans un même motif. Selon la forme de l'instrument, la manière dont il est utilisé, l'aspect résultant varie ; la plupart de ces aspects ont reçu une dénomination. Les motifs de ponctuations sont dits : semis (1, 2) quand les ponctuations sont identiques et en nombre, une variété est le nid d’abeilles (3) quand le point est gros et disposé en quinconce ; woven mat quand les points tendent à dessiner des lignes (4, 6) qui peuvent être arquées (5), lignes de points (7) quand les ponctuations forment des droites ou des courbes éloignées ; pastilles (8) quand les points sont en relief ; fausses perforations (9, 10) quand les ponctuations sont profondes ; guilloché (11 à 13) quand la ponctuation est de forme allongée (elle prend des noms particuliers selon son aspect, une variété est la lunule (11) quand les ponctuations sont semi-circulaires) ; palmettes (14) quand la ponctuation est une juxtaposition de vastes plages comme celles obtenues par un dos de bivalve. Les motifs de traits sont dits : bâton (15, 16) quand le trait est large et court (il est aussi dit tiret quand le bâton est horizontal) ; hachures (17) quand les traits sont étroits, courts et parallèles, ils peuvent être pointillés (18, 19) ; ils sont dits crénelées (20) quand le trait est court et en zigzag ; croquet (21) quand le motif, en relief, est déterminé par une ligne droite et une ligne brisée ; chevron (22) quand les traits, courts et obliques, dessinent un angle ou une suite d'angles ; arcs (23) qui peuvent être pointillés quand les traits sont courbes ; vagues (24, 25) quand les lignes sont ondulées et régulièrement espacées ; herringbones (26 à 28) quand des lignes brisées sont serrées et emboîtées, les lignes pouvant être filetées (26, 28) ; festons (29, 30) quand des arcs jointifs dessinent une guirlande. (Origine : 1) Uan Muhuggiag ; 2) Tagalagal ; 3, 26) Mankhor ; 4, 27) Borkou ; 5) Hawach Safa ; 6, 17, 18, 28) Akakus ; 7) Tin Torha ; 8) Kirkissoy ; 9, 22) Batterie espagnole ; 10) In Taylalen II ; 11) inconnu ; 12) Khanguet Si Mohamed Tahar ; 13) Troglodytes ; 14) Mugharet el Aliya ; 15) Site 707 ; 16) Bou Zabaouine ; 19) Tin Hanakaten ; 20) Grotte du Midi ; 21) In Taylalen I ; 23, 25) Les Aiguades ; 24) MK42 In Sakane ; 29) Oued Saïda ; 30) Tin Hanakaten.

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Fig. 92b - Principaux motifs de décoration des poteries (suite). incised wavy line (31 à 33) quand le motif est un groupe de lignes ondulées resserrées, dotted wavy line (34, 35) quand les lignes ondulées sont pointillées ; écailles (36) quand des groupes d'arcs emboîtés s'appuient les uns sur les autres ; dents (37, 38) quand le motif dessine une ligne brisée, elles peuvent être pointillées (39) ou striées (40) quand le trait est discontinu, elles peuvent être en relief (41) (elles se distinguent du croquet qui est dissymétrique cf 21) ; flammes (42 à 44) quand le motif précédent est arqué et, comme les dents, peuvent être pointillées (43), crénelées (44) ; cannelures (46) quand le trait est profond qui deviennent un trait (47) quand le motif, incisé, est étroit ; pseudo-cordés (49, 50) quand des cannelures ou des traits portent à intervalles réguliers des impressions obliques souvent arquées, galon (45) quand le trait (ou un groupe) est large et peu profond ; fileté (48) quand le trait peu profond offre une ponctuation régulière et serrée ; éventail (51) quand les traits sont divergents ; cordon (52, 53) quand une bande étroite qui peut ou non être décorée, est en relief ; croisillons (54, 55) quand des lignes droites s'entrecroisent, une variante est un motif de damier (56, 57) lorsque la surface initiale apparaît en relief, pied de poule (58, 59) quand le motif du damier dispose d'excroissances, boulier (60) quand un motif pied de poule est disposé en lignes séparées par un étroit registre (une variété est le type Leiterband, quand l'un des registres présente des ponctuations allongées, souvent en forme de triangle) ; vannerie (61, 62) quand le décor évoque l'une d'elles, ridé ou crépé (63) quand des traits larges et courts s'enchevêtrent irrégulièrement à la manière d'un crêpe. (Origine : 31, 36) Saggai ; 32) Shaheinab ; 33, 35) Délébo ; 34) Amekni ; 37, 42) Tagalagal ; 38) Tin Torha ; 39) Kiseiba ; 40) Mugharet el Aliya ; 41) Tin Hanakaten ; 43) Fochi 2 ; 44) Mugharet el Khail ; 46, 47, 52) Kirkissoy ; 49) Première sebkha ; 50) Les Perles ; 45) Rhar oum el Fernam ; 48, 63) Shin Ajeyn ; 51) Geili ; 53) Mugharet es Saifiya ; 54, 56, 57) Akakus ; 55) Djado ; 60) MK36 ; 58) Orub ; 59) Tagnout Chaggeret ;61) Uan Muhuggiag ; 62) Mankhor.

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Fig. 91 - Classification des formes de poteries (d’après Ecole européenne Datation, Caractérisation des céramoques anciennes. Bordeaux, 1984).

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TABLEAU RéCAPITULATIF DES DATATIONS Les dates géologiques sont en italiques. * : dates non retenues par les auteurs. A-Fozzigiart : 4990±50 BP (3802-3702 BC) Abalessa : 1480±130 BP (AD 430-670 ) Abou Tamsa : 6605±40 BP (5314-4874 BC) (Pa2468) Abou Tamsa : 7275±40 BP (5931-5562 BC) Abou Tamsa : 7695±60 (6380–5960 BC) (Pa2472) Abouleg : 5090±80 BP (3960-3800 BC) (UW88) Abouleg : 6860±100 BP (5840-5660 BC) (UW89) Abu Darbein : 7700±40 BP (6580-6470 BC) (T5728) Abu Darbein : 8640±120 BP (7910-7550 BC) (T8624) Achakar (restes humains) : 1505±35 BP (AD 540-620 ) Achakar : 5630±80 BP (4540-4360 BC) AMS Achakar : 6900±600 BP (5550-4350 BC) TL Acheïl AC1 : 3960±40 BP (2560-2350 BC) (Alg) Acheïl AC1 : 4410±140 BP (3330-2900 BC) (Alg) Achir : 2375±130 BP (760-370 BC) Achir : 2520±120 BP (800-430 BC) Adaïma : 4260±95 BP (3260-3240 BC) (Ly7692) Adaïma : 4875±40 BP (3700-3640 BC) (Ly7691) Adrar Bous (inhumation Bos) : 5760±300 BP (49904260 BC) (UCLA1658) Adrar Bous I (inhumation Bos) : 6200±200 BP (53404860 BC) (Pa753) Adrar Bous I (amas osseux) : 6325±300 BP (56004860 BC) (Pa330) Adrar Bous III : 5130±300 BP (4320-3650 BC) (Sa100) Adrar Bous 10 : 10210±720 BP (8950-7510 BC) (BDX1088) TL Adrar Bous 10 : 10500±730 BP (9250-7790 BC) (BDX1088) TL Adrar Gueldaman : 6120±35 BP (5180-5010 BC) (SacA36981) Adrar Gueldaman : 3945±30 BP (2500-2380 BC) (SacA39409) Adrar n’Kiffi : 7310±120 BP (6330–6020 BC) (T361) Adrar n'Zerzem (tumulus): 1430±35 BP (AD 590638) (Hela 1484) Afunfun : 3800±90 BP (2400-2050 BC) (Mc2401) Afunfun 162 : 2520±90 BP (790-530 BC) (Mc2403) Afunfun 162 : 2800±90 BP (1040-840 BC) (Mc2404) Afunfun 175 : 3100±70 BP (1440-1260 BC) (Gif5173) Afunfun 175 : 3800±90 BP (2400-2050 BC) (Mc2401) Afunfun 175 : 3920±90 BP (2560-2240 BC) (Mc2398) Afunfun 175 : 4140±90 BP (2870-2600 BC) (Mc2399) Afunfun 179: 3030±100 BP (1410-1130 BC) (Gif 5178) Agorass in Tast : 7710±500 BP (8210-7210 BC) (UCLA1658) Aïn Boucherit: 5120±310 BP (4260-3580 BC) (Ny76) Aïn Boucherit : 5400 BP (Alg7) Aïn Boucherit: 6800±150 BP (5860-5590 BC) (Mc209) Aïn Boucherit: 7000±150 BP (6020- 5750 BC) (Mc210) Aïn Dokkara: 7090±100 BP (6030-5840 BC) (Mc 340) Aïn Dokkara: 8530±100 BP (7700-7480 BC) (Mc 339)

Aïn Guettara: 5935±140 BP (5000-4620 BC) (Gif1223) Aïn Guettara : 5950±100 BP (4990-4620 BC) (Mc279) Aïn Misteheyia : 4230±370 (4600–3860 BC) (UW1875) Aïn Misteheyia: 4890±80 BP (5725-5490 BC) (TO12194) Aïn Misteheyia : 5000±200 BP (5990 9475 BC) (PtaMC1225) Aïn Misteheyia : 7280±115 BP (6230-6020 BC,) (I7690) Aïn Misteheyia : 7725±120 BP (6680-6440 BC,) (I7781) Aïn Misteheyia : 9805±160 BP (9600-8840 BC) (I9824) Aïn Naga : 7500±220 BP (6570-6080 BC) (Gif1221) Aïn Naga : 8900±280 BP (8290-7610 BC) (Alg) Aïn Naga : 9300±300 BP (9120-8240 BC) (Alg) Akreijit : 2430±80 BP (760-400 BC) (Gif6083) Akreijit : 3776±120 BP (2400-1980 BC) (Dak52) Amm Adam Group : 6215±75 BP (5270-5070 BC) Amekni : 5500±250 BP (4590-4000 BC) (Gif464) Amekni : 8050±80 BP (7180-6820 BC) (UW87) Amekni : 8670±150 BP (7960-7580 BC) (Mc212) Amzri : 2380±60 BP (760-390 BC) Anezrouft : 3920±100 BP (2560-2210 BC) (Pa172) Areschima (bazina) : 3180±100 BP (1600-1320 BC) (Gif3639) Areschima : 4470±110 BP (3350-3020 BC) (TIWL) Areschima : 4480±80 BP (3340-3030 BC) (Pa) Arkana Terrasse : 5565±125 BP (4540-4250 BC) (Ly5489) Arlit : 4530±110 BP (3490-3030 BC) (Gif2289) Arlit : 5380±130 BP (4340-4050 BC) (Gif3057) Ashech III (=Site 6910) : 5300±230 BP (4350-3810 BC) (Alg32) Ashech G2 : 5125±140 BP (4220-3710 BC) (ALG55) Atbara KG28 : 2755±107 BP (1020-800 BC) (SMU1187) Atbara KG28 : 4727±154 BP (3700-3140 BC) (SMU1201) AZ20 : 6540±130 BP (5620-5370 BC) AZ21 (In Sakane) : 3600±180 BP (2200-1690 BC) (Gif5441) AZ21 (In Sakane) : 3990±130 BP (2840-2290 BC) (Gif5442) AZ22 : 6605±140 BP (5660-5380 BC) AZ41 (In Sakane): 6760±130 BP (5770-5530 BC) (UQ) AZ54 : 6010 ± 120 BP (5050-4730 BC) Azelik site 210 : 2040±90 BP (170 BC-AD 50) (Gif3863) Azelik site 210: 2490±90 BP (780-430 BC) (Gif4175) Badarien : 5730 ± 100 BP (4830- 4560 BC) Bamendil-Gara Driss : 5190±70 BP (4220-3820 BC) (UW388) Bardagué : 6435±225 BP (5620-5080 BC) (Hv2773)

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Annexes Bardagué (restes humains) : 6930±370 BP (62005480 BC) (Hv2195) Bardagué : 7455±180 BP (6450-6100 BC) (Hv2775) Berouâga : 6700±200 BP (5800-5430 BC) (Pa1576) Bonh Behl (=Site 6601) : 6290±120 BP (5460-4850 BC) (Mc399) Bordj Mellala I : 6950±120 BP (5980-5730 BC) (Mc809 et Mc811) Bordj Mellala I : 7125±120 BP (6160-5840 BC) (Mc810) Bordj Mellala II : 8070±100 BP (7230-6820 BC) (UW389) Bortal Fakher : 6930±200 BP (5990-5640 BC) (L) Bortal Fakher : 7600±200 BP (6650-6220 BC) (L) Botma Si-Mammar : 6880±100 BP (5840-5640 BC) (Mc328) Bou Aïchem : 9700±400 BP (9870-9700 BC) (Alg26) Bou Aïchem : 10 215±400 BP (10520-9350 BC) (Alg25) CM Bou Guennouna : 3400±80 BP (1870-1530 BC) (Gif 6491) Bou Guennouna : 3820±90 BP (2460-2140 BC) Bou Zabaouine: 4375±145 BP (3330-2880 BC) (Alg39) Cap Manuel : 2880±80 BP (1200-900 BC) (T724) Cansado : 6000±60 BP (4961-4825 BC) (Pa2065) Cansado : 7480±130 BP (6459-6225 BC) (NIA336) Chaâba Bayda : 9560±100 BP (8962±167 BC) (Gif6828) Chabet el Houidga : voir Saint Trivier Chami : 2100±180 BP (370 BC-AD 60) (Gif2163) Chami : 2290±130 BP (590-200 BC) (Gif2166) Chami : 3850±120 (2470-2140 BC) (Gif2486) Chami : 3950±80 (2560-2330 BC) (Gif1856) Chin Tafidet : 3325±260 BP (1940-1320 BC) (Pa292) Chin Tafidet : 3375±150 BP (1880-1520 BC) (Pa1043) Chin Tafidet : 3520±120 BP (2020-1710 BC) (Pa252) Chin Tafidet : 3910±150 BP (2620-2140 BC) (Pa1054) Chin Tafidet : 4555±130 BP (3500-3080 BC) Chin Wasararan site 117 : 2795±105 BP (1110-830 BC) (Mc 1701) Chin Wasararan site 117 : 3160±95 BP (1520-1270 BC) (Mc1700) Cimetière des escargots (=Les Coralès) : 6680±300 BP (5880-5320 BC) (Gif 463) Columnata: 5250±250 BP (4330-3800 BC) (Gif307) Columnata: 5850±100 BP (4800-4560 BC) (Mc156) Columnata: 6350±300 BP (5610-4960 BC) (Gif309) Columnata: 6850±300 BP(6010-5480 BC). (Gif308) Columnata: 7300±200 BP (6380-5990 BC) (Mc 154) Columnata: 8140±150 BP (7450-6830 BC). (Mc 211) Columnata: 8280±150 BP (7520-7140 BC) (Mc 155) Complexe Masara : 7730±110 BP (6650-6460 BC) (VRI-2054) Complexe Masara : 8130±140 BP(7450-6830 BC) (GD11324) Complexe Masara : 8720±100 BP (7940-7600 BC) (B23684) Complexe Masara : 8950±120 BP (8270-7920 BC) (Gd6320) Culture de Bguent : 2700±100 BP (1141-565 BC) (Ly444) Daïma : 1140±90 BP (AD 780-980 ) (I2368) Daïma : 1500±670 BP (170 BC-AD 1210 ) Dakhla: 7730±110 BP (6650-6460 BC) (VRI-2054) Dakhla : 8130±140 BP (7450-6830 BC) (GD11324)

Dakhla : 8720±100 BP (7940-7600 BC) (B23684) Dakhla : 8950±120 BP (8270-7920 BC) (Gd6320) Damous el Ahmar : 5400±190 BP (4450-4000 BC) Damous el Ahmar : 5720±195 BP (4780-4360 BC) Dar es Soltan 2 : 5000±350 BP (3500-2850 BC) (Cler TL132) Délébo : 6900±300 BP (6060-5520 BC) (Gif352) Délébo : 7180±300 BP (6370-5750 BC) (Gif351) Délébo : 7200±300 BP (6370–5750 BC) (Gif 351) Diatomite I (Site 10) : 9030±190 BP (8520–7950 BC) (UW754) Dibeira West 1 (DIW1) : 9390±180 BP (9110-8340 BC) (WSU-175) Dibeira West 1 (DIW1) : 10670±110 BP (1095010450 BC) (SMU581) Dibeira West 4 : 5220±50 BP (4220-3970 BC) (WSU103) Dibeira West 5 (DIW 5) : 6540±110 BP (5620-5370 BC) (Tx1155) Dibeira West 50 (DIW50) : 5600±200 BP (4710-4250 BC) (WSU174) Dibeira West 50 (DIW50) : 5880±150 BP (4940-4550 BC) (SMU2) Dibeira West 51 (DIW51) : 7700±120 BP (6680-6420 BC) (WSU176) Dibeira West 51 (DIW51) : 8860±60 BP (8200-7850 BC) (SMU582) Dibeira West 53 (DIW53) : 7910±120 BP (7030-6650 BC) (SMU4) Djabarona : 3360±110 BP (1860-1520 BC) (KN3416) Djado : 3725±125 BP (2300-1940 BC) (Ly 5488) Djado Ehi Woro Marigot : 4000±130 BP (2850-2310 BC) (Alg0108) Djado Ehi Woro Marigot : 4195±75 BP (2880-2640 BC) (Ny55) Djorf Torba :1780±60 BP (320-160 BC) Dmirat Sbah II : 6900±110 (5890-5670 BC) (Mc530) Dogomboulo : 6850±250 BP (5990-5530 BC) (S4116) Doukanet el Khoutifa : 6000±100 BP (5035-4786 BC) (Mc835) Doukanet el Khoutifa : 6750±200 BP (5860-5510 BC) (Mc828) Dra Mta el Ma el Abiod : 7000±110 BP (5990-5750 BC) (Mc 627) Dra Mta el Ma el Abiod : 7280±120 BP (6240-6010 BC) (Mc 628) Dufuna : 7264±55 BP (6210-6040 BC) (KI3587) Dufuna : 7670±110 BP (6640-6430 BC) (KN4683) E-29-H1 (Qsar es Sagha) : 8100±130 BP (7310-6830 BC) (I4128) E-75-6 : 8290±80 BP (7480–7190 BC) (SMU-257) Km 130 (Nouakchott): 2470±180 BP (800-400 BC) (Ly2579) Kobadi : 2415±120 BP (760-400 BC) (Pa223) E-75-8 (=E101K3) (Nabta Playa) : 5810±80 BP (4770-4550 BC) (SMU473) E-75-8 (=E101K3) (Nabta Playa) : 6500±80 BP (5520-5370 BC) (SMU435)

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Sahara préhistorique E-75-8 (=E101K3) (Nabta Playa) : 7120±150 BP (6160-5810 BC) (SMU242) E-75-8 (=E101K3) (Nabta Playa) : 5810±80 BP (4770-4550 BC) (SMU473) E-75-8 (=E101K3) (Nabta Playa) : 6500±80 BP (5520-5370 BC) (SMU435) E-75-8 (=E101K3) (Nabta Playa) : 7120±150 BP (6160-5810 BC) (SMU242) E-76-6 : 7860±90 BP (7020–6590 BC) (SMU734) E77-3 : 8840±90 BP (8200–7820 BC) (SMU416) E-77-5 (Nabta Playa): 7230±100 BP (6210–6000 BC) (SMU470) E-79-2 (El Kiseiba) : 7610±70 BP (6510-6390 BC) (SMU764) E-79-2 (El Kiseiba) : 8130±110 BP (7330-6840 BC) (SMU760) E-79-4 : 8190±120 BP (7450–7060 BC) (SMU750) E-79-8 : 8920±130 BP (8260-7840 BC) (SMU757) E-79-8 : 9610±150 BP (9210-8800 BC) (SMU928) E-79-8 : 9820±380 BP (9990-8650 BC) (SMU858) E-80-4 : 9220±120 BP (8580–8290 BC) (SMU925) Efey Washaran-149 : 2875±105 BP (1210-920 BC) (Mc1703) Egaro : 3645±150 BP (2270-1770 BC) (Pa661) Egaro : 4000±110 BP (2840-2310 BC) (Pa629) Ehi Woro Marigot : 4000±130 BP (2850-2310 BC) (Alg0108) Ehi Woro Marigot : 4195±75 BP (2880-2640 BC) (Ny55) El Arag : 7980±160 BP (7080-6650 BC) (SMU1694) El Arrouya Grotte de la piste : 4160±100 BP (28802600 BC) (Mc910A) El Arrouya Grotte de la piste (talus): 4340±200 BP (3510-2475 BC) (Mc914) El Arrouya Grotte de la piste (talus):4730±100 BP (3640-3380 BC) (Mc911) El Barga : 6960±65 BP (5915-5775 BC) (ETH-27207) El Barga : 7045±70 BP (5990-5850 BC) (ETH-27208) El Barga : 8190±70 BP (7315-7115 BC) (ETH-25503) El Barga : 8340±65 BP (7485-7320 BC) (ETH-27204) El Bayed : 7250±100 BP (6220-6230 BC) (Gif1931) El Bayed : 7300±200 BP (6364-5992 BC) (Mc152) El Ghaba : 4990±110 BP (3940-3660 BC) (Gif5506) El Ghaba : 5660±120 BP (4670-4360 BC) (Gif5505) El Hadjar : 7300±170 BP (6380-6010 BC) (Gif 880) El Hadjar : 7925±130 BP (7030-6660 BC) (Mc 527) El Hadjar-sebkha (=Site 6710) : 6160±150 BP (53004860 BC) (Alg42) El Hamel : 9540±120 BP (9140-8740 BC) El Hamraïa : 7070±170 BP (6070-5750 BC) (Gif 3412) El Harhoura 2 : 5 800±150 BP (5070-4415 BC) (Uq1601) El Harhoura 2 : 6 978±167 BP (6010-5720 BC) El Hassi : 7520±110 BP (6440-6240 BC) (UW390) El Heriga : 4600±60 BP (3500-3120 BC) (Gif 6186) El Kab : 7785±50 (6660-6550 BC) (GrN7190) El Kab : 7990±150 (7120-6710 BC) (Ly464) El Kadada : 4630±80 BP (3515-3220 BC) (Gif4675) El Kadada : 4790±110 BP (3660-3380 BC) (Gif 5508) El Kadada : 5170±110 BP (4220-3800 BC) (Gif5509) El Khril : 5720±114 BP (4810-4350 BC) (Rabat119)

El Khril : 5950±350 BP (4320-3620 BC) TL El Khril : 6400±500 BP (4920-3920 BC) TL El Kiffen : 4300±80 BP (3080-2770 BC) (R348) El Mekta : 8400±400 BP (7960-6830 BC) (L) El Mermouta : 6240±270 BP (5470-4860 BC) (Alg. 20) El Mermouta : 6450±260 BP (5640-5080 BC) (Alg. 18) El Outed : 6750±150 BP (5770-5520 BC) (Gif 1593) El Outed : 7850±170 BP (7030-6510 BC) (Gif 1850) Emi Lulu : 4515±150 BP (3495-2930 BC) Emi Lulu : 5610±220 BP (4730-4240 BC) FA38 (Tijirit) : 5440 ± 80 BP (4350-4170 BC) Farafra : 5380±110 BP (4330-4050 BC) (R2006) Farafra : 8080±60 BP (7280-6840 BC) (R1902) Farafra : 9650±190 BP (9250-8750 BC) (R1983) Fontaine Rahal : 2460±60 BP (760-410 BC) (Gif 6825) Foum Seïada : 4930±250 BP (3980-3380 BC) (Gif366) Fozzigiaren : 6754 ± 175 BP (5800-5530 BC) (GX88) Fozzigiaren : 8072±100 BP (7290–6820 BC) (Pi) Gabrong : 8065±100 BP (7280–6820 BC) (Hv2748) Gajiganna : 2730±50 BP (910-830 BC) (UtC2796) Gajiganna : 3150±70 BP (1510-1320 BC) (UtC2330) Gara Tchia Bo site 20 : 3695±80 BP (2200-1960 BC) (Orsay) Gara Tchia Bo site 20 : 4100±90 BP (2860-2500 BC) (UPS2584) Gara Tchia Bo site 48 : 3260±100 BP (1680-1430 BC) (Pa810) Gara Tchia Bo site 48 : 3265±100 BP (1680-1430 BC) (Pa811) Gara Tchia Bo site 75 : 4445±80 BP (3340-2930 BC) (Pa 290) Geili : 5570±100 BP (4520-4260 BC) (T5022) Gisement Florence : 4890±80 BP (3780-3540 BC) (Paris VI) Gobé V : 5000±150 BP (3950-3660 BC) (Gif354) Gobero : 4250±40 BP (2910-2760 BC) (P593) Gobero : 7390±40 BP (6380–6210 BC) (P544) Gobero : 7700±40 (6620-6460 BC) (P 682) Gobero : 8640±40 BP (7730–7580 BC) (P587) Guelb Moghrein grotte des Chauves Souris : 2350±110 BP (760-210 BC) (Gif1284) Guelb Moghrein grotte des Chauves Souris : 2776±126 BP (1110-800 BC) (Dak25) Guli : 5480±90 BP (4450-4230 BC) (SUA211) Haddadien : 670±100 BP (AD 1270-1400) Haddadien (Kebir Rosa) : 2360±100 BP (760-230 BC) (Gif 4202) Hamamieh : 5440±60 BP (4350-4230 BC)(Beta35825) Hassi bou Bernous : 6750±190 BP (5800-5490 BC) (I1648) Hassi el Abiod : 4885±200 BP (3940-3380 BC) (Pa1024) Hassi el Abiod : 6970±130 BP (5980-5730 BC) (Gif5495) Hassi Manda : 6330±300 BP (5600-4860 BC) (Gif365) Hassi Menikel : 5810±150 BP (4830-4470 BC) (Gif3408) Hassi Mouillah supérieur : 5280±150 BP (4320-3960 BC) (Gif438) Hassi Mouillah supérieur : 5700±400 BP (4120-3320 BC) (BDX114a) TL Hassi Mouillah supérieur : 5830±410 BP (4260-3440 BC) (BDX114b) TL Hassi Mouillah inférieur : 5970±420 BP (4410-3570 BC) (BDX112b) TL

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Annexes Hassi Mouillah inférieur : 6330±445 BP (480-3910 BC) (BDX112a) TL Hassi Mouillah : 7650±150 BP (6650-6260 BC) (Gif1195) Hassi Mouillah : 8600±150 BP (7930-7490 BC) (Mc 150) Hassi Ouenzga : 5029±47 BP (3940-3710 BC) (UtC-6184) Hassi Ouenzga : 6230±70 BP (5300-5060 BC) (UtC-6185) Hassi Ouenzga : 6240±40 BP (5300-5080 BC) (KIA-437) Hassi Ouenzga : 6710±50 BP (5660-5560 BC) (KIA-434) Hassi Ouenzga : 7930±50 BP (7030-6790 BC) (KIA-433) Hatiyet um el Hiyus : 8119±64 BP (7290-7050 BC) (SMU281) Haua Fteah : 4870±97 BP (3770-3530 BC) (NPL41) Haua Fteah : 5462±32 BP (4345-4280 BC) (OxA18676) Haua Fteah : 6800±350 BP (6050-5370 BC) (W98) Haua Fteah : 6917±31 (5835-5760 BC ) (OxA18673) Haua Fteah : 8400±150 BP (7590-7190 BC) (GrN3167) Haua Fteah : 9425±40 BP (8755-8655 BC ) (OxA 19184) Haua Fteah : 9740±45 (9265-9200 BC ) (OxA19158) Haua Fteah : 10600±300 BP (11000-10030 BC) (W104) Haua Fteah : 12360±50 B .P. (14 900-14050 BC) (OxA-18678) Hergla SHM-1 : 4320±30 BP (3015-2890 BC) (P1071) Hergla SHM-1 : 5320±150 BP (4220-4050 BC) (Alg45) Hergla SHM-1 : 7206 ± 56 BP (5875-5490 BC) (ENEA-668) Hergla SHM-1 : 7595±80 BP (6320-5810 BC) (Pa 2471) Hergla SHM-1 : 7715±30 BP (6590-6510 BC) (SacA23649) Hergla SHM-1 : 7920±40 BP (6585-6186 BC) (ENEA-837) Hergla SHM-1 : 8170±133 BP (7450-7050 BC) (SS663) Idelès : 5300±100 BP (4240-4000 BC) (Mc486) Idelès : 6050±100 BP (5200-4800 BC) (Mc485) Idelès : 6090 ± 300 BP (5330-4690 BC) (Orsay) Ifri Oberrid : 2370±50 BP (740-390 BC) (Ly597) Ifri Oudaden : 5000±30 BP (3900-3730 BC) (KIA39296) Ifri Oudaden : 6740±50 BP (5700-5625 BC) (Beta295779) Ifri Oudaden : 6780±40 BP (5710-5650 BC) (Beta316137) Iheren : 4850±110 BP (3870-3770 BC) (Gif 2222) In Itinen : 4630±250 BP (3640-3030 BC) (Gif287) In Itinen : 4860±250 BP (3950-3370 BC) (Gif286) In Taylalen : 2010±90 BP (150 BC- AD 80 ) (Gif4171) In Tékébrin : 3530±120 BP (2030-1690 BC) (Pa284) In Tékébrin : 3825±100 BP (2460-2075 BC) (Pa507) In Tékébrin 6 : 5095±200 BP (4220-3660 BC) (Pa1100) Iwelen : 1160±90 BP (AD 820-960) (Pa0765) Iwelen (tumulus à cratère) : 2200±60 BP (360-190 BC) Iwelen : 2430±25 BP (750-410 BC) Iwelen : 2595±50 BP (830-590 BC) Iwelen : 2675±200 BP (1100-520 BC) (Pa0525) Iwelen : 2735±120 BP (1000-800 BC) (Pa0839) Iwelen (tumulus): 3595±100 BP (2130-1780 BC) (Pa234) Iwelen : 3990±120 (2725-2335 BC) (Pa526) Iwelen : 4720±110 (3615-3380 BC) (Pa 253) Iwelen : 5020±250 BP (4200-3500 BC) (Pa0837) Iwelen (tombe) : 6720±300 BP (5970-5370 BC) (Pa1109)

Izimane : 3600±100 BP (2130-1780 BC) (Gif1655) Izimane : 4200±180 BP (3010-2500 BC). Izimane : 6780±140 BP (5790- 5560 BC) Izimane : 8060±140 BP (7290-6710 BC) Izriten : 2790±105 BP (1100-830 BC) (Gif2652) Jabbaren : 4270±300 BP (3340-2500 BC) (Sa65) Jabbaren : 5470±300 BP (4670-3980 BC) (Sa66) Jenné : 2160±180 BP (400 BC-AD 45) (RL807) Jorf Akhdar : 5930±80 BP ( 4910-4710 BC) (Gif 6493) Jorf el Anngra : 4110±90 BP (2870-2500 BC) (Gif 6492) Kadda : 10100±200 BP (10130-9310 BC) Kadero : 5030±70 BP (3940-3720 BC) (T2189) Kadero : 5610±55 BP (4490-4360 BC) (KN2822) Kaf Taht el Ghar : 6350±85 BP (5480-5320 BC) (Ly971-0XA) AMS Kaf Taht el Ghar : 6050±120 BP (5200-4790 BC) (Ly3821) Kaf Taht el Ghar : 7136±156 BP (6200-5820 BC) (Rabat 65/US1025) Kaf Taht el Ghar : 8765±176 BP (8160-7600 BC) (Rabat 66/US1028) Kaf Taht el Ghar : 9865±75 BP ( 9520-9000 BC) (Ly7695) Kaf Taht el Ghar : 9910±50 BP (9755-9285 BC) (Ly7287) Kahf Boussaria : 7589±166 BP (6755-6045 BC) (Rabat 57) Karkarichinkat-nord : 3620±80 BP (2130-1830 BC) (N1398) Karkarichinkat-nord : 3950±90 BP (2570-2300 BC) (N1396) Karkarichinkat-sud : 3310±110 BP (1740-1450 BC) (Gif851) Karkarichinkat-sud : 3960±180 BP (2860-2200 BC) (N1395) Kef el Baroud : 4750±110 BP (3640-3380 BC) Kef el Baroud : 5160±110 BP (4220-3800 BC) Kef el Hamda : 7975±40 BP (9000-8650 BC) (SacA42329) Kef el Hamda : 7010±35 BP (7950-7750 BC) (SacA42328) Kef Hamda : 7445±125 BP (6430-6120 BC) Kef Hamda : 7510±125 BP (6450-6240 BC) Kef Zoura D : 9280±140 BP (I7691) (8730-8380 BC) Kef Zoura D : 6485±125 BP (I-9836) (5550-5340 BC) Kef Zoura D : 7750±50 BP (SMU-1082) (6630-6520 BC) Kef Zoura D : 9390±130 BP (SMU-712 ) (9520-9260 BC) Kef Zoura D : 8390±170 BP (SMU-1121) (8560-8220 BC) KG10 : 5644±70 BP (4540-4360 BC) (SMU1181) KG15 (Atbara) : 10230±270 BP (10650-9400 BC) (SMU1149) KG68 (Atbara) : 7700±90 BP (6630-6450 BC) (SMU1907) Khanguet el Mouhaâd : 7350±200 BP (6400-6030 BC) (L) Khanguet Si Mohamed Tahar : 4340±200 BP (33402700 BC) (Alg30) Khanguet Si Mohamed Tahar : 6530±250 BP (57205220 BC) (Alg37) Khant : 5248±177 BP (4320-3820 BC) (Dak39). Khatt Leimaïteg : 3040±160 BP (1490-1050 BC) (Ly2974) Khatt Leimaïteg : 3350±130 BP (1860-1460 BC) (Ly2502) Khellal II : 7750±100 BP (6680-6460 BC) (Mc401 Kobadi : 3335±100 BP (1740-1520 BC) (Pa221) Kolokaya : 6490±90 BP (5530-5330 BC) (Ly6213) Konduga : 6180±60 BP (5230-5050 BC) (UtC2248) Konduga : 6340±250 BP (5230-5050 BC) (KN4300)

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Sahara préhistorique Koudiat Kifène Lahda : 8050±150 BP (7230-6770 BC) (Mc206) Koudiat Kifène Lahda : 8320±150 BP (7540-7140 BC) (Mc 207) Koudiat Kifène Lahda : 8540±150 BP (7870-7350 BC) (Gif 879) Kristel jardins (=Station des Travertins) : 7760±190 BP (7000-6430 BC) (Alg 40) Lemheiris (tombe) : 3740±130 BP (2300-2000 BC) (Gif3463) Les Burins : 6950±170 BP (5990-5670 BC) (Gif 2649) Les deux mamelles: 5550±225 BP (4670-4060 BC) (Alg 35) Les Deux Œufs : 5500±125 BP (4490-4120 BC) (Alg34) Les Dunes : 5450±150 BP (4450-4050 BC) (Mc525) Les Perles : 2400±120 BP (760-390 BC) (Mc723) Lobo (=Site BOS 81/55) : 6070±60 BP (5050-4850 BC) (KN3142) Lobo (=Site BOS 81/55) : 7900±75 BP (7020-6650 BC) (KN3017) Los Guanches : 2770±160 BP (1200-800 BC) Maadi : 4730±60 BP (3630-3380 BC) (Beta2804) Madaouéla : 5520±250 BP (4700-4000 BC) (Gif374) Mankhor : 4875±100 BP (3780-3530 BC) (Pa1714 et Pa1715) Mankhor : 5530±120 (4500-4250 BC) (Pa1713) Marandet I : 1700±100 BP (AD 220-530) (Gif5547) Marja : 9930±90 BP (9650-9340 BC) (Gif6188) Medjez II phase IV : 6500±150 BP (5610-5320 BC) (Mc 151) Medjez II phase IV : 6620±300 BP (5840-5220 BC) (Gif 462) Medjez II phase III : 7030±120 BP (6010-5790 BC) (Mc 318) Medjez II phase II : 7280±120 BP (6240-6010 BC) (Mc 323) Medjez II phase II : 7570±160 BP (6590-6230 BC) (Mc 319) Medjez II phase I : 7860±130 BP (8200-7660 BC) (Mc 325) Medjez II phase I : 8800±150 BP (8200-7660 BC) (Mc 327) Médracen : 2270±110 BP (500-120 BC) (Gif1671) Meniet : 5410±300 BP (4550-3820 BC) (Sa59) Mentes : 4080±250 BP (2920-2210 BC) (Pa) Mentes : 4590±130 BP (3510-3100 BC) (Pa415) Mérimdé Beni-Salamé : 5260±90 BP (4220-3980 BC) (WSU1846) Mérimdé Beni-Salamé : 5760±60 BP (4690-4540 BC) (KN3279) Mérimdé Beni-Salamé : 5790±60 BP (4710-4550 BC) (KN3276)* Mérimdé Beni-Salamé : 5890±60 BP (4840-4690 BC) (KN3277)* Mio169 : 3170±90 BP (1600-1320 BC) (Mc 2395) MK21 : 5270±130 BP (4250-3970 BC) (Gif5814) MK36 : 3795±200 BP (2490-1940 BC) (Pa1065) MK 36 : 7450±130 BP (6440-6120 BC) (Gif5811) MK42 : 2850±100 BP (1210-900 BC) (Gif5440) MK42 : 4710±120 BP (3640-3370 BC) (Gif5818) MT4 : 3910±130 BP (2570-2150 BC) (Pa 1145) MT25 : 6980±320 BP (6200-5560 BC) (Gif6198) MT27 : 5700±100 BP (4690-4410 BC) (Gif6630) MT29 : 5610±150 BP (4670-4260 BC) (Pa1116) MT32 : 4525±120 BP (3490-3020 BC) (Pa1070) Murzug (Edeyen): 7438 ± 220 BP ( 6520-6180 BC) N’gaous (tumulus): 3200±195 BP (1690-1220 BC) (Alg132/92)

Nabta Playa : voir E-75 Nabta Playa : 6000 ± 60 BP (4975-4825 BC) (CAMS1787) Nabta Playa : 6470 ± 270 BP (5635-5090 BC) (CAMS 17289) Nabta Playa : 8200±110 BP (7440–7070 BC) Nécropole de la frontière (tumulus) : 4750±80 BP (3650-3380 BC) (UCLA1096) Nouaferd : 5040±120 BP (3950-3720 BC) (I3949) Nouakchotien: 5570 ± 120 BP (4540-4260 BC) (T404) Nouakchott KN2 : 2240±60 BP (380-210 BC) (Ly4396) Orub : 3390±100 BP (1860-1530 BC) (Gif 4173) Ouan Rechla : 6000±70 BP (4960-4780 BC) (Gif 7789) Ouan Tartaï : 4470±250 BP (3520-2880 BC) (Gif292) Oued Athal : 5630 ± 50 BP (4520-4400 BC) Oued Guettara : 10190±230 BP (10370-9390 BC) (Gif882) Oued Yentas: 5600±60 BP (4490-4360 BC) (Ly6126) Oued Yentas : 6405±65 BP (5470-5320 BC) (Ly6127) Oued Zeggag : 5320±150 BP (4320-3990 BC) (Gif848) Ouenat Pt 22 : 3510±35 BP (1890-1770 BC) (GrN6949) Ouenat Pt 24 : 6115±70 BP (5210-4860 BC) (GrN7236) Ouenat Pt 43 : 3320±35 BP (1680-1530 BC) (GrN6018) Ouhada : 5520±110 BP (4460-4250 BC) (Mc524) Ouhaïda : 4490±140 BP (3360-2940 BC) (Gif3410) Ouled Zouaï : 3330±110 BP (1740-1460 BC) (Mc208) Oum Arouaba : 1689±110 BP (AD 240-530) (Dak59) Oum Arouaba : 2107±117 BP (350-0 BC) (Dak53) Ounjougou : 8700±75 BP (7940-7600 BC) Qsar el Sagha : 4820±100 BP (3710-3380 BC) (Gd976) Qsar el Sagha : 5410±110 BP (4350-4050 BC) (Gd903) Qasr el Sagha : 5540±70 BP (4460-4340 BC) (Gd1140) Qasr el Sagha : 6480±170 BP (5620-5300 BC) (Gd2021) Rabah niveau III : 6725±155 BP (5730-5490 BC) (Alg 59) Rabah niveau II : 6980±275 BP (6160-5620 BC) (Alg 23) Rabah niveau II : 7000±280 BP (6200-5630 BC) (Alg 22) Rabah niveau I : 7300±300 BP (6440-5850 BC) (Alg 17) Rabak : 4490±100 BP (3350-3030 BC) (T5132) Rabak : 6050±100 BP (5190-4800 BC) (T5133) Rafas : 5190±100 BP (4220-3810 BC) ( Gif6185) Rahib 80/87 : 5580±60 BP (4460-4360 BC) (KN2962) Rahib 80/87 : 6660±70 BP (5640-5520 BC) (KN3404) Relilaï : 7800±140 BP (6980-6460 BC) (Gif1900) Relilaï : 7850±150 BP (7040-6480 BC) (Gif1896) Relilaï : 8380±150 BP (7580-7300 BC) (Gif1897) Rhafas : 5190±100 BP (4220-3810 BC) (Gif 6185) Rhirane : 720±50 BP (AD 1250-1380) (Gif6878) Rhirane : 3900±90 (2550-2200 BC) (Gif6490) Rocher Toubeau 3 (Site 3) : 5590±75 BP (4490-4350 BC) (Orsay) Rocher Toubeau 7 : 3810±60 BP (2380-2168 BC) Rocher Toubeau 7 : 3860±200 BP (2612-2054 BC) (Pa840) Rouazi : 5350±150 BP (4330-4010 BC) (UQ1868) Rouazi : 7710±180 BP (6980-6270 BC) (Ly 4097) Safiet bou Rhenan : 6970±170 BP (6000-5710 BC) (Gif884) Saggaï : 7230±100 BP (6210-6000 BC) (T5024) Saggaï : 7410±100 BP (6390-6110 BC) (T5025) Saint Trivier : 11390±30 BP (11350-11195 BC) (UGAMS-28900)

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Annexes Saint Trivier : 6860±30 BP (5785-5710 BC) (Beta 450252) Saloum : 1140±80 B. P. (AD 780-980) (Mc590) Saloum : 1580±80 BP (AD 410-600) (Mc581) Sefar : 5020±300 BP (4220-3380 BC) (Sa62) Selima : 6300±80 BP (5370-5080 BC) Selima : 7180±160 BP (6210-5890 BC) Serir Tibesti : 7455 ± 180 BP (6450-6100 BC) Shabona : 7050±120 BP (6020–5800 BC) (SUA298) Shabona : 7470±240 BP (6560–6030 BC) (SUA2140) Shaheinab : 5240±80 BP (4220-3970 BC) (T3222) Shaheinab : 5370±80 BP (4330-4050 BC) (T3223) Shaqadud midden : 5584±74 BP (4490-4350 BC) (SMU1134) Shaqadud midden: 5970±290 BP (5230-4550 BC) (SMU1735) Shaqadud midden: 7056±321 BP (6220-5640 BC) (SMU1290) Shiyata : 8817±77 BP (8200-7800 BC) (SMU1241) Sidi Moussa : 5080±70 BP ( 3960-3800 BC) (Gif 6494) Silet (tombe) : 420±100 BP (AD 1260-1400 ) Site 11 (Izriten) : 8100±110 BP (7297-7222 BC) (Mc557) Site 11 (Izriten) : 10 430±180 BP (10622-10083 BC) (Gif2910) Site 11 (Tichitt) : 2170±105 BP (360-100 BC) (I3819) Site 19 (Tarfaya): 6150±120 BP (5260-4940 BC) (Mc 556) Site 19 (Tarfaya): 6350±120 BP (5470-5150 BC) (Mc 555) Site 119 (Agadez) : 2440±90 BP (760-410 BC) (Mc2397) Site 85/79 : 6550±65 BP (6010-5470 BC) (KN3880) Site BOS 81/55 : voir Lobo Site Launey (= Adrar Tiltekin) : 6800±105 BP (57905560 BC) (UW94) Site Launey (= Adrar Tiltekin) : 8475±100 BP (76007360 BC) (UW96) Site Launey (= Adrar Tiltekin) : 9210±115 BP (85508290 BC) (UW97) Site Launey (= Adrar Tiltekin) (tumulus ) : 5055 ±85 BP (3950-3780 BC) (UW 95) Site Launey (= Adrar Tiltekin) (tumulus ) : 7017±70 BP (5980-5810 BC) (UW93) Site Letan : 3290±70 BP (1680-1500 BC) (Mc 670) Site Letan : 4400±90 BP (3300-2900 BC) (Mc 669) Sitra-Hatiyet : 5940±60 BP (4900-4720 BC) (KN3589) Sitra-Hatiyet : 6850±70 BP (5790-5660 BC) (KN3555) Siwa : 7860±65 BP (6980-6590 BC) (KN3756) Siwa : 8219±72 BP (7450-7080 BC) (SMU300) Somein Tree Shelder : 7790±70 BP (Kik655/ UtC5388) (6710-6540 BC) Somein Tree Shelder : 8120±45 BP (Kik656/ UtC5389) (7250-7170 BC) Sorourab : 9330±110 BP (8740–8340 BC) (HAR3476) Sorourab : 9370±110 BP (8790–8450 BC) (Har3475) Station du Méandre : 5850±150 BP (4900-4510 BC) (Gif883) Table de Jaatcha : 5000±150 BP (3950-3660 BC) (L)* Taferjit : 4080±110 BP (2860-2470. BC) (Gif1727) Tagalagal : 9000±120 BP (8290–7960 BC) (Nancy) Tagalagal : 9370±130 BP (9090–8340 BC) (Orsay) Tagalagal : 9820±780 BP (8620-7060 BC) (BDX) TL Tagalagal : 10180±780 BP (8980-7420 BC) (BDX) TL Tagant : 4040±65 BP (2830-2470 BC) (Ly6712)

Tahabort (= AK-HG 076-10) : 930±100 BP (AD 1000-1220) (GSY3325) Tahabort (= AK-HG 076-10) : 2650±100 BP (900-790 BC) (GSY2900) Takene-Bawat TB1 : 6300±200 BP (5470-5040 BC) (Pa571) Takene-Bawat TB4 : 4965±80 BP (3910-3660 BC) (Pa437) Takene-Bawat TB 6 : 5880±120 BP (4900-4560 BC) (Pa454) Tala t Melah : 4185±280 BP (3310-2350 BC) (Alg0101) Tam II : 3330±250 BP (1950-1300 BC) (Gif357) Tam II : 3900±100 BP (2550-2200 BC) (Mc487) Tamaya Mellet : 5230±100 BP (4220-3960 BC) (Pa1078) Tamaya Mellet : 8230±300 BP (7580-6820 BC) Tamaya Mellet : 9350±170 BP (9090–8300 BC) (Gif1728) Tan Tefeltasin : 5660±240 BP (4800-4250 BC) (Alg0100) Tardjié 12 : 5690±65 BP (4670-4410 BC) (Ly6214) Tchire Ouma : 9130±120 BP (8530–8240 BC) (Orsay) Tékébrin 6: 5095 ± 200 BP (4220-3660 BC) (Pa1100) Temet : 8565±100 BP (7730–7520 BC) (Orsay) Temet : 9550±100 BP (9140–8750 BC) (Orsay) Ténéré (tumulus ) : 3180±100 BP (1600-1310 BC) Ténéré (tumulus ) : 3350±100 BP (1750-1520 BC) Tenneswillim : 2690±80 BP (970-800 BC) (Gif6357) Ti l in Frsa : 5500±100 BP (4456-4253 BC) (Gif6144) Tiaret (djeddars) : 1540 ± 50 BP (AD 440-600) Tiaret (djeddars) : 1630 ± 50 BP (AD 360-530) Tibesti (tumulus ) : 3375±120 BP (1870-1520 BC) Tijirit site 5 : 1580 ± 90 BP (400-600 AC) (Alg) Tijirit site 5 : 1330 ± 40 BP (660-760 AC) (Gif8122) Tijirit site 24 : 2145±170 BP (390 BC-20 AC) (Alg) Tijirit site 73 : 1680±100 BP (240-530 AC) (Alg) Timidouin (=TF-TD-155-32) : 8100±130 BP (73106820 BC) (Mc 484) Tin Hanakaten : 2520±35 (790-540 BC) (Hela1150) Tin Hanakaten : 3100±240 BP (1360-880 BC) (BDX) TL Tin Hanakaten : 3930±140 BP (2600-2200 BC) (Alg29) Tin Hanakaten: 4710±40 BP (3603-3405 BC) (Hela1476) Tin Hanakaten: 5435±45 BP (4333-4261 BC) (Hela1470) Tin Hanakaten: 6200±120 BP (5370-4847 BC) (Gif5418) Tin Hanakaten : 6900±50 BP (6239-5742 BC) (Hela1153) Tin Hanakaten : 7220±140 BP (6230-5920 BC) (Gif5419) Tin Hanakaten: 7310±50 BP (6150-6102 BC) (Alg71) Tin Hanakaten : 7900±120 BP (7030–6650 BC) (Gif5857) Tin Hanakaten : 8980±65 BP (8256-8024 BC) (Hela 1466) Tin Hanakaten : 9420±200 BP (9120–8450 BC) (Alg27) Tin Ouaffadene : 9080±230 BP (7740–7590 BC) (Orsay) Tin Ouaffadene : 9220±140 BP (8600–8290 BC) (Orsay) Tin Torha Est : 7330±80 BP (6240-6070 BC) (R1158a) Tin Torha Est : 8640±70 BP (7740–7590 BC) (R1035) Tin Torha Est : 9080±70 BP (8430-8230 BC) (R1036) Tin Torha Nord : 5260±130 BP (4910 et 3960 BC) (R1029) Tin Torha Nord : 5970±50 BP (4930-4800 BC) (R1031) Tin Torha Nord : 7070±60 BP (6000-5850 BC) (R1032) Tin Torha Two Caves : 8520±60 BP (7590-7540 BC) (R1407) Tin Torha Two Caves : 8840±60 BP (8200–7830 BC) (R1405) Tin Torha Two Caves : 9350±110 BP(8700-8340 BC) (R1402) Tintan : 2090±120 BP (300 BC-AD 10) (Orsay) Tintan : 2460±100 BP (760-410 BC) (Gif1884)

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Sahara préhistorique Tintan : 3240±110 BP (1670-1410 BC) (Gif2484) Tintan : 5520±100 BP (4490-4250 BC.) (Orsay) Tintan : 6390±160 BP (5510-5100 BC) (Ly-552) Tiouiyne : 5150±140 BP (4220-4100 BC) (Alg44) Tiouiyne : 5320±130 BP (4320-4000 BC) (Gif1380) Tissoukaï : 3650±130 B.P (2200-1780 BC) (Gif840) Tissoukaï : 4500±300 BP (3630-2880 BC) (Alg) Titerast n’Elias : 4560±250 BP (3630-2920 BC) (Gif288) Titerast n’Elias : 7400±300 BP (6560-5920 BC) (Gif290) Tondikwaré : 545±40 BP (AD 1330-1430) Tondidarou :1300±40 BP (670-770 BC) TR15 (Tarfaya) : 6350±60 BP (5380-5292 BC) (Gif 8033) Tuluk site 211 : 2360±70 BP (720-380 BC) (Gif5545) Uan Afuda : 8000±100 BP (7060–6760 BC) (GX18104) Uan Afuda : 8765±105 BP ( 8160-7610 BC) (GX-20010) Uan Afuda : 8935±100 BP (8250–7970 BC) Uan Afuda : 9765±105 BP (9350-8860 BC) Uan Muhuggiag: 2220±220 BP (530 BC-AD 45) (Gd4290) Uan Muhuggiag : 4730±310 BP (3900-3030 BC) (GX87) Uan Muhuggiag : 5405±180 BP (4440-4000 BC) (Pi) Uan Muhuggiag (inhumation Bos) : 5952±120 BP (5000-4690 BC) (UD225) Uan Muhuggiag : 6035±110 BP (5060-4780 BC (Ud225) Uan Muhuggiag : 7438±220 BP (6470-6060 BC) (Pi) Uan Muhuggiag : 7823±95 BP (6810-6500 BC) (GX17816) AMS

Uan Tabu : 7045±175 BP (6095-5770 BC) Uan Tabu : 8580±80 BP (7710–7560 BC) (BO344) Uan Tabu : 8730±70 BP (7940-7610 BC) (BO478) Uan Tabu : 8870±100 BP (8210-7840 BC) (Rome 295) Uan Tabu : 9810±75 BP (9340–9210 BC) (BO 509) Uan Telocat : 6754±175 BP (5800-5530 BC) (GX88) Umm Direiwa : 5715±120 BP (4710-4410 BC) Umm Direiwa : 6840±110 BP (5840-5630 BC) Wadi Bakht : 6150±180 BP (5300–4850 BC) (KN3328) Wadi Bakht : 8200±500 BP (7710–6500 BC) (KN3096) Wadi el Akhdar : 7700±60 BP (6590-6460 BC) Wadi el Akhdar : 9370±215 BP (9110-8300 BC) (KN2879) Wadi el-Arab : 7750±50 BP (6630-6520 BC) (ETH35681) Wadi el-Arab : 8990±65 BP (8265-8030 BC) (ETH31788) coquille Wadi El Khowi : 5360 ± 70 BP (4320-4050 BC). Wadi el-Obeiyd : 6190±270 BP (5460-4810 BC) (Gd9629) Wadi el-Obeiyd : 7130±100 BP (6160-5840 BC) (Gd10505) Wadi Shaw : 4010±60 BP (2620-2460 BC) (KN3188) Wadi Shaw : 4850±55 BP (3660-3540 BC) (KN3138) Wadi Shaw (tumulus) : 6650±450 BP (5990-5070 BC) XO La Touffe : 5930±150 BP (5000-4610 BC) (Gif731) Zmeilet Barka : 7700±180 BP (6810-6380 BC) (Gif1656)

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GLOSSAIRE Abkien : culture du Néolithique moyen soudanais proche du Qadien, développée aux 5ème et 4ème millénaires. Identifiée par J.L. Shiner dans la région de la Deuxième Cataracte et en amont, il est caractérisé par une poterie peu décorée, à motif ridé ou à surface rouge et bord noir dans la phase terminale. Abu Tartur : v. Pointe d'Abu Tartur. Age du Bronze : daté de 4500 av. J.-C. dans la vallée du Nil, il n'est mentionné par ailleurs qu'au Maroc où il est daté entre 1900 et 220 av. J.-C. ; de nombreuses gravures du Haut Atlas lui sont rapportées. Age du Fer (Sidérolithique) : bien développée au 1er millénaire, la métallurgie du fer a été pratiquée dès le 3ème millénaire au Niger. D. Grébénart y reconnaît deux périodes dont la seconde serait médiévale. Amratien : nommé aussi Prédynastique ancien ou Nagada I, l'Amratien est rapporté aux S.D. 30-37 de F. Petrie. Il succède au Badarien. Datée de la première moitié du 4ème millénaire, cette culture chalcolithique se développe en Moyenne et Haute Egypte et, peut-être, sur une large part de la région entre Nil et Mer rouge. Elle est marquée par la présence d'un couteau bifide, de palettes à fard prenant des formes originales, souvent animales et d'une poterie rouge à décors végétaux blancs. AMS (=Accelerator Masse Spectrometry) : méthode de datation basée sur la mesure du radiocarbone à l'aide de spectrométrie de masse par accélérateur. Présente l'avantage de ne nécessiter qu'une infime quantité de matière organique. Aqualithique : notion qui s'appliquait à ce qui a pu être entendu comme une civilisation de pêcheurs développée dans le Sahara méridional autour de paléolacs et qui tend à disparaître. Elle s'appuyait sur des ensembles lithiques peu typés couvrant une vaste région s'étendant du Nil en Mauritanie, auxquels auraient été associées les plus anciennes céramiques sahariennes (ce que les dates radiocarbone ont infirmé) et sur l'existence, dans divers sites, de restes d'animaux aquatiques et/ou de harpons en os à un seul rang de barbelures. Argarique : de El Argar, culture de l'Age du Bronze développée en Andalousie au 2ème millénaire, en partie caractérisée par ses hallebardes à lame étroite, bords subparallèles, élève bovins et surtout moutons et chèvres. L'épée apparaît dans sa phase moyenne. Les morts sont enterrés en position contractée, souvent dans des cistes. Arkinien : culture épipaléolithique, à petits campements saisonniers, datée des 11ème-9ème millénaires, connue dans la vallée du Nil à hauteur de Wadi Halfa et de Shamarki-Nag el-Arab. Atbai tradition : appellation par laquelle A.E. Marks et R. Fattovich soulignent la continuité culturelle entre les faciès Pré-Saroba, Saroba, Kassala du Soudan oriental. Azmir pointe d' : pièce foliacée dissymétrique dont un bord est peu arqué, épais, obtenu par retouche semi-abrupte n'affectant que la face supérieure. Baçour : palanquin. Badarien : plus ancien faciès chalcolithique de Haute Egypte qui se développerait fin 5ème-début 4ème millénaire. Précédant le Prédynastique, il fait suite au Tasien. Il a été identifié en 1920 par G. Brunton et G. Caton-Thomson et est surtout connu par ses nécropoles. Il possède une poterie rouge à bord noir et affectionne l'émail turquoise. Bashendi (séquence) : dans l'oasis de Dakhla, faciès du Néolithique moyen identifié par M.M.A. Mc Donald, attribué à des pasteurs nomades en fin 7e-début 6e millénaire. Bazina : tombeau de construction soignée, fait par empilement de pierres qui peuvent être équarries. Diverses variantes sont connues : à enceintes concentriques, à carapace, à degrés. La bazina peut posséder des aménagements secondaires. Bedouin microlithic : culture épipaléolithique identifiée vers 1950, dans l'oasis de Kharga et ses environs par G. Caton-Thomson et E.W. Gardner ; proche du Shamarkien, elle offre aussi des ressemblances avec le Néolithique type el Ghorab. Bovidien : période majeure de l'art rupestre saharien où les bovins sont omniprésents. Le terme a été étendu en 1966 par H. Lhote aux ensembles industriels présumés correspondants. Partie notable de la période pastorale, le Bovidien est actuellement daté de la fin du 7ème millénaire jusqu'au 2ème millénaire. Certains auteurs en font un faciès du Néolithique saharo-soudanais. Le faciès le

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Sahara préhistorique plus typé se caractérise par la présence de plaquettes à bords retouchés, disques et d’une poterie à surface rougeâtre et motif nid d’abeilles. Bovidien-Téfédest : voir culture de Timidouin. Bubalin : période la plus ancienne de l'art rupestre du Sahara et ses abords. V. t. I. Caballin : période de l'art rupestre saharien caractérisée par la présence du cheval et du char. Elle pourrait correspondre à la fin de la phase récente des industries bovidiennes. Camelin : période la plus récente de l'art rupestre saharien particularisée par la présence de dromadaire Camelus dromedarius. Campaniforme : phase finale du Chalcolithique singularisée par sa céramique. Campignien : vu d'abord comme une culture, le Campignien est aujourd'hui considéré comme une technique de taille visant à la production d'un outil robuste, à extrémité pointue, le pic, ou tranchante par la rencontre de deux surfaces d'éclatement, le tranchet. Capsien : principale culture épipaléolithique du Maghreb, développée du 10ème au 5ème millénaire. Elle comprend deux faciès, le Capsien typique et le Capsien supérieur. Capsien inférieur : notion périmée, son existence ayant été réfutée. Capsien néolithisé : première phase du Néolithique de tradition capsienne. Ne se distingue du Capsien que par la présence de quelques rares têtes de flèche et le mode de façonnage des rondelles d'enfilage en test d'œuf d'autruche. Capsien typique : subdivision du Capsien, le Capsien typique occupe un territoire restreint des environs de Tebessa-Gafsa. Il est daté de la fin du 9ème au milieu du 6ème millénaire. Après avoir été placé antérieurement au Capsien supérieur en raison de la stratigraphie trouvée au Relilaï, il a été reconnu contemporain en raison de multiples données radiométriques. J. Tixier le subdivise en deux types : Bortal Fakher et El Mekta. Capsien supérieur : subdivision du Capsien, définie par R. Vaufrey en 1933 dans l'escargotière d'Ain Rhilane. Il est daté du 10ème au 5ème millénaire. G. Camps distingue trois phases au cours desquelles le microlithisme augmente et cinq faciès : méridional, central, tébessien, sétifien, tiarétien. Cardial : culture ancienne du Néolithique moyen caractérisée par le décor de sa céramique obtenu à l'aide de coquillages. Elle s'épanouit au Maghreb occidental vers 5000 av. J.-C., récemment, elle a été perçue vers 8000 av. J.-C. Elle cultivait diverses variétés de blé, élevait des bovins, moutons, chèvres et porcs, possédait des chiens. Cénotaphe : monument funéraire qui ne contient pas de corps. Chalcolithique : période où l'outillage de pierre est complété par des objets en cuivre. Dans le nord du Niger, D. Grébénart le subdivise en Cuivre I (du 3e au 1er millénaire) et II (du 1er millénaire av. J.-C. au milieu du 1er millénaire ap. J.-C.). Chamotte : poterie pilée utilisée comme dégraissant pour préparer les pâtes céramiques. Chert : chaille, amas siliceux très dur, mélange d'opale et de calcédoine, renfermant souvent des spicules d'éponges. Il se distingue du silex par l'absence de patine et une formation au sein de roches siliceuses. Ciste : caisson de pierres de petites dimensions s'ouvrant sur le côté. Columnatien : identifié à Columnata par P. Cadenas, dénommé en 1967 par G. Camps, le Columnatien est une culture développée au Maghreb (régions de Tiaret et Constantinois) au 6ème millénaire, caractérisée par le nanisme de divers outils (lamelles à dos, segments). Culture d'Amekni : culture néolithique de l'Ahaggar développée aux 6ème-5ème millénaires. L'outillage lithique peu typé, variable d'un site à l'autre, renferme volontiers des haches, des grattoirs. L'outillage osseux dispose d'outils tranchants ou perforants. La poterie est entièrement décorée, souvent au peigne. Culture d'Abouleg : nom donné par J.P. Maître à une culture néolithique de l'Ahaggar proche de la culture d'Amekni et qui lui est parfois assimilée. Elle en diffère par l'absence de burin et une utilisation plus fréquente de retouche abrupte. Culture de Bouhdida : faciès reconnu par R. Vernet au nord de Nouakchott, individualisé par sa céramique. Daté du 1er millénaire av. J.-C., il dispose d'outils en cuivre issus de la métallurgie d'Akjoujt. Culture de Dhraïna : culture définie par R. Vernet, au nord de Nouakchott. Datée de 4000 à 3400 B.P. (2500 à 2350 av. J.-C.), elle possède une poterie originale, des vases ovoïdes allongés, à col court, ouverture faiblement évasée, décorés en registres. Culture de Kirkissoy : terme proposé par R. Vernet pour désigner une culture développée sur les bords du Niger au 2ème millénaire. Culture de La Cueva Pintada : faciès culturel de Grande Canarie, connu par ses hypogées à décor polychrome, daté du 7ème au 15ème siècles ap. J.-C. et rattaché à la culture des Tumulus.

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Glossaire Culture de Nagada : culture de Haute Egypte qui regroupe les cultures du Prédynastique (Amratien, Gerzéen, Semainien). Culture de Tichitt : culture développée dans le sud-est mauritanien du 3ème au 1er millénaire, qui se particularise par des villages construits. Sa population cultivait le mil, élevait des bovidés et des ovi-capridés. Culture de Timidouin (=Bovidien-Téfédest) : en Ahaggar, culture néolithique datée du 7ème millénaire, identifiée par J.P. Maître dans le massif de la Téfédest. Elle se caractérise par la haute fréquence des pièces à retouches continues, la présence de segments et de haches. La poterie abonde, souvent décorée au peigne, en particulier de motifs de dents, disposés en registres. Culture des Tumulus : faciès culturel de Grande Canarie, postérieur au 1er siècle av. J.-C., qui y aurait introduit l'habitat en pierre sèche et l'écriture tifinagh. Culture des vases cannelés : phase ancienne de l'Age du Fer au Djourab, caractérisée par une poterie cannelée agrémentée d'un zigzag pseudo-excisé. Cymbium : Gastéropode marin fréquent sur la côte atlantique. Dabarosa : ensemble industriel épipaléolithique et/ou paléolithique supérieur du Haut Nil qui conserve un débitage de type Levallois. Daya : petite dépression fermée à fond plus ou moins imperméable où les pluies peuvent s'accumuler et où s'amoncèlent des sédiments cultivables. Débitage torse : mode de débitage ayant fourni des lames et lamelles à profil hélicoïdal. Décubitus : position d'ensevelissement. Dendrochronologie : méthode de datation basée sur la mesure des cernes de croissance des arbres. Elle fut inventée par A.E. Douglas au début du 20ème siècle. Dimple-scarred : appellation donnée par J.D. Clark à de petits disques épais ayant une légère dépression centrale avec traces de chocs sur les surfaces inférieure et supérieure et un pourtour pouvant ou non présenter des enlèvements et des traces de chocs. Dolmen : sépulture faite de dalles dressées qui supportent une dalle horizontale dite table. Dryas : stade climatique tardiglaciaire se subdivisant en Dryas I (15400-13000 B.P. soit 1650013700 av. J.-C.), Dryas II (12300-11800 B.P. soit 12500-11900 av. J.-C.), Dryas III (10800-10000 B.P. soit 10800-9500 av. J.-C.). Dryas II et III sont parfois regroupés sous le qualificatif de Dryas récent. Le Dryas I (Oldest Dryas) est séparé du Dryas II (Older Dryas) par l'intervalle de Bolling, Dryas II et Dryas III (Younger Dryas) sont séparés par l'intervalle d'Allerod. Dryas III est suivi du Pré-Boréal. Early Akakus : dans l'Akakus, ensembles industriels ne comportant ni tête de flèche, ni poterie. Phase vue par certains auteurs comme Mésolithique. Early Khartoum : v. Shaheinabien. Quelques auteurs utilisent ce terme pour désigner le Pré-Khartoum. Ebiki : v. style Ebiki. Ecole d'Abaniora : terme utilisé par A. Muzzolini pour désigner un ensemble rupestre du Tassili n Ajjer. Elassolithisme : caractère des outils de très petite dimension. El Beid (phase) : en Egypte, phase pluvieuse datée de 8550-7950 av. J.-C. El-Heiz (phase) : en Egypte, phase humide datée entre 5800 et 5100 av. J.-C. Elikeo : v. style Elikeo. Elkabien : culture épipaléolithique reconnue par l'équipe de P.M. Vermeersch en Haute Egypte, consiste en petits campements de chasseurs datés autour de 8000 B.P. (6900 av. J.-C.). Elle est parfois rapprochée de sites de Dyke Area, ce qui montrerait des liens entre la vallée et les oasis. El Omarien : faciès du Néolithique récent dans le delta du Nil, il est daté de 5700 et 5300 B.P. (5800 et 4100 av. J.-C.). Il utilise une poterie originale, de forme simple à fond plat ou faiblement concave, polie ou lissée. Enéolithique : nom donné au début de l'Age des métaux, quand il est fait un usage parcimonieux du cuivre. Surtout utilisé en Egypte. Enji pointe d' : v. pointe d'Enji. Enneri : v. oued. Epipaléolithique : terme créé en 1931 par G. Goury pour subdiviser le Mésolithique européen en deux épisodes, l'un épipaléolithique comportant l'Azilien et le Sauveterrien, l'autre prénéolithique, le Tardenoisien. Tout en restant peu employé, il a pris un sens variable selon les auteurs, le plus souvent éloigné de sa signification première. Il n'est guère utilisé qu'en Espagne, Italie et au Maghreb pour désigner des industries microlithiques postérieures à la transgression versilienne (= flandrienne).

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Sahara préhistorique Escargotière : nom donné à des gisements préhistoriques où les coquilles -généralement de Gastéropodes- abondent, pouvant former des lits épais dans lesquels elles sont tantôt brisées, tantôt entières. Ethiopiens : nom donné dans l’Antiquité aux populations vivant au sud du territoire libyen. Faciès A : au Tilemsi, faciès néolithique récent de la région d'Asselar rapporté au 4ème millénaire. Il est riche en grattoirs et microlithes géométriques. Faciès Aïn Guettara : faciès saharien du Néolithique de tradition capsienne, développé dans le Bas-Sahara. Précédant le facies Hassi Mouillah, la date la plus ancienne le rapporte à la charnière 7ème-6ème millénaire. Il possède en nombre des microburins et des pièces à coches ou denticulés. La poterie peut ou non être décorée. Faciès B : au Tilemsi, faciès néolithique récent de la région d'In Begouen ; il ne diffère du faciès K que par l'absence de pointe du Tilemsi. Faciès Bou Zabaouine : faciès le plus récent du Néolithique de tradition capsienne, n'est connu que dans le Constantinois. Riche en racloirs, têtes de flèche et matériel de broyage, il possède un outillage osseux de grande qualité. Faciès d'El Oued : culture épipaléolithique reconnue dans la région d'El Oued, caractérisée par le nanisme de certains outils. N'est pas daté. Faciès de Karnasahi : nom donné par d'Alverny à un groupe de peintures bovidiennes du Tibesti avec personnage « à museau », danses en ligne, troupeaux de bovins, moutons et chèvres en déplacement accompagnés d'un pasteur. Faciès El Bayed : plus ancien faciès saharien du Néolithique de tradition capsienne, développé dans le Bas-Sahara au sud de l'Erg oriental où il est connu du 7ème au 3ème millénaire. Il se définit par la coexistence, tout ou partie, d'une pointe de Labied, d'une pointe de Temassinine, d'une tête de flèche type a25, possède souvent une pointe d'Izimane et un racloir limace. Il évolue essentiellement par augmentation des têtes de flèche. Faciès d'Afilal : nom donné par J.P. Maître à l'ensemble néolithique le plus ancien de l'Ahaggar, daté du 8ème millénaire. L'outillage lithique comporte de nombreuses pièces à coches et pièces à retouche continue, ainsi que des galets aménagés. La poterie est entièrement décorée, elle privilégie les motifs de ponctuations, les dotted wavy line et aménage volontiers un décor complexe. Faciès de Gossolorom : parfois nommé Gossololom, est un faciès final du Ténéréen daté des 3ème-2ème millénaires. Ses gisements traduisent l'existence d'artisanat et de colportage. Faciès du Pays rouge : faciès néolithique de la cuvette de Taoudeni identifié par M. Raimbault, daté des 5ème-3ème millénaires. Il est très riche en grattoirs, la poterie est peu décorée. Faciès Hassi el Abiod : faciès néolithique retrouvé au nord-ouest d'Araouane, sur les rives de petits lacs fossiles, qui se traduit par de nombreux amas coquilliers. Il est daté de 7000 à 5000 B.P. (5900 à 3800 av. J.-C.). Il possède de petits grattoirs courts, de grands segments, de petites haches polies, un riche outillage en os, une poterie hémisphérique, vaste, sans col parfois décorée d'incised wavy line. Faciès Hassi Mouillah : Faciès saharien du Néolithique de tradition capsienne, développé dans le Bas-Sahara au 5ème millénaire ; il fait suite au faciès Aïn Guettara. Il se caractérise par une poterie stéréotypée, petits vases sombres, sans col, à fond conique, couverts d'un motif pseudo-cordé. Faciès Iheren : faciès de l'art rupestre bovidien développé dans le Tassili n Ajjer occidental et septentrional. Il est dit Iheren-Tahilahi par A. Muzzolini. Il utilise la polychromie, figure volontiers des moutons et des chèvres dans un contexte non dégradé de l'environnement. Ses personnages présentent souvent un profil méditerranéen ou hamitique, parfois négroïde. Faciès Ine Sakane : faciès néolithique moyen défini en 1980 par M. Raimbault dans le Nord du Mali. Lié à des paléolacs, il est daté des 4ème-2ème millénaires. Il dispose d'une pièce brute de taille, en forme de segment, à dos cortical. Faciès K : au Tilemsi, faciès néolithique récent de la région de Karkarichinkat, connu pour ses nombreux ateliers de fabrication de perles. Il daterait du 3ème millénaire et est caractérisé par une armature, la pointe du Tilemsi. Faciès Oum el Assel : faciès néolithique développé dans le Sahara malien, au nord d'Araouane, autour de lacs holocènes. Il est daté entre 9500 et 6900 B.P. (8800-5800 av. J.-C.). L'industrie, lamellaire, possède un segment original, en demi-cercle, à retouche couvrante. La poterie présente souvent un décor en registres. Faciès Sefar : faciès ancien de l'art rupestre bovidien développé au Tassili n Ajjer. Il est caractérisé par des personnages sveltes, à cambrure marquée, jambes longues, cuisses fortes mais fuselées, peints en aplat brun qui sont généralement interprétés comme négroïdes. A. Muzzolini le nomme Sefar-Ozaneare.

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Glossaire Faciès T : au Tilemsi, dans le secteur de Télataye, faciès comportant de nombreux ateliers de fabrication de perles. Il se caractérise par un perçoir multiple, robuste, sur éclat. Faciès Tin Farad : faciès néolithique reconnu par R. Vernet au nord d’Aroyo. Il est daté du 2ème millénaire. Faciès T : au Tilemsi, dans le secteur de Télataye, faciès comportant de nombreux ateliers de fabrication de perles. Il se caractérise par un perçoir multiple, robuste, sur éclat. Faciès Tin Farad : faciès néolithique reconnu par R. Vernet au nord d’Aroyo. Il est daté du 2ème millénaire. Fada : v. style Fada. Fayumien : dans l’oasis du Fayum, culture du Néolithique moyen identifiée en 1924-26 par G. Caton-Thomson et E.W. Gardner qui le nommaient Fayum A. Il dispose d’un outillage sur éclat volontiers façonné par retouche plane. Des scies sur pièce foliacée, des têtes de flèche à base profondément échancrée sont courantes. Foum Seïada pointe de : v. pointe. Garamante : confédération de peuples sahariens datée du 1er millénaire av. J.-C. et du premier quart du 1er millénaire ap. J.-C., au territoire mal défini, ayant pour capitale Germa. Gerzéen (= Prédynastique moyen, = Nagada II) : culture datée fin 4ème-début 3ème millénaire, succédant à l’Amratien en Moyenne et Haute Egypte. La poterie supporte des décors peints avec animaux et bateaux. En organisant l’irrigation, le Gerzéen a fortement contribué à la mise en place de la société pharaonique. Gétules : fraction des Libyens, essentiellement nomade, qui aurait occupée le Nord du Sahara et au moins une partie du Tell. Gétulien : désué, nom donné par P. Pallary au Capsien. Ghassoulien : culture de Palestine datée entre 4100 et 3600 av. J.-C. La population élevait des porcs, caprins et bovins, cultivait le blé, l’orge et les lentilles. Gribi : v. style Gribi. Groupe A : culture de pasteurs de Basse Nubie, proche de l’Abkien, datée mi 5ème-mi 3ème millénaire. Il est surtout connu par ses sépultures qui traduisent une société hiérarchisée. Sa poterie, dégraissée avec des cendres et des bouses, est d’une remarquable légèreté. Groupe Gash : population qui, entre 3000 et 1500 av. J.-C, développe un système social complexe dans le delta de la Gash, montrant des affinités avec le Groupe C et Kerma. Guérola : v. style Guérola. Guirien : dernier cycle climato-sédimentaire reconnu par J. Chavaillon dans la vallée de la Saoura. Daté de 12 000 à 4 000 B.P. (12100 à 2500 av. J.-C.), il couvre l’essentiel de l’Holocène. Haddadien : phase moyenne de l’Age du Fer au Djourab, identifiée et dénommée par Y. Coppens. Possède une poterie peinte rouge et noir et une poterie ajourée. Hadjarien : culture néolithique du Bas-Sahara n’utilisant pas la poterie. Il est daté de 7000 à 5000 B.P. (5900 à 3800 av. J.-C.). Outre l’absence de poterie, il est caractérisé par la coexistence d’un trapèze à côté(s) convexe(s), d’un scalène perçoir à angle arrondi et d’une tête de flèche à écusson Halbmond Leiterband : au wadi Howar, horizon néolithique récent qui succède à l’horizon Leiterband vers 4000 B.P. (2500 av. J.-C.). Il se caractérise par une poterie à motif de type boulier fait à l’aide d’un peigne à première dent ondulée. Halfien : faciès du Paléolithique supérieur, daté entre 20 000 et 15 000 B.P., riche en lamelles à dos, caractérisé par un débitage qui porte son nom. Handessi : au wadi Howar, horizon néolithique récent qui succède à l’horizon Halbmond Leiterband. Sa subdivision en deux sous-ensembles paraît avoir valeur chronologique, Handessi A daté de 3800 B.P., (2200 av. J.-C.) et Handessi B de 3500 B.P (1800 av. J.-C.), elle s’appuie plus particulièrement sur le décor des poteries, à motif pseudo-excisé pour l’une, à motifs géométriques et lèvre jamais décorée pour l’autre. Haouanet (sing. hanout) : sépultures en forme de chambre, creusées dans les falaises. Se rencontre dans l’Est maghrébin. Harifien : culture développée dans le Neguev et le Sinaï entre 10750-10000 B.P. (11800-9500 av. J.-C.), à outillage lamellaire, utilisant la technique du microburin. Ses habitats sont des huttes rondes semi-enterrées dont la paroi est faite de blocs superposés sans liant. Hittites : confédération de peuples de langue indo-européenne ayant établi un royaume en Anatolie centrale vers 1750 av. J.-C. Il fut anéanti par les Peuples de la Mer vers 1180 av. J.-C. Hohou : v. style Hohou. Holocène : série géologique qui suit la glaciation de Würm. A été souvent entendu comme l’étage géologique le plus récent.

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Sahara préhistorique Hominidés : famille de mammifères à laquelle appartient l’homme. Elle regroupe les Australopithécinés et les Homininés. V. t. I. Hyksos : nom donné aux envahisseurs asiatiques qui, venus de Syrie et de Palestine, pénétrèrent en égypte vers 1630 av. J.-C. Ils provoquèrent la chute des XIIIème et XIVème dynasties, fondèrent la XVème. Installés dans le delta, ils ne contrôlaient qu’une partie de l’Egypte. Ils furent expulsés vers 1570 av. J.-C. Hypogée : inhumation sans superstructure, ouverte vers l’extérieur. Au Maghreb, on distingue les puits aux parois verticales qui sont rapportés aux Phéniciens et les silos, en forme de gourde, qui seraient d’origine hispanique en raison de tombes semblables datant du Bronze ancien en Andalousie. Iam (= Yam) : ancien royaume de la vallée du Nil, serait la première forme du royaume de Kush. Ibéromaurusien : culture préhistorique développée au Maghreb, du 22ème au 9ème millénaire. Elle fait un ample usage de lamelles à dos. Idélesien (= culture de Tan Ainesnis) : pour J.P. Maître, culture du Néolithique récent de Téfédest qui succède à la culture de Timidouin. Indice de débitage (= Id) : poids de matière débitée x 100/poids total de matière première ; indice établi par C. Brahimi, pourrait être un caractère parlant des gisements. Indice de transformation (= It) : poids des outils x 100/poids de matière débitée ; établi par C. Brahimi, bien qu’encore peu utilisé paraît un caractère significatif de la fonction des gisements. Inter-capso-néolithique : v. Inter-gétulo-néolithique. Inter-gétulo-néolithique (= Inter-capso-néolithique) : nom donné par E.G. Gobert aux industries du Capsien supérieur de la région de Gafsa qui constituent actuellement la phase récente du faciès tébessien. Isnien : culture paléolithique supérieur de la vallée du Nil égyptien. Isotopes : corps simples de mêmes numéros atomiques mais de masses différentes. On distingue des isotopes stables et instables, ces derniers étant des substances radioactives. L’un des plus connus, le carbone de masse 12, possède un isotope instable de masse 14 qui, utilisé pour dater la matière organique, joue un rôle important en archéologie. Izimane pointe d’ : triangle dont l’un des côtés est retouché en grattoir. Kadadien : culture pastorale du Néolithique récent soudanais datée vers 5200-4800 B.P. (40003600 av. J.-C.), fortement hiérarchisée. Une abondante poterie noire porte des motifs impressionnés ou incisés, souvent incrustés de blanc. Kadruka : culture fortement hiérarchisée de Haute Nubie, connue en amont de la Troisième Cataracte. Elle est datée de 6500 et 5300 B.P. (5500 et 4100 av. J.-C.). Son industrie est riche en matériel poli. Sa population vivait d’élevage et d’agriculture. Kanémien : dans le Sahara méridional, importante phase hyperaride datée entre 20-17 000 et 12 000 B.P. (= Ogolien dans le Sahara occidental). V. t. I. Karnasahi : v. faciès de Karnasahi. Kassala : phase la plus récente de l’Atbaï tradition. Khartoum variant : culture développée dans la région de Wadi Halfa vers 6500 B.P. (5500 av. J.C.). Elle occupait le même territoire que l’Abkien et serait d’origine extérieure. L’industrie lithique est riche en racloirs, la céramique a un aspect saharien par un décor au peigne recouvrant les vases. Kel Essuf : ensemble rupestre gravé de Tadrart rapporté à une phase hyperaride. Kérémien : culture préhistorique maghrébine connue aux 8ème-7ème millénaires, qui fait un ample usage de grattoirs. Kerma : capitale du royaume de Kush, installée près de la Troisième Cataracte. Son développement est contemporain de la XVIIIème dynastie égyptienne. Elle a donné son nom à une culture, la culture Kerma qui se subdivise en trois phases : ancien, vers 2400-2000 av. J.-C., moyen, vers 2000-1750 av. J.-C., classique, vers 1750-1550 av. J.-C. Keymena : v. style Keymena. Kharga : en Egypte, phase humide subdivisée en deux épisodes : Kharga I daté entre 5900 et 5000 B.P. (4800 et 3800 av. J.-C.) et Kharga II entre 4800 et 4600-4500 B.P. (3550 et 3300-3200 av. J.-C.). Kiffian : nom donné par A.B. Smith à un faciès du Néolithique saharo-soudanais développé dans le Sud du Sahara central qui utilise un débitage lamellaire. Kjökkenmödding (= rammadiya, sambaquis, concheros) : amas coquillier. Koko : v. style Koko. Kouschite : de Kush. Kristelien : culture épipaléolithique du Tell, apparentée au Kérémien, qui possède en outre des outils infiniment petits.

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Glossaire Kubbaniyen : culture paléolithique supérieur de la vallée du Nil. V. t. I. Kush : royaume de la vallée du Nil installé entre la Deuxième et la Quatrième Cataracte, daté entre 3900 et 3100 B.P. (2400 à 1300 av. J.-C.), qui avait Kerma pour capitale. Labied pointe de : mèche de foret allongée, à bords subparallèles, section triangulaire, obtenue par retouches planes envahissantes. L’épaisseur est au moins égale à la moitié de la largeur. L’extrémité est souvent lustrée. Late Akakus : nom donné dans l’Akakus au niveau néolithique saharo-soudanais qui surmonte Early Akakus et s’en distingue par la présence de poterie. Leiterband : au wadi Howar, horizon néolithique daté entre 5200 et 4000 B.P. (4000 et 2500 av. J.-C.), caractérisé par une poterie à motif type boulier fait avec un peigne dont la première dent est longue et droite. Lemdena (pl. lemdenat) (= site-butte) : en Mauritanie, habitat préhistorique sur ancien cordon dunaire qu’il recouvre en partie. S’est développé entre les 4ème et 2ème millénaires. Levallois : méthode de débitage qui vise à obtenir un éclat de forme prédéterminée. V. t. I. Libyco-berbère : qualificatif attribué par G.B.M. Flamand à la phase récente de l’art rupestre dans le Sud oranais où figurent des caractères alphabétiques de même technique piquetée ou incisée et même patine que les autres gravures. Libyco-Capsien : nom donné par Mc Burney en Cyrénaïque, à un ensemble industriel qu’il rattache au Capsien typique. Libyens : appellation dérivant de Lebu ou Rebu qui désigne des populations vivant à l’ouest du Nil vers 2500-2400 av. J.-C. Le sens donné à cette appellation a varié au cours des temps jusqu’à se limiter aux populations littorales. Maadien : culture développée dans le delta du Nil au 4ème millénaire. Elle utilise un débitage torse, possède des vases ovoïdes dont la surface est le plus souvent polie. Malakien : en Afrique orientale, nom donné à l’Holocène. Maroughetien : M. Reygasse nomme ainsi en 1934 une industrie à outillage lourd, nombreux pics. N’est pas daté. Masara (complexe) : petites occupations épipaléolithiques identifiées dans l’oasis de Dakhla par M.M.A. Mc Donald qui les subdivise en Unités Masara A, B et C en raison de la structure des outillages lithiques. Elles sont rapportées à une population arrivant dans le Désert libyque vers 8800 B.P. (8000 av. J.-C.) et rapprochées du Harifien en raison de leur habitat semi-enterré. Mashaouash : au 13ème siècle av. J.-C., nom donné aux Libyens orientaux, éleveurs de chevaux. Maures : fraction des Numides qui occupait le Tell occidental. Mayguili : v. style Mayguili. Mechbed : Chemin caravanier. Piste conduisant à un point d’eau. Mégalithe : terme appliqué à tout ou partie de monument funéraire fait de grosses pierres, dalles ou hautes pierres dressées. Mellahien : nom donné au Maroc à la dernière transgression, est l’équivalent du Versilien en Méditerranée. Le maximum mellahien est marqué par le niveau +2 m. Mellalien (= Ouarglien) : nom donné par G. Camps à une culture épipaléolithique de la région de Ouargla (Sahara algérien) datée du 8ème au 6ème millénaire. Elle possède un outillage fortement lamellaire et dispose de sites secondaires spécialisés, marqués par la forte prédominance d’un type d’outil lamellaire. Mérimdéen : faciès du Néolithique récent du delta du Nil développé entre 5700 et 5200 B.P. (4550 et 4000 av. J.-C.). L’industrie lithique fait un ample usage de la retouche plane. La poterie, généralement noire, sans décor dans la masse, est lustrée. Méroïtique : culture de Nubie dont les plus anciennes dates remonteraient à 650 av. J.-C. Mésolithique : terme créé en 1873 pour désigner une période intermédiaire entre le Paléolithique et le Néolithique. Actuellement retenu pour désigner les industries des derniers chasseurs-cueilleurs, situées dans ce même créneau et développant l’usage de microlithes. Moérien : culture du Néolithique moyen développée dans l’oasis du Fayum, en phase sèche, daterait de fin 5ème-début 4ème millénaire. Des bords abattus, retouches continues et perçoirs forment l’essentiel d’un outillage lamellaire. Mogadorien : Antoine nomme ainsi une industrie du Cap Sim à pointe caractéristique dite mogadorienne (fig. 89). Montadien : culture mésolithique identifiée en Provence par M. Escalon de Fonton, datée du 8ème millénaire, elle dispose de minuscules lamelles à dos. Mugien : culture mésolithique du Portugal.

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Sahara préhistorique Nabta Playa (phase) : en Egypte, phase humide datée entre 6100 et 5900 av. J.-C. Natoufien : culture du Levant dénommée en 1923 par D. Garrod. Développée aux 11ème-9ème millénaires, elle témoigne d’une tendance à la sédentarisation avec un habitat semi-enterré. Nekhen : nom égyptien de la ville de Hiérakonpolis en Haute Egypte, qui existe vers 2300 av J.-C. Néolithique A : dit aussi PPNA, culture précéramique de Palestine développée de 8200 à 7600 av. J.-C. Sédentaire, la population vit dans des maisons rondes, pratique l’agriculture (céréales, légumes), le polissage de la pierre. L’élevage n’est pas affirmé. Les morts sont inhumés dans l’habitat, les crânes sont prélevés et regroupés à part. Des figurines féminines appellent un changement dans les mythes. Néolithique B : dit aussi PPNB, culture précéramique de Palestine succédant au PPNA et daté de 7600 à 6000 av. J.-C., caractérisé par l’emploi de vaisselle blanche (récipients fabriqués à l’aide de chaux). Les maisons deviennent rectangulaires. Un élevage de chèvres se développe. Le surmodelage des crânes est pratiqué. Néolithique C : nom donné par E.G. Gobert à une culture néolithique riche en pièces foliacées, connue dans l’Est maghrébin. Néolithique Capsien ou faciès Damous el Ahmar : phase moyenne du Néolithique de tradition capsienne, il connaît une diminution des pièces à coches-denticulés, microlithes géométriques au profit des grattoirs, racloirs, voire lames à dos. Néolithique de Bab Merzouka : en 1915, X. de Cardaillac nomme ainsi un faciès des environs de Taza que caractérise l’abondance des haches taillées ou polies. Néolithique de tradition capsienne : culture néolithique du Maghreb marquée par l’abondance des microlithes géométriques, une poterie rare. R. Vaufrey, pour qui il était l’ultime développement du Capsien, lui accordait un immense territoire qui a été fortement réduit par une meilleure connaissance des industries. Néolithique méditerranéen : vaste ensemble regroupant les diverses cultures néolithiques du pourtour méditerraanéen. Néolithique pastoral : au Sahara, phase du Néolithique qui pratique l’élevage et a laissé de nombreux témoins peints ou gravés de cette activité. Est volontiers nommé Bovidien dans certaines régions. Néolithique prépastoral : au Sahara oriental, phase antérieure au Néolithique pastoral, dans l’Akakus, correspond à la culture Late Akakus. Néolithique saharien : appellation donnée par D. Grébénart à un faciès néolithique récent de la région d’Agadez. Il est daté des 3ème-2ème millénaires. Les haches et la céramique y abondent. Néolithique saharo-soudanais : nom donné par G. Camps au Néolithique du Sahara central dit antérieurement Néolithique de tradition soudanaise. Selon les auteurs, le terme couvre la totalité des cultures sahariennes riches en poterie, pauvres en tests d’œuf d’autruche ou simplement la phase ancienne de ce Néolithique. Néolithique sahélien : appellation donnée par D. Grébénart à un faciès néolithique récent de la région d’Agadez, où la poterie affectionne les motifs croisillons et qui occupe la partie orientale de la falaise de Tiguidit. Néolithique tellien : culture néolithique du Maghreb occidental, caractérisée par un outillage lamellaire et une poterie abondante, à éléments de préhension autour desquels s’organise un décor complexe et qui est généralement montée en terre franche. Elle daterait des 6ème-5ème voire 4ème millénaires. Néolithique type El Adam : faciès néolithique développé du 10ème au 8ème millénaire dans des oasis du désert libyque. Néolithique type El Ghorab : faciès néolithique daté entre 8500 et 8200 B.P. (7600 et 7200 av. J.-C.), proche du Bedouin microlithic ; il se développe en période humide et fait suite au faciès El Kortein. Néolithique type El Kortein, : faciès néolithique daté entre 8800-8500 B.P. (7960-7600 av. J.-C.), succédant au type El Adam. Néolithique type El Nabta : faciès néolithique daté des 8ème-7ème millénaires, qui succède au type El Ghorab. Il est vu comme l’assise du Néolithique moyen des régions orientales. Nigéro-tchadien : subdivisions du Quaternaire élaborées par M. Servant pour distinguer les phases arides et pluviales. Niola Doa : v. style Niola Doa. Nouakchottien : le long des côtes de Mauritanie, nom donné à la dernière transgression, postérieure à l’Inchirien (équivalent du Mellahien et du Versilien). Identifiée par Dereirus en 1900, elle a été nommée en 1966 par la Commission du Lexique stratigraphique. D’abord assimilée au Pléistocène moyen, à l’Ouljien s.s. par certains auteurs, elle fut ensuite rapportée au Flandrien.

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Glossaire Numides : appellation d’abord appliquée à l’ensemble des populations occupant le Tell maghrébin, puis limitée aux populations orientales, les populations occidentales étant alors nommées Maures. OSL : (luminescence stimulée optiquement), mesure le temps écoulé depuis la dernière exposition à une forte chaleur ou au soleil. S’appuie sur le vidage des pièges à particules radioactives existant dans les cristaux, par exposition aux rayons solaires. Elle est d’utilisation délicate, le vidage pouvant ne pas être complètement réalisé lors de l’ensevelissement ce qui vieillira l’échantillon. Ouchtata (retouche) : petite retouche semi-abrupte qui égrise le bord d’éclat, lame ou lamelle. Oued (= wadi au Sahara oriental, enneri au Tibesti et Ennedi) : cours d’eau des régions sèches, à débit irrégulier, souvent intermittent. Ounanien : culture néolithique connue dans le Nord du Mali. L’Ounanien fut d’abord attribué à l’Epipaléolithique. Il est daté entre 7500 et 3500 B.P. (6400 et 1800 av. J.-C.). Les grattoirs sont nombreux, la pointe d’Ounan fréquente. Paléolithique : phase de la préhistoire correspondant sommairement au Pléistocène, caractérisée par un mode de vie prédateur. Pan Graves : culture de l’Age du Bronze développée dans le Désert arabique entre 2000 et 1600 av. J.-C., dans laquelle l’Egypte se fournissait en mercenaires. Paratoumbien : terme tombé en désuétude, utilisé par R. Vaufrey pour désigner un outillage de pics, haches, hachoirs, herminettes, disques taillés trouvés associés à des tessons de poterie impressionnée. Peasant neolithic : néolithique récent identifié par G. Caton-Thomson dans l’oasis de Kharga. Peuples de la mer : ensemble de peuples qui ravagea le Levant, mis fin à l’Empire hittite. Ils furent dispersés par la résistance de l’Egypte sous Ramsès III (12ème siècle av. J.-C.). Les Phrygiens s’installèrent en Asie Mineure, les Philistins sur la côte méditerranéenne où ils donnèrent leur nom à la Palestine. En Grèce, les Doriens mirent fin aux royaumes de Mycènes et Tyrinthe. Playa : dépôts de lacs temporaires. Pléistocène : étage géologique précédant l’Holocène. Plutonique : roche issue du magma. Pointe d’Abu Tartur : v. pointe d’Ounan. Pointe d’El Khiam : lame ou lamelle à extrémité apointie, dont la base présente deux coches opposées et une troncature. La retouche est toujours abrupte ou semi-abrupte. Pointe d’Enji : tête de flèche en schiste ou grès fin, entièrement polie (fig. 89). D’une grande variété de formes et dimensions, elle privilégie les pièces triangulaires, elle présente rarement un très court pédoncule, peut être denticulée. Elle est courante dans la culture de Tichitt. Pointe d’Helouan : appellation abandonnée, v. pointe d’El Khiam. Pointe d’Izimane : petite pièce géométrique trapézoïdale ou triangulaire présentant deux troncatures, l’une oblique obtenue par retouche abrupte directe, l’autre convexe ayant l’aspect d’un front de grattoir, obtenue par retouche semi-abrupte microlamellaire, secondairement reprise par petite retouche écailleuse (fig. 89). La base, souvent brute de taille, est parfois régulièrement denticulée. Pointe d’Ounan : petite lame ou lamelle à extrémité distale naturellement aiguë ou appointie par de légères retouches, dont la base a été aménagée par retouches abruptes -plus rarement envahissantes-, en fin perçoir à double épaulement, très souvent arqué. On nomme pointe d’Ounan-Harif, une courte lame ou lamelle de forme volontiers triangulaire dont l’extrémité proximale, généralement appointie, est aménagée par deux troncatures obliques convergentes qui peuvent être droites, convexes ou concaves (fig. 89). Le plus souvent une retouche plane amincit le bulbe. Les bords peuvent ou non être retouchés. La pointe d’Abu Tartur est une forme plus ancienne obtenue par deux coches opposées étranglant la lame ou lamelle et la fracturant par microburin. Pointe d’Ounan-Harif : v. pointe d’Ounan. Pointe de Bou Aïchem : variété de perçoir identifié par Ch. Goetz dans les environs d’Oran. Elle est définie comme petit éclat à dos (moins de 3 cm), large, avec épaulement opposé, prononcé, qui dégage une pointe mesurant le tiers ou la moitié de la longueur totale. Pointe de Bou Saada : lamelle à extrémité distale naturellement aiguë, ou appointie par de légères retouches, dont la base a été encochée par des retouches directes plus ou moins abruptes ou légèrement envahissantes, parfois bifaciales, supprimant le talon. Pointe de Foum Seïada : courte lamelle à dos ou partie distale arqué, à sa base, une coche qui occupe toute la largeur, dégage une soie déjetée (fig. 89).

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Sahara préhistorique Pointe de Labied : mèche de foret obtenue par retouches envahissantes couvrantes ou partielles, à silhouette élancée, section pseudo-triangulaire, l’épaisseur de la pièce étant toujours supérieure ou au moins égale à la moitié de la largeur (fig. 89). Certaines portent un poli de l’extrémité identique à celui des mèches de foret classiques. Pointe de Taoulekt : J. Onrubia-Pintado la définit comme « pièce à silhouette lauriforme élancée, à section triangulaire ou sub-triangulaire, obtenue par retouches abruptes bilatérales directes, inverses ou alternantes. Les deux extrémités, toujours assez aiguës, sont normalement amincies par retouches envahissantes très localisées. Dans les cas les plus typiques, l’épaisseur de la pièce est supérieure à la moitié de la largeur (fig. 89). Pointe de Tarfaya : microlithe géométrique à silhouette subtrapézoïdale, dont la petite base porte des retouches inverses déterminant avec le petit côté, concave, un angle aigu et dont le grand côté porte un piquant (fig. 89). Pointe de Temassinine : lamelle aiguë de silhouette élancée, à bord abattu rectiligne par retouche abrupte, dont le bord opposé porte une denticulation obtenue par retouche plane plus ou moins envahissante pouvant produire une denticulation (fig. 89). Pointe de Tin Bordal : armature élancée, à base arrondie, extrémité acérée, obtenue par retouche non couvrante, connue dans la vallée du Tilemsi (fig. 89). Pointe de Toulkine : éclat triangulaire débité à partir de nucleus pyramidal, à arête médiane lui donnant une section triangulaire, dont l’extrémité proximale, épaisse, également triangulaire, est retouchée. Le limbe peut porter une retouche, voire une denticulation (fig. 89). Pointe du Tilemsi : armature pédonculée faite sur pointe Levallois, à limbe triangulaire, extrémité acérée, le pédoncule est court, dégagé par une denticulation due à des retouches bifaciales (fig. 89). Pointe mogadorienne : fragment de lame triangulaire ou trapézoïdal, à face d’éclatement très plane, rarement retouchée sauf pour amincir le bulbe, à talon épais, facetté, ayant une troncature très oblique obtenue par retouche abrupte. L’extrémité opposée, droite, est également retouchée. Les deux côtés sont généralement repris (fig. 89). Post-Shamarkien : culture néolithique développée aux abords de la Deuxième Cataracte au 5ème millénaire. L’industrie est faite sur éclat, les pièces à coches, denticulés et perçoirs sont courants. Pré-Axumite : culture néolithique d’Afrique orientale. Pré-Kerma : vers 4300 B.P. (2900 av. J.-C.), culture d’éleveurs de la région de la Troisième Cataracte. Pré-Khartoum (= Mésolithique de Khartoum) : culture du Néolithique ancien (Protonéolithique) ou Mésolithique selon les auteurs, attribuée à des pêcheurs. Datée du 9ème au 7ème millénaire, elle est connue dans la région de Khartoum. Elle se caractérise par sa poterie. Un temps, elle a été vue comme le foyer de néolithisation du Sahara. Pré Sabora : phase la plus ancienne de l’Atbaï tradition. Protodynastique : v. Semainien. Qadien : ensemble industriel d’Egypte datant du Paléolithique supérieur. Est parfois considéré comme épipaléolithique en raison de sa structure industrielle. Quadrillé : v. style Quadrillé. Qarunien (= Fayum B) : culture épipaléolithique développée au 8ème millénaire, reconnue aux abords du Fayum par l’équipe de F. Wendorf, elle est associée au lac Pré-Mœris et orientée vers la pêche. Elle offre des caractères proches du Shamarkien, du Libyco-Capsien et d’ensembles industriels trouvés dans les oasis égyptiennes. Le Fayum B de Caton-Thomson lui est assimilé. Radiocarbone (= 14C) : isotope instable du carbone (12C), utilisé pour dater la matière organique. Présent dans l’atmosphère sous forme de C02, il entre dans le cycle du carbone, se maintenant en équilibre entre la matière vivante et l’air ou l’eau. A la mort de l’organisme (y compris des animaux marins), les échanges n’ayant plus lieu, le 14C ne peut plus se renouveler, sa désintégration le conduit à disparaître peu à peu. On mesure le moment de la mort par la quantité de radioactivité résiduelle. On a longtemps cru que la quantité de 14C contenu dans l’atmosphère était constante dans le temps, ce qui s’est avéré faux et explique les différences entre les âges radiocarbone et calendaire. Une date calibrée est celle où ont été introduits des paramètres corrigeant ces différences. Rammadiya (pl. rammadiyat) : appellation donnée aux gisements riches en cendres. Est souvent utilisé pour désigner les gisements capsiens qui sont également nommés escargotières en raison de l’abondance des coquilles d’escargots. Redjem : tas subconique de pierres qui sert souvent de balise. Rharbien : de Rharb (Maroc), appellation proposée en 1956, au Maroc, par Choubert et al. pour l’Holocène. Le Rharbien connaît les dernières industries épipaléolithiques, le Néolithique et peut se développer jusqu’au Moyen Age. Il est l’équivalent de Guirien dans la Saoura, Malakien en Afrique orientale.

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Glossaire Romanellien : culture du Paléolithique supérieur italien développée aux 11ème-10ème millénaires. Elle comporte des lamelles à dos, des segments et de nombreux petits grattoirs circulaires,. Sahane : dans l’Erg oriental, large espace libre de dunes. Saroba : culture du Soudan oriental comparable au Pré-Khartoum. Sbaïkien : nom donné par M. Reygasse à une industrie riche en pièces foliacées qu’il croyait paléolithique. Le Sbaïkien est nommé Néolithique C par E.G. Gobert Scythes : peuple qui occupait le Nord de la Mer noire antérieurement au 8ème siècle av. J.-C. S.D. (sequences dates) : dans la vallée du Nil, méthode de datation due à F. Petrie, basée sur la typologie des poteries. Sébilien : culture paléolithique supérieur de la vallée du Nil. V. t. I. Sefar : v. faciès Sefar. Segment J-shaped : variété de segment de forme dissymétrique, pointu à une extrémité, arrondi à l’autre. Selima : en Egypte, phase pluvieuse datée autour de 9100 av. J.-C. Semainien (= Nagada III) : dans la vallée du Nil, dernier épisode de la culture de Nagada ; nommée également Late Predynastic ou Protodynastique, parfois Dynastie 0. Shaheinabien (= Early Khartoum de certains auteurs) : culture du Néolithique moyen, développée dans la vallée du Nil ; elle fut d’abord nommée Culture des gouges. Identifiée en 1949-50, par A.J. Arkell dans le site Es Shaheinab, elle serait issue du Pré-Khartoum. Plus que par les gouges, elle est caractérisée actuellement par une poterie de ton rouge à frise de demi-cercles noirs bordant la lèvre. Shamarkien : culture épipaléolithique connue au Soudan sur les rives du Nil, du 8ème au 5ème millénaire. Sheikh Muftah (séquence) : faciès néolithique moyen identifié par M.M.A. Mc Donald dans l’oasis de Dakhla, daté mi 6ème-mi 5ème millénaires. Sidérolithique : v. Age du Fer. Sivré : v. style Sivré. Skhirat : v. style Skhirat. Steinpläze : nom dû à B. Gabriel qui désigne ainsi les amas de pierres, vestiges de foyers, gisant sur les regs du Sahara. Style Ebiki (= faciès d’Ebiki) : faciès de l’art rupestre bovidien ancien de l’Ennedi. Figure bovins et petits personnages pouvant être filiformes, armés de l’arc, parfois accompagnés de chiens. Scènes de combat, danses, courses. Style Elikéo : style de peintures de l’Ennedi appartenant à la période dite archaïque par G. Bailloud. Figures blanches entièrement remplies de points ou traits rouge-violacé. Les personnages sont parfois masqués. Style Fada : G. Bailloud a nommé ainsi des peintures de l’Ennedi figurant des personnages, bovins, moutons, plus rarement de la faune sauvage, qu’il rapporte à un Bovidien récent. Elles traduisent un profond dynamisme par des hommes en course. Les femmes, peu représentées, portent une jupe ovale. Style Gribi : faciès de l’art rupestre d’Ennedi, dénommé par G. Bailloud. Il figure des personnages bi-triangulaires, des chevaux et chameaux au « galop volant » ou, dans la phase tardive, à l’amble. Il est rapporté à l’Age du Fer. Style Guérola : ensemble de peintures de l’Ennedi appartenant à la période archaïque de G. Bailloud. Les personnages, plus rarement les animaux, sommaires, sont rendus en aplat, en mouvement. Des archers sont présents. Style Hohou : faciès de l’art rupestre bovidien moyen de l’Ennedi dont les personnages au corps en poire sont caractéristiques. Les bovins présentent une réserve centrale ou un cloisonnage, ils peuvent porter des pendeloques, les cornes peuvent être déformées ou ornées. Le terme est également appliqué à une céramique à décor de vannerie datée du 4ème millénaire. Style Keymena : faciès de l’art rupestre d’Ennedi, dénommé par G. Bailloud, caractérisé par des personnages à grosses têtes « en champignon ». Il est rapporté à l’Age du Fer. Style Koko : faciès rupestre de l’Ennedi, dénommé par G. Bailloud, riche en scènes de la vie quotidienne et représentations de cases. Se distingue par des bovins aux cornes courtes et robes unies. Style Mayguili : ensemble rupestre de la période archaïque défini par G. Bailloud. Les personnages, en aplat violacé ou blanc, ont une tête ronde mal dégagée du corps, surmontée de plumes et peuvent porter un bâton. Style Niola Doa : appellation donnée par J. Choppy à des gravures figurant de grands personnages en groupe de quatre au corps décoré de motifs géométriques. D’une main relevée, ils tiennent

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Sahara préhistorique une baguette qui repose derrière le cou et qui serait caractéristique. Proches du style Hohou, ils dateraient de la même période. Style Quadrillé : style de peintures de l’Ennedi appartenant à la période dite archaïque par G. Bailloud, proche du style d’Elikeo mais les personnages sont représentés en course et avec le bâton et la massue ; ils portent l’arc. Style Sivré : style de peintures de l’Ennedi appartenant à la période dite archaïque par G. Bailloud. Sujets isolés ou en file, figures linéaires violacées ou blanches cernées de violacé, peuvent être cloisonnées par des traits ou des lignes de points, peuvent porter un pagne, un bâton court. Faune avec éléphant, girafe, panthère, autruche. Style Skhirat : J.P. et C. Daugas, F.Z. Sbihi Alaoui désignent ainsi un décor de poterie, en chevrons, fait au peigne à dents fines, bien connu dans cette région et dans le nord de la Saoura. Style Tamada : groupe de peintures de l’Ennedi figurant des personnages, bovins, moutons, peu de faune sauvage, que G. Bailloud a attribué à un Bovidien récent. Il se distingue des autres styles par la richesse des parures, un bétail à grandes cornes et robes volontiers complexes. Les hommes portent un pagne à longue traîne blanche, de grands chèches surmontés de plumes, ils sont armés de l’arc ou de la lance. Tafolien : en 1968, L. Hebrard nomme ainsi l’épisode de formation des cordons sableux qui, le long de la côte d’Afrique de l’Ouest, barrent les golfes les transformant en lagunes. Il débute vers 5000 B.P. (3800 av. J.-C.) et connaît de courtes oscillations positives datées de 3500, 2500-2000 et 500 B.P. (1800, 600-0 av. J.-C. et 1400 ap. J.-C.). Taka : au Soudan oriental, phase culturelle du début du 1er millénaire. Taoukelt (pointe de) : définie par J. Onrubia-Pintado au Sahara atlantique, est une pièce lauriforme élancée, à section triangulaire ou sub-triangulaire, dont l’épaisseur est supérieure à la moitié de la largeur. Elle est obtenue par retouches abruptes bilatérales directes, inverses ou alternantes. Les deux extrémités, toujours assez aiguës, sont amincies par retouches envahissantes très localisées. Tarfaya pointe de : v. pointe. Tarifien : culture de Haute Egypte datant du début du 5ème millénaire ; elle est proche du PostShamarkien de Nubie. Tasien : faciès néolithique de Haute Egypte, identifié par G. Brunton à Deir Tasa. Il précède le Badarien et est daté du début du 5ème millénaire. Tchadien : en Afrique de l’Ouest et au Tchad, épisode de climat humide qui suit la fin de la glaciation de Würm ; est daté de 10000 à 6800 B.P. (9500 à 5700 av. J.-C.). Tehenu : population installée dans le delta et sur le bord occidental de la vallée jusqu’à Memphis, vers 3500-3200 av. J.-C. Temehou : Libyens vivant à l’ouest de la Quatrième Cataracte, assimilés par certains auteurs aux hommes du Groupe A. Ils auraient fondé le Groupe C vers 2500-1600 av. J.-C. Ténéréen : culture du Néolithique moyen reconnue par M . Reygasse en 1934, qui se déploie sur le sud du Sahara central et une partie du Sahara méridional. Il se développerait du 6ème au 4ème millénaire, perdurerait jusqu’au 2ème millénaire dans le faciès de Gossolorom. Son industrie lithique se caractérise par la présence de hache à gorge, de disque à retouche bifaciale et d’une grande pièce foliacée souvent encochée. Sa poterie est comparable à celle du Bovidien. Têtes rondes : période la plus ancienne de l’art peint du Sahara central. Thermoluminescence (= TL) : méthode de datation des terres cuites et pierres brûlées basée sur le vidage par chauffage des pièges à particules radioactives existant dans les cristaux. Elle mesure la radioactivité présente en fonction de celle du milieu où fut trouvé le matériau étudié. En pays chaud, elle est parfois utilisée pour dater des sables longuement exposés à une forte chaleur solaire. Tholos : chambre sépulcrale surmontée d’une coupole. Tidikeltien : culture du Néolithique moyen développée sur le Sahara nord-occidental, qui se caractérise par des têtes de flèche tour Eiffel. Elle est datée des 6ème-5ème millénaires. Tifinagh : très ancienne écriture alphabétique, fraction saharienne du libyque, encore utilisée au Sahara. Tilemsi pointe du : v. pointe. Tin Anneuin : faciès de la phase moyenne de l’art rupestre bovidien en Tadrart-Akakus, dit aussi Tin Lalan. Il privilégie les bovins monochromes à robe zébrée ou tachetée, figure des personnages portant le baudrier croisé et le manteau « libyen ». Tin Bordal pointe de : v. pointe. Tin Lalan : v. Tin Anneuin.

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Glossaire Toub (= torchis) : terre argileuse malaxée avec de la paille ou du foin haché, sert à enduire des clôtures et fabriquer des briques par séchage. Toulkine pointe de : v. pointe. Toulkinien : nom donné par l’abbé Glory à une industrie de l’Atlas marocain constituée en majorité d’éclats de forme et section triangulaires, nommés pointes de Toulkine (fig. 89). Daterait du 1er millénaire av. J.-C. Tumulus : forme élémentaire de tombe, amoncellement de pierres pouvant présenter divers aspects. Tout comme la bazina, il peut être nanti d’aménagements variés permettant de distinguer plusieurs modèles. Uan Amil : faciès ancien de l’art rupestre bovidien qui se développe en Tadrart-Akakus. Il est caractérisé par des personnages à profil méditerranéen ou hamitique, volontiers coiffés d’un chignon ramené au-dessus du front. Ils sont peints en aplat avec cerne et effets de transparence. Uranium/Thorium (U/Th) : méthode de mesure de l’âge des carbonates marins inférieur à 300 000 ans. Elle repose sur la présence, dans le système cristallin, d’uranium 238, substance radioactive qui se désintègre en thorium 230. L’âge est donné par le rapport entre ces deux corps. Les relations entre eux étant plus complexes dans les carbonates continentaux, les données y sont plus délicates à utiliser. Urschicht : culture développée dans le delta du Nil au 6ème millénaire, qui a connu des influences proche-orientales, vit d’agriculture et d’élevage de bovins, moutons et chèvres. Elle utilise un outillage de lames courtes, d’éclats laminaires, volontiers torses. La céramique, abondante, est faite à l’aide d’argile franche, sa surface est souvent polie et une série miniature reprend les modèles utilitaires. Versilien : nom donné en Méditerranée en 1936, par A. Blanc, à la dernière transgression qui fait suite à la glaciation de Würm. Le maximum est daté de 8500 B.P. (7600 av. J.-C.) en Tunisie. Il est marqué par le niveau +1 m. La transgression s’accompagne de l’extension des faunes actuelles qui ont remplacé les faunes froides à Cyprina islandica de la grande régression post-tyrrhénienne ; elle correspond au niveau +2 m de la côte marocaine, nommé Mellahien. Wadi : v. oued. Würm : nom de la dernière glaciation qui s’est développée entre 110 000 ou 70 000 et 12 000 ou 10 000 B.P. selon les auteurs. Le maximum de froid serait atteint vers 18 000 B.P.

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BIBLIOGRAPHIE La bibliographie citée renvoie aux textes essentiels. Pour l’enrichir antérieurement à 1998, on pourra consulter Ferhat N., Tauveron M., 2001, Essai de bibliographie du Nord de l’Afrique. Préhistoire et Protohistoire. Paris, L’Harmattan ; en ce qui concerne le Maghreb, on trouvera de nombreux détails dans l’Encyclopédie berbère, en ce qui concerne la partie orientale dans Hendrickx S., Analytical Bibliography of the Prehistory and the Early Dynastic Period of Egypt and Northern Sudan, Leuven University Press et on ne pourra délaisser internet. Abdel-Magid Anwar, 1989 - Plant domestication in the middle Nile basin. An archæoethnobotanical case study. BAR, S 523, 35. Alimen H., 1971 (1976) – Variations climatiques dans les zones désertiques de l'Afrique nordéquatoriale durant les quarante derniers millénaires. VIIIe session Congr. Panaf. Preh. & Et. du Quat., Addis Abeba, : 337-350. Allard-Huard L., 1993 - Nil-Sahara, dialogues rupestres. Divajeu, Moulin de Lambres. Almagro Basch M., 1946 – Prehistoria del norte de Africa y del Sahara español. Barcelona, Inst. De Estud. Afric. Amblard S., 1984 - Tichitt-Walata R.I. Mauritanie. Civilisation et industrie lithique. Recherche sur les Civilisations n° 35, Paris, A.D.P.F. Amblard-Pison S., 1999 - Communautés villageoises néolithiques des Dhars Tichitt et Oualata (Mauritanie). Thèse de Doctorat d'état en Lettres et Sciences humaines, Université de Paris I. Aoudi N., Dridi Y., Ben Dhia W., 2014 - Holocene environment and subsistence patterns from Capsian and Neolithic sites in Tunisia. Quat. Internat., 320 : 3-14. Aoudia-Chouakri L., 2013 – Pratiques funéraires complexes. Réévaluation archéo-anthropologique des contextes ibéromaurusiens et capsiens (Paléolithique supérieur et Epipaléolithique. Afrique du Nord-Ouest). Thèse Université de Bordeaux I. Arkell A.J., 1949 - Early Khartoum. An account of the expedition of an early occupation site carried by the Sudan Antiquities Service in 1944-45. Londres-Oxford, Presses de l'Université. Arkell A.J., 1953 - Esh Shaheinab: an account of the excavation of a neolithic occupation site. Oxford University Press, London. Arte rupestre del Ciad, Borku, Ennedi, Tibesti. 2004, Milan, éd. Pyramids. Aumassip G., 1986 - Le Bas Sahara dans la Préhistoire. Mém. d’Antiquités Africaines, CNRSCRAPE, Aix-en-Provence-Alger. Aumassip G., 1987 - Le Néolithique en Algérie : état de la question. L'Anthropologie, Paris, 91/2, : 585-622. Aumassip G., 1993 - Chronologies de l'art rupestre saharien et nord africain. Calvisson, Jacques Gandini. Aumassip G., 2000 - Le site préhistorique de Ti n Hanakaten (Tassili n Ajjer, Algérie) et les débuts du Néolithique au Sahara. Premiers paysans du monde. Naissance des agricultures, Guilaine J. (dir.), Paris, Errance (Collection des Hespérides) : 243-260. Aumassip G., avec la coll. de H. Jungner et M. Schvoerer, 2013 - Le site de Tin Hakaten (Tassili Azjer, Algérie) et la chronologie de l'art rupestre saharien. Ikosim, n° 2 : 49-60. Aumassip G., Marmier F., Tixier J., Trécolle G., 1983 - L’Epipaléolithique nord-saharien. Ouarglien ou Mellalien, Bordeaux, Quick-Copy. Aurenche O, Cauvin J., (ed), 1989 – Néolithisations. BAR, 516, Oxford. Bagtache B., Hadjouis D., Eisemann V., 1984 - Présence d’un Equus caballin (Equus algericus n. sp.) et d’une autre espèce nouvelle d’Equus (Equus melkiensis n. sp.) dans l’Atérien des Allobroges, Algérie. C. R. Ac. Sc., Paris, série II, 298/14, : 609-612.

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INDEX Auteurs (capitales), Sites (romain), Noms scientifiques (italiques) Abalessa 301, 357, 369, 473, 489, 493, 497, 498, 580 Abaniora 418, 589 Abbiar Miggi 41, 119, 173, 276, 294, 572 Abd el Adhim 173, 229 Abka 173, 297, 401, 415, 427 Abkien 30, 150, 203, 205, 214-216, 221, 297, 363, 365, 415, 493, 564, 587, 591, 592 Abou Hamed 401, 443 Abouleg 173, 174,184,185, 562, 580, 588 Abou Tamsa 173, 277, 573 Abri 402 41, 76, 77, 173, 254, 265, 274, 275, 549 Abri Clariond (=Moularès) 41, 74, 76, 77, 117, 118, 539, 549 Abu Ballas (Site 85/50) 125, 146, 147, 173, 284 Abu Darbein 125, 151, 158, 580 Abu Tabari (S95/2-3) 173, 293, 295, 301, 308 Acacia 17, 18, 46, 133, 135, 164, 180, 367 Achakar 173, 247, 249, 252, 351, 382, 467, 468, 580 Acheïl (AC1) 301, 347, 379, 580 Acheuléen 25 Achir 473, 580 Adaïma 301, 364, 365, 388, 580 ADAMOU 164 ADAMSON 206, 209 Addax 231, 234 ADDISON 206 Adenota 19, 139 Adjefou 401, 448 Adrar 18, 32, 35, 42, 73, 125, 126, 128, 138, 139, 142, 144, 167, 171, 173, 189, 190, 191, 194, 195, 220, 227, 231, 266, 283,295, 301, 314, 317, 321, 331, 357, 376, 401, 413, 416, 418, 424, 429, 431-433, 437, 438, 443, 445, 471, 473, 495, 500, 512, 513, 514, 529, 580, 585 Adrar Bous 35, 42, 73, 125, 126, 138, 139, 142, 144, 167, 171, 173, 189, 194, 195, 227, 283, 295, 301, 314, 317, 473, 495, 500, 512-514, 529, 563, 580 Adrar Chiriet 173, 189,190

Adrar des Ifoghas 32, 220, 283, 301, 314, 321, 331,413, 416, 418, 431, 437,438, 445 Adrar Gueldaman 18, 173, 266, 580 Adrar Iktebine 401, 433 Adrar n’Kiffi (=Gisement 9) 42, 125, 138, 139, 580 Adrar n’Zerzem 473, 580 Adrar Tiltekin v. Site Launey Aetheria 154, 210 Afa (=Tehe Tin Tan Efigiag) 125, 126 , 166, 401, 449 Afalou bou Rhummel 112, 115, 116 Afilal (culture d’) 127, 128 A-Fozzigiart 401, 418, 580 Afunfun 162 , 175, 176, 179, 301, 321, 367, 368, 370, 371, 394, 473, 494, 497, 498, 503, 512, 580 Age du Bronze 247, 249, 381, 529 Age du Fer 171, 369, 370, 372, 373, 375, 435, 439, 492, 509, 587, 589, 591, 597 Agorass in-Tast 173, 189, 288, 289 Agorass n’Essoui 41, 42 Aguendemen 301, 321 Agula 401, 443 Ahétès 401, 410 Ahor 17, 401, 460 Aïn Aachena 41, 85, 90 , 91 Aïn Bahir 41, 84, 114, 115, 116, 118 Aïn Boucherit 41, 84, 118, 555 Aïn Chebli 41, 42 Aïn Cherita 41, 84, 105, 557 Aïn Dalhia 473, 508 Aïn Dalla 173, 199 Aïn Dokkara (=escargotière du Chacal) 41, 84, 91, 114, 115, 118, 495, 496, 580 Aïn Dua 401, 426 Aïn el Dhobb 41, 59 Aïn el Hadjadj 473, 483 Aïn el Kahla 41, 61 Aïn el Nouss 473, 496, 497 Aïn es Salama 301, 376 Aïn Fritissa 41, 84, 557 Aïn Gueddara 173 Aïn Guettara 173, 260, 261, 263, 280, 301, 330, 567, 580, 590 Aïn Keda 41, 84, 102, 105, 114-116, 118, 269, 473, 490, 534, 557

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Aïn Khanga 41, 84, 91, 554 Aïn Korrich 56 Aïn Kouka 41, 84, 93, 173, 254, 553 Aïn Marshal 401, 440 Aïn Metherchem 41, 76, 109, 473, 491, 496, 497 Aïn Missoum 41, 84 Aïn Misteheyia (=Telidjène) 18, 41, 75, 93, 111, 116, 496, 555, 580 Aïn Naga 41, 86, 90, 117, 173, 237, 254, 401, 441, 553, 565, 580 Aïn Oum Henda 41, 111 Aïn Regada 41, 84 Aïn Rhilane 41, 118 Aïn Sandouk 41, 71 AïN-SEBA 423, 432, 458 Aïn Sefra 301, 385, 473, 479, 490, 493, 494 Aïn Sendes 41, 76, 78, 549 Aïn Smene 301, 383, 385 Aïn Tédelès 173, 236, 238 Ain Torrich 301 Aïn Turk 41, 84 Aïn Zannouch 41, 76, 78, 551 Aïoun Berriche (=Site 12) 41, 84, 85, 90, 95, 100, 108, 112, 115, 116, 473, 490, 491, 496 Aïouneght 401, 438 Akarau 473, 512 Akjoujt (grotte des Chauves Souris) 12, 301, 341, 357, 373, 376, 378, 380, 443, 528, 588 Akka 356, 473, 483 Akmimane 26 Akreijit 226, 301, 328, 337, 395, 467, 580 Alabakat 473, 475, 512 Alasbatrina 287 Alcelaphus 67, 68, 70, 72, 94, 98, 99, 105, 106, 107, 111, 112,128, 133, 137, 139, 142, 244, 245, 271, 352 Ali Bacha 301, 387 ALI HAKEM 157 Alidema 467, 468 ALIMEN 232, 599 ALLARD-HUARD 427, 437, 443 ALLICHE 180, 304, 610 ALMAGRO BASCH 394, 436 Alopochen 215

Sahara préhistorique ALVERNY d’ 425 AMARA 110 Amatlich 301, 339, 378 Amazzar 401, 451, 452 AMBLARD 226, 336, 337, 347 Amekni 17, 32, 125, 127, 128, 132, 163, 164, 167, 168, 173, 174, 184, 185, 195, 301, 302, 304, 305, 409, 473, 484, 493, 496, 542, 558, 562, 575, 580, 588 Amguid 473, 483 Amm Adam 217 Ammotragus 30, 43, 70,72, 94, 99, 105, 106, 133, 137, 168, 180, 304, 352 Amojar 401, 429 Ampullaria 154, 168 Amratien 28, 221, 359, 360, 361, 364, 365, 386,427, 464, 475, 494, 587, 589, 591 Amtal 473, 475 Amzri 301, 355, 356, 578, 580 Anadara 12, 339, 340, 341, 344, 346, 347, 496, 508 Andropogon 337 Aneibis 125, 151, 158 Anezrouft 301, 329, 331, 580 Anou Oua Lelioua 173, 176, 576 177, 178, 292, 293, 468, 493, 563 ANTOINE 108, 279, 593 Anyokan (site 201) 301, 320 AOUADI 271, 274 AOUDIA-CHOUAKRI 67, 85, 113, 114, 115, 116, 475, 489, 490, 495 Aoukaré 473, 512 Aouker 57, 301, 335, 342, 376 Aoulef 173, 565 Arab es Sabaha 41, 47,543 Arak 173, 186, 365 ARAMBOURG 102, 178 Arene candide 247 Areschima 173, 188, 190, 292, 293, 473, 475, 493, 580 Arguin 14, 56, 57, 58, 110, 111, 301, 345, 346 Arkana 173, 193, 195, 297, 580 Arkell 123, 143, 151-154,159, 162, 189, 206, 209-211, 597 Arkinien 44, 48, 50-52, 73, 120, 151, 587 Arlit 173, 189, 192, 282, 283, 293, 295, 301, 303, 473, 475, 500, 512, 580 Armant 301, 361, 365 ARNOLD 216 Aroyo 301, 334, 519, 591 Artemisia 137, 164, 167, 180, 387 Arvicanthis 128 Asanamas 301, 368

ASCENZI 182 Ashech III (=Site 6910) 173, 257, 258, 259, 284, 290, 539, 568, 580 Ashkeit 173, 215 Aspatharia 146, 153, 154, 203, 208, 210, 313, 314 Assabet el-Meddahia 473, 486 Assaka n Haddouhm 41, 61, 557 Asselar 301, 321, 577, 590 Atbai 288, 301, 309, 360, Atbai tradition 205, 217, 221, 587, 592, 596 Atbara (KG15, KG28, KG68, KG74) 41, 54, 301, 360, 543, 580, 583 Atérien 9, 66, 75 Atlas (Anti, Haut, Moyen, saharien) 12, 14, 15, 26-28, 59, 61, 65, 66, 68, 120, 174, 229, 243, 263, 297, 399, 403, 413, 414-416, 424, 429, 430, 438, 439, 440, 441, 447, 455-457, 475, 488, 500, 522, 527, 587, 599 Auchenoglanis 139 AUMASSIP 60, 177, 238, 244, 256,259, 469, 538 Aurignacien 9, 74 Autruche V 173, 225, 230, 232, 566 Azawagh 32, 471, 483 Azefal 344, 379 Azelik( site 210) 301, 368, 371, 580 Azib n’Ikkis 31, 397, 401, 457 Bab Merzouka 301, 356, 594 BACHIR-BACHA 273 Badari 301, 311, 361, 604 Badarien 215, 221, 278, 312, 357, 359, 361-365, 373, 386, 391, 393, 395, 464, 494, 497, 499, 500, 511, 579, 587, 598 BAGNOLD 204 Baguena V 173, 186, 187, 562 Baharia 301, 363 BAILLOUD 158, 171, 219, 220, 222, 317, 370, 385, 405, 411, 413, 418, 427, 435, 505, 597, 598 BAKER 278 BAKHT 143, 150 Balanites 17, 46, 130 BALLOUCHE 18, 51, 111, 251, 284, 288 BALOUT 39, 71, 74, 76, 77, 85, 91, 110, 235, 253, 261, 268, 275, 357, 538 Bamendil-Gara Driss 173, 263, 264, 351, 580 BANKS 25, 148, 150, 200, 309 BARAKAT 163 Bardagué 125, 158, 173,

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175, 411, 580, 581 BARDIN 271 BARICH 28, 43, 44, 45, 108, 111, 133, 134, 180, 181, 183, 199, 276, 297, 468, 538 Barouâga 173, 573 BARTH 455 Bashendi 24, 166, 198, 283, 587 BATHYLI 338, 343, 347 Batn el Hagar 401, 448 BAUDOUIN 376 BAYLE DES HERMENS de 57, 71, 72, 105, 115, 192 BEAUCHêNE de 63, 231, 317 BEAUDET 11 BEAUMAIS de 266 Bedouin microlithic 44, 47, 49, 52, 61, 117, 147, 149, 587, 594 Behelil 473, 478 Bejaïa 236, 246, 252 Bekkaria 41, 75, 91, 94, 114-116, 173, 282, 293, 294, 473, 493, 494, 496, 497, 553 Bel Air 301, 335 BELHOUCHET 97, 117, 270, 466 BELLIL 282 BENAZZOUZ 15 Beni Isguen 380, 397 Beni Messous 473, 477, 486, 487, 501, 502 Beni Snassen 301, 385 BEN NCER 383 BERKANI 482, 483 BERNABO BREA 247 BERNEZAT 287, 418 BERNUS 164 BERTHERAND 501 BERTHOLON 103, 110, 282 Bguent (culture de) 379, 581 BIBERSON 20, 356 Bidon V 473, 481 BIRABEN 67 Bir el Adal 41, 64, 65, 548 Bir Hamaïria 41, 76, 78, 92, 94, 545, 551, 555 Bir Khanfous 41, 90 Bir Kiseiba v. El Kiseiba Bir oum Ali 41, 84 Bir Ounan (MK21) 173, 226, 584 Bir Zarif el Ouar 41, 79, 117 BLAISE 458 BLANC 283, 469, 599 BOBO 60, 64, 65, 86, 87 BOCOUM 358, 601 Bois des Pins 41, 71, 546 BOKBOT 383, 384 Bolloghine (= St Eugène) 301, 385 BONABEL 318 Bonh Behl (Site 6601) 173, 258,

Index 259, 568, 581 BONNEAU 67 BONNET Ch 8, 367, 518 BONNET A 257 BONNIARD 479 Bordj Mellala 41, 61, 173, 261, 290, 544, 567, 581 Bordj Mokhtar 301, 328 Borraginacées 137 Bortal Fakher 41, 76, 77, 79, 85, 112, 581, 588 Bortal Fakher, 76, 112, 551 Bos 24, 25, 46, 54, 67, 68, 72, 82, 94, 99, 105, 107, 111, 133, 140, 144, 145, 149, 150, 166, 180, 187, 191, 207, 210, 234, 239, 240, 245, 251, 260, 266, 267, 270-272, 275, 288, 304, 307, 318, 339, 355, 376, 447, 499, 503, 512, 514, 580, 586 BOSCH GIMPERA 247 Boscia 164 Botma Si-Mammar 173, 253, 581 Bou Aïchem (=Crique des pêcheurs) 41, 71, 231, 539, 546 581, 595 BOUBé GADO 454, 475, 487 BOUCHUD 29 BOUDY 80, 274 Bou Guennouna 301, 353, 581 Bou Hamram 41, 76 Bouhdida (culture de) 379, 588 BOUKHANAFA 267 BOULE 323 Bou Nouara 41, 100, 473, 493, 502, 503, 504, 555 Bou Zabaouine (grotte des Pigeons) 18, 173, 254, 265, 267, 268, 280, 301, 351, 541, 581, 590 Bovidien 174-176, 180, 184, 185, 188, 195, 220, 286, 287, 292, 293, 296, 297, 401, 403, 405, 410-412, 414, 418-429, 431, 432, 435, 439, 453, 455, 460, 468, 522, 524, 563, 570, 587-589, 594, 597, 598 Bovidien Téfédest v. Timidouin BOVIER-LAPIERRE 310 Brachiaria 137, 289, 337, 391 BRAHIMI 79, 592 BRENANS 416, 451 BREUIL 54, 55, 225, 283, 405, 416, 429, 451, 469 BRéVIé 486 BRéZILLON 265 Brézina (El Arrouya (=Rhar Msakna), Grotte de la Piste, Station du Méandre) 298, 301, 351, 353, 401, 440, 454, 578, 585 BRIGGS 19 BROPHY 291

BRUNTON 361, 587, 598 Bubalin 401, 403, 405, 409, 410, 411, 440, 455, 458, 588 Bubulina 192 BUCHET 247, 248, 508 Bura 473, 475, 487, 498 Buto 301, 360, 361, 363, 516 Caballin 398, 401, 418, 421, 432, 433, 436, 437, 453, 522, 588 CADENAT 66, 67, 70, 71, 72, 105, 106, 107, 114, 118, 237, 382, 538 CALEGARI 325, 459 Calligonum 137, 164 CALLOT 13 Calotropis 46, 136, 137, 180 Camelidés 29 Camelin 401, 431, 432, 433, 434, 435, 436, 439, 522, 588 Camelus 29, 105, 302, 353, 588 Campaniforme 241, 249, 251, 254, 373, 380, 382, 383, 384, 392, 487, 506 CAMPARDOU 477 CAMPS 27, 28, 31, 35, 44,55, 56, 59, 65, 66, 71, 74-77, 84-87, 90, 92, 99, 100, 101, 103, 104, 107, 108, 112, 114, 116, 117, 119, 126, 127, 175, 176, 178, 191, 226, 228, 234-237, 242, 245-248, 253 255, 261, 265, 269, 271, 275, 276, 284, 293, 296, 357, 380-382, 384, 397, 456, 466, 467, 469, 473, 474, 477-480, 482, 486, 488, 489, 492, 493, 495, 501-505, 522, 528, 539, 588, 593, 594 CAMPS-FABRER 76, 92, 103, 104, 107, 112, 116, 117, 175, 178, 226, 235, 248, 253, 269, 271, 275, 293, 296, 466, 467, 469, 539 CANEVA 45, 123, 143, 152, 154, 155, 203, 206, 207, 211, 292 Canidés 27, 202, 271 Canis 99, 109, 137, 142, 145, 154, 187, 210, 251, 355 Cansado (FA10, FA38, FA39) 41, 58, 173, 233, 288, 544, 581, 582 Cap Blanc 301, 376 Cap Bon 473, 478 CAPITAN 80, 274 Cap Manuel 301, 335 Capparia 387 Capparis 46 Capra 27, 210, 251, 355 Capsien (supérieur, typique, néolithisé) 9, 18, 19, 29, 39,42, 45, 52, 59, 61, 65, 66, 73-87, 90-98, 100, 101, 105, 112-120, 129, 232, 237, 245, 247, 253, 254,

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258, 262, 265, 270, 272, 274, 275, 280, 282, 289, 465, 467, 471, 475, 490, 491, 493, 499, 528, 549-557, 588, 591-594, 596 Cap Sim 173, 279, 539, 593 CAPUTO 475 Caracollina 70 CARBONNEL 510 CARDAILLAC de 356, 594 Cardial 26, 27, 30, 32, 33, 234, 235, 237, 246, 247, 249, 251, 252, 234, 235, 237, 246, 247, 249, 251, 252, 468, 528, 529, 588 Cardial v. Néolithique cardial Cardium 12, 70, 245, 277, 347, 528 Carnivores 116, 154, 187, 191, 207, 251, 266, 269, 427, 437 CASINI 43, 196 Cassia 387 Catfish Cave 41 CATON-THOMSON 45, 47, 49, 112, 196, 307, 357, 361, 587, 591, 595, 596 CAUNEILLE 443 Cedrus 17 Celosia 506 Celtis 180, 187, 289 Cenchrus 289, 319, 337, 391 Cerastoderma 70, 97, 98 Ceratotherium 19, 178 Cercopithecus 210 Cerithium 270 Cernuella 70 Cernuelle 287 CERVICEK 442 Cervus 251 Chaâba Bayda 41, 66, 581 Chabet el Bakrer 41, 77, 548 Chabet el Heulsa 401 Chabet el Houidga (=Saint Trivier) 41, 66, 69, 547, 581, 584, 585 Chabet Salah en Arbi 41, 77, 548 CHAID-SAOUDI 166 CHAIX 152 CHAKER 397 Chalcolithique 237, 341, 374, 382, 392, 443, 492, 506, 508, 509, 588 Chami (B15) 301, 338, 339, 342, 393, 394, 473, 475, 490, 493, 494, 497, 510, 511, 581 CHAMLA 109, 141, 144, 163, 272, 393, 494, 502 CHANTRET 192 CHAPUIS 261 CHARON 511 Charonia 271, 291 CHASSELOUP-LAUBAT de 459

Sahara préhistorique CHAVAILLON J. 126,, 591 CHAVAILLON N. 265 Chegga 301, 376 Cheguelenga 125, 159 Chénopodiacées 225 CHENORKIAN 61, 84, 108, 456, 463 Chenoua 301, 382 Cherchell 301, 385, 473, 476 Chet Iler 173, 175 CHIKHI-AOUIMEUR 469 CHILDE 23, 37 Chin Oraghen (site 105) 301, 371, 393, 473, 496 Chin Tafidet 173, 295, 301, 318, 394, 473, 475, 493, 494, 496 501, 502, 512, 581 Chin Wasararan 301, 317, 320, 581 CHMIELEWSKA 51 CHMIELEWSKI 52 CHOISY 88, 381 CHOPPY 427, 597 Chouchet el Ghour 41, 86 Chouchet el Hamadi 41, 64 CHOUMOVITCH 231, 394 Chréa 401, 444 Cimetière des escargots (=Les Coralès) 173, 236, 238, 581 CINTAS 478, 479 Citrullus 337 Clarias 19, 45, 139, 140, 154, 155, 164, 191, 210, 215, 288, 309, 337 CLARK 42, 48, 54, 138, 139, 142, 155, 156, 189, 206, 209, 473, 512, 589 CLOSE 108, 141, 143, 146, 148, 161, 169, 199, 538 CLUZEL 388, 611 Cocculus 137 COLLINA-GIRARD 11 COLOMBEL 454, 606 Columbella 64, 80, 97, 102, 117, 260, 270, 277, 294, 498 Columnata 28, 41, 66, 70, 73, 75, 84, 95, 102, 105, 106, 107, 112, 114-116, 118, 173, 237, 240, 269, 301, 385, 473, 490, 491, 494, 496, 498, 547, 571, 581, 588 Columnatien 39, 65, 66, 67, 71, 73, 106, 112, 114, 115, 116, 118, 120, 237, 490, 493, 499, 547, 588 COMMELIN 225, 226, 227 Composées 17, 164, 251, 527 Conical Hill (Site 84/24) 173, 212, 301, 308 Connochœtes 99 CONNOR 145, 147

Conus 340 COON 248 COPPENS 315, 375, 591 Cornulaca 290, 387 COSTA 91 Cote 1937 41, 84, 557 COUILLAULT 279 COURTET 444 COURTIN 189, 219, 315, 317, 370, 372, 444 COUVERT 104, 128, 241 CREMASCHI 43 Crocidura 266 Crocodylus 139, 187, 213 Crocuta 457 CROVA 233, 376 Ctenodactylus 178 Cubitus (=Torrich I) 41, 67, 547 Cueva de la Carigüela 29 Cueva de los Idolos 301, 349 Cueva Pintada de Galdar 301 Cupressus 17 Cyclonassa 260 Cymbium 345, 347, 392, 475, 511, 589 Cynælurus 81 Cypéracées 46, 136, 138, 183, 338 CZIESLA 204 Dabarosa complex 54, 589 Dabous 30 DACHY 66, 70 Dactyloctenium 179 Dahmouni 105 Daïma 301, 314, 370, 468, 581 Dakhla (Sites 30/420-D1-1, 264, 300, 269, 385) 24, 25, 41, 44, 46, 47, 110, 125, 146, 173, 198, 283, 284, 301, 363, 473, 486, 544, 581, 587, 593, 597 Dakhla (Villa Cisneros) 384, 473, 486 Dakhlat es Saâdane 41, 86, 87, 114, 115, 552 Dakhlet el Atrouss 301, 336, 337, 389, 473, 500 Dal 401, 448 DALLONI 236 Damane 301, 339 Damous el Ahmar 173, 200, 254, 265, 267, 280, 281, 284, 294, 570 Dao Timmi 173, 193-195, 301, 303, 473, 491, 494 Dar es Soltan 28, 301, 351, 356, 509, 581 DARNAUD 282 DASTUGUE 67 DAUGAS 236, 249, 250, 509, 598 DAVEAU 380 DAVIS 297, 415 Dchira 301, 382

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DEBONO 310, 311, 359, 360 DEBRUGE 99, 103, 112, 116, 253, 267, 269, 275, 383, 387, 503 DEDIEU 69, 267, 268, 353 Deladjou 401, 459 DELAROZIèRE 465 Délébo 24, 125, 158, 171, 173, 206, 219, 220, 222, 317, 542, 581 DELMAS 352, 353, 440 Dereivka 28 DESCAMPS 346, 347, 603 DESJARDINS 476 Diak 301, 335 Diatomite (Site 10) 125, 139, 581 Dibeira (DIW3, DIW5, DIW6 DIW50, DIW51, DIW53) 41, 48, 50-53, 125, 151, 173, 215, 216, 543, 559, 563, 581 Diceros 19 DI CESNOLA 215 DIEGO 349 Digitaria 156, 157 DI LERNIA 30, 42, 43, 126, 129, 132, 135-137, 166, 174, 182, 183 DIOP 392 Dirennao 125, 158, 175 Djabarona 301, 308, 363, 581 Djado 26, 159, 405, 409, 410, 415, 416, 421, 424, 431, 432, 433, 542, 581 Djattou 401, 429 Djebel Behelil 473, 478 Djebel bou Sbaa 401, 444 Djebel Djezzar 173, 236, 238 Djebel Fartas 173, 254, 269, 281, 571 Djebel Marhsel 173, 254, 268, 467, 573 Djebel Mekaîdou 41, 71 Djebel Melias 401, 429 Djebel Mistiri 473, 495 Djebel Mlezza 473, 478 Djebel Mouzaïa 173, 236, 238 Djebel Moya 125, 151, 154, 163, 173, 206, 209, 301, 375 Djebel Rahib v. Wadi Howar Djenien 41, 59 Djerba 473, 478, 491 Djidiouia (Saint Aimé) 473, 478 Djonaba 301, 376 Djorf Torba 473, 488, 504, 581 Djourab 301, 315, 370, 375, 589, 591 Dkhraïna 301, 346, 376, 394 Do Dimmi 301, 368, 369, 391 Dogomboulo 173, 188, 581 Domo 26 Donax 346, 347 Dongola 151

Index Donisia 12 DOOLITTLE 248 Dor el Gussa 401, 415, 423 Doucen 301, 380 Dougga 473, 495, 504, 520 Dougoule 125, 158 Doukanet el Khoutifa 173, 238, 293, 529, 566, 581 Doukene 274 DOUMERGUE 71, 244, 354 Draa 57, 413, 429, 438, 439 Dra Mta el Ma el Abiod 41, 75, 84, 95, 554, 581 DRIDI 274, 599 Dryas 143, 589 Dufuna 173, 288, 581 DUMONT 14 DUNNE 208, 603, 605 DUPUY 413, 418, 437, 438, 445, 459, 523 DUTOUR 114, 281, 282, 293, 387, 388, 494, 508, 511 Dyke (E-72-5) 41, 47, 49, 125, 147, 149, 560, 589 Early Akakus 42, 43, 44, 133, 135, 136, 137 Early Khartoum 153, 199, 206, 212, 221, 589, 597, 599 Ebiki 427, 589, 597 Eblelit 301, 325 Echinochloa 32 Echium 137, 168 Edjaila 473, 475 Efey Washaran 301, 321, 582 Egaro 301, 358, 369, 373, 391, 582 Egharghar 401, 413 Eghei Zouma 283, 301, 359 Eheren-Tahilahi 418 Ehi Atrun 401, 411 Ehi Woro 173, 193, 194, 290, 301, 303, 581, 582 EISEMAN 28 EIWANGER 218, 240, 287, 309 Ekaham wan Taliwin 173, 287 El Adam (E-79-8, 80-1, 80-3, 80-4) 24, 44, 125, 134, 143, 145 150, 159, 166, 539, 559-561, 594 El Adjal 401, 432 El Akhdar 143, 173, 204 El Arag 41, 46, 582 El Argar 386, 392 El Arrouya (= El Arouïa, Rhar Msakna) 173, 229, 240, 301, 351, 354, 356, 582 El Barga 125, 152, 153, 158, 163, 167, 168, 292, 295, 473, 500, 582 El Bayed 173, 255, 256, 257, 280, 350, 567 El Beid 13, 143, 589 El Charaig 473, 505

El Damer 125, 151, 168 Eleusina 32, 208 El Ghaba 173, 207, 293, 294, 295, 312, 473, 493, 497, 500, 582 El Ghorab 47, 143, 147, 149, 159, 173, 200, 292, 473, 494, 560, 594 El Ghot 301, 382, 385 EL GRAOUI 473 EL HADI KROUMERI 503 El Hadjar 41, 59, 60, 61, 63, 258, 260, 545, 582 El Hadjar-sebkha (=Site 6710) 173, 259, 260, 539, 568, 582 El Hadjira 63 El Hamara 473, 480, 495, 509 El Hamel 41, 68, 548, 582 El Hamraïa (=Site 7207) 41, 62, 63, 545, 582 El Haouita (El Haouita-Versant) 13, 41, 72, 73, 87, 88, 553 El Harhara 401, 429, 440 El Harhoura 173, 252, 351, 509, 582 El Hasbaia 401, 454 El Hassi 13, 14, 15, 41, 84, 88, 553, 582 El-Heiz 14, 589 El Heriga 29, 301, 353, 382, 582 El Hierro 301, 346, 349, 395 El Hosh 401 EL IDRISSI 237, 246, 251, 383 Elikeo 411, 589, 598 El Kab 41, 44, 47, 48, 49, 364, 395, 582 Elkabien 44, 47, 49, 73, 117, 151, 543, 589 El Kadada 27, 207, 209, 301, 312, 313, 366, 392, 393, 468, 473, 475, 476, 490, 493, 494, 497, 512, 582 El Kef 173, 237, 571 El Khril 173, 248, 301, 351, 383, 569, 582 El Kifene 41, 119 El Kiffen 301, 383, 385, 473, 501, 505, 509, 582 El Kiseiba (E-79-1 à 5, 79-9) 35, 46, 125, 143, 146-150, 166, 173, 200, 292, 293, 301, 307, 494, 560, 561, 564, 576, 582 El Kortein 24, 143, 146, 150, 159, 166, 167, 173, 560, 594 El Krima 401, 441 El Marhsel (= Daklet el Youndi) 173 , 254, 270 El Mekta 41, 74, 76, 80, 85, 90, 96, 100, 118, 119, 258, 466, 467, 549, 553, 582, 588 El Mermouta 41, 86, 88, 258, 552, 582 El M’nasra (Grottes du Casino, des Contrebandiers) 173, 252, 351, 383, 509

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El Moghraby 14 El Mreïti 473, 505 El Mries 301 El Mriès 382, 473, 508 El Nabta 25, 143, 145, 149, 159, 165, 200, 203, 561, 594 El Oghrab 41, 111 El Omari 27, 301, 310, 392, 393, 394, 473, 475, 493 El Ouar 39, 41, 59, 79, 117 El Oued (EO2, EO5, MJ1, MJ3) 41, 59, 60, 64-66, 73, 84, 548, 590 El Outed 41, 77, 79, 81, 550, 551, 582 El Qoz 125, 151, 173, 206, 209 El Qoz. 151 El Rhallaouiya 401, 438, 443, 454, 473 El Tarif 173, 216 Emi Lulu 473, 482, 582 Enéolithique 358, 380, 386, 464, 589 Enneri Domo 26 Eobania 105, 272 Eousséli 401, 458 Ephedra 137 Epipaléolithique 133, 135, 146, 233, 234, 293 Equidé 134 Equidés 27, 530 Equus 28, 29, 67, 68, 94, 99, 105, 137, 267, 270, 275, 523, 599 Eres n’Enadan 301, 368 Erg Chech 230, 301, 376, 380 Erg de Mourzouk 176 Erg el Ouar 41, 59 Erg Er Raoui 229, 232, 301, 380 Erica 17 Erinaceus 137 Er Raoui 301, 376, 380 Ertan 401, 409, 609 Esna (GS 2B II) 32, 44 Es Shaheinab v. Shaheinab ESTORGES 87, 243, 263 Et Teyyedché 173, 233 EVANS 249 Ezziani 439 FABRE 330 Fada 31, 412, 425, 428, 591, 597 Fagonia 387 FAIDHERBE 503 Faïd Souar 41, 100, 112, 113, 115, 473, 490, 491, 556 Fakhurien 52 Fanfanniékéné 301, 387 Farafra 25, 35, 41, 44, 125, 143, 173, 198, 284, 301, 363, 582 Faruanama 401, 434 FATTOVICH 217, 587 FAUCAMBERGE de 108, 277, 278

Sahara préhistorique FAURE 16, 411, 611 FAVERGEAT 230 FAVREAU 16 Fayum (kôms K, W, QS X/81) 32, 33, 44, 45, 73, 112, 125, 146, 173, 196, 197, 202, 214, 283, 284, 285, 289, 327, 591, 593, 596 Fayumien 196, 198, 218, 359 Feidj Elleben 401, 440 Felis 251 FéRAUD 263 FERHAT 73 Fès 473, 476 FéVRIER 397 Feyek 401, 458 Fezzan 25, 96, 297, 423, 433, 505, 522 Ficus 128, 130, 137, 164, 180, 378 FITTE 42, 59, 232 FLAMAND 416, 438, 593 Fofoda 401, 425 Fontaine Noire 41, 556 Fontaine Rahal 301, 353, 582 Fort de l’eau 18 Foum Arguin 14, 55, 57, 58, 544 Foum el Alba (MK36) 173, 224-226, 301, 329, 542, 584 Foum Seïada 173, 229, 231, 232, 322, 539, 566 Foum Seïd 41, 119 FOURNIER 97 Fozzigiaren 125, 129, 173, 184, 582 FROBENIUS 416, 444, Fuerteventura 301, 348, 349, 468 Futui Cave. 35 Gabès 64 GABRIEL 175, 235, 283, 350, 485, 597 Gabrong 125, 158, 582 Gadaoui 301, 325 Gafsa 74, 78, 80, 82, 84, 85, 117, 118 Gajiganna 301, 314, 582 GALASSI 283, 469 GALLAY 227 GALLIN 332 Gallinacés 313 Gangaras 380, 319 Gao 301, 324, 325, 327 Gara 41, 45, 173, 189, 264, 301, 317, 368, 391, 580, 582 Gara Driss 173, 264, 580 Garamantes 283, 388, 431, 505, 522, 525 Gara Tchia Bo (Sites 20, 48, 55, 75) 173, 189, 301, 309, 312, 313, 317, 318, 332, 368, 391, 582 Gar Cahal 173, 301, 385

GARCEA 42, 43, 137, 138 GARDNER 47, 196, 587, 591 Garet et Taleb (= Djebel bou Sbaa) 173, 298, 401, 444, 565 Garet et Teben 401, 440 Gar Kahal (= Cahal) 249, 250, 301, 351, 383, 385 GARROD 45, 594 Gash 205, 217, 221, 288, 301, 309, 313, 360, 468, 591 GAST 164 Gastel 477 Gastéropodes 212, 273, 277, 287, 313 GATTO 365 GAUSSEN 220, 321, 322, 323, 324, 325, 326-328, 473, 500, 538 GAUTHIER 482 GAUTIER A. 25, 46, 134, 141, 145, 155, 158, 166, 178, 182 GAUTIER F.E. 453, 483 Gazella 70, 72, 94, 99, 102, 105, 107, 112, 139, 142, 145, 146, 163, 187, 199, 204, 213, 231, 234, 245, 251, 267, 275, 341, 352 Gebel ben Ghnema 401, 423 Gebel el Arak 365 Gebel Kamil 173, 195, 205 Geddi 401, 427, 443 Geili 173, 203, 207, 292, 293, 301, 312, 375, 473, 493, 494, 542, 582 Gerzéen 31, 359, 360, 361, 364, 365, 386, 390, 393, 464, 468, 515, 516, 589, 591 Gétule 522, 591 Gétulien 74, 77, 591 GEUS 216, 312 Ghar Zahar v. Grotte des Ours Gibraltar 11, 235, 246, 247, 252, 382 GIENGIER 331 Gilf (B, C) 204, 307 Gilf Kebir 17, 44, 143, 150, 195, 204, 205, 214, 283, 309, 401, 403, 405, 411, 413, 425, 426 GILMAN 236, 247, 248, GINTER 196, 205, 216, 217 Gira-Gira 30 Gisement Florence 173, 231, 582 GLORY 355, 384, 386, 538, 599 Glycymeris 270 Gobé 173, 220, 582 Gobero 13, 15, 125, 138, 139, 144, 163-165, 168, 173, 189, 191, 282, 290, 292, 293, 295, 473, 475, 497, 500, 501, 506, 582 GOBERT 253, 274, 275, 282, 293, 478, 592, 594, 597 GOETZ 71, 253, 595 Gonoa 401, 410, 411, 413, 425, 473, 485

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GONTHIER 291, 469 Gorgon 173, 297, 401, 415, 427 Gossolorom 301, 314, 317, 590, 598 GOULETQUER 367, 468 GOUX 501 GRAGUEB 76 Graminées 17, 18, 33, 37, 132, 136, 138, 164, 165, 184, 204, 225, 251, 260, 338, 527 Grand Erg Occidental 13 Grand Erg Oriental 39, 59, 255, 350 Grand Rocher 26 Grande Canarie 301, 348, 349, 350, 395, 588, 589 Grande Mer de Sable 125, 143, 146, 173, 198, 202 GRAZIOSI 126, 174, 182, 276, 416, 419, 423, 433 GRéBéNART 55, 56, 57, 75, 77, 79, 81, 83, 86, 88-90, 93, 111, 121, 237, 245, 253, 317-320, 338, 356, 357, 367-374, 394, 442, 468, 488, 496, 528, 538, 587, 588, 594 Greboun 41, 42, 370 Gribi 435, 591, 597 Grotte de la Piste v. Brézina Grotte de Noiseux 173, 238, 244 Grotte des Chauves Souris 301 Grotte des Contrebandiers v. El Mnasra Grotte des Hyènes (=Roknia) 173, 275 Grotte des idoles 173 Grotte des Ours (=Ghar Zahar) 173, 253 Grotte des Pigeons 173, 253 Grotte des Troglodytes 173, 238, 244, 541 Grotte du Casino v. El Mnasra Grotte du Midi 173, 238, 246, 541 Grotte du Mouflon 173, 253 Grotte du Polygone 173, 244, 269 Groupe A 205, 215, 221, 308, 357, 359, 365-367, 373, 389, 393, 394, 464, 475, 490, 491, 494, 497, 500, 511, 517, 591, 598 Groupe C 309, 314, 315, 317, 366, 388, 418, 426, 428, 444, 517, 518, 591, 598 Groupe Gash 309, 313 GRUET 279 Guancha 301 Guelb Moghrein 301, 373, 376, 378, 582 Guelma 245 Guelmouz el Abiod 401, 441 Guenfouda 246

Index Guérola 411, 427, 591, 597 GUILAINE 380, 487, 505, 599 GUINET 128, 164 Guirchi Nialadoia 401, 444 Guirien 11, 591, 596 Guli 125, 151, 173, 209, 582 HAALAND 23, 151, 208, 209, 210 HACHID 414, 418, 430 Hacilar 25 HADACEK 251 Haddadien 375 Hadjarien 257, 259, 280, 568, 591 HADJOUIS 290, 599 Hadjra Berrik 353, 401, 454 Hagiz 301, 360 HAHN 23, 205 Halabadu 301, 382 Halbmond Leiterband 308, 309 Halfien 51 Hamda 41, 96, 109, 117, 118, 173, 240, 272, 274, 275, 283, 495, 554, 583 Hamlet Boulaaba (=Hamaïne) 41, 77, 548 Hammamat 301, 362, 364, 389, 395, 401, 451 HAMOUDI 180 Hamoud Nechek 301, 321, 577 HAMPATé Bâ 449, 450 Handessi 307, 308 HARBI-RIAHI (=HARBI) 97, 270 Harifien 110 HARLAN 31, 32, 165, 604 Harmelia 173, 254, 270, 570 HASSAN 13, 14, 24, 26, 44, 45, 110, 111, 199, 283, 360, 365 Hassi bou Bernous 173, 229, 582 Hassi Chaambi 173, 258, 568 Hassi el Abiod (AR7) 173, 220, 226, 227, 234, 281, 282, 283, 292, 293, 315, 332, 473, 494, 499, 574, 582, 590 Hassi Manda 173, 229, 539, 539, 582 Hassi Menikel 173, 240, 566, 582 Hassi Mouillah 41, 59, 62, 173, 262, 263, 264, 265, 280, 466, 545, 539, 567, 568, 582, 583, 590 Hassi Ouenzga 173, 236, 240, 246, 287, 383, 583 Hassi R’mel 13, 84 Hassi Tan Taménokalt 473, 483 Hatiyet um el Hiyus 41, 46, 583 Haua Fteah 41, 107, 108, 173, 277, 278, 557, 572, 583 HEBRARD 15, 598 HEDDOUCHE 480, 481, 482, 484, 491, 494

HEIM 19, 282 HEINZELIN de 52 Helicella 18, 68, 70, 94, 98, 105, 273 Hélicidés 93, 98, 267, 268, 270, 273 Héliopolis 301, 360, 473, 512 Helix 18, 58, 68, 81, 82, 86, 91, 94, 98, 100, 102, 104, 106, 107, 111, 239, 272, 273, 278 Hellal 47 Helouan 41, 44, 310, 595 Hémamieh 301, 365 Hemiphusus 347 Henchir Hamida 41, 97, 173, 282, 293, 294, 473, 496 HENCKEN 248 Hergla 41, 84, 97, 110, 114, 173, 270, 283, 284, 289, 291, 293, 380, 473, 491, 493, 555, 572, 583 HERNANDEZ 348 HéRODOTE 505, 522, 525 HESSE 216 Heterobranchus 139, 337 Hexaplex 270 Hierakonpolis 301, 360, 361, 364, 365, 392, 473, 475, 516, 517, 579 Hippopotamus 210, 213 Hippotragus 213 Hodh 333, 336, 374, 380, 391, 396, 397, 469, 501, 520 Hohou (style) 220 HOLL 336, 390, 391, 475, 500 Hominines 8 Homo 20 HONEGGER 152, 153, 163, 293 Hordeum (distichum, hexastchum, vulgare) 32, 196, 203 , 204, 214, 252, 364, 365, 368 HOWE 249 HUARD 25, 31, 165, 281, 298, 360, 416, 419, 429, 437, 445, 457, 462 HUGOT 126, 174, 186, 230, 233, 254, 256, 257, 281, 304, 318, 336, 338 HUTTERER 288 HUYGE 364, 396 HUYSECOM 22, 35, 37, 125, 159, 160, 163, 169, 331, 387 Hydrobia 289 Hyaena (striata) 187, 356 Hystrix (cristata) 109, 137, 251 Iberjen 401, 421 Ibéromaurusien 9, 39, 51, 52, 59, 66, 67, 69, 71, 72, 74, 84, 85, 95, 101, 102, 112, 114, 115, 236, 237, 240, 244, 252, 471, 479, 529, 592 IBN BATTUTA 371

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Iddo 401, 448, 449 Idelès 16, 173, 186, 562, 583 Idelesien 127, 302 Ifrag 473, 483 Ifri Armas 173, 246 Ifri n’Ammar 236, 287, 401 Ifri n’Amr ou Moussa 301, 383 Ifri Oberrid 301, 381 Ifri Oudadane (= Oudaden) 173, 246, 249, 287 Iglen 473, 491 Ihâran 173, 178 Iheren 173, 179, 281, 284, 285, 286, 287, 401, 419,420, 421, 444, 448, 460, 482, 583, 590 Iherir 26, 469 Ikadelout 17 Ikawaten 301, 368, 473, 512 Iktebine 401, 433 ILIOU 243 Ilouk 301, 325 Imbich 301, 379 Immesseridjen 30, 485 In Aglim 285 In Aouanghat 401, 452 In Aoukert 301, 327 In Arabou 301, 325 In Araien 401, 421 In Aruinat 173, 223 In Begouen 301, 327, 590 In Djeran (= Djerane) 30, 129, 131, 305, 401,449 Ine Kousamène 12, 13, 15 Ine Sakane (MK6, Tagnout Chaggeret, MK42, AZ41, AZ21, AZ22, AZ56, AZ15) 173, 226, 281, 301, 328-330, 388, 392, 393, 473, 475, 491, 541, 580, 584 In Etouami 401, 448 In Gall 301, 319, 368, 604 In Habeter 401 In Itinen 173, 178, 179, 401, 449, 450, 583 INIZAN 75, 76, 78, 80 Inkerman 473, 478 In Relidjem 173, 177, 178 In Silouf 301, 329 In Taylalen 301, 319, 369, 372, 576 In Tekadène 17 In Tékébrin 173, 223, 301, 368, 583 Inter-capso-néolithique 90, 592 Inter-gétulo-néolithique 90, 91, 97, 592 In Tifinagh 401, 458 In Tuduf 173, 295, 301, 318, 394, 473, 494, 495, 501, 503, 512, 513 In Zize 473, 483 ISAAC 23 Isakharharet 401, 453

Sahara préhistorique Island 125, 151, 173 Issamadanen 401, 413, 445 Issaouane 200 Iwelen 293, 301, 314, 368, 373, 374, 388, 392, 393, 395, 401, 437, 443, 446, 473, 481, 483, 507, 583 Izimane 173, 255, 256, 257, 280, 301, 350, 539, 539, 567, 583, 590, 592, 595 Izriten 57, 301, 394, 473, 475, 488, 583, 585 Jaatcha 129, 173, 253, 274, 275, 585 Jabbaren 125, 173, 179, 287, 401, 417, 423, 451, 452, 468, 583 JACOB 259 JäKEL 19, 282 Jebel et-Toma 173 Jebel Gharbi 28, 108, 276 Jebel Gorgod 401, 427, 442 Jebel Silsila 401 Jelinek 25 Jenné 301, 332, 519, 520, 583 Jericho 25 JESSE 123, 143, 212, 605 JODIN 71, 236, 248, 457 JOLEAUD 226, 503 Jorf Akhdar 173, 236, 583 Jorf el Anngra 301, 353, 583 JOUBERT 138 JOUSSE 233 Juncacées 136 Juncus 132 JUNKER 218 Kabbashi 125, 157, 173, 206, 207 Kadadien 309, 312, 499, 517, 592 Kadda 13, 583 Kadero 32, 33, 173, 206-208, 221, 281, 288, 292, 294, 295, 473, 475, 493, 494, 497, 498, 500, 583 Kadruka 173, 205, 213, 221, 292, 294, 295, 392, 395, 468, 473, 476, 494, 497, 498, 499, 500, 517, 518, 592 Kaf Boussaria 173, 236, 246, 251 Kaf Taht el Gar 32, 33, 235, 236, 250, 301, 383, 583 Kaf Taht el Ghar 41, 66, 111, 173, 235, 236, 246, 250, 251 Kahf Boussaria 173, 236, 246, 251, 383, 385 KALLALA 501 Kanémien 12, 592 Karat 206 Karkarichinkat 301, 325, 326, 332 Karkur Talh 401, 426 Karmakol 158

Karnak 359 Karnasahi 425, 426, 434, 590, 592 Karrouba 238, 301, 385 Kassala 205, 206, 217, 288, 360, 587, 592 Kasserine 41, 76, 81,548 Katam 173, 189 Keding 308, 363, 605 Kef el Agab 115 Kef el Baroud 301, 351, 381, 382, 384, 509, 583 Kef el Blida 473, 478 Kef el Kerem 41, 71, 72, 546 Kef Fenteria 41, 101, 554 Kef Hamda 173, 283, 573, 583 Kef Sidi Salah 401, 414 Kef Tassenga 401, 414, 417 Kef Torad 41, 84 Kel Essuf 163, 405, 407, 411, 416, 592 Kenadsa 41, 71, 236, 292 Kérémien 39, 42, 51, 66, 71, 72, 73, 236, 250, 546, 592 Kerma 24, 152, 157, 205, 213, 295, 301, 308, 309, 314, 359, 367, 517, 518, 519, 591-593, 596 Keymena 435, 592, 597 KHABIR 157 KHADRA 401, 438 Khanguet el Hadjar 401, 447 Khanguet el Mouhaâd 18, 19, 29, 41, 52, 84, 98, 112, 115, 118, 467, 553, 570, 583 Khanguet Si Mohamed Tahar 27, 173, 253, 254, 270, 272, 541, 583 Khant 301, 347, 583 Kharga (Abu Sighawä, E-76-6, E-76-7, Yebsa Passes) 14, 30, 41, 47, 125, 147, 149, 301, 307, 357, 363, 582, 587, 592, 595 Khartoum (Hopital,Variant) 12, 21, 125, 150-159, 163, 167, 168, 199, 205-207, 209-212, 214-217, 221, 288, 292, 293, 297, 301, 309, 312, 415, 493, 494, 498, 563, 589, 592, 596, 597, 599 Khatt Leimaïteg 301, 339, 388, 392, 473, 475, 479, 493, 494, 501, 507, 577, 583 Khedaier-el Asmi 117 Khellal 173, 254, 567, 583 Kheneg Kenadsa 41, 71, 173, 236, 292 KHERBOUCHE 266, 603 Khor Bahan 301, 366, 473, 493, 511 Khor Daoud 301, 366 Khouigueur 173, 231, 566 Kifan bel Ghomari 473 Kiffian 126, 138, 139, 144, 191, 506, 559, 592

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KILIAN 459 Kirkissoy 301, 317, 334, 519, 540, 541, 588 KI-ZERBO 392, 462 Kla Uenama 401, 411 Kléber v. Sidi Benyebka KLICHOWSKA 208 Kobadi 301, 331, 332, 387, 393, 473, 501, 508, 519, 581, 583 Kobus 154 Kobusiewicz 14, 147, 606 KOEHLER 247, 248, 382 Koko 358, 428, 592, 597 Kolokaya 173, 194, 297, 583 Kolokoro 173, 297 Konduga 173, 219, 301, 314, 583 Korossom 401, 411, 434 Koro-Toro 301, 370, 375 Koudiat Kifène Lahda 41, 68, 69, 75, 547, 555, 584 Koya 401, 443 Kozen Michidin 401, 434 KOZLOWSKI 196, 205, 217 Kristel (jardins =Station des Travertins) 173, 236, 584 Kristelien 39, 65, 71, 73, 546, 592 KRöPELIN 150, 204 KROUMERI 503, 504 KRZYZANIAK 14, 49, 147, 148, 152, 156, 196, 201, 203, 208, 285, 306, 363, 365 Ksar el Ahmar 31 Ksar Tebinet 173, 254, 274, 571 KUBOSIEWICZ 149 KUPER 147, 150, 199, 204, 212, 307, 409 Kush 515, 517, 518, 521, 592, 593 KUSTER 501 L’œuf décoré (= Site 7206) 41, 60, 545 La Arena 301, 349 Laasalia 473, 475 LACORRE 76, 77 LAFANECHèRE 356 LAFFITTE 272 La Gomera 301, 346, 348, 349 Lagomorphes 98 Lagreich 301, 325, 326, 327 La Guancha 301 La Jumenterie 41, 71, 72, 546 LALOUETTE 523 LAMBERT 376, 378, 510 La Meskiana 41, 115 LANCEL 495 Lancusi 401, 418 Lanzarote 301, 348 La Palma (La Guancha) 301, 348, 349, 395 LAPLACE 93, 100, 254, 491

Index LAPORTE 501 Laqeita 301, 359 La Stidia 173, 236, 238, 385 LATAPIE 95, 98, 268, 269 Late Akakus 131, 133, 135, 137, 165, 170, 179 Late Mesolithic 153 Lates 139, 154, 155, 210, 215, 223, 227, 228, 288, 321, 337, 503 Lathyrus 33, 251, 272 LAURENT 454 LEBLANC 16 Lebu 388, 593 LECLANT 25, 280, 297, 391, 414, 415, 456 LE Dû 91, 94 LEFèVRE-WITTIER 163, 167 Légumineuses 251 Leiterband 212, 220, 307, 308, 309, 329, 363 Lemdena 301, 339, 378, 593 Lemheiris 473, 475, 584 Léporidés 70, 271 Lepus 82, 105, 142, 146, 202, 203 LE QUELLEC 423 LEROI-GOURHAN An 75, 265 LEROI-GOURHAN Ar. 32 LE RUMEUR 140, 315 Les Burins 41, 46, 51-53, 63, 68, 71, 81, 83, 95, 100, 102, 106, 544 Les Deux mamelles 173, 236 Les Deux œufs 41, 173, 264 Les Dunes 301, 350, 575, 584 Les Genêts 173, 241, 565 Le Signal 257 Les Perles 301, 350, 575 Les Trembles v. Sidi Hammadouche Les Vieux puits (=Site 7205) 41, 545 LETOURNEUX 476 Leucochroa 67, 68, 98, 105, 111, 118, 273 LHOTE 26, 44, 118, 140, 141, 163, 175, 178, 179, 192, 282, 291, 315, 325, 392, 398, 403-406, 408-410, 412, 414, 416-420, 423, 429, 430, 437, 440, 442, 443, 445, 449, 451454, 469, 480, 500, 512, 522, 587 Libyco-Capsien 45, 84, 107, 108, 118, 278, 593, 596 Libyens 359, 388, 389, 409, 418, 429, 522, 523, 525, 591, 593, 598 Liguliflores 128 LIHOREAU 228, 243, 504 Limicolaria 14, 288, 337 Limoniastrum 63 LINSTäDTER 32, 66, 150, 204, 287 L’Isthme 41, 63, 545

Lixus 520 Lobo (=Site BOS 81/55) 173, 201, 202, 584, 585 Logan Museum 99, 102, 103 LONGRéE de 339 Lookout Hill (gisement 13 Roset) 41 Los Millares 506 Loxodonta 18, 142, 213 LUBBOCK 33 LUBELL 52, 82, 84, 93, 111, 496 LUPACCIOLU 126, 174 LUTZ 409, 422 Maadi 301, 360, 361, 390, 391, 393, 464, 511, 584 Maadien 360, 471, 593 MAC DONALD 41, 84, 160 Madaouéla 173, 192, 584 MAGA 223 Mahariat 473, 475 Mahisserat 173, 298, 565 Mahroughet 301, 357 Mahrouguétien 356, 357 MAîTRE 64, 125, 127, 128,129, 174, 184-187, 302, 305, 45-460, 588, 589, 590, 592 Majâbat el Koubrâ 173, 283, 335 Malakien 11, 593, 596 MALHOMME 386, 456, 457 Mammanet 401, 437, 454 Mankhor 126, 173, 295, 473, 512, 513, 514, 540, 541, 584 MANZI 183 Marandet 301, 319, 368, 369, 584 Marat 298 MARCHAIS 165 MARCHAND 75, 501 Marja 41, 66, 584 MARKS 54, 211, 217, 587 MARMIER 62, 63, 235, 261, 263, 264, 350, 599 Marrakech 301, 356, 386 MARTIN 348 MARTINEAU 334 MARTINIE 356 MARTY 92, 94 Masara 44, 46, 146, 581 Mascara 66, 69 Mashaouash 359, 388, 523, 593 Matalen-Amazzar 401, 452 MATEU 229, 230, 231, 232, 257, 394, 538 Mathendous 401, 455 MAUNY 226, 326, 331, 371, 376, 391, 445, 525 Maures 522, 593, 595 Mayguili 411, 593, 597 Mazagan 301, 356 MBOW 347

621

MC BURNEY 107, 108, 109, 276, 278, 593 Mac Donald 41, 84 MC DONALD K. 160, MC DONALD M. 44, 46, 110, 198, 587, 593, 597 MC HUGH 150 MC INTOSH 47, 332, 358, 520 Méandre 298, 301, 353, 401, 454, 585 MEBAREK SLAOUTI 397 Mechta el Arbi (= Mechta Afalou) 67, 74, 103, 112, 140, 281, 490, 491, 528 Mechta el Arbi 41, 103, 109, 112, 115, 116, 118, 173, 269, 473, 490, 491, 496 Mechta el Azla 173, 254, 573 Medaforh 287, 401, 460 Medjez (I, II) 29, 41, 84, 92, 100, 102, 103, 109-112, 114-116, 118, 245, 473, 490, 491, 494, 496, 498, 556, 584 Médracen 473, 481, 584 Mehdia 301, 383 Melania 323 Melanopsis 70, 118 Mellahien 11, 593, 594, 599 Mellala 41, 61, 62, 63 Mellalien 39, 42, 59, 60, 61, 62, 63, 73, 117, 120, 258, 264, 466, 544, 545, 593 Meniet (Km 20) 126, 173, 174, 186, 187, 192, 562, 584 Mentes 301, 315, 584 Mercier 103 Mer de sable 198 Merdjouma 41, 76 Merdoufa 401, 440, 441 Mérimdé 24, 468, 516, 584 Merimdé Beni-Salamé 173, 301 Mérimdéen 309, 593 Méroé 312, 359, 391 Méroïtique 151, 207, 281, 293, 360, 375 Mers 301, 385, 473, 508 Mertoutek 418, 459, 460 MéRY 42 MERZOUG 75, 104, 504 Mésolithique 27, 39, 65, 75, 135, 151, 153, 155, 159, 206, 215, 589, 593, 596 Metgourine 301, 356 Mezzouna 41, 84 MIDANT REYNES 361, 515, 517 MIEG DE BOOFZHEIM 505 MIKDAD 240, 250, 287, 383, 384 MILBURN 483 Mio 169 301, 321 Misty 401, 444

Sahara préhistorique Mlezza 473, 478 Moérien 196, 198 Mœrua 17, 164 Mogadorien 279, 593 Moghrein 301, 373, 376, 378 Mogods 473, 478 MOHAMED-ALI 165, 211 Mokhotma 401, 440 Mokran 360 MONOD 227, 330, 332, 401, 416, 424, 438, 443 Montadien 42 MONTANDON 112 MOREL 59, 64, 90, 91, 95, 99, 118 MORGAN de 74, 80, 256 MORI 21, 43, 129, 132, 170, 174, 182, 282, 290, 297, 408, 409, 412, 417, 419, 461, 463, 468 MORTENSEN 311 Morzouba 473 Mostagedda 301, 362, 365 Moularès 41 MOVIUS 248 M’Raneb 301, 380 Mugharet (el Aliya, el Khail, es Safiya) 173, 236, 247, 248, 351, 540, 541, 569 MULAZZANI 97, 270 MUNSON 335, 391 Murex 242, 347 MUSSO 501 Mutela 187, 191 MUZZOLINI 25, 27, 162,166, 245, 399, 418, 421, 437, 523, 589, 590 MYERS 204, 214, 215, 297, 415 Myrtus 190 M’zab 380, 397, 401, 440, 498 M’zora 473, 486 Nabta (Playa, E-75-6 E-75-8 (=E101K3), E-76-6 ? E-77-3, E-77-5, E-77-6) 13, 25, 30, 32, 125, 143, 145-147, 149, 150, 159, 163, 165-167, 173, 199, 200, 202, 203, 214, 280, 282, 284, 285, 289, 291, 294, 301, 307, 473, 490, 512, 522, 532, 560, 561, 564, 581, 582, 584, 594 NADAUD 505 Nafeg 401, 453, 522 Nagada 199, 301, 359, 361, 364, 366, 388, 427, 516, 517, 579 587, 589, 591, 597 Nag Shamarki, 53 NAHON 248 Namanamassou 473, 508 Nanger 341 Nassa 64, 80, 93, 97, 117, 257, 277 Nassarius 270 Natoufien 19, 45, 110

N’Bibi 173, 186, 562 Négrine 79, 82 Néolithique Capsien (= faciès Damous el Ahmar) 254, 265, 280, 594 Néolithique cardial 26, 27, 30, 32, 33, 66, 171, 234-236, 238, 241, 245-247, 249, 252, 288, 339, 392, 468, 528, 569 Néolithique canarien 348 Néolithique de tradition capsienne 27, 120, 126, 129, 174, 225, 229, 230, 234, 235, 239, 247, 243 278, 280, 281, 293, 294, 297, 298, 351, 354, 464, 466, 491, 497, 499, 529, 570-573, 588, 590, 594 Néolithique de tradition soudanaise 126, 594 Néolithique pastoral 174,175, 184, 189, 205, 297 Néolithique pré-pastoral 126 Néolithique saharien 200, 317, 318, 320, 368, 374,576 Néolithique saharo-soudanais 36, 125-138, 144, 175, 184, 218, 228, 230, 234, 309, 415, 491, 493, 529, 531, 558, 587, 592-594 Néolithique sahélien 317, 320, 369, 594 Néolithique tellien, 234, 235, 236, 252, 565, 566 Néolithique type El Adam v. El Adam Néolithique type El Ghorab v. El Ghorab Néolithique type El Kortein v. El Kortein Néolithique type El Nabta v. El Nabta NEUVILLE 276 NEWBOLD 436 N’gaous 473, 584 N’gor 301 Nialadoia 401 Nigéro-Tchadien 13, 14 Nilkit Aoudache 301, 325 Nilkit Mich 301, 325, 539 Niola Doa 401, 427, 428, 594, 597 Nioro 301, 376 N’Metgourine 301, 356 Noffé 377 Noiseux v. Grotte de Noiseux NORDSTRöM 150, 214 Nouaferd (=Lemdena 8) 301, 341, 379, 388, 577, 584 Nouakchott (KN2, NKT Km 130) 301, 378, 379, 584 Nouakchottien 11, 12, 346, 594 Numides 522, 593, 595

622

Olea 17, 128, 162, 164, 242 Omarien 309, 310, 589 ONRUBIA-PINTADO 56, 57, 249, 349, 457, 538, 596, 598 Orogowdé 173, 222, 317 Orub 301, 317, 318, 319, 394, 468, 473, 542, 584 Oryctolagus 82, 251 Oryx 142, 187, 234, 251, 339 Ostrea 347 Otala 70, 98, 273, 287 OTTO 211 Ouadi Ertan 401, 409 Ouadi Hammamat 401, 451 Ouakda 41, 59 Ouan Bender 125, 170, 401, 450 Ouan Derbaouen 401, 421, 450 Ouan Rechla 401, 410, 423, 432, 462, 584 Ouan Tartaï 173, 178, 179 Ouarglien 59, 593, 599 OUAZZAR MERZOUK 397 Oudadane 246, 249, 287 Oued Ahétès 401 Oued Bedjedj 401, 449 Oued Beth 301, 356, 381 Oued Chréa 401, 444 Oued Djerat 287, 397, 401, 404, 408, 409, 412, 452, 453, 522, 524 Oued Dermel 401, 441 Oued el Adjal 401 Oued el Agial 301, 473 Oued el Akrech 301 Oued el Hallaïl 31 Oued el Hamara 473, 495, 509 Oued el Kheir 173, 236, 238 Oued Eousséli 401, 458 Oued Feyek 401, 458 Oued Guettara 41, 71, 173, 236, 242, 281, 293, 353, 565, 584 Oued Haïjad 297 Oued In Djeran 401, 449 Oued Labied 173, 255, 256, 391, 539, 567 Oued Lar’ar 401, 438, 440, 453, 454 Oued Mammanet 401, 454 Oued Mathendous (In Habeter, Tilizzaghen (=Tel Issghen) 401, 455 Oued Mengoub 41, 118 Oued Ouhet 401 Oued Oukechert 301, 329 Oued Riou (Inkerman) 473, 478 Oued Safia 41 Oued Saïda 301, 383, 541 Oued Seffalou 401, 440 Oued Tagrira 401, 423 Oued Tahaddart 173, 251 Oued Tamda 473, 488, 495, 509 Oued Tardjié 303, 401, 410

Index Oued Yentas 125, 159, 194, 584 Oued Zeggag 173, 228, 229, 242, 301, 506, 584 Oueddane 301, 359 Ouenat (Pt 22, Pt 24, Pt 43) 195, 205, 283, 297, 299, 301, 405, 411, 413, 416, 425, 434, 584 Ouhada 173, 240, 243, 244, 565, 584 Ouhaïda 173, 240, 565, 584 Ouhet 401, 460 Oukaimeden (Tifina, Village, Tizerag) 301, 386, 401, 439, 455, 456, 457 OULD BABA SY 14, 15 OULD KHATTAR 377, 379 OULD MOHAMED KABER 233 Ouled Djellal 41, 55, 59, 75, 76, 84, 253, 466, 473, 475 Ouled Zouaï 173, 254, 301, 351, 353, 578, 584 Oum Arouaba 301, 378, 388, 578, 584 Oum Arouaghem 41, 58 Oum el Adam 301, 317, 401, 444 Oum el Assel 220, 225, 234, 330, 574 Ounanien 54, 55, 220, 225, 234, 315, 574, 595 Ounianga (Kebir) 31, 125, 158, 173, 189, 219 Ounjougou 35, 41, 125, 159, 160, 163, 164, 173, 220, 301, 331, 387, 584 Ourebia 154 Outeïdat 173, 227 OUTRAM 28 Ovis 26, 105, 210, 245, 251, 267, 339, 355 PACE 475 PAEPE 52 Paléolithique 7, 8, 10, 19, 22, 29, 32-34, 39, 45, 75, 116, 120, 121, 143, 144, 146, 147, 167, 276, 293, 399, 516, 527, 591, 593, 595-597, 599, 603 PALLARY 74, 228, 244, 354, 503, 591 Palusios 139 Pan Grave 360, 595 Panicoidées 137, 157 Panicum 32, 130, 135, 164, 165, 184, 199, 214, 337, 391 Paratoumbien 335 PARIS 11, 140, 141, 189, 223, 231, 293, 303, 314, 318, 334, 335, 374, 380, 388, 471, 480-483, 485, 489, 491, 492, 494, 495, 497, 503, 507, 512, 513, 522, 523, 529, 582

Paspalum 32 PASSEMARD 77 PASTY 232 Peasant Neolithic 307, 357 Pecten 245, 340 Pectunculus 65, 242, 245, 277, 294 Peganum 167 PELLEGRIN 380 Pelomedusa 133 Pelorovis 18, 25, 26, 27, 105, 128, 187, 234, 272, 275, 297, 337, 401, 403, 409-413, 424, 450, 458, 461 Pennisetum 32, 128, 164, 199, 208, 214, 333, 336, 337, 390 PERNèS 165 PETERS 151 PETIT 493 PETIT-MAIRE 57, 220, 225, 227, 297, 315, 328, 338, 339, 342, 345 Petrie 29, 359, 516, 587, 597 PETRULLO 112 Peul 282, 388, 438, 448, 522 Phacochœrus 19, 139, 314, 339 Phéniciens 357, 380, 391, 478, 495, 592 Phœnix 33, 184, 203, 214, 289, 522 Phragmites 183 Pic des Singes 301, 383 PIETREMENT 29 Pila 157, 207, 212, 217, 314 PINCHON 236 PINHO MONTEIRO 463 Pinus 240, 272 Pistacia 17, 180 Piste de N’Goussa 41, 61, 63, 545 PLANCHET 274 PLANQUE 128, 164 Plantago 276 Plectropterus 154 Pléistocène 16, 24, 35, 67, 72, 123, 143, 163, 165, 281, 387, 401, 402, 405, 410, 463, 527, 529, 594, 595 Pointe de Fann 301, 335 Polygone v. grotte POMEL 18, 26 POND 261 PORTERES 165 Post-Shamarkien 52, 205, 216, 221, 596, 598 Potamogeton 183 POTHIER 509 POTY 268 Pré-Kerma 295, 308, 359, 367 Pré-Khartoum 151, 152, 157, 159, 167, 168, 206, 209-211, 215-217, 221, 493, 559, 589, 596, 597 Pré-Saroba 206, 217, 221, 587 Procavia 184

623

Protodynastique 359, 596, 597 Prunus 112 PUGLISI 207 Purpura 242 PUSZKARSKI 285 Qadien 205, 214, 221, 587, 596 Qarunien 44, 45, 46, 48, 73, 120, 196, 199, 493, 543, 596 Qasr el Sagha (E-29-H1, E 29 G1, Two Sisters =MB2Sa, S4) 41, 45, 46, 173, 196, 198, 304, 307, 543, 581 Quadrillé (style) 411, 596, 598 Quarantaine 473, 478 QUéCHON 8, 31, 158, 159, 165, 188, 317, 358, 428 Quercus 272 Qurta 401, 415 Rabah 41, 86, 89, 552, 584 Rabak 24, 173, 209, 584 RABOURDIN 290 Rachgoun 473, 479 Rafana 41, 99 Rahib 173, 212, 213 RAHMANI 74 RAIMBAULT 55, 224, 225, 227, 314, 328-332, 387, 519, 590 RAMENDO 102 Rat 301, 386, 401, 439 RAVISé 347 RAYNAL 249 R’chem Dirhem 401, 441 Redeyef 41, 76, 79, 82, 85, 91, 96, 110, 117, 118, 173, 240, 253, 254, 274, 282, 297, 466, 539, 549 Redunca 19, 128, 142, 187, 251, 314 Reggan 41, 42, 59, 73, 84 REINOLD 312, 313, 395 REISNER 365 Relilaï 12, 41, 74, 77, 82, 83, 86,90, 100, 118, 119, 269, 550, 584, 588 REMILI 473 Retmaïa 290 REYGASSE 75, 79, 83, 95, 138, 188, 229, 268, 279, 357, 416, 453, 477, 482-484, 487, 489, 493, 593, 597, 598 R’fana 41, 84, 99, 101, 554 Rhafas 173, 236, 584 Rharbien 11, 596 Rhar Msakna 301, 352, 353 Rhar oum el Fernam 238, 301, 354, 383, 542 Rhinoceros 178 Rhirane 301, 355, 578, 584 RHOTHERT 409 Rhus 387 Ricinus 180

Sahara préhistorique RIEMERT 143 Rif 8, 399, 606, 607, 608 Riparo delle Mani 401, 411 RIVIèRE 273 ROBERT 267 ROCHE 108, 230, 252, 383, 433 Rocher des Pigeons (=Pk 379) 41, 90, 553 Rocher Toubeau (3 =Site 3 Roset) 173, 189, 302, 584 Rocknia 173, 473, 495, 503 RODD 454 RODRIGUE 383, 439, 455, 456 ROGNON 14 Roknia 173, 276, 282, 292, 496, 503-505, 511 Romanellien 109, 597 Rongeurs 187 Roset 41, 42, 55, 138, 139, 141, 142, 161, 162, 167, 171, 173, 188, 189, 190, 314, 317, 374, 398, 446, 473, 493, 512 Rosfat el Hamra men et-That 401, 441, 454 Rouazi (=Skhirat) 173, 243, 292, 293, 295, 301, 346, 394, 473, 491, 497, 509, 511, 584 ROUBET C. 26, 68, 69, 71, 101, 118, 120, 121, 231, 253, 256, 257, 265, 267, 268-270, 273, 274 ROUBET F.E. 297, 353 ROUDESLI-CHEBBI 239 ROYER 110, 266 RUCHE 265 RUHLMANN 381, 382, 383 Rumina 68, 70, 102, 105, 106, 239, 273, 278 S’baïkien 279 SAAFI 111 Sabu 401, 427, 443 Safiet bou Rhenan 173, 245 ,Saggaï 125, 151, 154, 157, 158, 164, 168, 173, 206, 473, 493, 542, 564, 584 SAHED 473 Saï 173, 216, 301, 359, 367, 373 Saint Aimé v. Djidiouia Saint-Arnaud (El Eulma) 41, 114, 115 Saint Donat 41, 118 Saint Eugène v. Bolloghine Saint Trivier v. Chabet el Houidga Salsolacées 18, 190 Salvadora 46, 387 Sandy Hill (gisement 12 Roset) 41, 42 SANSONI 167, 406, 407, 408, 412, 416 SANTUCCI 503, 504

Sarkamato 401, 448 Saroba 205, 217, 221, 360, 587, 597 Sarourab 173, 206 SAVARY 483, 502 Sayala 301, 366, 389 Sbaïkien 597 SBIHI ALAOUI 509, 598 SCHILD 47, 48, 51, 53, 144, 147, 150, 200, 284, 285 SCHMIDT 363 SCHöN 150, 196, 204 SCHUCK 198, 201, 309 SCHULZ 164 Sciaenidés 233 Scirpus 46, 184 SéBIRE 454 Sebkha el Melah (=MT2) 41, 55, 544 Sefar (Ozanéaré)17, 27, 125, 126, 166, 170, 173, 179, 286, 401, 418, 421, 445, 448-450, 585, 590, 597 Seffalou 401, 440 Sekiret 301, 367, 368, 394 Selima (Site 85/79) 173, 199, 201, 585, 597 Sélima 13 Semainien 359, 360, 589, 596,,597 SéRéE DE ROCH 91, 94 SERENO 138 SERGI 475 Serraferlicchio 249 SERVANT 13, 14, 15, 317, 594 Setaria 130, 208 Sétifien 85, 101 Shabona 125, 151, 155, 156, 163, 173, 206, 221, 473, 496, 498, 585 Shaheinab 27, 153, 158, 173, 207-209, 211, 292, 473, 493, 494, 542, 585, 597, 599 Shaheinabien 151, 157, 189, 192, 205-207, 209, 211, 221, 295, 312, 423, 464, 564, 589, 597 Shamarkien 44, 45, 47, 48, 50, 52, 53, 73, 117, 151, 205, 216, 217, 221, 587, 596, 597, 598 Shaqadud 125, 151, 173, 206, 211, 301, 309, 312, 585, 607 Shaqadud séquence 309, 312 SHAW 17, 173, 198, 290, 301, 307, 309, 390, 471, 473, 501, 586 Sheikh Muftah séquence 198, 597 Shendi 301, 312 SHEPPARD 82 Shin Ajeyn 301, 372, 542 SHINER 151, 214, 215, 216, 587 Shiyata 41, 46, 585 Sidérolithique 358, 587, 597 Sidi Aïch 173, 279, 571 Sidi Benyebka (Kléber) 473, 476

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Sidi Hammadouche (Les Trembles) 473, 476 Sidi Menaa 301, 381 Sidi Moussa 173, 236, 585 Sidi Salah 401 Sidi Slimane 301, 383, 473, 479, 491 Sila 473, 495 Silet 17, 469, 473, 585 Silsila 401, 415, 427 SIMONEAU 356, 386, 413, 457 SIMONNET 69 Sirba 301, 370 Site 10 125, 139, 581 Site 11 (Izriten) 57, 585 Site 11 (Tichit) 336, 585 Site19 (Tarfaya) 41, 56, 544 Site 51 41, 102, 554 Site 94 173, 215 Site 105 473, 496 Site 119 (Agadez) 301, 369 Site 604 173, 215 Site 626 125, 151, 173, 215, 216, 559 Site 628 125, 151, 173, 215, 216, 559 Site 629 173, 214, 215, 293 493 Site 731 301, 351 1045 173, 215, 216 Site 2007 173, 214 Site 2016 125, 151 Site 3000/6 579 Site E-29-G1 45 Site E-29-H1 41, 581 Site E71-K20 44 Site E-77-7 125, 144, 166 Site Florence 173, 231 Site KG10 173, 217, 583 Site Km 110 301, 325 Site Launey (= Adrar Tiltekin) 35, 125, 127, 128, 471, 473, 585 Site Letan 301, 338, 585 Site 2016 125, 151 Site MK13 301, 329 Site MK35 173, 574 Site MN10 173, 224 Site MN14 173, 301, 329, 574 Site MN27 173, 574 Site MN35 173, 224 Site MN 36 301, 574 Site MN36 173, 227, 329 Sitra (Sitra-Hatiyet) 41, 45, 46, 585 Sivré 411, 597, 598 Siwa (Hatiyet um el Hiyus) 19, 41, 45, 46, 111, 173, 198, 199, 585 Skhirat 301, 509, 597 Skhirat (style) 229, 351, 355, 509, 598 Smar Smarren 301, 325 SMITH 126, 138, 139, 142, 162, 165, 326, 332, 415, 427, 592, 610

Index Soleb 216 SOLEILHAVOUP 334, 410, 610 Somein (Tree Shelder) 41, 47, 585 Sorghum 32, 149, 164, 199, 208, 209, 214, 289, 337 Soro Kézénanga 173, 219, 220, 222, 317 Sorourab 35, 125, 151, 157, 585 SOUVILLE 66, 279, 346, 347, 356, 382, 383, 538 Sparidés 233 Sphicterochila 70 Sphincterochila 70, 287 SPRUYTTE 358, 430, 441, 525 STAEWEN 410 STEMLER 31 Stipa 272 Stipagrostis 135, 164 STRABON 454 STRIEDTER 193, 410, 447 Succinea 288 Suidés 251 Sus 105, 245, 251, 355 SUTTON 162 Tabelbala 173, 231, 468, 469 Table de Jaatcha v. Jaatcha Tadjelamine 401, 421 Taferjit 301, 315, 585 Tafolien 12, 346, 598 Taforalt 113, 115 Tagalagal 35, 125, 142, 161, 167, 540, 541, 585 Tagant 301, 373, 377, 379, 380, 488, 519, 585 Taghit-Tatania 401, 429 Tagnout Chaggeret 173, 224, 301, 329, 542 Tagrira 401, 423 Tagudalt 473, 512 Taguelalt 301, 325 Tahabort (= AK-HG 076-10) 301, 303, 585 Tahaouhaout 401, 458 Tahort 173, 177, 178 Taïmanga (style de) 301, 315, 317, 464 Taka 360, 598 Takarkori 129, 130, 179, 288, 292, 303 Takechelaouen 401 Takéné-Bawat (TB1, TB4, TB6) 173, 223, 301, 315, 585 Takkada 371 Talaisane 401, 456 Tala t Melah 184, 585 Talat n’Isk 401, 457 Tamada 428, 598 Tamadjert 401, 440, 459

Tamanrasset ( Tam II) 127, 128, 186, 301, 302, 305, 388, 394, 575, 585 Tamaradant 401, 459 Tamarix 17, 135, 137, 164 Tamat 301, 321 Tamat 155 301, 321 Tamaya Mellet 35, 125, 140, 141, 144, 163, 168, 292, 293, 473, 493, 494, 559, 585 Tan Ainesnis 173, 185, 302, 387, 592 Tan Kebran 401, 460 Tan Taménokalt 473, 482, 483 Tan Tefeltasin 184, 285, 585 Tan Zoumaïtok 125, 170, 401, 448 Taouardeï 301, 325, 401, 459 Taoudeni (MT4, MT29, MT32, MT10A, Aïn Guettara) 13, 55, 301, 330, 576, 590 Taoulekt 56, 57, 544 Taoulektien 56, 544 Taouz 301, 385, 401, 438, 454, 480 Tardjié 173, 194, 195, 301, 303, 401, 410, 585 Tarentule 173, 231, 301, 394 Tarf 102 Tarfaya (TR15) 41, 55-57, 586 Tarifien 205, 216, 221, 381, 529, 598 TARRADELL 235, 249, 250, 383 Tasien 32, 278, 311, 312, 362, 497, 587, 598 Tassat Tan Taménokalt 473, 482 Tassenga 401, 414, 417 Tatera 128 Taurotragus 341 TAUVERON 163, 404, 406, 407, 416, 513 Tayadirt 473, 510 Tazarine 301, 385, 413 Tazbent 301, 357 Tazina 413 Tchadien 12, 13, 14, 598 Tchire Ouma 125, 144, 158, 585 Techekalaouen 125, 170 Tehenu 388, 598 Tehe-t-in-t-an Efiggiag 126 Tejalet oum Ekedjar 301, 376 Télataye 301, 327, 328, 591 Telig (=MF8) 41, 55 Telouet 41, 59, 84 Temehou 366, 388, 389, 598 Temeroualine 401, 458 Temet 125, 139, 141, 142, 530, 585 Ténéréen 174, 175, 176, 188, 189, 190, 194, 195, 302, 314, 506, 563, 590, 598

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Ténérife (La Arena) 301, 348, 349, 350, 473, 491 Ténès 473, 476 Teniet el Mekam 401, 440 Tenneswillim 301, 379, 585 Tenses 401, 429 Tergis 206 Termit (Dougoule, Cheguelenga, Tchire Ouma) 31, 125, 144, 158, 165, 301, 317, 358, 368, 369, 401, 428, 473, 497 Teshuinat 43, 461 TESTE 78, 94, 275 Testudo 106, 251 Têtes rondes 24, 27, 30, 36, 169, 170, 287, 297, 387, 397, 402, 405, 406, 408, 409, 411-416, 419, 420, 452, 461, 464, 524, 532, 598 Theba 70 THIEMEYER 219 THILMANS 342, 379, 388 THINON 17, 18 Thryonomys 154 Tiaret 65, 66, 71, 72, 84, 85, 105, 107, 110, 382, 384, 440, 473, 481, 585, 588 Tichitt 32, 301, 335, 336, 337, 376, 379, 380, 439, 577, 585, 589, 595, 599 Tiddis 471, 473, 495, 501 Tidikeltien 228, 229, 231, 234, 566, 598 Tifariti 401, 414 Tifina 401, 456, 457 Tifrit 473, 495 Tighnif (=Ternifine) 473, 476 Tiguelluli 401, 411 Tigui 401, 411 Tihodaïne 173, 178 Tijirit (Sites 11, 13, 24, 36, 37, 71, 73, 74) 57, 233, 301, 338, 342-344, 364, 376, 378, 393, 582, 585 Tikediwine 27, 401, 421, 460 Tilapia 19, 140, 154, 191, 337 Tilemsi 32, 188, 220, 465, 468, 539, 539, 590, 591, 596, 598 Ti l in Frsa 14, 585 Ti Missao (=Ti n Missao) 401, 432 Tilizzaghen 401, 455 Tilrempt 301, 380, 473, 490, 496 Timelain 401, 460 Timetrine 220 Timidouin (TF-TD-155-32) 125, 127, 174, 184, 185, 187, 195, 302, 305, 423, 585, 588, 589, 592 Tin Aberou 468 Tin Abouteka 401, 450 Tin Anneuin 182 Tin Aressu 173, 286

Sahara préhistorique Ti n Ascigh 401, 408, 412 Tin Astel 301, 329 Tindaya 301, 349, 395 Tindouf 473, 481 TINé 43, 138 Tin Farad 334 Tin Ghergho 401, 410, 423 Tin Hanakaten 13, 14, 17, 19, 24, 26, 35, 41, 44, 125, 126, 129-132, 163, 164, 166, 168, 171, 173, 179, 182, 282, 285, 287, 290, 292, 293, 295, 297, 301, 304, 401, 419, 422, 449, 467, 468, 473, 475, 479, 490, 491, 493, 496, 498, 522, 540, 541, 558, 563, 575, 585 TIN HINAN 357 Tin Kar 173, 220 Tin Kulna 473, 512 Ti n Lalan 401, 408 Tin Lalou 301, 393, 473, 494 Tin Ouaffadene 125, 142, 585 Tin Rassoutine 449 Tin Rhardès 26 Tintan 173, 233, 288, 301, 341, 344, 345, 388, 392, 393, 473, 475, 490, 494, 500, 510, 511, 577, 585, 586 Tin Tarabine 17, 401, 410, 423, 432 Tin Tarbayt 401, 459 Tin Tazarift 30, 125, 126, 166, 287, 401, 450 Tin Tefeltassin 401, 460 Tin Teferiest 125, 126, 166 Tin Temeroualine 401 Tin Torha (Tin Torha Est, Tin Torha Two caves) 35, 41, 42, 43, 125, 129, 133-135, 166, 167, 171, 173, 180-182, 540, 541, 558, 585 Tiouiyne 173, 186, 191, 586 Tiout 173, 243, 351, 455, 506 Tipaza 473, 478, 481, 501 Tiris 473, 483 Tiror 398 Tisrass 473, 488 Tissalatin 173, 287 Tissebouk 401, 421 TISSOT 247, 524 Tissoukaï 173, 179, 401, 448, 450, 586 Tit 473, 482 Titerast n’Elias 173, 179, 586 TIXIER 39, 54, 68, 69, 71, 76, 78, 84, 87, 90, 91, 100, 113, 117, 188-190, 225, 261, 262, 534, 588, 599 Tizerag 401, 457 Tizi n’Ghellis 401 Tnari 401, 443 Togolo 332 Tohil 401, 425 TOMMASINI 244

Tondidarou 469, 473, 486, 487, 586 Tondikwaré (=Sirba) 301, 370, 586 Torch 173, 236, 238 Torrich 41, 67, 301 TOSTAIN 165 Touizigt 301, 339, 378 Toulkinien 355, 599 Toungour 401, 444 TOUPET 380 Tragelaphus 154, 267, 332 TRéCOLLE 59, 62, 63, 235, 261, 263, 264, 381, 599 Treinen-Claustre (= Treinen) 370, 375, 505, 508 Trhaza (MT2, MT4, MT10, MT21, MT25, MT26, MT27, MT29, MT32) 41, 55, 173, 224, 225, 284, 288, 301, 330, 574, 584 Trichechus 332 Triticum 32, 196, 203, 214, 251, 289, 311, 362, 364, 367 Trochocochlea 294 Trochus 278 Troglodytes v. grotte Trunculariopsis 97 TSCHUDI 416, 450 Tugnan 401, 443 Tuluk (site 211) 301, 368, 374, 586 Tumulus (faciès des) 348-350, 473 Tumulus de la frontière 473 Turritella 70 Typha 130, 132, 138, 183 Uan Afuda 30, 41, 42, 43, 125, 129, 132, 135, 136, 165-167, 183, 558, 586 Uan Amil 286, 294, 401, 420, 421, 599 Uan Kasa 174 Uan Muhuggiag 13, 24, 25, 125, 136, 166, 173, 174, 182, 282, 289, 290, 292, 293, 387, 401, 418, 461, 473, 490, 491, 494, 512, 540, 541, 563, 586 Uan Tabu 42, 43, 125, 129, 137, 164, 167, 417, 421, 558, 586 Uan Telocat 173, 183, 184, 401, 418, 586 Umm Direiwa 173, 209, 210, 586 Unio 68, 271, 272, 491, 503 Urochloa 137 Urschicht 205, 218, 221, 516, 599 Urtica 276 VALBELLE 523 Valerianella 33, 251 VALLOIS 103, 272, 323 VAN ALBADA 25, 409, 422, 432

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Varanus 187 VARELA GOMEZ 463 VASSOT 67 VAUCHER 303 VAUFREY 55, 74- 83, 90, 91, 96, 97, 100, 101, 109, 120, 126, 129, 138, 152, 174, 188, 225, 228, 238, 247, 253, 255, 265, 268, 270, 274, 275, 280, 297, 335, 342, 352, 353, 354, 529, 588, 594, 595 VERCOUTTER 216 VERGUET 103 VERMEERSCH 44, 47, 49, 76, 589, 611 VERNET 14, 55-58, 159, 194, 219, 233, 288, 314, 317, 331, 333, 334, 336, 339, 344-346, 377, 379, 410, 429, 443, 500, 508, 529, 538, 588, 591 Versilien 11, 589 Vicia 33, 251, 272 VIGNARD 42 Vigne Boubay 173, 237, 571 Vigne Serrero 173, 237, 301, 382, 539, 571 VILA 447 Villafranchien 257 Village 337, 401, 457 VILLALONGA 504 Vitex 130 Vitis 240 VOINOT 496 VUILLEMOT 71, 72 Vulpes 99 Wadi Athal 173 Wadi Bakht 125, 143, 150, 301, 307, 586 Wadi Dishie 401, 444 Wadi el Akhdar (81/4) 35, 41, 143, 173, 204, 301, 307, 586 Wadi el-Arab 24, 125, 157, 167, 561, 586 Wadi el Khowi 173 Wadi el-Obeiyd 173, 199, 586 Wadi Halfa (Sites 94, 604, 626, 628, 629, 1001, 1029, 1045, 2002) 48, 97, 111, 125, 151, 173, 215, 216, 293, 563, 564 Wadi Howar (Djabarona, Conical Hill (=84/24), Site S95/2, djebel Rahib 80/87) 173, 205, 212, 213, 301, 308, 473, 584 Wadi Shaw 173, 301, 309, 473, 586 Wadi Sora 401, 426 Wadi Zigza 401, 433 WAILLY de 384 Walata 32, 599

Index Wan-Tissemt 418 WATERLOT 335 Wa Yehoseyen 473, 495 Well area 125, 142, 559 WENDORF 25, 32, 37, 45-47, 50, 143, 144, 147, 149, 150, 167, 195, 200, 203, 284, 291, 512, 596 WENGLER 15, 26, 351, 353, 355 WET de 31, 604 WIECKOWSKA 147 WILLIAMS 139, 142, 206, 209 WINGATE 202 WINKLER 47, 415, 442, 451 WOLFF 413

Würm 11, 591, 598, 599 WUTTMANN 344 XO La Touffe 173, 264, 568, 586 Yagour 301, 386, 397, 401, 439, 455, 456, 457 Yebsa Passes v. Kharga Yentas 125, 159, 173, 193, 194, 584 Youf Ahakit (=Youfaket, Ouféké) 401, 410, 423, 461, 473, 481 Zaccar 41, 71, 72, 546 Zakiab 173, 209

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ZARATTINI 152, 155 Zarmaganda (B.14.04) 301, 314, 333, 334, 519, 577 ZELTNER 335 Zemmour 58, 301, 376, 383, 438, 443, 488 ZIEGERT 415, 423, 611 Ziziphus 17, 304, 312, 367 Zmeilet Barka 173, 228, 232, 566, 586 Zouerate 301, 376, 378 ZOUGHLAMI 97, 238, 239, 270, 272

LISTE DES TABLEAUX 1.- Elkabien, Shamarkien, Qarunien, Faciès de l’Atbara....................................... 543 2.- Complexe Masara, Faciès nubien, Taoudelkien, Culture de Foum Arguin, Mellalien...................................................................................................................... 544 3.- Mellalien................................................................................................................ 545 4- Kérémien, Kristellien............................................................................................ 546 5.- Columnatien......................................................................................................... 547 6.- Faciès d’El Oued, Capsien typique faciès Kasserine....................................... 548 7 à 9.- Capsien typique.............................................................................................. 549 10 à 14.- Capsien supérieur...................................................................................... 550 15.- Capsien supérieur, Faciès libyen....................................................................... 557 16.- Néolithique ancien : Néolithique saharo-soudanais.................................... 558 17- Kiffian, Pré-Khartoum, Néolithique type El Adam...................................... 559 18- Néolithique type El Korteir, type El Ghorab................................................... 560 19.- Néolithique type El Nabta.....................................................................:........... 561 20.- Néolithique moyen : Faciès du Sahara Central............................................. 562 21.- Bovidien, Ténéréen, Khartoum variant.......................................................... 563 22.- Abkien, Shaheinabien, Néolithique des oasis................................................ 564 23.- Néolithique tellien ............................................................................................. 565 24.- Néolithique tellien, Tidikeltien......................................................................... 566 25.- Néolithique de tradition capsienne faciès El Bayed, faciès Aïn Guettara........ 567 26.- Néolithique de tradition capsienne faciès Hassi Mouillah, Hadjarien............ 568 27.- Néolithique cardial...................................................................................................... 569 28 à 30- Néolithique de tradition capsienne ss ............................................................. 570 31.- Néolithique de tradition capsienne ss, Néolithique du Sahara atlantique....... 573 32.- Ounanien, Néolithique faciès Oum el Assel, faciès Hassi el Abiod.................... 574 33.- Néolithique récent : faciès Sahara central, faciès Sahara septentrional............ 575 34.- Faciès Désert libyque, Néolithique saharien, Faciès Pays rouge, Villages à enceinte.................................................................................................................................. 576 35.- Faciès du Tilemsi, Sahara méridional, Sahara occidental................................... 577 36.- Faciès du Sahara occidental, du Tell........................................................................ 578 37.- Prédynastique.............................................................................................................. 579

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LISTE DES FIGURES Fig. 1 – Variation de la pluviosité au cours de l’Holocène.................................. 12 Fig. 2 – Comparaison des âges et génotypes des chevaux.................................. 28 Fig. 3 – Gisements épipaléolithiques mentionnés dans le texte......................... 40 Fig. 4 – Bedouin microlithic. Industrie lithique................................................... 49 Fig. 5 – Elkabien. Industrie lithique....................................................................... 49 Fig. 6 – Arkinien. Industrie lithique...................................................................... 50 Fig. 7 – Shamarkien. Industrie lithique ................................................................ 50 Fig. 8 – Mellalien. Industrie lithique..................................................................... 60 Fig. 9 – Faciès d’El Oued. Industrie lithique........................................................ 60 Fig. 10 – Capsien supérieur et Capsien typique.Industrie lithique .................. 92 Fig. 11 – Epipaléolithique. Art mobilier............................................................... 107 Fig. 12 - Masque de Faïd Souar..............................................................................113 Fig. 13 – El Mekta. Art mobilier........................................................................... 119 Fig. 14 - Gisements du Néolithique ancien mentionnés dans le texte............. 124 Fig. 15 – Amekni. Industrie lithique.................................................................... 127 Fig. 16 – Tin Hanakaten. Décors des poteries..................................................... 131 Fig. 17 – Vanneries néolithiques .......................................................................... 132 Fig. 18 – Tin Torha. Industrie lithique................................................................. 134 Fig. 19 - Tin Torha. Décors de poterie................................................................. 135 Fig. 20 - Uan Afuda. Industrie lithique................................................................ 138 Fig. 21 - Uan Tabu. Décors de poterie.................................................................. 137 Fig. 22 – Temet. Industrie lithique........................................................................ 141 Fig. 23 – Abu Ballas. Industrie lithique................................................................ 147 Fig. 24 - Kiseiba. Industrie lithique...................................................................... 148 Fig. 25 – Khartoum et Saggai. Décors de poterie............................................... 152 Fig. 26 – Shabona. Industrie lithique .................................................................. 156 Fig. 27 – Ounjougou. Décors de poterie ............................................................. 160 Fig. 28 – Tagalagal. Industrie lithique ................................................................. 161 Fig. 29 - Gisements du Néolithique moyen mentionnés dans le texte............. 172 Fig. 30 – Bovidien. faciès Admer ......................................................................... 177 Fig. 31 – Tin Torha. Industrie lithique ................................................................ 181 Fig. 32 –Tadrart. Décors des poteries.................................................................. 183 Fig. 33 – Ténéréen. Industrie lithique.................................................................. 188 Fig. 34 - Bovidien faciès Djado. Industrie lithique............................................. 193 Fig. 35 – Fayum. Industrie lithique ..................................................................... 197 Fig. 36 – Siwa. Industrie lithique ......................................................................... 199

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Fig. 37 - Selima. Lobo Industrie lithique .......................................................... 201 Fig. 38 – Geili. Décors de poterie......................................................................... 207 Fig. 39 - Shaheinab. Industrie lithique................................................................ 211 Fig. 40 – Ennedi et Borkou. Décors de poterie.................................................. 219 Fig. 41 – Sahara méridional. Industrie lithique et décors des poteries........... 224 Fig. 42 – Site AR7. Hemi-mandibule de crocodile décorée ............................. 226 Fig. 43 – Tidikeldien. Industrie lithique et décor de poterie............................ 228 Fig. 44 - Néolithique tellien. Industrie lithique et décor de poteries............... 238 Fig. 45 – Ouhada.Rondelle d’enfilage.................................................................. 244 Fig. 46 – Néolithique cardial. Décors de poterie................................................ 247 Fig. 47 – Néolithique de tradition capsienne. Facies El Bayed ........................ 256 Fig. 48– Néolithique de tradition capsienne. Hadjarien .................................. 259 Fig. 49 - Néolithique de tradition capsienne s.s. ............................................... 268 Fig. 50 – Nabta Playa. Reconstitution de hutte.................................................. 284 Fig. 51 - Rondes bosses......................................................................................... 295 Fig. 52 – Sites du Néolithique récent et de l’Age des métaux cités....... ........... 300 Fig. 53 – Néolithique récent du Sahara central. Industrie lithique et décors de poterie ..................................................................................................................... 304 Fig. 54 – Les séquences culturelles récentes d’Egypte et du Soudan .............. 306 Fig. 55 – El Kadada. Vase caliciforme.................................................................. 318 Fig. 56 - Néolithique récent du Sahara méridional (Niger et Borkou). Décors de poterie ..................................................................................................................... 316 Fig. 57 - Néolithique récent du Tilemsi. Faciès A et T....................................... 321 Fig. 58 – Néolithique récent du Tilemsi. Faciès K et B ..................................... 322 Fig. 59 - Haches spatules....................................................................................... 325 Fig. 60 – Néolithique récent du Sahara méridional. Industries lithique et osseuse, Poterie ...................................................................................................... 328 Fig. 61 – Vue aérienne du village de Dakhlet el Atrous ................................... 336 Fig. 62 - Néolithique récent du Sahara occidental. Décors de poterie............ 341 Fig. 63 - El Arrouya. Industrie lithique et décors de la poterie........................ 353 Fig. 64 - Buto. Djabarona. Industrie lithique..................................................... 362 Fig. 65 – Décors de poteries de l’Age du Fer....................................................... 371 Fig. 66 – Mobilier métallique............................................................................... 376 Fig. 67 – Néolithique récent du Tell. Vases en poterie...................................... 385 Fig. 68 – Art mobilier de la Vallée du Nil. Figurines......................................... 395 Fig. 69 - Sites et secteurs d’art rupestre cités....................................................... 400 Fig. 70 – Principales cultures holocènes............................................................. 402 Fig. 71 - Données chronologiques dans le Sahara central............................... 404 Fig. 72 – Tadrart. plancher à auges...................................................................... 407 Fig. 73 - Subdivisions et chronologies comparées de l’art des Têtes Rondes..... 408 Fig. 74 - Ti n Ascigh. Gravures............................................................................. 412 Fig. 75 - Oued Djerat. Gravure de rhinocéros .................................................. 412 Fig. 76 – Feidjet Elleben. Personnages à tête trilobée........................................ 415

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Fig. 77 – Kef Tassenga. Personnage ithyphallique accroupi............................. 417 Fig. 78 – Tin Hanakaten. Troupeau conduit....................................................... 422 Fig. 79 – Zourika. Personnages et chevaux........................................................ 447 Fig. 80 - Art mobilier............................................................................................ 467 Fig. 81 - Inhumations et Monuments funéraires cités dans le texte .. ........... 472 Fig. 82 – Monuments en goulet et en silo........................................................... 476 Fig. 83 - Haouanet et dolmen............................................................................... 477 Fig. 84 - Tumulus à cratère, bazina à base cylindrique, plateforme et monument à chapelle ................................................................................................................ 480 Fig. 85 – Cercle, choucha...................................................................................... 482 Fig. 86 – Monument en croissant, à antennes, à dalles dressées...................... 484 Fig. 87 - Monument à stèle et en trou de serrure.............................................. 485 Fig. 88 - Monolithes de Tondidarou et nécropole de Bura-Asinda-Sikka........ 487 Fig. 89 – Pièces néolithiques caractéristiques.................................................... 538 Fig. 90 – Principaux motifs décorant l’œuf d’autruche...................................... 539 Fig. 91 – Classification des formes des poteries................................................. 540 Fig. 92 – Principaux motifs de décoration des poteries.................................... 541

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PLANCHES HORS TEXTE Pl I.- a.- Faitalas. Tassili Ajjer. Archer. Période bovidienne. b.- Baidakoré. Tassili Ajjer. Elephant et son petit. Période bovidienne. Pl II.- a.– Iheren.Tassili Ajjer. Bovins. Scène de monte ? Période bovidienne. b.– Iheren (Tassili Ajjer). Bovins et personnages. Période bovidienne. Pl III.- a.- Tissoukaï. Tassili Ajjer. Personnages. Période bovidienne. b.- Ouan Bender. Tassili Ajjer. Personnages. Période bovidienne. Pl IV.- a.- Sefar. Tassili Ajjer. Sanglier suité et saut initiatique. Période bovidienne. b.- Tin Hanakaten. Tassili Ajjer. Saut au-dessus du taureau. Période bovidienne. Pl V.- a.- Assadjou ouan Mellen. Tassili Ajjer. Bovin porteur. Période bovidienne. b.– Iheren. Tassili Ajjer. Montage de la tente. Période bovidienne. Pl VI.- a.– Markawandi. Tadrart. Récipients et bovins. Période bovidienne. b.- In Djeran. Tadrart. Bovins. Période bovidienne. Pl VII.- a.– Tin Aressou. Tassili Ajjer. Personnages autour d’un pot. Période bovidienne. b.– Wadi Teleschut. Messak. Personnages et bovins. Période bovidienne. Pl VIII.- a.– In Djerane. Tadrart. Girafe mettant bas. Période bovidienne. b.- In Djerane. Tadrart. Troupeau d’éléphants. Période bubaline reprise. Pl IX.- a.– Wan Zawaten. Tadrart. Bovins en semi bas relief. Période bovidienne. b.- In Djeran. Tadrart. Fauve rendu par évidage. Période indéterminée. Pl X.- - a.– Ifadaniwan. Tassili Ajjer. Chars au galop volant. Période caballine.. b.- Akhourout. Tassili Ajjer. Bataille ou simulacre ? Période caballine. Pl XI.- a.- Tamadjert. Tassili Ajjer. Plafond peint. Période caballine. b.- Ibandradj. Tadrart. Attaque d’une caravane Période cameline. Pl XII.- a.- Oued Tehadj. Tassili wan Ahaggar. Chameaux, personnage et hutte. Période cameline. b.- Ayou I. Ennedi. Chameaux montés. Période cameline. Pl XIII.- a.- Eberer. Immidir. Personnages. Période caballine. b.- Tin Tedert. Tassili Ajjer. Personnages. Période caballine et bovidienne. Pl XIV.- Iheren. Bovins sur plafond de coupole. Période bovidienne. Pl XV.- a.- Abri Marmier. Fadnoun. Archers et hutte. Période bovidienne. b.- Baïdakoré. Tassili Ajjer. Personnages et bovin monté. Période bovidienne. Pl XVI.- a.- Youf Ahaket. Ahaggar. Cheval monté et tifinagh. Période caballine ? b.-.- In Aglim. Immidir. Personnages assis, conversant (?) et troupeau de bovins.

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TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ................................................................................................... 7 CHAPITRE I – L’HOLOCèNE, PéRIODE POST-GLACIAIRE ...................... 11 Le climat.................................................................................................................... 11 Le milieu naturel...................................................................................................... 16 CHAPITRE II – L’éCONOMIE NéOLITHIQUE............................................... 21 Le concept « néolithique »....................................................................................... 22 Le Néolithique, une transformation de l’Economie............................................. 22 Apparition et développement de l’élevage............................................... 23 Apparition et développement de l’agriculture ...................................... 30 Le Néolithique, une transformation de la Culture matérielle ............................ 33 Les transformations de l’industrie lithique............................................. 34 La fabrication de récipients en terre cuite............................................... 34 Le Néolithique, une transformation Socio-culturelle ......................................... 36 Un art en mutation..................................................................................... 36 Un habitat qui s’adapte............................................................................... 37 D’autres méthodes d’études...................................................................................... 38 CHAPITRE III – PRéMICES À LA NéOLITHISATION, LA QUESTION éPIPALéOLITHIQUE.................................................................................................... 39 Au Sahara central : Early Akakus ........................................................................... 42 De nombreuses cultures au Sahara oriental et dans la vallée du Nil.................. 44 Au Sahara méridional, pauvreté apparente ou réelle ?......................................... 55 L’Epipaléolithique du Sahara atlantique, une facile confusion avec le Néolithique... 56 Au Sahara septentrional : Mellalien et Faciès d’El Oued...................................... 59 Dans le Tell : Capsien et autres cultures................................................................. 66 Le Capsien : épipaléolithique ou mésolithique ?.................................... 74 Les hommes et les modes de vie............................................................................ 109 La population............................................................................................ 109 L’habitat...................................................................................................... 110 Les activités................................................................................................ 111 Les pratiques culturelles .......................................................................... 112 CHAPITRE IV – UNE TRèS ANCIENNE NéOLITHISATION ................... 123 La néolithisation dans les massifs centraux et le Néolithique saharo-soudanais..;.................................................................... 125 Le Kiffian et la néolithisation dans les régions méridionales .......................... 138 Les oasis et la néolithisation dans le Sahara oriental.......................................... 142

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Un néolithique ancien dans la vallée du Nil ?..................................................... 142 D’autres cultures ?................................................................................................... 158 Les hommes et les modes de vie........................................................................... 162

La population ................................................................................. 163 La stratégie alimentaire .......................................................................... 162 L’habitat .................................................................................................... 166 Les pratiques culturelles ......................................................................... 167

CHAPITRE V – LE NéOLITHIQUE MOYEN................................................. 171 Le Néolithique des massifs centraux : un néolithique pastoral........................ 174 Les playas et le Néolithique moyen au Sahara oriental..................................... 195 De multiples cultures dans le bassin du Nil ....................................................... 205 L’occupation des régions méridionales et occidentales, des paléolacs et cordons dunaires................................................................................................................... 218 Dans les régions septentrionales : Néolithique tellien, Cardial et Néolithique de tradition capsienne................................................................................................. 234 Les hommes et les modes de vie............................................................. ............. 280 La population............................................................................................ 281 Des mouvements de population............................................................. 282 L’habitat ..................................................................................................... 284 L’habillement............................................................................................. 285 La stratégie alimentaire............................................................................ 287 Un artisanat............................................................................................... 290 Les pratiques culturelles........................................................................... 290 CHAPITRE VI - LE NéOLITHIQUE RéCENT ET L’APPARITION DE LA MéTALLURGIE............................................................................................... 299 Le Néolithique récent............................................................. 302 Les cultures du Massif central .............................................................................. 302 Dans le Sahara oriental, les horizons Leiterband et Handessi .......................... 306 En Basse Egypte et Haute Nubie, le Néolithique récent .................................... 308 Les cultures du Sahara méridional ....................................................................... 314 Un repli vers le fleuve.............................................................................................. 331 A l’ouest, une occupation de l’escarpement du Hodh et des dunes côtières................................................................................................... 335 L’indigence du Sahara septentrional..................................................................... 350 Le Tell et ses régions montagneuses .................................................................... 351 Les premiers métallurgistes.................................................. 357 Aux origines de l’Egypte pharaonique, un foyer de métallurgie ?.................... 358 Un foyer de métallurgie dans le Sahara méridional........................................... 367 Akjoujt et la métallurgie du cuivre....................................................................... 375 La grande pauvreté du Sahara septentrional....................................................... 380 L’Age des métaux dans le Tell................................................................................. 380 Les populations et leurs modes de vie.................................................................. 386 La population............................................................................................ 387 L’habillement et la parure........................................................................ 388 L’habitat ..................................................................................................... 389

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L’économie.................................................................................................. 390 Les pratiques funéraires........................................................................... 392 L’art.............................................................................................................. 394 Un dérivé de l’art, l’écriture...................................................................... 397 CHAPITRE VII - DES SITES D’ART RUPESTRE ET L’éVOLUTION DE L’ART À L’HOLOCèNE ................................................................................. 399 Le déploiement de L’art rupestre.............................................. 399 L’art aux débuts du Néolithique et en fin de période bubaline ........................ 404 Période archaïque en Ennedi et peintures anciennes au djebel Ouenat et Gilf Kebir.......................................................................................................................... 411 L’art bovidien........................................................................................................... 416 La fin du Néolithique et la traduction graphique d’un Age des métaux ................ 430 Quelques sites et secteurs essentiels..................................................................... 440 Motivations et interprétations .............................................................................. 462 D’autres manifestations d’art............................................... 464 Des parures ............................................................................................................. 464 Du mobilier gravé ou peint................................................................................... 466 Des sculptures ........................................................................................................ 468 CHAPITRE VIII- UN MONDE POUR LES MORTS....................................... 471 Divers types de sépultures..................................................................................... 474 Les inhumations humaines sans superstructures .............................................. 474 Les inhumations avec superstructures................................................................. 479 Les aménagements et structures cultuels............................................................. 488 Vers une chronologie ................................................................................ ............ 489 Les inhumations...................................................................................................... 489 Les soins portés au défunt...................................................................................... 490 Les dépôts funéraires ............................................................................................. 495 La création du monde des morts et les nécropoles ............................................ 499 Des inhumations animales .................................................................................... 511 CHAPITRE IX - VERS UNE ORGANISATION URBAINE ........................... 515 Les sociétés hiérarchisées du pôle oriental.......................................................... 515 L’Egypte pharaonique............................................................................................. 515 Le royaume de Kush et Kerma.............................................................................. 517 Le pôle méridional et sa lente constitution ........................................................ 519 Au nord du Sahara, les royaumes libyco-berbères............................................. 520 La zone saharienne, un autre modèle ?................................................................ 521 Une nouvelle dynamique....................................................................................... 522 EPILOGUE ............................................................................................................. 527 ANNEXES................................................................................................................ 533 Listes types et classifications.................................................................... 534 Décomptes du matériel lithique.............................................................. 543 Récapitulatif des datations ...................................................................... 580 GLOSSAIRE............................................................................................................ 587 BIBLIOGRAPHIE................................................................................................... 600

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SAHARA AUX ÉDITIONS L'HARMATTAN Dernières parutions LEXIQUE ARABE MAGHRÉBIN / BERBÈRE NORD-AFRICAIN ET SAHARIEN / FRANÇAIS Brahim Djouhri Ce lexique inédit rassemble aussi bien des verbes et des noms communs que des noms propres de lieux et de personnalités historiques, ainsi que des noms d'arbres et de plantes médicinales. Le public pourra découvrir les langues nord-africaines et sahariennes. Cet ouvrage est précédé d'une introduction historique qui essaie de remonter aux origines de l'arabe maghrébin en confrontant trois hypothèses possibles qui peuvent situer approximativement dans le temps la naissance de la langue ici étudiée. (223 p., 23,5 euros) ISBN : 978-2-343-16488-5, EAN EBOOK : 9782140107979

LE FILS DU HASARD Roman Alain Cervoni Mathieu est né d'un adultère entre une domestique, et le maître de maison, homme politique et avocat renommé, qui ne le reconnaîtra jamais. Mathieu fait une dernière randonnée dans les collines et les massifs provençaux de son enfance avant de partir pour le nord du Tibesti.. Mais lors de l'excursion, il pense être la victime d'une tentative de meurtre et ne peut empêcher ses soupçons de se porter sur son vrai père. C'est dans ce climat, tendu et inquiétant, qu'il va, initier une longue descente en lui-même. (Coll. Rue des écoles, 200 p., 19,5 euros) ISBN : 978-2-343-14789-5, EAN EBOOK : 9782140091049

POÈMES FRACTALS Walid Amri Ceci n'est pas un recueil de poèmes, c'est un essai de physique poétique, un vadémécum de chimie mystisque, bref, les carnets d'un chercheur du coeur. Voici donc une invitation à enfiler nos scaphandres, à revenir aux racines, au sud fondateur et fondamental [...] à cet âge de pureté et de complétude où le seul vrai jihad est d'amour et se mène à la quête de soi microscopique et macroscopique. (Coll. Poètes des cinq continents, 102 p., 14,5 euros) ISBN : 978-2-343-09838-8, EAN EBOOK : 9782140016608

L'AFRIQUE, BERCEAU DE L'ÉCRITURE. VOLUME 1 Et ses manuscrits en péril Des origines de l'écriture aux manuscrits anciens (Egypte pharaonique, Sahara, Sénégal, Ghana, Niger) Sous la direction de Jacques Habib Sy Ce livre collectif en 2 volumes est un cri d'alarme de l'Afrique pour éveiller ses dirigeants et le monde à la nécessité de sauver les manuscrits en péril de l'Afrique et de les tirer de l'oubli et de l'abandon. Ce premier volume a trait à l'évolution historique de l'Afrique du point de vue scripturaire, et à l'examen des collections existantes de manuscrits anciens portant sur l'astronomie, le droit, la médecine, l'architecture, la philosophie, la grammaire, etc. (428 p., 42 euros) ISBN : 978-2-296-99884-1, EAN EBOOK : 9782336360478

ET J'AURAI DES YEUX RONDS COMME LE MONDE Carnets de voyage intimes d'un jeune géologue poète Michel Paul Meyer Préface de Jean Meyer Un homme mûr, qui a beaucoup voyagé sur tous les continents de par son métier de géologue, se confie au lecteur à travers un florilège de courts textes autobiographiques échelonnés sur la période 1960-1990. Chaque exploration est pour lui une occasion nouvelle d'évocations littéraires et de réflexions sur la recherche du sens de la vie. (80 p., 11,5 euros) ISBN : 978-2-343-03348-8, EAN EBOOK : 9782336346311

PASSIONS DU DÉSERT Nouvelles Zakiyatou Oualett Halatine A travers ces récits qui magnifient la femme, les habitants, la nature, se révèlent les passions au Sahara qui, tel un jardin, fleurissent le désert. Ce recueil est un regard intérieur des hommes, de leur environnement et de leurs croyances. Une rencontre, dans toutes les dimensions, avec le Sahara, l'un des plus grands déserts du monde. Il introduit la notion d"ehaf", lien social entre les hommes, entre les hommes et la nature. (134 p., 14 euros) ISBN : 978-2-343-01952-9, EAN EBOOK : 9782336335636

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