Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ? 9782759808694

Il y a des questions qu'on ose à peine se poser, qui nous concerne pourtant et qui, une fois posées, nous empêchent

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?
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Pourquoi les mouches aiment-elles

les crottes ?

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Pourquoi les mouches aiment-elles

les crottes ? Caroline Lepage Illustrations d’Al Coutelis

17 avenue du Hoggar Parc d’activité de Courtabœuf, BP 112 91944 Les Ulis Cedex A, France

Illustration de couverture : Al Coutelis Couverture : Pascal Ferrari Mise en pages : Patrick Leleux PAO (Lisieux) Imprimé en France ISBN : 978-2-7598-507-5 Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

© EDP Sciences 2010

SOMMAIRE

Introduction 1. SANTÉ ! Pour commencer léger Sérieux ? Histoires classées X

2. À TABLE Fruits de mer et leurs petits légumes Ça gaze ! Nature, c’est tellement meilleur…

3. LOISIRS AU GRAND AIR C’est du sport ! Bling, bling

4. UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE Poésie Joli, mais pas gentil ?

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- SOMMAIRE -

5. NOS MEILLEURS AMIS « Bzzz-bzzz, fsss ! » Du monde en plein ciel Pas fous ces matous ; canaillous, ces toutous ! Une touche d’exotisme

6. SECRETS OCÉANIQUES Mous et mystérieux Pas si cornichons, ces poissons ! Les requins, souverains « C’est assez ! » dit la baleine Dans l’immensité de l’océan

7. POUR L’AVENIR DE NOTRE PLANÈTE

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Chaque geste compte Les petits ruisseaux font les grandes rivières

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8. GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES

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De l’eau et du vent Grosses bestioles Héritage de petits trucs et de grandes astuces

9. LA TÊTE DANS LES ÉTOILES Ici-bas L’homme (et la femme !) dans l’espace Voir les choses en grand ?

INDEX

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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INTRODUCTION

L

a diffusion des connaissances scientifiques doit-elle être la chasse gardée d’un cercle fermé de grands intellectuels ? La science est-elle réservée à une élite ? Est-il interdit d’en parler avec humour et légèreté ? Ces questions trottent dans ma tête depuis quelques jours (même si honnêtement, j’ai déjà ma petite idée sur les réponses qu’elles méritent). Je n’imaginais pas commencer ainsi l’introduction de ce livre. Mais après tout, la critique ne doitelle pas être constructive ? Évidemment ! Elle est même un élément sain et essentiel à la démocratie. Il faut l’accepter : on ne peut pas plaire à tout le monde. Aussi, je tiens à rebondir sur une critique particulièrement acerbe que je viens tout juste de découvrir au sujet de mon premier livre Explorations en Terre Animale (publié en novembre 2008), laquelle a eu le mérite de susciter en moi une avalanche d’interrogations en lien évident avec Pourquoi les mouches aimentelles les crottes ?… -7

- INTRODUCTION -

Explorations en Terre Animale est entièrement dédié à la nature. Oui, je sais : il y a des gens pour lesquels l’écologie est une bouleversante révélation, et d’autres qui la trouvent complètement ringarde. Je respecte les choix de chacun. Le mien est clair, peut-être parce que ces préoccupations sont de ma génération ? J’en ai fait mon cheval de bataille ancré jusque dans le nom de mon site web. Et parce que j’ai été conquise par l’audace de Paul Heiney dans Pourquoi les vaches ne peuvent-elles pas descendre les escaliers ? et Les chats ont-ils un nombril ?, je m’en suis largement inspirée. Par des pirouettes plus ou moins réussies, j’espérais réveiller la fibre écolo des lecteurs et leur faire entrevoir la magie de la vie animale, comme sa fragilité. Ces intentions m’ont valu cette remarque : « Bref, le message banal et maintes fois rebattu n’étonnera que ceux qui vivent sur une autre planète ! » Elle me surprend, vraiment. En travaillant sur Explorations en Terre Animale qui aborde les dernières découvertes scientifiques, j’ai appris tant de choses étonnantes… Pourtant, je suis terrienne (si, si, je vous assure). Saviez-vous par exemple que les chats pouvaient transmettre un parasite aux dauphins et aux baleines ? Lequel et de quelle manière, c’est ce qu’ont étudié deux chercheurs américains évoqués dans l’ouvrage. En toute franchise, à la lecture de ce commentaire plutôt désabusé, je me suis demandé ce qu’il était bon de faire : cesser d’écrire sur les thèmes ayant un lien avec l’écologie ? Se taire puisque « le message » est apparemment devenu sans intérêt et lassant ? J’ai beaucoup de mal à croire que le grand public soit blasé à ce point par la question et que l’élan de bonnes volontés qui ne cesse de progresser est sur le point de s’essouffler. Sombrer dans le pessimisme, après tout ce chemin parcouru ? Impensable ! Au risque d’agacer, je reste persuadée qu’il est toujours plus productif de décortiquer encore et encore les causes des problèmes actuels pour essayer ensemble d’imaginer de vraies solutions, plutôt que de faire l’autruche en se disant que « cela ne sert plus à rien » ou que « de toute façon, il est trop tard ». Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. 8-

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- INTRODUCTION -

Ainsi, chacun doit pouvoir se forger sa propre opinion sur les sujets d’actualité. Seulement, pour avoir un avis personnel et éclairé, encore faut-il être suffisamment (et correctement) informé. Pour cela, il ne faut pas hésiter à se tourner vers tous les médias disponibles : journaux, livres, Internet, radio, télévision, cinéma. Quand les pandémies, les pollutions ou le réchauffement climatique menacent, on comprend vite en quoi disposer d’informations fiables et recoupées est important ! Les experts – des scientifiques lorsqu’il est question de science – sont là pour aider à y voir plus clair. Le grand public a lui aussi le droit d’avoir un avis et de ne pas vouloir former une masse de moutons dociles auxquels on ferait avaler n’importe quoi… Maintenant, je reconnais que parler de science – la « vulgariser » comme on dit – est un art extrêmement délicat. De plus, je suis peut-être un peu écolo dans l’âme, mais pas littéraire pour deux sous ! Dommage, car ce métier de transmission de l’information scientifique, lui, s’est imposé à moi comme une évidence. Alors, voilà : j’écris très simplement. Et de manière tout aussi élémentaire, je dirais que la science est comme une belle tarte aux fraises cachée dans le réfrigérateur (je le confesse, j’adore les fraises). Les chercheurs sont les pâtissiers qui l’ont confectionnée, et les journalistes scientifiques sont chargés de l’apporter sur un plateau aux gourmands qui ne savaient pas qu’un si bon dessert se cachait dans le Frigidaire. Franchement, comment ne pas avoir envie de le partager avec des amis ? C’est tellement plus convivial que de le savourer seul… Sans aucun doute, la science est délicieuse. Hélas ! Cela ne saute pas toujours aux yeux. L’enseignement y est-il pour quelque chose ? La question mérite d’être posée. Pour ma part, je ne suis pas très fière de l’admettre, mais adolescente, les cours de maths, physique ou chimie me paraissaient tellement compliqués et ennuyeux qu’ils ne me passionnaient pas beaucoup. Un jour, une prof de sciences m’a suggéré une orientation en économie. Mon professeur d’éco., lui, me voyait plutôt dans la vannerie, vanne assez drôle d’ailleurs que je ne suis pas prête d’oublier ! -9

- INTRODUCTION -

À la faculté, ce fut le choc, ou plutôt le déclic. J’ai vu de mes yeux des étudiants se presser à des cours de biochimie parce que l’enseignant avait un sens de l’humour assez gras qui les faisait hurler de rire (d’un seul coup, les péripéties des molécules leur apparaissaient claires comme de l’eau de roche) ; et d’autres, qui trouvaient des tas d’excuses pour sécher une journée entière, se pointer à 18 h sur les bancs déjà bondés parce qu’ils n’auraient manqué pour rien au monde les deux heures palpitantes d’histoire de la médecine (je n’ai plus votre nom en tête, cher monsieur, mais je vous dois tellement…). J’ai admiré ce très vieux professeur qui parlait de l’intérieur du corps comme d’un voyage au centre de la Terre, et cet autre qui savait faire de la biophysique l’une des matières préférées des élèves ! Oui, il y a des gens qui savent émerveiller les autres, des gens qui donnent le goût d’apprendre. Modestement et dans la bonne humeur, ils parviennent à captiver ceux qui les écoutent ou qui les lisent. Je n’ai pas la prétention d’en faire autant. Mais moi qui aime plaisanter, j’ai retenu la leçon, y compris au travers des ouvrages de Paul Heiney que j’ai adoré lire avant de les traduire. Bien sûr, la science est une discipline sérieuse. Pour autant, doit-elle absolument être barbante ? Pas du tout. Il n’y a qu’à voir comment Mr Heiney explique les mystères du monde animal, de l’univers végétal, du corps humain ou de l’espace… Dans Pourquoi les vaches ne peuvent-elles pas descendre les escaliers ?, il sait retenir l’intérêt de tous avec des histoires d’atomes, de gravitation, trous noirs, big bang, lumière, diamants, chaleur ou savon ; et rebelote dans Les chats ont-ils un nombril ? avec le gaz hilarant, les rêves, les chats, les bulles, l’électricité, la Terre, l’orage ou les volcans. Bref, il nous rappelle que la science est au cœur de notre quotidien, de notre avenir et qu’elle est tout sauf barbante ! Alors, pourquoi depuis quelques années entend-on dire que les filières scientifiques souffrent d’une inquiétante désaffection de la part des étudiants ? Où sont les chercheurs et techniciens de demain si les jeunes désertent aujourd’hui ? Il faut absolument rendre ses lettres de noblesse à la science. La culture scientifique a une tâche à remplir dans cette mission de grande envergure. Elle doit relever ce défi sans oublier d’être attrayante. Pas facile… 10 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- INTRODUCTION -

Alors d’avance, veuillez me pardonner, je vous prie. Dans Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?, j’userai (et abuserai ?) d’artifices. Comme dans Explorations en Terre Animale, je n’hésiterai pas à utiliser des expressions de l’oral que l’écrit n’apprécie guère, à employer des images un peu poussées peut-être et à faire de l’anthropomorphisme (« doctrine qui attribue des caractères humains à la divinité, aux choses et aux êtres naturels » selon le dictionnaire), « ce qui est contraire à toute démarche scientifiquement responsable » explique-t-on dans la cinglante critique. Or, sur ce point précis, je suis navrée : j’ai beau essayer de me forcer, je ne souffre d’aucune culpabilité. Au contraire, sachant que les sujets évoqués sont parfois difficiles à comprendre ou épineux, je « digère » chaque phénomène à décrypter et pèse ensuite chacun des mots qui serviront à les décrire. Et je ne vois pas en quoi il est mal d’utiliser des ficelles pour que la science ne soit pas réservée à une élite scientifique ou intellectuelle (dont je ne fais pas partie), mais qu’elle soit largement diffusée… Pour achever le tableau, il est écrit que Explorations en Terre Animale serait « superficiel ». Parce que je passe en revue – et en détails quand même – 250 sujets susceptibles de piquer la curiosité pour donner envie de les approfondir plus sérieusement ? Pire, on m’accuse de vulgariser avec « vulgarité ». Parce que je parle de science, de protection de l’environnement ou de la faune en termes imagés ou issus du langage courant ? Moi, de la vulgarité, j’en vois dégouliner à longueur de journée dans certaines émissions de télévision sans que personne ne s’en émeuve vraiment (hélas !…). Mais dans mes textes, non : j’ai bien trop de considération pour les personnes qui voudront bien me lire ! Ainsi, à vous dont j’ignore le nom et qui avez exprimé une opinion tranchée sur mon premier ouvrage, sachez que je respecte sincèrement votre travail et que je tiens à vous dédier l’introduction de mon second. Il est important de rappeler combien la critique est précieuse parce qu’elle donne matière à réfléchir et que sans le regard des journalistes, l’information (politique, scientifique, etc.) ne serait plus que de la communication néfaste à la liberté de penser. Toutefois, je crains de vous décevoir encore. Je préfère même vous déconseiller - 11

- INTRODUCTION -

de parcourir les pages qui suivent, car j’y ai poussé le bouchon vraiment très loin. Je n’ai pas lésiné sur les expressions familières ou un peu loufoques, et je n’ai pas oublié la petite touche d’écologie qui m’est chère. Vous voici prévenu(e)… Avant de clore l’introduction, je souhaite remercier chaleureusement mon éditeur Jean Fontanieu qui m’a ici offert la chance de suivre la voie tracée par Paul Heiney (que je considère comme un parrain dans cette belle aventure de la diffusion de la culture scientifique). Rien ne pouvait me faire plus plaisir ! Merci aussi à Alexandre – mon premier lecteur – de prendre le temps d’examiner les textes, de me souffler des améliorations, d’ingénieux jeux de mots et pour le soutien qu’il m’apporte chaque jour, à mes parents qui ont un sens de l’humour à toute épreuve (voilà le résultat !), à mon frère (toujours là pour moi et que – oups ! pardon – j’ai oublié de citer dans Explorations en Terre Animale), à mes amis Sarah et Julien du magazine Tribu Snorkeling qui bouillonnent d’idées pour faire découvrir le bonheur de plonger en toute liberté et dans le respect du milieu marin (merci aussi pour l’énergie que vous m’avez insufflée avec un simple coup de fil ou un petit mail quand j’en ai eu besoin), pour leurs encouragements, à Danièle et Renaud du site Livres-Cœur, amoureux d’écriture et de lecture, aux uns et aux autres pour les fous rires partagés et l’inspiration qu’ils m’ont suscitée (Fabienne, Thierry, Fabrice, Magali, Laurent, Delphine, Christelle, Sandie, Xavier, David, Gérard, Stéphane, etc.) et à « Canelle, chien fidèle » dont la présence à mes côtés me rappelle sans cesse combien il est primordial de défendre la cause animale… À tous ceux qui pensent que la science peut être à la fois sérieuse et ludique, passionnante et grand public, à tous ceux qui estiment qu’être informé par plusieurs sources et des auteurs de tous horizons est nécessaire pour vivre dans un monde libre, à tous ceux qui préfèrent réfléchir et agir plutôt que subir, ainsi qu’à tous ceux qui pensent que l’on peut rire de tout ou presque sans trop se prendre la tête, ce livre est pour vous ! Merci. Caroline Lepage 12 -

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SANTÉ ! « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Voltaire

Pour commencer léger Pourquoi lâche-t-on des grossièretés lorsqu’on se fait mal ? 001

Avouez : après vous être cogné, coupé ou brûlé, jamais vous n’avez lâché un « Aïe ! p… » ou un « Ouille ! m… » ? Bon, allez, inutile de culpabiliser. Tout le monde le fait depuis des siècles et dans toutes les langues ! Peu importe la nationalité, il paraît que jurer soulage la douleur. Ce sont les conclusions très sérieuses d’une étude publiée en 2009 par Richard Stephens, John Atkins et Andrew Kingston, chercheurs à l’université de Keele en Angleterre. Ils les ont obtenues en demandant à 64 personnes de garder une main dans de l’eau glacée le plus - 13

- SANTÉ ! -

longtemps possible (oui, faire progresser la science demande parfois des sacrifices). Résultat, quand les courageux volontaires proféraient des jurons, leur performance était bien meilleure qu’avec n’importe quel autre mot non grossier. En clair ? Leur seuil de tolérance à la douleur augmentait, comme si les gros mots atténuaient le mal ! Comment ? Pourquoi ? C’est ce qu’il reste à découvrir.

L’appendice vermiculaire sert-il à quelque chose ? 002

Certainement que non puisqu’on peut vivre sans, êtes-vous en train de penser. Mais au fait, c’est quoi l’appendice vermiculaire (ou iléo-cæcal) ? Un « zigouigoui » en forme de ver d’une dizaine de centimètres, situé au niveau du cæcum entre intestin grêle et colon. C’est lui que vous suspectez en cas de maux de ventre au côté droit en espérant : « Pourvu que ce ne soit pas l’appendicite… » Appendicite ? Inflammation de l’appendice conduisant à l’hôpital, direct sur le billard. De ce point de vue, il y a de quoi maudire ce bidule qui semble ne servir à rien, sinon à pourrir la vie. À rien, vraiment ? Par exemple, présent chez certains mammifères herbivores (opossums, wombats, lapins, makis), de taille plus importante, il participe à la digestion de la cellulose. Chez l’homme, il fabrique quelques immunoglobulines, petits soldats du système immunitaire. Mais, il n’en produit pas suffisamment pour que les médecins voient en lui autre chose qu’un vestige du passé. Ça, c’était avant 2007.

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- POUR COMMENCER LÉGER -

Cette année-là paraissait en effet les conclusions des recherches de William Parker et Randal Bollinger, biologistes à l’université Duke aux États-Unis : l’appendice aurait en réalité une fonction régénératrice pour le tube digestif ! En cas de diarrhées souvent générées par la présence de microorganismes indésirables, une partie de notre précieuse microflore intestinale passe à la trappe avec les intrus. Il faut donc la remplacer au plus vite. C’est là qu’interviendrait le rôle d’abri « antiatomique » de l’appendice. Planquées à l’intérieur pendant le coup de Kärcher, des réserves de vaillantes bactéries pourraient illico recoloniser le terrain dévasté. Chouette, n’est-ce pas ? Les chercheurs expliquent que de ce fait, dans les pays pauvres touchés par les problèmes d’alimentation et d’hygiène, le brave appendice est un allié inestimable. Ailleurs, où les conditions sanitaires sont bonnes, sa présence n’apparaît pas indispensable (pour preuve, l’absence de conséquences après appendicectomie).

Pourquoi les orteils attrapent-ils des ampoules ? 003

Vous venez d’acheter une nouvelle paire de chaussures ? Gare aux ampoules ! Ces petites bulles qui apparaissent sur les orteils, le talon, etc., ont le chic pour briller comme des boules de pieds de lit. En plus, si elles sont bien situées, elles se payent le luxe de faire boiter leur victime ! Douloureuses, les phlyctènes (terme médical) ? Oui, car elles apparaissent aux endroits de frottements de la peau. Et à cause de ce mauvais traitement, l’épiderme se décolle. Rapidement, du liquide clair - 15

- SANTÉ ! -

s’y introduit. Sa composition est proche de la lymphe. On l’appelle sérosité. Or, surprise, il est là pour réparer les dégâts… En fait, il alimente de nouvelles cellules. Elles remplaceront la peau morte qui elle-même favorisera la cicatrisation de la plaie. Pas la peine de crever l’ampoule, le mieux est de la recouvrir d’un pansement et laisser faire la nature. En moins d’une semaine, la petite bulle finit par se vider une fois la nouvelle peau prête à remplacer l’ancienne, sèche et décollée (le tout sans risquer l’entrée prématurée de microbes, donc pas d’infection !).

Pourquoi les pieds sentent le fromage ? 004

Pouah, bonjour l’odeur ! Un farceur vient de retirer ses chaussettes et écarte fièrement ses orteils en éventail pour en laisser échapper des relents de fromage. Après avoir joué au foot, il a énormément transpiré dans ses baskets. Pas étonnant, chaque pied compte 250 000 glandes sudoripares ! Afin d’évacuer la chaleur, celles-ci peuvent libérer quotidiennement jusqu’à 0,25 litre de sueur. Constituée à 99 % d’eau, et sels minéraux, urée, acides aminés, etc., la transpiration est toutefois inodore. Alors, d’où vient ce cocktail explosif pour le nez ? De la recette préférée des bactéries qui vivent sur la peau : sueur plus petons marinant des heures enfermés égale prolifération dans la joie et la bonne humeur ! Exemple, l’espèce Staphylococcus epidermis raffole de la leucine, acide aminé présent dans la sueur. Elle le dégrade en acide isovalérique, un truc qui « cocotte 16 -

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- POUR COMMENCER LÉGER -

grave » ! D’autres sont réputées pour leur contribution remarquée aux fumets de pieds : Bacillus subtilis, Brevibacterium epidermidis et surtout Brevibacterium casei connue pour son rôle dans l’affinage de fromages. Oui, oui, vous avez bien lu. Il ne manque plus que les champignons entre les orteils. Et là, c’est le bouquet ; enfin, la mycose ! Une horreur… Sans compter que le pied d’athlète – comme on le surnomme – est contagieux. Il se balade surtout dans les lieux où l’on marche pieds nus (piscines, vestiaires, etc.) et où l’on s’échange des serviettes contaminées. Porter des chaussures en cuir ou aérées, des chaussettes en coton, se laver régulièrement les pieds et bien les essuyer sont les seuls moyens pour éviter de devenir un appareil à raclette ambulant…

Pourquoi ces messieurs n’ont pas de cellulite ? 005

« Vous en avez assez de votre vilaine peau d’orange ? » lance sans rougir ce vendeur de téléachats. Ah ! Il en faut des arguments lorsqu’on s’apprête à vanter les mérites d’un produit miracle qui « fait fondre la cellulite et perdre deux tailles en 15 jours sans effort ». C’est scientifiquement prouvé vous dit-on à la télévision ! Bon, peau d’orange d’accord, mais vilaine ? Les règles du marketing n’ont parfois aucune limite, pas même celle de la courtoisie à l’égard des dames… Quand même, n’est-ce pas goujat de la part d’un homme d’insulter ainsi l’épiderme de clientes déjà complexées par le dictat du corps parfait ? Car il y a de l’injustice dans l’air : - 17

- SANTÉ ! -

la cellulite touche presque exclusivement les femmes. Minces ou enrobées, neuf sur dix y ont droit, contre seulement un homme sur cinquante. Or, ce n’est pas une maladie, juste un phénomène banal. Le souci se situe sous la peau au niveau de l’hypoderme, couche de graisse superficielle. Il est dû à l’augmentation du volume des adipocytes (les cellules de graisse) associée à une perte d’élasticité des fibres de collagène (une protéine). Ses cibles favorites ? Cuisses, hanches, fesses, ventre. Si les hommes sont épargnés, c’est que bon nombre des causes de la cellulite les concernent moins que les femmes, voire pas du tout : fluctuations hormonales (puberté, pilule, grossesse, ménopause), prise de poids (alimentation, grossesse), mauvaise circulation sanguine, âge, hérédité, stress, alcool, tabac, talons hauts, vêtements trop serrés, etc. Ces messieurs ne sont pas pour autant privés d’adipocytes. Seulement, leur masse musculaire est plus importante et entretenue sans effort par la testostérone. Ainsi, à l’âge adulte, ils ont une masse grasse moyenne de 15 % contre 25 % pour les femmes. Pour couronner le tout, contrairement à elles qui ont un hypoderme épais et une peau fine, eux ont un hypoderme plus mince et un épiderme plus épais ! En clair, la moindre boursouflure dans l’hypoderme de Monsieur reste discrètement cachée en profondeur quand elle est immédiatement démasquée chez Madame… Une fois les capitons installés, alimentation équilibrée et sport sont les seules armes naturelles permettant de les estomper. Sinon, on raconte qu’ils détesteraient la caféine (du coup présente dans de nombreuses crèmes et gels amincissants). Quoi qu’il en soit, pas de miracle : la cellulite ne disparaît jamais complètement.

D’où viennent ces dents de sagesse qui n’ont rien de sage ? 006

Trente-deux, c’est bien sûr le nombre de dents chez un adulte. Parmi elles, quatre molaires (voire moins pour les plus chanceux) : les dents de sagesse, nom qu’elles doivent à leur 18 -

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- POUR COMMENCER LÉGER -

apparition tardive vers l’âge de 20 ans. Or la plupart du temps, lorsqu’elles pointent le bout de leur couronne, c’est pour semer la zizanie. Il faut alors s’en débarrasser car elles poussent les autres dents vers l’avant. D’ailleurs, leur sortie fait un mal de chien ! Seule solution, l’extraction sous anesthésie locale ou générale. Aïe ! Là, c’est le réveil qui fait mal… Mais bon sang, à quoi peuvent bien servir ces dents, sinon à laisser le douloureux souvenir d’avoir eu un jour dans sa vie une tête de hamster aux joues pleines (ou de poire Williams pas encore mûre) ? À quoi ? Finalement, plus à grand-chose aujourd’hui. Elles sont simplement un vestige de nos lointains ancêtres aux larges mâchoires. Pas encore tout à fait bipèdes, ils se nourrissaient de feuilles, racines ou viande crue. Évidemment, il y a des millions d’années, sans dentifrice ni soins dentaires, les dents s’abîmaient à vitesse grand V. L’arrivée tardive de quatre molaires offrait alors un nouveau souffle à la bouche. Puis, l’homme a évolué. Il s’est mis à cuire ses aliments, à les découper en petits morceaux grâce aux couverts. Il n’a plus eu besoin d’énormes mâchoires. Leur taille a progressivement diminué et les dents de sagesse n’ont plus trouvé leur place. Voilà donc l’origine de ces quatre enquiquineuses…

Une lentille de contact peut-elle se glisser derrière l’œil ? 007

Et longer le nerf optique pour aller se balader dans le cerveau ? Voyons cela. Posées sur les yeux, souples, les lentilles remplacent discrètement les lunettes pour corriger la vue, tout en - 19

- SANTÉ ! -

se faisant complètement oublier par leurs utilisateurs. À tel point qu’il arrive parfois que l’une d’elles disparaisse. Et là, l’angoisse : où est-elle passée, la vilaine ? Tombée ? Pire, s’est-elle faufilée derrière l’œil ? Non, heureusement. Elle s’est juste évadée à l’extérieur et c’est au sol qu’il faut chercher. Il est en effet impossible qu’elle se soit glissée en arrière du globe oculaire, et encore moins qu’elle ait filé à l’anglaise vers des cieux plus cérébraux… Tout simplement parce qu’en haut comme en bas, la paupière est rattachée à l’œil par une membrane appelée conjonctive. Celle-ci forme deux culs-de-sac qui calment immédiatement les ardeurs des lentilles baladeuses !

Peut-on mourir de rire ? Vous voulez rire ? Quelle a été la meilleure façon de devenir millionnaire en 2009 ? Avoir été milliardaire en 2008 ! Un homme demande à un avocat : « Si je vous donne 500 euros, pouvez-vous répondre à deux questions ? - Bien sûr, quelle est la seconde ? » Un escargot voit passer une limace et dit : « Pff ! Si ce n’est pas malheureux cette crise du logement ! » 008

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- SÉRIEUX ? -

LOL (Laughing Out Loud, équivalent de MDR, Mort De Rire) écriraient les ados sur Internet, histoire de dire qu’il n’y a rien de tel qu’une bonne blague. C’est prouvé : rire, c’est bon pour la santé. Mais mortel ? La question n’est pas si bête. Celui ou celle qui, enfant, a subi les assauts de chatouilles de son petit frère le sait bien. Ne plus pouvoir s’arrêter de rire est un supplice parfaitement illustré dans la scène du film François Ier (1937) où Fernandel, enchaîné, hurle aux éclats parce qu’une chèvre lui lèche goulûment la plante des pieds. Torture vieille comme le monde ! Alors, souffrir de rire, oui. En mourir ? De façon indirecte peutêtre. Mais les cas attestés sont rarissimes. Parmi les plus célèbres ? Alex Mitchell, un Anglais décédé à 50 ans d’un arrêt cardiaque en 1975 après avoir hurlé de rire pendant vingt-cinq minutes devant un épisode à l’humour typiquement « british » de la série The Goodies.

Sérieux ? Peut-on mourir de peur ? Pas en l’absence de graves problèmes cardiaques. Et heureusement car les phobies sont fréquentes. Chez ceux qui en souffrent, bonjour les crises d’angoisse face à l’objet de la peur : araignées pour l’arachnophobe, avion pour l’aérodromophobe, orage pour l’astrapéphobe, grands espaces pour l’agoraphobe, enfermement pour le claustrophobe, poussière pour le myxophobe, souris pour le musophobe, saucisson pour le salcicophobe, travail pour l’ergophobe (pas de veine !), etc. Caché derrière un arbuste, un nain de jardin 009

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- SANTÉ ! -

poussant sa brouette est découvert par un nanopabulophobe, et c’est l’attaque de panique ! Décharges d’adrénaline et cortisol – hormones produites par les glandes surrénales – entraînent une ribambelle de réactions physiologiques : dilatation des pupilles, impression de mort imminente, sensations d’étouffer, accélération de la respiration, palpitations, mains moites, bouffées de chaleur, diarrhée, jambes en coton, tremblements, peur de perdre la boule. Et pourtant, croyez-le ou non, tout cela a pour but d’apporter plus d’oxygène et d’énergie à l’organisme afin qu’il puisse survivre au danger grâce à deux options : la fuite ou la lutte (cadeau de l’évolution qui a sauvé la vie à nos ancêtres dans bien des situations). Le nanopabulophobe préférera la première, sauf évidemment si l’abominable nain de jardin a élu domicile chez lui ! Pas question de passer l’arme à gauche, on l’a vu. Mais l’expérience reste traumatisante. Le mieux est de s’allonger. Dans le calme, les choses finissent par s’arranger. À ce propos, savez-vous pourquoi on suggérait autrefois de respirer quelques instants dans un sac en papier ? Parce que l’hyperventilation déclenchée par la crise entraîne l’expiration en excès de dioxyde de carbone (CO2). Réabsorber l’air expiré riche en CO2 permet de rétablir plus rapidement l’équilibre des gaz dans le sang, et une respiration normale. Sauf que cette fois-ci, la personne n’inspire plus assez d’oxygène : ennuyeux n’est-ce pas ? Voilà pourquoi cette technique, aujourd’hui, n’est plus conseillée…

Comment un appareil de chauffage défectueux peut-il entraîner la mort ? 010

« Qu’ils fonctionnent au gaz, bois, charbon ou au pétrole, faites vérifier vos appareils de chauffage par un professionnel ! » À l’approche de chaque hiver, ces conseils tournent en boucle à la télévision. Et pour cause, un appareil mal entretenu, défectueux ou installé dans une pièce non aérée peut provoquer une

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- SÉRIEUX ? -

intoxication au monoxyde de carbone (CO). Ce gaz est incolore et inodore. Et il est surtout mortel, car il entre en concurrence avec les molécules d’oxygène dans le sang ! En effet, le CO a une très forte attirance pour l’hémoglobine, protéine responsable de la couleur des globules rouges et du transport de l’oxygène. Le bougre n’hésite donc pas à voler la place de l’oxygène sur l’hémoglobine… Ce nouveau couple CO-hémoglobine forme la carboxyhémoglobine. Comme si de rien n’était, la carboxyhémoglobine poursuit son petit bonhomme de chemin dans la circulation sanguine. Et pendant ce temps, l’organisme entier se retrouve privé d’oxygène, à commencer par deux organes essentiels : le cerveau et le cœur. Symptômes ? Maux de tête, vertiges, troubles de la vision, nausées, évanouissements et décès si les secours n’interviennent pas rapidement.

Comment le soleil peut-il être l’ami de notre squelette ? 011

Ah ! parce qu’il l’est ? Surprenant effectivement. Parlons d’une vitamine qui sert à faire de vieux os : la D (ou calciférol). Elle participe à la fixation du calcium au niveau osseux et à - 23

- SANTÉ ! -

l’absorption du phosphore. Ces trois-là sont essentiels à la croissance comme à la résistance du squelette. Particularité de la vitamine D ? Sa synthèse cutanée sous l’action des rayons ultraviolets (UV) du soleil. Certes, l’intestin grêle puise un peu de vitamine D via quelques aliments (poissons gras, céréales, œufs, beurre). Mais la quasi-totalité provient des couches profondes de l’épiderme, lequel renferme du 7-déhydrocholestérol. Un petit coup d’UVB et hop, la molécule est convertie en cholécalciférol ou vitamine D3 (la D2 ou ergocalciférol étant d’origine végétale) ! Le tour est joué. Revers de cette amitié entre vitamine D et UVB ? Un risque de carence chez les nourrissons allaités, les personnes âgées qui sortent peu et les habitants des pays les moins ensoleillés (surtout en hiver). Un tel manque peut se traduire par de sérieux problèmes : rachitisme chez l’enfant, ostéomalacie voire ostéoporose chez l’adulte. Comme quoi trop de soleil peut gravement nuire à la santé (cancers de la peau), mais pas assez également.

D’où vient l’aspirine, le plus célèbre des médicaments ? 012

Antipyrétique, anti-inflammatoire, analgésique, antiagrégant plaquettaire, l’aspirine sait tout faire (même des effets secondaires sur l’estomac, hélas !). Son action ? Bloquer la production des prostaglandines, messagers biochimiques impliqués dans l’inflammation et la transmission de la douleur. Mais d’où vient-elle ? À l’origine, du saule blanc. Son aventure a démarré il y a quelques milliers d’années. Dès l’Antiquité, Hippocrate (~460-~370), père de la médecine, ne jurait que par les tisanes d’écorce de cet arbre pour faire chuter la fièvre et soulager les maux. Compte tenu de son efficacité, le remède a bien sûr traversé les époques. Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour voir arriver la découverte du principe actif. En 1829, le pharmacien français Pierre24 -

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- SÉRIEUX ? -

Joseph Leroux obtient les premiers cristaux de salicyline (futur acide salicylique) à partir de poudre d’écorce de saule blanc. Six ans plus tard, le chimiste allemand Karl Löwig isole l’acide spirique de la reine-des-prés, simple herbacée. Surprise, lui et la salicyline ne font qu’un ! À partir de là, la course à la synthèse s’est enchaînée. Le français Charles Frédéric Gerhardt l’emporte en 1853, mais meurt avant de pouvoir en faire quelque chose. Plus de 40 ans après, l’allemand Félix Hoffman, chimiste chez Bayer, s’inspire de son travail pour développer l’acide acétylsalicylique. Résultat ? Un brevet déposé en 1899, un nom aujourd’hui célèbre dans le monde entier et la production industrielle lancée un an plus tard. Encore une histoire qui montre bien que notre environnement est une inestimable pharmacie à ciel ouvert…

Un homme peut-il avoir un cancer du sein ? 013

Oui. De la même façon que chez la femme, une grosseur et toute autre modification observée au niveau du mamelon ou de la peau de la poitrine d’un homme doivent être prises très au sérieux. La prudence s’impose, même si cela peut paraître invraisemblable, cette maladie étant toujours présentée comme typiquement féminine. - 25

- SANTÉ ! -

Or, ce n’est pas parce que le sein masculin est atrophié qu’il n’est pas exposé aux dangers des tumeurs malignes. Concernant les facteurs de risque, on sait peu de choses à l’heure actuelle. Seuls quelques-uns ont été identifiés : l’âge, l’hérédité (mutation des gènes BRCA) et l’obésité. Chaque année, environ 42 000 nouveaux cas de cancer du sein seraient diagnostiqués chez les Françaises. Un cancer du sein sur cent toucherait un homme. Quel que soit le sexe du patient, la maladie se soigne d’autant mieux qu’elle est traitée tôt.

Avons-nous tous besoin de 8 h de sommeil ? 014

D’après les médecins, oui. Petit bémol à l’annonce en août 2009 par Ying-Hui Fu, neurologue à l’université de Californie, de deux cas particuliers membres d’une même famille : des besoins de six heures de sommeil. Confirmation grâce à l’étude de souris mutantes : cette capacité héréditaire viendrait d’une mutation rare au niveau d’un gène (DCE2) apparemment impliqué dans le temps de sommeil. Sinon, c’est au moins huit heures pour tout le monde. Il ne s’agit pas de temps perdu, mais de santé ! Le sommeil est réparateur. Pas étonnant qu’insomnies, réveils à répétition ou apnée du sommeil entraînent des désagréments la journée, voire des pathologies plus ou moins graves… Dormir permet à l’organisme de récupérer et participe même au processus de mémorisation du cerveau. C’est un véritable bain de jouvence pour nos cellules ! Voilà pourquoi il faut passer un tiers de sa vie au lit. Or, aujourd’hui, nous sommes loin du compte. Une enquête de l’Institut national du sommeil publiée en 2009 rappelle qu’en cinquante ans, nous avons perdu à peu près une heure et demie de sommeil sur vingt-quatre heures. Soit cinq ans de dodo en moins sur une période de vie active de quarante ans… En moyenne, les Français ne dormiraient plus que 26 -

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- HISTOIRES CLASSÉES X -

6 heures 58 minutes par nuit en semaine, et 7 heures 50 minutes le week-end. Les causes de cette privation de sommeil ? Organisation des journées de travail, programmes télévisés tardifs, télévisions plantées dans les chambres, équipements lumineux (réveil, portable, chaîne hi-fi) qui transforment l’espace à dormir en boîte de nuit, etc.

Histoires classées X Pourquoi y a-t-il toujours la queue aux toilettes des filles ? 015

Sur les aires d’autoroutes en période de chasséscroisés, à la sortie des avions dans les aéroports, les restaurants, les grandes surfaces, etc., c’est toujours la même chose. Pourquoi ? Les maris impatients se le demandent ! La réponse à cette question se trouve en partie dans les différences anatomiques observées entre les deux sexes, mais pas seulement. Car si l’urètre – canal reliant la vessie à l’extérieur du corps – est bien plus court chez la femme (3 cm) que chez l’homme (20 cm, pénis oblige), on pourrait penser que cette longueur supplémentaire contraint ce dernier à passer plus de temps aux W.-C. Hé bien ! Non. En moyenne, Monsieur expédierait la chose en 45 secondes contre 79 pour Madame. Forcément, elle ne fait pas pipi debout, pense plus souvent à se laver les mains, se recoiffe, etc. Et ce n’est pas la seule explication… Une étude publiée en 2005 a examiné la consommation de boissons et la fréquence de mictions en - 27

- SANTÉ ! -

vingt-quatre heures sur plus de 550 volontaires. Conclusion sans ambiguïté : sur une journée les femmes vont bien plus souvent aux toilettes que les hommes, avec à chaque fois un volume uriné inférieur. Pour leur défense, elles ont une vessie plus petite (250 à 500 ml, contre 350 à 600 ml) et un sphincter strié moins puissant (anneau musculaire qui permet de contrôler l’ouverture de la vessie). Bilan ? Des envies de pipi plus fréquentes et des queues interminables aux toilettes !

Les toilettes sont-elles les zones les plus peuplées de microbes ? 016

Non. Poser ses fesses sur le trône n’est pas pire qu’effleurer des doigts un clavier d’ordinateur. Bureau, téléphone et même souris informatique, ces objets du quotidien sont des nids à bactéries ! En 2004, Charles Gerba, microbiologiste à l’université d’Arizona aux États-Unis a examiné plus de 7 000 échantillons de ce micro-univers impitoyable. Voici ce qu’il a compté en moyenne par pouce carré (unité de surface anglo-saxonne dans laquelle un pouce équivaut à 2,54 cm) : 49 microbes pour les toilettes, 1 676 pour la souris, 3 295 le clavier, 20 961 pour le bureau et félicitation au grand gagnant, 25 127 pour le téléphone ! Si les toilettes sont régulièrement nettoyées, au bureau on grignote en oubliant souvent l’hygiène. Quelques miettes de sandwich, gâteau, arrosées de jus de fruits, soda, thé ou café avec un brin de chaleur, il n’en faut pas plus pour disperser les germes et leur offrir un bouillon de culture. Pas étonnant si une table de travail en porte autant l’après-midi… Pire, en hiver les moins sympathiques en profitent ! Selon le chercheur, si un salarié a un rhume, une grippe, qu’il tousse, éternue et pose ses mains un peu partout, il sème les virus qui peuvent parfois survivre jusqu’à trois jours sur les surfaces contaminées. On 28 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- HISTOIRES CLASSÉES X -

se gardera ici d’évoquer la gastro-entérite et les gens qui ne se lavent pas les mains en sortant des W.-C. Il n’y a pas meilleur cocktail pour tomber malade sur le lieu de travail ! Quatre ans plus tard, l’étude de Peter Wilson du C.H.U. de Londres enfonce le clou. Le microbiologiste a analysé 33 claviers et y a trouvé de sympathiques bestioles comme Escherichia coli, responsable d’infections au niveau intestinal, urinaire ou méningé, et Staphylococcus aureus, staphylocoque doré à l’origine d’intoxications alimentaires, infections cutanées et septicémies. Bref, voilà des objets qu’il faudrait désinfecter plus souvent, des mains qu’il faudrait laver régulièrement et des mouchoirs en papier qu’il ne faudrait pas hésiter à coller devant son nez et sa bouche en cas d’éternuements…

Les femmes sont-elles si bavardes qu’on le dit ? 017

Un homme sortirait 7 000 mots par jour, une femme, 20 000. C’est ce qu’on dit. Heureusement, la science est là pour rétablir certaines injustices. Ainsi, les conclusions publiées en 2007 par une équipe de chercheurs américains de l’université de Tucson en Arizona expliquent qu’en réalité, côté bagou, les hommes n’auraient rien à envier aux femmes. Pour en apporter la preuve, les scientifiques ont fait porter à 396 étudiants mexicains et américains, pendant un peu plus d’une semaine, un appareil discret chargé d’enregistrer leur conversation. Allez, devinez, combien de mots par jour ? En moyenne, 16 215 pour les femmes et 15 669 pour les hommes. Autrement dit, pratiquement la même chose. À noter que le plus discret des participants n’a pas prononcé - 29

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plus de 500 mots en une journée, contre 47 000 pour le plus bavard. Vous allez dire : « Oui, mais l’étude porte sur une tranche d’âge restreinte et ne dit pas si l’âge et le mariage rendent les unes plus pipelettes, et les autres renfermés ». D’accord, mais c’est déjà un bon début pour tordre le cou aux préjugés, vous ne trouvez pas ?

Pourquoi les hommes n’écoutent jamais les femmes ? 018

Voilà une vérité ! Ne dites pas le contraire messieurs. Pour une épouse, voir le regard de son mari se perdre dans les pixels de l’écran de télé alors qu’elle lui raconte les moments palpitants de sa journée, poursuivre le monologue et après cinq minutes, l’entendre vaguement répondre, il n’y a rien de plus exaspérant. Mais, quand va-t-elle enfin trouver une oreille attentive ? Peut-être jamais. Hélas ! Sa moitié ne le fait pas exprès. La science l’a confirmé récemment.

Grâce à un scanner réalisé sur plusieurs volontaires, des chercheurs anglais de l’université de Sheffield sont allés explorer les réactions du cerveau des hommes à l’écoute de voix masculines et féminines. Verdict ? Les zones cérébrales activées diffèrent selon les cas : leurs neurones ont plus de mal à analyser les voix des femmes. 30 -

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- HISTOIRES CLASSÉES X -

Il faut dire qu’elles restent complexes. Elles sont aiguës, car les cordes vocales féminines ne mesurent que 14 à 18 mm (contre 18 à 25 mm et d’une épaisseur supérieure chez les hommes, œuvre de la testostérone à la puberté). Ainsi, leurs fréquences atteignent 170 à 250 Hz contre 75 à 140 Hz pour les voix masculines. Le cerveau ayant tendance à comparer les éléments extérieurs avec ce qu’il connaît de mieux, celui d’un homme trouvera plus de points communs dans la voix de quelqu’un du même sexe que de sexe opposé. Pas étonnant que les neurones de Monsieur aient toutes les peines du monde à rester concentrés sur la voix de canari de la femme de sa vie ! Le malheureux décroche bien vite de la conversation. Ce qui ne risque pas d’arriver quand son copain lui parle de la dernière voiture de sport...

L’excuse de la migraine tient-elle encore la route ? 019

« Chéri (-e), pas ce soir, j’ai la migraine. » À tous ceux qui usent de ce stratagème pour éviter le petit câlin du soir (et pour des raisons « qui ne nous regardent pas »), il va falloir trouver autre chose. En effet, on supposait déjà un lien entre migraine et désir sexuel. Voilà que la recherche apporte son grain de sel ! Mais quel lien ? La sérotonine. Ce neurotransmetteur intervient dans la régulation du sommeil, de l’humeur, etc. Par exemple, un déficit en sérotonine est impliqué dans la dépression ; un excès, dans la baisse de libido. Or, les migraineux présentent des taux anormalement bas de sérotonine, lesquels ont une influence sur le déclenchement de leurs crises. Ils auraient aussi une libido plus importante. Est-ce le - 31

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cas ? Pour obtenir un début de réponse, des biologistes américains de l’université Wake Forest en Caroline du Nord ont distribué un questionnaire à deux catégories de patients. Les uns souffraient de véritables migraines, les autres, de céphalées de tension (maux de tête en relation avec le stress). Objectif, évaluer leur libido à l’aide de notes. Verdict ? Toutes céphalées confondues, les hommes présentaient un désir sexuel supérieur de 24 % à celui des femmes (tiens, tiens !...). Autre constat, migraineux hommes et femmes présentent un niveau de libido supérieur de 20 % à celui des personnes affectées de céphalées de tension. Enfin, les femmes migraineuses ont une libido équivalente à celles des hommes souffrant de céphalées de tension. Voilà qui a le mérite d’être clair. « Chéri (-e), un câlin ? Ce soir, j’ai la migraine ! »

Si les vertébrés ont une queue, où est passée la nôtre ? 020

Cachée bien au chaud tout en bas du dos ! Petit rappel. La colonne vertébrale compte 33 vertèbres empilées de haut en bas dans cet ordre : 7 cervicales, 12 thoraciques, 5 lombaires, 5 soudées formant le sacrum et 4 unies en coccyx. Question. À quoi sert la queue chez les animaux ? À assurer l’équilibre, la propulsion, la défense, la communication, à saisir des choses, etc. Seulement, l’être humain au cours de son évolution s’est redressé, mis à marcher, à parler et a fait de sa main le plus habile des outils. Devenue inutile sous la forme d’un prolongement externe, la queue s’est transformée chez lui en vestige interne : le coccyx 32 -

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- HISTOIRES CLASSÉES X -

(auquel sont rattachés des muscles du bassin) ! Désormais, seules de mauvaises chutes sur les fesses, voire des chocs à ce niveau peuvent rappeler douloureusement sa présence. Une vraie torture, la fracture du coccyx… Toutefois, il existe des cas étonnants de bébés nés avec une petite queue. Les chirurgiens peuvent la retirer. Ces rares bonds en arrière de l’évolution s’expliquent malgré tout assez bien. Car au stade embryonnaire, les humains – comme tous les mammifères – ont une queue qui normalement régresse à la 8e semaine de développement pour donner le futur coccyx…

Un homme peut-il se casser le pénis ? En quelque sorte, oui. Ça vous étonne ? Se briser le tibia de la jambe, O.K., le radius du bras, soit. Mais aux dernières nouvelles, le pénis humain n’est pas un os. N’estce pas un peu fort de parler de fracture ? Pas tant que cela. Car, de mou au repos, l’organe durcit vraiment au moment de passer à l’érection. Pour faire simple, imaginez le pénis composé de trois cylindres. Vus de haut dirons-nous, les deux corps caverneux (tissus érectiles par excellence) se trouvent côte à côte. Le troisième, appelé corps spongieux, est traversé par l’urètre, conduit chargé de transporter l’urine et le sperme à bonne destination et se cache dessous. Ne le dites à personne, mais la rigidité est un coup de l’albuginée ! Il s’agit d’une membrane fibreuse qui recouvre ces trois cylindres. Au cours de l’érection, les corps caverneux se gorgent de sang. L’albuginée suit naturellement le mouvement : subissant l’effet de cette augmentation de la pression sanguine, elle se tend à son maximum. Seulement, si l’acte sexuel se fait trop acrobatique ou maladroit, c’est le drame ! L’albuginée 021

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- SANTÉ ! -

se déchire. L’accident est rare, la douleur atroce. Tuméfiés, les testicules deviennent très douloureux. Et le pauvre pénis prend une couleur bleue. Il y a urgence. Les chirurgiens savent soigner cela. Il faut généralement recoudre cette fameuse albuginée, et mettre « tout le monde » au repos pour un bon moment.

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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À TABLE « La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure. » Anthelme Brillat-Savarin (Physiologie du goût)

Fruits de mer et leurs petits légumes Les légumes de mer, ça existe ? Non si l’on s’en réfère à la définition stricte du mot légume : partie comestible des plantes potagères (végé022 taux supérieurs). Pourtant, depuis quelque temps, les algues – végétaux inférieurs – s’invitent en cuisine. Et plus personne n’hésite à parler d’elles comme des légumes de la mer… Savourées depuis des millénaires au Japon ou en Chine, peu caloriques, elles présentent d’intéressantes qualités nutritionnelles (vitamines, fibres, protéines, iode, calcium, etc.). Utilisées comme additifs dans l’industrie agroalimentaire, certaines sont cultivées à grande échelle. Pour des raisons sanitaires, la réglementation en France est stricte et autorise la vente, en tant que « légumes » de douze espèces seulement. Parmi elles ? La laitue de mer, verte bien sûr, qui donne une touche iodée aux salades, tout comme la dulse rouge. La nori, - 35

- À TABLE -

surtout utilisée comme condiment chez nous et dans la confection des sushis. Le haricot de mer qui se marie si bien avec le poisson ou se mange froid en salade. Le kombu (ou laminaire sucrée) qui, en papillotes, a l’avantage de faire réduire le temps de cuisson du poisson. Ou le wakamé (ou ouessanne) qui s’apprécie cru ou cuit.

Comment un homard peut-il être bleu dans l’océan et rouge dans l’assiette ? 023

Prenons un homard européen. Vivant, il est d’un joli bleu nuit. Alors pourquoi rougit-il dans la marmite ? Pour le savoir, une plongée au cœur des molécules de sa carapace s’impose. Monsieur homard doit sa teinte bleue à l’association de l’astaxanthine à une protéine appelée bêta-crustacyanine. Cette liaison modifie à la fois la structure de l’astaxanthine et ses propriétés d’absorption.

Abracadabra, elle les récupère lors de la cuisson du brave crustacé ! En effet, la chaleur déforme la bêta-crustacyanine qui, en se déroulant, libère l’astaxanthine. Celle-ci peut enfin retrouver ses caractéristiques initiales et absorbe à nouveau les lumières bleues et vertes pour ne réfléchir que la rouge… À l’origine, l’astaxanthine est un pigment caroténoïde produit par des microalgues. On la retrouve chez la plupart des crustacés et 36 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- FRUITS DE MER ET LEURS PETITS LÉGUMES -

par le biais de la chaîne alimentaire marine, jusque dans la chair de poissons (saumons) ou des plumes d’oiseaux (flamants roses).

Quel goût peut bien avoir un calmar géant grillé à la plancha ? 024

Probablement pas terrible… Rappelons-nous 2004, le monde découvre les premières images d’un mythe : le plus grand invertébré de la planète ! Enregistrées à 900 mètres de fond, elles présentent un calmar géant de plus de 8 mètres plutôt énervé. De quoi mettre l’eau à la bouche des amateurs de calmars à la plancha ? Pas si sûr…

Selon Clyde Ropper, biologiste américain « mordu » de calmars géants, il paraît que c’est infect. Dans les années soixante-dix, encore étudiant, il a pu en goûter un morceau cuisiné par l’un de ses camarades. Verdict ? Cette chair a la saveur (et l’odeur) de l’ammoniac ! Certes, elle en contient une grande quantité, car elle est riche en ions ammonium moins denses que l’eau de mer. Ceux-ci assurent la flottabilité de la créature… - 37

- À TABLE -

Pourquoi le péché mignon des Japonais n’est-il pas si adorable ? 025

Son nom ? Fugu ou poisson-ballon (parce qu’il peut gonfler comme une baudruche). Il en existe plusieurs espèces. Celles qui ont la cote au pays du Soleil-Levant sont du genre Takifugu et y occupent les plus hautes marches du podium de la gastronomie. Seulement, pour avoir l’autorisation de les cuisiner dans les restaurants, il faut beaucoup d’expérience et décrocher un diplôme délivré par l’État. En effet, l’animal encore gigotant est dépecé de façon très précise… Tout l’art consiste à ne pas léser les tissus toxiques (peau, foie, reins, ovaires, intestin) afin d’éviter de contaminer la chair comestible. Après cela, les courageux n’ont plus qu’à déguster les filets transparents, crus ou cuits. Bon appétit ! Mais d’où vient le danger ? De la tétrodotoxine (TTX), cadeau empoisonné de bactéries installées sur des algues rouges. Des invertébrés herbivores les broutent puis sont dévorés à leur tour par le fugu. Et en bout de chaîne, au restau, si un malchanceux a le malheur d’avaler un filet de fugu contaminé par le poison, c’est la mort assurée en quatre à six heures ! Vicieuse, la toxine empêche la propagation de l’influx nerveux dans l’organisme. Comment ? C’est de la biochimie : un peu technique, mais passionnant. En temps normal, le cerveau envoie et

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- ÇA GAZE ! -

reçoit des informations via les neurones (constitués chacun d’un corps, hérissé de dendrites, et qui se prolonge par une très longue fibre – l’axone – débouchant sur des terminaisons axonales). L’influx nerveux circule dans le sens dendrites vers axone. Il dépend essentiellement d’échanges d’ions sodium (Na+) et potassium (K+) de part et d’autre de la membrane cellulaire du neurone. Ces ions la traversent par des canaux qui y sont enchevêtrés. C’est là qu’agit la tétrodotoxine. Elle se fixe sur les canaux à sodium. Du coup, les ions Na+ ne peuvent plus aller de l’extérieur de la membrane vers l’intérieur. Le message nerveux est stoppé net dans sa course ! D’où les symptômes : engourdissement au niveau de la bouche, paralysie des membres, ralentissement du cœur, détresse respiratoire puis arrêt cardiaque. Pire, la barrière hémato-encéphalique qui sépare la circulation sanguine du liquide céphalo-rachidien étant infranchissable pour la TTX, le cerveau est épargné. Ce qui signifie que la victime a toute conscience du drame (d’ailleurs, la TTX a été employée en quantité infime dans la « poudre à zombie », célèbre dans le culte vaudou haïtien pour l’état léthargique et la paralysie qu’elle provoquerait). Chaque année, environ deux cents personnes seraient victimes d’une intoxication alimentaire au fugu, 50 % en mourraient.

Ça gaze ! Pourquoi les flageolets ne sont-ils pas très distingués ? 026

Les flageolets sont des grains extraits de haricots. Cuisinés avec un bon gigot d’agneau, ils sont très appréciés, mais plutôt le week-end… En semaine, le salarié travaillant en open space y réfléchit à deux fois avant de craquer sur un cassoulet au restaurant de l’entreprise. S’il en prend, c’est aux risques et périls de ses collègues. - 39

- À TABLE -

Oui, les « fayots » ont mauvaise réputation. Nul n’est censé ignorer leur effet « flatulatoire ». Mais pourquoi tous ces pets ? On sait que les flageolets sont riches en protéines. Très bien, mais ils le sont aussi en fibres et glucides (amidon) difficiles à digérer. Parmi eux, deux oligosaccharides très résistants à l’action des enzymes de l’estomac et l’intestin grêle : le raffinose et le stachyose. À peine dégradés, ces deux-là débarquent quasiment intacts dans le côlon. De fait, ils fermentent en présence de la microflore qui y est concentrée. Bactéries et autres levures s’en font un festin ! L’ennui, c’est qu’en retour, elles produisent des gaz. Est-ce utile de préciser que ceux-ci, pressés de prendre l’air, ne peuvent rester bien longtemps au chaud dans le rectum ? Ainsi, pour ne pas indisposer ses hôtes, une maîtresse de maison a tout intérêt à changer plusieurs fois l’eau de cuisson des haricots secs. Dernier petit conseil pour tout le monde : bien mâcher les flageolets limite les effets gênants, paraît-il.

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Peut-on mâcher des chewing-gums sans sucre à longueur de journée ?

Vous pensez à votre poids et à vos dents ? Bravo. Mais attention ! Concilier goût et plaisir sans les kilos ni les caries ne signifie pas qu’il faille exagérer. Dans les chewing-gums sans sucre, le saccharose est remplacé par 40 -

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un édulcorant beaucoup moins calorique : souvent du sorbitol. En moyenne, une gomme à mâcher en contient 1,25 gramme. Or en 2008, Herbert Lochs, gastroentérologue à la faculté de Berlin en Allemagne et ses collègues ont rappelé que le sorbitol était aussi un laxatif. Les médecins en sont arrivés à cette nécessité en recherchant les causes de l’amaigrissement sans raison apparente chez deux patients. En moins d’un an, une jeune femme de 21 ans avait perdu 11 kg, et un homme de 46 ans, 22 kg. De quoi s’inquiéter vraiment. En fait, la demoiselle consommait 18 à 20 grammes de sorbitol par jour, le monsieur (qui confessait engloutir quotidiennement une vingtaine de tablettes), jusqu’à 30 ! Ainsi, 5 à 20 grammes de sorbitol ingérés chaque jour suffiraient à déclencher crampes d’estomac, douleurs au ventre et diarrhées à répétition (vous ne serez pas étonné d’apprendre que les pruneaux sont eux aussi riches en sorbitol ?). Mâchez à longueur de journée, et vous risquez de passer votre vie aux W.-C…

Le cola a-t-il un quelconque lien avec la cocaïne ? 028

La coca est une plante d’Amérique du Sud. En Bolivie et au Pérou, depuis des millénaires, les populations andines en mâchent les feuilles pour leur action stimulante. Aujourd’hui, les trafiquants en tirent une drogue dure : la cocaïne. De celleci au cola, n’y a-t-il qu’un pas ? Pour le savoir, il faut remonter le temps et revenir aux origines de l’une des plus célèbres marques agroalimentaires américaines. Sauf que ce n’est pas aux États-Unis que notre histoire démarre, mais en France en - 41

- À TABLE -

1863. Eh oui !… Les feuilles de coca sont connues en Europe depuis un siècle. Un chimiste corse, Angelo Mariani, a l’idée d’en mélanger des extraits à du bordeaux. Vingt ans plus tard, son vin euphorisant jouit d’un triomphe international ! Le pape Léon XVIII, le 25e président des États-Unis William McKinley, Jules Verne, Émile Zola, etc., en sont fous et n’hésitent pas à le faire savoir. En 1886, à Atlanta en Géorgie, le pharmacien John Pemberton, est apparemment très inspiré par ce produit made in France. Il lance son french wine coca auquel il ajoute de l’extrait de noix de cola, fruit riche en caféine (poussant sur le colatier, arbre originaire d’Afrique et cousin du cacaoyer). Mais en raison de la prohibition de l’alcool imposé cette année-là à Atlanta (puis de 1920 à 1933 sur l’ensemble du territoire américain), Pemberton est obligé de le retirer de son breuvage. Il remplace l’alcool par un sirop sucré, de l’eau gazeuse et rebaptise la boisson du nom que tout le monde connaît aujourd’hui. Avec les problèmes de santé qu’engendre la consommation de cocaïne, celle-ci est finalement interdite. Ainsi, au début du XXe siècle, elle disparaît complètement de la recette secrète du fameux soda. Ce qui ne nuira en rien à son ascension fulgurante…

Comment la levure peut-elle faire gonfler les gâteaux ? 029

C’est bien connu, la levure est le secret d’un gâteau bien levé. Mais comment agit-elle ? D’abord, précision importante : même si leur rôle à toutes les deux est de gonfler une pâte à l’aide de bulles de gaz carbonique (CO2), la levure chimique (ou poudre à lever) et celle de boulanger (ou levure de bière) ont un usage différent. Réservée aux gâteaux, la levure chimique est une poudre blanche qui agit surtout en début de cuisson. Classiquement, elle contient du bicarbonate de soude (NaHCO3), du pyrophosphate de sodium et un peu de farine de froment. 42 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- ÇA GAZE ! -

En présence d’humidité et de chaleur, ce bicarbonate dégage le CO2 qui fera le moelleux du gâteau. Acide, le pyrophosphate amplifie cette réaction (et neutralise l’arrière-goût de bicarbonate que l’on retrouve lorsqu’on l’utilise seul pour faire lever un gâteau). La levure de boulanger, elle, agit essentiellement avant cuisson. D’où la nécessité de laisser reposer la pâte avant de la passer au four ! Vendue fraîche en cube ou déshydratée en granulés, ce type de levure est employée pour préparer pains, pizzas, brioches, beignets, etc. Sa particularité ? Elle est vivante, car constituée de champignons microscopiques : les cellules de Saccharomyces cerevisiae. Un gramme de levure de bière en contient dix milliards. Mais attention ! Elles meurent au-delà de 38 °C. On comprend mieux l’intérêt du temps de pause lorsqu’on sait qu’une baguette cuit à plus de 200 °C… Justement, pour faire du pain, il faut aussi de la farine – de blé le plus souvent – de l’eau et du sel. Pendant le repos de la pâte, en l’absence d’oxygène, les cellules transforment l’amidon apporté par la farine en CO2 et alcool éthylique par le processus de fermentation alcoolique. Précision indispensable, être pompette avec du pain est impossible, car l’alcool s’évapore à la cuisson. Les poches de gaz, envolées elles aussi, donneront les alvéoles à la mie. Sachez enfin que Saccharomyces cerevisiae est polyvalent. On l’utilise également dans la production de bière, vin et cidre. À une différence près : là, on ne cherche pas à se débarrasser de l’alcool produit. À table !

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- À TABLE -

Le champagne en coupe est-il aussi divin à humer qu’à déguster ? 030

Ah ! le champagne, l’excellence à la française : un vin qui séduit d’abord le nez avant de se dévoiler tout entier aux papilles… Et c’est là toute sa magie selon Gérard Liger-Belair, expert en « science du champagne » à l’université de Reims et Philippe Schmitt-Kopplin, chimiste allemand. Le champagne contient du gaz carbonique (CO2) sous pression. Mais pour passer de l’état dissous à l’état gazeux, il a besoin d’impuretés sur le verre de la coupe (vive les coups de chiffon à l’intérieur !). En effet, celles-ci piègent de minuscules poches d’air dans lesquelles s’enfile le CO2 pour fuir en surface. Résultats ? Des tas de « pop » et de « shhhh » juste sous vos narines. De quoi générer une nuée de gouttelettes ensorcelant l’odorat, sens intimement lié au goût... Car, comme l’a révélé la spectrométrie de masse à haute résolution, en éclatant, les bulles propagent dans l’air moult composés aromatiques très concentrés (des dizaines par bulle). En bord de mer, l’air marin ne s’y prend pas autrement pour diffuser son parfum frais et vivifiant. Quant au champagne, une seule bouteille ayant le potentiel de produire 100 millions de bulles, le pétillant nectar se savoure plutôt deux fois qu’une avant même d’être bu. Santé !

Nature, c’est tellement meilleur… Un champignon déjà entamé par une limace est-il forcément comestible ? 031

Oh ! que Non ! Cela peut surprendre. Ce qui est bon pour la limace ne l’est pas forcément pour vous, ne croyez-vous pas ? 44 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- NATURE, C’EST TELLEMENT MEILLEUR… -

Exemple : elle n’hésitera pas à se régaler d’une amanite phalloïde alors qu’un morceau de chanterelle ne la ferait pas baver d’envie. Est-ce utile de rappeler que l’une est mortelle, alors que l’autre est l’un des champignons les plus délicieux ? Donc attention ! Si vous apercevez un champignon grignoté de-ci, de-là, surtout ne vous précipitez pas dessus les yeux fermés !

Avec les amanites printanières et vireuses, les lépiotes brunes et les cortinaires, l’amanite phalloïde fait partie des champignons les plus vénéneux rencontrés dans l’Hexagone. Et franchement, la limace s’en moque. Elle digère sans problème les amanitines, phallotoxines et virotoxines, poisons que contient le champignon mortel. En revanche, le foie et les reins humains ne leur résistent pas. Elles peuvent tuer en une à deux semaines après leur ingestion. Aussi, n’hésitez pas à faire contrôler votre panier par un pharmacien averti. En matière de cueillette de champignons, on n’est jamais trop prudent.

Avez-vous déjà mangé de l’ADN ? De l’ADN ? Acide désoxyribonucléique, molécule en double hélice enfermée dans le noyau des cellules. Non, parce que vous ne voulez surtout pas avaler de maïs ou soja transgénique, ni de produits dérivés ? En réalité, ici, rien à voir avec les OGM... 032

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- À TABLE -

Collégiens et lycéens vous confirmeront que vous mangez de l’ADN tous les jours ou presque. Car chacun d’entre eux a eu droit en cours de sciences naturelles au fameux TP d’extraction d’ADN de choufleur, oignon, kiwi, foie de porc, etc., au choix selon la saison. Mais oui – microorganismes, champignons, plantes, animaux – tout ce qui est vivant porte du matériel génétique ! Ainsi, par la force des choses, les produits issus de l’agriculture biologique en contiennent aussi. Et puisque nous sommes omnivores, il y a de fortes probabilités d’ingérer quotidiennement de l’ADN (en quantités infimes, certes, et variables selon les aliments : par exemple, abats, anchois, gelée royale en sont riches). Est-ce ennuyeux ? Pas du tout. Les résidus de pesticides logés dans la peau de certains fruits et légumes sont, sans le moindre doute, plus nocifs pour la santé que l’ADN qu’ils contiennent ! Justement, une fois avalé, il devient quoi cet ADN ? Les enzymes de l’estomac et de l’intestin s’occupent de son cas et le décomposent en éléments de base. Une partie sera éliminée dans les excréments, l’autre absorbée. Et si les aliments sont cuits ? Les fortes températures dénaturent la molécule d’ADN. Si bien qu’après cuisson, elle perd sa structure d’origine et se retrouve découpée en morceaux plus petits. Mais s’ils sont encore d’une certaine taille, les biochimistes pourront les détecter à l’aide d’une méthode appelée PCR (réaction en chaîne de la polymérase). À quoi ça sert ? À démasquer les fraudes - si vous avez acheté du foie gras de canard au prix fort alors qu’il présente aussi de l’ADN de poulet, vous vous êtes fait rouler - ou à vérifier si des produits contiennent des traces d’ADN modifié (traçabilité des OGM) par exemple. 46 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- NATURE, C’EST TELLEMENT MEILLEUR… -

Une dernière chose : les personnes souffrant de goutte doivent restreindre leur consommation d’aliments riches en ADN. En effet, certains de ses composés (les purines) sont dégradés dans l’organisme en acide urique. Et si ce dernier n’est pas correctement éliminé, il s’accumule dans le sang : c’est la crise de goutte assurée avec ses atroces douleurs aux articulations…

Pourquoi une pomme épluchée se met-elle à foncer ? 033

Une fois toute nue, la pomme se met à brunir (la pomme de terre, l’aubergine, et d’autres fruits, légumes aussi d’ailleurs) ! Même chose si on croque dedans sans l’avoir épluchée, l’intérieur commence à changer de couleur. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on retire sa peau, la chair est exposée à l’air et s’oxyde. Explication... Rappelez-vous de l’organisation d’une cellule végétale : son noyau porte l’ADN et tout le reste appelé cytoplasme comporte des mitochondries – petites usines à énergie -, des chloroplastes qui abritent la chlorophylle et une grosse vacuole contenant de l’eau, des sucres, etc. Dans une cellule intacte de pomme la vacuole est riche en polyphénols (incolores) et le cytoplasme, en enzymes (dont les polyphénoloxydases). Un mauvais coup de dents ou de couteau s’en prend à la cellule et crac, la membrane de la vacuole se déchire à son tour. En présence de l’oxygène de l’air, les polyphénoloxydases transforment les polyphénols en quinones qui polymérisent en mélanine. En mélanine ? Oui, ce même pigment brun qui donne un teint hâlé à votre peau ! C’est donc vrai, la pomme se met à bronzer… - 47

- À TABLE -

Un petit truc culinaire lorsqu’il n’est pas possible de cuire immédiatement les pommes ou pour les conserver blanches dans une salade de fruits ? Arrosez-les de jus d’agrumes, car les citrons, pamplemousses et oranges contiennent de l’acide ascorbique (vitamine C), un antioxydant qui évite ce brunissement.

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Un poussin peut-il sortir d’un œuf acheté au supermarché et conservé au frigo ?

Un beau jour, on ouvrirait le réfrigérateur et là, une demidouzaine de poussins bien rangés dans la porte vous accueilleraient avec de chaleureux « cui-cui » ? Trop mignon, mais impossible.

En plus du fait qu’il fasse froid dans ce genre d’endroit, les œufs vendus en grandes surfaces proviennent de poules pondeuses d’élevages en batterie, en volière ou en plein air (pour les plus chanceuses). Or là où elles vivent, elles n’ont pas l’opportunité de rencontrer des coqs. L’absence de mâles les empêche-t-elle de pondre ? Pas du tout. Seulement, sans intervention du sexe opposé, les œufs ne sont pas fertilisés. Ce ne sont que de simples ovules parfaits pour finir en omelettes, mais pas en poussins. 48 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- NATURE, C’EST TELLEMENT MEILLEUR… -

Et même s’il y a un coq dans les parages, la poulette a du boulot. Lorsque Monsieur conclut, son sperme remonte jusqu’à l’ovaire de sa partenaire. Il suffit qu’un spermatozoïde féconde un ovule pour que le processus de la vie se déclenche. Entre le moment où l’ovule fécondé quitte l’ovaire et celui où il est expulsé par le cloaque, vingtquatre heures s’écoulent. Une fois à l’air, lui et ses œufs frères et sœurs risquent de prendre froid. Leur mère les couvre de son ventre plumé et bien chaud. Elle en a pour trois semaines à couver avant de découvrir la frimousse de ses petits brisant les coquilles. Maintenant, supposons que votre voisin ait des poules, au moins un coq, et qu’il vous offre des œufs sans doute fécondés. Fraîchement pondus, ils peuvent être conservés une bonne semaine, idéalement entre 12 et 15 °C, sans que cela n’empêche la reprise du développement des embryons à 37 °C. Il faut savoir qu’à – 2 °C, le froid les tue. Mais si vous gardez vos œufs quelques jours au réfrigérateur à + 5 °C et que vous décidiez finalement de les mettre en couveuse, il est théoriquement possible, 21 jours plus tard, d’obtenir des petits poussins !

Qui a inventé les pâtes, les Chinois ou les Italiens ? 035

Ah ! L’éternelle compétition ! Les pâtes, italiennes ou chinoises ? Qui n’a jamais entendu parler de cette histoire qui raconte que le brave Marco Polo en aurait ramené de Chine à Venise en 1295 ? Pas si vite. On a des preuves de leur production en Italie avant le XIIIe siècle. Une tombe étrusque datant du IVe siècle avant J.-C. représente des ustensiles pour pâtes en Sicile. Et un récit daté de 1150 du géographe arabe Al-Idrisi évoque le commerce florissant des pâtes de Trabia près de Palerme. Oui, mais dans l’empire du Milieu, elles étaient consommées depuis longtemps. Très longtemps même, car en 2005 des archéologues de l’Académie des sciences de Pékin ont trouvé dans le nord- 49

- À TABLE -

ouest du pays un bol de nouilles à base de millet qui avait 4 000 ans. En clair, les plus vieilles pâtes conservées au monde ! De là à faire de la Chine leur berceau ? Résumons la situation : d’un côté, les Italiens et leurs pâtes séchées aux mille et une formes à la farine de blé ; de l’autre, les Chinois et leurs nouilles fraîches façonnées de mains de virtuoses à base de farine de blé ou de riz. Allez, match nul, un partout.

Avez-vous déjà mangé des insectes ? Comment ! Non ? Et la bestiole tombée dans le café que vous avez avalée tout rond cet été en déjeunant sur la terrasse ? Et les moucherons ingurgités avec la salade servie dans ce restaurant ? Ou les petits insectes qui se sont engouffrés dans votre bouche pendant que vous papotiez à vélo ? 036

Bonbons colorés au chocolat, chewing-gums, sirops, saucisses, glaces, yaourts aux fruits, sodas, apéritifs, jamais vous n’avez succombé à toutes ces choses plus ou moins rouges ? Parce que certaines contiennent un colorant alimentaire naturel appelé E120 (ou acide carminique). Cette poudre est obtenue à partir de cochenilles séchées. Cochenilles ? Des pucerons femelles écarlates récoltés au Mexique et au Pérou sur les figuiers de Barbarie ! 50 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- NATURE, C’EST TELLEMENT MEILLEUR… -

Enfin, pour peu que vous ayez participé à une émission de téléréalité exotique, vous avez sûrement goûté à de grosses larves bien juteuses, à des tarentules grillées ou des fourmis caramélisées ? Il ne faut pas se leurrer. Entre les fruits et légumes mal lavés et les résidus d’insectes encore présents dans notre alimentation – farine, chocolat, céréales, etc. – tout le monde en mange au moins 500 grammes par an… Si ici, ce n’est pas volontaire, dans certains pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Sud, ça l’est. Pour se remplir l’estomac vide depuis bien trop longtemps ou même par tradition, on croque ces produits bio aux qualités nutritionnelles indéniables (100 grammes de chenilles séchées contiennent 53 g de protéines, 15 g de lipides, 17 g de glucides, pour un total de 430 calories). Seulement, attention ! À tous ceux qui se laisseraient tenter par l’entomophagie, sur le million d’espèces d’insectes répertoriées, sachez que beaucoup sont toxiques. Seules 1 500 sont comestibles !

Pourquoi certaines personnes digèrent mal le lait ? 037

Ballonnements, douleurs abdominales… Vous aimez le lait, mais avez du mal à le digérer ? Vous n’êtes pas seul(e) dans ce cas. 20 à 40 % des Français seraient comme vous. Il faut dire qu’à l’origine, l’adulte n’est pas programmé pour en boire. Le bébé si, en revanche. Son intestin grêle produit la lactase. C’est une enzyme destinée à casser en deux l’unique glucide du lait : le lactose, responsable de vos maux de ventre. Cette lactase en fait du glucose et du galactose, deux sucres simples facilement assimilables. - 51

- À TABLE -

Et heureusement qu’elle est là, car le lait maternel contient encore plus de lactose que le lait de vache (70 g/L contre 45) ! Cependant, au cours de l’enfance, la production de lactase s’arrête progressivement. Cette diminution d’activité enzymatique entraîne une hypolactasie. Rien de grave, c’est un processus normal. Et c’est lui qui est à l’origine de cette sensibilité répandue au lactose face à laquelle nous ne sommes pas tous égaux. En effet, certains chanceux conservent leur lactase une fois grands. Cet avantage est un héritage d’un lointain passé. À l’époque du Néolithique, côté est de l’Atlantique, des populations ont commencé à se nourrir de lait (peut-être même avant de domestiquer le bétail, selon de récentes études ?). De ces nouvelles modes alimentaires sont nées des mutations génétiques transmises de générations en générations depuis 7 500 ans. Du coup, aujourd’hui, contrairement au reste de l’humanité, la majorité des habitants d’Europe du Nord digèrent le lait sans problème ! Pas vous ? Ce n’est pas si grave. Si votre tube digestif boude le liquide blanc tel quel, sachez que les produits laitiers (fromages, yaourts, etc.) contiennent beaucoup moins de lactose. Et n’oubliez pas qu’il existe d’autres sources de calcium (sardines, anchois, moules, omelettes, épinards, brocolis, haricots blancs, olives, amandes, noix, etc.).

Où est passé le noir du chocolat blanc ? 038

Sans fèves de cacao, pas de chocolat. Mais des graines du cacaoyer logées à l’intérieur des cabosses aux tablettes bien emballées, il en faut des opérations ! Plusieurs ont lieu directement sur le lieu de récolte : écabossage pour récupérer les graines encore 52 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- NATURE, C’EST TELLEMENT MEILLEUR… -

entourées de mucilage (enveloppe blanche visqueuse), fermentation et séchage pour les transformer en fèves. Ces fèves sont de véritables pépites après lesquelles courent chocolatiers artisans et industriels du monde entier. Une fois rassemblées, elles subiront plusieurs traitements : concassage (pour supprimer les coques), torréfaction pour les griller (comme les grains de café) et obtenir des grains de cacao, lesquels seront broyés et donneront la fameuse pâte de cacao. Grâce à un pressage de cette pâte, on extrait un liquide pâle essentiellement composé de graisse végétale – le beurre de cacao – et du tourteau, solide et brun. Rien à voir avec le crabe évidemment ! Ce tourteau-là est à l’origine de la poudre de cacao utilisée dans la confection des tablettes et de tout un tas d’autres bonnes choses comme les moulures de Pâques, Noël, les barres chocolatées, la pâte à tartiner, etc. Miam-miam ! Justement, comment obtient-on une tablette de chocolat au lait ? En mariant savamment la pâte de cacao à du beurre de cacao, du lait et du sucre. Le tout est cuit à une certaine température. Il n’y a plus qu’à y ajouter amandes, riz soufflé, etc., et couler le mélange dans les moules adéquats ! Quant au chocolat blanc né en Suisse dans les années 1930, il est uniquement fabriqué à base de beurre de cacao (sans pâte de cacao donc), couleur crème on le rappelle. Et ce ne sont pas la lécithine, le lait, le sucre ou la vanille ajoutés à sa préparation qui peuvent lui donner une teinte plus foncée... Voilà pourquoi il est blanc.

Qui, mieux que Grand-Mère, sait faire du bon café ? 039

Le luwak ! Encore appelé civette palmiste, cet animal omnivore à peine plus gros qu’un chat vit dans la jungle d’Indonésie. À la nuit tombée, il adore chaparder dans les plantations de caféiers. Gourmand, il sélectionne les meilleures cerises, les déguste et rejette de curieuses crottes de grains agrégés. Il ne reste plus qu’à - 53

- À TABLE -

les ramasser et à bien les laver pour obtenir un café rarissime vendu 700 euros le kilo !

Hors de prix ? Oui, mais le Kopi Luwak – c’est le nom de ce café – ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, vous en conviendrez ? Ainsi, sa production annuelle ne dépasserait pas 300 kilos. Pas appétissant ? Allons, ne vous focalisez pas sur le chemin qu’empruntent les grains ! Il paraît que ce café a une saveur sauvage et chocolatée incomparable… Massimo Marcone, chercheur à l’Université de Guelph au Canada, en a percé les secrets en 2004. Il a décortiqué les traitements subis par les grains de café dans le tube digestif de la civette : une transformation sous l’action d’acides gastriques dans l’estomac, puis une fermentation liée à la présence de bactéries lactiques dans les intestins. Au bout de ce véritable parcours de santé, certaines protéines étant réduites en plus petites molécules, les grains sont plus durs, mais facilement friables et plus foncés. Alors, une petite tasse de Kopi Luwak à 36 euros, ça vous tente ?

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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LOISIRS AU GRAND AIR « La vie est trop courte pour la passer à regretter tout ce qu’on n’a pas eu le courage de tenter. » Marie-Claude Bussières-Tremblay (Du diable au cœur)

C’est du sport ! Où se cache le 12e joueur d’une équipe de football ? 040

Dans la couleur des maillots ? Et si finalement le succès de certaines équipes ne tenait qu’à un fil de coton… rouge ? Vous n’y croyez pas ? Pourtant, porter un maillot rouge augmenterait

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- LOISIRS AU GRAND AIR -

sérieusement les chances de remporter la victoire. Et ce ne sont pas les brillants clubs d’Arsenal, Manchester United ou Liverpool qui pourraient prouver le contraire. En 2008, Robert Barton et Russel Hill, des universités de Plymouth et Duram, expliquaient que chez les animaux, en particulier aux yeux des mâles, le rouge était signe d’agressivité et de supériorité. Le rouge, la couleur du sang qui excite et impressionne : pourquoi serait-ce différent chez les humains ? Et en effet, ces scientifiques britanniques ont constaté que les équipes de football vêtues de rouge, si voyantes sur la pelouse verte gagnaient plus souvent que les autres. Leur explication ? Ce rouge booste la fougue des supporters, laquelle dope le moral des joueurs. Une flamboyante effervescence qui a tout pour perturber le camp adverse ! Quelques mois plus tard, une étude menée sur la notation des performances en taekwondo selon la couleur associée au kimono (bleu ou rouge) enfonçait le clou. Conclusion des psychologues de l’université de Münster en Allemagne ? En sport de compétition, le rouge influence positivement les juges et les arbitres. Vive le rouge, quoi… Par contre, le jaune ou l’orange sont à éviter : une chance que la France soit en bleu !

Les plantes aiment-elles les stations de sports d’hiver ? 041

Oui, mais à petites doses ! Chaque hiver, à la recherche d’un grand bol d’air pur et d’aventures en pleine nature, des hordes de skieurs envahissent les Alpes. Sur les télésièges, certains chantent à tue-tête « quand te reverrais-je, pays merveilleux, lali lalala ». Sincèrement, les plantes seraient bien placées pour en faire autant… C’est ce que montre une récente étude des experts du Centre de recherche sur la neige et les avalanches de Davos (Suisse) et des universités de Zurich et Potsdam (Allemagne). Ils ont passé au peigne 56 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- C’EST DU SPORT ! -

fin douze stations suisses. Verdict ? Il y a jusqu’à 11 % d’espèces végétales en moins sur les pentes exploitées par les fous de glisse et de tartiflette. Aplanies par les défricheuses en hiver, ces mêmes pentes présentent cinq fois plus de sols nus que celles qui échappent au traitement de choc.

Sans parler des canons à neige qui allongent la durée d’enneigement à laquelle sont habitués les végétaux. Bilan, les plantes à floraison tardive et celles qui occupent les combes à neige (cuvettes remplies de neige, même en été) se font plus fréquentes au détriment des plantes à floraison précoce. Du coup, pour elles, il est bien loin le pays merveilleux… Et puis, la neige artificielle est produite avec l’eau des rivières et des lacs aux alentours. Ce qui fait que les canons dispersent sur les pistes plus de minéraux et substances chimiques que ne l’aurait fait la neige tombée du ciel. Les écosystèmes alpins s’en trouvent chamboulés. À quand une négociation pour partager la montagne ?

Quel est le point commun entre l’avion et le « grand huit » ? 042

La ceinture de sécurité. Mais pourquoi la garder attachée en vol ? Pour faire plaisir aux hôtesses et aux stewards ? Attention, PNC aux portes (Personnel Navigant Commercial pour ceux que cela intrigue toujours…), décollage imminent : l’angoisse commence pour les passagers qui ont une trouille bleue en avion. Un - 57

- LOISIRS AU GRAND AIR -

grand classique : certains redoutent l’enfermement, d’autres, le grand vide, voire l’accident. Un long courrier peut quand même monter à 11 000 mètres d’altitude, c’est une sacrée hauteur. Ces passagers restent attachés pendant le voyage et c’est tant mieux, car comme en voiture la ceinture est un ange gardien. L’avion est un moyen de transport sûr, dont il faut plutôt craindre les turbulences que le crash. En effet, un appareil ne peut éviter ces secousses, car en survolant différents reliefs (océans, plaines, hautes montagnes), il rencontre des conditions météorologiques variables. De fait, entre vent, nuages, masses d’air chaud ou froid qui montent ou descendent, il évolue dans un milieu assez instable. Ces obstacles invisibles – et imprévisibles pour les turbulences par temps clair – sont ressentis par les passagers. Les secousses peuvent perturber les anxieux, voire – exceptionnellement heureusement – se montrer un chouia plus décoiffantes que dans le « grand huit ». Du vécu : juré, décoller gentiment des sièges tous en chœur sur une hauteur d’une vingtaine de centimètres, avoir l’impression d’être en apesanteur puis soudain, retomber violemment, ouf, quelle montée d’adrénaline ! Mais que tout le monde se rassure : à l’extérieur, la souplesse de l’avion lui permet d’encaisser sans problème. À l’inverse, en cabine ceux qui ne sont pas attachés risquent d’aller heurter le plafond et de se blesser. Garder sa ceinture accrochée est donc une sage précaution. Elle ne doit pas empêcher de profiter du spectacle. Détendez-vous et regardez comme c’est beau, la planète vue d’en haut. D’en bas aussi d’ailleurs… 58 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- C’EST DU SPORT ! -

Pourquoi, sur cette photo, avez-vous le regard cramoisi d’un lapin albinos ? 043

Sous-marine, nature, sport, la photographie est un loisir qui peut vite tourner à la passion dévorante. Hélas, être passionné n’empêche pas les ratés, surtout à la nuit tombée. D’ordinaire, vos iris sont bleus, verts ou bruns ? Là, ils ont l’éclat carmin ? Merci le flash ! Mais comment s’en passer dans l’obscurité ? Impossible. En fait, lorsqu’il fait sombre, pour y voir au mieux, l’œil s’adapte. La pupille, noire elle, est grande ouverte, histoire de capter un maximum de lumière. Problème, il suffit de se trouver pile-poil en face du flash au moment de la prise de la photo pour qu’un flot de photons s’engouffre dans cette pupille dilatée. N’ayant pas eu le temps de se contracter, celle-ci laisse le champ libre au flash de mettre en évidence la rétine au fond de l’œil. Or, la rétine est très vascularisée… Le sang qui traverse ses vaisseaux est d’un beau rouge hémoglobine. Et la macula, tache foncée au centre de la rétine impliquée dans la vision des couleurs, n’arrange rien. Heureusement – vive les technologies modernes – il existe des solutions : se décaler pour ne pas diriger le flash droit sur le visage de votre modèle préféré ou se fier au flash anti-yeux rouges de l’appareil (constitué de deux éclairs, le premier entraînant une diminution du diamètre des pupilles, ce qui laisse entrer moins de lumière dans chaque œil au second). Enfin, dernier recours à l’ère du numérique, le logiciel de retouche photo qui fait des miracles comme chacun sait, y compris sur les rondeurs ou la cellulite dans les magazines… - 59

- LOISIRS AU GRAND AIR -

Bling, bling Est-il vrai que les dollars américains portent des traces de drogue ? 044

On le raconte. Mais est-ce bien vrai ? D’après un numéro du Journal of analytical toxicology publié en 1996, sans aucun doute ! À cette époque, les chimistes d’un institut américain des NIH (le National Institute on Drug Abuse) ont analysé une dizaine de dollars choisis au hasard dans plusieurs villes des États-Unis. Résultat ? Des traces de cocaïne sur la majorité d’entre eux. Bien sûr et heureusement, cela ne signifie pas que les Américains soient tous dealers ou consommateurs. Simplement, la cocaïne étant une poudre fine et surtout un business, elle peut facilement contaminer les billets au cours des échanges, lesquels se retrouveront en circulation au contact d’autres dollars qui passeront de main en main, et de portefeuille en portefeuille. À tel point que selon une autre étude parue en 2009, dans les grandes villes comme Washington, 95 % des billets portent des traces de coke, jusqu’à 1,3 mg pour les plus chargés !

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Pourquoi le radar automatique n’avertit pas lorsqu’il prend les automobilistes en photo ?

Parce qu’il les prend par surprise ! Plus sérieusement, le radar est présenté comme l’élément phare de la sécurité routière en France. Et quand vous saurez comment il fonctionne, vous ne le regarderez 60 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- BLING, BLING -

plus jamais de la même manière. D’ailleurs, cessez de le fixer, c’est sur la route qu’il faut se concentrer. Sérieusement, vous en avez peur ? Vous le voyez comme un chasseur réincarné en boîte grise prête à traquer le moindre petit kilomètre-heure qui oserait passer en douce au-dessus de la vitesse imposée ? Vous avez tort. Ouverture de la boîte…

Son principe repose sur l’écho et l’effet Doppler. L’écho ? En montagne, criez et les ondes sonores reviennent en quelques instants parce qu’elles ont rencontré des surfaces qui les ont réfléchies. Grâce à cela et aux ultrasons, dauphins et chauves-souris peuvent repérer leurs proies et éviter les obstacles en évaluant les distances qui les en séparent (écholocation). L’effet Doppler, qu’est ce que c’est ? Imaginez-vous spectateur d’une course de formules 1. Les voitures à l’arrêt devant vous font un bruit assourdissant. Soudain, les F1 démarrent. Au premier tour, la première passe à toute vitesse. Curieusement, le bruit que vous entendez paraît plus aigu lorsqu’elle approche de l’endroit où vous vous trouvez, puis plus grave quand elle s’éloigne. C’est ça, l’effet Doppler : un décalage entre la fréquence de l’onde sonore émise par le véhicule et la fréquence de l’onde sonore telle que vous la percevez. La F1 étant en mouvement et vous non, lorsqu’elle s’approche, les ondes sonores vous arrivent plus vite que lorsqu’elle s’éloigne. En conjuguant écho et effet Doppler, ô magie des technologies ! On peut contrôler la vitesse des automobiles ! Le radar automatique émet un faisceau d’ondes radio à une fréquence constante. - 61

- LOISIRS AU GRAND AIR -

Lorsque celles-ci rencontrent les carrosseries des autos, elles sont réfléchies sous forme d’écho. Les ondes se déplaçant à vitesse connue, en évaluant la différence de fréquences entre l’onde radio émise et l’onde radio reçue, l’appareil calcule la vitesse de la voiture. Si elle dépasse la vitesse autorisée, autrement dit, si elle roule trop vite – clic – le flash se déclenche automatiquement sans crier gare. Pas le temps de sourire…

Quelle est l’efficacité des lunettes de soleil ? 046

Accessoires de mode ? Peut-être. Mais elles n’en sont pas moins indispensables par fort ensoleillement, à la plage, et plus encore en bateau ou à skis sur les sommets. En effet, l’œil ne perçoit qu’une partie du spectre de la lumière, dans des longueurs d’onde comprises entre 380 et 780 nanomètres. Ultraviolets (200 à 380 nm) et infrarouges (780 nm à 1 000 μm) lui échappent. Mais ce n’est pas parce que nous ne les voyons pas que ces rayons sont absents ou sans danger. Les plus redoutables pour les yeux ? Les UV ! Réfléchis par la neige ou la surface de l’eau, ils sont d’ailleurs encore plus nocifs en altitude et en mer. D’où la nécessité de s’en protéger. Là, attention ! Céder à la tentation du petit prix de la contrefaçon – outre l’illégalité de l’achat – est une très mauvaise affaire. Différence majeure entre de vraies lunettes de soleil et des fausses ? Le filtre anti-UV. Les premières, en bloquant 100 % des UV, empêchent les lésions de la cornée et de la rétine. Les normes officielles en Europe (CE) classent les verres solaires en cinq indices de filtration 62 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- BLING, BLING -

(de 1 à 5), le 3 étant le mieux adapté à une grande diversité d’activités par forte luminosité (y compris en mer et aux sports d’hiver). Les fausses ne sont que des verres teintés empêchant l’éblouissement. Du coup, en porter est pire que de ne pas en mettre ! En effet, en présence de lumière forte, l’œil nu a le réflexe de limiter l’exposition aux UV. Naturellement, l’iris se contracte pour réduire le diamètre de la pupille (donc l’entrée de lumière vers la rétine). Si cette protection est insuffisante, les paupières se plissent. Alors qu’avec des lunettes contrefaites sur le nez, l’œil est dupé. Cachée derrière ces verres sombres, la pupille se dilate. Et les UV ont quartier libre. Attention aux coups de soleil des yeux (photoconjonctivites, photokératites) et à la cataracte qui peut sur le long terme rendre aveugle !

L’argent fait-il le bonheur ? « S’il ne le fait pas, alors rendez-le », aurait dit Jules Renard, plus amusant que « non, mais il y contribue » auquel on pense en cette tumultueuse époque… Lorsqu’on n’est pas riche, l’argent est censé acheter la tranquillité d’esprit et la liberté de disposer de son temps comme on l’entend (travail, culture, loisirs). Sérénité et liberté ? Les ingrédients du bonheur avec amour et santé ! Quant aux gens avides de pouvoir, eux rêvent de fortune parce qu’en ce bas monde, l’un ne va pas sans l’autre. 047

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- LOISIRS AU GRAND AIR -

Bref, bonnes ou mauvaises, chacun a ses raisons. Et au final, tout le monde court après l’argent. Parce que notre société est ainsi faite, elle dicte sa loi. Il faut payer pour exister. Qu’en pense la science ? Une fois de plus, elle donne matière à cogiter... Selon une étude de 2009, si l’argent fait le bonheur, c’est qu’on l’a dépensé pour une bonne cause. Être altruiste pour être heureux ? Exactement, selon Elizabeth Dunn de l’université de ColombieBritannique, Laura Aknin et Michael Norton d’Harvard. But de l’expérience pour 630 Américains : noter son degré de satisfaction face à la dépense. Au final, salariés dotés d’une prime de plusieurs milliers de dollars ou étudiants dotés de quelques dollars ont eu pour mission de se faire plaisir ou dépenser pour autrui. Résultat : les uns et les autres se sont estimés plus heureux en agissant pour le bien de leur prochain qu’en achetant pour eux-mêmes ! Autre surprise annoncée en 2007 : payer des impôts est un ravissement. Williams Harbaugh du Bureau national de recherche économique (NBER) aux États-Unis a donné 100 dollars à 19 étudiantes puis observé par IRM l’activité de leur cerveau face à ce dilemme : voir une partie de la somme s’envoler en taxes redistribuées à une banque alimentaire, ou faire un don à ce même organisme. Or, le prélèvement obligatoire s’est lui aussi accompagné de l’activation des noyaux caudés et accumbens connus pour leur rôle dans le système de récompense. Plaisir donc, celui de contribuer au bien-être de tous ? Un an plus tard, on apprenait que par le biais des réseaux, le bonheur était contagieux ! Entre 1971 et 2003, 5 124 habitants du Massachusetts ont été interrogées avec des questions du type : avez-vous confiance en l’avenir ? Êtes-vous heureux de vivre ? Bilan de l’étude de Nicholas Christakis de Harvard et James Fowler de l’université de Californie, la probabilité d’être heureux augmente de 25 % si un ami habitant à moins de 1 kilomètre le devient grâce à un évènement positif dans sa vie, 14 % si c’est un frère, une sœur, 34 % s’il s’agit du voisin de palier. Ces pourcentages chutent avec l’éloignement géographique (bizarrement, cette contagion n’a pas lieu au travail). Conclusion ? Vivez près de gens heureux ! 64 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- BLING, BLING -

Sinon, déménagez… Selon le classement 2007 de l’institut de Recherche sociale au Michigan, c’est au Danemark qu’on est le plus heureux, devant Porto Rico et la Colombie. Les États-Unis, plus riches ? Au 16e rang. Parmi les dix premiers : Islande, Irlande, Suisse, Pays-Bas, Canada, Autriche. France ? 37e. Dernier ? Zimbabwe. Un précédent index baptisé « Planète Heureuse », publié en 2006 par la New Economics Foundation (NEF) s’était basé sur la consommation des ressources naturelles, l’espérance de vie et le bonheur pour classer 178 pays. Premier ? Le Vanuatu, devant la Colombie et le Costa Rica. Allemagne ? 81e. Japon ? 95e. GrandeBretagne ? 108e. France ? 129e. États-Unis ? 150e. 178e ? Zimbabwe encore. À méditer…

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UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE « Parfois, un arbre humanise mieux un paysage que ne le ferait un homme. » Gilbert Cesbron (Journal sans date)

Poésie Les algues fleurissent-elles en été ? 048

Ni en été, ni en hiver. Rouges, brunes ou vertes, les macroalgues peuvent être de grande taille – plusieurs mètres pour le kelp – ou microscopiques comme les

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- UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE -

microalgues unicellulaires. Mais sans vraies racines, sans tiges, feuilles, fleurs ou fruits (pour elles, on parle de thalle), les algues restent des végétaux primitifs. Ce qui ne les empêche pas d’être indispensables. Situées à la base de la chaîne alimentaire marine, elles libèrent de l’oxygène dans l’atmosphère, sont utilisées dans les industries agroalimentaires, cosmétiques et ont de l’avenir dans le secteur des biocarburants. Si les algues ne fleurissent pas, d’autres végétaux marins le peuvent. Ce sont des phanérogames descendantes d’ancêtres terrestres qui forment de magnifiques herbiers sous la surface ! Il y en a tout le long de notre littoral : zostères en Manche, en Atlantique, et posidonies en Méditerranée (le poumon de la Grande Bleue). Ainsi, les posidonies fleurissent en automne, mais certaines années seulement. Elles produisent même des fruits verts appelés olives de mer ! Hélas, ces plantes sous-marines sont menacées par la pollution, les ancres de bateaux ou la compétition féroce qui les oppose à certains endroits aux caulerpes, algues d’origine tropicale introduites par l’homme.

Quel végétal pousse le plus vite ? Un arbre gigantesque ? Peut-être le séquoia ? Non. Le séquoia à feuilles d’if est « seulement » l’arbre le plus haut du monde : en Californie dans le Parc national de Redwood, un spécimen découvert en 2006 atteint 115,5 mètres de haut ! Un baobab ? Non plus. Son tronc a beau mesurer jusqu’à 38 mètres de circonférence, cela ne fait pas de ce monstre végétal d’Afrique un « recordtree ». Sur ce couplà, il se fait même voler la vedette par les 51 mètres d’un 049

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- POÉSIE -

châtaignier bien abîmé, mais toujours debout en Sicile malgré son grand âge : 2 000 à 4 000 ans. Mais, alors, quoi ? C’est un membre de la modeste famille du blé, de l’avoine, de l’orge, etc. Bref, une graminée. Ce champion est un bambou, le moso. Originaire de Chine, il peut dépasser 20 mètres de haut et détient donc le record de croissance du règne végétal. Il peut pousser jusqu’à 1,20 mètre par vingt-quatre heures… Le bambou étant un matériau résistant et très écologique, il est même en train de gagner ses lettres de noblesse dans les habitats. Vive le moso !

Combien mesure la plus grande de toutes les fleurs ? 050

Un mètre de diamètre ! Son nom ? La rafflésie. On la rencontre en Indonésie et en Malaisie. Dans la palette de tons verts qu’offre la jungle, ses cinq pétales d’un rouge éclatant couverts de pustules claires ne peuvent passer inaperçus. Toutefois, avant d’atteindre son poids de 10 kilos, de s’ouvrir puis faner en moins d’une semaine (il ne restera alors qu’un fruit contenant de minuscules graines), la rafflésie demeure des mois incognito dans les tissus de lianes de vignes. Incognito ? Hé oui ! c’est une

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- UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE -

plante parasite. Elle ne possède pas de feuilles – donc pas de chlorophylle – et se nourrit aux dépens de son hôte. Dernière particularité, son parfum ? Celui de la viande pourrie ! C’est d’ailleurs ainsi qu’elle attire des mouches préférant d’ordinaire les cadavres. Ces insectes assurent le transport de pollen d’une fleur mâle à une autre, femelle. Si la déforestation se poursuit, la rafflésie déjà très rare pourrait disparaître. Tout comme à Sumatra, l’arum titan qui du haut de ses 2,50 mètres détient le record de la plus grande inflorescence (groupements de fleurs simples sur la tige)…

Le tournesol se tourne-t-il vers le sol ? Elles sont vraiment superbes, ces grandes couronnes d’un jaune doré et leurs cœurs orangés éclatants : les tournesols ont le don d’illuminer l’été. Il faut dire qu’entre eux et le soleil, quelle harmonie ! À tel point qu’ils semblent suivre sa course quotidienne d’est en ouest. Histoire de bronzer ? Pas exactement. Comme tous les végétaux, le tournesol a besoin de lumière (pour la photosynthèse). C’est donc naturellement qu’il se tourne vers le soleil. De là à dire que c’est une girouette, non. À l’arrêt de la croissance de la plante, la fleur une fois ouverte reste orientée une bonne fois pour toutes au sud-est. La meilleure des expositions comme chacun sait. En réalité, c’est avant la floraison que les feuilles de jeunes plants semblent suivre en chœur le mouvement du soleil dans le ciel. Cet élan commun, baptisé héliotropisme, est purement biochimique. Il est l’œuvre d’une 051

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- POÉSIE -

hormone de croissance : l’auxine (ou acide indolacétique) produite en haut de la tige et qui peut migrer vers le bas, voire jusqu’aux racines. Son rôle ? Entraîner l’allongement des cellules. Préférant l’ombre, elle passe son temps à fuir les rayons du soleil comme la peste. Du coup, le côté ombragé de la tige pousse plus vite que le côté éclairé. Et sur la journée, ce déséquilibre de croissance donne l’impression que la plante tout entière suit la course du soleil.

Pourquoi le raisin est-il couvert de poussière ? 052

Effectivement, la peau des grains de raisin porte parfois une fine pellicule blanche qui s’enlève facilement si on passe le doigt dessus. Cela ressemble à de la poussière ? Mais ce n’en est pas. Il s’agit d’une sorte de cire imperméable – la pruine – particulièrement visible sur le chou rouge, la quetsche ou le raisin noir. Elle préserve le fruit de la déshydratation et des agressions du soleil. C’est encore plus vrai pour ces trois – là, car le noir est une couleur qui a tendance à absorber davantage la lumière, donc la chaleur. La présence de ce bouclier protecteur est indispensable pour leur éviter de finir brûlés à la fin de l’été. Raisin sur le gâteau (…), la pruine retient les levures impliquées dans la fermentation alcoolique. En grandes surfaces, sa persistance est signe de fraîcheur du produit. La pruine est donc volontiers l’amie des gourmands comme des vignerons et amateurs de bon vin… - 71

- UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE -

Pourquoi le monde est-il si vert ? Dans un environnement qui semble en bonne santé, la verdure est omniprésente. D’où vient tout ce vert ? De la chlorophylle présente dans les feuilles des arbres et autres plantes. Ce pigment est essentiel à leur photosynthèse. Oui, mais il n’explique pas tout. 053

Figurez-vous que sans les prédateurs, la chlorophylle ne ferait pas long feu. On le sait grâce aux récentes recherches de John Terborgh et de ses collègues de l’université Duke en Caroline du Nord aux États-Unis. La croissance des populations d’animaux herbivores est-elle limitée par les défenses toxiques des plantes ou la présence des prédateurs ? Avant 2006, le doute à ce sujet persistait. Pour tester les hypothèses, il aurait fallu débarrasser un écosystème de tous ses prédateurs. Impossible ? En fait, la création du lac Guri (artificiel) au Venezuela en 1986, après la construction du barrage du même nom, a fourni aux experts l’opportunité d’étudier la chose. Initialement, cette zone géographique présentait une biodiversité très riche. Or, une fois les terres inondées, il ne restait plus que des centaines d’îlots. En clair, des laboratoires à ciel ouvert. Les Américains ont donc suivi le devenir de 14 sites (9 îlots dépourvus de 72 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- POÉSIE -

carnivores, les 5 autres étant des îlots et parties continentales encore habités de carnivores). Le bilan est saisissant. Sur les îlots, en 1997, il n’y avait plus que l’équivalent de 37 % de la densité végétale du continent, chiffre qui chutait à 25 % en 2002. La biodiversité y était aussi chamboulée puisque l’essentiel des vertébrés frugivores et prédateurs disparaissait, laissant le champ libre aux autres herbivores (singes hurleurs, iguanes, fourmis coupeuses de feuilles) dont la densité explosait. En conclusion, les carnivores assurent le contrôle des herbivores et participent au maintien de la diversité des espèces. Sans eux, c’est certain, le monde ne serait pas si vert !

Comment de l’eau peut-elle se retrouver dans une noix de coco ? 054

Décor de carte postale, vous vous trouvez sur une île minuscule aux Maldives. Plage déserte de sable blanc, lagon bleu, pas le moindre nuage à l’horizon, soleil de plomb, clapotis des vagues et cocotiers bien sûr. Vous y êtes ?

Installé(e) dans votre hamac, un gros fruit vert coupé sur le dessus entre les mains, paille en bouche, vous goûtez pour la première fois à une boisson naturelle appelée eau de coco. Mmm ! désaltérant au point d’émerveiller vos neurones rafraîchis : « Ouaouh ! Avec toute cette eau salée à perte de vue autour de l’île, cette noix de coco - 73

- UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE -

est une véritable oasis miniature tombée du ciel ! » pensez-vous. Vous ne croyez pas si bien dire. Mais d’où vient ce précieux nectar ? D’abord, tolérant une certaine salinité le cocotier peut vivre en bordure de plage. Il trouve son bonheur dans des régions tropicales humides. Et qui dit humidité, dit pluies. Hors-saison sèche, ses racines trouvent dans le sol l’eau providentielle. Une fois à l’intérieur du cocotier, celle-ci est envoyée là où elle sera utile, vers les noix en particulier. Elle ira remplir partiellement chaque graine de noix, coque brune chevelue que vous connaissez bien pour les avoir vues au rayon fruits de votre supermarché. Au cours de la maturation du fruit justement, le liquide se transformera progressivement en pulpe blanche. Seulement, la noix de coco contiendra toujours un peu d’eau. Au cas où… N’oubliez pas que le but d’une noix de coco n’est pas de finir dans votre estomac, mais de donner un nouveau cocotier. Du coup, avec sa petite réserve d’eau, cette grosse graine pourra toujours germer. Même si, emportée par les vagues, elle se retrouve à flotter et obliger de s’installer très loin de son île natale ! Pour finir, une précision : eau de coco et lait de coco sont deux choses différentes. La première provient du fruit immature, la seconde est obtenue en pressant la pulpe râpée du fruit mûr.

Joli, mais pas gentil ? Les noix de coco sont-elles des tueuses en série ? 055

On entend souvent dire que les noix de coco font plus de victimes que les requins. Elles tueraient 150 personnes chaque année selon les rumeurs ! Certes, souligner qu’il est injuste 74 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- JOLI, MAIS PAS GENTIL ? -

d’accuser les squales de décimer les baigneurs et rappeler leur rôle primordial d’éboueurs des océans est impératif (d’ailleurs, sachez-le, selon l’International Shark Attack File, en 2007 il n’y a eu qu’un décès sur les 112 attaques de requins, et quatre en 2008 pour 118 attaques). Certes aussi, un cocotier peut atteindre 35 mètres de haut et ses fruits peuvent peser de 1 à 4 kg. On imagine facilement le mal qu’ils pourraient faire en tombant sur une tête. Mais faire passer les noix de coco pour des meurtrières sans scrupule qui, à l’affût du moindre crâne humain, ne peuvent s’empêcher de se jeter dessus, c’est un peu fort… Bien qu’il n’existe aucune statistique officielle à ce sujet, en 1984 Peters Barss a publié une étude étonnante dans le Journal of Trauma (grâce à laquelle il a même reçu en 2001 le prix Ig Nobel de Médecine, version parodiée du Nobel). Il y passait en revue les blessures par chutes de noix de coco (tête, épaules, dos) dans un hôpital de Papouasie-Nouvelle-Guinée : en quatre ans, le médecin en a dénombré quatre à la tête. Deux des patients concernés ont dû subir une craniectomie, les deux autres ont été tués sur le coup. Plus récemment, en 2001 le Journal of Surgery faisait paraître une synthèse des accidents impliquant des cocotiers dans les îles Salomon entre 1994 et 1999. Selon l’auteur Jonathan Mulford, les accidents étaient répartis ainsi : 85 personnes tombées d’un cocotier, 16 touchées par une noix de coco en chute, 3 carrément par un cocotier en chute et une qui a « shooté » dans un cocotier (si, si !). Un festival de fractures en tout genre, mais aucun mort. Par extension, oserait-on affirmer que les noix de coco ne semblent finalement pas si cruelles qu’on le dit envers le genre humain ? Allez, oui. - 75

- UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE -

Pourquoi l’avenir du cacao s’annonce noir ? 056

Manger n’est pas qu’une nécessité, c’est aussi un plaisir de la vie. Surtout lorsque ce plaisir a la saveur du chocolat, n’est-ce pas ? Seulement voilà, cette douceur sucrée est en danger. La demande mondiale explose (beaucoup de gourmands). Et les exportations des principaux producteurs – Brésil, Équateur, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, Indonésie – ne dépassent pas 3 millions de tonnes de fèves par an. Comment produire plus ? En intensifiant la déforestation pour avoir plus de terres cultivables ? Ce n’est pas très écologique… En plus, des champignons menacent l’arbre à cacao. Maladie du balai de sorcière, moniliose des cabosses en Amérique du Sud, et pourriture brune un peu partout engloutissent chaque année un tiers des récoltes. Enfin, le réchauffement climatique occasionne des sécheresses importantes. L’enfer sur Terre pour le cacaoyer qui ne saurait se passer d’eau… Il faut sauver le soldat chocolat ! Face aux pathologies et au reste, heureusement les agronomes ne désarment pas. Ils auraient découvert des cacaoyers sauvages assez résistants et identifié les gènes correspondants. Des croisements permettront-ils d’obtenir des variétés plus robustes au rendement meilleur ?

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Après un incendie, combien de temps faut-il à une forêt pour retrouver sa splendeur ?

Avec ses 15 millions d’hectares de forêts, la France est plutôt gâtée. Malheureusement chaque été, surtout dans le sud – des Landes 76 -

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- JOLI, MAIS PAS GENTIL ? -

à la Côte d’Azur en passant par la Corse – le même gâchis se répète. Des milliers d’hectares de pins, garrigues et maquis s’envolent en fumée, laissant place à un décor de fin du monde. À l’échelle de la planète, selon la FAO, chaque année, 350 millions d’hectares en tous genres (bois, terrains en friche ou cultivés) partiraient en cendres… Si le feu peut se montrer bénéfique pour le renouvellement de l’écosystème forestier, non maîtrisé, il devient son pire ennemi. Dans ce cas, qu’il soit d’origine naturelle (foudre) ou pas (travaux agricoles, barbecues sauvages, mégots, pyromanes), ses conséquences sont terribles. La disparition d’innombrables animaux et plantes entraîne localement un déclin de la biodiversité. Et du point de vue du réchauffement climatique, on perd les précieux puits de carbone que sont les arbres... Après cela, combien d’années faut-il à la forêt pour retrouver son éclat initial ? Cent cinquante à deux cents ans d’après une étude publiée en 2009 et encadrée par Michel Vennetier du Cemagref d’Aixen-Provence. Lui et ses collègues du CNRS et de l’INRA ont examiné durant trois ans le massif des Maures dans le Var, régulièrement en proie aux flammes. Selon eux, il faudrait au moins cinquante ans à la forêt méditerranéenne pour qu’elle commence à bien se régénérer (grâce aux graines tombées des arbres en feu) et donc, cent à cent cinquante de plus pour récupérer complètement sa santé. À condition bien sûr que n’aillent pas se greffer là-dessus d’autres incendies ou plusieurs années successives d’intenses sécheresses… En 2009 toujours, l’étude très sérieuse menée par Eric Rigolot de l’INRA et ses collègues espagnols et portugais dans le cadre de Fire Paradox (projet européen cherchant à lutter contre les feux de - 77

- UN PETIT CÔTÉ FLEUR BLEUE -

forêts méditerranéens) a confirmé que les pins, à aiguilles, étaient plus résistants que les arbres feuillus en cas d’incendies. Autre constat, le pin des Canaries, le pin maritime et le pin parasol résistent mieux que le pin d’Alep et le pin radiata. Conclusions à retenir pour sauvegarder notre patrimoine naturel ? Chouchouter les forêts les plus anciennes, éviter le retour du feu sur les lieux déjà incendiés grâce à des espèces végétales plus résistantes aux flammes et miser sur la prévention (débroussaillage et comportements responsables).

Pourquoi ne faut-il pas enfiler ses doigts dans les digitales ? 058

Ceux qui aiment les promenades en pleine nature sont habitués à la croiser chaque été le long des chemins ou aux abords des forêts. Ah ! Qu’elle est élégante la digitale pourpre ! On l’appelle aussi gant de Notre-Dame. Perchées sur une tige parfois haute de plus d’un mètre, ses ribambelles de grosses clochettes roses captent immédiatement le regard et invitent à une curieuse tentation, celle d’enfiler les doigts dedans... Halte-là ! Les tissus de la belle contiennent une substance mortelle, la digitoxine. En ingérer, c’est risquer l’arrêt cardiaque. Ce pouvoir n’a pas échappé aux pharmacologues qui en ont fait un médicament cardiotonique pour traiter les insuffisances cardiaques. Une autre digitale – la laineuse – contient une molécule encore plus puissante également utilisée pour soigner certaines pathologies du cœur : la digoxine. Alors, les digitales, pas touche ! 78 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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Une plante carnivore peut-elle vraiment avaler votre belle-mère ? 059

Votre belle-mère, non, mais des mouches, moustiques, fourmis, oui ! Encore appelée attrape-mouche de Vénus, la dionée est un exemple typique de plantes carnivores. Et si contrairement aux animaux, elles n’ont ni muscles, ni système nerveux si utiles pour chasser, celles-ci répondent pourtant à un stimulus.

Ainsi, la dionée est dotée de grosses feuilles reconverties en sortes de mâchoires à dents. Composée de deux lobes, cette bouche végétale bave un appétissant nectar, vicieux stratagème pour attirer les petits gourmands. Si un insecte décide de s’en abreuver, il pénètre à l’intérieur du piège, frôle l’un des six poils tactiles (trois sur chaque lobe) : une première fois, une seconde, et puis, clap, dans la gueule du loup ! Grâce à d’incroyables réactions biochimiques dans les tissus de la plante qui produisent de l’énergie et allongent les cellules externes (par déplacement d’eau), la malheureuse victime se retrouve en prison à barreaux verts. Une semaine plus tard, les enzymes auront fait le reste… - 79

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Et lorsque son tombeau s’ouvrira à nouveau, il ne restera d’elle qu’une enveloppe séchée complètement vide. Avec un peu de chance pour la plante, le cadavre attirera peut-être une araignée de passage qui elle aussi servira de repas…

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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NOS MEILLEURS AMIS « L’homme est le seul animal qui rougisse ; c’est d’ailleurs le seul qui ait à rougir de quelque chose. » George Bernard Shaw

« Bzzz-bzzz, fsss ! » D’où vient le côté artiste de l’araignée ? 060

De son abdomen ! Là, elle porte trois paires de filières alimentées par des glandes séricigènes. Celles-ci sécrètent une soie liquide rigidifiée en fibrilles, puis en fil élastique résistant. Qu’en fait l’araignée ? Des nappes, des toiles, irrégulières ou régulières (au choix selon l’espèce). Les architectes les moins regardantes sur les finitions travaillent sans filet, pardon, sans plan. Ainsi, certaines tissent en entremêlant les fils dans un fouillis sans nom comme l’agélène du jardin ou la tégénaire domestique (vous savez ? cette belle - 81

- NOS MEILLEURS AMIS -

brune qui le soir venu a la fâcheuse manie d’aller aux toilettes en même temps que vous, ou qui surgit dans le salon pendant le film). Évidemment, à côté de ce bazar, les toiles géométriques ont l’air d’œuvres d’art… Elles sont construites par les araignées dites orbitèles, en parfois à peine une heure. Exemple avec l’épeire diadème : accrochée au sommet d’une grande brindille, l’artiste jette un premier fil qui, porté par le vent, ira se coller à un second point fixe. Elle peut alors se déplacer dessus et le doubler pour le rendre plus résistant. En partant du milieu de ce fil, elle se laisse glisser le long d’un nouveau fil jusqu’à un troisième point fixe. Sous le poids de l’araignée, l’édifice ressemble maintenant à un Y dont le centre sera celui de la toile. Elle conçoit le cadre, les rayons, puis remplit l’intérieur : en allant du centre vers la périphérie, elle tisse une spirale de fils espacés. Sur le trajet inverse (centripète), elle utilise une soie gluante et redessine une spirale en fils serrés cette fois. Simultanément, l’épeire diadème mange la première spirale de consolidation devenue inutile pour la toile, mais pas pour elle, car les fils sont riches en sucres et acides aminés ! Sensible à la moindre vibration émise par ce piège, la stratège n’a plus qu’à attendre les victimes qui tomberont dedans.

Les cafards sont-ils increvables ? Probablement, ces bêtes-là enterreront le genre humain ! C’est bien simple, quand elles s’installent quelque part, il faut vraiment s’accrocher pour les faire déguerpir. Leur réputation n’est pas exagérée : elles peuvent subsister plus d’un mois sans manger ou survivre à d’importantes irradiations nucléaires… Plus fort encore, si à l’époque de la Révolution française les décapités ne pouvaient pas abandonner leur tête sur place pour prendre leurs jambes à leur cou, les cafards, eux, le peuvent ! Par quels miracles ? Voyons d’abord le cas de ce pauvre Louis XVI. De 061

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- « BZZZ-BZZZ, FSSS ! » -

son vivant, son cerveau dirigeait des fonctions essentielles à la vie, entre autres la respiration, laquelle en plus des poumons nécessite l’intervention du nez et accessoirement de la bouche. De ce fait, roi de France ou pas, un être humain n’a pas le droit de perdre la boule, et ne peut survivre à l’hémorragie qu’un tel incident causerait. Quid du modeste cafard ? Un cerveau ? Oui, mais qui ne gère pas la fonction respiratoire et bénéficie de l’assistance de ganglions nerveux logés dans le thorax et l’abdomen. Un nez au milieu de la figure ? Non, seulement des spiracles disposés le long de son corps pour absorber l’oxygène de l’air. Bref, d’après une étude publiée en 2007 par les chercheurs américains Joseph Kunkel et Christopher Tipping : décapiter un cafard après son ultime repas, ce n’est pas le tuer d’un coup, mais à feu doux. D’un côté, la tête pourra faire gigoter ses antennes pendant quelques heures. De l’autre, du fait de son système vasculaire rudimentaire, le corps échappera à une hémorragie fatale (un caillot viendra boucher le trou). Et il supportera le jeûne imposé par l’absence des pièces buccales. Privé d’eau habituellement puisée dans les aliments, l’insecte finira par mourir de soif en quelques semaines. Alors, increvables les cafards ? Presque !

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ? 062

Décidément, c’est plus fort qu’elles. Dès qu’une crotte traîne dans un coin, les mouches se jettent dessus. Pourquoi ? Parce qu’elles s’en nourrissent et y pondent. Et puisque fumier, compost, poubelle, décharge, cadavres d’animaux ou d’humains comportent également de la matière organique, ils les attirent aussi. - 83

- NOS MEILLEURS AMIS -

Problème : après avoir batifolé sur les excréments et autres cadavres, elles emportent les microbes et viennent gentiment les déposer sur nos aliments restés à l’air libre. Ajoutez à cela les restes de quelques autres repas inavouables qu’elles régurgitent tout en se délectant de votre tartine de confiture, et on imagine volontiers les maladies se propager dans les zones insalubres ! À l’inverse, sur une scène de crime, elles sont les Dr Watson des Sherlock Holmes ! Telles des empreintes digitales ou de l’ADN (poils, cheveux, etc.), les mouches fournissent de précieux indices. En effet, attirées par les odeurs de fermentation, les insectes nécrophages s’installent sur le cadavre, dans un ordre chronologique selon le stade de putréfaction. On parle d’escouades, alliées de l’entomologie médico-légale si utile à la police scientifique. En connaissant la durée des cycles de chaque espèce (œuf, larve, pupe, adulte), les experts peuvent tenter d’estimer la date du décès, parfois même sa cause (lors d’empoisonnement, il est possible de retrouver la trace de poisons ou drogues dans les larves). Premières sur les lieux du crime, dès les premières heures, les mouches à viande et domestiques pondent dans les orifices et blessures. Plus tard, viennent les mouches grises et les vertes : leurs larves se nourrissent du cadavre et des larves des premières arrivées. Dans les trois à six mois se succèdent dermestes (coléoptères) et mouches du fromage. Au-delà, autres coléoptères, acariens, mites, etc., terminent ce sale boulot – ô combien indispensable ! – de fossoyeurs de la nature…

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- « BZZZ-BZZZ, FSSS ! » -

Pourquoi les cigales chantent-elles uniquement l’été ? 063

Pour faire plaisir aux vacanciers ! Non, en fait, il y a deux raisons. D’abord, une cigale peut vivre cinq ans, essentiellement passés à l’état de larve dans la terre où elle subira plusieurs mues. Ce n’est que lors de sa dernière année qu’elle connaîtra en juin-juillet son ultime métamorphose en l’adulte que vous connaissez. Celui-ci abandonnera son enveloppe jaunâtre à l’apparence d’insecte vidé ouvert en deux sur le haut : l’exuvie. Il ne lui restera alors plus que trois à cinq à semaines à vivre, temps qu’il occupera à siroter la sève des arbres, à se reproduire et à chanter pour Monsieur ! Effectivement, sur l’abdomen en arrière du thorax, le mâle porte deux « instruments » appelés cymbales. Cachée derrière un opercule, chacune est constituée d’une cavité abritant une membrane flexible. Sous l’action d’un muscle, la membrane se bombe bruyamment dans un sens ou l’autre (à la manière du couvercle d’un pot de confiture enfoncé qui fait « clac » lorsqu’on ouvre le pot). Lorsqu’il fait beau et chaud, la membrane fonctionne bien. Mais dès que la température passe sous la barre des 25 °C ou que le temps devient humide, sa souplesse laisse à désirer et la cymbale ne peut plus jouer la sérénade. Ainsi, dans les campings du Midi, les jours pluvieux se font plus silencieux… Émis à une fréquence variable selon les espèces, le « cri-cri » des mâles a pour but d’attirer les demoiselles. Les rendez-vous amoureux ont lieu dans les arbres. Hélas, le romantisme est de courte durée. Car la fin de l’été signera l’arrêt de mort des tourtereaux. Avant cela, - 85

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la femelle ira pondre à l’intérieur de loges dans des plantes. À l’automne, après l’éclosion des œufs, les larves tomberont au sol où elles s’enterreront pour relancer le cycle de la vie…

Est-il vrai que le bourdon ne pique pas ? 064

Beaucoup de gens le croient. Tant mieux peutêtre pour la réputation de ce gros insecte pataud, poilu et pacifique. Toutefois – scoop – c’est faux ! Autre scoop : non, le bourdon n’est pas le mari (et encore moins l’amant) de l’abeille, rôle qui revient au faux bourdon dépourvu de dard. Il est juste un cousin. Et il possède un aiguillon. Il ? Pardon, elle devrait-on dire. Car chez les bourdons comme chez les abeilles, les mâles n’ont pas d’arme de défense au derrière. Ce sont les femelles qui piquent, action fatale pour Maya l’abeille, pas pour Madame Bourdon… Pourquoi ? Dentelé, le dard de l’abeille reste prisonnier dans l’épiderme de sa victime. La perte de la poche à venin qui y est reliée la condamne effectivement. À l’inverse, chez le bourdon, le dard est lisse. Il se retire facilement de la peau et peut resservir si besoin. Rassurez-vous, il faut vraiment qu’un bourdon se sente menacé pour piquer. Il préfère bourdonner tranquillement dans son coin… Du coup, ceux qui ont eu droit à cette piqûre sont toujours étonnés et s’en souviennent longtemps : elle est très douloureuse, 86 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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mais bénigne (sauf dans la bouche et en cas d’allergie, où là, il faut filer aux urgences). La zone touchée se met à rougir et enfler. Pas la peine d’attraper le bourdon (…), cela ne persiste pas plus de quelques heures, voire quelques jours. Et il existe des pommades en pharmacie pour calmer les démangeaisons.

Quel animal supporte les plus grands froids ? 065

L’ours polaire, alliez-vous dire ? Pas bête car l’hiver en Arctique, la température peut aisément chuter à – 35 °C. En réalité, il s’agit de l’ourson d’eau ou tardigrade (de tardus, lent et gradior, marcher en latin). Il mesure moins de 2 mm et ne cesse d’émerveiller les scientifiques depuis sa découverte à la fin du XVIIIe siècle. Côté look, il ressemble à une saucisse sur huit pattes griffues. Son plat préféré ? Le lichen. Proche des arthropodes, cette famille d’animaux microscopiques compte 600 espèces. Chacune trouve son bonheur en milieu humide : mousses, humus en forêt, et même abysses, montagnes, pôles. Aucun climat n’effraye un tardigrade. En cas de sécheresse ou de froid inhabituel, un petit coup de cryptobiose, et hop ! Dodo ! Cryptobiose ? C’est un drôle de sommeil qui passe par une déshydratation des cellules, le remplacement de l’eau par du glycérol et la production de tréhalose (sucre) et d’une enveloppe de cire autour du corps (le tonnelet)… Ainsi paré, le filou peut rester plongé dans cet état d’inactivité proche de la mort, pendant des lustres. - 87

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Vous ne le croyez pas ? Pourtant, des tardigrades réhydratés sont revenus à la vie après avoir été sortis de calottes glaciaires où ils dormaient depuis 2 000 ans ! Autre prouesse récente, « embauchés » par l’Agence spatiale européenne (ESA), ils ont embarqué en 2007 à bord de la capsule russe Photon-M3 lancée par une fusée Soyouz-U. En cryptobiose, ils ont survécu à l’exposition au vide spatial… Températures extrêmes, pressions colossales, substances toxiques, radioactivité, vide, UV : l’ourson d’eau supporte l’insupportable. Passer quelques minutes à + 150 °C ? Pas de souci. Et pour le froid, devinez ? À un poil du zéro absolu (point de départ de l’échelle Kelvin où 0 °K équivaut à – 273,15 °C), il peut survivre plusieurs heures à – 272 °C dans l’hélium liquide. Incroyable !

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Pourquoi le cobra royal n’est-il pas tendre avec ses sujets ?

Vert olive ou noir d’ébène, Sa Majesté est une célébrité redoutée des jungles de l’Inde et d’Asie du Sud-Est. Seuls les charmeurs de serpents osent lui faire les yeux doux. Car même sourd comme un pot et myope comme une taupe, le plus grand des serpents venimeux impressionne toujours. Pouvant atteindre 5,50 mètres de long, il sait se dresser à hauteur d’homme. Gare aux morsures : son venin est très toxique. En fait, le danger vient des 7 millilitres injectés en une fois. C’est beaucoup. De quoi envoyer un éléphant de vie à trépas, ou même une vingtaine de personnes. Pourtant, point de pachydermes ou d’êtres humains à son menu. Ophiophage, le cobra royal est mangeur de ses sujets les serpents ! Alors, qu’on lui fasse avaler des couleuvres, aucun problème pour lui… 88 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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Un alligator est-il un crocodile ? Non. Croco, alligator, gavial, caïman, on s’y perd ! Sachez que les crocodiliens comptent 23 espèces réparties en trois familles : 13 espèces de crocodilidés, 8 d’alligatoridés (2 d’alligators, 6 de caïmans) et 2 de gavialidés (gavial du Gange en Inde et faux gavial de Malaisie). 067

Concernant le gavial, il est impossible de le confondre avec un autre. Il a un museau extrêmement fin et allongé. Quant à distinguer un crocodilidé d’un alligatoridé, c’est aussi du côté du museau qu’il faut se pencher (pas trop quand même, n’oubliez pas qu’un crocodilien est carnivore !). Large en forme de U ? Vous avez affaire à un alligator. Plus étroit et en V ? C’est un croco. D’autres indices ? Leur joli sourire… Gueule fermée, chez le crocodile, la quatrième dent de chaque côté de sa mâchoire inférieure reste visible, pas chez l’alligator dont la mâchoire supérieure est plus large que l’inférieure. Leur couleur aussi : le croco est souvent plus clair – brun ou vert – que l’alligator, plutôt noirâtre. Enfin, les crocodiles ont tendance à barboter dans les eaux saumâtres, voire salées (bordure de mer), alors que les alligators préfèrent quand même l’eau douce des marais, des lacs et des rivières.

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Du monde en plein ciel La chouette est-elle la petite amie du hibou ? 068

N’allez surtout pas poser cette question à Madame Hibou : sa réponse ne serait pas chouette ! Bien sûr que non, Monsieur Hibou n’oserait pas lui faire une chose pareille. Chouette hulotte, épervière, hibou grand-duc, des marais, etc., il existe plusieurs espèces de chouettes et hiboux. Ces deux types de rapaces ont bien des points communs. Ils chassent de nuit et se nourrissent surtout de petits rongeurs. Mais physiquement, s’ils se ressemblent beaucoup, un détail permet à coup sûr de ne pas les confondre. Le hibou porte une touffe de plumes de chaque côté de sa tête : les aigrettes (on dirait deux petites oreilles). Pas la chouette !

Le flamant rose est-il toujours rose ? 069

Non. D’abord, savez-vous d’où lui vient ce rose ? De l’accumulation dans ses plumes d’échinenone, de canthaxanthine, de phoenicoxanthine, d’astaxanthine et de phoenicoptérone. Proches du fameux β-carotène présent dans les carottes et autres fruits, légumes, ces cinq pigments jaunes orangés à rouges sont d’origine végétale. Pour les dénicher, l’oiseau doit suivre un régime alimentaire particulier auquel s’est adapté son bec doté de fanons. Oui, il mange à la manière des baleines. Vivant sur les étangs salés du littoral, il plonge la tête dans l’eau et filtre la vase du fond. Au menu : essentiellement des microalgues, graines de plantes aquatiques et artémias (minuscules crustacés se nourrissant de phytoplancton). 90 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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Seulement, à sa naissance, le poussin n’est pas encore rose. Il porte un duvet blanc qui vire rapidement au gris. Ses parents lui donnent un liquide qu’ils régurgitent par le bec. Vers deux mois et demi, le gamin prend son indépendance et s’alimente seul. Huit mois plus tard, son plumage commence à rosir. Il lui faudra patienter encore au moins trois ans avant de pouvoir arborer cette coloration qui fait la classe des flamants roses.

Pourquoi le flamant rose se tient-il sur une patte ? 070

C’est seulement en juillet 2009 qu’on a enfin eu la réponse à cette question que tout le monde se pose. Jusque-là, il fallait se contenter d’hypothèses : pour alterner la fatigue sur chaque patte ? Pour réduire le temps d’envol face à un prédateur ? Pour avoir un meilleur équilibre en cas de vent ? Matthew Anderson et Sarah Williams, chercheurs à l’université de Saint-Joseph en Pennsylvanie, ont infirmé tout cela. Pendant plusieurs mois, ces deux Américains ont épié les habitudes des flamants des Caraïbes au zoo de Philadelphie. Et leurs conclusions n’ont rien à voir avec toutes ces suppositions… - 91

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Primo, l’envol sur une seule patte demande plus d’énergie et de temps que sur deux. Deuxio, si les flamants ont un côté favori pour enfouir leur tête dans leur plumage, ils n’ont pas de patte préférée pour se tenir debout. Et ils se tiennent bien plus souvent sur une patte lorsqu’ils sont dans l’eau qu’à terre. Or, la chaleur d’un corps se dissipe très vite dans l’eau. Se tenir sur une patte permet de mieux la conserver (s’ils gardaient en permanence les deux pattes immergées, ils perdraient beaucoup plus d’énergie). Alterner patte droite et gauche empêche ainsi un refroidissement trop important de l’une et de l’autre. Une thermorégulation bien rusée lorsqu’on passe l’essentiel de son temps à barboter dans les étangs...

Pourquoi le toucan a-t-il un si grand bec ? 071

À première vue, avoir un bec aussi gros et coloré pourrait sembler embarrassant. Pourtant, il n’est pas très lourd et permet d’attraper facilement ce qui traîne aux alentours : graines, fruits, insectes, œufs, etc. Mais ce n’est pas là l’essentiel. En 2009, Glenn Tattersall de l’université Broke au Canada et Denis Andrade de l’université de São Paulo au Brésil ont enfin percé le secret des toucans en étudiant le plus grand de tous : le toco. Il réside en Amérique du Sud et porte un énorme bec orange long de 20 cm, soit le tiers de la taille de l’oiseau… Avec une caméra thermique, les biologistes ont constaté que cet appendice était en fait un régulateur de chaleur ! Sa surface est riche en vaisseaux. Or le toucan étant incapable 92 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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de transpirer, ce réseau sanguin lui permet d’absorber la chaleur ou au contraire, de s’en débarrasser. La température de son corps est ainsi maintenue à peu près stable. Les chercheurs comparent le bec à une fenêtre. Quand il fait bon, l’oiseau augmente l’afflux sanguin dans une petite partie du bec, comme pour entrebâiller la fenêtre. Dès qu’il fait trop chaud, il fait la même chose, mais dans l’ensemble du bec comme pour ouvrir la fenêtre en grand. Cette fonction est aussi très utile en vol, car l’effort fait monter la température interne du corps, le toucan peut alors évacuer le tropplein de chaleur. À l’inverse, s’il grelotte il ferme la fenêtre : l’afflux sanguin en direction du bec est stoppé dans le but de conserver la chaleur. Géniale, cette climatisation réversible !

Chez les chauves-souris, le cerveau se situerait-t-il sous la ceinture ? 072

Quand on est mâle au pays des chauves-souris, on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre… C’est ce qu’ont montré en 2008 des chercheurs de l’université de Syracuse aux États-Unis. En étudiant les histoires de cœur de 334 espèces de ces mammifères volants, ils ont découvert que polygamie ne rimait pas vraiment avec gros Q. I… Quand les demoiselles sont volages, les mâles qui veulent devenir leur champion sont obligés de sortir le grand jeu. Du coup, ils ont de gros testicules. Car c’est bien celui qui produira la plus grande quantité de sperme lors de l’accouplement qui aura le plus de chances d’être le géniteur des petits d’une femelle. Résultat, selon l’espèce, les glandes génitales représentent - 93

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0,6 à 8,5 % du poids d’un mâle. Revers de la médaille ? Un cerveau riquiqui. Chez les mâles d’espèces monogames, c’est l’inverse. Pourquoi stresser si ces dames ne vont pas batifoler ailleurs ? Des testicules qui n’excèdent pas 0,11 à 1,4 % du poids du corps, c’est largement suffisant. Et puis, cela permet d’avoir un cerveau plus gros, bien au-dessus de la ceinture !

Faut-il se faire du mauvais sang à cause des vampires ? 073

Les vampires existent. Ce ne sont pas ces êtres légendaires sortis de leur cercueil le soir venu pour partir en quête de sang frais, mais de petites chauves-souris ! Parmi les 1 000 espèces de chauves-souris, seules trois ont droit au qualificatif de vampires. Elles forment la famille des Desmodontinés et se nourrissent, il est vrai, de sang d’animaux. Toutes les autres se contentent de nectar, fruits ou insectes, contribuant ainsi à la reproduction des plantes et nous protégeant des explosions de populations de moustiques. Quant à ces fameux vampires, ils ne vivent pas en Europe de l’Est près du château dit de Dracula, mais en Amérique du Sud : du Mexique à l’Argentine. Côté goûts, le vampire commun suce le sang des mammifères - bétail, chiens, chevaux et autres animaux sauvages – le vampire à ailes blanches et son congénère à pattes velues, celui des oiseaux… À la nuit tombée, les victimes endormies ne sentent rien venir. Il faut reconnaître que les discrets vampires ont l’art de mordre en douceur dans les zones chaudes bien vascularisées. Et comme leur salive contient un anticoagulant (la desmoteplase au rôle très prometteur en médecine), la plaie saigne sans retenue. Les assoiffés peuvent ainsi boire jusqu’à satiété… Exceptionnellement, le vampire commun s’en prend aux humains (la solution pour éviter cela : dormir sous une moustiquaire). Et s’il est porteur de la rage, il y a un risque réel de transmission du virus. 94 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- PAS FOUS CES MATOUS ; CANAILLOUS, CES TOUTOUS ! -

Ce problème est pris très au sérieux au Pérou où les cas de rage, autrefois rares, semblent progresser. Déforestation, développement de l’exploitation minière et constructions de routes contribuent à la destruction de l’habitat des chauves-souris et à la diminution du nombre de leurs proies potentielles. D’où des interactions plus fréquentes avec l’homme…

Pas fous ces matous ; canaillous, ces toutous ! Existe-t-il des mammifères privés de nombril ? 074

Un petit clin d’œil à notre ami Paul Heiney et à son truculent Les chats ont-ils un nombril ?1 Oui, les matous en ont un, comme une majorité de mammifères. Ce fameux nombril n’est rien d’autre qu’un petit souvenir du passage dans le ventre de la mère. À cet instant de la vie, le fœtus est alimenté par le placenta maternel auquel il est relié par le cordon ombilical. À sa naissance, il en est débarrassé mais en gardera une trace sur le ventre : le nombril. L’explication est valable pour les animaux vivipares (dont les petits se développent directement dans l’utérus de la femelle). Seulement, vous connaissez Dame Nature et ses extravagances ? Ici, elles ont pour nom « monotrèmes »… Cette minuscule famille de mammifères ovipares est constituée de l’ornithorynque, curieuse bestiole australienne au bec de canard, et des quatre espèces d’échidnés, sortes de gros hérissons. Maman allaite 1.

EDP Sciences, 2008.

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bien ses petits, mais au lieu d’un abri dans son utérus pendant leur développement, ils doivent se contenter d’un œuf ! Les voilà privés de nombril. Sur les 4 800 espèces de mammifères, ces cinq-là font vraiment figure d’exception.

Minet serait-il plus rusé que vous ? Ne dit-on pas « rusé comme un renard » ? Et pourquoi pas « comme un chat » ? Il faut savoir qu’un tel félin a plus d’un tour dans son sac. Avez-vous déjà remarqué ce ronronnement si particulier que vous lance le vôtre lorsqu’il a faim ; presque un S.O.S. désespéré auquel il est impossible de ne pas répondre. Pauvre chaton. Ni une ni deux sans qu’il ait besoin de trop insister – ce qui deviendrait rapidement agaçant – vous vous précipitez pour remplir la gamelle de son pâté préféré… Félicitations, vous êtes tombé dans le panneau ! Le matou vous a mené par le bout du nez. C’est ce que montre une étude publiée en juillet 2009 par Karen McComb, spécialiste du comportement animal à l’université du Sussex en Angleterre. Quand ils convoitent de la nourriture, les chats peuvent ajouter de plus hautes fréquences à leurs ronronnements habituels (un peu comme des cris de bébés), histoire de jouer sur la corde sensible de l’instinct parental de leurs maîtres et d’arriver très vite à leurs fins. Alors, qui est le plus rusé ? 075

Les chiens ont-ils des caries ? Non ou rarement. Mais qu’est-ce qu’une carie ? Le sucre sous toutes ses formes est son meilleur ami : saccharose et glucose des bonbons, chocolats, gâteaux, boissons sucrées, et même glucides des fruits (fructose), du pain (amidon) ou du lait (lactose) au pouvoir, certes, moins cariogène, mais au rôle non négligeable dans l’apparition des caries… Chez nous, ces sucres restés sur les dents représentent un formidable buffet pour la flore microbienne buccale, car la bouche 076

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- PAS FOUS CES MATOUS ; CANAILLOUS, CES TOUTOUS ! -

est un refuge à bactéries. Un millilitre de salive en contiendrait 750 millions ! Majoritairement, cette foule contribue, avec la salive, à la bonne santé des dents. Seulement, parmi les 600 espèces de bactéries qui squattent à cet endroit, quelques-unes n’ont pas les meilleures intentions, en particulier les streptocoques (Streptococcus mutans), actinomycètes (Actinomyces viscosus) et lactobacilles (Lactobacillus sp.). Elles collent aux dents pour former avec les restes d’aliments la disgracieuse plaque dentaire. Et en se nourrissant du sucre qui traîne, elles peuvent se multiplier, libérer des acides qui ont le don d’augmenter le degré d’acidité (baisse du pH) de la bouche et ronger l’émail ! Heureusement, la salive intervient pour neutraliser cette acidité. Mais faire remonter le pH après manger lui prend toujours un certain temps. Seule solution, l’aider en se brossant les dents trois fois par jour et en évitant le grignotage sucré entre les repas. Dans le cas contraire, les acides passent à l’attaque. Résultat ? Un trou, la carie. Et lorsque sa profondeur atteint la dentine située sous l’émail – aïe ! – le tête-à-tête chez le dentiste s’impose ! Revenons-en à nos toutous. Pourquoi échapperaient-ils aux caries ? Parce que leur salive est bien moins acide que la nôtre, et que leurs besoins en sucres sont deux fois moins importants. Peu de sucre, peu de caries donc.

Peut-on donner du chocolat à un chien ? 077

Surtout pas ! Le chocolat pourrait tuer votre petit compagnon. Il contient de la théobromine apparentée à la caféine. Or, si cette molécule a un effet stimulant doux et bon pour le moral des êtres humains, chez les chiens et les chats dont l’organisme met - 97

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plus de temps à la métaboliser, c’est un poison pour l’estomac, les reins, le cerveau et le cœur. La gravité de l’intoxication dépend de la quantité ingérée, du type de chocolat et de la taille du chien. Ainsi, le cacao peut contenir jusqu’à 30 mg de théobromine par gramme, le chocolat à cuire 15 mg/g, le chocolat noir 5 mg/g, le chocolat au lait 1,5 mg/g, contre seulement 0,035 mg/g pour l’inoffensif chocolat blanc. En résumé, retenez que la moitié d’une tablette de chocolat suffit à tuer un animal domestique en moins de vingt-quatre heures. Et en cas de symptômes graves – agitation, vomissements, diarrhées, palpitations, tremblements, besoins d’uriner, coma –, le vétérinaire n’aura pas toujours la possibilité de faire des miracles. Un conseil cruel : restez de marbre lorsque vous avalez la tête d’un lapin de Pâques ou une barre de chocolat, même si Toutou vous roule des yeux de chien battu. C’est pour son bien !

Les chevaux peuvent-ils vomir ? Non. Et s’ils vomissent, malheureusement, leur fin est proche. Car une fois l’estomac rompu, il n’y a plus rien à faire. Relativement faible, la contenance de cet organe ne fait pas plus d’une quinzaine de litres (contre 200 pour le rumen, première des quatre poches gastriques de la vache). Situé après l’œsophage, son entrée – le cardia – est un muscle très puissant resserré en anneau qui empêche les aliments de rebrousser chemin. De ce fait, un cheval ne peut vomir. Il est même obligé de prendre plusieurs repas légers dans la journée afin d’éviter de gaver son estomac. Dans le pire des cas, une telle situation engendre des coliques. Si celles-ci ne sont pas traitées, il y a un risque important de déchirure du cardia, donc de vomissements mortels… 078

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- UNE TOUCHE D’EXOTISME -

Une touche d’exotisme Le paresseux est-il un fainéant ? Flemmard, le paresseux ? Plutôt lent, dirons-nous, mais pas par choix. Cet herbivore des forêts tropicales d’Amérique Centrale et du Sud est obligé d’économiser ses forces. Comparé à celui d’autres mammifères, son métabolisme tourne au ralenti. Il faut dire qu’il ne mange rien de très calorique : bourgeons, feuilles, fruits, etc. 079

De là à affirmer qu’il passe ses journées à roupiller, pas exactement… C’est en captivité que l’animal s’est forgé cette réputation de gros dormeur. Certains de ses congénères passent jusqu’à seize heures par jour dans les bras de Morphée. Mais ces observations reflètent-elles la réalité ? Non d’après l’étude menée sur l’île Barro Colorado et publiée en 2008 par Niels Rattenborg de l’Institut allemand Max Planck. Aidés de nouvelles technologies miniaturisées, le chercheur et son équipe ont pu suivre à distance l’activité cérébrale de paresseux à gorge brune (l’une des six espèces répertoriées). Verdict – et là, surprise - à l’état sauvage, un paresseux dort seulement un peu moins de dix heures sur vingt-quatre… - 99

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Pourquoi six heures de sommeil en moins qu’en captivité ? Parce qu’en pleine nature, il n’a pas le temps de s’ennuyer. D’abord, il doit se nourrir, penser à se reproduire. Et certes, grâce à son mode de vie nocturne, à son pelage tirant sur le vert en raison d’algues microscopiques et à la lenteur de ses mouvements, la journée, on ne le remarque pas dans les arbres. Mais ça ne l’empêche pas de rester en alerte, au cas où ! Car lorsque le jaguar et l’ocelot sont en chasse, son allure aiguise souvent leur appétit.

Tous les kangourous ont-ils une poche ? 080

Non, pas de chance pour les mâles. Les kangourous font partie de la famille des marsupiaux (du grec marsipos qui signifie sac), caractérisée par la présence d’une poche abdominale - le marsupium – chez les femelles uniquement. Elles n’utilisent pas ce sac providentiel pour y cacher leurs effets personnels, mais quatre mamelles, biberons naturels de leurs futurs bébés. Et sincèrement, ceux-ci les méritent bien : leur naissance est un vrai parcours du combattant ! Lorsqu’un petit quitte l’utérus maternel, il ressemble à une larve rose toute nue. Du haut de ses deux centimètres, il ne pèse pas plus d’un gramme. Ce n’est pas le moment de flemmarder, il doit s’agripper aux poils de Maman pour grimper le long de son ventre et atteindre la poche… Comme il n’y voit pas grandchose, sa mère lèche la trajectoire qu’il doit suivre à l’odeur. Une fois dans son intérieur douillet, ouf, le voici enfin tranquille pour téter et terminer son développement à l’abri. À six mois, première sortie. Huit à dix semaines plus tard, il dit adieu à sa 100 -

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- UNE TOUCHE D’EXOTISME -

cachette. Ce qui ne l’empêchera pas, jusqu’à l’âge d’un an, d’y mettre régulièrement la tête pour s’offrir quelques nourrissantes gorgées de lait.

Que cachent le dromadaire et le chameau sous leurs bosses ? 081

Une réserve d’eau ? Non, juste du gras… Le dromadaire – celui qui porte une seule bosse – vit dans les déserts d’Afrique jusqu’au Moyen-Orient et en Australie où il a été introduit au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Son cousin, le chameau, en a deux et préfère l’Asie Centrale.

Un camélidé peut passer deux, voire trois semaines sans s’alimenter. La bosse est donc un garde-manger très utile qui peut peser 4 à 36 kilos (15 en moyenne). Dodue et bien dressée en période de grande chère, cette bosse fond comme neige au soleil lorsque le jeûne se prolonge. Normal, l’animal y prélève l’énergie dont il a besoin. Elle participe aussi à la thermorégulation. En effet, chez la plupart des mammifères, la couche de graisse sous-cutanée permet de conserver la chaleur (et la transpiration, d’en éliminer l’excès). Mais adaptés aux climats chauds, chameaux et dromadaires recherchent l’effet inverse. En ce sens, la répartition de la graisse, concentrée dans les bosses, et pas sous la peau, facilite l’évacuation de chaleur. - 101

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D’ailleurs, les deux espèces sont capables de faire varier leur température interne de 42 à 34 °C en fonction de la température ambiante, écart que ne supporterait jamais votre organisme habitué à ses 37 °C !

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Combien de temps le dromadaire et le chameau peuvent-ils tenir sans boire ?

Classiquement une grosse semaine. Sinon, au moins deux mois pour le dromadaire car il bénéficie de l’humidité apportée par les plantes qu’il mange à la saison des pluies. Une telle privation est possible grâce à une lutte acharnée contre la déshydratation. Structure des voies nasales, nombre limité de glandes sudoripares (transpiration), production d’urine très concentrée, aptitude des globules rouges à supporter l’arrivée d’importantes quantités d’eau dans le sang après l’abreuvement, etc., toutes ces adaptations physiologiques tendent à réduire les pertes hydriques. La plus épatante est peut-être celle qui se produit en période de jeûne au niveau de la bosse. En effet, la réaction chimique assurant la combustion de la graisse entraîne la formation d’eau métabolique, tout aussi utile pour les cellules que si l’animal l’avait trouvée dans une oasis ! Et puis, quand la soif le tenaille, le camélidé amaigri y va franco. Il boit comme un trou et, en cinq minutes, peut absorber une centaine de litres. En un instant, il retrouve son poids de forme (de 500 à 900 kilos selon l’individu). 102 -

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- UNE TOUCHE D’EXOTISME -

Pourquoi les hippopotames sont roses ? 083

Vous l’avez remarqué ? Les hippopotames sont d’un gris pourpre qui, à certains endroits, tire franchement sur le rose bonbon ! Longtemps, on a pensé que cette coquetterie était le résultat d’un mélange de sueur et de sang. Que nenni…

Ces gros herbivores de 4,5 mètres, lourds de 3 tonnes, vivent en Afrique. Leur nom latin – Hippopotamus amphibius – vient du grec et signifie « cheval du fleuve ». Et pour cause. La nuit, les hippopotames amphibies partent à la recherche de nourriture et consomment jusqu’à 50 kilos d’herbes et de fruits. La journée, ils préfèrent flâner dans l’eau. Pour autant, ça ne les met pas à l’abri des rayons brûlants du soleil. Ne portant ni bob, ni crème de protection, ils bénéficient heureusement d’un écran total naturel : ce mucus rose dont la composition n’a rien de sanguine. Sécrété par des glandes au niveau du dos, de la tête et derrière les oreilles, il est constitué de deux pigments l’acide hipposudorique et l’acide norhipposudorique – qui forment une barrière chimique contre les ultraviolets. L’acide hipposudorique a même des vertus antibactériennes ! Et croyez-le, éviter les infections cutanées, ce n’est pas un luxe quand on est hippo… Les mâles étant très territoriaux, ils veillent jalousement - 103

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sur leur harem et n’hésitent pas à donner de violents coups de dents. Imaginez les blessures que peuvent infliger des canines de 60 cm, voire plus d’un mètre parfois ? Pas étonnant que les rencontres avec les humains se finissent parfois en tragédie : chaque année, les hippopotames feraient 200 victimes.

Un ours polaire et un grizzly peuvent-ils tomber amoureux ? 084

Oui, ils peuvent même avoir un petit ! Appelez-le comme vous voudrez : « ours polly », « grizzlaire », les Américains eux préfèrent « grolar » (pas très gentil) ou « pizzly », de l’association des mots anglais « polar bear » et « grizzly ».

Pour l’avoir constaté en captivité, les scientifiques savaient que la reproduction entre ours polaire et grizzly était possible. Mais malgré les bruits qui couraient au sujet d’observations en milieu naturel, celles-ci n’avaient jamais été confirmées. Jusqu’à ce jour d’avril 2006 grâce, hélas, à une partie de chasse sur l’île de Banks au Canada… Après s’être offert une licence pour une « tête », un Américain et son guide inuit remarquèrent le physique inhabituel de l’animal abattu : taches brunes, yeux cernés de brun, longues griffes, dos légèrement bossu. Drôle d’ours blanc ? Effectivement. Les analyses de 104 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- UNE TOUCHE D’EXOTISME -

son ADN conclurent qu’il s’agissait d’un hybride issu du croisement entre les deux espèces ! En temps normal, l’ours polaire est le seigneur de la banquise en Arctique. Carnivore, il raffole des phoques. Quant au grizzly que l’on rencontre en Amérique du Nord, surtout en Alaska, il préfère la verdure – fruits, plantes, racines, etc. – agrémentée de saumons et petits animaux. Mais avec le réchauffement de la planète, l’énorme ours brun a tendance à empiéter sur le territoire de son collègue des glaces. Il y a donc de fortes chances de découvrir d’autres « grolars » dans le futur…

Si nous avons sept vertèbres dans le cou, combien en a la girafe ? 085

Quand on sait qu’une girafe mesure plus de 5 mètres et son cou, près de 2, on se dit qu’il doit contenir une ribambelle de vertèbres cervicales, n’est-ce pas ? Erreur, la girafe en a autant que nous et la plupart des autres mammifères : c’est-à-dire sept.

Pas plus ? Non, ce n’est pas la peine puisqu’elles sont épaisses de 30 à 40 cm. Ainsi, l’animal le plus haut de la planète attrape sans mal ses feuilles d’acacias préférées. Et si l’une d’entre elles est un peu difficile d’accès, ses 50 cm de langue se chargent de la récupérer. Etre - 105

- NOS MEILLEURS AMIS -

grand dans la savane africaine présente des avantages. On voit ses ennemis arrivés de loin ou on peut grignoter des végétaux insaisissables pour les autres herbivores… Mais cela a aussi des inconvénients. Le cœur de la girafe, qui pèse 11 kilos, doit pomper comme aucun autre afin que la circulation sanguine puisse correctement alimenter le cerveau perché en altitude. Boire devient carrément un acte acrobatique et dangereux. Il oblige à faire le grand écart avec les pattes de devant. C’est malheureusement souvent ce moment que choisissent les lions pour attaquer. Pareil pour aller dormir : il est si difficile de se relever qu’il vaut mieux éviter de se coucher si l’on veut échapper aux prédateurs. Résultat, même si la girafe vit en petits groupes et qu’il y a toujours quelqu’un pour faire le guet, la demoiselle préfère plutôt dormir debout et faire des siestes excédant rarement les vingt minutes. Enfin, imaginez l’arrivée fracassante du girafon à sa naissance : la première chose à laquelle il a droit dans ce monde, c’est une chute de deux mètres. Ouille !

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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SECRETS OCÉANIQUES « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » Charles Baudelaire (L’homme et la mer)

Mous et mystérieux

Pourquoi avons-nous le mal de mer ? Ce problème, qui n’est pas systématique, est lié aux mouvements de tangage et roulis imposés par les vagues au bateau. Il est favorisé par certains facteurs comme la fatigue, le froid, la faim, l’appréhension, la prise d’alcool, les odeurs de tabac ou de poissons à bord par exemple. Et surtout, il est l’œuvre d’un différend entre ce qu’enregistrent les yeux et l’appareil vestibulaire logé dans l’oreille interne. En clair ? Les fonctions visuelle et auditive, toutes deux impliquées dans l’équilibre, perçoivent des informations contradictoires de l’environ086

- 107

- SECRETS OCÉANIQUES -

nement extérieur. L’enfer pour notre pauvre cerveau qui ne sait plus où donner de la tête ! Se placer au centre du bateau au grand air en fixant l’horizon peut soulager.

Le corail est-il un caillou ou une plante ? 087

Ni l’un, ni l’autre. C’est un animal même si cela ne saute pas aux yeux. Oui, les morceaux brisés gisant sur les plages sont parfois durs comme la pierre (mais il existe aussi des coraux mous). Et même sous la surface, les grosses boules de corail cerveau ou les jolis bouquets d’acropores ont l’air de roches indestructibles. L’air seulement, car sensibles aux pollutions, températures, tempêtes et à l’appétit vorace de l’étoile de mer acanthaster, les coraux sont très fragiles. Mais jaunes, roses, bleus, violets, rouges, ils sont aussi colorés que des fleurs et aussi verts que des plantes pour certains ! Ils adorent le mélange des genres. Ainsi, avec des végétaux microscopiques qu’ils cachent dans leurs tissus, ils entretiennent une relation donnant-donnant. Les zooxanthelles – ces fameuses microalgues – offrent aux coraux couleurs et nutriments (produits grâce à la photosynthèse) en échange du gîte et des déchets qu’elles récupèrent. N’empêche, le squelette du corail est calcaire, minéral donc ! Et s’il est alors tout blanc, tout nu à sa mort, c’est parce qu’il perd ses zooxanthelles… 108 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- MOUS ET MYSTÉRIEUX -

Pour compliquer la chose, les coraux sont organisés en colonies de millions de petits polypes : des invertébrés. Leurs tentacules et leur bouche centrale trahissent leur parenté avec les méduses et anémones de mer. À l’état de larves (planulas obtenues par reproduction sexuée, différente de celle par bourgeonnement), ces polypes sont même obligés de nager avant de se fixer. Une fois bien accrochés dans leur nouvelle vie, prédateurs, à la nuit tombée ils chassent. Hors de leur loge calcaire, ils agitent leurs petits bras urticants en espérant attraper quelque chose de planctonique. Fascinants les coraux, n’est-ce pas ? Mieux, es-sen-tiels ! À la fois garde-manger (poissons, crustacés, coquillages), pharmacie (combien de molécules utiles pour notre santé s’y cachent encore ?) et bouclier pour les côtes lors d’ouragans et de tsunamis, il faut les protéger.

Une gentille méduse est-elle une méduse morte ? 088

Pas forcément. Certaines, vivantes, sont inoffensives comme les aurélies, blanches, reconnaissables à leurs quatre organes sexuels en fer à cheval. À l’inverse d’autres, mortes échouées sur la plage (comme les pélagies en Méditerranée, violettes et venimeuses) ou même conservées depuis des décennies dans du formaldéhyde restent urticantes ! Il faut dire qu’elles ont, sur leurs tentacules et parfois leur ombrelle, des cnidocystes. Ce sont des cellules à cnidocil (cil externe sensible au contact avec un corps étranger) qui renferment une capsule à venin ainsi qu’un mini-harpon. Au moment de la piqûre, le cnidocyste éclate et le harpon empoisonné pénètre dans la peau. - 109

- SECRETS OCÉANIQUES -

La douleur est aussi vive qu’une décharge électrique ! Rien de grave avec les espèces de notre littoral (sauf en cas d’allergie, de contact avec les yeux ou symptômes s’aggravant, situations nécessitant l’intervention de médecins). Premiers gestes : rincer à l’eau de mer, surtout pas d’eau douce, retirer les filaments (en les faisant rouler à l’aide d’une carte bleue par exemple), rincer à nouveau puis désinfecter.

Un petit poisson de rien du tout peut-il avaler un bébé calmar géant ? 089

Pourquoi pas ? Déjà, quelle peut bien être la taille d’un bébé calmar géant ? On le sait grâce à Steve O’Shea. Passionné par les grosses bêtes des abysses, biologiste au NIWA en NouvelleZélande, il les a traquées dans tous les océans. Il en connaît donc un rayon sur le sujet.

Lors d’une expédition financée par la chaîne Discovery Channel, par une nuit de février 2001, Steve a eu la chance de récupérer des juvéniles vivants au large de Kaikoura, île néo-zélandaise. Les 14 bébés mesuraient entre 9 et 13 millimètres (un œuf de calmar géant ? pas plus de 2 millimètres) : en gros, la taille du krill, crevette dont raffolent les baleines. Minuscules, les calmars sont emportés par des courants marins, parfois jusqu’en surface. Plus tard, ils vivront bien en dessous de 500 mètres de profondeur. À ce stade de leur existence, ils sont encore 110 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- PAS SI CORNICHONS, CES POISSONS ! -

1000 fois plus petits qu’un adulte. Mais un jour, ils mesureront près de 13 mètres et seront aussi grands qu’une baleine à bosse ! Inutile de préciser que la croissance des calmars géants est fulgurante… Pour en revenir à Steve O’Shea, hélas, ses petits protégés n’ont pas survécu en aquarium. Des tests d’ADN ont confirmé qu’ils étaient bien des Architeuthis. Seulement, lui qui espérait tant en apprendre sur la biologie des plus grands invertébrés du monde n’a pu aller au bout de son rêve : les élever en captivité. Peut-être n’est-ce que partie remise ?

Pas si cornichons, ces poissons ! Y a-t-il des poissons vivants en mer Morte ? 090

Non. À cheval entre Israël, Jordanie et territoires palestiniens, la mer Morte est un lac de 1 050 kilomètres carrés situé à 400 mètres en dessous du niveau de la mer. Elle doit son nom à sa richesse en minéraux qui empêche toutes installations d’animaux et végétaux caractéristiques des milieux aquatiques. Franchement, lesquels pourraient supporter la salinité record de 275 g/L, soit huit fois plus que celle de l’eau de mer ordinaire ? Ainsi, il n’y a pas la moindre écaille dans cet environnement extrême. Microalgues vertes (Dunaliella) et halobactéries (du grec « halos », sel) sont les seules à l’habiter ! Pour combien de temps encore ? Ces cinquante dernières années, le bassin a perdu un tiers de sa surface, et pas seulement à cause de la baisse des précipitations : les eaux douces du Jourdain ne l’approvisionnent plus suffisamment (une grande partie en amont servant à l’irrigation des terres agricoles), et les usines de production autour (magnésium, potassium, brome) entraînent son évaporation. Si rien n’est fait d’ici 2050, la mer Morte ne sera plus que fantôme. Or pour l’heure, aucune solution miracle ne se dessine. - 111

- SECRETS OCÉANIQUES -

Même le fameux « canal de la paix » qui la relierait à la mer Rouge est susceptible de provoquer des bouleversements écologiques dont on ignore les conséquences…

Pourquoi les hippocampes se tiennent-ils à la verticale ? 091

Voici un début de réponse grâce aux travaux de Peter Teske et Luciano Beheregaray, chercheurs à l’université Macquarie de Sydney en Australie. Ils se sont intéressés à une espèce de la région (Idiotropiscis lumnitzeri) appartenant comme les hippocampes à la famille des syngnathes. Seulement, celle-ci évolue à l’horizontale et dans les récifs. Les hippocampes, eux, fréquentent davantage les herbiers, écosystème s’étirant en hauteur…

En étudiant de rares fossiles d’hippocampes et en comparant les gènes d’Idiotropiscis lumnitzeri à ceux d’hippocampes actuels, les biologistes ont découvert un dernier ancêtre commun qui vivait il y a vingt-cinq millions d’années. Or, à l’époque, dans cette région dite d’Australasie, l’activité tectonique a généré des fonds de faibles profondeurs là où auparavant régnaient les abysses. Profitant de l’abondance de lumière, les prairies sous-marines ont proliféré. C’est là que sont apparus les premiers hippocampes. Or, dans un monde végétal rempli de rubans dressés verticalement, il n’y a rien de tel qu’avoir un corps déployé à l’horizontale et se déplacer dans ce sens pour finir très vite dans l’estomac des préda112 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- PAS SI CORNICHONS, CES POISSONS ! -

teurs ! L’évolution serait donc intervenue sur l’anatomie de ces petits poissons à tête de cheval. Leur posture et leurs déplacements se seraient développés un peu à l’image des feuilles étirées pointant vers la surface parmi lesquelles ils vivent. Pas étonnant que les hippocampes aient l’art de se camoufler dans le décor… Ce ne sont pas les plongeurs de Méditerranée qui diront le contraire, n’est-ce pas ?

Quel est le poisson le plus dangereux de la planète ? 092

Le poisson-pierre, habitant des récifs coralliens de l’Indo-Pacifique et cousin de nos rascasses. Immobile sur les fonds rocheux jusqu’à – 50 mètres, long d’une trentaine de centimètres, ce rondouillard porte bien son nom.

Le mucus de sa peau rugueuse attirant algues, débris de corail, sable, etc., il disparaît dans le décor, pierre parmi les pierres ! Et lorsqu’il s’enfouit dans le sol, ne laissant dépasser que le haut de son corps, seuls ses yeux et sa bouche tombante laissent deviner sa présence à celui qui a l’œil. Oh ! le bougre n’est ni agressif, ni très agile… Seulement, il porte 13 épines dorsales capables d’injecter un venin très toxique. À tel point qu’il n’a rien à envier au cobra… Pour le plongeur, peu de - 113

- SECRETS OCÉANIQUES -

risques à condition de faire attention aux endroits où il pose les mains (le mieux étant d’admirer sans rien toucher). Le danger concerne surtout le baigneur qui viendrait à marcher sur la bête, pieds nus ou même en sandales de mer. Exceptionnellement mortelle, sa piqûre entraîne douleur atroce, œdème, syncope, nausées, céphalées et troubles cardiaques. L’intervention d’un médecin est indispensable. Et les premiers soins – plaie nettoyée à l’eau de mer, puis baignée dans une eau à 45 °C, car le venin thermolabile n’aime pas la chaleur – se terminent au mieux à l’hôpital par une injection de sérum antivenin produit en Australie.

Pourquoi faut-il arrêter de gonfler le poisson porc-épic ? 093

Qu’on embête ce cousin du fugu aux épines gentiment collées le long du corps, et voilà qu’il se transforme en globe hérissé ! Ainsi peu de chance qu’un prédateur ait envie de l’avaler tout rond. Tous les plongeurs connaissent ce truc… Sauf que taquiner la bête pour assister au spectacle n’est pas très malin. Il ne s’agit pas d’un jeu, mais d’une réaction de défense coûteuse en énergie. En gros, stressé, l’animal ingère de l’eau pour tripler de volume et faire saillir ses épines (d’où son nom). L’idée bien sûr est d’impressionner l’ennemi afin de le persuader de s’attaquer à une proie plus digeste. Dans le détail, l’étude du poisson porc-épic rayé, publiée en 1995 par Peter Wainwright, biologiste à l’université de Californie, décortique le mécanisme qui nécessite de nombreuses gorgées d’eau. Pour chacune, le poisson remplit sa bouche de liquide, puis en bloque l’entrée grâce à une valve spéciale se collant en arrière des deux dents (une en haut, l’autre en bas). Ensuite, l’effet ventouse du rayon branchios114 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- PAS SI CORNICHONS, CES POISSONS ! -

tège (un arc branchial modifié) entraîne l’eau vers l’œsophage puis l’estomac. C’est là l’autre secret révélé en 1994 par les travaux d’Elizabeth Brainerd, de l’université du Massachusetts (menés sur le poisson porc-épic tacheté). L’estomac est une petite poche incroyablement extensible ! Elle doit son élasticité aux microplis de sa paroi organisée à la manière d’une jupe plissée. Résultat, le volume maximal de l’estomac peut être 50 à 100 fois plus important qu’initialement. Heureusement plutôt souple, la colonne vertébrale suit le mouvement et s’incurve. Et la peau très élastique supporte bien cette dilatation imposée de l’intérieur. Cerise sur le gâteau, la ruse fonctionne également avec de l’air (au cas où un oiseau en surface se montrerait trop gourmand) ! Quid du dégonflage ? Il prend deux fois plus de temps que le gonflage, l’eau étant progressivement expulsée par la bouche. Répété à plusieurs reprises dans la journée, ce système de protection est épuisant, voire dangereux pour la santé de l’adorable poisson porc-épic. Alors pas la peine de le mettre en boule, et encore moins d’en acheter un séché reconverti en horrible lampe de chevet comme on les vend dans certains pays…

Pourquoi l’espadon ne garde-t-il pas la tête froide ? 094

L’espadon est un magnifique poisson de 3 mètres au rostre très pointu. Il est connu pour ses records de vitesse à 109 km/h et fascine les amateurs de pêche sportive du monde entier. Autre particularité, parmi les 25 000 espèces de poissons – animaux à sang froid – il fait partie avec le marlin, le thon et quelques autres requins, de la vingtaine disposant d’un système de chauffage situé dans un muscle de la tête (au niveau de la région oculaire). Grâce à cela, pour chasser, l’espadon peut s’aventurer à des profondeurs où il fait seulement quelques degrés au-dessus de zéro. Pas de souci puisque ses yeux de la taille de balles de tennis restent - 115

- SECRETS OCÉANIQUES -

au chaud à plus de 10 à 15 °C au-dessus de la température ambiante. Génial ! Mais ce mécanisme est coûteux en énergie. Alors à quoi sert-il exactement ? On le sait depuis peu grâce à des électrorétinogrammes réalisés sur des espadons dès leur sortie de l’eau.

Des chercheurs australiens de l’université du Queensland ont montré qu’ainsi réchauffés, les yeux traitaient l’information visuelle dix fois plus vite ! L’aptitude de la rétine à capter la lumière et à répondre aux stimuli est donc plus efficace. Quelles que soient la profondeur et la température, détecter une proie n’est pas un problème. Quand on vous dit que l’espadon n’a pas froid aux yeux…

Pourquoi les poissons des abysses sont-ils aussi laids ? 095

Sympa. Quelle tête pourraient-ils avoir, les pauvres ? Les abysses sont si hostiles… Savez-vous que l’endroit le plus profond des océans – la fosse des Mariannes – plonge à 11 000 mètres sous la surface du Pacifique ? Oui, 11 kilomètres. Du coup, entre le noir, le froid, la pression et le manque d’oxygène, pour survivre dans un tel enfer, il n’y a pas trente-six solutions : il faut s’adapter ! Et ce n’est pas qu’une question de physiologie. D’accord, nager lentement permet d’économiser l’énergie. D’ailleurs, par la force des choses, les grands fonds abritent surtout 116 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- LES REQUINS, SOUVERAINS -

une faune peu ou pas mobile (anémones, oursins, ophiures, crevettes, vers, etc.) alimentée par les particules tombées du haut qui forment la neige marine. Mais il n’y a pas que ça. Le physique aussi doit suivre ! Dès – 150 mètres, il fait sombre. Alors peut-être que les yeux globuleux du vise-en-l’air ou ceux immenses du grandgousier ne sont pas esthétiques. Mais ils sont bien commodes pour distinguer les créatures qui pourraient servir de repas. La parade pour les proies : la transparence. En plus, un corps gélatineux riche en eau évite de finir écrabouillé sous la pression. Au-delà de 1 000 mètres, il fait vraiment noir. Ici une bonne vue est inutile. Les yeux sont minuscules. Et ce n’est pas plus joli. Quand certains allument la lumière, il y a de quoi avoir une peur bleue en découvrant leur bobine ! Souvenez-vous de l’horrible baudroie abyssale agitant son filament pêcheur lumineux pour appâter Marin et Dory dans Le Monde de Némo ? Souvent produite par des bactéries, cette bioluminescence est un tour de magie de la luciférine (comme chez les lucioles et vers luisants). De nombreuses espèces l’emploient dans l’immensité obscure pour se protéger, attirer un partenaire du sexe opposé ou chasser. Une chose est sûre : pour tous, quand le repas passe à proximité, l’attraper est une question de vie ou de mort ! Un odorat affûté et une bouche immense aux dents longues comme des barreaux de prison sont indispensables. Parlez-en au poisson-ogre ou au chauliode féroce dont les crocs sortent carrément de la gueule et remontent à hauteur d’yeux…

Les requins, souverains Pourquoi ce requin a-t-il l’air complètement marteau ? 096

Les autres requins en sont sûrement jaloux. Grâce à sa tête qui a vraiment la forme de l’outil, le requin-marteau est un - 117

- SECRETS OCÉANIQUES -

super prédateur. Aplatie comme une crêpe, celle-ci s’étire en deux longues extrémités avec, à chacune, un œil et une narine. Imaginez avoir les yeux à la place des oreilles, vous y êtes ?

N’allez pas croire que c’est un handicap. Bien au contraire. Stabilisé par cette large gueule, le requin vire sur lui-même comme aucun autre. Mieux, il n’a qu’à très légèrement la tourner à droite ou à gauche pour flairer la moindre odeur. Quant à sa vue, les récentes expériences de Michelle McComb, biologiste à l’université de Floride, confirme un avantage très net sur les autres squales à nez un peu plus passe-partout. Oui, son étrange morphologie lui permet d’y voir plus et mieux ! Exemple, un œil de requin-marteau halicorne a un champ visuel de 182 degrés contre seulement 159 pour le requin citron. Du coup, il a aussi une bien meilleure vision stéréoscopique – en relief comme la nôtre – à l’endroit où les champs visuels de chaque œil se croisent. Alors franchement, ce n’est pas bien grave d’avoir l’air marteau quand, sans se casser la tête, on voit le monde sur 360 degrés… Cerise sur le gâteau, tous les requins portent sur le museau des ampoules de Lorenzini, orifices reliés par des canaux (remplis de gelée) à des cellules sensibles aux variations des champs électromagnétiques. Ces fameuses ampoules leur permettent d’être de brillants chasseurs. Ils peuvent même repérer les animaux cachés dans le sable. 118 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- LES REQUINS, SOUVERAINS -

Or là encore, le requin-marteau a une longueur d’avance sur ses collègues. Ayant un museau plus développé, son sens de l’électroréception est plus performant. Ainsi outillé, notre ami chasse « les nageoires dans le nez » ! Petite parenthèse, pour ceux qui se demandent si des requinsmarteaux barbotent dans notre Grande Bleue, la réponse est oui : l’halicorne et le commun (longs de 3 à 4 mètres), ainsi que le grand requin-marteau (5,50 mètres) qui n’en fréquente que le sud.

Le requin soyeux a-t-il la peau douce ? 097

En tout cas, un peu plus que ses camarades. Si de loin la peau des squales pourrait sembler aussi lisse que celles des dauphins, il n’en est rien. Au contraire, leur épiderme comme celui des raies – leurs cousines – est rugueux, voire abrasif ! Il faut dire que la forme de leurs écailles (dites placoïdes) n’a rien à voir avec celles des autres poissons. Observés de très près, parfaitement alignés, bien pointus et inclinés en arrière, ces minuscules picots ressemblent à des dents. C’est bien simple : ils en ont même la structure (une cavité pulpaire au centre, de la dentine par dessus, le tout recouvert d’un émail très dur). Ces écailles n’ont décidément pas volé leur autre appellation de denticules cutanés ! Particularité du requin soyeux qui vit dans les mers tropicales ? Ses denticules aplatis. Sa peau est ainsi effectivement un peu plus douce au toucher que celle de ses congénères… - 119

- SECRETS OCÉANIQUES -

Les requins peuvent-ils se noyer ? Chez l’être humain, la noyade résulte de l’arrivée d’eau dans les voies respiratoires. D’où une apnée réflexe. L’épiglotte se ferme pour empêcher le liquide d’entrer dans le larynx. La respiration est bloquée. Catastrophe, l’organisme se retrouve privé d’oxygène ! 098

Si les poissons n’ont pas de poumons, l’oxygène est tout aussi vital pour eux. Ils l’extraient de l’eau grâce à leurs branchies : l’eau entre par la bouche et ressort après filtration branchiale par les ouïes sous les opercules chez les poissons osseux. Lorsque l’un d’eux se fait piéger dans les mailles d’un filet de pêche, ses ouïes sont comprimées et il ne peut plus bouger. L’oxygène n’arrive plus dans le sang. Asphyxié, le poisson meurt noyé… C’est à peu près la même chose chez un requin, poisson cartilagineux sans opercules. La plupart des squales sont obligés de nager sans cesse pour faire circuler l’eau dans leurs branchies. S’ils s’empêtrent dans un filet, stoppés dans leur course, les fentes branchiales écrasées, ils sont condamnés. Hélas ! bien d’autres animaux dotés de poumons et obligés d’aller respirer en surface meurent également de cette façon. Tortues, loutres, dauphins, baleines représentent des prises accessoires non visées par la pêche. Et même abandonnés ou perdus, filets et palangres représentent toujours une menace pour cette faune. Au total, plus de 300 000 cétacés, 250 000 tortues, 100 000 albatros et des millions de requins se noient ainsi chaque année. 120 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- LES REQUINS, SOUVERAINS -

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Le grand requin blanc des Dents de la mer a-t-il mangé trop de soupe quand il était petit ?

Vous l’avez sûrement remarqué ? Dans l’illustre adaptation filmée de Steven Spielberg du roman Jaws – Les Dents de la mer – par Peter Benchley, les proportions du requin blanc paraissent monumentales. Il flirte allègrement avec les sept mètres, osant carrément les dix dans le troisième volet de Joe Alves. On dit à l’enfant qui boude devant son bol « mange ta soupe si tu veux grandir », le Carcharodon carcharias en aurait-il abusé, lui ? Non, contrairement aux amateurs de bouillon d’ailerons de requins qui persistent en ce sens ! Curieux d’ailleurs car grâce aux efforts de sensibilisation réalisés ces dernières années par les médias du monde entier, personne ne peut ignorer la cruauté de cette pêche aux ailerons et les risques qu’elle fait peser sur les populations de squales (et in fine, sur l’ensemble des océans). Dire qu’il suffirait que la demande s’effondre pour mettre fin au massacre et éviter le pire… Bref. Concernant le monstre décrit au cinéma, la soupe n’y est pour rien. Certains traits de sa personnalité et de son physique ont été légèrement exagérés : son appétit pour la chair humaine par exemple, pas assez goûteuse pour lui (on ne le répétera jamais assez) – il préfère celle des éléphants de mer, phoques, tortues, dauphins ou même d’autres requins - sa taille aussi. Dans le monde réel, un requin de 5 mètres est un très beau spécimen. Selon les experts et les preuves scientifiques, les plus grands requins blancs ne dépasseraient pas 6,40 mètres, longueur exceptionnelle constatée en 1945 sur une prise à Cuba

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- SECRETS OCÉANIQUES -

(les 7,10 mètres de l’animal pêché en Méditerranée à Malte en 1962 auraient été exagérés). Alors, 10 mètres pour la bête enragée du parc aquatique des Dents de la mer III, c’est une bonne longueur… pour les scénaristes !

« C’est assez ! » dit la baleine Pourquoi les cétacés ont-ils un trou ou deux sur la tête ? 100

Dauphins et baleines sont des mammifères, pas des poissons. Sans branchies, mais comme nous pourvus de poumons, ils sont obligés d’aller chercher l’oxygène de l’air en surface. Seulement, si eux aussi avaient les narines juste au-dessus de la bouche, ils seraient obligés de sortir complètement la tête de l’eau pour respirer. Pas commode, surtout pour les grandes baleines…

Voilà pourquoi l’anatomie des cétacés a beaucoup changé. Ainsi, il y a un peu plus de cinquante millions d’années, leurs lointains ancêtres étaient terrestres, poilus et quadrupèdes. Chez ces ongulés – les pakicètes – les narines se situaient au bout du museau. 122 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- « C’EST ASSEZ ! » DIT LA BALEINE -

Mais, au fil des époques, le crâne s’est allongé et les narines ont pris du recul. Finalement, il y a trente-huit millions d’années, deux grandes familles émergent : d’un côté les odontocètes à dents, de l’autre, les mysticètes chez lesquels les dents deviennent des fanons. Point commun ? Tous ont les narines sur la tête ! On parle d’évents. Il y en a deux chez les baleines à fanons, un (par fusion des deux au cours de leur évolution) chez les cétacés à dents tels que le dauphin, le globicéphale, l’orque, le béluga ou le cachalot. L’ouverture des évents est commandée par l’animal lorsqu’il a besoin d’expirer (de l’air chaud et de la vapeur d’eau) et prendre quelques bouffées d’oxygène avant de replonger en apnée. Des trous sur la tête, il fallait y penser...

À quoi sert la corne du narval ? D’abord, ce n’est pas exactement une corne. Dès les premiers mois de sa vie, deux dents apparaissent sur la mâchoire supérieure du narval. Vers un an, presque exclusivement chez les mâles, celle de gauche (exceptionnellement les deux) se développe en avant. Au point qu’elle finit par sortir de la tête ! 101

Au fil du temps, l’incisive s’allonge en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Cette grande quenotte atteignant - 123

- SECRETS OCÉANIQUES -

facilement 2,70 mètres pour un poids de 10 kilos, le cétacé de l’Arctique n’a pas volé son surnom de licorne des mers… Pour expliquer sa particularité, on a cherché mille et une hypothèses. S’agit-il d’une épée pour se bagarrer entre mâles ? D’une arme de défense contre les prédateurs ? D’un truc pour épater les femelles ? D’un marteau-piqueur pour briser la glace ? Pas exactement, même si en effet la rivalité les pousse à utiliser leur défense comme une épée qui casse parfois. Depuis peu, on sait que cette dent est parcourue de millions de canaux nerveux allant de la pulpe à sa surface externe. Pour un organe d’ordinaire cantonné à un rôle alimentaire son anatomie est vraiment inhabituelle. En fait, la défense serait en réalité une sonde sensorielle destinée à capter des informations dans l’environnement (température, pression, salinité, etc.) !

Pourquoi le cachalot ne sent-il pas la rose, mais presque ? 102

S’il ne fait aucun doute qu’une baleine vivante sur cette planète est un trésor inestimable, il faut reconnaître que les cachalots peuvent valoir de l’or, au sens propre ! En effet, il leur arrive de rejeter des blocs d’une substance précieuse que certains peuvent avoir la chance de retrouver à Madagascar, en NouvelleZélande, en Australie ou en Norvège par exemple. Ces grands cétacés raffolent des calmars géants. Or, chaque calmar porte un bec corné très indigeste. Alors à force d’en 124 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- DANS L’IMMENSITÉ DE L’OCÉAN -

manger, le tube digestif du cachalot est irrité et produit des concrétions grasses d’abord très foncées : l’ambre gris. Comme de simples déjections, l’organisme de l’animal expulse ces morceaux qui, malgré une densité légère, peuvent peser plusieurs dizaines de kilos. Ceux-ci flottent très longtemps et finissent par s’échouer sur le littoral. Avec le temps et sous l’action des éléments, la couleur des morceaux s’éclaircit et leur odeur initiale peu ragoûtante se transforme en une mystérieuse senteur. Musquées, boisées, d’encens : les notes variées de l’ambre gris sont reconnues en parfumerie depuis des siècles et des siècles ! Les chimistes ont pu identifier les molécules qu’il contient : de l’épicoprostérol et surtout de l’ambréine, inodore à l’origine, dégradée ensuite en ambrox et en dizaines d’autres composés donnant ses qualités odorantes à l’ambre gris. Aujourd’hui en laboratoire on sait le reproduire de manière synthétique. Il n’est donc plus nécessaire, comme on le faisait jadis, de partir en quête de la substance naturelle en mer ou d’aller fouiller dans les intestins d’un pauvre cachalot victime de la chasse commerciale à la baleine (interdite depuis 1986 !). Toutefois, l’ambre gris extrêmement rare et cher reste convoité. On l’utiliserait toujours à l’état de traces comme fixateur de parfums...

Dans l’immensité de l’océan Pourquoi la Méditerranée semble-t-elle échapper aux marées ? 103

Flux et reflux en Bretagne, on connaît. Deux fois par jour, l’eau monte puis redescend. Explorer la faune et la flore de l’estran lors des grandes marées est un vrai régal ! Par contre, en Méditerranée, pas moyen… D’où viennent ces marées ? Surtout de l’attraction gravitationnelle de la lune – par sa proximité avec la Terre – et à un degré - 125

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moindre, de celle du soleil (par sa masse colossale) ainsi que de la rotation de notre planète (force centrifuge). En gros les océans, vastes étendues d’eau déformables, subissent l’influence de la lune ! Aussi, lorsque les trois astres sont alignés (pleine ou nouvelle lune), les marées ont une amplitude encore plus importante. Car la force d’attraction du soleil s’ajoute à celle de la lune : ce sont les marées de vives-eaux. À l’inverse, lorsque le trio forme un angle droit (premier ou dernier quartier de lune), les forces « se disputent ». L’amplitude des marées est plus faible : ce sont les marées de morteseaux. Que se passe-t-il en Méditerranée ? Bloquée entre l’Europe au nord, l’Afrique au sud et l’Asie à l’est, cette mer est quasiment fermée. De ce fait, l’onde de marée de l’Atlantique la laisse de marbre. Petite et coincée dans sa cuvette, les mouvements de la Grande Bleue ne sont pas aussi libres que ceux d’un océan… Pas si vite. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de marées en Méditerranée : elles existent. Mais leur amplitude est modeste (surtout lorsqu’un vent contraire s’en mêle). Elles sont juste moins visibles. Sauf peut-être à Venise, où configuration de la lagune, pluies, basses pressions et sirocco accentuent le phénomène. Résultat, l’Acqua Alta laisse parfois les Vénitiens les pieds dans l’eau ! Pas de quoi se moquer…

Comment un atoll peut-il apparaître en plein milieu de l’océan ? 104

Survolant la Polynésie française, vous allez en direction des Tuamotu et jetez un coup d’œil dans le hublot. Que voyez-vous ? Du bleu marine partout. Et soudain, un magnifique anneau à fleur d’eau : en son centre, un autre bleu, turquoise celui-là. C’est un lagon ! Bigre ! comment cet atoll a-t-il pu pousser ainsi au milieu de nulle part ? La réponse à cette question se trouve au fond de l’océan où la Terre joue avec la tectonique des plaques. Il y a fort longtemps, 126 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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de ce phénomène intense sont nés des volcans actifs qui ont surgi à la surface puis sont devenus des îles. Vivant d’ordinaire à de faibles profondeurs baignées de lumière, les coraux constructeurs de récifs en ont profité pour s’installer tout autour.

Mais après plusieurs millions d’années, sous le poids des îles, la croûte océanique a eu tendance à s’affaisser. De ce fait les îles, malgré l’érosion, ont commencé à s’effondrer jusqu’au jour où elles ont carrément disparu sous les flots. Elles n’ont laissé derrière elles que d’immenses cuvettes remplies d’eau, entourées de sable blanc. Formés par l’accumulation des squelettes calcaires de coraux morts, ces bancs de sable ont rapidement été colonisés par la végétation tropicale, essentiellement des cocotiers (grâce aux courants, aux vents et aux oiseaux). La barrière corallienne, solidement ancrée sur ses fondations, prospère toujours aujourd’hui et ceinture l’ensemble qui vous en met plein les yeux !

Un tsunami est-il une vague scélérate ? 105

Meurtrière, oui, scélérate, non. D’ordinaire, une vague est l’œuvre de la friction du vent sur la surface de la mer. Le tsunami, lui, résulte d’un phénomène géologique sous-marin : séisme, glissement de terrain, éruption volcanique (voire astéroïde percutant l’océan). - 127

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Un évènement de ce genre entraîne un mouvement de la masse d’eau placée au-dessus de lui. En surface, l’onde a d’abord l’allure d’une vaguelette de quelques centimètres. Elle se propage jusqu’à 800 km/h ! Mais à l’approche des côtes, la profondeur diminue, ce qui fait dramatiquement chuter sa vitesse. À l’inverse, la vague gagne en hauteur.

Et l’énergie emmagasinée sur son parcours est telle qu’elle parvient à s’engouffrer loin dans les terres. Comment oublier ces drames ? Suite à un séisme de magnitude 9 (survenu à 30 kilomètres de fond au large de l’Indonésie), arrivant à une hauteur de 5 à 15 mètres par endroits, le tsunami du 26 décembre 2004 a fait 220 000 morts en Asie du Sud-Est. Quant à celui du 29 septembre 2009 dans le Pacifique Sud, il a tué 200 personnes dans l’archipel des Samoa ! Pour autant, un tsunami n’a rien à voir avec la mystérieuse vague scélérate qui surgit en pleine mer. Longtemps les scientifiques, se fiant aux résultats de leurs modèles informatiques, ont ignoré les témoignages. Ils rangeaient ces murs d’eau de 30 mètres au rayon des inventions de l’imagination des marins. Or, il se racontait que ces murs causaient la disparition de cargos flambants neufs, comme le München en décembre 1978… Le 31 décembre 1995, la vérité éclate enfin. En Mer du Nord la lame du Nouvel An, haute de plus de 25 mètres et enregistrée par les 128 -

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capteurs de houle de la plate-forme pétrolière Draupner, démontre la réalité du phénomène. Depuis, d’autres navires (Caledonian Star, Bremen, etc.) l’ont côtoyé. Les études menées par satellite indiquent qu’il est même assez fréquent. Hors norme par son ampleur et sa forme abrupte, la vague scélérate se cache généralement en haute mer parmi des vagues plus modestes desquelles elle tire son énergie…

Pourquoi les icebergs ne coulent pas ? 106

Très loin devant le Groenland au nord, l’Antarctique dans l’hémisphère sud est la grosse usine à glaçons de la planète. Ces « glaçons » sont des blocs de glace d’eau douce détachés de glaciers en bord de mer (contrairement à la banquise faite, elle, de glace salée).

Parfois monstrueux, dérivant au gré des courants, les icebergs flottent presque aussi bien que des bouchons de liège. Mais comment est-ce possible ? Prenons-en un qui monte à 45 mètres au-dessus de la surface et cache immergés ses 90 % restants et pèse un million de tonnes. Un tel géant ne devrait-il pas couler ? Eh bien, non. Car la masse volumique de sa glace (900 kg/m3) est inférieure à celle de l’eau de mer (1030 kg/m3). En clair, à volume égal il reste le plus léger. Enfin, la fameuse poussée d’Archimède vient y mettre son grain de sel (au sens figuré, évidemment) : tout corps plongé dans - 129

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un liquide subit de la part de celui-ci une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du volume déplacé. Ça vous rappelle sûrement quelque chose ?

L’épave du Titanic est-elle éternelle ? Non, hélas ! Tout comme Millvina Dean, dernière survivante du naufrage qui s’est éteinte à 97 ans le 31 mai 2009, le paquebot mythique est amené à disparaître. Petit retour en arrière. Le 10 avril 1912, propriété de la White Star Line, le rutilant R.M.S. Titanic, long de 269 mètres, quitte Southampton en Angleterre pour Cherbourg, Queenstown, puis entame son voyage inaugural sur l’Atlantique nord. Le 14 avril, informé de la présence d’icebergs par d’autres navires, le commandant Edward Smith décide de naviguer plus au sud. La température avoisine 0 °C. La nuit est claire, la mer d’huile. 107

Mais vers 23 h 40 un léger brouillard masque le danger : un monstre de glace de 30 mètres ! Trop tard, la coque est fendue sur tribord. À 3 h 20, séparées, la proue et la poupe ont déjà fait leurs adieux à la surface. 4 h 10, le Carpathia repêche le premier canot de rescapés, 8 h 30, le dernier. Seules 711 personnes seront sauvées sur les 2 224 passagers. Le 1er septembre 1985 – soit 73 ans plus tard – une équipe franco-américaine dirigée par le géologue américain Robert Ballard 130 -

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localise enfin l’épave. « L’insubmersible Titanic » gît sur le sable dans le noir par 3 750 mètres de fond. Selon les estimations des microbiologistes canadiens Dennis Cullimore et Lori Johnston, des bactéries en dévorent chaque jour 300 kilos, tout en fer ! Résultat de cette activité ? 650 tonnes de rusticles (sorte de stalactite couleur rouille issue d’un phénomène d’oxydation) sur plus de 80 % de la coque. Les ponts ne pourront le supporter très longtemps. À ce rythme-là, les deux parties du Titanic devraient s’effondrer vers 2028. Dans 300 ans, il n’en restera plus rien…

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POUR L’AVENIR DE NOTRE PLANÈTE « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » Victor Hugo

Chaque geste compte Quand on jette un mégot par terre, en combien de temps disparaîtra-t-il ? 108

Avec ou sans filtre ? Avec, c’est plus long, mais disons : en plusieurs mois et jusqu’à 2 ans. Et tant qu’on y est, combien pour un mouchoir en papier ? 3 mois. Un trognon de pomme ? 6 mois. Un chewing-gum ? 5 ans. Une boîte de conserve ? Entre 50 et 100 ans. Un sachet en plastique ? 400 ans. Une bouteille en plastique ? 100 à 1 000 ans. Une canette ? 200 à 500 ans. Une bouteille en verre ? 4 000 ans… Érosion physique, décomposition chimique sous l’action du soleil (photolyse), de l’eau (hydrolyse), des microorganismes : malgré ses efforts, Dame Nature ne peut faire disparaître nos détritus en un - 133

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coup de baguette magique. Or, ceux-ci ne sont pas qu’inesthétiques, ils peuvent aussi être dangereux pour la faune. Évitons donc de les jeter n’importe où. Chaque année, un Français produit 360 kilos d’ordures, soit presque 1 kg par jour. Mais bonne nouvelle, en plus de trier et recycler nos déchets, on peut aussi en produire moins !

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Combien de litres d’eau consomme-t-on pour ses gestes quotidiens ?

Se laver les dents en laissant couler l’eau du robinet ? 12 litres par minute (alors qu’un simple gobelet rempli d’eau suffit pour se rincer la bouche). Tirer la chasse aux toilettes ? 9 à 12 litres (seulement 3 ou 6 avec une chasse d’eau économique à double débit). Se faire couler un bain ? 150 à 200 litres. Prendre une douche ? 30 à 80 litres. Faire une vaisselle à la main ? 15 à 50 litres. Avec un lavevaisselle à pleine charge ? 134 -

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25 à 40 litres ! Aujourd’hui, un Français consomme 150 litres d’eau par jour. En changeant légèrement ses habitudes, il peut faire baisser ce chiffre.

Si l’humanité a soif, pourquoi ne pas boire l’eau des océans ? 110

71 % de la surface de la Terre est couverte d’eau. Hélas, 97 % de cet or bleu est salé (en moyenne, 35 grammes de sel par litre), donc non potable alors même qu’il est vital aux 6,7 milliards d’humains, aux animaux et aux plantes ! Suggestion qui coule de source, pourquoi ne pas dessaler l’eau de mer ?

À l’heure actuelle, 0,45 % de l’eau douce consommée chaque jour – soit 47 millions de mètres cubes – provient du dessalement de l’eau de mer. Cette eau est majoritairement obtenue par osmose inverse. Inventé par les ingénieurs de la N.A.S.A. pour recycler l’eau de boisson des astronautes, ce procédé repose sur le phénomène naturel d’osmose (si deux solutions aqueuses de concentration saline différente sont séparées par une membrane semi-perméable, il se crée un flux d’eau allant de la solution la moins concentrée vers la plus concentrée). - 135

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Dans les usines à dessalement, on obtient l’inverse en exerçant une forte pression sur l’eau de mer : sels minéraux et impuretés (saumure) sont retenus dans un compartiment tandis que le second compartiment, via la membrane, récupère l’eau purifiée. Autre technique plus ancienne, celle d’évaporation par distillation : on fait bouillir l’eau de mer – les sels et autres microorganismes, eux, se déposent – puis refroidir la vapeur d’eau obtenue pour qu’elle se condense. Pour l’instant, le golfe Persique regroupe les leaders de ce secteur avec en tête l’Arabie Saoudite. Mais les projets d’usines de dessalement fleurissent un peu partout : Australie, Chine, États-Unis, Algérie, Espagne, etc. À l’évidence, cette solution a le vent en poupe dans les régions côtières les plus arides. Oui, mais… Malgré les progrès, elle reste coûteuse, très gourmande en énergie et polluante (rejets de saumure toxique en mer et de CO2 dans l’atmosphère).

Les plantes sont-elles de bons aspirateurs ? 111

Oui. D’ailleurs, quel moyen efficace grâce à elles de lutter contre la pollution intérieure ! Merci la N.A.S.A. et surtout Dr William Wolverton d’avoir démontré leur rôle à ce niveau il y a une trentaine d’années (il s’agissait de réduire les nombreux composés organiques volatils à l’intérieur des navettes spatiales).

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- CHAQUE GESTE COMPTE -

En effet, dans les pièces mal aérées surtout, maisons et bâtiments sont remplis de substances toxiques - monoxyde de carbone (appareils de chauffage avec combustion mal entretenus, fumée de cigarettes), ammoniac (produits d’entretien dégraissants, cigarettes) – voire cancérigènes tels le formaldéhyde (fumée de cigarette, meubles en bois aggloméré, colle, peintures, papier peint, vernis), le benzène (plastiques, peintures, encre, fumée de cigarette), le xylène (peintures, vernis, encre) ou le toluène (adhésifs, produits cosmétiques). La solution : se mettre au vert. Les feuilles des plantes absorbent ces molécules et leurs racines les décomposent. De véritables aspirateurs à polluants ! À tel point que Phyt’air, programme développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) de Nantes, la faculté de pharmacie de Lille et l’association Plant’airpur cherchent sans relâche de nouvelles perles. La star ? Le joli spathiphyllum venu des forêts tropicales d’Amérique du Sud, à garder hors de portée des enfants et animaux par sécurité. Sinon, les palmiers nains et bambous, le chrysanthème, le gerbera, le lierre, la fougère de Boston, le philodendron rouge chassent efficacement le formaldéhyde, le lierre du diable et la plante araignée traquent le monoxyde de carbone et le benzène. Quant à l’anthurium et le rhapis, ils font déguerpir l’ammoniac. C’est beau et bon pour la santé et la planète. Que demander de plus ?

Que deviennent les bouteilles en plastique recyclées ? 112

Le recyclage limite le gâchis, les rejets de gaz à effet de serre et crée des emplois. Vous triez vos déchets ? Bravo pour cet acte écocitoyen ! Boire de l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille en est un autre. Très contrôlée en France, celle-ci est parfaitement consommable. Et pour ceux qui la trouvent trop calcaire, chlorée, etc., il existe des filtres pour carafe ou à installer directement sur le robinet. - 137

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Mais puisque bouteilles et flacons en plastique envahissent notre quotidien, autant les jeter dans les bacs adéquats. Comment les valoriser ? Direction le centre de tri où les bouteilles sont séparées manuellement en trois groupes : opaques (polyéthylène haute densité ou PEHD) qui contenaient lait, shampoing, gel douche, lessive, produits d’hygiène et d’entretien, incolores (en polyéthylène téréphtalate ou PET cristal) et colorées (PET foncé) qui contenaient eau, sodas et jus. Compactées en balles de plusieurs milliers de bouteilles pour le transport, elles partent pour l’usine de recyclage. Là, elles seront lavées, débarrassées de leurs étiquettes, puis broyées en paillettes à nouveau lavées (dans l’eau, celles des bouchons – en PEHD – coulent, celles des bouteilles – en PET – flottent). Les paillettes de PET incolore sont notamment utilisées dans l’industrie textile. On les fait fondre. La pâte obtenue deviendra fibres de polyester : à elles oreillers, couettes, sacs de couchage, tapis, bonnets, gants, écharpes, vestes polaires ! Purifiées à haute pression, devenues des granulés puis fondues, ces paillettes pourront aussi être réincarnées en nouvelles bouteilles de PET recyclé. Les paillettes de PET coloré seront recyclées en pièces automobiles, arrosoirs, stylos, flacons, etc., et le PEHD, en pots de fleurs, bidons, tuyaux de BTP, etc. Selon Valorplast, société à but non lucratif qui gère l’ensemble de la filière en France, en 2008, 6,2 milliards de bouteilles et flacons en plastique ont été collectés pour le recyclage ! 138 -

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Comment une ampoule à incandescence peut-elle briller ? 113

L’ampoule incandescente est une invention de Joseph Swan qui remonte à 1878, améliorée un an plus tard par Thomas Edisson. Remplie d’un gaz inerte – krypton ou argon – son fonctionnement repose sur le passage d’un courant électrique dans un filament de tungstène (autrefois en carbone). L’augmentation de température du métal jusqu’à quelques milliers de degrés Celsius le fait entrer en sublimation, c’est-à-dire qu’il passe de l’état solide à gazeux. Ce qui produit de la lumière !

Mais le procédé ronge le filament. Les atomes de tungstène qui s’échappent se déposent sur la paroi interne de l’ampoule. Du coup, elle se met à noircir. Quant au filament, un jour, il finit par lâcher. L’ampoule est morte. Sa durée de vie n’excède pas 1 000 heures. La lampe halogène réagit selon le même principe, sauf que le diamètre du filament est plus petit et torsadé (pour briller encore plus), qu’il est entouré de gaz halogènes (réagissant avec le tungstène pour le faire se redéposer sur le filament et ralentir son usure) et enfermé dans une ampoule en quartz (le verre classique ne résisterait pas à la température impliquée ici). Une lampe halogène peut ainsi offrir au moins 2000 heures d’éclairage, voire plus. Mais elle est plus gourmande en énergie que son ancêtre condamnée à disparaître définitivement d’Europe en 2012… - 139

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Comment la LFC a-t-elle détrôné l’ampoule incandescente ? 114

Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut réduire les rejets de gaz à effet de serre, donc économiser l’énergie… Adieu ô chères ampoules incandescentes ! Accusées d’avoir un mauvais rendement (5 % de lumière et 95 % de chaleur contribuant en hiver au chauffage du logement), elles doivent céder leur place aux plus onéreuses lampes fluocompactes (LFC) que l’on dit aussi plus écologiques.

Pourquoi une telle faveur ? Parce que celles-ci produisent 80 % de lumière et 20 % de chaleur, qu’elles ont une longue durée de vie (théoriquement 6 000 à 15 000 heures selon les modèles) et consomment moins. Elles sont de la même trempe que les néons. Ainsi, une LFC est un tube enroulé en U ou en spirale aux parois internes recouvertes de poudre fluorescente à base de phosphore. Il contient des vapeurs d’argon et de mercure. L’ampoule comporte deux électrodes : lorsqu’un courant passe entre les deux, des électrons migrent dans le gaz et paf, choc avec les atomes de mercure ! D’où un rayonnement ultraviolet (UV) invisible à l’œil nu que le phosphore se charge de transformer en lumière blanche visible… Petits bémols, la LFC n’aime pas le froid, ni les variateurs de lumière, ni être sans cesse allumée et éteinte (toilettes publiques, 140 -

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couloirs dans les immeubles, etc.). Et puisqu’elle contient au plus 5 mg de mercure (moins qu’un ancien thermomètre ou une pile), autant éviter de la casser, car les vapeurs sont toxiques et les débris d’ampoules dangereux si l’on se coupe avec. En fin de vie, ce contenu représente une menace pour l’environnement. Hors de question de balancer des LFC à la poubelle, il faut les rapporter aux distributeurs qui les récupèrent gratuitement ou les déposer à la déchetterie dans un bac à produits dangereux. C’est impératif. Si les LFC parviennent à détrôner les ampoules incandescentes, elles se feront certainement voler la vedette par les DEL, à l’avenir… lumineux ! Celles-ci sont moins énergivores, moins polluantes et ont une durée de vie record : plus de 50 000 heures.

Les petits ruisseaux font les grandes rivières Que devient le plastique abandonné en mer ? 115

Jusqu’ici, on pensait cette matière stable en milieu marin (un soupçon de naïveté, peut-être ?). En dehors de la pollution visuelle gênante sur les côtes, les objets en plastique dans les océans étaient considérés comme une menace « modeste » pour la faune : tortues qui avalent les sachets pris pour des méduses, oiseaux, dauphins, requins qui ingurgitent n’importe quoi, otaries, loutres qui se retrouvent piégées dans ces détritus flottants, etc. Bilan ? Selon une étude parue en 2008, 267 espèces marines – oui, quand même ! – sont affectées par cette pollution aux macrodéchets. Les plus malchanceux en meurent par perforation du tube digestif, étouffement ou épuisement (parce qu’enchevêtrés dedans, le déchet trimballé devient pour eux un fardeau). Et si l’horreur ne se limitait qu’à cela, hélas… - 141

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Depuis 2009, les recherches menées sur la décomposition des plastiques à température ambiante par Katsuhiko Saido et d’autres chimistes de l’université Nihon au Japon ont montré que les macrodéchets se dégradaient bel et bien dans l’eau. Autrement dit, ils y libèrent des éléments toxiques : Oligomère PS ou encore bisphénol A accusé de perturber le système hormonal et qui a tant fait parler de lui en 2008 par sa présence dans les biberons. Cette source de contamination chimique des océans que l’on entrevoit à peine ne laisse rien présager de bon. Quand cessera-t-on enfin de prendre la mer pour une poubelle ?

L’ozone est-il notre ami ou notre ennemi ? 116

D’un côté, on nous dit que le trou dans la couche d’ozone est préoccupant ; de l’autre, qu’il faut craindre la pollution à l’ozone. Il faudrait savoir…

Présent entre 20 et 50 km d’altitude dans la stratosphère, ce gaz forme la couche d’ozone à épaisseur variable. Elle absorbe une grande partie des rayons ultraviolets (surtout les UV-C) émis par le soleil. Certes des UV, il nous en faut un peu : par exemple, les UV-B participent à la synthèse cutanée de la vitamine D impliquée dans le métabolisme osseux. Mais en excès, les UV sont dangereux pour les yeux et la peau (brûlures, cancers). Ils le sont aussi pour les animaux 142 -

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et les plantes. En ce sens, l’ozone est une barrière de protection indispensable à la vie sur Terre. Cette molécule à trois atomes d’oxygène (O3) est produite grâce à l’action des UV qui scindent une partie des molécules de dioxygène (O2) en deux atomes d’oxygène (O) capables de se lier à d’autres molécules d’O2 (O + O2 = O3). Le trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique a été découvert dès la fin des années 1970. Cette destruction est l’œuvre de polluants dans l’atmosphère, en particulier des CFC (chlorofluorocarbones) autrefois utilisés dans les bombes aérosols, climatiseurs et réfrigérateurs. Depuis l’interdiction de leur production en 1995, le trou se referme tout doucement... Quant à cette histoire de pics d’ozone en été, elle est en relation avec les activités industrielles et les automobiles qui libèrent des oxydes d’azote (NOx) et composés organiques volatiles (COV). Par fortes chaleurs et ensoleillement généreux, ces composés chimiques sont convertis en ozone. Là, le gaz est situé bien en dessous de la barrière protectrice en altitude. Or, il est très irritant pour les yeux et les voies respiratoires ! Bilan ? Très au-dessus de nos têtes, l’ozone est un ami qui nous veut du bien, dont il faut toutefois savoir se méfier à hauteur d’homme.

Quel est le comble pour un Esquimau ? 117

C’est de perdre sa glace ! Une plaisanterie ? Que non. Et ce ne sont pas les ours polaires transpirants qui diront le contraire. Au pôle Nord, les glaces disparaissent. L’épaisseur et la surface de la banquise diminuent d’année en année, le permafrost est en train de fondre et la mer, de gagner du terrain sur les côtes. On ne parle pas ici d’hypothétiques scénarios élaborés par des experts du climat pour les 50 à 100 années à venir, de quelque chose qui concernerait uniquement les générations futures (ce qui en soulagerait sûrement certains), mais bien d’un - 143

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phénomène actuel. L’existence des Esquimaux, depuis toujours intimement liée aux glaces et à la mer, en est bouleversée. Comme d’autres populations (Tuvalu, Kiribati, Maldives, etc.), eux sont déjà frappés de plein fouet par les conséquences du réchauffement de la planète… Comment aller chasser sereinement sur une banquise prête à rompre ? Comment accepter l’idée de voir ses terres et son environnement se transformer radicalement ? Comment se résigner à partir ? Et pour aller où ? À ceux qui n’y croient toujours pas, comment ne pas leur rappeler l’emblème de ce drame : la communauté de Shishmaref installée sur une petite île en Alaska ? Toujours grignotée davantage, la banquise ne parvient plus comme elle le faisait jadis, à protéger le village des assauts violents de la mer lors des tempêtes. Résultat, le sol en surplomb autrefois gelé en permanence s’effondre. Et les maisons qui reposent dessus avec ! Les Inupiaks sont condamnés à être des réfugiés climatiques, obligés de fuir leur territoire et de faire une croix sur une partie de leurs racines et leur culture...

Des avions qui volent aux biocarburants, est-ce possible ? 118

Les énergies fossiles ne sont pas inépuisables. Il faut trouver autre chose pour nos déplacements quotidiens : marche à pied, vélo, transports en commun, covoiturage. 144 -

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Côté automobiles justement, les voitures électriques ont déjà le vent en poupe. Quant aux biocarburants, oui, ils pourraient représenter une alternative intéressante au pétrole. Seulement, de graves problèmes persistent (concurrence avec la production agricole alimentaire, déforestation, impacts sur la biodiversité, disparition des jachères, émissions de GES). Leur bilan écologique global est de plus en plus remis en cause. Heureusement de ce côté-là les seconde et troisième générations de biocarburants (filière lignocellulosique, bois, algues, jatropha, ricin, etc.) semblent plus prometteuses. Pour l’heure, qu’avons-nous principalement ? En mélange ou purs : du biogaz, cadeau de la décomposition de matières organiques (déchets ménagers, lisiers, etc.) par des bactéries méthanogènes, du bioéthanol (et indirectement, de l’ETBE) issu d’alcools obtenus par fermentation du sucre ou de l’amidon via la canne à sucre, les betteraves sucrières, les pommes de terre, le blé et le maïs ; des huiles végétales brutes (HVB) issues d’oléagineux – tournesol, colza, soja, palmier à huile – (du coup, l’huile de friture usagée se verrait bien offrir une deuxième vie puisque recyclée…) et le diester, ou biodiesel (EMHV), provenant également d’oléagineuses (transformation d’huiles en esters). Parmi eux, de quoi faire planer un avion ? Oui ! Ainsi en février 2008, la compagnie aérienne Virgin Atlantic a été la première au monde à tenter un vol commercial aux biocarburants. Son Boeing 747 a donc relié (sans passagers) Londres à Amsterdam avec l’un de ses réservoirs rempli à 80 % de kérozène et 20 % d’un biocarburant élaboré à base d’huiles de noix de babassu et noix de coco. Dix mois plus tard sur le même type d’avion, Air New Zealand a testé un - 145

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mélange à 50 % d’huile de jatropha. Bref, les transports aériens pourraient un jour carburer au vert si ces biocarburants veulent bien enfin s’inscrire dans le cadre d’un vrai développement durable…

Comment fabriquer du papier écologique ? 119

D’ordinaire, le papier est issu de cellulose extraite de bois. Nous sommes loin du papyrus qu’utilisaient les Égyptiens il y a 4 000 ans… À l’époque, celui-ci provenait de lamelles de tiges d’un roseau appelé papyrus. Elles étaient entrecroisées, humidifiées, parfois fixées par des colles (à base de farine de blé ou d’orge) puis séchées.

Aujourd’hui, pour répondre à la demande mondiale en papier, il faut abattre beaucoup d’arbres (42 % du bois exploité commercialement est destiné à cet usage), utiliser beaucoup d’eau et de produits chimiques. D’où la nécessité de consommer moins de papier et de recycler plus. Autres pistes : et si on se penchait sur les excréments d’animaux ? L’idée ne date pas d’hier. On l’évoquait déjà au milieu du XIXe siècle, le crottin de cheval avait alors la cote. Seulement, en la matière, l’éléphant est plus généreux : un pachyderme de 5 tonnes engouffre quotidiennement 150 à 250 kg de verdure sous forme de feuilles, fruits, écorces ou racines dont 146 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- LES PETITS RUISSEAUX FONT LES GRANDES RIVIÈRES -

il ne digère pas l’essentiel. Résultat, chaque jour il évacue allègrement 150 kilos de bouses bourrées de fibres végétales, de quoi faire 10 cahiers… Les déchets du dromadaire sont un peu moins productifs, mais restent dignes d’intérêt. Il y a réellement moyen de faire un business vert et porteur d’emplois en Afrique et en Asie. À quand le papier de vache ?

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GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES « Le danger qui menace les chercheurs aujourd’hui serait de conclure qu’il n’y a plus rien à découvrir. » Pierre Joliot (La recherche passionnément)

De l’eau et du vent Comment se forme un flocon de neige ? 120

Les flocons ont besoin du froid. Dès que l’hiver arrive, le ciel leur prépare le terrain. Tout commence à température

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- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

négative dans des nuages haut perchés chargés d’impuretés (poussières industrielles, particules de sel, etc.). Ces dernières sont appelées noyaux de condensation, car la vapeur d’eau vient se condenser autour. Résultats ? Des germes qui ne demandent qu’à grossir. Température, pression atmosphérique, diamètre du noyau, etc., sont autant d’éléments qui façonneront ces cristaux de glace. Plaquettes, étoiles, colonnes aiguilles, dendrites, boutons de manchette ou cristaux irréguliers : côté look, il y en a pour tous les goûts. Leurs points communs ? Une symétrie hexagonale (six faces), un charme fou au microscope ! Revenons-en à leurs péripéties. Les cristaux de glace tendent à s’agglutiner et, sous leur poids, chutent à l’intérieur de la masse nuageuse. Un coup de vent et les voici propulsés en bas. Quand la température leur convient (entre -5 et 0 °C), ils tombent en flocons. Si le sol est froid, la neige tiendra. Et bientôt, un manteau blanc viendra couvrir le paysage. Mais si l’air est trop chaud (au-delà de 0 °C), ils fondent pendant la descente ou même au sol : adieu la vie de flocon...

Peut-il pleuvoir autre chose que de l’eau ? 121

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À question étrange, réponse étrange. Oui, il peut pleuvoir des petits animaux, le plus souvent des batraciens ou des poissons. Vous n’y croyez pas ? Pourtant, un peu partout dans le monde depuis la nuit des temps, on rapporte cet incroyable phénomène récurrent. Trois jours de précipitations poissonneuses en Grèce au IVe siècle avant

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- DE L’EAU ET DU VENT -

J.-C. selon les écrits du philosophe Athénée, trois autres en 1861 à Singapour, une pluie de canards en 1969 aux États-Unis, une averse de poissons à Korona en Grèce en 2002, un crachin de têtards au Japon en juin 2009, etc. Les scientifiques expliquent difficilement ces évènements. Mais puisqu’ils sont souvent précédés de violents orages, ils pourraient être l’œuvre de grands vents générés par des tornades sur terre ou des trombes en mer. Les animaux seraient transportés en hauteur puis rejetés un peu plus loin.

Pourquoi les geysers crachent-ils ainsi ? 122

Un geyser est une source d’eau chaude qui jaillit à intervalles à peu près réguliers. Pour exister, il a besoin de conditions volcaniques particulières, d’où la rareté du phénomène. Si vous rêvez d’en observer, le plus simple est de vous rendre en Islande, paradis de la géologie. Sinon, pourquoi pas au parc de Yellowstone aux États-Unis ? L’Old Faithful – son attraction phare – s’élève à 55 mètres lorsqu’il est en forme. Une broutille à côté des 450 mètres du maître incontesté éteint depuis 1904 : le Waimangu en Nouvelle-Zélande ! Sur le principe, comment fonctionne un geyser ? Dans le sous-sol, une cavité abrite une source chauffée par de la roche volcanique bouillante (en raison du magma sous-jacent). Plus le système d’infiltration d’eau est profond,

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- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

plus la pression exercée sur lui est élevée et plus la hauteur du geyser est impressionnante… Lorsque l’eau de la cavité entre en ébullition, elle occupe plus de place dans cette cheminée naturelle. Elle va donc chercher l’espace où elle peut : autrement dit, en surface puisqu’un conduit lui ouvre la voie : la voilà qui crache à l’air libre ! En quelques minutes généralement – le temps que la pression baisse dans la cheminée – la gerbe calmera sa fougue. Et l’eau regagnera ses pénates jusqu’au prochain cycle.

Comment se forment les tornades ? Une tornade est un tourbillon de vent d’une violence inouïe. Elle a la forme d’un entonnoir nuageux dont la pointe se déplace au sol et la partie évasée en l’air au contact d’un ciel très noir et nébuleux. Sans impressionnants cumulo-nimbus (immenses nuages porteurs d’orages et d’averses), point de tornade ! Il doit effectivement régner une certaine instabilité dans l’atmosphère. De l’air chaud et humide à terre, une couche d’air frais et sec en altitude : d’abord, l’air chaud est aspiré en spirale vers le haut, ce qui entraîne ensuite l’air froid vers le bas. Autour, bourrasques, tonnerre, éclairs, grêle : les éléments rugissent et se déchaînent ! Les mouvements de rotation entremêlés des deux masses d’air génèrent un tuba qui prend de plus en plus d’ampleur et atteint le sol. C’est un vortex. Selon sa puissance, il fait plus ou moins de dégâts, emportant des débris sur 123

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- DE L’EAU ET DU VENT -

son passage, soulevant des voitures, arrachant les toitures, déracinant les arbres... Son cœur – zone dépressionnaire – constitue un axe vertical central, moteur du phénomène. La tornade dure quelques minutes à une demi-heure et tourne dans le sens contraire des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, inversement dans l’hémisphère sud. On peut classer son intensité suivant l’échelle de Fujita : F0 légère (vents de 60 à 120 km/h), F1 modérée (120 à 180 km/h), F2 forte (180 à 250 km/h), F3 sévère (250 à 330 km/h), F4 très sévère (330 à 420 km/h) et F5 dévastatrice (420 à 510 km/h) !

Où trouve-t-on le plus de tornades ? 124

Dans la Tornado Alley. Chaque année plus d’un millier de tornades balayent le sol des États-Unis ! Dans le même temps, elles font environ 70 victimes (110 en 2008, année particulièrement meurtrière). Ce célèbre couloir des tornades comprend l’Oklahoma, le Kansas, l’Arkansas, l’Iowa, le Missouri et une partie de plusieurs autres états (Texas, Colorado, Louisiane, Minnesota, Dakota du Sud, Mississipi, Illinois, Nebraska). Pourquoi une telle concentration de tornades dans cette région ? Parce que les Grandes Plaines représentent un couloir, piégé entre Montagnes Rocheuses à l’ouest et Appalaches à l’est. À l’intérieur de ce couloir se rencontrent deux masses d’air : l’air polaire sec et froid descendu du Canada, et l’air tropical maritime et chaud remonté du golfe du Mexique. Les états les plus touchés : le Texas avec une moyenne de 125 tornades par an, suivi par l’Oklahoma (57), le Kansas et la Floride (55). Des records qui n’échappent pas aux chasseurs de tornades… Ainsi quand vient la saison, malgré le danger qu’il représente, ce phénomène météorologique spectaculaire attire de nombreux passionnés sur les routes. Mai et juin sont les mois les plus chargés. - 153

- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

Quelle a été la plus redoutable des tornades ? 125

Une F5 qui a marqué l’histoire des États-Unis au fer rouge. Elle a frappé le 18 mars 1925.

En 3 heures trente minutes, à la vitesse moyenne de 100 km/h (avec des pointes à 117 km/h), elle a visité trois états – le Missouri, l’Illinois et l’Indiana –, détruisant tout sur son passage. Sur 325 km, elle a rasé plus de 15 000 maisons, blessé 2 027 personnes et en a tué 695 ! Au final, par sa durée de vie, la distance parcourue et le nombre de victimes, elle cumule de bien tristes records et reste la tornade la plus impressionnante de tous les temps.

La tornade est-elle une spécialité américaine ? 126

Pas du tout. Certes, les tornades aux États-Unis sont parmi les plus impressionnantes et les plus nombreuses au monde. Pour preuve, le sol américain en a vu passer 1 819 en 2004 : un record. Mais d’autres pays sont assez gâtés dans ce domaine. C’est le cas du Bangladesh, de l’Argentine, du Sud-Est de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Afrique du Sud par exemple. 154 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- DE L’EAU ET DU VENT -

Et l’Europe ? Pas de jaloux. Elle aussi y a droit en Italie, en Allemagne ou même en France comme est venue nous le rappeler l’impressionnante tornade d’Haumont – une F3 – en août 2008. Dans l’Hexagone, ce sont les fins d’après-midi en été qui sont propices à ces phénomènes météorologiques. Heureusement, ils sont moins intenses qu’aux États-Unis et dépassent rarement le stade F2 sur l’échelle de Fujita. Toutefois, les monstrueuses F5 ne sont pas impossibles : l’une s’abattit à Montville en Seine-Maritime le 19 août 1845, l’autre, à Palluel dans le Pas-de-Calais le 24 juin 1967. D’après les recherches du physicien Jean Dessens, chaque année en moyenne 180 tornades naîtraient sur le territoire français avant de disparaître aussi brutalement. Les régions les plus à risque : le quart nordouest, le Languedoc (en particulier l’Hérault) et le Jura.

Où se cache la kryptonite ? La kryptonite, vous connaissez ? C’est ce cristal de la planète Krypton. Dès que Superman s’en approche, il perd ses pouvoirs et son énergie. Non, ça c’est au cinéma et dans la tête de Jerry Siegel et Joe Shuster, créateurs du superhéros… Dans la vraie vie, on a retrouvé la kryptonite en Serbie, dans la région du Jadar. Ce n’est pas une blague. Elle a été découverte par 127

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- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

la compagnie minière Rio Tinto. Un échantillon est arrivé entre les mains de Chris Stanley, géologue au Museum d’histoire naturelle de Londres. Il l’a analysé et lorsqu’il a effectué quelques recherches sur Internet pour faire des comparaisons, elles l’ont mené tout droit à la kryptonite. Grâce à Lex Luthor, le méchant dans Superman Returns, film sorti en 2006, on apprend que la kryptonite est constituée de sodium, lithium, bore, silicate, hydroxyde et fluorine.

Même chose dans ce minerai inconnu, la fluorine en moins. Autre différence, il n’est ni vert, ni rouge, mais blanc et poudreux. Chris Stanley l’a décrit en 2007. Dommage, cette improbable trouvaille ne sera pas baptisée kryptonite, mais jadarite en l’honneur de sa région d’origine.

Grosses bestioles Quel est le plus grand serpent de tous les temps ? 128

Actuellement, la course est serrée entre deux prétendants au titre de serpent le plus grand du monde. Ainsi, le python réticulé a la réputation d’être le plus long. Il est vrai que cet 156 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- GROSSES BESTIOLES -

habitant des forêts d’Asie du Sud-Est peut dépasser 9,50 mètres et peser 135 kilos.

Mais il a un concurrent de taille : le grand anaconda qui vit dans les marécages d’Amérique du Sud. Un mythe en Amazonie. Son poids approcherait les 200 kilos et sa longueur, les 9 mètres. Toutefois, des témoignages laissent à penser que certains spécimens pourraient atteindre les 10 mètres… Non venimeux tous les deux, ils sont considérés comme des mangeurs d’hommes. C’est un peu exagéré. Même s’ils ont une puissance exceptionnelle ainsi que la capacité d’étouffer leurs victimes, ils craignent les humains et préfèrent largement s’en prendre aux rongeurs, oiseaux, reptiles et autres mammifères. Quoi qu’il en soit, grâce à l’étude publiée en 2009 par Jonathan Block, paléontologue à l’université de Floride aux États-Unis, on sait qu’aucun ne détient le record absolu. La découverte de vertèbres fossilisées en Colombie a permis d’estimer la taille d’un serpent monstrueux qui vivait il y a 60 millions d’années. Il devait mesurer au moins 13 mètres et peser plus d’une tonne ! Il habitait des forêts tropicales au climat très chaud (règle encore vraie aujourd’hui : les reptiles étant des animaux à sang froid, pour exister les plus grandes espèces ont encore plus besoin de chaleur que les autres). La bête a été baptisée boa titanesque… - 157

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Les mammouths étaient-ils tous de beaux bruns ? 129

En tout cas, c’est de cette manière qu’ils sont représentés. Pourtant, des poils clairs ont déjà été observés sur des animaux découverts en parfait état de conservation dans le pergélisol… Cette décoloration est-elle seulement l’œuvre du temps ? En 2006, Michael Hofreiter et ses collègues allemands de l’institut Max Planck de Leipzig élucident enfin le mystère. Merci la génétique !

Petit rappel : organisés par paires, les chromosomes contiennent les gènes. Un gène peut exister sous différentes versions ou allèles. On porte ainsi deux allèles d’un gène, chacun hérité d’un des parents. Ces allèles se traduisent par un caractère et peuvent être identiques ou différents (codominants, ils s’exprimeront tous les deux, ou l’un dit dominant l’emportera sur l’autre dit récessif). Revenons-en à nos mammouths. Les chercheurs ont pu extraire de l’ADN à partir d’os de l’un d’entre eux qui vivait en Sibérie il y a 43 000 ans. Grâce à cela, un gène particulier a été isolé : le gène Mc1r connu, car il gouverne la pigmentation des mammifères actuels. Actif, il entraîne la production d’eumélanine (pigment noir ou brun) ; lorsqu’il l’est moins par mutation, celle de phéomélanine (rouge ou jaune). Or, chez notre pachyderme préhistorique, les scientifiques ont identifié un allèle dominant (brun) et l’autre récessif (roux ou blond), 158 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- GROSSES BESTIOLES -

preuve qu’il était brun. Seulement, il aurait suffi qu’il hérite des deux allèles récessifs pour avoir une superbe fourrure claire. Ainsi, il devait bien exister des mammouths blondinets...

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Combien de mètres de bandelettes étaient nécessaires pour emballer une momie égyptienne ?

Beaucoup. Cent, parfois deux cents, même trois cents mètres ! Là-dessous, impossible de grelotter. Au fait, pourquoi ces momies ? Fascinés par la découverte de corps naturellement momifiés dans le sable et la vie de l’âme dans l’au-delà, les Égyptiens espéraient conserver intacte la dépouille des défunts. Les premières momies apparurent vers 2 600 av. J.-C. Un peu de lin, de résine, et le tour est joué. Mais cette première recette est un échec : elle n’empêche pas la décomposition du cadavre.

Aujourd’hui, grâce aux fresques, papyrus, textes de l’historien grec Hérodote et techniques modernes (analyses chimiques, histologiques, imagerie médicale, microscopie électronique), on en sait un peu plus sur les méthodes d’embaumement plus abouties. Ainsi, à une certaine époque la momification se démocratise, chacun faisant selon ses moyens. Pour les plus modestes ? Pas - 159

- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

d’éviscération, éventuellement injection d’huile de cèdre, déshydratation au natron et quelques bandelettes de vieux vêtements ou de draps. Emballez, c’est pesé… Version luxe ? Réservée aux pharaons. Un peu plus de deux mois de travail quand même. Après une première toilette du défunt, l’embaumeur entame l’excérébration (par le nez à l’aide de crochets, le cerveau étant liquéfié au préalable). Une incision sur le flanc gauche permet l’éviscération. Le cœur, considéré comme le siège de la pensée, est conservé ou remplacé par un scarabée de pierre. Intestins, estomac, foie et poumons traités et enveloppés de lin sont placés dans les vases canopes. L’abdomen est rempli de paquets de linge contenant du natron, substance minérale. Vient l’étape la plus importante : éliminer l’eau des tissus et les graisses. Sous le soleil, pendant quarante jours, le défunt est placé dans une cuve de natron. Après cela, l’embaumeur enduit l’extérieur et l’intérieur du corps de baume (myrrhe, autres résines et goudrons de conifères, cire d’abeille et plantes). Les cavités sont comblées avec du lin, de la sciure et des aromates, le mort lavé une dernière fois et badigeonné d’huiles odorantes. Dernière phase : l’envelopper de longues bandelettes de lin fixées par de la résine (sans oublier de glisser, ici et là, quelques amulettes). Petite touche au niveau des yeux et de la bouche pour libérer l’esprit, et enfin, la momie a droit à un repos bien mérité ! Mérité, mais pas forcément éternel. Car, entre les pilleurs de tombes et les égyptologues qui débarquent sans prévenir, jamais moyen d’être tranquille dans son sarcophage…

Combien mesurait le plus grand des dinosaures ? 131

Vingt-sept mètres, mensuration du célébrissime Diplodocus ? Plus ! Toutefois, attention : si l’on peut affirmer que les dinosaures sauropodes (quadrupèdes herbivores) étaient plus allongés que leurs confrères carnivores, la question est plus épineuse 160 -

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- GROSSES BESTIOLES -

qu’il n’y paraît. D’ailleurs, la réponse ne va sûrement pas plaire à la baleine bleue qui, du long de ses 33 mètres, est souvent qualifiée de plus grand animal de tous les temps…

Dans le domaine de la paléontologie, chaque année apporte son lot de nouvelles découvertes. De fait, ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. Autre difficulté, les chercheurs retrouvent rarement l’intégralité des ossements, ce qui les oblige à faire des estimations sur la taille des espèces : exercice particulièrement périlleux évidemment. Pour l’heure, notre diplo. américain s’est fait officiellement voler la vedette par l’Argentinosaurus huinculensis, un argentin qui rallonge la distance d’une petite dizaine de mètres. Déjà, il se murmure qu’un certain Amphicoelias fragillimus aurait pu dépasser 58 mètres (estimations publiées en 2006 par Ken Carpenter, paléontologue au Musée de la nature et de la science de Denver aux ÉtatsUnis). Affaire à suivre, car le squelette de cette bête-là est encore très incomplet…

À quoi ressemblait l’ancêtre du terrifiant T. rex ? 132

Qui ne connaît pas sa bouche pleine de dents dégoulinante de salive présentée dans le film Jurassic Park ? Le « roi - 161

- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

des lézards tyrans » est apparu dans l’hémisphère nord il y a 90 millions d’années. Effectivement, jusqu’à la disparition de tous les dinosaures 25 millions d’années plus tard, le bipède géant haut de 6 mètres, long du double, aux bras minuscules, a dû faire régner la peur sur son passage. À quoi pouvait bien ressembler son ancêtre ? À lui, comme deux gouttes d’eau, mais en version supermini ! Selon l’étude publiée en 2009 par Paul Sereno paléontologue à l’université de Chicago, cette découverte est une surprise, car c’est la première fois que l’on trouve un animal étant la copie conforme de ses descendants beaucoup plus grands. Illégalement exhumé de Mongolie en Chine, le squelette fossilisé de ce T. rex nain atterrit chez un collectionneur Henry Kriegstein (d’où son nom, Raptorex kriegsteini) qui le confia aux experts. Raptorex a au moins 125 millions d’années ! Et de son vivant, du haut de ses 2,70 mètres et de ses 70 kilos, il pesait 100 fois moins lourd que son illustre descendant…

Les dinosaures pouvaient-ils vomir ? Sans doute puisque les oiseaux et reptiles modernes le peuvent. Or, les premiers sont les descendants des dinosaures théropodes ; les seconds, des cousins éloignés. De plus, en 2002, l’annonce de la découverte d’un « paléovomi » par Peter Doyle et Jason Wood, géologues anglais, soutenait à son tour cette hypothèse. Petit bémol toutefois, le rarissime vomi vieux de 160 millions d’années n’était pas exactement l’œuvre d’un dinosaure, mais d’un reptile apparenté : un ichtyosaure. Les 133

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- GROSSES BESTIOLES -

ichtyosaures avaient un peu l’allure des dauphins actuels. Il n’est pas rare d’entendre parler d’eux comme de dinosaures marins, erreur d’appellation, car malgré leurs points communs les dinosaures étaient uniquement terrestres. Pour en revenir au vomi, ce trésor fossilisé a été trouvé dans une carrière près de Peterborough en Angleterre. Il contenait des coquilles partiellement digérées de jeunes bélemnites (sortes de seiches de l’époque aux tentacules pourvus de crochets) : bélemnites qui figuraient effectivement au menu des ichtyosaures… C’est en les inspectant au microscope électronique que les chercheurs ont repéré des marques évidentes d’attaques d’acides gastriques. D’où leur conclusion : l’estomac de l’ichtyosaure ne devait pas pouvoir venir à bout des coquilles ; or, leur passage dans l’intestin aurait eu des conséquences désastreuses sur les tissus. L’animal devait donc les régurgiter !

Les dinosaures pouvaient-ils attraper un cancer ? 134

Oui. Le cancer n’épargne pas les animaux, pas même les requins (contrairement à ce qu’affirment des charlatans sur Internet, jamais à court d’arguments pour vendre leurs remèdes miracles) ! Mais comment sait-on que cette maladie a frappé les dinosaures ? En fait, il existe des cas d’ostéosarcomes fossilisés. Ainsi, des chercheurs du Muséum Carnegie d’histoire naturelle à Pittsburgh aux

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- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

États-Unis disposent d’une pièce vieille de 150 millions d’années avec une tumeur complète. Plus surprenant, en 2003, Peter Larson, paléontologue à l’institut de recherche géologique de Hill City dans le Dakota a annoncé avoir trouvé une masse spongieuse de la taille d’une balle de golf à l’intérieur d’une cavité cérébrale ! Ce fossile appartenait à un gorgosaure, cousin du tyrannosaure qui vivait il y a 72 millions d’années. Après analyse aux rayons X et en microscopie électronique, l’équipe en a conclu qu’il s’agissait peut-être d’un ostéosarcome intracrânien. De son côté, quelques mois auparavant Bruce Rothschild, spécialisé en radiologie et directeur du centre sur l’arthrite de Youngstown dans l’Ohio, a publié une vaste enquête sur le cancer chez les dinosaures. Lui et son équipe ont découvert 29 tumeurs sur des os d’hadrosaures, espèces herbivores à bec de canard…

Quelle taille faisaient les œufs de dinosaure ? 135

Les dinosaures étaient ovipares. Ils construisaient même des nids. Comment le sait-on ? Grâce aux œufs fossilisés. Lorsque les paléontologues ont de la chance, ils peuvent tomber sur des sites bien garnis…

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- HÉRITAGE DE PETITS TRUCS ET DE GRANDES ASTUCES -

Un hasard fabuleux lorsqu’on réalise que seuls quelques squelettes de dinos. ont eu droit à une fossilisation en bonne et due forme. Celle qui les a menés jusqu’à nous dans un état de conservation acceptable représente une source d’études inouïe pour les scientifiques ! Inouïe, mais insuffisante pour reconstituer « une photo de famille » complète : certaines espèces manqueront toujours à l’appel, faute de fossiles. Des zones d’ombre persisteront sur nos connaissances. Et ce qui est vrai pour les ossements l’est aussi pour les œufs. Ainsi, chaque découverte de fragments ou de coquilles est un moment exceptionnel. La première date de 1859, et – cocorico – a eu lieu dans l’Hexagone en Ariège. Une belle prise pour l’Abbé Pouech ! Plus tard, des spécimens de la période du Crétacé (–145 à – 65 millions d’années) ont été exhumés de plus de 200 sites dans le monde, essentiellement en Chine, dans le sud de la France, aux ÉtatsUnis, au Canada ou en Argentine. Contrairement à ce que l’on peut penser, ces œufs n’étaient pas bien gros. Sphériques ou oblongs, ils dépassaient rarement la hauteur d’un ballon. Du coup, point de coquille d’un ou deux mètres, mais de dix, vingt voire trente centimètres (par comparaison, le plus grand œuf actuel – celui de l’autruche – ne fait pas plus d’une quinzaine de centimètres). Les bébés dinos. n’avaient pas besoin de plus de place. Et une fois sortis de l’œuf, leur croissance était fulgurante !

Héritage de petits trucs et de grandes astuces Les hommes préhistoriques allaient-ils chez le dentiste ? 136

Oui. Et si la visite annuelle chez le vôtre vous angoisse, imaginez ce que pouvaient éprouver les hommes préhistoriques ? Jusqu’à il y a peu – avec pour preuve des dents en portant les traces – on pensait que les premiers soins dentaires remontaient à - 165

- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

5 000 ans en arrière. Mais depuis cette étude parue en 2006, on sait qu’ils existaient déjà il y a 9 000 ans ! C’est sur un site à Mehrgarh au Pakistan que le paléoanthropologue Roberto Macchiarelli et son équipe de l’université de Poitiers ont poursuivi jusqu’en 2001 des fouilles entamées dans les années quatre-vingt. Ils y ont trouvé des ossements humains et de nombreuses dents. Après les avoir analysées, ils ont constaté qu’une dizaine de molaires portaient des perforations aux contours parfaits (de 1 à 3 mm de diamètre sur 0,5 à 3,5 mm de profondeur).

Or, à l’époque du Néolithique beaucoup d’individus devaient avoir les dents abîmées. L’alimentation était plus pauvre en protéines que dans le Paléolithique supérieur, et plus riche en sucres grâce aux céréales moulues à la meule (dont des cristaux abrasifs pour l’émail se mélangeaient à la farine)… Un joli festival de caries et de rages de dents ! Il a bien fallu soigner les personnes souffrantes. Qui pour cette tâche délicate ? Sûrement un artisan aux mains habiles, car les techniques employées étaient les mêmes que celles utilisées pour perforer les pierres délicates, les perles ou les coquillages. À l’époque, pas de roulettes mais un perçoir en bois à pointe de silex, le tout sans anesthésie locale, il va de soi. Aïe, aïe, aïe !

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- HÉRITAGE DE PETITS TRUCS ET DE GRANDES ASTUCES -

De quand date le plus vieux tatouage ? 137

Ötzi n’en rate pas une. C’est lui qui porte les plus vieux tatouages au monde ! Qui est Ötzi ? Un gaillard mort à 45 ans au Néolithique. Aujourd’hui, il a l’aspect d’une momie de 1,54 m âgée de 5 300 ans. Il a été découvert en 1991 sur un glacier alpin de la vallée d’Ötz, à 3 200 mètres d’altitude en territoire italien. Depuis, les archéologues sont ses premiers fans ! Chaudement vêtu – bonnet en peau d’ours, manteau et pantalon en peau de cerf et chèvre, pagne, cape, mocassins en peau de bétail fourrés d’herbes – Ötzi transportait une hache en cuivre, un poignard en bois de frêne et silex, un arc en bois d’if, un carquois en cuir rempli de flèches, un sac contenant de quoi faire du feu (silex, aiguiseur, pyrites, amadou), des champignons de bouleau connus pour leurs vertus contre les vers intestinaux, un filet en fibres végétales, un sac à dos et deux récipients en écorce de bois. Était-il gardien de troupeau, chasseur-cueilleur, chef de tribu ? En tout cas, il a été assassiné. Les autopsies ont révélé un éclat de flèche sous son épaule gauche, une blessure à sa main droite et la trace d’un choc violent sur le crâne. Autre surprise, ses tatouages en forme de codes-barres au bas du dos et de bracelets autour du poignet. Selon l’étude publiée en 2009 par l’Autrichienne Maria Anna Pabst, ils auraient été réalisés à l’aide d’incisions puis de frottements à la suie contre les plaies. Et ils n’étaient pas là pour raison esthétique, mais médicale : probablement des traces d’acupuncture primitive pour traiter l’arthrite… - 167

- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

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Comment Cléopâtre a-t-elle aidé Champollion à déchiffrer les hiéroglyphes ?

À énigme pharaonique, homme de génie ! Jean-François Champollion ne manque ni de talent, ni de pugnacité. Doué en langues (latin, grec, hébreu, etc.), il est très vite attiré par les mystères du passé de l’Égypte. S’essayer au copte, encore parlé dans ce pays, est un passage obligé, il le pressent. Cette langue dérive de celle parlée au temps des pharaons, et les hiéroglyphes doivent avoir un caractère phonétique, peut-être à la manière des rébus ?

Les réponses se cachent en partie dans la pierre de Rosette dénichée en 1799 (l’année des 9 ans de Champollion) pendant la campagne égyptienne de Napoléon. Elle représente un décret de Ptolémée V rédigé en grec, démotique et hiéroglyphes. Étudiant à Paris, professeur d’histoire à Grenoble, exilé à Figeac sa ville natale (lors de la chute de l’empereur) puis de retour à la capitale, jamais le savant n’a abandonné l’étude des piètres copies de la stèle. Dès 1821, concentré sur les sigles enfermés dans un ovale - le cartouche -, il compare ceux de Ptolémée et Cléopâtre (inscrit, lui, sur l’obélisque de Philae), et parvient à identifier cinq lettres communes (P, T, O, L, E). Première victoire ! Ramsès, Thoutmosis et compagnie lui en offriront bien d’autres. 168 -

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- HÉRITAGE DE PETITS TRUCS ET DE GRANDES ASTUCES -

1828, bonheur suprême, une expédition d’une année et demie en Égypte. De quoi prendre des notes et léguer un précieux testament aux égyptologues : le déchiffrage des hiéroglyphes… Son œuvre sera publiée en 1835, trois ans après sa mort, par son frère Jacques-Joseph, archéologue qui l’aura toujours soutenu.

En quoi l’île de Pâques est-elle plus qu’un trésor archéologique ? 139

Ah ! l’île de Pâques, ses tablettes rongorongo à l’écriture indéchiffrable, ses géants mythiques ! Tout en basalte, hauts de plusieurs mètres, brisés, entiers, couchés, debout, les moaïs sont plus de 800. S’agit-il de gardiens veillant sur ce confetti long de 23 km perdu dans le Pacifique, de représentations de divinités ou d’ancêtres ? Mystère.

Très isolée, à 3 700 km du Chili dont elle dépend, l’île est plus qu’un site archéologique. C’est un héritage écologique qui doit résonner en chacun de nous. L’histoire commence au Ve siècle lorsque les Polynésiens, partis sur des pirogues, y débarquent avec poulets, plants de taros, ignames, patates douces, bananes, etc. Volcans éteints aux cratères cachant de l’eau douce, côte rocheuse dangereuse en l’absence de barrière corallienne, forêt - 169

- GROS CAILLOUX ET VIEUX FOSSILES -

généreuse mais peu d’espèces animales et végétales : Rapa Nui, comme ils l’appelleront, se montre inhospitalière. L’agriculture supporte mal les conditions environnementales. La pêche est difficile. Ce qui n’empêche pas la population de s’épanouir et de s’organiser en clans. Au XVIe siècle, elle compterait même plus de 10 000 habitants. Leur principale occupation ? Sculpter d’imposantes statues au pied du volcan Rano Raraku et les transporter grâce à des rondins de bois. Mais voilà, les arbres sont abattus sans retenue. Le climat s’en mêle avec un El-Nino brutal au XVIIe. Le sol s’appauvrit. La forêt et ses ressources naturelles disparaissent. Faim, impossibilité de fuir : les gens se déchirent dans des guerres tribales qui mènent à la destruction des moaïs et au cannibalisme ! Aussi, quand en ce dimanche de Pâques 1722 l’explorateur hollandais Jacob Roggeveen découvre l’île, elle n’est plus qu’un désert à l’herbe rase où survivent 3 000 personnes dans un dénuement total. L’arrivée des colons européens (épidémies, esclavage, etc.) enfonce le clou. En 1877, ils ne sont plus qu’une centaine de Rapanuis... Fin de la triste histoire.

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Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

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LA TÊTE DANS LES ÉTOILES « Il ne sert à rien à l’homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la Terre. » François Mauriac (Bloc-notes)

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Pourquoi les satellites ne nous tombent-ils pas sur la tête ?

D’abord, combien sont-ils dans l’espace ? Des dizaines ? Des centaines vous voulez dire ! Mais qu’ils travaillent au service des armées, des télécommunications, de la télévision, la météorologie ou la recherche, tous ne se situent pas à la même altitude. Certains satellites, sur des orbites basses (LEO pour low earth orbit), se trouvent entre 200 et 2 000 km au-dessus du sol, d’autres entre 5 000 et 20 000 km sur orbites moyennes (MEO pour medium earth orbit). Et bien sûr, à 36 000 km, il y a les fameux satellites géostationnaires (GEO pour geostationary earth orbit), toujours à la verticale d’un même point de l’équateur (ils tournent au rythme de notre planète, suivant une révolution de 24 heures). - 171

- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

Dire que tout ce beau monde ne nous tombe pas sur la tête, pas exactement quand même… Ils peuvent revenir sur Terre, situation sous contrôle des ingénieurs. À faible altitude, entraînés par la gravité, soit ils se désintègrent dans l’atmosphère, soit ils finissent leur course dans l’océan.

Sauf cas rarissime lorsqu’on ne les maîtrise plus ! Souvenezvous de cette annonce du Pentagone fin janvier 2008 : arrivée imminente d’un satellite-espion en perdition. On ignorait alors tout de son point de chute. Trois semaines plus tard les États-Unis envoyaient un missile pour le détruire. Quant aux autres ? Plus leur orbite est éloignée, plus la pesanteur exercée sur eux est faible. Résultat : à 800 km, ils ne retomberont qu’au bout de quelques dizaines d’années… et quelques centaines pour un satellite se trouvant à plus de 1 000 km !

Qu’est-ce qu’un objet géocroiseur ? Un objet géocroiseur – ou NEO en anglais (near earth object) – est un astéroïde ou une comète dont l’orbite croise celle de la Terre. Quand l’un d’entre eux vient à s’en approcher dangereusement et qu’en raison de sa masse imposante, il n’est pas détruit au cours de son passage dans l’atmosphère, il percute le sol. Cela peut avoir de terribles conséquences (y compris si le choc a lieu en mer car il déclencherait un tsunami dévastateur). 141

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Il a par exemple été calculé que la collision avec un astéroïde de 2 km ferait autant de dégâts qu’une bombe d’un million de mégatonnes (puissance de la bombe nucléaire d’Hiroshima ? 0,015 mégatonne, sans commentaire…). Pour ne citer qu’elle, la théorie concernant la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années fait référence à un astéroïde de 5 à 15 km, genre d’évènements qui a lieu statistiquement toutes les 100 millions d’années !

Mais ça n’a pas été la seule fois où la Terre a été percutée. Sa surface est marquée d’au moins 160 cratères d’impact (dont le célèbre Meteor Crater en Arizona, large de 1,5 km, profond de 200 m, vieux de 50 000 ans, qui est l’empreinte d’un objet de 45 m). Sans compter ceux qui n’ont pas encore été identifiés… La collision importante la plus récente date de 1908 : l’explosion d’un géocroiseur à 7 km au-dessus du sol a rasé 2 000 km² de forêts à Tunguska en Sibérie. Tous ces évènements nous obligent à surveiller de très près ces monstres venus de l’espace. Les astronomes estiment à plus de 1 100 le nombre de NEO de plus de 1 km. Ils en ont déjà détecté beaucoup. Leurs inquiétudes se tournent surtout vers les objets de quelques centaines de mètres, plus nombreux, et qui passent facilement entre « les mailles du filet ». Exemples ? 2002 MN, large d’une centaine de mètres, passé à 120 000 km (soit un tiers de la distance Terre-Lune) le 14 juin 2002 et repéré 3 jours plus tard… Pas moins angoissante, l’histoire de 2009 DD45, 30 à 40 m de diamètre, passé le 2 mars 2009 à seulement 66 000 km et découvert une semaine plus tôt (il était alors à 2,4 millions de km de notre planète) ! - 173

- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

Que se passera-t-il le 13 avril 2036 ? Un astéroïde de 270 m pourrait heurter notre planète (promis, ce n’est pas un poisson d’avril). Vraiment ? Son nom : 99942 Apophis (ex-2004 MN4). Ce géocroiseur s’est fait connaître en juin 2004 et a déjà provoqué de belles frayeurs chez les astronomes. 142

Initialement, ils craignaient un risque de collision le vendredi 13 avril 2029. Mais d’autres observations au radiotélescope d’Arecibo à Porto Rico ont permis d’estimer que le monstre se contenterait de passer à 32 000 km de la Terre (guère en dessous de l’altitude des satellites géostationnaires quand même !). Il devrait ainsi être visible à l’œil nu. Pas de quoi sauter de joie pour autant. Car si ce vendredi 13, Apophis a la mauvaise idée de traverser une zone spatiale large de 600 m baptisée « trou de la serrure », cela pourrait avoir une influence sur sa trajectoire. Dans ce cas, au lieu d’une simple visite de courtoisie en 2036, la probabilité d’une rencontre fracassante avec la Terre serait de 1 chance sur 250 000 selon de nouvelles estimations publiées en octobre 2009 par Steve Chesley et Paul Chodas du Jet Propulsion Laboratory de la N.A.S.A. (et non plus une sur 45 000) : le niveau 0 sur l’échelle de Turin (qui évalue les risques d’impact d’un objet géocroiseur avec, à 0, un risque négligeable, à 10, une collision certaine représentant une menace pour la survie de l’espèce humaine). Ouf ? Toujours pas tout à fait quand même, car l’astéroïde pourrait revenir rôder dangereusement en 2068. Pour avoir plus de 174 -

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précisions à ce sujet, les experts vont devoir se replonger dans de nouveaux calculs. Mais à ce jeu du chat et de la souris, Apophis a peut-être trouvé son maître… Découvert trois ans après lui, 2007 VK184 large d’environ 130 mètres reste, à l’instant où sont écrites ces lignes (février 2010), classé 1 sur l’échelle de Turin, avec une chance sur 3 030 de percuter la Terre le 3 juin 2048. Qui dit mieux ?

Comment se débarrasser d’un astéroïde trop encombrant ? 143

La renommée d’Apophis montre bien que nous ne sommes pas à l’abri de prendre un très gros caillou sur la tête. Mieux vaut prévenir que guérir suggère le dicton. Aussi les astronomes du monde entier se préparent sérieusement au pire. Ils aimeraient bien convaincre les pouvoirs publics d’en faire autant (et de leur allouer les budgets nécessaires)... À première vue on pourrait penser : « Il faut le faire exploser ». Pour voir tomber sur Terre une pluie d’astéroïdes ? Non merci ! L’idée sur laquelle s’accordent les experts est de faire dévier la « bête ». Et pour ça, plusieurs solutions réalistes ont été avancées. D’abord, une bombe nucléaire explosant près de sa surface pour lui donner une « petite chiquenaude ». Dans le même genre, pourquoi pas un projectile qui, en percutant l’astéroïde, le ferait changer de

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- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

trajectoire ? L’Agence spatiale européenne (ESA) se prépare à tester la chose dans l’espace. Pour cette mission baptisée Don Quichotte dont le lancement est prévu pour 2011, les agents Sancho et Hidalgo formeront un duo de choc contre une cible d’environ 500 mètres de diamètre. En résumé, Hidalgo – l’impacteur – sera censé percuter l’astéroïde sous l’œil attentif de l’orbiteur Sancho (qui l’aura étudié des mois au préalable et continuera ses observations après l’impact). Des physiciens de la NA.S.A. ont, eux, suggéré l’idée d’un tracteur spatial, vaisseau dont l’effet de gravitation sur l’astéroïde serait suffisamment important pour l’entraîner sur des chemins moins menaçants pour l’humanité…

L’homme (et la femme !) dans l’espace Combien d’hommes ont marché sur la Lune ? 144

La N.A.S.A. et les États-Unis savourent l’instant. Ce 20 juillet 1969, engoncé dans sa combinaison spatiale, l’Américain Neil Armstrong pose le pied sur la Lune. Rejoint un quart d’heure plus tard par son collègue Edwin Aldrin, tous deux vivent un moment exceptionnel : « Un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité ». Effectivement ! Pendant deux heures et demie,

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- L’HOMME (ET LA FEMME !) DANS L’ESPACE -

ils crapahuteront sur ce sol jamais foulé et ramasseront une vingtaine de kilos d’échantillons lunaires. Le succès de l’alunissage d’Apollo 11 est désormais gravé dans la mémoire collective. Fin décembre 1972, dix autres terriens auront à leur tour marché sur l’unique satellite naturel de la Terre : en 1969, Charles Conrad et Alan Bean (Apollo 12) ; en 1971, Alan Shepard et Edgar Mitchell (Apollo 14), David Scott et James Irwin (Apollo 15) ; en 1972, John Young et Charles Duke (Apollo 16), Eugène Cernan et Harrison Schmitt (Apollo 17). Après ces douze-là ? Plus rien. L’ajournement du programme « Constellation » montre que les Américains ne sont pas encore décidés à vouloir retourner sur la Lune et à s’y installer. Mais les Chinois et les Indiens sont sur le coup ! La course est lancée…

Comment les femmes ont-elles conquis l’espace ? 145

Astronaute, métier réservé aux hommes ? Non, heureusement. Mais pour ces dames, se faire une place parmi eux n’a pas été chose facile.

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- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

12 avril 1961, le Soviétique Youri Gagarine est le premier homme dans l’espace, pas de chance pour l’Américain Alan Shepard, second, le 5 mai... À quelques semaines près, l’URSS dame le pion aux États-Unis ! Et rebelote côté femmes : le 16 juin 1963, Valentina Terechkova, parachutiste et ouvrière dans l’industrie textile, embarque à bord du Vostok 6 pour 3 jours au-dessus de la Terre. Pourtant, les Américaines avaient espéré s’imposer avant. Elles avaient même toutes leurs chances, avec les Mercury 13, version féminine des célèbres Mercury 7 (sept pilotes de l’armée engagés sur le premier programme spatial de la N.A.S.A.). Soutenues par Jacqueline Cochran, aviatrice respectée pour son courage lors de la seconde guerre mondiale et les records de vitesse qu’elle et son amie – la Française Jacqueline Auriol – se disputent, ces treize-là seront beaucoup moins médiatisées. Dès 1960, elles sont poussées dans le programme de Randolph Lovelace, conseiller médical pour la NASA. Objectif ? Leur faire subir les mêmes épreuves physiques et psychologiques que les hommes en vue d’une mission. Motivées, les treize pilotes relèvent brillamment chaque défi. Hélas, à cette époque, le sexisme l’emporte haut la main. Beaucoup ne sont pas encore disposés à leur faire une petite place dans l’immensité de l’espace. L’État américain refuse de financer une suite à l’audacieux projet. Le rêve s’envole. La déception est énorme. Et la revanche se fait attendre… En 1978, 29 Américains et 6 Américaines s’entraînent pour un embarquement sur la navette Challenger. Les Soviétiques répliquent en recrutant 8 candidates en 1980. Ainsi, le 19 août 1982, Svetlana Savitskaïa part pour une semaine sur la station Saliout-7. Les ÉtatsUnis ont à nouveau un train – ou plutôt une navette – de retard ! Ce n’est que le 18 juin 1983 que la première Américaine, Sally Ride, astrophysicienne, arrive dans l’espace. Svetlana, elle, a droit à un second tour. Le 17 juillet 1984, elle retourne sur Saliout-7 et se voit offrir la première sortie extra-véhiculaire féminine. La décennie 1984-1994 sera malgré tout une époque faste pour les Américaines : dix séjourneront dans l’espace. Côté français, 178 -

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- L’HOMME (ET LA FEMME !) DANS L’ESPACE -

en 1996, cet honneur revient à Claudie Haigneré, médecin et chercheuse, embarquée à bord de la station Mir pour la mission francorusse Cassiopée. Malheureusement, si l’épopée de la conquête spatiale est passionnante, une vingtaine de personnes ont perdu la vie pour elle. Quatre femmes ont péri dans les explosions des navettes Challenger en 1986 et Columbia en 2003. Un bilan assez lourd qui ne doit pas faire oublier qu’une quarantaine de femmes sont allées dans l’espace. Par leurs compétences, leur diplomatie, leur aptitude physique et leur douceur, elles ont su se montrer indispensables et gagner le respect de tous.

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Comment font les astronautes lorsqu’ils travaillent dans l’espace et qu’ils ont envie de faire pipi (ou la grosse commission) ?

Les activités extra-véhiculaires (EVA) comme on les appelle sont toujours risquées. Imaginez : l’altitude à plusieurs centaines de kilomètres au-dessus de la planète, le silence, la solitude, le vide, la température supérieure à 100 °C face au Soleil (et à moins 100 °C à l’ombre), ses ultraviolets, les micrométéorites, les débris spatiaux, etc. Une promenade plutôt inconfortable…

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- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

Le premier à y avoir goûté est le Soviétique Alexei Leonov. C’était il y a un peu moins d’une cinquantaine d’années, le 18 mars 1965. Relié par un cordon à la capsule Voskhod 2, il n’est resté dans l’espace qu’une douzaine de minutes. Aujourd’hui, de telles sorties peuvent facilement durer une heure et plus. Par exemple, le 17 mai 2009, au cours de la mission STS-125, Michael Massimino et Michael Good en ont passé plus de huit à réparer un spectrographe sur le célèbre télescope Hubble. Alors, pas moyen de se retenir ou d’aller se soulager vite fait dans les toilettes de la navette (surtout lorsqu’on porte une combinaison très épaisse et pénible à enfiler) ! Vous l’avez compris : les astronautes portent des couches-culottes, tout comme au décollage et à leur arrivée sur Terre. D’ailleurs, c’est suite à l’envie pressante imprévue d’Alan Shepard, le premier américain envoyé dans l’espace en 1961, que la NASA a mis au point des couches très absorbantes et confortables. Innovations qui profitent maintenant aux bébés…

Que peut-on recycler de très précieux dans une navette spatiale ? 147

De l’urine d’astronaute ! Comme quoi, même dans l’espace, rien ne se perd, tout se transforme. C’est en mai 2009 dans la station spatiale internationale (ISS) que Gennady Padalka, Mike Barratt et Koichi Wakata ont partagé un pot sorti tout droit ou presque des toilettes : de l’eau issue du recyclage d’urines… Ce miracle technologique repose sur le principe de distillation par compression de 180 -

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- VOIR LES CHOSES EN GRAND ? -

vapeur possible en apesanteur grâce à un procédé rotatif. Sous la direction de Bob Bagdigian, la conception de l’appareil – le water recovery system – a demandé des années de recherche aux ingénieurs de la NASA (et coûté 250 millions de dollars !). En complément à l’eau convoyée par lanceur depuis la terre ferme, la machine devrait permettre d’en produire 6,8 tonnes par an à partir de l’urine des occupants et de l’humidité de l’air à bord de l’ISS. Chic, si jamais les premiers humains qui débarquent sur Mars ne trouvent pas immédiatement d’eau sous forme liquide, ça ne les empêchera pas de trinquer. Tchin !

Voir les choses en grand ? Un jour peut-il être plus long qu’une année ? 148

Oui, sur Vénus. Chaude comme la braise, cette planète tellurique ? Certes, puisque le volcanisme anime sa surface et qu’il y fait plus de 450 °C. Mais elle n’en reste pas moins une vraie flemmarde. En effet, il lui faut plus de temps que ses collègues du système solaire pour exécuter un tour sur elle-même : l’équivalent de 243 jours terrestres.

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- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

La Terre (sa sœur jumelle par la taille) le fait, elle, en 24 heures. Autant dire qu’à côté, elle a l’air d’une toupie qui a mangé du lion ! Par contre, Vénus met seulement 225 jours terrestres pour effectuer un tour complet autour du Soleil (contre 365 pour notre planète). Résumons : une période de rotation à 243 jours terrestres, une période de révolution à 225… Eurêka ! Sur Vénus, un jour est plus long qu’une année !

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Pourquoi rêve-t-on plus de Mars et de martiens que de Saturne et de saturniens ?

« Mon Vieux, Tu M’as Jeté Sur Une Nova », la petite phrase mnémotechnique pour retenir l’ordre des planètes : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Il faut s’y faire, Pluton a quitté le club en 2006.

Bilan, huit planètes dans le système solaire, et on nous serine toujours avec la même ? Pourquoi Mars plus qu’une autre ? Mars visible à l’œil nu la nuit, son sol couleur rouille riche en oxydes de fer, la fascination qu’elle a exercée par son étrange trajectoire dans le ciel à de grands noms de la science, Ptolémée, Kepler, Copernic… Et Giovanni Schiaparelli un peu à l’origine du mythe des martiens. 182 -

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Derrière sa lunette astronomique, l’homme n’a jamais cessé d’essayer de cartographier l’astre, y voyant mers, continents et même canaux artificiels en 1877 : preuves de présence d’eau et de martiens qui les auraient bâtis, non ? À l’époque, ses élucubrations ne sont pas vraiment prises au sérieux, mais peu importe, l’idée est lancée. Va pour la vie sur Mars ! Les petits hommes verts ? Du pain béni pour les auteurs de science-fiction dès la fin du XIXe siècle. Sans parler de rebondissements étonnants : en 1976, le Visage de Cydonia, autre monument construit par les martiens ? La photo, prise en altitude par l’orbiteur Viking 1, laissait apparaître par pur hasard de jeux d’ombre et de lumières un semblant de tête humaine. En réalité, une simple colline comme le montra un cliché pris en 1998 au même endroit par la sonde Mars Global Surveyor… Autre annonce décoiffante en 1996 par des chercheurs de la NASA ? La météorite martienne ALH84001 porterait des structures tubulaires microscopiques faisant penser à des bactéries fossilisées. Des traces d’une vie martienne ? Pas de conclusions hâtives. Il persiste plus de doutes que de certitudes à ce sujet… L’homme ayant franchi des caps : les voyages dans l’espace, le pied sur la Lune, alors pourquoi pas sur Mars ? Entre planètes telluriques (Mercure, Vénus, Terre, Mars) et géantes gazeuses (Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune), autant s’intéresser à une planète semblable à la nôtre, tellurique donc ! Mais Mercure et Vénus sont trop proches du Soleil. Chaud devant ! Mars, deux fois plus petite que la Terre, est donc la meilleure candidate. Sa température moyenne annuelle (–55 °C) est basse, mais par bien des aspects, Mars rappelle la Terre : ancienne activité volcanique intense, atmosphère, durée du jour solaire (24 h 39), saisons, calottes polaires (majoritairement de la glace carbonique) fondant partiellement en été, vapeur d’eau et traces laissant deviner un ruissellement important d’eau liquide autrefois. De l’eau liquide ? Et s’il y en avait encore ? Une aubaine pour une vie martienne et plus encore pour des terriens qui souhaiteraient s’installer là-bas à l’avenir, vous ne croyez pas ? - 183

- LA TÊTE DANS LES ÉTOILES -

Y a-t-il une autre Terre, ailleurs ? Les astronomes la cherchent avec ardeur en tous cas. « Exoplanète », ils n’ont plus que ce mot à la bouche ! Qu’est ce que c’est ? Une planète extrasolaire : en clair, une planète située hors du système solaire qui, comme la Terre, tourne autour d’une étoile. La confirmation de la découverte d’une première exoplanète est très récente (1995) et prouve que notre système solaire n’est pas un cas unique dans l’univers. Depuis, les experts en ont déniché plus de 425 ! Ce travail n’aurait pas été possible sans de puissants télescopes spatiaux. D’ailleurs, le petit dernier de la NASA- Kepler – lancé en mars 2009, s’annonce très prometteur… Ces exoplanètes sont-elles pour autant jumelles de la Terre ? Non, car beaucoup, à l’image de Jupiter, sont des géantes gazeuses. Surprise : en 2009, une exoplanète d’un diamètre de 1,7 fois celui de la Terre est sortie du lot. Située à environ 500 années-lumière (une année-lumière : l’équivalent de 9 500 milliards de kilomètres), elle est repérée par le télescope spatial français CoRoT. D’où son nom : CoRoTExo-7b. Cerise sur le gâteau, par de savants calculs, sous la direction de Didier Queloz de l’Observatoire de Genève, les experts ont démontré qu’elle était rocheuse et d’une densité proche de celle de la Terre… Un scoop qui fait forcément rêver à un ailleurs accueillant pour l’être humain, voire – soyons fous – pour d’autres formes de vie extraterrestre. Oui, sauf que sur CoRoT-Exo-7b, bien plus proche de 150

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son étoile que la Terre du Soleil, il peut faire près de 2 000 °C. Bref, on est encore loin du paradis tant espéré… Alors, franchement, avant d’aller voir ailleurs si l’herbe y est plus verte, si on s’intéressait un peu plus à l’éden qui nous appartient déjà ?

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INDEX (Les chiffres indiqués entre parenthèses renvoient aux numéros des questions)

A Abysses (95) Aspirine (Acide acétylsalicylique) (12) Acide désoxyribonucléique (ADN) (32) (129) Algues (22) (48) (87) (90) (118) Allée des tornades (124) Alligators (67) Amanite phalloïde (31) Ambre gris (102) Ampoules (3) (113) (114) Anatomie du crâne (cétacés) (100) Apophis (142) (143) Appendice vermiculaire (2) Araignées (60) Arbres (49) (57) (119) Astaxanthine (23)

Astéroïdes (141) (142) (143) Astronautes (144) (145) (146) (147) Atoll (104) Attention (18) Automobiles (45) Avions (42) (118)

B Bambou (49) Bavardages (17) Bec (71) Belle-mère (59) Biocarburants (118) Bonheur (47) Bosses (des camélidés) (81) Bourdon (64) Bronzage (33) Brun – couleur (129)

- 187

- INDEX -

188 -

C

D

Cacao (56) Cachalot (102) Cafards (61) Café (39) Calmar géant (24) (89) Cancer (13) (134) Caries (76) Cellulite (5) Cétacés (100) (101) (102) Chameaux (81) (82) Champagne (30) Champignon (31) Champollion (138) Chant (63) Chats (75) (77) Chauves-souris (72) (73) Cheval (78) Chewing-gum (27) Chiens (76) (77) Chlorophylle (couleur verte) (53) Chocolat (38) (56) (77) Chouettes (68) Cigales (63) Chlorofluorocarbones CFC (116) Cobra royal (66) Cocaïne (28) (44) Coccyx (20) Cœur (58) Cola (28) Coq (34) Corail (87) (104) Cou (long) (85) Couches-culottes (146) Crevettes (89) Crocodiles (67) Croissance (49) Crottes (62) Cryptobiose (65)

Déforestation (50) Dégradation (des déchets) (108) Dentiste (136) Dents de sagesse (6) Dessalement (de l’eau de mer) (110) Deux mille trente-six – 2036 – (142) Diarrhée (2) (27) Digitales (58) Dinosaures (131) (132) (133) (134) (135) Dioxyde de carbone (29) (30) Dollars (44) Douleur (1) Drogue (28) (44) Dromadaires (81) (82)

E Eau (54) (81) (82) (109) (110) (147) (149) Écoute (18) Écriture Rongorongo (139) Électroréception (96) Énergie (114) Entomologie médico-légale (62) Entomophagie (36) Épave (107) Espace (144) (145) Espadon (94) Exoplanètes (150) Excréments (119)

F Femmes dans l’espace (145) Feu (57) File d’attente (15) Flageolets (26) Flamant (69) (70)

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- INDEX -

Flatulences (26) Fleurs (50) (51) (58) Flocons (120) Floraison (algues) (48) Football (couleur des maillots) (40) Fracture (du pénis) (21) Frigo (34) Froid aux pôles (117) Fromage (4) Fugu (25)

J Jadarite (127) Jour (longueur) (148) Jurons (1)

K Kangourou (80) Kopi Luwak (39) Krill (89) Kryptonite (127)

G Gâteaux (29) Géocroiseurs (141) Géostationnaire (140) Geyser (122) Girafes (85) Goût (24) Grizzly (84) Grossièretés (1)

H Hémoglobine (10) Herbivores (2) (53) Hiboux (68) Hiéroglyphes (138) Hippocampes (91) Homards (23) Hypolactasie (37)

I Iceberg (106) (107) Ile de Pâques (139) Incandescence (113) Insectes (36) (59) Intoxication au CO (10), au chocolat (77)

L Laideur (95) Lait (37) Légumes de mer (22) Lentilles de contact (7) Levures (29) LFC (114) Libido (19) Limace (31) Lumière (113 (114) Lune (103) (144) Lunettes (46) Luwak (39)

M Mal de mer (86) Mammouths (129) Manger (de l’ADN) (32) Marée (103) Mars (149) Médicaments (12) Méduse (88) Mégot (108) Mélanine (33) Mer Morte (90) Miaulements (75)

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- INDEX -

Microbes (16) Migraine (19) Momies (130) Morsures (66) Mort (8) (9) Moso (49) Mouches (62)

N Nanopabulophobe (9) Narval (101) Navire (107) Neige (120) Neurones (25) (72) Noix de coco (54) (55) Nombril (74) Noyade (98)

Pets (26) Peur (9) Phobies (9) Photographie (43) Pieds (3) (4) Piqûres (64) Plancha (à la) (24) Plantes (41) (118) Plantes carnivores (59) Plantes dépolluantes (111) Plastique (112) (115) Pluie (121) Poison (25) (58) (66) (88) (92) (93) (94) (95) Poisson (25) (92) (93) (95) Police scientifique (62) Pomme (32) (33) Poules (34) Poussins (34) Pruine (52)

O Odeur (4) Œil (7) (43) (46) Œufs (34) (135) Ornithorynque (74) Oreille interne (mal de mer) (86) Orteils (3) Os (11) (85) Ötzi (137) Ours (65) (84) Oxydation (33) Ozone (116)

P Papier (119) Papyrus (119) Paresseux (79) Pâtes (35) Peau (11) (33) (97) Pénis (21)

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Q Queue (15) (20)

R Radar automatique (45) Raisin (52) Réchauffement climatique (117) Recyclage (du plastique) (112) Régénération (57) Requin (96), (97), (99) Requin-marteau (96) Requin soyeux (97) Résistance au froid (65) Richesse (47) Rire (8) Rose – flamants (69), hippopotames (83) Rouge – aggressivité (40) (43) Ruse (75)

Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?

- INDEX -

S Sang (73) (83) Satellites (140) Serpents (66) (128) Ski (pistes) (41) Soda (28) Soif des camélidés (82) Soleil (11) (46) (51) (52) Sommeil (14) (79) Sorbitol (27) Symbiose (87)

Toilettes – files d’attente (15), microbes (16) Tornades (123) (124) (125) (126) Toucan (71) Tournesol (51) Tsunami (105) Turbulences (42)

U Ultraviolets (46) (116) Urine (146) (147)

T

V

T. rex (132) Tabac (108) (111) Taille (de serpent) (128) Tardigrade (65) Tatouages (137) Testicules (72) Tétrodotoxine (25) Titanic (107) Toile (d’araignée) (60)

Vagues (105) Vampires (73) Ver de terre (86) Verdure (grâce aux carnivores) (53) Vertèbres (20) (85) Verticalité (91) Vin (28) (29) (30) Vitamines (11) (33) Vomi (78) (133)

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