Patrimoine géologique: Inventaire national
 9782759823208

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Patrimoine géologique Inventaire national par Patrick De Wever, Grégoire Egoroff, Annie Cornée, Pierrick Graviou, Jacques Avoine et Laura Baillet

pour la Commission de validation nationale de l’inventaire du patrimoine géologique

Photos de couverture : Toutes les photos de cette couverture et les crédits associés sont présents dans l’ouvrage Composition et mise en pages : Patrick Leleux PAO Imprimé en France ISBN : 978-2-7598-2294-2

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinés à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. © EDP Sciences, 2018

Sommaire Préface ..............................................................................................

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1. Mise en œuvre de l'inventaire ..............................................................

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2. État des lieux ..................................................................................

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Les sites ............................................................................................

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Introduction

3. Futur de l’inventaire

Remerciements.................................................................................... 229 Index ................................................................................................. 231 Glossaire ............................................................................................ 233 Participants à l'inventaire ....................................................................... 241 Bibliographie ....................................................................................... 247 Crédits photos..................................................................................... 249 3

Préface La connaissance de l’Histoire de la Terre, de sa géologie est indispensable pour comprendre l'évolution de la vie et de la biodiversité. Contrairement aux espèces, les objets géologiques ne se reproduisent pas et la détérioration d'un objet ou d'un site entraîne sa perte déÀnitive. La préservation des sites géologiques apparaît donc comme essentielle pour aider à la compréhension de la diversité actuelle des espèces et des paysages. La notion de géodiversité à l’instar de la biodiversité permet de mieux représenter tous les éléments des sous-sols, sols et paysages qui, assemblés, constituent des systèmes organisés, issus de processus géologiques. Cette terminologie traduit de façon plus précise la richesse du patrimoine géologique. La conservation et la gestion de la géodiversité sont devenues un objet de préoccupation mondiale. Plusieurs initiatives internationales, nationales et locales sont aujourd’hui portées pour faire reconnaître le concept de géodiversité et favoriser sa préservation. L’inventaire national du patrimoine géologique (INPG), lancé en 2007 par le ministère chargé de l’environnement

avec la collaboration scientiÀque du Muséum national d’histoire naturelle, constitue la référence nationale pour la prise en compte et la mise en valeur du patrimoine géologique français. Dix ans plus tard, nous ne pouvons qu’être Àers du chemin parcouru : 600 intervenants issus de 70 établissements ou associations, 5000 sites recensés, 40 000 pages d’informations mises à disposition du public. Pour célébrer cet anniversaire, l’idée a germé de rassembler dans un ouvrage une centaine de sites, un par département pour faire connaître et sensibiliser bien sûr, mais aussi tout simplement pour le plaisir des yeux. Cette publication s’inscrit dans le plan Biodiversité et son objectif de connaissance et d’éducation pour que la protection de la nature devienne un enjeu pour tous les citoyens. Je félicite celles et ceux qui prennent part au travail essentiel d’inventaire géologique permettant la publication de cet ouvrage de référence. Ainsi, ils contribuent remarquablement à une meilleure connaissance de notre patrimoine géologique et à sa pérennité. Nicolas Hulot, Ministre d'État Ministère de la transition écologique et solidaire

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Introduction Les inventaires sont des recensements, exhaustifs dans la mesure du possible, d’éléments considérés comme des biens (matériels ou immatériels) aÀn d’en faciliter l’évaluation et/ ou la gestion. Les inventaires du patrimoine naturel se font dans la continuité des collections scientiÀques et naturalistes constituées par les musées d’histoire naturelle ou les sociétés savantes depuis plusieurs siècles. Ils contribuent aux inventaires nationaux (Inventaire national du patrimoine naturel en France, INPN). Leur mise en œuvre a été accélérée en France à la suite de la loi dite de « démocratie de proximité » (2002), puis de la loi Grenelle I (2009). Un inventaire n’est généralement pas une Ànalité, mais plutôt un outil, un outil multifonction même, une sorte de couteau suisse. L’inventaire national du patrimoine géologique n’est donc pas une exception et devrait permettre d’établir, à terme, une stratégie de conservation et de valorisation des sites, que ce soit pour l’aménagement du territoire, pour le développement du géotourisme, ou à des Àns pédagogiques. Le patrimoine est ce que l’on tient de nos « pères » et que l’on veut transmettre à nos enfants. Ce patrimoine est ainsi constitué des éléments les plus importants à nos yeux, ce qui implique une part de subjectivité. Pour limiter cette dernière, des critères ont été déÀnis et pondérés. Et comme la nature est un tout et que l’on ne peut pas tout protéger et conserver, l’inventaire national du patrimoine géologique est constitué d’une sélection de sites (le patrimoine in situ), et des collections (le patrimoine ex situ). Établir cet inventaire n’est donc qu’une première étape, mais pour que cette étape soit franchie, encore faut-il que l’outil soit largement connu et diffusé auprès du plus grand nombre. C’est l’objet de ce livre ! Nous souhaitons qu’il fasse mieux connaître l’inventaire réalisé, notamment sa richesse et sa diversité à

travers quelques exemples de sites. Nous avons donc effectué un choix, celui de présenter un site par département, soit une centaine pour l’ensemble du territoire national. Pour effectuer ce choix, et pour continuer d’impliquer les acteurs de l’inventaire en région, nous avons demandé à chaque Commission régionale du patrimoine géologique (CRPG) de nous proposer une présélection de trois sites maximum par département. Et, à partir de cette présélection, nous avons choisi un seul site par département, en essayant d’éviter les doublons et de garder une certaine représentativité. Comme dans tout choix, il nous a fallu renoncer à certains sites, non parce qu’ils étaient moins « intéressants », ou moins « beaux », ou moins « emblématiques », mais simplement pour maintenir un certain équilibre dans le respect de la géodiversité nationale. Ce livre est né avec l’idée d’organiser un colloque pour les dix ans de l’inventaire qu’avait émise Arnault Lalanne alors en charge du Bureau connaissance au ministère en charge de l’Environnement. Ce projet a ensuite été soutenu par Claire de Kermadec, qui lui a succédé et a rendu possible sa réalisation. L’ouvrage n’est pas destiné uniquement à des géologues, nous avons donc choisi de limiter autant que faire se peut les mots spécialisés. Par exemple, nous avons préféré utiliser Primaire, Secondaire et Tertiaire, plutôt que Paléozoïque, Mésozoïque et Cénozoïque, plus corrects scientiÀquement, mais probablement moins immédiatement accessibles aux non-spécialistes. Le choix des sites présentés et la rédaction du livre ont été effectués par une équipe resserrée autour de la Commission de validation nationale de l’inventaire du patrimoine géologique, en collaboration avec l’ensemble de ses membres.

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1. Mise en œuvre de l'inventaire 1.1. Contexte historique Un premier travail d’inventaire du patrimoine naturel centralisé au niveau national a été réalisé au XVIIIe siècle au travers de l’enquête du Régent, le duc d’Orléans, et coordonné par l’Académie des sciences qui « cherche à inventorier ce que la nature […] produit ». À cette époque, on commence à nommer les espèces, on les classe et on les collectionne dans les cabinets d’histoire naturelle. Ces premiers travaux ont deux motivations différentes : l’une, pratique, liée à la nécessité d’inventorier des ressources naturelles utilisables par la société ; l’autre, relevant plutôt de la curiosité et du désir de découvrir de nouveaux savoirs. Une deuxième étape intervient dans la deuxième moitié du XIXe siècle, portée par l’action de mouvements artistiques, littéraires ou de naturalistes. Elle consiste à lister des éléments naturels dans le but de les protéger ou tout au moins de les sauvegarder. Pour les géosciences, on retient comme premier « inventaire des sites géologiques à

protéger » la sélection de sites naturels publiée en 1913 par Édouard-Alfred Martel (Martel, 1913). Celui-ci milite pour la création d’espaces naturels protégés, établit un ensemble prioritaire de près de 30 sites et dresse un inventaire de plusieurs centaines d’autres sites répartis dans soixante-sept départements. À la lecture de ses listes, il apparaît clairement que les caractéristiques géologiques ont été un paramètre déterminant pour la sélection des sites. Ce premier inventaire ne s’appuie cependant sur aucune législation et son effet est resté d’autant plus limité que des réactions violentes contre la protection de tels sites avaient vu le jour. Longtemps opposés aux mesures de conservation, les industriels se montrent aujourd’hui généralement moins réfractaires car plusieurs d’entre eux ont compris l’intérêt qu’ils pouvaient tirer d’une collaboration pour la connaissance et la valorisation de la géodiversité.

1.2. Contexte légal Dans le prolongement de ce que la loi sur les sites du 2 mai 1930 avait esquissé, la loi du 10 juillet 1976, relative à la protection de la nature, a ouvert à la géologie la notion de patrimoine naturel. La loi Barnier de 1995, relative au renforcement de la protection de l’environnement, rend possible la mise en place de moyens juridiques pour la protection des sites d’intérêt géologique, dont l’obligation de publier une liste nationale des sites protégés, arrêtée par le ministre. Ce fut un coup d’épée dans l’eau car les décrets d’application n’ont pas été publiés ! En 1998, le ministère en charge de l’Environnement crée la Conférence permanente du patrimoine géologique (CPPG) pour assurer la fonction d’instance de réÁexion et de structure d’information.

L'inventaire du patrimoine géologique a été imposé par la loi du 27 février 2002 dite de « démocratie de proximité ». Aujourd'hui l'article L.411-1A du code de l'environnement institue de manière ofÀcielle l'inventaire du patrimoine naturel en France (voir encadré). Il énonce qu'on « entend par inventaire du patrimoine naturel l'inventaire des richesses écologiques, faunistiques, Áoristiques, géologiques, pédologiques, minéralogiques et paléontologiques ». Les deux derniers mots sont, de fait, superÁus, puisqu’ils ne désignent que des disciplines de la géologie. L’État est le maître d’ouvrage de l’inventaire national du patrimoine géologique. Il est représenté par le ministère en charge de l’Environnement au niveau national et par ses services déconcentrés à l’échelon régional : les Directions régionales de l’environnement (aujourd’hui les DREAL ou DEAL ou DRIEE). La loi a placé cet inventaire sous la responsabilité 9

scientiÀque du Muséum national d’histoire naturelle, qui doit valider l’inventaire du patrimoine géologique, partie intégrante de l’inventaire du patrimoine naturel national comme le mentionne la loi. En 2008, une nouvelle dynamique renforce la protection des sites avec la Stratégie de création d'aires protégées (SCAP) que le gouvernement français a mise en place lors de son « Grenelle de l’environnement ». Cette réÁexion a abouti à la déÀnition d’un ensemble d’actions politiques ou scientiÀques environnementales à mener sur le territoire. Un des résultats de ces travaux a été de constater que le réseau d'aires dites « fortement protégées » n’était pas assez développé en France. En effet, les aires dites « fortement protégées » sont alors régies par les outils réglementaires suivants : réserves naturelles (nationales, régionales et de Corse), les cœurs des parcs nationaux, les arrêtés préfectoraux de protection de biotope (APPB) et les sites classés. Ces aires représentent 1,2 % de la surface du territoire métropolitain. Les aires protégées par des outils de protection moins contraignants représentent quant à elles 10 % de la même surface. AÀn d’améliorer cette situation, une Stratégie de création des aires protégées (SCAP) est mise en place et ofÀciellement lancée par le ministère en charge de l’Environnement en 2009. Elle vise à placer au moins 2 % du territoire terrestre métropolitain sous protection forte, à l’horizon 2020. Un groupe spécial de travail « géodiversité » a été mandaté par le ministère aÀn d’effectuer une analyse pour insérer cette thématique dans la stratégie. Les résultats de l’inventaire national du patrimoine géologique français n’étant pas encore disponibles à cette époque, il a fallu que ce groupe de travail déÀnisse des « catégories géologiques » qui serviraient de guide aux personnes contactées pour renseigner des sites. Quatre catégories de sites géologiques ont ainsi été distinguées : – les étalons internationaux (par exemple, des stratotypes ou des Global Boundary Stratotype Section and Point ou GSSP) ; – les sites « ponctuels » de conservation (par exemple, des sites à empreintes de dinosaures ou des sites à intérêt minéralogique) ; – les grands ensembles géologiques et tectoniques (par exemple, les ophiolites du mont Chenaillet, dans les Alpes) ;

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Article L.411-1A du code de l'environnement, instituant le lancement de l'inventaire du patrimoine naturel. Art. L.411-1A, créé par la Loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages JORF n°0184 du 9 août 2016 Art. L.411-1A.-I.-L'inventaire du patrimoine naturel est institué pour l'ensemble du territoire national terrestre, Áuvial et marin. On entend par inventaire du patrimoine naturel, l'inventaire des richesses écologiques, faunistiques, Áoristiques, géologiques, pédologiques, minéralogiques et paléontologiques. « L'État en assure la conception, l'animation et l'évaluation. « Les maîtres d'ouvrage, publics ou privés, doivent contribuer à cet inventaire par la saisie ou, à défaut, par le versement des données brutes de biodiversité acquises à l'occasion des études d'évaluation préalable ou de suivi des impacts réalisées dans le cadre de l'élaboration des plans, schémas, programmes et autres documents de planiÀcation mentionnés à l'article L.122-4 et des projets d'aménagement soumis à l'approbation de l'autorité administrative. « On entend par données brutes de biodiversité les données d'observation de taxons, d'habitats d'espèces ou d'habitats naturels, recueillies par observation directe, par bibliographie ou par acquisition de données auprès d'organismes détenant des données existantes. « Les modalités de saisie ou de versement des données sont À xées par décret, pris après concertation avec les organisations représentatives des maîtres d'ouvrage, des bureaux d'études concernés et des associations contribuant ou susceptibles de contribuer à l'inventaire du patrimoine naturel. La saisie ou le versement de données s'effectue au moyen d'une application informatique mise gratuitement à la disposition des maîtres d'ouvrage par l'État. « II.-En complément de l'inventaire du patrimoine naturel, les collectivités territoriales, les associations ayant pour objet l'étude ou la protection de la nature et leurs fédérations, les associations naturalistes et les fédérations de chasseurs et de pêcheurs peuvent contribuer à la connaissance du patrimoine naturel par la réalisation d'inventaires locaux ou territoriaux ou d'atlas de la biodiversité, ayant notamment pour objet de réunir les connaissances nécessaires à l'élaboration du schéma régional de cohérence écologique mentionné à l'article L.371-3 ou à la mise en œuvre des articles L.412-7 à L.412-9 lorsque l'assemblée délibérante concernée a adopté la délibération prévue à l'article L.412-15. « Le représentant de l'État dans la région ou le département et les autres collectivités territoriales concernées sont informés de ces réalisations. « III.-Il est institué dans chaque région un conseil scientiÀque régional du patrimoine naturel. Ce conseil est constitué de spécialistes

désignés intuitu personae pour leur compétence scientiÀque, en particulier dans les universités, les organismes de recherche, les sociétés savantes et les muséums régionaux. Il couvre toutes les disciplines des sciences de la vie et de la terre pour les milieux terrestres, Áuviaux et marins. « Ses membres sont nommés par arrêté du représentant de l'État après avis de l'assemblée délibérante. « Il élit en son sein un président. « Il peut être saisi pour avis par le représentant de l'État dans la région ou par le président du conseil régional sur toute question relative à l'inventaire et à la conservation du patrimoine naturel. « Un décret en Conseil d'État déÀnit sa composition et ses domaines d'intervention et précise les conditions dans lesquelles il est saisi. « IV.-Les inventaires mentionnés aux I et II du présent article sont réalisés sous la responsabilité scientiÀque du Muséum national d'histoire naturelle qui en assure la validation et participe à leur diffusion. Ils sont diffusés conformément aux principes déÀnis aux articles L.127-4 à L.127-9. « Les données brutes contenues dans les inventaires mentionnés au présent article sont diffusées comme des données publiques, gratuites et librement réutilisables, sauf si leur diffusion porte atteinte aux intérêts mentionnés aux 1° à 4° du I de l'article L.124-4. Les conditions dans lesquelles la diffusion des données prévue au présent alinéa peut être restreinte pour des motifs de protection de l'environnement sont précisées par décret. « V.-La loi du 29 décembre 1892 sur les dommages causés à la propriété privée par l'exécution des travaux publics est applicable à l'exécution des opérations nécessaires à la conduite des inventaires mentionnés au présent article. Elle est également applicable à la connaissance du sol, de la végétation et de tout renseignement d'ordre écologique sur les territoires d'inventaires. »

– les paysages géologiques, à l’interface entre géologie et géographie (par exemple, des paysages karstiques ou le cirque de Gavarnie dans les Pyrénées). Une première liste de 140 sites majeurs en France métropolitaine a été constituée à partir de ce travail. À la Àn de l’année 2012, plus de 300 projets (à motivation de création biologique et géologique) étaient en développement. Les outils de protection en faveur du patrimoine géologique étant relativement lourds à mettre en œuvre, qu’il s’agisse des réserves naturelles ou des sites classés, il apparaît nécessaire à l’État de disposer d’un outil plus souple pour intervenir, sur le modèle de ce qui existe déjà en matière de protection de la nature, avec les Arrêtés préfectoraux de protection de

biotope. Le décret du 28 décembre 2015 (décret n° 20151787) vient compléter le code de l’environnement avec deux nouveaux outils. En premier lieu, dans chaque département, le préfet arrête la liste des sites d’intérêt géologique qui bénéÀcient, suite à leur inscription, de mesures de protection générales. L’inscription d’un site sur cette liste départementale entraîne l’interdiction de détruire, altérer ou dégrader le site mais aussi l’interdiction de prélever, détruire, ou dégrader les fossiles, minéraux et concrétions. Le préfet peut néanmoins délivrer des autorisations exceptionnelles de prélèvement à des Àns scientiÀques ou d’enseignement. Pour être inscrit sur cette liste, ces sites doivent répondre à au moins l’un des critères suivants : (I) constituer une référence internationale, (II) présenter un intérêt scientiÀque, pédagogique ou historique ou (III) comporter des objets géologiques rares. Sur la base de cette liste des sites d’intérêt géologique, le préfet peut, en complément, prendre un arrêté préfectoral de protection de géotope et prescrire des mesures spéciÀques d’interdiction ou de limitation de certaines activités existantes, proportionnées aux enjeux de protection et au contexte local. Ces deux outils souffrent toutefois d’une limite importante que nous rappelle une note du 1er décembre 2016 du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer : « […] il est conseillé de porter les prescriptions des arrêtés Àxant les listes départementales et des arrêtés de mesures de protection des sites à la connaissance des maires lors de l’élaboration des documents d’urbanisme. En effet, il n’existe aucune obligation d’annexer aux plans locaux d’urbanisme (PLU) ou plan d’occupation des sols (POS) les prescriptions nées d’un arrêté Àxant la liste départementale ou d’un arrêté de mesures de protection, car ils ne Àgurent pas sur la liste des servitudes d’utilité publique. Une nuance est à apporter pour les espaces remarquables et caractéristiques du littoral. En effet, au titre de la protection du littoral, le code de l’urbanisme a été modiÀé aÀn que les documents et décisions relatifs à la vocation des zones ou à l’occupation et à l’utilisation des sols préservent certains espaces et milieux (articles L121-23 et R121-24 du code de l’urbanisme). »

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Synthèse des outils actuellement mobilisables pour la protection des sites d’intérêt géologique (voir aussi De Wever et al., 2018) La connaissance : l’inventaire national du patrimoine géologique – INPG (art. L411-1-A du code de l’environnement). Les protections réglementaires au titre du code de l’environnement : – les sites classés au titre de la loi du 2 mai 1930 (art. L341-1 du code de l’environnement) ; – les réserves naturelles régionales et nationales (art. L332-1 du code de l’environnement), les réserves naturelles de Corse ; – les cœurs de parcs nationaux ; – les listes départementales des sites d’intérêt géologique (I de l’art. R411-17-1 du code de l’environnement) ; – les Arrêtés de protection de géotope (III de l’art. R411-17-1 du code de l’environnement). Les protections au titre du code de l’urbanisme : – article R121-4 du code de l’urbanisme (aménagement et protection du littoral). Les outils de protection foncière et de mise en valeur : – les espaces naturels sensibles des départements (art. L113-8 du code de l’urbanisme) ; – le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (art. L322-1 du code de l’environnement) ; – les conservatoires régionaux d’espaces naturels (art. L414-11 du code de l’environnement).

Figure 1. Mémoire présentant la méthodologie de l’inventaire national du patrimoine géologique. Publié en 2006, soit un an avant le lancement officiel de l’inventaire par le ministère, il a été réactualisé en 2014 (De Wever et al., 2014).

1.3. Préparation L’inventaire du patrimoine géologique de l’ensemble du territoire français a pour objectif : – d’identiÀer l’ensemble des sites et des objets d’intérêt géologique, in situ et ex situ ; – de collecter et de saisir leurs caractéristiques sur des Àches appropriées ; – de hiérarchiser et de valider les sites à vocation patrimoniale ; – d’évaluer leur vulnérabilité et les besoins en matière de protection. 12

AÀn d’avoir un inventaire homogène à l’échelle du territoire national, une méthodologie commune a été déÀnie. La France a choisi d’élaborer un inventaire raisonné. Comme de nombreuses disciplines sont concernées, qui traitent d’objets extrêmement variés, de toutes les échelles de taille et d’âges très différents, il a fallu établir des critères de sélection basés sur une approche systématique (Fig. 1). Cet ensemble de données permet d’asseoir le jugement le plus objectif possible.

Une méthodologie possible aurait été de classer, a priori, les sites en fonction des différentes disciplines de la géologie (tectonique, stratigraphie, paléontologie, etc.), sans les noter. Mais cette méthodologie consistant à lister simplement les sites et les objets ne correspond pas aux objectifs du programme d’inventaire national Àxés par le ministère. L’utilisation de cette approche globale a néanmoins été retenue pour la SCAP (Stratégie de création d’aires protégées), devant l’urgence d’introduire un volet géologie dans cette stratégie (Egoroff et al., 2011). Ce fut aussi celle retenue par certains pays qui établissent a priori des frameworks (cf. encadré et Brilha, 2016). Pour établir l’inventaire, le ministère en charge de l’Environnement a donc validé une méthodologie qui s’appuie sur un ensemble de critères auxquels sont attribuées des notes. Dans le cadre de l’inventaire national du patrimoine géologique, il a en effet été choisi de hiérarchiser les sites inventoriés pour mieux les prendre en compte dans les futures politiques d’aménagement et de gestion du territoire. La méthodologie choisie est certes un peu plus lourde, mais elle offre un inventaire très riche. Cette méthodologie a été initialement déÀnie et discutée par la Conférence permanente du patrimoine géologique (CPPG)1. La méthodologie a été validée à l’échelle nationale par le ministère pour s’appliquer au territoire métropolitain et ultra-marin. Ces travaux ont débouché sur la publication, en 2006, du Vade-mecum pour l’inventaire du patrimoine géologique national, guide méthodologique destiné à la réalisation de l’inventaire (Àg. 1). Sur cette base, un logiciel dédié (Géotope) fut commandé au BRGM et largement distribué.

Quelques exemples de méthodologies en Europe La méthodologie utilisée en France n’est pas appliquée systématiquement au niveau international. En Grande-Bretagne (Wimbledon et al. 1995), le contexte géologique global dans lequel se fait l’inventaire est d’abord examiné : quels intervalles géologiques sont enregistrés, quels grands événements de l’histoire de la Terre sont représentés ? De grandes catégories sont ensuite déÀnies : les « selection blocks » – dans lesquels différents critères permettent de comparer les sites d’un même type et de choisir les sites les plus représentatifs : les « best sites ». Quelques exemples de selection blocks : la paléobotanique du Paléozoïque ; les couches rouges du Permo-Trias ; les roches ignées ordoviciennes ; le Quaternaire du Pays de Galles ; l’orogenèse calédonienne dans le SE de l’Écosse… En Espagne et au Portugal, le principe de base est similaire ; c’est le concept de frameworks qui est appliqué. Les sites d’intérêt géologique ne sont pas choisis isolément de leur contexte, mais dans un cadre géologique ( framework) déÀni au préalable. On identiÀe les frameworks représentés dans le pays et on choisit pour chacun les sites qui les représentent le mieux à l’aide de différents critères. On peut par exemple citer pour le Portugal : les marbres paléozoïques de la zone d’Ossa-Morena, l’enregistrement du Jurassique dans le bassin Lusitanien, les systèmes karstiques, le volcanisme de l’archipel des Açores, etc. Il y a ensuite une évaluation chiffrée des sites qui se voient attribuer une note d’intérêt (García-Cortes et al. 2001, GarcíaCortes et al. 2009, Pereira et al. 2012). En Italie en revanche, la sélection des géosites ne repose pas sur la déÀnition de frameworks, mais simplement sur les différents domaines de la géologie comme la géomorphologie, la paléontologie, la stratigraphie, la minéralogie, etc. Une sélection des sites est ensuite effectuée, suivie par une évaluation mais les paramètres ne sont pas encore rigoureusement établis (Giovagnoli, 2012).

1. Instance de réflexion mise en place par le ministère en charge de l’Environnement en 1998 et dissoute en 2017 avec la création de l’Agence française de la biodiversité.

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1.4. Réalisation En avril 2007, le ministère en charge de l’Environnement lance ofÀciellement cet inventaire national du patrimoine géologique (INPG) au Muséum national d’histoire naturelle. Tout comme son homologue « faune et Áore » qu’est l’inventaire des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et Áoristique (ZNIEFF), l’INPG a une vocation informative. Il n’instaure donc pas de contraintes particulières aux zones répertoriées et n’apporte pas de statut de protection. En revanche, il pourra être utilisé pour connaître les zones à enjeux « géologiques » dans le cadre d’études d’impact environnemental. L’inventaire étant un projet national de connaissance du patrimoine naturel, toutes les informations rassemblées dans le cadre de ces travaux sont mises à disposition des citoyens sur internet, notamment dans le cadre du Système d’information sur la nature et les paysages (SINP). L’accès global se fait sur le site de l’inventaire national du patrimoine naturel, INPN : https://inpn.mnhn.fr/programme/patrimoine-geologique/ presentation). L’ensemble du territoire national est concerné par le programme : les douze régions métropolitaines, les régions ultra-marines (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion) ainsi que le territoire de Saint-Pierre-etMiquelon. Le travail est réalisé en région, sous la maîtrise d’ouvrage des Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). Les informations, qui sont rentrées dans la base de données, sont proposées et discutées par un groupe de travail : la Commission régionale du patrimoine géologique (CRPG), émanation « géologique » du Conseil scientiÀque régional du patrimoine naturel (CSRPN). Cette CRPG est ofÀciellement créée dans chaque région. Elle regroupe des experts représentatifs de la géologie régionale (universitaires, associations, musées, industriels, etc.). Un secrétariat scientiÀque doit se charger de compléter la base de données pour la DREAL. Ce secrétariat scientiÀque peut être assuré de plusieurs manières : soit par un chargé de mission de la DREAL, soit par un prestataire externe (bureau d’études, association, organisme d’État, etc.). Un ensemble de sites d’intérêt géologique dont le nombre n’est pas limité est identiÀé par la CRPG. Cette liste permet d’établir un pré-inventaire représentatif de la géologie de la 14

région, provenant d’inventaires locaux ou de recensements antérieurs. De cet ensemble, la CRPG propose une sélection de sites qui méritent une description détaillée en fonction des ressources disponibles (personnes et budgets). Les sites qui ne sont pas sélectionnés dans ce premier stade pourront être ultérieurement intégrés puisqu’il s’agit maintenant d’un inventaire continu. Une fois réalisé, l’inventaire régional doit être validé par le CSRPN, puis transmis au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), en charge de sa validation nationale. Les contrôles réalisés par le Muséum national sont principalement techniques et méthodologiques mais la cohérence scientiÀque des inventaires est également examinée par une Commission de validation nationale. Cette commission, mise en place par le MNHN, procède à la relecture de toutes les Àches renseignées dans le cadre des inventaires régionaux. Elle réalise alors une analyse scientiÀque critique de l’inventaire de chaque région en examinant plus particulièrement la cohérence scientiÀque de l’inventaire à l’échelle nationale, la notation des Àches (cohérence entre les notes et les justiÀcations fournies). En complément, les services informatiques vériÀent de manière automatique que les champs obligatoires à la validation nationale sont bien remplis et que les informations renseignées sont sous les bons formats (notamment les tracés cartographiques SIG des sites) (Àg. 2). Après une première phase de travail qui a duré cinq ans (un lustre), un congrès a été organisé en 2012 aÀn d’effectuer un bilan, surtout basé sur un retour d’expérience (Egoroff et al., 2013). Il a montré que le guide méthodologique devait être actualisé (De Wever et al., 2014), que des ajustements étaient nécessaires, en particulier sur le mode de saisie, et que le logiciel Géotope devait évoluer. Désormais, les informations relatives aux sites seront saisies en ligne dans une nouvelle base de données, commandée au BRGM et appelée « iGéotope ». Cet outil de saisie en ligne a l’avantage d’utiliser une base de données unique et centralisée permettant des contrôles automatiques. Si des manques importants sont identiÀés lors de ce contrôle, le MNHN en établit une synthèse et la transmet aux instances régionales aÀn de mettre en œuvre les corrections ou compléments nécessaires.

Figure 2. Schéma de synthèse de l’organisation de l’inventaire national du patrimoine géologique. La circulation de l’information se fait du niveau régional au niveau national. Lorsqu’une fiche est validée au niveau régional, elle ne doit plus être modifiée avant son examen par la commission de validation nationale. Si des modifications ou compléments sont demandés par la commission de validation nationale, la DREAL procède à l’annulation de sa validation régionale pour effectuer les modifications demandées. En accord avec la DREAL et le coordinateur scientifique régional, une nouvelle validation régionale des fiches par la CRPG et le CSRPN peut être requise, ainsi qu’une nouvelle validation nationale, en fonction de l’importance des modifications demandées. Après avis positif de la commission de validation nationale, le MNHN confirme la validation des sites proposés.

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2. État des lieux 2.1. Situation actuelle À ce jour, l’inventaire a été lancé dans toutes les régions. Il est validé au niveau national dans la plupart d’entre elles, quelquesuns étant en cours de réalisation ou de validation (ÀJ). Pour chaque site de l’inventaire, deux types d’informations permettent de déterminer le caractère « remarquable » de ce site : sa description et son évaluation. Pour chaque site, la Àche correspondante comprend, entre autres : un nom, une localisation géographique et une emprise, une description physique, une description géologique faisant clairement ressortir ses principaux intérêts (ÀJ), les statuts de protection, lorsqu’ils existent, des références bibliographiques, des documents : coupes, photos, etc., le nom des auteurs et des contributeurs. Un ensemble de critères basés sur les intérêts géologiques et pédagogiques, la rareté et l’état de conservation, permet d’évaluer l’intérêt patrimonial du site. Parallèlement, d’autres critères permettent d’en évaluer le besoin de protection aÀn d’empêcher sa destruction ou sa disparition face à un danger d’origine naturelle ou anthropique. Le système de notation permet de hiérarchiser les sites susceptibles de présenter un intérêt départemental, régional, national ou international. Les sites majeurs du patrimoine géologique peuvent ainsi être identiÀés. L’ensemble de ces données conduit à ce qu’une « Àche » d’inventaire est de fait constituée de plusieurs pages, généralement entre cinq et douze. L’inventaire qui existe à ce jour représente la première phase d’un inventaire continu. Il a été possible grâce à la participation de nombreux acteurs. On dénombre en effet plus de 550 intervenants, la plupart bénévoles, appartenant à 68 structures différentes des mondes académiques, administratifs, associatifs, industriels… (voir la liste des contributeurs en Àn d'ouvrage).

Figure 3. État des lieux de l’inventaire arrêté en juillet 2018 présenté par départements.

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Figure 4. Exemple de l’interface de saisie en ligne de l’inventaire baptisée « iGéotope ».

2.2 Restitution Après la validation nationale, les données doivent être portées à la connaissance des instances locales pour une prise en compte dans le cadre des projets d’aménagement du territoire. Les données validées de l’inventaire national du patrimoine géologique sont aussi librement accessibles auprès de tout public conformément à la convention d’Aarhus et à la directive européenne du 28 janvier 2003. L’accès du public à l’information en matière d’environnement se fait notamment

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sur des portails cartographiques dédiés (GeoIDE-CARMEN). L’inventaire est également pris en compte dans le Système d’information sur la nature et les paysages (SINP) via le site internet de l’Inventaire national du patrimoine naturel (ÀJ), la plateforme nationale des données portant sur la biodiversité et sur son socle, la géodiversité. Ce sont ces données que nous avons voulu valoriser et faire connaître en publiant le présent livre qui offre un panorama d’une centaine de sites, un par département.

Figure 5. Extrait de la page d’accueil de l’INPN qui présente le programme INPG. Le site INPN correspond à la plateforme nationale des données sur la nature (biodiversité et géodiversité). Il fournit au public un accès aux données de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) qui proviennent de différents programmes de connaissance de la nature en France (ZNIEFF, Natura 2000…). https://inpn.mnhn.fr/programme/patrimoine-geologique/ presentation

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3. Futur de l’inventaire L’inventaire national du patrimoine géologique est dorénavant un inventaire continu. Les DREAL peuvent y ajouter de nouveaux sites ou en enlever en cas de disparition ou d’altération, via l’outil de saisie en ligne de l’inventaire (i-Geotope), après avoir saisi la CRPG et enclenché un nouveau processus de validation régionale puis nationale. Le rythme de ces mises à jour est laissé à l’appréciation des DREAL et des CSRPN. Grâce à ce processus, certaines régions ont décidé dans un premier temps de n’inventorier que les sites majeurs tandis que d’autres ont inventorié la plupart des sites géologiques de leur territoire. Par exemple, la région Auvergne s’était bornée dans un premier temps à une centaine de sites seulement alors que la région Midi-Pyrénées travaillait sur plus de 1 200 sites. Dans le cadre de ce programme, la « validité » d’une Àche est de l’ordre de douze ans. Cette durée est calquée sur le

programme ZNIEFF. Les DREAL sont invitées à réexaminer les Àches aÀn de ne pas dépasser cette durée. Les données de l’inventaire sont utilisables pour développer des politiques d’aménagement du territoire, de gestions d’espaces naturels, de protection d’espaces et la mise en place de circuits géotouristiques ou des sorties pédagogiques. Elles sont un outil précieux, notamment dans le cadre de la SCAP (Stratégie de création d'aires protégées), ou pour la mise en place des listes départementales des sites d'intérêt géologique et des APPG (Arrêtés préfectoraux de protection de géotope). Outre le fait que l’inventaire est continu, il pourra être éventuellement alimenté par tous au travers du programme Vigie Terre, qui est un programme de Science participative destiné à jouer le rôle d’observatoire en Sciences de la Terre, à l’instar de Vigie Ciel, Vigie Mer…

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Les sites

01 – Ain Sur la piste des dinosaures Pour le grand public, quand on parle paléontologie viennent immédiatement les mots : les ammonites et dinosaures. Il est vrai que ces derniers organismes sont impressionnants par leur taille et leur allure. Ils font peur, ils font rêver. Alors quand, dans la nature, on retrouve, ne serait-ce que des traces, la curiosité s’éveille. Mais quand ces traces s’étendent sur une grande longueur (plus de 150 m), sont multiples (110 pas successifs) et laissées par des pattes dont les empreintes atteignent plus d’un mètre de diamètre, alors l’imagination se débride et l’intérêt est décuplé.

INPG : RHA0023 Piste de dinausaures de Plagne Intérêt géologique : – Paléontologie

De telles traces ont été observées dans le Jura, à la hauteur de Nantua (Ain). Elles correspondent à des dinosaures herbivores (sauropodes) d’une cinquantaine de mètres de long pour un poids estimé à plus de 30 tonnes. Ces traces ont été laissées, il y a 150 millions d’années (Tithonien inférieur) par des organismes qui se déplaçaient sur une plage, en bordure d’une mer tropicale. Les sauropodes partageaient ces plages avec d’autres dinosaures carnassiers (théropodes), des tortues et des crustacés…

W La piste de sauropode en cours de dégagement Les dépressions circulaires de plus d’un mètre de diamètre sont entourées d’un bourrelet de sédiment calcaire.

Partie proximale de la piste de théropode Megalosauripus Empreintes tridactyles soulignées à la peinture. L’animal a été surnommé Maximus. X

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La grande piste de sauropode Brontopodus plagnensis, Tithonien inférieur L’animal a été surnommé Odysseus. Sur la première empreinte, en bas à gauche, on distingue bien le couple main/pied. Vue de l’amont.

02 − Aisne Un relief résiduel Les Hauts-de-France ne sont pas réputés pour leurs montagnes mais ils le sont pour leurs monts, bien connus des cyclistes (Tour des Flandres) ou des écrivains (Marguerite Yourcenar, Victor Hugo). En effet au-dessus d’immenses plaines crayeuses semblent reposer de petits tas d’enfants gargantuesques. Tel est le cas d’un relief dominé par une cathédrale au-dessus de la ville de Laon. Cette butte est constituée de terrains qui se sont déposés dans une mer ou une lagune, au cours de l’ère Tertiaire (du Thanétien au Lutétien, de -59 à -40 millions d’années).

INPG : PIC0008 La butte témoin tertiaire de Laon Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Stratigraphie – Sédimentologie – Paléontologie

Ces roches, sableuses à la base et calcaires au sommet, sont très différentes de celles de la plaine crayeuse du Crétacé. Elles témoignent qu’une mer existait ici pendant une vingtaine de millions d’années. Quand la région a émergé, l’érosion a fait son œuvre, les calcaires du sommet ont un moment résisté, mais quand, ici ou là, ils ont été entaillés, alors les sables et argiles ont rapidement été déblayés. Tout a été emmené, sauf quelques rares petits ilots qui prouvent encore que la mer a occupé la région. Témoin morphologique d’une ancienne géographie.

W Cet oursin (Echinolampas calvimontana) du Lutétien moyen existe dans les bancs calcaires à Ditrupes.

W Vue sur la cathédrale de Laon depuis la citadelle Point haut de la région, le relief a été utilisé comme point de défense, avec une forteresse et par les religieux, pour que la cathédrale se voit de loin.

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La butte de Laon vue de la route Laon Saint-Quentin près de Crépy en Laonnois (N 44). Certes peu élevée, mais telle une île sur la mer de la craie la butte, habitée, se détache.

03 – Allier Ressource de porcelaine Dans le Sud du département de l’Allier, deux ensembles granitiques d’une ancienne chaîne de montagnes d’âge hercynien (le granite des Colettes et le granite de Beauvoir) sont intrusifs au sein du socle régional précambrien représenté par les micaschistes du Groupe de la Sioule. Des phénomènes d’altération d’origine climatique ont affecté les minéraux de feldspaths de ces granites sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur, conduisant à la formation d’argile de type kaolinite, matière première utilisée pour la fabrication de la porcelaine. La dernière carrière encore exploitée produit à la fois du kaolin rougeâtre, du kaolin très blanc et du kaolin intermédiaire. INPG : AUV0071 Exploitation de kaolin dans le granite de la Bosse Intérêts géologiques : – Minéralogie – Ressources naturelles – Métamorphisme – Plutonisme

Des circulations de Áuides affectant le granite de Beauvoir sont à l’origine du dépôt de métaux, notamment dans le gisement d’Échassières, riche en étain, lithium, béryllium et tungstène. Ce gisement offre une grande variété de minéraux provenant de l’exploitation des argiles de type kaolin de la région, dont de nombreux échantillons sont présentés dans le musée Wolframines. Dans ce gisement fut découvert en 1913 le premier Àlon de wolframite, un oxyde de tungstène, qui donna naissance à l’extraction du tungstène.

S Ancienne carrière de kaolins blanc et rougeâtre sur le site de Beauvoir à Échassières

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S Le musée Wolframines Témoin du passé minier d’Échassières.

Carrière de kaolin en exploitation sur le site de Beauvoir à Échassières

04 – Alpes-de-Haute-Provence Au pays des ammonites La dalle à ammonites de Digne (Alpes-de-Haute-Provence) a une renommée internationale qu’elle doit à une spectaculaire accumulation de fossiles et à quelques opérations phares comme le premier symposium international sur le patrimoine géologique en 1991, ou la réalisation de son moulage pour la ville de Kamaishi (au Japon), ou encore à la création, puis au développement des réseaux des European puis des Global Geoparks soutenus par l’UNESCO. Ce site remarquable a en effet joué un grand rôle pour faire émerger la notion de protection du patrimoine géologique. Cette dalle constitue un des sites emblématiques de la Réserve naturelle nationale de Haute-Provence, créée en 1985 pour des motifs géologiques. INPG : PAC1989 La dalle à ammonites de Digne Intérêts géologiques : – Paléontologie – Sédimentologie – Stratigraphie

Le site fossilifère se présente sous la forme d’une couche calcaire inclinée à 60° vers l’est, dégagée sur 320 m2, qui montre plus de 1 550 grandes ammonites, certaines atteignant jusqu’à 70 cm de diamètre. Elles appartiennent presque exclusivement à l’espèce Coroniceras multicostatum, qui date du Jurassique inférieur (Sinémurien, 195 Ma). On note également la présence de quelques autres espèces d’ammonites et d’autres organismes tels que céphalopodes, échinodermes, divers lamellibranches et brachiopodes.

W Dalle presque uniquement constituée d’une seule espèce d’ammonite Outre son intérêt paléontologique et stratigraphique, ce site apporte des informations sur les conditions de dépôt qui ont conduit à une telle accumulation d’ammonites : un milieu profond, calme et protégé.

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W Cette espèce d’ammonite (Coroniceras multicostatum) a permis d’attribuer un âge à la dalle : Jurassique inférieur.

La dalle aux ammonites en bordure de la route, à la sortie de Digne-les-Bains. Le site est facile d’accès et aménagé. Il est rare de pouvoir observer une telle concentration d’ammonites dans une même couche.

05 – Hautes-Alpes Témoins d’un océan disparu À l’est de Briançon, à cheval sur la frontière franco-italienne, le massif du Chenaillet constitue un magniÀque témoin de la croûte océanique alpine, dans un état de conservation exceptionnel. Les roches de ce massif ont longtemps été considérées comme des « curiosités ». Ce sont les progrès de la tectonique des plaques qui ont permis une meilleure interprétation. Elles sont appelées ophiolites (du grec ophis = serpent) parce que leur aspect rappelle celui de la peau de serpent. Les ophiolites du Chenaillet comprennent des roches du manteau transformées (péridotites serpentinisées), des gabbros et au-dessus de spectaculaires laves basaltiques en coussins, épaisses de 300 à 400 m. L’ensemble est daté de 150 millions d’années. INPG : PAC0202 Les ophiolites du Chenaillet Intérêts géologiques : – Tectonique – Métamorphisme – Volcanisme – Plutonisme

La croûte océanique se forme au droit d’un relief sous-marin, ou dorsale océanique, située à la frontière entre deux plaques qui s’écartent. Le magma de composition basaltique peut alors remonter : les gabbros se mettent en place en profondeur et des basaltes s’épanchent en surface. Les mouvements tectoniques liés à la formation des Alpes au Tertiaire ont porté ce fond océanique à l’afÁeurement et permis qu’on puisse l’observer aujourd’hui à plus de 2 500 m d’altitude.

S Arête sud-ouest du Chenaillet Un sentier aménagé permet de suivre toutes les couches qui constituent la croûte océanique depuis les serpentinites jusqu’aux basaltes en coussins en passant par les gabbros.

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S Amas de pillow-lavas ou laves en coussins, particulièrement bien conservés Ces structures sont caractéristiques de l’écoulement de lave dans un milieu aquatique.

Le fameux mur de pillow-lavas du Collet vert à la frontière franco-italienne Il s’agit de la surface d’une coulée de lave sous-marine maintenant redressée à la verticale et située à 2 500 m d’altitude.

06 – Alpes-Maritimes Un lac qui va et vient Le plateau de Caussols est un haut plateau calcaire (1 100 m d’altitude) situé à environ 10 km de Grasse.

INPG : PAC1709 Le poljé et l’embut de Caussols Intérêts géologiques : – Hydrogéologie – Tectonique

Sur ce plateau se sont développées des structures caractéristiques de l’érosion karstique qui ont longtemps intrigué les habitants, les promeneurs, et aussi les géologues : on y observe une vaste dépression fermée ou « poljé » (plaine en slave), de 9 km² environ, dans laquelle les eaux de ruissellement sont absorbées par une cavité naturelle appelée « embut » (entonnoir en provençal) et située au point le plus bas de la dépression. Cette cavité s’ouvre au contact entre les terrains crétacés imperméables et les terrains calcaires jurassiques perméables du plateau. Lors des fortes pluies, les eaux se concentrent vers cette cavité, qui n’arrive plus à tout absorber. Il se forme alors un lac temporaire dans la plaine. En l’absence de nouvelles pluies, ce lac disparaît en une journée environ. Les inondations ont lieu une fois par an en moyenne. Les eaux qui s’inÀltrent dans la cavité s’enfoncent ensuite à plus de 500 mètres de profondeur, jusqu’à atteindre une nappe d’eau profonde, qui alimente une source située plus à l’est dans la vallée du Loup (la source de Bramafan), comme l’ont attesté des traçages à l’aide d’un colorant Áuorescent.

S Le plateau en période d’inondation à l’automne L’embut n’arrive pas à absorber les eaux de ruissellement et un lac éphémère, parfois très étendu, peut se former.

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S Perte du ruisseau dans l’entrée principale de l’embut

La vaste dépression fermée (ou poljé) de Caussols Vue vers l’est. L’embut se trouve en bas à droite (zone claire).

07 – Ardèche Le Pont d’Arc, « court-circuit » de l’Ardèche La vallée de l’Ardèche est très fréquentée par les touristes en quête de soleil et d’eaux vives. Sur près de 30 km, cette vallée offre des panoramas parfois très impressionnants : soit par l’étroitesse des gorges encaissées, soit par le monument naturel qui évoque la voussure d’un pont roman à… Pont d’Arc. Cette partie de la région est d’autant plus courue que, dans ce pays calcaire, des grottes ont été creusées par l’eau. L’une d’entre elles est devenue mondialement connue : la grotte de Pont d’Arc, dite grotte Chauvet, qui s’ouvre quelques kilomètres en aval de Vallon-Pont-d’Arc, dans une paroi rocheuse du cirque d’Estre.

INPG : RHA0031 Le Pont d’Arc et le cirque d’Estre Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Hydrogéologie

Au niveau du Pont d’Arc, curieusement, la rivière semble se dissocier de sa vallée. Celle-ci décrit ici en effet une large boucle asséchée, dite « cirque d’Estre », tandis que l’Ardèche prend un raccourci en court-circuitant cette boucle à travers la barrière calcaire pour former le célèbre Pont d’Arc. Cette situation résulte d’une histoire en deux épisodes : dans un premier temps, à cet endroit existait un large méandre creusé par l’Ardèche, qui s’est lentement encaissée dans les calcaires urgoniens en formant ses spectaculaires gorges. Puis la rivière a perforé la haute cloison calcaire qu’elle contournait auparavant.

S Le Pont d’Arc Un pont naturel taillé dans les calcaires urgoniens du plateau de Saint-Remèze.

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S Vire d’accès à la grotte Chauvet dans le cirque d’Estre

Le Cirque d’Estre Le méandre recoupé se trouve aujourd’hui suspendu de quelques mètres au-dessus du cours actuel de l’Ardèche. Le cirque d’Estre est donc un ancien lit de l’Ardèche, désormais abandonné par les flots.

08 – Ardennes Coraux primaires Le Bassin parisien est majoritairement composé en surface de couches des ères secondaire et tertiaire, mais sur certaines de ses bordures, des terrains plus anciens sont observables à l’afÁeurement. C’est le cas dans le département des Ardennes, où le long du trajet sinueux de la Meuse, afÁeurent au niveau de la Pointe de Givet, sorte d’intrusion de notre frontière dans la Belgique, des terrains datés de l’ère primaire, plus précisément de l’étage Givétien.

INPG : CHA0025 Stratotype du Givétien Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie – Paléontologie – Ressource naturelle

Les calcaires du Givétien de Givet sont des calcaires récifaux qui présentent toutes les caractéristiques de ces environnements de vie et de dépôt. Des organismes constructeurs y sont visibles (stromatopores, coraux tabulés, coraux rugueux) auxquels se joignent des crinoïdes, des algues calcaires, des bryozoaires, etc. Ces calcaires sont donc très riches en fossiles, tellement riches qu’ils ont servi à la description et à la caractérisation d'un étage géologique à la Àn du XIXe siècle par Jules Gosselet, grand géologue lillois, d’où le nom de Givétien qui a été retenu pour l’échelle internationale des temps géologiques.

S Stratotype de l’étage géologique du Givétien On peut observer ce stratotype au sein de la réserve naturelle nationale de la Pointe de Givet.

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S Les calcaires de Givet Les études paléontologiques de ces calcaires, extrêmement riches en débris coquilliers, de récifs, d’algues calcaires et de coraux, ont permis non seulement de retracer la vie et les milieux de vie de cette époque, mais également de mieux définir la succession des temps géologiques.

La coupe de Moulin Boreux Elle présente les terrains qui ont permis de définir l’étage géologique du Givétien.

09 – Ariège À manteau découvert Le sous-sol ariégeois recèle une diversité minérale exceptionnelle héritée de son histoire géologique longue et complexe. Ses terrains sédimentaires, métamorphiques et magmatiques ont été déformés et morcelés par les chaînes de montagnes successives (varisque et alpine) puis modelés par les érosions karstiques, Áuviatiles et glaciaires ultérieures. Parmi eux, près de l’étang de Lers (anciennement Lherz), un massif d’à peine 1 kilomètre carré est mondialement célèbre.

INPG : MPY1471 Massif des péridotites alpines de l’étang de Lherz au Port Intérêts géologiques : – Métamorphisme – Plutonisme – Géochronologie – Sédimentologie – Géomorphologie – Stratigraphie – Hydrogéologie – Tectonique – Minéralogie

Son intérêt est lié à la présence de deux roches du manteau rarement visibles en surface : la lherzolite et la harzburgite. La première provient de la régénération, sans doute lors de la formation de la chaîne varisque, d’un manteau vieux de 2 milliards d’années dont elle englobe des fragments encore intacts correspondant à la seconde. Les deux sont remontées au travers de la croûte terrestre au cours de la rotation de la plaque ibérique, il y a 100 millions d’années. Elles ont ensuite été déformées, fragmentées et portées près de la surface lors de la formation de la chaîne alpine. Vers 65 millions d’années, l’érosion a commencé à les faire afÁeurer, bien avant que les glaces quaternaires n’y creusent l’étang. Ce massif constitue l’étalon international de référence de la lherzolite.

S Échantillon de lherzolite Il montre sa couleur verte naturelle et la rouille de son cortex d’altération.

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S Lherzolite de teinte brun rouille, située à droite Elle contraste nettement avec son encaissant de brèches marmoréennes grises, visible au niveau de la route

Vue sur une partie du massif de l’étang de Lherz depuis la route D18 avec en arrière-plan le Mont Béas.

10 – Aube Fossiles noyés Le département de l’Aube accueille des structures anthropiques méconnues du public mais d’une grande importance pour les grandes villes situées dans le Bassin parisien : des lacs réservoirs. Ces structures hydrographiques permettent de stocker de l’eau en amont de la Seine et de la Marne aÀn de prévenir, entre autres, des crues. Quand leurs niveaux sont bas, ils permettent d’accéder aux couches géologiques les supportant.

INPG : CHA0023 Affleurement albien de la presqu’île de la Petite Italie du barrageréservoir Seine Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie

Le lac de la Forêt d’Orient, barrage réservoir de la Seine, montre en basses eaux au niveau du lieu-dit de La Petite Italie des couches argileuses datées de l’Albien. Ces couches du Crétacé supérieur représentent un milieu marin franc, à une époque où les masses d’eau de l’ancien océan Téthys étaient en contact avec la mer boréale. Les argiles déposées sont très riches en fossiles, que ce soit en nombre d’individus ou en classes d’animaux. Les ammonites y sont particulièrement bien représentées. Cette richesse paléontologique, reconnue depuis plusieurs siècles, a fait que la région a servi de type à l’établissement de l’étage géologique Albien, de alba nom latin de l’Aube.

S Les couches géologiques affleurantes à la Petite Italie Ces couches sont très riches en fossiles, d’où leur importance pour les études géologiques.

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S Un barrage réservoir de la Seine La hauteur des eaux de ces barrages varie, ce qui permet l’étude des couches géologiques les supportant.

Un exemplaire de Lyelliceras lyelli (Leymerie, 1841) Une espèce d’ammonite caractéristique de l’Albien moyen (– 108 à – 96 millions d’années) de l’Aube.

11 – Aude Un pic mythique Le massif des Corbières, au pied des Pyrénées, a été complètement modelé par la formation et l’érosion de cette chaîne de montagnes. C’est un pays d’Histoire comme en témoignent les ruines des forteresses du Pays Cathare, construites sur les lignes de crêtes des contreforts pyrénéens, mais c’est aussi une terre de légende. Un lieu, visible depuis l’ensemble des Corbières, reste emblématique et des plus mystérieux : le Pic ou Pech de Bugarach.

INPG : LRO1017 Pic de Bugarach Intérêts géologiques : – Tectonique – Stratigraphie – Géomorphologie – Sédimentologie – Hydrogéologie

Cette montagne a inspiré de nombreux mythes. Ceux du trésor de l’abbé Saunière ou de la base extraterrestre, cachés dans ses entrailles, sont liés à l’important réseau karstique développé depuis le Miocène jusqu’au Quaternaire. Mais le premier mystère reste sa formation, car son altitude (1 230 m) est nettement plus élevée que celle des reliefs qui l’entourent. L’histoire des nains Bug et Arach ne satisfait que peu les scientiÀques. Il faut trouver la réponse dans l’un des événements tectoniques majeurs de la région, la formation des Pyrénées entre 65 et 30 millions d’années. Ce pic taillé dans les calcaires jurassiques appartient à la zone nord-pyrénéenne qui s’est déplacée et a chevauché les terrains plus récents vers le nord. Cette superposition anormale sert de base à une autre croyance, celle du refuge permettant d’échapper à la Àn du monde.

S Chevauchement du Pic de Bugarach Les calcaires à rudistes crétacés du Roc de la Beillé, au premier plan, sont chevauchés par des terrains plus anciens, les calcaires et dolomies jurassiques de la Pique Grosse (second plan).

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S Chevauchement du Pic de Bugarach (1 230 m) Il se reconnaît aisément à sa silhouette caractéristique qui se détache des autres reliefs des Corbières, comme ici, depuis Força Real dans les Pyrénées-Orientales.

Pic et village de Bugarach, visibles depuis la D114, au niveau de Trémoulet Le pic se compose des escarpements jurassiques de la Pique Grosse à droite et du Pech à gauche.

12 – Aveyron Histoire d’un trou À la charnière du Massif central, du Bassin aquitain et des Grands Causses, l’Aveyron est un musée géologique à ciel ouvert. Dans ce paysage naturel varié, l’Homme a trouvé nombre de ressources naturelles et a aménagé son milieu de vie. Le Trou de Bozouls ou Gourg d’Enfer en est un témoin spectaculaire, bien visible depuis le point de vue de Terra Memoria, espace de découverte de la Terre et des paysages aveyronnais.

INPG : MPY0726 Trou de Bozouls Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie – Géochronologie – Stratigraphie – Hydrogéologie – Volcanisme

Ce méandre encaissé du Dourdou, en forme de fer à cheval, isole un promontoire très étroit qui abrite le soubassement d’un ancien château des comtes de Rodez et une église romane du XIIe siècle. La rive concave supporte quant à elle le village actuel de Bozouls. Ces parois quasi verticales de plus de 80 m exposent les formations carbonatées du Causse Comtal, témoins d’un envahissement par la mer au Lias inférieur. Au milieu de ces parois, les importants dépôts de travertins marquent les étapes de l’enfoncement sur place du cours d’eau au Quaternaire. Au fond du « trou », plusieurs moulins étaient actionnés par les eaux du Dourdou en partie alimentées par les vastes réseaux karstiques souterrains émergeant sur ces rives.

S Méandre encaissé du Trou de Bozouls Il isole un promontoire très étroit qui abrite le soubassement d’un ancien château des comtes de Rodez et une église romane du XIIe siècle. La rive concave supporte le village actuel de Bozouls.

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S Coupe liasique Visible sur le pédoncule depuis le point de vue de Terra Memoria, cette coupe permet d’observer, de bas en haut, l’évolution sédimentaire dans le sens d’une transgression : passage d’un milieu de marais maritime à une zone de balancement des marées (calcaires du Sinémurien) puis à une plate-forme continentale (calcaires du Lotharingien puis marnes du Carixien).

Vue aérienne du Trou de Bozouls La rivière du Dourdou y décrit un méandre en forme de fer à cheval de 400 m de diamètre et de plus de 100 m de profondeur.

13 – Bouches-du-Rhône C’est un cap

INPG : PAC0462 La route des crêtes et les falaises soubeyranes Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Paléontologie – Sédimentologie – Stratigraphie

Les falaises de Soubeyran surplombent la Méditerranée entre Cassis et La Ciotat. Du cap Canaille au bec de l’Aigle, ce sont les plus hautes falaises de France, qui culminent à 394 mètres. Leur soubassement est constitué de marnes grises du Cénomanien et du Turonien inférieur, riches en ammonites et en foraminifères. Les falaises proprement dites, entièrement d’âge turonien, montrent une remarquable diversité de faciès, deltaïques et récifaux. L’alternance de ces faciès résulte : 1 - du dépôt en domaine marin subsident de sédiments détritiques Áuviatiles issus d’un massif cristallin méridional (conglomérats et grès ferrugineux de couleur rousse à stratiÀcation oblique), 2 - de l’accumulation de calcaires bréchiques à olistolithes générés par des glissements successifs depuis la bordure instable d’une plate-forme carbonatée à Rudistes située plus au nord. Sur toute leur étendue, ces falaises présentent un ensemble minéral spectaculaire, depuis les étonnants reliefs sculptés par l’érosion éolienne (taffonis) jusqu’aux paysages karstiques (formes de corrosion de surface et cavités), avec quelques entrées de grottes visibles, dont certaines ont été occupées au Paléolithique et au Néolithique.

S Vue générale des falaises Soubeyranes, du cap Canaille au sémaphore du Bec de l’Aigle

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S La calanque de Figuerolles Dominée par le rocher du Capucin, sculpté par l’érosion éolienne, et ses falaises de conglomérat.

Panorama du Turonien des falaises de Soubeyran Alternances de dépôts détritiques deltaïques de couleur rousse et de calcaires de plate-forme resédimentés clairs.

14 – Calvados Une tranche de temps

INPG : BNO0319 Le stratotype bajocien de Saint-Honorine-des-Pertes Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Tectonique – Paléontologie – Géomorphologie – Sédimentologie – Hydrogéologie

Sur la bordure ouest du Bassin parisien, les falaises de Sainte-Honorine-desPertes montrent un léger bombement anticlinal occasionné par un réseau de failles qui délimitent un ensemble de horsts et de grabens, liés à un système distensif en relation avec l’ouverture de l’océan Atlantique durant le Jurassique. Il permet d’observer une coupe complète de l’Aalénien supérieur au Bathonien moyen qui renferme de très nombreux fossiles marins, mollusques, oursins, brachiopodes, éponges, stromatolithes. C’est ici qu’en 1852 Alcide d’Orbigny a déÀni la coupe de référence internationale du stratotype bajocien. Cet étalon de l’échelle des temps géologiques, avec ses nombreuses discontinuités sédimentaires, constitue un bon exemple des rapports complexes existant entre le temps et l’enregistrement sédimentaire. Dans les falaises, les émergences de l’aquifère du Bajocien-Bathonien aboutissent localement à la formation de travertins. Le platier rocheux montre également de nombreuses Àgures d’érosion liées à l’action de la mer et l’activité d’organismes perforants.

S Vue d’ensemble du site du stratotype bajocien à SainteHonorine-des-Pertes

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S Ammonites en coupe dans la formation de l’oolithe ferrugineuse de Bayeux

Niveau condensé du Bajocien de Sainte-Honorine-des-Pertes.

La falaise des Hachettes Site de référence retenu par Alcide d’Orbigny pour la définition du stratotype Bajocien à Sainte-Honorine-des-Pertes.

15 – Cantal Eau chaude à tous les étages Chaudes-Aigues, dans le Cantal, est réputée pour ses nombreuses sources d’eaux chaudes, dont la source du Par, qui émerge à 82 °C, l’une des plus chaudes d’Europe. Ces eaux gazeuses, bicarbonatées sodiques, acquièrent leur minéralisation en traversant des gneiss (à biotite et sillimanite) de l’ère primaire. Elles émergent en suivant un système de fractures orientées vers le nord, lié à l’histoire tectonique et volcanique tertiaire (Néogène) de la région.

INPG : AUV0103 Sources thermales de ChaudesAigues Intérêts géologiques : – Hydrothermalisme – Hydrogéologie – Ressources naturelles

Les analyses chimiques montrent que les différentes eaux ont une origine commune. Elles sont acides à l’émergence en raison de la teneur élevée en gaz carbonique dissous, puis deviennent légèrement alcalines après dégazage. Des concrétions remarquables se forment au niveau des sources et dans les canalisations, qui rendent l’exploitation complexe. Ces eaux chaudes sont utilisées au moins depuis le haut Moyen Âge pour le thermalisme et depuis le XIVe siècle pour la géothermie (chauffage des habitations par le sol grâce à un ingénieux système de rigoles). Le musée Géothermia permet de découvrir de manière très pédagogique l’utilisation de l’énergie géothermique.

S Encroûtement carbonaté à l’intérieur d’une canalisation S Le musée de la géothermie et du thermalisme à Chaudes-Aigues

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La source d’eau chaude du Par

16 – Charente Géants disparus La Charente est considérée aujourd’hui comme un département plutôt paisible où il fait bon vivre, mais cela n’a pas toujours été le cas. En l’an 407 par exemple, les Vandales ravagent la ville d’Angoulême, à nouveau dévastée par les Arabes en 732. Et lorsque les mammouths paissaient dans la campagne au Paléolithique, il ne fallait pas craindre les grands froids. Mais heureusement, quand les dinosaures évoluaient dans la région au début du Crétacé, l’espèce humaine n’avait pas encore fait son apparition sur Terre.

INPG : POC0033 Argiles berriaso-valanginiennes à restes de vertébrés de Chez Durandeau (Angeac-Charente) Intérêts géologiques : – Paléontologie – Sédimentologie

S Carapace de tortue fossilisée

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À Angeac-Charente, les carrières encore en activité qui exploitent les alluvions montrent sous ces dernières une succession de sédiments – calcaires, conglomérats et argiles – qui se sont déposés il y a environ 140 millions d’années. Dans ces argiles, on a trouvé des fossiles de plantes ainsi qu’un tronc de conifère mais aussi d’innombrables restes de vertébrés : requins, amphibiens, tortues, crocodiles, etc. Autant d’animaux qui témoignent d’un environnement, de type marais deltaïque, au moment du dépôt. Un environnement que fréquentaient également de nombreux dinosaures, notamment le Turiasaure, l’une des plus grandes espèces connues au monde !

S Ossements fossilisés d’un Stégosaure

Fémur fossilisé de Turiasaure, dinosaure de type sauropode

17 – Charente-Maritime De la terre à la mer Si la promotion touristique de la Charente-Maritime n’est plus à faire, le patrimoine géologique de ce département reste généralement méconnu malgré la présence de sites tout à fait remarquables. C’est par exemple le cas d’un exceptionnel gisement fossilifère qui marque la limite entre le Crétacé inférieur et le Crétacé supérieur, il y a environ 100 millions d’années. Il s’agit donc d’un gisement qui, grâce à l’étude de ses fossiles, a permis de reconstituer l’évolution de l’environnement naturel de la région à cette époque.

INPG : POC0039 Dépôts à plantes et à ambre albocénomaniens de Font-de-Benon (Archingeay et Les Nouillers) Intérêts géologiques : – Paléontologie – Stratigraphie – Sédimentologie

Aujourd’hui, la carrière dans laquelle ont été effectuées les principales découvertes est totalement noyée mais les collections du Muséum national d’histoire naturelle et celles de l’Université de Rennes 1 sont encore là pour témoigner de la richesse du site. Sur le terrain, on pouvait ainsi observer du bas vers le haut de l’empilement sédimentaire : (I) des argiles à fossiles de plantes témoignant d’un dépôt en milieu continental ;(II) des sables à lignite riches en nodules d’ambre contenant des insectes ; (III) des sables coquilliers déposés par la mer montrant de nombreuses dents de reptiles, de mammifères et de poissons.

S Sables argileux montrant un fragment de lignite

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S Sables d’origine marine à litage oblique

Insecte fossilisé dans l’ambre

18 – Cher Curiosité minérale Si la notoriété de la quincyite, variété minérale de sépiolite, ne dépasse généralement pas les frontières de la région Centre - Val-de-Loire, c’est tout simplement parce que ses gisements sont rares et qu’ils restent limités au département du Cher. Cette argile colorée en rose par un pigment végétal n’afÁeure en effet que dans le secteur de Quincy et de Mehun-sur-Yèvre. Elle peut être localement siliciÀée et se présente alors sous forme d’opale, ce qui explique son utilisation en bijouterie au cours du XIXe siècle.

INPG : CEN0051 Les affleurements de quincyite Intérêts géologiques : – Minéralogie – Sédimentologie

S Affleurement de calcaires lacustres et de quincyite

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Sur le terrain, la quincyite est toujours associée aux calcaires lacustres qui se sont déposés dans le Berry à la Àn de l’Éocène et au début de l’Oligocène, il y a environ 35 millions d’années. Elle y est décrite uniquement vers le sommet de ces dépôts calcaires, notamment dans les deux derniers mètres de la série où elle semble de préférence concentrée dans les fractures. C’est là qu’elle s’est formée, sous climat aride et chaud, en milieu lacustre peu profond, essentiellement alimenté par la nappe phréatique, à l’écart de tout apport détritique. Quant à sa coloration, elle dériverait de la transformation de la matière organique.

S Échantillon de quincyite silicifiée

Échantillon de quincyite

19 – Corrèze Concert d’Orgues Le département de la Corrèze est dominé par des roches granitiques et métamorphiques. Néanmoins, une grande variété existe. En effet, des roches issues des profondeurs qui forment le plateau, restes d’une ancienne chaîne de montagnes (Varisque), jusqu’aux roches sédimentaires marines calcaires du causse corrézien, de l’ère secondaire, en passant par le triangle gréseux et coloré du bassin de Brive qui date de la limite entre les ères primaire et secondaire, les curieux de géologie sont gâtés. Ce département comprend aussi en quelques points des éléments des systèmes volcaniques auvergnats, dans l’est de la Corrèze, à Bort-les-Orgues par exemple. INPG : LIM0016 Coulée de phonolite miocène de Bort-les-Orgues et panorama Intérêts géologiques : – Volcanisme – Géomorphologie

Sur le socle métamorphique, des coulées de lave (des phonolites) se sont épanchées, souvent sur plusieurs kilomètres, il y a près de 7 millions d’années. Cette manifestation relève du volcanisme de Massif central, qui jouxte l’est du département. L’une de ces coulées se trouve au niveau du village de Bort. En refroidissant, elle s’est débitée en colonnes prismatiques verticales. L’érosion qui l’entaille en montre une coupe transversale, avec les prismes qui ressemblent à des tuyaux d’orgues, ce qui a inÁué sur le nom de ce village.

S Le débit en colonnades de la phonolite justifie la comparaison avec des tuyaux d’orgue.

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S Vue latérale de la coulée de phonolites de Bort-les-Orgues

Une coulée de lave, résistante, domine le relief de Bort-les-Orgues.

2A – Corse du Sud Rouge Scandola S’il est un site du département de la Corse du Sud qui présente à la fois des qualités d’ordre scientiÀque, patrimonial et esthétique, c’est bien celui de la presqu’île de Scandola, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Uniquement accessible par voie maritime, ce site d’exception montre en effet des coulées volcaniques de couleur rouge qui constituent d’impressionnantes falaises pouvant atteindre une centaine de mètres de hauteur. Ces coulées se sont mises en place à la Àn du Permien, il y a 255 millions d’années, au sein d’un vaste complexe volcanique extrêmement diversiÀé.

INPG : CSC0002 Orgues rhyolitiques permiennes de Scandola Intérêts géologiques : – Volcanisme – Géomorphologie – Tectonique

S Coulées rhyolitiques prismées

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À Scandola, ces coulées rubéÀées qui s’observent surtout depuis la mer se débitent sous forme de prismes à base hexagonale, prismes plus connus sous le nom d’orgues qui apparaissent par rétraction de la lave au moment de son refroidissement. Le phénomène est très répandu mais les coulées ont ici deux particularités : elles sont constituées de rhyolite, une roche acide dont la lave est par conséquent visqueuse et s’épanche lentement ; elles montrent des prismes qui peuvent se présenter aujourd’hui en position plus ou moins horizontale après avoir été basculés par des mouvements tectoniques.

S Vue générale des terrains volcaniques de la presqu’île de Scandola

Prismes rhyolitiques sub-horizontaux

2B – Haute-Corse Excursion en profondeur Les sites qui permettent de découvrir le manteau terrestre à l’afÁeurement ne sont pas extrêmement nombreux sur le territoire national. L’un des plus démonstratifs se trouve en Haute-Corse, en bord de mer, au niveau du Capo Grosso. C’est là, notamment en contrebas du sémaphore du Cap Corse, qu’il est possible d’observer des lherzolites, des harzburgites et des dunites, regroupées sous le terme générique de péridotites : autant de roches aux noms barbares qui se sont formées au cours du Jurassique, il y a 170 millions d’années, à plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur.

INPG : CSC0038 Péridotites jurassiques du Monte Maggiore Intérêts géologiques : – Plutonisme – Minéralogie

À cette époque, un amincissement progressif de la croûte continentale dans la région conduit à l’ouverture d’un océan – l’océan Alpin – et à la remontée localisée du manteau vers la surface de la Terre. Ce manteau est alors soumis à un processus de fusion partielle qui génère des magmas. Des magmas qui, en cristallisant en profondeur, vont donner naissance à des gabbros. Ils s’injecteront en force dans les péridotites sous forme de Àlons centimétriques à décimétriques. Ces Àlons de couleur claire peuvent toujours être observés aujourd’hui, recoupant les roches mantelliques à l’emporte-pièce.

S Falaises de péridotites sous le sémaphore du Cap Corse

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S Affleurement de péridotites

Péridotites et filons de gabbro du Monte Maggiore

21 – Côte-d’Or Un bleu des profondeurs La source du Creux bleu se situe sur le Seuil de Bourgogne, un plateau de 500 à 600 m d’altitude qui relie le Bassin parisien au Bassin bressan. Le développement du karst est important dans ce secteur, permis par une altitude relativement élevée et des terrains calcaires épais, soumis à une fracturation intense. La source du Creux bleu émerge des calcaires du Jurassique moyen, plus précisément du Bathonien. Elle correspond à la sortie de l’eau d’un vaste réseau souterrain naturel de plusieurs kilomètres, qui vient notamment de la grotte de la Combe-aux-Prêtres à Francheville, à environ 15 km au sud-ouest ; réseau dans lequel circule la rivière souterraine de Francheville. INPG : BOU0452 Résurgence du Creux bleu (Villecomte) Intérêt géologique : – Hydrogéologie

Cette source au débit important (débit moyen journalier de 30 000 m3) présente un bassin d’alimentation de 123 km². La température de l’eau est régulière, à environ 11 °C. L’eau y est très transparente et la source montre une couleur bleue très particulière à laquelle elle doit son nom. Cette couleur est fréquente dans le cas d’émergence d’eaux provenant de réseaux karstiques : elle est due à la précipitation de microparticules de carbonate de calcium. W Le site du Creux bleu Le site avait été aménagé dès le XIIe siècle avec la construction d’un moulin et d’une digue qui constitue aujourd’hui une promenade. Un canal relie la vasque à la rivière, l’Ignon, qui se trouve à quelques dizaines de mètres de la source.

S La résurgence du Creux bleu en crue. La vallée est transformée en un vaste étang.

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Au cœur du village de Villecomte, la superbe vasque du Creux bleu De très nombreuses plantes aquatiques s’y développent dans une eau transparente.

22 – Côtes-d’Armor Galets en mouvement Si les chaos de granite rose de Ploumanac’h constituent l’un des sites les plus prestigieux des Côtes-d’Armor, le Sillon de Talbert reste probablement le plus extraordinaire. Ce cordon littoral qui s’étend en mer au large de Pleubian est en effet l’un des plus développés d’Europe avec une longueur exceptionnelle de plus de trois kilomètres.

INPG : BRE0130 Sillon de Talbert, flèche de galets d’âge quaternaire - Pleubian Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie

S Vue générale du Sillon de Talbert

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Initialement rattaché à l’îlot rocheux situé à son extrémité, le Sillon de Talbert est aujourd’hui transformé en Áèche à pointe libre. Il est essentiellement formé d’éléments sédimentaires grossiers : des galets provenant de l’érosion marine de cordons plus anciens et des fragments rocheux anguleux issus de l’éclatement par le gel des terrains géologiques voisins au cours des glaciations quaternaires. Ces différents éléments se sont réunis là, entre les embouchures du Trieux et du Jaudy, sous l’action conjuguée de la houle et des courants. Le Sillon est donc en perpétuelle évolution, parfois fragilisé pendant les fortes tempêtes, ou au contraire nourri par l’apport de nouveaux sédiments. Il s’observe dans son intégralité depuis le promontoire de Crec’h-Maout où une table d’orientation permet de bien le repérer, en particulier à marée haute.

S Variété de galets qui constituent le cordon

Vue aérienne du Sillon de Talbert à marée haute

23 – Creuse Gigantesques champignons Le département de la Creuse est fondamentalement constitué de roches granitiques qui marquent les paysages comme elles ont marqué l’histoire de l'Homme. En effet, tailler ces roches particulièrement dures nécessitait un savoirfaire qui a longtemps été exporté dans d’autres régions de France : basilique Saint-Denis au Moyen Âge, la digue de La Rochelle au XVIIe siècle, et encore plus spectaculaire au XIXe siècle pour les travaux du Baron Haussmann en région parisienne. Cette solide réputation des « maçons de la Creuse » ou même plus généralement limousins se Àt plus discrète au XXe siècle.

INPG : LIM0090 Chaos granitique des Pierres Jaumâtres Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Plutonisme

Ces granites se sont formés il y a 335 millions d’années (au Viséen) et ont subi une forte altération au Tertiaire. Celle-ci commence généralement par les fentes et seul le cœur reste en granite. Les produits de l’altération ont été déblayés au Quaternaire, si bien qu’il ne subsiste aujourd’hui que des blocs arrondis aux formes variées dans un chaos. Les noms attribués témoignent de leur pouvoir imaginatif : « le pain de sucre », « la bascule », « la grenouille »… Elles ont notamment inspiré George Sand dans son roman Jeanne, en 1844, qui s’est perdue dans un anthropomorphisme un peu exacerbé.

S Pierres Jaumâtres Blocs de granites baptisés « les pains de sucre ou les boules de beurre »

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S Un gros champignon de granite

Pierres Jaumâtres, des rochers en équilibre Amas appelé « la bascule » ou « la balance »

24 – Dordogne Des abris pour nos ancêtres Le département de la Dordogne est connu pour être le pays des Périgord noir, vert, blanc et pourpre. Il évoque pour beaucoup le canard conÀt et les pommes de terre sarladaises. Il fait aussi penser aux célèbres sites archéologiques qui témoignent de l’aube de l’humanité, tels que la Chapelle-aux-Saints pour l’Homme de Néandertal, ou encore les Eyzies-de-Tayac pour l’Homme de Cromagnon. Pour le géologue, ce dernier nom est aussi celui d’une formation de calcaires qui façonnent toute la région.

INPG : AQI0385 Formation des Eyzies – Falaises du bourg de La Roque-Gageac Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Hydrogéologie

La formation des Eyzies visible à La Roque-Gageac est constituée de calcaires jaunâtres, plus ou moins gréseux, très riches en fragments de coquilles (oursins, mollusques…). Les Àgures sédimentaires révèlent que ce sable calcaire s’est déposé en milieu peu profond, assez agité et qu’il était habité par des organismes vivant dans ce sédiment. La sédimentation est perturbée (on la dit bioturbée) par cette faune (celle qui est fouisseuse en particulier). Ces roches apparaissent en bancs d’épaisseur métrique. L’érosion souligne la structuration en niveaux plus ou moins indurés, qui forment autant de saillies ou de rentrants, et qui confèrent sa caractéristique au paysage.

W Escarpement vertical de calcaire au-dessus du manoir de Tarde (XVe siècle) et des ruines du fort troglodyte (XIIe siècle) Des spécialistes d'accès difficiles vérifient l’état de solidité de la falaise, à la suite de l’effondrement d’un pan de celle-ci, en janvier 2010.

S La Roque-Gageac, restes de fort troglodytique Les niveaux tendres forment des dépressions utilisées par les humains pour se mettre à l’abri.

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Escarpement du calcaire du Coniacien supérieur de La Roque-Gageac Les niveaux tendres forment des vires et des abris sous roches qui ont parfois été utilisés comme abris (des restes de murs en témoignent).

25 – Doubs Une citadelle bien entourée Le méandre du Doubs à Besançon est délimité par deux cluses spectaculaires qui recoupent perpendiculairement l’axe de l’anticlinal de la Citadelle. La cluse amont (cluse de Rivotte), comme la cluse aval (cluse de Tarragnoz), ont une longueur de près d’un kilomètre, une largeur de l’ordre de 500 mètres et une profondeur d’incision de 120 mètres. Elles dégagent de part et d’autre du relief de la Citadelle (pédoncule étroit du méandre) deux falaises dans les formations calcaires du Jurassique moyen, qui montrent parfaitement la structure dissymétrique de l’anticlinal et sa voûte érodée.

INPG : FRC2533 Méandre du Doubs, cluses et anticlinal de la Citadelle à Besançon Intérêts géologiques : – Hydrothermalisme – Hydrogéologie – Ressources naturelles

Les cluses et le méandre du Doubs illustrent de façon spectaculaire l’antécédence du cours d’eau vis-à-vis de la déformation d’un pli anticlinal. Les falaises du relief de la Citadelle, dégagées de part et d’autre par l’incision des cluses, révèlent la structure du pli anticlinal et la coupe stratigraphique presque complète du Bajocien et du Bathonien. Vers le sud-est, le Áanc de l’anticlinal se poursuit par une combe formée par l’érosion des assises marneuses de l’Oxfordien inférieur. Cette combe assure la position défensive des fortiÀcations de la Citadelle.

S Vue aérienne de Besançon, avec la boucle du Doubs et la Citadelle

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S L'anticlinal de la citadelle de Besançon mis au jour par la cluse du Doubs

La citadelle de Besançon installée au sommet d'un anticlinal

26 – Drôme Un beau livre d’histoire L’échelle des temps géologiques est tellement immense qu’il convient de la subdiviser pour s’y retrouver. On peut choisir les espaces entre les barreaux, ou les barreaux de l’échelle eux-mêmes comme repères. AÀn de disposer d’une échelle qui soit signiÀcative partout dans le monde, les subdivisions doivent correspondre à des standards internationaux. Certains sites deviennent de tels étalons. En Diois, dans la Drôme, ce pourrait être bientôt le cas pour la coupe de la Charce : elle est la meilleure candidate pour déÀnir la base de l’Hauterivien (– 133 millions d’années) et y poser le « clou d’or ».

INPG : RHA0074 Stratotype de l’Hauterivien (GSSP) : la coupe de La Charce (candidat) Intérêts géologiques : – Géochronologie – Sédimentologie

Les talus de la route situés à proximité du village de La Charce nous offrent une sorte de livre épais dont les pages successives relatent de manière continue cinq millions d’années de l’histoire de la Terre à cet endroit. En effet, l’alternance très régulière de couches de marnes grises et de calcaires plus clairs constitue les témoins de l’enregistrement sédimentaire et climatique d’il y a cent trente millions d’années. Ces couches renferment aussi une faune d’ammonites très riche en termes d’abondance et de diversité, très utile pour dater les terrains.

S Alternance régulière de bancs calcaires et de bancs marneux très redressés Témoins d’un environnement relativement profond.

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S Une ammonite, appelée Acanthodiscus radiatus Cette ammonite, trouvée dans la coupe de La Charce, caractérise la base de l’étage hauterivien.

Coupe de la Charce, en bordure de la route D61 La route a été déplacée en 2014 pour permettre l’aménagement du site et son observation en toute sécurité. La limite inférieure de l’Hauterivien se situe en face du panneau vertical en milieu de photo.

27 – Eure Des grottes aux carrières La craie de Normandie offre plusieurs centaines de grottes pénétrables, dont le développement exploré reste modeste comparé à celui des grottes des autres types de calcaires. Avec 8 km de conduits karstiques, partiellement ennoyés, la grotte de Caumont fait Àgure d’exception. C’est le principal système karstique de la craie connu en Europe du Nord-Ouest. Il montre une grande variété de morphologies des drains, allant des premières phases de karstiÀcation aux écoulements torrentiels en passant par de nombreuses formes d’adaptation illustrées notamment par des remplissages terrigènes. Des concrétions importantes de calcite y sont également connues. INPG : HNO0013 Géosite de Caumont - Les Varras Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Ressources naturelles – Hydrogéologie – Minéralogie

La grande variété des types de craie, d’âge turonien à coniacien (– 93 à – 86 millions d’années), a été mise en valeur par des exploitations souterraines, qui représentent environ 50 km de galeries mesurant en moyenne 10 m de large pour 5 à 6 m de hauteur. Durant la seconde guerre mondiale, elles ont abrité une usine souterraine allemande pour fabriquer le carburant des V1 et V2. Une partie des carrières a ensuite été utilisée en champignonnière. Aujourd’hui, c’est encore un site majeur pour l’initiation à la spéléologie dans le bassin de Paris.

S La carrière de Caumont et la seconde guerre mondiale Les Allemands ont investi la carrière de Caumont pour y construire une usine au nom de code STEINKOHLE 1301, afin de produire de l’oxygène liquide, comburant destiné à alimenter les fusées V1 et V2.

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S Exploitation des carrières de Caumont Elle remonte à l’époque romaine. Partie du flanc de coteau de la Seine, elle a recoupé de nombreux conduits karstiques.

Le puits du Pylone, un important réseau vertical du karst des carrières de Caumont Il fait partie du système hydrogéologique fossile du Pylone.

28 – Eure-et-Loir Entre lac et marécage Si dans la région Centre - Val-de-Loire le calcaire de Beauce occupe largement le nord du département du Loiret, il s’étend également au sud-est de l’Eure-et-Loir où il peut être localement démonstratif. Ce calcaire s’est formé au tout début du Miocène, au cours de l’Aquitanien, il y a 20 à 23 millions d’années, dans un environnement lacustre ou marécageux. Il apparaît aujourd’hui sous différents faciès qui correspondent au niveau d’eau très variable selon les saisons, lors du dépôt des sédiments.

INPG : CEN0136 Le calcaire lacustre aquitanien de la carrière de l’Herbechère à Viabon Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Paléontologie – Ressources naturelles

C’est par exemple le cas à Viabon, dans l’ancienne carrière de l’Herbechère, où les fronts de taille encore frais permettent d’observer ces faciès. La roche peut ainsi apparaître sous forme grumeleuse, renfermant des fossiles de gastéropodes d’eau douce, mais montre par ailleurs un aspect compact ou vacuolaire, à grain très Àn. Elle se présente parfois comme une brèche, constituée d’éléments anguleux qui résultent de phénomènes de dessiccation des sédiments lors des périodes de sécheresse ; des sédiments alors exondés de manière temporaire, mais qui peuvent être recouverts pendant la saison des pluies par des algues et des cyanobactéries à l’origine d’encroûtements stromatolithiques.

S Horizons rubanés dissociés par la dessiccation

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S Constructions stromatolithiques

Brèches polygéniques résultant de phénomènes de dessiccation dans le sédiment calcaire

29 – Finistère Coulée de lave sous-marine Ce site est incontestablement l’un des plus remarquables du département du Finistère, bien qu’il ne soit probablement pas le plus emblématique. La pointe de Lostmarc’h offre en effet une importante variété de roches, depuis des schistes, des calcaires et des grès jusqu’à différents types de laves.

INPG : BRE0072 Volcanisme ordovicien de la pointe de Lostmarc’h - Crozon Intérêts géologiques : – Volcanisme – Stratigraphie – Tectonique

S Coulée de lave à coussins

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Parmi ces roches, il faut noter la présence de curieuses formes arrondies qui évoquent des coussins et qui appartiennent à une ancienne coulée de lave basaltique sous-marine qui s’est mise en place au cours de l’Ordovicien, il y a 440 millions d’années. Ces coussins résultent d’un refroidissement très rapide de la lave qui, lorsqu’elle s’épanche dans l’eau, se Àge brutalement sous forme de boules qui s’entourent d’une croûte de quelques centimètres d’épaisseur seulement. À l’intérieur de la coulée, la lave résiduelle encore brûlante et liquide bourgeonne alors à travers les Àssures de cette croûte, engendrant des sortes de masses ovoïdes qui se détachent avant de s’empiler et de se mouler les unes sur les autres. Ici, l’épanchement a eu lieu dans une boue calcaire, en milieu océanique peu profond, comme peut en témoigner la matrice qui entoure les coussins.

S Vue générale de la pointe

Coussins de lave à ciment calcaire de la pointe de Lostmarc’h

30 – Gard Forêt fossile Le Gard est un territoire marqué par l’héritage économique, culturel et paysager des mines de charbons des Cévennes. Elles ont été essentiellement exploitées entre 1850 et 1975 où la production de charbon dépassait les 500 000 t/an. L’ancienne découverte de Champclauson est l’un des vestiges de ce patrimoine minier. Une association la fait revivre par des visites guidées tous publics, une salle d’exposition et un atelier de recherche paléontologique pour les enfants.

INPG : LRO3004 Forêt fossile de Champclauson Intérêts géologiques : – Paléontologie – Ressources naturelles – Sédimentologie

Outre son aspect historique, cette découverte est un important site paléobotanique du Carbonifère supérieur (300 millions d’années). Elle renferme des plantes et des troncs fossilisés, dont certains mesurent 3 m de hauteur, « en position de vie ». Ces observations exceptionnelles permettent de reconstituer l’environnement de l’époque. Il s’agit d’une plaine deltaïque, embouchure d’un Áeuve, traversée par des chenaux où s’accumulent des matériaux grossiers (sables, galets). En bordure, des matériaux plus Àns se déposent et des plantes arborescentes s’installent. Le delta évoluant, ces végétaux vont être en partie recouverts par des sédiments et formeront de Ànes et nombreuses couches de charbon, généralement entre 0,15 et 3 m d’épaisseur.

S Vue d’une partie de la forêt fossile dans la découverte de Champclauson Mégaséquence montrant des chenaux gréseux superposés.

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X Racine fossilisée de Sigillaire

Tronc fossilisé de Sigillaires « en position de vie »

31 – Haute-Garonne Les glaciers font leur cirque La Haute-Garonne est un département de forme allongée correspondant approximativement au tracé de la vallée de la Garonne. Ce Áeuve prend sa source dans les Pyrénées, relief entaillé par de profondes vallées Áuviatiles et modelé par les glaciers au cours du Quaternaire. Durant plus d’un million d’années, quatre glaciations se sont succédé. Lors de la dernière, appelée Würm, les glaciers dont l’épaisseur dépassait plusieurs centaines de mètres ont façonné le paysage tel qu’on le connaît. Ils ont strié, poli, raboté et éclaté la roche rencontrée sur leur parcours.

INPG : MPYXXXX (en attente) Cirque d’Espingo Intérêt géologique : – Géomorphologie

À l’extrémité méridionale du département, la vallée d’Oô a le proÀl typique d’une vallée glaciaire. Au sommet, les cirques (Portillon, Lac glacé) marquent le lieu de naissance de glaciers aujourd’hui presque totalement disparus. En avançant, ces glaciers ont été ralentis dans leur course par des rétrécissements de la vallée ou par des verrous glaciaires, bourrelets laissés en relief car plus résistants à l’érosion. À l’amont de ces obstacles, s’est créée par surcreusement une succession d’ombilics (dépressions) aujourd’hui occupés par des lacs d’origine glaciaire (Oô, Espingo, Saussat, Coume de l’Abesque). Vers l’aval, la vallée prend une forme de cuvette à fond plat et à Áancs abrupts (vallée en U ou en auge), caractéristique de l’empreinte laissée par la langue glaciaire.

S Refuge et lac glaciaire d’Espingo (1 900 m) Le lac occupe un ombilic en contrebas de la réunion des cours d’eau issus du lac glacé et du lac du Portillon. Il est barré au nord par un verrou glaciaire.

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S Cirque et lac glaciaires du Portillon Zone de naissance de la vallée de la Neste d’Oô, devant les sommets granitiques de la crête frontalière.

Lac glaciaire d’Oô (1 504 m) Alimenté par une cascade qui chute de 275 m de hauteur depuis le verrou glaciaire d’Espingo, entaillé en gorges étroites par la Neste d’Oô.

32 – Gers Histoire d’os Le Gers est connu comme une terre de gastronomie et de patrimoine. Depuis le XVIIIe siècle, il est aussi renommé pour ses fossiles. Découvert en 1834 et fouillé par Édouard Lartet jusqu’en 1847, le site de Sansan est le plus important gisement continental du Miocène, soit environ 15 millions d’années. C’est sans doute dans le monde l’un des trois gisements les plus célèbres dans la communauté des paléontologues.

INPG : MPY0461 Site paléontologique de Campané à Sansan Intérêt géologique : – Paléontologie

S Dernière fouille paléontologique à Sansan Vue générale du chantier, il y a environ 25 ans.

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Plusieurs dizaines d’articles scientiÀques sont consacrés ou font référence aux collections paléontologiques extraites de ce site. Ces dernières sont conservées principalement au Muséum national d’Hstoire naturelle, au muséum de Toulouse et au musée de Bâle. Les plus beaux spécimens sont exposés dans la galerie de paléontologie du MNHN, en particulier un squelette de chalicothère (mammifère du groupe des chevaux mais ayant plutôt l’allure d’une grosse hyène herbivore), un squelette d’amphicyon (chien-ours) et un squelette de mastodonte. Parmi les découvertes qui l’ont rendu célèbre, la première est celle du Pliopithecus antiquus souvent cité comme le premier singe qui mit à bas la théorie de Cuvier, marquant une étape importante dans la théorie de l’évolution.

S Fouille d’un squelette de Felidé à Sansan

Mâchoire inférieure de Dicrocerus elegans Mammifère ruminant de la famille des Cervidés, trouvé à Sansan.

33 – Gironde La dune du Pilat Le département de Gironde est connu pour ses vins, son estuaire et son littoral avec quelques sites balnéaires dont le bassin d’Arcachon et la célèbre dune du Pilat. Elle est réputée pour son aspect esthétique et sa position apparemment isolée dominant d’un côté la mer, à l’ouest, de l’autre, à l’est, une plaine forestière. Il s’agit de la plus grande dune d’Europe, ce seul critère en fait une particularité. Cette dune semble une seule entité, mais de fait il s’agit d’un ensemble composite.

INPG : AQI0041 Système des passes du bassin d’Arcachon, la dune du Pilat et la forêt domaniale de la Teste Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie – Tectonique – Stratigraphie

La dune du Pilat appartient à un système dynamique qui comprend : la pointe du Cap Ferret, les passes et les bancs de sable. On peut subdiviser cet ensemble en deux structures distinctes : une partie continentale et une partie marine. La partie continentale comprend les dunes emboîtées (dunes littorales, barkhanes) formées en plusieurs étapes. Cinq sont identiÀées (quatre avant notre ère, la plus ancienne datant de dix-neuf siècles avant notre ère, la dernière datant du XIXe siècle). La partie marine comprend le système de passes lui-même polygénique, dont la morphologie obéit à un cycle de 80 ans. Entre ces passes, les bancs de sable sont en constante migration.

S Paléosol à la base de la dune du Pilat Le niveau sombre correspond à un paléosol qui témoigne de la croissance polyphasée de la dune.

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S Vue générale de plusieurs paléosols de la dune du Pilat Les niveaux sombres permettent de localiser les paléosols.

La dune du Pilat, vue vers le nord Elle atteint 107 m, la plus haute d'Europe

34 – Hérault En rouge et noir Le bassin de Lodève, au nord de l’Hérault, forme un paysage pittoresque façonné par l’érosion différentielle, entre les causses de Bédarieux et de Mourèze au sud et les reculées du Lodévois au nord. Sa partie aval, occupée par le lac artiÀciel du Salagou et le canyon du diable, est un lieu étonnant par ses terres rouges et arides. Ce sont des roches détritiques Ànes (pélites) du Permien (280 millions d’années), localement appelées « ruffes » (du latin rufus : rougeâtre). Elles sont parfois surmontées par des coulées volcaniques noires plio-quaternaires formant des plateaux.

INPG : LRO0036 Ruffes du Lodévois Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Géomorphologie – Paléontologie

Ce bassin présente près de 3 000 m d’épaisseur de grès et de pélites, pentés vers le sud au contact de la faille de Salasc. Cette importante épaisseur est due à un enfoncement lent du bassin. Les pélites sont des dépôts marécageux de boue argileuse, formés sous une très faible profondeur d’eau, en climat tropical. La couleur rouge est due à la présence d’oxydes et hydroxydes de fer. Les colorations vertes proviennent de leur altération. Les couches blanchâtres intercalées correspondent à des phases d’assèchement (paléosols avec Àgures de dessiccation). Des ondulations s’observent à la surface des couches, liées à d’anciens battements des eaux, ainsi que des traces de déambulation d’amphibiens et de reptiles mammaliens (site de la Lieude).

S Le lac artificiel du Salagou Situé au cœur des ruffes du Lodévois. Les plateaux environnants sont formés d’anciennes coulées basaltiques plio-quaternaires restées en relief. Au loin, la montagne du Liausson est un relief calcaire jurassique, en bordure sud du bassin de Lodève.

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S Affleurement de ruffes basculés permettant d’observer les séquences de dépôt La couleur rouge des pélites est due à la présence d’oxyde de fer, la couleur verte à la transformation des oxydes en sulfures et les couches blanches correspondent à des paléosols (phase d’assèchement), recouverts de figures de dessiccation.

Les ruffes du Lodévois Sous les ruines du château de Malavieille, elles forment un paysage pittoresque, façonné par l'érosion différentielle.

35 – Ille-et-Vilaine De la déformation à la fusion Bien exposés dans les régions nord-armoricaines, les terrains magmatiques ou métamorphiques qui représentent les racines de la chaîne cadomienne sont souvent spectaculaires. C’est le cas dans la vallée de la Rance et à proximité, notamment entre Saint-Malo et Saint-Briac-sur-Mer, où les roches qui afÁeurent ont été intensément plissées et transformées à la Àn du Protérozoïque, il y a 540 millions d’années.

INPG : BRE0143 Série métamorphique cadomienne de la vallée de la Rance Intérêts géologiques : – Métamorphisme – Tectonique

S Gneiss et micaschistes plissés dans la falaise

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Tout commence par l’altération et par l’érosion des premiers reliefs de cette chaîne de montagnes. Les sédiments qui en sont issus – sables détritiques, vases et argiles – s’accumulent en milieu marin pour former des grès plus ou moins Àns. Mais environ 60 millions d’années plus tard, ces roches sédimentaires se retrouvent enfouies au cœur de la chaîne, à plusieurs kilomètres de la surface. Elles sont alors soumises à des températures et des pressions élevées qui provoquent leur déformation, leur recristallisation et parfois même leur fusion. Différentes roches métamorphiques sont ainsi générées. Elles apparaissent aujourd’hui à l’air libre, toujours grâce à l’érosion qui poursuit son travail et décape les terrains superÀciels.

S Veines granitiques déformées au sein des gneiss

Migmatites résultant de la fusion partielle des sédiments détritiques

36 – Indre Une cuirasse de fer Située dans le département de l’Indre, la Brenne forme une vaste dépression caractérisée par la présence de nombreux étangs d’origine anthropique, de prairies et de bois, mais aussi de petits reliefs connus localement sous le nom de « buttons ». Le plus élevé d’entre eux domine la région d’une trentaine de mètres et accueille le château du Bouchet, une forteresse qui se dresse depuis le XIIIe siècle sur un substrat induré rougeâtre émergeant des zones humides.

INPG : CEN0137 La cuirasse ferrugineuse éocène du château du Bouchet à Rosnay Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie – Ressources naturelles

La Brenne s’individualise au cours de l’Éocène, il y a une cinquantaine de millions d’années, lorsque des sables et des argiles Áuviatiles issus de l’érosion du Massif central viennent s’accumuler dans cette région en légère subsidence. Des grès argileux, riches en grain de quartz et de feldspath se forment progressivement, séparés par des niveaux de paléosols rougeâtres marquant des arrêts de sédimentation. Ces paléosols se sont formés sous climat à tendance tropicale. Le dernier d’entre eux s’est développé sous la forme d’une solide cuirasse enrichie en fer et en kaolinite par lessivage différentiel des éléments chimiques. Les buttons sont les témoins résiduels de cette cuirasse largement érodée après l’Éocène.

X Vue panoramique d’un button

X Construction réalisée à partir des grès ferrugineux qui arment les buttons

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Le château du Bouchet, une forteresse installée sur un button

37 – Indre et Loire Tempêtes sur le littoral Emblématique des paysages de la Touraine, l’escarpement rocheux de Rochecorbon domine la petite cité ligérienne de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Il est constitué de « tuffeau jaune », une roche qui afÁeure largement le long des vallées de la Loire et du Cher mais qui apparaît ici grâce à l’intervention de l’homme. Cet escarpement résulte en effet pour l’essentiel de l’extraction de pierre et du creusement d’habitations troglodytiques qui ont fragilisé la paroi et provoqué des effondrements.

INPG : CEN0018 Le Turonien supérieur de la corniche de Rochecorbon Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie – Géomorphologie – Ressources naturelles

Sur le plan géologique, le tuffeau jaune est un calcaire qui s’est formé il y a environ 90 millions d’années, au cours du Turonien supérieur, dans un environnement marin assez agité, à proximité du littoral. Il présente parfois des passées sableuses à stratiÀcations obliques et renferme quelques fossiles (ammonites, bivalves, bryozoaires). À Rochecorbon, en se tenant à distance de la paroi pour des raisons de sécurité, on peut observer des bancs épais de plusieurs mètres séparés par des surfaces marquant des arrêts de sédimentation. Ces bancs montrent des niveaux riches en débris coquilliers ainsi que des lits continus plus sombres et très siliciÀés attribués à des dépôts de tempêtes.

S Niveau silicifié au sein des calcaires du Turonien supérieur

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S Fossile de bivalve (Rhynchostreon suborbiculatum) trouvé dans le tuffeau à Rochecorbon

Vue générale de l’escarpement de Rochecorbon

38 – Isère Une invitation à l’escalade Sentinelle avancée du plateau du Vercors, au-dessus de la vallée du Drac (Isère), le mont Aiguille est une impressionnante dent de calcaire crétacé constitué de débris de coquilles et datant de l’Urgonien, c’est-à-dire du Barrémien inférieur (128 millions d’années). Ces couches calcaires, hautes de 200 à 400 mètres, surmontent une base plus meuble de marnes hauteriviennes (132 millions d’années). L’intense ravinement de ces marnes entraîne et entraînera l’effondrement de grandes dalles du calcaire.

INPG : RHA0138 Butte témoin urgonienne du mont Aiguille Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Tectonique – Stratigraphie

Ce promontoire résulte de l’érosion qui a proÀté d’une zone plus fragile liée à l’une des failles qui découpent l’est du massif du Vercors. Ces impressionnantes parois ont très tôt attiré les amateurs d’escalade. La première ascension fut ordonnée par le roi Charles VIII et réalisée en 1492 par Antoine De Ville, capitaine du roi. Cette ascension constituerait l’acte de naissance de l’alpinisme. La deuxième fut réalisée seulement en 1834 par des habitants. Le mont Aiguille est considéré comme l’une des sept merveilles du Dauphiné.

S Le mont Aiguille vu du Pas de l’Aiguille Le mont Aiguille a été séparé du plateau du Vercors et apparaît aujourd’hui comme une dent isolée qui culmine à 2 086 m d’altitude.

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S Le mont Aiguille depuis le haut des rochers du Parquet

Le mont Aiguille et le hameau de Ruthière Les calcaires massifs de l’Urgonien reposent sur un socle de roches beaucoup plus tendres marnocalcaires de l‘Hauterivien et de la base du Barrémien.

39 – Jura Bicorne tectonique Si vous discutez du Jura avec un géologue, il vous parlera sûrement de l’époque jurassique. En effet, les roches de la région ont permis de déÀnir cette période de l’ère secondaire, qui s’étend sur environ 55 millions d’années et qui a été popularisée au cinéma par une célèbre saga sur les dinosaures. Il pourra aussi évoquer le relief jurassien, modèle géomorphologique reconnu mondialement. Celui-ci est constitué d’une succession de vals et de monts, de crêts et de combes, résultant de l’érosion des terrains de l’ère secondaire, plissés lors de la formation des Alpes à l’ère tertiaire. Sous la compression liée à la convergence des plaques tectoniques africaine et européenne, les terrains sédimentaires se sont décollés, plissés et se sont par endroit chevauchés. INPG : FRA3929 Pli du chapeau de gendarme Intérêt géologique : – Tectonique

Le Chapeau de Gendarme est un petit pli emblématique du Jura. Il est nommé ainsi pour sa forme évocatrice d’un bicorne sous Napoléon Ier. C’est en fait un plissottement particulier au cœur d’une grande structure plissée de taille kilométrique. Il constitue ainsi un pli « disharmonique » dans les calcaires du Crétacé, lié à un bourrage au niveau d’une zone où les terrains se sont chevauchés. Les Àns niveaux de calcaires crétacés, plus ou moins marneux, se sont décollés des terrains sous-jacents et se sont plus intensément déformés que le reste.

S Chapeau de Gendarme vu du ciel Visible sur la route entre Saint-Claude et Septmoncel. S Le ruisseau de Chapy Il se jette en cascade du haut des terrains crétacés, plissés lors de la naissance des Alpes.

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Pli « disharmonique » du Chapeau de Gendarme Dans les calcaires crétacés, avec sa forme anticlinale très particulière.

40 – Landes Un clou d’or Le département des Landes est essentiellement occupé par des sédiments du Tertiaire. Ses sols sableux sont néanmoins humides à cause des cimentations ferrugineuses imperméables qui forment l’alios et la « garluche ». À la périphérie du département existent néanmoins des roches sédimentaires du Secondaire. C’est le cas dans la région de Dax où des calcaires sont désormais des standards internationaux de l’échelle des temps géologiques.

INPG : AQI0217 Ensemble de Tercis-Angoumé : grande carrière de Tercis Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie – Paléontologie – Géomorphologie

S Repère stratigraphique international Le repère est positionné dans la carrière.

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Le temps géologique, immense, est subdivisé en différentes catégories. Certaines sont représentées par un ensemble de couches de terrains (les stratotypes de couches) ; d’autres sont marquées par l’une de leur limite. Ils sont alors appelés « stratotypes de limite », et sur le point limite est planté un « clou d’or ». Dans les Landes, dans l’ancienne carrière de Tercis, afÁeurent des niveaux calcaires du Crétacé. Au palier IV de cette carrière, à la côte 115,2 m, se situe le point stratotypique mondial (le « clou d’or ») de la limite entre le Campanien et le Maastrichtien, à 72 ± 0,5 millions d’années. Un point discret mais d’importance internationale.

S Plaque signalant la limite Campanien-Mastrichtien

Le repère officiel de la limite Campanien-Mastrichtien

41 – Loir-et-Cher Un lieu de transgression Faisant partie intégrante de la réserve géologique de Pontlevoy, l’ancienne carrière du Four à Chaux représente l’un des sites les plus démonstratifs du Loiret-Cher en matière d’évolution des paysages au cours du temps. Cette carrière permet en effet d’observer la superposition de quatre formations géologiques correspondant à quatre environnements paléogéographiques successifs.

INPG : CEN0075 Les formations miocènes de la réserve naturelle géologique régionale à Pontlevoy Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie – Sédimentologie – Ressources naturelles

De la base au sommet, on peut ainsi observer : (I) le Calcaire de Beauce qui s’est formé il y a un peu plus de 20 millions d’années, au cours de l’Aquitanien, dans un environnement lacustre ; (II) des sables détritiques et des argiles qui se sont déposés pendant le Burdigalien dans une immense plaine alluviale alimentée depuis le Massif central par un vaste réseau Áuviatile ; (III) des sables coquilliers – les faluns – qui datent du Langhien et qui témoignent d’une sédimentation en milieu marin peu profond il y a une quinzaine de millions d’années ; (IV) de nouveaux sables Áuviatiles qui marquent le retrait de la mer mais dont l’âge n’est pas connu. Des paysages contrastés se sont ainsi succédé dans la région au début du Miocène alors que le climat, de type tropical à subtropical, restait plutôt stable.

S Surface karstifiée du Calcaire de Beauce recouverte de sables détritiques

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S Sables coquilliers à stratifications obliques

Vue générale du front de taille de la carrière du Four à Chaux

42 – Loire Au pays des gueules noires En France, au XIXe siècle, l’exploitation du charbon a joué un rôle important dans la période d’industrialisation. Le bassin houiller de Saint-Étienne fut l’un des tout premiers à y être exploité et il fut particulièrement productif. Le dernier puits a été fermé déÀnitivement en 1983. Il s’agit d’un grand bassin dont les sédiments se sont accumulés dans un lac, par saccades, sur une épaisseur d’un millier de mètres au Carbonifère (du Stéphanien à l’Autunien, de – 304 à – 295 millions d’années), piégeant d’importantes quantités de débris végétaux qui se sont transformés en charbon au Àl du temps.

INPG : RHA0358 Bassin houiller de Saint-Étienne Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Hydrothermalisme – Minéralogie – Géomorphologie – Tectonique – Ressources naturelles

Ce bassin a donné son nom à une subdivision de l’échelle des temps géologiques : le Stéphanien. Les collines autour de Saint-Étienne ont gardé la marque de l’activité minière passée, notamment avec les terrils (crassiers), incontournables dans le paysage. Certains de ces terrils se consument lentement de l’intérieur (combustion de résidus de charbon et oxydation de la pyrite). Les températures peuvent y dépasser 1 200 °C, température moyenne du magma au sein d’un édiÀce volcanique, conduisant à la fusion des matériaux.

S Minéralisations associées à la combustion au sein d’un terril Des fissures ouvertes et des évents laissent échapper des fumerolles chargées en vapeurs de soufre qui donnent les dépôts arséniés jaunes (orpiment) et orangés (réalgar).

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Fougère fossile du Stéphanien du bassin de Saint-Étienne S (Odontopteris minor) Elle fut décrite par Adolphe Brongniart.

Site du puits Couriot, siège du Musée de la mine de Saint-Étienne Le chevalement du puits Couriot, vu du carreau de la mine et, en arrière-plan, les terrils jumeaux de Michon.

43 – Haute-Loire Necks plus ultra L’activité tectonique liée à la surrection des Alpes est à l’origine de la formation de petits bassins d’effondrement au sein du vieux socle granitique et métamorphique de la Haute-Loire. Parmi ceux-ci, le bassin du Puy-en-Velay, vaste lac comblé dans un premier temps par des sédiments paléogènes, puis par les écoulements Áuviatiles de la Loire et de ses afÁuents, a connu des épisodes volcaniques durant le Miocène. Ce comblement lacustre a fortement inÁuencé la mise en place des séries volcaniques en favorisant un volcanisme lié aux inÀltrations d’eau particulièrement explosif.

INPG : AUV0085 Rochers volcaniques du bassin du Puy-en-Velay Intérêts géologiques : – Volcanisme – Géomorphologie

L’érosion quaternaire a par la suite décapé les argiles du bassin pour ne laisser en relief que la partie la plus résistante des appareils volcaniques, à savoir les vestiges des cheminées d’alimentation, necks déchaussés appelés également sucs dans le Massif central. Plusieurs rochers individuels escarpés émergent ainsi dans le bassin du Puy-en-Velay, donnant à la ville son aspect très pittoresque. Ces reliefs sont constitués de basalte en prismes et de fragments volcaniques altérés soudés (basanites palagonitisées), qui ont servi de matériaux de construction sous l’appellation locale de brèche du Puy.

S Le rocher d’Aiguilhe et le rocher Corneille Alignés sur une fracture nord-ouest/sud-est, le rocher d’Aiguilhe surmonté par l’église Saint-Michel (à gauche) et le rocher Corneille supportant la statue de Notre-Dame-de-France (à droite) se font face.

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S Affleurement de brèche palagonitique près du Puy-en-Velay.

Le rocher d’Aiguilhe Il tire son nom de la forme effilée de son profil, surmonté par l’église Saint-Michel.

44 – Loire-Atlantique Racines d’une chaîne de montagnes La Pointe du Castelli appartient à une ancienne chaîne de montagnes du sud de la Bretagne (domaine varisque). Les falaises basses et l’estran rocheux permettent d’observer trois types de roches métamorphiques recoupées par le granite de Guérande.

INPG : PAL0002 La Pointe du Castelli : métarhyolites, quartzites à graphite, granite de Guérande Intérêts géologiques : – Métamorphisme – Tectonique – Minéralogie – Géomorphologie – Ressources naturelles

Les premières sont des métarhyolites porphyroïdes à Àne matrice de quartz, feldspaths et micas blancs emballant des feldspaths et des quartz cassés. Les deuxièmes sont des micaschistes à quartz, micas blancs et fragments millimétriques de feldspath montrant une Àne foliation. Certains de leurs clastes sont enveloppés d’une pellicule graphiteuse noire, graphite également concentré en passées pluricentimétriques, discontinues, de teinte noire. Les dernières sont des quartzites graphitiques à grain Àn, de teinte sombre, bleu nuit à noir (phtanites), présentant des lits plurimillimétriques alternativement clairs et sombres. Le granite de Guérande est un granite clair à grain grossier, affecté par une schistosité subverticale très pénétrative. Son altération a donné naissance à un chaos granitique aux formes évocatrices. Sur l’estran, des Àlons de quartz renferment localement de la cassitérite, un minerai d’étain exploité au XIXe siècle. W Affleurement de micaschistes Issus du métamorphisme d’anciennes cendres volcaniques, montrant une fine foliation.

S Affleurement de métarhyolites porphyroïdes Elles emballent des porphyroclastes subautomorphes de feldspath et dans une moindre mesure de quartz rhyolitique, aplatis et étirés dans le plan de la schistosité principale.

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Affleurement de quartzites graphitiques rubanés

45 – Loiret Eaux bleues et sables d’or Si l’absence de relief dans le Loiret limite le nombre des afÁeurements rocheux, ce département n’en est pas moins riche en phénomènes géologiques, notamment en raison de la présence de nombreuses cavités karstiques et de celle d’une importante nappe phréatique : la nappe de Beauce. Avec un volume de quelque 20 milliards de m3 d’eau, cette dernière se développe au sein de calcaires lacustres qui se sont formés au début du Miocène, il y a environ 20 millions d’années. Elle est limitée à sa base par des argiles à silex et peut être localement captive, là où des bancs marneux imperméables s’intercalent dans la roche calcaire. INPG : CEN0088 L’exsurgence de la nappe de Beauce à Tavers Intérêt géologique : – Hydrogéologie

S Le bassin des Fontenils

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À certains endroits, comme dans le bassin des Fontenils (Tavers), l’eau rejaillit alors en surface, la pression étant sufÀsante pour qu’elle traverse les alluvions sableuses de la Loire qui recouvrent les calcaires, provoquant de petits remous. C’est ainsi que les sables alluvionnaires, nettoyés de la pellicule sombre de déchets organiques qui les coiffent, prennent au soleil une belle couleur dorée. Quant à la couleur bleutée de l’eau, elle résulte de la précipitation de particules de carbonate de calcium dans des conditions chimiques bien particulières.

S Remous provoqués dans les sables alluvionnaires par les eaux de la nappe de Beauce

Le site des Eaux bleues

46 – Lot Piège à fossiles La majeure partie du sous-sol du département du Lot s’est formée en milieu marin littoral comme en témoigne le site de la Plage aux ptérosaures avec ses multiples empreintes qui racontent « une journée à la plage il y a 150 millions d’années ». S’y surimpose une période d’érosion et de creusement de grottes, pièges naturels ayant parfaitement conservé d’innombrables fossiles de l’ère tertiaire : les phosphatières du Quercy.

INPG : MPY0056 Phosphatières du Cloup d’Aural à Bach

Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie – Stratigraphie – Hydrogéologie – Tectonique – Minéralogie – Paléontologie – Ressources naturelles

Le Cloup d’Aural constitue l’un des sites phares de cet ensemble. La diversité des reliefs karstiques, mêlant formes de surface et de profondeur, découle de la sculpture lente mais opiniâtre du calcaire par l’eau. Les anciens gouffres et galeries ont Àni par être colmatés d’argile, de sable, de blocs et surtout de phosphates que les mineurs sont venus arracher à la terre vers la Àn du XIXe siècle. Fort heureusement, ils n’ont pas tout enlevé et les paléontologues ont pu identiÀer de multiples remplissages encore intacts. Chacun d’entre eux représente un instantané géologique de quelques siècles ou millénaires. On est en présence d’une succession temporelle de témoins de la biodiversité animale et végétale, des environnements et de leur évolution entre – 52 et – 20 millions d’années. Un tel enregistrement en milieu continental est unique au monde.

X Le tamisage des argiles révèle une multitude de restes fossiles de micro-vertébrés, d’insectes, de graines et de fruits.

S Le squelette le plus complet connu de Cadurcotherium Un groupe aujourd’hui disparu, à mi-chemin entre rhinocéros et tapirs.

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Les phosphatières Anciennes grottes décapitées par l’érosion.

47 – Lot-et-Garonne Argiles réfractaires Le département du Lot-et-Garonne est essentiellement constitué de dépôts tertiaires et en particulier par la molasse qui s'est formée lors de l’élévation des Pyrénées. Ces molasses ont été déposées par des Áeuves qui divaguaient sur un delta côtier. Elles ont laissé des sédiments très variables d’un endroit à l’autre et offrent ainsi une variété de paysages et de cultures.

INPG : AQI0030 Série continentale ÉocèneOligocène, carrière du Brétou Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Minéralogie – Ressources naturelles – Paléontologie

Les sédiments continentaux sont souvent marqués par de nombreux épisodes de non-dépôt, l’érosion continentale étant active ; alors, quand des séries sont continues, elles méritent une attention particulière car elles permettent des corrélations. C’est le cas dans la carrière de Brétou qui couvre l’ensemble de la série continentale tertiaire du Lot-et-Garonne. Intérêt d’autant plus grand qu’un gisement de vertébrés a été trouvé à la base de l’Oligocène. Les faciès y sont remarquables par leur typicité et leurs Àgures sédimentaires. Le climat tropical du Tertiaire et le lessivage ont fait évoluer certains sols sableux en latérite, exploitée comme minerai de fer localement et en argiles de type kaolinite pure et autres argiles utiles pour fabriquer des pierres réfractaires.

S Carrière de Bretou, panneaux décalés Les niveaux étant argileux, ils sont instables quand ils sont gorgés d’eau. Des panneaux peuvent alors glisser, présentant ainsi une structure en touches de piano.

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S Glissements de la carrière de Bretou Les panneaux, argileux, s’effondrent en panneaux, voire s’écoulent en masse (partie sombre de la gauche de la photo).

Carrière de Bretou - Le Triple Vue générale de la carrière. Les sédiments altérés offrent une palette de couleurs allant du blanc à l’orange vif.

48 – Lozère Gorges profondes Quatre ensembles paysagers et géologiques composent la Lozère : la Margeride et ses granites au nord-est, l’Aubrac et son volcanisme au nord-ouest, les Cévennes et ses schistes au sud-est, les Grands Causses et ses plateaux calcaires au sud-ouest. Ces derniers sont constitués de plusieurs centaines de mètres de roches sédimentaires carbonatées, témoins de l’invasion de la mer durant le Secondaire. Au Miocène supérieur (entre 13 et 5,7 millions d’années), la mise en place de la chaîne alpine a soulevé ces plateaux et permis le développement de réseaux karstiques et l’incision de canyons tels que les gorges du Tarn et de la Jonte. INPG : LRO4048 Gorges de la Jonte Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Tectonique – Sédimentologie – Hydrogéologie – Stratigraphie – Paléontologie

Plus sauvages et moins connues que leurs voisines, les gorges de la Jonte séparent le causse Noir du causse Méjean par une entaille de 300 m de profondeur dans la dolomie et le calcaire du Bathonien (165 millions d’années). Les sentiers qui surplombent ces gorges traversent des paysages typiquement karstiques et permettent d’approcher certaines curiosités géomorphologiques : le Roc décollé, pilastre de 200 m de haut qui, selon Martel (1936), aurait glissé par le pied sur le talus en contrebas ; les vases de Sèvres et de Chine, monolithes de 20 m de haut, issus de l’érosion des dolomies.

S Les calcaires et les dolomies du Bathonien Entaillés sur 300 m d’épaisseur par la rivière de la Jonte.

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S Le Roc de Saint-Gervais Promontoire dolomitique, surplombant la Jonte de 200 m, séparé de l’escarpement principal des gorges par l’érosion. Une chapelle romane, lieu de pèlerinage, trône à son sommet.

Le vase de Sèvres Avec son voisin le vase de Chine, ils ornent le sommet de l'escarpement dolomitique des gorges de la Jonte près du village du Rozier.

49 – Maine-et-Loire Herbier fossile Ces deux anciennes sablières du Maine-et-Loire, malgré la qualité médiocre de leurs anciens fronts de taille, permettent d’observer la base du Cénomanien régional. La carrière du Brouillard est l’un des rares endroits montrant la transition du milieu continental au milieu marin au cours de la transgression cénomanienne. Elle est marquée par une sédimentation détritique peu épaisse (1 à 5 m), passant progressivement de sables graveleux à des argiles à lignite dans lesquelles des feuilles bien conservées ont d’abord été prises pour des feuilles mortes actuelles. Ces dépôts sont ensuite surmontés par des sables verts et des marnes à huîtres associés à la transgression marine, observables dans un autre secteur de la carrière. INPG : PAL0041 Carrières du Brouillard et de Hucheloup : la transgression marine du Cénomanien inférieur Intérêts géologiques : – Paléontologie – Sédimentologie – Ressources naturelles

À proximité, la carrière de Hucheloup montre des formations argilo-sableuses dans lesquelles de nombreuses plantes ont également été collectées dans un état de conservation exceptionnel, associées à des mollusques bivalves. La série sédimentaire caractérisant la base du Cénomanien dans ces deux sites est interprétée comme des épandages deltaïques avec des zones à chenaux Áuviatiles associées à des zones marécageuses, voire comme des milieux de dépôt estuariens ou littoraux. W Site de la carrière de Hucheloup

X Profil du front de taille de la carrière de Hucheloup, rafraîchi en 2014

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Angiosperme de la carrière de Hucheloup

50 – Manche Les doyennes La Manche est l’un des rares départements français à présenter des roches de plus de 2 milliards d’années, soit près de la moitié de l’âge de la Terre. Cet important témoignage de l’histoire géologique de la France est particulièrement visible dans l’anse du Cul Rond où l’érosion littorale a entaillé la côte en de hautes falaises.

INPG : BNO0245 Géosite de l’Icartien de Jobourg Intérêts géologiques : – Métamorphisme – Géomorphologie – Plutonisme

Ces roches sont les reliques de la plus vieille chaîne de montagnes connue en France métropolitaine, la chaîne icartienne, dont la genèse remonte à 2,1 milliards d’années. À l’origine, elles correspondaient à une série sédimentaire schisto-gréseuse dans laquelle des granites intrusifs se sont mis en place. Toutes ces roches ont ensuite été métamorphisées dans une nouvelle chaîne de montagnes, la chaîne cadomienne, il y a 600 millions d’années. Le granite est devenu un orthogneiss de teinte claire renfermant de gros cristaux d’orthose rose en forme d’œil, d’où son nom de gneiss œillé. Les roches schisto-gréseuses se sont transformées en paragneiss montrant une alternance de bandes claires et sombres déformées avec, localement, des structures migmatitiques.

S Déformations dans les paragneiss à biotite et sillimanite

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S Orthogneiss résultant du métamorphisme d’un granite porphyroïde icartien

Vue générale sur le platier rocheux et les falaises de l’anse du Cul Rond depuis l’éperon de la Côte Soufflée

51 – Marne Poupées de sable La sablière de Châlons-sur-Vesle est un témoin de la présence de la mer dans cette partie de la Champagne au cours du Thanétien, dernier étage du Paléocène. Dans ce site a été déÀnie la formation des Sables de Châlons-surVesle, série marine, glauconieuse et fossilifère. Ces sables renferment une faune abondante et variée, notamment de très nombreux mollusques, gastéropodes et bivalves, ainsi que quelques dents de requins. Dans sa partie supérieure, les sables renferment des grésiÀcations ferrugineuses attribuées à l’inÁuence ponctuelle des pivots racinaires de la végétation de l’époque, probablement des palmiers, dans un contexte de sédimentation de plage. INPG : CHA0000 Sables thanétiens de la sablière de Châlons-sur-Vesle Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Stratigraphie – Paléontologie

La limite supérieure des sables est marquée par un banc de grès continu qui délimite le passage aux faciès continentaux. Les sables supérieurs, également d’âge thanétien supérieur, sont uniquement quartzeux et azoïques. Ils renferment de Àns niveaux ligniteux correspondant à des faciès continentaux interprétés comme des paléosols. Ce site est un très bon outil pédagogique montrant un net changement de milieu de dépôt dans un contexte de régression avec le passage de faciès marins à des environnements continentaux.

W Lits sableux à stratification oblique, avec accumulation de coquilles, à la base des grésifications ferrugineuses des Sables de Châlons-sur-Vesle, d’âge thanétien supérieur.

S Vue générale de la sablière de Châlons-sur-Vesle.

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Vue d’ensemble des grésifications ferrugineuses dans la partie sommitale de la sablière de Châlons-sur-Vesle.

52 – Haute-Marne De la vie à la pierre La Haute-Marne se situe à l’est du Bassin parisien sur des terrains d’âge principalement jurassique. Sa situation en bordure des grandes limites des « assiettes » géologiques fait que l’on y retrouve de nombreuses côtes, ou cuestas. Comme son nom l’indique, le département est traversé par la rivière Marne du sud au nord. Le réseau hydrographique y est important, ce qui fait dire que la Haute-Marne est le château d’eau du nord-est de la France.

INPG : CHA0009 Tuffière quaternaire de Rolampont Intérêts géologiques : – Sédimentalogie – Géomorphologie

La tufÀère, ou tuÀère, de Rolampont est située au sud-est de Chaumont. Cette formation naturelle géologique offre un paysage particulièrement bucolique. En effet, les roches calcaires appelées tuf, ou travertin, qui se déposent dans ces milieux, prennent des aspects irréguliers, forment des bassins. Elles sont dues à la précipitation du carbonate de l’aquifère des couches du calcaire bajocien. L’aquifère se vide par une source et le carbonate précipite sous forme de calcaire à sa sortie. Cette formation géologique est récente et nous montre que des roches peuvent se former très rapidement et dans des milieux insoupçonnés.

S Successions de dépôts travertins Ils se voient bien en coupe. Leur accumulation horizontale s’est faite de bas en haut, des plus anciens aux plus récents.

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W « Silhouette au repos », statue de Henry Moore Le travertin est une roche qui été utilisée par l’homme en construction dans le bâtiment sous forme de pierre de parement depuis l’époque romaine. Il est également utilisé comme pierre de taille pour œuvre d’art, ici la « Silhouette au repos », statue de Henry Moore, visible dans les jardins du siège de l’UNESCO à Paris.

La tuffière de Rolampont Les paysages bucoliques de la tuffière de Rolampont sont dessinés par des petits bassins, aussi appelés vasques, formés par les dépôts successifs de travertins.

53 – Mayenne Grottes méconnues Le site de Saulges est l’un des plus remarquables des Pays de la Loire. La rivière Erve a creusé un canyon d’environ 1,5 km de long dans la formation du Calcaire de Sablé, d’âge carbonifère (330 millions d’années), remarquablement bien exposée sur le Áanc nord du synclinorium de Laval. Ces calcaires sont parcourus de Àssures dans lesquelles l’eau de pluie a creusé une vingtaine de cavités karstiques. Plusieurs d’entre elles sont des hauts lieux de l’archéologie préhistorique des Pays de la Loire.

INPG : PAL0010 Cavités karstiques et canyon de Saulges dans la formation du Calcaire de Sablé Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Paléontologie – Hydrogéologie

La grotte Mayenne-Sciences est l’une des rares grottes ornées du Massif armoricain. Elle comporte quatre salles disposées en enÀlade sur 60 m, dont la hauteur de plafond est sufÀsante pour se tenir debout. La grotte Rochefort est une grotte à concrétions dont l’extension avoisine les 250 m. Elle présente un gouffre d’une quinzaine de mètres de profondeur. La grotte Margot est une cavité horizontale de 320 m de long, remarquable par les ossements de mammifères préhistoriques qui y ont été découverts : ours des cavernes, aurochs, rhinocéros laineux et mammouths. Ces cavités sont de grande valeur pour la compréhension de l’occupation préhistorique en Mayenne.

S Figurations pariétales de la grotte Mayenne-Sciences, à Thorigné-en-Charnie

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S Affleurement de Calcaire de Sablé Le long d’une paroi du canyon de Saulges, dans le flanc nord du synclinorium de Laval

Vue générale du site aménagé des grottes et du canyon de Saulges

54 – Meurthe-et-Moselle Les griffes du diable La situation de la Lorraine, à l’est du Bassin parisien, lui permet d’afÀcher par recoupement de la topographie avec les couches géologiques de son sous-sol, une grande variété de roches représentant une grande période de l’histoire de la Terre à l’ère secondaire. Un petit coup de pouce anthropique permet parfois d’accéder de manière encore plus précise à certaines époques géologiques.

INPG : LOR0018 Carrière de calcaire à gryphées, Xeuilley Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie – Sédimentologie – Ressources naturelles

La carrière de Xeuilley est actuellement exploitée pour produire du ciment. Elle présente une alternance de couches de marnes et de calcaires datées du Jurassique inférieur (Hettangien-Sinémurien, environ 200 à 190 millions d’années). Cette formation, dite « Calcaire à gryphées » contient de très nombreux restes de bivalves appelés gryphées. Ces fossiles, en forme de griffes, furent supposés dans les légendes être des fossiles de griffes du Diable ou de bêtes démoniaques. Il n’en est rien puisque les gryphées sont des organismes marins. Ces couches appelées « faciès lorrain » attestent d’un environnement marin peu profond en climat tropical, alors que l’océan Atlantique Nord commençait à s’ouvrir à l’ouest du pré-continent européen.

S L’affleurement de Xeuilly Il montre l’allure typique de la formation du calcaire à gryphées, en alternance de couches marneuses et calcaires.

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S Détail sur les premiers bancs calcaires de l’Hettangien En contact avec les argilites diversement colorées de la fin du Trias, positionnées en dessous.

Gryphea arcuata, une espèce de gryphées présente dans les couches du Sinémurien On remarque bien sa forme en « griffe » qui lui a donné son nom.

55 – Meuse Une pierre célèbre Le département de la Meuse est situé en grande partie sur les assises jurassiques du Bassin parisien. Les formations y sont principalement calcaires, associées à des éléments détritiques, et traduisent des dépôts de milieu marin, proches des côtes marqués par les inÁuences des marées.

INPG : LOR0004 Carrière d’exploitation de la pierre d’Euville Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Ressource naturelle

Parmi ces dépôts, la pierre d’Euville est un calcaire à « entroques ». Ce sont de petits articles calcaires cylindriques ou étoilés qui formaient le squelette d’organismes marins appelés crinoïdes. On en retrouve encore de nos jours, sous le nom de lys de mer et qui appartiennent au même groupe que les oursins. Exploitée depuis plusieurs siècles, la pierre d’Euville est un matériau qui a été très utilisé dans la construction au Second Empire, que ce soit en France ou à l’étranger. On la retrouve évidemment dans diverses communes de la Meuse, mais aussi de la place Stanislas à Nancy pour de nombreux monuments aux morts de la région. Cette pierre est également emblématique dans nombre de grands bâtiments parisiens tels que l’Opéra Garnier, la Gare de l’Est, l’Hôtel de Ville de Paris, le Grand Palais et le Petit Palais, etc.

S Détail de la pierre d’Euville Vue de près, la pierre calcaire d’Euville montre l’accumulation d’éléments bioclastiques, coquilles et autres, d’origine biologique.

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S La mairie d’Euville Entièrement construite en pierre d’Euville.

Vue panoramique de la carrière en activité d’Euville La partie basale, exploitée, correspond à la pierre d’Euville (biosparite à entroques), structurée par de grands litages obliques. On notera les ondulations caractérisant le sommet de la pierre d’Euville. Au-dessus se développe le Calcaire d’Haudainville.

56 – Morbihan Minéraux d’exception Véritable joyau géologique du Morbihan, l’île de Groix abrite l’une des réserves naturelles nationales consacrées aux sciences de la Terre. Elle montre en particulier un exemple tout à fait exceptionnel de métamorphisme de haute pression à l’origine d’une grande diversité minéralogique. Il s’agit donc d’un site remarquable du territoire national, tant sur le plan scientiÀque que pédagogique ou esthétique.

INPG : BRE0136 Schistes bleus paléozoïques de l’île de Groix Intérêts géologiques : – Tectonique – Métamorphisme – Minéralogie

S Schistes verts plissés

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Sur l’île de Groix, aux environs de la pointe des Chats, afÁeure une série de roches métamorphiques, notamment des micaschistes, des schistes verts et des schistes bleus. Ces schistes résultent de la recristallisation de roches volcaniques appartenant à un ancien plancher océanique entraîné au sein du manteau terrestre dans un contexte de subduction. Leur couleur parfois bleue est due à la présence de glaucophane, un minéral qui a cristallisé il y a environ 370 millions d’années à une température de 500 °C et à une profondeur de 45 à 60 kilomètres. Il est accompagné de gros cristaux de grenat dans une roche qui a aujourd’hui rejoint la surface de la Terre, suite à des mouvements tectoniques complexes et au jeu de l’érosion.

S Schistes bleus à grenat

Micaschistes et schistes bleus

57 – Moselle Des allures de Colorado Le centre nord de la Moselle abrite une petite vallée d’origine anthropique aux couleurs rougeâtres qui nous font penser aux paysages du Colorado. Il s’agit ici d’argiles rouges que l’on voit bien à l’afÁeurement à la faveur d’une ancienne carrière de gypse. En fait, le gypse qui était exploité dans cette carrière se situe au-dessus stratigraphiquement de ces argiles.

INPG : LOR0027 Carrière dans les marnes irisées supérieures, Kemplich

Cette carrière nous présente des roches du début de l’ère secondaire (Trias, – 250 à – 200 millions d’années). Les argiles et les gypses caractérisent ici des dépôts continentaux. Ils nous indiquent donc que l’est du Bassin parisien, à cette période, était un milieu continental de grandes plaines dans lesquelles des Áeuves circulaient paresseusement en laissant se déposer les argiles issues de l’érosion des reliefs qui encadraient ces grandes surfaces. Ces plaines étaient de temps en temps envahies par des eaux marines dont l'évaporation a conduit au dépôt de gypse.

Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Tectonique – Sédimentologie – Ressources naturelles

S L’ancienne carrière de gypse de Kemplich Elle a créé des ravinements importants, permettant l’accès à des couches d’argiles situées plus en profondeur.

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S Couches de gypse de couleur blanche Elles se distinguent bien des argiles rouges.

Les argiles rouges de Kemplich Ces argiles traduisent un dépôt en milieu continental.

58 – Nièvre Terre d’argile et d’ocre Le département de la Nièvre est situé à la charnière entre le massif cristallin du Morvan et le Bassin parisien dont il constitue l’extrémité sud-est ; ce qui lui donne une grande diversité géologique. Tout au nord, la Puisaye est renommée pour la poterie et l’exploitation de l’ocre, des activités directement en lien avec la nature de son sous-sol. Dans cette région, afÁeurent des niveaux argileux, datés du Crétacé inférieur et plus précisément de l’Albien (100-113 millions d’années), dans lesquels plusieurs carrières ont été ouvertes, aux environs de Saint-Amand-en-Puisaye. Ces niveaux argileux ont une épaisseur d’environ 20 mètres. INPG : BOU0539 Ensemble de carrières « des Perchers » au nord de Bitry Intérêts géologiques : – Ressources naturelles – Sédimentologie

L’argile exploitée présente des caractéristiques très favorables pour son utilisation en poterie : elle est plastique, semi-réfractaire et elle contient du quartz, ce qui permet d’obtenir les fameux « grès de la Puisaye ». Sous les argiles, deux niveaux d’ocre d’environ 20 cm ont également été exploités et utilisés pour réaliser des fresques colorées dans les églises, les maisons… Audessus des couches d’ocre, certains niveaux de sables sont cimentés et constituent des grès ferrugineux dont l’hématite est aussi utilisée pour teinter les peintures, les mortiers, les enduits, etc.

S Ancienne carrière des Perchers à Saint-Amand-en-Puisaye Le front de taille permet l’observation de la coupe de l’Albien, de haut en bas : les argiles en gris, l’hématite, l’ocre et les sables jaunes.

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S Fresque médiévale dans l’église St-Pierre, à Moutiers-en-Puisaye dans l’Yonne

Il s’agit là d’un exemple remarquable de l’utilisation de l’ocre de la Puisaye.

À Saint-Amand-en-Puisaye, exploitation des sables et de l’ocre Au premier plan, la couche d'hématite constitue un niveau induré.

59 – Nord Une histoire mouvementée

INPG : NPC0029 Discordance post-hercynienne de la carrière de Bettrechies-Bellignies Intérêts géologiques : – Tectonique – Stratigraphie – Sédimentologie

La craie (du Crétacé) et les argiles tertiaires occupent la plupart de la surface de la région Nord. À l’ouest (Boulonnais) et à l’est (Avesnois et Ardennes), sont néanmoins visibles des terrains plus anciens de l’ère primaire (du Dévonien et du Carbonifère essentiellement). Les zones qui mettent en contact ces deux grands ensembles de terrains sont propices à l’observation des relations des terrains les plus anciens avec les plus récents. C’est le cas à la carrière de Bettrechies-Bellignies (exploitation des calcaires givétiens pour des granulats) qui montre le recouvrement de niveaux plissés et faillés, de calcaires sombres de l’ère primaire par des couches du Crétacé horizontales. Les calcaires anciens affectés par la tectonique hercynienne y montrent des plis, de petites structures chevauchantes et des failles, qui contrastent avec le calme des dépôts crétacés qui les surmontent, sédiments de transgression et de comblement d’une surface érodée : conglomérats et cailloutis de transgression (localement appelés « tourtias » car ils ont un aspect qui évoque les tourteaux donnés aux animaux), sables rubéÀés et argiles (appelée « dièves »).

S Contact entre le calcaire du Primaire, à la base, sombre, et sa couverture du Secondaire et du Tertiaire, au-dessus. Sur la partie gauche, juste au-dessus du camion et de la pelleteuse, on distingue les couches calcaires, sombres, obliques, tronquées par l’érosion avant le retour de dépôts sédimentaires du Crétacé, clairs, eux-mêmes surmontés de couches plus jaunes du Tertiaire.

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S Vue de la surface de contact entre les calcaires de l’ère primaire et les sédiments du Crétacé Cette surface calcaire a été corrodée avant le retour de la mer et lors du retour de celle-ci par de nombreux organismes marins (lithophages). Les premiers sédiments du Crétacé forment un encroûtement jaunâtre dans lequel des galets sont emprisonnés.

Vue générale de la coupe de la carrière La partie basse montre les calcaires de l’ère primaire affectés de plis et failles, la partie haute, plus claire, correspond aux sédiments crétacés, horizontaux.

60 – Oise Sur l’échelle des temps géologiques L’échelle des temps géologiques est tellement grande qu’il a été nécessaire d'établir des subdivisions. En outre, pour que cette échelle soit utilisable, il fallait que les segments choisis aient la même signiÀcation partout dans le monde. Alors, comme pour le mètre étalon, des couches ont été sélectionnées pour représenter les standards, les références. Des strates deviennent alors des types, d’où leur nom de stratotype. La carrière de Saint-Vaast-lès-Mello est l’un de ces endroits. Elle est un néostratotype de couches qui ont été initialement décrites à Paris (Lutetia) et dites du Lutétien.

INPG : PIC0031 Coupe géologique de l’Éocène moyen à la carrière de Saint-Vaast-lès-Mello Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie – Ressources naturelles

Les niveaux visibles sont très riches en fossiles, notamment en gastéropodes, certains atteignant près d’un mètre (Campanile giganteum). D’autres horizons très homogènes contiennent des faunes moins diversiÀées mais extrêmement abondantes. En effet, ces bancs sont issus de dépôts peu profonds dans des régions qui étaient des points chauds de la biodiversité d’alors. Les calcaires sont exploités depuis très longtemps car ils offrent de très bons matériaux de construction, de ceux qui ont fait la réputation des monuments de Paris puisque de nombreux blocs y ont été acheminés.

S Poche de dissolution dans le Banc Royal La partie de calcaire dissoute est remplie de sédiments jaunes, récents, le puisard évolue du haut vers le bas.

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S Le célèbre gastéropode géant du Lutétien : Campanile giganteum. Banc le plus bas de la carrière : Banc de Saint-Leu.

Front de taille de la carrière Rocamat, à Saint-Vaast La partie supérieure (grise) correspond à la base du Banc Royal, la partie médiane (blanc-jaune) est le Banc Vergelé, la partie inférieure est celle du Banc de Saint-Leu.

61 – Orne Des terriers et des pistes

INPG : BNO0319 Géosite des thermes de Bagnoles-de-l’Orne Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Tectonique – Hydrothermalisme – Géomorphologie

Au cœur du département de l’Orne, la vallée de la Vée entaille des formations très anciennes (ordoviciennes, environ 450 millions d’années). En plusieurs endroits, de belles coupes dans la formation du Grès armoricain permettent d’observer de remarquables traces fossiles. Les couches les plus anciennes, dans le secteur des Thermes, sont stratiÀées en gros bancs métriques. Elles renferment des terriers verticaux en population dense (Skolithos linearis), qui atteignent parfois 1 m de long. Les bancs les plus récents, sur le site des Pierres Plates, d’épaisseur décimétrique, montrent des pistes bilobées en creux, attribuées à des traces d’arthropodes en déplacement (Cruziana) ou en pacage (Rusophycus), ainsi que de nombreux terriers de coquillages (lingules). Ce changement de faciès témoigne d’une diminution progressive de la bathymétrie dans un milieu de plate-forme. Le site de Bagnoles-de-l’Orne renferme également des sources hydrothermales exploitées dès les Gallo-Romains, avec une eau à 24,6° ; elles proviennent d’un aquifère profond (400-500 m), constitué par l’arène granitique et le granite fracturé qui forme le soubassement du Grès armoricain.

S Pierrier de Grès armoricain au lieu-dit le Roc-au-Chien

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S Les thermes de Bagnoles-de-l’Orne En arrière-plan, le rocher du Roc-au-chien avec son pierrier.

Terriers de lingules dans le Grès armoricain

62 – Pas-de-Calais Plis à la plage Le Nord de la France est connu pour être une région plate bordée de quelques falaises vers la Manche. Il est aussi connu pour être un pays de craie, que l’on voit au cap Blanc-Nez. Au-dessus de ces couches crétacées reposent des argiles du Cénozoïque. L’association des deux matériaux nous offre ces bâtiments en « rouges barres » caractéristiques. La craie et l’argile, dominantes en surface, peu tectonisées, pourraient nous faire oublier que sous ces couches existent des terrains plus anciens qui, eux, ont été plissés.

INPG : NPC0007 Failles et plis dans les falaises et l’estran du cap Gris-Nez Intérêts géologiques : – Tectonique – Sédimentologie – Géomorphologie

S Sur la plage au nord du cap Gris-Nez. Un pli se voit comme sur une carte géologique.

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Le cap Gris-Nez forme une saillie littorale qui sépare la Manche de la mer du Nord. Ses roches grises, constituées de grès et de calcaires datent du Jurassique (155 millions d’années). Leur contenu en fossiles (lamellibranches – dont de petits récifs à huîtres –, oursins, tubes de vers et restes de vertébrés) révèle un milieu de sédimentation peu profond. Les parois nord de la falaise montrent des plis qui sont exposés en surface de façon tout à fait spectaculaire sur la plage de la Sirène. Alors les plis se voient comme sur une carte géologique. Ces plis sont liés au fonctionnement d’une grande faille est-ouest qui limite la zone et sépare le continent de la mer.

S Plis à la plage Le pli anticlinal de la photo de gauche est visible vers la droite, un autre existe au premier plan.

Le détroit du Pas-de-Calais Les falaises sombres du cap Gris-Nez se distinguent nettement des falaises de la blanche Albion, à 32 km de là.

63 – Puy-de-Dôme Volcans à la chaîne La chaîne des Puys est une référence incontournable pour tous les passionnés de volcanologie. Elle comporte environ 80 volcans monogéniques mis en place depuis moins de 100 000 ans sur un plateau de roches granitiques et métamorphiques qui domine de 700 m la plaine de Limagne. Cet objet géologique d’envergure permet de s’initier à l’étude des volcans au travers de paysages remarquables et de randonnées sur les pentes ou au cœur même de certains édiÀces.

INPG : AUV0122 Chaîne des Puys Intérêts géologiques : – Volcanisme – Géomorphologie – Hydrogéologie – Ressources naturelles

S Le Puy-de-Dôme

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La morphologie initiale de ces volcans est parfaitement conservée. Elle offre une approche des différents appareils volcaniques selon trois grands types de dynamisme : des cônes de scories (type strombolien), des dômes de laves (type peléen) et des maars dus à l’explosion produite quand de l’eau rencontre le magma (type phréatomagmatique). Les laves de la chaîne des Puys sont une référence internationale pour l’étude du magmatisme alcalin associé à une extension continentale. De nombreux types de produits volcaniques sont observables : laves (basaltiques, trachytiques), cendres, scories et bombes volcaniques. Ils constituent localement des ressources naturelles. En outre, les nappes phréatiques fournissent dans de nombreux endroits des eaux aux qualités exceptionnelles.

S Les orgues basaltiques de Montrodeix, en face du Puy-de-Dôme.

Panorama de la chaîne des Puys

64 – Pyrénées-Atlantiques Des plis sur la Côte basque Le département des Pyrénées-Atlantiques est connu pour sa barrière montagneuse et sa côte basque, visitée par les amateurs de surf ou de bronzage intégral. Pour les géologues, cette côte recèle d’autres attraits, dus tant à ses structures plissées qu’à son contenu stratigraphique : notamment, la célébrissime limite K/T enrichie en iridium, au nord de la baie de Loya. Ces couches cependant ne sont plus visibles depuis quelques années (2003 pour être précis) et illustrent bien que le patrimoine géologique lui aussi est parfois susceptible de disparaître.

INPG : AQI0107 Flysch de la Côte Basque Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Stratigraphie – Tectonique – Géomorphologie

Suite à la collision entre les plaques ibérique et européenne, un profond bassin se crée au nord de ce qui sera les Pyrénées. Dans ce bassin, se déposent d’énormes épaisseurs de sédiments plus ou moins Àns : allant d’argiles à des sables grossiers en passant par différents types de calcaires. Sur plusieurs milliers de mètres s’empilent des couches de compositions variées qui résistent plus ou moins bien à l’érosion. On voit donc aujourd’hui des bancs durs saillants dans la morphologie et des bancs plus tendres qui forment des rentrants. Ces couches ont été ployées après leur dépôt et laissent aujourd’hui voir des plis de différents types, parfaitement visibles, qui apportent parfois une touche très esthétique aux paysages.

S Flysch Crétacé plissé de Bidart L’alternance de bancs calcaires et marneux, typique d’un dépôt de flysch, permet la formation de jolis plis en genoux.

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S Flysch crétacé plissé de Bidart L’alternance de bancs calcaires et marneux permet la formation de plis disharmoniques très pédagogiques.

Limite KT de la coupe de Bidart Les calcaires marneux de la base, marrons, bleutés, datent du Maastrichtien. Les calcaires clairs du sommet, à tavelures rosâtres, appartiennent au Tertiaire (Danien). Le niveau argileux forme une dépression sombre, marron rouge ; il est constitué d’argiles riches en iridium de la limite KT.

65 – Hautes-Pyrénées Surprises en altitude Les Hautes-Pyrénées sont un département de contraste avec, au nord, les plaines et collines du Bassin aquitain et, au sud, la majestueuse chaîne des Pyrénées. Cette jeune chaîne de montagnes, frontière naturelle entre la France et l’Espagne, s’est formée au Tertiaire entre 65 et 30 millions d’années. Par la suite, les rivières et les glaciers l’ont creusée de profondes vallées et de cirques majestueux dont certains, dans la région du Mont Perdu, sont inscrits au patrimoine mondial de l’humanité UNESCO (Gavarnie, Estaubé, Troumouse et Barroude en France, Ordesa, Anisclo et Pineta en Espagne).

INPG : MYY1085 Nappes alpines de Gavarnie et du Mont Perdu Intérêts géologiques : – Tectonique – Géomorphologie – Hydrogéologie

Dans cette région, l’érosion a ouvert de véritables fenêtres d’observation sur les événements passés. En 1802, la découverte de fossiles marins sur le Mont Perdu, à plus de 3 000 m d’altitude, par Louis Ramond de Carbonnières, prouva que la mer recouvrait le domaine pyrénéen il y a environ 80 millions d’années et provoqua un véritable séisme dans le monde scientiÀque. Ce pic est d’ailleurs la plus haute montagne calcaire d’Europe. En 1903, Arthur Bresson est le premier à décrire ici une nappe de charriage, c’est-à-dire des roches anciennes déplacées et superposées par la tectonique sur des roches plus récentes.

S Le « Panorama du col des Tentes » Il permet d’observer, du fond du vallon de Pouey Aspé au sommet du Taillon, 1 200 m d’épaisseur de sédiments marins stratifiés du Crétacé chevauchant les terrains de l’ère primaire.

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S Le cirque glaciaire de Gavarnie Creusé dans les formations carbonatées karstiques crétacées à éocènes, et sa grande cascade de 422 m. En tête de la vallée du gave de Pau, il est le principal départ d’un grand glacier quaternaire qui s’étendait sur 55 kilomètres.

La Brèche de Roland (2 800 m d’altitude) Une entaille de 100 m de haut sur 40 m de large qui se situe à la frontière entre la France et l’Espagne. Elle est née du recoupement de deux cirques glaciaires qui ont entaillé les calcaires éocènes au Quaternaire.

66 – Pyrénées-Orientales Sculptures féériques Les Pyrénées-Orientales se présentent comme un amphithéâtre montagneux, ouvert à l’est sur la Méditerranée par l’intermédiaire de la plaine du Roussillon. Sur la bordure ouest de cette vaste plaine, le site d’Ille-sur-Têt offre un panorama unique et recèle d’importants indices sur l’histoire méditerranéenne.

INPG : LRO2002 Orgues d’Ille-sur-Têt Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Géomorphologie – Paléontologie – Stratigraphie – Tectonique

X Sédiments pliocènes Les éléments plus grossiers (graviers, blocs), à stratification globalement horizontale, se sont accumulés dans le delta près des reliefs, c’està-dire à proximité de l’arrivée des matériaux.

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L’histoire débute à la Àn du Miocène, il y a 5 millions d’années, quand le détroit de Gibraltar se ferme et que la Méditerranée, isolée de l’Atlantique, s’assèche partiellement. Le niveau de l’eau s’abaissant de 1 500 m, les rivières creusent de profonds canyons pour rejoindre la mer. Cet épisode est appelé la crise messinienne. Lors de la réouverture du détroit au Pliocène, le niveau marin va rapidement s’élever jusqu’à atteindre + 80 m par rapport au niveau actuel. Le Roussillon devient un delta sous-marin où vont se déposer des sédiments détritiques (cailloutis, sables et argiles) provenant de l’érosion des reliefs. Le comblement, au fur et à mesure, repousse le rivage, jusqu’à former la plaine actuelle. La beauté de ce site vient des formes particulières d’érosion récente affectant les sédiments pliocènes. Sous une coiffe de conglomérats Áuviatiles résistants, les matériaux sableux et tendres s’érodent, formant des colonnes d’une dizaine de mètres de haut que l’on nomme cheminées de fées ou tuyaux d’orgues.

S Vue générale des orgues d’Ille-sur-Têt En arrière-plan, le massif primaire du Canigou.

Cheminées de fées des orgues d’Ille-sur-Têt Sédiments pliocènes tendres protégés de l’érosion grâce à leur chapeau plus résistant de conglomérats.

67 – Bas-Rhin Quelques nuances de grès Les villes doivent une partie de leur identité aux pierres de construction des monuments anciens. Strasbourg et ses couleurs rouges en est un bon exemple. Les anciens bâtiments de la ville sont en effet construits en grès rose des Vosges datés du Trias (– 250 à – 200 millions d’années). L’ancienne citadelle de Strasbourg, construite par Vauban, a utilisé des pierres de la carrière royale de Soultz-les-Bains, située à une vingtaine de kilomètres de la ville.

INPG : ALS0011 La carrière royale de Soultz-les-Bains Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Tectonique – Paléontologie – Sédimentologie

La carrière a été exploitée à partir du XVe siècle. Les fronts de taille, de presque 30 m de haut pour 600 m de long, marquent encore le paysage actuel des vignobles alsaciens. La carrière présente deux formations géologiques datées du début de l’ère secondaire, les grès rouges à Voltzia (du Trias) surmontés de grès coquilliers jaunâtres dont la couleur contraste fortement avec celle des grès. Ces formations illustrent le passage d’un environnement de dépôt terrestre, les grès rouges, à un environnement de dépôt marin, les grès coquilliers. La couleur rosâtre des grès à Voltzia est due aux oxydes de fer compris dans ces formations, une caractéristique des dépôts en milieu continental.

S Détail du contact entre les formations géologiques d’origine terrestre des grès rouges à Voltzia et les formations géologiques marines des grès coquilliers qui les surmontent Les grès rouges à Voltzia ont été particulièrement utilisés en construction.

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S Citadelle Vauban, Strasbourg La carrière royale de Soultz-les-Bains a notamment fourni des roches pour la construction des fortifications de la citadelle Vauban à Strasbourg. Ici au parc de la Citadelle.

Le front de taille de l’ancienne carrière de Soultz-les-Bains Il délimite des parcelles de vignobles. Le contraste des couleurs des différentes formations géologiques avec les vignes est saisissant.

68 – Haut-Rhin Richesses minières Les districts miniers de Sainte-Marie-aux-Mines et de Bluttenberg sont situés au sud-ouest de la région Alsace, sur les contreforts des Vosges. Ce massif est un héritage de l’ancienne chaîne de montagnes hercynienne qui s’étendait il y a plus de 300 millions d’années. Les formations géologiques de ces deux districts sont essentiellement des gneiss, roches métamorphiques à l’histoire riche et complexe qui sont également fortement faillées. Cette histoire géologique explique la grande variété des minéralisations que l’on y trouve.

INPG : ALS0004 Les districts miniers de Sainte-Marie-aux-Mines et du Bluttenberg à Lapoutroie Intérêts géologiques : – Minéralogie – Ressources naturelles – Métamorphisme

X La proustite Un minéral d’argent, de couleur rouge vif, que l’on trouve dans les gisements de Sainte-Marie-aux-Mines. Exemplaire provenant d’Allemagne.

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Ces districts miniers sont connus et exploités depuis plusieurs siècles pour leurs richesses en minéraux. Environ 160 espèces minérales différentes y ont été recensées. On y connaît notamment des dépôts d'argent natifs. On y trouve des minerais de plomb, de cuivre, d’arsenic, de zinc, de cobalt. Ces minéraux sont primaires (minerais et leurs roches d’origines), secondaires (oxydation et circulation de Áuides dans une deuxième histoire), néoformés (dans les déchets d’exploitation). Cette immense richesse, connue et reconnue, fait de ces districts des zones d’intérêt du patrimoine géologique qui méritent attention et protection.

X Un exemple de minéraux d’aragonite néoformés Des minéralisations exceptionnelles ont été retrouvées et sont encore présentes dans le district.

Le district minier de Sainte-Marie-aux-Mines et du Bluttenberg Ce district est marqué par les nombreuses exploitations qui ont occupé ce territoire. Les exploitations y ont été faites en profondeur à proximité de la surface. Il convient aujourd’hui de s’adresser aux structures professionnelles pour les visiter en toute sécurité.

69 – Rhône Pierres folles et pierres dorées

INPG : RHA0210 Sentier géologique des Pierres folles Intérêts géologiques : – Tectonique – Géomorphologie – Paléontologie – Stratigraphie – Sédimentologie – Ressources naturelles

Dans le sud du Beaujolais, les monts du Lyonnais contrastent avec les collines du nord par leur couleur jaune, d’où l’appellation « pays des Pierres dorées ». Cette couleur est celle de roches calcaires qui résultent de l’accumulation de sédiments argileux et marneux dans une mer peu profonde au Jurassique inférieur. Cet environnement était favorable à de petites mais nombreuses modiÀcations locales qui se traduisent aujourd’hui par des roches variées. Ces environnements sont ceux qui contiennent habituellement la plus grande biodiversité, tant en abondance qu’en diversité. Ces couches de l’HettangienSinémurien (200-190 millions d’années) sont donc très riches en fossiles, en particulier des ammonites, mais aussi des gastéropodes, des lamellibranches et de spectaculaires coquilles de gryphées, bien visibles sur le terrain. Cette richesse paléontologique constitue un excellent outil pédagogique bien utilisé par le musée et le sentier géologique de l’Espace Pierres folles installé dans une partie de l'ancienne carrière. Le parcours permet en outre d’observer une jolie faille subverticale, avec un décalage bien visible des couches, illustrant ce que sont des relations tectoniques.

S Calcaire à gryphées du Jurassique inférieur Détail des couches de calcaire gris dans lesquelles abondent des mollusques fossiles proches des huîtres, appelés Gryphaea arcuata.

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S Faille très pédagogique le long du sentier géologique des Pierres folles. Cette faille affecte les couches du Jurassique inférieur.

Sentier géologique aménagé dans une ancienne carrière Lafarge à Saint-Jean-des-Vignes dans le Rhône Une collaboration avec l’exploitant a permis de conserver une partie des fronts de taille.

70 – Haute-Saône Enregistrements climatiques Les tourbières sont des zones humides caractérisées par l’accumulation progressive de sédiments lacustres puis de tourbe (matière végétale non décomposée) dans des dépressions. En Haute-Saône, elles se situent dans la partie vosgienne et occupent généralement les dépressions abandonnées par le retrait des derniers glaciers, il y a environ 11 000 ans. Ce sont de très bons enregistreurs de l’évolution du climat. La végétation étant directement en relation avec celui-ci, les spécialistes identiÀent les espèces végétales qui régnaient aux différentes époques grâce aux grains de pollen conservés dans la tourbe. En recoupant ces informations avec l’histoire des activités humaines, on peut également avoir une idée plus précise des relations entre l’Homme et le milieu naturel. INPG : FRA7011 Tourbière de la Grande Pile à Saint-Germain Intérêts géologiques : – Géochronologie – Sédimentologie

La tourbière de la Grande Pile est la plus vaste tourbière des Vosges saônoises. Son remplissage a été reconnu sur 19 m d’épaisseur. Elle est exceptionnelle car, étant située hors de l’emprise des derniers glaciers vosgiens, son remplissage a débuté beaucoup plus tôt que celui des autres tourbières. Son étude, dans les années 1970, a permis l’une des premières bonnes reconstitutions des changements climatiques et environnementaux en Europe de l’Ouest, depuis 140 000 ans. Cela en fait un site majeur de l’histoire récente de la paléoclimatologie.

S Carotte de tourbe Prélevée dans la tourbière de la Grande Pile pour l’étude des grains de pollen, c’est-à-dire la palynologie.

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S Mare au sein de la tourbière de la Grande Pile Réserve naturelle régionale gérée par le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté depuis 2016.

La tourbière de la Grande Pile Une référence internationale pour l’histoire climatique de l’Europe occidentale.

71 – Saône-et-Loire Chutes de chevaux La Roche de Solutré est un site emblématique de Saône-et-Loire qui doit sa célébrité à plusieurs types d’intérêts : géologiques, préhistoriques, viticoles et même « politiques » depuis les pèlerinages d’un ancien président. Sur les rebords du massif du Morvan (roches granitiques et métamorphiques d’une ancienne chaîne de montagnes (hercynienne), les monts du Mâconnais sont formés de terrains d’âge secondaire (Trias et Jurassique) montrant un talus à pente raide tourné vers l’ouest et un Áanc en pente douce tourné vers l’est. Cette disposition est due à l’ouverture du fossé de la Bresse à l’Oligocène (3523 Ma) en contrecoup du soulèvement alpin. INPG : BOU0244 Roche de Solutré Intérêt géologique : – Géomorphologie

Dans la Roche de Solutré, la succession d’âge jurassique comprend des calcaires assez tendres à la base, surmontés par des calcaires à polypiers. Ces derniers plus résistants à l’érosion ont permis la formation du relief marqué dans le paysage. Ce site a été occupé par l’Homme depuis au moins 55 000 ans ; il a donné son nom à une culture paléolithique (le Solutréen). Au bas des versants, sont implantés des vignobles célèbres ; ce lieu est le berceau du Pouilly-Fuissé, un vin blanc renommé.

S Le calcaire corallien blanc et compact surmonte le calcaire roux à débris d’encrines plus ou moins bien cimenté et facilement attaqué par le gel et l’eau.

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X Feuille de laurier Cet outil d’une grande finesse est caractéristique du Solutréen (Paléolithique sup.). Au pied de la Roche de Solutré a été découvert un gisement particulièrement riche en pierres taillées et en ossements (principalement des chevaux et des rennes). Il s’agissait d’un site de chasse et de dépeçage de la viande. Mais la « chasse à l’abîme » – qui aurait consisté à pousser les chevaux vers le vide – n’est qu’une légende.

La Roche de Solutré La paroi qui regarde vers l’ouest est très abrupte tandis que les pentes qui descendent vers l’est sont beaucoup plus douces. Les vignobles de Pouilly-Fuissé sont installés sur les éboulis et les terrains marneux au pied de la Roche. La Roche de Solutré est aujourd’hui un grand site classé.

72 – Sarthe Au cœur des montagnes Dans le département qui porte son nom, la Sarthe a entaillé une vallée dans le synclinal paléozoïque de Saint-Léonard-des-Bois. Ce surcreusement fait suite au soulèvement de la partie orientale du Massif armoricain, conséquence lointaine de la formation des Alpes. La Sarthe méandriforme a d’abord creusé dans la couverture sédimentaire crétacée, puis dans les terrains plissés du socle armoricain sans modiÀer son cours (phénomène de surimposition). Avec un relief en creux de 100 mètres de dénivelé et aux pentes très escarpées, la Sarthe a contribué à populariser l’appellation Alpes Mancelles donnée à la morphologie tourmentée de ce secteur. INPG : PAL0017 Les Alpes mancelles à Saint-Léonard-des-Bois Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Paléontologie – Sédimentologie – Tectonique

S Pierriers à blocs de grès

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De nombreux afÁeurements montrent les différentes formations ordoviciennes du synclinal : le Grès armoricain qui présente de nombreuses structures sédimentaires (rides de courant, ichnofaciès), les schistes du Pissot fossilifères, le Grès de May. Plusieurs objets géologiques remarquables sont observables, parmi lesquels la fermeture d’un synclinal montrant l’encapuchonnement des Grès de May par les Schistes du Pissot. Les importants pierriers à blocs de grès ou de schistes résultent des actions de gel-dégel durant les périodes glaciaires du Quaternaire.

S Pierriers à blocs de schiste

Vue aérienne de la cluse de la Sarthe à Saint-Léonard-des-Bois

73 – Savoie Et la montagne s’abîma… Les massifs formant la bordure occidentale des Alpes constituent de grands reliefs calcaires aux structures bien visibles dans le paysage. La Chartreuse est l’un de ces massifs dits subalpins ou préalpins, encadrée par les Bauges au nord et le Vercors au sud. Ces massifs sont séparés par de grandes vallées transversales, installées sur des zones de failles très anciennes. Ces entailles offrent une vision sur la structure transversale des massifs et montrent aussi certains plans de failles.

INPG : RHA0224 Écroulement de la face nord du mont Granier Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Tectonique – Stratigraphie

À l’extrémité nord de la Chartreuse, le mont Granier expose de grandes corniches verticales de calcaire récifal (Urgonien, 125 millions d’années) de plusieurs centaines de mètres de haut. Cette verticalité et le système de failles régionales rendent ces parois sujettes à des éboulements spectaculaires, comme il s’en est encore produit en 2016 après celui, catastrophique, de 1248. Cinq cent millions de m3 de roches écroulées et glissées avaient alors détruit la ville de SaintAndré, permettant à Chambéry de s’imposer comme capitale de la Savoie. La catastrophe de 1248 a produit un énorme chaos rocheux et boueux, devenu le terroir d’un vignoble réputé au nom évocateur : les Abymes.

S La face nord et le col du Granier Ils constituent la zone de départ du gigantesque écroulement-glissement de 1248, très dévastateur (plus de 1 000 victimes). Il créa un nouveau paysage, très chaotique : les Abymes de Myans. Sur ce terroir calcaire, la Jacquère, cépage typiquement savoyard, donne le blanc des Abymes.

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S La « Pierre hachée » S Un des plus gros témoins de l’écroulement catastrophique de 1248. Ce bloc de calcaire urgonien d’un volume supérieur à 1 000 m3 provient de la face nord du Granier, visible à l’arrière-plan. Il a parcouru 5 km, emballé dans un flot de boue formant un paysage chaotique parsemé de buttes caractéristiques : les « mollards ».

La face nord du Granier Une des plus hautes faces calcaires d’Europe (900 m de dénivellation, entre 1 000 et 1 900 m d’altitude). Il s’agit de la cicatrice du grand écroulement de 1248, qui a formé une véritable coupe géologique naturelle.

74 – Haute-Savoie Désert d’altitude En face du mont Blanc, s’étend un vaste désert minéral de carbonates. Le massif calcaire du Platé est formé par une grande surface structurale délimitée par de très hautes corniches verticales constituées de calcaire récifal très dur. Cette roche, formée en milieu marin peu profond, est riche en fossiles : coraux, échinides, lamellibranches… Ce massif représente une importante tranche de temps : de 145 à 34 millions d’années (Urgonien à Priabonien). Cet ensemble, marquée par l’action des glaciers, est aussi façonné par les eaux, offrant ainsi un des plus beaux et plus hauts reliefs karstiques d’Europe ; les lapiaz y sont particulièrement bien développés. INPG : RHA0291 Géosite du désert de Platé Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Stratigraphie – Sédimentologie – Hydrogéologie – Paléontologie

Les niveaux exposés à la surface de ce grand plateau sont parfois très riches en fossiles : certains livrent des faunes continentales de vertébrés. Le gisement de Perdrix par exemple est l’un des plus importants sites à dents de vertébrés du Paléogène des Alpes à côté d’os de mammifères, de crocodiles… La vue sur le massif du mont Blanc, ou vers les Aravis, y est spectaculaire et grandiose au soleil levant.

S Karst de Platé Superbes lapiaz à méandres, développés sur une dalle de calcaires urgoniens (Barrémien, Crétacé inférieur). Le lapiaz de ruissellement est capturé par une fente de lapiaz de fractures.

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S Stromatolithes d’eau profonde des Rochers des Fiz Ces encroutements microbiens d’âge Cénomanien moyen (97 Ma) sont développés exclusivement autour de nodules constitués de moules internes d’invertébrés marins (notamment des ammonites).

Le désert de Platé vu depuis l’Aiguille du Midi Le vaste plateau calcaire à 2 500 m d’altitude sur lequel se forme le plus grand lapiaz d’Europe est bordé par les hautes parois de calcaires urgoniens.

75 – Paris Un vrai gruyère

INPG : IDF0024 Le calcaire lutétien des anciennes carrières de la Brasserie à Paris (bois de Vincennes) Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Tectonique – Ressource naturelle

Paris est mondialement connu pour ses monuments et son habitat de style « haussmannien » qui marque de son empreinte la capitale depuis le XIXe siècle. Un point commun de ces bâtiments se tient dans le sous-sol de la ville : les couches de calcaire lutétien. En effet, ces calcaires âgés d’environ 45 millions d’années, témoins d’avancées de la mer dans le Bassin parisien et de milieux de dépôts de mers chaudes peu profondes, sont disponibles à l’exploitation proche de la surface. Leur emploi a été généralisé et fructueux. Leur exploitation remonte aux premières constructions de la ville, les arènes de Lutèce datées du IIe siècle sont faites avec ce calcaire. La liste des bâtiments utilisant cette pierre serait trop longue à dresser ici : Notre-Dame de Paris, le Louvre, presque tous les immeubles haussmanniens, etc. Le calcaire lutétien a été tellement utilisé à Paris qu’il a donné son nom de pierre de construction : la pierre de Paris. L’exploitation forcenée de la pierre de Paris dans son propre sous-sol en rive gauche de la Seine et en proche banlieue a fait dire que le sous-sol de Paris était un vrai gruyère.

X Un pilier de roches en places non exploitées, dit pilier « tourné », pour soutenir Le développement de galeries en profondeurs nécessite l’emploi de techniques pour empêcher le plafond de carrière de s’effondrer sous le poids de la colonne de roches audessus de l’exploitation.

S La continuité de la coupe de calcaire lutétien peut être remarquable. Longueur du marteau : 30 centimètres.

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Notre-Dame de Paris Entièrement construite en calcaire lutétien exploité dans le sous-sol de la ville et de ses banlieues. Ici, le portail façade nord. Au centre, la statue de la Vierge du trumeau.

76 – Seine-Maritime Une coupe garnie Sur une centaine de mètres de hauteur, les falaises du cap de la Hève exposent une importante série sédimentaire mésozoïque allant des marnes et calcaires du Kimméridgien jusqu’à la craie cénomanienne, avec une lacune importante entre le Kimméridgien et l’Aptien. Le talus d’éboulis qui masque la base des falaises empêche souvent d’observer l’ensemble de la coupe. Durant le Crétacé, le passage d’une sédimentation terrigène (Apto-Albien) à une sédimentation de plate-forme carbonatée (Albo-Cénomanien) est la conséquence d’une évolution importante des milieux de dépôt.

INPG : HNO0004 Géosite du cap de la Hève à Sainte-Adresse Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie – Géomorphologie – Sédimentologie

Le site du cap de la Hève est connu pour ses formations très fossilifères, tout particulièrement au Kimméridgien, à l’Albien et au Cénomanien. D’importantes collections y ont été constituées, principalement d’invertébrés (céphalopodes, lamellibranches, gastropodes, échinides, coraux, crustacés), mais également de restes de vertébrés (poissons, reptiles). Les traces de bioturbation sont nombreuses, notamment dans le Kimméridgien supérieur à la surface de plusieurs bancs de calcaires magnésiens très massifs à surface creusée de nombreux terriers.

S Le cap de la Hève à marée basse, période propice à l’observation des différents faciès sédimentaires et des fossiles

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S Banc de calcaire magnésien gris clair très massif, dit « banc de plomb » Creusé de nombreux terriers simples (Rhizocorallium), dans le Kimméridgien supérieur.

Le cap de la Hève depuis la mer L’érosion marine et l’infiltration des eaux continentales provoquent des éboulements et des glissements qui forment la basse falaise. Au sommet de la falaise vive verticale, les argiles à silex provenant de l’altération de la craie sont conservées au sein de cuvettes d’infiltration des eaux.

77 – Seine-et-Marne Sous les pavés, la plage

INPG : IDF0036 Alignements gréseux et morphologie des massifs de Fontainebleau Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie – Stratigraphie – Tectonique – Paléontologie – Ressource naturelle

Le département de Seine-et-Marne, le plus grand en surface d’Île-de-France, présente dans sa partie sud un massif particulièrement connu des promeneurs et amoureux de la nature : le massif forestier de Fontainebleau. Ville royale enclavée dans une mer de verdure, Fontainebleau a également prêté son nom à des formations géologiques : les Sables et Grès de Fontainebleau. Ces roches sont des sables quartzeux, particulièrement purs, datés du Stampien (environ – 30 millions d’années). Parfois, ces sables sont consolidés par un ciment qui les a transformés en grès, formant des platières ou des rochers. Ces pierres sont parfois façonnées avec des formes étranges que l’on aime à interpréter de manière poétique ou artistique et que l’on nomme des « gogottes ». Le massif de Fontainebleau a beaucoup inspiré les impressionnistes de « l’École de Barbizon », il est le premier lieu naturel protégé en France. Ces formations géologiques ont été également exploitées, le grès de Fontainebleau a permis de façonner les pavés de Paris et de la région, alors que les sables d’une grande qualité ont été utilisés dans des œuvres d’art en verrerie, pour la confection de cristaux de silicium, ou encore pour les tuiles de navettes spatiales.

S Les tables de grès de Fontainebleau Parfois morphologiquement développées en chaos. Les différents types d’érosion ont attaqué les surfaces qui se retrouvent divisées en plus petits blocs.

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S Les grès de Fontainebleau, autrefois exploités à la main

Le bilboquet, un bloc de grès emblématique de la région de Fontainebleau Les nombreuses concrétions gréseuses aux formes variées ont souvent donné des idées aux observateurs et se sont donc vues attribuer des noms de nature imaginaire.

78 – Yvelines Mer tropicale La mer a envahi plusieurs fois le Bassin parisien au cours du Tertiaire. Les dépôts de roches sédimentaires d’origine marine qui le constituent le démontrent. « Il y a donc eu la mer ici ? », demandent très souvent les non-géologues. « Oui, et même tropicale », répondent les géologues. Au Lutétien, les dépôts marins correspondent à des sédiments calcaires, riches en débris d’organismes.

INPG : IDF0019 Les sites du Lutétien dans l’enceinte du parc de Grignon (Thiverval-Grignon) Intérêts géologiques : – Paléontologie – Stratigraphie – Sédimentologie

Le site de Grignon dans les Yvelines est mondialement connu pour sa richesse en coquilles fossiles : 800 espèces de mollusques, 190 espèces de foraminifères. En tout, plus de 1 200 espèces marines y sont représentées. Ce gisement paléontologique exceptionnel est un témoin d’une région au climat chaud et avec une biodiversité très riche comme l’est par exemple l’Indonésie actuelle. La conservation des coquilles y est non seulement importante en diversité, mais également en qualité avec la préservation des motifs colorés de nombreuses espèces de gastéropodes et de bivalves. Connu et étudié depuis presque trois siècles par les scientiÀques, le site est très fragile. Il mérite particulièrement attention et protection. Il fait l'objet d'un APPG depuis 2018.

S La sablière de Grignon Un site exceptionnel de conservation du patrimoine géologique.

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S Falun coquillier de Grignon Les couches géologiques d’âge lutétien de Grignon présentent une grande richesse de coquilles au milieu d’un sable calcaire.

Coquilles fossiles du site de Grignon Une exposition à la lumière ultraviolette permet de retrouver les motifs colorés des coquilles fossiles du site de Grignon.

79 – Deux-Sèvres Une référence internationale Le temps géologique est tellement immense qu’il a été nécessaire de le subdiviser en tranches. Ces morceaux de temps sont représentés par des séries de couches identiÀées en différents endroits qui sont de véritables étalons internationaux puisqu’ils sont adoptés par la communauté scientiÀque de tous les pays. La France est riche de plusieurs dizaines de ces références. Dans le département des Deux-Sèvres, un tel site est connu près de Thouars, ce qui explique qu’un étage géologique porte un nom associé à cette ville : le Toarcien.

INPG : POC000 Stratotypes de toarciens (Sainte-Verge) Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie – Sédimentologie – Hydrologie – Ressources minérales

Le Toarcien est une époque qui s’étend de – 183 à – 174 millions d’années. À cet endroit, s’étendait une mer qui atteignait alors son maximum de profondeur. En effet, sous ces niveaux, donc plus anciennement (vers – 185 millions d’années), se trouvent des grès ferrugineux renfermant des organismes qui vivaient sur le fond, caractéristiques d’une mer très peu profonde, en milieu agité, dans la zone de balancement des marées. Quand la mer est devenue plus profonde (10 à 15 m), des animaux pélagiques s’y déplaçaient, que l’on retrouve dans les anciennes boues calcaires, devenues des roches, dont certains niveaux sont très riches en ammonites. Par la suite, les sédiments déposés traduisent de nouveau une profondeur moindre.

S Réserve naturelle nationale du Toarcien. Site n° 2 « Les Hauts Coteaux » (Sainte-Verge).

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S Ammonite du Toarcien inférieur Harpoceras pseudoserpentinum, Gabilly, 1976 (zone à Serpentinum, horizon à Pseudoserpentinum [VII]).

Réserve naturelle nationale du Toarcien. Site n° 1 « Les Groies » (Sainte-Verge).

80 – Somme Au gré des marées La baie de Somme est très fréquentée par les ornithologues et les amoureux de la nature en général dont les géologues pour la diversité des phénomènes sédimentologiques qui y sont observables.

INPG : PIC0039 Sédimentation quaternaire et actuelle dans la baie de Somme Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Géomorphologie

Dans cette immense baie, l’estran atteint 14 kilomètres, les actions conjuguées de l’érosion et de la sédimentation illustrent la lutte entre ces deux phénomènes contradictoires. On y observe en effet, selon les moments et selon les endroits, une dynamique sédimentaire marquée par l’érosion, le transport et la distribution des sédiments en fonction de leur nature. La marée montante et le Áeuve apportent des sédiments que la marée descendante évacue partiellement. Ces sédiments s’accumulent alors sous forme de vases sur lesquelles une végétation spéciÀque s’installe, constituant des herbus ou « mollières » (des « terres molles »). Le sud de la baie comporte des cordons de galets qui s’agrandissent par crochets successifs, appelés « pouliers » (mot issu de « boulier », les galets étant très arrondis), le dernier constituant la pointe du Hourdel. Cette disposition est typique : l’établissement du poulier se fait d’un seul côté de la baie ; par opposition, la rive opposée, le musoir (telle l’avancée d’un museau), est surcreusée par les mêmes courants et l’action des vagues.

S Mollière de la baie de Somme Les parties non immergées en permanence laissent pousser des herbes qui acceptent une certaine salinité. Ces herbus font souvent le délice de moutons de pré-salé.

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S Pointe du Hourdel La pointe constitue le poulier de la baie de Somme grâce à l’apport de galets par la houle.

Baie de Somme La large baie laisse voir des bras où l’eau se promène doucement au milieu de bancs de sable changeants.

81 – Tarn Les granites se mettent en boules Ouvert à l’ouest sur le Bassin aquitain, le Tarn est un pays de collines constituées de roches d’âge tertiaire entourées des reliefs de roches bien plus anciennes (ère primaire) du Haut-Albigeois et de la Montagne Noire. Ces terrains anciens, plissés lors de la formation d’une chaîne de montagnes (à l’Hercynien, vers 300 millions d’années), renferment plusieurs intrusions de granite telles que le massif du Sidobre.

INPG : MPY0959 Massif granitique hercynien du Sidobre Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Minéralogie – Plutonisme – Ressources naturelles

Ce massif est le premier bassin granitier de France, il fournit 49 % de la production nationale. Il est également un passage incontournable des touristes, véritable lieu d’étonnement et d’enchantement pour les promeneurs depuis la Belle Époque, attirés par les rochers tremblants, les rivières de rochers et les chaos granitiques aux formes étranges et évocatrices. Les boules résultent du découpage du granite selon un réseau de fractures orthogonales, de son altération sous un climat tropical chaud et humide, entre 60 et 30 millions d’années, et de sa décomposition chimique qui l’altère en sable (arène). Les boules ont été libérées en accumulations spectaculaires (chaos) par le lessivage météoritique dans des conditions périglaciaires, au cours du Quaternaire.

S Le chaos de la Balme Résultat de l’érosion du massif granitique qui a déblayé les arènes, laissant seulement des boules empilées les unes sur les autres, formant des chaos granitiques pittoresques.

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S Carrière Plo exploitant le monzogranite hercynien à Saint-Salvy-de-la-Balme

C’est la plus importante carrière du massif du Sidobre, premier bassin granitier de France. Elle produit 25 000 m3 de blocs par an, le quart de la production du granite français.

Rocher de la Peyro Clabado à Lacrouzette Bloc de granite de 780 tonnes tenant en équilibre sur un bloc d’environ 1 mètre cube.

82 – Tarn-et-Garonne Solide témoin Le Tarn-et-Garonne est situé à la jonction du Massif central et du Bassin aquitain. Le premier est représenté à l’extrémité orientale du département par les roches magmatiques et métamorphiques du Ségala, tandis que le second se compose de dépôts sédimentaires de l’ère tertiaire, en grande partie recouverts par les alluvions récentes du Tarn et de la Garonne. Entre ces deux ensembles, le Causse de Limogne est un plateau karstique constitué de calcaires marins du Jurassique.

INPG : MPY0349 Site de Bruniquel Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Paléontologie – Sédimentologie – Stratigraphie

À l’extrémité sud de ce causse, les terrains jurassiques forment une auréole entourant le massif de la Grésigne, relief dominant à l’est la plaine de Montauban. Les calcaires y ont été entaillés par la Vère et l’Aveyron dont les paléoméandres ont laissé quelques buttes témoins. Dominant les alentours, ces points imprenables conservent encore les vestiges de quelques cités médiévales. Parmi elles, se trouve Bruniquel, dont le piton rocheux à la conÁuence des deux rivières offre un remarquable point de vue sur les gorges de l’Aveyron. L’incision de ces cours d’eau a également permis l’accès à d’anciens tronçons de réseaux karstiÀés, creusés dans les calcaires du causse. C’est le cas de la grotte de Bruniquel, site d’exception découvert en 1990 qui abrite d’intrigantes constructions aménagées par l’Homme et datées de 176 500 ans. Composées d’environ 400 morceaux de stalagmites accumulés et agencés suivant des formes plus ou moins circulaires, ces constructions humaines Àgurent parmi les plus anciennes connues à ce jour.

S © Luc-Henri Fage

S Bruniquel se situe à la confluence de la Vère qui vient de l’Albigeois et de l’Aveyron au sortir des gorges du même nom, creusées dans le Causse de Limogne.

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S La grotte de Bruniquel Explorée à partir de 1990 par la Société spéléo-archéologique de Caussade, la grotte a livré des indices de fréquentation, un amoncellement plus ou moins circulaire de stalagtites, à 350 m de l’entrée de la cavité.

Sur son piton calcaire, le château de la reine Brunehaut Il domine d’un côté l’Aveyron et de l’autre le village de Bruniquel, étagé à flanc de colline.

83 – Var Un rocher bien nommé En Provence orientale, les terrains du Primaire afÁeurent dans de petits bassins sédimentaires entre Cannes et Toulon. Dans le Var, le rocher de Roquebrune est un relief spectaculaire qui culmine à 372 mètres d’altitude et domine le bassin permien du Bas-Argens. Ce relief constitue un remarquable exemple de cône alluvial, bien conservé, qui s’est développé il y a près de 250 millions d’années (Permien). Il résulte du démantèlement des reliefs environnants d’une vieille chaîne de montagnes (chaîne hercynienne). Une partie des débris s’est accumulée dans un profond bassin d’effondrement situé au nord du massif des Maures. INPG : PAC1910 Roquebrune Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Géomorphologie – Tectonique

Verticalement, sur une épaisseur de l’ordre de 250 m, on peut y distinguer les trois niveaux classiques d’un cône alluvial : à la base, coulées boueuses à matériel très grossier (à gros blocs principalement de granite, anguleux) ; puis des sables grossiers ; enÀn les niveaux supérieurs plus Àns et chenalisés. Une telle accumulation traduit des phénomènes violents, climatiques et tectoniques. Au Tertiaire, des mouvements tectoniques ont fait remonter ponctuellement les conglomérats et les grès à la surface.

S Le conglomérat de Roquebrune en vue rapprochée Des éléments de nature et de taille très variables sont emballés dans une matrice colorée en rouge par des oxydes de fer.

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S Autrefois, le Rocher de Roquebrune s’appelait le Rocher des Trois Croix. Ce relief, à structure chaotique, découpé par de multiples fractures et grottes, a inspiré de nombreuses légendes : l’une d’elle raconte que lorsque le Christ mourut, le rocher s’est fendu en trois ; au sommet de chaque partie fut placée une croix. Les croix visibles aujourd’hui ont été installées en 1991 par le sculpteur B. Venet.

Le Rocher de Roquebrune Vu depuis l’est du massif (de la rive gauche de l’Argens). Les roches rouges de ce spectaculaire relief contrastent avec le vert de la végétation typiquement méditerranéenne.

84 – Vaucluse Une fontaine de référence En bordure ouest du grand plateau calcaire des monts du Vaucluse, épais de plusieurs centaines de mètres et parcouru par d’innombrables fractures, la Fontaine de Vaucluse est située dans un site fermé, entouré de collines abruptes que les Romains appelaient Vallis clausa (Vaucluso pour les Provençaux) ; c’est l’origine du nom du village et du département. La source jaillit au pied d’une falaise calcaire de plus de 200 m de haut et donne naissance à la Sorgue.

INPG : PAC0601 Fontaine de Vaucluse, exsurgence karstique Intérêts géologiques : – Hydrogéologie – Géochronologie

Cette source est la plus importante émergence d’Europe par son débit annuel. Elle résulte de la sortie d’un immense réseau souterrain (1 200 km2). Ses eaux proviennent de l’inÀltration des eaux de pluie et de la fonte des neiges du mont Ventoux, des monts de Vaucluse, de la montagne de Lure et du plateau d’Albion. L’eau circule dans cet aquifère karstique en suivant les discontinuités jusqu’à rencontrer un exutoire à la faveur d’une barrière naturelle. Le niveau du plan d’eau de la fontaine est très variable : il peut descendre à une vingtaine de mètres sous l’oriÀce du gouffre ou monter très fortement. La Fontaine de Vaucluse sert de référence internationale pour la caractérisation des sources dites « vauclusiennes ».

S Le gouffre de la Fontaine de Vaucluse en période de basses eaux Ce puits naturel a été exploré sur plus de 300 m de profondeur.

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S La vallée de la Sorgue en aval de la source Une vallée fermée par les hautes parois calcaires ou Vallis clausa pour les Romains, qui a donné son nom au département.

La vasque de la Fontaine de Vaucluse à son niveau maximum Elle va donner naissance à la Sorgue.

85 – Vendée En terrain discordant

INPG : PAL0011 Estuaire et Pointe du Payré, galène argentifère de la plage de la Mine Intérêts géologiques – Sédimentologie – Stratigraphie – Tectonique

Sur le littoral de Jard-sur-Mer, la rive gauche de l’estuaire du Payré et les falaises de la Pointe du Payré permettent l’observation directe de la discordance des premiers dépôts marins fossilifères du Jurassique (Lias) sur le socle hercynien fortement plissé et métamorphisé. Ce site montre ainsi la limite géologique entre le Massif armoricain et la bordure transgressive septentrionale du Bassin aquitain. Une siliciÀcation importante a préservé de l’érosion les dépôts liasiques horizontaux, permettant la conservation de leur contact discordant avec les micaschistes sous-jacents. Des indices de minéralisation stratiforme à silice, blende, barytine, galène et pyrite ont été identiÀés à la base des formations sédimentaires du Lias. Cette minéralisation explique la présence de restes d’une ancienne exploitation minière souterraine de galène argentifère et barytine. Le Havre du Payré est une zone estuarienne où la sédimentation est particulièrement remarquable, avec notamment des Áèches sédimentaires actives. L’ensemble du site constitue ainsi une entité géomorphologique majeure mêlant falaises rocheuses, platier rocheux, plage de sable et dune.

S Dépôts liasiques horizontaux Discordants sur le socle hercynien fortement plissé et métamorphisé.

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S Les falaises de la plage de la Mine

La Pointe du Payré Elle montre de manière remarquable la discordance du Lias sur le socle hercynien.

86 – Vienne Courants variables Le département de la Vienne est une région de plaine sur les calcaires et de bocage vers le sud-est, sur les calcaires marneux. Tous ces terrains datent majoritairement de l’ère secondaire (du Jurassique vers le sud-est et du Crétacé vers le nord-ouest). Vers le sud-est, des dépôts tertiaires reposent sur les roches jurassiques. Il s’agit de sables grossiers riches en débris de coquilles, connus sous le terme de faluns.

INPG : POC001 Faluns miocènes de Moulin Pochas Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Paléontologie – Stratigraphie – Tectonique

Des calcaires se sont déposés au Jurassique supérieur (vers – 158 millions d’années), mais se sont trouvés émergés lors des mouvements tectoniques liés à la formation des Pyrénées puis des Alpes. Ces calcaires Àns ont alors été corrodés, des cavités karstiques se sont installées. Ces caries ont été comblées lorsque la mer est revenue, il y a près de 15 millions d’années. Une mer peu profonde, très agitée, comme en attestent les sables très riches en débris d’organismes marins (bivalves, gastéropodes, polypiers, échinodermes, requins, crocodiles…), et les mammifères continentaux (ongulés, carnivores…). Ce qui caractérise ces dépôts pour le visiteur rapide ce sont les structures sédimentaires aussi nombreuses que bien visibles. En effet, les litages obliques, les chenaux de marées et les dunes sous-marines abondent et sont particulièrement photogéniques.

S Coupe transversale d’une dune ancienne sous-marine

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W Trois mollusques des faluns miocènes de Moulin Pochas (Amberre) 1 : Conus mercati, Brocchi ; 2 : Spondylus gaedoropus, Linné ; 3 : Cardita crassa, Lamarck

Faisceaux de stratifications obliques dans le falun Les sables permettent de distinguer très nettement les courants qui se sont manifestés.

87 – Haute-Vienne Impact météoritique Le département de la Haute-Vienne est marqué par la dominance des granites et des roches métamorphiques. Pourtant, parmi ces dernières, celles de la région de Rochechouart se distinguent de toutes les autres par leur apparence et leur mode de formation. En effet, si la plupart des roches métamorphiques sont formées par des augmentations de température et de pression, celles de Rochechouart sont surtout marquées par la pression et même une pression gigantesque pendant un très court instant, due à un impact.

INPG : LIM0096 Astroblème de RochechouartChassenon (partie limousine) Intérêts géologiques : – Métamorphisme – Tectonique – Minéralogie – Hydrothermalisme – Ressources minérales

Il y a 200 millions d’années, une grosse météorite, d’environ un kilomètre et demi de diamètre, pesant environ 6 milliards de tonnes, est tombée dans cette région. L’impact est considérable, il crée un cratère de 20 à 30 km de diamètre. Aujourd’hui, ce cratère est en grande partie gommé par l’érosion. Des fragments de roches ont été projetés en l’air et ont formé en retombant des roches spéciÀques appelées impactites. On en connaît de différents types. Des éléments caractéristiques restent visibles, notamment dans la ville de Rochechouart (sous forme de brèches, avec lesquelles l’église est construite, ou sous forme de roches rouges qui montrent des structures Áuidales).

S Brèche d’impact de l’église L’église de Rochechouart est construite avec la pierre locale, qui est une brèche due à l’impact.

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S Rochechouart – Prairie sous le château Le château, construit avec de la brèche d’impact, domine une ancienne carrière, dans laquelle affleure encore un peu d’impactite.

Impactite de Rochechouart La violence du choc a dégagé une telle énergie que des roches ont fondu, comme en témoigne la structure fluidale.

88 – Vosges Abandonnées par les glaciers Le massif des Vosges, situé à l’est de son département éponyme, est l’héritage de l’ancienne chaîne de montagnes varisque qui recouvrait le continent il y a plus de 300 millions d’années. Les formations rocheuses qui composent son sous-sol sont d’origine magmatique ou métamorphique, issues de refroidissements de magmas ou de transformations solides dues à des pressions et des températures très élevées. Ces roches ont également subi des érosions récentes. En effet, les glaciations du Quaternaire ont vu le développement de glaciers sur le continent européen.

INPG : LOR0001 Moraines de la vallée du Chajoux Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie

Les moraines glaciaires de la vallée du Chajoux sont un héritage peu connu de cette époque géologique. Elles sont le résultat de l’érosion par les glaciers qui ont joué le rôle de gigantesque râpe sur les roches. Dans leurs déplacements, ils ont raclé et rassemblé des éléments rocheux sur le bout de leurs langues. Lors du retrait des glaciers, ces amoncellements de fragments rocheux sont restés en place et permettent, quelques milliers d’années plus tard, de lire la trace du passage du (ou des) glacier(s).

S Moraine latérale du glacier du Saichy (phase ancienne), recoupé par le Chajoux, au Sud de la Goutte du Saichy. Tout au long de son trajet, le glacier repousse des matériaux sur ses cotés, formant ces moraines latérales.

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S Les moraines glaciaires de la vallée de Chajoux questionnent les scientifiques depuis longtemps. Ici une planche d’un bulletin de la Société Belge de géologie, Tome XIII, 1899. On voit les moraines au premier plan, petites collines faites de matériaux non consolidés.

Moraine terminale du glacier du Saichy (phase récente), au Nord de la Goutte du Saichy. Le glacier venait par la gauche de la photo, repoussant les matériaux détritiques sur son front.

89 – Yonne Une barrière de corail Le département de l’Yonne présente une grande diversité de paysages déterminés par les deux grands ensembles géologiques qui constituent son sous-sol : au sud, le massif cristallin du Morvan ; au nord, les terrains sédimentaires du Bassin parisien. Plus précisément, le nord de l’Yonne se situe dans l’auréole jurassique de ce bassin.

Vallée de l’Yonne entre ChâtelCensoir et Mailly-le-Château, Récifs oxfordiens

Au Jurassique moyen, une vaste plate-forme carbonatée se développait en Bourgogne. Vers 150 millions d’années, à l’Oxfordien, la région se trouvait dans la zone intertropicale ; la mer était peu profonde, les eaux étaient chaudes et la zone était propice à l’installation d’une barrière récifale. Depuis, cet ensemble récifal a été entaillé par la vallée de l’Yonne, dégageant ainsi plusieurs points d’observation (pas moins de 8 sites inscrits dans l’inventaire) qui permettent de décrire les différentes parties de cette barrière, du début de son installation jusqu’à sa disparition. Plusieurs de ces sites sont intégrés dans la réserve naturelle nationale du Bois du Parc.

Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie

Aujourd’hui, ce complexe récifal s’étend sur une bande d’environ 75 km de long pour quelques km de large et a une épaisseur de 60 à 100 mètres.

INPG : BOU0127

W Le rocher du Saussois, un haut lieu de l’escalade La morphologie des parois calcaires est liée à la plus ou moins grande richesse en colonies de coraux (abondantes dans les zones en bosses et plus rares dans les zones en creux).

S Spectaculaires polypiers en gerbes En position de vie et hauts de 40 à 80 cm dans la carrière des Quatre-Pieux. Dans la carrière du Bois du Parc voisine, ils peuvent atteindre 1 ou 2 m.

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La plate-forme récifale Elle est ici entaillée par la vallée de l’Yonne qui dégage de beaux affleurements. Vue prise au niveau du rocher du Saussois.

90 – Territoire de Belfort Pudding de galets La partie centrale du Territoire de Belfort est occupée par une large plaine nommée la « Trouée de Belfort ». Lieu de passage entre les vallées du Rhin et du Rhône, elle est encadrée au nord par le massif des Vosges et au sud par le massif du Jura. À l’est, elle est en bordure d’une importante dépression nord-sud de plus de 300 km de long (de Bâle à Francfort) et de 30 km de large, le fossé rhénan.

INPG : FRA9004 Conglomérat oligocène à Bourogne Intérêts géologiques : – Sédimentologie – Tectonique

Au début de l’ère tertiaire, lors de la formation de la chaîne des Alpes, se crée une grande déchirure nord-sud entre les actuels massifs des Vosges et de la Forêt Noire. Cette gouttière qui s’effondre progressivement forme un bassin (le Bassin rhénan) qui va petit à petit se remplir de sédiments. À l’Éocène, ce fossé est envahi par des lacs puis, à la Àn de l’Éocène et à l’Oligocène (environ 35 millions d’années), l’enfoncement du bassin accentue l’érosion des préreliefs alentours (Vosges, Jura…). D’importants dépôts détritiques, appelés conglomérats ou poudingues côtiers, vont alors s’accumuler en bordure du bassin par l’intermédiaire de profonds canyons. Ces gros galets de calcaires jurassiques peuvent être observés de manière exceptionnelle à Bourogne. Ils hériteront du nom de cette localité car ils y ont été déÀnis pour la première fois au début du vingtième siècle.

S Ce petit affleurement raconte une partie de l’histoire de la formation des Alpes et du Bassin rhénan. Il présente deux niveaux de conglomérats séparés par un niveau de calcaire lacustre.

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S Litages du calcaire lacustre intercalé dans les conglomérats de Bourogne

Conglomérats côtiers Gris jaunes, composés de galets calcaires mal classés, cimentés par une matrice calcaire, qui se sont accumulés en bordure du Bassin rhénan à l’Oligocène.

91 – Essonne Fossiles à gogo Le département de l’Essonne est caractérisé par la présence de nombreux sites géologiques qui contiennent des fossiles en grand nombre, variés et bien préservés. Ces caractéristiques paléontologiques font que les spécialistes étudient ces terrains depuis le XVIIIe siècle. Devenus fragiles avec le temps, une partie de ces sites sont aujourd’hui protégés au sein de la réserve naturelle nationale – des sites géologiques de l’Essonne – créée en 1989.

INPG : IDF0027 Le Stampien de la carrière des Sablons à Auvers-Saint-Georges Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Paléontologie – Sédimentologie

Le site des sables très fossilifères (faluns) d’Auvers-Saint-Georges est protégé par une verrière et mis en valeur par des panneaux et des visites guidées. Cette ancienne carrière exploitait des sables argileux qui contiennent, outre de très nombreuses espèces fossiles de coquillages, des fossiles de mammifères marins siréniens, proches du lamantin actuel. Ces dépôts, vieux de 34 millions d’années environ, ont également permis de décrire et de dater un ancien étage géologique du Tertiaire : le Stampien (de Stampae = Étampes). Ils marquent la dernière grande incursion de la mer au centre du Bassin parisien.

S Site des sables d’Auvers-Saint-Georges Une vitrine permet de protéger les affleurement de sables qui y sont mis en valeur.

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S Glycymeris subterebratularis Un exemple de fossile parfaitement conservé que l’on retrouve dans les terrains du Stampien, observable à la carrière des Sablons. Il s’agit d’un mollusque bivalve, on observe sur cette photo la charnière des deux valves.

Les sables du Stampien de l’Essonne sont particulièrement riches en débris d'organismes (bioclastes).

92 – Hauts-de-Seine Un produit à tout faire Le Bassin parisien est majoritairement formé de plateaux, grandes surfaces subhorizontales, entaillés par des cours d’eau. Ces vallées permettent ainsi d’accéder aux couches géologiques situées en profondeur. À Paris, la Seine a beau avoir creusé, parfois sur plusieurs dizaines de mètres, les couches géologiques du Tertiaire, celles qui sont un peu plus anciennes, du Secondaire, restent invisibles en surface.

INPG : IDF0030 La craie campanienne, le calcaire danien et les dépôts sparnaciens des carrières de Meudon Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Géomorphologie – Paléontologie – Sédimentologie – Tectonique

Au sud-ouest en revanche, les carrières de Meudon, à la faveur d’un petit coup de pouce tectonique (anticlinal de Meudon), permettent d’accéder à la craie blanche du Crétacé. Elle y a été exploitée pendant plusieurs siècles pour le « blanc de Meudon », un produit multi-usage (peinture, sculpture, gravure, imprimerie, produit d’entretien…). Les galeries d’exploitation ont atteint des hauteurs de 15 m, conférant un aspect majestueux certain à ces « cathédrales de pierres ». On a également retrouvé dans ces galeries un contact entre des terrains de l’ère secondaire, représentée par la craie, et du Tertiaire, représenté par des calcaires du Danien moyen (environ 60 millions d’années). En revanche, ce contact ne montre pas la fameuse couche à iridium, contemporaine de la Àn de l’« ère des dinosaures ».

W Minéralisations de silex On retrouve de nombreuses minéralisations de silex dans la craie. Ici, les silex ont pris une forme cylindrique verticale, appelée paramoudra (mot qui serait d’origine gaélique).

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W Miroir de faille montrant l’action des forces tectoniques L’anticlinal de Meudon est une structure géologique plissée, qui a agi sur les couches géologiques. Ici, le mouvement s’est exprimé en une fracture, ou faille et l’érosion nous montre un côté de cette faille.

Carrières de Meudon La craie d’âge crétacé a été exploitée dans les carrières de Meudon à travers des galeries de taille impressionnante.

93 – Seine-Saint-Denis En fer de lance Au Tertiaire, vers la Àn de l’Éocène (Priabonien, il y a 35 millions d’années), la région était recouverte d’une Àne tranche d’eau qui, s’évaporant, laissait précipiter les sels dissous, notamment le gypse qui Ànit par former d’épaisses couches. Ces dépôts constituent les assises de certains reliefs de la capitale : colline de Montmartre, Buttes-Chaumont, plateaux de Belleville et de Romainville, etc. Ce gypse est exploité depuis l’époque romaine et utilisé pour fabriquer le célèbre « plâtre de Paris ».

INPG : IDF0072 Le gypse et les marnes ludiens des carrières souterraines à Gagny Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie – Minéralogie – Paléontologie

Les anciennes carrières de Gagny présentent des cristaux de gypse en « fer de lance » exceptionnellement bien développés. Le gypse étant un minéral qui se dissout très facilement dans l’eau, les circulations de Áuides engendrent la formation de cavités parfois importantes qui ont généré des effondrements spectaculaires. De ce fait, les zones situées à l’aplomb de ces vides doivent être étroitement surveillées. Les études de Georges Cuvier, au début du XIXe siècle, sur les fossiles extraits des carrières, ont donné naissance à l’anatomie comparée.

W Anciennes carrières de gypse de Lagny Elles présentent des galeries de formes trapézoïdales. Leur hauteur est d’environ 8 mètres.

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S Gypse en fer de lance Le gypse en fer de lance porte bien son nom avec sa forme triangulaire typique. Longueur environ 15 centimètres.

Crâne de Paleotherium curtum La découverte de fossiles dans les carrières de gypse de la région parisienne et leurs études par Georges Cuvier, naturaliste au Muséum national d’Histoire naturelle, au début du XIXe siècle, a permis l’essor de la Paléontologie moderne. Ici, un crâne de Paleotherium curtum, Cuvier, exposé dans la Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée du Muséum national d’histoire naturelle, Paris.

94 – Val-de-Marne Aux portes de Lutèce La France est un des pays qui a vu naître la stratigraphie au XIXe siècle. De ce fait, on y retrouve de nombreux toponymes d’unités de l’échelle des temps géologiques. Paris et sa région ne font pas exception et l’ancien nom latin de la ville, Lutetia, a servi de support à la nomination d’un étage du Tertiaire, le Lutétien. Cet étage géologique (– 46 à – 42 millions d’années) est représenté dans la région par des dépôts calcaires, riches en débris coquilliers marqueurs de milieux marins chauds et peu profonds. L’ensemble de ces calcaires représente des dépôts généralement discontinus, assez peu visibles à l’observation dans les vallées. INPG : IDF0032 Le calcaire lutétien de la carrière souterraine Delacroix à Ivry-sur-Seine Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie – Ressources naturelles

Les anciennes carrières de Paris et de sa banlieue où était exploitée la pierre de Paris représentent donc des lieux importants pour la connaissance de ces niveaux. Les anciennes carrières souterraines Delacroix à Ivry-sur-Seine présentent sur plusieurs centaines de mètres de galeries bien entretenues une coupe continue (sur une dizaine de mètres d’épaisseur) d’une qualité remarquable. On y retrouve des faciès caractéristiques de ces couches, notamment le géant Campanile giganteum, ainsi que des curiosités archéologiques remarquables, dont certaines galeries en coupole de plus de 14 m de haut.

S Exemple d’une salle d’exploitation du calcaire lutétien Au fond, on voit les couches horizontales exploitées. Au premier plan, un pilier de soutènement et à gauche, un remplissage par bourrage pour soutenir le plafond de carrière.

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X La coupole haute de 14 mètres présente dans les carrières d’Ivry-sur-Seine Son utilisation (ventilation, stockage…) n’est pas encore tout à fait comprise.

Galeries de pierre calcaire particulièrement développées sous Paris et sa banlieue.

95 – Val-d’Oise Falaise sous-marine Le Bassin parisien est un des berceaux de la stratigraphie. Son intérêt est lié à la présence de gisements représentatifs de différentes périodes de l’histoire de la Terre et qui sont, ou ont été, des références internationales.

INPG : IDF0035 La craie campanienne et le calcaire danien de la carrière du Bois des Roches à Vigny Intérêts géologiques : – Stratigraphie – Sédimentologie – Paléontologie – Géomorphologie – Tectonique – Ressource naturelle

La carrière du Bois des Roches à Vigny a été désignée comme coréférence de l’étage géologique du Danien, situé à la base du Tertiaire, après de nombreuses études scientiÀques et près de 150 ans de controverses. Ces dépôts daniens sont connus pour représenter un ensemble corallien particulièrement bien préservé : outre la richesse en fossiles (coraux, mollusques, crustacés…), ils témoignent de l’évolution de la morphologie d’un récif complexiÀée par le fait qu’il était alors situé sur un escarpement marin constitué par la craie du Crétacé. On peut y observer des calcaires particuliers, de couleur jaunâtre, qui rappellent le maërl actuel. En effet, ils sont formés par l’accumulation de débris d’algues marines calcaires. Cette roche est improprement appelée « calcaire pisolithique » car elle n’est pas constituée de pisolithes, concrétions dues à l’activité de cyanobactéries. Mais la force de l’habitude…

S Calcaire pisolithique de Vigny Il présente une allure caractéristique de petits tubes et encroûtements rendant sa surface granuleuse.

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S Des fossiles de coraux de grande taille sont retrouvés dans la carrière.

Ancienne carrière de Vigny Elle présente un front de taille aménagé avec différentes plate-formes, points de vue et schémas d’interprétation. L’ensemble de ces aménagements permet d’observer l’objet géologique sous toutes ses formes et de le découvrir dans toute sa diversité.

971 – Guadeloupe Naissance d’un archipel Figure de proue de la Guadeloupe, l’île de La Désirade résume à elle seule la dualité géologique de l’archipel, intégralement constitué de roches volcaniques et de calcaires. Elle s’est formée à partir de la Àn du Jurassique, il y a quelque 150 millions d’années, bien avant la formation de Grande-Terre et de BasseTerre.

INPG : ANT0008 Les coulées de lave de La Désirade Intérêts géologiques : – Volcanisme – Plutonisme – Géomorphologie – Tectonique

À cette époque, l’Amérique du Nord est déjà séparée de l’Europe ainsi que de l’Afrique. L’océan Atlantique s’élargit d’année en année et de nouvelles laves viennent régulièrement refroidir au fond de l’eau où s’accumulent d’innombrables micro-organismes siliceux en Àn de vie : les radiolaires. Aujourd’hui, ces coulées de lave qui montrent des structures en coussins caractéristiques des épanchements sous-aquatiques s’observent à La Désirade où elles représentent un fragment de croûte océanique ou d’arc volcanique charrié vers la surface. Elles sont surmontées par une couche de radiolarites puis par des calcaires riches en coraux qui se sont formés beaucoup plus récemment, en milieu marin peu profond, il y a environ 4 millions d’années. L’ensemble est aujourd’hui à l’air libre, témoignant du soulèvement de l’île mais aussi des variations du niveau des mers.

S Coussins de lave caractéristiques des épanchements sous-marins

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S Niveau de radiolarites

Vue panoramique de l’île de La Désirade Les calcaires surmontent les coulées volcaniques.

972 – Martinique Volcan meurtrier La Montagne Pelée est le massif volcanique emblématique de la Martinique. Il s’agit d’un strato-volcan qui inspire, comme tout volcan actif, peur et fascination. Son activité volcanique a débuté il y a environ 300 000 ans et on compte 24 éruptions magmatiques depuis 13 500 ans.

INPG : MAR0005 Le cratère sommital et les dômes de la Montagne Pelée Intérêt géologique : – Volcanisme

L’éruption qui s’est produite le 8 mai 1902 l’a tristement rendu célèbre dans le monde entier. C’est l’une des plus importantes éruptions historiques. Elle a détruit en quelques minutes la ville de Saint-Pierre et en tuant ses 30 000 habitants. C’est depuis ce tragique événement que l’on nomme « éruption de type péléen » une éruption explosive où la lave très visqueuse s’accumule au sommet en un dôme souvent hérissé d’aiguilles et est accompagnée de nuées ardentes. Lorsque la pression est trop importante, le dôme cède et un mélange de cendres, de débris de roches et de gaz brûlants s’échappe à très grande vitesse et dévale les pentes. Depuis sa dernière éruption magmatique en 1932, son activité a décru de manière signiÀcative. Le Puy-de-Dôme est un autre exemple de volcan de type péléen mais il est heureusement endormi depuis environ 11 000 ans.

W L’aiguille terminale Photographiée en mars 1903 par Alfred Lacroix, professeur qui étudia l’éruption et définit le type de volcan péléen. Une aiguille de lave visqueuse se forme au sommet de l’édifice volcanique, son explosion provoque l’émission de nuées ardentes dévastatrices (La Montagne Pelée et ses éruptions, Paris 1904).

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S La ville de Saint-Pierre au pied de la Montagne Pelée De nos jours parcouru par des sentiers de randonnée, ce volcan actif culmine à 1 397 m et sa dernière éruption remonte à 1929-1932.

Ruines de l’église du fort à Saint-Pierre, détruite par l’éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902 Elles sont classées au titre des monuments historiques depuis 2002. La partie du fronton propulsée à plusieurs mètres, les colonnes en travers de la rue et l’épaisseur des murs effondrés témoignent de la violence de l’éruption.

973 – Guyane Un océan peut en cacher un autre En afÀchant un âge d’environ 2,2 milliards d’années, les roches qui afÁeurent ici et là sur le littoral de Cayenne constituent les terrains les plus anciens du territoire national. Aujourd’hui métamorphisés, ils représentent les témoins de l’existence d’un océan primitif qui séparait alors deux importants boucliers continentaux dont on retrouve les vestiges au Venezuela et au Brésil.

INPG : GUY0006 Le socle ancien et les filons de dolérite jurassiques de la pointe Buzaré à Cayenne Intérêts géologiques : – Métamorphisme – Plutonisme – Tectonique

S Filon de dolérite recoupant le socle

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Ces roches, qui datent du Protérozoïque inférieur et qui caractérisent les planchers océaniques, s’observent notamment à la pointe Buzaré : il s’agit d’amphibolites et de gabbros relativement sombres qui sont accompagnés de gneiss migmatitiques intensément déformés résultant d’un début de fusion. Autant de roches qui sont recoupées par des Àlons de dolérite orientés nord-sud. Ils ont été injectés dans le socle ancien au cours d’une extension de ce dernier, marquant ainsi l’ouverture de l’océan Atlantique au début du Jurassique, il y a quelque 200 millions d’années. L’un de ces Àlons, d’une vingtaine de mètres de largeur, arme l’extrémité de la pointe et montre par conséquent une grande résistance à l’érosion malgré une altération en boules très efÀcace sous climat tropical humide.

S Filon de dolérite en partie démantelé par l’érosion et se prolongeant en mer

Gneiss migmatitiques et amphibolites qui constituent le socle ancien de la Guyane

974 – La Réunion Deux cratères pour un volcan Résultant du fonctionnement d’un point chaud de la Terre, l’île de La Réunion s’est édiÀée progressivement pour émerger de l’océan Indien il y a 2 à 3 millions d’années seulement. Cette île d’origine volcanique, très jeune à l’échelle des temps géologiques, poursuit actuellement sa croissance, comme en témoigne aujourd’hui le piton de la Fournaise, l’un des volcans les plus actifs de la planète.

INPG : REU0007 Cratères Bory et Dolomieu Intérêts géologiques : – Volcanisme – Géomorphologie

S Le cratère Dolomieu en 2017

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Le sommet de ce volcan, situé à l’intérieur de la dernière caldeira, est marqué par la présence de deux dépressions elliptiques : les cratères Bory et Dolomieu. Ils résultent d’effondrements successifs provoqués depuis le XVIIIe siècle par la vidange de réservoirs magmatiques superÀciels. Le cratère Bory s’est ainsi formé avant 1751, date de la première ascension du piton de la Fournaise par le chevalier Andoche Dolnet de Palmaroux. Ce cratère abritait alors un lac de lave dont les débordements engendraient des coulées qui alimentaient régulièrement le fond de la caldeira. Quant au cratère Dolomieu, il serait apparu en 1791, mais il doit sa morphologie actuelle au dernier effondrement majeur qui a accompagné l’une des éruptions historiques les plus importantes du volcan, en avril 2007.

S Activité fumerolienne dans le cratère Dolomieu en 2003

Vue aérienne des cratères Bory et Dolomieu

975 – Territoire de Saint-Pierre et Miquelon Du sable et des galets Localement appelé « La Dune » ou noté « Isthme de Langlade » sur les cartes topographiques, le tombolo qui relie l’île de Miquelon à celle de Langlade atteint l’exceptionnelle longueur d’une douzaine de kilomètres pour 150 mètres de largeur dans sa partie la plus étroite. Il s’est formé progressivement sous l’action des courants marins, de la houle et du vent, par l’accumulation de sédiments issus de l’érosion des moraines, après la dernière glaciation, il y a moins de 10 000 ans.

INPG : SPM0001 Le tombolo de Miquelon-Langlade Intérêts géologiques : – Géomorphologie – Sédimentologie

Dans sa conÀguration actuelle, cet immense tombolo résulte de la jonction, vers la Àn du XVIIIe siècle, de deux grands complexes sédimentaires littoraux. Le premier de ces complexes est rattaché à Miquelon. Il montre dans sa partie nord deux cordons sableux d’origine marine, en partie recouverts de dunes éoliennes et enserrant une grande lagune qui communique avec l’océan par un étroit goulet. Il se poursuit vers le sud par une Áèche unique plus ou moins marécageuse constituée de sable et de galets. Quant au deuxième complexe, qualiÀé de « queue de comète », il est ancré sur l’île de Langlade où l’on retrouve deux systèmes de cordons marins coiffés par des dunes et encadrant une zone humide.

W Vue aérienne du tombolo

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S Dunes d’origine éolienne

Cordon de galets Situé dans la partie centrale du tombolo de Miquelon-Langlade.

976 – Mayotte Une activité explosive Appartenant sur le plan géographique et géologique à l’archipel des Comores, Mayotte émerge de l’océan Indien il y a environ 10 millions d’années. Aujourd’hui, les manifestations volcaniques qui sont à l’origine de l’île appartiennent au passé mais l’édiÀce du Dziani Dzaha est encore là pour témoigner des dernières éruptions qui pourraient avoir eu lieu il y a seulement 4 000 ans.

INPG : MAY0001 L’édifice volcanique holocène du Dziani Dzaha Intérêts géologiques : – Volcanisme – Géomorphologie

S Coupe dans les flancs de l’édifice volcanique

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Avec une forme circulaire bien préservée de l’érosion et un cratère central occupé par un très beau lac de couleur verte, le Dziani Dzaha est l’un des appareils volcaniques le mieux conservés de Mayotte. Cet appareil résulte d’une activité fortement explosive provoquée par la rencontre entre un magma à composition phonolitique et de l’eau de mer, comme le montrent les dépôts de cendres et de ponces afÁeurant sur ses Áancs. On y observe notamment de nombreuses stratiÀcations obliques qui s’expliquent par l’existence de plusieurs phases éruptives et par une mise en place du matériel sous forme de déferlantes. Mais on y voit aussi des blocs de lave plus sombres éjectés au cours des explosions et venus s’enfoncer dans les cendres encore meubles en y provoquant des déformations parfois bien marquées.

S Niveaux de ponces interstratifiés dans les cendres volcaniques

Vue générale du Dziani Dzaha

Remerciements La réalisation des inventaires régionaux a été possible grâce à l’active collaboration des personnes qui y ont contribué à divers degrés. AÀn de ne pas oublier leur travail, le nom de chacun d’entre eux est répertorié dans le présent ouvrage. Nous tenons spécialement à remercier les membres des Commissions régionales du patrimoine géologique (CRPG) ainsi que les membres des Conseils scientiÀques régionaux ou territoriaux du patrimoine naturel (CSRPN, CSTPN) pour leur appui et le temps qu’ils ont consacré à la réalisation et à la validation de ces inventaires. Nous exprimons notre reconnaissance aux nombreux experts, membres des CRPG ou non, qui ont répondu favorablement lorsqu’ils ont été sollicités. Il faut noter que toutes ces personnes ont bénévolement transmis et consigné, avec soin et passion, leurs connaissances géologiques, sans compter le temps passé. N’oublions pas que cet inventaire est en premier lieu un outil de connaissance, première étape permettant de sauvegarder la mémoire de la Terre et de sensibiliser le public en région à son patrimoine géologique.

Nous remercions également les représentants des services déconcentrés de l’État d’avoir lancé l’inventaire, suivi son exécution, ainsi que d’avoir assuré le lien indispensable entre le travail d’inventaire en région et l’inventaire national. Bien entendu nous n’oublions pas l’ensemble des membres de la commission de validation nationale actuelle qui ont comme nous relu des milliers de Àches et qui n’ont pu participer à la rédaction du présent livre : Sylvain Charbonnier, Francis Duranthon, Myette Guiomar, Gaëlle Guyétant et Fabien Hobléa ; de même que ceux qui en ont fait partie au début : Patrick Cabrol et Max Jonin. EnÀn, les travaux sur l’inventaire ont pu avancer grâce au soutien de représentants du ministère en charge de l’Environnement. Ce fut d’abord Arnault Lalanne qui a fait en sorte que ce programme puisse démarrer effectivement par une très forte implication et une réelle volonté sans lesquelles l’inventaire serait encore, comme il fut pendant des années : une bonne idée, un projet auquel il faut réÁéchir… Claire de Kermadec lui a succédé et nous sommes heureux de constater qu’elle montre aussi une volonté afÀrmée de poursuivre cet inventaire.

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Index 01 – Ain Sur la piste des dinosaures ........................ 02 í Aisne Un relief résiduel ..................................... 03 – Allier Ressource de porcelaine ......................... 04 – Alpes-de-Haute-Provence Au pays des ammonites ..................................... 05 – Hautes-Alpes Témoins d’un océan disparu ...... 06 – Alpes-Maritimes Un lac qui va et vient ........... 07 – Ardèche Le Pont d’Arc, « court-circuit » de l’Ardèche .......................... 08 – Ardennes Coraux primaires .............................. 09 – Ariège À manteau découvert ............................ 10 – Aube Fossiles noyés .......................................... 11 – Aude Un pic mythique ...................................... 12 – Aveyron Histoire d’un trou ............................... 13 – Bouches-du-Rhône C’est un cap ...................... 14 – Calvados Une tranche de temps ....................... 15 – Cantal Eau chaude à tous les étages ................ 16 – Charente Géants disparus ................................. 17 – Charente-Maritime De la terre à la mer .......... 18 – Cher Curiosité minérale .................................... 19 – Corrèze Concert d’Orgues ................................ 2A – Corse du Sud Rouge Scandola ......................... 2B – Haute-Corse Excursion en profondeur .............. 21 – Côte-d’Or Un bleu des profondeurs .................. 22 – Côtes-d’Armor Galets en mouvement .............. 23 – Creuse Gigantesques champignons .................. 24 – Dordogne Des abris pour nos ancêtres ............. 25 – Doubs Une citadelle bien entourée.................... 26 – Drôme Un beau livre d’histoire ......................... 27 – Eure Des grottes aux carrières .......................... 28 – Eure-et-Loir Entre lac et marécage ................... 29 – Finistère Coulée de lave sous-marine ............... 30 – Gard Forêt fossile............................................... 31 – Haute-Garonne Les glaciers font leur cirque .... 32 – Gers Histoire d’os .............................................. 33 – Gironde La dune du Pilat .................................. 34 – Hérault En rouge et noir ................................... 35 – Ille-et-Vilaine De la déformation à la fusion .... 36 – Indre Une cuirasse de fer ...................................

24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52 54 56 58 60 62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96

37 – Indre et Loire Tempêtes sur le littoral ............... 38 – Isère Une invitation à l’escalade ....................... 39 – Jura Bicorne tectonique ...................................... 40 – Landes Un clou d’or .......................................... 41 – Loir-et-Cher Un lieu de transgression ............... 42 – Loire Au pays des gueules noires ...................... 43 – Haute-Loire Necks plus ultra ............................. 44 – Loire-Atlantique Racines d’une chaîne de montagnes ................. 45 – Loiret Eaux bleues et sables d’or ..................... 46 – Lot Piège à fossiles ........................................... 47 – Lot-et-Garonne Argiles réfractaires .................. 48 – Lozère Gorges profondes .................................. 49 – Maine-et-Loire Herbier fossile ......................... 50 – Manche Les doyennes ....................................... 51 – Marne Poupées de sable ................................... 52 – Haute-Marne De la vie à la pierre ................... 53 – Mayenne Grottes méconnues ............................ 54 – Meurthe-et-Moselle Les griffes du diable ........ 55 – Meuse Une pierre célèbre ................................ 56 – Morbihan Minéraux d’exception ....................... 57 – Moselle Des allures de Colorado ..................... 58 – Nièvre Terre d’argile et d’ocre ........................ 59 – Nord Une histoire mouvementée ...................... 60 – Oise Sur l’échelle des temps géologiques ........ 61 – Orne Des terriers et des pistes ......................... 62 – Pas-de-Calais Plis à la plage ............................ 63 – Puy-de-Dôme Volcans à la chaîne ................... 64 – Pyrénées-Atlantiques Des plis sur la Côte basque .............................. 65 – Hautes-Pyrénées Surprises en altitude ............. 66 – Pyrénées-Orientales Sculptures féériques ......... 67 – Bas-Rhin Quelques nuances de grès ................ 68 – Haut-Rhin Richesses minières............................ 69 – Rhône Pierres folles et pierres dorées .............. 70 – Haute-Saône Enregistrements climatiques ....... 71 – Saône-et-Loire Chutes de chevaux ................... 72 – Sarthe Au cœur des montagnes ......................... 73 – Savoie Et la montagne s’abîma…......................

98 100 102 104 106 108 110 112 114 116 118 120 122 124 126 128 130 132 134 136 138 140 142 144 146 148 150 152 154 156 158 160 162 164 166 168 170 231

74 – Haute-Savoie Désert d’altitude ......................... 75 – Paris Un vrai gruyère ......................................... 76 – Seine-Maritime Une coupe garnie ..................... 77 – Seine-et-Marne Sous les pavés, la plage ........... 78 – Yvelines Mer tropicale ...................................... 79 – Deux-Sèvres Une référence internationale ...... 80 – Somme Au gré des marées ............................... 81 – Tarn Les granites se mettent en boules ............. 82 – Tarn-et-Garonne Solide témoin .......................... 83 – Var Un rocher bien nommé ............................... 84 – Vaucluse Une fontaine de référence .................. 85 – Vendée En terrain discordant............................ 86 – Vienne Courants variables ................................ 87 – Haute-Vienne Impact météoritique ................... 88 – Vosges Abandonnées par les glaciers ..............

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172 174 176 178 180 182 184 186 188 190 192 194 196 198 200

89 – Yonne Une barrière de corail .......................... 90 – Territoire de Belfort Pudding de galets ............. 91 – Essonne Fossiles à gogo .................................... 92 – Hauts-de-Seine Un produit à tout faire ............ 93 – Seine-Saint-Denis En fer de lance ..................... 94 – Val-de-Marne Aux portes de Lutèce .................. 95 – Val-d’Oise Falaise sous-marine ........................ 971 – Guadeloupe Naissance d’un archipel ............. 972 – Martinique Volcan meurtrier .......................... 973 – Guyane Un océan peut en cacher un autre ..... 974 – La Réunion Deux cratères pour un volcan .... 975 – Territoire de Saint-Pierre et Miquelon Du sable et des galets ..................................... 976 – Mayotte Une activité explosive .......................

202 204 206 208 210 212 214 216 218 220 222 224 226

Glossaire AfÁeurement : surface dépourvue de sol ou de végétation montrant le sous-sol meuble ou rocheux. Les afÁeurements abondent en zone aride mais sont rares dans les plaines humides. Alluvions : désigne l’ensemble des matériaux sédimentaires issus de l’érosion, transportés par l’eau. Altération : au sens général, l’altération est la modiÀcation de l’état ou de la qualité d’une chose, impliquant une notion de dégradation. En géologie, l’altération est l’ensemble des modiÀcations chimiques et physiques qui affectent les roches sous l’effet de l’eau. L’incorporation de l’eau dans la maille cristalline de minéraux les fait changer de structure. Ils deviennent généralement moins compacts. Le granite par exemple s’altère en donnant une arène (un sable et des argiles). L’altération est donc un processus clé de l’érosion chimique. Amphibolite : roche métamorphique, solide et résistante, souvent utilisée pour la construction et résultant généralement de la transformation d’un basalte par la chaleur et la pression. Antécédence : en géomorphologie, ce terme correspond à l’histoire d’un cours d’eau dont le tracé est antérieur à des déformations tectoniques. Son tracé actuel est calqué sur celui de son ancien cours (par exemple, les méandres de la Meuse dans le massif des Ardennes). Anthropique (site) (de anthropos = homme) : site transformé par les activités humaines : en surface (carrière…) ou souterrain (galerie, tunnel…). De tels sites constituent souvent une fenêtre sur le sous-sol. Anticlinal : partie d’un pli formant une bosse convexe tournée vers le haut. Aquifère : formation géologique, sufÀsamment poreuse et/ou Àssurée (qui peut stocker de l’eau) et perméable (où l’eau circule librement) pour contenir une nappe d’eau souterraine mobilisable. La nappe phréatique, ou nappe libre,

est la nappe contenue dans l’aquifère de surface, son sommet correspond au niveau des sources ou de la rivière. Argile : groupe de minéraux issus de la dégradation des feldspaths et des micas, caractérisés par leur structure en feuillets et présentant une taille inférieure à 2 micromètres dans les roches. Roche sédimentaire silicatée présentant une structure en feuillets. Les minéraux caractéristiques des argiles sont : chlorite, illite, kaolinite, montmorillonite… Astroblème : cratère d’impact d’une météorite. En France, le plus célèbre est celui de Rochechouart (impact d’une météorite tombée il y a 200 millions d’années). Basalte : roche volcanique due à la consolidation de laves issues de la fusion partielle du manteau. Le basalte est l’un des constituants de la croûte océanique. Bassin sédimentaire : région déprimée d’un continent où se sont accumulés des sédiments (par exemple, le Bassin parisien). Baume : mot désignant une dépression, soit un abri sous roche, une grotte (la Sainte Baume), soit une vallée entaillée dans un plateau calcaire (par exemple, la reculée de Baumeles-Messieurs). Biodiversité : diversité des organismes, classiquement considérée à trois niveaux : diversité génétique (au niveau des individus et des populations), diversité spéciÀque (richesse, fréquence, abondance des espèces…) et diversité écologique à l’échelle des écosystèmes et des interactions qui les régissent. La biodiversité peut donc être abordée depuis les variants génétiques, jusqu’aux espèces, genres, familles et catégories taxonomiques de plus haut niveau. Bloc erratique : bloc rocheux isolé d’un glacier ou d’une moraine qui a été abandonné lors de la fonte du glacier pendant son retrait. Ils se trouvent parfois à grande distance du glacier actuel. Brèche (sédimentaire) : roche détritique formée par l’accumulation d’éléments anguleux ; leur morphologie témoigne 233

de leur faible transport. Les brèches intraformationnelles (ou pseudo-brèches) résultent le plus souvent de la fragmentation d’un bloc superÀciel déjà induré ; les éléments, très peu déplacés, sont cimentés rapidement par des boues en cours de sédimentation. Généralement, les éléments sont de même nature. Leur fragmentation a des causes variées (séismes, jeux de failles, glissements [slumping], fortes houles, séquences de dessiccation de sédiments formés à Áeur d’eau, etc.). Butte témoin : relief témoignant d’une extension jadis plus importante de la couche ou de la structure. Carrière : lieu d’exploitation, à ciel ouvert ou souterrain, d’une roche pour la construction, la transformation… Se différencie de la mine qui est un lieu, à ciel ouvert ou souterrain aussi, où la roche est exploitée pour en extraire des substances Àgurant sur une liste Àxée par le Code minier et qui fait l’objet de concessions (mine d’argent, de fer, de charbon…). Caverne : en spéléologie et en karstologie, terme synonyme de grotte (voir ce mot). Chaos : empilement apparemment désordonné de rochers généralement de taille métrique (les chaos granitiques de Bretagne ou ceux, gréseux, de Fontainebleau sont parmi les plus célèbres). Charriage (nappe de) : ensemble de couches déplacées en grande masse presque à l’horizontale, formant ainsi des terrains allochtones chevauchant un ensemble qui n’a pas bougé et dit autochtone. Cirque glaciaire : bassin d’alimentation à parois raides, où s’accumule la neige qui alimente un glacier. Cluse (clue) : courte vallée ouverte perpendiculairement à l’axe des monts dans un système de plis jurassiens et, par extension, de plis subalpins ou appalachiens. Colluvions : dépôts détritiques n’ayant pas ou peu subi de transport, à la différence des alluvions. Cône de déjection : amas de débris rocheux déposés par un torrent vers la partie avale de son parcours, en contact avec une vallée. 234

CORINE : COordination et Recherche de l’INformation en Environnement. Crassier (n. masc.) : synonyme de terril. CSRPN : Conseil scientiÀque régional du patrimoine naturel. Cuesta (côte en espagnol) : constitue le rebord d’une structure géologique inclinée, dont les niveaux les plus résistants forment une saillie dans le paysage. Les cuestas de l’est du bassin de Paris, sont les plus connues. Cuirasse : durcissement d’une couche par précipitation d’élément métallique, en particulier du fer (alios des Landes) ou de l’aluminium (cuirasse latéritique). Détritique : se dit d’une roche qui est issue de la dégradation d’autres roches. Diaclase : le terme de diaclase désigne une fracture au sein d’une roche, sans déplacement d’un compartiment par rapport à l’autre. Une diaclase se différencie de ce fait d’une faille, fracture des roches subissant le déplacement d’un compartiment par rapport à l’autre. Discordance : contact sédimentaire entre deux séries séparées par un laps de temps, la plus ancienne ayant subi un mouvement tectonique et une érosion. Quand il n’y a pas ce basculement, on parle de concordance. Doline : forme caractéristique d’érosion des calcaires des reliefs karstiques. Dans la dépression globalement circulaire, de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres, s’accumule l’argile des roches dissoutes. Ce fond imperméable retient donc l’eau et la doline peut servir d’abreuvoir aux troupeaux. DREAL / DEAL / DRIEE : Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement / Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (pour l’Outre-mer) / Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (pour l’Île-de-France). Entonnoir de dissolution : dépression conique due à la dissolution. Ceux du col du Galibier, dus au gypse, sont les plus connus. Érosion : ensemble des phénomènes qui enlèvent tout ou partie des terrains existants en modiÀant de ce fait le relief.

On distingue souvent l’érosion (mécanique, par ablation) de l’altération (modiÀcation chimique des roches en place). Les deux phénomènes sont complémentaires. Exhalaison : gaz, vapeur ou odeur qui sort d’un corps ou d’un lieu (= efÁuve). Exhalation : rejet par l’haleine, ou la peau de gaz. C’est aussi la fonction par laquelle certains liquides sont répandus, sous la forme d’une rosée, à la surface des membranes ou dans les tissus organiques. Expansion océanique (en anglais, sea Áoor spreading) : mécanisme de formation de la croûte océanique au niveau des dorsales. La remontée de magma mantellique le long des rides océaniques provoque l’élargissement des fonds océaniques et, par là, l’écartement des plaques tectoniques. Faciès : ensemble de caractères (lithologiques, pétrographiques et paléontologiques) d’une roche. Falaise : escarpement vertical ou subvertical de hauteur variable, quelques mètres à plusieurs centaines de mètres, synonyme de mur, d’à-pic, ou de précipice. Certains préconisent de réserver ce terme aux dispositifs littoraux (par exemple, les falaises d’Étretat), d’autres acceptent un usage plus large (par exemple, les falaises du Saussois, dans l’Yonne). Feldspath : groupe de minéraux très importants en volume à la surface de la terre et dont l’altération donne des argiles. Foraminifères : groupe d’organismes marins unicellulaires, très nombreux dans le plancton, caractérisés par un squelette minéral calcaire perforé. Les formes fossiles sont utilisées pour dater les terrains. Formation (sédimentaire) : unité de base de la classiÀcation lithostratigraphique ; ensemble lithologique présentant une dominante, voire une exclusivité de faciès, d’épaisseur néanmoins sufÀsante pour une représentation cartographique. Fossile : vestige, de quelque nature que ce soit, laissé par un organisme, tel qu’une trace dans le sol ou une pièce de squelette minéralisée, et qui a été conservé au cours des temps géologiques – ce qui veut dire, généralement, antérieurement à dix mille ans.

Géode : cavité tapissée de cristaux. Géodiversité : diversité géologique en termes de types de roches, de structures… Géomorphologie : discipline de sciences de la Terre qui a pour objet la description et l’explication des formes du relief, et, par voie de conséquence, des processus internes ou externes qui les contrôlent. Geopark : le label Geopark décerné par l’UNESCO pour quatre ans est un territoire géré par une structure spéciÀque avec un riche géopatrimoine dans lequel le développement économique, la recherche, l’enseignement sont pratiqués. Géosite : site d’intérêt géologique quel que soit ce type d’intérêt : scientiÀque, pédagogique, esthétique… Gneiss : roche métamorphique, résultant de la transformation d’un granite par la chaleur et la pression. On distingue les orthogneiss qui résultent de la transformation de roches magmatiques (d’anciens granites ou basaltes) des paragneiss qui sont d’anciennes roches sédimentaires (argiles, calcaires…). Gondwana : continent qui regroupait l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Inde, l’Australie, Madagascar et l’Antarctique, à la Àn du Paléozoïque et au début du Mésozoïque. Il correspond à l’une des deux parties de la Pangée éclatée, l’autre étant la Laurasie. Gouffre : le gouffre, appelé aven (Causses) en morphologie karstique, est un trou vertical, un puits naturel. Il se différencie d’une grotte dont l’entrée est sur une paroi. Gour : nom arabe, pluriel de gara, butte témoin, élément d’un plateau détaché de celui-ci et abandonné pendant le recul du talus bordier. Graben : partie affaissée entre deux systèmes de failles, généralement en contexte extensif (par exemple, plaine d’Alsace). Granite et granit : mot polysémique selon qu’il est utilisé par les géologues ou les marbriers (granitiers). Pour le géologue, il s’agit d’une roche plutonique composée uniquement de grains jointifs comprenant trois minéraux au moins : quartz, feldspath et mica. Il s’écrit avec un « e » Ànal : granite. Pour le marbrier, il s’agit de toute roche qui, une fois 235

polie, montre des grains : il peut s’agir d’un granite, d’une lave avec des minéraux, et ce peut être aussi un calcaire ; le petit granit du Dévonien des Ardennes est un calcaire à entroques (tiges d’encrines vues en coupe). Ce granit ne prend pas de « e ». Grès : roche dure formée par cimentation d’un ancien sable. Les grains sont généralement dominés par le quartz ; le ciment peut être siliceux, ou calcaire… Grotte : en spéléologie, cavité karstique ouverte par les eaux inÀltrées. Lorsqu’une vallée s’approfondit, le réseau karstique souterrain est recoupé et des grottes (voire des niveaux de grottes) apparaissent à Áanc de versant. GSSP (Global Stratotype Sections and Points) : stratotype de limite matérialisé par un « clou d’or ». Halde (syn. : terril, crassier, verse, terrasse) : amoncellement formé par les déchets et stériles issus de l’extraction du minerai. Hercynien : période de l’ère primaire (du Dévonien au Permien) qui correspond à la formation et à l’érosion d’une chaîne de montagnes, désormais plus souvent appelée chaîne varisque. Elle succède aux cycles orogéniques cadomien et calédonien. Horst : partie surélevée délimitée par des failles normales surmontant les terrains de part et d’autre. Hot spot : voir Point chaud. Houille : troisième terme de la lignée des charbons, entre les lignites et les anthracites dans l’ordre croissant de maturation. Suivant leur teneur en matières volatiles, on distingue des houilles maigres (< 14 % mat. vol.), demi-grasses (12 à 24 %), grasses (18 à 34 %) et Áambantes (> 30 %). Les houilles maigres et demi-grasses sont brûlées, les grasses servent à la production du coke, les Áambantes sont utilisées en carbochimie. Ichnofossile : fossile représentant une trace d’activité d’un organisme animal ou végétal (exemples : terriers, empreintes, traces de reptation, nutrition). INPG : Inventaire national du patrimoine géologique. INPN : Inventaire national du patrimoine naturel. 236

Inventaire : opération qui consiste en un dénombrement ordonné des biens se trouvant en un endroit. L’inventaire national géologique concerne l’ensemble des richesses géologiques du territoire français. Kaolinite (nom tiré d’une colline chinoise située près de Hong Kong). Minéral argileux se formant surtout sous climat chaud et humide, exclusivement constitué de silicium et d’aluminium. Karst : le karst tire son nom d’une région de Slovénie du Sud. Il désigne généralement un ensemble de reliefs qui résultent de l’altération de roches calcaires par la circulation de l’eau. Les morphologies de surface ou souterraines portent autant de noms qu’il y a de formes : doline, poljé, gour, lapiaz, aven… Lapiaz (lapiez-lapié) : morphologie due à la dissolution de calcaire, formant des sillons parfois séparés de lames coupantes (bois de Païolive ; désert de Platé). Laves en coussins (Pillow lava en anglais) : les coulées de lave en milieu aquatique forment des sortes de grosses bulles de la taille de coussins ou de polochons. Lignite (du latin lignum = bois). Variété peu évoluée de charbon, contenant environ 75 % de carbone. Les lignites forment le deuxième terme de la lignée des charbons. Lit : niveau distinct dans une couche rocheuse (souvent d’ordre centimétrique). Lithosphère (ΓίΐΗΚ = roche et ΛΞΉίΙΉ = sphère) : la lithosphère est constituée de la croûte (océanique et continentale) et de la partie rigide du manteau. Son épaisseur va de 100 km sous les océans jusqu’à 200 km au maximum sous les continents. Elle est fragmentée en plaques dites « plaques lithosphériques » qui se déplacent sur l’asthénosphère : tectonique des plaques. Loess (limon de plateau) : dépôt quaternaire éolien meuble, très Àn. Ses constituants argilo-calcaro-sableux en font une terre très riche pour l’agriculture. Marbre : mot polysémique selon qu’il est utilisé par les géologues ou les marbriers (granitiers). Pour le géologue, il s’agit d’un calcaire qui a été métamorphisé. Pour le marbrier, il s’agit de toute roche qui, une fois polie, ne montre pas de grains (il peut s’agir du marbre des géologues ou d’une lave,

d’un calcaire noduleux…). Le marbre de Guillestre est un calcaire noduleux riche en ammonites. Météorite : objet extra-terrestre qui peut être un fragment d’astéroïde, de planète (comme Mars) ou de la Lune et qui est tombé à la surface de la Terre. Elles appartiennent à deux grandes familles : les météorites pierreuses constituées principalement de silicates et les météorites ferreuses composées d’un alliage de fer-nickel. Chaque année, 84 000 météorites tombent sur Terre, soit environ 182 000 tonnes.

Panache : un panache mantellique consiste en des roches anormalement chaudes provenant du manteau profond et remontant jusqu’à la surface où leur fusion par décompression adiabatique engendre un magmatisme dit de « point chaud ». Pélagique : qualiÀe soit le domaine marin de pleine eau, soit les organismes qui y vivent (par opposition à benthique). Pendage : angle d’inclinaison d’une couche (par rapport à l’horizontale).

Mica : famille de minéraux caractérisés par leur structure en feuillets superposés les uns aux autres.

Pergélisol (syn. de permagel, merzlota) : sol ou roche gelé en permanence et de ce fait imperméable.

Minerai : roche contenant des matériaux utiles à l’Homme, et ce, en quantité sufÀsamment importante pour justiÀer son exploitation.

Permafrost : équivalent anglais de pergélisol (voir Pergélisol).

Modelé : le modelé caractérise le façonnement de reliefs par les différents agents d’érosion (modelé Áuviatile, glaciaire, karstique, éolien, etc.). Moraine : amas détritique de granulométrie très variable qui se forme sur les Áancs ou au front d’un glacier. MTES / MEEM / MEDDTL : ministère de la Transition énergétique et solidaire / ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer / ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Nappe de charriage : ensemble de terrains qui a été déplacé et est venu recouvrir un autre ensemble dont il était très éloigné à l’origine. Nappe phréatique : nappe d’eau souterraine libre, peu profonde, couramment exploitée pour l’eau potable. Il s’agit de l’aquifère le plus superÀciel. Neck : relief volcanique en forme d’aiguille. Isolé par l’érosion, le neck correspond à une ancienne cheminée volcanique (ceux de la ville du Puy sont les plus connus). Noyau : en géologie, le noyau est l’enveloppe la plus interne de la Terre. On distingue un noyau externe liquide et un noyau interne (ou graine) solide, les deux étant constitués essentiellement de fer et de nickel. Orgues : le refroidissement de certaines coulées de laves produit des Àssures de rétraction, qui, vues en coupe, ressemblent à des tuyaux d’orgues ; vues du dessus, elles évoquent un pavage.

Plancton : ensemble des organismes marins et d’eau douce, incapables d’effectuer d’importants déplacements de façon active et donc soumis aux mouvements des masses d’eau. Le plancton comprend surtout des organismes de très petite taille. On distingue classiquement phytoplancton de zooplancton. Le terme plancton a une signiÀcation écologique. Pluton : massif de roches plutoniques (granite, grano-diorite…) généralement globuleux correspondant au refroidissement d’un magma en profondeur et amené en surface par l’action de l’érosion. PN : Parc national. PNF : Parcs nationaux de France (intégré à l’AFB depuis le 1er janvier 2017). PNR : Parc naturel régional. Point chaud (hot spot en anglais) : en géologie, point du globe, situé à l’aplomb d’un panache mantellique et où sont émises de grandes quantités de laves très Áuides. Alors que dans les rides médio-océaniques les laves émises ont une température de 1 250 à 1 300 °C, les laves de point chaud ont des températures de 1 350 à 1 450 °C… d’où leur nom. Actuellement, les points chauds les plus actifs sont La Réunion, Hawaï, l’Islande, les Açores, l’île de Pâques, les Galápagos, Yellowstone, etc. Certains points chauds, ayant, au cours de leur histoire, fonctionné de manière particulièrement intense, sont supposés être à l’origine de grandes crises de la biodiversité. 237

Point-chaud (zoologie) : région biogéographique correspondant à des réservoirs signiÀcatifs où la biodiversité est maximale. Quaternaire : caractérise la période géologique la plus récente, postérieure au Tertiaire avec lequel elle forme le Cénozoïque. Sa déÀnition a beaucoup varié au cours des temps. Relief inversé : avec le temps, le relief conforme des monts et vaux jurassiens se trouvera inversé s’il existe de puissantes séries de roches argilo-marneuses : les monts primitifs seront remplacés par des combes, les vaux Àniront par être perchés (on dit aussi synclinal perché). Ressource : quantité totale d’un matériau ou d’un minerai naturel, présent dans le sous-sol, que celui-ci soit ou non économiquement productible.

Serpentine : minéral très riche en eau et en magnésium, vert sombre à vert jaunâtre, résultant de l’altération hydrothermale des péridotites. Les serpentinites sont des roches constituées presque exclusivement de serpentine. Leur nom leur vient d’une ressemblance avec une peau de serpent. Souvent utilisée comme pierre de parement (magasin, comptoirs…). SIG : Système d’information géographique. SINP : Système d’information sur la nature et les paysages.

Résurgence : en géologie, réapparition à l’air libre d’une eau qui s’est enterrée dans le cadre d’un relief karstique et qui a généralement suivi un parcours souterrain.

Strate : une strate (ou couche) est un ensemble sédimentaire homogène et bien distinct des strates sous-jacentes et des strates sus-jacentes.

Rift : fossé étroit et allongé résultant d’un effondrement entre des failles en réponse à un amincissement de la croûte océanique ou continentale. Ce dernier est souvent causé par l’écartement de plaques lithosphériques.

StratiÀcation : agencement des dépôts sédimentaires en strates qui peuvent être horizontales ou obliques. Ce dernier cas implique une mise en place par des courants plus ou moins puissants.

RNF : Association Réserves naturelles de France. RNN : Réserve naturelle nationale. RNR : Réserve naturelle régionale. SCAP : Stratégie nationale de Création d’Aires Protégées. Schiste : roche présentant un débit en feuillets plus ou moins minces suivant des plans de schistosité (plans où les minéraux constitutifs de la roche sont orientés parallèlement les uns par rapport aux autres sous l’inÁuence de fortes pressions). Les schistes sont associés aux zones de métamorphisme. Le terme représente parfois aussi une roche sédimentaire argileuse, alors, les géologues anglophones préfèrent utiliser le terme « shale » et les francophones « pélites ». Cette dernière distinction est importante, car une roche métamorphique ne peut pas contenir une quantité signiÀcative d’hydrocarbures puisque la température lors de la formation de ces roches dégrade ce type de molécules. Il serait donc plus précis de parler de gaz de shale bien que le terme gaz de schiste ait été popularisé. 238

Science participative : forme de production de connaissances scientiÀques auxquelles des acteurs non scientiÀques (individus ou groupes) participent de façon active et délibérée. Expressions liées : science citoyenne, recherche participative, crowd sourcing. Exemple de programme : Vigie Chiro, STOC, Vigie Ciel et Vigie Terre.

Stratigraphie (du latin stratum, couverture et graphein, écrire) : science qui étudie la succession des couches géologiques, les strates, généralement sédimentaires, parfois volcaniques ; permet d’établir une chronologie relative reposant sur les « principes de stratigraphie » (de continuité, de superposition) ; selon les critères utilisés, sont distinguées : lithostratigraphie, biostratigraphie, chronostratigraphie. Adj. : stratigraphique. Stratotype : coupe ou ensemble de coupes stratigraphiques étalon, servant de référence pour la déÀnition d’un étage (stratotype d’unité) ou de ses limites (stratotype de limite). On parle de stratotype historique pour une coupe qui a été désignée et utilisée pour la déÀnition historique d’un étage ou d’une unité stratigraphique ; parfois aussi appelé stratotype originel, stratotype initial ou holostratotype. Stratotype composite : association de plusieurs coupes qui, prises dans leur ensemble, ont servi à déÀnir une unité chronostratigraphique (cas du Stampien, ainsi déÀni à partir de cinq localités).

Stratotype d’unité (ou de couche) : coupe de référence d’une unité chronostratigraphique montrant l’ensemble de cette unité, de sa limite inférieure à sa limite supérieure.

Thermalisme : activité connue depuis l’Antiquité qui consiste en l’utilisation des eaux thermales à des Àns curatives ou plus simplement ludiques.

Stratotype de limite : coupe de référence servant à déÀnir une limite entre deux unités chronostratigraphiques, dans une succession continue de terrains ; limite théoriquement signalée par un clou d’or (voir GSSP) lorsque le stratotype est ratiÀé.

Tourbe : roche sédimentaire légère, brunâtre, constituée essentiellement de débris de mousses, formée dans les tourbières. Constitue le premier terme de la lignée des charbons, bien qu’étant un combustible d’assez mauvaise qualité (50 % de carbone).

Stratotype historique : coupe qui a été désignée et utilisée pour la déÀnition historique d’une unité stratigraphique ; parfois aussi appelé stratotype originel, stratotype initial.

Tourbière : milieu lacustre ou marécageux où se développent des sols hydromorphes, à accumulation de matière organique incomplètement dégradée, provenant de plantes hygrophiles.

Stromatolithe : construction carbonatée, à texture souvent laminaire, due à des cyanobactéries. Subduction : mécanisme au cours duquel une plaque lithosphérique océanique s’enfonce sous une autre plaque lithosphérique. Synclinal : série plissée formant un pli concave vers le haut ; inverse d’un pli anticlinal convexe vers le haut. Synclinorium : vaste structure plissée ayant dans son ensemble une allure synclinale. Tectonique : nom venant du grec ΜέΒΜΡΕ, « bâtisseur », qualiÀant l’étude des structures géologiques (plis, failles, chaînes de montagnes…). Terril (ou crassier = halde) : tas de terre ou de résidus rocheux stériles d’une exploitation minière : charbon ou autre…

Tuf et tuff : mot polysémique car il représente : (1) un calcaire alvéolaire formé en contexte de source pétriÀante par l’action de bactéries (appelé aussi travertin) ou (2) une roche volcanique formée par l’accumulation de cendres. UICN : Union internationale pour la conservation de la nature (International Union for Conservation of Nature, IUCN). UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (en anglais, United Nations Educational, ScientiÀc and Cultural Organization). Varisque : = hercynien. Verrou glaciaire : barrage rocheux naturel d’une vallée. ZNIEFF : Zones naturelles d’intérêt écologique, Áoristique et faunistique (inventaire des sites à enjeux pour la biodiversité).

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Participants à l'inventaire A ACTIS Solange ADNET Sylvain AERTGEERTS Geoffrey AGUERRE Olivier ALABOUVETTE Bruno ALESANDRI Jean ALLARD SAINT-ALBIN Alex AMBERT Martine AMEDRO Francis AMELOT François AMICO Sauveur ANDRES Christian ANTOINE Pierre ARNAL Gérard ARNAUD Lenoble ARTHUR Christian ASSOR Richard ASTRUC Guy AUBERGER Elise AUBRON Isabelle AUDAM Jean-Luc AUDRU Jean-Christophe AUROUX Danièle AVERBUCH Olivier AVOINE Jacques

B BACHELERY Patrick BAETEMAN Cécile BAILLET Laura BAKALOWICZ Michel BALLEVRE Michel BALME Christine BARBARIN Bernard BARBIN Vincent BARNERIAS Cyrille

BARRIER Pascal BARRY Philippe BARTHELAT Fabien BATTIAU-QUENEY Yvonne BAUER Jacques BAWEDIN Vincent BECHELER Pierre BECKARY Sophie BELEN Jean-Jacques BELLEFON (DE) Ghislaine BENNOURINE Medhi BENOIT Pierre BERGERAT Françoise BERNARD Daniel BERREHOUC Géraldine BERTHET Didier BERTIN Clothilde BESSET Françoise BEZERT Patrick BEZIAT Didier BICHET Vincent BILOTTE Michel BINON Michel BIRON Pierre-Eymard BLIECK Alain BLUM Ariane BOHLY Bernard BOIREL Valérie BOISE Ludovic BOIVIN Pierre BONNINGUE Guy BORDESSOULE Frédéric BORGET Jean Noël BOSSE Julien BOU Claude BOUCHER Alain BOUDRIE Michel BOULIGAND Sandrine

BOURDON Erwan BOURIDEYS Joël BOUSQUET Jean-Claude BOUTANTIN Martial BOUTON Pascal BRANGER Patrick BRAULT Hélène BRESSY LEANDRI Céline BRETON Gérard BRETRAND Catherine BRICE Denise BRIL Hubert BRUN Patrick BRUNETON Patrice BRUXELLES Laurent BUDON Frédéric BUFFETAUT Eric BULOT Christian BUONCRISTIANI Jean-François

C CABROL Patrick CAHUZAC Bruno CAIHOL Didier CAILLE Christian CALVET Marc CALVET Jean-Paul CAMPY Michel CAMUZARD Jean-Pierre CANEROT Joseph CANIVE Jérôme CAPDEVILLE Jean-Pierre CAPERA Jean-Claude CARENCO Eric CARLIER Gabriel CAROFF Martial CAUCHETIER Bernard CAYLA Nathalie 241

CAZANOVE Christine CHABALIER (DE) Jean-Bernard CHABARD Dominique CHABROL Laurent CHALOT Roger CHANTEPIE Guy CHARBONNIER Sylvain CHARLES Nicolas CHAROLLAIS Jean CHATENET François-Xavier CHAUPIN Jean-Louis CHERIGIE Eric CHEVALLIER Guillaume CHEVRIER Muriel CHEYLAN Gilles CHRISTOPHOUL Frédéric CIESLAK Thomas CIRIO Raymond CISZAK Richard CLABAUT Alain CLERGET Yves CLET Florent COAT Sophie COHEZ Vincent COLBEAUX Jean-Pierre COLENO Bernadette COLIN Jean-Paul † COLLETE Claude COLLIN Pierre-Yves COMTE Bernard CONIL Pierre CORDIER Samuel CORNÉE Annie CORSINI Michel COURBET Pierre COUREL Louis COURTIN Alexandra COUTARD Jean-Pierre COUTURIE Jean-Pierre CROCHET Jean-Yves CRUCHET Marc CUBAYNES René CUPILLARD Christophe

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CUSSEY Dominique CUSSEY Raymond

D DABARD Marie-Pierre † DAGALLIER Guy DANNEVILLE Laurent DARBOUX Jean René DARDON Arnaud DAUPHIN Sébastien DAUTRIA Jean-Marie DE WEVER Patrick DEBRIETTE Pierre DEBROAS Elie-Jean DECALF Guillaume DECAT Hélène DECONINCK Jean-François DECROUEZ Danielle DEFIVE Emmanuelle DEKNUYDT Francis DELAMETTE Michel DELATORRE Ywenn DELAY Bernard DEMICHELIS Albert DEMONTOUX Daniel DERYCKE Claire DESCHODT Laurent DESREUMAUX Christian † DESSERT Céline DOUETTE Michael DOUSSET Sylvie DRON Pierre DUBOIS Claude DUBOIS Michel DUCHAUSSOIS François DUGUE Olivier DUJARDIN Laurent DUPONT Jean-Paul DUPRET Lionel DURAND Claudie DURAND Delphine DURAND Marc DURANTHON Francis

DURBISE Denis DURINGER Philippe DURLET Christophe DUSOULIER François DUTOUR Yves DUVAUCHELLE Christian

E/F EGOROFF Grégoire FABBRI Olivier FABRE Richard FAMIN Vincent FATTAL Paul FAURE Philippe FAURY Gilbert FAYOUX Xavier FEENY-FEREOL Véronique FEIST Raymond FERCHAUD Patrice FERRANDINI Michelle FERRANDINI Jean FERRIER Catherine FLOC’H Jean-Pierre FLUCK Pierre FOURDIN Hugo FOURNIER Jean-Luc FOURNIER Roger FREY Charles FRICOT Claude FRISSANT Nicolas FRONTEAU Gilles FUDRAL Serge

G GAGNAISON Cyril GAILLARD Christian GALL Jean-Claude GALTIER Jean GAMANT Lucile GAND Georges GARCIA Géraldine GARCIA Sarah GARDERE Philippe

GAREL Emilie GARRIC Jacques GASCUEL Martin GAUBERT Fabienne GAUTIER Emmanuèle GAYET Jacques GEIB Jean-Pierre GELY Jean-Pierre GENDRY Damien GENNA Antonin GIDON Maurice GIGAUX Alain GIGOT Françoise GIGOT Patrick GILLI Eric GILLY Yves GIOMMI Anne-Lise GIRARD Jérome GONCALVES Philippe GOURDON-PLATEL Nicole GRAVIOU Pierrick GREFFIE Catherine GREGOIRE Sophie GRISEY Hervé GROS Gérard GROSHENY Danièle GROULT-FILLAUD Arnaud GUENEAU Daniel GUERANGE-LOZES Jacqueline GUILLEMIN Claudine GUIOMAR Myette GUYETANT Gaelle GUYOMARD Anne

HENNEQUIN Jean HERVE Jean-Yves HERVET Sophie HERVOUET Yves HEY Philippe HIPPOLYTE Jacques HOBLEA Fabien HOFFMANN Frédéric HOYEZ Bernard HUAULT Vincent HUBERT Benoît HUNEAU Frédéric

H

LACAZEDIEU Annie LACQUEMENT Frédéric LACROIX Pierre LALANNE Arnault LALLEMAND Claudie LANDON Norbert LANSIGU Christophe LAROSE Eric LATHUILIERE Bernard LAURENT Charles

HALLEGOUET Bernard HANOT Franck HANTZPERGUE Pierre HANZO Micheline HARENE Daniel HARMAND Dominique HAURIE Jean-Louis HELIN Virginie

J JAILLARD Luc JALUT Guy JAUFFRET Dominique JEGOUZO Pierre JOIN Jean-Lambert JOLY Michel JONIN Max JOUVIN Stéphanie JOUYE de GRANDMAISON Madeleine JUILLIARD Francis JULIUS Charles

K KERMADEC (de) Claire KLINGEBIEL André KOESS Laurent

L

LAVILLE Pierre LAVINA Pierre LE DOUSSAL Claude LE GARREC Marie-José LE GOFF Elisabeth LE HERISSE Alain LE LOEUFF Jean LE MAO Patrick LE NECHET Yoann LE PENNEC Robert LE STRAT Paul LE TELLIER Valentin LEBLOND Pierre LEBOSSE Jean-Pierre LEBRUN Jean-Frédéric LECALLONNEC Laurence LECLERCQ Philippe LECOMTE Thierry LECORGUILLE Lucie LEDUC Laura LEGENDRE Luc LEGENDRE Yoann LEGENDRE Luc LEGRAND Philippe LEJEUNE Olivier LEMOINE Guillaume LENOIR Michel LEPAGE Yves LERIDER Stephan LÉTICÉE Jean-Len LIOTARD Jean-Michel LO CASCIO Marie LONDEIX Laurent LOONES Christian LOZOUET Pierre LUBINO-BISSAINTE Myriam LUCAS Claude LUCET Stéphane

M MACAIRE Jean-Jacques MAGNIEZ Jean-Michel MAGONTIER Jacques 243

MAHIEUX Geoffroy MAILLE Thierry MAIRE Richard MAIRINE Philippe MAJESTE MENJOULAS Claude MALARTRE Fabrice MALAURENT Philippe MANGIN Alain † MARAGE Damien MARANDAT Bernard MARCHAL Jean-Pierre MARCHIONI Hugo MARLY Xavier MARY Guy MASSE Laurent MATON Daniel MAUROUX Bruno MAYER Cécile MAZABRAUD Yves MAZEAUFROID François MAZIN Jean-Michel MEGERLIN Norbert MEILLIEZ Francis MENARD Gilles MENICUCCI Serge MENIER David MENILLET François MENOT Jean-Claude MERCIECCA Charley MERCIER-BATARD Francine MERGOIL Jean MERLE Didier MERLET Jean-Claude METAIS Grégoire METAIS Michel METTETAL Jean-Pierre MEUNIER Emmanuelle MEUNIER Francis MICHAUD Gilbert MICHEL Claude MICHELS Raymond MICHON Laurent MIGNON René

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MISTIAEN Bruno MOIGNE Anne-Marie MOMPELAT Jean-Marc MONCHOUX Pierre MONIER Claude MONOD Thierry MONOD Bernard MOREL Didier MORIN Denis MORVAN Luc MORZADEC Pierre MOSSMANN Jean-Rémy MOSSON Pierre MOULLADE Michel MUDRY Jacques

N NAIL Christian NECTOUX Didier NEGOUAI Françoise NENERT Serge NÉRAUDEAU Didier NEYRET Nathalie-Marie NICOUD Gérard NORI Laetitia

O OBE Thomas OBERT Daniel ODIN Gilles-Serge OLIVIER Nicolas ORTH Dominique OSSI Axel OSSI Cécile OTT D’ESTEVOU Philippe OUDOIRE Thierry

P PAGNIER Grégoire PALAIN Christian PAPACOSTIA Andy PAPILLARD Michel PARIS Florentin

PARSEVAL (DE) Philippe PARTY Jean-Paul PARZYBUT Roger PASCAL Bertran PATUREAU Jacques PAUL Jean-Daniel PECHER Arnaud PELISSIE Thierry PEREIRA Elisabeth PEREZ Jean-Louis PERIER Hélène PERNEY Jean-Pierre PERRIER Emilie PETIT Christophe PICHARD Olivier PICOT Julie PINTE Pierre PIVETTE Bernard PLAINE Jean PLATEL Jean-Pierre PLAZIAT Jean-Claude PLUSQUELLEC Yves POITRENAUD Thomas PONCET Didier POTHERAT Pierre PRUD’HOMME Robert

R RABU Dominique RAEVEL Valérie RAZIN Philippe REBOULET Stéphane REDOIS Fabrice REDON Paul REGNAULT Serge REILE Pascal REMY Jean-Albert RENAU Pierre RENAUD Pierre RICHARD Hervé RINGEADE Michel † RIOT Gaétan RIOU Bernard

RIOULT Jean-Philippe ROBASZYNSKI Francis ROBIN Nicolas ROBO Karim RODET Joël ROLET Joël ROLIN Patrick ROLLEY Jean-Pierre ROSENTHAL Patrick ROSSY Michel ROUSSELLE Bruno ROUSSET Claude ROUSSET Patricia ROUX Antoine RUZ-HEQUETTE Marie-Hélène

S SAINT-ALBIN (DE) Geraud SAINT-MARTIN Michel SALIMAN Matthieu SANTUNE Vincent SAUMET Rémi SCHNEIDER Céline SCHNEIDER Nathalie SCHORTANNER Michelle SCHWALM Guy SCHWARTZ Christian SCHWARTZ Dominique SCIAU Jacques SEBELOUE Violetta

SERVELLE Christian SEVERAC Jean-Luc SICAMOIS-COUDERT Magali SIMÉON Yves SIVIGNY Denis SOMME Jean SONCOURT Emmanuel SPELLA Marie-Madeleine STAIGRE Jean-Claude STREF Philippe SUTTER Emmanuel

T/U TABOUELLE Jérome TASSY Pascal TASTET Jean-Pierre TENNEVIN Guillaume TEREYGEOL Florian TERRAZ Luc TEXIER Jean-Pierre THEVENIAUT Hervé THIERRY Jacques † THOMAS Jacques THOMAS Jérôme THOMAS Marie THOMAS Pierre TORMO Nicolas TORTOSA Thierry TOURNEPICHE Jean-François TRENTESAUX Alain

TRESGOTS Gérard TROADEC Roland ULYSSE Jean URTIZBEREA Frank

V VALLOIS Bruno VAN VLIET – LANOË Brigitte VANARA Nathalie VANNIER-PETIT Françoise VAUTIER Yannick VERGER Jean-Pierre VERGNE Virginie VERNHET Elodie VEROT Alain VIAUD Jean-Marc VIDAL Nathalie VIDAL Muriel VIDIER Diane VILLENEUVE Nicolas VINCENTI Virginie VITEL Georges VIZCAINO Daniel VOURGERES Jean-Yves

W/Y WIENIN Michel WILLMES Mathieu WINIARSKI Thierry YVROUX Michel

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Bibliographie BRILHA J. (2016). Inventory and Quantitative Assessment of Geosites and Geodiversity Sites: a Review. Geoheritage, 8, 2: 119-134. DE WEVER P., LE NÉCHET Y., CORNÉE A. (2006). Vade-mecum pour l’inventaire national du patrimoine géologique. Mém. H.S. Soc. Géol. Fr., 12, 162 p. DE WEVER P., EGOROFF G., CORNÉE A., LALANNE A. (eds.) (2014). Géopatrimoine en France. Mém. H.S. Soc. Géol. Fr., 14, 180 p. DE WEVER P., CORNÉE A., EGOROFF G., COLLIN G., DURANTHON F., LALANNE A., De KERMADEC C., LUCET S. (2018, sous presse). Patrimoine géologique. Naturae, 99 p. EGOROFF G., DE WEVER P., CORNÉE A., MONOD K. (2011). Du Grenelle 1 à la protection du patrimoine géologique. Géochronique, 119 : 17-19. EGOROFF G., CORNÉE A, DE WEVER P., LALANNE A. (éds.) (2013). Actes du colloque « Géopatrimoine, un lustre d’inventaire en France ». 10-12 octobre 2012, Digne-lesBains. Mém. H.S. Soc. Géol. Fr., 13, 218 p. GARCÍA-CORTÉS A. et al. (2001). First Spanish contribution to the geosites project: list of the geological frameworks established by consensus. Episodes, 24(2): 79-92. GARCÍA-CORTÉS A. (ed. Pr.), ÁGUEDA VILLAR J., PALACIO SUÁREZ-VALGRANDE J., SALVADOR GONZÁLEZ C.I.

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Crédits photos1 Nous remercions toutes les personnes qui sont intervenues pour obtenir des photos ainsi que tous les interlocuteurs en région (dans les DREAL, les musées, les grands sites, les réserves naturelles, etc.) qui ont facilité la recherche de ces photos. Nous tenons à remercier les auteurs des photographies qui ont gracieusement permis leur reproduction dans ce livre. Sans leur participation, le livre n’aurait forcément pas la même allure.

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Lilian Cazes Inventaire du patrimoine géologique AURA Christian Gaillard Christian Gaillard François Duchaussois François Duchaussois François Duchaussois Philippe Le Bouteiller Musée Wolframines Musée Wolframines Patrick De Wever. Joël Bourideys Frédéric Exubis Patrick De Wever Annie Cornée Annie Cornée Jean-Yves Guérin Guillaume Tennevin Alain Girard Laura Baillet Stéphane Jaillet Stéphane Compoint Pierrick Graviou Pierrick Graviou Pierrick Graviou E.-J. Debroas Jean-Louis Fromont Jean-Louis Fromont Claude Colleté Claude Colleté

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Claude Colleté Michel Yvroux Laura Baillet Laura Baillet D. Bulois Laura Baillet D. Bulois Roger Fournier Joël Bourideys Roger Fournier Jacques Avoine Jacques Avoine Jacques Avoine LLC SEPA Geothermia D.R. Ronan Allain Nicolas Charles, collection musée d’Angoulême Jean-François Tournepiche Nicolas Charles Nicolas Charles Didier Néraudeau Alexandre Poiraud Collection privée – cliché Damien Gendry Collection Muséum d’Orléans – cliché Pierrick Graviou © Fab5669 © DREAL NA © D.R. © Grégoire Egoroff

1. Pour les pages paires, le premier auteur est toujours celui de la photo de gauche.

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Élisabeth Pereira Grégoire Egoroff Geoter Élisabeth Pereira Jean Ferrandini Michel Foucher CC BY-SA 4.0 P. Degouve de Nuncque CEREMA, Autun Pierrick Graviou Pierrick Graviou Julien Houron D. Petit Mossot, CC BY-SA 3.0 D.R. Jebulon, CC 0 J. Jahnke, CC1-2, SA J.P. Platel J.P. Tupin Erkethan, CC-BY-SA D.R. Christian Gaillard Stéphane Reboulet Photo département de la Drôme, Rey François Bayeux Sylvain Beuve Sylvain Beuve Claudine Guillemin Claudine Guillemin Claudine Guillemin Sophie Coat Sophie Coat Yves Plusquellec Laura Baillet Laura Baillet Laura Baillet Jean-Louis Fromont Saoussat, CC BY-SA 3.0 D. Villafruela, CC BY-SA 3.0 Patrick Cabrol Patrick Cabrol Patrick Cabrol D.R. D.R.

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91 © D.R. 92 © Laura Baillet 92 © Laura Baillet 93 © Laura Baillet 94 © Jean Plaine 94 © Jean Plaine 95 © Jean Plaine 96 © Jean-Jacques Macaire 96 © Jean-Jacques Macaire 97 © Jean-Jacques Macaire 98 © Jean-Jacques Macaire 98 © Jean-Jacques Macaire 99 © Jean-Jacques Macaire 100 © Bdenis CC BY-SA 3.0 100 © Renaud Sirigu CC BY-SA 3.0 101 © Daniel Culsan CC-BY-SA-3.0 102 © Of¿ce de tourisme Haut-Jura Saint-Claude 102 © Laura Baillet 103 © J.-P. Macchioni 104 © CEN Aquitaine 104 © D.R. 105 © MGSL 106 © Claude Le Doussal 106 © Claude Le Doussal 107 © Claude Le Doussal 108 © Georges Vitel 108 © MNHN, RECOLNAT (ANR-11-INBS-0004) Peter Massicard, 2014 109 © Daniel Villafruela, CC BY-SA 4.0 110 © Alain Rousseau 110 © Yvan Lemeur 111 © Espirat 112 © Michel Papillard 112 © Michel Papillard 113 © Michel Papillard 114 © Pierrick Graviou 114 © Pierrick Graviou 115 © Pierrick Graviou 116 © Thierry Pélissié 117 © Thierry Pélissié 118 © Jean-Pierre Platel 118 © Jean-Pierre Platel 119 © Delétré Magdeleine

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Laura Baillet Laura Baillet Laura Baillet Vincent Girard Fabrice Redois Didier Néraudeau Laura Baillet Laura Baillet Jacques Avoine D.R. D.R. Thierry Douillard Patrick De Wever Thierry Douillard JYB Devot Chatsam Bernard Lathuilière Bernard Lathuilière Lilian Cazes, MNHN Grégoire Egoroff Caïman CC-BY-3.0 C. Carpentier Pierrick Graviou Pierrick Graviou Pierrick Graviou Jean-Pierre Gély Jean-Pierre Gély Jean-Pierre Gély T. de Villepin, CC BY-SA 3.0 CEREMA, Autun CEREMA, Autun Patrick De Wever Patrick De Wever. Olivier Averbuch Christian Duvauchelle Christian Duvauchelle Jacques Avoine Isabelle Aubron Jacques Avoine Olivier Averbuch Olivier Averbuch Fabien Coisy Jacques-Marie Bardintzeff

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© Jacques-Marie Bardintzeff © Patrick De Wever © Patrick De Wever © Patrick De Wever © Christian Baillet © HiNuN, CC BY 3.0 © Christian Baillet © Laura Baillet © Laura Baillet © Laura Baillet © Philippe Duringer © Ji-Elle, CC-BY-3.0 © Stéphanie Colicchio © Rob Lavinsky, iRocks.com, CC-BY-SA-3.0 © Pierre Fluck © Pierre Fluck © Bruno Rousselle © Bruno Rousselle © Bruno Rousselle © Luc Bettinelli © Luc Bettinelli © Luc Bettinelli © Estelle Labbé-Bourdon, DREAL Bourgogne © SMGS © SMGS © PNR Normandie-Maine © PNR Normandie-Maine © 3DVol Patrice © Fabien Hobléa © Fabien Hobléa © Fabien Hobléa © Michel Delamette © Michel Delamette © Christian Giusti © Élise Auberger © Élise Auberger © Patrick De Wever © Anne Duperret © Élise Auberger © Michel Colombe © Élise Auberger © Jean-Pierre Gély © Didier Merle

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p. 182 © Fabienne Raynard, Communauté de communes du Thouarsais p. 183 © Fabienne Raynard, Communauté de communes du Thouarsais p. 184 © Altimage-SMBS p. 184 © Altimage-SMBS p. 185 © Altimage-SMBS p. 186 © Laura Baillet p. 186 © Laura Baillet p. 187 © Laura Baillet p. 188 © DREAL Midi-Pyrénées, Luc-Henri Fage p. 189 © D.R. p. 190 © Yves Grimault p. 190 © Opasteur, CC BY-SA 4.0 p. 191 © Joël Bourideys p. 192 © G. Despalles p. 192 © Joël Bourideys p. 193 © Joël Bourideys p. 194 © Jean-Marc Viaud p. 195 © Pascal Bouton p. 196 © Fabienne Raynard, Communauté de communes du Thouarsais p. 196 © Fabienne Raynard, Communauté de communes du Thouarsais p. 197 © Didier Poncet, Communauté de communes du Thouarsais p. 198 © Patrick De Wever p. 198 © Pierre Poupart p. 199 © Annie Cornée p. 200 © Dominique Harmand p. 200 © Grégoire Egoroff p. 201 © Dominique Harmand p. 202 © Annie Cornée p. 202 © Annie Cornée p. 203 © Jean-Louis Fromont p. 204 © Gaëtan Riot

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204 © Gaëtan Riot 205 © Gaëtan Riot 206 © Renaud Bourgeais 206 © Renaud Bourgeais 207 © Renaud Bourgeais 208 © Jean-Pierre Gély 208 © Élise Auberger 209 © Daniel Obert 210 © Élise Auberger 210 © Élise Auberger 211 © Lilian Cazes, MNHN 212 © Élise Auberger 212 © Élise Auberger 213 © Élise Auberger 214 © Élise Auberger 214 © Élise Auberger 215 © Élise Auberger 216 © Emmanuel des Garets 216 © Patrick Cabrol 217 © Luc Legendre 218 © Bibliothèque centrale, MNHN Paris 218 © Ze Moudong, CC BY-SA 4.0 219 © Laura Baillet 220 © Geoffrey Aertgeerts 220 © Geoffrey Aertgeerts 221 © Geoffrey Aertgeerts 222 © Christophe Blais 222 © Pierrick Graviou 223 © Nicolas Villeneuve 224 © NASA 224 © Pierrick Graviou 225 © Pierrick Graviou 226 © Pierrick Graviou 226 © Pierrick Graviou 227 © Pierrick Graviou