Ostie, Fenetres Sur Cour: Le Caseggiato Delle Taberne Finestrate: Reconstruire Cinq Siecles De Vie Ostienne
 9789042948747, 9789042948754, 9042948744

Table of contents :
Cover
Titre
Table des matières
Remerciements
Préface Cavalieri
Préface Falzone
Introduction
Partie I – Étude du bâti : cinq siècles de vie ostienne
Préambule
Phase 0: Premières occupations de la parcelle
Phase 1: Construction de l’édifice à cour centrale
Phase 2: Réfections et redécorations
Phase 3: Le Caseggiato delle Taberne Finestrate
Phase 4: Rehaussements, restructurations et réaffectations
Phase 5: Interventions structurelles
Phase 6: Le Caseggiato delle Taberne Finestrate et la Schola del Traiano – transformations et rapports de voisinage
Phase 7: Occupations tardives et abandon de la parcelle
Phase 8: Restaurations et reconstructions
Partie II – Ostiensia fragmenta picta : étude des enduits peints
Avant-Propos
Du bon usage du fragment d’enduit peint
Étude générale des ensembles de peintures fragmentaires
Réflexions conclusives
Conclusions
Bibliography
Liste des Unités Stratigraphiques
Index Locorum Ostiae
Planches

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PEETERS

OSTIE, FENÊTRES SUR COUR

B A B E S C H Annual Papers on Mediterranean Archaeology Supplement 44 — 2022

BABESCH FOUNDATION Stichting Bulletin Antieke Beschaving

OSTIE, FENÊTRES SUR COUR LE CASEGGIATO DELLE TABERNE FINESTRATE : RECONSTRUIRE CINQ SIÈCLES DE VIE OSTIENNE

Paolo Tomassini

PEETERS Leuven - Paris - Bristol, CT 2022

BABESCH Supplement Series edited by

G.J. van Wijngaarden

Cover: Ostia, digital reconstruction of the potential appearance of the Caseggiato delle Taberne Finestrate in the years 120 AD (author: P. Tomassini)

All volumes published in the BABESCH Supplements are subject to anonymous academic peer review. © 2022 Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven All rights reserved, including the right to translate or reproduce this book or parts in any form. ISBN 978-90-429-4874-7 eISBN 978-90-429-4875-4 D/2022/0602/45

Table des matières

RemerciementsIX Préface Marco Cavalieri XI Préface Stella Falzone XIII Introduction1 Le Caseggiato delle Taberne Finestrate aujourd’hui 3 Historique des fouilles et de la recherche 7 Étudier l’architecture à Ostie aujourd’hui : état de la question et mise en perspective 11 PARTIE I - Étude du bâti : cinq siècles de vie ostienne Préambule : indications, conventions et méthodes 19 Phases et activités 19 Dénominations conventionnelles 19 Orientation et points cardinaux 19 Mesures et altimétrie 19 Numérotation et figures 20 Planches20 Mobilier céramique 20 Méthodologie20 Phase 0 : premières occupations de la parcelle (IIe s. av. J.-C. – années 60 av. J.-C.). Description des activités Interprétation et datation Le decumanus occidental - naissance d’un quartier

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Phase 1 : construction de l’édifice à cour centrale (60-20 av. J.-C.). 29 Les sondages Gismondi (1947-1948) 29 Les fouilles Veloccia-Rinaldi (1973) 31 Datation35 Interprétation des structures : domus ou édifice commercial ? 35 Réflexions sur l’architecture tardo-républicaine à Ostie 36 Phase 2 : réfections et redécorations : la Domus sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate (années 20 av. J.-C. - années 40 ap. J.-C.) 41 Description des activités 41 Phase 2a : transformations à l’avant du bâtiment41 Phase 2b : transformations à l’arrière du bâtiment  : résultats des fouilles de 197342 Technique de construction 46 Revêtements des sols 47 Datation50 Interprétation des structures : formes et fonctions d’un édifice hybride 51 Les quartiers occidentaux à l’ère des julio-claudiens 54 Phase 3 : le Caseggiato delle Taberne Finestrate (années 120 – années 140 ap. J.-C.). 61 Description des activités 61 Activité 3.1 : destruction de l’édifice à cour61 Activité 3.2 : nivellement et mise en place des fondations du caseggiato61 Activité 3.3 : mise en place du système de gestion de l’eau63 Activité 3.4 : construction de l’élévation - Activité 3.5 : décoration63 Description des structures - conformation d’une insula ostienne 63

Technique de construction 66 Matériaux employés pour les maçonneries66 Liants utilisés68 Le chantier de construction68 Reconstruction architecturale 72 Revêtement des sols et des parois72 Systèmes de couverture et plafonds74 Ouvertures et systèmes de fermeture des pièces76 Escaliers81 Système d’adduction d’eau82 Système d’évacuation des eaux83 Restitution de l’édifice 86 Restitution des volumes86 Restitution digitale de l’édifice88 Datation91 Quelle fonction pour les boutiques à fenêtres ? Interprétations et suggestions sur l’architecture commerciale ostienne 93 96 La « révolution architecturale » du IIe siècle à Ostie : vers un quartier de marchés Phase 4 : rehaussements, restructurations et réaffectations 109 (deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C.). Description des activités 109 Phase 4a : transformations à l’arrière du bâtiment109 Phase 4b : Interventions ponctuelles dans l’édifice112 Phase 4c : Bouchages sur le côté est de l’édifice113 Techniques de construction 114 Reconstruction architecturale 116 Revêtements des sols et des parois116 Ouvertures et systèmes de fermeture des pièces120 Système d’adduction et d’évacuation de l’eau121 Datation122 Interprétation des structures : vers une réorganisation des espaces 123 Habiter Ostie à l’époque antonine  124 Phase 5 : interventions structurelles (200 - 220 ap. J.-C.) 1.  Description des activités (5.1 - 5.2) 2.  Techniques de construction 3.  Datation, interprétation et remise en contexte : dégâts et réparations à l’époque sévérienne

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Phase 6 : le Caseggiato delle Taberne Finestrate et la Schola del Traiano – transformations et rapports de voisinage (220 - ... ap. J.-C.) Description des activités Interprétation des structures

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Phase 7 : occupations tardives et abandon de la parcelle (deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. - …) Description des activités Technique et mise en œuvre Revêtements des sols et des parois Datation, interprétation et remise en contexte : une décadence vivace

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Phase 8 : restaurations et reconstructions (1938 - aujourd’hui) 159 Phase 8a : restaurations mimétiques de 1938-1939 159 Description des interventions159 Interprétation et remise en contexte162  Phase 8b : restaurations manifestes des crêtes de murs en 1959 et 1967 163

Phase 8c : restaurations de 2012, 2016 et 2017

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PARTIE II - Ostiensia fragmenta picta : étude des enduits peints Avant-propos167 La peinture murale antique à Ostie : état de la question et bilan des recherches 167 Du bon usage du fragment d’enduit peint : petit compendium méthodologique 173 Nettoyage et consolidation des fragments 173 Subdivision, assemblage et regroupement de fragments 174 La décoration174 Étude du support : nature et composition des couches de préparation175 Étude de la couche picturale : micro-stratigraphie des couleurs175 Marques, tracés et empreintes177 Identifier et restituer les systèmes décoratifs conservés  179 Interprétation et présentation des données : déontologie des restitutions digitales 180 Analyses archéométriques 184 Étude générale des ensembles de peintures fragmentaires 189 Peintures pertinentes aux traces de vie précédentes à l’aménagement  de la parcelle (Phase 0) : les enduits fragmentaires retrouvés dans la couche USC 136 189 Peintures pertinentes au premier état de la structure républicaine et à sa destruction partielle (Phases 1-2) : les fragments d’enduits retrouvés dans la couche USC 107 189 Peintures pertinentes aux travaux de réfection de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate à l’époque julio-claudienne (Phase 2) : les fragments d’enduits retrouvés dans la couche USC 105 190 Peintures pertinentes à la destruction de l’édifice à cour, à la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate et à ses travaux de réaménagement (Phases 3 et 4) : les fragments d’enduits retrouvés dans les couches USC 47 et 70 196 Ensemble de fragments de premier et deuxième style197 Ensemble de fragments de quatrième style205  Réflexions conclusives : les peintures fragmentaires d’Ostie et l’apport du Caseggiato delle Taberne Finestrate259 Les décorations de premier et deuxième style 259 Les décorations de quatrième style 259 Conclusion263 Bibliographie267 Liste des Unités Stratigraphiques 279 Index Locorum Ostiae283 Planches285

Remerciements Les pages qui suivent constituent le fruit et l’achèvement de près de huit ans de travail à Ostie et sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate, résultat d’un mémoire de maîtrise puis d’une thèse de doctorat en histoire, art et archéologie, défendue en décembre 2017 à l’Université catholique de Louvain. Aucune des lignes qui suivent n’aurait pu être écrite sans l’aide, le soutien et les encouragements de toute une série de personnes, et c’est pour moi un devoir nécessaire mais très agréable de les remercier ici. Mes premières pensées vont à tout le personnel de la Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Roma, sede di Ostia, désormais Parco Archeologico di Ostia antica. Cet ouvrage n’a pu voir le jour que grâce à la disponibilité et l‘ouverture d’Angelo Pellegrino, Paola Germoni, Cinzia Morelli, Mariarosaria Barbera, Alessandro D’Alessio et Claudia Tempesta, qui m’ont toujours réservé un accueil chaleureux sur le merveilleux site d’Ostie. Une pensée particulière va au personnel des archives et des dépôts archéologiques, in primis Franco Giovannangeli, Adriana Orlando, Patrizia Tomei, Grazia Pettinelli, Marco Sangiorgio, Elvira Angeloni, Anna Rita Neroni et Stefania Falchi, qui m’ont toujours soutenu et ont grandement facilité ma recherche dans les infrastructures ostiennes. Le site archéologique d’Ostie est également un centre de recherche international en constante activité, où j’ai pu faire de nombreuses rencontres. Je remercie tous les sodales ostienses pour leurs précieux conseils et les discussions stimulantes que nous avons eues ensemble, en particulier Evelyne Bukowiecki, Laura Pecchioli, Paola Olivanti, Hanna Stöger Marcello Turci, Grégory Mainet, Lucie Motta, Stella Graziano, Stefano De Togni, Alessandro Melega, Eleonora Rossetti, Mauro Carinci et Josè Ferrandis Montesinos. De la même manière, je souhaite ici remercier les nombreux collègues toichographologues, spécialement Sabine Groetembril et Claudine Allag, pour les longues discussions au CEPMR de Soissons qui m’ont beaucoup apporté, ainsi qu’Alix Barbet pour ses conseils et relectures. Mes remerciements les plus sincères vont également à Anne De Loof, pour son infatigable énergie et ses conseils, ainsi qu’à Andrea Luczfalvy Jancsó pour ses enseignements informatiques. Je suis également reconnaissant à Marco Carilli, qui m’a épargné de longues heures de

travail sur le site en réalisant le relevé de tout l’édifice par laserscanner, à Sara Lenzi, qui a rendu possible la réalisation des analyses archéométriques en me présentant à Susanna Bracci et Emma Cantisani, que je remercie pour leur magnifique travail, et à Anne-Marie Doyen pour ses relectures minutieuses. De même, je dois exprimer toute ma gratitude à Ivana Montali pour son expertise et son aide fondamentale dans l’analyse du mobilier céramique. Si le travail a pu être mené à bien, je le dois au Fonds National de la Recherche Scientifique qui a généreusement financé ma recherche et soutenu toutes les dépenses des analyses et des relevés, à l’Université catholique de Louvain, qui m’a accueilli en son sein dès le début de mes études et à l’École française de Rome, qui a eu confiance en mon travail et m’a permis de retravailler le texte pour sa publication. Je suis particulièrement redevable à Brigitte Marin et Nicolas Laubry pour leurs encouragements. Une aide précieuse m’est venue des collègues – mais surtout des amis – Hélène Glogowski, Nicolas L.J. Meunier, Nicolas Amoroso et Charles Doyen, qui ont constitué une présence fondamentale dans toutes les étapes de ma recherche. Un remerciement particulier va à Hélène pour sa minutieuse relecture du manuscrit. Un autre soutien de taille m’a été apporté par le Centro Studi Pittura Romana Ostiense, dont j’ai le plaisir et l’honneur de faire partie, et où j’ai trouvé non seulement des personnes compétentes et passionnées, mais également des amis sincères. Une pensée affectueuse va à Raffaele Lazzaro, pour son enthousiasme contagieux et à Claudia Gioia, pour ses nombreuses suggestions. Deux personnes ont fait en sorte que ce travail puisse voir le jour, et ce dans les meilleures conditions possibles ; je ne cesserai donc jamais de remercier Pierre Assenmaker et Flora Panariti. De la même manière, ce n’est que grâce à la confiance totale de Marlena Tallarico et Sandro Tomassini que j’ai pu faire de cette profession la mienne. Je suis particulièrement redevable à Janet DeLaine et Florence Monier, qui ont énormément enrichi mon travail grâce à leurs précieux conseils, leur grande expertise et leurs stimulantes suggestions. Pour les mêmes raisons je me dois de remercier Eric M. Moormann, qui a également rendu possible la publication de cet ouvrage, ainsi que Gert J. van Wijngaarden et Béatrice de

IX

Fraiture pour leur accueil (et leur patience !) au sein des prestigieux BABESCH Supplements. Je tiens ici à exprimer toute ma gratitude, mon estime et mon affection à Marco Cavalieri et Stella Falzone. Maîtres de science et de vie, leur profonde connaissance du monde antique et leur talent à la transmettre ont sensiblement enrichi mes connaissances et mes compétences, mais leurs grandes qualités humaines ont constitué l’enseignement le plus précieux. Enfin, je ne peux terminer ces lignes sans mentionner la personne qui a contribué plus que toute autre à ce que cet ouvrage voie le jour, par ses innombrables conseils, ses relectures et sa présence sans faille, dans le travail et dans la vie. À Martina Marano, à qui sont dédiées ces pages. Ostia antica, le 1er juin 2020

X

Préface Marco Cavalieri Il y a six ans, en 2014, Paolo Tomassini, alors étudiant en archéologie romaine à l’Université catholique de Louvain, défendait avec maestria son mémoire intitulé « Ostiensia fragmenta picta : fragments d’enduits peints provenant des fouilles du Caseggiato delle Taberne finestrate à Ostie (IV, V, 18) : étude archéologique, analyse stylistique et reconstitution d’un apparat décoratif d’une riche domus ostienne du Ier siècle après Jésus-Christ » : il préludait ainsi brillamment à une recherche archéologique de longue haleine et à une carrière scientifique d’emblée remarquable. Ce jeune auteur compte aujourd’hui parmi les spécialistes les plus compétents de la ville d’Ostie, port et porte de la Rome antique, à la fois dépendant de la métropole mais aussi à certains égards autonome : l’étude archéologique de ce site majeur pour notre connaissance de l’Antiquité, mais dont la valeur n’a d’égal que la complexité, exige une approche plurielle et une constante pluridisciplinarité, sans cesse à l’œuvre dans ce livre issu d’une thèse de doctorat soutenue à l’UCLouvain en décembre 2017. Ce volume fait sien, de manière intelligente, le concept et l’application du paradigme indiciaire (ou sémiotique) défini par Carlo Ginzburg, selon lequel « quand on ne peut pas reproduire les causes, il ne reste qu’à les inférer à partir des effets » (C. Ginzburg, Miti emblemi spie. Morfologia e storia, Turin 1992, 158-209). En effet, il interpelle une réalité opaque, celle de l’archéologie urbaine, investiguée à travers des témoins et des indices dont la nature, la consistance et la portée n’autorisent une interprétation raisonnable qu’au prix d’une synthèse prudente et calibrée. Comme Paolo Tomassini l’annonce dans son introduction, il s’est fixé pour objectif de « réaliser une véritable enquête sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate, une enquête complète et approfondie ne négligeant aucun indice, afin de reconstruire la vie de l’édifice au cours de toute son histoire, des premières traces d’occupation connues jusqu’à nos jours (…) mais reconstruire ne veut pas dire ici imaginer ». Cet objectif, fondé sur une démarche méthodologique conjuguant efficacement les approches techniques de l’archéologie urbaine a été remarquablement atteint. Précisons que le site d’Ostie, comme les cités vésuviennes, requiert des compétences qui vont bien au-delà de la connaissance de l’analyse stratigraphique, ou de la taxonomie appliquée au mobilier archéologique. L’analyse spatiale de l’édifice et à celle

du mobilier caractérisant les différentes couches archéologiques est ici complétée par la dimension nouvelle d’une archéologie du bâti très poussée, associée à l’étude stylistique et archéométrique des peintures pariétales fragmentaires (retrouvées en l’occurrence non pas in situ, mais dans les rehaussements diachroniques de l’îlot). Parallèlement à ces approches fut menée, avec acribie et abnégation, une véritable « fouille » dans les archives du Parco archeologico di Ostia antica, des années 1930 aux derniers sondages pratiqués dans les années 1970. Le présent ouvrage reconstitue/ propose donc une diachronie archéologique de la ville d’Ostie sans jamais avoir utilisé une truelle, mais en exploitant l’immense base de données que sont les réserves du site. En ces temps de crise, cette entreprise de Paolo Tomassini constitue en somme la réponse la plus habile et éthiquement correcte à la pénurie de moyens qui limite certains domaines des sciences humaines surtout : la recherche objet de ces pages fouille sans détruire, sans consommer, sans trop dépenser. La méthodologie de Paolo Tomassini est rigoureuse et se décline en trois temps : archéologie du bâti, étude des fragments d’enduits peints du Caseggiato et analyse spatiale. Les approches analytiques qualitative et quantitative sont expliquées au lecteur d’une façon claire et efficace, en sorte qu’il puisse appréhender cette procédure particulière et en tout cas rarement intégrée dans l’archéologie classique urbaine. L’auteur a tenté de cerner un ensemble de données objectives aisément comparables pour étayer ses propres thèses et y est parvenu ; il a évité aussi la dérive d’un scientisme positiviste tendant à banaliser quelque peu la complexité du facteur humain. L’un des atouts de ce travail est l’équilibre et la prudence, vertus trop peu pratiquées par une certaine Archaeologia Triumphans qui a mis au centre de sa spéculation cognitive la scène de l’action humaine plutôt que l’homme lui-même. Ici, l’analyse spatiale a pour fonction, du moins en perspective, de fonder des normes culturelles (un milieu construit : une architecture, un urbanisme), ce qui montre la maturité intellectuelle et scientifique de ces pages, où l’on retrouve en filigrane l’idée – particulièrement appréciable – que le facteur humain, étant une réalité complexe, ne peut être abordé comme une entité figée, et que dès lors toute méthodologie d’étude doit être considérée comme rien de plus qu’un outil idéal.

XI

Le livre de Paolo Tomassini accomplit un pas décisif pour les recherches « ostiennes », d’un point de vue méthodologique in primis. Il propose une vision d’ensemble, organique, globale de la transformation d’un îlot, sans éluder les périodes les plus évanescentes pour la restitution de l’histoire urbaine d’Ostie. En d’autres termes, il s’agit d’un vrai exemple d’archéologie globale, qui intègre l’étude scientifique des structures construites (stratigraphie verticale et horizontale unies à une analyse précise du bâti), apparats décoratifs, mobilier, documentation d’archives, le tout expliqué et synthétisé grâce à des hypothèses de restitution infographique des élévations et des décors ; on saluera à cet égard l’effort constamment déployé par l’auteur pour rendre les données accessibles aux experts mais aussi à un public plus large. Je suis particulièrement heureux de préfacer ce bel ouvrage, pour plusieurs raisons. Il s’agit de la première monographie sur les études ostiennes publiée par un membre du groupe de recherche né au sein du Centre d’étude des mondes antiques (CEMA-INCAL) de l’Université catholique de Louvain ; ce groupe a élaboré, en collaboration avec le le Parco archeologico di Ostia antica, une série de projets d’envergure, désormais partagés avec l’Université de Namur, avec laquelle nous avons récemment mis en place l’Ostia ReLOADed Project. Reconstructing Life in Ostia along the Decumanus. Diachronic study of the urban transformations of the western district of Rome’s harbour (2nd c. BC – 5th c. AD). Puisse le présent volume être de bon augure pour la suite de nos activités de fouille et de recherche, tellement perturbées en cette année 2020 à Ostie comme ailleurs. Ce livre marque aussi l’aboutissement d’un projet né il y a près d’une décennie, lorsque nous décidâmes, ma collègue et amie Stella Falzone et moimême, d’orienter vers les études ostiennes Paolo Tomassini, alors que nous espérions établir et structurer des collaborations de recherche fructueuses dans le contexte archéologique exceptionnel du port de Rome. Au fil du temps, l’étudiant prometteur, le brillant chercheur, le collègue sérieux, rigoureux et compétent, est devenu un ami, auquel je suis profondément lié. Dans ce livre, les stratigraphies, les restitutions 3D et les peintures reconstruisent bien plus que l’histoire d’un îlot d’Ostie, elles reconstruisent aussi l’histoire de Paolo, et celle d’un groupe de chercheurs, qui se dédient avec passion à l’étude du port et de la porte de Rome : les pages qui suivent perpétuent des liens forts, tissés par le partage scientifique et humain, l’amitié et l’affection. Louvain-la-Neuve, Septembre 2020

XII

Préface Stella Falzone Solo poche righe, in addendum alla bella presentazione del volume da parte dell’amico e collega Marco Cavalieri, della quale sottoscrivo ogni affermazione e argomentazione per quanto concerne la valutazione sul piano contenutistico e sulle scelte metodologiche adottate nella presente opera. Nel giro di una intensa campagna di studi e di lavoro sul campo a Ostia, Paolo Tomassini ha avuto la capacità di ribaltare completamente, ed in maniera efficace, la propria personale prospettiva di ricerca. Partendo dal “microcosmo” del frammento di pittura in giacitura secondaria (relitto di un affresco parietale di cui si è perso ogni collegamento con l’edificio di origine), è approdato al “macrocosmo” dell’analisi diacronica della parcella edilizia da cui provengono le stesse stratigrafie, obiettivo questo che necessita di un’analisi rigorosa e multidisciplinare, e che deve rifuggire dalla tentazione (sempre in voga) di ricorrere ad una certa circolarità dei procedimenti euristici. Paolo Tomassini si è mosso con garbo e nel contempo ferrea determinazione, con curiosità e intelligenza, attraverso le difficoltà nel recuperare e rileggere filologicamente la preziosa documentazione conservata negli Archivi, nel ritrovare e classificare i reperti di scavo (in particolare i frammenti pittorici) provenienti dalle indagini nel Caseggiato delle Taberne Finestrate. Si tratta infatti di uno dei contesti da ritenersi il frutto di una fortunata stagione di scavi ostiensi, che risale agli anni Settanta del secolo scorso, in cui svariati edifici della città furono indagati in profondità in occasione dei restauri dei pavimenti già scoperti, anche se, purtroppo, solo in pochi casi si giunse ad una pubblicazione scientifica dei risultati conseguiti (come avvenne per le indagini eseguite da F. Zevi e I. Pohl nell’Insula delle Pareti Gialle). Grazie alla liberalità dell’allora Soprintendenza di Ostia, negli ultimi dieci anni (all’interno di un progetto più ampio che ho avuto l’onore di coordinare, e che ha coinvolto un gruppo di giovani ricercatori tra cui lo stesso Tomassini, con l’obiettivo di esaminare materiale pittorico frammentario e inedito conservato nei Depositi ostiensi) è stato possibile riprendere le fila dell’analisi complessiva di alcuni di questi contesti, in primis con l’ottica di recuperare preziosi indicatori degli aspetti qualitativi delle residenze di età tardo repubblicana e della prima età imperiale, sepolte al di sotto degli stessi edifici riferibili alle epoche successive. Questo il punto di partenza

dello studio che qui si presenta, potremmo dire il presupposto della ricerca alla base del volume. Si tratta del grande lavoro di classificazione del materiale, di ricomposizione dei partiti decorativi desunti da una minuziosa osservazione di ogni dettaglio di ciascun frammento, ovvero la pratica che in ambito francofono (e non senza qualche critica nell’ambiente degli specialisti!) viene definito toichografologia. Nella nuova “prospettiva inversa”, dal generale al particolare, questa grande sezione occupa la seconda parte del volume, mentre alla prima è affidato l’arduo compito della ricostruzione delle fasi di vita degli edifici che si sono succeduti nella parcella edilizia, dalla cosiddetta fase zero, fino agli interventi moderni. A vedere bene, tuttavia, l’intero lavoro spazia costantemente tra l’analisi microscopica e quella macroscopica, siano entrambe relative alle tecniche murarie, che alla composizione delle malte, che ai processi produttivi dei rivestimenti pittorici, che nella dimensione topografica e urbanistica, nell’ottica del rapporto con gli isolati della città antica. I ragionamenti arrivano a comprendere anche una verifica costante e attenta sul piano delle possibili ricostruzioni virtuali degli interi apparati decorativi, degli alzati, delle componenti architettoniche degli edifici. Un campo nel quale Tomassini mostra grande versatilità, competenza e intraprendenza nell’utilizzo di sofisticati mezzi informatici, elaborando dunque ipotesi largamente condivisibili ed efficaci ai fini della comunicazione, da ritenersi molto utili per il dibattito scientifico futuro. Nella prospettiva di una più dettagliata ricostruzione degli assetti urbanistici di questo settore di Ostia anteriormente alle grandi trasformazioni di età traianeo-adrianea, i risultati presentati in questo volume forniscono un prezioso tassello al mosaico che si va componendo negli ultimi anni: in riferimento alle recenti indagini, effettuate nell’area della Schola del Traiano (Domus dei Bucrani), del Tempio dei Fabri Navales fino alle Case a Giardino (per citare alcuni dei complessi interessati da una nuova e feconda stagione di studi), si auspica dunque il prosieguo della ricerca nei c.d. quartieri occidentali della città da parte di équipe nazionali e internazionali, nell’ ottica di una condivisione e di una cooperazione sempre più ampie tra i differenti progetti in campo, sotto l’egida del Parco di Ostia Antica. Roma, Settembre 2020

XIII

Introduction Le meilleur moyen d’introduire cet ouvrage est probablement d’en expliquer le titre. « Fenêtre sur cour », est le nom français d’un célèbre film d’Alfred Hitchcock, Rear Window, sorti en 1954. Pourquoi cette référence cinématographique, en apparence hors-propos dans un travail scientifique ? C’est qu’il a tout de suite évoqué dans notre esprit une des caractéristiques principales de l’édifice dont nous présenterons l’étude, le Caseggiato delle Taberne Finestrate, « le bâtiment des boutiques aux fenêtres ». Ce nom lui a été attribué en fonction de sa particularité principale, à savoir les nombreuses ouvertures dont sont pourvues les tabernae qui le composent, et sont disposées autour d’une cour intérieure. Toutefois, le choix du titre a aussi une autre motivation : l’objectif de cette étude est de réaliser une véritable enquête sur l’édifice en question, une enquête complète et approfondie, ne négligeant aucun indice. Tous les témoignages ont été récoltés et interrogés, dans le but de reconstruire la vie de l’édifice au cours de toute son histoire, des premières traces d’occupation connues jusqu’à nos jours. Reconstruire ne veut pas dire ici imaginer, mais mettre ensemble toutes les pièces du puzzle pour recomposer une image, même incomplète, de ce qui était et n’est plus. À cet égard, le site archéologique d’Ostie constitue un témoin d’exception pour comprendre comment vivaient une ville et ses habitants dans l’Antiquité. Avec ses trente-quatre hectares de zone fouillée, ses édifices en excellent état de conservation et sa longévité antique, la première colonie de Rome, « port et porte »1 de la capitale du monde antique, offre un terrain de recherche sans égal. Mais pourquoi choisir un édifice en particulier ? Pourquoi le Caseggiato delle Taberne Finestrate ? Jusqu’à présent, le complexe n’est mentionné que brièvement dans les ouvrages généraux, et il n’a jamais fait l’objet de recherches particulières. Au premier abord, l’édifice ostien est une des nombreuses ruines anonymes et muettes qui remplissent le parc archéologique. Les quelques visiteurs qui arrivent jusque-là ne s’y arrêtent que pour profiter de l’ombre d’un pin solitaire qui en marque l’entrée, sans prendre la peine de s’interroger sur la nature des vestiges. L’objectif de cet ouvrage est de montrer que, comme dans une enquête policière, les apparences sont trompeuses, et qu’un élément insigni-

fiant de prime abord peut être en réalité la clef permettant de résoudre une énigme. Certes, cette étude ne répondra pas à toutes les questions que continue à poser la ville antique, mais les taberne finestrate comportent sans doute beaucoup plus d’indices qu’il n’y parait. En effet, nous avons la chance de connaître – grâce à des fouilles et des sondages en profondeur – toutes les vicissitudes subies par ce quartier de la ville, du Ier siècle av. J.-C. jusqu’au IVe, voire Ve siècle ap. J.-C. Le cas est relativement rare à Ostie, où l’essentiel de ce que nous voyons remonte au plus tôt au IIe siècle ap. J.-C. et particulièrement au règne d’Hadrien, moment où la plupart des structures plus anciennes sont détruites et ensevelies dans une vague de prospérité économique et politique. Le Caseggiato delle Taberne Finestrate ­présente une particularité que la plupart des visiteurs ignorent : les fondations de l’édifice – construit précisément au IIe siècle ap. J.-C. au moment des grandes reconstructions de la ville – reposent sur les restes d’un édifice plus ancien, construit autour des années 60 av. J.-C. et transformé au début du Ier siècle ap. J.-C., doté d’une cour centrale avec bassin et d'une partie postérieure à vocation résidentielle, articulée vraisemblablement autour d’un péristyle. Les fouilles de cette structure, réalisées en 1973 après des premiers sondages en 1947-1948, ont livré une importante quantité de données et de mobilier, restés pour la plupart inédits, dont des pavements en mortier et en mosaïque, des tessons de céramique et des fragments d’enduits peints. Ces découvertes ont constitué le point de départ de notre recherche, entamée en 2012 dans le cadre d’un mémoire de maîtrise (deuxième cycle) à l’Université catholique de Louvain sous la direction conjointe de Marco Cavalieri et Stella Falzone, voué à l’étude des enduits peints retrouvés en 1973. Peu à peu, la recherche a pris des proportions beaucoup plus amples, devenant objet d’une thèse de doctorat, menée entre 2014 et 2017 dans la même université. Cet ouvrage reprend les résultats de cette thèse et en constitue l’achèvement. Pour mieux comprendre les peintures d’une part, il était évidemment indispensable d’étudier le contexte de provenance du mobilier, en l’occurrence l’édifice républicain et alto-impérial. D’autre part, pour bien interpréter ces structures, il a fallu comprendre les causes de leur destruction, c’est-à-

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Introduction dire la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate et toutes les transformations subies par l’édifice du IIe siècle ap. J.-C. à nos jours. Dans cette optique, nous avons choisi de prendre en compte non seulement les structures en sous-sol, mais également celles hors-sol. Le résultat du travail est donc une étude qui associe la recherche dans les archives, l’archéologie du bâti et l’étude toichographologique2 des enduits fragmentaires. L’hétérogénéité des témoignages récoltés a demandé une méthodologie différente pour chacun des éléments recherchés. Ainsi, les structures des phases antérieures au IIe siècle ap. J.-C. sont aujourd’hui complètement enterrées, et la seule donnée à notre disposition est la documentation des fouilles de 1973, composée de notes succinctes prises par les fouilleurs, de photographies de l’époque, de plans et de dessins. Il a donc fallu opérer une véritable fouille dans la fouille, dont les résultats sont certes plus limités qu’une fouille de première main et présentent inévitablement des lacunes et des imprécisions. Toutefois, vu l’importance du contexte, les données récoltées sont tout à fait à même d’apporter des réponses intéressantes sur les phases de vie les plus anciennes du quartier. Par ailleurs, nous avons mené à bien l’étude du mobilier issu des fouilles, à savoir les tessons de céramique et les fragments peints. Là encore, travailler sur du matériel de « deuxième main » n’a pas facilité l’étude, puisque le mobilier a fait l’objet d’une sélection au moment de la fouille et de manipulations ultérieures au cours des quarante années de stockage dans les dépôts de la Surintendance, qui ont quelque fois compromis l’authenticité des données et compliqué l’analyse. Enfin, les vestiges en élévation in situ, encore visibles aujourd’hui, ont fait l’objet d’une analyse de la stratigraphie verticale, moyennant une observation attentive et un relevé complet des murs, seuls témoins des phases plus tardives, pour lesquelles ne sont conservés ni documentation ni mobilier. Plusieurs facteurs entravent la lecture du bâti, singulièrement la végétation envahissant le site aujourd’hui à plusieurs endroits et les nombreuses restaurations apportées aux structures dans les années 1930, réalisées avec des matériaux antiques et donc parfaitement mimétiques. Nous avons délibérément adopté une perspective large, que l’on pourrait presque définir d’holistique, qui tente d’embrasser différents domaines de recherche. Alors que la recherche actuelle tend à l’hyperspécialisation, nous sommes conscients que ce choix pourrait susciter des critiques ; nous aurions pu dissocier chacun des aspects pris en compte dans cet ouvrage, comme l’étude du mobilier, l’architecture tar-

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do-républicaine ostienne ou les traces liées au chantier de construction des murs. Or, tous ces éléments ont été ici réunis dans l’optique de répondre à notre objectif, qui est de reconstruire les phases de vie attestées sur la parcelle qui nous intéresse, de les dater si possible et d’en comprendre la fonction et les raisons d’être. Une vision d’ensemble a donc été privilégiée, qui rende compte de la manière la plus exhaustive possible de la richesse et la complexité du site. Seuls les fragments d’enduits peints ont fait l’objet d’une analyse approfondie qui dépasse l’objectif premier du travail. À elles seules, les peintures du Caseggiato delle Taberne Finestrate constituent un témoignage fondamental pour la connaissance de la production picturale ostienne entre le Ier siècle av. J.-C. et la fin du Ier siècle ap. J.-C., des pratiques des ateliers et des goûts des commanditaires. L’étude des enduits fait donc partie intégrante de cette recherche et en constitue le deuxième grand volet. Cette double articulation qui caractérise notre recherche se reflète dans la structuration de l’ouvrage, qui est divisé en deux parties. La première est vouée à l’étude du bâti, la deuxième est consacrée aux fragments d’enduits peints et à leur analyse. Dans la première partie, les phases de construction et de transformation qui ont caractérisé la parcelle étudiée seront présentées par ordre chronologique et en détail. Chacune d’entre elles fera l’objet d’un chapitre, où seront décrites les activités de construction3 et où seront explicités les techniques et les matériaux employés. Quand les éléments conservés le permettent, les structures ont fait l’objet de ce que nous avons appelé une « reconstruction architecturale » : différents aspects seront abordés dans le but de reconstruire ce qui a été l’apparence des deux édifices qui se sont succédé sur la parcelle au cours du temps : revêtements de sols et de parois, systèmes de couverture et de fermeture des pièces, réseaux d’adduction et d’évacuation de l’eau, et restitution de l’élévation du bâtiment. Tous ces éléments permettent de proposer, à la fin de chaque chapitre, une hypothèse sur la fonction de l’édifice ou d’une partie de celui-ci ainsi qu’une datation des différentes phases identifiées. Enfin, pour donner tout leur sens aux nombreux travaux de construction et transformations attestés sur la parcelle, chacune des phases est intégrée dans le contexte plus large du développement urbanistique du quartier environnant et de la ville d’Ostie en général ; nous verrons comment l’étude de l’histoire d’une parcelle permet de mieux connaître l’évolution du quartier dans lequel elle s’insère mais également de la ville entière.

Introduction La deuxième partie se structure d’une manière complètement différente et presque autonome par rapport à la première. Après une présentation détaillée mais nécessaire de l’état de la recherche et de la méthodologie employée pour l’étude des décorations fragmentaires, nous avons choisi de présenter une sélection des groupes de fragments les plus représentatifs et les mieux conservés du contexte. Dans chaque groupe ont été étudiés le support, la technique d’exécution et les motifs décoratifs représentés ; lorsque les conditions de conservation le permettent, une restitution complète ou partielle du décor auquel les fragments appartenaient est proposée. Les observations recueillies pour l’ensemble du mobilier sont enfin rassemblées dans un chapitre conclusif qui tente de brosser un premier tableau de la production picturale ostienne de l’époque examinée, avec l’aide notamment des autres contextes de peintures connus à Ostie. Enfin, nous désirons clôturer ces quelques lignes d’introduction en mettant l’accent sur la documentation graphique, qui a pris une importance cruciale dans notre recherche. Nous croyons que l’archéologie, spécialement s’il s’agit d’architecture et de peinture antique, se doit de raisonner en termes visuels autant que discursifs, par la production d’une série d’images, relevés, dessins et restitutions, qui font partie intégrante du discours et en sont une donnée essentielle. Nous espérons que les images insérées dans cet ouvrage contribueront à une meilleure compréhension du texte, et qu’elles permettront d’apprécier toute la richesse des données apportées par l’étude du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Le Caseggiato aujourd’hui

delle

Taberne Finestrate

Les structures de l’édifice aujourd’hui appelé Caseggiato delle Taberne Finestrate se trouvent dans la Regio IV de la ville d’Ostie (cfr. infra), sur le versant méridional du decumanus maximus, dans le tronçon occidental de la voie, qui relie le forum à la Porta Marina (figs 1-2). À l’ouest, le complexe est bordé par une étroite ruelle, le Vico Cieco, qu’il contribue à délimiter avec le Caseggiato a Botteghe ; à l’est, il est flanqué par la Schola del Traiano. Le complexe, traditionnellement daté du début du IIe siècle ap. J.-C., est un édifice à plan allongé, composé d’une série de tabernae disposées autour d’une cour centrale, que nous avons conventionnellement nommée (a) (fig. 3 ; Pl. I). Il est également doté d’une grande cour à l’arrière du bâtiment, (b), au sud, dans laquelle s’implanteront à un moment donné un puits et un petit bâtiment (phases 5 et 7). Les dimensions exactes de la cour

ne sont pas connues puisqu’elle n’a été que partiellement dégagée. Le caseggiato est en effet situé à la lisière de la zone actuellement fouillée. La façade de l’édifice, donnant sur le decumanus maximus, est occupée par trois larges tabernae, (X), (Y) et (Z), placées de part et d’autre du couloir (R), qui se place entre (Y) et (Z). Chacune d’entre elles dispose d’une arrière-boutique, prenant la forme d’une petite pièce : (W) pour (X), (V) pour (Y) et (T) pour (Z). Le couloir (R) (fig. 4) constitue un des axes principaux de l’édifice, qui permet d’accéder à la cour (a) depuis le decumanus maximus. Plusieurs pièces s’ouvrent sur celui-ci, dont les pièces (T), (Y) et (Z), déjà citées, ainsi que – sur son côté est – deux autres magasins : (S) et (N). Toutes deux de forme rectangulaire, les deux pièces communiquent entre elles et sont parfaitement analogues, si ce n’est que la première – (S) – est pourvue d’une fenêtre située à côté de l’entrée. Cette particularité se retrouve également ailleurs dans l’édifice (pièces (J), (K), (L), (M) et (O) sur le plan), et constitue sa caractéristique la plus remarquable, qui détermina son appellation moderne dès les premiers jours de fouille (cfr. infra). Le côté ouest du couloir est occupé, quant à lui, par une autre pièce, (Q). Cette dernière est caractérisée par la présence d’un puits au sol. (Q) permet d’accéder à une des deux cages d’escalier de l’édifice, (U), et elle communique également avec les pièces (O), (P) et (V). (P), une petite pièce quadrangulaire, est reliée à l’arrière-boutique (W), à la pièce (O) et est pourvue de deux fenêtres : une donne sur le Vico Cieco, l’autre sur la pièce (Q). La cour (a) (fig. 5) constitue le centre de l’édifice, vers lequel convergent tous les passages. De forme particulièrement allongée et étroite, elle est occupée – sur ses côtés est et ouest – par quatre tabernae, (J), (K), (L) et (M). Ces dernières, de dimensions analogues, sont disposées de manière symétrique autour de la cour et communiquent l’une avec l’autre. Comme les précédentes, chaque boutique est pourvue d’une fenêtre haute, disposée à côté de la porte d’entrée. Une deuxième ouverture est également pratiquée au-dessus de la porte, que l’on qualifierait de grande lucarne. Aujourd’hui, les tabernae situées sur le flanc est de la cour ont été bouchées par des murs en opus reticulatum (phase 4c). Le coin nordouest de la cour est occupé par une cinquième pièce, la pièce (O), déjà mentionnée supra, qui est aujourd’hui partiellement occupée par une fontaine (phase 4b). Cette pièce, peut-être une autre boutique, est plus fermée que les autres, même si elle communique avec les pièces (L), (P) et (Q).

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Introduction

Fig. 1.  Le CTF et ses environs (DAO P.T., orthophotoplan M. Carilli, d’après Calza et al. 1953).

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Fig. 2.  Ostie, planimétrie générale avec indication du C. delle Taberne Finestrate (PA-OANT Inv. 11689). Fig. 3.  CTF, plan de l’édifice avec identification des pièces (DAO P.T.).

Fig. 5.  CTF, vue de la cour (a) depuis le nord (photo P.T.).

Fig. 4.  CTF, vue du couloir (R) depuis le nord (photo P.T.).

Fig. 6.  CTF, vue générale depuis le sud (photo P.T.).

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Introduction

Fig. 7.  Le CTF au moment des fouilles, le 12/09/1938 (PA-OANT B 2696).

Une de ses caractéristiques principales est la présence d’une fenêtre sur sa paroi ouest, donnant sur le Vico Cieco, et d’une autre donnant sur le couloir (R). Enfin, les coins nord-ouest et nordest de la cour (a) sont occupés par des ailes symétriques, des petits couloirs qui permettent d’accé-

der, à l’ouest, au Vico Cieco (couloir (H) sur le plan), et à l’est, à la parcelle IV, V, 15 (couloir (I) sur le plan). Ce dernier passage est aujourd’hui bouché par un mur construit peu avant la construction de la Schola del Traiano (phase 5).

Fig. 8.  Étendue des fouilles de 1938-1939 - en gris (Rinaldi 2015).

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Introduction

Fig. 9.  Vue du decumanus en cours de fouilles le 6/07/1938 (PA-OANT B 2664).

L’organisation de la partie arrière de l’édifice (fig. 6) est scandée par le couloir (E), qui relie les cours (a) et (b). Comme pour son correspondant (R), plusieurs pièces s’ouvrent sur celui-ci. C’est le cas de la pièce (C) et, jusqu’à la phase 5, de la pièce (D)4, qui disposent toutes deux de larges ouvertures donnant sur la parcelle voisine, à l’est. Le côté ouest du couloir est occupé par deux larges pièces, (A) et (F). Le coin nord-est de la pièce (F) est occupé par la cage d’escalier (G) et celui de la pièce (A) par la pièce (A’). Tout à l’arrière de l’édifice s’implante la cour (b). L’orientation de toute cette partie de l’édifice change brusquement à partir du couloir (E) pour suivre un axe nord-est sud-ouest, alors que l’avant de l’édifice est orienté selon un axe nord-ouest - sud-est. Cela est dû à la division parcellaire qui assume cette forme particulière et qui, comme nous le verrons, est respectée tout au long de la vie de la parcelle. Telle est la situation actuelle de l’édifice, mais cela n’a pas toujours été le cas. Comme il a été annoncé dans l’introduction, la parcelle sur laquelle est située le caseggiato a subi d’importantes phases de construction et de réaménagements plus ou moins radicales, qui ont transformé l’apparence et parfois la fonction des pièces. De plus, le Caseggiato delle Taberne Finestrate a été précédé par un autre édifice à cour centrale, datant de l’époque républicaine, qui fut transformé à l’époque alto-impériale et détruit à l’occasion de la construction de l’édifice commercial.

Tous ces éléments seront explicités en détail dans les pages qui suivent. Historique des fouilles et de la recherche Le Caseggiato delle Taberne Finestrate partage son histoire moderne avec de nombreux autres édifices du site d’Ostia antica. Comme plus des deux tiers de la ville, il fut mis au jour lors des grandes campagnes de 1938-1940 menées par Guido Calza et commandées par Mussolini (fig. 7). Ce dernier avait ordonné une fouille extensive et intensive du site, dans l’idée de ramener à son antique splendeur le port de Rome et de montrer aux visiteurs de l’E42 – l’exposition universelle qui aurait dû se tenir à Rome en 1942 mais qui n’eut jamais lieu à cause de la deuxième guerre mondiale – quel était l’aspect d’une ville antique durant l’empire romain.5 Entre le mois de mars 1938 et le 15 octobre 1940, 182 000 m² de la ville sont dégagés,6 un peu plus que ce qui avait été découvert depuis les premières fouilles du XIXe siècle, soit environ 16 ha (fig. 8). Un tel débit de travail eut inévitablement pour conséquence la perte d’une quantité considérable de données, notamment pour ce qui est des dernières phases d’occupation de la ville, dont les traces furent bien souvent détruites parce que moins monumentales et donc moins intéressantes dans l’idée propagandiste de glorification de la puissance de Rome cachée derrière le projet.7

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Fig. 10.  CTF, vue de la cour (a) au moment des fouilles, le 23/10/1938 (PA-OANT B 2721).

Cette campagne aux allures titanesques coûta à l’état italien plus de 2 920 000 lires – qui correspondraient environ à 2 450 000 € aujourd’hui8 - et employa 141 228 hommes comme main d’œuvre. La fouille à proprement parler fut confiée à trois entreprises de construction différentes, qui se répartirent l’espace en cinq lots et furent payées pour dégager les « antiche costruzioni nella zona di Ostia antica », selon un tarif de 5,45 lires (4,75 €) par mètre cube de terre enlevée. Le contrat prévoyait que les entreprises se débarrassent ellesmêmes de la terre, qui devait être « trasportata a qualsiasi distanza e con qualsiasi mezzo »9 loin des vestiges, qui devaient être entièrement dégagés pour la fin des travaux (fig. 9). Cela eût des conséquences désastreuses pour la compréhension et la datation des structures, puisque le matériel archéologique issu des couches archéologiques n’a pas été récolté, à moins qu’il n’ait eu une valeur artistique ou qu’il n’ait possédé des caractères exceptionnels. En l’absence d’un contrôle systématique de la part des responsables des travaux, il n’existe pas de documentation de fouilles à proprement parler, si ce n’est quelques photographies et de brefs rapports écrits par les

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ouvriers, mentionnant des découvertes anecdotiques ou des difficultés rencontrées sur le chantier. Pour toutes ces raisons, le bilan des fouilles de l’E42 est souvent qualifié de catastrophique, mais la situation est à nuancer. En effet, l’archéologie de la « zappa e piccone » (la pelle et la pioche) – pour reprendre une expression célèbre de Guido Calza10 – a permis de récolter une quantité incommensurable de données et d’offrir au monde une ville romaine pratiquement entière, ce qui a grandement contribué à l’avancement de nos connaissances sur l’art, l’architecture et l’histoire du monde romain.11 De plus, le talent et la perspicacité de personnalités comme Guido Calza, Italo Gismondi et Giovanni Becatti ont permis de réaliser – compte tenu des circonstances et de l’époque – un travail excellent. Dans ce contexte, il est particulièrement difficile de reconstruire l’historique des fouilles du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Les seuls documents d’archives dont nous disposons sont des photographies réalisées au moment des fouilles, conservées dans les archives du Parco Archeologico di Ostia antica, ainsi que les rapports succincts des

Introduction ouvriers, conservés dans les archives de l’état italien.12 En croisant ces données, il a été possible de retracer dans les grandes lignes les modalités et les temps de la fouille. Le Caseggiato delle Taberne Finestrate – comme toute la Regio IV de la ville – était compris dans le premier lot de fouilles, qui fut confié à l’entreprise D. Berardi. Le contrat initial prévoyait 300 jours de travail et commença le 16 mai 1938, pour terminer le 24 mars 1939. Environ 357 550 lires (311 500 €) sont déboursées pour fouiller, dégager et restaurer 25 000 m² de structures, qui – selon le rapport final fourni par l’entreprise – étaient enfouies à plus de 4 m de profondeur. Les premiers sondages dans la zone de l’édifice ont été réalisés du 21 août au 1er octobre 1938, c’est donc dans ce laps de temps qu’ont commencé les fouilles. Le premier témoignage du caseggiato à proprement parler est une photographie prise le 12 septembre 1938 (fig. 7), où l’on voit que seules la façade et une partie des tabernae ont été dégagées. Entre le 9 et le 23 octobre de la même année, deux autres photographies montrent que l’ensemble de l’édifice a été dégagé et que les structures sont poinçonnées pour éviter qu’elles ne s’écroulent (fig. 10-11). On trouve une trace de cette première intervention dans les rapports journaliers des ouvriers, qui nous fournissent également la première appellation de l’édifice. En effet, dans les rapports du 13 au 18 octobre 1938, les ouvriers rapportent qu’ils ont dû consolider les voûtes, les arcs et les murs de l’édifice de la « via sfenestrata »,13 située près des « Terme sei colonne ».14 Durant les mois qui suivent, les travaux de consolidation continuent dans l’édifice, qui est désormais appelé « edificio sulla via fenestrata », « Casa delle Finestre » ou « botteghe fenestrate », parallèlement au nettoyage de la rue, qui était encombrée de blocs et de portions de murs appartenant aux étages supérieurs de l’édifice. Enfin, le 15 juillet 1939, les travaux de fouille et de consolidation semblent terminés, puisqu’on parle désormais de la « pulizia e sistemazione » (nettoyage et mise en ordre) des structures. Un autre renseignement fourni par les rapports des ouvriers – peut-être plus anecdotique mais impressionnant – est que l’édifice semble avoir été fouillé et restauré par quatre personnes seulement, dont nous connaissons également les noms : Alfredo Bonanni, Domenico Berardi, Natale Rocchi et Luigi Migliori. Le rythme de travail était particulièrement soutenu, puisqu’ils étaient sur le site huit heures par jour, du lundi au samedi.15 La terre dégagée était amassée dans des berlines, les célèbres wagonnets montés sur des rails « Decauville », trainés par des chevaux à travers un réseau ferroviaire complexe. Nous

conservons dans les archives également le plan des rails implantés dans l’édifice, que nous reproduisons en fig. 12. Il faudra attendre 1953 pour une vraie publication scientifique du Caseggiato delle Taberne Finestrate, dans le premier volume de la désormais historique collection « Scavi di Ostia », édité par G. Calza et écrit à plusieurs mains avec G. Becatti, G. De Angelis d’Ossat, I. Gismondi, et H. Bloch.16 C’est à Becatti qu’il incombe de proposer une première description de l’édifice,17 très sommaire. Une donnée intéressante est qu’il mentionne déjà l’existence d’un quartier de domus républicaines sous ce front du decumanus, parmi lesquelles celle qu’il nomme « la domus sotto il Caseggiato delle Taberne Finestrate ».18 Cela montre qu'au moment de la publication de l’ouvrage des sondages sous le niveau du IIe siècle ap. J.-C. avaient été réalisés, sondages dont on voit le résultat sur le plan général d’Ostie républicaine d’I. Gismondi.19 Ce dernier nous renseigne en effet, dans la préface à sa partie de l’ouvrage, que des sondages ont été exécutés durant les années 1947 à 1952 dans le but de connaître les phases d’occupation les plus anciennes de la ville.20 Dans les archives de la Surintendance, presque rien n’est conservé de ces fouilles : quelques photo-

Fig. 11.  CTF, vue du couloir (R) au moment des fouilles, le 9/10/1938 (PA-OANT B 2706).

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Fig. 12.  Reproduction du réseau de rails Decauville montés pour la fouille du caseggiato (DAO P.T., d’après ACS, E42, Servizi tecnici, b. 404, f. 6559).

graphies de détails et un plan schématique des structures mises au jour réalisé par l’architecte O. Visca en 1948,21 ce qui nous donne un terminus ante quem pour les fouilles, réalisées forcément entre 1947 et 1948. La documentation est donc cruellement lacunaire, puisqu’aucune trace n’est conservée des journaux de fouilles et que le mobilier archéologique, qui a sûrement dû ressortir en abondance de ces sondages (en réalité quelques étroites tranchées creusées le long des murs), n’a pas été conservé. Durant les années qui suivirent, le Caseggiato delle Taberne Finestrate fit encore l’objet de plusieurs travaux de nature et ampleur diverses. En consultant, dans les archives de l’État italien, les fascicules relatifs aux activités de la Surintendance d’Ostie durant les années 1950-1960, nous apprenons dans une note au Ministère que sont réalisés à la fin de l’année 1960 des « nuovi sterri a completamento e approfondimento degli scavi del 38-40 […] hanno portato alla messa in luce di altre parti e di elementi più profondi […]; trattasi di […] alcuni ambienti di una chiara destinazione adiacenti alla Schola del Traiano ».22 Ces lignes indiquent que les fouilles des édifices adjacents à la Schola del Traiano – le Caseggiato delle Taberne Finestrate et le Caseggiato a Botteghe, en-dessous duquel se trouve la Domus del Portico di Tufo23 – ont probablement été partiellement reprises à cette période, sans toutefois qu’il soit possible d’avoir une idée de l’étendue de ces fouilles, puisqu’aucune autre mention n’en est faite et que la documentation d’archives est inexistante – du moins à notre connaissance. Il est probable que les résultats de ces interventions de 1960 aient été repris par G. Becatti dans son volume sur les

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mosaïques d’Ostie, quatrième de la collection Scavi di Ostia, paru en 1961.24 En effet, G. Becatti fournit quelques données supplémentaires par rapport au premier volume sur la « domus sotto il Caseggiato delle Taberne Finestrate » d’époque républicaine, puisqu’il décrit le pavement de l’impluvium.25 Les nouveautés apportées ne sont donc pas nombreuses, ce qui montre que les interventions de 1960 ont probablement consisté en un nettoyage de structures déjà mises au jour plus qu’une fouille à proprement parler. Après 1961, plus aucun élément supplémentaire n’a été publié sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate, et les quelques auteurs qui s’y sont intéressés se basent uniquement sur les données publiées précédemment.26 Si l’on tient compte uniquement de ce qui a été publié, l’état de nos connaissances s’arrête donc, en somme, aux fouilles de la première moitié du XXe siècle. On ne peut pas dire la même chose de l’activité effective sur le site, qui s’est poursuivie pendant de nombreuses années encore. En effet, le Caseggiato fit l’objet de quelques restaurations en 1959 et en 1967, qui consolidèrent les crêtes des murs et reconstruisirent une partie des structures antiques (cfr. phase 8-b). L’intervention de plus grande envergure eut cependant lieu en 1973. Cette année-là se caractérise par la réalisation de nombreux sondages stratigraphiques réalisés par les archéologues de la Surintendance à plusieurs endroits de la ville, par suite de la décision de déposer un certain nombre de mosaïques (cfr. phases 4 et 7) en vue d’une éventuelle restauration.27 Une fois le pavement retiré, on réalisait un sondage sur la superficie que couvrait la mosaïque. Ce fut également le cas du Caseggiato

Introduction

Fig. 13.  CTF, étendue des sondages réalisés en 1973 (DAO P.T., d’après PA-OANT 4178).

delle Taberne Finestrate, qui fut fouillé par tranchées dans les pièces (A) et (F), les cours (a) et (b) et le Vico Cieco (fig. 13) entre le mois de juin et le mois de septembre 1973, sous la direction de M.L. Veloccia Rinaldi et la coordination de R. Righi (fig. 14). Les résultats de ces fouilles ne furent jamais publiés,28 et le Caseggiato delle Taberne Finestrate perdit peu à peu son intérêt aux yeux de la communauté scientifique et des responsables du site archéologique. Ce n’est que très récemment que l’édifice a retrouvé une partie de son intérêt, grâce aux études de jeunes chercheurs et à la reprise des activités de fouille qui ont touché la ville au cours des quinze dernières années. En 2003, un mémoire de maîtrise a été réalisé par G. Ferri sous la direction de C. Pavolini concernant une partie du mobilier céramique issu des fouilles de 1973, mais il ne donna lieu à aucune publication.29 Parallèlement, des sondages limités ont été réalisés dans les pièces (N), (S) et (T) du caseggiato par l'équipe franco-belge qui a fouillé la Schola del Traiano adjacente. L'objectif était d'arriver à une meilleure compréhension de la relation entre les deux édifices. Les résultats préliminaires de ces sondages ont été publiés par G. Mainet dans les actes du colloque consacré à Ostie organisé en 2014 à l’Academia Belgica de Rome,30 où il a synthétisé son mémoire de maîtrise concernant le rapport entre la Schola del Traiano et le Caseggiato delle Taberne Finestrate.

que l’on sait finalement très peu de choses sur les édifices de la ville. Les grandes fouilles des XIXe et XXe siècles nous ont livré énormément de données, mais elles en ont détruit encore davantage, en ne tenant pas compte de la stratigraphie et du mobilier que contenaient les vestiges et en ne nous laissant bien souvent que les murs nus.31 Malgré tout, une quantité gigantesque d’édifices nous a été laissée ; tous ont été cartographiés, beaucoup ont été nommés, datés et interprétés, les plus importants ont fait l’objet d’une étude ponctuelle et détaillée. Les travaux de Vaglieri, publiés dans les Notizie degli Scavi,32 ainsi que ceux de Calza, Gismondi et Becatti ont en ce sens été exemplaires, dans la mesure où ils nous ont laissé un héritage d’une richesse inestimable, dont la manifestation la plus imposante est constituée par le premier volume de la collection Scavi di Ostia, intitulé Topografia generale.33 Dans la

Étudier l’architecture à Ostie aujourd’hui : état de la question et mise en perspective

Étudier l’architecture à Ostie aujourd’hui signifie se rendre compte d’un paradoxe étonnant, qui est

Fig. 14.  Dépose de l’emblema de l’édifice sous le C. delle Taberne Finestrate, juin 1973 (PA-OANT C 393-3).

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Introduction deuxième moitié du XXe siècle, l’historiographie récente a exploité au mieux ces données, de sorte qu’Ostie est aujourd’hui l'un des sites les plus actifs et prolifiques sur le plan de la production scientifique.34 Pourtant, depuis Scavi di Ostia I, les édifices de la ville qui ont fait l’objet de reconsidérations, qui analysent les murs en détail et remettent en question les datations proposées, restent une grande minorité. Nous sommes encore largement dépendants des interprétations de Calza, Gismondi et Becatti, qui – aussi brillantes et pertinentes soient-elles – ont été faites il y a plus de soixante-dix ans dans un contexte peu propice, sans le recul et les moyens nécessaires pour une analyse approfondie de chaque bâtiment.35 Nombreux sont les travaux qui, après les premières grandes publications, se sont intéressés aux vestiges ostiens. Pionnier fut évidemment le travail de R. Meiggs, qui rédigea un véritable manuel de référence pour l’étude historique, socio-politique et urbanistique de la ville d’Ostie.36 Concernant l’étude architecturale à proprement parler, une importante contribution a été apportée par J. Packer avec son étude sur les insulae d’Ostie,37 qui reprend les classifications typologiques des insulae de G. Calza,38 A. Boëthius39 et R. Meiggs40 en s’intéressant à l’élévation et au fonctionnement des édifices majeurs de la ville. Packer, toutefois, base ses propos sur la planimétrie de Gismondi et s’intéresse peu aux transformations subies dans le temps par les édifices qu’il reconstruit. Tout aussi détaillés sont les travaux de M.E. Blake dans son triptyque monumental sur l’histoire de l’architecture romaine, qu’elle lit sous le prisme de la technique de construction;41 Blake s’attarde à plusieurs reprises à décrire les édifices du port de Rome, qu’elle élève en exemple paradigmatique de l’architecture alto- et médio-impériale, mais ne s’attarde pas à analyser l’évolution de ces édifices dans le temps et les considère uniquement comme des formes architecturales dans leur acception la plus large. À sa suite, G. Hermansen s’intéressera à la culture matérielle de la ville en approfondissant l’aspect socio-économique, historique et politique de l’architecture ostienne mais privilégiera l’étude du macro-contexte urbain.42 L’étude de C. Pavolini sur la vita quotidiana a Ostia43 continuera cette analyse sociale de la ville et de ses habitants, en ne remettant toutefois pas ou peu en question les informations, devenues presque dogmatiques, de Scavi di Ostia I et de R. Meiggs. Quelques études spécifiques apportent une série de données nouvelles qui permettront d’affiner les chronologies et retracer plus en détail la vie de plusieurs édifices de la ville. Il s’agit des études découlant des fouilles que la Soprintendenza di Ostia mettra en

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œuvre à partir des années 1960 à divers endroits de la ville, en s’associant parfois avec les institutions universitaires. Un des moteurs de ce renouvellement fut bien entendu le programme de fouille stratigraphique des Terme del Nuotatore dirigé par A. Carandini,44 auquel s’ajoutent les nombreuses interventions de M. Floriani Squarciapino et M.L. Veloccia Rinaldi dans les années 1960-197045 et les sondages sous la Piazza delle Corporazioni et l’Insula delle Pareti Gialle par F. Zevi et I. Pohl,46 qui travailleront également dans les Terme dell’Invidioso avec M. Carta.47 Ces activités ouvriront la voie à une série de projets archéologiques très productifs à Ostie, qui, outre les prospections et les fouilles ponctuelles, réaliseront des nouveaux relevés de structures et réexamineront les murs. Un des premiers exemples est constitué par les travaux de chercheurs hollandais, notamment Th. L. Heres, qui s’est intéressée aux phases de vie de différents édifices de la ville avec une attention particulière aux techniques de construction d’époque tardo-antique, 48 et J. Boersma, qui dirigea une étude approfondie de l’îlot V, II de la ville et des édifices qui le composent.49 Ces études préciseront davantage les nombreuses transformations urbanistiques du site et amèneront toute une série de données nouvelles. Un apport considérable à la conception urbaine de la ville d’Ostie et à son extension au-delà des limites connues provient des prospections géophysiques que le Deutsches Archeaologisches Institut in Rom et l’American Academy in Rome ont menées, sous la direction de M. Heinzelmann entre 1996 et 2001.50 La récente découverte d’un « trastevere » ostien au nord du Tibre par l’équipe britannique dirigée par S. Keay51 a permis d’élargir encore les perspectives sur le développement urbain d’Ostie et d’alimenter la discussion future sur la question. Le long du tronçon occidental du decumanus maximus de la ville, qui intéresse plus particulièrement cette étude, différents projets ont contribué à préciser le tableau de l’urbanisme d'Ostie, notamment les travaux de Cl. De Ruyt derrière le Tempio dei Fabri Navales,52 de V. Kockel et S. Ortisi sur les phases antérieures au Macellum53 et de J.M. Moret et Th. Morard dans la Schola del Traiano,54 auxquels se sont ajoutés les travaux sur l’élévation de L.B. van der Meer55 puis F. Carboni56 sur la Domus Fulminata, de R. Tione sur la domus tardo-antique sur le decumanus maximus,57 de C. Pavolini et de M. Danner sur les domus tardo-antiques du quartier et de la ville.58 Ailleurs dans la ville, plusieurs sont les projets qui s’intéressent à la reconstruction des phases de vie des édifices ostiens. Nous citerons (en ne prétendant nullement à l’exhaustivité)59 les travaux de H.

Introduction Stöger sur l’îlot IV, II comprenant le Caseggiato dell’Ercole, la Caupona del Pavone et les Terme del Faro60 ainsi que de S. Lorenzatti dans la Domus di Giove Fulminatore,61 d’E. Subias Pascual sur la Domus dei Dioscuri,62 de M. Heinzelmann dans les nécropoles de Porta Romana et de la Laurentina,63 de M. White dans la synagogue,64 de J. Spurza dans le Palazzo imperiale,65 d’A. Pellegrino et S. Falzone dans l’Insula delle Ierodule,66 d’A. Marinucci dans l’Insula di Diana,67 d’A. Gering dans l’aire du Forum68 et de M. David et dans le quartier en-dehors de Porta Marina.69 À partir des années 1990, les rencontres scientifiques dédiées à Ostie se sont multipliées grâce à l’impulsion de la Surintendance d’Ostie sous la direction d’A. Gallina Zevi. Ces colloques ont donné une grande visibilité aux recherches en cours à Ostie et ont permis d’affronter des thématiques diverses. Le colloque Ostia revisited en l’honneur de Russell Meiggs, tenu à Rome en 1992 et publié en 1996 70 constitue le premier d’une longue série, dont fera partie également le II Colloquio Internazionale su Ostia Antica organisé par J. DeLaine, M. Heinzelmann, S. Mols et A. Gallina Zevi en 1998 et publié en 199971 ainsi que le colloque Ostia e Portus nelle loro relazioni con Roma, dont les actes seront édités en 2002 sous la direction conjointe de Ch. Bruun et A. Gallina Zevi.72 Parmi les actes de ces nombreux colloques ostiens nous citerons ceux sur les maisons et villas à l’époque républicaine, en l’honneur justement d’A. Gallina Zevi,73 ainsi que ceux qui ont été publiés dans les Mélanges de l’École française de Rome,74 qui prendront peu à peu la forme de séminaires à cadence presque annuelle, animés par M. Cébeillac-Gervasoni, F. Zevi, N. Laubry et M.L. Caldelli.75 Une attention particulière aux « quartiers occidentaux », dans lesquels s’insère notre édifice, a été donnée en 2014 lors d’un colloque organisé par Cl. De Ruyt, Th. Morard et Fr. Van Haeperen, de récente publication.76 Ces colloques ont, d’une part, offert des possibilités précieuses de partage de données et de présentation des différentes recherches en cours, mais elles ont également permis de faire ressortir des problématiques communes à toute recherche ostienne : la question des rehaussements de niveau par exemple, qui à Ostie sont particulièrement fréquents, celle de la gestion de l’eau et celle de la viabilité, entre autres. Dans ce foisonnement d’études ostiennes, quelques travaux en particulier portent une attention majeure à l’analyse du bâti à proprement parler. J. DeLaine, dans son étude de l’Isolato dei Dipinti, est la première à considérer que « by concentrating on the multiplicity of minor changes […] within a framework of a few major building phases,

it is possible to highlight the rôle of the incidental and individual elements within the more sedate sweep of the city’s changing fortune ».77 Quelques études de cas suivent cette idée en proposant des analyses approfondies d’édifices ou de parcelles, comme l’ont fait par exemple Th. L. Heres pour la Domus delle Colonne78 et le Caseggiato dei Molini,79 S. Mols pour le Caseggiato del Serapide, les Terme dei Sette Sapienti et le Caseggiato degli Aurighi,80 R. Mar pour le Serapeo, les Terme della Trinacria et le Caseggiato di Bacco e Arianna.81 Entre 1999 et 2004, N. Bauers proposera une lecture minutieuse des structures de l’Insula dell’Ercole Bambino et l’Insula del Soffitto Dipinto, dont la monographie complète a été publiée en 2018.82 En 2002, un numéro entier du Bollettino di Archeologia (n°49/50, 1998) est dédié à l'étude de matériaux et techniques de construction à Ostie, avec notamment une contribution d'E. Bianchi sur le Caseggiato del Sole et l'îlot V, VI.83 En 2003, H. Dessales, E. Bukowiecki et J. Dubouloz mèneront une analyse très détaillée du Castellum Aquae de Porta Romana en proposant une méthodologie basée sur l’observation rigoureuse des techniques de construction et des matériaux employés.84 Plus récemment, M. Medri poursuivra cette fine lecture du bâti dans son étude, menée avec V. Di Cola, des Terme del Nuotatore85 et dans sa relecture des phases de vie du Santuario della Bona Dea dans la cinquième région de la ville, avec S. Falzone, M. Lo Blundo et S. Caviglioni.86 Parallèlement, les travaux d’E. Rinaldi87 ont permis de mettre en évidence une problématique qui jusque-là avait été traitée de façon marginale : celle des restaurations mimétiques des années 1930 (phase 8), dont l’ampleur n’avait jamais réellement été prise en considération et qui est la cause aujourd’hui d’une remise en question profonde de toutes les analyses qui ont pu être faites par le passé. C’est dans ce contexte – favorable mais où beaucoup reste à faire – qu’a pu voir le jour la présente étude sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate. Nous avons intégré les méthodologies développées par le passé en y ajoutant des aspects nouveaux, apportés en partie grâce aux avancées technologiques, qui rendent beaucoup plus aisée la lecture des maçonneries, grâce à une majeure accessibilité des techniques de documentation et relevé (laser scanner, photogrammétrie, modélisation 3D)88 et celui des restitutions digitales. Cette étude n’est heureusement pas isolée, dans la mesure où elle s’inscrit dans une plus large phase de renouveau des études ostiennes, alimentée par toute une série de projets menés par de jeunes chercheurs et des nouvelles équipes, qui ont ­permis

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Introduction de reconsidérer plusieurs édifices qui jusque-là avaient été peu ou pas étudiés : nous pensons en particulier aux travaux, tous très récents, de M. Marano sur l’îlot V, III (Caseggiato dei Lottatori, Domus del Pozzo),89 d’H. Glogowski sur l’enceinte cicéronienne,90 d’A. Pansini sur le complexe des Quattro tempietti et la Domus di Apuleio,91 de D. Bigi sur le Caseggiato del Serapide,92 de M. Turci sur certains complexes thermaux de la ville (Terme di Musiciolus, Terme Marittime, Terme di Porta Marina),93 de F. Regina sur les caseggiati III, XVI, 3-4, 94 d’A. Melega sur les mitrées de la ville95 et d’une équipe de l’Académie des Sciences de Vienne, menée par P. Ruggendorfer avec S. Falzone, sur le complexe des Case a Giardino.96 À plus de soixantedix ans de distance, les fouilles de 1938-1939 ont encore énormément à donner et ses résultats n’ont pas fini d'être exploités. Notes Pour reprendre la formule désormais célèbre employée depuis la dernière grande exposition sur Ostie organisée au Musée Rath de Genève en 2001 (Descœudres 2001). 2 Sur la définition de la toichographologie, qui désigne l’étude archéologique, technique et stylistique des peintures murales antiques, nous renvoyons aux pages 206-207 de cet ouvrage. 3 Sur les définitions de phases et activités voir page 24. 4 Les pièces (C) et (D) étaient divisées au cours des phases 3 et 4 en (C), (C’), (D) et (D’). 5 Olivanti 2001, 60-61 ; Pavolini 2018 (a), 40. 6 Ces données numériques – ainsi que les autres qui suivent – sont issues d’une relation écrite à la fin des travaux par G. Calza au Ministre de l’Éducation italien et au Directeur Général des Antiquités. Cette dernière est conservée dans un des fonds des Archives de l’État italien, l’Archivio Centrale dello Stato (dorénavant ACS). Le fonds se trouve dans la section dédiée au Ministero della Pubblica Istruzione, Direzione Generale. Références exactes : ACS AA.BB.AA Div. II 1940-1945, busta 17 fasc. 328. 7 Olivanti 2001, 61-62 ; Pavolini 2018 (a), 40 ; Rinaldi 2015, 62-63. 8 Ces calculs ont été réalisés en fonction du coefficient d’évaluation de la valeur monétaire de la lire au cours du temps, calculé par l’ISTAT, l’institut national de statistiques italien, qui a calculé le pouvoir d’achat de la lire de 1861 à 2002 et établi les relations avec la valeur actuelle de l’euro. 9 Des copies des contrats sont conservées dans les fonds d’archive du ministère de la Direction Générale des Biens Culturels, consultable dans les archives de l’état italien avec les références suivantes ACS AA.BB.AA Div. II 1940-1945, busta 17 fasc. 328. 10 Que l’archéologue employait dès 1926 pour définir l’archéologie « militante » par rapport au travail des « archéologues-philologues ». Voir Calza 1926 dans la bibliographie. 11 Sur la problématique de la déontologie des fouilles et des restaurations qui ont touché Ostie durant les XIXe et XXe siècles nous renvoyons notamment aux travaux 1

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respectifs de P. Olivanti et E. Rinaldi, repris en bibliographie. 12 ACS AA.BB.AA Div. II 1940-1945, busta 40 fasc. 704. 13 Littéralement la « rue défénestrée ». 14 Il est intéressant de constater que certains édifices reçoivent déjà leur nom définitif dès le moment de la fouille, alors que d’autres, comme le nôtre, mettent plus de temps à trouver une appellation définitive. 15 Sauf le jeudi et le samedi, où ils ne travaillaient que cinq heures par jour. 16 Repris en bibliographie comme Calza et al. 1953. 17 Calza et al. 1953, 108-109/134-135. 18 Calza et al. 1953, 108-109. 19 Calza et al. 1953, fig. 29. 20 Calza et al. 1953, 179. 21 PA-OANT Inv. 11776. 22 ACS, Ministero della Pubblica Istruzione, Direzione Generale, AA.BB.AA Div. II 1952-1960, fasc. 71. 23 Qui est mentionnée plus loin dans le document : «  notevoli resti di una domus di tipo italico […] impluvium marmoreo, alcuni cubicoli circostanti e avanzi di colonnato » ; ACS, Ministero della Pubblica Istruzione, Direzione Generale, AA.BB.AA Div. II 1952-1960, fasc. 71. 24 Becatti 1961, 203, no. 386. 25 Alors que – paradoxalement – il omet de décrire les mosaïques à décor géométrique des phases plus tardives de l’édifice. 26 Le caseggiato a intéressé J. Packer et M.E. Blake, respectivement en 1971 et 1973, dans leurs études sur l’architecture ostienne (Blake 1973, 156 ; Packer 1971, 23). En 1977, M.S. Arena Taddei regroupe l’ensemble des données connues sur l’Ostie républicaine et reprend ce qui avait été dit par Calza et Becatti, sans rien ajouter d’autre (Arena Taddei 1977, 21-24). En 1996, V. Santa Maria Scrinari et M.A. Ricciardi s’intéressent aux puits de la domus républicaine et se contentent de reprendre ce qui avait déjà été dit, en faisant toutefois mention de quelques éléments nouveaux, comme les mesures de la margelle (Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 51-52). La plus récente publication mentionnant le caseggiato et sa domus est le guide de C. Pavolini – dont la dernière réédition date de 2018, qui synthétise les éléments passés (Pavolini 2018 (a), 190). 27 Beaucoup de ces sondages ont abouti à d’importantes publications, comme celles de M. Carta, I. Pohl et F. Zevi dans l’Insula dell’Invidioso, le Piazzale delle Corporazioni (Carta/Pohl/Zevi 1978) et l’Insula delle Pareti Gialle (Pohl/Zevi 1970). Toutefois, la plupart de ces sondages demeurent encore aujourd’hui inédits, et commencent seulement maintenant à être réévalués par les chercheurs. Un de ces contextes est celui du Caseggiato dei Lottatori, récemment étudié par M. Marano (Marano n.p., Marano 2017 et Marano 2018), qui a livré une grande quantité de fragments d’enduits peints de quatrième style. 28 Le seul élément à avoir été publié est l’emblema en opus vermiculatum issu des fouilles (cfr. pages 57-60), qui a été étudié par A. Tammisto dans son étude sur les représentations ornithologiques en mosaïque (Tammisto 1997, 73-74), par P. Germoni lors de l’exposition temporaire de l’emblema dans le musée du site archéologique (Forti et al. 2013, 48-49) et plus récemment par A. Pellegrino (Pellegrino 2017, 32-33). 29 Voir Ferri n.p. en bibliographie. 30 Mainet 2018 (a). 31 Kockel 1990, p. 99 ; Stöger 2011, p. 1-2.

Introduction Entre 1906 et 1913, D. Vaglieri écrit en tout 75 contributions pour la revue, donnant chaque année et plusieurs fois par an un compte-rendu détaillé des découvertes réalisées dans les quartiers centraux d’Ostie. À cela s’ajoute une riche documentation d’archives, encore partiellement inédite. Sur les travaux de ce dernier à Ostie et l'apport des archives ostiennes nous renvoyons à Olivanti 2001 et Olivanti 2014. 33 Calza et al. 1953. 34 Pour un aperçu de l’ample historiographie ostienne, nous renvoyons à l’excellent site internet tenu par J.T. Bakker, www.ostia-antica.org, constamment mis à jour, ainsi qu’à Pavolini 2016 (a), qui parcourt les différentes publications relatives au port de Rome entre 2006 et 2016. 35 Seuls quelques édifices ont fait l’objet d’analyses plus détaillées de la part de G. Calza, comme la Caserma dei Vigili, le Caseggiato dei Triclini, les Horrea Epagathiana, l’Insula di Diana et le complexe du Caseggiato del Serapide-Caseggiato deli Aurighi (voir par exemple Calza 1941, dédié aux édifices à cour et à portique) 36 Meiggs 1973. 37 Packer 1971. 38 Calza 1941. 39 Boëthius 1960, p. 129-185. 40 Meiggs 1973, p. 235-262. 41 Blake 1947, Blake 1959 et Blake 1973. M.E. Blake donne une nouvelle impulsion à l’archéologie de la construction, en poursuivant le sillon creusé au XIXe siècle par A. Nibby (Nibby 1819), E.B. Van Deman (Van Deman 1912), sillon qui sera élargi, notamment pour Rome, par les travaux de G. Lugli (Lugli 1957) et, plus récemment, de J.P. Adam (Adam 1984) et de C.F. Giuliani (Giuliani 2011, première édition 1990). Pour une histoire de l’archéologie du bâti et de la construction, qui dépasse le contexte ostien, nous renvoyons à Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, p. 19-21. 42 Hermansen 1981. Pour une réflexion de l’apport de l’étude d’Hermansen à la connaissance de l’urbanisme ostien nous renvoyons à Stöger 2011, p. 2-4. Quelques années auparavant, F. Pasini avait également retracé une histoire urbaine d’Ostie en utilisant les unités pluri-habitatives comme élément à travers lequel analyser la société ostienne (Pasini 1978), et quelques années plus tard R. Mar et V. Kockel s’intéresseront au développement de la ville et à l’impact des phases plus anciennes de la ville sur l’organisation urbaine de l’époque médio-impériale (Mar 1991 et Kockel 1992). 43 Pavolini 1986. 44 Voir Ostia I, Ostia II, Ostia III et Ostia IV en bibliographie. 45 D’où découleront une série de publications, notamment celles de B.M. Felletti Maj sur les maisons peintes d’Ostie (Felletti Maj 1960, Felletti Maj 1961 et Felletti Maj/Moreno 1967). 46 Pohl/Zevi 1970. 47 Zevi/Carta/Pohl 1978. 48 Heres 1982. 49 Boersma 1986. 50 Bauer et al. 2000 ; Heinzelmann 1998 (b) ; Heinzelmann 1999 (a) ; Heinzelmann et al. 2002 ; Martin/Heinzelmann 2002, Martin et al. 2002 . 51 Germoni, Keay et al. 2019. 52 De Ruyt/Van Haeperen 2018 et bibliographie précédente. 53 Kockel/Ortisi 2000. 54 Morard 2018 et bibliographie précédente. 32

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van der Meer 2005. Carboni c.i. Tione 1999, p. 191-208. Pavolini 1986 (a) ; Danner 2017. Pour un aperçu plus complet nous renvoyons au bel article de C. Pavolini sur la recherche à Ostie entre 2004 et 2014 (Pavolini 2016). 60 Stöger 2011. 61 Lorenzatti 1998. 62 Subias Pascual 1993. 63 Heinzelmann/Martin/Coletti 2000. 64 White 1999. 65 Spurza 1999. 66 Falzone/Pellegrino 2014. 67 Marinucci 2013. 68 Entre autres Gering 2014. 69 David 2018 et bibliographie mentionnée. 70 Claridge/Gallina Zevi 1996. 71 Mols/van der Laan 1999. 72 Bruun/Gallina Zevi 2002. 73 Perrier 2007. 74 MEFRA 114-1 regroupant la section Villes et Avant-ports du Colloque du programme Mégalopole organisé en 1994, MEFRA 118-1 sur les eaux dans la ville (Bedello, Bukowiecki et al. 2006). 75 Les deux premières rencontres, organisées en 2012 et 2013, ont été publiées conjointement en 2014 dans MEFRA 126-1. Les actes du troisième séminaire ostien sont récemment sortis sous forme de monographie (Cébeillac-Gervasoni/Laubry/Zevi 2019), alors que les actes de la quatrième rencontre ont été intégrés dans MEFRA 130-2, sortis en 2018. Les actes du cinquième et du sixième séminaire sont en cours de publication. 76 De Ruyt/Morard/Van Haeperen 2018. 77 DeLaine 1995, p. 80. Sur l’étude du complexe voir également DeLaine 1996 et DeLaine/Wilkinson 1999 (b). 78 Heres 1986. L’étude a récemment été reprise par C. Pavolini (Pavolini 2014). 79 Heres 1988. 80 Mols 1999 (b). 81 Mar 2001. 82 Bauers 1999 ; Bauers 2001 ; Bauers 2018. La dernière publication de l’auteure, qui constitue le seizième volume de la collection Scavi di Ostia, propose une série de réflexions très approfondies sur l’architecture en briques à Ostie et constitue un très bon exemple de comment l’étude du micro-contexte peut fournir des clefs de lecture nouvelles pour la compréhension de l’architecture et la construction à l’échelle d’un quartier et d’une ville. 83 Bianchi 1998. 84 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003. 85 Di Cola/Medri 2013. 86 Caviglioni et al. 2017. 87 Rinaldi n.p., Rinaldi 2015 et Rinaldi 2018. 88 Le projet de digitalisation des vestiges d’Ostie par l’université de Kyushu, dirigé par Y. Hori, a su montrer à plusieurs reprises l’importance de ce type de pratiques. Voir à ce propos Hori/Ogawa 2017. 89 Marano 2018. 90 Glogowski 2020. 91 Pansini 2019. 92 Bigi c.i. et Bigi 2019. 93 Turci 2014 ; Turci 2019. 94 Regina 2010. 95 Melega n.p. 55 56

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Ce projet prévoit une étude diachronique du complexe, couplant l’étude du bâti à celle des éléments de décor, en utilisant les nouvelles technologies comme moyen de documenter, élaborer et visualiser les données. Pour plus d’informations nous renvoyons à la contribution de S. Falzone et P. Ruggendorfer dans le numéro XXV-1 de la revue Forma Urbis, paru en mars 2020, intitulé « Gli apparati decorativi del complesso delle Case a Giardino: dalle indagini del 1938-42 ai restauri e agli studi recenti », ainsi qu’à l’adresse web suivante : https://www.oeaw. ac.at/antike/forschung/monumenta-antiqua/wohnen-in-der-antike/case-a-giardino-in-ostia/

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Partie I Étude du bâti : cinq siècles de vie ostienne

Préambule Indications, conventions et méthodes Les pages qui suivent seront vouées à la présentation détaillée de l’ensemble des témoignages livrés par la parcelle IV, V, 18, des plus anciennes traces d’occupation jusqu’aux dernières activités de construction connues, y compris à l’époque moderne, avec les fouilles et les restaurations. Il s’agit du cœur de la première partie de ce travail, dans laquelle seront exposées par ordre chronologique les grandes phases de vie qui ont caractérisé la parcelle au cours de son histoire. Avant de commencer, nous souhaiterions fournir quelques explications qui justifient certains des choix opérés et explicitent la méthodologie qui a été la nôtre. Phases et activités L’analyse intégrée de la documentation d’archives, du mobilier archéologique issu des fouilles et des vestiges muraux conservés a permis de relever huit grandes phases de vie sur la parcelle, qui ont chacune été divisées en activités. Par « activité » nous entendons un ensemble d’actions déterminées bien identifiables du point de vue stratigraphique, alors qu’une « phase » regroupe différentes activités qui ont été pratiquées dans un but commun et à une même époque1. En d’autres termes, la construction d’un édifice constitue une seule phase, qui peut se subdiviser en plusieurs activités, comme la mise en place des fondations, la construction de l’élévation et la décoration des murs et des sols. Il est arrivé qu’une phase ait été divisée en sousphases, identifiées par une lettre (c’est le cas des phases 2 et 4). Les raisons qui ont motivé ces choix seront expliquées au fur et à mesure dans le texte. Pour rendre homogène la présentation du discours, nous avons décidé de rassembler les plus anciennes attestations d’occupation de la parcelle dans la phase 0, qui n’est pas une phase de construction à proprement parler mais qui mérite une mention particulière. De la même manière, nous avons choisi de considérer les restaurations modernes comme une phase de construction à part entière (phases 8a, 8b et 8c). Dénominations conventionnelles Pour faciliter la compréhension des données, plusieurs conventions seront adoptées. Ainsi, les élé-

ments de topographie ostienne présentés suivent les dénominations italiennes employées dans Scavi di Ostia. I. Topografia generale (Calza et al. 1953), y compris pour des termes inadéquats mais encore utilisés par habitude, comme « decu­ manus maximus », « cardo » ou « insula ». Toujours en suivant Scavi di Ostia I, la ville a été subdivisée en cinq Regiones, réparties en insulae/îlots et constituées de plusieurs parcelles. La localisation de chaque édifice comprend donc trois chiffres différents : le Caseggiato delle Taberne Finestrate porte le numéro IV, V, 18, ce qui veut dire IV Regio, insula V, parcelle 18. Les autres édifices de la ville mentionnés au fur et à mesure du texte sont regroupés et localisés dans l’index locorum Ostiae, présenté en fin d’ouvrage (p. 283-284). Pour désigner le Caseggiato delle Taberne Finestrate, enfin, il nous arrivera de le nommer uniquement « caseggiato ». Ce terme italien indique de manière générique un grand édifice à plusieurs étages. Orientation et points cardinaux  Le quartier d’Ostie dans lequel se trouve le caseg­ giato est orienté selon un axe nord-ouest/sud-est. Pour faciliter la compréhension du texte, les points cardinaux mentionnés pour décrire l’édifice seront conventionnellement altérés ; ainsi, nous parlerons de côté nord pour le côté nordouest, de côté sud pour le côté sud-est et ainsi de suite. Le nord véritable sera toutefois toujours indiqué sur les plans. Mesures et altimétrie Les mesures, les dimensions et les niveaux altimétriques présentés dans le texte proviennent de deux sources différentes : pour les structures aujourd’hui enterrées – celles des phases 1 et 2 –, les données fournies sont celles rapportées par les fouilleurs de 1973 et celles qui sont indiquées sur les relevés et dessins. Pour les structures encore visibles aujourd’hui, nous avons fait réaliser un relevé complet du bâtiment par laser-scanner, élaboré sous la forme d’un modèle navigable via le logiciel Leica Truview2. Ce dernier se présente sous la forme d’une reproduction en trois dimensions des structures, où chaque élément peut être mesuré et géo-localisé au millimètre près. Le relevé a donc été très utile pour mesurer

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Préambule les niveaux altimétriques – calculés en mASL (meters Above Sea Level) – et fournir des mesures précises pour les murs, les briques et les lits de pose. En ce qui concerne la hauteur des vestiges, elles sont toutes calculées – sauf précision contraire – à partir du niveau de sol actuel, qui n’est pas celui d’origine. Numérotation et figures Plusieurs constantes ont été conservées tout au long de l’ouvrage, pour assister le lecteur. Premièrement, la numérotation des pièces du Caseg­ giato delle Taberne Finestrate s’est faite moyennant des lettres en majuscule, alors que pour les cours et les espaces ouverts nous avons utilisé une lettre en minuscule. De même, tous les pavements décrits ont été identifiés par une lettre grecque. Plusieurs abréviations ont été employées dans les légendes des illustrations pour alléger leur longueur ; ainsi, nous indiquerons CTF au lieu de Caseggiato delle Taberne Finestrate, P.T. pour les clichés et les dessins de l’auteur, DAO pour les dessins assistés par ordinateur et PA-OANT pour les images fournies par le Parco Archeologico di Ostia antica. Planches Huit planches (Pl. dans le texte) sont rassemblées à la fin du volume. Ces planches présentent les relevés orthophotogrammétriques des murs périphériques de l’édifice ainsi que des parois de la pièce (A), qui sont mises en relation avec les relevés et les sections dessinées en 1973. Le lecteur est invité à les consulter régulièrement pour mieux comprendre la situation actuelle des vestiges et avoir une vision d’ensemble de l’articulation des différentes phases entre elles. Mobilier céramique Les fouilles de 1973 de la pièce (A) du Caseggiato delle Taberne Finestrate ont livré une grande quantité de fragments de céramique. Comme il a été vu, le mobilier concernant les phases liées à la vie du caseggiato ont fait l’objet d’un mémoire de maîtrise de la part de G. Ferri sous la direction de C. Pavolini en 20033. Cette étude n’avait toutefois pas pris en considération les fragments issus des couches plus anciennes, liées aux phases tardo-républicaine et julio-claudienne. L’étude de ces tessons a été entreprise dans le cadre de notre recherche doctorale, en collaboration avec Ivana Montali, de la Sapienza Università di Roma. Dixneuf caisses, 898 fragments ont été examinés, comptés et classifiés en fonction de leur classe et

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leur forme, dans le but de les rattacher si possible à un type de référence connu et daté. Le lot de fragments s’est révélé un contexte particulièrement riche et représentatif du panorama ostien entre le IIe siècle av. J.-C. et le début du IIe siècle ap. J.-C., malgré le fait qu’il s’agissait de matériel de “deuxième main”, qui a probablement fait l’objet d’une première sélection de la part des fouilleurs et qui provient de couches qui ont toutes été perturbées par la construction du caseg­ giato et par les réaménagements des phases ultérieures. Dans le cadre de cet ouvrage, nous avons choisi – en accord avec l’éditeur – de ne pas présenter les résultats détaillés de cette étude sur la céramique, qui sera publiée très prochainement. Dans l'attente, nous nous contenterons, dans les pages qui suivent, de mentionner dans les grandes lignes les résultats de l’analyse céramique là où elle a une utilité pour les objectifs de cette étude, notamment lorsque la céramique apporte des données prépondérantes pour la datation des phases 0, 1 et 2 de la parcelle. Méthodologie La méthodologie employée pour l’analyse des structures dépend de leur visibilité actuelle, de leur état de conservation et du type de renseignement recherché. Pour les phases de vie les plus anciennes (phases 0-2), les seules données dont nous disposons proviennent de la documentation de fouilles ; les éventuelles lacunes ou imprécisions dans la description des structures sont dues à la nature même de cette documentation, qui prend la forme d’un rapport succinct et abrégé réalisé par les fouilleurs comme simple memento et non comme base pour une publication. L'excellente documentation graphique de Maria Antonietta Ricciardi a été une aide fondamentale à la compréhension des vestiges fouillés, puisqu'elle a produit une grande quantité de plans, relevés et sections. Les dessins de l’architecte ont été reproduits dans les planches en fin d’ouvrage et colorés en fonction de la phase selon le même code de couleur employé pour les plans de phase et les orthophotographies (cfr. infra). Comprendre les résultats des fouilles n’a pas été simple, puisque les carnets ont été remplis au fur et à mesure que la fouille avançait, avec plusieurs divergences entre le début et la fin du rapport. Il a donc fallu dissocier la part objective et la part interprétative des fouilleurs, afin de présenter une lecture critique des résultats de la fouille. Pour les structures hors-sol (phase 3-7), nous avons basé notre réflexion sur les données de 1973 lorsque cela était possible, mais dans la grande majorité des cas l’étude s’est fondée sur

Indications,

conventions et méthodes

Diagramme stratigraphique de Harris à partir des unités stratigraphiques de la pièce (A) du CTF (P.T.).

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une observation personnelle des structures murales selon les méthodes aujourd’hui bien établies de l’archéologie de la construction et du bâti. L’édifice a donc fait l’objet d’une analyse technique de l’ensemble du bâti, qui tient compte, pour chaque mur, des matériaux employés, de la technique de construction et des rapports stratigraphiques verticaux. La lecture des vestiges a été grandement facilitée par la réalisation d’orthophotographies en haute définition4, qui ont permis d’observer avec précision ou avec plus de recul l’ensemble des structures murales et de représenter graphiquement les transformations subies par les différentes parties du bâtiment. Pour associer les différentes structures à une phase en particulier nous avons pris en considération différents facteurs, parmi lesquels le niveau altimétrique, les relations physiques d’antériorité-postériorité par rapport à d’autres éléments datés (y compris des édifices adjacents) et la technique de construction. Pour cette dernière, nous avons tenté d’identifier les constantes et les points communs qui caractérisent chaque phase, à travers l’étude systématique des caractéristiques techniques des matériaux (couleur, consistance, formes, dimensions), du module employé (nombre de briques/moellons sur un carré d’1 x 1 m) et de la mise en pose (épaisseur des joints, traitement de surface, type d’appareil)5. L’enregistrement de toutes ces données a été réalisé moyennant la confection d’une base de données reprenant sous la forme de fiches les différentes unités stratigraphiques identifiées. Dans le texte, plusieurs renvois ont été faits à ces unités, abrégées avec les initiales US, auxquelles s’ajoute une lettre, selon qu’il s’agisse d’une structure murale (USM), d’une couche (USC) ou d’un revêtement de paroi ou de sol (USR). Chaque unité stratigraphique désigne une structure, un élément ou une action identifiés au cours des fouilles, qui est numérotée en fonction de la relation stratigraphique qu’elle entretient avec les autres unités. Nous avons pris le parti de ne mentionner dans le texte que les unités liées aux structures fouillées en 1973, c’est-à-dire celles de la pièce (A) du caseggiato et d’une partie de la cour (b). En effet, il s’agit des seules parties de l’édifice pour lesquelles nous disposons de la documentation de fouilles complète. Identifier tous les murs de l’édifice par un numéro n’aurait rien apporté de plus à la compréhension de ses structures ; au contraire, cela aurait uniquement alourdi le texte en fournissant une quantité ingérable et inutile de chiffres. Pour la même raison, nous avons décidé de volontairement omettre les unités stratigraphiques négatives afin d'éviter les répétitions ; par exemple, la mise en place d’une

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fondation s’est vu attribuer un seul numéro, bien qu’elle se compose de deux actions (creusement et remplissage de la fosse). Une liste de toutes les US est reprise en fin de volume, à laquelle nous avons ajouté un diagramme stratigraphique ( ), qui a le mérite de situer de manière immédiate et visuelle chacun des éléments dans le temps relatif et d’exposer clairement les différentes relations entre les structures. Notes Ce type de subdivision se base sur les travaux de M. Medri et V. Di Cola dans les Terme del Nuotatore à Ostie, qui elles-mêmes s’inspirent d’une structuration déjà établie pour les publications des fouilles de la villa de Settefinestre et de la Crypta Balbi. Voir à ce propos Di Cola/Medri 2013, 18. 2 Le relevé complet de la structure a été réalisée par le géomaticien M. Carilli grâce à un financement du Fonds de la Recherche Scientifique (FNRS). 3 Ferri n.p. 4 Réalisées par qui écrit avec l’aide du logiciel Agisoft PhotoScan Professional, sur conseil d’A. Luczfalvy Jancsó, que nous remercions. 5 Un point de comparaison extrêmement utile a été le travail qu’E. Bukowiecki, H. Dessales et J. Dubouloz ont réalisé à Ostie pour le château d’eau de la Porta Romana. Pour une explicitation plus détaillée sur les apports de l’archéologie de la construction à l’étude des édifices antiques et sur les méthodes générales à observer, nous renvoyons à la première partie de leur ouvrage (Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 19-53). 1

Phase 0 Premières occupations de la parcelle (IIe s. av. J.-C. – années 60 av. J.-C.)

Les plus anciennes traces d’occupation attestées sur la parcelle IV, V, 18 montrent que cette partie de la ville n’était probablement pas construite et qu’elle n’était sujette qu’à une fréquentation sporadique. Toutefois, l’aire était déjà délimitée par d’anciennes parcellisations rurales, qui seront respectées tout au long de l’histoire de la ville. Description des activités Les sondages réalisés dans la pièce (A) du Caseggiato delle Taberne Finestrate en 1973 ont apporté des nouvelles données concernant les premiers témoignages de l’occupation de la parcelle sur laquelle sera construit l’édifice à cour puis le caseggiato. Aucune structure construite n’a été interceptée dans les zones fouillées, seules des traces indirectes attestent d’une fréquentation de la zone avant la phase 1. En effet, au-dessus du niveau de sable vierge, situé à plus de deux mètres sous la surface actuelle (-0,6 mASL) les archéologues ont identifié deux couches sablonneuses riches en tessons de céramiques, gravats de construction et fragments d’enduits peints. Ces couches, USC 136 et USC 137 (Pl. V-VII), sont toutes deux composées de sable fluvial de couleur sombre. La découverte la plus intrigante est celle d’un squelette humain, retrouvé dans la couche USC 136, en connexion anatomique, en position couchée et recouvert par des fragments de tuile. Cette trouvaille, bien qu’inhabituelle dans ce contexte, est considérée comme anecdotique, et aucune donnée supplémentaire n’est mentionnée par les fouilleurs, si ce n’est que l’individu était selon eux de sexe masculin et relativement jeune. Aucune trace de ces ossements n’a cependant été trouvée dans les dépôts archéologiques. Les gardiens les plus âgés du parc archéologique d’Ostie se rappellent qu’en ces années, les ossements humains retrouvés dans les fouilles n’étaient pas étudiés mais déposés dans le cimetière communal d’Ostia antica. Tout espoir de les récupérer semble donc vain à ce jour. Dans le coin sud-est de la pièce (A), les fouilleurs mentionnent la découverte d’un possible niveau de sol, constitué d’une fine couche d’éclats de tufs, recouvrant l’interface d’USC 136. Néanmoins, ce niveau pourrait être interprété comme un résidu du chantier de construction de l’édifice de la phase 1.

Interprétation et datation Les strates USC 136 et USC 137, seuls témoins de cette phase, ont été fouillées sur une très petite superficie, qui ne permet pas de déterminer si le terrain était effectivement privé de structures construites antérieures à la phase 1. Les éléments retrouvés dans les couches les plus anciennes de la parcelle sembleraient indiquer une occupation sporadique et non systématique du terrain, mais nous disposons de trop peu d’éléments pour l’affirmer avec certitude. La découverte du squelette semblerait signifier la présence d’une possible sépulture à cet endroit, ce qui constituerait la seule attestation de pratiques funéraires dans cette partie de la ville, à l’intérieur de ce qui sera plus tard l’enceinte républicaine (cfr. infra). M. Floriani Squarciapino, dans le volume qu’elle a édité sur les premières nécropoles de la ville, soupçonne la présence de sépultures en-dehors du castrum le long de cet axe routier avant la construction de l’enceinte, mais elle exclut qu’il y ait eu à cet endroit une nécropole à proprement parler, qui aurait laissé des traces plus marquées. Selon elle, la construction de structures commerciales et résidentielles dès le IIe siècle av. J.-C. (cfr. infra) indique que les nécropoles devaient plutôt se situer à l’est et au sud du castrum, le long de la Via Ostiensis et de la Via Laurentina.1 En absence de données, nous ne pouvons donc pas savoir si les ossements ont effectivement été trouvés en place ou s’ils proviennent d’ailleurs. En effet, l’important indice de fragmentation du matériel céramique et l’hétérogénéité des formes rencontrées montre bien que le sable des couches USC 136 et USC 137 a subi plusieurs remaniements. C’est également ce que nous portent à penser les enduits peints fragmentaires, qui proviennent sans aucun doute possible d’un autre édifice. À cause de l'hétérogénéité du mobilier et du faible nombre de données, la datation des deux couches ne peut qu’être large. Les enduits peints retrouvés (cfr. partie 2, infra) ne peuvent malheureusement pas apporter de réponse, à cause de leur mauvais état de conservation. Cela est dû au fait que les couches sont situées en-dessous du niveau de la mer (entre 0,16 et -0,60 m ASL) et ont donc été fouillées intégralement sous eau. Fort

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Phase 0

Fig. 15.  Ostie, plan schématique des structures de la ville mentionnées dans le texte datant d’avant la construction de l’enceinte cicéronienne (d’après Calza et al. et Mar 2002). En rouge la parcelle IV, V, 18 ; a : castrum ; b : parcelle du C. dell’Invidioso ; c : parcelle de l’I. di Giove e Ganimede ; d : parcelle du Macellum ; e : sanctuaires d’Hercules et d’Esculape ; f : ager publicus ; g : Domus sotto il C. del Vicolo del Dioniso ; h : Domus di Giove Fulminatore ; i : Domus sotto il Mitreo delle Pareti Dipinte ; j : édifice commercial ; k : mur en opus incertum ; l : parcelle de la Domus dei Bucrani ; m : parcelle des Terme delle Sei Colonne (DAO P.T., d’après Calza et al. 1953, Mar 1991 et Morard 2018).

heureusement, les fragments céramiques ont mieux résisté aux ravages du temps et fournissent de précieux renseignements, même si quelques fragments clairement hors contexte, comme de la céramique de cuisine africaine, montrent que les couches ont été perturbées à un moment donné.2 Néanmoins, les éventuelles intrusions restent clairement identifiables, et le reste du contexte présente une situation assez homogène qui permettrait d’attribuer à ces couches une datation qui oscille entre le IIe siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle av. J.-C. C’est ce que semble montrer l’importante quantité de céramique à vernis noir, dont les formes identifiées (principalement des patères et des coupes) sont rattachables à des types datés au plus tard au début du Ier siècle av. J.-C. et en majeure partie à la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C. (notamment Morel 1313, 2234, 2255 et Morel 2614, 2783, 2788). Parmi les autres classes céramiques identifiées, la plus parlante est

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peut-être la vaisselle de cuisine, dont les ollae, une poêle et plusieurs couvercles identifiés correspondent parfaitement au panorama ostien de l’époque médio- et tardo-républicaine, avec des types attestés entre le IVe siècle av. J.-C. et le IIe siècle av. J.-C. (notamment Olcese 2003 pl. VII type 2 n° 4, Olcese 2003 pl. XIV type 1 n° 1, Dyson 1976, CF59). Les formes les plus récentes ne dépassent pas le Ier siècle av. J.-C.3 Quelques fragments de lampes à huile ont également été retrouvés, identifiables avec des types tardo-républicains (Warsenlampen, Dressel 2, Dressel 3). Les autres classes céramiques suivent la datation proposée, avec quelques tessons de céramique à vernis rouge interne pompéien (notamment Goudineau 1970, pl. 1 n° 2), de la terre sigillée orientale et des gobelets à parois fines datés du Ier siècle av. J.-C. (notamment Atlante II, 1/4). Quelques fragments de terre sigillée italique ont été retrouvés, datés au début du Ier siècle ap. J.-C., mais il est

Premières occupations de la parcelle probable qu’ils soient à mettre en lien avec les phases de vie de l’édifice de la phase 1. La même considération peut être faite pour les fragments de vaisselle de table, dont les types s’inscrivent dans la production tardo-républicaine et alto-impériale, ainsi que pour les amphores, qui associent des types très anciens (comme un fragment d’amphore gréco-italique du IIIe siècle av. J.-C.) et des productions gauloises et bétiques d'époque impériale (notamment Dressel 7-11, Gauloise 4). Le decumanus occidental – quartier

naissance d’un

Les plus anciens témoignages de la fréquentation de la parcelle sont à mettre en relation avec les premières traces d’occupation de la ville d’Ostie. L’objectif du travail n’étant pas de présenter une histoire exhaustive de toute une ville mais d’une parcelle seulement, nous nous contentons de présenter les grandes lignes de l’évolution urbaine du port de Rome.4 Les premières traces archéologiques d’occupation stable du territoire remontent à la fin du IVe siècle av. J.-C. et appartiennent à un castrum, un camp fortifié dont la fonction était sans doute de protéger l’embouchure du Tibre, contrôler le trafic vers Rome et exercer un contrôle sur l’exploitation du sel, abondant dans les marécages environnants. Très peu d’éléments se conservent de cette période, si ce n’est l’enceinte du camp en opus quadratum et quelques structures à l’emplacement du futur forum5 (fig. 15 a). Les premières attestations d’un développement urbain du site apparaissent dès le début du IIIe siècle av. J.-C., lorsque des fouilles sous le Caseggiato dell’Invidioso,6 l’Insula di Giove e Ganimede7 et le Macellum8 (fig. 15 b-c-d) mettent au jour les traces de premières installations au-delà des murs du castrum.9 Il faudra cependant attendre le IIe siècle av. J.-C. pour que le faciès de la ville soit mieux documenté : on citera la construction du temple d’Hercule et du temple tétrastyle – peutêtre consacrée à Esculape – près de l’embouchure du fleuve10 (fig. 15 e), ainsi que la délimitation d’un ager publicus au nord de la Via Ostiensis, que l’on connait grâce à des bornes mises en place par le préteur C. Caninius de senatus sententia (fig. 15 f).11 Par ailleurs, une série de domus semblent voir le jour au même moment en dehors du castrum,12 le long des principaux axes routiers de la ville, qui étaient probablement antérieurs à la fondation de la ville.13 L’une de ces maisons était la Domus sotto il Caseggiato del vicolo del Dioniso, à l’ouest du castrum, construite en opus incertum et dotée de fauces, d’un atrium et d’un tablinum (fig. 15 g).14 De même, des murs en opus incertum appartenant à la Domus di Giove Fulminatore15 et à la Domus

sotto il Mitreo delle Pareti Dipinte16 (fig. 15 h-i) – respectivement au sud et au nord-ouest du castrum – pourraient faire penser que ces maisons, sûrement attestées au I er siècle av. J.-C., avaient déjà été construites à la fin du siècle précédent.17 Pour cette époque, la situation du quartier dans lequel se situera près de trois siècles plus tard le Caseggiato delle Taberne Finestrate n’est pas encore suffisamment bien connue. Les seules structures attestées pour l’instant sont la déjà citée Domus sotto il Caseggiato del vicolo del Dioniso et un édifice commercial sur le versant nord de ce qui sera le decumanus maximus, l’édifice III, II, 418 (fig. 15 j). On suppose qu’une route était déjà présente à l’endroit du decumanus maximus, reliant le castrum à la mer.19 Le long de cet axe, très peu de traces archéologiques ont été documentées par les fouilleurs. G. Becatti mentionne l’existence d’un long mur en opus incertum, construit aux alentours de la fin du IIe siècle av. J.-C., dont les vestiges commencent à l’ouest de la Domus del Portico di Tufo20 et continuent vers la future Porta Marina21 (fig. 15 k). Pour le reste, seuls des petits tronçons de murs en opus incertum ont été retrouvés sous le Macellum,22 sous la Domus dei Bucrani23 et sous les Terme delle Sei Colonne24 (fig. 15 d, l, m) ; leur état de conservation ne donne pas beaucoup de renseignements sur la nature ou la fonction des édifices auxquels ils appartenaient mais indiquent une urbanisation relativement étendue du quartier. Au-delà des vestiges archéologiques, malheureusement très peu nombreux, la forme et la disposition des parcelles constituent un élément qui peut nous aider à restituer une possible organisation du quartier avant la construction de l'enceinte. En effet, selon l’historiographie récente et en particulier depuis l’article de R. Mar en 1991, l’on accepte généralement que la parcellisation de la ville se soit mise en place très tôt et qu’elle se calque sur d’anciennes délimitations des parcelles rurales. 25 Effectivement, les lignes de démarcation entre les parcelles seront très rarement modifiées et semblent être essentiellement maintenues en place tout au long de l’histoire de la ville. Si l’on regarde uniquement la forme des parcelles, l’on s’aperçoit très vite que le versant méridional du secteur occidental du decumanus maximus présente une particularité : plusieurs parcelles ne sont pas rectangulaires mais présentent une double orientation, avec un changement d’axe environ à la moitié de la parcelle. Cette anomalie serait vraisemblablement une réminiscence de l’orientation de ces parcelles à l’origine, comme l’a récemment suggéré Th. Morard, qui nous apprend que l’orientation du mur en opus

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Phase 0 incertum retrouvé sous la partie avant de la Domus dei Bucrani ne correspond pas à l’orientation de la domus, qui est perpendiculaire au tracé du decumanus maximus, mais plutôt à l’orientation oblique assumée par les parcelles voisines dans leur partie postérieure.26 Il faudrait donc imaginer que l’orientation initiale des parcelles était oblique par rapport à l’axe de la route, selon une disposition en épines de poisson (fig. 15). Au moment de l’urbanisation de cette partie de la ville à l’époque tardo-républicaine (cfr. phase 1), les structures changent d’orientation et se placent perpendiculairement à l’axe routier, sauf certaines qui maintiennent en partie leur orientation première, dans leurs parties postérieures. Les raisons de ce changement nous sont encore inconnues et, comme l’a remarqué Th. Morard, une modification aussi massive du plan cadastral ne peut qu’être due à une programmation publique de l’espace urbain. Nombreuses sont les questions qui restent encore sans réponse : la disposition en épines de poisson des parcelles était-elle liée à l’utilisation qui en était faite avant l’urbanisation des années 60 av. J.-C. ? Pourquoi, à l’époque tardo-républicaine, certaines parcelles maintiennent-elle une partie de leur orientation originale ? Une hypothèse suggestive, qui expliquerait cette anomalie pourrait être la présence au sud de ces parcelles d’un autre axe routier, dont R. Mar soupçonne la présence et qu’il représente sur son plan parcellaire (fig. 15);27 cette hypothèse est parfaitement convaincante, mais l’emplacement de cette route doit être revu. En effet, la ligne dessinée par Mar couperait la cour postérieure du Caseggiato delle Taberne Finestrate et le péristyle de la Domus del Portico di Tufo (cfr. infra) ; si cette route existe, elle devait être légèrement plus au sud. Au-delà de ces simples conjectures et des questions sans réponse, les données dont nous disposons pour les quartiers occidentaux – auxquelles s’ajoutent les traces très lacunaires et indirectes des taberne finestrate, montrent clairement que le quartier fait l’objet d’une série d’activités précoces dans une zone qui deviendra centrale d’ici quelques années pour la compréhension du développement urbanistique de la première colonie de Rome. Notes Floriani Squarciapino 1958, 231-232. Soit au moment de la vie du Caseggiato delle Taberne Finestrate, soit plus récemment, suite au remaniement de caisses au moment du passage d’un dépôt à un autre. 3 Exception faite d’un fragment de couvercle daté à l’époque de Claude, qui pourrait être une intrusion. 4 Pour les détails nous renvoyons aux grands ouvrages de référence, in primis le volume Scavi di Ostia I (Calza et al. 1953), mais également Descœudres 2001, Meiggs 1 2

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1973, Pavolini 2018 (a) et Pensabene 2007. Concernant de manière plus spécifique l’histoire de la ville à l’époque républicaine, nous renvoyons au petit ouvrage d’Arena Taddei 1977. 5 Arena Taddei 1977, 5-6/14-16 ; Calza et al. 1953, 63-77 ; DeLaine 2016, 417-419 ; Descœudres 2001, 10-11 ; Martin 1996, 35 ; Pavolini 2018 (a), 21-22/27 ; Pensabene 2007, 5-6 ; Zevi 1996, 69-70 ; Zevi 2002 (a), 14-16. 6 Mar 1991, 93 ; Sole 2002, 159 ; Carta et al. 1973, 12-48. 7 DeLaine/Wilkinson 1999 (b), 77-79. 8 Kockel/Ortisi 2000, 355/358-359 ; Kockel/Ortisi 2018, 209. 9 DeLaine 2016, 420-421 ; Pavolini 2018 (a), 30 ; Zevi 2002 (a), 14. 10 Arena Taddei 1977, 19-21 ; Descœudres 2001, 15-16 ; Pensabene 2007, 6 ; Zevi 2012. 11 Calza et al. 1953, 99-100 ; DeLaine 2016, 420 ; Pavolini 2018 (a), 30 ; Sole 2002, 157-158. La fonction de l’aire ainsi délimitée pourrait avoir un lien avec une activité portuaire ou commerciale (Pensabene 2007, 6), ou bien pourrait être liée au stationnement de la flotte romaine (DeLaine 2016, 420). Sur la datation des inscriptions sur les bornes, publiées dans le CIL (CIL XIV 4702 = CIL I2 2516) et attribués à l’époque des Gracques, voir entre autres Cébeillac-Gervasoni et al. 2010, 88-89 et Meiggs 1973, 32-33. 12 Calza et al. 1953, 97-99. Ces maisons pourront prendre une tout autre ampleur que celles que l’on retrouve à l’intérieur du camp, comme les Casette Repubblicane de la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C. (Arena Taddei 1977, 16-18 ; Calza et al. 1953, 103 ; DeLaine 2012, 329 ; Mar 1991, 92). 13 Mar 1991, 92-93 ; Calza et al. 1953, 93-95 ; Pavolini 2018 (a), 26-27 ; Stöger 2011, 203 ; Van Essen 1957, 511-513 ; Zevi 2002 (b), 11-12. Sur les tracés routiers du suburbium ostien nous renvoyons à Heinzelmann 1998 (a). 14 Arena Taddei 1977, 22-23 ; Calza et al. 1953, 98 ; Becatti 1961, 192-193 ; Mar 1991, 94 ; Pensabene 2007, 156-158. 15 Becatti 1961, 185 ; Calza et al. 1953, 107 ; Lorenzatti 1998, 92-93. 16 Becatti 1961, 203. 17 Pensabene 2007, 16. Comme l’avait déjà relevé J. DeLaine (DeLaine 2012, 329), la datation de tous ces complexes nécessiterait une révision approfondie, dans la mesure où bien souvent elle ne se base que sur une observation subjective de la technique de construction et un rapport d’antériorité-postériorité par rapport à l’enceinte républicaine, dont la date de construction a depuis quelques années été déplacée (cfr. 49). Concernant la Domus di Giove Fulminatore, G. Mainet reprend le dossier présenté par S. Lorenzatti (Lorenzatti 1998) mais remet en question l’interprétation de l’édifice comme domus à l’époque républicaine (Mainet 2018 (b)). 18 Cet édifice est constitué d’une cour centrale sur laquelle s’ouvrent plusieurs pièces, décorées de pavements en opus signinum ; sa fonction précise est incertaine, mais la ressemblance planimétrique avec ­plusieurs édifices commerciaux de l’époque tardo-républicaine et alto-­impériale laissent penser qu’il pourrait remplir la même fonction à cette époque également. Pour plus d’informations nous renvoyons à Calza et al. 1953, 110-111. 19 Mar 1991, 85-88. 20 Becatti date la construction de la domus à l’époque d’Auguste sur la base des comparaisons stylistiques avec les pavements en mosaïque et opus sectile de la maison (Becatti 1961, 203-204), mais les fouilles de

Premières occupations de la parcelle 1973, auxquels se sont récemment ajoutées des prospections menées sur le site par l’Université catholique de Louvain et l’Université de Namur, encore inédites, révèlent les traces de phases antérieures qui demandent encore à être approfondies et qui montrent une possible préexistence de l’édifice à l’époque républicaine. Pour une présentation préliminaire nous renvoyons à Cavalieri et al. 2021. 21 Calza et al. 1953, 109-110. Environ à l’emplacement actuel de la Fontana a Lucerna, les fouilleurs mentionnent l’existence d’un puits public en opus incertum, maintenu et reconstruit à plusieurs reprises jusqu’à la construction de la fontaine. Arena Taddei 1977, 23 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 53.

Kockel/Ortisi 2018, 209. Aubry, Bocherens/Morard 2015, 180. Seule une petite portion de mur en opus incertum réalisé avec de gros moellons de tuf a été retrouvée. 24 Calza et al. 1953, 157 ; Pensabene 2007, 222. 25 Sur l’origine de la parcellisation urbaine de la ville et son importance pour le développement postérieur du port de Rome nous renvoyons à l’article de R. Mar ; voir Mar 1991, en bibliographie, spécialement 83-84 et 94-95. Voir également Giannini 1970, 97 et Zevi 1996, 75-76. 26 Morard 2018, 170-172. 27 Mar 1991. 22 23

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Phase 1 Construction de l’édifice à cour centrale

(60 - 20 av. J.-C.)

Cette phase est celle de la construction du premier bâtiment attesté sur la parcelle, sur lequel se placera le Caseggiato delle Taberne Finestrate. Construit au milieu environ du Ier siècle av. J.-C., l’édifice se composerait d’une longue cour centrale avec vasque et puits, reliée au decumanus par un long couloir flanqué de tabernae. Sa fonction reste incertaine, mais un rattachement à la sphère commerciale ou industrielle n’est pas à exclure. L’état de conservation des structures est précaire et très peu se préserve en élévation, hormis quelques assises de murs en opus quasi reticulatum et des pavements en mortier. Les sondages Gismondi (1947-1948) Les premières traces de construction sur la parcelle ont été majoritairement identifiées par les sondages d’I. Gismondi de 1947-1948. L’ensemble des structures étant aujourd’hui recouvert, les seules données à notre disposition nous viennent de la documentation de fouille. Malheureusement, cette dernière est très lacunaire, dans la mesure où nous ne possédons qu’un plan dessiné par l’architecte O. Visca en 1950 (fig. 16) et trois photographies seulement (figs 17-19). Ces dernières révèlent cependant deux éléments fonda-

mentaux : tout d’abord, elles montrent clairement que l’édifice a été fouillé de manière très partielle, par des tranchées exigües réalisées bien souvent le long des murs ; ensuite, les photographies montrent des structures dans un très mauvais état, qui conservent une élévation très limitée, ne dépassant que rarement le niveau des fondations. Les prémisses pour une bonne interprétation de cette phase ne sont donc pas des meilleures. Toutefois, le plan de l’édifice peut être partiellement restitué. Les dessins d’O. Visca montrent le squelette d’un édifice qui a été très tôt interprété comme une maison romaine des plus traditionnelles, avec de longues fauces flanquées de trois ou quatre boutiques donnant sur la rue, ainsi que des petits cubicula1 placés de part et d’autre d’un atrium. Ce dernier a une forme particulièrement allongée et étroite, et se caractérise par la présence – en son centre – d’un puits2 et d’une vasque rectangulaire. Cette dernière, partiellement dégagée par les fouilles, est bien visible sur les fig. 17 et 19 ; elle fut identifiée par les fouilleurs comme l’impluvium, systématiquement présent dans l’atrium italique canonique. Le puits est également caractéristique de nombreuses maisons romaines ; il a pour fonction soit d’atteindre l’eau de la nappe

Fig. 16.  Plan des structures de la phase 1 retrouvées en 1947-1948 (DAO P.T., d’après un dessin d’O. Visca, PA-OANT B 3-22, 226bis).tie du mur USM123 (PA-OANT R 1631-9).

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Phase 1

Fig. 17.  Vue de l’impluvium et du puits du sd. atrium en 1947-1948 (PA-OANT B 3527).

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Construction de l’édifice à cour centrale phréatique, soit de stocker l’eau de pluie récoltée dans l’impluvium. Dans ce cas-ci, il se peut que les deux sources d’approvisionnement aient été combinées, même si l’eau souterraine a certainement été la source principale d’approvisionnement de la maison. En effet, le sous-sol d’Ostie est très riche en eau douce, accessible à faible profondeur, surtout à cette époque;3 l’eau de la nappe phréatique fut largement exploitée dans la ville tout au long de son histoire, a fortiori avant la construction du premier aqueduc à l’époque julio-claudienne (cfr. infra).4 Par ailleurs, un deuxième puits est dessiné sur les plans dans une des pièces qui donnent sur l’atrium. M.A. Ricciardi, dans son étude sur l’eau dans la ville réalisée en 1996 avec V. Santa Maria Scrinari, fournit de précieux renseignements : elle est en effet la seule à nous fournir quelques détails, notamment le diamètre interne (75 cm) et les matériaux du puits, qui se composait d’une margelle en roche volcanique placée sur une structure maçonnée en opus quasi reticulatum.5 La technique de construction de ces murs, quoiqu’aujourd’hui invisibles, est relativement bien connue. De nombreux détails sont fournis par les descriptions de cette domus réalisées par G. Becatti dans le premier et le quatrième volume des Scavi di Ostia.6 Ce dernier nous apprend que les murs sont constitués de pans en opus quasi reticulatum7 peu épais alternés à des blocs de tuf.8 I. Gismondi, dans le premier volume de la collection, indique également que le noyau du mur est constitué de caementa de petite taille et de fragments de tuile noyés dans un abondant mortier.9 Cette description peut être vérifiée en observant les seuls vestiges de l’édifice qui ne furent pas recouverts, dans la pièce (L) du Caseggiato delle Taberne Finestrate : il s’agit du seuil en travertin de l’un des cubicula qui donnent sur le soit-disant atrium  ; ce dernier est en effet encadré par des

Fig. 18.  Vue d’un des seuils des pièces (PA-OANT B 3255).

piliers de blocs rectangulaires en tuf, desquels se détache un pan en opus quasi reticulatum. L’architecte I. Gismondi décrit également le type de fondation utilisé avec un grand souci du détail : il parle de fondations robustes et profondes, creusées dans le banc de sable vierge et maintenues par un coffrage en bois, d’une épaisseur comprise entre 60 et 80 cm.10 Ces affirmations correspondent parfaitement à ce que les fouilles des années 1973 retrouveront dans la partie postérieure de l’édifice (cfr. infra). Aucun revêtement de sol ou de paroi n’est mentionné, si ce n’est le fond de l’impluvium, qui conserve encore son dallage. Ce dernier est constitué de larges tesselles en terre cuite jaune et rouge, de forme quadrangulaire.11 Les fouilles Veloccia-Rinaldi (1973) Les sondages de 1973, dirigés par M.L. Veloccia Rinaldi et coordonnés par R. Righi, ont permis d’enrichir nos connaissances sur les transformations subies par la parcelle au cours de cette phase, grâce à la découverte d’une série de murs et de quelques niveaux de sols (fig. 20). Comme les témoignages précédents, les vestiges ont beaucoup souffert des travaux de réfection postérieurs, dans la mesure où les murs ont été entièrement arasés, ne laissant bien souvent que les fondations encore en place, ou tout au plus deux ou trois assises des murs (figs 21-22). Cela porte bien entendu préjudice à la compréhension géné-

Fig. 19.  Vasque, détail (PA-OANT C 1430).

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Phase 1

Fig. 20.  CTF, pièce (A) : plan des structures de la phase 1 retrouvées en 1973 (DAO P.T., d’après M.A. Ricciardi, PA-OANT A2, R4707).

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Construction de l’édifice à cour centrale rale de ces structures, dont l’organisation spatiale ne peut être clairement établie. À l’intérieur de la pièce (A) du caseggiato, les fouilles ont permis d’identifier trois pièces pertinentes à cette phase. Elles sont disposées l’une à côté de l’autre, selon un axe est-ouest. Les murs (USM 133, 134 et 135) ne se conservent que par leurs fondations ; d’après les carnets de fouilles, celles-ci étaient composées majoritairement de chaux noirâtre mélangée à des blocs de tuf.12 Ces trois pièces étaient fermées, au sud, par un long mur, disposé selon un axe sud-ouest - nord-est (USM 126). Ce mur (fig. 21, Pl. III), parmi les mieux conservés de cette phase, s’élève sur trois assises d’opus quasi reticulatum,13 selon la technique déjà employée à l’avant de l’édifice. Une partie du mur semble avoir été détruite à son extrémité est dans le but d’y placer un seuil d’entrée, dont seule l’empreinte est conservée au

Fig. 21.  Vue du mur USM 126 et de la fondation USM 13 depuis le nord (PA-OANT R 1532-25).

Fig. 22.  CTF, pièce (A), section du mur sud avec indication des structures de la phase 1 (P.T., d’après M.A. Ricciardi 1974, PA-OANT inv. 4712).

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Phase 1

Fig. 23.  Sol en mortier (USR 118) au moment de la fouille (PA-OANT R 1552-16).

moment des fouilles ; cette dernière crée un passage entre la pièce recouverte par le sol en mortier USR 122 et deux autres pièces, qui furent également mises au jour en 1973. La première – située du côté est – est recouverte par un sol en mortier à matrice lithique14 de couleur grise, composé de chaux mélangée à des éclats de tuf (USR 119). À l’ouest de celle-ci, les fouilleurs ont retrouvé un autre pavement, qui est probablement le mieux conservé pour cette phase (fig. 23). Il s’agit d’un revêtement de sol en mortier à matrice en terre cuite de couleur rouge, décoré par un champ de tesselles rectangulaires de couleurs variées, disposées en semis sur toute sa superficie (USR 118).15 La pièce qu’il ornait, de forme rectangulaire, était séparée de l’USR 119 par une mince cloison de 45 cm d’épaisseur (USM 128), dont seule l’empreinte était conservée dans le mortier ; elle était délimitée – sur son côté sud – par un mur, dont seule une petite portion a été mise au jour (USM 124). Selon les fouilleurs, ce mur aurait en réalité servi de base pour des colonnes entourant une cour à ciel ouvert, au sud de la parcelle, dont ils trouvent les traces à des niveaux supérieurs (phase 2) et dont ils soupçonnent l’existence dès cette phase-ci. À l’est de

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la zone fouillée, un autre pan de mur (USM 127) a également été retrouvé, dans le couloir (E). Comme les précédents, tous sont réalisés en opus quasi reticulatum. L’élément le mieux conservé de cette première phase est toutefois le mur périphérique ouest de la parcelle (USM 123), construit selon la même technique (Pl. IV). En effet, il est encore visible aujourd’hui sur toute une portion de l’édifice, en raison du fait qu’il a en partie été englobé dans la fondation du mur périphérique du Caseggiato delle Taberne Finestrate (phase 3, cfr. p. 61-63). Une portion du mur est encore visible aujourd’hui à l’avant de l’édifice, dans l’actuel Vico Cieco (Pl. II). De plus, il a été retrouvé en divers endroits par les fouilleurs de 1973, qui ont réalisé des petites fenêtres à intervalles réguliers dans la fondation du mur plus tardif (fig. 24). La technique utilisée est toujours celle de l’opus quasi reticulatum avec des moellons de tuf disposés en assises régulières, mais où les différences de taille des cubilia (entre 8 et 10 cm) donnent à l’ensemble une allure peu finie. Le maintien de ce mur durant les phases successives révèle un fait très intéressant concernant l’organisation parcellaire de la ville, dont nous avons brièvement parlé et sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir. En effet, les tronçons du mur parcellaire retrouvés en 1973 présentent déjà le changement d’orientation qui caractérise plusieurs des parcelles de cette partie des quartiers occidentaux, dont il a été question au chapitre précédent. C’est donc à ce moment qu’est véritablement mise en place la disposition et l’étendue définitives de la parcelle, qui sera parfaitement respectée au cours des siècles successifs. Enfin, les sondages de 1973 ont intéressé également, dans une moindre mesure, la cour (a) du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Une seule tran-

Fig. 24.  CTF, pièce (A), fenêtre dans la fondation du mur pour dégager une partie du mur USM123 (PA-OANT R 1631-9).

Construction de l’édifice à cour centrale chée fut ouverte, probablement pour retrouver la continuation de la vasque et du puits. Les fouilleurs mirent au jour une canalisation d’égout en lien avec la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate au début du IIe siècle ap. J.-C. (cfr. infra, phase 3, p. 83-85). Aucune mention n’est faite d’éventuelles traces de l’édifice de la phase 1, mais une photographie de cette canalisation présente un élément intéressant : on peut en effet distinguer clairement une portion de pavement en opus spicatum, à un niveau qui était certainement antérieur à celui du caseggiato. De même, les carnets de fouille nous apprennent que les murs de cette canalisation étaient construits avec deux techniques différentes : l’un était en briques, l’autre en moellons de tuf. L’épaisseur de ce dernier est identique à celle des murs de l’édifice interprété comme une domus. On pourrait donc imaginer, sans trop d’effort que la canalisation remploie un des murs de délimitation de la cour de la phase 1 et que le sol en opus spicatum appartient à une des pièces qui s’ouvraient sur la cour.16 Datation Traditionnellement, la construction de la soi-disant domus est mise en relation avec la construction de l’enceinte républicaine de la ville, autrefois attribuée à Sylla mais récemment datée entre le consulat de Cicéron et le tribunat de P. Clodius, c’est-àdire entre 63 et 58 av. J.-C.17 Cette hypothèse se base essentiellement sur l’emploi commun de l’opus quasi reticulatum et sur l’idée qu’une urbanisation aussi intense comme celle des quartiers occidentaux de la ville à cette période ne peut se comprendre que si les murs ont déjà été construits.18 Dans cette optique, l’ancienne datation de l’édifice proposée par G. Becatti, qui pensait à une construction du début du Ier siècle av. J.-C., doit être déplacée d’une cinquantaine d’année. Malheureusement, les sondages de 1973 n’ont pas apporté des éléments supplémentaires qui auraient pu préciser davantage cette hypothèse de datation. En effet, une datation basée uniquement sur la technique de construction est impossible, à cause de l’état de conservation précaire des structures. En outre, les pavements en mortier (in primis USR 118) ne donnent aucune information supplémentaire. Le seul apport aurait pu provenir du mobilier céramique, qui pour cette phase a probablement été mal récolté ou mal conservé, puisque nous ne possédons aujourd’hui que cinq tessons de céramique à vernis noir. Ces derniers, retrouvés dans les couches USC 120 et USC 121, permettent de placer la date de construction au plus tard dans le courant de la première moitié du Ier siècle av. J.-C. (notamment Morel 7542), sans plus de précisions.

Interprétation des structures : édifice commercial ?

domus ou

Les vestiges identifiés par les sondages de 1973 sont – sans aucun doute possible – à mettre en relation avec les structures mises au jour par les sondages d’I. Gismondi (fig. 25). C’est ce que démontrent plusieurs éléments concordants, comme l’appartenance à une seule et même parcelle, le respect de la même orientation des murs pour l’ensemble des pièces et, enfin, l’homogénéité des techniques de construction et de la cote altimétrique (le niveau moyen des structures de la partie postérieure se situe entre 0,39 et 0,45 m ASL et celles de la partie antérieure entre 0,28 et 0,62 m ASL). Les structures retrouvées en 1973 appartiennent donc au même édifice qui avait été identifié quelques décennies auparavant et qui avait été interprété comme une domus à atrium. En réalité, l’interprétation de ces structures doit être remise en question à cause d’une série d’incohérences. La première est la forme atypique de l’atrium : trop étroit et trop long, il est dépourvu d’alae sur les côtés et d’un tablinum dans l’axe de l’entrée. Pourtant, ces dernières forment l’espace cruciforme caractéristique de la maison romaine de plan canonique, qui est dans la grande majorité des cas respecté à Ostie.19 Certes, les maisons à plan atypique sont fréquentes dans le monde romain20 (cfr. p. 51-54) et se retrouvent également à Ostie ; pensons à la Domus della Nicchia a mosaico, dont le plan est réduit aux manifestations essentielles de la maison, avec un petit atrium carré, un tablinum et une petite cour à l’arrière,21 ou encore à la Domus sotto il Mitreo dalle Pareti Dipinte, qui semblerait opter pour un long couloir en guise d’atrium, menant à un péristyle qui fonctionne comme espace central; 22 néanmoins, même dans les cas les plus atypiques, des éléments spécifiques permettent de leur attribuer une fonction résidentielle, comme l’axialité du plan, la présence d’une pièce faisant office de salle de réception ou tablinum, ou la présence d’éléments de décor. Dans ce cas-ci – et c’est ici la deuxième incohérence –, nous remarquons une absence totale d’éléments décoratifs généralement présents en contexte domestique ; de surcroît, le sol en opus spicatum retrouvé dans une des pièces interprétées comme des cubicula sème également le doute. Certes, l’état de conservation des structures et le peu de superficie fouillée pourraient être des facteurs justifiant ces incohérences, mais aucun élément ne permet d’affirmer avec certitude que l’édifice sous les Taberne Finestrate était effectivement une domus au cours de la phase 1. La présence du deuxième puits dans un des soi-disant cubicula semble indiquer

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Phase 1 la nécessité d’utiliser beaucoup d’eau, qui se justifierait peu dans un édifice résidentiel, mais qui pourrait avoir plus de sens dans un édifice à vocation industrielle et artisanale. De même, la forme particulière des seuils de ces pièces, caractérisés par une large cavité centrale, pourrait prendre du sens si l’on imagine que cette dernière permettait à l’eau de s’écouler vers la cour ou dans un système primitif d’évacuation, ce qui impliquerait un important usage d’eau dans les pièces. Une telle situation est, encore une fois, difficilement compatible avec la notion de domus. La forme du plan, par ailleurs, se rapproche de celle d’autres édifices de la ville, caractérisés par de longues cours centrales entourées de petites pièces et interprétés comme lieu de commerce, de travail ou de stockage. L’analogie planimétrique est assez frappante, si l’on regarde le Mercato III, I, 723 et l’édifice sous l’horreum III, II, 424 (fig. 26). D’autres édifices de plan et fonction similaires verront le jour au cours des Ier et IIe siècles ap. J.-C., comme l’horreum IV, V, 12,25 les horrea III, II, 626 et l’édifice sous le Tempio dei Fabri Navales,27 dont nous parlerons également plus loin. La partie postérieure de l’édifice, toutefois, présente une série de différences avec ce type d’édifices, qui ne permettent pas de rejeter totalement l’hypothèse de la domus, ou qui du moins nous poussent à chercher d’autres solutions. En effet, aucun des exemples connus ne semble doté de pièces au-delà de la cour, encore moins d’une cour postérieure, comme celle que les fouilleurs imaginent – sans fournir de preuves concluantes il est vrai – au sud de la parcelle. De plus, la qualité des revêtements de sol en mortier et des nombreux enduits peints fragmentaires retrouvés dans les couches de destruction de cette phase (cfr. infra) contrastent avec la possible vocation commerciale de la structure et se retrouvent plus aisément en contexte résidentiel, comme le montrent les nombreux parallèles retrouvés, notamment avec la Domus dei Bucrani voisine.28 En absence de preuves concluantes, nous préférons nous abstenir de pousser plus loin nos tentatives d’interprétation et de restitution planimétriques de l’édifice, pour éviter de naviguer dans des eaux troubles et prêter le flanc du navire aux dangers de la surinterprétation.29 Réflexions sur l’architecture tardo-républicaine à Ostie

Fig. 25.  Édifice sous le CTF, restitution de la planimétrie de la phase tardo-républicaine (DAO P.T.).

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La construction de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate s’inscrit dans de plus larges travaux d’aménagements urbains qui touchent la ville en concomitance avec la construction de l’enceinte cicéronienne, qui délimite physique-

Construction de l’édifice à cour centrale

Fig. 26.  Ostie, plan des quartiers occidentaux de la ville à l’époque tardo-républicaine (P.T., d’après Arena Taddei 1977 et Perrier 2007).

ment une superficie beaucoup plus ample de la ville, en réponse à l’accroissement démographique qui – comme il a été vu – avait déjà forcé les habitants à dépasser les limites originelles du castrum médio-républicain dès le IIIe siècle av. J.-C.30 Si l’enceinte avait pour fonction première de défendre la ville après les déprédations de Marius en 87 av. J.-C. et les récentes incursions des pirates ciliciens,31 sa présence est à mettre en lien avec la première grande phase d’expansion urbaine à Ostie avant la construction du port de Claude. Toutefois, il n’est pas encore clair si l’enceinte a été le moteur de ce développement ou au contraire une réponse à l’urbanisation accrue de la ville en-dehors de ses limites premières.32 Dans un tableau encore fortement lacunaire, le faciès du secteur occidental du decumanus maximus à l’époque tardo-républicaine est peut-être l'un des mieux connus de la ville. En effet, plusieurs sondages approfondis ont permis d’identifier la présence de tout un quartier de domus (fig. 26), qui se développait le long du côté méridional du decumanus maximus, 33 qui à cette période devait se situer – selon Cl. De Ruyt, qui se base sur des dessins d’I. Gismondi – à environ 0,200,26 m ASL puis à 0,7 m ASL,34 ce qui correspond bien aux niveaux de la phase 1 de notre édifice (0,28-0,65 m ASL), à ceux de la Domus dei Bucrani

(0,8-1 m ASL)35 et à ceux de l’édifice sous le Macellum (0,65-0,94 m ASL).36 Le premier édifice que l’on aurait rencontré en venant de la porte occidentale du castrum était une structure de nature incertaine située sous le Macellum. Selon G. Becatti, il s’agirait d’une des domus du quartier,37 mais les fouilles récentes de la parcelle menées par l’université d’Augsbourg émettent quelques doutes sur la fonction des structures, qu’ils interprètent comme des tabernae situées le long du decumanus et de la Via del Pomerio.38 Ces structures étaient suivies par la riche Domus sotto il Caseggiato del vicolo del Dioniso,39 reconstruite autour du milieu du Ier siècle av. J.-C. sur les ruines de la plus ancienne maison du IIe siècle av. J.-C., qui est – semble-t-il – détruite à cette occasion.40 Quelques mètres plus à l’ouest, sous la Schola del Traiano, se trouvait la Domus dei Bucrani, récemment mise au jour par les investigations de l’université de Lyon puis de Liège.41 Les exceptionnelles décorations pariétales de deuxième style de cette maison – in situ et en fragments – témoignent de l’importance et de la richesse des commanditaires du quartier, qui pouvaient se permettre d'engager des artisans du niveau des plus hauts représentants du pouvoir à Rome. Enfin, quelques traces de niveaux de sol en-dessous de celle qui sera la Domus del Portico

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Phase 1 di Tufo semblent indiquer qu’une autre structure était située à l’ouest de l’édifice sous les Taberne Finestrate.42 Plus à l'ouest, le long mur en opus incertum qui amenait à Porta Marina semble maintenu en place.43 Le versant méridional du decumanus maximus possède donc la plus grande concentration de domus d’époque républicaine trouvées jusqu'à ce jour à Ostie. D’autres maisons sont attestées ailleurs dans la ville, comme la Domus di Giove Fulminatore,44 la Domus dei Capitelli di Stucco45 – dont on ne connait toutefois que le péristyle – et la Domus sotto il Mitreo delle Pareti Dipinte.46 L’abondance d’espace à disposition en dehors du castrum et la conformation des parcelles a permis aux propriétaires de s’étendre en profondeur et de construire des maisons de dimensions bien supérieures à ce qui est attesté à peu près au même moment à l’intérieur du castrum, notamment dans les petites Casette Repubblicane.47 En absence de données, il est impossible de dire si ces maisons étaient isolées ou si elles entraient dans un système plus articulé et organisé comme cela semble être le cas pour le versant méridional du decumanus ou pour les trois Casette repubblicane, qui font partie d’un même plan de construction. Il est cependant intéressant de constater que la grande majorité des maisons ostiennes de cette époque possède un plan extrêmement canonique, qui suit pratiquement à la lettre les recommandations proposées par Vitruve concernant les maisons urbaines, dans son sixième livre.48 En effet, le plan de la domus sotto il Caseggiato del Vicolo del Dioniso, ou celui de la domus di Giove Fulminatore sembleraient sortis d’un manuel d’architecture et respectent scrupuleusement la structuration des maisons contemporaines, comme on en retrouve à Rome et dans la région campanienne, avec d’étroites fauces flanquées de boutiques, un atrium en T, doté de deux alae et entouré de cubicula, ainsi qu’un tablinum dans l’axe de l’entrée.49 Une autre caractéristique des maisons ostiennes est la présence systématique du péristyle, qui est présent dès l’origine dans les plus anciennes maisons de la ville (avec comme seules exceptions connues les Casette Repubblicane).50 Toutes en sont pourvues, qu’elles respectent à la lettre le plan canonique (Domus sotto il Caseggiato del vicolo del Dioniso, la Domus dei Bucrani remplacée par la Domus a Peristilio, la Domus del Portico di Tufo, la Domus di Giove Fulminatore) ou qu’elles créent des formes d’habitation plus originales (Domus dei Capitelli di Stucco, Domus della Nicchia a mosaico, Domus sotto il Mitreo dalle Pareti Dipinte). Cette systématicité, qui n’est pas propre au contexte ostien, indique une adéquation massive et rapide aux formes architecturales inspirées du monde grec.51 En ce sens, la

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gestion de l’espace de ces grandes maisons ostiennes montre une maîtrise parfaite du canon architectural romain, qui confirme dès cette époque l’intensité des liens qui unissent Ostie à Rome non seulement du point de vue politique, mais également du point de vue architectural, stylistique, formel et technique.52 La grande uniformité qui caractérise l’architecture résidentielle d’Ostie à l’époque républicaine montre clairement que la construction de ces domus a fait partie d’un phénomène organisé d’urbanisation de la ville en dehors du castrum, qui respecte toute une série de normes et de contraintes.53 Le côté nord du decumanus semble participer à cette organisation de l’espace urbain apparemment ordonnée et réfléchie. Selon Becatti, qui l’affirme déjà en 1953,54 en face des riches domus se trouvait un quartier occupé par des édifices à valeur commerciale et industrielle, comme le montreraient les structures sous le bâtiment III, II, 3 et III, II, 455 et celles sous le Tempio dei Fabri Navales.56 Dans ce contexte, l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate apporte plus de questions que de réponses. Si l’on remet en question l’idée qu’il s’agisse d’une domus à atrium,57 la situation du quartier se complexifie, dans la mesure où l’on n’aurait plus une distinction nette entre un quartier résidentiel au sud du decumanus et un quartier industriel-commercial au nord. Cette répartition fonctionnelle était déjà remise en cause par une possible domus sous la Basilica Cristiana, dont seule une colonne stuquée du péristyle serait toutefois conservée,58 ainsi que par l’horreum IV, V, 12 situé derrière les futurs Terme delle Sei Colonne, construit au début du Ier siècle ap. J.-C.59 Le quartier, tout en étant choisi comme lieu de résidence des plus grands notables de la ville, ne semble pas avoir été l’objet d’un plan régulateur précis, si ce n’est pour la monumentalisation de l’extrémité occidentale du decumanus maximus quelques années plus tard, au début du Ier siècle ap. J.-C. (cfr. infra). Les formes architecturales des constructions ostiennes sous la République demandent donc à être investiguées davantage, notamment parce qu’il existe de la documentation d’archives encore à exploiter. Bien que peu nombreuses, les données récoltées par les fouilles sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate apportent des données nouvelles pour la connaissance de l’Ostie républicaine. En particulier, les résultats des fouilles de 1973 ont permis de préciser davantage une situation qui n’était que très partiellement connue depuis les années 1940 ; ils fournissent des données stratigraphiques précieuses sur le contexte, dont l'absence se fait cruellement sentir pour la plupart des autres structures mais qui permettent de proposer une nouvelle inter-

Construction de l’édifice à cour centrale prétation et d’enrichir le corpus des sols en mortier tardo-républicains, trop souvent délaissé et dès lors peu connu. Notes Une petite portion des murs de l’entrée d’un des « cubicula », représenté sur la fig. 18, est encore visible aujourd’hui dans une tranchée laissée à l’air libre dans la pièce (L) du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Ces structures sont toutefois illisibles aujourd’hui à cause des restaurations modernes et de l’état de la végétation. 2 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 77. La margelle n’est pas conservée, seule la partie en maçonnerie est visible. 3 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 14. 4 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 56-57 ; Heinzelmann 2002, 104 ; Meiggs 1973, 44 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 81. L’eau souterraine reste la source majeure d’approvisionnement en eau dans la ville jusqu’à la construction de l’aqueduc, mais continuera à être utilisée dans les périodes suivantes. Il en va de même pour l’eau pluviale, qui continue à être récoltée dans les citernes, et l’eau du Tibre, qui devait fournir une grande quantité d’eau. Pour plus de détails voir Jansen 2002, spécialement 130-154. 5 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, fiche 39, 77. 6 Calza et al. 1953, 108-109/134-135 ; Becatti 1961, 203, no. 386. Les descriptions de la domus sont reprises plus tard dans l’ouvrage de M.S. Arena Taddei sur Ostie républicaine. Arena Taddei 1977, 23. 7 La nuance entre opus incertum, opus quasi reticulatum et opus reticulatum est subtile et dépend bien souvent du jugement subjectif de chacun. N’ayant pu observer les structures de visu, nous nous contentons de reprendre le terme utilisé par Becatti, en sachant que les murs de la Domus dei Bucrani, voisine et probablement contemporaine de l'édifice sous les Taberne Finestrate , sont attribués à l’opus incertum, sans qu’il y ait en réalité de différences sensibles. Les spécialistes en archéologie de la construction ont tendance à s’écarter de ces définitions arbitraires et à parler de mise en pose régulière, peu régulière ou irrégulière. À ce sujet voir Coarelli 1977, Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 38, DeLaine 2001, 91-93, Medri 2001 et Torelli 1980. 8 Qui correspondent à ce que Vitruve appelle des « pilae lapidae » (Vitr. De Arch., III, 8). Une technique semblable se retrouve également à Ostie dans la domus sous le Mercato III, I, 7 (Calza et al. 1953, 190). 9 Calza et al. 1953, 190. 10 Calza et al. 1953, 190. 11 Ce type de revêtement de vasques est communément attesté pour d’autres édifices républicains, comme la domus sous le Mitreo delle Pareti Dipinte. Becatti 1961, 203/no. 159 ; Blake 1930, 150. 12 Les descriptions des carnets de fouille manquent de précision parce que les structures étaient inondées au moment de la fouille et n'ont pu être identifiées qu'après l'utilisation répétée d'une pompe électrique. 13 Quelques traces d’enduit peint blanchâtre sont mentionnées par les fouilleurs, trop mal conservées pour qu’il soit possible d’identifier le type de décoration. 14 La terminologie française n’a pas encore trouvé d’équivalent aux distinctions de « cementizio a base litica  » et «  cementizio a base fittile  », qui remplacent depuis plusieurs années en italien l’appellation « opus signinum », 1

jugée comme imprécise par une grande partie du monde scientifique moderne (Braconi 2008 ; Grandi Carletti 2001 et plus particulièrement Grandi/Guidobaldi 2005). Récemment, un colloque international organisé à Aixen-Provence par V. Blan-Bijon s’est penché sur la question des « Pavements et sols en mortier : vocabulaire, techniques, diffusion ». En attendant la publication des actes, nous avons choisi d’adopter dans le cadre de ce travail un compromis relativement artificiel, en parlant de sol en mortier à matrice lithique ou de terre cuite, en fonction de la nature de l’agrégat principal ajouté au mortier qui compose ce type de pavement. 15 À en croire les carnets de fouilles, le pavement fut déposé et stocké ailleurs, mais il est à ce jour introuvable. Les quelques photographies d’archive présentées ici sont les seules sources de documentation dont nous disposons à son sujet. 16 Ces restes de sol ont été situés par les archéologues à 0,78 m ASL, ce qui correspondrait davantage au niveau de la phase 2, situé environ entre 0,80 et 0,90 m ASL (cfr. infra). Les sondages réalisés par l’équipe de l’université de Liège, mentionnés par Mainet 2018 (a), pourront nous renseigner davantage sur les niveaux de sols de la partie antérieure de l’édifice. 17 Descœudres 2001, 16-18 ; Zevi 1996-1997, 61-112 ; Manzini/Zevi 2008. 18 Voir à ce propos Zevi 2002, 55-56. 19 Arena Taddei 1977, 23-25 ; Calza et al. 1953, 107-125 ; DeLaine 2012, 328-329 ; Meiggs 1973, 68. Sur les caractéristiques du plan canonique de la maison romaine nous renvoyons à Jolivet 2011 et spécialement aux pages 29-33, ainsi qu’à De Albentiis 1990 ; Dickman 1999, 49-52 et 108-125 ; Gros 2017, vol. 1 22-29 et 38-82 ; Wallace Hadrill 2007, 283. 20 Gros 2017, 82 ; Helg 2005 ; Jolivet 2011, 7-8 ; Wallace Hadrill 2007, 283-285. 21 Calza et al. 1953, 107. 22 Becatti 1961, 203. 23 Calza et al. 1953, 110. 24 Calza et al. 1953, 110-111. 25 Calza et al. 1953, 120 ; Rickman 1971, 58-61 ; Pavolini 2018 (a), 193-195. 26 Calza et al. 1953, 125. 27 Quelques murs seulement ont été identifiés par les sondages de la première moitié du XXe siècle. Cl. De Ruyt intercepte également ces structures et trouve un puits en opus incertum auquel sera reliée dans un deuxième temps une citerne puis un castellum aquae. La structure commerciale, à cour centrale et boutiques, datée par G. Becatti de l’époque tardo-républicaine (Calza et al. 1953, 110), daterait en réalité de l’époque julio-claudienne, comme le montre l’étude de la céramique et l’invention de monnaies de Tibère dans les couches de préparation des pavements (De Ruyt/Van Haeperen 2018, 159). Toutefois, il est probable que la structure tardo-républicaine ait eu la même fonction, comme le montrerait le rapport étroit avec la parcelle voisine, dont la fonction industrielle-commerciale est plus certaine dès l’époque républicaine. Sur les résultats préliminaires de la fouille de la parcelle voir De Ruyt 1983, De Ruyt 1999, De Ruyt 2001 et, plus récemment, De Ruyt 2014 et De Ruyt/Van Haeperen 2018, 155-159. 28 Morard 2018,170-172 ; Aubry/Bocherens/Morard 2015 ; Morard 2002 ; Morard/Wavelet 2002 ; Perrier 2002 et Bocherens 2012.

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Ce type de discours pourra être fait, en revanche, pour la phase 2, où les structures se conservent mieux et rendent plus aisée une lecture de la planimétrie. 30 Sole 2002, 161-162 ; Kockel 1992, 101-102. 31 DeLaine 2016, 421 ; Pavolini 2018 (a), 24 ; Pensabene 2007, 9. 32 À ce propos voir Glogowski 2019, 235-240. 33 DeLaine 2012, 328-329. Ce n’était pas le seul quartier de domus de la ville, comme l’attestent d’autres exemples au sud de la ville : la Domus di Giove Fulminatore (Lorenzatti 1998), la Domus della Nicchia a Mosaico (Arena Taddei 1977, 31-32 ; Calza et al. 1953, 107 ; Pensabene 2007, 9), la Domus sotto al Caseggiato dell’Ercole (Pensabene 2007, 9) et la Domus dei Capitelli di Stucco (Becatti 1961, 224-225 ; Calza et al. 1953, 111 ; Pensabene 2007, 152-156). 34 De Ruyt/Van Haeperen 2018, 156, 161. 35 Morard 2018, 167. 36 Ortisi 1999, 73 ; Kockel/Ortisi 2018, 211. 37 Calza et al. 1953, 108. 38 Kockel/Ortisi 2000, Kockel 2010 et Kockel/Ortisi 2018, 213. 39 Arena Taddei 1977, 22-23 ; Becatti 1961, 192-193 ; Calza et al. 1953, 108 ; DeLaine 2012, 329 ; Pensabene 2007, 156-158. 40 Calza et al. 1953, 108 ; Pensabene 2007, 9. Il est intéressant de constater que l’orientation des pièces se place perpendiculairement au decumanus maximus sans tenir compte de l’orientation de la parcelle ; il en résulte que le péristyle de la domus n’est pas en axe avec le tablinum et que les murs de certaines pièces sont placés en biais pour respecter la limite de la parcelle. Dans ce cas-ci, la forme de la parcelle n’est pas modifiée mais est maintenue en l’état, ce qui renforce l’idée que la première parcellisation du quartier est antérieure à la construction de l’enceinte cicéronienne (Mar 1991, 85-86). 41 Voir notamment Morard 2018 ; Aubry/Bocherens/ Morard 2015 ; Morard 2002 ; Morard/Wavelet 2002 ; Perrier 2002 et Bocherens 2012. 42 Cette information, encore inédite, provient des carnets de fouilles du Caseggiato delle Taberne Finestrate rédigés en 1973 par M.L. Veloccia Rinaldi. En effet, un petit sondage fut réalisé dans l’actuel Vico Cieco, à l’emplacement du sol en dalles de marbre d’une des pièces de la domus, traditionnellement datée de l’époque augustéenne. Elle a été confirmée ailleurs dans la maison par les récents travaux de l’Université catholique de Louvain et de l’Université de Namur sur cette parcelle. 43 Calza et al. 1953, 109-110. 29

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Lorenzatti 1998 ; Calza et al. 1953, 107 ; Mainet 2018 (b). Becatti 1961, 224-225 ; Calza et al. 1953, 111 ; Pensabene 2007, 152-156. 46 Becatti 1961, 203 ; Calza et al. 1953, 110. 47 Arena Taddei 1977, 16-18 ; Pensabene 2007, 14-18 ; Jolivet 2011, 124-125. 48  Vitruve, De Architectura, 6, 3. 49 Allisson 2007, 269-270 ; Dwyer 1991, 26 ; Wallace Hadrill 1994, 38-61 ; Wallace Hadrill 2007, 282-283 ; Jolivet 2011, 124-126 et 245-248. 50 Domus sotto il Caseggiato del Vicolo del Dioniso, Domus di Giove Fulminatore, Domus della Nicchia a Mosaico, Domus sotto il Mitreo delle Pareti Dipinte, cfr. supra. 51 Pour une analyse sur la place des péristyles dans la maison romaine, nous renvoyons entre autres à Allisson 2007, notamment 271-275, Dickmann 1997, 121-136, Dickmann 1999, 127-158 et Gros 2017, 45-57. 52 Pensabene 2007, 14-18 ; Falzone 2010 ; Jolivet 2011, 124126. 53 À ce propos voir DeLaine 2012, 328-329 et Pensabene 2007, 14-15. Pour une remise en contexte de l’évidence ostienne à l’échelle de l’Italie républicaine nous renvoyons à Jolivet 2011. 54 Calza et al. 1953, 110. 55 Calza et al. 1953, 110 : De Ruyt/Van Haeperen 2018, 154-159. 56 Arena Taddei 1977, 23-25 ; Calza et al. 1953, 120 ; De Ruyt/Van Haeperen 2018, 163. 57 Nous sommes conscients que cette observation semble en opposition avec ce que nous avons pu écrire dans Tomassini 2016 et Tomassini 2018 et nous nous excusons si cette nuance créera une certaine confusion auprès des lecteurs. La recherche n’est productive que si elle avance, et nous croyons qu’un chercheur a le devoir de remettre en question ses idées quand il est nécessaire. Ce changement de position est dû en grande partie aux discussions tenues avec Janet DeLaine, que nous remercions pour ses observations sur la forme de l’espace central interprété comme un atrium mais qui selon elle était trop étroit pour être couvert par une charpente avec compluvium. 58 Calza et al. 1953, 110. 59 Cet édifice a été peu pris en considération en raison du fait qu’il n’a pas été entièrement fouillé et qu’il n’entretient pas de communication directe avec le decumanus maximus puisqu’il était orienté vers la partie non fouillée au sud (Calza et al. 1953, 120 ; Rickman 1971, 58-61 ; Pavolini 2018 (a), 193-195). 44 45

Phase 2 Réfections et redécorations La Domus sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate (années 20 av. J.-C. - années 40 ap. J.-C.)

Quelques années seulement après sa construction, l’édifice subit d’importants travaux de rénovation dans les premières décennies du Ier siècle ap. J.-C., probablement sous le règne de Claude. Les travaux, qui transforment aussi bien le plan que la décoration des pièces, semblent d’abord avoir touché la façade puis la partie arrière de l’édifice, qui se voit doté de somptueux pavements en mosaïque, dont un est également pourvu d’un emblema en opus vermiculatum d’un grand raffinement. La fonction de l’édifice est ici mieux définie, avec une construction hybride qui dispose d’une partie résidentielle à l’arrière de l’édifice, appartenant à un propriétaire proche de la classe dirigeante ostienne.

nues par les fouilleurs. La seule exception est constituée par le mur périphérique ouest de l’édifice, qui est partiellement reconstruit en opus testaceum à proximité de la façade.1 Des traces de ces transformations sont encore visibles aujourd’hui dans le Vico Cieco, où la portion de mur réutilisée en tant que fondation du mur du caseggiato a été laissée à l’air libre après les fouilles de la première moitié du XXe siècle (fig. 28, Pl. II). Encore une fois, la reprise partielle du mur périphérique ne peut se comprendre que si on la met en relation avec les travaux de construction de la Domus del Portico di Tufo.

Description des activités Deux grandes interventions sont apportées à l’édifice peu après sa construction, au niveau de la façade et dans la partie postérieure du bâtiment. Même si ces travaux participent à un même plan de réfection de l’édifice, le manque de relation directe nous empêche d’affirmer que les travaux de réfection de la façade et de l’arrière de l’édifice sont absolument contemporains et ne sont pas le fruit de travaux réalisés à quelques années d’intervalle. Pour cette raison, nous avons jugé plus correct de scinder la phase 2 en phase 2a et phase 2b. Phase 2a : Transformations à l’avant du bâtiment Quelques années après sa construction, la façade de l’édifice sur le decumanus subit des réfections profondes. En effet, il se voit doté d’une colonnade de tuf, dont trois bases sont conservées. Cette intervention est à mettre en lien avec la construction – traditionnellement attribuée à l’époque augustéenne – de la Domus del Portico di Tufo adjacente, qui présente la continuation de la même colonnade (fig. 27). Ailleurs dans l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate, les autres murs ne conservent pas de traces d’interventions particulières, mais il est possible que – si elles ont été réalisées – elles n’aient pas été vues ou recon-

Fig. 27.  Domus del Portico di Tufo, façade à portique (PA-OANT B 3267).

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Phase 2

Fig. 28.  CTF, mur périphérique ouest : portion des murs des phases 1 et 2 remployés comme fondation (photo P.T.).

Phase 2b : Transformations à l’arrière du bâtiment : résultats des fouilles de 1973 Il faudra attendre les sondages de 1973 pour mettre au jour d’autres traces de cette phase de réfections de l’édifice républicain, dans la partie postérieure du bâtiment. Dans cette zone, les travaux prennent une toute autre ampleur, dans la mesure où ils entraînent une transformation radicale de la disposition et de la décoration des pièces. En effet, les murs sont entièrement arasés – exception faite du mur périphérique, qui est maintenu en état – et des nouvelles pièces sont construites par-dessus. De plus, cette deuxième phase de vie se caractérise par un rehaussement général des niveaux de sol, qui passent de 0,45 – 0,60 m ASL à 0,80 – 0,95 m ASL. a. Activité 2b.1. Destruction partielle des structures antérieures Les données récoltées par les fouilleurs permettent de restituer la dynamique du chantier qui a caractérisé ces travaux de restructuration. En effet, plusieurs strates ont été identifiées : une fine couche sableuse de couleur foncée (USC 114117) semble recouvrir l’ensemble des niveaux de sol (fig. 29, Pl. V-VII). Cette action précède la destruction des murs puisque les couches s’appuient sur eux sans les recouvrir, comme le mentionnent les carnets de fouilles et comme il est clairement montré dans les dessins de M.A. Ricciardi, qui prêtait une grande attention à ces détails. Une fois les murs arasés, l’ensemble des structures est recouvert d’une couche de terre mélangée à des

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gravats, des tessons de céramique et des fragments d’enduit (USC 107), qui correspond vraisemblablement à la couche de destruction à proprement parler. b. Activité 2b.2 : Mise en place du chantier de reconstruction Différents éléments peuvent être rattachés au travail de chantier, à commencer par une fine couche de terre argileuse jaunâtre mélangée à du sable, épaisse d'une vingtaine de centimètres (USC 106). Elle se retrouve sur l’ensemble de la surface fouillée et était probablement destinée à aménager un plan de travail régulier. Une deuxième couche (USC 105) est ensuite appliquée pour niveler le terrain (fig. 29, Pl. V-VII). Cette dernière, constituée de terre mélangée à des gravats,2 avait probablement pour fonction de remblayer l’aire de travail et rehausser le niveau de sol. C’est dans ces couches (USC 105, 106 et 107) que sont creusées les tranchées dans lesquelles sont coulées des fondations de chaux de faible épaisseur destinées à soutenir des cloisons en matériaux périssables, qui remplacent les murs pour délimiter les nouvelles pièces (fig. 30). Ces fondations ont été trouvées à trois endroits distincts de l’espace fouillé (USM 92, 97, 98, 100) et reposent sur les crêtes des murs arasés de la phase précédente : deux se trouvent sur le mur USM 126, tandis qu'une autre se trouve sur la fondation USM 135. Une des fondations (USM 100) n’a probablement jamais servi, puisqu’elle est rapidement recouverte par une mosaïque (USR 80). Plutôt que de penser à une phase intermédiaire, il est plus

Réfections et redécorations

Fig. 29.  C. delle Taberne Finestrate, pièce (A), section du mur nord avec indication des structures des phases 0, 1 et 2 (d’après M.A. Ricciardi 1974, PA-OANT inv. 4715).

logique d’interpréter cela comme une modification du plan initial en cours de chantier (fig. 30, Pl. III). c. Activité 2b.3 : Construction de l’élévation ; Activité 2b.4 : décoration des sols Même si les fondations s’appuient en grande partie sur les structures précédentes, la disposition des pièces change complètement (figs 31-32). Sept pièces sont identifiées en tout par les fouilleurs, toutes revêtues de sols en mosaïque, en terre battue ou en mortier. La pièce (α) est sans aucun doute la plus importante mise au jour par les fouilles de 1973. De forme rectangulaire, elle est disposée selon un axe nord-sud. Son sol est recouvert par une mosaïque à tesselles blanches et noires, enrichie à son extrémité nord par un emblema en opus vermiculatum (USR 80). Cette

Fig. 30.  Fondation USM 100 et pilier USM 99 sur la crête de USM 126 (PA-OANT R 1631-1).

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Phase 2

Fig. 31. CTF, pièce (A) : plan des structures de la phase 2 retrouvées en 1973 (D.A.O. P.T., d'après M.A. Ricciardi, PA-OANT A2, R 4708).

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Réfections et redécorations

Fig. 32.   Vue générale des structures de la phase 2 mises au jour en 1973 (PA-OANT R 1547-2).

Fig. 33.  Fondation en chaux d’une cloison - USM 98 (PA-OANT R 1648-8).

Fig. 34.  Crête de l'USM 126 sur laquelle repose le pilier USM 101 (PA-OANT R 1648-5).

Fig.35. Vue du mur USM 101 en cours de fouille (PA-OANT R 1648-7).

Fig. 36.  Pilier USM 101 en cours de fouille (PA-OANT R 1549-35).

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Phase 2 pièce conserve également son seuil mosaïqué.3 Ce dernier constitue le seul accès à la pièce, et débouche probablement sur la partie non fouillée de la pièce (β). Il s'agit d'un espace de circulation recouvert d’un sol en mortier (USR 83), partiellement dégagé. (β) donnait également accès aux pièces (γ) et (δ), toutes deux mosaïquées, situées de part et d’autre du couloir formé par (β) dans sa partie septentrionale. La pièce (γ), située à l’est de la pièce (α), était petite et de forme carrée ; elle présentait une décoration de croisettes d’une grande finesse, avec un emblema et des scutulata insérés en son centre (USR 82). Elle conserve également un seuil en mosaïque, similaire à celui de la pièce (α), qui est flanqué de deux petits blocs de travertin en forme de U avec un creux en leur centre (USM 94). Ces blocs peuvent aisément être interprétés comme des crapaudines, destinées à recevoir les montants d’une porte. Leur forme particulière est dictée par le fait qu’ils servaient également à fixer les cloisons selon le principe du tenon et de la mortaise. De l’autre côté du couloir, la pièce (δ) était séparée de la pièce (β) par un mur maçonné (USM 101) ; rien ne se conserve de son sol si ce n’est quelques files de tesselles blanches et noires et une couche de mortier de préparation (USR 85). Deux autres pièces – (ε) et (ζ) – étaient situées au nord des pièces (α), (β) et (γ), toutes deux revêtues d’un sol en mortier (USR 81 et USR 84) ; elles étaient séparées entre elles par une cloison en matériaux périssables, dont ne reste que l’empreinte dans le sol et un autre petit bloc en travertin, servant au fixage de la cloison et de la porte de séparation entre les pièces (USM 93). Enfin, l’extrémité méridionale de la zone fouillée était occupée par un niveau de sol en mortier de chaux – (η) –, non mieux défini par les fouilleurs, qui l’interprètent comme le pavement d’un espace ouvert.

La technique de construction employée dans cette phase change radicalement par rapport à ce qui a été vu précédemment. En effet, on remarque que l’opus testaceum commence à être utilisé à l’avant de l’édifice, pour les réfections du mur périphérique. Le tuf reste malgré tout fort présent, notamment pour la construction des colonnes du portique en façade. Dans la partie arrière mise au jour en 1973, la séparation entre les pièces était opérée principalement par des minces cloisons en matériaux périssables (fig. 33, Pl. III-V), peut-être en pan de bois, qui ne se sont évidemment pas conservées. En effet, les fouilleurs ont été étonnés de constater l’absence d’élévation dans l’aire fouillée. L’épaisseur de ces cloisons était d’une vingtaine de centimètres environ, ce qui correspond à la distance entre les différents pavements. La présence de cloisons justifie également la fine épaisseur des fondations de chaux décrites supra, qui n’auraient pas pu supporter le poids de vrais murs. Toutefois, quelques structures en maçonnerie ont été retrouvées (figs 34-36). Il s’agit de deux piliers en opus testaceum très mal conservés (USM 96 et 99), disposés dans les coins nord-ouest et sud-ouest de la pièce (γ). Ils servaient probablement au fixage des cloisons et au soutien de la charpente. La même fonction était vraisemblablement remplie par les deux petits blocs de travertin retrouvés de part et d'autre du seuil de la pièce (γ), et par un autre bloc, plus large (USM 95), retrouvé au nord de la pièce (α), encastré dans le sol. Le seul véritable mur qui peut être rattaché à cette phase est le mur de séparation entre les pièces (β) et (δ). Il s’agit d’une structure maçonnée (USM 101) partiellement fouillée, composée d’une partie en opus reticulatum renforcée par un pilier en briques ou en tegulae fractae (fig. 35).4

Fig. 37.  Vue des sols USR 80 et 81 en cours de fouille (PA-OANT C3 93-5).

Fig. 38.  USR 80, vue du seuil de la pièce (α) (PA-OANT R 1549-6).

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Technique de construction

Réfections et redécorations Revêtements des sols Les nombreux revêtements de sol retrouvés dans les fouilles de 1973 attestent d’une nette préférence pour l’opus tessellatum, qui semble avoir pris le dessus pour les pièces de plus grande importance, alors que les sols en mortiers continuent à être utilisés pour les espaces de circulation et les pièces secondaires. Aucune trace des revêtements des pièces à l’avant de l’édifice ne s’est conservée, si ce n’est la petite portion d’opus spicatum déjà mentionnée supra dans la cour (a) du caseggiato (cfr. p. 35), qui pourrait également être associée à la phase 2 en raison du niveau auquel ce sol était situé (0,78 m ASL). Les pavements retrouvés à l’arrière de la parcelle, en revanche, sont beaucoup plus nombreux et méritent une attention particulière. Ils seront donc décrits pour chacune des pièces. Pièce (α) : la décoration choisie pour la majeure partie de la pièce est très épurée, avec un simple champ blanc, encadré sur les bords par une double bande noire (fig. 37). Aucun renseignement n’est fourni sur les dimensions des tesselles ou leur disposition, mais les photographies d’archives semblent montrer des tesselles très petites, disposées de manière irrégulière en lignes obliques, ce qui constitue une caractéristique commune à de nombreux tessellata d’époque tardo-républicaine et augustéenne en Italie centrale. C'est le cas par exemple des pièces A et B de la maison républicaine à côté des Scalae Caci sur le Palatin ainsi que d'une maison d’époque augustéenne récemment mise au jour sous Via Sant’Alessio sur l’Aventin : elles présentent toutes deux un champ monochrome blanc à disposition irrégulière bordé d’une ou deux bandes noires.5 En ce qui concerne le seuil de la pièce (α), situé dans son coin sud-est, il présente une décoration géométrique avec une croix gammée inscrite dans un carré et flanquée de trois triangles en épine sur chaque côté (fig. 38). Ce type de motif trouve son origine en Italie centrale et se diffuse très vite dans toute l’Italie à partir de la fin du Ier siècle av. J.-C.6 En effet, on retrouve des triangles en épine dans les seuils à Pompéi dès l’époque tardo-républicaine,7 ainsi qu’à Bolsena, à l’époque augustéenne.8 Toute la richesse de la décoration se concentre donc dans l’emblema (fig. 39), qui est pourvu d’une décoration figurée de grande qualité, réalisée en opus vermiculatum, où sont représentés des oiseaux autour d’une coupe. Le panneau à proprement parler, de forme carrée (40 x 40 cm), a été réalisé dans un support en terre cuite, lui-même enchâssé dans le sol en opus tessellatum. Il était bordé par un filet noir constitué de deux files de tesselles, ainsi que par un cadre plus large orné d’une tresse

Fig. 39.  Emblema de la domus sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate (photo P.T.).

en guilloches blanches sur fond noir. L’ensemble était séparé du champ blanc qui décore le reste de la pièce par une double file de tesselles blanches suivie par une double file de tesselles noires. L’emblema est réalisé avec des petites tesselles colorées en pierre et pâte de verre, de forme carrée et triangulaire, dont les dimensions varient entre 0,3 et 0,5 cm (fig. 40). La scène figurée représente un groupe de sept oiseaux sur fond blanc. Le panneau semble se diviser en deux registres, qui occupent chacun la moitié du panneau. La partie supérieure de la composition est occupée par un groupe de deux pigeons affrontés, placés symétriquement autour d’une colombe blanche, penchée pour boire au-dessus d’un petit labrum rempli d’eau. Ce dernier, probablement en bronze vu les tons ocre et jaune dans lesquels il est repré-

Fig. 40.  Emblema, détail (photo P.T.).

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Phase 2 senté, est doté de petits pieds sphériques. Au fond de la scène, en arrière-plan, le labrum est surmonté par un mince pilier cylindrique blanc, sur lequel est posée une sphère jaune orangé, qui peut être interprétée comme une grenade. À l’extrême droite du registre, un petit oiseau est représenté en vol ; il pourrait s'agir d'un moineau ou d'une mésange, avec le ventre jaune et les ailes bleues (sa tête est lacunaire). La partie inférieure de la composition est occupée par trois oiseaux distincts. Sur la gauche, un autre oiseau passériforme tente d’ouvrir une noix avec le bec  ; l’oiseau a le dos brun et le ventre gris, avec des taches sombres sur le cou et un bec clair. A. Tammisto – qui est le premier à avoir étudié la mosaïque9 – croit reconnaître un traquet oreillard (oenanthe hispanica) mais A. Pellegrino, qui s’est récemment intéressé à l’emblema et a demandé conseil à l’ornithologue M. Biondi,10 y voit plutôt un accenteur mouchet (prunella modularis). Au centre, un oiseau un peu plus grand est tourné vers la droite, avec un insecte dans le bec, peut-être un papillon ; il pourrait s’agir d’une perdrix ou, selon A. Pellegrino, d’une tichodrome échelette (tichodroma muraria), avec le corps gris-bleuâtre, les ailes rouges et le cou jaune. Sur la droite, enfin, une perruche verte à collier blanc (psittacula krameri) est représentée, avec un bec orangé, tournée vers la gauche. L’ensemble de la scène a été réalisé avec grande minutie et savoir-faire, avec des lignes d’ombre bleues aux pieds des oiseaux et des lignes de tesselles blanches pour mettre en relief les parties plus illuminées ou suggérer le reflet de la colombe dans l’eau. La petite taille des tesselles a permis un rendu presque miniaturiste de chaque détail, comme le point de lumière dans la pupille des oiseaux ou la gradation de couleurs de leur plumage. L’emblema du Caseggiato delle Taberne Finestrate s’insère parfaitement dans la production artis-

tique romaine de l’époque républicaine et alto-impériale, et correspond à ce que Vitruve appelait un xenion, un petit tableau avec une nature morte ou une scène naturaliste mettant en scène des biens consommables ou des animaux.11 Les xenia constituent un motif particulièrement apprécié pour les emblemata en opus vermiculatum mais se retrouvent également en peinture murale dès le deuxième style. 12 Plusieurs exemples se conservent aujourd’hui, où la qualité de l’exécution confirme le raffinement et la richesse qui caractérisent ce type de production artistique. En l’occurrence, le motif des oiseaux autour d’un vase rempli d’eau, représenté ici, constitue une variante inspirée du fameux tableau de Sosos de Pergame, célèbre mosaïste hellénistique loué par Pline l’Ancien pour son talent et pour la beauté de ses productions.13 Outre son fameux ασάρωτος οίκος,14 Sosos était connu pour une scène représentant justement des colombes autour d’un canthare ou d’un labrum en bronze,15 peut-être à l’intérieur d’un emblema, dont plusieurs copies furent réalisées et arrivèrent jusqu’à nous, la plus connue étant sans doute celle qui fut trouvée dans la soi-disant Académie de la villa d’Hadrien à Tivoli, conservée aujourd’hui aux Musées du Capitole.16 Les nombreuses ressemblances entre ce dernier exemplaire et notre mosaïque nous permettent d’affirmer que la mosaïque de Sosos constitue sans aucun doute le prototype repris par l’artiste qui a réalisé l’emblema de la domus ostienne, auquel il a choisi de greffer des éléments supplémentaires, en l’occurrence l’oiseau en vol – qui rompt l’immobilité de la scène –, les trois oiseaux en avant-plan et la grenade, qui domine la scène du haut de son piédestal. D’autres variantes de la même scène existent17 et sont attestées, par exemple sur une mosaïque fragmentaire de Délos,18 sur l’emblema de la Casa delle Colombe de Pompéi19 et sur un autre panneau

Fig. 41.  Vue de la pièce (β) (PA-OANT R 1547-17).

Fig. 42.  Pièce (γ), détail de l’entrée (PA-OANT R 1547-6).

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Réfections et redécorations provenant de Capoue,20 qui met également en scène des perruches et une grenade. La datation jusqu’ici proposée pour l’emblema se confine à l’époque augustéenne, par association avec les autres scènes citées mais également pour le style et le choix du motif.21 La scène représentée sur l’emblema ostien est riche en signification, puisqu’elle témoigne de la volonté du propriétaire d’évoquer la cour de Pergame et le monde hellénistique, par le choix du motif mais également par la présence de la perruche, généralement associée au monde oriental et plus particulièrement à la sphère pergaménienne. 22 En même temps, la représentation minutieuse des espèces et la variété des représentations, presque encyclopédique, n’est pas sans suggérer une possible influence alexandrine de la scène, qui renforce encore davantage la volonté des artisans et/ou des propriétaires de s’associer au monde hellénistique dans son acception la plus large. Il est difficile d’imaginer qu’une telle représentation ait pu trouver sa place ailleurs que dans un contexte domestique, assez prestigieux de surcroît ; le rappel évident à Vénus, évoquée par la grenade, les oiseaux passériformes et (peut-être) la perdrix,23 renforce cette idée et fait que cet emblema trouverait parfaitement sa place dans le triclinium d’une maison. Pièce (β) : ni la superficie, ni la forme exacte de cet espace ne peuvent être restituées en raison du fait qu’il n’a été que partiellement fouillé (fig. 41). De ce que l’on peut voir, (β) se compose, sur son côté nord, d’un couloir flanqué par les pièces (γ) et (δ), qui s’élargit vers l’ouest pour donner accès à la pièce (α). Son sol est recouvert d’un «  opus signinum » (USR 83), pour reprendre le terme utilisé par les fouilleurs, malheureusement très peu décrit dans les carnets de fouilles.24 Le seul élément spécifique de ce pavement est la présence de six files de larges tesselles noires en marbre, dis-

posées obliquement le long du couloir, ce qui peut être interprété comme une volonté de distinguer cette zone du reste de la pièce. L’emploi d’inclusions en matériaux lithiques dans les signina est attesté en Italie dès le IIIe siècle av. J.-C.,25 mais les insertions de larges tesselles de marbre semblent une prérogative des salles avec des peintures de troisième style, et sont donc attestées à partir de la toute fin du Ier siècle av. J.-C.26 Pièce (γ) : de forme carrée, la pièce (γ) est de petite taille, ses dimensions étant à peu près de 3 x 2,5 m. Le sol est recouvert d’une mosaïque (USR 82), constituée d’un semis de croisettes noires sur fond blanc, disposées à intervalles réguliers (fig. 41). L’ensemble est encadré par un double bandeau noir. Le seuil d’entrée de la pièce est également mosaïqué et présente une décoration schématique avec un carré sur la pointe flanqué de deux triangles (fig. 42). Comme pour la pièce (α), ce pavement était orné, en son centre, par un emblema réalisé séparément et inséré dans un second moment (fig. 43). Contrairement à l’emblema en opus vermiculatum, l’emblema au centre de la mosaïque (γ) a été détaché dans l’Antiquité et n'est pas conservé ; des empreintes dans le mortier portent à penser qu’il était composé de quatre carreaux de marbre. Cet emblema était encadré par douze losanges en marbre blanc disposés en quinconce et insérés dans la mosaïque,27 qui eux sont encore en place. La pièce (γ) est également pourvue d’un seuil en mosaïque  ; ce dernier est décoré par un carré blanc disposé en oblique et flanqué de deux triangles, auxquels il est relié par un filet noir. En ce qui concerne le semis de croisettes, il s’agit d’un motif qui connaîtra une large diffusion dans toute la péninsule italique, aussi bien dans les mosaïques que dans les sols en mortier28 ; plusieurs analogies peuvent être relevées entre la mosaïque de la pièce (γ) et celle de la pièce B de la Casa dei Grifi sur le Palatin,

Fig. 43.  Mosaïque USR 82, détail (PA-OANT R 1549-1).

Fig. 44.  Pièce (ζ), pavement en mortier - USR 81 (PA-OANT C 393-6).

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Phase 2 d’époque syllanienne, qui présente également une bordure avec double bandeau noir et un emblema en opus sectile au centre. 29 Plusieurs autres attestations d’Italie centrale indiquent que le motif était relativement répandu entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle ap. J.-C.,30 mais cela ne suffit pas pour dater les semis de croisettes avec certitude, puisque le motif perdure au IIe siècle ap. J.-C. et continue à être attesté, par exemple dans un des couloirs des hospitalia de la villa d’Hadrien.31 Pièce (δ) : l’état de conservation général de la mosaïque (USR 85) qui recouvrait la pièce (δ) est malheureusement très mauvais. En effet, outre le fait qu’elle n’a été que très partiellement fouillée, la majeure partie des tesselles a aujourd’hui disparu (fig. 31). Seules quelques files de tesselles blanches et noires se conservent à la hauteur du couloir (β), à l’endroit du seuil de la pièce. Partout ailleurs, seule la couche de préparation se conserve, avec l’empreinte en négatif des tesselles.32 Pièce (ε) : cette pièce est, de toutes, la moins bien connue à cause de la documentation de fouilles particulièrement lacunaire pour ce secteur. Aucune photographie n’en a été prise et une seule mention en est faite dans les carnets de fouilles. L’étendue et la forme de la pièce (fig. 31) sont inconnues parce qu’elle a été coupée par les fondations des murs postérieurs. Les fouilleurs nous parlent d’un sol en mortier rougeâtre à base de chaux, dans lequel sont visibles des inclusions de fragments de terre sigillée (USR 84). Pièce (ζ)  : le revêtement de sol de cette pièce – dont on ne connait pas l’étendue parce qu’elle a été coupée par les fondations du mur nord de la pièce (A) du caseggiato – est également un sol en mortier (USR 81), probablement à matrice lithique dans la mesure où les fouilleurs le nomment «  lithostroton ». Ce nom lui a peut-être aussi été attribué à cause de la présence de crustae lithiques noires de forme carrée, insérées dans la matrice de chaux blanchâtre et disposées en files à intervalles réguliers, en cabochons, d’une manière similaire à ce qui a déjà été observé pour le couloir formé par la pièce (β) (fig. 44). Ce type de décor, attesté à Ostie dès le IIIe siècle av. J.-C. sous l’Insula dell’Invidioso, jouit d’un certain succès – surtout avec le choix chromatique du fond blanc avec les crustae noires – entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle ap. J.-C., comme le montrent le pavement des fauces de la Domus del Portico di Tufo, récemment mis au jour, ainsi que divers exemples de Rome et du reste de l’Italie centrale.33 Pièce (η) : la pièce (η) est en réalité un espace de forme et nature indéfinies, constituée par un simple niveau de sol retrouvé par les fouilleurs

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Fig. 45.  Niveau de sol dans la cour (b) du caseggiato - USR 86 (PA-OANT R 1549-27).

dans une tranchée étroite creusée au sud de la zone fouillée, juste à côté de la pièce (α) (fig. 45). Celui-ci est constitué de terre mélangée à de la chaux rougeâtre et des taches de chaux blanche (USR 86). Datation Au début du chapitre, nous avons déclaré que les travaux de restructuration de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate pouraient avoir eu lieu à deux moments différents. La phase 2a, qui comprend la restauration de la façade, doit être datée en même temps que la construction de la Domus del Portico di Tufo et du long portique de colonnes en tuf qui courait jusque Porta Marina (cfr. infra). Becatti date la maison au règne d’Auguste, sur la base des mosaïques de l’atrium et du revêtement en marbre du tablinum,34 et attribue dès lors la même datation au portique.35 Toutefois, les récentes investigations de la domus, à peine commencées par les universités de Louvain et Namur, semblent montrer une articulation plus complexe des phases de construction de la maison, proposant une datation plus large aux premières décennies du Ier siècle ap. J.-C.36

Réfections et redécorations Si l’on s'en tenait uniquement aux critères stylistiques, il faudrait également attribuer une datation de l’époque augustéenne à la phase 2b, celle qui fut mise au jour en 1973 dans la partie postérieure du caseggiato. En effet, les parallèles retrouvés pour les pavements de la domus renvoient tous au répertoire augustéen, spécialement l’emblema en opus vermiculatum, comme nous l’avons vu. Or, plusieurs éléments permettent de postposer de quelques années les travaux de la phase 2b, qu’il faudrait plutôt situer à l’époque de Claude (41-54 ap. J.-C.). C’est du moins ce que laisserait penser une monnaie en bronze de la première année de règne de l’empereur, retrouvée dans l’empreinte de la cloison USM 91, située entre les deux pavements USR 82 et USR 83. Cette monnaie (inv. 32 881) est un as de 2,8 cm de diamètre  ; au droit, elle présente le portrait de l’empereur, avec l’inscription TI CLAVDIVS CAESAR AVG PM TR P IMP ; au revers, l’inscription CERES (AV)GUSTA identifie la déesse voilée qui est représentée, assise sur un trône, tournée vers la gauche et tenant dans les mains deux épis et une torche  ; dans l’exergue du revers se trouvent également les initiales SC, affirmant que la monnaie avait été frappée ex senatus consulto.37 En dehors de cette monnaie, dont la présence ne surprend pas si l’on pense que la domus a été habitée jusqu’au début du IIe siècle ap. J.-C., d’autres éléments permettent de rattacher la construction de la maison au règne de Claude. Il s’agit par exemple de la technique employée pour le mur de délimitation du supposé tablinum, le mur USM 101, avec un pan en opus reticulatum et une terminaison en briques. Si l’on pense que l’utilisation de la technique mixte ne s’affirme véritablement à Rome et Ostie qu’à partir du règne de Claude,38 notre hypothèse de datation commence à s’appuyer sur des arguments solides. Enfin, tous nos doutes sont dissipés par les nombreux fragments céramiques relatifs à cette phase, qui ont été retrouvés dans les couches USC 104, USC 105 et USC 106. Comme pour les attestations plus anciennes, ces couches ont été perturbées par la construction du caseggiato39 mais présentent malgré tout une situation homogène. Une part importante du matériel est constituée par les fragments de terre sigillée italique, où sont présents quatre timbres inscrits (OCK 2009, 11, 142, 1810, 2167) et de nombreux fragments d’assiettes, gobelets et coupes datables entre l’époque augustéenne et au plus tard le début de l’époque flavienne (notamment Conspectus 15.1.1, B 1.7, 20.4.3 et 34.1.3). Dans les couches USC 106 et 107, la majeure partie des fragments est de la céramique commune, aussi bien de table et de cuisine. La vaisselle de table présente un tableau

plus hétérogène, avec toutefois une majorité de types datant de la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. (parmi lesquels Zevi/Pohl 1970 fig. 55, n° 394, Dyson 1976, 22II-79, Zevi, Pohl 1970, str V, fig. 125, n° 227), mais la vaisselle de cuisine présente des types dont la datation ne dépasse pas l’époque de Claude (Zevi/Pohl 1970, str. II B3, 165, fig. 59, Carta/Pohl/Zevi 1978, str. VI, 1807, Dyson 1976, 22 II, 3). De même, plusieurs fragments de céramique à parois fines ont été retrouvés dans les trois couches, qui semblent confirmer une datation à cette époque, vu la grande majorité de types de l’époque julio-claudienne (notamment Atlante II, 1/12 et 1/56). Le tableau fourni par les attestations d’amphores n’est pas aussi clair, avec des types présentant une datation très large, mais il est intéressant de noter comme l’ensemble s’inscrit parfaitement dans le panorama ostien de l’époque et présente une situation analogue aux contextes des Terme del Nuotatore, de l’Insula delle Pareti Gialle et l’Insula dell’Invidioso, ce qui confirme une fois de plus le caractère commercial et cosmopolite de la ville d’Ostie, où confluaient les productions de l’ensemble du monde antique dès l’époque républicaine. La publication prochaine des fragments de céramique permettra d’étayer davantage ces propos. Interprétation des structures : fonctions d’un édifice hybride

formes et

Interpréter et comprendre les structures mises au jour par les fouilles de 1973 n’est pas chose aisée, dans la mesure où la plupart des pièces n’ont été que partiellement découvertes et qu’elles ont été en partie détruites par les fondations des murs de la phase successive. À cela s’ajoute l’absence d’élévation, qui ne facilite pas la compréhension des structures et des relations entre les espaces. De plus, la forme des pièces est souvent irrégulière : cela est dû à la disposition oblique de la parcelle, qui obligea les constructeurs à adapter le plan en créant des pièces trapézoïdales ou plus étroites (fig. 46). L’élément le plus interpellant est le contraste qui s’est formé entre ce que l’on connait de la partie avant de l’édifice et les nouvelles pièces mises au jour en 1973. Le type des revêtements de sol, la forme et la disposition des pièces renvoient sans trop de doutes possibles à la sphère domestique  ; la qualité des mosaïques, en particulier de l’emblema en opus vermiculatum, placent cet édifice au même niveau que les plus prestigieuses domus ostiennes, et indiquent un statut particulièrement élevé du propriétaire. La qualité des enduits peints (cfr. partie 2 de l’ouvrage) pourraient confirmer cette affirmation si l’on

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Phase 2 admet la relation des fragments avec leur contexte d’invention. Ainsi, la pièce (α) présente une forme rectangulaire et allongée qui correspondrait bien à un triclinium, dont il respecte également les proportions canoniques.40 La position excentrée de l’emblema en opus vermiculatum soutient cette hypothèse, renforcée également par le fait que la scène avec les oiseaux est orientée vers le fond de la pièce de manière à être observée depuis une portion seulement de la pièce, dans un espace où trois klinai auraient très bien pu s’insérer.41 La pièce (γ), de son côté, par sa petite taille et sa décoration de grande qualité, pourrait être interprétée comme un petit cubiculum privé. Si l’on suivait la théorie traditionnelle qui interprète les structures sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate comme une domus à atrium, il serait aisé d’interpréter la pièce (δ) comme le tablinum de la maison, puisque la pièce serait la seule en axe avec l’atrium,42 et un revêtement en opus tessellatum conviendrait parfaitement à ce type de pièce. De même, la pièce (β), qui – comme il a déjà été annoncé – fait office d’espace de circulation entre les pièces, pourrait remplir les fonctions du couloir parfois appelé andron, qui toutefois assumerait ici une fonction hybride, entre simple couloir reliant l’atrium et le péristyle et espace-diaphragme.43 La fonction des pièces (ε) et (ζ) serait plus difficile à identifier, mais en considération de leur exigüité et de la pauvreté de leurs revêtements de sol, on pourrait aisément les interpréter comme des espaces secondaires de la maison. Pourtant, nous avons exprimé au chapitre précédent les doutes qui existent quant à l’identification de l’édifice comme une domus, qui n’aurait de toute façon rien de canonique. Comment affronter ce paradoxe ? Trois solutions s’offrent à nous. La première serait d’y voir deux édifices différents, qui ne communiqueraient pas entre eux. La partie avant serait une structure commerciale constituée d’une cour entourée de petites pièces, tandis que la partie arrière serait la terminaison d’une domus dont on ne connaîtrait pas l’extension, située plus au sud, dans la partie non fouillée. Cette solution, pourtant, n’est pas entièrement convaincante pour les raisons que nous avons exposées au chapitre précédent, qui nous portent à croire que la parcelle était une seule, occupée par un seul édifice. La deuxième solution est que cette partie de l’édifice serait en réalité une annexe de la Domus del Portico di Tufo. Cette hypothèse serait renforcée par le fait que les deux maisons partagent le même portique en tuf en façade, ce qui démontre certainement un lien fort entre les deux édifices, peut-être dû à une propriété commune. Les exemples pompéiens nous montrent qu’il n’était pas rare que des

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grandes maisons englobent des structures plus petites pour accroître leur superficie44 et se doter ainsi d’un ou plusieurs atria supplémentaires, d’un ou plusieurs péristyles (Casa del Citarista I, 4, 5-2845), ou simplement de pièces destinées à la réception des hôtes ou à la vie privée du dominus et de son entourage comme des bains et des triclinia (Casa del Menandro, I, 10, 446). À Ostie, dans le courant du IIe siècle ap. J.-C., la Domus a Peristilio, qui remplacera la Domus dei Bucrani à l’époque augustéenne, rachètera vraisemblablement des espaces de la parcelle située plus au sud pour s’agrandir au-delà du péristyle sous la propriété de C. Fabius Agrippinus, peutêtre pour construire un balneum47 (fig. 46). Dans le cas de la Domus del Portico di Tufo et de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate, il n’est pas impossible que nous soyons confrontés à une situation comparable. En englobant l’édifice voisin, la riche maison au portique de tuf, considérée comme une des plus grandes et prestigieuses de la ville, aurait bénéficié de plusieurs pièces supplémentaires, peut-être à caractère plus privé  ; c’est ce que pourraient suggérer la présence du triclinium, les dimensions réduites de la pièce γ et le niveau plus modeste des autres pièces identifiées. D’un autre côté, la Domus del Portico di Tufo se serait ainsi dotée d’un réseau complexe de boutiques ou d’espaces de travail, ce qui aurait sensiblement accru les richesses du propriétaire. Bien que suggestive, cette idée ne peut être confirmée, dans la mesure où il n’y a aucune trace de passage attesté entre les deux maisons.48 Si ce passage existait, il aurait dû se trouver dans une des petites pièces qui flanquent le tablinum de la Domus del Portico di Tufo (fig. 46) ou à l’arrière de la maison, à l’emplacement du péristyle. La troisième solution est que nous aurions ici une structure hybride, mélangeant formes et fonctions pour créer un édifice commercial ou industriel, doté à l’arrière d’une partie résidentielle qui lui serait liée. Comme l’historiographie plus et moins récente l’a maintes fois affirmé, l’architecture résidentielle romaine d’époque républicaine et alto-impériale se caractérise par une extrême diversité, où les plans atypiques se multiplient en raison de diverses contraintes, qu’elles soient d’ordre spatial, fonctionnel ou budgétaire.49 Comme l’écrivait A. Boëthius en 1934 en reference à l’origine de l’insula à plusieurs étages, « not only atrium-houses but also quite different architectural types were to be found in Republican Rome. Houses with shops on the ground floor, no atria and many stories lighted by windows from the street. […] this informal and neglected domestic architecture was taken up, modernized, improved and standardized by the architects of early Imperial times ».50

Réfections et redécorations

Fig. 46.  L'édifice sous le C. delle Taberne Finestrate et les édifices environnants au Ier siècle ap. J.-C.

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Phase 2 Des maisons à plan hybride de nature plus modeste, que l’archéologue suédois appelle «  shop-houses »,51 constituent un phénomène de l’architecture républicaine et alto-impériale qui est encore peu connu mais qui mériterait d’être approfondi.52 Vitruve lui-même nous parle de l’existence de ces maisons alternatives, en nous disant que les personnes plus modestes n’ont pas besoin de « uestibula nec tabulina neque atria », 53 et qu’au contraire les entrées de leurs maisons doivent être dotées, en fonction de leur profession, de « stabula, tabernae, in aedibus cryptae, horrea, apothecae ceteraque »,54 ce qui semble précisément correspondre à une description de notre édifice. La seule différence est que l’on n’aurait pas ici affaire à un propriétaire modeste, mais à un riche personnage, proche du dominus de la Domus del Portico di Tufo, qui choisit d’aménager une partie de son bâtiment pour recevoir des hôtes et émuler les riches patriciens. Quelques mètres plus au nord, dans la troisième région d’Ostie, la domus sotto al Mitreo delle Pareti Dipinte adopte une solution analogue, avec de longues tabernae en façade, qui occupent une grande partie de la parcelle, et un long couloir latéral qui conduit à une domus réduite à l’essentiel, avec trois pièces disposées au-delà d’une cour à colonnes, qui fonctionnerait comme un péristyleatrium.55 Dans le cas de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate, l’articulation planimétrique de la partie résidentielle n’est pas aussi claire mais elle pourrait fonctionner de manière analogue. En effet, au sud de la zone investiguée, les fouilleurs interprètent le sol en terre de l’espace (η) comme la trace d’un espace à ciel ouvert, peut-être une cour, un péristyle ou un hortus, en continuité avec ce qu’ils avaient imaginé pour la phase 1. En l'absence de fouilles supplémentaires, il n’est pas possible de confirmer cette hypothèse, mais un certain nombre d’indices nous donnent quelques idées sur sa présence et son étendue. En effet, si l’on admet que la parcellisation de la ville est restée la même au cours du temps (cfr. p. 25-26), l’espace occupé par l’édifice devait continuer au sud pour quelques mètres encore, au-delà des pièces à peine décrites ; or, à cet endroit précis, le futur Caseggiato delle Taberne Finestrate sera doté d’une cour à ciel ouvert, la cour (b), qui semble récupérer des murs préexistants, trop fins pour supporter un toit ou une charpente (cfr. p. 67-68). On pourrait donc imaginer, en étant raisonnablement prudents, qu’il y avait un espace à ciel ouvert à cet emplacement avant la construction du caseggiato, soit une cour, soit un péristyle.

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Les quartiers occidentaux à l’ère des julio-claudiens Les réfections subies par l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate durant les premières décennies du Ier siècle ap. J.-C. sont loin d’être un phénomène isolé. En effet, la période julio-claudienne voit la ville d’Ostie se transformer, par la construction d’importants édifices publics qui enrichissent le statut politique, religieux et économique de la ville (fig. 47). Parmi les grandes interventions publiques on pense à un premier aménagement du forum, jusque-là absent, à la construction du Capitolium au début de l’époque augustéenne et – quelques décennies plus tard – au temple de Rome et Auguste.56 La ville se voit dotée d’un théâtre, probablement grâce à Agrippa, et le premier aqueduc est construit, peut-être sous Caligula ou peu avant, malgré l’abondance en eau du sous-sol ostien.57 L’importance croissante d’Ostie comme port et base commerciale de Rome est davantage renforcée – entre autres – par la construction des Horrea di Ortensio58 et des Grandi Horrea, qui constituent le plus grand dépôt connu de la ville.59 Ces nombreux travaux de construction témoignent d’une vague de prospérité qui touche toute la ville à partir du principat d’Auguste et qui continuera tout au long de l’empire. La construction du port de Claude a certainement été un des moteurs principaux du développement urbain d’Ostie, qui ne fait qu’accélérer un processus déjà en cours et qui atteindra véritablement son apogée à l’époque médio-impériale, sous les règnes de Trajan et Hadrien.60 Les édifices résidentiels ressentent également de cette nouvelle prospérité de la ville et sont touchés par d’importants travaux de réfection dès les dernières années du Ier siècle av. J.-C. Ces restructurations embellissent sensiblement les différents bâtiments, qui se voient décorés de revêtements de marbre et de précieuses mosaïques sur des structures en briques et en opus reticulatum, qui contrastent avec les structures en tuf et pierres locales des années précédentes. Aux extrémités de la ville, deux grandes domus, identifiées par des prospections géophysiques, présentent des dimensions et une planimétrie qui ne sont égalées que par les plus grandes villas suburbaines du littoral romain et campanien ; datées de la fin du Ier siècle ap. J.-C., ces maisons-villas urbaines et suburbaines marquent encore plus clairement le changement qui s'opère dans la manière d’habiter des riches notables ostiens, avec un goût plus marqué pour le luxe et l’opulence de leurs habitations.61 De la même manière, les rues, les entrées et les péristyles des maisons ainsi que les horrea se

Réfections et redécorations

Fig. 47.  Ostie, planimétrie schématique de la ville au cours du Ier siècle ap. J.-C. (DeLaine 2012).

dotent d’imposantes colonnades en tuf et travertin, selon une idée de monumentalisation de l’espace urbain et domestique de tradition hellénistique qui se répand au même moment à Rome, entre la fin de la République et le début du principat d’Auguste.62 La section occidentale du decumanus maximus constitue le meilleur témoin de l’enrichissement de la ville et du renforcement des liens – en l’occurrence architecturaux et artistiques – entre Rome et sa première colonie. Le decumanus fera l’objet d’un premier important rehaussement, qui le portera à un niveau d’environ 1,2 m ASL.63 Ce rehaussement, que Cl. De Ruyt place au début du Ier siècle ap. J.-C.,64 avait également été relevé par I. Gismondi pour la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. en dehors du quartier de Porta Marina65 et correspond au rehaussement identifié dans le Macellum par V. Kockel et S. Ortisi (1,1 m ASL),

qu’ils mettent en relation avec des importants travaux de réfection de la structure d’époque républicaine et la construction d’une rangée de boutiques, peut-être à deux étages, le long de la Via del Pomerio.66 À l’occasion de ce réaménagement urbain, toutes les grandes domus sont entièrement reconstruites ou redécorées.67 En effet, la Domus sotto il Caseggiato del Vicolo del Dioniso présente une importante phase de re-décoration, avec un revêtement de marbres polychromes dans une des pièces autour de l’atrium, probablement le tablinum68 ; la Domus dei Bucrani est entièrement arasée, entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle ap. J.-C., pour laisser place à la Domus a Peristilio (fig. 47), qui sera maintenue en usage jusqu’à la construction de la Schola del Traiano au début du IIIe siècle ap. J.-C, après avoir été dotée d’un balneum et avoir subi d’importantes trans-

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Phase 2 formations aux Ier et IIe siècles ap. J.-C.69 Entre la Domus a Peristilio et l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate, G. Becatti mentionne la découverte de bases de colonnes, appartenant selon lui au péristyle d’une autre maison, encore non fouillée. 70 Les fouilles sous la Schola del Traiano ont récemment mis au jour un mur en opus reticulatum perpendiculaire à l’axe de la Domus a Peristilio, auquel s’ajoutent un sol en mortier et un puits ou un fond de vasque, qui pourraient appartenir au même édifice, dont la fonction reste cependant incertaine.71 À l’ouest de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate, l’imposante Domus del Portico di Tufo est bâtie, en opus reticulatum et opus testaceum (fig. 47). Il s’agit d’une des maisons les plus grandes et les plus riches de la ville, comme l’attestent les dimensions des pièces et leurs nombreux revêtements en opus sectile et mosaïque.72 Au-delà de la Domus del Portico di Tufo, le mur en opus quasi reticulatum est détruit pour laisser place à un long portique en colonnes de tuf, qui occupe une grande partie des flancs méridional et septentrional du decumanus entre la récente Via degli Aurighi et Porta Marina.73 Sur le côté nord du decumanus, le portique abrite une série de longues boutiques, occupant la rue de la porte jusqu’à la Via degli Aurighi, qui est ouverte à cette même époque selon Becatti.74 Au-delà de la nouvelle rue, l’édifice commercial à cour centrale semble maintenu en l’état,75 alors que la parcelle sur laquelle sera construit le Tempio dei Fabri Navales est maintenant occupée par un édifice à vocation artisanale et commerciale, avec une longue cour autour de laquelle s’ouvrent des petites pièces.76 L’architecture ostienne de l’époque tardo-républicaine et julio-claudienne est particulièrement intéressante pour la connaissance des techniques de construction antiques et des formes employées. Si l’usage de la brique – ou de la tuile – commence à apparaître avec Auguste, les matériaux de prédilection restent les pierres locales, comme le tuf et le travertin, qui décorent aussi bien les temples que les maisons mais qui seront, à partir de l’époque julio-claudienne, enrichis de marbres et décorations de plus grande qualité.77 Il en résulte un contraste marqué entre une architecture traditionnelle locale qui continue à être utilisée et une adéquation quasiment immédiate aux innovations artistiques et technologiques qui frappent Rome au même moment, notamment en ce qui concerne l’usage du marbre, de la brique et des grandes colonnades. Ce paradoxe a été souligné par R. Mar et Pensabene,78 qui insistent sur le statut hybride de la ville d’Ostie, qui oscille entre simple ville de province et prolongement urbain de Rome, notamment à cause des différents statuts des commandi-

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taires, qu’ils soient des personnalités locales ou des représentants de l'Vrbs. Un exemple particulièrement marquant de ce contraste, qui s’estompera de plus en plus avec le temps, se trouve sur le forum de la ville, où le Capitolium augustéen emploie des éléments décoratifs en travertin alors qu’en face, le temple de Rome et Auguste, construit entre la fin du principat augustéen ou au début du règne de Tibère, est recouvert de marbre et suit les plus récents canons architecturaux établis à ce moment dans la capitale.79 notes

Les restaurations de cette partie de mur ne permettent pas d’apprécier pleinement la nature des matériaux employés. Il n’est donc pas possible de déterminer la composition du liant ou de déterminer si cette portion de mur a été réalisée en briques ou en tegulae fractae. De même, les dimensions des briques ne sont pas certaines parce qu’elles ont été englobées dans une chape de mortier moderne qui en cache les contours. 2 Parmi lesquels ont été retrouvés de nombreux tessons de céramique (cfr. p. 51) et fragments d’enduits peints (cfr. p. 191 et sv.). 3 Pour une description précise des revêtements de sols, cfr. infra. 4 Les tuiles brisées sont fréquemment utilisées dans les murs, notamment jusqu’au règne de Claude  ; elles ne seront remplacées que plus tard par des plus petites « tuiles », des bessales, qui sont plus faciles à couper en deux et qui deviendront le matériau de construction de prédilection pendant les années à venir. Voir à ce propos Blake 1947, 292-293  ; Blake 1959, 162-163  ; Bukowiecki 2010, 144 ; DeLaine 2001, 91-93 ; Lugli 1957, 541-600. 5 Sur les mosaïques du Palatin voir MosAntIt 1967, pl. VIII., fig. 37-38  ; sur ceux de l’Aventin voir Rustico/ Narduccio 2019, 280, fig. 8. Sur les bandes monochromes voir Balmelle et al. 2002, vol. 1, pl. 1 y. 6 Bueno 2012, 204-204. 7 Comme dans l’édifice VI, 16, 36.37 de Pompéi (PPM V, 994, n. 22). 8 Balland et al. 1971, 207, fig. 23. 9 Tammisto 1997, 385. 10 Pellegrino 2017, 32-33. Nous signalons également une publication de A. Pellegrino et A. Licordari sur les mosaïques représentant des oiseaux à Ostie, qui paraîtra dans les XXVIe actes des colloques AISCOM. Nous remercions par l’occasion A. Pellegrino pour ses suggestions et pour avoir partagé ses observations ornithologiques. 11 Vitr. De arch. VI, 7, 4. Les xenia se réfèrent aussi bien à des offrandes en nature faites par un hôte à ses convives que petits tableaux représentants ces dons, d’où leur nom. Squire 2009, 366-370. 12 Sur le motif de la nature morte dans l’iconographie romaine et sur sa signification, nous renvoyons au récent volume de J.-M. Croisille sur le thème en question, voir Croisille 2015 en bibliographie. 13 Plin. Nat. Hist. XXXVI, 184. Sosos aurait vécu au cours du IIe siècle av. J.-C. et aurait travaillé à la cour de Pergame. Pour plus d’informations voir Moreno 1965, 703. 14 Littéralement le « sol non balayé », la mosaïque représentait effectivement un sol avec des restes de repas 1

Réfections et redécorations non balayés, rendus de manière réaliste en trompel’œil. Plusieurs copies romaines de cette mosaïque sont connues, dont une exposée aujourd’hui au musée national d’Aquilée et une autre aux Musées du Vatican. Sur le motif en particulier voir Moormann 2000 et Perpignani/Fiori 2012. 15 Plin. Nat. Hist. XXXVI, 184 : « mirabilis ibi columba bibens et aquam umbra capitis infuscans. Apricantur aliae scabentes sese in canthari labro ». 16 De Franceschini 1991, 337  ; 678. Une bibliographie abondante sur cette mosaïque est reprise dans Tammisto 1997, 377, mais nous renvoyons en particulier à Andreae 2003, 47-51. 17 Un catalogue complet des scènes avec oiseaux en mosaïque est présenté dans Tammisto 1997. Concernant plus particulièrement Ostie, nous renvoyons à l’article de A. Pellegrino et A. Licordari mentionné à la note 198. 18 Provenant de la maison B du Quartier de l’Inopos, conservée aujourd’hui au musée de Délos. Voir à ce propos Bruneau 1972, 209. 19 La mosaïque, retrouvée dans la pièce n de la maison (VIII, 2, 34), est aujourd’hui exposée au Museo Archeologico Nazionale de Naples (inv. MN 114281). Tammisto 1997, 379. Récemment, les emblemata de la maison ont été réexaminés dans Caso 2019. 20 Également conservée à Naples (inv. MN 9992). Tammisto 1997, 380. 21 Forti et al. 2013, 48-49  ; Pellegrino 2017, 32-33 ; Tammisto 1997, 385. 22 Tammisto 1997, 78. Ce dernier suggère également que le groupe de trois oiseaux en bas de la scène constituerait une dérivation directe d’un modèle hellénistique que nous ignorons. 23 Voir à ce propos Muthmann 1982, 101-111 ; Tammisto 1997, 77-79. 24 Le fait qu’il soit décrit dans les carnets de fouilles comme un « marmopesto » suggère qu’il s’agit d’un sol en mortier à matrice lithique. 25 Comme le montrent les récentes fouilles sur le versant septentrional du Palatin ; Bueno 2012, 194-197. 26 C’est ce que démontre, pour Herculanum, l’étude de Grandi/Guidobaldi 2008, 163-174. 27 Le même motif se retrouve dans le sol en mortier de la pièce 6 de la Casa di M. Lucretius Fronto de Pompéi (V, 3, 11 ; PPM III, 790-1010). 28 Bueno 2012, 248-249. 29 MosAntIt 1967, 92, pl. D, fig. 2. 30 On le trouve par exemple dans la pièce D de la domus césarienne-augustéenne près des Scalae Caci, sur le Palatin (MosAntIt 1967, 50, pl. IX, fig. 42), dans la maison augustéenne sous la Via di Sant’Alessio sur l’Aventin (Rustico/Narducci 2019, 281  ; les croisettes sont toutefois polychromes, une caractéristique relativement peu commune) dans la villa de Lunghezzina, près de Rome, où l’on trouve une mosaïque identique datée de l’époque augustéenne (Di Renzo 2008, 476477), ou encore dans le vestibule de la Villa della Farnesina, où un fragment avec le même motif a été retrouvé (Bragantini et al. 1998, 27). Sur une présentation du motif de semis de croisettes, voir Balmelle et al. 2002, vol. 1, pl. 108 n° a. 31 Bueno 2012, 248-249 ; De Franceschini 1991, 33. 32 Cette couche de préparation est séparée des autres pavements par le mur est de la pièce (A) du caseggiato, dont les fondations reposent sur les structures de cette phase (cfr. infra). Les fouilleurs ont pu associer la

couche de préparation aux tesselles du seuil de la pièce (γ) grâce aux similitudes de niveau (0,95 m ASL pour les tesselles et 0,92 m ASL pour le mortier de préparation), qui les a amenés à les considérer comme deux parties d’un même sol. 33 Sur le motif en général voir Balmelle et al. 2002, vol. 1, pl. 103 n°e  et Bueno 2012, 180-181 ; sur l’exemple de l’Insula dell’Invidioso voir Carta/Pohl/Zevi 1984, 27-28, fig. 28)  ; sur l’exemple de la Domus del Portico di Tufo voir Cavalieri et al. c.i. D’autres attestations ont également été trouvées dans la domus sous Via Sant’Alessio sur l’Aventin (Rustico/Narducci 2019, 280, fig. 4) mais également à Alba Fucens, Atri et Teramo dans les Abruzzes (D’Arcangeli 2018, 474). 34 Becatti 1961, 203-204, n° 387-390 ; Pensabene 2007, 16/158-160. 35 Arena Taddei 1976, 24 ; Calza et al. 1953, 109. 36 Pour plus d’informations voir Cavalieri et al. 2021. 37 Ce type monétaire avec Ceres Augusta est fréquemment attesté et connu depuis longtemps : RIC I Claudius 94 ; BMC I Claudius 136 ; Cohen 1880, t. 1, 250, n°1. Nous n’avons pas été en mesure de voir personnellement la monnaie, qui n’a pas pu être retrouvée dans les dépôts archéologiques. De même, aucune photographie n’est conservée dans les archives malgré le fait qu’elle ait été dotée d'un numéro d’inventaire. Les informations fournies ici sont donc issues des carnets de fouilles et des informations dans les fiches des objets inventoriés. 38 Blake 1959, 161. M.E. Blake affirme également que ce type de technique se répandra quelques années plus tard dans le reste de l’empire et deviendra extrêmement fréquent à partir de l’époque flavienne, tout comme M. Torelli, qui parle de naissance véritable de l’opus mixtum à l’époque néronienne puis flavienne (Torelli 1980, 158-159). À Ostie, un des premiers exemples de technique mixte provient des tombes B11 et B12 de la nécropole de la Via Ostiensis, appelées également Colombari Gemelli. Floriani Squarciapino et al. 1958, 42-46). 39 Comme le montrent trois fragments de céramique sigillée africaine et un fragment d’encensier du IIe siècle ap. J.-C. (Olcese 2003, type 1, pl. XXI, 3) dans la couche USC 107. L’élément qui a le plus perturbé la couche a été la fondation USM 21 du pilier USM 20 (phase 5, cfr. 130-131). 40 Selon Vitruve, le triclinium d’une maison devait être long deux fois sa largeur (« tricliniorum quanta latitudo fuerit, bis tanta longitudo fieri debebit » (Vitr. De arch. VI, 3, 8). Sur les triclinia dans les maisons romaines nous renvoyons entre autres à Richardson 1983, 63-64 ; Dickmann 1999, 215-218 ; Jolivet 2011, 251-252 ; Gros 2017, 62-68. 41 A. Tammisto a formulé également l’hypothèse que la pièce était un triclinium. Voir Tammisto 1997, 382. 42 Gros 2017, 45-48 ; Dickmann 1999, 29 ; Jolivet 2011, 248251 ; Wallace Hadrill 2007, 283. 43 Des exemples d’espaces diaphragmes semblables sont attestés à Pompéi, dans la Casa del Chirurgo (VI, 1, 10), la Casa dei Ceii (I, 6, 15) et la Casa della Regina Margherita (V, 2, 1). 44 Ce phénomène était probablement plus fréquent à Pompéi à cause de la spéculation édilitaire causée par les dégâts du tremblement de terre de 62. À ce propos voir Sommella 1997 et Helg 2005, 160-162. 45 Tommasino 2004, 22-24 ; Nappo 1998, 27-38 ; Dickmann 1999, 361-363 ; Gros 2017, 54-55  ; Helg 2005, 161 ;

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Phase 2 Pesando/Guidobaldi 2006, 124-126. Sur le dédoublement des atria voir en particulier Dickmann 1999, 73-83. 46 Maiuri 1933 ; Ling 1997 ; Dickmann 1999, 317-233 ; Gros 2017, 52-54 ; Helg 2005, 161 ; Varriale 2012, 166167 ; Wallace Hadrill 1994, 54. 47 Comme démontré par la découverte d’une fistula plumbea mentionnant l’illustre personnage dans l’atrium de la maison, reliant le complexe au réseau d’adduction de la ville depuis le decumanus maximus (Bocherens/Zevi 2007, 257-258). Sur la Domus a Peristilio et ses phases de vie nous renvoyons à Aubry/Bocherens/Morard 2015, 178 et Morard 2018, 172-174  ; DeLaine 2012, 329  ; Mainet 2018 (b). Ce dernier mentionne également un possible agrandissement de la Domus a Peristilio à l’ouest, sur la parcelle où Becatti identifie des bases de colonnes appartenant peut-être à un péristyle (Calza et al. 1953, 109). 48 Dans les carnets de fouille de 1973, les fouilleurs mentionnent brièvement et de manière confuse la possibilité d’un passage entre les deux maisons à l’intérieur du triclinium α de l’édifice sous les Taberne Finestrate, à cause du fait que le mur de parcelle était arasé au niveau de la mosaïque et qu’il y aurait des traces, du côté de la Domus del Portico di Tufo, d’une dalle formant une sorte de marche, dont l’empreinte se serait conservée dans la préparation du sol de la pièce. Nous sommes plutôt de l’avis que cette empreinte appartenait à un socle en marbre constituant la base de la paroi, comme cela est également attesté dans les autres pièces de la maison (Becatti 1961, 202-203). 49 Gros 2017, 82  ; Wallace Hadrill 2007, 283-285 ; Jolivet 2011, 7-8 et sa riche bibliographie, dont nous reprenons en particulier Moormann 2001, 210 ; Hales 2003, 246 ; De Kind 1998, 186 et Donati 2000, 321. Sur les maisons «  atypiques  » des deux premières régions de Pompéi nous renvoyons à Helg 2005. 50 Boëthius 1934, 163. 51 Boëthius 1934, 164-168. Avec cette expression, Boëthius conçoit cependant les édifices constitués de boutiques au rez-de-chaussée et d’appartements aux étages uniquement, en citant peu d’exemples archéologiques mais en se basant surtout sur les passages bien connus de Strabon (Geog. V, 3, 7), Cicéron (off. III, 66) et TiteLive (Ab urbe condita XXI, 62, 3) concernant l’existence dès l’époque républicaine d’édifices à plusieurs étages. Sur l’origine de l’insula voir également Boersma 1982, 38-39, Harsh 1935 et Storey 2003. 52 Sur les formes d’habitations plus modestes, nous renvoyons à Packer 1975, Evans 1978, Harsh 1935, 11-13, Hoffmann 1979 et Gros 2017, 82-90/102-111. 53 Vitr. De arch. VI, 5, 1. 54 Vitr. De arch. VI, 5, 1. 55 Becatti 1961, 203/n o. 159 ; Blake 1930, 150. Nous connaissons malheureusement trop peu du plan de l’édifice avant le IIe siècle ap. J.-C., il se pourrait que d’autres pièces aient appartenu à la domus à proprement parler. Ce qui est certain toutefois est la prédominance de la fonction commerciale de l’édifice sur la partie résidentielle. 56 Albo 2002 ; Geremia-Nucci 2013 ; Pavolini 2018 (a), 31-32 ; Pensabene 2007, 19. 57 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 56-57 ; Pavolini 2018 (a), 31-32 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 1, 81. 58 La datation des Horrea di Ortensio a longtemps été l’objet de diatribes auprès de la communeauté scientifique. En effet, F. Coarelli les ferait remonter à l’époque républicaine (Coarelli 1994, 41), alors que F. Zevi prône une

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datation au Ier siècle ap. J.-C. (Zevi 2002 (a)). Les plus récentes études sembleraient toutefois donner raison à F. Zevi (Boetto et al. 2016, 189-193. Bukowiecki/ Rousse/Monteix 2008, 212). 59 Boetto et al. 2016 ; Bukowiecki/Rousse/Monteix 2008 ; DeLaine 2016, 423-424  ; Pavolini 2018 (a), 32 ; Pensabene 2007, 19-20 ; Rickman 1977, 64-66. 60 DeLaine 2016, 422-423 ; Pensabene 2007, 20-21. 61 Bauer et al. 2000 ; DeLaine 2012, 328-332 ; Heinzelmann 2002 ; Meiggs 1973, 69. 62 Voir à ce propos Pensabene 2007, 152-166. 63 Pavolini 2018 (a), 172 et Morard 2018, 172-173. 64 De Ruyt 1999, 65 ; De Ruyt/Van Haeperen 2018, 158-159. 65 Floriani Squarciapino 1958, 169-171. 66 Kockel/Ortisi 2018, 212-214. 67 Le même phénomène touche également les autres grandes domus de la ville, notamment la Domus di Giove Fulminatore, où l’atrium est partiellement reconstruit en opus reticulatum et se voit doté d’un nouvel impluvium en marbre, et où le péristyle est réaménagé avec deux ailes occupées par des nouvelles pièces (Becatti 1961, 185, n° 344-345 ; DeLaine 2012, 329 ; Lorenzatti 1998 ; Pensabene 2007, 14). 68 Becatti 1961, 192-193, n° 344-345  ; Pensabene 2007, 16/158-160. 69 Aubry/Bocherens/Morard 2014, 28  ; Aubry/Bocherens/Morard 2015, 178 ; Becatti 1961, 202 ; Calza et al. 1953, 109 ; DeLaine 2012, 329 ; Morard/Wavelet 2002, 771-778. Sur les transformations liées à la longévité de la Domus a Peristilio nous renvoyons plus particulièrement à Mainet 2018 (b). 70 Calza et al. 1953, 109. 71 Mainet 2018 (a), 194-195 ; Morard 2018, 172-174, plan B ; selon les fouilleurs, elles n’appartiendraient pas à une domus mais à un édifice de nature commerciale ou artisanale, même si les données sont encore trop peu nombreuses. La présence du portique à colonne serait à imputer, selon eux, à un moment plus tardif, et appartiendrait à un édifice contemporain du Caseggiato delle Taberne Finestrate. En absence de fouilles plus étendues la question reste ouverte. 72 Le plan de la maison est conforme à ce qui a déjà été observé pour les autres exemples ostiens, avec une organisation de l’espace qui répond aux canons vitruviens. La façade donnant sur le decumanus était occupée par un long portique de colonnes en tuf revêtues de stuc, en continuité directe avec celui qui est construit au même moment pour la domus sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate. De là, un couloir, flanqué de boutiques, permettait d’accéder à un vaste atrium, partiellement fouillé mais pour lequel il a été possible d’apprécier la grande qualité de la décoration. En effet, l’impluvium de la maison est conservé, entièrement revêtu de marbre blanc. La pièce, décorée par un champ de mosaïque à fond noir orné de points blancs, était flanquée de plusieurs petites pièces sur ses côtés est et ouest  ; deux de celles-ci conservent leur pavement original, une mosaïque polychrome à motif géométrique pour la première, un carrelage de marbre blanc et gris pour la deuxième. Au sud-est de l’atrium, une partie du tablinum a pu être dégagée lors des fouilles, présentant un revêtement très raffiné en opus sectile, avec une alternance de carrés, triangles et losanges en giallo antico, rosso antico, portasanta, broccatello et marmo africano ; Becatti 1961, 203-204, n° 387390 ; Cavalieri et al. 2021 ; Pensabene 2007, 16/160.

Réfections et redécorations Arena Taddei 1976, 24 ; Calza et al. 1953, 109 ; Pensabene 2007, 152-166 Calza et al. 1953, 109. 75 Calza et al. 1953, 109-110. 76 De Ruyt 2014, 34-35 ; De Ruyt/Van Haeperen 2018, 158-159. 77 Sur l’évolution dans le temps des techniques de construction à Ostie, voir en particulier les parties écrites 73 74

par I. Gismondi dans Calza et al. 1953, mises à jour dans DeLaine 2001. Sur l’emploi des marbres à Ostie au Ier siècle ap. J.-C. nous renvoyons à Pensabene 2007. 78 Mar 2002, 113 ; Pensabene 2007, 8/18-19. 79 Albo 2002 ; Geremia-Nucci 2013 ; Pavolini 2018 (a), 31-32 ; Pensabene 2007, 19.

59

Phase 3 Le Caseggiato delle Taberne Finestrate (années 120 – années 140 ap. J.-C.)

La phase 3 constitue – entre toutes – celle qui a transformé le plus la parcelle IV, V, 18. C’est à ce moment que furent réalisées des interventions drastiques qui en modifièrent complètement l’aspect, puisque l’édifice précédent est entièrement arasé ; sur ses ruines est construit un édifice entièrement nouveau, le Caseggiato delle Taberne Finestrate, qui maintiendra la fonction commerciale en la structurant davantage, ce qui permettra à l’édifice de compter parmi les grandes insulae de l’époque d’Hadrien et de s’intégrer à un réseau complexe et ramifié d’édifices commerciaux et artisanaux qui occupent à partir de ce moment le quartier, autrefois lieu de résidence des plus riches habitants de la ville. Description des activités Les sondages dirigés par M.L. Veloccia Rinaldi ont apporté toute une série de données inédites concernant la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate, qui à partir de ce moment prend la place de l’édifice d’époque tardo-républicaine et julio-claudienne (fig. 48). Les sondages dans la partie arrière de l’édifice ont livré des informations précieuses qui apportent des données nouvelles sur la datation du bâtiment, les techniques de construction utilisées et les dyna-

miques de chantier, à une époque de grandes reconstructions dans l’ensemble de la ville. Activité 3.1 : destruction de l’édifice à cour Les structures de la phase 2b retrouvées dans la pièce (A) sont entièrement arasées à un niveau de 0,95-1,00 m ASL. Les pavements, cependant, sont laissés intacts, y compris l’emblema en opus vermiculatum ; seul l’emblema de la pièce (γ) semble avoir été enlevé, comme il a déjà été dit supra. Un élément important à noter est l’absence de gravats ou de couches de destruction sur le site. Cela indique que les détritus produits par l’abattement de l’édifice connu comme domus ont été soigneusement récoltés, probablement pour être réutilisés comme matériau de construction (cfr. p. 68). Activité 3.2 : nivellement et mise en place des fondations du caseggiato Une fois les débris enlevés (fig. 49), l’ensemble de l’aire est recouvert par une fine couche de chaux rougeâtre,1 que les fouilleurs ont retrouvée sur toute la superficie investiguée. Cette couche (USC 75) a pour objectif d’égaliser la surface en comblant les trous et les différences de niveau. C’est sur cette base que sera mis en place le chan-

Fig. 48.  Caseggiato delle Taberne Finestrate, vue générale depuis le sud (photo P.T.).

61

Phase 3

Fig. 49.  Restitution de la dynamique du chantier de construction du caseggiato (DAO P.T.).

tier de construction à proprement parler. Puisque l’ensemble de l’édifice s’implante à un niveau plus élevé par rapport aux structures antérieures2 (d’environ 50 cm), les constructeurs ont dû réaliser une épaisse couche de rehaussement, dans

laquelle creuser des tranchées de fondation suffisamment épaisses pour soutenir l’édifice. Toutefois, cette grande masse de terre a dû être contenue pour éviter qu’elle ne déborde. À cette fin, la fondation du mur périphérique qui délimite la

Fig. 50.  CTF, mur périphérique ouest, face externe : vue de la fondation USM 72 (photo P.T.).

Fig. 51.  Amas de pouzzolane - USC 71 (PA-OANT R 153216).

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Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

parcelle du côté ouest est construite avant la couche de rehaussement. Il s’agit d’une fondation marçonnée (USM 72) réalisée à la main et non en fosse ou en tranchée ; son aspect est celui d’un mur en opus reticulatum grossier : elle est réalisée en blocs de tuf quadrangulaires disposés obliquement en files plus ou moins régulières et liés entre eux par un mortier rougeâtre (fig. 50).3 Ce mur de fondation repose lui-même sur une sous-fondation, qui est en réalité constituée par l’ancien mur de parcelle de la phase 1 (USM 123), régularisé par une file de bipedales. Le mur ancien est renforcé sur un côté par une couche d’opus caementicium jeté dans une cavité (USM 73) creusée dans le pavement de la pièce (α) de la phase 2 et les couches qui précèdent (Pl. VI). Un résidu du travail de chantier est constitué par la couche USC 71. Il s’agit d’un petit amas de pouzzolane, retrouvé par les fouilleurs dans la pièce (A) du caseggiato, appuyé contre la fondation maçonnée (fig. 51). Cette couche constitue une preuve que cette fondation a été réalisée avant le remplissage de terre. Une fois le mur de fondation construit, le remblai peut être jeté sur toute la surface, sans qu’il y ait de risque que la terre déborde sur les parcelles voisines. Ce remblai a été retrouvé par les fouilleurs, il correspond à l’USC 70. Il s’agit d’une couche de terre non pressée, dans laquelle ont été retrouvés de nombreux fragments d’enduit et – dans une moindre mesure – des tessons de céramique. Une fois le niveau de chantier monté à environ 1,40-1,50 m ASL, des tranchées sont creusées à l’emplacement des murs nord, est et sud de la pièce (A). Celles-ci ont une profondeur considérable et descendent bien en-dessous des niveaux de la phase 2b, qu’elles traversent. Les tranchées sont ensuite remplies par une double fondation. Premièrement, de l’opus caementicium est coulé dans un coffrage en bois4 : il s’agit de la sous-fondation en tranchée armée, qui s’appuie sur les structures de la phase 1 et dont la hauteur ne dépasse pas le niveau de la phase 2. Les fouilleurs ont trouvé ces sous-fondations en-dessous du mur nord (USM 68, qui repose en partie sur la fondation arasée USM 135) et le mur sud (USM 67, qui s’appuie sur les pavements USR 118 et 119) de la pièce (A) (figs 52-54). Le mur est, en revanche, présente une situation légèrement différente. Au lieu de construire une sous-fondation en tranchée armée, les constructeurs ont préféré réutiliser les restes du mur en briques et tufs de la phase 2b (USM 101), situé plus ou moins à l’endroit du mur est de la pièce (A). Comme pour le mur périphérique ouest, le mur ancien est renforcé par une fondation en opus caementicium (USM 69), jetée dans une cavité creusée sous le sol en mortier USR 83 et très hétérogène : les carnets de fouilles

décrivent un conglomérat d’argile, de gravats, de morceaux de tufs, de fragments d’amphores et de briques (figs 53-54, Pl. VI). Une fois ces sous-fondations construites, les tranchées sont bouchées – jusqu’à environ 1,401,70 m ASL – par un deuxième niveau de fondations (figs 52-54), réalisées cette fois en blocs de tuf disposés à la main contre terre, à la manière d’un mur en opus reticulatum (USM 63, 64 et 65). L’effet obtenu est une fondation avec un parement en moellons de tuf et un nucleus en opus caementicium,5 qui peut aisément être confondu avec un mur. Il est possible également que ces fondations aient été réalisées progressivement, au fur et à mesure que la terre était apportée pour le remblai.6 La crête des fondations a été recouverte par une file de bipedales entiers, qui constituent la semelle de fondation.7 C’est sur cette base que seront construits les murs de l’édifice. Activité 3.3 : mise en place du système de gestion de l’eau L’édifice est doté d’un réseau de canalisations pour l’adduction et l’évacuation de l’eau, qui exploite en partie les fondations à peine construites. Un point entier de ce chapitre sera dédié à cet aspect (p. 81-86). Activité 3.4 : construction de l’élévation ; Activité 3.5 : décoration Le projet de construction du caseggiato a dû être, dès le début des travaux, entièrement programmé et abouti. Il est le fruit d’une idée précise que les constructeurs ont dû appliquer en peu de temps et de manière unitaire. C’est du moins ce que semble indiquer la grande régularité employée pour la construction des murs (cfr. infra). Il est intéressant de noter que pratiquement tous les murs ont été construits en connexion les uns avec les autres, et ont donc été levés au même moment, en parallèle. Une telle entreprise n’est possible qu’avec l’aide d’une main d’œuvre importante et extrêmement bien organisée. Les dynamiques de chantier, les techniques et les matériaux mis en œuvre ainsi que la décoration des sols et des parois qui a dû suivre la construction du grosœuvre seront abordés de manière plus détaillée dans les pages qui suivent. D escription des structures d’une insula ostienne

conformation

Dès sa construction, le Caseggiato delle Taberne Finestrate acquiert celle qui sera sa forme définitive, qui ne sera somme toute que très peu rema-

63

Phase 3

Fig. 52.  Pièce (A), paroi nord (PA-OANT R 1546-22). Fig. 53.  Pièce (A), angle des parois est et sud (PAO-OANT R 1648-7).

Fig. 54.  Pièce (A), section du mur sud avec indication des structures des phases 0, 1, 2 et 3 (d’après M.A. Ricciardi 1974, PA-OANT inv. 4714).

64

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate époque quatre pièces distinctes, (C), (C’), (D) et (D’), qui communicaient à la fois avec le couloir (E) et avec la parcelle située à l’est du caseggiato. De l’autre côté du couloir, les pièces (A) et (F) ne sont séparées à ce moment que par un large pilier rectangulaire, elles ne constituent donc qu’un seul grand espace. Trois larges baies percent les côtés est et sud de la pièce (A), qui mènent respectivement au couloir (E) et à la cour (b). Cette dernière est peut-être la partie de l’édifice qui, au cours de la phase 3, était la plus différente par rapport à ce que l’on peut voir aujourd’hui, mais également celle que l’on connait le moins. En effet, seule une petite partie de la cour a été fouillée, et les nombreux remaniements qu’elle a subis au cours du temps entravent la lisibilité des structures de cette phase. Située à l’extrémité de la parcelle – pour ce que nous croyons savoir du moins –, la cour (b) était beaucoup plus grande que la cour (a), dont les dimensions se calquent sur la cour centrale de l’édifice antérieur, interprété comme l’atrium de la domus mais dont nous avons fourni une interprétation différente au chapitre précédent (p. 51-55). Deux piliers visibles encore aujourd’hui sur le côté est de la cour laissent supposer qu’au moins cette partie était couverte par un portique. La même situation se retrouve sur le côté nord de la cour. En effet, les fouilles de 1973 ont mis au jour un pilier en briques de 120 sur 60 cm dans la cour (a), USM 59, parallèle au mur sud de la pièce (A)9 (fig. 56). Le côté ouest de la cour, en revanche, semble être dépourvu de portique, et ce pour deux raisons : premièrement, aucun pilier ou colonne n’a été

Fig. 55.  Caseggiato delle Taberne Finestrate, planimétrie de la phase 3 (DAO P.T.).

niée. En effet, c’est à ce moment qu’est construite la majeure partie des murs visibles aujourd’hui sur le site et que le plan de l’édifice se met en place (fig. 55), donnant vie à un complexe d’une tout autre ampleur que l’édifice antérieur (Pl. I-II). Nous n’allons pas reprendre ici la description de l’édifice, déjà présentée plus haut (p. 5-7), mais nous attirerons l’attention sur les éléments spécifiques à la phase 3. La première différence par rapport à l’état actuel du caseggiato est que les pièces (J), (M), (N) et (O) s’ouvrent complètement sur le couloir (R) et la cour (a) ; de la même manière, le couloir (I) n’était pas interrompu, comme aujourd’hui, par un mur, mais il communiquait directement avec la parcelle voisine à l’est.8 Les pièces (C) et (D) constituaient à cette

Fig. 56.  Pilier dans la cour (b) en cours de fouille (PA-OANT R 1648-3).

65

Phase 3

Fig. 57.  CTF, cour (a), flanc ouest - orthophoto (P.T.).

trouvé à proximité du mur ouest ; deuxièmement, le mur périphérique ouest de la cour n’aurait pas pu soutenir le poids d’une quelconque charpente à cause de sa faible épaisseur (cfr. p. 34-35), qui en font vraisemblablement un simple muret de séparation entre les deux parcelles. Technique de construction Matériaux employés pour les maçonneries La technique employée pour la construction des murs est, sans surprises, celle de l’opus testaceum, avec des briques triangulaires et un blocage en opus caementicium10. Les briques employées sont de bonne facture et de forme bien définie (figs 57-58) ; la pâte est compacte et sans grandes inclusions, et elle présente une gamme de couleurs homogène mais variée, qui va du jaune-rosé

Fig.58.  CTF, mur périphérique ouest, face externe : détail.

66

au rouge foncé. Les dimensions moyennes des briques varient entre 3,5 et 4,5 cm de hauteur et 19,8 et 22,7 cm de longueur, avec une moyenne de 21,6 cm,11 ce qui correspond grossièrement à la longueur des bessales (mesurant 2/3 de pied romain), coupés en deux ou en quatre12 pour leur donner la forme triangulaire.13 Quelques exceptions sont présentes, éparpillées çà et là dans les murs, avec des longueurs de 27 à 30 cm 14. Le module employé est assez régulier, dans la mesure où l’on compte, sur 1 m², cinq ou six briques disposées sur 19 ou 20 files, pour un total de 100 à 120 briques par mètre carré. Seul le mur de parcelle semble avoir été réalisé avec des

Fig. 59.  CTF, pièce (Z), façade (photos figs 58-59 P.T.).

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

briques de dimensions et couleurs plus variées que les autres murs, ce qui indique probablement l’emploi de plusieurs lots mélangés. Quant à la façade, elle reçoit un traitement beaucoup plus soigné que le reste de l’édifice, comme il est fréquemment attesté ailleurs dans la ville.15 En effet, le parement en briques assume une fonction que l’on pourrait qualifier de décorative, avec des briques jaune clair très épurées et de moindre épaisseur (2,5 – 3 cm de moyenne), posées sur des lits de mortier quasi inexistants, d’une hauteur qui dépasse rarement 2 mm (fig. 59). Par ailleurs, d’autres types de briques sont également employés dans la construction de l’édifice : les arcs et les plates-bandes maçonnées des baies sont réalisés avec des sesquipedales de 44-45 cm, laissés entiers ou coupés en deux dans le sens de la longueur (figs 57-61), présentant les mêmes caractéristiques que les bessales en termes de facture et de couleur. Enfin, les semelles de fondation sont constituées de files de bipedales entiers, servant de base aux murs. Ces derniers déterminent également l’épaisseur des murs, qui est donc de 60 cm, soit env. deux pieds romains. Parmi tous les murs conservés de l’édifice, un seul se distingue radicalement des autres (fig. 60). Il s’agit du mur périphérique ouest de la cour postérieure de l’édifice (USM 60), qui est construit en opus mixtum et a une épaisseur inférieure aux autres (40 cm). Malgré ces différences, ce mur est contemporain des autres murs de la phase 3, puisque la partie en briques du mur est en connexion directe avec le mur USM 61 sans interruptions. Cette incohérence ne peut s’expliquer que par deux moyens. Une première solution est que les constructeurs ont opté pour un mur moins épais et une technique différente parce que le mur de la cour (b) n’avait qu’une fonction de séparation des parcelles et ne devait soutenir aucune structure lourde. Cela expliquerait pourquoi le mur USM 61 se prolonge pour encore 2,3

Fig. 60.  CTF, cour (b), mur ouest - USM 60 (photo P.T.).

Fig. 61.  CTF, couloir (R), flanc est, détail (photo P.T.).

m, qui correspond à la largeur du portique à piliers qui occupait à cette période-ci le côté nord de la cour. La deuxième solution amène à des conclusions plus importantes pour la compréhension de l’évolution de la parcelle au cours du temps : il n’est pas impossible que le mur en question soit en réalité le mur périphérique de l’édifice républicain, qui aurait été maintenu en fonction tel quel et partiellement repris par un chaînage en briques au point de contact avec le mur USM 61. En effet, l’épaisseur est la même que celle des murs de la soi-disant domus, selon les mesures données par les fouilleurs de 1973. De plus, bien que mal conservé et fort restauré, le parement en blocs de tufs semble avoir été réalisé avec des cubilia irréguliers, fort différents de ceux généralement employés pour les murs en opus mixtum de IIe siècle ap. J.-C. Si le mur est resté le même depuis l’époque républicaine, il est probable que la fonction de l’espace n’ait pas changé non plus. Cela impliquerait que, à cet endroit, l'édifice antérieur au caseggiato ait pu aussi posséder une cour à ciel ouvert, comme cela avait été soupçonné par les fouilleurs sans qu’ils aient pu apporter des preuves tangibles (cfr. p. 96 et sv.). En absence de données supplémentaires, cette théorie ne peut être vérifiée ; en effet, le mur n’a été que partiellement dégagé par les fouilles et le peu qui est conservé est en si mauvais état qu’il n’est pas possible de distinguer une véritable césure dans le mortier entre la partie du IIe siècle ap. J.-C. et une partie potentiellement plus ancienne. Toutefois, cette hypothèse reste digne d’être prise en considération. Remployer les cours et les péristyles des édifices républicains dans les chantiers de construction du IIe siècle ap. J.-C. est une pratique fréquemment attestée à Ostie, comme dans le Cortile del Dioniso et, plus tard, dans le péristyle de la Domus di Giove Fulminatore (cfr. p. 113 et sv.) ; de même, le Caseggiato a Botteghe, qui s’implante au-dessus de la Domus del Por-

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Phase 3

Fig. 62. Mortier avec pouzzolane rouge et lissage en chanfrein (photo P.T.).

Fig. 63. Mortier avec pouzzolane noire et lissage en chanfrein (photo P.T.).

tico di Tufo, semblerait être pourvu d’une large cour postérieure, qui correspondrait au péristyle de la domus. Dans ce contexte, supposer le même phénomène pour le Caseggiato delle Taberne Finestrate ne nous semble pas injustifié.

liées à la construction du caseggiato, où au contraire on remarque un choix spécifique des matériaux employés. Plusieurs sont les éléments de l’édifice antérieur qui auraient pu être remployés dans le chantier de construction, in primis les nombreux fragments d’enduits peints qui composaient l’essentiel de la couche de remblai USC 70. Ce phénomène peut surprendre, mais il est en réalité fréquemment attesté, non seulement à Ostie mais dans tout l’empire. Des études récentes ont démontré qu’il existe véritablement une « deuxième vie des enduits peints »,18 qui sont utilisés dans les chantiers comme matériaux de construction (broyés dans les mortiers, utilisés pour combler des trous de boulin ou parfois même pour construire des pans de mur), mais aussi à l’intérieur des couches de terre. En effet, les enduits fragmentaires semblent posséder de nombreuses vertus : ils sont disponibles en grande quantité, ont un faible coût, sont plus légers que les matériaux lithiques et – surtout – semblent avoir une propriété d’absorption et de rétention de l’eau. Ce dernier élément s’avère particulièrement utile sur un site comme Ostie, où la nappe phréatique est très haute et où l’eau a tendance à monter lors de grosses précipitations.19 De même, les nombreux blocs de tufs utilisés dans les fondations des murs pourraient être les mêmes moellons qui composaient les murs en opus quasi reticulatum de l’édifice à cour. En effet, il est pratiquement impossible de distinguer les murs républicains des fondations du IIe siècle ap. J.-C., si ce n’est par le mortier et les lits de pose, qui sont beaucoup plus épais et irréguliers dans les fondations ; aucune preuve ne peut être fournie pour confirmer cette hypothèse, mais elle n’en reste pas moins tentante.20 À Ostie, le phénomène du recyclage dans la construction correspond parfaitement à la logique des grands travaux mis en œuvre dans toute la ville sous les règnes de Trajan et Hadrien, dont l’objectif pre-

Liants utilisés Le mortier de chaux employé pour la construction des murs est d’une homogénéité déconcertante et est aisément reconnaissable par rapport à celui des phases successives. Il est caractérisé par une matrice blanche et homogène, riche en chaux, à laquelle est mélangé un nombre important d’agrégats de pouzzolane de couleur rouge ou noire (figs 62-63), selon l’endroit où l’on se trouve (cfr. infra). 16 La pouzzolane rouge est broyée plus finement et plus présente dans le liant, alors que la pouzzolane noire a une granulométrie plus importante. Les joints sont pleins et ont été lissés en chanfrein, c’est-à-dire qu’ils présentent une section oblique, où l’arête supérieure des briques a été dégagée par le maçon.17 L’épaisseur des joints de lit est également constante et oscille entre 1 et 2 cm de hauteur, celle des joints montants entre 0,6 et 1 cm. Le chantier de construction Comme il a été vu supra, la mise en place du chantier de construction du caseggiato a nécessité une utilisation intelligente des espaces et des ressources disponibles. Le démantèlement des structures plus anciennes a été rentabilisé de façon optimale : les restes des murs ont servi de fondation ou de sous-fondation aux murs du caseggiato et les gravats produits lors de la destruction ont été soigneusement récoltés et probablement remployés, comme l’atteste l’absence de couches de destruction entre les pavements de la domus et l’absence de gravats dans les couches de remblai

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Fig. 64.  CTF, pièce (L), mur ouest : mise en évidence des trous de boulin et restitution d’un échafaudage encastré à bascule (P.T.).

mier est d’exploiter au mieux l’espace pour le rendre plus rentable et de construire rapidement avec les matériaux à disposition.21 Concernant les matériaux employés pour la construction de l’élévation, et plus particulièrement les briques, peu de choses peuvent être dites. Comme nous avons vu, l’homogénéité des mesures et de l’aspect extérieur suggère l’emploi de lots neufs, achetés spécifiquement pour l’occasion, mais la variabilité des couleurs suggère l’emploi de plusieurs lots mélangés ensemble.22 Les timbres retrouvés sur quelques briques (cfr. p. 91-93) renvoient aux grandes productions des environs de Rome du IIe siècle ap. J.-C. mais ne donnent pas de renseignements sur d’éventuels commanditaires. Toutefois, au-delà de la provenance des matériaux employés pour sa construction, le Caseggiato delle Taberne Finestrate offre un terrain d’analyse privilégié pour comprendre les mécanismes de l’organisation du chantier. En effet, une lecture stratigraphique approfondie de l’élévation a permis de repérer toute une série de traces qui permettent de restituer les dynamiques de construction et identifier ainsi les grandes étapes de la mise en œuvre. Premièrement, les traces le plus aisément repérables sont les nombreux trous de boulin présents sur pratiquement tous les murs du bâtiment, seuls vestiges des échafaudages qui ont servi à construire les murs (fig. 64). L’utilisation d’échafaudages encastrés dans la maçonnerie n’a bien entendu rien de surprenant quand on parle de

Fig. 65.  Dessin restitutif d’un échafaudage encastré à bascule (DAO P.T.).

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Phase 3

Fig. 67.  CTF, mur périphérique ouest, face externe, détail des césures C et D (photo P.T.).

construction romaine, mais il est intéressant de relever quelques constantes que l’on retrouve dans l’ensemble de l’édifice, et qui démontrent encore une fois la grande régularité du chantier : de forme circulaire, tous les trous de boulin ont un diamètre compris entre 10 et 20 cm ; ils sont placés horizontalement à un intervalle d’environ 70-80 cm, et verticalement à un intervalle d’un mètre environ ; ils sont disposés en quinconce, ce qui permet d’affirmer que la construction des murs s’est faite au moyen d’échafaudages encastrés à bascule (fig. 65), et non à rang de perche.23 La plupart des trous ne sont pas passants et s’enfoncent dans le mur sur une profondeur d’environ 20 cm. Un petit nombre traverse toute l’épaisseur du mur, mais cela semble dû plutôt à une mauvaise conservation des structures. D’une manière générale, aucune trace de rebouchage des trous de boulin n’est visible dans les murs de cette phase, alors que pour les murs des phases

Fig. 66.  CTF, mur périphérique ouest, face externe - orthophoto avec indication des trous de boulin et des césures (P.T.).

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Fig. 68.  CTF, mur périphérique ouest, face externe - césure G, détail (photo P.T.).

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Fig. 69.  CTF, répartition des mortiers à pouzzolane noire et rouge (DAO P.T.).

ultérieures les trous sont comblés par des moellons grossiers ou des fragments d’enduit peint superposés. Un témoin particulièrement précieux pour l’interprétation des dynamiques du chantier de l’édifice est la face externe du mur périphérique ouest de la parcelle, sur laquelle sont conservées plusieurs traces laissées par les constructeurs. Les plus intéressantes sont peut-être une série de césures nettes qui scandent le mur sur toute sa longueur et sur toute la hauteur conservée (fig. 66, Pl. II). Ces dernières créent des discontinuités dans les assises de briques sans toutefois que l’on distingue aucune différence dans le type de mortier utilisé. De plus, elles se répètent avec une régularité surprenante, en alternant deux longueurs très précises, une longue (7-7,5 m) et une courte (4-4,5 m). À chaque longueur correspond un nombre constant de trous de boulin, 6 pour la courte, 10 pour la longue. Ce genre de traces, généralement interprétées comme point de rencontre entre deux équipes de travail,24 doit se comprendre ici comme marque des pontate, la largeur couverte par un échafaudage. Ces césures nous renseignent donc sur les dimensions de ces échafaudages – qui semblaient être de deux longueurs différentes – et fournissent des informations importantes sur l’avancement du chantier de construction du mur, qui s’est fait portion par portion, en montant au moins à cinq mètres avant que l’échafaudage ne soit déplacé. Parmi les césures identifiées, un élément interrompt la régularité observée supra. Il s’agit d’une césure supplémentaire (C sur la fig. 66), à une dizaine de mètres de la façade, placée à seulement 90 cm de la précédente. Cette incohérence ne peut

s’expliquer que si l’on pense à une modification du projet en cours de chantier ; en effet, au-delà de la césure C, la hauteur des trous de boulins change brusquement et passe de 1,30 m au-dessus de la semelle de fondation à 1 m (figs 66-67). Cette différence de niveau pourrait avoir été dictée par une certaine irrégularité du terrain.25 Il faudrait donc imaginer que les constructeurs avaient commencé à monter l’échafaudage et à construire le mur lorsqu’un changement de niveau du sol les a forcés à monter les échafaudages plus bas. Cette césure « supplémentaire » est également importante pour déterminer le sens d’avancement du chantier. Vu sa position, la seule solution que nous envisageons est que le chantier de construction du caseggiato est parti de la façade nord et s’est progressivement dirigé vers le sud, à l’arrière de la parcelle. Cette affirmation s’appuie également sur l’observation du type d’agrégat employé pour les mortiers des murs. En effet, nous avons dit plus haut que les inclusions les plus fréquentes dans le mortier de cette phase étaient de la pouzzolane noire et de la pouzzolane rouge. Or, en observant en détail les murs, on aperçoit une particularité intéressante : l’utilisation de la pouzzolane rouge est limitée à une partie de l’édifice seulement, alors que la pouzzolane noire est utilisée partout ailleurs. En effet, comme on le voit sur le plan reproduit en fig. 68, la pouzzolane rouge se retrouve uniquement à l’arrière du bâtiment, au sud. Sur le mur périphérique ouest de l’édifice, le passage d’un type de mortier à l’autre se fait entre deux pontate, à la hauteur de la césure G (fig. 69). Si l’on admet que la progression du chantier de construction s’est faite du nord vers le sud, la

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Phase 3

Fig. 70.  CTF, mur périphérique ouest, face externe, lot de briques rouges entre C et E (P.T).

pouzzolane rouge ne serait donc intervenue qu’à la fin des travaux. C’est ce que semble démontrer le fait qu’elle est en minorité par rapport à la pouzzolane noire. De même, sur les murs de la cage d’escalier (G), on peut clairement voir que le mortier des murs sud et ouest de la pièce a été réalisé avec de la pouzzolane rouge tandis que c'est de la pouzzolane noire qui a été utilisée pour celui du mur nord. Or, le mur ouest s’appuie clairement sur le mur nord, et a donc été construit dans un second temps. On peut en déduire que la partie arrière de l’édifice n’a été construite qu’après que la partie avant ait été achevée, du moins pour ce qui est de l’élévation du rez-dechaussée.26 Un dernier argument sur l’ordre d’avancement du chantier de ce mur périphérique ouest se trouve dans la portion de mur comprise entre les césures C et E (fig. 70). La partie basse du mur se distingue du reste par une large « tache » de briques rouges, en dessous de la première file de trous de boulin. Il s’agit probablement d’un même lot de briques, qui contiendrait un nombre approximatif et minimal de 560 briques (20 files de 28 briques environ). À environ 1,5 m de la césure D, les briques deviennent à nouveau jaunes, et le resteront dans la partie supérieure du mur, au-delà de la première file de trous de boulin ; cela implique non seulement qu’un nouveau lot est employé, mais également que cette

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portion de mur a effectivement été construite de la gauche vers la droite, c’est-à-dire du nord vers le sud, ce qui confirme ce qui a été dit supra. Reconstruction architecturale Revêtements des sols et des parois Très peu de traces se sont conservées des revêtements des sols et des murs du caseggiato dans son ensemble, et les éléments que l’on peut rattacher à la phase 3 sont encore moins nombreux. En effet, l’édifice a subi plusieurs remaniements au cours de son histoire et il est difficile d’établir avec certitude ce qui appartient à cette phase-ci ou à une autre. Toutefois, bien que maigres, quelques éléments de décoration méritent d’être cités. En termes de revêtements de sol, la seule trace conservée est une portion de pavement située dans la pièce (L) (fig. 71). En effet, dans la tranchée des fouilles de 1947-1952 laissée à l’air libre on peut voir une étroite bande d’1,4 m de long en mortier blanc à matrice lithique, sans inclusions apparentes. Le mortier composant le pavement a été posé sur une couche de préparation épaisse d'environ 10 cm, caractérisée par un grand nombre d’inclusions de fragments de tuiles et d'écailles de tuf. L’ensemble est posé sur la couche de terre qui recouvre les structures plus anciennes. Ce pavement est d’une grande impor-

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Fig. 71.  CTF, pièce (L), mur est : portion de sol en mortier de la phase 3 (photo P.T.).

tance puisqu’il nous donne le niveau du sol relatif à cette phase, qui est de 1,22-1,32 m ASL. Cela correspond aux niveaux relevés par M.L. Veloccia Rinaldi dans son sondage de 1973 dans la pièce (A), qu’elle place à 1,30-1,40 m ASL. Ces mesures ont été prises à la hauteur des semelles de fondation de la phase 3 puisque, étrangement, aucune trace d’un niveau de sol pertinent à cette phase Fig. 73.  CTF, pièce (N), revêtement de la voûte, piqueté (photo P.T.).

n’a été trouvée à cet endroit. Cette absence est toutefois tout aussi parlante, puisqu’elle signifie que soit le pavement original a été enlevé dans l’antiquité, soit il s’agissait simplement d’un sol en terre que les archéologues n’ont pas reconnu. La question reste ouverte. Pour ce qui est des revêtements muraux, très peu se conserve aujourd’hui, et il est difficile d’en

Fig. 72.  CTF, cour (a), mur sud : portion d’enduit et surface piquetée (photo P.T.).

Fig. 74.  CTF, pièce (A), coin nord-est, enduit-peint (photo P.T.).

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Phase 3

Fig. 75.  CTF, pièce (C), paroi ouest : enduit peint (photo P.T.).

restituer les éventuelles présences. Rien ne reste d’un éventuel enduit sur les murs extérieurs de l’édifice, si ce n’est peut-être une légère patine blanchâtre sur la face externe du mur périphérique ouest de l’édifice, qui semble toutefois être une simple concrétion. La situation change pour la cour (a) et les couloirs (E) et (R), qui étaient très certainement recouverts d’enduit, comme l’attestent plusieurs portions conservées (fig. 72). Cet enduit, probablement un simple lait de chaux blanc mélangé à un pigment jaunâtre, a été appliqué sur une fine couche de mortier de chaux blanchâtre, épaisse entre 0,3 et 0,5 cm avec un agrégat de cailloutis, elle-même appliquée sur une couche plus grossière, riche en pouzzolane noire et épaisse entre 0,6 et 1 cm. Le mur sur lequel il pose présente des traces nettes de piquetage sur les briques, servant à garantir une meilleure adhérence du mortier sur le support. Le même type d’enduit se retrouve également sur les voûtes des pièces (N) et (S). Toutes deux sont à fond blanc uni, mais dans la pièce (S), un léger bandeau rouge, très mal conservé, semble accompagner la jonction entre la lunette du mur nord et la voûte. Aucune décoration n’est visible sur la

voûte de la pièce (N), où l’enduit a été piqueté pour la réalisation d’une deuxième décoration, qui n’est pas conservée (fig. 73). Rien n’empêche toutefois que ces revêtements appartiennent à des phases postérieures de la vie du caseggiato. En dehors des enduits à peine mentionnés, les seuls éléments décoratifs pariétaux qui peuvent sans l’ombre d’un doute être attribués à la phase 3 sont conservés dans les pièces (A) et (C) ainsi que dans la cour (b). Les traces d’enduit les plus consistantes se conservent dans le coin nord-est de la pièce (A) ; là, un mur pertinent à la phase postérieure (USM 32) a recouvert une petite portion d’enduit peint, fournissant un terminus ante quem extrêmement utile pour la datation de celui-ci. La surface picturale, de couleur blanche, est très mal conservée, ce qui ne permet pas de déterminer l’éventuelle présence de décor27 (fig. 74). Dans la pièce (C), une portion d’enduit peint se conserve dans l’embrasure d’une des deux portes. Comme dans le cas précédent, elle est arrivée jusqu’à nous grâce au fait qu’elle a été recouverte par un mur qui bouchera la porte au cours de la phase 4c (cfr. infra). Ce dernier étant encore en place, il n’est pas possible de voir la peinture, dont on aperçoit uniquement la préparation en coupe28 (fig. 75). La décoration est illisible mais une petite partie conservée permet de déterminer la couleur de fond de celle-ci, qui est jaune. Dans la cour (b), en revanche, le revêtement du mur périphérique ouest – USM 60 – est connu par les dessins de M.A. Ricciardi de 1973 (USM 49) (fig. 76). Aujourd’hui, pratiquement rien ne reste de cet enduit, si ce n’est un bord de ciment toujours visible sur le mur, qui aurait dû soutenir la portion conservée. Les dessins d’archives ne représentent aucun élément qui permettrait d’identifier l’éventuelle présence d’éléments de décor, mais on peut supposer qu’il s’agissait d’un fond rouge, comme semblent le montrer quelques fragments d’enduit monochrome peint en rouge retrouvés au pied du mur ainsi qu’une portion d’enduit encore en place, occultée par le mur USM 36, qui s’y appuie, en très mauvais état de conservation. Systèmes de couverture et plafonds

Fig. 76.  CTF, cour (b), paroi ouest : enduit peint (Ricciardi 1973, PA-OANT inv. 4712).

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L’état de conservation du Caseggiato delle Taberne Finestrate est suffisant pour déterminer le système de couverture de la plupart des pièces du rez-dechaussée (fig. 77). En effet, l’élévation conservée dépasse les 5 m de hauteur (Pl. I) et plusieurs pièces possèdent encore partiellement leur plafond. Ainsi, les pièces (H), (J), (K), (L), (M), (N), (O) et (Q) conservent toutes les retombées de voûtes en berceau disposées dans le sens de la longueur

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Taberne Finestrate de la pièce. Les pièces (N) et (O) sont les mieux conservées, puisqu’elles présentent également le sommet de la voûte. Bien que fort restaurées, elles conservent encore le nucleus en opus caementicium et, pour la voûte (N), le revêtement d’enduit blanc mentionné supra (fig. 73). Sur les parties où l’enduit n’est pas conservé, on distingue encore clairement l’empreinte des briques carrées utilisées comme coffrage permanent lors de la construction.29 La pièce (S), quant à elle, conserve encore dans un bon état sa voûte d’arêtes, dont deux des côtés sont encore en place et qui présentent encore, comme il a été vu, une partie de leur décoration (fig. 78). Pour ce qui est des autres pièces, aucun élément ne permet de déduire le type de couverture employé, mais on peut aisément imaginer une configuration semblable à celle des pièces décrites supra. Bien que nommés « angiporti »30 par les premiers fouilleurs, les couloirs (E) et (R) étaient également couverts par une voûte en berceau, comme le montre clairement le fait que le mur en briques s’interrompt à 3,4 m de hauteur pour laisser place à un conglomérat d’opus caementicium légèrement arqué qui ne peut s’expliquer que par la présence d’une voûte (fig. 79).31 L’arc conservé à la fin du couloir (R) n’était donc pas, comme l’imaginait J. Packer,32 un contrefort, mais bien le début de la voûte. Hormis les cours (a) et (b), qui sont les seuls espaces ouverts de l’édifice, il faut imaginer que toutes les pièces étaient couvertes de la même manière. Le résultat était celui d’un bâtiment imposant et massif. En effet, la hauteur des voûtes au sommet atteint les 5 m à partir du niveau de sol moderne, et dans la pièce (L) la hauteur entre le niveau de sol antique de cette phase et le sommet de la voûte a pu être mesurée à 5,48 m33 (fig. 80).

Fig. 77.  CTF, phase 3 : systèmes de couverture (DAO P.T.).

Fig. 78.  CTF, pièce (S), voûte d’arêtes (photo P.T.).

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Phase 3

Fig. 79.  CTF, couloir (R), naissance de la voûte en opus caementicium (photo P.T.).

Cette hauteur de plafond porte à penser que certaines des pièces pouvaient être pourvues de mezzanines, des pergulae, que l’on pouvait atteindre par un escalier ou une échelle en bois, parfois soutenu(e) par une base en maçonnerie.34 C’est ce que semblent confirmer des larges trous rectangulaires (de 30-35 cm de largeur) visibles dans les murs des pièces (K), (L) et (O) et (S), qui peuvent être interprétés comme des trous de poutres qui soutenaient une mezzanine (fig. 77). Les trous les plus clairement identifiables se trouvent dans la pièce (K) (fig. 81) : trois paires sont disposées aux extrémités et au centre de la pièce, ce qui indique que toute la pièce était occu-

Fig. 80.  CTF, pièce (L), vue de l’intérieur (photo P.T.).

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pée par un étage supérieur, auquel on accédait probablement par un escalier en bois, dont aucune trace cependant ne semble se conserver. Les trous sont placés à 2,80 m de hauteur par rapport au niveau de sol moderne, ce qui signifie que le plafond était placé à environ 3,30 m du niveau de sol antique, ce qui laissait environ 1,41,5 m de hauteur pour l’étage. Les mêmes proportions se retrouvent dans la pièce (O), où deux poutres soutenaient l’étage, aux deux extrémités de la pièce. Dans la pièce (S) cependant, seules deux paires de trous ont pu être clairement identifiées ; il faut peut-être donc imaginer une petite mezzanine couvrant une partie de la pièce plutôt qu’un véritable étage. Pour ce qui est des autres pièces, aucune trace évidente n’a pu être identifiée, en raison du peu d’élévation conservée ou des restaurations modernes. Ouvertures et systèmes de fermeture des pièces Le nombre de pièces du caseggiato est accompagné d’un nombre au moins égal de portes et de fenêtres. Ces dernières sont tellement nombreuses dans l’édifice qu’elles lui ont valu, dès sa découverte, son appellation moderne d’édifice des «  botteghe finestrate ». En effet, les fenêtres flanquant l’entrée des pièces (J), (K), (L), (M), (N), (O) et (S) constituent une particularité propre à ce bâtiment, qui rarement se trouve de manière aussi systématique. Sur la fonction de ces ouver-

Fig. 81.  CTF, pièce (K), vue de l’intérieur (photo P.T.).

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Fig. 82.  CTF, cour (a), flanc ouest - orthophoto (P.T.).

tures, C. Pavolini suggère qu'elles servaient de vitrine pour les marchandises des magasins.35 La taille des fenêtres36 (1,90 m x 1 m) semble étayer cette hypothèse, mais un élément permet d’exprimer quelques doutes, sans toutefois apporter de réponse : en effet, la fenêtre de la pièce (L) est

située à une hauteur de 1,80 m par rapport au niveau de sol de la phase 3 (fig. 80). Certes, il est possible que le niveau intérieur de la pièce ait été inférieur au niveau de la cour extérieure (qu’on ignore), mais cela parait peu probable. Il semblerait donc que les fenêtres – du moins celles de la

Fig. 84.  CTF, seuil d’entrée de la pièce (Y) sur le decumanus (photo P.T.).

Fig. 83.  CTF, couloir (R), vue sur la pièce (O) (photo P.T.).

Fig. 85.  CTF, seuil d’entrée sur la pièce (Y), détail (photo P.T.).

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Phase 3

Fig. 87.  CTF, pièce (Y), porte sur le couloir (R), encoche dans le mur (photo P.T.).

Fig. 86.  CTF, phase 3 : systèmes de fermeture (DAO P.T.).

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cour (a) – aient servi plus simplement de point de lumière supplémentaire, et répondent à la nécessité des constructeurs de rendre ces pièces très lumineuses.37 Cette volonté se fait également sentir dans les nombreuses autres fenêtres qui percent les murs des pièces (K), (L), (O) et (P) (figs 82-83, Pl. I-II), qui sont pourvues de petites ouvertures donnant sur le Vico Cieco, de 1 x 0,60 m de grandeur et placées à plus de 3 m du sol antique.38 De même, une petite ouverture est pratiquée dans le mur ouest de la pièce (Q) pour communiquer avec la pièce (P) et accueillir un peu de la lumière portée depuis le Vico Cieco. Enfin, les grandes lucarnes quadrangulaires (1 x 1 m) au sommet arqué, disposées au-dessus des espaces (G), (H), (I), (J), (K), (L) et (M), illuminent depuis la cour (a) soit la pièce en elle-même, soit la pergula placée au-dessus de la boutique. Si les éléments en matériaux périssables – comme les châssis – ne se sont évidemment pas conservés, quelques traces permettent de restituer – en partie – les systèmes de fermeture employés. En effet, des trous rectangulaires sur les côtés des fenêtres des pièces (K) et (L) sug-

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gèrent la présence de barres de fer destinées à entraver l’entrée ou bloquer des volets en bois. Le même raisonnement peut se faire pour les portes présentes dans le caseggiato, où plusieurs traces permettent de restituer de manière beaucoup plus fructueuse les différents systèmes de fermeture des pièces (fig. 86). Un premier élément à examiner est la présence éventuelle de seuils en pierre. Malheureusement, pour la phase 3, ces derniers ne se sont pratiquement pas conservés en raison des rehaussements successifs de niveau subis par la parcelle au cours des années qui suivent. Le seul seuil qui appartient avec certitude à la phase 3 est celui de la pièce (Y), qui donne sur le decumanus maximus (figs 84-85). En effet, ce dernier a servi de fondation à des murs plus tardifs, construits à un moment où la façade est entièrement refaite (cfr. infra, phase 5). Seules les extrémités englobées dans le mur sont aujourd’hui visibles, mais elles sont suffisamment conservées pour dire que le seuil de la pièce était occupé par une dalle en travertin, longue environ 3,50 m, haute 44 cm et large environ 60 cm. Le plus grand nombre de renseignements sur la fermeture des pièces nous vient donc des traces laissées dans les murs. Bien sûr, rien n’empêche que ces traces aient été produites à des périodes

ultérieures, mais par praticité et en absence d’éléments nous avons choisi de les présenter toutes ici. Concernant les portes, deux types de fermetures ont pu être identifiés. Le premier type, le plus répandu dans l’édifice, correspond à celui de la porte à simple battant et se trouve dans les ouvertures plus étroites, dont la largeur oscille entre 1,20 et 1,25 m. Plus rien ne se conserve du montant, qui était en bois,39 mais un grand nombre d’ouvertures présente sur un des jambages une longue encoche (fig. 87), dont la forme – étroite et peu profonde – est compatible avec les traces laissées par l’utilisation d’un loquet à bascule40 (fig. 88). Le deuxième type de fermeture est celui utilisé pour les portes les plus larges, principalement les boutiques donnant sur le couloir (R) (larges env. 1,5 m) et la cour (a) (larges env. 2,4 m). Très peu se conserve en raison des restaurations modernes, mais sur quelques murs on peut clairement voir des petits trous rectangulaires, destinés à recevoir une barre de fermeture en bois ou en métal. Nous aurons l’occasion de nous arrêter plus longuement sur cet aspect au chapitre suivant. Il est intéressant de noter que le type de porte est lié, outre à la largeur de la baie, au type de couvrement employé pour l’ouverture. Ainsi, les portes à un battant se trouvent systématiquement

Fig. 88.  CTF, pièce (Y), porte sur le couloir (R) : photographie et restitution du système de fermeture (P.T.).

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Phase 3

Fig. 89.  CTF, pièce (U), escalier (photo et schema P.T.).

Fig. 90.  Schéma explicatif du calcul de la hauteur de l’escalier.

dans des ouvertures surmontées par une platebande arquée en maçonnerie, alors que les ouvertures les plus larges sont de forme rectangulaire et sont surmontées par un linteau en bois,41 soulagé par un arc de décharge. Les seules exceptions sont les portes d’entrée des pièces (G) et (O), qui présentent les traces rectangulaires du deuxième type tout en étant surmontées de simples plates-bandes maçonnées. Les entrées

des couloirs (H) et (I) présentent tous deux les mêmes encoches que les petites portes mais ont une largeur qui dépasse les 2 m. Elles sont surmontées d’un arc en plein cintre. Ces dernières sont également beaucoup plus hautes, puisqu’elles atteignent une hauteur de 3 m à partir du niveau de sol moderne, alors que les petites portes ne dépassent pas les 2 m et les portes plus larges les 2,20 m.

Fig. 91.  CTF, pièces (U) et (V), plan et restitution de l’escalier (DAO P.T.).

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Taberne Finestrate

Escaliers Deux cages d’escalier ont pu être identifiées dans les vestiges de l’édifice. La première se trouve dans la pièce (U), la deuxième dans la pièce (G). La mieux identifiable est sans aucun doute celle de la pièce (U) (fig. 89), où une partie de la rampe est encore partiellement conservée. Dans la pièce (G), en revanche, les restaurations massives subies par les structures au XXe siècle ont effacé toute trace de l’escalier sur le mur, seules les deux premières marches sont conservés. L’escalier de la pièce (U) est réalisé en maçonnerie, avec des contremarches en briques – identiques à celles qui sont utilisées pour les murs – et des marches en tuile, larges environ un pied (31 à 33 cm). Le tout semble apposé sur un noyau en opus caementicium, visible à l’arrière de l’escalier. Les trois premières marches sont parfaitement conservées, il est donc possible d’obtenir les mesures d’origine : l’emmarchement (largeur de la marche) mesure à peu près 1,35 m, alors que le giron (profondeur de la marche) correspond à la longueur des tuiles, qui varie de 28 à 34 cm, avec une moyenne de 30 cm. La hauteur des marches est assez régulière et s’oriente autour des 22 cm. Ces mesures correspondent parfaitement aux proportions préconisées par Vitruve42 et peuvent être retrouvées dans l’ensemble des escaliers conservés à Ostie, comme l’a démontré E. Cosimi en 1998 dans son étude sur les escaliers de la ville43 en approfondissant les observations faites

par J. Packer 44 et G. Calza. 45 Les proportions employées entre la profondeur et la hauteur de la marche semblent constantes et répondent à une règle précise, que Cosimi mesure à 2x la hauteur + profondeur = 7446, une proportion que retrouve également S. Stevens dans le complexe des Case a Giardino et N. Bauers dans les Insulae dell’Ercole Bambino et del Soffitto Dipinto.47 Connaître les dimensions des marches de l’escalier constitue dans notre cas une information particulièrement précieuse pour notre « reconstruction architecturale ». En effet, si l’on met en relation ces mesures avec la profondeur de la pièce (U) – 4,6 m en l’occurrence –, il nous est possible de calculer la hauteur de la cage d’escalier, et d’en restituer par là l’apparence d’origine. En effet, un simple calcul trigonométrique permet de déterminer l’amplitude approximative de l’angle pris par l’escalier, ce qui nous permet de calculer la hauteur du triangle formé par la rampe. Ainsi, Si a = profondeur de la marche, b = hauteur de la marche et α = angle de l’escalier, Alors α peut être calculé si l’on connait sa tangente, puisque tg α = b/a. Dès lors : a = 30 ; b = 22 => tg (α) = 22/30 = 0,733 => α = tg-1 (α) = 36,24

L’angle pris par l’escalier est donc – approximativement – de 36°.48 On peut supposer que l’escalier devait monter d’une manière régulière sans

Fig. 92.  CTF, pièce (G), plan et restitution de l’escalier (DAO P.T.).

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Phase 3 changements d’amplitude, comme on peut clairement le voir dans les murs latéraux de la pièce (U), qui conservent l’empreinte de l’escalier en négatif (fig. 89). En appliquant encore une fois les lois de la trigonométrie, il est possible de déterminer la hauteur de toute la rampe d’escalier. En effet, nous connaissons la base du « triangle », qui correspond à la longueur de la pièce (U), et nous connaissons l’angle, qui est le même (fig. 90). Si c = hauteur de la pièce, d = la longueur de la pièce et α = angle de l’escalier, Et que tg (α) = c/d Alors c = tg (a) × d Dès lors, c = tg (36) × 460 = 334,2

La hauteur supposée de l’escalier peut donc être mesurée à 3,34 m.49 Ce résultat est intéressant, dans la mesure où l’étage supérieur de l’édifice se trouvait à un peu plus de 5 m de hauteur (cfr. supra). On pourrait supposer que l’escalier changeait d’angle à mi-chemin et prenait une pente plus raide, mais nous avons vu que l’empreinte laissée dans le mur prouve le contraire.50 Il faut donc penser que la rampe de la pièce (U) devait disposer d’un palier intermédiaire, situé à environ 3 m de hauteur,51 d’où partait une deuxième rampe permettant d’arriver au premier étage. Cette deuxième rampe était disposée à angle droit par rapport à la première et devait forcément se trouver dans la pièce (V), adjacente à la pièce (U). Ce type d’escalier (fig. 91) correspond au type VI de la catégorie proposée par E. Cosimi,52 et trouve quelques parallèles à Ostie, le plus proche étant celui du Portico di Pio IX.53 Le deuxième escalier, celui de la pièce (G) (fig. 92), est de plus simple compréhension et ne demande pas de calculs particuliers pour être restitué. Comme dit au début de cette partie de texte, aucune trace à proprement parler ne se conserve de la maçonnerie d’origine, puisque les restaurations mimétiques des années 1930 ont pratiquement reconstruit le mur dans son entièreté sans tenir compte des empreintes des marches qui devaient s’y trouver. De plus, la base de l’escalier était conservée mais elle a perdu toute lisibilité en 1967, où des restaurations massives ont « englobé » les vestiges sous une chape de béton. Malgré tout, la présence d’un escalier à cet endroit est pratiquement certaine ; les fouilleurs identifient la pièce comme cage d’escalier dès le début et dessinent des marches fictives dès les premiers plans. De plus, la forme explicite de la pièce ne laisse pas beaucoup de place au doute. En effet, des petites antichambres sont disposées à l’ouest et à l’est de la pièce (G), larges toutes

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deux 1,7 m très précisément. Cette largeur correspond vraisemblablement à la largeur des paliers qui scandaient les différentes rampes d’escalier (fig. 92). Contrairement à la cage de la pièce (U), dans ce cas-ci le recul était suffisant pour faire des escaliers à une seule rampe, arrivant aux 5 m nécessaires pour rejoindre l’étage supérieur. Le palier supporté par le mur ouest de la pièce (G) permettait d’accéder directement à la deuxième rampe d’escalier, qui amenait vraisemblablement au deuxième étage. La restitution proposée en fig. 92 peut, à nouveau, éclairer de manière plus visuelle l’articulation des différentes rampes entre elles. Un escalier de ce type est défini, dans le jargon technique, comme escalier « en ciseau », et correspond au type IV de la classification de Cosimi.54 Les parallèles de ce type de rampes sont très nombreux dans les grands complexes ostiens, par exemple dans les Horrea Epagathiana et Epaphroditiana55 et le Portico ovest di Pio IX.56 Système d’adduction d’eau Un des éléments les plus complexes à appréhender dans l’analyse de structures architecturales est la restitution du système d’adduction et d’évacuation de l’eau. À l’échelle de toute une ville, la tâche est d’autant plus ardue, notamment dans le port de Rome, où nous ignorons encore beaucoup sur l’acheminement de l’eau dans la ville. Comme nous avons eu l’occasion de le dire ailleurs, la première source en eau de la ville provient de la nappe phréatique, qui est très facile à atteindre et contient une eau pure et claire malgré la proximité de la mer.57 Le Tibre était également exploité, étant aisément accessible et porteur d’une grande quantité d’eau par son débit important, mais l’eau récoltée n’était probablement pas potable, puisque celle qui arrivait à l’embouchure du fleuve était porteuse de toutes les eaux usées de la capitale.58 La ville a été, à un moment donné, certainement alimentée par un aqueduc externe, que l’on pensait provenir des monts d’Acilia59 mais qui en réalité aurait amené l’eau depuis la vallée de Malafede, une dizaine kilomètres à l’est d’Ostie, comme récemment démontré par M. Bedello Tata.60 La mise en place du système d’adduction d’eau daterait du règne de Tibère ou au plus tard de l’époque julio-claudienne, comme l’atteste une inscription datée du règne de Caligula retrouvée en 1880 par R. Lanciani sur une fistula sous le decumanus maximus.61 Toutefois, l’invention d’un fragment de fistula dans les couches augustéennes du Macellum,62 un fragment d’inscription mentionnant un balneum en lien avec C. Cartilius Poplicola63 et la datation tardo-augustéenne proposée par Ricciardi d’une fontaine qui aurait précédé la

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

Fontana a Lucerna sur le decumanus maximus64 indiquent qu’un réseau d’adduction d’eau était déjà présent, en partie, dès les premières années du Ier siècle ap. J.-C. Les édifices « privés » n’utilisaient pas, semble-t-il, ce premier réseau d’adduction, qui serait réservé aux fontaines et aux édifices publics, mais cette affirmation pourrait être contredite par la présence d’une fistula dans le tablinum de la Domus a Peristilio à l’époque augustéenne, mentionnée par G. Mainet, même s'il exprime des doutes sur son existence.65 Pour avoir des traces plus tangibles d’un réseau hydrique alimenté par un aqueduc, il faudra attendre l’époque des empereurs flaviens qui ont, selon les sources et quelques inscriptions, 66 étendu l’aqueduc et amélioré le réseau hydrique, en lien avec les rehaussements de niveau généralisés dans la ville sous Vespasien et – surtout – Domitien.67 Toutefois, ce n’est qu’au IIe siècle ap. J.-C. que l’ensemble de la ville sera alimenté en eau courante, par les travaux de Trajan et Hadrien.68 Paradoxalement, rien n’est conservé de l’aqueduc, si ce n’est des petites portions dans le bourg médiéval d’Ostia antica 69 et près de la Porta Romana, à l’extrémité est de la ville antique. La théorie la plus communément admise70 est que l’eau arrivait dans la ville par la Porta Romana et courait en partie le long de la muraille cicéronienne, maintenue en état pour supporter l’aqueduc.71 Ensuite, l’eau était répartie entre des réservoirs intermédiaires qui la stockaient pour la redistribuer ensuite dans la ville à travers un complexe réseau de canalisations de tuyaux en plomb (fistulae). Reconstruire le réseau de distribution à l’intérieur de la ville est extrêmement difficile, dans la mesure où les fistulae ont bien souvent disparu au cours des différentes phases de spoliation. La seule information certaine est la présence de la fistula de l’époque de Caligula, qui semblait traverser la ville de part en part, suivant le tracé du decumanus maximus. En ce qui concerne le Caseggiato delle Taberne Finestrate, aucune trace de canalisations d’adduction n’a été retrouvée au cours des différentes fouilles pour cette phase, ce qui rend impossible la tâche d’en reconstruire le parcours. Il est possible que, puisque le caseggiato se trouve en bordure de la zone fouillée, l’eau ait pu provenir de quelque part au sud de l’édifice, à proximité de l’enceinte de la ville. Toutefois, la fistula portant le nom de C. Fabius Agrippinus retrouvée sous l’atrium de la Domus a Peristilio semble plutôt indiquer que l’eau courante arrivait depuis le decumanus maximus, acheminée, peut-être, depuis le château d’eau de Porta Marina, quelque cent mètres plus à l’ouest.72 C’est également ce qu’affirme Cl. De Ruyt pour la fullonica d’époque tra-

jane construite de l’autre côté du decumanus sous le Tempio dei Fabri Navales, comme le montre la présence de deux fistulae installées dans le courant du IIe siècle ap. J.-C.73 Au cours de la phase 3, aucune fontaine ou bassin n’ont été retrouvés dans le Caseggiato delle Taberne Finestrate, mais il est intéressant de noter que l’eau de la nappe phréatique continue à ce moment à être exploitée grâce à un puits, situé dans la pièce (Q) du caseggiato. Ce dernier se trouve à l’endroit précis où était situé un des deux puits de l’édifice antérieur au Caseggiato delle Taberne Finestrate dans les deux premières phases d’occupation de la parcelle, ce qui constitue un marqueur de continuité supplémentaire entre l’édifice de l’époque républicaine et le caseggiato du II e siècle ap. J.-C. 74 Très peu visible aujourd’hui,75 ce puits a été mentionné par Ricciardi dans son ouvrage de 1996 La civiltà dell’acqua.76 Elle en donne les dimensions précises (0,65 cm de diamètre interne, 1,10 m de diamètre externe)77 et affirme qu’il a continué à être utilisé pendant toute la durée de vie de l’édifice. La fonction de ce puits est incertaine, il pouvait aussi bien servir aux boutiques et aux espaces annexes qu’aux habitants des appartements aux étages supérieurs. Système d’évacuation des eaux Fort heureusement, l’état de nos connaissances varie sensiblement pour ce qui concerne le réseau d’évacuation des eaux. En effet, si le plomb était préféré pour la distribution de l’eau, le système d’égouts fonctionnait à travers des canalisations maçonnées et des tuyaux en terre cuite (tubuli), arrivés jusqu’à nous en nombre bien supérieur.78 Ainsi, le réseau des égouts peut partiellement être restitué à l’échelle urbaine, notamment grâce aux nombreuses bouches d’égout retrouvées parsemées sur le site79 (fig. 93). Comme pour le réseau d’adduction, le parcours des canalisations se calque sur celui des rues de la ville ; les canalisations principales couraient en-dessous du decumanus maximus, du cardo maximus et de la Via della Foce, auxquelles se greffait un réseau capillaire de plus petites canalisations, qui circulaient en-dessous des rues secondaires et permettaient de relier l’ensemble de la ville aux canalisations principales. Selon G. Becatti et R. Meiggs, tous les égouts se déversaient dans le Tibre, au nord de la ville,80 comme semble l’indiquer – entre autres – une portion plus complète de canalisation retrouvée par D. Vaglieri en 1908 sous la Via dei Vigili, orientée clairement en direction du fleuve.81 Toutefois, G. Jansen – qui s’est intéressée en détail au réseau hydrique d’Ostie – invite à plus de pru-

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Phase 3

Fig. 93.  Restitution du réseau d’évacuation de l’eau d’Ostie (Jansen 2002).

dence en affirmant que, au contraire, le Tibre ne pouvait pas être la seule voie d’évacuation des eaux usées. En effet, en comparant l’altimétrie des différentes portions connues d’égout, elle a relevé que plusieurs d’entre elles semblaient se diriger vers le sud de la ville ; tout en disant qu’aucune réponse ne peut à ce jour être donnée, elle émet l’hypothèse qu’une partie des eaux de la ville était évacuée dans la mer, à travers un canal situé au sud de la ville82 ; en l'absence de données archéologiques, il est impossible d’accueillir pleinement cette hypothèse. À l’inverse du réseau d’adduction, le réseau d’évacuation des eaux dans le Caseggiato delle Taberne Finestrate peut être – du moins partiellement – restitué, grâce aux quelques traces mises au jour par les fouilleurs au cours des interventions du siècle dernier. En effet, les sondages de 1947-1948 et de 1973 ont mis au jour des portions d’égout qu’il a été possible de rattacher à la phase de construction du caseggiato. En effet, on voit sur le plan d’O. Visca de 1948 deux canalisations dans les pièces (T) et (W), clairement identifiées comme étant des canaux d’évacuation (fogna) mais sans aucune autre indication. Les carnets de fouille de 1973 sont heureusement plus exhaustifs et mentionnent la découverte de trois canalisations maçonnées. La première a été retrouvée approximativement au centre de la cour (a), sur une longueur de 2 m (fig. 94). Il s’agit d’une canalisation constituée de deux murets en maçonnerie,83 d’une hauteur d’environ 38 cm, recouverts par une voûte en berceau, constituée par un conglomérat de ciment. La largeur de la canalisation était d’environ 39 cm, et le fond était recouvert de tuiles. Une deuxième portion de canalisation a été retrouvée dans le couloir (E), à la hauteur de l’entrée de la pièce (A) au moment de la fouille en 1973. Cette canalisation (USM 62), dont la couverture n’est pas conservée, avait une largeur de 42 cm et était éga-

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Fig. 94.  CTF, cour (a), canalisation en cours de fouille en 1973 (PA-OANT R 1649-3).

lement bordée de deux murets en maçonnerie. Le fond était, comme toujours, recouvert de tuiles.84 La découverte la plus complète a, toutefois, été faite dans les pièces (F) et (G). En effet, une longue canalisation a été mise au jour, bordant le mur périphérique ouest de la pièce (F) et s’immisçant – après avoir tourné à 45° – dans la pièce (G), où la canalisation se dédouble pour longer les murs ouest et sud de cette dernière (figs 95-96). Cette canalisation a été construite de la même manière que les autres, avec des murets en maçonnerie et un fond en tuiles.85 La différence avec les autres exemples est, qu’ici, une partie d’un des murets de délimitation est constituée par la fondation du mur qu’elle longe, qui a été recouverte par un enduit en mortier de chaux pour renforcer son imperméabilité.86 La largeur du conduit varie de 49 à 54 cm et la hauteur d’environ 38 cm.87 Comme dans le cas précédent, les tuiles couvrant le fond de la canalisation ont livré deux timbres qui ont permis de fournir un terminus post quem pour la construction de l’édifice (cfr. p. 91-93). En effet, un élément important à indiquer est que les murets de délimitation du conduit sont liés à la base des murs de la pièce (G), ce qui démontre que cette canalisation a été réalisée au même moment que la construction des murs de l’édifice. À côté de ces portions de canalisations, il existe d’autres traces liées au réseau d’évacuation des eaux : il s’agit, entre autres, des tubuli encastrés dans l’épaisseur des murs, dont la fonction était de récolter les eaux pluviales venant du toit et/

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

Fig. 95.  CTF, pièce (F), canalisation d’évacuation de l’eau (photo P.T.).

ou d’évacuer les eaux usées des étages supérieurs, qui pouvaient très bien être alimentés en eau courante. Dans le caseggiato, quatre tubuli ont été identifiés (fig. 96), dont deux à proximité de la canalisation reliant les pièces (F) et (G). La fonction de cette dernière était donc, en partie, d’écouler l’eau venant des étages supérieurs. Par ailleurs, plusieurs ouvertures ont pu être identifiées à la base des murs, à l’endroit où devait passer une canalisation. Grâce à tous ces éléments, nous sommes en mesure de proposer une restitution partielle du tracé du réseau d’évacuation de l’eau dans l’édifice. La canalisation retrouvée dans la cour (a) devait, par ses dimensions majeures, être la conduite principale de l’édifice, dans laquelle se jetaient toute une série de canalisations secondaires. C’est ce que prouve également l’orientation des différents embranchements retracés, qui convergent tous vers la cour ou les couloirs centraux de l’édifice. Le sens de l’écoulement des eaux peut être déterminé grâce à la hauteur des conduites, qui ont toutes été mesurées : en partant du fond de l’édifice, le fond de la première conduite était placé à env. 1,36 m ASL, alors que la canalisation des pièces (F)/(G) était à 1,20 m ASL et celle du centre de la cour (a) à 0,70 m ASL. Les eaux usées circulaient donc du sud vers le nord, et devaient probablement rejoindre la canalisation principale sous le decumanus maximus, ce qui confirme les observations faites par Cl. De Ruyt de l’autre côté de la rue.88 Pour terminer cette partie sur les systèmes d’évacuation des eaux dans l’édifice, nous désirons apporter quelques éléments de réflexion sur ce que l’on sait de l’utilisation en eau de la parcelle. En effet, comme dit supra, aucune trace concrète de bassins, fontaines ou latrines n'est conservée pour la phase 3, ni aucun vestige des

Fig. 96.  CTF, réseau d’évacuation de l’eau (DAO P.T.).

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Phase 3 conduites d'adduction d'eau. Pourtant, la complexité du réseau d’évacuation et le nombre de ramifications portent à penser que les occupants du caseggiato faisaient un grand usage de l’eau. Il faut donc imaginer l’existence d’une série de dispositifs qui ne se sont pas conservés, mais qu’il est en partie possible de reconstruire. Nous pensons notamment à des latrines, qui peuvent être identifiées à deux endroits de l’édifice : la pièce (G) et la pièce (U). Le mauvais état de conservation des murs de ces deux pièces et les nombreuses restaurations subies ont effacé toute trace éventuelle de banquettes, mais la seule observation du réseau d’évacuation des eaux peut dans ce cas-ci nous venir en aide. En effet, la double canalisation de la pièce (G) ne peut s’expliquer que par la présence d’une latrine, où les sièges auraient occupé les parois ouest et sud de la pièce.89 Sachant que la distance moyenne entre les ouvertures était généralement de 30 cm90 et que la surface utilisable de la pièce était environ de 2 x 3 m, la capacité d’accueil de cette latrine devait être de 10 à 15 places assises.91 Beaucoup plus modeste est la latrine dans la pièce (U), qui peut être identifiée selon la même réflexion faite auparavant : en effet, deux ouvertures sont présentes dans ses murs nord et est pour permettre le passage d’une canalisation. Vu la taille réduite de la pièce, une seule place assise était probablement disponible. De plus, il est intéressant de noter que les deux latrines prenaient place en-dessous des escaliers, place effectivement consacrée bien souvent aux sanitaires.92 Les tubuli placés systématiquement à côté des canalisations dans les deux pièces semblent indiquer que d’autres latrines se trouvaient au même endroit aux étages supérieurs, même si aucune trace n’est conservée du réseau d’adduction qui aurait pu amener l’eau aux étages.

Fig. 97.  Vue de l’Insula di Diana dans son état actuel (photo P.T.).

Restitution des volumes

téristiques architecturales et en les comparant avec les exemples mieux conservés, il est possible de restituer de manière assez vraisemblable la volumétrie générale du bâtiment. J. Packer s’était déjà intéressé, en 1971, à la restitution des étages disparus des bâtiments. Pour notre caseggiato, il a supposé la présence de quatre étages.94 L’épaisseur des murs du bâtiment semble lui donner raison. En effet, tous les murs porteurs du caseggiato ont une épaisseur de 60 cm environ (deux pieds romains), qui correspond

L’excellent état de conservation de plusieurs insulae93 d’Ostie nous permet d’avoir une idée relativement claire de comment devaient apparaître les gros blocs résidentiels sur plusieurs étages qui commencent à recouvrir la ville au début du IIe siècle ap. J.-C. Le Caseggiato di Diana (fig. 97), le Caseggiato del Serapide le Caseggiato degli Aurighi conservent, en effet, trois étages effectifs sur les quatre restitués et constituent un témoin sans égal de l’architecture ostienne et romaine en général. Pour le Caseggiato delle Taberne Finestrate, seul le rez-de-chaussée et une partie du premier étage sont conservés, mais en observant ses carac-

Fig. 98.  Rampe d’escalier de la pièce (G), restitution de l’élévation des paliers (D.A.O. P.T.).

Restitution de l’édifice

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Le Caseggiato

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Taberne Finestrate

Fig. 99.  CTF, restitution volumétrique de l’édifice - vue depuis le mur périphérique ouest (DAO P.T.).

à l’épaisseur moyenne des plus grands édifices ostiens à trois et quatre étages (nous citerons parmi d’autres les Case a Giardino, le Caseggiato delle Trifore et l’Isolato dei Dipinti), comme l’ont affirmé J. Packer, R. Meiggs, G. Hermansen et d’autres après eux.95 Structurellement, l’édifice a été construit de manière solide, avec des doubles fondations de plus d’un mètre de profondeur

construites sur les restes de l’édifice tardo-républicain et julio-claudien. Enfin, la cage d’escalier de la pièce (G) prouve que l’édifice devait être pourvu, de manière certaine, d’au moins trois étages. C’est en effet ce que montre la petite antichambre située à l’est de la pièce (G), dont la fonction ne peut qu’être celle de supporter le poids d’une deuxième rampe d’escalier partant

Fig. 100.  CTF, restitution volumétrique de l’édifice - sections internes (DAO P.T.).

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Phase 3 Restitution digitale de l’édifice

Fig. 101.  CTF, restitution virtuelle – vue de la cour (a) depuis le couloir (R) (P.T.).

du palier formé par la deuxième antichambre, située à l’ouest de (G) (fig. 98). C’est donc un édifice imposant qu’il faut imaginer à l’endroit des ruines du caseggiato, avec un corps de fabrique de trois ou quatre étages (fig. 99), occupé en son centre par une cour centrale à l’instar des cortili des immeubles romains modernes (fig. 100). La hauteur du complexe ne peut être déterminée avec certitude mais elle peut être restituée. En effet, le rez-de-chaussée avait, comme il a déjà été dit, 5 m de hauteur ; sur la base des autres cas ostiens et urbains, on peut supposer que les étages supérieurs avaient une hauteur comprise entre 3 et 4,5 m.96 En additionnant ces mesures on obtiendrait un bâtiment qui oscillerait entre 10 et 20 m de haut, sans compter la couverture du toit. Comme l’a relevé entre autres S. Stevens,97 un passage de l’Epitome De Caesaribus98 mentionne un édit de Trajan interdisant de construire des édifices de plus de 60 pieds, pour des questions de stabilité.99 Nous ignorons si cet édit fut respecté à la lettre, mais si c’était le cas cela placerait la hauteur maximale du caseggiato à 18 m, ce qui est parfaitement envisageable, aussi bien pour trois que pour quatre étages.

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Les données recueillies grâce à l’observation des vestiges et du plan du bâtiment permettent d’avoir une idée relativement claire et complète de l’aspect original du Caseggiato delle Taberne Finestrate au moment de sa construction. Dans cette optique, il nous a semblé utile de proposer une restitution virtuelle en trois dimensions du bâtiment, qui intègre tous les niveaux d’information recueillis par l’étude archéologique et qui soit donc scientifiquement acceptable. Un modèle en trois dimensions a donc été créé avec le logiciel open-access « Blender », à partir des mesures obtenues grâce au relevé de l’édifice par laser-scanner (fig. 101). Certes, l’on peut s’interroger sur la pertinence de ce type de restitutions, dont l’archéologie moderne et le grand public sont de plus en plus friands. Dans le cas du Caseggiato delle Taberne Finestrate, le modèle virtuel présente un avantage didactique indéniable. Le grand impact visuel montre bien le caractère massif et imposant qu’ont dû avoir les insulae ostiennes de la première moitié du IIe siècle ap. J.-C. Il peut donc constituer un bon outil de médiation et de valorisation de l’édifice auprès d’un public large et non spécialisé, d’autant qu’il répond à une série de critères qui le rendent scientifiquement valide et vraisemblable. Toutefois, les modèles 3D présentent également une utilité scientifique qui ne doit pas être sous-estimée, puisqu’ils permettent de vérifier et tester toute une série de théories et d’hypothèses, que seule une représentation visuelle peut aider à comprendre.100 En effet, la restitution virtuelle s’est révélée un précieux atout dans notre tentative de « reconstruction architecturale », dans la mesure où elle a permis de visualiser concrètement les éléments disparus, ce qui nous a amené à réfléchir à toute une série de problématiques concernant

Fig. 102.  CTF, restitution virtuelle – face ouest de la cour (a) (P.T.).

Le Caseggiato

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Taberne Finestrate

Fig. 103.  CTF, restitution virtuelle – vue générale du caseggiato depuis le nord-ouest (à gauche), avec mise en évidence des différents niveaux de vraisemblance de la restitution (P.T.).

l’aspect et la fonction du bâtiment, qui seront ici brièvement exposées.101 Une des premières questions soulevées par la création de la restitution virtuelle concerne l’aspect général de l’édifice, notamment en ce qui concerne les revêtements des sols et des parois. Les quelques traces conservées, bien que labiles, ont facilité le choix des textures. Ainsi, l’intérieur de l’édifice est recouvert par un enduit de couleur blanche-jaunâtre, en nous basant sur les traces conservées dans la cour (a) et les couloirs (E) et (R) (fig. 102) ; pour le revêtement extérieur, en revanche, nous avons choisi de laisser les murs en briques apparentes, puisqu’aucune trace d’enduit n’a été retrouvée et que les briques situées en façade sont de meilleure qualité (cfr. supra)102 (fig. 103). En ce qui concerne les revêtements des sols, nous nous sommes inspirés également des quelques portions de sols en mortier conservés pour les phases 3 et 4 dans la cour (a) et la pièce (L) (cfr. p. 72-74). De même, les systèmes de fermeture des portes correspondent aux types de seuil effectivement retrouvés sur le site, décrits dans le chapitre suivant (phase 4, cfr. p. 120-121).

À côté de ces éléments plus certains, d’autres, par manque de traces, restent purement hypothétiques et il a fallu opérer à des choix qui ne se basent pas sur les témoignages archéologiques conservés. Pour donner une forme concrète à ces éléments tout en conservant le souci de vraisemblance scientifique, nous avons cherché à établir des parallèles avec des édifices mieux conservés d’Ostie,103 mais nous nous sommes basés également sur d’autres restitutions déjà proposées pour les insulae ostiennes par I. Gismondi et M.A. Ricciardi par le passé. Ces restitutions, bien que sujettes à discussion, continuent à être généralement acceptées par la communauté scientifique.104 C’est pour cela que nous avons pris le parti de restituer quatre étages (sur les trois certains), afin de nous conformer à la hauteur des autres édifices ostiens contemporains présentant les mêmes caractéristiques structurelles (épaisseur des murs, hauteur des fondations, technique utilisée…). C’est également grâce à cela que nous avons pu imaginer l’apparence des étages supérieurs (fig. 103). Même si aucun élément ne subsiste, il ne serait pas erroné de penser, au moins pour le pre-

Fig. 104.  CTF, restitution virtuelle – portique de la cour (b) (P.T.).

Fig. 105.   Ostie, Caseggiato del Serapide, cour intérieur (photo P.T.).

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Phase 3

Fig. 107.  CTF, restitution virtuelle – toiture autour de la cour (a) (P.T.).

Fig. 106.  CTF, dessin schématique du corps du toit (D.A.O. P.T.).

mier étage, que l’organisation spatiale des pièces se calque grossièrement sur celle du rez-dechaussée, avec peut-être une majeure fragmentation des espaces, qui étaient probablement occupés par des appartements. 105 Les parallèles ostiens nous ont également permis de restituer la présence de larges fenêtres aux étages supérieurs, couplées par groupes de deux ou de trois et fermées par des vitres à carreaux.106 Le nombre et la disposition des fenêtres restent arbitraires mais se basent sur les quelques parallèles connus avec des structures en élévation de Rome et d’Ostie, où l’on remarque généralement que la disposition des fenêtres aux étages s’aligne sur celle des ouvertures du rez-de-chaussée, avec une récurrence de bifores et trifores.107 Une autre partie de l’édifice dont la restitution est largement hypothétique est la cour (b) (fig. 104), située à l’arrière de l’édifice. En effet, seule la base de quelques piliers est conservée, sans compter que la cour n’a été que partiellement fouillée. Toutefois, les récents résultats des prospections géophysiques dans le sous-sol (cfr. supra) ont donné les possibles dimensions de la cour, qui semble avoir une forme carrée et ne devait pas dès lors s’étendre beaucoup en profondeur. De la même manière, la disposition des piliers ainsi que leurs dimensions ont permis de restituer les por-

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tiques, qui devaient ressembler à ceux du Caseggiato del Serapide108 (fig. 105) et du Caseggiato dei Misuratori del Grano,109 qui constituent des parallèles extrêmement proches.110 L’élément le plus difficile à restituer est la toiture de l’édifice, pour laquelle il ne reste rien. L’éventuelle présence de tuiles dans les couches de destruction de l’édifice aurait pu fournir de précieux indices pour en restituer l’apparence, mais le peu de documentation conservée des fouilles de 1938-1939 n’en fait pas mention explicite.111 Toutefois, grâce au modèle virtuel il a été possible de tester plusieurs hypothèses et de proposer une restitution qui, même si elle reste purement hypothétique, s’appuie sur une série d’observations sur la conformation de l’édifice et les contraintes techniques auxquelles il était soumis.112 Comme annoncé lors de la première description de l’édifice (cfr. p. 3-7), le Caseggiato delle Taberne Finestrate a une disposition tout à fait particulière, héritée de la parcellisation plus ancienne, avec un changement d’orientation, qui passe de nord-ouest – sud-est à nord-est – sud-ouest, et une étroite cour centrale, (a). Il faut donc imaginer que, pour concevoir le toit, les constructeurs ont dû séparer l’édifice en deux corps de fabrique principaux, qu’il est possible d’identifier à partir du plan, et de deux blocs plus petits sur les deux côtés de la cour (a) (fig. 106). Pour les deux blocs principaux, des toits en bâtière ont été imaginés plutôt que des toits en croupe, parce qu’il s’agit de la seule solution qui permet de répondre de manière satisfaisante à la question suivante : par où s’écoulait l’eau de pluie ? La première fonction du toit est en effet celle de protéger un édifice des intempéries, et la question de l’écoulement des eaux est fondamentale dans le choix du type de couverture. Avec un toit en croupe, l’eau de pluie aurait dû être récoltée par des canalisations sur les quatre côtés du bâtiment. À l’inverse, avec un toit en bâtière, l’eau se serait écou-

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

lée uniquement le long des côtés ouest et est de l’édifice, limitant le nombre de rigoles nécessaires pour capter l’eau de pluie. La présence répétée de tubuli insérés dans les murs périphériques ouest et est de l’édifice pourrait être un indice en faveur de cette hypothèse. La restitution de la toiture a également permis d’approfondir la question de l’éclairage et de la lumière naturelle à l’intérieur de l’édifice. En effet, des simulations d’éclairage sur le modèle virtuel113 ont permis de voir que les deux blocs constituant les côtés ouest et est de la cour (a) ne pouvaient pas être couverts par des toits en bâtière. En effet, l’étroite cour (a) aurait été complètement dans le noir à n’importe quelle heure du jour, rendant l’utilisation de torches indispensables même à midi. En contrepartie, des toits en appentis, convergeant vers la cour (a), permettent de baisser la hauteur des murs internes de la cour (a), ce qui laisse entrer beaucoup plus de lumière114 (fig. 107). Les simulations d’éclairage ont également restitué la perception que l’on pouvait avoir à l’intérieur de l’édifice, qui devait être relativement sombre sans éclairage artificiel. Grâce aux simulations, il a été possible de relever et d’apprécier les remèdes trouvés par les constructeurs romains pour pallier ce problème, notamment la multiplication des fenêtres internes et l’emploi d’un enduit blanc pour la cour (a). L’archéologie virtuelle permet de proposer une série d’hypothèses qui, bien que purement théoriques, conservent une valeur scientifique par leur vraisemblance, à condition que chaque élément soit l’objet d’une réflexion approfondie et qui s’appuie sur des bases concrètes. Dans cette optique, l’archéologie virtuelle présente plusieurs similitudes avec l’archéologie expérimentale, dans la mesure où elle tente de recréer, à travers des simulations vraisemblables et réalistes, quelque-chose qui n'est plus, avec comme seule différence qu’ici le réel n’est que virtuel. Ces dernières années, les avancées technologiques en matière de modélisation et graphisme ont l’ambition d’estomper la distinction entre réel et virtuel, en permettant de produire des images virtuelles qui se distinguent difficilement d’une image réelle. L’importance de produire des restitutions scientifiques est donc encore plus grande qu’auparavant, tout comme l’est aussi le risque de dépasser la limite du vraisemblable pour favoriser le réalisme de l’image. Il faut pouvoir trouver un équilibre entre recherche et valorisation, en mesurant chaque choix et en accompagnant les modélisations tridimensionnelles de discours qui justifient ces choix. Dans le cas du Caseggiato delle Taberne Finestrate, nous avons cherché à maintenir cet équilibre, mais nous sommes conscients que

Fig. 108.  Rome, Via dei Balestrari 12 – L’Angolo Divino Wine Bar (photo P.T.).

l’image que l’on donne est celle d’un édifice vide et inhabité, ce qui est une image trompeuse qui ne correspond pas à ce qu’était le caseggiato dans l’antiquité. En effet, la restitution scientifique ne permet pas de restituer l’ambiance vivace qui devait régner dans un édifice de ce type (cfr. infra), avec la marchandise exposée et les clients dans les boutiques ; l’imagination peut dans ce cas-ci nous venir en aide, alimentée par notre vision des lieux de commerce actuels, qui ne sont pas si différents des lieux de commerce antiques (fig. 108). Datation Traditionnellement, la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate est datée de la fin du règne de Trajan, en fonction des modules et de la coloration des briques employées.115 Toutefois, comme l’avait déjà annoncé M.E. Blake pour Ostie, « some of the work stated by Trajan had to be finished by Hadrian, and it is obviously impossible to distinguish late Trajanic masonry from early Hadrianic »116. Il est donc imprudent de considérer comme fiable une

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Phase 3 datation qui ne se base que sur la technique de construction d’un édifice. Il faut chercher d’autres éléments de datation, qui fort heureusement existent depuis les sondages de 1973. Un premier élément de datation provient des nombreux tessons de céramique mis au jour dans la couche de remblai formée au moment de la construction de l’édifice (USC 70). Le mobilier céramique de cette couche, étudié en 2003 par G. Ferri dans le cadre d’un mémoire inédit,117 est particulièrement abondant. Les formes et les types identifiés par la céramologue montrent un faciès très hétérogène de la couche, avec un important indice de fragmentation et une variabilité qui correspond bien à une couche de remblai, constituée de matériaux hétéroclites. Nombreux sont les fragments de terre sigillée gauloise et tardo-italique, alors que la sigillée africaine est attestée mais peu fréquente ; au niveau de la céramique à parois fines, plusieurs formes identifiées renvoient aussi bien à l’époque proto-impériale qu’au IIe siècle ap. J.-C, tout comme la céramique de cuisine, que G. Ferri date essentiellement des règnes de Trajan et Hadrien. La céramique commune est celle qui présente le plus de variabilité, avec des formes attestées jusqu’à l’époque antonine (types Pavolini 36, 37) ou sévérienne (types Pavolini 40/42/46/48/54118). Malheureusement, dans ce cas-ci, la céramique ne peut être utilisée pour dater avec précision les travaux de construction du caseggiato, et ce pour plusieurs raisons. En effet, la couche a été perturbée par la construction de piliers au cours de la phase 5 (cfr. p. 129-135), dont les fondations sont creusées dans les couches de remblai précédentes ; si l’on ajoute à cela que les fouilleurs de 1973 ont confondu les couches USC 42 et USC 70 et ont donc mélangé dans les mêmes caisses les matériaux de deux phases différentes, on se rend vite compte que toute tentative de datation de la couche par la céramique serait incorrecte. Seuls des termini post quem peuvent être avancés, et c’est ce que fait G. Ferri, qui propose dans son étude de postposer la construction du caseggiato de quelques années, aux premières décennies du règne d’Hadrien. Cette hypothèse de datation est confortée également par une série de données inédites issues des sondages de 1973. Il s’agit en premier lieu d’une monnaie en bronze de cet empereur, retrouvée en 1973 dans les fouilles de la cour (b), à l’intérieur de la couche de chaux USC 75. Cette monnaie, dont on ne connait aucune mention en dehors des carnets de fouille, pourrait correspondre à une pièce inventoriée par la Surintendance d’Ostie avec le numéro 32 880 provenant des fouilles du caseggiato. Nous n’avons pas pu

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voir personnellement la monnaie et aucune photographie n’est conservée dans les dépôts archéologiques, mais la description fournie par les fiches d’inventaire est suffisamment complète : on y lit que la monnaie présente au droit le portrait impérial avec la titulature IMP CAESAR TRAIANVS HADRIANVS AVG, et au revers l’inscription PONT MAX (TR P)OT (COS II), avec dans l’exergue SC, ce qui correspond au type décrit par Cohen 1880, t. 2, 205, n° 1181, daté de l’an 118 ap. J.-C.119 Par ailleurs, les sondages de 1973 ont permis de mettre au jour plusieurs timbres épigraphiques dont on ne connaissait pas l’existence,120 retrouvés sur les bipedales qui recouvrent le fond de deux canalisations d’égout : la première dans le couloir (E) (USM 62), la deuxième dans la pièce (F). Aucune photographie n’existe du timbre retrouvé sur le fond de la canalisation du couloir (E) et nous en ignorons les mesures, mais un ­croquis de M.L. Veloccia Rinaldi permet de restituer un cartouche rectangulaire avec cette inscription :

L’inscription, étalée sur deux lignes et écrite de droite à gauche, se lit EMILIA INGEN.A, qu’il faudrait probablement développer en (a)emilia ingen(u)a. Ce personnage est mentionné par G. Garofalo Zappa en 1971, associé à celui de T. Flavius Zosimus, également dans un cartouche rectangulaire.121 M. Steinby a également repris cette dernière inscription dans les Lateres Signati Ostienses,122 au numéro 1162. Aucune datation n’est proposée par les chercheurs pour ce timbre, mais l’utilisation d’un cartouche rectangulaire sur deux lignes est une caractéristique rencontrée majoritairement à l’époque d’Hadrien.123 Heureusement, la canalisation d’égout de la pièce (F) a donné des résultats beaucoup plus concluants. Trois timbres épigraphiques y ont été retrouvés. Un était malheureusement illisible, mais les deux timbres restants sont identiques ; seul un des deux est cependant décrit dans les carnets de fouille : de forme circulaire, luné avec orbiculum, il a, selon les fouilleurs, un « diametro notevole » d’environ 10 cm, comme on peut le voir sur une photographie, conservée dans les archives du parc archéologique (fig. 109). En observant le timbre, on peut lire à l’intérieur : EX ● PR DOMIT DOM T AVENI ATTICI

Le Caseggiato

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Taberne Finestrate construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate. La datation proposée pour la phase de construction successive (phase 4) permet également d’affirmer que les travaux de construction de l’édifice s’étaient probablement achevés avant les années 130-150 ap. J.-C. Quelle fonction pour les boutiques à fenêtres ? Interprétations et suggestions sur l’architecture commerciale ostienne

Fig. 109.  Timbre épigraphique provenant de l’égout de la pièce (F) (PA-OANT R 1546-9).

Un timbre identique a été publié par M. Steinby dans les Lateres Signati Ostienses, au numéro 484. L’inscription est développée comme suit : Ex pr(aedis) Domit(iae) Dom(itia) T(iti) Aveni Attici, et le timbre est daté des premières années du règne d’Hadrien.124 En effet, la propriétaire de la carrière d’argile (praedium), Domitia Domitiani – veuve de l’empereur Domitien – est mentionnée sur les timbres jusqu’à l’année 123 ap. J.-C. De plus, LSO 484 présente de nombreuses similitudes avec deux autres timbres (CIL XV, 554 et 555) également attestés à Ostie, qui sont datés entre les années 120 et 126 ap. J.-C. Le nom de l’officinator, T. Avenus Atticus, ne donne aucune information supplémentaire puisqu’il n'est attesté à Ostie que sur le timbre LSO 484 et le nôtre. En réalité, il se pourrait que LSO 484 soit justement le timbre du Caseggiato delle Taberne Finestrate : M. Steinby ne mentionne pas la provenance de ce timbre, qu’elle trouve dans les dépôts des Horrea Epagathiana. En sachant que le volume LSO est publié en 1978, soit cinq ans après les fouilles de M.L. Veloccia Rinaldi, que les mesures entre les deux timbres correspondent et que le mobilier des fouilles était justement conservé à cette époque dans les Horrea Epagathiana, il n’est pas improbable qu’il s’agisse du même timbre. Si cette théorie est correcte, nous disposerions donc des mesures exactes des différentes parties du timbre, que les carnets de fouille de M.L. Veloccia Rinaldi omettent. Les mesures fournies pour LSO 484 sont les suivantes : sigillum : 9,8 cm ; orbiculus : 5 cm ; litterae : 0,9-1,2 cm ; lineae auxiliares : 1,2 et 2 cm. Le fragment de brique sur lequel il a été trouvé mesure environ 20 cm sur 20 cm, pour une épaisseur de 3,7 cm. Tous ces éléments permettent de poser avec plus de certitude que par le passé un terminus post quem aux années 120 ap. J.-C. pour la date de

Disposant de la totalité des murs, des portes et des fenêtres du rez-de-chaussée de l’édifice, on peut croire qu’il est facile d’identifier la fonction des différentes pièces. Pourtant, nous ne disposons que du squelette du bâtiment, et en absence de mobilier, d’inscriptions ou d’éléments décoratifs quelconques, interpréter des structures antiques sans tomber dans les dérives de la surinterprétation est une tâche presque impossible. Conscients de ne pas pouvoir apporter de réponses définitives, nous désirons toutefois avancer quelques pistes de réflexion sur les manières de tirer le plus d’informations possibles à partir des données à disposition. La première chose à regarder lorsque l’on veut comprendre la fonction d’un édifice est la forme des différentes pièces qui le composent, leur structuration et leur articulation l’une avec l’autre. À cette fin, nous pouvons tenter de mener une étude spatiale du Caseggiato delle Taberne Finestrate, visant à reproduire les parcours théoriques possibles au sein d’un édifice et l’accessibilité des différentes pièces.125 Si l’on tente de recréer graphiquement la circulation possible au sein de l’édifice (fig. 110), nous trouvons la confirmation de certaines affirmations déjà formulées ailleurs dans le texte, à savoir l’importance fondamentale de la cour (a), point névralgique de l’édifice vers lequel convergent tous les axes de circulation et sur lequel s’ouvrent la grande majorité des pièces. Un autre élément qui ressort de manière évidente est la grande circulation interne entre les différentes pièces, qui communiquent pour la plupart entre elles, ce qui crée des parcours alternatifs et permet une plus grande accessibilité de certaines pièces, notamment (C), (C’), (D), (D’), (J), (K), (L), (M), (N), (O), (S), (T), (X), (Y) et (Z). La partie arrière de l’édifice présente une situation inversée : les pièces (A) et (F) communiquent beaucoup entre elles et avec la cour (b), mais elles semblent plus isolées du reste de l’édifice. Malgré le nombre important de pièces et les nombreux parcours internes possibles, il est possible de distinguer cinq noyaux plus ou moins autonomes à l’intérieur de l’édifice, cinq blocs de pièces répartis autour des différents espaces de

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Phase 3

Fig. 110.  CTF, circulation au sein de l’édifice et plan de répartition de l’espace (DAO P.T.).

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circulation, qui sont les cours (a) et (b) à ciel ouvert ainsi que les couloirs (E), (H), (I) et (R). Les deux premiers noyaux (1 et 3 sur la fig. 110) occupent la partie antérieure de l’édifice, depuis le decumanus maximus jusqu’à la cour (a). La seule exception est constituée par les pièces (T) et (Z), qui sont isolées des autres pièces et semblent orientées avant tout sur le decumanus maximus (2 sur fig. 110). L’ensemble des pièces situées du côté ouest de la parcelle (1) est le plus grand, avec cinq pièces – probablement des boutiques – et trois annexes. Le deuxième grand bloc, situé à l’est (3 sur fig. 110), compte quatre pièces plus petites. Un troisième bloc peut être identifié au sud-est de l’édifice (4-5 sur fig. 110). Ces quatre pièces, subdivisées en groupes de deux, sont ouvertes aussi bien sur le caseggiato que sur la parcelle voisine, ce qui rend leur interprétation moins claire. Le dernier bloc autonome de l’édifice, le noyau 6, est constitué par l’espace (A)-(F), qui ne semble dépendre d’aucune des autres pièces en particulier. La même réflexion vaut pour la cour (b), dont on ignore la fonction mais qui ne dépend spécifiquement d’aucune partie de l’édifice. Nous n’apportons aucune nouveauté en disant que le caseggiato a été interprété dès sa découverte comme un édifice commercial, constitué de plusieurs boutiques. C’est ce que démontreraient l’ouverture de la plupart des pièces sur l’extérieur, la largeur et le nombre des portes et fenêtres, la dimension des pièces, la hauteur des plafonds et la présence probable de pergulae dans plusieurs des pièces.126 Onze boutiques peuvent être attribuées à l’édifice à ce moment, à savoir les pièces (J), (K), (L), (M), (N), (O), (S), (T), (X), (Y) et (Z).127 Pour les autres parties du bâtiment, la question devient plus complexe. Les pièces (P), (V) et (W) peuvent être interprétées comme des espaces de stockage, de travail ou de vie annexées aux boutiques. En effet, ce sont les seules à ne pas être accessibles directement depuis l’extérieur, elles sont donc sujettes à une fréquentation plus limitée ; la définition moderne d’arrière-boutique correspond bien à la polyvalence de fonctions possibles pour ce genre de pièces.128 De même, la pièce (Q) pourrait être à la fois un espace de circulation129 – puisqu’elle permettait d’accéder à la cage d’escalier de la pièce (U) – mais aussi un espace de travail ou de service, si l’on imagine que le puits qui s’y trouve servait aux besoins des commerçants travaillant au rez-de-chaussée. Les pièces (C), (D) et (D’), en raison de leur grande ouverture à la fois sur le couloir (E) et la parcelle à l’est du caseggiato, pourraient assumer une fonction de circulation et de passage, comme l’avait déjà imaginé G. Mainet,130 même s’il est difficile

Le Caseggiato

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Taberne Finestrate

de comprendre la nécessité de multiplier les passages alors que le couloir (I) remplissait déjà cette fonction. Les pièces (A) et (F), qui constituent à ce moment un seul grand espace, ouvert à la fois

sur le couloir (E) et les cours (a) et (b), sont peutêtre les plus difficiles à interpréter. Il pourrait s’agir d’un large espace de travail ou de stockage131 – comme le prouverait l’absence d’un

Fig. 111.  Ostie, planimétries d’édifices commerciaux à cour ou ruelle interne (D.A.O. P.T. d’après Calza et al. 1953).

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Phase 3 niveau de sol clairement identifié, peut-être en terre battue –, mais il n’est pas impossible que ce grand espace ait été subdivisé par des cloisons en matériaux périssables, dont les archéologues de 1973 n’ont pas trouvé de traces. L’autonomie de cet espace – ainsi que de la cour (b) – par rapport aux différentes boutiques pourrait suggérer une gestion commune par l’ensemble des commerçants-artisans occupant le lieu, mais cela reste difficile à déterminer en absence de mobilier. Tous ces éléments n’apportent peut-être pas grand-chose mais ils nous aident à percevoir que la fonction première de l’édifice était de vendre un produit à des clients venant de l’extérieur, qui étaient invités à entrer et circuler librement le long des couloirs et de la cour centrale, qui étaient tous littéralement couverts de magasins. La grandeur des pièces, la largeur des entrées et la luminosité abondante devaient inviter les clients à entrer dans les boutiques pour regarder la marchandise. Aucun renseignement ne peut être donné sur le type d’activité réalisé à l’intérieur des pièces ou la nature des produits offerts,132 mais la dimension du complexe et le nombre de boutiques témoignent d’une production importante. L’abondance en eau, qu’attestent les nombreuses canalisations d’égout, la présence du puits dans la pièce (Q) et la présence de bassins et fontaines aux phases ultérieures (phases 4 et 6) pourrait indiquer un type d’artisanat qui nécessitait un apport important en eau, comme la pelleterie ou la vannerie, mais en absence d’éléments supplémentaires nous sommes incapables de fournir une interprétation satisfaisante.133 Ce qui est certain c'est que nous avons affaire ici à un ensemble de boutiques, fonctionnant ensemble, qui partagent un accès et des espaces en commun, ce qui semble suggérer une propriété ou du moins une gestion communes de l’espace, qui fonctionne de manière unitaire et cohérente. Plusieurs questions restent cependant en suspens, qui sont les mêmes que se pose J. Andreau quand il évoque brièvement la situation du Caseggiato del Larario d’Ostie : « Y vendait-on des produits divers, ou un seul produit ? Est-ce un témoignage du regroupement de boutiques et d’artisans qui travaillaient pour eux-mêmes, ou avaient-ils tous un même patron ? La construction du bazar (càd. du caseggiato) est-elle le fruit de leurs initiatives, de celles de leur(s) éventuel(s) patron(s), ou d’une décision municipale ? » 134. En absence de données, causées par le manque de mobilier archéologique, la seule chose à faire est de chercher ailleurs des édifices de plan analogue et qui semblent fonctionner de la même manière. À Ostie, plusieurs édifices répondent à la même logique que les boutiques à fenêtres (fig.

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111) : il s’agit du voisin Caseggiato a Botteghe,135 du Caseggiato del vicolo del Dioniso,136 du Mercato de la troisième région (III, I, 7),137 du Caseggiato dell’Ercole138 ou du Caseggiato del Larario,139 près du forum.140 Tous ces édifices répondent à une constante, qui est la présence d’une cour centrale et/ou d’un couloir autour desquels gravitent les boutiques. Le plan adopté n’est pas sans rappeler celui des horrea, dans le sens où les pièces se répartissent en général autour d’un espace commun141, qui en l’occurrence est conçu pour être emprunté librement par les visiteurs. La différence entre marchés et horrea est parfois difficile à établir, comme le montre l’exemple des édifices III, II, 4 et III, II, 6, interprétés par Calza142 comme des petits horrea de l’époque de Trajan mais dont l’articulation planimétrique est tout à fait analogue à celle du Caseggiato delle Taberne Finestrate et du Mercato III, I, 7143 (fig. 111). L’origine formelle de ce type d’édifice est à identifier avec les structures d’époque républicaine à cour centrale, dont il a été question aux chapitres précédents (cfr. p. 36-38) et dont l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate constituerait un exemple. Ces structures commerciales organisées, sortes de centres commerciaux antiques que Meiggs appelle « shopping markets »,144 ont souvent été associés aux bazars, aux souks et aux funduqs arabes, des regroupements de commerces autour d’axes de communication fermés et indépendants de l’extérieur.145 S’il n’est pas possible d’établir une relation directe entre les « centres commerciaux » romains et les bazars arabes,146 l’image que cette définition véhicule dans l’imaginaire collectif permet de restituer de manière assez fidèle l’ambiance qui régnait dans ce type édifice. La «  révolution architecturale » du IIe siècle à Ostie : vers un quartier de marchés L’image que l’on associe généralement au II e siècle ap. J.-C. à Ostie est celle d’une période riche en transformations, en rupture totale par rapport au passé. En effet, les règnes de Trajan et Hadrien sont marqués à Ostie par ce que R. Meiggs appelle une « architectural revolution »,147 une période de changements profonds entraînés principalement par la construction du bassin hexagonal de Trajan qui agrandit le complexe portuaire de Claude à Portus. En effet, le nouveau port provoque une mutation complète du faciès de la ville (fig. 112), qui perd sa fonction portuaire pour ne devenir plus qu’un centre administratif, économique et résidentiel. C’est à ce moment qu’Ostie devient véritablement port et porte de Rome, la prolongation de la capitale,

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

Fig. 112.  Ostie, plan schématique des structures construites au début du IIe siècle ap. J.-C. ; en rouge CTF (d’après Calza et al. 1953).

qui se doit de la représenter au mieux.148 À cette fin, un nouvel aménagement du forum est mis en place, avec des colonnades, une basilique et un nouveau Capitolium149 ; des thermes publics beaucoup plus monumentaux sont également construits sous Hadrien, les Terme di Nettuno, auxquels s’ajouteront quelques années plus tard les Terme del Foro et les Terme di Porta Marina.150 En l’espace de quelques années seulement, des quartiers entiers d’habitations sont rasés au sol et reconstruits sur les couches de destruction des édifices précédents. Cela entraine un rehaussement généralisé de la hauteur de la ville, qui monte de manière globalement homogène d’environ 1 m.151 Les rehaussements de sol sont loin d’être un phénomène nouveau à Ostie, puisque les premiers grands réaménagements de certains quartiers de la ville avaient commencé déjà sous Domitien, et que plusieurs interventions du même genre sont attestées à des époques antérieures, comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents.152

Cette période de transformations fournit aux constructeurs romains l’occasion de repenser complètement la ville, tout en conservant l’ossature originelle, constituée par le réseau routier et les limites parcellaires. Les nouveaux bâtiments construits, directement inspirés de ce qui se fait au même moment dans la capitale, sont le reflet d’une nouvelle manière de concevoir l’habitat, qui abandonne les traditionnelles domus monofamiliales pour des immeubles à appartements sur plusieurs étages. Ce type de construction, économiquement plus rentable, exploite mieux l’espace et correspond davantage aux exigences d’une ville en pleine expansion, qui doit maintenant compter sur une population plus importante et sur une fréquentation nettement majeure.153 Il s’agit là d’un véritable boom économique et édilitaire, où les constructeurs tentent de tirer un maximum de profit d’une superficie.154 Ce changement de mentalité implique également une transformation de la population ostienne, qui se caractérise par une plus grande diversité

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Phase 3

Fig. 113.  Ostie, quartier « des marchés » - planimétrie (D.A.O. P.T. d’après Calza et al. 1953).

socio-économique, notamment à cause du développement d’une classe moyenne de commerçants et affranchis qui s’affirment comme partie intégrante de la société. 155 Le modèle d’immeubles à appartements offre une plus grande élasticité, qui s’adapte mieux aux exigences et aux moyens d’une population économiquement et culturellement plus variée. Ces appartements, de taille et prestige différents, se regroupent en grands blocs résidentiels, des insulae, des immeubles qui partagent une série d’espaces

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communs, comme les entrées, les escaliers ou les cours intérieures, ainsi que des services communs, comme des latrines ou des thermes.156 Dans cette nouvelle conception urbaine, une place de choix est réservée aux espaces commerciaux, qui couvrent littéralement toutes les rues de la ville et se développent beaucoup plus que par le passé.157 C’est ce que montrent parfaitement les nombreuses insulae ostiennes conservées, toutes répondant à la même logique, avec des espaces à vocation commerciale au rez-de-

Le Caseggiato

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Taberne Finestrate

chaussée, généralement en façade, et des espaces résidentiels à l’arrière des bâtiments et aux étages. Les quartiers occidentaux de la ville constituent peut-être la partie de la ville où ces transformations ont été les plus radicales et spectaculaires, avec de nombreuses transformations qui commenceront à l’époque de Trajan et continueront pendant tout le règne d’Hadrien.158 En effet, les riches patriciens qui occupaient les plus vieilles et les plus belles maisons de la ville ont probablement rejoint la capitale159 ou se sont déplacés ailleurs dans la ville,160 laissant quartier libre aux constructeurs pour repenser complètement un des endroits les plus fréquentés de la cité, principal accès vers et depuis la mer. Tous les bâtiments – et en particulier les domus qui occupaient le versant méridional du decumanus maximus – sont détruits pour faire place à de nouveaux édifices, principalement à vocation commerciale. Aucune structure n’a été épargnée par les travaux de reconstruction, exception faite de la Domus a Peristilio, seul vestige de l’époque précédente à être maintenu en place à cet endroit.161 Dès l’époque trajane, le decumanus maximus semble participer à ce renouveau, avec un rehaussement de niveau relativement important, puisque la rue passe à un niveau d’environ 1,55 m ASL, comme semblerait indiquer un bloc de basalte retrouvé in situ devant le Tempio dei Fabri Navales.162 Ce niveau correspond aux cotes identifiées pour la fin du Ier siècle ap. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. à l’intérieur édifices objets d’investigation plus approfondies, comme la fullonica d’époque trajane retrouvée par les fouilles namuroises sous le Tempio dei Fabri Navales, l’édifice III, II, 3-4 163 ainsi que le Caseggiato delle Taberne Finestrate, dont les niveaux de sol se situent, nous l’avons vu, à 1,3-1,4 m ASL. Ailleurs sur le versant sud du decumanus,164 les structures sous le Macellum retrouvées par S. Ortisi et V. Kockel sont situées à un niveau légèrement supérieur, entre 1,64 et 1,88 m ASL pour le Ier siècle ap. J.-C.165 ; cela correspond également aux niveaux mis en évidence par A. Martin dans l’édifice I, X, 3, quelques mètres plus loin, qui est situé, au début du IIe siècle ap. J.-C., entre 1,58 et 1,70 m ASL.166 Seule la Domus a Peristilio fait exception puisqu’elle est située dès sa construction à un niveau beaucoup plus haut, surplombant les autres édifices à 2,2-2,4 m ASL.167 En plus d’être rehaussé, le decumanus maximus subit à divers endroits une série d’élargissements significatifs168 ; ce nouvel aménagement viaire est suivi par une réorganisation complète de l’espace : le tronçon occidental se recouvre de boutiques et se dote, du côté de Porta Marina, d’un ample portique.169 Le premier édifice que l’on aurait ren-

contré en arrivant à la bifurcation entre le decumanus et la Via della Foce était le soi-disant Macellum, situé au coin avec la Via del Pomerio. Ce dernier se compose de boutiques sur l’avant-corps de l’édifice, avec des escaliers menant aux étages supérieurs, et d'une cour à l’arrière.170 Juste à côté, le Caseggiato del Vicolo del Dioniso est construit sur les ruines de la domus précédente ; l’édifice se structure autour d’un étroit chemin qui conduit du decumanus maximus jusqu’à la cour postérieure, calquée sur l’ancien péristyle. Ce chemin était entouré de boutiques, selon le même principe que celui adopté pour le Caseggiato delle Taberne Finestrate. Passés les Terme delle Sei Colonne171 et la Domus a Peristilio, la deuxième parcelle plus tard englobée dans la Schola del Traiano a également dû subir des transformations importantes. L’observation du mur parcellaire est du Caseggiato delle Taberne Finestrate réalisée par G. Mainet a permis de reconstruire l’existence d’un édifice à portique, construit en même temps que le caseggiato, qui fut complètement absorbé à l’époque sévérienne par la Schola del Traiano. La présence de la cour à portique à l’arrière de cet édifice est confirmée par la présence des ouvertures des pièces (C), (D) et (D’) du caseggiato ainsi que par l’empreinte d’une voûte dans le parement du mur parcellaire est de l’édifice ; à l’avant de l’édifice, l’absence d’un parement sur le mur parcellaire indique que ce dernier s’appuyait sur un édifice préexistant, qui selon G. Mainet pourrait être l’édifice en opus reticulatum d’époque augustéenne, maintenu ou transformé.172 Cet édifice « fantôme » constituerait donc un autre exemple de récupération de structures préexistantes, notamment pour ce qui concerne la cour postérieure, qui se calquerait exactement sur le péristyle vu par Becatti, que ce dernier attribue à une domus.173 Un autre exemple de transformation parcellaire au début du IIe siècle ap. J.-C. est le Caseggiato a Botteghe, séparé du Caseggiato delle Taberne Finestrate par une étroite ruelle, le Vico Cieco.174 L’immeuble et la ruelle prennent la place de la Domus del Portico di Tufo ; le Caseggiato a Botteghe s’articule en deux files de boutiques occupant les côtés d’un large corridor, probablement à ciel ouvert ; ce dernier conduisait à une large cour quadrangulaire, située à l’arrière du bâtiment et accessible – dans un premier temps – par le Vico Cieco également. Comme pour le Caseggiato delle Taberne Finestrate, plusieurs boutiques communiquaient entre elles et des escaliers indépendants permettaient d’accéder aux étages, où étaient situés les appartements. À l’ouest de cet édifice, l’ancienne colonnade de tuf est remplacée par un large portique à piliers de briques, sur lequel donnent une série d’édifices

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Phase 3 commerciaux, dont le Caseggiato della Fontana a Lucerna, un imposant bâtiment doté d’une série de larges boutiques.175 Le versant nord du decumanus maximus participe également à ce renouveau et se dote d’une série d’édifices avec tabernae en façade,176 qui font de cette portion du decumanus maximus vers Porta Marina un des axes de la ville les plus densément occupés par des boutiques.177 Au-delà de cette façade commerciale, les parties internes des édifices participent également à cette commercialisation du quartier : c’est ce que montrent les petits horrea (ou marchés) III, II, 4 et III, II, 6, dont il a été question quelques lignes plus haut,178 ainsi que l’édifice commercial retrouvé sous le Tempio dei Fabri Navales, qui se transforme en fullonica sous le règne de Trajan et subit d’importants travaux d’agrandissement et de rénovation durant la première moitié du IIe siècle ap. J.-C., devenant la plus importante fullonica de la ville. 179 À ces structures pourrait s’ajouter éventuellement l’édifice III, II, 5, qui était constitué de plusieurs boutiques en opus mixtum donnant sur une rue perpendiculaire au decumanus ; la rue et ces édifices, près d’un siècle plus tard, seront fermés pour devenir une riche domus appartenant aux Tigriniani, qui continue à être appelée conventionnellement Basilica cristiana selon sa première interprétation180 ; cette rue, sur laquelle s’ouvraient non seulement les boutiques mais également une petite maison (peut-être des boutiques autour d’une cour en réalité) et des thermes communiquait directement avec le marché républicain sur Via della Foce (III, I, 7), créant ainsi un parcours alternatif au decumanus.181 La définition, pour cette partie de la ville, de « quartiere dei mercati »182 nous semble particulièrement appropriée, puisque tout contribue à faire de l’extrémité occidentale du decumanus un véritable pôle commercial et artisanal. On assiste à la mise en place d’un réseau complexe d’édifices commerciaux, qui augmentent les surfaces accessibles au public en créant des parcours internes qui invitent la population à quitter l’axe principal pour s’engouffrer dans une multitude de ruelles, couloirs et cours couvertes de boutiques et communiquant entre eux (fig. 113). En effet, plusieurs accès permettaient de passer d’un édifice à l’autre sans repasser par le decumanus, comme le montrent par exemple les rapports existants entre le Caseggiato delle Taberne Finestrate, le Caseggiato a Botteghe et l’édifice non fouillé sous la Schola del Traiano, entre l’édifice sous la Basilica Cristiana et le Mercato III, I, 7 ou encore entre le Macellum, le Cortile del Dioniso et l’horreum IV, V, 12.183 Cette ramification parallèle de parcours montre qu’il existait des rapports et des accords entre les différents édifices

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pour faire de cette partie des quartiers occidentaux le principal pôle commercial d'Ostie. Dans son examen des parcours et son étude spatiale des rues de la ville, H. Stöger se dit « disconcerted » par le faible nombre d’axes de communication secondaires dans le bloc méridional du decumanus occidental.184 En effet, le decumanus constituait un des axes les plus fréquentés de la ville, et elle s’étonne de ne pas retrouver plus de passages secondaires, permettant de désengorger le trafic de la rue et de la relier avec la partie plus au sud de la ville. Nous pensons que les édifices commerciaux du decumanus remplissaient parfaitement cette fonction de régulation du trafic et profitaient de cette nécessité par intérêt commercial. Il n’est pas inintéressant de constater que ces axes de circulation créés par les centres commerciaux ostiens ne sont jamais bien larges, ce qui devait forcer les passants à procéder plus lentement et dès lors à passer plus de temps devant les magasins. Il s’agit d’une conception de l’espace urbain d’une surprenante modernité, qui n’est pas sans rappeler les nombreuses galeries commerciales et passages couverts que l’on peut encore retrouver dans les rues de Paris, Londres ou Bruxelles. Dans ce contexte, la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate prend tout son sens. En effet, l’édifice commercial participe pleinement à cette (r)évolution urbaine du IIe siècle ap. J.-C., dans la mesure où il reprend tous les traits caractéristiques de l’architecture d’époque médio-impériale. En témoigne l’utilisation parfaitement maîtrisée des techniques de construction, avec des fondations massives supportant des murs en béton revêtu de briques, qui permettent de construire des édifices stables et imposants. La construction d’étages supérieurs, qui étaient probablement absents dans l’édifice précédent, permet de mieux organiser l’espace : la fonction résidentielle est relayée aux étages supérieurs, ce qui permet à la structure commerciale de se développer et de multiplier les communications avec l’extérieur. Pourtant, si l’on admet l’interprétation de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate comme un lieu de commerce, du moins pour son corps septentrional, il est particulièrement stimulant de remarquer qu’à une continuité des formes s’associerait également une continuité de fonction pour la parcelle. Cette idée de continuité pourrait sembler en fort contraste avec la « révolution » à peine décrite ; elle est cependant essentielle pour bien comprendre la logique socio-économique qui se cache derrière ces grands projets. En effet, la continuité formelle et fonctionnelle du caseggiato par rapport à son prédécesseur s’explique par la volonté des constructeurs d’économiser les efforts et les matières premières en ren-

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Taberne Finestrate

tabilisant de manière maximale les ressources à disposition. C’est ce que montre également l’irrégularité dans le choix et la pose des matériaux ainsi que le recyclage méticuleux des matières premières. Cette application de la part des constructeurs romains de la loi du moindre effort est particulièrement utile pour alimenter une réflexion qui a longtemps occupé les chercheurs : qui se cache derrière cette réorganisation urbaine de la ville d’Ostie ? Certains ont voulu y voir une initiative publique, voire impériale,185 mais une analyse plus attentive de ces grands chantiers de construction nous montre une situation beaucoup plus articulée, avec des phases de chantier commençant en parallèle mais avec des rythmes, des moyens et des objectifs foncièrement différents, comme a pu le montrer J. DeLaine dans son article sur les « builders of Roman Ostia ».186 Si la construction du long portique comprenant le Caseggiato a Botteghe et le Caseggiato della Fontana a Lucerna semble faire partie d’un plan de monumentalisation de l’accès principal de la ville depuis la mer, à l’instar du cardo au nord du Capitolium,187 la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate – ainsi que celle des autres insulae du quartier – s’insère certes dans une programmation urbaine large et organisée, mais qui était probablement menée par une série de riches entrepreneurs mettant au point un véritable système de spéculation (au sens moderne du terme), assistés de plusieurs équipes de « costruttori eccellenti », pour paraphraser l’expression que F. Zevi applique à un tout autre contexte,188 des constructeurs parfaitement organisés mais devant travailler rapidement et avec des moyens qui n’étaient pas toujours optimaux.189 Le tableau qui se dessine à cette période d’importants changements est celui d’une ville qui investit dans le futur, notamment pour accueillir un nombre beaucoup plus important de personnes pour satisfaire très rapidement les exigences dictées par son nouveau standing, mais également une ville qui sait rentabiliser ses ressources et gérer ses déchets pour maximiser les profits et réduire le temps et les dépenses. Notes Dans l’espace (η) de la phase 2b, la chaux a une couleur plus blanche, selon les fouilleurs. 2 Le niveau altimétrique passe de 0,80-0,90 m ASL à environ 1,30-1,40 m ASL. 3 Une partie de cette fondation a été laissée à l’air libre par les fouilleurs et est encore visible aujourd’hui, dans le Vico Cieco, à la hauteur de la pièce (A). 4 L’empreinte des planches est parfaitement visible sur les photographies d’archive. 5 Qui dans ce cas-ci est caractérisé – comme pour le mur périphérique ouest – par la présence d’un mortier rougeâtre avec un agrégat très fin. 1

Des exemples de ce type de fondations se trouvent sous le mur périphérique des Thermes de Caracalla à Rome, les murs de de l’Atrium Vestae sur le forum, les horrea au pied du mont Testaccio (Serlorenzi 2010, 117) et à Ostie, sur de nombreux édifices construits lors du rehaussement général du niveau à partir de Domitien mais surtout sous Hadrien. Voir par exemple le cas du Caseggiato dei Lottatori, étudié par M. Marano (Marano n.p., 60-62). Une description détaillée des fondations à main levée contre terre se trouve dans Giuliani 2015, 172. 7 Cette caractéristique a pu être observée ailleurs dans le caseggiato, en particulier le long du mur périphérique ouest (dont la fondation est aujourd’hui à ciel ouvert dans le Vico Cieco) et dans la pièce (L). 8 Nous reparlerons de l’existence de cet édifice et de sa possible apparence plus loin dans ce chapitre, où nous reprenons les hypothèses formulées dans Bukowiecki/ Dessales/Dubouloz 2003, Morard 2018 et plus spécialement Mainet 2018 (a), 194-196. 9 Ce pilier peut sans aucun doute être attribué à la phase 3 en raison de sa cote altimétrique. En effet, la semelle de fondation a été mesurée à 1,46 m ASL par les fouilleurs, ce qui correspond au niveau global de la phase 3. 10 Les restaurations subies par l’édifice ne permettent pas d’avoir des indications fiables sur la nature du blocage. Le mortier employé est le même que pour le parement (cfr. p. 68), alors que les caementa utilisés sont constitués en grande partie de moellons de tufs et de blocs de travertin et en moindre mesure de briques brisées. 11 Les mesures ont été établies en calculant la moyenne de dix briques et ont été répétées à dix endroits différents de l’édifice. 12 Une autre solution pourrait être que les briques ont été réalisées à partir de bipedales coupés, mais ce genre de pratique est relativement rare, les bipedales étant généralement employés entiers pour les assises de réglage et les arcs de décharge. Voir à ce propos Bukowiecki/ Dessales/Dubouloz 2008, spécialement 31 ainsi que Bukowiecki 2010, 149-150. 13 L’utilisation de bessales divisés en deux est majoritaire à Ostie à partir de l’époque flavienne et perdurera pendant tout le deuxième siècle. Calza et al. 1953, 196198/201-202. Concernant les modes de taille des différents types de briques, nous renvoyons aux analyses de G. Lugli (Lugli 1957, 584-585), de J. Adam (Adam 1984, 159) et plus récemment à l’excellent article d’E. Bukowiecki (Bukowiecki 2010). 14 Ce qui pourrait correspondre à des sesquipedales coupés et donc à un autre lot de matériel, mais leur présence est trop peu attestée pour constituer un argument convaincant. Selon I. Gismondi et M.E. Blake, le caseggiato est construit également avec un certain nombre de tegulae fractae, qui ont été retrouvées au cours des fouilles et qui pourraient correspondre à ces briques aux dimensions irrégulières. Voir à ce propos Blake 1973, 156 ; Calza et al. 1953, 198/200. 15 Voir par exemple la façade des Horrea Epagathiana, où l’on retrouve les mêmes briques jaunes sur des lits de mortier très fins. Pour plus d’informations voir Calza et al.1953, 201-202, où I. Gismondi tente de retracer dans les grandes lignes les transformations subies au cours du temps en matière de technique de construction. Selon lui, ce traitement particulier des façades est typique des édifices construits sous le règne d’Hadrien. E. Bukowiecki relève également le même phénomène, qu’elle retrouve cependant seulement à Ostie et Portus. 6

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Phase 3 Selon elle, ce type de parement était réalisé en tuiles brisées, moins épaisses, et était employé généralement pour les façades qui n’étaient pas enduites (Bukowiecki 2010, 144/147-148). De même, J. DeLaine observe le même soin dans le choix et la pose des matériaux pour les façades, qui diffère de ce qui se fait pour les parties internes de l’édifice ; selon elle, la fonction de cette pratique était principalement esthétique et répondait au besoin de montrer le statut élevé des commanditaires de l’édifice (DeLaine 2001, 95 ; DeLaine 2003, 724). Sur la couleur et la coloration des briques dans les façades de l’Insula dell’Ercole Bambino et l’Insula del Soffitto Dipinto nous renvoyons également à Bauers 2018, 93/114-120 16 Le mur de parcelle respecte également cette distinction de couleurs (cfr. infra) mais il est caractérisé par une facture moins bonne, avec une dimensions majeure de l’agrégat et une présence d’autres éléments, comme des nodules de chaux et du gravier. Ce manque de soin apporté au mur avait déjà été mentionné pour ce qui concerne le choix des briques (cfr. p. 66-68). 17 Ginouvès 1998, vol. 1, 128 (« creux en chanfrein »). Pour un essai typologique plus récent des différents types de joints voir Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 33-35. E. Bukowiecki, H. Dessales et J. Dubouloz avaient déjà identifié ce type de technique pour les joints du caseggiato dans leur étude sur l’avant-corps de la Scola du Trajan (Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, 523). 18 L’expression est tirée du titre des actes du colloque organisé en 2015 à l’École française de Rome par M. Carrive (Carrive 2017), « Remployer, recycler, restaurer. Les autres vies des enduits peints ». Nous renvoyons en particulier à l’intervention d’A. Coutelas, qui s’interroge sur les propriétés physiques des enduits peints, ainsi qu’à celle de Ch. Davoine, qui pose le problème du statut juridique des peintures murales et la possibilité d’un remploi dans les chantiers de construction. Les autres interventions présentent des cas d’étude d’Italie et de Gaule, qui confirment l’importance et la récurrence de ce phénomène. Pour une lecture critique de l’ouvrage, agrémentée de quelques commentaires sur la situation ostienne, nous renvoyons à Tomassini 2019 (a). 19 À ce propos voir Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 14, Poccardi 2018, 116-118 et Tomassini 2019 (b). La présence massive d’enduits peints dans les couches de rehaussement est un phénomène bien attesté à Ostie et particulièrement répandu (David/Melega/Milani 2017, 57-62 ; Kockel 2010, 482 ; Marano/Tomassini 2018). 20 La problématique du remploi dans la construction romaine a joui, au cours des dernières années, d’un certain succès auprès de la communauté scientifique, qui a démontré à plusieurs occasions la fréquence avec laquelle elle était pratiquée, non seulement pour les matières plus rares comme le métal ou le marbre mais également pour des simples matériaux de construction. N. Bauers propose une longue réflexion sur l’organisation et l’économie des chantiers de construction (Bauers 2018, 121-155), en analysant le cas des insulae dell’Ercole Bambino et del Soffitto Dipinto. Pour des réflexions plus générales sur la question du remploi, nous renvoyons au volume édité par Bernard et al. 2009 en bibliographie, ou encore à Pensabene/Panella 1993-1994 et Santangeli Valenzani 2016. S. Barker et Y. Marano ont également montré que ce type de pratique, généralement associé à la crise socio-économique des périodes plus tardives de l’empire, était en réalité une pratique fréquente de toutes

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les sociétés préindustrielles, et plus particulièrement de la civilisation romaine ; en effet, grâce aux données fournies par les textes juridiques, littéraires et épigraphiques, croisées aux témoignages archéologiques, tous deux – et Y. Marano en particulier – retrouvent les traces concrètes de la systématisation du phénomène dès l’époque républicaine, où se met en place une véritable industrie du recyclage, où les gravats produits par la destruction d’édifices précédents deviennent vite objet de commerce et source importante d’approvisionnement en matériaux (Barker 2010 ; Marano 2015). 21 Selon J. DeLaine, le remploi de matériaux issus de la démolition des édifices dans la construction des nouveaux – et plus particulièrement des nuclei des murs – rentre parfaitement dans la logique de chantier de l’époque. Voir DeLaine 2006, spécialement 241-242. 22 Cela est plus particulièrement le cas pour le mur de parcelle ouest du caseggiato (cfr. supra). 23 Pour les différents types d’échafaudages connus dans le monde romain, voir Adam 1984, 84-90. 24 Les termes italiens utilisés pour cette pratique, « cucitura » et « sarcitura », rendent bien l’idée du raccord entre deux portions de murs construites. À Ostie, plusieurs édifices conservent des traces analogues : N. Bauers trouve des césures tout à fait similaires aux nôtres dans l’Insula dell’Ercole Bambino (Bauers 2018, 127-129), qu’elle interprète comme des traces de passage d’un lot de chantier à un autre ; J. DeLaine mentionne des cas similaires dans l’Isolato dei Dipinti également (DeLaine 1996, 176). La technique est relativement diffuse, comme le montrent également les césures identifiées par M. Serlorenzi sur les murs des horrea fouillés il y a une dizaine d’années au pied du mont Testaccio à Rome (Serlorenzi 2010, 117-118). 25 En effet, le niveau de la semelle de fondation passe de 1,5 m ASL à 1,75 m ASL entre l’extrémité nord et l’extrémité sud de la parcelle. 26 Selon G. Mainet (Mainet 2018 (a), 192-193), cette différence de mortiers serait à imputer à deux phases distinctes de la vie de la parcelle, la première étant attestée par les murs avec la pouzzolane noire, la deuxième – qui aurait pris place à l’arrière de l’édifice après la destruction partielle des structures de la première phase – caractérisée par l’utilisation de la pouzzolane rouge. Notre interprétation des structures arrive à une conclusion différente, puisque à notre avis le passage d’un type de mortier à l’autre n’est pas aussi net à faire penser à deux phases de construction successives. De plus, aucune trace de cette destruction de la première phase n’a été retrouvée par les fouilleurs de 1973, ce qui montre au contraire que l’édifice semble avoir été conçu dès le début selon son plan actuel. 27 L’enduit a été étendu sur une fine couche d’intonachino, qui était précédée d’une seule couche de préparation, constituée par un mortier de chaux grossier, d’une matrice blanche riche en agrégats de pouzzolane rouge. 28 La réalisation des couches de mortier semble particulièrement soignée, avec un intonachino blanc d’une épaisseur de 0,5 cm et une couche d’intonaco de mortier grisâtre, épaisse environ 1 cm, contenant de nombreuses inclusions de tuileau, pouzzolane et roche volcanique. 29 Explicitée de manière extrêmement bien détaillée dans Adam 1984, 192-193. 30 Sur l’emploi du terme angiportus, qui désigne une ruelle étroite, nous renvoyons à Calza 1914, 579-582. 31 De plus, si les couloirs (E) et (R) n’étaient pas couverts, les étages supérieurs de la partie est de l’édifice

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Taberne Finestrate

auraient été inaccessibles, puisque les deux seuls escaliers de la parcelle se situent du côté ouest (cfr. 81-82). 32 Packer 1971, 23. L’interprétation du chercheur a été biaisée par les restaurations mimétiques des années 1930, qui ont entièrement reconstruit cette partie de la voûte en la transformant en un arc (phase 8a, cfr. p. 159-162). 33 Une telle hauteur peut surprendre pour un édifice commercial mais elle correspond à d’autres attestations de grands édifices à boutiques d’Ostie, construits à la même période, comme le Caseggiato dei Balconi a Mensole. À cette hauteur il faut bien entendu retirer la hauteur des pergulae, qui pouvaient occuper une partie de la pièce (cfr. infra). 34 Bauers 2018, 65-69/99-105 ; Girri 1956, 5-6 ; Packer 1971, 24-25 ; Schoevaert 2018, 64-67. R. Ulrich identifie plusieurs exemples de pergulae soutenues par des poutres enfoncées dans les murs, notamment dans l’Insula di Diana et le Caseggiato dei Molini. Le chercheur tente également de calculer le poids que pouvaient soutenir ces structures et estime une capacité de 638 kg pour le premier exemple, de 348 pour le second (Ulrich 1996, 145/127). Sur les différents systèmes de soutien des poutres nous renvoyons à Ulrich 2007, 117-120. 35 Pavolini 2018 (a), 190. 36 1,90 x 1 m pour les fenêtres donnant sur la cour (a) et 1,4 m x 0,98 pour celles donnant sur le couloir (R). 37 La situation change complètement aux phases de vie successives de l’édifice, où le niveau est rehaussé (cfr. p. 109-111) et où les fenêtres ne sont plus qu’à 0,90-1 m du sol, ce qui est une hauteur plus pratique pour des vitrines devant être vues par des passants. 38 Du moins dans la pièce (L), où la hauteur exacte a pu être mesurée. Dans les autres pièces, les fenêtres sont disposées exactement à la même hauteur. 39 Sur l’utilisation du bois en architecture romaine nous renvoyons à Ulrich 2007, spécialement aux pages 172201 pour ce qui concerne les portes et les linteaux. 40 Dans la pièce (Y), les encoches sont au nombre de deux ; plutôt que de penser à un double système de fermeture, il serait plus logique d’imaginer que les encoches appartiennent à deux phases différentes, et que la deuxième ait dû être pratiquée après le rehaussement de niveau de la phase 4. Nous remercions E. Proudfoot pour ses conseils sur la question. 41 Dont l’empreinte s’est conservée et qui fut remplie, à l’occasion des restaurations des années 1930 (phase 8a), par des poutres en béton peintes imitant le bois. 42 Vitr. De arch. III, IV, 4. 43 Cosimi 1998, 70-71. 44 Packer 1968, 367-373 ; Packer 1971, 28-31. 45 Calza 1914, 584-585. 46 Cosimi 1998, 70. 47 Bauers 2018, 105-108 ; Stevens 2005, 115-116. 48 Ce chiffre a été vérifié, par souci d’exactitude, en calculant également l’angle grâce au sinus (hauteur/ hypoténuse du triangle) et au cosinus (base/hypoténuse) de l’angle. 49 Le même résultat est également obtenu en utilisant le théorème de Thalès, selon lequel les proportions sont conservées dans un triangle. Dans le cas présent, a/b = c/d, et il est donc possible de déterminer c en connaissant a, b et d. 50 De plus, pour arriver à une hauteur de 5 m sur une distance de 4,60 m, l’angle que l’escalier devrait adopter serait de 47,4°, ce qui donnerait une pente beaucoup trop raide à gravir

La hauteur de 3,34 m est valable seulement si les escaliers continuaient jusqu’au mur. Puisqu’un palier était certainement présent, il faut retirer de la profondeur de la pièce une cinquantaine de centimètres (4,10 m au lieu de 4,60 m). En refaisant le calcul de l’estimation de la hauteur de l’escalier, on obtient un résultat de 2,96 m. 52 Cosimi 1998, 62-64. 53 Calza et al. 1953, 130-132 ; Pavolini 2018 (a), 97-98. 54 Cosimi 1998, 63-64. 55 Calza et al. 1953, 130-131 ; Pavolini 2018 (a), 114-115. 56 Calza et al. 1953, 130-132 ; Pavolini 2018 (a), 97-98. 57 Jansen 2002, 133-134 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 14 ; Stevens 2005, 116 ; Poccardi 2018, 116-118. C’est ce que nous dit également Pline le Jeune dans sa lettre à Gallus (II, 17, 25) : « Haec utilitas haec amoenitas deficitur aqua salienti, sed puteos ac potius fontes habet; sunt enim in summo ». 58 Jansen 2002, 130-131. 59 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 13/248. 60 Cette affirmation a pu se faire après les fouilles préventives réalisées par M. Bedello Tata dans les années 1990. Voir à ce propos Bedello et al. 1995, 429-437 et Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 56. Pour une synthèse sur les portions d’aqueduc découvertes dans l’ager ostiensis nous renvoyons aux communications reprises dans Bedello et al. 2006. 61 Cette conduite a été retrouvée au cours de petits sondages répétés sous le niveau de la rue (Lanciani 18811975, 264). On trouve d’autres mentions de cette fistula dans Barbieri 1953, 186 (no. 5309) et les données ont, plus récemment, été reprises en détail par Bruun 2002, 191 ; Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 153 ; Jansen 2002, 139-140 ; Koloski-Ostrow 2015, 17. 62 Kockel/Ortisi 2000, 351-364. 63 Cébeillac-Gervasoni et al. 2010, 110. 64 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, 248. 65 Mainet 2018 (b). 66 Dont une mentionnant explicitement un « aquaeductus in colonia ost[iensi] » par l’empereur Vespasien, datée entre 76 et 77 ap. J.-C. Voir à ce propos Cébeillac-Gervasoni et al. 2010, 147-148. 67 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 8 ; Jansen 2002, 136-167 ; Meiggs 1973, 143-144 ; Poccardi 2018, 124127 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 248-249.. 68 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 254-255 ; Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 57-58 ; Stevens 2005, 116-117. 69 Qu’E. Bukowiecki interprète, cependant, comme une réfection postérieure, datant de la fin du IIe siècle ap. J.-C. ou du début du IIIe siècle ap. J.-C. Bukowiecki 2006, 491 ; Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 8-59/152-173. 70 L’étude la plus aboutie à ce jour est celle d’E. Bukowiecki, H. Dessales et J. Dubouloz, qui analysent le castellum aquae de Porta Romana et en recensent trois autres : un sous les Terme di Nettuno, un dans les Case a Giardino et un à côté de la Porta Marina. Voir Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008. 71 Cette hypothèse est démontrée par la présence d’un arc en maçonnerie riche en concrétions calcaires reliant la muraille au château d’eau près de Porta Marina. Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2008, 7-8/16/24/156 ; Jansen 2002, 149 ; Poccardi 2018, 124 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, 254-255/272. 72 Bocherens/Zevi 2007, 257-258 ; Mainet 2018 (b). 73 De Ruyt/Van Haeperen 2018, 160. 51

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Phase 3 Un phénomène tout à fait analogue se retrouve dans le Caseggiato dell’Ercole, où l’édifice du IIe siècle continue à utiliser le puits de la domus d’époque républicaine (Calza et al. 1953, 108 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 1, 45-46 ; Stöger 2011, 96). 75 Un simple trou circulaire dans le sol, recouvert actuellement par une plaque de marbre remployée. En-dessous, de l’eau est encore présente aujourd’hui. 76 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, no. 349, 51-52. 77 La margelle ne s’est pas conservée, mais Ricciardi croit en voir une partie dans des fragments de marbre retrouvés à proximité, qui auraient pu faire partie du revêtement du bord de celle-ci. Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, no. 349, 51. 78 Les canalisations en plomb étaient soit simplement posées à terre, soit insérées dans les murs, dans des cavités prévues pour cet effet. S. Stevens, qui s’est intéressée à l’approvisionnement en eau des Case a Giardino, émet d’intéressantes théories sur les manières de déterminer si les cavités murales contenaient des tuyaux d’adduction ou des canalisations d’évacuation, en fonction de la présence ou non de concrétions calcaires sur les parois, produites à cause des fuites des tuyaux de plomb. Voir à cet effet Stevens 2005 dans la bibliographie. 79 La création d’un système d’évacuation aussi articulé a été dictée en grande partie par le fait que le sous-sol ne devait pas être contaminé par des puisards, étant une source précieuse en eau potable. Il a donc fallu construire un système d’égouts amenant l’eau loin de la ville. Jansen 2002, 160 ; Koloski-Ostrow 2015, 77. 80 Becatti 1953, 172 ; Meiggs 1973, 143. 81 Vaglieri 1908, 330-331. 82 Afin de renforcer son hypothèse, elle avance comme deuxième argument que le Tibre, par son important débit à la hauteur de son embouchure, n’aurait pas favorisé une bonne évacuation des eaux et aurait pu, dans la saison des crues, provoquer l’inondation des égouts. Selon elle, une solution aurait pu être de fermer en cas de besoin la sortie de l’égout sur le fleuve grâce à un système de vannes. Pour plus de détails voir Jansen 2002, 163-164. 83 L’un en briques, l’autre en briques et moellons de tufs qui serait, en réalité, un des murs de la cour de l’édifice républicain (cfr. p. 68-71). 84 Une des tuiles qui couvrent le fond de la canalisation est dotée d’un timbre épigraphique (cfr. p. 91-93). 85 Le couvrement ne s’est pas conservé mais il s’agit probablement d’une canalisation du type a cappuccina ou avec toit en bâtière, où deux files de tuiles sont placées l’une contre l’autre. Il s’agit du type de couvrement le plus fréquent pour les égouts, comme l’a affirmé, entre autres, G. Jansen (Jansen 2005, 160). 86 Le seul endroit où les deux murets ont été construits est la portion où elle tourne pour entrer dans la pièce (G). 87 Comme la plupart des canalisations identifiées à Ostie, qui ont toutes des dimensions très semblables. Jansen 2005, 160. 88 De Ruyt/Van Haeperen 2018, 159-160. 89 G. Mainet avait déjà identifié des latrines à cet endroit : voir Mainet 2018 (a), 198-199. L’auteur mentionne également d’autres latrines, appartenant à une phase ultérieure, dans la pièce S du caseggiato, avec une canalisation disposée en U (cfr. infra). 90 Selon les proportions présentées par V. Di Cola dans sa restitution des latrines des Terme del Nuotatore (Di Cola/ Medri 2013, 145-146, se basant sur des comparaisons 74

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avec les latrines de Via della Forica et celles à l’angle entre le cardo maximus et la Via del Tempio Rotondo. Ces chiffres sont bien entendu purement indicatifs, dans la mesure où les dimensions variaient grandement en fonction du support, des nécessités et de l’espace à disposition. Ils constituent toutefois un nombre minimal. 92 Jansen 2005, 157-158. 93 Sur les us et abus du mot latin « insula », dû à son caractère polysémique qui définit tantôt un édifice à plusieurs étages, tantôt un appartement, tantôt un îlot ou un terrain de propriété commune, nous renvoyons à Coarelli 1997, 98 et plus récemment à Storey 2004. 94 Packer 1971, 86. La question du nombre d’étage des insulae romaines et plus particulièrement celles d’Ostie a longtemps fait débat. Calza imaginait une prépondérance des édifices à deux ou trois étages (Calza 1914 et Calza 1923), alors que selon Meiggs le nombre d’étages plus fréquents était quatre (Meiggs 1973, 533). Packer renforcera cette idée en examinant de près la majeure partie des insulae d’Ostie, et la bibliographie plus récente semble aller dans cette direction également (cfr. infra). Plus récemment, nous renvoyons à Storey 2003, qui s’est penchée sur la question de la hauteur des « Skyscrapers of the Ancient Roman World ». 95 Meiggs 1973, 241 ; Packer 1971, 123-195 ; Hermansen 1982, 51. Une réflexion plus approfondie sur la question est présentée par Storey 2003, 13-16, qui se base entre autres sur des observations faites par DeLaine 1995. Plus récemment, N. Bauers s’est intéressée à la hauteur des insulae ostienne et en particulier de l’Insula dell’Ercole Bambino et de l’Insula del Soffitto Dipinto ; l’auteur restitue trois étages pour ces édifices sur la base d’une corrélation entre l’épaisseur des murs (deux pieds pour les murs périphériques) et la dimension maximale des pièces (Bauers 2018, 213-215). 96 Selon R. Meiggs, les étages des insulae avaient une moyenne de 3,5 m de hauteur ; N. Bauers propose d’augmenter ces valeurs en tenant compte de l’épaisseur de la maçonnerie pour soutenir le sol de chaque étage (Bauers 2014, 214-215). 97 Stevens 2005, 115-116, et en particulier les notes 25 et 26. 98 Un texte d’un auteur anonyme du Ve siècle ap. J.-C. reprenant la vie des Césars de S. Aurelius Victor ; l’édition que nous avons consultée a été confiée aux soins de Fr. Pichlmayr en 1911 et reprise par R. Gruendel en 1970 (BSB B.G. Teubner Verlagsgesellschaft). 99 Epit. De Caes., 13.13 : « Quibus omnibus Traianus per exquisita remedia plurimum opitulatus est, statuens, ne domorum altitudo sexaginta superare pedes ob ruinas faciles et sumptus, si quando talia contingerent, exitiosos ». 100 Sur les apports de l’infographie 3D et de la géomatique à l’étude du bâti antique à Ostie, voir la récente contribution de T. Hori et Y. Ogawa (Hori/Ogawa 2017). Sur les apports généraux des restitutions et restaurations virtuelles, nous renvoyons à deux excellents ouvrages, Bianchini 2008 et Limoncelli 2012. 101 Nous sommes particulièrement reconnaissants à Janet DeLaine pour avoir alimenté ces réflexions grâce à ses nombreuses suggestions. 102 Il s’agit d’un phénomène déjà relevé par Calza en 1914 (Calza 1914, 577-588) et repris plus tard par Meiggs 1973, 240 et DeLaine 2001, 95-96, selon lesquels les façades des édifices étaient généralement laissées à nu. Toutefois, il n’est pas à exclure que les différents étages d’un édifice étaient traités de manières différentes, avec 91

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

des portions en briques et des portions enduites, et la position plus convaincante est probablement celle de J. Packer qui identifie plusieurs traces d’enduit en façade pouvant coexister avec des parties laissant le parement visible (Packer 1968, 384-386 ; Packer 1971, 40-41), une vision également reprise par N. Bauers, qui identifie des traces d’enduit externes pour l’Insula dell’Ercole Bambino et l’Insula del Soffitto Dipinto (Bauers 2018, 93). 103 En particulier les insulae de l’Ara Coeli à Rome et celles d’Ostie, comme les insulae de la Via di Diana ou celles du complexe du Caseggiato del Serapide-Caseggiato degli Aurighi. Sur un panorama des insulae d’époque médio-impériale nous renvoyons entre autres à Scagliarini Corlàita 1995 et Boersma 1982. 104 Calza 1914 ; Calza 1923 (b). Les restitutions des insulae ostiennes de I. Gismondi frappent par leur modernité et leurs ressemblances avec les bâtiments construits à Rome au début du XXe siècle ; il est certain que la découverte des vestiges antiques d’Ostie a inspiré l’architecture contemporaine, mais certains auteurs se sont interrogés sur la possibilité que les restitutions proposées par I. Gismondi soient indirectement influencées par son regard d’architecte des années 1920-1930. Pour plus d’informations nous renvoyons à Kockel 2001, DeLaine 2012, 327-328 et Bauers 2018, 206-209. Toutefois, les idées d’I. Gismondi sur l’architecture antique continuent à être suivies, et les plus récentes restitutions continuent dans la même direction. Des exemples plus récents de restitutions d’insulae romaines sont celle de N. Bauers pour les Insulae dell’Ercole Bambino et del Soffitto Dipinto (Bauers 2018, 212-218, fig. 90) M.A. Ricciardi pour l’Insula delle Ierodule (Falzone/Pellegrino 2015, 15-36, fig. 20), celle de J. DeLaine pour l’Isolato dei Dipinti (DeLaine 1996, 171) et celle de R. Mar pour le Caseggiato di Bacco e Arianna (Mar 2003, 65-79). Une proposition de restitution virtuelle en 3D de l’ensemble de la ville a récemment été réalisée par A. Coccettini, publiée en accès libre sur le site [www.colonia-ostiensis.com]. Les restitutions, toutefois, se basent essentiellement sur la maquette de la ville réalisée par I. Gismondi et conservée dans le Museo della Via Ostiense à la Porta San Paolo de Rome, sans tenir compte de la production scientifique plus actuelle. 105 C’est du moins ce que porteraient à penser les exemples d’insulae à plusieurs étages connus à Rome et à Ostie, comme examiné par Packer 1971, 66-71 et plus récemment par Bauers 2018, 69-73. Sur l’organisation des étages supérieurs des insulae de l’Ara Coeli voir Priester 2002 et plus récemment Ippoliti 2015, spécialement 186-187. Sur une recontextualisation des édifices à plusieurs étages dans l’empire occidental nous renvoyons à Boersma 1982. 106 Le cas le plus emblématique de la capacité des constructeurs d’époque médio-impériale à ouvrir des grandes fenêtres dans les murs des édifices est l’Insula delle Trifore, dotée de larges baies au rez-de-chaussée et à l’étage. Cela est rendu possible techniquement par l’utilisation de l’opus testaceum et une meilleure réalisation de l’opus caementicium mais également par l’utilisation plus répandue des carreaux de verre à partir de la fin du Ier siècle ap. J.-C. À ce sujet voir en particulier Dell’Acqua 2004 et Foy 2005. 107 Voir à ce propos Packer 1968, 364-367 et Packer 1971, 24-27, qui base ses propos sur les observations de l’Insula dell’Ara Coeli, des Marchés de Trajan, de la façade de l’insula englobée dans la muraille aurélienne, au sud de la Porta Tiburtina et de quelques exemples ostiens

(Insula di Giove e Ganimede, Insula delle Trifore, Insula delle Volte Dipinte e Isolato dei Dipinti entre autres). Sur la restitution des fenêtres de l’Insula dell’Ercole Bambino et l’Insula del Soffitto Dipinto voir Bauers 2018, 94-97. 108 Bigi c.i. ; Bigi 2019. 109 Calza et al. 1953, 130-131. 110 Sur les portiques et les cours des insulae d’Ostie voir Packer 1971, 15-19 et plus récemment Bigi 2019, 266-269. 111 Dans son article de 1916, Calza s’étonne du peu de tuiles retrouvées dans les fouilles des insulae ostiennes, ce qui lui fit penser que plusieurs édifices étaient dotés d’un toit en terrasse (Calza 1916, 578). Quelques exceptions sont mentionnées, comme l’Insula delle Volte Dipinte, où de nombreuses tuiles ont été trouvées (Meiggs 1973, 241). Toutefois, comme le remarque à juste titre N. Bauers, l’absence de tuiles n’est pas un fait indicatif dans la mesure où la tuile était un matériau facilement remployé dans les spoliations (Bauers 2018, 217). 112 Notre restitution du toit s’est inspirée des travaux sur les charpentes en bois d’époque romaine de R. Ulrich (Ulrich 2007, 123-157) mais plus particulièrement de la restitution proposée par J. DeLaine en 1996 pour l’Isolato dei Dipinti ; l’auteure approfondit la question en indiquant également une hypothèse possible qui utilise le nombre minimal de poutres potentiellement utilisées compte tenu de la largeur des murs externes de l’édifice (DeLaine 1996, 173-176). 113 Cette simulation a été réalisée en respectant l’orientation géographique de l’édifice et la trajectoire approximative du soleil. Concernant l’éclairage simulé à travers la réalité virtuelle et son apport pour l’analyse d’édifices antiques nous renvoyons à Rueff 2016. 114 Ce phénomène est également valable dans le cas d’un édifice à trois étages. Une alternative pourrait être que la partie centrale de l’édifice avait un étage en moins et était couverte par un toit en terrasse, d’une manière analogue à ce qu’a restitué M.A. Ricciardi pour le versant des Case a Giardino comprenant l’Insula delle Ierodule (Falzone/Pellegrino 2015, 15-36, fig. 20) 115 Blake 1973, 156 ; Calza et al. 1953, 134-135 ; Packer 1971, 31 ; Pavolini 2018 (a), 190. 116 Blake 1973, 144. 117 Voir Ferri n.p. en bibliographie. 118 Voir Pavolini 2000 en bibliographie. 119 Ailleurs dans l’édifice, une autre monnaie – de Domitien cette fois – a été retrouvée lors des sondages de l’université de Liège, mais la localisation exacte et le type monétaire n’ont pas encore été publiés (Mainet 2018 (a), 192). 120 Par ailleurs, nous signalons la présence d’une marque relativement étrange retrouvée sur un des bipedales qui constituent la semelle de fondation du mur périphérique ouest du caseggiato, à la hauteur de l’entrée du couloir (H) sur le Vico Cieco. La marque, mise au jour après un nettoyage en surface de la zone, présente une forme elliptique d’un diamètre qui oscille entre 7 et 9 cm. Elle est constituée d’un disque ovale au centre, entouré par des rayons cunéiformes qui donnent à l’ensemble l’aspect d’un soleil ou d’une fleur. Bien que le doute subsiste qu’il s’agisse d’une trace accidentelle, la régularité de la forme est telle que nous sommes enclins à penser qu’il s’agit d’une marque laissée volontairement, peut-être un timbre anépigraphe. Ces derniers sont attestés au plus tôt au règne de Trajan, et se développent particulièrement à partir de l’année 123 ap. J.-C., mais ils sont généralement associés à des timbres avec inscription (Broise 2000, 113-114 ; Buko-

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Phase 3 wiecki/Cianchi 2004 ; Tuomisto 2005, 253. Dans ce cas-ci, aucun timbre n’a été retrouvé à côté du bipedalis, ce qui laisserait penser qu’il s’agit d’une marque accidentelle, mais l’état de conservation précaire de la surface ne permet pas de lever le doute. Un fait intéressant est que P. Tuomisto mentionne, dans son catalogue des timbres anépigraphes, une typologie fortement similaire à notre potentiel timbre, qu’il qualifie de « bolli circolari a forma di raggi cuneiformi » ; selon lui, ce type de timbre se retrouve exclusivement sur des tuiles et continuera à être utilisé tout au long de l’empire et même à l’époque médiévale (Tuomisto 2005, 272 ; Delle Lucche/Tesei 1989, 103). 121 Le timbre porte l’inscription T FLAV ZOSIM ET AEMIL INGENVAE et il avait déjà été catalogué par H. Bloch dans CIL XV S. 425 ; toutefois, ce dernier n’avait pu observer que le calque du timbre et retranscrit de manière erronée l’inscription, avec AEME INGENVI au lieu de AEMIL INGENVAE. Garofalo Zappa 1971, 277. 122 Voir LSO en bibliographie. 123 Taglietti/Zaccaria 1994, 705-713. 124 LSO 484 ; Steinby 1974-1975, 89-90. 125 Un exemple à échelle urbaine de l’analyse spatiale de l’architecture romaine nous vient des études de Hanna Stöger, qui nous a récemment quittés et que nous souhaitons évoquer ici avec affection ; ses recherches sur la Ve région de la ville ont utilisé les principes de la syntaxe spatiale pour reconstruire les parcours plus probables dans les rues et au sein des édifices (Stöger 2011). 126 J. Schoevaert s’est récemment intéressé aux boutiques d’Ostie et précisément à la question de comment identifier une boutique en absence du mobilier (Schoevaert 2018, 21-32). G. Girri préconisera que le seul élément permettant d’identifier de manière incontestable une pièce comme étant une boutique est la présence du seuil à rainures (Girri 1956, 3), idée déjà véhiculée par le passé (Calza 1923 (b), 49-63 entre autres) et qui continuera à être utilisée par la suite (Adam 1989, 346 ; Bouet 1994). J. Packer, quant à lui, s’intéressera plutôt à la largeur des baies, puisque les seuils se conservent rarement en place (Packer 1971, 21). Plusieurs réserves sont émises sur les risques d’une identification trop facile et sur les transformations fonctionnelles des structures au fil du temps (Ling 1997, 336-337 ; Monteix 2010, 61, Mainet 2018 (a), 197). Schoevaert propose un protocole unifié pour l’identification des boutiques (Schoevaert 2018, 29-38), qui tienne compte de plusieurs paramètres (présence du seuil à rainures, largeur des baies, ouverture sur la rue, communication, présence d’escaliers et de pergulae) tout en invitant à la prudence pour ce type d’interprétation. C. Holleran, de son côté, s’interroge aussi sur la définition du mot taberna et de la boutique en général et illustre la grande élasticité des formes que prennent les lieux du commerce romains (Holleran 2017, 160-164). 127 La boutique (T) pourrait également être l’arrière-boutique de (Z), qui deviendrait ainsi le magasin le plus grand de l’édifice. 128 G. Mainet arrive dans son article à la même conclusion (Mainet 2018 (a), 198). Le phénomène des arrière-boutiques ostiennes avait déjà été examiné par G. Girri qui les prenait en considération dans son étude des boutiques de la ville (Girri 1956). J. Schoevaert affine cette typologie et distingue plusieurs exemples d’arrière-boutique (Schoevaert 2018, 67-69) ; selon sa classification, les pièces (P), (V) et (W) seraient des « arrière-boutiques simples », comme on en voit dans

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l’édifice I, XII, 5 d’époque sévérienne, communiquant avec une boutique seulement. Schoevaert en identifie 60 attestations à Ostie (Schoevaert 2018, 68). Dans son catalogue, l’auteur recense quinze boutiques à l’intérieur du caseggiato, mais son interprétation se base sur l’aspect actuel de l’édifice sans tenir compte des transformations dans le temps de la forme des pièces (Schoevaert 2018, catalogue pages 285-286). 129 Mainet 2018 (a), 198. 130 Mainet 2018 (a), 194-196. Selon l’auteur, la largeur des portes, couvertes par un large arc, ne serait pas compatible avec les systèmes de fermeture des boutiques. 131 Cette hypothèse avait déjà été formulée par J. Packer (Packer 1971, 12) et G. Girri (Girri 1954, 31). 132 Attribuer à un magasin antique une fonction précise est impossible si l’on ne dispose que des murs, à cause de la grande versatilité et la polyvalence qu’avaient ces espaces dans l’Antiquité. En effet, les magasins étaient bien souvent loués et le type de marchandise vendue pouvait changer relativement souvent. La structure d’une boutique devait par nature être utilisable quelle que soit sa fonction. Sur les édifices commerciaux romains, en particulier ostiens, nous renvoyons à DeLaine 2005, Monteix 2010 et Schoevaert 2018. 133 D’autres activités nécessitaient beaucoup d’eau, comme le travail des textiles, des métaux, de l’argile ou de l’huile, mais dans le cas présent il manque les vasques, les fours ou les meules qui caractérisent ce type d’établissement. Schoevaert 2008, 137 ; Wilson 2003, 445446 ; Borgard/Brun/Leguilloux 2005, 310-311 ; Holleran 2012, 129-152. Dans le cas des taberne finestrate, il n’est pas à exclure cependant que les structures artisanales à proprement parler se trouvent au fond de la cour (b), qui doit encore être fouillée. 134 Andreau 1974, 163. Pour un commentaire du passage voir Schoevaert 2018, 238. 135 Calza et al. 1953, 135 ; Pavolini 2018 (a), 189-190 ; Pensabene 2007, 158-160. 136 Becatti 1961, 192-193, n° 344-345 ; Pensabene 2007, 16. 137 DeLaine 2005, 35 ; l’auteure cite également d’autres exemples de marchés similaires dans la ville, comme les édifices II, I, 5 et III, XVI, 4. 138 Calza et al. 1953, 145 ; Girri 1956, 29 ; Packer 1971, 190. Une étude approfondie de tout le complexe et de l’îlot dans lequel il s’insère a été récemment menée par H. Stöger (Stöger 2011). 139 Lauro/Ricciardi 1993, 64-77 ; Meiggs 1973, 273-274 ; Pensabene 2007, 358-359 ; Scocca 1994, 436-440. 140 J. Schoevaert s’est également intéressé à la typologie des ensembles de boutiques ; étrangement, il n’insère pas parmi ces édifices le Mercato mais retrouve la même logique d’organisation des espaces commerciaux également dans l’édifice I, II, 5, dans les Case a Giardino et dans le Caseggiato del Serapide. Voir à ce propos Schoevaert 2018, 236. 141 Les horrea avaient en effet également une fonction de distribution des marchandises qu’ils conservaient ; DeLaine 2005, 40-42 ; Rickman 1971, 293-297. 142 Calza et al. 1953, 125. 143 La difficulté de distinguer un lieu de stockage d’un lieu de commerce n’est pas une problématique nouvelle, comme l’évoquait déjà Rickman (Rickman 1971, 60-61). Les controverses sur l’interprétation des pièces situées au sud des Grandi Horrea, interprétées tantôt comme lieu de commerce (DeLaine 2005, 31), tantôt comme lieu de stockage (Bukowiecki/Monteix/Rousse 2008,

Le Caseggiato

delle

Taberne Finestrate

212) montrent combien il est difficile de faire la distinction (Schoevaert 2008, 32-34). Meiggs 1973, 273. 145 Calza 1923 (c), 183 ; Boëthius 1934, 167 ; DeLaine 2005, 35 ; Schoevaert 2018, 238. Cette association jouira d’un certain succès en bibliographie, notamment pour ce qui concerne le Caseggiato del Larario (Andreau 1974, 163 ; Scagliarini 1994, 173 ; Gros 2001, 126). 146 Le rapprochement a été récemment remis en question par J. Schoevaert, qui ne voit pas de lien direct entre ces édifices commerciaux romains et les marchés couverts du Moyen-âge arabe, dont l’évolution architecturale correspondrait plutôt à une pérennisation des échoppes qui occupaient les colonnades et portiques des villes orientales antiques ; selon lui, une évolution formelle des boutiques sur cour romaines se retrouverait dans la Grande-Bretagne du XIIIe siècle, où se développent des « selds », des regroupement d’édifices commerciaux autour de ruelles et de cours fermées, comme le St Martin’s Seld de Londres (Schoevaert 2018, 238-240). 147 Meiggs 1973, 133. 148 Blake 1973, 158 ; Calza et al. 1953, 129-139 ; Heres 2001, 223 ; Kockel 1992, 99-117 ; Hermansen 1982, 2-11 ; Heinzelmann 2002, 105-106 ; Mar 2001, 346-347 ; Meiggs 1973, 133-146 ; Pavolini 1986b, 22 ; Pavolini 2018 (a), 34-35 ; Pensabene 2007, 24-28. 149 Albo 2002 ; Calza et al. 1953, 129-130 ; Pensabene 2007, 26. 150 Calza et al. 1953, 142-143 ; Pavolini 2018 (a), 36 ; Pensabene 2007, 26-27 ; Poccardi 2001, 161-164. 151 Sur la question des rehaussements nous renvoyons aux actes du colloque dédié à cette thématique, édités dans Mols/van der Laan 1999. 152 Blake 1973, 158 ; Calza 1923 (a), 180-182 ; Gering 2001, 199-202 ; Hermansen 1982, 14 ; Jansen 2002, 126. Monter de niveau est la solution la plus efficace que les habitants d’Ostie ont trouvée pour lutter contre la remontée des eaux de la nappe phréatique et les fréquentes inondations du Tibre, deux fléaux qui touchent encore aujourd’hui la région et tout le delta du Tibre. L’épaisse couche de rehaussement qui recouvre les structures précédentes a également fourni une base plus solide sur laquelle construire les grandes insulae à plusieurs étages. 153 Voir à ce propos DeLaine 2004, 147-148 ; DeLaine 2005, 32-33 ; Gering 2001, 199-201 ; Meiggs 1973, 251 ; Packer 1971, 24-53 ; Pensabene 2007, 25. 154 DeLaine 2012, spécialement 328-332 ; Falzone 2007, 52-54 ; Heinzelmann 2002 ; Pavolini 2018 (a), 34-35. 155 Gering 2001, 202 ; Meiggs 1973, 77-78 ; Pensabene 2007, 26. Sur la population d’Ostie attestée par l’épigraphie voir, entre autres, Salomies 2002. 156 Gering 1999, 103-104 ; Heinzelmann 2002, 116-117 ; Heres 2001, 224-225 ; Hermansen 1982 ; Packer 1971. Une excellente synthèse de l’évolution de la manière d’habiter à Ostie est DeLaine 2012. S. Stevens a également montré que les appartements situés aux étages étaient dotés de plus de confort de ce qu’il n’y parait, avec des latrines présentes ailleurs qu’au rez-de-chaussée (Stevens 2005). 157 La clientèle visée est celle d’une population locale de plus en plus nombreuse mais aussi des nombreux visiteurs et voyageurs que le port de Rome a dû attirer. Sur le développement des espaces commerciaux et leurs typologies dans la ville d’Ostie nous renvoyons en particulier à DeLaine 2005, Girri 1954 et plus spécialement 144

Schoevaert 2018. Voir également DeLaine 2012, 340-341 ; Scagliarini Corlàita 1995, 173-174 ; Meiggs 1973, 69. Calza et al. 1953, 134-136 ; Meiggs 1973, 133-146. 159 Pensabene 2007, 25-26. 160 Certains dans des riches villas suburbaines, comme celles retrouvées par Heinzelmann dans les IVe et Ve régions de la ville (Heinzelmann 2002, 117) ; voir à ce propos DeLaine 2012 également. 161 Bocherens/Zevi 2007 ; Morard 2018 ; Mainet 2018 (b). 162 De Ruyt 1999, 65 et De Ruyt/Van Haeperen 2018, 158. 163 De Ruyt 1999, 65 et De Ruyt/Van Haeperen 2018, 158. 164 Sur les niveaux du quartier en-dehors de Porta Marina nous renvoyons respectivement à un article de M. David, S. De Togni et M.S. Graziano en préparation pour les actes du Sesto Seminario Ostiense organisé en 2019 par l’École française de Rome. Sur les phases de rehaussement du decumanus maximus dans les ­quartiers occidentaux nous renvoyons également à un article de G. Mainet en préparation pour ces mêmes actes. 165 Ortisi 1999, 71-73. 166 Martin 1999, 74-76. 167 Morard 2018, 167. 168 Calza et al. 1953, 135 ; De Ruyt/Van Haeperen 2018, 158-163 ; Pavolini 2018 (a), 150 ; Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, 60. F. Van Haeperen propose une série de réflexions intéressantes sur la question de la propriété de ces parcelles : selon elle, le fait d’avoir élargi la rue a nécessairement dû impliquer une expropriation d’une partie de terrain de la part de la colonie, mais elle suggère également que les terrains qui ont été « raccourcis » aient pu être de propriété publique (De Ruyt/Van Haeperen 2018, 161-163), même si l’extension du phénomène est telle qu’il semble plus probable de penser à l’expropriation partielle de terrains privés. 169 Calza et al. 1953, 135 ; Flohr 2018, 149-152 ; Girri 1956, 32 ; Schoevaert 2018, 227-228. 170 Calza et al. 1953, 148 ; De Ruyt 1983 ; Kockel/Ortisi 2000 ; Pensabene 2007, 339-340. 171 Implantés dans un second moment sur un édifice thermal construit à l’époque de Trajan (Pavolini 2018 (a), 191 ; Pensabene 2007, 222 ; Poccardi 2001, 165-166 ; Poccardi 2018, 122). 172 Mainet 2018 (a), 194-196. 173 Calza et al. 1953, 109. Sur les hypothèses concernant l’occupation de la parcelle voir également, Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, Morard 2018 et Mainet 2018 (b). 174 Calza et al. 1953, 135 ; Pavolini 2018 (a), 189-190 ; Pensabene 2007, 158-160. 175 Calza et al. 1953, 135 176 Les Terme della Basilica Cristiana, l’Insula delle Trifore et l’édifice dans lequel s’implantera la Domus del Ninfeo sont tous dotés de boutiques donnant sur le decumanus, renonçant à avoir une entrée sur la rue principale pour privilégier des accès sur des rues secondaires, respectivement la Via della Foce pour la première et la Via delle Trifore pour les deux dernières. Sur ces édifices voir Calza et al. 1953, 136-137 et Pavolini 2018 (a), 147-151. 177 Calza et al. 1953, 135 ; Girri 1956, 29-32 ; Flohr 2018, 147-153 ; Schoevaert 2018, pl. XIV ; Stöger 2011, 225226. 178 Calza et al. 1953, 125. 179 De Ruyt 2001, 188-189 ; De Ruyt 2014, 36-37. 180 Boin 2013, 76-78 ; Brenk/Pensabene 1998-1999 ; Calza 1941-1942, 136-140 ; ; Heres 1980 ; Pavolini 2018 (a), 147-149. 181 Calza 1941-1942, 136-137. 158

107

Cette expression a été récemment utilisée par le Parco archeologico di Ostia antica pour intituler un des nouveaux panneaux explicatifs qui valorisent, depuis l’été 2019, les principaux monuments du site. 183 Calza et al. 1953, 120 ; Rickman 1971, 58-61 ; Pavolini 2018 (a), 193-195. 184 Stöger 2011, 225-226. 185 Comme semble le suggérer Becatti en parlant de «  monumentale e organico piano regolatore adrianeo », notamment pour l’îlot IV, VI, comprenant le Caseggiato a Botteghe et le portique du Caseggiato della Fontana a Lucerna. Calza et al. 1953, 135. N. Bauers parle à plusieurs reprises du rôle décisif joué par Hadrien dans l’organisation du quartier autour des nouveaux Terme di Nettuno à l’occasion de leur construction (Bauers 2018, 133/163). L’idée d’aménagement urbain voulu par l’empereur est également abordée par Meiggs 1973, 74-76, 141-142 et Van Essen 1957, 509. 182

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Voir DeLaine 2003 en bibliographie. Calza et al. 1953, 135 ; Heinzelmann 2002, 108 ; Meiggs 1973, 74-75 et 141-142. 188 Zevi 1998. 189 C’est l’idée également de M. Heinzelmann, qui a affronté la question du « Bauboom » ostien et qui remarque lui aussi une prédominance des constructeurs privés par rapport aux interventions publiques, jouant sur la spéculation et une forte concurrence (Heinzelmann 2002, 119). De même, A. Gering met l’accent sur l’inégalité de ces chantiers en termes de temps d’exécution (Gering 2013, 257). Il s’agit d’idées qui correspondent bien aux logiques de construction des chantiers antiques, que W. McDonald et J. Packer ont approfondi par le passé (McDonald 1982, 157 ; Packer 1968). 186 187

Phase 4 Rehaussements, restructurations et réaffectations (deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C.)

Cette phase rassemble une série d’activités foncièrement contemporaines mais qui ne relèvent plus d’une action délibérée et unitaire comme pour les phases précédentes. Ce sont toutes des modifications apportées au bâtiment suite au rehaussement de niveau qui a intéressé l’ensemble de la parcelle quelques années après la construction du caseggiato, et qui transforment l’aspect et la fonction de toute une partie du bâtiment. Description des activités La première modification apportée à l’édifice est le rehaussement de niveau sur toute la parcelle. En effet, la cote altimétrique passe de 1,30 - 1,50 m ASL1 à 1,80 - 2,00 m ASL,2 comme le montrent les relevés de M.A. Ricciardi de 1973 et les coordonnées acquises grâce aux relevés par laser-scanner de tout l’édifice. Les traces les plus évidentes de ce changement de niveau se retrouvent dans la pièce (A) et dans la pièce (L). Dans cette dernière, il est possible d’observer – encore aujourd’hui – le niveau de sol originel et le rehaussement du seuil d’entrée de la pièce ; celui-ci est soutenu par une petite fondation – épaisse une soixantaine de centimètres – constituée de moellons variés (rectangulaires et pyramidaux) séparés par des joints épais de mortier blanchâtre. Ce rehaussement entraîna plusieurs réaménagements dans différents secteurs du bâtiment, notamment au sud et à l’est de la parcelle, qui modifieront l’aspect et la fonction de plusieurs pièces. Ces travaux de transformation n’ont pas forcément été réalisés au même moment, mais ils s’encadrent tous dans un arc chronologique relativement restreint ; de plus, tous répondent à une volonté commune de modifier la fonction des pièces après le rehaussement du niveau. C’est pourquoi nous avons décidé de regrouper les différentes activités dans la même phase, tout en conservant une sous-division en phases 4a, 4b et 4c. Cette fragmentation de la phase 4 est due au fait qu’il est impossible de déterminer si les différentes interventions ont été mises en place en même temps ou à des intervalles de temps réduits. Seules les interventions de la phase 4c sont, avec certitude, légèrement postérieures aux deux autres. C’est en effet ce que démontre le

rapport stratigraphique particulier entre deux murs de la pièce (D), où un mur de la phase 4c s’appuie sur un mur de la phase 4b. Phase 4a : transformations à l’arrière du bâtiment L’arrière de l’édifice est sans aucun doute le plus touché par les transformations de la phase 4, puisqu’il voit son aspect et sa fonction première se transformer radicalement. Grâce aux fouilles de la pièce (A) en 1973, nous sommes en mesure de reconstruire avec précision la teneur des travaux de réaménagement du bâtiment et de fournir une hypothèse de datation. À côté de la pièce (A), la cour (b) et la pièce (F) sont également intéressées par d’importants changements. Dans le cas de la cour (b), le fait qu’elle n’ait été fouillée que sur une partie de sa superficie totale rend, par la force des choses, toute interprétation des structures qui s’y trouvent partielle et incomplète. Fort heureusement, une tranchée de fouilles a été creusée par les archéologues de 1973, permettant de préciser davantage la nature des interventions apportées à l’édifice. a. Activité 4a.1 : destruction partielle du portique de la cour (b) Du point de vue stratigraphique, la première intervention attestée pour la phase 4 est la destruction d’une partie du portique qui flanquait le côté nord de la cour (b). En effet, le pilier en opus testaceum USM 59, qui avait permis de supposer la présence du portique à cet endroit (cfr. p. 63-66), est arasé à un niveau de 1,79 m ASL. Il est ensuite recouvert par la couche de rehaussement USC 47. b. Activité 4a.2 : rehaussement de niveau et mise en place des fondations ; Activité 4a.3 : réfection du réseau d’égouts Grâce aux fouilles de 1973, nous sommes en mesure de fournir des preuves concrètes du rehaussement de niveau et de mesurer avec plus de précision son ampleur. Malheureusement, la couche de rehaussement en soi (USC 47) n’a pas été distinguée correctement par les fouilleurs, qui

109

Phase 4

Fig. 114.  CTF, pièce (A), section du mur sud avec indication des structures des phases 1 à 4a (d’après M.A. Ricciardi 1974, PA-OANT inv. 4714).

Fig. 115.  CTF, pièce (A), mur nord en cours de fouille (PA-OANT R 1546-22).

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l’ont confondue avec la couche USC 70. Cela a causé des dommages irréparables à la compréhension du mobilier céramique et des enduits peints contenus dans la couche, qui ont été mélangés avec ceux de la couche plus ancienne. Heureusement, la hauteur de ce deuxième rehaussement peut être déterminée grâce à une série de fondations de moellons de tuf et mortier, jetées contre la terre de l'USC 47 pour soutenir les nouveaux seuils des entrées (USM 40 à 44) (fig. 114). Ces fondations se terminent environ 50 cm plus haut par rapport à la semelle de fondation des murs de la phase 3 (figs 114-115). Le même type de fondation (USM 39 et 40) a été réalisé pour soutenir deux murs (USM 33 et 34) au nord de la pièce (A) et les structures construites dans la cour (b) (USM 45 et 46 qui soutiennent USM 35 et 36) (fig. 115). C’est également à ce moment qu’est partiellement refait le système d’évacuation de l’eau (cfr. infra p. 121-122).

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

c. Activité 4a.4 : construction de l’élévation Durant la phase 4, les pièces (A) et (F) subissent de nombreuses modifications, notamment au niveau des entrées (fig. 116). En effet, l’accès entre les deux pièces est réduit par la construction de deux murs en opus testaceum, USM 33 et 34, pour ne laisser plus qu’un petit passage dans le coin nord-est de la pièce. Par ailleurs, les entrées des pièces (A) et (F) sur le couloir (E) sont restreintes par la construction de pilastres, et le passage avec la cage d’escalier de la pièce (G) est bouché. Dans la cour (b), les interventions sont encore plus importantes. En effet, le mur périphérique de la parcelle, USM 61, est renforcé par la construction d’un pilier, USM 35. Ce dernier, de dimensions massives (135 x 117 cm) et construit en opus testaceum,3 servait peut-être de contrefort au mur, puisque le côté nord du portique avait été démantelé. Quelques mètres plus au sud, un long mur, d’au-moins 7,20 m, est construit parallèlement au mur sud de la pièce (A), à une

distance de 7 m de celui-ci. Ce mur (USM 36), construit en opus testaceum, est situé aujourd’hui à la limite de la partie fouillée de l’édifice4 et s’appuie contre le mur périphérique de la cour (b) (USM 60), en couvrant également l’enduit de ce dernier, USR 49. À environ 1,20 m depuis l’extrémité ouest de l’USM 36, un tubulus en terre cuite est encore visible, encastré dans son noyau. La fonction de ce mur est difficile à déterminer : il pourrait s'agir d'un mur de délimitation d’un plus petit espace à l’intérieur de la cour (b), qui dépendrait uniquement de la pièce (A), délimitant une pièce ou une cour plus petite dans la cour (b). C’est ce que semblerait indiquer un dessin de M.A. Ricciardi, où l’architecte dessine les traits d’un mur dont on ne conserverait pas la trace et qui aurait relié le mur USM 36 à la façade sud de l’édifice. Les transformations plus tardives subies par l’édifice (phase 7) nous font supposer la présence d’un nouvel édifice, de dimensions et d’aspect inconnus, qui se serait implanté dans la cour (b) à ce moment-ci.

Fig. 116.  Phase 4a - aménagement de l’arrière de l’édifice (DAO P.T.).

111

Phase 4

Fig. 117.  Mosaïque ι de la pièce (A) - USR 31 (PA-OANT R 773-3).

d. Activité 4a.5 : mise en place de la décoration des sols Les pièces (A) et (F) ont livré plusieurs portions de mosaïques (USR 31 ; fig. 117). L’histoire de ces mosaïques est aussi intéressante que malheureuse, en raison du fait qu’elles ont aujourd’hui disparu et qu’elles ne sont documentées que par quelques photographies très incomplètes. La découverte de ces mosaïques a dû avoir lieu en même temps que celle de l’édifice, en 1938, mais aucune mention n’en a jamais été faite avant 1973, lorsque leur dépose pour restauration a permis la réalisation des sondages de M.L. Veloccia Rinaldi. À ce moment-là, quelques photographies sont prises, mais uniquement de détails et non d’une vue d’ensemble.5 Les annotations sur les carnets de fouilles permettent de replacer avec certitude ces pavements dans le contexte de la phase 4a, puisque lesdites mosaïques sont posées directement sur la couche de rehaussement USC 47 et les fondations USM 40 à 44. De plus, le niveau altimétrique correspond parfaitement à celui de la phase 4 (2,02-2,10 m ASL) et le fait qu’elles seront partiellement endommagées par des pilastres durant la phase 5 fournit un terminus ante quem certain (cfr. p. 129-135). Grâce aux photographies conservées dans les archives, il a été possible de restituer virtuellement les mosaïques et de les replacer avec un certain degré de certitude à leur position présumée. Décrite par les fouilleurs comme une seule mosaïque, la décoration montre en réalité que l’espace était compartimenté en plusieurs pièces, de forme carrée ou rectangulaire. Ces sous-espaces étaient délimités par la mosaïque ellemême, qui formait pour chacun un schéma géométrique complexe et autonome. Entre les pièces,

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les fouilleurs mentionnent la présence probable de cloisons en matériaux périssables, dont ils soupçonnent la trace sans la documenter clairement. Le peu de données à disposition nous empêchent de restituer avec précision le plan de ces « pièces dans les pièces » : dans la pièce (A), on croit distinguer, au centre, un couloir (θ) de 2 m de large environ, donnant accès à deux pièces de plan carré et d’environ 3 m de large (ι-κ), disposées sur ses deux côtés. Au nord de la pièce, deux portions de mosaïque (λ-μ) devaient se conserver de manière plus partielle ; elles appartenaient probablement à deux autres pièces, dont on ne connait pas les dimensions mais qui auraient pu être accessibles depuis le couloir (θ). Dans la pièce (F) se trouve une situation plus ou moins analogue, avec deux larges portions de mosaïques conservées dans la partie sud de la pièce (ν-ξ) décorant probablement deux pièces de forme quadrangulaire, de dimensions semblables à celles identifiées dans la pièce (A). Une description détaillée des motifs décoratifs représentés est proposée au point 3 de ce chapitre (cfr. p. 116 et sv.). Phase 4b : Interventions ponctuelles dans l’édifice Quelques interventions ponctuelles touchent également l’édifice à divers endroits, à la suite du rehaussement généralisé de l’ensemble de la parcelle d’une cinquantaine de centimètres. Une trace de ce changement de niveau est bien visible dans la pièce (L), où est encore visible une fondation constituée de moellons variés (rectangulaires et pyramidaux) noyés dans un épais mortier blanchâtre, tout à fait comparable aux fondations que les fouilleurs de 1973 avaient trouvées dans la pièce (A) (fig. 118). Ailleurs dans l’édifice, les entrées des pièces (D), (T) et (Z) sont rétrécies par des petits murs (Pl. I), d’une manière analogue à ce qui a été relevé dans les pièces (A) et (F) et de

Fig. 118.  CTF, pièce (L), vue sur le rehaussement du seuil (photo P.T.).

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

fice subit des transformations. En effet, les pièces (D), (D’), (J) et (M) voient leurs entrées se boucher, les privant de toute communication avec la cour (a) et le couloir (E). En effet, les portes et les fenêtres sont soigneusement murées avec un parement en opus reticulatum (figs 121-122, Pl. I). Le même sort est réservé à une des entrées de la pièce (C) et à la fenêtre de la pièce (N).11 Ces bouchages modifient sensiblement l’aspect de la cour (a) – qui perd sa symétrie – et la fonction des pièces touchées : les pièces (M) et (J), en effet, sont beaucoup plus fermées et ne deviennent accessibles que par le couloir (I) et la boutique (N) ; les pièces (D) et (D’), en revanche, semblent privilégier leur ouverture sur la parcelle voisine (fig. 121). Peut-être en concomitance avec ces bouFig. 119.  Caseggiato della Cisterna, rétrécissement d’une chages, qui indiquent un changement de fonction, une petite vasque, probablement liée à un porte (photo P.T.). travail artisanal, semble avoir été construite dans ce qui peut s’observer ailleurs dans la ville, le coin nord-est de la pièce (M).12 De même, dans comme par exemple dans une des boutiques sur la pièce (S), l’équipe de l’université de Liège, qui le flanc est du Caseggiato della Cisterna,6 le long de a réalisé des sondages pour mieux comprendre la la Semita dei Cippi (fig. 119). relation entre le Caseggiato delle Taberne Finestrate Un élément plus remarquable est la construc- et la Schola del Traiano, identifie les traces d’une tion d’une vasque maçonnée alimentée par un latrine, dont rien ne se conserve si ce n’est un grand réservoir à eau, dans l’angle nord-ouest de épais revêtement de mortier hydraulique sur les la cour (a). La vasque, que M.A. Ricciardi appelle parois et trois canalisations d’égout le long des une « fontana quadrangolare a vasca », s’implante dans l’embrasure de la porte entre la cour (a) et la pièce (O)7 (fig. 120). Elle est de forme rectangulaire et a une dimension externe de 2,20 x 0,90 m ; elle est construite par des murets en opus testaceum de 40 cm d’épaisseur et d’une hauteur de 1,45 m par rapport au sol de l’époque. Le réservoir, quant à lui, est en communication directe avec la vasque et se situe à l’intérieur de la pièce (O), qui s’en trouve complètement défonctionnalisée. Également de forme rectangulaire, le réservoir mesure 2,90 x 2 m et a une hauteur de 1,40 m.8 Tous deux sont revêtus, à l’intérieur comme à l’extérieur, d’une épaisse couche de mortier hydraulique blanchâtre, dans lequel sont clairement visibles, sur le fond, des tessons de céramique insérés dans la masse. À un moment ultérieur, une deuxième vasque est ajoutée,9 d’une hauteur apparemment plus réduite (65 cm conservés) et placée à un niveau légèrement plus élevé, d’une dizaine de centimètres, par rapport à la première.10 Pour permettre à l’eau de s’écouler dans cette deuxième vasque, le rebord de la première semble avoir été brisé sur une partie. Phase 4c : Bouchages sur le côté est de l’édifice Dans un temps stratigraphiquement postérieur mais probablement proche du point de vue chronologique, une grande partie du côté est de l’édi-

Fig. 120.  CTF, cour (a), fontaine (photo P.T.).

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Phase 4 parois nord, est et sud de la pièce, qui sont postérieures à la construction de l’édifice puisqu’une des canalisations casse la fondation du mur ouest de la pièce pour rejoindre le collecteur sous le couloir (R).13 Nous ne disposons d’aucune preuve qui certifie que ces deux interventions appartiennent à la phase 4b – l’étude du mobilier retrouvé dans les sondages liégeois pourra donner une réponse définitive – mais quelques éléments semblent suggérer que c’est à ce moment qu’il faudrait placer ces interventions, soit avant la construction de la Schola del Traiano (cfr. p. 136138). En effet, la cote altimétrique relevée par les archéologues belges pour la latrine (2-2,1 m ASL)14 correspond davantage à celle de la phase 4 qu’à celle des phases liées à la vie de la Schola, qui se situent à 2,5-2,9 m ASL15 (cfr. p. 141-145) ; ensuite, la vasque semble être antérieure à la construction de la Schola del Traiano puisqu’une porte sera pratiquée dans le mur à l’emplacement de la vasque, au moment de la construction de l’édifice, ce qui indique que la vasque – qui effectivement est fort peu conservée – aurait cessé de fonctionner à ce moment (cfr. phase 6). Techniques de construction

Fig. 121.  CTF, planimétrie générale de la phase 4 (DAO P.T.).

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Les différentes transformations réalisées au cours de cette phase d’activités se caractérisent par des techniques communes mais se distinguent, au niveau des matériaux employés, par une certaine hétérogénéité. Cela est dû au fait que les travaux réalisés dans la phase 4 ne sont pas le fruit d’un projet unitaire mais relèvent plutôt d’interventions ponctuelles liées à des besoins différents. D’une manière générale, l’opus testaceum reste la technique de prédilection pour la construction des murs. Ces derniers se distinguent aisément de ceux de la phase précédente par l’utilisation, entre autres, d’un module de briques différent. En effet, les briques employées pour cette phase sont, d’une manière générale, moins soignées dans la réalisation, avec une matrice plus poreuse qui se délite plus facilement aujourd’hui (fig. 123). La couleur des briques dépend du mur sur lequel elles ont été utilisées mais reste relativement homogène. Ainsi, les briques des murs de la pièce (A) sont d’une couleur jaune clair, presque verdâtre16 (figs 123-124), alors que les autres présentent une gamme chromatique autour du rouge foncé et du brun (fig. 125). Les mesures des briques varient également de manière sensible par rapport à celles de la phase précédente : elles sont plus longues et moins épaisses. Sur un module d’1m², on compte généralement de 78 à 96 briques, disposées sur une moyenne17 de 19 files de 4 ou 5 briques par mètre carré18 ; la longueur

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

Fig. 122.  CTF, cour (a) et début du couloir (R), flanc est - orthophoto (P.T.).

Fig. 123.  CTF, pièce (A), paroi nord - USM 34, détail (photo P.T.).

Fig. 124.  CTF, pièce (A), paroi nord - USM 33, détail (photo P.T.).

Fig. 125. CTF, pièce (A), paroi est - USM 32, détail (photo P.T.).

Fig. 126.  CTF, cour (a), bouchage de la pièce (J), détail (photo P.T.).

115

Phase 4 peu finie, avec des blocs de tuf rectangulaires grossièrement équarris disposés en des files irrégulières, noyées dans un abondant mortier. Le tout était ensuite recouvert d’enduit (fig. 127). Enfin, une technique qui n’est jamais suffisamment traitée mais qui continue à être présente à cette époque est celle des cloisons en matériaux périssables, comme il a été supposé pour les pièces (A) et (F). L’emploi de cette technique pour fragmenter un espace dans plusieurs pièces est attesté ailleurs à Ostie au même moment, notamment dans quelques structures résidentielles de la Regio III, comme les édifices III, I, 12, III, I, 13 et III, XVI, 2,22 ainsi que dans l’Insula del Sacello.23 Fig. 127.  CTF, pièce (M), parement interne des bouchages (photo P.T.).

varie de 20 cm19 à 28 cm20 par brique, sur une hauteur moyenne qui oscille entre 3,1 et 3,5 cm. Plusieurs briques ont leurs coins émoussés, ce qui porterait à penser qu’il s’agit de matériel de récupération et non de lots uniformes, comme le suggèrent également les différences de couleurs. En revanche, le mortier de chaux utilisé pour le nucleus et le parement dans cette phase est aisément reconnaissable, dans la mesure où il est extrêmement homogène et où il se différencie de manière évidente par rapport aux autres21 (figs 124-125). De facture moins soignée que celui de la phase 3, le mortier employé pour les murs se caractérise par une matrice grisâtre et par des agrégats d’une grande variété : il est en effet possible de distinguer du marbre blanc broyé, du cailloutis, du sable, de la pouzzolane noire et rouge et, par endroits, des tesselles de mosaïque. Les joints ont une épaisseur très régulière, qui oscille entre 2 et 2,5 cm de hauteur, mais il est difficile d’établir s’il y a eu une constante dans la technique de lissage de ces derniers. En effet, la corrosion de la surface entrave une bonne lecture des mortiers, mais à plusieurs endroits on a cru distinguer un lissage creux en canal. Le même type de mortier est également utilisé pour les murs qui bouchent les ouvertures des boutiques sur le côté est de l’édifice. C’est ce que l’on peut observer sur la face arrière de ces murs, malgré des restaurations modernes très importantes, qui rendent plus difficile la lecture des vestiges. Au niveau des matériaux utilisés, nous avons déjà dit supra que ces murs présentent une technique différente sur les deux faces. Ainsi, le parement extérieur, donnant sur la cour, est réalisé de manière soignée en opus reticulatum, avec des cubilia carrés de profil régulier et constant, mesurant 10 x 10 cm (fig. 126). Le parement interne, en revanche, est réalisé dans une œuvre grossière et

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Reconstruction architecturale Revêtements des sols et des parois Malgré le bon état de conservation des structures murales, il est étonnant de constater la pauvreté de données concernant les revêtements des sols et des parois. Concernant ces dernières, peu d’éléments peuvent être ajoutés à ce qui a été dit supra. En effet, seules quelques portions d’enduit peuvent être rattachées avec certitude à la phase 4. Le premier est le revêtement de la vasque dans la cour (b), constitué par une simple couche de mortier recouvert par un lait de chaux blanchâtre. Ensuite, un simple enduit blanc recouvre l’intérieur de la pièce (M) (fig. 127). Concernant les sols, le tableau n’est guère différent, si ce n’est pour l’exception remarquable des mosaïques retrouvées dans les pièces (A) et (F), présentées supra. En dépit du fait que rien ne se conserve aujourd’hui, les carnets de fouille nous apprennent que les mosaïques étaient réalisées avec des tesselles noires et blanches, posées sur un statumen peu épais de chaux et un rudus de mortier de chaux avec éclats de tufs. Comme

Fig. 128.  Mosaïque du couloir (θ) (PA-OANT R 773-8).

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

Fig. 129.  Mosaïque de la pièce (ι) (PA-OANT R 773-9).

Fig. 130.  Mosaïque de la pièce (ι), détail (PA-OANT R 773-4).

il a été dit supra, les photographies d’archives – bien que de très mauvaise qualité et incomplètes – permettent de fournir une description plus détaillée des motifs décoratifs employés24 : Couloir (θ) (fig. 128) : la décoration est constituée d’un simple damier de rectangles noirs et blancs, bordé aux extrémités par une bande noire. Ce type de schéma tire son origine des sectilia tardo-républicains, dont il constitue une version simplifiée, attestée dès le Ier siècle av. J.-C.25 Toutefois, ce n’est qu’à partir de l’époque impériale qu’il se diffusa de manière beaucoup plus importante ; à Ostie, on commence à trouver plusieurs attestations à partir du deuxième quart du IIe siècle ap. J.-C., comme l’atteste – entre autres – le pavement de la pièce O de l’Insula delle Pareti Gialle, datée aux alentours de 130 ap. J.-C.26 Pièce (ι) (figs 129-130) : le schéma décoratif employé est très élaboré, avec une composition centrée dans un carré et disposée tout autour d’un large octogone. Ce dernier était orné en son centre par un oiseau posé sur une branche27 et inscrit dans une étoile à huit pointes, elle-même contenue dans un cercle noir, autour duquel convergent huit larges palmettes noires. Le reste de la composition était occupé par plusieurs motifs géométriques qui s’alternent et s’imbriquent. Premièrement, huit rectangles sont placés perpendiculairement aux diagonales et aux médianes du centre ; ils sont décorés d’un lacis de tresses noires. Tout autour, huit demi-étoiles, constituées chacune de quatre losanges, 28 cantonnent les rectangles ; ces dernières, contigües entre elles, déterminent des triangles rehaussés de noir dans les coins et les médianes, ainsi que des carrés sur les diagonales de la composition ; ces carrés sont ornés d’un nœud de Salomon sur

fond noir.29 Plusieurs exemples sont attestés à Ostie du même schéma décoratif, reproduit à l’identique dans plusieurs contextes, avec comme simple variante le contenu du motif figuré dans l’octogone ou les éléments décoratifs à l’intérieur des rectangles et des carrés. Un parallèle poignant peut être encore aujourd’hui observé dans la pièce C de la Domus di Apuleio. Datée du milieu du IIe siècle ap. J.-C., cette mosaïque reproduit à l’identique le schéma complexe de rectangles et losanges autour d’un octogone. Le motif central – aujourd’hui perdu – était constitué d’une scène avec un aurige sur un quadrige, une palme à la main. Les rectangles et les carrés étaient par contre décorés par des peltes et des carrés concaves sur la pointe.30 Pièce (κ) (figs 131-132) : le pavement de cette pièce emploie une composition plus schématique et répétitive, formée par des carrés et des triangles noirs et blancs tangents, agencés dans une composition en nid d’abeille, formant quatre grands octogones au centre desquels était dessiné un large fleuron noir. Cette mosaïque conserve également le seuil d’entrée de la pièce sur le couloir (α), également mosaïqué : on y voit quatre épines rectilignes blanches sur fond noir, séparées en leur centre par un étroit losange blanc. Il est intéressant de constater que les deux motifs trouvent leur parallèle le plus proche dans l’Insula delle Muse, datée aux alentours de 130 ap. J.-C. En effet, un seuil identique à celui des Taberne Finestrate orne l’entrée qui sépare les pièces (E) et (F), et la pièce (L) présente le même schéma en nid d’abeille, avec cette fois-ci des hexagones.31 G. Becatti indique que ce type de schéma était en vogue dans toute l’Italie entre le Ier et le IIe siècle ap. J.-C., comme l’attestent des exemples pro-

117

Phase 4

Fig. 131.  Mosaïque de la pièce (κ) (PA-OANT R 773-1).

Fig. 132.  Mosaïque de la pièce (κ), vue du seuil (PA-OANT R 773-7).

Fig. 133.  Mosaïque de la pièce (λ) (PA-OANT R 773-2).

Fig. 134.  Mosaïque de la pièce (μ) (PA-OANT R 773-10).

to-impériaux de Pompéi et Aquilée et une mosaïque d’une des pièces des marchés de Trajan à Rome.32 Pièce (λ) (fig. 133) : la portion de mosaïque conservée, bien que fortement lacunaire, est suffisamment claire que pour identifier le motif choisi : il s’agit d’un quadrillage formé par des lignes de petits carrés noirs sur la pointe, adjacents les uns aux autres ; les champs ainsi formés étaient chargés, en leur centre, de carrés plus grands, placés sur la pointe, dans lequel s’inscrit tantôt un nœud de Salomon, tantôt un simple carré noir. Ce type de décor, relativement diffus en Italie à partir du Ier siècle ap. J.-C.,33 n’est pas inconnu du répertoire ostien et trouve de nombreuses attestations datant du IIe siècle ap. J.-C.,

notamment dans la pièce 9 de l’Insula delle Pareti Gialle,34 datée aux alentours de 130 ap. J.-C. Pièce (μ) (fig. 134) : le pavement de cette pièce s’était très mal conservé et n’est pas bien documenté : les quelques images le représentant montrent une mosaïque blanche sans décoration apparente. Pièce (ν) (fig. 135) : le pavement de cette pièce, en revanche, est mieux conservé et est un des deux seuls à avoir été documentés par M.A. Ricciardi. En contrepartie, aucune photographie n'a été prise. Le schéma employé est celui d’une composition de type « à bouclier », de plan circulaire, inscrite dans un carré bordé de noir. Le bouclier est composé de triangles disposés par rangs, en opposition et de couleurs inversées. Aucun

118

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

Fig. 135.  CTF, pièce (F), mosaïques (ν) et (ξ), dessin inachevé de M.A. Ricciardi (PA-OANT inv. 4709).

Fig. 136.  CTF, cour (a), sol en mortier (photo P.T.).

Fig. 137.  CTF, couloir (H), sol en mortier (photo P.T.).

Fig. 138.  CTF, pièce (G), opus spicatum (photo P.T.).

élément décoratif ne semble orner le large champ circulaire au centre de l’ensemble, qui était généralement occupé par un élément figuré, comme l’atteste l’exemple, particulièrement similaire, de la pièce O de la Domus di Apuleio, où le centre est orné par une tête de Méduse. Comme l’autre mosaïque du même édifice décrite supra, ce pavement date d’une phase de re-décoration de la maison, aux alentours de 130 ap. J.-C. 35 Pièce (ξ) (fig. 135) : la deuxième mosaïque de la pièce (F), également dessinée par M.A. Ricciardi mais non photographiée, était ornée par un motif géométrique de bandes obliques décalées, formées par des rectangles noirs, qui n’a pas trouvé de parallèles stricts mais dont une variante peut être observée dans l’Insula di Bacco Fanciullo d’Ostie.36

L’ensemble des motifs représentés semble de très grande qualité, et ne trouve des parallèles que dans les plus riches insulae ostiennes du milieu du IIe siècle ap. J.-C. Pour le reste de l’édifice, très peu d’éléments sont visibles aujourd’hui in situ, mais il est possible que des portions de sol conservées se trouvent encore sous la couche d’humus moderne. Seules quelques traces sont encore visibles : il s’agit de petites portions d’un sol en mortier à matrice argileuse de couleur rougeâtre, caractérisé par de nombreuses inclusions de tessons de céramique. Nous en avons trouvé des traces dans le coin nord-ouest de la cour (a) – au pied de la vasque – (fig. 136), dans la pièce (Q), au pied de l’escalier, ainsi que dans le couloir (H), dans le coin sud-ouest (fig. 137). Les nombreuses ressemblances techniques portent à pen-

119

Phase 4 ser qu’il s’agit d’un seul et même pavement, qui couvrait les espaces de circulation du caseggiato. Son appartenance à la phase 4 n’est pas certaine, mais la cote altimétrique du pavement (entre 1,70 et 1,94 m ASL) et le fait que la portion retrouvée dans la cour (b) soit recouverte partiellement par l’agrandissement de la vasque semblent confirmer cette hypothèse, et sont des bons indicateurs pour placer le sol en mortier dans un arc chronologique relativement bien défini. Par ailleurs, des traces ténues d’un pavement en mortier grisâtre37 se conservent dans la pièce (N), à un niveau de 1,8 m ASL. Enfin, un pavement en opus spicatum a été retrouvé dans la pièce (G) après un nettoyage de surface du sol (fig. 138), ainsi que dans la pièce (M) par les sondages de l’université de Liège.38 Placés tous les deux à 2-2,1 m ASL,39 ces portions de pavement sont parfaitement compatibles avec la fonction assumée par des locaux de service, comme c’est le cas ici, puisque les deux pièces ont été identifiées comme des latrines (cfr. p. 85 et p. 121).

Fig. 139.  Pièce (K), seuil en travertin (photo P.T.).

Ouvertures et systèmes de fermeture des pièces Contrairement à la phase précédente, différentes pièces conservent encore leur seuil intact, ce qui permet de reconstituer plus facilement les systèmes de fermeture utilisés. C’est le cas des pièces (K) et (L), dont l’entrée est occupée par des hauts seuils en travertin de 15 cm de hauteur, constitués de cinq blocs rectangulaires placés côte à côte. Tous deux appartiennent au type des seuils « à rainure longitudinale et porte latérale »40 : en

Fig. 140.  Restitution du système de fermeture des pièces (K) et (L) (DAO P.T.).

120

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

d’autres mots, l’entrée était fermée par une étroite porte à un seul battant,41 placée à une extrémité du seuil, comme l’atteste la mortaise circulaire pour l’insertion d’une crapaudine conservée sur le côté droit des deux pièces42 ; le reste de l’entrée43 était fermé, en cas de besoin, par une série de planches en bois, glissées dans une longue rainure creusée dans le sens de la longueur (fig. 139). Une deuxième typologie de seuil se conserve également à l’entrée du couloir (I) et de la pièce (T). Malgré les différences de largeur, les seuils présentent tous en effet la même rainure citée plus haut, avec comme différence qu’ici le battant de porte est absent. Ces deux typologies de seuil sont généralement employées pour la fermeture de boutiques,44 dont la présence constitue un critère d’identification particulièrement fréquent.45 En effet, les rainures permettent de glisser des planches encastrées l’une dans l’autre de manière à fermer complètement l’accès tout en restant amovibles, alors que la cavité pour le battant de porte permettait de garantir un accès au marchand (fig. 140) ; ce type de fermeture répond à la nécessité d’occuper le moins possible les entrées pour laisser un passage large et aisément accessible, mais qui puisse en même temps être fermé de manière solide de l’extérieur ou de l’intérieur.

Les nombreuses transformations apportées à l’édifice à cette période ont également eu une incidence sur le système d’adduction et d’évacuation des eaux mais n’ont pas déterminé de réelles perturbations de celui-ci. En effet, malgré le rehaussement général du niveau de sol, le réseau de canalisations reste essentiellement le même

que durant la phase 3, avec quelques nouveaux raccords. C’est ce que l’on remarque dans la pièce (L), où une canalisation d’égout passe en-dessous du nouveau seuil surélevé,46 pour arriver probablement dans le conduit principal sous la cour (a), qui se jetait dans le collecteur du decumanus maximus (cfr. p. 97-99). La même situation a été vue par l’équipe liégeoise dans la pièce (S), où une nouvelle latrine est installée et raccordée à la canalisation sous le couloir (R) (cfr. supra). De même, le mur construit dans la cour (b) de l’édifice a été raccordé, à ce moment, au système d’évacuation des eaux de l’édifice grâce à une canalisation (USM 37), retrouvée par les fouilleurs de 1973 à 1,84 m ASL, soit légèrement en-dessous du niveau de sol de la phase 447 ; cette dernière évacuait vraisemblablement l’eau récoltée par le tubulus encastré dans le mur (USM 54).48 Par ailleurs, la construction des deux vasques a apporté, par la force des choses, une modification importante de la gestion de l’eau dans l’édifice (figs 141-143). En ce qui concerne la petite vasque de la pièce (M), peu conservée, G. Mainet nous apprend qu’elle était reliée à une canalisation en bâtière et qu’un fragment de fistula en plomb retrouvé dans les fouilles indiquerait qu’elle était reliée au réseau d’adduction urbain.49 Pour ce qui concerne la grande vasque de la cour (a), la situation est légèrement plus complexe bien qu’elle se soit mieux conservée. En effet, l’eau stockée dans la vasque devait arriver de quelque part et ensuite s’écouler ailleurs. La source d’alimentation de cette fontaine est très difficile à établir, dans la mesure où on ne retrouve aucune cavité sur les bords de la vasque ni aucune trace de canalisations. En considération de la grande capacité du réservoir (2980 L pour

Fig. 141.  CTF, cour (a), plan de la fontaine (M.E. Talani, Ricciardi & Santa Maria Scrinari 1996).

Fig. 142.  Vasque de la cour (a), trou d’évacuation de l’eau (photo P.T.).

Système d’adduction et d’évacuation de l’eau

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Phase 4

Fig. 143.  CTF, cour (a), vue latérale de la fontaine - orthophoto (P.T.).

le réservoir, 540 L pour la deuxième vasque50), il semble probable que ce dernier ait été alimenté par le réseau hydrique urbain, mais l’absence de toute trace de canalisations rend cette hypothèse plus fragile. Il est également possible que le réservoir ait servi au stockage des eaux pluviales et/ ou souterraines. Ces deux dernières solutions constituent une alternative parfaitement envisageable et les deux systèmes auraient très bien pu être exploités en même temps. En effet, l’eau de pluie pouvait être récoltée des toits et acheminée par une gouttière dans la cour (a), 51 alors que l’eau de la nappe phréatique était disponible en abondance à proximité, grâce au puits de la pièce (Q). À l’inverse, le système d’évacuation de l’eau de la fontaine peut être aisément reconstruit. En effet, nous savons par où l’eau s’écoulait grâce à la présence de deux trous (figs 142-143), situés dans un coin des deux vasques, donnant sur le couloir (R), où se trouvait vraisemblablement une rigole reliée à l’égout qui devait passer en-dessous du couloir (cfr. p. 83-86). Quant à l’usage qui était fait de cette eau et la fonction de la fontaine, aucune certitude n’existe. La position des deux vasques dans la cour (a) indique que l’eau devait être relativement accessible aux personnes visitant le caseggiato, aux occupants des boutiques et aux résidents des appartements aux étages. Plutôt que de penser à

122

une utilisation exclusive des seuls artisans pour des besoins spécifiques liés à une production quelconque, il faudrait imaginer une source d’eau supplémentaire 52 mise à disposition de l’immeuble pour des usages variés du quotidien. Datation Dater avec précision les transformations opérées dans l’édifice au cours de la phase 4 est malheureusement impossible. La technique de construction n'est pas d'un grand secours, puisque l’irrégularité dans le choix des briques, les bessales de moindre épaisseur et la variation de couleur sont des caractéristiques que l’on retrouve durant tout le IIe siècle ap. J.-C. pour les petits travaux de transformation des édifices.53 Le seul élément qui aurait peut-être permis d’arriver à une chronologie absolue était le mobilier céramique de la couche USC 42, qui comme il a déjà été dit à plusieurs reprises a perdu de sa valeur quand il a été mélangé au mobilier d’autres couches. Malgré tout, il est possible d’encadrer la phase dans une fourchette chronologique relative mais suffisamment restreinte. Le terminus ante quem est fourni par la datation de la phase 5, qui comme nous le verrons peut être située avec un bon degré de certitude aux premières années du IIIe siècle ap. J.-C. Le terminus post quem, en revanche, peut être précisé par trois éléments : les mosaïques, des

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

timbres épigraphiques et une pièce de monnaie retrouvée en 1973. Premièrement, les mosaïques. Les nombreux motifs décoratifs redécouverts dans les pièces (A) et (F) peuvent globalement être datés entre 130 ap. J.-C. et 150 ap. J.-C., puisque c’est de cette période que datent tous les parallèles identifiés à Ostie. Les similitudes sont tellement marquantes que l’on pourrait penser à la production d’un même atelier ou du moins à un répertoire commun. Toutefois, l’analyse purement stylistique n’est pas suffisante, il faut donc multiplier les éléments de datation. Les timbres épigraphiques constituent un marqueur chronologique important, non pas pour dater à l’année près des constructions mais pour placer des termini post quem. Les fouilles de 1973 ont mis au jour deux timbres dans la cour (b), sur les bipedales qui constituent le fond de la canalisation d’égout (USM 37) construite à cette époque. Le premier timbre – dont on ignore encore une fois formes et dimensions – a été retranscrit par les fouilleurs comme ceci : EX PR TI TVTINI SENT SATRINI CAEP ANNIO VERO ̮ET EG ̮AMBIB CŌS

Cette inscription avait déjà été décrite par H. Dressel dans CIL XV, 109, mais a été corrigée par H. Bloch dans CIL XV S., 39. La retranscription la plus correcte est toutefois celle de M. Steinby, dans LSO 152, qui signale des erreurs dans le CIL et propose de développer l’inscription par « Ex pr(aedis) Ti. Tutini Sent(i) Satriani Saep(ioniana sc. tegula) Annio Ver(o) III et Egg(io) Ambib(ulo) cos ». Les trois concordent à dater ce timbre à l’année 126 ap. J.-C., sur la base des indications consulaires.54 Le deuxième timbre – dont on ne connait que le texte – présentait cette inscription : EX·PR·T·STATIL·MAX·SEV·HAD BRU·EX OF MYRINI

Dans ce cas-ci également, le timbre est connu depuis le XIXe siècle et est repris dans CIL XV, 41. M. Steinby ajoute les signes de ponctuation et développe ainsi le texte, dans LSO 73 : « Ex pr(aedis) T. Statil(i) Max(imi) Sev(eri) Had(riani) Bru(tiana sc. Tegula) ex of(ficina) Myrini ». T. Statilius Maximus Severus Hadrianus, consul suffect en l’an 115 ap. J.-C., devient propriétaire de la figlina Bruttiana à partir de l’an 124 ap. J.-C. L’officinator Myrinus est attesté dans cette figlina à partir de 127 ap. J.-C., il y restera jusqu’en 134 ap. J.-C., date à laquelle il est mentionné sur les timbres de la figlina Macedonianae, également de propriété de

T. Statilius. Dressel date le timbre de l’an 127 ap. J.-C., Steinby opte pour une datation plus large vers les années 130 ap. J.-C.55 La présence de ces timbres ne provoque pas de grande surprise, puisqu’ils sont attestés dans de nombreux édifices de la ville construits entre 120 et 150 ap. J.-C., comme dans les Case a Giardino, les Terme di Nettuno et la Caserma dei Vigili.56 Enfin, un terminus post quem plus tardif nous est donné par un denier d’Antonin le Pieux (inv. PA-OANT 32879), retrouvé dans la couche de préparation du pavement (ζ) de la pièce (F). Aucune trace n’est aujourd’hui conservée de cette monnaie et aucune photographie n’est présente dans les archives, mais les carnets de fouilles et les fiches d’inventaire du parc archéologique nous fournissent suffisamment de données pour l’identifier. Datée entre 140 et 143 ap. J.-C., la monnaie présente le portrait de l’empereur au droit, tête nue, avec la titulature ANTONINVS AVG PIVS P P TR P COS III ; au revers, la déesse Salus est assise auprès d’un autel, autour duquel est enroulé un serpent avec près de lui une patère et un sceptre ; dans l’exergue est présente l’inscription IMPERATOR II SC.57 En considération de tous ces éléments, la datation des transformations de la phase 4 se situerait donc entre 140 ap. J.-C. et 200 ap. J.-C., entre l’époque antonine et le début de l’époque sévérienne. Interprétation des structures : réorganisation des espaces

vers une

Les nombreuses interventions menées dans le Caseggiato delle Taberne Finestrate durant la phase 4 modifient la structuration interne de l’édifice et en transforment de manière profonde les parties sud et sud-est. Ces travaux ont probablement été dictés par un désir, de la part des constructeurs, de donner une nouvelle fonction à ces pièces. En l'absence de mobilier ou d’éléments distinctifs, proposer une interprétation qui ne laisse pas de place au doute est pratiquement impossible. Toutefois, dans le cas des pièces (A) et (F), la nature des travaux d’aménagement nous permet de proposer des pistes nouvelles d’interprétation. Le premier élément digne d’intérêt est la destruction partielle du portique de la cour (b). L’explication la plus plausible pour cette intervention est que les occupants des lieux avaient besoin de plus de lumière à l’intérieur de la pièce (A), qui devait être plus sombre depuis la construction du mur USM 136 dans la cour (b)58 ; un besoin de plus de lumière pourrait indiquer que la pièce était amenée à être plus fréquentée et habitée qu’auparavant. Ensuite, un autre élément particulièrement

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Phase 4 significatif des aménagements réalisés dans les pièces (A) et (F) est la réalisation des mosaïques. En effet, la fragmentation de l’espace – autrefois unitaire – et la richesse des décorations de sol porteraient à penser que les pièces (A) et (F) acquièrent à cette période-ci une fonction résidentielle. Si cette théorie est correcte, il faudrait imaginer un ou deux petits appartements aménagés dans les deux pièces : l’appartement dans la pièce (F) serait accessible par le couloir (E) uniquement, alors que celui de la pièce (A) serait ouvert à la fois sur le couloir (E) et sur la cour (b). Le fait que les deux appartements communiqueraient entre eux ne constituerait pas un problème, puisqu’il n’est pas rare de trouver à Ostie des appartements reliés par des passages internes, comme dans le complexe des Case a Giardino et les édifices V, III, 3 et V, III, 4.59 Seul un élément irait à l’encontre cette théorie : le nombre d’ouvertures sur le couloir (E), qui ne concorde pas avec le concept même des habitations privées de cette époque, beaucoup plus fermées sur elles-mêmes60 ; il faudrait imaginer des fermetures pour ces entrées, dont on ne conserverait pas la trace ou qui auraient été retirées à des phases ultérieures, mais cela pousserait peutêtre trop loin notre interprétation. Il ne faut donc pas exclure d’autres possibilités, comme celle de considérer les pièces (A) et (F) comme des espaces de réception ou des bureaux mis à disposition des occupants des boutiques, même si cette hypothèse n’est également pas tout à fait satisfaisante, puisque les deux pièces semblent trop isolées et reculées par rapport au reste de l’édifice. L’état de conservation des structures ne permet pas de lever le doute et d’attribuer une fonction précise aux pièces (A) et (F) au cours de la phase 4. Néanmoins, malgré le problème des trop nombreuses ouvertures, l’hypothèse d’y voir des appartements nous semble la plus convaincante. En effet, les parallèles les plus proches que nous avons réussi à trouver renvoient systématiquement à des structures résidentielles, aussi bien pour la décoration des sols que pour la planimétrie ; dans le cas de la pièce (A), la disposition des pièces n’est pas sans rappeler − à une autre échelle − celle de l’Insula delle Volte Dipinte, qui se structure également en un couloir flanqué sur ses deux côtés par des petites pièces.61 De plus, les dimensions des deux pièces (pièce (A) : 77 m² ; pièce (F) : 66,8 m²), qui pourraient sembler trop petites pour y installer des résidences, correspondraient bien en réalité à la superficie des plus petits appartements de la ville, situés entre 60 et 120 m² selon A. Gering.62 La question reste donc en suspens. Ailleurs dans l’édifice, la situation est tout aussi mitigée. La fermeture des pièces situées

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dans la partie est du caseggiato a, jusqu’à présent, toujours été associée à la construction de la Schola del Traiano, qui aurait annexé une partie des pièces du caseggiato.63 Cette hypothèse est aujourd’hui à exclure, puisque la phase 4 doit être datée avant la construction de la Schola. Il faut donc trouver une autre explication aux bouchages des pièces (C), (D), (D’), (J) et (M). Pour les pièces (C), (C’), (D) et (D’), la situation est plus compréhensible puisque les pièces restent ouvertes sur la parcelle voisine, où devait encore être en fonction l’édifice à portique, dont l’apparence et la fonction auraient pu être similaires à celles du caseggiato.64 En revanche, les pièces (C), (M) et (J) maintiennent malgré tout leur rapport avec le Caseggiato delle Taberne Finestrate ; la présence d’une latrine dans la pièce (S), ainsi que d’un sol en opus spicatum et d’une petite vasque dans la pièce (M), pourraient laisser penser à une fonction plus utilitaire pour ces espaces, qui continueraient à être liés à la fonction commerciale de l’édifice. G. Mainet parle d’une fullonica en raison de la présence de la vasque,65 il s’agit d’une possibilité à ne pas exclure, même s’il manque les éléments pour en être certains. Il en va de même pour la nouvelle structure construite dans la cour (b), dont on ignore complètement l’aspect et les dimensions et qui semble suivre la même intention de créer des nouveaux espaces à l’arrière du caseggiato. Si nous pensions dans un premier temps à un simple mur de délimitation, la présence du tubulus dans le mur pencherait en faveur de l’idée qu’un édifice entier ait pu être construit à cet endroit, avec soit un étage supérieur alimenté en eau, soit une couverture pour la récolte et l’évacuation de l’eau pluviale. Les dessins de M.A. Ricciardi, qui montrent que le mur tournait peut-être à angle droit vers le nord, pourraient laisser penser que le mur délimitait en réalité une petite cour – ou une pièce supplémentaire dépourvue de sol – dépendant de la pièce (A). Cette délimitation d’un espace qui était autrefois très ouvert plaide en faveur de notre hypothèse de « privatisation » de cette partie de l’édifice pour des raisons résidentielles, mais seuls des sondages plus étendus pourront apporter des réponses définitives. Habiter Ostie  à l’époque antonine Les transformations de la phase 4 semblent s’insérer dans une phase générale de rehaussement de niveau durant la deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C. En effet, la hauteur du decumanus maximus dans les quartiers occidentaux est désormais passée à 2,00 - 2,20 m ASL, soit un demi-mètre environ au-dessus du niveau précédent, mesuré

Rehaussements,

restructurations et réaffectations

à 1,5 m ASL (cfr. p. 63). Ce nouveau rehaussement du decumanus maximus a également été relevé dans d’autres édifices du quartier, notamment dans le Tempio dei Fabri Navales, 66 mais également dans d’autres quartiers de la ville, ce qui indique une action généralisée et relativement homogène : en effet, A. Martin identifie une phase de rehaussement général à la fin du IIe siècle ap. J.-C. dans l’édifice I, X, 3, près du castrum républicain67 ; dans la Regio II de la ville, L. Sole identifie un changement de niveau autour du théâtre et des Quattro Tempietti, qu’elle met en relation avec la restructuration du théâtre, achevée en 196 ap. J.-C.68 ; le même phénomène est également attesté par M. Heinzelmann dans la nécropole de Porta Romana.69 Le réaménagement urbain causé par cette nouvelle phase de rehaussement – dont la cause est probablement à imputer, encore une fois, aux remontées des eaux et aux inondations – a sans doute fourni l’occasion aux habitants d’apporter des changements internes aux édifices construits quelques années auparavant – qui ont maintenant fait leurs preuves – afin de mieux les adapter à un nouveau besoin, celui de logements. En effet, à partir des années 130-150 ap. J.-C., la ville d’Ostie est désormais pleinement épanouie, la plupart des grands travaux de construction sont terminés ou en cours d’achèvement et toute la superficie naguère délimitée par l’enceinte cicéronienne est maintenant remplie d’édifices, qui dépassent la délimitation républicaine pour se développer également au-delà des murs, à l’ouest et au nord.70 Les interventions majeures réalisées dans la ville sont essentiellement des réfections et des améliorations d’édifices existants, pensons aux nombreuses interventions commodiennes puis sévériennes dans des édifices comme le théâtre,71 les Grandi Horrea ou la Caserma dei Vigili,72 avec quelques constructions ex novo, comme la Via Severiana,73 qui reliait Portus à Terracina, le Tempio Rotondo74 et un arc dédié à Caracalla.75 Plusieurs édifices sont restaurés, redécorés et transformés, ce qui montre, entre la fin du IIe siècle ap. J.-C. et le début du IIIe siècle ap. J.-C., une ville encore active économiquement et culturellement.76 Toutefois, la nécessité de créer des nouvelles habitations dans une ville où il n’y a plus de place pour construire des nouveaux édifices se fait encore sentir. Une véritable « crise du logement » frappe Ostie à cette période, pour reprendre l’expression qu’A. Gering dans le catalogue de l’exposition de Genève de 2001.77 Cela entraînera une série de travaux de re-fonctionnalisation des espaces commerciaux et artisanaux en espaces résidentiels dans des structures qui n’avaient pas été imaginées pour cela à l’origine.

Dans ce contexte, les transformations apportées au Caseggiato delle Taberne Finestrate pourraient prendre du sens, puisqu’elles s’insèreraient dans un cadre plus large de re-fonctionnalisation des espaces. En effet, on retrouve, à peu près au même moment, des interventions similaires à différents endroits de la ville : c’est le cas par exemple de l’Insula del Dioniso, petit appartement de trois pièces en enfilade installé dans la cour de l’édifice commercial, décoré par des mosaïques raffinées qui donnent son nom actuel à l’édifice, ou du Caseggiato del Mitreo di Lucrezio Menandro, qui naît comme édifice commercial, est transformé à l’époque antonine en appartement résidentiel et est partiellement transformé en mitrée au début du IIIe siècle ap. J.-C. 78 De la même manière, un autre appartement de petites dimensions s’implante dans la loggia du Caseggiato degli Aurighi peu avant 150 ap. J.-C.79 Ce type de phénomène continuera tout au long du IIe siècle ap. J.-C. et au cours du IIIe siècle ap. J.-C., comme l’attestent notamment l’Insula dell’Aquila, qui prend également place dans le Cortile del Dioniso, ou l’Insula del Sacello déjà mentionnée. Tous ces appartements présentent de nombreuses similitudes avec les structures aménagées à l’arrière du caseggiato à cette période, à savoir des dimensions limitées et une planimétrie qui réduit à l’essentiel l’organisation de l’habitat comme il avait été pensé quelques années plus tôt pour les grandes insulae ostiennes. Bien que de dimensions réduites, ces petits appartements sont en mesure de profiter des services des meilleurs artisans de la ville, comme le montre la qualité des revêtements conservés, notamment en ce qui concerne les mosaïques du Caseggiato delle Taberne Finestrate, qui présentent des nombreuses similitudes stylistiques avec celles de l’Insula delle Muse, considérée comme la plus riche du complexe des Case a Giardino,80 et qui pourraient avoir été réalisées par les mêmes artisans ou selon les mêmes modèles. Le secteur occidental du decumanus maximus, en particulier, illustre bien ce phénomène de réorganisation partielle des espaces, qui n’est pas uniquement lié à un besoin de logements mais à un véritable processus de réaffectation du quartier. En effet, nombreux sont les édifices qui seront restructurés, et c’est dans ce contexte que peuvent se comprendre la construction du Tempio dei Fabri Navales à la fin du IIe siècle ap. J.-C.,81 de la Schola del Traiano à l’époque sévérienne,82 de la soi-disant Domus sul Decumano, dont les premières phases datent également du début du IIIe siècle ap. J.-C.,83 des appartements du Cortile del Dioniso à peine mentionnés et enfin les transformations du Caseggiato delle Taberne Finestrate. L’offre com-

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Phase 4 merciale du « quartiere dei mercati », comme il avait été projeté quelques dizaines d’années auparavant, était peut-être disproportionnée par rapport aux besoins réels de la ville ; progressivement, une partie des « centres commerciaux » est réaffectée à d’autres fonctions, résidentielles, artisanales mais également cultuelles, corporatives et administratives. Notes Le niveau varie essentiellement entre les parties avant et arrière de l’édifice, la partie avant étant d’une manière générale et dans toutes les phases de vie de la parcelle, légèrement plus haute. 2 Nous verrons par la suite que ce rehaussement est à mettre en relation avec le rehaussement général du decumanus maximus (cfr. p. 124). 3 Aujourd’hui, le pilier semble avoir été réalisé selon une technique mixte, avec de l’opus testaceum sur le côté nord et une sorte d’opus mixtum, avec des étroits champs de blocs de tuf encadrés par des bandes de briques, sur les côtés est et sud. Cette technique si particulière, qui ne trouve pas de parallèle pour les pilastres en construction romaine, est en réalité le résultat d’une incompréhension des restaurateurs. En effet, un examen plus détaillé de la structure a révélé que la partie originale antique était en réalité constituée de trois assises de briques uniquement. 4 À cela s’ajoute que ce mur a été partiellement détruit et repris à des phases ultérieures (cfr. p. 141-144), ce qui rend sa lecture d’autant plus difficile. 5 À ce jour, aucune trace physique n’a pu être trouvée des mosaïques, ce qui a rendu d'autant plus ardue la tâche d'en restituer la position et le dessin. Toutefois, grâce à une patiente et minutieuse analyse des données d’archives, les résultats peuvent être considérés comme tout à fait satisfaisants. 6 Calza et al. 1953, 132-133. 7 M.A. Ricciardi est la première à s’intéresser de plus près à la fontaine, dans son ouvrage avec V. Santa Maria Scrinari sur l’eau dans la ville (Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, 10). Une fiche technique complète de la fontaine est proposée, dans cet ouvrage, par M. Talani (Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, fiche 145, 154-156) qui en donne les mesures exactes et propose de dater la construction de la première vasque au moment de la construction de l’édifice. Cette hypothèse ne peut être acceptée, dans la mesure où les matériaux employés dans la construction de la fontaine sont radicalement différents de ceux de la première phase, en considération du fait que le niveau de la fontaine est beaucoup plus haut que celui de la phase 3 et que la vasque occupe un espace qui avait été conçu pour être l’entrée de la pièce (O). 8 Le niveau de sol actuel se trouve légèrement plus bas que le niveau antique de la phase 4, ce qui permet de voir une partie de la fondation du réservoir et qui donne une hauteur de 1,60 m à l’ensemble de maçonnerie conservée depuis le niveau de sol moderne. Le passage de la fondation au muret du réservoir est bien net, ce qui permet de mesurer le niveau global du sol de la pièce à 1,86 m ASL, soit une dizaine de centimètres plus bas que le niveau de la cour (a) (cfr. p. 119-120). 1

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Il est impossible de rattacher cette deuxième vasque à l’une des grandes phases de vie de l’édifice. Une contemporanéité des deux vasques est à exclure, comme le démontrent la différence de matériaux utilisés, la différence de niveau (fig. 143) et la relation stratigraphique claire entre les deux : en effet, la deuxième vasque s’appuie sur la première en couvrant l’enduit de mortier initial. 10 Une partie de la fondation de cette vasque est encore visible : il s’agit d’un conglomérat de mortier mélangé à des gravats variés, parmi lesquels on distingue un fragment de basalte. 11 Une petite ouverture (27 x 28 cm) est toutefois maintenue au sommet de la fenêtre bouchée pour laisser passer un peu de lumière. 12 Cette vasque avait été relevée par M.A. Ricciardi dans son étude sur l’eau dans la ville d’Ostie. Elle en donne les dimensions (1,60 x 3m) et, malgré le très mauvais état de conservation de la structure, elle identifie un fond en opus signinum et une structure en opus testaceum. Pour plus de détails voir Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, 156, fiche n°146). 13 Mainet 2018 (a), 199. 14 Mainet 2018 (a), 199. 15 Mainet 2018 (a), 196-199, Morard 2018, 168. 16 Une caractéristique qu’I. Gismondi retrouve sur plusieurs édifices construits sous la période d’Antonin le Pieux. Calza et al. 1953, 202-203. 17 La moyenne a été prise sur la base de calculs réalisés à cinq endroits différents de l’édifice, pour lesquels dix mesures ont été à chaque fois prises. 18 Beaucoup moins que le module utilisé pour la phase 3, qui emploie entre 100 et 120 briques par mètre carré (cfr. p. 66-67). 19 Ce qui correspond grossièrement aux bessales déjà employés dans la phase précédente. 20 Selon J.P. Adam, des briques de ces dimensions pourraient être issues de bipedales découpés en 12 briques triangulaires. Voir Adam 1984, 159. 21 C’est – entre autres – grâce à ces ressemblances dans le mortier employé qu’il a été possible de rassembler les différentes interventions citées supra dans la même phase. 22 DeLaine 2012, 342. 23 Qui ne sont pas en matériaux périssables mais en briques. Voir brièvement Pavolini 2018 (a), 193. 24 Sur la question de la « restauration virtuelle » de ces mosaïques à partir des données d’archives nous renvoyons à Tomassini 2020. 25 Plusieurs exemples de mosaïques similaires ont été retrouvés à Pompéi, notamment dans la maison VI, 17, Insula Occidentalis 41 (PPM VI, 43). Sur les différentes attestations de mosaïques en damier, voir Rinaldi 2007, 142. 26 Becatti 1961, 123, n° 224. 27 Identique à celui qui est reproduit dans la pièce de l’Insula di Bacco e Arianna à Ostie. Becatti 1961, 154-155, n° 292, pl. LXXVII ; Mar 2001, 287-291. 28 En correspondance des axes médians de la mosaïque, quelques-uns de ces losanges sont divisés en deux triangles, dont un des deux est rehaussé d’un triangle noir inscrit. 29 Cette définition, aussi complexe que le schéma qu’elle décrit, est directement inspirée des définitions fournies dans le répertoire de Balmelle et al. 2002-II, pl. 394. 30 Becatti 1961, 87, n° 143, pl. XXXV ; Blake 1936, 89, n°3 ; ; Pansini c.i ; Paschetto 1912, 422. Ce type de schéma trouvera de nombreuses réélaborations dans le 9

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restructurations et réaffectations

domaine provincial également, comme l’attestent des exemples de Vienne et de Lyon (Lancha 1977, 144-156) ou de Colchester (Smith 1975, 270-273, pl. CVIII-CIX). 31 Le centre des hexagones est ici laissé en blanc ; Becatti 1961, 132, n° 265, pl. XXXIV.  32 Becatti 1961, 87, n° 143. 33 Blake 1930, pl. 26, n°4. 34 Becatti 1961, 124-125, n° 228, pl. XXXIX. 35 Becatti 1961, 89-90, n° 153, pl. LXX ; Pansini c.i.  36 Blake 1936, pl. 16, n° 2 ; Mar 2001, 287-291. 37 À cause de l’état de conservation précaire du sol, il n’est pas possible de déterminer la nature de la matrice. Il se pourrait également que le sol conservé soit une simple couche de préparation pour un autre pavement, non conservé. 38 Mainet 2018 (a), 199. 39 Ce pavement pourrait très bien appartenir à une phase ultérieure, mais nous avons tout de même décidé de le présenter ici, notamment à cause de la cote altimétrique, qui correspond à celle des autres structures de la phase 4. 40 Selon la typologie établie par A. Bouet pour la Gaule méridionale (Bouet 1994, 13/30-34), terminologie également reprise par J. Schoevaert pour Ostie (Schoevaert 2018, 58-61). 41 Une partie du seuil en travertin a été taillée plus en profondeur pour faciliter le mouvement de la porte ; cette feuillure latérale du seuil permet d’estimer la largeur de cette dernière, qui devait faire environ 60 cm (deux pieds romains). 42 En regardant la pièce depuis la cour (b). 43 Qui mesure 1,75 m. de largeur. 44 Bouet 1994, 35 ; Ginouvès 1998, vol. 2, 55. Le meilleur témoignage possible de ce type de fermeture se trouve à Pompéi, à l’entrée de la boutique IX, 7, 10, le long de la Via dell’Abbondanza, où un seuil identique à celui du caseggiato est conservé avec l’entièreté de la porte, encore visible aujourd’hui grâce à un moulage de plâtre coulé dans la cavité laissée par le bois décomposé. Sur les seuils à rainure d’Ostie voir spécialement Girri 1956, 3, Rickmann 1971, 61, Meiggs 1973, 273 et plus récemment Schoevaert 2018, 55-62. 45 Sur la question de la pertinence d’utiliser le seuil à rainure comme critère d’identification des boutiques, nous renvoyons à la note à la note 126 du chapitre sur la phase 3 ou plus spécialement à Schoevaert 2018, 29-38. 46 Le fond est placé globalement au même niveau que le sol de la phase 3, à environ 1,09 m ASL. Il est revêtu de tuiles, tout comme la couverture, qui est constituée de deux tuiles posées l’une contre l’autre en bâtière, selon le type a cappuccina (voir à ce sujet Adam 1984, 286-287). 47 Le fond de cette canalisation, revêtu de tuiles, a livré deux timbres épigraphiques, qui ont été très utiles pour déterminer le terminus post quem de la phase 4 (cfr. 123-124). 48 La présence du tubulus indique que la structure construite dans la cour (b) disposait soit d’un étage (et cela concorderait avec l’hypothèse que le mur appartenait à un nouvel édifice), soit d’une simple toiture qui récoltait l’eau de pluie, ce qui n’exclut pas la possibilité que le mur servait uniquement de délimitation d’une cour plus petite en lien avec la pièce (A). 49 Mainet 2018 (a), 199. 50 Selon les calculs proposés par M. Talani dans Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, 156. 51 L’eau de pluie devait, selon G. Jansen, être la ressource en eau la moins utilisée à Ostie (Jansen 2006, 176).

Quelques cas sont cependant attestés, notamment en contexte thermal et plus particulièrement dans les Terme dei Sette Sapienti. À ce propos voir Di Cola/Medri 2013, 89, Poccardi 2018, 118 et Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 2, 186-187. 52 Puisque (une partie de) l’édifice était alimenté(e) en eau courante, comme le montre le complexe réseau de canalisations illustré supra (cfr. p. 82-83). 53 Calza et al. 1953, 202-205. 54 M. Steinby précise également que Ti. Tutinus Sentius Satrianus était le propriétaire des figlinae Caepionianae jusqu’à sa mort ou peu avant, en 134 ap. J.-C. (Steinby 1974-1975, 30-31). 55 Steinby 1974-1975, 27-28. 56 Il est intéressant de noter que les seules associations de timbres ayant comme domini respectifs T. Statilius et Ti. Tutinius proviennent des Terme di Nettuno et de la Caserma dei Vigili, comme l’indique clairement le catalogue des timbres du IIe siècle ap. J.-C. proposé dans DeLaine 2002, 78-92. 57 RIC III, Antoninus Pius 82 ; Cohen 1880, t. 3, p. 313, n° 445. 58 Malgré les quelques fenêtres ouvertes sur le Vico Cieco et la hauteur des arcs du portique. 59 DeLaine 2004, 152 ; DeLaine 2012, 339 ; Marano n.p., 71-77. L’hypothèse généralement admise pour expliquer ce phénomène est que les appartements communicants appartenaient à une même famille ou que les propriétaires partageaient des services ou du personnel communs. Une hypothèse alternative se trouve dans Falzone/Zimmermann 2010, 112-113, où les deux auteurs pensent que les ouvertures n’ont servi que durant le chantier de construction du complexe. 60 DeLaine 2012, 339-340. 61 Felletti Maj 1960 ; Heres 2001, 225-227. 62 Gering 2001, 206-207. Sur les dimensions réduites des appartements ostiens et sur les formes d’habitation plus modestes nous renvoyons également à Bauers 2018, 73-75. 63 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, 522-524 ; Mainet 2018 (a), 193-199 ; Morard/Wavelet 2002, 762-763. 64 Mainet 2018 (a), 194-196. 65 Mainet 2018 (a), 199. 66 De Ruyt 1999, 65 ; De Ruyt 2014, 36-38 ; De Ruyt/Van Haeperen 2018, 158. 67 Martin 1999, 76. 68 Sole 2002, 178. 69 Heinzelmann 1999 (b), 87-88. 70 Tout un quartier s’était déjà mis progressivement en place en dehors de la Porta Marina (David 2018 entre autres) et sur la rive nord du Tibre, comme l’ont récemment démontré des prospections géophysiques menées par l’université de Southampton (Germoni/Keay et al. 2019). 71 Battistelli/Greco 2002 ; Pavolini 2018 (a), 68-70 ; Pensabene 2007, 34-35. 72 Calza et al. 1953 133/151 ; Meiggs 1973, 78-82 ; Pavolini 2018 (a), 61-63. 73 Gering 2004, 301 ; Pensabene 2007, 35-36. 74 Calza et al. 1953, 152; Meiggs 1973, 146-147 ; Pavolini 2018 (a), 112-113. 75 Pavolini 2018 (a), 67-68 ; Pensabene/Zevi 1971. 76 C. Pavolini s’est beaucoup occupé de la période sévérienne à Ostie ; pour plus d’informations nous renvoyons à ses importantes contributions à la connaissance de cette période, notamment Pavolini 2002, Pavolini 2016 (b) et Pavolini 2018 (b).

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Gering 2001, 208. Sur l’Insula del Dioniso voir Calza et al. 1953, 98 ; Becatti 1961 192-193 ; Pavolini 1986 (a), 244 ; Pavolini 2018 (a), 191-192. Sur le Caseggiato del Mitreo di Lucrezio Menandro voir Becatti 1954, 17-20 ; Melega n.p., 41-45 ; Pavolini 2018 (a), 87-88. 79 DeLaine 2005, 36 ; Mols 1999, 168-171. 80 Becatti 1961, 132 ; Falzone 2007, 51-95 ; Falzone/Zimmermann 2010, 112-113 ; DeLaine 2012, spécialement 328-332 ; Meiggs 1973, 247-249 ; Mols 2001, 327-330. 77 78

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De Ruyt/Van Haeperen 2018, 161. Même si la construction de la Schola est liée avant tout à la confiscation impériale des biens de C. Fabius Agrippinus – dont la Domus a Peristilio ; pour plus d’informations voir Bocherens 2018, 293 ; Morard 2018, 174-180. 83 Tione 1999, 197-204. 81 82

Phase 5 Interventions structurelles (200 - 220 ap. J.-C.)

Cette phase de vie de l’édifice se caractérise par d’importants travaux de reconstruction, entrepris suite à des faiblesses structurelles importantes. La cause de ces faiblesses est difficile à déterminer, mais il est indéniable que l’édifice a subi, à la toute fin du IIe siècle ap. J.-C. ou au début du IIIe siècle ap. J.-C., un traumatisme important, que nous pensons d’origine sismique. Il en résultera la reconstruction complète de plusieurs parties de l’édifice et la désaffectation d’une partie du rez-de-chaussée. Description des activités (5.1 - 5.2) Les travaux de réparation qui ont caractérisé le Caseggiato delle Taberne Finestrate à ce moment ont eu un grand impact sur les structures, qui ont été touchées en profondeur à plus d’un endroit. Les réfections ont touché principalement l’arrière de l’édifice et la façade sur le decumanus maximus. En effet, les murs de cette dernière sont arasés à une hauteur de 2-2,2 m ASL, pour être reconstruits avec une largeur et une épaisseur légèrement plus grandes.1 Ces réparations sont bien visibles dans les pièces (X) et (Y), où l’on voit le mur plus récent posé directement sur le mur plus ancien,2 de facture très différente (fig. 144), ainsi que dans le couloir (R), où la ligne de rupture avec le mur de la phase 3 est particulièrement bien visible (fig. 145). Comme on le voit sur la photographie, un

Fig. 144.  CTF, pièce (Y), façade sur le decumanus - réfection des pilastres (photo P.T.).

large bloc de travertin avec une cavité rectangulaire a été inséré dans le mur ; un bloc identique (mais sans cavité) est également présent de l'autre côté de l’entrée du couloir ; la fonction de ces blocs est de renforcer les points les plus fragiles et, en l’occurrence, de fournir un support pour une barre qui devait fermer la porte. Une théorie alternative et intéressante sur la fonction de ces blocs est fournie par L. Bouke van der Meer, qui leur attribue une fonction de délimitation et de marquage de l’espace3 : en l’occurrence, les blocs auraient pu servir à marquer l’entrée de l’édifice en la distinguant des tabernae voisines. De plus, la ligne de rupture entre le mur plus ancien et le mur repris est très évidente dans l’ensemble des pièces. Dans la pièce (X), une partie du mur ouest est également refaite, probablement parce qu’il s’agissait d’un point plus sollicité qui devait être davantage renforcé que les autres (fig. 146). À l’opposé, le

Fig. 145.  CTF, couloir (R), pilastre d’entrée ouest (photo P.T.).

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Phase 5

Fig. 146.  CTF, pièce (X), paroi ouest - orthophoto (P.T.).

mur d’angle à l’est de l’édifice, dans la pièce (Z), n’a pas été repris, mais il est épaulé par un mur qui réduit la largeur de l’entrée (fig. 147). À l’arrière de l’édifice, les interventions ont été beaucoup plus massives et ont sensiblement transformé l’aspect et la fonction de cette partie du bâtiment (fig. 148, Pl. I). Les murs de séparation entre les pièces (C) et (C’) ainsi que (D) et (D’) sont abattus pour créer deux grands espaces, que nous nommerons (C-C’) et (D-D’). Un pilier est adossé contre le mur est de la pièce (D-D’), posé sur la crête du mur qui séparait les deux pièces, faisant office de contrefort (fig. 149). Le mur ouest de la même pièce, donnant sur le couloir (E), est arasé, presque au niveau de la semelle de fondation, de manière homogène et sur toute son épaisseur ; il est ensuite reconstruit en opus testaceum sur la crête du mur précédent, sans que les fondations ne soient touchées (fig. 150). La

Fig. 147.  CTF, pièce (Z), façade (photo P.T.).

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même pratique est employée pour une partie des murs est et nord4 de la pièce, qui s’agrafent aux portions de murs préexistants laissées intacts. La pièce (D-D’) subit le même sort, puisque ses murs est et nord sont également en grande partie arasés et reconstruits, cette fois-ci à une trentaine de centimètres au-dessus du niveau de sol antique (2,3-2,4 m ASL). Probablement à cette occasion, l’accès du couloir (I) sur la parcelle située à l’est est bouché par un mur qui brise les angles de l’entrée originelle, vraisemblablement dans le but de renforcer cette partie de mur. Le côté ouest de cette partie de l’édifice n’échappe pas aux travaux de reconstruction, même si le type d’intervention est légèrement différent. Seul le mur est de la pièce (F) est arasé et repris selon les mêmes modalités employées de l’autre côté du couloir (E). À cette occasion, il est doté d’un nouveau seuil en travertin avec simple rainure, qui atteste d’un probable changement de destination de la pièce. Les autres murs sont laissés intacts mais, à l’intérieur des pièces, d’imposants piliers sont construits pour soutenir les étages supérieurs (figs 151-152). La pièce (F) est la plus touchée, puisqu’elle est littéralement remplie par deux files de cinq piliers en briques5 (fig. 151), qui dénaturent complètement sa fonction et son accessibilité, comme l’atteste également la construction d’un mur, USM 29, qui l’isole complètement de la pièce (A). Contre ce mur, dans la pièce (F), les dessins de M.A. Ricciardi montrent une structure difficilement identifiable et non mentionnée par les carnets de fouille. Il pourrait s’agir d’une petite vasque, dont rien ne serait aujourd’hui conservé si ce n’est quelques traces de mortier hydraulique grossier, encore attachées au mur. Dans la pièce (A), en revanche, un seul pilier est construit en son centre (USM 20), repo-

Interventions structurelles sant sur une fondation particulièrement solide en opus caementicium jeté en fosse et constitué majoritairement de chaux avec de nombreuses inclusions de fragments de tuf (USM 21). La fosse de fondation était particulièrement profonde, elle dépassait 1,60 m et coupait toute la stratigraphie jusqu’à la couche USC 106, qui appartient au niveau de chantier des réfections julio-claudiennes (phase 2). Les interventions les plus importantes réalisées dans la pièce (A) concernent cependant ses parois latérales, qui sont renforcées par des bouchages et des piliers, qui s’appuient contre les murs des phases précédentes. C’est le cas de la paroi est, à laquelle s’ajoutent le contrefort USM 25 et le pilier USM 27 ; la paroi sud est fermée de manière plus soignée par les murs USM 22, 23 et 24, qui sont posés directement sur la mosaïque USR 31, sans que cette dernière soit touchée pour construire des fondations (figs 153-154). Cette réorganisation de la pièce ne semble pas avoir un but uniquement structurel. En effet, les murs construits sur le côté sud de la pièce (A) sont dotés de fenêtres basses qui donnent sur la cour (b). L’ajout de ces murs semble avoir légèrement modifié l’accès au sud de la pièce, comme l’at-

Fig. 148.  Planimétrie de la phase 4 (DAO P.T.).

Fig. 149.  CTF, pièce (C-C’), pilier contre la paroi est (photo P.T.).

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Phase 5

Fig. 150.  CTF, couloir (E), flanc est, réfection du mur au cours de la phase 5 - orthophoto (P.T.).

Fig. 151.  CTF, pièce (F), vue sur les piliers (photo P.T).

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Interventions structurelles

Fig. 152.  CTF, planimétrie des pièces (A) et (F) au cours de la phase 5 (DAO P.T.).

Fig. 153.  CTF, pièce (A), mur sud, murs de la phase 5 - orthophoto (P.T.).

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Phase 5

Fig. 154.  CTF, pièce (A), mur USM 22 – détail (photo P.T.).

Fig. 155.  CTF, pièce (A), paroi est, USM 27 (photo P.T.).

teste la présence de quatre petits blocs de travertin (USM 19) encastrés dans la mosaïque dans l’axe de la nouvelle entrée sur la cour (b). Ces derniers faisaient office de crapaudine pour deux portes et formaient une sorte de petit vestibule depuis la cour (b). La porte à droite respecte le seuil en mosaïque menant à la pièce (κ), alors que la porte située à gauche en entrant empiète sur le pavement du couloir (θ)6 (cfr. supra, fig. 132).

Bien qu’aucune preuve ne subsiste, il est probable que les réfections apportées à ce moment dans tout l’édifice aient intéressé une partie seulement des murs et non toute l’élévation. C’est ce que démontre la présence des piliers dans les pièces (A) et (F), dont la fonction était de soutenir un étage qui devait s’être affaissé mais qui ne s’était pas écroulé. De plus, les travaux menés dans l’édifice n’ont pas modifié la forme du caseggiato, et les fondations ont été très peu touchées.

Fig. 156.  CTF, pièce (C-C’), seuil d’entrée vers l’est (photo P.T.).

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Interventions structurelles

Fig. 157.  CTF, pièce (C-C’), timbre anépigraphe sur bessalis (P.T.).

Ce sont donc des restaurationes ab imis fundamentis qui ont dû être réalisées, c’est-à-dire des reprises partielles des murs en sous-œuvre, comme on en réalisait souvent à Rome et Ostie en cas de problèmes structurels à un édifice7 ; c’est du moins ce que nous apprend Sénèque, qui s’émerveille de la capacité des constructeurs romains à reconstruire le rez-de-chaussée des édifices en laissant intacts les étages supérieurs : « Quantum nobis praestat, qui labentem domum suscipit et agentem ex imo rimas insulam incredibili arte suspendit ! Certo tamen et levi pretio fultura conducitur ».8 Techniques de construction Identifier les structures pertinentes à cette phase de vie de l’édifice s’est avéré aisé, grâce à l’homogénéité de la technique employée pour la construction des murs (fig. 155). Toutes les interventions structurelles ont été réalisées en opus testaceum avec des briques triangulaires, beaucoup plus hétérogènes que ce qui a été observé pour les phases précédentes. En effet, les matériaux employés présentent une grande variabilité

en termes de couleur (rouge vif, rose, jaune clair, verdâtre) mais également de dimensions. De manière générale, ce sont des bessales (2/3 de pied) coupés en deux qui ont été choisis, mais le module utilisé ne semble pas suivre de constantes : en effet, les dimensions des briques varient de 19 à 21 cm de longueur et de 2 à 4,5 cm de hauteur. Une caractéristique propre à toutes les briques est en revanche leur grande porosité et l’irrégularité de leurs bords, souvent brisés, ce qui amène à penser que les briques utilisées ont été soit remployées, soit récoltées de restes de lots différents.9 Au niveau du liant, le mortier utilisé est extrêmement homogène et aisément reconnaissable sur l’ensemble du bâtiment. De couleur gris clair, la matrice est caractérisée par un agrégat très abondant, disparate et hétéroclite : à plusieurs endroits, il a été possible de distinguer des morceaux de marbre grossièrement broyé, des tesselles de mosaïque, des minuscules fragments d’enduits peints, des éclats de verre, du sable en abondance et des cailloux de diamètre variable. L’épaisseur des joints est plus constante que pour les briques et oscille

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Phase 5

Fig. 158.  CTF, pièce (C-C’), seuil d’entrée vers l’est - détail (photo P.T.).

entre 2 et 2,5 cm de hauteur et une largeur qui ne dépasse pas 0,5 cm. Datation, interprétation et remise en contexte : dégâts et réparations à l’époque sévérienne Par une série d’heureuses circonstances, les interventions structurelles de la phase 5 peuvent être placées dans un cadre chronologique relativement restreint et nous sommes en mesure de proposer une interprétation plausible des facteurs ayant causé au bâtiment des dégâts structurels aussi importants. Au niveau de la datation relative, un terminus post quem est fourni par les activités de la phase 4. Les murs et le pilier ajoutés à la pièce (A) sont obligatoirement postérieurs à la pose de la mosaïque USR 31. La phase 5 doit donc être datée au plus tôt après 140 ap. J.-C. Par ailleurs, un terminus ante quem important peut être trouvé dans la pièce (C-C’) (figs 157-158). Sur la paroi est l’on voit très bien un accès vers la parcelle à côté, où se trouve actuellement la Schola del Traiano et où se trouvait avant l’édifice à portique non fouillé (cfr. p. 99-100). Cette entrée était encore utilisée au cours de la phase 5, puisque le mur est de la pièce (C-C’), entièrement reconstruit à ce moment, la respecte. Or, nous pouvons dire avec certitude que cette entrée sur la parcelle voisine est anté-

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rieure à la construction de la Schola del Traiano. En effet, le niveau du seuil au moment des réfections de la phase 5 est de 2,5 m ASL, c’est-à-dire plus d’un mètre en-dessous du niveau de la Schola del Traiano, qui est situé à 3-3,4 m ASL.10 Il sera ensuite rehaussé par un muret peu épais, qui devait contenir la terre apportée au moment de la construction de la Schola et qui probablement condamne toute communication entre la pièce (C-C’) et la parcelle voisine (cfr. p. 141-144). Sachant que la construction de la Schola del Traiano devrait être située, selon l’équipe de l’université de Liège, entre 220 et 235 ap. J.-C., avec comme date probable de début de travaux entre 222 et 225 ap. J.-C.,11 il faut en déduire que les réfections de la phase 5 du Caseggiato delle Taberne Finestrate sont antérieures aux années 220 ap. J.-C. Enfin, un élément permet de préciser davantage la chronologie. Il s’agit d’un timbre anépigraphe à disque simple imprimé12 (fig. 157) sur un bessalis coupé en deux, retrouvé in situ sur la paroi est de la pièce (C-C’), à proximité de la baie qui donne sur la parcelle voisine. Peu de chronologies certaines ont pu être établies pour ce type de timbres, encore peu étudiés, mais les différents chercheurs qui s’en sont occupés – H. Broise entre autres – s’accordent pour dire que les timbres anépigraphes seuls sur bessales se répandent de manière beaucoup plus fréquente à partir de l’époque sévérienne.13 Plus récemment, S. Alegiani propose une datation plus fine des timbres anépigraphes, sur la base de différentes comparaisons entre différents édifices de Rome et ses alentours. La typologie du disque imprimé sur bessales s’établit, selon elle, durant les premières décennies du IIIe siècle ap. J.-C.14 et sera utilisée jusqu’au Ve siècle ap. J.-C.15 Toutefois, quelques attestations antérieures de timbres à disque imprimé datant du IIe siècle ap. J.-C.16 nous obligent, du moins pour l’instant, à rester prudents et à maintenir une datation plus large. La fourchette chronologique dans laquelle placer les réfections de la phase 5 pourrait donc se placer entre 140 et 220 ap. J.-C., voire 222-225 ap. J.-C. En ce qui concerne l’interprétation des transformations de la phase 5, tous les travaux – que ce soient les reprises des murs ou l’ajout de piliers et contreforts – laissent penser que l’édifice a dû subir plusieurs dégâts importants, qui ont forcé les constructeurs à mettre en place une série de réparations et renforcements, moins d’un siècle après la construction de l’édifice. Quant aux causes de ces interventions, plusieurs possibilités existent. La première hypothèse est que la structure a été victime de faiblesses structurelles. En effet, la nature sableuse et la grande humidité du sous-sol auraient très bien pu causer des affaisse-

Interventions structurelles

Fig. 159.  CTF, couloir (I), paroi sud - fissure et cinématisme (photo P.T.).

ments de terrain.17 Toutefois, cette hypothèse ne peut être retenue dans ce cas-ci pour la simple raison que ni les pavements, ni les fondations – d’une hauteur totale de 2 à 3 m18 – n’ont été touchés par les travaux de réfection. Seules les parties basses des murs ont été refaites, et uniquement à certains endroits. Les mêmes raisons nous poussent à mettre de côté l’hypothèse d’A. Gering selon laquelle les renforcements apportés à plusieurs édifices de la ville durant la deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C. sont causés par la volonté de construire des étages supplémentaires.19 Il reste donc une dernière possibilité, à savoir que les dégâts ont été provoqués par un phénomène extérieur. Puisqu’aucune trace d’incendie ne s’est conservée et qu’aucune intervention particulière n’est attestée à ce moment autour de l’édifice, l’hypothèse qui nous semble la plus plausible est celle d’un évènement d’origine naturelle, comme un séisme.20 Une série d’arguments semblent confirmer cette idée.

Premièrement, les lésions visibles sur l’édifice sont compatibles avec celles laissées par des tremblements de terre, regroupées par les archéosismologues sous le nom de Earthquake Archaeological Effects (EAE).21 En effet, les fissures situées à proximité des portions reconstruites durant la phase 5 – principalement dans les pièces (D-D’) et (J) ainsi que dans les couloirs (I) et (E) – sont généralement continues sur toute la hauteur des murs ; elles sont toutes de forme arquée et orientées selon un angle de 45°, ce qui correspond bien au type de lésions formées par des sollicitations sismiques, qui exercent des poussées horizontales sur les structures.22 Plus particulièrement, le mur sud du couloir (I) (fig. 159) présente un détachement d’une partie de la paroi, couplé à un affaissement vers le bas ; ce type de lésion semble avoir été provoqué par une forte poussée horizontale allant vers l’extérieur de l’édifice, d’une puissance suffisante pour fissurer les briques en deux.23 De plus, il est intéressant de constater que les dégâts majeurs ont intéressé les points les plus sollicités de la structure, à savoir la façade et la partie centrale. En cas de séisme, il semble logique que la poussée horizontale ait causé des tensions précisément à ces endroits,24 notamment dans la partie centrale, où la parcelle effectue un léger changement d’orientation de nord sud à nord-est sud-ouest. Pour valider cette hypothèse, il reste encore à savoir si d’autres traces du même type se retrouvent ailleurs dans la ville au même moment et ensuite si les sources ou les analyses géologiques mentionnent l’éventuelle présence d’une catastrophe naturelle à ce moment de l’histoire aux alentours d’Ostie. Fort heureusement, ces deux conditions ont pu être remplies. En effet, plusieurs chercheurs mentionnent des renforcements ou des lésions à des édifices au

Fig. 160.  Cortile del Dioniso, façade sur le decumanus (photo P.T.).

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Phase 5 cours de la deuxième moitié du IIe siècle et du début du IIIe siècle ap. J.-C. Le premier à retrouver les traces d’activités sismiques à Ostie est R. Lanciani, qui publie en 1918 les observations qu’il a menées depuis les fouilles de 1876. Il mentionne des dégâts, entre autres, dans le Piccolo Mercato, où le pilier dans le coin sud-est du portique central a effectué une torsion sur lui-même.25 Plus récemment, L. Pecchioli, G. Cangi et F. Marra identifient dans ce même édifice plusieurs fissures compatibles avec un séisme, qui montrent que l’édifice a subi des poussées à la fois verticales et horizontales.26 Ailleurs dans la ville, A. Gering identifie plusieurs traces de renforcements dans toute la ville aux alentours de 160 ap. J.-C., notamment dans l’Insula I, XII, 1, même si – comme nous l’avons vu – il n’attribue pas ces interventions à un séisme.27 Environ à la même période, entre 150 et 175 ap. J.-C., J. DeLaine et D. Wilkinson parlent d’un possible séisme ayant touché l’Isolato dei Dipinti.28 Enfin, E. Bianchi, M. Marano et H. Stöger identifient des traces d’un séisme dans les édifices qu’elles étudient dans la Regio V, respectivement le Caseggiato del Sole,29 le Caseggiato dei Lottatori30 et le Caseggiato dell’Ercole,31 qui serait survenu à l’époque sévérienne et aurait causé d’importants dégâts. Par ailleurs, des traces de dommages aux structures sont attestées à plusieurs endroits de la ville, notamment le long de la section ouest du decumanus maximus, où nous avons remarqué des traces de réfection sur la façade de plusieurs édifices32 (fig. 160), parfaitement comparables à celles visibles sur la façade du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Tous ces éléments dépassent la simple coïncidence et rendent de plus en plus plausible l’hypothèse qu’un séisme ait pu toucher le port de Rome à cette période. Certes, après les premières observations de Lanciani, plusieurs réserves ont été exprimées par la communauté scientifique sur la possibilité que des évènements sismiques aient pu toucher le port de Rome dans l’Antiquité.33 Toutefois, les nombreuses recherches en cours arrivant au même résultat (dont, récemment, les travaux d’A. Gering autour du forum 34) ne peuvent être ignorées et méritent un approfondissement. Les recherches récentes de L. Pecchioli35 ont apporté une importante contribution en ce sens, dans la mesure où elle a pu montrer que la nature géologique du delta du Tibre serait en réalité particulièrement sensible aux mouvements sismiques. En effet, les sédiments sableux gorgés d’eau et riches en tourbe, sur lesquels est construite la ville antique, sont euxmêmes situés sur un substrat argileux d’origine marine, formé au Pléistocène inférieur (2,588 – 0,781 millions d’années BP)36 : le contraste entre

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des sédiments souples et un substrat rigide aurait comme effet d’amplifier les ondes sismiques.37 Il en résulte que le littoral romain pouvait être frappé par des tremblements de terre, qui pouvaient avoir une intensité majeure qu’à l’intérieur des terres ; c’est ce que semblent montrer les tremblements de terre qui frappèrent Rome et le littoral le 1er novembre 1895, dont l’épicentre aurait été à quelques kilomètres seulement des ruines d’Ostia antica.38 Le dernier point à éclaircir est la recherche dans les sources d’attestations de tremblement de terre dans les environs d’Ostie entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle ap. J.-C. Grâce au recours à l’excellent catalogue des tremblements de terre en Italie et Méditerranée avant l’an mil, publié en 1989 sous la direction d’E. Guidoboni en collaboration avec l’Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia,39 nous avons trouvé la mention de trois séismes qui pourraient correspondre à celui que nous cherchons. Le premier a eu lieu à Rome en 191 ou 192 ap. J.-C., à la fin du règne de Commode.40 C’est l’auteur Hérodien qui en parle dans son histoire des empereurs après Marc Aurèle. L’historien décrit des phénomènes prodigieux survenus à ce moment-là, dont un tremblement de terre à Rome qui aurait pu provoquer la destruction par incendie du Templum Pacis sur le Forum.41 Toutefois, Hérodien ne parle que d’un léger tremblement de terre (σεισμοῦ δὲ ὀλίγου προγενομένου γῆς), alors que le séisme ayant frappé Ostie a dû être d’une certaine importance pour causer des dégâts à plusieurs endroits de la ville. Il semble donc peu probable que ce soit cet évènement qui ait intéressé le port de Rome. Le deuxième tremblement de terre attesté aurait eu lieu en 217 ap. J.-C. à Rome et ses environs.42 Cette fois, c’est Dion Cassius qui en fait la mention, dans son récit de la fin du règne de l’empereur Macrin, qui fut accompagnée par une série de calamités à Rome, dont un «  σεισμὸς ἰσχυρὸς  », un violent tremblement de terre.43 Enfin, une série de graves séismes sont attestés dans la région de Rome les 9 et 17 septembre ainsi que le 19 octobre 22344 ; selon les auteurs de l’Historia Augusta, l’empereur Alexandre Sévère s’était appliqué à faire réparer les nombreux édifices touchés par le séisme dans plusieurs villes autour de Rome : « multis civitatibus, quae post terrae motus deformes erant, sumptus ad instaurationem operum et publicorum et privatorum ex vectigalibus dedit  ».45 Rien ne dit ici que le tremblement de terre ait touché les villes autour de Rome, mais un passage du Chronicon Paschale, une chronique chrétienne du VIIe siècle ap. J.-C., nous permet de confirmer que le séisme a bien frappé la capitale, puisque l’on nous apprend que « le troisième jour

Interventions structurelles de la quatorzième indiction, sous les consulats de Maximus et Ailianus, pendant trois jours il y eut des veillées à Rome, et des tremblements de terre atroces frappèrent la ville 5 jours avant les ides de Septembre, 15 jours avant les calendes d’Octobre et 14 jours avant les calendes de Novembre » («  διανυκτέρευσις ἥμερών τριῶν ἐν ΄Ρώμῃ γένονεν, καὶ σεισμοί σφοδροί ἐν αὐτῇ ἐγένοντο πρό ε᾿ ιδῶν σεπτεμβρίων καὶ πρό ιε᾿ καλανδῶν ὀκτωβρίων καὶ πρό ιδ᾿ καλανδῶν νοεμβρίων »).46 Les dégâts identifiés à Ostie pouraient donc avoir eu lieu suite aux tremblements de terre de 223, sous le règne d’Alexandre Sévère, qui put financer en partie les travaux de réparation. Si l’on pense que la parcelle sur laquelle sera construite la Schola del Traiano était à ce moment de propriété impériale, puisque les biens de C. Fabius Agrippinus avaient été confisqués, et que, selon les intéressantes hypothèses de Ch. Bocherens, la Schola del Traiano aurait été construite sur volonté d’Alexandre Sévère pour y aménager un des sièges du procurateur de l’annone, il ne serait pas trop hasardeux d’insérer la construction de la Schola del Traiano ainsi que les nombreux travaux de restructuration qui ont touché le Caseggiato delle Taberne Finestrate et les autres édifices de la ville dans ce contexte et à ce moment précis, ce qui permettrait de restreindre la fourchette chronologique de cette phase encore davantage. Dans l'attente de données supplémentaires qui pourraient confirmer ou infirmer cette hypothèse, il est peut-être plus prudent de maintenir une datation large au début du IIIe siècle ap. J.-C., en pleine époque sévérienne. Notes Les murs de cette phase sont épais 64-65 cm, alors que les murs d’origine se limitaient à 60 cm. 2 Dans la pièce (Y), le mur de façade est posé également sur une partie du seuil d’origine de la pièce. 3 Bouke van der Meer 2002. 4 Ce dernier est également doté d’un arc de décharge sur ses deux faces, qui soulage le poids de la maçonnerie au-dessus d’une possible canalisation d’égout maintenue en fonction depuis l’époque précédente. 5 Les dimensions de ces piliers sont constantes : 87 x 55 cm. 6 M.A. Ricciardi dessine également un petit élément circulaire encastré dans le sol du couloir (θ), auquel nous avons attribué l’identification de USM 18 mais qui n’est ni décrit ni photographié au moment des fouilles. Il pourrait s’agir d’une réparation plus tardive du sol moyennant une plaque de marbre ou de terre cuite. 7 Giuliani 2015, 274-275. 8 Sen. Ben. 6, 15, 17. 9 Un phénomène fréquemment attesté à Ostie à partir de la fin du IIe siècle ap. J.-C., comme l’avait déjà observé G. Lugli (Lugli 1957, 613-614). 10 Morard 2018, 167 ; Morard/Wavelet 2002, 785. 1

Les investigations franco-belges sur la Schola del Traiano ont permis de postposer la date de construction de l’édifice au règne d’Elagabal, alors qu’il était traditionnellement daté de l’époque antonine à cause de timbres épigraphiques retrouvés sur les briques. Aubry/Bocherens/Morard 2014, 28-30 ; Aubry/Bocherens/Morard 2015, 177. Voir spécialement Aubry 2018, Bocherens 2018, 293 et Morard 2018, 174-180. 12 Un catalogue des différentes typologies de timbres anépigraphes a été établi par Tuomisto, qui pose également les bases d’une méthodologie pour la documentation de ce type de trouvaille. Voir Tuomisto 2005 en bibliographie. 13 Broise 2000, 113-114/118-124 ; Bukowiecki/Cianchi 2004, 236-242 ; Tuomisto 2005, 290. 14 Comme semblent le suggérer les convergences de datation de plusieurs contextes datés de la même période, comme la sépulture près de la villa ad duas lauros, dans le Parco Archeologico di Centocelle à Rome (Alegiani 2015, 57). 15 Comme l’attestent des timbres retrouvés sur des pans de la muraille Aurélienne restaurés sous Honorius (Alegiani 2015, 57-58). 16 Dans la villa A204 de Torre Spaccata (Rome), sur des structures de la phase V-A (Alegiani 2015, 57), ou encore dans le balneum des frères Arvales à la Magliana (Rome), où des timbres semblables ont été datés par H. Broise et J. Scheid entre 196 et 222 ap. J.-C. (Broise/ Scheid 1987, 130). 17 Il s’agit d’un phénomène attesté à Ostie, causé par la qualité sableuse et riche en eau du terrain ; des cas d’affaissement de fondations peuvent être identifiés dans la cour du Caseggiato degli Aurighi (Pecchioli/ Cangi/Marra 2018, 128). 18 Là où il a été possible de les mesurer, c’est-à-dire dans la pièce (A). 19 Gering 2001, 207. 20 Nous signalons un intéressant article de C.F. Giuliani sur les interventions anti-sismiques dans l’Antiquité (Giuliani 2011 en bibliographie). L’auteur y énonce les différents types de renforcements apportés aux édifices après un séisme pour prévenir des dégâts ultérieurs dans l'éventualité d'un second tremblement de terre. En ce qui concerne le Caseggiato delle Taberne Finestrate, les travaux de la phase 5 semblent davantage correspondre à une réponse immédiate, la réparation des dégâts, que refléter une volonté de renforcer l'édifice en vue de possibles traumatismes futurs. 21 Dans un récent ouvrage sur l’archéosismologie appliquée à l’étude de l’architecture, M. Ganz et F. Doglioni ont présenté de manière exhaustive les critères de reconnaissance des lésions d’origine sismique sur les monuments historiques ; un intéressant article de M.A. Rodríguez-Pascua et d’autres chercheurs tentent d’indentifier les traces sur les structures archéologiques des dégâts primaires et secondaires causés par des séismes (Rodríguez-Pascua et al. 2011, 23-28). 22 Ganz/Doglioni 2014, 11-20 ; Pecchioli/Cangi/Marra 2018, 122-123 ; Rodríguez-Pascua et al. 2011, 23-28. Selon ces auteurs, ce type de fissure est typique et exclusif des séismes et ne laisse pas de place au doute. 23 Cangi 2005 ; Rodríguez-Pascua et al. 2011, 23-24 ; Pecchioli/Cangi/Marra 2018, 123. Ces derniers identifient le même cas de figure sur plusieurs murs du Piccolo Mercato. Nous profitons de cette occasion pour remercier l’ingénieur G. Cangi et la Dr. L. Pecchioli pour leurs suggestions et conseils. 24 Rodríguez-Pascua et al. 2011, 23-24. 11

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27 28 29

Lanciani 1918, 28. Pecchioli/Cangi/Marra 2018, 120-121. Gering 2001, 207. DeLaine/Wilkinson 1999 (a), 19. Bianchi 1998, 129. L’auteure identifie plusieurs traces de renforcement qu’elle date de l’époque sévérienne. 30 Marano n.p., 128. L’auteure identifie des traces de réfections des murs parfaitement comparables à celles de notre caseggiato, avec une reprise en sous-œuvre des structures qui laisse les fondations intactes. La datation qu’elle propose se base sur l’étude stratigraphique et stylistique des mosaïques du Caseggiato dei Lottatori, datées au début du IIIe siècle ap. J.-C. Voir à ce propos Marano 2017. 31 Stöger 2011, 99-100. L’auteure reste plus prudente quant à la cause des interventions structurelles, qui sont exactement de la même nature que dans le Caseggiato delle Taberne Finestrate : reprises de murs, ajout de pilastres et de contreforts et réfections partielles. 32 Parmi lesquels les Terme delle Sei Colonne et le Cortile del Dioniso (Fig. 160). 33 Pavolini 2016, 222, note 210 et bibliographie mentionnée. 34 Gering 2014, 214-220. 35 Pecchioli/Cangi/Marra 2018 ; Marra et al. 2019. 36 Bellotti et al. 2007 ; Giraudi 2004. 37 Pecchioli/Cangi/Marra 2018, 118. 38 Molin et al. 1995, 353-356 ; 383-384 ; Marra et al. 2019, 5. 39 Voir Guidoboni 1989 en bibliographie. Le Catalogo dei forti terremoti dal 461 a.C. al 1997 mis à jour est également disponible online, sur le site internet de l’Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia. 25 26

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Guidoboni 1989, 604, n° 49. Nous signalons également une contribution de M.G. Cinti sur ce tremblement de terre au colloque « Vivre avec les Phénomènes sismiques dans la Méditerranée antique : Histoire, archéologie et mythe », qui s’est tenu à Pérouse en octobre 2019. 41 Hdn., Τῆς μετὰ Μάρκον βασιλείας ἰστορίαι I.14, 1-4 : « Εἴτε καὶ πυρός ποθεν ἐκ τοῦ σεισμοῦ διαρρυένος, πᾶν τὸ τῆς Εἰρήνης τέμενος κατεφλέχη » et là, du feu ayant jailli à cause du tremblement de terre, tout le Temple de la Paix s’écroula. 42 Guidoboni 1989, 604, n° 50. 43 Cass. Dio, Ῥωμαϊκὴ Ἱστορία 78, 25-1  : «  Ἔμελλεν δ› οὐδ› ὁ Μακρῖνος ἐπὶ πολὺ περιοίσειν, ὣς που καὶ προεδηλώθη αὐτῷ. Ἡμίονός τε ηάρ ἡμίονον ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ χοιρίδιον ὦτα τέσσαρα καὶ γλώσσας δύο πόδας τε ὀκτὼ ἒχον ἒτεκε, καί σεισμὸς ἰσχυρὸς ἐγένετο  […] »  : Quant à Macrin, sa vie ne devait pas longtemps se prolonger, comme la chose lui fut annoncée à l'avance. Une mule, à Rome, mit bas un mulet, une coche un petit cochon ayant quatre oreilles, deux langues et huit pieds ; il y eut aussi un violent tremblement de terre, […] (traduction d’E. Gros). 44 Guidoboni 1989, 604-605, n° 51. 45 Hist. Aug. 18, Sev. Alex., XLV, 8. 46 Chron. Pasch. 5, 214. 40

Phase 6 Le Caseggiato delle Taberne Finestrate et la Schola del Traiano – transformations et rapports de voisinage (220 - ... ap. J.-C.)

Cette phase regroupe les quelques interventions apportées au Caseggiato delle Taberne Finestrate suite à la construction de la Schola del Traiano. Il s’agit principalement d’ouvertures pratiquées dans les murs pour créer une communication entre les deux édifices, signe qu’une partie du caseggiato devient, à partir de ce moment, liée à l’édifice sévérien, récemment interprété comme siège administratif de l’annone. Description des activités La construction de la Schola del Traiano a dû avoir un impact fort sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate, que l’imposant édifice jouxtait sur son côté ouest. L’édifice à portique construit en même temps que notre édifice (cfr. p. 99-100) est à ce moment détruit, en même temps que la Domus a Peristilio, pour laisser la place à l’avant-corps et au péristyle de l’édifice. L’étude complète de ce complexe est en cours par l’équipe de l’université de Liège, qui a également réalisé des sondages dans les pièces (M), (N) et (S) du caseggiato, dont les résultats ont récemment été présentés de façon préliminaire par G. Mainet.1 Nous leur laissons donc le soin d’interpréter les modifications subies par cette partie de l’édifice après la construction de la Schola del Traiano. Nous nous contenterons ici de reprendre les informations présentées par les diverses publications, auxquelles nous renvoyons pour plus de détails, et de mentionner quelques interventions visibles par un examen autoptique des structures. Les travaux d’aménagement directement liés à la construction de la Schola del Traiano concernent principalement les pièces qui côtoient ce dernier, où toute une série d’ouvertures sont pratiquées ou bouchées dans les murs du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Dans la pièce (D-D’), le seuil d’entrée – qui donnait déjà, dès son origine, sur la parcelle voisine – est rehaussé pour correspondre au niveau de la Schola, qui se trouvait – comme nous avons vu – plus haut par rapport à celui du caseggiato, à un niveau de 3-3,4 m ASL2 (figs 161-162). Les murs de la Schola – qui s’ap-

puient sur le mur périphérique du Caseggiato delle Taberne Finestrate – restreignent également la largeur des entrées de la pièce (D-D’). Dans la pièce (N), en revanche, une ouverture est pratiquée dans le mur périphérique de la parcelle, ce qui crée une communication entre celle-ci et un petit local souterrain de la Schola del Traiano3 (fig. 164). Le mur est grossièrement abattu pour former une brèche d’allure plus ou moins rectangulaire, formant une ouverture d’environ 1,5 m sur 2,5 m. Des traces d’enduit et de stuc montrent que la surface du mur brisé a dû être régularisée pour lui donner l’aspect d’une porte régulière. La même technique est utilisée pour toutes les autres ouvertures pratiquées à ce moment dans les murs du caseggiato. Le mur périphérique de l’avantcorps de la Schola, qui s’appuie sur celui du caseggiato, prévoit dès sa construction cette ouverture, signe qu’elle a été réalisée à cette occasion et non à une phase ultérieure. D’autres ouvertures du même type sont réalisées entre la pièce (N) et les pièces (M) et (S)4 (fig. 163) : celles-ci renforcent les contacts entre ces trois pièces en doublant les passages déjà présents. Par ailleurs, la pièce (T) se voit dotée d’une nouvelle ouverture, pratiquée dans le mur périphérique est du caseggiato (fig. 165). Les restaurations modernes nuisent à la lisibilité du mur, mais l’ouverture en question semble avoir été une porte transformée dans un second moment en fenêtre.5 Selon E. Bukowiecki, H. Dessales et J. Dubouloz, le fort dénivelé entre les deux parcelles aurait été comblé, à cet endroit, par un escalier en matériaux périssables, dont on ne conserverait pas la trace.6 Des ouvertures semblables peuvent être devinées également dans les murs est des pièces (J) et (M), mais elles semblent avoir été rebouchées à une phase successive et/ou lors des importantes restaurations modernes.7 Ces ouvertures pratiquées en hauteur dans le mur périphérique est de l’édifice pourraient très bien avoir été, à l’origine, des fenêtres percées avant la construction de la Schola del Traiano, peut-être au moment des bouchages des entrées de la phase 4, à un moment où les pièces (J) et (M) se voient privées de toute source de lumière extérieure. Si l’on admet cette hypo-

141

Phase 6

Fig. 161.  CTF, pièce (D), paroi est (photo P.T.).

Fig. 162.  CTF, pièce (D’), paroi est (photo P.T.).

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Transformations et rapports de voisinage

Fig. 163.  CTF, planimétrie de la phase 6 (DAO P.T.).

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Phase 6

Fig. 164.  CTF, pièce (N), angle sud-est (photo P.T.).

Fig. 165.  CTF, pièce (T), paroi est (photo P.T.).

thèse, il faut postuler également que lorsque la schola est construite au début du IIIe siècle ap. J.-C., la fenêtre de la pièce (T) est maintenue et fait office de point de passage entre les deux édifices, alors que les fenêtres des pièces (J) et (M) auraient pu être rebouchées.8 Cette hypothèse alternative pourrait expliquer la présence de ces ouvertures dans le mur et trouver une solution plus simple au « problème » de la différence de hauteur entre les pièces du caseggiato et celles de la schola, qu’il aurait fallu combler soit par des échelles, soit par un remblai qui aurait surélevé le niveau des pièces mais dont on ne conserve pas la trace. La seule exception est constituée par la pièce (M), où les fouilleurs franco-belges ont identifié les traces d’un rehaussement, recouvert par un pavement en opus spicatum à une cote de 2,5-2,9 m ASL, ce qui correspond globalement au niveau de la Schola del Traiano.9 Il n’est pas indiqué clairement par les fouilleurs si la petite vasque, dont nous avons parlé pour la phase 4 (cfr. p. 113), est maintenue en fonction ; l’ouverture pratiquée dans le mur nord de la pièce (M) semblerait indiquer que non, mais nous attendons la publication complète des résultats. Par ailleurs, le mur périphérique est de l’édifice est profondément perturbé à la hauteur de la cour (b) (fig. 166). Le mur d’origine semble avoir été entièrement reconstruit et semble prévoir une

série de larges ouvertures créant une communication ultérieure entre les deux parcelles ; ces dernières seront par la suite rebouchées, au moment des travaux de restructuration de l’arrière-corps de la Schola del Traiano entre la deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. et le début du IVe siècle ap. J.-C.10 Si des ouvertures sont pratiquées, d’autres sont en revanche bouchées, notamment entre les pièces (D-D’) et (I), entre les pièces (J) et (M) ainsi qu’entre la pièce (C-C’) et la parcelle de la schola (cfr. 136-137). Ces bouchages montrent que malgré les nombreuses communications entre les deux parcelles, certains espaces gardent leur autonomie.

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Interprétation des structures Interpréter la fonction des pièces du caseggiato après la construction de la Schola del Traiano n’est pas chose aisée. Notre interprétation des vestiges diffère de celle récemment proposée par G. Mainet et Th. Morard, qui attribuent les travaux de réfection de l’édifice (phases 4 et 5) à l’époque sévérienne. Notre lecture de la stratigraphie verticale, enrichie des résultats des sondages de 1973, nous a permis de voir que la construction de la Schola del Traiano n’a pas eu un impact fort sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate, structurellement parlant du moins. Il n’en résulte pas

Transformations et rapports de voisinage

Fig. 166.  CTF, cour (b), flanc est - orthophoto (P.T.).

moins que la nouvelle construction, longtemps associée à la corporation des Naviculari ou des Fabri Navales, mais que Ch. Bocherens a récemment interprété comme statio annonae, c’est-à-dire un des sièges administratifs gérés par le procurateur de l’annone,11 a exercé sur le Caseggiato delle Taberne Finestrate une emprise forte, comme le montrent les nombreuses ouvertures qui renforcent à partir de ce moment les communications entre les deux parcelles. Il n’est donc pas inimaginable de postuler, comme l’ont fait les archéologues liégeois, une propriété commune pour notre édifice ou du moins une partie.12 L’idée de G. Mainet de voir les pièces (M), (N), (S) et (T) du Caseggiato delle Taberne Finestrate comme des locaux de service – dont une latrine – liés au bon fonctionnement des bureaux13 nous semble particulièrement convaincante, comme le montre également le fait qu’elles ne communiquent qu’avec des espaces secondaires de la schola. Nous ne savons pas si la fonction artisanale était toujours exercée, peut-être pas – comme l’attesterait la destruction de la vasque –, mais nous attendons la publication des résultats des fouilles pour en savoir davantage. À l’opposé, la pièce (D-D’) communique directement avec la cour de la schola et pourrait avoir eu une fonction plus prestigieuse, dont il est malheureusement impossible de déterminer la nature. Il est intéressant de constater que, exception faite de la pièce (D-D’), les espaces en communication avec la Schola del Traiano continuent à rester accessibles depuis le Caseggiato delle Taberne Finestrate. Malgré tout, nous ne nous sentons pas de qualifier le caseggiato d’annexe ou « d’aile occidentale » de la Schola del Traiano, 14 puisque certaines pièces semblent vouloir conserver une certaine autonomie par rapport à leur nouveau voisin, comme les pièces (C-C’), (I) et (J), dont certaines entrées sont bouchées pour qu’elles ne soient plus accessibles que depuis l’intérieur du caseggiato. De même, les boutiques sur le côté est de l’édifice ainsi que les appartements des pièces (A) et (F) continuent à vivre de manière autonome, comme nous le verrons par la suite.

Notes Mainet 2018 (a). Morard/Wavelet 2002, 785 ; Morard 2018, 167. Pièce 37 selon la numérotation donnée par les équipes franco-belges (Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, 522 ; Morard/Wavelet 2002, 762-763). Selon E. Bukowiecki, H. Dessales et J. Dubouloz, une communication entre les deux parcelles existait dès l’époque républicaine (Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, 523-524), mais aucune preuve ne permet de soutenir cette affirmation. En effet, les premiers contacts attestés entre les deux parcelles commencent avec la construction du Caseggiato delle Taberne Finestrate au IIe siècle, avec les ouvertures dans les pièces (C), (C’), (D), (D’) et (I). 4 Le passage ouvert entre les pièces (N) et (S) est même doté d’un seuil en pas étroit avec battant mobile (typologie de Bouet 1994, 13), réalisé en travertin. 5 D’environ 1,24 m de hauteur pour 1,4 m de largeur. 6 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, 524. 7 Mainet 2018 (a), 196. 8 Bien que G. Mainet identifie des ouvertures dans le mur périphérique est du caseggiato sur les photographies du moment de la fouille (Mainet 2018 (a), 196 ; PA-OANT B2701), l’on comprend difficilement pourquoi les fouilleurs ont voulu reboucher soigneusement ces deux ouvertures mais pas celle de la pièce (T), à moins qu’ils aient vu ou soupçonné la présence de traces de bouchages antiques à ces endroits. 9 Mainet 2018 (a). 10 Morard 2018, 181. 11 Bocherens 2018. 12 Aubry/Bocherens/Morard 2015, 188 ; Morard/Wavelet 2002, 762-763 et en particulier Mainet 2018 (a), 194-197. 13 Mainet 2018 (a), 197-199. 14 Comme le font Aubry/Bocherens/Morard 2015, 188 et Morard/Wavelet 2002, 762-763. 1 2 3

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Phase 7 Occupations tardives et abandon de la parcelle (deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. - ...)

Cette phase regroupe les dernières activités de construction et d’occupation antiques attestées dans la parcelle. Très reconnaissables pour ce qui est de la technique utilisée – l’opus vittatum – , ces transformations intéressent une partie bien définie de l’édifice et attestent d’une grande continuation de vie du caseggiato, qui fut peut-être employé à la fin de sa vie comme lieu de dépôt de marbres. Description des activités Les dernières transformations attestées sur la parcelle ne semblent concerner qu’une partie limitée du Caseggiato delle Taberne Finestrate. En effet, seule la pièce (A) et la cour (b) ont été apparemment été touchées (figs 167-168). Premièrement, la pièce (A) continue à être utilisée dans son état, si ce n’est qu’une petite pièce est créée dans son

coin nord-est : (A’). Cette dernière mesure seulement 2,5 x 1,5 m et n’est accessible que depuis le couloir (E). Dans la pièce (A) même, les murs de délimitation de (A’) – USM 3/4/6 – servent à créer un espace séparé au nord de la pièce (figs 168-169), qui est recouvert par une nouvelle mosaïque (USR 2), posée directement sur la mosaïque précédente (USR 31). La circulation dans la pièce (A) subit également quelques modifications. Ainsi, un mur en opus vittatum est construit et bouche une des entrées sur le côté est de la pièce. Celle-ci se ferme encore davantage et deviendra accessible uniquement depuis l’entrée placée dans le coin sud-est de la pièce et celle au sud. Les carnets de fouille décrivent brièvement les fondations de ces murs (USM 5/7/9), qui étaient constituées d’un opus caementicium grossier jeté dans des fosses profondes environ 50 cm, creusées dans les couches USC 47 et USC 70.

Fig. 167.  CTF, cour (b), vue générale (photo P.T.).

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Phase 7

Fig. 168.  CTF, corps arrière, planimétrie de la phase 7 (DAO P.T.).

Dans la cour (b), les transformations sont plus conséquentes (figs 167-168). La petite pièce (B) est construite, contre la façade arrière du caseggiato, et un puits (USM 13) est creusé.1 Ce dernier, d’un diamètre externe de 1,23 m, est construit en opus vittatum ; la margelle, d’une hauteur présumée d’1,22 m, était couronnée par une bordure en marbre, décorée de bandes en zig-zag (fig. 170). Les fouilleurs mentionnent la présence d’un mur (USM 14) reliant le puits au caseggiato et fermant l’espace, mais rien ne subsiste en surface. Enfin, l’intervention de plus grande envergure dans la cour (b) se situe à l’extrême sud de la zone fouillée, à l’emplacement du mur USM 36. En effet, le mur en opus testaceum est arasé presque dans sa totalité, pour être remplacé par un nouveau mur en opus vittatum (USM 16) (figs 167-168, Pl. VII).

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Ce dernier, d’une longueur de 9 m et d’une hauteur conservée d’environ 1 m, plie à angle droit vers le sud pour délimiter les côtés d’un nouvel édifice, situé dans la partie non fouillée de la parcelle, dont nous ignorons l’apparence et la fonction. Les dimensions potentielles de cette structure peuvent être restituées grâce au plan général du site réalisé par I. Gismondi et O. Visca en 1949, qui dessinent en pointillé un mur semblant refermer l’édifice, signe que les structures devaient être partiellement visibles à l’époque.2 Il est intéressant de constater que le nouveau mur en opus vittatum coupe et recouvre le tubulus en terre cuite pour l’écoulement des eaux de la phase 4 (cfr. p. 111-112), signe que le nouvel édifice construit ne dispose pas d’un étage supérieur et/ou qu’il n’est plus relié au réseau d’évacuation

Occupations tardives et abandon de la parcelle

Fig. 169.  CTF, pièce (A), murs de la phase 7 (photo P.T.).

Fig. 171.  CTF, pièce (A), urne cinéraire (photo P.T.).

Fig. 170.  CTF, cour (b), puits USM 13 (photo P.T.).

Fig. 172.  CTF, cour (b), amas de pierres (photo P.T.).

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Phase 7

Fig. 173.  CTF, pièce (A), USM 3 (photo P.T.).

Fig. 174.  CTF, pièce (A), USM 8 (photo P.T.).

comme précédemment. Enfin, le portique est de la cour (b) est maintenu et restauré, comme l’atteste la construction (ou la réfection) d’un pilier en opus vittatum en axe avec les plus anciens piliers en opus testaceum. Probablement au même

moment, les ouvertures qui donnaient sur l’arrière-corps de la Schola del Traiano sont bouchées, bloquant le passage entre les deux édifices.3 À une époque ultérieure, qu’il est pour l’instant impossible de définir, l’entrée au sud de la pièce (A) est bloquée par un bloc de marbre blanc, d'environ 1 x 1 m, composé d’un haut tambour quadrangulaire au sommet duquel s’insère un petit socle, lui aussi quadrangulaire, surmonté par une demi-sphère ; cette dernière a été creusée à l’intérieur et présente une ouverture sur son sommet4 (fig. 171). Ce bloc mérite une attention particulière puisqu’il ne trouve pas de parallèles stricts qui pourraient aider à son interprétation.5 Il pourrait s’agir de la partie inférieure d’un petit thesaurus, un réceptacle à offrandes,6 ou – plus vraisemblablement – d’une urne cinéraire, dont la forme – sans parallèles pour l’instant – pourrait rappeler celle d’un dolium encaissé dans le sol, ce qui aurait pu constituer un rappel à la profession du défunt, à l’instar du fameux tombeau

Fig. 175.  CTF, pièce (A), mur USM 8 - détail (photo P.T.).

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Occupations tardives et abandon de la parcelle

Les structures pouvant être rattachées à la phase 7 peuvent être aisément distinguées des autres. En effet, elles se différencient par un emploi systématique de l’opus vittatum et de l’opus vittatum mixtum, qui sont attestés à Ostie pour les constructions plus tardives. Cette technique, qui emploie des gros moellons de tuf grossièrement équarris, tantôt couplés à des simples assises de

briques, est déclinée dans le Caseggiato delle Taberne Finestrate de plusieurs manières, puisque chaque mur présente une variante9 (figs 173-174) ; cela est le signe d’une perte dans la systématicité et l’organisation des travaux, deux caractéristiques que nous avons toujours retrouvées pour les interventions précédentes dans la parcelle, même dans les cas de récupération de matériaux. D’une manière générale, une grande partie de ces murs a été réalisée avec des moellons de tuf parallélépipédiques, grossièrement équarris et de forme irrégulière, dont les dimensions varient de 15 à 24 cm de longueur et de 6 à 8 cm de hauteur. Sur les murs de la pièce (A) (USM 3/4/6/8), des files de briques de récupération – aux bords brisés, de couleur et forme hétérogènes – sont disposées à des intervalles réguliers : sur les murs de délimitation de la pièce (A’) (USM 3 et 4), une seule file de briques est placée tous les 1 m, en correspondance de trous de boulin circulaires (12-13 cm de diamètre)10 dans lesquels étaient insérées les perches d’un échafaudage (fig. 169). Pour le mur USM 8, par contre, les files de briques sont beaucoup plus présentes et sont placées après une ou cinq files de blocs de tuf, en alternance (fig. 174). Dans le mur de fond de la cour (b) – USM 16 – et le puits (USM 13), seuls des blocs de tuf ont été choisis. Le liant utilisé se caractérise, comme pour les murs, par sa grande hétérogénéité (fig. 175). En effet, le mortier de chaux a une matrice de couleur gris foncé, avec une grande quantité d’agrégat, de granulométrie plus ou moins grossière : cailloux, briques broyées, morceaux de tuf, pouzzolane, os, fragments de verre, d’enduits peints, de marbre blanc et de tesselles de mosaïque. L’épaisseur des joints de lit est irrégulière mais conséquente, puisqu’elle oscille entre 2

Fig. 176.  CTF, pièce (A), mosaïque USR 2 (PA-OANT R 773-6).

Fig. 177.  USR 2, détail (PA-OANT R 773-5).

d’Eurysace devant la Porta Maggiore à Rome.7 L’urne, complètement défonctionnalisée, aurait été remployée dans l’édifice pour des raisons obscures, peut-être pour créer un petit bassin, peut-être pour fermer l’accès à la pièce. Sa présence doit être mise en lien avec un amas de morceaux de marbres et de travertin jetés dans le coin nord-est de la cour (b) (fig. 172), parmi lesquels on distingue des fûts de colonne, des blocs d’appareil et des éléments décoratifs fragmentaires. La présence de ces matériaux est assez surprenante et l’on peut se demander s’ils n’ont pas été laissés là par les fouilleurs du XXe siècle. Toutefois, les rapports des ouvriers qui ont fouillé l’édifice en 1938-1939 mentionnent à plusieurs reprises des amas de pierres dans la « via delle botteghe finestrate » qui entravent leur travail, au milieu desquels ils identifient des morceaux de marbre, des chapiteaux, des architraves, des bases de colonnes, des chapiteaux ioniques, des seuils et des morceaux de sarcophages.8 Nous avons donc la certitude, grâce aux documents d’archive, que ces dépôts ne sont pas modernes mais constituent une trace supplémentaire de l’occupation tardive de la parcelle, sans qu’il soit toutefois possible de les associer chronologiquement aux autres structures de cette phase. Technique et mise en œuvre

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Phase 7

Fig. 178.  Sol en bipedales - USR 10 (photo P.T.).

et 5 cm de hauteur, tout comme les joints montants, qui mesurent entre 2 et 4 cm. Revêtements des sols et des parois Deux revêtements de sol peuvent être rattachés avec certitude à la phase 7. Il s’agit avant tout de la mosaïque dans la pièce (A) (USR 2) qui décorait le petit espace formé après la construction des murs USM 3/4/6 (figs 168-176). Comme les autres mosaïques de la pièce, ce pavement a aujourd’hui disparu, après sa dépose en 1973, mais grâce aux photographies d’archive il est possible d’en restituer la décoration de manière très fidèle. Réalisée avec des tesselles lithiques

Fig. 179.  CTF, pièce (A), portion d’enduit - USR 1 (photo P.T.).

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Fig. 180.  CTF, pièce (A), portion d’enduit - USR 1 (photo P.T.).

noires et blanches, la mosaïque USR 2 était ornée d’une composition orthogonale de six quadrilobes blancs tangents, déterminant des carrés biconcaves et disposés en deux files de trois sur un fond noir (pour des parallèles cfr. p. 153). Un mince filet blanc entoure et ferme la composition (fig. 177). Les carnets des fouilles de 1973 nous apprennent que la mosaïque USR 2 était posée sur une couche de mortier de chaux d'environ 5 cm, posée sur la mosaïque USR 31 qui avait été spoliée de ses tesselles. Un autre revêtement de sol, de qualité bien inférieure (fig. 178), a été retrouvé, partiellement conservé, dans la petite pièce (B). Il s’agit d’un sol fait de bipedales de 60 x 60 cm, probablement de remploi. En ce qui concerne les revêtements des parois, quelques traces d’enduit peint sont restées à divers endroits de la pièce (A) (USR 1) (figs 179180). La décoration est très détériorée, on entrevoit à peine quelques traces de couleur rouge ou

Occupations tardives et abandon de la parcelle jaune, mais les mortiers de préparation sont bien conservés : l’enduit était étalé sur deux couches successives : la première, l’intonaco, a été appliquée directement sur le mur ; elle a une épaisseur de 2 cm et une matrice de couleur gris foncé ; la facture est grossière, et le mortier se caractérise par un grand nombre d’inclusions de sable et de cailloutis. La couche d’intonachino, sur laquelle était posé le pigment, est extrêmement fine (0,1 cm de moyenne) et de couleur blanche, avec des fragments de céramique broyée comme inclusion principale. Datation, interprétation et remise en contexte : une décadence vivace Les interventions mentionnées supra montrent que la partie arrière du caseggiato a fait l’objet d’une série de réaménagements à la fin de sa vie antique, avec une restructuration de la pièce (A) et la reconstruction de l’édifice dans la cour (b). Comme pour les phases précédentes, une vocation résidentielle pour ces espaces est parfaitement envisageable, notamment dans la pièce (A), où les cloisons séparant les pièces ont été remplacées, sur son côté nord-est, par des véritables murs, et où une nouvelle décoration peinte semble avoir été appliquée. En l'absence de données, très peu d’éléments supplémentaires peuvent être apportés à l’interprétation des activités de la phase 7, notamment en ce qui concerne leur datation. En effet, cette dernière ne peut reposer que sur des critères purement stylistiques – grâce au décor de la mosaïque USR 2 – ainsi que sur la base de la technique employée pour les murs. Aucun autre élément datant n’a été conservé au moment des fouilles et, puisqu’il s’agit de la dernière phase de vie antique attestée de l’édifice, nous ne disposons pas de terminus ante quem à placer. Cela entraînera inévitablement une datation relative et fort large pour cette phase, que rien ne pourrait préciser davantage, si ce n’est des nouvelles fouilles dans la partie postérieure du caseggiato, où devraient se trouver intacts des matériaux à lier stratigraphiquement aux autres vestiges. L’élément principal de datation des structures de la phase 7 est donc la technique employée pour les murs, l’opus vittatum. Bien que fréquem­ ment utilisé dans les Provinces depuis l’époque augustéenne, ce type d’appareil ne sera en vogue à Rome et Ostie qu’à partir du règne de Maxence (307-312), comme nous l’apprennent J.P. Adam et G. Lugli.11 Selon I. Gismondi, l’opus vittatum est employé à Ostie à partir du IIIe siècle ap. J.-C. et ce jusqu’à la fin du Ve siècle ap. J.-C.12 L’architecte pense que l’opus vittatum à Ostie pourrait avoir

été utilisé dès la deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C., comme l’atteste son emploi dans la construction du soi-disant Palazzo Imperiale, qu’il date autour de 145-150 ap. J.-C.,13 mais les récentes investigations dirigées par J. Spurza ont démontré que les parties en opus vittatum datent en réalité du IIIe siècle ap. J.-C.14 Le vittatum ostien, analysé en détail par Th. L. Heres,15 se caractérise par la grande diversité des modules adoptés et par l’absence de cohérence dans le choix et la disposition des matériaux, une caractéristique que nous avons remarquée dans le caseggiato également. La fourchette chronologique est donc très large et la seule étude des murs ne peut pas apporter grand-chose à la datation des activités de la phase 7. Malheureusement, la mosaïque de la pièce (A) – USR 2 – ne permet pas d’affiner davantage la datation. En effet, le motif des quadrilobes blancs tangents sur fond noir est relativement fréquent dans la ville et jouira d’un certain succès dès la moitié du IIe siècle ap. J.-C., comme l’attestent les exemples de la Domus Fulminata16 et de l’Insula III, IX, 17,17 décrits par G. Becatti dans son catalogue des mosaïques ostiennes. Toutefois, les dimensions du motif semblent être plus grandes que l’exemple du IIe siècle ap. J.-C. ; or, l’emploi de motifs surdimensionnés par rapport au champ à remplir est une caractéristique des productions ostiennes plus tardives, de la deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. et du début du IVe siècle ap. J.-C. C’est le cas par exemple des décorations des Terme del Foro,18 de la Domus del Protiro19 et du corps arrière de la Schola del Traiano,20 respectivement datées du IIIe siècle ap. J.-C., de la deuxième moitié du même siècle et du début du IVe siècle ap. J.-C.21 Bien que légèrement différent du point de vue du motif, l’USR 2 présente de grandes similitudes en ce qui concerne la dimension des motifs et le rendu des formes avec la mosaïque des pièces 6 et 8 du Caseggiato dei Lottatori, que M. Marano date entre la deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. et le début du IVe siècle ap. J.-C.22 Bien que l’argument stylistique soit toujours le plus fragile dans une tentative de datation et que les parallèles trouvés pour les structures murales et la mosaïque ne permettent pas de poser un cadre chronologique clair, nous avons choisi de proposer pour la phase 7 une datation large, qui va de la deuxième moitié du IIIe siècle ap. J.-C. à la première moitié du IVe siècle ap. J.-C. La présence, dans la cour (b), du puits (USM 13) et la désaffectation du conduit d’évacuation de l’eau dans le mur USM 36 semblent suggérer qu’à ce moment l’aqueduc n’était plus en fonction ou du moins qu'il n’était plus la première source d’approvisionnement en eau, comme l’avait déjà

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Phase 7

Fig. 181.  CTF, planimétrie générale de la phase 7 (DAO P.T.).

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soupçonné M.A. Ricciardi.23 Si l’on pense qu’une utilisation de l’aqueduc est attestée jusqu’au Ve siècle ap. J.-C., il serait donc judicieux de repousser la date de réalisation des travaux de réaménagement de la parcelle durant la phase 7 à une période plus récente que le IIIe siècle ap. J.-C., puisqu’à ce moment le réseau d’adduction d’eau était encore en pleine fonction.24 Toutefois, une datation au Ve siècle ap. J.-C. nous semble peu pertinente, puisque la mosaïque USR 2 trouve mieux sa place à une époque plus ancienne. La vérité se situe probablement entre les deux, et une datation au IVe siècle ap. J.-C. semble plus probable. En effet, il n’est pas à exclure que des parties de la ville aient pu ne pas être servies par l’aqueduc alors que d’autres l’étaient encore, le réseau d’adduction d’eau dans la ville est encore trop peu connu pour apporter des réponses définitives. Quoi qu’il en soit, les travaux de réaménagement à l’arrière du Caseggiato delle Taberne Finestrate (fig. 181) semblent s’inscrire dans un mouvement plus généralisé de réaffectations et transformations que l’on trouve partout dans la ville à partir de la fin du IIIe siècle ap. J.-C., au cours du IVe siècle ap. J.-C. et au Ve siècle ap. J.-C. La période tardo-antique est une période de mutations économiques, sociales et politiques profondes pour tout l’empire ; la conception même de la ville se transforme, et celle qui fut la première colonie de Rome commence peu à peu à s’essouffler pour arriver à un déclin lent et progressif duquel elle ne se relèvera pas. 25 La déstructuration et la re-fonctionnalisation des espaces, déjà amorcées à la fin de l’époque médio-impériale, prennent des proportions beaucoup plus importantes et deviennent l'activité de construction privilégiée26 (fig. 182). Le panorama urbain subit un changement drastique par rapport au passé et assume un aspect clairsemé, avec des édifices en ruines complètement abandonnés côtoyant des structures encore habitées et rénovées.27 C’est le cas, par exemple, de l’Insula delle Ierodule, écroulée et laissée en ruines entre la fin du IIIe siècle ap. J.-C. et le début du IVe siècle ap. J.-C., alors qu’à quelques mètres sont construites les Domus dei Dioscuri et del Ninfeo,28 ou encore du Molino del Silvano, détruit par un incendie au IIIe siècle ap. J.-C. et plus jamais réoccupé, alors que sur la même rue, le fameux Thermopolium de la Via di Diana est actif aux IVe et Ve siècles ap. J.-C.29 Des zones entières de la ville ne sont plus occupées, ce qui montre une diminution importante de la population, au profit d’autres quartiers qui jouissent d’une nouvelle vivacité, notamment le long de la Via della Foce 30 et dans le quartier en-dehors de la Porta Marina.31 Dans ce

Occupations tardives et abandon de la parcelle

Fig. 182.  Ostie à l’époque tardo-antique (d’après Gering 2004).

tableau défini en « taches de léopard », seuls les axes routiers principaux sont privilégiés,32 d'une part à travers de nombreuses restaurations, notamment du forum, d'autre part avec l’implantation de nouvelles places publiques, comme le Piazzale della Vittoria,33 le Foro della Statua Eroica34 et le Foro di Porta Marina.35 La manière d’habiter change également, puisqu’aucun immeuble à appartements n’est construit à cette période. Un phénomène caractéristique et emblématique de la ville à l’époque tardo-antique est le développement de nombreuses domus seigneuriales, aména-

gées dans d’anciennes domus restaurées ou construites dans des bâtiments refonctionnalisés. Ces maisons étaient richement décorées en opus sectile et dotées de cours, fontaines et nymphées ; pensons à la Domus della Fortuna Annonaria, la Domus del Protiro, la Domus di Amore e Psiche - pour ne citer que les plus connues –, dont l’opulence contraste avec la pauvreté des structures environnantes, 36 dans un mélange particulier de « Genußkultur und Ghettobildung ».37 Face à ces prestigieuses domus, les activités attestées à cette période dans le Caseggiato delle

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Phase 7

Fig. 183.  Ostie, plan de la ville réalisé en 1925 (I. Gismondi, Calza 1925).

Taberne Finestrate semblent bien peu de chose. Elles pourraient toutefois rejoindre une série d’édifices plus modestes à vocation résidentielle, qui reprennent en tout ou en partie le rez-de-chaussée d’anciens immeubles à tabernae à plusieurs endroits du quartier, qui semble maintenir à cette époque une certaine fréquentation. La situation des Taberne Finestrate est en effet comparable dans une certaine mesure à ce qu’il advient dans le Cortile del Dioniso, avec la construction de l’Insula dell’Aquila à la fin du IIIe siècle ap. J.-C. dans la cour de l’édifice38 ou encore la petite domus sur le decumanus maximus, qui s’implante à partir de l’époque sévérienne dans l’édifice commercial situé pratiquement en face de notre caseggiato et qui jouit d’une nouvelle phase de vie au IVe siècle ap. J.-C.39 Outre ces deux petites résidences, des maisons plus importantes prennent place dans le quartier, comme la domus associée à la famille des Tigriniani, dans l’édifice traditionnellement appelé Basilica Cristiana, le long du decumanus.40 Une autre importante manifestation de l’activité dans le quartier à l’époque tardive est la transformation du corps arrière de la Schola del Traiano, dans laquelle s’implante, entre la fin du IIIe siècle et le début du IVe siècle ap. J.-C., une importante domus, selon les dernières hypothèses, dotée de somptueuses mosaïques et de décorations picturales avec imitations de marbres.41

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Ces interventions montrent que cette partie de la ville reste encore active, au moins jusqu’au début du Ve siècle ap. J.-C. ; la partie occidentale du decumanus maximus n’a donc pas perdu son rôle d’axe principal de la ville, qui au contraire se renforce pour devenir la façade et le décor d’une ville qui, en coulisses, se meurt ; cette continuation de vie du quartier est due au fait que la rue reste le principal point de contact entre la Via Ostiensis et la Via Severiana.42 La proximité avec la mer fait également des quartiers occidentaux et de celui en-dehors de Porta Marina un des points les plus actifs de la ville, grâce à cette même Via Severiana et à l’accessibilité qu’elle offrait vers Portus, qui prend de plus en plus d’importance et finit par supplanter la première colonie de Rome comme centre économique et commercial,43 avant que le déplacement du pouvoir à Constantinople, l’instabilité politique et les invasions, l’ensablement des terres et l’éloignement de la mer ne causent peu à peu l’abandon de la Colonia Ostiensis et des portus utriusque. Un dernier point à traiter dans cette reconstruction des cinq siècles de vie de la parcelle IV, V, 18 concerne précisément son abandon. Nous n’avons aucun élément qui pourrait nous indiquer quand le Caseggiato delle Taberne Finestrate cesse d’être habité et/ou utilisé. Le seul élément de rupture par rapport à la vie même de l’édifice

Occupations tardives et abandon de la parcelle

Fig. 184.  Ostie, vue aérienne depuis une montgolfière en 1911 : localisation de l’emplacement du CTF (à gauche) et superposition du plan actuel de la ville (à droite) (Calza et al. 1953, fig. 15).

nous vient du dépôt de marbres retrouvés dans la cour (b) et de l’urne cinéraire bloquant l’entrée de la pièce (A). Concernant le dépôt de marbres, plusieurs éléments de réponses peuvent être apportés quant à son interprétation. En effet, des amas de pierres ont été trouvés à plusieurs endroits de la ville au cours des fouilles, il s’agit donc d’un phénomène fréquemment attesté à Ostie qui est loin d’être anecdotique ; l’interprétation la plus plausible est que ces cumuls de marbres sont ce qui reste des nombreuses activités de spoliation des édifices et de remploi des éléments architecturaux, qui pouvaient être utilisés comme simple matériaux de construction ou reconvertis pour produire de la chaux. Plusieurs dépôts de marbres datant de l’antiquité tardive et destinés à la fabrication de chaux ou au remploi de matériaux ont été retrouvés à Ostie, dès l’antiquité tardive et tout au long du Moyen-âge.44 Un des plus importants dépôts de matériaux se trouve à quelques mètres du caseggiato, dans le Tempio dei Fabri Navales, daté de la fin du IVe et le début du Ve siècle ap. J.-C.45 Un autre exemple nous vient d’une des pièces des Terme di Nettuno, sur le decumanus maximus : il s’agit d’un dépôt de colonnes, sarcophages et éléments architecturaux retrouvés par D. Vaglieri en 1909.46 Ce dernier est certain qu’il s’agit d’un dépôt antique et non médiéval à cause du fait que les marbres ont été retrouvés sous les couches de destruction de la voûte de la pièce.47 Le dépôt de marbres du Caseggiato delle Taberne Finestrate ne peut être daté et nous ne disposons pas de suffisamment d’éléments pour comprendre la raison pour laquelle ces fragments ont été amoncelés à cet endroit. La présence d’une urne cinéraire et d’un sarcophage indiquent que le dépôt s’est formé à un moment où les nécropoles ostiennes – peut-être la Necropoli Laurentina voisine – étaient

partiellement abandonnées, mais le fait que l’urne cinéraire ait été placée volontairement sur un des seuils de la pièce (A) montre que l’édifice était encore utilisé à cette période. Le phénomène de la spoliation à la fin de l’antiquité et au haut Moyen-âge est beaucoup plus répandu que l’on ne le pense et jouit à Ostie d’une extraordinaire continuité et d’une impressionnante diffusion, comme l’attestent des morceaux d’inscriptions mentionnant la Colonia Ostiensis sur les murs de la cathédrale de Pise, construite entre le XIe et le XIIe siècle.48 Les récentes investigations de l’université de Bologne dans le quartier en-dehors de Porta Marina ont mis au jour un chantier de récupération des matériaux extrêmement organisé, qui éclaire davantage un phénomène jusqu’ici complètement méconnu, celui des phases de vie post-antiques. Les fouilles montrent une exploitation intense du territoire ostien, probablement jusqu’au XVe siècle, avant et en concomitance avec les chasses aux trésors qui toucheront le site au cours de la Renaissance et ce jusqu’aux premières fouilles du début du XIXe siècle. À l'état actuel, rien - ni les données d'archives, ni les structures - n'indique que le Caseggiato delle Taberne Finestrate a été exploité ou investigué entre la fin de l’antiquité et les fouilles de 1938. Jusqu’au mois d’août 1938, l’édifice était enterré sous un épais remblai dépassant les 4 m de haut. Pourtant, son emplacement ne devait pas être inconnu avant les fouilles ; c’est du moins ce que semble suggérer le plan de la ville réalisé par I. Gismondi en 1925, où l’on voit clairement dessinés quelques murs à l’emplacement du caseggiato (fig. 183). Ces murs n’apparaissent pas sur les plans antérieurs, notamment sur les planimétries voulues par Vaglieri, mais si l’on regarde la fameuse photographie d’Ostie vue d’une montgolfière en 1911, on aperçoit à l’emplacement

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exact des murs dessinés par Gismondi en 1925 une tache sombre (fig. 184), signe qu’au moins les crêtes des murs les plus hauts de l’édifice, ceux des pièces (L), (N) et (S), devaient être visibles et ne furent jamais entièrement recouverts. Notes M.A. Ricciardi réalise un dessin de ce puits, qu’elle publie dans son ouvrage sur l’eau dans la ville. Selon elle, il est impossible de déterminer si le puits est construit ex nihilo à cette période ou s’il s’implante sur un puits préexistant. Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996 vol. 1, 52-53, n°40. 2 Calza et al. 1953, fig. 36. 3 Morard 2018, 180-181. 4 Sur les bords supérieurs de la demi-sphère se trouvent deux légères cavités, en face l’une de l’autre, qui pourraient être interprétées comme les trous de fixage d’un couvercle. 5 Nous remercions à cette occasion M. Cavalieri pour ses précieux conseils. 6 Kaminski 1991. 7 Cianci Rossetto 1973 ; Coarelli 2008, 264-265. 8 ACS AA.BB.AA Div. II 1940-1945, env. 40 fasc. 704. Un de ces morceaux de sarcophages a pu être identifié : le fragment inventorié avec le numéro 50642 provient du caseggiato et est aujourd’hui conservé dans la salle VII de l’Antiquarium du parc archéologique. Il mesure 33 x 18 cm et représente un élément architectural frontal avec une figure virile vêtue d’un drapé, tenant une torche à l’envers dans sa main gauche. De même, un fragment de chapiteau corinthien en marbre (9 cm x 8,5 cm x 7,5 cm) a été inventorié avec le numéro 50189 et est aujourd’hui conservé dans les dépôts archéologiques du site. 9 On peut retrouver trois files de moellons et une de briques, une file de moellons et une de briques, dix files de moellons et une de briques ou bien des murs uniquement construits en moellons de tufs. 10 Quelques-uns de ces trous ont été rebouchés par après avec des blocs de tuf semblables à ceux utilisés pour la maçonnerie. 11 Adam 1984, 147-149 ; Lugli 1957, 643. 12 Calza et al. 1953, 206-207 ; Gering 2004, 362. 13 Calza et al. 1953, 206-207. 14 Spurza 1999, 137-138. 15 Heres 1982, spécialement p. 34 et sv. 16 Becatti 1961, 107, n° 198, fig. 40. 17 Becatti 1961, 127, n° 233, fig. 52. 18 Becatti 1961, 224, n° 35-36. 19 Becatti 1961, 221, n°11. 20 Wastiau 2018 21 Aubry/Bocherens/Morard 2014, 29-31 ; Aubry/Bocherens/Morard 2015, 179.  22 Marano 2017 (a), 6-9. 23 Ricciardi/Santa Maria Scrinari 1996, vol. 1, 52-53, n°40. 24 Jansen 2002, 149. 25 Ostie tardo-antique est une période des plus complexes mais également des plus abondamment traitées dans la bibliographie moderne, notamment grâce aux travaux précurseurs de G. Becatti (entre autres Becatti 1948), suivis par J. S. Boersma (Boersma 1986), Th. L. Heres (Heres 1982) et surtout C. Pavolini, qui à maintes reprises a montré la multitude de nuances à apporter 1

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au tableau, qui ne peut être résumé au simple déclin d’une ville (entre autres Pavolini 1986 (a) ; Pavolini 2011 ; Pavolini 2016 (a) ; Pavolini 2016 (b). Plusieurs autres chercheurs ont donné d’importants apports à la question, notamment D. Boin (Boin 2013) et A. Gering (Gering 2004 ; Gering 2010 ; Gering 2011). Ce dernier a récemment publié une monographie brossant un portrait plus large d'Ostie à l’époque tardo-antique en proposant une synthèse des recherches menées au cours des vingt dernières années dans plusieurs endroits de la ville (Gering 2018). De la même manière, M. Danner a voulu approfondir la question des résidences tardo-antiques en proposant une analyse complète de tous les cas attestés (Danner 2017). Nous renvoyons à ces références et à la bibliographie exhaustive reprise dans Pavolini 2016 (a) pour plus d’informations. 26 Boin 2013, 65-66 ; Gering 2018, 349-352 ; Pavolini 1986 (a), 239-240 ; Pavolini 2011, 1030-1032. 27 Gering 2004, 308-309 ; Gering 2013, 263-264. 28 Falzone et al. 2014. 29 Pavolini 1986 (a), 249-250. 30 Gering 2013, 273-276. 31 Pavolini 1986 (a), 249-251 ; David 2018, 37-41. 32 Ce qui causera la perte d'importance des routes secondaires, comme la Semita Horreorum (aujourd’hui Semita dei Cippi), autrefois voie majeure reliant la partie méridionale au reste de la ville, qui est complètement dénaturée par la construction d’une exèdre qui bloque son arrivée sur le decumanus. Gering 2011, 321-342 ; Gering 2013, 265 ; Gering 2018, 133-146 ; Pensabene 2007, 477-478. 33 Gering 2004, 314-318 ; Pavolini 2018 (a), 52-53. 34 Gering 2004, 373 ; Gering 2011, 311 ; Gering 2018, 1334-170 ; Pavolini 2018 (a), 111 ; Pensabene 2007, 471-476. 35 Gering 2018, 313-323. 36 Becatti 1948 ; Boin 2013, 66-75 ; Gering 2004, 306-310 ; Gering 2011, 305-306 ; Pavolini 1986 (a), 254-261. Selon J. DeLaine, les domus tardo-antiques ostiennes ne doivent pas se concevoir comme un phénomène nouveau mais comme l’évolution naturelle des formes résidentielles déjà mises en place au IIe siècle ap. J.-C. (DeLaine 2012, 344-348). Sur la culture résidentielle à Ostie à l’époque tardo-antique nous renvoyons à la récente monographie de M. Danner sur le sujet (Danner 2017). 37 L’expression – culture du plaisir et ghettoïsation – est d’A. Gering (Gering 2010). 38 Calza et al. 1953, 153 ; Pavolini 2018 (a), 193-194. 39 Pavolini 1986 (a), 264 ; Pensabene 2007, 502 ; Tione 1999, 191-208. 40 Boin 2013, 76-78 ; Brenk/Pensabene 1998-1999 ; Heres 1980 ; Pavolini 2018 (a), 147-149. 41 Aubry/Bocherens/Morard 2014, 29-31 ; Aubry/Bocherens/Morard 2015, 177-178 ; DeLaine 2012, 344-345 ; Wastiau 2018. 42 Gering 2010, 93-95. 43 Heinzelmann 1998 (a), 221-224 ; Pavolini 1986 (a), 273274 ; Pavolini 1986 (b), 258-267; Tione 1999, 200. 44 Lenzi 1998. 45 Calza et al. 1953, 153-354 ; Pensabene 2007, 407-417. 46 Vaglieri 1909, 94. 47 Pensabene 2007, 428-429. 48 Pensabene 2007, 428.

Phase 8 Restaurations et reconstructions (1938 - aujourd’hui)

Une importante phase de reconstruction de l’édifice a été mise en place parallèlement à la fouille du complexe en 1938-1939. Les restaurations ont employé des matériaux antiques et un mortier de chaux réalisé selon les procédés de l’Antiquité, ce qui rend difficile aujourd’hui de les distinguer des structures originelles. Les travaux de restaurations postérieurs, à commencer par ceux de 1967, seront beaucoup plus reconnaissables, même si l’emploi de matériaux modernes causera des dégâts aux structures antiques. Phase 8a : 1938-1939

restaurations mimétiques de

Description des interventions L’analyse approfondie du bâti du Caseggiato delle Taberne Finestrate a montré que plusieurs portions de murs ont fait l’objet de réintégrations et res-

taurations à l’époque moderne. Sur la base de la documentation conservée dans les fonds d’archives de l’État italien et du Parco Archeologico di Ostia Antica, nous sommes en mesure d’affirmer que ces restaurations ont été réalisées entre 1938 et 1939, au moment même où le site était fouillé. La particularité de ces restaurations est qu’elles se confondent avec les murs antiques, dans la mesure où elles ont été réalisées avec des briques antiques et un mortier de chaux qui imite les liants antiques. Parfois les restaurations sont clairement identifiables, comme dans l’arc de la voûte qui devait recouvrir le couloir (R) (fig. 185). En revanche, la plupart du temps, les murs modernes se confondent parfaitement avec les murs antiques, ce qui rend leur identification difficile. Seule une observation attentive des structures murales a permis, une fois l’œil entraîné, de distinguer la part de faux. La seule différence entre ces murs modernes et les murs originaux est

Fig. 185.  CTF, couloir (R), partie de la voûte restaurée en rouge (photo P.T.).

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Phase 8

Fig. 186.  CTF, pièce (X), mur nord - détail (photo P.T.).

Fig. 187.  Pièce (S), paroi sud - orthophoto ; en rouge les restaurations modernes (P.T.).

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Restaurations et reconstructions

Fig. 188.  Restaurations modernes dans le couloir (R), flanc est - orthophoto (P.T.).

Fig. 189.  Restaurations modernes dans la cour (a), flanc ouest - orthophoto (P.T.).

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Phase 8

Fig. 190.  CTF, pièce (Y), coin sud-ouest - en rouge les restaurations de 1967 (photo P.T.).

la coloration et la consistance du mortier, qui est fort violacé et beaucoup plus friable que le mortier antique. La jonction entre la partie antique et la partie moderne est difficile à reconnaître, dans la mesure où les restaurateurs ont essayé de maintenir une certaine homogénéité dans la couleur des dimensions des briques (fig. 186, Pl. I). Au sein de l’édifice, plusieurs pans de murs ont été reconstruits, parfois sur une hauteur qui dépasse les 2 m. Les parties les plus touchées sont celles qui étaient visibles depuis le decumanus maximus, c’est-à-dire les tabernae en façade, le couloir (R), les pièces (S) et (T) (fig. 187) ainsi que la cour (a) (fig. 188-189, Pl. I). La partie arrière du caseggiato ne semble pas avoir été touchée par la vague de restaurations, exception faite pour la pièce (G), où le mur sud a subi tellement d’intégrations modernes que toute trace de l’escalier a été complètement effacée. Toutefois, ce sont le flanc est du couloir (R) et les deux longs côtés de la cour (a) qui ont subi les remaniements les plus profonds. En effet, les façades des différentes tabernae ont été – comme il a été vu – consolidées et partiellement restaurées, et les cubilia des murs en opus reticulatum qui bouchent l’entrée des boutiques sur le côté est de la cour sont remis en place

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grâce au mortier moderne. C’est également à ce moment que les linteaux des portes sont renforcés par des fausses poutres en béton, qui remplissent le vide laissé par les poutres en bois antiques. Interprétation et remise en contexte Les restaurations mimétiques sur les monuments antiques sont un phénomène dont la communauté scientifique commence seulement maintenant à prendre conscience, notamment à Ostie, où il semble atteindre une ampleur majeure par rapport à ce que l’on croyait par le passé. C’est en effet ce qu’ont montré les travaux d’E. Rinaldi sur les techniques de restauration employées à Ostie entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, qui montrent qu'une grande partie de ce que nous observons aujourd’hui est le fruit de restaurations et reconstructions modernes.1 Avant lui, E. Bukowiecki, H. Dessales et J. Dubouloz avaient déjà attiré l’attention des chercheurs sur la problématique des restaurations mimétiques, en démontrant qu’environ 30% de l’élévation totale de la Schola del Traiano est le résultat de reconstructions modernes. 2 On comprend dès lors l’importance d’apprendre à identifier ces

Restaurations et reconstructions interventions, qui nuisent gravement à la compréhension des structures antiques3 et sont beaucoup plus importantes que ce que G. Calza luimême admet en 1953, lorsqu'il déclare s’être contenté de « rimettere qualche mattone in una arcata o rifare stipiti di porte che abbiano facce vive ».4 Ces interventions, qui feraient trembler n’importe quel restaurateur moderne, ne peuvent se comprendre qu’en considération du contexte politico-historique dans lequel s’insèrent les fouilles d’Ostie. Les premières décennies du XXe siècle sont en effet une période riche et fertile pour la recherche archéologique en Italie, où d’importantes problématiques sur les méthodes de fouilles et de restauration des monuments commencent à être théorisées et mises en pratique. On citera les noms de G. Boni, père de la stratigraphie moderne,5 ou encore de C. Boito, un des premiers à préconiser la visibilité des restaurations sur les monuments antiques.6 Dans ce contexte, les interventions de G. Calza peuvent sembler anachroniques et arriérées, mais elles correspondent bien à l’objectif qu’il s’était fixé depuis qu’il était devenu directeur des fouilles en 1924, à savoir rendre la vie à une cité entière et montrer aux visiteurs la monumentalité des structures. 7 Cette idée transparait à maintes reprises dans ses écrits, mais est clairement énoncée dans une lettre qu’il écrit en 1939 à G. Bottai, ministre de l’éducation nationale cette année-là, où il confirme que sa volonté était de protéger les structures en recouvrant les crêtes des murs, mais qu’il souhaitait aussi réaliser « una diligente opera di restauro e di riassetto […] di una più completa reintegrazione di alcune case scoperte o da scoprire, in modo che la visione monumentale della città risulti il più possibile chiara ed integra ».8 Dans notre optique moderne, ces propos ne seraient pas acceptés par la communauté scientifique, puisque des restaurations non identifiables doivent aujourd’hui être assimilées à des faux historiques. Toutefois, dans l’idée de Calza, elles étaient les seules qui pouvaient rendre plus compréhensible la lecture des

édifices, qui ne sont reconstruits que lorsque des preuves concrètes de l’aspect originel des structures sont conservées, comme des parties de voûtes ou des portions de murs retrouvées dans les couches de remblai.9 Les reconstructions de Calza, grandement aidé par la connaissance profonde de l’architecture antique d’I. Gismondi, ne sont donc pas pure invention mais interprétation personnelle basée sur des critères scientifiques, ce qui les rend non pas déontologiquement acceptables mais un peu plus justifiées. Quoi qu’il en soit, qu’elles soient ou non compréhensibles, ces restaurations doivent être distinguées des structures antiques et seule une observation attentive et informée de la stratigraphie verticale conservée peut permettre de distinguer le vrai du faux et de confirmer ou non les hypothèses de restitution proposées. Phase 8b :

restaurations manifestes des crêtes de murs en 1959 et 1967

Une deuxième grande phase de restaurations est mise en place quelques années plus tard, en 195910 et en 1967. Ces travaux constituent la dernière grande intervention que connaîtra l’édifice, avec le recouvrement des crêtes des murs dans le but de les protéger de la végétation et des intempéries. Tous les murs se voient donc remontés de deux ou trois assises, qui sont ensuite recouvertes par une chape en ciment ; selon le même procédé, les angles des murs endommagés sont reconstruits (fig. 190, Pl. I-II). Les matériaux employés pour les restaurations sont cette fois-ci aisément reconnaissables et identifiables par rapport aux matériaux antiques. Les briques modernes sont toutes de dimensions égales (28 x 3 cm) et de couleur rouge foncé ; le liant employé est un ciment grisâtre à la pâte homogène et dure, qui ne peut être confondu avec un mortier antique. Le parement des nouvelles assises est placé légèrement en retrait par rapport au parement antique, de manière à accentuer encore davantage sa visibi-

Fig. 191.  CTF, pièce (A), mur sud - état des structures avant et après les restaurations de 2017 (photo P.T.).

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lité (les restaurateurs parlent encore aujourdh’hui de scuretto di demarcazione). À l’entrée de l’édifice, un petit label indique les années de la restauration, de telle manière que même le visiteur le moins averti ne peut se tromper. Phase 8c :

restaurations de

2012, 2016

et

2017

L’histoire récente du Caseggiato delle Taberne Finestrate est l’histoire d’un édifice en lutte constante contre la nature et le temps. La végétation vigoureuse du littoral romain a causé au cours du temps plusieurs petits dégâts aux structures, notamment au mur USM 60, dans la cour (b), qui a perdu une partie de son parement et a subi un regonflement à cause d’un buisson de ronces et d’un figuier. À cette fin, deux campagnes de dévitalisation des plantes et de nettoyage des structures ont été mises en place en 2012 et en 2016, durant lesquelles plusieurs trous dans les murs ont été rebouchés avec du mortier synthétique, plus perméable que le ciment. En effet, le ciment utilisé dans les restaurations de 1967 commence aujourd’hui à causer des problèmes aux structures antiques, puisque la dureté du matériau ne permet pas au mur d’évacuer l’humidité qui remonte depuis le sous-sol. Cela a causé la fissuration de plusieurs murs et le détachement de la chape de ciment moderne, comme pour le mur USM 23, qui a dû être restauré en avril 2017 après que la partie moderne s'est décollée, causant la destruction partielle du mur antique (fig. 191, Pl. VI). Aujourd’hui, l’édifice résiste bien aux ravages du temps et de la nature, et constitue une destination prisée par les quelques touristes qui s’aventurent aussi loin dans le parc archéologique, notamment à cause du grand pin parasol qui les protège de la chaleur du soleil ostien.

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Notes Rinaldi 2015 ; Rinaldi n.p. Par ailleurs, M. Marano a appliqué ces observations à l’étude stratigraphique du Caseggiato dei Lottatori en démontrant par un cas concret comment les interprétations passées avaient été faussées par des restaurations incorrectes (Marano n.p.). Des conclusions analogues ont également été formulées par N. Bauers pour les insulae dell’Ercole Bambino et del Soffitto Dipinto (Bauers 2018, 198-199). 2 Bukowiecki/Dessales/Dubouloz 2003, 526. 3 D’autant plus que nous ne disposons d’aucune documentation pour les fouilles, ce qui rend l’interprétation des structures encore plus dangereuse. 4 Calza et al. 1953, 45. 5 Pour une synthèse historiographique sur la recherche archéologique en Italie durant le XXe siècle, nous renvoyons au texte de D. Manacorda (Manacorda 1982, 85-119). Les théories de Boni mirent longtemps à être mises en pratique, et au cours des fouilles d’Ostie elles ont été jugées inadéquates pour la mise au jour d’une cité entière, pour laquelle une fouille stratigraphique aurait demandé beaucoup trop de temps. Voir à ce propos Rinaldi 2015, 53. Pour un aperçu plus large de la problématique des restaurations passées à Ostie nous renvoyons également au numéro XXV-1 de la revue Forma Urbis, paru en mars 2020 et dédié à « Ostia antica: storia e archeologia alle porte di Roma », avec plusieurs contributions sur le sujet. 6 Bocchino 1996, 145-164. 7 Gallico 2007 ; Rinaldi 2015, 55-56. 8 Archives de l’état Italien, fonds de l’Exposition Universelle de Rome de 1942 ; ACS, E42, b934, fasc. 8618. 9 Le cas de l’Insula di Diana, restaurée en 1920 par I. Gismondi, est un cas exemplaire de restitution physique d’un édifice antique, où les balcons et une partie des étages a été reconstruit en intégrant des parties antiques retrouvées au pied des murs (Rinaldi 2015, 55-56). 10 Dont le coût total a été, selon la note de frais retrouvée dans les archives de l’État italien, de 2.058.900 lires, c’est-à-dire à peu près 28.100 €, en tenant compte du pouvoir d’achat de l’époque. ACS, AA.BB.AA, Div. II, 1952-1960, fasc. 70. 1

Partie II Ostiensia fragmenta picta : étude des enduits peints

Avant-propos Les fouilles réalisées en 1973 dans le Caseggiato delle Taberne Finestrate ont livré un ensemble conséquent d’enduits peints fragmentaires, répartis sur l’ensemble des couches stratigraphiques mises en évidence dans la pièce (A) du caseggiato. Bien que privées d’une relation physique avec les structures sous-jacentes, les peintures conservées se sont avérées d’une importance cruciale pour la connaissance de la production picturale ostienne de la fin de la République au début de l’époque médio-impériale. En effet, elles comptent parmi les rares attestations à Ostie de peintures de premier, deuxième et quatrième style. Grâce à l’état de conservation et à la grande homogénéité des fragments, un grand nombre de décorations de paroi et de plafond ont pu être identifiées et restituées. Un contexte aussi riche, pourtant si prometteur, n’avait jamais fait l’objet d’une étude particulière ; la centaine de caisses d’enduits produites par les sondages d’A.M. Veloccia Rinaldi ont été stockées dans les étagères des dépôts archéologiques du site, où elles sont restées intactes pendant près d’un demi-siècle. En 2012, nous avons eu l’opportunité de prendre en main l’étude du contexte dans le cadre de notre mémoire de maîtrise puis de notre thèse de doctorat. L’étude des peintures fragmentaires du Caseggiato delle Taberne Finestrate a donc bien avancé, notamment parce qu’elle s’insère dans le cadre d’un projet plus vaste, dénommé Fragmentary Paintings from Ostia (FPO), consacré à l’ensemble de la peinture ostienne fragmentaire datant des Iers siècles av. et ap. J.-C. Dans le cadre de ce projet, réalisé en collaboration avec S. Falzone et M. Marano, plusieurs contextes ont été étudiés à ce jour, parallèlement au Caseggiato delle Taberne Finestrate : le Caseggiato dei Lottatori, les Terme Bizantine, l’Insula del Viridario, l’édifice V, II, 2 et plusieurs lots de fragments d’origine incertaine. Les principaux résultats de ces travaux ont récemment fait l’objet d’une série de publications, reprises en bibliographie.1 Les pages qui suivent présenteront une synthèse des principaux résultats obtenus au cours de l’étude du contexte, qui nous a occupés au cours des dernières années. Avant de présenter les différents lots de fragments analysés, nous avons jugé bon d’expliciter en détail la méthodologie employée et les objectifs espérés de l’étude. De plus, un état de nos connaissances sur la peinture ostienne sera brièvement exposé, pour mieux

illustrer l’intérêt et l’importance du travail sur les peintures fragmentaires. La peinture murale antique à Ostie :

état de la question et bilan des recherches

La ville antique d’Ostie est souvent considérée comme principal témoin pour la connaissance de la peinture murale de « l’après 79 », c’est-à-dire de la production picturale postérieure à l’éruption du Vésuve. Cette réputation est bien fondée, dans la mesure où le port de Rome conserve un nombre sans égal de décorations peintes datant du début du IIe siècle ap. J.-C. jusqu’à la fin du Ve siècle ap. J.-C. ; leur excellent état de conservation et la présence de plusieurs contextes contemporains permettent de retracer l’évolution de la décoration picturale de l’époque médio-impériale à l’antiquité tardive en Italie centrale.2 Ainsi, les parois peintes du grand complexe des Case a Giardino – en particulier de l’Insula delle Muse et de l’Insula delle Ierodule 3 (fig. 192) 4 – offrent la rare opportunité d’observer les différentes formes prises par les décorations de la ­première moitié du IIe siècle ap. J.-C. Prolongement direct du quatrième style, la production picturale du règne d’Hadrien oscille entre tradition par rapport au répertoire précédent et rupture des schémas et des règles passées, pour arriver à une création nouvelle combinant les motifs et les schémas des styles antérieurs5 (figs 192-193). De la même manière, les décors de l’Insula delle

Fig. 192.  Insula delle Ierodule, salle 4, parois est et nord (photo S. Falzone).

167

Avant-propos

Fig. 193.  Insula delle Muse, pièce 5, murs sud et ouest (photo S. Falzone).

Pareti Gialle, du Caseggiato del Temistocle et de l’Insula di Giove e Ganimede sont fondamentaux pour étudier la peinture antonine, devenue plus standardisée, presque sérielle, où un même schéma est répété en modules dans les espaces secondaires et où, pour les salles d’apparat, les aplats de couleurs et les représentations bidimensionnelles, souvent en contraste, deviennent l’aspect privilégié d’une décoration6 (fig. 194). Ces éléments se retrouvent renforcés dans les décorations datées du IIIe siècle ap. J.-C., comme celles de la Caupona del Pavone, de l’Insula dell’Aquila, de l’Insula delle Pareti Gialle et de l’Insula delle Volte Dipinte (fig. 195), qui montrent une peinture à la fois traditionnaliste pour les salles d’apparat et de plus en plus libre et personnelle pour les espaces à fréquentation privée.7 Les peintures les plus tardives retrouvées dans la ville, notamment dans le Mitreo dei Marmi colorati et la Caupona del dio Pan,8 datant du IVe-Ve siècle ap. J.-C., montrent

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qu’à la fin de l’empire la peinture imite des décorations en opus sectile, qui constituent désormais l’expression artistique privilégiée par les riches propriétaires ostiens.9 Cette rapide esquisse présente l’état de la connaissance sur la peinture ostienne telle qu’elle est présentée dans les manuels.10 Comme il est aisé de s’en rendre compte, la production picturale précédant le IIe siècle ap. J.-C. est pratiquement absente. Cela est dû au fait que l’étude de la peinture d'Ostie pour cette période – celle qui correspond aux styles (improprement mais conventionnellement) qualifiés de « pompéiens » – est une affaire encore récente. Jusqu’il y a peu, la peinture du port de Rome était citée comme continuation chronologique des peintures de Pompéi, comme le disait par exemple C. Van Essen, qui commençait son analyse des peintures ostiennes à partir du IIe siècle ap. J.-C. en proclamant que la peinture du port de Rome commençait après celle de Pompéi.11 Le fait est que très peu d’attestations in situ se conservent avant le règne de Trajan, à quelques exceptions près – comme la Domus dei Bucrani et le Santuario della Bona Dea dans la Regio V. Cela est dû en grande partie aux importants travaux de restructuration urbaine opérés sous le règne d’Hadrien, déjà abordés précédemment (p. 111 et sv.), mais également à l'histoire des fouilles d'Ostie, puisque les sondages approfondis descendant en-dessous du niveau médio-impérial sont encore très rares. Aujourd’hui, grâce à un patient travail de recomposition de toute une série de peintures fragmentaires provenant des remblais massifs liés à ces grands travaux de reconstruction médioimpériaux,12 le nombre d’attestations ostiennes

Fig. 194.  Insula di Giove e Ganimede, tablinum, paroi est (photo P.T.).

Avant-propos

Fig. 195.  Insula delle Volte Dipinte, salle IV, voûte (photo S. Falzone).

pour les périodes antérieures au IIe siècle ap. J.-C. s’est sensiblement accru (fig. 196). Bien que généralement hors contexte, ces décorations fragmentaires revêtent une importance particulière, dans la mesure où elles permettent d’avoir une vue beaucoup plus complète de l’ensemble de la production picturale ostienne pour une période qui – jusqu’il y a peu – était entièrement méconnue. La peinture ostienne d’avant le règne d’Hadrien montre une adhésion complète des peintres ostiens aux modèles préconisés dans la capitale et exportés dans tout le monde antique, dont les villes vésuviennes ont offert un aperçu aussi complet que qualitativement important. Ainsi, les plus anciennes décorations retrouvées dans la ville correspondent à la définition donnée par A. Mau du premier style,13 avec des représentations en relief d’appareils muraux, rehaussés par des profondes incisions qui constituent l’essentiel de la décoration. C’est ce que montrent les quelques fragments étudiés par S. Mols, provenant des fouilles de l’Insula di Giove e Ganimede,14 ceux de la Domus dei Bucrani, en cours d’étude par Th. Morard et L. Motta et ceux des fouilles du Caseggiato delle Taberne Finestrate15 (fig. 197), qui seront présentés plus loin.

Le deuxième style "ostien" est, entre tous, le mieux connu, grâce à l’exceptionnelle découverte de la Domus dei Bucrani, sous la Schola del Traiano. L’édifice, construit aux alentours de la moitié du Ier siècle av. J.-C., connut une phase de vie très limitée, puisqu’il fut détruit à l’époque augustéenne pour laisser la place à la Domus a Peristilio. Cela a permis de sceller une grande partie des décorations pein­ tes de la maison sous les niveaux augustéens, en partie in situ, en partie à l’état fragmentaire. Les décorations conservées s’organisent en une succession d’orthostates et de panneaux en imitation de marbres, surmontés par des frises figurées (dont la désormais célèbre frise des nains ; fig. 198) et de nombreux éléments de stuc.16 La décoration de la domus se caractérise par sa grande qualité, aussi bien dans l’exécution matérielle – avec une réalisation très fine et l’emploi massif du cinabre – que dans la représentation des motifs. Les peintures de la Domus dei Bucrani renvoient aux modèles urbains connus pour cette période, qui ne trouvent de parallèles que dans les plus riches résidences du Palatin. Des peintures d'égal intérêt, même si plus fragmentaires, commencent à être connues, notamment dans les Terme Bizantine et le Tempio dei Fabri Navales ainsi que, une fois encore, notre caseggiato.17

169

Avant-propos

Fig. 196.  Ostie, plan de répartition des peintures tardo-républicaine et alto-impériale (Tomassini 2019 (c), fig. 1).

Les décorations de troisième style restent très peu attestées dans la ville, avec quelques exemples de la Piazza delle Corporazioni,18 de la cella du temple dans le Santuario della Bona Dea dans la cinquième région 19 et des fouilles des Terme Bizantine (fig. 199), où un plafond à motif géométrique a pu récemment être restitué.20

La situation inverse se présente pour le quatrième style à Ostie, dont plusieurs décorations sont attestées, réparties sur l'ensemble de la ville. L’exemple le plus connu de décoration in situ est celle du portique du Santuario della Bona Dea21 (fig. 200), mais il en existe d’autres, notamment dans la Domus a Peristilio,22 les Terme dei Sette

Fig. 197.  Fragments de premier style provenant du CTF (réélaboré à partir de Falzone & Tomassini 2018).

Fig. 198.  Domus dei Bucrani, oecus, détail de la décoration fragmentaire (d’après Morard 2007, fig. 84).

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Avant-propos

Fig. 200.  Santuario della Bona Dea, décoration du portique : détail (Marano & Tomassini 208, fig. 5).

Fig. 199.  Terme Bizantine, plafond fragmentaire (Falzone et al. 2018, fig. 4). Fig. 201. Fragments de quatrième style des fouilles du Macellum (Kockel & Ortisi 2000, fig. 5).

Fig. 202. Restitution d’une paroi à partir des fragments du C. dei Lottatori (D.A.O. M. Marano, de Marano & Tomassini 2018, fig. 2).

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Sapienti23 et l’édifice V, II, 2.24 Plus récemment, plusieurs décorations fragmentaires ont été identifiées, entre autres dans l’Insula di Diana,25 dans les fouilles du Macellum26 (fig. 201), dans les sondages réalisés par M. Heinzelmann dans la Regio V de la ville27 et durant les fouilles des Terme del Sileno de l’Université de Bologne.28 Les portions conservées n’ont, généralement, pas pu être restituées en raison de la grande fragmentation des décors. Les études menées par le Centro Studi Pittura Romana Ostiense (dorénavant CeSPRO) ont permis d’ajouter de nouveaux contextes picturaux, qui offrent un aperçu plus large de la production ostienne de quatrième style. Les lots de fragments les plus importants proviennent des fouilles du Caseggiato dei Lottatori (fig. 202), de l’édifice V, II, 2, des Terme Bizantine et, in fine, du Caseggiato delle Taberne Finestrate. La possibilité d’étudier plusieurs ensembles de décors contemporains provenant de différents endroits de la ville, ainsi que la chance de disposer de quelques peintures encore in situ ont permis d’acquérir une série de données sur l’organisation du travail des ateliers actifs à Ostie dans la deuxième moitié du Ier siècle ap. J.-C.29 La peinture de cette époque est, encore une fois, de grande qualité et peut être rapprochée en matière de technique, goût, choix chromatiques et rendu du détail à la production picturale urbaine.30 Dans cette phase de renouveau de la recherche sur la peinture ostienne, le Caseggiato delle Taberne Finestrate occupe une place de premier plan, dans la mesure où ses nombreuses décorations fragmentaires ont contribué de façon importante à combler partiellement les lacunes sur la peinture des styles « pompéiens » à Ostie. Notes Des réflexions ont été proposées par S. Falzone, M. Marano et Tomassini aux XIIe et XIIIe colloques de l’AIPMA (voir Conte et al. 2017, Falzone 2017, Marano 2017 (b) et Marano/Tomassini 2018). La présentation détaillée des différentes décorations étudiées se retrouve également dans Conte et al. 2018 ; Falzone 2016 ; Falzone 2018 ; Falzone et al. 2018 ; Falzone/ Marano/Tomassini 2021, Marano 2018 ; Tomassini 2016 (a) ; Tomassini 2016 (b). ; Tomassini 2019 (b). Nous renvoyons également aux articles de ces mêmes auteurs dans Cavalieri/Tomassini 2021. 2 Pour une étude complète et globale de la peinture à Ostie, nous renvoyons à l’excellent ouvrage de S. Falzone Ornata Aedificia, qui prend en considération l’ensemble des attestations de peinture connues jusqu’à sa publication (Falzone 2007). 3 Les deux dernières conservent exceptionnellement l’ensemble de leur système décoratif, y compris les plafonds pour l'Insula delle Ierodule. 4 Nous sommes particulièrement reconnaissants envers S. Falzone pour avoir mis à notre disposition ses pré1

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cieuses archives photographiques sur la peinture ostienne. Baldassarre et al. 2002, 279-283 ; Falzone 2007, 51-95 ; Mols 2001, 327-330. 6 Baldassarre et al. 2002, 284-296 ; Falzone 2007, 99-129 ; Mols 2001, 329-331.  7 Falzone 2004, 61-74/155-167/127-136 ; Falzone 2007, 133-141 ; Felletti Maj 1961 ; Mols 2001, 329-332. 8 David/De Togni/Graziano 2019. 9 Falzone 2002, 170-174. L’exemple le plus spectaculaire d’opus sectile pariétal tardo-antique est sans nul doute l’opus sectile de Porta Marina, retrouvé dans les années 1960 (Becatti 1969) et conservé aujourd’hui au Museo dell’Alto Medioevo à Rome. 10 En particulier, nous conseillons Barbet 2009 et Baldassarre et al. 2002. 11 Van Essen 1956-1958, 155-181. 12 Sur la question des rehaussements à Ostie et de la présence élevée de fragments d’enduits peints nous renvoyons à Tomassini 2019 (a). 13 Mau 1882 ; Barbet 2009, 25-26. 14 Mols 2002, 152. 15 Déjà publiés dans Tomassini 2019 (b) ; Falzone/Tomassini 2019. 16 Bocherens 2012 ; Falzone 2007, 25-30 ; Morard 2007, 54-79. Plus récemment, voir Girard/Morard 2019. 17 Sur les peintures de deuxième style des Terme Bizantine, voir Conte et al. 2017 et Falzone et al. 2018 ; sur celles des Fabri Navales, voir Alavoine/De Ruyt 2007 et, pour les peintures du caseggiato, Tomassini 2019 (b). 18 Pohl 1978. 19 Falzone 2006 ; Falzone 2007, 41-42. 20 Conte et al. 2018 ; Falzone et al. 2018. 21 Falzone 2006 ; Falzone 2007, 41-44 ; Marano/Tomassini 2018. 22 Sur le côté est du portique du péristyle, sous la Schola del Traiano. La peinture, appartenant à une zone inférieure avec bordures ajourées, est brièvement mentionnée dans Morard/Wavelet 2002, 801-802 et présentée par Falzone 2004, 139-142. 23 Il s’agit d’une grande portion d’enduit avec un couple de bœufs tiré par un personnage de dos, datant du début du IIe siècle ap. J.-C. et déjà publiée par S. Mols en 1999 dans son article sur les thermes en question (Mols 1999, 299-302 ; Mols 2002, 151-174). 24 Falzone 2007, 44. 25 Falzone 2007, 45-47 avec bibliographie mentionnée. 26 Kockel 2010, 481-487 ; de nombreux lots de fragments de quatrième style ont été retrouvés dans une épaisse couche de rehaussement, avec une série de guirlandes végétales, des candélabres, des éléments architecturaux et des fragments de scènes figurées avec des personnages et des animaux. 27 Bauer et al. 2000, 404-407 ; Mols 2000, 406-407 ; les décorations sont datées du IIe siècle ap. J.-C. mais présentent, selon S. Mols, toutes les caractéristiques du quatrième style. 28 David et al. 2017. 29 Cfr. note 1. 30 Falzone et al. 2019. 5

Du bon usage du fragment d’enduit peint Petit compendium méthodologique L’étude de la peinture fragmentaire est une discipline encore récente, qui ne s’est développée qu’au cours des dernières années, sous l’impulsion des excellents centres de recherche entièrement dédiés à la peinture murale, in primis le Centre d’Étude des Peintures Murales Romaines (CEPMR) de Soissons, et des nombreuses associations scientifiques, notamment l'AIPMA, l'Association internationale pour la peinture murale antique et ses émanations en France (AFPMA) et Italie (AIRPA), qui contribuent au dynamisme de la discipline. À la fois image et objet archéologique, le fragment d’enduit, par ce double statut, est potentiellement porteur d’une grande quantité d’informations, qu’il faut savoir exploiter. Le premier objectif d’une étude d’enduits peints fragmentaires est – bien entendu – l’identification et la restitution des décors dont seules des portions sont conservées. Toutefois, une analyse approfondie peut apporter beaucoup plus d’informations que la simple restitution d’apparats décoratifs : les fragments d’enduits nous renseignent sur les procédés techniques de réalisation d’une peinture, les matériaux utilisés et leur mise en œuvre ; cela peut aider à la compréhension des dynamiques de production d’ateliers ou de peintres spécifiques, qui peuvent parfois être identifiés sur la base d’une observation des techniques. Ensuite, les fragments d’enduit peuvent aider à restituer l’architecture qu’ils ornaient, grâce aux empreintes présentes sur les revers, les dimensions restituées de la décoration et l’éventuelle trace d’éléments particuliers comme des fenêtres, des niches ou des meubles. Enfin, les surfaces des peintures conservent bien souvent des indices qui peuvent témoigner de la vie des pièces qu’elles décoraient, de leur utilisation ou de leur durée de vie. Afin de tenir compte de tous ces éléments et de tirer toutes les informations potentiellement contenues dans les fragments, il faut mettre en œuvre une approche rigoureuse et méthodique, qui tienne compte aussi bien de la décoration représentée que des caractéristiques techniques et matérielles du fragment. Cette approche nouvelle de l’étude de la peinture murale antique, qui ne considère plus la peinture du point de vue historico-artistique mais également pour son aspect archéologique, architectural, technique et artisanal, s’est tellement

développée au cours des dernières années que l’Association française pour la peinture murale antique (AFPMA) a senti la nécessité de donner un nom à cette sous-discipline : le néologisme « toichographologie » a ainsi été inventé (de τοῖχος, le mur), sur proposition de P. Vannier, de l’Académie française.1 Dans les pages qui suivent, nous présenterons de manière succincte la méthodologie employée dans le cadre de l’étude des fragments peints du Caseggiato delle Taberne Finestrate ainsi que de tous les contextes de peintures fragmentaires issus de remblais et donc en position secondaire. Cette méthode est celle qui a été développée au sein du CeSPRO au cours des dernières années, enrichie par nos expériences acquises au CEPMR, 2 unanimement reconnu comme un des centres majeurs pour la toichographologie moderne. Toutes les étapes seront détaillées, du nettoyage des fragments à la restitution des décorations. Nettoyage et consolidation des fragments La première étape dans l’approche de tout matériel archéologique est son nettoyage. Loin d’être anodine, cette première phase de travail est fondamentale, dans la mesure où elle constitue le premier contact avec les fragments, qui permet d’avoir une bonne vision de l’ensemble du matériel. Dans le cas des fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate, les enduits étaient conservés dans des caisses en plastique, encore recouverts

Fig. 203. Fragments du CTF en cours de nettoyage (photo P.T.).

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Du bon

usage du fragment

Fig. 204. CTF, fragments de quatrième style, variantes d’une même bordure (photo P.T.).

de terre. Il a fallu retirer cette dernière, tout en évitant d’endommager la surface picturale, généralement à sec avec une brosse à poils de dureté moyenne (fig. 203). Afin d’améliorer la lisibilité de la surface picturale, les fragments en meilleur état de conservation ont également été nettoyés à l’eau (déminéralisée si l’eau courante est trop calcaire) et frottés avec une brosse et une éponge. Les éventuelles concrétions de terre ou de mortier ont été retirées grâce un bistouri. Une fois secs, quelques petits fragments peuvent éventuellement être recollés entre eux avec de la colle à bois, qui est soluble dans l’acétone et donc réversible. Toutefois, cette pratique a été, dans la mesure du possible, évitée. En effet, la colle ajoute une épaisseur supplémentaire et peut entraver le rassemblement de plusieurs fragments appartenant à une même plaque. De la même manière, aucune consolidation des surfaces n’a été réalisée au moyen de résines acryliques (type Paraloïd ou Primal), dans la mesure où ces substances peuvent abîmer la surface picturale et sceller les couches de saleté si les fragments sont mal nettoyés ou encore humides. Subdivision, fragments

assemblage et regroupement de

La deuxième étape du travail est cruciale dans l’analyse des fragments, puisqu’elle constitue la base de l’étude. Devant une grande quantité de matériel, il est nécessaire de le répartir en plusieurs groupes pour le rendre plus facile à gérer. L’objectif d’une telle démarche est d’identifier et isoler des groupes de fragments qui ont plus de

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chances d’appartenir à une même paroi ou une même portion de paroi. La tâche est loin d’être aisée, puisque rien ne permet d’affirmer avec certitude que deux fragments isolés appartiennent à une même paroi s’ils ne collent pas ensemble. Il faut donc trouver des indices qui permettent de donner plus de valeur aux propositions de restitution. Heureusement, une observation minutieuse des fragments permet de formuler des hypothèses non seulement plausibles mais probables. Plusieurs critères entrent en compte, aussi bien du point de vue de la décoration que des caractéristiques technico-matérielles des fragments (support, traitement de surface, empreintes et tracés). Plus ces critères sont nombreux et précis, plus les chances de constituer des groupes pertinents augmentent. Ce n’est qu’en multipliant et en combinant les différentes observations que l’on arrivera à identifier d’une manière précise différents systèmes décoratifs, et que l’on pourra arriver à un résultat final satisfaisant. Les lignes qui suivent regroupent en trois catégories distinctes (décoration, support et traces) le type d’information que l’on peut tirer d’une analyse approfondie des enduits ; nous tâcherons d’expliciter comment ces critères peuvent permettre de rapprocher entre eux des fragments différents. La décoration La décoration est toujours le premier élément observé. Tout en étant l’élément le plus subjectif et aisément contestable de l’analyse, elle n’en demeure pas moins le point de départ et d’arrivée de toute étude sur la peinture murale anti-

Compendium méthodologique que. C’est pour cette raison qu’une première subdivision du matériel est opérée en fonction de la couleur de fond des fragments. Cela permet de constituer des « macro-groupes » au sein desquels il sera plus aisé de trouver des collages ou des fragments ayant appartenu à une même partie de paroi. Ensuite, une deuxième subdivision regroupe les enduits en fonction du motif décoratif représenté, par exemple les éléments figurés, les éléments architecturaux et les éléments végétaux (fig. 204). Un œil plus entraîné pourra affiner cette classification et reconnaître un même traitement des couleurs, une touche de pinceau similaire ou des couleurs semblables pour des éléments communs. Dans le cas des colonnes, par exemple, une association de fragments peut être faite en fonction de l’épaisseur des colonnes, de leurs couleurs ou de la manière dont elles ont été peintes, la technique employée ou la manière dont le relief est rendu. Une fois les différents fragments répartis de manière plus ou moins arbitraire, il s’agira de rassembler le plus de fragments entre eux pour constituer des plaques les plus amples possibles. À cette fin, un rôle de premier plan est joué par la recherche des collages entre les fragments. Cette recherche est aidée, notamment, par l’identification du sens de lissage de la couleur de fond, puisque l’on présuppose que les aplats de couleur constituant le fond des panneaux ont été appliqués de la même manière, et que le lissage d’un même panneau a été effectué selon un geste répété et dans le même sens, de la droite vers la gauche, de la gauche vers la droite, du bas vers le haut ou du haut vers le bas. L’identification du sens de lissage est également utile pour orienter les différents fragments d’un même groupe dans le même sens et ainsi faciliter la lecture des motifs et la recherche des collages.3 Une fois les plaques reconstituées, il s’agira de leur associer – dans la mesure du possible – les fragments restés isolés. En absence de collages, il faut affiner la recherche et trouver d’autres moyens de regrouper les fragments entre eux. L’observation de la seule décoration n’est pas suffisante  : en effet, la source la plus riche d’informations n’est pas tant «  l’avant  » du fragment, mais bien ce qu’il y a derrière.

une ou plusieurs couches de mortier (intonaco),4 de compositions et d’épaisseurs généralement différentes (fig. 205). Les fragments d’enduits, détachés de leur support originel, conservent la plupart de ces couches de mortier. Dans la préparation d’un enduit, les artisans pouvaient faire preuve d’une grande liberté, aussi bien dans la composition des couches que dans leur nombre, leur ordre ou l’épaisseur.5 Cela crée un grand nombre de variables qui font que deux parois ont rarement été réalisées de la même manière, et que des petites différences – même très légères – existent d’une paroi à l’autre, et même d’une zone de paroi à l’autre. On peut donc en déduire que, si deux fragments partagent la même décoration et une même préparation, il est fort possible qu’ils aient une origine commune, ou du moins qu’ils appartiennent à des décorations réalisées selon un procédé commun. En effet, même si un atelier utilise la même technique de préparation dans plusieurs travaux, il s’agit toujours d’un produit artisanal, qui fait qu’une production n’est jamais tout à fait identique d’une paroi à l’autre. Dès lors, une observation attentive des mortiers peut permettre de rapprocher ou de séparer des fragments  entre eux. C’est pour cette raison que, au cours des dernières années, de plus en plus d’analyses pétrographiques se sont développées6 sur les mortiers d’enduits peints, visant à identifier la nature, la provenance et la mise en œuvre des matériaux employés. En absence d’analyses, une simple observation macroscopique des mortiers – bien que purement empirique – peut apporter beaucoup de réponses. En comparant les caractéristiques principales de la matrice (couleur, consistance, granulométrie) et des agrégats (formes, dimensions, variété), une deuxième subdivision des fragments peut être opérée. Ces observations restent bien entendu limitées, elles ne servent pas moins de point de repère et d’argument pour associer entre eux deux groupes qui ne semblent pas liés à première vue. Dans le cas de l’étude des fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate, l’analyse autoptique des mortiers a été confortée, pour les ensembles plus importants, par des analyses pétrographiques (cfr. infra).

Étude du support : nature et composition des couches de préparation

Étude de la couche picturale : micro-stratigraphie des couleurs

La peinture murale antique est réalisée selon un procédé fort semblable à la fresque : les pigments n’étaient pas étendus directement sur le mur, ils étaient posés sur une couche de mortier de chaux humide (intonachino), elle-même appliquée sur

La technique picturale romaine prévoyait que les pigments, dilués avec un peu d’eau ou de lait de chaux, étaient appliqués sur l’enduit frais, de manière à ce que, par le principe de carbonatation de la chaux,7 elles restent « emprisonnées »

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Du bon

usage du fragment

Fig. 205. CTF, fragments de quatrième style en coupe avec préparations de mortiers similaires (photo P.T.).

dans le mortier, ou pour reprendre les termes de Vitruve, « colores autem udo tectorio quum diligenter sunt inducti, ideo non remittunt, sed sunt perpetuo permanentes, quod calx, in fornacibus excocto liquore, et facta raritatibus euanida, ieiunitate, coacta corripit in se quae res forte contigerunt, mixtionibusque ex aliis potestatibus collatis seminibus seu principiis, una solidescendo in quibuscumque membris est formata, quum fit arida, redigitur, uti sui generis proprias uideatur habere qualitates ».8 La description de cette technique semble en apparence celle de la fresque, mais lorsque l’on observe en détail la surface des décors l’on se rend compte que ce dernier est constitué d’une série de couches superposées, en partie a fresco mais également a mezzo fresco et a secco. Pour que les couleurs puissent adhérer sur des surfaces plus sèches, l’emploi de souscouches9 et de liants était nécessaire ; cela était spécialement le cas pour des couleurs difficiles à étaler10 ou pour des motifs ornementaux et autres éléments secondaires, qui sont généralement peints dans un second moment par rapport aux couleurs de fond et aux éléments principaux qui structurent la paroi. En observant de près les surfaces picturales, il est possible de réaliser une véritable analyse micro-stratigraphique pour identifier la superposition des différentes couches de couleur et recréer ainsi les gestes des peintres qui ont amené

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à la création du décor. C’est ce que l’on peut bien voir sur la fig. 206, qui montre une coupe en lame mince d’un fragment peint : on peut clairement voir la superposition des couches, où seule la couleur de fond (le jaune) a été réalisée a fresco, puisqu’elle pénètre dans la masse du mortier ; la couche picturale, de couleur rose-violette, lui a été superposée a secco, comme le montre la division nette entre les couches et l’absence de pénétration du pigment dans la masse du mortier ; un liant a donc été utilisé. En plus de fournir une

Fig. 206. Coupe en lame mince d’un fragment au microscope à lumière transmise, agrandie 4x (E. Cantisani).

Compendium méthodologique

Fig. 207. CTF, fragments de deuxième style piquetés. A : piquetage sur face ; B : fragment avec deux niveaux de décors superposés ; C : empreintes positives sur le revers du deuxième niveau de décor ; D : vue en coupe (photo P.T.).

série d’informations précieuses sur les techniques d’exécution des artisans romains, l’observation détaillée des surfaces peut être un précieux atout pour unir ou séparer différents fragments d’un même groupe. Marques, tracés et empreintes À côté de la surface et du support, certaines marques, des traces qui témoignent de la vie de ces parois, peuvent aider à regrouper avec plus de certitude (ou plutôt, moins d’incertitude) des fragments entre eux.11 Nous citerons uniquement celles qu’il nous a été donné de voir sur les fragments étudiés. Traces de piquetage : par trace de piquetage on entend la cicatrice laissée par des coups de piochon, visible sur la surface d’un décor (fig. 207 A). Loin d’être l’œuvre d’archéologues peu soigneux, les traces de piquetage témoignent de l’histoire d’une paroi. En effet, les surfaces peintes étaient « piquetées » pour faciliter l’adhérence d’une deuxième couche picturale. Lorsque le propriétaire voulait changer la décoration d’une pièce (parce qu’elle était abîmée ou que les goûts avaient évolué), plutôt que de détruire l’ancienne et en refaire une nouvelle, il était plus facile dans bien des cas d’y superposer la nouvelle décoration, quelques

fois en appliquant à nouveau un ou plusieurs niveaux de mortier pour une meilleure adhérence de la couche picturale.12 Ces marques ne sont pas très fréquentes, et leur présence répétée sur un certain nombre de fragments peut nous aider à supposer qu’ils proviennent d’une même paroi, ou du moins d’un même contexte (si et seulement si les autres conditions de ressemblance sont également remplies). Toutefois, si la présence de ces marques peut être dans certains cas déterminante, leur absence ne permet pas d’exclure du groupe les fragments qui n’en sont pas pourvus. En effet, il suffit que le fragment ait appartenu à une partie « vierge » de la paroi13 ou à un endroit où la pioche n’a pas frappé pour qu’on ne pense pas dans un premier temps à l’unir à un autre. Les traces de piquetage peuvent également se trouver à l’arrière des fragments, imprimés en positif dans le mortier de la dernière couche (première couche appliquée) (fig. 207 C). De telles marques indiquent que la décoration a été réalisée sur une autre déjà existante, ce qui permet de l’associer ou non à d’autres groupes. Dans certains cas, il arrive que les deux couches de décoration soient restées collées l’une à l’autre, et que l’on trouve des fragments caractérisés par une double épaisseur (fig. 207-B/D). Des exemples de ce type sont doublement intéressants, puisqu’ils permettent, lorsque la première décoration (la

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Du bon

usage du fragment

Fig. 208. CTF, fragments d’enduits, empreintes de systèmes d’accrochage. A : incisions parallèles ; B : roseau pour accrochage d’un plafond ; C : incisions en X (photo P.T.).

plus ancienne) est encore visible et/ou représentée par d’autres fragments, de comparer deux états de décoration d’une même pièce. Si les deux décorations peuvent être datées d’une manière ou d’une autre, il est possible de déterminer la durée de vie d’une paroi peinte. Incisions et systèmes d’accrochage : un autre élément dont il faut tenir compte est la présence – ou l’absence – de traces laissées par le support mural. Quelques fois, l’empreinte des moellons, des briques ou d’un lattis (dans le cas d’une cloison)

est conservée à l’arrière des fragments. Souvent, les traces que l’on observe sont les empreintes positives des incisions appliquées dans la couche précédente (fig. 208-A/C). Si toutes les couches de mortier ne sont pas conservées, on peut retrouver parfois les traces des incisions appliquées pour l’accrochage des couches de mortier sur la première couche d’intonaco (parfois appelée rinzaffo). Ces empreintes sont utiles pour l’identification d’une même manière d’agir ou d’un atelier ou une époque en particulier,14 et peuvent renseigner sur le type de support que les peintures recouvraient.

Fig. 209. CTF, bordure d’étoiles et fleurs, incisions préparatoires (P.T.).

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Compendium méthodologique Dans le cas d’un plafond peint, les fragments conservent généralement l’empreinte des roseaux (généralement de la canne de Provence) sur laquelle était jetée – arricciata – la première couche de mortier (fig. 208-B). L’intérêt des empreintes de roseau est double, puisqu’en plus d’attribuer les enduits à un décor de plafond, elles permettent aussi de donner une orientation aux fragments entre eux et à l’intérieur d’une pièce.15 Tracés et dessins préparatoires : parmi les marques utiles au regroupement des fragments, on peut citer également les tracés préparatoires, comme les incisions (à la pointe sèche, à la ficelle ou au compas) ou les dessins (à l’ocre, la sinopia) encore visibles en-dessous de la couche picturale16 (fig. 209). Le peu de temps à disposition pour peindre une paroi a fresco obligeait dans bien des cas les peintres à préparer le dessin par ces stratagèmes sur la dernière couche de mortier, surtout pour les motifs géométriques ou les bordures.17 Si deux fragments présentent une bordure identique mais que sur l’une est présent le dessin préparatoire et sur l’autre pas, il est plus plausible qu’il s’agisse de deux bordures différentes, même si elles pourraient très bien appartenir à la même pièce ou à la même paroi, mais à un endroit différent. Certains pourraient également y voir l’œuvre de deux mains différentes, l’une plus experte et l’autre d’un apprenti nécessitant du soutien d’incisions préparatoires pour tracer des lignes droites.18

Graffitis : parallèlement, la présence ou l’absence de graffitis sur des fragments peut aider à regrouper des fragments aux caractéristiques semblables. Ils sont également utiles pour repositionner les fragments à leur hauteur hypothétique sur la paroi. En effet, un graffiti doit avoir été réalisé à un endroit facilement accessible à la main du dessinateur. Un certain nombre de variables entrent en jeu, selon que la personne est un adulte ou un enfant, assise ou debout, mais d’une manière générale, les graffitis se situent systématiquement au bas des zones médianes, à environ 80-100 cm de hauteur.19 Leur présence fournit également un indice quant à la place que le fragment occupait dans le décor ; en effet, une personne pourra plus facilement dessiner là où elle trouvera plus de place, généralement un bord de panneau, libre de motifs décoratifs (fig. 210). De même, on peut supposer que des graffitis se retrouvent préférentiellement dans des espaces dans lesquels on passe un certain temps, comme un triclinium, une latrine ou une entrée, plutôt que dans des couloirs et autres points de passage. Identifier et restituer les systèmes décoratifs conservés   Une fois les différents groupes constitués, il s’agira d’associer ceux qui ont une chance d’appartenir à une même paroi, en employant les mêmes critères définis supra (fig. 211). Une place prédominante est occupée par les « fragments-clé » : nous entendons

Fig. 210. CTF, fragment avec graffiti (photo et dessin P.T.).

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usage du fragment

les différents motifs ont pu être agencés. La peinture romaine, bien que variée, répond à des codes et à un langage très spécifique, avec un répertoire commun et foncièrement récurrent. Il faut donc se référer aux modèles et rechercher des parallèles dans les autres peintures conservées. En observant le répertoire connu, on peut vite se rendre compte des endroits de la paroi où un motif apparait le plus souvent, des fonctions qu’il remplit dans le schéma décoratif et des motifs qui lui sont généralement associés. Interprétation et présentation des données : déontologie des restitutions digitales

Fig. 211. Parco archeologico di Ostia antica, laboratoire de recomposition des enduits peints (photo P.T.).

par là un fragment qui se conserve sur une superficie suffisamment ample ou qui présente un motif qui ne peut provenir que d’un endroit spécifique du décor. Ce n’est qu’en combinant l’étude toichographologique et les séquences de groupes mises en place grâce aux fragments-clé que l’on arrive à constituer des ensembles suffisants pour restituer un décor dans sa totalité ou en partie. Ensuite, les différents groupes associés doivent être mis en relation les uns avec les autres, selon un raisonnement logique que nous qualifierions de « raisonnement à la chaîne ». Par exemple, si le groupe 1 présente des guirlandes et des colonnes et que le groupe 2 présente les mêmes colonnes avec une bordure, il sera possible d’associer les guirlandes et la bordure. En procédant de cette manière, on arrive rapidement à constituer des vastes ensembles de fragments, qu’il faudra organiser entre eux pour recomposer un schéma décoratif plus ou moins complet. Pour y arriver, il est nécessaire d’interpréter ce que l’on voit et de comprendre de quelle manière

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La dernière étape dans l’étude d’enduits peints fragmentaires est la présentation des données et – quand cela est possible – la restitution du décor ou d’une partie de celui-ci, qui constitue la synthèse finale de tous les éléments observés au cours de l’analyse. En ce qui concerne l’interprétation des données à proprement parler, les différentes observations faites sur la décoration, la technique mise en œuvre et les traces laissées par la vie des enduits peints, nous renvoyons aux résultats du travail sur les fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate, proposés dans les pages qui suivent. Concernant la présentation de ces données et la restitution graphique d’un décor, des réflexions méthodologiques s’imposent.20 En effet, restituer la décoration d’une paroi à partir de fragments est un exercice périlleux et bien souvent semé d’embûches. Comme pour tout travail scientifique, la restitution doit être irréprochable, et elle doit réussir à rendre visuellement les données à disposition sans dénaturer leur objectivité. Or, une restitution ne peut être purement objective, puisqu’elle « restitue » quelque chose qui n’est plus. Elle reste une simple hypothèse, que la découverte d’un seul fragment supplémentaire pourrait entièrement invalider. Au cours des dernières années, la question s’est posée, à plusieurs reprises, de la différence entre les termes restitution et reconstitution. Nous avons choisi de parler dans ce cas-ci de restitution pour définir une production imaginaire immatérielle destinée à montrer l’aspect qu’a pu avoir le bien culturel à son origine. Cela rejoint les définitions proposées par le passé, notamment par P.-Y. Balut en 1982,21 récemment reprises par D. Defente,22 qui oppose la restitution à la reconstitution, cette dernière étant  une «  proposition d’organisation du décor basée sur une anastylose  »,23 c’est-à-dire un simple remontage de ce qui est conservé ou réellement attesté.24 Le même principe avait déjà été suivi par A. Barbet,25 qui a

Compendium méthodologique récemment approfondi la question.26 Pour elle, la reconstitution montre uniquement les fragments avec une continuation des lignes, pour que la part de vrai soit toujours visible, alors que la restitution produit uniquement une vision vraisemblable sans que soient mis en évidence les éléments conservés. La restitution comme nous l’entendons se place entre ces deux principes, puisqu’elle propose une vision vraisemblable tout en s’efforçant de séparer la part réelle de la part hypothétique (cfr. infra). À la question de la nature des restitutions est inextricablement liée celle de la valeur qu’elles ont en termes de production scientifique et d'impact sur un public averti ou non. L’aspect déontologique des restitutions graphiques est depuis longtemps au cœur des discussions, notamment depuis le IXe séminaire de l’AFPMA organisé en 1985 à Paris, dont les actes ont été édités par A. Barbet.27 La question de la déontologie des restitutions graphiques a également été abordée par C. Allag en 1987,28 ainsi que dans divers bulletins de correspondance du CEPMR et dans différentes interventions des actes des colloques de l’AFPMA, regroupés dans la collection Pictor. Plus récemment, J.-C. Golvin et D. Defente – entre autres – se sont interrogés sur la pertinence et l’objectivité des restitutions graphiques de peintures fragmentaires. Tous deux mettent le doigt sur les risques de proposer ce type d'images, qui peuvent véhiculer des fausses informations en confondant ce qui est vrai et ce qui est vraisemblable. 29 Defente propose, pour contrer ce risque, de ne jamais présenter une seule hypothèse mais bien plusieurs.30 En d’autres termes, seule une méthodologie rigoureuse et une réflexion approfondie peuvent permettre d’arriver à un résultat vraisemblable et déontologiquement acceptable. Pour un œil non avisé, les restitutions de parois peintes peuvent souvent sembler fantaisistes et peu objectives, puisqu’elles proposent le schéma d’une paroi entière à partir de quelques fragments seulement. Il est donc impératif que la présence de chaque fragment soit raisonnée et justifiée. Concrètement, cela signifie que seuls les fragments utiles à scander la paroi en zones et panneaux seront inclus dans la restitution, ainsi que les fragments associés à ceux-ci par des collages ou la présence de fragments-clé. Par souci de vraisemblance, tous les fragments qui ne peuvent être placés avec certitude dans le schéma décoratif ne seront pas inclus dans la restitution. Cela veut dire qu’un certain nombre de motifs de second-plan, qualifiés de remplissage ou d’ornement, seront présentés à part s’ils n’ont pas de lien direct avec les fragments à collocation certaine, et ce même

si leur appartenance à la paroi est pratiquement avérée, grâce à des similarités dans le traitement de surface et des couches de préparation. L’objectif n’est donc pas tant de donner une place à tous les fragments conservés, mais bien de reconstituer le schéma décoratif en tant que tel, le « squelette » de la décoration pariétale. Pour les décorations datant des Ier siècles av. et ap. J.-C. réalisées en Italie centrale, la restitution d’un décor est facilitée par une série de constantes de la production picturale pariétale (fig. 212). En effet, une paroi de ce contexte se structure généralement en trois zones (inférieure, médiane et supérieure), et la zone médiane (ou moyenne) se divise en panneaux alternés à des inter-panneaux.31 Cette rigueur formelle atteindra son apogée dans le quatrième style, où la multiplication des motifs est accompagnée par une codification de plus en plus stricte.32 Toujours dans les compositions de quatrième style, les parois de dimensions moyennes possédaient un panneau central (généralement occupé par un tableau avec scène figurée) flanqué de deux panneaux latéraux. Ce schéma pouvait être multiplié ou élargi en cas d’espaces plus grands à décorer.33 De plus, les artisans construisent leur décoration de manière scrupuleusement symétrique : ce qui est représenté sur un panneau latéral le sera également sur un autre, et ce qui est représenté sur une paroi le sera également sur la paroi d’en face. Grâce à ces éléments, couplés à une bonne sélection des fragments, de larges portions de paroi peuvent être restituées, même si seule une petite partie est conservée. Toutefois, toute restitution présente ses points faibles et, comme nous l’avons dit supra, qui travaille sur la peinture romaine sait qu’il ne peut être sûr de rien tant qu’il n’a pas de collages entre les fragments. En effet, la collocation exacte d’un fragment ou la dimension d’un panneau ne pourront jamais être connues sans collages. Dès lors, le schéma proposé par une restitution reste purement indicatif  : il peut être allongé ou rétréci, élargi ou resserré. Cela est dû à l’extrême variabilité de l’art pictural romain, qui – plus que tout autre type de production artistique à l’époque – est le reflet des goûts personnels du commanditaire et des artisans, qui fluctuent au gré des modes et de l’imagination. Il n’est pas aisé de faire transparaître ce souci d’objectivité uniquement par une restitution infographique si un texte d’explication ne l’accompagne pas. Or, il n’est pas toujours possible de justifier ses choix par écrit, et c’est toujours l'image qui reste dans les mémoires. Dès lors, comment ne pas être accusés de prendre trop de libertés ? La responsabilité déontologique des res-

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Du bon

usage du fragment

Fig. 212. Structuration canonique et hypothétique d’une paroi de quatrième style (DAO P.T.).

titutions graphiques est grande pour ceux qui les proposent. En plus des règles énoncées supra, il faut utiliser un langage clair et efficace, qui puisse distinguer de manière évidente sur le dessin ce qui est certain, ce qui est vraisemblable et ce qui est possible. D’un autre côté, il faut trouver un compromis entre rigueur scientifique et vulgarisation des données, afin de rendre les restitutions les plus parlantes possibles sans créer de faux. Pour toutes ces raisons, il est toujours indispensable de représenter sur le dessin restitutif les fragments conservés, en photographie ou en dessin, pour que l’on puisse toujours cerner la part originale dans la restitution. Pour ce qui est du dessin en soi, plusieurs possibilités existent, selon que l’on joue avec le contraste, l’épaisseur des lignes, la transparence ou les couleurs des motifs. Généralement, la partie restituée sera plus schématique, mais les motifs seront reproduits de manière fidèle par souci de cohérence, pour donner un résultat homogène. Les éléments hypothétiques et incertains seront dessinés par des traits en pointillés,34 et les lignes continues seront interrompues lorsque l’on ne connait pas leur dimension exacte. De même, la partie restituée sera réalisée dans des tons plus éteints que les parties conservées, de manière à mieux mettre en évi-

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dence le fragment par rapport au dessin. La figure 213 montre trois différentes manières de restituer un même ensemble de fragments. La proposition A est scientifiquement la plus correcte, puisqu’il s’agit d’une reconstitution avec la continuation de lignes existantes. Les propositions B et C tentent de trouver un compromis en indiquant par une interruption du motif ou des simples lignes blanches que les dimensions du panneau ne sont pas véridiques. Toutefois, les lignes interrompent de manière trop nette le décor et risquent de ne pas être comprises ; en outre, elles nuisent à la lisibilité de l’image. La proposition D est celle qui nous semble la plus judicieuse, en restituant le décor en une vision vraisemblable tout en mettant en évidence les parties réellement conservées en jouant sur la transparence du dessin. Les restitutions infographiques proposées dans ce travail ont tâché de rendre compte de tous ces préceptes et ont chacune fait l’objet d’une réflexion scrupuleuse. Elles ont pu être réalisées grâce à des logiciels de dessin vectoriel, tels qu’Adobe Illustrator ou, dans ce cas-ci, Corel Draw. Toutes les restitutions ont été produites à partir des photographies de tous les fragments utiles, soigneusement détourés et disposés sur un même plan de travail à l’échelle 1  : 1. Pour un

Compendium méthodologique

Fig. 213. CTF, trois variantes d’une restitution d’un schéma décoratif de quatrième style (P.T.).

résultat optimal, un soin particulier a été apporté à la qualité de l’enregistrement photographique (fig. 214). Ainsi, des images à très haute définition ont été réalisées au moyen d’un appareil Nikon D5300 et d’un objectif à focale fixe de 35 mm, qui permet d’obtenir une grande résolution et une netteté maximale de l’image. Chaque fragment a été photographié en vue zénithale fixe avec une échelle métrique, de manière à toujours conserver ses proportions et éviter les distorsions. Puisqu’il

s’agit de peintures, une attention particulière a été portée au rendu des couleurs sur l’image, qui doit correspondre au mieux à la réalité. À cette fin, chaque fragment photographié a été placé dans une cage à lumière en tissu – pour filtrer l’illumination externe – et éclairé au moyen de lampes LED avec un bon indice de rendu des couleurs (IRC entre 90 et 95). Pour réduire encore davantage la distorsion colorimétrique, nous avons opté pour une charte de couleurs XRITE

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Du bon

Fig. 214. Photographie d’un fragment peint (Tomassini 2019 (c), fig. 3).

(XRITE ColorChecker), c’est-à-dire une matrice de couleurs bien définies qui servent de point de comparaison objectif et qui permettent, grâce à un logiciel spécifique, de calibrer la balance des couleurs afin de rendre l’image conforme à la réalité. Toutefois, la photographie seule, aussi détaillée soit-elle, n’est pas suffisante pour rendre au mieux les détails et la complexité de la touche picturale. Pour cette raison, un relevé par contact sur feuille transparente a été réalisé pour les fragments les plus importants.

usage du fragment

utilisés par les artisans antiques et les procédés mis en œuvre dans la confection des revêtements.35 Aujourd’hui, de nombreux centres spécialisés se sont formés dans le monde entier et les méthodes sont bien établies. Dans le cadre de cette recherche, plusieurs fragments du contexte du Caseggiato delle Taberne Finestrate ont fait l’objet d’analyses archéométriques détaillées, qui ont été réalisées par l’Istituto per la Conservazione e la Valorizzazione dei Beni Culturali, désormais appelé l'Istituto di Scienze del Patrimonio Culturale (ISPC) dans le cadre d’une convention établie avec le CeSPRO et le CEMA et financée par le Fonds de la Recherche Scientifique - FNRS. L’analyse des pigments a été menée par S. Bracci, alors que celle des mortiers a été réalisée par E. Cantisani. Ces analyses ont apporté une aide précieuse à la recherche, puisqu’elles ont permis d’identifier les pigments employés et de caractériser les mortiers utilisés dans la préparation. Nous allons brièvement exposer les méthodes employées pour l’analyse des fragments.36 Le choix des échantillons n’a pu se faire que grâce à l’étude préalable, qui a permis d’isoler des fragments appartenant à des décors spécifiques dans certains cas, représentatifs d’une technique, d’une époque ou d’un type de décor dans d’autres. Les échantillons ont été soumis à une série d’analyses non invasives. L’identification des pigments a pu se faire grâce à l’emploi de trois techniques distinctes, la VIL, la XRF et la FORS :

Analyses archéométriques

Visible Induced Luminescence (VIL)  : cette technique mesure et enregistre la luminescence produite par le fragment après avoir subi une radiation qui comprend tout le spectre de lumière visible. La longueur d’onde réémise par le fragment peut être capturée par un appareil photographique spécifique, sensible aux infrarouges. Ce phénomène de réémission des ondes ne se produit qu’en présence de quelques pigments, dont le bleu égyptien, qui est le seul pigment antique qui réagit et apparait sur l’image acquise

En aval du travail de recomposition et d'interprétation des enduits peints, il est possible de tirer un grand nombre de renseignements supplémentaires grâce aux analyses archéométriques. Ces dernières sont devenues, au cours des dernières années, partie intégrante et indispensable de toute étude sur la peinture murale antique, puisqu’elles permettent, grâce aux technologies les plus sophistiquées, d’identifier la nature des pigments et la composition des mortiers de préparation, offrant aux spécialistes une quantité considérable d’informations sur les matériaux

Fig. 215. CTF, fragment avec réaction positive au VIL (photo et élaboration S. Bracci).

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Compendium méthodologique

Fig. 216. CTF, spectre XRF de deux pigments rouges. En rouge, cinabre (réactif au Mercure) ; en vert, ocre rouge à base d’oxyde de fer (S. Bracci).

par VIL. La luminescence du bleu égyptien est très intense, ce qui permet de déceler des traces mêmes minimes37 (fig. 215).

du type de spectre produit, il est possible d’identifier avec un grand degré de précision les composants chimiques du pigment38 (fig. 216).

X-ray Fluorescence (XRF)  : la fluorescence par rayons X permet d’identifier les éléments atomiques qui composent les pigments. En effet, cette technique mesure la fluorescence caractéristique émise par chaque atome après avoir irradié les fragments avec des rayons X. Ces mesures sont relevées par un spectromètre XRF, qui permet d’observer les différents signaux émis sur des points spécifiques du fragment. En fonction

Fiber Optic Reflectance Spectroscopy (FORS) : ce type d’analyse est également ponctuel et complète la précédente. La technique utilise la spectrophotométrie et se base sur le rapport entre l’absorbement d’énergie du fragment et l’énergie de la radiation émise. Des instruments portables avec des senseurs en fibre optique permettent d’analyser directement la surface en mesurant le rapport entre l’intensité de la radiation renvoyée par la surface analysée et l’intensité de celle qui est diffusée par une surface blanche, qui sert de point de repère. Le spectre acquis permet d’identifier les pigments présents par comparaison avec des spectres connus de pigments de référence39 (fig. 217). Tous les fragments ont également été observés par microscope optique, qui a permis de rendre état de l’ensemble de la couche picturale en détail. Chaque point analysé a également été photographié, agrandi 1x ou 4x (fig. 218). Par ailleurs, les fragments ont également fait l’objet d’analyses pétrographiques précises destinées à identifier et caractériser les mortiers utilisés dans la préparation des enduits peints. À cette fin, des microfragments ont été prélevés des

Fig. 217. Spectre FORS de deux pigments rouges. En vert, courbe de référence pour l’ocre ; en rouge, courbe de référence pour le cinabre (S. Bracci).

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usage du fragment

Fig. 218. CTF, agrandissement d’un point de rouge cinabre sur une sous-couche jaune rehaussé de touches de blanc mélangé à du bleu égyptien (photo S. Bracci).

enduits pour être englobés dans une résine époxy afin de produire des lames minces, qui ont ensuite été observées au microscope optique à lumière transmise et réfléchie. Microscopie optique à lumière transmise : Les échantillons sont réduits à une épaisseur de 30 µm, de manière à devenir transparents à la lumière. Le microscope utilisé est polarisant, avec

Fig. 219. CTF, détail d’une couche d’intonaco au microscope à lumière transmise (E. Cantisani).

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Fig. 220. CTF, vue en coupe d’un fragment de quatrième style au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Compendium méthodologique un agrandissement allant de 2,5x à 40x (fig. 219). Ce genre de technique permet d’identifier la composition minérale et pétrographique des agrégats du mortier, d’établir la forme et la granulométrie de ces derniers ainsi que leur distribution et leur orientation à l’intérieur du liant. De plus, l’observation au microscope polarisant permet d’identifier la composition du liant et fournit des informations sur ses caractéristiques, sa porosité et son rapport avec l’agrégat.40 Microscopie optique à lumière réfléchie : les lames minces sont observées au microscope sous lumière visible et avec une fluorescence UV. Ce type d’observation permet de caractériser la séquence stratigraphique des couches qui composent l’enduit, d'estimer la quantité relative des constituants minéralogiques de chaque couche, d'observer l’adhérence entre les différentes couches, mais aussi de déterminer les types d’oxydes utilisés comme colorants dans les couches picturales ou les caractéristiques morphologiques des pigments (fig. 220). Notes Vannier 2014. La méthodologie employée par les membres du CEPMR a été détaillée dans plusieurs publications, à commencer par les bulletins de liaison du centre (en particulier les n° 1, 4, 6 et 10). Des brochures sont également disponibles en consultation libre sur le site internet de l’Association Pro Pictura Antiqua (APPA), qui a actuellement la gestion du CEPMR ; voir pour plus d’informations [www.appa-cepmr.fr]. 3 Les fragments à fond uni jouent un rôle fondamental dans cette étape, puisqu’ils permettent souvent de restituer des dimensions et de raccorder entre eux des éléments ou motifs qui dans un premier temps ne semblent avoir aucun point commun. 4 La première couche appliquée sur le mur, généralement de nature plus argileuse que les autres, est aussi appelée rinzaffo selon la terminologie italienne. 5 Barbet 2007, 26-27 ; Coutelas 2003, 409 ; Coutelas 2009, 105-112. 6 Débutées dans les années 1970 avec, entre autres, les travaux M. Frizot (Frizot 1975), les analyses de mortiers de chaux sont devenues aujourd’hui indispensables à une analyse complète des enduits peints. À Ostie, plusieurs analyses ont été réalisées sur les enduits de la Domus dei Bucrani (Terrapon 2007 et Falzone et al. 2010), du Santuario della Bona Dea (Falzone et al. 2010), de l’Insula del Viridario (Falzone 2013) et de l’Insula delle Ierodule (Prochaska et al. 2007). Si aujourd’hui les analyses pétrographiques de mortiers sont si fréquentes, c’est en grande partie grâce à A. Barbet, qui a été la première à insister sur l’importance d’un relevé systématique des caractéristiques des couches de préparation des mortiers (voir entre autres Allag/Barbet 1972 et Delamare et al. 1987). Voir également Cavalieri/Tomassini 2021. 7 Ca(OH)3 + CO2 => CaCO3 + H2O : lorsque l’eau s’évapore, l’hydroxyde de calcium, qui compose majoritai1 2

rement la chaux – Ca(OH)2 – réagit avec le dioxyde de carbone contenu dans l’air pour se transformer en carbonate de calcium (CaCO3), ce qui a pour conséquence de fixer les couleurs sur la surface de la paroi. Voir à ce propos Barbet 1996, 12 ; Barbet 2007, 25 ; Meyer-Graft 1993, 274-279 et 282. 8 Vitr. De arch. VII, 3, 7. « lorsqu’elles ont été soigneusement étendues sur l’enduit encore humide, les couleurs, par ce fait même, ne se ternissent pas, mais tiennent indéfiniment, parce que la chaux, qui, en cuisant dans les fours, a perdu son eau et est devenue poreuse et amorphe, est poussée par cette faim qui est en elle à absorber tout ce qui se trouve en contact avec elle  ; et, reprenant  consistance dans ces mélanges où elle reçoit l’apport d’éléments ou de principes en provenance d’autres substances, partout où elle se trouve en composition, elle revient, lorsqu’elle sèche, à un état tel qu’elle semble n’avoir que les qualités inhérentes à sa nature ». Traduction pour les Belles Lettres de B. Liou et M. Zuinghedau (édition de 1995, pages 17-18). 9 Sur la question des sous-couches voir Allag-Groetembril 2021. 10 C’est par exemple le cas du noir, réalisé généralement à partir de suie. Selon Vitruve, le noir (atramentum) était quelques fois mélangé à du glutinum, une sorte de colle peut-être à base d’œuf (Vitr. de arch. VII, 10, 2-3 ; Meyer-Graft 1993, 279). Des récentes analyses sur les pigments ont montré que, le plus souvent, le noir est réalisé à partir de suie mélangée à des liants organiques ou superposée à une fine couche d’argile (Béarat 1997, 25-26). 11 C. Allag et A. Barbet ont mis par écrit, en 1972, leurs observations sur les marques et les traces laissées sur les enduits peints, qui peuvent nous apporter toute une série de renseignements sur la technique d’exécution des peintures aussi bien que sur les vicissitudes auxquelles elles ont été confrontées. Pour plus de détails voir Allag/Barbet 1972 en bibliographie. 12 Allag/Barbet 1972, 958-963 ; Barbet 1996, 30. 13 Par exemple une zone plus difficile d’accès comme une zone haute ou un bord de paroi. 14 Barbet 1995, 65-67. 15 En effet, les roseaux étaient noués entre eux par des cordelettes et ils étaient fixés perpendiculairement à des poutrelles en bois, elles-mêmes fixées aux poutres qui soutenaient le toit ou le plancher de l’étage supérieur. Voir à ce propos Falzone/Pellegrino 2014, et en particulier les contributions de R. Lazzaro. 16 Allag/Barbet 1972, 984-985 ; Barbet 1995, 67-70 ; Béarat 1997, 29. 17 Pour un recensement complet des différentes techniques de traces préparatoires, voir en particulier Allag/Barbet 1972, 983-1052. 18 Barbet 1995, 69-76  ; Malgieri 2013, 4-20. Barbet 2009, 116-118  ; Blanc 1995, 93-94  ; Scagliarini Corlàita 1995, 295-298. 19 Barbet/Fuchs 2008, 50-52. 20 Nous avons récemment abordé la question de la méthodologie à employer pour la restitution des enduits peints fragmentaires dans Tomassini 2019 (c). Les lignes qui suivent sur la question constituent une reprise de cet article, avec des enrichissements  ; nous pensons qu’il est important d’aborder cette question dans ce contexte également, pour faciliter la lecture et la compréhension des pages qui suivent, concernant les restitutions proposées des fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate.

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23 24 25 26 27 28 29 30 31 21 22

34 35 32 33

Balut 1982, 105. Defente 2014, 221. Defente 2014, 222. Balut 1982, 106-108. Barbet 2008 (b). Barbet 2019. Barbet 1987 (a). Allag 1987, 22-24. Golvin 2008 et Defente 2014, 221-223. Defente 2014, 221/235. Que l’on retrouve aussi bien dans les parois de premier style que dans celles de quatrième style et plus tard. Allag/Barbet 1972, 977-978 ; Barbet 2009, 36/104105/180 et surtout 193-214 ; Barbet 2014, 239-242. Esposito 2009, spécialement les pages 18-19. Barbet 2009, 180/200-202. Allag 1987, 17-20/22-23. Pour un historique de l’application des analyses physico-chimiques à la peinture murale antique nous renvoyons à Cavalieri/Tomassini 2021.

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Ces informations sont tirées du rapport technique réalisé pour l’analyse des fragments ostiens. Ce dernier peut être consulté à l’ICVBC (01/2017/ICVBC/SB). 37 Pour plus d’informations voir entre autres Verri 2009. 38 La seule limite de ce type d’analyse est la grande puissance de pénétration du rayon X, qui ne permet pas d’identifier les pigments en cas de superpositions de couches picturales. Pour plus d’informations voir également Hochleitner et al. 2003, 641-649. 39 Pour plus d’informations voir également Cavaleri et al. 2013, 45-54. 40 Pour une bonne synthèse des informations acquises par une observation de lames minces par microscope optique, nous renvoyons à Cantisani et al. 2014  ; une liste des techniques employées est brièvement explicitée aux pages 9-10 et 23. 36

Étude générale des ensembles de peintures fragmentaires Cette partie est consacrée à la présentation, la description et l’interprétation des différents décors identifiés parmi les fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Chaque ensemble sera traité de manière approfondie et sera analysé aussi bien de son point de vue stylistique que technico-matériel et archéologique. L’analyse du décor se fonde essentiellement sur l’identification des motifs représentés et sur leur rattachement à un schéma particulier, que l’on peut restituer - graphiquement ou mentalement - sur la base des fragments-clé et/ou de parallèles avec le répertoire pictural connu. L’objectif est de cerner les grandes lignes de la production picturale ostienne pour la période étudiée. L’analyse technique, en revanche, se basera sur l’examen de trois aspects particuliers : la composition des couches de préparation, la présence d’éventuelles marques particulières et le procédé de réalisation du décor. Pour les ensembles plus importants, cet aspect de l’étude s’avalera de l’appui des analyses archéométriques réalisées en collaboration avec l’ICVBC de Florence. Nous spécifierons, pour chaque groupe de fragments, si les données présentées sont le fruit d’une observation personnelle macroscopique ou des analyses physico-chimiques. Les résultats présentés ici sont en large mesure inédits et ont permis d’apprécier encore davantage l’énorme apport des décorations des Taberne Finestrate à la connaissance de la peinture ostienne. Les ensembles de fragments étudiés seront présentés en ordre chronologique, en fonction de l’unité stratigraphique de provenance. Peintures pertinentes aux traces de vie précédentes à l’aménagement de la parcelle (Phase 0) : les enduits fragmentaires retrouvés dans la couche USC 136 La couche USC 136 est – comme il a été vu supra – une couche de terre sablonneuse dans laquelle ont été creusées les fondations de l'édifice tardo-républicain à la moitié du Ier siècle av. J.-C. La présence en son sein de fragments de céramique et d’autres traces anthropiques atteste de l’occupation du territoire à un moment et un endroit non définis. Une très petite quantité d’enduits

peints a été retrouvée, vingt-quatre fragments en tout. Tous présentent un état de conservation très précaire, qui rend difficile la lecture des décorations. Le plus souvent, celle-ci est tellement détériorée que même la couleur de fond est difficilement identifiable. La majorité des fragments en meilleur état de conservation présente un fond blanc ou rose, sans décoration, et quelques autres fragments ont un fond noir. Un seul groupe de fragments plus homogène a pu être identifié et mérite une attention plus particulière. Groupe 1 : fragments à fond blanc avec imitation de marbre (fig. 221) Description, interprétation et datation du décor Les fragments, tous à fond blanc, présentent les traces de nombreux coups de pinceaux de couleur rouge, verte, jaune et rose (fig. 221). Le trait est rapide et irrégulier, alternant des vagues et des points. Une décoration de ce type tente clairement d’imiter les veines d’un marbre polychrome. Toutefois, l’état de conservation précaire et le peu de surface conservée ne permettent pas d’identifier le type de marbre ni de resituer les fragments dans un schéma décoratif particulier. La présence de ce genre de décor sur des enduits datant au plus tôt de la moitié du Ier siècle av. J.-C. n’est pas une surprise : les imitations de marbre constituent l’essentiel du répertoire de premier et deuxième style.1 Malgré la variété des couleurs, la facture de ces enduits ne semble pas de grande qualité, notamment à cause de la faible épaisseur des couches de préparation et du manque de finition de la surface. Cette impression est peut-être faussée par le mauvais état de conservation des enduits et par le fait que ces derniers ont passé beaucoup de temps sous eau (cfr. supra). Peintures pertinentes au premier état de la

structure républicaine et à sa destruction partielle (Phases 1-2) : les fragments d’enduits retrouvés dans la couche USC 107

La couche USC 107 est constituée de terre mélangée à des gravats ; elle recouvre l’ensemble des structures de la phase 1 détruites par les réaménagements de l’édifice au cours de la phase 2. La

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Étude générale

Fig. 221. Groupe 1, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 222. Groupe 1, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.). N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

9 couche de finition (intonachino) fig. 222

destruction des structures de la première phase peut potentiellement être placée aux premières décennies du Ier siècle ap. J.-C., à l’époque de Claude (41-54 ap. J.-C.) (cfr. p. 50-51). Vingt fragments d’enduit ont été récoltés dans le coin sudest de la pièce (A), de très petites dimensions et mal conservés. Aucune décoration n'est visible et les enduits semblent très hétérogènes, avec des fragments monochromes à fond jaune, noir, blanc

Surface approximative conservée

couche de préparation Épaisseur moyenne (0,5 cm), matrice de couleur blanc-gris, (intonaco) avec comme granulat du sable et du gravier ; mortier granufig. 222 leux et grossier, présence de quelques nodules de chaux. Le revers des fragments est lisse et très plat ; cela pourrait suggérer qu’il était étendu sur une cloison en matériaux périssables ou, vu la faible épaisseur de la préparation, que l’adhésion entre les couches de préparation n’était pas optimale. Le traitement de surface est de mauvaise qualité, avec des bulles d’air et un lissage irrégulier de la couche de finition, sur laquelle a été appliquée la couleur.

Groupe 1 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

190

0,0155 m²

Épaisseur entre 0,2 - 0,3 cm, matrice de couleur blanche et nombreux grains de marbre ou calcite comme granulat ; mortier de consistance dure et non friable.

Peintures fragmentaires et rouge, ainsi que des préparations très différentes. Ce qui surprend est, encore une fois, la mauvaise qualité de l’exécution, avec des couches de préparation très fines (0,1-0,3 cm de moyenne pour l’intonachino et 0,5 cm de moyenne pour l’intonaco) et riches en inclusions grossières de gravier. Nous sommes bien loin de la qualité des décors conservés dans les couches plus récentes. Peintures pertinentes aux travaux de réfection de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate à l’époque julio-claudienne (Phase 2) : les fragments d’enduits retrouvés dans la couche USC 105. La couche de remblai USC 105 a été jetée au moment de la construction des nouvelles pièces de l’édifice, au cours des réfections de la phase 2. Sa fonction était de niveler le sol et de constituer une base solide pour y placer les nouveaux sols. Constituée principalement de terre mélangée à des gravats, la couche a livré une grande quantité de tessons de céramique et de fragments d’enduits peints, près de cinq caisses avec presque 200 fragments de taille variable. Les décorations sont extrêmement fragmentaires et très hétérogènes, mais elles ont pu être rassemblées en trois grandes catégories : des imitations de marbre (deux groupes distincts ont pu être identifiés), des portions d’orthostates et appareils architecturaux et, enfin, des fragments avec cadres incisés et en relief. C’est par ces derniers fragments que nous allons commencer l’analyse, qui ne présentera que les fragments plus pertinents et lisibles. Groupe 2 : fragments à fonds rouge, jaune, vert, noir et blanc avec rainures et reliefs (fig. 223) Description, interprétation et datation du décor Les fragments ici rassemblés présentent une couleur de fond lisse et brillante, plus ou moins conservée en fonction du pigment utilisé ; le vert, N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

16

le noir et quelques fragments de jaune, par exemple, sont quasiment effacés, laissant voir clairement la sous-couche rose sur laquelle le pigment a été appliqué (fig. 223). La seule décoration qu’ils présentent est une ligne nettement incisée sur sa surface, de profil arrondi. Ces rainures font bien partie de la décoration, puisqu’elles ont été rehaussées par un filet jaune – sur les fragments à fond rouge – ou un filet rouge – sur les fragments à fond jaune (fig. 223). De plus, la rainure tourne à angle droit sur de nombreux fragments (fig. 223 a-b) et peut être interprétée comme la délimitation de carreaux et boutisses, peut-être en imitation d’un appareil à bossage. Un petit groupe de fragments montre que la surface de la paroi n’était pas toujours plane, mais qu’elle était pourvue d’éléments en relief. En effet, un fragment à fond vert et deux fragments à fond blanc conservent les limites d’un carreau, dont les bords ont été sculptés dans l’enduit par des larges incisions biseautées (fig. 223 b -c ; fig. 224). Dans le cas du fragment à fond vert, le relief du carreau est renforcé par une rainure qui longe les bords, à une distance régulière. Ce type de décor est d’un grand intérêt pour la connaissance de la peinture ostienne et romaine. En effet, ces fragments sont parmi les seuls conservés du premier style, inspiré du style structural grec, qui se retrouve en abondance en territoire campanien mais qui est encore très peu connu à Rome et ses alentours. En effet, le premier style à Ostie n’était attesté, jusqu’il y a peu, que par quelques petits fragments mal conservés retrouvés dans les fouilles de l’Insula di Giove e Ganimede et présentés par S. Mols en 2002.2 Plus récemment, des fragments fort similaires aux nôtres ont été retrouvés dans les fouilles de la Domus dei Bucrani,3 dans les couches de rehaussement réalisées au moment d’une première réfection de la domus dans les années 40 av. J.-C. Les fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate constituent donc à ce jour un des ensembles les plus importants de premier style « ostien », dont

Surface approximative conservée

0,0265 m²

couche de finition (intonachino) fig. 224

Très faible épaisseur (0,1-0,3 cm), matrice de couleur blanche, granulat de marbre ou calcite broyé(e) finement ; mortier de consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 224

Épaisseur entre 1,5 et 1,7 cm, matrice de couleur blanc-gris, avec comme granulat des petits graviers et de grains noirs (pyroxènes ?) ; mortier friable mais compact.

Le pigment semble avoir été étendu sur une fine couche rosâtre, qui a été retrouvée à l’identique sur d’autres décorations plus tardives (voir à ce propos les groupes 9, 10 et 11).

Groupe 2 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

191

Étude générale

Fig. 223. Groupe 2, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

les caractéristiques propres commencent seulement maintenant à apparaître. Les décorations ostiennes partagent avec le premier style pompéien le même goût pour les couleurs vives et variées, disposées en contraste ; on retrouve la même structuration des parois, avec l’imitation d’un appareil architectural rendu par des décors en relief, qui ici est représenté aussi bien par de simples incisions que par des bossages sculptés. La différence principale avec les décors campaniens est l’absence du stuc, qui est souvent citée dans les manuels comme caractéristique principale de ce type de décor.4 En effet, la couche sur laquelle était étendu le pigment est un intonachino en mortier de chaux à tous les effets, comme l’ont démontré les analyses archéométriques réalisées sur des fragments présentant le même type de décor (cfr. infra, groupe 6).

Il est intéressant de constater que des considérations analogues peuvent être faites à Rome, où des peintures extrêmement similaires commencent à apparaître grâce aux travaux de S. Falzone sur le Celio et le Forum,5 ou encore aux recherches respectives de S. Fortunati, M. Carrive et B. Maurina sur le Palatin.6 Les analogies entre le premier style de l’Vrbs et celui de sa première colonie renforcent encore davantage les liens entre les deux villes et semblent indiquer un goût et un langage communs,7 qui se distingue des productions de premier style campaniennes, plus liées au style structural grec.8 La datation de ce type de décor est à ce jour problématique. En effet, aucune de ces décorations n’a été retrouvée in situ, et toutes proviennent de dépôts secondaires chronologiquement assez larges. Traditionnellement, le premier style laisse

Fig. 224. Groupe 2, vue en coupe d’un fragment et dessin des couches de préparation (P.T.).

192

Peintures fragmentaires

Fig. 225. Groupe 3, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

la place au deuxième style entre la fin du IIe siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle av. J.-C., comme l’attestent les décorations de deuxième style de la Casa dei Grifi, sur le Palatin, datées de cette période.9 Dans le cas présent, les attestations de premier style à Ostie peuvent potentiellement être datées jusqu’aux années 60-50 av. J.-C., à une époque où les décorations de IIe style sont déjà bien affirmées et établies dans toute l’Italie. En absence de contextes datés avec plus de précision, il n’est pas possible de dire si les fragments retrouvés sont le résidu de contextes plus anciens ou si cette forme de premier style à relief et incisions a pu être utilisée jusqu’à la moitié du Ier siècle av. J.-C., à un moment où la mode était pour les représentations illusionnistes et les jeux de perspective. Groupe 3 : imitation de marbre par mouchetis coloré (fig. 225) Description, interprétation et datation du décor Tous les fragments présentent le même type de décor : sur un fond rose appliqué de manière plus ou moins grossière,10 des taches de couleur recouvrent la surface picturale et constituent l’essentiel de la décoration (fig. 225). Les pigments employés sont très variés : on distingue clairement du rouge, du jaune, du blanc, du noir et du vert. Ce type de décoration, appelé « mouche-

tis », constitue la version la plus économique et facile à réaliser d’une imitation de marbre. En effet, les peintres se contentaient bien souvent d’asperger la paroi en secouant les pinceaux avec les restes des couleurs utilisés dans d’autres parties de la paroi. Pour cette raison, les imitations de marbres mouchetés occupaient généralement les parties basses, qui étaient les dernières à être peintes et qui avaient une importance secondaire dans le décor.11 Pour ces enduits du Caseggiato delle Taberne Finestrate, le manque de soin apporté au traitement de surface correspond bien à un bas de paroi. Une décoration identique a été retrouvée dans la partie basse des fauces de la Domus dei Bucrani, au sein d'une composition de deuxième style datant de la moitié du Ier siècle av. J.-C.12 Une interprétation et une datation analogues peuvent parfaitement être envisagées pour ces fragments, comme le témoignent l’épaisseur et le nombre des couches de préparation, rarement aussi soignées dans une zone inférieure pour les décorations plus tardives.

Fig. 226. Groupe 3, vue en coupe du fragment a (photo P.T.).

193

Étude générale N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

31

0,0579 m²

Très faible épaisseur (0,1-0,2 cm) ; matrice de couleur blanche, granulat de minuscules grains de marbre ou de calcite ; granulométrie très fine, consistance difficile à appréhender.

couche de préparation (intonaco) fig. 226

Épaisseur d’environ 1 cm ; matrice de couleur blanchâtre, granulat des minuscules graviers et grains noirs (pyroxènes ?) ; granulométrie très fine, mortier compact.

Épaisseur d’environ 1 cm ; matrice de couleur blanchâtre, gracouche de préparation 2 nulat des minuscules graviers et grains noirs (pyroxènes ?) ; (intonaco) granulométrie très fine, mortier compact. couche de préparation 3 (rinzaffo)

Observations techniques

Surface approximative conservée

couche de finition (intonachino) fig. 226

Fine couche très argileuse conservée sur quelques fragments seulement ; empreintes de brins de paille visibles.

La séparation entre les deux couches d’intonaco est nette bien que leur composition soit pratiquement identique ; cela est un indice que le temps de pose entre les deux couches a été relativement long et que le mortier a eu le temps de partiellement sécher. Au revers des fragments qui ne conservent pas le rinzaffo, on distingue des empreintes positives d’incisions pratiquées dans la couche précédente pour assurer une meilleure adhérence de la première couche d’intonaco (couche 2).

Groupe 3 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

Les fragments ne permettent pas de restituer les dimensions ou la forme du champ avec mouchetis. Seuls deux fragments conservent le passage à une autre zone, à fond jaune avec un filet blanc (fig. 225 d). Cette décoration n’est pas sans rappeler celle du groupe 5 (cfr. infra), mais en absence de collages ou de fragments supplémentaires, le rapprochement entre les deux groupes ne peut être confirmé. Groupe 4 : imitation de marbre avec veinages rouges et jaunes (fig. 227) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe d’enduits présente une décoration très fine et de grande qualité : sur fond blanc, des traits fins ont été dessinés à main levée pour imiter les veinages du marbre (fig. 227). L’effet est très réaliste et semble imiter une brèche, non mieux identifiée. La couleur des traits varie du rose au rouge foncé, avec quelques touches de jaune, ce qui rend l’imitation encore plus soignée (fig. 227 a-c). Un seul fragment se différencie des N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations Techniques

5

autres. Il présente un fond jaunâtre et les veinages ont été rendus par des traits épais et irréguliers, d’une couleur rouge-brun (fig. 227 d). Dans ce cas particulier, il est possible de reconnaître l’imitation d’une plaque en albâtre. Comme pour le groupe précédent, les fragments ici présentés ont vraisemblablement appartenu à une décoration de deuxième style, où les imitations réalistes de marbres étaient très prisées.13 Notamment dans les compositions fermées avec orthostates et bossages. Les exemples de décorations de deuxième style sont légion, notamment dans les grandes villas qui parsèment la région vésuvienne durant la première moitié du Ier siècle av. J.-C., comme Oplontis, Boscoreale, Stabies ou, à Pompéi, la fameuse Villa des Mystères. De cette dernière proviennent des décorations analogues à celles d’Ostie, notamment dans les pièces 4 et 5, qui présentent des bossages avec des imitations de marbres réalistes caractérisés par un grand soin dans la représentation des veinages. Les fragments d’Ostie pourraient provenir d’une zone centrale de paroi ou d’une salle d’ap-

Surface approximative conservée

couche de finition (intonachino) fig. 228

Très faible épaisseur (0,1 - 0,2 cm), matrice de couleur blanche, granulat constitué de quelques grains de marbre ou de calcite ; granulométrie très fine, consistance difficile à appréhender.

couche de préparation (intonaco) fig. 228

Épaisseur entre 1 et 1,3 cm, matrice de couleur blanchâtre, avec comme granulat des petits grains noirs (pyroxènes ?) et du gravier ; mortier dur et compact.

/

Groupe 4 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

194

0,0154 m²

Peintures fragmentaires

Fig. 227. Groupe 4, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

de marbres de la Casa dei Grifi,15 ou aux autres décors fragmentaires retrouvés sur le Palatin et le Forum par S. Fortunati et S. Falzone.16 Groupe 5 : fragments à fond jaune et noir avec traits d’encadrement (fig. 229) Fig. 228. Groupe 4, vue en coupe du fragment c (photo P.T.).

parat, comme semblent l’indiquer le soin et la qualité des enduits ; toutefois, aucun élément ne permet de les replacer dans un décor spécifique. Le parallèle le plus proche que nous possédons à Ostie est, encore une fois, la Domus dei Bucrani, avec des décorations fort semblables provenant du tablinum.14 La qualité de l’exécution de nos fragments n’a rien à envier à celle des imitations N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

16

Description, interprétation et datation du décor Le groupe 5 est constitué de seize fragments à la lisière entre un champ noir et un champ jaune (fig. 229). La jonction entre les deux est rehaussée par une mince bande beige décorée d’un filet rose au centre. Chaque champ est décoré par un simple filet blanc, parallèle à la bande. Mis à part la chronologie de la couche, plusieurs éléments

Surface approximative conservée

0,0297 m²

couche de finition (intonachino) fig. 230

Très faible épaisseur (0,1 cm) ; matrice de couleur blanche, granulat constitué de plusieurs petits grains de marbre ou calcite ; granulométrie et consistance difficiles à appréhender.

couche de préparation (intonaco) fig. 230

Épaisseur entre 0,8 et 1,3 cm ; matrice de couleur gris-blanc, avec comme granulat des petits grains noirs (pyroxènes ?) et du gravier ; mortier dur et compact, à granulométrie fine.

L’arrière des fragments présente des empreintes positives de stries parallèles incisées dans la couche précédente, non conservée. D’une manière générale, l’exécution est d’une grande qualité, avec une surface picturale lisse, brillante et compacte. Des traces d’un dessin préparatoire à l’ocre rouge sont visibles par endroits.

Groupe 5 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

195

Étude générale

Fig. 229. Groupe 5, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 230. Groupe 5, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

permettent de rattacher ce décor au deuxième style, comme la qualité de l’exécution, le soin apporté au lissage des surfaces et les caractéristiques des mortiers de préparation. Les filets blancs peuvent donc être interprétés comme des traits d’encadrement d’une composition fermée faite d’orthostates et d’imitations de blocs d’appareils. Toutefois, le peu de surface conservée ne permet pas de déterminer à quelle partie de la paroi ils appartenaient, puisqu’ils pouvaient aussi bien orner des orthostates, des blocs d’appareil ou des bandes de démarcation entre les zones de paroi. Les décorations de la couche USC 105 sont trop fragmentaires pour que l’on puisse identifier un ou plusieurs décors spécifiques.17 Toutefois, nous avons relevé de nombreuses analogies entre le groupe 3 et le groupe 5, aussi bien au niveau des couches de préparation, qui sont tout à fait similaires, que du décor à proprement parler. En effet, un fragment du groupe 3 avec mouchetis présente le point de passage avec un champ jaune, décoré d’un filet blanc, identique au décor du groupe 5. De plus, sur un fragment du groupe 5 on aperçoit une tache de couleur rouge, qui pourrait être une trace fortuite mais qui peut éga-

196

lement être interprétée comme une des taches composant le marbre moucheté du groupe 3 qui serait finie par mégarde au-delà de son cadre. On pourrait donc voir dans le groupe 3 la décoration d’une partie basse de paroi et dans les fragments du groupe 5 celle d’une zone médiane, peut-être avec des orthostates jaunes et noirs en alternance. Cela n’est qu’une simple intuition qui, en absence de preuves supplémentaires, restera telle. Peintures

pertinentes à la destruction de l’édifice à cour, à la construction du Caseggiato delle T aberne F inestrate et à ses travaux de réaménagement (Phases 3 et 4)  : les fragments d’enduits retrouvés dans les couches USC 47 et

70.

L’ensemble le plus conséquent d’enduits peints fragmentaires a été retrouvé dans ce que les fouilleurs de 1973 ont appelé « strato uno » et que nous avons distinct en USC 47 et USC 70 (cfr. p. 61-64). Il s’agit de deux couches de remblai, formées artificiellement au moment de la construction du caseggiato (phase 3) et au moment des transformations de la partie postérieure de l’édifice à l’époque antonine (phase 4). Les deux couches ont été assimilées par les fouilleurs à cause de l’absence d’un niveau de sol évident et de leur composition similaire : en effet, toutes deux sont constituées de terre pressée mélangée à des gravats, des fragments de céramique et – justement – d’enduits peints. Ces derniers constituent, selon les fouilleurs, l’élément le plus présent dans ces couches, et la quantité de matériel semble leur donner raison : plus de 83 caisses remplies de fragments ont été produites et stockées dans les

Peintures fragmentaires dépôts archéologiques.18 Les enduits sont donc en dépôt secondaire et ne conservent aucun lien avec leur provenance d’origine. Malgré tout, les fragments sont extrêmement homogènes et n’appartiennent qu’à un nombre limité de décors. Cela démontre que les fragments ont été peu remaniés et qu’ils ont vraisemblablement peu bougé, ce qui va en faveur de l’hypothèse – tentante mais non vérifiable – qu’ils proviennent précisément de l’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate, ou du moins d’un édifice fort proche. D’un point de vue technique et stylistique, la grande majorité des enduits conservés peuvent être datés entre le Ier siècle av. J.-C. et le début du IIe siècle ap. J.-C., avec des décors de premier, deuxième et quatrième style. Aucun décor plus tardif n’a été identifié, et seul un petit groupe de fragments peut être rattaché, du point de vue des mortiers de préparation uniquement, aux décors ostiens datant du IIe siècle ap. J.-C. L’homogénéité et le bon état de conservation général des fragments a permis d’identifier des groupes bien définis qui ont mené à la restitution partielle ou complète de décors de parois et de plafonds. Les pages à venir présenteront les groupes plus signi-

ficatifs et représentatifs de l’ensemble, ceux qui ont fait l’objet des études plus approfondies, notamment grâce aux analyses archéométriques, qui ont été menées exclusivement sur cet ensemble de fragments. Ensemble de fragments de premier et deuxième style

Groupe 6 : fragments à fonds rouge, vert, noir, violet et blanc avec rainures (fig. 231) Description, interprétation et datation du décor Les fragments ici regroupés présentent les mêmes caractéristiques que les fragments du groupe 2, et peuvent donc également être définis de premier style (cfr. p. 191-193, pour l’interprétation et la datation de ces décors également). En effet, on retrouve les mêmes surfaces lisses et brillantes, ainsi que les mêmes rainures en angle pour former des carreaux ou boutisses en imitation d’un appareil à bossages. Ici, le nombre plus important de fragments et leurs dimensions majeures permettent encore davantage d’apprécier la qualité

Fig. 231. Groupe 6, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

197

Étude générale N.bre de fragments

22

0,0732 m²

couche de finition (intonachino) figs. 232-233

couche de préparation (intonaco) figs 232-234

Épaisseur minimale entre 1,5 et 1,7 cm ; matrice de couleur blanc-gris, constituée de chaux aérienne mélangée avec des pyroxènes, des fragments de roches carbonatées et des fragments de roches volcaniques. La matrice a un aspect micritique, sans grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 200-300 µm et 1-2 mm), de forme sub-angulaire, sont distribués de manière homogène. Le mortier est moyennement poreux et présente des pores de forme arrondie.

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

Surface approximative conservée

Épaisseur entre 0,4 et 0,5 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à des fragments de calcite spathique. Ce type de mortier est appelé marmorino à cause de l’agrégat, qui bien souvent est de la poussière de marbre. La matrice a un aspect homogène et micritique, sans grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100-150 µm et 1 mm), de forme angulaire, sont répartis de manière homogène selon une distribution bimodale. Le mortier est moyennement poreux et présente des fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

Les fragments à fond vert semblent de deux types différents. Le premier (Fig. 231-e) est lisse et brillant, et la couleur a bien adhéré à la surface ; le deuxième type, en revanche, présente un état de conservation moins bon, puisque le pigment s’est effacé à plusieurs endroits (Fig. 231-f). Les prises de vue au microscope optique ont montré que la couche picturale de ces fragments est très fine et ne dépasse pas les 50-70 microns.

Groupe 6 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

Fig. 232. Groupe 6, vue en coupe du fragment d (photo P.T.).

et les spécificités de ce type de décor. Quelques fragments conservent les traces d’un changement de couleur de fond, qui peut alterner vert et noir ou rouge et noir. La délimitation des champs est également opérée par une rainure, tantôt rehaussée de rouge ou de jaune. Les couleurs restent variées : vert, rouge, violet, noir et blanc.

Fig. 233. Groupe 6, vue en coupe du fragment e au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Résultats des analyses sur les pigments Ces fragments font partie des échantillons analysés par le laboratoire de l’ICVBC de Florence. Deux fragments ont été analysés, le premier à fond rouge et le deuxième à fond vert. Le rouge utilisé est, sans surprise, de l’ocre rouge, comme l’atteste la grande présence de Fer ressortie grâce aux analyses XRF et la correspondance avec le spectre de référence de l’ocre rouge établi grâce au FORS. Le pigment vert est une terre verte19

198

Fig. 234. Groupe 6, fragment e, coupe de l’intonaco au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Peintures fragmentaires

Fig. 235. Groupe 6, fragment e, agrandissement (S. Bracci).

(fig. 235), comme l’atteste la présence de Fer et de Potassium mise en évidence par le XRF. Le fragment à fond vert a également eu une réaction positive au VIL (fig. 236) sur l’ensemble de sa surface, signe que la terre verte a été mélangée à du bleu égyptien. C’est également ce qui est ressorti de la prise de vue au microscope, où l’on distingue des cristaux bleus mélangés au vert (fig. 235), ainsi que des analyses par XRF, où des traces de Cuivre ont été identifiées. Groupe 7 : orthostate noir et bande verte sur fond violet (fig. 237) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe rassemble un nombre important de fragments, réunis principalement à cause d’un traitement de surface commun et des caractéristiques identiques du support, auxquels s’ajoute la présence systématique de traces de piquetage sur la couche picturale (fig. 237). Grâce à une série de fragments-clé, il a été possible de rapprocher entre eux deux groupes de fragments, le premier à fond noir, le deuxième à fond violet. La décoration est assez schématique et correspond parfaitement aux compositions fermées de deuxième style (fig. 243) : les fragments à fond noir correspondent à des orthostates qui devaient orner la zone médiane ; ces derniers sont réalisés par un simple trait de démarcation blanc, dont l’angle et la partie supérieure sont conservés.20 Un filet blanc vertical sépare chaque orthostate de l’autre. Au-dessus, un large bandeau vert fait office de ligne de démarcation avec un champ violet. Ce bandeau, large environ 7 cm, était rehaussé de plusieurs filets blancs et noirs, disposés en alternance. Le champ violet, d’une extension mini-

Fig. 236.Groupe 6, VIL appliquée à un fragment à fond vert (S. Bracci).

male de 20 cm, ne semble pas être pourvu de décoration. Un autre groupe de fragments conserve la terminaison latérale d’une paroi : en effet, quelques fragments présentent un angle en saillie et une rupture nette et régulière sur un des côtés ; de plus, un fragment conserve l’angle et une petite partie de la deuxième paroi. Cela a permis de déterminer que le bord de la paroi était orné d’une simple bande verte. Grâce à tous ces fragments il est possible de proposer une restitution partielle du schéma pariétal, correspondant foncièrement à la zone médiane d’une paroi de deuxième style. Toutefois, nous signalons que le schéma proposé pourrait parfaitement être retourné de 180°. En effet, le champ violet aurait pu décorer la partie basse de la paroi, qui était parfois ornée d’un simple aplat de couleur, comme dans la Sala del Monocromo de la Casa di Livia sur le Palatin,21 qui présente par ailleurs un bandeau de séparation vert orné de filets blanc et noirs fort similaire à notre exemple ostien. Par ailleurs, d’autres fragments épars ont été associés à ce groupe sans pouvoir être directement rattachés au reste de la paroi. C’est le cas d’un fragment conservant un petit chapiteau lotiforme (3 x 5 cm) (fig. 244), d’excellente facture, peint en blanc et enrichi de traits noirs suggérant la forme et le volume. Ce dernier supporte un bandeau vert serti d’un filet blanc, analogue à celui qui surmonte les orthostates noirs mais légèrement différent. Ce petit chapiteau ornait vraisemblablement la partie haute de la composition, dans la « galerie haute », où des colonnettes ou des pilastres soutenaient fréquemment un entablement ou une corniche.22 Malgré l’état de conservation partiel et détérioré, de nombreuses ressemblances peuvent être remarquées entre ces fragments et les décorations de deuxième style de

199

Étude générale

Fig. 237. Groupe 7, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.). N.bre de fragments

55

couche de finition (intonachino) figs 239-240

couche de préparation (intonaco) figs 241-242

Épaisse environ 1,5 cm sur tous les fragments ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée avec des pyroxènes, des fragments de roches volcaniques et des fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect qui oscille entre micritique micro-spathique, sans grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 200-300 µm et 1-2 mm), de forme sub-angulaire ou sub-arrondie, sont distribués de manière homogène. Le mortier est moyennement poreux et présente des pores de forme irrégulière.

La couche picturale, bien lissée et brillante, a une épaisseur moyenne de 50 µm. L’ensemble des fragments présente des stries d’accrochage à l’arrière et des traces de piquetage en surface (fig. 238). Des petites portions de la deuxième décoration sont conservées sur quelques fragments et permettent de dire qu’elle était à fonds blanc et rouge. D’une manière générale, l’état de conservation n’est pas des meilleurs : le deuxième niveau de décor a laissé une patine grisâtre sur l’ensemble des fragments, et plusieurs couleurs se sont détériorées, notamment le noir et le blanc. De plus, les nombreuses traces de piquetage ne facilitent pas la lecture des motifs.

Groupe 7 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

200

0,3455 m²

Épaisseur entre 0,6 et 1,5 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de calcite spathique et quelques fragments de roches carbonatées (marmorino). La matrice a un aspect hétérogène qui varie du micritique au micro-spathique, sans grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100-150 µm et 1-2 mm), de forme angulaire, sont répartis de manière homogène selon une distribution bimodale. Le mortier est moyennement poreux et présente des fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

Surface approximative conservée

Peintures fragmentaires

Fig. 238. Groupe 7, coupe et revers d’un fragment (photo P.T.).

Fig. 239. Groupe 7, vue de l’intonachino au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 240. Groupe 7, vue de l’intonachino au microscope à lumière transmise (E. Cantisani).

Fig. 241. Groupe 7, vue de l’intonaco au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 242. Groupe 7, vue de l’intonaco au microscope à lumière transmise (E. Cantisani).

201

Étude générale

Fig. 243. Groupe 7, restitution partielle du décor (P.T.).

la Domus dei Bucrani,23 qui constituent encore aujourd’hui le parallèle le plus proche et complet pour les décorations de cette période à Ostie. Résultats des analyses sur les pigments Deux fragments ont été sélectionnés pour les analyses, un à fond rouge-violet et l’autre à fond noir. Les deux conservent une partie du bandeau de séparation vert. C’est ce dernier qui a révélé le plus d’informations, notamment en ce qui concerne les pigments utilisés : le vert a été produit avec de la terre verte à base de Fer et Potassium, avec quelques traces de Plomb, mélangée

Fig. 244. Fragment avec chapiteau (photo P.T.).

202

Fig. 245. Groupe 7, fragment avec bandeau vert positif à la VIL (S. Bracci).

Peintures fragmentaires de manière homogène avec du bleu égyptien, comme l’atteste la forte présence de Cuivre ressortie des analyses XRF et la réaction de la VIL, positive sur toute la surface du bandeau. De plus, la prise de vue par VIL a révélé la présence d’un filet supplémentaire, réalisé avec du bleu égyptien mélangé avec un peu de terre verte, sur un des bords du bandeau (fig. 245). Ce filet s’est complètement effacé et son existence n’est prouvée que par ces analyses. Par ailleurs, les autres couleurs ont pu être identifiées en couplant les analyses XRF et FORS : Le fond violet est une ocre rouge, avec une forte présence de Fer et une présence ténue de Manganèse, qui semble une spécificité de ce décor. Le fond noir, en revanche, n’a pas réagi au FORS, peut-être à cause de son mauvais état de conservation ; l’analyse par XRF n’a pas obtenu de meilleurs résultats, puisque seul du Calcium avec des traces de Fer ont pu être mis en évidence. Il s'agit donc vraisemblablement d'un noir de suie. Groupe 8 : imitation de marbre par mouchetis coloré (fig. 246) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe présente le même type de décoration que les fragments du groupe 3, avec un mouchetis coloré de rouge, jaune, violet et vert sur un fond blanc-rose, imitant une plaque de marbre. N.bre de fragments

13

Nous renvoyons pour les détails aux explications données pour ce groupe. Dans ce cas-ci également, il est probable que les fragments proviennent de la zone inférieure d’une paroi de deuxième style, similaire à celle des fauces de la Domus dei Bucrani24 (fig. 251). Les ressemblances avec les enduits du groupe 3 sont flagrantes, mais rien ne permet d’associer ces fragments entre eux, qui proviennent de deux couches distinctes et qui présentent des différences notoires dans la réalisation des couches de préparation. Il est intéressant de constater que les trois seuls exemples de mouchetis de zone inférieure de paroi de deuxième style (deux des Taberne Finestrate, un de la Domus dei Bucrani) semblent avoir été réalisés selon une modalité et une technique fort similaires. Résultats des analyses sur les pigments Un fragment de ce groupe a été sélectionné pour les analyses physico-chimiques. La sous-couche rose a été identifiée comme du blanc de chaux grâce aux analyses FORS, ce qui a été confirmé par les analyses XRF, qui ont relevé principalement du Calcium avec une présence moyenne de Fer, signe que de l’ocre y a peut-être été mélangée en faible quantité. Pour ce qui est des autres couleurs, les deux types d’analyse ont permis d’identifier de l’ocre rouge (Fer avec quelques traces de Manganèse), de l’ocre jaune (forte présence de Fer) et de la terre verte (Fer avec Plomb et Potas-

Surface approximative conservée

0,1051 m²

couche de finition (intonachino) figs 247-248

Épaisseur conséquente, entre 1 et 1,5 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de calcite spathique et à quelques fragments de marbre (marmorino). La matrice a un aspect homogène et micritique, sans grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100-150 µm et 1,5 mm), de forme angulaire, sont répartis de manière homogène selon une distribution bimodale. Le mortier est moyennement poreux et présente des fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

couche de préparation (intonaco) figs 249-250

Épaisseur minimale entre 1,5 et 1,7 cm ; matrice de couleur blanc-gris, constituée de chaux aérienne mélangée à des pyroxènes et à des fragments de roches volcaniques (pouzzolane). La matrice a un aspect qui oscille entre micritique et micro-spathique, sans grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 200-300 µm et 1-2 mm), de forme sub-angulaire, sont distribués de manière homogène. Le mortier est très poreux et présente des fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

Composition et nature des couches de préparation

couche de préparation 3 Fine couche très argileuse conservée sur quelques fragments (rinzaffo) seulement ; empreintes de brins de paille visibles. Observations techniques

La surface des fragments est mal lissée et rugueuse, élément qui porterait à placer les fragments à une extrémité de paroi.

Groupe 8 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

203

Étude générale

Fig. 246. Groupe 8 (photo P.T.).

Fig. 247. Groupe 8, vue de l’intonachino au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 248. Groupe 8, vue de l’intonachino au microscope à lumière transmise (E. Cantisani).

Fig. 249. Groupe 8, vue de l’intonaco au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 250. Groupe 8, vue de l’intonaco au microscope à lumière transmise (E. Cantisani).

204

Peintures fragmentaires

Fig. 251. Domus dei Bucrani, fauces, décoration de la zone inférieure (Morard 2007, fig. 62).

sium). Cette dernière est particulièrement intéressante parce-que, comme les exemples de vert vus jusqu’ici, la terre verte a été mélangée à du bleu égyptien (visible par VIL et attesté par la présence de Cuivre identifiée par les analyses XRF). Il est intéressant de constater que les « taches » de couleur les plus fréquentes sont le vert et le rouge, et que les mélanges de pigments utilisés sont absolument identiques à ceux du groupe 7. Cela pourrait renforcer l’hypothèse d’un rapprochement entre ces deux groupes, dont les mortiers de préparation sont extrêmement semblables. Ensemble de fragments de quatrième style La grande majorité des fragments issus des couches USC 42 et 70 est constituée de décors quatrième style. En effet, plusieurs fragments présentent des motifs décoratifs représentatifs de cette période de l’histoire de l’art romain, comme des bordures ajourées, des éléments architecturaux ou d’autres motifs spécifiques ; de plus, les mortiers de préparation des décorations de quatrième style se différencient des productions antérieures et plus tardives, aussi bien du point de vue morphologique que stratigraphique, ce qui permet de dater de manière relative ces fragments par la seule observation technique Le nombre important de fragments et leur grande homogénéité ont permis de répartir l’ensemble des enduits en macro-groupes, au sein desquels ont été rassemblés différents groupes de fragments appartenant soit à un même décor, soit à

un même système décoratif. Cette double subdivision a permis l’identification de deux décors spécifiques qui ont pu être restitués pratiquement dans leur entièreté : une paroi et un plafond. Paroi avec panneaux rouges, jaunes et noirs, éléments architecturaux et guirlandes Groupe 9 : panneau à fond rouge avec édicules architecturaux, thyrses et guirlandes autour d’un tableau, bordé par un inter-panneau à fond noir (figs 252-257) Description, interprétation et datation du décor Les fragments rassemblés dans ce groupe appartiennent tous à un panneau central à fond rouge flanqué par des inter-panneaux noirs, pertinents à une zone médiane de paroi. La restitution du décor a été facilitée par la présence d’une large plaque et par de nombreux collage (fig. 252). La plaque en question montre la jonction entre un panneau et un inter-panneau. Ce dernier, particulièrement étroit (entre 10 et 12 cm de large), est délimité par deux colonnes blanches en perspective (fig. 252) : la colonne située du côté externe, plus large et mieux définie, fait office de séparation entre l’inter-panneau noir et un panneau jaune, attesté de manière évidente par deux fragments (fig. 256 a) ; elle est située en premier-plan par rapport au reste de la décoration, alors que la colonne de gauche, plus fine et irrégulière, est située en arrière-plan. La colonne en avant-plan (large environ 5 cm) sert de point de départ à une

205

Étude générale architrave stylisée peinte dans des tons verts et jaune-orangés s’élançant vers le panneau rouge en passant devant la colonne en arrièreplan (fig. 252). Plusieurs fragments appartiennent à une architrave identique mais spéculaire à l'autre (fig. 256 b), qui devait occuper l'autre côté du même panneau. En effet, les lois de la symétrie en peinture romaine, en vigueur à cette période, permettent de restituer la décoration d’un panneau en ne connaissant que la moitié.25 Plusieurs fragments avec des colonnes, peintes dans les mêmes tons orangés, peuvent être associé à cette architrave, puisque sur certains fragments la colonne cache la jonction entre l’inter-panneau noir et le panneau rouge (fig. 256 c-d). Au-dessus de cet élément architectural, qui occupait vraisemblablement la partie centrale du panneau, une guirlande verte s’élance depuis la colonne blanche qui délimite le côté externe de l’inter-panneau ; un fragment montre que cette guirlande est suspendue à une deuxième, de couleur dorée, stylisée à la manière d’un thyrse. Cette dernière semble descendre verticalement N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

32

pour arriver jusqu'à l’architrave jaune et verte (fig. 252). Un dernier groupe de fragments peut être associé aux autres en raison de la similitude de technique d’exécution et du traitement de surface ; il s’agit de fragments à fond rouge appartenant vraisemblablement à un tableau, de forme rectangulaire, abritant une scène figurée délimitée par un bandeau rouge foncé et un filet blanc (fig. 257). Le thème représenté sur cette scène ne peut pas être identifié à cause du peu de surface conservée : seul un fragment, qui n’est d’ailleurs pas directement lié aux autres, conserve un bras nu replié, alors que les autres fragments ne conservent que des coups de pinceau rapides de couleur verte, bleue et rosâtre, suggérant que la scène était située à l’extérieur, peut-être dans un milieu semi-aquatique. L’ensemble de cette portion de décor est réalisé avec un grand soin dans l’exécution et un souci du détail dans la représentation. D’une manière générale, les touches de couleur appliquées sont denses et épaisses, ce qui contribue à donner plus de relief à la composition. La représentation est pré-

Surface approximative conservée

0,1700 m²

couche de finition (intonachino) figs 253-254

Épaisseur entre 0,4 et 0,5 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et varie du micritique au micro-spathique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1 mm), de forme sub-angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier est relativement poreux et présente de nombreuses fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

couche de préparation (intonaco) figs 253-255

Épaisseur minimale entre 1,5 cm et 2 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de roches volcaniques (plus spécifiquement de la pouzzolane rouge), des pyroxènes et des fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et varie du micritique au micro-spathique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1 mm), de forme sub-angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier est relativement poreux et présente de nombreuses fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

couche de préparation 3 Fine couche très argileuse conservée sur quelques fragments (rinzaffo) seulement ; empreintes de brins de paille visibles. fig. 253

Observations techniques

La couche picturale, bien lissée et brillante, a une épaisseur moyenne de 100 microns. Un élément important à signaler est la présence d’une sous-couche rouge-rosâtre, d’une épaisseur irrégulière, située entre la couche picturale et l’intonachino (fig. 254). Cette couche pénètre dans l’intonachino tout en s’en distinguant. Cette sous-couche peut être définie comme un intonachino coloré ; sa fonction pourrait être de rendre plus vivaces les couleurs qui lui sont superposées, qui sont à la fois le rouge, le jaune et le noir. Par ailleurs, on relève la présence de traces de piquetage sur la surface de l’ensemble des fragments du groupe. Aucune trace ne s’est conservée du deuxième niveau de décor. Malgré cela, l’état de conservation de la décoration plus ancienne est très bon.

Groupe 9 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

206

Peintures fragmentaires

Fig. 252. Groupe 9, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 253. Groupe 9, vue en coupe d’un fragment de la plaque a (photo P.T.).

cise et extrêmement riche, comme le montre les nuances et les détails apportés aux motifs, même les plus petits ; ainsi, les éléments architecturaux sont réalisés par une multitude de filets, peints dans un dégradé de couleurs claires et sombres qui donnent du volume à l’ensemble (notamment pour les cannelures des colonnes) et qui créent l’illusion d’une lumière artificielle éclairant les structures de l’extérieur vers le centre du panneau ; par ailleurs, les larges colonnes blanchâtres

en avant-plan sont rehaussées de filets rouges et verts, peut-être des rubans stylisés enroulés autour d’elles ; l’architrave jaune-orange est décorée par une série de palmettes s’alternant sur un large bandeau vert en son centre ; enfin, les guirlandes et les thyrses sont réalisés par une bande à fond uni sur laquelle a été appliqué un grand nombre de petites touches de pinceau plus claires et plus sombres pour les rendre plus réalistes. La qualité de l’exécution nous pousse à resituer ces fragments dans la partie centrale d’une paroi ; c’est également ce que suggère la structuration même de cette portion de décor, qui peut aisément être restituée (fig. 258) : le panneau rouge serait orné de deux avant-corps symétriques, partant des extrémités pour arriver au centre du panneau ; ils seraient surmontés par une guirlande verte suspendue à des thyrses jaunes, qui retombent sur les éléments architecturaux, dont la fonction était d’encadrer et d’attirer le regard sur

207

Étude générale

Fig.254. Groupe 9, vue en coupe d’un fragment au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 255. Groupe 9, vue de l’intonaco au microscope à lumière réléchie (E. Cantisani).

Fig. 256. Groupe 9, détail des éléments architecturaux (photo P.T.).

Fig. 257. Groupe 9, fragments de tableau avec scène figurée (photo P.T.).

le tableau avec scène figurée, que l’on peut replacer au centre. Ce type de décor est particulièrement représentatif des compositions habituelles de quatrième style, avec un élément central encadré d’éléments architecturaux en perspective, le tout enrichi par une série de motifs décoratifs secondaires, comme – dans ce cas-ci – des guirlandes, des thyrses et des palmettes. Seuls quelques éléments se différencient du répertoire habituel et méritent d’être relevés. Premièrement, l’inter-panneau semble anormalement étroit, puisqu’il ne dépasse guère les 10 cm ;26 des situations analogues – bien que rares – sont attestées, notamment à Pompéi, dans l’Insula Occidentalis de la Regio VII27 et dans la Casa dei Capitelli Colorati.28 Par ailleurs, une autre particularité qui s’éloigne

du répertoire « classique » de quatrième style est la disposition des avant-corps, qui naissent dans les inter-panneaux pour s’avancer dans le panneau central. Ce type de composition est rarement attesté dans le répertoire vésuvien et urbain,29 mais semble fréquemment attesté dans les décors de quatrième style d’Ostie. En effet, il est intéressant de remarquer que la même caractéristique se retrouve également dans la décoration du portique du Santuario della Bona Dea30 (fig. 200) ainsi que dans un décor de paroi restitué à partir de fragments du Caseggiato dei Lottatori31 (fig. 202). D’une manière générale, les motifs décoratifs correspondent parfaitement à ce qui se trouve ailleurs dans l’empire durant la deuxième moitié du Ier siècle ap. J.-C. Chacun d’eux appartient au

208

Peintures fragmentaires

Fig. 258. Groupe 9, restitution d’une portion de décor (P.T.).

répertoire habituel du quatrième style et trouve de nombreuses analogies. Ainsi, les rubans stylisés rouges et verts autour des colonnes blanches en premier-plan du décor restitué ne sont pas une création ostienne : on en retrouve des exemples particulièrement semblables dans la Casa di C. Sulpicius Rufus,32 la Casa di Vesonius Primus33 et la

Casa dei Cubicoli Floreali34 de Pompéi. De la même manière, les guirlandes et les thyrses stylisés sont régulièrement employés dans le répertoire du quatrième style, comme – entre autres – dans l’œcus vert de la Casa del Menandro à Pompéi,35 qui présente des thyrses stylisés fort similaires. Pour ce qui est du rendu des architectures, les

209

Étude générale architraves ici représentées correspondent parfaitement aux éléments architecturaux fantaisistes et légers qui caractérisent le quatrième style, comme dans la Casa dei Vettii de Pompéi,36 où l’on distingue une architrave décorée de palmettes sur sa frise analogue à celle du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Résultats des analyses sur les pigments Quatre fragments de ce groupe ont été soumis aux analyses FORS et XRF, dans le but d’identifier les pigments utilisés. Les résultats ont été à la hauteur de nos attentes, dans la mesure où il a été possible de relever une grande quantité de données, que nous allons ici reprendre. Premièrement, le rouge en couleur de fond est une ocre rouge constituée en grande partie de Fer avec une quantité modérée de plomb ; des traces d’Arsenic et de Titane ont été trouvées, une particularité qui semble spécifique à ces fragments et qui confirmerait chimiquement leur appartenance à un même panneau. Au contraire, le noir de fond n’a pas pu être identifié car le spectre analysé au FORS n’est pas suffisamment significatif ; de la même manière, les analyses par XRF n’ont identifié que du Fer, du Plomb, du Silicium et du Potassium, qui sont communs à beaucoup de pigments. Au niveau des motifs décoratifs, les résultats sont heureusement plus complets : le jaune et l’orange utilisés pour l’élément architectural et les thyrses est réalisé avec le même N.bre de fragments

23

Surface approximative conservée

couche de finition (intonachino) figs 260-261

couche de préparation (intonaco) figs 260-262

Épaisseur minimale entre 2 cm et 2,3 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de pouzzolane rouge, des pyroxènes et des fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et varie du micritique au micro-spathique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1 mm), de forme sub-angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier est relativement poreux et présente de nombreuses fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

La stratigraphie des couches est très similaire à celle du groupe 9 ; comme pour ce dernier, la surface des fragments est piquetée et la couche picturale a été appliquée sur une sous-couche rosâtre irrégulière qui imprègne partiellement l’intonachino.

Groupe 10 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

210

0,1157 m²

Épaisseur entre 0,7 et 0,8 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et varie du micritique au micro-spathique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1 mm), de forme sub-angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier est relativement poreux et présente de nombreuses fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

mélange d’ocre jaune plus ou moins dilué avec du lait de chaux, comme l’atteste la présence de Fer, Plomb et Calcium. Le long de l’architrave, l’ocre jaune semble avoir été mélangée à du blanc de plomb pour les parties les plus claires. Il est intéressant de relever que tous les éléments jaunes ont réagi de manière positive à la VIL, signe que des cristaux de bleu égyptien sont présents. La présence du bleu égyptien dans le jaune ne semble pas avoir d’incidence sur la couleur, il faut donc supposer qu’il ne s’agit que de traces résiduelles, peut-être dues à un pinceau mal nettoyé. Cet élément est toutefois très intéressant, puisqu’il constitue un argument supplémentaire en faveur de l’hypothèse que ces fragments appartiennent au même panneau. Enfin, le vert employé pour les guirlandes et la frise des entablements a été identifié comme étant une terre verte37 constituée en grande partie de Fer avec une présence modérée de Plomb, Silicium, Potassium et Chrome. Ce mélange est très différent des terres vertes utilisées pour les fragments de deuxième style et est peutêtre dû à une source différente d’approvisionnement. Une autre différence avec le vert de premier et deuxième style est l’absence du bleu égyptien dans le mélange.

Peintures fragmentaires

Fig. 259. Groupe 10, échantillon de fragments de la première architrave (photo et dessin P.T.).

Groupe 10 : panneau à fond jaune avec édicule architectural rose-violet (fig. 259) Description, interprétation et datation du décor Le décor auquel se réfère ce groupe, bien qu’extrêmement fragmentaire, a pu être restitué en partie. Les fragments ici rassemblés appartiennent tous à un même panneau de paroi, à fond jaune, occupé par un élément architectural complexe, représenté dans des tons roses, gris et violets. Plusieurs fragments appartiennent à un entablement surmonté par un toit en bâtière, dont un seul côté est visible (fig. 259 a). Le toit est représenté par des lignes grises sur un fond violet, disposées en oblique et convergentes vers le centre pour créer un effet de perspective ; l’entablement est rendu par une succession de fines bandes roses, blanches et violettes, qui alternent une couleur claire et une couleur foncée, pour représenter l’architrave et la frise. L’extrémité droite de l’entablement est également conservée : sur le toit, un élément jaunâtre de forme irrégulière pourrait représenter de manière stylisée une antéfixe, alors

qu’un élément sinusoïdal violet, dessiné sur la partie basse de l’entablement, sur la frise, pourrait correspondre à un élément de décor, peut-être un acrotère stylisé ou une palmette de profil. La partie basse de l’architrave est enrichie par une bande en cinabre bordée d’un filet blanc : cette dernière effectue sur plusieurs fragments une légère courbe, de manière à former un arc de cercle. Toutefois, l’amplitude du cercle est trop réduite pour couvrir toute l’étendue de l’architrave (le diamètre du cercle peut être calculé à 15 cm), il faut donc supposer que l’arc de cercle était double et formait un arc infléchi ou en accolade. Le point d’attache entre l’architrave et ce qui la supportait n’est pas conservé ; cependant, plusieurs fragments avec des larges colonnes grisrose semblent appartenir à la même architecture. En effet, on retrouve sur un côté des colonnes la même bande en cinabre bordée de blanc, cette fois sertie d’une bordure ajourée de palmettes blanches inscrites dans un arc de cercle (fig. 259 b-c). Cette dernière trouve un parallèle particulièrement proche dans le triclinium de la Casa delle Nozze d’Argento de Pompéi,38 où elle est représen-

211

Étude générale

Fig. 260. Groupe 10, vue en coupe du fragment d (P.T.).

Fig. 262. Groupe 10, vue de l’intonaco au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 261. Groupe 10, vue en coupe d’un fragment au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

tée en lien avec une bande en cinabre bordée de lignes blanches, fort similaire à l’exemple ostien. Malgré l’absence de collages, nous avons pris la décision d’associer ces fragments et de croire que la bande en cinabre contournait non seulement l’architrave mais également le côté intérieur des colonnes. Cette hypothèse est renforcée par la présence de nombreux fragments avec la même bande, avec comme différence qu’elle est rectiligne et qu’elle est dépourvue de décorations supplémentaires (fig. 259 c). Cette dernière pourrait orner la partie basse de l’architecture et fermerait sur le côté bas la bande en cinabre, qui devient dès lors un véritable cadre, comme on peut le voir à Pompéi dans le péristyle de la Villa di Iulia Felix39 et dans l’antichambre du cubiculum 53 de la Casa di M. Fabius Rufus.40 En admettant cette hypothèse, il est possible d’associer un deuxième entablement au premier, en très mauvais état de conservation mais suffisamment lisible sur une plaque de deux fragments-clé (fig. 263). En effet, les fragments avec la bande en cinabre rectiligne, située sur la partie basse de l’entablement rose et violet, conservent les traces évidentes d’un deuxième entablement, sur lequel le premier aurait été posé. Il faudrait donc restituer cet élément architectural comme un édicule composé d’un double entablement, où

212

l’un serait soutenu par l’autre. Ce deuxième entablement, sur lequel poseraient les colonnes bordées de cinabre qui soutiennent l’architrave rose-violette, est réalisé dans des tons gris, bruns et beiges. Il présente comme caractéristique notoire la présence, en son centre, d’un petit pinax rectangulaire en cinabre également, délimité par une ligne blanche. Ce dernier encadre un élément figuré d’une grande finesse, représenté par des lignes blanches rehaussées de touches bleutées ; l’interprétation du motif n’est pas claire à cause de son état de conservation précaire, mais l’allure curviligne du dessin et la présence d’une queue de poisson pourraient suggérer qu’il s’agit d’un animal marin. La partie basse de l’entablement, en-dessous de l’architrave, est occupée par un soffite, réalisé par un aplat brun-gris sur lequel ont été posées des lignes obliques en perspective. Un fragment avec une colonne, analogue aux

Fig. 263. Groupe 10, fragments du deuxième entablement (photo et dessin P.T.).

Peintures fragmentaires

Fig. 264. Groupe 10, restitution du panneau (P.T.).

213

Étude générale

Fig. 265. Groupe 10, fragments avec empreinte de châssis de fenêtre (photo et dessin P.T.).

autres fragments décrits supra mais dépourvu de la bande en cinabre avec bordure, pourrait être placé en soutien de cette deuxième architrave. Cet édicule à double entablement devait occuper la majeure partie du panneau, qui devait vraisemblablement appartenir à une zone médiane de paroi (fig. 264). En effet, ce type d’architecture est souvent attesté dans les décorations de quatrième style, soit en tant qu’inter-panneau, soit dans les panneaux latéraux. De nombreux exemples analogues à celui-ci se trouvent à Pompéi, notamment dans le triclinium 14 de la Casa dei Quattro Stili 41, dans la pièce 19 de la Casa del Menandro42, dans l’ala 5 de l’édifice VI, 5, 16,43 dans le triclinium 19 de la Casa del Bracciale d’Oro,44 dans le portique nord du péristyle des Terme Stabiane45 et dans l’antichambre du cubiculum 53 de la Casa di M. Fabius Rufus.46 Le cas de la Casa del Menandro est doublement intéressant, puisqu’on y retrouve, dans l’architrave inférieure, un petit pinax incrusté dans l’entablement, semblable en tout point à celui que l’on retrouve sur nos fragments. D’autres motifs décoratifs correspondent à ce que l’on retrouve généralement dans des zones médianes de quatrième style ; c’est particulièrement le cas de la bande blanche, ornée de palmettes et de fleurs de lotus stylisés verts et rouges en alternance (fig. 262), qui surmonte l’entablement supérieur avec le toit en bâtière. Ce type de bordure est fréquemment employée dans

214

le répertoire de quatrième style comme bande de séparation entre des zones verticales de paroi. Les attestations de ces bandes sont légion, on peut se contenter de citer quelques exemples représentatifs de Pompéi, comme celles de l’œcus g de la Fullonica di Stephanus,47 l’atrium de la Casa del Menandro,48 le triclinium de la Casa di Trebius Valens49 ou l’atrium tétrastyle de la Casa delle Nozze d’Argento.50 Un autre élément très intéressant à relever, qui sera d’une grande importance pour la restitution d’ensemble (cfr. infra) est la présence d’une fenêtre dans la partie haute de la paroi, probablement dans la zone supérieure (fig. 265). Cette fenêtre est attestée par le fait que plusieurs fragments effectuent un angle rentrant sur leur côté supérieur : la surface du fragment se plie vers

Fig. 266. Groupe 10, fragment du pinax réactif au VIL (S. Bracci).

Peintures fragmentaires l’intérieur à un angle de 45° et s’interrompt de manière nette après 7-8 cm ; à cet endroit, des empreintes d’une latte de bois sont clairement visibles dans le mortier, sans doute les traces d’un châssis de fenêtre. Le rebord de cette fenêtre, que l’on retrouvera sur d’autres fragments associés à la décoration de la zone supérieure de la même paroi, était décoré d’une simple bande verte.51 Résultats des analyses sur les pigments En raison de la variété et de la complexité des couleurs utilisées pour ce panneau, quatre fragments ont été soumis à des analyses physico-chimiques. Ces dernières ont permis d’apprécier la qualité du travail des artisans, qui ont réussi à créer une palette riche et nuancée avec peu d’éléments de base. En effet, les différents tons utilisés pour l’édicule, qui sont le rose, le violet, le gris et le blanc, ont tous été réalisés avec une base de lait de chaux blanc, auquel ont été ajoutées des ocres, comme l’atteste la présence plus ou moins importante de Fer ajouté à la base de Calcium, selon les analyses XRF. Une autre donnée importante que les analyses ont permis de relever est la confirmation que le cadre interne à l’architrave supérieure et le pinax de l’entablement inférieur ont bien été réalisés en cinabre. En effet, le XRF a relevé la présence de Mercure, et le spectre analysé par le FORS correspond bien à celui de la précieuse couleur. En ce qui concerne la couleur de fond, les analyses ont confirmé que le jaune est en effet une ocre jaune à base de Fer. Un dernier élément mérite qu’on y porte plus d’attention. Il s’agit du fragment avec triton ou dragon, qui appartient au petit pinax en cinabre. Les analyses par XRF et FORS ont confirmé ce qui a déjà été dit supra, à savoir que le rouge est bien du cinabre et que le blanc est un simple lait de chaux à base de Calcium, mais en observant le fragment au microscope les archéomètres se sont aperçus de la présence de quelques cristaux de bleu égyptien dans le blanc. Le fragment a donc été soumis aux analyses par VIL, qui a révélé des touches évidentes de bleu égyptien, aujourd’hui disparues, qui se superposaient au blanc pour enrichir le décor et ajouter des détails, peut-être des nageoires supplémentaires (fig. 266). Groupe 11 : zone supérieure de paroi avec tripode, architectures et bordures Description, interprétation et datation du décor Ce groupe réunit des fragments en apparence fort différents mais qu’une observation attentive du décor a permis de réunir dans un ensemble cohé-

rent appartenant à un même schéma. La majorité des fragments appartiennent à un panneau rouge, flanqué sur ses deux côtés par deux panneaux jaunes, représentés par un petit nombre de fragments, eux-mêmes fermés aux extrémités par un champ noir. La séparation entre les panneaux est opérée par des larges guirlandes verticales, richement décorées avec une multitude de points blancs, verts et jaune appliqués sur un fond vert foncé constitué de touches de pinceaux orientées toutes dans le même sens, ce qui a permis d’orienter les fragments et de les situer sur un côté spécifique du panneau (fig. 267 b-c). Ces guirlandes – plus vraisemblablement des colonnes végétales – ont pour fonction de scander la zone et masquer la jonction entre les panneaux rouge, jaunes et noirs.52 Les motifs contenus dans le panneau rouge confirment sa position centrale ; en effet, le cœur de la composition est occupé par ce que nous interprétons comme un tripode, dont seuls les pieds se conservent (fig. 267 a). En effet, plusieurs fragments montrent une succession de trois bandes verticales très rapprochées, réalisées dans des tons allant du blanc crème à l’orange53, qui ne peuvent être interprétées comme des colonnes. En effet, ces bandes sont trop rapprochées l'une de l'autre ; le fait que ces bandes ne sont pas parfaitement parallèles mais convergentes confirme l'hypothèque qu'elles constituent les pieds d'un même élément. De là, l’identification d’un tripode nous semble tout à fait plausible, dans la mesure où il s’agit d’un motif très fréquent dans le répertoire de quatrième style, spécialement dans les zones supérieures de paroi, auxquels les fragments présentés ici semblent appartenir. Plus ou moins schématisé, le tripode apparait souvent comme élément central, flanqué de bordures, de guirlandes ou de colonnes. Les attestations les plus connues se trouvent dans la Casa del Menandro54, la Casa di Apollo,55 la Casa dell’Ara Massima56 ou la Casa delle Pareti Rosse 57 de Pompéi. Né comme un symbole apollinien fort, le tripode – delphique – perdra peu à peu son sens pour devenir un simple motif décoratif, parfois tellement schématisé qu’il devient quasiment géométrique, comme dans la Casa di Apollo, où les pieds du tripode deviennent de simples cadres pour des candélabres. Ensuite, deux fragments du même groupe ont permis de déterminer que ce motif central sert de point de départ à deux bordures ajourées superposées, qui devaient s’élancer de part et d’autre du tripode. Cette bordure est constituée d’une bande verte, bordée d’un côté d’un filet blanc et de l’autre d’une succession de lignes concaves jaunes, dont les raccords sont rythmés par une

215

Étude générale

Fig. 267. Groupe 11, échantillon des fragments plus représentatifs (photo P.T.).

216

Peintures fragmentaires

Fig. 268. Groupe 11, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

alternance de deux palmettes différentes58 (fig. 267 d). Ces bordures devaient continuer sur toute la largeur du panneau ; comme le montrent plusieurs fragments, elles passaient également en avant-plan par rapport à un élément architectural rose et brun. Ce dernier est attesté par la présence de colonnettes (fig. 267 e), qu’il est possible de rattacher également aux larges guirlandes verticales. Ces colonnettes ont été réalisées, comme pour les pieds du tripode, par une succession d’étroits filets peints en des couleurs différentes, qui vont du brun foncé au rose et au beige clair. Ce dégradé de couleurs donne une impression de relief au motif. Le passage des nuances claires

aux nuances foncées suggère que la colonne est illuminée d’un seul côté. En tenant compte de l'orientation de la source lumineuse ainsi que des lois de la symétrie dans les compositions de quatrième style, on peut aisément supposer la présence de deux petits édicules, un de chaque côté du tripode, sur les deux côtés du panneau. Enfin, deux fragments montrent qu’une des colonnettes était devancée par une guirlande verte, qui effectue un arc de cercle ascendant. D’autres fragments peuvent être associés à cette guirlande, reconnaissable parce qu’il s’agit de la seule qui présente une incision préparatoire ayant servi de repère aux artisans (fig. 267 d-e). Pour ce qui est des fragments à fond jaune (fig. 267 c), ils montrent clairement qu’au-delà de la guirlande verticale, à quelques centimètres, commençait un autre élément architectural, très semblable aux édicules roses et bruns du panneau rouge, qui se conserve uniquement par des fragments de colonnette jaune-orange ainsi que par un morceau d’architrave en perspective verte et blanche. Le décor de ce panneau jaune n’a pas pu être restitué, à cause de la faible superficie conser-

Fig. 269. Groupe 11, restitution du décor (P.T.). N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

43

Surface approximative conservée

0,1960 m²

couche de finition (intonachino) fig. 268

D’une épaisseur régulière tournant autour de 0,3 cm et 0,5 cm, l’intonachino a une matrice de couleur blanche et comme agrégat de nombreux grains translucides, probablement de calcite ; la consistance est dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 268

La couche d’intonaco est épaisse entre 2 et 2,5 cm ; la matrice, gris-blanche, présente comme agrégats de nombreux grains noirs (pyroxènes ?), de la pouzzolane rouge et du gravier ; la consistance est poreuse mais le mortier est compact.

La nature et l'agencement des couches de mortier semblent identiques à ceux des groupes 9 et 10 ; on retrouve également la sous-couche rosâtre, appliquée de manière irrégulière sur l’intonachino. Aucune trace de piquetage n’est conservée en apparence. À l’arrière des fragments, des stries parallèles constituent l’empreinte positive des incisions pratiquées dans la couche de mortier précédente pour offrir une meilleure adhérence à la couche d’intonaco conservée.

Groupe 11 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

217

Étude générale vée et du nombre trop exigu de fragments. De même, aucun décor sur fond noir n’a pu être rattaché avec certitude à cette partie de paroi. Malgré le faible nombre de fragments, le schéma reconstitué à partir de ces fragments restitue de manière assez complète toute une zone de paroi (fig. 269). Les petites dimensions des éléments architecturaux et les motifs employés suggèrent de placer ces fragments dans une zone supérieure. En effet, le décor restitué à partir de ces fragments trouve plusieurs analogies avec les décors de zones supérieures de quatrième style, en particulier avec l’œcus de la Casa di Papirius Sabinus de Pompéi ;59 la structure du décor s’articule de manière très similaire, avec un tripode central flanqué de deux éléments architecturaux, le tout étant relié par des bordures. La polychromie des zones supérieures est rare mais attestée, dans ce même œcus de la Casa di Papirius Sabinus de Pompéi. Un élément que nous n’avons pas mentionné jusqu’ici mais qui revêt une importance considérable dans la compréhension et la restitution d’ensemble de la paroi à laquelle appartiennent ces fragments est la présence d’une fenêtre, qui devait occuper une grande partie de cette zone. C’est ce que l’on peut voir sur un des fragments où est représenté un des pieds du tripode : à quelques centimètres de celui-ci, une bande verte en très mauvais état de conservation court parallèlement au pied. En correspondance de cette bande, la surface du fragment effectue un angle rentrant et, après environ 7 cm, le fragment s’interrompt de manière nette ; à cet endroit, l'empreinte d’un élément en bois est clairement visible dans le mortier. Tous ces éléments ont déjà été relevés pour les fragments du groupe 10 et ont été interprétés comme la trace d’un montant de fenêtre. Il semble donc logique de voir en ce fragment du groupe 11 le montant vertical de la même fenêtre, que nous avions déjà supposé en correspondance de la zone supérieure d’une paroi. La présence de cette fenêtre est capitale dans la mesure où elle fournit un indice de poids visant à associer les groupes 10 et 11, qui appartiennent sans beaucoup de doutes possibles à une seule et même paroi. Malgré tout, les dimensions ou la forme de cette ouverture ne peuvent être définies. Sur la restitution du décor proposée, la forme est plutôt rectangulaire, en raison du fait qu’un fragment, représentant le même pied du tripode que celui avec la bande verte, est dépourvu de cette dernière. Toutefois, il n’est pas à exclure que ce fragment provienne de la paroi opposée de la même pièce, qui devait représenter le même décor, probablement sans la fenêtre.

218

Hypothèse de restitution de la paroi Les lignes qui précèdent ont montré le cheminement logique qui nous a poussés à associer les fragments des groupes 9, 10 et 11 et à croire qu’ils appartiennent tous à une seule et même paroi. En effet, un lien concret a pu être établi entre les groupes 10 et 11 grâce à la présence de la fenêtre, dont deux montants sont conservés. Ensuite, bien que le groupe 9 n’ait pas de lien physique attesté avec les deux autres groupes, il est fort probable qu’il provienne de la même paroi. En effet, les analyses pétrographiques ont mis en évidence que les deux groupes ont été réalisés selon une modalité identique ; les similarités entre les mortiers de préparation sont telles – aussi bien dans la composition que dans leur disposition – que les archéomètres préconisent dans leur rapport l’appartenance des deux groupes à la même paroi. Cet argument est également renforcé par la présence des marques de piquetage sur la surface des fragments et par de grandes similarités de la décoration. De plus, les fragments du groupe 9 montrent clairement la présence de deux panneaux jaunes au-delà des inter-panneaux noirs ; or, le décor restitué par les fragments du groupe 10 appartient vraisemblablement à un panneau latéral, en raison du type de décor représenté mais aussi de la fenêtre, qui devait se situer en position excentrée par rapport à la paroi, comme on peut le deviner à partir des fragments du groupe 11. Aucun fragment relatif à la zone inférieure de la paroi n’a pu être identifié avec certitude, si ce n’est quelques fragments à fond noir (groupe 17), qui ne peuvent être associés au reste de la paroi par manque de collages ou de lien direct. Ces fragments, dont la décoration correspond bien aux décors des zones inférieures de quatrième style, présentent de grandes similarités du point de vue de la réalisation technique avec les fragments de la paroi, notamment en ce qui concerne les couches des mortiers de chaux (cfr. infra). On retrouve des fragments avec des touffes feuillues – motif réservé exclusivement aux zones inférieures –, d’autres avec des parties d’édicule vert bordé d’un filet blanc, ainsi que plusieurs fragments avec un large bandeau blanc serti de bandes vertes et rouges, un motif généralement choisi pour souligner le passage d’une zone inférieure à une zone médiane. Dans ces conditions, il est relativement aisé de proposer une restitution de l’ensemble de la paroi, à la suite du travail de recomposition des différents groupes explicités supra (fig. 270). Les fragments des groupes 9, 10 et 11 s’agencent parfaitement dans une composition très habituelle pour le quatrième style, avec une zone médiane

Peintures fragmentaires

Fig. 270. Restitution du décor de la paroi à partir des groupes 9, 10 et 11 (P.T.).

tripartite – constituée d’un panneau rouge central et de deux panneaux latéraux jaunes, séparés par des inter-panneaux noirs – et d’une zone supérieure également à trois couleurs. La zone inférieure n’a pas été représentée mais, pour uniformiser l’image et suggérer sa présence, un aplat noir a été tout de même ajouté au schéma, sur la base des éléments explicités supra. Certes, la restitution présentée n’est pas à l’abri des critiques,

puisque les dimensions des différents panneaux ne sont pas connues, tout comme la distance entre les différents motifs et les proportions de l’ensemble. Il n’en demeure pas moins que nous croyons fermement en l’utilité de restitutions comme celle-ci, qui rendent aux décorations fragmentaires une partie de leur dignité et augmentent leur considération auprès de la communauté scientifique mais aussi du public.

219

Étude générale Plafond avec composition centrée à emboîtements et cases juxtaposées

Le nombre le plus conséquent de fragments appartient à un seul et même décor, un plafond. L’appartenance de ces fragments à un plafond et non à une paroi est certaine, en partie à cause des motifs représentés, mais surtout à cause de l’empreinte des roseaux sur leur face arrière. Cette dernière a été d’une grande utilité, dans la mesure où elle a permis de donner un axe et une orientation aux fragments. Tous les fragments présentent des caractéristiques de mortier parfaitement identiques, si ce n’est pour quelques légères variations dans l’épaisseur des différentes couches. Pour cette raison, seules les caractéristiques techniques des fragments qui ont été soumis à des analyses pétrographiques seront présentées. Deux échantillons ont été analysés par les archéomètres de l’ISPC pour les analyses pétrographiques et six échantillons pour les analyses sur les pigments.

N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

38

Groupe 12 : décoration à fond rouge-violet avec octogone central flanqué de carrés jaunes, entouré par une jonchée de fleurs, fruits et feuilles (fig. 271) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe comprend un certain nombre de fragments appartenant à un large médaillon octogonal, qui occupait selon toute probabilité la partie centrale du décor (figs 271-275). Il est constitué de quatre octogones circonscrits l’un dans l’autre, réalisés – de l’intérieur vers l’extérieur – moyennant un filet jaune bordé sur ses deux côtés par des points, un filet blanc et bleu, un deuxième filet jaune avec des points et, enfin, une large bande blanche, rehaussée sur son côté externe par un filet vert.60 Les quatre octogones se placent au centre d’un motif géométrique complexe, formé par un carré aux côtés semi-concaves disposé sur la pointe. Ce dernier, délimité par un simple filet blanc, est enrichi sur ses quatre côtés par quatre carrés jaunes, également bordés de blanc et placés sur la pointe.61 L’ensemble du

Surface approximative conservée

0,3222 m²

couche de finition (intonachino) figs 272-273

Épaisseur entre 0,2 et 0,3 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à des fragments de travertin, de marbre et des cristaux de calcite. La matrice a un aspect homogène micritique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1,5 mm), de forme angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier est relativement poreux et présente de nombreuses fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

couche de préparation (intonaco) figs 272-274

Épaisseur d’environ 1 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de pouzzolane, des cristaux de pyroxènes et des fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et micritique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions moyenne 700-800 µm, les fragments volcaniques arrivant jusqu’à 4 mm), de forme sub-angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier présente quelques pores de forme irrégulière et des pores ronds.

Épaisseur minimale entre 0,5 et 0,7 cm ; matrice de couleur gris-brun, constituée de chaux aérienne mélangée à des fragments de pouzzolane, des pyroxènes et des fragments de couche de préparation 3 travertin. La matrice a un aspect hétérogène qui varie du (intonaco) micritique au microspathique, sans grumeaux, alors que les fig. 272 agrégats (dimensions entre 1 et 2,7 mm), de forme sub-angulaire et ronde, sont répartis de manière homogène. Le mortier présente un certain nombre de pores de forme irrégulière et des pores ronds. Observations techniques

Tous les fragments présentent sur leur face arrière l’empreinte des roseaux, tous de dimensions régulières dont le diamètre oscille entre 1 et 1,5 cm (fig. 272). Plusieurs fragments ont été recouverts d’une fine couche de pigment jaune et bleu pulvérulent, qui adhère mal à l’enduit.

Groupe 12 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

220

Peintures fragmentaires

Fig. 271. Groupe 12, échantillon des fragments significatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 272. Groupe 12, vue en coupe et revers d’un fragment (photo P.T.).

Fig. 273. Groupe 12, vue en coupe de l’intonachino au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 274. Groupe 12, vue en coupe de l’intonaco au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

221

Étude générale

Fig. 275. Groupe 12, restitution du décor (P.T.).

motif était lui-même enfermé dans un champ vert62 de forme carrée aux bords irréguliers, qui rompt avec les diagonales formées par les octogones pour arriver à une composition orthogonale, qui sera respectée dans le reste de la décoration (cfr. infra). Ce champ est en réalité un vaste tapis végétal, intégralement et densément recou-

222

vert de feuilles, de fruits et de fleurs.63 Le rendu est soigné et d’une grande qualité, avec une attention minutieuse aux détails (fig. 276). Ainsi, les feuilles sont rendues par des petites touches de pinceau en deux tonalités de vert, clair et foncé ; les fruits, peut-être des nèfles, ont été rendus par des touches épaisses jaunes, brunes et

Peintures fragmentaires style, et que les formes et les motifs utilisés semblent aller dans la même direction. Résultats des analyses sur les pigments

Fig. 276. Groupe 12, détail d’un fragment avec tapis végétal (photo P.T.).

blanches, suggérant de manière efficace leur relief et leur texture ; les fleurs, enfin, sont de deux types différents : des petites fleurs blanches à quatre pétales s’alternent à des roses presque miniaturistes, réalisées par une superposition de fines touches roses, blanches, brunes et rouges créant un effet d’ombre et de lumière. Pour ce qui est de la datation de ces fragments, il faudra attendre d’avoir une vision de l’ensemble du décor. Nous nous contentons de dire à ce stade-ci que les mortiers utilisés pour la préparation se rapprochent beaucoup des mortiers de quatrième N.bre de fragments Observations techniques

62

Trois fragments de ce groupe ont été soumis aux analyses VIL, FORS et XRF. Ces dernières se sont intéressées principalement au médaillon central et au tapis végétal, ce qui a permis de déterminer la nature des couleurs utilisées pour leurs différents composants. Ainsi, le rouge violacé employé comme couleur de fond s’est avéré être une simple ocre rouge, composée principalement de Fer. Le blanc utilisé pour les filets, les bandes et les motifs décoratifs est du lait de chaux, même si la forte teneur en Plomb retrouvée à plusieurs endroits laisse soupçonner la présence de blanc de plomb. De même, le filet blanc qui délimite le carré aux bords semi-concaves semble avoir été mélangé à du bleu égyptien, comme le montre clairement l’image par VIL. Une attention particulière a été apportée à l’identification du vert, qui est largement utilisé pour le tapis végétal, aussi bien pour le fond du champ que les feuilles. Tous ces éléments ont été réalisés avec le même mélange de terre verte plus ou moins diluée, constituée de Fer et Potassium avec une présence modérée de Plomb, de Silicium et de Chrome. Ce type de mélange correspond à la terre verte déjà identifiée sur les autres fragments de quatrième style, qui se différencie des décorations de premier et deuxième styles. Toutefois, contrairement aux fragments du groupe 9, la terre verte est ici mélangée de manière homogène à du bleu égyptien, dont la présence est attestée aussi bien par la VIL que par l’XRF, qui a détecté une forte présence de Cuivre dans le mélange. Il est intéressant de noter que le bleu égyptien est présent également dans d’autres couleurs du groupe, comme dans le jaune qui remplit les carrés autour du médaillon central. En effet, les champs jaunes, constitués d’ocre jaune, ont réagi de manière positive au VIL sur l’ensemble de leur surface. Au vu de la quantité importante de bleu égyptien utilisé, il est peu plausible qu'il s'agisse de résidus causés par des pinceaux mal lavés ; dans ce cas-ci nous avons probablement une décision délibérée du peintre, qui a voulu donner aux couleurs une tonalité particulière et plus brillante grâce au bleu égyptien.

Surface approximative conservée

0,2448 m²

L’ensemble des fragments a été recouvert d’une fine couche de pigment rouge pulvérulent, analogue à celle identifiée sur les fragments du groupe 12.

Groupe 13 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

223

Étude générale

Fig. 277. Groupe 13, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 278. Groupe 13, restitution partielle du rinceau (P.T.).

224

Peintures fragmentaires Groupe 13 : décoration à fond rouge-violet avec rinceaux végétaux Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments appartient à un des registres du plafond ; ce dernier, de forme quadrangulaire, était occupé sur ses côtés horizontaux et verticaux par un riche rinceau végétal (figs 277-278). Les quatre coins du registre étaient coupés par une bande bleue bordée de blanc, disposée en diagonale ; le triangle formé entre cette dernière et l’angle du registre était rempli de rose (fig. 277 d). L’élément principal du décor est donc le rinceau, conservé sur un grand nombre de fragments. La tige se compose d’un filet blanc rehaussé de vert par endroits, s’enroulant en spirales juxtaposées et inversées. Le tout est enrichi par une grande quantité de motifs de remplissage, comme des fleurs blanches et vertes tétralobées au cœur des spirales et des boutons de fleur verts, roses et blancs à l’extérieur, alternés à des longues feuilles de chêne avec des glands, ou encore à des feuilles de fougère enroulées par endroits. Des rinceaux similaires abondent dans le répertoire campanien de troisième et quatrième style, comme par exemple à Herculanum dans la Casa del Rilievo di Telefo64 et la Casa del Gran Portale.65 Dans les décors de plafond, les rinceaux sont généralement encadrés dans des compartiments géométriques, mais il arrive qu’ils servent eux-mêmes de cadre et entourent une zone figurée. Un exemple de décoration fragmentaire de troisième style proN.bre de fragments

53

Résultats des analyses sur les pigments Deux fragments ont été sélectionnés pour les analyses. Les résultats obtenus rejoignent ceux déjà présentés pour le groupe 12, notamment en ce qui concerne la couleur de fond et le type de blanc et vert employés. Nous nous contentons ici de mettre l’accent sur la présence du bleu égyptien sur la tige du rinceau, mélangé de manière homogène au blanc, qui est lui-même composé, une fois de plus, de lait de chaux mélangé à du Plomb. L’utilisation du bleu égyptien dans le but de donner plus d’épaisseur et de lumière au blanc est une marque supplémentaire de la grande qualité de ce décor. Groupe 14 : décoration à fond rouge-violet avec panneaux et compartiments (fig. 279) Description, interprétation et datation du décor Un troisième groupe de fragments relatifs au même plafond peint comprend une série de panneaux et compartiments rectangulaires, placés côte à côte. Grâce à l’orientation donnée par les roseaux, il a été possible de déterminer que ces compartiments se situaient sur les côtés verticaux et hori-

Surface approximative conservée

0,4175 m²

couche de finition (intonachino) fig. 280

Épaisseur entre 0,2 et 0,3 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à des fragments de travertin, de marbre et des cristaux de calcite. La matrice a un aspect homogène micritique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1,5 mm), de forme angulaire, sont répartis de manière homogène. Le mortier est relativement poreux et présente un certain nombre de fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

couche de préparation (intonaco) fig. 280

Épaisseur d’environ 1 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de pouzzolane, des cristaux de pyroxènes et des fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et micritique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions moyenne 700-800 µm, les fragments volcaniques arrivant jusqu’à 1,5 mm), de forme sub-angulaire, sont distribués de manière homogène. Le mortier présente quelques pores de forme irrégulière et des pores ronds.

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

venant de Bolsena66 le montre bien, puisqu’on y voit un rinceau à volutes identique à celui de ce groupe. De la même manière, la restitution du plafond de l’œcus a de la Casa dei Cervi à Herculanum67 propose une composition de quatrième style avec un rinceau qui rappelle l'exemple ostien.

Une partie des fragments est recouverte d’une fine couche de pigment jaune, identique à celle qui recouvre les fragments des groupes 12 et 13. Dans ce cas-ci, la couche jaune ne recouvre que les fragments qui appartiennent à deux des quatre côtés du plafond.

Groupe 14 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

225

Étude générale zontaux de la décoration et constituaient vraisemblablement un des registres du décor. Grâce à d’importants fragments-clé, il a été possible de restituer de manière vraisemblablement complète la structure principale de cette partie du plafond. Les quatre angles du registre étaient occupés par des panneaux carrés peints en vert, dont les bords

sont rehaussés d’un filet blanc ; au centre, ils étaient ornés par un large fleuron blanc et brun, réalisé par des touches épaisses et rapides et imitant – de manière stylisée – un caisson (fig. 279 b). Les côtés latéraux du registre étaient occupés au moins par trois compartiments (ou tableaux) chacun, de forme rectangulaire ; sur chaque côté, un

Fig. 279. Groupe 14, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

226

Peintures fragmentaires compartiment peint en blanc était flanqué de deux tableaux à fond rouge-violet, délimités par un filet blanc et un filet jaune (fig. 279 a). Les compartiments à fond blanc étaient vraisemblablement dépourvus de décoration et n’étaient ornés que par un filet noir qui longeait ses côtés. Les autres, en revanche, renfermaient un motif figuré : sur les huit tableaux restitués, quatre seulement sont conservés. Chaque tableau contenait un motif différent : un couple de masques de théâtre, d’un teint bleuté avec une longue chevelure brune et des cornes jaunes (figs 279 - 281 c) ; un petit oiseau brun et blanc (peut-être un moineau), dont seule la tête et la queue se conserve, en train de s’approcher d’une fleur blanche (figs 279-281 e) ; un cheval (figs 279-281 f) et un griffon, dont seule la tête est conservée (figs 279-281 d). Tous ces motifs, dont les dimensions oscillent autour des 20-30 cm, appartiennent au répertoire habituel des troisième et uatrième style, et sont fréquemment utilisés pour leur fonction décorative. Par exemple, le couple de

Fig. 280. Groupe 14, vue en coupe d’un fragment au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Fig. 281. Groupe 14, détail et restitution des éléments figurés (P.T.)

227

Étude générale médaillon central ; ceux-ci sont décorés par des éléments figurés tous différents, parmi lesquels on distingue des biches, des chèvres ou des petits oiseaux.72 Résultats des analyses sur les pigments

Fig. 282. Groupe 15, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

masques jouit d’un grand succès dans tout l’art romain ; en peinture murale, il est fréquemment représenté dans des tableaux ou cadres, comme dans le cubiculum z de la Casa delle Nozze d’Argento de Pompéi,68 ou dans le plafond de la Sphère Armillaire du portique 1 de la Villa San Marco à Stabies.69 De même, les griffons et les chevaux sont des motifs récurrents dans le répertoire de quatrième style, soit dans des cadres, soit en tant que figures flottantes au centre de panneaux ; la Casa del Salone Nero d’Herculanum fournit un parallèle intéressant dans son cubiculum c, avec une composition de voûte à compartiments autour d’un motif central ; au centre des petits tableaux se trouvent des chevaux et des griffons, similaires aux nôtres.70 Un décor analogue est celui du couloir 41 de la Villa di Poppea à Oplontis,71 avec des plafonds de quatrième style qui rappellent par leur structure le plafond d'Ostie. Dans ce cas-ci également, un registre de compartiments rectangulaires et carrés entoure un

Deux fragments de ce groupe ont été soumis à des analyses physico-chimiques. Les résultats confirment ce qui a déjà été dit supra, avec une couleur de fond en ocre rouge, des éléments décoratifs en blanc, réalisés avec du lait de chaux mélangé à du blanc de plomb, et de la terre verte employée pour les panneaux, constituée du même mélange de Fer, Potassium et Chrome déjà mis en évidence précédemment. Dans ce cas également, le vert est mélangé à du bleu égyptien. Groupe 15 : décoration à fond rouge-violet avec candélabre à entrelacs Description, interprétation et datation du décor Les fragments ici rassemblés (figs 282-283) appartiennent à un long compartiment, qui devait occuper un autre registre du plafond, sur au moins deux de ses côtés. Comme les précédents, ce compartiment est délimité par un filet blanc, avec comme différence qu’il est rehaussé d’un filet bleu sur un côté et qu’un deuxième compartiment, bordé d’un filet jaune, est inscrit à l’intérieur. Ce dernier encadre un long candélabre à entrelacs, avec deux tiges blanches formant une succession de mandorles. Chacune d’entre elles est enrichie, au centre, par un joyau ou une gemme stylisée, au cœur vert ou violet en alternance, serti de petits points jaunes. Les intersec-

Fig. 283. Groupe 15, restitution du décor (P.T.). N.bre de fragments Observations techniques

29

Surface approximative conservée

/

Groupe 15 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

228

0,2085 m²

Peintures fragmentaires tions entre les mandorles sont également marquées par quatre gouttes jaunes, alors que les tiges en tant que telles sont rehaussées sur chaque côté de feuilles vertes et jaunes, qui donnent à l’ensemble un aspect végétalisant. Le motif du candélabre à entrelacs est particulièrement apprécié au cours des troisième et quatrième styles, où il orne aussi bien les parois que les plafonds. Un parallèle fort proche à notre exemple ostien provient de la Casa del Colonnato Tuscanico d’Herculanum, où un motif identique décore le plafond de l’alcôve du cubiculum 15.73 Groupe 16 : décoration à fond rouge-violet avec filet blanc et tige végétale Description, interprétation et datation du décor Un petit groupe de fragments correspond à la terminaison du décor, comme l’atteste leur surface rugueuse et irrégulière, ainsi que la forme des fragments, dont un des côtés est parfaitement plat et droit. Grâce à quelques collages, il a été possible de déterminer que les bords du décor étaient décorés d’un double filet blanc et d’une fine tige végétale très stylisée, réalisée avec une simple ligne blanche à laquelle ont été ajoutées des petites feuilles vertes (fig. 284). Hypothèse de restitution du plafond Les différents fragments des groupes 12, 13, 14, 15 et 16 appartiennent sans l’ombre d’un doute à un seul et même décor. C’est ce qu’indiquent la composition et la séquence stratigraphique des mortiers – communes à l’ensemble des fragments –, et c’est ce qu’ont prouvé en partie les analyses physico-chimiques, qui ont identifié les mêmes matériaux employés pour les pigments. De plus, un grand nombre de fragments-clé a permis d’associer les différents groupes, ce qui a permis d’arriver à une hypothèse de restitution pratiquement complète de l’ensemble du décor (fig. 285). À cause de la complexité du schéma de la décoration, la tâche a été ardue et a demandé un grand effort de logique et de patience. Toutefois, le résultat peut se considérer plus que satisfaisant. La partie du décor plus difficile à restituer a été le centre, à cause de la forme irrégulière du motif central ; ce n’est qu’en respectant scrupuN.bre de fragments Observations techniques

13

leusement l’orientation des fragments et en observant chaque détail de la décoration que nous avons été en mesure de restituer l’ensemble du schéma. Pour le reste de la composition, le travail a été facilité par les fragments-clé qui ont servi de pont entre les différents groupes. Ainsi, plusieurs fragments conservent la jonction entre le tapis végétal et le rinceau, ce qui a permis de restituer la position de ce dernier. Ensuite, un rôle de premier plan a été joué par un fragment, qui conserve à la fois la bande bleue qui soulignait les angles du registre, le triangle rose formé par l’interstice entre la bande et l’angle du registre ainsi qu’une partie des compartiments du deuxième registre (groupe 14), qui a permis de lier les groupes 13 et 14 et de positionner les compartiments-caissons verts aux angles du registre. D’autres fragments conservant des portions à la fois des rinceaux et des compartiments ont confirmé l’association entre les deux groupes, tout comme d’autres fragments ont permis d’associer les groupes 14, 15 et 16. Le schéma restitué correspond parfaitement aux typologies de plafond de quatrième style, plus particulièrement au type des compositions centrées à emboîtements, 74 qui apparait dès l’époque républicaine en mosaïque mais qui ne se retrouve en peinture qu’aux alentours des années 40-50, période de transition entre le troisième et le quatrième style ; il continuera à se développer tout au long du Ier siècle ap. J.-C. et des premières décennies du IIe siècle ap. J.-C.75 Le plafond ici restitué rejoint les autres exemples conservés à Rome, 76 Pompéi, Herculanum, 77 Stabies 78 et Oplontis,79 avec une forme centrale géométrique, inscrite dans un carré et entourée d’une série de bandes concentriques, disposées en registres et décorées de motifs différents. Il est intéressant de constater que quelques éléments du décor restent ancrés dans les canons du troisième style, comme la rigidité du schéma, avec des formes et des compartiments très cloisonnés, la légèreté des formes – délimitées par des minces filets blancs – et l’attention presque miniaturiste pour les menus détails du décor, notamment les feuilles et les fleurs du tapis végétal. Néanmoins, les caractéristiques d’exécution technique, la richesse décorative – notamment du centre – et les nombreux parallèles retrouvés nous portent à placer le décor du Caseggiato delle Taberne Finestrate dans

Surface approximative conservée

0,1086 m²

/

Groupe 16 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

229

Étude générale

Fig. 284. Groupe 16, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 285. Restitution du décor du plafond à partir des groupes 12-16 (P.T.).

230

Peintures fragmentaires

Fig. 286. Groupe 16, fragment de l’octogone central avec pigments bleu et jaune appliqués a secco (photo P.T.).

Fig. 287. Restitution du deuxième état de décoration du plafond à partir des groupes 12-16 (P.T.).

231

Étude générale une phase mûre du quatrième style, dans le dernier quart du Ier siècle ap. J.-C. Au-delà de ces classifications purement stylistiques, ce plafond peint acquiert une importance remarquable dans le panorama ostien, puisqu’aucun autre décor de plafond datant de cette période n’a pu être restitué sur une telle surface. Par ailleurs, bien que privé de son contexte d’origine, le plafond peint des Taberne Finestrate ­fournit de précieux éléments qui permettent de reconstituer de manière indirecte les vicissitudes auxquels il a été confronté. En effet, les nombreuses traces de couleur appliquées sur la décoration, identifiées sur plusieurs fragments (fig. 286), ne peuvent être interprétées que comme une phase de re-décoration du plafond, qui n’a toutefois été que partielle. En effet, seules quelques zones sont touchées par cette deuxième décoration, alors que des parties spécifiques du décor ont été épargnées, comme le tapis végétal, le candélabre à entrelacs et une partie des compartiments. Les autres ont été recouvertes par une fine couche de pigment très pulvérulent, appliquée a secco sans aucune préparation de la surface, ce qui explique son état de conservation très précaire et le fait qu’il n’adhère que très peu à l’enduit (fig. 286). La nouvelle décoration est beaucoup plus colorée que la précédente (fig. 287) : l’octogone central est partiellement repeint en bleu égyptien très peu dilué – comme l’ont montré les analyses VIL, FORS et XRF – et tout le registre avec le rinceau est recouvert d’un champ d’ocre rouge. De même, une partie des compartiments et le carré aux côtés semi-concaves sont repeints avec de l’ocre jaune. Si ces champs colorés présentaient égaleN.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

34

ment un décor, aucune trace n’en subsiste aujourd’hui, de sorte qu’il est impossible de déterminer quand cette réfection a été réalisée. Groupes de fragments isolés Plusieurs groupes de fragments méritent d’être présentés, bien que trop fragmentaires ou trop isolés pour être rattachés à un décor spécifique. Leur valeur stylistique intrinsèque est indéniable, dans la mesure où ils enrichissent nos connaissances sur le répertoire de motifs employés par les artisans ostiens au Ier siècle ap. J.-C. Groupe 17 : zone inférieure de paroi sur fond noir (fig. 288) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments doit certainement être attribué à une zone inférieure de paroi à fond noir. Le champ principal est délimité par un large bandeau blanc, enrichi de bandes vertes et rouges, qui fait office de bande de séparation avec la zone médiane (fig. 288 a). Plusieurs fragments conservent également une partie de la zone médiane, qui présentait des panneaux à fond jaune et à fond noir. Seuls quelques fragments peuvent être rattachés au décor de la zone inférieure à proprement parler. Ils appartiennent à un édicule plat stylisé, rendu par une simple bande verte bordée d’un filet blanc, avec les bords droits et le côté supérieur arrondi (fig. 288 b-c). Ce type de motif était fréquemment employé dans les zones inférieures de quatrième style

Surface approximative conservée

0,1999 m²

couche de finition (intonachino) fig. 289

Épaisseur entre 0,2 et 0,4 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 289

Épaisseur entre 2 et 2,5 cm ; matrice de couleur blanchâtre, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?), petits graviers et pouzzolane : consistance dure et compacte, texture plus grossière.

couche de préparation 3 Fine couche très argileuse conservée par endroits ; empreintes (rinzaffo) de brins de paille visibles. fig. 289

Observations techniques

Le lissage des surfaces est de mauvaise qualité, la couche picturale est rugueuse et irrégulière ; à l’arrière des fragments, des empreintes positives d’incisions parallèles réalisées dans la couche de rinzaffo sont conservées. Par ailleurs, tous les fragments présentent la même sous-couche rosâtre irrégulière qui imprègne partiellement l’intonachino, déjà mise en évidence pour les groupes 9, 10 et 11. Une césure nette est bien visible à l’œil nu et se sent clairement au toucher, à peu près au centre de quelques fragments : elle correspond à la trace d’une pontata entre deux zones ; en observant le fragment en coupe, l’on s’aperçoit clairement que le mortier d’une des zones recouvre une partie de l’autre, qui avait déjà été décorée (fig. 289 a).

Groupe 17 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

232

Peintures fragmentaires

Fig. 288. Groupe 17, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 289. Groupe 17, vues en coupe et revers des fragments plus significatifs ; a : fragment avec superposition des couches de la zone inférieure sur la zone médiane ; b : fragment de la zone inférieure ; c : revers d’un fragment avec incisions (photo P.T.).

Fig. 290. Groupe 17, restitution du décor (P.T.).

pour compartimenter l’espace. Ces édicules servaient généralement d’accroche à des bordures ou guirlandes, et encadraient un élément figuré, végétal ou géométrique80 (fig. 290). Quelques fragments à fond noir avec des caractéristiques techniques similaires ont été associés à ce groupe,

à cause du fait qu’ils présentent des motifs spécifiques aux parties basses des parois de quatrième style. Ce sont seize fragments avec des touffes de feuilles vertes81 (fig. 288 d). D’autres fragments auraient très bien pu appartenir à cette partie de décor, comme une dizaine de fragments avec une

233

Étude générale

Fig. 291. Groupe 18, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

guirlande faite de hampes végétales vertes et blanches suspendues82 ou d’autres avec des bordures ajourées sur fond noir (cfr. groupe 27 e-f), mais sans collages ni fragments-clé il n’est pas possible de les associer directement à ce groupe. La structuration de cette zone de décor est relativement usuelle pour les zones inférieures de quatrième style, aussi bien dans l’Italie centrale que dans les provinces ; le « cas d’école » le plus souvent repris dans les manuels, qui présente d’ailleurs de fortes similarités avec les fragments de ce groupe, est la zone inférieure du tablinum 8 de la Casa del Menandro de Pompéi.83 Comme nous l’avons dit supra, ces fragments pourraient peut-être appartenir à la paroi de quatrième style restituée à partir des groupes 9, 10 et 11 ; en absence d’éléments supplémentaires ils n’ont pas été inclus dans la restitution.

Groupe 18 : bordure d’étoiles et fleurs jaunes sur fond noir (fig. 291) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments a permis de restituer une longue bordure à fond noir, constituée d’une alternance d’étoiles jaunes à huit branches et de fleurs stylisées jaunes et vertes (figs 291-293). L’exécution est soignée et d’une grande finesse, les étoiles ont toutes la même dimension grâce à des incisions préparatoires et elles semblent avoir été réalisées par une main experte habituée à reproduire plusieurs fois un même motif. Aucun élément ne permet de situer cette bordure dans un schéma quelconque 84  ; la réalisation technique rappelle beaucoup celle des fragments des groupes 9, 10 et 11, aussi bien du point de vue des mortiers de préparation que du traitement de surface. En l’absence de fragments-clé ou de collages, toutefois, ces fragments sont destinés à rester isolés. < Fig. 292. Groupe 18, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

21

Surface approximative conservée

Épaisseur entre 0,2 et 0,4 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 292

Épaisseur entre 2 et 2,5 cm ; matrice de couleur blanchâtre, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?), petits graviers et pouzzolane : consistance dure et compacte, texture plus grossière.

Plusieurs incisions préparatoires ont facilité l'exécution du motif : trois lignes parallèles délimitent la bordure et marquent le centre ; sur un fragment, une ligne perpendiculaire marque la partie finale de la bordure.

Groupe 18 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

234

0,0675 m²

couche de finition (intonachino) fig. 292

Peintures fragmentaires

Fig. 293. Groupe 18, restitution de la bordure (P.T.).

Groupe 19 : plumes de paon végétalisées sur fond rouge (fig. 294) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments présente une décoration assez particulière : malgré un état de conservation précaire, on distingue encore clairement des plumes de paon, disposées en touffes de deux plumes (fig. 294). D’une grande qualité et finesse, elles sont peintes avec beaucoup de réalisme : les barbules sont rendues par des fins traits roses et blancs sur une base violette, terminés par des points jaunes, alors que l’ocelle est réalisée avec un cercle bleu-vert bordé d’un filet jaune. Derrière les plumes, des tiges végétales jaunes s’élancent par groupes de deux (figs 294-298). Au bout de ces tiges, on arrive encore à distinguer des minuscules feuilles de vigne stylisées. N.bre de fragments

9

Surface approximative conservée

0,0573 m²

couche de finition (intonachino) figs 295-296

Épaisseur entre 0,4 et 0,5 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de roches carbonatées. La matrice a un aspect homogène et varie du micritique au micro-spathique, avec quelques grumeaux, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1 mm), de forme sub-angulaire, sont répartis de manière unimodale. Le mortier est moyennement poreux et présente quelques fissures de retirement et des pores de forme irrégulière.

couche de préparation (intonaco) figs 295-297

Épaisseur minimale entre 0,5 cm et 1 cm ; matrice de couleur blanche, constituée de chaux aérienne mélangée à de nombreux fragments de roches volcaniques (plus spécifiquement de la pouzzolane rouge), des clinopyroxènes, des fragments de roches carbonatées et quelques fragments de mortiers et de pouzzolane. La matrice a un aspect homogène et micritique, alors que les agrégats (dimensions entre 100 µm et 1 mm), de forme sub-angulaire et subarrondie, sont répartis de manière homogène. Le mortier est très peu poreux.

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

Aucun élément ne permet de situer le motif dans un schéma décoratif particulier ou de lui attribuer une fonction. Les caractéristiques des mortiers de préparation rappellent celles des groupes 9, 10 et 11, bien que les analyses pétrographiques aient relevé quelques différences. Il faut donc se concentrer sur la valeur stylistique du motif. La plume de paon est un motif rare mais attesté dans le répertoire de troisième et quatrième styles, généralement au sommet de candélabres, et trouve quelques parallèles dans l’aire vésuvienne. On le trouve par exemple dans le triclinium 13 de la Casa di A. Umbricius Scaurus à Pompéi, où l’on voit, sur une paroi à fond noir, une longue plume de paon, haute comme toute la paroi, assimilée à un candélabre.85 De la même manière, à Herculanum, on trouve une botte de trois plumes de paon ornant les quatre coins du plafond du cubiculum a de la Casa del Salone Nero.86 L’exemple le plus similaire provient de la Villa di

La couche picturale, bien lissée et brillante, a une épaisseur moyenne de 100 microns. Malgré la bonne réalisation technique, le décor est aujourd’hui en très mauvais état de conservation et s’est effacé à plus d’un endroit.

Groupe 19 : Caractéristiques techniques sur la base des analyses pétrographiques.

235

Étude générale

Fig. 294. Groupe 19, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Poppea à Oplontis, où l’on retrouve le même motif suspendu à des éléments architecturaux, sur les parois de la pièce 17, dans le secteur thermal de la villa, ainsi que dans le portique 6087. Toutefois, aucune de ces décorations ne présente la même végétalisation du motif, qui est une caractéristique que l’on semble trouver uniquement à Ostie. En effet, des plumes de paon absolument identiques ont été retrouvées dans d’autres contextes de peintures fragmentaires de quatrième style, dans les fouilles du Caseggiato dei Lottatori et dans celles de l’édifice V, II, 2 (fig. 299). Les plumes sont identiques en tout point et semblent avoir été réalisées par la même main. De

Fig. 295. Groupe 19, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

Fig. 296. Groupe 19, prise de vue de l’intonachino au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

236

plus, toutes trois ont été soumises aux analyses de pigments (cfr. infra) : ces dernières ont révélé que les différents motifs ont été peints avec les mêmes mélanges, selon un procédé commun. Tous ces éléments font de la plume de paon ostienne un motif qui prouve l’existence de carnets et de recettes communs à plusieurs contextes, ce qui pourrait être un marqueur d’identification d’un même peintre ou d’un même atelier travaillant au même moment à différents endroits de la ville.88 Résultats des analyses de pigments Un des fragments avec plume de paon a fait l’objet d’analyses XRF, FORS et VIL. Ces dernières ont révélé que le violet utilisé pour les barbules de la plume a été réalisé en mélangeant du blanc de chaux avec de l’ocre rouge ; le blanc des barbules et le bleu-vert de l’ocelle ont réagi de manière positive au VIL, signe que du bleu égyptien y est mélangé. La détérioration du fragment n’a pas permis d’identifier avec plus de précision les autres couleurs, mais les analyses réalisées sur

Fig. 297. Groupe 19, prise de vue de l’intonaco au microscope à lumière réfléchie (E. Cantisani).

Peintures fragmentaires

Fig. 298. Groupe 19, restitution du motif de la plume de paon (P.T.).

les fragments du Caseggiato dei Lottatori et de l’édifice V, II, 2 ont permis de combler cette lacune et de confirmer les données déjà exposées. Ainsi, le vert a été identifié comme étant une terre verte, à base de fer, avec une grande quan-

tité de bleu égyptien ; le jaune, utilisé pour les détails et les feuilles, est de l’ocre jaune, dans lequel des traces de Plomb ont été trouvées grâce aux analyses XRF sur les deux contextes.

Fig. 299. Motif de la plume de paon dans trois contextes ostiens de quatrième style ; a : CTF, b : V, II, 2 ; c : C. dei Lottatori (Marano & Tomassini 2018, fig. 8).

237

Étude générale

Fig. 300. Groupe 20, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Groupe 20 : guirlande suspendue et édicule végétal sur fond jaune (fig. 300) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments représente une guirlande de feuilles festonnée, suspendue en plusieurs endroits à des fleurs stylisées blanches et rouges, dont la tige est décorée de volutes (figs 300-302). Le motif se distingue par la grande qualité de l’exécution, aussi bien technique qu’artistique. En effet, les guirlandes sont finement reproduites, avec des minuscules touches blanches et jaunes sur une base verte, constituée de légers traits représentant le feuillage ; de même, les fleurs stylisées sont de facture très fine, et le cœur est en cinabre. Les

Fig. 301. Groupe 20, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

fleurs soutenant la guirlande étaient vraisemblablement suspendues à un édicule végétal, que l’on entrevoit sur quelques fragments ; ce dernier, recouvert d’un épais feuillage vert, devait encadrer un champ bleu, très peu conservé.

Fig. 302. Groupe 20, restitution du motif (P.T.). N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

12

Surface approximative conservée

couche de finition (intonachino) fig. 301

Épaisseur entre 0,2 et 0,3 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte

couche de préparation (intonaco) fig. 301

Épaisseur entre 1,8 et 2 cm ; matrice de couleur blanchâtre, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?), petits graviers et pouzzolane : consistance dure et compacte, texture plus grossière.

La surface des fragments est piquetée, mais aucune trace ne subsiste de la deuxième décoration.

Groupe 20 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

238

0,0403 m²

Peintures fragmentaires

Fig. 303. Groupe 21, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Aucun élément ne permet de rattacher ces fragments à une paroi particulière ou de les associer à d’autres fragments de l’ensemble, si ce n’est les caractéristiques des mortiers et la présence des marques de piquetage en surface, qui font penser que ces fragments pourraient provenir de la même paroi que les groupes 9, 10 et 11. Les édicules feuillus (it. edicole fronzute) sont communs dans le répertoire de quatrième style et décorent généralement les zones supérieures de paroi89. Dans ce cas-ci, la qualité de l’exécution et la finesse des détails qui caractérisent ces fragments semble suggérer qu’ils devaient occuper une position plus centrale dans la composition du décor. Groupe 21 : portion de paroi à fonds noir, jaune et rouge avec architectures légères (fig. 303) Description, interprétation et datation du décor Les fragments associés à ce groupe ont comme caractéristique commune – outre les mortiers de préparation – qu’ils conservent tous comme décoration des fines colonnettes roses et vertes disposées à peu de distance l’une de l’autre (fig. 305). N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

26

Fig. 304. Groupe 21, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

Toutes ces colonnes appartiennent à deux éléments architecturaux sur des plans de perspective différents, qui décorent et traversent plusieurs panneaux d’une même zone : un panneau rouge, flanqué de deux panneaux jaunes, euxmêmes flanqués d’un panneau noir sur chaque côté. Cette solution est la seule qui permet d’inclure tous les fragments dans un même décor ; l’orientation des fragments a été possible en tenant compte du côté sur lequel a été peinte la ligne blanche qui représente la lumière. En effet, dans leur conception du décor, les artisans se représentaient généralement un même point d’origine pour la lumière, qui irradiait depuis le centre. C’est de cette manière que nous avons pu déterminer que les fragments appartiennent à deux paires de colonnes, placées tantôt à gauche, tantôt à droite d’une colonne verte-blanche. À

Surface approximative conservée

0,1448 m²

couche de finition (intonachino) fig. 304

Épaisseur entre 0,2 et 0,3 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 304

Épaisseur entre 1,8 et 2 cm ; matrice de couleur blanchâtre, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?), petits graviers et pouzzolane : consistance dure et compacte, texture plus grossière.

Tous les fragments présentent la même sous-couche rosâtre irrégulière qui imprègne partiellement l’intonachino, déjà mise en évidence pour les groupes 9, 10 et 11.

Groupe 21 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

239

Étude générale

Fig. 305. Groupe 21, restitution d’une zone supérieure de paroi (P.T.).

l’intérieur de cette composition, les colonnettes vertes jouent un rôle principal dans l’articulation de la décoration, puisqu’elles rythment le passage d’un panneau à l’autre (fig. 305). Les colonnettes roses, en arrière-plan, semblent traverser l’ensemble des panneaux ; elles sont toujours représentées par groupes de deux, en bord de panneau, et soutiennent un entablement rosâtre, conservé sur un fragment. Un seul fragment pourrait correspondre à l’entablement soutenu par les colonnes vertes, mais sans lien certain. Si l’on admet que ce fragment appartient bien à la même architecture verte attestée par les colonnes, il faut en déduire que l’édicule vert était placé à cheval entre les panneaux jaunes et le panneau rouge. L’articulation en trois panneaux de couleurs différentes donne à cette décoration une place de premier plan dans l’organisation du schéma décoratif. Toutefois, la fine épaisseur des colonnes ne convient pas à la décoration d’une zone médiane, mais pourrait parfaitement se retrouver dans une zone supérieure de quatrième style. En effet, les architectures légères et fantaisistes créant un jeu de perspective en continuité avec la zone médiane étaient extrêmement fréN.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

11

quentes et se retrouvent dans tout le répertoire romain. Ce type de décor, qu’A. Barbet qualifie de type à frons scenae, trouve des exemples similaires dans la salle de la voûte noire de la Domus Aurea, où – bien qu’à une échelle différente – on retrouve le même jeu de perspective entre deux éléments architecturaux en avant- et arrièreplan90. Le seul élément qui se démarque ici est la trichromie de la zone supérieure, qui est relativement rare dans les régions vésuviennes mais qui semble une caractéristique récurrente de la production ostienne, puisque la seule autre zone supérieure restituée jusqu’à présent91 alterne le même jeu de trois couleurs. Groupe 22 : portion de plafond à fond rouge avec drapé suspendu (fig. 306) Description, interprétation et datation du décor Ce petit groupe de fragments est tout ce qui reste du décor d'un plafond de quatrième style à fond rouge, avec peut-être quelques fragments épars décorés où l’on voit une guirlande festonnée, une colonnette bleue et un cadre de filet blanc avec

Surface approximative conservée

couche de finition (intonachino) fig. 307

Épaisseur entre 0,2 et 0,3 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 307

Épaisseur entre 1 et 1,5 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?) et petits graviers : consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco)

Épaisseur entre 0,5 et 1 cm ; matrice argileuse de couleur grise, riche en brins de paille

Tous les fragments présentent la même sous-couche rosâtre irrégulière qui imprègne partiellement l’intonachino, déjà mise en évidence pour les groupes 9, 10 et 11.

Groupe 22 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

240

0,1729 m²

Peintures fragmentaires

Fig. 306. Groupe 22, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Fig. 307. Groupe 22, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

un fleuron au centre, qui présentent une préparation de mortiers similaires.92 L’ensemble du décor devait certainement être d’une grande finesse et d’excellente facture. Le groupe le plus représentatif de fragments montre un long drapé blanc aux reflets bleus, suspendu à intervalles réguliers à des tiges de fleurs stylisées jaunes au cœur vert ; ces dernières sont reliées entre elles par de fines guirlandes jaunes à festons (figs 306-308). Le drapé est rendu par une bande blanche bordée d’un filet

jaune en-dessous et d’un filet rouge au-dessus ; l’effet de mouvement est donné par des fines bandes bleues verticales, qui s’estompent sur un côté dans un dégradé très léger créant un jeu d’ombres suggérant les plis du drap. Les bandes de drapés suspendus font partie du répertoire habituel de quatrième style employé pour les plafonds. La fonction est celle d'encadrer des éléments et de compartimenter l’espace, comme toute bande ou bordure. En l’occurrence, le peu de fragments conservés ne permettent pas de situer les fragments dans un schéma décoratif quelconque, mais il est probable que le drapé ici représenté occupait une place similaire à ceux des plafonds du cryptoportique 92 de la Domus Aurea93 et du plafond de Mercure de la Villa San Marco à Stabies,94 où ils servent à délimiter un des compartiments centraux pour le premier, à encadrer les compartiments de la zone de raccord pour le deuxième.

Fig. 308. Groupe 22, restitution du motif (P.T.).

241

Étude générale

Fig. 309. Groupe 23, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

Groupe 23 : portion de plafond à fond jaune avec drapé orné de guirlandes et bordures (fig. 309) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments, bien que dans un état de conservation non excellent, a permis de restituer une partie de la décoration d’un plafond de quatrième style à fond jaune (figs 309-311). La majorité des fragments appartient à un médaillon polygonal, constitué d’une large bande circulaire rouge bordée de blanc, autour de laquelle court un drapé suspendu blanc et brun orangé. Ce dernier forme un polygone à 16 côtés concaves, dont chaque extrémité est décorée d’une goutte rouge, qui représente de manière stylisée l’accroche du voile. Tout autour du médaillon, des guirlandes et des bordures ajourées s’en détachent et s’éloignent dans des directions différentes. Les guirlandes, N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

22

Fig. 310. Groupe 23, vue en coupe et revers d’un fragment (photo P.T.).

systématiquement par paires, sont représentées comme de simples bandes vertes aux côtés ondulés ; la bordure ajourée est un peu plus élaborée, puisqu’elle est constituée d’une bande rouge sur laquelle s’étend une succession de motifs cordiformes horizontaux, plus précisément des esses

Surface approximative conservée

0,1678 m²

couche de finition (intonachino) fig. 310

Épaisseur entre 0,7 et 0,9 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 310

Épaisseur entre 1,2 et 1,5 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation 2 Épaisseur entre 0,7 et 1 cm ; matrice de couleur gris-brun, (intonaco) agrégat non identifiable à l’œil nu ; consistance friable et pulfig. 310 vérulente. Observations techniques

La deuxième couche de préparation, qui n'est conservée que sur quelques fragments, présente encore l’empreinte des roseaux sur lesquels elle a été étendue ; cela a permis de déterminer que les fragments appartiennent à un plafond.

Groupe 23 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

242

Peintures fragmentaires

Fig. 311. Groupe 23, restitution d’une partie du décor (P.T.).

blanches affrontées, qui s’opposent deux à deux et qui sont alternées chacune par une pelte blanche stylisée.95 Grâce à l’orientation des fragments donnée par les roseaux, il est possible de déterminer que les bordures et les guirlandes ne suivent pas un des axes orthogonaux du plafond mais suivent une diagonale de 45° ; il n’est pas possible de restituer .de manière plus complète le décor, par manque de fragments, mais d’autres exemples plus complets, venant notamment de Rome et de Campanie, permettent d’avoir une idée plus claire du type de composition auquel ces fragments pourraient appartenir. En effet, la voûte de la pièce 35 de la Domus Aurea présente des médaillons radiés très similaires au nôtre, placés aux quatre angles du décor et reliés entre eux par des bordures ajourées et des guirlandes96 (fig. 312). De même, un autre médaillon radié similaire se retrouve dans la pièce 8 de la Casa degli Amanti de Pompéi,97 en position centrale. Dans notre cas, il est peu probable que le médaillon ait occupé une place centrale dans la décoration, puisque le diamètre maximal restitué pour l’ensemble du motif est de 35 cm ; la voûte de la Domus Aurea reste donc le parallèle le plus proche pour ce décor, avec comme différence qu’il ne devait pas suivre

un schéma orthogonal et rectiligne mais plus probablement une composition rayonnante ou à diagonales accentuées.98

Fig. 312. Domus Aurea, dessin du décor de la voûte de la pièce 35 (Meyboom/Moormann 2013).

243

Étude générale

Fig. 313. Groupe 24, échantillon des fragments plus représentatifs (photo et dessin P.T.).

> Fig. 314. Groupe 24, vue en coupe et revers d’un fragment (photo P.T.). N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

19

Surface approximative conservée

Épaisseur entre 0,8 et 1 cm ; matrice de couleur blanche, agrégat constitué de plusieurs grains blancs anguleux (calcite ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 314

Épaisseur entre 1,3 et 1,5 cm ; matrice de couleur grise, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?), petits graviers et sable : consistance compacte mais légèrement friable.

/

Groupe 24 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

244

0,2427 m²

couche de finition (intonachino) fig. 314

Peintures fragmentaires

Fig. 315. Groupe 24, restitution partielle du décor (P.T.).

Groupe 24 : portion de paroi à fond blanc avec édicule stylisé et guirlandes, détériorée par des graffitis (fig. 313) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe important de fragments appartient vraisemblablement à une paroi à fond blanc de quatrième style, dont seule une partie de la zone supérieure et de la zone médiane est conservée (fig. 313). La grande fragmentation des enduits et l’état de conservation non excellent n’ont pas facilité la lecture des motifs, ce qui entraîne une impossibilité à restituer plus complètement le schéma de la paroi. La majorité des fragments appartient à un édicule rouge, stylisé à l’extrême puisque réalisé par de simples bandes rouges, sans aucun effet de perspective (fig. 313 a-c). L’édicule, rectangulaire et aux bords droits, est divisé en compartiments, à l’intérieur desquels se conservent au moins deux dauphins ou animaux marins bleus (fig. 313 a-c). Perpendiculairement à l’édicule, plusieurs motifs s’en détachent : une bordure ajourée jaune99 et une série de fleurs rouges au bout de longues tiges vertes (fig. 313 b, fig. 315). L’ensemble, bien que fort stylisé et schématique, est d’une grande finesse et dénote une certaine qualité ; les dauphins au cœur des compartiments sont réalisés par des touches fines et précises, et les fleurs rouges sont rendues de manière très détaillée par des traits de deux tonalités différentes. Ce type de motif est à situer dans

une zone supérieure de paroi, où l’édicule occuperait une position latérale et servirait à encadrer le champ central de la zone, où devraient se trouver les bordures ajourées. Les décorations de zones supérieures avec édicules latéraux jouissent d’un certain succès dans les décors de quatrième style.100 De nombreux exemples sont conservés à Pompéi, comme dans le cubiculum 49 de la Casa di M. Fabius Rufus, où la zone supérieure de la paroi sud est décorée d’une série de compartiments rouges verticaux, abritant en leur centre des petits éléments figurés.101 Le même schéma est employé dans la décoration du cryptoportique 92 de la Domus Aurea, où des édicules stylisés identiques à celui d’Ostie ornent les zones supérieures et servent de point de départ à des guirlandes et des bordures.102 D’autres fragments peuvent être associés à ce groupe, bien qu’ils appartiennent à une zone médiane de paroi (fig. 313 d-f, fig. 316). En effet, un fragment conserve la base de l’édicule rouge, auquel est suspendue une guirlande verte très particulière, faite de points et de fleurs autour d’une tige très fine. La même guirlande se retrouve sur d’autres fragments, qui sont pourvus de graffitis et doivent donc être situés environ à une hauteur de 80-100 cm (cfr. p. 179), c’està-dire dans la zone médiane. Certains fragments avec la guirlande conservent également les traces d’un élément jaune non identifiable, peut-être un drapé. L’intérêt de ces fragments réside dans ses graffitis, puisque la décoration en soi est trop fragmentaire pour être restituée.

245

Étude générale

Fig. 316. Groupe 24, fragments avec graffitis (photo et dessin P.T.).

Fig. 317. Groupe 25, échantillon des fragments plus significatifs (photo et dessin P.T.).

246

Peintures fragmentaires Deux fragments présentent une inscription, dont une seule a pu être déchiffrée (fig. 316 a) : la transcription est incertaine et peut se lire aussi bien « numanus » - qui pourrait être un nom propre – que « alumna » – c’est-à-dire une petite esclave. Sur deux autres fragments, la partie postérieure d’un animal à cornes (fig. 316 b) et ce qui pourrait être un bras humain sont aisément identifiables, tout comme l’on distingue clairement, sur un autre fragment, les jambes et la taille d’un homme dont seule la jambe gauche est couverte d’une armure (fig. 316 c). Une ligne verticale pourrait correspondre à une longue lance qu’il tiendrait dans la main droite, mais plus vraisemblablement il s’agit d’une marque accidentelle. Le personnage armé et l’animal appartiennent fort probablement à une même scène de venatio. Ce thème est l’un des plus fréquemment représentés dans les graffitis, plus ou moins élaborés ou étendus, avec un gladiateur – parfois désigné par son nom – qui affronte un animal. Dans cet exemple-ci, le gladiateur est représenté d’une manière classique, avec un perizoma et le subligaculum – caractéristique de tout gladiateur –, qui est systématiquement représenté sur les graffitis, comme dans les nombreux exemples provenant de la nécropole en-dehors de Porta Nocera à Pompéi103. Toutefois, la particularité du gladiateur ici représenté est que seule la jambe gauche est protégée par une armure. Cette caractéristique est généralement attribuée au fameux mirmillon et au secutor (armé d’un gladius, d’un bouclier long et d’un casque à visière sans rebords), mais ces dénominations ne sont pas valables dans le cas d’une venatio.104 Il est possible que le nom «  numanus » soit justement celui de ce gladiateur ; le nom ne semble cependant pas attesté, bien qu’il ait des racines latines profondes, étant le nom du beau-frère de Turnus, roi des Rutules, qui aurait affronté Ascagne dans l’Énéide.105 Quant à l’animal représenté, il n’est pas clairement identifiable. Il semble d’une carrure relativement imposante et ressemblerait presque à un bovidé. Toutefois, les animaux représentés par des graffitis en ce contexte sont généralement des animaux d’arène, employés dans les venationes. Il semble donc peu probable qu’il s’agisse d’un bœuf, peut-être s’agit-il d’un cerf ou d’un autre animal à cornes représenté de manière schématique. Les scènes de jeux étaient un sujet particulièrement prisé pour les dessinateurs de graffitis, et parmi elles les jeux entre gladiateurs restent les plus fréquents ; on y voit généralement le vainqueur, armé, identifié par son nom.106 Les scènes de venatio sont également fort présentes, comme l’attestent les exemples de la Casa del Criptoportico

de Pompéi107 et quelques graffitis, déjà cités, dans la nécropole en-dehors de Porta Nocera.108 Groupe 25 : tableautin avec paysage sur fond jaune (fig. 317) Description, interprétation et datation du décor Ce groupe de fragments conserve une grande partie d’un petit tableautin avec une scène paysagère entourée par un cadre rouge. La scène du tableau est peinte dans des tons bleus et blancs, avec des touches légères et rapides donnant un effet de sfumato. Sur un fragment on croit distinguer un petit édicule blanc au toit rouge, doté d’une fenêtre, et des arbres. En-dessous du cadre, probablement au centre, une tige végétale rouge, couronnée par une fleur et quelques feuilles, soutient le tableau et fait office de cimaise (figs 317-319). Les petits tableaux paysagers occupent généralement les panneaux latéraux ou les zones supérieures des parois, et commencent à se développer avec le troisième et le quatrième style. Dans ce cas-ci, aucun élément ne permet d'attribuer une collocation à ce groupe dans un décor particulier. Des exemples de tableaux paysagers de quatrième style fort semblables à celui-ci peuvent être trouvés dans la région vésuvienne, comme dans le cubiculum 35 de la Casa dei Dioscuri de Pompéi,109 ou dans le cryptoportique de la Casa dei Cervi d’Herculanum.110 Toutefois, on ne peut pas ignorer les nombreuses ressemblances entre ce tableautin et les décorations ostiennes du IIe siècle ap. J.-C., en particulier celles des pièces 3 et 4 de l’Insula delle Pareti Gialle111 et de la pièce 4 de l’Insula del Soffitto Dipinto. 112 En effet, le style rapide et l’exécution plus grossière de la décoration semblent suggérer une datation plus tardive pour ces fragments, bien que l’argument stylistique ne soit pas suffisant pour une datation plus précise. Dans cette optique, l’observation des couches de préparation est particulièrement utile. En effet, les mortiers utilisés dans la préparation de l’enduit sont complètement différents de ce qui a été observé jusqu’à présent. Aucun autre

Fig. 318. Groupe 25, vue en coupe d’un fragment (photo P.T.).

247

Étude générale

Fig. 319. Groupe 25, restitution partielle du décor (P.T.).

groupe de fragments ne présente des caractéristiques similaires, si ce n’est quelques fragments épars à fond jaune avec des éléments végétaux rouges, très mal conservés. Nous avons vu comment les fragments de premier et deuxième style N.bre de fragments

Composition et nature des couches de préparation

Observations techniques

10

présentaient des types de mortiers bien spécifiques, et le même raisonnement peut se faire pour les fragments de quatrième style (cfr. infra). Or, dans ce cas-ci, les mortiers sont beaucoup plus grossiers et présentent des inclusions hété-

Surface approximative conservée

couche de finition (intonachino) fig. 318

Épaisseur entre 0,2 et 0,4 cm ; matrice de couleur gris foncé, agrégat constitué de petits grains noirs (pyroxènes ?) ; consistance dure et compacte.

couche de préparation (intonaco) fig. 318

Épaisseur entre 1,8 et 2,2 cm ; matrice de couleur gris foncé, agrégat constitué de petits graviers, sable et tessons de céramique broyés : consistance compacte mais friable ; aspect très poreux, présence de plusieurs grumeaux.

couche de préparation (rinzaffo) fig. 318

Fine couche de mortier très argileux, présent sur quelques fragments seulement ; matrice de couleur brune ; agrégat de fragments d’enduits peints concassés, de petits graviers et d’éléments calcinés.

/

Groupe 25 : Caractéristiques techniques sur la base d’une observation macroscopique.

248

0,0115 m²

Peintures fragmentaires rogènes et issues de remploi, avec des fragments de tessons et d’enduits concassés. Ce sont des caractéristiques que l’on ne retrouve à Ostie qu’à partir du IIe siècle ap. J.-C., moment où la main d’œuvre change radicalement, probablement à cause de la massification des demandes à la suite du boom édilitaire produit par les transformations de la ville sous Hadrien113. Certes, les analyses de mortier à Ostie sont encore trop limitées pour que ces observations dépassent le stade de la simple hypothèse. Nous connaissons encore trop peu de la production picturale ostienne d’avant Hadrien, et il n’est pas à exclure que ces différences de mortiers et de qualité de l’exécution soient plutôt à imputer au travail d’un autre atelier ou de peintures de qualité mineure mais contemporaines aux autres. Si toutefois l’on admet que ce groupe de peintures est plus tardif que les autres, il faudrait penser que les fragments faisaient partie de la couche de rehaussement USC 47, jetée au moment des travaux de réaménagement de la phase 4 aux alentours de la moitié du IIe siècle ap. J.-C. Groupe 26 : fragments avec éléments figurés Description, interprétation et datation du décor Plusieurs fragments d’origines différentes ont été rassemblés parce-qu’ils présentent comme décoration des éléments figurés de qualité. Bien qu’isolés et non associables à l’un des décors analysés, nous les présentons ici ensemble pour leurs qualités stylistiques, toujours dans l’idée de mon-

trer l’expertise des artisans ostiens et la qualité de la production de quatrième style à Ostie. Fig. 320 : fragment à fond rouge-violet avec tête ; un fragment isolé constitue peut-être le fragment le plus remarquable de l’ensemble, si l’on se base sur des critères purement esthétiques. On y voit un visage humain rond au teint blanc et bleu, aux yeux rouges grands ouverts et représenté de face, légèrement de trois-quarts vers la droite ; le haut du visage est encadré par une série de lignes rouges, jaunes, vertes et blanches qui lui couvrent la chevelure. Le rendu est de très grande qualité, avec une multitude de traits légers créant des ombres qui donnent du relief et un certain réalisme au visage. Le motif, improprement appelé « tête lunaire » et qu’A. Barbet préfère appeler « tête joufflue », est caractéristique de la production de troisième et quatrième styles et se retrouve dans des positions diverses et variées114, ce qui empêche de situer le fragment dans un schéma particulier. Fig. 321 : fragment à fond jaune avec sphinge rose : un fragment représente le buste d’une sphinge de profil, les ailes déployées ; elle est réalisée avec des touches épaisses roses, blanches et violettes. Le motif du sphinx est également très présent en peinture romaine dans différents contextes ; dans le cas présent, nous sommes tentés de l’interpréter comme décoration d’un élément architectural, peut-être l’entablement rose-violet du groupe 10. En effet, le fragment présente les mêmes caractéristiques de mortier de préparation, le même traitement de surface et les mêmes traces de piquetage, tous des éléments qui poussent à associer ce frag-

Fig. 320. Groupe 26, fragment avec tête joufflue (photo et dessin P.T.).

249

Étude générale

Fig. 321. Groupe 26, fragment avec sphinge (photo et dessin P.T.).

Fig. 322. Groupe 26, fragment avec personnage (photo et dessin P.T.).

Fig. 323. Groupe 26, fragment avec tête joufflue (photo et dessin P.T.).

Fig. 324. Groupe 26, fragment avec oiseau en vol (photo et dessin P.T.).

ment au groupe 10. De plus, le sphinx comme élément décoratif d’un entablement est un motif récurrent du quatrième style, comme l’attestent les nombreux parallèles trouvés.115 Fig. 322 : fragment à fond jaune avec personnage au bonnet phrygien ; un fragment isolé, peut-être à associer à la paroi des groupes 9, 10 et 11, représente un personnage masculin, nu et imberbe, tourné vers la droite et le bras droit levé ; il semble coiffé d’un bonnet phrygien bleu. Fig. 323 : fragment à fond blanc avec une tête joufflue bleue coiffée d’un bonnet rouge ; quatre autres fragments avec des éléments figurés rouges et bleus semblent appartenir au même décor ; en très mauvais état de conservation, on arrive cependant à distinguer deux queues d’animaux marins et les ailes d’un oiseau en vol. Fig. 324 : fragment à fond blanc avec un oiseau bleu et blanc ; ce fragment peut être associé aux autres fragments à fond blanc décrits supra bien qu’il soit dans un état de conservation nettement

meilleur ; la tête manque, mais le reste du corps est entier, et l’on arrive à distinguer les ailes bleues, le ventre bleu et blanc, la queue et les pattes rouges, le tout esquissé par de fines touches de pinceau qui accentuent les détails du motif.

250

Groupe 27 : Bordures ajourées (figs 325-326) Description, interprétation et datation du décor Énormément de fragments conservés présentent des bordures ajourées, motif phare du quatrième style qui s’est décliné en une grande variété de types. Nous présentons ici toutes les bordures restées isolées, qu’il n’a pas été possible de rattacher à l’un des décors présentés supra. Fig. 325 a : fond rouge ; succession de trois demicercles inscrits jaunes et bleus, sans alternance de formes, qui enferment des fleurs stylisées à deux

Peintures fragmentaires feuilles/pétales, le tout posé sur une ligne jaune et une ligne bleue ; Barbet gr. IX type 70.116 Fig. 325 b : fond rouge ; double ligne jaune avec une répétition de deux motifs en alternance, une palmette et une fleur à quatre feuilles/pétales ; Barbet gr. V type 30.117 Fig. 325 c : fond rouge ; succession de demi-cercles jaunes sans alternance de formes, enfermant une palmette stylisée, le tout posé sur une ligne jaune ; Barbet gr. IX type 70.118 Fig. 325 d : fond rouge ; succession de trois-quarts de cercles jaunes avec palmette inscrite, sans alternance de formes apparente ; Barbet gr. X type 120.119

Fig. 325 e : fond noir ; succession de palmettes jaunes, sans alternance, posées sur une double ligne et fermées au-dessus par une ligne jaune ; Barbet gr. V type 30.120 Fig. 325 f : fond noir ; succession de palmettes jaunes sans alternance sur une ligne simple ; Barbet gr. V type 30.121 Fig. 325 g : fond noir ; ligne de festons sans alternance à espaces intermédiaires cloisonnés, avec à l’intérieur des palmettes stylisées et au-dessus des points ; Barbet gr. III, type 21.122 Fig. 325 h : fond jaune ; deux doubles lignes avec une alternance de motifs (des fleurs stylisées et un groupe de cinq points) cloisonnés entre eux par des lignes verticales. Ces dernières forment,

Fig. 325. Groupe 27, fragments représentatifs des bordures a - n (P.T.).

251

Étude générale

Fig. 326. Groupe 27, fragments représentatifs des bordures o (P.T.).

ensemble aux lignes horizontales de la bordure, une succession de carrés ; Barbet gr. VII type 52.123 Fig. 325 i : fond jaune ; succession de demi-cercles avec fleurs stylisées inscrites, sans alternance, avec des palmettes comme motifs intercalaires ; Barbet gr. IX type 70.124 Fig. 325 j : fond jaune ; succession de demi-cercles avec palmettes (?) inscrites, sans alternance et avec des palmettes stylisées comme motif intercalaire, le tout sur une double ligne bleu clair ; Barbet gr. IX type 70.125

252

Fig. 325 k : fond jaune ; succession de postes roses-violettes ; Barbet gr. I type 1.126 Fig. 325 l : fond jaune ; succession de simples palmettes stylisées sur ligne blanche ; Barbet gr. V type 30.127 Fig. 325 m : fond jaune ; méandre à la grecque blanc sans alternance ; Barbet gr. II type 10.128 Cette bordure est constituée de 9 fragments et se démarque par la qualité de l’exécution ; en effet, le méandre est parfaitement réalisé et, bien que complexe, il semble avoir été réalisé sans l’aide d’un tracé pré-

Peintures fragmentaires

Fig. 326. Groupe 27, fragments représentatifs des bordures p - s (P.T.).

paratoire. Malheureusement, aucun élément n’a permis de rattacher ces fragments à d’autres groupes, et il n’est pas possible de déterminer la place qu’ils devaient occuper dans le décor. Fig. 325 n : fond jaune ; bande rouge flanquée de lignes blanches, avec sur un côté une succession de demi-cercles à l’intérieur desquels sont inscrites des fleurs styliséesc;129 Barbet gr. IX type 70.130 Fig. 326 o : fonds jaune et rouge ; groupe de 46 fragments avec bordure rouge, décorée d’une succession de fleurons blancs, auxquels s’inter-

cale une répétition de points et de motifs en V horizontaux. Aucun parallèle direct trouvé pour ce motif, qui est pourtant abondamment représenté au sein des fragments des Taberne Finestrate ; l’observation des couches préparatoires de mortiers a permis d’identifier au moins cinq origines différentes pour ces fragments. Ce type de bordure pourrait être la marque d’un des ateliers ostiens actifs sur le site à cette période131. Fig. 326 p : fond blanc ; deux lignes noires scandées à intervalles réguliers par des fleurs, bou-

253

Étude générale

Fig. 327. Groupe 28, échantillon des fragments représentatifs (P.T.).

tons ou glands rouges ; Barbet gr. V132, pas de parallèle direct. Fig. 326 q : fond blanc ; double ligne avec succession de motifs en goutte jaunes alternés à des points ; Barbet gr. V type 33133. Fig. 326 r : fond blanc ; double ligne avec succession de palmettes jaunes ; Barbet gr. V type 30134. Fig. 326 s : fond blanc ; double ligne avec deux types de palmettes jaunes stylisées en alternance ; Barbet gr. V type 33.135 Groupe 28 : bordures de stuc (fig. 327) Description, interprétation et datation du décor À côté des nombreux fragments d’enduits peints, les fouilles de 1973 ont mis au jour un petit nombre de fragments de stuc peint, relatifs à environ trois bordures de quatrième style. Ces dernières ornaient le sommet des parois et masquaient la jonction avec le plafond. Aucun fragment n’a pu être mis en lien avec les décorations peintes conservées. Fig. 324 a : succession de trèfles stylisés verts et couleur crème en alternance, la pointe vers le bas, inscrits dans des trois-quarts de cercles (ou des cœurs stylisés) rouges. Ces derniers sont séparés par un espace vide, qui prend la forme d’un motif en lancette stylisée. Les couleurs sont très bien conservées : la bordure est fermée par une

254

bande rouge au-dessus et une bande couleur crème en-dessous. La hauteur générale de la bordure est de 8 cm.136 Fig. 324 b : alternance d’oves et lancettes, fermées par deux filets rouges.137 Fig. 324 c : succession de rais de cœurs, dans lesquels sont inscrites des palmettes stylisées ; le tout s'alterne à d’autres palmettes encadrées par des feuilles d’acanthe stylisées. Les couleurs, nombreuses et vivaces, sont parfaitement conservées. La bordure est fermée sur son côté supérieur par une large bande rouge, et sur son côté inférieur par un filet de la même couleur. L’espace à l’intérieur des rais de cœur est également peint en rouge, alors que l’espace intermédiaire, là où sont placées les palmettes et les feuilles d’acanthe, est entièrement peint en bleu.138 Notes Barbet 2009, 36-37 ; Esposito 2014, 96-97 ; Falzone 2010 ; Perrier 2007 ; Strocka 1996, 415-416. 2 Mols 2002, 152. 3 Ces fragments ont été présentés en 2017 par Th. Morard et L. Motta au premier colloque de l’Associazione italiana ricerca pittura antica (AIRPA) à Aquilée mais sont à ce jour encore inédits. 4 Comme dans les exemples campaniens de la Casa di Sallustio (VI, 2, 4 ; PPM IV, 780-800 ; Laidlaw 1985, 118136) et de la Casa del Fauno (VI, 12, 2 ; PPM V, 90-93 ; Laidlaw 1985, 305-307) de Pompéi ou encore de la Casa Sannitica (V 1, 32-35) d’Herculanum. 1

Peintures fragmentaires Les fragments du Celio proviennent des récentes fouilles réalisées pour la ligne de métro C de Rome (Falzone et al. 2019 ; Falzone/Tomassini 2019). Les fragments du Forum Républicain sont issus des fouilles de la Basilica Iulia et du Tempio dei Castori, récemment reprises en main par une équipe de la Sapienza Università di Roma ; Falzone/Galli/Ismaelli 2019. 6 Fortunati 2010 ; Maurina 2018. Nous remercions M. Carrive pour nous avoir signalé la présence d’enduits de premier style dans un important remblai retrouvé au cours des fouilles que l’École française de Rome mène dans la s.d. cenatio rotunda de la Domus Aurea, à l’emplacement de la Vigna Barberini ; La publication de ce contexte est en cours, sous la direction de F. Villedieu. 7 Une réflexion sur le premier style à Rome et Ostie a récemment été proposée dans Falzone/Tomassini 2019. 8 Barbet 2009, 25-29 ; Esposito 2014, 96 ; Laidlaw 1985, 15-17/34-37. 9 Selon la datation récemment proposée par F. Coarelli (Coarelli 2008, 183) ; sur le deuxième style voir également Barbet 2009, 36-37 ; Esposito 2014, 96-97 ; Falzone 2010 ; Perrier 2007 ; Strocka 1996, 415-416. 10 Des traces de brossage sont bien visibles sur la plupart des fragments. En revanche, le sens semble irrégulier ; en effet, un même fragment peut conserver un sens de brossage horizontal et vertical. 11 Les exemples de mouchetis sont nombreux, notamment dans l’aire vésuvienne ; ainsi, on citera pour comparaison les exemples pompéiens de la Casa del Criptoportico (I, 6, 2 ; ailes est et ouest du cryptoportique), de la Casa dell’Efebo (I, 7, 11 ; cubiculum c) et de la Casa dei Quattro Stili (I, 8, 17 ; cubiculum à gauche de l’entrée). Pour plus d’informations sur ces contextes nous renvoyons à Eristov 1979, respectivement aux pages 698699, 700-701 et 701-702. 12 Morard 2007, 62-63. 13 Pour plus d’informations sur les imitations de marbres en peinture nous renvoyons en particulier à Eristov 1979. 14 Où la zone inférieure de la paroi est occupée par un large panneau imitant du giallo antico. Falzone 2010, 67 ; Morard 2007, 62-63. 15 Spécialement dans la pièce B, qui présente des imitations d’albâtres fort semblables à notre fragment. Pour plus d’informations voir les récentes contributions de Baldassarre et al. 2002, 88-89 ; Falzone 2010, 59-60 ; Mazzoleni 2004, 67. 16 Voir à ce propos Fortunati 2010 ainsi que Falzone 2010 et Falzone/Galli/Ismaelli 2019. 17 Le matériel était très éparpillé sur l’ensemble de la couche, puisque des fragments d’un même groupe ont été retrouvés aussi bien sous la mosaïque USR 80 que sous la mosaïque USR 82. 18 Sur les possibles fonctions drainantes, hydrophobes et statiques revêtues par les fragments d’enduit dans cette « deuxième vie » en tant que matériaux de construction, voir Carrive 2018 et Tomassini 2019 (a), ainsi que la page 84 de cet ouvrage. 19 Il n’a pas été possible de déterminer s’il s’agit de glauconite ou de céladonite, puisque les analyses XRF et FORS ne donnent que la composition chimique des pigments, mais des analyses supplémentaires, comme celles réalisées par J. Sanyova précisément sur la question des verts, pourraient fournir des éléments supplémentaires (sur la question voir notamment Groetembril 2021). 20 Aucun élément ne permet cependant d’estimer les dimensions des orthostates. 21 Rizzo 1936, 41-51, pl. B. 5

Un parallèle peut être fait avec la décoration de la pièce 18 de la Casa delle Nozze d’Argento de Pompéi (V, 2, i) ; PPM III, 714-725. 23 Bocherens 2012 ; Morard 2007, 57-79. 24 Morard 2007, 62-63. 25 La rigidité formelle du quatrième style a déjà été abordée supra comme facteur facilitant la restitution de schémas décoratifs. Pour plus de détails nous renvoyons également à Allag/Barbet 1972, 977-978 ; Barbet 2009, 36/104-105/180/200-202 et surtout 193-214 ; Barbet 2014, 239-242 ; Bastet/de Vos 1979, 99-100 ; Esposito 2009, spécialement les 18-19. 26 A. Barbet définit un inter-panneau comme étant large au moins un tiers du panneau principal ; les panneaux plus étroits devraient, selon elle, être appelés « bandes de séparation ». Barbet 1984, 21. 27 VII, 6, 10 ; dans la seule paroi conservée, aujourd’hui au Museo Archeologico Nazionale de Naples, qui provient de l’œcus 6. PPM XI, 403. Varriale 2006 (b), 539540. 28 VII, 4, 31/51 ; dans la pièce 6. PPM VI, 1011. 29 Peu d’analogies ont été trouvées, si ce n’est dans le cubiculum 33 de la Casa di Sallustio (VI, 2, 4 ; PPM IV, 780-800), et peut-être la Casa della Regina Margherita (V, 2, 1) et la Casa dei Capitelli Colorati de Pompéi (VII, 4, 31/51 ; dans l’œcus 17, sur la paroi sud, il s’agit d’un panneau à fond jaune. PPM VI, 1010-1011). 30 V, X, 2 ; Falzone 2006 ; Falzone 2007 ; Calvigioni et al. 2017 ; Marano/Tomassini 2018. 31 V, II, 1 ; voir à ce sujet Marano 2017 (b) ; Marano 2018 et Falzone 2015. 32 IX, 9, c ; dans le cubiculum, sur la paroi ouest ; PPM X, 52. 33 VI, 14, 20 ; dans le cubiculum r, sur la paroi ouest ; PPM V, 304 ; Presuhn 1978, pl. VII. 34 I, 9, 5 ; aussi appelée Casa del Frutteto. Les colonnes en question se trouvent dans les zones médianes des parois de l’antichambre du triclinium 11. PPM II, 105. 35 I, 10, 4, sur la paroi est, dans un inter-panneau de la zone médiane, à fond noir. PPM II, 307. 36 V, 15, 1 ; sur la paroi ouest du triclinium dans Cerulli Irelli et al. 1993, pl. 58 ; PPM III, 784. 37 Encore une fois, les analyses XRF et FORS ne permettent pas de différencier la céladonite de la glauconite. Nous renvoyons à Groetembril 2021 pour un approfondissement sur la question. 38 V, 2, i ; PPM III, 736-737. 39 II, 4, 3 ; PPM III, 241 40 VII, 16, 22 ; PPM VII, 976/1053. 41 I, 8, 17 ; PPM I, 889-890. 42 I, 10, 4 ; PPM II, 356-357. 43 PPM IV, 346-347. 44 VI, 17, Insula Occidentalis 42 ; PPM VI, 69. 45 VII, 1, 8 ; PPM VI, 163-164. 46 VII, 16, 22 ; PPM VII, 976/1053. 47 I, 6, 7 ; paroi nord, entre le socle et la zone médiane ; PPM I, 339-340. 48 I, 10, 4 ; sur la paroi nord, à l’est de la porte. PPM II, 247. 49 III, 2, 1 ; sud-ouest de la pièce, entre la zone médiane et la zone supérieure. PPM III, 379-380. 50 V, 2, i ; PPM III, 683-684. 51 La présence de fenêtres découpant le décor dans les zones supérieures de paroi est bien attestée dans d’autres exemples pompéiens, comme dans le triclinium d’été de la Casa di Meleagro (VI, 9, 2-13 ; PPM IV, 804) ou encore dans celui de la Casa di Marcus Lucretius Fronto (V, 3, 11 ; sur la paroi sud. PPM III, 790-1010). 22

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Étude générale On en retrouve un bel exemple de troisième style dans le tablinum h de la Casa di M. Lucretius Fronto de Pompéi (V, 3, 11 ; PPM III, 790-1010), et sur des fragments retrouvés à Langres, en France (dans les fouilles du marché couvert situé Place du Centenaire ; Barbet 2007, 77-81). Le parallèle le plus proche provient de la paroi est de l’exèdre g de la Casa degli Amorini Dorati de Pompéi (VI, 16, 7 ; Bastet/de Vos 1979, 35-36, pl. VII), où l’on trouve deux colonnes végétalisées, dont le fût est entièrement recouvert de guirlandes vertes. Ces dernières encadrent le panneau central et servent à scander la paroi en trois panneaux. 53 Les pieds sont réalisés par la juxtaposition de plusieurs filets de couleurs différentes, créant une gradation qui renforce l’effet de relief et de lumière. 54 I, 10, 4 ; ala 4, paroi nord ; PPM II, 269. 55 VI, 7, 23 ; tablinum 7, paroi nord ; PPM IV, 486. 56 VI, 16, 15 ; tablinum F, paroi est ; PPM IV, 862-868. 57 VIII, 5, 37 ; pièce b, paroi sud ; PPM VIII, 634. 58 Le tracé de la bordure a été facilité par une longue incision préparatoire, qui a sans doute aidé à maintenir la bande verte à l’intérieur de la ligne. Une bordure identique, du moins pour ce qui est de la forme et de la taille, se trouve dans le péristyle n°4 de la Villa San Marco à Stabies (Barbet 1981, 949). Dans la typologie des bordures ajourées établie par A. Barbet, une telle bordure rentre dans le groupe des festons (groupe III), et appartient au groupe 25, celui des festons avec alternance de motifs (Barbet 1981, 947-949). 59 IX, 3, 19-20 ; PPM IX, 355. 60 Plusieurs fragments de ce médaillon ont été récoltés mais aucun ne conserve les traces de l’élément qui – vraisemblablement – devait se situer en son centre. 61 L’espace formé entre le médaillon et le carré semiconcave semble être rempli par des motifs végétaux (feuilles ou guirlandes), qu’il n’a pas été possible d’identifier par manque de surface conservée. 62 Le vert et tous les éléments décoratifs ont été appliqués dans un second moment sur le fond rouge-violet. 63 Le tapis végétal est un motif récurrent dans les décorations de voûtes et plafonds, comme par exemple dans le cubiculum d de la Casa dei Quadretti Teatrali de Pompéi (I, 6, 8-9.11 ; Barbet 2009, 147-149 ; PPM I, 387), où il assume une position centrale et dont la fonction première est d’encadrer le point focal de la décoration. 64 Insula orientalis I, 2-3 ; Cerulli Irelli et al. 1993, pl. 147. 65 Cerulli Irelli et al. 1993, pl. 140. 66 Les rinceaux décoraient la voûte des latrines près du forum (Barbet 2009, 165). 67 IV, 21 ; Barbet 2009, 225. 68 V, 2, i ; paroi sud ; PPM III, 720. 69 Barbet/Miniero 1999, 269-272, fig. 587. 70 Barbet 2009, 170-172. 71 Clarke/Muntasser 2019. 72 Barbet 2009, 228-229. 73 VI, 16-18, 26 ; Barbet 2009, 154-155. Un autre exemple similaire, sur une paroi cette fois, provient du cubiculum i de l’Insula I, 3, 25 de Pompéi (PPM I, 102). 74 Type H de la typologie établie par A. Barbet en 2004 (Barbet 2004, 33-34), qu’auparavant elle qualifiait de composition à bandes concentriques (voir Barbet 2009 en bibliographie, spécialement 215-270). Meyboom et E. Moormann préfèrent parler, dans leur publication sur les peintures de la Domus Aurea, de « composizione centrale racchiusa » (type 2b), qui se développe en peinture au cours du IIIe style et jouira d’un grand succès 52

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pendant tout le reste du Ier siècle ap. J.-C. (Meyboom/ Moormann 2013, 115/118). 75 Barbet 2009, 167 et 270. 76 Nombreux sont les plafonds de la Domus Aurea qui présentent des analogies avec le plafond des Taberne Finestrate, en particulier la voûte dorée, au schéma toutefois plus complexe, ou encore les voûtes des pièces 119 et 129 (Meyboom/Moormann 2013, 126). 77 Bien que de troisième style et de typologie légèrement différente, les décors du cubiculum d de la Casa dei Quadretti Teatrali de Pompéi (I, 6, 8-9.11 ; Barbet 2009, 147-149 ; PPM I, 387) et de la Casa del Colonnato Tuscanico d’Herculanum (VI, 16-18, 26 ; Barbet 2009, 154-155) présentent de nombreuses analogies dans le choix des motifs et la structuration globale du décor. 78 Le plafond de la Sphère Armillaire a déjà été cité supra, mais une composition similaire se retrouve également dans d’autres exemples, comme le plafond de la rampe d’accès (Barbet/Miniero 1999, 267-307). Un exemple particulièrement semblable au nôtre est la décoration du plafond de la pièce 30, qui présente comme motif central un carré aux bords concaves, inscrit dans un autre carré, entouré de plusieurs registres de bandes concentriques. Une de celles-ci était également ornée d’un rinceau végétal, analogue à celui d’Ostie (Barbet/ Miniero 1999, 298-299, fig. 677). 79 Nous avons déjà cité les plafonds du couloir 41 de la Villa di Poppea, qui présentent une composition analogue avec registres et compartiments concentriques autour d’un médaillon central (Barbet 2009, 228-229). Pour une présentation plus détaillée du contexte et des décors peints de la villa nous renvoyons à Clarke/Muntasser 2019. 80 Voir les considérations générales sur les zones inférieures de quatrième style dans Barbet 2009, 193-200. 81 Sans doute un des motifs les plus représentés de la peinture romaine à partir du troisième style. Les parallèles sont extrêmement nombreux, nous citerons les plus ressemblants dans le répertoire pompéien, comme les touffes de feuilles du cubiculum a de l’édifice VI, 17 Insula Occidentalis 32-36 (Varriale 2006 (a), 40), du tablinum 8 de la Casa del Menandro (I, 10, 4. Barbet 2009, 134-135 ; Ling/Ling, 2005, 348-349/408-409 ; PPM II, 290) ou encore du triclinium e de la Casa di T. Dentatius Panthera (IX, 2, 15-16 ; PPM IX, 10). 82 Les hampes de lierre sont typiques du répertoire de quatrième style. En zone inférieure, elles sont fréquemment attestées ; le parallèle le plus proche provient du tablinum 8 de la Casa del Menandro de Pompéi (I, 10, 4), où des hampes identiques décorent la zone inférieure de la paroi est (Barbet 2009, 134-135 ; Ling/Ling 2005, 348-349/408-409 ; PPM II, 290). 83 I, 10, 4 ; Barbet 2009, 184-185 ; Ling/Ling 2005, 348-349 ; PPM II, 290. 84 Le motif en tant que tel ne semble pas avoir de parallèles directs dans le répertoire connu de quatrième style. 85 VII, 16, 12-15 ; PPM VII, 1096. 86 VI, 11 ; Barbet 2009, 170-173 87 Clarke/Muntasser 2019, voir le chapitre de D. Esposito. 88 À ce sujet et pour plus d’informations nous renvoyons à Marano/Tomassini 2018, où l’on présente des premières réflexions sur les ateliers de quatrième style à Ostie à la lumière des différents contextes connus. 89 Des exemples comparables d’edicole fronzute proviennent de Pompéi, et se trouvent dans l’œcus 17 de la Casa dei Capitelli Colorati (VII, 4, 31.51 ; PPM VI, 10101011), dans la pièce g de la Casa dei Ceii (I, 6, 15 ; PPM I, 534-535), dans l’exèdre b de la Casa di Pinarius Ceria-

Peintures fragmentaires lis (III, 4, 4 ; PPM III, 454) et dans la pièce 47 de la Casa di M. Fabius Rufus (VII, 16, Insula Occidentalis 22 ; Grimaldi 2006, 321). 90 Iacopi 1999, 148-149 ; Meyboom/Moormann 2013, 159160. 91 Celle des groupes 11 et 21 des Taberne Finestrate. Toutefois, il ne faut pas exclure que les deux zones supérieures appartiennent à deux parois d’une même pièce, vu les nombreuses ressemblances stylistiques et techniques. 92 Ces fragments n’ont pas été insérés en absence de liens directs avec ce décor. 93 Iacopi 1999, 93-94 ; Meyboom/Moormann 2013, 218219. 94 Barbet/Miniero 1999, 273-274, fig. 607a. 95 Selon la classification des bordures ajourées d’A. Barbet, le type qui s’en rapproche le plus est le n°162, celui des esses affrontées, opposées deux à deux sans alternance (horizontales), qui appartiennent au groupe XIII (Barbet 1981, 997) ; un exemple similaire provient du péristyle de la Casa delle Nozze d’Argento de Pompéi (V, 2, 1 ; Barbet 1981, 992/997). La seule différence est que, dans notre cas, les motifs d’alternance sont présents (les peltes). 96 Meyboom/Moormann 2013, 165-166, fig. 35. 1-4. 97 I, 10, 11 ; Barbet 2009, 231-233. 98 Selon la classification établie en 2004 par A. Barbet pour voûtes et plafonds. Voir Barbet 2004, 33. 99 Constituée d’une double ligne avec succession de motifs en goutte alternés à des points ; cette bordure correspond au type 33 du groupe V de la classification d’A. Barbet, celui des lignes de motifs avec alternance. Elle est comparable à celle de la pièce M de la Casa dei Vettii de Pompéi, même si les couleurs diffèrent (Barbet 1981, 951-953). 100 Barbet 2009, 202-203. 101 VII, 16, 22 ; PPM VII, 1005/1010. 102 Iacopi 1999, 100-101. 103 Jacobelli 2003, 15 et 51. 104 Jacobelli 2003, 15-18. 105 Virg. Aen., IX, 590-594. 106 Barbet/Fuchs 2008, 67-95 ; Donati 1998, 99-100 ; Jacobelli 2003, 40-41 ; Maulucci Vivolo 1993, 9-22. 107 I, 6, 2 ; des scènes de venatio, beaucoup plus élaborées que celle identifiée sur ces fragments, s’étendent sur quasiment toute la longueur de la paroi sud de l’œcus 22. Même si les décorations sont de IIe style, les graffitis ont été datés à la période du IVe style. PPM I, 271-275. 108 Jacobelli 2003, 40-41/51 ; Maulucci Vivolo 1993, 9-22. 109 VI, 9, 6.7 ; PPM IV, 878-879. 110 IV, 21 ; dans le déambulatoire sud-ouest. Cerulli Irelli et al. 1993, 220-221. 111 Falzone 2007, 102-103. 112 II, VI, 5-6 ; Falzone 2007, 123-124. D’autres tableautins fort semblables proviennent également de la pièce 6 de l’Insula delle Volte Dipinte (Falzone 2007, 88-89) et de la pièce 36 du Caseggiato degli Aurighi (Falzone 2007, 94-95), tous deux sur fond blanc. 113 Ces propos ont été étayés à plusieurs reprises par S. Falzone (voir entre autres Falzone 2007, 51-53), à la suite des analyses pétrographiques réalisées sur les mortiers de l’Insula delle Ierodule (Falzone et al. 2010, 925-928 ; Prochaska et al. 2007, 432-435). À ce propos voir également Falzone/Marano/Tomassini 2021 et Cavalieri/Tomassini 2021. 114 Concernant ce motif en particulier nous renvoyons à Barbet 2008 (a), 359-360. À titre indicatif nous citons

quelques contextes pompéiens de troisième et quatrième styles où l’on retrouve des têtes lunaires/joufflues de qualité comparable : l’atrium b de la Casa di Casca Longus de Pompéi (I, 6, 11 ; PPM I, 372-374) ; le tablinum h de la Casa di M. Lucretius Fronto (V, 3, 11 ; PPM III, 1010) ; l’œcus 32 de la Casa del Bracciale d’Oro (VI, 17, Insula Occidentalis 42 ; PPM VI, 60-67) ; le triclinium de la Casa di C. Iulius Polybius de Pompéi (IX, 13, 1-3 ; Esposito 2009, pl. LVI). 115 Notamment dans la Casa del Menandro de Pompéi (I, 10, 4), plus particulièrement dans le tablinum ainsi que sur la paroi est de l’atrium (Barbet 1984, 34 ; PPM II, 251). Dans ce dernier, les mêmes teintes rose-violettes que le fragment des Taberne Finestrate ont été employées. 116 Barbet 1981, 966-971. Parallèles : pièce n de la Casa di Trebius Valens (III, 2, 1) ; pièce c de la Casa di Pinarius Cerialis (III, 4, 4). 117 Barbet 1981, 949-953. Parallèles : escalier près de l’entrée n°11 de la Casa dell’Efebo à Pompéi (I, 7, 11 ; type 30i). 118 Idem que note 116. 119 Barbet 1981, 979/981 ; parallèles : sous la Casa Championnet (VIII, 2, 1.2) et dans la Casa del Centenario à Pompéi (IX, 8, 6), type 120g ; pièces non spécifiées par l’auteure. 120 Barbet 1981, 949-950 ; parallèles : pièce 59 de la Casa del Centenario à Pompéi (IX, 8, 6 ; type 30a). 121 Idem que note 117. 122 Barbet 1981, 946-947 ; parallèles : pièce 11 de la Casa dell’Efebo à Pompéi (I, 7, 11 ; type 21a). 123 Barbet 1981, 961-963 ; parallèles : pièce 7 de la Casa dell’Efebo (I, 7, 11) ; pièce b de la Casa di Pinarius Cerialis (III, 4, 4) ; salle B de la Casa del Bel Cortile à Herculanum (V, 8). 124 Idem que note 116. 125 Barbet 1981, 966-967 ; parallèles : pièce 8 de la Casa del Salone Nero d’Herculanum (VI, 11). 126 Barbet 1981, 943-944 ; parallèles : salle 14 de la Villa San Marco à Stabies. 127 Barbet 1981, 949-950 ; parallèles : pièce i de la Casa di M. Lucretius Fronto à Pompéi (V, 3, 11). 128 Barbet 1981, 947 ; parallèles : pièce 2 de l’édifice I, 12, 11.14 de Pompéi (PPM II, 951) ; pièce 3 de la Caupona di Euxinus de Pompéi (PPM II, 574) ; pièce I de l’édifice V, 3, 11 de Pompéi (PPM III, 953-954) ; tablinum de la Casa di Sextus Pompeus Axiochus (VI, 13, 19 ; Allag/Barbet 1972, 996) ; triclinium n de la Casa dei Vettii (V, 15, 1 ; PPM V, 524-526). 129 Selon la largeur de la bande rouge, deux types différents de la même bordure peuvent être identifiés. 130 Barbet 1981, 966-967/971 ; Parallèles : triclinium d’été de la Casa del Moralista à Pompéi (III, 4, 2.3). 131 Il est curieux de constater que le seul parallèle trouvé pour le motif provient également d’Ostie mais se trouve dans un contexte complètement différent, dans une zone inférieure de la pièce 7 de l’Insula delle Ierodule (Falzone 2007, 68-80), non plus inscrit dans une bordure mais au centre d’un panneau. 132 Barbet 1981, 949. 133 Barbet 1981, 951-953 ; parallèles : pièce M de la Casa dei Vettii de Pompéi (V, 15, 1). 134 Barbet 1981, 979-950 ; parallèles : pièce i de la Casa di M. Lucretius Fronto à Pompéi (V, 3, 11). 135 Barbet 1981, 952-953 ; parallèles : escalier près de l’entrée n°11 de la Casa dell’Efebo à Pompéi (I, 7, 11). 136 La bordure appartient, selon la classification d’U. Riemenschneider, au groupe V, celui des « Umschiebene kleine Palmetten oder Blüten », dans ce cas-ci « mit

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Lanzettförmigen Zwischenblatt », vaguement semblables aux types de frise 45 et 50 (Riemenscheider 1986, 511). Un exemple fort similaire se trouve dans la Casa di M. Lucretius de Pompéi, sur la paroi est du cubiculum 7 (IX, 3, 5 ; Gallo/Tessuto, 1989, 160-162) ainsi que dans le cubiculum i de l’édifice I, 3, 25 (PPM I, 102-103). 137 Cette bordure appartient au groupe I de U. Riemenschneider, celui des « Eierstäbe », c’est-à-dire justement des motifs à oves et lancettes (Riemenscheider 1986, 503). Un exemple fort similaire se trouve dans le péristyle r de la Casa delle Nozze d’Argento de Pompéi (V, 2, i ; PPM I, 716).

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Cette bordure appartient au groupe XIX d’U. Riemenschneider, celui des « Herzförmige Ornamente », et présente quelques similarités avec les frises 178 et 183 (Riemenscheider 1986, 541). Un exemple analogue se trouve dans la pièce 7 de l’édifice V, 30 à Herculanum (Riemenscheider 1986, 376-377).

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Réflexions conclusives Les peintures fragmentaires d’Ostie et l’apport du Caseggiato delle Taberne Finestrate Les décorations de premier et de deuxième style Tout en étant peu nombreux, les décors de deuxième style émergés du Caseggiato delle Taberne Finestrate frappent par leur homogénéité aussi bien technique que décorative. Le lot de décorations retrouvées en 1973 ne peut rivaliser avec les décorations de la voisine Domus dei Bucrani, mais il constitue une tesselle supplémentaire de la mosaïque encore trop fragmentaire des décorations ostiennes de l’époque républicaine. Un premier élément à souligner est la grande homogénéité des couches de mortier de préparation. Toutes les peintures semblent avoir été réalisées selon la même modalité : l’intonachino, généralement plus épais que sur d’autres fragments, est composé de ce que les archéomètres appellent « marmorino », un mortier de chaux épurée riche en fragments de calcite broyés finement, de sorte qu’il n’est pas possible de déterminer s’il s’agit de travertin ou de marbre concassé. Ce type de couche peut correspondre « corium marmoris », la couche de (mortier de) marbre préconisée par Vitruve pour les couches de finition de l’enduit.1 Ensuite, l’intonaco présente toujours les mêmes caractéristiques, avec un mortier de chaux aérienne mélangé à des fragments de pyroxènes, de roches volcaniques (généralement de la pouzzolane) et – parfois – de roches carbonatées.2 Toutefois, les résultats obtenus prennent en considération trop peu d’échantillons pour définir les lignes générales de la production de deuxième style ostien. En effet, tout porte à penser que les fragments retrouvés appartiennent au même décor, ce qui rend les résultats des analyses ponctuels et non représentatifs. Toutefois, il est intéressant de constater que des résultats similaires ont été obtenus des analyses des décorations du péristyle de la Domus dei Bucrani,3 avec la même succession de couches de mortier. Un autre élément dont il faut tenir compte est la présence, probablement résiduelle, de fragments que nous avons attribués au premier style (groupe 6). Les analyses archéométriques ont permis d’affiner les observations déjà faites pour les fragments du groupe 2, et révèlent un fait intéres-

sant : d’un point de vue purement technico-matériel, rien ne semble distinguer les décorations de premier et deuxième styles. En effet, la mise en œuvre et les matériaux sont exactement identiques, aussi bien pour les mortiers de préparation que pour les pigments employés, qui ont été réalisés avec les mêmes mélanges et les mêmes sources d'approvisionnement. Cet élément pourrait aller en faveur d’une datation chronologique relativement proche pour les deux contextes, ou du moins cela pourrait indiquer un traditionalisme technique entre premier et deuxième style de la part des ateliers, qui continuent à travailler de la même manière.4 La situation changera de manière drastique pour les décorations de quatrième style, qui se différencient en tout point de ce qui s’était fait jusqu’alors. Les décorations de quatrième style Les décorations fragmentaires du Caseggiato delle Taberne Finestrate ont sensiblement enrichi nos connaissances du répertoire ostien de quatrième style. Une paroi et un plafond ont pu être restitués presque entièrement, et plusieurs portions de décors plus ou moins complètes ont été identifiées dans les pages précédentes. Ce qui en ressort est une production picturale riche et variée, d’une grande qualité, aussi bien du point de vue de l’exécution technique que de la réalisation stylistique. Un élément qui a tout de suite attiré notre attention est, encore une fois, la grande homogénéité de l’ensemble des fragments, notamment du point de vue des couches de mortiers de préparation. En effet, les préparations de mortier des enduits de quatrième style semblent suivre les mêmes constantes et partagent des caractéristiques communes. L’intonachino jouit toujours d’une épaisseur relativement consistante (en moyenne 0,5 cm), bien qu’inférieure à ce que l’on a pu observer pour les attestations de premier et deuxième style ; généralement de couleur blanche, les seuls agrégats mélangés au mortier de chaux sont des petits grains de calcite, visibles à l’œil nu mais que les analyses pétrographiques ont permis de

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Réflexions conclusives

Fig. 328. Vue en coupe d’échantillons des trois contextes de quatrième style (Marano/Tomassini 2018, fig. 6).

mieux identifier comme grains de marbre ou de travertin. Cette caractéristique semble toucher l’ensemble de la production de quatrième style

connue, puisqu’on retrouve le même type d’intonachino sur les fragments du Caseggiato dei Lottatori et de l’édifice V, II, 2,5 ainsi que du Santuario della Bona Dea6 (fig. 328). La même observation vaut également pour les autres couches de préparation, qui semblent toutes réalisées de la même manière. En effet, les couches d’intonaco des différents contextes ostiens de quatrième style sont toutes réalisées en chaux aérienne mélangée à différentes quantités de roches carbonatées, de roches volcaniques (généralement de la pouzzolane) et des pyroxènes ; les seules variations entre les différents contextes concernent les pourcentages et les proportions de l’un ou l’autre agrégat mais pas la matière première, qui reste inchangée. Le résultat est un mortier de très bonne facture, qui dans bien des cas crée des surfaces lisses et brillantes ; cela est dû principalement à la texture des couches, qui est homogène et compacte, et à la finesse des agrégats, broyés de manière à les rendre d’un diamètre inférieur à 1 mm. Tous ces éléments constituent une première donnée importante dans la caractérisation des mortiers d’enduits datant de la deuxième moitié du Ier siècle ap. J.-C., qui se distingue nettement des mortiers de préparation produits au Ier siècle av. J.-C. et de ceux produits à partir du IIe siècle ap. J.-C. (fig. 329), comme nous l’avons vu pour le groupe 25. Néanmoins, afin d’affirmer avec plus de certitude ces hypothèses il est impératif de multiplier les analyses et les contextes, qui pour l’instant sont encore trop peu nombreux

Fig. 329. Comparaison entre les mortiers de préparation d’un fragment de premier style (groupe 2), d’un fragment de deuxième style (groupe 7), d’un fragment de quatrième style (groupe 9) et d’un fragment plus tardif (groupe 25) (P.T.).

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Réflexions conclusives

Fig. 330. Détails de motifs analogues dans le répertoire de quatrième style ostien. a : C. dei Lottatori ; b : S. della Bona Dea ; c : CTF ; d : S. della Bona Dea ; e : fragments hors contexte ; f : S. della Bona Dea ; g : C. dei Lottatori (Marano/ Tomassini 2018, fig. 7).

pour que la simple observation des mortiers puisse être considérée comme élément de datation absolue des fragments d’enduits peints d’Ostie.7 À ce stade-ci, nous nous contentons donc de souligner les liens étroits qui unissent les différents contextes de quatrième style ostien, qui ne concernent pas uniquement les mortiers mais touchent aussi la décoration en tant que telle, et ce sous plusieurs aspects. Premièrement, les analyses sur les pigments ont montré une série de constantes dans la palette de couleurs, ainsi que des choix récurrents dans les mélanges. Ces constantes concernent l’ensemble des contextes analysés, non seulement le Caseggiato delle Taberne Finestrate, et sont une preuve supplémentaire d’une pratique partagée et commune pour l’ensemble de la production picturale connue. En effet, outre l’emploi habituel des ocres rouges et jaunes – aussi bien pour les couleurs de fond que les éléments décoratifs – ou encore du blanc de chaux ou du cinabre, employé de manière modérée, une des couleurs qui présentent le plus d’intérêts est le vert. En effet, les

analyses ont mis en évidence l’emploi de terres vertes provenant de deux sources d’approvisionnement différentes : le premier type présente une concentration de Chrome et de Nickel qui est absente du deuxième. Il est intéressant de constater que le premier type de vert (riche en Chrome) est employé dans les décorations du Caseggiato delle Taberne Finestrate, de l’édifice V, II, 2 et dans un groupe de fragments sans origine conservés dans les dépôts d’Ostie, alors que le deuxième type de vert est employé uniquement dans les fragments du Caseggiato dei Lottatori et présente plus de similarités avec le vert employé dans les décorations de premier et de deuxième style. Les deux types de verts sont très souvent mélangés à du bleu égyptien, comme cela a déjà été relevé pour les décorations de premier et de deuxième style. Une autre couleur intéressante à mentionner est le rose-violet, à base d’ocre mélangée à du blanc de chaux : cette couleur est présente sur le panneau jaune du groupe 10, mais se trouve également sur plusieurs fragments du Caseggiato dei Lottatori, selon les mêmes proportions. Ces analo-

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gies interpellent et méritent d’être soulignées, d’autant qu’elles concernent également les motifs et les schémas employés dans la décoration des parois (fig. 330). En effet, plusieurs sont les éléments communs aux différents contextes connus, qui pourraient être présentés comme caractéristiques propres au quatrième style « ostien ». Un élément récurrent dans la production picturale du port de Rome est un goût prononcé pour la trichromie (plus spécifiquement noir-jaune-rouge), que l’on retrouve aussi bien dans les zones médianes de paroi que – chose plus rare – dans les zones supérieures. C’est ce qu’ont montré les fragments des groupes 11 et 21. En ce qui concerne l’organisation interne des parois, on remarque que les décorations pariétales se structurent généralement en panneaux unis scandés par des inter-panneaux ornés d’architectures légères sur plusieurs plans. Quelques caractéristiques reviennent plus souvent, comme la faible épaisseur des inter-panneaux et le fait que les éléments architecturaux dépassent de leur cadre pour empiéter sur les panneaux centraux, ce qui semble une caractéristique peu fréquente dans le répertoire connu de l’Italie centrale et méridionale8 et qui est toutefois partagé par les parois du Caseggiato delle Taberne Finestrate, du Caseggiato dei Lottatori et du portique du Santuario della Bona Dea. En ce qui concerne les motifs décoratifs spécifiques, grâce aux fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate il est désormais possible d’avoir une idée plus claire de la richesse du répertoire employé par les peintres. Il est intéressant de constater que les motifs utilisés s’inscrivent parfaitement dans leur temps et trouvent de nombreux parallèles, aussi bien en domaine régional que provincial. Quelques motifs semblent être plus spécifiques au port de Rome, comme la plume de paon du groupe 19, que l’on retrouve à l’identique dans le Caseggiato dei Lottatori et dans l’édifice V, II, 2. Tous ces éléments, aussi partiels soient-ils, permettent d’ores et déjà d’esquisser un tableau plus précis de la production de quatrième style à Ostie. Les différents contextes examinés, in primis le Caseggiato delle Taberne Finestrate – sont parfaitement comparables à la production urbaine, avec lesquelles elles partagent le même souci du détail et les mêmes choix chromatiques.9 Le quatrième style ostien, tout en respectant les canons répandus à partir de la capitale, se distingue par quelques spécificités propres au port de Rome et constitue un ensemble très homogène, qui laisserait penser à la présence d’un ou plusieurs ateliers locaux, qui partagent des carnets et des pratiques communes tout en s’inspirant fortement

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des productions de la capitale voisine. Les récentes observations faites sur la technique d’exécution des peintures, ainsi que la comparaison des différents motifs et des schémas employés, semblent aller dans cette direction, et nous espérons que les recherches futures aideront à préciser ultérieurement ce tableau. Notes Selon l’architecte antique, trois couches de mortier de marbre devraient être appliquées après trois de mortier de sable : « ita cum tribus coriis harenae et item marmoris solidati parietes fuerint, neque rimas neque aliud vitium in se recipere poterunt » (Vitr. De arch. VII, 3, 6). 2 La présence de pyroxènes, de pouzzolane et de roches carbonatées comme le travertin n’est pas une surprise dans cette partie du Latium, d’origine volcanique, et semble indiquer un approvisionnement local des matériaux. 3 Terrapon 2007, 83-85. 4 Nous avons déjà formulé cette hypothèse dans Falzone/Tomassini 2019. 5 Ces deux contextes ont également fait l’objet d’analyses physico-chimiques dans le même cadre que les fragments du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Pour plus d’informations nous renvoyons à Marano/Tomassini 2018 et aux articles des mêmes auteurs dans Cavalieri/Tomassini 2021, qui reprennent de manière plus approfondie l’ensemble des considérations qui seront faites dans ces lignes. 6 Qui ont été l’objet d’analyses pétrographiques en 2010 ; voir à ce propos Falzone et al. 2010. 7 Sur l’emploi des techniques d’exécution pour la datation des enduits peints d’Ostie nous renvoyons à Falzone/Marano/Tomassini 2021. 8 Les quelques exemples conservés sont les décorations du cubiculum 33 de la Casa di Sallustio (PPM IV, 780-800) et de l’œcus 14 de la Casa dei Capitelli Colorati de Pompéi (PPM VI, 1010-1011). 9 Tout en n’atteignant pas le niveau de la Domus Aurea, les décorations d’Ostie ne sont pas si différentes de celles de la fameuse Casa Bellezza sur l’Aventin (Boldrighini 2003) ou de celles qui commencent à apparaître du Suburbium sud-occidental de Rome (Marano 2019, Falzone/Gioia/Marano 2018). 1

Conclusion Une des plus grandes richesses d’un site archéologique comme Ostie est sans aucun doute sa longévité. Aucun autre site ne permet d’analyser avec autant de détail le développement d’une cité antique et ses transformations urbanistiques sur près de mille ans, du IVe siècle av. J.-C. jusqu’au moins au VIe siècle ap. J.-C. Le port de Rome est véritablement un cas d’étude sans égal pour la connaissance de l’architecture antique et de la manière de vivre ensemble des Romains tout au long de leur histoire. Pourtant, comme nous l’avons soulevé au début de cet ouvrage, il est paradoxal de constater le peu de choses que l’on connait réellement de la ville. Les vestiges arrivés jusqu’à nous ont perdu une grande partie de leur potentiel au moment des fouilles de 1938-1939, qui nous ont privés de tout mobilier et d’une documentation précise de l’état des structures au moment de leur découverte. Pratiquement toutes les datations, les interprétations et les restitutions des édifices conservés reposent sur des observations faites il y a maintenant près d'un siècle. Tout ce qui nous précède n’est pas forcément moins bon de ce qui pourrait se faire aujourd’hui, et nous ne voulons certes pas diminuer l’importance des travaux de G. Calza, I. Gismondi, G. Becatti et tant d’autres. Leurs recherches, reprises et précisées par ceux qui les ont suivis, ont contribué à cerner les grandes lignes de l’histoire ostienne, de l’implantation du castrum républicain jusqu’aux dernières occupations du site à la fin de l’antiquité tardive et à l’époque alto-médiévale. Les grandes phases de croissance, développement et transformation de la ville sont désormais bien établies, et l’histoire de chaque édifice peut sans difficulté être resituée dans son contexte macroscopique urbain. Toutefois, le tableau esquissé en un siècle de recherches ostiennes est encore trop plat par rapport à ce qu’a dû être la vie dans une ville active et bruyante comme le port de Rome. Les traits doivent être davantage précisés et des nuances doivent être apportées à l’ensemble, pour rendre au mieux état de la complexité d’une « city in flux », pour reprendre l’expression de J. DeLaine (DeLaine 1995, 79). Seul un réexamen approfondi et détaillé de chacune des structures conservées peut permettre d’arriver à cet objectif. En ce sens, on peut dire que le site nécessite d’être redécouvert une deuxième fois, édifice par édifice. C’est ce que nous avons essayé d’illustrer dans cet

ouvrage, à travers une étude microcontextuelle vouée à une compréhension plus détaillée du macrocontexte, en l’occurrence les quartiers occidentaux et la ville antique d’Ostie. Ainsi, l’étude de la parcelle IV, V, 18 et des deux édifices qui l’ont occupée – la soi-disant domus et le Caseggiato delle Taberne Finestrate – a rassemblé une série de données plus précises qui, mises ensemble, apportent plusieurs éléments nouveaux qui approfondissent notre connaissance de la ville. Les résultats les plus gratifiants ont peut-être concerné les phases plus anciennes d’occupation de la parcelle, à l’époque républicaine et alto-impériale (phases 0, 1 et 2, p. 23-59). Les fouilles sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate méritaient d’être pleinement exploitées, après un silence de quarante-sept ans, puisqu’elles constituent un des rares contextes de la ville à avoir été stratigraphiquement analysé pour les périodes antérieures au IIe siècle ap. J.-C., avec la Domus dei Bucrani, le Tempio dei Fabri Navales, le Macellum, le Castrum, l’Isolato dei Dipinti, l’Insula dell’Invidioso, le Portico delle Corporazioni et l’Insula delle Pareti Gialle, pour citer les plus connus (cfr. p. 12). L’étude du mobilier et une interprétation attentive des structures fouillées dans les taberne finestrate – qui jusqu’à présent manquaient –, ont permis de préciser davantage la situation du versant méridional du decumanus maximus à l’époque républicaine et au cours du Ier siècle ap. J.-C. Si les fouilles de 1973 n’ont pas permis comme espéré de démontrer que la véritable « urbanisation » de ce quartier n’a commencé qu’après la construction de l'enceinte, elles ont cependant permis de poser un jalon chronologique important, en montrant comment la vague de réfections qui a touché toute cette partie de la ville sous Auguste a continué au moins jusqu’à la moitié du Ier siècle ap. J.-C., comme l’atteste la datation au règne de Claude (cfr. p. 50-51) de la deuxième phase de vie de l’édifice. L’étude plus approfondie des structures sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate a permis de remettre en cause l’identification de l’édifice comme une domus à atrium et d’apporter plus de nuances ; l’édifice pourrait avoir été conçu comme un espace commercial ou industriel, doté d’une cour centrale avec une vasque et un puits, autour de laquelle étaient disposées plusieurs petites pièces, revêtues de sols en opus spicatum et

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Conclusion dotées de seuils probablement conçus pour faciliter l’évacuation des eaux ; une réfection de la façade à l’époque julio-claudienne, en concomitance avec l'aménagement de la Domus del Portico di Tufo, laisse supposer une influence de cette dernière sur notre édifice, qui se voit doter à l’époque de Claude d’un arrière-corps à fonction résidentielle d’un grand prestige, comme l’attestent les nombreuses décorations réalisées par les meilleurs artisans de la ville, qui au même moment décorent les riches demeures qui entourent l’édifice. En effet, les nombreux pavements appartenant à la deuxième phase de vie de l'édifice – en particulier l’emblema d’inspiration pergaménienne – ainsi que les somptueuses peintures retrouvées, montrent une fois de plus que le quartier était habité par les plus grands notables de la ville, en contact direct avec les dernières modes artistiques lancées dans la capitale (cfr. p. 54-56 et p. 259-262). L’édifice sous le Caseggiato delle Taberne Finestrate constitue jusqu’à présent un unicum dans le panorama ostien de l’époque tardo-républicaine et alto-impériale, par son caractère hybride, accentué par le fort contraste entre la modestie des structures en façade et la richesse des pièces à vocation privée ; plusieurs sont les doutes restants, notamment concernant l’articulation planimétrique de l’édifice et le rapport entre ces deux parties, mais des futures investigations à l’arrière de la parcelle pourront éclaircir ces questions. De nature complètement différente est l’édifice qui prend la place de la "domus" dans les années 120 ap. J.-C., le Caseggiato delle Taberne Finestrate (phase 3, p. 61-108). L’analyse du bâti a produit une quantité conséquente de données nouvelles sur les manières dont il a été construit, l’apparence qu’il a dû avoir et les nombreuses transformations qu’il a subies. En effet, la lecture précise des murs et des carnets de fouilles a abordé la question de comment devait s’organiser un chantier de construction au règne d’Hadrien : l’organisation du travail et l’importance des moyens qui ont dû être mis en œuvre surprennent pour leur modernité, mais elles ont dû être nécessaires si l’on pense au nombre d’édifices qui ont dû être construits à Ostie en l’espace de quelques années seulement. La construction même du Caseggiato delle Taberne Finestrate s’insère en effet dans une programmation beaucoup plus large, qui intéresse l’ensemble du quartier dans les premières décennies du IIe siècle ap. J.-C. au cours d'une véritable révolution urbanistique, qui met en place un quartier d’édifices commerciaux, interconnectés par un réseau complexe de voies secondaires qui permettait de maximiser les surfaces commerciales tout en désengorgeant le trafic de cette portion du decumanus maximus, qui

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devait être de plus en plus pressant, comme l’atteste également l’élargissement de la rue. L’ampleur de ces travaux a nécessairement impliqué un plan de régulation urbaine programmé, dont la mise en pratique aurait toutefois été appliquée par un groupe de riches entrepreneurs privés, dont l’objectif, encore une fois très actuel, était de maximiser le profit en diminuant les coûts (p. 96-101). Cela se perçoit de manière évidente par le soin minutieux que les constructeurs ont apporté dans le recyclage et le remploi, qui sont mis en pratique de façon brillante dans la constrution du Caseggiato delle Taberne Finestrate. Nous avons vu en effet comment les constructeurs romains ont tenté de rentabiliser au mieux les ressources à disposition, en exploitant les murs de la domus précédente comme appui pour les fondations, en réaffectant peut-être la cour à l’arrière de l’édifice et en réutilisant probablement les gravats produits par le démantèlement de ce dernier. C’est du moins ce que semblent indiquer la planimétrie de l’édifice, la disposition des murs, l’absence totale de couches de destruction au-dessus des vestiges antérieurs et la présence de matériel choisi dans les couches de rehaussement, notamment les fragments d’enduits peints, conservés pour leurs vertus hydrophobes et drainantes (p. 68). Puisque tout ce qui nous est resté de l’édifice est son squelette, c’est-à-dire les murs, nous avons essayé d’exploiter au mieux ces témoignages et de les interroger sur tous les points de vue. Nous sommes arrivés à une meilleure compréhension du fonctionnement de l’édifice, de comment était gérée l’eau, comment étaient couvertes les pièces et comment se structuraient les étages supérieurs (p. 79-86). Cela a permis d’arriver à une hypothèse de restitution raisonnée et critique de l’édifice, qui est sans doute incomplète mais qui reste scientifiquement vraisemblable (p. 86-91). À une époque où l’on demande de plus en plus aux archéologues de restituer les vestiges qu’ils étudient pour les rendre plus accessibles au public, il est important de produire des restitutions fidèles, notamment à Ostie, où l’état de conservation des structures permet des résultats plus aboutis et parfois « scénographiques », avec donc un impact majeur sur le public. Analyser les murs du caseggiato nous a aussi permis de retracer de manière beaucoup plus complète l’histoire de l’édifice, qui a traversé environ trois siècles de vie antique en subissant d’importants changements, qui n’avaient jusqu’ici jamais été relevés. La situation est beaucoup plus complexe de celle qui avait été imaginée jusqu’ici, avec plus de quatre phases d’interventions plus ou moins ponctuelles, qui modifient l’accessibilité et la fonction de plusieurs pièces.

Conclusion La première phase de transformations et peutêtre la plus importante est celle de la deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C., où des appartements s’installent dans les tabernae, dont quelques-uns étaient dotés de riches mosaïques (phase 4, p. 109-128). Cette découverte renforce encore davantage l’importance d’un phénomène qui a encore été peu étudié, celui du besoin de créer de nouveaux espaces résidentiels à l’époque antonine, un besoin qui a dû forcer les habitants de la ville à chercher des nouvelles formules de logement et à réadapter les structures construites quelques décennies auparavant. Un autre thème spécifique aux études ostiennes, que cette phase de vie des taberne finestrate a permis d’illustrer de manière évidente, est celui des rehaussements de niveau successifs et généralisés. Cela est particulièrement vrai pour le secteur occidental du decumanus maximus, où la mise en commun des différentes données récoltées par les récentes investigations du quartier a permis d’identifier trois rehaussements successifs du niveau de la rue, qui passe à 1,2 m ASL au début du Ier siècle ap. J.-C. (p. 55-56), puis à 1,55 m ASL au début du IIe siècle ap. J.-C. (p. 99-100) et enfin à 2 – 2,2 m ASL dans la deuxième moitié du IIe siècle ap. J.-C. (p. 153). Nous ne sommes toujours pas en mesure de dire si ces rehaussements, qui constituent probablement une réponse aux fréquentes remontées d’eau et aux inondations qui frappent encore aujourd’hui le site, sont le fruit d’un plan régulateur urbain imposé par une quelconque autorité ou bien le résultat de plusieurs interventions successives mises en œuvre séparément par les propriétaires des édifices ; ce qui est certain est que les phases de rehaussement sont particulièrement homogènes et touchent à peu près aux mêmes moments et de la même manière des quartiers entiers de la ville. La deuxième phase qui transforme l’édifice après sa construction a lieu quelques années plus tard seulement, au début du IIIe siècle ap. J.-C. (phase 5, p. 129-140). À ce moment, le Caseggiato delle Taberne Finestrate est probablement touché par une perturbation sismique, peut-être en l’an 223, qui cause d’importants dégâts structurels à l’édifice. Plusieurs parties sont reconstruites à cette occasion, notamment les points les plus fragiles comme les coins et la façade, et toute une partie du rez-de-chaussée devient inutilisable par la construction de pilastres et contreforts. La question des tremblements de terre à Ostie, qui a longtemps été critiquée mais qui commence à être mise en évidence par les recherches récentes, mérite d’être prise en considération, dans la mesure où plusieurs indices, à différents endroits de la ville, commencent à être récoltés.

Enfin, les dernières phases de vie de l’édifice attestent qu’il dépend de plus en plus de son imposant voisin, la Schola del Traiano (phases 6-7, p. 141-158). Le lien évident entre les deux bâtiments sera précisé dans les années à venir par les investigations de l’université de Liège. Notre contribution à la question a été de situer dans un cadre chronologique plus restreint la possible propriété commune des deux édifices, et de nuancer le propos en montrant que le caseggiato semble conserver une partie de son autonomie jusqu’à une époque très tardive, lorsque l'une des résidences qui s’étaient implantées dans la partie arrière subit d’importants travaux de réfection. La compréhension de ces phases a été limitée par l’absence de données, mais ce manque pourra un jour être comblé par la fouille de la cour postérieure de l’édifice, où se situe vraisemblablement une petite structure construite à son intérieur entre le IIIe siècle ap. J.-C. et le IVe siècle ap. J.-C. Une investigation plus approfondie de cette partie du bâtiment apportera sans doute des éléments de réponse supplémentaires sur les dernières phases d’occupation du caseggiato, dont les dépôts de marbres antiques provenant des nécropoles voisines – qui montrent une possible activité de spoliation et de récupération des matériaux dans l’antiquité tardive – constituent un aperçu très bref et incomplet (cfr. p. 153-158). Tous ces résultats n’ont pu être obtenus que grâce à une méthode rigoureuse, qui prend en considération tous les murs de l’édifice et analyse chacun d’eux en détail. L’archéologie du bâti a démontré une fois de plus tout l’intérêt de l’apport qu’elle peut donner à l’étude d’une structure architectonique, puisque seule une lecture systématique de la stratigraphie verticale permet de véritablement faire parler les murs. En cela, nous nous sommes insérés dans la continuité d’une heureuse tradition qui s’est installée au cours des vingt dernières années à Ostie et qui continue à être alimentée par toute une série de nouveaux projets menés par des jeunes chercheurs (cfr. p. 11-14). Une problématique qui commence à émerger de manière de plus en plus évidente est celle des restaurations mimétiques des années 1930 (phase 8a, p. 159-163), qui devraient à l’avenir être sérieusement prise en considération dans toute étude de l’architecture ostienne. Une nouveauté que nous avons voulu introduire est l’emploi de l’archéologie digitale, qui permet de visualiser, tester et élaborer des nouvelles hypothèses et constitue dès lors un outil de recherche et de divulgation particulièrement précieux. La même rigueur méthodologique a permis de rendre leur dignité à l’ensemble d’enduits peints issus des fouilles de 1973. Ces fragments de

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« seconde main », que personne n’avait examinés jusqu’à présent, se sont révélés d’une importance cruciale pour la connaissance de l’histoire de la peinture ostienne avant Hadrien. Les enduits peints fragmentaires, malheureusement trop souvent délaissés par le passé, vivent actuellement un renouvellement d’intérêt général de la part de la recherche, avec la multiplication d’initiatives scientifiques, divulgatrices et formatives de la part des associations française, italienne et internationale pour la peinture murale antique et des centres de recherches particuliers, comme le CEPMR et le CeSPRO. La partie de cet ouvrage consacrée aux enduits peints fragmentaires a tenté de participer à ce renouveau en illustrant tout le potentiel des études toichographologiques, qui exploitent le double statut de l’enduit peint, image et partie de l’architecture, en traitant de questions d’histoire de l’art, d’histoire des techniques, de dynamiques de production et d’architectures disparues (cfr. p. 259-262).

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Pour conclure cet ouvrage, nous voudrions insister sur l’importance des données d’archives, qui – dans le cas d’Ostie notamment – constituent une véritable mine d’informations encore à explorer. Dans une période de difficulté socio-économique globale comme celle que nous vivons actuellement, où nos disciplines sont écartées du financement de la recherche et où il est de plus en plus ardu de trouver des fonds pour entreprendre des nouveaux projets, se pencher sur une reconsidération des travaux passés encore inédits, simples miettes laissées par nos prédécesseurs, constitue le meilleur moyen de progresser dans la recherche et de satisfaire notre faim de connaissances. C’est du moins ce que cet ouvrage, tout au long de ces pages, a tenté de montrer.

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Liste des Unités Stratigraphiques PHASE 7 US

R

1

activité 7.3

Enduit peint mal conservé

US

R

2

activité 7.3

Mosaïque noire et blanche avec quadrilobes

US

M

3

activité 7.2

Mur de délimitation sud de la pièce (A’)

US

M

4

activité 7.2

Mur de délimitation ouest de la pièce (A’)

US

M

5

activité 7.1

Fondation en fosse des murs USM 3 et 4

US

M

6

activité 7.2

Pilier en maçonnerie

US

M

7

activité 7.1

Fondation en fosse du pilier USM 6

US

M

8

activité 7.2

Mur en opus vittatum mixtum

US

M

9

activité 7.1

Fondation du mur USM 8

US

R

10

activité 7.3

Pavement en tuiles de la petite pièce (B)

US

M

11

activité 7.2

Murs en opus vittatum mixtum dans la cour (b)

US

M

12

activité 7.1

Fondation des murs USM 11

US

M

13

activité 7.2

Puits de la cour (b)

US

M

14

activité 7.2

Muret adossé au puits

US

M

15

activité 7.1

Fondation du muret USM 14

US

M

16

activité 7.2

Mur en opus vittatum dans la cour (b)

US

M

17

activité 7.1

Fondation du mur USM 16 PHASE 5

US

M

18

activité 5.2

Élément circulaire encastré dans la mosaïque USR 31

US

M

19

activité 5.2

Petits blocs de travertin encastrés dans la mosaïque USR 31

US

M

20

activité 5.2

Pilier de soutènement en briques au centre de la pièce (A)

US

M

21

activité 5.1

Fondation du pilier USM 20

US

M

22

activité 5.2

Mur de remplissage au sud de la pièce (A)

US

M

23

activité 5.2

Mur de remplissage au sud de la pièce (A) II

US

M

24

activité 5.2

Mur de remplissage au sud de la pièce (A) III

US

M

25

activité 5.2

Contrefort du mur USM 53

US

M

26

activité 5.1

Fondation du pilier USM 25

US

M

27

activité 5.2

Pilier de soutènement en briques sur le mur est

US

M

28

activité 5.1

Fondation du pilier USM 27

US

M

29

activité 5.2

Mur de remplissage sur le côté nord de (A), entre USM 34 et 56

US

M

30

activité 5.1

Fondation du mur USM 29 PHASE 4

US

R

31

activité 4a.5

Mosaïque à motifs variés

US

M

32

activité 4a.4

Mur sur la paroi est de la pièce (A)

279

Liste des Unités Stratigraphiques US

M

33

activité 4a.4

Mur de remplissage au nord de la pièce (A)

US

M

34

activité 4a.4

Mur de remplissage au nord de la pièce (A) II

US

M

35

activité 4a.4

Pilier dans la cour (b)

US

M

36

activité 4a.4

Mur arasé et repris dans la cour (b)

US

M

37

activité 4a.3

Canalisation d’égout dans la cour (b) du caseggiato

US

M

38

activité 4a.2

Fondation du mur USM 32

US

M

39

activité 4a.2

Fondation du mur USM 33

US

M

40

activité 4a.2

Fondation du mur USM 34

US

M

41

activité 4a.2

Rehaussement du seuil de la pièce (A) à l’est

US

M

42

activité 4a.2

Rehaussement en opus caementicium sous le mur USM 22

US

M

43

activité 4a.2

Rehaussement en opus caementicium sous le mur USM 23

US

M

44

activité 4a.2

Rehaussement en opus caementicium sous le mur USM 24

US

M

45

activité 4a.2

Fondation du pilastre USM 35

US

M

46

activité 4a.2

Fondation du mur USM 36

US

C

47

activité 4a.2

Couche de rehaussement de la pièce (A)

US

M

48

activité 4a.1

Arasement du pilier USM 59

US

R

49

activité 3.5

Revêtement d’enduit non conservé

US

M

50

activité 3.4

Pilastre dans l’angle sud-ouest de la pièce (A)

US

M

51

activité 3.4

Pilastre sur le mur sud de la pièce (A)

PHASE 3

US

M

52

activité 3.4

Pilastre sur le mur sud de la pièce (A) II

US

M

53

activité 3.4

Mur dans l’angle sud-est de la pièce (A)

US

M

54

activité 3.4

Pilier sur le mur est de la pièce (A)

US

M

55

activité 3.4

Pilier sur le mur est de la pièce (A) II

US

M

56

activité 3.4

Mur dans l’angle nord-est de la pièce (A)

US

M

57

activité 3.4

Mur sur le côté nord de la pièce (A)

US

M

58

activité 3.4

Pilastre dans l’angle nord-ouest de la pièce (A)

US

M

59

activité 3.4

Pilastre en briques détruit durant la phase 4

US

M

60

activité 3.4

Mur en opus mixtum dans la cour (b)

US

M

61

activité 3.4

Mur périphérique ouest de la parcelle

US

M

62

activité 3.3

Canalisation d’égout dans le couloir (E)

US

M

63

activité 3.2

Fondation des piliers sur le côté sud de la pièce (A)

US

M

64

activité 3.2

Fondation des pilierss sur le côté est de la pièce (A)

US

M

65

activité 3.2

Fondation des murs sur le côté nord de la pièce (A)

US

M

66

activité 3.2

Fondation du pilier USM 59

US

M

67

activité 3.2

Sous-fondation du côté sud de la pièce (A)

US

M

68

activité 3.2

Sous-fondation du côté nord de la pièce (A)

US

M

69

activité 3.2

Fondation de renforcement du mur arasé USM 101

US

C

70

activité 3.2

Couche de rehaussement de la pièce (A) II

US

C

71

activité 3.2

Amas de pouzzolane

280

Liste des Unités Stratigraphiques US

M

72

activité 3.2

Fondation du mur périphérique ouest de l’édifice

US

M

73

activité 3.2

Sous-fondation de USM 72 en soutien de USM 122

US

M

74

activité 3.2

Fondation du mur périphérique ouest de la cour (b)

US

C

75

activité 3.2

Couche de chaux rougeâtre

US

M

76

activité 3.1

Arasement du mur USM 123

US

M

77

activité 3.1

Arasement du mur USM 101

US

M

78

activité 3.1

Arasement du pilier USM 96

US

M

79

activité 3.1

Arasement du pilier USM 99

US

R

80

activité 2b.4

Mosaïque avec emblema

US

R

81

activité 2b.4

Pavement en mortier blanc avec tesselles noires

US

R

82

activité 2b.4

Mosaïque avec semis de croisettes

PHASE 2B

US

R

83

activité 2b.4

Pavement en mortier tournant autour de USR 82

US

R

84

activité 2b.4

Pavement en mortier au nord de USR 82

US

R

85

activité 2b.4

Pavement en mosaïque à l’est de USR 83

US

R

86

activité 2b.4

Niveau de sol au sud de USR 80

US

M

87

activité 2b.3

Cloison entre USR 80 et 81

US

M

88

activité 2b.3

Cloison entre USR 80 et 81

US

M

89

activité 2b.3

Cloison entre USR 80, 82 et 83

US

M

90

activité 2b.3

Cloison entre USR 82 et 84

US

M

91

activité 2b.3

Cloison entre USR 82 et 83

US

M

92

activité 2b.3

Cloison entre USR 80 et 86

US

M

93

activité 2b.3

Cloison entre USR 81 et 84

US

M

94

activité 2b.3

Crapaudine en travertin sur le seuil de USR 82

US

M

95

activité 2b.3

Bloc de travertin entre USM 87 et 88

US

M

96

activité 2b.3

Pilier de briques au nord USR 82

US

M

97

activité 2b.2

Fondation des cloisons USM 90 et 91

US

M

98

activité 2b.2

Fondation de la cloison USM 91

US

M

99

activité 2b.3

US

M

100

activité 2b.2

US

M

101

activité 2b.3

Mur en opus reticulatum avec terminaison en briques

US

M

102

activité 2b.3

Fondation du pilier USM 96

US

M

103

activité 2b.2

Fondation du pilier USM 99

US

M

104

activité 2b.2

Fondation du mur USM 101

US

C

105

activité 2b.2

Couche II B

US

C

106

activité 2b.2

Couche III

US

C

107

activité 2b.2

Couche IV

US

M

108

activité 2b.1

Arasement du mur USM 126

US

M

109

activité 2b.1

Arasement de la fondation USM 132

US

M

110

activité 2b.1

Arasement de la fondation USM 133

281

US

M

111

activité 2b.1

Arasement de la fondation USM 134

US

M

112

activité 2b.1

Arasement du mur USM 124

US

M

113

activité 2b.1

Arasement du mur USM 126

US

C

114

activité 2b.1

Couche V au sud de USM 126

US

C

115

activité 2b.1

Couche V entre USM 123 et 133

US

C

116

activité 2b.1

Couche V entre USM 133 et 134

US

C

117

activité 2b.1

Couche V au-dessus de USR 122 PHASE 1

US

R

118

activité 1.3

Pavement en signinum rouge à tesselles

US

R

119

activité 1.3

Pavement en mortier gris

US

C

120

activité 1.3

Couche VI : terre battue

US

C

121

activité 1.3

Couche VI : terre battue II

US

R

122

activité 1.3

Pavement en mortier rouge

US

M

123

activité 1.2

Mur périphérique ouest de la parcelle en opus quasi reticulatum

US

M

124

activité 1.2

Mur de délimitation sud du sol en mortier USR 118

US

M

125

activité 1.2

Empreinte de seuil aménagé dans USM 126

US

M

126

activité 1.2

Long mur ouest-est en opus quasi reticulatum

US

M

127

activité 1.2

Mur en quasi reticulatum à l’est de la zone fouillée

US

M

128

activité 1.2

Cloison entre USR 118 et 119

US

M

129

activité 1.1

Fondation du mur périphérique ouest USM 123

US

M

130

activité 1.1

Fondation du mur USM 126

US

M

131

activité 1.1

Fondation du mur USM 124

US

M

132

activité 1.1

Fondation du mur USM 127

US

M

133

activité 1.1

Fondation arasée perpendiculaire à USM 126

US

M

134

activité 1.1

Fondation arasée avec angle droit

US

M

135

activité 1.1

Fondation arasée au nord de la pièce (A) PHASE 0

US

C

136

Couche VII

US

C

137

Couche VIIB ou VIII

282

Index Locorum Ostiae Édifices et structures Area Sacra Repubblicana (I,XV,2, 3, 5, 6) : page 25 Basilica Cristiana (III, I, 4) : pages 38, 100, 107 Capitolium : pages 54, 56, 97, 101 Case a Giardino (III, IX): pages 14, 16 (note 96), 81, 87, 103 (note 70), 104 (note 78), 105 (note 114), 106 (note 140), 123, 124, 125, 167 Caseggiato a Botteghe (IV, VI, 1) : pages 3, 10, 67, 96, 99, 100, 101, 108 (note 186) Caseggiato degli Aurighi (III, X, 1) : pages 13, 86, 105 (note 103), 125, 139 (note 17), 257 (note 112) Caseggiato dei Balconi a Mensole (I, VI, 2) : page 103 (note 33) Caseggiato dei Lottatori (V, III, 1) : pages 14, 101 (note 6) ,140 (note 30), 153, 163 (note 1), 167, 172, 238, 260, 261, 262 Caseggiato dei Misuratori del Grano (I, VII, 1-2) : page 90 Caseggiato dei Molini (I, III, 1) : pages 13, 103 (note 34) Caseggiato dei Triclini (I, XII, 1) : page 15 (note 35) Caseggiato del Larario (I, IX, 3) : pages 96, 107 (note 145) Caseggiato del Mitreo di Lucrezio Menandro (I, III, 5) : page 125 Caseggiato del Serapide (III, X, 3) : pages 13, 14, 15 (note 35), 86, 89, 105 (note 103), 106 (note 140) Caseggiato del Sole (V, VI, 1) : pages 13, 138 Caseggiato del Temistocle (V, XI, 2) : page 168 Caseggiato del Vicolo del Dioniso et Cortile del Dioniso (IV, V, 7-9) : pages 24, 67, 100, 125, 137, 140 (note 32), 156 Caseggiato dell’Ercole (IV, II, 2-4) : pages 13, 40 (note 33), 96, 104 (note 74), 138 Caseggiato della Cisterna (I, XII, 4): page 113 Caseggiato della Fontana a Lucerna (IV, VII, 1-2) : pages 27 (note 21), 83, 100, 101, 108 (note 185) Caseggiato di Bacco e Arianna (III, XVII, 5) : pages 13, 105 (note 104) Caseggiato (I, II, 5) : page 106 (note 140) Caseggiato (I, X, 3) : pages 99, 125 Caseggiato (I, XII, 1) : page 138 Caseggiato (II, I, 5) : page 106 (note 137) Caseggiato (III, I, 12) : page 116 Caseggiato (III, I, 13) : page 116 Caseggiato (III, II, 3-4) : pages 38, 99 Caseggiato (III, II, 5) : page 100 Caseggiato (III, IX, 17) : page 153 Caseggiato (III, XVI, 2) : page 116 Caseggiato (III, XVI, 3) : page 14 Caseggiato (III, XVI, 4) : pages 14, 106 (note 137) Caseggiato (V, II, 2) : pages 172, 237, 238, 261 Caseggiato (V, III, 3-4) : page 124 Caserma dei Vigili (II, V, 1-2) : pages 15 (note 35), 123, 125, 127 (note 56) Casette Repubblicane (I, IX, 1) : pages 26 (note 12), 38 Castellum Aquae de Porta Marina (IV, VIII, 2) : page 83, 103 (note 71) Castellum Aquae de Porta Romana : pages 13, 22 (note 5), 83, 103 (note 70) Castrum : pages 23, 24, 37, 38, 125, 263 Caupona del Dio Pan (IV, IX, 5) : page 168 Caupona del Pavone (IV, II, 6) : pages 13, 168

Domus a Peristilio (IV, V, 16 ) : pages 38, 52, 55, 56, 58 (notes 47, 69), 83, 99, 128 (note 82), 141, 169, 170 Domus dei Bucrani (IV, V, 16 ) : pages 24, 26, 36, 37, 38, 39 (note 7), 52, 55, 168, 169, 170, 187 (note 6), 191, 193, 195, 202, 203, 205, 259, 263 Domus dei Capitelli di Stucco (V, VII, 4-5) : pages 38, 40 (note 33) Domus dei Dioscuri (III, IX, 1) : pages 13, 154 Domus del Ninfeo (III, VI, 1-3) : pages 107 (note 76), 154 Domus del Portico di Tufo (IV, VI, 1) : pages 10, 26, 38, 41, 50, 52, 54, 56, 57, 58 (note 48), 99, 264 Domus del Pozzo (V, III, 3) : page 14 Domus del Protiro (V, II, 4-5) : page 155 Domus della Fortuna Annonaria (V, II, 8) : page 155 Domus della Nicchia a Mosaico (IV, IV, 2) : pages 35, 38, 40 (notes 33, 50) Domus delle Colonne (IV, III, 1) : page 13 Domus di Amore e Psiche (I, XIV, 5) : page 155 Domus di Apuleio (II, VIII, 5) : pages 14, 117, 119 Domus di Giove Fulminatore (IV, IV, 3) : pages 13, 24, 26 (note 17), 38, 40 (notes 33, 50), 58 (note 67), 67 Domus Fulminata (III, V, 7) : pages 12, 153 Domus sotto il Caseggiato del Vicolo del Dioniso (IV, V, 9) : pages 25, 37, 38, 40 (note 50), 55 Domus sotto il Mitreo delle Pareti Dipinte (III, I, 6) : pages 24, 25, 38, 39 (note 11), 40 (note 50), 54 Domus sul Decumano (III, II, 3) : pages 12, 17, 99, 125, 156 Enceinte cicéronienne : pages 14, 23, 24, 25, 26, 36, 37, 40 (note 40), 83, 103 (note 71), 125, 263 Foro della Statua Eroica (I, XII, 2) : page 155 Forum : pages 25, 54, 56, 96, 97, 138, 155 Foro di Porta Marina (IV, VIII, 1) : page 155 Grandi Horrea (I, IX, 7) : pages 54, 107 (note 143), 125 Horrea di Ortensio (V, XII, 1) : page 54, 58 (note 58) Horrea Epagathiana et Epaphroditiana (I, VIII, 3b) : pages 15 (note 35), 82, 93, 101 (note 15) Horrea (III, II, 4) : pages 25, 36, 38, 96, 99, 100 Horrea (III, II, 6) : pages 36, 96, 100 Horrea (IV, V, 12) : pages 36, 38, 100 Insula del Dioniso (IV, V, 9) : pages 125, 128 (note 78) Insula del Sacello (IV, V, 4) : pages 116, 125 Insula del Soffitto Dipinto (II, VI, 5-6) : pages 13, 164 (note 1), 81, 102 (notes 15, 20), 104 (note 95), 105 (notes 102, 104, 107), 164 (note 1), 249 Insula del Viridario (IV, IV, 9) : pages 167, 187 (note 6) Insula dell’Aquila (IV, V, 8) : pages 125, 156, 168 Insula dell’Ercole Bambino (II, VI, 3-4) : pages 13, 81, 102 (notes 15, 20, 24), 104 (note 95), 105 (notes 102, 104, 107), 164 (note 1) Insula delle Ierodule (III, IX, 6) : pages 13, 105 (notes 104, 114), 154, 167 Insula delle Muse (III, IX, 22) : pages 117, 125, 168 Insula delle Pareti Gialle (III, IX, 12) : pages 12, 14 (note 27), 51, 117, 118, 168, 249 Insula delle Trifore (III, III, 1) : pages 87, 105 (notes 106, 107), 107 (note 176) Insula delle Volte Dipinte (III, V, 1) : pages 105 (notes 107, 111), 124, 168, 169, 257 (note 112) Insula di Bacco Fanciullo (I, IV, 3) : page 119

283

Insula di Diana (I, III, 3-4) : pages 13, 15 (note 35), 86, 103 (note 34), 164 (note 9), 172 Insula di Giove e Ganimede (I, IV, 2) : pages 24, 25, 105 (note 107), 168, 169, 191 Insula e Terme dell’Invidioso (V, V, 1-2) : pages 12, 14 (note 27), 24, 25, 50, 51, 57 (note 33), 263 Isolato dei Dipinti (I, IV) : pages 13, 87, 102 (note 24), 105 (notes 104, 107, 112), 138, 263 Macellum (IV, V, 2) : pages 12, 24, 25, 37, 55, 82, 99, 100, 172, 263 Mercato (III, I, 7) : pages 36, 39 (note 8), 96, 100 Mitreo dei Marmi Colorati (IV, IX, 5) : page 168 Molino del Silvano (I, III, 2) : page 154 Necropoli della Laurentina : pages 13, 23, 157 Necropoli di Porta Romana : pages 13, 57 (note 38), 125 Palazzo Imperiale : pages 13, 153 Piazza e Portico delle Corporazioni (II, VII, 4) : pages 12, 14 (note 27), 170, 263 Piazzale della Vittoria (V, XVII, 2) : page 155 Piccolo Mercato (I, VIII, 1) : page 138, 139 (note 23) Porta Marina : pages 3, 13, 38, 50, 56, 99, 100, 103 (notes 70, 71), 107 (note 164),127 (note 70), 154, 156, 157, 172 (note 9) Porta Romana : page 83 Portico ovest di Pio IX (I, V, 2) : page 82 Quattro Tempietti (II, VIII, 2) : pages 14, 125 Santuario della Bona Dea (V, X, 2) : pages 13, 168, 170, 187 (note 6), 208, 260, 261, 262 Schola del Traiano (IV, V, 15-17) : pages 3, 6, 10, 11, 12, 37, 55, 56, 99, 100, 113, 114, 124, 125, 128 (note 82), 136, 139, 141, 144, 145, 150, 153, 156, 162, 169, 172 (note 22), 265 Serapeum (III, XVII, 4) : page 13 Synagogue (IV, XVII, 1) : page 13 Tempio dei Fabri Navales (III, I, 1-2) : pages 12, 36, 38, 56, 83, 88, 99, 100, 125, 145, 157, 169172 (note 17), 263 Tempio di Roma e Augusto : pages 54, 56 Tempio Rotondo (I, XI, 1) : page 153 Terme Bizantine (IV, IV, 8) : pages 167, 169, 170, 172, 172 (note 17) Terme dei Sette Sapienti (III, X, 2) : pages 13, 127 (note 51) Terme del Faro (IV, II, 1) : page 13 Terme del Foro (I, XII, 6) : pages 97, 153 Terme del Nuotatore (V, X, 3) : pages 12, 22 (note 1), 51, 104 (note 90) Terme del Sileno (IV, IX, 7) : page 172 Terme della Basilica Cristiana (III, I, 2-3) : page 107 (note 176) Terme Marittime (III, VIII, 2) : page 14 Terme della Trinacria (III, XVI, 7) : page 13 Terme delle Sei Colonne (IV, V, 10-11) : pages 9, 24, 38, 140 (note 32) Terme di Musiciolus (IV, XIV, 2) : page 14 Terme di Nettuno (II, V, 2) : pages 97, 103 (note 70), 108 (note 185), 123, 127 (note 56), 157 Terme di Porta Marina (IV, X, 1-2) : pages 14, 97 Théâtre (II, VII, 2) : pages 54, 125 Thermopolium della Via di Diana (I, II, 5) : page 154

284

Axes routiers et voies Cardo maximus : pages 83, 101, 104 (note 90) Decumanus maximus : pages 3, 9, 12, 25, 26, 29, 37, 38, 40, 41, 55, 56, 58, 79, 82, 83, 85, 94, 99, 100, 107 (notes 164, 176), 121, 124, 125, 126 (note 2), 129, 138, 156, 157, 158 (note 32), 162, 263, 264, 265 Semita dei Cippi – Semita Horreorum : pages 113, 158 (note 32) Via degli Aurighi : page 56 Via dei Vigili : page 83 Via del Pomerio : pages 37, 55, 99 Via del Tempio Rotondo : 104 (note 90) Via della Foce : pages 83, 99, 100, 107 (note 176), 154 Via della Forica : page 104 (note 90) Via delle Trifore : page 107 (note 176) Via di Diana : page 105 (note 103) Via Laurentina : page 23 Via Ostiensis : pages 23, 25, 156 Via Severiana : pages 125, 156 Vico Cieco : pages 3, 6, 11, 34, 40 (note 42), 41, 78, 99, 101, 105, 127 (note 58)

Planches

Planches Vue d'ensemble

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