Modeles et Copies: Etude d'Une Formule des Colophons de Manuscrits Armeniens, VIIIE-XIXE Siecles (146) (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Subsidia, 698) (French Edition) 9789042944923, 9789042944930, 9042944927

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Modeles et Copies: Etude d'Une Formule des Colophons de Manuscrits Armeniens, VIIIE-XIXE Siecles (146) (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Subsidia, 698) (French Edition)
 9789042944923, 9789042944930, 9042944927

Table of contents :
LOVANII
SUBSIDIA
AVANT-PROPO
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION

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CORPUS S C R I P T O R U M C H R I S T I A N O R U M O R I E N TA L I U M EDITUM CONSILIO

UNIVERSITATIS CATHOLICAE AMERICAE ET UNIVERSITATIS CATHOLICAE LOVANIENSIS Vol. 698

SUBSIDIA TOMUS 146

MODÈLES ET COPIES ÉTUDE D’UNE FORMULE DES COLOPHONS DE MANUSCRITS ARMÉNIENS VIIIe-XIXe siècles

EMMANUEL VAN ELVERDINGHE

LOVANII IN AEDIBUS PEETERS 2022

MODÈLES ET COPIES

CORPUS S C R I P T O R U M C H R I S T I A N O R U M O R I E N TA L I U M EDITUM CONSILIO

UNIVERSITATIS CATHOLICAE AMERICAE ET UNIVERSITATIS CATHOLICAE LOVANIENSIS Vol. 698

SUBSIDIA TOMUS 146

MODÈLES ET COPIES ÉTUDE D’UNE FORMULE DES COLOPHONS DE MANUSCRITS ARMÉNIENS VIIIe-XIXe siècles

EMMANUEL VAN ELVERDINGHE

LOVANII IN AEDIBUS PEETERS 2022

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress.

© 2022 by Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium Tous droits de reproduction, de traduction ou d’adaptation, y compris les microfilms, de ce volume ou d’un autre de cette collection, réservés pour tous pays. ISSN 0070-0444 ISBN 978-90-429-4492-3 eISBN 978-90-429-4493-0 D/2022/0602/78 Éditions Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Louvain

À Nathalie-Maude

AVANT-PROPOS Les manuscrits évoqués dans cet ouvrage sont désignés selon les conventions de l’Association Internationale des Études Arméniennes, consignées dans la Liste des sigles pour désigner les manuscrits arméniens1. Un astérisque après le sigle signifie que le manuscrit est aujourd’hui perdu. Le grand nombre de codex disparus, peu connus ou mal répertoriés qui sont cités a rendu nécessaire de recourir à certains expédients. Les manuscrits dépourvus de numéro ont été dotés d’un numéro entre crochets, correspondant à la place qu’ils occupent dans la description publiée de la collection dont ils font partie, sauf si ladite collection ne comprend pas d’autre manuscrit. Lorsque nous citons un manuscrit sans cote issu d’un fonds dont aucune liste n’est publiée, nous l’avons pourvu du sigle s. n. (sine numero); si plusieurs manuscrits de ce fonds non décrit sont cités, ils sont distingués par une lettre (s. n. A, s. n. B, etc.). Les fonds inconnus sont désignés par ign.; de même, les manuscrits dont la localisation n’est pas connue sont appelés Cod. ign. A, Cod. ign. B, etc. Les noms des copistes, enlumineurs, possesseurs, etc., n’ont pas été normalisés: ils sont maintenus dans la forme sous laquelle ils sont le mieux attestés dans les manuscrits (par exemple: Yovhannēs, Yovannēs ou Yovanēs; Stepʻannos ou Stepʻanos; Zakʻaria ou Zakʻariay). Par commodité, les recueils de colophons, auxquels il sera constamment fait référence, sont désignés par des sigles spéciaux, dont on trouvera la clef dans une rubrique particulière de la bibliographie. Quant aux traductions, sauf mention contraire, toutes sont de notre fait. Enfin, on trouvera à la fin de l’ouvrage, en annexe, deux cartes, auxquelles le lecteur est encouragé de se référer. La première présente la plupart des lieux mentionnés, tandis que la seconde propose une vue détaillée des centres de copie de la région du lac de Van abordés dans cette étude. * *

*

Ce livre est le fruit d’une thèse de doctorat défendue en 2017 à l’Université catholique de Louvain sous le titre Modèles et copies. Étude d’une formule des colophons de manuscrits arméniens (VIIIᵉ – XVIIIᵉ siècles). Notre profonde reconnaissance va à notre promoteur de thèse, Bernard Coulie, sans le soutien de qui cet ouvrage n’aurait pu voir le jour. Ses 1

COULIE, Liste des sigles; COULIE, Collections and Catalogues, p. 51-64.

VIII

AVANT-PROPOS

encouragements et son regard stimulant, critique et constructif tout au long de nos années de recherche ont été très précieux. Nous remercions également pour leurs judicieux conseils les membres du jury de thèse et du comité d’accompagnement, Valentina Calzolari, Dickran Kouymjian, Theo van Lint, Andrea Schmidt et Lambert Isebaert. Notre recherche a bénéficié du soutien, de la lecture et de l’aide de très nombreux collègues, amis et proches; que tous sachent la reconnaissance que nous leur portons. À ce titre, nous voudrions adresser des remerciements tout particuliers à Agnès Ouzounian, Bastien Kindt, Véronique Somers, Gohar Sargsyan et Laurence Tuerlinckx. Nous remercions également le personnel du Matenadaran – Institut Mesrop Machtots des manuscrits anciens d’Erévan, dont l’assistance et la compétence nous ont été précieuses, entre autres lors de brefs séjours de recherche en 2014 et en 2017, et spécialement ses directeurs Hrachya Tamrazyan (†) et Vahan Ter-Ghévondian, son conservateur en chef, Gevorg Ter-Vardanian, ainsi que Khachik Harutyunyan et Arpi Avetisyan. Nous voudrions également exprimer notre gratitude envers le Fonds de la Recheche Scientifique–FNRS et l’Université catholique de Louvain, dont l’intérêt porté à notre recherche doctorale l’a rendue possible par la mise à disposition des ressources nécessaires. La rédaction de cet ouvrage a bénéficié de plusieurs financements: un mandat d’aspirant du FNRS, une bourse des Fonds Spéciaux de Recherche de l’Université catholique de Louvain et une aide de l’European Research Council, à travers le projet «Paratexts of the Bible» à la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich.

BIBLIOGRAPHIE 1. REVUES AH = Azgagrakan handēs. Kisamseay patkerazard (Chouchi), puis Azgagrakan handēs. Patkerazard (Tiflis). ALP = Acta Linguistica Petropolitana. Transactions of the Institute for Linguistic Studies / Acta Linguistica Petropolitana. Trudy Instituta lingvističeskix issledovanij (Saint-Pétersbourg) AnBoll = Analecta Bollandiana (Bruxelles). Arabica = Arabica. Journal of Arabic and Islamic Studies / Revue d’études arabes et islamiques (Leyde). Ararat = Ararat. Krōnakan, baroyakan, grakanakan, patmakan, banasirakan, mankavaržakan, azgayin ew paštōnakan amsagir, puis Ararat. Paštōnakan amsagir Hayrapetakan Atʻoṙoy S. Ēǰmiacni (Etchmiadzine / Vagharchapat). Bazm = Bazmavēp. Handisaran banasirakan, grakan, gitakan, baroyakan / Bazmavep. Revue d’études arméniennes (Venise). BIFAO = Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (Le Caire). BiOr = Biblica et Orientalia (Rome). Biwzandion = Biwzandion. Hayatʻertʻ amenōreay (Constantinople). BM = Banber Matenadarani / Vestnik Matenadarana (Erévan). Byz = Byzantion. Revue Internationale des Études Byzantines (Paris – Liége). BZ = Byzantinische Zeitschrift (Munich). Całik N.S. = Całik. Lragir Azgayin, Kʻałakʻakan ew Grakan (Constantinople). Črakʻał = Črakʻał. Amsagir banasirakan (Moscou). Dapʻni = Dapʻni. Krōnatʻertʻ. Kisamseay (Smyrne). DOP = Dumbarton Oaks Papers (Washington). Ēǰ = Ēǰmiacin. Paštōnakan amsagir Hayrapetakan Atʻoṙoy S. Ēǰmiacni, puis Ēǰmiacin. Paštōnakan amsagir Amenayn Hayocʻ Katʻołikosutʻean Mayr Atʻoṙoy Srboy Ēǰmiacni (Etchmiadzine). EO = Échos d’Orient. Revue trimestrielle d’Histoire, de Géographie et de Liturgie orientales (Kadiköy – Paris). GLM = Gazette du livre médiéval (Villejuif). HA = Handēs Amsōreay. Baroyakan, usumnakan, aruestagitakan, puis Handēs Amsōreay. Hayagitakan usumnatʻertʻ / Handes Amsorya. Zeitschrift für armenische Philologie ou Handes Amsorya. Monatsschrift für armenische Philologie (Vienne). Hask = Hask. Paštōnakan amsagir Katʻołikosutʻean Hayocʻ Meci Tann Kilikioy (Antélias). Hayastan = Hayastan. Lragir kʻałakʻakan, azgayin, banasirakan ew aṙewtrakan (Constantinople). HHH = Haykazean Hayagitakan Handēs / Haigazian Armenological Review (Beyrouth). HHT N.S. = Hask Hayagitakan Taregirkʻ. Nor šrǰan (Antélias). HispJud = Hispania Judaica Bulletin. Articles, Reviews, Bibliography and Manuscripts on Sefarad (Jérusalem).

X

BIBLIOGRAPHIE

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COLLECTIONS

XI

Šoł = Šołakatʻ. Handēs amsōreay. Krōna-baroyakan ew grakan, puis Šołakatʻ. Handēs amsōreay. Krōna-baroyakan ew grakan paštōnatʻertʻ S. Xačʻ Dprevanucʻ Patriarkutʻean Hayocʻ Tʻurkʻioy (Stamboul). Syria = Syria. Revue d’art oriental et d’archéologie (Paris). TGE = Trudy Gosudarstvennogo Èrmitaža (Léningrad). Vēm = Vēm hamahaykakan handēs (Erévan). VV = Vizantijskij vremennik (Moscou). 2. COLLECTIONS AAC = Handes haykakan hišatakaranneri / Accessing Armenian Colophons. AM = Azgayin matenadaran / Nationalbibliothek. AOAT = Alter Orient und Altes Testament. Veröffentlichungen zur Kultur und Geschichte des Alten Orients und des Alten Testaments. ATS = Armenian Texts and Studies. Avant = AVANT: Treasures of the Armenian Christian Tradition. BAFCG = Bibliothèque arménienne de la Fondation Calouste Gulbenkian / Haykakan Matenašar Galust Kiwlpēnkean Himnarkutʻean / Calouste Gulbenkian Foundation Armenian Library ou Armenian Library of the Calouste Gulbenkian Foundation. Bibl. Centr. Colleg. = Biblioteca del «Centro per il collegamento degli studi medievali e umanistici nell’Università di Perugia», puis Biblioteca del «Centro per il collegamento degli studi medievali e umanistici in Umbria». Bibliologia = Bibliologia. Elementa ad librorum studia pertinentia. ByzSorb = Byzantina Sorbonensia. CC = Corpus Christianorum. CCSA = Corpus Christianorum. Series Apocryphorum. CEA = Collection d’études anciennes, publiée sous le patronage de l’Association Guillaume Budé. CSCO = Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium. DAA = Documenti di architettura armena / Documents of Armenian Architecture. DOS = Dumbarton Oaks Studies. ECS = Eastern Christian Studies. ÈÈSb = Èminskij ètnografičeskij sbornik / Ēminean azgagrakan žołovacu / Recueil ethnographique d’Émine. EHS XXI = Europäische Hochschulschriften. Reihe XXI. Linguistik und Indogermanistik / Publications Universitaires Européennes. Série XXI. Linguistique et langues indo-européennes / European University Studies. Series XXI: Linguistics and Indo-European Studies. ƎM = Ǝntir matenagirkʻ. GitAšx = Gitakan ašxatutʻyunner / Naučnye trudy / Travaux scientifiques. HACP = Historic Armenian Cities and Provinces. HATS = Harvard Armenian Texts and Studies. HdO VIII = Handbuch der Orientalistik / Handbook of Oriental Studies. Section Eight: Uralic and Central Asian Studies. HM = Haykakan manrankarčʻutʻiwn / Armenian miniature. HUM = Hayagitakan usumnasirutʻyunneri matenašar.

XII

BIBLIOGRAPHIE

Hyp. = Hypomnemata. Untersuchungen zur Antike und zu ihrem Nachleben. ŁM = Łukasean Matenadaran. MCʻHJ = Mayr cʻucʻak hayerēn jeṙagracʻ hratarakeal i Mxitʻarean miabanutʻenē / Haupt-Catalog der armenischen Handschriften herausgegeben von der Wiener Mechitharisten-Congregation, puis Mayr cʻucʻak hayerēn jeṙagracʻ hratarakeal i Mxitʻarean miabanutʻenē i Vienna / Haupt-Katalog der armenischen Handschriften herausgegeben von der Wiener Mechitharisten-Congregation, puis Mayr cʻucʻak hayerēn jeṙagracʻ / Haupt-Katalog der armenischen Handschriften. Med. Medit. = The Medieval Mediterranean: Peoples, Economies and Cultures, 400–1500. MN = Matenagrutʻiwnkʻ naxneacʻ. MN.PH = Matenagrutʻiwnkʻ naxneacʻ. Patmagirkʻ Hayocʻ. NHŽP = Nyutʻer hay žołovrdi patmutʻyan / Materialy po istorii armjanskogo naroda. NTTSD = New Testament Tools, Studies and Documents. OCA = Orientalia Christiana Analecta. PH = Patmagirkʻ Hayocʻ, i loys aceal bałdatutʻeamb jeṙagracʻ. PO = Patrologia Orientalis. SC = Sources chrétiennes. Sopʻerkʻ = Sopʻerkʻ Haykakankʻ. ST = Studi e Testi. SubsHag = Subsidia Hagiographica. SVTP = Studia in Veteris Testamenti Pseudepigrapha. TM = Travaux et Mémoires. TSEC = Texts and Studies in Eastern Christianity. TU = Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur. Archiv für die von der Kirchenväter-Commission der kgl. Preußischen Akademie der Wissenschaften unternommene Ausgabe der älteren christlichen Schriftsteller. UCLAAHCS = UCLA Armenian History and Culture Series. UCP = University of California Publications. UPATS = University of Pennsylvania Armenian Texts and Studies. 3. RECUEILS DE

COLOPHONS

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RECUEILS DE COLOPHONS

XIII

H13 = A. S. MATʻEVOSYAN, Hayeren jeṙagreri hišatakaranner. ŽG dar (NHŽP, 20), Erévan, 1984. H14 = L. S. XAČʻIKYAN, ŽD dari hayeren jeṙagreri hišatakaranner (NHŽP, 2), Erévan, 1950. H14A = L. XAČʻIKYAN – A. MATʻEVOSYAN – A. ŁAZAROSYAN, Hayeren jeṙagreri hišatakaranner. ŽD dar, t. 1: 1301-1325 tʻtʻ. (NHŽP, 22), Erévan, 2018. H14B = L. XAČʻIKYAN – A. MATʻEVOSYAN – A. ŁAZAROSYAN, Hayeren jeṙagreri hišatakaranner. ŽD dar, t. 2: 1326-1350 tʻtʻ. (NHŽP, 23), Erévan, 2020. H15A = L. S. XAČʻIKYAN, ŽE dari hayeren jeṙagreri hišatakaranner, t. 1: 1401—1450 tʻtʻ. (NHŽP, 6), Erévan, 1955. H15B = L. S. XAČʻIKYAN, ŽE dari hayeren jeṙagreri hišatakaranner, t. 2: 1451—1480 tʻtʻ. (NHŽP, 8), Erévan, 1958. H15C = L. S. XAČʻIKYAN, ŽE dari hayeren jeṙagreri hišatakaranner, t. 3: 1481—1500 tʻtʻ., Erévan, 1967. H17A = V. HAKOBYAN – A. HOVHANNISYAN, Hayeren jeṙagreri ŽĒ dari hišatakaranner, t. 1: 1601—1620 tʻtʻ. (NHŽP, 14), Erévan, 1974. H17B = V. HAKOBYAN – A. HOVHANNISYAN, Hayeren jeṙagreri ŽĒ dari hišatakaranner, t. 2: 1621—1640 tʻtʻ. (NHŽP, 15), Erévan, 1978. H17C = V. HAKOBYAN, Hayeren jeṙagreri ŽĒ dari hišatakaranner, t. 3: 1641— 1660 tʻtʻ. (NHŽP, 17), Erévan, 1984. HHG = N. POŁOSYAN, Hay hnatip grkʻeri jeṙagir hišatakagrutʻyunner (15121712), Erévan, 2012. NH = Ł. PʻIRŁALĒMEAN TOSBECʻI, Nōtarkʻ Hayocʻ, Constantinople, 1888. NPH = Ł. [PʻIRŁALĒMEAN] TOSPECʻI, Yišatakarankʻ kam nšxarkʻ patmutʻean Hayocʻ, Manchester e. a., 1878[-1889] (inédit: Erévan, Matenadaran, cod. 6273). NPH1 = [Ł. PʻIRŁALĒMEAN, Yišatakarankʻ kam nšxarkʻ patmutʻean Hayocʻ, t. 1, Lim – Van, 1864-1869] (inédit: Erévan, Matenadaran, cod. 6332). NPH2 = Ł. PʻIRŁALĒMEAN TOSBECʻI, Nšxarkʻ patmutʻean Hayocʻ, t. 2, [Van, 1884] (inédit: Erévan, Matenadaran, cod. 4515). NPH9027 = [Ł. PʻIRŁALĒMEAN, Yišatakarankʻ kam nšxarkʻ patmutʻean Hayocʻ, Lim – Constantinople – Jérusalem, 1868-1891] (inédit: Erévan, Matenadaran, cod. 9027). PZPS = K. N. JUZBAŠJAN, «Pamjatnye zapisi armjanskix rukopisej v Peterburgskix sobranjax», dans YUZBAŠYAN, Katalog, p. 232-319. SAM10-13 = A. ABDALAƷE, Somxur xelnacʼerta X-XIII saukʼuneebis anderʒminacʼerebis cnobebi sakartvelos šesaxeb (Artanuǯi cʼqʼaroebi, 3), Tbilissi, 2005. SAM14-15 = A. ABDALAƷE, Somxur xelnacʼerta XIV-XV saukʼuneebis anderʒebis (hišatʼakʼaranebis) cnobebi sakartvelos šesaxeb (Sakartvelos istʼoriis cʼqʼaroebi, 8 / Sakartvelos istʼoriis ucxouri cʼqʼaroebi, 5), Tbilissi, 1978. SAPZ = T. È. SARGSJAN, Svod armjanskix pamjatnyx zapisej, otnosjaščixsja k Krymu i sopredel′n′ ym regionam (XIV—XV vv.), Simféropol, 2010. UKK = Hr. D[ER] ANDREASYAN, «XIV. ve XV. yüzyıl türk tarihîne âit ufak kronolojiler ve kolofonlar», İstanbul Üniversitesi Edebiyat Fakültesi Tarih Enstitüsü dergisi, 3 (oct. 1972), p. 83-148. XP = [G. YOVSĒPʻEAN], «Yaweluac B.», dans YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ III, col. 89-182 (p. 343-389 repr.).

XIV

BIBLIOGRAPHIE

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TRADUCTIONS DE TEXTES

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ÉDITIONS ET TRADUCTIONS DE TEXTES

XV

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XVI

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ÉTUDES ET TRAVAUX

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ÉTUDES ET TRAVAUX

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ÉTUDES ET TRAVAUX

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ÉTUDES ET TRAVAUX

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ÉTUDES ET TRAVAUX

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INTRODUCTION Il est connu de longue date que les colophons des manuscrits arméniens constituent une source vitale et originale de renseignements historiques, à laquelle les historiens n’ont d’ailleurs pas manqué de puiser1. Ces textes constituent aussi une ressource sans équivalent pour le codicologue et le spécialiste des manuscrits, qui y trouvent abondance de détails sur la vie des livres et de leurs artisans. L’on sait aussi que les colophons arméniens recèlent certains trésors littéraires, tandis que leur langue particulière intéresse de plus en plus grammairiens, lexicologues, dialectologues et autres linguistes. Un dernier aspect primordial de ces mémoriaux commence à sortir de l’ombre: il s’agit de leurs nombreuses formules stéréotypées. Ces «ritournelles» sont si typiques des colophons qu’elles en constituent sans doute le trait le plus distinctif, rendant le texte immédiatement reconnaissable en tant que colophon. De cette foule de formules différentes, à la longueur et au sens divers, une petite partie seulement a déjà été recensée2, et aucune étude spécifique ne leur a encore été consacrée. Les spécialistes d’autres cultures du manuscrit — grecque et latine, notamment —, où les colophons sont beaucoup moins riches qu’en arménien, se sont déjà tournés vers l’examen des formules de colophons. Ils se sont par là efforcés de remédier à un manque d’informations explicites quant à l’histoire des manuscrits. La méthode a produit d’intéressantes et encourageantes avancées, et on se rend aujourd’hui compte qu’une étude soignée des formules est à même de révéler certains éléments d’information inaccessibles par ailleurs. Il est temps que l’arménologie fasse sienne cette nouvelle démarche, à laquelle elle a tout à gagner: en effet, la fréquence et la richesse des colophons arméniens permettent de pousser la recherche à un niveau inégalable dans les autres cultures, et d’atteindre des résultats en proportion. 1 Pour une présentation générale des colophons arméniens, on lira notamment BAXČʻINYAN, Hišatakaranner; CAM, p. 1-41; STONE, Colophons; SIRINIAN, Value of the Colophons; SIRINIAN, Caratteristiche dei colofoni, p. 13-22; MAHÉ, Colophons arméniens. Voir aussi les introductions des différents recueils de colophons (cités infra, p. 17-18). Signalons enfin la parution toute récente d’une monographie à ce sujet, que nous n’avons malheureusement pas encore pu consulter au moment d’achever la rédaction de cet ouvrage (HARUTʻYUNYAN, Hišatakaranner). 2 SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 75-95; SIRINIAN, Caratteristiche dei colofoni, p. 18-22.

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INTRODUCTION

Deux orientations opposées se présentent au chercheur. Soit il s’engage dans une étude macroscopique du phénomène des formules de colophons en arménien, soit il privilégie, en sélectionnant soigneusement une ou quelques formules, une investigation méticuleuse mais restreinte sur le plan quantitatif. Entre dire peu de toutes les formules et dire tout de peu de formules, nous avons résolument choisi la seconde voie. C’est pourquoi notre travail sera entièrement consacré à l’étude approfondie d’une seule formule, dont voici la forme canonique: ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix». Cette expression, qui fait référence au modèle, ou exemplaire3, ayant servi à la copie du manuscrit, est certes très brève: cinq mots seulement. Nous verrons toutefois que sa concision est sans commune mesure avec la quantité d’enseignements que l’on peut tirer de son étude, non seulement sur les traditions de copie, mais également sur de nombreux autres aspects du manuscrit arménien. Après une introduction où nous situerons la problématique des formules de colophons, définirons les objectifs de notre recherche et en esquisserons la méthode, c’est un parcours à travers l’histoire de cette formule que nous proposons au lecteur. Cette découverte se fera en trois étapes. Dans la première partie (chapitres 1 et 2), l’angle d’approche sera général: nous donnerons un aperçu global complet de la formule ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ, suivi d’une histoire détaillée de ses premières attestations. Dans les deux autres parties, nous étudierons certaines traditions nées de cette formule: d’abord quatre traditions à ancrage local (chapitres 3 à 6), ensuite deux traditions liées à un personnage spécifique (chapitres 7 et 8). Enfin, une conclusion fera le bilan sur l’ensemble des aspects abordés au cours de ce travail et sur les multiples apports de l’étude de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» à la connaissance des manuscrits arméniens et de leurs acteurs. 1. LES FORMULES DE COLOPHONS 1.1. Définition La «formule» est un élément reconnaissable du discours, dont la formule de colophon constitue une catégorie particulière, tout comme on connaît la formule magique, la formule épique, la formule de politesse, etc. Pour ce qui est de la formule de colophon, il existe plusieurs façons 3

Le mot «exemplaire» est à comprendre comme synonyme de «modèle», au sens du latin exemplar.

DÉFINITION

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de la définir4. La plus obvie est de considérer qu’il s’agit d’un segment plus ou moins long de texte, que distinguent à la fois sa récursivité et son caractère stéréotypé (ceci n’excluant pas une certaine dose de variation). Toutefois, ce faisant, on définit la formule non en tant que concept, mais en tant qu’occurrence. Or le mot «formule» s’emploie aussi au sens d’une entité abstraite, définie par la somme de ses attestations. Par commodité, une telle entité peut être désignée de façon conventionnelle par l’une de ses variantes. Dans notre cas, nous avons opté pour la version la plus courante — ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix» —, mais nous verrons que cette formule se décline sous de nombreuses formes différentes. Avant d’en proposer une nomenclature sommaire, il n’est pas inutile d’insister sur le fait que les formules de colophon sont définies par des critères à la fois formels (lexicaux et syntaxiques) et sémantiques (en rapport avec le contenu du colophon). Elles se différencient en cela non seulement des locutions idiomatiques, qui existent pour l’ensemble du discours, mais aussi des lieux communs, ou topoi, dont la forme est indifférente. Prenons par exemple le topos de l’humilité du moine copiste, étudié en grec par C. Wendel5. Il est extrêmement fréquent — que ce soit en grec, en arménien ou dans d’autres langues — que l’auteur d’un colophon parle de lui de façon peu flatteuse. Pour ce faire, il a à sa disposition un répertoire pour ainsi dire infini de qualificatifs et d’expressions. Ceux-ci peuvent jouer sur différents registres (dévalorisation de ses capacités morales ou intellectuelles, rappel de sa condition pécheresse, désaveu de son statut social, etc.), mais il est clair qu’il s’agit toujours de la même intention auto-dépréciative. La diversité du vocabulaire et des tours syntaxiques fait qu’il est strictement impossible d’isoler une variante représentative, de sorte que, s’il s’agit bel et bien d’un topos, on ne peut en revanche guère parler de formule. Autrement dit, le critère sémantique seul ne permet pas de définir une formule6. 4 Cf. une approche dans CARLSON, Formulaic Prose, p. 390 et 396. Sur la définition générale d’une formule en linguistique, on pourra lire WRAY, Formulaic Language, p. 366, tandis que pour le concept de formule en littérature, on verra par exemple VAN GORP – GHESQUIERE – DELABATISTA, p. 86 s.v. cliché. 5 WENDEL, Ταπεινότης. 6 Une opinion contraire est exprimée dans la récente étude de CARLSON, Formulaic Prose, p. 387, qui considère des «conventional sentiments which do not necessarily share any words in common» comme se situant «at the loosest end of what might be termed a “formula”». Pour une définition technique du topos, voir VAN GORP – GHESQUIERE –

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INTRODUCTION

Il n’est bien sûr pas exclu qu’un topos prenne la forme d’un tour stéréotypé. Ainsi, en grec, les segments τὸ σχῆμα μὲν ναί, τὴν δὲ γνώμην οὐκέτι «[moine] en apparence, oui, mais plus guère en pensée» ou τὸ σχῆμα μόνον μοναχός, τῇ δ’ ἀληθείᾳ οὔπω «moine seulement en apparence, mais pas encore en vérité»7 — auxquels on comparera, en arménien, un tour comme վարդապետ անուամբ եւ ձեւով միայն, եւ ոչ արդեամբք եւ ճշմարտութեամբ «vardapet seulement de nom et selon l’habit, et pas dans les faits ni en vérité»8 —, présentent-ils toutes les apparences d’une formule. On peut même considérer, dans la plupart des cas, les formules de colophon comme un mode d’expression parmi d’autres d’un topos donné. En revanche, un seul mot ne suffit pas à faire une formule. L’exemple des épithètes auto-dépréciatives du copiste, pour récurrentes et stéréotypées qu’elles soient, le montre bien: lorsque le scribe grec se qualifie de ταπεινός, ἁμαρτωλός, ἄθλιος, ἀκάθαρτος, ἀφυής, etc.9, l’on n’a clairement pas affaire à une formule, mais à un champ sémantique. Il faudra donc bien se garder d’assimiler, dans le cas qui nous occupe, toute mention d’un exemplaire, même élogieuse, à une occurrence de la formule ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix». Seuls les segments qui s’apparentent de manière à la fois sémantique et formelle à cette formule peuvent en être considérés comme des attestations. 1.2. Nomenclature Ceci posé, il faut encore clarifier quelques termes qui seront employés de façon récurrente au cours de ce travail. Ces termes s’appliquent pour partie aux formules de colophons, pour partie aux colophons eux-mêmes. Grâce à l’établissement et à la discussion de cette nomenclature, nous aurons une vision claire des types de textes que nous serons amené à rencontrer. 1.2.1. Une typologie des formules de colophons Telle que nous l’avons définie, la formule de colophon est un paradigme productif d’une série d’attestations, qui varient plus ou moins au DELABATISTA, p. 446 s.v. topos, topiek. Sur les topoi dans les colophons arméniens, voir SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 89 et VAN ELVERDINGHE, Literary Compositions. 7 WENDEL, Ταπεινότης, p. 262. 8 NOJ 35, f. 261r sqq. = H13 458a, p. 557; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 34, p. 50; SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 81. 9 WENDEL, Ταπεινότης, p. 260-262.

NOMENCLATURE

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sein d’un cadre délimité. Généralement, il est possible, à partir d’un certain nombre de variantes, de distinguer des familles, qui témoignent chacune d’une orientation sémantique ou formelle particulière au sein du corpus des attestations de la formule10. Nous proposons d’appeler «types» les variantes qui se trouvent ellesmêmes à la tête d’une série d’autres variantes. Il s’agit en quelque sorte de «sous-formules», issues de la formule de départ mais finissant par mener une vie propre. Le nombre de ces types et leurs caractéristiques distinctives varient selon la formule à laquelle ils ressortissent, étant spécialement fonction de la productivité et du contenu sémantique de celle-ci. La nature des types de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» sera abordée dans le détail au moment de sa présentation générale11. Par ailleurs, certains colophons présentent une situation de stéréotypie extrême, étant pratiquement identiques à d’autres colophons. On parlera alors de formulaire de colophon. Ce phénomène peut concerner l’ensemble du colophon ou seulement une partie de celui-ci. Plus ou moins souples selon les cas, les formulaires sont également susceptibles de comporter un certain nombre de variables, auquel cas on a affaire à un gabarit (voir ci-dessous). Une catégorie particulière de formulaires de colophons est constituée par les doxologies. Celles-ci peuvent être qualifiées de formulaires partiels, invariables et hautement stéréotypés. Par le passé, bon nombre de recueils de colophons et de catalogues de manuscrits ont eu tendance à omettre les doxologies, et de nos jours encore, elles restent régulièrement exclues du texte publié des colophons12. Pourtant, ces textes ne sont absolument pas dénués d’intérêt, en tant que formules de colophons mais aussi pour leur contenu: en effet, dans un certain nombre de manuscrits, la doxologie qui entame le colophon est étendue par des considérations théologiques, à valeur apologétique ou exégétique, qui occupent parfois une place considérable13. Les gabarits forment une autre importante classe de formulaires de colophons; plusieurs des types que nous étudierons au cours de ce travail entrent dans cette catégorie. Par «gabarit» (կաղապար), nous entendons Cf. REYNHOUT, Formules, passim; REYNHOUT, Finito libro. Voir p. 72-73. 12 Cf. p. 18-19. 13 Sur l’intérêt d’étudier les doxologies dans les colophons arméniens, voir HANNICK, Bibelexegese; AJAMIAN, Colophon, p. 7-11; SCHMIDT, Kolophone, p. 94-101. Les doxologies ne seront toutefois pas couvertes dans la présente étude. 10

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un formulaire applicable tel quel, dont le copiste doit seulement modifier un certain nombre de variables, c’est-à-dire de paramètres dépendant de chaque situation de rédaction — par exemple: nom du scripteur, date, lieu, etc. Ils sont normalement liés à un protexte14 particulier, dont ils constituent une sorte d’appendice. Ces gabarits sont particulièrement fréquents en tant que colophons secondaires ou principaux de recueils d’homilétique, d’hagiographie, etc.15. L’existence de colophons obéissant à un tel système a déjà été relevée, mais n’a jamais été examinée de façon détaillée16. Il faut mentionner ici le cas particulier du manuscrit M 2335 (recueil de miscellanées, Jérusalem, 1476), qui transmet un gabarit à utiliser dans les copies du manrusmunkʻ (recueil de chants, comparable à un antiphonaire)17. Ce document précieux et, pour autant que nous sachions, unique en son genre en arménien18, semble destiné à l’usage des copistes: en effet, partout où des informations factuelles sont attendues, le copiste emploie des expressions du type այս անուն «tel nom». De plus, le texte est copié non pas à la fin du manuscrit, mais intercalé entre des prières et une liste de formules de politesse. Une étude approfondie de ce texte et de sa postérité serait nécessaire pour pouvoir mieux juger de son importance. 1.2.2. Une typologie des colophons Les textes désignés par le vocable arménien de յիշատակարան yišatakaran «mémorial», que nous traduisons dans ce travail par «colophon», sont eux aussi de nature relativement variée. Il n’est pas question ici de proposer une définition du colophon arménien, mais seulement de clarifier brièvement l’objet de la présente étude19, en proposant une nomenclature à laquelle il sera régulièrement fait appel par la suite. En effet, la typologie des colophons conditionne en partie leur structure et leur contenu, y compris les formules qui y seront utilisées, c’est pourquoi il est essentiel 14 Sur ce terme, qui se rapporte ici au contenu textuel principal du manuscrit, voir ANDRIST, Toward a Definition, p. 137. 15 Voir un bon exemple à la fin de la version arménienne brève du récit hagiographique appelé Histoire de Zosime (VAN ELVERDINGHE – OUZOUNIAN, p. 102-104). 16 Cf. notamment HARUTʻYUNYAN, Hišatakarani patmutʻyun, p. 165. 17 M 2335, f. 181v-182v = H15A, p. LXIII-LXIV n.; H5-12, p. ŽƎ n. 65; HARUTʻYUNYAN, Hišatakarani patmutʻyun, p. 166-167; CAM, p. 8-9. 18 A. Matʻevosyan (H5-12, p. ŽƎ n. 65) semble dire qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, cependant aucun autre gabarit de ce genre n’a été publié à ce jour. 19 Pour un aperçu plus complet de la diversité des colophons arméniens, voir SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 65-67; STONE, Colophons, p. 463-464.

UNE TYPOLOGIE DES COLOPHONS

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de l’établir d’entrée de jeu. Les «mémoriaux» arméniens peuvent ainsi être répartis en plusieurs catégories, selon une série de critères complémentaires. Type de support La majorité des colophons sont écrits à l’intérieur du manuscrit, mais leurs reliures, ainsi que les contreplats, peuvent également comporter des colophons. Si le terme «colophon» s’entend en principe uniquement de la notice d’achèvement d’une œuvre ou d’un manuscrit, l’extension du concept arménien de yišatakaran est beaucoup plus large: on peut parler d’un vaste continuum, dont le colophon de manuscrit ne représente qu’un segment. Ce continuum comprend également toutes sortes de mémoriaux similaires apparaissant sur d’autres objets que les livres — phylactères, inscriptions lapidaires, mais aussi portes, mobilier, tapis, vêtements, fresques, céramique, vaisselle, etc. Dans notre étude, seuls les colophons écrits à l’intérieur du manuscrit sont pris en compte. Auteur et scripteur Le scripteur du colophon est le plus souvent le copiste du manuscrit, mais toute personne étant entrée en contact avec le codex a pu y laisser une note: enlumineur, relieur, acquéreur, lecteur, etc. Les colophons rédigés par l’auteur, le rédacteur ou le traducteur de l’œuvre copiée dans le manuscrit forment un groupe à part, car, sauf dans le cas des manuscrits autographes, il y a là discordance entre l’auteur du colophon et son scripteur. Il faut également se garder d’inclure sous le terme colophon l’ensemble de ce que l’on peut trouver à la fin d’une œuvre ou d’un manuscrit (et notamment les explicit, titres finaux et souscriptions)20. En raison de sa nature sémantique propre, la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» concernera presque exclusivement des colophons de copistes. Hiérarchie des annotations Traditionnellement, la littérature distingue entre trois grands types de notes dans les manuscrits arméniens: les «mémoriaux» (յիշատակարան), les «notices mémorielles» (յիշատակագրութիւն) et les essais de plume 20 Il est à souhaiter que certaines tentatives récentes d’établir une nouvelle terminologie, en parlant de «types de colophon» à propos des souscriptions et titres finaux (DOBRYNINA, Kolofony i kolontituly et DOBRYNINA, Colophons and Running Titles) ne soient pas suivies: bien loin d’éclaircir la confusion terminologique, une telle nomenclature contribue à la renforcer.

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(գրչափորձ), ces derniers étant évidemment à exclure d’emblée. Seuls les mémoriaux correspondent à notre notion de colophon. Le codex comprend généralement un seul colophon principal, situé le plus souvent à la fin du texte copié. En plus de ce colophon, un ou plusieurs colophons secondaires, plus brefs, peuvent apparaître à d’autres endroits du manuscrit, en principe (mais pas toujours) à la suite d’une œuvre (texte ou image). Les «notices mémorielles», d’envergure plus restreinte, ne se concentrent pas à un endroit particulier du codex: on peut en trouver dans le corps du texte, dans les marges, à l’intérieur d’une illustration, sur les gardes, etc. Notre formule se rencontrera principalement dans des colophons principaux, rédigés lors de l’achèvement de la copie du protexte. Rapport chronologique avec le reste du codex Bon nombre de colophons sont contemporains d’une intervention plus large sur le codex: copie, illustration, révision, reliure, restauration, etc. Le codex peut encore accueillir d’autres colophons par la suite, rapidement — colophon du commanditaire, si sa rédaction n’est pas prise en charge par le copiste lui-même — ou plus tardivement — colophons des possesseurs ultérieurs. Il est donc nécessaire, en première ligne, de déterminer à quelle unité de production21 appartient le colophon. Dans certains cas, le rapport chronologique entre la composition du colophon et son inscription dans le codex pose problème: il arrive que le copiste reproduise des colophons dont la rédaction prédate le moment de la copie — notamment, le colophon du copiste du modèle ou celui de l’auteur du protexte. La vigilance s’impose donc, afin de ne pas tirer de pareils textes des conclusions erronnées sur les circonstances de copie du manuscrit22. Protexte Tout comme les thématiques qui y sont abordées, les formules employées dans un colophon peuvent être influencées par le protexte du colophon, c’est-à-dire le contenu textuel ou iconographique auquel il se rapporte. Pour ne citer qu’un exemple, les développements sur la symbolique du chiffre 4, récurrents dans les colophons de tétraévangiles23, n’auraient guère leur place dans le colophon d’une œuvre profane. Sur cette notion, voir ANDRIST – CANART – MANIACI, p. 59-81. Voir un exemple p. 288-297. 23 Cf. AJAMIAN, Colophon, p. 7-12; HANNICK, Bibelexegese, p. 81-84; SCHMIDT, Kolophone, p. 95-96 et 100. 21 22

ÉTAT DE LA QUESTION

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1.3. État de la question Le colophon de manuscrit est un phénomène universel, qui semble avoir touché toutes les cultures de l’écrit. Il en va de même pour la formule de colophon. Cependant, la prise en compte de l’un et de l’autre par les codicologues, ainsi que l’état d’avancement des recherches à leur sujet, diffèrent largement selon les traditions. Cette inégalité de traitement peut s’expliquer par plusieurs facteurs, mais tient principalement à l’abondance ou à la paucité du matériel et à la richesse ou à la pauvreté des renseignements transmis par les colophons. En arménien, le caractère stéréotypé des colophons arméniens a été remarqué de longue date, mais c’est à peine si les chercheurs ont étudié ce phénomène. On citera comme précurseur un article de 1924 par A. Vardanean (republié la même année sous forme de brochure, enrichie d’une préface): dans ce travail rarement cité, le méchitariste énumère quantité de topoi et formules courantes des colophons, avec leurs diverses variantes24. Malgré cela, la question n’a pas été abordée de façon sérieuse jusqu’à la récente contribution d’A. Sirinian à propos de la valeur historique et littéraire des colophons arméniens25. L’auteur y présente un échantillon de formules et illustre l’existence de variantes au sein de ces formules. Dernièrement, X. Harutʻyunyan a donné un nouvel exemple de formule et a republié un gabarit à usage des copistes de manrusmunkʻ, transmis par le manuscrit M 233526. On peut dire que le travail sur les formules de colophon n’a été entrepris de façon sérieuse qu’en latin et — de façon plus limitée, en l’absence de corpus édité — en grec27. Ailleurs, les rares articles consacrés aux formules de colophons s’apparentent le plus souvent à des galeries de curiosités. Néanmoins, des développements récents dans les domaines syriaque28 et égyptien ancien29 laissent entrevoir un approfondissement de la recherche sur les formules dans ces langues. Nous avons donc peu de points de comparaison sur lesquels nous appuyer et, à bien des égards, notre étude s’apparente à une œuvre de pionnier. Nous avons cependant l’intention de réaliser davantage qu’un VARDANEAN, Hay grčʻagirner. SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 76-85. 26 HARUTʻYUNYAN, Hišatakarani patmutʻyun, p. 164-167, cf. supra, p. 6. 27 REYNHOUT, Formules, avec bibliographie; ATSALOS, Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα, avec bibliographie. 28 BROCK, Fashions in Colophons; CARLSON, Formulaic Prose. 29 LENZO MARCHESE, Colophons. 24 25

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travail exploratoire, d’une part en fournissant une base solide pour des études ultérieures dans ce domaine, d’autre part en analysant de façon à la fois globale et approfondie le corpus de notre formule et les manuscrits concernés. 2. OBJECTIFS 2.1. Transmission des manuscrits Ainsi que l’indique le titre de cette étude — Modèles et copies —, l’objectif premier de notre recherche sur la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» concerne la transmission des textes et des manuscrits qui les contiennent. Trop souvent encore, les manuscrits arméniens sont considérés en isolation les uns par rapport aux autres, et même lorsqu’il est entrepris de les relier les uns aux autres, par exemple à l’occasion d’une étude iconographique ou en établissant un stemma codicum préalablement à l’édition de tel ou tel texte, les aspects matériel et humain du problème sont trop souvent passés sous silence. La formule de colophon étudiée dans ce travail, à la fois par sa nature de formule et par son contenu sémantique, jette un pont entre le manuscrit qui l’atteste et son modèle. Soit deux colophons présentant la même formule. Quel lien cette similitude textuelle recouvre-t-elle? C’est en investiguant les multiples ramifications de la tradition de la formule et de ses différents types que l’on pourra répondre à cette question. Des liens de dépendance et d’influence d’un colophon sur un autre pourront ainsi être établis. Par conséquent, des ponts seront également jetés entre les manuscrits dont les colophons sont en lien les uns avec les autres, ainsi qu’entre leurs copistes. En clarifiant la nature du lien entre leurs colophons, c’est donc également l’itinéraire individuel des manuscrits que l’on mettra en lumière. Il s’agira dès lors de situer dans le temps et dans l’espace, non seulement l’acte de copie d’un manuscrit — pour cela, une simple lecture du colophon suffit généralement —, mais surtout les deux manuscrits (ou plus) mobilisés à cet effet: le modèle et sa copie. Il s’agira également d’identifier précisément les modèles des manuscrits étudiés, ou au minimum de les inscrire dans une chaîne de transmission. Enfin, il s’agira de considérer autant que possible les manuscrits dans leur ensemble, de façon holistique, en montrant l’apport complémentaire de l’étude textuelle des colophons à celui d’une étude philologique, historique, iconographique et codicologique du manuscrit.

CENTRES DE COPIE

TECHNIQUES DE RÉDACTION

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2.2. Histoire et fonctionnement des centres de copie L’histoire de la transmission des manuscrits est aussi celle de l’activité de leurs copistes et illustrateurs, possesseurs et commanditaires. Dans cette optique, un deuxième axe de notre recherche porte sur l’histoire et le fonctionnement des centres de copie. Jusqu’à récemment, ces centres étaient en général étudiés comme des éléments singuliers. Leurs relations mutuelles recevaient peu d’attention et c’est surtout leur production artistique dont l’étude était privilégiée. Les scribes travaillant dans ces centres sont connus de nom et par une liste de leurs œuvres, mais leur activité n’a que rarement été appréciée dans son contexte historique, géographique et social. À part pour les écoles et scriptoria les plus actifs, les plus importants et les plus célèbres, fort peu a été dit sur le fonctionnement des centres de copie. En particulier, les questions suivantes ont à peine été abordées: d’où proviennent les modèles des manuscrits qui sont copiés dans ces centres? quelles relations et collaborations entretiennent-ils les uns avec les autres? où leurs copistes ont-ils été formés? Trop souvent aussi, ces centres de copie sont considérés comme des entités autonomes, douées d’une vie propre; il en va de même à une échelle plus large avec les «écoles» de copie et d’illustration. C’est oublier la dimension personnelle du problème et l’importance des contacts sociaux, tant pour l’établissement et le maintien de traditions de copie que pour la réalisation à plusieurs mains d’un même manuscrit. Particulièrement dans le cas des petits centres, les moins bien étudiés, l’individualité de chaque artisan, son parcours propre, ses affinités et ses contacts sont autant d’éléments dont l’influence sur les techniques de rédaction de manuscrits est de toute évidence déterminante. En se défaisant de toute conception «anthropomorphique» des centres de copie, on pourra redonner à chacun de leurs acteurs — copistes, mais aussi illustrateurs, superviseurs, etc. — la place qu’il mérite dans l’histoire du livre arménien. Il s’agit en quelque sorte de poser des bases saines pour l’étude historique, aussi bien individuelle que collective, des centres de copie. 2.3. Techniques de rédaction des colophons Enfin, l’examen détaillé de plusieurs groupes de colophons comportant la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» permettra d’étudier l’art des auteurs de colophons. Jusqu’à quel point, justement, peut-on parler d’art? Les colophons, avec leur style si stéréotypé, peuvent-ils être considérés comme de véritables œuvres littéraires? Si oui, comment qualifier

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ces œuvres et où les situer au sein de la littérature arménienne dans son ensemble? Et enfin, comment les traiter dans la recherche contemporaine? La réponse à ces questions nécessite une approche minutieuse des techniques de rédaction des colophons. En analysant les colophons évoqués au cours de ce travail, nous porterons donc un intérêt particulier à la question de leurs sources, qu’il s’agisse de sources proprement littéraires ou bien d’emprunts à d’autres colophons. Nous tenterons de déterminer les circonstances qui président à la décision d’inclure telle formule dans tel colophon et d’expliquer les ressemblances entre certains colophons, mais aussi certaines discordances ou aberrations. Enfin, nous dégagerons certaines tendances générales et particulières dans le modus operandi de rédaction d’un colophon. 3. MÉTHODOLOGIE 3.1. Démarches Si l’on examine l’ensemble des contributions relatives aux formules de colophons dans la littérature scientifique, on se rend vite compte de la diversité des approches mises en œuvre comme des résultats obtenus. Plutôt que de dresser un état complet de la question30, nous proposons d’identifier et de décrire, en en donnant à chaque fois les jalons historiographiques principaux, quatre démarches épistémologiques qui traversent ces contributions. 3.1.1. L’approche statistique L’approche statistique des formules de colophons a pour objet leur distribution, selon plusieurs paramètres externes (temps, espace, contenu textuel du manuscrit) ou internes (configuration de la formule). Pour ce faire, elle applique les concepts et les traitements de la statistique à une série de données extraites d’un corpus de colophons. Le recours à l’outil informatique est naturellement indispensable. Cette démarche, qui relève de la codicologie quantitative, est toute récente: on peut dire qu’elle a été fondée par L. Reynhout dans sa thèse de doctorat, publiée en 2006 sous le titre de Formules latines de colophons31. 30 Pour un état de l’art substantiel mais encore incomplet, car focalisé sur les colophons occidentaux, on verra REYNHOUT, Formules, vol. 1, p. 25-32. 31 REYNHOUT, Formules. Sur cette méthodologie, voir REYNHOUT, Formules, vol. 1, p. 39-44, ainsi que REYNHOUT, Codicologie quantitative.

DÉMARCHES

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Pour être efficace et pertinente, elle doit se baser sur un échantillonnage le plus vaste et représentatif possible. Elle est particulièrement adaptée à des formules brèves, fréquentes et très typées, telles que les formules latines étudiées par Reynhout. L’apport de la statistique se révèle en revanche insuffisant lorsqu’il s’agit de formules longues, détaillées et très localisées dans leurs attestations; il est alors nécessaire de le compléter par une étude philologique des colophons en question. 3.1.2. L’approche philologique L’approche philologique pose à la formule de colophon les mêmes questions qu’à un texte ou fragment de texte ancien et entend lui appliquer les mêmes méthodes. Elle a pour objectifs de restituer, autant que possible, le texte original de la formule, d’identifier son milieu d’origine (auteur, lieu, époque) et de retracer son développement. Elle s’appuie pour ce faire sur deux outils principaux, l’édition critique et le stemma, et requiert qu’aient été rassemblés l’ensemble — idéalement — des témoins connus. Le recours à cette méthode pour étudier une formule de colophon a été inauguré par M. Huglo en 1954 dans sa note sur la formule latine Christe fave votis32, dont il s’attache à retracer les origines, soulignant les incidences de ses conclusions sur la détermination du contexte géographique de production des manuscrits qui la présentent. Le même auteur a franchi un pas supplémentaire dans son article de 1961 consacré à l’Origine épigraphique d’une note de copiste33, où il présente en outre tous les témoins identifiés de la formule qu’il examine. Cependant, c’est à G. Garitte (qui ne cite pas les travaux de Huglo) que l’on doit, dans son article Sur une formule des colophons de manuscrits grecs (ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα) paru un an plus tard34, d’avoir de façon décisive posé les bases de cette méthode philologique appliquée aux formules de colophons. Sa démarche tient en quatre étapes: état de l’art, inventaire des attestations, analyse formelle, recherche des sources. Garitte en tire à la fois une esquisse de l’histoire du développement de la formule et des conclusions quant à la provenance de certains manuscrits qui la présentent. Le bon sens impose cependant de tenir compte de la nature propre de la formule de colophon, qui, même si elle s’en rapproche, n’est pas 32 33 34

HUGLO, Christe fave votis. HUGLO, Origine épigraphique. GARITTE, Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα.

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INTRODUCTION

exactement assimilable à un fragment de texte ancien. En cela, l’approche philologique a elle aussi ses limitations, qui ont été soulignées par B. Atsalos dans une contribution intitulée Die Formel Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα… in den griechischen Handschriften35, où les conclusions de Garitte quant à l’origine de ladite formule sont remises en cause. Atsalos met notamment en garde contre «notre zèle philologique» (unser philologischer Eifer), qui mènerait volontiers les chercheurs à introduire dans les colophons, à la suite de Garitte, corrections et conjectures inutiles et inappropriées au regard du type de texte dont il s’agit36. Il recommande, de plus, de ne considérer qu’avec prudence le lien entre formule de colophon et origine géographique du manuscrit37. 3.1.3. L’approche comparatiste L’approche comparatiste est complémentaire de l’approche philologique. Elle confronte des formules de colophons attestées dans différents domaines, ceux-ci pouvant soit être de nature linguistique ou culturelle, soit plutôt concerner les types de sources (colophons de manuscrits littéraires, de textes documentaires, d’imprimés, correspondance, inscriptions lapidaires, ostraca, papyri). Cette approche permet, en la considérant dans un cadre plus vaste, de mieux appréhender la formule en ses multiples dimensions. Qui plus est, les liens et contacts existant entre ces différents domaines sont susceptibles d’être éclairés en retour. Comme pour l’approche philologique, c’est à M. Huglo et G. Garitte que l’on doit les premières applications de la démarche comparatiste aux formules de colophons38. Une fois reconstitué le texte original de la formule latine Qui legis ora pro scriptore / Si Deum habeas protectorem, Huglo le compare à trois inscriptions romaines chrétiennes présentant une invocation semblable et, sur cette base, conclut à l’origine épigraphique de cette formule. Garitte suit pour la formule grecque Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα σήπεται τάφῳ· / Γραφὴ δὲ μένει εἰς χρόνους πληρεστάτους la même démarche de reconstruction d’un archétype, qui est ensuite comparé à des formules équivalentes de copistes coptes, ainsi qu’à deux inscriptions en ATSALOS, Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα. Voir également ATSALOS, Terminologie médiévale, p. 87-89 et ATSALOS, Ὁ γράφων παραγράφει. 36 ATSALOS, Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα, p. 731-733. 37 Ce point est bien illustré par CONSTANTINIDES, Formulaic Colophon, qui conclut (p. 174) à l’impossibilité d’associer un espace ou un copiste précis à la composition de la formule métrique grecque Πρόσταγμα πεπλήρωκα τοῦ φιλομένου… 38 HUGLO, Origine épigraphique; GARITTE, Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα. 35

DÉMARCHES

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copte; ces témoins étant antérieurs aux plus anciens témoins grecs, il en est déduit que la formule doit être d’origine copte. Aussi bien pour la comparaison entre types de documents qu’entre domaines linguistiques, la recherche la plus récente prouve que les travaux de Huglo et Garitte ne donnent qu’un aperçu du champ des possibilités: dans sa contribution titrée Formulaire dans les colophons, les chartes et les inscriptions: pistes pour une approche comparative39, L. Reynhout conjugue comparatisme et statistiques pour établir l’existence de passages entre le formulaire de ces trois catégories de sources, tandis qu’A. C. McCollum, dans son article consacré à The Rejoicing Sailor and the Rotting Hand: Two Formulas in Syriac and Arabic Colophons, with Related Phenomena in Some Other Languages40, montre s’il en était besoin que la comparaison est possible entre plusieurs aires linguistiques à la fois41. 3.1.4. L’approche herméneutique L’approche herméneutique, étant la plus accessible, est aussi la plus fréquemment mise en œuvre. Elle nécessite seulement d’avoir repéré une formule et identifié quelques emplois représentatifs; la taille de l’échantillon importe peu. La question posée est celle du sens. Logiquement, l’approche herméneutique privilégie le contenu sémantique de la formule sur ses aspects formels. Généralement, l’angle d’attaque est psychosocial: on s’intéresse au psychisme et au comportement du scripteur. Que révèle l’emploi de telle formule sur sa mentalité individuelle ou sur la mentalité collective de son milieu, de sa société, de son temps? L’on ne compte plus le nombre de travaux ayant tenté de répondre, plus ou moins partiellement, à cette question; l’étude la plus fouillée en ce sens est certainement celle, déjà évoquée, de L. Reynhout sur les Formules latines de colophons42. Parfois, la question posée est purement sémantique: que signifie au juste telle formule et, partant, pour quelles raisons a-t-elle été utilisée? À cet égard, une contribution récente de l’hittitologue G. Torri sur The phrase ṬUPPU URU Ḫatti in Colophons from Ḫattuša and the work of the Scribe Ḫanikkuili43 revêt un intérêt particulier: au terme d’une analyse des attestations de la REYNHOUT, Approche comparative. MCCOLLUM, Rejoicing Sailor. 41 Voir également, dans le même esprit, VAN ELVERDINGHE, Hand That Once Wrote. 42 À propos de cet aspect du travail de Reynhout, voir en particulier REYNHOUT, Formules, vol. 1, p. 17-20, 53-54 et 316-324, ainsi que REYNHOUT, Codicologie quantitative, p. 1-4. 43 TORRI, Phrase ṬUPPU URUḪatti. 39 40

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formule ṬUPPU URUḪatti «tablette de Hatti» dans les colophons des tablettes de Hattousas, mettant en évidence leur lien avec un groupe spécifique de scribes, elle propose une interprétation de ce libellé a priori anodin: il témoignerait d’une activité de recopiage d’anciennes archives, dans un cadre bien défini, commissionnée à ces scribes par le pouvoir central. La valeur des travaux de Reynhout et Torri tient à la mise en œuvre de cette approche herméneutique subséquemment à un examen de type statistique, philologique ou comparatiste des colophons étudiés. Il est en effet dangereux de se cantonner à une démarche strictement herméneutique, car celle-ci ne tient pas forcément compte des mécanismes régissant l’attestation des formules: en considérant le sens d’une formule sans en avoir au préalable décodé le fonctionnement, on court le risque d’aboutir à des conclusions trop simples et hâtives, voire totalement erronées44. 3.1.5. Pour une approche multidimensionnelle Les approches que nous avons décrites représentent quatre façons différentes mais complémentaires d’appréhender la question des formules de colophons. Dans cette étude, nous travaillerons selon une combinaison de ces approches, afin à la fois de répondre à notre problématique de départ et de prendre en compte la nature individuelle de chaque type de la formule que nous étudierons. Notre méthode de travail est donc multidimensionnelle, adaptée en fonction des caractéristiques de chaque type: par exemple, les formulaires de colophons demandent une attention particulière du point de vue philologique, tandis qu’ils offrent peu de prise à une perspective comparatiste. 3.2. Sources Comme nous l’avons déjà plusieurs fois indiqué, tout travail sur les formules de colophons, afin de déboucher sur des résultats pertinents, doit se fonder sur un corpus de colophons sinon exhaustif, du moins le plus complet possible. Par ailleurs, le maniement d’un tel corpus s’avère vite malaisé, surtout dans le cas des colophons arméniens, particulièrement nombreux et développés; c’est pourquoi le recours à l’outil informatique est aujourd’hui devenu indispensable. Ce sont ces deux sujets — le corpus et sa numérisation — qu’il convient à présent de discuter. REYNHOUT, Formules, vol. 1, p. 26-28, donne plusieurs exemples de telles méprises dans l’interprétation des formules. 44

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3.2.1. Le corpus Recueils de colophons Depuis le XIXᵉ siècle, de nombreux savants se sont attachés à collecter des colophons de manuscrits arméniens pour les rassembler au sein de recueils, qui ont éventuellement fait l’objet d’une publication par la suite. Notre intention ici n’est pas de revenir sur l’historique complet de ces recueils, que l’on pourra lire ailleurs45, mais de décrire le corpus exploité dans notre étude. L’essentiel des colophons sur lesquels nous avons travaillé sont issus de la collection de recueils éditée de 1950 à 1988 par l’Académie des Sciences de la RSS d’Arménie. Il s’agit du plus complet des corpora publiés de colophons, en neuf volumes, allant des tout premiers colophons conservés jusqu’aux colophons de l’an 1660, à l’exception des colophons du XVIᵉ siècle46. Ces derniers, dont l’édition par S. Lalafaryan (deux volumes prévus) était «presque prête» en 196347, sont encore inédits à ce jour. Le manuscrit de Lalafaryan a toutefois pu être exploité comme matériau dans le récent Dictionnaire de moyen-arménien48, et on nous assure au Matenadaran que sa publication ne saurait tarder. Une nouvelle édition des colophons du XIVᵉ siècle est également en cours, dont les deux premiers volumes, consacrés à la période 1301-1350, ont déjà paru49. Ce corpus présente toutefois un certain nombre de limitations et de carences50. Tout d’abord, il n’est pas complet, puisqu’il ne couvre ni les colophons datant de 1501 à 1600, ni ceux postérieurs à 1660. De plus, depuis sa publication, beaucoup de collections ont été cataloguées et de nouveaux manuscrits ont été décrits. Il en résulte qu’à l’intérieur des périodes couvertes par ces onze volumes, un certain nombre de colophons manquent encore, surtout en ce qui concerne les premiers volumes édités (colophons des XIVᵉ et XVᵉ siècles). Enfin, même si la qualité de ces recueils est 45 Voir pour cela notamment SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 67-71; DÉDÉYAN, Colophons, p. 91-92; STONE, Colophons, p. 469-471; CAM, p. 4-6; SANJIAN, Historical Significance, p. 184-187. Les recueils publiés de colophons sont recensés dans le Répertoire des bibliothèques et des catalogues de manuscrits arméniens de B. Coulie: COULIE, Armenian Manuscripts, p. 7-9 (voir aussi COULIE, Répertoire, p. 5-7; COULIE, Supplément I, p. 117; COULIE, Supplément II, p. 150; COULIE, Supplément III, p. 474; COULIE, Supplément IV, p. 67-68). 46 H5-12; H13; H14; H15A-C; H17A-C. 47 KʻOLANJYAN, Patmutʻyan ałbyurner, p. 63 48 Voir MHB, p. 6 (nᵒ 61). 49 H14A-B. Le second de ces deux volumes, rassemblant les colophons des années 1326-1350, a paru trop récemment pour que nous puissions le prendre en compte dans le présent ouvrage. 50 Cf. SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 69-71.

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universellement reconnue, les standards d’édition qui prévalaient à l’époque de leur confection sont aujourd’hui dépassés; seuls les quatre derniers volumes parus (couvrant la période allant des plus anciens colophons jusqu’à 1350) sont satisfaisants sous cet angle, car ils prennent en compte la plupart des colophons secondaires et donnent assez souvent les textes dans leur intégralité. Dans les volumes plus anciens en revanche, de nombreuses omissions sont à déplorer, qui affectent spécialement les doxologies, ainsi que les fréquents passages redondants et formulaires des colophons. Une telle situation représente un handicap majeur pour un travail tel que le nôtre et empêche que l’on se satisfasse du texte de ces onze volumes. Pour pallier ces déficiences au niveau de la représentativité et de l’intégrité des textes, nous avons eu recours à plusieurs autres sources. Il s’agit d’abord des autres recueils de colophons, qui permettent dans certains cas de compléter, voire d’améliorer les volumes de l’Académie des Sciences d’Arménie. Il faut principalement mentionner le recueil des colophons du Vᵉ siècle à l’an 1250, préparé par le catholicos Garéguine Ier (Hovsepian), paru en 1951 et premier de quatre volumes prévus, qui n’ont malheureusement jamais vu le jour, suite au décès de l’auteur51. Une autre collection de colophons qui n’est pas complètement remplacée est celle de G. Sruanjteancʻ (Srvandztiants), intégrée aux deux tomes de son Tʻoros Ałbar, publié à Constantinople en 1879-188552. Le recueil de Ł. Pʻirłalēmean (Pirghalémian), intitulé Nōtarkʻ Hayocʻ et paru à Constantinople en 188853, n’est en revanche plus guère utile, sinon à titre exceptionnel, l’ensemble de ses textes ayant été incorporés dans le corpus d’Erévan. Un volume récent, consacré aux colophons manuscrits inscrits dans les livres imprimés, ne nous a pas servi ici54. Il existe encore plusieurs recueils moins importants, publiés dans des revues ou en annexe à une monographie, qui sont à même de complémenter la collection de l’Académie des Sciences55. Enfin, on mentionnera l’existence de quelques recueils de colophons en traduction, limités à des morceaux choisis d’intérêt historique56.

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YJ. Sur la nécessité de continuer à consulter ce volume malgré les éditions plus récentes d’A. Matʻevosyan, cf. DER NERSESSIAN, Colophons, p. 544. 52 SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar I-II. 53 NH. 54 HHG. 55 AY; DČ; PZPS; XP; YGSG; YHJ1-7. 56 CAM (anglais); SAM10-13 et SAM14-15 (géorgien); SAPZ (russe); UKK (turc).

SOURCES

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Catalogues et descriptions de manuscrits Les catalogues de manuscrits57 demeurent la ressource la plus importante pour compléter les recueils de colophons. Moins pratiques que ces derniers mais plus fournis, ils donnent généralement le texte intégral des colophons de chaque manuscrit (à l’exception des doxologies, qui sont fréquemment omises). Ces catalogues ont été systématiquement consultés pour amender le texte des colophons publiés dans les recueils. En les dépouillant ou, au minimum, en y effectuant des sondages, nous avons par ailleurs pu détecter bon nombre de colophons importants non repris dans ces recueils. Il en va de même pour les descriptions individuelles de manuscrits régulièrement publiées dans diverses revues, telles que Handes Amsorya, Sion, Le Muséon et la Revue des études arméniennes. Nous ne prétendons néanmoins pas à l’exhaustivité, surtout pour les périodes non couvertes par le corpus d’Erévan. Sources inédites Malgré les efforts des catalogueurs et autres spécialistes des manuscrits arméniens, beaucoup de textes restent encore à publier. Divers travaux — recueils de colophons, catalogues de manuscrits ou archives personnelles — sont restés à l’état de manuscrit et recèlent des informations inédites sur des manuscrits aujourd’hui disparus ou inaccessibles58. Par ailleurs, les colophons de bon nombre de manuscrits n’ont pas encore été transcrits, ou l’ont été de manière imparfaite. Nous devons à l’amabilité de V. Ter-Ghévondian, directeur du Matenadaran, et de G. Ter-Vardanyan, conservateur en chef, d’avoir pu consulter certains documents déposés dans le fonds des archives du Matenadaran et d’avoir pu obtenir des photographies de plusieurs manuscrits. Qu’ils en soient vivement remerciés. 3.2.2. Numérisation L’exploitation de cet ensemble de colophons et de la pléthore d’informations qu’ils renferment eût été impossible sans le recours à l’outil informatique. Fort heureusement, nous avons pu bénéficier, pour notre travail, Recensement dans COULIE, Répertoire; COULIE, Supplément I; COULIE, Supplément II; COULIE, Supplément III; COULIE, Supplément IV. Une nouvelle édition du Répertoire vient de paraître: COULIE, Armenian Manuscripts. 58 Spécialement — outre le manuscrit du recueil de colophons du XVIᵉ siècle, à paraître à Erévan — les travaux de Ł. Pʻirłalēmean (NPH, NPH1, NPH2, NPH9027), M. Tēr-Movsisean (TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak), L. Alishan (AH), E. Lalayean (LALAYEAN, Cʻucʻak II-III) et Ō. Barałamean (BARAŁAMEAN, Cʻucʻak). 57

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d’un corpus déjà numérisé. Un projet INTAS intitulé Accessing Armenian Colophons59, mené de 1994 à 1997 sous l’égide de J. J. S. Weitenberg et fruit d’une collaboration entre les universités de Leyde et Aarhus d’une part, le Matenadaran et l’Académie des Sciences d’Erévan d’autre part, avait eu pour objectif de numériser les colophons édités par l’Académie des Sciences et d’en tirer un corpus informatisé, contenant le texte intégral des neuf volumes parus jusqu’alors. Trois courtes monographies en arménien ont par ailleurs vu le jour dans ce cadre en 1997-199860. Ce corpus a été transmis à l’Université catholique de Louvain et adapté aux exigences modernes (normes Unicode et TEI).61 Après avoir corrigé et amendé ce fichier, nous l’avons enrichi par l’ajout de nouveaux colophons, issus des dépouillements et sondages effectués dans d’autres sources. Quelques données chiffrées permettront de donner une idée plus précise de l’ampleur du matériel ainsi constitué. Notre corpus, basé sur environ 6 800 pages de colophons tels qu’édités par l’Académie des Sciences d’Arménie, comprend, au moment d’imprimer ce livre, 13 089 textes différents, représentant un total de 1 257 962 mots. Le nombre de manuscrits différents couverts s’élève à environ 6 300. 3.3. Moyens et outils À présent que nous avons détaillé à la fois la perspective épistémologique adoptée dans cette étude et les sources sur lesquelles elle repose, il reste à expliciter certains points concrets de notre méthode de travail. En premier lieu, nous verrons comment cibler, au sein du vaste corpus qui est le nôtre, les textes utiles à l’étude de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». En deuxième lieu, nous présenterons deux outils développés dans le cadre de ce travail: l’édition critique des formulaires de colophon d’une part, le stemma colophonum d’autre part. 3.3.1. Établissement du corpus de la formule Dans l’optique d’un travail sur une formule de colophon précise, il est nécessaire, en partant du corpus complet des colophons arméniens, 59 Projet INTAS-94-2974, voir https://cordis.europa.eu/project/id/INTAS-94-2974 (dernière consultation le 28 mai 2020). Cf. SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 71. 60 JAHUKYAN, Barbaṙayin erevuytʻner; HOVSEPʻYAN, Hišatakaranneri lezu; MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur. 61 Nous voudrions remercier Bastien Kindt, ainsi que Claude Devis et Hubert Naets, pour leur aide lors du traitement et de l’exploitation du corpus.

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d’établir un corpus de travail restreint aux seuls colophons concernés par cette formule. La marche à suivre à cet effet comprend trois étapes, décrites ci-dessous: 1ᵒ repérer la formule; 2ᵒ la modéliser; 3ᵒ extraire ses occurrences. On limitera ici à l’essentiel la description de cette procédure, qui a déjà fait l’objet d’une publication séparée62. Repérage des formules Moyennant la constitution d’un corpus numérique, le repérage de tournures formulaires devient chose aisée. Diverses méthodes s’offrent au chercheur, allant de la recherche automatisée de collocations à l’épluchage manuel d’une concordance globale (lemmatisée ou non) du texte. Il n’y a pas lieu de s’étendre sur ces méthodes ici, étant donné notre choix de nous concentrer sur la seule formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». Les formules les plus importantes, dont celle-ci, ont du reste été recensées récemment par A. Sirinian63. Modélisation Une fois la formule repérée, il est fait appel à un logiciel de traitement automatique du langage (Unitex) afin de la modéliser. Cette étape est nécessaire si l’on souhaite procéder à l’extraction automatisée des occurrences de la formule. La modélisation prend la forme d’un «graphe de phrase», constamment raffiné et contrôlé via l’examen soit des statistiques de collocations soit de la concordance du corpus. Le graphe résultant de ce travail représente une vue abstraite de la formule étudiée (fig. 1)64. En cette qualité, il sert également au chercheur à établir dans le détail la structure de celle-ci, en veillant à tenir compte de tous les cas de figure qui peuvent être rencontrés au sein du corpus. Cette dernière tâche est facilitée par la nature du graphe, qui permet de tenir compte d’éventuelles variables, qu’elles constituent une série fermée (éléments spécifiques du lexique, par exemple) ou ouverte (catégories grammaticales, notamment). L’ensemble du travail de recherche sur les formules de colophons est basé sur l’identification de motifs stéréotypés récurrents («patterns»). Il ne s’agit pas simplement de détecter des similitudes formelles au niveau des caractères, des mots ou même de la phrase: la répétition des motifs en question doit faire sens et démontrer des liens entre les colophons qui 62 63 64

VAN ELVERDINGHE, Pattern Modelling. SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 76-85. Pour une explication plus détaillée, voir VAN ELVERDINGHE, Pattern Modelling.

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Fig. 1. Graphe de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». Les zones grisées représentent des sous-graphes, correspondant à des structures récurrentes ou à des groupes sémantiques.

les présentent. Il convient donc d’écarter les locutions idiomatiques, les ressemblances accidentelles et les groupements tout à fait banals, dont l’étude n’apporterait rien. Une certaine dose d’acuité et de familiarité avec les textes est aussi nécessaire, afin de cerner correctement les contours de la formule, en veillant à n’omettre aucune de ses formes, même les plus inattendues, tout en se gardant d’inclure toutes sortes d’occurrences parasites. Extraction Le logiciel de traitement automatique Unitex65, via lequel le graphe modélisant la formule de colophon (fig. 1) a été élaboré, permet d’effectuer dans le corpus une recherche dont ce graphe constitue le terme. À l’issue de cette enquête, le programme retourne une concordance, reprenant toutes les séquences qui, dans le corpus complet des colophons, correspondent aux instructions contenues dans le graphe. Une fois les résultats indésirables écartés par amendement et raffinement du graphe, le chercheur dispose donc d’une concordance exhaustive des attestations de la formule étudiée. Sur base de cette liste, il peut à présent rassembler les extraits de textes souhaités au sein d’un corpus de travail plus restreint et plus maniable, sur lequel diverses analyses (statistiques, notamment) peuvent être facilement menées66. 65 66

https://unitexgramlab.org/ (dernière consultation le 28 mai 2020). Cf. p. 12-16.

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3.3.2. Édition critique des formulaires Objet de recherche particulier, le formulaire de colophon se démarque de la simple formule par son ampleur et sa stabilité. Afin de cerner ce genre de textes et dans le but de faciliter leur analyse, nous en proposons des éditions critiques, en tenant compte des limitations de la méthode philologique appliquée aux colophons67. L’objectif de ces éditions doit être clairement défini. Il s’agit de représenter le formulaire en tant que texte de référence, non de reconstituer l’archétype de la tradition. Ceci suppose une approche du texte quelque peu différente de celle mise en œuvre lors de l’édition d’un «texte d’auteur» traditionnel. Nos principes éditoriaux sont expliqués ci-dessous, après une rapide description des documents utilisés et un bref aperçu historique des éditions de colophons arméniens. Les conclusions qui closent ce travail tirent un bilan de cette démarche. Documents Pour établir de telles éditions, il convient de collationner les différents colophons qui se conforment à chaque formulaire. Du fait du nombre et de la variété des lieux de conservation des manuscrits étudiés, sans compter le problème des codex disparus, il n’était pas envisageable de les consulter tous directement. Dans la mesure du possible, nous avons tenté de coller au plus près au texte original, mais nous avons réservé aux cas indispensables une consultation sur photographies, préférant nous fonder dans les autres cas sur les éditions figurant soit dans les recueils de colophons, soit dans les catalogues de manuscrits, voire dans le meilleur des cas sur un fac-similé. Cependant, ces éditions sont de qualité variable: à un extrême, certains catalogues produisent une édition diplomatique fidèle du colophon, tandis qu’à un autre extrême, le texte est dans certains recueils et autres ouvrages parsemé de graves lacunes, voire «corrigé», adapté ou paraphrasé. Aperçu historique L’édition critique des colophons est une démarche marginale mais déjà ancienne. La plupart des textes qui ont fait l’objet d’une édition par le passé sont des colophons d’auteurs ou de traducteurs. Généralement transmis comme partie intégrante du texte, ils méritent à ce titre d’être édités de 67

Cf. p. 13-14.

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la même façon que celui-ci, selon la méthode privilégiée par l’éditeur du texte68. Les colophons d’éditeurs tombent dans une catégorie similaire, par exemple le célèbre texte de Grigor Cerencʻ Xlatʻecʻi intitulé Յիշատակարան աղէտից ի ժամանակիս մերում «Mémorial des tragédies [survenues] à notre époque», que l’on trouve à la fin de son édition révisée du ganjaran. Ce colophon existant en deux versions a déjà été édité à trois reprises, à chaque fois selon la méthode du manuscrit de base69. Les cas autres sont rares: on relèvera un colophon versifié attesté dans plusieurs tétraévangiles du XVᵉ siècle, édité par E. Lalayean dans son catalogue des manuscrits du Vaspurakan, sur base de cinq manuscrits70. Ici encore, l’approche éditoriale est de suivre un manuscrit de base (en l’occurrence VAS* Lim 390), en signalant les variantes en apparat; néanmoins, en tant que rédacteur d’un catalogue de manuscrits, Lalayean a également pris la peine de donner le texte complet du colophon de chacun des quatre autres manuscrits dans leurs descriptions respectives71. Principes éditoriaux L’édition d’un formulaire de colophon est une démarche encore inédite, que ce soit en arménien ou dans d’autres langues. Elle se différencie par plusieurs aspects de l’édition d’un simple colophon qui serait conservé dans plusieurs manuscrits. L’objectif n’est pas de restituer le plus fidèlement possible le texte original d’un auteur, mais d’en établir la forme la plus représentative, la plus «typique», employée et appropriée par une série d’auteurs différents. Ce texte échappe à la dichotomie habituelle auteur / copiste, car chaque copiste l’actualise en son nom propre; il échappe également à la distinction original / copie, puisque, sauf dans quelques cas-limites exceptionnels72, ces actualisations du formulaire, adaptées à des situations de rédaction uniques, n’en constituent pas à 68 On citera à titre d’exemples le colophon de l’Histoire d’Aristakēs Lastivertcʻi (ARIST. LASTIV. hist., p. 142-145 Yuzbašyan: édition critique) et celui des Discours théologiques de Mxitʻar Sasnecʻi (MXITʻ. SASN. theol. or., p. 175-176 Cowe: édition diplomatique du meilleur manuscrit, corrigé par l’auteur lui-même), ou encore le colophon de Simēon Płnjahanecʻi à sa traduction sur le géorgien des œuvres de Proclos le Diadoque (AKINEAN, Simēon Płnjahanecʻi, p. 23-25: édition critique). 69 XALATʻEANCʻ, Yišatakaran ałēticʻ; ALIŠAN, Hayapatum III, p. 201-215; H15A 300, p. 272-288. Traduction dans CAM 1422-1, p. 150-164. 70 LALAYEAN, Cʻucʻak I, no 251, col. 586-595. 71 LALAYEAN, Cʻucʻak I, nos 252-255, col. 597-612 (codd. VAS* Lim 396, M 5774, M 4995 et VAS* Moks, S. Yarutʻiwn 15). 72 Voir p. 288-297.

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proprement parler des copies. En réalité, plus qu’à une édition, c’est à une construction qu’il faut se livrer, car le formulaire n’a en principe jamais existé tel quel sur le papier. De par sa nature, un tel texte n’a de sens qu’une fois actualisé dans un colophon particulier. À cet égard, un parallèle pourrait être tracé avec certains récits épiques ou hagiographiques; et de fait, la fameuse phrase de K. Krumbacher à propos de l’hagiographie byzantine — «quot codices, tot recensiones» — est par nature parfaitement adaptée au cas des formulaires de colophons. Si les méthodes traditionnelles d’édition de textes anciens73 sont certainement justifiées dans le cas de colophons d’auteurs ou de traducteurs, elles ne peuvent en revanche convenir telles quelles au genre particulier que constitue le gabarit de colophon. Celui-ci s’apparente à ce que nous appellerions aujourd’hui un «texte à trous». Y sont en effet prévus, à des endroits précis du texte, certains espaces destinés à accueillir des données propres à chaque situation de copie: nom du copiste, nom du commanditaire, date, lieu de copie, etc. Dans nos éditions, les champs où doivent apparaître ces informations seront signalés par des «variables» décrites en latin, dans le prolongement de l’apparat critique, et placées entre guillemets simples: ‹aliquid›74. Cependant, la prise en compte de cette particularité ne suffit pas à combler la distance qui sépare le formulaire de colophon du texte d’auteur. Une fois écarté le problème des variables, la question demeure de savoir quelles variantes on privilégie dans le texte même du gabarit. L’objectif de l’édition d’un formulaire de colophon, ainsi que nous la concevons, est de fournir un texte qui soit le plus représentatif possible de son usage. On pourrait qualifier un tel texte de «plus grand commun dénominateur» de l’ensemble des actualisations constatées dans les différents manuscrits. Ce résultat s’écarte de l’objet de l’ecdotique classique mais devra être défini en ses termes: équivaut-il au texte primitif — celui de l’archétype —, au texte majoritaire, ou à un texte éclectique? Chaque édition de formulaire aura valeur de laboratoire pour dégager des éléments de réponse à cette question primordiale. Les résultats seront synthétisés dans les conclusions finales. Pratiquement, chaque édition est accompagnée d’un apparat critique et d’un apparat des sources. En ce qui concerne l’apparat critique, de 73 Sur les méthodes d’édition de textes arméniens, voir en dernier lieu COULIE, Text Editing. 74 Voir déjà p. ex. REYNHOUT, Formules, vol. 1, p. 173: «[Nom de copiste]».

26

INTRODUCTION

nombreuses variantes insignifiantes, purement orthographiques, n’y sont pas notées, par exemple ստացող ou ստացաւղ ou ստացօղ; տումար ou տոմար ou տօմար; Սիովն ou Սիոն; վերըստին pour վերստին; յնտիր pour յընտիր; etc. Pour les colophons cités en dehors d’une édition critique, l’orthographe originale du manuscrit (ou du moins de notre source) a été respectée. Dans ces extraits, nous avons renoncé à signaler chacune des nombreuses particularités orthographiques ou grammaticales et réservé une discussion aux plus importantes d’entre elles. En revanche, lorsque le texte n’est pas compréhensible tel quel, nous nous sommes efforcé de proposer une conjecture entre parenthèses, précédée de la mention «lege». 3.3.3. Stemmata colophonum À l’issue de certaines études de cas (chapitres 3, 4, 6, 7, 8), nous proposerons une représentation graphique des relations entre les colophons des manuscrits étudiés. Par analogie avec le stemma codicum, élément traditionnel de la critique textuelle depuis K. Lachmann75, nous avons baptisé cet artefact stemma colophonum. Il convient toutefois de bien distinguer ce stemma colophonum d’un stemma codicum classique. Tous deux décrivent les relations de dépendance entre une série de témoins d’une même tradition, mais ne sont pas superposables pour autant. En effet, ainsi que nous le verrons à plusieurs reprises, les colophons sont susceptibles de s’influencer les uns les autres sans qu’il y ait pour autant contamination du texte principal des manuscrits. Ce stemma colophonum n’est pas non plus un arbre généalogique des variantes d’une formule, outil théorisé et expérimenté par L. Reynhout dans ses recherches sur les formules latines de colophons76. En effet, il n’a pas vocation à représenter des tendances globales de dérivation et de variation, mais se situe au niveau le plus précis possible, celui des témoins individuels. L’intention, en dessinant de tels stemmata, est de synthétiser la tradition propre d’un formulaire ou d’un type de formule, y compris les sources dont il dépend et les influences qu’il a exercées. À travers ces schémas, c’est donc une toile de relations entre copistes, 75 À propos des stemmata codicum dans les éditions de textes arméniens, voir tout récemment COULIE, Text Editing, spéc. p. 164-166, et ANDREWS, Digital Techniques, p. 184190. Pour un aperçu actuel de la question des stemmata codicum dans l’ecdotique des textes orientaux en général, voir C. MACÉ, «Witness classification and history of the text», dans COMSt, p. 336-341. 76 REYNHOUT, Formules, vol. 1, p. 46 (théorie); REYNHOUT, Finito libro, p. 101 (application).

MOYENS ET OUTILS

27

d’itinéraires de transmission de manuscrits et de contacts entre centres qui se dessine. Par là, les stemmata colophonum contribuent à notre connaissance de l’histoire des centres de copie arméniens. * *

*

Après ces considérations très spécifiques et techniques, il est bon de souligner que ce travail invite aussi à une rencontre avec l’univers intellectuel et esthétique des copistes arméniens. En effet, si la vue d’un manuscrit permet d’apprécier l’aspect matériel du travail d’un copiste — calligraphie, mise en page, style graphique — l’étude des colophons en rend accessible l’aspect intellectuel. Les créations littéraires des copistes étant encore peu connues, nous espérons que l’étude de leurs particularités, mais aussi la découverte de plusieurs belles compositions, éveillera chez le lecteur le désir de faire plus ample connaissance avec ces textes trop souvent méjugés.

PREMIÈRE PARTIE

La première partie de cet ouvrage a pour vocation d’introduire en deux temps à la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ»: d’abord au travers d’une appréciation globale de cette formule (chapitre 1), puis en retraçant ses origines, jusqu’au milieu du XIIᵉ siècle (chapitre 2). Il s’agit autant de déterminer les sources de la formule et de mesurer son importance dans l’ensemble de la tradition manuscrite arménienne que d’éprouver la méthode d’analyse multidimensionnelle des manuscrits et de leurs colophons que nous défendons. L’image d’ensemble qui s’en dégagera servira également de mise en contexte et de fondement pour les deuxième et troisième parties, qui consistent en l’examen détaillé de six types issus de la formule à partir du XIIᵉ siècle. Dans le même esprit, nous souhaitons que cette première partie puisse à l’avenir servir de base de comparaison, soit avec d’autres formules arméniennes, soit avec des phénomènes similaires attestés dans d’autres langues. En effet, la formule de colophon analysée ici est attestée à date très ancienne; sa structure se laisse facilement définir et elle est largement représentée au cours de l’histoire, notamment via une série de types. Toutes ces raisons en font un excellent point de départ pour une recherche sur les formules de colophons arméniens, à valeur, en quelque sorte, de cas d’école.

CHAPITRE PREMIER

APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE 1. INTRODUCTION Parmi les sujets conventionnellement abordés par le scribe dans son colophon figure la qualité de l’exemplaire1 qui a servi à son travail. Comme nombre d’éléments qui font partie de la trame habituelle d’un colophon, celui-ci fait couramment l’objet d’une formulation stéréotypée. La séquence la plus fréquente, que l’on qualifiera de type canonique de la formule, se présente comme suit: ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix». Les diverses variantes se composent typiquement de deux épithètes — parfois une seule, rarement trois — introduites par la préposition ի. Celle-ci, suivie de l’ablatif au sens de «à partir de», d’où en français «d’après», régit le substantif աւրինակ «exemplaire» ou un synonyme. Ce chapitre propose un aperçu global de cette formule, organisé en quatre points. Le premier étudie la formule dans sa dimension textuelle: présentation du corpus et commentaire structurel et stylistique. Dans un second temps, nous nous livrons à un survol historique de la formule, en accordant une attention particulière à ses dynamiques d’évolution. Le troisième point vise à replacer la formule dans son contexte, en identifiant certains parallèles dans d’autres langues que l’arménien et dans d’autres types de documents que les colophons de manuscrits. Pour finir, nous proposons une interprétation sémantique, pragmatique et symbolique de cette formule. Ces quatre points permettent d’illustrer les approches statistique, comparatiste et herméneutique décrites dans l’introduction2. La démarche philologique, quant à elle, sera mise en œuvre au cours des chapitres suivants. Les différents types étudiés dans la deuxième et dans la troisième partie du livre constituent des cas particuliers de la formule, qui s’insèrent dans le mouvement global d’évolution de celle-ci. Ce premier chapitre a aussi pour objectif de présenter ce cadre, étape nécessaire à la bonne intelligence du développement de chaque type. 1 2

Sur ce terme, voir p. 2, n. 3. Voir p. 12-16.

32

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

2. TEXTES 2.1. Corpus Le tableau ci-dessous reprend l’ensemble des attestations de «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» et de ses multiples variantes, relevées dans les recueils de colophons et les catalogues de manuscrits. Cette liste ne prétend toutefois pas à l’exhaustivité, certainement pour les périodes actuellement non couvertes par des recueils de colophons. Les numéros de la colonne de gauche seront cités entre crochets au moment de commenter ce corpus. Les manuscrits dont la cote se trouve entre parenthèses ont été copiés postérieurement à la date de rédaction du colophon qu’ils transmettent. Dans la colonne N. (pour «noyau») figure, abrégé, le substantif de base de la formule ainsi que son nombre: օ = աւրինակ (օրինակ), գ = գաղափար, ձ = ձեռագիր. Dans la colonne suivante, les qualificatifs sont présents dans l’ordre dans lequel ils apparaissent; si un adverbe les complète, il est signalé entre parenthèses. Enfin, la dernière colonne donne la référence du colophon dans les différents recueils, selon les abréviations que l’on trouvera dans la bibliographie; cependant, si la transcription du colophon dans un recueil donné omet la formule, celui-ci n’est pas mentionné. 2.1.1. Colophons de manuscrits Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

(M 166)

PS.-DION. AREOP.

712

օ

pl

2

(BER Peterm. I. 32; J 1072)

CYRILL. ALEX. schol., epist. 715

օ

pl

ստոյգ

H5-12 32; YJ 19

3

(M 620; M 1013)

NEM. EM.

718

օpl ստոյգ

H5-12 34; YJ 20

4

M 2374

Évangiles

989

օsg ստոյգ հին

H5-12 85a; YJ 70

5

V 953

EPHR. SYR. in epist. Paul.; 999 IOH. CHRYS. in epist. Paul.

օsg ստոյգ հին

H5-12 87; YJ 72

6

M 283

Évangiles

1033

օsg ստոյգ

H5-12 99; YJ 94

7

M 988

IOH. CHRYS. hom.

1046

գ

8

J 1862

NEM. EM.

1047

օpl ստոյգ

H5-12 77

9

M 275

Évangiles

1077

օpl ընտիր ստոյգ

H5-12 130a; YJ 116

10

M 6763

Évangiles

1113

գsg ստոյգ ընտիր

H5-12 177a; H5-12 2; YJ 149

1

sg

ստոյգ

H5-12 31; YJ 18

նշանաւոր ճշգրիտ H5-12 110[a bis]; YJ 103

33

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

11

(M 1347)

IOH. CHRYS. in Ioh.

1117

օ

կրկին

H5-12 179a; YJ 147

12

(J 73; J 74)

PS.-IOH. CHRYS. encom. Greg. Ill.

1141

օpl հին եղծեալ

H5-12, p. 161 n. 1

13

(M 1912)

PS.-IOH. CHRYS. encom. Greg. Ill.

1141

օpl հին եղծած

H5-12 190; YJ 168

14

V 1568

Évangiles

1151

օsg ընտիր ստոյգ

H5-12 196; YJ 173

15

M 832

Lectionnaire

1154

օsg ընտիր ազնիւ

H5-12 198a; YJ 174

16

(MUSA* 1)

Évangiles

1157

օsg ընտիր լաւ

H5-12 203

17

M 10360

Évangiles

1160

օsg ընտիր

H5-12 208a H5-12 209a; YJ 184

pl

18

ANN 141

Évangiles

1161

օ

19

M 7347

Évangiles

1166

օsg ընտրեալ H5-12 215[a]; ճշմարտապատում YJ 190

20

J 1248

GREG. NAZ. or.

1167

օsg ընտիր

H5-12 217a

21

«

«

«

օ

«

22

M 313

Évangiles

1171

օsg ընտիր լաւ

H5-12 220a

sg

sg

ամենալաւ

այլ

23

M 2845

Épîtres pauliniennes

1173

օ

երկու

H5-12 228a; YJ 206

24

TK* S. Errordutʻiwn

Évangiles

1174

օpl լաւ ընտիր

H5-12 234; YJ 209

25

V 448

CYRILL. ALEX. schol., epist. 1175

օsg գձուձ մրճոտեալ

YJ 210A

pl

26

DU 624

Évangiles

1181

օ

27

J 3133

Évangiles

1183

օpl ստոյգ

H5-12 254; YJ suppl. 10; DČ [2]

28

M 4146

GREG. NAZ. or. Ad quos

1194

օsg ճշմարիտ

H5-12 283b

29

M 975

CYRILL. HIER. catech. bapt. 1195

օ

H5-12 286a; H5-12, p. 157 n. 1; YJ 266

30

M 975

CYRILL. HIER. catech. bapt. 1195

օpl բազում

H5-12 286a; H5-12, p. 157 n. 1; YJ 266

31

LOB Or. 13654

Évangiles

1200

օsg ստոյգ ընտիր

YJ 290

XII ex.

օ

H13 76b; YJ 300

32

V Kurd. 2

Évangiles

sg

sg

sg

ամենալաւ

ընտիր ազնիւ

ճշմարիտ փառաւոր

34 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

V 352

Miscellanées théologiques

XII

օ

34

J 3274

Évangiles

1201

օsg ընտիր ստոյգ

H13 2a; YJ 308

35

J 3349

Évangiles

1201

օsg ընտիր ստոյգ

H13 3a; YJ 309

36

M 10359

Évangiles

1201

օsg ընտիր ստոյգ

H13 1a

37

V 696

Livres de Salomon; Siracide

1201

օsg ստոյգ ընտիր լաւ

H13 7a; YJ 311

38

CES* S. Karapet 12

Évangiles

1203

օsg ընտիր անհաս

H13 14

39

M 194

Épîtres pauliniennes; Isaïe 1207

օsg ուղիղ

H13 24b; YJ 324

«

«

40

«

այլ այլ

Référence

33

sg

H5-12 316g

օ

pl

բազում

«

sg

41

V 570

Rituel

1208

օ

սերտ ընտիր

H13 29a

42

«

«

«

օsg սերտ ընտիր

H13 29b H13 43a; YJ 339

43

ANKK* 142

Livres de Salomon; lettres 1212 de Macaire et d’Amon

օ

44

W 280

Rituel

1214

օsg ստոյգ ընտիր

H13 47

1219

45

M 7734

Évangiles

sg

ազնիւ

օ

sg

փառաւոր

H13 74a; YJ 361

sg

ընտիր լաւ

H13 85a

46

V 193

Rituel

1221

օ

47

NH Hartford Seminary 1

Évangiles

1222

օsg ընտիր

H13 89a; YJ 371

48

M 1013

GREG. NYSS.; NEM. EM.

1227

օpl ընտիր լաւ հին

H13 110; YJ 390

1230

49

NOJ 554

Évangiles

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H13 123

pl

բազում

H13 141ē

50

M 1204

Miscellanées théologiques

1233

օ

51

ERZA* 5

Évangiles

1235

օsg սրբաբան ընտիր

H13 144

1237

52

BOM 30.2

Évangiles

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H13 157a

sg

ստուգաբան ընտիր

H13 168; YJ 421

53

ANKK* 181

Évangiles

1239

օ

54

M 3528

Évangiles

1242

օsg ուղղորդ ընտիր

H13 179a H13 185a; YJ 438

55

V 69

Évangiles

1244

օ

56

M 3033

Évangiles

1251

օsg լաւ ընտիր

H13 211a H13 220d

sg

լաւ ընտիր

57

WAF 44.17

Évangiles

1253

օ

58

MUSA* Matin [1]

Hymnaire

1255

օsg լաւ ընտիր

H13 232

59

M 1481

AGATʻANG. hist.

1261

օ

ստոյգ

H13 254a

60

M 4243

Bible partielle

1266

օpl ընտիր

H13 282d

pl

sg

ընտիր լաւ

35

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

61

(M 1190)

VARD. AREW. in Psalm.

1266

օ

62

J 1925

Bible

1269

օsg չորեքկին

63

«

«

«

օsg չորեքկին

64

V 900

Évangiles

1269

օsg ստոյգ

H13 304a

65

M 4165

Isaïe; épîtres pauliniennes

1270

օsg ստոյգ ընտիր

H13 308a

1271

66

M 2814

Évangiles

pl

այլ այլ

H13 286

օ

sg

գովելի

H13 317a

sg

ստոյգ ընտիր

H13 336b

67

J 306

Livres de Salomon; Prophètes

1272

օ

68

SEB* 16

Évangiles

1272

օsg սեռն ընտիր

H13 341a

1274?

69

J 353

Octateuque; I-IV Règnes

օ

sg

ստոյգ

H13 364d

sg

ուղղորդ ընտիր

H13 367a

70

M 7534

Évangiles

1275

օ

71

ITC* Hisarlean

Bréviaire

1277

օsg լաւ

H13 388

1277

72

M 208

Actes des Apôtres

օ

sg

ընտիր

H13 384b

pl

լաւ ընտիր

H13 396

73

M 759

Manrusmunkʻ

1278

օ

74

MU 1

Évangiles

1278

օsg ընտիր

H13 399d

1279

75

J 1692

Typicon

օ

sg

լաւ ընտիր

H13 405

sg

76

M 355

Évangiles

1280

օ

ընտիր

H13 420a

77

M 2746

Évangiles

1280

օpl երկու ընտիր

H13 421a

1280

78 79

V 1097

Manrusmunkʻ

M 49

PS.-DION. AREOP.

օ

sg

լաւ ընտիր

1282

օ

sg

այլ

H13 434b

sg

ընտիր լաւ

H13 450

80

MU 3

Miscellanées

1283

օ

81

V 1444

Épîtres pauliniennes

1284

օsg ընտիր

82

M 5525

Évangiles

1286

օsg լաւ ընտիր

H13 477a H13 477b

83

«

«

«

օ

84

VAS* Van, Tiramayr s. n. A

Évangiles

1287

օsg ընտիր

H13 487

85

BZ 58

Hymnaire

1289

օsg լաւ ստոյգ

H13 518

86

SIS* S. Grigor [2]

Évangiles

1290

օsg ազնիւ ամենընտիր

H13 535

87

BIT* S. Sargis Dprocʻ

Petits Prophètes

1293

օsg լաւ ընտիր

H13 589

88

M 9292

Commentaires sur la Liturgie

1297

օpl ճշմարիտ հին

H13 651ē

89

AY* Ödemiş, Azg. Ǝntʻercʻaran 1

Miscellanées

1298

օsg ընտիր

pl

յոլով

36 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs սաստիկ ընդելագոյն

Référence

90 M 193

Livres de Salomon; Petits Prophètes

1299

օ

91 V 399

Évangiles

1299

օsg ստոյգ ընտիր

92 V 873

EPHR. SYR. et EUS. EM. in Octat.

1299

օsg վատ դառն

93 M 1766

DAW. ANY.

XIII

օsg լաւ ընտիր

H15C 778

94 M 5709

Épîtres pauliniennes; Isaïe XIII

օsg ստոյգ ընտիր

H13 812aa

95 (P 103)

KIR. GANJ. ration. fest.

XIII

sg

օ

pl

յոլով

sg

ստոյգ ընտիր

H13 681a H13 684a

96 J 1951

Évangiles

1302

օ

97 (M 912)

NERS. ŠNORH. epist. uniu.

1302

օsg լաւ ընտիր

H14A 29a; H13 p. 217 n. 2

98 M 6253

Évangiles

1304

օsg ստոյգ լաւ

H14A 73d; H14 32

99 M 5609

Isaïe

1305

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 77a; H14 43

Évangiles

1306

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 100a

100 J 2588

H14A 32a

101 ITB Galata 5

Évangiles

ca. 12891307

օ

102 J 2566

Évangiles

1307

օpl լաւ ընտրեալ

H14A 120 H14A 117; H14 66

sg

ստոյգ ընտիր

103 M 7691

Évangiles

1307

օ

104 J 1714

Psautier

1308

օsg լաւ ընտիր

H14A 142a

105 J 1786

Épîtres pauliniennes

1309

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 150 H14A 152

sg

ստոյգ ընտիր

106 MUSA* 13

Évangiles

1309

օ

107 SEB* 3

Isaïe; épîtres pauliniennes

1309

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 148; H14 84

108 M 380

Évangiles

1310

օsg ընտիր ստոյգ

H14A 162; H14 89

109 M 3985

Évangiles

1310

օsg հռչակաւոր

H14A 169; H14 99

110 M 7034

Hymnaire

1310

օsg լաւ ընտիր

H14A 172a; H14 102

111 NOJ 38

Évangiles

1310

օsg լաւ ընտիր

H14A 180; H14 93a

112 M 10283

Évangiles

XIIIca. 1310

օsg ստոյգ ընտիր

sg

ընտիր ընտիր ստոյգ

37

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

113 J 3768

Hymnaire

1311

օ

ստոյգ

H14A 191a

114 M 9465

Évangiles

1311

օsg ամենալաւ

H14A 197; H14 103

115 M 10859

Évangiles

1311

օsg ամենալաւ ստոյգ

H14A 195a; H14 108a

116 M 4687

Lectionnaire

1312

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 201a; H14 116a

117 M 8623

Manrusmunkʻ

1312

օsg լաւ ընտիր

H14A 206; H14 119

118 M 4890

Lectionnaire

1313

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 220; H14 127

119 V 734

Manrusmunkʻ

1313

օpl ընտիր ստոյգ

H14A 227a H14A 245a

sg

120 ERZA* Dvnik, S. Astuacacin

Évangiles

1314

օ

121 J 265

Psautier et textes liturgiques

1314

օsg ընտիր

H14A 253a

122 MUSA* 17

Lectionnaire

1314

օsg ընտիր ընտիր ստոյգ

H14A 243

123 NOJ 41

Évangiles

1314

օsg ստոյգ ընտիր ընտիր

H14A 244; H14 138

124 PHF O 121

Manrusmunkʻ

1314

օsg ճշգրիտ ուղղակի

H14A 254a H14A 241; H14 135

sg

ընտիր լաւ

125 VAS* Ałtʻamar s. n.

Actes des Apôtres

1314

օ

126 J 2311

Épîtres pauliniennes

1315

օsg ընտիր լաւ

H14A 268 H14A 270a

sg

ընտիր ստոյգ

127 V 416

Manrusmunkʻ

1315

օ

128 M 976

CYRILL. HIER. catech. bapt.

1316

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 273a; H14 156

129 V 1626

Évangiles

1316

օsg պատուական ընտիր

H14A 274a

130 M 76

Livres de Salomon

1317

օsg սաստիկ ընտիր

H14A 299a; H14 169

131 J 1700

Hymnaire

1318

օsg լաւ ընտիր

H14A 326

132 ALQ 6

Collection liturgique

1319

օsg ուղղորդ

H14A 341a; H14 194

133 M 3589

GRIG. NAR. lam.

1319

օpl հինգ

H14A 342; H14 197

134 M 4738

Lectionnaire

1319

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 334; H14 192

sg

լաւ ընտիր

38 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Miscellanées

1319

օ

136 M 4186

Évangiles

1320

օpl բուն

H14A 359; H14 203

137 M 7451

Lectionnaire

1320

օsg արդար ընտիր

H14A 360a; H14 204

138 J 2434

Manrusmunkʻ

1321

օpl լաւ ընտիր

H14A 385a

139 M 4059

Évangiles

1321

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 393a; H14 217a

140 WAC Orien. Nr. East: 6003

Évangiles

1321

օsg ընտիր

H14A 388

141 J 1644

Hymnaire

1322

օsg լաւ ընտիր

H14A 402a

142 M 1481

AGATʻANG. hist.

1323

օ

H14A 413a; H14 232a

143 V 998

GRIG. NAR. lam.

1323

օsg ստոյգ ընտրելագոյն

H14A 416a

144 «

«

«

օsg ստոյգ ճշմարիտ

« H14A 412; H14 231

sg

լաւ հին

Référence

135 (M 3276)

pl

ստոյգ

145 W 342

Évangiles

1323

օ

146 EZZ* S. Sargis [1]

Évangiles

1325

օsg ստոյգ ընտիր

H14A 446; H14 251

147 «

«

«

օsg լաւ ընտիր

« H14A 445; H14 246

sg

լաւ ընտիր

H14A 339; H14 196

148 M 2388

Manrusmunkʻ

1325

օ

149 M 5708

Évangiles

1325

օsg լաւ

H14A 444a; H14 245

150 M 10439

Hymnaire

1325

օsg լաւ ընտիր

H14A 451a H14A 447a; H14 250

pl

լաւ ստոյգ երկու

151 V 1356

Hymnaire

1325

օ

152 M 10524

Manrusmunkʻ

1327

օpl ստոյգ ընտիր

153 ITOR* s. n.

Rituel d’ordination

1328

օsg լաւ ընտիր

H14 263

sg

ընտիր

154 M 10169

Évangiles

1328

օ

ստոյգ ընտիր

H14 265

155 M 867

Miscellanées théologiques

1329

օsg ստոյգ ընտիր

H14 277

1329

156 M 7650

Évangiles

sg

օ

sg

ընտիր

H14 274b

sg

(յոյժ) ազնիւ

H14 275

157 NOJ 519

Évangiles

1329

օ

158 CES* S. Karapet 16

Évangiles

1331

օsg [mut.] ազնիւ

39

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

159 J 95

Lectionnaire

1331

օ

160 M 4217

Évangiles

1331

օsg ընտիր ստոյգ

H14 292

sg

ընտիր ընտիր ստոյգ

161 M 8116

Évangiles

1331

օ

ընտիր

H14 304

162 SABB н. с. 4

Manrusmunkʻ

1331

օsg լաւ ընտիր

PZPS 9 H14 301a; YGSG 7

sg

163 V 16

Évangiles

1331

օ

164 J 2649

Évangiles

1332

օsg (այսպիսի) ընտիր ուղիղ

165 V 2003

Missel

1334

օsg լաւ ընտիր

166 VAS* Mandan s. n.

Rituel

1334

օsg ստոյգ ընտիր

H14 329

1336

H14 356

167 M 1622

Hymnaire

sg

լաւ

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ընտիր ստոյգ

168 MUSA* 22

Évangiles

1336

օ

169 V 612

Vitae patrum

1336

օsg լաւ ընտիր

170 V 843

Manrusmunkʻ

1336

օ

171 AKA* Vačʻian

Évangiles

1337

օsg ընտիր ստոյգ

sg

լաւ ընտիր

172 J 1914

Hymnaire

1337

օ

sg

173 M 167

PS.-DION. AREOP.

ante 1338 օ

sg

174 M 269

Épîtres pauliniennes

1338

օsg սուրբ ընտիր

1339

175 V 661

Manrusmunkʻ

H14 359

լաւ ընտիր ստոյգ ընտիր

օ

sg

ընտիր լաւ

sg

H14 364 H14 373a H14 385

176 VAS* Pʻokan 1

Évangiles

1339

օ

ընտիր ստոյգ

H14 394

177 M 8030

VARD. AYG. serm.

1341

օsg սուրբ ընտիր

H14 405

1342

178 M 7642

Évangiles

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H14 413a

sg

լաւ ընտիր

H14 414a

179 W 173

Hymnaire

1343

օ

180 M 5597

GRIG. NAR. lam.

1350

օsg ստոյգ ընտրելագոյն

H14 461a

181 «

«

«

օsg ստոյգ ճշմարիտ

«

182 VAS* Lim 17

Bible

1352

օsg լաւ ընտիր

H14 478a

1352

H14 479

183 M 7598

Évangiles

օ

sg

ստոյգ ընտիր

sg

ստոյգ

184 J 1878

Lectionnaire

1353

օ

185 V 153

Psautier

1356

օsg ընտիր լաւ

186 V 1214

Évangiles

1358

օsg լաւ ընտիր

H14 521 H14 507

187 V Kurd. (SEB* 23)

Évangiles

1357

օ

188 MUSA* 25

Évangiles

1362

օsg ազնիւ ամենընտիր

sg

ստոյգ ընտիր

40 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Date col.

N.

189 SEB* s. n.

Cote

GRIG. NAR. lam.

Contenu principal

1363

օsg ստոյգ ընտրելագոյն

Qualificatifs

H14 557

190 M 8307

Manrusmunkʻ

1365

օsg ընտիր

H14 576

191 V 1027

GRIG. NAR. lam.

1365

օsg ստոյգ ընտիր ազնիւ

192 J 122

Lectionnaire

1369

օsg ստոյգ ընտիր

193 M 5557

Évangiles

1372

օsg ստոյգ ընտիր

H14 620

194 AKN* Binkay, S. Hreštakapetkʻ [1]

Évangiles

1373

օsg ընտիր

H14 625a

195 «

«

«

օsg (յոյժ) ընտիր

H14 625b H14 626b

196 NOJ 515

Évangiles

1373

օ

197 V 1038

Évangiles

1373

օsg ազնիւ ամենընտիր H14 628

198 P 132

GRIG. NAR. lam.

1374

օsg ընտիր

199 VAS* Ktucʻ s. n. A

Évangiles

1376

օsg ընտիր

sg

ճշմարիտ ուղիղ

Référence

H14 643

200 J 30

Lectionnaire

1377

օ

201 SEB* 3

Isaïe; épîtres pauliniennes

1380

օsg սուրբ ընտիր

H14 664 H14 702a

sg

ուղղորդ ընտիր

202 ARC* Skʻančʻelagorc s. n.

Évangiles

1386

օ

203 J 3295

Évangiles

1390

օsg ստոյգ ընտիր

204 VAS* Moks, S. Yakob 21

Évangiles

[ante 1393]

օsg ընտիր ստոյգ

205 M 4908

Évangiles

1393

օsg ստոյգ ընտիր

206 P 333

Évangiles

[1393]

օsg ընտիր ստոյգ

207 M 3503

Ganjaran

1394

օsg լաւ ընտիր

H14 757

208 M 5352

VARD. AREW. in Psalm.

1395

օ

H14 764b

209 M 7629

Évangiles

1397

օsg ընտիր ստոյգ

H14 772 H14 780

sg

sg

ընտիր ստոյգ

լաւ ընտիր

210 M 5510

Évangiles

1399

օ

211 M 346

Bible

1400

օsg ընտիր ստոյգ

sg

ստոյգ ընտիր

H14 355

H14 785a

212 CHG 229

Actes des Apôtres

XIV

օ

213 KHA* Sürsürü, S. Karapet [2]

Évangiles

XIV

օsg ստոյգ ընտիր

214 M 59

Miscellanées

XIV

գpl դառն

215 M 1854

GRIG. NAR.

XIV

օpl այլ

216 M 2092

Hymnaire

XIV

օpl բազում

H14 838g

217 M 8897

Évangiles

XIV

օsg Սսիցի

H14 821

218 M 813

GRIG. TATʻ. lib. quaest.

1401

օsg լաւ ընտիր

H15A 2a

sg

ազնիւ ամենընտիր

H14 819

41

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs ընտիր ստոյգ

Référence

219 M 4223

Évangiles

1401

օ

220 VAS* Ktucʻ s. n. B

Ganjaran

1401

օsg ընտիր ստոյգ

NH 13 H15A 19a

sg

221 M 5562

Évangiles

1402

օ

222 M 4923

Évangiles

1403

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 39 H15A 47a; NH 24[bis]

sg

ընտիր ստոյգ

H15A 5

223 M 5727

Évangiles

1404

օ

224 M 4787

Rituel

1404

օsg ընտիր

H15A 48a

225 M 753

Manrusmunkʻ

1405

օsg լաւ ընտիր

H15A 55

226 M 1264

GRIG. TATʻ. in Matth., in Prou., in Cant.

1406

օ

H15A 62a

227 M 2418

Hymnaire

1406

օsg լաւ ընտիր

H15A 64

228 M 3104

GRIG. TATʻ. lib. quaest.

1407

օ

լաւ ընտիր

H15A 74

229 NOJ 51

Évangiles

1407

օsg լաւ ընտիր

H15A 75 H15A 86a

sg

sg

sg

ընտիր ստոյգ

ընտիր ստոյգ

230 M 763

Manrusmunkʻ

1408

օ

231 VAS* Moks, Erekʻ xoran 15

Évangiles

1409

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 94

232 VAS* Moks, S. Astuacacin 2

Évangiles

1409

օsg լաւ ընտիր

H15A 95

233 M 225

Évangiles

1411

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 126

234 CAN Caracotch

Manrusmunkʻ

1411

օsg լաւ ընտիր

H15A 132

sg

լաւ ընտիր

235 M 4157

Évangiles

1412

օ

ստոյգ ընտիր

H15A 140

236 MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15

Évangiles

1413

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 153

237 V 230

Hymnaire

1415

օsg ընտիր

238 VDN* S. Astuacacin [2]

Évangiles

1415

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 185

239 W 599

Rituel d’ordination

1416

օsg լաւ

H15C 456 H15A 215a; NH 48

sg

240 M 4841

Évangiles

1417

օ

241 M 5512

Évangiles

1418

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 233 H15A 274; NH 63

sg

լաւ ընտիր

242 BAY* S. Hreštakapet s. n.

Évangiles

1420

օ

243 J 2380

Psautier

1420

օsg ստոյգ ընտիր

244 NKC Pushman 2

Évangiles

1421

օsg ստոյգ

245 VAS* Van, Ararkʻ 11

Évangiles

1421

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 295

246 W 419

Manrusmunkʻ

1421

օsg լաւ ընտիր

H15A 284a

sg

ընտիր ստոյգ

H15C 468

42

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Lectionnaire

1422

օ

248 «

«

«

օsg ստոյգ ընտիր

249 J 67

SARG. ŠNORH. in epist. cath.

1424

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 343

250 M 1616

Hymnaire

1425

օsg ընտիր

H15A 357

251 ALQ 9

Hymnaire

1426

օsg լաւ ընտիր

H15A 368

1426

252 DIA* S. Sargis [33]

Évangiles

ընտիր ընտիր ստոյգ

Référence

247 ANKK* 161

sg

օ

sg

ազնիւ ամենընտիր

sg

լաւ ընտիր

H15C 477a

253 J 1534

Hymnaire

1426

օ

254 TBI 23

Évangiles

1426

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 379 H15A 386a

255 V 942

Évangiles

1427

օ

256 M 4156

Évangiles

1428

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 401a

1428

H15A 416

257 P 81

Manrusmunkʻ

sg

լաւ ընտիր

H15A 374

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ստոյգ ընտիր

258 P 323

Hymnaire

1428

օ

259 M 4827

Évangiles

1430

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 428; NH 96

260 M 944

Oskepʻorik

1431

օsg լաւ ընտիր

H15A 435g

261 M 2040

Évangiles

1431

օsg ընտիր

H15A 433a

262 M 6122

Hymnaire

1431

օ

ստոյգ

H15A 443

263 J 1948

Évangiles

1432

օsg լաւ ընտիր

H15C 503

sg

264 M 2387

Manrusmunkʻ

1432

օ

sg

265 W 543

NERS. ŠNORH. Ies. fil. (etc.) 1432

օ

sg

266 Cod. ign. C 3

Évangiles

1432

օsg լաւ ընտիր

H15A 457

1433

267 M 4963

Évangiles

լաւ ընտիր

H15A 462

ստոյգ ընտիր

H15A 463

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H15A 471

sg

268 ERZA* Łalayči

Évangiles

1434

օ

լաւ ընտիր

H15C 510

269 M 3508

Rituel

1434

օsg լաւ ընտիր

H15A 485

1435

օ

ընտիր

H15A 502

1436

օsg լաւ ընտիր

H15A 513

1436

270 M 2400

Manrusmunkʻ

271 AKN* Xorhrdaran [2*] Hymnaire 272 M 4117

Ganjaran

sg

օ

sg

ընտիր

H15A 505

sg

273 M 5543

Évangiles

1436

օ

ստոյգ ընտիր

H15A 506

274 M 8933

Évangiles

1437

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 525

1437

օ

H15A 514a

275 M 8979

3

AH (non uidi).

Hymnaire

sg

լաւ ընտիր

43

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Hymnaire

1437

օ

277 SEN* 26

Hymnaire

1437

օsg լաւ ընտիր

H15A 517; NH 114

278 ANKK* Stanos, S. Kʻaṙasunkʻ 2

Évangiles

1439

օsg ստոյգ ընտիր

H15C 527a

279 M 1849

AṘAKʻ. SIWN. in proleg. Daw. Any.

1440

օsg պատուական

H15A 569

280 ANT 84

Évangiles

1441

օsg ընտիր

H15C 533

1441

281 M 5515

Évangiles

լաւ ընտիր

Référence

276 SABO A 38

sg

H15A 743

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H15A 589a

pl

ընտիր

H15A 593

282 Cod. ign. D

Évangiles

1441

օ

283 M 358

Évangiles

1442

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 619 H15A 620

4

284 ISP Sīngerd, S. Stepʻanos

Évangiles

1443

օ

285 M 4829

Évangiles

1444

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 637a

1445

286 VAS* Xžišk s. n.

Ménologe

sg

ստոյգ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

H15A 655

pl

ընտիր ընտիր

H15A 673

287 M 5212

Ałōtʻamatoycʻ

1446

օ

288 BER oct. 167

Hymnaire

1447

օsg լաւ ընտիր

H15A 680 H15A 682

289 V 543

Évangiles

1447

օ

290 M 4922

Évangiles

1447

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 688; NH 163

291 NOJ 559

Évangiles

1447

օsg ընտիր ստոյգ

H15A 690

292 MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 1

Évangiles

1447

օsg ազնիւ ամենընտիր

293 DIA* S. Sargis [31]

Évangiles

1449

օsg լաւ ընտիր

H15A 716

294 M 4928

Évangiles

1449

օsg ստոյգ ընտիր

H15A 708

1449

295 PRU Garrett 2

Évangiles

sg

ստուգաբան ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ընտիր ստոյգ

296 DU 566

Évangiles

1451

օ

297 KHA* Covkʻ, S. Nšan [1]

Évangiles

1452

գsg ստոյգ ընտիր

298 M 4830

Évangiles

1452

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 25a

299 M 6806

Évangiles

1452

օsg լաւ ընտիր

H15B 21a

1452

օ

H15B 27

300 NOJ S. Stepʻanos 7

4

Évangiles

TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non uidi).

sg

ստոյգ ընտիր

H15B 10

44 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Évangiles

1452

օ

302 M 11013

Évangiles

1453

օsg ընտիր

303 M 905

Rituel

1454

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 55

1454

304 M 9274

Évangiles

ընտիր ստոյգ

Référence

301 M 9841

sg

H15B 30; H15B 31; H15C 569a

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H15B 56

sg

լաւ ընտիր

H15B 86

305 ALQ 23

Évangiles

1455

օ

306 BAL 543

Évangiles

1455

օsg ընտիր ստոյգ

307 BIT* Amirdōl s. n.

Évangiles

1455

օsg ստոյգ ընտիր

308 J 3431

Évangiles

1455

օsg լաւ ընտիր Սսեցի H15C 573

309 SMY* S. Stepʻanos 3

Évangiles

1456

օsg ազնիւ ամենընտիր

310 VAS* Ktucʻ s. n. C

Évangiles

1456

օsg ընտիր ստոյգ

H15B 104; NH 216

311 J 1490

Évangiles

1457

օsg լաւ ընտիր

H15C 579

1457

312 M 6861

Rituel

H15B 74; NH 201

օ

sg

ընտիր

H15B 112

sg

ստոյգ ընտիր

H15B 139

313 M 4745

Lectionnaire

1458

օ

314 M 5331

Évangiles

1458

օsg ընտիր ստոյգ

H15B 142a

1458

315 M 7747

Psautier

օ

sg

լաւ ընտիր

H15B 148a

sg

լաւ ընտիր

H15B 147

316 M 7760

Psautier

1458

օ

317 P 18

Évangiles

1458

օpl երկու ճշմարիտ

318 SEN* 40

Rituel

1458

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 140; NH, p. 188

319 M 5544

Évangiles

1460

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 182a

1460

320 M 7566 321 M 7627

Évangiles Évangiles

օ

sg

ընտիր ստոյգ

1460

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H15B 183

sg

ստոյգ ընտիր

H15C 593

322 ALX Pōłos-Petros

Évangiles

1462

օ

323 M 3049

Évangiles

1462

օsg ընտիր ստոյգ

324 M 7632

Évangiles

1462

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 226 H15B 232

325 M 10521

Évangiles

1462

օ

326 M 2465

Hymnaire

1463

օsg լաւ ընտիր

H15B 252

1464

H15C 598

327 M 2418

Hymnaire

sg

ընտիր ստոյգ

օ

sg

ընտիր ստոյգ

sg

ընտիր

328 V 642

Hymnaire

1464

օ

329 ALQ 135

Lectionnaire

1466

օsg լաւ ընտիր

45

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs լաւ ընտիր

Référence

330 J 1784

Rituel

1466

օ

331 M 4123

Évangiles

1466

օsg ընտիր ստոյգ

332 M 6390

Évangiles

1467

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 332a H15B 335a

sg

333 M 8393

Hymnaire

1467

օ

334 SEB* 31

Évangiles

1467

օsg ստոյգ ընտիր

335 M 7757

Évangiles

1468

օsg ընտիր ստոյգ

H15B 345

336 M 4970

Évangiles

1470

օsg ստոյգ ընտիր

H15B 387

1471

337 M 2632

Évangiles

sg

լաւ ընտիր

H15B 306; H15C 605

օ

sg

ստոյգ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

338 MUSA* Ełrdut [7]

Évangiles

1471

օ

339 M 5067

Évangiles

1473

օpl ընտիր

H15B 446

340 M 9431

Évangiles

1473

օ

լաւ ընտիր

H15B 441

341 SHE* Qalagah

Évangiles

1473

օsg պայծառ ընտիր

H15B 433

sg

342 M 8971

Hymnaire

1474

օ

լաւ ընտիր

H15B 472

343 W 691

Bréviaire; missel

1474

օsg լաւ ընտիր

H15C 621 H15B 491

sg

344 J 1943

Évangiles

1475

օ

345 M 5333

Évangiles

1476

օsg ստոյգ ընտիր

346 W 1006

Hymnaire

1476

օsg ընտիր

347 ERC T. Margaryan [1]

Évangiles

1477

օsg ընտիր ստոյգ

348 J 1626

Hymnaire

1478

օsg լաւ ընտիր

349 J 2470

Hymnaire

1479

օsg ընտիր

H15B 553; H15C 628

350 BZ 555

Hymnaire

1481

օsg լաւ ընտիր

H15C 16

351 ERZA* Erknist, S. Astuacacin [1]

Ménologe

1481

օsg լաւ ընտիր

H15C 1

352 J 2471

Hymnaire; typicon

1482

օsg լաւ ընտիր

H15C 30

sg

լաւ ընտիր

353 V 584

Hymnaire

1482

օ

354 (M 457)

AMIRDOVL. AMAS. insci. inut.

1482

օpl բազում

H15C 22b

355 NOJ 313

Ganjaran

1483

օsg ընտիր լաւ

H15C 53

356 V 327

Hymnaire

1483

օsg լաւ ընտիր

H15C 50 H15C 85

sg

ընտիր

357 BZ 556

Hymnaire

1485

օ

358 W 318

Ganjaran

1485

օsg ընտիր

H15C 86a H15C 100a

sg

լաւ ընտիր

359 M 5187

Évangiles

1486

օ

360 M 5201

Évangiles

1486

օsg ստոյգ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

H15C 101

46 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

361 LOB Or. 8827

Hymnaire

1487

օ

ընտիր

H15C 117

362 J 1624

Hymnaire

1488

օsg լաւ ընտիր

H15C 153 H14 381

sg

363 VAS* Moks, S. Yakob 20

Évangiles

[ante 1489]

օ

364 SEB* 74

Lectionnaire

1489

օsg ընտիր ստոյգ

sg

ընտիր ստոյգ

H15C 120a

365 V 809

Hymnaire

1489

օ

366 M 3857

Évangiles

1490

օsg [mut.] [mut.]

367 M 6495

Ganjaran

1490

օpl ընտիր

H15C 195a

368 M 7585

Évangiles

1490

օsg ստոյգ ընտիր

H15C 197

[1490]

369 NOJ 390

Évangiles

sg

լաւ ստոյգ

օ

sg

ընտիր ստոյգ

sg

կատարեալ ընտիր H15C 221

370 V 224

Ménologe

1491

օ

371 V 1517

Hymnaire

1491

օsg ընտիր

372 VAS* Šatax, Dašt

Évangiles

1491

օsg ընտիր ստոյգ

373 M 4937

Évangiles

1493

օsg ստոյգ ընտիր

374 NOJ 403

Évangiles

1494

օsg ստոյգ ընտիր

H15C 272

H15C 230

375 SAL* S. Yakob

Évangiles

1494

օ

ընտիր լաւ

H15C 274

376 TBI 195

Psautier

1495

օsg լաւ ընտիր

H15C 286 H15C 288a

sg

377 V 329

Évangiles

1495

օ

378 M 1625

Hymnaire

1496

օsg լաւ ընտիր

H15C 321

1497

H15C 328

379 BER oct. 2068

Hymnaire

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

ընտիր

sg

լաւ ընտիր

380 M 158

Évangiles

1497

օ

381 VAS* Van, Tiramayr s. n. D

Évangiles

1498

օsg ընտիր ստոյգ

H15C 363

382 J 3348

Rituel

1499

օsg լաւ ընտիր

H15C 653

383 M 6326

Rituel

1499

օsg ստոյգ ընտիր

H15C 381

384 M 7771

Évangiles

1500

օ

385 V 2062

Hymnaire

1500

օsg լաւ ընտիր

386 M 3866

Ganjaran

XV

օsg լաւ ընտիր

sg

ընտիր ստոյգ

387 P 70

Hymnaire

XV

օ

388 V 485

Ganjaran

XV

օsg լաւ ընտիր

389 BAY* S. Yovhannēs

Lectionnaire

1502

օsg լաւ ընտիր

390 M 2033

Miscellanées

1503

օpl երկու

391 M 9335

Miscellanées

1504

օsg լաւ ընտիր

392 VDK

Évangiles

1504

օsg ընտիր ստոյգ

sg

ստոյգ ընտիր

H15C 739

47

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

393 J 3346

Psautier

1505

օ

394 J 1629

Hymnaire

1507

օsg ընտիր

395 M 5178

Évangiles

1507

օsg ազնիւ ամենընտիր

396 M 5215

Évangiles

1507

օsg ազնիւ ամենընտիր

397 V 1466

Bréviaire

1516

օsg լաւ ընտիր

398 V 166

Évangiles

1523

օsg լաւ ընտիր

399 LOB Or. 2612

Rituel des catholicoi

1526

օsg լաւ ընտիր

400 V 1114

Hymnaire

1528

օsg լաւ ընտիր

401 SABO A 62

Psautier

1534

օsg ընտիր ճշմարտաբան

402 ALQ 154

Ménologe

1536

օsg լաւ ընտիր

403 V 116

Hymnaire

1536

օsg լաւ ընտիր

404 V 701

Hymnaire

1538

օsg լաւ ընտիր

405 DIA* S. Sargis [27]

Psautier

1540

օsg ընտիր

406 CMS* Yałtʻuk [3]

Évangiles

1541

օsg լաւ ընտիր

407 SEN* 34

Évangiles

1541

օpl ընտիր

408 V 1136

Ménologe

1541

օsg լաւ ընտիր

409 VA Žamkočʻean

Évangiles

1545

օsg լաւ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

410 ITB Kesaria 28

Hymnaire

1547

օ

411 M 2031

Miscellanées liturgiques

1551

օsg լաւ ընտիր

412 V 777

Hymnaire

1551

օsg լաւ ընտիր

413 M 5351

Évangiles

1552

օsg ստոյգ ընտիր

414 CES* S. Karapet 13

Évangiles

1555

օsg ճշմարիտ ընտիր

415 ARG* 69

Hymnaire

1557

օsg ստոյգ

416 V 1660

Évangiles

1557

օsg ընտիր ստոյգ

417 M 1612

Hymnaire

1562

օsg ստոյգ ընտիր

418 M 6020

Rituel des prêtres

1562

օsg ընտիր

419 J 2423

Bréviaire; missel

1563

օsg լաւ ընտիր

420 VIN 25

Parzatumar

1565

օsg լաւ ընտիր

421 VIN 15

Psautier

1567

օsg լաւ ընտիր

422 J 1636

Hymnaire

1568

օsg լաւ ընտիր

423 VAS* Van, Yaynkoysner 49

Évangiles

1572

օsg ընտիր ստոյգ

424 BAM* Hawaw, Kʻałcʻrahayeacʻ [2]

Évangiles

1573

օsg լաւ ընտիր

sg

Référence

լաւ ընտիր

PZPS 23a

YHJ5 8a

48 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

425 IZ* Azg. Varžaran [1]

Évangiles

1574

օ

426 V 122

Psautier

1576

օsg լաւ ընտիր

427 V 1051

Hymnaire

1578

օsg լաւ ընտիր

428 V 1193

Hymnaire

1579

օsg լաւ ընտիր

429 M 1607

Hymnaire

1580

օsg լաւ ընտիր

430 M 1619

Hymnaire

1580

օsg լաւ ընտիր

431 VAS* Moks, S. Yarutʻiwn 7

Évangiles

1580

օsg ընտիր ստոյգ

432 J 3312

Ganjaran

1581

օsg ստոյգ ընտիր

433 V 390

Hymnaire

1582

օsg լաւ ընտիր

434 J 3358

Rituel

1583

օsg լաւ ընտիր

435 SABO A 5

Hymnaire

1583

օsg լաւ ընտիր

1583

436 V 541

Hymnaire

pl

Référence

ստոյգ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ընտիր ստոյգ

437 SABO C 27

Ganjaran

1584

օ

438 M 1627

Hymnaire

1586

օsg լաւ ընտիր

439 J 1612

Hymnaire

1588

օsg լաւ ընտիր

440 M 5783

Évangiles

1588

օsg ընտիր ստոյգ

441 J 1974

Psautier; bréviaire

1589

օsg ընտիր անսխալ

442 MCR 11

Psautier

1589

օsg լաւ ընտիր

443 ARM* 215

Hymnaire

1590

օpl ստոյգ ընտիր

444 MC ign.

Hymnaire

1590

օsg լաւ ընտիր

445 PA 56

Hymnaire

1591

օsg լաւ ընտիր

446 J 2359

Hymnaire

1592

օpl լաւ ընտիր

447 SEN* 4

Évangiles

ca. 15801594

օsg լաւ ընտիր

448 BZ 557

Hymnaire

1594

օsg ստոյգ ընտիր

449 M 5831

Évangiles

1594

օsg ստոյգ ընտիր

450 V 265

Hymnaire

1594

օsg լաւ ընտիր պատուական

451 M 5437

Évangiles

1595

օsg ընտիր ստոյգ

452 VAS* Moks, Erekʻ xoran 13

Évangiles

1595

օsg լաւ ընտիր

453 ISP Khūygān, S. Yovhannēs

Évangiles

XV-XVI

օsg լաւ ընտիր

PZPS 33v

PZPS 34

49

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

454 VAS* Ktucʻ 147

Prologue aux épîtres pauliniennes; Prophètes (partiel)

XVI

օ

455 J 1663

Hymnaire

1601

օsg լաւ ընտիր

H17A 43b

456 KHA* Sürsürü, S. Karapet [1]

Évangiles

1601

օsg լաւ ընտիր

H17A 50

457 M 7634

Évangiles

1601

օsg լաւ ընտիր

H17A 18a

1601

458 J 3317

Rituel

sg

ստոյգ ընտիր

օ

sg

ընտիր

H17A 48

sg

459 TBI 213

Évangiles

1601

օ

լաւ ընտիր

H17A 32a

460 DAB* 9

Évangiles

1602

օsg լաւ ընտիր

H17A 78b

1602

461 J 1460

Hymnaire

օ

sg

լաւ ընտիր

H17A 83b

sg

լաւ ընտիր

H17A 84a

462 V 1423

Psautier

1602

օ

463 ALQ 132

Psautier

1604

օsg լաւ ընտիր

H17A 196a

464 M 6093

Évangiles

1604

օ

465 M 6420

Évangiles

1604

օsg լաւ ընտիր

H17A 175a

1604

466 M 7744

Psautier

sg

լաւ ընտիր Սսեցի H17A 173a

օ

sg

լաւ ընտիր

H17A 179a

sg

467 NOJ 663

Rituel

1604

օ

լաւ ընտիր

H17A 189a

468 SABO A 53

Hymnaire

1604

օsg լաւ ընտիր

H17A 180ǝ

469 SABO B 21

GRIG. TATʻ. lib. quaest.

1604

H17A 181b

օ

sg

այլ

sg

լաւ ընտիր

470 V 1394

Hymnaire

1605

օ

471 M 3424

Ganjaran

1606

օsg հին

H17A 251

472 MUSA* Yoncalı, ign.

Hymnaire

1606

օ

ընտիր

H17A 286

473 LOB Add. 19731

Hymnaire

1607

օsg լաւ ընտիր

H17A 329

1607

474 M 6785

Évangiles

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

H17A 321a

sg

ընտիր

H17A 360a

475 M 3078

Miscellanées

1608

օ

476 M 5194

Évangiles

1608

օsg Սսեցի լաւ ընտիր H17A 366

477 M 10520

Évangiles

1608

օsg լաւ ընտիր

H17A 373a H17A 376

478 VAS* Lim s. n.

Oskepʻorik

1608

օ

479 SABO B 91

Évangiles

1608

օsg լաւ ընտիր

H17A 378a

1608

480 W 203

Hymnaire

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

H17A 397a

sg

481 SEB* 215

Miscellanées

1608

օ

լաւ ընտիր

H17A 408

482 J 2047

Collection liturgique

1609

օsg լաւ ընտիր

H17A 422 H17A 431b

483 ANKK* 43

Livre des canons

1609

օ

484 V 1533

Explication de la Liturgie

1609

օsg լաւ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

H17A 450

50 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs լաւ ընտիր

Référence

485 M 5234

Évangiles

1610

օ

486 KY* S. Astuacacin [12]

Livre des canons

1611

օpl բազում

H17A 550

487 NOJ 528

Évangiles

1611

օsg լաւ ընտիր

H17A 537a

488 ALQ 11

Évangiles

1612

օsg ամենալաւ

H17A 591a

1612

sg

H17A 464

օ

sg

ազնիւ ամենընտիր H17A 581a

sg

լաւ ընտիր

489 J 2625

Évangiles

490 M 1241

ES. NČʻECʻ. in Ez.

1612

օ

491 ALQ 131

Psautier

1613

օsg լաւ ընտիր

H17A 638a

H17A 565; H14A, p. 40 n. 3

492 M 1355

Miscellanées

1614

օ

լաւ ընտիր

H17A 650

493 M 3178

Livre des canons

1614

օsg լաւ ընտիր

H17A 657

1615

H17A 742

494 BZ 54

Typicon; manrusmunkʻ

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ստոյգ ընտիր

495 M 3867

Évangiles

1615

օ

496 J 1649

Hymnaire

1616

օsg լաւ ընտիր

H17A 792b

1616

497 M 5540

Évangiles

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H17A 764a

sg

498 M 10550

Psautier; bréviaire

1616

օ

լաւ ընտիր

H17A 777

499 V 503

VARD. AREW. in Pentat.

1616

օsg լաւ ընտիր

H17A 800

1617

500 AR S. Astuacacin s. n.

Psautier

օ

sg

ընտիր հարուստ

H17A 829

sg

լաւ ընտիր

H17B 525a

501 J 741

I-II Règnes; Lamentations 1616/7

օ

502 M 1036

Rituel

1617

օsg ընտիր

H17A 807

1617

503 M 4975

Évangiles

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H17A 815a

sg

լաւ ստոյգ ընտիր

H17A 848a

504 W 347

Évangiles

1617

օ

505 ANKK* 297

Bréviaire; missel

1618

օsg լաւ ընտիր

H17A 897b

1618

H17A 913a

506 J 743

Miscellanées

օ

pl

բազում այլ

sg

ստոյգ

507 J 3334

Psautier

1618

օ

508 M 5675

GRIG. NAR. lam.

1618

օsg լաւ ընտիր

H17A 872

509 SEB* 7

Psautier

1618

օ

յստակ

H17A 912a

510 W 96

GREG. NAZ. or. Ad quos

1618

օsg լաւ ընտիր

H17A 903

1619

511 ALQ 56

Psautier

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

H17A 966

sg

512 BER Minut. 269

Vitae patrum

1619

օ

լաւ ընտիր անսխալ

H17A 973

513 ITB Balat 63

Évangiles

1619

օsg ընտիր լաւ

H17A 967

514 M 100

Schol. ad GREG. NAZ. or. Ad quos

1619

օ

H17A 917

sg

լաւ ընտիր

51

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs լաւ ընտիր

Référence

515 M 502

Miscellanées

1619

օ

516 M 11203

Évangiles

1619

օsg ընտիր

H17A 947a

sg

H17A 920

517 SEB* 46

Évangiles

1619

օ

լաւ ընտիր

H17A 969

518 V 282

YOVH. VANAK. in Hiob; VARD. AREW. in Cant.

1619

օsg լաւ ընտիր

H17A 978

519 ANT 146

Psautier

1620

օsg լաւ ընտիր

H17A 1023

520 ET 59

Rituel

1620

օsg լաւ ընտիր

H17A 1008a H17A 987a

sg

521 M 4927

Bréviaire; psautier; typicon

1620

օ

522 M 8563

Lexique

1620

օpl ընտիր

523 M 9575

Psautier

1620

օsg լաւ ընտիր

H17A 997

1620

524 MCR 18

Bréviaire

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

H17A 1003

sg

լաւ ընտիր

H17A 1002a

525 OXL d. 15

Psautier

1620

օ

526 ANKK* 256

Typicon; hymnaire; bréviaire

1621

օsg ստոյգ ընտիր

H17B 13

527 BZ 558

Hymnaire

1621

օsg լաւ ընտիր

H17B 51

528 J 1082

MXITʻ. GOŠ in Ier.

1621

օ

sg

(կարի) հին

H17B 48z

sg

լաւ ընտիր

H17B 49d

529 J 2000

Psautier; bréviaire; typicon

1621

օ

530 M 728

Miscellanées

1621

օsg ստոյգ ընտիր

H17B 1a

531 M 5336

Évangiles

1621

օsg ընտիր ստոյգ

H17B 29a

532 NOJ 207

MXITʻ. GOŠ in Ier.

1621

օ

sg

(կարի) հին

sg

լաւ ընտիր

533 ALQ 150

Ménologe

1622

օ

534 J 3043

Bible

1622

օsg մի

H17B 114a H17B 78iz

535 «

«

«

օ

536 J 1833

Bréviaire

1624

օsg լաւ ընտիր

H17B 230b H17B 296

pl

զանազան այլ այլ «

537 CMS* S. Astuacacin [8]

Hymnaire

1625

օ

538 J 23

Vitae patrum

1625

օsg լաւ ընտիր

H17B 254a H17B 1235a

sg

լաւ ընտիր

539 J 2348

Évangiles

1625

օ

540 M 5801

NERS. ŠNORH. Ies. fil.

1625

օsg լաւ ընտիր

H17B 263 H17B 250

sg

լաւ ընտիր

541 V 1100

Typicon

1625

օ

542 V 1596

Bréviaire

1625

օsg լաւ ընտիր

543 W 142

Hymnaire

1625

օsg լաւ ընտիր

ca. 1625

օ

544 J 2381

Psautier

sg

sg

լաւ ընտիր

լաւ ընտիր

H17B 289a

52

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

545 ERZA* Gez, Kʻičʻirean Évangiles

1626

օ

լաւ ընտիր

H17B 340

546 ITB Galata 12

1626

օsg լաւ ընտիր

H17B 360

Évangiles

sg

Qualificatifs

Référence

547 M 1599

Hymnaire

1626

օ

լաւ ընտիր

H17B 314a

548 M 5257

Rituel

1626

օsg ընտիր լաւ

H17B 320a

1626

H17B 323a

549 M 5588

Évangiles

sg

օ

sg

ընտիր ստոյգ

sg

ստոյգ ընտիր

550 V 1714

Bréviaire

1626

օ

551 Cod. ign. E5

Psautier

1626

օsg ստոյգ

552 BZ 34

Bréviaire; missel

1627

օsg լաւ ստոյգ

H17B 413a

553 BZ 539

Psautier

1627

օsg ստոյգ ընտիր

H17B 402

554 M 1598

Hymnaire

1627

օ

լաւ ընտիր

H17B 373a

555 M 3189

Miscellanées

1627

օsg լաւ ընտիր

H17B 375a

1627

556 M 4678

Ałōtʻamatoycʻ

sg

գ

sg

երկու երեք

H17B 366

sg

557 M 5664

Hymnaire

1627

օ

լաւ ընտիր

H17B 380a

558 NOJ 459

Évangiles

1627

օsg լաւ ընտիր

H17B 398a

559 TBI 111

Évangiles

1627

օ

լաւ ընտիր

H17B 394a

560 CLA (GHE* 10)

Hymnaire

1628

օsg լաւ ընտիր

H17B 475b

1628

H17B 442g

561 M 6437

Évangiles

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

562 V 1619

Typicon

1628

օ

563 VAS* Noršēn, Tēr Mikʻayēl

Évangiles

1628

օsg լաւ ընտիր

H17B 456a

564 W 195

Bréviaire

1628

օsg լաւ ստոյգ

H17B 468a

«

565 «

«

օ

pl

ընտիր ընտիր

«

sg

լաւ ընտիր

H17B 1244d

566 WAA 2

Évangiles

1628

օ

567 ALQ 53

Évangiles

1629

օsg բարի

H17B 518a

568 «

«

«

օ

569 ANKK* 283

Psautier

1629

օsg ընտիր լաւ

H17B 517g H17B 520

sg

ազնիւ ամենընտիր «

570 IZ* Kʻarcʻi, S. Astuacacin [5]

Ménologe

1629

օ

571 J 2358

Hymnaire

1629

օsg լաւ ընտիր

H17B 1250

572 M 2133

GRIG. TATʻ. lib. quaest.

1629

օ

H17B 497a

573 M 4658

Évangiles

1629

օsg ստոյգ ընտիր

H17B 500a

1629

օ

H17B 501a

574 M 6032

5

Psautier

ALIŠAN, Ayrarat, p. 363.

sg

sg

sg

լաւ ընտիր

լաւ ընտիր ստոյգ ճշմարիտ

53

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Hymnaire

1629

օ

576 M 7786

GRIG. TATʻ. lib. quaest.

1629

օsg լաւ ընտիր

H17B 485a

1629

577 SOP Nalčʻačean

Hymnaire

լաւ ընտիր

Référence

575 M 6124

sg

H17B 502

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 480

sg

լաւ ընտիր

H17B 510

578 V 1219

Hymnaire

1629

օ

579 V 1563

Hymnaire

1629

օsg լաւ ընտիր

580 BER Minut. 284

Psautier

1630

օsg լաւ ընտիր

H17B 538 H17B 581g

581 J 1802

Psautier; ałōtʻamatoycʻ; typicon

1630

օ

582 M 837

Livre des canons

1630

օsg ընտիր ստոյգ

H17B 549b

sg

լաւ ընտիր ուղղորդած

583 M 6757

Évangiles

1630

օ

ստոյգ ընտիր

H17B 561

584 SABB о. к. 6

Ałōtʻamatoycʻ

1630

օsg ստոյգ ընտիր

H17B 568

1630

585 TBI 189

Miscellanées

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 574

sg

ստոյգ ընտիր

H17B 575a

586 VAS* Van, Ararkʻ s. n.

Oskepʻorik

1630

օ

587 J 1701

Hymnaire

1631

օsg լաւ ընտիր

H17B 616 H17B 635

588 M 6059

Hymnaire

1631

օ

589 MUSA* Matin [17]

Livre des canons

1631

օsg ընտիր ստոյգ

H17B 665 H17B 599g

sg

լաւ ընտիր

590 NOJ 63

Miscellanées

1631

օ

591 SEB* 124

Hymnaire

1631

օsg լաւ ընտիր

pl

այլ

H17B 669

592 LOB Or. 15291

Lectionnaire

16311632

օ

593 ALQ 1

Évangiles

1632

օsg ստոյգ

H17B 721a

1632

594 M 5853

Évangiles

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

ընտիր ստոյգ

H17B 702a

sg

լաւ ընտիր

H17B 719a

595 VAT Borg. arm. 80

Hymnaire; typicon

1632

օ

596 M 1540

NERS. ŠNORH. Ies. fil.

1633

օsg լաւ ընտիր

H17B 733

1633

598 MM* S. Astuacacin s. n. Psautier 599 NOJ 44

597 M 3264

600 V 518

Miscellanées

Évangiles Hymnaire

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 757

1633

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 770

1633

օsg լաւ ընտիր

H17B 774

1633

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

601 W 354

Hymnaire

1633

օ

602 ITB Patr. 50

Ałōtʻamatoycʻ

1634

օsg լաւ ստոյգ

H17B 830g

603 J 847

Miscellanées

1634

օ

sg

604 M 7045

1634 NERS. LAMBR. et XOSR. ANJEW. expl. liturg.

օ

sg

H17B 776

լաւ ընտիր

H17B 850b

լաւ ընտիր

H17B 792

54

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

605 SABB о. к. 7

Rituel

1634

օ

լաւ ընտիր

H17B 802

606 SEB* 119

Bréviaire

1634

օsg լաւ ստոյգ

H17B 858 H17B 835a

sg

607 TB* Šamkʻoṙecʻwocʻ s. n.

Évangiles

1634

օ

608 Cod. ign. F 6

Lexique

1634

օsg լաւ ընտիր

H17B 797 H17B 880b

sg

լաւ ընտիր

609 M 7100

Miscellanées

1635

օ

610 SABO B 105

Évangiles

1635

օsg ընտիր ստոյգ

1635

611 V 356

Miscellanées liturgiques

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

լաւ ստոյգ

H17B 917a

612 VIN 9

Bréviaire

1635

օ

613 «

«

«

օsg լաւ ստոյգ

«

H17B 883d

614 W 375

Hymnaire

1635

օ

լաւ ընտիր

H17B 924

615 ALQ 136

Lectionnaire

1636

օsg լաւ ընտիր

H17B 996

1636

616 M 1025

Rituel

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 960

sg

լաւ ընտիր

H17B 946

617 MUSA* Matin [19]

Psautier

1636

օ

618 DIA* S. Sargis [17]

Évangiles

1637

օsg ստոյգ ընտիր

H17B 1051

1637

619 ITB Balat 1

Ménologe

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 1004e

sg

620 J 1733

Typicon

1637

օ

լաւ ընտիր

H17B 1049

621 M 2500

AṘAKʻ. SIWN. in proleg. Daw. Any.

1637

օsg լաւ ընտիր

H17B 1007

622 M 10311

Livre des canons; Livre des lois

1637

օsg լաւ

H17B 1031

623 OXL g. 2

Bréviaire

1637

օsg լաւ ընտիր

H17B 1005

624 SABO A 63

Hymnaire

1637

օsg լաւ ընտիր

H17B 1034

1637

H17B 1038

625 SMY* Dprocʻ s. n.

Ałōtʻamatoycʻ

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

626 ANT 134

Miscellanées

1638

օ

627 DIA* S. Kirakos [5]

Évangiles

1638

օsg լաւ ընտիր

H17B 1104

1638

628 J 174

Psautier

օ

sg

լաւ ընտիր

H17B 1091

sg

629 ALQ 133

Lectionnaire

1639

օ

լաւ ընտիր

H17B 1151a

630 ALQ 148

Ménologe

1639

օsg լաւ ընտիր

H17B 1152a H17B 1121

631 M 5300

Hymnaire

1639

օ

632 M 7792

Missel

1639

օsg լաւ ընտիր

H17B 1131a

1639

օ

H17B 1132

633 M 7980

6

Évangiles

TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non uidi).

sg

sg

լաւ ընտիր լաւ ընտիր

55

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

634 M 8008

Hymnaire

1639

օ

635 M 8556

Évangiles

1639

օsg ստոյգ ընտիր

sg

այլ

Référence H17B 1133g H17B 1135a

636 ALQ 34

Évangiles

1640

օ

637 J 2670

Évangiles

1640

օsg լաւ ընտիր

H17B 1271a H17B 1191b

sg

ազնիւ ամենընտիր H17B 1215

638 M 6799

Rituel

1640

օ

639 V 233

Bréviaire

1640

օsg լաւ ընտիր

640 V 1607

Typicon

1640

օsg լաւ ընտիր

641 ET 461

Évangiles

1641

օsg ստոյգ ընտիր

H17C 75

642 ITB Balat 71

Typicon; hymnaire

1641

օsg լաւ

H17C 48z H17C 26b

sg

ընտիր պատուական

643 M 3858

Évangiles

1641

օ

644 M 7040

Miscellanées

1641

օsg ընտիր

H17C 38

1641

645 M 10374

Évangiles

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H17C 45

sg

լաւ ընտիր

H17C 9

646 SHU* Bahatrean [9]

Bréviaire

1641

օ

647 V 683

Typicon

1641

օsg լաւ ընտիր

H17C 51

1642

648 BZ 585

Typicon

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 94

sg

լաւ ընտիր

H17C 98

649 M 294

Évangiles

1642

օ

650 ALQ 112

Bréviaire; missel; typicon

1643

օsg ընտիր ստոյգ

H17C 158 H17C 166tʻ

651 M 188

Bible

1643

օ

652 P 97

Phylactère

1643

օpl լաւ ընտիր

653 V 1624

Psautier

1643

օsg ընտիր

H17C 193a

654 W 153

Psautier

1643

օsg լաւ ընտիր

H17C 192

1643

Phylactère Miscellanées

655 W 698

Lectionnaire

656 Cod. ign. G 657 J 1195

7

sg

այս ազնիւ անգիւտ

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 200a

1643

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 152

1644

օsg (խիստ) սխալ

H17C 207b H17C 260d

658 J 1659

Hymnaire

1644

օ

659 TU 4

Évangiles

1644

օsg ստոյգ ընտիր

1644

660 V 1408

Hymnaire

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ընտիր անսխալ

661 W 952

Psautier

ca. 16131645

օ

662 J 2442

Rituel

1645

օsg բազում

7

TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non uidi).

H17C 273

H17C 318g

56 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs բազում

Référence

663 «

«

«

օ

664 M 1605

Hymnaire

1645

օsg լաւ ընտիր

H17C 294 H17C 280

sg

665 M 7794

Missel

1645

օ

666 M 6989

Miscellanées

1646

օsg լաւ ընտիր

H17C 363a H17C 364

sg

լաւ ստոյգ

«

667 M 7985

Évangiles

1646

օ

668 M 8454

Hymnaire

1646

օsg լաւ ընտիր

H17C 365a

1646

669 V 127

Psautier

sg

լաւ ընտիր

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 374

sg

ընտիր ստոյգ

H17C 384

670 VAS* Noršēn, S. Astuacacin 34

Évangiles

1646

օ

671 J 1655

Hymnaire

1647

օsg լաւ ընտիր

H17C 441

672 M 10123

Hymnaire

1647

օsg ստոյգ ընտիր

H17C 430

1647

673 NKC* Hazarian 65

Évangiles

օ

sg

ստոյգ լաւ ընտիր

H17C 432b

sg

674 V 1147

Rituel

1647

օ

լաւ ընտիր

H17C 393

675 BZ 76

Hymnaire

1648

օsg լաւ ընտիր

H17C 515 H17C 460

676 M 1038

Rituel

1648

օ

677 V 1124

Rituel

1648

օsg ընտիր

H17C 524a H17C 523

sg

լաւ ընտիր

678 VAS* Ałtʻamar 154

Évangiles

1648

օ

679 ALQ 60

Psautier

1649

օsg լաւ ստոյգ

H17C 540

1649

680 J 1969

Évangiles

sg

ընտիր ստոյգ

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 582

sg

լաւ ընտիր

H17C 551a

681 M 297

Évangiles

1649

օ

682 M 3145

Évangiles

1649

օsg ստոյգ վճիտ

H17C 553a H17C 562

683 M 7665

Évangiles

1649

օ

684 MCR 19

Hymnaire

1649

օsg լաւ ընտիր

685 V 1555

GRIG. NAR. lam.

1649

օ

686 ALQ 152

Ménologe

1650

օsg լաւ ընտիր

H17C 611a

1650

687 M 5301

Hymnaire

sg

sg

ստոյգ ընտիր

H17C 569a

լաւ ընտիր ստոյգ

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 629a

sg

ստոյգ ընտիր

H17C 632a

688 M 6673

Évangiles

1650

օ

689 M 10317

Miscellanées

1650

օsg ընտիր լաւ

H17C 637a H17C 676a

690 M 237

Évangiles

1651

օ

691 M 264

Évangiles

1651

օsg ընտիր

H17C 679 H17C 680a

sg

լաւ ընտիր

692 M 289

Évangiles

1651

օ

693 V 326

Hymnaire

1651

օsg լաւ ընտիր

694 M 835

Livre des canons

1652

օsg ընտիր ստոյգ

H17C 767d

1652

օ

H17C 777

695 M 4188

Miscellanées

sg

sg

ստոյգ ընտիր

լաւ ազնիւ

57

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs լաւ ընտիր

Référence

696 DAB* 107

Hymnaire

1652

օ

697 V 400

Hymnaire

1652

օsg լաւ ազնիւ

698 V 1478

Évangiles

1652

օsg լաւ ընտիր

H17C 805 H17C 812

sg

699 W 155

Hymnaire

1652

օ

700 ET 334

Hymnaire

1653

օsg լաւ ընտիր

H17C 870d

sg

լաւ ընտիր

H17C 795

701 ET 337

Psautier

1653

օ

լաւ ընտիր

H17C 837

702 J 1403

Typicon; hymnaire

1653

օsg լաւ ընտիր

H17C 888

1653

703 J 2465

Hymnaire

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 891b

sg

լաւ ընտիր

H17C 851

704 M 2484

Psautier

1653

օ

705 M 4205

Miscellanées

1653

օsg լաւ ընտիր

H17C 854g

1653

706 M 4288

Ménologe

օ

sg

ընտիր լաւ

H17C 841a

sg

707 M 6186

Phylactère

1653

օ

սուրբ յստակ

H17C 857d

708 M 8177

Évangiles

1653

օsg ստոյգ ընտիր

H17C 862g

1653

709 V 60

Hymnaire

օ

sg

լաւ ընտիր

pl

լաւ ընտիր

710 BZ 44

Collection liturgique

1654

օ

711 J 3261

Hymnaire

1654

օsg լաւ ընտիր

712 M 1336

Miscellanées

1654

օsg լաւ ընտիր

H17C 917e H17C 927b

713 M 7112

Hymnaire

1654

օ

714 M 7698

Évangiles

1654

օsg ստոյգ ընտիր

H17C 931

1654

715 M 9798

Évangiles

sg

ընտիր լաւ

H17C 961a

օ

sg

ստոյգ ընտիր

H17C 936

sg

լաւ ընտիր

H17C 956

716 SEB* 126

Hymnaire

1654

օ

717 V 84

Hymnaire

1654

օsg լաւ ընտիր

718 V 1189

Hymnaire

1654

օsg լաւ ընտիր

719 Cod. ign. H8

Évangiles

1654

օsg լաւ ընտիր

H17C 940

720 M 7300

Évangiles

1655

օsg ստոյգ ընտիր

H17C 994b

1655

721 M 3602

Évangiles

օ

sg

լաւ ստոյգ

H17C 1002b

sg

լաւ ընտիր

H17C 1003a

722 M 3633

Hymnaire

1655

օ

723 M 10584

Évangiles

1655

օsg ստոյգ ընտիր

H17C 1018

1655

H17C 988

724 M frg. 977

[Évangiles]

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

ստոյգ ընտիր

725 V 1723

Hymnaire

1655

օ

726 V 1741

Hymnaire

1655

օsg ընտիր

8

Sous le numéro 170 du fonds des photographies du Matenadaran d’Erévan.

58 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

727 ANKK* 244

Typicon

1656

օ

լաւ ընտիր

H17C 1072

728 J 1211

Miscellanées

1656

օpl բազմազան

H17C 1056

1656

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 1119

sg

լաւ ընտիր

H17C 1080

729 J 1965

Évangiles

730 M 1539

NERS. ŠNORH. Ies. fil.

1656

օ

731 M 2534

Évangiles

1656

օsg ստոյգ ընտիր

1657

732 ITB Azg. mat. 244

Typicon

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

H17C 1083

733 J 1535

Hymnaire

1657

օ

լաւ ընտիր

H17C 1136

734 M 6801

Rituel

1657

օsg ընտիր լաւ

H17C 1171

1657

735 M 10028 736 SEB* 107

Missel Rituel

օ

pl

լաւ ստոյգ

H17C 1179

1657

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 1203b

sg

լաւ ընտիր

H17C 1192

737 V 1327

Psautier

1657

օ

738 W 358

Hymnaire

1657

օsg ստոյգ ընտիր

1658

739 ALQ 27

Évangiles

H17C 1139

օ

sg

ազնիւ ամենընտիր H17C 1273

sg

740 ANT 214

Ménologe

1658

օ

լաւ ընտիր

H17C 1291a

741 J 2103

Hymnaire; typicon

1658

օsg լաւ ընտիր

H17C 1281a

1658

742 M 4620

Hymnaire

օ

sg

լաւ ընտիր

H17C 1250

sg

լաւ ընտիր

H17C 1231

743 M 8568

Hymnaire

1658

օ

744 SAF Mardikian 4

Hymnaire

1658

օsg լաւ ընտիր

745 AMN* [2]

Évangiles

1659

օsg ընտիր

746 BZ 57

Typicon; xaztetr; parzatumar

1659

օsg լաւ ընտիր

747 DU 621

Hymnaire

1659

օsg լաւ ընտիր

748 J 232

Bréviaire; psautier; typicon

1659

օsg լաւ ընտիր ստոյգ

H17C 1360

749 J 3206

Typicon

1659

օsg լաւ ընտիր

H17C 1364a

750 P Smith-Lesouëf 253

Évangiles

1659

օsg ստոյգ ընտիր

751 SABO A 46

Hymnaire

1659

օsg լաւ ընտիր

H17C 1347b H17C 1351a

H17C 1368a

752 TBI 184

Hymnaire

1659

օ

753 V Kurd. 62

Hymnaire

1659

օsg ընտիր ստոյգ

754 VAS* Van, Aṙaǰnordaran s. n.

Hymnaire

1659

օsg լաւ ընտիր

H17C 1355

755 M 6053

Hymnaire

1660

օsg լաւ ընտիր

H17C 1421

sg

լաւ ընտիր

H17C 1285; H17C, p. 891, n. 34

59

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

Référence

756 TAL* S. Astuacacin 1

Hymnaire

1660

օ

լաւ ընտիր

H17C 1455g

757 V Kurd. 66

Évangiles

1660

օsg լաւ ընտիր

H17C 1446g

1661

758 V 188 759 J 1664

Évangiles Hymnaire

sg

օ

sg

լաւ ընտիր

1662

օ

sg

լաւ ընտիր

sg

լաւ ընտիր

760 MU* Hess

Hymnaire

1662

օ

761 V 508

Psautier

1662

օsg լաւ ընտիր

762 V 1074

Psautier

1662

օsg ընտիր լաւ

763 J 1665

Hymnaire

1663

օsg լաւ ընտիր

764 V 235

Psautier

1663

օsg լաւ ընտիր

765 V 419

Psautier

1663

օsg լաւ ընտիր

766 V 1049

Bréviaire

1663

օsg լաւ ընտիր

767 J 1625

Hymnaire

1664

օsg լաւ ընտիր

768 SHE* Qalagah, Sargis kʻah.

Évangiles

1665

օsg ստոյգ ընտիր

769 M 1772

AṘAKʻ. DAWR. hist.

1666

օsg ձեռացագիր

770 ANKK* 200

Rituel d’ordination

1667

օsg լաւ ընտիր

771 MU 24

Évangiles

1667

օsg ստոյգ ընտիր

772 MUSA* Tēr-Awetisean Psautier

1667

օsg լաւ ընտիր

773 CES* S. Karapet 4

Ménologe

1668

օsg լաւ ընտիր

774 M 4946

Évangiles

1668

օsg ընտիր

775 M 5214

Évangiles

1669

օsg ընտիր ստոյգ

776 SABO A 23

Hymnaire

1669

օsg լաւ ընտիր

1670

777 CES* Tērēvankʻ 6 778 M 2022

Psautier Miscellanées

օ

sg

լաւ ընտիր

1671

օ

sg

լաւ ընտիր նոր

sg

լաւ ստոյգ

779 «

«

«

օ

780 PC Taturōf

Phylactère

1672

օsg լաւ ընտիր

781 SC s. n.

Hymnaire

1672

օsg լաւ ընտիր

782 ANKK* 302

Évangiles

1673

օsg ստոյգ ընտիր

783 J 1926

Psautier; Livres de Salomon; Prophètes

1674

օpl ստոյգ ընտիր անստգիւտ

784 J 1946

Nouveau Testament; miscellanées liturgiques

1675

օpl ստոյգ ընտիր անստգիւտ

785 NOJ 183

Isaïe; épîtres pauliniennes

1675?

օsg ազնիւ ստոյգ

PZPS 56b

60 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

786 J 799

SARG. ŠNORH. in epist. cath.

1676

օ

787 VAS* Varag 243

Évangiles

1676

օsg ընտիր ստոյգ

788 BZ 442

GRIG. TATʻ. serm. I

1677

օpl բազում

789 M 3434

Psautier

1677

օsg ստոյգ ընտիր

790 ANN 156

Hymnaire

1679

օsg լաւ ընտիր

791 SABO A 6

Hymnaire

1682

օsg լաւ ընտիր

sg

կարճառաւտ

792 CES* S. Astuacacin 8

Ménologe

1683

օ

793 VIN 6

Rituel

1684?

օsg լաւ ընտիր

794 J 3254

Évangiles

1686

օsg լաւ ընտիր

795 M 5367

Évangiles

1689

օsg ստոյգ ընտիր

796 J 1921

Psautier

1690

օsg լաւ ընտիր

797 V 469

Typicon

1692

օsg լաւ ընտիր

798 NH Z107.57

Rituel

1694

օsg լաւ ընտիր

799 ANT 112

Psautier

XVII

օsg ուղղորդ

800 M 5167

Évangiles

XVII

օsg լաւ ընտիր

801 P 255

Parzatumar

XVII

օsg լաւ պատուական

802 V 785

Psautier

XVII

օsg լաւ ընտիր

803 (M 1788)

Géographie latine (trad. YOVH. ANKIWR.)

XVII

օsg (յաճախ) լաւ ընտիր

804 V 627

Ménologe

1703

օsg լաւ ընտիր կատարեալ

805 M 5140

Évangiles

1712

օsg ստոյգ ընտիր

806 CMS* S. Astuacacin [3]

Évangiles

1715

օsg լաւ ընտիր

807 M 1728

IOSEPH. bell. Iud.

1719

օsg լաւ ընտիր

808 M 1901

Miscellanées

1720

օsg լաւ ստոյգ

809 PRU Princeton 2

Évangiles

1730

օsg ստոյգ ընտիր

810 M 1953

Miscellanées

1738

օsg լաւ ընտիր

811 V 2570

GRIG. NAR. lam.

1758

օpl ձեռագիր ընտիր

812 (P 219)

MOVS. KAŁANK. hist.

1761

օsg խրթնացեալ երկաթագիր

813 «

«

«

օsg այս խրթնացեալ

814 V 2813

Hymnaire

1764

օsg լաւ ընտիր հնագոյն մի

sg

Référence

լաւ ընտիր

PZPS 72

61

CORPUS

Nᵒ

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

815 M 1835

Miscellanées

post 1764 օ

816 ITB Azg. mat. 163

Psautier

1766

օsg նոյն մաքրագոյն

817 M 1822

Miscellanées

1768

օpl ընտիր

818 M 1891

Miscellanées

1774

օsg սրբագիր

819 P 284

NERS. ŠNORH. eleg. Edess. 1779

գsg ընտիր ձեռագիր

820 (M 912)

NERS. ŠNORH. epist. uniu.

1779

օsg ընտիր

821 BZ 457

Miscellanées

1787

օsg լաւ սրբագիր

822 BZ 482

TʻOVM. MECOPʻ. hist. (colophon); KIR. BANAS. uita Tʻovm. Mecopʻ.

1787

օsg լաւ սրբագիր

823 M 1880

Miscellanées

1787

օsg սխալ

824 SEN* 20

Ménologe

1788

օpl հին

825 ITR* 37

YOVH. VANAK. in Hiob

1790

օsg ընտիր

826 ARM* 97

YAK. NAL. serm.

1791

օsg լաւ ընտիր

827 BZ 575

Miscellanées astronomiques

1798

օsg ընտիր

828 BZ 590

Parzatumar

1798

օsg ստոյգ ընտիր

829 V 262

Psautier

17731799

օsg ընտիր

830 P 317

Miscellanées

1801

օsg հին ընտիր

831 BZ 483

Collection de prologues bibliques

1810

օsg մի ընտիր ձեռագիր

832 ITB Balat 69B

Hist. templ. S. Archang. in 1811 uico Balat

գsg նոյն

833 BZ 598

Miscellanées

1813

գsg ուղիղ

834 SABB н. с. 30

YOVAK. DP. spirit. uers. et hymn.

1814

օpl ընտիր ընտիր

835 P 204

EUS. CAES. chron.

1815

օsg հին մագաղաթեայ բոլորագիր ստոյգ պատուական մի

836 P 205

ŁAZ. PʻARP. hist.

1815

ձsg հին

837 P 207

MOVS. XOR. hist.; ANAN. ŠIR. geogr.

1815

գsg հնագոյն

838 P 284

NERS. ŠNORH. eleg. Edess. 1820

օpl երեք

839 M 1629

Recueil de poésie

1821

օsg ընտիր

840 P 224

ARIST. LASTIV. hist.

1824

օsg ընտիր

sg

Référence

ընտիր

H14A 29b

62 Nᵒ

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Cote

Contenu principal

Date col.

N.

Qualificatifs

841 M 2759

PETR. BERTʻUM. in Apoc.

1825

օ

842 ANT 174

MIKʻ. ČʻAMČʻ. scut. fid.

1828

օsg ընտիր

843 ARM* 63

TʻĒOD. ERZNK. geogr.

1837

օsg ընտիր

844 M 1794

Martyr. Komit. sacerd. Byzant.

1841

օsg նոյն

845 J 597

Roman d’Alexandre

1842

գsg ընտիր

846 ITB Azg. mat. 195

PS.-SAM. IUD. op. aur.

1846

գsg ընտիր

847 BZ 493

ARISTOT. organ.

XVIIIXIX

գsg հին իք

848 ARM* 83

IACOB. VORAG. legend. aur. XIX

օsg ընտիր

849 «

«

օsg ուրիշ

«

pl

Référence

ընտիր

2.1.2. Colophons d’imprimés Nᵒ

Contenu

Titre

Date

N.

Qualificatifs

Référence

I.1

Psautier

Սաղմոս

1565

օsg

լաւ ընտիր

KÉVORKIAN, Incunables, nᵒ 7 = OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 7

I.2

Calendrier simplifié

Պարզատումար

1568

օpl

լաւ ընտիր

KÉVORKIAN, Incunables, nᵒ 90; OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 10

I.3

Psautier

Սաղմոս ի Դաւիթ

1642

օsg

լաւ ընտիր

KÉVORKIAN, Incunables, nᵒ 12; OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 33

I.4

Calendrier

Տօմարաց Գիրք

1668

օpl

բազում

KÉVORKIAN, Incunables, nᵒ 29; OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 67

I.5

«

«

«

օsg

մի

«

I.6

Évangiles

Գիրգ սրբոյ Աւետարանին

16851686

օsg

լաւ ընտիր

OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 124

I.7

Phylactère

Հեմայիլ

1709

օsg

վայելուչ ընտիր

FEYDIT, Amulettes, nᵒ XXVI; OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 241

I.8

IOH. CHRYS. in Ioh.

Մեկնութիւն Սրբոյ 1717 Աւետարանին՝ որ ըստ Յօհաննու

օsg

լաւ ընտիր

OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 294

I.9

«

«

օsg

նոյն ուղիղ գեղեցիկ

«

«

63

COMMENTAIRE

Nᵒ I.10

Contenu «

Titre

Date

«

N. օ

«

sg

Qualificatifs

Référence

(այլեւս) ընտիր սրբագրեցեալ համանման միատիպ

«

2.2. Commentaire 2.2.1. Généralités 849 occurrences de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», allant du VIIIᵉ au XIXᵉ siècle, ont été rassemblées dans des colophons de manuscrits. Ceci constitue le corpus exploité dans cette étude. À cela s’ajoutent encore 10 occurrences dans les colophons de sept imprimés — deux psautiers, deux calendriers, un tétraévangile, une amulette et l’editio princeps de la version arménienne des Homélies sur l’Évangile de Jean de Jean Chrysostome — datant de 1565 à 17179. La fig. 2 présente la répartition diachronique des occurrences manuscrites prises en compte. Il est à noter que pour le XVIᵉ siècle et la période ultérieure à 1661, le compte souffre du manque de recueils de colophons10; les chiffres présentés sont donc inférieurs à la réalité. VIII IX X XI 3

0

2

4

XII XIII

XIV

XV

XVI

24

120

171

65

62 2

1

1601-1660 1661-1700 303

41 5

XVIII

XIX Total

26

19 1

849

Fig. 2. Occurrences par siècle de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ»

Ces occurrences sont transmises par 827 manuscrits différents, copiés entre 989 et 1846. À partir de ce nombre, et tenant compte des manuscrits mutilés ou qui n’ont pas pu être vérifiés, il est possible d’inférer qu’avant le XVIIIᵉ siècle, la proportion de manuscrits arméniens concernés par cette formule de colophon est située, approximativement, entre un sur 15 et un sur 12. La formule touche toutes les catégories majeures de manuscrits arméniens (voir fig. 3). Évangiles, hymnaires et psautiers sont particulièrement bien représentés, en raison du développement de types particuliers de la formule, adaptés à ces contenus textuels11. 9 Cf. p. 81-83. Ce nombre n’a rien de définitif et il est très possible que d’autres livres imprimés des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles présentent la formule. 10 Cf. p. 17-19. 11 Voir p. 72-73 à ce propos.

64

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Manuscrits bibliques

377

Bibles complètes

Աստուածաշունչ

Évangiles

Աւետարան

Actes des Apôtres

Գործք Առաքելոց

3

Épîtres pauliniennes

Թուղթք Պաւղոսի

5

Isaïe et épîtres pauliniennes

Եսայի եւ Թուղթք Պաւղոսի

5

Psautiers

Սաղմոսարան

52

Ancien Testament (diverses parties)

Հին Կտակարան

11

Manuscrits liturgiques

6 295

299

Lectionnaires

Ճաշոց

19

Ménologes

Յայսմաւուրք

16

Hymnaires

Շարակնոց

141

Recueils de ganj (chants mélismatiques)

Գանձարան

11

Antiphonaires

Մանրուսմունք

20

Rituels

Մաշտոց

34

Bréviaires

Ժամագիրք

13

Livres de Prières

Աղաւթամատոյց

5

Missels

Խորհրդատետր, Պատարագամատոյց

4

Typica

Տաւնացոյց

11

Recueils de textes liturgiques

Ծիսական գիրք

25

Manuscrits théologiques et exégétiques

51

Commentaires bibliques

Մեկնութիւն Սուրբ Գրոց

16

Traités théologiques grecs et syriaques

(divers)

19

Traités théologiques arméniens

(divers)

8

Livre des questions de Grigor Tatʻewacʻi

Գիրք հարցմանց

5

Entrailles d’or de Grigor Tatʻewacʻi

Ոսկեփորիկ

3

Autres manuscrits religieux

35

Livre des lamentations de Grigor Narekacʻi Նարեկ

10

Jésus, fils de Nersēs Šnorhali

Յիսուս Որդի

4

Vitae Patrum

Վարք Հարանց

3

Livre des Canons

Կանոնագիրք

7

COMMENTAIRE

65

Explications de la liturgie

Մեկնութիւն պատարագի

4

Calendriers simplifiés

Պարզատումար

3

Phylactères

Հմայիլ

4

Manuscrits profanes

20

Histoire

Պատմագիրք

Philosophie

Փիլիսոփայութիւն

4

Sciences exactes (géographie, astronomie, médecine)

(divers)

4

Lexiques et dictionnaires

Բառգիրք

2

Manuscrits divers Recueils de miscellanées

10

45 Ժողովածոյ

Divers

37 8

Total

827 Fig. 3. Manuscrits comportant la formule de colophon «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ»

La formule prend typiquement la forme d’un syntagme prépositionnel à l’ablatif, comme dans le prototype ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix». Ce groupe est normalement inclus dans une phrase et ne se trouve qu’exceptionnellement employé de façon isolée, comme dans l’exemple suivant [52], issu d’un manuscrit des Évangiles et de l’Apocalypse, copié en 1237 (BOM 30.2): Ի ստոյգ եւ յընդիր աւրինակէ։ D’après un exemplaire sûr et de choix.12

Le syntagme est à l’ablatif, régi par la préposition ի «d’après». Nous reviendrons par la suite sur ses possibles emplois accusatifs ou nominatifs13; ne s’agissant pas de la formule à proprement parler, mais de formulations dérivées, ils ne sont pas inclus dans le compte de ses attestations (fig. 2 et 3). Examinons maintenant chacun des éléments de ce syntagme.

12 13

BOM 30.2, f. 274v = H13 157a, p. 202; SANJIAN, Catalogue U.S., nᵒ 70, p. 347. Voir p. 73-74.

66

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

2.2.2. Noyau Seuls trois substantifs sont attestés dans la fonction de noyau du syntagme: աւրինակ «exemplaire», գաղափար «modèle» et ձեռագիր «manuscrit». Dans cet emploi, il s’agit de termes techniques, qui désignent le manuscrit sur lequel la copie a été effectuée. Dans l’immense majorité des cas, nous avons աւրինակ «exemplaire», գաղափար «modèle» n’étant attesté qu’à 12 reprises sur 849 et ձեռագիր «manuscrit» une seule fois à époque tardive, en 1815 [836]14. Le plus souvent, ces noms apparaissent au singulier, mais on peut trouver le pluriel si le copiste a travaillé avec plus d’un modèle (65 cas). Le cas normal est l’ablatif, quoique l’on rencontre aussi, exceptionnellement, l’instrumental [539, 706] ou la forme en -ի du génitif-datif-locatif [471, 478, 593, 646, 772]. Le substantif à la base de la formule, étant indéfini («un exemplaire»), n’est normalement pas suivi d’un article. On observe cependant exceptionnellement le suffixe -ն [88, 207, 253, 346, 353, 471, 567, 657, 769, 844, I.2, I.9] ou -ս [651, 723], par exemple dans ce colophon d’un ganjaran daté de 1394 (M 3503) [207]: … ի լաւ եւ յընդիր աւրինակէն Յեսու փիլիսոփային … … d’après l’exemplaire bon et de choix de Yesu le philosophe …15

L’auteur de l’exemplaire est cité dans le prolongement de la formule, ce qui explique l’emploi de l’article -ն. Toutefois, dans la très grande majorité des occurrences intégrant le nom de l’auteur de l’exemplaire, la base de la formule reste indéfinie. Cela montre bien le caractère formulaire de l’expression, qui, sauf exception, n’est guère adaptée par ses utilisateurs au contexte précis de chaque attestation. 2.2.3. Qualificatifs Les épithètes rapportées au substantif noyau ont généralement rapport à la qualité de rédaction de l’exemplaire, tels լաւ «bon», ընտիր «de choix», ստոյգ «sûr», ճշմարիտ «véridique», յստակ «clair», անստգիւտ (= անըստգիւտ) «irréprochable». D’autres ont davantage trait aux propriétés matérielles du codex, comme հին «ancien», նոր «nouveau, récent», հարուստ «riche» ou encore, après la diffusion de l’imprimerie, ձեռագիր (ou ձեռացագիր) «manuscrit» [769, 811, 819, 831] et, plus tard encore, երկաթագիր «en caractères erkatʻagir» [812] ou բոլորագիր «en caractères 14 15

Sur le terme ձեռագիր «manuscrit» employé comme qualificatif, voir ci-dessous. M 3503, f. 284v = H14 757, p. 607.

COMMENTAIRE

67

bolorgir» [835]. Une troisième catégorie de qualificatifs témoignent d’une certaine révérence envers le livre: ազնիւ, «noble», սուրբ «saint», պատուական «vénérable», հռչակաւոր «renommé», փառաւոր «glorieux». Rarement, il est question de la quantité des exemplaires consultés, énoncée soit par un adjectif numéral, soit en des termes vagues, tels que բազում «nombreux», յոլով «multiples». La référence ou la différence sont quelquefois exprimées par des mots comme այս «ce», նոյն «même», այլ «autre», զանազան «différent». Parfois enfin, il n’est pas évident de cerner à quoi précisément l’auteur du colophon a voulu faire allusion: ainsi dans le cas des adjectifs սերտ «ferme» [41, 42] ou սաստիկ «violent, intense, rigoureux» [91, 130], qui doivent vraisemblablement être pris au sens de «solide, certain». Les adjectifs au degré positif constituent la grande majorité des lexèmes attestés. L’on compte toutefois aussi certaines formations superlatives: ամենալաւ «excellent» [18, 26, 114, 115, 488], ամենընտիր «de premier choix» (13 occurrences), ընդրելագոյն (= ընտրելագոյն) «id.» [143, 180, 189], ընտելագոյն (= ընդելագոյն) «très familier»16 [90], մաքրագոյն «très propre, très pur» [816, 829], հնագոյն «très ancien» [814]. Les formations verbales sont rares: outre կատարեալ «accompli, parfait» [370, 804], passé dans l’usage comme un adjectif, on trouve ընտրեալ «choisi» [19], մրճոտեալ «noirci de fumée» [25], խրթացեալ (= խրթնացեալ) «terni, défiguré» [812, 813], եղծեալ «gâté, abîmé, corrompu» [12], եղծած «id.» [13], ըղորդած (= *ուղղորդած) «rectifié» [581], սրբագրեցեալ «corrigé» [I.10]. Quant à leur position, ces qualificatifs se trouvent normalement avant le nom qu’ils déterminent, où l’usage de l’arménien ancien est qu’ils restent invariables et indéterminés17; conformément à cette règle, les numéraux et les adjectifs monosyllabiques peuvent toutefois être déclinés. Cela entraîne à l’occasion la flexion d’un adjectif intervenant entre le numéral et le substantif [77]. La postposition du qualificatif est très rare: on l’observe en une poignée d’endroits seulement. Dans la majorité des cas [188, 197, 212, 252, 292, 309, 395, 396, 616], l’adjectif postposé, relié au reste du groupe par la conjonction եւ «et», n’est pas décliné. D’autres fois, s’agissant d’un groupe à trois qualificatifs, l’adjectif est en fonction d’épithète liée; il est 16

Possiblement une corruption du précédent. Un cas d’adjectif avec enclitique -ն [187] s’explique par sa position comme premier élément d’une relative, en application de la règle de l’arménien classique. 17

68

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

donc décliné et non coordonné [48, 148, 813] — sauf naturellement s’il s’agit d’un adjectif invariable [661]. L’adjectif numéral ou indéfini est volontiers postposé [148, 814, 835, 847]. Le nombre des adjectifs dans chaque syntagme, numéraux exclus, oscille entre un et trois. Un colophon d’imprimé présente toutefois une occurrence à quatre qualificatifs [I.10] et il faut noter un cas extrême, dénombrant cinq adjectifs plus un numéral postposé, dans le colophon d’une copie de la Chronique d’Eusèbe (P 204) par le fameux méchitariste Yovhannēs Zōhrapean (Zohrab) [835]: Փոխագրեցաւ ազնիւ մատեանս բարեպաշտ անուն մատենագրին ի հին մագաղաթեայ բոլորագիր ստոյգ եւ պատուական օրինակէ միոջէ, ըստ ամենայնի յար եւ նման բուն գաղափարին, զգուշացեալ մինչեւ ի նշանախեցսն եւ ի խեցխեղեփս նորին … Ce noble ouvrage de l’écrivain au pieux nom (sc. Eusèbe de Césarée) fut recopié d’après un ancien exemplaire de parchemin en écriture bolorgir, sûr et vénérable, pareillement en tous points à l’archétype, en ayant fait attetion jusqu’aux queues et aux traits médians de leurs caractères …18

Dans le cas où il s’est servi de plusieurs exemplaires, l’auteur de la formule peut également y spécifier leur nombre. Il arrive aussi que l’origine du manuscrit soit précisée, souvent au moyen d’un adjectif en -(ա)ցի: Սսեցի «de Sis», Գառնեցի «[de Yovhannēs] Gaṙnecʻi», etc. Ces éléments ont été négligés dans les statistiques qui suivent, en raison de leur contingence. Qui plus est, la provenance du manuscrit s’exprimera aussi volontiers par un complément déterminatif ou par une périphrase, comme dans l’exemple suivant, récurrent dans des psautiers du XVIIᵉ siècle: … ի լաւ եւ յընտիր աւրինակէ, որ կոչի Գառնեցի … … d’après un modèle bon et de choix, qui s’appelle «Gaṙnecʻi» …19

Tout comme nous n’avons pas retenu ces prolongations comme faisant partie de la formule stricto sensu, il n’a pas non plus été tenu compte des compléments circonstanciels ou propositions de tous types visant à compléter d’une façon ou d’une autre l’information à propos de l’exemplaire. Enfin, occasionnellement, un qualificatif peut se voir préciser par un adverbe ou par un autre adjectif employé adverbialement: յոյժ «très, fort» [157, 195], կարի «id.» [528, 532], խիստ «rudement, sévèrement» [657], P 204, p. 231 = KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 204, col. 775. ALQ 56, p. 316 sqq. = H17A 966, p. 709; SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 56, p. 121. 18

19

69

COMMENTAIRE

այսպիսի «ainsi» [164], այլեւս «encore, également» [I.10] et յաճախ «souvent» [803]. L’ensemble des combinaisons attestées, abstraction faite des adverbes, démonstratifs, indéfinis, numéraux et adjectifs indiquant l’origine, donnent lieu à un total de 104 séquences différentes dans les colophons de manuscrits. Les trois adjectifs les plus fréquents, de très loin, sont ընտիր «de choix» (présent dans 692 occurrences sur 849), լաւ «bon» (413) et ստոյգ «sûr» (253). Cela apparaît clairement si l’on dresse un tableau à double entrée des adjectifs employés (fig. 4; les variantes à trois adjectifs ou plus sont comptées à part, après le signe +): ընտիր

Adj. 1 + Adj. 2

լաւ

ստոյգ

autre

seul

ընտիր

3+4

19 + 1

71

11

72

լաւ

354 + 8

0

15 + 1

7

6

ստոյգ

125 + 5

1+1

0

9

18

autre

20

0

2+1

30 + 1

53

Fig. 4. Répartition par adjectifs des variantes attestées dans les colophons de manuscrits

2.2.4. Particularités stylistiques Comme le montre le tableau ci-dessus (fig. 4), il existe des cas de réduplication, qui concernent l’adjectif ընտիր «de choix». D’autres particularités stylistiques sont susceptibles d’affecter la formule. Premièrement, la position des qualificatifs est sujette à variation: il arrive que le second ou le troisième adjectif soit placé après le substantif աւրինակ «exemplaire» ou գաղափար «modèle». Deuxièmement, les qualificatifs peuvent se trouver en asyndète ou en polysyndète. Troisièmement, la préposition ի peut être répétée devant chaque adjectif, ainsi que devant le substantif, ou, à l’inverse, être omise. 2.2.5. Typologie des colophons En raison de sa nature sémantique propre, la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» concerne presque exclusivement des colophons de copistes, et très souvent des colophons principaux, rédigés lors de l’achèvement du manuscrit. En revanche, le contenu textuel des manuscrits pourvus de cette formule varie, car son sens ne la prédestine pas à un genre en particulier. Nous avons fait le choix de nous intéresser principalement à des

70

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

manuscrits des Évangiles (tétraévangiles et lectionnaires), ceux-ci constituant le texte le plus répandu dans la tradition manuscrite arménienne. 3. HISTOIRE Après ces considérations sur la géométrie de la formule, nous proposons ci-dessous un parcours dans le temps, divisé en quatre étapes. Ce point se veut macroscopique, en ce qu’il entend présenter les tendances générales de développement que l’on observe dans toute l’histoire de la formule. Certaines tendances particulières seront analysées dans le détail dans les chapitres suivants. En premier lieu, nous présentons sommairement les origines de la formule, qui seront examinées en détail dans le chapitre 2. C’est au XIIᵉ siècle que la formule prend son essor et entre dans le bagage mental collectif des copistes; un deuxième point propose un aperçu de son évolution à partir de ce moment. On voit ensuite comment, à partir de cette formule, sont générés des types particuliers, connaissant un développement propre. Enfin, l’adaptation de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» à d’autres fonctions et contextes syntaxiques est discutée à l’issue de cet aperçu historique. 3.1. Origines Jusqu’au début du XIIᵉ siècle, la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» se trouve dans une phase de gestation. Ses origines ainsi que ses premières occurrences seront étudiées dans le détail au chapitre 2, avec pour limite l’année 1150 (pour un total de treize attestations). Le faible nombre de manuscrits datant de cette époque qui sont parvenus jusqu’à nous rend difficile la définition de tendances globales; néanmoins, on note une large prévalence de l’adjectif ստոյգ «sûr», seul ou en binôme, durant cette période. À ce stade, il suffit de noter que la formule apparaît au VIIIᵉ siècle, avec trois attestations dans des colophons des traducteurs Stepʻanos Siwnecʻi et Dawitʻ hiwpatos. Aucun colophon du IXᵉ siècle n’est conservé qui la contienne, et c’est seulement durant le dernier quart du Xᵉ siècle qu’elle réapparaît dans les sources20. 3.2. Développement et standardisation À partir du milieu du XIIᵉ siècle, notre formule connaît un premier essor. La tendance qui s’observait jusqu’alors s’inverse complètement: 20

Voir fig. 7 (p. 108) et p. 118-119 et 123-124.

71

DÉVELOPPEMENT ET STANDARDISATION

ստոյգ «sûr» devient minoritaire et cède sa position dominante à ընտիր «de choix», ainsi que le montre la fig. 5. Un grand nombre d’autres adjectifs apparaissent également aux côtés de ստոյգ «sûr» et ընտիր «de choix» ou en concurrence à ceux-ci. Siècle

VIII

IX

X

XI

XII

Nombre de formules

3

0

2

4

24

Occurr. ստոյգ

3

0

2

3

4

Occurr. ընտիր

0

0

0

1

10

Occurr. autres (hors numéraux)

0

0

2

2

21

Fig. 5. Évolution de la prévalence des adjectifs ստոյգ et ընտիր

Il est intéressant de calculer la proportion de colophons contenant la formule par rapport au nombre total de colophons dans le corpus: de 4 colophons sur 145 à la contenir au XIᵉ siècle (2,76 %), on passe, au siècle suivant, à 24 sur 484 (4,96 %). Cet essor, manifeste en termes absolus, est un peu moins évident en termes relatifs, mais reste significatif. Le XIIᵉ et, dans une moindre mesure, les XIIIᵉ et XIVᵉ siècles, sont caractérisés par une prolifération de nouvelles variantes, qui ne trouvèrent pas forcément fortune par la suite — en témoigne, durant ce XIIᵉ siècle, une proportion importante de séquences hapax à l’échelle du corpus (un tiers, voir fig. 6). Siècle

X

XI

XII

XIII

XIV

XV

XVI

XVII

XVIII

XIX

Nbre formules

2

4

24

62

120

171

65

349

26

19

Nbre séq. hapax

2

1

8

13

17

4

3

21

8

6

% séq. hapax

100 % 25 % 33,33 % 20,97 % 14,17 % 2,34 % 4,62 % 6,02 % 30,77 % 31,58 %

Fig. 6. Proportion de séquences hapax par siècle

À partir du milieu du XIIIᵉ siècle, la formule se stabilise. Moins de nouveaux types sont créés et une sélection commence à s’opérer parmi les séquences existantes: seule une minorité est perpétuée. Paradoxalement, l’adjectif հին «ancien», que l’on observe à plusieurs reprises dans les exemples les plus anciens de la formule21, ne connaîtra guère de succès 21

Cf. chapitre 2.

72

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

aux époques plus tardives: on en compte 2 attestations au Xᵉ siècle [4, 5], 2 au XIIᵉ [12, 13], 2 au XIIIᵉ [48, 88], 1 en 1319 [135] et 3 dans le premier quart du XVIIᵉ siècle [471, 529, 532]. Si les colophons attestent très peu l’adjectif հին «ancien», cela ne signifie pas qu’ils cessent de se référer à d’anciens modèles: cette évolution est simplement due à la standardisation croissante de la formule. Le retour en force de ce qualificatif à époque tardive (5 attestations à partir de 1788 [824, 830, 835, 836, 847]) s’explique par l’intérêt croissant pour les anciens manuscrits à cet époque, reflet des progrès de la philologie arménienne. De façon générale, on constate après le XIIᵉ siècle une croissance de l’usage de l’adjectif լաւ «bon» aux côtés de ստոյգ «sûr» et d’ընտիր «de choix». La popularité de ces trois termes s’explique par leur charge sémantique particulière: ils représentent trois qualités essentielles d’un manuscrit — qualité, fiabilité, distinction —, tout en étant suffisamment peu spécifiques pour pouvoir être employés pratiquement en toutes circonstances. Un autre facteur important pour expliquer le succès de ces qualificatifs réside dans leur emploi dans de nombreux types importants de la formule. En l’absence de recueils couvrant les colophons de manuscrits postérieurs à 1660, il n’est pas possible de produire des statistiques fiables sur la fréquence de la formule après cette date. Cependant il semble, d’après un survol des catalogues de manuscrits, qu’elle tende à se faire plus rare au cours du XVIIIᵉ siècle. À partir de ce moment, et encore davantage au XIXᵉ siècle, ses occurrences prennent un tour plus «philologique», qui suppose une réelle appréciation du modèle de la part de son copiste, et plus la simple reproduction d’une formule conventionnelle. Cette formule se voit toujours utilisée jusqu’aux derniers temps de la production de manuscrits arméniens, la dernière occurrence datée étant de 1846 [846]. 3.3. Naissance de types La banalisation de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», employée dans tout le monde arménophone, s’est accompagnée de l’émergence de plusieurs types, reflétant des traditions propres de copie. Ces sous-types existent sous deux modalités. Le plus souvent, ils naissent du figement d’une forme particulière de la formule dans un contexte donné. Par exemple, la combinaison des adjectifs ազնիւ, «noble» et ամենընտիր «de premier choix» a donné lieu aux deux types suivants, différant essentiellement par l’ordre et la place des deux qualificatifs.

MUTATION

73

Եւ գրեցաւ յազնիւ եւ յամենընտիր աւրինակէ։ Et [ceci] fut écrit d’après un exemplaire noble et de premier choix.22 Այլ եւ գրեցաւ սա յազնիւ աւրինակէ եւ յամենընտիր։ De plus, ceci fut écrit d’après un noble exemplaire, et de premier choix.23

Dans ce cas-ci (que nous ne détaillerons pas davantage) comme dans d’autres, un contexte plus vaste s’est figé autour de la phrase présentant la formule. Nous verrons dans les chapitres suivants la complexité et l’ampleur prises par certains types. La plupart du temps, ces types sont associés à une région de production spécifique, c’est pourquoi nous parlerons de «types locaux». Quatre d’entre eux — les types du mont Sepuh, d’Ałētʻ, de Tʻonrak et de Xizan — sont étudiés dans la deuxième partie de ce livre. L’autre circonstance possible de naissance d’un type met en jeu l’attribution de l’exemplaire à un copiste particulier ou à une tradition spécifique. Le nom du personnage constitue dès lors un appendice à la formule, dont la forme peut se figer, tout comme elle peut également rester instable. Il s’agit des «types personnels» de la formule, et nous aurons l’occasion d’aborder deux d’entre eux dans la troisième partie de l’ouvrage. 3.4. Mutation Une autre dynamique d’extension de la formule concerne son intrusion dans des contextes syntaxiques qui ne sont pas les siens au départ. En effet, une fois fixée en formule, dans un syntagme à l’ablatif, la combinaison

– – – – – – – – – – – – –

22 Liste des manuscrits concernés: [86]: SIS* S. Grigor [2] = H13 535, p. 660; NPH 70, f. 53r–v. [489]: J 2625, f. 207v = H17A 581a, p. 467. [567]: ALQ 53, p. 6772 sqq. = H17B 518a, p. 351-352. [636]: ALQ 34, p. 476 sqq. = H17B 1215, p. 823. [739]: ALQ 27, p. 700 sqq. = H17C 1273, p. 837. 23 Liste des manuscrits concernés: [188]: MUSA* 25 = MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 25, p. 28. [197]: V 1038, à partir du f. 272r1 = H14 628, p. 511. [212]: CHG 229, f. 2v1 = SANJIAN, Catalogue U.S., nᵒ 37, p. 198. [252]: DIA* S. Sargis [33], f. inconnu = SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 425. [291]: MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 1, f. inconnu = Jér.2 XI, p. 287; Nkaragrutʻiwn Trapizoni, à partir de la p. 29 (non uidi); passage absent de H15A 701, p. 620 mais voir aussi, avec de mauvaises lectures, SRUANJTEANCʻ, Tełagrutʻiwn, nᵒ 3, p. 731. [309]: SMY* S. Stepʻanos 3, à partir du f. 327v = PALEAN, Mayr cʻucʻak, nᵒ 88, p. 111; PALEAN, Cʻucʻak Zmiwṙnia II, p. 136; passage absent de H15B 106, p. 77 et NH 215, p. 183. [395]: M 5178, f. 322v = LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 262, col. 625. [396]: M 5215, f. 335v = LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 261, col. 622.

74

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

d’un ou plusieurs adjectifs avec le mot désignant l’exemplaire a pu se détacher de sa fonction d’origine, pour endosser d’autres fonctions, non ablatives. Il s’agit principalement d’emplois comme sujet ou comme objet direct, comme dans l’exemple suivant. … զԿիրակոս երէցն, որ բազում փափագանաւք ետ գրել զընտիր աւրինակ Տօնացոյցն ի մէջ Շարակնոցիս … … Kirakos erēcʻ , qui avec grande envie donna à écrire un exemplaire de choix [du] typicon (tōnacʻoycʻ ) à l’intérieur de cet hymnaire …24

Du même mécanisme peuvent également découler des changements sémantiques, la formule étant détournée pour qualifier d’autres réalités que l’exemplaire d’un manuscrit. Le mot désignant l’exemplaire est alors abandonné, mais les adjectifs si typiques de la formule subsistent comme épithètes d’un autre nom. C’est ce que l’on constate par exemple dans l’extrait ci-dessous. Արդ գրեցաւ տաղարանս լաւ եւ ընտիր … Or ce livre de chants (tałaran) bon et de choix fut écrit …25

Ici, les adjectifs ont pris la fonction d’épithètes du sujet տաղարան «recueil de taghs, tałaran». Le copiste applique donc ces qualificatifs non à l’exemplaire dont il s’est servi, mais à sa propre copie. Il s’agit en quelque sorte d’une simplification de la formule, ce qui apparaît clairement lorsque l’on y compare l’extrait ci-dessous, issu d’un autre colophon et où la formule apparaît dans sa forme la plus typique. Արդ՝ գրեցաւ գիրս ի լաւ եւ յընդիր աւրինակէ … Or ce livre fut écrit d’après un exemplaire bon et de choix …26

Il arrive aussi que les qualificatifs typiques de la formule s’appliquent au matériau utilisé pour effectuer la copie, comme dans l’exemple suivant, où ils se trouvent en fonction d’épithètes de l’objet direct նիւթ մագաղաթի «matière de parchemin», plus simplement «parchemin». Քանզի տեսեալ զլաւ եւ զընտիր նիւթ մագաղաթիս, հրամայեալ իմում նուաստ եւ մեղաւոր գրչութեանս լնուլ զփափագ նորա … Car, ayant vu ce parchemin bon et de choix, [le catholicos Constantin Ier] ayant ordonné à mon humble et pécheresse écriture de combler son désir …27 24 VAT Borg. arm. 80, f. 450r = H17B 719g, p. 496; TISSERANT, Codices armeni, p. 169 (avec trad. latine). 25 NU Cent. V. App. 87, f. 74r = ASSFALG – MOLITOR, nᵒ 16, p. 75. 26 NOJ 663, f. 205r = H17A 189a, p. 160; MINASEAN, Cʻucʻak, nᵒ A.125, p. 135. 27 M 7690, f. 359v = H13 201, p. 251; YJ 452, col. 1002-1003.

MUTATION

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Si l’on en revient aux exemplaires, il reste à discuter deux phénomènes stylistiques rares mais remarquables. Dans le premier cas, le syntagme est renversé par inversion de la relation entre les deux termes: le substantif «exemplaire» devient complément d’un nom abstrait dérivé du qualificatif. Ainsi a-t-on, dans ce colophon d’une copie, datée de 1292, du Commentaire sur Isaïe de Gēorg Skewṙacʻi (V 997), l’abstrait ընտրութիւն «choix» au lieu de l’adjectif correspondant ընտիր «choisi, de choix»: … զի թէեւ գիրս յոռի է, բայց աւրինակիս ընտրութիւնն մեծարգոյ է … … car, quoique mon écrit soit mauvais, cependant, la qualité de mon exemplaire lui confère une grande valeur (litt. le choix de mon exemplaire est très précieux) …28

À côté de cela, il faut mentionner une configuration plus complexe, que nous qualifierions volontiers de «figura etymologica intertextuelle». Ce cas est représenté par la phrase suivante: Բայց գրեցաւ սուրբ աւետարանս ստուգեալ եւ ընդրեալ յամենալաւ աւրինակէ։ Or ce saint évangile fut écrit, ayant été certifié et sélectionné d’après un excellent exemplaire.29

Dans cette phrase, les qualificatifs typiques de la formule ստոյգ «sûr» et ընտիր «de choix» ont inspiré au copiste d’insérer les participes des verbes correspondants, ստուգեմ «assurer, certifier» et ընտրեմ «choisir», à proximité immédiate d’une variante de la formule. La place de la conjonction եւ «et» et de la préposition ի «d’après» invite cependant à les rapporter à աւետարան «évangile» plutôt qu’à աւրինակ «exemplaire». Les participes ne font donc pas partie de la formule proprement dite, qui se limite à յամենալաւ աւրինակէ «d’après un excellent exemplaire». Néanmoins, cette formulation reprend côte à côte des dérivés des trois adjectifs les plus fréquents dans le corpus de la formule: ստուգեալ «assuré, certifié» de ստոյգ «sûr», ընտրեալ «choisi, sélectionné» de ընտիր «de choix» et ամենալաւ «excellent», superlatif de լաւ «bon». Ceux-ci appartiennent à la formule en tant que concept, supportant un réseau intertextuel dont cette occurrence-ci est l’un des éléments. Le copiste joue avec cette situation en produisant une figura etymologica triple, dont les premiers termes sont ces trois adjectifs canoniques, et qui ne se peut reconnaître que par référence à la formule comme réalité abstraite. V 997, f. 138v = H13 566a, p. 698; Ven. VII, nᵒ 1378, col. 761; ALIŠAN, Sisuan, p. 103. 29 M 9465, f. 299r = H14A 197[a], p. 213; H14 103, p. 75. 28

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

4. CONTEXTUALISATION La formule qui fait l’objet de cette étude n’est pas cantonnée au seul domaine des colophons arméniens. En effet, les colophons de plusieurs autres langues attestent des phénomènes comparables voire identiques. Par ailleurs, en arménien même, on trouve occasionnellement cette formule employée dans d’autres textes que les colophons de manuscrits. 4.1. Parallèles dans d’autres langues Puisque l’évocation de l’exemplaire est un élément classique des colophons de manuscrits arméniens, on pourrait s’attendre à ce qu’il en aille de même dans les autres cultures. Cependant, la fréquence de ce sujet, son degré d’ancrage dans une formule et le contenu sémantique de celle-ci varient considérablement selon les traditions. 4.1.1. Grec En grec, l’exemplaire n’est que rarement évoqué, en tout cas entre les XIᵉ et XIIIᵉ siècles30. On pourrait toutefois citer certaines souscriptions anciennes, telles que les fameux «colophons de Jérusalem» qui se trouvent à la fin de chacun des Évangiles dans une série de manuscrits31. Le texte le plus élaboré de cette série de quatre souscriptions concerne Matthieu: Εὐαγγέλιον κατὰ Ματθαῖον· ἐγράφη καὶ ἀντεβλήθη ἐκ τῶν ἐν Ἱεροσολύμοις παλαιῶν ἀντιγράφων τῶν ἐν τῷ ἁγίῳ ὄρει ἀποκειμένων ἐν στίχοις ͵βφιδʹ (siue ͵βυπδʹ), κεφαλαίοις τνεʹ (siue τνζʹ). Évangile selon Matthieu; fut écrit et corrigé d’après les anciens exemplaires de Jérusalem, qui sont conservés sur la montagne sainte, en 2514 (siue 2484) versets et 355 (siue 357) chapitres.32

Recopiés de codex en codex, ces colophons remplissent en pratique la fonction de souscriptions solidaires du texte qui les précède, à la manière d’une scolie ou d’un titre33. De ce fait, elles sont même susceptibles d’être 30 Voir GRANIĆ, Inhalt, p. 264-267. GAMILLSCHEG, Struktur und Aussagen, ne parle pas du tout de cet élément. 31 Nous préparons une nouvelle édition de ces textes, accompagnée d’une étude approfondie. En attendant sa parution, voir une discussion récente par WASSERMAN, Greek NT Manuscripts, p. 85-92. Le travail de référence, quoique daté, reste celui de SCHMIDTKE, Neue Fragmente, p. 1-31; voir également SODEN, Schriften des NT I.1, p. 299 (nos 59-60). 32 D’après SCHMIDTKE, Neue Fragmente, p. 1. 33 Voir d’autres exemples comparables dans MEJOR, Antyczne tradycje, p. 78 et 101-102.

PARALLÈLES DANS D’AUTRES LANGUES

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traduites avec le texte en question34. Plus proche de notre définition du colophon est cette notice qu’Eusèbe de Césarée (hist. eccl. V, 20, 2) rapporte avoir trouvée à la fin de sa copie du traité antignostique perdu Sur l’Ogdoade d’Irénée de Lyon: Ἔνθα πρὸς τῷ τοῦ συγγράμματος τέλει χαριεστάτην αὐτοῦ σημείωσιν εὑρόντες, ἀναγκαίως καὶ ταύτην τῇδε καταλέξομεν τῇ γραφῇ, τοῦτον ἔχουσαν τὸν τρόπον· «ὁρκίζω σε τὸν μεταγραψόμενον τὸ βιβλίον τοῦτο κατὰ τοῦ κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ καὶ κατὰ τῆς ἐνδόξου παρουσίας αὐτοῦ, ἧς ἔρχεται κρῖναι ζῶντας καὶ νεκρούς, ἵνα ἀντιβάλῃς ὃ μετεγράψω, καὶ κατορθώσῃς αὐτὸ πρὸς τὸ ἀντίγραφον τοῦτο ὅθεν μετεγράψω, ἐπιμελῶς· καὶ τὸν ὅρκον τοῦτον ὁμοίως μεταγράψεις καὶ θήσεις ἐν τῷ ἀντιγράφῳ». Là, vers la fin de l’ouvrage, nous avons trouvé une annotation très jolie, que nous ne pouvons pas nous empêcher de rapporter aussi dans cet écrit: elle est ainsi conçue: «Je te conjure, toi qui copieras ce livre, au nom de NotreSeigneur Jésus-Christ et de sa glorieuse parousie, dans laquelle il viendra juger les vivants et les morts, collationne ce que tu auras copié et corrige-le d’après cet exemplaire où tu l’auras pris, avec grand soin. Tu copieras aussi cette adjuration et tu la mettras dans ta copie.»35

Il semble qu’au XVIᵉ siècle, les références à l’antigraphe soient devenues plus fréquentes36; cela doit s’expliquer par le climat humaniste de l’époque, où la question des sources revêt une importance accrue. Des personnages comme Jean de Sainte-Maure, qu’H. Omont appelait «le dernier des copistes grecs en Italie», font dans leurs souscriptions un usage fréquent de formulations telles que ἀντιγραφὲν ἔκ τινος κώδικος τῆς Βατικανῆς βιβλιοθήκης «recopié selon un codex de la Bibliothèque Vaticane» ou encore ἐξισώθη ἐξ ἄλλοιν ἀντιγράφοιν … ὁμοίοιν τῷδε ὡς ὁρᾷς «[ce livre] a été reproduit à l’identique selon deux autres exemplaires … 34 CONYBEARE, Codex Pamphili, p. 243-244, en discute un exemple éloquent. Cf. aussi infra, p. 91. 35 Traduction G. BARDY. Cf. GARDTHAUSEN, Griechische Paläographie II, p. 425. Ce texte existe aussi en traduction latine (CMO 19973, t. 6 p. 123) dans plusieurs manuscrits d’Eusèbe. MEJOR, Antyczne tradycje, p. 107-122, cite d’autres cas intéressants dans plusieurs anciens manuscrits, mais le statut de ces notices, entre colophon et souscription, n’est pas toujours clair. 36 P. ex. ἀπὸ παλαιοῦ πάνυ βιβλίου «d’après un livre très ancien» (MONTFAUCON, Palæographia Græca, p. 89: cod. Vind. phil. gr. 215, f. 211r, a. 1550); ἐκ πρωτοτύπου παλαιοῦ «selon un modèle ancien» (MONTFAUCON, Palæographia Græca, p. 90: cod. Vind. hist. gr. 75, f. 200 r, a. 1563) — indication toute relative, étant donné qu’il s’agit d’une copie de l’Histoire du Concile de Florence de Sylvestre Syropoulos. Voir aussi d’autres exemples chez GARDTHAUSEN, Griechische Paläographie II, p. 427-428.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

semblables à celui-ci tel que tu [le] vois»37, particulièrement révélatrices de cette influence de l’humanisme. Il ressort de ce trop bref aperçu que dans la tradition grecque, cet élément du colophon n’a pas été standardisé, comme c’est le cas en arménien, au point de donner naissance à une formule. Cela semble notamment dû au fait que les notices mentionnant l’exemplaire, quel que soit leur statut, ont en grec un caractère essentiellement technique, dénotant souvent une intervention philologique (rédaction, collation, correction, etc.) sur le texte. La discussion des qualités de l’exemplaire (au-delà de son ancienneté) est, elle, exceptionnelle. 4.1.2. Latin La situation paraît comparable pour ce qui est des manuscrits en alphabet latin, si l’on consulte le répertoire des Colophons de manuscrits occidentaux des origines au XVIᵉ siècle des Bénédictins du Bouveret. Il faut mentionner que les copistes de certains manuscrits irlandais précisaient volontiers, soit dans leur colophon, soit dans les marges, le nom de leur modèle38. Ils ne semblent en revanche pas avoir eu coutume d’évoquer les qualités de ces exemplaires. 4.1.3. Syriaque On décèle davantage d’intérêt pour la valeur du modèle dans certains anciens colophons syriaques. Par exemple, le colophon d’un manuscrit de miscellanées patristiques copié à Édesse en 723 (cod. Londres, British Library, Or. 8606 — essentiellement des textes d’Athanase d’Alexandrie), contient cette phrase: ? ? ? ? ? …{ÍÙĀÙsx¿ÂĀÝxÁüÙ Ìý{¿úÙĀ ïĀ ï¿Ñ Ћèã...uĀݏs > ËÝ.ÀËïxÍáÙxÀÏÅĀÚà[Ce livre] fut écrit … d’après d’anciennes et fiables copies de livres, qui sont dans le trésor de la même église (sc. la cathédrale d’Édesse).39

De même, le colophon d’un manuscrit de l’Exode datant de 697 (cod. Londres, British Library, Add. 12134) assure que le texte a été collationné > avec un exemplaire exact (ÀĀÙĀÐ ¿ÑЋÎà), avant de citer le A 37 MONTFAUCON, Palæographia Græca, p. 91 (codd. Par. gr. 2438, a. 1594 et 1751, s. XVI), avec d’autres dans OMONT, Jean de Sainte-Maure, p. 179-182. 38 PLUMMER, Colophons and Marginalia, p. 26-28. 39 THOMSON, Melkite Colophon, p. 254 (f. 141r1).

PARALLÈLES DANS D’AUTRES LANGUES

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colophon du modèle40. Ces mentions de collation ne sont pas rares; le colophon des Évangiles dans la version harcléenne en fournit un exemple notable41. Toutefois, il demeure assez rare que la qualité du modèle soit exprimée42. Hormis ces cas et quelques autres, remarquables par leur antiquité, on peut encore citer deux instances exemplatives où la mention du modèle s’inscrit dans un contexte très particulier: en effet, l’un (cod. Damas, Patriarcat syrien orthodoxe, 6/2) date de 1286 et se réfère à l’original de l’auteur, écrit un an seulement auparavant, tandis que l’autre (cod. Cambridge (Mass.), Harvard University, Houghton Library, MS Syriac 147), datant de 1888, entend problablement, en évoquant son modèle écrit en 1769, répondre à une demande du marché occidental, intéressé par le problème des sources43. 4.1.4. Arabe Dans la tradition manuscrite arabe, la provenance du modèle fait l’objet d’une attention extrême, à travers la pratique des certificats attestant de la transmission du texte (riwāya) et de la chaîne des autorités qui l’ont assurée (isnād): licence de transmission (ijāza), certificat d’audition (samā῾) et, parfois, de remise (munāwala)44. Il faut considérer ces certificats comme une catégorie paratextuelle à part, distincte à la fois des colophons, des souscriptions et des autres types d’annotations. Les colophons arabes eux-mêmes parlent assez régulièrement, certainement à partir du XIIIᵉ siècle, des exemplaires utilisés pour la copie et la collation45, mais il reste à voir s’il serait possible de dégager des motifs véritablement formulaires. 4.1.5. Divers D’autres langues permettent des parallèles typologiques intéressants. Par exemple, on retrouve dans les colophons hébreux une formulation WRIGHT, Catalogue BM I, p. 30 (f. 132 v). YOHANNA, Gospel of Mark, p. 89-91; THOMAS, Gospel Colophon (non uidi). 42 MURRE-VAN DEN BERG, Scribes and Scriptures, p. 281-282. S. BROCK, «The art of the scribe», dans BROCK e. a., Hidden Pearl II, p. 243-262 (voir spéc. p. 246-247), ne mentionne pas cet élément parmi les sujets abordés par les scribes. 43 Voir respectivement S. BROCK, «The art of the scribe», dans BROCK e. a., Hidden Pearl II, p. 253 (cf. aussi DŌLABĀNĪ e. a., Catalogue, p. 587) et MURRE-VAN DEN BERG, Scribes and Scriptures, p. 281, n. 26. 44 À propos de ces «certificats», voir notamment DÉROCHE – SAGARIA ROSSI, p. 223226; DUCÈNE, Certificats, avec bibliographie. 45 Cf. ŞEŞEN, Esquisse, spéc. p. 206; DÉROCHE, Manuel de codicologie, p. 340-341; DÉROCHE – SAGARIA ROSSI, p. 209-210. 40 41

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

stéréotypée très proche de ce que l’on a en arménien, l’accent étant également bien souvent mis sur la valeur de l’exemplaire46. En revanche, dans les textes égyptiens anciens, où la mention de l’exemplaire est fixée dans une formule rigide et fréquente, les qualités de celui-ci ne tiennent aucune place: il s’agit plutôt de souligner la fidélité du copiste à son modèle47. Les colophons de tablettes en akkadien présentent la même orientation, avec des formules telles que kīma labirīšu «comme son ancien, selon son original», souvent suivies d’une forme du verbe šaṭāru «écrire» ou barû «collationner»48. Des formules équivalentes existent aussi en sumérien, par exemple LIBIR.RA.GIM «comme l’ancien» ou LIBIR.RA.BI.GIM «comme son ancien». Il faut encore mentionner le cas exceptionnel des colophons mandéens49. Ceux-ci permettent de retracer l’histoire de la copie d’un texte sur un très grand nombre de générations, car chaque copiste prend soin d’y identifier son modèle. Il en résulte de longues listes d’intermédiaires, enrichies à chaque nouvelle copie du texte. Ces chaînes de transmission peuvent être considérées comme un moyen privilégié de légitimation des copies. Finalement, il serait intéressant d’investiguer différentes traditions de colophons qui n’ont pas encore (du moins à notre connaissance) été étudiées sous cet angle. On pense en particulier au copte, au géorgien, au slavon et au persan, traditions qui recèlent également de riches colophons50. 4.2. Parallèles dans d’autres textes et documents 4.2.1. Titres À partir des colophons de manuscrits, la formule ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ a essaimé, quoique de façon assez limitée, dans d’autres espaces. Premièrement, au sein des manuscrits, il lui est arrivé d’être employée dans certains titres. Cela est particulièrement remarquable dans la tradition du parzatumar (calendrier simplifié), dont les copies sont régulièrement BEIT-ARIÉ, Colophons, p. 503. Voir également des exemples où l’exemplaire est présenté de façon négative dans BEIT-ARIÉ, Transmission de textes, p. 187, 190 et 192 et ZELDES, Sicilian Exiles, p. 315. Ce phénomène existe aussi avec la formule arménienne: voir infra, p. 91-94. 47 LENZO MARCHESE, Colophons, spéc. p. 360-361; BUZI, Letteratura egiziana, p. 36-38. 48 Cf. HUNGER, Kolophone, p. 165-166 (liste d’occurrences). 49 BUCKLEY, Colophons in the Prayerbook; BUCKLEY, Colophons in Sidra Rabba. Voir aussi BUCKLEY, Mandaeans, p. 157-159. 50 Sur le géorgien, voir déjà ǮAVAXIŠVILI, Kartuli p’aleograpia, p. 74 et SHURGAIA, Colophon, spéc. p. 115 et le colophon cité p. 145. 46

PARALLÈLES DANS D’AUTRES TEXTES ET DOCUMENTS

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dites, dès l’incipit, յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ «d’après un exemplaire de choix et sûr». Il s’agit d’insister sur la fiabilité des données, une copie fautive du calendrier étant en pratique inutilisable. On peut citer comme exemple le titre du parzatumar qui termine un volume de textes liturgiques (cisakan girkʻ) copié en 1619 (J 64): Պարզատումարս ընտիր եւ ստուգ օրինակէ մինչեւ յաւիտեան բոլորէ զտարին եւ ցուցանէ զպաքն եւ զուտիքն եւ այլ մեծամեծ տօներս։ Ce parzatumar, [d’après] un exemplaire de choix et sûr, fait le tour de l’année à l’infini et indique les jeûnes, les jours gras et les autres fêtes importantes.51

Un rapide examen des principaux catalogues de manuscrits arméniens montre que cette formule est extrêmement fréquente dans les intitulés de calendriers simplifiés. Il arrive même qu’elle soit présente à la fois dans le titre et dans le colophon du parzatumar (M 2022, f. 72r et 98v), ou uniquement dans son colophon (P 255, f. 78v-79r), mais ces cas sont beaucoup plus rares. Du reste, cette migration de la formule du colophon vers le titre n’est pas un phénomène limité à la tradition du parzatumar. On en trouve en effet occasionnellement d’autres exemples, ainsi en tête de cette pièce dans un recueil de miscellanées du XVIIᵉ siècle (M 2016): Մեկնած իմաստասիրաց ի լաւ եւ յընտիր օրինակէ վասն նշանաւորաց ԲԺ.ան կենդանակերպիցն։ Interprétation des philosophes, d’après un exemplaire bon et de choix, à propos des remarquables 12 signes du zodiaque.52

Ou encore dans cet intitulé tiré d’un ancien tōnapatčaṙ (M 2021), qui, s’il faut en croire une annotation tardive, aurait été copié en 1184: Պատճառ գալստեան Տեառն յԵրուսաղէմ, ի բազում աւրինակաց հաւաքեալ ի Քերոբ վարդապետէ։ Motif de la venue du Seigneur à Jérusalem, recueilli d’après de nombreux exemplaires par Kʻerob vardapet .53

4.2.2. Livres imprimés Un deuxième champ de diffusion concerne les livres imprimés. Les «incunables» des débuts de l’imprimerie arménienne étaient pourvus de 51 52 53

J 64, f. 591r = Jér.2 I, nᵒ 64, p. 207; Jér.1 I, nᵒ 64, p. 171. M 2016, f. 125r = MCʻM VI, nᵒ 2016, col. 1038. M 2021, f. 117r = MCʻM VI, nᵒ 2021, col. 1076.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

colophons qui différaient à peine, que ce soit par leur style ou par les thématiques abordées, des colophons de manuscrits. Cette fidélité initiale de l’imprimerie à la tradition manuscrite ne concerne d’ailleurs pas uniquement le domaine des colophons arméniens, mais toute la présentation des livres — un phénomène qui n’est, du reste, pas spécifique à la tradition arménienne. C’est la raison pour laquelle la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» a pu être attestée dans d’anciens livres imprimés54, comme dans le parzatumar imprimé en 1568 par le paron Abgar Tʻoxatʻcʻi à Constantinople, dans l’atelier qu’il avait installé dans le presbytère de l’église Saint-Nicolas55: […] կազմեցաւ պարզատումարս հայոց, ’ի լաւ և ընտիր աւրինակացն. Յովանէս արհիեպիսկոպոսն ու Մինաս. Սարկաւագին … […] ce parzatumar des Arméniens a été composé d’après les exemplaires bons et de choix de Yovanēs arhiepiskopos et de Minas sarkawag …56

Son succès dans les colophons d’imprimés a cependant été très modeste. L’on peut en juger d’après le catalogue de R. Kévorkian, qui reproduit les colophons de la plupart des livres imprimés de 1511 à 1695 (et encore certains jusqu’à 1718)57: nous y comptons 119 colophons arméniens, à quoi s’ajoutent 172 notes auxquelles Kévorkian n’accorde pas le statut de colophon, mais qui s’y apparentent. Sur ces 291 textes, seuls quatre présentent notre formule, et dans deux de ces quatre cas, la formule est clairement inspirée du colophon du manuscrit modèle de l’édition58. Un autre exemple d’emploi de notre formule dans un colophon imprimé — non recensé par Kévorkian — figure dans une amulette imprimée à Constantinople (atelier d’Ētkear Gntewancʻi et mahtesi Minas dpir Šuṙutʻecʻi) en 1709: … խնդրեմք ի ձէնջ ով սիրելիք մեր ի տ(է)ր զայս վայելուչ և ընտիր օրինակէ առեալ հէմայիլս գարդալով կամ օրինակելով աղօթիւք ձերովք զմեզ և զմեր ծնօղքն յիշեսջիք …

54

Cf. la liste p. 62-63. Sur cet atelier d’imprimerie, voir e. a. KÉVORKIAN, Incunables, p. 111. 56 Kalend. simpl. (Tʻoxatʻcʻi), f. žg7r (non uidi). Voir OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 10, p. 10-11; ZARBHANALEAN, Haykakan tpagrutʻiwn, p. 106; KÉVORKIAN, Incunables, nᵒ 90, p. 112. 57 KÉVORKIAN, Incunables, p. 23-151; nous avons exclu les impressions des institutions catholiques et des orientalistes (nos 156 à 204). 58 Il s’agit de deux colophons de psautiers, dépendant indirectement d’un exemplaire corrigé par Yovhannēs Gaṙnecʻi. 55

PARALLÈLES DANS D’AUTRES TEXTES ET DOCUMENTS

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… nous vous [le] demandons dans le Seigneur, ô nos bien-aimés: en prenant cette amulette [imprimée] d’après un exemplaire séant et de choix pour la lire ou la recopier, souvenez-vous dans vos prières de nous et de nos parents …59

Dans l’ensemble, on peut donc affirmer que la formule n’a guère perduré dans l’imprimerie où, malgré des colophons parfois longs et détaillés, elle n’est utilisée que de façon très sporadique. Ceci contraste avec la situation dans les manuscrits de la même époque, où le succès de la formule ne se dément pas (en tout cas entre 1601 et 1660, période pour laquelle des recueils de colophons manuscrits ont été publiés). 4.2.3. Œuvres littéraires Enfin, certains auteurs ont pu employer cette formule au sein même de leurs œuvres. Ce phénomène sera discuté au chapitre 2 avec les historiens Stepʻanos Tarōnecʻi, au XIᵉ siècle, et Vardan Arewelcʻi, au XIIIᵉ siècle. On l’observe également dans un passage d’une homélie sur les Quarante Martyrs de Sébaste, contenu dans le premier tome, dit Tome de l’hiver, du Livre de Sermons de Grigor Tatʻewacʻi (1340-1411): … քանզի քառասնից անուանք բովանդակին միահամուռ երեք հարիւր տասն եւ ութն գիր ի ստոյգ օրինակաց. յամենայն լեզուս գտանի ճշմարիտ գիր անուանց նոցա երեք հարիւր տասն եւ ութն գոլ թուով, ի թիւ խորհրդոյ երեք հարիւր տասն եւ ութն հայրապետաց, որք ժողովեցան ի Նիկիա եւ հաստատեցին զհաւատս սուրբ Երրորդութեանն եւ մի աստուածութեանն։ … car [l]es noms de[s] Quarante se composent au total de trois cent dixhuit lettres, d’après des exemplaires sûrs; dans toutes [les] langues, la véritable graphie de leurs noms se trouve être au nombre de trois cent dix-huit [lettres], du nombre de l’assemblée des trois cent dix-huit patriarches qui se rassemblèrent à Nicée et affermirent la foi en la sainte Trinité et en l’unique divinité.60

Ce passage appelle quelques explications. Grigor Tatʻewacʻi, additionnant le nombre de lettres dans le nom de chacun des Quarante Martyrs de Sébaste, obtient le nombre 318, ce qui coïncide avec le nombre traditionnel des Pères présents au concile de Nicée, d’après les 318 hommes de l’armée d’Abram en Gen. 14, 14. Étant donné que les noms des Quarante Martyrs 59 Amul. 1709, en fin de rouleau. Voir OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 241, p. 177; FEYDIT, Amulettes, nᵒ XXVI, p. 74. L’exemplaire décrit par Fr. Feydit se trouve dans le fonds des manuscrits de la bibliothèque des Méchitaristes de Venise (V 3029). 60 GRIG. TATʻ. serm. I, 90, p. 4092. Nous adaptons le texte de l’édition de Constantinople 1737, qui n’a pas été remplacée à ce jour.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

varient selon les sources, Grigor emploie l’expression ի ստոյգ օրինակաց «d’après des exemplaires sûrs». Cela lui permet de donner du crédit à son assertion et ainsi de se prémunir contre toute objection basée sur une version différente de ces quarante noms — sans prendre le risque de donner sa propre liste. 5. INTERPRÉTATION Comme nous avons pu le constater, la formule décrivant les qualités de l’exemplaire est un élément très fréquent des colophons arméniens. Toutefois, jusqu’à présent, elle n’a suscité qu’un intérêt fort limité chez les codicologues et les paléographes, tandis que les philologues, quand ils s’y sont arrêtés, se sont contentés de gloser sur des usages isolés, relatifs au texte qu’ils étudient61. Ainsi, la formule a été à peine remarquée par A. Abrahamyan62 et il faut attendre les années 1990 et le projet «Accessing Armenian Colophons» pour qu’A. Matʻevosyan donne une première appréciation de ce tour, dans son opuscule consacré aux colophons en tant que sources sur la culture arménienne médiévale63. Selon lui, les exemplaires «de choix et sûrs» sont le fait de copistes habiles et érudits — et il montre, en effet, le rapport de certaines occurrences de cette formule avec de grands personnages ou des centres de copie renommés. Cependant, cette constatation, qui explique effectivement la genèse de la formule, ne peut valoir seule pour les époques ultérieures, car elle ne tient pas compte de sa généralisation et de son passage dans le bagage formulaire des copistes. Plus récemment, P. Cowe a remarqué la fréquence de pareilles mentions chez les copistes de la région du Hamšēn, en Anatolie nord-orientale64. Enfin, la formule a été retenue par A. Sirinian parmi les formules de colophon les plus fréquentes65; celle-ci a en outre remarqué un cas particulier d’emploi de cette formule dans certains hymnaires66. 61 Par exemple, à propos de la mention յստոյգ ի հին յաւրինակաց գրեցաւ «[ceci] fut écrit d’après des exemplaires sûrs [et] anciens» dans l’évangile d’Ēǰmiacin (discutée en 2.3.1), Fr. Macler se contente d’observer que le copiste «a été heureux dans son choix» car «ce manuscrit semble bien conforme, en gros, à ce qu’a dû être le texte original de la traduction arménienne» (MACLER, Évangile arménien, p. 19). 62 ABRAHAMYAN, Hay gri patmutʻyun, p. 363. 63 MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 54-56. 64 COWE, Hamšēn, p. 160, n. 45. 65 SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 78 et 83. 66 SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 74, n. 38; voir infra, p. 88-89.

FONCTION RÉFÉRENTIELLE

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Afin de caractériser le plus complètement possible la signification de cette formule, il convient d’examiner tour à tour sa fonction descriptive ou référentielle (de quoi parle-t-elle), pragmatique (pourquoi est-elle utilisée) et symbolique (à quelle représentation renvoie-t-elle), à la lumière d’extraits commentés de colophons. 5.1. Fonction référentielle Pour commencer, efforçons-nous, en replaçant les attestations de la formule dans leur contexte, d’identifier clairement ses référents implicites et explicites. Autrement dit: qui emploie cette formule, quelle est la nature de l’action à laquelle elle fait allusion, et surtout, quels sont les exemplaires auxquels elle s’applique? 5.1.1. Le scripteur et son opération La formule ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix» renvoie au modèle employé par le rédacteur du colophon, tandis qu’un élément du contexte fait généralement référence à l’acte d’écriture (գրել, գծագրել, etc.), ou bien à l’achèvement du manuscrit (աւարտել, կատարել, etc.). La plupart du temps, c’est la copie du manuscrit qui est visée, même si l’auteur du colophon n’est pas le copiste. Dans un tétraévangile réalisé à Ałtʻamar en 1444 (M 4829), par exemple, les colophons — un après chaque évangile — ne sont pas de la main du copiste Hayrapet abełay, mais de son oncle, le célèbre miniaturiste Tʻumay Minasencʻ67, à la fois illustrateur et relieur du manuscrit. Dans le colophon principal, à la fin du manuscrit, le maître emploie la formule pour qualifier l’opération de son neveu, tout en veillant à bien délimiter le rôle de chacun: … ետու գըծագրել զսա քըւերորդոյն իմոյ Հայրապետ աբեղային ի ստոյգ եւ յընտիր աւրինակէ։ Եւ ես իսկ մեղսամած մատամբ իմով ծաղկեցի զսա ըստ իմում կարի, եւ զհամաբարբառսն եւ զտընառաջ գըլխագիրսն եւ զյիշատակարանս զայս եւ զերից եւս գլխացն գըծագրեցի ձեռամբ իմով եւ կազմեցի … … je donnai ceci à écrire à mon neveu, Hayrapet abełay, d’après un exemplaire sûr et de choix. Et moi-même, de mon doigt englué de péchés, j’enluminai ceci selon mes capacités, et de ma main j’écrivis les concordances68, 67 AnjnBaṙ III, p. 45 s.v. Hayrapet 88. AnjnBaṙ II, p. 334-336 s.v. Tʻovma 165; HMM, nᵒ 139, p. 242-245; POŁAREAN, Nkarołner, p. 91-93; HAKOBYAN, Vaspurakan I, p. 103108. 68 Il s’agit probablement des sections eusébiennes, disposées en colonnes avec les sections parallèles dans la marge inférieure de la plupart des évangiles de l’époque.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

les initiales en début de verset69 et ce colophon que voici, et encore ceux des trois [autres] chapitres, et je reliai [ce codex] …70

Parfois, le copiste est bel et bien l’auteur matériel du colophon, mais il met en scène, pour ainsi dire, le commanditaire du manuscrit. Il est rare que ce dernier prenne lui-même la plume, comme dans ce tétraévangile en parchemin, copié par Yohanēs71 à Hṙomkla en 1253 (WAF 44.17). Le colophon du copiste, en fin de manuscrit, est suivi de ce colophon d’une autre main, très vraisemblablement celle du catholicos Kostandin Ier Barjrberdcʻi (1221-1267)72 lui-même: Ես Կոստանդին ծառայիցն Աստուծոյ ծառայ եւ ողորմութեամբն Աստուծոյ կաթողիկոս ամենայն Հայոց, որ ետու գրել զԱւետարանս զայս, յաղագս անձին իմոյ՝ յընտիր եւ ի լաւ աւրինակաց, եւ ոսկով եւ արծաթով զարդարեցի։ Moi, Kostandin, serviteur des serviteurs de Dieu et par la miséricorde de Dieu catholicos de tous les Arméniens, qui donnai à écrire l’évangile que voici, pour moi-même, d’après des exemplaires de choix et bons, et l’ornai d’or et d’argent.73

Par ailleurs, la formule peut à l’occasion viser non la copie du manuscrit, mais sa correction ou sa révision. Tel est le cas dans ce colophon de Kost[andin], correcteur d’un manuscrit contenant l’Octateuque et les Règnes, relié et sans doute copié en 1274 (J 353). Ce colophon est écrit au nom du possesseur du manuscrit, Stepʻa[nos]74: Ես ըստ կարի իմում համարձակեցա ուղղել զսա ի ստոյգ աւրինակէ եւ խիստ վիշտ կրեցի յուղղել սորա, զի կարի սխալ էր որպէս եւ տեսանէք։ Moi, selon mes capacités, je pris la liberté de corriger ceci d’après un exemplaire sûr, et j’endurai grande peine à le corriger, car il était très fautif, ainsi que vous le voyez.75 69 Ce composé de տուն «verset, stique» et առաջ «devant» est inconnu des dictionnaires. On le trouve encore attesté à deux reprises en 1445, dans un autre colophon de Tʻumay Minasencʻ (M 5521, f. 433v et 434r = H15A 654, p. 583). 70 M 4829, f. 298v-299r = H15A 637[a], p. 563; NH 144, p. 133; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 167, col. 387; HAKOBYAN, Vaspurakan I, nᵒ 34, p. 155. 71 AnjnBaṙ III, p. 590 s.v. Yovhannēs 290. 72 AnjnBaṙ II, p. 657-659 s.v. Kostandin 56. 73 WAF 44.17, f. 287r–v = H13 220d, p. 272; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Łalatʻioy, nᵒ 68, col. 471; DER NERSESSIAN, Freer Gallery, p. 107; SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 360. 74 Ces personnages n’ont laissé aucun renseignement biographique à leur sujet; ils ne se trouvent pas dans les répertoires prosopographiques. 75 J 353, à partir du f. 407 v1 = H13 364d, p. 451; Jér.2 II, nᵒ 353, p. 251; Jér.1 II, nᵒ 353, p. 270.

FONCTION RÉFÉRENTIELLE

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Il arrive également que la formule soit reprise lors de la restauration du codex. Un bon exemple est fourni par l’hymnaire J 1655, copié à Kutrašēn (kd. Kodreşên, auj. Geçitağzı), dans la région de Sper, en 1507. Le colophon du copiste, Karapet erēcʻ, mentionne que le manuscrit a été copié ի լաւ եւ յընտիր աւրինակէ Խլկցոյ «d’après l’exemplaire bon et de choix de Xlik (Xlkcʻi)», c’est-à-dire d’après le modèle composé par Grigor Xul76. Le livre est restauré en 1647 par Sētʻ sarkawag, qui reprend cette information mot pour mot dans son propre colophon: … ով սուրբ ընթերցաւղք եւ պաշտօնայք Քրիստոսի, որ հանդիպիք զայս ծերացեալ եւ փտեալ մատենիս, որ է լաւ եւ ընտիր յօրինակէ Խլկցոյ, եւ ի կարի հարուստ (sc. ժամանակաց?) լեալ ի նմանէ անթերի եւ անպակաս … … ô saints lecteurs et ministres du Christ qui rencontrez cet ouvrage décati et gâté, qui est d’après un exemplaire bon et de choix «Xlkcʻi» (i. e. de Xlik) et qui avait été [composé] très richement (uel il y a très longtemps?) par lui, entier et complet …77

5.1.2. Qu’est-ce qu’un bon exemplaire? Dans l’immense majorité des cas, l’exemplaire est décrit en termes positifs. La question se pose dès lors de savoir sur quels critères le rédacteur d’un colophon se base pour estimer que son exemplaire mérite les qualificatifs élogieux dont il le pare dans la formule. La plupart des colophons ne sont pas explicites sur ce point, mais Minas78, copiste à Tatʻew, en 1625, d’un tétraévangile en parchemin (J 2348), entreprend de répondre à cette question. … աւարտեցաւ սուրբ Աւետարանս … ի լաւ եւ ընտիր աւրինակաւ։ Եթէ ոք ասիցէ. Õրպէս գիտասցուք զընտիրն եւ զլաւն։ Յայտ է զի տիեզերալուր եւ կրկին լուսաւորչի սուրբ վարդապետին Գրիգորի Ստաթէի, որ եւ իւրովի ձեռամբ գրեալ Աւետարանին, ցանկացայ գրել յիշատակ հոգւոյ իմոյ, նոյն չափովն, մէջ ընդ միջոյ, էջք ընդ էջին, եւ գիր ընդ գրի, զուգ եւ հաւասար սկսեալ ի յառաջնոցն մինչեւ ի վերջն, վասն ստոյգ լինելոյ. … ce saint Évangile a été exécuté … à l’aide d’un exemplaire bon et de choix. Si quelqu’un disait: «comment saurons-nous le[quel est] de choix et le[quel est] bon?» — il est évident que c’est l’évangile du saint vardapet connu dans tout l’univers et second illuminateur Grigor Tatʻewacʻi, qui fut aussi écrit de sa propre main [: c’est celui-là que] j’eus le désir d’écrire en

76 J 1655, p. 541 = Jér.2 V, nᵒ 1655, p. 492. Sur la tradition de ce modèle, voir ci-dessous. 77 J 1655, p. 558-559 (sans précision) = Jér.2 V, nᵒ 1655, p. 492. 78 Personnage inconnu des répertoires prosopographiques.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

mémoire de mon âme, selon la même mesure, milieu pour milieu79, page pour page et lettre pour lettre, [l’]ayant commencé identique et égal, depuis les débuts jusqu’à la fin, afin qu’[il] soit sûr.80

L’argument d’autorité est donc primordial. Et celui-ci peut, naturellement, être empreint d’un certain esprit de clocher: copiste à «ce grand ermitage de Statʻē (i. e. Tatʻew)» ([ընդ հովանեաւ] Ստաթէի մեծ անապատիս), Minas ne jure évidemment que par un évangile attribué au célèbre théologien Grigor Tatʻewacʻi (Grégoire de Tathev)81. Le même argument d’autorité se retrouve dans plusieurs traditions de copie, particulièrement liées aux livres sacrés, qui attribuent l’exemplaire à un personnage célèbre82. En sus des filiations isolées de manuscrits et des traditions locales ou attestées très ponctuellement, nous pouvons identifier six traditions majeures, qui sont convoquées de façon récurrente: ‒ ‒ ‒ ‒ ‒ ‒

Les Saintes Écritures traduites sous la direction de Sahak et Mesrop83. Les Évangiles copiés par Grigor Murłanecʻi84. Le psautier corrigé par Yovhannēs Gaṙnecʻi (Jean de Garni)85. Le bréviaire édité par Tʻovma Mecopʻecʻi (Thomas de Metsop)86. L’hymnaire de Grigor Xul87. Le synaxaire édité par Grigor Cerencʻ88.

79 Référence probable à la mise en colonnes, au nombre de deux, séparées par la médiane verticale de la page. Nous n’avons pas trouvé d’autre colophon qui comporte cette expression. 80 J 2348, à partir du f. 640r = H17B 1235, p. 840; Jér.2 VII, nᵒ 2348, p. 481-482. 81 Nous n’avons conservé aucun manuscrit copié de la main de Grigor Tatʻewacʻi; en revanche, nous possédons un tétraévangile enluminé par le célèbre savant en 1378 (M 7482). 82 Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55-56 et MAHÉ, Colophons arméniens, p. 42. Voir aussi une liste de traditions liées à des archétypes bibliques dans TĒR-MOVSISEAN, Istorija perevoda, p. 220. 83 Voir p. 110-118 à ce sujet, ainsi que MURADYAN, Ditarkumner. 84 AnjnBaṙ I, p. 573, s.v. Grigor 271; POŁAREAN, Gričʻner, p. 10-20. À propos de cette tradition, lire notamment POŁAREAN, Gričʻner, p. 10-20; MATʻEVOSYAN, Tʻargmančʻacʻ avetaran I, p. 110-114; DER NERSESSIAN, Colophons, p. 547; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 11, n. 87; MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 212-213. 85 AnjnBaṙ III, p. 582-583, s.v. Yovhannēs 249; THOMSON, Bibliography, p. 223; POŁAREAN, Grołner, p. 285-289. Sur ce travail de correction du psautier, voir YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 98-99 (repr. p. 204-205); AnjnBaṙ III, p. 582-583; NERSESSIAN, Catalogue UK, vol. 1, p. 118. L’étude de cette tradition fera l’objet d’une publication séparée. 86 AnjnBaṙ II, p. 329-333, s.v. Tʻovma 151; THOMSON, Bibliography, p. 205-206; POŁAREAN, Grołner, p. 426-428. À propos de ce travail sur le bréviaire, voir YOVSĒPʻEAN, Nor niwtʻer III, p. 81-82, repr. dans YOVSĒPʻEAN, Tʻovma Mecopʻecʻi, p. IƎ-ITʻ. 87 AnjnBaṙ I, p. 571, s.v. Grigor 252. À propos de cette tradition, voir les notes de DER NERSESSIAN, Colophons, p. 548; SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 74; ALIŠAN, Sisuan, p. 105-106; ALIŠAN, Sissouan, p. 109-110. 88 AnjnBaṙ I, p. 608-610, s.v. Grigor 568; THOMSON, Bibliography, p. 136-137; THOMSON, Supplement, p. 190; POŁAREAN, Grołner, p. 414-418; MATʻEVOSYAN – MARABYAN. Sur cette

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Chacune de ces traditions est représentée par une série de colophons, où notre formule apparaît en compagnie soit du nom du personnage dont l’autorité est invoquée, soit du nom attribué à son exemplaire. Dans ce second cas, on trouvera généralement un adjectif, soit toponymique, soit dérivé du nom de l’auteur du manuscrit ainsi désigné. Par exemple, les hymnaires se réclamant de la tradition de Grigor Xul pourront porter, entre autres, ի լաւ եւ յընտիր աւրինակէ Գրիգորի դպրի, որ մականուն Խուլ կոչիւր «d’après un exemplaire bon et de choix de Grigor dpir, qui était appelé du surnom de Xul»89, mais aussi ի լաւ եւ յընտիր օրինակէ, որ է Խլկցի «d’après un exemplaire bon et de choix, qui est «Xlkcʻi» (i. e. celui de Xlik)»90, avec un adjectif dérivé d’un hypocoristique, ou encore ի լաւ եւ յընտիր աւրինակէ Սըսցոյ, որ էր գրեալ ձեռամբ բազմարուեստ գրչի Գրիգոր դպրի, մականուն Խուլ կոչեցեալ «d’après un exemplaire bon et de choix «Sǝscʻi» (i. e. de Sis), qui avait été écrit de la main de Grigor dpir, scribe aux nombreux talents, appelé du surnom de Xul», avec un adjectif dérivé d’un toponyme91. En principe, le toponyme ou l’adjectif toponymique qui complète la formule se rapporte à l’endroit où a été conservé ou rédigé l’exemplaire92; ainsi dans le colophon d’un lectionnaire de 1320, copié par un certain Yovannēs (M 7451), qui se réfère à un exemplaire du monastère des SaintsApôtres de Muš93: Գրեցաւ սուրբ տառս այս … յարդար եւ յընդիր աւրինակէ սրբոյ ուխտին Առաքելոցն Տարաւնոյ … Ce saint livre fut écrit … d’après un exemplaire juste et de choix de la sainte communauté des Apôtres du Tarawn …94

Parfois cependant, l’adjectif toponymique ne renvoie pas à un lieu, mais au nom d’un individu, comme dans l’exemple cité plus haut d’un psautier copié ի լաւ եւ յընտիր աւրինակէ, որ կոչի Գառնեցի «d’après un édition du synaxaire, voir ADONTZ, Note sur les synaxaires, p. 217-218; à propos de cette tradition et d’autres liées au même personnage, voir MARABYAN, Jeṙagrakan žaṙangutʻyun, spéc. p. 179 et 181. 89 M 1622, f. 216r = H14 356, p. 290; MCʻM V, nᵒ 1622, col. 672. 90 MUSA* Matin [1], f. inconnu = H13 232, p. 283; MARTIROSEAN, Cʻucʻak, nᵒ 2, p. 97. 91 M 2418, f. 301v = H15A 64, p. 60; MCʻM VIII, nᵒ 2418, col. 59. 92 Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 56. 93 Voir p. 191, n. 147 sur ce monastère. 94 M 7451, f. 211r = H14A 360a, p. 400; H14 204, p. 164. La provenance du manuscrit n’est pas connue. Sur la foi de cet extrait, d’aucuns ont jugé qu’il avait été, comme son modèle, copié au monastère des Saints-Apôtres (MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 38; H14A 360, p. 400), ou à tout le moins dans la région du Tarōn (H14 204, p. 164).

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

modèle bon et de choix, qui s’appelle «Gaṙnecʻi», en référence à l’édition de Yovhannēs Gaṙnecʻi95. Nous ne faisons ici qu’effleurer ces phénomènes; un examen approfondi de ces traditions colophoniques permettrait très probablement de retracer des réseaux de transmission. Par ailleurs, l’argument d’autorité peut également se décliner selon la modalité du nombre ou de l’ancienneté. Par exemple, le colophon principal d’un tétraévangile de 1311, copié par Cer kʻahanay et illustré par Tʻoros sarkawag96 (M 10859), exploite l’argument de l’autorité par le nombre des témoins: … աւարտեցի զսա … յամենալաւ եւ ի ստոյգ աւրինակէ, զոր ի բազմաց վկայեալ … … j’achevai ceci … d’après un exemplaire excellent et sûr, qu[i avait été] attesté par beaucoup …97

En revanche, dans cet autre colophon, composé par Yovsēpʻ98, copiste à Aspisnka vankʻ99 près d’Arčēš, en 1299, d’un manuscrit comportant les livres de Salomon ainsi que les Petits Prophètes (M 193), c’est l’ancienneté des corrections et des vérifications apportées à l’exemplaire qui appuie la formule: Բայց գրեցաւ ի սաստիկ եւ յընտրելագոյն աւրինակէ, ի վաղուց հետէ ստուգեալ եւ ճշմարտեալ ի նոյն պայմանի բայիւք, եւ բառիւք, եւ տառիւ անթերի եւ անսղալ գոլով, զի թէպէտ եւ յաղագս մերոցս կարեաց ի սոյնս ձեռնարկեցաք, սակայն եւ առաւել եւս վասն աւրինակի եւ գաղափար այլոց լինելով սա ըստ յարմարութեան բանիցն։ Mais [ceci] fut écrit d’après un exemplaire rigoureux et de premier choix, corrigé et authentifié de longue date, dans le même état quant aux verbes et aux mots, complet quant à la lettre et étant sans faute, car bien que nous nous soyons lancés dans cette entreprise pour les besoins des nôtres100, c’est cependant bien plus pour [que] ceci [constitue] un exemplaire, {et} en devenant un modèle pour d’autres par la concordance des mots (i. e. en reproduisant exactement le modèle).101 95

Voir p. 88. Ce type fera l’objet d’une publication séparée. AnjnBaṙ II, p. 569, s.v. Cer 2. Sur Tʻoros sarkawag, voir infra, p. 225-232. 97 M 10859, f. 329 r = H14A 195a, p. 211; H14 108a, p. 80; TĒMIRČEAN, Cʻucʻak, nᵒ 1, p. 37; AČAṘEAN, Cʻucʻak Tʻawrizi, nᵒ E.1, p. 72. 98 AnjnBaṙ III, p. 718, s.v. Yovsēpʻ 60. 99 THIERRY, Répertoire, nᵒ 528, p. 96; OSKEAN, Vaspurakan-Van II, p. 390-395; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 272, p. 265-266. 100 Le manuscrit fut en effet exécuté pour Sarkawag krawnawor, oncle paternel du copiste. 101 H13 681a, p. 846 = M 193, f. 171r; MCʻM I, nᵒ 193, col. 830-831 (le manuscrit transmet Prou., Eccle., Cant., Sap. et les Petits Prophètes). Comparer le colophon de la bible partielle M 76, f. 170 r–v = H14A 299b, p. 330; H14 169, p. 131; MCʻM I, nᵒ 76, col. 308. 96

FONCTION RÉFÉRENTIELLE

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Remarquons toutefois qu’une souscription précédant ce colophon donne davantage de précisions quant aux sources du texte. C’est alors l’autorité des modèles grecs qui est invoquée: Ուղղեալ է զաւրինակս զայս յԱղէքսանդրացւոց եւ յԵրուսաղէմացւոց աւրինակէ, դարձեալ եւ ի չորեքկնւոյն Ովրիգենի։ Գրեցաւ Երկոտասան մարգարէս ըստ Եւթանասնիցն եւ երկուց թարգման[չ]ացն։ Cet exemplaire a été corrigé d’après un exemplaire des Alexandrins et des Hiérosolymitains, et à nouveau d’après les Tétraples d’Origène. Ce [livre des] Douze Prophètes fut écrit selon les septante-deux Traducteurs.102

Plus rarement, la valeur de l’exemplaire peut être justifiée exclusivement par ses qualités intrinsèques, comme dans ce colophon de Galust abełay103, qui copie le tétraévangile V 543 en 1447, à Ałǰocʻ vankʻ104: … գաղափարեցի զսուրբ աւետարանս ի ստուգաբան եւ յընտիր աւրինակէ, որ ունի զբանս սեփական եւ ստորակէտ եւ զտնհատ՝ յստակ եւ անթերի … … je recopiai ce saint Évangile d’après un exemplaire véridique et de choix, qui a les propres mots (ipsissima uerba) et la virgule et la division en versets, clair et complet …105

On voit donc que l’assertion des qualités de l’exemplaire, plus qu’un poncif, repose souvent sur une appréciation circonstanciée de la part de l’auteur du colophon. Cependant, il n’est pas toujours question de l’antigraphe: les associations de la formule avec une tradition précise renvoient plutôt à l’archétype, dont on suppose tacitement que les qualités ont été préservées par les générations successives de copistes qui l’ont transmis. Ces mentions stéréotypées montrent bien que même dans les emplois tout à fait banalisés de la formule, son sens ne peut pas être complètement évacué. D’ailleurs, le copiste confronté à un mauvais exemplaire avait tout loisir de ne pas utiliser cette formule, voire d’exprimer son opinion en la détournant ou selon d’autres modalités. 5.1.3. Y a-t-il de mauvais exemplaires? Il est cependant très rare que cette qualification soit détournée dans un sens négatif, dépréciant l’exemplaire plutôt que de louer sa qualité. Pour autant que nous sachions, ce phénomène se constate à quatre reprises 102 M 193, f. 169v = MCʻM I, nᵒ 193, col. 829. Sur cette tradition, voir TĒR-MOVSISEAN, Istorija perevoda, p. 221-222. Cette souscription est à rapprocher de mentions similaires dans plusieurs anciens manuscrits grecs (voir notamment GARDTHAUSEN, Griechische Paläographie II, p. 426-427). Cf. aussi supra, p. 76. 103 AnjnBaṙ I, p. 441, s.v. Galust 8. 104 THIERRY, Répertoire, nᵒ 620, p. 111. 105 V 543, à partir du f. 258r2 = H15A 682, p. 606; Ven. I, nᵒ 161, col. 687.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

seulement. L’un de ces cas figure dans M 59, un manuscrit philosophique copié au XIIIᵉ ou au XIVᵉ siècle, dans le colophon du copiste Yoh[annēs] Eznkayecʻi106: … գրիս մի մեղադրէք, զի շտապով գրեցի, ի դառն գաղափարաց ստուգեալ։ … ne blâmez pas cet écrit, car j’écrivis à la hâte, ayant vérifié d’après de terribles (litt. amers) modèles.107

Le copiste semble ici avoir voulu se dédouaner partiellement des défauts de son travail, dont il avait conscience. La même intention sous-tend également le très bref colophon principal de Stepʻanos108, copiste d’un manuscrit d’Éphrem en 1299 (V 873), qui emploie lui aussi l’adjectif դառն «terrible», littéralement «amer», aux côtés de վատ «mauvais» dans le schéma canonique de la formule: Կատարեցաւ գիրս … ի վատ եւ ի դառն աւրինակէ, զոր աղաչեմ զընթերցաւղսդ չլինել մեղադիր, այլ քաւութիւն խնդրել յԱստուծոյ։ Cet écrit a été achevé … d’après un modèle mauvais et terrible, ce pourquoi je vous prie, lecteurs, de ne pas [me] blâmer, mais [je vous prie] de demander de Dieu l’expiation [des péchés].109

Le cas du célèbre écrivain Nersēs Lambronacʻi (Nersès de Lampron)110 est plus intéressant. Copiant en 1175 un manuscrit des Scolies de Cyrille d’Alexandrie (V 448)111 et de la Hiérarchie ecclésiastique du pseudoDenys112, voici ce qu’il dit dans son colophon principal: … ձեռամբ իմով աւարտեցաւ ի գձուձ եւ մրճոտեալ աւրինակէ, ընդ որ յոյժ գտանես եւ զաւգտաբան աւրէնս եկեղեցւոյ։ … [ce livre de Scolies] fut accompli de ma main, d’après un exemplaire infâme et noirci par la fumée, dans lequel tu trouves, entre beaucoup de choses, les secourables règles de l’Église.113 106 Plusieurs individus répondant au nom de Yovhannēs Erznkacʻi, ou Eznkayecʻi, sont connus à cette époque: AnjnBaṙ III, p. 591, 600 et 610-612, s.v. Yovhannēs 300, 371 et 483 (ce dernier article confondant les deux auteurs appelés Yovhannēs Erznkacʻi). Voir aussi H14 819, p. 649, n. [1]. 107 M 59, f. 301r = H14 819, p. 649; MCʻM I, nᵒ 59, col. 246. 108 Ce copiste n’est pas connu des répertoires prosopographiques. 109 V 873, f. 215v-216r = Ven. VIII, nᵒ 1553, col. 260. 110 AnjnBaṙ IV, p. 46-49, s.v. Nersēs 40; THOMSON, Bibliography, p. 175-178; POŁAREAN, Grołner, p. 253-259. 111 CPG 5225. Lors de la restauration du codex en 1674, le Trésor de Cyrille (CPG 5215) fut inséré par le copiste à la suite des Scolies. Voir Ven. VIII, nᵒ 563, col. 283-292. 112 CPG 6601, 6616. 113 V 448, f. 235v = Ven. VIII, nᵒ 1563, col. 289; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 521; ATHAN. AL. (Tayecʻi), ms. I, p. ŽG; ALIŠAN, Sisuan, p. 87 (fac-similé); ALIŠAN, Sissouan, p. 91 (fac-similé).

FONCTION RÉFÉRENTIELLE

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Selon Fr. Conybeare, qui a édité le texte arménien des Scolies, les corruptions et interpolations introduites par Nersēs sont si nombreuses que ce manuscrit n’a plus guère de valeur pour l’établissement du texte original114. Rien d’étonnant à cela si Nersēs a travaillé sur un modèle rescapé du feu, comme cela semble être le cas; cela aura fourni une occasion au savant écrivain d’exercer ses talents. De la même façon, le retournement de la formule ne doit pas étonner: il n’est en effet pas exceptionnel de lire dans un colophon une variante spéciale d’un élément banal lorsque l’auteur est un homme instruit, appartenant à l’élite115. La fin de cette phrase de Nersēs montre en outre que le copiste, pourvu naturellement qu’il ait un minimum d’instruction, est parfaitement capable de faire la part entre l’apparence du témoin et la valeur du texte transmis. Le dernier cas sera discuté en détail au chapitre suivant116. Il s’agit d’un colophon transmis sous plusieurs formes légèrement différentes, dans lequel Nersēs Šnorhali avance que le Panégyrique de Grégoire l’Illuminateur transmis sous le nom de Jean Chrysostome avait été traduit par un certain Abraham łṙamattikos (ou łramartikos) «d’après des exemplaires anciens et abîmés» (ի հին եւ եղծեալ siue եղծած աւրինակաց). Ce constat justifie la révision du texte que Nersēs rapporte avoir entreprise. Les cas de «détournement» de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» en vue de déprécier l’exemplaire sont donc exceptionnels. Bien sûr, il n’est pas rare que le copiste se plaigne de son exemplaire, mais ses sentiments ne sont normalement pas exprimés de cette façon: la formule n’est apte, en principe, qu’à véhiculer une appréciation positive de l’exemplaire. En général, le copiste, s’il doit donner un avis négatif sur son modèle, le fera dans une phrase simple et non stéréotypée, avec l’intention de rejeter sur l’exemplaire les défauts qu’un lecteur pourrait trouver à son travail117. Voici un exemple typique de cette pratique, dans le colophon d’un recueil de miscellanées copié au XIIIᵉ siècle (J 1273): Խոշորութեան եւ սխալանաց գրիս մի մեղադրեր, աւրինակս վատ է։ Ne me reproche pas la grossièreté et les fautes de cet écrit: cet exemplaire [que j’utilise] est mauvais.118 CONYBEARE, Armenian Revelation, p. 165. Voir le cas similaire de l’historien Hetʻum (Héthoum de Corycos), auteur, en tant que commanditaire d’un évangile, d’un colophon dont la doxologie transcende les standards du genre (AJAMIAN, Colophon, p. 11). 116 Voir p. 131-133. 117 À ce propos, voir aussi MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 54-55 et VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 158-159 (repr. p. 38-40). 118 J 1273, p. 84 = H13 726g, p. 886; Jér.2 IV, nᵒ 1273, p. 457. 114 115

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Le phénomène est bien illustré par le colophon de Xačʻatur Kečʻaṙecʻi (1260-1330)119 à son édition du Roman d’Alexandre. Ce colophon nous est connu par la plus ancienne copie de ladite édition, un manuscrit richement illustré, copié par Nersēs sarkawag120 au tournant du XIVᵉ siècle et conservé aujourd’hui à Venise (V 424). Xačʻatur y fait usage de la formule sous une forme positive tout à fait classique, mais la fait suivre de deux qualificatifs dépréciatifs, qui lui font pendant et permettent à l’auteur d’enchaîner sur la description de son travail de révision. Իսկ զայս պատմութի(ւն)ս աշխարհակալին Աղէքսանդրու զոր գրեցի իմով ձեռամբ սակս աւգտի ինձ եւ այլ համբակաց որք կամին աւգտիլ յԱղէքսանդրէ զի թէպէտ է՛ր ի հին եւ յընդիր աւրինակէ այլ անյարմար. եւ շաղփաղփ, վ(ա)ս(ն) որոյ զտեáլ եւ քերեալ քերողաւրէն արարի անխոտորնակ ճանապարհ. զոր ի յընթեռնուլն իմաստին պուետիկոսք եւ քարտուղարք եկեղեցւոյ. եւ ապայ գիտասցէն զիմ աշխատանս ի սմա. զոր լիապ(էս) վաստակեցի։ Or cette Histoire d’Alexandre le Maître de l’Univers, que j’écrivis de ma main pour mon propre profit et pour celui des autres débutants qui souhaitent tirer profit d[e l’Histoire d]’Alexandre, car, bien que ce fût d’après un exemplaire ancien et de choix, [cet exemplaire était] toutefois inadéquat et bavard — c’est pourquoi, ayant épuré et raboté à la façon d’un raboteur, je produisis un chemin sans détour, afin que quand ils [en] lisent le sens, les poètes et les notaires de l’Église sachent ensuite mon travail dans celui-ci, pour lequel je me suis donné beaucoup de peine.121

On voit bien que l’auteur n’a pas osé déroger à la tradition, au risque de paraître contradictoire lorsqu’il parle d’un «exemplaire de choix mais inadéquat» (ընդիր աւրինակէ այլ անյարմար). La formule agit comme une garantie de l’authenticité du texte, tandis que le contrepied qui lui est fourni par les adjectifs անյարմար «inconvenant, inadéquat» et շաղփաղփ «hâbleur, bavard» donne de l’importance au propre apport de Xačʻatur, à qui nous devons, grâce à ses ajouts et modifications, ce pseudo-Callisthène mutatus in melius. 5.2. Fonction pragmatique Le colophon de Xačʻatur Kečʻaṙecʻi, comme plusieurs autres parmi ceux que nous avons déjà discutés, montre qu’au-delà de l’assertion des 119 AnjnBaṙ II, p. 476-478, s.v. Xačʻatur 65; THOMSON, Bibliography, p. 214; POŁAREAN, Grołner, p. 356-359. 120 Sur le copiste Nersēs, voir D. KOUYMJIAN, dans TRAINA, Storia di Alessandro, vol. 1, p. 24. 121 V 424, f. 127v-128r, d’après le fac-similé dans TRAINA, Storia di Alessandro, vol. 2, pl. 254-255; TRAINA, Storia di Alessandro, vol. 1, p. 179 (trad. italienne) et 22 (commentaire). Voir aussi POŁAREAN, Grołner, p. 359.

FONCTION PRAGMATIQUE

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qualités de l’exemplaire, la formule peut servir d’autres buts propres à son utilisateur. Même s’il faut bien garder à l’esprit que cette formule, à partir du XIIᵉ siècle, n’est généralement plus qu’un élément conventionnel du colophon, elle garde toujours une raison d’être minimale dans l’intention du scripteur. A. Abrahamyan, dans son manuel de paléographie arménienne, notait déjà que cette formule pouvait viser à occulter les carences du scribe122. D’une façon générale, la présence de la formule est un moyen privilégié pour les copistes arméniens de légitimer leurs manuscrits. Il est intéressant de remarquer qu’il n’en va pas ainsi dans toutes les cultures: en syriaque, par exemple, c’est l’identité du scribe, appuyée par l’autorité ecclésiastique dont il dépend, qui donne sa légitimité à la copie123. Les «types personnels» de la formule arménienne vont encore plus loin: en faisant appel à une figure d’autorité, le colophon confère au manuscrit une part de l’autorité reconnue au personnage en question. L’impact pragmatique de la formule est alors évident, car un manuscrit qui descend d’un exemplaire réputé aura plus de chances d’être copié à son tour. En s’arrêtant sur la qualité des exemplaires dont il s’est servi, il arrive aussi que le scribe entende se vanter de son propre discernement. La chose est claire dans le colophon d’une copie du Livre des Lamentations de Grigor Narekacʻi (Grégoire de Narek), exécutée en 1350 au monastère Saint-Georges-de-la-Montagne124, au sud du lac de Van (M 5597). Dans l’extrait ci-dessous, qui est encore suivi de mises en garde supplémentaires, le copiste Stepʻannos krawnawor125 enjoint aux futures générations de manier son œuvre avec le plus grand soin. Ո՜վ եղբայր եւ հոգւոյ իմում հարազատ, որ աւրինակ ընդունիցիս զսա առ ի յայլս գրելոյ, յոյժ վստահացիր ի բանս սորա, զի ի ստոյգ եւ ի ճշմարիտ աւրինակէ գրեալ եւ ուղղեալ եմ զսա, ի նմանէ, որ Մխիթար վարդապետն էր գրել եւ ուղղել, որ ոչ ինչ պակաս գտանիւր ի ճշմարտութենէ։ Եւ այնպիսի խնամ տարցես սմա, որպէս զքոյին մատանց գրեալ եւ տաժանեալ ի սայ, որպէս եւ եսս, ոչ ինչ բան եւ կամ բայ եւ տառ քերելով ի սմանէ, եւ կամ յաւելուլ ինչ ի սմայ. … Ô frère et intime à mon âme, lorsque tu recevras ceci pour exemplaire afin d’en écrire d’autres, fie-toi bien aux mots de celui-ci, car je l’ai écrit et corrigé d’après un exemplaire sûr et véridique, d’après celui que le vardapet Mxitʻar avait écrit et corrigé, où il ne se trouvait rien qui faillisse à la vérité. Et tu prendras de ceci un soin tel que [si tu l’avais] écrit de tes doigts et t’y 122 123 124 125

ABRAHAMYAN, Hay gri patmutʻyun, p. 363. MURRE-VAN DEN BERG, Scribes and Scriptures, p. 280-284. Voir p. 318, n. 448. Inconnu des répertoires prosopographiques.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

[étais] donné de la peine, comme moi-même [je l’ai fait] aussi, t’abstenant d’en rien gratter, mot, verbe ou lettre, ou bien d’y ajouter quelque chose; …126

Ce vardapet Mxitʻar est peut-être la même personne que Mxitʻar sarkawag, mentionné comme découvreur d’un exemplaire exceptionnel du Livre des lamentations dans un colophon de 1304 (V 895). … յիշեցէք … զՄխիթար սարկաւագ, որ զաւրինակս գտաւ ընդիր անսղալ, որ մեծ է սա իմաստնոց եւ հոգեւորաց՝ քան զբիւրս ոսկոյ եւ արծաթոյ։ … souvenez-vous … de Mxitʻar sarkawag, qui trouva cet exemplaire de choix [et] sans faute, car ceci est plus grand, aux yeux des sages et des gens spirituels, que pléthore d’or et d’argent.127

À l’inverse, l’assertion de la qualité de l’exemplaire peut aussi servir l’intention autodépréciative du copiste128. Dans l’extrait suivant, par exemple, le scribe Astuacatur Mertenecʻi129, qui termine de copier un bréviaire à Jérusalem en 1624 (J 1833), met en balance l’infaillibilité de l’exemplaire et sa propre faillibilité: Արդ՝ գրեցաւ սա ի լաւ եւ յընտիր օրինակէ, եւ թէ պակասութիւն կա ի մեզանէ է եւ ոչ յօրինակէն։ Or ceci fut écrit d’après un exemplaire bon et de choix, et s’il se trouve un manquement, il est de notre fait, et non de l’exemplaire.130

C’est également ce que l’on constate dans le colophon, déjà cité plus haut, d’un manuscrit du Commentaire sur Isaïe de Gēorg Skewṙacʻi, copié du vivant de l’auteur, en 1292, par un certain Yohanēs Arǰuk (V 997)131: … զի կարի ստիպով յարտորք էի վասն աւրինակին, եւ միայն յաւարտ ելանելոյն էր փոյթն եւ ոչ արուեստի գրոյն. զի թէեւ գիրս յոռի է, բայց աւրինակիս ընտրութիւնն մեծարգոյ է … … car j’étais dans l’empressement132, avec force hâte, à cause de l’exemplaire, et l’objet de [ma] diligence était seulement d’arriver au bout, et non l’art de l’écriture, car, quoique mon écrit soit mauvais, cependant, la qualité 126

M 5597, f. 257r = H14 461a, p. 383. V 895, à partir du f. 142v = Ven. VI, nᵒ 1031, col. 515-516. 128 À propos de ce thème classique, voir notamment CAM, p. 18-19; VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 144-152 (repr. p. 14-28); BAXČʻINYAN, Hišatakaranner, p. 18-19; SIRINIAN, Libri per il paradiso, p. 282-283; l’étude déjà mentionnée de WENDEL, Ταπεινότης, sur les colophons grecs. 129 AŁAWNUNI, Miabankʻ ew aycʻelukʻ, p. 32 s.v. Astuacatur Mertincʻi. 130 J 1833, à partir du f. 246r = H17B 230b, p. 159; Jér.2 VI, nᵒ 1833, p. 207. 131 Voir p. 75. Yohanēs Arǰuk ne figure pas dans les répertoires prosopographiques. 132 Arm. արտորք artorkʻ «hâte, empressement», mot dialectal attesté à Adana, selon AČAṘEAN, Gawaṙakan baṙaran, p. 155 (voir aussi AHBB I, p. 1471). 127

FONCTION PRAGMATIQUE

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de mon exemplaire lui confère une grande valeur (litt. le choix de mon exemplaire est très précieux) …133

Si un texte a été copié d’après un exemplaire de valeur, il serait grave de l’altérer d’une façon ou d’une autre. C’est pourquoi, dans un manuscrit des Actes et des épîtres exécuté à Alep en 1624 (V 65), le scribe Herapet134 note ces quelques lignes avant de copier le texte des Actes des Apôtres: Գրեցաւ գիրքս այս մեծաջան քննութեամբ ի հնոց թարգմանչաց օրինակէ եւ է ըստ հնոց ճշմարիտ քննական թարգմանութեան։ Մի՛ ոք համարձակեսցի մտահաճութեամբ գիր յաւելուլ կամ պակասեցուցանել, այլ զգրեալս՝ գրեա, որ է ստոյգ եւ ընտիր, ըստ նոցա աստուածաձիր պարգեւացն զգրեալս նոցա ստուգիւ գծագրեցաք։ Ce livre fut écrit avec un examen très studieux d’après l’exemplaire des anciens Traducteurs, et il est selon la traduction véridique et critique des Anciens. Que personne n’ait la présomption d’oser ajouter ou retrancher un caractère, mais cet écrit, écris qu’il est sûr et de choix: selon leurs (sc. des Apôtres) dons accordés par Dieu, nous avons écrit cet écrit à leur propos (sc. les Actes des Apôtres) de façon sûre.135

Dans ce colophon secondaire, le copiste somme ses successeurs de respecter à la lettre le texte de son manuscrit, en leur demandant expressément d’écrire à leur tour que ce texte est ստոյգ եւ ընտիր «sûr et de choix»; autrement dit, il est attendu des copistes ultérieurs, qui utiliseraient ce manuscrit-ci comme modèle, qu’ils emploient la formule ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire sûr et de choix» dans leurs propres colophons. La bonne qualité d’un modèle est en effet une information primordiale, qu’il importe de transmettre dans le colophon de chacune de ses copies. En résumé, par l’emploi de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» dans son colophon, un copiste atteint plusieurs objectifs: 1ᵒ légitimer le texte de son propre manuscrit; 2ᵒ valoriser ce manuscrit et s’assurer qu’il sera respecté; 3ᵒ susciter la perpétuation de la formule dans les futures copies de son manuscrit. Accessoirement, il arrive que le copiste s’approprie également une part de mérite ou bien, plus souvent, qu’il en profite pour souligner son inaptitude, par contraste avec la qualité du texte du modèle. 133 V 997, f. 138v = Ven. VII, nᵒ 1378, col. 760-761; H13 566a, p. 698; ALIŠAN, Sisuan, p. 103. 134 Personnage inconnu des répertoires prosopographiques. 135 V 65, f. 13 r2 = H17B 231b, p. 160; Ven. I, nᵒ 198, col. 834.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

5.3. Fonction symbolique Dans ce dernier point, nous proposons d’évaluer la puissance évocatrice de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». En plus de ses implications factuelles et pragmatiques, celle-ci est en effet, comme beaucoup de formules de colophons, imprégnée d’une charge symbolique. Nous tâcherons donc de comprendre ce qu’elle suggère dans l’imaginaire du copiste ou du lecteur arménien, en nous concentrant sur deux thèmes en lien avec les origines de l’exemplaire: d’une part le topos dit «du manuscrit trouvé» et d’autre part le poids psychologique de la tradition. 5.3.1. Le «topos du manuscrit trouvé» La copie d’un texte particulièrement rare justifie de faire le récit de sa découverte. C’est même là un lieu commun littéraire. Ce topos, dit «du manuscrit trouvé», est bien connu dans la littérature occidentale, plongeant ses racines dans l’Antiquité sémitique et gréco-latine; à l’origine surtout appliqué à des textes sacrés, il est aujourd’hui devenu populaire dans le roman136. On le retrouve aussi en arménien, notamment chez Movsēs Xorenacʻi (Moïse de Chorène), qui parle de textes mis au jour par Julius Africanus (Jules l’Africain) dans les archives d’Édesse137. Il va de soi que les récits de ce genre, mêlant légende et fait historique dans des proportions variables, doivent être examinés avec beaucoup de prudence. Dans l’étude qu’il a consacrée à ce sujet, W. Speyer a identifié trois modalités principales de découverte merveilleuse de textes: ceux-ci peuvent apparaître soit tombés du ciel, soit découverts dans des tombes ou dans le sol, soit encore conservés dans des institutions (temples, bibliothèques, archives)138. L’on trouve ce dernier cas, entre autres, dans l’Ancien Testament, à propos de la découverte du Deutéronome dans le Temple de Salomon, lors de la rénovation de celui-ci entreprise par Josias139. C’est aussi la seule modalité à être exploitée par les auteurs de colophons arméniens. 136 À propos de ce topos, voir SPEYER, Bücherfunde, ainsi que différentes contributions, portant principalement sur des textes modernes, dans HERMAN – HALLYN, spécialement l’introduction (HERMAN, En guise d’introduction) et la contribution d’ANGELET, Manuscrit trouvé. 137 MOVS. XOR. II, 10, p. 120 Abełean – Yarutʻiwnean et p. 145-146 Thomson. Cf. MOVS. XOR., p. 12-13 Thomson et THOMSON, Literary Tradition, p. 143. 138 SPEYER, Bücherfunde. 139 II Par. 34, 14-15; IV Reg. 22, 8.

FONCTION SYMBOLIQUE

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Il arrive en effet que ceux-ci évoquent la découverte du ou des manuscrits qui leur ont servi d’exemplaires; nous avons recensé plus de quarante exemples de cette situation dans l’ensemble du corpus des colophons. Cet événement peut être relaté avec plus ou moins de détail, ou bien être à peine mentionné. À dire vrai, notre formule est assez rarement mise à profit dans ce cadre. Néanmoins, les trois cas où une attestation de «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» est combinée au topos du manuscrit trouvé méritent d’être discutés, car ils sont assez révélateurs de l’imagerie mentale qui est associée à la formule. Le premier cas sera traité au chapitre suivant: il s’agit de la découverte des Commentaires aux épîtres pauliniennes d’Éphrem et de Jean Chrysostome par le supérieur du monastère de Hałbat140, Simewon vardapet krawnawor, qui les a recopiés dans un même manuscrit (V 953) en 999. Dans le colophon de celui-ci, l’exemplaire du Commentaire d’Éphrem est qualifié de «sûr et ancien» (ստոյգ եւ հին)141. Cette idée d’ancienneté est également présente dans une deuxième situation de découverte d’exemplaire, beaucoup plus tardive, décrite dans le colophon d’un manuscrit du Commentaire de Jérémie de Mxitʻar Goš (Méchitar Goch, ca. 1130/1140-1213)142 datant du début du XVIIᵉ siècle (J 1082). La copie de ce codex, par Mesrop vardapet Kafayecʻi et son neveu Nersēs143, a commencé au monastère de la Sainte-Mère-de-Dieu de Tʻōmarza144 en 1619 et s’est achevée en 1621 au monastère Saint-Auxence de Suceava (en Bucovine)145. Le colophon principal, dont nous reproduisons ici le début, est constitué de deux parties, écrites l’une au nom du vardapet Mesrop, l’autre au nom de son neveu Nersēs146: 140 THIERRY, Répertoire, nᵒ 760, p. 135; TełBaṙ III, p. 3182-3191 s.v. Hałpat; OSKEAN, Gugarkʻ, p. 84-98 et 197-334; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 657-663; MNAZAGANIAN – ALPAGO-NOVELLO; MATʻEVOSYAN, Hałbati kentron. Sur Simewon vardapet, voir infra, p. 124, n. 236. 141 Voir p. 123-124. 142 AnjnBaṙ III, p. 370-372 s.v. Mxitʻar 38; THOMSON, Bibliography, p. 170-173; POŁAREAN, Grołner, p. 356-359. 143 Sur Mesrop Kafayecʻi, qui fut archevêque de Lvov (ca. 1617-1624), voir PETROWICZ, Copisti e scrittori, p. 153. 144 THIERRY, Répertoire, nᵒ 331, p. 63; TełBaṙ II, p. 4682–3 s.v. Tʻomarzayi s Astvacacin; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 43 s.v. Tʻomarza; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 12, p. 83-88. 145 Aujourd’hui connu sous le nom de Zamka (roum. Mănăstirea Zamca). Voir GOILAV, Bisericile armene I, p. 101-105; MUTAFIAN, Saga, p. 149-150. 146 Le même colophon se trouve, à quelques variantes mineures près, dans un autre manuscrit de ce Commentaire de Jérémie de Mxitʻar Goš (NOJ 207, à partir du f. 281r = TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 367, p. 559-560). Les circonstances de la copie de ce manuscrit ne sont pas des plus claires. Il semble néanmoins admissible de conclure que NOJ 207 a été exécuté en 1622 par le copiste Xačʻkʻō à Kamenets-Podolski, à la demande de Mesrop

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Զծոյլս ի բարիս եւ զարագս ի չարիս, լոկ անուամբ միայն Մեսրոպ Կաֆայեցի սպասաւոր բանի, բազում ջանիւ զայսչափ Մեկնութիւնս ի լոյս հանի կարի հին օրինակէ, կարծեմ թէ յօրինակն գրած է մեծին Գօշ Մխիթար վարժապետի, որ եւ Մեկնութիւնս նորա արարեալ է։ Այսպէս հին եւ փտեալ ու եղծեալ գտի զՄեկնութիւնս։ Որ եւ բազում խնդիրս արարի յաղագս Մեկնութեանս Յերեմիայի, որ եւ ելեալ եմ ի խնդիր Կաֆայու մինչեւ ի Էջմիածինն՝ Վաղարշապատն, ի Խոր Վիրապն, եւ Սաղմոսավանքն, ի Սանահին եւ Հաղպատն, ոչ գտի։ Ետո եկի Լեհաց տունս եւ ոչ գտի։ Գնացի մինչեւ Հալապ եւ ոչ գտի։ Դարձա Հալպա ի Կեսարիա եկայ, եւ անդ գտի, զոր որոնեաց անձն իմ, մի ոմն ի բանասիրէ Սասընցի Ազարիեա վերակոչեցելո։ Բայց խիստ էր եղծեալ յօրինակն։ Moi qui suis paresseux pour les bonnes actions et prompt aux mauvaises, Mesrop Kafayecʻi, vain serviteur du Verbe en nom seulement, au prix de beaucoup d’effort, je publiai ce remarquable Commentaire [d’après] un exemplaire très ancien; je pense que cet exemplaire a été écrit [par] le grand maître Mxitʻar Goš, qui a aussi composé ce Commentaire de ce [livre]. C’est ainsi que je trouvai ce Commentaire: vieux, gâté et abîmé. Et je fis beaucoup de demandes à propos de ce Commentaire de Jérémie, à la recherche duquel je me suis élancé de Caffa jusqu’à Ēǰmiacin [c’est-à-dire] Vałaršapat; à Xor Virap et Sałmosavankʻ, à Sanahin et Hałpat, je ne le trouvai point. Ensuite, je me rendis dans la nation (litt. maison) de Pologne, et je ne le trouvai point. J’allai jusqu’à Alep, et je ne le trouvai point. Je rentrai d’Alep, me rendis à Césarée, et là, je trouvai ce que j’avais moi-même cherché, auprès d’un certain philologue appelé Azariea Sasǝncʻi. Mais son exemplaire avait été fort abîmé.147

Ici, la formule sert à introduire le récit. Elle fait en quelque sorte office de point d’appui, sur lequel tout le merveilleux de l’histoire peut se développer: d’abord l’attribution de cet «exemplaire très ancien» à l’auteur lui-même, ensuite son état de dégradation, enfin l’énumération des cinq premiers lieux visités par Mesrop Kafayecʻi, tous centres d’enseignement de renom et de grande antiquité. Par ailleurs, le nom du savant, philologue et auteur de tałs Azaria Sasnecʻi († 1628), bien connu pour son Calendrier, est encore lié à un autre récit semblable148. Kafayecʻi, et acquis non par celui-ci, mais par Grigor Jułayecʻi erēcʻ (qui en a également copié trois feuillets). La confusion vient du fait que le colophon de Mesrop a été recopié par une autre main que celle du manuscrit. Après ce colophon, la même main a écrit la date de 1621, puis a retravaillé le colophon de Nersēs tel qu’il apparaît dans l’autre manuscrit, le scindant en deux parties, dont la première se rapporte toujours à Nersēs, tandis que la seconde contient les véritables données de copie. Cette date de 1621 est donc à comprendre comme étant celle du colophon, et nous avons affaire à une copie du manuscrit autographe de Mesrop réalisée l’année suivante, en 1622. Peut-être même Mesrop ou Nersēs a-t-il souhaité écrire le colophon lui-même, ce qui expliquerait la différence paléographique constatée avec le reste du manuscrit. 147 J 1082, à partir de la p. 606 = H17B 48z, p. 30; Jér.2 IV, nᵒ 1082, p. 118. Sur cet épisode, voir également MUTAFIAN, Saga, p. 189. 148 Voir ANKK* 43, à partir de la p. 11471 = H17A 431g, p. 344-345; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 43, col. 245-247; AKINEAN, Azaria Sasnecʻi, col. 321-322. Azaria

FONCTION SYMBOLIQUE

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Un troisième cas d’extension de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» par un récit de découverte de l’exemplaire figure dans un recueil de miscellanées copié en 1305 au couvent de Berdak149, dans le canton de Xałtikʻ (Chaldée), en tête duquel figure le livre d’Isaïe (M 5609). Dans un colophon à la fin de celui-ci, le copiste Yohan abełay150 se réclame du texte des Traducteurs, via un exemplaire du couvent de Hałbat. … կատարեցաւ տառս աստուածաշունչ բարձրաքարոզ սուրբ մարգարէին Եսայեա … ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ, որ կոչի Բագնայրեցի, զոր սուրբ վարդապետին Յովսէփայ գտեալ թարգմանչացն գրած ի մայրաքաղաքն Հաղբատ … … ce livre inspiré par Dieu, aux sermons élevés151, du saint prophète Isaïe a été achevé … d’après un exemplaire sûr et de choix, qui s’appelle «Bagnayrecʻi» (i. e. de Bagnayr), qu’a trouvé le saint vardapet Yovsēpʻ, écrit [par] les Traducteurs, dans la métropole de Hałbat …152

Si l’on suit ce texte à la lettre, le modèle que Yohan avait devant lui à Berdak était un manuscrit rédigé par les Traducteurs eux-mêmes, découvert à Hałbat par un certain vardapet Yovsēpʻ153. D’où vient qu’il «s’appelle Bagnayrecʻi»? Le scribe n’est pas clair à ce propos, mais on peut conjecturer que Yovsēpʻ a transféré le codex à Bagnayr, monastère situé non loin de Kars et actif depuis le début du XIᵉ siècle jusque dans le courant du XIIIᵉ154. Les informations de Yohan doivent reposer soit sur une tradition orale, soit sur un colophon laissé dans l’exemplaire par y relate son voyage à Constantinople dans le but de constituer un Livre des Canons, ce qu’il fit en compilant des matériaux issus de manuscrits d’appartenances diverses. Ce récit était également transmis par le colophon du manuscrit KY* S. Astuacacin [12], f. inconnu = H17A 550, p. 450-452; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 43, col. 264-266; AŁAWNUNI, Kʻēōtʻahioy jeṙagrer I (non uidi); AKINEAN, Azaria Sasnecʻi, col. 324. Sur Azaria Sasnecʻi, voir BARDAKJIAN, Guide, p. 300 et 52-53; POŁAREAN, Grołner, p. 493-496; AKINEAN, Azaria Sasnecʻi. 149 THIERRY, Répertoire, nᵒ 962, p. 171; TełBaṙ I, p. 6641 s.v. Berdak [5]; OSKEAN, Barjr Haykʻ, p. 170-173. La localisation précise de cet établissement est incertaine. 150 AnjnBaṙ III, p. 604, s.v. Yovhan 418. 151 Ce composé rare de բարձր «haut, élevé» et քարոզ «sermon, homélie» est attesté seulement une autre fois dans le corpus (H5-12 181, p. 152). 152 M 5609, f. 85v = H14A 77a, p. 87; H14 43, p. 34; YOVSĒPʻEAN, Niwtʻer ew usumnasirutʻiwnner I, p. 70. 153 AnjnBaṙ III, p. 718, s.v. Yovsēpʻ 61. On connaît également un vardapet Yovsēpʻ actif à Hałbat en tant que relieur en 1172 (AnjnBaṙ III, p. 714-715, s.v. Yovsēpʻ 30), tandis que plusieurs Yovsēpʻ sont attestés au couvent de Bagnayr (AnjnBaṙ III, p. 716 et 717, s.v. Yovsēpʻ 39 et 49). 154 THIERRY, Répertoire, nᵒ 315, p. 59; TełBaṙ I, p. 534 2 s.v. Bagnayr; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 361-362 s.v. Bagnayr; ALIŠAN, Širak, p. 111-124; THIERRY, Monuments de Kars III, p. 343-353.

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

Yovsēpʻ. Dans cette deuxième éventualité, il est difficile de dire si la qualification de ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ «exemplaire sûr et de choix» dans le manuscrit de 1305 est un ajout du copiste Yohan ou se trouvait déjà dans le colophon de Yovsēpʻ. 5.3.2. L’importance de la tradition Nous avons déjà souligné comment, par l’usage de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» dans le colophon de leur manuscrit, les copistes entendaient inscrire ce dernier dans une tradition de copie, en allant même jusqu’à requérir de leurs successeurs qu’ils fassent de même. Les copistes se considéraient donc comme les dépositaires d’anciennes traditions, qu’il leur incombait de perpétuer fidèlement. La charge psychologique découlant de cette situation est reflétée de façon remarquable dans les colophons de copies de certaines œuvres traduites, elles-mêmes pourvues de colophons par leur traducteur. Lorsque le traducteur d’une œuvre a laissé un colophon, celui-ci était bien souvent transmis avec l’œuvre traduite, dans l’idée qu’il en faisait dorénavant partie intégrante. À partir de ce moment-là, il est loisible au copiste de faire allusion au traducteur dans son propre colophon, qui suivra immédiatement le colophon du traducteur. Lorsque celui-ci emploie déjà la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», on constate plusieurs cas où le copiste fait également usage de cette formule, sous la même forme ou dans une de ses variantes. Par exemple, dans ce colophon d’un manuscrit de Grégoire de Nysse et Némésios copié en 1227 (M 1013) à Splenjahan, le copiste Simeon krawnawor (Simēon Płnjahanecʻi) fait allusion, via la formule, à un colophon de traducteurs (étudié au chapitre suivant155): … գրեցաւ եւ աւարտեցաւ գիրքս Գրիգորի Նիւսացոյ եպիսկոպոսի, ընդիր եւ լաւ աւրինակաց հնոց, որ թարգմանչացն գրած էր … … ce livre de l’évêque Grégoire de Nysse fut écrit et achevé d’après d’anciens modèles de choix et bons, qui avait été écrit (sic) [par] les traducteurs …156

De même, dans M 3276, un recueil de miscellanées du XVIIᵉ siècle, à la suite du colophon de Stepʻanos Siwnecʻi, qui clôt la traduction des œuvres du pseudo-Denys l’Aréopagite, se trouve le colophon suivant, recopié d’après le modèle: 155

Voir p. 123. M 1013, f. 241v = H13 110, p. 154; MCʻM IV, nᵒ 1013, col. 56; AKINEAN, Simēon Płnjahanecʻi, p. 7. 156

FONCTION SYMBOLIQUE

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Ի թուականութեան Հայոց ՉԿԸ. գրեցաւ մատեանս այս, զոր արարեալ է մեծ իմաստասէրն Դիոնէսիոս, ձեռամբ Ներսէս բանի սպասաւորի, ի լաւ եւ ի հին օրինակաց, ի թարգմանչաց մեկնչացն, որ բնաբանն որիշ կայ գրած եւ մեկնիչն որիշ եդեալ, հոռոմ գրով նշանեալ, որ դժուարին է ընթեռնուլն եւ գրելն. եւ մանր գիրն, որ ի լուսանցն գրած կայ՝ այն լուծմունքն է, զոր մեծ րաբունապետն Եսային է արարեալ իւր գիտնական իմաստութեամբն։ À la date des Arméniens 768 (+ 551 = 1319) fut écrit ce volume, qu’a composé le grand philosophe Denys, de la main de Nersēs, serviteur du Verbe, d’après des exemplaires bons et anciens par les exégètes traducteurs, où le texte se trouve écrit d’un côté et l’exégèse placée d’un autre côté, marquée en écriture romaine (i. e. grecque), ce qui est difficile à lire et à écrire; et la petite écriture qui se trouve écrite dans la marge, ce sont les explications que le grand rabunapet Esayi (i. e. Esayi Nčʻecʻi) a faites dans sa docte sagesse.157

La même logique fonctionne également dans le cas d’œuvres éditées par un personnage célèbre, comme par exemple le bréviaire édité par Tʻovma Mecopʻecʻi158. Dans le colophon de BZ 34, un recueil de livres liturgiques copié en 1627 et comportant notamment un bréviaire, le copiste a inclus la phrase suivante: Գրեցի լաւ եւ ի ստոյգ օրինակէ, որ էր ուղղեալ ի ս[ուր]բ հարանցն։ J’écrivis d’après un exemplaire bon et sûr, qui avait été corrigé par les saints Pères.159

Ce colophon160 fait suite à une copie du colophon de Tʻovma Mecopʻecʻi, qui emploie lui-même la formule sous la forme յընտիր ընտիր օրինակաց «d’après des exemplaires de premier choix» pour décrire son travail d’édition et de correction. On trouve des exemples similaires dans certaines formules liées au psautier de Yovhannēs Gaṙnecʻi. Le poids de la tradition influence donc non seulement la décision des copistes de recopier certains manuscrits avec leur colophon, mais également le texte de leur propre colophon. On perçoit bien dans pareils cas, comme avec le topos du manuscrit trouvé, toute la charge symbolique qui était liée à la copie de manuscrits prestigieux, dont la formule de colophon ici étudiée est une marque distinctive. M 3276, f. 151v = H14A 339, p. 381-382; H14 196, p. 157. Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55-56. 158 Voir p. 88. 159 BZ 34, à partir du f. 162v = H17B 413a, p. 275; KʻĒŠIŠEAN, Cʻucʻak, nᵒ 34, p. 59. 160 Voir aussi le même texte dans un bréviaire de 1634: SEB* 119, p. 322-325 (sans précision) = H17B 858, p. 581; GUŠAKEAN, Cʻucʻak, nᵒ 119, p. 75; GUŠAKEAN, Cʻucʻak XVI, nᵒ 119, col. 39. 157

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CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE

6. CONCLUSIONS Au terme de ce chapitre inaugural, nous avons donné une vue d’ensemble de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» dans ses dimensions textuelle et historique, mais aussi dans son contexte culturel, fonctionnel et symbolique. Soulignons que la méthode ici mise en pratique est applicable à d’autres formules de colophons, et probablement certains de ses résultats sont-ils également valables pour des formules différentes, notamment en ce qui concerne les dynamiques d’évolution. La formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» a toutefois ses particularités, liées principalement à son contenu sémantique. Il s’agit d’abord de ce lien consubstantiel avec la question de la tradition textuelle: cette formule-ci en dit certainement plus que bon nombre d’autres sur les liens qui unissent les modèles et leurs copies, ainsi que sur les personnalités à l’œuvre dans le processus de transmission. En effet, si la présence dans un groupe donné de manuscrits d’une même formule est en soi déjà un indice de leur appartenance à une même chaîne de transmission (textuelle ou pédagogique), le fait que la formule évoque par son sens le rapport entre la copie et son modèle la rend infiniment plus prometteuse pour entreprendre l’étude de cette question. Ensuite, cette formule implique le scribe personnellement: sa responsabilité est mise en jeu dès lors qu’il en fait usage, car la copie d’un exemplaire de grande qualité est un exercice exigeant. Il convient de respecter son modèle et de s’efforcer d’en produire une copie digne; si le scribe n’atteint pas cet objectif, les lecteurs du manuscrit constateront une discordance entre la formule de colophon et un manuscrit bâclé et attribueront le blâme au copiste. Peu d’autres formules engagent autant leur utilisateur. La popularité de cette formule a traversé les siècles et s’est étendue à des manuscrits de tous genres. Il s’agit donc d’un tour qui faisait partie, au moins à partir d’une certaine époque, du bagage des copistes. Il est raisonnable d’estimer qu’alors, la plupart des copistes connaissaient cette formule, pour l’avoir apprise ou lue durant leur formation; pour autant, elle n’a pas fait l’objet d’une utilisation systématique. D’une part, il s’agit d’une formule parmi un éventail d’autres formules, dans lequel les scribes puisaient selon les situations, sans naturellement les employer toutes en même temps. D’autre part, certains manuscrits pouvaient ne pas se prêter à cette formule, surtout si l’exemplaire n’avait rien de remarquable. Mais surtout, l’emploi de la formule est grandement motivé par sa présence à l’intérieur même du modèle; nous l’avons déjà constaté à plusieurs reprises

CONCLUSIONS

105

dans ce chapitre-ci, et c’est cela qui permettra d’expliquer chacune des traditions de copie étudiées dans les chapitres suivants. Dans bien des cas, à mesure de son essor, cette petite formule de quelques mots devient à son tour un élément constitutif d’un type plus vaste. Cette évolution sera illustrée par l’examen détaillé de plusieurs types au cours des chapitres qui suivent. Nous y verrons à l’œuvre les dynamiques complexes de formation, d’évolution, d’extension, de déplacement et de réappropriation de plusieurs formules, qui ont fait de celles-ci des «marques de fabrique» de tel centre ou de telle tradition de copie et d’enseignement. Avant toutefois d’entamer l’étude approfondie des sept types retenus dans cette étude, il convient de se pencher sur les toutes premières attestations de la formule. Cette première enquête historique se situe dans le prolongement du chapitre qui s’achève ici: il s’agit de poser les bases, non plus conceptuelles, mais historiques, du développement de la formule, dont les différents types examinés dans la deuxième et dans la troisième partie de ce livre sont autant de manifestations particulières.

CHAPITRE II

DES ORIGINES À 1150 1. INTRODUCTION Ce deuxième chapitre suit les débuts de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», depuis ses racines en dehors du domaine des colophons jusqu’à la moitié du XIIᵉ siècle. Ce faisant, ses treize premières attestations seront examinées en détail. Ainsi qu’il apparaîtra immédiatement, les origines de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» la rattachent non à la simple idée de copie d’un texte, mais à la démarche de traduction, précisément du grec vers l’arménien161. En cela, son développement est parallèle à celui de la littérature arménienne elle-même, qui a commencé par être une littérature de traduction avant de produire, il est vrai presque instantanément, ses propres œuvres. L’enquête s’arrêtera au milieu du XIIᵉ siècle, moment qui marque le début d’une diffusion plus large de la formule. L’exposé de ce chapitre, comme des suivants, se présente en deux temps. En premier lieu, le corpus de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» est décrit sous forme d’un tableau reprenant la liste des colophons et manuscrits concernés, avec un commentaire rapide des textes (approche synchronique). Ensuite, on retrace l’historique de la genèse de cette formule (approche diachronique). Dans un but de cohérence, cette investigation historique des origines de la formule est organisée dans l’ordre chronologique non de ses attestations, mais des traditions qui lui ont donné naissance. Les conclusions du chapitre font le point sur les liens entre les différentes traditions qui auront été étudiées. 2. TEXTES 2.1. Corpus Treize colophons composent ce corpus des premières attestations de la formule (fig. 7). Parmi ceux-ci, sept sont des colophons de copistes, tandis que les trois plus anciens sont des colophons de traducteurs. Les originaux de ces colophons, datant du début du VIIIᵉ siècle, sont perdus; les textes survivent toutefois par un certain nombre de manuscrits plus récents. Tous les autres colophons sont encore conservés aujourd’hui dans leurs manuscrits originaux. 161

Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55.

108 Nᵒ

Cote

CHAPITRE II. DES ORIGINES À 1150

Date

Contenu

Formule

Lieu

Auteur(s)

1 —

712

Corpus aréopagitique

ի ստոյգ աւրինակաց

Constantinople Dawitʻ hiwpatos, Stepʻanos Siwnecʻi (trad.)

2 —

715

Cyrille ի ստոյգ d’Alexandrie, աւրինակաց Scolies et Lettres

Constantinople Dawitʻ hiwpatos, Stepʻanos Siwnecʻi (trad.)

3 —

718

Némésios, De la nature de l’homme

ի ստոյգ աւրինակաց

Constantinople Dawitʻ hiwpatos, Stepʻanos Siwnecʻi (trad.)

4 M 2374 989

Évangiles

յստոյգ եւ ի հին յաւրինակաց

Noravankʻ

Yovhannēs (cop.)

5 V 953

999

Éphrem et Jean Chrysostome, Commentaires sur les épîtres pauliniennes

ի ստոյգ եւ ի հին աւրինակէ

Hałbat

Simewovn (cop.)

6 M 283

1033

Évangiles

ի ստոյգ աւրինակէ

?

Kʻristapʻor (cop.)

7 M 988

1046

Jean Chrysostome, Homélies

ի նշանաւոր եւ ի [Ani] ճշգրիտ գաղափարէ

Gēorg (cop.)

8 J 1862

1047

Némésios, De la nature de l’homme

ի ստոյգ աւրինակաց

[Ani]

Georg (cop., rel.)

9 M 275

1077

Évangiles

յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակաց

?

Yovhannēs (cop.)

10 M 6763 1113

Évangiles

ի ստոյգ եւ յնտիր գաղափարէ

Drazark

Gēorg (cop., ill.)

11 —

1117

Jean Chrysostome, Homélies sur l’Évangile de Jean

ի կրկին աւրինակաց

[Drazark]

Kiwrakos vardapet (trad.)

12, — 13

1141? Pseudo-Jean Chrysostome, Éloge de Grégoire l’Illuminateur

ի հին եւ եղծեալ (եղծած 13) աւրինակաց

[Covkʻ]

Nersēs (trad.)

Fig. 7. Les premières attestations de la formule de colophon «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» (avant 1150)

COMMENTAIRE

109

2.2. Commentaire Dans ces treize plus anciennes occurrences de notre formule (ou douze, si l’on considère ensemble les deux versions du colophon de la traduction de l’Éloge de Grégoire l’Illuminateur mis sous le nom de Chrysostome), l’adjectif ստոյգ «sûr» est très largement prédominant: neuf d’entre elles l’emploient, soit seul (dans cinq cas) soit en binôme avec հին «ancien» ou ընտիր «de choix» (dans deux cas chacun). Le deuxième qualificatif le mieux représenté est հին «ancien», qui figure à quatre reprises162. L’adjectif նշանաւոր «remarquable, distingué», qui apparaît dans le colophon de M 988, est hapax dans le corpus de la formule; il se trouve en compagnie de ճշգրիտ «exact», qui ne compte qu’une autre occurrence163. Ces colophons de la période formative se distinguent également par la fréquence du pluriel աւրինակաց «exemplaires», attesté dans neuf des treize exemples de la formule. Enfin, le substantif գաղափար «modèle» est employé par deux colophons164. Prises collectivement, ces particularités démontrent que la formule est encore en gestation: notamment, le choix du substantif n’est pas encore fixé, tout comme le nombre classique d’adjectifs. Par ailleurs, de nombreuses variantes employées dans ces premiers colophons ne seront plus exploitées par la suite, telles ի ստոյգ եւ ի հին աւրինակէ/-աց «d’après un/des exemplaire(s) correct(s) et ancien(s)» et ի նշանաւոր եւ ի ճշգրիտ գաղափարէ «d’après un modèle remarquable et exact», ou à peine, comme ի ստոյգ աւրինակաց (une seule autre occurrence165). À l’opposé, des adjectifs qui seront très courants par la suite, comme լաւ «bon» et ընտիր «de choix», sont encore peu ou pas du tout attestés. Cependant, les deux variantes les plus récentes parmi les treize ici envisagées annoncent déjà l’avenir: en effet, les combinaisons d’adjectifs que l’on y trouve (ընտիր եւ ստոյգ «de choix et sûr» et ստոյգ եւ ընտիր «sûr et de choix») seront appelées à connaître un succès important dans les siècles suivants166. Si ces anciennes attestations de la formule se singularisent à bien des égards par rapport à la masse de ses autres occurrences, elles forment néanmoins le socle sur lequel ces dernières se développeront. 162

À propos de la fréquence de cet adjectif dans le corpus, voir p. 71-72. Dans le colophon du manrusmunkʻ PHF O 121, de 1314 (ca. f. 220v = H14A 254, p. 275; SANJIAN, Catalogue U.S., nᵒ 153, p. 673). 164 À propos de ce terme et de sa fréquence, voir p. 66. 165 En 1183, dans le colophon du tétraévangile J 3133 (ca. p. 514 = H5-12 254, p. 235; YJ suppl. 10, col. 1029; DČ ŽB. dar, p. 416; Jér.2 IX, nᵒ 3133, p. 350). 166 Cf. p. 70-72. 163

110

CHAPITRE II. DES ORIGINES À 1150

3. HISTOIRE L’examen historique à suivre, qui constitue l’essentiel du chapitre, est divisé en trois points, chacun consacré à un groupe de colophons. Dans le premier, on examine plusieurs colophons qui utilisent la formule dans le contexte d’une allusion à la traduction des Saintes Écritures sous la direction de Sahak et Mesrop Maštocʻ. Le deuxième point discute les colophons des traductions de Stepʻanos Siwnecʻi et Dawitʻ hiwpatos. Enfin, sont regroupés au troisième point les colophons qui ne s’insèrent dans aucune de ces deux catégories. 3.1. Les saints Traducteurs 3.1.1. Le témoignage des historiens et la tradition łewondienne Il semblerait que l’origine ultime de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» soit à chercher dans les récits de l’activité des saints Traducteurs, au début du Vᵉ siècle. En effet, l’historien Movsēs Xorenacʻi rapporte que les saints Traducteurs ramenèrent à Mesrop et Sahak «des exemplaires sûrs des Écritures» (զստոյգ աւրինակս գրոց)167, avec lesquels ceux-ci retraduisirent des ouvrages qu’ils avaient déjà traduits plus tôt. Koriwn parle quant à lui d’«exemplaires bien établis (litt. fermes, solides) des Écritures données par Dieu» (հաստատուն աւրինակաւք աստուածատուր գրոցն), également qualifiés plus loin d’«exemplaires véridiques» (ճշմարիտ աւրինակաւք). Rapportés de Constantinople par les saints Traducteurs, ces manuscrits permirent à Sahak de réviser, avec l’aide d’Eznik, les traductions qu’il avait réalisées auparavant168. Cette terminologie ne manque pas de faire penser à la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», d’une part, et d’autre part aux cinquante exemplaires «autorisés» de la Bible, que Constantin avait commandés à Eusèbe après le concile de Nicée169. Le qualificatif ստոյգ «sûr, certain, authentique», que l’on lit chez Movsēs Xorenacʻi, est employé, seul ou en combinaison, dans chaque occurrence — à une exception près — de la formule jusqu’au début du MOVS. XOR. III, 61, p. 343 Abełean – Yarutʻiwnean. KOR. 19, p. 76 Abełyan. 169 Ainsi ZŌHRAPEAN dans la préface de son édition de la Bible, vol. 1, p. 6-7, qui souligne que via ces exemplaires, la traduction arménienne de l’Ancien Testament serait basée sur le texte des Hexaples d’Origène; NERSESSIAN, Bible, p. 16, pense, lui, à une allusion à la seule LXX. Sur les exemplaires utilisés pour cette révision, voir e. a. ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 110-112; LYONNET, Origines de l’Église arménienne, p. 187; COWE, Typology, p. 55-56. 167

168

LES SAINTS TRADUCTEURS

111

XIIᵉ siècle (1113). C’est aussi le cas chez Stepʻanos Tarōnecʻi (Étienne de Tarôn), qui rédige une Histoire universelle au début du XIᵉ siècle. En effet, au moment de relater la retraduction des ouvrages par Sahak assisté d’Eznik, Stepʻanos Tarōnecʻi emploie le même vocabulaire que Movsēs Xorenacʻi, mais sous la forme d’un syntagme prépositionnel à l’ablatif, ce qui correspond à la structure de la formule des colophons: Իսկ մեծ քահանայապետն Սահակ, որ ի զաւակէ սրբոյն Գրիգորի՝ զԳիրս սուրբս դարձեալ ի յոյն լեզուէն ի հայ լեզու թարգմանէր հանդերձ Եզնկաւ ի ստոյգ օրինակացն բերելոց սրբոյն Ղեւոնդի եւ այլոցն ի Կոստանդիական քաղաքէն։ Or le grand pontife Sahak, qui [était] de la descendance de saint Grégoire, traduisait à nouveau les saintes Écritures de la langue grecque en langue arménienne, avec Eznik, d’après les exemplaires sûrs rapportés de la cité constantinienne par saint Łewond et les autres.170

Plus tard, Vardan Arewelcʻi (Vardan l’Oriental, ca. 1198-1271), dans son compendium historique, simplifiera cette histoire: après avoir donné les noms des jeunes gens que Sahak envoya à l’étranger apprendre «l’art des livres» (զարուեստ մատենից), Vardan abrège Stepʻanos Tarōnecʻi, en se contentant de noter que les exemplaires utilisés pour la traduction étaient ceux de Łewond171: … սոքօք թարգմանեցին զամենայն մատեանս ի ստոյգ օրինակաց սրբոյն Ղեւոնդի։ … grâce à ceux-ci (sc. les saints Traducteurs), ils traduisirent tous les livres d’après des exemplaires sûrs de saint Łewond.172

La même formule est donc présente que chez Stepʻanos Tarōnecʻi, mais sans l’article -ն; d’autre part, la tradition est redirigée vers la seule figure de Łewond. Les colophons de manuscrits, quant à eux, n’attestent pas cette version, que l’on retrouve encore chez Aṙakʻel Siwnecʻi (ca. 1355-1425)173, et connaissent seulement les exemplaires de Sahak et de Mesrop. 3.1.2. La tradition sahakienne La tradition de l’exemplaire de Sahak est attestée dans la rédaction arménienne de la Passion de Šušanik174. Ce récit, dont l’action se situe ST. TAR. II, 1, p. 75 Malxaseancʻ. Stepʻanos Tarōnecʻi et Movsēs Xorenacʻi sont les sources (non citées comme telles) de Vardan dans ce passage, cf. THOMSON, Vardan’s Sources, p. 348-349. Sur la version de Stepʻanos et de Vardan, voir ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 104. 172 VARD. AREW. hist. 25, p. 51 Ališan. 173 AṘAKʻ. SIWN. in proleg. Daw. Any., p. 170 Pʻilipposean. Cf. TʻŌPʻČEAN, Cʻucʻak Armaši, nᵒ 189, p. 350. 174 BHO 1107. 170 171

112

CHAPITRE II. DES ORIGINES À 1150

dans la deuxième moitié du Vᵉ siècle, fait mention d’un Évangile que la sainte avait en sa possession et qui avait appartenu à son arrière-grandpère Sahak. Եւ ունէր աւետարան մի փոքրիկ, որ էր նախնոյ նորա սրբոյն Սահակայ, զոր ընդ իւր ունէր եւ նովաւ աղաչէր զԱստուած ի ծածուկ … Et elle possédait un petit Évangile, qui était celui de son aïeul saint Sahak, qu’elle avait avec elle, et avec celui-ci, elle priait Dieu en secret …175

Sans qu’il soit possible d’établir une continuité entre ces deux témoignages, on trouve à nouveau mention d’un Évangile de Sahak dans le colophon d’un manuscrit daté de 1113. Il s’agit du tétraévangile M 6763, le plus ancien manuscrit à émaner non seulement du célèbre monastère de Drazark176, mais même de toute la Cilicie. Le copiste et enlumineur, Gēorg177, écrit ces mots au nom du commanditaire, Kiwrakos vardapet178: … ես՝ Կիւրակոս ի վերջ հասեալ գիտնականաց, մեղաւոր եւ անարժան ծառայ Աստուծոյ ցանկացող եղէ այսմ լուսայիղծ եւ կենսակիր կտակիս, եւ ետու աւարտել Գէորգայ գրչի, ի ստոյգ եւ յնտիր գաղափարէ սրբոյն Սահակայ թարգմանչի, յստակ եւ ականակիտ, որպէս եւ ի Փրկչէն ասացան, զոր յոյժ բաղձանաւք եւ յոգնատոչոր տենչանաւք, մեծաւ աշխատութեամբ ստացայ զսայ ի լուսաւորութիւն մանկանց եկեղեցւոյ եւ յիշատակ ինձ եւ ծնաւղաց իմոց եւ ամենայն բնաւ զարմից կենդանեաց եւ ննջեցելոց։ … moi, Kiwrakos, qui suis le dernier des savants, pécheur et indigne serviteur de Dieu, je devins désireux de ce lumineux et vivifiant Testament et je le donnai à réaliser au scribe Gēorg, d’après un modèle179 sûr et de choix du traducteur saint Sahak, clair et limpide, [présentant les Évangiles] ainsi 175 Pass. Sus. 6, p. 26 Muradyan (non uidi, cité par MURADYAN, Ditarkumner, p. 67 n. 14) = p. 27 Sopʻerkʻ. À propos de ce détail (absent du texte géorgien), voir encore OUZOUNIAN, Citation néo-testamentaire, p. 504. 176 Sur le monastère de Drazark, voir notamment THIERRY, Répertoire, nᵒ 023, p. 6; TełBaṙ II, p. 1492–3 s.v. Drazark; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 623-625 s.v. Drazark; OSKEAN, Kilikia, nᵒ 22, p. 151-199; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 59-60; ALIŠAN, Sisuan, p. 230-236; ALIŠAN, Sissouan, p. 265-272; ZARBHANALEAN, Hin dprutʻiwn, p. 704-707; COULIE, Cilicia, p. 264-265; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 617-620; AZARYAN, Kilikyan manrankarčʻutʻyun, p. 45-52; ŁAZAROSYAN, Kilikiayi vardapetaranner, p. 82-84; ŁAZAROSYAN, Kilikiayi grčʻutʻyan kentronner; EREMEAN, Drazarki patmakan vankʻ I-II; POŁAREAN, Drazark; GRIGORYAN, Location of Drazark. 177 AnjnBaṙ I, p. 461, s.v. Gēorg 45; HMM, nᵒ 54, p. 99; POŁAREAN, Gričʻner, p. 23. 178 AnjnBaṙ II, p. 623, s.v. Kirakos 19. Il s’agit, selon N. Akinian, de Kirakos vardapet gitnakan (ca. 1050-1127), auteur et traducteur de commentaires: AKINEAN, Kirakos gitnakan (cf. col. 491 et 523 à propos de ce colophon); AnjnBaṙ II, p. 621-622, s.v. Kirakos 17; THOMSON, Bibliography, p. 140-142; POŁAREAN, Grołner, p. 203-206; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 618-619; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 3; ŁAZAROSYAN, Kilikiayi grčʻutʻyan kentronner, 69-71; CHÉTANIAN, Colophon. 179 Arm. գաղափարէ; l’édition d’A. Matʻevosyan a գաղափերէ, ce qui est une coquille (cf. correctement գաղափարէ dans les autres ouvrages cités ci-dessous).

LES SAINTS TRADUCTEURS

113

qu’ils ont été dits par le Sauveur; c’est avec beaucoup de désir et une très ardente envie qu’au prix d’un grand travail, j’acquis ceci pour l’illumination des enfants de l’Église et en mémoire de moi et de mes parents, et de l’ensemble de tous mes descendants, vivants et décédés.180

Cette attribution de l’exemplaire à Sahak confère une autorité particulière au manuscrit, puisqu’il se revendique ainsi directement, si l’on suit le récit de Koriwn et de Movsēs Xorenacʻi, de la traduction des Évangiles révisée par Sahak181. Selon Łazar Pʻarpecʻi, en revanche, Sahak aurait traduit seul l’ensemble des Écritures182 — une version que ce colophon-ci pourrait également refléter. Łazar n’emploie toutefois pas dans son récit le même vocabulaire que les autres historiens cités au point précédent. Quoi qu’il en soit, les adjectifs employés sont exemplatifs de l’importance accordée à la qualité du modèle, qui dans ce cas va naturellement de pair avec la figure du saint Traducteur. On sait peu de chose du devenir de M 6763, jusqu’à ce qu’il soit nationalisé en 1920 avec la seconde collection de manuscrits rassemblés par Xačʻik vardapet Dadean, abbé de Zuartʻnocʻ183. Il semblerait toutefois que dans la première moitié du XIVᵉ siècle, l’Évangile de Drazark ait été aux mains d’une famille de la noblesse cilicienne, les Bazuneancʻ. En effet, son colophon a fourni le modèle de celui de KHA* Sürsürü, S. Karapet [2], un évangile aujourd’hui perdu, commandité par le paron Lewon Bazuneancʻ184. Nous ignorons la date et le lieu d’exécution de ce manuscrit, copié par le scribe Simawon185, mais l’identité du commanditaire permet de la situer en Cilicie dans le deuxième quart du XIVᵉ siècle. À la fin du XIXᵉ siècle, il était conservé à l’église du Saint-Précurseur du village de Sürsürü (arm. Sursuri, Sorsru, et de nombreuses autres graphies)186, près de Xarberd, quand G. Srvandztiants recopia un extrait de son colophon187: 180 M 6763, f. 20 r = H5-12 177a, p. 142; H5-12 2, p. 1; YJ 149, col. 321; H5-12, p. Ž; YOVSĒPʻEAN, Kʻartēz, nᵒ 146, p. 48. Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55; MURADYAN, Ditarkumner, p. 63; D. KOUYMJIAN et L. ZAKARIAN dans MUTAFIAN, Magie de l’écrit, nᵒ 3.14, p. 88. 181 Cf. H5-12, p. Ž. 182 ŁAZ. hist. I, 11, p. 16-17 Tēr-Mkrtčʻean – Malxasean. 183 Cf. Mat. I, col. 113-114 et 117; KʻIWRTEAN, Tiwbingēni awetaran, col. 160; COULIE, Répertoire, p. 183. Le manuscrit, acquis par X. Dadean après 1897, a dû transiter par Tiflis, cf. infra, p. 118, n. 208. 184 HAB II, p. 425, s.v. Lewon 38. Sur ce paron Lewon Bazuneancʻ, voir également MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 447; ALIŠAN, Sisuan, p. 531-532. 185 Ce Simawon n’est pas repris dans les répertoires prosopographiques. 186 TełBaṙ IV, p. 7272 s.v. Sursuri. 187 Un colophon semblable, rédigé par le même Simawon, mais qui ne reprend pas la formule, se lit au début du manuscrit BEW Arisdaguesian (à partir du f. 1r = H13 653, p. 814-815; OSKEAN, Smbat Kʻaǰkoncʻi awetaran, col. 464, repr. dans OSKEAN, Cʻucʻak

114

CHAPITRE II. DES ORIGINES À 1150

Ես ծառայս Աստուծոյ պարոն Լեւոն Բազունեանց ցանկացող եղէ այսմ լուսաիղձ եւ կենսակիր կտակիս, եւ տուաւ աւարտել զսա Սիմաւոնի գրչի. ի ստոյգ եւ յընտիր աւրինակէ սուրբ Սահակայ թարգմանչի. յստակ եւ ականակիտ որպէս եւ ի Փրկչէն ասացաւ. զոր յոյժ բաղձանաւք եւ յոգնատոչոր մեծաւ աշխատութեամբ ստացայ զսա՝ ի լուսաւորութիւն մանկանց եկեղեցւոյ. եւ ի յիշատակ ինձ եւ ամուսնոյ իմոյ տիկին Սպլի, եւ որդեկաց իմոց պարոն Լեւոնի եւ պարոն Բազունէ, եւ ծնողաց իմոց … Moi, paron Lewon Bazuneancʻ, serviteur de Dieu, devins désireux de ce lumineux et vivifiant Testament, et il fut donné à réaliser au scribe Simawon, d’après un exemplaire sûr et de choix du traducteur saint Sahak, clair et limpide, [présentant l’Évangile] comme il a été dit par le Sauveur; c’est avec beaucoup de désir et un très ardent [et] grand travail que j’acquis ceci pour l’illumination des enfants de l’Église, et en mémoire de moi et de mon épouse, tikin Spil, et de mes jeunes fils, paron Lewon et paron Bazunē, et de mes parents …188

Comme on le voit, il s’agit, exception faite des noms propres, d’une reprise presque littérale du colophon de M 6763, dont il y a par conséquent fort à parier que KHA* Sürsürü, S. Karapet [2] était une copie. Une ultime trace de cette tradition sahakienne figure dans le colophon du tétraévangile ET 42, copié en 1617 à Kütahya pour tēr Yakob, évêque de la ville, au nom de qui le scribe Grigor écrit le colophon principal189: HA, nᵒ Z.1, p. 85; SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 347). Ce tétraévangile, copié en 1297 à Mopsueste par Hetʻum kʻahanay pour son mentor le kʻahanay Smbat Kʻaǰkoncʻ, a été acquis par Lewon Bazuneancʻ à une date indéterminée et était conservé à l’église SaintÉtienne de Xarberd depuis la fondation de cette dernière, en 1877. G. Srvandztiants (SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 347-348) a édité des extraits de plusieurs de ses colophons, mais il omet celui de Lewon Bazuneancʻ. H. Oskian (OSKEAN, Smbat Kʻaǰkoncʻi awetaran, col. 463, repr. dans OSKEAN, Cʻucʻak HA, p. 85), a supposé que Srvandztiants avait fait erreur en attribuant ce colophon à un manuscrit de Sürsürü, créant deux entrées pour un seul et même manuscrit. Cependant, il n’est pas possible que le colophon transmis par Srvandztiants soit, comme le pense Oskian, un abrégé déformé de celui que l’on trouve dans le manuscrit de Beyrouth. En effet, le paron Lewon Bazuneancʻ y est mentionné comme commanditaire du manuscrit, et non comme acquéreur ultérieur. Que Srvandztiants ait mélangé ses notes serait admissible, mais qu’il ait transformé à ce point le texte du colophon, en inventant de toutes pièces la formule au sujet de l’exemplaire, ne l’est guère. Il avait donc bien vu deux manuscrits différents, faisant tous deux mémoire du paron Lewon Bazuneancʻ et du copiste Simawon, l’un à Xarberd même, qui a survécu et était en possession de Ełišē Aristakēsean, dentiste à Beyrouth, en 1951, lorsque Oskian le décrivit, l’autre dans le village voisin de Sürsürü, qui a probablement été détruit au cours du génocide. 188 KHA* Sürsürü, S. Karapet [2], f. inconnu = SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 348349. 189 Sur ces personnages, qui ne possèdent aucune entrée dans les répertoires prosopographiques, voir OSKEAN, Cʻucʻak Bulgaria II, col. 112, repr. dans OSKEAN, Cʻucʻak HA, p. 173.

LES SAINTS TRADUCTEURS

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Ո՜վ եղբարք, ոչ եթէ վասն մարմնաւոր ինչ լումայի գրել տուաք զայս աւրինակս, որ էր ստոյգ եւ ճշգրտիւ գրեալ ի Սահակ թարգմանչի աւրինակէն … Ô frères, ce n’est pas pour quelque obole matérielle (litt. charnelle) que nous avons donné à écrire cet exemplaire, qui avait été écrit avec sûreté et exactitude d’après l’exemplaire du traducteur Sahak …190

3.1.3. La tradition mesropienne Un vocabulaire similaire caractérise la tradition mesropienne, à laquelle se rattache, seul, le colophon d’un tétraévangile de 1069 (M 10434). Celuici a été copié à la demande d’Anania Varagacʻi, par Yovhanēs, qui est vraisemblablement aussi l’auteur des enluminures191, sur un modèle ayant appartenu à Anania Narekacʻi (Ananie de Narek)192. Son attribution au monastère de Narek, plus précisément au nouveau monastère de Narek193, près d’Akn (tc Eğin, auj. Kemaliye), est assurée. Le colophon insiste sur la valeur inestimable du modèle, qui est attribué à Mesrop Maštocʻ luimême: … եւ ստացայ զսա իմոց արդար եւ [իր]աւացի արդեանց, զոր ի վեր համարիմ, քան զամենայն աշխարհս եւ զփառս, եւ զմեծութիւն սորա, եւ հանապազ ուրախանամ եւ փարթամանամ անթափելի ճոխութեամբ ի սորին աստուածային եւ անհամեմատ լիութենէս։ Մանաւանդ վասն ստ[ուգու]թեան սորին եւ ընտրութեան բանի եւ հրամանի, եւ տնահատի, եւ ամենայն արուեստի, որ էր վկայեալ աւրինակն յամենայն գիտնականաց Հայւոց, զոր ասէին յաւանդութենէ գրեալ է ձեռամբ սրբոյն Մաստրովբայ վարդապետի եւ թարգմանչի։ Եւ իմ այսմ ամենայնի հասու եղեալ եւ տեղեկացեալ վասն լաւութեան սորա, զոր ոչ արժէ աշխարհ զփոքրիկս զայս, որ է մեծ եւ պատուական ի սրտի իմում եւ ամենայն գիտնականաց, 190 ET 42, ca. f. 353r = H17A 854, p. 636; OSKEAN, Cʻucʻak Bulgaria II, nᵒ 5, col. 112, repr. dans OSKEAN, Cʻucʻak HA, nᵒ ŽA.7, p. 173; MIKʻAYELYAN, Cʻucʻak Ēǰmiacni V, p. 86. 191 AnjnBaṙ I, p. 150-151, s.v. Anania 6; MURADYAN, Ditarkumner, p. 60-61. Ce Yovhanēs n’est pas connu des répertoires prosopographiques; pour le miniaturiste, voir AHMM, nᵒ 14, p. 29. 192 Cf. H5-12, nᵒ 69a-b, p. 55; MURADYAN, Ditarkumner, p. 60-61 et 67 n. 10; DER NERSESSIAN, Évangile du roi Gagik, p. 88, n. 17. La bibliographie sur Anania Narekacʻi est abondante; il suffira ici de citer l’ouvrage de TʻAMRAZYAN, Anania Narekacʻi. 193 THIERRY, Répertoire, nᵒ 410, p. 76; TełBaṙ III, p. 9693-9701 s.v. Nareka vankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van I, nᵒ B.21, p. 189-200; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 178, p. 213; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 39; LALAYEAN, Vaspurakan II, p. 37-42; THIERRY, Voyage archéologique III, p. 173-174; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 688-689; POŁAREAN, Narekay vankʻ. Auj. Duruköy (cf. IA s.v. Duruköy et NIŞANYAN, Adını Unutan Ülke, p. 282 s.v. Duruköy). Sur cette attribution, voir MURADYAN, Ditarkumner, p. 61; DER NERSESSIAN, Évangile du roi Gagik, p. 88, n. 17 (contrairement à ce que semble dire S. Der Nersessian, le copiste n’est pas explicite quant au lieu où il a travaillé); MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 689.

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որք ճանաչեն զզաւրութիւն սորա։ Եւ ես զամ մի ողջոյն աշխատասէր վաստակաւք իմով, անձամբ եւ ծախիւք շատ ջանացեալ մինչեւ ի կատարումն գրչութեան սորա, … … et j’acquis ceci sur mes biens justes et légitimes, [cet Évangile] que j’estime par-dessus le monde entier et toute la gloire (cf. Matth. 4, 8) et la grandeur de celui-ci, et sans cesse, je me réjouis et m’enrichis par l’inépuisable opulence de la divine et incomparable plénitude de celui-là (sc. cet Évangile), particulièrement en raison de sa certitude et de l’excellence de son verbe et de son précepte (uel accent?)194, et de sa division en versets195, et de tout son art, car c’était l’exemplaire attesté par tous les savants arméniens, dont on disait, d’après la tradition, qu’il avait été écrit de la main de saint Mastrovb[os?]196, vardapet et traducteur. Et moi, je me rendis compte de tout cela et je fus informé que, pour ce qui est de sa bonne qualité, le monde ne vaut pas ce petit [livre], qui est grand et vénérable dans mon cœur et dans celui de tous les savants, qui connaissent son importance. Et moi, assidu au travail durant une année entière avec mes propres labeurs (uel acquêts), ayant fait beaucoup d’efforts en personne et à [mes] frais jusqu’à l’achèvement de l’écriture de ceci …197

À défaut d’une variante de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», on trouve dans ce colophon les abstraits ստուգութիւն «certitude» et ընտրութիւն «distinction, excellence», dérivés des mêmes adjectifs ստոյգ «sûr» et ընտիր «de choix» que l’on lit dans la formule du colophon de l’évangile de Drazark, en lien avec la version de Sahak. On lit de même, un peu plus loin, le substantif լաւութիւն «bonne qualité», dérivé de լաւ «bon». 194 Sur l’emploi de հրաման, litt. «ordre, commandement», dans ce contexte, voir les réflexions de MURADYAN, Ditarkumner, p. 62 et DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 164, n. 15, ce dernier traduisant le mot par «sentence», au sens de «short passage of Scripture in liturgical use». Dans la langue des colophons, ce mot semble désigner les paroles de Jésus en général, cf. l’usage de l’expression աւետարանական հրաման «commandement évangélique, précepte» dans les types de Yovanēs d’Ałētʻ (type d’Ałētʻ II, 22: p. 242-243). Dans le cas présent, il faut se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’une métonymie pour le signe diacritique ՛ (շեշտ šešt), dont un des emplois principaux concerne l’impératif. En effet, plusieurs manuscrits anciens des Évangiles, dont M 10434, présentent un système d’accentuation reposant en bonne partie sur ce signe (voir MEILLET, Évangéliaires accentués). 195 En arménien տն([ա]հ)ատ. Ce terme très rare est expliqué par DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 143. Il se compose des mots տուն «strophe, verset» et հատ «coupure, section». Inconnu des dictionnaires (cf. MARGARYAN, Norahayt baṙer, p. 38), il compte seulement une poignée d’attestations dans le corpus des colophons (on trouve aussi l’abstrait տնատութիւն en H17B 547, p. 370). On y comparera l’arménien moderne տնատել «diviser un texte en sections» (AHBB II, p. 14502). 196 Voir ci-dessous à propos de cette forme. 197 M 10434, f. 286v-287r = H5-12 127, p. 107; H5-12 1, p. 1; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 20, p. 31; BARTʻIKYAN, Μαστούβιος, p. 74-75; MURADYAN, Ditarkumner, p. 62; NERSESSIAN, Bible, p. 22 (trad. anglaise). Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55. Ce colophon est de la plume du copiste, mais écrit au nom du commanditaire.

LES SAINTS TRADUCTEURS

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P. Muradyan, au terme de son analyse de ce colophon, estime que rien n’interdit de croire qu’un exemplaire datant des Vᵉ ou VIᵉ siècles ait effectivement servi de modèle à M 10434; du reste, le manuscrit comporte des leçons intéressantes, mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur leur antiquité ou tirer quelque conclusion historique que ce soit198. Le nom du créateur de l’alphabet arménien apparaît au génitif sous la forme Մաստրովբայ Mastrovbay, inusitée par ailleurs199. Cette forme, à rapprocher du grec Μαστούβιον (acc.) attesté par Théodore de Mopsueste d’après Photios200, s’explique comme une variante de Mesrop201. P. Muradyan estime que seule une tradition grecque permet de justifier sa présence dans le colophon de M 10434, présence qui illustre la familiarité des lettrés du monastère de Narek avec le monde byzantin202. Cette conclusion est cohérente avec le donné iconographique, M 10434 étant connu comme un représentant du courant byzantinisant de la miniature arménienne203. La tradition issue de M 10434, à laquelle nous consacrerons notre troisième chapitre, n’a pas retenu le nom de Mesrop204. Parmi l’ensemble des colophons publiés, seul celui d’Anania Varagacʻi fait état la tradition mesropienne205, ce qui distingue cette dernière de la tradition sahakienne, plus fertile. Pour compléter cet aperçu, on rappellera ici le colophon figurant à la fin du livre d’Isaïe dans M 5609 (miscellanées de 1305), qui fait également référence à un manuscrit écrit par les Traducteurs, ainsi que la note introduisant les Actes des Apôtres dans le praxapostolos V 65 de 1624206. Ce genre de traditions est resté vivace jusqu’à l’ère moderne, sans forcément d’ailleurs se fonder sur le témoignage des colophons. Ainsi, l’Évangile dit des Traducteurs (BAL 537), jadis conservé dans la bibliothèque des Antonins d’Ortaköy et aujourd’hui à la Walters Art Gallery de Baltimore, quoique copié en 966 et ne comportant aucune mention de ce type, a un temps été considéré comme remontant aux saints Traducteurs eux-mêmes, MURADYAN, Ditarkumner, p. 63-65. À propos des deux noms de Mesrop Maštocʻ, voir en dernier lieu GULBEKIAN, Mesrop or Maštocʻ?. 200 PHOT. bibl. LXXXI, 63b, p. 187 Henry. 201 BARTʻIKYAN, Μαστούβιος, p. 74-75, qui propose la conjecture Μαστρούβιος. 202 MURADYAN, Ditarkumner, p. 63. 203 Cf. IZMAJLOVA, Miniatjura XI veka, p. 208; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 2-3 et 6. 204 Voir spéc. p. 144-145. 205 Cf. H5-12, p. 107, n. 1. 206 Voir p. 101-102 et 97, respectivement. 198

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sur la foi d’une formule de datation falsifiée207. Falsifié également est le colophon fantôme du tétraévangile TU 1, que l’on a longtemps cru avoir été copié en 1113 à Drazark sur l’exemplaire de Sahak. Il revient à N. Akinian et H. Kurdian d’avoir démontré que ce texte avait été forgé de toutes pièces à partir d’un patchwork de quatre documents différents, dont le colophon de M 6763. En réalité, TU 1, dont le vrai colophon est perdu depuis longtemps, est une production de Grande Arménie, datant probablement du tournant du XIIIᵉ siècle208. En fin de compte, il est frappant de constater comme les colophons qui se réclament des Traducteurs sont rares et peu féconds. Cette rareté même invite à ne pas prendre leur témoignage à la légère, même si celui-ci repose vraisemblablement sur des traditions orales, dont il est impossible d’évaluer la véracité. 3.2. Stepʻanos Siwnecʻi Les plus anciennes attestations d’une formule relative à la qualité de l’exemplaire dans des colophons remontent au début du VIIIᵉ siècle. Elles se trouvent dans les colophons de plusieurs traductions arméniennes d’œuvres grecques: Corpus aréopagitique209, Scolies et Lettres de Cyrille d’Alexandrie210, traité De la nature de l’homme de Némésios d’Émèse (attribué à Grégoire de Nysse)211. D’après les colophons, ces traductions ont été exécutées à Constantinople, respectivement en 712, 715 et 718, par Stepʻanos Siwnecʻi et Dawitʻ, consul et κηνάριος212. Les mêmes personnages ont 207 Sur ce manuscrit, voir notamment DER NERSESSIAN, Walters Art Gallery, p. 1-5 et 85; SANJIAN, Catalogue U.S., nᵒ 55, p. 260-267; MACLER, Rapport 1909, p. 115-124. 208 AKINEAN, Tiwbingēni Ma XIII, 1; KʻIWRTEAN, Tiwbingēni awetaran; DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 21-22; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 1; AKINEAN, Kirakos gitnakan, col. 523-525. Le faux a été publié dans FINCK – GJANDSCHEZIAN, p. 4 (avec trad. allemande de Fr. N. Finck dans FINCK – STRZYGOWSKI, p. 37) sur la base d’une prétendue transcription, communiquée à Fr. N. Finck par le vendeur du manuscrit, le libraire A. Ēnfiačeancʻ, de Tiflis. Voir encore infra, p. 272, n. 345 et p. 273, n. 356. 209 M 166, f. 223v = H5-12 31, p. 24; YJ 18, col. 53-54. Traduction et discussion du colophon (et de la date de cette traduction) dans THOMSON, Armenian Dionysius, p. X-XIII. 210 J 1072, f. 939 r = H5-12 32, p. 24-25. Voir aussi BER Peterm. I. 32, f. 251r = YJ 19, col. 53-54. Édition du colophon dans CONYBEARE, Armenian Revelation, p. 149, sur le manuscrit OXL e. 36. 211 M 1013, f. 241v = H5-12 34, p. 26; POŁAREAN, Hnagoyn jeṙagirner, p. 302. Voir aussi M 620, f. 150r–v = YJ 20, col. 55-56. Édition du colophon dans NEM. EM., p. 162; traduction (partielle) et discussion dans MORANI, Tradizione manoscritta, p. 69-71. Cf. aussi, à propos notamment de la date de cette traduction, VARDANYAN, Grigor Nyusacʻu tʻargmanutʻyun et MÉCÉRIAN, Bulletin I, p. 269-271. 212 AnjnBaṙ II, p. 29-30 s.v. Dawitʻ 31. À propos de ce personnage et de ses dignités, voir SEIBT, Κηνάριος. Sur son identification ou non à d’autres Dawitʻ connus aux VIIᵉ et

STEPʻANOS SIWNECʻI

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également traduit en 715/6 une chaîne sur le Lévitique (incluse dans V 873, un recueil de commentaires d’Éphrem le Syrien et d’Eusèbe d’Émèse), mais le colophon de ce texte, par ailleurs très proche des trois autres, ne contient pas la formule213. Leur traduction d’un commentaire sur l’Exode, effectuée quelque temps avant celle de la chaîne sur le Lévitique, est aujourd’hui perdue214; il a aussi été suggéré qu’ils auraient pu traduire l’Apocalypse du pseudo-Méthode d’Olympe, dont ne subsistent en arménien que des citations215. Ces quatre colophons suivent une trame tout à fait similaire (voir fig. 8). La date est donnée en premier lieu, puis vient la description de l’ouvrage traduit, suivie des circonstances de la traduction, et enfin, dans trois colophons sur quatre, une requête adressée au lecteur. Une doxologie ouvre ou clôt éventuellement ce formulaire. Nous traduisons ci-dessous le plus ancien d’entre eux, à valeur d’exemple; il s’agit du colophon qui clôt la traduction du Corpus aréopagitique en 712 (pour le texte, voir fig. 8, première colonne). En l’an six-millième deux-centième vingtième (– 5508/9 = 711/2) de la Création du monde selon le compte grec, la quatorzième indiction (= 715/6)216, la deuxième année du règne de Philippe (i. e. Philippicos Bardanès, novembre 711-juin 713), ce livre de saint Denys l’Aréopagite fut traduit d’après des exemplaires sûrs à Constantinople, par Dawitʻ, hiwpatos et kinaṙ de la table impériale, et par Stepʻannos kʻahanay et kʻertʻoł, élève du seigneur Movsēs, évêque de Siwnikʻ. Maintenant, je vous prie, serviteurs de la sainte table qui aimez Christ, vous qui vous servez de cet exemplaire-ci, écrivez aussi ces mots-ci en vue d’un mémorial d’intercession auprès du Christ, afin que vous aussi, vous soyez inscrits dans le livre de vie.

Notre formule figure à la suite du nom de l’auteur, sous une forme simple: ի ստոյգ աւրինակաց «d’après des exemplaires sûrs». Cette expression VIIIᵉ siècles, voir e. a. SEIBT, Κηνάριος, col. 378-379 et MAHÉ, David l’Invincible, p. 193-194. À propos de l’identité de Stepʻanos Siwnecʻi (AnjnBaṙ IV, p. 603-605 s.v. Stepʻannos 23; POŁAREAN, Grołner, p. 112-115), voir en dernier lieu AREVŠATYAN, Stepʻanos Siwnecʻi. Enfin, sur cette activité de traduction, relatée surtout, outre les colophons en question, par l’historien Stepʻanos Ōrbēlean (ST. ŌRB. 31, p. 134-136 ŁM et p. 82-84 Brosset), voir GERO, Byzantine Iconoclasm I, p. 143-149; MURADYAN, Hayocʻ dprutʻyun, p. 150-151; SEIBT, Κηνάριος, col. 372-374; VARDANYAN, Grigor Nyusacʻu tʻargmanutʻyun, p. 6-7. 213 V 873, f. 253r = H5-12 33, p. 25; Ven. VIII, nᵒ 1553, col. 260; SARGISEAN, Tesori patristici, p. 41-42 (trad. italienne). À propos du manuscrit, voir aussi LEHMANN, Important Text; à propos de cette chaîne (CPG C3.b), voir ZANOLLI, Vetusta catena. 214 Ven. II, col. 300-301; SEIBT, Κηνάριος, col. 373. 215 À ce sujet, voir en dernier lieu BONURA, Forgotten Translation, spéc. p. 267-272 (en faveur de l’attribution à Stepʻanos Siwnecʻi) et TOPCHYAN, Armenian Version, spéc. p. 366-368 (défavorable à cette attribution). 216 Ce chiffre de 14, identique dans les quatre colophons, ne correspond pas à la réalité.

H5-12 32 (CYRILL. ALEX. schol., epist.) H5-12 33 (Cat. in Leu. CPG C3b)

H5-12 34 (NEM. EM.)

ի Կոստանդինուպօլիսի,

Արդ մաղթեմ աստուածասէր պաշտօնէսդ սրբոյ սեղանոյ, որք առնոյք աւրինակ յայսմանէ, գրեսջիք եւ զբանս զայսոսիկ առ յիշատակ բարեխօսութեան առ Քրիստոս, զի գրեալ եղիցիք եւ դուք ի դպրութեանն կենաց։

ի Կոստանդինուպօլսի,

Արդ, մաղթեմ զքրիստոսասէր պաշտաւնեայսդ սրբոյ սեղանւոյ, ոյք առնոյք յաւրինակէս յայսմանէ, գրեսջիք եւ զբանս զայս առ ի յիշատակ բարէխաւսութեան առ Քրիստոս, զի գրեալ եղիջիք եւ դուք ի դպրութեանն կենաց։

թարգմանեցան գիրքս Ղեւտական թարգմանութեան,

Fig. 8. Les colophons de Stepʻanos Siwnecʻi: synopse

ի փառս եւ ի պատիւ անմահին Աստուծոյ, ամէն։

յաստուածապահ եւ ամենաերջանիկ քաղաքս Կոստանդինուպաւլիս, շնորհիւ Աստուծոյ, ի ձեռն Դաւթի հիւպատոսի եւ թագա- ի ձեռն Դաւթի հիւպատոսի եւ թագա- ի ձեռն Դաւթի հիւպատոսի եւ կինարի ւորական սեղանոյ կինառի, թագաւորական սեղանոյ, որդւոյ ւորական սեղանոյն կինառի, Եղիայի քահանայի, եւ ի ձեռն Ստեփանոսի քերդողի, գրեալ ձեռամբ Ստեփանոսի քահաեւ ի ձեռն Ստեփաննոսի քահանայի աշակերտիս Մովսէսի Սիւնեաց նայի եւ քերթողի ի Սիւնեաց աշեւ քերթողի, աշակերտի տեառն եպիսկոպոսի։ խարհէն, Մովսիսի Սիւնեաց եպիսկոպոսի։

ի ստոյգ աւրինակաց

թարգմանեցան գիրքս Պարապմանց եւ Թղթոց սրբոյն Կիւրղի եպիսկոպոսապետին Աղէքսանդրի ի ստոյգ աւրինակաց,

թարգմանեցան գիրքս այս սրբոյն Դիոնիսիոսի Արիսպագացւոյ

Աղաչեմ զքրիստոսասէր պաշտօնեայք[դ] սրբոյ եկեղեցոյս, յիշել զիս յաղաւթս ձեր հանապազ։

եւ ի ձեռն Ստեփանոսի քահանայի քերթողի, աշակերտի տեառն Մովսէսի Սիւնեաց եպիսկոպոսի։

ի ձեռն Դաւթի հիւպատոսի եւ թա[գ]աւորական սեղանւոյն կինառի,

ի Կոստան[դ]ինաւպոլիս,

ի ստոյգ աւրինակաց,

թարգմանեցան գիրքսն սրբոյն Գրիգորի եպիսկոպոսի Նիւսեայ,

Փառք միասնական Երրորդութեանն յաւիտենից, ամէն։ Ի վեցհազարերորդի երկերիւրորդի Ի վեցհազարերորդի երկերիւրերորդի Յամի վեցհազարերորդի երկերիւրե- Ի վեցհազարերորդի երկերիւրերորդի քսաներորդի ամի արարածոց աշխար- քսաներորդի չորրորդի ամի արարա- րորդի քսաներորդի չորրորդի արարա- քսանեւեւթներորդի ամի արարածոց հիս ըստ յունարէն թուո, աշխարհիս ըստ յունարէ[ն] թուոյ, ծոց աշխարհիս ըստ յունարէն թվոյ, ծոց աշխարհիս, ի չորեքտասան դիկտիոնիս, ի չորեքտասաներորդի էնտիկտիոնին, ի չորեքտասաներորդի դիքտիկոնին, ի չորեքտասաներորդի ենդիքտիոնի, յերկրորդ ամի թագաւորութեանն յառաջին ամի թագաւորութեանն յերկրորդ ամի թագաւորութեանն Լեւոնի թագաւորի, [Ան]աստասի, Փիլիպպոսի,

H5-12 31 (PS.-DION. AREOP.)

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STEPʻANOS SIWNECʻI

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rappelle le passage de Movsēs Xorenacʻi cité plus haut. D’emblée, elle est associée à Constantinople, puisque suivie immédiatement par le nom de la ville, dans un syntagme prépositionnel au locatif — tout comme dans les récits de Movsēs et de Koriwn les manuscrits emportés par les traducteurs ont été recueillis à Constantinople. Il n’est pas ici question d’exemplaires des Écritures, mais de textes patristiques. Si Movsēs Xorenacʻi évoque seulement «les lettres et les canons du concile d’Éphèse, en six canons fixés, et des exemplaires sûrs des Écritures» (զթուղթսն եւ զկանոնս ժողովոյն Եփեսոսի, վեց սահմանեալ կանոնաւ, եւ զստոյգ աւրինակս գրոց)217, Koriwn coordonne, quant à lui, «des exemplaires fermes des Écritures données par Dieu, de nombreuses traditions des Pères écrites après cela par grâce et les canons des conciles de Nicée et d’Éphèse» (հաստատուն աւրինակաւք աստուածատուր գրոցն եւ բազում շնորհագիր հարց յետ այնր աւանդութեամբք, եւ Նիկիական եւ Եփեսոսական կանոնաւք)218. Ce transfert de la formule de la Bible aux Pères est donc assez naturel: le contexte est le même et l’importance de modèles fiables, qui fassent autorité, est partagée par les deux catégories de textes. Les originaux de ces traductions ont certes été perdus, mais les textes, ainsi que leurs colophons, sont connus par des copies, dont plusieurs sont relativement anciennes. Le plus ancien de ces manuscrits qui nous soit parvenu, J 1862, contient le traité De la nature de l’homme de Némésios d’Émèse (transmis en arménien sous le nom de Grégoire de Nysse); il a été copié et relié par un certain Georg pour tēr Xačʻik en 1047219. Ce Georg est à identifier au copiste homonyme du manuscrit M 988 de 1046, dont la production a pu être située à Ani220. Il mérite une attention particulière, MOVS. XOR. III, 61, p. 343 Abełean – Yarutʻiwnean. KOR. 19, p. 76 Abełyan. 219 Dans le catalogue de N. Bogharian (Jér.2 VI, nᵒ 1862, p. 255-257), il y a discordance entre la date donnée dans la description (ՆՂԶ = 496 + 551 = 1047) et celle qui figure dans le texte du colophon (ՆԻԶ = 426 + 551 = 977). A. Matʻevosyan (H5-12, p. 63, n. 1) a considéré cette dernière date comme la plus vraisemblable, car selon lui, l’acquéreur ne serait autre que le catholicos Xačʻik Ier Aršaruni (972-992; AnjnBaṙ II, p. 493-494, s.v. Xačʻik 4). Il faut en fait corriger d’après le compte rendu de POŁAREAN, Yišatakaranner E-ŽB. dd., nᵒ 3, p. 34, qui confirme que la date correcte est bien 1047. Sur le copiste Georg, voir AnjnBaṙ I, p. 459, s.v. Gēorg 36, et la note suivante. 220 Cf. infra, p. 127. Cette identification, due à POŁAREAN, Gričʻner, p. 8-9, repose sur la proximité chronologique des deux manuscrits et sur le fait que dans leurs colophons, le copiste signe de semblable façon, en ne donnant que son prénom, qu’il orthographie Georg, avec un e. Allant plus loin, le même Bogharian identifie ce Georg à Gēorg Akoṙecʻi (AnjnBaṙ I, p. 459, s.v. Gēorg 40), nommé en 1066 dans un colophon de son frère Grigor Akoṙecʻi (M 311, f. 282r = H5-12 124, p. 105; YJ 113, col. 249; MCʻM II, nᵒ 311, col. 30-31; MACLER, Rapport 1909, p. 45-46, avec traduction française). Toutefois, étant 217 218

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car le copiste y a intégré l’appréciation des exemplaires dans son propre colophon, rédigé à la suite du colophon des traducteurs. Զստացող սուրբ կտակիս զտէր Խաչիկ, որ … ետ գրել ի ստոյգ աւրինակաց … [Souvenez-vous de] l’acquéreur de ce saint testament, tēr Xačʻik, qui … le donna à écrire d’après des exemplaires sûrs …221

L’identité du copiste Georg invite à situer la production de J 1862 dans le milieu aniote. Qui plus est, le manuscrit a été corrigé de bout en bout par le célèbre savant Yovhannēs Sarkawag (Jean le Diacre, ca. 1047-1129)222, qui en était possesseur en 1095; or Yovhannēs Sarkawag a passé une partie de sa carrière à Ani223 et pourrait se l’être procuré à cette occasion. Les indices semblent donc concorder pour proposer d’ajouter J 1862 à la courte liste des manuscrits émanant de la capitale bagratide. Quant à ce travail de correction du manuscrit, apparemment irrité par l’ampleur de la tâche, Yovhannēs Sarkawag a laissé une note dans la marge du colophon du copiste, à côté des mots ի ստոյգ աւրինակաց «d’après des exemplaires sûrs»: Ի ըստուգութենէ հեռի էր թե ոչ եաք աշխատեալ մեծապէս։ [Le présent manuscrit] serait loin d’être sûr, si nous n’y avions pas grandement travaillé.224 donné que dans les colophons de M 988 et J 1862, Georg ne donne aucune information biographique, l’on ne peut pas, à notre avis, se montrer aussi catégorique que Bogharian. Par ailleurs, on remarque que l’acquéreur de J 1862, Xačʻik, ne porte d’autre titre que celui de tēr; Bogharian (Jér.2 VI, nᵒ 1862, p. 255) le qualifie d’évêque, sans doute car dans son colophon, il destine le manuscrit «à l’enseignement des moines aimant Dieu» (առ ի յուսումն աստուածասիրաց կրաւնաւորաց), mais le texte n’est pas aussi explicite. Il pourrait aussi bien s’agir du futur catholicos Xačʻik II Anecʻi (1058-1065; AnjnBaṙ II, p. 495, s.v. Xačʻik 9), neveu du catholicos Petros Ier Getadarj (1019-1058), pour qui le même Georg a d’ailleurs réalisé le manuscrit M 988. En conclusion, et dans l’attente d’une étude paléographique, les manuscrits M 988 et J 1862 semblent bien avoir été copiés par la même personne. Cependant, que Georg, copiste de ces deux manuscrits, soit le Gēorg Akoṙecʻi connu via le colophon de M 311 n’est qu’une intéressante hypothèse, qui ne peut pas être vérifiée vu l’absence de données biographiques dans les colophons de M 988 et J 1862. Il en va de même pour l’hypothèse avancée par K. Matʻevosyan (MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 210), qui identifie le copiste de M 988 avec un certain Gēorg Kʻarnełecʻi, mentionné par l’historien Mattʻēos Uṙhayecʻi (Matthieu d’Édesse). 221 J 1862, f. 242r = H5-12 77, p. 62; Jér.2 VI, nᵒ 1862, p. 256. 222 AnjnBaṙ III, p. 571-572, s.v. Yovhannēs 163; POŁAREAN, Grołner, p. 210-214. Dans son colophon, il se nomme simplement Yovhannēs kʻahanay. 223 Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 659, avec bibliographie; MATʻEVOSYAN, Katʻołikosarani matenadaran, p. 43. 224 J 1862, f. 242r = H5-12 77, p. 62, n. 2; Jér.2 VI, nᵒ 1862, p. 257; POŁAREAN, Yišatakaranner E-ŽB. dd., nᵒ 2, p. 34; VARDANYAN, Grigor Nyusacʻu tʻargmanutʻyun, p. 15.

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Cette ironie du correcteur — qui avait à sa disposition un autre manuscrit, visiblement de bonne facture — est en bonne partie due à la tendance du copiste à commettre des sauts du même au même, qui ont dû être rectifiés par dizaines225. Il ne s’agit pas seulement de copier un exemplaire de qualité, encore faut-il le copier correctement. Enfin, dans la même veine que le colophon du copiste de J 1862, on rappellera deux autres cas, discutés au chapitre précédent, où les anciens exemplaires des traducteurs sont invoqués dans le cadre de notre formule (mais pourvus d’autres qualificatifs que ստոյգ «sûr»). Il s’agit du colophon de M 1013 (Grégoire de Nysse et Némésios, 1227), ainsi que du colophon daté de 1319 qui figure après le Corpus aréopagitique dans M 3276 (recueil de miscellanées, XVIIᵉ siècle)226. Parmi les autres manuscrits des œuvres traduites par Stepʻanos Siwnecʻi, outre V 448 (Cyrille d’Alexandrie, Scolies et ps.-Denys l’Aréopagite, Hiérarchie ecclésiastique, 1175), copié par Nersēs Lambronacʻi, dont nous avons déjà discuté le colophon227, l’un, M 167 (Corpus aréopagitique avec le commentaire marginal d’Esayi Nčʻecʻi, ante 1338, commande d’Esayi hṙetor [Nčʻecʻi]), porte la formule de colophon sous la forme courante ի ստոյգ եւ յընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire sûr et de choix» mais se réfère à un exemplaire du couvent de Hałbat228. 3.3. D’autres traditions anciennes Dans le manuscrit de Némésios évoqué ci-dessus, la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» apparaît à la fois dans le colophon du traducteur et sous la plume du copiste. Et en effet, si, comme nous l’avons vu, cette formule trouve ses racines dans des colophons de traducteurs, à la fin du Xᵉ siècle, elle commence également à être employée dans des colophons de copistes. Le plus ancien est le colophon du fameux tétraévangile dit d’Ēǰmiacin (M 2374), copié en 989 à Noravankʻ de Błen (ou Błean)229. Au cours d’une série de mises en garde contre quiconque voudrait ôter ce livre de l’église à laquelle il appartient, le copiste Yovhannēs230 souligne la fiabilité et l’antiquité des modèles dont il s’est servi. 225

Voir Jér.2 VI, nᵒ 1862, p. 255. Voir p. 102-103. 227 Voir p. 92-93. 228 M 167, f. 337v = H14 373a, p. 301; MCʻM I, col. 663. 229 THIERRY, Répertoire, nᵒ 664, p. 118; TełBaṙ I, p. 7062–3 s.v. Błeno Noravankʻ; ALIŠAN, Sisakan, p. 203-204; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 680. 230 AnjnBaṙ III, p. 564, s.v. Yovhannēs 115. Pour les illustrations, cf. AHMM, nᵒ 4, p. 20-21. 226

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Եւ զսա լիցին հանապազ ընթերցեալ ի սուրբ եկեղեցւոջս, զի յստոյգ ի հին յաւրինակաց գրեցաւ. Et qu’on lise ceci (sc. cet Évangile) pour toujours dans cette sainte église (sc. l’église de Noravankʻ), car [il] fut écrit d’après des exemplaires sûrs [et] anciens.231

Les chercheurs ont de longue date ajouté foi à cette formule. Pour ce qui est de l’iconographie, selon A. Ghazarossian, les exemplaires auxquels le colophon fait référence désigneraient un modèle du VIIᵉ siècle, par lequel s’expliquerait la simplicité de la décoration232. Quant au texte biblique transmis par M 2374, Fr. Macler y a vu «le type du texte correct de l’évangile arménien», œuvre d’un copiste soigneux travaillant sur des modèles de qualité233. Cent ans après, la première affirmation de Macler mérite d’être quelque peu relativisée, mais il demeure exact que ce manuscrit, rattaché au «groupe Z» défini par Macler, demeure un représentant particulièrement ancien et fidèle du texte majoritaire des Évangiles234. Enfin, C. Nordenfalk, dans son étude sur les Tables des canons eusébiennes, qualifiait le modèle de M 2374 de tardo-antique et n’hésitait pas à le situer à proximité immédiate de la traduction des Évangiles, c’est-àdire au Vᵉ ou au VIᵉ siècle235. Dix ans après l’Évangile d’Ēǰmiacin, en 999, on retrouve pratiquement la même formule, au singulier cette fois, dans le colophon d’un manuscrit (V 953) contenant les Commentaires aux épîtres pauliniennes d’Éphrem et de Jean Chrysostome, copié par le copiste Simewon vardapet krawnawor, qui fut le premier supérieur du monastère de Hałbat236. Ce copiste a travaillé en deux endroits différents: il a d’abord copié le commentaire d’Éphrem M 2374, f. 231r1–2 = H5-12 85a, p. 72; YJ 70, col. 156; MACLER, Rapport 1909, p. 31, avec trad. française p. 33; STRZYGOWSZKI, Etschmiadzin-Evangeliar, p. 18, n. 1, avec trad. allemande p. 19; DER NERSESSIAN, Initial Miniatures, p. 327 (trad. anglaise); PALEAN, Hnaxōsakan I, p. 435; AHMM, nᵒ 4, p. 21; MACLER, Évangile arménien, pl. Folio 231 R (fac-similé). Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55. 232 ŁAZAROSYAN, Art du manuscrit, p. 75. 233 MACLER, Texte de l’Évangile, p. 169; MACLER, Évangile arménien, p. 19. 234 ALEXANIAN, Armenian Gospel Text, p. 384-386; KÜNZLE, Altarmenisches Evangelium I, p. 28*-31* et 52*-53*. À propos du groupe Z, voir MACLER, Texte de l’Évangile, p. 1, 168-270 et 314-315. 235 NORDENFALK, Spätantike Kanontafeln, vol. 1, p. 109-112 et 273. Voir aussi BUSCHHAUSEN – BUSCHHAUSEN, Armenische Handschriften, p. 41, qui postulent un intermédiaire «zumeist aus dem 6. Jh.», commun à tous les tétraévangiles arméniens illustrés avant l’an mille. 236 AnjnBaṙ IV, p. 496 et 497-498, s.v. Simēon 19 et 24; POŁAREAN, Gričʻner, p. 6; OSKEAN, Gugarkʻ, p. 198-200; MATʻEVOSYAN, Hałbati kentron, p. 43-44. Sur Hałbat, voir supra, p. 99, n. 140. 231

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dans le canton d’Ałbak, auprès des Arcruni, puis celui de Chrysostome dans le canton de Kogovit, auprès des évêques Bagratuni. Զոր եւ գնացի յաշխարհն ուստի եւ սուրբ առաքեալն Բարթաղեմէոսն կատարեցաւ, ի տեղւոջն՝ որ աթոռակալութիւն Արծրունեաց տանն կոչի Ելենի անուն ինչ տեղոյն, եւ գտի զՄեկնութիւն երանելի առաքելոյն, տեառն Եփրեմի Խորին Ասորւոյ, եւ գրեցի ի ստոյգ եւ ի հին աւրինակէ, զոր եւ բերի, եւ այսու միայնոյ ոչ հաւանեալ՝ այլ եւ յայլ տեղ գտի զերանելոյն տեառն Յովհաննու Ոսկեբերանի կարճառաւտ Մեկնութիւն ԺԴ թղթոցն Պաւղոսի եւ ի մին գիրս գրեցի. նախ առաջին՝ զտեառն Եփրեմի, եւ ապա զտեառն Յովհաննու, զոր եւ անբաւ եւ մեծ գիտութիւն յինքեան բովանդակեալ ունի։ Et je me rendis dans le pays où le saint apôtre Barthélémy décéda, à l’endroit qui, résidence seigneuriale de la maison des Arcruni, est appelé Eleni — un nom [parmi d’autres] de l’endroit —, et je trouvai le Commentaire du bienheureux apôtre (sc. Paul) du seigneur Epʻrem Xorin Asori (i. e. Éphrem le Cœlé-Syrien), et j’écrivis d’après un exemplaire sûr et ancien, que j’emportai aussi; et je ne me fiai pas à ce seul [exemplaire], mais je trouvai également, à un autre endroit, le succinct Commentaire des quatorze épîtres de Paul du bienheureux seigneur Jean Chrysostome, et j’écrivis [le tout] dans un seul livre — tout d’abord celui du seigneur Éphrem et ensuite celui du seigneur Jean —, qui a une infinie et grande science contenue en lui.237

Ce passage est remarquable à plusieurs égards. Tout d’abord, la formule y est identique à celle du colophon de l’évangile d’Ēǰmiacin, rédigé dix ans plus tôt à Noravankʻ — sinon que le mot «exemplaire» est ici au singulier. Ceci ne saurait naturellement être le fruit du hasard: ou bien le vardapet Simewon a été en contact avec des manuscrits de Noravankʻ durant cet intervalle de dix années, ou bien la formule remonte à une source plus ancienne, à laquelle les deux copistes ont puisé indépendamment. Ensuite, ce colophon-ci introduit cette emphase sur l’antiquité et, par conséquent, la fiabilité des modèles, que l’on a déjà observée dans les évangiles se réclamant des saints Traducteurs (M 10434, de 1069, et M 6763, de 1113)238. Le copiste souligne qu’il s’est rendu sur les lieux du martyre de l’apôtre Barthélémy, dont la tradition fait, avec Thaddée, le premier évangélisateur de l’Arménie. Les sources anciennes connaissent ce lieu sous des noms très variés; depuis les recherches de M. van Esbroeck à ce sujet, il est admis qu’il s’agit en fait de Nicopolis dans le Pont (auj. Koyulhisar, 237 V 953, à partir du f. 445v = H5-12 87, p. 74; YJ 72, col. 166; Ven. VIII, nᵒ 1600, col. 405; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 454; ALIŠAN, Ayrarat, p. 497, n. 1; ALIŠAN, Hayapatum II, p. 154. Cf. MATʻEVOSYAN, Skzbnałbyur, p. 55. 238 Voir p. 110-118.

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à une centaine de kilomètres au nord-est de Sébaste)239. Selon d’autres récits, le lieu du martyre serait plutôt situé en Arménie orientale, et une légende en particulier l’identifie au site du monastère Saint-Barthélémy d’Ałbak240. Celui-ci fut probablement construit à la fin du XIIIᵉ ou au début du XIVᵉ siècle sur les ruines d’une fondation plus ancienne, qui pourrait remonter au VIᵉ siècle. Cependant, si Simewon dit bien qu’il copia le texte d’Éphrem en Ałbak, il donne pour nom de l’endroit de la découverte du manuscrit Eleni, un toponyme absolument inconnu par ailleurs, dont il n’est pas dit explicitement qu’il se trouve en Ałbak. Ceci, en plus du fait que ce nom d’Eleni apparaisse dans une construction syntaxique obscure et contournée, a incité L. Alishan à considérer qu’il s’agit d’un pseudonyme et que le scribe ne voulait pas révéler le réel nom du lieu241. On ne peut donc rien tirer de définitif de cette information, mais il semble vraisemblable que Simewon aura trouvé son modèle, sinon dans le canton d’Ałbak même, en tout cas non loin de là. Pourquoi toutes ces précisions à propos d’un manuscrit d’Éphrem, personnage qui n’entretient après tout aucun rapport avec la tradition de Barthélémy? Non seulement on observera que, si l’on part de Hałbat, d’où est originaire Simewon, le canton d’Ałbak se trouve en direction de la Syrie, patrie d’Éphrem, mais de plus, l’allusion au martyre de Barthélémy établit un lien, purement symbolique, avec une tradition apostolique primitive. C’est dans cette lignée que Simewon décrit son manuscrit source comme «sûr et ancien» (ստոյգ եւ հին). Le fait que le copiste ait découvert ces 239 Voir VAN ESBROECK, Culte de Barthélémy. Les textes arméniens relatifs à la légende de Barthélémy ont été traduits et introduits par LELOIR, Écrits apocryphes II, p. 479-530 et, avec davantage de commentaires, par CALZOLARI, Apôtres, p. 101-201. 240 THIERRY, Répertoire, nᵒ 511, p. 93; TełBaṙ I, p. 6221–3 s.v. s Bardułimeos Aṙakʻyali vankʻ; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 403-405 s.v. Bardułimēos S. Aṙakʻeloy vankʻǝ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ [11].3, p. 785-805; THIERRY, Vaspurakan, p. 471-477; THIERRY, Monastères III, p. 164-165 et 178-180; POŁAREAN, S. Bartʻołimēos. Sur la légende liant le monastère au site du martyre de l’apôtre Barthélémy, voir THIERRY, Monastères III, p. 163165 et VAN ESBROECK, Culte de Barthélémy, p. 171 et 190-194. Étant donné que l’on considère généralement le récit lié à Ałbak comme une version tardive, élaborée au XIIIᵉ siècle en résumant et remaniant un texte plus ancien dans le but de justifier la prétention d’Ałbak de posséder les reliques du saint, il y a lieu de se demander comment ce colophon-ci s’insère dans le dossier de Barthélémy. Le fait que Simewon rapporte avoir trouvé son exemplaire d’Éphrem «dans le pays où le saint apôtre Barthélémy décéda» (յաշխարհն ուստի եւ սուրբ առաքեալն Բարթաղեմէոսն կատարեցաւ) — pays au sujet duquel il précise qu’il s’agit d’un «fief de la maison des Arcruni» (աթոռակալութիւն Արծրունեաց տանն) — et l’avoir emporté «dans le canton d’Ałbag, dans la maison des Arcruni» (յԱղբագ գաւառի ի տանն Արծրունեաց) pour l’y copier, ainsi qu’il l’explique plus loin dans son colophon, représente une coïncidence à tout le moins intéressante. 241 ALIŠAN, Hayapatum II, p. 154, n. 3.

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manuscrits d’Éphrem et de Chrysostome lors d’un voyage, sans qu’il précise si ces trouvailles furent fortuites ou intentionnelles (était-ce là le but de sa tournée chez les Arcruni et les Bagratuni?), participe également de cette constellation d’informations suggestives, propres à faire naître chez le lecteur du colophon le sentiment qu’il se trouve devant un livre unique, de grande valeur, reposant sur un labeur patient et appliqué, mais surtout sur des traditions éminemment anciennes, et par là, digne de la plus haute confiance. Le colophon d’un manuscrit contenant également des œuvres de Jean Chrysostome — il s’agit cette fois d’une collection de ses homélies — pointe vers une autre tradition ancienne. Ce codex (M 988) a été copié et relié en 1046, vraisemblablement à Ani, par le même Georg qui a copié J 1862 l’année suivante242. Le commanditaire du manuscrit n’est autre que le catholicos Petros Ier Getadarj (1019-1058)243, que le scribe fait parler dans le passage suivant de son colophon: Ես տ(է)ր Պետրոս. շնորհիւն Ա(ստուծո)յ. Հայոց կաթաղիկոս ցանկացող եղեալ այսմ ա(ստուա)ծաճառ (ras.?) ճառիցս. սրբոյն Յոհաննու Ոսկեբերանի. մեծ փափաքանաւք. եւ յորդորամիտ կամաւք. ստացա զստացուածս. ի նշանաւոր եւ ի ճշգրիտ գաղափարէ՝ յիմաստնոյ Իտիփեէ, առն ճարտարի գրչի … Moi, tēr Petros, par la grâce de Dieu catholicos des Arméniens, devenu désireux de ces homélies discourant de Dieu de saint Jean Chrysostome, avec une grande envie et une volonté empressée, fis cette acquisition d’après un modèle remarquable et exact par le (uel auprès du) sage Itipʻe[os?], scribe habile …244

Par rapport au reste du corpus initial de la formule, l’expression ի նշանաւոր եւ ի ճշգրիտ գաղափարէ «d’après un modèle remarquable et exact» dénote. Non seulement le substantif գաղափար «modèle» est bien moins fréquent que son synonyme աւրինակ «exemplaire», mais, plus significatif encore, les deux adjectifs qui le qualifient sont rarissimes dans ce contexte245. Cette attestation semble bien apparentée aux autres par son sens, mais ne dépend guère d’elles formellement. Voir p. 121-122. Pour l’attribution de ce manuscrit au scriptorium d’Ani, voir MATʻEVOKatʻołikosarani matenadaran, p. 44; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 637. 243 AnjnBaṙ IV, p. 244-245 s.v. Petros 18; POŁAREAN, Grołner, p. 177-179. 244 M 988, f. 284v = H5-12 110[a bis], p. 93; YJ 103, col. 228; MCʻM III, nᵒ 988, col. 1631; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 604; YOVSĒPʻEAN, Kʻartēz, nᵒ 51, pl. 48 (fac-similé partiel). Ces retranscriptions présentent plusieurs divergences; nous avons privilégié les lectures de YOVSĒPʻEAN, Kʻartēz et MCʻM III. 245 Voir p. 109. 242

SYAN,

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Qui est ce mystérieux scribe Itipʻe[os] (in textu Itipʻeē, à l’ablatif)246, à qui Georg doit son exemplaire? Ce nom semble inconnu par ailleurs — on n’en trouve pas trace dans les répertoires prosopographiques. En revanche, d’autres colophons font connaître un certain Tʻēopʻistē, «un homme … de nation grecque» (առն միոյ … ազգաւ յոյն)247, décrit tantôt comme un «rhéteur grec … chartulaire et protonotaire du prince appelé Aaron» (յունականն հռետոր … քարտուղար եւ պռտոյնաւտար իշխանին Առաւն կոչեցելոյ)248, tantôt comme un «traducteur sage et ingénieux» (իմաստուն եւ հանճարեղ թարգմանչին)249. L’on devrait à ce savant grec versé en arménien une traduction du Panégyrique de Grégoire l’Illuminateur du pseudo-Théophile d’Alexandrie, ainsi que deux traductions qu’il n’a pu achever lui-même, d’une Vie de Saint Jean Chrysostome, d’une part, et du Commentaire à l’évangile de Jean de Chrysostome d’autre part250. Les points de rapprochement nous semblent suffisamment 246 H5-12 110[a bis], p. 93 et YJ 103, col. 228, ainsi que ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 604, donnent la forme erronée Ititeē. Malheureusement, cette ligne n’est pas sur le fac-similé partiel du folio publié par YOVSĒPʻEAN, Kʻartēz, nᵒ 51, pl. 48, mais étant donné que Տ et Փ sont clairement différenciées dans l’écriture erkatʻagir angulaire de Georg (cf. STONE – KOUYMJIAN – LEHMANN, nᵒ 23, p. 162-163), la confusion doit résulter d’une mélecture d’une transcription du colophon en cursive moderne. Il est inutile de discuter l’hypothèse de POŁAREAN, Yišatakaranner E-ŽB. dd., nᵒ 9, p. 34, selon laquelle Ititeē serait le nom d’Anania (Sanahnecʻi) écrit en crytpographie: Ananeē. Il existe par ailleurs dans le manuscrit W 232 une copie de ce colophon, datant de 1851: TAŠEAN, Cʻucʻak Mxitʻareancʻ, nᵒ 232, p. 609 = W 232, f. 211v-221r (sans précision). Ce manuscrit a été copié à Constantinople par Serovbē Petrosean qui, comme il le raconte dans son colophon au f. 231r, a reproduit la copie de son frère, le vardapet Pōłos Petrosean, de Constantinople. Celle-ci avait été réalisée au monastère de Sewan en 1849 sur une reproduction du manuscrit original effectuée deux ans plus tôt par un moine d’Ēǰmiacin, le tiracʻu Esayi Awagean. Dans W 232, le nom de l’auteur du modèle lit imemnē; suite à cette erreur de copie, le texte est donc devenu յիմաստնոյ իմեմնէ «par quelque chose de sage». 247 J 787, à partir de la p. 140 = H5-12 168a, p. 135-136; YJ 138, col. 285; Jér.2 III, nᵒ 787, p. 237; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 616; POŁAREAN, Grołner, p. 198. Le même passage, à quelques variantes près, figure dans un certain nombre d’autres manuscrits, notamment: V 248, à partir de la p. 237 (Ven. VIII, nᵒ 1603, col. 417); LOW 6, f. 200 r–v (NERSESSIAN, Cʻucʻak Velkʻom instituti, nᵒ 6, p. 324-325); ITB Azg. mat. 79, p. inconnue (KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Łalatʻioy, nᵒ 79, col. 527); J 79, à partir de la p. 185 (Jér.2 I, nᵒ 79, p. 269; Jér.1 I, nᵒ 79, p. 210). 248 M 1347, f. 416v = H5-12 179a, p. 148; YJ 147, col. 316. Voir aussi IOH. CHRYS. in Ioh., p. թճկգ; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 612 (à quelques variantes près). Sur le prince Aaron, gouverneur de Mésopotamie au début du XIIᵉ siècle, voir LAURENT, Prosopographie, p. 393, nᵒ 3. 249 J 89, à partir du f. 165v = H13 346a, p. 431; H5-12 165, p. 135; YJ 133, col. 277; Jér.2 I, nᵒ 89, p. 281; Jér.1 I, nᵒ 89, p. 221; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 472. 250 CPG 2652; BHO 506 = BHG 873; CPG 4425. Sur Tʻēopʻistē, voir AnjnBaṙ II, p. 307-308 s.v. Tʻēopʻistēs; POŁAREAN, Grołner, p. 197; PEETERS, Traductions et traducteurs, p. 273-274 (où il est appelé, à tort, Théophile); ZARBHANALEAN, Hin dprutʻiwn,

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significatifs pour nous permettre de conjecturer à l’identité d’«Itipʻeos» avec ce Tʻēopʻistē: 1ᵒ Ces personnages gravitent tous deux autour de la figure de Chrysostome: Itipʻeos copie les Homélies du patriarche de Constantinople, tandis que les trois traductions dues à Tʻēopʻistē ont rapport au saint, qu’il s’agisse de son Commentaire à l’Évangile de Jean, de sa vita, ou encore du Panégyrique de Grégoire l’Illuminateur, attribué à un «Théophile, disciple de Jean Chrysostome». Ce Théophile ne semble pas connu en dehors de la littérature arménienne; son panégyrique en concurrence plusieurs autres attribués, eux, à Chrysostome lui-même251. 2ᵒ Ils sont tenus en haute estime: les épithètes նշանաւոր «remarquable» et ճշգրիտ «exact», dont le manuscrit d’Itipʻeos est qualifié, sont d’ailleurs pratiquement uniques dans le corpus de notre formule de colophon. 3ᵒ Enfin, leurs noms présentent de notables similitudes; compte tenu de ce qui s’observe déjà dans les manuscrits (et les retranscriptions) en termes de variations orthographiques pour Tʻēopʻistē — Tʻēopʻistea(y), Tʻēopʻestē, Tʻēoypʻēstēs, Tʻēawpistē, etc. —, une corruption de Tʻēopʻistē en Itipʻeē ne paraît pas inconcevable, sans doute à partir d’une graphie ⳰ ԻՍՏԷ (i Tʻ̅ p̅ ʻ̅ istē). telle que ԻԹՓ Par ailleurs, dans d’anciens manuscrits des évangiles, la formule connaît des emplois déjà «banalisés». Ainsi dans le colophon très simple du tétraévangile M 283, copié par Kʻristapʻor en 1033 pour Simeovn kʻahana252: Ի թուականութեանն Հայոց ՆՁԲ գրեցաւ ի ստոյգ աւրինակէ։ En 482 (+ 551 = 1033) de l’ère arménienne, [cet Évangile] a été écrit d’après un exemplaire sûr.253 p. 603. Il existe en outre une lettre de Pawłos Tarawnacʻi (Paul de Tarôn) adressée à Tʻēopʻistē (cf. THOMSON, Bibliography, p. 184-185), à propos de laquelle on lira spécialement un colophon du manuscrit J 1547, à partir du f. 225r (Jér.2 V, nᵒ 1547, p. 307-308). 251 Voir DER NERSESSIAN, Armenian Homilies, spéc. p. 396-397. L’auteur range ce texte avec vingt-six autres homélies placées sous le nom de Théophile, qui, quand il n’est pas simplement qualifé de théologien, est présenté soit comme un disciple de Chrysostome, soit comme l’évêque d’Alexandrie. Ces différences ne sont pas jugées pertinentes par S. Der Nersessian, mais dans notre cas, la mention de Chrysostome mérite attention. 252 AnjnBaṙ V, p. 229, s.v. Kʻristapʻor 11. AnjnBaṙ IV, p. 498, s.v. Simēon 27. Pour les enluminures, voir AHMM, nᵒ 11, p. 26; NIKOL′SKAJA, Izučenie I. 253 M 283, à partir du f. 268r = H5-12 99, p. 110; YJ 94, col. 218; MCʻM I, nᵒ 283, col. 1186; AHMM, nᵒ 11, p. 26; IZMAJLOVA, Tradicii, p. 204 (trad. russe); Armenien (Bochum), nᵒ 157, p. 240 (trad. allemande).

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Quoiqu’anodin en apparence, ce passage s’insère parfaitement dans la tradition ancienne de la formule et ne résulte pas d’une coïncidence; en témoigne l’adjectif ստոյգ «sûr», qui se retrouve également dans toutes les attestations de la formule antérieures à celle-ci. La filiation de ces occurrences précédentes est également sensible sous la plume de Yovhannēs, copiste en 1077 (selon certains, 1071 ou 1078) du tétraévangile M 275, commandité par Smbat patrik (Smbat le patrice)254. La formulation de son colophon rappelle en effet fort celle du colophon de Georg dans M 988, le manuscrit de Chrysostome du catholicos Petros255: … ես Սմբատ պատրիկ, որդի Վահրամայ ցանկացաւղ եղե աստուածային տառիս սրբոյ Աւետարանիս մեծաւ փափագանաւք եւ սրտի սիրով, յաւժարութեամբ ետու գրել Յովաննիսի գրչի յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակաց։ … moi, Smbat patrik, fils de Vahram, devins désireux de ce livre divin, ce saint Évangile, avec grande envie et amour du cœur; avec empressement je [le] donnai à écrire au scribe Yovannēs d’après des exemplaires de choix et sûrs.256

Il reste à discuter trois occurrences de la formule dans des colophons de traducteurs de la première moitié du XIIᵉ siècle. Le premier est de la plume de Kiwrakos257, traducteur-réviseur des Homélies sur l’Évangile de Jean de Jean Chrysostome. Le colophon porte la date de 1117 mais aucune indication de lieu; de l’avis de N. Akinian, il faut situer cette activité de Kiwrakos à Drazark258. Certaines sections du colophon préfigurent les introductions des éditions critiques modernes, vu l’importance que Kiwrakos attache à détailler l’histoire du texte arménien des Homélies. Բովանդակն էր լեալ գիրքն թարգմանած ի հայս, եւ ի ծուլութենէ եւ յանփոյթ առնելոյ այլքն կորուսեալ եղծեալ էին յաւրինակս հինս, ուր եւ կայր, եւ այս զոր 254 AnjnBaṙ III, p. 569, s.v. Yovhannēs 148. AnjnBaṙ IV, p. 552, s.v. Smbat 69 = AnjnBaṙ III, p. 569, s.v. Yovhannēs 146. Selon IZMAJLOVA, Miniatjura XI veka, p. 208, ce Yovhannēs pourrait être le même que le copiste du tétraévangile M 10434 cité plus haut. Garéguine Ier (YJ 116, col. 254, n. 2) identifie le «patrice Smbat, fils de Vahram» à Smbat Magistros (AnjnBaṙ IV, p. 550, s.v. Smbat 62), fils du sparapet Vahram Pahlawuni (9671045; AnjnBaṙ V, p. 21, s.v. Vahram 12). Étant donné que l’on sait que Smbat Magistros a participé à une bataille en 998 contre l’émir rawwadide Mamlan Ier, cela suppose une longévité assez impressionnante; de plus, il n’est pas prouvé que Smbat Magistros était effectivement le fils de Vahram Pahlawuni, cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 251. MATʻEVOSYAN, Anii aznvakanutʻyan patmutʻyunicʻ, p. 111-113, fait de Smbat patrik le petit-neveu de Smbat Magistros. 255 Voir p. 127. 256 M 275, à partir du f. 268r = H5-12 130a, p. 110; YJ 116, col. 252-253; MCʻM I, nᵒ 275, col. 1156; MACLER, Rapport 1909, p. 57, avec traduction française p. 58; IZMAJLOVA, Četveroevangelie 1071/8 g., p. 278 (trad. russe). 257 À propos de Kiwrakos, cf. p. 112-113, 253 et 363-364. 258 AKINEAN, Kirakos gitnakan, col. 514.

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գտաք ի յախմար եւ ի տգէտ խաւարած գրագրերոյ այլայլած եւ թիւրած էր բանքն եւ տունքն եւ աւելի եւ պակաս, անաւգուտ ի կարդալոյ եւ յիմանալոյ, զոր իմ Կիւրակոսի տրպի եւ անարժանի ի ձեռն առեալ ուղիղ յաւրինեցի ըստ կարի, այլ ըստ մտաց բանիցն եւ այլ ի կրկին աւրինակաց, եւ ըստ այսմ զնորոգ թարգմանեալս բազում ջանիւ եւ աշխատութեամբ յերիւրեցաք յուղիղն … Le livre dans son ensemble avait été traduit en arménien, et par fainéantise et par incurie, les autres [homélies] (sc. que les trente-trois traduites par les Traducteurs) avaient été perdues et corrompues dans les anciens exemplaires où il se trouvait; et celui que nous trouvâmes avait été obscurci, altéré et déformé par des scribes ignorants et incultes — additions et omissions aux mots et aux versets: [il était] inutilisable pour la lecture et pour la compréhension. Et moi, l’humble et indigne Kiwrakos, j’entrepris de le recopier correctement selon ma capacité, d’une part selon le sens des mots et d’autre part d’après deux exemplaires; et de cette façon, au prix de beaucoup d’effort et de travail, nous ajustâmes cette nouvelle traduction à ce qui est correct …259

Dans cet extrait, Kiwrakos précise, au moyen d’une configuration hapax de la formule, qu’il avait deux exemplaires à sa disposition. À vrai dire, il s’agit ici encore d’une combinaison ad hoc de termes qui rentrent dans le schéma de la formule. Derrière celle-ci, comme derrière l’attestation du colophon de M 6763, on décèle un même souci philologique. Les deux derniers cas témoignent de l’activité d’un traducteur, Abraham łṙamattikos ou łramartikos (Abraham le Grammairien)260, qui aurait rendu en arménien un Panégyrique de Grégoire l’Illuminateur transmis sous le nom de Jean Chrysostome261. Il s’agit de deux variantes d’un seul colophon, connu par plusieurs manuscrits, dans lesquels il a été recopié à la suite du panégyrique262. L’auteur du colophon n’est pas Abraham lui-même, mais l’illustre écrivain et futur catholicos Nersēs Šnorhali (Nersès IV le Gracieux)263, qui dit avoir revu le texte, défectueux en raison du mauvais état des exemplaires employés pour le traduire: Ի թուականիս ՇՂ թարգմանեցաւ ճառս ի յունականէն ի մերս, ի ձեռն Աբրահամու Ղռամարտիկոսի, ի հին եւ եղծած աւրինակաց, իսկ յարմարեցաւ ըստ բանից 259 M 1347, f. 417 r = H5-12 179a, p. 149; YJ 147, col. 317; AKINEAN, Kirakos gitnakan, col. 511. Voir aussi IOH. CHRYS. in Ioh., p. թճկգ-թճկդ; OSKANYAN – KORKOTYAN – SAVALYAN, nᵒ 294, p. 218; avec plusieurs variantes, ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 612 (manuscrit non précisé, possiblement V 109). Sur cette traduction, cf. AKINEAN, Kirakos gitnakan, col. 506-517; AUCHER, Giovanni Crisostomo, p. 150. 260 AnjnBaṙ I, p. 33, s.v. Abraham 17; ANASYAN, Matenagitutʻyun I, col. 131 s.v. Abraham Łramatikos. 261 BHO 341 = CPG 5160.1. 262 Variantes auxquelles s’ajoute une version mixte, donnée au f. 62 du cod. V 1706, de 1843-1844 = Ven. II, nᵒ 238, col. 572. 263 Voir e. a. AnjnBaṙ IV, p. 44-46, s.v. Nersēs 34; THOMSON, Bibliography, p. 178184; POŁAREAN, Grołner, p. 233-239.

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դրութեան եւ բառի յիմոյ նուաստութէնէ Ներսէսէ, հրամանաւ տեառն իմոյ եւ հարազատի Գրիգորիսի Հայոց կաթողիկոսի, եւ գրեցաւ Ստեփաննոսի գրչի։ Արդ, որք ընթեռնուք կամ ընդաւրինակէք, յիշեսջիք զվերագրեալ աշխատաւորս ի սմա, ըստ իւրաքանչիւր անուան՝ ի Քրիստոս Յիսուս։ Եւ զսակաւս զայս յիշատակի բան գրեսջիք իւրաքանչիւր փոխարկութեան, զի դուք գրեալ լինիջիք ի կենդանի տախտակսն Քրիստոսի անջինջ յիշատակաւ։ À cette date de 590 (+ 551 = 1141), cette homélie fut traduite du grec dans notre [langue], de la main d’Abraham łṙamartikos, d’après des exemplaires anciens et abîmés; mais il fut arrangé selon la disposition des mots et de l’expression par l’infériorité que je suis, Nersēs, sur ordre de mon seigneur et parent Grigoris, catholicos des Arméniens (i. e. Grégoire III Pahlavouni, 1113-1166), et il fut écrit par le scribe Stepʻannos. Maintenant, vous qui lisez ou recopiez, souvenez-vous des personnes susmentionnées, qui ont œuvré à ceci, selon le nom de chacune, en Christ Jésus. Et écrivez ce petit mot de mémoire à chaque recopiage (litt. changement), afin que vous soyez inscrits dans les tables vivantes de Christ en mémoire ineffaçable.264

Cette version du colophon diffère peu de la seconde, exception faite de l’omission du second paragraphe: Ի թուականութեանս Հայոց ՇՂ թարգմանեցաւ ճառս ի յունականէն ի մերս, ի ձեռն Աբրահամու [ղ]ռամատտիկոսի, ի հին եւ եղծեալ աւրինակաց։ Իսկ յետոյ յարմարեցաւ ըստ դրութեան բանիցն բառի ի Ներսիսէ, հրամանաւ տեառն Գրիգորի կաթողիկոսի Հայոց։ En 590 (+ 551 = 1141) de notre ère des Arméniens, cette homélie fut traduite du grec dans notre [langue], de la main d’Abraham [ł]ṙamattikos, d’après des exemplaires anciens et abîmés; mais ensuite, il fut arrangé selon la disposition des mots [et] l’expression par Nersēs, sur ordre du seigneur Grigor, catholicos des Arméniens.265

De cet Abraham, on ne sait rien d’autre que ce qu’en dit ici Nersēs. En réalité, cette formulation met en valeur le travail de Nersēs, qui signe le colophon. La date de 1141 se rapporte à la traduction d’Abraham, de laquelle la révision de Nersēs et la rédaction du colophon ne sont vraisemblablement guère postérieures. A. Matʻevosyan situe la composition du 264 M 1912, f. 45v-46r = H5-12 190, p. 161; YJ 168, col. 353; MCʻM VI, nᵒ 1912, col. 498. À quelques écarts près, c’est le même texte qui se lit dans l’édition de Venise du Panégyrique (PS.-IOH. CHRYS. encom. Greg. Ill., p. 86-87 Sopʻerkʻ, p. 826 MN et p. 76 dans l’édition bilingue arménien-latin de 1878; voir aussi ALIŠAN, Yušikkʻ II, p. 57, ZARBHANALEAN, Hin dprutʻiwn, p. 635-636, et une traduction anglaise dans TERIAN, Patriotism and Piety, p. 31). Voir aussi e. a. NOJ 167, f. 194r = TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 227, p. 317. 265 J 73, p. 930 = H5-12, p. 161, n. 1; Jér.2 I, nᵒ 73, p. 251. Voir aussi J 74, p. 774 = H5-12, p. 161, n. 1; Jér.2 I, nᵒ 74, p. 256.

CONCLUSIONS

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colophon en Cilicie, mais puisque l’auteur est Nersēs Šnorhali, il faut plutôt supposer qu’il a été rédigé au siège catholicossal de Covkʻ, ou éventuellement Hṙomkla s’il devait être postérieur à 1149/50. L’authenticité chrysostomienne du Panégyrique de Grégoire l’Illuminateur, inconnu en grec, a été mise en doute de longue date (déjà par B. de Montfaucon), pour de bonnes raisons: pourquoi en effet les Arméniens auraient-ils attendu le XIIᵉ siècle avant de traduire ce texte, qui eût naturellement dû susciter l’intérêt des tout premiers traducteurs266? Or on constate aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles un regain d’intérêt pour les traditions liées à Grégoire l’Illuminateur, de la lignée duquel se réclame la dynastie des Pahlawuni, qui monopolise le trône catholicossal de 1066 à 1203; c’est dans ce cadre que sont composés plusieurs panégyriques dédiés au saint évangélisateur267. Il s’agit donc en fait d’un apocryphe dont Nersēs, futur catholicos, entend, dans un but hautement politique, asseoir la légitimité afin qu’elle rejaillisse sur sa famille, et en particulier sur son frère, lui-même catholicos à ce moment. Une motivation supplémentaire de disséminer ce texte a pu résider dans la tentative de rapprochement avec l’église grecque portée par Nersēs. Dans cette perspective politique, la formule de colophon a le double avantage d’asseoir l’antiquité de l’œuvre et de justifier sa prise en main par Nersēs. 4. CONCLUSIONS Du VIIIᵉ au milieu du XIIᵉ siècle, on se trouve donc en présence d’un faisceau de traditions faisant appel à la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». Il est frappant de constater que toutes concernent la littérature spirituelle et remontent en définitive à la démarche de traduction. La question qui vient naturellement à l’esprit est de savoir si ces différentes traditions se sont développées de façon parallèle et autonome, ou si toutes peuvent être ramenées à une unique source. Et si tel est le cas, cette source doit-elle être trouvée dans les textes de Koriwn et de Movsēs Xorenacʻi? Parmi les quatorze colophons discutés pour cette période (en tenant compte de M 10434, qui présente une expression apparentée à la formule), une moitié sont autographes, les sept autres étant des colophons 266 Cf. TERIAN, Patriotism and Piety, p. 31-35 et AUCHER, Giovanni Crisostomo, p. 153, n. 1. De son côté, ALIŠAN, Yušikkʻ II, p. 57-61, pensait pouvoir conclure à l’authenticité de ce discours. 267 TERIAN, Patriotism and Piety, p. 33.

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de traducteurs. De ces sept premiers manuscrits, les quatre qui sont illustrés (les tétraévangiles M 275, M 283, M 2374 et M 10434) sont caractérisés par une influence marquée de modèles byzantins. Ils se rattachent par là au groupe des manuscrits «savants», selon la nomenclature proposée par J.-M. Thierry pour la période allant du IXᵉ au XIIᵉ siècle, par opposition aux manuscrits «populaires»268. Ces derniers, pour lesquels D. Kouymjian emploie le terme de «provinciaux» ou «monastiques»269, ont pour beaucoup été copiés à Mélitène, au Tarōn ou en Haute-Arménie et empruntent beaucoup moins aux modèles byzantins. Le plus ancien d’entre ces manuscrits, l’évangile d’Ēǰmiacin de 989 (M 2374), a été copié à Noravankʻ de Błen, en Siwnikʻ, une fondation patronnée par la dynastie locale, qui peu de temps auparavant avait commencé d’assumer le titre royal270. Dans la même lignée, on trouve le tétraévangile de 1033 (M 283), dont une étude iconographique a pu montrer la filiation par rapport à l’évangile d’Ēǰmiacin271. Le manuscrit des Commentaires aux épîtres pauliniennes d’Éphrem et Chrysostome (V 953), très certainement copié à Hałbat en 999, se trouvait quant à lui «dans le trésor de la maison royale» d’Ani moins d’un demisiècle plus tard, en 1041272. C’est à Ani également que, comme nous l’avons montré, doit être localisée la copie de J 1862, le manuscrit de 1047 du De la nature de l’homme de Némésios, passé en 1095 entre les mains du savant Yovhannēs Sarkawag. De même, le manuscrit des homélies de Chrysostome copié en 1046 (M 988), commande du catholicos Petros Ier Getadarj, est attribué au scriptorium patriarcal d’Ani. Ajoutons à cela que l’Histoire de Stepʻanos Tarōnecʻi, où la formule est utilisée, est une commande du prédécesseur de Getadarj, Sargis Ier Sewancʻi (9921019), qui déplaça au moment de son intronisation le siège catholicossal à Ani273. THIERRY, Arts arméniens, p. 126-127, qui mentionne M 2374. Cf. e. a. KOUYMJIAN, Classical Tradition, p. 280; KOUYMJIAN, Illumination and Tradition, p. 67; KOUYMJIAN, Evolution, p. 141. 270 Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 276 et 680. 271 IZMAJLOVA, Tradicii. 272 V 953, f. 448v = H5-12 106, p. 87; YJ 101, col. 223-224; Ven. VIII, nᵒ 1600, col. 406-407; ALIŠAN, Širak, p. 50 (avec fac-similé); MATʻEVOSYAN, Katʻołikosarani matenadaran, p. 42; MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 212 (trad. française); MAHÉ, Colophons arméniens, p. 43 (trad. française). 273 Sur les manuscrits d’Ani, voir IZMAJLOVA, Miniatjura XI veka, p. 103-181; MATʻEVOSYAN, Katʻołikosarani matenadaran; MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani; MATʻEVOSYAN, Ani kʻałakʻ; ČʻUGASZYAN, Anii dprocʻ (spéc. p. 190-191 pour ce qui nous concerne); MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 636-638. 268

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CONCLUSIONS

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Le tétraévangile M 275, commande de Smbat patrik en 1077 (ou 1071/8), semble quant à lui émaner de l’ex-cour royale de Kars, alors émigrée à Tzamandos274. On a pu constater une nette ressemblance entre son colophon et celui de M 988. Par ailleurs, le tétraévangile de Narek de 1069 (M 10434), dont le colophon présente une formulation apparentée à notre formule, a peut-être été copié par le même personnage que M 275, dont il est voisin iconographiquement275; tous deux appartiennent au courant byzantinisant, qui caractérise une partie de la production manuscrite arménienne d’Asie mineure au XIᵉ siècle276. Enfin, le tétraévangile de Drazark de 1113 (M 6763), premier manuscrit daté connu à avoir été exécuté en Cilicie, a été commandé par un intellectuel de premier rang, Kiwrakos vardapet. S’il n’égale en qualité ni les grands manuscrits du XIᵉ siècle, ni les œuvres qui seront produites plus tard en Cilicie, il suit malgré tout, dans les grandes lignes, le style des manuscrits du XIᵉ siècle illustrés en Grande Arménie, plutôt que celui observé dans les manuscrits «provinciaux»277. Tous ces colophons et manuscrits constituent donc une production de lettrés, issue de centres intellectuels et culturels, mais aussi politiques, de premier plan: Constantinople, Noravankʻ de Błen, Hałbat, Ani, Narek, Tzamandos, Drazark, Covkʻ. Ils se différencient en cela des manuscrits dits «populaires» ou «provinciaux» — on pense particulièrement aux seize tétraévangiles qui composent le fameux «groupe de Mélitène» du XIᵉ siècle278. Il n’est guère surprenant que la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» se soit développée dans un tel milieu, naturellement attentif à la question de la fiabilité des exemplaires. Cependant, en raison de la paucité des sources, il est difficile de retracer complètement les chaînes de transmission de la formule et donc de statuer sur son caractère monogénétique ou polygénétique. Quant aux rapports de la formule avec l’expression զստոյգ աւրինակս գրոց «des exemplaires sûrs des Écritures» chez Movsēs Xorenacʻi279, la 274 IZMAJLOVA, Četveroevangelie 1071/8 g.; MATHEWS – VAN LINT, p. 88. Cf. infra, p. 356 et 361-365, à propos de ce centre de copie. 275 Cf. supra, p. 130, ainsi que DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 5 et R. H. KÉVORKIAN, dans KÉVORKIAN, Entre Orient et Occident, nᵒ 37, p. 230. 276 IZMAJLOVA, Miniatjura XI veka, p. 182-214 (spéc. p. 208 à propos de M 275 — désigné par erreur sous la cote 975 — et M 10434); BUSCHHAUSEN – BUSCHHAUSEN, Armenische Handschriften, p. 42. 277 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 2-3. 278 Voir notamment KOUYMJIAN, Melitene Group. 279 MOVS. XOR. III, 61, p. 343 Abełean – Yarutʻiwnean.

136

CHAPITRE II. DES ORIGINES À 1150

question est rendue encore plus complexe par le problème de la datation du «père de l’histoire» arménienne280. Il faut en tout cas remarquer que l’adjectif ստոյգ «sûr» est pratiquement omniprésent dans la formule jusqu’en 1113 (seul M 988 fait exception). Ses plus anciennes occurrences, dans trois colophons de Stepʻanos Siwnecʻi, au début du VIIIᵉ siècle, sont aussi les plus proches du texte de Xorenacʻi, puisqu’elles lisent ի ստոյգ աւրինակաց «d’après des exemplaires sûrs». L’historien Stepʻanos Tarōnecʻi, au début du XIᵉ siècle, emploie la même expression. La plus ancienne attestation autographe, dans M 2374, l’évangile d’Ēǰmiacin de 989, ajoute à cette formulation l’adjectif հին «ancien» (յստոյգ ի հին յաւրինակաց «d’après des exemplaires sûrs [et] anciens»); il est cette fois question de manuscrits bibliques, comme dans le passage de Movsēs Xorenacʻi et dans celui de Stepʻanos Tarōnecʻi. Movsēs Xorenacʻi était d’ailleurs en vogue du Xᵉ au XIIᵉ siècle, ce qui est attesté, entre autres, par plusieurs colophons281. Dans les milieux qui ont vu naître les manuscrits dont il est question dans ce chapitre, il a incontestablement été lu, et pourrait bien être à la source de la formule de colophon. Une seule attestation ne s’inscrit pas dans ce mouvement: ի նշանաւոր եւ ի ճշգրիտ գաղափարէ «d’après un modèle remarquable et exact», dans M 988, semble représenter un développement indépendant. En résumé, nous avons affaire à une petite constellation d’attestations et de traditions savantes, liées à des textes néotestamentaires et patristiques, qui constituent le fonds primitif sur lequel la formule se développe à partir du milieu du XIIᵉ siècle.

280 La tradition fait vivre Movsēs Xorenacʻi au Vᵉ siècle; une partie des auteurs modernes (notamment TRAINA, Complesso) acceptent cette datation, remise en cause par d’autres (en dernier lieu GARSOÏAN, Movsēs Xorenacʻi) qui voient dans son Histoire une composition plus tardive. 281 Sur les colophons mentionnant Movsēs Xorenacʻi, voir KOUYMJIAN, Témoignage des scribes.

DEUXIÈME PARTIE Aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles, la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» connaît une première phase de diffusion et de popularisation. Au cours de cette phase, ses occurrences se diversifient, notamment au gré du choix des qualificatifs opéré par chaque copiste: l’on assiste à la naissance de nombreuses variantes nouvelles. À mesure de cette propagation et de cette diversification, certaines variantes connaissent un succès plus important que d’autres, de sorte qu’elles émergent comme de nouvelles formules à part entière. Nous avons appelé «types» de telles variantes formulaires; leurs mécanismes de formation ont été décrits au chapitre 1. Ces types représentent autant de branches de la tradition d’une formule, dont ils décrivent autant d’itinéraires de diffusion. Leur origine est à rechercher dans un archétype, manuscrit qui, par les qualités qu’on lui reconnaît, fait l’objet d’un intérêt particulier, donnant lieu à une tradition de copie. Pareille tradition s’organise soit dans un milieu de copie spécifique (types dits «locaux»), soit par référence à l’auteur de l’archétype (types dits «personnels»). Dans cette deuxième partie de la recherche, nous étudierons une sélection de types locaux de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», tandis que la troisième partie sera dédiée à l’examen de types personnels. Les types sélectionnés sont au nombre de quatre. Le premier, le type du mont Sepuh (chapitre 3), concerne un petit groupe de quatre tétraévangiles, copiés au tournant du XIIIᵉ siècle dans deux monastères de Haute-Arménie. Le deuxième, appelé type d’Ałētʻ (chapitre 4), consiste en un formulaire apparaissant seulement dans deux tétraévangiles d’un même copiste, actif au début du XIVᵉ siècle; ce texte est néanmoins exceptionnel par l’éventail des sources auquel il fait appel, autant que par son retentissement dans une série d’autres types. Nous étudierons ensuite deux de ces types, créés par le même copiste dans le sillage du type d’Ałētʻ. L’un, le type de Tʻonrak (chapitre 5), est attesté dans trois lectionnaires et un homéliaire des XIVᵉ et XVᵉ siècles. L’autre, le type de Xizan (chapitre 6), qui définit un important groupe d’une trentaine de tétraévangiles, copiés dans la région du lac de Van de la fin du XIVᵉ à la fin du XVᵉ siècle.

CHAPITRE III

TYPE DU MONT SEPUH 1. INTRODUCTION Un des premiers types locaux reconnaissables est constitué par le groupe յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն «d’après un exemplaire de choix et sûr, plein et rempli de tout art». Ce type est particulièrement remarquable car il est présent dans les colophons de seulement quatre tétraévangiles (fig. 9), tous copiés en 1200-1201 sur le mont Sepuh (tc Kara Dağ), près d’Erznka (Erzindjan, tc Erzincan), dans le canton de Daranałikʻ en Haute-Arménie. Ces manuscrits se répartissent entre deux centres de copie très proches: la moitié d’entre eux ont été rédigés à Awag vankʻ, c’est-à-dire le «monastère majeur», du mont Sepuh1 (LOB Or. 13654, M 10359), tandis que les deux autres proviennent d’un autre établissement important de la montagne, le monastère Saint-Grégoirel’Illuminateur2 (J 3274, J 3349). Le plan du présent chapitre suit globalement le même canevas qu’au chapitre 2: présentation des textes, historique du type et conclusions. Dans le volet historique, nous retracerons d’abord les origines du type du mont Sepuh, en interrogeant ses conditions de formation; ensuite, nous étudierons son évolution au cours sa brève période d’utilisation, et enfin, nous éclaircirons les raisons de sa rapide «extinction». Les conclusions dressées à l’issue de cette étude feront le bilan de ce qui aura été appris à la fois quant à la formule elle-même et quant au contexte historique et culturel du groupe de manuscrits qui la présentent; un stemma colophonum synthétisera les rapports de dépendance des manuscrits tels qu’on peut les déduire à partir de leurs colophons. 1 THIERRY, Répertoire, nᵒ 169, p. 33; TełBaṙ I, p. 3543-3551 s.v. Avag vankʻ [3]; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 3 s.v. Tʻadēos aṙakʻeloy vankʻ; OSKEAN, Barjr Haykʻ, nᵒ A.1, p. 3-25; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 133, p. 181-183; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 645-646; THIERRY, Mont Sepuh, p. 409-417; THIERRY, Haute-Arménie, nᵒ 153, p. 109-112; STEPʻANYAN, Erznkayi vankʻer I, nᵒ 1, p. 129-137; MATʻEVOSYAN, Avag vankʻ; POŁAREAN, Awag vankʻ. 2 THIERRY, Répertoire, nᵒ 175, p. 34; TełBaṙ I, p. 9641 s.v. S Grigor Lusavoričʻ [3]; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 113 s.v. Lusaworčʻi (S.) vankʻ [1]; OSKEAN, Barjr Haykʻ, nᵒ A.9, p. 31-47; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 136, p. 185-186; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 645; THIERRY, Mont Sepuh, p. 390-401; THIERRY, Haute-Arménie, nᵒ 154, p. 112-117; STEPʻANYAN, Erznkayi vankʻer II, nᵒ 2, p. 39-44; POŁAREAN, Lusaworčʻi vankʻ. Ce couvent se trouvait dans la montagne, à trois heures de marche d’Awag vankʻ, qui était situé en contrebas.

140

CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

2. TEXTES 2.1. Corpus Nᵒ

Cote

Date

Lieu

Copiste

Illustrateur

31 LOB Or. 1200 13654

Mt Sepuh, Awag vankʻ Vardan ? krawnawor

34 J 3274

1201

Daranałikʻ, St-Grégoire Yovanēs

Łazar vardapet (ornementation); Sargis sarkawark (sic, portraits?)

35 J 3349

1201

Daranałikʻ, St-Grégoire Łazar

Łazar?

36 M 10359 1201; Mt Sepuh, Awag vankʻ Stepʻanos °1250

°Ǝnjer nałaš; °Yovhannēs erēcʻ

Fig. 9. Corpus du type du mont Sepuh

Un mot sur l’histoire récente de ces quatre manuscrits n’est pas inutile. J 3274 et J 3349 se trouvaient autrefois, jusqu’en 1915, dans la collection du monastère du Saint-Signe de Sébaste, sous les cotes 13 et 12, respectivement. L’histoire de LOB Or. 13654 et M 10359 est plus difficile à reconstituer, d’autant plus que ces deux codex ont parfois été confondus3. M 10359 était, semble-t-il, également conservé à Sébaste avant d’être mis en vente en 1896 et acquis par l’antiquaire parisien A. Indjoudjian (cod. 1); cependant, d’après A. Sakisian, le manuscrit aurait été acheté non par Indjoudjian, mais par le drogman suédois Fr. R. Martin4. Quoi qu’il en soit, le manuscrit a ensuite appartenu à R. Margossian (cod. 21) puis P. Esmérian (cod. 1), à Paris, avant d’être remis au Matenadaran en 1968. Enfin, LOB Or. 13654, avant son acquisition par la British Library en 1975, a fait partie de la collection de H. Kevorkian, de New York (cod. 6) et, avant cela, de H. Sevadjian à Paris; à la fin du XIXᵉ siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, il était conservé à la Bibliothèque Nationale des Arméniens de Galata (cod. 6)5. 3 Notamment par DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 163 n. 1 (voir pourtant p. 166 n. 63), et BUCHTHAL – KURZ, nᵒ 486, p. 95. 4 SAKISIAN, Tapis arméniens, p. 122-123 n. 4 (A. Sakisian n’a jamais possédé le manuscrit ni une partie de celui-ci, ainsi qu’on le lit parfois). Sur cette vente, voir aussi ABDULLAH – MACLER I, p. 282-283 (où le même manuscrit est cité comme cod. 1 de la collection Indjoudjian). 5 Cf. DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 139 et 163 n. 1; SAKISIAN, Thèmes et motifs, p. 85; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Łalatʻioy, nᵒ 6, col. 25-36.

COMMENTAIRE

141

2.2. Commentaire Le noyau du type du mont Sepuh est constitué par une forme spécifique de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», combinant les adjectifs ընտիր «de choix» et ստոյգ «sûr». Dans trois des quatre attestations, ընտիր précède ստոյգ, l’ordre inverse étant observé dans une quatrième occurrence. Cette configuration (ընտիր + ստոյգ), déjà observée en 1077 dans le colophon du tétraévangile M 275, n’est pas encore répandue au tournant du XIIIᵉ siècle, lorsque notre type est attesté; elle deviendra courante aux XIVᵉ et XVᵉ siècles, comme on le verra dans les chapitres suivants. L’ordre inverse (ստոյգ + ընտիր) est en revanche plus répandu dès le XIIIᵉ siècle, après une première occurrence dans le tétraévangile de Drazark de 1113 (M 6763). Ce noyau est prolongé, dans le type du mont Sepuh, par l’expression ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն «[d’après un exemplaire de choix et sûr], plein et rempli de tout art», en fonction d’épithète non accordée d’աւրինակէ «exemplaire». Cette extension comporte un doublet comme l’affectionne la langue arménienne, consistant en la répétition de deux quasi-synonymes, en l’occurrence լի «plein, rempli» et պատարուն «rempli, comblé»6. Les quatre colophons qui font l’objet de ce chapitre présentent de fortes analogies, dépassant le cadre de la formule auquel ce dernier est consacré. Il est suffisant, pour notre propos, de présenter ici uniquement la phrase qui contient la formule. Par commodité, nous donnerons et commenterons ces extraits en progressant des plus semblables au plus différent. La ressemblance est la plus marquée entre les deux manuscrits du monastère Saint-Grégoire, jadis dans la collection du monastère du SaintSigne de Sébaste et aujourd’hui conservés à Jérusalem (J 3274 et J 3349): le colophon entier est en effet pratiquement identique dans ces deux manuscrits. Voici la phrase qui contient notre formule dans J 3274: Եւ գրեցաւ սա յնտիր եւ ի ստոյգ յաւրին[ակէ] եւ ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն՝ բան եւ տնհատ, հրաման եւ ստորատ, միջնակըտուր եւ վերնակէտ։ Et ceci fut écrit d’après un exemplaire de choix et sûr et plein et rempli de tout art: mot et division en versets, précepte (uel accent?) et virgule, coupure médiane et point en chef.7

La formule est ici complétée par plusieurs termes techniques relatifs au texte biblique et au travail du scribe, dont deux (միջնակտուր «coupure médiane» et վերնակէտ «point en l’air») sont extrêmement rares et 6 7

Voir plusieurs attestations référencées dans le NBHL II, p. 606 s.v. patarun. J 3274, p. 431 = H13 2a, p. 16; YJ 308, col. 684; Jér.2 X, p. 73.

142

CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

n’apparaissent pas, au sein du corpus des colophons, ailleurs que dans cette formule8. À quelques détails orthographiques près, c’est la même phrase qui se lit sous la plume du copiste de J 3349: Եւ գրեցաւ սա յընտիր եւ յստոյգ աւրինակէ. ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն. բան եւ անհատ (lege տնհատ). հրաման եւ ստորատ. միջնակտուր եւ վերնակէտ։ Et ceci fut écrit d’après un exemplaire de choix et sûr, plein et rempli de tout art: mot et division en versets, précepte (uel accent?) et virgule, coupure médiane et point en chef.9

Passons à présent aux manuscrits copiés à Awag vankʻ. Dans le manuscrit LOB Or. 13654, le début de la phrase est différent; de plus, par rapport aux autres manuscrits, les adjectifs ընտիր «de choix» et ստոյգ «sûr» sont permutés. À la suite de la formule, on retrouve les quatre premiers des six termes qui apparaissent dans les colophons des manuscrits de SaintGrégoire-l’Illuminateur: Եւ մեծաջան աշխատութեամբ՝ որչափ կարն էր՝ գծագրեցի ի ստոյգ եւ յընտիր աւրինակէ, ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն, բան, եւ տնհատ, հրաման եւ սըտորատ։ Et en travaillant de façon aussi diligente qu’il était possible, j’écrivis d’après un exemplaire de choix et sûr, plein et rempli de tout art: mot et division en versets, précepte (uel accent?) et virgule.10

La phrase contenant notre formule dans le colophon de M 10359 est plus proche, en son début, de la version attestée par les manuscrits de SaintGrégoire. En revanche, là où les trois autres colophons ajoutent à la formule des termes techniques, le scribe de M 10359 a préféré identifier son Par միջնակտուր, litt. «coupure médiane» (cf. NBHL II, p. 278 s.v. miǰaktur aṙnel, linel; ArmBaṙ II, p. 642 s.v. kotor), il faut sans doute comprendre le signe ՝ (բութ butʻ ). Il ne semble pas nécessaire d’adopter la solution de DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 143, qui, à la suite de Garéguine Ier (YJ 308, col. 684 et nᵒ 309, col. 687), sépare le mot en deux, միջնակ «middle» et ըտուր «lower», sc. կէտ «punctuation mark». Quant à վերնակէտ «point en chef», il s’agit d’un synonyme pour մակակէտ «sur-point», désignant le signe ’, qui précédait autrefois la préposition ի «dans»: ’ի (sur ce signe, voir MXITʻARYAN, Ketadrutʻyan patmutʻyun, p. 106-109). En effet, dans certains anciens manuscrits, ce signe se présente sous la forme d’une virgule ou d’un accent surmontant la voyelle. Pour un exemple de l’appellation վերնակէտ, cf. dans une grammaire de 1826: TĒR YARUTʻIWNEAN, Kʻerakanutʻiwn, § 1171, p. 374. À propos du terme տնհատ et du sens de հրաման dans ce contexte, voir supra, p. 115-116. 9 J 3349, p. 616 = H13 3a, p. 19; YJ 309, col. 687; Jér.2 X, nᵒ 3349, p. 206; GUŠAKEAN, Cʻucʻak, nᵒ 12, p. 13; GUŠAKEAN, Cʻucʻak III, nᵒ 12, col. 247. 10 LOB Or. 13654, f. 383v = YJ 290, col. 646-647; NERSESSIAN, Catalogue, nᵒ 15, p. 141 (avec trad. anglaise p. 143); KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Łalatʻioy, nᵒ 6, col. 33; Hayastan, 2/49 (102) (5 juin 1848), col. 4 (non uidi); DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 143 (commentaire) et 146 (trad. anglaise); IZMAJLOVA, Xarberdskij obrazec, p. 207 (trad. russe). 8

HISTOIRE

143

modèle: il s’agit de l’exemplaire «du rhéteur Kawzma» (Կաւզմաի հռետորի). On remarquera aussi, dans la formule, l’emploi du pluriel արհեստիւք «arts», au lieu du singulier dans les autres manuscrits: Եւ գրեցաւ ձեռամբ Ստեփանոսի մեղապարտ եւ փցուն գրչի յնտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ ամենայն արհեստիւք լի եւ պատարուն, որ էր Կաւզմաի հռետորի։ Et [ceci] fut écrit de la main de Stepʻanos, scribe pécheur et vil, d’après un exemplaire de choix et sûr, plein et rempli de tous arts, qui était [celui] du rhéteur Kawzma.11

Il est donc question, pour ces quatre manuscrits, d’un modèle de très haute qualité sur les plans à la fois artistique, puisqu’il est dit ընտիր «de choix» et ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն «plein et rempli de tout art», et textuel, étant considéré ստոյգ «sûr» et fiable en ce qui concerne բան եւ տնհատ, հրաման եւ ստորատ, միջնակտուր եւ վերնակէտ «mot et division en versets, précepte (uel accent?) et virgule, coupure médiane et point en chef». Nous savons aussi que cet exemplaire était dit Կաւզմաի հռետորի «du rhéteur Kawzma», sans qu’à ce stade nous puissions dire si Kawzma en était l’auteur ou le possesseur. Grâce à tous ces indices, nous sommes en mesure de retrouver le modèle dont dérivent nos tétraévangiles, comme on le verra dans les pages qui suivent. Il importe toutefois de préciser que cette filiation ne concerne pas nécessairement l’iconographie: ce n’est pas parce qu’un scribe parle dans son colophon des qualités artistiques de son modèle, que l’illustrateur en charge du manuscrit — souvent une personne différente, travaillant après le scribe — s’est inspiré du même modèle. 3. HISTOIRE Tâchons à présent, à partir de ces quatre textes, de retracer l’histoire du type du mont Sepuh depuis ses origines. Comme nous l’annoncions, ce parcours se fera en trois étapes. Nous commencerons par identifier le colophon ancien qui a donné naissance à ce type, ainsi que l’intermédiaire grâce à qui les copistes du mont Sepuh ont eu connaissance de ce colophon. Ensuite, nous confronterons entre eux les quatre manuscrits qui présentent le type, afin de clarifier leur généalogie, en partant des colophons. Finalement, nous resituerons ces manuscrits dans leur contexte régional, en essayant de comprendre pourquoi la formule n’a connu aucun succès en dehors de ceux-ci. 11

M 10359, f. 307v = H13 1a, p. 13.

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

3.1. Origines (1069-1200) Selon A. Matʻevosyan, les quatre tétraévangiles du mont Sepuh descendraient d’un seul et même modèle commun12. L’étude de la formule de colophon qui nous occupe va permettre non seulement de confirmer cette hypothèse, mais surtout d’identifier cet archétype. Ensuite, l’exploration des voies de transmission de son texte, entre l’archétype et les évangiles du mont Sepuh, mettra en lumière la figure d’un scribe important, jouant le rôle de passeur de traditions à la fois iconographiques et colophoniques. 3.1.1. Le tétraévangile de 1069 Par leur vocabulaire, les extraits de colophons que nous avons isolés rappellent un colophon déjà étudié au chapitre précédent, celui du tétraévangile de 1069 (M 10434), vraisemblablement copié au nouveau monastère de Narek, près d’Akn, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Erznka13. L’extrait en question était le suivant: … ուրախանամ եւ փարթանամ … մանաւանդ վասն ստ[ուգու]թեան սորին եւ ընտրութեան բանի եւ հ[ր]ամանի, եւ տնհատի, եւ ամենայն արուեստի, որ էր վկայեալ աւրինակն յամենայն գիտնականաց Հայւոց, զոր ասէին յաւանդութենէ գրեալ է ձեռամբ սրբոյն Մաստրովբայ վարդապետի եւ թարգմանչի։ … je me réjouis et m’enrichis … particulièrement en raison de sa certitude et de l’excellence de son verbe et de son précepte (uel accent?), et de sa division en versets, et de tout son art, car c’était l’exemplaire attesté par tous les savants arméniens, dont on disait, d’après la tradition, qu’il avait été écrit de la main de saint Mastrovb[os?], vardapet et traducteur.14

L’on y retrouve en effet appliquées à l’exemplaire les notions de ստուգութիւն «certitude, authenticité» et d’ընտրութիւն «choix, discernement», qui sont exprimées dans le type du mont Sepuh par la configuration classique de la formule, avec les adjectifs ընտիր «de choix» et ստոյգ «sûr». Qui plus est, le colophon de M 10434 inclut une série de termes qui font la spécificité du type du mont Sepuh: բան «mot, verbe», հրաման «commandement, précepte15», տնհատ «division en versets» et ամենայն արուեստ «tout art» (արհեստ dans les colophons du mont Sepuh). 12 13 14 15

MATʻEVOSYAN, Mšo tōnakan-čaṙǝntir, p. 148, n. 59. Voir p. 115-117. M 10434, f. 286v-287r, voir supra, p. 116, n. 197. Ou peut-être «accent tonique», cf. p. 116, n. 194.

ORIGINES (1069-1200)

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Il semble dès lors hautement probable que le tétraévangile de 1069 ou une copie de celui-ci soit à l’origine du type du mont Sepuh. L’histoire de M 10434 apporte un autre indice, qui permet de conclure que c’est bien ce manuscrit qui est directement la source du type du mont Sepuh, et non un intermédiaire. Le premier propriétaire de ce tétraévangile fut un certain Anania Varagacʻi, dont nous ne savons rien. Plus tard, le codex appartenait à un Tiracʻu krawnawor, qui y ajouta un colophon de sa main et en fit écrire deux autres par un scribe nommé Kozma16. Malgré l’absence de données biographiques dans ces mentions, tout porte à croire qu’il s’agit du même individu que le rhéteur Kawzma cité dans le colophon de M 1035917. 3.1.2. L’influence du scribe Kozma Afin de s’en assurer et de bien cerner le rôle essentiel joué par Kozma dans la naissance du type du mont Sepuh, il est nécessaire de s’arrêter un instant sur le problème de l’identité et de la biographie de ce personnage. Au total, on connaît six manuscrits, tous des tétraévangiles, copiés par un dénommé Kozma aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles: M 7347, M 7734, SOU L1988.238ab18, V 938, V Kurd. 2 et V Kurd. 20 (cf. fig. 10). Parmi ceux-ci, deux sont datés avec certitude: M 7347, de 1166, et M 7734, de 1219. Par ailleurs, de l’avis de H. Kurdian, V 938 semble dater de la seconde moitié du XIIᵉ siècle et ne saurait être postérieur à 1205 (date ajoutée au colophon par une main ultérieure)19, tandis que V Kurd. 20 aurait été exécuté aux environs de 1175, en tout cas avant 120020. 16 M 10434, f. 288r-290r = H13 11a-g, p. 33-34. AnjnBaṙ V, p. 164 s.v. Tiracʻu 1. Comme l’a déjà signalé POŁAREAN, Gričʻner, p. 394-395, il faut rejeter l’identification, proposée par A. Matʻevosyan, de Tiracʻu au savant Stepʻanos Tiracʻu, mort en 1202 (H13, p. 34, n. [1]). 17 AnjnBaṙ III, p. 643 s.v. Kozma 2-4; HMM, nᵒ 182, p. 321-322; POŁAREAN, Gričʻner, p. 28-35 et 392-396; POŁAREAN, Nkarołner, p. 11-13; KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ I-III; POŁAREAN, Kozma gričʻ; MATʻEVOSYAN, Kozma; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 10-12; DJANACHIAN, Miniatures, p. 160-162; KʻIWRTEAN, Hamaṙot cʻucʻak II, p. 400. 18 Sur ce manuscrit, jadis conservé à l’église de la Sainte-Mère-de-Dieu de Césarée puis au patriarcat de Constantinople, voir en dernier lieu MERIAN, Manoogian Manuscripts, p. 19-23. 19 B. Sarghissian (Ven. I, nᵒ 88, col. 398) croit la date originale bien plus ancienne que 1205 mais précise qu’il n’en reste aucune trace visible, tandis que DJANACHIAN, Miniatures, p. 161, estime que cette année est exacte et que, peu lisible, elle a été recopiée par une main ultérieure. A. Matʻevosyan (H13 20a, p. 53-54) admet la date de 1205 sans discussion. 20 KʻIWRTEAN, MS. with Greek Miniatures, p. 156 et 162. Date disputée par POŁAREAN, Gričʻner, p. 395-396, qui pense le manuscrit plus tardif.

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

Cote M 7347

Date 1166

SOU L1988.238ab s. XII

Mat.

Écriture

Lieu

Copiste

parchemin erkatʻ. ronde klay Kozma 2 col. Hṙovmeakan parchemin erkatʻ. ronde [Hṙomkla] 2 col. mixte 1 col.

ca. Édesse?

Kozma

V Kurd. 20

ca. 1175? papier

Kozma krawnawor

V Kurd. 2

s. XII ex.

V 938

ante 1205 parchemin erkatʻ. droite Xarberd 2 col.

Kozma

M 7734

1219

Kozma

parchemin erkatʻ. droite ca. Xarberd? Kozma 2 col.

parch.

erkatʻ. droite Barǰanča 2 col. anapatik

Fig. 10. Manuscrits des scribes Kozma

Kozma fut-il seulement scribe ou bien décora-t-il et illustra-t-il personnellement ses manuscrits? Les colophons fournissent peu de renseignements à ce sujet, Kozma s’y qualifiant exclusivement de scribe, à l’exception du colophon de M 7347, où A. Matʻevosyan est parvenu à déchiffrer les lignes suivantes: … ըստ կարողութեան իմոյ յամենայն զաւրութենէ իմմէ բազում աշխատեցի եւ ծաղկերանգ եւ վարդափթիթ ոսկէհուռն զարդարեցի յաղագս […] զանազան […] իմանալոյ ինչ ի սուրբ տառս։ … selon ma capacité et de toutes mes forces, je travaillai beaucoup et j’ornai [ce livre] aux couleurs fleuries, bourgeonnant comme une rose et dense de dorures, pour […] divers […] comprendre quelque chose dans ce saint livre.21

On se gardera bien d’attribuer automatiquement à Kozma la paternité des illustrations ou des ornements dans les manuscrits qu’il a copiés22. S. Der Nersessian estime qu’on lui doit seulement les portraits de M 7347, dont elle juge que l’ornementation, apparentée à celle des manuscrits ciliciens, est l’œuvre d’un artiste différent. En revanche, selon elle, la main de Kozma est reconnaissable dans l’ensemble de l’iconographie de V 938 et M 7734. Prenant appui sur les caractéristiques stylistiques de ses 21 22

M 7347, f. 340v = H5-12 215[a], p. 191. Voir en ce sens la mise au point de KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ III, p. 460-463.

ORIGINES (1069-1200)

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compositions, Der Nersessian émet l’hypothèse que Kozma serait originaire de Grande Arménie23. Il faut dire que Kozma est particulièrement avare en détails personnels dans ses colophons. Seul le colophon de V Kurd. 20 comporte des données biographiques claires: nous y apprenons que le copiste Kozma était moine (krawnawor) et que ses parents se prénommaient Petros et Maria. Par ailleurs, dans V 938, Kozma fait aussi mention de deux proches, qu’il appelle «mes frères spirituels, les prêtres agréables à Dieu Yohannēs et Tiracʻu, qui président et aident à ce travail» (զհոգեւոր եղբարք իմ զաստուածահաճոյ քահանայք զՅոհաննէս եւ զՏիրացու, որ առաջնորդ եւ աւգնական են գործոյս)24: il est très probable, étant donné la relative rareté de ce prénom25, que ce Tiracʻu kʻahanay soit le même individu que le Tiracʻu krawnawor propriétaire de M 10434, que nous évoquions plus haut. Sur la question de savoir si l’on a affaire à un seul Kozma ou à des homonymes, les opinions des savants divergent. La plus critique est celle de N. Bogharian. Constatant qu’un écart chronologique de 53 ans sépare le plus ancien du plus récent des manuscrits signés par Kozma, Bogharian a considéré qu’il ne pouvait s’agir d’un seul et même individu. Il a préféré postuler l’existence de quatre Kozma différents: 1ᵒ Kozma gričʻ, auteur de M 7347 à Hṙomkla en 1166; 2ᵒ Kozma hṙetor gričʻ, auteur avant 1201 du modèle de M 10359; 3ᵒ Kozma Gričʻ, actif de 1205 à 1219 et auteur de V 938 à Xarberd en 1205, de V Kurd. 2 et de SOU L1988.238ab à une date indéterminée et de M 7734 à l’ermitage de Barǰanč26, près de Xarberd, en 1219, et auteur des colophons ultérieurs de M 10434; 4ᵒ Kozma gričʻ, fils de Petros, auteur de V Kurd. 20 à une date plus tardive27. Comme Bogharian, Garéguine Ier avait jugé que V Kurd. 2 et M 7734 avaient été tous deux copiés et illustrés par le même Kozma, mais selon lui, le Kozma de V 938 était un homonyme, en dépit des similitudes qu’il notait dans les colophons de ces manuscrits28. DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 10-12. Cf. ci-dessous davantage de détails à propos des similitudes iconographiques de certains des manuscrits de Kozma. 24 V 938, f. 302v1 sqq. = H13 20a, p. 54; Ven. I, nᵒ 88, p. 400; KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ I, p. 279. 25 Selon AnjnBaṙ V, p. 163-166 s.v. Tiracʻu, notre Tiracʻu est le seul à porter ce nom avant 1245. Ce nom, qui signifie «clerc, chantre», semble avoir été surtout employé comme anthroponyme à partir du milieu du XIIIᵉ siècle et jusqu’au milieu du XVᵉ siècle. Hr. Adjarian recense un total de 36 individus appelés Tiracʻu. 26 Voir p. 150. 27 POŁAREAN, Gričʻner, p. 392-396. Le travail plus ancien de POŁAREAN, Kozma gričʻ, concerne exclusivement le troisième Kozma de cette liste. 28 YJ, col. 802-804. 23

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

Les autres spécialistes, cependant, n’ont pas émis de doutes aussi radicaux. A. Matʻevosyan considérait que le même Kozma était l’auteur de M 7347, V 938, M 7734, SOU L1988.238ab et V Kurd. 20, écrivant tantôt en erkatʻagir, tantôt en bolorgir29. H. Kurdian, quant à lui, n’a pas hésité à attribuer au même personnage les deux manuscrits en sa possession, ainsi que V 938, M 7734 et SOU L1988.238ab30, tandis qu’A. Gevorgyan, qui a examiné M 7734 et M 7347, estime que leurs illustrations sont dues au même artiste, qu’elle identifie au scribe Kozma, fils de Petros et Mariam (sic, au lieu de Maria), auteur de V 938 et V Kurd. 231. Par ailleurs, S. Merian, dans une étude récente de SOU L1988.238ab, note la ressemblance de l’incipit de l’Évangile de Jean dans ce manuscrit avec la même page dans M 734732; T. Izmaïlova avait déjà fait le même genre de constatations en ce qui concerne M 7347 et M 773433. Finalement, l’opinion la plus probante est celle de S. Der Nersessian, qui pense que M 7347, V 938, M 7734, V Kurd. 2 et SOU L1988.238ab sont de la main du même individu, tandis que V Kurd. 20 est l’œuvre d’un homonyme34. En effet, ce manuscrit se distingue des autres sur la plupart des points: il est rédigé sur papier, en écriture erkatʻagir-bolorgir mixte et à longues lignes, alors que tous les autres sont écrits sur parchemin, en erkatʻagir et sur deux colonnes35. De plus, les miniatures purement byzantines à légendes grecques qui ornent V Kurd. 20 n’ont rien à voir avec le style de l’artiste des manuscrits M 7347 et M 7734. Enfin, c’est le seul manuscrit où Kozma donne le nom de ses parents, ainsi que son titre (krawnawor). Le propriétaire de ce manuscrit, H. Kurdian, a estimé que son copiste aurait été d’origine byzantino-arménienne (բիւզանդահայ)36, sur la base des arguments suivants: 1ᵒ les parents de Kozma portent des noms grecs, notamment sa mère, dont le nom est écrit Մարիա Maria, à la grecque, et non Մարիամ Mariam à l’arménienne; 2ᵒ le commanditaire du manuscrit 29 MATʻEVOSYAN, Kozma. Comme le colophon de V Kurd. 2 figure entre celui de SOU L1988.238ab et celui de V Kurd. 20 dans H13 76, p. 117-118, il est à supposer que Matʻevosyan le considérait également de la main du même Kozma. 30 KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ III, p. 460. Voir également KʻIWRTEAN, Hamaṙot cʻucʻak II, nᵒ 20, p. 400; KʻIWRTEAN, MS. with Greek Miniatures, p. 156-157; KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ I-II. 31 HMM, nᵒ 182B, p. 321. 32 MERIAN, Manoogian Manuscripts, p. 21. 33 IZMAJLOVA, Murganskij obrazec. 34 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 10-11. 35 KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ III, p. 459-460 explique cette différence d’écriture en supposant que V Kurd. 20, non daté, soit en fait une œuvre de jeunesse. 36 KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ II, p. 325; KʻIWRTEAN, MS. with Greek Miniatures, p. 157.

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est un certain papa Simewon Uṙhayecʻi, c’est-à-dire πάππας Συμέων d’Édesse37; 3ᵒ les légendes des miniatures sont en grec; 4ᵒ Kozma termine un de ses colophons par une phrase en grec: Διὰ χ(αρίτ)ων (?) τῶν ἁγίων π(ατέ)ρων ἡμῶν Κ(ύρι)ε Ἰ(ησο)ῦ Χ(ριστ)ὲ Θ(εὸ)ς ἡμῶν ἐλέησον ἡμᾶς Ἀμήν. Par les grâces (?) de nos saints pères, Seigneur Jésus-Christ notre Dieu, prends pitié de nous, amen.38

Le fait que les miniatures soient légendées dans un grec correct et rédigé en minuscules bien maîtrisées montre bien qu’il ne s’agit pas d’une imitation malhabile, comme on peut en voir dans certains manuscrits de la même période39. Comme de telles particularités n’apparaissent dans aucun autre des manuscrits du scribe Kozma (fig. 10), il semble clair, en dépit de l’opinion de Kurdian, que le copiste Kozma de V Kurd. 20 ne peut être le même personnage que le copiste de M 7347, SOU L1988.238ab, V Kurd. 2, V 938 et M 773440. En conclusion, nous sommes très vraisemblablement devant deux Kozma différents, l’un, Kozma hṙetor, ayant bel et bien exercé son activité de 1166 à 1219 (pace Bogharian), l’autre, Kozma krawnawor, fils de Petros et Maria et sans doute d’origine arméno-grecque, étant connu uniquement par V Kurd. 20 (pace Kurdian). S’il est vrai qu’une longévité professionnelle de plus d’un demi-siècle est exceptionnelle pour l’époque, il serait plus invraisemblable encore que quatre scribes différents nommés Kozma aient vécu peu ou prou à la même époque, comme l’a proposé Bogharian, alors que Kozma(s) (i. e. Côme) est un nom extrêmement rare en arménien41. Le titre պապա papa est employé dans un seul autre colophon du corpus, pour trois prêtres-moines (kʻahanay-krōnawor) prénommés Pawlē, Nikawla et Metōfan. Ce colophon est celui du tétraévangile ANT 223, copié en 1276 dans la région de Čʻmškacag, en HauteArménie, qui émane très clairement d’un milieu bilingue arméno-grec (ANT 223, f. 211v212v = H13 830z, p. 941-942; DANIĒLEAN, Mayr cʻucʻak, nᵒ 223, p. 545-546). 38 V Kurd. 20, f. 33r = WIKGREN, More Manuscripts, p. 532. Au lieu de διὰ χαρίτων, il faut peut-être plutôt lire δι᾿ εὐχῶν «par les prières». 39 Par exemple V 325 de 1230, cf. DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 40. 40 En outre, le texte des Évangiles dans V Kurd. 20 est influencé par le type byzantin, ce qui n’est pas le cas dans V Kurd. 2 (ALEXANIAN, Armenian Gospel Text, p. 387). Il pourrait s’agir là d’un argument supplémentaire en faveur de la théorie d’un milieu arméno-grec pour Kozma krawnawor. 41 Six entrées seulement dans AnjnBaṙ II, p. 642-643 s.v. Kozmas, dont trois pour notre Kozma, tandis que les autres concernent des personnages du VIIᵉ et du XVIIᵉ siècle. Cela dit, nous connaissons au moins deux autres Kozma: Kozma krawnawor, le copiste de V Kurd. 20, et un Kozma décédé avant 1160 (H5-12 208a, p. 181 et p. 354 s.v. Kozma [2]; cf. infra, p. 152). 37

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La carrière de Kozma hṙetor semble s’être jouée en deux temps. Il se trouve d’abord à Hṙomkla, où, en 1166, il exécute M 7347, peut-être le premier manuscrit jamais copié dans ce centre, et en tout cas le plus ancien qui ait été préservé42. C’est aussi à Hṙomkla, à une date indéterminée, que Kozma copie SOU L1988.238ab. Dans ce deuxième manuscrit, Kozma ne précise pas son lieu de travail, mais l’identité du commanditaire, l’évêque de Ṙapan tēr Kostandin43, permet de conclure qu’il s’agit de Hṙomkla. En effet, les seuls centres de copie actifs à cette époque aux environs immédiats de Ṙapan (ar. Rabān, tc Araban)44 se trouvent à Hṙomkla et sur la Montagne Noire45; Kozma travaillant à Hṙomkla en 1166, il est par conséquent pratiquement certain que SOU L1988.238ab a été copié dans ce monastère. De plus, SOU L1988.238ab est rédigé en erkatʻagir ronde, comme M 7734, alors que dans ses autres manuscrits, Kozma écrit en erkatʻagir droite. Dans un deuxième temps, Kozma s’est déplacé à Xarberd (tc Harput), environ 200 km au nord-est de Hṙomkla. C’est là qu’il copie V 938 avant 1205, puis M 7734 en 1219. Dans ce dernier manuscrit, il précise le lieu de copie comme étant le petit ermitage de Barǰanč (անապատիկս Բարջանճա; tc Perçenç, auj. Akçakiraz), localité située dans la plaine de Xarberd46. En outre, sur la base des similitudes que V Kurd. 2 présente avec V 938, H. Kurdian estime que ce manuscrit, où le lieu et la date de la copie ont été omis ou peut-être effacés, doit également avoir été réalisé à Xarberd47. Ce groupe de trois codex se démarque des deux manuscrits copiés à Hṙomkla par le fait qu’ils sont en écriture erkatʻagir droite, et non plus ronde. Cf. EVANS, Manuscript Illumination, p. 51; D. KOUYMJIAN et L. ZAKARIAN, dans MUTAFIAN, Magie de l’écrit, nᵒ 3.15, p. 89; YOVSĒPʻEAN, Niwtʻer ew usumnasirutʻiwnner II, p. 14-15. Voir aussi EVANS, Manuscript Illumination, p. 50-63 à propos des innovations iconographiques de ce manuscrit, sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici, ainsi que STONE – KOUYMJIAN – LEHMANN, nᵒ 36, p. 188-189 pour ses caractéristiques paléographiques. Sur Hṙomkla comme centre intellectuel, voir, outre la thèse d’EVANS, Manuscript Illumination, TełBaṙ III, p. 455 2-456 2 s.vv. Hṙomkla, Hṙomklayi vankʻ; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 604-608; COULIE, Cilicia, p. 265-267; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 59-60; KIWLĒSĒREAN, Covkʻ, p. 61-86; AZARYAN, Kilikyan manrankarčʻutʻyun, p. 88-106; ŁAZAROSYAN, Kilikiayi vardapetaranner, p. 85-87; POŁAREAN, Hayrapetanocʻ. 43 AnjnBaṙ III, p. 661 s.v. Kostandin 61. 44 TełBaṙ IV, p. 4313 s.v. Ṙaban; TełBaṙ I, p. 3191 s.v. Aṙapan. 45 Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 602-604; OSKEAN, Kilikia, nᵒ 70, p. 281283. 46 THIERRY, Répertoire, nᵒ 117, p. 24; TełBaṙ I, p. 6342 s.v. Barǰanči anapat; OSKEAN, Sebastia II, nᵒ G.4, p. 86. 47 KʻIWRTEAN, MS. with Greek Miniatures, p. 157. 42

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À présent que nous avons éclairé le parcours de Kozma, revenons à la question de ses rapports avec Awag vankʻ du mont Sepuh. Il ne saurait faire de doute que le scribe Kozma actif de 1166 à 1219 à Hṙomkla puis à Xarberd est bien le même personnage que Kawzma hṙetor, entre les mains de qui est passé M 10434. S. Der Nersessian a d’ailleurs montré que la décoration des premiers manuscrits ciliciens, dont M 7347, copié et illustré en 1166 par Kozma, dérive en grande partie du modèle des manuscrits «byzantinisants» du XIᵉ siècle, dont M 10434 est un représentant notable48. En 1200-1201, ce manuscrit se trouvait à Awag vankʻ du mont Sepuh, où il a servi de modèle au copiste de M 10359. Il serait toutefois vain de chercher l’influence de M 10434 dans les portraits des évangélistes de M 10359, étant donné que ceux-ci ont été ajoutés lors de la restauration du manuscrit en 1250, dans le style des manuscrits de Grande Arménie, par les artistes Ǝnjer nałaš et Yovhannēs erēcʻ 49. Des similitudes paléographiques unissent également les manuscrits de Kozma et ceux du mont Sepuh. On comparera par exemple l’écriture erkatʻagir ronde soignée de M 7347 à celle, très proche, de LOB Or. 1365450. Les dimensions plus compactes du premier manuscrit (26,5 × 19 cm, 18 lignes par page pour 342 folios) par rapport au second (37,5 × 29 cm, 16 lignes par page pour 384 folios) pourraient indiquer que la communauté d’Awag vankʻ disposait de davantage de moyens que le commanditaire du manuscrit de Kozma, l’archevêque et vardapet tēr Aṙakʻeal verayditoł51. En réalité, l’apport de Kozma aux deux tétraévangiles d’Awag vankʻ ne se limite pas au texte de M 10359: il concerne aussi l’iconographie — sinon le texte — de LOB Or. 13654. La décoration de ce manuscrit est clairement influencée par l’art de Cilicie, et G. Hovsepian y note même une certaine ressemblance avec les productions de Hṙomkla52. D’un autre côté, T. Izmaïlova a noté de fortes similitudes avec le décor du tétraévangile DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 2-5. AnjnBaṙ II, p. 239 s.v. Ǝnjer; HMM, nᵒ 120, p. 215; POŁAREAN, Nkarołner, p. 2829. HMM, nᵒ 297, p. 495. Sur ces portraits, voir KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 53 / 134135. 50 STONE – KOUYMJIAN – LEHMANN, nᵒ 36, p. 188-189 = M 7347, f. 36r; nᵒ 54, p. 224225 = LOB Or. 13654, f. 216r. 51 AnjnBaṙ V, p. 277 s.v. Aṙakʻeal 1. 52 DER NERSESSIAN, Erznkayi astvacašunčʻ, p. 29; DER NERSESSIAN, Bible d’Erznka, p. 604; DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 156; NERSESSIAN, Catalogue UK, nᵒ 15, p. 137139; NERSESSIAN, Treasures from the Ark, nᵒ 138, p. 205-206; YOVSĒPʻEAN, Niwtʻer II, p. 25 (où il est dit à tort que le manuscrit se trouve à la Freer Gallery of Art). 48 49

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M 10360, copié en 1160 à Xarberd53; elle a de plus attiré l’attention sur une série de détails qui différencient LOB Or. 13654 des productions proprement ciliciennes et l’apparentent davantage, notamment, au style «byzantinisant» du tétraévangile M 1043454. Or ces trois tendances — cilicienne, byzantinisante et du codex de Xarberd — trouvent leur point de convergence en la personne de Kozma, qui d’une part a exercé son art à la fois à Hṙomkla et à Xarberd, d’autre part a eu entre les mains M 10434, le tétraévangile byzantinisant de 1069. Si l’influence de l’art de M 10360, exécuté en 1160 à Xarberd, est sensible dans LOB Or. 13654, copié à Awag vankʻ en 1200, et si cette influence est due à l’entremise de Kozma, cela signifie que Kozma a dû fréquenter Xarberd avant 1200. L’année 1205, terminus ante quem de la copie de V 938, se voit donc remplacée par 1200 comme date limite de l’arrivée de Kozma à Xarberd. En fait, il est même possible que Kozma ait été originaire de Xarberd. Comme nous l’avons déjà souligné, le prénom Kozma(s) est très peu usité en Arménie; or le colophon de M 10360 mentionne précisément un Kozma, frère du copiste Siovn et déjà décédé (յառաջ վախճանեալ) avant la copie du livre en 116055. Kozma était donc un nom en usage dans cette famille de Xarberd. Sur cette base, et compte tenu de la pratique, courante chez les Arméniens, de nommer un garçon premier-né d’après le nom de son grand-père56, on peut se demander si Kozma hṙetor n’était pas le cousin de Siovn, probablement d’une branche cadette vu sa longévité. Soulignons que la copie d’un manuscrit n’était pas chose courante à Xarberd: on ne connaît, avant le milieu du XVᵉ siècle, aucun codex provenant de cette localité ou des monastères environnants, sinon M 10360 et les deux manuscrits de Kozma (V 938 et M 7734)57. Tout ceci reste assurément hypothétique, mais l’hypothèse rend bien compte, nous semblet-il, des liens qui relient à la fois Kozma et le tétraévangile LOB Or. 13654 à la ville de Xarberd et à sa modeste production de manuscrits58. 53 IZMAJLOVA, Xarberdskij obrazec; IZMAJLOVA, Zaglavnye listy, p. 158; IZMAJLOVA, Živopis′ XII veka, p. 166. 54 IZMAJLOVA, Xarberdskij obrazec, p. 217-218. 55 M 10360, f. 283r = H5-12 208a, p. 181. 56 Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 226-227. 57 Information issue de notre base de données et corroborée par OSKEAN, Sebastia II, p. 80-104. 58 Il faudrait réévaluer à la lumière de cette hypothèse les conclusions d’IZMAJLOVA, Master i obrazec, concernant les rapports entre la production de Hṙomkla et les manuscrits de Xarberd. Comme nous le voyons, ces liens s’expliquent non par l’influence de Hṙomkla en tant que scriptorium, mais par la biographie de Kozma, dont le rôle a été largement sous-estimé par T. Izmaïlova.

ORIGINES (1069-1200)

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En tout état de cause, il est certain qu’en 1200-1201, le tétraévangile M 10434 se trouvait à 100 km au nord de Xarberd, à Awag vankʻ du mont Sepuh, où il a servi de modèle à M 10359. Il est raisonnable de penser que Kozma hṙetor, scribe et miniaturiste expérimenté qui à cette époque ne résidait déjà plus à Hṙomkla mais à Xarberd, a apporté luimême son manuscrit sur le mont Sepuh. Sa présence et son enseignement, sans doute aussi d’autres codex qu’il a emportés avec lui, ont contribué à façonner le style des miniatures et du décor de LOB Or. 13654. C’est également par l’influence de Kozma que l’on peut expliquer l’inclusion, dans le colophon des manuscrits d’Awag vankʻ et de l’ermitage Saint-Grégoire, d’une formule relative à la qualité de l’exemplaire: en effet, Kozma lui-même a usé d’une telle formule dans le colophon de trois des cinq manuscrits que nous lui connaissons (M 7347, V Kurd. 2 et M 7734). Ainsi l’exemplaire de M 7347 (Hṙomkla, 1166) était-il, selon Kozma, ընդրեալ ճշմար[տապատում?] «choisi [et] vér[idique?]»: … [կա]տարեցի զաստուածախաւս չորեքվտակեան կենսաբեր սուրբ Աւետարանս յընդրեալ, ճշմար[տապատում յաւ]րինակէ … … j’achevai ce saint Évangile vivifiant, à la parole divine [et] aux quatre ruisseaux, d’après un exemplaire choisi [et] véridique …59

Dans les deux autres cas, Kozma précise même le nom sous lequel est connu l’exemplaire dont il s’est servi. Pour M 7734 (Barǰanč, 1219), il s’agit d’un modèle descendant du très réputé exemplaire de Grigor Murłanecʻi, auquel est consacré notre chapitre 7. Ce modèle est qualifié par Kozma de փառաւոր «glorieux»: … կատարեցի զկեանսաբեր սուրբ Աւետարանս ի փառաւոր աւրինակէ, որոյ Մուրղանեցի կոչիցի … … j’achevai ce saint Évangile vivifiant d’après un glorieux exemplaire, qui est appelé Murłanecʻi …60

Enfin, dans le colophon de V Kurd. 2, Kozma parle d’un exemplaire ճշմարիտ եւ փառաւոր «authentique et glorieux», dit Կոզռան «Kozṙan»: … կատարեցի զկենսաբեր սուրբ Աւետարանս ի ճշմարիտ եւ փառաւոր աւրինակէ, որոյ մականուն Կոզռան […] 59 M 7347, f. 340 r = H5-12 215[a], p. 191; YJ 190, col. 390; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 78 (trad. russe). 60 M 7734, f. 354r = H13 74a, p. 116; YJ 361, col. 801; POŁAREAN, Gričʻner, p. 13; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 77 (trad. russe).

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

… j’achevai ce saint Évangile vivifiant d’après un exemplaire authentique et glorieux, dont le surnom [est] Kozṙan […] 61

Il s’agit de l’exemplaire dit de Grigor Kozeṙn62, également évoqué par le colophon du tétraévangile ANKK* 30363. Ce manuscrit a du être rédigé au plus tard au début du XIIIᵉ siècle, et en tout cas certainement avant 1255, sans doute en Cilicie64. Les trois colophons de Kozma pointent donc vers la Cilicie: c’est là que se trouve notre copiste lorsqu’il rédige M 7347 et là aussi, semble-t-il, qu’a exercé Grigor Kozeṙn. Kozma a donc maintenu une connexion cilicienne alors qu’il résidait à Xarberd, et ce, jusqu’à son dernier manuscrit (M 7734)65. En ce qui concerne la formule, sa présence prouve l’intérêt attaché par Kozma à la qualité de ses modèles. Ses trois occurrences chez Kozma sont atypiques, car elles présentent des adjectifs rares dans notre corpus, au sein de combinaisons uniques. Dans le type du mont Sepuh, on a au contraire les qualificatifs «classiques» ընտիր «de choix» et ստոյգ «sûr», directement repris au lexique du colophon de l’évangile de 1069 (M 10434). Malgré cette différence, c’est donc par l’empreinte de Kozma, qui a concerné autant les colophons que l’iconographie des tétraévangiles de 1200-1201, que doit s’expliquer l’emploi de notre formule dans leurs colophons. En résumé, le rôle de Kozma a été primordial non seulement dans l’émergence du type du mont Sepuh, mais encore pour la matéralité même des manuscrits qui le présentent. Le séjour dans ces monastères de ce scribe réputé y a suscité un mouvement de copie, dont ce groupe est le résultat. Ces codex sont marqués par un faisceau d’influences tant iconographiques que colophoniques ayant pour point commun d’avoir transité par Kozma. La rencontre des styles byzantinisant, cilicien et de Xarberd dans ces évangiles — S. Der Nersessian parle de leur «caractère éclectique»66 — est 61 V Kurd. 2, f. 272v = H13 76b, p. 117; YJ 300, col. 664; GUŠAKEAN, Cʻucʻak, nᵒ 22, p. 25; GUŠAKEAN, Cʻucʻak V, nᵒ 22, col. 520, KʻIWRTEAN, Hamaṙot cʻucʻak I, nᵒ 2, p. 410; KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ I, p. 280; KʻIWRTEAN, Yovhannēs Kozeṙn, col. 1; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 77 (trad. russe). 62 Ce personnage ne semble pas connu par ailleurs; voir KʻIWRTEAN, Kozma gričʻ III, p. 458. 63 ANKK* 303, p. 542-543 (sans précision) = H13 227a, p. 279; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 303, col. 1275. 64 KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 303, col. 1274. 65 Cf. IZMAJLOVA, Master i obrazec, p. 190; mais, l’auteur n’ayant pas identifié Kozma comme copiste et illustrateur de M 7347, les conclusions qu’elle tire vont beaucoup trop loin. Voir aussi dans le même sens DJANACHIAN, Miniatures, p. 161. 66 DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 209.

ÉVOLUTION (1200-1201)

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reflétée dans leurs colophons, où l’on sent également la marque propre de leur «passeur», Kozma. 3.2. Évolution (1200-1201) À présent que nous avons cerné les origines du type du mont Sepuh, tentons de comprendre quels sont les liens qui unissent les quatre manuscrits qui le présentent. Pour rappel, ces manuscrits ont été copiés dans un laps de temps extrêmement bref: l’un à Awag vankʻ en 1200 (LOB Or. 13654), un autre au même endroit l’année suivante (M 10359), et les deux autres au monastère voisin de Saint-Grégoire-l’Illuminateur de Daranałikʻ, également en 1201 (J 3274 et J 3349). La principale question à élucider sera de savoir si ces deux derniers manuscrits dépendent de l’enseignement de Kozma directement ou bien indirectement, via Awag vankʻ. Pour le dire autrement, Kozma s’est-il fixé seulement à Awag vankʻ, ou bien a-t-il aussi enseigné à l’ermitage Saint-Grégoire? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de clarifier dans un premier temps les rapports entretenus par chaque paire de manuscrits, ce qui permettra par la suite de situer ces deux paires l’une par rapport à l’autre. Ce travail contribuera alors à déterminer quelles relations entretenaient ces deux centres de copie au début du XIIIᵉ siècle. 3.2.1. Les manuscrits d’Awag vankʻ Commençons par confronter les deux manuscrits d’Awag vankʻ. D’après ce qui a été constaté au point précédent, il est clair que M 10359 a été copié sur M 10434, à ce moment détenu par le scribe et enlumineur Kozma hṙetor pour le compte de son collègue Tiracʻu. Le copiste de M 10359, Stepʻanos67, est bien connu pour avoir été l’un des trois enlumineurs du fameux homéliaire de Muš (MUSA* 2, aujourd’hui partagé entre M 7729, V 1614 et W 1411, moins une série de feuillets qui ont disparu). Pourtant, comme nous l’avons vu, ce n’est pas lui qui a enluminé M 10359, ce codex ayant seulement été pourvu d’illustrations un demi-siècle après sa rédaction. Dans son colophon, Stepʻanos cite զընտրեալ քահանայն Վարդան … զի բազում իրաւք աւգնական եղեւ մեզ «le prêtre distingué Vardan … car il nous vint en aide de nombreuses façons»68. Il s’agit certainement de 67 HMM, nᵒ 432, p. 697; POŁAREAN, Nkarołner, p. 10-11; MATʻEVOSYAN, Mšo tōnakančaṙǝntir, p. 140-143. 68 M 10359, f. 308r = H13 1a, p. 14.

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

Vardan kʻahanay du canton de Karin (d’où le surnom de «Karnecʻi» que lui ont donné les modernes), qui, entre 1200 et 1202, a copié l’homéliaire de Muš à Awag vankʻ69. Or Vardan kʻahanay et Vardan krawnawor70, copiste du second de nos manuscrits d’Awag vankʻ (LOB Or. 13654, de 1200), sont en réalité une seule et même personne, comme on le voit clairement si l’on compare l’écriture de LOB Or. 13654 à celle de l’homéliaire de Muš71. Probablement Vardan s’est-il attelé à la copie de l’homéliaire de Muš après avoir terminé LOB Or. 13654. Il vaut la peine de remarquer que le commanditaire de V Kurd. 2, copié par Kozma, est un certain «prêtre et moine Vardan» (քահանա եւ կրաւնաւորս Վարդան)72. Se pourrait-il que ce manuscrit soit une commande de Vardan de Karin? Cela pourrait expliquer pourquoi Kozma s’est rendu à Awag vankʻ; dans ce cas, V Kurd. 2 aurait été copié au plus tard en 1200. Ni la date ni le lieu d’exécution de ce codex ne sont connus, et les détails biographiques contenus dans les colophons ne permettent pas d’affirmer, ni d’infirmer, que son commanditaire soit le même Vardan que le copiste, dit tantôt prêtre tantôt moine, de LOB Or. 13654 et de l’homéliaire de Muš. Néanmoins, V Kurd. 2 appartient bien à la deuxième période de l’activité de Kozma, celle où il écrit en erkatʻagir droite et durant laquelle il s’est fixé à Xarberd et, comme nous l’avons établi, visite le mont Sepuh. Enfin, il est à remarquer que V Kurd. 2, à l’instar de M 10359, J 3274 et J 3349, faisait encore partie de la collection de manuscrits du monastère du Saint-Signe de Sébaste (SEB* 22) en 1908-1913, lorsque l’archevêque Th. Gouschakian en rédigea le catalogue73: ces quatre codex ont ainsi partagé un destin commun. Voilà donc une hypothèse supplémentaire en faveur des liens ayant existé entre Kozma et Awag vankʻ. En résumé, nous avons observé d’une part que M 10359 a été copié sur l’exemplaire de Kozma (c’est-à-dire M 10434), d’autre part que le colophon de M 10359 évoque l’aide apportée par Vardan, copiste de 69 Attribution établie par MATʻEVOSYAN, Mšo tōnakan-čaṙǝntir; voir aussi MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 646. 70 AnjnBaṙ V, p. 82 s.v. Vardan 58, 60-61 et 63; MATʻEVOSYAN, Mšo tōnakan-čaṙǝntir, p. 148-149. 71 MATʻEVOSYAN, Mšo tōnakan-čaṙǝntir, p. 148-149, suivi par NERSESSIAN, Catalogue, nᵒ 15, p. 131 et 137. Comparer p. ex. les spécimens dans STONE – KOUYMJIAN – LEHMANN, nᵒ 51, p. 218-219 (M 7729, f. 44r), nᵒ 52-53, p. 220-223 (V 1614, f. 5v et 7r) et nᵒ 54, p. 224-225 (LOB Or. 13654, f. 216r), ainsi que DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 145 (LOB Or. 13654, f. 382r-383v). 72 V Kurd. 2, f. 272r = H13 76b, p. 117; YJ 300, col. 663; GUŠAKEAN, Cʻucʻak, p. 25; GUŠAKEAN, Cʻucʻak V, col. 520; KʻIWRTEAN, Hamaṙot cʻucʻak I, p. 410. 73 GUŠAKEAN, Cʻucʻak, nᵒ 22, p. 25. Cf. supra, p. 140.

ÉVOLUTION (1200-1201)

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LOB Or. 13654. Étant donné que LOB Or. 13654 prédate de peu M 10359, il découle de ces deux constats que les deux manuscrits ont été copiés sur M 10434, prêté à Vardan par Kozma. Ce dernier a peut-être également exécuté V Kurd. 2 à la demande de Vardan, quoiqu’il soit impossible de le prouver définitivement. 3.2.2. Les manuscrits de l’ermitage Saint-Grégoire Tout comme ceux d’Awag vankʻ, les deux tétraévangiles produits à l’ermitage voisin de Saint-Grégoire-l’Illuminateur sont également liés par leurs copistes. Dans les colophons de J 3274, le copiste Yovanēs74 demande plusieurs fois de se souvenir de Łazar vardapet 75, décorateur (zardaričʻ ) du manuscrit. Il s’agit évidemment du même Łazar qui a copié J 3349. En outre — nous le notions plus haut —, les colophons principaux de ces deux manuscrits sont très semblables. Mais à deux reprises, le copiste de J 3274 a laissé un espace vide là où aurait dû figurer le nom de son maître. Ainsi lorsque dans J 3349, le copiste Łazar parle de «notre savant et fécond vardapet Kostand76, qui nous offrit hospitalité et repos et fut à l’origine de notre activité» (զգիտնական եւ զարդիւնական վարդապետ մեր զԿոստանդ, որ եղեւ մեզ վանատու եւ հանգուցիչ եւ պատճառ այսմ իրագործութեանս)77: Yovanēs, dans J 3274, a un texte pratiquement identique mais le nom propre manque après la nota accusativi 78. De même, plus loin, Yovanēs prie le lecteur de faire mémoire de «notre vardapet précité {uac.}, et son père paron Sargis et sa mère, [vardapet] qui nous procura l’exemplaire avec libéralité et beaucoup d’empressement» (զյառաջասացեալ վարդապետն մեր զ{uac.}, եւ զպարոն հայրն իւր Սարգիս եւ զմայրն, որ զաւրինակն (uel զաւրինակս) շնորհեաց մեզ անխնայ եւ բազում յաւժարութեամբ)79. Il est clair que si Yovanēs n’a pas cité Kostand, c’est qu’il a voulu substituer à celui-ci son propre maître80, Łazar vardapet, même si les raisons de l’omission de son nom demeurent un mystère.

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AnjnBaṙ III, p. 576 s.v. Yovhannēs 199. AnjnBaṙ III, p. 117 s.v. Łazar 15, 17; POŁAREAN, Lusaworčʻi vankʻ, p. 325, nᵒ B; H13, p. 965 s.v. Łazar [1]. 76 AnjnBaṙ II, p. 655 s.v. Kostand 36-37; POŁAREAN, Lusaworčʻi vankʻ, p. 324, nᵒ 1. 77 J 3349, p. 616-617 = H13 3a, p. 19; YJ 309, col. 687; Jér.2 X, nᵒ 3349, p. 206; GUŠAKEAN, Cʻucʻak, nᵒ 12, p. 13; GUŠAKEAN, Cʻucʻak III, nᵒ 12, col. 247. 78 J 3274, p. 431-432 = H13 2a, p. 16; YJ 308, col. 684; Jér.2 X, nᵒ 3274, p. 73. 79 J 3274, p. 432 = H13 2a, p. 16; YJ 308, col. 684; Jér.2 X, nᵒ 3274, p. 73. 80 C’est ce qu’avait bien compris N. Bogharian, contrairement à A. Matʻevosyan, qui a voulu combler ces vides avec le nom de Kostand. 75

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

Malgré la proximité des deux établissements et la quasi simultanéité de rédaction des quatre colophons, ceux-ci ne présentent guère de points communs en termes prosopographiques. Cela ne veut pas dire que ces monastères n’étaient pas étroitement liés. En effet, les colophons d’Awag vankʻ ne manquent pas de citer l’évêque de la région, tēr Sargis veraditoł, en compagnie de son frère Ambakum kʻahanay, car tous deux partageaient la fonction de supérieur du monastère d’Awag vankʻ81; or LOB Or. 13654 nous apprend que le prédécesseur de tēr Sargis était son oncle paternel tēr Awetikʻ, supérieur de l’ermitage Saint-Grégoire, qui avait nommé Sargis coadjuteur avant de décéder. On observe donc que la charge épiscopale reste dans la même famille, qui se partage la gestion des deux monastères. Ces relations concernaient également la production des manuscrits. En lisant les colophons, on s’aperçoit que M 3779, un recueil hagiographique datant de 1227 et donné pour produit à Awag vankʻ dans les ouvrages de référence82, résulte en fait d’une collaboration avec l’ermitage SaintGrégoire. La rédaction de ce manuscrit massif (545 feuillets de 46,5 × 32 cm) a nécessité le travail de quatre scribes, sans compter l’illustrateur. Parmi ces scribes, on trouve le copiste de J 3349 en 1201, Łazar vardapet de l’ermitage du Saint-Illuminateur, qui a achevé et corrigé ce manuscrit-ci, ainsi qu’un élève de Łazar nommé Karapet. Mais surtout, une note au f. 525v précise ceci: Արքային աւգնեա Քրիստոս, որ եբեր զտետրերս ի Սուրբ Գրիգորոյ յանապատէս՝ յԱւագ վանքն, Աստուած ող[որմեա]։ Christ, viens en aide à Arkʻay, qui apporta ces cahiers de notre ermitage de Saint-Grégoire à Awag vankʻ — Dieu, prends pitié.83

Cela prouve donc que non seulement le manuscrit est le fruit d’une collaboration d’Awag vankʻ avec Saint-Grégoire-l’Illuminateur, mais que de plus, une partie a été rédigée dans ce dernier monastère, avant d’être envoyée à Awag vankʻ pour finaliser le codex. Cela illustre aussi combien l’activité scriptoriale de l’ermitage Saint-Grégoire doit à l’action de Łazar vardapet, figure majeure de cet établissement. Copiste de J 3349 en 1201, c’est lui qui fournit la même année l’exemplaire de J 3274 au 81 AnjnBaṙ IV, p. 416 s.v. Sargis 96. AnjnBaṙ V, p. 270-271 s.v. Ambakum [1]. Les colophons de l’ermitage Saint-Grégoire, par contre, ne mentionnent pas les autorités ecclésiastiques. 82 Cf. Mat. I, nᵒ 3779, col. 1082; H13 109, p. 149-154; YJ 391, col. 849-854; SMBATEANCʻ, Tełagir Gełarkʻuni, nᵒ 77, p. 407. 83 M 3779, f. 525v = H13 109že, p. 153; YJ 391, col. 854.

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copiste Yovanēs. En 1214, il rédige un rituel à l’ermitage tout proche des Trois-Enfants84 (M 8139). Dix ans plus tard, en 1224, il contribue à décorer un homéliaire, à nouveau à l’ermitage Saint-Grégoire (V 17), que dirige à ce moment son frère Astuacatur85. Enfin, en 1227, il participe avec son élève Karapet à la copie de l’homéliaire M 3779, tandis qu’un autre de ses élèves, Nersēs, copie seul un autre homéliaire, sans doute également à l’ermitage Saint-Grégoire (M 6196)86. Le décès de Łazar a dû survenir à cette époque, entraînant un déclin de la production de manuscrits: plus aucun codex copié à Saint-Grégoire n’est connu jusqu’aux années 129087. Les couvents d’Awag vankʻ et de Saint-Grégoire-l’Illuminateur entretenaient donc des échanges fréquents et intensifs. Les associés n’étaient cependant pas sur un pied d’égalité: la relation était dominée par Awag vankʻ (en position de senior partner, dirait-on de nos jours), dont les productions étaient de qualité supérieure et où arrivaient les commandes les plus importantes. De toute évidence, ce partenariat a fonctionné en bonne partie grâce à l’activité déployée par les frères Łazar et Astuacatur vardapets, qui émergent comme les figures marquantes de l’ermitage du Saint-Illuminateur en ce début de XIIIᵉ siècle: Łazar sur le plan culturel, par les manuscrits qu’il a copiés et les disciples qu’il a formés, et Astuacatur sur le plan institutionnel, ayant dirigé le monastère sans s’occuper, à notre connaissance, de la production de livres. Sous Łazar et Astuacatur, pareils contacts existaient aussi avec un troisième établissement important du mont Sepuh, le couvent Saint-Jacques-de-Nisibe de Kapos88, 84 THIERRY, Répertoire, nᵒ 176, p. 34; TełBaṙ II, p. 2412 s.v. Ericʻ Mankacʻ vankʻ; OSKEAN, Barjr Haykʻ, nᵒ A.6, p. 29; THIERRY, Mont Sepuh, p. 402; THIERRY, HauteArménie, p. 117. Nous pensons qu’il devait s’agir d’un simple lieu de retraite doté d’un martyrion. 85 Voir Ven. II, nᵒ 200, col. 1-36; H13 103, p. 141-142; YJ 383, col. 835-838; ZARBHANALEAN, Tʻargmanutʻiwnkʻ, p. 729; AnjnBaṙ III, p. 117 s.v. Łazar 17 (Hr. Adjarian y confond l’ermitage Saint-Grégoire-l’Illuminateur, dont Łazar vardapet était toujours membre en 1224, avec le monastère de Kapos, consacré à saint Jacques de Nisibe); AnjnBaṙ I, p. 235 s.v. Astuacatur 11-12, 18-19 (même remarque). 86 A. Matʻevosyan (H13 108, p. 146), ainsi que Garéguine Ier (YJ 392, col. 858), ont supposé que le manuscrit avait été copié à Awag vankʻ, alors que les colophons sont muets sur ce point; DER NERSESSIAN, Colophons, p. 546 ne voit «pas de raison de le rattacher à Awag vankʻ» mais ne fait pas de contre-proposition. 87 Le manuscrit ALQ Aleppo College [20] de 1270, mentionné par DER NERSESSIAN, Colophons, p. 546, provient en réalité du monastère de Kapos. 88 THIERRY, Répertoire, nᵒ 174, p. 34; TełBaṙ II, p. 9302 s.v. Kayipʻos; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 275 s.v. Kayipʻosi S. Yakob Mcbnay hayrapeti vankʻ; OSKEAN, Barjr Haykʻ, nᵒ B.16, p. 66-89; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 119, p. 176-179; MUTAFIAN, Arménie du

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comme le montre l’homéliaire V 17, exécuté en collaboration avec un artiste de Kapos. Voilà donc le contexte dans lequel les tétraévangiles J 3349 et J 3274 ont été produits en 1201. Grâce à cet arrière-plan, nous sommes maintenant en mesure de reconstituer les circonstances précises de leur copie, qui marque le début des interactions documentées entre Awag vankʻ et l’ermitage Saint-Grégoire. Kozma arrive à Awag vankʻ vers 1200, muni d’une sélection de manuscrits; cette visite au mont Sepuh aura certainement comporté un pèlerinage à l’ermitage Saint-Grégoire, sanctuaire entouré de légendes où l’on montrait la grotte de Manē (l’une des Hṙipʻsimiennes) et le tombeau de Grégoire l’Illuminateur. Bien informé de la présence à Awag vankʻ d’un scribe de talent et de ses manuscrits, Łazar vardapet profite de cette opportunité pour réaliser une copie des Évangiles (J 3349) et en faire faire une autre par son élève Yovanēs (J 3274). Quel est alors le modèle de chacun de ces deux manuscrits? Dans son colophon, le copiste de J 3274, Yovanēs, indique que l’exemplaire qu’il a utilisé lui a été fourni par son maître, c’est-à-dire, comme nous l’avons montré, Łazar vardapet. Il peut donc s’agir soit de J 3349, soit du modèle de J 3349, que Łazar aurait encore eu à disposition. Étant donné que le colophon de Yovanēs est en tous points semblable à celui de Łazar, il n’est pas à douter que c’est J 3349 qui a servi de modèle à J 3274. Quant à l’archétype de ces deux manuscrits, à partir duquel Łazar vardapet a copié J 3349, la comparaison des formules de colophon permet d’affirmer qu’il s’agit de LOB Or. 13654. Tel qu’il apparaît dans les manuscrits de Saint-Grégoire, le type du mont Sepuh se termine par six termes techniques: բան եւ տնհատ, հրաման եւ ստորատ, միջնակտուր եւ վերնակէտ «mot et division en versets, précepte (uel accent?) et virgule, coupure médiane et point en chef». La seule source possible de ces termes est LOB Or. 13654, qui présente les quatre premiers; les deux autres, միջնակտուր եւ վերնակէտ «coupure médiane et point en chef», sont des innovations de Łazar vardapet 89. Rappelons que les commanditaires de LOB Or. 13654 étaient l’évêque tēr Sargis et son frère Ambakum, supérieurs d’Awag vankʻ; ceux-ci dédièrent ce tétraévangile à la mémoire de Levant, vol. 1, p. 644-645; THIERRY, Mont Sepuh, p. 418-424; THIERRY, Haute-Arménie, nᵒ 156, p. 117-121; STEPʻANYAN, Erznkayi vankʻer III, nᵒ 6, p. 137-141; MATʻEVOSYAN, Kaposi dprocʻ; POŁAREAN, Kayipʻosi vankʻ. 89 Il n’est d’ailleurs pas sûr que le «վերնակէտ», ou point en chef (voir supra, p. 142, n. 8), ait déjà été en usage dans M 10434, le modèle de LOB Or. 13654 (cf. M 10434, f. 7r, accessible dans IAA.Miniatures).

POSTÉRITÉ (APRÈS 1201)

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leur défunt oncle tēr Awetikʻ, supérieur de l’ermitage Saint-Grégoire et prédécesseur de Sargis sur le trône épiscopal. Le colophon semble même dire que c’est tēr Awetikʻ qui, avant de décéder, avait conçu le projet de faire exécuter ce manuscrit. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le codex ait été envoyé à Saint-Grégoire, soit comme œuvre pieuse de la part de tēr Sargis et Ambakum, soit à la demande de Łazar vardapet. 3.3. Postérité (après 1201) L’histoire du type du mont Sepuh fut exceptionnellement courte, puisque ce type sera resté en usage durant seulement deux ans, en 1200 et 1201. Il importe d’élucider les raisons de cette rapide extinction, non seulement pour conclure l’histoire de la formule, mais aussi pour comprendre les critères qui font qu’une formule est continuée ou non, et finalement pour voir comment nos quatre témoins s’articulent avec les autres manuscrits produits dans la région d’Erznka à cette époque. 3.3.1. Extinction de la formule Que le type du mont Sepuh n’ait pas été continué après 1201 tient à l’absence d’opportunités pour son développement. Pour qu’une formule se développe, ainsi que nous le verrons dans les chapitres suivants, elle doit bénéficier d’un environnement favorable à la copie des premiers manuscrits qui la comportent ou, au minimum, à la lecture de leurs colophons. Tel n’était pas le cas au mont Sepuh, et ce principalement pour deux raisons. Les conditions historiques constituent un premier facteur: après une période relativement favorable sous les Mengüjekides d’Erzincan90, la situation des Arméniens semble changer avec l’annexion de la région, vers 1228, par le sultan seldjoucide Kaïkobad, puis avec la difficile période mongole à partir de 1243. On observe en effet, aussi bien à Awag vankʻ qu’à l’ermitage Saint-Grégoire, une chute drastique de l’activité scriptoriale, au point que nous n’avons conservé aucun manuscrit écrit dans ces monastères entre 1227 et 129291. Or sans manuscrits copiés, une formule n’est pas perpétuée. Après ce vide de près de septante ans, la production repartira à la hausse dans la foulée du renouveau culturel de la région 90 Cf. DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 146-147; CAHEN, Pre-Ottoman Turkey, p. 212 et 252. 91 Cf. supra, p. 159 et MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 645-646.

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

d’Erznka, amorcé durant la seconde moitié du XIIIᵉ siècle sous l’impulsion de l’archevêque Sargis Erznkacʻi, et plus encore au départ des Mongols92. La deuxième raison, qui s’ajoute aux difficultés vécues par les communautés d’Awag vankʻ et de Saint-Grégoire à cette époque, est que ces centres ont privilégié à la production d’évangiles la copie d’autres catégories de manuscrits, principalement des homéliaires, de sorte qu’on n’y connaît pas d’autre évangile pendant environ un siècle à dater de 1201: le prochain évangile connu est réalisé à Saint-Grégoire en 1310 (DIA* S. Kirakos [14]) et il faut attendre 1372 pour retrouver un tétraévangile copié à Awag vankʻ (M 6364)93. Notre formule, trop liée à un archétype précis, n’a pas pu se répandre dans les colophons de manuscrits à contenu différent. 3.3.2. La question de l’«école d’Erznka» On comprend maintenant mieux pourquoi le type du mont Sepuh n’a pas suscité de postérité dans les monastères qui l’ont vu naître. Cependant, ces établissements ne fonctionnaient pas en vase clos: ils se trouvaient au sein d’un réseau de centres de copie et on aurait pu s’attendre à ce que la formule trouve écho dans l’un ou l’autre des couvents ou églises environnants, comme cela se passera pour d’autres types, notamment dans la région du lac de Van (cf. chapitres suivants). Le fait que cela n’ait pas été le cas, et ce malgré la grande qualité — dont atteste la formule de colophon — de nos quatre tétraévangiles, invite à repenser la question des relations entre centres de copie dans la région d’Erznka au XIIIᵉ siècle. Traditionnellement, ces relations sont définies essentiellement sur base de critères artistiques. Si les manuscrits du monastère Saint-Grégoire n’ont, en raison de la simplicité du décor et de l’absence d’illustrations, guère attiré l’attention des historiens de l’art, les manuscrits d’Awag vankʻ, en revanche, ont été étudiés à plusieurs reprises. S. Der Nersessian a proposé de les rattacher à une «école d’Erzindjan», représentée avant tout par la fameuse bible d’Erznka de 1269 (J 1925)94. Cette école, à la croisée de la Cilicie et de la Grande Arménie, frappe par la diversité des Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 646-652. OSKEAN, Barjr Haykʻ, p. 7, mentionne bien un évangile copié à Awag vankʻ en 1294 (Cod. ign. A), mais il ne donne aucune référence quant à ce manuscrit, inconnu de H13 (cf. DER NERSESSIAN, Colophons, p. 546). 94 DER NERSESSIAN, Erznkayi astvacašunčʻ, p. 28-29; DER NERSESSIAN, Bible d’Erznka, p. 603-604. Voir aussi DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 208-220; DER NERSESSIAN, Armenian Lectionary, p. 236-237; DER NERSESSIAN, Colophons, p. 545-546; DOWSETT, Awag Vankʻ Gospels, p. 156-163; NERSESSIAN, Catalogue UK, p. 137-139. 92 93

POSTÉRITÉ (APRÈS 1201)

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approches iconographiques, depuis le tétraévangile M 2877, illustré sans doute en 1183 à Erznka, et les manuscrits d’Awag vankʻ de 1200-1201 (LOB Or. 13654 et M 10359), en passant par la bible de 1269, et au moins jusqu’au lectionnaire de 1334 de la Morgan Library (NKP 803)95. D’autres en revanche, comme A. Matʻevosyan, ignorent une telle école et préfèrent parler d’une école d’Awag vankʻ96. Celle-ci est définie sur une période allant de 1200 à 1489, lors du déplacement de la communauté au monastère de Kapos. Pareille diversité de tendances artistiques et le manque de consensus sur le bien-fondé même du concept d’«école d’Erznka» constituent sans doute les principales raisons pour lesquelles aucune étude spécifique n’y a encore été consacrée. Une telle étude est bien en dehors de nos objectifs présents; néanmoins, il nous a semblé utile d’expliquer pourquoi nous pensons que les manuscrits produits à Awag vankʻ et à l’ermitage Saint-Grégoire avant la période mongole, c’est-à-dire entre 1200 et 1230, doivent être considérés à part. L’histoire de l’ermitage Saint-Grégoire sous les vardapets Łazar et Astuacatur, telle que nous l’avons retracée, montre certes que les monastères du mont Sepuh entretenaient des liens rapprochés les uns avec les autres; mais il ne faudrait pas pour autant négliger la singularité de chaque établissement. Ainsi, les tétraévangiles de Saint-Grégoire, J 3349 et J 3274, quoique copiés sur LOB Or. 13654 d’Awag vankʻ, sont nettement plus pauvres que ce dernier en matière artistique, tout simplement parce qu’il n’y avait pas de miniaturiste actif à Saint-Grégoire. C’est pour cette raison que, pour illustrer l’homéliaire V 17, les vardapets Łazar et Astuacatur ont fait appel à un artiste du monastère Saint-Jacques-de-Nisibe de Kapos. Ce dernier établissement, avec lequel l’ermitage Saint-Grégoire se trouvait en lien autant qu’avec Awag vankʻ, n’a pas suivi une trajectoire identique aux deux autres centres, puisqu’il est resté actif à l’époque mongole, quand la production a cessé dans ces derniers. Kapos représente d’ailleurs selon A. Matʻevosyan une école distincte d’Awag vankʻ97. 95 Diversité toutefois moins grande qu’il n’a paru à S. Der Nersessian (voir les travaux cités ci-dessus) si l’on se souvient que, contrairement à ce qu’elle pensait, les miniatures de M 10359 n’ont pas été exécutées à Erznka. Une incertitude plane aussi sur l’origine des miniatures de M 2877: voir surtout IZMAJLOVA, Iconographie I-II, favorable à l’attribution à un peintre d’Erznka et à la datation en 1183, et KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 22-24 / 106-107, qui les situe au XIᵉ siècle en Haute-Arménie, probablement aux environs d’Erznka. Enfin, sur le style des illustrations de NKP 803, copié entre Erzeroum et Erznka, voir DER NERSESSIAN, Armenian Lectionary et SANJIAN, Catalogue U.S., p. 30 et 611-612. 96 MATʻEVOSYAN, Avag vankʻ. Voir aussi en ce sens IZMAJLOVA, Xarberdskij obrazec. 97 MATʻEVOSYAN, Kaposi dprocʻ.

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CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

Autrement dit, tout centre de copie, en tant que communauté d’individus dépendant de moyens matériels et financiers, possède son expérience, ses ressources, ses affinités, ses personnalités propres. Pour délimiter des écoles régionales, il convient de tenir compte de cette individualité autant que des relations entre centres: un centre peut faire appel à l’assistance d’un autre sans pour autant s’inscrire dans la même lignée stylistique. Qu’en est-il alors de l’école d’Erznka? Comme nous l’avons montré, le déclin consécutif à la conquête mongole a marqué à Awag vankʻ et à SaintGrégoire une rupture dans la tradition de copie de ces institutions98, rupture accentuée à Saint-Grégoire par les décès des vardapets Łazar et Astuacatur, qui ont dû survenir à peu près en même temps. La relative prospérité d’Erznka durant la période mongole, en tout cas à partir des années 1260, ne paraît pas avoir touché l’ermitage Saint-Grégoire avant plusieurs décennies, tandis qu’Awag vankʻ ne s’est vraiment relevé qu’après le départ des Mongols. En revanche, pendant cette période, la production de manuscrits a décollé à Erznka même, où on ne connaît pourtant pas de manuscrit copié avant 1266. Pour cette raison, et vu l’absence d’attestations ultérieures de notre formule, nous pensons que la reprise de la production dans la région d’Erznka à ce moment s’est faite en partie sur de nouvelles bases. Celles-ci se manifestent dans l’iconographie par des liens plus étroits avec la miniature cilicienne, tandis que l’ornementation continue de suivre des modèles locaux99. Toutefois, il importe de bien dissocier l’aspect textuel de l’aspect pictural, dès lors que les fonctions de scribe et d’illustrateur étaient fréquemment assumées par deux individus différents. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur le legs iconographique de nos quatre évangiles, mais nous pouvons affirmer que leurs colophons n’ont pas impacté la nouvelle production. En tous les cas, il nous semble douteux de parler d’une école d’Erznka avant les premiers manuscrits connus de cette ville, dans les années 1260, et d’y inclure les évangiles du mont Sepuh: en effet, les productions d’Erznka ne se situent pas clairement dans la lignée de celles du mont Sepuh, dont elles sont séparées par un vide de trente à quarante ans. Pour la période 1200-1230, le concept d’une école d’Awag vankʻ, dans l’orbite de laquelle gravitent aussi les productions de l’ermitage SaintGrégoire, paraît mieux fondé. 98

p. 41. 99

MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 646; STEPʻANYAN, Erznkayi vankʻer II, DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 218-220.

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CONCLUSIONS

4. CONCLUSIONS En tant que formule locale, le type du mont Sepuh concerne un groupe circonscrit de manuscrits: quatre tétraévangiles, copiés en 1200-1201 dans les deux couvents voisins d’Awag vankʻ et de Saint-Grégoire. Ce type résulte de la transformation et de l’extension d’une formule de colophon se trouvant dans le tétraévangile copié en 1069 à Narek (M 10434). Il s’agit là de l’archétype dont descendent directement les deux tétraévangiles d’Awag vankʻ, puis indirectement ceux de Saint-Grégoire (cf. fig. 11). Un copiste important, connu sous le nom de Kozma hṙetor, a joué le rôle de passeur entre M 10434 et Awag vankʻ, où il a fait bénéficier les artistes de son bagage technique, à la croisée de plusieurs styles; cette rencontre est reflétée dans les colophons des quatre manuscrits que nous avons étudiés, ainsi que dans les illustrations des codex enluminés à Awag vankʻ. — 1050 M 10434

— 1100

— 1150 M 10360 V Kurd. 2 (?) — 1200 J 3274

J 3349

Saint-Grégoire

LOB Or. 13654

M 10359

Awag vankʻ — 1250

Fig. 11. Type du mont Sepuh: stemma colophonum (en pointillés, les influences artistiques; les manuscrits cités en italiques ne font pas partie du corpus de la formule)

Le travail sur la formule de colophon permet donc de reconstituer un épisode important de la vie intellectuelle et culturelle dans la région

166

CHAPITRE III. TYPE DU MONT SEPUH

d’Erznka vers 1200, révélant plusieurs acteurs méconnus, notamment le scribe Kozma et les frères Łazar et Astuacatur, administrateurs de l’ermitage Saint-Grégoire. Les résultats de ce travail fournissent des informations nouvelles quant à l’activité des deux centres de copie majeurs du mont Sepuh au début du XIIIᵉ siècle et à leurs relations entre eux et avec d’autres milieux. En particulier, l’apport croisé de l’iconographie, des colophons et de l’histoire amène à remettre en cause l’existence à cette époque d’une école régionale, l’école dite d’Erznka: il serait plus exact et intéressant de parler d’une école locale autour du centre d’Awag vankʻ. Nos quatre tétraévangiles, ainsi que le célèbre homéliaire de Muš, sont le produit de cette école. Finalement, c’est avant tout grâce à la rencontre de plusieurs artistes, à leur mobilité et à leur collaboration, que le type du mont Sepuh a vu le jour. En plus de cela, l’importance et le respect accordés par ces artistes à un modèle vénérable, ainsi que le dynamisme de certains responsables de centres de copie, ont également joué un grand rôle. Plus d’un siècle après cet épisode, des conditions similaires présideront à l’éclosion et à la reproduction d’une série de formulaires de colophons dans la région du lac de Van, ainsi que nous le verrons au cours des trois prochains chapitres.

CHAPITRE IV

TYPE D’AŁĒTʻ 1. INTRODUCTION À la fin du XIIIᵉ et au début du XIVᵉ siècle commence dans la région du lac de Van un important élan culturel, marqué par la fondation d’écoles telles que celles de Mecopʻ et Xaṙabast et, plus tard, par le rayonnement de grands monastères, dont Ałtʻamar, Lim et Varag100. Ces nouvelles écoles prennent, directement ou indirectement, le relais de centres tels que Nor Getik en Loṙi, Hṙomkla en Euphratèse ou Gṙner en Cilicie, dont l’activité cesse à la même époque. Le mouvement, malgré la détérioration des conditions économiques et politiques dans la région, prend une ampleur supplémentaire à la fin du XIVᵉ siècle, de façon concomitante à la disparition des États arméniens en Cilicie et en Grande Arménie. La région du lac de Van devient alors, au XVᵉ siècle, le principal foyer artistique et culturel des Arméniens. C’est dans ce contexte que fleurit l’école dite du Vaspurakan, l’un des courants de miniature arménienne les plus célèbres et les mieux connus101, souvent caractérisé comme «populaire», «indigène» ou «folklorique», par opposition à l’art cilicien et aux œuvres dérivant de modèles byzantins. Il ne s’agit pas d’un courant uniforme: en effet, diverses tendances s’y laissent distinguer, liées à différents centres, notamment Xizan, Ałtʻamar, Van ou Ostan102. Par ailleurs, une évolution est manifeste entre les productions de la fin du XIIIᵉ et celles du début du XVIᵉ siècle, et davantage encore si l’on y compare les manuscrits du XVIIᵉ siècle. 100 Sur ce mouvement, voir e. a. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 26-34, ainsi que DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 227 et MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 686-692. 101 Voir maintenant le travail de LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan. On citera aussi, entre autres: HAKOBYAN, Vaspurakan; HAKOBYAN, Vaspurakan I-II; ZAKʻARYAN, Vaspurakanskaja miniatjura (non uidi); TAYLOR, School of Vostan, p. 16-62 et 180-186; DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 227-231; DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 88-132; HAKOBYAN – KORXMAZYAN, p. 14-16; NERSESSIAN, Gospel-Books, p. 29-31. Cette appellation d’«école du Vaspurakan» est du reste peu heureuse, car les frontières mouvantes du Vaspurakan recouvraient surtout des terres à l’est et au sud du lac de Van, alors que le même courant concerne aussi les productions des régions situées à l’ouest et au sud-ouest du lac (Turuberan, Moks, Ałjnikʻ). C’est pourquoi on préférera parler, avec A. Taylor, de «manuscrits du lac de Van» (cf. TAYLOR, Armenian Illumination, p. 94-103). 102 Cf. e. a. DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 229-230; TAYLOR, School of Vostan, p. 28-30.

168

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Dans son étude consacrée aux manuscrits du copiste et enlumineur Yovannēs de Xizan, A. Leyloyan-Yekmalyan a utilisé de façon extensive les informations biographiques contenues dans les colophons d’un groupe de manuscrits du Vaspurakan103. En combinant l’analyse de ces données avec une étude paléographique et iconographique approfondie de ces manuscrits, l’auteur a pu préciser les modalités de création artistique dans cette région aux XIVᵉ et XVᵉ siècles. Les orientations stylistiques et techniques perceptibles dans les illustrations dépendent de dynasties d’artistes, unies non seulement par les liens familiaux mais aussi par des relations de maître à élève. En revanche, les options purement iconographiques sont sujettes à des moments de rupture qui transcendent les différentes familles d’artistes. Par leur formulaire, les colophons recèlent d’autres clefs de compréhension de la tradition dans laquelle s’inscrivent les manuscrits. En effet, au même titre que le style des miniatures, la technique de rédaction des colophons est un élément de regroupement et de différenciation des manuscrits du lac de Van. L’analyse philologique et historique de ces textes, à laquelle nous nous livrons dans ce chapitre et dans les suivants, entre donc en résonance constante avec l’étude iconographique et biographique des manuscrits. Le formulaire de colophon envisagé dans ce chapitre-ci apparaît dans seulement deux manuscrits. Toutefois, on y décèle l’influence croisée de toute une série de colophons plus anciens, de différentes époques et origines géographiques. La majeure partie du chapitre est consacrée à débrouiller cet écheveau intertextuel et à identifier ses protagonistes, une démarche essentielle pour comprendre le contexte intellectuel de rédaction de ce texte fondateur. En effet, il s’agit du premier d’une longue série de formulaires étroitement apparentés qui, réunis, concernent plusieurs dizaines de manuscrits. Ceux-ci feront l’objet de chapitres distincts, pour des raisons de clarté et de lisibilité, mais aussi pour tenir compte de l’origine et de la destinée propre de chacun de ces formulaires. Ce chapitre suit globalement la structure déjà éprouvée aux chapitres précédents, à savoir dans un premier temps, l’étude du texte et dans un second temps, l’investigation historique du type de formule en question. Avec une nouveauté toutefois: la longueur et la fixité extrême de ces formulaires rend possible, et même souhaitable, l’établissement de véritables 103 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan. L’auteur, suivant une tradition bien établie, appelle cet artiste Yovannēs Xizancʻi, mais comme l’adjectif Xizancʻi n’apparaît dans aucun des colophons de Yovannēs ou de ses élèves, nous avons préféré éviter son emploi.

CORPUS

169

ÉDITION

éditions critiques de ces textes, qui suivront la présentation du corpus104. De même, le commentaire du texte sera plus longuement développé que dans le chapitre précédent. 2. TEXTES 2.1. Corpus À proprement parler, le corpus du type d’Ałētʻ ne comprend donc que deux colophons (fig. 12). Tous deux sont du même auteur: Yovanēs kʻahanay, actif de 1327 à 1337, surtout à Ałētʻ en Bznunikʻ105. Les manuscrits qui les contiennent sont des tétraévangiles. L’un d’entre eux, aujourd’hui disparu, se trouvait jadis dans l’église du village arménien de Vačʻian (géo. Vačiani), près d’Axalcʻxay (Akhaltsikhé, géo. Axalcixe) en Géorgie, où il a été vu en 1889 par E. Lalayean106; celui-ci en a partiellement recopié le colophon. Nous reviendrons en détail sur l’ensemble des manuscrits copiés par Yovanēs dans la partie historique de ce chapitre107. Cote

Date

Lieu

Copiste

160

M 4217

1331

Ałētʻ

Yovanēs

171

AKA* Vačʻian

1337

Ałētʻ

Yovhannēs kʻahana

Illustrateur AHMM 152

Fig. 12. Corpus du type d’Ałētʻ

2.2. Édition L’édition qui suit se base sur ces deux manuscrits, désignés dans l’apparat par des sigles: A = M 4217: Erévan, Matenadaran, cod. 4217. Papier, tétraévangile, copié en 1331 dans le village d’Ałētʻ par Yovanēs, pour Sargis kʻahanay. F. 273r-274v, dans le colophon du copiste108. V = AKA* Vačʻian = olim Vačiani, Église, cod. s. n. (perdu). Papier, tétraévangile, copié en 1337 à Ałētʻ par Yovhannēs, pour son neveu Petros kʻahanay. Dans le colophon du copiste109. 104 105 106 107 108

p. 2. 109

Voir p. 172-177. Cf. p. 218-225. Cf. LALAYEAN, Jawaxkʻ I, p. 379. Voir p. 203-205 et 218-232. H14 292, p. 233-234; CAM 1331-2, p. 69-70; AČAṘEAN, Cʻucʻak Tʻawrizi, nᵒ I-1, H14 364, p. 296; CAM 1337-3, p. 80; LALAYEAN, Jawaxkʻ II, p. 284.

170

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Étant donné la perte de V, nous disposons, pour une partie du colophon, uniquement du texte de A. Afin de ne pas préjuger des zones manquantes du texte de V, nous avons décidé de garder dans ces parties le texte de A dans son intégralité, en maintenant notamment les noms propres, qui autrement sont remplacés par des libellés génériques entre guillemets simples (‹nomen scribae›, etc.). La traduction est présentée en vis-à-vis du texte; en plus d’un apparat critique, on trouvera aussi en bas de page un apparat des sources. Dans le but de faciliter la référence au texte, mais aussi l’établissement de correspondances avec les autres formulaires de cette famille, celui-ci a été divisé en sept sections110. À l’intérieur de ces paragraphes, une numérotation a également été appliquée. Les sauts que l’on peut constater dans ce système s’expliquent par la présence, dans les formulaires ultérieurs, de passages supplémentaires à ces endroits. Notamment, le saut du numéro V au numéro VII s’explique par la présence d’une section VI dans le seul type de Tʻonrak.

110

Cf. p. 178.

172

CHAPITRE 4. TYPE D’AŁĒTʻ

1 I. C’est pourquoi aussi, ayant vu l’ineffable mystère de l’œuvre de rédemption [opérée] par celui-ci (sc. Jésus-Christ), 2un certain prêtre du nom de Sargis (kʻahanay), fils du prêtre saint et pur Yohannēs (kʻahanay), qui avec de bonnes œuvres est décédé en Christ, 4celui-là (sc. Sargis) acquit ce saint Évangile 5en mémoire de lui-même et de son épouse, et de ses parents Sukʻias et Andras — 6que le Seigneur Dieu leur donne de jouir d’une vie paisible, amen. 7Or, s’étant élancé avec une grande espérance dans la si grande et si insigne assemblée des très glorieux saints évangélistes, 8intercesseur du monde et abri de refuge, propitiation pour ceux qui ont péché, 9Sargis (kʻahanay), rejeton de bonnes racines et prêtre élevé dans la sainteté, 10voulut acquérir ce saint Évangile inspiré par Dieu, 11ce qu’ayant souhaité de longue date, il désirait avec envie ce livre rempli de lumière et inspiré. 1 II. Or donc moi, le dernier parmi les prêtres et indigne parmi les enfants de l’Église, 3ayant reçu un ordre de la parole apostolique prescriptive, qui dit: 4«Demeure dans le même appel dans lequel tu fus appelé» — 5or donc, ne supportant pas une telle assurance, 6mais dénué de toute bienséance — ce qui est la hardiesse des vertueux —, 7suppliant cependant tous les saints pour [leur] intercession et pour l’amour de Dieu pour les hommes, 8[les suppliant] de donner de l’espoir à ma pitoyable personne, abattue et effondrée — 11ô chair facile à abattre, née de la terre! 12par quelles exclamation[s] te plaindrai-je? 13Ou comment fixerai-je par écrit, 14 ou bien à propos de quoi donnerai-je des signes? 15à propos des sollicitudes charnelles ou des fautes spirituelles? 16commises volontairement ou involontairement? 17[Ces fautes,] il ne suffit pas que cette lettre les rapporte, ou bien qu’elles soient énumérées par écrit; 18mais à qui connaît les manifestations du secret, m’étant jeté devant lui, je répandrai mon âme en suppliques, 19lui qui est capable de faire vivre et d’à nouveau faire des miracles envers moi, avec les prières de tous les saints.

I. II.

1

cf. Hymn. 3, p. 24 Antélias = p. 11 Venise I Cor. 7, 24 11–12 GRIG. NAR. lam. XLVIII, 110-111, p. 307 MH = 4, 42-43, p. 118 Trapizoni 14 cf. GRIG. NAR. lam. XXVIII, 1-2, p. 197 MH = 1, 1, p. 66 Trapizoni 15–16 cf. GRIG. NAR. lam. XLVIII, 113, p. 307 MH = 4, 45, p. 118 Trapizoni 18 cf. I Reg. 1, 15 19 GRIG. MAG. epist. XIX, p. 59 Kostaneancʻ 4

ÉDITION

173

1 I. Ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ, 2 ոմն քահանայ անուն Սարգիս, որդի սուրբ եւ մաքուր քահանային Յոհաննէսին, որ բարի գործովք հանգուցեալ է ի Քրիստոս, 4նա ստացաւ զսուրբ Աւետարանս 5յիշատակ իւր եւ կենակցին իւրոյ, եւ ծնաւղաց իւրոց՝ Սուքիասին եւ Անդրասին, 6զոր վայել տացէ Տէր Աստուած խաղաղական կենաւք, ամէն։ 7Արդ, յայսքան եւ յայսպիսի մեծափառ սուրբ աւետարանչացս գումարս, 8բարեխաւս աշխարհի եւ ապաւէն ապաստանի, քաւութիւն մեղուցելոց դիմեալ մեծաւ յուսով 9բարի արմատոց շառաւեղն եւ սրբասնունդ քահանայս Սարգիս, 10կամեցաւ զաստուածաշունչ սուրբ Աւետարանս զայս ստանալ, 11զոր ի վաղուց հետէ փափաքեալ՝ ցանկայր բաղձանաց այսմ լուսալրական եւ հոգիաբուխ մատենիս։ 1 II. Եւ արդ, ես՝ յետինս ի քահանայս եւ անարժանս ի մանկունս եկեղեցւոյ, 3հրաման առեալ ի պատուիրանադիր առաքելական բանէն, 4որ ասէ՝ Յոր կոչումն կոչեցար՝ ի նմին կացջիր. 5եւ արդ, իմ ոչ բերելով զայսպիսի վստահութիւն, 6այլ ունայն յամենայն բարեվայելչութենէ, որ առաքինեացն է համարձակութիւն, 7այլ ի բարեխաւսութիւն մաղթելով զամենայն սուրբս եւ ի մարդասիրութիւնն Աստուծոյ 8յուսադրել զկործանեալ եւ զլքեալ անձն իմ եղկելի։ 11Ո՜վ դիւրակործան մարմին երկրածին, 12որÕվք ձայնարկութեամբ զքեզ աւաղեցից, 13կամ զի&րդ ի գիր յառեցից 14եւ կամ զորÕց նշանակեցից, 15զմարմնական տածմանց եթէ զհոգեկան սխալանաց՝ 16զկամայից եթէ զակամայից, 17զոր ոչ բաւէ նամակս վերաբերել եւ կամ ի գիր շարաբառնիլ. 18այլ գիտողին զգաղտներեւակսն, նմա առաջի արկեալ հեղից զանձն իմ մաղթանաւք, 19որ կարողն է կեցուցանել եւ վերստին հրաշագործել յիս՝ աղաւթիւք ամենայն սրբոց։

I-II.

deest V

174

CHAPITRE 4. TYPE D’AŁĒTʻ

1 III. De plus, ce saint évangile fut écrit 2de la main de ‹nomen scribae›, 3 scribe insensé et ignorant; 4et moi, étant inapte dans l’art de l’écriture 5et assiégé par les illusions de nombreux péchés, 8mais selon notre capacité, que nous offrit l’Esprit qui aime les hommes, 9en m’étant beaucoup appliqué à ceci, 10j’écrivis de mes indignes mains, 11d’après un exemplaire de choix et sûr, 12à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration. 1 IV. En notre grande ère, 4en l’an ‹tot› × 1000 et ‹tot› × 100 et ‹tot› 2 dans la révolution saisonnière du soleil par descentes pendant son voyage vers le ciel, en regardant vers la terre depuis les cieux, 3à l’instar des créations, ayant mesuré depuis la sortie d’Adam du paradis, 5selon les Septante, dont nous nous servons; 6et cela fait depuis l’incarnation du Verbe de Dieu, l’Être intemporel et le Sauveur Jésus-Christ, ‹tot› ans, 7et selon le compte du calendrier de notre ère japhétique khosrovienne, ‹tot›, 8et cela faisait ‹tot› du grand cycle; 9durant la prélature de tēr ‹nomen praelati› 10 et durant la domination mondiale du grand autocrate ‹nomen ducis Mongolorum› khan, 11qui commande à de nombreuses nations, possédant depuis la mer du Pont jusqu’à la mer Caspienne et jusqu’au fleuve appelé Jahun (mod. Ceyhan), 12sous le catholicossat de la race arménienne de tēr ‹nomen catholici› 14et sous le règne de ‹nomen regis›, 15assis sur le trône de ‹nomen regni›; 16que le Seigneur Dieu garde inébranlables les trônes patriarcal et royal, 17afin qu’au souvenir de leurs noms, les ennemis de la vérité se cachent, tremblants, et ne paraissent plus. 1 V. De plus, ce saint Évangile fut écrit 2dans ce canton de Bznunikʻ, 3 dans ce village près de la rive du lac (sc. de Van), qui s’appelle Ałētʻ, 4 sous l’égide du saint Précurseur, 5au profit de ‹nomen libro utentis›.

III.

5

IV.

2

cf. II Mach. 5, 18

cf. SARG. ŠNORH. in epist. cath. X, 9, p. 1571 Narinean ∣ cf. Ps. 101, 20 cf. Gen. 3, 23 6 cf. Ioh. 1, 14 11 VARD. AREW. hist. 50, p. 91 Ališan ∣ cf. JUANŠ. 1, p. 8 Tiroyean. 3

ÉDITION

175

III. 1Այլ եւ գրեցաւ սուրբ աւետարանս 2ձեռամբ Յովանէսի 3անիմաստ եւ տխմար գրչի. 4եւ իմ անընդունակ գոլով յարուեստ գրչութեան 5եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ, 8այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին, 9բազում աշխատասիրեալ իմ ի սմա, 10գրեցի անարժան ձեռաւք իմովք 11յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ, 12կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ։ 1 IV. Ի մեծ թուիս, 2ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով 3ըստ արարչութեանցն, չափեալ յելանելոյն Ադամայ ի դրախտէն՝ 4‹tot› Ռ ամ եւ ‹tot› Ճ եւ ‹tot› ամ 5ըստ եւթանասնիցն, որում մեք վարիմք. 6եւ է ի մարդեղութենէ բանին Աստուծոյ անժամանակ Էին եւ փրկչին Յիսուսի Քրիստոսի ամս ‹tot›, 7իսկ ըստ թուոյ խոսրովային յաբեթեանս տումարի ‹tot›, 8եւ էր մեծ շրջանին ‹tot›. 9ի յառաջնորդութեան տէր ‹nomen praelati› 10եւ յաշխարհակալութեան մեծ ինքնակալին ‹nomen ducis Mongolorum› խանին, 11որ տիրէ բազում ազգաց, ունելով ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կասբից եւ մինչեւ ի գետն Ջահուն կոչեցեալ, 12ի կաթողիկոսութեան Հայկազանց սեռի տեառն ‹nomen catholici› 14եւ ի թագաւորութեան ‹nomen regis› 15նստեալ ի գահն ‹nomen regni›, 16զոր Տէր Աստուած պահեսցէ անսասանելի զաթոռ հայրապետական եւ զթագաւորական, 17զի յիշել զանունս նոցա սասանեալ սաքրին եւ ոչ եւս երեւին թշնամիք ճշմարտութեանն։ 1 V. Այլ եւ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս 2ի գաւառիս Բզնունեաց, 3ի գեղս առ ափն ծովու, որ կոչի Աղէթ, 4ընդ հովանեաւ սրբոյ Կարապետին, 5ի վայելումն ‹nomen libro utentis›։

III.

11

IV.

այլ — եւ deest V յստոյգ V

1–11

եւ2 om. V փրկչի V 7 ըստ: ի V ∣ տոմարի V 9 յառաջնորդութիւն A 10 յաշխարհակալութեան praem. ի V 12 սեռից V 17 զանուանս V ∣ սասանեալ emendaui: սասանել AV ∣ ճշմարտութեան V 4 6

5 V. ‹nom. libr. ut.› proposui: ‹nomina libr. utentium› A եղբաւրորդոյն իմոյ ‹nom. titulusque libr. utentis› V

176

CHAPITRE 4. TYPE D’AŁĒTʻ

VII. 1Maintenant, vous qui goûtez à ce jardin divin et à cette table abondante, 2vous qui rencontrez ceci, possesseurs ou lecteurs, 3souvenezvous avec des prières de l’acquéreur de ce saint Évangile, le prêtre Sargis (kʻahanay), 4et de ses parents et de son épouse, et de ses fils Sukʻias et Andrēas, 5et de tous leurs proches par le sang, dans le Seigneur Jésus. VIII. 1Avec eux, [souvenez-vous] de l’inutile scribe Yovanēs, 2et de tous les miens, 3et [vous] qui vous souvenez de nous avec bienveillance, soyez remémorés dans la généreuse miséricorde de Dieu, 4qui est béni pour les siècles, amen.

1 VII. cf. NERS. ŠNORH. Ies. fil. II, 1205, p. 114 Venise²; NERS. ŠNORH. eleg. Edess. 120b, p. 35 Mkrtčʻyan

ÉDITION

177

VII. 1Արդ, որք ճաշակէք յաստուածային բուրաստանէս եւ յամենալի սեղանոյս, 2որք պատահիք սմա վայելողք կամ ընթերցաւղք, 3յիշեսջիք աղաւթիւք զստացաւղ սուրբ Աւետարանիս զՍարգիս քահանայ, 4եւ զծնաւղսն իւր, եւ զկենակից նորա, եւ զորդիսն իւր՝ զՍուքիասն եւ զԱնդրէասն, 5եւ զամենայն արեան մերձաւորսն ի Տէր Յիսուս։ VIII. 1Ընդ նոսին զանպիտան գրիչ զՅովանէս, 2եւ զիմսն զամենայն, 3եւ որք զմեզ յիշէք սրտի մտաւք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեանն Աստուծոյ, 4որ է աւրհնեալ յաւիտեանս, ամէն։

VII-VIII.

deest V

178

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

2.3. Commentaire Le commentaire que nous tentons ici se veut à la fois structurel et littéraire. Structurel d’abord, afin de comprendre l’organisation du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ. Les sept paragraphes (ou sections) en lesquels ce texte est divisé correspondent à sept moments du colophon, que l’on peut définir comme suit: 1ᵒ Prologue pour le commanditaire; 2ᵒ Prologue pour le copiste; 3ᵒ Narration; 4ᵒ Datation; 5ᵒ Localisation; 6ᵒ Épilogue pour le commanditaire; 7ᵒ Épilogue pour le copiste. Cette structure correspond globalement à l’organisation habituelle des colophons arméniens111. Littéraire ensuite, car ce texte soigneusement organisé, mettant en œuvre un réseau de citations et témoignant d’une recherche stylistique, constitue une œuvre littéraire à proprement parler 112. Ces qualités littéraires contribuent d’ailleurs à expliquer d’une part son remploi par Yovanēs, avec de légères adaptations, dans d’autres colophons, d’autre part le succès dont les formulaires ainsi créés ont joui auprès des copistes des décennies et siècles suivants. 2.3.1. Prologue pour le commanditaire (I) Une première section du formulaire relate la démarche du commanditaire. Il s’agit d’un texte très convenu, qui a pour objet de mettre en avant la piété à la fois religieuse et familiale du commanditaire, manifestée à travers son désir de faire copier un évangile en mémoire de lui-même et de sa famille (§ 5). La raison de ce souhait déjà ancien (§ 11) est qu’élevé dans la foi chrétienne (§ 9), il a trouvé en l’Évangile un lieu d’intercession, de refuge et de pardon (§§ 7-8): la commande d’un manuscrit des Évangiles constitue dès lors une sorte d’accomplissement de la vie chrétienne. L’incipit, ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ «c’est pourquoi aussi, ayant vu l’ineffable mystère de l’œuvre de rédemption [opérée] par celui-ci» (§ 1), appelle un commentaire particulier. L’adverbe introductif ուստի «d’où, c’est pourquoi» renvoie au texte qui précède le colophon, c’est-à-dire la doxologie. En ayant cette référence à l’esprit, on comprend que l’anaphorique սորայս «de celui-ci» se rapporte à Jésus-Christ, qui est sujet de la dernière phrase de la doxologie et dont le commanditaire a «vu» l’intention rédemptrice (génitif subjectif). Le mot խորհուրդ, litt. «pensée, conseil», a ici le double sens de «mystère» et de «dessein, plan». Le sens de «mystère» est évident pour le 111

Cf. CAM, p. 7-9. Sur les colophons comme œuvres littéraires, voir VAN ELVERDINGHE, Literary Compositions. 112

COMMENTAIRE

179

lecteur, dans la mesure où cet incipit fait référence au début du canon de l’Annonciation à la Mère de Dieu, composé par Grigor Pahlawuni: Խորհուրդն անճառ՝ ծածկեալն յազգաց եւ յաւիտեանց, յայտնեցաւ իջմամբ հրեշտակապետին այսօր առ կոյսն Մարիամ … «Le mystère ineffable, dissimulé aux nations et aux siècles, fut manifesté aujourd’hui par la descente de l’archange auprès de la vierge Marie …»113. Par ailleurs, le commanditaire agit en fonction du projet divin de rédemption; c’est par ce խորհուրդ au sens de «dessein» qu’est motivée la rédaction du manuscrit et de son colophon. 2.3.2. Prologue pour le copiste (II) Après ce prologue du commanditaire, l’auteur du formulaire insère un texte où il parle en son nom propre, expliquant sa motivation à entreprendre son travail et s’étendant sur sa condition de pécheur. Le point de départ de cette réflexion (§ 4) est constitué par un verset de la première épître aux Corinthiens (7, 24): «que chacun, frères, demeure devant Dieu dans le même appel dans lequel il fut appelé» (իւրաքանչիւր յոր կոչումն կոչեցաւ եղբարք, ի նմին կացցէ առաջի Աստուծոյ)114. Pour le scribe, qui transpose ce verset à la deuxième personne du singulier, il s’agit d’une injonction divine à se mettre à la tâche qui lui a été confiée, c’est-à-dire la copie. Ce thème est développé en deux temps. D’abord, l’auteur s’humilie: d’une part, il s’estime fondamentalement incapable d’obéir à l’injonction de l’apôtre Paul (§ 5); d’autre part, il se voit dépourvu de բարեվայելչութիւն, c’est-à-dire de bonne convenance, de bienséance, d’élégance115, une qualité morale aussi essentielle au copiste des Écritures que l’est la hardiesse aux vaillants (§ 6). Complètement démuni, le scribe n’a donc d’autre espérance que de s’en remettre à la grâce divine (§§ 7-8). À ce moment, entrant dans sa seconde moitié, le prologue du copiste change de cap, au prix d’une anacoluthe — on attendrait en effet en vain un prédicat dans la première proposition. La forme devient celle d’une lamentation, fortement inspirée du style de Grigor Narekacʻi. Cette seconde partie débute même (§§ 11-12) par une citation pratiquement mot pour mot de deux vers du Livre des lamentations (XLVIII, 110-111), dont l’influence 113 Hymn. 3, p. 24 Antélias = p. 11 Venise. Voir aussi HACIKYAN, Heritage II, p. 927932 (trad. anglaise). 114 À propos des citations et métaphores bibliques dans les colophons, on verra maintenant VAN ELVERDINGHE, Child in Zion. 115 Abstrait construit sur l’adjectif բարեվայելուչ, de բարի «bon, bien» et վայելուչ «convenable, décent, séant». Le NBHL I, p. 456 traduit «εὐπρέπεια, decor eximius».

180

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

est toujours bien palpable ensuite (§§ 13-16). Dans ce passage bien construit, sur un rythme binaire et avec une allitération en -ց final tout le long116, l’auteur pleure sur sa chair faillible et gémit devant l’ampleur inexprimable de ses péchés. Enfin, s’éloignant du style de la lamentation (§ 17) et abandonnant ce rythme binaire (§ 18), il conclut (§§ 18-19) en implorant une seconde fois (comme aux §§ 7-8) la miséricorde de Dieu. Ce prologue est donc fidèle non seulement, dans sa partie centrale, au style du Livre des lamentations de Grigor Narekacʻi, mais aussi, dans son ensemble, à son esprit: atterré devant l’ampleur du péché et désespéré par son ineffabilité, le scribe place tout son espoir dans la grâce divine et préfère aux mots creux l’intimité avec Dieu, qui a pleine connaissance des profondeurs de l’âme et du cœur117. Ceci montre non seulement la popularité de Narekacʻi, mais encore l’impact profond de sa spiritualité sur les scribes: cet impact est visible non seulement dans les colophons, légendes et autres annotations des copies du Livre des lamentations lui-même118, mais également dans des formulaires de colophons tels que celui-ci, qui clôt des tétraévangiles. 2.3.3. Narration (III) Nonobstant son incapacité à mener convenablement à bien sa tâche, ce sur quoi il vient de s’étendre longuement dans son prologue, Yovanēs s’en est bel et bien acquitté. Il entreprend donc, dans cette troisième section, de rendre compte des circonstances psychologiques et matérielles dans lesquelles il a mené à bien son travail de copie. C’est la seule partie proprement narrative du formulaire. D’ailleurs, alors que la section précédente était rédigée à la première personne, le scribe commence cette section-ci en déplaçant la focalisation sur le livre (§§ 1-2), parlant de celui-ci à la troisième personne et à la voix passive. C’est à ce moment qu’il donne pour la première fois son propre nom (§ 2). Retournant maintenant à la première personne, l’auteur commence par se dévaloriser (§§ 3-5), en se présentant comme un scribe incapable (§ 4) et submergé par le péché (§ 5). Néanmoins, grâce aux dons de l’Esprit Saint (§ 8) et au prix de beaucoup de travail (§ 9), il est parvenu à rédiger ce manuscrit, dont il n’est 116 Voir par exemple GRIG. NAR. lam. VIII, 26-50, p. 93-94 MH = 2, 6-21, p. 19 Trapizoni et p. 252-253 Mahé (cf. n. 159) pour un exemple de ce même procédé dans le Livre des lamentations. 117 Sur l’ineffabilité et le problème du langage chez Grigor Narekacʻi, voir notamment ZEKIYAN, Esperienza mistica. 118 À ce propos, voir DROST-AGBARJAN, Reception of Narek.

COMMENTAIRE

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pas digne (§ 10), en prenant modèle sur un exemplaire ընտիր «de choix» et ստոյգ «sûr» (§ 11) et malgré des circonstances troublées et difficiles (§ 12). Comme on le voit, les aspects psychologique et matériel du travail sont mêlés dans le récit de Yovanēs. Sur le plan mental et spirituel, les difficultés rencontrées par le copiste (§§ 4-5 et 10) sont résolues par l’action du Saint-Esprit (§ 8). Au rang des contingences matérielles, on compte l’importance de l’effort consenti (§ 9), la qualité du modèle utilisé (§ 11), et surtout l’instabilité de la situation personnelle du copiste (§ 12). La formulation finale, կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ «à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration»119 (§ 12), a d’ailleurs marqué les esprits au point d’être toujours perçue de nos jours comme une sorte de classique du scribe arménien120. Ces sentiments ne sont pas sans rappeler les récits hagiographiques, où les tribulations (θλίψεις) du héros occupent une place importante, mais aussi certaines compositions des trouvères arméniens (les «achoughs»), comme les célèbres Mkrtičʻ Nałaš et Nahapet Kʻučʻak. 2.3.4. Datation (IV) À ce point du colophon, très peu d’éléments factuels ont été fournis par le copiste: nous ne connaissons guère que son propre nom (III, 2) et celui du commanditaire (I, 2). De même, le point de vue adopté était jusqu’à présent purement subjectif, les sections I à III constituant une sorte d’introspection psychologique et spirituelle de la part de leur auteur. À la section IV, on bascule dans l’objectivité; le restant du colophon sera consacré à une série d’informations concrètes, qui manquaient jusqu’alors. Dans cette section-ci, le scribe précise la date de la copie, selon un formulaire très élaboré, faisant appel à plusieurs systèmes chronologiques121 et incluant le nom des autorités ecclésiastiques et séculières. L’année est renseignée selon plusieurs ères: ère de la Création, selon les Septante (§§ 15), ère de l’Incarnation (§ 6), grande ère arménienne (§ 7) et petite ère Cf. VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 155-156 (repr. p. 33). Cf. par exemple ŁAZAROSYAN, Sargis Partavecʻi, p. 95. 121 Nous ne nous étendrons pas ici sur les différents systèmes de datation en usage dans ce formulaire. À ce sujet, on verra infra, p. 288-291, ainsi que CAM, p. 34-41 [= NERSESSIAN, Dating Systems (Vr. Nersessian ne fait rien d’autre que répéter ad verbum (!) la préface d’A. Sanjian dans CAM sans jamais reconnaître sa dette; le seul intérêt de cet article réside dans les illustrations proposées en appendice)]; GREENWOOD, Corpus, p. 51-53; ABRAHAMYAN, Hay gri patmutʻyun, p. 243-300; GRUMEL, Chronologie, p. 140-145 et 179-180; DULAURIER, Chronologie (ce dernier restant, quoique incomplet et vieilli, une référence). 119 120

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

arménienne (§ 8). Vient ensuite la mention des autorités: prélat régional (§ 9), ilkhan (§§ 10-11), catholicos de Cilicie (§ 12) et roi de Cilicie (§§ 1415), avec finalement une prière pour le roi et pour le catholicos (§§ 1617). Syntaxiquement, cette section IV n’est pas autonome: elle dépend toujours du verbe գրեցի «j’écrivis» de la section précédente (III, 10). Néanmoins, sa longueur et sa spécificité, ainsi que son évolution indépendante dans d’autres formulaires, justifient qu’elle soit considérée de façon séparée. L’évocation des révolutions du soleil en début de section (§ 2) n’est pas sans rappeler le début du colophon du Livre des lamentations de Grigor Narekacʻi122. Du reste, les §§ 2-3 font clairement allusion au récit de la Genèse, dans lequel la Création procède effectivement «depuis le ciel vers la terre» (cf. Gen. 1, 1-3 et 14-24); l’expulsion d’Adam hors du paradis (Gen. 3, 23) est considérée comme marquant le début de l’histoire humaine. Dans un deuxième temps (§ 6), c’est l’Incarnation ou, plus exactement, «l’assomption de la nature humaine (ἐνανθρώπωσις) par le Verbe de Dieu» (մարդեղութիւն բանին Աստուծոյ) qui sert de point de repère chronologique, en référence au prologue de l’Évangile de Jean (Ioh. 1, 14), d’où est également issue la notion d’intemporalité (1, 1-2) du Sauveur Jésus-Christ (1, 17). Les deux derniers systèmes de datation (grande et petite ères arméniennes, §§ 7-8) sont nommés de façon plus succincte. Ce faisant, l’auteur inscrit son œuvre dans les trois cercles concentriques que sont l’histoire mondiale, l’histoire du christianisme et l’histoire de l’Arménie123. Il est intéressant, par ailleurs, de remarquer que pour décrire l’étendue des domaines gouvernés par l’ilkhan (§ 11), le copiste est inspiré par l’historien Vardan Arewelcʻi (Vardan l’Oriental, ca. 1200-1271), lorsque celui-ci évoque les royaumes des trois fils de Thorgom (Togarma): եւ տիրեցին ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ցծովն Կասբից «et ils régnèrent depuis la mer du Pont jusqu’à la mer Caspienne»124. Ce passage trouve lui-même sa source dans la traduction arménienne des Chroniques géorgiennes: ի ծովէն Պոնտոսու մինչեւ ի ծովն Հերեթայ եւ Կասբից «depuis la mer du Pont jusqu’à la mer Hérétienne et Caspienne»125. 122 GRIG. NAR. lam. [colophon], 3, p. 603 MH = [colophon], p. 265 Trapizoni et p. 777 Mahé. Voir aussi M 1568, f. 340r = H5-12 93, p. 78-79. 123 Sur cette perspective historique à plusieurs niveaux, cf. VAN ELVERDINGHE, Child in Zion, p. 155-156. 124 VARD. AREW. hist. 50, p. 91 Ališan. 125 JUANŠ. 1, p. 8 Tiroyean.

COMMENTAIRE

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2.3.5. Localisation (V) Après avoir présenté avec force détails la date de rédaction du manuscrit, le copiste donne, dans la section V, son lieu de travail, d’une façon beaucoup plus sobre mais non moins formulaire: cet Évangile a été écrit (§ 1) dans tel canton (§ 2: ի գաւառիս), dans tel village (§ 3: ի գեաւղս), sous la protection (§ 4: ընդ հովանեաւ) de tel saint, et au profit (§ 5: ի վայելումն) de tel individu. Il s’agit là d’une structure très classique, que l’on retrouve dans bon nombre de colophons. L’emploi du même incipit que dans la section III (այլ եւ գրեցաւ սուրբ աւետարանս «de plus, ce saint évangile fut écrit») produit un parallélisme avec cette section, entourant le formulaire de datation (IV). Le copiste faisait part, en III, de son état moral lorsqu’il a accompli son travail; à présent, il décrit les circonstances concrètes de la copie. 2.3.6. Épilogue pour le commanditaire (VII) La section V se fermait sur la mention du bénéficiaire du manuscrit. À présent, le copiste requiert des prières pour le commanditaire. Ce genre de requêtes, qui peuvent être très étendues et détaillées, constitue un élément incontournable des colophons arméniens126. Pour cette partie, nous disposons seulement du texte de M 4217, qui présente la particularité que le commanditaire et les bénéficiaires du manuscrit ne sont pas les mêmes personnes: c’est Sargis kʻahanay qui a payé le manuscrit, pour l’offrir à ses fils Sukʻias kʻahanay et Andrēas kʻahanay. Ces derniers sont toutefois mentionnés comme les parents de Sargis en I, 5, une méprise du copiste qui a placé ces individus dans une «mauvaise case» de son formulaire. Les lecteurs sont appelés, au § 1, «[vous] qui goûtez à ce jardin divin et à cette table abondante» (որք ճաշակէք յաստուածային բուրաստանէս եւ յամենալի սեղանոյս). Il s’agit évidemment d’une métaphore pour désigner l’Évangile, comparé à la fois au jardin d’Éden et à la table eucharistique, alpha et oméga de l’histoire du salut. Implicitement, l’auteur du colophon rappelle au lecteur la puissance salvifique du tétraévangile dont il achève la lecture. Le commanditaire, dont la libéralité a permis la confection du livre, agit comme un auxiliaire au salut proposé au lecteur; il est donc juste que ce dernier fasse mémoire du mécène dans ses prières. Cette idée entre en résonance avec le prologue du commanditaire, dont l’introduction Voir e. a. CAM, p. 7 et 12-14; BAXČʻINYAN, Hišatakaranner, p. 22-23; SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 76 et 83-84. 126

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

met en avant le désir de rédemption comme motif de la commande (I, 1) et où l’Évangile, personnifié par l’assemblée des évangélistes, est présenté (I, 7-8) comme une voie d’intercession (բարեխաւս), comme un refuge (ապաւէն) et comme un moyen d’expiation (քաւութիւն). L’image de la table eucharistique (§ 1) est associée très tôt dans l’histoire des colophons arméniens à la requête de prières par le copiste: déjà Stepʻanos Siwnecʻi, au début du VIIIᵉ siècle, priait «les ministres de la sainte table (uel du saint autel)» (պաշտաւնեայսդ սրբոյ սեղանոյ), en copiant ses livres, de recopier également sa souscription127. Cependant, dans ces cas anciens, cette image ne sert pas encore à désigner le manuscrit ou le texte. D’après la recherche que nous avons menée sur l’ensemble du corpus, c’est à Grigor Narekacʻi, dans le colophon du Livre des lamentations, que l’on semble devoir le premier emploi dans un colophon du mot «table, autel» (սեղան) pour désigner le livre lui-même: Արդ հայցեմք ի ճաշակողացդ յայսմ սեղանոյ յոքնաւրէն եւ ախորժահամ հանդերձեցելոյ՝ յիշատակել զմեզ … Maintenant, nous vous implorons, vous qui goûtez à cette table apprêtée de manière abondante et appétissante, de faire mémoire de nous …128

Du reste, Grigor Narekacʻi ne fait que prolonger dans ce colophon sa pratique au sein même de son œuvre129. Progressivement, cette métaphore devient usuelle non seulement dans les colophons des copistes, mais également pour introduire les colophons d’acquéreurs130. Et avec le temps, les métaphores du jardin divin et celle de la table abondante ont fini par se fondre en une seule image, celle du «jardin abondant» (ամենալի բուրաստան). Des siècles plus tard, la lecture de cette expression dans le colophon d’un tétraévangile inspirera à G. Xačʻaturean (Trapizoni) de belles pages où il compare les manuscrits enluminés de l’Évangile à de véritables «jardins abondants»131. 127

H5-12 31, p. 24; H5-12 32, p. 25. Cf. supra, p. 119-120. M 1568, f. 341r = H5-12 93, p. 79; YJ 83, col. 200; MCʻM V, nᵒ 1568, col. 504. Voir aussi GRIG. NAR. lam. [colophon], 3, p. 605 MH = [colophon], p. 267 Trapizoni et p. 778 Mahé (trad. française). 129 Cf. GRIG. NAR. lam. LXXII, 6, p. 444 MH = 1, 6, p. 184 Trapizoni et p. 602 Mahé. 130 Voir par exemple dans VAS* Lim 389 deux occurrences d’affilée, en introduction à des colophons d’acquéreurs ajoutés au manuscrit après 1374: LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 77, col. 144. 131 XAČʻATUREAN, Tarōnašunčʻ, p. 363-373. Le manuscrit (MUSK* s. n.) faisait partie de la collection, aujourd’hui dispersée et en partie détruite, du monastère Saint-Jean-lePrécurseur de Muš. 128

HISTOIRE

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2.3.7. Épilogue pour le copiste (VIII) Après le commanditaire vient le tour du copiste d’être remémoré. Cette section poursuit la précédente, dont elle reste dépendante par le verbe յիշեսջիք «souvenez-vous» de VII, 3, qui est sous-entendu en VIII, 1. Des tournures introductives du genre de ընդ նոսին զանպիտան գրիչ «avec eux, [souvenez-vous] de l’inutile scribe» (§ 1) se rencontrent dans de nombreux colophons; elles servent presque toujours à assurer la transition après une prière ou une demande de mémoire pour l’acquéreur, dont le scribe souhaite bénéficier à son tour132. À titre d’exemple, on citera ce très bref colophon d’un tétraévangile du XIIᵉ siècle (M 9026): Տէր Աստուած ողորմեա ստացողի սորա պատուական քահանայի Ներսէսի եւ ծնողաց իւրոց։ Ընդ նոսին եւ ինձ անարժան գրչի Թորոսի, ամէն։ Seigneur Dieu, prends pitié de l’acquéreur de ceci, l’honorable prêtre Nersēs (kʻahanay), et de ses parents; avec eux, [prends] aussi [pitié] de moi, l’indigne scribe Tʻoros, amen.133

Il faut remarquer le parallélisme entre les deux prologues (I et II) et les deux épilogues (VII et VIII). Dans les deux cas, le copiste se positionne en retrait (II et VIII), laissant la première place au commanditaire (I et VII). Par ailleurs, du fait de la longueur des prologues, les deux épilogues se présentent d’une façon plus ramassée, en une seule phrase verbale. L’important ici est de citer le commanditaire, les membres de sa famille, et le copiste. Finalement, les derniers mots du texte, Աստուծոյ, որ է աւրհնեալ յաւիտեանս, ամէն «Dieu qui est béni pour les siècles, amen» (§ 4) marquent bien le terme du formulaire. 3. HISTOIRE Le texte étudié dans ce chapitre est le premier d’un groupe de formulaires de colophons, appelés à caractériser, pour l’essentiel, la production de tétraévangiles de la région de Moks et d’Ałtʻamar de la fin du XIVᵉ au début du XVIᵉ siècle. Sa création est le fait d’un copiste actif aux alentours de 1330, Yovanēs d’Ałētʻ134. Nous commencerons par identifier les 132 Sur cette pratique de remémoration réciproque dans les colophons, voir SIRINIAN, Libri per il paradiso, p. 290-291. 133 M 9026, f. 154v = H5-12 329, p. 321. 134 AnjnBaṙ III, p. 614 s.v. Yovanēs 495; H14, p. 7241 s.v. Yovhannēs [9]. L’orthographe de son nom varie entre Yovannēs, Yovhannēs et Yovanēs; nous avons retenu cette dernière graphie, qui est constante dans M 4217.

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

sources auxquelles celui-ci a puisé pour mettre au point son formulaire; ensuite, nous tenterons de reconstituer la biographie de Yovanēs d’Ałētʻ à partir de ses œuvres. Enfin, nous donnerons un aperçu de la postérité de ce formulaire, postérité qui sera étudiée dans le détail au cours des chapitres suivants. 3.1. Origines (1217-1330) Ce formulaire de colophon résulte de l’assemblage de plusieurs fragments de colophons, remodelés par Yovanēs d’Ałētʻ pour former un ensemble cohérent. Dans le texte de plusieurs colophons plus anciens et d’origines géographiques diverses, il est en effet possible de déceler une série de segments de textes qui ont participé à la constitution du formulaire. Les manuscrits en question, au nombre de quatorze, sont présentés ci-dessous, en procédant par ordre chronologique (fig. 13). À l’issue de cette présentation, nous tenterons d’expliquer les modalités de la convergence de ces textes dans le formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ. Cote

Date

Contenu

Lieu

Auteurs

M 4509

1217 Tétraévangile Ayrivankʻ; Dełjan

VAS* Pʻokan 3

1298 Tétraévangile Kiwzucʻ vankʻ Matʻēos krawnawor (cop.)

CLA 12

1306 Tétraévangile Tarawn, Łazaru vankʻ

Yohannēs (cop., [ill.?])

MUSA* 13

1309 Tétraévangile Taron, Łazaru vankʻ

?

J 1949

1312 Tétraévangile Tarawn, Łazaru vankʻ (cop., ill.); Cilicie (ill.)

Aṙakʻel krawnawor (cop.); Nersēs (cop.); Yovannēs (ill.); Sargis kʻahanay [Picak] (ill.)

M 2743

1312 Tétraévangile Siwnikʻ, ? (colophon [Xatʻari vankʻ] ultérieur)

MUSA* 17

1314 Lectionnaire

NOJ 41

1314 Tétraévangile Tarawn, Łazaru vankʻ

Tarawn, Łazaru vankʻ

Abel (cop.); Sargis (ill.); Sikʻenos (ill., rel.)

Aṙakʻel krawnawor (cop.); Yohannēs kʻahanay (ill.); Aṙakʻel (rel.) Aṙakʻel krawnawor (cop.)

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ORIGINES (1217-1330)

Cote

Date

Contenu

Lieu

Auteurs

MUSA* 18

1315 Tétraévangile Tarawn, Łazaru vankʻ

Aṙakʻel krawnawor (cop.)

MUSA* 19

1316 Tétraévangile Tarawn, Łazaru vankʻ

Aṙakʻel krawnawor (cop.); Yovhannēs (ill.); [Aṙakʻel kʻahanay (rel.)]

M 6289

1323 Tétraévangile Siwnikʻ, [Glajor]

Tʻoros [Tarōnecʻi] ([cop.], ill.)

M 7519

1327 Tétraévangile Ałētʻ

Yovannēs kʻahanay (cop.); AHMM 148 (ill.)

VAS* Van, Haykavankʻ 226

1329 Tétraévangile [Bznunikʻ]

Tʻoros (cop., ill.)

BIT* S. Sargis s. n. 1330 Tétraévangile Apahunikʻ

Tʻoros (cop., ill.)

Fig. 13. Colophons sources du type d’Ałētʻ

3.1.1. Le tétraévangile d’Ayrivankʻ (M 4509) La plus ancienne source directe à laquelle il nous est possible de remonter date de 1217 et concerne le paragraphe I. Il s’agit d’un tétraévangile (M 4509), copié par Abel et illustré par Sargis135, assisté d’un certain Sikʻenos — personnages inconnus par ailleurs. La réalisation du codex débuta au couvent d’Ayrivankʻ (l’actuel Gełard)136 et fut achevée au monastère de Dełjan, de localisation incertaine137. Ce manuscrit est un exemple tout à fait typique de la production d’Arménie orientale de cette époque, du point de vue tant iconographique que paléographique (écriture mixte erkatʻagir-bolorgir)138. Le colophon de M 4509, après une longue doxologie, commence ainsi: 135

HMM, nᵒ 400, p. 646. THIERRY, Répertoire, nᵒ 602, p. 108; TełBaṙ I, p. 8253-8262 s.v. Gełard; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 153-164 s.v. Ayri vankʻ; YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 49-136, repr. p. 181223; POŁAREAN, Ayrivankʻ; SAHINIAN – MANOUKIAN – ASLANIAN. 137 THIERRY, Répertoire, nᵒ 982, p. 174; TełBaṙ II, p. 752 s.v. Dełjanavankʻ. J.-M. Thierry propose d’identifier cet établissement au monastère de Dełjnut ou Dełjut, actif comme centre de copie en 1280 et dont les ruines subsistent à 15 km au nord-ouest d’Iǰevan (THIERRY, Répertoire, nᵒ 676, p. 122; TełBaṙ II, p. 753-761 s.v. Dełjnuti vankʻ; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 602 s.v. Dełjnuti vankʻ). Il existe également un lieu-dit mal connu du nom de Dełjnavankʻ, situé non loin de Vēdi, dans l’actuel marz d’Ararat (cf. TełBaṙ II, p. 753 s.v. Dełjnavankʻ; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 602 s.v. Dełjnavankʻ). 138 Cf. YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 86-88, repr. p. 198-199; STONE, Mixed Script, spéc. p. 302-303, ainsi que p. 315 et 317 pour des reproductions de M 4509. 136

188

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Ուստի եւ տեսեալ զսորայս ա[ն]ճառ փրկագործութեան խորհուրդ, ոմն ի յընտրեալո[ց] քահանայից Աստուծոյ, որ էր մի ի ժառանգաւորաց սուրբ ուխտին Այրիվանաց, սնեալ եւ ուսեալ ի նմին մենաստանի, Խաչաւուր անուն կոչեցեալ, եռափափագ սրտիւ ցանկացեալ այսմ ներգործական բանից փրկչին Յիսուսի, ստանա զսա յարդարապէս գոյից իւրոց, հանդերձ երեք եղբարբք իւրովք եւ քերս (lege քերբ ?)՝ յաշ[խ]արհական դասուէ ամուսնացելոց, եւ ոչ ունելով արու որդի զսա ստացեալ զաւակ՝ զսուրբ գիրսս, եւ առ Աստուած զյոյս իւրեանց եդեալ, զգրեալսն կատարելո[վ], թէ՝ Բարի է յուսալ ի Տէր, քան յուսալ ի մարդիկ։ C’est pourquoi aussi, ayant vu l’ineffable mystère de l’œuvre de rédemption [opérée] par celui-ci (sc. Jésus-Christ), quelqu’un parmi les prêtres élus de Dieu, qui était l’un des membres de la sainte communauté d’Ayrivankʻ, élevé et instruit dans ce monastère, appelé du nom de Xačʻawur 139, devenu désireux, avec un cœur très envieux, de ces paroles actives du sauveur Jésus, acquiert ceci sur ses avoirs de plein droit, avec ses trois frères et sa sœur (?); [étant] de l’ordre des laïcs mariés, et n’ayant pas d’enfant mâle, [ils ont] acquis ceci comme descendance, ce livre saint, et [ont] placé leur espoir en Dieu (cf. Ps. 72, 28), accomplissant ces écrits: «il est mieux d’espérer en Dieu que d’espérer en l’homme» (Ps. 117, 8).140

Il est connu que le tétraévangile d’Ayrivankʻ a influencé l’art des premiers manuscrits de la région du lac de Van, à la fin du XIIIᵉ siècle141. Le fait que son colophon ait inspiré la première section de celui de Yovanēs d’Ałētʻ, peut-être par le biais d’un intermédiaire dont nous aurions perdu la trace, confirme l’importance de ce codex comme prototype des productions anciennes de cette région, du point de vue tant artistique que textuel. 3.1.2. Le tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ (VAS* Pʻokan 3) Chronologiquement, le deuxième témoin à envisager est un tétraévangile produit en 1298 par un certain Matʻēos au monastère de «Kiwzucʻ vankʻ» (VAS* Pʻokan 3)142. Il pourrait bien s’agir du monastère SaintGrégoire-l’Illuminateur de Kołucʻ vankʻ (ou plutôt Kozucʻ vankʻ), connu comme centre de copie au XVᵉ siècle143: en effet, le tétraévangile a été 139 HARUTʻYUNYAN, Anjnanunner I, p. 208 s.v. Xačʻawur 5. Sur les différentes formes de cet anthroponyme rare, voir HARUTʻYUNYAN, Anjnanunner I, p. 207-208 et HARUTʻYUNYAN, Antroponimi, nᵒ 21, p. 58. 140 H13 66a, p. 105 = M 4509, f. 313r–v; YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 86, repr. p. 199 (= XP 45, col. 139, repr. p. 368). 141 Voir IZMAJLOVA, Manuscrit d’Ani, p. 301-309; TAYLOR, School of Vostan, p. 29 et 32. 142 AnjnBaṙ III, p. 221 s.v. Matʻēos 26. TełBaṙ III, p. 1683 s.v. Kyuzacʻ vankʻ. 143 THIERRY, Répertoire, nᵒ 065, p. 15; TełBaṙ III, p. 1992 s.v. Kołucʻ vankʻ [1] (les entrées suivante, s.v. Kołucʻ vankʻ [2], et précédente, s.v. Kołucʻ s Lusavoričʻ, se rapportent

ORIGINES (1217-1330)

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copié «dans notre monastère de Kiwzucʻ, sous l’égide de saint Grégoire». Selon toute vraisemblance, cet établissement était situé à proximité immédiate d’Arckē, au pied du mont Sipan, sur la rive nord-ouest du lac de Van144. Le manuscrit est aujourd’hui perdu; cependant, grâce au catalogue d’E. Lalayean, nous avons conservé son colophon, et compte tenu du scrupule avec lequel les colophons sont habituellement transcrits dans ce catalogue, il est très vraisemblable qu’hormis la doxologie, nous possédions effectivement l’ensemble de ce colophon. En voici le texte: Փառք […] Արդ գրեցաւ Աւետարանս ձեռամբ Մաթէոսի սուտանուն կրաւնաւորի, անիմաստ եւ ախմար գրչի։ Եւ եմ անընդունակ յարուեստ գրչութեան եւ բազում ցնորիւք պաշարեալ, այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին, արտագրեցի անարժան ձեռաւք իմովք, բազում աշխատութեամբ, ի մեծ թուիս, ի յեղանակ շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք՝ երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից երկիր, հայելով ըստ արարչութեան, չափեալ ելանելոյն Ադամա ի դրախտէն ԶՌ եւ ԴՃ եւ Ի ամի՝ ըստ եւթանասնից, ըստ որում մեք վարինք եւ է ի մարդեղութենէ բանին Աստուծոյ՝ անժամանակ Էին եւ փրկչի Յիսուսի Քրիստոսի, ամս ՌՄՂԷ, իսկ ըստ թըւոյ Խոսրովային յաբեթեանս տումարի ՉԽԷ։ Արդ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս ի Կիւզուց վանքս, ընդ հովանեաւ Սուրբ Գրիգորիս, եւ յառաջնորդութեան հեզահոգի տէր Դանիէլ կրաւնաւորին, որ եւ նման է Յովանէս ողորմածին։ au même monastère, erronément situé dans la région de Čʻmškacag); OSKEAN, VaspurakanVan II, p. 417; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 199, p. 225-226; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 33-34. On trouve aussi les orthographes Kołacʻ vankʻ, Kōzohivankʻ, Gōzoxivankʻ, Kʻazoxivankʻ ou encore Keazuxivankʻ; une partie de cette fluctuation orthographique doit s’expliquer par la confusion possible entre les lettres ղ et զ en écriture bolorgir. La plupart des auteurs situant ce monastère à l’emplacement du village de Gozox (cf. note suivante), nous croyons qu’il faut corriger son orthographe en «Kozucʻ vankʻ». 144 Un flou certain, accentué par le problème des différentes graphies, entoure la localisation de ce monastère. Il existait au siècle dernier un village tout proche d’Arckē appelé en arménien Gozox, Gōzox ou Keazux, en kurde Gârzux et en turc Kazık (MIRAXOREAN, Ułeworutʻiwn III, p. 41; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 542 s.v. Gozox; NIŞANYAN, Adını Unutan Ülke, p. 74 s.v. Aydınlar; IA, s.v. Aydınlar). Selon S. Nişanyan, il s’agit de l’actuel village d’Aydınlar, au pied du mont Sipan, à une vingtaine de km au nord-est d’Arckē, alors que selon J.-M. Thierry (THIERRY, Vaspurakan, p. 212, n. 64), ce village se trouve au bord du lac, tandis que le couvent même, situé à 1 km au sud du village, aurait été submergé par les eaux du lac. Le même auteur (THIERRY, Répertoire, nᵒ 065, p. 15, cf. Monuments, p. 212 et n. 64), pense qu’il s’agit du même monastère connu au XIXᵉ siècle sous le nom d’Awer vankʻ, alors qu’un voyageur de l’époque, N. Sargisean, place celui-ci à une heure d’Arčēš, donc nécessairement plus loin au nord-est (SARGISEAN, Tełagrutʻiwnkʻ, p. 269; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 347 s.v. Awer vankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van II, p. 445-446). Enfin, le Dictionnaire topographique assimile Gozox et Keazux à Ganjak, un autre village proche d’Arckē (TełBaṙ I, p. 7843 s.v. Ganjak [4]; IA, s.v. Kırkdeğirmen).

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Gloire […] Or cet évangile fut écrit de la main de Matʻēos (krawnawor), qui ne mérite pas le nom de moine, scribe insensé et ignorant. Et je suis inapte dans l’art de l’écriture et assiégé par beaucoup d’illusions, mais selon notre capacité, que nous offrit l’Esprit qui aime les hommes, je recopiai de mes indignes mains, avec beaucoup de travail, en notre grande ère, en l’an 6000 et 400 et 20 (– 5198 = 1222?) dans le mode de révolution du soleil par descentes, en regardant la terre depuis les cieux pendant son voyage vers le ciel, ayant mesuré selon la Création, depuis la sortie d’Adam du paradis, selon les Septante, dont nous nous servons; et cela fait depuis l’incarnation du Verbe de Dieu, l’Être intemporel et le Sauveur Jésus-Christ, 1297 ans (– 2 = 1296?), et selon le calendrier de notre ère japhétique khosrovienne, 747 (+ 551 = 1298). Or cet Évangile fut écrit en ce monastère de Kiwzucʻ, sous l’égide de saint Grégoire, et sous la prélature de tēr Daniēl krawnawor, doux d’esprit, qui est pareil à Jean le Miséricordieux145.146

Il s’agit déjà pour l’essentiel des paragraphes III à V du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ, quoique incomplets et différant par certains détails. Ainsi, à la section III, les §§ 3 (անիմաստ եւ ախմար գրչի «scribe insensé et ignorant») et 8 (այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին «mais selon notre capacité, que nous a offerte l’Esprit qui aime les hommes») sont mot pour mot les mêmes, tandis qu’il manque l’élément յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ «d’après un exemplaire de choix et sûr» (§ 11). Le § 9 (բազում աշխատասիրեալ իմ ի սմա «en m’étant beaucoup appliqué à ceci») manque également, mais la notion qu’il exprime se retrouve en position finale, où Matʻēos utilise les mots բազում աշխատութեամբ «avec beaucoup de travail» — alors que notre formulaire aura à cet endroit կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ «à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration» (§ 12). D’autres différences, plus limitées, valent la peine d’être relevées: les mots սուրբ «saint» (§ 1) et մեղաց «de péchés» (§ 5), qui figurent dans le formulaire, ne sont pas encore employés, tandis que Matʻēos a au § 4 եմ «je suis», contre իմ … գոլով «moi étant» pour le formulaire, et au § 10 le verbe composé արտագրեցի «je recopiai», contre le simple գրեցի «j’écrivis» du formulaire. Quant à la suite du colophon de Matʻēos krawnawor, il s’agit à peu de choses près du même texte qu’aux §§ 1-7 de la section IV dans le 145 Ou Jean l’Aumônier, patriarche chalcédonien d’Alexandrie au début du VIIᵉ siècle, fêté le 11 novembre / 3 trē (Synax. IV, 3, p. 12-16 [514-518] Bayan). 146 H13 677, p. 841 = VAS* Pʻokan 3, en fin de manuscrit, d’après LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 66, col. 125.

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formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ: les différences concernent surtout des détails d’orthographe et d’articles. En revanche, les §§ 8-17 de Yovanēs sont complètement absents dans le colophon de Matʻēos. Notons que la première date donnée, calculée à partir de la Création, ne semble faire sens dans aucune des ères en usage en Arménie. Enfin, la position et la structure du formulaire de localisation à la fin du colophon de VAS* Pʻokan 3 préfigurent également le paragraphe V du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ. Les différences y sont toutefois un peu plus marquées que dans la section consacrée à la datation: d’une part le canton n’est pas mentionné, d’autre part c’est le nom du prélat qui apparaît à la fin (comme en IV, 9), là où Yovanēs citera plutôt le commanditaire du manuscrit. Cette différence résulte de l’inclusion par Yovanēs de la mention des autorités ecclésiastiques plus haut dans son formulaire (IV, 9). 3.1.3. Un groupe de manuscrits copiés au monastère des Saints-Apôtres de Muš Une comparaison attentive des textes révèle une étroite affinité entre le formulaire développé par Yovanēs d’Ałētʻ et plusieurs colophons de manuscrits produits au monastère des Saints-Apôtres de Muš dans le Tarōn, célèbre établissement aussi connu sous le nom de monastère de Lazare (Łazaru vankʻ)147. À en juger par la documentation qui nous est parvenue, le début du XIVᵉ siècle semble marqué dans ce couvent, sous les supérieurs tēr Abraham148 et tēr Tʻadēos149, par une activité scriptoriale intense150. On connaît en effet pas moins de onze manuscrits copiés aux Saints-Apôtres entre 1306 et 1339 (fig. 14), dont les colophons partagent, à des degrés divers, certains traits communs, sans que l’on puisse pour autant parler de formulaire (même si les sections qui concernent la localisation et la datation de la copie sont particulièrement stéréotypées151).

147 THIERRY, Répertoire, nᵒ 359, p. 68; TełBaṙ I, p. 3223-3231 s.v. s Aṙakʻelocʻ vankʻ [7]; OSKEAN, Tarōn-Turuberan, nᵒ 5, p. 23-85; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 244, p. 251-253; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 38; THIERRY, Saints-Apôtres (avec bibliographie); POŁAREAN, Aṙakʻelocʻ vankʻ. 148 AnjnBaṙ I, p. 35 s.v. Abraham 35; POŁAREAN, Aṙakʻelocʻ vankʻ, nᵒ 5, p. 369; OSKEAN, Tarōn-Turuberan, p. 53-56. 149 OSKEAN, Tarōn-Turuberan, p. 54-55. 150 Cf. OSKEAN, Tarōn-Turuberan, p. 53-58; POŁAREAN, Aṙakʻelocʻ vankʻ, p. 371; MURATEAN, Cʻucʻak, p. 16 et 19-22; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 38. 151 Cf. déjà XANLARYAN, Ałbyurnericʻ mek, p. 83.

192

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Cote

Date

Contenu

Copiste

Illustrateur

CLA 12

1306 Tétraévangile Yohannēs

[Yohannēs?]

EZZ* Kapos

1306 Lectionnaire

?

?

MUSA* 13

1309 Tétraévangile ?

?

J 1949

1312 Tétraévangile Aṙakʻel krawnawor; Yovannēs; Sargis Nersēs kʻahanay [Picak] (en Cilicie)

MUSA* 17

1314 Lectionnaire

NOJ 41

1314 Tétraévangile Aṙakʻel krawnawor

?

MUSA* 18

1315 Tétraévangile Aṙakʻel krawnawor

?

MUSA* 19

1316 Tétraévangile Aṙakʻel krawnawor

Yovhannēs

Cod. ign. B

1320 Rituel



Aṙakʻel krawnawor

Barseł krōnawor

Yohannēs kʻahanay

MUSA* Šexlan, 1324 Tétraévangile Yovhannēs Tēr Simēon



VAS* Pʻokan 1

?

1339 Tétraévangile Stepʻanos krawnawor

Fig. 14. Manuscrits copiés au monastère des Saints-Apôtres de Muš dans la première moitié du XIVᵉ siècle

Seuls seront cités ici les colophons qui éclairent la genèse du type d’Ałētʻ. On ne s’arrêtera donc pas sur les manuscrits EZZ* Kapos152, 152 Ce manuscrit est perdu, mais son colophon a été en grande partie conservé par deux voies différentes. On le connnaît d’abord via l’Histoire, datée de 1658, d’Aṙakʻel Dawrižecʻi (Arakel de Tabriz), auteur bien connu pour avoir exploité des colophons de manuscrits (cf. SIRINIAN, Value of the Colophons, p. 67; KʻIWRTEAN, Dawrižecʻii gorcacac yišatakaran). Le chapitre 55 (56) constitue, selon les mots de M.-F. Brosset, une «chronographie abrégée», où l’on peut lire, retouché par Aṙakʻel, ce qui devait constituer l’essentiel du colophon d’EZZ* Kapos. Ainsi que le notait déjà BROSSET, Collection I, p. 569, n. 2, «ce document paraît être tiré de quelque mémorial manuscrit non venu à notre connaissance». XANLARYAN, Ałbyurnericʻ mek, a attiré l’attention sur l’existence d’une autre transcription de ce colophon, antérieure à Aṙakʻel Dawrižecʻi, dans M 10200, un codex qui contient divers matériaux composés ou rassemblés par le chroniqueur trapézontin Amiras Erznkacʻi (AnjnBaṙ I, p. 122 s.v. Amiras) entre 1624 et 1666. Cette version a été publiée récemment d’après le manuscrit M 10843, copié à Trébizonde en 1648 par le même Amiras (M 10843, f. 245r-246r = H14A 95, p. 102-103; cf. Mat. III, col. 223-224). Dans une note qui suit cette transcription, Amiras nous apprend qu’il s’agit du colophon d’un lectionnaire conservé au monastère Saint-Jacques de Kapos (à propos duquel voir supra, p. 159-160, n. 88). Les textes transmis par Aṙakʻel et Amiras ne concordent pas exactement; le début et la fin, surtout, présentent des différences notables. De l’avis de L. Xanlaryan, Aṙakʻel Dawrižecʻi ne proposerait rien d’autre qu’une version embellie du texte d’Amiras Erznkacʻi, à qui il semble avoir beaucoup emprunté pour rédiger diverses parties de son Histoire.

ORIGINES (1217-1330)

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Cod. ign. B153, MUSA* Šexlan, Tēr Simēon154 et VAS* Pʻokan 1155, qui ne comportent pas d’éléments intéressants à cet égard. Il en va de même du lectionnaire M 7451, copié en 1320 «d’après un exemplaire juste et de choix de la sainte communauté des Apôtres du Tarawn»156. Il est vrai que son colophon présente des éléments semblables à ceux des manuscrits discutés ci-dessous, tandis que S. Agémian a noté d’importantes affinités artistiques avec CLA 12157. Cependant, en raison de l’incertitude qui plane quant à son origine, il nous a paru plus prudent d’écarter M 7451. Le premier colophon à envisager date de 1306 et clôt un tétraévangile copié par le scribe Yohannēs158, aujourd’hui conservé aux Archives d’État de Cluj, en Roumanie (CLA 12). Les passages intéressant notre propos sont les suivants: […] Ընդ նմին աւրինակի եւ սրբասէր քահանայն եւ աստուածահաճոյ կրաւնա[ւորն Յով]սէփ ցա[նկացաւ …] հասուցանել (lege հատուցանել) զնա ի փափաք բաղձանաց իւրոց, իսկ մեր անընդունակ գոլով իմաստից եւ ախմար յարուեստ գրչութեան եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ, այլ ի սիրոյ նորա եւ ըստ կարի մերում զոր […]աւք իմովք ի թուականիս Հայոց [Չ]ԾԵ, ի գաւառիս [Տ]արաւնոյ, ի հռչակաւոր ուխտիս եւ ի հրեշտակացոյց մենաստանիս Ղազարու վանք կոչեցեալ, ընդ հովանեաւ սուրբ Առ[աքելոց …] վանից սուրբ (lege տէր) Աբրահամու։ … Արդ, որք աւգտիք ի սմանէ կամ գաղափարէք կամ հանդիպիք սմա, յիշեսջիք աղաւթիւք ի յառաջ ասացեալ քահանայ զՅուսիկն, որ ստացաւ զսա ի հալալ […] ընդ նոսին եւ զբազմամեղ գրիչս Յովաննէս բարի յիշման արժանի արարէք … […] Selon ce même exemple, le prêtre (kʻahanay) aimant la sainteté et moi[ne] (krawnawor) agréable à Dieu [Yov]sēpʻ dé[sira …] s’acquitter de cela pour [accomplir] le souhait de ses désirs; or, quoique nous soyons incapable d’intelligence et ignorant dans l’art de l’écriture, et étant assiégé par les illusions de nombreux péchés, cependant, par amour pour lui et selon notre capacité, que […] de mes [… ma]ins en [7]55 de notre ère arménienne (+ 551 = 1306), dans ce canton de [T]arawn, dans cette célèbre communauté et dans ce monastère désigné par l’ange appelé monastère de Lazare, sous l’égide des saints Ap[ôtres … supérieur] du monastère tēr Abraham. … Maintenant, vous qui vous servez de ceci ou le recopiez ou le rencontrez, souvenez-vous avec des prières du susmentionné Yusik kʻahanay, qui acquit 153 H14A 362, p. 402; OSKEAN, Tarōn-Turuberan, p. 53-54. La cote de ce manuscrit n’est pas connue. 154 H14A 421, p. 478; MARTIROSEAN, Cʻucʻak, nᵒ 9, p. 103. 155 H14A 709, p. 344; H14 394, p. 321; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 99, col. 201-202. 156 Cf. p. 89. 157 AGÉMIAN, Évangile de 1306, p. 326, n. 32. 158 POŁAREAN, Aṙakʻelocʻ vankʻ, nᵒ D, p. 371; AGÉMIAN, Manuscrits de Roumanie, p. 19.

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

ceci sur [ses biens] licites […] avec eux, considérez également digne de bonne mémoire le scribe pécheur Yovhannēs …159

Ce texte, comme le colophon de VAS* Pʻokan 3, annonce le paragraphe III, mais il est moins proche que celui-ci du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ: en particulier, il manque le début et la fin de la formule (§§ 1-3 et 12). En revanche, il faut noter l’insertion des mots գոլով «étant» (§ 4) et մեղաց «de péchés» (§ 5), absents dans le tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ. Par ailleurs, le texte du copiste Yohannēs semble mêler les §§ 3 et 5, qui étaient déjà bien distincts chez le copiste précédent, Matʻēos: en effet, les mots իմաստից եւ ախմար «de pensées et ignorant», intercalés entre անընդունակ գոլով «étant inapte» et յարուեստ «dans l’art», ressemblent de près à la description du scribe, անիմաստ եւ ախմար «insensé et ignorant», au § 3. Dans ce qui équivaut au § 8, Yohannēs insère les mots ի սիրոյ նորա «par amour pour lui». Le mauvais état du manuscrit, endommagé dans le bas, nous prive malheureusement d’une partie du colophon, qui devait s’approcher des §§ 8 à 10 tels que nous les connaissons dans la formule ou dans le colophon de Matʻēos. Nous ignorons donc notamment si le copiste de ce manuscrit-ci a poursuivi son colophon avec le § 9, qui était absent dans le tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ. La suite du texte comporte les habituelles requêtes pour des prières mémorielles, après quoi le copiste cherche à s’assurer l’indulgence du lecteur. Le thème et sa formulation sont conventionnels160; sans y être identiques, ils annoncent déjà les paragraphes V (§§ 1 et 4), VII (§ 3) et VIII (§ 1) du type d’Ałētʻ. Le colophon anonyme du manuscrit MUSA* 13, copié en 1309, présente une version plus complète du paragraphe III, ajoutant, par rapport au texte conservé de CLA 12, les §§ 8-10, sous une forme pratiquement identique à ce que l’on trouve dans VAS* Pʻokan 3. C’est aussi le premier colophon à proposer la formule յընտիր ընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ «d’après un exemplaire de premier choix et sûr» (§ 11), avec réduplication du premier adjectif: Փառք եզակի եռահիւսակ դաւանութեան […] Ըստ նմին աւրինակի եւ բարի արմատոյ շառաւիղն եւ ընտրեալ սարկաւագն Տնկիկն ցանկացող եղեալ սուրբ Աւետարանիս եւ ջերմեռանդ սիրով շաղկապեցաւ ի սէր սորա։ Եւ յոյժ բռնադատեաց զմեր նուաստութիւն հատուցանել զնա ի փափաք բաղձանաց իւրոց։ Իսկ մեր անընդունակ գոլով իմաստից եւ ախմար յարուեստ գրչութեան եւ 159 CLA 12, f. 303r-306r (sans précision) = H14A 96, p. 103-104; KʻOLANJYAN, Hamaṙot cʻucʻak, nᵒ 1, p. 436. Cf. aussi AGÉMIAN, Évangile de 1306, p. 317. 160 Voir VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 144-147 (repr. p. 14-17).

ORIGINES (1217-1330)

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բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ։ Այլ ըստ կարի մերում զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր հոգին, բազում աշխատասիրեալ եմ ի սմա, գրեցի անարժան ձեռաւք իմովք, յընտիր ընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ ի թւականիս Հայոց ՉԾԸ, գաւառիս Տարոնոյ ի հռչակաւոր ուխտիս եւ ի հրեշտակացոյց մենաստանիս Ղազարու վանք կոչեցեալ ընդ հովանեաւ սուրբ Առաքելոցս։ Ի հայրապետութեան Տեառն Կոստանդիա եւ ի թագաւորութեան Կիլիկեցւոց նահանգին Աւշինին եւ յառաջնորդութեան սուրբ ուխտիս Ղազարու վանից տէր Աբրահամու։ Gloire à la confession unique triplement tressée (cf. Eccle. 4, 12) […]. Selon ce même exemple, Tnkik (sarkawag), rejeton de bonne racine et diacre distingué, devint aussi désireux de ce saint évangile et avec un amour ardent s’attacha à l’amour de ceci (sc. l’Évangile); et il pressa fort l’infériorité que nous sommes de s’acquitter de cela pour [accomplir] le souhait de ses désirs. Or, quoique nous soyons incapable d’intelligence et ignorant dans l’art de l’écriture, et étant assiégé par les illusions de nombreux péchés, cependant, selon notre capacité que nous offrit l’Esprit qui aime les hommes, je me suis beaucoup appliqué à ceci [et] j’écrivis de mes indignes mains, d’après un exemplaire de premier choix et sûr, en 758 (+ 551 = 1309) de notre ère arménienne, [dans] ce canton de Taron, dans cette célèbre communauté et dans ce monastère désigné par l’ange appelé monastère de Lazare, sous l’égide des saints Apôtres, sous le patriarcat de tēr Kostand (i. e. Constantin III de Césarée, 1307-1323), et sous le règne sur la nation de Cilicie d’Awšin (i. e. Ôchin, 1308-1320), et sous la prélature de tēr Abraham de notre sainte communauté du monastère de Lazare.161

Un autre tétraévangile, copié en 1312 dans ce même monastère de Lazare (J 1949), s’ajoute au dossier de la section III. Ce manuscrit a été rédigé par Aṙakʻel krawnawor162. Des colophons secondaires mentionnent la participation du copiste Nersēs, ainsi que de Yovannēs, qui réalisa les initiales ornées. À ce dernier ont été attribués les dessins à la plume du décor, tandis que l’on sait grâce à un autre colophon secondaire que les portraits des évangélistes ont fait l’objet d’une commande au célèbre artiste cilicien Sargis Picak163. Étant donné que le décor à la plume de J 1949 peut être attribué à l’artiste de CLA 12, dont le copiste se nomme Yohannēs, il n’est pas interdit de penser qu’une seule et même personne ait copié et illustré CLA 12 et partiellement décoré J 1949 — à moins que l’on ait affaire à deux homonymes, l’un copiste et l’autre peintre164. Quant au colophon principal, composé par le copiste Aṙakʻel, en voici un extrait: MUSA* 13, f. inconnu = H14A 152, p. 162-163; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 13, p. 16. POŁAREAN, Aṙakʻelocʻ vankʻ, nᵒ G, p. 371. 163 AnjnBaṙ IV, p. 436-437 s.v. Sargis 291; HMM, nᵒ 404, p. 650-658; POŁAREAN, Gričʻner, p. 147-160; POŁAREAN, Nkarołner, p. 58-64; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 142-153 (p. 143 à propos de ce manuscrit-ci); ŁAZARYAN, Sargis Picak. 164 AGÉMIAN, Évangile de 1306, p. 325-326; AGÉMIAN, Manuscrits de Roumanie, p. 19. 161

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Արդ, աղաչեմք զամենեսեան, որք ընթեռնուք զսուրբ Աւետարանս զայս, կամ գաղափարէք եւ կամ հանդիպիք սմա, յիշեսջիք աղաւթիւք զստացաւղ սորա զյարաջ ասացեալն զՆերսէս քահանայն, եւ զծնաւղսն իւր եւ զեղբարս եւ զամենայն արեան մերձաւորսն իւր։ Ընդ նոսին՝ եւ զբազմամեղ գրիչս Առաքել, եւ զիմսն ամենայն, եւ զմիեղէն եղբայրութիւնս, զսպասաւորք սուրբ Առաքելոցս։ Եւ խոշորութեան եւ սխալանաց սորա անմեղադիր լերուք, զի գրեցաւ սա կենաւք տուայտանաւք, եւ բազում աշխատութեամբ … Maintenant, nous [vous] prions, vous tous qui vous lisez ce saint évangile ou le recopiez, ou encore le rencontrez, souvenez-vous avec des prières de son acquéreur, le susmentionné Nersēs kʻahanay, et de ses parents et frères, et de tous ses proches par le sang. Avec eux, [souvenez-vous] aussi du scribe pécheur Aṙakʻel, et de tous les miens, et de ma fraternité monastique, les serviteurs des Saints-Apôtres. Et ne faites pas reproche de la gaucherie et des fautes de ceci, car ceci fut écrit durant une vie d’affliction et avec beaucoup de travail …165

On discerne ici les éléments précurseurs des §§ VII, 3-5, VIII, 1-2 et III, 12 du type d’Ałētʻ, sous une forme plus proche de ce dernier que celle de CLA 12. Pour la première fois dans les colophons de Muš, on trouve aussi un équivalent du § III, 12: le texte du colophon de J 1949 présente տուայտանաւք «avec affliction» plutôt que տառապանաւք «avec tourment» du formulaire et աշխատութեամբ «avec travail» au lieu de պանդխտութեամբ «avec émigration». Cette expression semble développée sur le simple բազում աշխատութեամբ «avec beaucoup de travail» que l’on trouve, entre autres, dans le tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ (VAS* Pʻokan 3). Le manuscrit se trouve aujourd’hui dans la bibliothèque du couvent arménien de Jérusalem, où il est entré en 1386, ainsi que le relate un intéressant colophon postérieur166. Initialement, toutefois, J 1949 avait été offert au monastère des Saints-Apôtres par son commanditaire, Nersēs kʻahanay et krawnawor, ce que précise la partie suivante du colophon, rédigée au nom de Nersēs. La proposition introductive de cette section nous intéresse car sa formule auto-dépréciative la rapproche du § II, 1 dans le type d’Ałētʻ: Այլ ես՝ Ներսէս նուաստ կրաւնաւորս եւ կրսերս յորդիս եկեղեցւոյ, ցանկացող եղէ սուրբ Աւետարանիս … De plus, moi, Nersēs, humble moine (krawnawor) et le cadet parmi les enfants de l’Église, je devins désireux de ce saint évangile …167 165

J 1949, à partir du f. 383 r1 = H14A 203a, p. 222; Jér.2 VI, nᵒ 1949, p. 510. À partir du f. 386 r1. Un colophon de 1438, au f. 387 v (voir, en plus du catalogue, H15A 551, p. 494; AŁAWNUNI, Miabankʻ ew aycʻelukʻ, p. 70), atteste également de la présence de ce codex à Jérusalem, où il est vraisemblablement resté sans interruption depuis lors. 167 J 1949, ca. f. 383r1 = H14A 203b, p. 222; Jér.2 VI, nᵒ 1949, p. 510. 166

ORIGINES (1217-1330)

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J 1949 marque le début d’une période prolifique pour son copiste principal, Aṙakʻel krawnawor. Nous connaissons en effet quatre autres manuscrits de sa main, trois tétraévangiles et un lectionnaire, copiés au monastère de Lazare à Muš entre 1314 et 1316: MUSA* 17 et NOJ 41, de 1314, MUSA* 18, de 1315, et MUSA* 19, de 1316. Le colophon du lectionnaire MUSA* 17 intéresse surtout par son formulaire de datation: Այլ եւ գրեցաւ սա ի գաւառիս Տարաւնոյ յաստուածապատիւ եւ ի հրեշտակացոյց սուրբ ուխտիս Ղազարու վանք կոչեցեալ, ընդ հովանեաւ սուրբ Առաքելոցս՝ ի մեծ թուին ըստ արարչութեանցն չափեալ յԱդամայ մինչեւ ցայսր ամք ՑՉԼԹ իսկ ի Հայոց թուին ՉԿԳ, ձեռամբ բազմամեղ կրաւնաւորի եւ անիմաստ գրչի Առաքելի … Եւ գրեցաւ սա յընտիր ընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ. զոր եւ աղաչեմ չլինիլ մեղադիր, զի բազում աշխատեցաք ի սմա եւ զխոշորութիւն գրիս ուղորդութիւն բանին ծածկէ, եւ այլ թէ գտանէք ի սմա սղալ, սիրով ուղղեցէք, զի այդչափ էր կար մեր։ Յիշեսցէք եւ զաստուածահաճոյ քահանայսն՝ զՅոհաննէս նկարողն եւ զԱռաքել կազմողն սորա՝ եւ զմիեղէն եղբայրութիւնս զսպասաւորք սուրբ Առաքելոցս, որք սիրով ընկալան զմեզ. եւ որ զմեզ յիշէ, եւ ինքն յիշեալ լիցի յառատ ողորմութիւն Աստուծոյ, որ է աւրհնեալ յաւիտեանս յաւիտենից, ամէն։ De plus, ceci fut écrit dans canton de Tarawn, dans cette sainte communauté honorée de Dieu et désignée par l’ange appelée monastère de Lazare, sous l’égide des saints Apôtres, en la grande ère, ayant mesuré selon les créations, depuis Adam jusqu’aujourd’hui, 6739 ans (– 5425 = 1314), et en 763 (+ 551 = 1314) de l’ère arménienne, de la main du moine (krawnawor) pécheur et scribe insensé Aṙakʻel … Et ceci fut écrit d’après un exemplaire de premier choix et sûr; et je vous prie de ne pas [nous] faire de reproche, car nous travaillâmes beaucoup dans ceci, et la correction du verbe occulte la gaucherie de cette écriture; du reste, si vous trouvez une faute dans ceci, corrigez[-la] avec amour, car telle était notre capacité. Souvenez-vous aussi des prêtres (kʻahanays) agréables à Dieu Yohannēs, l’illustrateur, et Aṙakʻel, le relieur de ceci, et de cette fraternité monastique, les serviteurs des Saints-Apôtres, qui nous reçurent avec amour. Et celui qui se souvient de nous, lui-même sera aussi remémoré dans la généreuse miséricorde de Dieu, qui est béni pour les siècles des siècles, amen.168

On reconnaît un texte très proche des §§ 1 et 3 du formulaire de datation (IV), ainsi que des passages apparentés à d’autres extraits du type d’Ałētʻ (III, 2-3 et 9; VIII, 3-4). Il est à noter que c’est l’ère alexandrine qui est ici utilisée pour dater la Création169. La formule relative à l’exemplaire (III, 11) apparaît ici sous une forme identique à celle de MUSA* 13. 168 169

MUSA* 17, f. inconnu = H14A 243, p. 262; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 17, p. 19. Cf. p. 181, n. 121.

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

La même année, Aṙakʻel copie le tétraévangile NOJ 41, où il se présente comme անիմաստ գրչի եւ բազմամեղ կրաւնաորի «scribe insensé et moine pécheur», reprenant en ordre inverse une formulation du colophon de MUSA* 17 (cf. III, 3). La fin du colophon de NOJ 41 annonce, elle aussi, le formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ: Արդ, աղաչեմք {ras.} զամենեսին, որք աւգտիք ի սմանէ կամ գաղափարէք կամ հանդիպիք սմա, յիշեսջիք աղաւթիւք զստացող սորա զյառաջ ասացեալն՝ զԹումայ քահանայն եւ զիւրսն, զոր յառաջագոյն յիշատակեցաք. ընդ նոսին եւ զանպիտան գրիչս՝ Առաքել իմովքն ամենայնիւ. եւ խոշորութեան եւ սխալանաց սորա աղաչեմ չլինել մեղադիր։ Այլ եւ գրեցաւ սա ի ստոյգ եւ յընտիր ընտիր աւրինակէ, որ զխոշորութիւն գրչիս ուղորդութեամբ ծածկէ. եւ որ զմեզ յիշէ եւ ինքն յիշեսցի յառատ ողորմութիւնն Աստուծոյ, որ է աւրհնեալ յաւիտեանս յաւիտենից, ամէն։ Maintenant, nous [vous] prions, vous qui vous servez de ceci ou le recopiez ou le rencontrez, souvenez-vous avec des prières de son acquéreur, le susmentionné Tʻumay kʻahanay, et des siens, dont nous avons fait mémoire plus haut. Avec eux, [souvenez-vous] aussi de l’indigne scribe que je suis, Aṙakʻel, avec tous les miens; et je vous prie de ne pas [me] faire reproche de la gaucherie et des fautes de ceci. De plus, ceci fut écrit d’après un exemplaire sûr et de premier choix, qui dissimule par son exactitude ma gaucherie en tant que scribe. Et celui qui se souvient de nous, lui-même sera aussi remémoré dans la généreuse miséricorde de Dieu, qui est béni pour les siècles des siècles, amen.170

On trouve ici la formule classique ի ստոյգ եւ յընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire sûr et de choix», avec, comme dans MUSA* 13 et MUSA* 17, une réduplication de l’adjectif ընտիր «de choix». L’ordre des adjectifs est toutefois ici inversé par rapport aux autres manuscrits et au formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ (III, 11). Plus haut, Aṙakʻel utilise à nouveau des formules de commémoration proches de celles du type d’Ałētʻ, qui semblent directement reprises à CLA 12 (VII, 2), J 1949 (VII, 3) et MUSA* 17 (VIII, 3-4) ou légèrement adaptées (VIII, 1-2). Dans le colophon de son tétraévangile MUSA* 18, exécuté un an après MUSA* 17 et NOJ 41, en 1315, Aṙakʻel krawnawor réagence deux séquences déjà connues, qui préfigurent les §§ II, 1 et III, 10 (sur le modèle de J 1949 et MUSA* 13, respectivement) du formulaire: Արդ ես կրտսերս յորդիս եկեղեցւոյ եւ անպիտանս ի կրաւնաւորաց փանաքի գրիչ Առանք (lege Առաքել), ցանկացող եղէ աստուածախաւս աւետաբեր սուրբ աւետարանիս եւ գրեցի զսա մեղաւոր եւ անարժան ձեռաւք իմովք ի թուիս NOJ 41, f. 365r–v = H14A 244, p. 263; H14 138, p. 105; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 41, p. 64. 170

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Հայոց ՉԿԴ ի գաւառիս Տարաւնոյ յերկնահանգէտ սուրբ ուխտիս եւ ի հրեշտակացոյց մենաստանիս Ղազարու վանք կոչեցեալ ընդ հովանեաւ սուրբ Առաքելոցն … Or moi, le cadet parmi les fils de l’Église et l’inutile parmi les moines, le piètre scribe Aṙankʻ (lege Aṙakʻel), je devins désireux de ce saint évangile à la parole divine et porteur de la Bonne Nouvelle et j’écrivis ceci de mes mains pécheresses et indignes, en 764 (+ 551 = 1315) de notre ère arménienne, dans ce canton de Tarawn, dans cette sainte communauté semblable aux cieux et dans ce monastère désigné par l’ange appelé monastère de Lazare, sous l’égide des saints Apôtres …171

Le dernier colophon connu d’Aṙakʻel, celui du tétraévangile MUSA* 19 de 1316, est le plus pauvre en éléments avant-coureurs du type d’Ałētʻ, puisqu’on n’y retrouve guère que la formule auto-dépréciative, reprise mot pour mot au colophon de MUSA* 18 (II, 1)172. La seconde partie du colophon, écrite par une autre main (sans doute celle du miniaturiste Yovhannēs), comporte des formulations de la même veine que celles d’Aṙakʻel, qui évoquent les §§ VIII, 3-4 et III, 8-9 du type d’Ałētʻ: Եւ որ զմեզ յիշէք եւ զյիշատակս մեր կատարէք, եւ դուք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեան Աստուծոյ, որ է աւրհնեալ յաւիտեանս, ամէն։ Յիշեսջիք եւ զհոգելից կրաւնաւոր զԱռ[…] կազմողն եւ զմեղսամակարթ նկարողն զՅովհաննէս, որ ըստ կարի իմում եւ ես աշխատեցայ ի սմա։ Et [vous] qui vous souvenez de nous et accomplissez notre commémoration, vous aussi, vous serez remémorés dans la généreuse miséricorde de Dieu, qui est béni pour les siècles, amen. Souvenez-vous aussi du moine rempli de l’Esprit Aṙ[akʻel] (krawnawor) […] relieur et de l’illustrateur englué dans le péché Yovhannēs, qui selon ma capacité travaillai, moi aussi, dans ceci.173

Ces sept manuscrits ont en commun d’avoir été exécutés au monastère de Lazare, à Muš, en l’espace de onze ans (1306-1316), par les mêmes artisans. En effet, J 1949, MUSA* 17, NOJ 41, MUSA* 18 et MUSA* 19 ont été copiés par Aṙakʻel krawnawor174, qui a également rédigé leurs colophons. Le peintre Yovannēs a travaillé sur CLA 12 et J 1949 et doit peutêtre être identifié à Yohannēs, copiste du premier de ces deux tétraévangiles175. Il est également vraisembable que cet artiste soit le même individu que Yohannēs kʻahanay et Yovhannēs, mentionnés comme illustrateurs de 171 172 173 174 175

MUSA* 18, f. inconnu = H14A 264, p. 283-284; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 18, p. 20. MUSA* 19, f. inconnu = H14A 276[a], p. 301; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 19, p. 21. MUSA* 19, f. inconnu = H14A 276b, p. 302-303; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 19, p. 22. Voir p. 195, n. 162. Voir p. 193, n. 158; p. 195.

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MUSA* 17 et MUSA* 19, respectivement176. Ces deux derniers manuscrits ont par ailleurs été reliés par le même artisan, Aṙakʻel kʻahanay. Seul le colophon de MUSA* 13 reste muet sur les personnes impliquées dans sa réalisation. Yovanēs d’Ałētʻ a indubitablement puisé dans ce fonds commun des colophons du monastère des Saints-Apôtres de Muš (que ces textes connaissent plus fréquemment sous le nom de monastère de Lazare du Tarōn), qui présentent sous des formes variables de nombreux éléments constitutifs de son formulaire. Quant à préciser la généalogie de ces emprunts, la tâche est plus ardue, chacun de ces sept manuscrits semblant avoir eu sa part plus ou moins grande d’influence sur la formation du type d’Ałētʻ, à l’exception, sans doute, de MUSA* 18177. Faut-il postuler un intermédiaire perdu rassemblant à lui seul la totalité des éléments attestés par les six ou sept manuscrits de ce groupe? ou un contact prolongé de Yovanēs avec plusieurs de ces manuscrits ou leurs auteurs? Il y a plusieurs raisons de croire que Yovanēs avait des relations étroites avec le monastère de Lazare, où il aurait pu séjourner178, mais les deux possibilités ne s’excluent pas mutuellement. 3.1.4. Le mémorial de la princesse Aspʻay (dans M 2743) C’est dans un colophon de la même époque que nous trouvons un antécédent aux §§ 10-11 de la quatrième section de notre formulaire — passage dont nous avons montré plus haut qu’il s’inspire d’un texte semblable dans l’Histoire de Vardan Arewelcʻi179. Il s’agit du mémorial daté de 1312 commémorant le décès d’Aspʻay († 1311/2), sœur de l’historien Stepʻanos Ōrbēlean (Étienne Orbélian) et épouse de Grigor II Dopʻean, prince du Xačʻēn († ca. 1321)180, qui se trouve dans le luxueux évangile copié en 1232 et dit Tʻargmančʻacʻ «des Traducteurs» (M 2743), d’après le monastère du même nom, à Banancʻ (auj. Bayan en Azerbaïdjan), où il était conservé jusqu’au début du XXᵉ siècle. À l’entame de ce mémorial est donnée sa date de rédaction, selon la formule suivante: Ի ժամանակս եւ ի դարս աւուրց տիեզերակալութեան եւ արքայութեան բոլոր աշխարհաց ազգին նետողաց, որ տիրէ ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կազբից, Cf. AGÉMIAN, Évangile de 1306, p. 326. Voir p. 211. 178 Voir p. 225. 179 Voir p. 182. 180 AnjnBaṙ I, p. 251 s.v. Aspʻa 3; JUSTI, Namenbuch, p. 45-46 s.v. Aspʻay 2. AnjnBaṙ I, p. 589-590 s.v. Grigor 418. 176 177

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եւ յԵփրատ գետոյ մինչեւ յայնկոյս լերանցն Կովկասու, որոց գլուխ եւ ինքնակալ խանն աշխարհակալ Խարպանդա կոչեցեալ, ի թվ[ին] Հայոց ՉԿԱ։ En ce temps et en ce siècle, aux jours de la domination mondiale et de la royauté sur tous les pays de la nation des archers, qui commande depuis la mer du Pont jusqu’à la mer Caspienne et depuis le fleuve Euphrate jusqu’à l’autre versant des monts du Caucase, et à la tête desquels [se trouve] le khan autocrate maître du monde, appelé Xarpand (i. e. l’ilkhan Öljeitü, 13041316), en 761 (+ 551 = 1312) de l’ère arménienne.181

L’auteur anonyme de ce colophon suit plus littéralement le texte de Vardan Arewelcʻi182 (եւ տիրեցին ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ցծովն Կասբից), que notre formulaire (IV, 11), où les mots բազում ազգաց «de nombreuses nations» et ունելով «possédant» sont insérés après le verbe տիրեմ «commander, régner». On remarquera également le parallélisme entre le syntagme յաշխարհակալութեան մեծ ինքնակալին ‹nomen ducis Mongolorum› խանին «durant la domination mondiale du grand autocrate ‹nomen ducis Mongolorum› khan» du formulaire (IV, 10) et le groupe ինքնակալ խանն աշխարհակալ «l’autocrate, khan maître du monde» dans le mémorial d’Aspʻay. Pour autant, est-il possible que ce mémorial ait constitué une source directe du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ? Le type d’Ałētʻ a été mis au point vers 1331 au nord du lac de Van, c’est-à-dire une vingtaine d’années plus tard et à 350 km de distance du monastère de Xatʻari vankʻ183 en Arcʻax, auquel la princesse Aspʻay avait offert cet évangile l’année de son décès. Comme M 2743 se trouvait toujours en Arcʻax au XIXᵉ siècle, il est peu probable qu’il ait jamais quitté cette région. Il semble en fait que ce texte ait inspiré Yovanēs d’Ałētʻ indirectement, via l’un de ses collaborateurs, Tʻoros, qui a séjourné à Glajor dans le Vayocʻ jor184. Le mariage d’Aspʻay Ōrbēlean avec Grigor II Dopʻean avait scellé une alliance entre les Dopʻean, patrons de Xatʻari vankʻ, où M 2743 est conservé à cette époque, et les Ōrbēlean, mécènes de Glajor185. De cette alliance témoignent plusieurs donations, faites par Grigor Dopʻean à des fondations patronnées 181

M 2743, f. 183r = H14A 198b, p. 214-215; H14 114, p. 84; MCʻM IX, nᵒ 2743, col. 324; JALALEANCʻ, Čanaparhordutʻiwn I, p. 167; BARXUTAREANCʻ, Arcʻax, p. 290; CAM 1312-1, p. 57; SAM14-15 4, p. 19. 182 VARD. AREW., hist. 50, p. 91 Ališan. 183 THIERRY, Répertoire, nᵒ 797, p. 141; TełBaṙ II, p. 6191–2 s.v. Xatʻravankʻ [2]; OSKEAN, Arcʻax, nᵒ G.4, p. 74-78; MATʻEVOSYAN, Tʻargmančʻacʻ avetaran II, p. 105-112. 184 Voir p. 225-232. 185 Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 322-323 à propos de cette alliance, et MATHEWS – SANJIAN, p. 22 sur le soutien apporté par les Ōrbēlean au monastère de Glajor.

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par les Ōrbēlean, telles que Noravankʻ, où il fit une donation en mémoire de sa défunte épouse. Un tel contexte a certainement favorisé des échanges entre les monastères relevant de ces deux familles et permet d’expliquer comment Tʻoros, le collaborateur de Yovanēs d’Ałētʻ, a pu prendre connaissance du mémorial d’Aspʻay. 3.1.5. L’évangile de Tʻoros Tarōnecʻi de 1323 (M 6289) Une autre source de notre formulaire de datation se trouve dans le colophon du tétraévangile M 6289, illustré par le célèbre miniaturiste Tʻoros Tarōnecʻi186 en 1323. Ce codex étant une commande d’Esayi banasēr et varžapet, c’està-dire Esayi Nčʻecʻi, il a très certainement été exécuté au fameux monastère de Glajor187, dirigé par Esayi et où travaillait Tʻoros Tarōnecʻi. Selon A. Gevorgyan, ce dernier aurait également copié le manuscrit188, quoique les colophons le mentionnent uniquement en qualité d’illustrateur. Le passage qui nous concerne se trouve au début du colophon principal: Ըստ ընթացից հոլովման լուսապատարն արաւսեկի, որ ժողովէ բարդէ զժամանակ բոլոր եղանակաց գոյից, շնչականաց եւ անշնչից, ՉՀԲ յաբեթեանս տումարի, յաշխարհակալութիւն մեծ ինքնակալ խանին Պուսաիտ կոչեցեալ, ի թագաւորութեանն Հայոց Ղեւոնի՝ նստեալ ի գահն Կիլիկեցոց … Selon l’inclinaison de la course de l’aurore emplie de lumière, qui rassemble et amasse le temps de toutes les saisons des êtres, doués de souffle comme dépourvus de souffle, 772 (+ 551 = 1323) de notre calendrier japhétique, dans la domination mondiale du grand khan autocrate appelé Pusait (i. e. Abū Sa῾īd Bahādor Khan, 1317-1335), durant le règne de Łewon (i. e. Léon IV, 1321-1341) d’Arménie, assis sur le trône de Cilicie …189

On reconnaît là une source des §§ 7, 10, 14 et 15 de la section IV du formulaire. Ceci complète en quelque sorte l’apport du mémorial de la princesse 186 AnjnBaṙ II, p. 358-359 s.v. Tʻoros 110; HMM, nᵒ 130, p. 229-233; POŁAREAN, Gričʻner, p. 131-135; POŁAREAN, Nkarołner, p. 53-58; POŁAREAN, Glajor, nᵒ ŽD, p. 94-95; YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 220-239, repr. p. 266-275; DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 220-224; DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 110-136; MATHEWS – SANJIAN, p. 67-75; AVETISYAN, Glajori dprocʻ, p. 86-135; POŁAREAN, Glajorean serund III, p. 219; POŁAREAN, Tʻoros Tarōnacʻi; AVETISYAN, Tʻoros Taronacʻi I-V; KʻIWRTEAN, Tʻoros Tarōnecʻi; KʻIWRTEAN, Darjeal Tʻoros Tarōnecʻi; KORXMAZYAN, Tʻoros Tarōnacʻi; AKINEAN, Tʻoros Mšecʻi, col. 51. 187 Sur Glajor, voir notamment THIERRY, Répertoire, nᵒ 649, p. 116; POŁAREAN, Glajor; AVETISYAN, Glajori dprocʻ; YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 189-280, repr. p. 251296 (pour ne mentionner que les principales études). 188 HMM, nᵒ 130Z, p. 231. 189 M 6289, f. 283r = H14A 408a, p. 457; H14 228a, p. 182; XP 83, col. 172, repr. p. 384; YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 233, repr. p. 273; CAM 1323-1, p. 65.

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Aspʻay dans M 2743, qui fournit le § 11, et du colophon de VAS* Pʻokan 3 (partiellement suivi par MUSA* 17), où l’on voit une ébauche des §§ 1-7. Nous verrons plus bas par quel biais le texte de ce manuscrit produit à Glajor a pu aboutir dans le formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ. 3.1.6. Le premier tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ (M 7519) Si l’on résume la situation, à ce stade de notre enquête, nous avons identifié au moins une source pour chacune des sections du formulaire: I (M 4509), II (J 1949, MUSA* 18, MUSA* 19), III (CLA 12, J 1949, MUSA* 13, MUSA* 17, NOJ 41 et VAS* Pʻokan 3 ainsi que, accessoirement, MUSA* 18 et MUSA* 19), IV (M 2743, M 6289, MUSA* 17, VAS* Pʻokan 3), VII (CLA 12, J 1949 et NOJ 41) et VIII (CLA 12, J 1949, MUSA* 17, MUSA* 19 et NOJ 41) — la section V étant trop commune pour que l’on doive lui attribuer une source précise. Il demeure cependant plusieurs zones d’ombre. D’abord, nous n’avons encore aucun élément pour l’essentiel de la volumineuse section II. Ensuite, il s’agit à chaque fois de sources partielles: aucune ne donne une section en entier. Enfin, il reste à expliquer comment Yovanēs d’Ałētʻ a pu avoir accès à tous ces colophons. La source suivante occupe une place à part: il s’agit du premier manuscrit de Yovanēs, le tétraévangile M 7519, copié en 1327. Le colophon de ce manuscrit inclut déjà certains des éléments qui contribueront plus tard à construire le formulaire, mais il en diffère encore largement: Եւ արդ, ես՝ կրսես (lege կրտսերս) յորդիս եկեղեցւոյ եւ անպիտանս ի քահանայս Յովաննէս, ցանկացող եղէ աստուածախաւս եւ աւետաբեր սուրբ աւետարանիս, եւ գտի ստոյգ եւ ընտիր աւրին[ակ, զոր] գրեալ էր Թորոս փիլիսոփայն ի Դրազարկն եւ յուղարկեալ հռչակաւոր ուխտին սուրբ Առաքելոցն Տ[ար]ա[ւ]նոյ, որ կոչի Ղազարու վանք։ Եւ իմ առեալ գրեցի զսա անարժան ձեռաւք իմովք, ի մեծ թուիս ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով, ըստ արարչութեանցն չափեալ, յԱդամա մինչեւ ցայրս (lege ցայսր) ամք ՑՉԾԲ, իսկ ի Հայոց թուականիս ՉՀԶ, ի գաւառիս Բզնունեաց, ի գեաւղս, որ առ [ափն] ծովուս, ո[ր կ]ոչի Աղէթ, ընդ հովանեաւ սրբոյ Կարապետիս, ի հայրապետութիւն Կիլիկեցւոց տեառն Յակովբայ, եւ ի մերոյ հայրապետութեան Ախթամարեցոյ տեառն Զաքարիա, եւ ի թագաւորութեան Կիլիկեցւոց նահանգին քրիստոսապսակ եւ բարեպաշտ Ղեւոնի, եւ ի կայսերական բռնակալութիւն ազգին նետողաց Պուսայիտ խանին, ի թշուառ եւ ի չար ժամանակի, յորում է արդարութիւն կողմն նուազեալ եւ անիրաւութիւն յամենայն կողմանց զաւրացեալ։ Եւ կատարեցաւ բանն մարգարէական ի վերայ մեր, որ ասէ, թէ գայ ժամանակ, [որ] ասիցեն լերանց թէ անկե[րո]ւք ի վերայ մեր եւ բլրոց, թէ՝ ծածկեցէք [զ]մեզ։

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Արդ, որք ընթեռնուք զսա կամ աւրինակէք, յիշեսջիք ի մաքրափայլ յաղաւթս ձեր զստացող սորա՝ {m. r. զՇնոհվոր էրէց} եւ զամենայն արեան մերձաւորսն նորա, զկենդանիս եւ զհանգուցեալսն առ Քրիստոս։ Ընդ նոցին եւ զիս՝ զանարհեստ գրիչ զՅովհաննէս քահանայ, եւ զծնաւղսն մեր։ Եւ արդ {m. r. ես Շնոհվոր էրէց որ} ստացա զսա գանձ յերկինս եւ բարեխա[ւս] առ թագաւորն մեր եւ Տէր եւ Աստուածն Յիսուս Ք[րիստոս], որ տայն ամենայնի առատապէս եւ [ոչ] նախանձի որ եւ մեզ ամէնեցուն տացէ մասն ողորմութիւն հայցուածովք ամ[ե]նայն սրբոց, ամէն։ Այլ եւ աղաչեմ չլինել մեղադիր խոշորութիւն (lege խոշորութեան) եւ սղալանաց, զի զխոշորութիւն [գրոյս?]՝ ուղորդութեան (lege ուղորդութիւն) բանին ծածկէ, զի ըստ կա[րի] մերում յոյժ ա[շխա]տեցաք ի սմա եւ զ[ինչ] աւրինակն էր՝ գրեցաք եւ ստուգութեամբ ուղորդեցաք։ Յիշես[ջիք] աղաւթիւք զսրբասէր եւ զհոգելից կրաւնաւորն զԹադէոս, որ զաւրինակն շնորհեաց։ Ընդ նմին զգրող սորին եւ զստացող եւ որք զմեզ յիշէք սրտի մտաւք եւ դուք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեանն Աստուծոյ որ է աւրհնեալ յաւիտեանս, ամ[էն։] Or moi, le cadet parmi les fils de l’Église et l’inutile parmi les prêtres Yovannēs, je devins désireux de ce saint évangile à la parole divine et porteur de la Bonne Nouvelle, et je trouvai un exemplaire sûr et de choix, qu’avait écrit Tʻoros pʻilisopʻay (Thoros le Philosophe) à Drazark et [qu’il avait] envoyé à la célèbre communauté des Saints-Apôtres du Tarawn, qu’on appelle monastère de Lazare190. Et l’ayant pris, j’écrivis ceci de mes indignes mains, en notre grande ère, dans la révolution saisonnière du soleil par descentes, en regardant la terre depuis les cieux pendant son voyage vers le ciel, ayant mesuré selon les créations, depuis Adam jusqu’aujourd’hui, 6752 ans (– 5425 = 1327), et en 776 (+ 551 = 1327) de notre ère arménienne, dans ce canton de Bznunikʻ, dans ce village qui [se trouve] près du bord du lac (sc. de Van), qui s’appelle Ałētʻ, sous l’égide du saint Précurseur, sous le patriarcat de Cilicie de tēr Yakob (i. e. Jacques II d’Anazarbe, 1327-1341 et 1355/7-1359) et sous notre patriarcat de tēr Zakʻaria d’Ałtʻamar (i. e. Zacharie Ier Séfédinian, ca. 12981336/7), et sous le règne sur le pays de Cilicie de Łewon (i. e. Léon IV, 13211341), couronné par Christ et pieux, et sous la tyrannie impériale de Pusayit khan (i. e. Abū Sa῾īd Bahādor Khan, 1317-1335) de la nation des archers, en un temps difficile et mauvais, durant lequel la part [de] la justice a été réduite et l’iniquité s’est renforcée de toutes parts. Et la parole prophétique fut accomplie sur nous, qui dit: «Un temps vient où ils diront aux montagnes «tombez sur nous» et aux collines «couvrez-nous» (Luc. 23, 30). Maintenant, vous qui lisez ou recopiez ceci, souvenez-vous dans vos prières limpides de l’acquéreur de ceci, {m. r. Šnohvor ērēcʻ}191, et de tous ses proches par le sang, les vivants et ceux qui sont décédés auprès du Christ. Avec eux, [souvenez-vous] aussi de moi, le scribe sans art Yovhannēs 190

Sur ces événements et sur le manuscrit en question, voir p. 223-225. Ce nom a été ajouté par une main du XVIIᵉ siècle dans l’espace laissé blanc par le copiste (H14 254, p. 202, n. 2). 191

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kʻahanay, et de nos parents. Et maintenant, {m. r. moi, Šnohvor ērēcʻ, qui}192 acquis ceci comme trésor dans les cieux et comme intercesseur auprès de notre roi, Seigneur et Dieu, Jésus-Christ, qui donne à chacun en abondance et ne jalouse pas — qu’il nous impartisse aussi à tous [sa] miséricorde, sur les instances de tous les saints, amen. De plus, je vous prie de ne pas [me] faire reproche de [ma] gaucherie et de [mes] fautes, car la correction du verbe occulte la gaucherie de cette [écriture], car selon notre capacité, nous travaillâmes beaucoup dans ceci (sc. ce manuscrit), et nous écrivîmes et rectifiâmes avec certitude, tel qu’était l’exemplaire. Souvenez-vous en prière du moine aimant la sainteté et rempli de l’Esprit Tʻadēos (krawnawor), qui offrit l’exemplaire, [et] avec lui, du scribe de ce dernier et de [son] acquéreur. Et [vous] qui vous souvenez de nous avec bienveillance, vous aussi, soyez remémorés dans la généreuse miséricorde de Dieu, qui est béni pour les siècles, amen.193

On reconnaît déjà essentiellement la section IV du formulaire, moins certains passages (§§ 5-8, 11 et 16-17), ainsi que la section V, qui intervient ici au milieu de IV. La trame du formulaire de datation est clairement empruntée au colophon de VAS* Pʻokan 3. Toutefois, la date après la Création est donnée correctement selon l’ère alexandrine, comme dans MUSA* 17, alors que le nombre donné par VAS* Pʻokan 3 n’était réconciliable avec aucune des ères en usage. Les sections VII et VIII sont elles aussi identifiables, modelées d’après les colophons des copistes du monastère de Lazare à Muš. On décèle en particulier l’influence du colophon de MUSA* 17, où les sollicitations pour l’indulgence du lecteur et l’insistance sur l’ampleur du travail effectué sont formulées de semblable façon. Par ailleurs, certains éléments des sections II et III sont déjà présents: եւ արդ, ես՝ կրսես յորդիս եկեղեցւոյ եւ անպիտանս ի քահանայս Յովաննէս «or moi, le cadet parmi les fils de l’Église et l’inutile parmi les prêtres Yovannēs» (cf. II, 1, emprunté aux colophons de Muš); ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ «un exemplaire sûr et de choix» (cf. III, 11; l’ordre des adjectifs est le même que dans NOJ 41). En 1327, quatre ans avant sa première apparition dans M 4217, le formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ est donc déjà en gestation dans M 7519. 192 Voir n. précédente; les mots ես «moi» et որ «qui», devenus illisibles, ont été repassés par la même main, tout comme plusieurs caractères ailleurs dans le colophon. 193 M 7519, f. 243v2-244v2 (d’après reproduction) = H14 254, p. 202; HMM, nᵒ 128, p. 227; CAM 1327-1, p. 67. Voir chapitre 8, ainsi que MANOUKIAN, Colophons of Turuberan, p. 150 et MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 493.

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

3.1.7. Deux évangiles du miniaturiste Tʻoros (VAS* Van, Haykavankʻ 226 et BIT* S. Sargis s. n.) Si ce formulaire n’est pas encore mûr en 1327, c’est parce que Yovanēs n’a pas encore agencé définitivement toutes les pièces du puzzle, mais aussi parce qu’il lui manque encore quelques éléments. Certains d’entre eux se trouvent dans deux manuscrits copiés dans l’intervalle et aujourd’hui perdus, mais dont les colophons ont été conservés grâce au catalogue d’E. Lalayean et aux travaux de Ł. Pʻirłalēmean. Dans le premier, un tétraévangile daté de 1329 (VAS* Van, Haykavankʻ 226), on lit une ébauche des sections I et IV du formulaire. Voici d’abord le début du colophon, après la doxologie (perdue): Ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ ոմն անուն Պարոնշահ, որդի Մարտիրոսի, ստացաւ զսուրբ աւետարանս, յիշատակ իւր եւ կենակցին իւրոյ Փոփըխկանն, փոխեցելոյն՝ ի Քրիստոս, եւ բարի ծնաւղաց իւրոց Մարտիրոսի եւ Փոքր տիկնայ, եւ ի վայելումն որդւոյ իւրում Թաթուլի եւ այլ եղբարցն, որ եռափափագ սրտիւ ցանկացեալ այսմ հրաշագործ բանից փրկչին Յիսուսի Քրիստոսի, ստանայ զսա յարդար գոյից իւրոց, յիշատակ իւր եւ ծնաւղաց իւրոց եւ որդոցն՝ Թաթուլին, եւ Աւետվորին, եւ Նաթանիէլին, եւ Երանոսին, եւ պարոն Վարդին, եւ բարի կենակցին իւրոյ Իկդելին, զգրեալսն կատարելով, թէ երանի որ ունիցի զաւակ ի Սիոն, զսուրբ աստուածաբան գիրս ստացեալ, յիշատակ իւր եւ ծնաւղաց իւրոց եւ աստուածասէր եղբարցն Պարոնշահին, Թագաւորին՝ եւ Տնկանն, եւ հաւրեղբարց իւրոց՝ Յակոբայ եւ Շնոֆորին՝ եւ փոխեցելոցն ի Քրիստոս, Վահրամայ եւ Թումին, եւ ամենայն արեան մերձաւորացն. եւ Սարգիս քահանայի, որ կամակից եղեւ Պարոնշահին, որ ստացաւ զսուրբ աւետարանս։ C’est pourquoi aussi, ayant vu l’ineffable mystère de l’œuvre de rédemption [opérée] par celui-ci (sc. Jésus-Christ), quelqu’un du nom de Paronšah, fils de Martiros, acquit ce saint évangile, en mémoire de lui-même et de son épouse Pʻopʻǝxik, qui est retournée au Christ, et de ses bons parents Martiros et Pʻokʻrtikin, et pour la jouissance de son fils Tʻatʻul et de ses autres frères, [Paronšah] qui, devenu désireux, avec un cœur très envieux, de ces paroles miraculeuses du sauveur Jésus-Christ, acquiert ceci sur ses justes biens, en mémoire de lui-même et de ses parents et de ses fils Tʻatʻul, Awetvor, Natʻaniēl, Eranos et paron Vard et sa bonne épouse Ikdel (lege Ikdiš?), accomplissant ces écrits: «Bienheureux qui aura une descendance en Sion» (Is. 31, 9) en ayant acquis ce saint livre à la parole divine, en mémoire de lui-même et de ses parents, ainsi que des frères aimant Dieu de Paronšah, Tʻagawor et Tnik (lege Tnkik), et de ses oncles paternels, Yakob et Šnofor, ainsi que ceux qui sont retournés au Christ, Vahram et Tʻuma, et de tous ses proches par le sang, et de Sargis kʻahanay, qui s’associa à Paronšah, qui acquit ce saint évangile.194 194 VAS* Van, Haykavankʻ 226, en fin de manuscrit = H14 272, p. 215; LALAYEAN, Cʻucʻak I, col. 179. Pour les personnages mentionnés dans ce colophon, voir AnjnBaṙ IV, p. 235-236 s.v. Paronšah 3; AnjnBaṙ III, p. 275 s.v. Martiros 34; AnjnBaṙ V, p. 211 s.v.

ORIGINES (1217-1330)

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Ce texte remonte au colophon d’Abel d’Ayrivankʻ dans M 4509, ou en tout cas dépend de la même tradition. Même s’il diverge parfois par rapport à ce dernier, son canevas est identique, le début lui est littéralement emprunté, et le milieu, presque littéralement. Vers la fin, le copiste de VAS* Van, Haykavankʻ 226 remplace la citation du Ps. 117, 8 que l’on trouvait chez Abel d’Ayrivankʻ par un autre verset, Is. 31, 9, mais l’annonce de cette citation et l’idée qui la sous-tend sont les mêmes. Du reste, Is. 31, 9 est un verset courant dans les colophons195, où il est attesté à partir de la fin du XIIᵉ siècle, tandis que Ps. 117, 8 n’a connu pratiquement aucune fortune. Vient ensuite le formulaire de datation: Բայց յորժամ գրեցաւ սուրբ աւետարանս էր թիւ ժամանակի գրութեան սորա յելիցն նախաստեղծիցն մարդոցն ի դրախտէն՝ ԶՌ եւ ԵՃՂ եւ ինն ամ, ըստ եւթանասնիցն, որում մեք վարիմք. եւ է ի մարդեղութենէ բանին Աստուծոյ, անժամանակ Էին եւ փրկչին Յիսուսի Քրիստոսի ամս՝ ՌՅԻԸ, իսկ ըստ թուոյ խոսրովային Յաբեթեանս տումարի ՉՀԸ, եւ էր մեծ շրջանին՝ ՄԽԳ։ Ի յառաջնորդութեան արքեպիսկոպոսի տէր Ստեփաննոսի, եւ յաշխարհակալութեան մեծ ինքնակալին Բուսայիդ ղան կոչեցեալ, որ տիրէր բազում ազգաց, ունենալով ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կասբից եւ մինչեւ ի գետն Ջահուն կոչեցեալ։ Mais lorsque fut écrit ce saint Évangile, le compte du temps d’écriture de ceci, depuis la sortie du paradis des hommes premiers créés, était de 6000 et 590 et neuf ans (− 5198 = 1397), selon les Septante, dont nous nous servons; et cela fait depuis l’incarnation du Verbe de Dieu, l’Être intemporel et le Sauveur Jésus-Christ, 1328 (− 2 = 1326) ans, et selon le compte du calendrier de notre ère japhétique khosrovienne, 778 (+ 551 = 1329), et cela faisait 243 (+ 1083/4 = 1326/7) du grand cycle, durant la prélature de l’archevêque tēr Stepʻannos (i. e. Étienne III Séfédinian, ca. 1337-1346?) et durant la domination mondiale du grand autocrate appelé Busayid khan (i. e. Abū Sa῾īd Bahādor Khan, 1317-1335), qui commandait à de nombreuses nations, possédant depuis la mer du Pont jusqu’à la mer Caspienne et jusqu’au fleuve appelé Jahun (mod. Ceyhan).196

Pʻopʻoxik 1; AnjnBaṙ V, p. 212 s.v. Pʻokʻrtikin 2; AnjnBaṙ II, p. 259 s.v. Tʻatʻul 10; AnjnBaṙ I, p. 330 s.v. Awetvor 1; AnjnBaṙ IV, p. 13-14 s.v. Natʻaniēl 4; AnjnBaṙ V, p. 305 s.v. Eranos 1; AnjnBaṙ V, p. 73 s.v. Vard 34; AnjnBaṙ II, p. 378 s.v. Ikdiš 1; AnjnBaṙ II, p. 243 s.v. Tʻagawor 2; AnjnBaṙ III, p. 493 s.v. Yakob 103; AnjnBaṙ IV, p. 172 s.v. Šnofor 14; AnjnBaṙ V, p. 28 s.v. Vahram 75; AnjnBaṙ II, p. 319 s.v. Tʻuma 47; AnjnBaṙ IV, p. 434 s.v. Sargis 265, 268. 195 Cf. VAN ELVERDINGHE, Child in Zion, p. 146. 196 VAS* Van, Haykavankʻ 226, en fin de manuscrit = H14 272, p. 215; LALAYEAN, Cʻucʻak I, col. 180; CAM 1329-1, p. 68. À propos des systèmes de datation en usage dans ce colophon, cf. la bibliographie citée supra, p. 181, n. 121, ainsi que nos explications infra, p. 296-299.

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

On remarque assez peu de différences entre ce texte et la section IV du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ: l’introduction n’est pas la même (§§ 1-2), ni le nom donné à l’ère de la Création (§ 3), mais pour le reste, les deux textes sont pratiquement identiques. Le colophon de VAS* Van, Haykavankʻ 226 s’arrête toutefois au § 11 et ne présente pas les §§ 12-17 du formulaire, où apparaissent les noms du catholicos et du souverain d’Arménie. Si l’on compare ce texte aux colophons précédemment évoqués dans ce point, on constate qu’il combine en fait des éléments du colophon de VAS* Pʻokan 3 (systèmes de datation) avec un extrait du mémorial d’Aspʻay dans M 2743 (royauté de l’ilkhan). Malgré la confusion qui règne entre les différents systèmes de datation employés par le copiste de VAS* Van, Haykavankʻ 226, il semble assuré que ce manuscrit a été copié en 1328/9. Quant au nom du scribe, il était demeuré inconnu d’E. Lalayean, car lorsque celui-ci recopia le colophon, le feuillet qui contenait cette information avait disparu. Heureusement, ce feuillet était toujours présent lors du passage de Ł. Pʻirłalēmean à Van quelques années auparavant, ce qui a permis à L. Xačʻikyan de reconstituer l’ensemble du colophon197. Nous y apprenons que le copiste et illustrateur du manuscrit se nommait Tʻoros; celui-ci mentionne de façon élogieuse son maître Esayi et poursuit son colophon par une longue lamentation sur les malheurs frappant le Tarōn198. Sur cette base, certains spécialistes ont identifié ce Tʻoros au célèbre artiste Tʻoros Tarōnecʻi, élève du vardapet Esayi Nčʻecʻi à Glajor199, ce qui les a en conséquence fait considérer VAS* Van, Haykavankʻ 226 comme une œuvre disparue du maître200. Cependant, Th. Mathews a mis en doute cette identification201; nous reviendrons à cette question importante au moment de parler des collaborateurs de Yovanēs d’Ałētʻ202. Comme le lieu de la copie n’est pas précisé et vu la présence de cette lamentation sur le Tarōn, Xačʻikyan a pensé que le manuscrit pouvait provenir du Tarōn. Cependant, de l’avis de Hr. Adjarian203, qui se base sur l’identité de plusieurs individus mentionnés dans le colophon, le manuscrit doit être originaire d’Ałētʻ, en Bznunikʻ. En effet, comme nous l’avons lu, 197

NPH, p. 135-136, cf. H14 272, p. 215, n. 1. Voir p. 225-232 pour ces textes. 199 Voir p. 202. 200 POŁAREAN, Nkarołner, p. 57; AVETISYAN, Glajori dprocʻ, p. 88-89, n. 1. 201 MATHEWS – SANJIAN, p. 71. 202 Voir p. 222 et 225-232. 203 AnjnBaṙ II, p. 259 s.v. Tʻatʻul 10; AnjnBaṙ III, p. 493 s.v. Yakob 103; etc. (cf. p. 206207, n. 194). 198

ORIGINES (1217-1330)

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le codex a été commandé par un certain Paronšah, «pour la jouissance de son fils Tʻatʻul et de ses autres frères», et parmi les noms des individus en mémoire de qui le manuscrit a été exécuté figure en outre (à part, après les alliés du commanditaire) Sargis kʻahanay, կամակից «associé, complice» de Paronšah204. Or les mêmes personnes sont citées dans le colophon du tétraévangile M 4217, copié en 1331 par Yovanēs d’Ałētʻ: d’abord Sargis kʻahanay en tant que commanditaire puis, en fin de colophon, Tʻatʻul, avec son père Paronšah, comme celui qui a fourni le modèle: Զտուող աւրինակի զԹաթուլ եւ զհայր նորա զՊարոնշահ յիշման արժանի առնել ի Քրիստոս աղաչեմ։ Je prie en Christ de considérer dignes de mémoire Tʻatʻul, qui a donné l’exemplaire, et son père, Paronšah.205

Faut-il pour autant conclure, avec Adjarian, que le manuscrit a été copié à Ałētʻ? Rien ne le prouve, c’est pourquoi nous préférons, pour notre part, nous cantonner à proposer le Bznunikʻ comme région de copie. On connaît par ailleurs un autre tétraévangile copié et illustré par Tʻoros, datant de 1330 et aujourd’hui perdu (BIT* S. Sargis s. n.). Dans cet autre manuscrit, le lieu exact de production n’est pas renseigné; tout au plus sait-on que la copie eut lieu en Apahunikʻ, «sous l’égide de la sainte Mère de Dieu et de saint Serge le Stratélate et de son fils Martyrios, et de saint Georges le Stratélate». Un certain nombre de manuscrits de la région du lac de Van invoquent ce patronage multiple, mais ils proviennent de Xizan ou de Bitlis, bien au-delà des limites du canton d’Apahunikʻ. On peut néanmoins supposer que le manuscrit fut copié à Mantzikert ou alentour: en effet, plusieurs monastères très mal connus, consacrés à la sainte Mère de Dieu, à saint Georges ou à saint Serge, ont existé dans les environs immédiats de cette ville206. À Mantzikert même s’élevaient jadis une église consacrée à la sainte Mère de Dieu, une autre à saint Georges, ainsi qu’une église Saint-Serge, celle-ci étant datée de 1339 par une inscription de fondation207. 204 Hr. Adjarian (AnjnBaṙ IV, p. 236 s.v. Paronšah 3) interprète à juste titre le terme կամակից dans un sens technique: c’est sur les conseils de Sargis que Paronšah a décidé de faire copier le manuscrit. 205 M 4217, f. 274v = H14 292, p. 234; AČAṘEAN, Cʻucʻak Tʻawrizi, nᵒ I-1, p. 2. Cf. infra, p. 231. 206 Cf. THIERRY, Répertoire, nos 389 et 392, p. 73 et nᵒ 393, p. 73-74; OSKEAN, TarōnTuruberan, nᵒ 6, p. 85, nᵒ 11d, p. 87 et nᵒ 45, p. 264; TĒR KARAPETEAN, Uxtatełiner II, nᵒ 46-49, p. 441; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 240, p. 247. 207 TełBaṙ III, p. 6803-6811 s.v. Manazkert; SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 278.

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Dans le colophon de ce manuscrit (BIT* S. Sargis s. n.), on lit un formulaire de datation semblable à celui de VAS* Van, Haykavankʻ 226. Ce colophon, recueilli par Ł. Pʻirłalēmean en 1881, ne figure pas dans le recueil édité par L. Xačʻikyan. En revanche, il a été inclus par G. Hovsepian dans les annexes de son étude Les Xałbakean ou Pṙošean dans l’histoire de l’Arménie, dont nous reproduisons ici le texte: Փառք անծնին հօրն լուսոյ։ Գրեցաւ սուրբ աւետարանս ի գաւառիս Ապահունեաց, ընդ հովանեաւ սուրբ Աստուածածնին եւ սրբոյն Սարգսի զօրավարին եւ որդւոյ նորա Մարտիրոսին եւ սուրբ Գէորգեայ զօրավարին […]. եւ ի թվիս մեծ Հայոց ՉՀԹ յայս դառնացեալ ժամանակիս, նեղութիւնս ազգի ազգիս, որ պահանջեն զգին հաւատիս, գոլով անտէր ազգ […] կաթուղիկոս Հայոց տէր Յակոբ եւ թագաւոր Լեւոն, նստեալ ի գահն Կիլիկեցւոց։ Իսկ տիրէր ամենայն ազգին նետողաց եւ բազում ազգաց Ղան Բուսայիտ, ունելով ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կասպից, եւ մինչեւ ի գետն Ջահուն։ Արդ աղաչեմ զամենեսեան, որք հանդիպիք աստուածային աւետեացս, արժանի յիշման արասջիք զնկար գրիչս Թորոս եւ զպապն իմ զՍիար եւ զհայրն իմ Սարգիս քահանայ, եւ զմայրն իմ Մարիամ, ի Տարօնոյ քաղաքէ Մշոյ, առաջի փրկագործ մարմնոյ եւ արեան որդւոյն Աստուծոյ։ Gloire au Père de Lumière inengendré. Ce saint Évangile fut écrit dans ce canton d’Apahunikʻ, sous l’égide de la sainte Mère de Dieu et de saint Serge le Stratélate et de son fils Martyrios, et de saint Georges le Stratélate […] et en 779 (+ 551 = 1330) de la grande ère arménienne, en ce temps d’amertume, [dans] des oppressions de toute sorte, où on réclame le prix de notre foi, [notre] nation étant sans maître […] le catholicos des Arméniens tēr Yakob (i. e. Jacques II d’Anazarbe, 1327-1341 et 1355/7-1359) et le roi Lewon (i. e. Léon IV, 1321-1341), assis sur le trône de Cilicie. Mais Łan Busayit (i. e. Abū Sa῾īd Bahādor Khan, 1317-1335) commandait à toute la nation des archers et à de nombreuses [autres] nations, possédant depuis la mer du Pont jusqu’à la mer Caspienne et jusqu’au fleuve Jahun (mod. Ceyhan). Maintenant, je [vous] prie tous, vous qui rencontrez cette divine Bonne Nouvelle, considérez dignes de mémoire moi, le peintre Tʻoros, et mon grandpère Siar et mon père Sargis kʻahanay, et ma mère Mariam, de la ville de Muš du Tarōn, en présence de la chair salvifique et du sang du Fils de Dieu.208

Plusieurs passages du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ se laissent reconnaître dans ce colophon. On remarque d’abord une similitude dans la façon de donner le lieu de copie, avec en premier lieu le canton (V, 2), puis le saint sous la protection de qui le scribe se place (V, 4). Ici, contrairement 208

BIT* S. Sargis s. n., f. inconnu = XP 85, col. 175-176, repr. p. 386; NPH2 86, p. 87-88.

ORIGINES (1217-1330)

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à ce qui se passe dans le formulaire, ces informations sont fournies avant la date de la copie. Dans BIT* S. Sargis s. n., cette date est complétée par la mention du catholicos et du roi établis en Cilicie (IV, 12-15), puis de l’ilkhan (IV, 11), selon une formulation qui s’apparente également à celle des colophons de Yovanēs d’Ałētʻ. 3.1.8. Synthèse Avec le tétraévangile BIT* S. Sargis s. n., copié par Tʻoros en 1330, nous sommes arrivés au terme de la «préhistoire» du formulaire de colophon qui nous occupe dans ce chapitre. À ce moment, Yovanēs d’Ałētʻ, en puisant directement ou indirectement aux sources que nous avons énumérées, met au point son formulaire. C’est ainsi qu’en 1331, le colophon de M 4217 présente ce texte dans une version aboutie, qui synthétise l’apport des colophons précédents et l’apport propre de Yovanēs en un tout cohérent et organisé. À notre tour, tâchons de synthétiser ce que nous savons maintenant de cette genèse. Si l’on se livre à une comparaison détaillée, segment par segment, du formulaire à chacune de ses sources (voir fig. 15), en tentant de dégager pour chaque segment sa source la plus directe (notée en première place dans notre tableau), on se rend compte de l’éclectisme de la méthode de Yovanēs. On constate aussi que certains manuscrits n’ont pas été utilisés directement: les passages inspirés du tétraévangile d’Ayrivankʻ (M 4509), du mémorial d’Aspʻay dans le tétraévangile du monastère des Traducteurs (M 2743) et du tétraévangile de 1323 de Tʻoros Tarōnecʻi (M 6289) s’expliquent par l’entremise du manuscrit de Tʻoros de 1329 (VAS* Van, Haykavankʻ 226) et, dans une moindre mesure, par celui de 1330 (BIT* S. Sargis s. n.). De même, l’influence de MUSA* 18 est douteuse, car MUSA* 13 et MUSA* 19 suffisent à rendre compte des deux passages où ce manuscrit aurait pu jouer un rôle. Les manuscrits qui semblent connus de première main par Yovanēs d’Ałētʻ se répartissent en deux groupes: d’une part, les tétraévangiles produits au monastère des Saints-Apôtres de Muš en 1306-1316 (CLA 12, MUSA* 13, J 1949, MUSA* 17, NOJ 41, MUSA* 19), d’autre part ceux copiés et illustrés par Tʻoros en 1329-1330 (VAS* Van, Haykavankʻ 226, BIT* S. Sargis s. n.). Au premier groupe est apparenté le tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ de 1298 (VAS* Pʻokan 3), ce manuscrit ayant été manifestement connu des copistes de Muš, qui en ont imité le colophon. On peut aussi se demander si un manuscrit perdu ne pourrait pas expliquer de façon plus économique l’influence concomitante des six colophons de Muš. En

VAS* Van, Haykavankʻ 226: ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ M 4509: ուստի եւ տեսեալ զսորայս ա[ն]ճառ փրկագործութեան խորհուրդ VAS* Van, Haykavankʻ 226: ոմն անուն Պարոնշահ որդի Մարտիրոսի M 4509: ոմն ի յընտրեալո[ց] քահանայից Աստուծոյ … Խաչաւուր անուն կոչեցեալ VAS* Van, Haykavankʻ 226: ստացաւ զսուրբ աւետարանս M 4509: ստանա զսա VAS* Van, Haykavankʻ 226: յիշատակ իւր եւ կենակցին իւրոյ Փոփըխկանն փոխեցելոյն ի Քրիստոս եւ բարի ծնաւղաց իւրոց Մարտիրոսի եւ Փոքր տիկնայ

VAS* Pʻokan 3: ձեռամբ Մաթէոսի սուտանուն կրաւնաւորի etc. VAS* Pʻokan 3: անիմաստ եւ ախմար գրչի CLA 12: 〈իմաստից եւ ախմար〉 NOJ 41: 〈անիմաստ գրչի եւ բազմամեղ կրաւնաւորի〉 MUSA* 17: բազմամեղ կրաւնաւորի եւ անիմաստ գրչի

նա ստացաւ զսուրբ Աւետարանս

յիշատակ իւր եւ կենակցին իւրոյ եւ ծնաւղաց իւրոց Սուքիասին եւ Անդրասին

եւ արդ ես յետինս ի քահանայս եւ անարժանս ի M 7519: եւ արդ ես կրսես յորդիս եկեղեցւոյ եւ անպիտանս ի քահանայս մանկունս եկեղեցւոյ MUSA* 18 et MUSA* 19: արդ ես կրտսերս յորդիս եկեղեցւոյ եւ անպիտանս ի կրաւնաւորաց J 1949: 〈այլ ես Ներսէս նուաստ կրաւնաւորս եւ կրսերս յորդիս եկեղեցւոյ〉 VAS* Pʻokan 3: արդ գրեցաւ աւետարանս NOJ 41: 〈այլ եւ գրեցաւ սա〉 etc.

ոմն քահանայ անուն Սարգիս որդի սուրբ եւ մաքուր քահանային Յոհաննէսին …

այլ եւ գրեցաւ սուրբ աւետարանս

ձեռամբ Յովանէսի

անիմաստ եւ տխմար գրչի

2

4

5

II, 1

III, 1

2

3

Sources

ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ

Formulaire

I, 1

§

212 CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

եւ իմ անընդունակ գոլով յարուեստ գրչութեան VAS* Pʻokan 3: եւ եմ անընդունակ յարուեստ գրչութեան CLA 12 et MUSA* 13: իսկ մեր անընդունակ գոլով իմաստից եւ ախմար յարուեստ գրչութեան CLA 12 et MUSA* 13: եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ VAS* Pʻokan 3: եւ բազում ցնորիւք պաշարեալ VAS* Pʻokan 3 et MUSA* 13: այլ ըստ կարի մերում զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին CLA 12: այլ ի սիրոյ նորա եւ ըստ կարի մերում զոր […] MUSA* 19: 〈ըստ կարի իմում〉 MUSA* 13: բազում աշխատասիրեալ եմ ի սմա MUSA* 17: 〈բազում աշխատատեցաք ի սմա〉 VAS* Pʻokan 3 et J 1949: 〈բազում աշխատութեամբ〉 MUSA* 19: 〈եւ ես աշխատեցայ ի սմա〉 MUSA* 13: գրեցի անարժան ձեռաւք իմովք M 7519: գրեցի զսա անարժան ձեռաւք իմովք MUSA* 10: գրեցի զսա անարժան ձեռամբ իմով VAS* Pʻokan 3: արտագրեցի անարժան ձեռաւք իմովք MUSA* 18: գրեցի զսա մեղաւոր եւ անարժան ձեռաւք իմովք CLA 12: […]աւք իմովք MUSA* 13 et MUSA* 17: յընտիր ընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ NOJ 41: 〈ի ստոյգ եւ յընտիր ընտիր աւրինակէ〉 M 7519: գտի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ J 1949: 〈կենաւք տուայտանաւք եւ բազում աշխատութեամբ〉 VAS* Pʻokan 3: բազում աշխատութեամբ

եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարել

այլ ըստ կարի մերում զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին

բազում աշխատասիրեալ իմ ի սմա

գրեցի անարժան ձեռաւք իմովք

յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ

կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ

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12

ORIGINES (1217-1330)

213

VAS* Pʻokan 3 et M 7519: ի մեծ թուիս MUSA* 17: 〈ի մեծ թուին〉 M 7519: ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով VAS* Pʻokan 3: ի յեղանակ շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից երկիր հայելով VAS* Pʻokan 3: ըստ արարչութեան չափեալ ելանելոյն Ադամա ի դրախտէն M 7519: ըստ արարչութեանցն չափեալ, յԱդամա մինչեւ ցայրս MUSA* 17: 〈ըստ արարչութեանցն չափեալ յԱդամայ մինչեւ ցայսր〉 VAS* Van, Haykavankʻ 226: յելիցն նախաստեղծիցն մարդոցն ի դրախտէն VAS* Pʻokan 3: ԶՌ եւ ԴՃ եւ Ի ամի VAS* Van, Haykavankʻ 226: ԶՌ եւ ԵՃՂ եւ ինն ամ VAS* Van, Haykavankʻ 226: ըստ եւթանասնիցն որում մեք վարիմք VAS* Pʻokan 3: ըստ եւթանասնից ըստ որում մեք վարինք VAS* Van, Haykavankʻ 226: եւ է ի մարդեղութենէ բանին աստուծոյ անժամանակ էին եւ փրկչին Յիսուսի Քրիստոսի ամս ՌՅԻԸ VAS* Pʻokan 3: եւ է ի մարդեղութենէ բանին Աստուծոյ անժամանակ էին եւ փրկչի Յիսուսի Քրիստոսի ամս ՌՄՂԷ VAS* Van, Haykavankʻ 226: իսկ ըստ թուոյ խոսրովային Յաբեթեանս տումարի ՉՀԸ VAS* Pʻokan 3: իսկ ըստ թըւոյ Խորսովային յաբեթեանս տումարի ՉԽԷ M 6289: ՉՀԲ յաբեթեանս տումարի VAS* Van, Haykavankʻ 226: եւ էր մեծ շրջանին ՄԽԳ

ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով

ըստ արարչութեանցն չափեալ յելանելոյն Ադամայ ի դրախտէն

‹tot› Ռ ամ եւ ‹tot› Ճ ամ եւ ‹tot› ամ

ըստ եւթանասնիցն որում մեք վարիմք

եւ է ի մարդեղութենէ բանին Աստուծոյ անժամանակ Էին եւ փրկչին Յիսուսի Քրիստոսի ամս ‹tot›

իսկ ըստ թուոյ խոսրովային յաբեթեանս տումարի ‹tot›

եւ էր մեծ շրջանին ‹tot›

2

3

4

5

6

7

8

Sources

ի մեծ թուիս

Formulaire

IV, 1

§

214 CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

VAS* Van, Haykavankʻ 226: ի յառաջնորդութեան արքեպիսկոպոսի տէր Ստեփաննոսի VAS* Pʻokan 3: 〈եւ յառաջնորդութեան հեզահոգի տէր Դանիէլ կրաւնաւորին〉 VAS* Van, Haykavankʻ 226: եւ յաշխարհակալութեան մեծ ինքնակալին Բուսայիդ ղան կոչեցեալ M 6289: յաշխարհակալութիւն մեծ ինքնակալ խանին Պուսաիտ կոչեցեալ M 2743: ի ժամանակս … տիեզերակալութեան եւ արքայութեան բոլոր աշխարհաց ազգին նետողաց 〈որոց գլուխ եւ ինքնակալ խանն աշխարհակալ Խարպանդա կոչեցեալ〉 M 7519: 〈եւ ի կայսերական բռնակալութիւն ազգին նետողաց Պուսայիտ խանին〉 VAS* Van, Haykavankʻ 226: որ տիրէր բազում ազգաց ունենալով ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կասբից եւ մինչեւ ի գետն Ջահուն կոչեցեալ BIT* S. Sargis s. n.: 〈իսկ տիրէր ամենայն ազգին նետողաց եւ բազում ազգաց Ղան Բուսայիտ ունելով ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կասպից եւ մինչեւ ի գետն Ջահուն〉 M 2743: որ տիրէ ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կազբից եւ յԵփրատ գետոյ մինչեւ յայնկոյս լերանցն Կովկասու

BIT* S. Sargis s. n.: նստեալ ի գահն Կիլիկեցւոց M 6289: նստեալ ի գահն Կիլիկեցոց M 7519: 〈Կիլիկեցւոց նահանգին〉

եւ յաշխարհակալութեան մեծ ինքնակալին ‹nomen ducis Mongolorum› խանին

որ տիրէ բազում ազգաց ունելով ի ծովէն Պոնտոսի մինչեւ ի ծովն Կասբից եւ մինչեւ ի գետն Ջահուն կոչեցեալ

ի կաթողիկոսութեան Հայկազանց սեռի տեառն BIT* S. Sargis s. n.: ] կաթուղիկոս Հայոց տէր Յակոբ ‹nomen catholici› M 7519: ի հայրապետութիւն Կիլիկեցւոց տեառն Յակովբայ եւ ի մերոյ հայրապետութեան Ախթամարեցոյ տեառն Զաքարիա M 7519: եւ ի թագաւորութեան … քրիստոսապսակ եւ բարեպաշտ Ղեւոնի M 6289: ի թագաւորութեանն Հայոց Ղեւոնի BIT* S. Sargis s. n.: եւ թագաւոր Լեւոն

ի յառաջնորդութեան տէր ‹nomen praelati›

եւ ի թագաւորութեան ‹nomen regis›

նստեալ ի գահն ‹nomen regni›

9

10

11

12

14

15

ORIGINES (1217-1330)

215

BIT* S. Sargis s. n.: 〈ի գաւառիս Ապահունեաց〉 M 7519: ի գաւառիս Բզնունեաց etc. M 7519: ի գեաւղս որ առ ափն ծովուս որ կոչի Աղէթ etc. M 7519: ընդ հովանեաւ սրբոյ Կարապետիս etc.

ի գաւառիս Բզնունեաց

ի գեղս առ ափն ծովու որ կոչի Աղէթ

ընդ հովանեաւ սրբոյ Կարապետին

2

3

4

եւ զծնաւղսն իւր եւ զկենակից նորա եւ զորդիսն J 1949: եւ զծնաւղսն իւր եւ զեղբարս իւր զՍուքիասն եւ զԱնդրէասն NOJ 41: եւ զիւրսն զոր յառաջագոյն յիշատակեցաք

եւ զամենայն արեան մերձաւորսն ի Տէր Յիսուս M 7519: եւ ամենայն արեան մերձաւորսն նորա զկենդանիս եւ զհանգուցեալսն առ Քրիստոս J 1949: եւ զամենայն արեան մերձաւորսն իւր

4

5

J 1949 et NOJ 41: յիշեսջիք աղաւթիւք զստացաւղ (զստացող NOJ 41) սորա զյառաջ ասացեալն զՆերսէս (զԹումայ NOJ 41) քահանայն M 7519: յիշեսջիք ի մաքրափայլ յաղաւթս ձեր զստացող սորա {uac.} CLA 12: յիշեսջիք աղաւթիւք ի յառաջ ասացեալ քահանայ զՅուսիկն որ ստացաւ զսա

յիշեսջիք աղաւթիւք զստացաւղ սուրբ Աւետարանիս զՍարգիս քահանայ

3

VII, 2 որք պատահիք սմա վայելողք կամ ընթերցաւղք M 7519: որք ընթեռնուք զսա կամ աւրինակէք CLA 12 et NOJ 41: որք աւգտիք ի սմանէ կամ գաղափարէք կամ հանդիպիք սմա

BIT* S. Sargis s. n.: 〈գրեցաւ սուրբ աւետարանս〉 VAS* Pʻokan 3: արդ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս etc.

Sources

Այլ եւ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս

Formulaire

V, 1

§

216 CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

M 7519: եւ որք զմեզ յիշէք սրտի մտաւք եւ դուք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեանն Աստուծոյ MUSA* 19: եւ որ զմեզ յիշէք եւ զյիշատակս մեր կատարէք եւ դուք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեան Աստուծոյ MUSA* 17: եւ որ զմեզ յիշէ եւ ինքն յիշեալ լիցի յառատ ողորմութիւն Աստուծոյ NOJ 41: եւ որ զմեզ յիշէ եւ ինքն յիշեսցի յառատ ողորմութիւնն Աստուծոյ M 7519 et MUSA* 19: որ է աւրհնեալ յաւիտեանս ամէն MUSA* 17 et NOJ 41: որ է աւրհնեալ յաւիտեանս յաւիտենից ամէն

եւ որք զմեզ յիշէք սրտի մտաւք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեանն Աստուծոյ

որ է աւրհնեալ յաւիտեանս ամէն

3

4

Fig. 15. Sources du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ (les mots encadrés par de grands chevrons se trouvent à un autre endroit du texte)

J 1949: եւ զիմսն ամենայն NOJ 41: իմովքն ամենայնիւ M 7519: եւ զծնաւղսն մեր

եւ զիմսն զամենայն

NOJ 41: ընդ նոսին եւ զանպիտան գրիչս Առաքել CLA 12 et J 1949: ընդ նոսին եւ զբազմամեղ գրիչս Յովաննէս (Առաքել J 1949) M 7519: ընդ նոցին եւ զիս զանարհեստ գրիչ զՅովհաննէս քահանայ

2

VIII, 1 ընդ նոսին զանպիտան գրիչ զՅովանէս

ORIGINES (1217-1330)

217

218

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

tout cas, les colophons de ces deux groupes ont été directement exploités lors de la création du formulaire. Ce «portefeuille» de colophons est plus large qu’en 1327, lors de la rédaction du colophon de M 7519, le premier tétraévangile connu de Yovanēs d’Ałētʻ. Seuls, l’ensemble de la section II (si l’on fait abstraction du § 1, qui connaît déjà un vague correspondant dans M 7519 et plusieurs colophons de Muš) et l’incipit de la section VII (§ 1, voire aussi § 2) ne peuvent être rattachés à aucun colophon antérieur. Le style et le contenu de la section II, nous l’avons remarqué, sont largement influencés par le Livre des lamentations de Grigor Narekacʻi. De même, VIII, 1 exploite la métaphore du livre comme table eucharistique, une image développée par Narekacʻi dans le Livre des lamentations, et notamment dans le colophon de celui-ci. Ces textes sont donc probablement la propre œuvre de Yovanēs d’Ałētʻ, composés entre 1327 et 1331, suite à une lecture du Livre des lamentations. 3.2. Activité de Yovanēs d’Ałētʻ (1327-1337) C’est à un copiste méconnu, Yovanēs d’Ałētʻ, que l’on doit la création, par croisement de ces bribes de colophons, du formulaire que nous baptisons «type d’Ałētʻ». Dans ce point, nous retracerons autant qu’il est possible sa biographie, en donnant un panorama de son activité de copiste, y compris les modèles qu’il a employés et les collaborations qu’il a entretenues. Ces questions, quoique complexes, sont essentielles si nous voulons comprendre le contexte intellectuel et relationnel dans lequel notre formulaire a vu le jour. 3.2.1. Éléments de biographie Le copiste Yovanēs (ou Yovannēs) kʻahanay est actif entre 1327 et 1337. Il est généralement avare en détails biographiques dans ses colophons. Nous savons néanmoins qu’il était prêtre, appartenant au clergé séculier (kʻahanay), tout comme son père, Tiracʻu kʻahanay. Il avait également un frère, dont le nom n’est pas connu; le fils de celui-ci, Petros kʻahanay, commanda un manuscrit à son oncle Yovanēs en 1337 (AKA* Vačʻian). Six manuscrits au total peuvent lui être attribués (voir fig. 16). Yovanēs a surtout exercé dans la région située au nord-ouest du lac de Van: il a copié trois de ses manuscrits (M 7519, M 4217 et AKA* Vačʻian) en 1327, 1331 et 1337 dans la localité d’Ałētʻ209, en Bznunikʻ (au sud-ouest TełBaṙ I, p. 1713 s.v. Ałetʻu vankʻ; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 7; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 100 s.v. Ałēt (sic); MIRAXOREAN, Ułeworutʻiwn I, p. 86. 209

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

219

de Xlatʻ), et deux (J 95, P 56) en 1331 à Tʻonrak (Thondrak)210, dans le canton d’Apahunikʻ (près de Mantzikert). Un autre manuscrit, MUSA* 22, a été réalisé en 1336 à un endroit indéterminé en Cilicie, «sous la protection du Saint-Précurseur»211. L’église arménienne était à cette époque partagée entre deux catholicossats, ayant leur siège respectivement à Sis en Cilicie et Ałtʻamar sur le lac de Van. A. Leyloyan-Yekmalyan note qu’à cette époque, le Bznunikʻ, où se situe Ałētʻ, était exclusivement soumis à la juridiction du catholicos d’Ałtʻamar, la concurrence des hiérarchies ne concernant que les diocèses de Xizan et de Van212. Si cela est exact, on peut supposer qu’il en allait de même pour l’Apahunikʻ, région située au nord-est du Bznunikʻ. Cependant, chacun des six colophons de Yovanēs fait mention des deux catholicoi en exercice. Dans quatre d’entre eux, le catholicos de Cilicie est cité avant celui d’Ałtʻamar, tandis que les deux colophons qui appliquent le type d’Ałētʻ (M 4217 et AKA* Vačʻian) suivent l’ordre inverse. Les termes employés sont significatifs: pour qualifier la dignité du catholicos de Cilicie, Yovanēs utilise soit հայրապետութիւն «patriarcat» (M 7519, J 95, P 56), soit կաթողիկոսութիւն Հայկազանց սեռի «catholicossat de la race arménienne» (M 4217, MUSA* 22, AKA* Vačʻian), alors que la charge du catholicos d’Ałtʻamar est qualifiée tour à tour de հայրապետութիւն «patriarcat» (M 7519), առաջնորդութիւն «prélature» (M 4217, AKA* Vačʻian), եպիսկոպոսութիւն «épiscopat» (J 95) et արհիեպիսկոպոսութիւն «archiépiscopat» (P 56, MUSA* 22). Cette différence des termes indique clairement que Yovanēs considérait le catholicossat d’Ałtʻamar comme une juridiction d’un niveau inférieur. On peut toutefois déceler une certaine évolution, dans la mesure où son plus ancien colophon met en balance les deux patriarcats (M 7519)213: ի հայրապետութիւն Կիլիկեցւոց տեառն Յակովբայ եւ ի մերոյ հայրապետութեան Աղթամարեցոյ տեառն Զաքարիա «sous le patriarcat des Ciliciens de tēr Yakovb et sous notre patriarcat de tēr Zakʻaria d’Ałtʻamar». L’adjectif մեր «notre» pour qualifier le patriarcat d’Ałtʻamar figure uniquement dans ce colophon daté de 1327. Toutefois, si l’on considère avec cet élément la proportion des manuscrits de Yovanēs copiés à Ałētʻ (trois sur six, étalés TełBaṙ II, p. 4693 s.v. Tʻondrak [1]; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 44-46 s.v. Tʻonrak. Cf. p. 288 à ce propos. 212 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 20. 213 Cf. VARDANYAN, Patmutʻyan drvagner, p. 100; VARDANYAN, Ałtʻamari katʻołikosutʻyan patmutʻyun, p. 47-48. 210

211

220

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

tout au long de sa carrière) et le fait qu’il persiste à mentionner l’«archevêque» d’Ałtʻamar dans le colophon de MUSA* 22, rédigé en Cilicie, les indices semblent pointer vers ce village d’Ałētʻ comme patrie ou en tout cas point focal de l’activité de Yovanēs. Celui-ci est d’ailleurs connu, dans un colophon de 1450, sous le nom de Yovanēs Ałētʻǝncʻi214. Le village d’Ałētʻ est assez mal connu: vers la fin du XIXᵉ siècle, M. Miraxorean, suivi plus tard par S. Ēpʻrikean dans son Dictionnaire illustré de la patrie, se contentait de noter qu’il n’en restait à son époque que des ruines inhabitées215. Le village n’est pas même évoqué par J.-M. Thierry dans les comptes rendus de ses voyages dans la région. Néanmoins, le Dictionnaire des toponymes parle d’un «monastère d’Ałētʻ», centre de copie aux XIVᵉ et XVᵉ siècles, où auraient été produits «des évangiles, des lectionnaires et d’autres manuscrits», notamment par Yovanēs, «moine au monastère des Apôtres de Muš»216. Il s’agit là d’une extrapolation hardie, et mieux vaut s’en tenir aux données dont nous disposons réellement. Premièrement, on ne connaît que quatre manuscrits copiés à Ałētʻ: trois tétraévangiles (M 7519, M 4217, AKA* Vačʻian) et un lectionnaire (M 4522). Il est donc exagéré d’affirmer que «des évangiles, des lectionnaires et d’autres manuscrits» furent produits dans le village. Ensuite, les sources ne permettent pas de dire qu’il y eut jamais un établissement monastique à Ałētʻ. Deux scribes seulement ont exercé à Ałētʻ, Yovanēs (actif de 1327 à 1337), qui y a copié trois tétraévangiles, et Karapet (actif en 1421)217. Ce dernier a laissé un lectionnaire (M 4522), achevé par Grigor Xlatʻecʻi Cerencʻ, qui a rédigé le colophon au nom de Karapet218; ni l’un ni l’autre ne font allusion à un quelconque couvent. Yovanēs est prêtre séculier (kʻahanay) «sous l’égide du saint Précurseur», tandis que Karapet est hiéromoine (abełay) «sous l’égide de saint Jacques»219. A. Matʻevosyan a voulu attribuer au monastère d’Ałētʻ le manuscrit perdu 214 MUSA* S. Marinē [1] (voir infra, chapitre 8). Un manuscrit de Yovanēs est appelé «Ałetʻǝncʻ[i]» dans M 7629, f. 265v (H14 772, p. 618) et son auteur «Yovanēs Ałetʻǝni» dans M 4648, f. 281r (H15B 96a, p. 68). 215 Cf. p. 218, n. 209. 216 TełBaṙ I, p. 1713 s.v. Ałetʻu vankʻ: «Վանք և գյուղ Մեծ Հայքի Տուրուբերան աշխարհի Բզնունիք գավառում, Վանա լճի արևմտյան ափին։ 14–15-րդ դարերում եղել է գրչության կենտրոն։ Այստեղ ընդօրինակվել են ավետարաններ, ճաշոցներ և այլ ձեռագրեր։ Գրիչներից հայտնի է Հովհաննեսը (Մշո Առաքելոց վանքի միաբան)։» 217 MATʻEVOSYAN – MARABYAN, p. 87; H15A, p. 718 s.v. Karapet 26 (le rapprochement avec Karapet, apprenti scribe au monastère de Xaṙabast en 1413, est purement spéculatif). 218 Cf. MATʻEVOSYAN – MARABYAN, p. 55 et 87-88. 219 M 4522, f. 431v = H15A 277a, p. 250.

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

221

ARM* 212, que le catalogue de H. Topdjian, sans citer le colophon, donne pour provenant d’un «Saxta vankʻ?» inconnu par ailleurs220. Toutefois, cette conjecture hasardeuse et impossible à prouver ne saurait convaincre en regard de l’absence de toute autre source qui évoquerait un monastère à cet endroit. Pour toutes ces raisons, il faut admettre qu’il n’a jamais existé de couvent à Ałētʻ, ni même de centre de copie à proprement parler: les manuscrits copiés dans ce village sont plutôt le fait d’initiatives individuelles et sporadiques. 3.2.2. Ses œuvres Yovanēs est l’auteur, en tant que copiste, de six manuscrits (fig. 16): quatre tétraévangiles, un lectionnaire et un rituel. Dans tous ces manuscrits (abstraction faite d’AKA* Vačʻian, dont la description par E. Lalayean n’apporte pas de renseignements de nature artistique), l’ornementation consiste en frontispices, initiales et décors marginaux et ne comporte aucune miniature en pleine page. L’exception est MUSA* 22, qui possédait de nombreux xorans et miniatures narratives. Cependant, le décor de J 95, M 4217 et M 7519 ne manque pas de finesse et on y note plusieurs éléments figuratifs polychromes, notamment d’élégants médaillons. Il n’y a aucune indication que Yovanēs lui-même ait illustré ses œuvres. Dans un seul manuscrit (J 95), le nom du miniaturiste est connu: il s’agit de Tʻoros, sur l’identité de qui nous reviendrons ultérieurement. Dans le premier codex de Yovanēs d’Ałētʻ, M 7519, le formulaire (type d’Ałētʻ, selon notre nomenclature) est encore en gestation, mais dès le deuxième, M 4217, il est appliqué de façon pleine et entière. Pour J 95 et MUSA* 22, Yovanēs crée deux autres versions du formulaire, en adaptant légèrement le texte développé pour M 4217: cela donne lieu aux types de Tʻonrak et de Xizan, qui seront étudiés aux chapitres 5 et 6, respectivement. Le colophon du rituel P 56, vraisemblablement copié par Yovanēs, est beaucoup plus court mais présente certaines ressemblances avec ceux des autres manuscrits221. Enfin, pour le dernier manuscrit qu’on lui connaît, le tétraévangile AKA* Vačʻian, Yovanēs retourne au formulaire utilisé dans M 4217. 220 MATʻEVOSYAN, Mecopʻavankʻ, p. 74-76; TʻŌPʻČEAN, Cʻucʻak Armaši, p. 409. A. Matʻevosyan (suivi par TĒR-VARDANEAN, Mecopʻay dprocʻ, p. 376-378) suppose qu’un colophon difficile à lire portait l’indication «ի վանս Ախտա», où le catalogueur aurait erronément lu «սախտա». 221 Sur ce manuscrit et son attribution à Yovanēs, voir p. 254-257.

1331 Lectionnaire

1331 Rituel

J 95

P 56

in-8ᵒ

AKA* Vačʻian

?

? 2

2

Yovanēs

Yovannēs kʻahanay

Tʻonrak Yovannēs kʻahanay

Ałētʻ

Ałētʻ

Copiste

?

?

Ałētʻ

Cilicie

Illustr.

Commanditaire

?

Yovhannēs (?)

Petros kʻahanay, neveu du copiste

Hayrapet kʻahanay

Xačʻatur krawnawor

Tʻoros Stepʻanos [sarkawag] krawnawor

AHMM 152 Sargis kʻahanay, pour ses fils Sukʻias et Andr(ē)as

AHMM 148 copiste

Yovhannēs ?

21; 22 Tʻonrak [Yovanēs]

30-31

21

21

Lieu

Fig. 16. Manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ

27 × 20

1337 Tétraévangile parch.

559 2

275 2

245 2

Fol. Col. Lignes

21,5 × 14,5 233 1; 2

32 × 27

23,5 × 19

28 × 21

Format

MUSA* 22 1336 Tétraévangile papier

papier

papier

1331 Tétraévangile papier

Matière

M 4217

Contenu

1327 Tétraévangile papier

Date

M 7519

Cote

222 CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

223

Les œuvres de Yovanēs d’Ałētʻ sont tributaires de plusieurs influences. Nous avons déjà donné une idée de cette situation dans les pages qui précèdent, en pointant quatorze manuscrits qui ont servi de source à son formulaire. Ceux-ci ont pu être répartis en deux ensembles: les codex du monastère de Lazare à Muš d’une part, un groupe de manuscrits d’Arménie orientale d’autre part. Si l’on dépasse la question du formulaire de colophon pour enquêter sur les modèles des manuscrits de Yovanēs et sur les collaborations qu’il a entretenues, il est possible non seulement de confirmer la pertinence de cette analyse, mais encore de comprendre les circonstances à l’origine de cette situation et, par là, de mieux situer la production de Yovanēs dans l’environnement culturel de son temps. C’est ce à quoi nous allons nous employer dans les pages qui suivent. 3.2.3. L’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay En tant que copiste, Yovanēs d’Ałētʻ se montre sensible aux problèmes de tradition textuelle. Il prend soin, dans deux de ses colophons, de citer la personne qui lui a fourni son modèle: Tʻadēos krawnawor dans M 7519 et Tʻatʻul fils de Paronšah dans M 4217. En outre, Yovanēs s’efforce d’utiliser comme modèles des manuscrits de grande qualité. Cette préoccupation est manifeste dans son formulaire de colophon, où apparaît la formule յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ «d’après un exemplaire de choix et sûr», variante de ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire bon et de choix». Dans le colophon de son premier manuscrit connu, le tétraévangile M 7519 daté de 1327, Yovanēs détaille encore davantage l’origine de son modèle: … գտի ստոյգ եւ ընտիր աւրին[ակ, զոր] գրեալ էր Թորոս փիլիսոփայն ի Դրազարկն եւ յուղարկեալ հռչակաւոր ուխտին սուրբ Առաքելոցն Տ[ար]ա[ւ]նոյ, որ կոչի Ղազարու վանք։ Եւ իմ առեալ գրեցի զսա անարժան ձեռաւք իմովք … … je trouvai un exemplaire sûr et de choix, qu’avait écrit Tʻoros pʻilisopʻay à Drazark et [qu’il avait] envoyé à la célèbre communauté des Saints-Apôtres du Tarawn, qu’on appelle monastère de Lazare. Et l’ayant pris, j’écrivis ceci de mes indignes mains …222

Les manuscrits copiés et enluminés par Tʻoros pʻilisopʻay (Thoros le Philosophe)223, important copiste du scriptorium cilicien de Drazark, 222 M 7519, f. 243v2 (d’après reproduction) = H14 254, p. 202; SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 445; HMM, nᵒ 128, p. 227. 223 AnjnBaṙ III, p. 352-353, s.v. Tʻoros 50, 57 et 58; HMM, nᵒ 128, p. 227; POŁAREAN, Gričʻner, p. 74-83; POŁAREAN, Nkarołner, p. 40-43; POŁAREAN, Tʻoros pʻilisopʻay; DER

224

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

semblent avoir joui d’une certaine influence en Grande Arménie, notamment à Glajor224. Nous voyons par le colophon ci-dessus que l’un d’entre eux a également été recopié dans la région du lac de Van, à Ałētʻ. De quel codex s’agit-il exactement? Nous avons connaissance d’au moins cinq évangiles copiés par Tʻoros pʻilisopʻay225. Compte tenu des détails donnés par Yovanēs d’Ałētʻ, celui qui lui a servi de modèle peut être identifié avec certitude: il s’agit de MUSA* 10, un manuscrit copié en 1301 et conservé au monastère des Saints-Apôtres de Muš, jusqu’à sa disparition en 1915 lors du pillage de ce monastère226. En effet, dans le colophon de ce manuscrit, Tʻoros explique qu’il le copia à Drazark et l’envoya au célèbre couvent de Lazare, dans le Tarōn, d’où il était originaire: Արդ ես նուաստ եւ թարմաւոր ոգիս, յոգնամեղ եւ անարժանս ի քահանայս Թորոս փիլիսոփա, ցանկացող եղէ սուրբ եւ կենսաբեր աւետարանիս, եւ գրեցի զսա անարժան ձեռամբ իմով, յաշխարհիս Կիլիկեցւոց ի սուրբ եւ ի գերահռչակ ուխտս Դրազարկ, որ է դամբարան թագաւորացն Հայոց, եւ առաքեցի յաշխարհն Հայոց ի գաւառն Տարաւնոյ ի գերահռչակ եւ յաստուածաբնակ ուխտն պանծալի, ի վանքն Ղազարու, որ է բնիկ աշխարհն եւ գաւառն իմ հայրենի։ Or moi, âme humble et insignifiante227, grand pécheur et indigne parmi les prêtres, Tʻoros pʻilisopʻa (Thoros le Philosophe), devins désireux de cet Évangile saint et vivifiant et écrivis ceci de mon indigne main, dans ce pays de Cilicie, en cette sainte et illustre communauté de Drazark, qui est le mausolée des rois d’Arménie, et je l’envoyai au pays des Arméniens, dans la région de Tarawn, à la fameuse communauté illustre et habitée par Dieu, au monastère de Lazare (Łazaru vankʻ), qui est mon pays natal et ma région ancestrale.228

Ce manuscrit est qualifié par Yovanēs d’Ałētʻ de ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ «exemplaire sûr et de choix». Cette appellation n’a pas été reprise au texte du colophon de Tʻoros de Drazark, qui ne l’emploie pas. NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 128-129; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 619; IZMAJLOVA, Kilikijskaja rukopis′. MANOUKIAN, Colophons of Turuberan, p. 150, n. 8, fait erreur en confondant ce Tʻoros avec le célèbre miniaturiste Tʻoros Ṙoslin, dont l’activité a cessé vers 1268. 224 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 147; DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 64-73. 225 M 5736, M 6290, MUSA* 10, OSK* 1 et SABE VЗ-835. À propos de ces manuscrits, voir notamment p. 397-398 et les références citées ci-dessus (n. 223). 226 Voir p. 398-402 à propos de cette identification. 227 Sur ce mot, en arménien թարմաւոր, voir p. 400, n. 145. 228 MUSA* 10, f. inconnu = MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 10, p. 13-14. Voir aussi POŁAREAN, Gričʻner, p. 81; POŁAREAN, Nkarołner, p. 42. Pour une discussion plus complète de ce manuscrit, avec traduction de l’ensemble de ses colophons, voir p. 398-402.

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

225

En revanche, on la retrouve sous différentes formes dans les colophons de plusieurs tétraévangiles produits au monastère de Lazare (ou des SaintsApôtres) de Muš à cette époque: outre MUSA* 13, MUSA* 17 et NOJ 41, que nous connaissons pour faire partie des sources du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ229, on peut encore citer VAS* Pʻokan 1, daté de 1339230. Il est possible que dans ce couvent, la désignation de ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ «exemplaire sûr et de choix» ait été spécifiquement attachée au codex reçu de Tʻoros. Yovanēs d’Ałētʻ était donc familier avec les manuscrits du monastère des Saints-Apôtres de Muš, qu’il s’agisse des livres copiés dans cet établissement (CLA 12, J 1949, MUSA* 13, MUSA* 17, MUSA* 18, MUSA* 19, NOJ 41) ou conservés dans sa bibliothèque (sans doute la plupart des codex précités à l’exception de NOJ 41, ainsi que MUSA* 10 et VAS* Pʻokan 3), au point de répercuter dans ses propres colophons certains traits des colophons de ces manuscrits. Une telle familiarité suppose que Yovanēs ait fréquenté cet établissement: on peut présumer qu’il y a été formé, car le couvent des Saints-Apôtres, ou monastère de Lazare, était à ce moment un des plus importants monastères arméniens en activité. 3.2.4. Tʻoros, collaborateur de Yovanēs d’Ałētʻ Le seul collaborateur direct de Yovanēs dont nous ayons gardé le nom est Tʻoros, illustrateur en 1331 du lectionnaire de Tʻonrak J 95. Deux questions se posent à son propos. La première est de savoir s’il s’agit ou non du célèbre artiste de Glajor Tʻoros Tarōnecʻi, comme certains l’ont pensé (cf. supra). Ensuite, il faut se demander si nous avons affaire au même personnage que le Tʻoros copiste des tétraévangiles VAS* Van, Haykavankʻ 226 (1329, Bznunikʻ, Ałētʻ?) et BIT* S. Sargis s. n. (1330, Apahunikʻ, Mantzikert?), qui ont servi de sources à Yovanēs pour l’élaboration de son formulaire. Comme ces deux manuscrits sont portés disparus depuis 1915, nous devons nous baser exclusivement sur le témoignage des colophons pour tenter d’identifier leur auteur. 229

Cf. p. 194-195 et 197-198. VAS* Pʻokan 1, f. inconnu = H14 394, p. 321; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 99, col. 201: յընտիր և ի ստոյգ աւրինակէ «d’après un exemplaire de choix et sûr». Il est intéressant de constater que jusqu’à leur perte durant le génocide, ce manuscrit et l’évangile de Kiwzucʻ vankʻ (VAS* Pʻokan 3), dont nous avons vu l’influence sur les colophons des manuscrits du monastère de Lazare, étaient tous deux conservés, selon le catalogue d’E. Lalayean, dans l’église du village de Pʻokan ou Pʻakan (auj. Çepkenli), près de Julamerk (kd. Colemêrg, tc Çölemerik, auj. Hakkâri: TełBaṙ V, p. 224 2 s.v. Pʻakan [1]). 230

226

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Tʻoros signe J 95 dans deux notes, où il ne donne pas de détails biographiques. Constatant la grande qualité du décor de ce lectionnaire, N. Bogharian a supposé qu’il fallait y reconnaître la main de Tʻoros Tarōnecʻi, non pas sur base d’une comparaison avec les manuscrits de ce dernier, mais en prenant argument de l’une de ces notes: Զտառապեալ հոգի Թորոս, Յիշեա ի Տէր Յիսուս Քրիստոս։ De l’âme troublée [de] Tʻoros Souviens-toi dans le Seigneur Jésus-Christ.231

En effet, on trouve exactement la même signature au bas d’une miniature dans M 6289, un tétraévangile illustré par Tʻoros Tarōnecʻi en 1323232. A. Gevorgyan pense d’ailleurs que M 6289 est probablement le modèle des illustrations de M 4217, le tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ de 1331233. Cependant, l’identification de l’illustrateur du lectionnaire J 95 à Tʻoros Tarōnecʻi ne fait pas l’unanimité. Selon B. Narkiss, les illustrations de J 95 sont trop différentes des œuvres de Tʻoros Tarōnecʻi et ne présentent pas certaines caractéristiques qui distinguent le style de cet artiste234. Th. Mathews est du même avis et ajoute que le style du peintre du lectionnaire de Tʻonrak est plus fin et plus maniéré que celui de Tʻoros Tarōnecʻi235. D’après Narkiss, il se pourrait que nous ayons plutôt affaire à une œuvre du peintre Tʻoros sarkawag236, connu par un bel évangile daté de 1311 (M 10859237). En appui à cette hypothèse, Narkiss cite l’iconographie du 231

J 95, au bas du f. 228v2 = Jér.2 I, p. 297; Jér.1 I, p. 231. M 6289, f. 140 v, sous le portrait de l’évangéliste Luc = XP 83b, p. 174, repr. p. 385. 233 AHMM, nᵒ 152, p. 112. 234 NARKISS, Treasures, p. 77-79. 235 MATHEWS – SANJIAN, p. 71. 236 AnjnBaṙ III, p. 356, s.v. Tʻoros 80; HMM, nᵒ 130A, p. 229; DER NERSESSIAN, Chester Beatty, vol. 1, p. xxx-xxxiii; DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 224; NARKISS, Treasures, p. 77-79; MERIAN, Tʻoros sarkawag; AKINEAN, Tʻoros Mšecʻi, col. 51. 237 Sur les miniatures de ce manuscrit, voir en dernier lieu MERIAN, Tʻoros sarkawag. L’essentiel de ce codex autrefois conservé à Tabriz se trouve aujourd’hui au Matenadaran d’Erévan (M 10859), à l’exception de ses miniatures en pleine page, aujourd’hui dispersées dans plusieurs collections (cf. COULIE, Répertoire, p. 140-141): CDS 1960.196 et CDS 1960.200; DU 559.1 et DU 559.2; FLZ 100 (2 f.); HY 142.1 et HY 142.2 (olim f. 15); PD* 25/11/ 2016 1 (4 f.); PRU* Garrett 12 (olim f. 22 – égaré depuis 1980); V Kurd. frg. 27 (olim f. 174). On a perdu la trace de trois feuillets enluminés: TA* S. Astuacacin 1, f. inconnu, 114 et 269. Le f. 114 a été vu en 1942 à New York, chez «un antiquaire juif» (H. P. Kraus?), par H. Kurdian (KʻIWRTEAN, Tʻoros Tarōnecʻi, p. 3, n. *). Quelques années plus tard, Kurdian rapportait en outre avoir en sa possession l’ancien f. 115 (début de l’Évangile de Marc avec frontispice), mais le catalogue du Matenadaran mentionne ce feuillet comme f. 104 de M 10859 (KʻIWRTEAN, Darjeal Tʻoros Tarōnecʻi, p. 213; Mat. III, col. 233). 232

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

227

Sacrifice d’Isaac, qui dans ces deux manuscrits présente notamment la particularité rare — dit-il — de dépeindre l’agneau suspendu en l’air aux branches d’un haut palmier, plutôt que dans un buisson, comme cela se passe habituellement238. À cela, on peut ajouter la configuration similaire du premier frontispice de chacun des deux manuscrits: spécialement, l’arcade qui en délimite le côté inférieur prend au centre une forme très caractéristique, trilobée et terminée en oignon dont la pointe touche un médaillon inséré au milieu du frontispice239. Ces arguments iconographiques nous semblent suffisamment convaincants, en dépit du colophon identique relevé par Bogharian, pour conclure que l’illustrateur du lectionnaire de Tʻonrak est Tʻoros sarkawag, et non l’artiste de Glajor Tʻoros Tarōnecʻi. Souvent confondus, Tʻoros sarkawag et Tʻoros Tarōnecʻi sont aujourd’hui reconnus comme deux artistes différents240. Vu les arguments avancés par Narkiss, il semble clair que l’artiste qui a collaboré avec Yovanēs d’Ałētʻ dans le lectionnaire de Tʻonrak est Tʻoros sarkawag. En revanche, il reste à déterminer qui est l’auteur des deux manuscrits VAS* Van, Haykavankʻ 226 et BIT* S. Sargis s. n., dont les colophons ont inspiré le formulaire de Yovanēs. Pour ces codex disparus, il n’est pas possible de se fonder sur une étude iconographique — c’est pourquoi Th. Mathews les a exclus par défaut du compte des manuscrits de Tʻoros Tarōnecʻi241. Parmi les œuvres traditionnellement attribuées à ce dernier figure la bible V 1007, copiée à Glajor en 1331-1332. Dans ce manuscrit, contrairement à son habitude, Tʻoros donne des détails sur sa famille: Վարդապետ Ներսէս, յիշեá յաղօթս զԹորոս ծաղկող, եւ զպապն իմ Սիար, եւ զհայրն իմ Սարգիս, եւ զմայրն իմ Մարիամ՝ ի քաղաքէն Մշոյ։ Vardapet Nersēs, souviens-toi dans [tes] prières de Tʻoros l’enlumineur, et de mon grand-père Siar et de mon père Sargis et de ma mère Mariam, de la ville de Muš.242 Cf. FLZ 100, f. 1r = MERIAN, Tʻoros sarkawag, pl. 100a, p. 596; J 95, f. 172r = NARKISS, Treasures, fig. 94, p. 78. 239 Cf. M 10859, f. 23r = MERIAN, Tʻoros sarkawag, fig. 100.2, p. 598; J 95, f. 4r = NARKISS, Treasures, fig. 93, p. 79. 240 DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 224; NARKISS, Treasures, p. 76-79; THIERRY, Arts arméniens, p. 210; MERIAN, Tʻoros sarkawag, p. 598-599; MATHEWS – SANJIAN, p. 71. Les deux Tʻoros sont encore confondus par KʻIWRTEAN, Tʻoros Tarōnecʻi, ainsi que dans POŁAREAN, Nkarołner, p. 53-58 et dans HMM, nᵒ 130, p. 229. 241 MATHEWS – SANJIAN, p. 71. Sont d’ailleurs exclus d’office tous les manuscrits produits à distance de Glajor, ce qui est le cas de VAS* Van, Haykavankʻ 226 et BIT* S. Sargis s. n. 242 V 1007, f. 349v = H14 307g, p. 247; Ven. I, nᵒ 12, col. 127; ALIŠAN, Hayapatum III, p. 165; DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 111 (trad. française). 238

228

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

En règle générale, Tʻoros se contente de signaler qu’il est originaire de Muš ou du Tarōn, sans parler de ses parents. Grâce à l’exception constituée par ce colophon de V 1007, nous pouvons être certain que le même Tʻoros est l’auteur de BIT* S. Sargis s. n., copié dans le canton d’Apahunikʻ en 1330. En effet, des informations identiques sont reprises dans le colophon de ce manuscrit: Արդ աղաչեմ զամենեսեան, որք հանդիպիք աստուածային աւետեացս, արժանի յիշման արասջիք զնկար գրիչս Թորոս եւ զպապն իմ զՍիար եւ զհայրն իմ Սարգիս քահանայ, եւ զմայրն իմ Մարիամ, ի Տարօնոյ քաղաքէ Մշոյ, առաջի փրկագործ մարմնոյ եւ արեան որդւոյն Աստուծոյ։ Maintenant, je [vous] prie tous, vous qui rencontrez cet Évangile divin, considérez dignes de mémoire moi, le peintre Tʻoros, et mon grand-père Siar et mon père Sargis kʻahanay, et ma mère Mariam, de la ville de Muš du Tarōn, en présence de la chair salvifique et du sang du Fils de Dieu.243

Tʻoros, copiste de BIT* S. Sargis s. n. en 1330, est donc bien le même personnage que son homonyme enlumineur de la bible V 1007 en 13311332. Plusieurs spécialistes ont d’ailleurs considéré sur cette base que Tʻoros Tarōnecʻi avait séjourné hors de Glajor aux alentours de 1330244. Cependant, Mathews a émis certains doutes sur la paternité de l’illustration de la bible V 1007, notant que le décor monochrome y est plus net, plus contourné et moins assuré que souvent chez Tʻoros Tarōnecʻi245. Les frontispices de ce manuscrit sont du même genre que ceux de J 95 et du tétraévangile de 1311 de Tʻoros sarkawag, c’est-à-dire exécutés à la peinture rosée246. On trouve également ce type de décoration dans la page d’incipit d’un manuscrit des Commentaires sur les épîtres pauliniennes de Chrysostome et d’Éphrem, exécuté en 1334 dans le canton d’Erznka (M 1379) par les scribes Manuēl et Tʻoros sarkawag247. Si BIT* S. Sargis s. n., comme V 1007, paraît donc être de Tʻoros sarkawag, qu’en est-il de VAS* Van, Haykavankʻ 226? Dans le colophon de ce manuscrit, copié en 1329, Tʻoros faisait l’éloge d’Esayi Nčʻecʻi et décrivait les malheurs qui avaient frappé le Tarōn: Զմեծն իմաստից եւ զպետն վարժից, զկայծակնամաքուրն եւ զարեգակնամիտն Եսայեաս՝ զգլուխն արեւելեան տոհմիս, զի իբրեւ զարեգակն փայլեաց ի 243 244 245 246 247

BIT* S. Sargis s. n., f. inconnu = XP 85, col. 176, repr. p. 386; NPH2 86, p. 87-88. YOVSĒPʻEAN, Xałbakeankʻ II, col. 239, n. 1, repr. p. 275, n. 2; Jér.2 I, p. 297. MATHEWS – SANJIAN, p. 72. DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 111. MATHEWS – SANJIAN, p. 71-72. Sur Manuēl, voir AnjnBaṙ III, p. 208-209 s.v. Manuēl 28.

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

229

կորնթարթն երկնից, ընդ որոյ թեւօք բազումք տարբանան (lege տարփանան?)։ Ընդ որում եւ ես անարժան Թորոս, ընդ հովանեաւ նորա բազում ժամանակս խնամօք աշխատեցայ ի գիր եւ ի ծաղիկ, եւ զօրինակ սուրբ աւետարանիս նովաւ ըղորդեցի։ Որոյ յիշատակ սորա օրհնութեամբ եւ գովութեամբ եւ գոհութեամբ եղիցի, ամեն եւ յամենայն ժամ։ Ո՜վ կարէ պատմել, մեք ոչ կարեմք պատմել, զաղէտն, եւ զողբումն, եւ զլալումն, եւ զսրածութիւն, եւ զսովն, եւ զգերութիւնն, եւ զսասանութիւնն, եւ զայլ ազգի ազգի պատուհաս, որ եկն ի վերայ մեր վասն մեղաց մերոց ի Տարօն աշխարհին, քաղաքին, եւ երկրին, եւ ամենայն շուրջակայ գաւառացն, ի յանօրէն ազգէն քրդստանաց սրբաջինջ եղեւ ամենայն աշխարհն ի քրիստոնէից։ Le [plus] grand des sages et le chef des instruits, pur comme la foudre et dont l’esprit brille comme le soleil, Esayeas, la tête de cette maison d’Orient, car il brilla comme le soleil dans les cieux convexes, sous les ailes de qui beaucoup se réjouissent — avec lui, moi aussi, l’indigne Tʻoros, sous son égide, je travaillai longtemps avec soin à l’écrit et à la fleur (i. e. à écrire et à enluminer), et je corrigeai avec lui l’exemplaire de ce saint Évangile. Et qu’il y ait mémoire de celui-ci, avec bénédiction, louange et action de grâces, amen et pour toujours. Qui peut raconter — nous, nous ne pouvons raconter — la catastrophe, la lamentation, les pleurs, la peste, la famine, la captivité, le tremblement et les autres fléaux de toutes sortes, qui s’abattirent sur nous en raison de nos péchés, dans le pays de Tarōn, dans la ville (sc. Muš) et dans la contrée, et dans tous les cantons alentour? Tout le pays se trouva purgé des Chrétiens par la nation impie des Kurdes.248

Dans ce texte, Tʻoros explique qu’il a travaillé pendant longtemps sous la direction d’Esayi Nčʻecʻi, c’est-à-dire à Glajor. S’agit-il de Tʻoros Tarōnecʻi ou de Tʻoros sarkawag? L’attribution à Tʻoros sarkawag de BIT* S. Sargis s. n. et V 1007 ne laisse dans la liste des œuvres de Tʻoros Tarōnecʻi que des manuscrits certainement ou vraisemblablement exécutés à Glajor, si ce n’est VAS* Van, Haykavankʻ 226249. Tʻoros Tarōnecʻi aurait-il également séjourné à l’ouest du lac de Van? Th. Mathews en doutait, et cela nous semble d’autant moins probable maintenant que nous avons démontré la présence de Tʻoros sarkawag dans cette région au même moment. Nous pensons donc que la paternité de VAS* Van, Haykavankʻ 226 doit également être attribuée à Tʻoros sarkawag. Cela porte à sept le total des œuvres de ce copiste et miniaturiste actif de ca. 1299 à 1334 (cf. fig. 17).

248 VAS* Van, Haykavankʻ 226 = H14 272, p. 215-216; NPH, p. 135-136 (non uidi); CAM 1329-1, p. 68. 249 Cf. MATHEWS – SANJIAN, p. 71; POŁAREAN, Nkarołner, p. 53-58.

230 Cote

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

Date

Contenu

Lieu

Auteurs

J 365

1299 Gēorg Skewṙacʻi, (cop.) Commentaire sur le livre d’Isaïe

[Cilicie] (cop.)

Vardan (cop.); [Tʻoros sarkawag] (ill.)

M 10859 (e. a.)

1311

Tétraévangile

?

Cer kʻahanay (cop.); Tʻoros sarkawag (ill.)

VAS* Van, 1329 Haykavankʻ 226

Tétraévangile

[Bznunikʻ]

Tʻoros (cop., ill.)

BIT* S. Sargis s. n.

1330

Tétraévangile

Apahunikʻ

Tʻoros (cop., ill.)

J 95

1331

Lectionnaire

Tʻonrak

Yovannēs kʻahanay (cop.); Tʻoros (ill.)

V 1007

1331- Bible 1332

Gaylejor (cop.); Čahuk (rel.)

Epʻrem kʻahanay (cop.); Dawitʻ kʻahanay (cop.); Tʻoros (ill.); Margarē vardapet (rel.)

M 1379

1334

Jean Chrysostome ca. Erznka et Éphrem le Syrien, Commentaires sur les épîtres pauliniennes

Manuēl (cop., ill.); Tʻoros sarkawag (cop., ill.)

Fig. 17. Œuvres attribuables à Tʻoros sarkawag

Du reste, VAS* Van, Haykavankʻ 226 et BIT* S. Sargis s. n. se distinguent en ceci qu’ils comportent un colophon relativement long et original de la plume de Tʻoros: dans la plupart des manuscrits de Tʻoros Tarōnecʻi, comme dans tous ceux de Tʻoros sarkawag, l’illustrateur a dû se limiter à une ou quelques notes marginales, au mieux longues de deux ou trois lignes, et ce même s’il s’était également chargé de la copie250. Un colophon plus substantiel de Tʻoros Tarōnecʻi dans M 560, rédigé peu après 1321, manque en revanche totalement d’originalité et ne démontre aucune des influences que nous avons reconnues dans les colophons de VAS* Van, Haykavankʻ 226 et de BIT* S. Sargis s. n.251. 250 Cf. le cas de M 2187, f. 162v, 233r et 245r = H14 439a-b, p. 351; MCʻM VII, nᵒ 2187, col. 366. 251 M 560, f. 197r = H14A 374, p. 414; H14 220, p. 175; MCʻM II, nᵒ 560, col. 1268.

ACTIVITÉ DE YOVANĒS D’AŁĒTʻ (1327-1337)

231

À vrai dire, n’étaient les arguments stylistiques soulevés par B. Narkiss, Th. Mathews et S. Merian, nous n’aurions sans doute guère hésité à attribuer ces deux manuscrits, ainsi que J 95, à Tʻoros Tarōnecʻi, compte tenu de la mince probabilité d’avoir affaire à deux artistes différents du nom de Tʻoros, originaires de Muš et actifs à Glajor en même temps252. Cependant, Narkiss a également attribué à Tʻoros sarkawag une miniature représentant Esayi Nčʻecʻi enseignant à ses élèves, insérée dans un manuscrit du Commentaire sur le livre d’Isaïe de Gēorg Skewṙacʻi, copié en 1299, sans doute en Cilicie, peut-être à Drazark (J 365). Narkiss pense que cette unique miniature ne faisait à l’origine pas partie du manuscrit, qui a été envoyé sans reliure à Esayi Nčʻecʻi par l’archevêque de Césarée tēr Kostand(in)253. Selon Th. Mathews, l’auteur de cette peinture devait appartenir au cercle immédiat de Tʻoros Tarōnecʻi254. Si l’attribution à Tʻoros sarkawag est exacte, nous avons un élément de plus pour appuyer l’hypothèse selon laquelle cet artiste a travaillé entre autres à Glajor, comme il le dit dans le colophon de VAS* Van, Haykavankʻ 226. L’influence des colophons de plusieurs manuscrits de Grande Arménie sur le formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ s’explique par l’entremise de Tʻoros sarkawag. Celui-ci, ayant exercé à Glajor entre 1311 et 1329, aura eu facilement accès au tétraévangile d’Ayrivankʻ de 1217 (M 4509) et au mémorial d’Aspʻay de 1312 dans l’évangile du monastère des Traducteurs (M 2743), deux codex qui se trouvaient dans des monastères de la région, ainsi qu’au tétraévangile de Tʻoros Tarōnecʻi de 1323 (M 6289), copié à Glajor même. Rappelons que l’influence de ce dernier manuscrit sur la production de Yovanēs d’Ałētʻ concerne également l’iconographie: il s’agit sans doute, selon A. Gevorgyan, du prototype des illustrations de son évangile copié en 1331 (M 4217)255. Le nom de l’illustrateur de M 4217 n’est pas connu, mais nous savons que le modèle de la copie a été prêté à Yovanēs par Tʻatʻul, fils de Paronšah, le commanditaire de VAS* Van, Haykavankʻ 226. Or, dans le colophon de ce dernier manuscrit, Tʻoros explique qu’il a lui-même corrigé son modèle, sous la direction de son maître Esayi Nčʻecʻi (զօրինակ սուրբ Աւետարանիս նովաւ ըղորդեցի «je corrigeai avec lui l’exemplaire de ce saint évangile»)256. Ce modèle est Voir aussi en ce sens MATHEWS – SANJIAN, p. 72. NARKISS, Treasures, p. 76-77. Il s’agit du futur catholicos Constantin III de Césarée (1307-1323). 254 MATHEWS – SANJIAN, p. 74. 255 Cf. p. 226. 256 Cf. p. 229. 252 253

232

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ

donc un manuscrit du scriptorium de Glajor, produit à un moment où Tʻoros se trouvait dans ce monastère — probablement M 6289. Enfin, pour clore le dossier de la collaboration entre Tʻoros et Yovanēs d’Ałētʻ, il reste à parler de l’artiste anonyme de M 7519, le premier manuscrit connu de Yovanēs. Nous pensons qu’il pourrait s’agir de Tʻoros sarkawag. En effet, la seule page publiée de ce manuscrit comporte un frontispice et un ornement marginal de couleur magenta, exécutés dans un style maniéré proche de celui de Tʻoros sarkawag257. La chair du personnage représenté au sommet de l’initiale anthropozoomorphe semble être de couleur bleue, comme dans les initiales et les miniatures de M 10859258. Il faudrait se livrer à une étude approfondie du décor pour vérifier cette hypothèse; si elle était avérée, cela signifierait que les deux artistes collaboraient déjà en 1327. 3.3. Postérité Sans leur incorporation dans un formulaire plus vaste, les segments de colophon réunis par Yovanēs d’Ałētʻ ne seraient probablement pas passés à la postérité. En effet, il semble bien que toutes leurs attestations plus récentes que les sources que nous avons énumérées plus haut259 s’expliquent par l’entremise des traditions impulsées par Yovanēs d’Ałētʻ lui-même ou suscitées par ses œuvres. Nous nous contenterons ici d’évoquer brièvement ces traditions, qui seront étudiées en détail plus loin. 3.3.1. Les autres manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ Après avoir expérimenté ce formulaire avec succès en 1331 dans le tétraévangile M 4217, Yovanēs d’Ałētʻ le réemploiera dans son dernier manuscrit connu, AKA* Vačʻian, de 1337. Dans son lectionnaire, également copié en 1331 (J 95), Yovanēs adapte ce formulaire, donnant lieu au type de Tʻonrak. Ce type a été employé dans quatre lectionnaires au total (voir au chapitre 5). Le colophon du rituel P 56 de la même année, plus bref, est apparenté à ce type, dont il reprend quelques extraits260. C’est le type de Xizan, créé par Yovanēs dans un tétraévangile de 1336 (MUSA* 22), à nouveau en modifiant légèrement le type d’Ałētʻ, qui connaîtra le plus grand succès, apparaissant ensuite dans une vingtaine de manuscrits (voir au chapitre 6). 257 258 259 260

M 7519, f. 185r = AHMM, nᵒ 148, p. 110. Cf. les illustrations de MERIAN, Tʻoros sarkawag. Voir p. 186-218. Voir p. 254-257.

CONCLUSIONS

233

3.3.2. De nouvelles traditions Via le type de Xizan, le formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ aura un impact énorme sur de nombreux colophons arméniens rédigés au XVᵉ siècle dans la région du lac de Van, qui ne suivront pas forcément le type de Xizan mais s’en inspireront pour créer de nouveaux colophons261. Dans les siècles suivants, jusqu’au XVIIIᵉ siècle, on retrouvera par cet intermédiaire des bribes issues du formulaire de Yovanēs d’Ałētʻ dans bon nombre de colophons de toutes origines géographiques. Par ailleurs, le premier tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ, M 7519, donnera lui-même lieu à une tradition d’évangiles. Il s’agit d’un groupe de manuscrits, copiés à Bitlis au milieu du XVᵉ siècle, qui reprendront un morceau du colophon de M 7519: գտի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ, զոր գրեալ էր Թորոս փիլիսոփայն ի Դրազարկն … «je trouvai un exemplaire sûr et de choix, qu’avait écrit Tʻoros pʻilisopʻay à Drazark …». Cette phrase, qui inclut une variante de «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» appliquée au modèle de Tʻoros de Drazark, constitue un type personnel de cette formule; nous l’étudierons au chapitre 8. 4. CONCLUSIONS L’étude du premier formulaire de colophon développé par Yovanēs d’Ałētʻ révèle le travail et la personnalité d’un copiste habile, dont l’œuvre a eu un impact durable sur les colophons de manuscrits rédigés dans la région du lac de Van et au-delà. En reproduisant dans son formulaire des formules et extraits hérités de colophons plus anciens, il n’a fait que suivre la pratique habituelle des copistes. Mais en s’appropriant ces «citations», en y ajoutant des passages de son propre cru et en agençant le tout d’une façon originale, Yovanēs montre toute l’étendue de son talent. Le résultat n’est pas simplement un patchwork composé de segments hétéroclites repris à d’autres colophons, mais un texte nouveau, construit, cohérent et harmonieux, qui répond de façon élégante et recherchée aux exigences du genre littéraire du colophon. À travers le dossier très complexe des sources de ce texte (voir fig. 18), on constate la rencontre de différentes influences dans la région du lac de Van au début du XIVᵉ siècle. C’est Yovanēs lui-même qui a rendu possible cette rencontre, à la fois par son trajet professionnel et par son réseau. Notre copiste se situe à la croisée de deux milieux artistiques, centrés autour 261

Sur cette postérité, voir p. 332-338.

234

CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ M 4509 — 1217

— 1290

VAS* Pʻokan 3 MUSA* 10

Saints-Apôtres du Tarōn

— 1300

CLA 12 MUSA* 13 J 1949

M 2743 (mémorial)

NOJ 41 MUSA* 18

— 1310

MUSA* 17 MUSA* 19 — 1320

M 7451 Yovanēs d’Ałētʻ

M 6289 VAS* Van, Haykavankʻ 226

M 7519

— 1330 M 4217

BIT* S. Sargis s. n. Tʻoros sarkawag

AKA* Vačʻian

— 1340

Fig. 18. Type d’Ałētʻ: stemma colophonum (en italiques, les sources du formulaire)

de Muš à l’ouest et de Glajor à l’est. En rapport régulier avec le monastère des Saints-Apôtres de Muš, peut-être même formé là-bas, Yovanēs exerce principalement à Ałētʻ, près de la rive ouest du lac de Van. Lui-même n’a pas de contacts avec les centres de copie d’Arménie orientale, mais il subit l’influence de leur production grâce à sa collaboration avec Tʻoros sarkawag, un artiste itinérant qui a propagé dans la région du lac de Van et au-delà (Erznka) l’enseignement reçu à Glajor. À l’époque, dans les années 1320-1330, la région du lac de Van ne connaît pas encore l’effervescence culturelle qui la caractérisera à partir des dernières décennies du XIVᵉ siècle: seul le monastère de Mecopʻ, au nord du lac, bénéficie déjà d’un certain rayonnement262. Les artistes actifs dans ce pays dépendent 262

Cf. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 26-28.

CONCLUSIONS

235

donc souvent, pour leur formation, d’institutions situées ailleurs, à Muš par exemple. C’est dans ces conditions, au cœur d’un réseau Muš-Ałētʻ-Glajor, que le formulaire de colophon étudié dans ce chapitre a été élaboré. Cette configuration n’est pas anodine. Il faut se souvenir que les deux grands vardapets de l’école de Glajor, Nersēs Mšecʻi et Esayi Nčʻecʻi, ont quitté le monastère des Saints-Apôtres de Muš pour s’installer à Glajor en 1280263. Des liens y ont été maintenus avec le Tarōn pendant la prélature d’Esayi Nčʻecʻi (1284-1338): plusieurs étudiants et artistes de Glajor ont été recrutés dans cette région264, notamment le fameux Tʻoros Tarōnecʻi et son homonyme, Tʻoros sarkawag. Ces relations continues sont manifestes dans le processus de création du formulaire des colophons de Yovanēs d’Ałētʻ. Les modèles ainsi élaborés jouiront d’une large audience auprès des copistes ultérieurs, et le développement de la production manuscrite dans les centres du lac de Van à la fin du XIVᵉ siècle et durant tout le XVᵉ siècle en sera tributaire. Ceci est d’autant plus remarquable que les manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ, modestement illustrés, ne se distinguent pas par leurs qualités artistiques. Si nombre de copistes de tétraévangiles produits au sud du lac (Xizan, Moks, Ałtʻamar) imiteront les formules de Yovanēs, les enlumineurs de ces manuscrits, en revanche, puiseront à des sources tout à fait différentes pour représenter, notamment, le cycle de miniatures en pleine page qui inaugure beaucoup de manuscrits des Évangiles. L’impact de la production de Yovanēs s’étendra également progressivement à d’autres régions plus lointaines265. Au terme de ce chapitre, nous sommes parfaitement outillés pour aborder l’étude des deux formulaires suivants, le type de Tʻonrak (chapitre 5) et le type de Xizan (chapitre 6). En effet, ces formulaires ont pour archétypes deux manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ, à l’occasion desquels notre copiste a développé des colophons étroitement apparentés à ceux des deux représentants du type d’Ałētʻ. Ces nouveaux formulaires pourraient être qualifiés de «variation sur un même thème» que le type d’Ałētʻ; la différence majeure avec ce dernier réside dans le succès de ces nouveaux textes auprès d’autres copistes que Yovanēs d’Ałētʻ.

263 264 265

Cf. MATHEWS – SANJIAN, p. 21-22. MATHEWS – SANJIAN, p. 22. Cf. p. 325-338.

CHAPITRE V

TYPE DE TʻONRAK 1. INTRODUCTION La même année 1331 voit la création par Yovanēs d’Ałētʻ de deux formulaires de colophons, que nous avons nommés, d’après le lieu de rédaction de l’archétype, le type d’Ałētʻ et le type de Tʻonrak. Tous deux sont étroitement apparentés, mais présentent tout de même certaines divergences. Notamment, le type d’Ałētʻ, que nous venons d’étudier, concerne des tétraévangiles, tandis que le type de Tʻonrak a été mis au point pour des lectionnaires. C’est ce deuxième type qui fait l’objet du présent chapitre, organisé selon le même plan que le chapitre précédent. Nous nous intéresserons particulièrement, dans le commentaire du texte, aux adaptations apportées par Yovanēs d’Ałētʻ entre le type d’Ałētʻ et le type de Tʻonrak, adaptations qui s’expliquent en partie par le changement de genre du manuscrit (lectionnaire plutôt que tétraévangile). Au moment d’aborder l’histoire du formulaire, nous évaluerons ce que la production manuscrite du village de Tʻonrak doit à Yovanēs, comme nous l’avons déjà fait pour Ałētʻ. Nous tenterons également, autant qu’il est possible, de reconstituer les liens historiques qui unissent les quatre colophons du corpus. Enfin, on verra que le type de Tʻonrak, s’il n’est plus attesté en tant que tel après 1489, ne tombe pas totalement dans l’oubli et reste connu d’une poignée de copistes jusqu’au XVIIᵉ siècle. 2. TEXTES 2.1. Corpus Nᵒ

Cote

Date

Contenu

Lieu

Copiste

159 J 95

1331 Lectionnaire

Tʻonrak



1397 Collection d’homélies festives

[Xizan], Nersēs St-Gamaliel

V 211

248 ANKK* 161 1422 Lectionnaire 364 SEB* 74

1489 Lectionnaire

Jérusalem, SS.-Jacques Sébaste, St-Signe

Illustrateur

Yovannēs Tʻoros kʻahanay [sarkawag]

Samuēl abełay Pʻilippos

Fig. 19. Corpus du type de Tʻonrak

238

CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

Le corpus du type de Tʻonrak est composé de quatre manuscrits (fig. 19), copiés entre 1331 et 1489, dans des régions diverses: Tʻonrak en Apahunikʻ (J 95), Sébaste (SEB* 74), Xizan (V 211) et Jérusalem (ANKK* 161). Deux de ces manuscrits (ANKK* 161 et SEB* 74) ont disparu durant le génocide. Tous sont des lectionnaires, sauf un, l’homéliaire festif (tōnakan) V 211266. Le manuscrit contient une série d’homélies, de vies et de passions, lues à l’occasion de fêtes. La première pièce, une Vie de Basile de Césarée placée sous le nom d’Amphiloque d’Iconium (= BHG 260u?), est précédée de la date du 24 kʻałocʻ / 1er janvier (ce qui correspond à la tradition sur Basile). Certains lectionnaires commencent au 1er janvier, qui est aussi la date de début du ménologe de Tēr Israyēl267, mais ce n’est pas le cas de J 95 et SEB* 74, qui s’ouvrent sur la fête de l’Épiphanie, le 5 janvier, comme la plupart des lectionnaires arméniens. On sait, depuis l’étude de Ch. Renoux à ce sujet, que la formation des homéliaires festifs a été décisivement influencée par le lectionnaire arménien268. Toutefois, pour ce qui est de leur contenu, nous n’avons pu constater aucun rapport évident entre les lectionnaires du type de Tʻonrak et V 211, qui semble plutôt proche des ménologes. Les lectionnaires arméniens ont été abondamment étudiés par Ch. Renoux. Parmi nos manuscrits, seul J 95 a retenu son attention269; en effet, les travaux de Renoux ne tiennent pas compte des manuscrits disparus, dont ANKK* 161 et SEB* 74, tandis que V 211 n’est pas un lectionnaire. J 95 est un lectionnaire de type hiérosolymitain, de type textuel postérieur à 1173, car on y décèle des retouches apportées par Nersēs Šnorhali († 1173)270. De plus, ce manuscrit présente, d’après Renoux, pour les dix jours précédant la Pentecôte et pour les huit jours qui suivent la fête du 13 septembre, une organisation stationale hiérosolymitaine différente de celle observée dans les témoins plus anciens271. Malheureusement, en raison de leur disparition, il est impossible de dire si ANKK* 161 et SEB* 74 se conformaient au même type textuel.

266 Ven. II, nᵒ 315, col. 1269-1286, sous le titre Հաւաքումն տօնական ճառից «Collection d’homélies festives». 267 Cf. RENOUX, Čašocʻ I, p. 466 [52]. 268 RENOUX, Čašocʻ et tōnakan. 269 RENOUX, Čašocʻ I, nᵒ 81, p. 501 [87]. 270 RENOUX, Čašocʻ I, p. 460-461 [46-47] et p. 489 [75]. Type C, deuxième groupe selon la nomenclature proposée dans RENOUX, Jérusalem 121 I, p. 187. 271 RENOUX, Jérusalem 121 I, p. 187 (cf. p. 30).

ÉDITION

239

2.2. Édition Le type de Tʻonrak sera édité ci-dessous selon les mêmes principes que le type d’Ałētʻ au chapitre précédent, en employant la même numérotation à l’intérieur du texte. Les sigles utilisés dans l’apparat sont les suivants: A = J 95: Jérusalem, Monastère Saints-Jacques, cod. 95. Papier, lectionnaire, copié en 1331 dans le village de Tʻonrak par Yovannēs kʻahanay et illustré par Tʻoros, pour Stepʻanos krawnawor. À partir du f. 556r, dans le colophon principal du copiste272. K = ANKK* 161: olim Angora, Monastère Rouge, cod. 161 (perdu). Lectionnaire, copié au monastère Saint-Jacques de Jérusalem en 1422 par Samuēl abeła, acquis par Yovanēs abeła du village de Mǝłaǰur et acheté pour moitié par Karapet abeła Kǝndagrakcʻi. À partir du f. 1268v, dans le colophon du copiste273. S = SEB* 74: olim Sébaste, Monastère du Saint-Signe, cod. 74 (perdu). Papier, lectionnaire, copié au couvent du Saint-Signe de Sébaste en 1489 par Pʻilippos pour Mattʻēos vardapet, prélat de cet établissement, auquel il a offert ce manuscrit. F. 506r-509v (sans précision), dans le colophon du copiste274. V = V 211: Venise, Bibliothèque des Méchitaristes, cod. 211. Papier, collection d’homélies festives, copié en 1397 au monastère de Gamaliel (Xizan) par Nersēs pour Asat miaynakeacʻ. À partir du f. 347v1, dans le colophon du copiste275.

Les publications relatives au manuscrit SEB* 74 diffèrent quant à sa datation. Le catalogue de Th. Gouschakian, dont nous suivons le texte, situe la copie en 1389 mais transcrit la date ՋԼԸ (938 + 551 = 1489), tandis que la transcription — partielle et fautive — de Ł. Pʻirłalēmean donne l’année ՋԼԶ (936 + 551 = 1487). C’est la mention de ce lectionnaire dans l’Histoire de Sébaste, compilée en 1830 par Yovhannēs Sebastacʻi, archevêque de Sébaste, qui permet de vérifier la date de 1489, comme l’a établi B. Čʻugaszyan276. Les feuillets du colophon de V 211 sont endommagés et, le dernier étant perdu, il manque également l’extrême fin du colophon. Pour approcher le mieux possible le texte original, nous avons combiné deux transcriptions différentes, effectuées l’une par B. Sarghissian et l’autre par H. Kurdian. En cas de divergence, les variantes qui correspondent au texte des autres manuscrits sont préférées; si l’incertitude est significative, elle est exprimée dans l’apparat critique. 272

Jér.2 I, nᵒ 95, p. 294-297; Jér.1 I, nᵒ 95, p. 229-230. H15C 477a, p. 358; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 161, col. 803-809. 274 H15C 120a, p. 99; NPH p. 343 (non uidi); GUŠAKEAN, Cʻucʻak XII, nᵒ 74, col. 73; GUŠAKEAN, Cʻucʻak, nᵒ 74, p. 55. 275 H14 773, p. 618-619; CAM 1397-2, p. 115; Ven. II, nᵒ 315, col. 1284-1286; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 11-14. 276 YOVH. SEB. hist. Seb., p. 57 Čʻugaszyan (voir p. 204, n. 29). Cf. OSKEAN, Sebastia I, p. 48-49. 273

240

CHAPITRE 5. TYPE DE TʻONRAK

7 Ib. Or, s’étant élancé avec une grande espérance dans la si grande et si insigne assemblée des magnifiques et très glorieux saints, 8cet intercesseur du monde et abri de refuge, propitiation pour nous qui avons péché, 9‹titulus nomenque emptoris›, rejeton d’une bonne racine et ‹titulus emptoris› élevé dans la sainteté, 10voulut acquérir ce livre inspiré par Dieu, 11 ce qu’ayant souhaité de longue date, il désirait avec envie ce livre rempli de lumière et inspiré. 1 Or donc moi, le dernier parmi les ‹titulus scribae› et indigne II. parmi les enfants de l’Église, ‹nomen scribae›, 3ayant reçu un ordre de la parole apostolique prescriptive, qui dit: 4«Demeure dans le même appel dans lequel tu fus appelé» — 5or donc, ne supportant pas une telle assurance, 6mais dénué de toute bienséance — ce qui est la hardiesse des vertueux —, 7suppliant cependant tous les saints pour [leur] intercession et pour l’amour de Dieu pour les hommes, 8[les suppliant] de donner de l’espoir à ma pitoyable personne, abattue et effondrée — 9mais maintenant, avec quels cris d’affliction entreprendrai-je de plaintives lamentations sur mon malheur? 10Ou bien avec quelles paroles pourrai-je raconter de façon littéraire le brisement de ma si malheureuse vie? 11Ô chair facile à abattre, née de la terre! 12par quelles exclamation[s] te plaindraije? 13Ou comment fixerai-je par écrit, 14ou bien à propos de quoi donnerai-je des signes? 15à propos des sollicitudes charnelles ou des fautes spirituelles? 16commises volontairement ou involontairement? 17[Ces fautes,] il ne suffit pas que cette lettre les rapporte, ou bien qu’elles soient énumérées par écrit; 18mais à qui connaît les manifestations du secret, m’étant jeté devant lui, je répandrai mon âme en suppliques, 19lui qui est capable

II.

4

I Cor. 7, 24 GRIG. NAR. lam. XLVIII, 110-111, p. 307 MH = 4, 42-43, p. 118 Trapizoni 14 cf. GRIG. NAR. lam. XXVIII, 1-2, p. 197 MH = 1, 1, p. 66 Trapizoni 15–16 cf. GRIG. NAR. lam. XLVIII, 113, p. 307 MH = 4, 45, p. 118 Trapizoni 18 cf. I Reg. 1, 15 19 GRIG. MAG. epist. XIX, p. 59 Kostaneancʻ 11–12

յուսադրեալ AV արդ om. K 10 եւ om. V ∣ կարացից ճառել: ճառեցից V 13 զի[ V ∣ ի գիր lac. V 14 եւ կամ lac. V ∣ զորոնց նշանից V 15 զմարմնաւոր V ∣ մտածմանց V ∣ եթէ lac. V ∣ սխ[ալ]մանց V 17 վերայբերեալ K 8 9

ÉDITION

241

7 Ib. Արդ, յայսքան եւ յայսպիսի բարեզարդ եւ մեծափառ սրբոցս գումարս, 7 բարեխաւսս աշխարհի եւ ապաւէն ապաստանի, քաւութիւն մեղուցելոցս դիմեալ մեծաւ յուսով 9բարի արմատոյ շառաւեղն եւ սրբասնունդ ‹titulus nomenque emptoris›, 10կամեցաւ զաստուածաշունչ տառս զայս ստանալ, 11 զոր ի վաղուց հետէ փափագեալ՝ ցանկայր բաղձանաց այսմ լուսալրական եւ հոգիաբուխ մատենիս։ 1 II. Եւ արդ, ես՝ յետինս ի ‹titulus scribae› եւ անարժանս ի մանկունս եկեղեցւոյ ‹nomen scribae›, 3հրաման առեալ ի պատուիրանադիր առաքելական բանէն, 4որ ասէ՝ Յոր կոչումն կոչեցար՝ ի նմին կացջիր. 5եւ արդ, իմ ոչ բերելով զայսպիսի վստահութիւն, 6այլ ունայն յամենայն բարեվայելչութենէ, որ առաքինեացն է համարձակութիւն, 7այլ ի բարեխաւսութիւն մաղթելով զամենայն սուրբս եւ ի մարդասիրութիւնն Աստուծոյ 8յուսադրել զկործանեալ եւ զլքեալ անձն իմ եղկելի։ 9Բայց արդ որÕվք ձայնիւք աւաղականաւք ողբս աշխարանաց առից ի վերայ թշուառութեան իմոյ, 10եւ կամ որÕվք բանիւք մատենագրաւ կարացից ճառել զբեկումն ամենաթշուառ կենաց իմոց. 11Ո՜վ դիւրակործան մարմին երկրածին, 12որÕվք ձայնարկութեամբ զքեզ աւաղեցից, 13կամ զի&րդ ի գիր յառեցից 14եւ կամ զորÕց նշանակեցից, 15զմարմնական տածմանց եթէ զհոգեկան սխալանաց՝ 16զկամայից եթէ զակամայից, 17զոր ոչ բաւէ նամակս վերաբերել եւ կամ ի գիր շարաբառնիլ. 18այլ գիտողին զգաղտներեւակսն, նմա առաջի արկեալ հեղից զանձն իմ մաղթանաւք, 19որ կարողն է կեցուցանել եւ վերստին հրաշագործել յիս՝

Ib.

om. S 7 արդ praem. եւ V ∣ բարեվայելուչ V 8 բարեխաւս V ∣ աշխարհիս K ∣ մեղուցելոց V ∣ դիմեալ praem. զոր V ∣ յուսով add. եւ փափագմամբ սրտիւ եւ զարդարեալ ամենայն առաքինութեամբ եւ պատուեալ ալեօք K 9 եւ սրբասնունդ om. V add. կրաւնաւորն եւ հոգեւոր հայրն իմ որ բազում աշխատութեամբ սնոյց եւ ուսոյց զիս եւ վարժեց ի յարուեստս գրչութեան եւ բազում բարեաց առիթ եղեւ եւս առաւել ի գալս ի սուրբ քաղաքս յԵրուսաղէմ K ∣ ‹nom. tit.que empt.› V ‹nom. tit.que empt.›ն ի գեղջէն որ կոչի Մըղաջուր K 10 կամեցաւ praem. եւ K ∣ զաստուածաշունչ տառս: զգիրքս V 11 բաղձանաց om. V ∣ այսմ om. K ∣ մատենիս add. Աստուծոյ K hic transp. Ia et ins. petitiones a lectoribus ut precationes facerent K II.

om. S 1 ‹titulus scribae›: գումարս քրիստոսայդաւանից V ∣ անարժանս add. եւ անիմաստս K ∣ մանկունս եկեղեցւոյ: մաքրագունից V ∣ ‹nom. scr.› add. ‹tit. scr.›ս եւ անարհեստ գրիչս K 3–4 հրաման — կացջիր om. V 3 առեալ add. ի հոգեւոր հաւրէն իմմէ եւ K 5 եւ praem. այլ V ∣ արդ իմ transp. V 6 բարեվայելչութենէ: ի բարի վայելչութենէ V

242

CHAPITRE 5. TYPE DE TʻONRAK

de faire vivre et d’à nouveau faire des miracles envers moi, avec les prières de tous les saints. 20De plus, à nouveau, j’estimai bon de mettre en œuvre le talent qui m’a été confié, 21afin d’éviter que lorsque viendra le [Père] Céleste, il m’en réclame beaucoup, et que de ceux qu’il m’a confiés, làbas, il ne retire qu’un seul, 22et qu’il me juge comme un ingrat et un pleurnichard, selon l’effroyable commandement évangélique qu’il a lui-même prononcé, là où il y a pleurs d’yeux et grincements de dents. 23De même, ce n’est pas pour quelque résultat charnel, ni pour réclamer de qui que ce soit des biens terrestres, que j’acquis ceci, 24mais en tant que trésor dans les cieux et qu’intercesseur auprès de notre roi et Seigneur Dieu Jésus-Christ, 25 qui donne à chacun en abondance et ne jalouse pas — 26qu’il nous impartisse aussi à tous [sa] miséricorde, sur les instances de tous les saints. III. 1De plus, ceci fut écrit 2de la main de ‹nomen scribae›, 3scribe insensé et ignorant; 4et moi, étant inapte dans l’art de l’écriture 5et assiégé par les illusions de nombreux péchés, 8mais selon notre capacité, que nous offrit l’Esprit qui aime les hommes, 9en m’étant beaucoup appliqué à ceci, 10 j’écrivis de mes indignes mains, 11d’après un exemplaire de premier choix et sûr, 12à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration. IVa. 1En notre grande ère, 4en l’an ‹tot› 2dans la révolution saisonnière du soleil par descentes pendant son voyage vers le ciel, en regardant vers la terre depuis les cieux, 3à l’instar des créations, ayant mesuré depuis Adam jusqu’aujourd’hui, 7et en ‹tot› de notre ère arménienne. 20–22

cf. Matth. 25, 14-30; Luc. 19, 12-27 PS.-GREG. ILL. strom. 10, p. 105 Tēr-Mikʻelean, p. 106 Venise1, p. 88 Venise2; (PS.-)EPHR. SYR. de fer. quart. non edend., p. 72 Kʻyoseyan; Matth. 25, 30 24 Matth. 6, 20; 19, 21; Marc. 10, 21; Luc. 18, 22 ∣ I Ioh. 2, 1 25 Iac. 1, 5 22

III.

5

cf. II Mach. 5, 18

IVa.

2

cf. SARG. ŠNORH. in epist. cath. X, 9, p. 1571 Narinean ∣ cf. Ps. 101, 20

IVa.

om. S 1 թուականիս K 2–4 om. K 2 ի om. V ∣ յեղանակ V ∣ շրջագայութեանս V add. որ V ∣ արեգակնայ V ∣ ստորիջից V 3 արարչութեան V ∣ յԱդամայ: յելանելոյն Ադամայ V 7 իսկ ի om. K ∣ թուիս om. K թուականիս V ∣ ‹tot› add. եւ նուեմբեր ամսոյ Է K

ÉDITION

243

աղաւթիւք ամենայն սրբոց։ 20Այլ եւ դարձեալ բարիոք համարեցայ ի գործ արկանել զտաղանդս զոր ինձ հաւատացաւ, 21զի մի՛ յորժամ գայցէ երկնաւորն, պահանջիցէ յինէն բազումս, եւ հանցէ յիմոց անտի զմին, 22եւ իբրեւ ժխտող եւ զլացող զիս դատեսցէ, ըստ սարսափելի ինքնասաց աւետարանական հրամանին ուր լալ աչաց է եւ կրճել ատամանց։ 23Նաեւ ոչ վասն մարմնական ինչ արդեանց եւ կամ ստացուածս երկրաւորս պահանջելոյ յումեքէ ստացայ զսա. 24 այլ գանձ յերկինս եւ բարեխաւս առ թագաւորն մեր եւ Տէր Աստուածն Յիսուս Քրիստոս, 25որ տայն ամենայնի առատապէս եւ ոչ նախանձի, 26որ եւ մեզ ամենեցուն տացէ մասն ողորմութեան, հայցուածովք ամենայն սրբոց։ III. 1Այլ եւ գրեցաւ սա 2ձեռամբ ‹nomen scribae› 3անիմաստ եւ ախմար գրչի. 4եւ իմ անընդունակ գոլով յարուեստ գրչութեան 5եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ, 8այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին, 9բազում աշխատասիրեալ իմ ի սմա, 10գրեցի անարժան ձեռաւք իմովք 11յընտիր ընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ, 12կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ։ IVa. 1Ի մեծ թուիս, 2ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով 3ըստ արարչութեանց, չափեալ յԱդամայ մինչեւ ցայսր՝ 4ամք ‹tot›, 7իսկ ի Հայոց թուիս ‹tot›։

բարի V ∣ գործ lac. V ∣ ]նդն V ∣ ինձ lac. V ∣ հաւատաց[ V ]ցէ V ∣ երկնաւոր V ∣ [յի]նէն V ∣ իմոց A ∣ զմինն V 22 եւ զլացող om. V ∣ դասեսցէ V ∣ աւետարանական om. V 23–25 նաեւ — նախանձի om. V 23 պահանջոյ A ∣ յումեքէ ստացայ զսա: գրեցի զսա այլ վասն սիրոյ եւ փափագանաց աւրինակի սորա եւ վասն հոգեւոր հաւրն իմոյ ղըձանացն K 24 այլ: եւ K 25 նախատէ K hic ins. եւ արդ ես Ասատ միայնակեացս ետու գրել զգիրքս զայս յիշատակ հոգոյ իմոյ եւ ծնաւղաց իմոց V 20 21

այլ եւ: եւ արդ V ‹nom. scr.› add. ‹titulum scr.› A մեղապարտ ծառայի V 3 անիմաստ: բազմամեղ KS ∣ տխմար V ∣ գրչի add. որ եւ աղաչեմ զհանդիպողքս գրոցս յիշել յաղաւթս ձեր եւ անմեղադիր լինել V 4 եւ իմ: զի V ∣ անընդել V 9 բազում om. V ∣ աշխատասիրել AK աշխատութեամբ S ∣ իմ om. S եմ K 10 ձեռաւքս V ∣ իմով om. V 11–12 յընտիր — պանդխտութեամբ om. V 11 ընտիր om. S 12 կենաւք — պանդխտութեամբ om. S ∣ պանդխտութեամբ add. եւ ամենայն գոյից պակասութեամբ K III.

1 2

244

CHAPITRE 5. TYPE DE TʻONRAK

2 V. Dans ce canton de ‹nomen pagi›, 3dans ce village qui s’appelle ‹nomen loci›, 4sous l’égide de saint ‹nomen sancti›.

IVb. 12Sous le patriarcat de tēr ‹nomen catholici› 13et sous l’épiscopat de tēr ‹nomen episcopi› 14et sous le règne sur ‹nomen regni› du pieux ‹nomen regis› de la race arménienne; 16que la droite de l’Inengendré et le bras du Puissant gardent inébranlables les trônes patriarcal et royal, 17 afin qu’au souvenir de leurs noms, les ennemis de la vérité se cachent, tremblants, et ne paraissent plus. 4 De plus, ‹nomen emptoris›, ‹titulus emptoris› élevé dans la sainIa. teté, acquit ce livre inspiré par Dieu sur ses acquêts licites, 5en mémoire de sa propre âme, et de ses parents, de son père ‹nomen patris emptoris› et de sa mère ‹nomen matris emptoris› et de ses frères ‹nomina fratrum emptoris› et de ses sœurs ‹nomina sororum emptoris› et de tous ses proches par le sang.

VI. 1De plus, je vous prie de ne pas [me] faire reproche de la gaucherie et des fautes de ceci, 2car selon notre capacité, nous travaillâmes beaucoup dans ceci (sc. ce manuscrit), 3et nous écrivîmes d’après un

Ia-VI. om. S Ia.

transp. post Ib K 4 այլ om. KV ∣ եւ add. արդ V ∣ զաստուածաշունչ — զայս: զսա KV ∣ սրբասնունդ: հաւատարիմ եւ քրիստոսասէր V ∣ սրբասնունդ — ‹nom. empt.› om. K ∣ հալալ add. արդար uel եւ յարդար V ընչից եւ արդար K ∣ վաստակոց: աշխատանաց V ∣ իւրոց om. K lac. uel om. V add. զկէս գրոցս եւ եդ յիշատակ ի սուրբ Լուսաւորչին գերեզմանն K 5 ի om. AK ∣ հոգւոյ lac. uel om. V ∣ ծնողացն V ∣ հաւրն — ‹nomm. fratrr. empt.›: եղբաւրն [ ] ‹nom. fratris empt.› եւ դստերաց իւրոց հաւրն իւրեանց ‹nom. patr. empt.› եւ մաւրն ‹nom. matris empt.› V ∣ մաւրն add. իւրոյ K ∣ եղբաւրն իւրոյ ‹nom. fratris empt.› K ∣ քերցն emendaui: քուերցն KV քորքն A ∣ իւր ‹nomm. sorr. empt.› om. V add. եւ զաւակաց նորա K ∣ մերձաւորացն V ∣ իւրոց3 om. V իւրեանց կենդանեաց եւ հանգուցելոց Աստուած իւր վարձահատոյց լինի աստ եւ ի հանդե[րձե]լումն եւ յահեղ աւուրն ամէն K VI-VII. transp. V 1 այլ եւ: բայց V ∣ աղաչեմ add. զձեզ V ∣ եւ սխալանաց om. V add. եւ անարհեստուVI. թեան K ∣ սորա: գրոյս uel գրոցս V 2–8 զի — սմա om. V 2 աշխատեցա K 3 գրեցի K

ÉDITION

245

2 V. Ի գաւառիս ‹nomen pagi›, 3ի գեւղս որ կոչի ‹nomen loci›, 4ընդ հովանեաւ սրբոյ ‹nomen sancti›։

IVb. 12ի հայրապետութեան տեառն ‹nomen catholici› 13եւ յեպիսկոպոսութեան տէր ‹nomen episcopi› 14եւ ի թագաւորութեան ‹nomen regni› Հայկազին սեռի եւ բարեպաշտի ‹nomen regis›, 16զոր աջ անեղին եւ բազուկն հզաւրին պահեսցէ անսասանելի զաթոռ հայրապետական եւ զթագաւորական, 17 զի ի յիշել զանունս նոցա սասանեալ սաքրին եւ ոչ եւս երեւին թշնամիք ճշմարտութեանն։ 4 Ia. Այլ եւ ստացաւ զաստուածաշունչ տառս զայս սրբասնունդ ‹titulus emptoris›ն ‹nomen emptoris› ի հալալ վաստակոց իւրոց, 5ի յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ ծնողաց իւրոց՝ հաւրն իւրոյ ‹nomen patris emptoris› եւ մաւրն ‹nomen matris emptoris›, եւ եղբարց իւրոց ‹nomina fratrum emptoris›, եւ քերցն իւր ‹nomina sororum emptoris›, եւ ամենայն արեան մերձաւորաց իւրոց։

VI. 1Այլ եւ աղաչեմ չլինել մեղադիր խոշորութեան եւ սխալանաց սորա, 2 զի ըստ կարի մերում յոյժ աշխատեցաք ի սմա 3եւ գրեցաք ի ստոյգ եւ յընտիր V-IVb. transp. K ի — ‹nom. pag.› om. KSV գեւղս — կոչի: յերկնահանգէտ եւ յաստուածակոխ քաղաքս K ∣ գեւղս: վանքս V մեծափառ ուխտս S ∣ որ կոչի ‹nom. loc.›: ‹nom. loc.› կոչեցեալ V add. եւ յաստուածայպահ տեղիքս K 4 ընդ — ‹nom. sanct.› om. V ∣ սրբոյ ‹nom. sanct.›: հռչակաւոր եւ սքանչելագործ սուրբ ծնընդեանս Քրիստոսի K ∣ սուրբ S ∣ ‹nomina sanctorum› S add. եւ յայլ բազմահաւաք սրբոցս որ աստ կան հաւաքեալ S hic ins. digressionem longiorem de urbe Hierosolyma K V.

2 3

12 ի — ‹nom. cath.›: յառաջնորդութեան սուրբ ուխտիս եւ յերկրիս Սեբաստիոյ IVb. ‹nom. praelati› վարդապետի S ∣ հայրապետութեանն KV add. Կիլիկեցոց V ∣ տեառն om. V ∣ ‹nom. cath.› praem. տէր KV add. կաթուղիկոս ամենայն Հայոց K 13 յեպիսկոպոսութեան emendaui: յեպիսկոպոսութիւն A յեպիսկոպոսութեանն K ի մեր հայրապետութեան Ախթամարայ V om. S ∣ տէր om. S ∣ ‹nom. episc.› add. եպիսկոպոսի S ի բարի արմատոյն տէր Գրիգորի փոխեցելոյն ի Քրիստոս զոր Աստուած ընդ երկայն աւուրս արասցէ ամէն K 14–17 եւ1 — ճշմարտութեանն om. K deest S 14 թագաւորութեան emendaui: թագաւորութիւն A թագաւորութեանն V ∣ ‹nom. regn.› — բարեպաշտի: այլասեռից V 16 զոր add. Տէր Աստուած բարձցէ [զթագաւ]որութիւն նորա [եւ խոր]այսոյզ արա[սցէ] եւ [ ] փրկեսցէ զմեզ ի նեղչաց մերոց [որպէս զԻսրաէլ] ի ձեռաց փարաւոնի եւ V ∣ աջն V ∣ անեղին: ան[մահ]ին uel աստուածային V ∣ բազուկ V ∣ հզաւր V add. թագաւորին V ∣ պահեսցէ անսասանելի transp. V add. եւ հաստատեսցէ V ∣ հայրապետական եւ զթագաւորական: թ. եւ հ. V 17 զանուն V ∣ սոցայ V ∣ սասանել A hic ins. ամէն S

246

CHAPITRE 5. TYPE DE TʻONRAK

exemplaire sûr et de choix. 4Et ceci contient la lecture de l’année entière: 5 la lecture instituée par Jacques et par Cyrille et l’office de la Cinquantaine, les Actes [des Apôtres] et la Katʻołikē, 6et [la lecture] des fêtes du Seigneur et la commémoration des saints, [la lecture] des dimanches et du jeûne hebdomadaire, du mercredi et du vendredi, 7ayant mis chacune à sa place — 8ce que nous compilâmes dans ceci afin que les enfants de l’Église s’y retrouvent sans peine. VII. 1Maintenant, je vous prie tous, 2vous qui vous servez de ceci ou le recopiez, 3souvenez-vous avec des prières de l’acquéreur de ceci, ‹nomen titulusque emptoris› mentionné ci-dessus, 4avec sa famille et ses défunts. VIII. 3Souvenez-vous en Christ, 1avec eux, de moi, le scribe sans art et inutile ‹nomen scribae›, 2et de mon père ‹nomen titulusque emptoris› et de nos défunts, et de tous ceux qui se sont montrés obligeants envers nous; 4et à lui (sc. Christ) la gloire pour les siècles, amen.

ÉDITION

247

աւրինակէ. 4եւ ունի սա զընթերցումն բովանդակ տարւոյն՝ 5զեդեալ ընթերցուածն Յակովբայ եւ Կիւրղի, եւ զՅինանց կարգն, զԳործքն եւ զԿաթողիկէն, 6 եւ զտաւնից տէրունականաց, եւ զյիշատակ սրբոց, զկիրակէից եւ զշաբաթապահոց, զչորեքշաբաթու եւ զուրբաթու, 7զիւրաքանչիւր ոք յիւրում տեղւոջ եդեալ, 8զոր վասն անաշխատ լինելոյ մանկանց եկեղեցւոյ շարագրեցաք ի սմա։ VII. 1Արդ, աղաչեմք զամենեսեան, 2որք աւգտիք ի սմանէ, եւ կամ աւրինակէք, 3յիշեսջիք աղաւթիւք զստացաւղ սորա զյառաջագոյն ասացեալն զ‹nomen titulusque emptoris›ն, 4զարմիւք իւրովք եւ ննջեցելովք։ VIII. 1Ընդ նոսին զիս զանարհեստ եւ զանպիտան գրիչ զ‹nomen scribae›, 2 եւ զհայրն իմ զ‹nomen titulusque patris scribae›, եւ զննջեցեալսն մեր, եւ զամենեսեան որք երախտաւորեալ են առ մեզ 3յիշեսջիք ի Քրիստոս, 4եւ նմա փառք յաւիտեանս ամէն։ աւրինակէ add. որ յամէն մարտիրոսաց տաւնի զառակսն Սողովմոնի եւ զմարգարէականքն եւ զառաքելականքն յինքն ունի թէ պակասէր ի բնագրոցն գրեցի որ լիակատար եղեւ K 4 ընթերցումն K 5 զԻնանց AV ∣ զԿաթողիկէն add. եւ զՅոհան գլուխ Աւետարանն K 6 տէրունականացն K ∣ զՇաբաթուց K 7 եդեալ add. եւ զՏաւնացուցին խրատքն ի հետ յեռեալ K 8 շարագրեցաք: շարագրեցեալ եդաք K ∣ ի սմա om. K VII-VIII. om. S VII. Սիոնի V

1

արդ praem. եւ V ∣ աղաչեմ K om. V ∣ զամենեսեանսդ K դուք մանկունք սրբոյն

որք: յորժամ V praem. եւ K ∣ աւգտիք praem. կարդայք զսայ կամ V ∣ սմանէ add. կամ կարդայք կամ տեսանէք K ∣ եւ — աւրինակէք om. V ∣ կամ om. K 3–4 զստացաւղ — ննջեցելովք om. K 3 յիշեսջիք add. առաջի գառինն Քրիստոսի ի ժամ սուրբ պատարագին K ∣ աղաւթիւք: ի մաքրափայլ եւ ի սուրբ յաղաւթս ձեր K ի Քրիստոս V ∣ սորա: գրոցս V ∣ զյառաջագոյն ասացեալն om. V 4 զարմիւք — ննջեցելովք: եւ զվերոգրեալսն եւ Աստուած ողորմի ասացէք լի բերանով եւ Աստուած յիշողքդ յիշեսցէ յիւր արքայութիւնն ամէն V 2

1 VIII. ընդ — եւ om. K եւ դուք ով քահանայք յիշեսջիք V ∣ զանարժան V զտրուպ K ∣ գրիչս KV ∣ զ‹nom. scr.›ս K om. V 2 զհայրն — մեզ: եւ զեղբայրս իմ զհեզահոգի եւ զբարի եւ զընտիր եւ զամենայն առաքինութեամբ զարդարեալսն զսրբասէր կուսակրաւն աբեղաս զ‹nom. fratris scr.› որ իբրեւ զժիր մեղու հանապազ ի սուրբ անաւրինականքս յաղաւթս կայ եւ Բ ամ սուրբ Գերեզմանին սպասաւորեց որ աւժանդակ եւ աւգնական եղեւ ի թղթիս կոկելն եւ ի խազելն եւ յամենայն պէտս մարմնաւոր պատրաստել զոր Աստուած մշակ առանց ամաւթոյ պահեսցէ եւ ընդ երկայն աւուրս արասցէ եւ յիշատակ հոգոյ իմոյ ամէն K ∣ զ‹nom. tit.que patr. scr.› — մեր: զ‹nom. patr. scr.› եւ զմայրն իմ զ‹nom. matris scr.› եւ զեղբարսն իմ զհանգուցեալսն ի Քրիստոս զ‹nomina fratrum scr.› եւ զկենդանիսն զ‹nomina fratrum scr.› V ∣ որք — մեզ: զերախտաւորքն մեր զվանից հայրն Ստեփաննոս սրբոց սիրող եւ մեծայոյս ըզՄխիթար հեզահոգին սիրող սրբոց պատուիրանին զընտիր […] V 3–4 om. K lac. V

248

CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

2.3. Commentaire Le texte du type de Tʻonrak étant partiellement identique à celui du type d’Ałētʻ, nous n’en réitérerons pas ici un commentaire suivi. Il suffira de signaler, dans un premier temps, les différences avec le type d’Ałētʻ dans l’organisation et le contenu du formulaire, puis de commenter les parties qui ne sont pas présentes dans ce type. 2.3.1. Structure Le type de Tʻonrak a donc recours globalement au même matériel que le type d’Ałētʻ, mais en le réorganisant et en le réaménageant (cf. fig. 20). Concrètement, on voit que le prologue du commanditaire est amputé de sa première phrase (I, 1-3), tandis que la moitié de ce qu’il en reste (I, 4-5) est renvoyée après la section IV (datation), elle-même scindée pour accueillir en son milieu la section V (localisation). À la fin du formulaire, entre la deuxième moitié de la section I et la section VII, est introduite une section nouvelle, consacrée à diverses réflexions sur le texte du manuscrit (VI). Ces différences de structure apparentent partiellement le formulaire de Tʻonrak au colophon de M 7519, le premier tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ277. Type

I

Ałētʻ

II

1-11 1-8

III

11-19

Tʻonrak 7-11 1-10 11-26 M 7519

1

etc.

IV

1-5 8-12 1-4 10

1-4

V

IV

I

VI VII VIII

5-12 14-17 1-5 7

2-4 12-17 4-5 1-8

7

2-4 12-14 etc.

1-4 1-4 1-4 1-4

Fig. 20. Comparaison structurelle des types d’Ałētʻ et de Tʻonrak avec le colophon de M 7519

2.3.2. Adaptations ponctuelles Si l’on fait abstraction des passages nouveaux par rapport au formulaire d’Ałētʻ, les adaptations que celui-ci subit pour donner lieu au formulaire de Tʻonrak sont relativement limitées. Sans nous attarder sur les variations de moindre importance (suppression ou ajout d’un mot isolé, synonymes, etc.), voyons quels sont les changements majeurs qui ont été apportés au texte. Il s’agit d’abord de simplifications dans le prologue et l’épilogue du commanditaire, ainsi que dans le formulaire de datation. Deux incipit 277

À propos de ce colophon, voir p. 203-205 et le chapitre 8.

COMMENTAIRE

249

caractéristiques du type d’Ałētʻ, ուստի եւ տեսեալ … «c’est pourquoi aussi, ayant vu …» (I, 1) et արդ, որք ճաշակէք … «maintenant, vous qui goûtez …» (VII, 1) ne sont pas repris. Par ailleurs, le formulaire de datation se présente en fait selon les lignes du colophon de M 7519, ce qui signifie que la première moitié, consacrée aux systèmes chronologiques (IV, 1-8), y est beaucoup plus concise que dans le type d’Ałētʻ. L’autre différence importante avec le type précédent concerne l’appellation donnée au livre copié. Le type d’Ałētʻ inclut à plusieurs reprises le mot Աւետարան «Évangile», qui n’est bien sûr plus compatible dans un formulaire de colophons développé pour des lectionnaires. Le type de Tʻonrak résout ce problème sans jamais faire appel à aucun des noms traditionnels du lectionnaire arménien, tels que ճաշոց, ընթերցուած ou տարեգիրք278. Là où le formulaire d’Ałētʻ a սուրբ Աւետարանս «ce saint Évangile» (I, 4; III, 1; VII, 2), le formulaire de Tʻonrak présente tantôt սա «ceci» (III, 1; VII, 2), tantôt զաստուածաշունչ տառս զայս «ce livre inspiré par Dieu» (Ia, 4). La même expression est utilisée en remplacement de զաստուածաշունչ սուրբ Աւետարանս զայս «ce saint Évangile inspiré par Dieu» (I, 10), tandis que այսմ լուսալրական եւ հոգիաբուխ մատենիս «ce livre rempli de lumière et inspiré» (I, 11) est maintenu sans changement. Enfin, dans les nouvelles parties, l’emploi du seul pronom սա «ceci» est systématique (II, 23; VI, 2; 4; 8). Ces retouches permettent surtout d’éviter l’emploi du mot սուրբ «saint», réservé à l’Évangile. 2.3.3. Prologue pour le copiste (II): suppléments Passons à présent aux adjonctions propres au type de Tʻonrak. Celles-ci sont localisées aux sections II (prologue du copiste) et VI (réflexions sur le texte). Dans la section II, deux passages ne se trouvent pas dans le type d’Ałētʻ. Il s’agit des §§ 9-10, au milieu de la section, et des §§ 20-26, en fin de section. En commentant le type d’Ałētʻ, nous avons distingué deux phases au prologue du copiste. La seconde débute au § 11 et est fortement influencée par le style du Livre des lamentations de Grigor Narekacʻi, qui est même textuellement cité aux §§ 11-12. Les §§ 9-10, ajoutés dans le type de Tʻonrak, servent à introduire et à amplifier cette partie; pour ce qui est de leur sens, ils répètent de façon plus expressive ce qui sera dit aux §§ 12-13. 278

Sur les différents termes utilisés dans les manuscrits pour désigner le lectionnaire, voir RENOUX, Čašocʻ I, p. 425-426 [11-12].

250

CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

Ensuite, aux deux parties du prologue du copiste dans le type d’Ałētʻ, le type de Tʻonrak ajoute une troisième (§§ 20-26). Le connecteur introductif այլ եւ «de plus» (§ 20) marque la césure par rapport à ce qui précède; cette rupture se ressent aussi dans l’écriture, qui n’a plus grand’chose à voir avec le style de Narekacʻi. L’auteur reprend l’idée initiale du prologue, à savoir sa motivation à copier le manuscrit. Il avait commencé (§ 4) en expliquant sa démarche à partir du verset suivant: «que chacun, frères, demeure devant Dieu dans le même appel dans lequel il fut appelé» (I Cor. 7, 24: իւրաքանչիւր յոր կոչումն կոչեցաւ եղբարք, ի նմին կացցէ առաջի Աստուծոյ). L’appel du scribe étant d’écrire, il s’est résolu, malgré son sentiment d’incompétence, à se plier à l’injonction divine et à copier le manuscrit. Aux §§ 20-22, l’auteur aborde la même idée sous un autre angle, en partant de la parabole des talents en Matth. 25, 14-30. Cette fois, il obéit au commandement de Jésus de faire fructifier le talent qui lui a été confié: craignant de subir, au jour du jugement, le sort du mauvais gestionnaire de la parabole, le scribe décide de se mettre à l’œuvre en exerçant son art. L’arrière-plan évangélique de la démarche du copiste est souligné une seconde fois. Les Évangiles ne constituent pas l’unique source d’inspiration de ce passage; la composition de Yovanēs d’Ałētʻ s’inspire aussi de la littérature homilétique. Le dixième discours de la collection Yačaxapatum, tout comme le sermon Sur le fait qu’il ne faut pas manger le mercredi et le vendredi et sur les apostats et les impurs qui profèrent des injures, attribué à Éphrem le Syrien279, présentent en effet un texte plus proche du § 20 du formulaire de colophon que ne le sont les Évangiles. L’élément le plus révélateur de cette influence réside dans l’emploi du mot տաղանդ «talent» (emprunt au grec τάλαντον), comme dans l’homélie d’Éphrem (p. 72 Kʻyoseyan), alors que les Évangiles ont քանքար (de même sens mais issu “  du syriaque ÁüÞÝ kakrā)280. De même, la proposition ուր լալ աչաց է եւ կրճել ատամանց «là où il y a pleurs d’yeux et grincements de dents» n’est pas issue en ligne directe de Matth. 25, 30, qui n’a ni ուր «là où», ni աչաց «d’yeux», ni է «il y a»: en revanche, elle se lit mot pour mot dans l’homélie du Yačaxapatum (p. 105 Tēr-Mikʻelean) et à quelques détails près dans le sermon d’Éphrem (p. 72 Kʻyoseyan)281. (PS.-)EPHR. SYR. de fer. quart. non edend., éd. KʻYOSEYAN, Anhayt čaṙ, p. 68-83. Cf. HÜBSCHMANN, Grammatik, p. 383 et 319, respectivement. 281 À propos de pareils cas d’intertextualité dans les colophons arméniens, voir VAN ELVERDINGHE, Child in Zion, p. 144-146; VAN ELVERDINGHE, Literary Compositions. 279 280

COMMENTAIRE

251

Ensuite (§ 23), l’auteur du colophon se défend de tout esprit de lucre, en usant de termes à connotation religieuse: մարմնական «corporel, charnel» prend ici le sens général de «matériel, tangible», tandis que երկրաւոր «terrestre» permet de développer l’opposition avec la proposition suivante. Le copiste espère en effet seulement, par son travail, s’amasser un trésor dans les cieux (§ 24), d’après une métaphore récurrente dans les Évangiles (Matth. 6, 20; 19, 21; Marc. 10, 21; Luc. 18, 22). Finalement, la conclusion de ce prologue célèbre la magnanimité de Dieu (§§ 25-26). Pour constituer la dernière partie de cette section (§§ 24-26), Yovanēs a remployé des éléments qu’il avait développés dans le colophon de M 7519282. Dans la citation néotestamentaire au § 25, le verbe նախատեմ «reprocher» de Iac. 1, 5 est remplacé par նախանձիմ «jalouser», à la fois dans M 7519 et dans le formulaire de Tʻonrak. On remarquera toutefois que la forme authentique est rétablie dans ANKK* 161. 2.3.4. Réflexions sur le texte (VI) La section VI est entièrement nouvelle par rapport au type d’Ałētʻ. L’auteur la consacre à quelques réflexions concernant le texte qu’il vient de recopier, d’abord sur la forme (§§ 1-3), puis sur le fond (§§ 4-8). Le début de cette section (§§ 1-3) n’est pas une création inédite: il trouve son origine dans le colophon de M 7519, le premier évangile de Yovanēs d’Ałētʻ, dont nous constatons une fois encore la proximité avec le formulaire de Tʻonrak. Pour ces lignes, M 7519 dépend à son tour du lectionnaire MUSA* 17, copié en 1314 au monastère des Saints-Apôtres de Muš283. Le copiste y implore l’indulgence du lecteur face aux vices du manuscrit (§ 1), qu’ils soient esthétiques (խոշորութեան «grossièreté, gaucherie») ou textuels (սխալանք «fautes, coquilles»). Afin de rendre son lecteur compréhensif sans toutefois se décharger de sa responsabilité, il souligne à la fois qu’il a fait de son mieux (§ 2) et que son modèle était de bonne qualité (§ 3). La formule ի ստոյգ եւ յընտիր աւրինակէ «d’après un exemplaire sûr et de choix» (§ 3) fait ici une seconde apparition — l’ordre des qualificatifs étant inversé par rapport à la première occurrence (III, 11). Ensuite (§§ 4-8), l’auteur se consacre au contenu du manuscrit, passant en quelque sorte de la forme au fond. Ce contenu est appelé զընթերցումն բովանդակ տարւոյն «lecture de l’année entière» — rappelons que le 282 283

Voir p. 394-395 (III, 6-8). Voir p. 197 et 205.

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CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

colophon n’utilise jamais le terme ճաշոց «lectionnaire». Plus précisément, il s’agit de զեդեալ ընթերցուածն Յակովբայ եւ Կիւրղի «la lecture instituée par Jacques et par Cyrille» (§ 5), la tradition arménienne attribuant à Jacques frère du Seigneur et à Cyrille de Jérusalem la paternité du lectionnaire284. À cela s’ajoute զՅինանց կարգն «l’office de la Cinquantaine» (§ 5), c’est-à-dire de la période de cinquante jours qui sépare Pâques de la Pentecôte. Pourquoi cette précision? Au XIIIᵉ siècle se développe, à l’imitation du πεντηκοστάριον grec, un nouveau type de livre liturgique arménien, le pentecostaire, qui ne contient que les lectures de cette période285. Ch. Renoux a recensé douze manuscrits de cette espèce, dont la plupart datent de la première moitié du XIVᵉ siècle; le genre n’a pas percé, et on ne trouve plus aucun pentecostaire après le XIVᵉ siècle. Comme le lectionnaire de Tʻonrak a été copié en 1331, c’est-à-dire au moment où les pentecostaires connaissaient un certain succès, il a pu paraître utile à Yovanēs d’Ałētʻ de préciser que les mêmes lectures se trouvent également dans son manuscrit. En effet, certains lectionnaires ciliciens, dont le plus ancien exemplaire connu, M 832 (1154, Skewṙa?), omettaient cette période en raison de l’existence d’un livre séparé286. Il devait en résulter une certaine confusion, si l’on en croit une note du copiste dans le célèbre lectionnaire du roi Hetʻum (Héthoum II), copié en 1286, probablement à Skewṙa (M 979): Համբարձմանն առաւաւտուն եւ ճաշոյն կարգն գրեալ է ի մայիս ամիս, ԿԵ համարն, գիտ եւ կարդայ եւ մի մեղադրեր, զի Գործքս յետոյ գրեցի եւ ի Յինանցն ի կարգն դրի։ L’office du matin et du repas de l’Ascension a été écrit au mois de mai, le numéro 65, sache[-le] et lis et ne [me le] reproche pas, car j’écrivis ces Actes après et je [les] plaçai à l’office de la Cinquantaine.287

De fait, ce numéro 65, annoncé dans la table des matières de M 979, n’est pas écrit, et le livre passe directement du 64 au 66; par ailleurs, les lectures après Pâques sont extraites des Actes des Apôtres, comme mentionné dans la note du copiste288. Ces «Actes» (զԳործքն) sont d’ailleurs l’élément suivant à être mentionné dans le formulaire de Tʻonrak (§ 6), juste après la Cinquantaine. Cf. RENOUX, Jérusalem 121 II, p. 166 [28]. Voir RENOUX, Čašocʻ I, p. 477-480 [63-66]; RENOUX, Čašocʻ III, p. 551-552 [33-34]; RENOUX, Pentecostaire. 286 RENOUX, Čašocʻ III, p. 551-552 [33-34]. 287 M 979, f. 276r = H13 474b, p. 589; MCʻM III, nᵒ 979, col. 1565. 288 M 979, f. 307v-308r = MCʻM III, nᵒ 979, col. 1566. Cf. RAPTI, Image et liturgie, p. 134-137 et DRAMBYAN, Čašocʻ, p. 146-149. 284 285

COMMENTAIRE

253

Après les Actes, l’auteur de notre formulaire cite «la Katʻołikē» (զԿաթողիկէն, § 6), c’est-à-dire la Basilique de la Résurrection de Jérusalem, appelée Կաթողիկէ en arménien. Cette mention fait allusion à la fête commémorant la dédicace, en 335, du Martyrium construit par Constantin, événement célébré le 13 septembre et qui donne lieu à des festivités de longueur variable selon les lectionnaires289. Les derniers éléments mentionnés (§ 6) sont plus banals: զտաւնից տէրունականաց «[lecture] des fêtes du Seigneur», զյիշատակ սրբոց «commémoration des saints», զկիրակէից եւ զշաբաթապահոց, զչորեքշաբաթու եւ զուրբաթու «[lecture] des dimanches et du jeûne hebdomadaire, du mercredi et du vendredi» — les mercredis et vendredis de Carême étant mentionnés à part, sans doute parce qu’ils possèdent un canon spécial290. Le copiste conclut en précisant que tout se trouve à l’endroit attendu (§ 7), de façon à ne pas désorienter l’utilisateur du livre (§ 8). Ce dernier passage est surprenant, car il sous-entend, avec l’emploi du verbe շարադրել «écrire à la suite, consigner, compiler», plus qu’une simple tâche de copie, un véritable travail de rédaction. En conséquence, il existe la possibilité que le passage VI, 4-8 de notre formulaire soit repris au colophon disparu de l’auteur d’une rédaction particulière du lectionnaire, ou adapté d’un tel texte. Des colophons de ce genre existaient: nous avons notamment gardé celui de l’édition du lectionnaire de Grigor Vkayasēr, dont la première partie est du catholicos lui-même et la seconde de Kiwrakos Gitnakan, continuateur et rédacteur de l’édition291. Cette hypothèse est en outre soutenue par le fait que Yovanēs d’Ałētʻ est un spécialiste de la combinaison d’extraits de colophons plus anciens. Il demeure cependant impossible de la vérifier. On remarquera en tout cas que la description, plus ou moins précise et détaillée, du contenu du manuscrit est un véritable topos des colophons de lectionnaires. La manière formulaire dont ce contenu est présenté peut aider à définir des traditions de copie, comme on le voit dans le cas du type de Tʻonrak, mais aussi pour un groupe de lectionnaires du XVᵉ siècle copiés autour du lac de Van et dans d’autres contextes encore292. Il s’agit RENOUX, Čašocʻ II, p. 127-128 [41-42]; RENOUX, Čašocʻ III, p. 580 [62]. RENOUX, Čašocʻ II, p. 185-186 [47-48]. 291 H5-12 173a-b, p. 139-140; YJ 125, col. 269-272; AKINEAN, Kirakos gitnakan, col. 520-523 (avec bibliographie); RENOUX, Čašocʻ I, p. 453-454 [39-40] (trad. française). À propos de Kiwrakos, cf. supra, p. 112-113 et 130-131, et infra, p. 253. 292 Par exemple les lectionnaires copiés à Caffa, en Crimée: voir ainsi les colophons des manuscrits LOO 41463, f. 465r-467v (NERSESSIAN, Catalogue UK, vol. 1, p. 614) et LOB Or. 15291, f. 539r-540v (NERSESSIAN, Catalogue UK, vol. 1, p. 634), copiés tous deux à Caffa, respectivement en 1472 et en 1631-1632. Cf. infra, p. 261-262. 289

290

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CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

d’une piste intéressante pour poursuivre l’étude de l’histoire du lectionnaire arménien, inaugurée par les travaux fondamentaux et exemplaires de Ch. Renoux293. 3. HISTOIRE 3.1. Origines Comme nous l’avons déjà montré plus haut, le type de Tʻonrak puise son origine dans deux créations de Yovanēs d’Ałētʻ: le type d’Ałētʻ, représenté par les colophons de M 4217 et AKA* Vačʻian, et le colophon de M 7519. On se reportera donc à notre discussion de ces textes pour un aperçu des sources du formulaire étudié ici294. 3.2. Évolution 3.2.1. Les manuscrits copiés à Tʻonrak Le plus ancien manuscrit et archétype du formulaire, le lectionnaire J 95, a été copié ի գաւառիս Ապահունեաց, ի գեւղս որ կոչի Թոնրակս, ընդ հովանեաւ սրբոյ Ատոմայ «dans ce canton d’Apahunikʻ, dans ce village qui s’appelle Tʻonrak, sous l’égide de saint Atom». Tʻonrak (Thondrak, tc Tendürek, auj. Hasretpınar), au nord du lac de Van, non loin de Mantzikert, est bien connue pour avoir été le berceau de la secte thondrakienne au IXᵉ siècle. À côté de cette localité, on signalait encore au début du XXᵉ siècle les ruines d’un monastère Saint-Jean295. Seuls deux manuscrits copiés à Tʻonrak sont parvenus jusqu’à nous, un lectionnaire (J 95) et un rituel (P 56)296; tous deux datent de 1331 et leurs colophons invoquent la protection de saint Atom (et non de saint Jean). P 56, copié en écriture bolorgir, n’est pas signé, mais nous pensons qu’il s’agit également, comme J 95, d’une œuvre de Yovanēs d’Ałētʻ. Les descriptions publiées au début du XXᵉ siècle par Fr. Conybeare et Fr. Macler y ont reconnu trois mains différentes, chacune responsable d’une partie du manuscrit297. Ces parties sont: 1ᵒ f. 1-220, l’essentiel du RENOUX, Jérusalem 121 I-II; RENOUX, Čašocʻ I-III. Voir p. 186-232 et 402-403. 295 THIERRY, Répertoire, nᵒ 395, p. 74; TełBaṙ II, p. 4693 s.v. Tʻondrak [1]; OSKEAN, Tarōn-Turuberan, nᵒ 40, p. 262; LUSARAREAN, Gawazanagirkʻ, nᵒ ŽE, p. 138. Sur le village, voir en outre ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 44-46 s.v. Tʻonrak. À propos du mouvement thondrakien, on lira l’étude de NERSESSIAN, Tondrakian Movement. 296 MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 47. 297 MACLER, Catalogue, nᵒ 56, p. 27; CONYBEARE, Rituale Armenorum, cod. P, p. xxii-xxiii. 293 294

ÉVOLUTION

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rituel, composé de 21 canons, écrit à longues lignes, 26 par page, et terminé par un colophon daté de 1331 (f. 220r–v); 2ᵒ f. 221-232, un appendice, le canon de purification d’une église profanée, écrit sur deux colonnes, inachevé; 3ᵒ f. 233, un extrait d’un rituel d’ordination, pris à un autre manuscrit de dimensions plus modestes et terminé par un colophon daté de 1600. Cependant, la notice d’A. Ter-Stépanian dans le catalogue publié en 1998 remet cette description en cause298: tout le manuscrit serait d’une seule main, copié en 1500 (selon une nouvelle lecture de la date de colophon au f. 233r–v), à raison de 21 lignes par page jusqu’au f. 220 et 22 à partir du f. 221. Le colophon daté de 1331 qui se lit au f. 220 r–v serait le colophon du modèle. Dans l’attente d’un réexamen du manuscrit pour trancher la question, l’opinion de Macler et de Conybeare paraît plus convaincante, et ce pour trois raisons: 1ᵒ le f. 233, qui porte le colophon datant de 1500/1600, est d’un format différent du reste du codex; 2ᵒ il n’est suivi d’aucune page de garde, tandis qu’un feuillet blanc précède le f. 1, ce qui signifie, par symétrie, que le f. 233 occupe la place d’une page de garde; 3ᵒ le colophon qui y est inscrit évoque un livre d’ordination (ձեռնադրութեան գիրք), or P 56, hormis au f. 233, ne comporte aucun rituel d’ordination299. Nous pensons donc que le f. 233 a été ajouté lors d’une restauration du manuscrit pour tenir lieu de page de garde. C’est dès lors bien P 56 qui date de 1331, non son modèle dont le colophon aurait été recopié. La copie du manuscrit, jusqu’au f. 220, peut être attribuée à Yovanēs d’Ałētʻ. En effet, ce copiste était présent à Tʻonrak en 1331 et l’on reconnaît son style dans le colophon: Արդ, յայսքան եւ յայսպիսի բարեփառ եւ վայելուչ սրբոցս գումարս բարէխաւսս մեղուցելոց, զոր մեծաւ յուսով փափագող եղեւ հաւատարիմ եւ պատուական կրաւնաւորն Խաչատուր, եւ ետ գրել զՄաշտոցս եւ զՔահանայաթաղս ի յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ ծնաւղաց իւրոց, յաղագս որոյ ես՝ տկարս եւ տառապեալս գծագրեցի ձեռամբ մեղսամած եւ տարտամ մատամբս ի վայելումն Խաչատուր կրաւնաւորի եւ եղբաւրորդւոյ իւրոյ Բարդաղիմոսի, ի թվականութեան Հայոց ՉՁ եւ ի հայրապ տեառն Յակոբայ եւ յարհիեպիս տէր Աստուածատրու. գրեցաւ ի գաւառիս Ապահունեաց, ի գեղս Թոնրակս, ընդ հովանեաւ սուրբ Ատոմայ։ Եւ արդ, աղաչեմ զամենեսեանս տէրամբ որք ընթեռնուք կամ հանդիպիք տեսութեամբ՝ յիշել եւ Աստուած ողորմ ասել ծերացեալ կրաւնաւորին KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 56, col. 101-102. P 56, f. 233r = H15C 403, p. 300; KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 56, col. 102. Cf. la liste des canons de P 56 dans CONYBEARE, Rituale Armenorum, cod. P, p. xxiii. Sur la distinction, dans les manuscrits du rituel, entre les rites d’usage courant et les rites d’ordination, voir notamment AREVŠATYAN, Évolution du rituel, p. 156. 298 299

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CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

Խաչատրոյ եւ ծնաւղաց իւրոց, եւ զայնոսիկ որ յանձնեցին զինքեանս յիշել ի Տէր։ Եւ Քրիստոս Աստուած յիշողացդ եւ յիշելոցս ամենեցուն առհասարակ ողորմեսցի կրկին կենաւք եւ երկու աշխարհաւք. ամէն։ Եւ թէ գտանէք սղալ կամ այլ բան՝ յաւրինակէն գիտացէք։ Or, dans la si grande et si insigne assemblée des glorieux et élégants saints, cet intercesseur pour ceux qui ont péché, dont devint désireux, avec une grande espérance, le fidèle et honorable moine Xačʻatur (krawnawor) — et il donna à écrire ce Rituel et cet office des prêtres défunts, en mémoire de son âme et de ses parents, [Xačʻatur] pour qui moi, qui suis faible et troublé, j’écrivis de ma main engluée dans le péché et de mon doigt hésitant, au profit de Xačʻatur krawnawor et de son neveu Bardałimos, en 780 (+ 551 = 1331) de l’ère arménienne et sous le patriarcat de tēr Yakob (i. e. Jacques II d’Anazarbe, 1327-1341 et 1355/7-1359) et sous l’archiépiscopat de tēr Astuacatur; ce fut écrit dans ce canton d’Apahunikʻ, dans ce village de Tʻonrak, sous l’égide de saint Atom. Et maintenant, je [vous] prie dans le Seigneur, [vous] tous qui lisez ou rencontrez [ceci] par la vue, de vous souvenir et de dire «Dieu prend pitié» pour le moine vieillissant Xačʻatur krawnawor et pour ses parents, et de vous souvenir dans le Seigneur de ceux qui se sont recommandés. Et que Christ Dieu prenne pitié de vous qui vous souvenez et de nous qui sommes remémorés, tous ensemble, en nous accordant la seconde vie et les deux mondes, amen. Et si vous trouvez un mot fautif ou différent, sachez [que cela vient] de l’exemplaire.300

Le début de ce colophon est apparenté à la seconde moitié du prologue du commanditaire dans les types d’Ałētʻ et de Tʻonrak (I, 7-9). Le formulaire de localisation suit celui de J 95 et du type de Tʻonrak (V, 2-4), tout comme la façon de citer les autorités ecclésiastiques (IV, 12-13). Quoique plus bref et moins riche, ce colophon est trop proche des textes de Yovanēs d’Ałētʻ pour ne pas être son œuvre. La décoration du manuscrit, d’après les notices des catalogues, suit également les mêmes principes que dans les autres manuscrits de ce copiste: initiales ornées, motifs marginaux, bandeaux et deux frontispices, mais pas d’illustration en pleine page. Enfin, P 56 commence par le canon à accomplir pour les quarante jours du nouveau-né (relevailles de la mère et présentation de l’enfant); le même canon se trouve, isolé, en tête du tétraévangile de 1331 de Yovanēs d’Ałētʻ (M 4217)301. Dans la liste des témoins arméniens pris en compte par Conybeare pour établir sa traduction du rituel302, P 56 est le seul à présenter ce canon en première position: il pourrait donc s’agir d’un indice supplémentaire quant à l’identité du copiste. 300 P 56, f. 220v = H14 297, p. 238; KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 56, col. 101-102; MACLER, Catalogue, nᵒ 56, p. 27. Voir aussi CONYBEARE, Rituale Armenorum, cod. P, p. xxii-xxiii. 301 M 4217, f. 1v-3r. 302 CONYBEARE, Rituale Armenorum, p. ix-xxxv.

LES COPIES DU LECTIONNAIRE DE TʻONRAK

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3.2.2. Les copies du lectionnaire de Tʻonrak (J 95) L’acquéreur de J 95 en 1331 était un certain Stepʻanos krawnawor, fils d’Awetikʻ et Aziz, dont la région d’origine n’est pas mentionnée et qui ne semble connu par aucun colophon. Nous ignorons donc la destination immédiate du manuscrit. Après celui-ci, le deuxième plus ancien témoin du type de Tʻonrak est V 211, copié en 1397 par Nersēs303 au monastère Saint-Gamaliel, près de Xizan304. Il ne s’agit pas d’un lectionnaire, mais d’un homéliaire festif (tōnakan)305. Toutefois, le formulaire du colophon suit clairement le type de Tʻonrak, malgré quelques transformations vers la fin (VI-VIII). Les tétraévangiles de Yovanēs d’Ałētʻ ont rencontré à Xizan un immense succès, comme nous le verrons au chapitre suivant, et il n’est pas étonnant de constater également dans cette région l’influence du colophon de son lectionnaire. Notons que parmi les homélies transmises dans V 211, on compte le sermon Sur le fait qu’il ne faut pas manger le mercredi et le vendredi et sur les apostats et les impurs qui profèrent des injures, attribué à Éphrem306, dont nous avons vu l’influence sur un passage du prologue du copiste (II, 20-22). Il semble qu’il s’agisse d’une coïncidence, car la description du lectionnaire J 95 par N. Bogharian ne signale pas l’intrusion d’un tel texte. Le manuscrit suivant en ordre chronologique est ANKK* 161, un lectionnaire copié au monastère arménien de Jérusalem en 1422 par Samuēl abeła. Ici aussi, le colophon respecte bien le formulaire, du moins pour les sections I-III. La section IV est dérangée et la section V donne lieu à une très longue digression sur la ville de Jérusalem. Dans la section VI (entre les §§ 3 et 4), le copiste ajoute une précision à propos des sources du texte: որ յամէն մարտիրոսաց տաւնի զառակսն Սողովմոնի եւ զմարգարէականքն եւ զառաքելականքն յինքն ունի թէ պակասէր ի բնագրոցն գրեցի որ լիակատար եղեւ «[exemplaire] qui a en lui, pour toute fête des martyrs, les Proverbes de Salomon et les [textes] prophétiques et apostoliques; si cela manquait dans les textes, je [l’]ai écrit afin que ce fût complet». Enfin, la section VII parle du copiste au lieu de l’acquéreur, ce qui explique l’absence de la section VIII dans ce colophon. 303 AnjnBaṙ IV, p. 60 s.v. Nersēs 144; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 11-14; POŁAREAN, Gamałiēli vankʻ, nᵒ E, p. 22. 304 THIERRY, Répertoire, nᵒ 075, p. 17; TełBaṙ I, p. 7763 s.v. Gamałiel; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 448 s.v. Gamałiēli vankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ [ŽB]-9, p. 843851; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 23-24; POŁAREAN, Gamałiēli vankʻ; THIERRY, Vaspurakan, p. 376; THIERRY, Monastères IV, p. 167. Cf. ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 174 s.v. Xizan. 305 Cf. p. 238. 306 V 211, f. 140 r1-149 r1 (acéphale), voir Ven. II, nᵒ 315, col. 1276 (nᵒ 22).

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CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

Il y a tout lieu de croire qu’ANKK* 161 est une copie directe de J 95, qui se trouvait déjà à Jérusalem en 1422. En effet, plusieurs colophons ultérieurs nous apprennent que J 95 fut, à une date indéterminée, restauré à la demande d’un certain Stepʻanos mahdasi. Or la qualité de mahdasi (ou ses nombreuses variantes orthographiques), de l’arabe ‫ َم ْق ِد ِس ّي‬maqdisī «hagiopolite», caractérise les personnes qui ont fait le pèlerinage aux lieux saints de Jérusalem307. De plus, il est précisé dans ces colophons que Stepʻanos donna զկապողչէքն «le prix de la reliure»308. Ce terme est rarissime: outre celle-ci, le corpus des colophons en connaît deux occurrences, dont l’une dans un colophon rédigé en 1439, également à Jérusalem309. Si l’on en croit le passage ajouté au formulaire (VI, 3-4) par le copiste d’ANKK* 161, le texte de ce dernier serait plus complet que celui de J 95. Vu la perte du manuscrit, il est évidemment impossible de le vérifier; cependant, on remarquera que, pour des dimensions très proches (32 × 21,7 cm et 30 lignes par page, en deux colonnes, contre 32 × 24 cm et 30-31 lignes par page, également en deux colonnes), ANKK* 161 comportait 82 feuillets en plus par rapport à J 95 (641 contre 559). Cette différence pourrait effectivement indiquer un enrichissement du contenu du lectionnaire. Le quatrième et dernier représentant du type de Tʻonrak est le lectionnaire SEB* 74, copié au monastère du Saint-Signe de Sébaste en 1489 par Pʻilippos310. Le colophon de ce scribe ne suit plus le type de Tʻonrak que pour la section III, ainsi que dans le formulaire de localisation et de datation, mais très partiellement (V, 3-4; IV, 12-13). Le reste du texte n’a pas de rapport avec le formulaire. Il faut nécessairement postuler au moins un intermédiaire entre J 95 et SEB* 74, étant donné la présence de J 95 à Jérusalem dès 1422. Commande du supérieur du monastère, Mattʻēos vardapet, le codex SEB* 74 est demeuré la propriété de cet établissement jusqu’à sa destruction en 1915. Son colophon n’a pas suscité d’émules. Sur ce terme, voir KAUFHOLD, Jerusalempilger, spécialement p. 55-61 à propos de ses variantes en arménien. 308 J 95, f. 3v et 228r = Jér.2 I, nᵒ 95, p. 297-298. Sur ce mot, cf. MHB, p. 361 s.v. kapołčʻēkʻ. La troisième attestation, sous la forme կապուղջէքն (ou կապաւղջէքն?), se trouve dans un colophon de ca. 1606 figurant dans l’évangile dit de Barjrberd (ANT 8, f. 351r = H17A 289b, p. 229; DANIĒLEAN, Mayr cʻucʻak, nᵒ 8, p. 95; SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi II, nᵒ 1, p. 9). 309 ANKK* Stanos, S. Kʻaṙasunkʻ 2, f. 610v à 615r = H15C 527a, p. 390; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 312, col. 1318. 310 THIERRY, Répertoire, nᵒ 402, p. 75; TełBaṙ IV, p. 101–2 s.v. s Nšan; OSKEAN, Sebastia I, nᵒ 13, p. 27-76; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 13, p. 89-92. Sur Pʻilippos, voir AnjnBaṙ V, p. 204-205 s.v. Pʻilippos 34. 307

POSTÉRITÉ

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3.3. Postérité Passé 1489, on ne trouve plus de manuscrit dont le colophon soit organisé selon le formulaire de Tʻonrak. Ce texte a néanmoins influencé un certain nombre de colophons qui, sans suivre réellement le formulaire, lui empruntent quelques éléments. Il faut en premier lieu mentionner un lectionnaire copié en 1466 à la forteresse d’Anazarbe, en Cilicie, et conservé à l’archevêché arménien d’Alep (ALQ 135), dont voici un extrait du colophon: Այլ ապինազն (lege ապենիազն) Ա(ստուա)ծ եւ նա որ զկամս երկիւղածաց իւրոց կատարէ։ Կատարեաց զյիղձ փափաքանաց սորա, զի ես յետինս ամ(ենայն) եպ(իս)կ(ոպո)սաց եւ անարհեստ գրիչս {uac.} որ զայս գիրս գծագրեցի զի ըստ կարի իմում յոյժ աշխատեցայ եւ գրէցի ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ. զի ունի սա բովանդակեալ յինքեան զմատեանս ս(ուր)բ մարգարէիցն. որ յամէն մարտիրոսաց տաւնի զառակսն Սողովմոնի. եւ զմարգարէականքն. եւ զառաքելականքն. եւ զաւետարանականն յինքն ունի. զխորհուրդ չարչարանաց, թաղմանն եւ յարութե(ան)ն. եւ յայլ փրկագործ տնաւրէնութե(ան)ց. տ(եառ)ն. մերոյ Յ(իսուս)ի Ք(րիստոս)ի, զոր կատարեաց յերկրի. այլ եւ գիրք քարոզութե(ան) ս(ուր)բ առաքելոցն։ Եւ ամբարեալ ունի սա զընթերցումն բովանդակ տարւոյն, զեդեալ ընթերցուածն Յակովբայ եւ Կիւրղի. եւ զյինանց կարգքն զգործքն եւ զկաթուղիկէն. եւ զտաւնից տ(է)րունականաց. եւ զյիշատակ սրբոց. զկիրակէից եւ զշաբաթապահոց, զչորեքշաբաթու եւ զուրբաթու, զիւրաքանչիւր ոք յիւրում տեղւոջ եդեալ եւ զտաւնացուցին յիւրաքանչիւրում իւրում տեղւոջ եդեալ, զի վասն անաշխատ լինելոյ մանկանց եկեղեցւոյ շարագրեցաք ի սմա, վ(ա)ս(ն) աւրինակի։ Mais celui à qui rien ne manque, Dieu, [c’est] aussi lui qui accomplit les vœux de ceux qui le craignent. Il a accompli le souhait des désirs de celui-ci (sc. le commanditaire), car moi, le dernier de tous les évêques et scribe sans art {uac.}, qui écrivis ce texte — car selon ma capacité, je travaillai beaucoup et j’écrivis d’après un exemplaire bon et de choix, car ceci a, contenu en lui, les livres des saints Prophètes, qui [sont lus] à chaque fête des martyrs, [et] les Proverbes de Salomon, et il a en lui les [textes] prophétiques, apostoliques et évangéliques, le mystère de la Passion, de la Mise au Tombeau et de la Résurrection et des autres dispensations salvifiques de notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il a accomplies sur la terre, ainsi que le livre de la prédication des saints Apôtres. Et ceci renferme la lecture de l’année entière: la lecture instituée par Jacques et par Cyrille et l’office de la Cinquantaine, les Actes [des Apôtres] et la Katʻołikē, et [la lecture] des fêtes du Seigneur et la commémoration des saints, [la lecture] des dimanches et du jeûne hebdomadaire, du mercredi et du vendredi, ayant mis chacune à sa place, et ayant mis chaque [élément qui provient] de l’indicateur des fêtes (tawnacʻoycʻ) à sa place — ce que nous compilâmes dans ceci afin que les enfants de l’Église s’y retrouvent sans peine, pour [avoir] un exemplaire.311 ALQ 135, ca. p. 10251 sqq. = SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 135, p. 235. Cf. H15B 318a, p. 251-252. 311

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CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

On peut dire qu’il s’agit d’un remaniement de la section VI du type de Tʻonrak. En effet, les §§ 4-8, décrivant le contenu du lectionnaire, s’y retrouvent peu ou prou à l’identique, tandis que plus haut dans ce passage, le scribe insiste sur l’ampleur de son travail et sur la qualité de l’exemplaire, à la manière des §§ 2-3. L’ajout propre à ANKK* 161 entre les §§ 3 et 4 est ici complètement assimilé. On remarque que l’adjectif լաւ «bon» a été substitué à ստոյգ «sûr» dans la formule qui a trait à l’exemplaire (VI, 3), suivant la tendance générale au XVᵉ siècle312. Le manuscrit est aujourd’hui conservé à Alep et a servi de modèle à deux lectionnaires copiés dans cette ville au XVIIᵉ siècle, où l’on trouve le même colophon (ALQ 136, de 1636; ALQ 133, de 1639313). Pour cette raison, A. Surméyan suppose que le manuscrit se trouve à Alep depuis le XVIᵉ siècle314. Le formulaire développé par Yovanēs d’Ałētʻ a également affecté un autre centre de copie majeur du XVIIᵉ siècle, Constantinople. Cela se voit clairement dans le colophon du lectionnaire ANKK* 155, copié par Aristakēs erēcʻ en 1654 à l’église du Saint-Archange, située dans le quartier de Balat, le long de la Corne d’Or. À nouveau, le point d’attache le plus immédiat avec le type de Tʻonrak est constitué par les détails sur le contenu du lectionnaire (VI, 4-6): Եւ արդ՝ ունի զընթերցումն բովանդակ տարոյն, զեղեալ ընթերցուածն Յակոբայ եւ Կիւրղի, եւ զինանց կարգն, զգործքն եւ զԿաթուղիկէն, եւ զտօնից տէրունականաց եւ զյիշատակ սրբոցն, զկիրակէից եւ զշաբաթապահոց, զչորեքշաբաթու եւ զուրբաթու եւ որ սոցին […]։ Or donc, [ceci] contient la lecture de l’année entière: la lecture instituée par Jacques et par Cyrille et l’office de la Cinquantaine, les Actes [des Apôtres] et la Katʻułikē, et [la lecture] des fêtes du Seigneur et la commémoration des saints, [la lecture] des dimanches et du jeûne hebdomadaire, du mercredi et du vendredi, et ce que de ceux-ci […].315

En plus de ce passage, des extraits modelés sur le type de Tʻonrak parsèment tout le colophon, et ce dès ses premières lignes (après la doxologie): Եւ արդ յáյսքան եւ յáյսպիսի բարեվայելուչ եւ մեծափառ սրբոց գումարս, բարեխօս աշխարհի եւ ապաւէն քաւութեան մեղուցելոց, զոր դիմեալ մեծաւ յուսով 312

Cf. p. 70-72. ALQ 136, p. 10321 sqq. = H17B 996, p. 677; SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 136, p. 236-238. ALQ 133, p. 8201 sqq. = H17B 1151a, p. 781-782; SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 133, p. 227-230. 314 SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 135, p. 234 et 236. 315 ANKK* 155, p. 928-929 (sans précision) = H17C 957, p. 626; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 155, col. 772. 313

POSTÉRITÉ

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բարիմաստ շառաւեղ հաւատարիմ պարոն Զաքարիայ ղալֆան, եւ կամեցաւ զաստուածաշունչ տառս զայս ստանալ, ի միտ առեալ զբանն Եսայեա որ ասէ. երանի որ ունիցի զաւակ ի Սիովն եւ ընտանեակ յԵրուսաղէմ։ Or donc, dans la si grande et si insigne assemblée des magnifiques et très glorieux saints, cet intercesseur du monde et abri de propitiation pour ceux qui ont péché, où s’étant élancé avec une grande espérance, bon et sage rejeton, le pieux paron Zakʻariay łalfa316 voulut aussi acquérir ce livre inspiré par Dieu, ayant à l’esprit la parole d’Isaïe qui dit: «Bienheureux qui aura une descendance en Sion et un familier en Jérusalem» (Is. 31, 9).317

Moyennant des modifications mineures et le remplacement du § 11 par le verset du livre d’Isaïe, très fréquent dans les colophons arméniens, il s’agit du texte du prologue pour le commanditaire qui entame le formulaire de Tʻonrak (Ib, 7-10). Plus bas dans ce colophon, on trouve aussi un passage qui descend de l’épilogue pour le commanditaire, tel qu’il se présente non pas dans le type de Tʻonrak, mais dans le type de Xizan (VII, 1-3)318: Արդ՝ որք ճաշակէք յամէնառատ սեղանոյս եւ վայելէք յաստուածային բուրաստանէս, եւ հանդիպիք տեսութեան սուրբ գրոյս, կարդալով կամ օրինակելով եւ կամ հարեւանցի տեսանելով, յիշեսջիք ի մաքրափայլ յաղօթս ձեր … Maintenant, vous qui goûtez à cette table abondante et qui jouissez de ce jardin divin, et qui rencontrez par la vue ce texte saint, en le lisant ou en le recopiant, ou bien en le regardant superficiellement, souvenez-vous dans vos prières limpides …319

Ce croisement de fragments de formulaires différents montre bien que l’on ne se trouve plus ici dans le cadre strict d’un formulaire de colophon, mais en présence d’un répertoire de formules plus ou moins fixes, dans lequel le copiste peut piocher et dont il a le loisir de déterminer l’ordre de succession — sans surestimer sa liberté, car il s’efforce toujours de rester dans la lignée reconnaissable des anciens modèles. 316 Arm. խալիֆա(յ), հալիֆա(յ), ղալիֆա(յ) xalifa(y), halifa(y), łalifa(y) (parfois avec syncope du i), emprunt à l’arabe ‫ َخلِيفَ ة‬ḫalīfa «successeur; calife; adjoint». Le mot arménien, aussi attesté comme nom propre, peut avoir le sens de «calife» (cf. MHB, p. 301 s.v. xalifay) mais signifie plutôt ici «second, assistant d’un maître», dans tous les sens du terme «maître»: artisan, architecte, enseignant, etc. Cf. AnjnBaṙ II, p. 454-455 s.v. Xalifay; AČAṘEAN, Tʻurkʻerēnē pʻoxareal baṙer, p. 159 s.v. Xalfa. 317 ANKK* 155, p. 928-929 (sans précision) = H17C 957, p. 625; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 155, col. 770. 318 Voir p. 282-283. 319 ANKK* 155, p. 928-929 (sans précision) = H17C 957, p. 625-626; KIWLĒSĒREAN, Cʻucʻak Ankiwrioy, nᵒ 155, col. 771.

262

CHAPITRE V. TYPE DE TʻONRAK

4. CONCLUSIONS En retraçant l’histoire du type de Tʻonrak (cf. fig. 21), nous avons été pour la première fois confronté à un formulaire de colophon en usage dans différentes régions du monde arménien: la région du lac de Van, avec Tʻonrak (J 95) et Xizan (V 211), mais aussi Jérusalem (ANKK* 161) et Sébaste en Cappadoce (SEB* 74). Il faut toutefois bien reconnaître qu’il s’agit d’un usage très sporadique: on ne peut pas dire que le type de Tʻonrak ait véritablement fait école, quand seuls quatre manuscrits de provenance disparate l’attestent sur plus d’un siècle et demi, de 1331 à 1489. Néanmoins, dans les trois milieux qui l’ont reçu, le texte du colophon de J 95 a été perçu, en tout ou en partie, comme un formulaire auquel les copistes ont souhaité se conformer. Sans cela, nous ne parlerions pas du «type de Tʻonrak». Ce chapitre a aussi permis de soulever la question du passage d’un formulaire d’une catégorie de manuscrits à une autre: des tétraévangiles aux lectionnaires entre le type d’Ałētʻ et le type de Tʻonrak, puis d’un lectionnaire à un recueil d’homélies festives (V 211). Dans le premier cas, le nouveau formulaire constitue davantage qu’une version «bis» du texte de départ: certes, il lui reste semblable dans l’ensemble, mais il s’adapte également à l’autre genre littéraire en prenant en compte le contenu du manuscrit hôte (changements dans la façon de désigner le livre, exposé de ce qui s’y trouve). Malheureusement, les circonstances du second passage, vers la collection d’homélies V 211, restent obscures. C’est d’ailleurs souvent le cas lorsque l’on tente d’étudier la tradition textuelle de pareils recueils, qui reproduisent rarement un modèle unique de bout en bout. Enfin, nous avons donné une idée de la façon dont un formulaire peut survivre à sa désuétude. Une fois qu’il n’est plus reconnu en tant que formulaire, le texte du colophon ancien devient comme un gisement de formules potentielles, dont chaque copiste de passage extrait ce qui l’intéresse. L’éclat de texte ainsi obtenu est retaillé avec plus ou moins de finesse par le scribe, pour être serti dans une nouvelle œuvre. Il ne se trouve plus forcément à la place qu’il occupait à l’origine, et côtoie divers fragments empruntés à d’autres traditions. Dans cet état, il arrive à ce reliquat de formulaire de connaître une seconde vie en tant que composant d’un nouveau formulaire, comme nous l’avons vu dans le cas des lectionnaires copiés à Alep au XVIIᵉ siècle. Voilà un des mécanismes qui commandent au renouvellement et à la continuation des traditions de colophons.

263

CONCLUSIONS

— 1300 J 95

— 1350

V 211

— 1400 ANKK* 161

— 1450 ALQ 135 Alep SEB* 74 — 1500

— 1550

— 1600

ALQ 136

ALQ 133 — 1650

ANKK* 155 — 1700

Fig. 21. Type de Tʻonrak: stemma colophonum (les manuscrits cités en italiques sont seulement influencés par le type; les pointillés dénotent une filiation indirecte)

CHAPITRE VI

TYPE DE XIZAN 1. INTRODUCTION Tout comme les types d’Ałētʻ et de Tʻonrak, le type de Xizan résulte de la postérité d’un tétraévangile copié par Yovanēs d’Ałētʻ, en l’occurrence MUSA* 22, exécuté en 1336 en Cilicie. Ce formulaire de colophon, exclusivement attesté dans des évangiles, connaît un grand succès à partir de la fin du XIVᵉ siècle, principalement au sud-ouest du lac de Van, dans les régions de Xizan et de Moks. Son emploi reste en vogue dans les tétraévangiles copiés dans cette région tout au long du XVᵉ siècle. Nous en connaissons 31 attestations, réparties de ca. 1393 à 1491 — si l’on excepte l’archétype, qui date de 1336. À peu près la moitié des manuscrits concernés ont été copiés à Xizan; la dénomination «type de Xizan» paraît donc s’imposer. Xizan (on trouve aussi dans les manuscrits les orthographes Hizan, Xzan, Hzan, Xazan; tc Hizan, kd. Xîzan, auj. Eski Hizan), aujourd’hui une petite bourgade kurde de 10 000 habitants au sud-ouest du lac de Van, compta jadis parmi les plus importants centres de copie de manuscrits arméniens320. Plusieurs centres de copie y furent actifs de la fin du XIVᵉ jusqu’au XVIIIᵉ siècle, produisant un grand nombre de manuscrits321. Depuis les travaux de S. Der Nersessian, on distingue habituellement deux grands groupes stylistiques parmi les manuscrits copiés dans la région du lac de Van: l’«école de Xizan» d’une part et l’«école de Van» d’autre part322. Cette distinction se fonde principalement sur l’étude des cycles de miniatures narratives dans les tétraévangiles. 320 Sur la Xizan arménienne, voir notamment TełBaṙ II, p. 7303-7311 s.v. Xizan; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 171-174 s.v. Xizan; THIERRY, Vaspurakan, p. 371-373. 321 MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 31-32, recense 32 manuscrits copiés à Xizan aux XIVᵉ et XVᵉ siècles, auxquels il faut encore ajouter les manuscrits provenant des monastères environnants, comme le couvent Saint-Gamaliel (MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 23-24: 15 manuscrits). 322 Sur l’école de Xizan, voir notamment KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ; LEYLOYANYEKMALYAN, Vaspurakan; POŁAREAN, Xizancʻi varpetner; DER NERSESSIAN, Chester Beatty, p. xxxiii-xl; DER NERSESSIAN, Walters Art Gallery, p. 33-44; DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 93-133; DER NERSESSIAN, Gospel Illustration, repr. dans Études, p. 522523; NARKISS, Treasures, p. 92-94; TAYLOR, School of Vostan, p. 42-50; NERSESSIAN, Gospel-Books, p. 31-32.

266

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

Les principaux monastères de Xizan sont le couvent de la Mère-deDieu de Barijor (ou Barakajor, aussi nommé couvent des Sept-Autels), où un centre de copie fut en activité du XVᵉ au XVIIᵉ siècle323, et surtout le couvent Saint-Gamaliel, où un grand nombre de manuscrits furent produits aux XVᵉ et XVIᵉ siècles324. À quelque distance de la ville s’élevait aussi le monastère Sainte-Croix de Xizan (appelé aussi Sainte-Croix de Šinijor, ou Šēnajor), où quelques manuscrits sont copiés au début du XVᵉ siècle325. Cependant, nous verrons que le type de Xizan n’a pas été développé dans ces monastères, mais dans la ville même de Xizan, au sein d’une institution que nous appellerons «scriptorium urbain», d’après l’expression d’A. Taylor. La tradition du type de Xizan toucha rapidement d’autres centres moins importants, situés pour la plupart en périphérie de Xizan ou dans le district voisin de Moks. Nous tenterons dans ce chapitre, au travers de l’analyse des colophons, de cerner la nature des rapports entretenus par ces centres «secondaires» avec le foyer culturel et artistique constitué par le scriptorium urbain de Xizan. En raison du grand nombre de centres et de colophons étudiés dans ce chapitre, celui-ci sera plus long que les précédents, particulièrement en ce qui concerne l’histoire du formulaire. Le succès rencontré par le type de Xizan singularise ce texte par rapport aux autres formulaires examinés jusqu’ici (mont Sepuh, Ałētʻ, Tʻonrak), qui sont restés relativement confidentiels. Nous aurons donc ici l’occasion d’étudier sur une plus grande échelle les diffusions et mutations que peuvent subir les textes de ce genre. 2. TEXTES 2.1. Corpus Le corpus du type de Xizan se compose des colophons de 31 manuscrits des Évangiles (fig. 22). Toutefois, l’impact du type de Xizan est évident dans un nombre important d’autres colophons, qui lui empruntent des passages plus ou moins nombreux et étendus selon les cas. Pareils textes 323 THIERRY, Répertoire, nᵒ 068, p. 15; TełBaṙ I, p. 6171 s.v. Barakajori s Astvacacin; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 403 s.v. Barakajoroy vankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ 12.8, p. 839-843; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 20; THIERRY, Vaspurakan, p. 373-376; THIERRY, Monastères VII, p. 225-227. Cf. ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 174 s.v. Xizan. 324 Voir p. 257, n. 305. 325 OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ 12.17, p. 855-862; THIERRY, Vaspurakan, p. 380384; THIERRY, Monastères VII, p. 221-225; POŁAREAN, Xizani S. Xačʻ. Cf. TełBaṙ IV, p. 1083 s.v. Šenajor; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 174 s.v. Xizan.

267

CORPUS

s’écartent trop de la version canonique du formulaire pour pouvoir être repris dans notre corpus. Ils ne représentent plus la tradition directe du type de Xizan: en effet, ils ne se conforment pas à un formulaire précis, mais en subissent seulement l’influence, à des degrés divers. Cependant, l’intérêt de ce genre de colophons en tant que rejetons du type de Xizan n’est pas négligeable, et il arrivera fréquemment que nous en évoquions l’un ou l’autre au cours de notre parcours historique. Mais ils ne permettent pas d’expliquer l’évolution du formulaire lui-même, et ne doivent certainement pas être considérés dans l’établissement de son texte. Voici la liste des colophons inclus dans le corpus, par ordre chronologique: No

Cote

Date

Lieu

Copiste

Illustrateur

168 MUSA* 22

1336

Cilicie

Yovhannēs

204 VAS* Moks, S. Yakob 21

[ante 1393]

Hizan

Yovanēs

206 P 333

[1393] Hizan

Yovannēs

Yovannēs

219 M 4223

1401

Hizan

Zakʻariay kʻahanay

Yovannēs

221 M 5562

1402

Hizan

Yovanēs

Yovanēs

223 M 5727

1404

Hizan

Stepʻannos

Yovanēs

236 MUSK* Gümüşhane, 1413 S. Pʻrkičʻ 15

[Xizan]

Zakʻaria

Nersēs kʻahanay

242 BAY* S. Hreštakapet s. n.

1420

Xzan

Stepʻannos kʻahanay

245 VAS* Van, Ararkʻ 11 1421

Cpat

Vardan abełay

259 M 4827

1430

Hosrovavankʻ Vardan abełay

[Vardan abełay]

274 M 8933

1437

Hizan, St-Gamaliel

Yohanēs vardapet

AHMM 260 [= Yohanēs vardapet?]

290 M 4922

1447

Pʻasavankʻ

Israyēl kʻaha- Israyēl nay kʻahanay

291 NOJ 559

1447

Ginēkancʻ

Vardan abełay

296 DU 566

1451

Hizan, St-Gamaliel

Yovhannēs vardapet

Yovhannēs

Yovhannēs vardapet

268

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

No

Cote

Date

Lieu

Copiste

1452 1456

[Sēri vankʻ] Xazan

314 M 5331

1458

Soravankʻ

320 M 7566

1460

Xazan

323 M 3049

1462

Unjkʻ

325 M 10521

1462

[Xizan]



M 4779

1474

Xizan



VAS* Šatax 1

1478

Bṙnašēn



VAS* Van, Yaynkoysner 46 M 5361

1482

Hizan

1486

Hizan

VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17 363 VAS* Moks, S. Yakob 20 — VAS* Van, Tiramayr s. n. B — MSB 22

1486

Hizan

[ante 1489] [ante 1489] 1489

Dašt

Mxitʻar kʻahanay Mkrtičʻ kʻahanay Mkrtičʻ kʻahanay Yovhanēs kʻahanay Aṙakʻel

Dašt

Aṙakʻel

Hizan

366 M 3857

1490

Mkrtičʻ Mkrtičʻ kʻahanay kʻahanay Azariay erēcʻ AHMM 349

369 NOJ 390

1490

Ałbak, St-Barthélémy Dašt Aṙakʻel

372 VAS* Šatax, Dašt

1491

Šatah

— —

Vardan Mkrtičʻ kʻahanay tēr Yovannēs kʻahanay; Yovannēs krōnawor Yovanēs kʻahanay Mikʻayēl erēcʻ Mkrtičʻ kʻahanay Yovanēs kʻahanay

Illustrateur

301 M 9841 310 VAS* Ktucʻ s. n. C

Israyēl kʻahanay

Fig. 22. Corpus du type de Xizan

Mkrtičʻ

Atom

[Yovanēs kʻahanay] AHMM 297 AHMM 294 Nersēs episkopos Ałtʻamarcʻi

AHMM 338

Aṙakʻel kʻahanay

ÉDITION

269

De ce corpus ont également été exclus plusieurs colophons conservés de manière trop fragmentaire pour que nous puissions juger de façon certaine s’ils suivent ou non le type de Xizan. Ces textes se trouvent dans des tétraévangiles soit mutilés (par exemple M 4124), soit perdus et dont le colophon a été imparfaitement et incomplètement retranscrit (tels que VAS* Van, Tiramayr s. n. C326 ou BIT* S. Gēorg s. n. A327). 2.2. Édition L’édition du type de Xizan suit les principes éditoriaux déjà adoptés et mis en œuvre pour l’établissement du texte des types d’Ałētʻ et de Tʻonrak. Quelques particularités sont toutefois à souligner. Nous avons décidé d’inclure dans le texte édité, mais entre crochets, certains passages qui ne concernent qu’une branche minoritaire de la tradition (III, 6-7; IV, 8; dernier lemme de V, 5). Ces passages font en effet partie intégrante du formulaire pour les manuscrits qui les comportent; dit autrement, il ne s’agit pas de développements individuels, qui auraient leur place dans l’apparat, mais d’éléments totalement intégrés au texte par un groupe défini de manuscrits, dont certains parmi les tout premiers témoins du formulaire. D’autre part, vu le nombre de manuscrits et les variations subies par le texte au cours de son histoire, l’apparat critique occupe dans cette édition une place prépondérante. De fait, cet apparat revêt une importance capitale, car c’est là que se dessinent les groupes de manuscrits, que se démarquent les exceptions et que s’évalue le degré de respect de la norme représentée par le texte canonique. En caricaturant, on pourrait même considérer la section historique de ce chapitre comme un long commentaire de l’apparat critique. Le texte lui-même n’est finalement, en grande partie, qu’une redite du type d’Ałētʻ. Ci-dessous, la liste des sigles utilisés dans l’apparat: A = MUSA* 22: olim Muš, Monastère des Saints-Apôtres, cod. 22 (perdu). Papier, tétraévangile, copié en Cilicie par Yovhannēs en 1336 pour Hayrapet kʻahanay. Dans le colophon du copiste328. 326

Cf. H15A 293, p. 267; NH 64, p. 65; CAM 1421-12, p. 149. Cf. H15A 348, p. 328; NH 78, p. 77-78; CAM 1425-4, p. 167-168. Le copiste de ce manuscrit est un certain Karapet, venu de Van (AnjnBaṙ II, p. 597 s.v. Karapet 159), probablement le même que le célèbre copiste martyrisé vers 1452: AnjnBaṙ II, p. 594, 596, 598, 599 et 601 s.v. Karapet 127, 148-149, 169, 171, 189 et 205; POŁAREAN, Gričʻner, p. 211215 (qui confond plusieurs homonymes); LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ K-XV-3, p. 182. 328 MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 22, p. 26. 327

270

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

B = VAS* Moks, S. Yakob 21: olim Moks, Église Saint-Jacques du quartier de Dašt, cod. 21 (perdu). Papier, tétraévangile, copié à Hizan par Yovanēs, au plus tard en 1393, pour Markos hayrapet. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste329. C = VAS* Van, Ararkʻ 11: olim Van, Église de la Sainte-Mère-de-Dieu d’Ararkʻ, cod. 11 (perdu). Papier, tétraévangile, copié par Vardan abełay et illustré par Yovhannēs en 1421 à l’ermitage de Cpat pour Tʻumay krawnawor. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste330. D = DU 566: Dublin, Chester Beatty Library, cod. 566. Papier, tétraévangile, copié et illustré au monastère Saint-Gamaliel de Hizan en 1451 ou en 1453 par Yovhannēs vardapet, à destination de Tʻuma krawnawor et du tanutēr Karapet. Dans le colophon principal331. F = M 4779: Erévan, Matenadaran, cod. 4779. Papier, tétraévangile, copié à Hizan en 1474 par Yovanēs kʻahanay et enluminé par Nersēs episkopos Ałtʻamarcʻi pour le tanutēr Sahak. F. ca. 346v-ca. 347v, dans le colophon du copiste332. G = NOJ 559: Nouvelle-Djoulfa, Monastère du Saint-Sauveur, cod. 559. Papier, tétraévangile, copié par Vardan en 1447 dans le village de Ginekancʻ, à la demande de Sargis małdasi, qui l’a offert à son petit-neveu Yovanēs erēcʻ. F. 295r-ca. 296v, dans le colophon du copiste333. H = BAY* S. Hreštakapet s. n.: olim Bayburt, Église du Saint-Archange, cod. s. n. (perdu). Tétraévangile, copié à Hizan en 1420 par Stepʻannos kʻahanay pour Cerun kʻahanay. Dans le colophon du copiste334. I = M 4922: Erévan, Matenadaran, cod. 4922. Papier, tétraévangile, copié et illustré par Israyēl kʻahanay dans le village de Pʻasavankʻ en 1447, pour le tanutēr Tʻovmay et ses deux frères Grigor et Łazar, du village d’Ašnay. F. 360v-362r, dans le colophon du copiste335. K = MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15: olim Gümüşhane, Monastère du SaintSauveur, cod. 15 (perdu). Tétraévangile, copié par Zakʻaria à [Xiz]an en 1413 pour Łukas kʻahanay et enluminé par Nersēs kʻahanay. Dans le colophon du copiste336. 329 H14 355, p. 289-290; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 95, col. 193-196; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 9-10; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 71-72, n. 164 (avec trad. française). 330 H15A 295, p. 268-269; CAM 1421-13, p. 149-150; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 150, col. 329-332. 331 H15B 10, p. 9-10; SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Ewropayi, nᵒ 6, p. 9-10; DER NERSESSIAN, Chester Beatty, vol. 1, nᵒ 566, p. 51 (trad. anglaise); KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 36-37. 332 H15B 463a, p. 366-367; CAM 1474-5, p. 311-312; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 193, col. 469-470; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 158 (trad. française partielle) et n. 380; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 47-48. 333 H15A 690, p. 611-612; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 54, p. 84; TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non uidi). 334 H15A 274, p. 247; NH 63, p. 62-63; NPH2, p. 123-124 (non uidi); CAM 1420-5, p. 146. Cf. nᵒ 12 dans le cod. J 3578/26/2 (Jér.2 X, p. 608-609). 335 H15A 688, p. 609-610; NH 163, p. 156; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 169, col. 397-399. 336 H15A 153, p. 147-148; CAM 1413-1, p. 135; SRUANJTEANCʻ, Tełagrutʻiwn, p. 728729; Nkaragrutʻiwn Trapizoni, p. ca. 124-ca. 134 (d’après Jér.2 XI, p. 292-293).

ÉDITION

271

L = M 3857: Erévan, Matenadaran, cod. 3857. Papier, tétraévangile, copié en 1490 au monastère Saint-Barthélémy, dans le canton d’Ałbak, par Azariay erēcʻ pour le tanutēr Dawitʻ młdasi darbin. F. 346v2-347v2, dans le colophon du copiste337. Les coins de certains feuillets sont endommagés. M = M 4223: Erévan, Matenadaran, cod. 4223. Papier, tétraévangile, copié en 1401 à Hizan par Zakʻariay kʻahanay et enluminé par Yovannēs pour Astuacatur kʻahanay. F. 294r2-296r2, dans le colophon du copiste338. N = NOJ 390: Nouvelle-Djoulfa, Monastère du Saint-Sauveur, cod. 390. Papier, tétraévangile, copié en 1490 dans le village de Dašt par Aṙakʻel et enluminé par Aṙakʻel kʻahanay pour le mahdasi Sahak krōnōor. F. 307r sqq., dans le colophon du copiste339. O = M 5562: Erévan, Matenadaran, cod. 5562. Papier, tétraévangile, copié et enluminé en 1402 à Hizan par Yovanēs pour Yohannēs kʻahanay et son neveu Sukʻias kʻahanay. F. 309r-310r, dans le colophon principal340. P = P 333: Paris, Bibliothèque nationale, cod. arm. 333. Papier, tétraévangile, copié et enluminé à Hizan par Yovannēs en 1393-1394, pour Yovannēs kʻahanay. F. 276r2-v2, dans le colophon du copiste341. Q = M 5361: Erévan, Matenadaran, cod. 5361. Papier, tétraévangile, copié en 1486 à Hizan par Mkrtičʻ kʻahanay pour Anton kʻahanay. Le nom de l’enlumineur n’est pas connu. F. 280r1-v2, dans le colophon du copiste342. R = MSB 22: Moscou, Bibliothèque d’État, cod. Арм. 22. Papier, tétraévangile, copié, enluminé et relié par Mkrtičʻ kʻahanay à Hizan en 1489 et acquis par Miriǰan (?) et sa femme Jhan. Dans le colophon du copiste343. S = M 5727: Erévan, Matenadaran, cod. 5727. Parchemin, tétraévangile, copié en 1404 à Hizan par Stepʻannos et enluminé par Yovanēs. F. 296v1-298r1, dans le colophon du copiste344. Les coins de certains feuillets sont endommagés. Il semble par ailleurs qu’une autre main ait complété les informations relatives 337

D’après reproduction. Voir aussi H15C 194, p. 149-150. D’après reproduction. Voir aussi H15A 5, p. 8-9; CAM 1401-5, p. 122-123; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 45-47, n. 88 et 92-95 (avec trad. française); EREMEAN, Yovhannēs kʻahanay, p. 163; AVETISYAN, Hovhannes Xizancʻi, p. 227; NERSESSIAN, Treasures from the Ark, nᵒ 95, p. 170 (trad. anglaise partielle). 339 TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 46, p. 73. 340 H15A 19a, p. 22-23; NH 18, p. 18; CAM 1402-2, p. 124; UKK, p. 97; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 135, col. 287-289; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 50-52, n. 106-107 (avec trad. française); KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 15-16; EREMEAN, Yovhannēs kʻahanay, p. 165-166. 341 D’après transcription d’A. Ouzounian. Voir aussi KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 333, col. 939-940; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 69, n. 157-158 (avec trad. française); LEYLOYAN-YEKMALYAN, Tʻvagrman harcʻ, p. 432 et 437; OUZOUNIAN, Manuscrit de Paris, p. 23 et 27, n. 14; AVETISYAN, Hovhannes Xizancʻi, p. 226. A. Ouzounian a bien voulu nous faire part de sa propre lecture du colophon, qui corrige plusieurs erreurs des publications précédentes; nous lui exprimons ici toute notre reconnaissance. 342 D’après reproduction. Voir aussi H15C 105, p. 89. 343 H15C 180, p. 140-141. 344 D’après reproduction. Voir aussi H15A 47a, p. 45-46; NH 24[bis], p. 22-23; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 136, col. 291-294; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 52-54, 338

272

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

au commanditaire et la fin du colophon. Dans un troisième temps, une partie de ces ajouts, en particulier le nom du commanditaire, ont été grattés et remplacés à leur tour. T = VAS* Van, Tiramayr s. n. B: olim Van, Église de la Mère du Seigneur, cod. s. n. (perdu). Tétraévangile, copié par Aṙakʻel entre 1465 et 1489 dans le village de Dašt. Dans le colophon du copiste345. U = M 3049: Erévan, Matenadaran, cod. 3049. Papier, tétraévangile, copié par Mikʻayēl erēcʻ dans son village de Unjkʻ en 1462, pour Mǝsǝr-Mēlikʻ. F. 278v1279r1, dans le colophon principal du copiste346. V = VAS* Šatax 1: olim Šatax, Église, cod. 1 (perdu). Papier, tétraévangile, copié en 1478 dans le village de Bṙnašēn par Mxitʻar kʻahanay pour Xosrov. Les fils de Mxitʻar kʻahanay, Yovhannēs kʻahanay et Aṙakʻel kʻahanay, ont assisté leur père, le premier en reliant le codex, le second en le décorant. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste347. W = M 9841: Erévan, Matenadaran, cod. 9841. Papier, tétraévangile, copié par Vardan et enluminé par Mkrtičʻ pour Tʻumay en 1452 «sous l’égide du saint temple de Georges et du saint Signe» (i. e. à Ginēkancʻ). F. 290r2-291v2, dans le colophon du copiste348. X = M 4827: Erévan, Matenadaran, cod. 4827. Papier, tétraévangile, copié (et peutêtre enluminé) par Vardan abełay à Hosrovavankʻ en 1430, pour Stepʻanos krōnawor. F. 286v-288v, dans le colophon du copiste349. Y = VAS* Moks, S. Yakob 20: olim Moks, Église Saint-Jacques du quartier de Dašt, cod. 20 (perdu). Papier, tétraévangile, copié au plus tard en 1489 par Aṙakʻel dans le village de Dašt. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste350. Z = M 7566: Erévan, Matenadaran, cod. 7566. Papier, tétraévangile, copié à Xazan en 1460 par Yovhannēs kʻahanay pour Vardan kʻahanay. F. 292v1, dans le colophon du copiste351. Γ = M 8933: Erévan, Matenadaran, cod. 8933. Papier, tétraévangile, copié et sans doute enluminé par Yohanēs vardapet en 1437 au monastère Saint-Gamaliel (Xizan), pour un certain Tʻuma. F. 365r2-366v2, dans le colophon du copiste, tel que recopié en 1486, alors que le manuscrit se trouvait en possession n. 110-112 (avec trad. française); KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 26-27; EREMEAN, Yovhannēs kʻahanay, p. 166. 345 H14 354, p. 288-289; NPH, p. 146 (non uidi). D’après KʻIWRTEAN, Tiwbingēni awetaran, col. 161-162, ce colophon a fourni une partie de son matériel au faussaire du colophon de TU 1 publié dans FINCK – GJANDSCHEZIAN, p. 4 (voir supra, p. 117 à ce sujet). 346 D’après reproduction. Voir aussi H15B 223, p. 178. 347 H15B 546, p. 431-432; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 199, col. 483-485. 348 D’après reproduction. Voir aussi H15C 569a, p. 478; H15B 30, p. 24; H15B 31, p. 25; NH 187, p. 169; TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non uidi). Malgré ces trois enregistrements séparés dans le corpus, il s’agit probablement d’un unique colophon, retranscrit trois fois différemment: Ł. Pʻirłalēmean et M. Tēr-Movsisean donnent un texte très lacunaire, où concordent cependant le nom du copiste, la date et le nom du commanditaire, ainsi que l’aspect général du colophon. 349 H15A 428, p. 397-398; NH 96, p. 94; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 155, col. 357-359. 350 H14 381, p. 312-313; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 97, col. 196-198. 351 D’après reproduction. Voir aussi H15B 187, p. 148; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 157-158 (trad. française partielle) et n. 379.

ÉDITION

Δ=

Ξ=

Σ=

Φ= Ψ=

Ω=

273

d’un certain Abraham352. Du colophon autographe, seule la première page est conservée (f. 359v); la longue introduction doxologique versifiée qui précède le formulaire semble avoir été composée par le scribe qui a restauré ces folios en 1486. VAS* Šatax, Dašt: olim Šatax, Église du quartier de Dašt, cod. s. n. (perdu). Papier, tétraévangile, copié en 1491 à Šatah par Israyēl kʻahanay, à la demande d’un certain Vardan. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste353. M 10521: Erévan, Matenadaran, cod. 10521. Papier, tétraévangile, copié en 1462 par Mkrtičʻ kʻahanay pour Yovhannēs krawnawor. F. 342r2-v2, dans le colophon principal du copiste, dont la fin est perdue (y compris le lieu de copie, que l’identité du copiste permet de situer à Xizan)354. M 5331: Erévan, Matenadaran, cod. 5331. Papier, tétraévangile, copié par tēr Yovannēs kʻahanay et enluminé par Atom en 1458 au village de Soravankʻ, dans le val de Kecʻan. En raison du décès prématuré du copiste, son travail fut terminé par son maître, Yovannēs krōnawor. Le commanditaire, Stepʻannos, étant également décédé avant l’achèvement du manuscrit, ce fut son épouse Pʻašay-Mēlēkʻ qui l’acquit et le destina à [l’église de] la SainteMère-de-Dieu d’Ełegis. F. 302r-304r, dans le colophon principal du copiste Yovannēs krōnawor355. VAS* Ktucʻ s. n. C: olim Ktucʻ, Bibliothèque du couvent, cod. s. n. (perdu). Tétraévangile, copié à Xazan par Mkrtičʻ kʻahanay en 1456 pour Vardan krōnawor. Dans le colophon du copiste356. VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17: olim Moks, Monastère du Saint-Sauveur, cod. 17 (perdu). Papier, tétraévangile, copié en 1486 à Hizan par Yovhanēs kʻahanay pour tēr Yovhannēs episkopos. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste357. VAS* Van, Yaynkoysner 46: olim Van, Église de la Sainte-Mère-de-Dieu de Yaynkoysner, cod. 46 (perdu). Papier, tétraévangile, copié à Hizan en 1482 par Mkrtičʻ kʻahanay pour Yohan. À la fin du manuscrit, dans le colophon du copiste358.

352 D’après reproduction. Voir aussi H15A 525, p. 478-479; AHMM, nᵒ 260, p. 179; YOVHANJANEAN, Kars kʻałakʻ, p. 98 (non uidi); OSKEAN, Vaspurakan-Van III, p. 848; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 34. 353 H15C 230, p. 178; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 211, col. 517-518. 354 D’après reproduction. Voir aussi H15B 232, p. 188; NH 242, p. 207; NPH1, p. 184 (non uidi); ČʻUGASZYAN, Jeṙagrer AMNum, nᵒ 12, p. 239; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 45. 355 H15B 142a, p. 105-106; CAM 1458-6, p. 262; UKK, p. 129; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 181, col. 426-428. 356 H15B 104, p. 76; NH 216, p. 184; CAM 1456-5, p. 256; UKK, p. 127; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 45. KʻIWRTEAN, Tiwbingēni awetaran, col. 160-161 a montré (sans toutefois l’identifier) que ce colophon a été utilisé par le faussaire du colophon de TU 1 (voir supra, p. 117 et 272, n. 345). 357 H15C 104, p. 88; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 205, col. 503-504; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 48-49. 358 H15C 29, p. 32; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 201, col. 491-492; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 45-46.

274

CHAPITRE 6. TYPE DE XIZAN

1 I. C’est pourquoi aussi, ayant vu l’ineffable mystère de l’œuvre de rédemption [opérée] par celui-ci (sc. Jésus-Christ), 2un certain ‹titulus emptoris› du nom de ‹nomen emptoris›, 11qu[i] souhaitait de longue date ce saint Évangile à la parole divine, 12donna aussi ceci à écrire en mémoire de son âme et de ses parents. 1 Or donc moi, le dernier parmi les ‹titulus scribae› et indigne parmi II. les enfants de l’Église, 3ayant reçu un ordre de la parole apostolique prescriptive, qui dit: 4«Demeure dans le même appel dans lequel tu fus appelé» — 5or donc, ne supportant pas une telle assurance, 6mais dénué de toute bienséance — ce qui est la hardiesse des vertueux —, 7suppliant cependant tous les saints pour [leur] intercession et pour l’amour de Dieu pour les

I.

1

cf. Hymn. 3, p. 24 Antélias = p. 11 Venise

II.

4

I Cor. 7, 24

uac. Ω ∣ յիշատակ — իւրոց om. OΣ ∣ յիշատակ praem. ի C ∣ հոգւոյ om. IΓΨ հոգւոց DFMRX ∣ իւրոյ: իւր Γ իւրոց X իւրեանց DFIMR ∣ եւ2 — իւրոց om. V ∣ եւ2 om. F ∣ ծնողաց FGLZΓΨ ∣ իւրոց om. HIQRWXΔΞΩ իւրեանց F նոցին M add. ‹nomina parentum emptoris›ն GI ‹nomen titulumque patris emptoris›ն K ‹nomm. cognatorum empt.›ն FΔ ‹nomm. cognn. empt.›ն ամէն R հօրն spat. uac. Ω spat. uac. quod compleuit alia m. Q ‹nomm. parr. empt.›ն եւ կողակցին իւրոյ ‹nom. coniugis empt.›ն եւ այլ ամենայն արեան մերցաւորաց նոցին ամէն L ‹nomm. cognn. empt.›ն զոր Տէր Աստուած պահեսցէ զսոսայ ընդ երկայն աւուրս ամէն Z ‹nomm. parr. cognn.que empt.› զոր Տէր Աստուած Յիսուս Քրիստոս ընդ երկայն աւուրս առնէ զկենդանիքն եւ զհանգուցեալքն հանգուցանէ ի լուսեղէն խորանսն եւ յանտրտում կեանսն ամէն Γ ‹nomm. parr. empt.›ն եւ ամենայն արեան մերձաւորացն եւ երախտաւորացն Ξ ‹nomm. cognn. empt.›ն եւ ամենայն արեան մերձաւորացն սոցա եւ զերախտաւորսն որք յիշատակ ունի[ ] յիշեցէք ի Քրիստոս եւ Աստուած ողորմի ասացէք եւ ով որ զԱստուածողորմին ասէ [ ] ողորմեսցի յիւր միւսանգամ գալստեանն ամէն Ψ hic transp. IV H II.

om. FHLQRVΓΨΩ desunt BTYΦ deficit in edd. G 1–8 եւ1 — եղկելի deest A 1 եւ1 om. I ∣ ի — անարժանս om. IWX ∣ ի om. PUΔ ∣ ‹tit. scr.› om. PU ∣ եւ om. Δ ∣ անարժանիս Ξ ∣ մանկունս եկեղեցւոյ: դասս կարգաւորաց Σ մաքրագունից B ∣ մանկանց I ∣ եկեղեցւոյն Δ praem. սուրբ IS add. եւ ունայն ի բարեաց գործոց X եւ անպիտանս ի պիտանացն Աստուծոյ I ‹nomen tit.que scribae› Ξ սուտանուն ‹nom. scribae› U ‹nom. scribae› անարժանս ի կարգաւորաց եւ ունայն ի բարէգործոց W 4 կացջիր add. այլ եւ ի քրիստոսական բանէն որ ասէ թէ առէք զլուծ իմ ի ձեզ եւ այլն եւ արդ ես եկի ի նոյն կոչումն եւ ոչ կացի ի նմին I 5–19 deest K 5 եւ — վստահութիւն om. I ∣ արդ om. Ξ ∣ զայս[ S ∣ վստահութիւնս D add. յանձին U 6 այլ — բարեվայելչութենէ om. Ξ ∣ է om. D 7 զամենայն սուրբս: զամենասուրբս C ∣ սուրբն Δ ∣ մարդասիրութիւն CDIOΔΣ

ÉDITION

275

1 I. Ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ, 2 ոմն ‹titulus emptoris› անուն ‹nomen emptoris›, 11զոր ի վաղուց հետէ ցանկայր այսմ աստուածախաւս սուրբ Աւետարանիս 12եւ ետ գրել զսա յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ ծնողացն իւրոց։ 1 II. Եւ արդ, ես՝ յետինս ի ‹titulus scribae› եւ անարժանս ի մանկունս եկեղեցւոյ, 3հրաման առեալ ի պատուիրանադիր առաքելական բանէն, 4որ ասէ՝ Յոր կոչումն կոչեցար՝ ի նմին կացջիր. 5եւ արդ, իմ ոչ բերելով զայսպիսի վստահութիւն, 6այլ ունայն յամենայն բարեվայելչութենէ, որ առաքինեացն է համարձակութիւն, 7այլ ի բարեխաւսութիւն մաղթելով զամենայն սուրբս

I.

om. U desunt BTYΦ 1–2 ուստի — ‹nom. empt.›: ըստ նմին աւրինակի եւ հոգիահրաշ եւ երջանիկ ամէնիմաստ եւ †բարէխորհ.Ɩ† ‹tit. empt.› ‹nom. empt.›ն Γ 1 ուստի — խորհուրդ desunt AH ∣ տեսեալ զսորայս: զսորայս տեսի ես ‹nomen emptoris› ‹titulus emptoris›ս I ∣ զսորա V ∣ զանճառ I ∣ խորհուրդս R add. զմարմնառիկ տնաւրէնութեան Որդոյն Աստուծոյ զոր սկսայ ի գործ եւ առաջնորդութեամբ Հոգւոյն Աստուծոյ կատարեցաւ սուրբ Աւետարանս I 2 ոմն om. IL lac. S ոմանք R add. ի լուսածնեալ զարմից սրբոյն (սրբոյ ZΨ) Սիովնի GHKMOWXZΣΨ ի լուսածնեալ զարմից D ի լուսայզարմից V բարի արմատոյ շառաւիղն ողջախոհ եւ կուսակրաւն S պաատվական Δ ի կարգաւորաց կոչեցեալ N աստուածասէր եւ բարեմիտ QRΩ բարեմիտ եւ հեզահոգի եւ հաւատարիմ L ∣ ‹tit. empt.› — ‹nom. empt.›: անուն կոչեցեալ նմա ‹nom. empt.› ‹tit. empt.› M ∣ ‹tit. empt.› … ‹nom. empt.› transp. DGNOXΞΨ ∣ ‹tit. empt.›ն DLSX om. IKMQRΔΩ ∣ անուն ‹nom. empt.› transp. FVWΣ ∣ յանուն I om. DGLORSXΔΞΨ add. կոչեցեալ HFQΩ կոչեցեալ նմա KZ ∣ ‹nom. empt.›ն F ‹nomina emptorum› IR eras. compleuitque m. r. S spat. uac. Ω spat. uac. quod compleuit alia m. Q add. այրիս C եւ որդին իւր ‹nom. tit.que filii empt.› O եւ հայր ras. quam compleuit m. r. S որդի ‹nom. patris empt.› եւ ‹nomm. aliorum aliquorum› Σ ‹nomm. all. aliqq.› եւ ետուն գերել զսուրբ տառս աստուածախաւս Աւետարան անուն F բարեպաշտ եւ աստուածասէր ցանկացող եղեւ կենսաբեր սուրբ Աւետարանիս եւ ետ գրել զսա եռափափաք սիրով G որ պատճառ եղեւ սմա եւ լծաւ ի քաղցր լուծն Յիսուսի եւ նորին առաջնորդութեամբ եւ կարողութեամբ կատարեաց զսա K որ նախ պատճառ եղեւ սմա եւ Յովանէս միայնակեցն որ կցորդեալ սմին լծան ի քաղցր լուծն Քրիստոսի եւ նորին առաջնորդութեամբ եւ կարողութեամբ կատարեցին զսա M ցանկացաւղ եղեւ կենսաբեր սուրբ Աւետարանիս եւ ետ գրել զսա եռափափագ սիրով W եւ բարեսէր եւ սրբասէր ‹nom. coniugis empt.› [ ] ցանկացան կենսաբեր սուրբ աւետարանիս եւ ետուն գրել զսա ի հալալ արդեանց իւրեանց եռափափագ սիրով X 11–12 transp. OΣ ∣ զոր — զսա om. I 11 զոր — հետէ om. Δ ∣ որ AV զի GWX ∣ ի վաղուց հետէ ցանկայր: ց. ի վ. հ. V ∣ ի — հետէ: մեծափափագ հաւատով եւ յուսով եւ ջերմեռանդ սիրով L ∣ ցանկային DORΣ ցանկ կայր QΩ ցանկանային M ցանկացաւ LΔ ցանկացեալ էին X ցանգացաւղ եղեալ Ξ add. եւ ի խնդիր եղեալ Γ ∣ այսմ om. FOΔΣ ∣ աստուածախաւս — Աւետարանիս: հոգիանորոգ լուսերանգ ծաղկաւետ վարդայփթիթ անուշայհոտ բուրաստանիս ստացաւղ շար մարգարտեա եւ զանառիկ մեծութիւն զպայծառութիւն սուրբ եկեղեցոյ Γ ∣ աստուածախաւս om. F մեծախօս H praem. լուսալրական եւ GWX ∣ սուրբ om. GWX ∣ Աւետարանիս: մատենիս FGOWXΞ մատենին Σ 12 եւ1 — զսա om. Γ լինել ի վայելումն անձանց եւ WX ∣ ետ — զսա om. G ∣ ետուն DFOMRΣ ∣ գրել զսա transp. R ∣ գերել F ∣ զսա om. Δ զսուրբ Աւետարանս OΣ spat.

276

CHAPITRE 6. TYPE DE XIZAN

hommes, 8[les suppliant] de donner de l’espoir à ma pitoyable personne, abattue et effondrée — 11ô chair facile à abattre, née de la terre! 12par quelles exclamation[s] te plaindrai-je? 13Ou comment fixerai-je par écrit, 14 ou bien à propos de quoi donnerai-je des signes? 15à propos des sollicitudes charnelles ou des fautes spirituelles? 16commises volontairement ou involontairement? 17[Ces fautes,] il ne suffit pas que cette lettre les rapporte, ou bien qu’elles soient énumérées par écrit; 18mais à qui connaît les manifestations du secret, m’étant jeté devant lui, je répandrai mon âme en suppliques, 19lui qui est capable de faire vivre et d’à nouveau faire des miracles envers moi, avec les prières de tous les saints. 1 De plus, ce saint évangile fut écrit 2de la main de ‹nomen scribae›, III. 3 scribe insensé et ignorant; 4et moi, étant inapte dans l’art de l’écriture 5et assiégé par les illusions de nombreux péchés, [6selon ceci, qui dit «Souffrances de la race, souffrances des faux frères» 7et que «Depuis les pieds jusqu’à la tête, il n’y a point de santé»], 8mais selon notre capacité, que nous offrit l’Esprit qui aime les hommes, 9en m’étant beaucoup appliqué

GRIG. NAR. lam. XLVIII, 110-111, p. 307 MH = 4, 42-43, p. 118 Trapizoni cf. GRIG. NAR. lam. XXVIII, 1-2, p. 197 MH = 1, 1, p. 66 Trapizoni 15–16 cf. GRIG. NAR. lam. XLVIII, 113, p. 307 MH = 4, 45, p. 118 Trapizoni 18 cf. I Reg. 1, 15 19 GRIG. MAG. epist. XIX, p. 59 Kostaneancʻ 11–12 14

III.

5 6 7

cf. II Mach. 5, 18 II Cor. 11, 26 Is. 1, 6

hic ins. ի յանպատս որ կոչի Գամաղիէլ ի դուռն սուրբ առաքելոյս Գամաղիէլի ի յառաջնորդութիւն վանացս Յովհաննէս վարդապետի եւ միւս Յովհաննէս վարդապետի եւ հօր վանացս Յովհաննիսի եւ յայլ միաբան եղբարցս D 4–10 եւ — իմովք deest Φ 4–9 եւ — սմա deest H 4 եւ իմ om. OΣ ∣ իմ անընդունակ գոլով: ա. գ. ի. K ∣ անընդել GWX add. եւ անհմուտ U ∣ գոլ L ∣ յարուեստս IL ∣ գրչութեանս B 5 բազումք Δ ∣ մեղաւք A ∣ պաշարեալ add. իմ M [6–7 habent tantum BNYΔ ∣ ըստ — եւ om. Δ [6 յազգէս B ∣ ի սուտ transp. B 8–12 այլ — պանդխտութեամբ lac. Ψ 8–9 այլ — սմա deest K 8 այլ add. ես Σ ∣ իմում … ինձ UΣ ∣ Հոգին add. սուրբ MFQRVZΓΩ Աստուած Y Աստուծոյ L 9–10 բազում — իմովք lac. L 9 բազում — սմա om. Z

ÉDITION

277

եւ ի մարդասիրութիւնն Աստուծոյ 8յուսադրել զկործանեալ եւ զլքեալ անձն իմ եղկելի։ 11Ո՜վ դիւրակործան մարմին երկրածին, 12որÕվք ձայնարկութեամբ զքեզ աւաղեցից, 13կամ զի&րդ ի գիր յառեցից 14եւ կամ զորÕց նշանակեցից, 15զմարմնական տածմանց եթէ զհոգեկան սխալանաց՝ 16զկամայից եթէ զակամայից, 17զոր ոչ բաւէ նամակս վերաբերել եւ կամ ի գիր շարաբառնիլ. 18 այլ գիտողին զգաղտներեւակսն, նմա առաջի արկեալ հեղից զանձն իմ մաղթանաւք, 19որ կարողն է կեցուցանել եւ վերստին հրաշագործել յիս՝ աղաւթիւք ամենայն սրբոց։ III. 1Այլ եւ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս 2ձեռամբ ‹nomen scribae› 3 անիմաստ եւ ախմար գրչի. 4եւ իմ անընդունակ գոլով յարուեստ գրչութեան 5 եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ, [6ըստ այնմ, որ ասէ՝ Վիշտս յազգէ, վիշտս ի սուտ եղբարց, 7եւ թէ՝ Յոտից մինչեւ ցգլուխ չիք առողջութիւն.] 8 այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին, 9բազում զկործանեալ — շարաբառնիլ om. U յուսադրեալ NXΔΣ ∣ եւ om. Δ ∣ լքեալ Δ 12 որով OΔΣ ∣ զքեզ om. N ∣ աւաւաղեցից P 13 կամ praem. եւ CMΞ ∣ ի — յառեցից om. Δ ∣ առեցից I յառից A 14 եւ — նշանակեցից om. N ∣ եւ om. DWΔ ∣ կամ om. Δ ∣ նշանակե I 15 զհոգեկան: զ[ D 16–19 զկամայից — սրբոց deest A 16 զկամայից — զակամայից om. Z 17 բաւէ նամակս transp. X ∣ եւ — շարաբառնիլ om. S ∣ կամ om. N ∣ ի գիր շարաբառնիլ: գրել Z ∣ շարաբառնել COΔΣ 18 այլ: եւ U ∣ զգաղտներեւակս NΞ ըզգաղտնիսն U ∣ արկեալ: կարգեալ Δ ∣ խեղից N 19 եւ om. Δ hic ins. զոր եւ դու եղկելի անձն իմ ձեռնամուխ եղեր ի գործս աստուածային եւ ի գրութիւն սուրբ Աւետարանիս Աստուծոյ զոր չէր քեզ արժան եւ ոչ հրամայեալ զի թէպէտ եւ սկսայ բայց ի բարեխաւսութիւն ամենայն սրբոց յուսացայ եւ ի մարդասիրութիւն Աստուծոյ I hic transp. V1–4 I 8–17 8

deest T transp. post V4 FHQRVΓΩ 1 այլ — Աւետարանս om. Γ transp. ante V4 Ψ ∣ այլ — գրեցաւ lac. L ∣ այլ: արդ ΔUΞ ∣ եւ om. RUYΔΞ add. արդ GWX ∣ Աւետարանս lac. L աւետ Δ add. այս Ξ աստուածախաւս GWX 2–5 ձեռամբ — պաշարեալ transp. post V4 Ψ 2 ]ռամբ L ∣ ‹nom. scr.› om. GLWX praem. յոգնայմեղ Γ յոգնամեղ եւ մեղսամածեալ մեղաւք D սուտանուն գրչիս Ξ add. ‹titulum scribae› CDFHIQRVZΦΩ ‹tit. scr.›ս Σ որդւոյ ‹nom. tit.que patris› K սուտանուն ‹tit. scr.› որդւոյ ‹nom. tit.que patr.› եղբօր ‹nom. patr. fratrisque› M սուտանուն ‹tit. scr.› SΨ գծողիս Y բանախնդրի Γ 3 անիմաստ — գրչի: որ անուամբ եմ եւ ոչ գործով D ∣ անիմաստ om. Ψ ան[ L սուտանուն HZΦ սուտ FQRΓΩ անարժան GVWX անարժանի U իմաստուն M ∣ տխմար ABKOV անախմար Ξ անիմաստ U աննման M add. եւ անարժան Γ ∣ գրչի om. Ξ գրչին Δ add. եւ անարժանի HFQRZΦΨΩ եւ ծաղկողի M ‹nomen scribae› GWX ‹nom. scr.› սուտանուն ‹titulum scr.› եւ զգործս ոչ ի կարգ քահանայութեան հրաւիրեցայ եւ գործով ուրացեալ գտայ L III.

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CHAPITRE 6. TYPE DE XIZAN

à ceci, 10j’écrivis de mes indignes mains, 11d’après un exemplaire de choix et sûr, 12à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration. 1 IV. En notre grande ère, 4en l’an ‹tot› × 1000 et ‹tot› × 100 et ‹tot› 2 dans la révolution saisonnière du soleil par descentes pendant son voyage vers le ciel, en regardant vers la terre depuis les cieux, à l’instar des créations, 3ayant mesuré depuis la sortie d’Adam du paradis, 5selon les Septante, dont nous nous servons; 6et cela fait depuis l’incarnation du Verbe de Dieu, l’Être intemporel et le Sauveur Jésus-Christ, ‹tot› ans, 7et selon le compte du calendrier de notre ère japhétique khosrovienne, ‹tot›, [8et cela faisait ‹tot› du grand cycle]; 12sous le catholicossat de la race arménienne de tēr ‹nomen catholici in Cilicia siue Ecmiadzini› 13et sous

IV.

cf. SARG. ŠNORH. in epist. cath. X, 9, p. 1571 Narinean ∣ cf. Ps. 101, 20 cf. Gen. 3, 23 6 cf. Ioh. 1, 14 11 VARD. AREW. hist. 50, p. 91 Ališan 2 3

[8 habent tantum ABCMNYZ ∣ մեծ praem. ի N ∣ ‹tot› om. CZ spat. uac. M hic transp. V1–4 K 12–17 transp. post V4 U post V3 Ψ om. Δ ∣ Հայկազանց — ճշմարտութեանն lac. Ξ 12 կաթողիկոսութեանն FIQSΓ կաթողիկոսութեանս OΣ կաթուղիկո[ Ξ հայրապետութեան GΨ հայրապետութեանն U add. ‹catholici sedem› L ∣ Հայկազանց սեռի om. U Հայոց ‹cath. sedes› WX ամենայն Հայոց L ∣ Հայկազեանց T Հայկազեան CGHOZΓΣΦΨΩ Հայկազեանս DM Հայկազան IRV ∣ սեռիս V տոհմի G om. ΓU add. ‹cath. sedem› Ψ ∣ տեառն: տէր CKVΩ add. տէր Γ ∣ ‹nom. cath.› om. R spat. uac. PQΩ ‹nom. cath. Aghtamari› IKMOQTWXZΣ add. ‹cath. sedem› ABDIKPSTVYΓΣ եղբաւր տեառն Զաքարիա որ վկայական արեամբ կատարեցաւ որպէս ի հնումն Զաքարիայն էր նա տեսլեամբ սուրբ հրեշտակի որպէս զրակ ու պատարագի յերեսն առեալ զտիպն Յիսուսի սիրտըն լըցեալ հոգով ի լի էր իմաստուն յոյժ եւ արի ծաղրատեսակ յամենայնի անձամբ յաղթող եւ կորովի տղայ հասկաւ եւթնիցս հնգի պսակեցաւ արեամբ բարի ոչ ուրացաւ զՏէրն ամենի զիւր զաւրաւոր անձն եւ արի ետ նա ի սուր վասն Յիսուսի C եւ Գրիգոր [րաբ]բունապետի L ‹cath. sedem› եղբաւր տէր Զաքարիայի որ վկայական արեամբ կատարեցաւ յանօրէն ամիրայէն Էզդնէ եւ եղեւ սուգ մեծ տանս Հայոց եւ ապա առաջնորդութեամբ հոգւոյն սրբոյ յաջորդեաց զաթոռն եղբայրն իւր համանման տէր Դաւիթ եւ լինի ուրախութիւն անբերելի տրտմութեան մերում M ‹cath. sedem› որ եւ եղբայր տեառն Զաքարիայի հայրապետի վկայեցելոյն ի Քրիստոս մարտիրոսական արեամբ յամիրայէն Ոստանայ O եղբօր տեառն Զաքարիայի որ վկայական արեամբ կատարեցաւ եւ պսակեցաւ ի Քրիստոսէ ընդ ամենայն սուրբս X սուրբ աթոռոյն Φ 13–17 եւ — ճշմարտութեանն om. GLWX ի յառաջնորդութիւն սուրբ ուխտիս Մեծոփայ ‹nomen titulusque monasterii superioris› յուսամք յԱստուած որ պահ նա (պահէ զնա corr. m. r. ut uid.) անփորձ կենաւք մինչեւ ի խորին ծերութիւն ամէն եւ յետ ազգեացն ելանելոյ ընդ սուրբ վարդապետացն դասակից առնէ ամէն U 13–14 եւ — ‹nom. regis› om. CIΓ 13 եւ — ‹nom. cath. Aght.› om. BKMOTYΣ ∣ եւ — մերոյ om. AP ∣ ի — արհիեպիսկոպոսութեան om. ZΦ ∣ ի om. Ψ ∣ մերոյ արհիեպիսկոպոսութեան: մերոյս նախանգիս մերոյ V ∣ մերոյ: յ‹cath. sedes› D ∣ հայրապետութեանս S կաթողիկոսութեան FHQRΩ կաթուղիկոսի DΨ add. ‹cath. sedem› FHQRΨΩ ∣ տէր APQRVZΦΩ

ÉDITION

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աշխատասիրեալ իմ ի սմա, 10գրեցի անարժան ձեռաւք իմովք 11յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ, 12կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ։ 1 IV. Ի մեծ թուիս, 2ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով 3ըստ արարչութեանցն, չափեալ յելանելոյն Ադամայ ի դրախտէն՝ 4‹tot› Ռ ամ եւ ‹tot› Ճ եւ ‹tot› ամ 5ըստ եւթանասնիցն, որում մեք վարիմք. 6եւ է ի մարդեղութենէ բանին Աստուծոյ անժամանակ Էին եւ փրկչին Յիսուսի Քրիստոսի ամս ‹tot›, 7իսկ ըստ թուոյ խոսրովային յաբեթեանս տումարի ‹tot›, [8եւ էր մեծ շրջանին ‹tot›.] 12ի կաթողիկոսութեան Հայկազանց սեռի տեառն ‹nomen catholici in Cilicia siue Ecmiadzini› 13եւ ի մերոյ արհիեպիսկոպոսութեան տեառն

աշխատասիրել CIPS աշխատեալ Δ ∣ իմ om. A եմ BQRY ∣ ի սմա om. Δ ∣ ի om. Ξ ∣ սմա: սա I 10–12 գրեցի — պանդխտութեամբ om. FQRΩ 10 գրեցի praem. զոր Z ∣ իմաւք N add. զսուրբ Աւետարանս V 11–12 յընտիր — պանդխտութեամբ om. V 11 յընտիր: ]ր L ∣ ի ստոյգ lac. L ∣ ի om. BΔ ∣ յըստոյգ Δ ∣ յօրինակէ Δ add. Կիլիկեցւոց I 12 կենաւք — պանդխտութեամբ om. Z ∣ կենաւք — եւ om. L ∣ եւ — պանդխտութեամբ om. Δ ∣ բազում պանդխտութեամբ: բազմադէմ ալէկոծ ծփանաւք BNY ∣ ]զում L ∣ պանդխտութեամբ: տրտմութեամբ X add. ի դառն ժամանակիս որ ոչ գոյ համբաւ բարեաց եւ ոչ գլուխս Հայոց ազգաց յայլասեռից յոյժ վշացած հոգոց հանեմք ի խոր սրտաց C եւ ազգի ազգի տրտմութեամբ զոր վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանեն ինձ փորձութիւնք յամ յամէ եւ ոչ տային ինձ հանգչել G ի դառն եւ ի նեղ ժամանակի HΓ եւ անհանգստութեամբ որ վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանեաց մեզ K ]ւ դատապարտութեամբ անձինս զոր վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանէ ինձ ազգի ազգի պատուհաս L եւ անհանգստութեամբ որ վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանեաց մեզ եւ եկն մարախ եւ եղ եւ սով սաստիկ ընդ ամենայն երկիր որ բերէր կապիճ հացն Մ դրամ եւ այս ամենայն եկն ի վերայ մեր վասն մեղաց մերոց M եւ անհանգիստ եւ անհանգիստ եւ դժուարին եւ տարտամելի աւուրբք OΣ եւ ազգի ազգի տրտմութեամբ W նեղեալ յերեւելի եւ յաներեւոյթ թշնամեաց ըստ նմանութեան կամ ծովու որ յալեաց տատանեալ Ξ ի դառն եւ ի նեղութեան ժամանակի յոյժ յոյժ Φ hic ins. narrationem de obitu scribae pristini Σ hic transp. V1 U V1–4 KΔ transp. post I H 1–7 transp. post IV17 K post V1 Ψ 1–6 ի — ‹tot› deest T 1 ի: եւ էր K praem. եւ է GWX իսկ գրեցաւ սուրբ աւետաբեր Աւետարանս Ξ ∣ մեծ om. UΔΦΨ ∣ թուին RΦ թիւն K թուականիս DGOVWXΓΔΣΨ թուականութեանս UΞ 2–7 ի — տումարի om. Φ Հայոց FGHIKOQRUVWXΓΔΞΣΨΩ Հայկազեան L 2 ի — հայելով om. Z ∣ ի om. D ∣ յեղանակ BCDMNY եղանակական A ∣ շրջագայութեանս D ∣ ճանապարհաւն N ∣ երկնից A ∣ նայելով D 3 արարչութեանց A արարչութեանն B 4 եւ1 om. AZ ∣ եւ2 om. ABC ∣ ‹tot›3 om. C 5 որով C 6 եւ1 — ‹tot› om. Z ∣ մարդեղութենէն N ∣ Քրիստոսի ամս: Ք[ S ∣ ամս ‹tot› transp. Y 7 իսկ om. Y ∣ ըստ om. D ∣ թ[ ]յ S ∣ յաբեթեան DM յաբեթական Z ∣ տումարիս Z add. թուական D ∣ ‹tot› praem. ի UΨ add. ամի U ամին ի դառացեալ ժամանակիս որ սարսրեցաւ յերկիրս ի գարնային ժամանակին Δ IV.

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CHAPITRE 6. TYPE DE XIZAN

notre archiépiscopat de tēr ‹nomen catholici Aghtamari› 14et sous le règne de ‹nomen regis› des étrangers; 16que le Seigneur Dieu garde inébranlables les trônes patriarcal et royal, 17afin qu’au souvenir de leurs noms, les ennemis de la vérité se cachent, tremblants, et ne paraissent plus. 1 V. De plus, ce saint Évangile fut écrit 2dans ce canton de ‹nomen 3 pagi›, dans ce ‹genus loci› qui s’appelle ‹nomen loci›, 4sous l’égide de ‹nomen sancti siue ecclesiae›, 5au profit du fidèle et vénérable ‹titulus emptoris› [appelé] ‹nomen emptoris›.

2 ի — ‹nom. pag.› om. CFHKMOQRSVZΓΨΩ ∣ ի om. I ∣ գաւառս L յերկիրս GIUΔ ձորս Σ add. որ կոչի L ∣ ‹nom. pagi› spat. uac. B add. կոչեցեալ P կոչեցեալ տուն Հայոց A 3–4 transp. TY ∣ որ — հովանեաւ om. L 3 ի — ‹nom. loc.› om. ADP ∣ ‹gen. loc.›ս: սուրբ եւ ի գերահըռչակ յաթոռս L ∣ որ կոչի om. BGHS ∣ կոչի ‹nom. loc.› transp. CINOΤYΓΔ ∣ ‹nom. loc.› add. անուն O ձեռամբ անարժան եւ փծուն գրչիս ‹nomen scribae› սուտանուն ‹titulum scr.› Ψ hic transp. IV12–16 et III1 Ψ 4 ընդ հովանեաւ: յոտ եւ ի դուռն Δ ∣ հովանեաւն V հովա[ S ∣ ‹nom. sanct. siue eccl.› CDLUZΓ ‹nom. sanct. siue eccl.›ս GOWX partim l. n. S add. եթէ լսեալ էիք ի պատմութենէ սորայ զոր Գ խնձոր է բերեալ ի դրախտէն Ադամա կրաւնաւորի միոյ I եւ այժմ յաջորդեալ ունի զսուրբ աթոռս պանծալի եւ հեզահոգի արհեպիսկոպոսն տէր Յովաննէս եւ մեծ րաբունին Մովսէս L եւ առաջնորդ սուրբ ուխտիս ‹nomen titulumque monasterii superioris›ն եւ այլ միաբան եղբարցն որ աստ կան հաւաքեալ աղաչեմ յիշել ի Տէր Աստուած X hic transp. III FHQRVΓΩ III2–5 Ψ IV12–17 U ins. ձեռամբ յոգնամեղ գծողի ‹nomen scribae› T ձեռամբ ‹nomen scribae› անպիտանն գծողիս Y 5 ի — ‹nom. empt.› om. CFLQRUVYΓΔΣΨΩ ∣ ի վայելումն: քանզի ստացաւ զսա KMW քանզի ստացաւ զսուրբ Աւետարանս GNX ∣ ի praem. եւ արդ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս I ∣ վայելու[ S ∣ հաւատարիմ — ‹nom. empt.›: մանկանց սուրբ եկեղեցւոյ I ∣ հաւատարիմ — պատուելի om. OT անձին HZΦ ∣ հաւատարիմ: աստուածարեալ B սրբասնեալ D պատուական GKMNWX ∣ պա[ ]ւելի S կուսակրօն D բարի K սրբասէր MX հաւատարիմ GNW add. ծառայս Աստուծոյ GNW ∣ ‹tit. empt.›ն ‹nom. empt.› transp. GHNOZΦ ∣ ‹tit. empt.› DHT om. W ∣ ‹nom. empt.›ն T eras. compleuitque m. r. S [5 կոչեցեալ habent tantum APS ]եցեալ S deest Φ hic ins. եւ յայլ համաւրէն եղբարց մերոց որք կան բնակեալ յայսըմ տեղի եղբայրութեամբ խնամրկեցին որ զգործըս մեր կատարեցի ac preces C եւ պատուական եւ հաւատարիմ ‹tit. empt. alterius›ն ‹nom. empt. alt.›ն եւ կենակցին ‹nom. coniugis empt.›ն եւ ծնաւղաց նոցա D commemorationes scribae F եւ ետ գրել ի յիշատակ իւրն եւ ծնաւղացն իւրոց եւ ամենայն արեան մերձաւորացն GN եւ ‹nomina cognatorum empt.› եւ զամենայն արեան մերձաւորս մեր առ հասարակ յիշեսջիք ի Քրիստոս H եւ ‹nom. cuiusdam› յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ ծնօղացն ի հալալ եւ յարդար վաստակոց իւրոց զոր Տէր Աստուած վայելել տացէ նոցա ընդ երկայն աւուրս ամէն K ի վայելումն անձին իւրոյ եւ զաւակաց իւրոց ‹nom. filii empt.›ն եւ այլոցն եւ յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ ‹nom. tit.que cuiusd.›ն եւ ծնօղացն իւրոց զոր Տէր Աստուած վայելել տացէ զսա ընդ երկայն աւուրս ամէն եւ եղիցի եւ կացցէ սա ընդ իշխանութեամբ ‹nom. tit.que empt.› եւ զաւակի իւրոյ ‹nom. fil. empt.› եւ այլ մարդոյ դաւէ ի հետ չկա M եւ ‹nom. tit.que empt. alterius›ն քւերորդւոյն իւրոյ եւ ի յիշատակ հոգւոց իւրեանց եւ հոգւոյ ‹nom. tit.que empt.›ն որդո ‹nom. tit.que fil. empt.›ն որ մատաղ հասակաւ

ÉDITION

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‹nomen catholici Aghtamari› 14եւ ի թագաւորութեան այլասեռից ‹nomen regis›, 16զոր Տէր Աստուած պահեսցէ անսասանելի զաթոռ հայրապետական եւ զթագաւորական, 17զի յիշել զանունս նոցա սասանեալ սաքրին եւ ոչ եւս երեւին թշնամիք ճշմարտութեանն։ 1 Եւ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս 2ի գաւառիս ‹nomen pagi›, 3ի ‹genus V. loci›ս որ կոչի ‹nomen loci›, 4ընդ հովանեաւ ‹nomen sancti siue ecclesiae›ն, 5ի վայելումն հաւատարիմ եւ պատուելի ‹titulus emptoris›ն ‹nomen emptoris› [կոչեցեալ]։

‹nom. cath. Aght.›ն RΩ ‹nom. cath. Ecmiadzini› Z add. ‹titulum episcopi› V ‹cath. sedem› ANPSΦ 14–16 եւ — զոր om. Ψ 14 եւ — ‹nom. regis› om. DPQRSVΩ ∣ ի om. F ∣ թագաւորութեանն M թագաւորութեանս Σ ղանութեանն F ∣ այլասեռից om. ABFNTY թուրքման ազգին Σ ∣ ‹nom. regis› om. NTY spat. uac. B add. նստեալ ի գահն ‹nom. regni› A նստեալ ի գահն spat. uac. Y նստեալ ի գահն BT նստեալ ի գահն ‹nom. titulumque regis› N որ է յաղթօղ ’ւ անպարտելի M որ է յաղթող ’ւ անպարտելի et narratiunculam de Tamerlane Anatoliam domitanti Ο որ գնաց ի Պարս եւ մնաց անդ Σ եւ ի քաղաքի մերոյ պարոնութեանս ԱմիրՍլէյմանայ Φ 16–17 զոր — ճշմարտութեանն desunt HΦ om. F ∣ եւ — ճշմարտութեանն om. CΓΩ 16 զոր: եւ C ∣ Աստուածն CMOQRVZΩ add. Իսրայէլի KMOQRVZΣΩ Իսրայէլի որ պահապանն աննիրհելի C ∣ պահէ ACKM պ[ Ψ add. զսայ յամենայն ներգործութենէ Սատանայի եւ բարձրացուցանէ Γ ∣ անսասան — հայրապետական: զաթոռս հայրապետի հաստատ անշարժ վերայ վիմի աղաչանաւք մօրըն Կուսի Մարիամու Աստուածածնի ’ւ ամենայն սրբոց յերկինս ’ւ յերկրի զխաղաղութիւն տայ աշխարհի C ∣ անսասան QRVZΣΨΩ om. Γ անխախտ որ չսասանի KM ∣ զաթոռն Ω ∣ հայրապետական: հայրապետութեան Ψ հայրապետութեանն SΓ մերոյս հայրապետի KM add. ամէն Γ ∣ թագաւորական OVΣ զթագաւորութեան Ψ թագաւորի M թագաւորին K praem. զմեր ազին KM add. մերոյ ազին QRZΩ մերոյ ազգին VΨ ամէն O քրիստոսայդաւան ամէն Σ 17 զի — ճշմարտութեանն om. NOQRVZΣΨ ∣ յիշելով K ∣ զանուն KM զանուանս DISY ∣ սոցա KM ∣ սասանել AIKMS ∣ սաքրին: թաքչին BY մաքրեալ D ∣ եւ om. D ∣ երեւին om. K ∣ թշնամիք ճշմարտութեանն om. T ∣ ճշմարտութեան ADKY hic transp. IV1–7 K hic ins. ընդ հովանեաւ սուրբ տաճարիս ‹nomen ecclesiae› ի յիշատակ հոգւոյ ‹nomen titulumque emptoris› եւ ‹nomina cognatorum empt.› G lac. Ξ transp. ante III I ante IV KΔ ad finem textus G 1–3 եւ — ‹nom. loc.› om. W 1–2 եւ — ‹nom. pag.› om. X deest Φ 1 transp. ante IV1 U ∣ եւ — Աւետարանս om. L արդ այս ահեղ ժամանակի որ կամ լըցեալ չարեաւք ի լի զաւետարան ըստ Քրիստոսի ես անարժան գծագրեցի C ∣ եւ om. Δ արդ U praem. այլ G add. արդ HFOQRVZΓΣΨΩ նորին ողորմութեամբ I ∣ կատարեցաւ I ∣ սուրբ Աւետարանս om. Δ սա U ∣ սուրբ om. ABDGKMNPY ∣ Աւետարանս add. այս BNPYΓ զայս D hic transp. IV1–7 Ψ V.

1–4

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CHAPITRE 6. TYPE DE XIZAN

VII. 1Maintenant, vous qui goûtez à ce jardin divin et à cette table abondante, 3souvenez-vous en prière de l’acquéreur de ce saint Évangile, ‹nomen emptoris› ‹titulus emptoris›, 4et de ses parents ‹nomina parentum emptoris› et de ‹nomina aliorum cognatorum emptoris›.

1 VII. cf. NERS. ŠNORH. Ies. fil. II, 1205, p. 114; NERS. ŠNORH. eleg. Edess. 120b, p. 35 Mkrtčʻyan

եւ որպէս դուք սոցա խնդրէք զնոյն եւ ձեզ տացէ տուաւղն ամեանայն բարեաց ամէն et commemorationes scribae K եւ ըզ[ ] Տէր Աստուած ըն[ ] աւուրս առնէ զ[ ] ամէն et iterum commemorationes L եւ զամենեսեան որք աստ յիշեցան յիշեցէք Քրիստոս եւ լի բերանով ասացէք զԱստուածողորմին et commemorationes scribae M եւ զամենեսեան որք գրեցան աստ եւ որք գրեալ են յերկինս յիշեսջիք առ հասարակ ի Քրիստոսս եւ լի բերանով Աստուած ողորմի ասացէք սոցա եւ Աստուած որ առատն է ի տուրս բարեաց տացէ յիշողացդ և յիշեցելոցդ զիւր երկնից արքայութիւնն եւ զանպատում ուրախութիւն ամէն et commemorationes scribae O եւ զայլ ամենայն արեան մերձաւորսն նորա եւ Աստուած ողորմի ասացէք լի բերանով եւ զուարթառատ սրտիւ et commemorationes scribae W եւ զամենայն արեան մերձաւորս եւ Աստուած ողորմի ասացէք լի բերանաւ եւ զուարթառատ սրտիւ սոցա ամէն եւ զ‹nom. exemplaris praebentis›ն որ զօրինակն ետ et commemorationes scribae X եւ որ ասէ զԱստուածողորմին լի բերանով Աստուած նմա ողորմեցի յիւր միւսանգամ գալուստն ամէն et commemorationes scribae Z եւ Աստուած ողորմի ասացէք նոցա ամէն et commemorationes scribae Γ

ÉDITION

283

VII. 1Արդ, որք ճաշակէք յաստուածային բուրաստանէս եւ յամենալի սեղանոյս, 3յիշեսջիք աղաւթիւք զստացաւղ սուրբ Աւետարանիս զ‹nomen emptoris› ‹titulus emptoris› 4եւ զծնաւղսն իւր զ‹nomina parentum emptoris› եւ զ‹nomina aliorum cognatorum emptoris›։

փոխեցաւ ի Քրիստոս եւ կացցէ սայ ընդ իշխանութեամբ ‹nom. tit.que empt. alterius› քւերորդւոյն ‹nom. tit.que empt.› եւ այլ մարդոյ դաւէ ի հետ չկա եւ ոչ իշխօղ բայց միայն ի ‹nom. tit.que empt. alterius› եւ եթէ որ յանդգնի եւ վաճառէ զսա կամ հանցէ յիշխանութենէ սորա զՅուդային կրեսցէ զպատիժ եւ ջնջեսցի դպրութենէն կենաց ամէն O եւ յիշատակ ծնողաց նորին T եւ կողակիցն իւր ‹nom. coni. empt.› ետուն գրել յիշատակ իւրեանց եւ կացցէ սա spat. uac. W ետ գրել յիշատակ իւրն եւ ծնաւղացն իւրոյ ‹nomm. cognn. empt.› եւ ամենայն արեան մերձաւորացն իւրեանց ամէն եւ կացցէ սա ընդ իշխանութեամբ տաճարի ‹nom. ecclesiae›ս X ի յիշատակ հոգոյ իմոյ եւ ծնաւղացն իմոց ‹nomm. cognn. scribae› եւ ամենայն արեան մերձաւորացն մերոց ամէն Y եւ ‹nomm. cognn. empt.› զոր Տէր Աստուած վայելել տացէ զսա սոցայ ընդ երկայն աւուրբք ամէն Z յիշատակ ‹nom. empt.›ն եւ իւր կողակցին ‹nom. coni. empt.›ն եւ ‹nomm. cognn. empt.› գրեցաւ սուրբ աւետարանս յիշատակ սոցին ի վայելումն զոր Տէր Աստուած Յիսուս Քրիստոս վայելել տացէ ամէն եւ որք կարդայք կամ աւրինակէք Աստուած ողորմի ասացէք ‹nom. colophonis transcriptoris›ն եւ իւր ծնաւղացն եւ որ ասէ Աստուածողորմին եւ Աստուած իւրն ողորմի ամէն Γ ի յիշատակ հոգւոյն ‹nom. empt.›ն և կենակցին իւրոյ ‹nom. coni. empt.›ն որ եւ բազում աշխատութեամբ եւ տառապանօք եւ դառն կսկծանաւք եւ ունայն ձեռաւք սկսաւ թէ յիշատակ պիտի ‹nom. empt.›ն եւ որդոյն ‹nom. fil. empt.›ն որ տարաժամ հասակաւ փոխեցաւ առ Քրիստոս եւ սուք անմխիթար եթող ծնօղին եւ զոր ինչ ունէր ի մահուանն խաչ աւրհնեցին եւ նա դառն սրտիւ եւ ունայն ձեռօք սկսաւ զուգել զԱւետարանս ի յիշատակ իւրն եւ առն իւրում ‹nom. empt.›ն եւ որդոյն ‹nom. fil. empt.›ն Σ desunt ATΦ lac. ΞΨ om. GHIQRUVYΣΩ 1 որ CD ոք B ∣ ]աշակէք S ∣ աստուածային B ∣ բուրաստանէս — յամենալի om. C ∣ յամենալիր F ∣ սեղա spat. uac. P 3–4 յիշեսջիք — ‹nomm. all. cognn. empt.› om. P ∣ աղաւթիւք — ‹nomm. all. cognn. empt.› eras. compleuitque m. r. ut uid. S 3 յիշես[ S յիշեցէք MFKOZΓ ∣ աղաւթիւք: զաղաւթս ձեր D ի սուրբ յաղաւթս ձեր L ի մաքրափայլ յաղաւթս ձեր C ի Քրիստոս MFKOZ ի Քրիստոս Աստուած WXΓ ∣ զստացաւղ — աւետարանիս om. FXΓ ∣ ստացող B ∣ սուրբ Աւետարանիս: սորա W ∣ զ‹nom. empt.› ‹tit. empt.›: զ‹tit. empt.› ‹nom. empt.›ն N ∣ զ‹nom. empt.›ն FΓ praem. զերիս երանեալն եւ զառատասիրտն զհաւատարիմ տանուտէրն F զհեզահոգի եւ զբարեմիտ տանուտէրն L ∣ ‹tit. empt.›ն CKLZ om. DFΓ add. եւ զկենակիցն զ‹nom. coniugis empt.› D եւ զկենակիցն իւր զ‹nom. coni. empt.› եւ զորդին իւր զ‹nom. filii empt.› O 4 եւ1 — ‹nomm. parr. empt.› om. FKX ∣ ծնաւղս D զհայրն CM ∣ իւր ‹nomm. parr. empt.› om. O ∣ իւր: նոցա D add. ըստ մարմնոյ CW ∣ եւ2 ‹nomm. al. cogn. empt.› om. WΓ praem. եւ զամենայն արեան մերձաւորսն սոցա O hic ins. commemorationes alias ac transp. V1–4 G ins. commemorationes diuersas UV commemorationes scribae NQRΓΩ յիշեսջիք ի Քրիստոս Աստուած բոլորով սրտիւ եւ զամենայն արեան մերձաւորսն նորա et commemorationes scribae B եւ զամենայն արեան մերձաւորացն իմ յիշեսջիք ի Քրիստոս Աստուած եւ Աստուած զձեզ յիշէ յիւր արքայութիւն ամէն et commemorationes scribae C ի Քրիստոս et iterum commemorationes D այլ եւ զազգն ամենայն եւ զամենայն արեան մերձաւորսն նոցա զկենդանիքն եւ ըզհանգուցեալսն ի Քրիստոս լի բերանով եւ ուղիղ մտով Աստուած ողորմի ասացէք et iterum commemorationes F եւ զամենայն արեան մերձաւորսն իւրեանց եւ լի բերանով ասացէք զԱստուածողորմին VII.

284

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

2.3. Commentaire Le texte du type de Xizan est extrêmement semblable à celui du type d’Ałētʻ, étant donné qu’il s’agit au départ d’une variation de ce dernier type, employée par Yovanēs d’Ałētʻ dans le manuscrit MUSA* 22. Le type de Xizan peut néanmoins être considéré comme un type à part entière et distinct du type d’Ałētʻ car d’une part il s’en différencie sur certains points, d’autre part son archétype a donné naissance à une tradition propre. Vu cette similitude, nous nous limiterons, dans le commentaire qui suit, à souligner, section par section, les nouveautés par rapport au type d’Ałētʻ, au commentaire duquel nous renvoyons pour une étude détaillée du texte. La structure du type de Xizan est globalement identique à celle du type d’Ałētʻ. Par rapport à ce premier type, la section I (prologue pour le commanditaire) est celle qui subit les plus grands changements, avec la suppression des §§ 3-10 et l’ajout d’un nouveau § 12. Nous avons déjà constaté une réduction de cette section dans le type de Tʻonrak, qui garde seulement les §§ 7-11 et s’inspire des §§ 5-6 pour une nouvelle section dans la seconde moitié du formulaire. Ici toutefois, le texte qui résulte de cette opération manque d’élégance, notamment parce que le § 12 est relié au reste de la phrase par une conjonction եւ «et», syntaxiquement superflue. Le type de Xizan voit aussi la disparition de la section VIII (épilogue pour le copiste). En réalité, s’agissant d’un élément conventionnel du colophon, un épilogue de ce type est encore représenté dans la plupart des témoins, mais sous des formes assez variables. Rares sont les manuscrits dont le texte à cet endroit s’approche plus ou moins de celui du type d’Ałētʻ (on citera M 4223 [M], M 5562 [O], M 7566 [Z], M 9841 [W], MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15 [K] et VAS* Moks, S. Yakob 21 [B]). Cet état de fait signifie que cet épilogue ne fait plus partie, dans le type de Xizan, du formulaire de colophon tel qu’il est conçu par les copistes. Les autres sections subissent des changements moins drastiques. Le texte de la section II (prologue pour le copiste) est remarquablement constant, mais il faut aussi remarquer que ce long prologue introspectif a été rejeté par une partie de la tradition (9 des 26 manuscrits dont le texte est connu à cet endroit). Certains copistes ont probablement jugé une telle section peu «rentable», sa longueur excédant largement son utilité. Il ne s’y trouve en effet ni données factuelles, ni demandes de prière, qui sont

COMMENTAIRE

285

deux éléments capitaux dans les colophons arméniens et présents tout au long de ce formulaire, sauf précisément dans la section II. La section III (narration) est assez stable elle aussi. Certains manuscrits présentent des développements supplémentaires au milieu (§§ 6-7) et à la fin (§ 12)359. À part cela, l’essentiel des variations se concentre dans la façon dont le scribe se présente (§§ 2-3), un contexte où une personnalisation plus importante de chaque manuscrit ne surprend guère. On trouve davantage de changements dans les trois dernières sections. Le formulaire de datation (IV) est diversement réduit dans bon nombre de manuscrits. Une fois de plus, il semble que sa rentabilité soit en cause: l’emploi d’une série de systèmes chronologiques différents (§§ 1-8), surtout, s’avère encombrant, malaisé et guère utile. Pour partie, les aménagements apportés à la section IV par certains copistes doivent également à l’évolution des pouvoirs, notamment caractérisée par la question du siège catholicossal et par l’absence d’entité politique nationale. Le formulaire de localisation (V) est assez naturellement ajusté à la situation individuelle de chaque copiste. Le type de Xizan ayant été employé dans une dizaine de localités différentes360, il n’est pas étonnant de constater une certaine disparité textuelle dans cette section. Quant à l’épilogue pour le commanditaire (VII), il se présente de façon quelque peu simplifiée par rapport au type d’Ałētʻ, les §§ 2 et 5 ayant été supprimés. Passé le § 1, c’est la section dont le caractère formulaire est le moins marqué et, par conséquent, elle est relativement instable: on remarque en effet un grand nombre de différences d’un manuscrit à l’autre, motivées par la situation familiale propre de chaque acquéreur. Les développements qui suivent le § 4 sont spécifiques à chaque colophon: c’est donc là que s’arrête le formulaire. Certains manuscrits se caractérisent par des omissions ou transpositions de sections entières ou de morceaux de sections, au point que le formulaire d’origine peut en devenir difficile à reconnaître. Le tableau suivant (fig. 23) présente de façon simplifiée les différentes configurations résultant de transpositions:

359 360

Cf. l’examen de chaque colophon, p. 288-332. Cf. p. 311.

286

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

IV(1–7) IV12–14 V1–4

F I G I

?

(1–7)

III

IV

H ]I2–12 I

I

K I

II + V1–4 III

V

II

+

V III

V1–4

III

IV12–17 IV(1–7)

IV(1–7) IV12–16 V1–4 (1–7)

IV 1

V I Γ I

+ II

Ψ I

(1–7)

III V IV

II

12–16

IV

V(5) VII + III1–9

1–4

V

III

2–4

V

IV

+

IV(1–7) IV12–16 V1–4

III2–12 +

V1–4 V3

+[

(12–17)

III1–10

IV(1–7)

+

1–9

+ VII +

IV(1–7) + IV12–16 III1

IV(1–7) IV12–16 V1–4

Ω I

V1–4

V5

IV(1–7) IV12–16 V1–4 III + V1

VII + (5)

IV(1–7) IV(12–17) V5

R I

Δ I

IV

4

IV(1–7) IV12–14[ ]V1–4

Q I U

12

III1–9 +

V4 III2–5[ III1–9

Fig. 23. Type de Xizan: transpositions (le signe + indique un ajout substantiel par rapport au texte canonique, tandis que les portions entre parenthèses diffèrent notablement de celui-ci)

Enfin, il faut noter une dernière particularité, qui concerne surtout les sections I, IV et VII. L’examen paléographique des colophons, auquel nous avons pu nous livrer pour une partie des témoins, montre que dans plusieurs colophons (notamment M 5361 [Q] et P 333 [P]), certains noms propres, spécialement les noms de l’acquéreur et de ses proches ainsi que le nom du catholicos, ont été ajoutés après la rédaction du formulaire. Cela correspond à une pratique répandue dans les manuscrits du lac de Van361: dans le cas où le manuscrit ne fait pas l’objet d’une commande spécifique et est écrit avant de trouver acquéreur, des blancs sont laissés à la place des noms propres et remplis dès lors qu’un mécène s’est manifesté. L’absence du nom du catholicos en exercice est, quant à elle, susceptible d’indiquer une période de vacance du siège. Ces éléments montrent bien que le formulaire de colophon est conçu comme une sorte de gabarit, mis en œuvre de façon plus ou moins impersonnelle selon les éventuels développements que chaque copiste consentira à y ajouter. 361

Cf. TAYLOR, Armenian Illumination, p. 96.

+

ORIGINES

287

3. HISTOIRE L’archétype du formulaire étudié dans ce chapitre (MUSA* 22) a été copié en Cilicie, mais c’est la région de Xizan, dans l’arrière-pays au sudouest du lac de Van, qui verra le développement du formulaire. La majorité des manuscrits qui présentent le type de Xizan ont en effet été copiés soit dans cette ville ou alentour, soit dans d’autres centres de copie de la région de Moks, qui entoure Xizan. Jusqu’en 1420, Xizan sera même le lieu de production exclusif des colophons de ce type, avant que la pratique ne commence à se répandre dans d’autres centres, dès la décennie suivante (cf. fig. 22). Pour tenir compte de cette situation et étant donné le nombre important de manuscrits concernés, nous avons divisé l’historique du type de Xizan en cinq parties. La première, consacrée aux origines, sera rapide, car l’essentiel a déjà été dit dans les chapitres précédents, ainsi que dans le commentaire du texte. Pour ce qui est de l’évolution du type de Xizan, on étudiera d’abord l’archétype lui-même, ainsi qu’un groupe de colophons qui s’en prétendent contemporains; ensuite, on verra l’emploi et l’évolution du formulaire à Xizan même, et finalement, sa diffusion dans d’autres localités. L’objectif de ce parcours historique est à la fois de retracer l’évolution du type de Xizan et de reconstituer sa tradition. Pour atteindre ces deux fins, il est nécessaire de procéder à l’analyse textuelle et historique de chaque colophon. Les textes seront donc étudiés dans leur structure et dans leur détail, ainsi que dans leur contexte humain, géographique et historique de production. Il serait toutefois oiseux de dresser l’inventaire complet des transformations subies par le formulaire à chaque stade de son évolution. C’est pourquoi nous nous focaliserons, pour ce qui est des analyses détaillées, sur la section III, section centrale du formulaire, présente dans la quasi-totalité des témoins. Non seulement c’est dans cette section qu’apparaît la formule յընտիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ «d’après un exemplaire de choix et sûr», mais de plus, comme nous l’avons vu en commentant le texte, il s’agit d’un texte sujet à quelques variations même s’il est assez stable dans l’ensemble. Ce caractère raisonnablement malléable fournit de bonnes conditions pour détecter les évolutions du texte et, par conséquent, les rapports généalogiques des colophons. 3.1. Origines Le type de Xizan est à l’origine une création de Yovanēs d’Ałētʻ dans le troisième tétraévangile que nous lui connaissons (MUSA* 22, de 1336). Comme nous l’avons montré ci-dessus, ce formulaire présente quelques

288

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

différences avec le type d’Ałētʻ, précédemment développé par le même copiste dans le tétraévangile M 4217 de 1331. Il s’agit d’un type indépendant du type de Tʻonrak, autre variante du type d’Ałētʻ, également créée par Yovanēs d’Ałētʻ dans le lectionnaire J 95 de 1331. Le colophon de MUSA* 22 sera adopté comme formulaire dans les dernières années du XIVᵉ siècle, lorsqu’il commencera à être copié et imité à Xizan. 3.2. L’archétype et ses répliques 3.2.1. Le tétraévangile MUSA* 22 L’archétype du type de Xizan est le colophon de MUSA* 22, le troisième tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ, copié en 1336 en Cilicie. Ce manuscrit a péri en 1915, mais une partie du colophon nous est connue grâce au catalogue de S. Mouradian. Le colophon présente de telles similitudes avec les colophons de Yovanēs dans M 4217 et AKA* Vačʻian (type d’Ałētʻ), ainsi que dans J 95 (type de Tʻonrak), qu’il est évident que son auteur est le même personnage, malgré le fait que MUSA* 22 ait été copié en Cilicie et non dans la région du lac de Van. Le lieu précis de la copie n’est pas donné, Yovanēs se contentant de la mention ընդ հովանեաւ սրբոյ Կարապետին «sous l’égide du saint Précurseur». On connaît en Cilicie deux établissements monastiques consacrés au Saint-Précurseur, l’un à Aygek, signalé en 1212362, et l’autre à Fṙnuz, actif en 1557363. Toutefois, vu le profil de Yovanēs tel que nous l’avons retracé aux chapitres précédents, il est plus probable que le manuscrit ait été copié auprès d’une église de village, plutôt que dans un scriptorium monastique. Il est malheureusement impossible de déterminer où exactement. Les autorités ecclésiastiques citées dans le colophon de MUSA* 22 sont d’abord le catholicos «des Ciliciens» Yakob (Jacques II d’Anazarbe, 1327-1341 et 1355/7-1359), puis l’archevêque d’Ałtʻamar, dont le nom est gratté. Sans doute devait-il s’agir de Zakʻaria (Zacharie Ier Séfédinian, ca. 1298-1336/7); le grattage s’expliquerait par son décès aux alentours de la rédaction du colophon. De même, l’absence de nouveau nom pardessus ce grattage signifie peut-être que son successeur Stepʻanos (Étienne III Séfédinian, ca. 1337-1346) n’avait pas encore pris ses fonctions. Le colophon de MUSA* 22 a exercé une influence plus déterminante qu’aucun autre des colophons de Yovanēs d’Ałētʻ. En effet, non seulement THIERRY, Répertoire, nᵒ 292, p. 55; OSKEAN, Kilikia, p. 102-103. THIERRY, Répertoire, nᵒ 294, p. 55; OSKEAN, Kilikia, p. 318-319; ALIŠAN, Sisuan, p. 192-193; ALIŠAN, Sissouan, p. 212; LUSARAREAN, Gawazanagirkʻ, nᵒ IA, p. 139. 362 363

L’ARCHÉTYPE ET SES RÉPLIQUES

289

il suscitera une longue série d’émules au cours du XVᵉ siècle, mais plusieurs manuscrits pousseront même la fidélité à l’archétype jusqu’à en reproduire la date de rédaction. Cette pratique donne lieu à des quasi «duplicata» du colophon d’origine, dont un minimum d’éléments sont modifiés. Une telle situation, si elle n’est pas comprise, peut déconcerter et conduire à des erreurs d’appréciation sur les manuscrits concernés. C’est pourquoi il est essentiel de repérer les colophons répliqués de la sorte et de s’efforcer de déterminer les circonstances réelles de leur copie. Dans notre corpus, cinq manuscrits sont affectés par cette pratique et reproduisent à l’identique, ou presque, la date de MUSA* 22 (fig. 24). Ajoutant à la confusion, deux de ces manuscrits sont l’œuvre d’un homonyme de Yovanēs d’Ałētʻ. Heureusement, grâce d’une part à la mention du lieu de copie et des autorités ecclésiastiques et séculières, qui n’ont pas été «trafiquées», et d’autre part à une erreur de chronologie dans un de ces colophons, il est possible de restituer soit la date exacte, soit au minimum l’époque de rédaction de ces manuscrits. On voit dans le tableau ci-dessous que les différentes dates, à quelques décalages mineurs près, sont les mêmes dans tous les manuscrits. En revanche, ces dates ne concordent pas entre elles. On se contentera dans l’immédiat de discuter les dates de MUSA* 22, les seules qui soient originales. La plus problématique est la date selon l’ère de la Création du Monde, 6607, que le formulaire de colophon donne pour basée sur les calculs des Septante (IV, 5: ըստ եւթանասնիցն, որում մեք վարիմք «selon les Septante, dont nous nous servons»). Cette ère est celle d’Eusèbe, qui commence normalement en 5200 a. C. n., mais les auteurs arméniens avancent ce point de départ à 5198364. Toutefois, 6607 − 5198 = 1409, ce qui ne cadre pas avec les autres dates. Il est possible qu’en dépit de IV, 5, le comput suivi soit celui d’Anania Širakacʻi, et dans ce cas nous avons 6607 − 5281 = 1326365. L’ère de l’Incarnation, chez les Arméniens, est en décalage de deux ans par rapport à notre ère, ce qui donne ici 1335 − 2 = 1333366. Finalement, le colophon donne la date selon les deux ères arméniennes de l’époque, celle que l’on appelle aujourd’hui la «grande ère arménienne», ou, selon l’expression du formulaire, թիւ խոսրովային յաբեթեան «ère japhétique 364 CAM, p. 35 [= NERSESSIAN, Dating Systems, p. 201]; ABRAHAMYAN, Hay gri patmutʻyun, p. 251-252. Cf. GRUMEL, Chronologie, p. 24-25 et DULAURIER, Chronologie, p. 39-40. 365 CAM, p. 35 [= NERSESSIAN, Dating Systems, p. 202]; ABRAHAMYAN, Hay gri patmutʻyun, p. 254-255. 366 CAM, p. 39 [= NERSESSIAN, Dating Systems, p. 205]; DULAURIER, Chronologie, p. 38-44.

Cilicie

om.

6607 = 1326

1335 = 1333

785 = 1336

245 = 1328/9

Yakob Kilikecʻi

{ras.} Ałtʻamarecʻi

Lewon

Kilikecʻwocʻ

Canton (V, 2)

Lieu (V, 3)

Ère de la Création (IV, 4)

Ère de l’Incarnation (IV, 6)

Grande ère arm. (IV, 7)

Petite ère arm. (IV, 8)

Catholicos (IV, 12)

Archevêque (IV, 13)

Roi (IV, 14)

Royaume (IV, 14)

om.

om.

Zakʻariay Axtʻamarecʻi

{uac.} Kilikecʻi

om.

{uac.}

1335 = 1333

6607 = 1326

om.

Hizan

Yovanēs

P 333



{uac.}

om.

Zakʻariay Ałtʻamarecʻi

245 = 1328/9

785 = 1336

1335 = 1333

6607 = 1326

Hizan

{uac.}

Yovanēs

VAS* Moks, S. Yakob 21

Ałubēk pʻatʻšax



om.

Zakʻariay Ałtʻamarcʻi

939 = 2022/3

785 = 1336

1337 = 1335

6607 = 1326

om.

Moks

Aṙakʻel gcoł

NOJ 390

Fig. 24. Les répliques du colophon de MUSA* 22

Yovhannēs

MUSA* 22

Copiste

Colophon

{uac.}



om.

Stepʻanos Ałtʻamarecʻi

245 = 1328/9

787 = 1338

1338 = 1336

6605 = 1324

Dašt

Moks

Aṙakʻel gcoł

VAS* Moks S. Yakob 20





om.

Stepʻannos Ałtʻamarcʻi

om.

785 = 1336

?

?

Dašt

Moks

Aṙakʻel gcoł

VAS* Van, Tiramayr s. n. B

290 CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

L’ARCHÉTYPE ET SES RÉPLIQUES

291

khosrovienne», et la «petite ère arménienne», ou ère de Sarkawag, du nom de son inventeur, dénommée ici մեծ շրջան «grand cycle». La première débute en 552 et la seconde en 1084, le 11 août367. Dans notre colophon, cela donne respectivement 785 + 551 = 1336 et 245 + 1083/4 = 1328/9. Devant de telles discordances, qui ne sont pas rares dans les colophons, il est de rigueur de suivre la date selon la grande ère arménienne, dont le calcul est le mieux maîtrisé par les copistes. On peut remarquer que dans le colophon de M 4217, le deuxième tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ, daté de 1331, la date du «grand cycle» était déjà de 245 + 1083/4 = 1328/9; le même nombre apparaît dans le colophon d’AKA* Vačʻian en 1337, comme si le copiste était resté bloqué sur une information dont il n’avait pas compris le sens. À part celle-ci, les dates varient entre le colophon de M 4217 et MUSA* 22, mais pas de manière uniforme: on observe une différence de 6 ans dans la date selon l’ère de la Création (6601 > 6607), tandis que le décalage est de 5 ans selon l’ère de l’Incarnation (1330 > 1335) et l’ère arménienne (780 > 785). Les décalages observés dans AKA* Vačʻian ne sont pas conséquents (6601, 1339, 786). Il semble donc vain de chercher une logique unique derrière ces calculs aux résultats aléatoires. 3.2.2. Deux manuscrits de Yovannēs de Xizan Toutes relatives qu’elles soient, ces dates ont néanmoins leur importance, puisqu’on les retrouve à l’identique dans plusieurs autres manuscrits (fig. 24). Seul l’un d’entre eux, P 333, a fait l’objet d’un examen approfondi, qui a permis de restituer sa véritable date d’exécution. En effet, grâce à une étude iconographique appuyée par l’examen des données biographiques contenues dans plusieurs colophons, A. Leyloyan-Yekmalyan a pu prouver que P 333 date de 1393-1394, et non de 1333 (1335) comme prétendu dans le colophon368. Une fois cette dernière date reconnue comme étant celle du modèle369, le manuscrit peut être attribué sans hésitation à Yovannēs de Xizan, copiste et illustrateur célèbre, actif à la fin du XIVᵉ et au début du XVᵉ siècle370. D’après Leyloyan-Yekmalyan, la copie du texte 367 CAM, p. 36-38 [= NERSESSIAN, Dating Systems, p. 202-204]; ABRAHAMYAN, Hay gri patmutʻyun, p. 261-271; DULAURIER, Chronologie, p. 50-56, 79-81 et 112-115; GRUMEL, Chronologie, p. 140-145. 368 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 68-75; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Tʻvagrman harcʻ. Voir aussi OUZOUNIAN, Manuscrit de Paris, p. 27; AVETISYAN, Hovhannes Xizancʻi, p. 225-226. 369 Voir déjà KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 333, col. 937. 370 Cf. p. 297-300. La bibliographie sur Yovannēs de Xizan est pléthorique. À côté de nombreuses entrées dans les répertoires prosopographiques (AnjnBaṙ III, p. 646 s.v.

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date de la fin de l’année 1393, tandis que les illustrations ont été ajoutées l’année suivante. L’archevêque Zakʻariay Axtʻamarecʻi cité dans le colophon de P 333 n’est donc pas le catholicos Zacharie Ier Séfédinian (ca. 12981337)371, contemporain de Yovanēs d’Ałētʻ, mais bien Zacharie II, dit l’Athlète ou le Martyr (ca. 1377-1393)372. Le manuscrit VAS* Moks, S. Yakob 21, perdu depuis le génocide, présente la même situation que P 333. H. Kurdian, qui ignorait l’existence de P 333, a cru à une coïncidence et, malgré les indications biographiques, a attribué ce manuscrit à un homonyme de Yovannēs Xizancʻi qui aurait vécu soixante ans plus tôt373. A. Leyloyan-Yekmalyan a reconnu, quant à elle, étant donné la similitude du colophon de VAS* Moks, S. Yakob 21 avec celui de P 333, que son auteur était également Yovannēs Xizancʻi, mais sans s’attarder sur ce codex perdu374. Comme P 333, le tétraévangile VAS* Moks, S. Yakob 21 fait partie des premières œuvres de Yovannēs de Xizan. Son colophon est à nouveau copié sur celui de MUSA* 22, mais avec certaines différences par rapport à celui de P 333. La plus importante concerne l’insertion de deux citations bibliques (III, 6-7): … ըստ այնմ, որ ասէ՝ վիշտս յազգէ, վիշտս ի սուտ եղբարց, եւ թէ՝ յոտից մինչեւ ցգլուխ չիք առողջութիւն … … selon ceci, qui dit «souffrances de la part de la race, souffrances de la part des faux frères» (II Cor. 11, 26) et que «depuis les pieds jusqu’à la tête, il n’y a point de santé» (Is. 1, 6) …

Ces versets sont rarement cités dans les colophons, exception faite de VAS* Moks, S. Yakob 21 et de ses copies (cf. infra)375. On retrouve II Cor. 11, 26 sous une forme différente dans le colophon du manuscrit PHF O 122 (recueil de textes liturgiques abrégés, Akner, 1257)376.

Yovhannēs 838, p. 632 s.v. Yovhannēs 684, p. 634 s.v. Yovannēs 707, p. 635 s.v. Yovhannēs 724, p. 641 s.v. Yovhannēs 779 et p. 617 s.v. Yovanēs 526; POŁAREAN, Nkarołner, p. 40-43; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, spéc. nᵒ Y-XIV/XV-4, p. 211-212), il faut citer les études suivantes: LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 14-21; AVETISYAN, Hovhannes Xizancʻi; HAKOBYAN, Hovhannes Xizancʻi; EREMEAN, Yovhannēs kʻahanay; NIKOL′SKAJA, Izučenie II. 371 AnjnBaṙ II, p. 185-189 s.v. Zakʻaria 29; AKINEAN, Gawazanagirkʻ, p. 45-58; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 502. 372 AnjnBaṙ II, p. 188 s.v. Zakʻaria 46; AKINEAN, Gawazanagirkʻ, p. 67-70; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 502-503. Cf. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 72. 373 KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 9-11 et 17. 374 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 71-72. 375 Cf. VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 147 (repr. p. 17-18). 376 PHF O 122, f. 69r = H13 240a, p. 292; SANJIAN, Catalogue U.S., nᵒ 154, p. 675.

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Le colophon de VAS* Moks, S. Yakob 21 remplace en outre, à la fin de la troisième section, les mots բազում պանդխտութեամբ «avec beaucoup d’émigration» par բազմադէմ ալէկոծ ծփանաւք «avec diverses houleuses fluctuations» (III, 12). Au niveau du formulaire de datation, on observe que dans VAS* Moks, S. Yakob 21, le catholicos de Cilicie, pour qui le colophon de P 333 prévoit un espace (IV, 12), est remplacé par le catholicos d’Ałtʻamar, encore cité dans P 333 au titre d’archevêque, conformément à la configuration des colophons de Yovanēs d’Ałētʻ (IV, 13). En revanche, le colophon de VAS* Moks, S. Yakob 21 conserve l’espace destiné au roi d’Arménie (IV, 14), qui est déjà éliminé dans P 333. Grâce à la mention de Zakʻariay Ałtʻamarecʻi, nous sommes certains que ce manuscrit est antérieur au 26 juin 1393, date du martyre du catholicos377. Il a donc sans doute été copié avant P 333, mais il n’est pas possible de préciser à quel moment. Grâce à l’examen du formulaire du type de Xizan, nous avons retrouvé le modèle, daté de «1335», de P 333: c’est le tétraévangile MUSA* 22 de Yovanēs d’Ałētʻ. Ceci nous permet d’expliquer les problèmes posés par P 333. A. Leyloyan-Yekmalyan attribue l’erreur de datation à un accident de copie378, mais il est permis d’en douter dès lors que deux manuscrits sont dans le même cas. De plus, si le vide laissé pour la date selon l’ère arménienne (IV, 7) dans P 333 peut effectivement laisser croire à une distraction, cette opinion ne tient plus pour VAS* Moks, S. Yakob 21, où la date de MUSA* 22 a été recopiée. S’agit-il alors d’une fraude délibérée? Probablement pas au sens où nous l’entendons aujourd’hui. C’est la révérence extrême du copiste à l’égard de son modèle, plutôt qu’une mauvaise intention, qui semble être à l’origine de ce «mensonge». Rappelons que VAS* Moks, S. Yakob 21 et P 333 sont les deux premiers tétraévangiles connus de Yovannēs de Xizan; dans ses œuvres plus tardives, le copiste prendra davantage de liberté avec ses modèles379. 3.2.3. Trois manuscrits d’Aṙakʻel de Dašt Le second groupe de répliques du colophon de MUSA* 22 concerne trois tétraévangiles d’un certain Aṙakʻel380: NOJ 390, VAS* Van, Tiramayr s. n. B et VAS* Moks, S. Yakob 20. D’après les colophons de ces Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 503; AKINEAN, Gawazanagirkʻ, p. 68. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 72. Cf. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Tʻvagrman harcʻ, p. 438. 379 Cf. p. 299-300. 380 AnjnBaṙ I, p. 209 s.v. Aṙakʻel 35. 377 378

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manuscrits, Aṙakʻel aurait été actif de 1336 à 1338 dans le village de Dašt, à proximité immédiate de Moks, auprès de l’église Saint-Jacques de Dašt381 et de l’église de la Sainte-Mère-de-Dieu d’Anǰołocʻ382. Tous trois suivent à la lettre le type de Xizan tel qu’il apparaît dans VAS* Moks, S. Yakob 21 de Yovannēs de Xizan — quoique les colophons de deux des manuscrits d’Aṙakʻel, disparus, ne nous soient pas connus dans leur intégralité: de VAS* Moks, S. Yakob 20, nous avons seulement les sections III à V, sans possibilité de savoir si le colophon s’étendait au-delà, tandis que pour VAS* Van, Tiramayr s. n. B, seule nous est parvenue la partie du colophon qui va de IV, 7 à V, 5. On retrouve dans ces colophons les deux innovations de VAS* Moks, S. Yakob 21, à savoir les deux citations bibliques ajoutées en III, 6-7, ainsi que բազմադէմ ալէկոծ ծփանաւք «avec diverses houleuses fluctuations» à la place de բազում պանդխտութեամբ «avec beaucoup d’émigration» (III, 12). Ces manuscrits ne peuvent toutefois pas réellement remonter, comme leurs colophons le prétendent, au deuxième quart du XIVᵉ siècle. En effet, deux d’entre eux sont datés de la même année que l’exemplaire de Yovanēs d’Ałētʻ (MUSA* 22), 785 de l’ère arménienne (+ 551 = 1336), date qui figure également dans les copies de Yovannēs de Xizan (P 333 et VAS* Moks, S. Yakob 21); il est évidemment invraisemblable que le codex de Yovanēs d’Ałētʻ se soit trouvé à Dašt l’année même de sa copie, y ait été copié par deux fois, puis ait été déplacé à Xizan entre 1338 et 1393. Par ailleurs, fait troublant, l’évangile perdu de Yovannēs de Xizan (VAS* Moks, S. Yakob 21) était conservé, jusqu’à sa disparition lors du génocide, à Dašt, dans la même église Saint-Jacques où les manuscrits d’Aṙakʻel ont été copiés, et en compagnie de l’un d’entre eux (VAS* Moks, S. Yakob 20). Comme les variantes du type de Xizan dans le colophon de VAS* Moks, S. Yakob 21 apparaissent également dans les colophons d’Aṙakʻel, il est patent que ceux-ci ont été copiés sur ce colophon de Yovannēs de Xizan. L’étude du formulaire de datation permet de le prouver et de dater les copies d’Aṙakʻel. Si l’on se reporte au tableau comparatif des répliques du colophon de MUSA* 22 (fig. 24), on voit que les colophons d’Aṙakʻel, dans le passage qui concerne les autorités séculières (IV, 14), imitent 381 THIERRY, Répertoire, nᵒ 568, p. 102; TełBaṙ III, p. 3131–2 s.v. s Hakob [9]; THIERRY, Vaspurakan, p. 396-397; THIERRY, Monastères IV, p. 149. 382 THIERRY, Répertoire, nᵒ 558, p. 100; TełBaṙ I, p. 2823-2831 s.v. Anǰłoncʻ vankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ 12.6, p. 821; THIERRY, Vaspurakan, p. 394-396; THIERRY, Monastères IV, p. 147-148.

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VAS* Moks, S. Yakob 21 de Yovannēs de Xizan en omettant le nom du souverain et de son royaume, ou en laissant un blanc là où on les attend: եւ ի թագաւորութեան {uac.} նստեալ ի գահն «et sous le règne de {uac.}, assis sur le trône», lit-on dans VAS* Moks, S. Yakob 21383. Aṙakʻel, lui, n’ayant pas devant les yeux le modèle de Yovanēs d’Ałētʻ, où ces espaces étaient remplis, a mal interprété ce texte. Dans VAS* Moks, S. Yakob 20, il laisse un blanc après գահն «trône»: եւ ի թագաւորութեան նստեալ ի գահն {uac.} «et sous le règne, assis sur le trône de {uac.}». En revanche, dans NOJ 390, Aṙakʻel remplit ce blanc avec le nom du souverain, qui se retrouve donc à un endroit inattendu: եւ ի թագաւորութեան նստեալ ի գահն Աղուբէկ փաթշախին «et sous le règne, assis sur le trône, du padichah Ałubēk»384. Cela montre bien qu’Aṙakʻel avait à sa disposition un exemplaire où ces champs étaient déjà blancs, sans quoi il n’avait aucune raison de déplacer ainsi le nom du souverain. Qui est ce «padichah Ałubēk»? Il ne peut s’agir que de Ya῾qūb b. Uzun Ḥasan Bāyandur beg, khan des Turcomans Moutons blancs (Āq Qoyunlū), régnant à Tabriz de 1478 à 1490/1385. Ces dates concordent avec le reste des informations données par Aṙakʻel dans le colophon de NOJ 390. Le catholicos Zakʻaria Ałtʻamarcʻi qui y est mentionné est en fait Zacharie IV (1489-1494)386 — et non Zacharie Ier, comme la date de 1336 le laisse croire. Enfin, dans ce colophon, le copiste s’est trahi en donnant en IV, 8 la date de «939 selon le grand cycle» (ի մեծ շրջանին ՋԼԹ). Il n’a pas compris qu’il s’agissait là de la «petite ère arménienne», ou ère de Sarkawag, consistant en un cycle de 532 ans qui prend pour point de départ le 11 août 1084387; néanmoins, au lieu de simplement recopier la date du modèle, il a donné l’année selon la grande ère arménienne: 939 + 551 = 1490. NOJ 390 a donc été copié en 1490, soit 154 ans plus tard que la date dont il se réclame. Les deux autres manuscrits d’Aṙakʻel de Dašt (VAS* Moks, S. Yakob 20 et VAS* Van, Tiramayr s. n. B) doivent être plus anciens, car ils citent un catholicos du nom de Stepʻannos Ałtʻamarcʻi. Grâce à la date de NOJ 390, nous pouvons déduire qu’il s’agit d’Étienne V (1465-1489)388 et non 383 Cf. p. 286 à propos de cette pratique consistant à laisser lors de la rédaction du colophon un espace blanc, destiné à accueillir des noms propres ajoutés plus tard. 384 TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, p. 73. 385 Cf. QUIRING-ZOCHE, Aq Qoyunlū et CAM, p. 343 s.v. Ałup. 386 AnjnBaṙ II, p. 195-196 s.v. Zakʻaria 95; AKINEAN, Gawazanagirkʻ, p. 119-121. 387 Voir p. 290-291. 388 AnjnBaṙ IV, p. 670 s.v. Stepʻannos 635; AKINEAN, Gawazanagirkʻ, p. 109-119; voir aussi VARDANYAN, Maštocʻ, p. 212-216.

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d’Étienne III (ca. 1337-1346)389. Ces tétraévangiles peuvent dès lors être considérés comme antérieurs à 1490; il ne semble cependant pas y avoir d’indice permettant de préciser davantage leur date d’exécution. Aucune logique ne se dégage des légères variations de dates que l’on note entre les trois colophons (voir fig. 24), la majorité s’expliquant par une confusion entre les chiffres-lettres ե (5) et է (7). Pour ce qui est du texte, la section III, dans VAS* Moks, S. Yakob 20, présente quelques différences par rapport à VAS* Moks, S. Yakob 21: emploi du simple այլ «aussi» comme particule introductive (§ 1); ajout de l’apposition գծողիս «(moi) le scribe» après le nom du copiste (§ 2); ajout de Աստուած «Dieu» après Հոգին «l’Esprit» (§ 8). Ces différences ne sont pas présentes dans NOJ 390; dans VAS* Van, Tiramayr s. n. B, cette partie du colophon est perdue. En conclusion, le colophon de Yovanēs d’Ałētʻ dans MUSA* 22 a d’abord été reproduit par Yovannēs de Xizan dans deux manuscrits, VAS* Moks, S. Yakob 21 et P 333. La première de ces copies était dans l’église du couvent Saint-Jacques de Dašt à la fin du XVᵉ siècle et s’y trouvait encore jusqu’en 1915; c’est là qu’Aṙakʻel l’a recopiée à trois reprises aux alentours de 1490, gardant le formulaire de colophon pratiquement tel quel (NOJ 390) ou avec de légers changements (VAS* Moks, S. Yakob 20), et continuant ainsi la pratique de duplication de l’original de Yovanēs d’Ałētʻ, initiée par Yovannēs de Xizan. Un seul des tétraévangiles copiés par Aṙakʻel de Dašt survit aujourd’hui: NOJ 390, conservé à la Nouvelle-Djoulfa. Ce manuscrit est illustré, mais ces illustrations n’ont pas encore été étudiées ni publiées390. Leur auteur est Aṙakʻel kʻahanay, un homonyme du copiste391. Pour compléter l’analyse des colophons proposée ici, il serait intéressant de réaliser une étude iconographique comparée de ce codex et des tétraévangiles de Yovannēs de Xizan, afin de voir si les miniatures présentent le même archaïsme que le colophon; cela permettrait d’étudier la possible permanence dans ce manuscrit des modèles du XIVᵉ siècle. Dans cette hypothèse, en l’absence de VAS* Moks, S. Yakob 21, archétype du colophon de NOJ 390, une 389 AnjnBaṙ IV, p. 643 s.v. Stepʻannos 320; AKINEAN, Gawazanagirkʻ, p. 58-63; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 502. 390 NOJ 390 n’est pas évoqué dans DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN. 391 Dans son colophon, l’illustrateur de NOJ 390 donne les noms de ses enfants: Vardan, Stepʻannos et Sargis (NOJ 390, f. 5v = TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 46, p. 73). Ces noms ne concordent pas avec ceux des enfants du copiste Aṙakʻel: Karaypet (même nom que le père d’Aṙakʻel) et Yovanēs (VAS* Moks, S. Yakob 20, f. inconnu = H14 381, p. 313; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 97, col. 198).

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comparaison avec P 333, autre œuvre de jeunesse de Yovannēs de Xizan, pourrait s’avérer particulièrement fructueuse. 3.3. Évolution à Xizan 3.3.1. Première génération (ca. 1393-1420) Nous avons déjà introduit au point précédent la figure de Yovannēs de Xizan, acteur essentiel de la popularisation et de la dissémination du modèle de Yovanēs d’Ałētʻ. Copiste célèbre, actif de ca. 1392 à 1417 et considéré par certains spécialistes comme le meilleur représentant du courant de la miniature du Vaspurakan392, Yovannēs a fait usage du type de Xizan dans le colophon de trois tétraévangiles, et a conduit deux autres copistes de son scriptorium à l’employer également. Ces scribes sont Zakʻariay393, le frère de Yovannēs, actif de 1401 à 1417, et Stepʻannos394, actif de 1404 à 1426. Avant d’étudier les colophons de Yovannēs et de ses collègues, il convient d’identifier le centre où ils ont travaillé. Pour ce faire, nous nous baserons par commodité sur un échantillon de sept colophons, correspondant à ceux qui emploient le type de Xizan. Le plus ancien est VAS* Moks, S. Yakob 21, datant au plus tard de 1393 et copié par Yovannēs «dans cette ville de Hizan, sous l’égide de la sainte Mère de Dieu, de saint Serge le Stratélate et de Georges». Puis vient P 333, copié et illustré par Yovannēs en 1393-1394 «dans ce canton appelé Hizan, sous l’égide de la sainte Croix et de l’apôtre Gamaliel, et aux pieds de la sainte Mère de Dieu et des saints Stratélates, Serge et Georges». Le troisième manuscrit de Yovannēs dans notre échantillon, M 5562, a été copié et illustré par lui «dans cette ville, qui est appelée du nom de Hizan, sous l’égide de la sainte Mère de Dieu, de saint Serge le Stratélate et de saint Georges». Les quatre colophons de Zakʻariay et de Stepʻannos citent les mêmes saints. Il s’agit de M 4223, copié par Zakʻariay et enluminé par Yovannēs en 1401395 «dans cette ville, qui est appelée Hizan, sous l’égide de la sainte Mère de Dieu, de saint Serge le Stratélate et de saint Georges, qui est [plus] HAKOBYAN, Vaspurakan II, p. 83. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ Z-XIV/XV-2, p. 219; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 21; EREMEAN, Yovhannēs kʻahanay, p. 163, n. 394 AnjnBaṙ IV, p. 650 s.v. Stepʻannos 395; HMM, nᵒ 437, p. 705; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ S-XV-4, p. 201-202; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 26-28. 395 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 45, pense que le manuscrit a été copié en 1399 et illustré en 1401. Il n’en est rien: le nombre 1399 correspond à la date (erronée) selon l’ère de l’Incarnation (IV, 6 du formulaire). 392 393

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loin» et de M 5727, copié par Stepʻannos et illustré par Yovannēs en 1404 «dans cette ville de Hizan, sous l’égi[de …] et des saints Strat[élate]s Serge et [Ge]orges». Une dizaine d’années plus tard, en 1413, MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15, est exécuté par Zakʻariay «dans cette ville, qui est appelée […]an, sous l’égide de la sainte Mère de Dieu, de saint Serge le Stratélate et de son fils Martyrios et de saint Georges le Stratélate»; enfin, BAY* S. Hreštakapet s. n. a été copié par Stepʻannos en 1420 «dans cette ville de Xzan, sous l’égide de la sainte Mère de Dieu, de saint Serge le Stratélate et de son fils Martyrios et de saint Georges le Stratélate, qui est un peu [plus] loin». Pour résumer, hormis P 333 qui mentionne en sus la sainte Croix et l’apôtre Gamaliel, tous ces colophons s’accordent pour invoquer la protection de la Mère de Dieu et des Stratélates, Serge et Georges. Selon certains spécialistes, Yovannēs a été formé au couvent SaintGamaliel, auprès des vardapets Yohannēs et Kirakos (qui étaient en réalité affiliés au couvent Sainte-Croix)396. Cette affirmation est toutefois à rejeter: en effet, elle repose notamment sur le témoignage des colophons des manuscrits M 8904 et OXL e. 35, or A. Leyloyan-Yekmalyan a montré que ceux-ci ne peuvent pas être de Yovannēs Xizancʻi, mais sont l’œuvre d’un homonyme397. Dans tous les cas, le monastère Saint-Gamaliel n’est pas l’établissement où ont travaillé Yovannēs, Zakʻariay et Stepʻannos, car seul un de nos sept colophons mentionne la protection de saint Gamaliel, qui ne remplace pas les autres protections mais s’y ajoute. LeyloyanYekmalyan, parlant de M 4223, a supposé que Zakʻariay a pu travailler à son manuscrit dans les trois églises qu’il mentionne, mais cette conclusion ne saurait valoir pour chacun des sept manuscrits. A. Avetisyan a conclu, quant à lui, que Yovannēs a travaillé auprès des églises de la ville de Xizan, dont l’activité de copie de manuscrits devait être supervisée par le monastère Saint-Gamaliel398. En effet, étant donné la constance de la formule de localisation dans les colophons de nos trois copistes, qui parlent bien de la ville (քաղաք) de Xizan, et le fait qu’aucun de nos trois copistes n’était moine, il semble bien que nous ayons affaire à un scriptorium urbain. Nous avons déjà vu fonctionner ce type de centres de copie avec Yovanēs d’Ałētʻ, dans les 396 POŁAREAN, Nkarołner, p. 84; AVETISYAN, Hovhannes Xizancʻi, p. 223-224 et 228. Cf. KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 16 et HMM, nᵒ 312E, p. 512. 397 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 48-49. À ces deux manuscrits, on peut ajouter J 2403, de 1393 (cf. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, no Y-XIV-1, p. 209, qui semble toutefois considérer qu’il s’agit d’un copiste différent). Tous trois ont vraisemblablement été copiés au couvent Sainte-Croix situé non loin de Xizan. 398 AVETISYAN, Hovhannes Xizancʻi, p. 223.

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villages d’Ałētʻ et de Tʻonrak, mais il s’agit ici d’une structure plus importante, comme on en verra également à Bitlis399. Même le colophon de P 333, qui commence par mentionner la Sainte-Croix et Saint-Gamaliel, deux monastères des environs de Xizan, poursuit avec les mêmes saints que dans les autres colophons, précédés de l’expression «aux pieds de» (առ ոտս), ce qui indique un contact direct, encore davantage que l’habituel «à l’ombre de, sous la protection de» (ընդ հովանեաւ). On peut donc parler avec Yovannēs, Zakʻariay et Stepʻannos d’une génération de copistes d’un même scriptorium, qui se distinguent notamment par l’usage du type de Xizan dans les colophons de leurs tétraévangiles400. Venons-en à présent aux textes. Outre ceux que nous avons déjà cités plus haut (VAS* Moks, S. Yakob 21 et P 333), Yovannēs de Xizan a employé notre formulaire dans le colophon d’un troisième tétraévangile, daté de 1402 (M 5562). Dans ses deux autres colophons, nous avons vu que Yovannēs de Xizan reproduisait assez servilement le texte de Yovanēs d’Ałētʻ dans MUSA* 22. En revanche, dans ce troisième colophon, plus tardif, Yovannēs se détache quelque peu de son modèle. Les changements les plus radicaux interviennent dans le formulaire de datation: les fastidieuses indications chronologiques chères à Yovanēs d’Ałētʻ sont éliminées, pour conserver exclusivement la mention de la date selon la grande ère arménienne (IV, 7). Dans un souci de modernisation du formulaire, la seconde moitié de la section consacrée à la datation est assouplie et adaptée: on ne mentionne plus à la fois le catholicos de Cilicie et l’«archevêque d’Ałtʻamar», mais seulement le catholicos d’Ałtʻamar (IV, 12-13), et des détails sont introduits à propos de la situation politique du moment: … ի կաթողիկոսութեանս Հայկազեան սեռի տեառն Դաւթի Աղթամարեցւոյ, որ եւ եղբայր տեառն Զաքարիայի հայրապետի՝ վկայեցելոյն ի Քրիստոս մարտիրոսական արեամբ յամիրայէն Ոստանայ։ Եւ ի թագաւորութեանն այլասեռից Թամուր-Լանկի, որ է յաղթող ’ւ անպարտելի, եւ յայսմ ամի եմուտ ի տունն Հոռոմոց, եւ նուաճեաց զամենեսեան ընդ ձեռամբ իւրով, եւ զամիրապետն աշխարհին՝ Իլդրում անուն ըմբռնեաց եւ կապեաց՝ հանդերձ որդւովն։ … sous notre catholicossat de la race arménienne de tēr Dawitʻ Ałtʻamarecʻi (i. e. David III, 1393-1433), qui [est] aussi le frère du patriarche tēr Zakʻariay (i. e. Zacharie II le Martyr, ca. 1377-1393), qui a été martyrisé en Christ dans le sang des martyrs par l’émir d’Ostan; et sous le règne de Tʻamur-Lank 399

Voir respectivement p. 218-221, 254 et 404-409. La fig. 25, présentée en conclusion de ce chapitre (p. 340-341), fait le point sur les copistes et illustrateurs actifs dans ce scriptorium depuis ses origines jusqu’au début du XVIᵉ siècle. On y trouvera également la liste des manuscrits qu’ils y ont produits. 400

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(i. e. Tamerlan) des étrangers, qui est victorieux et invincible; et en cette année, il entra dans la maison des Romains (i. e. le pays de Rūm), soumit tout le monde sous sa main, et saisit et enchaîna l’émir en chef du pays, du nom d’Ildrum (i. e. Yıldırım Bayezid), avec son fils (sc. Mustafa Çelebi).401

Yovannēs évoque ici le martyre du catholicos d’Ałtʻamar Zakʻaria II à Ostan, le 26 juin 1393402, puis la bataille d’Angora, livrée le 20 juillet 1402, à l’issue de laquelle le sultan ottoman Bayezid fut fait prisonnier par Tamerlan. Le premier événement a marqué les esprits et est relaté dans de nombreux colophons; le second offre un terminus post quem pour la copie du manuscrit. La disparition de toute mention du catholicos de Cilicie dans ce formulaire de colophon reflète l’évolution des rapports de force entre les sièges d’Ałtʻamar et de Sis depuis la chute du royaume arménien en Cilicie. Dans le même désir d’adaptation aux circonstances contemporaines, Yovannēs renforce l’expression կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ «à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration», à la fin de la section précédente (III, 12), en y ajoutant le groupe եւ անհանգիստ եւ դժուարին եւ տարտամելի403 աւուրբք «et en des jours agités (litt. sans repos), pénibles et instables». Le travail de Yovannēs a eu un impact direct sur celui de son frère, Zakʻariay. Deux colophons de tétraévangiles copiés par ce dernier ont été conservés, contenant tous deux notre formulaire et rédigés à Xizan, l’un en 1401 (M 4223), l’autre en 1413 (MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15). M 4223, l’évangile de 1401 de Zakʻariay, a été illustré par son frère Yovannēs. Le texte du formulaire y est très semblable à celui de P 333, dont il dépend clairement. Cette dépendance est manifeste en IV, 4, où le nombre d’années censément écoulées depuis la Chute est le même, 6607, dans les deux manuscrits, inchangé depuis MUSA* 22. Zakʻariay se permet néanmoins quelques ajouts, notamment en III, 12, où il complète բազում պանդխտութեամբ «à travers beaucoup d’émigration» par եւ անհանգստութեամբ «et d’agitation», un élément qui est à rapprocher de եւ անհանգիստ … աւուրբք «et en des jours agités …» dans le manuscrit de Yovannēs de 1402 (M 5562). Dans le formulaire de datation 401 M 5562, f. 309v = H15A 19a, p. 22; NH 18, p. 18; CAM 1402-2, p. 124; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 135, col. 288. Voir aussi KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 15-16; EREMEAN, Yovhannēs kʻahanay, p. 166. 402 Cf. p. 292-293 et 312-314. 403 Ce mot construit sur l’adjectif տարտամ «indécis, incertain» est inconnu des dictionnaires et dis legomenon dans le corpus des colophons (cf. MARGARYAN, Norahayt baṙer, p. 38).

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(IV, 12-14), des développements supplémentaires sont apportés à propos du catholicos et du souverain, à la façon de Yovannēs un an plus tard dans M 5562: Ի կաթուղիկոսութեան Հայկազեանս սեռի տեառն Դաւթի Ախթամարցւոյ, եղբաւր տէր Զաքարիայի, որ վկայական արեամբ կատարեցաւ յանօրէն ամիրայէն Էզդնէ, եւ եղեւ սուգ մեծ տանս Հայոց. եւ ապա առաջնորդութեամբ Հոգւոյն Սրբոյ յաջորդեաց զաթոռն եղբայրն իւր համանման, տէր Դաւիթ. եւ լինի ուրախութիւն անբերելի տրտմութեան մերում։ Եւ ի թագաւորութեանն Այլասեռից Թամուր֊Լանկի, Որ է յաղթօղ ’ւ անպարտելի. Զոր տէր Աստուածն Իսրայէլի Պահէ անխախտ, որ չսասանի, Զաթոռ մերոյս հայրապետի Եւ զմեր ազի՛ն թագաւորի. զի յիշել զանուն սոցա՝ սասանել սաքրին եւ ոչ եւս երեւին թշնամիք ճշմարտութեանն. … sous le catholicossat de tēr Dawitʻ Axtʻamarcʻi (i. e. David III, 1393-1433) de notre race arménienne, frère de tēr Zakʻariay (i. e. Zacharie II le Martyr, ca. 1377-1393), qui décéda dans le sang des martyrs du fait de l’impie émir Ēzdin (i. e. ꜤIzz al-Dīn Shīr), et il y eut un grand deuil dans notre maison d’Arménie; et ensuite, sous la conduite de l’Esprit-Saint, son frère [qui lui était] tout à fait semblable, tēr Dawitʻ, lui succéda sur le trône. Et c’est une joie à notre insupportable chagrin. Et sous le règne De Tʻamur-Lank (i. e. Tamerlan) des étrangers, Qui est victorieux et invincible — Que le Seigneur, Dieu d’Israël, Garde immobile, afin qu’il ne soit pas ébranlé, Le trône de notre patriarche Et celui du roi de notre nation, afin qu’au souvenir de leur nom, les ennemis de la vérité se cachent, tremblants, et ne paraissent plus.404

On le voit, Zakʻariay est parvenu à versifier IV, 16 sans en changer le texte de façon significative. En plus de ce passage, le colophon de M 4223 présente encore deux particularités importantes. Premièrement, en I, 2 apparaît pour la première fois l’expression ոմն ի լուսածնեալ զարմից սրբոյն Սիովնի «quelqu’un issu des descendants illuminés de la sainte Sion» pour désigner le commanditaire. Cette expression sera utilisée dans la plupart des témoins ultérieurs du type de Xizan. Deuxièmement, Zakʻariay ajoute 404

M 4223, f. 295r2–v2 (d’après reproduction) = H15A 5, p. 8; CAM 1401-5, p. 123.

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après le formulaire de localisation une nouvelle section (que nous appellerons VIbis), préparant l’épilogue pour le commanditaire: Քանզի ստացաւ զսա պատւական եւ սրբասէր քահանայն Աստուածատուր, ի վայելումն անձին իւրոյ եւ զաւակաց իւրոց՝ Յովանիսին եւ այլոցն, եւ յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ Յովաննէս միայնակեցին, եւ ծնօղացն իւրոց. զոր Տէր Աստուած վայելել տացէ զսա ընդ երկայն աւուրս, ամէն եւ եղիցի։ Եւ կացցէ սա ընդ իշխանութեամբ Աստուածատուր քահանայի եւ զաւակի իւրոյ Յովաննիսի. եւ այլ մարդոյ դաւէ՝ ի հետ չկա։ Parce que le prêtre honorable et aimant la sainteté Astuacatur (kʻahanay) acquit ceci au profit de sa propre personne et de ses enfants, Yovanēs et les autres, et en mémoire de son âme et de Yovannēs miaynakeacʻ et de ses parents; que le Seigneur Dieu leur donne de jouir de ceci pour de longs jours, amen et qu’il en soit ainsi. Et que ceci demeure dans la propriété d’Astuacatur kʻahanay et de son enfant Yovannēs; et il n’y aura pas ensuite de contestation405 d’un autre homme.406

Une addition semblable est présente dans le second tétraévangile de Zakʻariay, rédigé en 1413 (MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15). Ce manuscrit est perdu, mais son colophon a été partiellement retranscrit à deux reprises: une fois par G. Srvandztiants et une autre fois par un auteur anonyme, dans un ouvrage inédit intitulé Description de Trébizonde (Նկարագրութիւն Տրապիզոնի), dont le manuscrit est conservé au patriarcat arménien de Jérusalem (J 3851)407. Jusqu’à présent, sur la foi du texte de Srvandztiants, il a été admis sans discussion que ce manuscrit avait été copié à Van, alors que les églises mentionnées dans le colophon sont celles de Xizan, comme nous l’avons vu plus haut. La publication, dans le dernier volume du Grand catalogue des manuscrits de Saints-Jacques par N. Bogharian, d’extraits de la Description anonyme permet de corriger cette opinion. Le lieu de copie y est marqué comme աւրուած «mutilé»: il y a donc fort à parier qu’il restait dans le manuscrit, de façon fragmentaire, la fin du nom de Հիզան Hizan, d’après quoi Srvandztiants aura, à tort, «deviné» Վան Van. De cette restitution vient l’assertion erronée, souvent répétée dans la littérature, que Zakʻariay a également travaillé à Van. Dans le colophon de ce manuscrit, Zakʻariay apporte des changements plus importants au type de Xizan. Les indications chronologiques détaillées (IV, 1-8) sont abandonnées, comme dans M 5562 de son frère Yovannēs; 405 Arm. դաւէ, emprunt à l’arabe ‫ َد ْع َوى‬daꜤwā «dispute, querelle, procès, allégation». Cf. MHB, p. 163 s.vv. dawē, dawi et p. 753 s.vv. tawē, tawi. 406 M 4223, f. 295v2 (d’après reproduction) = H15A 5, p. 8. 407 SRUANJTEANCʻ, Tełagrutʻiwn, p. 728-729; Jér.2 XI, p. 292-293 = Nkaragrutʻiwn Trapizoni, p. ca. 124-ca. 134.

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mais en plus de cela, le formulaire de localisation (V) est placé avant ce qui reste du formulaire de datation (IV, 12-18). Une section introduisant le prologue pour le commanditaire (VIbis), résumant le texte équivalent créé dans M 4223, est insérée à la suite, puis le formulaire reprend son cours normal (VII-VIII). Dans ce colophon, Zakʻariay manifeste sa dette envers son frère en jouant avec l’expression autodépréciative անիմաստ եւ ախմար գրչի «scribe insensé et ignorant» (III, 3), à laquelle il substitue ces mots élogieux: որդւոյ Մկրտիչ քահանայի, եղբօր Յովհաննէս քահանայի՝ իմաստուն եւ աննման գրչի եւ ծաղկողի «fils du prêtre Mkrtičʻ, frère du prêtre Yovhannēs, scribe et enlumineur sage et sans pareil». L’étude du texte des colophons de Yovannēs et de Zakʻariay illustre cette collaboration étroite entre les deux frères, relation dans laquelle Yovannēs a clairement l’ascendant. Parmi les représentants de cette génération de copistes travaillant à Xizan, il reste à mentionner Stepʻannos, dont deux colophons portent notre formule (M 5727 et BAY* S. Hreštakapet s. n.). Contrairement à Zakʻariay, Stepʻannos n’a, pour autant que nous sachions, aucun lien familial avec Yovannēs de Xizan. Il était peut-être son élève, et semble en tout cas avoir été plus jeune que lui, vu sa période d’activité (1404-1426, contre ca. 1392-1417 pour Yovannēs). À l’instar du premier manuscrit de Zakʻariay (M 4223), le plus ancien manuscrit connu de Stepʻannos (M 5727) a été enluminé par Yovannēs. Dans la partie chronologique du colophon de ce tétraévangile figurent toujours les dates de 6607 après la Chute (IV, 4) et de 1335 après JésusChrist (IV, 6), héritées de Yovanēs d’Ałētʻ, mais la véritable année de copie, 1404, est donnée selon l’ère arménienne (IV, 7)408. Une autre marque d’archaïsme est la mention du catholicos de Cilicie (IV, 12) avant le catholicos d’Ałtʻamar (IV, 13), qui reçoit tout de même ici le titre de patriarche (հայրապետ), contre archevêque (արհիեպիսկոպոս) chez Yovanēs d’Ałētʻ et dans P 333. Stepʻannos a donc copié son colophon soit directement sur l’exemplaire de Yovanēs d’Ałētʻ, soit, ce qui est plus probable, sur le manuscrit P 333 de Yovannēs de Xizan. Le formulaire de Stepʻannos ne s’écarte guère du texte de ces deux colophons que dans des détails, comme par exemple l’insertion d’une apposition սուտանուն քահանայի «prêtre qui ne mérite pas ce nom» après le nom du copiste en III, 2. 408 Cf. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 53-54, 75 et 90-91. A. LeyloyanYekmalyan pense que les miniatures de Yovannēs ont été exécutées vers 1401. Il faut dans ce cas supposer que 1404 est l’année d’achèvement d’un travail commencé plus tôt.

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Le second manuscrit de Stepʻannos, BAY* S. Hreštakapet s. n., aujourd’hui disparu, date de 1420; son colophon nous est partiellement connu grâce aux recueils de Ł. Pʻirłalēmean. Comme ses collègues Yovannēs et Zakʻariay, Stepʻannos applique le type de Xizan de façon moins rigide dans cette œuvre plus tardive. En effet, le formulaire de datation (IV) est abrégé par la suppression de toutes les indications chronologiques autres que la grande ère arménienne; il est aussi déplacé, avec la section consacrée à la localisation (V), entre les sections I et III. On a donc l’enchaînement suivant: I — IV — V — III. Le prologue du copiste (II) semble avoir disparu, mais on ne peut en être absolument certain compte tenu de la perte du manuscrit et de l’imprécision de Pʻirłalēmean lorsqu’il s’agit de signaler les passages omis de ses retranscriptions. Un point commun intéressant avec M 5727 réside dans la réitération de l’expression auto-dépréciative սուտանուն քահանայի «prêtre qui ne mérite pas ce nom», qui figurait dans M 5727 avant le nom du copiste (III, 2). Dans BAY* S. Hreštakapet s. n., քահանայի «prêtre» figure après le nom de Stepʻannos (III, 2), suivi de l’adjectif սուտանուն «au faux nom», qui fait le lien avec le § 3: սուտանուն եւ ախմար գրչի եւ անարժանի «scribe au faux nom et ignorant, et indigne». À la fin de cette section III, Stepʻannos ajoute la formule très courante ի դառն եւ ի նեղ ժամանակի «en un temps amer et difficile»409, rallongeant à sa façon l’évocation des pénibles circonstances dans lesquelles le manuscrit a été copié, comme l’avaient déjà fait avant lui Zakʻariay dans M 4223 et Yovannēs dans M 5562. On voit donc l’emprise du type de Xizan sur les habitudes de rédaction des copistes du scriptorium urbain de Xizan s’atténuer avec le temps. Cette évolution se vérifie encore mieux dans leurs ultimes productions. Dans le colophon de M 5444, le tétraévangile copié et illustré par Yovannēs en 1417 et dernier manuscrit daté de sa plume, seule la section I est conservée assez fidèlement, même si l’on reconnaît aussi des débris de la plupart des autres sections410. De même, le colophon du troisième et dernier tétraévangile connu de Stepʻannos, daté de 1426 (M 5418), n’atteste plus que la section II (mais le début de ce colophon est mutilé)411. Dans ces textes, le type de Xizan n’est plus reconnaissable en tant que tel, et il aurait pu disparaître à jamais s’il n’avait survécu dans d’autres centres et si une Cf. VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 153-154 (repr. p. 29-31). M 5444, f. 307v-308v = H15A 213[a], p. 199-200; NH 49, p. 51-52; CAM 1417-3, p. 141; UKK, p. 102; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 141, col. 305-306; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 19-20; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 59, n. 126-127 (avec trad. française). 411 M 5418, f. 290r-291v = H15A 36[9a], p. 349-351. 409 410

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nouvelle génération de copistes n’en avait pris le relais à Xizan quelques années plus tard. 3.3.2. Yohannēs vardapet de Saint-Gamaliel (1437-1451) Aucun colophon n’emploie le type de Xizan entre 1420 et 1437. Cette période correspond, à une année près, au règne d’Iskandar du Mouton Noir (Qarā Qoyunlū), dont les sources arméniennes sont unanimes à relater la dureté: pillages, invasions timourides, famines ont rendu exsangues le Vaspurakan comme la région de Bitlis et de Xizan412. Malgré l’amélioration de la situation sous Jahānšāh (1438-1467), successeur d’Iskandar, il faudra attendre 1456 pour voir reprendre la production de livres au scriptorium urbain de Xizan. Toutefois, pendant ce temps, l’usage du type de Xizan se poursuit, non à Xizan même mais au couvent Saint-Gamaliel tout proche, sous la plume du copiste et miniaturiste Yohannēs vardapet413, dans deux colophons de tétraévangiles, datés de 1437 (M 8933) et de 1451 (DU 566). Le premier de ces colophons, dans M 8933, a pour modèle celui rédigé par Stepʻannos en 1420 (BAY* S. Hreštakapet s. n.). La structure est en effet similaire: la datation (IV) et la localisation (V) précèdent la narration (III), mais le colophon de M 8933 présente une innovation supplémentaire en éliminant le début de la section III (§ 1: այլ եւ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս «de plus, ce saint Évangile fut écrit»), redondant avec l’introduction du formulaire de localisation (V, 1: եւ արդ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս «or donc, ce saint Évangile fut écrit») qui le précède dorénavant immédiatement. Cette filiation de M 8933 avec BAY* S. Hreštakapet s. n. se vérifie dans le détail du texte: on constate en effet la présence du syntagme ի դառն եւ ի նեղ ժամանակի «en un temps amer et difficile» en III, 12 dans les deux colophons, ainsi qu’une similitude en III, 3, où Yohannēs se qualifie, dans M 8933, de սուտ եւ ախմար եւ անարժան գրչի «scribe faux, ignorant et indigne», tandis que Stepʻannos s’était déclaré սուտանուն եւ ախմար գրչի եւ անարժանի «scribe au faux nom et ignorant, et indigne» dans BAY* S. Hreštakapet s. n. 412 Cf. KOUYMJIAN, Van, p. 121-123; KOUYMJIAN, Armenia from 1375 to 1604, p. 4-5; KOUYMJIAN, Sous le joug des Turcs, p. 346-347. 413 AnjnBaṙ III, p. 664 s.v. Yovhannēs 1032; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ Y-XV-14, p. 216 (où le manuscrit de 1437 ne figure pas); KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 30-41; POŁAREAN, Gamałiēli vankʻ, nᵒ Ē, p. 22; DER NERSESSIAN, Walters Art Gallery, p. 33. Sur son activité d’enlumineur, voir aussi AHMM, nᵒ 260, p. 179 et la remarque dans HMM, nᵒ 322, p. 528.

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L’autre colophon de Yohannēs vardapet, dans DU 566, rédigé quatorze ans plus tard, ne prend pas directement appui sur le précédent. Certes, on y décèle certaines similitudes, notamment au début de la section III: Yohannēs s’y qualifie (III, 2) de յոգնամեղ եւ մեղսամածեալ414 մեղաւք «grand pécheur et englué de péché par les péchés», brodant sur le simple յոգնայմեղ «grand pécheur» dans M 8933. Dans le même esprit d’auto-dépréciation, il ajoute à son nom une relative որ անուամբ եմ եւ ոչ գործով «qui suis [vardapet] de nom et non en acte». Ensuite, il insère dans sa formule le lieu de copie et le nom des autorités du monastère, à l’imitation de son colophon dans M 8933. Toutefois, DU 566 présente bien la section consacrée à la localisation (V) à l’endroit où on l’attend normalement, c’est-à-dire après le formulaire de datation (IV). Le colophon de DU 566 marque clairement un retour aux sources du type de Xizan. Le formulaire de datation y est presque complet, à l’exception de la date dans l’ère de Sarkawag (IV, 8) et du nom du monarque (IV, 14). Ces deux omissions caractérisent également P 333. Comme dans l’archétype et dans P 333, les deux catholicoi concurrents sont mentionnés (IV, 12-13); cette fois, cependant, face au catholicos d’Ałtʻamar, le catholicos de Cilicie a cédé la place au catholicos d’Ēǰmiacin récemment élu. En revanche, l’expression ոմն ի լուսածնեալ զարմից սրբոյն Սիովնի «quelqu’un issu des descendants illuminés de la sainte Sion» que présente DU 566 en I, 2 n’est employée qu’à partir de 1401 (colophon de Zakʻariay de Xizan dans M 4223) et vient sans doute du colophon de Stepʻannos dans BAY* S. Hreštakapet s. n., de 1420. En conclusion, pour rédiger le colophon de DU 566, Yohannēs vardapet a pris exemple sur celui de P 333, dû à Yovannēs de Xizan, auquel il a incorporé quelques éléments plus récents, issus de son propre colophon dans M 8933, ou du modèle de celui-ci dans BAY* S. Hreštakapet s. n. Finalement, il est à noter que dans le colophon du dernier tétraévangile copié par Yohannēs vardapet de Saint-Gamaliel, BAL 543, datant de 1455, on observe la même évolution que pour les compositions récentes des copistes du scriptorium urbain de Xizan: le type de Xizan est démembré, 414 Dis legomenon dans notre corpus — mais également attesté au moins une fois en dehors, cf. Ven. VII, col. 84, nᵒ 6 (cod. V 937) —, inconnu des dictionnaires, cf. MARGARYAN, Norahayt baṙer, p. 37. Il s’agit du participe d’un verbe déadjectival non attesté, dérivé du lexème մեղսամած «englué de péché», lui-même rare et connu principalement par des colophons. Sur la fortune des composés en մեղ(ս)- dans les colophons, voir HARUTʻYUNYAN, Norahayt baṙer, p. 171.

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ses éléments sont éparpillés, et le texte qui en résulte est contaminé d’éléments exogènes415. 3.3.3. Deuxième génération (1456-1462) À partir de 1456, l’emploi du type de Xizan reprend au scriptorium urbain de Xizan (églises Sainte-Mère-de-Dieu, Saint-Serge-le-Stratélate et Saint-Georges-le-Stratélate), grâce à deux copistes, Mkrtičʻ II kʻahanay et son fils Yovanēs II kʻahanay416. Mkrtičʻ II est le fils de Zakʻariay de Xizan; il porte le nom de son grand-père, et doit être différencié d’un homonyme actif dans le même scriptorium à la même époque, Mkrtičʻ III kʻahanay, fils d’Avran et Ałutʻ, qui n’emploie pas le type de Xizan dans ses colophons417. Deux colophons de Mkrtičʻ II attestent le type de Xizan. Le premier est issu d’un tétraévangile disparu, copié en 1456 (VAS* Ktucʻ s. n. C), et n’est connu que de façon fragmentaire, grâce au recueil de Ł. Pʻirłalēmean. Le texte de la section III, pour ce qui en est conservé, ressemble de très près au même passage dans le manuscrit de Stepʻannos de 1420 (BAY* S. Hreštakapet s. n.): configuration identique des §§ 2-3 dans les deux manuscrits (ձեռամբ ‹nomen scribae› քահանայի՝ սուտանուն եւ ախմար գրչի եւ անարժանի «de la main du prêtre ‹nomen scribae›, scribe au faux nom et ignorant, et indigne») et enrichissement du syntagme ի դառն եւ ի նեղ ժամանակի «en un temps amer et difficile», ajouté par Stepʻannos au § 13, en ի դառն եւ ի նեղութեան ժամանակի յոյժ յոյժ «en un temps amer et de difficulté, excessivement». En revanche, dans VAS* Ktucʻ s. n. C, les 415 BAL 543, f. 300v-301v = H15B 80, p. 59; NH 208, p. 181; DER NERSESSIAN, Walters Art Gallery, p. 87-88; SANJIAN, Catalogue U.S., p. 292-293; DER NERSESSIAN e. a., Ms. W.543 (avec trad. anglaise); KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 38-39. 416 À partir d’ici, pour éviter les confusions, nous numérotons les différents copistes de Xizan nommés Mkrtičʻ et Yovhannēs, en nous basant sur les conventions proposées par A. Leyloyan-Yekmalyan (LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 159 e. a.). À propos de Mkrtičʻ II, voir AnjnBaṙ III, p. 411 s.v. Mkrtičʻ 178, où ce Mkrtičʻ-ci (II) est confondu avec un copiste homonyme, Mkrtičʻ IV, élève de Yovanēs III, dont il sera question plus loin; HMM, nᵒ 232, p. 433; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 157-158 et nᵒ MXV-10, p. 192-193; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 44-47, qui mêle également plusieurs homonymes. Comme le souligne LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 157, il n’est pas toujours facile de distinguer entre les différents copistes et enlumineurs du nom de Mkrtičʻ ayant exercé à Xizan à cette époque — d’autant moins lorsque leurs manuscrits ont disparu et que seuls survivent leurs colophons, retranscrits plus ou moins partiellement par Ł. Pʻirłalēmean ou d’autres. Sur Yovanēs II, voir infra, p. 309, n. 425. 417 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ M-XV-10, p. 192-193; MERIAN, Manoogian Manuscripts, p. 28-31.

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sections IV et V font suite à la section III, alors que Stepʻannos les avait antéposées dans BAY* S. Hreštakapet s. n. Elles présentent toutefois la même apparence dans VAS* Ktucʻ s. n. C que dans BAY* S. Hreštakapet s. n. Pour ces raisons, nous pensons que le modèle de VAS* Ktucʻ s. n. C était un autre manuscrit de Stepʻannos, aujourd’hui perdu, dont le colophon représentait un état intermédiaire entre le texte de M 5727 et celui de BAY* S. Hreštakapet s. n. En outre, le colophon de VAS* Ktucʻ s. n. C est le premier de notre corpus à évoquer l’église de la Sainte-Résurrection. Cet édifice, que Mkrtičʻ II qualifie de նորաբողբոջ «nouvellement éclos», a donc été édifié peu avant 1456. L’information est importante car jusqu’ici, cette église, aujourd’hui en ruines, n’avait pu être datée en raison du martèlement de son inscription de fondation418. Dorénavant, la plupart des colophons du scriptorium urbain de Xizan ajouteront cette dédicace à celles de la Sainte-Mère-deDieu, de Saint-Serge-le-Stratélate et de Saint-Georges-le-Stratélate. Selon Ł. Pʻirłalēmean, Mkrtičʻ II est aussi l’auteur du tétraévangile VAS* Van, Farčuleancʻ, également copié à Xizan en 1456; cependant, le fragment qu’il cite du colophon de ce manuscrit est trop restreint pour que nous puissions nous prononcer à ce sujet419. Nous pensons, avec H. Kurdian420, que la copie du tétraévangile M 10521 de 1462 est également le travail de Mkrtičʻ II. En effet, le colophon de ce manuscrit, quoique mutilé vers la fin, fait clairement appel au type de Xizan. Dans la portion perdue du texte devait figurer le lieu de copie du manuscrit. B. Čʻugaszyan421 situe celui-ci dans le Vaspurakan, probablement d’après le style des miniatures; au XIXᵉ siècle en tout cas, le codex se trouvait à Bitlis, comme en témoignent deux colophons ultérieurs de 1805 et 1873, ainsi que le recueil de Pʻirłalēmean, qui l’y a vu en 1881422. Pour notre part, la formule de colophon nous incite à localiser la copie de ce manuscrit à Xizan, ce qui est également l’opinion implicite de Kurdian. Les particularités du texte de cette formule ne nous permettent cependant pas de déterminer son modèle immédiat parmi tous les colophons que nous avons déjà évoqués. Comme aucun renseignement biographique sur Mkrtičʻ 418 THIERRY, Vaspurakan, p. 373; THIERRY, Monastères IV, p. 167 (où l’édifice est erronément appelé «église de l’Ascension»). 419 H15B 105, p. 76; NH 214, p. 183; CAM 1456-6, p. 256. Voir NH 216, p. 184, n. 1. 420 KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 45. 421 ČʻUGASZYAN, Jeṙagrer AMN-um, p. 238. 422 NH 242, p. 207.

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ne figure dans les parties conservées des colophons de VAS* Ktucʻ s. n. C, VAS* Van, Farčuleancʻ ou M 10521, il est difficile de dire si nous avons bien affaire à chaque fois au même personnage et non à Mkrtičʻ III, actif à la même époque423. Le fait, cependant, qu’aucun des trois évangiles signés par Mkrtičʻ III ne fasse appel au type de Xizan424, nous incite à attribuer M 10521 à Mkrtičʻ II. Le fils et élève de Mkrtičʻ II, Yovanēs II425, utilise lui aussi le type de Xizan dans le tétraévangile qu’il copie en 1460 (M 7566). On retrouve dans son colophon plusieurs traits caractéristiques du colophon de son père dans VAS* Ktucʻ s. n. C, notamment la formule auto-dépréciative սուտանուն եւ ախմար գրչի եւ անարժանի «scribe qui ne mérite pas ce nom et ignorant et indigne» (III, 2). Contrairement au colophon de VAS* Ktucʻ s. n. C, celui de M 7566 est conservé en entier. Dans le formulaire de datation (IV), Yovanēs II fait preuve d’un conservatisme paradoxal en incluant le § 8 (petite ère arménienne), abandonné dans la majorité des colophons, alors qu’il omet les §§ 2 et 6, qui sont normalement conservés par les copistes à moins que l’ensemble de la section IV ne soit remaniée. Par ailleurs, dans ce § 8, Yovanēs ne note pas la date et ne laisse aucune place vide à cet effet, ce qui signifie que son modèle devait présenter un blanc à cet endroit. De façon générale, l’étude des variantes textuelles confirme l’hypothèse formulée à propos de VAS* Ktucʻ s. n. C, à savoir que le modèle du colophon de ce dernier manuscrit — et, par extension, de M 7566 — a été écrit par Stepʻannos de Xizan, mais n’est ni le colophon de M 5727, ni celui de BAY* S. Hreštakapet s. n. 3.3.4. Troisième génération (1474-1489) Après un nouveau creux d’une douzaine d’années, l’emploi de notre formule à Xizan reprend en 1474, sous la plume de Yovanēs III426, dans l’évangile M 4779. Yovanēs III prend pour modèle le type développé dans VAS* Ktucʻ s. n. C par Mkrtičʻ II, qui fut son maître. Yovanēs bouscule l’organisation du formulaire: datation et localisation (IV-V) précèdent la narration (III), et une section correspondant à l’épilogue pour le copiste (VIII) précède l’épilogue pour le commanditaire (V). Le prologue pour 423

Cf. p. 307, n. 416. SOU L1988.237 (1457); NOJ 684 (1459); M 7757 (1468). 425 HMM, nᵒ 322, p. 528; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ Y-XV-15, p. 216. 426 AnjnBaṙ III, p. 677 s.v. Yovhannēs 1164 et p. 681 s.v. Yovhannēs 1218; LEYLOYANYEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ Y-XV-7, p. 214; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 47-49. 424

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le copiste (II) a quant à lui complètement disparu. Yovanēs fait subir différentes altérations, non seulement à la structure, mais également au contenu du formulaire hérité de Mkrtičʻ II. Les indications temporelles sont réduites à l’essentiel: date selon l’ère arménienne (IV, 7), catholicos d’Ēǰmiacin (IV, 12) et d’Ałtʻamar (IV, 13) et khan des Turcomans, en l’occurrence du Mouton Blanc (IV, 14). La section III est allégée par la suppression des §§ 10-13. Quant au modèle de Yovanēs III dans ce colophon, nous pensons qu’il doit s’agir de VAS* Ktucʻ s. n. C. Ce ne sont pas les variantes du texte qui permettent de trancher entre ce manuscrit et M 7566 de Yovanēs II, mais des indices historiques: d’une part nous savons que Yovanēs III fut l’élève de Mkrtičʻ II, d’autre part le colophon de M 7566 signale que ce codex a été offert par son acquéreur à l’église Saint-Georges-le-Stratélate d’Aramu427, un village de l’arrière-pays de Lattaquié, ce qui exclut qu’il ait pu être vu ensuite par Yovanēs III. Un autre tétraévangile, copié par Yovhannēs kʻahanay et daté de 1486 (VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17), est certainement dû au même Yovanēs III, car le schéma du colophon est très proche de celui de M 4779. Les détails généalogiques qui nous auraient éventuellement permis de le vérifier ne sont malheureusement plus accessibles, car la fin du colophon (après III, 5 de notre formulaire) a disparu. Ce manuscrit, perdu en 1915, ne survit que par la description d’E. Lalayean, et il semble qu’à ce moment déjà, le colophon ait été mutilé. De toute évidence, Yovanēs III s’est ici aussi basé sur le travail de son maître Mkrtičʻ II: en III, 2-3, Yovanēs se qualifie de սուտանուն քահանայի եւ ախմար գրչի եւ անարժանի «prêtre qui ne mérite pas ce nom et scribe ignorant et indigne», une formulation quasi identique à celle de Mkrtičʻ II (moyennant l’inversion des deux mots սուտանուն քահանայի «prêtre qui ne mérite pas ce nom», cf. dans M 4779 քահանայի սուտ … «prêtre, faux …»). Dans le colophon de VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17, le texte du type de Xizan subit un grand nombre d’ajustements, au point que l’on commence à peiner à le reconnaître. Les sections IV et V sont déplacées avant la section III, comme dans M 4779, mais on observe une tendance à la fusion et à l’interpénétration de ces sections beaucoup plus marquée que dans ce premier colophon. À nouveau, comme nous l’avons déjà constaté aux époques précédentes, le texte du formulaire a tendance à se déliter avec le temps et la pratique des copistes. 427

TełBaṙ I, p. 3882 s.v. Aramo.

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Tel n’est toutefois pas le cas sous la plume de Mkrtičʻ IV428, élève de Yovanēs III. Ce copiste est responsable de trois tétraévangiles, rédigés respectivement en 1482 (VAS* Van, Yaynkoysner 46), 1486 (M 5361) et 1489 (MSB 22). Leurs colophons sont tous sensiblement identiques à celui de Yovanēs III dans M 4779; on n’y relève que d’infimes variations. Avec Mkrtičʻ IV s’éteint l’emploi du formulaire de Xizan, du moins au scriptorium de Xizan: les copistes ultérieurs, quoique toujours fortement influencés par la tradition du type de Xizan, ne considéreront plus ce formulaire comme un tout, mais en prélèveront divers extraits, chacun selon son goût. Nous donnerons un aperçu de cette évolution dans la section consacrée à la postérité du type de Xizan. Avant cela, il reste à étudier l’utilisation et la propagation de ce formulaire en dehors de la ville de Xizan. 3.4. Diffusion dans d’autres centres de copie Le scriptorium urbain de Xizan concentre une majorité d’attestations du type de Xizan, mais l’usage de ce type a également gagné progressivement divers établissements de la région. Nous avons déjà vu les cas du monastère Saint-Gamaliel, avec les manuscrits copiés par Yohannēs vardapet, et du village de Dašt, où fut actif le copiste Aṙakʻel. Plusieurs copistes, travaillant dans d’autres centres de copie proches des bourgades de Xizan et de Moks (tc Müküs, kd. Miks, auj. Bahçesaray), font usage de notre formulaire dès la deuxième décennie du XVᵉ siècle. Ces centres sont les monastères de Cpat, Xosrovavankʻ, Ginēkancʻ, Pʻasavankʻ et Soravankʻ, ainsi que le village de Bṙnašēn. Certains de ces centres fort peu connus posent des problèmes d’identification et de localisation, sur lesquels nous reviendrons. Dans un second temps, à partir des années 1460, la tradition du type de Xizan atteindra également d’autres localités plus éloignées: Hunjkʻ, près d’Arčēš, au nord du lac de Van, et le monastère Saint-Barthélémy d’Ałbak, à l’extrême est du Vaspurakan. Tous ces centres seront présentés ci-dessous par ordre chronologique d’attestation du type de Xizan dans leurs productions. 3.4.1. Cpat (1421) Le premier acteur de cette diffusion du type de Xizan est un copiste du nom de Vardan abełay429, qui signe en 1421 un tétraévangile (VAS* Van, 428 AnjnBaṙ III, p. 411 s.v. Mkrtičʻ 178; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 44-47; LEYLOYANYEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ M-XV-11, p. 193. Cf. supra, p. 307, n. 416 sur la confusion entre ce Mkrtičʻ-ci et d’autres copistes homonymes ayant également travaillé à Xizan dans la seconde moitié du XVᵉ siècle. 429 AnjnBaṙ V, p. 99 s.v. Vardan 207; POŁAREAN, Cpatay vankʻ, nᵒ G.

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Ararkʻ 11) au monastère du Saint-Sauveur de Cpat, à l’est de Moks430. Ce copiste est également connu pour un hymnaire, copié à Cpat en 1425 (M 5955)431. Le colophon de VAS* Van, Ararkʻ 11 suit d’assez près la forme canonique du type de Xizan, malgré quelques altérations notables. L’épilogue pour le copiste de la section VIII, notamment, est remplacé par une autre formulation au même effet. Plus remarquable est l’ajout de quelques vers à la fin de la section III: … կենաւք տառապանաւք եւ բազում պանդխտութեամբ. ի դառն ժամանակիս, Որ ոչ գոյ համբաւ բարեաց, Եւ ոչ գլուխս Հայոց ազգաց, Յայլասեռից յոյժ վշացած՝ Հոգոց հանեմք ի խոր սրտաց։ … à travers une vie de tourment et beaucoup d’émigration, en ce temps amer, Où l’on n’annonce rien de bon, Et où notre nation arménienne n’a point de chef; Fort tourmentés par les étrangers, Nous soupirons du fond de nos cœurs.432

Ce quatrain plaintif fait le lien avec la section IV, consacrée à la datation, qui conserve intégralement les indications chronologiques originales du type de Xizan (§§ 1-8). Après la mention du catholicos d’Ałtʻamar en IV, 13, c’est tout un poème, suivi d’une prière, que le copiste substitue au texte de notre formulaire: Ի կաթուղիկոսութեան Հայկազեան սեռի տէր Դաւթի՝ եղբաւր տեառն Զաքարիա, որ վկայական արեամբ կատարեցաւ, որպէս ի հնումն Զաքարիայն։ Էր նա տեսլեամբ սուրբ հրեշտակի Որպէս զրակ ու (lege ճրագու?) պատարագի, Յերեսն առեալ զտիպն Յիսուսի Սիրտըն լըցեալ հոգով ի լի։ Էր իմաստուն յոյժ եւ արի, Ծաղրատեսակ յամենայնի, Անձամբ յաղթող եւ կորովի 430 THIERRY, Répertoire, nᵒ 554, p. 100; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 238 s.v. Cayat (qui confond deux établissements différents); OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ 11.4, p. 815821; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 282, p. 268; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 47; THIERRY, Vaspurakan, p. 407-411; SINCLAIR, Eastern Turkey I, p. 234-235; THIERRY, Monastères IV, p. 158-163; POŁAREAN, Cpatay vankʻ. Cf. aussi TełBaṙ I, p. 3093-3101 s.v. Aparankʻi s Xačʻ (confondu avec plusieurs autres monastères). 431 Cf. H15A 360a, p. 340-341; POŁAREAN, Cpatay vankʻ. 432 VAS* Van, Ararkʻ 11, f. inconnu = H15A 295, p. 269; CAM 1421-13, p. 149; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 150, col. 330.

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Տղայ հասկաւ եւթնիցս հնգի։ Պսակեցաւ արեամբ բարի, Ոչ ուրացաւ զՏէրն ամենի, Զիւր զաւրաւոր անձն եւ արի Ետ նա ի սուր վասն Յիսուսի։ Եւ Տէր Աստուածն Իսրայէլի, Որ պահապանն աննիրհելի Պահէ զաթոռս հայրապետի՝ Հաստատ, անշարժ վերայ վիմի, Աղաչանաւք մօրըն Կուսի՝ Մարիամու Աստուածածնի ’Ւ ամենայն սրբոց յերկինս ’ւ յերկրի, Զխաղաղութիւն տայ աշխարհի։ Արդ, այս ահեղ ժամանակի, Որ կամ լըցեալ չարեաւք ի լի, Զաւետարան ըստ Քրիստոսի Ես անարժան՝ գծագրեցի, Ի յանապատս, որ Ծպատ կոչի, Ընդ հովանեաւ Ամենափրկչի Եւ Յովաննու սուրբ Կարապետի, Եւ յայլ համաւրէն եղբարց մերոց, Որք կան բնակեալ յայսըմ տեղի. Եղբայրութեամբ խնամրկեցին, Որ զգործըս մեր կատարեցի։ Քրիստոս Աստուած, դասաւորեա զսոքայ ընդ սրբոցն առաքելոցն քոց եւ քահանայիցն. ամէն։ Եւս առաւել ողորմեա, Քրիստոս Աստուած, առաջնորդին սուրբ ուխտիս մերոյ՝ տէր Յոհանէսին, որ հայրախնամ խնամէ ի վերայ մեր։ Քրիստոս Աստուած, ընդ սուրբ առաքելոյն քո եւ աւետարանչին Յոհաննու, դասակից եւ պսակակից արա զսա հանդերձ ամենայն մերձաւորաւքն. ամէն։ Sous le catholicossat de la race arménienne de tēr Dawitʻ (i. e. David III, 1393-1433), frère de tēr Zakʻaria (i. e. Zacharie II le Martyr, ca. 13771393), qui décéda dans le sang des martyrs, comme Zacharie jadis. Il avait l’aspect d’un saint ange Comme la graisse de l’offrande (?), Prenant pour visage l’image de Jésus, Le cœur rempli de l’Esprit en abondance. Il était très sage, et valeureux, Le visage souriant en toute circonstance, Triomphant dans sa personne et adroit, Jeune homme à l’âge de sept fois cinq ans. Il fut couronné du bon sang, Ne renia pas le Seigneur de toute chose; Sa vaillante et valeureuse personne, Il la donna au glaive pour Jésus. Et le Seigneur, Dieu d’Israël,

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Rempart qui jamais ne sommeille, Garde le trône du patriarche Stable, inamovible sur le roc, Avec les suppliques de la Vierge Mère, Marie Mère de Dieu, Et de tous les saints dans les cieux et sur la terre, Il donne la paix au monde. Maintenant, [en] ce temps terrible, Où je suis rempli de maux en abondance, L’Évangile selon Christ, Moi, indigne, j’écrivis, Dans cet ermitage, qui s’appelle Cpat, Sous l’égide du Sauveur Universel Et de saint Jean le Précurseur, Et de la part de tous nos autres frères, Qui se trouvent établis en ce lieu: Fraternellement, ils prirent soin [de moi] Qui accomplis notre œuvre. Christ Dieu, range ceux-ci avec tes saints apôtres et prêtres, amen. Davantage encore, prends pitié, Christ Dieu, du supérieur de notre sainte communauté, tēr Yohanēs, qui prend soin de nous comme un père. Christ Dieu, associe-le au rang et à la couronne de ton saint apôtre et évangéliste Jean, avec tous ses proches, amen.433

Ces vers sont intéressants, non seulement pour leur évocation du martyre du catholicos Zakʻaria II (événement survenu à Ostan en 1393, donc dixhuit ans avant la copie de VAS* Van, Ararkʻ 11)434, mais aussi parce que l’on y retrouve certaines structures reprises au type de Xizan, à savoir le souhait de voir le trône patriarcal préservé (IV, 17), ainsi que, dans la foulée, la mention du lieu de copie (V, 3) et de son saint tutélaire (V, 4). On voit donc que même si, en composant ce poème, le copiste Vardan s’écarte du formulaire, il veille néanmoins à en respecter l’ossature. D’ailleurs, après cela, le type de Xizan reprend normalement avec la section VII. À part les passages que nous venons de discuter, le texte de Vardan suit de près le texte canonique, notamment pour ce qui est des données chronologiques (IV, 1-8). La formule destinée à recevoir la date selon l’ère de Sarkawag (IV, 8) y est présente, mais l’année manque. Sur la base de cet indice, nous pensons pouvoir affirmer que VAS* Van, Ararkʻ 11 descend du manuscrit P 333 de Yovannēs de Xizan, où on constatait la même situation. D’ailleurs, en III, 9, Vardan reproduit une particularité 433 VAS* Van, Ararkʻ 11, f. inconnu = H15A 295, p. 268-269; CAM 1421-13, p. 149150; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 150, col. 330-331. 434 Cf. p. 292-293 et 300.

DIFFUSION DANS D’AUTRES CENTRES DE COPIE

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orthographique de cet exemplaire: աշխատասիրել au lieu de աշխատասիրեալ «(m’)étant appliqué». Enfin, la section I est absolument identique dans VAS* Van, Ararkʻ 11 et dans P 333: le § 2, notamment, présente un texte plus concis que la plupart des autres témoins du type de Xizan (ոմն քահանայ անուն ‹nomen emptoris› «un certain prêtre du nom de ‹nomen emptoris›» — à quoi VAS* Van, Ararkʻ 11 ajoute այրիս «veuf»). 3.4.2. Xosrovavankʻ (1430) Un autre copiste du nom de Vardan abełay435 est en activité de 1430 à 1452, également dans la région de Moks. On lui connaît trois tétraévangiles, rédigés respectivement en 1430 (M 4827), en 1447 (NOJ 559) et en 1452 (M 9841). Dans les colophons de ces manuscrits, Vardan nomme à chaque fois ses parents, Samuēl kʻahanay et Minay. Il se peut que ce Vardan abełay et Vardan abełay de Cpat n’aient été qu’une seule et même personne, mais l’absence de données biographiques dans les colophons des manuscrits de Vardan de Cpat (VAS* Van, Ararkʻ 11 et M 5955) ne permet pas de le confirmer. Il est toutefois à noter que les colophons de M 4827, NOJ 559 et M 9841 présentent une grande unité de style, qui diffère de ce que l’on observe dans le colophon du tétraévangile copié à Cpat (VAS* Van, Ararkʻ 11). Cette dissemblance des colophons peut être due soit à deux copistes différents, soit à l’évolution du style d’un copiste ou à l’emploi d’un autre modèle; dans le cas présent, il est difficile de trancher. Le premier de ces trois colophons (dans M 4827) est rédigé en 1430, au monastère du Saint-Signe et de la Sainte-Mère-de-Dieu de Xosrovavankʻ (orthographié Hosrovavankʻ dans le manuscrit)436, couvent situé à l’est de Moks et entre Ostan (auj. Gevaş) au nord et Šatax (auj. Çatak) au sud, et dont la fondation est attribuée à Xosrov Anjewacʻi, le père de Grigor Narekacʻi. Le manuscrit M 4827 de Vardan abełay est le seul connu à émaner de cet établissement437. Le modèle suivi dans le colophon est celui de Zakʻariay de Xizan, dans le manuscrit M 4223 de 1401. En effet, on retrouve dans le colophon de Vardan une particularité propre au colophon de Zakʻariay, à savoir l’ajout d’une section supplémentaire VIbis entre V et VII. De plus, à la fin de la section VII, Vardan cite un certain Yovannēs, qui lui a fourni 435 AnjnBaṙ V, p. 100 s.v. Vardan 216; HMM, nᵒ 453, p. 728; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ V-XV-1, p. 206. 436 THIERRY, Répertoire, nᵒ 517, p. 94; TełBaṙ II, p. 7851 s.v. Xosrova s Nšan; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ 11.21, p. 864; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 33; THIERRY, Vaspurakan, p. 448-449; THIERRY, Monastères VII, p. 193-194. 437 Cf. MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 33; THIERRY, Vaspurakan, p. 448.

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le modèle, or M 4223 avait justement été copié pour Astuacatur kʻahanay et son fils Yovanēs. Cette filiation est confirmée par l’iconographie du manuscrit M 4827: A. Gevorgyan note que les illustrations, qu’elle attribue au copiste Vardan, rappellent celles de Yovannēs de Xizan438, or c’est bien Yovannēs qui avait illustré M 4223. Vardan ne respecte toutefois pas à la lettre le texte de son modèle. Notamment, il réduit le formulaire de datation (IV) à l’essentiel, ne conservant que l’année de copie et le nom du catholicos en exercice. Dans la section III, par rapport au texte canonique, Vardan imprime à la formule de légers changements: il emploie այլ եւ արդ «mais de plus» comme connecteur introductif (§ 1), ajoute le qualificatif աստուածախաւս «à la parole divine, qui parle de Dieu» pour désigner l’Évangile (§ 1), déplace son nom après le § 3, substitue անարժան «indigne» à անիմաստ «insensé» (§ 3), անընդել «inaccoutumé» à անընդունակ «inapte» (§ 4) et տրտմութեամբ «tristesse» à պանդխտութեամբ «émigration» (§ 12). Ces traits spécifiques de la section III vont se retrouver dans les deux autres colophons de Vardan. 3.4.3. Ginēkancʻ et Sēri vankʻ (1447-1452) Trois autres tétraévangiles ont été copiés par Vardan abełay: NOJ 559, en 1447, M 9841, en 1452, et M 11013, en 1453. Le colophon des deux premiers fait usage du type de Xizan, tandis que l’influence de ce formulaire est palpable dans le troisième. Avant d’examiner ces trois colophons, il est nécessaire de s’attarder sur l’histoire des manuscrits M 9841 et M 11013, afin de rectifier et de mettre à jour les informations données par les tomes 2 et 3 des Colophons arméniens du XVᵉ siècle édités par L. Xačʻikyan. D’après ces volumes, Vardan aurait copié quatre tétraévangiles pour la seule année 1452. Toutefois, une comparaison des colophons permet de réduire ce nombre à deux et d’identifier ces manuscrits: il s’agit des codex M 9841 et M 11013. M 9841 a été vu une première fois à Van, chez un certain Yakobos vardapet Šahpałlean, en 1882, par Ł. Pʻirłalēmean439. Ensuite, avant 1938, ce manuscrit s’est trouvé à Kokand, en Ouzbékistan, lorsque M. Tēr-Movsisean en a fait la description dans son Catalogue général des manuscrits arméniens, resté inédit440. Il est finalement entré au Matenadaran 438

HMM, nᵒ 453, p. 728. H15B 30, p. 24-25; NH 187, p. 169. 440 H15B 31, p. 25; TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non inueni). Sur ce catalogue, voir TĒR-VARDANEAN, Mesrop Magistros, spéc. p. 69-112. 439

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d’Erévan en 1959, acheté à un certain Hovhannes Xačʻatryan, résident de Kokand441. Pʻirłalēmean et Tēr-Movsisean ont donné du colophon un texte très lacunaire, tandis que Xačʻikyan l’a retranscrit de façon plus complète. Plusieurs éléments de ces trois textes concordent: le nom du copiste, la date et le nom du commanditaire, ainsi que l’aspect général du colophon. Pour cette raison, il est permis de conclure que malgré ces trois enregistrements séparés dans le corpus, il s’agit d’un unique manuscrit, dont le colophon a été retranscrit trois fois différemment442. Quant au second manuscrit, M 11013, un extrait de son colophon se trouve dans le Catalogue général de M. Tēr-Movsisean443, qui précise que le codex était alors conservé à Alatʻuman (géo. Alatubani), un village proche d’Axalkʻałakʻ (géo. Axalkalaki) en Géorgie. Tēr-Movsisean l’a vraisemblablement vu lorsqu’il occupait la fonction de primat du diocèse de Géorgie et d’Imérétie, de 1913 à 1916444. Le manuscrit est daté de 1453, mais Tēr-Movsisean n’a pas repris cette date, c’est pourquoi le colophon a été rangé par L. Xačʻikyan à l’an 1452, en compagnie du colophon de M 9841. Ce manuscrit constitue aujourd’hui le codex M 11013 du Matenadaran d’Erévan, qui l’a acheté en 1990 à une habitante d’Axalkalaki du nom d’Arakʻsya Srapyan445. Maintenant que nos manuscrits ont été clairement identifiés, il faut encore aborder la question de leur provenance. Le premier d’entre eux, NOJ 559, a été copié en 1447 ընդ հովանեաւ սուրբ տաճարիս Գէորգեա եւ ամենայաղթ սուրբ Նշանիս «sous l’égide du saint temple de Georges et du saint Signe triomphateur». Plus loin, l’auteur du colophon précise la région et la localité: ի յերկիրս Մոկաց, ի գեաւղս Գինէկանց, ընդ հովանեաւ սուրբ Նշանիս եւ սուրբ Գէորգեա «dans cette terre de Mokkʻ, dans ce village de Ginēkancʻ, sous l’égide du saint Signe et de saint Georges». Le village de Ginēkancʻ (tc Kinekas, auj. Keskin)446, situé à quelques kilomètres à l’ouest de Moks, tirerait son nom de l’une des saintes Hṙipʻsimiennes, Ginē, dont la légende veut qu’elle y soit décédée. Les Hṙipʻsimiennes 441

H15C 569a-g, p. 421-422; Mat. I, col. 171 et 181. Le colophon de M 9841 n’est pas le seul dans ce cas: on comparera notamment l’exemple de M 4817, cité par LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 36-37, n. 58. 443 H15B 29, p. 24; TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non inueni). 444 Cf. TĒR-VARDANEAN, Mesrop Magistros, p. 11-12. 445 Mat. III, col. 24 et 44. 446 THIERRY, Répertoire, nᵒ 556, p. 100; TełBaṙ I, p. 8653-8661 s.vv. Ginekanicʻ s Astvacacin, Ginekancʻ; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 541 s.v. Gnekancʻ; IA s.v. Keskin; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, p. 852-853; THIERRY, Vaspurakan, p. 402-403; SINCLAIR, Eastern Turkey I, p. 237; THIERRY, Monastères VII, p. 197-199; OUTTIER – THIERRY, p. 712-713. 442

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auraient alors fondé à cet endroit une église consacrée au saint Signe447. Selon les auteurs modernes, il s’y trouvait un petit monastère, peut-être consacré à la sainte Mère de Dieu, à 500 mètres au nord-est du village, dont l’église subsiste encore de nos jours. Le manuscrit suivant de Vardan, M 9841, a été exécuté en 1452 ընդ հովանեաւ սուրբ տաճարիս Գէորգեա եւ սուրբ Նշանի{in ras. ս} «sous l’égide du saint temple de Georges et d[u] saint Signe». Ici, le nom de la localité n’est pas précisé, mais il semblerait, au vu des dédicaces, qu’il s’agisse également de Ginēkancʻ. Toutefois, le témoignage du dernier codex, M 11013, ne permet pas d’être aussi affirmatif. Ce tétraévangile de 1453 a en effet été copié, au dire de son auteur, ի յերկիրս Մոկաց, ի սուրբ ուխտս Սէրի վանք, ընդ հովանեաւ սրբոյն Գէորգեա եւ սուրբ Նշանիս «dans cette terre de Mokkʻ, dans cette sainte communauté de Sēri vankʻ, sous l’égide de saint Georges et du saint Signe». Quel est au juste ce couvent, dont la dédicace est apparemment identique à celle de l’église de Ginēkancʻ? D’aucuns (K. Matʻevosyan) l’assimilent à celui de SaintGeorges-de-la-Montagne, à Moks (Sari vankʻ, aussi connu entre autres sous le nom de Pʻutʻku vankʻ)448, tandis que d’autres (J.-M. Thierry) pensent qu’il s’agit de Sērēi vankʻ, un autre nom du monastère de Ginēkancʻ, et d’autres enfin (le Dictionnaire toponymique) le considèrent comme un monastère à part, situé quelque part aux alentours de Moks449. Afin de trancher entre ces trois hypothèses, il est indispensable de prendre en compte de façon conjointe le témoignage de nos trois colophons, celui des autres colophons rédigés à Ginēkancʻ, et le donné archéologique. Cela nous permettra aussi de localiser la copie de M 9841. En premier lieu, il est nécessaire d’écarter l’identification de Sēri vankʻ au couvent SaintGeorges-de-la-Montagne de Moks car ce dernier, célèbre dans la région, n’est pas associé au Saint-Signe dans les sources. Par ailleurs, dans l’étude qu’il a consacrée à ce centre de copie, A. Matʻevosyan n’évoque pas les manuscrits de Vardan et note que la production de manuscrits à SaintGeorges-de-la-Montagne cesse aux alentours de 1435450. Il faut ensuite remarquer que tous les manuscrits copiés dans la localité de Ginēkancʻ emploient le mot գիւղ «village», mais ne parlent jamais Sur cette légende, voir OUTTIER – THIERRY, p. 712. THIERRY, Répertoire, nᵒ 555, p. 100; TełBaṙ V, p. 2823-2832 s.v. Pʻutʻku s Gevorg; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, p. 884-892; LALAYEAN, Vaspurakan III, p. 97-99; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 42; THIERRY, Vaspurakan, p. 399-402; MATʻEVOSYAN, Sari S. Georg vankʻ. 449 TełBaṙ IV, p. 5893 s.v. Seri vankʻ. 450 MATʻEVOSYAN, Sari S. Georg vankʻ, p. 215. 447

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d’un quelconque couvent451. Il semble donc qu’il faille distinguer le village de Ginēkancʻ du couvent de Sēri vankʻ, malgré une dédicace commune. Aucune source ancienne autre que les colophons ne semble évoquer Ginēkancʻ452 et, a fortiori, l’existence d’un monastère à cet endroit est ignorée de ces sources. Au début du XXᵉ siècle, le Dictionnaire illustré de la patrie de S. Ēpʻrikean ne parle pas de monastère, mais cite une église en pierre consacrée au saint Signe et à saint Georges453. H. Oskian, qui ne cite pas sa source, considère que le couvent de Ginēkancʻ ou Sērēi vankʻ était consacré à la sainte Mère de Dieu, mais dit ensuite de l’église qu’elle était consacrée à saint Georges et au saint Signe; de l’avis de J.-M. Thierry, cela correspond à la dédicace de l’église du village de Ginēkancʻ plutôt qu’à celle du couvent454, ce qui s’accorderait avec le témoignage d’Ēpʻrikean. Toutefois, le colophon d’un évangile datant de 1508 (M 5441) situe la copie ի գեաւղս՝ որ կոչի Գնիկանց, ի դուռն սուրբ տաճարիս՝ որ կոչի սուրբ Նշան «dans ce village qui est appelé Gnikancʻ, à la porte du saint temple qui est appelé Saint-Signe»455. Par ailleurs, la légende associée à l’origine du village, telle qu’elle est rapportée dans le colophon du manuscrit VAS* Van, Tiramayr s. n. D, de 1498, établit un lien sans équivoque entre l’histoire de la hṙipʻsimienne Ginē, et par conséquent la fondation du village, et l’église du Saint-Signe: … յերկիրս Մոկաց, ի գիւղն որ կոչի Գինականց, ընդ հովանեաւ սրբոյն Գէորգեայ, եւ սուրբ Նշանին, զոր սուրբ Հռիփսիմէքն հիմնարկեցին, եւ սուրբն Գինէ կոյսն անդ վախճանեցաւ, եւ եդին հիմն սուրբ Նշանին։ … dans cette terre de Mokkʻ, dans le village qui s’appelle Ginakancʻ, sous l’égide de saint Georges et du saint Signe, dont les saintes Hṙipʻsimiennes jetèrent les fondations, et la vierge sainte Ginē décéda là, et elles posèrent la fondation du saint Signe.456

Ces deux textes permettent selon nous d’affirmer que l’église du village était consacrée au saint Signe. La dédicace à saint Georges concernait probablement l’église du petit couvent de Sēri vankʻ, sis à un demi-kilomètre 451 Pour une liste de ces manuscrits, voir MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 24; THIERRY, Vaspurakan, p. 403, n. 41; THIERRY, Monastères VII, p. 198, n. 31. 452 Cf. THIERRY, Vaspurakan, p. 403. 453 ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 541 s.v. Gnekancʻ; cf. OSKEAN, Vaspurakan-Van III, p. 853. TełBaṙ I, p. 8653 s.vv. Ginekanicʻ s Astvacacin et Ginekancʻ, considère à tort qu’il s’agit de deux églises appartenant au couvent. 454 THIERRY, Vaspurakan, p. 403, n. 42. 455 M 5441, f. 293v = LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 264, col. 633. 456 VAS* Van, Tiramayr s. n. D, f. inconnu = H15C 363, p. 561; NPH1, p. 373-374 (non uidi). Cette traduction doit remplacer la version, fautive, de J.-M. Thierry (THIERRY, Monastères VII, p. 198; OUTTIER – THIERRY, p. 712; THIERRY, Vaspurakan, p. 403, n. 40).

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au nord du village457. Celle-ci a survécu, tandis que l’église du village semble n’avoir laissé aucune trace archéologique. Son existence, soupçonnée par Thierry458, nous paraît assurée. L’habitude des copistes d’invoquer la protection de plusieurs églises proches de leur lieu de travail a obscurci cette distinction entre les deux monuments. Néanmoins, dans ses colophons, Vardan abełay distingue bien les manuscrits copiés en milieu monastique des autres: pour son codex exécuté à Xosrovavankʻ (M 4827) comme dans celui de Sēri vankʻ (M 11013), il emploie le terme ուխտ «communauté», tandis que le manuscrit copié à Ginēkancʻ (NOJ 559) porte le mot գիւղ «village». Notre copiste a donc exercé son activité tantôt au village même, tantôt à l’ermitage tout proche. Quant à M 9841, daté de 1452 mais dépourvu de toponyme, il semble avoir été copié à Sēri vankʻ, comme M 11013 l’année suivante. Le colophon mentionne en effet en premier lieu «ce saint temple de Georges» (սուրբ տաճարիս Գէորգեա), puis le «saint Signe» (սուրբ Նշանի). Un examen paléographique du colophon révèle un grattage à la fin de du mot Նշանի «Signe», où on devine la lettre ս, comme si Vardan avait machinalement écrit սուրբ Նշանիս «ce saint Signe», avant de se raviser en décidant de réserver l’usage de l’«article» de proximité ս à l’église Saint-Georges. La balance penche donc en faveur d’une exécution à Sēri vankʻ plutôt qu’au village de Ginekancʻ. Venons-en à présent à l’étude du formulaire des colophons rédigés par Vardan après qu’il a quitté Xosrovavankʻ pour s’installer à Ginēkancʻ et à Sēri vankʻ. Le premier de ces colophons, dans NOJ 559, rédigé à Ginēkancʻ en 1447, est très semblable à celui du manuscrit de Xosrovavankʻ de 1430 (M 4827), qui se distinguait notamment par l’ajout d’une section VIbis. Comme exemple de divergence, on peut citer le texte de III, 12: բազում պանդխտութեամբ «avec beaucoup d’émigration» du texte canonique, est remplacé dans le colophon de M 4827 par բազում տրտմութեամբ «avec beaucoup de chagrin», tandis que dans NOJ 559, Vardan combine les deux notions en écrivant բազում պանդխտութեամբ եւ ազգի ազգի տրտմութեամբ «à travers beaucoup d’émigration et toute sorte de chagrins». Le copiste poursuit son idée en ajoutant զոր վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանեն ինձ փորձութիւնք յամ յամէ եւ ոչ տային ինձ հանգչել «[chagrins] qui me sont arrivés comme des épreuves en raison de mes péchés étendus comme la mer, d’année en année, et ne m’ont pas laissé de répit». Cette 457 458

Cf. déjà THIERRY, Monastères VII, p. 198. THIERRY, Vaspurakan, p. 403, n. 42.

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proposition, absente de M 4827, s’inspire d’une addition similaire (եւ անհանգստութեամբ որ վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանեաց մեզ «et dans l’agitation qui nous est arrivée en raison de mes péchés étendus comme la mer»)459 dans les colophons des deux manuscrits de Zakʻaria de Xizan, M 4223 et MUSK* Gümüşhane S. Pʻrkičʻ 15. Nous avons montré cidessus que M 4223 avait servi de modèle à M 4827; il semble donc qu’à Ginēkancʻ, Vardan ait continué à utiliser ce manuscrit de Zakʻaria. Dans M 9841, copié en 1452 à Sēri vankʻ, Vardan commence à simplifier son formulaire de colophon. En III, 12, il écrit բազում պանդխտութեամբ եւ ազգի ազգի տրտմութեամբ «à travers beaucoup d’émigration et toute sorte de chagrins», comme dans NOJ 559, mais n’ajoute pas la proposition inspirée du colophon de Zakʻaria. Surtout, la section de datation (IV) se voit sérieusement simplifiée, puisque l’on n’y trouve plus que la mention de la date selon l’ère arménienne, suivie du nom du catholicos d’Ałtʻamar. La section de localisation (V) est quant à elle réduite au § 4, ce qui nous prive de la mention explicite du lieu de copie. La section supplémentaire VIbis est toujours présente, mais elle est, elle aussi, quelque peu rabotée par rapport aux colophons précédents de Vardan. Le mouvement se poursuit dans le colophon de M 11013, rédigé à Sēri vankʻ l’année suivante, en 1453. Ce colophon est encore inédit, à l’exception du fragment recopié par M. Tēr-Movsisean et publié dans le deuxième tome des Colophons de manuscrits arméniens du XVᵉ siècle. En voici le texte complet (le début n’est pas conservé): […] ցանկացեալ էր աստուածախաւս սուրբ Աւետարաիս։ Եւ ետ գրել զսա յիշատակ հոգւոյ իւրոյ եւ ծննաւղացն, հաւրն Աստուածատրոյ եւ մաւրն Թանկխաթունի, եւ որդոցն իւրոյ Ջանիբէկին եւ Մխիթարին տարաժամ գնացելոցն յերկինս՝ եւ սուք թողին ծնօղին, Ներսէսին եւ Յակոբին, եւ եղբարցն Խաչաւին եւ Ներսէսին, եւ եղբաւրորդոցն Թումային եւ Սարգսին, Գրիգորին եւ Կաժ{in ras. alia m. օ}ին եւ Աստուածատրոյն, Հերապետին եւ Թաւրէզին եւ Շամամին եւ Շնոհորին, եւ կողակցի Խաչօին Մրջանին, եւ հարսին իւրոյ Շամամին եւ դեռաբոյս որդոյն Հալիքին, եւ Մսրկէն եւ Վարդկէն եւ Սքանդարկէն եւ Ստեփանոսին, եւ այլ ամենայն արեան մերձաւորացն։ Եւ յիշեցէք ի սուրբ յաղօթս ձեր զԱզիզն որ ջեռմեռանդ սրտիւ եւ բոլոր հաւատով ետ գրել զսուրբ Աւետարանս յիշատակ իւն եւ ծնօղացն իւրոյ եւ զաւակացն. դստերն Շուշանի եւ Թանկմէլէքի եւ այլ ամենայն արեան մերձաւորացն, ամէ։ Արդ՝ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս ի յերկիրս Մոկաց, ի սուրբ ուխտս Սէրի վանք, ընդ հովանեաւ սրբոյն Գէորգեա եւ սուրբ Նշանիս. ի թուաբերութիւնս Հայոց ՋԲ, ի հայրապետութիւն Հայոց Հայկազան տոհմի տեառն Գրիգորի, եւ Զաքարիայի, ձեռամբ անարժան եւ փցուն գրչի Վարդան մեղուցեալ աբեղայիս։ 459

Sur cette métaphore, voir VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 153 (repr. p. 28-29).

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CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

Եւ ես՝ անպիտանս ի պիտականաց եւ մեղուցեալս ի մեղանչականաց, եւ փցունս ի գրչաց Վարդ[ան]ս, հրաման [առի] յառաքելակա[ն] բանէն, որ ասէ, թէ՝ Յոր կոչումն կոչեցար՝ ի նմին կացջիր. եւ իմ յօժանդակեալ դիմօք գրեցի զսուրբ Աւետարանս ի յընտիր օրինակէ։ Եւ ôվ որք հանդիպիք սմա կարդալով եւ լսելով, յիշելով ի սուրբ եւ յերկնաբացիկ յաղօթս ձեր զմեղուցեալ գրիչս զՎարդան եւ զծնօղսն իմ զՍամուէլ քահանայն, եւ զՄինայն եւ զմեծ մամն զՏիրանց, եւ զայլ ամենայն արեան մերձաւորս իմ, ամէն։ [… Aziz] était devenue désireuse de ce saint Évangile à la parole divine. Et elle donna ceci à écrire en mémoire de son âme et de ses parents, son père Astuacatur et sa mère Tʻankxatʻun, et de ses fils Janibēk et Mxitʻar, prématurément partis aux cieux — et ils laissèrent leur mère dans le deuil —, Nersēs et Yakob, et de ses frères Xačʻaw et Nersēs, et des enfants de ses frères, Tʻumay et Sargis, Grigor et Kažō (?) et Astuacatur, Herapet et Tʻawrēz et Šamam et Šnohor, et de l’épouse de Xačʻō, Mrǰan, et de sa bru Šamam et de son jeune enfant Halikʻ et de Msrik, Vardik, Skʻandarik et Stepʻanos, et de tous ses autres proches par le sang. Et souvenez-vous dans vos saintes prières d’Aziz, qui avec un cœur ardent et une foi entière donna à écrire ce saint Évangile en mémoire d’elle-même et de ses parents et enfants, sa fille Šušan et Tʻankmēlēkʻ, et de tous ses autres proches par le sang, amen. Or ce saint Évangile fut écrit dans cette terre de Mokkʻ, dans cette sainte communauté de Sēri vankʻ, sous l’égide de saint Georges et du saint Signe, en 902 de notre ère arménienne (+ 551 = 1453), sous le patriarcat des Arméniens, de la race arménienne, de tēr Grigor (i. e. Grégoire X Jalalbēgeancʻ, 14431465), et de Zakʻaria (i. e. Zacharie III, 1433/4-1464), de la main de l’indigne et vil scribe Vardan abełay, pécheur. Et moi, l’inutile parmi les déchus et le pécheur parmi les impurs, et le vil parmi les scribes, Vardan, je reçus un ordre de la parole apostolique, qui dit: «Demeure dans le même appel dans lequel tu fus appelé» (I Cor. 7, 24); et moi, secouru en apparence, j’écrivis ce saint Évangile d’après un exemplaire de choix. Et ô vous qui rencontrez ceci en le lisant ou en l’écoutant, en vous souvenant (intellege souvenez-vous) dans vos saintes prières qui ouvrent les cieux de moi, le scribe pécheur Vardan, et de mes parents Samuēl kʻahanay et Minay et de mon arrière-grand-mère Tirancʻ et de tous mes autres proches par le sang, amen.460

Ce colophon est nettement plus rudimentaire que le précédent. Tout se passe comme si Vardan avait cessé de se référer à son modèle habituel; le formulaire de Xizan n’est plus reconnaissable, quoiqu’on puisse encore en identifier certains passages (I, 11-12; II, 1-3). La formule à propos de l’exemplaire (III, 11) persiste mais perd l’un de ses deux adjectifs. On ne connaît plus d’autres manuscrits copiés par Vardan après celui-ci. M 11013, f. 297r–v, d’après reproduction. Voir aussi H15B 29, p. 24; TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non inueni). 460

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3.4.4. Pʻasavankʻ (1447) Tout près de Ginēkancʻ, dans le village de Pʻasavankʻ, situé à quelques kilomètres au nord-ouest de Moks461, un copiste et enlumineur du nom d’Israyēl kʻahanay462, actif de 1447 à 1477, emploie le type de Xizan dans le colophon du tout premier des manuscrits que nous lui connaissons (M 4922, de 1447). Au niveau textuel, ce colophon ne présente d’affinité avec aucun des manuscrits précédemment étudiés, tout en s’écartant assez peu du texte canonique. Les changements les plus importants concernent la structure: le prologue pour le copiste (II) est prolongé par un appendice qui fait la jonction avec l’essentiel du formulaire de localisation (V, 2-4), déplacé avant la section III. Le formulaire de datation (IV) est réduit à la mention de l’année dans l’ère arménienne et du catholicos d’Ałtʻamar, mais la prière finale (IV, 16-17) est maintenue intégralement. La fraction restante du formulaire de localisation (V, 1; 5) termine la partie du colophon qui suit le type de Xizan; la section VII est absente et remplacée par un autre texte, terminant le colophon. En fait, l’élément le plus important du colophon d’Israyēl réside dans un détail en III, 11: Israyēl y qualifie de Կիլիկեցւոց «de Cilicie» l’exemplaire dont il s’est servi. Sur la foi de cette précision, il faut conclure que le modèle de M 4922 est MUSA* 22, l’archétype de la tradition, qui n’avait plus suscité de copies directes depuis les premières œuvres de Yovannēs de Xizan. Selon toute probabilité, MUSA* 22 était donc à cette époque conservé au couvent de Pʻasavankʻ. Dans les colophons de ses évangiles ultérieurs463, Israyēl kʻahanay n’utilisera plus le type de Xizan, mais en conservera la section introductive (I). 3.4.5. Soravankʻ (1458) Le type de Xizan est également attesté en 1458, dans un tétraévangile (M 5331) copié «dans ce val de Kecʻan, dans ce village qui s’appelle Soravankʻ, sous l’égide du saint Sauveur et de Georges le Stratélate et de 461 THIERRY, Répertoire, nᵒ 561, p. 101; TełBaṙ V, p. 2513-2521 s.v. Pʻesavankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ [12.]41, p. 883-884; THIERRY, Vaspurakan, p. 398. 462 AnjnBaṙ II, p. 394 s.v. Israyēl 13; HMM, nᵒ 147, p. 254-255; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ I-XV-1, p. 179. 463 M 5459, de 1455 (H15B 79, p. 58-59; NH 202, p. 178-179); NOJ 28, de 1456 (H15B 103, p. 75-76; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 57, p. 79-80); OSK* 2, de 1463 (H15B 250, p. 201-202); VAS* Berkri, Yuskan Ordi s. n., de 1466 (H15B 314, p. 250; NH 268, p. 226); M 5414, de 1476 (H15B 509, p. 408). Dans certains de ces manuscrits, le début du colophon n’est pas conservé.

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la Mère de Dieu et des autres saints qui reposent ici» (ի ձորս Կեցանայ, ի գեաւղս որ կոչի Սորավանք, ընդ հովանեաւ սուրբ Փրկչին, եւ Գէորգայ զաւրավարին, եւ Աստուածածնին, եւ այլ սրբոցս, որ աստ հանգուցեալ կան). Cet endroit a été identifié par J.-M. Thierry au monastère de la SainteMère-de-Dieu de Soroy vankʻ, dans la vallée de Sparkert, au sud-est de Xizan464. Le colophon de M 5331 descend de celui de Yovannēs de Xizan dans le tétraévangile M 5562, de 1402. La structure de ces deux colophons est identique et tout à fait conforme au texte canonique, si ce n’est pour la section VII, omise dans M 5331. C’est surtout dans les détails que l’influence de M 5562 se vérifie. Ainsi, dans la section III, les deux colophons partagent l’ajout, au § 13, des mots եւ անհանգիստ եւ դժուարին եւ տարտամելի աւուրբք «en des jours agités, pénibles et indécis» et l’absence, au début du § 9, des mots եւ իմ «et moi». Le copiste de ce manuscrit, le jeune prêtre Yovannēs (kʻahanay)465, est décédé alors que son travail n’était pas encore terminé; la copie fut alors achevée par son vieux maître, également nommé Yovannēs (krōnawor)466, à qui nous devons donc l’emploi de la formule. Pas plus que l’enlumineur, Atom467, ces deux scribes ne semblent connus par d’autres manuscrits. À la jointure entre la narration et la datation (sections III et IV), l’auteur du colophon de M 5331, Yovannēs krōnawor, juge opportun d’expliquer au lecteur les dramatiques circonstances dans lesquelles il a dû prendre en charge la copie du manuscrit. Il nous fait donc le récit, aussi tragique que pittoresque, du décès de Yovannēs kʻahanay, le premier copiste: Զի ի սոյն աւուրս՝ ի տաւնի մեծի հրեշտակապետացն՝ եհաս մեզ պատուհաս ի մեղաց մերոց, զի եթող զգրելն եւ գնաց փայտ բերել շինութեան տան, եւ ճանապարհն դժուարին եւ քար, եւ գլորեաց տէր Յովանէսն զիւր փայտն եւ եկ զհետ փայտին եւ իւր քեռին եւ միւս ընկերն գլորեցին զիւրեանց փայտն. ի գալն փայտին ոստեաւ փոքր քար մի ի փայտէն. եւ նոքայ աղաղակեցին՝ տէր Յովանէս՝ փախիր. եւ նա պահեաց զինքն ի փայտէն եւ քարն եհար զգլուխ տէր Յովանին, եւ նա խելագարեալ անկաւ ի քարն ի վայր, զի տեղին դժուարին էր եւ հեղաւ արիւնն ի բերանն ի վայր եւ յականջն եւ ի քիթն. եւ յայն գիշերն մեռաւ եւ եթող սուք անմխիթար ծնօղին եւ եղբարցն։ 464 THIERRY, Répertoire, nᵒ 072, p. 16; TełBaṙ IV, p. 6642 s.v. Soravankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, p. 878-880; THIERRY, Vaspurakan, p. 384-387; THIERRY, Monastères VII, p. 227-230. Cet établissement est également connu sous d’autres noms, notamment Sorway vankʻ ou Hzaru vankʻ. MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 44, fait erreur en distinguant un Sorovankʻ, d’où proviendrait ce manuscrit, différent de Sorvavankʻ, qui est confondu avec Bastavankʻ: ces deux derniers monastères sont proches, mais non identiques (cf. THIERRY, Répertoire, p. 16 et SINCLAIR, Eastern Turkey I, p. 232). 465 AnjnBaṙ III, p. 667 s.v. Yovhannēs 1063. 466 AnjnBaṙ III, p. 667-668 s.v. Yovhannēs 1064. 467 HMM, nᵒ 33, p. 67.

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Car en ce jour, lors de la grande fête des Archanges (= le 8 novembre), un châtiment nous arriva du fait de nos péchés, car il (sc. Yovannēs kʻahanay) laissa l’écriture et s’en alla porter du bois pour construire une maison, et le chemin [était] difficile — et [voilà] une pierre, et tēr Yovanēs fit tomber son bois, et il partit à la suite du bois; et son oncle et un autre de ses proches firent tomber leur bois. Et alors que le bois s’en allait, une petite pierre bondit depuis le bois. Et eux crièrent: «Tēr Yovanēs, fuis!». Et lui se protégea du bois, et la pierre frappa la tête de tēr Yovan[ēs]; et lui, perdant la raison, tomba par terre sur la pierre, car l’endroit était difficile, et son sang s’épancha par terre, par la bouche, par l’oreille et par le nez. Et cette nuit-là, il mourut, et laissa son parent et ses frères dans un deuil inconsolable.468

Cette histoire n’est pas des plus claires. Probablement devons-nous comprendre que tēr Yovanēs, empruntant un sentier pentu (le relief de la région entre Xizan et Moks est assez escarpé) a trébuché sur une pierre, lâchant devant lui le bois qu’il transportait. Le chemin devait être en montée, ce qui expliquerait que le bois, dévalant la pente, ait emporté Yovanēs; essayant de se relever, il fut atteint au visage par un caillou projeté par le roulement des bûches. Sonné, il trébucha à nouveau, mais cette fois sur une pierre acérée qui dut lui briser le crâne, entraînant sa mort quelques heures plus tard. Quoi qu’il en soit de leur déroulement exact, ces événements exceptionnels font en sorte que le colophon de M 5331 présente un caractère inhabituel: dans une grande partie du texte, Yovannēs krōnawor fait parler son élève décédé, Yovannēs kʻahanay, comme si ce dernier était l’auteur du colophon. Cette particularité explique pourquoi, exceptionnellement, le singulier est utilisé en III, 8, renforcé du pronom ես «moi» (այլ ես ըստ կարի իմում, զոր պարգեւեաց ինձ մարդասէր հոգին «mais moi, selon ma capacité, que m’a offerte l’Esprit qui aime les hommes», au lieu du canonique այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին «mais selon notre capacité, que nous a offerte l’Esprit qui aime les hommes»). Par là, Yovannēs krōnawor, qui rédige ce colophon, veille à s’exclure luimême du discours, au profit de son élève décédé. 3.4.6. Hunjkʻ (1462) Tous les manuscrits appartenant à la tradition du type de Xizan ont été exécutés au sud du lac de Van, à une exception près. Il s’agit de M 3049, copié par Mikʻayēl erēcʻ 469 en 1462, à Hunjkʻ (ou Unjkʻ, litt. 468 469

M 5331, f. 303r–v = H15B 142a, p. 106; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 181, col. 427-428. LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ M-XV-4, p. 190.

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«moissons»)470, village de l’arrière-pays d’Arčēš (tc Erciş), la grande cité du littoral nord du lac de Van. Dans le colophon de ce manuscrit apparaissent seulement les sections II (avec un saut du début du § 8 jusqu’au § 18), III et V (sans le § 5). Les indications de date, mêlées à la section V, sont par ailleurs vaguement inspirées de la section IV du type de Xizan. Le texte de ce colophon n’a de lien privilégié avec aucun autre colophon du corpus du type de Xizan, et nous ne disposons d’aucun autre élement qui permettrait de le rattacher à une branche ou à une autre de cette tradition. Mikʻayēl lui-même ne semble pas avoir entretenu de liens avec les centres de copie au sud du lac. Il a commencé sa carrière à Arckē, où il a copié trois tétraévangiles, de 1450 à 1460471. Dans les colophons de ces manuscrits, il se nomme Mikʻayēl kʻahanay, et n’est pas encore influencé par le type de Xizan. Quittant Arckē, il s’installe ensuite à Hunjkʻ, où il copie M 3049 en 1462. Dans ce village, il a également travaillé à compléter l’hymnaire M 2418, copié en 1406 en Siwnikʻ, dont il prend en charge les f. 302v-317v472. Au f. 111v, apparemment laissé vacant par le copiste initial, Mikʻayēl ajoute le colophon suivant: Արդ, ծանուցումն պայծառ ընդերձողաց: Փâռք համագոյ եւ միասնական, անբաժանելի սուրբ Երրորդութեանն եւ մի աստուածութեանն՝ Հաւր եւ Որդոյ եւ Հոգոյն Սրբոյ յաւիտեանս. ամէն: Արդ, գրեցաւ եղանակաւոր տառս եւ լուսազարդ երգարանս ի թուականս Հայոց ՊԾԵ. ամի, ի յերկիրն Քաջբերունի, ի գիւղս Հունձք, ընդ հովանեաւ սուրբ Սարգսի Զաւրավարին եւ Ըստեփաննոսի Նախավկաի, ի հայրապետութեան Զաքարիայի, ի յառաջնորդութեան սուրբ ուխտիս Մեծոբայ Ըստեփաննոս վարդապետի: Յուսամք յԱստուած, որ պահէ զնայ անփորձ կենաւք մինչեւ ի խորին ծերութիւն. ամէն: Եւ յետ աստեացս ելանելոյն ընդ սուրբ վարդապետաց դասուն դասակից առնէ. ամէն: Արդ, աղաչեմ զամենեսեան սիրովն Քրիստոսի զընդերձողսդ եւ զլսողսդ՝ յիշման արժանի առնել զվերոյ յիշեցեալ ըստացող տառիս: Արդ, գրեցաւ ի ձեռամբ Միգայէլի անարժանի եւ անիմաստ գրչի, եւ իմ անդունակ եւ անհմուտ գոլով յարուեստ գրչութեան, եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ, գրեցի անարժան ձեռօք իմաւք ընտիր եւ ստոյք աւրինակէ Խուլ կոչեցեալ: Ով զմեզ յիշէ՝ յիշեալ լիցի առաջի անմահ գարին Յիսուսի Քրիստոսի: 470 TełBaṙ III, p. 4651 s.v. Hunjkʻ et V, p. 1923 s.v. Unjkʻ; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 49. 471 J 3137, de 1450 (Jér.2 IX, nᵒ 3137, p. 356-360); VAS* Van, S. Yakob s. n., de 1451 (H15B 7, p. 8-9; NH 184, p. 167); M 4850, de 1460 (H15B 180a-b, p. 139-140; NH 233, p. 196). 472 MCʻM VIII, nᵒ 2418, col. 57-60.

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Maintenant, avis aux distingués lecteurs. Gloire à la consubstantielle et unie, à l’inséparable sainte Trinité et à l’unique divinité, Père, Fils et Esprit-Saint, pour les siècles, amen. Or cet harmonieux livre et resplendissant recueil de chants fut écrit en l’an 855 de l’ère arménienne (+ 551 = 1406), dans la terre de Kʻaǰberuni, dans ce village de Hunjkʻ, sous l’égide de saint Serge le Stratélate et d’Étienne le Protomartyr, sous le patriarcat de Zakʻariay (i. e. Zacharie III, 1433/4-1464), sous la prélature d’Ǝstepʻannos vardapet du saint couvent de Mecob. Nous espérons en Dieu qu’il gardera celui-ci à l’abri des tentations durant sa vie, jusqu’à un âge avancé473, amen. Et une fois qu’il aura quitté les choses d’icibas, qu’il le place au même rang que les saints vardapets, amen. Maintenant, je vous prie tous dans l’amour du Christ, lecteurs et auditeurs, de considérer digne de mémoire l’acquéreur susmentionné de ce livre. Or [ceci] fut écrit de la main de Migayēl, scribe indigne et insensé, et moi, étant inapte et inculte dans l’art de l’écriture et assiégé par les illusions de nombreux péchés, j’écrivis de mes indignes mains, [d’après] un exemplaire de choix et sûr appelé Xul. Celui qui se souvient de nous, qu’il soit remémoré devant l’agneau immortel, Jésus-Christ.474

Dans ce colophon, Mikʻayēl conserve la date initiale de la copie mais s’en approprie le mérite. Il ne s’agit pas d’un cas de fidélité extrême à l’original, comme nous l’avons observé avec les colophons d’Aṙakʻel de Dašt475, mais d’une supercherie avérée, puisque Mikʻayēl a lui-même composé le texte de son colophon. Le début, de la doxologie jusqu’à la date, est copié sur le colophon original du manuscrit, tandis que la fin est un condensé de la section III du type de Xizan. Le texte de cette dernière partie présente certaines similitudes (p. ex. l’ajout de l’adjectif անհմուտ «inculte, inexpérimenté» au § 5) avec son équivalent dans le tétraévangile de 1462 de Mikʻayēl (M 3049), mais a été adapté au manuscrit présent, qui est un hymnaire. Ainsi, toute allusion à un évangile disparaît, tandis que, dans l’équivalent du § 11, il est précisé que le modèle est l’exemplaire que l’on appelle «Xul»476. Cette information, tout comme la façon de désigner l’hymnaire au début du colophon, est reprise au colophon original de M 2418, qui dit ceci: Արդ, գրեցաւ եղանակաւոր տառս եւ լուսազարդ երգարանս … ի լաւ եւ յընտիր աւրինակէ Սըսցոյ, որ էր գրեալ ձեռամբ բազմարուեստ գրչի՝ Գրիգոր դպրի, մականուն Խուլ կոչեցեալ։

473 474 475 476

Sur cette expression, voir VAN ELVERDINGHE, Literary Compositions. M 2418, f. 111v = H15C 598, p. 441; MCʻM VIII, nᵒ 2418, col. 59-60. Voir p. 293-297. Voir p. 88-89 à propos de la tradition de l’hymnaire de Grigor Xul.

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Or cet harmonieux livre et resplendissant recueil de chants fut écrit … d’après un exemplaire bon et de choix de Sis, qui avait été écrit de la main du scribe très talentueux Grigor dpir, appelé du surnom de Xul.477

Quant à la date réelle de rédaction du colophon de Mikʻayēl, elle doit se situer entre 1462, date de copie de M 3049, et 1464, année de la mort du catholicos Zakʻariay III qui est encore mentionné dans le colophon de M 2418. Cette hypothèse est confirmée par la présence au f. 285v de trois dates hors contexte: ՋԺԲ, ՋԺԱ, ԷՌԿ, c’est-à-dire 912 (+ 551 = 1463), 911 (+ 551 = 1462), 7060 (− 5598 = 1462). 3.4.7. Bṙnašēn (1478) Un autre centre touché par la tradition du type de Xizan est Bṙnašēn, un des nombreux faubourgs arméniens de Moks478. À la fin du XVᵉ siècle y exista un centre de copie, avec les copistes Mxitʻar kʻahanay479 et son fils Aṙakʻel kʻahanay480, qui ont laissé un petit groupe de tétraévangiles. Mxitʻar kʻahanay est actif de 1466 à 1478 et, d’après un des colophons de son fils Aṙakʻel, il est décédé avant 1490481. Quant à Aṙakʻel, il est connu comme copiste de 1490 à 1494; d’après les colophons de Mxitʻar, il aidait son père dès 1477 en décorant les manuscrits copiés par ce dernier, tandis qu’un autre fils de Mxitʻar, Yovanēs kʻahanay, se chargeait des reliures482. Mais alors que les colophons des manuscrits de Mxitʻar portent à des degrés divers l’empreinte du type de Xizan, ceux d’Aṙakʻel puisent à d’autres sources483. Le colophon du plus ancien manuscrit connu de Mxitʻar, le tétraévangile M 4123 de 1466, est en partie mutilé484. D’après les reproductions que nous en avons reçues du Matenadaran, ce texte présente la section III 477

M 2418, f. 301v = H15A 64, p. 60; MCʻM VIII, nᵒ 2418, col. 59. TełBaṙ I, p. 7392 s.v. Bṙnašēn; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 22. 479 AnjnBaṙ III, p. 387 s.v. Mxitʻar 190. 480 AnjnBaṙ I, p. 214 et 215 s.vv. Aṙakʻel 93 et 101. 481 NOJ 500, f. 286r = H15C 200, p. 156; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 76, p. 112. 482 ERC T. Margaryan [1], f. 317v = EGANYAN – VARDANYAN, nᵒ 28, p. 262-263. Mêmes informations un an plus tard dans VAS* Šatax 1, f. inconnu = H15B 546, p. 432; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 199, col. 485. 483 Les manuscrits copiés par Aṙakʻel kʻahanay, tous des évangiles, sont les suivants: NOJ 500, de 1490 (H15C 200, p. 155-156; TĒR-AWETISEAN, Cʻucʻak, nᵒ 76, p. 112-113); VAS* Kendanancʻ, de 1490 (H15C 201, p. 156; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 210, col. 515516); SAL* S. Yakob, de 1494 (H15C 274, p. 203; NPH2 265, p. 236); M 10789, de date indéterminée (Mat. III, nᵒ 10789, col. 204). 484 M 4123, f. 308v-312r = H15B 313, p. 249. 478

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à peu près telle qu’elle apparaît dans le type de Xizan, suivie d’un formulaire de datation et de localisation proche de celui que l’on observe dans les sections IV et V du type de Tʻonrak. Les autres sections manquent. M 4123 ne peut donc être considéré comme un témoin à part entière du type de Xizan. Il en va de même pour le deuxième tétraévangile de Mxitʻar kʻahanay, ERC T. Margaryan [1], copié en 1477, dont le colophon présente une version altérée de la section I ainsi qu’un condensé de la section III485. En revanche, le dernier manuscrit connu de Mxitʻar kʻahanay, VAS* Šatax 1, de 1478, peut raisonnablement être inclus dans le corpus du type de Xizan. En effet, on y retrouve les sections I, III et V avec des différences limitées par rapport au texte canonique, ainsi qu’un résumé de la section IV: date selon l’ère arménienne, mention du catholicos d’Ałtʻamar et de l’évêque local, et vœux pour le maintien des trônes patriarcal et royal (§ 16). Cette configuration est caractéristique des colophons de Mkrtičʻ IV de Xizan (M 5361, MSB 22, VAS* Van, Yaynkoysner 46). Comme Mkrtičʻ IV, Mxitʻar kʻahanay omet les sections II et VII tandis qu’il déplace les sections IV et V avant la section III. La seule différence notable se situe en I, 2, où le commanditaire est appelé ոմն ի լուսայզարմից «quelqu’un parmi les fils de lumière» dans VAS* Šatax 1, d’après l’expression ոմն ի լուսածնեալ զարմից սրբոյ Սիովնի «quelqu’un issu des descendants illuminés de la sainte Sion», employée par bon nombre de témoins du type de Xizan486. Par contraste, les colophons de Mkrtičʻ IV innovent à cet endroit avec l’expression ոմն աստուածասէր եւ բարեմիտ «quelqu’un aimant Dieu et bienveillant». Par ailleurs, le plus ancien manuscrit conservé de Mkrtičʻ IV, VAS* Van, Yaynkoysner 46, a seulement été copié en 1482, soit quatre ans après VAS* Šatax 1. La conclusion vraisembable est que Mxitʻar kʻahanay a pris pour modèle un plus ancien colophon de Mkrtičʻ IV, qui n’est pas conservé. Ce texte présentait déjà la plupart des traits caractéristiques du style de Mkrtičʻ IV, mais pas encore cette innovation particulière en I, 2. En revanche, on ne relève dans les colophons précédents de Mxitʻar (M 4123, ERC T. Margaryan [1]) aucun point commun avec les particularités du style de Mkrtičʻ IV. Du reste, il est difficile de se prononcer sur les sources de ces colophons, étant donné que le type de Xizan y est attesté de façon fragmentaire.

485 486

ERC T. Margaryan [1], f. 317r–v = EGANYAN – VARDANYAN, nᵒ 28, p. 262-263. Cf. p. 301 et 306.

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3.4.8. Saint-Barthélémy d’Ałbak (1490) Le monastère Saint-Barthélémy487, situé dans le canton de Mec Ałbak, proche de la frontière avec l’Iran, est avec le monastère Saint-Thaddée d’Artaz le plus célèbre couvent du Vaspurakan oriental. Il ne brille cependant guère par sa production manuscrite, qui est restée très limitée488. L’un des rares manuscrits produits dans cet établissement est le tétraévangile M 3857, dont le colophon (endommagé) suit le type de Xizan. Son copiste, Azariay erēcʻ, n’y ayant laissé aucun renseignement personnel, nous n’avons aucun moyen de l’identifier. Comme dans la plupart des témoins du dernier quart du XVᵉ siècle, la section II est absente du colophon de M 3857 et la section IV réduite à la date selon l’ère arménienne et au nom du catholicos en exercice. Dans la section I, au § 11, ce colophon présente un développement analogue à celui qui suit le § 2 dans les manuscrits M 4827, NOJ 559 et M 9841 de Vardan abełay: զոր մեծափափագ հաւատով եւ յուսով եւ ջերմեռանդ սիրով ցանկացաւ այսմ աստուածախաւս սուրբ Աւետարանիս «[le commanditaire] qu[i] avec une foi très désireuse et avec espérance et avec un amour ardent désira ce saint Évangile à la parole divine». Il en va de même en III, 12, où M 3857 ajoute le groupe եւ դատապարտութեամբ անձինս, զոր վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանէ ինձ ազգի ազգի պատուհաս «et avec condamnation de ma personne, car en raison de mes péchés étendus comme la mer, toute sorte de châtiments me sont arrivés», que l’on comparera avec ce passage dans le colophon de NOJ 559: եւ ազգի ազգի տրտմութեամբ, զոր վասն ծովացեալ մեղաց իմոց ժամանեն ինձ փորձութիւնք յամ յամէ եւ ոչ տային ինձ հանգչել «et avec toute sorte de chagrins, qui me sont arrivés comme des épreuves en raison de mes péchés étendus comme la mer, d’année en année, et ne m’ont pas laissé de répit». Toutefois, certaines caractéristiques typiques de NOJ 559 et des autres colophons du scribe Vardan abełay ne se retrouvent pas dans le colophon de M 3857, notamment le remplacement de անընդունակ «inapte» par անընդել de même sens en III, 4. Que conclure de cette analyse? Le colophon le plus proche de celui d’Azariay erēcʻ dans M 3857 est celui de Vardan abełay dans son manuscrit copié à Ginēkancʻ en 1447 (NOJ 559). Toutefois, ce texte n’a pu être la seule source d’Azariay: soit Azariay, connaissant déjà le type de Xizan par son expérience passée, a naturellement «corrigé» certaines variantes du colophon de Vardan, soit le colophon sur lequel il s’est basé est issu 487

Voir p. 126. Seulement deux manuscrits sont connus, datant de la seconde moitié du XVᵉ siècle, cf. THIERRY, Vaspurakan, p. 471. 488

DIFFUSION DANS D’AUTRES CENTRES DE COPIE

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d’un autre manuscrit, dont nous n’avons pas gardé trace. Nous ne pouvons donc avancer aucune certitude à propos de M 3857, sinon que le centre de copie de Saint-Barthélémy, dont ce codex provient, entretenait à l’évidence des liens avec les autres centres au sud du lac de Van. 3.4.9. Dašt (ante 1489-1490) Il faut rappeler ici, pour mémoire, les trois manuscrits d’Aṙakʻel de Dašt489. Nous avons montré que leurs colophons reproduisent le texte de Yovannēs de Xizan dans VAS* Moks, S. Yakob 21, et nous avons pu déterminer qu’ils ont été copiés à la fin du XVᵉ siècle, l’un en 1490 (NOJ 390) et les deux autres entre 1465 et 1489 (VAS* Moks, S. Yakob 20 et VAS* Van, Tiramayr s. n. B). 3.4.10. Šatax (1491) Les productions d’Aṙakʻel de Dašt ont influencé un copiste du nom d’Israyēl kʻahanay490, travaillant dans la ville de Šatax (auj. Çatak, au sudest de Moks), à l’église de la Sainte-Mère-de-Dieu d’Anǰołoncʻ491. De ce prêtre Israyēl, un seul manuscrit est connu, datant de 1491 (VAS* Šatax, Dašt), dont le colophon contient notre formulaire dans la version employée par Aṙakʻel de Dašt, avec toutefois certaines modifications. D’abord, les sections IV et VII ne sont pas reprises. Si tout le formulaire de datation a également été sacrifié, cela signifie que la date de ce colophon est authentique, contrairement aux colophons d’Aṙakʻel de Dašt qui conservaient la date du modèle. Ensuite, le texte d’Israyēl reprend seulement le second des deux versets introduits dans la section III par Yovannēs de Xizan (§ 7: Is. 1, 6). Enfin, le colophon de VAS* Šatax, Dašt ne présente pas non plus l’autre addition de Yovannēs de Xizan, à savoir le syntagme բազմադէմ ալէկոծ ծփանաւք «avec diverses houleuses fluctuations» (III, 12), pas plus d’ailleurs que բազում պանդխտութեամբ «à travers beaucoup d’émigration» qui se trouve dans le texte canonique: la section III se clôt en fait sur կենաւք տառապանաւք «pendant une vie de tourment». Comme les colophons des trois manuscrits d’Aṙakʻel de Dašt (VAS* Moks, S. Yakob 20, VAS* Van, Tiramayr s. n. B et NOJ 390) sont pratiquement identiques, il serait difficile de déterminer lequel a fourni son modèle à Israyēl kʻahanay. 489

Voir p. 293-297. AnjnBaṙ III, p. 394 s.v. Israyēl 17. 491 THIERRY, Vaspurakan, p. 442-444. Cette église ne doit pas être confondue avec un édifice homonyme à Moks, où a travaillé Aṙakʻel de Dašt (Sainte-Mère-de-Dieu d’Anǰłoncʻ, voir supra, p. 294, n. 382). 490

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CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

3.4.11. Conclusion En résumé, les colophons des treize manuscrits de notre corpus copiés en dehors de Xizan sont caractérisés par des adaptations assez variées du type de Xizan. La plupart sont très fidèles à l’une ou l’autre version attestée dans des manuscrits de Xizan même: ainsi, VAS* Van, Ararkʻ 11 (Cpat, 1421) suit de près la forme canonique du type, tandis que M 4827 (Xosrovavankʻ, 1430), NOJ 559 (Ginēkancʻ, 1447) et M 9841 (Sēri vankʻ, 1452) sont proches de la version développée par Zakʻariay de Xizan dans M 4223 (1401) — les manuscrits d’Aṙakʻel de Dašt poussant cette fidélité à l’extrême. Cette proximité indique habituellement un rapport direct de copie et illustre la dissémination, principalement dans la région de Moks, des manuscrits produits à Xizan. D’autres colophons entretiennent des rapports moins évidents avec les modèles de Xizan que nous connaissons. Dans un cas (VAS* Šatax 1, copié en 1478 à Bṙnašēn), nous avons été amené à restituer l’existence d’un manuscrit disparu; dans un autre cas (M 3857, copié à Saint-Barthélémy d’Ałbak en 1490), les éléments sont insuffisants pour permettre de retracer l’origine exacte du texte du colophon. À cela s’ajoutent les nombreux colophons qui s’écartent du type de Xizan en n’en reprenant qu’une partie ou en lui faisant subir des transformations extensives. Dans l’ensemble, ces colophons rédigés en dehors de Xizan permettent donc non seulement d’apprécier le succès des modèles développés dans cette ville, mais aussi d’éclairer certaines zones d’ombre de la production de ce scriptorium. Leurs copistes ne suivent pas le rythme des scribes de Xizan, où le formulaire évolue nettement dans une certaine direction, s’éloignant de plus en plus de l’archétype; au contraire, les manuscrits «périphériques» dont il est question ici attestent tantôt des textes proches de celui de l’archétype (pensons une fois de plus à Aṙakʻel de Dašt), même à date tardive, tantôt des textes très différents (par exemple les manuscrits d’Israyēl de Pʻasavankʻ après 1447). Ni conservatoires des traditions ni lieux d’oubli de celles-ci, les centres de copie mineurs dont ces œuvres sont issues dépendent simplement à la fois des rares modèles à leur disposition et des trajectoires individuelles de leurs copistes. 3.5. Postérité Dans le courant du XVᵉ siècle, le style des colophons de Yovanēs d’Ałētʻ devient caractéristique des manuscrits copiés autour du lac de Van. Dans ce contexte, les emprunts au type de Xizan vont se multiplier: en

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particulier, beaucoup de colophons de cette région en reprendront l’incipit (I, 1: ուստի եւ տեսեալ … «c’est pourquoi aussi, ayant vu …»)492. Il faut rappeler à cet égard l’exemple du copiste Israyēl de Pʻasavankʻ, dans le troisième quart du XVᵉ siècle, qui, après un premier colophon fidèle dans son ensemble au type de Xizan, a décidé, pour ses colophons suivants, de n’en retenir que la section I493. Au début, il s’agit exclusivement de tétraévangiles copiés dans la région du lac de Van. Mais le temps passant, les personnes et les manuscrits circulant, l’influence du type de Xizan s’est étendue à diverses parties du monde arménien. A contrario, il ne semble pas que cet incipit ait trouvé le même écho dans d’autres catégories de manuscrits que des tétraévangiles. Ainsi, à partir de la fin du XVIᵉ siècle et tout au long du XVIIᵉ siècle, l’incipit du type de Xizan connaît-il un certain succès dans l’école de copie de la Nouvelle-Djoulfa, suite à la migration en Perse, à l’époque de chah Abbas, de plusieurs artistes de Xizan, tels que les célèbres Xačʻatur Xizancʻi et Mesrop Xizancʻi494. On le retrouve également dans un colophon rédigé en 1632 à Jérusalem par le miniaturiste Yohan Hizancʻi495, dans un manuscrit qu’il avait apporté d’Ispahan (LEY 5527)496. À nouveau, la mobilité des artisans du livre apparaît comme un facteur décisif dans la dissémination des formules de colophon. C’est par cette mobilité que doit s’expliquer l’emploi de l’incipit à Diarbékir, dans les colophons du copiste et peintre Minas kʻahanay497 datés de 1626 (tétraévangile BER Peterm. I. 149)498 et 1637 (tétraévangile VAT Borg. arm. 85)499: en effet, au tournant du XVIIᵉ siècle, le centre de copie de Diarbékir disposait d’un certain nombre d’anciens manuscrits 492 Quelques exemples parmi d’autres: M 4979, tétraévangile copié à Lim en 1439 (H15A 557, p. 499); M 9858, tétraévangile copié à Argelan en 1466 (H15C 603, p. 444); ERZA* S. Astuacacin s. n., tétraévangile copié à Berkri en 1475 (H15B 478, p. 381). 493 Voir p. 323. 494 À ce sujet, on verra maintenant les travaux de M. Arakelyan sur Mesrop Xizancʻi et l’école de la Nouvelle-Djoulfa, en particulier ARAKELYAN, Mesrop of Xizan et ARAKELYAN, Manuscripts, avec plusieurs extraits des colophons. 495 POŁAREAN, Gričʻner, p. 336-341; POŁAREAN, Nkarołner, p. 202-204; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 136-139. 496 LEY 5527, f. 227v2 = H17B 714, p. 493; MACLER, Rapport 1922, nᵒ 67, p. 155. 497 HMM, nᵒ 242, p. 418-419; POŁAREAN, Nkarołner, p. 189-191; AKINEAN, Barseł Arcruni, nᵒ 2.4, col. 426-427. 498 BER Peterm. I. 149, f. 341-345 (sans précision) = H17B 347, p. 228; KARAMIANZ, Verzeichniss, nᵒ 15, p. 11. 499 VAT Borg. arm. 85, f. 210v = H17B 1012b, p. 695; TISSERANT, Codices armeni, nᵒ 85, p. 187.

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et attirait des étudiants venus de différentes régions500. À titre d’exemple, Astuacatur, l’un des copistes de Diarbékir à cette époque, avait eu pour père spirituel le fameux artiste de Xizan Martiros Xizancʻi501. Dans d’autres régions, on citera les tétraévangiles M 8692502, illustré en 1653 au monastère de la Sainte-Petite-Source (Surb Ałberik vankʻ) dans le Sasun, M 9299503, copié en 1658 à Surat en Inde, ou encore M 7300504, copié en 1655 dans le village de Šēnhēr (auj. Šinuhayr)505 en Siwnikʻ. Ce dernier colophon, à l’instar de plusieurs colophons de la région du lac de Van au XVIIᵉ siècle, suit d’ailleurs plus ou moins tout le type de Xizan, dont il reproduit fidèlement certains passages, tandis que d’autres sont abrégés ou confondus. Ce succès du type de Xizan doit être mis en parallèle avec l’influence de l’iconographie des manuscrits de l’école de Xizan, qui s’est étendue jusqu’aux centres de copie de l’Arcʻax506. 3.5.1. Le scriptorium urbain de Xizan Cependant, après Mkrtičʻ IV, qui copie son dernier tétraévangile en 1489 (VAS* Van, Yaynkoysner 46), les artistes du scriptorium urbain de Xizan ont cessé d’employer le type de Xizan en tant que formulaire de colophon. En effet, les manuscrits du successeur de Mkrtičʻ IV, Yovanēs IV507, qui fut peut-être son fils et eut en tout cas les mêmes maîtres, à savoir Yovanēs III et Pʻilippos kʻahanay, oncle paternel de Mkrtičʻ IV, ne font pas appel à un formulaire clairement défini. Ainsi, dans le tétraévangile W 62, copié par Yovanēs IV en 1497, seules survivent la section I et une partie de la section IV (§§ 12-13; 16-17), qui constituent ensemble le début du colophon: Ուստի եւ տեսեալ զսորայս անճառ փրկագործութեան խորհուրդ ոմն ի լուսածնեալ զարմից սրբոյ Սիոնի Խուդադար անուն կոչեցեալ, զոր ի վաղուց հետէ ցանկայր այսմ աստուածախաւս սուրբ Աւետարանիս. եւ ետուր զսա գրել յիշատակ հոգւոյ իւրոյ, եւ ծնողաց իւրոց Դաւթին {uac.} եւ Ջուհարին {uac.}։ Արդ, գրեցաւ սուրբ Աւետարանս ի մեծ թվականիս Հայոց ՋԽԶ, ի կաթողիկոսութեան Հայկազեան սեռի տեառն Սարգսի, եւ ի մերոյ կաթուղիկոսութեան Ախթամարայ տէր Ատոմի, զոր Տէր Աստուած Իսրայէղի պահապանեսցէ անսասան զաթոռ հայրապետական եւ զթագաւորական մերոյ ազին։ DER NERSESSIAN, Walters Art Gallery, p. 57-58. AKINEAN, Barseł Arcruni, col. 425. 502 M 8692, f. 310r = H17C 864, p. 561. 503 M 9299, f. 247r = H17C 1225, p. 800. 504 M 7300, f. 245r = H17C 994b, p. 658. 505 TełBaṙ IV, p. 1112–3 s.v. Šenher et p. 1252–3 s.v. Šinuhayr; ALIŠAN, Sisakan, p. 258-260. 506 Cf. THIERRY, Arts arméniens, p. 264. 507 AnjnBaṙ III, p. 685 s.v. Yovanēs 1271 et p. 687 s.v. Yovanēs 1288; MANUKEAN, Šēk awetaran, p. 125-126. 500 501

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C’est pourquoi aussi quelqu’un issu des descendants illuminés de la sainte Sion, appelé du nom de Xudadar, qu[i] souhaitait de longue date ce saint Évangile à la parole divine, vit l’ineffable mystère de l’œuvre de rédemption [opérée] par celui-ci (sc. Jésus-Christ), et il donna508 ceci à écrire en mémoire de son âme et de ses parents Dawitʻ {uac.} et Juhar {uac.}. Or ce saint Évangile fut écrit en 946 (+ 551 = 1497) de notre grande ère arménienne, sous le catholicossat de la race arménienne de tēr Sargis (Serge III, 1484-1515) et sous notre catholicossat d’Axtʻamar de tēr Atom (ca. 1496ca. 1510); que le Seigneur Dieu d’Israël garde inébranlables les trônes patriarcal et royal de notre nation.509

Dans le colophon d’un autre tétraévangile, qu’il termine en 1504 (VDK), Yovanēs IV conservera uniquement la section III. La tête et la queue du manuscrit d’origine, c’est-à-dire les enluminures et les colophons, ont été détachées du reste du codex et reliées avec un autre manuscrit, datant de 1507 et réalisé par Yovanēs IV en collaboration avec l’illustrateur, Mkrtičʻ V Hizancʻi510; le codex résultant de cette opération (VDK), connu sous le nom d’«Évangile Fauve» (Շէկ Աւետարան), est conservé depuis 2007 au cœur d’une chapelle bâtie à cet effet, dans la bourgade de Vardenik, sur la rive sud du lac Sévan511. Voici le seul passage du colophon du premier manuscrit où le type de Xizan soit mis à profit: Այլեւ գրեցաւ սուրբ Աւետարանս ի քաղաքիս, որ կոչի Հիզան, ձեռամբ Յովանիսի սուտանուն եւ ախմար գրչի եւ անարժանի. եւ իմ անընդունակ գոլով յարուեստ գրչութեան։ Եւ բազում մեղաց ցնորիւք պաշարեալ, այլ ըստ կարի մերում, զոր պարգեւեաց մեզ մարդասէր Հոգին Սուրբ, գրեցի անարժան ձեռօք իմովք յընտիր եւ ի ստոյգ օրինակէ, … De plus, ce saint évangile fut écrit dans cette ville, qui s’appelle Hizan, de la main de Yovanēs, scribe insensé et qui ne mérite pas ce nom, et indigne; et moi, étant inapte dans l’art de l’écriture et assiégé par les illusions de nombreux péchés, mais selon notre capacité, que nous offrit l’Esprit Saint qui aime les hommes, j’écrivis de mes indignes mains, d’après un exemplaire de choix et sûr …512 508 La forme ետուր, qui correspond en arménien ancien à la 2ᵉ personne du singulier de l’aoriste actif du verbe տամ «donner», est ici utilisée pour la 3ᵉ personne du même verbe. Sur ce développement apparu en moyen-arménien, voir HOVSEPʻYAN, Hišatakaranneri lezu, p. 68 et MARTIROSYAN, Development of the Aorist, p. 157-159 (le dialecte de Van, notamment, possède une forme de 3ᵉ personne qui semble continuer ետուր). 509 W 62, à partir du f. 303v1 = H15C 337, p. 246; TAŠEAN, Cʻucʻak Mxitʻareancʻ, nᵒ 62, p. 284. 510 HMM, nᵒ 245, p. 435; MANUKEAN, Šēk awetaran, p. 124-125; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ M-XV-11, p. 193 (mais selon MANUKEAN, loc. cit., ce Mkrtičʻ-ci ne serait le miniaturiste que du dernier manuscrit mentionné); KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ, p. 47. 511 Sur l’histoire de ce manuscrit double, voir MANUKEAN, Šēk awetaran, p. 122-127. 512 VDK, f. 336r = MANUKEAN, Šēk awetaran, p. 130.

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Il manque dans ce texte les §§ 9 et 12; surtout, il manque tout le reste du type de Xizan. Cette tendance à la sélection d’un passage ou l’autre est confirmée par l’examen des colophons d’autres manuscrits de Yovanēs IV, tels que V 1196 (1499: I; IV, 12-13; 16; V) ou VAS* Van, Haykavankʻ 256 (1508: I; V)513. Rappelons que les modèles de Yovanēs IV sont les manuscrits de Yovanēs III et Mkrtičʻ IV, où le type de Xizan est déjà condensé et élagué; Yovanēs IV, en sélectionnant certains extraits, ne fait que s’inscrire dans leur continuité. Mkrtičʻ V Hizancʻi, collaborateur de Yovanēs IV et illustrateur du deuxième manuscrit du codex VDK, est aussi le dernier représentant du scriptorium urbain de Xizan avant l’interruption temporaire des activités de celui-ci au cours du XVIᵉ siècle. Lui aussi participe à ce mouvement de délitement du type de Xizan. Dans son colophon au second élément du codex VDK (1507), Mkrtičʻ V emploie uniquement la section I du type de Xizan514. Le deuxième colophon conservé de ce copiste, celui de l’évangile VAS* Kłzi de 1509, est connu de façon fragmentaire. On y lit notamment un écho de IV, 16: Տէր Աստուած մեր անդրդուելի պահէ զաթոռ հայրապետական եւ թագաւորական «Que notre Seigneur Dieu garde inébranlables les trônes patriarcal et royal»515. Nous avons déjà vu, au cours de l’histoire du type de Xizan, combien celui-ci a pu être malmené, déformé, réarrangé par les copistes dans son lieu même d’origine, avant d’être repris en main par une nouvelle génération, qui se réapproprie avec plus de fidélité les modèles anciens. Ce même mouvement de refonte s’observe avec Yovanēs IV et Mkrtičʻ V; cependant, le retour aux sources ne se produira jamais. En effet, la baisse générale de la production manuscrite arménienne dans la première moitié du XVIᵉ siècle516 semble avoir porté un coup d’arrêt définitif à la tradition directe de l’emploi du type de Xizan, en s’opposant à sa reprise par de nouvelles générations de copistes. Étant donné qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, de recueil de colophons couvrant cette période, ce constat, basé sur la consultation de plusieurs catalogues — dont notamment ceux de Jérusalem et de Venise, et particulièrement celui des manuscrits du Vaspurakan, compilé par E. Lalayean avant le génocide — et sur l’étude des manuscrits de Xizan par H. Kurdian, ne saurait être considéré comme LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 263, col. 631-632. VDK, f. 334r = MANUKEAN, Šēk awetaran, p. 135. 515 VAS* Kłzi, f. inconnu = LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 266, col. 640. 516 Voir à ce propos KOUYMJIAN, Dated Manuscripts, p. 429 et les graphiques p. 433-434. Cf. aussi DER NERSESSIAN, Chester Beatty, p. xxxviii, pour le cas particulier de Xizan. 513 514

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définitif517. Il est toutefois manifeste qu’au XVIIᵉ siècle, pour lequel nous disposons d’une documentation plus abondante, le type de Xizan ne fait plus partie du répertoire de composition des copistes de Xizan. C’est la section I, extrêmement fréquente dans les productions de cette époque, qui survit le mieux à l’épreuve du temps. Cette section est déjà la mieux conservée par les derniers copistes de Xizan au début du XVIᵉ siècle, Yovanēs IV et Mkrtičʻ V, amorçant une tendance qui se confirme à la fin du XVIᵉ et au début du XVIIᵉ siècle. Enfin, dans de rares cas, l’on observe une reprise de certains éléments du type de Xizan dans d’autres manuscrits que les tétraévangiles. On citera le ménologe M 4690, copié en 1475 par Yovanēs III à Xizan et destiné «à la porte de la Sainte-Mère-de-Dieu, et de la Sainte-Résurrection, et de SaintSerge-le-Stratélate et de son fils Martyrios, et de Saint-Georges, qui est un peu plus loin», où le début de la section III du formulaire se laisse reconnaître: Արդ, գրեցաւ տառս այս ձեռամբ յոգնամեղ անարհեստ գրչի Յովանէս քահանայի, եւ իմ անընդունակ գոլով յարուեստ գրչութեան գրիս, զի կար մեր այս է։ Or ce livre fut écrit de la main du grand pécheur et scribe sans art Yovanēs kʻahanay, alors que je suis (litt. et moi étant) inapte dans l’art de l’écriture de cet écrit, car telle est ma capacité.518

3.5.2. Les autres centres de copie du lac de Van et du Vaspurakan Globalement, la situation dans les autres centres de copie évoqués dans ce chapitre suit la même tendance que le scriptorium urbain de Xizan. Dans les centres encore actifs après le XVᵉ siècle, principalement ceux de la région de Moks, les colophons d’évangiles porteront encore souvent la marque du type de Xizan, spécialement de son incipit, sans toutefois perpétuer l’ensemble du formulaire. Certains copistes de Moks et du faubourg de Dašt, toutefois, se montreront plus fidèles au type de Xizan que les artistes de Xizan même, en en reproduisant le texte de façon relativement complète et conforme519. Cette situation, où la périphérie fait preuve de conservatisme par rapport au foyer d’origine du formulaire, s’observait déjà au XVᵉ siècle, notamment avec le cas d’Aṙakʻel de Dašt. On constate le même phénomène dans le tétraévangile V 1660, copié en 1557 par Aharon dans le village de Pʻagaǰuk (pers. Pekāčūk)520, proche Jér.2 I-XI; Ven. I; LALAYEAN, Cʻucʻak I; KʻIWRTEAN, Xizani dprocʻ. M 4690, f. inconnu = H15B 486, p. 387. 519 Par exemple dans l’évangile M 5540, copié à Moks en 1616 (H17A 764a, p. 576-577; LALAYEAN, Cʻucʻak I, nᵒ 363, col. 850-852). 520 TełBaṙ V, p. 2283 s.v. Pʻayaǰuk; ATʻAYEAN, Salmast, p. 26-28. 517 518

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CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

de Salamast (ou Salmast, pers. Salmās, au nord-ouest du lac d’Ourmia). Après la doxologie initiale, le colophon de ce manuscrit521 suit fidèlement les sections III et IV, 1-8 du type de Xizan telles qu’elles sont réalisées dans les manuscrits P 333, de Yovannēs de Xizan, et M 5727, de son élève Stepʻannos. Grâce à un colophon ultérieur dans P 333, nous pouvons affirmer que c’est ce manuscrit qui servit de modèle à V 1660. En effet, cette note, de la main d’un certain Martiros, nous apprend que P 333 était conservé à Salmast à un moment donné de son histoire: Դարձեալ կրկին անգամ յիշեցէք ’ի մաքրափայլ յաղօթս։ զգնօղ ս(ուր)բ աւետարանիս որ գնեաց ’ի գերութենէ զաւետարանս զհաւատարիմ տանուտէրն ըռէս Յակոբն … Աւետարանս գերացաւ ’ի Սալամաստայ. եւ բերաւ ’ի Կանկւարս. եւ տեսեալ զսա ըռէս Յակոբ ’ի ձեռս այլազգաց եւ զղջացաւ ’ի միտս իւր եւ ազատեաց ’ի ձեռաց անօրինաց … À nouveau, une seconde fois, souvenez-vous dans vos prières limpides de l’acheteur de ce saint évangile, qui acheta cet évangile [pour le tirer] de captivité, le tanutēr ǝṙēs Yakob … Cet évangile fut fait captif à Salamast et fut emporté [ici] à Kankwar522; et le voyant dans des mains étrangères, ǝṙēs Yakob le regretta dans son esprit et il [le] sauva des mains des infidèles …523

Ce colophon n’est pas daté, mais a sans doute été rédigé au XVIIᵉ siècle, étant donné que tous les colophons secondaires datés qui précèdent celuici dans les derniers feuillets du manuscrits sont du XVIIᵉ siècle524. Vu la similitude des colophons et la présence de P 333 à Salmast après la copie de V 1660 dans cette région, il ne fait pratiquement aucun doute que P 333 était bien le modèle de V 1660. 4. CONCLUSIONS À l’issue de ce chapitre se dessinent de nouvelles modalités d’évolution des formulaires des colophons. Nous avons déjà constaté avec le type de Tʻonrak la tendance des copistes à s’éloigner au fil du temps des formulaires trop contraignants, qui deviennent des sources de «morceaux choisis» 521

V 1660, à partir du f. 244r = Ven. I, nᵒ 119, col. 528-530. Village du Vaspurakan, auj. Örmeli, à 110 km à l’ouest de Salamast (TełBaṙ II, p. 93539361 s.v. Kangvar; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 276 s.v. Kanguar; NİŞANYAN, Adını Unutan Ülke, p. 344 s.v. Örmeli; IA s.v. Örmeli; OUZOUNIAN, Manuscrit de Paris, p. 28, n. 17). 523 P 333, f. 279r2, 279v2 (d’après transcription d’A. Ouzounian). Voir aussi KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 333, col. 942. 524 KÉVORKIAN – TER-STÉPANIAN, nᵒ 333, col. 941, donnent pour notre colophon la date de 1601, tirée de l’un de ces autres colophons secondaires, au f. 278r. Toutefois, rien ne permet d’affirmer que les deux colophons aient été écrits au même moment. 522

CONCLUSIONS

339

mais ne sont plus copiés dans leur totalité. Au scriptorium urbain de Xizan, c’est plutôt une dynamique de déviation progressive par rapport à la norme, balancée par un retour périodique aux modèles, qui s’observe. Cette évolution caractérise la production individuelle de chaque copiste, en même temps qu’elle constitue un mouvement de fond, affectant toute l’histoire du scriptorium. Le type de Xizan traverse comme un fil rouge la production de manuscrits des Évangiles dans la ville de Xizan de la fin du XIVᵉ au début du XVIᵉ siècle. Nous avons rassemblé dans un tableau (fig. 25) l’ensemble des manuscrits de ce centre de copie, avec leurs copistes et leurs illustrateurs. Cette synthèse, basée notamment sur le travail d’A. LeyloyanYekmalyan525, reprend seulement les manuscrits dont l’attribution au scriptorium urbain de Xizan est certaine ou très vraisemblable. Une proportion importante des manuscrits qui y sont cités ont été discutés au cours de ce chapitre. Pratiquement tous les tétraévangiles l’ont été, et la majorité font partie du corpus du type de Xizan (cf. fig. 22). On voit, grâce à ce tableau, l’importance des relations familiales, ainsi que des rapports de maître à élève, dans le fonctionnement du scriptorium. Ce phénomène a déjà été mis en lumière par Leyloyan-Yekmalyan à propos des miniaturistes de Xizan et d’Ałtʻamar aux XIVᵉ et XVᵉ siècles526. Pour ce qui est des copistes, un cas intéressant est celui de Mkrtičʻ III, actif au scriptorium urbain de Xizan de 1457 à 1468: ce scribe est pratiquement le seul à ne pas faire usage du type de Xizan dans ses colophons de tétraévangiles, or c’est aussi le seul à qui l’on ne connaisse ni liens de parenté, ni rapport avec un maître, parmi les autres copistes du centre. La transmission des formulaires est donc, il faut le souligner, une affaire de relations interpersonnelles: deux copistes actifs au même endroit au même moment, s’ils n’ont pas bénéficié de la même formation, peuvent faire preuve dans leurs colophons d’un style totalement différent. Dans les centres secondaires où le type de Xizan est utilisé, deux tendances contradictoires semblent se dégager. Bien souvent, on constate que ces copistes périphériques (Vardan de Cpat, Aṙakʻel de Dašt notamment) dévient peu de leur modèle et y demeurent plus fidèles que leurs collègues de Xizan. D’un autre côté, plus ces centres sont éloignés de Xizan, plus le 525 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 159-219; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Simēon Arčišecʻi. 526 LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, spéc. p. 155-158 et 221-223; LEYLOYANYEKMALYAN, Simēon Arčišecʻi.

filleul de Petros

fils de Melkʻesētʻ et Tirancʻ

Nersēs kʻahanay

Stepʻannos II kʻahanay

?

fils de Mkrtičʻ I

Ṙstakēs Zakʻariay kʻahanay

1404-1426 M 5727 (1404) BAY* S. Hreštakapet s. n. (1420) M 5418 (1426) 1421 VAS* Van, Tiramayr s. n. C (1421)

1397 M 7629 (1397) 1401-1417 M 4223 (1401) MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15 (1413) M 3202 (1417) 1413-1414

M 6925 (1395)

1395

Stepʻanos I kʻahanay

fils de Zakʻarē et Ēlxatʻun élève de Grigor kʻahanay

NOJ 404 (1392?) VAS* Moks, S. Yakob 21 (ca. 1393) P 333 (1393-1394) NOJ 618 (ca. 1390-1400) M 1875 (ca. 1394-1400) PC ign. (ca. 1400) M 346 (1400) M 5458 (1401) M 5562 (1402) M 4684 (1407) M 5444 (1417) NOJ 567 (?)

ca. 13921417

Manuscrits copiés M 6036 (1371) [lieu incertain]

Activité 1371

Liens familiaux et scolaires

fils de Zakʻarē et Ēlxatʻun élève de Grigor kʻahanay Yovannēs I kʻahanay, fils de Mkrtičʻ I dit «Xizancʻi» élève de Grigor kʻahanay

Mkrtičʻ I kʻahanay

Nom

Cf. n.

MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15 (1413) M 5511 (?)?

M 7629 (1397)

326

394

393

NOJ 404 (1392?) 370 P 333 (1393-1394) NOJ 618 (ca. 1390-1400) M 1875 (ca. 1394-1400) PC ign. (ca. 1400) M 346 (1400) M 4223 (1401) M 5458 (1401) M 5727 (ca. 1401) M 5562 (1402) M 4684 (1407) M 5444 (1417) NOJ 567 (?)

Manuscrits illustrés

340 CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

425

327 416

428

507

510

MSB 22 (1489)

W 62 (1497)? V 1196 (1499)?

M 5396 (1499) VDK (B: 1507)

SOU L1988.237 (1457)? 417 NOJ 684 (1459)? M 7757 (1468) 426

M 7566 (1460)

Fig. 25. Le scriptorium urbain de Xizan: copistes, artistes, œuvres (XIVᵉ-XVᵉ siècles)

fils de Zakʻariay

1425 BIT* S. Gēorg s. n. A (1425) 1456-1462 VAS* Ktucʻ s. n. C (1456) VAS* Van, Farčuleancʻ (1456) M 10521 (1462) Yovanēs II kʻahanay fils de Mkrtičʻ II et Xatʻ-Melēkʻ 1460-1475 M 7566 (1460) élève de Mkrtičʻ II M 4690 (1475) Mkrtičʻ III kʻahanay fils d’Avran et Ałutʻ 1457-1468 SOU L1988.237 (1457) NOJ 684 (1459) M 7757 (1468) Yovanēs III kʻahanay fils de Tʻumay kʻahanay et Xond-Melikʻ 1474-1486 M 4779 (1474) élève de Mkrtičʻ II et Yovanēs II M 4690 (1475) VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17 (1486) Mkrtičʻ IV kʻahanay fils de Sultʻanšē et Tʻurvandē 1482-1497 VAS* Van,Yaynkoysner 46 (1482) élève de Yovanēs III et Pʻilippos M 5361 (1486) kʻahanay MSB 22 (1489) M 5402 (1497) Yovanēs IV kʻahanay fils de Mkrtičʻ (IV?) et Šamam 1496-1508 MUSA* Ełrdut [9] (1496) élève de Yovanēs III et Pʻilippos W 62 (1497) kʻahanay M 5399 (1499) V 1196 (1499) VDK (A: 1504) NOJ 533 (1507) VDK (B: 1507) VAS* Van, Haykavankʻ 256 (1508) M 4791 (?) ? 1498 M 8588 (1498) Mkrtičʻ V Hizancʻi 1499-1509 VDK (B: 1507) VAS* Kłzi (1509)

Karapet Mkrtičʻ II kʻahanay

CONCLUSIONS

341

342

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN

formulaire semble fragile: tout se passe comme si la tradition était ressentie de façon moins contraignante à mesure que l’on s’éloigne de Xizan. C’est ainsi que les colophons des copistes Azariay, à Saint-Barthélémy d’Ałbak, et surtout Mikʻayēl erēcʻ, à Hunjkʻ près d’Arčēš, ont tendance à s’écarter de leur modèle davantage que ceux des scribes actifs à Xizan ou à Moks. L’examen de la répartition géographique des colophons apporte également son lot d’informations. On voit en effet que le type de Xizan a surtout touché les régions du sud-ouest du lac de Van et particulièrement, outre Xizan même, la région de Moks. En revanche, aucun manuscrit des nombreux et importants centres de copie situés à l’est (Ałtʻamar, Van, Lim notamment) ou au nord (Arčēš, Berkri, Mecopʻ, etc.) du lac ne témoigne de l’influence du type de Xizan — les manuscrits copiés par Mikʻayēl erēcʻ de Hunjkʻ constituant une intéressante exception, dont nous n’avons pas pu déterminer la cause exacte. Dans ces centres, les colophons de tétraévangiles font usage d’autres formulaires de colophons. En particulier, les évangiles copiés au XVᵉ siècle à Ałtʻamar présentent un formulaire comparable au type de Xizan, mais dont l’origine semble distincte. Nous avons pu déterminer que la source de ce texte est antérieure à l’activité de Yovannēs de Xizan, car on en retrouve des éléments dans un colophon rédigé à Ałtʻamar en 1377 (M 6402)527. Ce formulaire, qui doit également sa naissance aux textes de Yovanēs d’Ałētʻ, mériterait également une étude détaillée. Depuis longtemps, les historiens de l’art ont établi une distinction, au sein du style dit du Vaspurakan, entre l’école de Xizan, au sud et à l’ouest du lac, et l’école de Van, à l’est et au nord, en se fondant principalement sur l’étude des cycles de miniatures narratives dans les tétraévangiles528. Cette différence paraît se vérifier également dans les colophons de ces tétraévangiles. Comparativement aux autres formulaires développés par Yovanēs d’Ałētʻ — le type d’Ałētʻ et le type de Tʻonrak —, le type de Xizan a connu un succès beaucoup plus large. Comment expliquer cette différence de réception pour trois modèles d’un même auteur? La personnalité de Yovannēs de Xizan semble avoir été un facteur déterminant. C’est en effet grâce à son activité que notre formulaire connaît un véritable essor, non seulement à Xizan, mais aussi dans d’autres centres de copie de la région. Yovannēs de Xizan était célèbre à la fois comme copiste et comme miniaturiste, et ce, 527 528

M 6402, f. 347v = H14 648b, p. 522. Cf. p. 265.

CONCLUSIONS

343

relativement tôt dans sa carrière: dès 1401, il s’est vu confier la restauration d’un manuscrit précieux et important, le tétraévangile du roi Hetʻum Ier (M 5458)529. Ses œuvres ont donc joui d’une audience à la fois large et durable, comme en témoigne toute l’histoire de la tradition du type de Xizan (voir fig. 26). C’est grâce à ce succès que le modèle de Yovanēs d’Ałētʻ et archétype de notre tradition, MUSA* 22, a été perpétué jusqu’à devenir une référence pour des générations de copistes arméniens. Contrairement aux autres manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ, productions modestes du point de vue artistique, MUSA* 22 devait être un manuscrit de prestige. Selon la description qu’en a laissée S. Mouradian, le codex mesurait 27 × 20 cm; il contenait 17 miniatures narratives et 14 xorans, en plus des initiales ornées et des décorations marginales530. Malheureusement, la disparition du manuscrit rend impossible toute appréciation de la qualité et du style de cette ornementation. Toutefois, nous avons vu aux chapitres précédents que Yovanēs d’Ałētʻ ne décorait pas lui-même ses manuscrits; pour ses productions à Ałētʻ et à Tʻonrak, il a collaboré avec l’enlumineur Tʻoros sarkawag. Il est raisonnable de supposer que de la même façon, MUSA* 22, copié en Cilicie, a été décoré par un artiste cilicien. Quel impact cette iconographie a-t-elle eu sur les créations de Yovannēs de Xizan et de l’école dite de Xizan, réputées si originales et différentes des œuvres ciliciennes? La présence dans la région de Xizan de MUSA* 22 a-t-elle contribué à cette influence cilicienne que S. Der Nersessian décelait dans le décor d’un certain nombre de manuscrits du lac de Van au XVᵉ siècle, et notamment NOJ 559, copié par Vardan à Ginēkancʻ en 1447531? Il serait difficile de répondre à ces questions, mais au regard du succès du colophon de MUSA* 22, il est légitime de s’interroger également sur la postérité des illustrations de ce manuscrit.

LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, p. 41-44. MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 22, p. 26. 531 DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 111-127. Cf. DER NERSESSIAN, Chester Beatty, p. xxxiv-xxxv. 529 530

344

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN — 1330 MUSA* 22 — 1340

Xizan (scriptorium urbain)

Yovannēs I

VAS* Moks, S. Yakob 21

— 1390

P 333 Zakʻaria M 5562

— 1400

M 4223 MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15

Stepʻannos II

M 5727

— 1410

?

M 5444 BAY* S. Hreštakapet s. n.

— 1420

VAS* Van, Ararkʻ 11 M 5418

M 4827 Vardan NOJ 559 M 9841

Mkrtičʻ II VAS* Ktucʻ s. n. C

M 11013 M 5331

M 10521

Sēri vankʻ Dašt VAS* Moks, S. Yakob 20

Aṙakʻel

Mkrtičʻ IV ?

VAS* Van, Tiramayr s. n. B

M 3857 s. n. B

Yovanēs II M 7566

M 3049

M 8933

— 1440

DU 566 BAL 543

M 4922 — 1450

— 1460 M 2418

Hunjkʻ Mikʻayēl

— 1470

M 4779 Yovanēs III M 4690

VAS* Šatax 1

NOJ 390 VAS* Šatax, Dašt

St-Gamaliel Yovhannēs vardapet

— 1430

VAS* Van, Yaynkoysner 46

— 1480 VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17

M 5361

— 1490

MSB 22

W 62 V 1196 VDK (1e VDK (2e partie) partie) VAS* Van, VAS* Kłzi Yovanēs IV Haykavankʻ 256

— 1500

— 1510

Mkrtičʻ V

— 1550

V 1660

Fig. 26. Le type de Xizan: stemma colophonum (les cercles entourent des manuscrits copiés par le même scribe; les manuscrits cités en italiques sont influencés par le type de Xizan)

— 1560

TROISIÈME PARTIE Au sein des variantes de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», nous avons délimité deux ensembles principaux: d’une part les types attachés à un centre de copie («types locaux»), d’autre part ceux attachées à un individu («types personnels»). Dans les deux catégories, les variantes sont en principe liées à un texte précis (Évangiles, psautier, bréviaire, etc.). Les types personnels, qui font l’objet de cette troisième partie, justifient la qualité du modèle (աւրինակ) par son attribution à une figure marquante dans l’histoire de ce texte. Les manuscrits qui présentent ce type de formule se disent recopiés d’après l’exemplaire de ce personnage, mais dans une majorité de cas, plutôt que d’avoir été copiés sur son exemplaire autographe, ils s’insèrent dans une tradition remontant à celui-ci. Deux types seront discutés dans cette partie, correspondant à deux archétypes célèbres. Il s’agit ici aussi de tétraévangiles, celui de Grigor Murłanecʻi (chapitre 7) et celui de Tʻoros pʻilisopʻay (chapitre 8). Suivant le plan que nous avons déjà mis en œuvre dans les parties précédentes, chaque chapitre comportera d’abord une section consacrée à la présentation et à l’analyse des textes. Étant donné la nature particulière des types personnels, un point séparé traitera ensuite des questions de l’identification et de la localisation de l’exemplaire et de son auteur. Enfin, dans un troisième temps, l’histoire de chaque formule sera retracée de façon détaillée. On trouvera à chaque fois dans la conclusion, comme pour les chapitres précédents, un stemma colophonum synthétisant les rapports entretenus par les manuscrits envisagés au cours du chapitre.

CHAPITRE VII

LE TÉTRAÉVANGILE DE GRIGOR MURŁANECʻI 1. INTRODUCTION Nous commençons notre exploration des types personnels de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» par le plus ancien et le plus connu d’entre eux, celui qui concerne l’exemplaire des évangiles de Grigor Murłanecʻi. Cet archétype est mentionné dans douze manuscrits, qui s’échelonnent du milieu du XIIᵉ siècle à la première moitié du XIVᵉ siècle (sauf pour un exemple tardif au début du XVIIᵉ siècle). De Grigor Murłanecʻi1, nous ne savons rien, sinon qu’il fut un scribe renommé; nous n’avons gardé aucun manuscrit signé par lui, ni aucun témoignage contemporain à son propos. Pourtant, le tétraévangile qu’il avait copié était tenu en très haute estime par les copistes qui l’ont utilisé, comme ceux-ci le montrent à travers leurs colophons. Après avoir rassemblé et commenté une première fois lesdits colophons, on prendra le temps d’analyser dans le détail le peu d’informations disponibles à propos de Grigor Murłanecʻi et de son exemplaire pour caractériser ce dernier le mieux possible. Ceci fait, la majeure partie du chapitre sera consacrée à l’histoire de la formule et, partant, de la tradition relative à l’exemplaire de Murłanecʻi. Il faudra d’abord élucider ce qui s’est passé durant le siècle qui sépare la rédaction de l’exemplaire et le premier manuscrit à en porter témoignage. Ensuite, on discernera dans la tradition plusieurs branches, correspondant chacune à un certain espace géographique. Enfin, on expliquera pourquoi le modèle de Murłanecʻi n’est plus guère invoqué dans les colophons après le milieu du XIVᵉ siècle. Les conclusions reviendront sur les liens qui auront été décelés entre les différents manuscrits étudiés, mais aussi sur l’apport de ce chapitre à la compréhension des mécaniques de transmission des traditions dont les formules de colophons sont le reflet. On y fera également le point sur l’importance méconnue de certains centres de copie au XIIᵉ siècle, ainsi que sur des avancées méthodologiques concernant l’analyse des «types personnels». HAB I, s.v. Grigor 271, p. 573; POŁAREAN, Gričʻner, p. 10-20; POŁAREAN, Grigor Murłanecʻi; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 76-78; DJANACHIAN, Miniatures, p. 179-180. 1

348

CHAPITRE VII. LE TÉTRAÉVANGILE DE GRIGOR MURŁANECʻI

2. TEXTES 2.1. Corpus Le corpus de la formule relative à l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi se compose de douze manuscrits. Ce sont tous des tétraévangiles, pour la plupart copiés dans une période de deux siècles, entre 1144 et 1342. Certains copistes font allusion à plusieurs reprises à leur exemplaire, soit au sein du même colophon, soit dans plusieurs notes différentes. Le nom de Murłanecʻi apparaît dans les colophons de neuf manuscrits. Par ailleurs, le corpus comprend aussi un manuscrit dont la formule de colophon ne précise pas l’identité de l’exemplaire et trois manuscrits se réclamant d’un autre exemplaire, dit «de Kostandin Uṙhayecʻi». Nous montrerons comment ceux-ci descendent également du modèle de Murłanecʻi2. Le total s’élève à seize mentions dans treize colophons différents; celles-ci sont présentées dans la table qui suit. No

Cote

Date

Formule

Lieu

Auteur(s)



W 659 (f. garde)

1144

այսմ անգիւտ մարգարտիս եւ Édesse ամենալաւ աւրինակիս որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ ճարտարագիծ գրչի

Karapet (cop.)

14

V 1568

1151

յնդիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ

[Yovhan]ēs (cop.)

16

MUSA* 1 1157 (mod.), 1259

յընտիր եւ լաւ աւրինակէ որ [Hṙomkla] կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ (modèle); գրչի ճարտարի [Édesse]

Kostandin Uṙhayecʻi (cop. modèle); Vardan Uṙhaecʻi (cop.)

18

ANN 141

1161

յամենալաւ աւրինակէ, որ կոչի Édesse Կոստանդին Ուռհայեցւոյ

Vasil kʻahanay Uṙhayecʻi (cop.)

45

M 7734

1219

ի փառաւոր աւրինակէ որոյ Մուրղանեցի կոչիցի

Kozma (cop., [ill.])



V 325

12291230

այսմ անգիւտ մարգարտիս եւ ThéodoGrigor (cop., ill.) ամենալաւ աւրինակիս որ sioupolis կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ (= Reshaïna) ճարտարագիծ գրչի եւ անյաղթ գիտնականի

2

Voir p. 365-369 et 381-382.

Cov amrocʻ

Barǰanča anapatik

349

COMMENTAIRE

No

Cote

Date



AMM* [2] 1238



M 2814

Formule

… յաղագս աւրինակի / սա է Sandul ընտիր եւ գովելի / ի գրչէ յոյժ anapat ճարտարի / Ուռհայեցի Կոստանդընի / փոխակերպեալ յայս քարտենի։

ca. 1271 Գրիգորի Մուրղանեցւոյն աւրինակ



ի Գրիգորայ Մուրղանեցոյն աւրինակէն

66

ի գովելի աւրինակէ ուղիղ եւ լի արուեստիւ ի բան եւ ի գիր ի տուն եւ ի ստոր եւ ի գրադարձս եւ յեղանակս եւ ի վանկս եւ յառոգանութիւնս զոր կոչեն Գրիգորի Մուրղանեցոյ ի բազմաց վկայեալ



J 2588

1306

[Nor] Getik

այս սքանչելի աւրինակս որ Erzeroum հազիւ կայցէ այսպիսի ընտիր աւրինակ ճշգրիտ եւ իմաստնոց վարդապետաց ճշգըրտած

Auteur(s) Grigoris ergecʻoł Sscʻi (cop.)

Mxitʻaričʻ (cop., ill.)

Astuacatur abełay (cop.)

ի ստոյգ յընտիր աւրինակէ որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ

100 —

Lieu

M 280

1310

միւս աւրինակ … որ կոչի Մուրղանեցի

Bayburt

tēr Awag kʻahanay (cop.)

Varzehan

Yohan krōnawor (cop., ill.)

112 M 10283

XIIIᵉ s.- ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ ca. 1310 որ կոչի Մուրղանեցի

178 M 7642

1342

ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ կոչեցեալ Մուրղանեցոյ

[Erzeroum?] Simēon ērecʻ (cop.)

488 ALQ 11

1612

յամենալաւ աւրինակէ որ կոչի Ուրհայեցի

Ǝnkuzek anapat

Aṙakʻel episkopos (cop.)

Fig. 27. L’exemplaire de Grigor Murłanecʻi: corpus

2.2. Commentaire Ainsi qu’il est patent dans le tableau ci-dessus (fig. 27), les auteurs de colophons ne tarissent pas d’éloges à propos de l’exemplaire de Grigor

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CHAPITRE VII. LE TÉTRAÉVANGILE DE GRIGOR MURŁANECʻI

Murłanecʻi. Cela se traduit par une vaste palette de qualificatifs: ամենալաւ «très bon, excellent» (W 659, ANN 141, V 325, ALQ 11), փառաւոր «glorieux» (M 7734), գովելի «louable, recommandable» (AMM* [2], M 2814), ուղիղ «droit, correct» (M 2814), սքանչելի «merveilleux, admirable» (J 2588), ճշգրիտ «exact» (J 2588) et, bien sûr, ընտիր «de choix» (V 1568, MUSA* 1, AMM* [2], J 2588, M 10283, M 7642), լաւ «bon» (MUSA* 1) et ստոյգ «sûr» (V 1568, J 2588, M 10283, M 7642). Parfois, aucun adjectif de ce genre n’est appliqué à l’exemplaire: cela s’explique soit parce qu’il est évoqué au cours d’une énumération (M 280), soit parce que le copiste y revient plus tard (M 2814). Selon l’un des copistes (M 2814), ce manuscrit de Murłanecʻi est en outre լի արուեստիւ ի բան եւ ի գիր, ի տուն եւ ստոր, եւ ի գրադարձս եւ յեղանակս, եւ ի վանկս եւ յառոգանութիւնս «plein d’art pour le verbe et la lettre, pour le verset et la virgule3, pour les retours à la ligne et les modes, pour les syllabes et les signes diacritiques (litt. prononciations)4» — un développement qui n’est pas sans rappeler la séquence ամենայն արհեստիւ լի եւ պատարուն՝ բան եւ տնհատ, հրաման եւ ստորատ, միջնակտուր եւ վերնակէտ «plein et rempli de tout art: mot et division en versets, précepte (uel accent?) et virgule, coupure médiane et point en chef», qui qualifiait l’exemplaire de Kozma hṙetor (M 10434) dans les deux évangiles de 1201 de l’ermitage Saint-Grégoire du mont Sepuh (J 3274 et J 3349)5. Le même copiste ajoute encore à propos de l’exemplaire de Murłanecʻi qu’il est ի բազմաց վկայեալ «attesté par beaucoup» (M 2814), tandis qu’un autre le dit իմաստնոց վարդապետաց ճշգրտած «vérifié [par] les sages vardapets» (J 2588): le texte de Grigor Murłanecʻi était donc digne de foi, et pouvait faire autorité. Sur un ton plus poétique, on trouve dans deux manuscrits une métaphore pour désigner leur modèle: անգիւտ մարգարիտ «perle introuvable» (W 659, V 325), ce qui fait référence autant à la valeur qu’à la rareté de l’exemplaire6. Quant à Grigor Murłanecʻi lui-même, les colophons le disent գրիչ ճարտար «scribe adroit» (MUSA* 1, AMM* [2]) ou ճարտարագիծ գրիչ «scribe au tracé adroit» (W 659, V 325), voire անյաղթ գիտնական «savant invincible» (V 325), ce qui s’accorde naturellement avec les multiples 3 Dans ce contexte, ստոր «bas, dessous» est synonyme de ստորատ «virgule», cf. MHB, p. 718 s.v. stor. 4 Pour ce sens technique métonymique de առոգանութիւն «prononciation, prosodie», cf. NBHL I, p. 310 s.v. aṙoganutʻiwn [1]. 5 Cf. p. 115-116, 141-144 et 160. 6 Sur la métaphore de la perle pour qualifier les Évangiles dans les colophons, voir SIRINIAN, Libri per il paradiso, p. 288.

ÉTAT DE LA QUESTION

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qualités dont est paré son manuscrit. Enfin, trois colophons parlent plutôt de l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi (ANN 141, AMM* [2], ALQ 11): nous verrons plus loin dans ce chapitre qu’il s’agit d’une copie au second degré de l’archétype de Grigor Murłanecʻi. 3. LE MODÈLE ET SON AUTEUR Le prestige associé à l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi, son ancienneté ainsi que le mystère qui entoure son auteur ont contribué à attirer l’attention des chercheurs sur ce type de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» davantage que sur tous les autres. Plusieurs ont tenté de déterminer quel manuscrit — s’il existe toujours — constituerait le fameux exemplaire de Grigor Murłanecʻi, tandis que d’autres ont cherché à évaluer les liens qui unissent les différents manuscrits qui s’en réclament. Ces deux questions formant l’essentiel de notre propre recherche, il importe de commencer par en dresser l’historique. Dans un deuxième point, on s’interrogera sur l’identité de Grigor Murłanecʻi. Surtout, en troisième lieu, on cherchera à en savoir plus sur son exemplaire: s’agit-il d’un manuscrit qui existe encore aujourd’hui? si oui, lequel? et sinon, que peut-on supposer à propos des caractéristiques de ce manuscrit? Enfin, d’après les informations obtenues, on dressera le portrait de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi dans son cadre artistique, culturel, historique et géographique. 3.1. État de la question En commentant le colophon de V 325 dans le premier volume de son Grand catalogue des manuscrits arméniens de la bibliothèque des PP. Mekhitharistes de Saint-Lazare, B. Sarghissian a proposé d’identifier le manuscrit de Grigor Murłanecʻi au célèbre évangile dit de Trébizonde (V 1400), également conservé à Saint-Lazare. Sarghissian base sa conjecture d’une part sur l’antiquité de V 1400, d’autre part sur sa ressemblance avec V 3257. Dans son étude des anciens manuscrits enluminés conservés à Venise, M. Djanachian semble également accepter cette idée8. Un demi-siècle après la publication du catalogue de Sarghissian, dans un petit article consacré à Grigor Murłanecʻi, N. Bogharian reprend cette hypothèse et avance que le prestigieux évangile du roi Gagik de Kars (J 2556) serait le modèle 7 Ven. I, col. 573-574. Déjà à ce moment, dix feuillets illustrés qui étaient fort endommagés avaient été extraits de V 1400 pour constituer un nouvel ensemble relié à part, qui a depuis acquis la cote V 1925 (cf. Ven. I, col. 477 et MATHEWS – ORNA, p. 533). 8 DJANACHIAN, Miniatures, p. 179-180.

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du manuscrit de Murłanecʻi9. Cependant, Th. Mathews et Th. van Lint ont démontré récemment que cette idée ne tient pas, puisque le texte des Évangiles dans V 1400 présente des passages absents de J 2556; le style des miniatures narratives ainsi que les pigments utilisés distinguent également les deux manuscrits10. S. Der Nersessian, quant à elle, est d’avis que l’archétype n’a tout simplement pas survécu et que les informations connues à son propos n’autorisent pas à le dater11. L’historienne de l’art T. Izmaïlova a donné à la question une autre dimension. Au lieu de s’attacher à identifer l’archétype de Murłanecʻi, elle a préféré étudier l’héritage pictural de cet exemplaire, en se basant sur un groupe de manuscrits qui en font mention dans leurs colophons. Dans son article, intitulé L’exemplaire de Murghan dans la miniature arménienne (en russe), elle considère également avec ces manuscrits quelques autres tétraévangiles des XIIᵉ et XIIIᵉ siècles, qu’elle juge liés à la même tradition sur base de leurs colophons ou de leurs illustrations: M 7734, V Kurd. 2, V 938, M 7347 et TK* S. Errordutʻiwn12. Izmaïlova constate d’une part que les manuscrits apparentés à l’exemplaire de Murłanecʻi proviennent soit de Cilicie, soit des régions voisines au nord ou à l’est, et d’autre part que l’héritage pictural de ce manuscrit est réinterprété à sa façon par chacun des artistes qui s’en inspire. Cependant, le travail d’Izmaïlova pose problème, en partie parce qu’elle ignore certains détails à propos de ces manuscrits, en partie aussi en raison d’une méthodologie défaillante. Ces défauts ont été bien résumés par S. Der Nersessian13: premièrement, la similitude des portraits dans les manuscrits M 7347, V 938 et M 7734 n’est pas due à une dérivation à partir d’un même modèle, mais tout simplement au fait qu’ils sont de la même main, celle de Kozma hṙetor; deuxièmement, les miniatures de V 325 ne peuvent pas dériver du même modèle que celles des trois manuscrits précités, tant elles s’en distinguent par le style; enfin, troisièmement, la mention de l’exemplaire dans le colophon d’un copiste ne dit rien sur le POŁAREAN, Grigor Murłanecʻi, p. 72; POŁAREAN, Gričʻner, p. 18-20. MATHEWS – VAN LINT, p. 91-92. 11 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 11, n. 87. Ailleurs dans le même ouvrage, l’auteur affirme que «in 1144/5 the scribe Grigor Murghanetsi copied a manuscript at Edessa (Vienna, Mekhitharist Library 659)», ce qui reflète sans doute un stade antérieur de sa réflexion (DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 31 et de même p. 32). 12 IZMAJLOVA, Murganskij obrazec. Voir aussi IZMAJLOVA, Master i obrazec, p. 189191. 13 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 11, spéc. n. 87. 9

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prototype dont dérivent les illustrations. En effet, comme le souligne Der Nersessian, les colophons citent Grigor Murłanecʻi de façon constante en tant que scribe (գրիչ) ou savant (գիտնական), mais jamais allusion n’est faite à ses talents artistiques. Cet argument méthodologique est d’une importance primordiale et rejoint une précaution que nous avons déjà exprimée: le scribe et l’illustrateur étant bien souvent deux personnes différentes, qui ne travaillent pas forcément sur le même modèle, il peut s’avérer dangereux de considérer une formule de colophon comme preuve d’une filiation qui concernerait également l’iconographie — et vice versa, les illustrations seules ne disent normalement rien sur la parenté textuelle d’un manuscrit. La conclusion de Der Nersessian est sans appel: «References to the model by Grigor Murghanetsi might be helpful for the textual study of the Gospels but not for that of the illustrations, not even as a guide for establishing direct relations between them». Cet avertissement n’a toutefois pas reçu l’attention qu’il méritait, de sorte que lorsqu’E. Korkhmazian, dans son ouvrage posthume sur la miniature de Haute-Arménie, dresse à son tour la liste des témoins en lien avec Grigor Murłanecʻi, elle y inclut non seulement les manuscrits ajoutés par T. Izmaïlova mais d’autres encore (V 888, V 1012, V Kurd. 20, M 2743, M 3985)14. L’auteur arrive ainsi à un total de 25 témoins (dont trois archétypes reconstruits à partir des colophons), l’un, V 888, étant cependant compté deux fois. Cette liste, qui comporte tous les manuscrits de la nôtre à l’exception d’ALQ 11, mêle donc à la tradition colophonique de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi des manuscrits sans rapport direct avec celle-ci, par exemple les œuvres du scribe Kozma — y compris V Kurd. 20, qui est d’un homonyme15 — ainsi que différents codex attribués aux centres de Hṙomkla et Erzeroum. Les observations de Korkhmazian sur le plan iconographique demeurent importantes, mais cette faiblesse méthodologique jette le doute sur les résultats obtenus. C’est pourquoi une nouvelle évaluation s’impose, qui, contrairement aux travaux précédents, fasse la part des choses entre traditions colophoniques et iconographiques et s’appuie au premier chef sur le donné des colophons. 3.2. L’auteur: Grigor Murłanecʻi Comme précisé dans l’introduction de ce chapitre, les seuls témoignages existant à propos de Grigor Murłanecʻi se trouvent dans les colophons 14 15

KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 40-42 / 122-125. Voir p. 148-149.

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qui composent le corpus du type de Murłanecʻi16. Le plus ancien d’entre eux date de 1144 (feuille de garde de W 659), ce qui fournit un terminus ante quem. Mais à part cela, et en dehors du fait qu’il était un scribe de renom, nous ne savons donc rien de Grigor Murłanecʻi. On ignore même s’il était religieux ou laïc, car on ne lui connaît aucun titre. Seul son surnom, «Murłanecʻi», serait éventuellement susceptible de nous renseigner davantage, c’est pourquoi il importe de poser la question de son étymologie. Le suffixe -(a)cʻi indique une origine locale, comme dans Բիւզանդացի Biwzandacʻi «de Byzance», Երզնկացի Erznkacʻi «d’Erznka», Սսեցի Ssecʻi «de Sis», Խիզանցի Xizancʻi «de Xizan», etc. Cependant, aucune source arménienne ne semble connaître de toponyme *Murłani, ou *Murłan, dont pourrait dériver le surnom Murłanecʻi. Par contre, les données issues du recensement russe effectué en Transcaucasie en 1886 font figurer dans le district d’Ardahan, secteur de Göle, une localité du nom de Murxan. Murxan est alors habitée par quinze familles kurdes et une famille turque, et se compose apparemment de deux villages, «Haut-Murxan» (Мурханъ верхн[ій]) et «Bas-Murxan» (Мурханъ ниж[ній])17. D’après S. Nişanyan, cette localité, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kars, serait connue des Kurdes sous le nom de Morxan, Mûrikan ou encore Murkan; son nom turc actuel est Binbaşar18. Vu l’écart de plus de sept siècles qui sépare 1144, terminus ante quem de l’activité de Murłanecʻi, de 1886, date du recensement russe qui mentionne les villages de Murxan, et en l’absence de source arménienne, on ne saurait affirmer catégoriquement que Grigor Murłanecʻi provenait bien de cette localité proche de Kars. Cependant, la piste mérite d’être soulevée, ne fût-ce qu’au regard de l’hypothèse de N. Bogharian, qui identifie le modèle utilisé par Murłanecʻi au tétraévangile du roi Gagik de Kars (J 2556). Il s’agit maintenant de tester cette hypothèse et de préciser les liens de l’exemplaire de Murłanecʻi avec la cour de Kars.

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Voir p. 347-349. Svod stat. dannyx Zakavk. kraja, nᵒ VII.505; voir aussi TełBaṙ III, p. 9082 s.v. Murxan, Murkan, Murkan Nerkʻin et p. 9083 s.v. Murkan Verin. Il s’agit peut-être d’un toponyme d’origine iranienne: en persan, ‫ مرغان‬murghān est le pluriel de ‫ مرغ‬murgh «oiseau». L’étymologie par un mot kurde mûrikan «aux fourmis», citée par IA, s.v. Binbaşar, semble en revanche peu probante, quoiqu’un village de la région de Xarberd porte effectivement un tel nom en kurde (IA, s.v. Bağgülü). Une origine kartvélienne (cf. géo. ძურყანი murqʼani «aulne») n’est pas à exclure dans cette région en bordure du Tʼao-Kʼlarǯeti. 18 IA, s.v. Binbaşar (lire «Mûrikan» au lieu de «Murikan»). Cf. NİŞANYAN, Adını Unutan Ülke, p. 37 s.v. Binbaşar. 17

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3.3. Le manuscrit et son modèle 3.3.1. L’évangile du roi Gagik de Kars La plus ancienne mention de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi se trouve sur la feuille de garde de W 659 et est datée de 1144. Elle n’apporte toutefois, hormis ce terminus ante quem provisoire, aucune information susceptible d’aider à localiser l’archétype. En revanche, un colophon de 1157, conservé à l’état de fragment à l’intérieur du colophon du scribe de MUSA* 1 (copié en 1259), permet d’en savoir un peu plus. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce colophon dans le détail par la suite; pour l’instant, voici l’extrait qui nous intéresse: … յընտիր եւ լաւ աւրինակէ, որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ՝ գրչի ճարտարի, որոյ առեալ էր զաւրինակն ի գանձատանէն Գագկայ թագաւորին Հայոց եւ իրաւք ձեռաւք գրեալ զԱւետարանն մեծի կաթողիկոսին տեառն Գրիգորիսի։ … d’après un exemplaire de choix et bon, qui est appelé [exemplaire] de Grigor Murłanecʻi, scribe adroit, qui avait pris son exemplaire du trésor du roi des Arméniens Gagik et, de ses propres mains, [avait] écrit l’évangile du grand catholicos tēr Grigoris.19

Les personnalités ici mentionnées sont Gagik-Abas, roi bagratide de Kars de 1029 à 1064/5, et le catholicos Grigor II Vkayasēr (Grégoire II le Martyrophile, 1065/6-1105)20. Un autre manuscrit plus tardif, M 10283 (attribué au XIIIᵉ siècle par N. Kassabian et Ō. Eganyan, daté de ca. 1310 par N. Bogharian21), simplifie cette information en passant l’archétype sous silence. Le manuscrit copié par Murłanecʻi est dès lors directement mis en lien avec le trésor royal: … ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ, որ կոչի Մուրղանեցի, զոր լեալ էր ի գանձատանէ թագաւորացն Հայոց … … d’après un exemplaire sûr et de choix, qui est appelé Murłanecʻi, qui était issu du trésor des rois d’Arménie …22

C’est sur la base de ces témoignages que N. Bogharian a tenté d’identifier le fameux évangile du roi Gagik de Kars (J 2556) au modèle trouvé par Murłanecʻi. Selon S. Der Nersessian, la commande de J 2556 serait à situer 19 MUSA* 1, à la suite de la Lettre d’Eusèbe à Carpien = H13 243, p. 296; H5-12 203, p. 177; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 1, p. 1; POŁAREAN, Gričʻner, p. 11-12. 20 Voir p. 361-365. 21 GASAPEAN, Cʻucʻak, nᵒ 24, p. 49; Mat. II, col. 1085; POŁAREAN, Gričʻner, p. 16. 22 M 10283, f. 221v-223r (sans précision) = GASAPEAN, Cʻucʻak, nᵒ 24, p. 50; POŁAREAN, Gričʻner, p. 16-17.

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entre 1045 et 1054, date du sac de Kars, probablement en 1045 même23. En 1064/5, Gagik céda ses terres à Byzance, en échange de quoi il reçut un domaine en Cappadoce, qui comprenait également certaines propriétés dans le Pont. Jusqu’à son assassinat en 1068/9, Gagik résidait à la forteresse de Tzamandos (arm. Camndaw, tc Zamantı / Kuş kalesi), non loin de Césarée, d’où il administrait ses terres. Comme le suggère Th. Mathews, le scriptorium royal de Kars, ainsi que le tétraévangile J 2556, ont dû suivre le roi dans son émigration en Cappadoce en 1064/524. À Tzamandos, l’activité de copie se serait poursuivie, donnant naissance aux tétraévangiles M 275 (datable de 1071-1078) et V 1400, ainsi qu’à plusieurs autres manuscrits dont ne survivent que des miniatures isolées, remployées comme pages de garde dans des codex plus récents; de l’un de ces manuscrits serait issu le fameux portrait du roi Gagik et de sa famille, exécuté selon Mathews vers 1065 et qui se trouve aujourd’hui à la fin de J 255625. Que Grigor Murłanecʻi ait tiré son modèle «du trésor du roi Gagik» ne signifie donc pas forcément que celui-ci ait survécu en l’espèce de J 2556: cela veut seulement dire qu’il a été exécuté au plus tard aux alentours de la mort de Gagik, en 1068/9, possiblement sur commande du souverain. La toponymie semble confirmer que Murłanecʻi était originaire des environs de Kars; dans l’hypothèse où il aurait travaillé dans cette ville pour le scriptorium royal, il a probablement suivi ce dernier à Tzamandos en 1064/5, où il a pu poursuivre son activité. Étant donné que le catholicos Grigoris (Grigor II Vkayasēr) est explicitement mentionné comme commanditaire du manuscrit, cette copie n’a pu être réalisée qu’entre 1065 et 1070. Il y a donc de fortes chances pour que le modèle se fût déjà trouvé dans le trésor avant l’arrivée de la cour à Tzamandos. 3.3.2. L’évangile de Trébizonde Un manuscrit célèbre est candidat au titre d’exemplaire de Murłanecʻi: le tétraévangile dit de Trébizonde (V 1400), considéré par les historiens de l’art comme un proche parent de l’évangile du roi Gagik de Kars. En 23 DER NERSESSIAN, Évangile du roi Gagik, p. 86-87; cf. aussi ČʻUGASZYAN, Anii dprocʻ, p. 189. Th. Mathews émet une réserve à ce propos, estimant qu’il est possible que J 2556 ait été rédigé jusqu’en 1065; néanmoins, il accepte implicitement la datation de S. Der Nersessian lorsqu’il affirme que le manuscrit a survécu au pillage de Kars en 1054 (MATHEWS – VAN LINT, p. 85 et 88-89). 24 MATHEWS – VAN LINT, p. 88-89. 25 MATHEWS – VAN LINT, p. 88-93. MATHEWS – DASKALAKIS ont tenté de démontrer que ce feuillet appartenait à l’origine à un manuscrit différent de J 2556; on verra également les prudentes réserves émises par KOUYMJIAN, Interpretation, p. 117-119.

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l’absence du colophon, la datation et la localisation de ce manuscrit ne sont pas assurées; on pense habituellement qu’il fut rédigé au XIᵉ siècle pour les rois bagratides d’Ani26. Du point de vue du décor, S. Der Nersessian et d’autres ont remarqué la grande proximité de ces deux tétraévangiles27. En ce qui concerne les miniatures, on y décèle une certaine communauté stylistique, quoique celles de l’évangile de Trébizonde soient jugées plus «byzantinisantes» que celles de l’évangile du roi Gagik — ce qu’appuie la présence d’inscriptions grecques sur la plupart d’entre elles28. La palette de couleurs mise en œuvre dans ces deux manuscrits est par ailleurs relativement différente, en dépit de l’emploi de pigments à peu de chose près identiques29. Pour ces raisons, Th. Mathews a émis l’hypothèse que, malgré des différences notables, V 1400 pourrait provenir du même atelier que J 2556, à savoir le scriptorium royal de Kars-Tzamandos30. Un des manuscrits de notre corpus, V 325, présente des particularités dans le décor, l’orthographe et les annotations, qui le rapprochent de V 1400, à tel point que B. Sarghissian s’est demandé s’il n’en était pas une copie31. Dans ce cas, postule-t-il, l’évangile de Trébizonde et le fameux exemplaire de Grigor Murłanecʻi ne feraient qu’un. Toutefois, l’analyse des colophons permet de montrer que ce n’est pas le cas, V 325 ayant été copié sur un manuscrit aujourd’hui perdu, daté de 1144, dont seul a survécu le feuillet portant le colophon32. Si les ressemblances sont indubitables, notamment en matière d’iconographie, elles ne constituent pas un motif suffisant pour affirmer une filiation entre V 1400 et V 325. 26 DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 114; ČʻUGASZYAN, Anii dprocʻ, p. 187. Récemment AKOPJAN, Voprosy, a tenté de prouver que le manuscrit avait été copié dans la seconde moitié ou le deuxième tiers du XIᵉ siècle dans les provinces orientales de l’empire byzantin. 27 DER NERSESSIAN, Évangile du roi Gagik, p. 88 et 98; MATHEWS, Classic Phase, p. 62; MATHEWS – VAN LINT, p. 92. 28 DER NERSESSIAN, Art arménien, p. 114. 29 Voir MATHEWS, Classic Phase, p. 62 et le tableau dans MERIAN – MATHEWS – ORNA, 138 (col. A5 et A6), ainsi que MATHEWS – ORNA, p. 535, MATHEWS – SANJIAN, p. 56 et MATHEWS – VAN LINT, p. 92. À vrai dire, la position exacte de Th. Mathews quant à l’interprétation de l’analyse des pigments n’est pas très claire: cf. p. ex. en 1991 «the pigments are virtually the same. It must have been produced in the same circle» (MATHEWS, Classic Phase, p. 62), puis en 2014 «pigment analysis demonstrates a sufficiently different palette to posit different workshops» (MATHEWS – VAN LINT, p. 92). 30 MATHEWS – VAN LINT, p. 91-94; cf. à la note précédente ce qui est dit dans le même article à propos des couleurs des miniatures. 31 Ven. I, nᵒ 129, col. 568 et 570. Voir aussi DJANACHIAN, Miniatures, p. 179-180, ainsi que p. 80-81. 32 Voir p. 366-367.

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3.3.3. Spécificités textuelles Une autre façon d’envisager le problème est de s’intéresser au contenu du manuscrit plutôt qu’à son histoire. Après tout, les louanges des copistes, dans les colophons des tétraévangiles qui nous intéressent ici, se rapportent surtout à la qualité du texte. La question est dès lors la suivante: en quoi le texte de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi se distingue-t-il par rapport au reste de la tradition manuscrite des Évangiles? À défaut de pouvoir examiner le texte de chaque manuscrit relevant de cette tradition — une tâche ambitieuse, qui excéderait de beaucoup le cadre de la présente recherche —, nous nous contenterons des descriptions et des quelques reproductions qui en ont été publiées. Les tétraévangiles de Venise, en particulier, bénéficient, grâce au zèle de B. Sarghissian, d’un utile aperçu de leurs caractéristiques textuelles, qui fait généralement défaut dans les catalogues des collections de manuscrits arméniens. La table des manuscrits présentée plus haut (fig. 27) compte un seul manuscrit conservé à SaintLazare (V 325), mais d’autres manuscrits dont nous montrerons les liens avec la tradition de l’exemplaire de Murłanecʻi sont conservés à Venise (V 888, V 1568) et peuvent être inclus dans notre examen; qu’on nous permette dès lors d’anticiper en les citant33. En comparant les données issues de ces manuscrits à celles de V 1400 et J 255634, nous pourrons déterminer si l’exemplaire de Murłanecʻi peut être identifié à l’un de ces deux manuscrits et, si tel n’est pas le cas, estimer leur degré de proximité avec celui-ci du point de vue textuel. Comme dans beaucoup de manuscrits anciens, il semble que plusieurs péricopes dont l’authenticité est débattue aient manqué dans l’exemplaire de Murłanecʻi, à savoir la fin de l’Évangile de Marc (Marc. 16, 9-20), la péricope de l’ange et de la sueur de sang (Luc. 22, 43-44), le verset à propos de l’ange de la piscine de Bethesda (Ioh. 5, 4) et la péricope de la femme adultère (Ioh. 7, 53-8, 11)35. Pour le peu qu’on puisse en juger 33 Les données que nous présentons sont issues de Ven. I, respectivement nᵒ 129, col. 570-571; nᵒ 159, col. 679; nᵒ 179, col. 747-748. 34 Pour V 1400 (évangile de Trébizonde), voir Ven. I, nᵒ 108, col. 484; pour J 2556 (évangile du roi Gagik de Kars), voir TĒR-MOVSISEAN, Gagik tʻagawori awetaran, p. 329330. 35 Sur ces différents passages, voir les observations d’ALEXANIAN, Armenian Gospel Text, notamment p. 388-389. À propos de la finale longue de Marc dans les manuscrits arméniens, voir surtout FĒRHATʻEAN, Markosean awetaran et COLWELL, Mark 16 9–20. Sur les débats autour de Luc. 22, 43-44 en Arménie, on lira COWE, Christological Trends (spéc. p. 45-47 à propos de leur impact sur la tradition manuscrite) et COWE, Armenian Version, p. 283-284.

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d’après les descriptions, la distribution de ces péricopes dans les manuscrits qui forment notre corpus semble relativement aléatoire: V 325 en a trois (Marc. 16, 9-20, Luc. 22, 43-44 et Ioh. 7, 53-8, 11), tandis que V 888 en a seulement deux (Marc. 16, 9-20 et Luc. 22, 43-44) et V 1568 aucune (Luc. 22, 43-44 ayant été ajouté dans la marge dans une autre écriture). Un descendant tardif de l’exemplaire de Murłanecʻi, ALQ 11, de 1612, ne présente toujours pas la pericope adulterae36, alors que V 325, en 1229-1230, l’inclut déjà. Enfin, les évangiles de Trébizonde et du roi Gagik omettent tous deux l’ensemble de ces passages. La présence ou non de ceux-ci ne constitue donc pas un critère discriminant suffisant pour déterminer à elle seule la dérivation d’un manuscrit à partir d’un modèle donné; elle semble plutôt obéir à d’autres enjeux. Pour différencier l’exemplaire de Murłanecʻi des autres modèles qui avaient cours à l’époque, il faut plutôt se tourner vers l’étude des variantes textuelles. Il ressort de l’examen des manuscrits qui en dépendent que l’exemplaire de Murłanecʻi comportait dans les marges une série de uariae lectiones, parmi lesquelles on citera notamment les suivantes: en Matth. 1, 1, լինելոյ en face de ծննդեան «de la génération»; en Matth. 14, 6, Հերովդիադայ «Hérodiade» en face de Հերովդիայ; en Marc. 1, 1, որդւոյ Աստուծոյ «du fils de Dieu», ajouté en marge de Յիսուսի Քրիստոսի «de JésusChrist»; en Marc. 1, 2, ի մարգարէս «dans les Prophètes» en face de յԵսայի մարգարէ «dans le prophète Isaïe». Ces variantes marginales — un phénomène encore peu étudié à ce jour — se retrouvent dans V 325, V 888, V 1568 et ANN 14137. Au moins une partie d’entre elles figurent aussi dans J 2556, mais cela est parfois difficile à déterminer vu le mauvais état du codex. Dans les marges de V 1400, un certain nombre de variantes sont également données, mais elles ne sont pas forcément identiques à celles des manuscrits de la tradition de Murłanecʻi. Un autre manuscrit, plus ancien encore, comporte une grande partie de ces variantes: il s’agit du tétraévangile de 862, dit de la reine Mlkʻē (V 1144)38. En conséquence, et malgré des similitudes certaines, il semble qu’aucun de ces manuscrits (J 2556, V 1400 ou V 1144) ne puisse être considéré comme «l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi». Voir SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 11, p. 31. Cf. la reproduction du f. 92r dans Treasures in Heaven, nᵒ 3, p. 147, fig. 95. Sur certaines de ces variantes dans Matth. et Marc., voir le travail de MACLER, Texte de l’Évangile, passim. 38 Voir Ven. I, nᵒ 86, col. 381-382; Zardankarkʻ Awet. Mlkʻē Tʻag., p. 10-12; MACLER, Texte de l’Évangile, p. 168-267. 36 37

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3.4. Conclusion Si cette enquête sur Grigor Murłanecʻi, son manuscrit et son modèle n’a pas permis de résoudre leur mystère, elle offre cependant plusieurs éléments qui autorisent à préciser les caractéristiques et le contexte de rédaction de l’archétype. On peut affirmer que ni J 2556, ni V 1400, ni sans doute aucun manuscrit encore existant à ce jour ne peuvent lui être identifiés. Il est également acquis que le modèle date d’avant 1068/9 et la mort en Cappadoce du roi Gagik de Kars. Sa présence dans le trésor royal entre 1064/5 et 1068/9, le soin apporté à sa copie (cf. les variantes marginales) et l’onomastique du nom de Murłanecʻi laissent supposer qu’il s’agissait effectivement, comme J 2556, d’une commande de la cour de Kars, datant sans doute du règne de Gagik (1029-1064/5). Il faut insister sur le fait, d’une grande importance méthodologique, que l’on ne peut en aucun cas se fonder exclusivement sur des critères visuels (ornementation, iconographie, mise en page, etc.) pour tenter d’identifier ce genre d’archétype. Les identifications hâtives, uniquement basées sur des ressemblances picturales et sur le hasard de la conservation des manuscrits, sont certainement à rejeter. Il s’agit d’une démarche à la fois partiale, parce qu’elle tend à négliger les manuscrits sans mérite artistique (et certainement les codex perdus), et insuffisante, puisqu’elle amène à des résultats parfois contradictoires avec ceux que l’on obtient d’une analyse textuelle des manuscrits. Pour autant, il ne faut pas passer sous silence l’apport de l’histoire de l’art: ainsi, les ressemblances entre V 1400 et V 325 soutiennent l’idée que le modèle de Murłanecʻi appartenait au même groupe de manuscrits «royaux» du XIᵉ siècle que l’évangile de Trébizonde, copié pour les rois bagratides d’Ani, ou l’évangile de Gagik, roi bagratide de Kars39 — même si cette donnée doit être maniée avec quelque précaution vu que deux intermédiaires, au moins, séparent V 325 de cet archétype40. Commande royale, datable du deuxième tiers du XIᵉ siècle environ, le modèle de Grigor Murłanecʻi devait être à la fois richement illustré et soigneusement rédigé. Il en va de même du manuscrit copié par Murłanecʻi lui-même entre 1065 et 1070.

39 Cf. notamment KOUYMJIAN, Melitene Group, p. 83-84; KOUYMJIAN, Classical Tradition, p. 280-282; KOUYMJIAN, Illumination and Tradition, p. 67-69; DER NERSESSIAN, Évangile du roi Gagik, p. 98-99; ČʻUGASZYAN, Anii dprocʻ, p. 187-190. 40 Voir les détails p. 370-373.

ORIGINES

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4. HISTOIRE 4.1. Origines 4.1.1. L’exemplaire de Murłanecʻi: Tzamandos, 1065-1070 Si les circonstances de la copie de l’archétype de Grigor Murłanecʻi demeurent en partie inaccessibles, nous sommes par contre en mesure de décrire avec une certaine précision l’environnement dans lequel son propre manuscrit et la formule qui s’y rapporte ont vu le jour, grâce au témoignage du colophon de MUSA* 1. Dans ce texte, écrit en 1259, le copiste Vardan Uṙhaecʻi apporte une masse de renseignements, qu’il importe d’abord de clarifier. Si le manuscrit lui-même a disparu, la plus grande partie du colophon a été conservée grâce à la description qu’en a faite S. Mouradian en 1912: Վարդանա մեղապարտի Ուռհաեցւոյ անարուեստ գրչի աղաւթս արարէք ի Տէր, եւ Տէր Յիսուս ձեզ ողորմեսցի, ամէն։ Փառք ամենասուրբ Երրորդութեան Հաւր եւ Հոգոյն, այժմ եւ միշտ եւ յաւիտեանս յաւիտենից, ամէն։ Յամի հազարերորդի յիսուներորդի ութերորդի Աստուծոյ մերոյ եւ Տեառն Յիսուսի Քրիստոսի գալստեանն յորում ամի ժամանէր թիւ տոմարի շրջագայութեանս Հայոց՝ ՈԶ, գրեցաւ աստուածախաւս մատեանս քրիստոսաձիր կտակ սրբոյ Աւետարանիս յընտիր եւ լաւ աւրինակէ, որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ՝ գրչի ճարտարի, որոյ առեալ էր զաւրինակն ի գանձատանէն Գագկայ թագաւորին Հայոց եւ իրաւք ձեռաւք գրեալ զԱւետարանն մեծի կաթողիկոսին տեառն Գրիգորիսի։ Եւ Կոստանդի գրիչ Ուռհայեցին, կալով ի տան նորա, յաղագս աւրինակի գրեաց. ողորմեսցի նմա Տէր։ Եւ ի թուականութեանս Հայոց ՉԸ, եւ ի թագաւորութեանս բարեպաշտ արքային Հեթումայ եւ ի կաթողիկոսութեան Կոստանդեա Հայոց դիտապետի ստացաւ զաստուածախաւս աւետարանս սրբամիտ քահանայն Թորոս, յիշատակ իւր եւ իւրոց փոխելոցն առ Քրիստոս […]։ Faites des prières dans le Seigneur pour le coupable Vardan Uṙhaecʻi, scribe malhabile, et le Seigneur Jésus aura pitié de vous, amen. Gloire à la très sainte Trinité, au Père et à l’Esprit, maintenant, toujours et aux siècles des siècles, amen. En l’an mil41 cinquante-huit (− 2 = 1056) de la venue de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, année dans laquelle arrivait le nombre 606 (+ 551 = 1157) du calendrier de la révolution des Arméniens, ce livre à la parole divine du 41 A. Matʻevosyan interpole ici l’ordinal pour «cent» (հարիւրերորդի), de façon à faire correspondre (à un an près) cette date avec la suivante (H13 243, p. 296; H5-12 203, p. 177). Dans le comput arménien, l’année de la naissance du Christ correspond en principe à notre an −2, mais les dates exprimées de cette façon ne sont pas toujours fiables (CAM, p. 39 [= NERSESSIAN, Dating Systems, p. 205]; DULAURIER, Chronologie, p. 38-44).

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saint Évangile, testament offert par le Christ, fut écrit d’après un exemplaire de choix et bon, qui est appelé [exemplaire] de Grigor Murłanecʻi, scribe adroit, qui avait pris son exemplaire du trésor du roi des Arméniens Gagik et, de ses propres mains, [avait] écrit l’Évangile du grand catholicos tēr Grigoris; et le scribe Kostandi Uṙhayecʻi, séjournant dans sa maison, [l’]écrivit pour exemplaire; Dieu aie pitié de lui. Et en 708 (+ 551 = 1259) de notre ère arménienne, sous le règne du pieux roi Hetʻum (= Héthoum Ier de Cilicie, 1226-1270) et sous le catholicossat de Kostand (= Constantin Ier Barjrberdcʻi, 1221-1267), archevêque des Arméniens, le prêtre aux saintes pensées Tʻoros (kʻahanay) acquit cet Évangile à la parole divine en mémoire de lui-même et des siens, décédés en Christ […].42

Étant donné la présence de plusieurs dates différentes et la mention de différents copistes, on comprend que ce colophon reproduit partiellement un ou plusieurs colophons plus anciens. A. Matʻevosyan, en rééditant le colophon de MUSA* 1, a tenté de débrouiller cet écheveau: «Nous avons ici quatre strates de colophons», écrit-il: «1ᵒ une information à propos de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi, qui a été découvert dans le trésor du roi Gagik, d’où il a été extrait et 2ᵒ recopié en 1157 par le catholicos Grigor III. 3ᵒ Kostandin Uṙhayecʻi, se trouvant au catholicossat (à Hṙomkla) a recopié cela «pour exemplaire» (յաղագս աւրինակի), exemplaire dont 4ᵒ Vardan Uṙhayecʻi a fait une copie en 1259, pour Tʻoros kʻahanay.»43. Suivant Matʻevosyan, 1157 serait donc la date de la copie du catholicos Grigor, qui serait dès lors Grigor III Pahlawuni (1113-1166). Nous pensons au contraire que 1157 est la date de la copie du scribe Kostandin Uṙhayecʻi, tandis que le catholicos auquel il est fait allusion est Grigor II Vkayasēr (1065/6-1105). Il faut reconnaître que le colophon de MUSA* 1 ne précise pas de quel «grand catholicos tēr Grigoris» il est question. Cependant, correctement interprétée, la phrase որոյ առեալ էր զաւրինակն ի գանձատանէն Գագկայ թագաւորին Հայոց եւ իրաւք ձեռաւք գրեալ զԱւետարանն մեծի կաթողիկոսին տեառն Գրիգորիսի «[Grigor Murłanecʻi] qui avait pris son 42 MUSA* 1, à la suite de la Lettre d’Eusèbe à Carpien = H13 243, p. 296; H5-12 203, p. 177; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 1, p. 1; POŁAREAN, Gričʻner, p. 11-12; MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 212 (trad. française partielle de J.-P. MAHÉ). 43 H13, p. 296-297, n. 1: «Այստեղ ունենք հիշատակարանների չորս շերտ. (ա) տեղեկություն Գրիգոր Մուրղանեցու օրինակի մասին, որը գտնվել է Գագիկ թագաւորի Գանձատանը, որտեղից վերցրել է և (բ) 1157 թվականին ընդօրինակել է Գրիգորիս Գ կաթողիկոսը: (գ) Կոստանդին Ուռհայեցին գտնվելով Կաթողիկոսարանում (Հռոմկլա) ընդօրինակել է այն «յաղագս աւրինակի», որից (դ) 1259 թվականին արտագրել է Վարդան Ուռհայեցին Թորոս քահանայի համար:». Le catalogue (MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 1, p. 1) donne 1157 comme date de copie, sans préciser le scribe, et 1259 comme date d’achat ou d’acquisition par Tʻoros kʻahanay — tout en publiant le texte entier comme un seul colophon.

ORIGINES

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exemplaire du trésor du roi des Arméniens Gagik et, de ses propres mains, [avait] écrit l’Évangile du grand catholicos tēr Grigoris» permet de trancher. Il est logique de considérer le catholicos comme le commanditaire de la copie exécutée par Grigor Murłanecʻi. Or on ne voit pas comment, près d’un siècle après la mort de Gagik en Cappadoce, Grigor III, qui réside à ce moment à Hṙomkla, aurait pu faire prendre un manuscrit dans ce trésor; Grigor II, en revanche, y a eu accès personnellement. Rappelons brièvement les faits historiques: à la suite du déménagement en Cappadoce de la cour royale de Kars, et sans doute grâce à l’entremise de la reine Goranduxt, épouse de Gagik, un concile se tint à Tzamandos en 1065/6, où fut élu catholicos un moine du nom de Vahram. Celui-ci prit le nom de Grigor (II) et s’établit en cette même forteresse de Tzamandos, aux côtés de la cour de Gagik. Il y resta jusqu’en 1070, lorsqu’il décida de se retirer dans un monastère sur la Montagne Noire. Cette retraite ne dura que deux ans, mais à son retour en charge, Grigor ne retourna pas à Tzamandos, déplaçant donc de facto une nouvelle fois le siège patriarcal44. Vivant côte à côte avec la famille royale (il devait son élection en bonne partie à la reine elle-même), Grigor II a eu tout loisir, dans la période 10651070, de passer commande auprès de Grigor Murłanecʻi d’une copie du fameux tétraévangile qui reposait dans le trésor royal de Tzamandos. Bien plus, étant donné qu’il était issu du milieu monastique — qu’il a regretté au point d’y retourner deux années durant — et intéressé par la philologie — en témoigne son édition du ménologe, qui lui a valu le surnom de Vkayasēr «Martyrophile» —, l’idée de faire copier cet important manuscrit a dû se présenter à l’esprit de Vahram-Grigor comme une évidence. Un parallèle intéressant peut être tiré avec la transmission de la version arménienne des Homélies sur les Actes des Apôtres de Jean Chrysostome45. En voyage à Constantinople en 1076/7, Grigor Vkayasēr y découvre un manuscrit grec de ces homélies, dont il commande la traduction à un certain Kiwrakos hṙetor, connaisseur du grec autant que de l’arménien. L’original de cette traduction est perdu, mais une copie se trouve, notamment, dans le manuscrit M 1315, exécuté entre 1260 et 1283. Le colophon de Grigor Vkayasēr, qu’il rédige en tant que commanditaire, y a été recopié46, suivi 44 Sur les débuts de la prélature de Grigor II Vkayasēr, voir notamment MUTAFIAN, Cilicie, t. 1, p. 374-375; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 478-479; KAPOÏANKOUYMJIAN, Grégoire II, p. 306-315. 45 Voir pour ce paragraphe l’introduction de B. CHÉTANIAN à son édition des homélies: IOH. CHRYS. in Act., p. XXIX-XLVII. 46 M 1315, f. 452r1-452v1 = H5-12 129, p. 108-109; YJ 117, col. 253-256; IOH. CHRYS. in Act., p. 121-123 (p. 164-166 trad.); cf. MCʻM IV, nᵒ 1315, col. 894.

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par le colophon du traducteur Kiwrakos47. Dans ces deux colophons, comme dans celui de MUSA* 1, le prénom du catholicos apparaît sous la forme Grigoris. Il existe encore, conservés dans des manuscrits postérieurs, d’autres colophons écrits par Grigor Vkayasēr, ainsi que plusieurs colophons qui le mentionnent comme commanditaire d’une œuvre: autant de traces de son intense activité philologique48. Revenons à la transmission de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi et concluons. L’enchaînement des événements d’après le colophon de MUSA* 1 se laisse reconstituer, selon nous, de la façon suivante: 1ᵒ une copie des Évangiles est déposée dans le trésor du roi Gagik (Gagik-Abas de Kars, 1029-1064/5-1068/949); 2ᵒ ce manuscrit est recopié par Grigor Murłanecʻi, sur commande du catholicos Grigor II Vkayasēr (Grégoire le Martyrophile, 1065/6-1105); 3ᵒ en 1157, le manuscrit copié par Grigor est à son tour copié par un certain Kostandin Uṙhayecʻi au siège patriarcal de Hṙomkla; 4ᵒ en 1259, Vardan Uṙhaecʻi rédige MUSA* 1 sur l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi. Il apparaît donc que le manuscrit copié par Grigor Murłanecʻi a suivi la bibliothèque patriarcale au moment du déménagement de celle-ci (sans doute en 1072), jusqu’à aboutir à Hṙomkla sous le patriarcat de Grigor III Pahlawuni. Quant au modèle et au trésor de Gagik en général, on ignore s’ils ont suivi la bibliothèque patriarcale ou s’ils sont restés à Tzamandos. Le parallèle avec la situation à Ani dans la première moitié du XIᵉ siècle fait pencher pour la seconde possibilité50: là aussi, la bibliothèque royale coexistait avec la bibliothèque patriarcale, mais il s’agissait de deux ensembles bien séparés qui, partant, ont dû suivre deux destins différents. Dans ce cas, comme nous n’avons plus aucune information sur le sort de la forteresse de Tzamandos ou sur ses seigneurs passé 1077, nous ne pouvons que conjecturer ce que les objets et manuscrits qui pouvaient s’y trouver sont devenus51: selon toute vraisemblance, la collection, y compris 47 M 1315, f. 452v2-454v2 = H5-12 179a, p. 145-150; YJ 147, col. 309-320; IOH. CHRYS. in Act., p. 124-132 (p. 167-175 trad.); MCʻM IV, nᵒ 1315, col. 894. Sur ces deux textes (qui existent aussi dans d’autres manuscrits), on lira encore CHÉTANIAN, Colophon. À propos de Kiwrakos, cf. supra, p. 112-113, 130-131 et 253. 48 Pour ne mentionner que les colophons composés par Grigor Vkayasēr lui-même: H5-12 132, p. 111; H5-12 168a, p. 135-136 = YJ 138, col. 285-286; H5-12 173a, p. 139. 49 Et non un des rois Gagik d’Ani, comme le pensent MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 212-213 et MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 637. 50 Voir MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 209-213. 51 Cf. MATHEWS – VAN LINT, p. 87-88; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 266267.

ORIGINES

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le tétraévangile, aura été dispersée lorsque le lieu sera tombé aux mains des musulmans52. 4.1.2. L’exemplaire d’Uṙhayecʻi: Hṙomkla, 1157 Ainsi que nous comprenons le colophon de MUSA* 1, l’exemplaire commandé à Grigor Murłanecʻi par le catholicos Grigor II a été copié à son tour en 1157 par un certain Kostandin Uṙhayecʻi (Constantin d’Édesse)53. Il s’agit probablement du même personnage qui apparaît dans la lettre de Nersēs Lambronacʻi à l’ermite Yusik (ou Oskan) d’Antioche: l’auteur cite et blâme trois «sages» arméniens ralliés à l’église grecque, dont Kostandin Uṙhayecʻi54. Le colophon de MUSA* 1 rapporte que Կոստանդի գրիչ Ուռհայեցին, կալով ի տան նորա, յաղագս աւրինակի գրեաց «le scribe Kostandi Uṙhayecʻi, séjournant dans la maison de celui-là, [l’]écrivit pour exemplaire». Le mot տուն «maison» désigne ici la résidence patriarcale; le pronom possessif նորա «de celui-là» renvoie à la phrase qui précède, où il se rapporte à մեծ կաթողիկոսն տէր Գրիգորիս «le grand catholicos tēr Grigoris». Le copiste de MUSA* 1, condensant le colophon de Kostandin Uṙhayecʻi, aura été abusé par l’homonymie entre Grigor II Vkayasēr (1065/61105), l’auteur de la copie dont il est question à la phrase précédente, et Grigor III Pahlawuni (1113-1166), le catholicos en exercice en 1157, quand Kostandin Uṙhayecʻi écrit. À ce moment, le catholicos siégeait à Hṙomkla, et c’est donc là que Kostandin Uṙhayecʻi réalisa sa copie. On peut en conclure que le manuscrit commandé par Grigor Vkayasēr est resté propriété des catholicos d’Arménie, d’abord Grigor II lui-même (1065/61105), puis son neveu Barseł Ier (1105-1113) et finalement le neveu de ce dernier, Grigor III (1113-1166); ceux-ci l’ont emporté dans leurs multiples déménagements, depuis Tzamandos dans la seconde moitié du XIᵉ siècle jusqu’à Hṙomkla au milieu du XIIᵉ siècle. La bibliothèque du catholicos déménageait donc en même temps que sa résidence, une situation déjà observée en 1001, lorsque le catholicossat quitta le couvent d’Argina pour s’établir à Ani55. 52 Voir dans MATHEWS – VAN LINT, p. 94, quelques possibilités concernant la dispersion des manuscrits de Tzamandos. 53 AnjnBaṙ II, p. 656 s.v. Kostandin 48; POŁAREAN, Gričʻner, p. 26; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 31. 54 NERS. LAMBR. epist. ad Osk., p. 26 Jérusalem, p. 41 Msereancʻ; TAŠEAN, Cʻucʻak Mxitʻareancʻ, p. 335. Voir aussi ČʻAMČʻEAN III, p. 24. Ce rapprochement a été suggéré par Hr. Adjarian (AnjnBaṙ II, p. 656 s.v. Kostandin 48). 55 MATʻEVOSYAN, Scriptoria d’Ani, p. 209-210.

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Le destin de la traduction des Homélies sur les Actes des Apôtres de Chrysostome, commandée par Grigor Vkayasēr, semble avoir été identique: parachevée par le traducteur Kiwrakos en 1117, soit après la mort du catholicos, elle dut être expédiée au patriarcat56. En effet, le copiste de M 1315 (entre 1260 et 1283), Yohannēs Arkʻaełbayr (Jean frère du Roi), dit dans son colophon qu’il a fait venir son modèle de Hṙomkla57, ce qui signifie que le manuscrit avait intégré la bibliothèque patriarcale. Celleci devait donc à Grigor Vkayasēr et à ses commandes une partie de ses collections. Le manuscrit de Kostandin Uṙhayecʻi n’a pas été conservé, mais grâce au colophon de MUSA* 1, une partie des informations que devait contenir son colophon peuvent être exploitées, contribuant à reconstituer les débuts du parcours de la tradition relative à l’exemplaire de Murłanecʻi. En outre, de ce fait, trois autres manuscrits (ANN 141, AMM* [2] et ALQ 11), qui descendent de l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi sans faire mention de Grigor Murłanecʻi, peuvent être rattachés à la même tradition de copie. Du colophon de l’un d’entre eux, ANN 141, copié en 1161 à Édesse, on déduit que l’exemplaire d’Uṙhayecʻi n’est pas resté à Hṙomkla après sa copie en 1157: une fois son travail achevé, Kostandin Uṙhayecʻi est retourné dans sa cité d’origine en emportant son manuscrit. 4.2. Évolution 4.2.1. Édesse, 1144-1259 La plus ancienne mention de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi prédate en fait 1157 et le manuscrit de Kostandin Uṙhayecʻi, puisque cette mention figure dans le colophon d’un tétraévangile copié à Édesse en 1144 par Karapet Uṙhayecʻi, et aujourd’hui disparu58. Fort heureusement, le feuillet contenant le colophon a survécu. Récupéré et coupé en deux, il sert à présent de pages de garde à une copie du Livre des Lamentations de Grigor Narekacʻi, datable du XVIIᵉ ou XVIIIᵉ siècle (W 659). Ce feuillet 56 La localisation du siège de l’Église arménienne à ce moment n’est pas claire, cf. MUTAFIAN, Cilicie, vol. 1, p. 379. 57 M 1315, f. 20r = H13 522d, p. 643; MCʻM IV, nᵒ 1315, col. 896. 58 Dans le colophon, la datation n’est pas claire: il pourrait s’agir de 1144 ou de 1147. S. DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 32 remarque cependant à juste titre que le scribe n’aurait très vraisemblablement plus qualifié son lieu de copie de «ville protégée par Dieu et très célèbre d’Édesse» (աստուածապահ եւ բազմահռչակ քաղաք Ուռհոյ) après le 23 décembre 1144, quand la cité tomba aux mains de l’atabeg Zengi (pace DÉDÉYAN, Colophons, p. 99).

ÉVOLUTION

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n’a été que relativement peu endommagé par l’opération, et c’est ainsi que le texte du colophon est presque intégralement parvenu jusqu’à nous. Voici ce qui y est dit à propos de l’exemplaire: … ցանգացեալ հոգելիր բաղձանաւք այսմ անգիւտ մարգարտիս եւ ամենալաւ աւրինակիս, որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ ճարտարագիծ գրչի … … ayant souhaité, avec des désirs remplis de l’Esprit, cette perle introuvable et cet exemplaire excellent, qui est appelé [exemplaire] de Grigor Murłanecʻi, scribe au tracé adroit …59

Si, comme nous l’avons montré au point précédent, l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi se trouvait dans la bibliothèque patriarcale de Hṙomkla en 1157, il faut expliquer comment Karapet Uṙhayecʻi a pu le copier à Édesse en 1144. À ce moment, et jusqu’en 1150, la résidence du catholicos se trouve à Covkʻ, une petite forteresse du canton de Tlukʻ, proche de Hṙomkla et dont l’emplacement exact est discuté60. Or le commanditaire du manuscrit de 1144 est un certain Stepʻanos krawnawor et kʻahanay, «serviteur du Saint-Signe, qui est au monastère de Covkʻ» (սպասաւոր սրբոյ Նշանին, որ է ի Ծովուց վանսն). En fait, malgré sa qualité de résidence patriarcale, Covkʻ ne paraît pas avoir brillé par sa production manuscrite: le seul codex connu à être issu de ce centre, V 1568, qui date de 1151 (donc probablement peu après le déménagement du siège catholicossal à Hṙomkla), est un petit tétraévangile chichement décoré et «d’une exécution assez grossière», selon les mots de S. Der Nersessian61. Cependant, ce manuscrit présente les variantes marginales qui caractérisent l’exemplaire de Murłanecʻi. Qui plus est, le colophon du copiste Yovhanēs62 souligne, au moyen de la formule habituelle, la valeur de l’exemplaire utilisé: 59 W 659, f. 332r/333v = H5-12 194[a], p. 165; YJ 170, col. 357; MURADEAN – TʻOPʻČʻEAN, nᵒ 29, p. 124-125; OSKEAN, Cʻucʻak Vienna, nᵒ 659, p. 148; AKINEAN, Yišatakaran 1141ē, p. 62; POŁAREAN, Gričʻner, p. 11; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 77 (trad. russe). 60 Voir MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 480. À propos du couvent à Covkʻ, voir encore THIERRY, Répertoire, nᵒ 933, p. 167; TełBaṙ II, p. 8631–2 s.vv. Covucʻ vankʻ, Covkʻ [1]; OSKEAN, Kilikia, nᵒ 33, p. 218-220; KIWLĒSĒREAN, Covkʻ; POŁAREAN, Covucʻ vankʻ. 61 DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 50. Voir aussi Ven. I, nᵒ 179, col. 745-748. Sur le rayonnement culturel de Covkʻ, voir XAČʻEREAN, Kentronner, t. 2, p. 282-294, dont les vues semblent toutefois exagérément optimistes en regard des sources disponibles. 62 AnjnBaṙ III, p. 573 s.v. Yovhanēs 167. Seules les deux dernières lettres du nom sont encore lisibles. DJANACHIAN, Miniatures, p. 160, pense qu’il s’agit d’un des collègues de Kozma hṙetor cités dans V 938, mais ne donne pas ses raisons.

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… գրեցաւ Աւետարանս այս յնդիր եւ ի ստոյգ աւրինակէ … … cet évangile fut écrit d’après un exemplaire de choix et sûr …63

Pour ces deux raisons, V 1568 semble devoir être rattaché à la tradition de l’évangile de Grigor Murłanecʻi. Que ce manuscrit ait été copié à l’ex-siège catholicossal de Covkʻ, dans le canton de Tlukʻ, a pu être mis en doute en raison de l’existence d’une autre place forte du nom de Covkʻ en Sophène, connue entre autres par la Géographie d’Anania Širakacʻi et où un couvent, également dédié au Saint-Signe, est attesté, au plus tôt en 147864. Or le colophon de V 1568 ne mentionne pas de canton; en revanche, il évoque la domination du sultan seldjoucide de Roum, Mas῾ūd, ce qui semble mieux s’accorder avec Covkʻ de Sophène65. Toutefois, la région de Tlukʻ a été annexée par Mas῾ūd vers 1150, ce qui a précisément suscité le déménagement du catholicossat66; il est donc tout à fait concevable que le colophon ait été rédigé à Covkʻ de Tlukʻ. La formule de colophon constitue par ailleurs un argument supplémentaire en faveur de l’identification du Covkʻ où fut copié V 1568 à l’éphémère siège catholicossal. S’il n’y avait aucun artiste de talent à Covkʻ, à une cinquantaine de kilomètres à l’est, en revanche, Édesse produisait des manuscrits de grande qualité67, ce malgré l’instabilité régnant dans la région. On pourrait même parler, entre 1120 et 1170, d’un âge d’or de l’activité culturelle arménienne à Édesse, ce qu’illustre à merveille la Chronique de Mattʻēos Uṙhayecʻi (Matthieu d’Édesse)68. Le déclin d’Édesse dans les années 1160-1170 correspond à l’émergence du scriptorium de Hṙomkla, dont le premier manuscrit daté connu (M 7347) a été copié en 1166. Partant, il est plausible qu’en 1144, en l’absence de copiste compétent à Covkʻ, le manuscrit copié par Grigor Murłanecʻi ait été envoyé à Édesse pour y être recopié. Les deux codex ont ensuite été retournés à Covkʻ; de là, l’exemplaire de Grigor a été transporté à Hṙomkla en 1149/50 avec le reste de la bibliothèque patriarcale, tandis que sa copie est restée à Covkʻ, aux soins de son 63

V 1568, f. 250 = H5-12 196, p. 166; YJ 173, col. 361; Ven. I, nᵒ 179, col. 748. THIERRY, Répertoire, nᵒ 130, p. 26; TełBaṙ II, p. 8632 s.v. Covkʻ [2-3]; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran II, p. 249-251 s.v. Covkʻ; OSKEAN, Sebastia II, nᵒ 9, p. 101-102; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 480-481; KIWLĒSĒREAN, Covkʻ, p. 16-32. 65 C’est l’opinion de MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 481. 66 DÉDÉYAN, Catholicos Pahlawouni, p. 653-655; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 480. 67 Cf. DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 30-32; DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 101-102; MARANCI, Art and Architecture, p. 173-175. 68 À propos de Mattʻēos Uṙhayecʻi et de sa Chronique, voir maintenant ANDREWS, Mattʻēos Uṙhayecʻi et ANDREWS, New Age of Prophecy. 64

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commanditaire Stepʻanos krawnawor et kʻahanay. V 1568, copié à Covkʻ en 1151, est probablement une copie du manuscrit de 1144. Quelques années plus tard, en 1157, c’est un autre scribe édessénien, Kostandin Uṙhayecʻi, bien au fait de ces événements, qui se rend à Hṙomkla pour y faire une copie du fameux manuscrit du catholicos Grigor, copie muni de laquelle il rentre ensuite à Édesse. Il est important de signaler qu’il existe un autre manuscrit copié par un dénommé Karapet Uṙhayecʻi, le tétraévangile V 88869. Le colophon principal de celui-ci étant perdu, le nom du scribe n’est connu que grâce à un colophon secondaire, qui ne donne ni la date ni le lieu de copie. Pour autant que nous sachions, le rapprochement entre ce manuscrit et le fragment de l’évangile de 1144 conservé dans W 659 n’a pas encore été fait70. Il s’agit bien de deux codex différents, car les dimensions, ainsi que le nombre de lignes par page, de V 888 et du fragment ne sont pas réconciliables71. En revanche, la probabilité qu’il s’agisse du même scribe est grande. S. Der Nersessian avait d’abord proposé de situer la copie de V 888 à Édesse au XIIIᵉ siècle; révisant son opinion, elle a considéré par la suite qu’il s’agissait d’un évangile cilicien de la fin du XIIᵉ ou du début du XIIIᵉ siècle, pour finalement en revenir à une origine édessénienne, mais du XIIᵉ siècle72. Selon B. Sarghissian, le manuscrit ne serait probablement pas antérieur à la période 1151-1170, notamment parce qu’il comporte, ajoutées dans les marges par la même main, des lettres dominicales (kirakagir), un élément qui semble avoir été introduit dans les tétraévangiles aux alentours de la mort de Nersēs Šnorhali en 117373. Tous ces éléments s’accordent bien avec le fragment de W 659, rédigé par Karapet Uṙhayecʻi à Édesse en 1144; il faudrait, pour s’assurer définitivement que nous avons affaire au même copiste, comparer l’écriture 69 Ven. I, nᵒ 159, col. 675-680; DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 87-102 et 178; DJANACHIAN, Miniatures, p. 133-143. 70 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 31, a confondu le fragment de Vienne avec l’autographe de Grigor Murłanecʻi, ce qui l’a empêchée de songer à ce rapprochement. 71 19,3 × 13,2 cm et 23 lignes pour V 888 (Ven. I, nᵒ 159, col. 675) contre environ 30 × 21 cm et 18/19 lignes pour le manuscrit dont est issu le fragment dans W 659 (cf. MURADEAN – TʻOPʻČʻEAN, nᵒ 29, p. 121-125). 72 DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 101-102; DER NERSESSIAN, Freer Gallery, p. 10-11 et 43; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 22, 24-26 et 30-32 et vol. 2, pl. 77-80. Voir aussi MATHEWS – ORNA, p. 535-537. KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 40-41 / 123 et 88 / 167 cite le manuscrit sans le discuter et de façon confuse, puisqu’elle le donne pour copié tantôt en 1151 à Édesse, tantôt aux XIIᵉ-XIIIᵉ siècles à Erzeroum. 73 Ven. I, nᵒ 159, col. 678; cf. DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 24, n. 167. Il faut signaler, cependant, que DJANACHIAN, Miniatures, p. 135 et 142, pense ce manuscrit daté du XIᵉ siècle.

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des deux manuscrits. Les quelques reproductions disponibles ne permettent malheureusement pas de conclusion à ce stade, mais on remarque que les deux manuscrits ont une écriture assez semblable, un erkatʻagir de petit module fortement penché vers la droite74. Si tel est bien le cas, il est possible que Karapet ait copié V 888 vers 1144, profitant de ce que le codex du catholicos Grigor lui avait été prêté; une autre possibilité est que Karapet ait travaillé plus tard, après 1157, sur la copie de Kostandin Uṙhayecʻi. En effet, le massacre des Arméniens d’Édesse révoltés contre Zengi après la prise de la ville en 1144, puis le second massacre intervenu après la tentative de conquête par les croisés en 1146, n’ont pas éteint la production culturelle arménienne dans la ville75. L’intérêt porté par les lettrés édesséniens à la copie de Kostandin, malgré cette conjoncture, est attesté par le manuscrit ANN 141, copié à Édesse en 1161 par Vasil kʻahanay Uṙhayecʻi76. Dans le colophon de ce tétraévangile, l’exemplaire est appelé Կոստանդին Ուռհայեցւոյ «de Kostandin Uṙhayecʻi», sans référence à Grigor Murłanecʻi: Գրեցաւ ի թուականիս Հայիոց ՈԺ յամենալաւ աւրինակէ, որ կոչի Կոստանդին Ուռհայեցւոյ … [Ceci] fut écrit en 610 (+ 551 = 1161) de notre ère arménienne d’après un excellent exemplaire, qui est appelé [exemplaire] de Kostandin Uṙhayecʻi …77

De la région d’Édesse provient également V 325, exécuté en 1229-1230 par le copiste Grigor78. Jusqu’à présent, les spécialistes se sont montrés unanimes pour affirmer que ce codex provient d’Erzeroum79, mais cette attribution est à reconsidérer. Dans son colophon, Grigor rapporte avoir 74 DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 2, pl. XXXIV-XXXIX (V 888); MURADEAN – TʻOPʻČʻEAN, nᵒ 29, p. 121 (W 659). 75 Sur ces événements, voir e. a. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 76 et, avec le témoignage des colophons, DÉDÉYAN, Colophons, p. 98-99. Les deux chutes de la ville, puis la disparition du comté d’Édesse en 1150 ont poussé de nombreux Arméniens à se réfugier à Jérusalem ou Antioche (DÉDÉYAN, Attraction). 76 POŁAREAN, Gričʻner, p. 25. 77 ANN 141, f. 275 = H5-12 209a, p. 182; YJ 184, col. 378; SANJIAN, Catalogue U.S., nᵒ 83, p. 380. Cf. POŁAREAN, Gričʻner, p. 12, n. 2. 78 AnjnBaṙ I, p. 573 s.v. Grigor 270. T. Izmaïlova et L. Zakʻaryan ont cru qu’il s’agissait du même artiste que l’enlumineur de l’évangile du monastère des Traducteurs (M 2743), mais selon S. Der Nersessian et L. Chookaszian, cette identification ne tient pas (cf. ČʻUGASZYAN, Grigor całkoł, p. 14-15 et 99-105; ČʻUGASZYAN, Usumnasirman patmutʻyun, p. 63). Sur la datation de ce manuscrit, voir DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 39 (la date de 1231-1232, donnée e. a. par DJANACHIAN, Miniatures, p. 180, résulte d’une mauvaise interprétation des données du colophon). 79 Voir e. a. DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 38; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 11, n. 87 et p. 32, n. 211; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 28.

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travaillé «en cette grandiose et célèbre ville de Tʻeodopawlis, sous l’égide de la Sainte-Résurrection» (ի հոյակապ եւ ի հռչակաւոր քաղաքիս Թեոդոպաւլիս, ընդ հովանեաւ Սրբոյ Յարութեանս). Or deux villes ont porté le nom de Théodosioupolis: Erzeroum (aussi appelée Karin en arménien), en Haute-Arménie, et Reshaïna (ar. ‫ رأس العين‬Ra᾿s al-῾Ayn), à environ 120 km d’Édesse, sur l’actuelle frontière turco-syrienne. Cette dernière est devenue tristement célèbre dans l’histoire arménienne comme l’un des principaux centres de déportation et d’extermination des Arméniens durant le génocide. L’existence de cette seconde Théodosioupolis a été obscurcie dans les études arméniennes, du fait de l’importance de son homonyme Erzeroum et parce qu’on ne connaît pas de présence arménienne notable à Reshaïna. Les motifs pour attribuer la copie de V 325 à Reshaïna plutôt qu’à Erzeroum sont les suivants. D’une part, il n’y avait pas à Erzeroum, pour autant que l’on sache, d’église consacrée à la Sainte-Résurrection80. D’autre part, la partie du colophon qui évoque l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi est très clairement modelée sur le texte du colophon de 1144, copié à Édesse et conservé comme feuilles de garde dans W 659. Voici l’extrait en question: … ի վաղուց ժամու ցանկացեալ էի այսմ անգիւտ մարգարտիս եւ ամենալաւ աւրինակիս, որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ, ճարտարագիծ գրչի եւ անյաղթ գիտնականի … … de longue date, j’avais souhaité cette perle introuvable et cet exemplaire excellent, qui est appelé [exemplaire] de Grigor Murłanecʻi, scribe au tracé adroit et savant invincible …81

Dans ce passage, le copiste reproduit plus ou moins le texte du colophon de 1144: suivant ce dernier, l’exemplaire est qualifié ici d’ամենալաւ «excellent» et désigné par la métaphore անգիւտ մարգարիտ «perle introuvable», tandis que Grigor est non seulement appelé ճարտարագիծ գրիչ «scribe au tracé adroit», comme dans le colophon de 1144, mais encore անյաղթ գիտնական «savant invincible». Le codex perdu de 1144, copié par Karapet Uṙhayecʻi pour Stepʻanos krawnawor et kʻahanay de Covkʻ, a donc servi de modèle à V 325. M. Djanachian note d’ailleurs que 80 Cf. les monuments cités dans THIERRY, Haute-Arménie, p. 35-36 et OSKEAN, Karin u Karnecʻi, p. 12. 81 V 325, f. 391v = H13 120a, p. 163; YJ 397, col. 865; YGSG Z, p. 434; Ven. I, nᵒ 129, col. 572; DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 175 (avec trad. française; voir aussi p. 38); POŁAREAN, Gričʻner, p. 14; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 76 (trad. russe); DJANACHIAN, Miniatures, p. 179 (trad. française partielle).

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l’ornementation marginale de V 325 lui semble influencée par celle de V 888, l’autre manuscrit de Karapet Uṙhayecʻi82. Par ailleurs, il existe bien un second manuscrit copié «d’après l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi» à Erzeroum, en 1306 (J 2588), mais le copiste y évoque cet exemplaire en des termes très différents de ceux qu’on lit dans V 325, de sorte que celui-ci ne peut certainement pas lui avoir servi de modèle. À la lumière de ces éléments, il appert que V 325 n’a pas été produit à Erzeroum, mais à Reshaïna. Cette ville, si l’on en croit les descriptions qu’en donnent les auteurs arabes, méritait amplement d’être appelée «cette magnifique et célèbre ville de Tʻeodopawlis» (հոյակապ եւ հռչակաւոր քաղաքս Թեոդոպաւլիս)83. C’est sans doute par cette localisation que doivent s’expliquer les influences musulmanes, et plus spécifiquement mésopotamiennes, qui ont été notées par S. Der Nersessian dans l’ornementation de ce manuscrit, ainsi que les quelques notes inintelligibles en écriture arabe84. Quant à la ressemblance de ce manuscrit avec l’évangile de Trébizonde (V 1400), un sujet déjà discuté plus haut85, elle pourrait s’expliquer par l’héritage de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi, qui devait, selon toute probabilité, être décoré d’une façon relativement semblable. Rien n’interdit de croire que ces caractéristiques picturales aient été reprises dans la copie de Grigor Vkayasēr et, de là, soient passées dans l’évangile perdu de 1144 (dont le format, environ 30 × 21 cm, indique qu’il devait s’agir d’un manuscrit de prestige), pour enfin aboutir, altérées mais reconnaissables, dans V 325. Le décor — notamment les pages initiales des Évangiles — de V 325 et celui du fameux tétraévangile du monastère des Traducteurs (M 2743), exécuté vers la même époque (1232), présentent une ressemblance frappante, soulignée par les historiens de l’art depuis S. Der Nersessian86. L. Zakʻaryan en a déduit que M 2743 devait être originaire d’Erzeroum, comme V 325, hypothèse régulièrement reprise depuis lors, sans toutefois faire l’unanimité87. DJANACHIAN, Miniatures, p. 143 et 186. Cf. HONIGMANN, Ra᾿s al-῾Ayn, p. 449 et, par exemple, la description qu’en fait en 1184 le voyageur IBN JUBAYR, p. 272-273 Broadhurst. 84 DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 38-49; DJANACHIAN, Miniatures, p. 184-185. KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 44 / 126 y voit un reflet du multiculturalisme d’Erzeroum. 85 Voir p. 357. 86 DER NERSESSIAN, Manuscrits illustrés, vol. 1, p. 42. 87 ZAKʻARYAN, Tʻargmančʻacʻ avetaran. Pour un état de la question sur M 2743, voir KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 44-45 / 126-127 et ČʻUGASZYAN, Grigor całkoł, p. 9-17. Il est à signaler que la description du manuscrit dans MCʻM IX, nᵒ 2743, col. 321-326, ne propose pas de localisation. 82 83

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Il faudrait reprendre le dossier à la lumière des éléments nouveaux que nous proposons quant à V 325. Enfin, le dernier manuscrit édessénien à mentionner l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi est naturellement MUSA* 1, copié par Vardan Uṙhaecʻi en 1259 et dont le colophon a déjà été abondamment exploité dans les pages qui précèdent. Le lieu de copie n’y est pas précisé, mais il s’agit probablement d’Édesse: nous avons en effet montré que Kostandin Uṙhayecʻi y avait rapporté lui-même son manuscrit. Celui-ci se trouvait donc toujours à Édesse en 1259. Du XIIIᵉ au XVIᵉ siècle, on a très peu de traces d’une activité scriptoriale des Arméniens d’Édesse88. Des artistes d’Édesse travailleront à Hṙomkla et en Cilicie, comme un certain Vasil Uṙhayecʻi, qui copie un exemplaire du Livre des Lamentations en 1249 à Hṙomklay (VAS* Van, S. Vardan s. n.)89 et un autre vers 1266, en Cilicie (M 4965). Aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, cette activité redémarre et plusieurs manuscrits sont à nouveau copiés à Édesse. On enregistre à ce moment une nouvelle copie descendant de l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi90. 4.2.2. Cilicie, 1150-1238 Dans les années 1160-1170, parallèlement au déclin d’Édesse, l’activité scriptoriale s’intensifie à la fois en Cilicie et à Hṙomkla91. Ainsi que nous l’avons vu, lors de l’installation du catholicossat à Hṙomkla, en 1149/50, l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi reposait toujours dans la bibliothèque patriarcale. Cependant, aucun des nombreux manuscrits copiés à Hṙomkla dans la seconde moitié du XIIᵉ siècle et au cours du siècle suivant92 ne fait explicitement référence à ce modèle. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il soit tombé dans l’oubli: au moins un tétraévangile atteste de l’influence exercée par «l’exemplaire de Murłanecʻi» conservé à Hṙomkla. Au chapitre 3, nous avons retracé la carrière du copiste Kozma hṙetor, en mentionnant que l’un de ses manuscrits (M 7734) dépendait de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi. Ce tétraévangile est la dernière œuvre connue 88 Cf. dans le même sens MARANCI, Art and Architecture, p. 175; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 23. 89 H13 200, p. 250; NPH 30, f. 38r–v. 90 Voir p. 381-382. 91 Cf. e. a. COULIE, Cilicia, p. 264. Géographiquement, Hṙomkla se situe non en Cilicie mais en Commagène; cependant, les productions de ce scriptorium partagent les caractéristiques des manuscrits ciliciens, au nombre desquels on les compte habituellement. 92 Voir notamment MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 59-60; COULIE, Cilicia, p. 264-267; EVANS, Manuscript Illumination, p. 155-164.

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de Kozma; il date de 1219, lorsque ce copiste vivait retiré à l’ermitage de Barǰanč, près de Xarberd. Le colophon dit ceci: … կատարեցի զկեանսաբեր սուրբ Աւետարանս ի փառաւոր աւրինակէ, որոյ Մուրղանեցի կոչիցի … … j’achevai ce saint Évangile vivifiant d’après un glorieux exemplaire, qui est appelé Murłanecʻi …93

Comme nous l’avons vu au chapitre 3, Kozma avait commencé sa carrière à Hṙomkla, où il était actif dès 1166, produisant le premier manuscrit connu de ce scriptorium (M 7347), «d’après un exemplaire choisi [et] vér[idique?]» (յընդրեալ, ճշմար[տապատում? յաւ]րինակէ): il est possible qu’il s’agisse déjà de l’exemplaire de Murłanecʻi, conservé à Hṙomkla. D’un autre côté, V 938, exécuté par Kozma à Xarberd avant 1205, n’a sans doute pas été copié sur le modèle de Murłanecʻi, car il inclut les quatre péricopes manquantes et ne se conforme pas à la présentation des variantes dans les marges, celles-ci étant apparemment soit omises (լինելոյ, Matth. 1, 1), soit intégrées au texte (որդւոյ Աստուծոյ, Marc. 1, 1)94. À titre de comparaison, V Kurd. 2, un autre codex copié par Kozma selon toute vraisemblance à Xarberd ou dans les environs, vers la fin du XIIᵉ siècle, omet l’ensemble des péricopes litigieuses95. En tout cas, pour en revenir à M 7734, la mention de l’exemplaire de Murłanecʻi dans le colophon de ce manuscrit s’explique aisément si l’on admet que Kozma en a emporté une copie avec lui lorsqu’il s’est retiré à l’ermitage de Barǰanč — nous avons d’ailleurs montré au chapitre 3 que de toute évidence, Kozma avait emporté plusieurs manuscrits avec lui dans ses déplacements. D’après le parcours de Kozma, on peut conclure qu’il a dû faire cette copie sur le manuscrit de Hṙomkla. À une branche cilicienne de la tradition appartient également le tétraévangile copié en 1238 à l’ermitage de Sandul, près de Sis96 (AMM* [2]). Ce manuscrit dépend de l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi et omet toute référence à Grigor Murłanecʻi. Son copiste, Grigoris Sscʻi97, se dit երգեցող ergecʻoł «chantre, chansonnier» et le prouve dans un colophon 93 M 7734, f. 354r = H13 74a, p. 116; YJ 361, col. 801; POŁAREAN, Gričʻner, p. 13; IZMAJLOVA, Murganskij obrazec, p. 77 (trad. russe). 94 Ven. I, nᵒ 88, col. 399. 95 WIKGREN, Gospel MSS, p. 157. 96 THIERRY, Répertoire, nᵒ 020, p. 6; TełBaṙ I, p. 2612 s.v. Andul [2]; OSKEAN, Kilikia, nᵒ B.1, p. 96-97; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 63. 97 AnjnBaṙ I, p. 573 s.v. Grigoris 264; BAXČʻINYAN, Grigoris.

ÉVOLUTION

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rimé, où bien souvent l’élégance prime sur la clarté de l’information. Voici les quelques vers qui parlent de l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi: Արդ, որք ի սոյն տառ պատուելի Վայելէք սիրով ուրախալի, Առցէ յաղագս աւրինակի, Սա է ընտիր եւ գովելի, Ի գրչէ յոյժ ճարտարի Ուռհայեցի Կոստանդընի Փոխակերպեալ յայս քարտենի։ Maintenant, vous qui de ce livre vénérable Jouissez avec amour [et] pleins de joie: [Quiconque le] prendra en vue d’un exemplaire, [Qu’il sache que] celui-ci est de choix et louable, Par un scribe très adroit, Kostandin Uṙhayecʻi, [Et] transformé en ce document.98

Il est évident que le copiste connaissait la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ»; cependant, une telle expression n’est guère adaptée ni au langage poétique, ni au mètre, ni à la rime en -ի -i, caractéristique de la poésie arménienne. La solution trouvée par Grigoris consiste à remployer l’expression յաղագս աւրինակի «en vue d’un exemplaire» présente dans le colophon de Kostandin Uṙhayecʻi et à donner les qualificatifs de l’exemplaire au vers suivant; pour les besoins de la rime, il choisit en seconde position l’adjectif գովելի «digne d’éloges, louable, recommandable». Ensuite, Grigoris qualifie l’auteur de cet exemplaire, Kostandin Uṙhayecʻi, de գրիչ յոյժ ճարտար «scribe très habile»: à nouveau, il s’agit d’une réminiscence du colophon de Kostandin, où Grigor Murłanecʻi est appelé գրիչ ճարտար «scribe adroit» — tout comme le colophon du manuscrit de 1144 avait ճարտարագիծ գրիչ «scribe au tracé adroit». Il est donc clair que l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi, ou une copie de celui-ci, circulait en Cilicie. Un dernier manuscrit peut être rattaché à la branche cilicienne. Il s’agit du tétraévangile M 2814, non daté, copié au monastère de Getik, non loin du lac Sévan (Nor Getik, mieux connu sous le nom de Gošavankʻ)99. 98 AMM* [2], à la suite de l’Évangile selon Jean = H13 160g, p. 204; YJ 394, col. 861; SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar I, p. 84; ALIŠAN, Sisuan, p. 213; POŁAREAN, Gričʻner, p. 12, n. 2. 99 THIERRY, Répertoire, nᵒ 680, p. 121; OSKEAN, Arcʻax, nᵒ Ǝ.3, p. 180-202; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 663-666; POŁAREAN, Nor Getik; ZARIAN – VAHRAMIAN; AUGÉ, Gošavankʻ, avec la bibliographie p. 336, n. 6.

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Ce manuscrit a été exposé aux flammes et assez abîmé; le début et la fin manquent et donc, sans doute, le colophon principal. Heureusement, le copiste Mxitʻaričʻ100 a aussi parsemé sa copie de plusieurs colophons secondaires et de notes marginales. Voici, en entier, le plus long d’entre eux: Զսրբազան քահանայն զԳրիգոր միայնաւոր՝ ստացաւղ սուրբ եւ պատուական Աւետարանիս, եւ զանարժան գրիչս Մխիթարիչս, որ ծրեցի ի գովելի աւրինակէ, ուղիղ եւ լի արուեստիւ, ի բան եւ ի գիր, ի տուն եւ ի ստոր, եւ ի գրադարձս եւ յեղանակս, եւ ի վանկս եւ յառոգանութիւնս, զոր կոչեն Գրիգորի Մուրղանեցոյ՝ ի բազմաց վկայեալ, ըստ յաւժարութեան մերում յաջողեաց մեզ Աստուած։ Բայց գիտէ այս սուրբ Աւետարանս, որչափ կարացի, պահաւք եւ պանդըխտութեամբ գրեցի, վասն զի գրոց աշակերտ էի. եւ զմիտքս ի վերայ կալայ վասն ղորդութեան, վասն զի վարդապետք, որ տեսանէին՝ հաւանէին։ Աղաչեմ զձեզ յիշել զմեզ ի Քրիստոս, ամէն, ամէն։ Sa sainteté le prêtre solitaire Grigor (miaynawor kʻahanay), acquéreur de ce saint et vénérable Évangile, et moi, l’indigne scribe Mxitʻaričʻ, qui écrivis d’après un exemplaire louable, correct et plein d’art pour le verbe et la lettre, pour le verset et la virgule, pour les retours à la ligne et les modes, pour les syllabes et les prononciations, qu’on appelle [exemplaire] de Grigor Murłanecʻi, reconnu par beaucoup (uel attesté par de nombreuses [copies]?), Dieu nous a fait prospérer en vertu de notre bonne disposition. Mais ce saint Évangile [le] sait, dans la mesure où j’en fus capable, j’écrivis à travers jeûnes et émigration, car j’étais disciple des Écritures; et j’appliquai mon esprit à ce qu’il soit correct, car les vardapets qui le voyaient approuvaient [cet exemplaire]. Je vous prie de vous souvenir de nous en Christ, amen, amen.101

Le copiste ne tarit pas d’éloges à propos de son modèle, comme en témoignent aussi ces quelques vers ailleurs dans le manuscrit: Վâշ ե աւրինակիս գրաւղիս, Գրոց հմուտ գիտնականիս։ Վարդապետաց ընտրել բանիս, Ես Ûնչ արնեմ գերիս։ Բնութեան գրոցս […] Bravo au copiste de cet exemplaire, À ce savant versé dans les Écritures! De cette parole choisie des vardapets, Moi qui suis captif, que ferai-je? De l’essence de ces écritures […]102 100 101 102

AnjnBaṙ III, p. 375 s.v. Mxitʻar 79. M 2814, f. 155r = H13 317a, p. 399; MCʻM IX, nᵒ 2814, col. 744. M 2814, f. 53v = H13 317d, p. 399; MCʻM IX, nᵒ 2814, col. 743-744.

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Dans une autre note et suivant l’habitude des copistes arméniens, Mxitʻaričʻ oppose ses propres déficiences à la qualité de l’exemplaire, qu’il qualifie de հրաշափառ «magnifique»: Աստուած ողորմի աւրինակիս գրաւղին, հրաշափառ է, բայց ես պանդուխտ եմ ու ի պահս խի[ստ …]մ եմ, մի՛ մեղայդրէք։ Dieu prend pitié du copiste de cet exemplaire, il est magnifique, mais moi je suis un émigré et sous un jeûne [strict?]; je suis […], ne [me] blâmez pas.103

Le texte de cet exemplaire, nous dit-il encore, a reçu l’approbation des plus grands experts: Ի Գրիգորայ Մուրղանեցոյն աւրինակէն է, եւ շատ երեւելի վարդապետաց հաւանած զոր դի[…] [Ceci] est d’après l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi, et approuvé par des vardapets très célèbres, que […]104

Plus tôt dans le manuscrit, Mxitʻaričʻ retient en particulier l’un de ces vardapets, du nom de Kiwrakos: Վâշ ե աւրինակիս եւ իւր գրաւղիս։ Շատ ու բազում վարդապետք են հաւանել։ Կիւրակոսի է հաւանած Գրիգորի Մուրղանեցւոյն աւրինակ։ Bravo à cet exemplaire et à son copiste! De très nombreux vardapets l’ont approuvé. L’exemplaire de Grigor Murłanecʻi est approuvé par Kiwrakos.105

À en juger par la façon dont le copiste parle de Kiwrakos vardapet dans un autre colophon, il ne fait guère de doute qu’il s’agit de l’historien Kirakos Ganjakecʻi, grand vardapet du couvent de Nor Getik, où il décéda en 1271106. Ce colophon précise que c’est Kirakos lui-même qui fournit au copiste l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi: Կիւրակոս վարդապետն իւրն գրել ետ, որ վարդապետաց վարդապետ էր եւ երեւելի։ Եւ ես զշատն վասն աւրինակի գրեցի, եղբáյր, աւրինակ լաւ է, ի Գետկայ վանքս, որ է վարդ[ապետարան? …] Kiwrakos vardapet donna le sien (sc. son exemplaire) à écrire, lui qui était vardapet parmi les vardapets et célèbre. Et moi, j’écrivis tout cela pour [avoir] un exemplaire — c’est un bon exemplaire, frère — à ce monastère de Getik, qui est [école? …]107 103 104 105 106

M 2814, f. 55r = H13 317e, p. 400; MCʻM IX, nᵒ 2814, col. 744. M 2814, f. 153v = H13 317tʻ, p. 400; MCʻM IX, nᵒ 2814, col. 744. M 2814, f. 50r = H13 317g, p. 399; MCʻM IX, nᵒ 2814, col. 743. H13 317tʻ, p. 400, n. 3. Cf. e. a. ARZOUMANIAN, Kirakos Ganjakecʻi, p. 265-

266. 107

M 2814, f. 155r = H13 317ž, p. 400; MCʻM IX, nᵒ 2814, col. 744.

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D’après ce texte, Kirakos était encore vivant lorsque Mxitʻaričʻ reçut l’exemplaire de Murłanecʻi à copier. En revanche, l’emploi d’un imparfait dans la suite de la phrase (որ վարդապետաց վարդապետ էր եւ երեւելի «[lui] qui était vardapet parmi les vardapets et célèbre») laisse penser que Kirakos était décédé au moment où cette note fut rédigée. Par conséquent, le manuscrit ne peut être de beaucoup postérieur à 1271. Étant donné que Kirakos se rendit à Sis, la capitale du royaume arménien de Cilicie, en 1268/9 pour travailler à son édition du ménologe108, on est porté à croire qu’il obtint cet exemplaire lors de ce voyage; il le ramena ensuite au monastère de Nor Getik pour qu’il y fût recopié109. Le début du travail sur M 2814 peut donc être daté avec confiance de 1268-1271. Le fait que le modèle de M 2814 soit décrit comme «reconnu par beaucoup (uel attesté par de nombreuses [copies])» (ի բազմաց վկայեալ) et «approuvé par de très nombreux et très célèbres vardapets» incite à croire qu’il s’agit du manuscrit autographe de Murłanecʻi. Celui-ci se trouvait-il encore au catholicossat à ce moment? Il se peut que non. Kirakos aurait pu séjourner à Hṙomkla sur le chemin de Sis et y découvrir le manuscrit, mais celui-ci pouvait aussi bien avoir déjà quitté ce monastère. L’année du voyage de Kirakos, 1268/9, coïncide à peu près avec le décès de deux personnalités de premier plan: le catholicos Kostandin (Constantin) Ier Barjrberdcʻi (1221-1267) et le miniaturiste Tʻoros Ṙoslin (fl. 1255-1268). Cette double disparition signe pour ainsi dire la fin du scriptorium de Hṙomkla110. Il semble qu’à ce moment, les livres de la bibliothèque patriarcale aient commencé d’être dispersés: rappelons qu’à la même époque, Yovhannēs Arkʻaełbayr, abbé de Gṙner en Cilicie, se fait expédier de Hṙomkla le manuscrit des Homélies sur les Actes des Apôtres de Jean Chrysostome qu’avait commandé Grigor Vkayasēr. Dans ces circonstances, on ne peut exclure que l’exemplaire de Murłanecʻi, autre codex ayant appartenu au même catholicos, ait déjà quitté le patriarcat pour Sis ou un monastère cilicien lors du voyage de Kirakos Ganjakecʻi dans ces régions, en 1268/9. 4.2.3. Haute-Arménie, 1306-1342 Un groupe plus tardif de descendants de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi est constitué par plusieurs manuscrits copiés durant la première moitié du Cf. ARZOUMANIAN, Kirakos Ganjakecʻi, p. 266. Pace KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 42 / 124, qui ne pense pas que l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi ait pu se trouver à Nor Getik en 1271 et juge plus probable que le monastère en ait possédé une copie. 110 Cf. MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 608; COULIE, Cilicia, p. 265-266. 108

109

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XIVᵉ siècle en Haute-Arménie. Le premier d’entre eux à être daté est J 2588, copié en 1306 à Erzeroum par Astuacatur abełay. Pour la première fois dans la tradition de l’exemplaire de Murłanecʻi, la formule de colophon prend un tour «standard», avec l’emploi des adjectifs ստոյգ «sûr» et ընտիր «de choix»: … գրեցաւ … ի ստոյգ յընտիր աւրինակէ որ կոչի Գրիգորի Մուրղանեցւոյ։ … [ceci] fut écrit … d’après un exemplaire sûr [et] de choix, qui est appelé [exemplaire] de Grigor Murłanecʻi.111

Ailleurs dans le même manuscrit, une annotation marginale du copiste atteste éloquemment de la haute estime dans laquelle l’exemplaire de Murłanecʻi était tenu. Comme dans un des colophons de M 2814, le copiste y invoque l’autorité des vardapets pour garantir l’exactitude et l’authenticité du texte transmis par son modèle: Այս սքանչելի աւրինակս, որ հազիւ կայցէ այսպիսի ընտիր աւրինակ, ճշգրիտ, եւ իմաստնոց վարդապետաց ճշգըրտած, Դաւիթ քահանայ շնորհեաց մեզ զաւրինակս, եւ Քրիստոս նմա՝ զիւր արքայութիւնն։ Cet admirable exemplaire, car il se trouverait difficilement un exemplaire de choix comme celui-ci, exact et vérifié [par] les sages vardapets, Dawitʻ kʻahanay nous offrit cet exemplaire, et Christ lui [offrit] son Royaume.112

La même configuration de la formule que dans J 2588, avec les adjectifs ստոյգ «sûr» et ընտիր «de choix», se retrouve dans le colophon d’un manuscrit non daté, copié à Varzehan (ou Varzahan, auj. Uğrak), aux environs de Bayburt113 (M 10283). Le copiste de ce tétraévangile, Yohan krōnawor, dit ceci: … ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ, որ կոչի Մուրղանեցի, զոր լեալ էր ի գանձատանէ թագաւորացն Հայոց։ … d’après un exemplaire sûr et de choix, qui s’appelle Murłanecʻi, qui était issu du trésor des rois d’Arménie.114

La proximité géographique de Varzahan et Erzeroum, ajoutée au fait que l’on trouve, au sein de notre formule, la même combinaison d’adjectifs 111 J 2588, f. inconnu = POŁAREAN, Gričʻner, p. 15; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 11, n. 87 (trad. anglaise). 112 J 2588, f. inconnu = POŁAREAN, Gričʻner, p. 15; DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 11, n. 87 (trad. anglaise). 113 THIERRY, Répertoire, nᵒ 252, p. 48-49; TełBaṙ IV, p. 7871–2 s.v. Varzahan; OSKEAN, Barjr Haykʻ, nᵒ E.16, p. 189; OSKEAN, Sebastia II, nᵒ D.12, p. 236-237; THIERRY, HauteArménie, nᵒ 195, p. 143-144. 114 M 10283, f. 221v-223r = GASAPEAN, Cʻucʻak, nᵒ 19, p. 50; POŁAREAN, Gričʻner, p. 16-17.

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dans J 2588 et dans M 10283, suggère un lien entre ces deux manuscrits. Cependant, tous deux donnent à propos de l’exemplaire de Murłanecʻi des informations complémentaires: l’un (J 2588) mentionne l’authentification du manuscrit par les vardapets, tandis que l’autre (M 10283) cite son origine royale. L’un ne peut donc pas dépendre de l’autre, mais il est probable que tous deux se soient fondés sur un exemplaire commun, dont le colophon présentait l’ensemble de ces informations. La présence d’un antigraphe du manuscrit de Grigor Murłanecʻi dans la région de Bayburt est corroborée par le tétraévangile M 280, copié à Bayburt même en 1310, par tēr Awag kʻahanay115. Dans son colophon, le copiste explique qu’il s’est servi de trois modèles différents, dont un exemplaire appelé «Murłanecʻi»: Յիշեսջիք … զշնորհազարդ եպիսկոպոսն մեր՝ զտէր Սահակ … զի շնորհեաց մեզ աւրինակ ընտիր։ Յիշեսջիք եւ զսրբասէր քահանայ զՍամուէլն եւ զաւակսն իւր, որ ետ կրկին այլ աւրինակ, որ ստոյգեցաք, եւ զԿարապետ քահանայն, որ միւս աւրինակ այլ շնորհեաց, որ կոչի Մուրղանեցի, քանզի յերկուց եւ յերից վկայից հաստատի ամենայն բան։ Զի յորժամ յաւարտումն հասաւ, եդաք զերիս ընդիր եւ անուանի աւետարանքս եւ ստոյգեցայք, որ մին շառաւեղաւք էին գրած. եւ մի՛ հայիք ի յախմարութիւն իմ եւ յանարհեստ գիրս, զի բազում աշխատանս կրեցի մինչ ի ձեռն բերի զաւրինակերս եւ ստոյգեցի … Souvenez-vous … de notre évêque paré de grâces, tēr Sahak … car il nous offrit un exemplaire de choix. Souvenez-vous aussi du prêtre qui aime la sainteté Samuēl (kʻahanay) et de ses enfants, lui qui donna à son tour un autre exemplaire, que nous corrigeâmes, et de Karapet kʻahanay, qui offrit encore un autre exemplaire, qui s’appelle Murłanecʻi, car d’après deux et trois témoins, tout mot est établi (cf. Matth. 18, 16; II Cor. 13, 1). Car lorsque [notre travail] arriva à terme, nous déposâmes ces trois évangiles de choix et renommés et nous les corrigeâmes, parce qu’ils avaient écrit l’un [d’entre eux] avec des rejetons (i. e. des contaminations ou des fautes?); et ne regardez pas à mon ignorance et à mon écriture sans art, car je supportai beaucoup de labeur jusqu’à ce que j’eusse mis la main sur des exemplaires et les eusse corrigés …116

À l’instar de J 2588, ce manuscrit-ci est également l’œuvre d’un copiste attentif à l’exactitude du texte. La tournure միւս աւրինակ այլ … որ կոչի Մուրղանեցի «encore un autre exemplaire, qui s’appelle Murłanecʻi» est cependant bien vague par rapport aux textes que nous avons lus jusqu’ici. Pour ce copiste, la confrontation de plusieurs témoins entre eux revêt 115

AnjnBaṙ I, p. 322 s.v. Awag 10. M 280, f. 264v = H14A 176a, p. 185-186; H14 96, p. 71-72; MCʻM I, nᵒ 208, col. 1177; POŁAREAN, Gričʻner, p. 16; TĒR-MOVSISEAN, Istorija perevoda, nᵒ C.38, p. 167 (avec trad. russe). 116

POSTÉRITÉ

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davantage d’importance, en vue d’établir un bon texte, que l’emploi d’un modèle de qualité exceptionnelle. Le dernier manuscrit en date à se réclamer de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi est le tétraévangile M 7642, copié en 1342 pour Gēorg kʻahanay par un certain Simēon ērecʻ (sic). Comme celui-ci ne communique ni son lieu de travail, ni le nom d’aucun parent, on ignore l’origine exacte du manuscrit117. Voici ce que Simēon dit du modèle dans son colophon: … կատարեցաւ սուրբ աւետարանս Տեառն մերոյ Յիսուսի Քրիստոսի շարադրեալ ի չորից ամոլաց, ի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակէ կոչեցեալ Մուրղանեցոյ … … ce saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, composé par quatre confrères, fut achevé d’après un exemplaire sûr et de choix appelé [exemplaire] de Murłanecʻi …118

Vu l’emploi du couple ստոյգ եւ ընտիր «sûr et de choix», on peut supposer que ce manuscrit se rattache à la même branche de la tradition que J 2588 (Erzeroum, 1306) et M 10283 (Varzehan) et donc, par conséquent, proposer qu’il ait été rédigé en Haute-Arménie. Dans J 2588 (Erzeroum, 1306), l’exemplaire est encore appelé Գրիգորի Մուրղանեցւոյ «de Grigor Murłanecʻi», tandis que M 10283 (Varzehan) et M 280 (Bayburt, 1310) l’appellent simplement Մուրղանեցի «Murłanecʻi». Murłanecʻi n’est plus, dans l’esprit des copistes de ces deux tétraévangiles, le nom de l’auteur de leur exemplaire, mais devient par métonymie la désignation du manuscrit même. Le génitif Մուրղանեցոյ «de Murłanecʻi» dans M 7642 fait alors pencher la balance vers Erzeroum. Ce manuscrit n’étant pas illustré, nous n’avons pour l’instant aucun autre moyen de préciser son origine que par cette analyse du colophon. 4.3. Postérité 4.3.1. Une copie tardive de l’exemplaire d’Uṙhayecʻi Après un sommeil de plusieurs siècles, conséquence de l’affaiblissement de l’activité culturelle arménienne à Édesse, la branche née de l’exemplaire de Kostandin Uṙhayecʻi a suscité un rejeton tardif, le tétraévangile ALQ 11. Le feuillet portant le colophon est mutilé, mais d’après ce que l’on parvient malgré tout à y lire, le manuscrit a été copié en 1612119 à KORXMAZYAN, Barjr Haykʻ, p. 41 / 123 attribue ce manuscrit à Bayburt sans s’expliquer. M 7642, f. 387r = H14 413a, p. 333; POŁAREAN, Gričʻner, p. 17. 119 Un autre colophon, p. 5261, mentionne que le manuscrit fut restauré le 9 juillet de l’an 1605 (1054 de l’ère arménienne). Pour expliquer cette incohérence, A. Matʻevosyan a proposé plusieurs solutions (H17A 235, p. 188, n. 41), mais il se pourrait aussi bien, vu 117 118

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CHAPITRE VII. LE TÉTRAÉVANGILE DE GRIGOR MURŁANECʻI

l’ermitage d’Ǝnkuzek en Dersim (auj. Geçimli, province de Tunceli)120 par Aṙakʻel episkopos. Il semble que le commanditaire se nomme kʻahanay Yohannēs; après ce nom se trouve une lacune, recouvrant le début d’un deuxième nom, Astuacatur kʻahanay Urhayecʻi121, qu’A. Surméyan considère, non sans hésitation, comme l’acquéreur du codex. Après la doxologie, le colophon débute par l’évocation de l’exemplaire: Գրեցաւ աստուածախաւս Աւետարանս յամենալաւ աւրինակէ, որ կոչի Ուրհայեցի … Cet Évangile à la parole divine fut écrit d’après un exemplaire excellent, qui s’appelle Urhayecʻi …122

On remarquera que, plus de 450 ans après la rédaction de l’exemplaire en question, sa désignation a subi, sous la plume du copiste, le même phénomène de métonymie observé dans les dernières copies de l’exemplaire «Murłanecʻi»; par ailleurs, les habitudes orthographiques ont changé (r au lieu de ṙ dans Urhayecʻi). Il n’est pas difficile de déterminer de quel modèle dépend ALQ 11, car seul ANN 141 (Édesse, 1161) emploie dans la formule l’adjectif ամենալաւ «excellent». Puisque le colophon mentionne aux côtés du commanditaire un individu originaire d’Édesse, Astuacatur Urhayecʻi, on suppose que c’est ce dernier qui a fourni le modèle de la copie. Ce modèle, par conséquent, était toujours conservé à Édesse, où il avait été copié autrefois. 4.3.2. Sort de l’exemplaire de Murłanecʻi Hormis ce cas indirect, après 1342, on ne connaît plus aucun manuscrit qui se réclame de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi. La tradition est-elle morte pour autant? Il est difficile de le dire sans examiner le texte des manuscrits. Et même ainsi, sans doute les spécificités du texte de Murłanecʻi le mauvais état du manuscrit, que Surméyan ait mal lu la date de restauration. Amender la lecture de la date du colophon principal, ռկա = 1061, se heurterait à une impossibilité soit paléographique, soit historique. 120 THIERRY, Répertoire, nᵒ 444, p. 82; TełBaṙ II, p. 3792–3 s.v. Ǝnkuzyacʻ vankʻ et Ǝnkuzut [5]; ĒPʻRIKEAN, Baṙaran I, p. 713 s.v. Erkan et p. 842 s.v. Ǝnkǝzik, etc.; OSKEAN, Sebastia II, nos E.3, p. 119 et E.7, p. 121-127; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 200, p. 227-228; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 52; THIERRY, Erkayn Ǝnkuzikʻ; POŁAREAN, Erkayn Ǝnkuzeacʻ vankʻ. 121 Seuls les derniers caractères du prénom sont lisibles: […]տուր […]tur. La restitution Astuacatur est confirmée par le colophon du manuscrit LEY 5527, commandé par Astuacatur Urhayecʻi en 1632 (H17B 714, p. 493; MACLER, Rapport 1922, nᵒ 67, p. 155156, avec trad. française). 122 ALQ 11, p. 525 = H17A 591a, p. 474; SIWRMĒEAN, Cʻucʻak Halēpi I, nᵒ 11, p. 31.

CONCLUSIONS

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ont-elles de toute façon fini par se dissoudre: les copistes auront cessé de noter les variantes marginales, suppléé les péricopes et versets «manquants» et inséré des éléments paratextuels qui n’existaient pas encore à l’époque de Murłanecʻi, tels que les lettres dominicales (kirakagirkʻ) ou les «introductions» (naxadrutʻiwnkʻ) à la fin de chaque Évangile. Cette tendance s’observe du reste déjà dans certains des manuscrits que nous avons discutés: V 325, par exemple, donne trois des quatre passages absents de l’original de Murłanecʻi, tandis qu’ALQ 11 possède les prologues habituels des quatre Évangiles. Un autre facteur d’extinction réside sans doute dans l’inaccessibilité du modèle et dans la rareté de ses copies. Il n’est pas anodin que le scribe du manuscrit de 1144 parle déjà de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi comme d’une անգիւտ մարգարիտ «perle introuvable», expression plus tard reprise à son compte par le copiste de V 325. Le manuscrit original a longtemps été conservé dans la bibliothèque patriarcale, où, si l’on doit en juger par les colophons, il ne semble pas avoir suscité un très grand nombre de copies. Après 1271, on n’en a plus que des descendants indirects. Ce manuscrit a d’abord pâti de circonstances défavorables du fait de l’instabilité politique, qui motiva les fréquents déménagements du siège catholicossal, jusqu’à ce qu’il se fixe à Hṙomkla en 1149/50. Mais il était déjà trop tard: après une brève heure de gloire auprès des scribes édesséniens, notre manuscrit tombe progressivement dans l’oubli, victime du succès des manuscrits ciliciens. Ceux-ci ne pouvaient qu’éclipser «l’exemplaire de Murłanecʻi»: à la fois par leur style artistique et par leur type textuel, les œuvres ciliciennes représentaient ce qui se faisait de plus fin et de plus moderne, tandis que l’ornementation vieillie de notre manuscrit et le texte particulier qu’il renfermait, avec ses variantes marginales, n’étaient clairement plus au goût du jour. On devine que le codex a quitté le catholicossat dans le courant du XIIIᵉ siècle, pour finir ses jours, sans doute, au monastère de Nor Getik. 5. CONCLUSIONS Au cours de ce chapitre, nous avons retracé l’histoire d’une tradition complexe de copie des Évangiles. Cette tradition a pour point de départ un manuscrit, probablement ancien, reposant dans le trésor royal de Kars. Ce manuscrit serait peut-être tombé dans l’oubli le plus complet s’il n’avait attiré l’attention du catholicos Grigor Vkayasēr, qui chargea un certain Grigor Murłanecʻi d’en réaliser une copie entre 1065 et 1070. On devine

384

CHAPITRE VII. LE TÉTRAÉVANGILE DE GRIGOR MURŁANECʻI

que ce scribe de grand talent, actif pour la cour royale établie à Tzamandos en Cappadoce, employa les meilleurs matériaux et que le catholicos fit décorer le manuscrit à grands frais. Le texte des Évangiles y témoigne par ailleurs d’un travail philologique remarquable. Conservé dans la bibliothèque patriarcale, le tétraévangile fut toutefois relativement peu recopié: d’après les colophons, seulement douze manuscrits issus de cette tradition sont parvenus jusqu’à nous, datés à une exception près entre le milieu du XIIᵉ et le milieu du XIVᵉ siècle. En reconstituant autant que possible la chaîne complexe de transmission qui unit les colophons de ces douze manuscrits (fig. 28) et, partant, définit la tradition de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi, nous avons pu illustrer plusieurs aspects de la pratique scriptoriale en Arménie. Le point le plus évident concerne les raisons et les limites de l’influence d’un modèle: un manuscrit de qualité supérieure, de la main d’un artiste renommé tel que Grigor Murłanecʻi ou Kostandin Uṙhayecʻi, acquiert une célébrité qui suscite l’intérêt des copistes. Cependant, un tel engouement est fragile: aussi bien des circonstances historiques défavorables que d’inévitables effets de mode peuvent rapidement le condamner. Le succès de l’exemplaire de Murłanecʻi est demeuré relativement local. À cet égard, notre étude permet tout particulièrement d’apprécier mieux l’importance culturelle d’Édesse et des environs (Covkʻ, Reshaïna) dans la première moitié du XIIᵉ siècle. Par son activité scriptoriale, cette cité a joué un rôle précurseur par rapport à Hṙomkla et aux scriptoria de Cilicie, jusqu’à ce que la production de manuscrits s’y estompe en faveur de ces régions, vers 1160-1170. D’un autre côté, les pérégrinations du manuscrit de Murłanecʻi expliquent la diffusion de cet exemplaire dans des régions fort éloignées de son milieu d’origine. L’itinéraire du codex, qui se superpose à celui de la bibliothèque patriarcale, reflète les multiples déplacements des centres de pouvoir et, par là, les évolutions de la situation politique en Arménie. Finalement, sur le plan méthodologique, nous avons montré une fois de plus l’importance d’une analyse rigoureuse des colophons, confrontée au donné philologique, iconographique et codicologique. À bien des reprises, une telle approche croisée permet de corriger des idées reçues ou de jeter des ponts entre plusieurs manuscrits; elle fait aussi sentir la nécessité d’un approfondissement de l’étude philologique, mais aussi codicologique, des manuscrits des Évangiles. Le résultat de cette coordination des moyens est une compréhension accrue des dynamiques individuelles, locales, régionales et globales qui caractérisent l’activité scriptoriale arménienne.

385

CONCLUSIONS *Trésor royal de Kars

— 1000

— 1050 *Grigor Murłanecʻi

— 1100 Édesse W 659 (gardes) V 888 V 1568

*Kostandin Uṙhayecʻi

ANN 141

Hṙomkla

— 1150

*Kozma hṙetor — 1200

M 7734

V 325 AMM* [2]

? MUSA* 1

Bayburt / Varzahan

— 1250

M 2814 M 10283

J 2588

Erzeroum

— 1300

M 280

M 7642

— 1350

— 1612 ALQ 11

Fig. 28. L’exemplaire de Grigor Murłanecʻi: stemma colophonum (les manuscrits cités en italiques ne mentionnent pas Grigor Murłanecʻi)

CHAPITRE VIII

LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY 1. INTRODUCTION Le travail sur les formules liées à l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi montre qu’il peut être nécessaire de passer par un examen approfondi et circonstancié des manuscrits et de leurs colophons pour être à même de reconstituer l’histoire d’une tradition textuelle donnée. Heureusement, l’archétype n’est pas toujours inaccessible — comme l’était l’exemplaire de Murłanecʻi — et parfois, assez d’éléments de la chaîne ont survécu pour que l’on puisse aisément parcourir l’histoire d’une tradition, sans devoir la reconstruire. C’est le cas pour la tradition de l’évangile dit de Tʻoros pʻilisopʻay (Thoros le Philosophe). Ce nom a déjà été évoqué au chapitre 4: Tʻoros est un copiste et artiste de grand renom, actif au couvent de Drazark, en Cilicie, vers la fin du XIIIᵉ siècle123. L’un de ses manuscrits, MUSA* 10, un tétraévangile copié en 1301 et offert au couvent des Saints-Apôtres de Muš, a donné lieu à un petit groupe de copies directes ou indirectes, que ce chapitre a pour but d’examiner. Étant donné que nous avons déjà partiellement discuté, au chapitre 4, à la fois le manuscrit original (MUSA* 10) et l’archétype de la formule (M 7519), et s’agissant d’une tradition qui concerne un nombre restreint de manuscrits et ne pose aucun problème particulier, ce chapitre-ci sera plus bref que les autres. On y retrouvera néanmoins les rubriques habituelles, à savoir les textes (corpus, édition et commentaire), le modèle et son auteur, et l’histoire du type (origines, évolution et postérité). 2. TEXTES 2.1. Corpus Le corpus de la tradition de l’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay comporte un total de six manuscrits (fig. 29). Parmi ceux-ci, deux ont péri durant le génocide (DIA* S. Kirakos [13] et MUSA* S. Marinē [1]); pour l’un d’eux, MUSA* S. Marinē [1], nous disposons de deux textes partiels, qui présentent de légères divergences. Le premier est donné par Ł. Pʻirłalēmean, 123

Voir p. 223-225.

388

CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

qui n’a pas vu lui-même le manuscrit mais s’est fondé sur une transcription, présentée à lui lors de son séjour à Van, en 1887, par le vardapet Arsēn Tʻōxmaxean124. C’est ce texte qui a été reproduit par L. Xačʻikyan dans le premier tome de ses Colophons de manuscrits arméniens du XVᵉ siècle125. L’autre texte est celui de N. Mardirossian, secrétaire diocésain de Muš, transcrit en 1914126. Nᵒ —

Cote M 7519

Date

Formule

Lieu

Auteur(s)

1327 ստոյգ եւ ընտիր աւրին[ակ Ałētʻ Yovannēs զոր] գրեալ էր Թորոս փիլիkʻahanay (cop.); սոփայն AHMM 148 (ill.)

284 ISP Sīngerd, S. Stepʻanos

1443 ստոյգ եւ ընտիր արինակէ Bitlis Mkrtičʻ kʻahanay զոր գրեալ էր Թորոս փըլի(cop., ill.) սոփայն



MUSA* S. Marinē [1]

1450 ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ Bitlis Stepʻannos kʻahanay զոր գրեալ էր Յովանէս (cop.) Աղէթընցի ի Թորոս փիլիսոփայէ



DIA* 1454 ընտիր եւ ստոյգ աւրինակ Bitlis Stepʻannos kʻahanay S. Kirakos [13] զոր գրեալ էր Թորոս փիլի(cop.) սոփայն



M 4648

1456 ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ Bitlis Stepʻanos զոր գրեալ էր Թորոս փիլիkʻahanay (cop.); սոփայն Minas kʻahanay (ill.)



NOJ 341

1456 ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ Bitlis Stepʻanos kʻahanay զոր գրեալ էր Թորոս փիլի(cop., ill.) սոփայն

Fig. 29. L’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay: corpus

On peut déjà noter que tous ces manuscrits, exception faite de M 7519, ont été copiés à Bitlis dans un intervalle de quatorze ans, entre 1443 et 1456. Quatre d’entre eux sont d’ailleurs de la plume du même copiste. Enfin, l’ensemble des colophons présentent une formule identique ou très semblable; cette ressemblance s’étend, comme nous allons le voir, à l’ensemble de leur texte. 124 125 126

NH 181, p. 165. H15A 727, p. 649. MARTIROSEAN, Cʻucʻak, nᵒ 19, p. 113.

ÉDITION

389

2.2. Édition Contrairement à la situation que nous avons constatée pour le type de Grigor Murłanecʻi, nous avons donc ici affaire, non à une série de variantes de la formule, mais à un véritable formulaire de colophon, comme aux chapitres 4 et suivants. Pour étudier ce texte, nous aurons donc à nouveau recours à une édition critique. Dans le choix des variantes, nous n’avons pas nécessairement privilégié les leçons de M 7519, qui constitue pourtant l’archétype. En effet, la méthode pour éditer un formulaire de colophon n’est pas tout à fait la même que pour établir un texte «d’auteur»127: on part du principe qu’un formulaire de colophon n’acquiert son statut de formulaire que lorsqu’il fait l’objet d’une application répétée. Il s’agit donc d’éditer le texte dans la forme sous laquelle il s’est popularisé. À cet égard, les variantes des cinq manuscrits du XVᵉ siècle, lorsqu’elles s’opposent à celles de M 7519, sont plus pertinentes que ces dernières. Par exemple, M 7519 est seul à évoquer les pouvoirs arméniens établis en Cilicie (II, 7-10): … ի հայրապետութիւն Կիլիկեցւոց տեառն Յակովբայ, եւ ի մերոյ հայրապետութեան Ախթամարեցոյ տեառն Զաքարիա, եւ ի թագաւորութեան Կիլիկեցւոց նահանգին քրիստոսապսակ եւ բարեպաշտ Ղեւոնի, եւ ի կայսերական բռնակալութիւն ազգին նետողաց Պուսայիտ խանին … … sous le patriarcat de Cilicie de tēr Yakob (i. e. Jacques II d’Anazarbe, 13271341 et 1355/7-1359) et sous notre patriarcat d’Ałtʻamar de tēr Zakʻaria (i. e. Zacharie Ier Séfédinian, ca. 1298-ca. 1336/7), et sous le règne sur le pays de Cilicie de Łewon (i. e. Léon IV, 1321-1341), couronné par Christ et pieux, et sous la tyrannie impériale de Pusayit khan (i. e. Abū Sa῾īd Bahādor Khan, 1316/7-1335) de la nation des archers …128

Il est évident que ces mentions, non pertinentes dans le contexte du XVᵉ siècle et donc éliminées des colophons de cette époque, doivent être rejetées dans l’apparat. En revanche, lorsque les textes du XVᵉ siècle diffèrent les uns des autres, on tranchera en faveur de la leçon la plus proche de celle présentée par M 7519. Un dernier avertissement concerne les deux transcriptions du colophon de MUSA* S. Marinē [1]. Ni l’une ni l’autre ne paraît être absolument fiable, c’est pourquoi nous avons décidé de donner dans l’apparat les variantes de l’une et de l’autre. 127

Voir p. 23-26. M 7519, f. 244r1–2 (d’après reproduction) = H14 254, p. 202; CAM 1327-1, p. 67. Voir aussi supra, p. 203-205. 128

390

CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

Les sigles utilisés dans l’apparat sont les suivants: A = M 7519: Erévan, Matenadaran, cod. 7519. Papier, tétraévangile, copié en 1327 dans le village d’Ałētʻ par Yovannēs kʻahanay. F. 243v2-244v2, dans le colophon du copiste129. B = ISP Sīngerd, S. Stepʻanos: Sīngerd, Église Saint-Étienne, cod. s. n. Papier, tétraévangile, copié et enluminé en 1443 à Bitlis par Mkrtičʻ kʻahanay pour Esayi, qui l’offrit à l’église Saint-Cyriaque. À partir du f. 220r, dans le colophon du copiste130. C = MUSA* S. Marinē [1]: olim Muš, Église Sainte-Marine, cod. [1] (perdu). Tétraévangile, copié à Bitlis en 1450 par Stepʻannos kʻahanay pour Yovanēs et Tʻoros. Dans le colophon du copiste131. Cm = variantes propres au texte de Mardirossian. Cp = variantes propres au texte de Pʻirłalēmean / Xačʻikyan. D = DIA* S. Kirakos [13]: olim Diarbékir, Église Saint-Cyriaque, cod. [13] (perdu). Tétraévangile, copié en 1454 à Bitlis par Stepʻannos kʻahanay. Dans le colophon du copiste132. M = M 4648: Erévan, Matenadaran, cod. 4648. Papier, tétraévangile, copié en 1456 à Bitlis par Stepʻanos kʻahanay et illustré par Minas kʻahanay pour Hṙwpʻsimē mahdasi. F. 281r-282r, dans le colophon du copiste133. N = NOJ 341: Nouvelle-Djoulfa, Monastère du Saint-Sauveur, cod. 341. Papier, tétraévangile, copié et enluminé en 1456 à Bitlis par Stepʻanos kʻahanay. F. 247v-248r, dans le colophon du copiste134.

129 D’après reproduction. Voir aussi H14 254, p. 202; CAM 1327-1, p. 67; HMM, nᵒ 128, p. 227; MANOUKIAN, Colophons of Turuberan, p. 150 (trad. anglaise partielle). 130 H15A 620, p. 545; CAM 1443-1, p. 199; MINASEAN, Cʻucʻak, nᵒ B.12, p. 219-220; TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak (non uidi). Voir aussi MANOUKIAN, Colophons of Turuberan, p. 150-152 (trad. anglaise partielle). 131 H15A 727, p. 649; NH 181, p. 165 (d’après une copie effectuée par Arsēn vardapet Tʻōxmaxean et vue par l’auteur à Van en 1887); MARTIROSEAN, Cʻucʻak, nᵒ 19, p. 113. 132 H15B 58, p. 46; NH 197, p. 174; SRUANJTEANCʻ, Tʻoros Ałbar II, p. 445. Voir aussi MACLER, Notre-Dame de Bitlis, p. 374-375. 133 H15B 96a, p. 68-70. 134 H15B 97, p. 71; MINASEAN, Cʻucʻak, nᵒ [A-]27, p. 37.

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CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

1 I. Or moi, le cadet parmi les fils de l’Église et l’inutile parmi les prêtres ‹nomen scribae›, 2je devins désireux de ce saint évangile à la parole divine et porteur de la Bonne Nouvelle, 3et je trouvai un exemplaire sûr et de choix, qu’avait écrit Tʻoros pʻilisopʻay (Thoros le Philosophe) à Drazark 4et [qu’il avait] envoyé à la célèbre communauté des Saints-Apôtres du Tarōn, qu’on appelle monastère de Lazare. 5Et l’ayant pris, j’écrivis ceci de mes indignes mains. 1 En notre grande ère, 2dans la révolution saisonnière du soleil par II. descentes, en regardant la terre depuis les cieux pendant son voyage vers le ciel, 3à l’instar des créations, ayant mesuré depuis Adam jusqu’aujourd’hui, ‹tot› ans, 4et en ‹tot› de notre ère arménienne, 5dans ce canton de ‹nomen pagi›, 6dans cette ville de ‹nomen urbis›, 7sous l’égide de ‹nomen sancti siue ecclesiae›, 8sous le patriarcat de tēr ‹nomen catholici Ecmiadzini› 9 et sous le patriarcat d’Ałtʻamar de tēr ‹nomen catholici Aghtamari›, 10 et sous la tyrannie impériale de ‹nomen titulusque ducis Mongolorum› de la nation des archers, 11en un temps difficile et mauvais, 12durant lequel le parti de la justice s’est amoindri et l’iniquité s’est renforcée de tous côtés; 13et la parole prophétique fut accomplie sur nous, qui dit: «Il est un temps où ils diront aux montagnes «tombez sur nous» et aux collines «couvrez-nous».

II.

2 14

cf. SARG. ŠNORH. in epist. cath. X, 9, p. 1571 Narinean ∣ cf. Ps. 101, 20 Luc. 23, 30

կայսերական բռնակալութիւն: կայսերութեան D խանութիւնն M խանութեանն N ∣ ‹nom. tit.que duc. Mongol.› add. որդոյ Ուսուֆին B 11–14 ի1 — զմեզ deest D 11 ի1 — եւ om. M ∣ թշուառ: դժուար B նուրբ N ∣ ժամանակիս N 12 յորում է: յորմէ M ∣ արդարութիւն AN ∣ անիրաւութիւնն N 13 բանն AN ∣ մարգարէին M ∣ ի — մեր om. M 14 գայ A ∣ եւ — զմեզ om. M 10

ÉDITION

393

1 I. Եւ արդ, ես՝ կրտսերս յորդիս եկեղեցւոյ եւ անպիտանս ի քահանայս ‹nomen scribae›, 2ցանկացող եղէ աստուածախաւս եւ աւետաբեր սուրբ Աւետարանիս, 3եւ գտի ստոյգ եւ ընտիր աւրինակ, զոր գրեալ էր Թորոս փիլիսոփայն ի Դրազարկն 4եւ յուղարկեալ հռչակաւոր ուխտին սուրբ Առաքելոցն Տարաւնոյ, որ կոչի Ղազարու վանք։ 5Եւ իմ առեալ գրեցի զսա անարժան ձեռաւք իմովք։ 1 II. Ի մեծ թուիս, 2ի յեղանական շրջագայութեան արեգական ստորիջիւք երկնաչու ճանապարհաւ յերկնից յերկիր հայելով, 3ըստ արարչութեանցն չափեալ յԱդամայ մինչեւ ցայսր ամք ‹tot›, 4իսկ ի Հայոց թուականիս ‹tot›, 5 ի գաւառիս ‹nomen pagi›, 6ի քաղաքիս ‹nomen urbis›, 7ընդ հովանեաւ ‹nomen sancti siue ecclesiae›ս, 8ի հայրապետութեան տեառն ‹nomen catholici Ecmiadzini›, 9եւ ի հայրապետութեան Աղթամարայ տեառն ‹nomen catholici Aghtamari›, 10եւ ի կայսերական բռնակալութիւն ազգին նետողաց ‹nomen titulusque ducis Mongolorum›, 11ի թշուառ եւ ի չար ժամանակի, 12 յորում է արդարութեան կողմն նուազեալ եւ անիրաւութիւն յամենայն կողմանց զաւրացեալ. 13եւ կատարեցաւ բան մարգարէական ի վերայ մեր, որ ասէ, թէ 14գոյ ժամանակ, որ ասիցեն լերանց թէ անկերուք ի վերայ մեր եւ բլրոց, թէ՝ ծածկեցէք զմեզ։

եւ1 — եւ1 deest D կրսերս CMN կրսես A ∣ պիտանիս N ∣ քահանայից C 2 աստուածախաւս — աւետաբեր om. C 3 ստոյգ … ընտիր transp. D ∣ աւրինակէ B աւրին[ A ∣ զոր l. n. A ∣ գրեալն Cp Թորոս praem. Յովանէս Աղէթընցի (Աղէթըցի Cp) ի C ∣ փիլիսոփայէ C 4 սուրբ om. C ∣ վանք add. եւ զնա աւրինակեալ Յովանէս գրիչ Աղեթընին M 5 իմ: ես Cm ∣ զսա om. C ∣ ձեռօքս Cp I.

1–3 1

II.

1–3



om. CMN թուականիս B 2 յեղական B 3 արարչութեանց B ∣ ցայրս A ∣ ամք om. B 4 իսկ om. CMN ∣ ի om. D add. մերոյ N ∣ Հայոց թուականիս transp. CMN ∣ ‹tot› add. եւ ‹tot› ամի M 5 om. CDN 6 քաղաքս CpM մայրաքաղաքս A գեաւղս A add. որ առ [ ] ծովուս որ կոչի A 7 ‹nom. sanct.› CD ‹nom. sanct.›ն M 8–14 ի — զմեզ om. C 8–9 հայրապետութեան — ‹nom. cath. Aght.›: ժամանակիս յորում զաջն Լուսաւորչին գողացան ի Սըսոյ եւ վարդապետք միաբանեցան եւ դրին կաթողիկոս յԷջմիածինն եւ կասեն թէ աջն Լուսաւորչին աստ ի մեզ է եւ զստոյգն Աստուած գիտէ B 8 ի praem. եւ M ∣ հայրապետութեանն N հայրապետութիւն Կիլիկեցւոց A ∣ ‹nom. cath. Ciliciae› A add. Վաղարշապատոյ Էջմիածնի M 9 om. MN ∣ ի add. մերոյ A ∣ Ախթամարեցոյ A ∣ ‹nom. cath. Aght.› add. եւ ի թագաւորութեան Կիլիկեցւոց նահանգին քրիստոսապսակ եւ բարեպաշտ Ղեւոնի A 1

394

CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

1 III. Maintenant, vous qui lisez ou recopiez ceci, 2souvenez-vous dans vos prières limpides de l’acquéreur de ceci, ‹nomen emptoris›, 3et de tous ses proches par le sang, les vivants et ceux qui sont décédés auprès du Christ. 4Avec eux, [souvenez-vous] aussi de moi, le scribe sans art ‹nomen titulusque scribae›, 5et de nos parents. 6Et maintenant, moi ‹nomen emptoris›, qui acquis ceci comme trésor dans les cieux et comme intercesseur auprès de notre roi, Seigneur et Dieu, Jésus-Christ, 7qui donne à chacun en abondance et ne jalouse pas — 8qu’il nous impartisse aussi à tous [sa] miséricorde, sur les instances de tous les saints, amen. 1 IV. De plus, je vous prie de ne pas [me] faire reproche de [ma] gaucherie et de [mes] fautes, 2car la correction du verbe occulte la gaucherie de cette écriture, 3car selon notre capacité, nous travaillâmes beaucoup dans ceci (sc. ce manuscrit), 4et nous écrivîmes et rectifiâmes avec certitude, tel qu’était l’exemplaire. 5Souvenez-vous en prière du ‹titulus exemplaris praebentis› aimant la sainteté ‹nomen exemplaris praebentis›, qui offrit l’exemplaire, 6[et] avec lui, du scribe de ce dernier et de [son] acquéreur. 7Et [vous] qui vous souvenez de nous avec bienveillance, 8vous aussi, soyez remémorés dans la généreuse miséricorde de Dieu, qui est béni pour les siècles, amen.

III.

6 7

Matth. 6, 20; 19, 21; Marc. 10, 21; Luc. 18, 22 ∣ I Ioh. 2, 1 Iac. 1, 5

եւ2 om. M ∣ ողորդեցաք B om. M յիշեսջիք — զստացող om. M ∣ զսրբասէր — եւ om. B 5 զսրբասէր add. եւ զհոգելից A քահանայ զՄխիթար եւ N ∣ զ‹nom. exempl. praeb.› ‹tit. exempl. praeb.› N 6 նոցին N ∣ զստացող add. սորա զԵսային եւ զկենակիցն իւր զՏիկին-Մելիքն եւ զզաւակսն իւրեանց զՄուրատն եւ զՅովանէսն եւ զԲաղդատ-Խաթունն եւ զՄարտիրոսն եւ զՇնոհվորն եւ զամենայն արեան մերձաւորսն յիշեցէք ի Քրիստոս B 7–8 om. B 7 որ M ∣ յիշէ M ∣ սրտի մտաւք: զվերագրեալքս ի սմա M 8 յառատ ողորմութեանն: յառատ ողորմութիւնն N յողորմութիւնն M ∣ Աստուծոյ add. զի նա առատ է ի տուրս եւ յորդոր ի պարգեւս տայ եւ ոչ նախատէ ամենեցուն որ խնդրեն ձեզ եւ մեզ առ հասարակ ողորմեսցի Քրիստոս Աստուած N ∣ յաւիտեանս add. յաւիտենից N hic ins. poema et aliqua uota B 4

5–6

ÉDITION

395

1 III. Արդ, որք ընթեռնուք զսա կամ աւրինակէք, 2յիշեսջիք ի մաքրափայլ յաղաւթս ձեր զստացող սորա՝ զ‹nomen emptoris›ն 3եւ զամենայն արեան մերձաւորսն նորա, զկենդանիսն եւ զհանգուցեալսն առ Քրիստոս։ 4Ընդ նոցին եւ զիս՝ զանարհեստ գրիչս զ‹nomen titulusque scribae›, 5եւ զծնաւղսն մեր։ 6 Եւ արդ, ես ‹nomen emptoris›ս որ ստացայ զսա գանձ յերկինս եւ բարեխաւս առ թագաւորն մեր եւ Տէր եւ Աստուած Յիսուս Քրիստոս, 7որ տայն ամենայնի առատապէս եւ ոչ նախանձի, 8որ եւ մեզ ամենեցուն տացէ մասն ողորմութեան հայցուածովք ամենայն սրբոց, ամէն։ 1 IV. Այլ եւ աղաչեմ չլինել մեղադիր խոշորութեան եւ սխալանաց, 2զի զխոշորութիւն գրոյս՝ ուղորդութիւն բանին ծածկէ, 3զի ըստ կարի մերում յոյժ աշխատեցաք ի սմա 4եւ զինչ աւրինակն էր՝ գրեցաք եւ ստուգութեամբ ուղորդեցաք։ 5Յիշեսջիք աղաւթիւք զսրբասէր ‹titulus exemplaris praebentis›ն զ‹nomen exemplaris praebentis›, որ զաւրինակն շնորհեաց, 6ընդ նմին զգրող սորին եւ զստացող։ 7Եւ որք զմեզ յիշէք սրտի մտաւք, 8եւ դուք յիշեալ լիջիք յառատ ողորմութեանն Աստուծոյ, որ է աւրհնեալ յաւիտեանս, ամէն։

կամ աւրինակէք deest C զ‹nom. empt.›ն — նոցին deest D 2 ի — ձեր om. D ∣ զստացող սորա om. B ∣ սորա: սուրբ Աւետարանիս C ∣ զ‹nom. empt.›ն: սրբասնեալ ‹titulus empt.›ն զ‹nom. empt.› C spat. uac. uel ras. quam compleuit m. r. AN add. եւ զծնաւղսն D եւ զԹորոս եւ զծնաւղս իւրեանց C 3–8 նորա — ամէն deest C 3 եւ1 — Քրիստոս: եւ զկողակիցն իւր զՏիկին-Մէլիքն եւ զհանգուցեալ զաւակսն իւր զՅովանէսն եւ զՄուրատն եւ զԲաղդատ-Խաթունն եւ զՄարտիրոսն եւ զԹուրվանդէն եւ զծնօղսն իւր զՍտեփանոս եւ զՇնոհվորն B ∣ արեան — Քրիստոս: ազգականսն եւ սիրուն [դուստ]րն զՂըփչախ [այլ] եւ զպատուական րաբունին եւ զքաջ նահատակն զԳրիգոր որ ի բազում տեղիս չարչարեալ եւ զանձն ի մահ տուեալ վասն սերոյն Քրիստոսի եւ դեռեւս սիրտն ի նահատակութիւն է յիշեցէք ի սուրբ յաղաւթս ձեր եւ լի սրտով Աստուած ողորմի ասացէք իւրն եւ ծնաւղացն իւրոց, որ միջնորդ եղեւ սուրբ [Աւետարանիս եւ] մեք զհրամանս նորա կատարեցաք թերեւս աղաւթիւք նորա կեցցուք M ∣ զկենդանիս A 4 զիս om. M ∣ զանարժան B om. D ∣ գրիչ A 5–8 եւ — ամէն deest D 5 զծնաւղսն մեր: զմ. ծ. M add. զ‹nomina parentium scribae› B զ‹nomm. parentt. scr.› զհանգուցեալսն ի Քրիստոս N յիշեցէք ի Քրիստոս M 6–8 եւ1 — ամէն om. M 6 ես — որ eras. compleuitque m. r. A ∣ ես ‹nom. empt.› spat. uac. uel ras. quam compleuit m. r. N ∣ զսա: զսուրբ Աւետարանս N ∣ եւ om. N ∣ Աստուածն A 7 տարն B 8 ողորմութե[ա]նն N ողորմութիւն A ∣ սրբոց add. երկնաւորաց N ∣ ամէն add. եղիցի N III.

1

2–4

IV.

desunt CD 1 այլ om. M ∣ մեղադիր praem. մեզ M ∣ խոշորութիւն A 2 խոշորութեան M ∣ գրոյն MN l. n. A ∣ ուղորդութիւն emendaui: ողորդութիւն B ուղորդութեան AN ողորդութեան M

396

CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

2.3. Commentaire La plus grande partie du texte de ce formulaire de colophon a déjà été commentée aux chapitres 4 et 5. Nous avons déjà montré que le colophon de M 7519, qui est l’archétype du formulaire étudié ici, se rapproche du formulaire de Tʻonrak. Pour cette raison, nous nous contenterons ci-dessous d’un commentaire succinct. 2.3.1. Prologue (I) Le formulaire de colophon commence par l’exposé des circonstances qui ont mené à la copie. Le scribe, qui s’humilie (§ 1) selon la même formule qu’en II, 1 des types de Yovanēs d’Ałētʻ, cherche à faire une copie des évangiles (§ 2). Il fait alors la découverte d’un exemplaire de grande qualité (§§ 34) et décide de le recopier (§ 5). Le modèle est décrit avec un luxe inhabituel de détails: on connaît à la fois sa qualité — il s’agit d’un exemplaire «sûr et de choix» (ստոյգ եւ ընտիր) —, son auteur — Tʻoros pʻilisopʻay —, le lieu de copie — Drazark — et le lieu de conservation — le couvent des Saints-Apôtres de Muš. Deux manuscrits (C = MUSA* S. Marinē [1] et M = M 4648) précisent même que l’exemplaire que le copiste a sous les yeux n’est pas l’original, mais une copie faite par Yovanēs d’Ałētʻ. 2.3.2. Datation et localisation (II) Ensuite, l’auteur relate les circonstances de la copie elle-même. En premier lieu vient la date (§§ 1-4, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, IV, 1-4 et 7), puis le lieu (§§ 5-7, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, V, 1-4). Après cela sont citées les autorités ecclésiastiques (§§ 8-9, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, IV, 12-13) et civiles (§ 10, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, IV, 10/14). Jusqu’ici, on a un texte très proche du formulaire de Tʻonrak. Finalement, le copiste se lamente sur les malheurs de son temps où l’injustice prévaut sur le droit (§§ 11-12), citant un verset biblique à l’appui de son désespoir (§§ 13-14). 2.3.3. Requête de prières (III) Le restant du colophon est consacré à demander au lecteur et aux personnes qui recopieraient le manuscrit (§ 1, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, VII, 1-2) de remémorer devant Dieu un certain nombre de personnes. Il s’agit d’abord de l’acquéreur du livre, ainsi que de ses proches (§§ 2-3, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, VII, 3-4), puis du copiste lui-même et de ses parents (§§ 4-5, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, VIII, 1-2). Enfin, l’auteur fait parler l’acquéreur, qui implore la miséricorde divine (§§ 6-8, cf. types de Yovanēs d’Ałētʻ, II, 24-26).

397

L’AUTEUR: TʻOROS PʻILISOPʻAY

2.3.4. Requête d’indulgence (IV) Dans la dernière section, le copiste reprend la parole pour demander au lecteur de faire preuve d’indulgence envers les défauts de son écriture et les fautes qu’il a pu commettre (§ 1, cf. type de Tʻonrak, VI, 1). Il fait valoir que la justesse des mots est plus importante que l’aspect extérieur du texte (§ 2): en ce qui concerne l’écriture, il a fait de son mieux (§ 3, cf. type de Tʻonrak, VI, 2), mais le texte est le reflet parfait du modèle (§ 4, cf. type de Tʻonrak, VI, 3). Il demande également que l’on fasse mémoire de la personne qui a fourni ce modèle, ainsi que le scribe et le commanditaire de ce dernier (§§ 5-6). Enfin, il assure quiconque voudra bien remémorer toutes ces personnes dans ses prières que Dieu se souviendra aussi de lui (§§ 7-8, cf. type d’Ałētʻ, VIII, 3-4). 3. LE MODÈLE ET SON AUTEUR 3.1. L’auteur: Tʻoros pʻilisopʻay Nous savons assez peu de chose de Tʻoros pʻilisopʻay135. Prêtre séculier (kʻahanay), il est actif comme copiste et enlumineur au monastère cilicien de Drazark entre 1290 et 1306. Nous lui connaissons cinq manuscrits (fig. 30): tous sont des tétraévangiles, et quatre d’entre eux ont certainement ou probablement été illustrés par Tʻoros. Cote M 5736

Date 1290

Contenu

Lieu

Tétraévangile Drazark

Auteurs Tʻoros kʻahanay (cop., ill.)

SABE VЗ-835; 1290-1291 (cop.); Tétraévangile Drazark (cop.); M frg. 919 1292 (colophon) [Artaz], St-Thaddée (col.)

Tʻoros pʻilisopʻay (cop., [ill.])

M 6290

1295

Tétraévangile Drazark

Tʻoros pʻilisopʻa (cop.); Yohan (cop., ill.)

MUSA* 10

1301 (cop., ill.); 1306 (colophon)

Tétraévangile Drazark

Tʻoros pʻilisopʻa (cop., ill.?)

OSK* 1

ante 1331

Tétraévangile Drazark

Tʻoros pʻilisopʻay (cop., ill.?)

Fig. 30. Œuvres de Tʻoros pʻilisopʻay 135

Voir p. 223-224 (spéc. n. 223).

398

CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

Tʻoros lui-même est né en Cilicie, mais son père est originaire du Tarōn, plus précisément du district de Šatax, dans le Sasun, proche de Muš au sud-ouest136. Dans ses colophons, Tʻoros ne donne jamais le nom d’aucun membre de sa famille; en revanche, il parle souvent avec nostalgie du pays natal de ses parents, qu’il considère comme sa véritable patrie. Ces liens sentimentaux étroits avec le Tarōn, Tʻoros les entretient aussi dans la pratique: deux de ses manuscrits sont copiés pour les principaux monastères des alentours de Muš, le monastère du Saint-Précurseur137 (M 5736, de 1290) et le couvent des Saints-Apôtres, dit monastère de Lazare138 (MUSA* 10, de 1301). D’après leurs colophons, le premier est un don et le second, une commande; toutefois, la gratitude des récipiendaires de MUSA* 10 est telle que l’on peut supposer qu’ils ont bénéficié de conditions avantageuses de la part de Tʻoros139. Les manuscrits de cet artiste ont joui d’une grande réputation et par leurs illustrations ont influencé certaines productions de Grande Arménie, notamment à Glajor140. Tʻoros a lui-même formé des continuateurs: il mentionne dans le colophon de MUSA* 10 son disciple, également nommé Tʻoros, et son assistant, un certain Aṙakʻel. Par ailleurs, nous avons déjà vu précédemment que l’un des manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ (M 7519) avait pour modèle un tétraévangile copié par Tʻoros (MUSA* 10)141. L’impact de sa production s’est donc étendu à la région du lac de Van, un aspect que ce chapitre entend approfondir142. 3.2. Le manuscrit: MUSA* 10 C’est à partir de MUSA* 10, un manuscrit copié en 1301 à Drazark, que la tradition de l’évangile de Tʻoros pʻilisopʻay s’est développée. Acquis par la communauté des Saints-Apôtres de Muš et conservé dans ce couvent jusqu’au début du XXᵉ siècle, ce codex a disparu en 1915, comme beaucoup d’autres manuscrits de cette bibliothèque143. Dans le colophon de 136

TełBaṙ IV, p. 821 s.v. Šatax [1]. THIERRY, Répertoire, nᵒ 368, p. 70; OSKEAN, Tarōn-Turuberan, p. 134-244; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 243, p. 249-250; THIERRY, Voyage archéologique I, col. 388398; POŁAREAN, S. Karapet; LUSARAREAN, Gawazanagirkʻ. 138 Voir p. 191, n. 147. 139 Cf. le colophon discuté ci-dessous. 140 DER NERSESSIAN, Miniature Painting, vol. 1, p. 147; DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 64-73. 141 Voir p. 223-225 et ci-dessous. 142 Cf. déjà IZMAJLOVA, Kilikijskaja rukopis′, p. 49. 143 Cf. COULIE, Répertoire, p. 137-138. 137

LE MANUSCRIT: MUSA* 10

399

MUSA* 10, Tʻoros explique qu’il copia le codex à Drazark et l’envoya «dans la région de Tarawn, à la fameuse communauté illustre et habitée par Dieu, au monastère de Lazare»: Փառք եզակի, եռահիւսակ […] Աստուած որ կարողապետն է յամենայնի, եւ ցուցանէ իւրաքանչիւր զբաղձանս սրտից, ըստ աստուածաւանդ բանին, թէ որ հայցէ գտանէ։ Արդ ես նուաստ եւ թարմաւոր ոգիս, յոգնամեղ եւ անարժանս ի քահանայս Թորոս փիլիսոփա, ցանկացող եղէ սուրբ եւ կենսաբեր աւետարանիս, եւ գրեցի զսա անարժան ձեռամբ իմով, յաշխարհիս Կիլիկեցւոց ի սուրբ եւ ի գերահռչակ ուխտս Դրազարկ, որ է դամբարան թագաւորացն Հայոց, եւ առաքեցի յաշխարհն Հայոց ի գաւառն Տարաւնոյ ի գերահռչակ եւ յաստուածաբնակ ուխտն պանծալի, ի վանքն Ղազարու, որ է բնիկ աշխարհն եւ գաւառն իմ հայրենի։ Ուստի նախնիքն իմ ազգաց յազգս եւ տարամերժեալ ի բնիկ աշխարհէն իւրեանց եկեալ բնակեցան յաշխարհիս Կիլիկեցւոց եւ ես նուաստ եւ մեղաւոր ոգիս Թորոս աստ ծնեալ եւ սնեալ, եւ ցանկացայ գրել եւ առաքել ի գաւառսն իմ հայրենի, յաղագս մեղաց եւ յանցանաց իմոց թողութեան, եւ յամենայն ամի աւր մի յայտ արասցեն կամ զտաւն իջման սուրբ հոգւոյն կամ զայլակերպութեան, եւ մատուսցեն զպատարագն եւ ինծ հայցեսցեն մեղաց թողութիւն, եւ մի իշխեսցեն հանել յայս սուրբ ուխտէս եւ ծախել կամ գրաւ դնել, այլ մնասցէ անմեկնելի յայս սուրբ ուխտս եւ որ ոք ջանայ հանել ընդ անլուծանելի կապանաւք լիցի։ Արդ գրեցաւ սա ի սուրբ եւ ի գերահռչակ ուխտս Դրազարկ ի թուականութեանս Հայոց ՁԾ ի թագաւորութեանս Հայոց բարեպաշտ եւ սուրբ աբբաին (lege արքաին?) Հայոց Հեթմոյ եւ ի հովւապետութեան տէր Գրիգորոյ եւ յեպիսկոպոսութեան տէր Աբրահամու վանիցն Ղազարու, զոր խնդրեաց յիմս նուաստութենէ եւ ես յաւժար կամաւք գրեցի եւ շնորհեցի զսա սուրբ ուխտիս եւ յեւթն հարիւր յիսուն եւ հինգ ամին դարձեալ եկն Տէր Աբրահամ ի մայրաքաղաքն Սիս ուր եղեւ աշխարհաժողով ամենայն ազգաց յախուռն։ Թագաւորն Հայոց Հեթում, զՊարոն Թորոսի զիւր եղբաւրորդին, զամբիծ պատանին զԼեւոն թագիւ պսակեաց, եւ թագաւորեցոյց արքայապատիւ ճոխութեամբ, որ էր ամաց վեշտասան յամսեանն յունիս յերեսուն յաւուր հինգշաբթւոջն, զորն պահեսցէ տէր երկար ժամանակաւ։ Արդ հայցեցէք մեղաց թողութիւն զարմին Ռուբէնեաց եւ համաւրէն ծննդոց իւրոց կենդանեաց եւ մեռելոց, եւ մեղուցելոյս Թորոսի։ Յիշեսջիք ի Քրիստոս զեղբայրն իմ ըստ հոգւոյ զՏէր Գէորգ զի քառասուն ամ ի միասին էաք բնակեալ։ Յիշեսջիք ի Քրիստոս զպանծալի րաբունին զԿիրակոս, ըստ հոգւոյ եղբայրն իմ։ Յիշեսջիք ի Քրիստոս ծնողսն իմ եւ իմ անարժանութեանս յարաժամ հայցեցէք մեղաց թողութիւն ի Քրիստոսէ Աստուծոյ որ է աւրհնեալ յաւիտեանս ամէն։ Յիշեսջիք եւ զաշակերտն մեր զԹորոս եւ զԱռաքելն սպասաւորն մեր եւ Աստուած զձեզ յիշէ։ Gloire à l’unique triplement tressé (cf. Eccle. 4, 12) […] Dieu, qui commande aux capacités144 de tous et révèle les désirs des cœurs de chacun (cf. 144 Arm. կարողապետ, composé de կարող «capable, puissant» et պետ «chef». Nous n’avons trouvé aucune autre attestation de ce mot, ni aucune mention dans les travaux lexicographiques.

400

CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

I Cor. 4, 5), selon la parole transmise par Dieu, à savoir que «qui cherche trouve» (Matth. 7, 8; Luc. 11, 10). Or moi, âme humble et insignifiante145, grand pécheur et indigne parmi les prêtres, Tʻoros pʻilisopʻa (Thoros le Philosophe), devins désireux de cet Évangile saint et vivifiant et écrivis ceci de mon indigne main, dans ce pays de Cilicie, en cette sainte et illustre communauté de Drazark, qui est le mausolée des rois d’Arménie, et je l’envoyai au pays des Arméniens, dans la région de Tarawn, à la fameuse communauté illustre et habitée par Dieu, au monastère de Lazare (Łazaru vankʻ), qui est mon pays natal et ma région ancestrale. C’est de là que mes ancêtres, de générations en générations, rejetés de leur pays natal, vinrent s’établir en ce pays de Cilicie; et moi, âme humble et pécheresse, Tʻoros, je suis né et j’ai été élevé ici, et je désirai écrire et envoyer [ceci] dans ma région ancestrale pour la rémission de mes péchés et de mes fautes; et que chaque année, on désigne un jour, soit la fête de la descente du Saint-Esprit, soit celle de la Transfiguration, et que l’on offre la Liturgie et qu’on implore pour moi la rémission des péchés, et que l’on ne s’avise pas d’emporter [ce manuscrit] hors de cette sainte communauté ou de [le] mettre en vente ou en gage, mais qu’il demeure inséparablement dans cette sainte communauté, et que quiconque ait la hardiesse de [l’]emporter soit soumis à des liens dont il ne puisse se défaire. Or ceci fut écrit en cette sainte et très célèbre communauté de Drazark, en 750 (+ 551 = 1301) de notre ère arménienne, sous le règne sur les Arméniens du pieux et saint abba (lege roi?) Hetʻum (i. e. Héthoum II de Cilicie, 1289 et 1306) et sous le pontificat de tēr Grigor (i. e. Grégoire VII d’Anazarbe, 12931307) et sous l’épiscopat de tēr Abraham du monastère de Lazare, qui [le] demanda à ma vile personne; et moi, de bon gré, j’écrivis et j’offris ceci à la sainte communauté. Et en l’an sept cent cinquante-cinq (+ 551 = 1306), tēr Abraham retourna à la métropole, Sis, où eut lieu un synode œcuménique de toutes les nations. L’audacieux roi des Arméniens Hetʻum ceignit de la couronne le neveu du baron Tʻoros (i. e. Thoros, régent de Cilicie, 1293-1294 et 1295-1296), l’immaculé jeune homme Lewon (i. e. Léon III de Cilicie, 13061307) et le fit roi, avec une autorité digne d’un roi, lui qui avait seize ans, au mois de juin, le trente, un jeudi — que le Seigneur le protège pendant longtemps. Maintenant, implorez la rémission des péchés pour la lignée des Roupénides et pour l’ensemble de leurs descendants, vivants et morts, et pour moi, le pécheur Tʻoros. Souvenez-vous en Christ de mon frère selon l’Esprit, tēr Gēorg, car nous avions habité ensemble pendant quarante ans. Souvenez-vous en Christ de l’illustre rabun Kirakos, mon frère selon l’Esprit. Souvenez-vous 145 Le mot arménien թարմաւոր est inconnu des dictionnaires; il s’agit très probablement d’un hapax, résultant d’une collision accidentelle entre l’adjectif թարմատար «débile, inférieur; explétif, inutile» et le suffixe possessif աւոր formant des adjectifs, en l’occurrence probablement tiré de մեղաւոր «pécheur». On comparera, plus bas dans ce colophon, la séquence ես նուաստ եւ մեղաւոր ոգիս Թորոս «moi, âme humble et pécheresse, Tʻoros» avec les mots du commanditaire dans un colophon de 1314: արդ ես՝ նուաստ և թարմատար ոգիս Թորոս «or moi, âme humble et insignifiante, Tʻoros» (V 393, ca. f. 238 = H14A 246b, p. 266; H14 143, p. 110; Ven. I, nᵒ 153, col. 660).

LE MANUSCRIT: MUSA* 10

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en Christ de mes parents et de mon indigne personne, implorez à tout moment la rémission des péchés de Christ Dieu, qui est béni pour les siècles, amen. Souvenez-vous aussi de notre élève Tʻoros et d’Aṙakʻel, notre serviteur, et Dieu se souviendra de vous.146

Le manuscrit est donc une commande de tēr Abraham, évêque de Muš et supérieur du monastère des Saints-Apôtres147. À la lecture de ce texte, il semble que si le manuscrit était bel et bien terminé dès 1301, il fallut en revanche attendre cinq ans pour que la commande soit réceptionnée. Quand, en 1306, tēr Abraham se rendit à Sis en vue du concile qui devait s’y tenir l’année suivante148, il passa à Drazark prendre possession du manuscrit, et c’est seulement à ce moment que le colophon fut rédigé. Dans un second colophon, rédigé par tēr Abraham soit lors de la réception du codex soit au moment de son dépôt dans la bibliothèque du monastère, c’est-à-dire en 1306 ou en 1307, l’évêque accuse bonne réception du manuscrit, pour ainsi dire, et exprime la reconnaissance de la communauté envers son bienfaiteur. Il demande que le souhait de Tʻoros d’avoir son nom mentionné dans une liturgie annuelle soit respecté149, et décide que cela aura lieu le jour de la Transfiguration: Արդ մեք սպասաւորք սուրբ Առաքելոցն տէր Աբրահամ եւ այլ միաբան եղբայրութիւնս ընկալաք սիրով զաստուածային ընծայս զայս ամեներջանիկ եւ սրբասէր փիլիսոփային Թորոսին եւ ըստ խնդրոյ իւրում գրեցանք նման որ զինչ ի պայծառակերպութեան տաւնին պատարագ հանդիպի զնա յիշատակեսցին անխաբան քանի որ այս ուխտս շինութիւն լինի մինչեւ ի գալուստն Քրիստոսի եւ որ խափանել ջանայ յետ մեր անցանելոյն եւ կամ զայս աւետարանս յայս սուրբ ուխտէս հանէ ինքն ելցէ տարագիր յերկնից արքայութենէն։ Or nous, serviteurs des Saints-Apôtres, tēr Abraham et le reste de cette communauté fraternelle, reçûmes avec amour ce divin présent du philosophe très fortuné et aimant la sainteté Tʻoros (pʻilisopʻay) et, conformément à sa requête, écrivîmes qu’à chaque fois qu’une liturgie a lieu lors de la fête de la Transfiguration, l’on fasse mémoire de lui, sans que cela soit abrogé tant que cette communauté existe comme édifice, jusqu’à la venue du Christ; et quiconque cherche à abroger [cette disposition] après notre départ, ou bien ôte cet évangile de cette sainte communauté, que lui-même sorte, banni, du Royaume des cieux.150 146 MUSA* 10, f. inconnu = H14A 7a-b, p. 11-12; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 10, p. 13-14. Voir aussi POŁAREAN, Gričʻner, p. 81-82; POŁAREAN, Nkarołner, p. 42; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 193 et 619. 147 AnjnBaṙ I, p. 35 s.v. Abraham 35; MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 696. 148 Sur le concile de Sis du 19 mars 1307, voir en dernier lieu MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 570-572. 149 Il s’agit d’une requête fréquente dans les colophons arméniens, mais aussi dans les inscriptions des églises, cf. AUGÉ, Gošavankʻ, spéc. p. 347-348. 150 MUSA* 10, f. inconnu = H14A 7g, p. 12-13; MURATEAN, Cʻucʻak, nᵒ 10, p. 14.

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CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

Les informations données par le colophon de Tʻoros recoupent très clairement ce qui est dit dans notre formulaire (I, 3-4). Certains, entre autres A. Gevorgyan151, ont pensé que le manuscrit visé dans le formulaire était plutôt le tétraévangile M 5736, le premier manuscrit connu de Tʻoros, mais les indications des colophons sont suffisamment claires pour ne laisser planer aucun doute152. En effet, le colophon de M 5736 atteste que ce manuscrit a été offert à un autre établissement de Muš, le monastère du Saint-Précurseur. De plus, Tʻoros ne se qualifie pas encore, dans ce colophon, de pʻilisopʻay, mais de simple kʻahanay, or le formulaire parle bien de Tʻoros pʻilisopʻay. 4. HISTOIRE Comme nous l’avons fait dans les autres chapitres, nous divisons ici l’histoire du type de l’évangile de Tʻoros pʻilisopʻay en trois phases: origines, évolution et postérité. Cette fois, il sera question, sous la rubrique «origines», du premier manuscrit à avoir présenté le formulaire (M 7519). En effet, selon le point de vue que nous avons défendu au moment d’établir l’édition de ce texte, le formulaire de colophon, quoiqu’attesté dès M 7519 en 1327, ne devient pleinement formulaire que lorsqu’il est effectivement reproduit à l’identique ou presque, c’est-à-dire en l’occurrence plus d’un siècle après, à partir de 1443. En tant qu’archétype distant de plus d’un siècle de la période où le formulaire est en usage, le colophon de M 7519 peut être considéré à la fois comme le premier représentant du formulaire, mais aussi comme appartenant à une phase primitive dans l’histoire de celui-ci. De même, la rubrique «évolution» concernera les transformations subies par le formulaire pendant cette période d’usage, c’est-à-dire de 1443 à 1456. Enfin, sous «postérité», on citera quelques colophons qui trahissent dans une certaine mesure, parfois très limitée, l’influence de ce texte. 4.1. Origines Le premier manuscrit à présenter notre formulaire est M 7519, le tétraévangile copié par Yovannēs kʻahanay à Ałētʻ en 1327, et sans doute illustré par Tʻoros sarkawag153. Ce manuscrit est une copie directe de 151 HMM, nᵒ 128, p. 227. Voir aussi en ce sens MANOUKIAN, Colophons of Turuberan, p. 150, n. 8. 152 Cf. aussi dans ce sens MUTAFIAN, Arménie du Levant, vol. 1, p. 619 et POŁAREAN, Gričʻner, p. 75. 153 Voir p. 203-205 à propos de ce manuscrit et p. 232 pour la question de l’illustrateur.

ÉVOLUTION

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MUSA* 10, l’original de Tʻoros pʻilisopʻay, conservé à Muš, au monastère de Lazare, et apparemment prêté pour l’occasion à Yovanēs d’Ałētʻ. Comme nous l’avons vu au chapitre 4, le colophon de M 7519, outre la référence à MUSA* 10, incorpore plusieurs éléments empruntés au colophon du tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ de 1298 (VAS* Pʻokan 3), ainsi qu’à ceux des deux manuscrits d’Aṙakʻel krawnawor copiés au monastère de Lazare en 1314 (MUSA* 17 et NOJ 41); nous ne reviendrons pas ici sur cette question154. Ces éléments se retrouvent donc naturellement dans le formulaire qui se développera à partir du colophon de M 7519. La première copie de M 7519 a été faite par Yovanēs lui-même, en 1331 (M 4217), et a donné lieu à un autre formulaire de colophon, que nous avons appelé «type d’Ałētʻ». On y retrouve certes plusieurs fragments empruntés au colophon de M 7519, mais on ne peut certainement pas dire que ce texte soit une évolution de ce colophon-ci. Un autre formulaire, que nous avons baptisé «type de Tʻonrak», créé quasi simultanément par Yovanēs d’Ałētʻ et employé dans quelques lectionnaires, s’apparente à une adaptation du type d’Ałētʻ, mais présente de plus grandes similitudes avec le texte de M 7519 que le premier type155. Toujours est-il que le colophon de M 7519, le plus ancien des colophons de Yovanēs, est aussi celui qui se démarque le plus des autres, et contrairement aux autres, il ne fera pas école avant le milieu du XVᵉ siècle. 4.2. Évolution C’est pendant une courte période, de 1443 à 1456, que le formulaire du colophon de M 7519 a été employé. Sa popularité est restée limitée à Bitlis, où cinq manuscrits le présentent. Ces manuscrits sont l’œuvre de deux copistes seulement, Mkrtičʻ kʻahanay, actif en 1443 et en 1446156 et Stepʻanos kʻahanay, actif de 1436 à 1460157. Nous commencerons par «planter le décor» en disant quelques mots de l’activité scriptoriale de Bitlis, que les manuscrits étudiés ici contribuent à éclairer. Ensuite, sur base d’un examen de leurs colophons et des évolutions que l’on y constate entre 1443 et 1456, nous éluciderons les rapports entretenus par ces copistes et par leurs cinq manuscrits.

154

Voir p. 205. Voir p. 248-249 et 251. 156 Inconnu des répertoires. 157 AnjnBaṙ IV, p. 662 s.v. Stepʻannos 541; HMM, nᵒ 440, p. 710; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ S-XV-3, p. 201. 155

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CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

4.2.1. Bitlis, ses scriptoria urbains et leurs copistes Bitlis devient un centre de copie de manuscrits seulement au XVᵉ siècle, précisément à partir de 1436, date du plus ancien codex connu exécuté dans la ville158. Le centre tourne directement à plein régime: on ne compte pas moins de seize manuscrits copiés dans la ville dans la période 14361463. Les manuscrits illustrés à Bitlis et dans les environs n’ont pas encore fait l’objet d’une étude groupée, mais ils semblent apparentés de près aux productions de l’école de Xizan159. Au milieu du XVᵉ siècle, plusieurs monastères célèbres des environs de Bitlis, notamment le monastère d’Amirdōl160 et le couvent de la SainteMère-de-Dieu de Gomkʻ161, étaient devenus d’importants centres de copie. Cependant, nos manuscrits n’émanent pas de ces ateliers: ils ont été exécutés dans la ville même de Bitlis. Le codex de Mkrtičʻ kʻahanay (ISP Sīngerd, S. Stepʻanos) a été copié «sous l’égide des Cinq Autels» (ընդ հովանեաւ Հինգ Խորանիս): il s’agit de la petite église des Cinq-Autels, consacrée à la sainte Mère de Dieu. Stepʻanos kʻahanay, lui, est lié à l’église SaintSerge, qui se trouvait en face de l’église des Cinq-Autels. Dans deux de ses manuscrits, il mentionne en outre la protection de saint Georges le Stratélate et de saint Étienne le Protomartyr (DIA* S. Kirakos [13], NOJ 341); il y avait à l’est de Bitlis une grande église Saint-Georgesle-Stratélate, qui conservait d’ailleurs plusieurs manuscrits à la fin du XIXᵉ siècle, mais on ne connaît pas d’église Saint-Étienne162. On peut tirer deux conclusions. Premièrement, Mkrtičʻ kʻahanay était probablement 158 MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 20, donne une liste des manuscrits copiés à Bitlis avant le XVIᵉ siècle; il faut écarter les deux premiers codex cités, qui datent d’avant 1436 mais qui ont été exécutés dans les monastères environnants, non à Bitlis même. 159 Cf. DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 127. 160 THIERRY, Répertoire, nᵒ 053, p. 13; TełBaṙ I, p. 2212–3 s.v. Amrdolu vankʻ; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ [13]-2, p. 896-914; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 218, p. 232-237; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 11; THIERRY, Vaspurakan, p. 353; KERTMENJYAN, Bałeš, p. 119-120; LUSARAREAN, Gawazanagirkʻ, nᵒ ŽƎ, p. 139; POŁAREAN, Amrtolu vankʻ; THOMSON, Bitlis, p. 109-117. 161 THIERRY, Répertoire, nᵒ 058, p. 14; TełBaṙ I, p. 9373-9381 s.v. Gomacʻ s Astvacacin; OSKEAN, Vaspurakan-Van III, nᵒ [13]-6, p. 919-924; PALEAN, Hay vanoraykʻ, nᵒ 219, p. 237-238; MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 24; THIERRY, Vaspurakan, p. 353357; KERTMENJYAN, Bałeš, p. 122-123. Sur l’activité culturelle des monastères de Bitlis, voir AKINEAN, Bałēši dprocʻ et THOMSON, Bitlis. 162 Sur ces trois églises (Cinq-Autels, Saint-Serge et Saint-Georges), voir THIERRY, Vaspurakan, p. 353; TełBaṙ I, p. 6862 s.v. Bitʻlis; KERTMENJYAN, Bałeš, p. 118; MACLER, Notre-Dame de Bitlis, p. 364. La présence de manuscrits aux églises Saint-Serge et SaintGeorges est attestée dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle via les recueils de colophons de Ł. Pʻirłalēmean.

ÉVOLUTION

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prêtre à l’église des Cinq-Autels, tandis que Stepʻanos kʻahanay devait officier principalement à l’église Saint-Serge. Deuxièmement, il a existé à Bitlis, au milieu du XVᵉ siècle, un scriptorium urbain, en plus des multiples scriptoria monastiques installés aux alentours. L’église Saint-Cyriaque, principale église de la ville163, ne figure pas parmi les églises que nous avons citées. De fait, les scribes Yovanēs et Kirakos kʻahanay, qui copient à la même époque des tétraévangiles «sous l’égide de saint Cyriaque» (respectivement MUSA* 39, en 1445, et BIT* S. Gēorg s. n. B, en 1454), n’emploient pas le même formulaire de colophon. De plus, Saint-Cyriaque n’est jamais mentionnée conjointement avec les autres églises de la ville dans les colophons, tandis qu’au moins un copiste invoque la protection à la fois des Cinq Autels et de saint Serge le Stratélate (dans LEY 5478, un ménologe daté de 1484)164. Il semble donc que la copie de manuscrits dans la ville de Bitlis ait dépendu, à l’époque dont nous parlons, de deux réseaux de copistes distincts, organisés l’un autour des églises des Cinq-Autels et Saint-Serge-le-Stratélate (plus l’église Saint-Georges-leStratélate) et l’autre autour de l’église Saint-Cyriaque. 4.2.2. Les cinq copies de M 7519 Mkrtičʻ kʻahanay et Stepʻanos kʻahanay, en charge respectivement de l’église des Cinq-Autels et de l’église Saint-Serge-le-Stratélate, ont recopié le manuscrit M 7519 à cinq reprises dans la période qui va de 1443 à 1456. Cela signifie que ce codex se trouvait nécessairement à Bitlis à cette époque, même s’il ne comporte aucun colophon qui permette de le confirmer. Les colophons des copies de Mkrtičʻ et Stepʻanos ont recours au même formulaire, mais avec des variations plus ou moins importantes dans chaque manuscrit, comme on peut s’en rendre compte en parcourant l’apparat critique de notre édition. Le premier manuscrit en date est celui de Mkrtičʻ kʻahanay, exécuté en 1443 sous l’égide des Cinq Autels (ISP Sīngerd, S. Stepʻanos). Ce copiste a apporté quelques aménagements au formulaire du colophon de M 7519. Dans bon nombre de cas, il s’agit de l’adapter aux circonstances contemporaines: le formulaire de localisation est modifié pour correspondre à la situation de Bitlis (II, 6), tandis qu’au lieu de citer les catholicoi en exercice, Mkrtičʻ s’autorise une digression de son cru (II, 8-9): Selon THIERRY, Vaspurakan, p. 353; voir aussi KERTMENJYAN, Bałeš, p. 117-118. LEY 5478, f. 533r1 = H15C 71, p. 65; MACLER, Rapport 1922, nᵒ 17, p. 314 (trad. française p. 315). 163 164

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CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

… ի ժամանակիս յորում զաջն Լուսաւորչին գողացան ի Սըսոյ եւ վարդապետք միաբանեցան եւ դրին կաթողիկոս յԷջմիածինն եւ կասեն թէ աջն Լուսաւորչին աստ ի մեզ է եւ զստոյգն Աստուած գիտէ … … en ce temps où on a dérobé la dextre de l’Illuminateur à Sis et où les vardapets se sont réunis et ont installé un catholicos à Ēǰmiacin, et on dit que la dextre de l’Illuminateur est ici chez nous et Dieu sait ce qui est exact …165

On sent toute la perplexité du scribe confronté à trois catholicoi concurrents, dont deux prétendent détenir la relique du bras droit de Grégoire l’Illuminateur. Mkrtičʻ, en tant que prêtre à Bitlis, zone charnière entre les juridictions des catholicossats d’Ałtʻamar et de Sis, plus celui nouvellement recréé d’Ēǰmiacin, préfère laisser la question du «véritable» catholicos en suspens. Le colophon de M 7519 citait en premier lieu le catholicos de Cilicie, tandis que tous les colophons suivants qui présentent ce formulaire lui substitueront le catholicos d’Ēǰmiacin. L’épisode du vol de la relique de l’Illuminateur à Sis, simultanément à l’élection d’un nouveau catholicos à Ēǰmiacin, traduit en quelque sorte, de façon allégorique, le transfert d’allégeance qui a lieu à cette époque dans le clergé de Bitlis. Les quatre autres manuscrits dont il est question dans ce chapitre sont l’œuvre de Stepʻanos kʻahanay, qui travaille sous l’égide de saint Serge (auquel s’ajoutent parfois saint Georges le Stratélate et saint Étienne le Protomartyr); ils datent de la période 1450-1456. L’examen des variantes dans le texte du formulaire de colophon montre que ces manuscrits ont été copiés directement sur M 7519 et non sur le manuscrit de Mkrtičʻ (ISP Sīngerd, S. Stepʻanos). D’ailleurs, celui-ci fut offert par son mécène à l’église Saint-Cyriaque, la principale église de Bitlis, où nous avons vu qu’un autre réseau de scribes était à l’œuvre, chez qui la tradition de l’évangile de Tʻoros pʻilisopʻay n’a pas trouvé écho. En effet, les manuscrits de Stepʻanos kʻahanay reviennent à la mention des deux catholicoi là où Mkrtičʻ avait inséré sa digression (II, 8-9), tout en aménageant de semblable façon le formulaire pour coller aux circonstances du moment: exit donc la mention du roi de Cilicie (II, 9), tandis que le catholicos de Cilicie est remplacé par celui d’Ēǰmiacin (II, 8). Hormis ces constantes, chacun des colophons de Stepʻanos apporte au texte des modifications qui lui sont propres. Par exemple, le formulaire de datation 165 ISP Sīngerd, S. Stepʻanos, à partir du f. 220r = H15A 620, p. 545; MINASEAN, Cʻucʻak, nᵒ B.12, p. 219; MANOUKIAN, Colophons of Turuberan, p. 151-152 (trad. anglaise).

POSTÉRITÉ

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(II, 1-4) est considérablement simplifié dans trois d’entre eux (MUSA* S. Marinē [1], de 1450 et M 4648 et NOJ 341, de 1456), mais pas dans le quatrième (DIA* S. Kirakos [13], de 1454). Par ailleurs, il est signalé dans deux colophons (MUSA* S. Marinē [1] et M 4648), d’une façon différente et à deux endroits différents (I, 3 et I, 4), que le modèle est une copie de l’exemplaire de Tʻoros, réalisée par Yovanēs d’Ałētʻ, précision que ne donnent ni le colophon de Mkrtičʻ kʻahanay dans ISP Sīngerd, S. Stepʻanos, ni les deux autres colophons de Stepʻanos (DIA* S. Kirakos [13] et NOJ 341). Il est donc clair, d’après le formulaire des colophons, que chacun de ces tétraévangiles a été copié directement sur M 7519, même si Stepʻanos avait développé, dans sa façon de remodeler le formulaire, certaines habitudes qui traversent plusieurs de ses colophons. 4.3. Postérité 4.3.1. Extinction du formulaire La tradition de l’évangile de Tʻoros pʻilisopʻay et le formulaire de colophon qui en dépend n’ont pas été poursuivis après 1456. Cela s’explique de plusieurs façons. Premièrement, la tradition ne s’est pas exportée: les copistes qui ont employé ce formulaire n’ont pas quitté Bitlis et n’ont pas su influencer d’autres centres de copie. Même les autres scribes actifs dans la ville n’ont pas recouru au modèle de M 7519 et, partant, n’ont pas exploité le formulaire lié à cet archétype. Deuxièmement, ces copistes ont eux-mêmes arrêté d’utiliser le formulaire dans leurs dernières œuvres: dans le colophon du tétraévangile M 8771, copié par Mkrtičʻ en 1446, et dans celui de M 3494, copié par Stepʻanos en 1460, il n’en reste que des débris épars166. Troisièmement, la production d’évangiles à Bitlis semble avoir cessé aux environs de 1460167, excluant donc toute possibilité de continuation du formulaire. 4.3.2. Réminiscences à Bitlis Dans son colophon au tétraévangile M 8771, le dernier qu’on lui connaisse, écrit en 1446, Mkrtičʻ kʻahanay garde bien peu de choses du formulaire qu’il a sorti de l’oubli trois ans plus tôt. En effet, seul un petit passage semble en être inspiré:

166 167

Voir ci-dessous. Cf. MATʻEVOSYAN, Armenian Scriptoria, p. 20.

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CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

… խոշորութեան եւ սղալանաց անմեղադիր լերուք, զի կար մեր այտչափ էր […]։ … ne [me] faites pas reproche de [ma] gaucherie et de [mes] fautes, car telle était notre capacité […].168

Il s’agit, avec quelques différences, de ce que notre formulaire présente en IV, 1 et 3. Ce genre de formules était toutefois très courant, notamment avec un élément tel que զի կար մեր այս էր «car notre capacité était celle-ci», autrement dit «car j’ai fait ce que j’ai pu»169. L’autre utilisateur du formulaire, Stepʻanos kʻahanay, est encore actif en 1460, toujours à Bitlis. Cette année-là, il copie, illustre et relie le tétraévangile M 3494, et quoique le colophon de ce manuscrit ne suive plus notre formulaire, on en retrouve encore certaines traces: Եւ արդ, գրեցաւ սա ի թվականիս Հայոց ՋԹ, ի հայրապետութեան տեառն Զաքարիայի, եւ յեպիսկոպոսութիւն տէր Յովանիսի, ի քաղաքս Բաղէշ, ընդ հովանեաւ սուրբ Սարգսի, եւ Գէորգեա զօրավարի, եւ Ստեփաննոս նախավկայի։ Ի խանութիւնն Ջհանշա ամիրզին աւարտեցաւ սուրբ Աւետարանս։ Et maintenant, ceci fut écrit en 709 (+ 551 = 1460) de notre ère arménienne, sous le patriarcat de tēr Zakʻariay (i. e. Zacharie III, 1433/4-1464) et sous l’épiscopat de tēr Yovanēs, dans cette ville de Bitlis, sous l’égide des saints Serge et Georges le Stratélate et d’Étienne le Protomartyr; sous le khanat de Jhanša amirza (i. e. Jahānšāh Qarā Qoyunlū, 1438-1467), ce saint Évangile fut achevé.170

Cette façon de relater les circonstances de la rédaction est réminiscente du formulaire (II, 4-10), dont l’ordre est assez bien respecté. L’influence directe du formulaire est plus manifeste vers la fin du colophon: Դարձեալ, աղաչեմ զամենեսեան յիշեսջիք ի Քրիստոս զանարժան գրիչ զՍտեփանոս քահանայ եւ զմեր ծնողքն, եւ դուք յիշեալ լիջիք ի Քրիստոս Աստուած, եւ անմեղադիր լինել սխալանաց, զի այս էր կար մեր, բայց ողորդաբանութիւնս ծածկէ զխոշորութիւն գրիս։ À nouveau, je [vous] prie tous, souvenez-vous en Christ de l’indigne scribe Stepʻanos kʻahanay et de mes parents, et vous, soyez remémorés en Christ Dieu, et [je vous prie] de ne pas [nous] faire reproche de [nos] fautes, car telle était notre capacité, mais cette rectitude du verbe cache la gaucherie de notre écriture.171

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M 8771, f. 301v = H15A 667, p. 594. Cf. VARDANEAN, Hay grčʻagirner, p. 14-15. M 3494, f. 248v-249r = H15B 181, p. 141; CAM 1460-9, p. 268. M 3494, f. 250r = H15B 181, p. 141.

POSTÉRITÉ

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On distingue ici la trace de plusieurs passages du formulaire: d’abord la requête de prières pour le scribe et ses parents (III, 4-5), ensuite l’assurance faite au lecteur que Dieu se souviendra de lui (IV, 7) et enfin la demande d’indulgence pour les maladresses du scribe (IV, 1-2). L’ordre de ces éléments est quelque peu dérangé par rapport au formulaire, mais leur substance lui est bien conforme. C’est le dernier manuscrit connu de Stepʻanos kʻahanay de l’église Saint-Serge-le-Stratélate, qui a dû décéder peu de temps après. En effet, le prochain manuscrit connu copié sous l’égide de saint Serge, en 1463 (M 2014), est dû à Yovsēpʻ kʻahanay, qui a vraisemblablement remplacé Stepʻanos comme desservant de l’église Saint-Serge de Bitlis. Pourquoi Yovsēpʻ kʻahanay n’a-t-il pas poursuivi à Bitlis la tradition de copie de M 7519 chère à Stepʻanos? Notre hypothèse est que s’agissant d’un scriptorium urbain, il semble qu’il ait été plus difficile de maintenir de véritables traditions de copie sur une longue durée. En effet, de tels centres ne disposent pas d’un personnel nombreux, et bien souvent tiennent à l’activité d’une seule personne172. Lorsque celle-ci décède sans avoir formé d’assistant, la tradition s’éteint d’elle-même. Yovsēpʻ kʻahanay, appelé à remplacer Stepʻanos comme prêtre à l’église Saint-Serge, a suivi ses propres orientations de copie et non celles de son prédécesseur. 4.3.3. Une réminiscence hors de Bitlis Après Mkrtičʻ kʻahanay et Stepʻanos kʻahanay, ce formulaire n’a été continué tel quel ni à Bitlis ni ailleurs, mais on peut en lire, dans le colophon d’un manuscrit exécuté non loin de cette ville au début du XVIIᵉ siècle, une réminiscence semblable à celles que nous venons d’évoquer. Il s’agit de M 1268, un volume de commentaires bibliques, copié et illustré en 1603 à Xupʻ173, un village proche de Xizan, par Mikʻayēl kʻahanay, et dont le colophon présente le passage suivant: Դարձեալ աղաչեմ զձեզ, ôվ ընդերձող, չլինել մեղադիր խոշորութեան գրոյս, զի կար մեր այս է, զի զխոշորութիւն գրիս, ուղղութիւն բանին ծածկէ, ամէն։ À nouveau, je vous prie, ô lecteur[s], de ne pas [me] faire reproche de la grossièreté de mon écriture, car telle est notre capacité, car la rectitude du verbe occulte la grossièreté de mon écriture, amen.174 172 Cf. les cas des «centres» d’Ałētʻ (p. 218-221) et de Tʻonrak (p. 254-256), animés par Yovanēs d’Ałētʻ. 173 TełBaṙ II, p. 8281–2 s.v. Xupʻ; IA, s.v. Kaşıklar (?). 174 M 1268, f. 296r = H17A 100, p. 85.

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CHAPITRE VIII. LE TÉTRAÉVANGILE DE TʻOROS PʻILISOPʻAY

Le sujet (le scribe implore son lecteur de lui pardonner ses négligences) est tout à fait conventionnel175, mais son expression rappelle nettement celle du formulaire issu de M 7519 (IV, 1-2). C’est là tout ce qui en a subsisté après que le formulaire est tombé en désuétude. 5. CONCLUSIONS L’étude du petit groupe de tétraévangiles qui se réclament de l’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay (cf. fig. 31) illustre une nouvelle fois l’influence considérable de Yovanēs d’Ałētʻ, dont les manuscrits, copiés entre 1327 et 1337, ont suscité plusieurs traditions plus ou moins abondantes. Cela montre aussi qu’au XVᵉ siècle, à l’ouest du lac de Van, plusieurs copistes avaient de l’intérêt pour les modèles ciliciens ou leurs copies directes, telles que M 7519, et que ces modèles étaient tenus en haute estime. En effet, la reproduction d’un formulaire de colophon indique généralement que le copiste avait pour l’archétype un grand respect, puisqu’il le considère comme un modèle à suivre jusque dans le colophon. Une pareille influence des manuscrits ciliciens a été notée à la même époque pour l’illustration des manuscrits copiés au Vaspurakan, dans la région de Van176. Malheureusement, les illustrations de nos manuscrits n’ont pas été étudiées; à une exception près177, elles ne sont même pas publiées. Il faudrait voir si elles présentent quelques ressemblances avec le style de M 7519, dont nous avons montré qu’il avait probablement été décoré par Tʻoros sarkawag. Cette influence ne saurait de toute manière être primordiale, étant attendu que la décoration de M 7519 se résume aux incipits, aux initiales et aux ornements marginaux, tandis que nos manuscrits comportent également des portraits, ainsi que des xorans ornant la Lettre d’Eusèbe et les tables des canons178. M 4648 comporte même à l’initiale un cycle complet de miniatures en pleine page, mais contrairement aux autres, ce manuscrit a été illustré par un artiste (Minas kʻahanay179) différent du copiste. Dans ces conditions, il est peu probable que les illustrations aient dépendu du modèle de Yovanēs d’Ałētʻ. Encore une fois, il faut bien distinguer le travail du copiste de celui du miniaturiste. Voir VARDANEAN, Hay grčʻagirner, col. 144-147 (repr. p. 14-17). DER NERSESSIAN – MEKHITARIAN, p. 124-127. 177 La Résurrection de Lazare dans M 4648, f. 9r (voir HMM, nᵒ 241, p. 417). 178 Ceci vaut pour M 4648, NOJ 341 et ISP Sīngerd, S. Stepʻanos; on ne sait malheureusement rien du décor des manuscrits perdus DIA* S. Kirakos [13] et MUSA* S. Marinē [1]. 179 HMM, nᵒ 241, p. 417; LEYLOYAN-YEKMALYAN, Vaspurakan, nᵒ M-XV-6, p. 192. 175 176

411

CONCLUSIONS MUSA* 10

— 1301 — 1327

M 7519

Bitlis Mkrtičʻ — 1440 ISP Sīngerd, S. Stepʻanos

Stepʻanos

M 8771 — 1450 MUSA* S. Marinē [1] DIA* S. Kirakos [13]

M 4648

NOJ 341 — 1460

M 3494

— 1603 M 1268

Fig. 31. L’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay: stemma colophonum (les manuscrits cités en italiques ne citent pas l’exemplaire; les pointillés indiquent que le formulaire n’est pas poursuivi)

Finalement, on voit que le «boom» scriptorial dans la Bitlis des années 1436 à 1463 (seize manuscrits copiés) a bénéficié et a sans doute été encouragé par la présence dans une des églises de la ville d’un manuscrit de qualité. Ce ne peut naturellement être le seul facteur, étant donné que d’autres réseaux de copistes actifs à Bitlis ne semblent pas avoir porté d’intérêt à ce manuscrit. Les conditions économiques ont certainement joué un rôle dans cette efflorescence culturelle, Bitlis se trouvant sur une route commerciale importante180. La décrue de l’activité de copie d’évangiles à Bitlis après 1460 coïncide avec l’extinction du formulaire étudié dans ce chapitre et avec le décès de son principal promoteur, Stepʻanos kʻahanay. Après cela, le scriptorium urbain continue de fonctionner, mais avec d’autres individus, qui ne cherchent plus à perpétuer le modèle de Tʻoros pʻilisopʻay.

180

Cf. notamment SINCLAIR, Eastern Turkey III, p. 365 et 408.

CONCLUSIONS Si plusieurs études ont déjà été consacrées aux colophons arméniens, elles n’ont pas encore, loin s’en faut, exploré toutes les facettes de l’exceptionnelle importance qui leur a été accordée dans la culture arménienne de l’écrit. De cette importance témoignent l’omniprésence des colophons et leur richesse à la fois documentaire et littéraire. Cet ouvrage est avant tout conçu comme une première étude approfondie du phénomène des formules de colophon en arménien, désireux d’aller plus loin qu’un travail de «généraliste», à la façon de celui de L. Reynhout sur une large sélection de formules latines de colophons1, qui n’eût pas suffi à rendre compte de l’éventail de potentialités recelées par ces formules en arménien. De plus, le nombre relativement modeste de manuscrits arméniens conservés, par rapport aux manuscrits latins, pour poursuivre avec cet exemple2, ainsi que le niveau de détail de leurs colophons, facilite l’étude de chaque attestation d’une formule en relation avec le contexte de production du manuscrit qui la renferme. Ce dépassement se fait naturellement au prix d’une restriction du champ des investigations. Toutefois, afin de garantir à nos travaux une portée générale, nous les avons dirigés spécifiquement sur la thématique des modèles et des copies. Cela nous a conduit à analyser en détail la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». Cette optique de travail rend nos conclusions applicables à d’autres cas de formules: en effet, une formule de colophon est par essence reproduite à partir d’un modèle donné, dans un nouveau colophon, qui lui-même pourra servir de modèle à d’autres colophons. Chaque occurrence d’une formule est comme un maillon de cette chaîne, à la fois copie et modèle en puissance. Choisir de se focaliser sur une formule impliquée dans ce processus non seulement par sa nature de formule, mais aussi en vertu de son sens et de l’intention de ses utilisateurs, autorise donc une approche plurielle de la question des rapports entre modèles et copies, centrale dans le fonctionnement de toute formule de colophon. REYNHOUT, Formules. Le nombre total de manuscrits arméniens existant à l’heure actuelle est généralement estimé aux alentours de 30 000, voire 31 000; à titre de comparaison, on évalue à environ 300 000 le nombre de manuscrits latins (cf. COULIE, Collections and Catalogues, p. 23-24). En contrepartie, la proportion de manuscrits latins pourvus de colophons est très largement inférieure à celle des manuscrits arméniens. 1 2

414

CONCLUSIONS

À travers l’étude globale de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» et l’examen approfondi de sept des types qui se sont développés autour d’elle, nous avons exploré plus d’un millénaire de copie et de transmission de textes arméniens. Cette exploration n’est encore qu’un défrichage, car de nombreux types restent à analyser, sans parler encore de la multitude d’autres formules qui parsèment les colophons arméniens. Toutefois, la sélection que nous avons opérée nous a permis de prendre en considération des traditions variées, que ce soit par le contenu des manuscrits — tétraévangiles et lectionnaires surtout, mais pas seulement — ou par leur nombre, leur époque et leur région de production. Grâce aux résultats et conclusions accumulés au gré des analyses, il est à présent possible de dresser un panorama des modalités de transmission des formules et formulaires de colophons, afin ensuite de proposer une réponse à quelques questions capitales à propos des traditions scribales en Arménie. 1. RÉCAPITULATION Nous avons commencé notre enquête (chapitre 1) par un aperçu général de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». Celle-ci touche, selon nos estimations, un quinzième à un douzième des manuscrits arméniens et concerne à peu près tous les genres de textes copiés en Arménie. D’une structure très simple, la formule connaît un grand nombre de variantes et de développements, appelés «types» dès lors qu’ils sont eux-mêmes à la tête d’une série productive. Un historique sommaire montre que cette dynamique d’expansion est doublée d’une tendance à la standardisation, les variantes rares étant éliminées à mesure que la formule s’ancre dans les esprits. La présence de cette formule dans un colophon garantit en principe la qualité du texte du manuscrit; elle n’est qu’exceptionnellement détournée dans un sens dépréciatif. Une constatation importante, qui sous-tend du reste toute notre recherche, réside dans l’importance que les copistes accordent à la perpétuation non seulement de ces textes de qualité, mais aussi de la formule de colophon dont ils sont assortis. Le chapitre 2 avait pour objectif de retracer les origines de notre formule, en étudiant dans le détail ses attestations jusqu’au milieu du XIIᵉ siècle. Deux sources majeures ont été identifiées: le récit de la traduction de la Bible en arménien par Sahak et Mesrop Maštocʻ d’une part, les colophons de Stepʻanos Siwnecʻi et Dawitʻ hiwpatos, traducteurs au VIIIᵉ siècle d’œuvres philosophiques et patristiques grecques, d’autre part. Les manuscrits des Xᵉ et XIᵉ siècles comportant cette formule font partie d’un groupe

RÉCAPITULATION

415

de manuscrits «savants» et contiennent en outre exclusivement des œuvres de traduction (Évangiles, textes patristiques). On constate que cette formule émane essentiellement à cette époque des milieux les plus cultivés, en Arménie orientale (Noravankʻ, Hałbat, Ani); au XIIᵉ siècle, elle se répand en Cilicie, et ce, dès le premier manuscrit connu copié dans cette région. La deuxième partie de l’ouvrage a consisté en l’analyse détaillée de quatre types locaux de la formule. Le premier d’entre eux, le type du mont Sepuh (chapitre 3), est attesté dans les colophons de quatre tétraévangiles, produits en 1200-1201 dans deux monastères de ce mont proche d’Erznka. Ceux-ci ont pour modèle une des productions savantes du XIᵉ siècle évoquées au chapitre 2. En partant de l’analyse de la formule de colophon, nous avons retracé la biographie d’un copiste important de la fin du XIIᵉ et du début du XIIIᵉ siècle, Kozma hṙetor. Il a également été possible d’étudier la collaboration entre les monastères du mont Sepuh à cette époque et de préciser les modalités de production de manuscrits au XIIIᵉ siècle dans la région d’Erznka. Faisant un bond dans le temps et dans l’espace, nous avons discuté au chapitre 4 le type d’Ałētʻ, connu par deux colophons de tétraévangiles du début du XIVᵉ siècle. Il s’agissait cette fois non plus d’une simple formule, mais d’un formulaire complet de colophon. Les deux manuscrits qui comportent ce texte sont de la main du copiste Yovanēs d’Ałētʻ, créateur de plusieurs modèles qui jouiront d’un grand succès autour du lac de Van aux XIVᵉ et XVᵉ siècles. Le type d’Ałētʻ est le premier d’entre eux, qui a inspiré les autres modèles mais n’a pas lui-même suscité de postérité chez d’autres artistes que Yovanēs. Ce type se distingue avant tout par la richesse de ses sources, tant littéraires (Bible, Livre des lamentations de Grigor Narekacʻi) que colophoniques (textes rédigés en Arménie orientale, à Muš et dans la région du lac de Van). L’analyse de ces sources et des voies par lesquelles Yovanēs d’Ałētʻ en a pris connaissance a permis de dresser le portrait d’un copiste cultivé qui, sans être rattaché à un grand scriptorium, a tiré parti de ses contacts et collaborations avec plusieurs artistes et centres de copie de renom. Yovanēs d’Ałētʻ est également l’auteur d’un formulaire de colophons de lectionnaires, le type de Tʻonrak (chapitre 5), basé pour l’essentiel sur le type d’Ałētʻ. Nous avons observé à cette occasion comment la catégorie de manuscrits à laquelle un formulaire est destiné influence le texte de celui-ci: en effet, le développement du type de Tʻonrak à partir du type d’Ałētʻ, conçu pour des tétraévangiles, a demandé quelques remaniements

416

CONCLUSIONS

à son auteur. En dépit du nombre limité de colophons faisant usage de ce type (quatre, datant de 1331 à 1422) et de l’arrêt de l’utilisation de ce formulaire au début du XVᵉ siècle, certaines parties de son texte ont été sélectionnées pour être remployées dans les colophons de plusieurs lectionnaires du XVIIᵉ siècle copiés à Alep. Même sans être directement continués, les formulaires de colophons peuvent donc avoir un impact à long terme, notamment grâce à leurs qualités littéraires. Au chapitre 6, nous avons étudié le type de Xizan, également créé par Yovanēs d’Ałētʻ, qui a connu un succès bien plus important que les types précédents. Ce ne sont en effet pas moins de 31 colophons qui l’attestent, contenus dans des tétraévangiles copiés aux XIVᵉ et XVᵉ siècles dans la région du lac de Van, presque exclusivement au sud du lac. À cela s’ajoute un nombre important de colophons qui, sans suivre le type de Xizan à la lettre, lui empruntent néanmoins certains passages. En suivant l’évolution et la dissémination de ce type, il a été possible de retracer l’historique du scriptorium urbain de Xizan à cette époque et de donner une idée de son influence sur une série de centres mineurs de la région. Dans la troisième et dernière partie, nous avons entrepris l’analyse de deux types personnels de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ», en commençant par le plus connu, le type de Grigor Murłanecʻi (chapitre 7). À ce personnage inconnu par ailleurs est attribuée la copie d’un exemplaire de tout premier choix des Évangiles. Nous avons pu situer son activité dans la région de Kars, vers le milieu du XIᵉ siècle. En reconstituant l’histoire complexe de la tradition de l’évangile de Grigor Murłanecʻi grâce à une analyse minutieuse des colophons des treize manuscrits qui la constituent (tous copiés du milieu du XIIᵉ au milieu du XIVᵉ siècle, sauf un au XVIIᵉ siècle), nous avons mis en évidence le rôle déterminant de deux autres personnages, le catholicos Grigor II Vkayasēr et le copiste Kostandin Uṙhayecʻi. Cette tradition eut un retentissement important à Édesse et dans ses environs, ce qui nous a permis de réévaluer l’importance des centres de copie de la région aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles. Le deuxième type personnel à avoir fait l’objet de notre attention est celui de Tʻoros pʻilisopʻay (chapitre 8). Ce copiste, actif à Drazark en Cilicie à la fin du XIIIᵉ et au début du XIVᵉ siècle, est cité comme auteur d’un exemplaire des Évangiles dans un formulaire de colophon transmis par six manuscrits; le premier d’entre eux est une œuvre de Yovanēs d’Ałētʻ, dont les cinq autres sont des copies, réalisées au milieu du XVᵉ siècle à Bitlis. D’une part, nous avons pu identifier précisément le manuscrit de Tʻoros à l’origine de cette tradition; d’autre part, les cinq tétraévangiles

LES COPISTES ET LEURS MODÈLES

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copiés sur le manuscrit de Yovanēs d’Ałētʻ ont permis d’étudier le fonctionnement du scriptorium urbain de Bitlis au milieu du XVᵉ siècle, centre dont la production a été stimulée par la présence du codex de Yovanēs. 2. CONCLUSIONS TRANSVERSALES 2.1. Les copistes et leurs modèles L’attitude des auteurs de colophons par rapport à leurs modèles est paradoxale, mêlant déférence et accommodements. La sacralité dont beaucoup d’exemplaires sont entourés est reflétée dans les récits de découverte et d’élaboration de modèles. Plusieurs copistes louent jusque dans les plus infimes détails les qualités du texte qu’ils ont sous les yeux, qualités qu’ils s’efforcent d’égaler, sans oser s’en reconnaître capables. Cependant, dans bien des cas, la distinction entre le modèle premier d’une tradition et le modèle direct qui a inspiré le colophon du copiste est extrêmement ténue. La référence constante à un exemplaire célèbre fonctionne comme un gage de qualité et d’exactitude, mais brouille les pistes lorsque les intermédiaires sont passés sous silence. La tradition du tétraévangile de Tʻoros pʻilisopʻay fournit un excellent exemple de cette double attitude des copistes face à leur modèle: une partie des colophons ont soin de mentionner Yovanēs d’Ałētʻ, dont ils copient le manuscrit, tandis que d’autres gomment ce médiateur pour se réclamer, au moins implicitement, de l’autographe de Tʻoros pʻilisopʻay3. Bien plus, il arrive que la révérence par rapport au modèle, poussée dans des proportions déraisonnables, finisse par être dévoyée: lorsque des copistes comme Aṙakʻel de Dašt s’approprient jusqu’à la date du colophon de leur modèle, ils pervertissent ce rapport de fidélité, flouant jusqu’aux catalogueurs modernes4. À l’opposé, la perpétuation de la tradition via la formule qui lui est associée nécessite un minimum de conscience des origines de cette tradition. Lorsque l’archétype se fait plus lointain, continuer de s’en recommander et de rester fidèle à son colophon perd de son sens. De la même façon, les formulaires de colophons, quand l’emprise de la tradition qui les a maintenus s’affaiblit, finissent par se dissoudre, leurs reliquats étant alors réincorporés dans d’autres textes5.

3 4 5

Voir p. 396 et 407. Voir p. 293-297. Voir p. 259-261 (type de Tʻonrak) et 332-338 (type de Xizan).

418

CONCLUSIONS

2.2. Formules et formulaires Jusqu’ici, nous avons considéré ensemble formulaires et simples formules. Ces deux catégories d’éléments du colophon, si elles renseignent à égalité sur les rapports entre copies et modèles, ne se comportent toutefois pas toujours de la même façon. Les formules sont susceptibles de passer d’une catégorie de textes à une autre, comme nous l’avons vu dès les débuts de l’histoire de «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». En effet, pareille expression fait partie du bagage mental collectif des copistes, car elle exprime, de façon concise et stéréotypée, une généralité caractéristique du travail de copie. En cela, elle peut être comparée à bon nombre de tours bien connus, que ce soit en arménien ou dans d’autres langues, par exemple Երանի որ ունիցի զաւակ ի Սիովն եւ ընտանեակ յԵրուսաղէմ «Bienheureux qui aura une descendance en Sion et un familier en Jérusalem» (Is. 31, 9), ou bien Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα σήπεται τάφῳ· γραφὴ δὲ μένει εἰς χρόνους πληρεστάτους, ou encore Finito Christus rex libro sit benedictus, etc. Le cas arménien ne diffère guère des autres: chaque langue possède son répertoire de formules de colophons, dont l’analyse à large échelle permet de mettre en évidence certaines tendances historiques et géographiques6. Le formulaire de colophon n’est pas aussi polyvalent, car il se définit normalement en relation avec un texte particulier. Un formulaire de colophons de tétraévangiles n’est pas apte à clore un manuscrit du rituel, par exemple. Lorsqu’un tel passage a néanmoins lieu, cela nécessite un certain nombre d’aménagements, comme nous l’avons vu dans le cas du formulaire de Tʻonrak, adapté d’un texte destiné aux colophons de tétraévangiles pour être appliqué à des lectionnaires7. De telles transgressions de genre sont néanmoins rares, car un formulaire de colophon, vu sa longueur, est moins susceptible qu’une formule d’être copié de mémoire. Cependant, des éléments de formulaire peuvent être mémorisés par les copistes et remployés individuellement — à la manière, précisément, d’une formule. Ces cas d’influence doivent être clairement séparés des colophons qui s’inscrivent dans la tradition d’un formulaire et l’emploient en totalité ou pour la plus grande partie. Le formulaire de colophon n’est pas un «lieu commun» comme la formule, mais un texte de référence, un prototype adapté à chaque situation de copie d’une œuvre donnée, moyennant un minimum d’ajustements (par exemple, accorder les verbes au pluriel dans le cas où les commanditaires sont plusieurs). 6 7

Voir p. 70-73 à propos de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». Voir p. 249 et 251-253.

LE FORMULAIRE DE COLOPHON COMME ŒUVRE LITTÉRAIRE

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Ce n’est qu’à partir du moment où le texte d’un colophon est reproduit de façon conforme et adopté comme gabarit pour d’autres colophons que l’on est fondé à parler de formulaire, comme l’ont bien montré l’étude des types de Xizan et de Tʻoros pʻilisopʻay8. Cette démarche soulève deux problèmes. Le premier réside dans la possible discordance entre le texte de l’archétype d’un formulaire donné et celui de la masse des colophons conformes à ce formulaire: depuis le moment de rédaction de l’archétype jusqu’à l’adoption de son colophon en tant que formulaire, un certain temps peut s’être écoulé, nécessitant l’adaptation de certains éléments qui ont perdu leur pertinence ou ne sont plus compris. Nous avons observé une telle situation en étudiant le type de Xizan, et spécialement son formulaire de datation9. De plus, d’éventuelles fautes du scribe de l’archétype sont susceptibles d’être corrigées par les utilisateurs du formulaire. À ce moment, il devient évident que le texte de l’archétype ne peut être considéré comme représentant le formulaire. Le second problème tient au processus de sélection des colophons: pourquoi certains sont-ils employés comme formulaires et d’autres non? Plusieurs facteurs peuvent être identifiés. D’abord, le degré de fonctionnalité ou de praticabilité du texte: s’adapte-t-il facilement à toute situation de copie? Ensuite, ses vertus artistiques: un colophon dépourvu de mérite littéraire a moins de chances de passer à la postérité. Enfin, et peut-être surtout, les opportunités de développement qui lui sont offertes: sans un contexte culturel, social, économique et politique favorable à la copie en nombre de livres, la mise en place d’un formulaire de colophon devient improbable. 2.3. Le formulaire de colophon comme œuvre littéraire Ces formulaires méritent, pensons-nous, la qualification d’œuvres littéraires à part entière. Nous défendons d’ailleurs cette opinion à propos des colophons dans leur ensemble, que l’on peut considérer comme un véritable genre littéraire en arménien10. En effet, ceux-ci dépassent le simple exposé de faits; ils manifestent une recherche stylistique et lexicale, font partie d’un riche réseau intertextuel et sont, grâce à leurs caractéristiques formelles typiques, immédiatement reconnaissables par le lecteur en tant que catégorie de textes distincte. En vers ou en prose, long de quelques lignes ou de plusieurs feuillets, maladroitement ou artistement composé, 8

Chapitres 6 et 8. Voir p. 284-285, 299-301, etc. Cf. également un cas semblable p. 389. 10 Pour un développement plus complet de notre position sur les qualités littéraires des colophons, nous renvoyons à VAN ELVERDINGHE, Literary Compositions. 9

420

CONCLUSIONS

très original ou hautement stéréotypé, le colophon est une authentique œuvre de la littérature, qui s’insère dans un genre obéissant à ses propres règles. On pourrait taxer cette opinion de vue de l’esprit postmoderne, conditionné à considérer que toute production humaine, jusqu’à la plus médiocre et à la plus insignifiante, relève de l’art, pourvu qu’on veuille bien la considérer comme telle, et endurci à concéder ce caractère à des productions sérielles ou même à des ready-made. Loin s’en faut. Les copistes euxmêmes ont reconnu le statut d’œuvre littéraire aux formulaires de colophons, soit en les recopiant au même titre que les textes qu’ils terminent, soit en les imitant et en les émulant. L’exemple du gabarit transmis tel quel dans le manuscrit M 2335 est une preuve éloquente de ce statut d’œuvre authentique11. Ces œuvres se distinguent par leur qualité, car tout colophon n’est pas appelé à devenir un formulaire: même si le critère artistique n’est pas seul à jouer dans la métamorphose d’un colophon en formulaire, il y tient une place non négligeable. Elles se distinguent également par leur dimension universelle, étant en principe adaptées à toute situation de copie d’un texte donné. Enfin, comme l’enlumineur, le scribe est un artisan-artiste du livre; nous avons d’ailleurs rencontré plus d’une fois l’expression արուեստ գրչութեան «art de l’écriture». Il est donc logique de considérer comme des œuvres d’art non seulement les codex que ces scribes contribuent à produire, mais aussi leurs créations littéraires originales. Cette conception des formulaires de colophons comme œuvres à part entière n’est pas sans conséquences sur notre façon de les étudier, mais aussi sur la manière de les présenter. Les formulaires que nous avons étudiés sont au nombre de quatre: le type d’Ałētʻ, le type de Tʻonrak, le type de Xizan et le type issu de la tradition de l’évangile de Tʻoros pʻilisopʻay12. Il s’agit de gabarits de colophon, que chaque copiste reproduit en insérant aux endroits appropriés les variables de la copie: nom du copiste, date, lieu, nom du commanditaire, etc. Nous avons choisi de présenter ces formulaires comme tels, c’est-à-dire d’en établir un texte de référence, conforme à ce gabarit. Dans les faits, toutefois, la marge de manœuvre des copistes est moins limitée qu’il n’y paraît: nul ne les oblige à respecter à la lettre le texte de ces gabarits, et de fait, nombreux sont ceux qui impriment de plus ou moins larges modifications au formulaire, au point que l’on peut parfois déceler, comme dans le cas du type de Xizan, différents 11 12

Voir p. 6. Voir respectivement p. 172-177, 240-247, 274-283 et 392-395 pour leurs éditions.

DE L’ART D’ÉDITER UN COLOPHON

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stades d’évolution d’un même texte13. C’est pourquoi il est nécessaire — et profitable — d’étudier ces formulaires non comme des œuvres figées, mais comme des textes évoluant dans le temps. 2.4. De l’art d’éditer un colophon Éditer un formulaire de colophon, en effet, c’est éditer une œuvre, en tenant compte des particularités de sa transmission, qui le différencient du texte d’auteur mais aussi du colophon singulier14. L’édition des colophons relève, ou devrait relever, de l’édition diplomatique: il s’agit d’un texte unique, qu’il importe de faire connaître le plus exactement possible. Les catalogues de manuscrits sont le lieu privilégié pour ces éditions individuelles15. Pour ce qui est des formulaires de colophons, le choix le plus obvie serait de se contenter de produire une édition diplomatique de l’archétype. Toutefois, ceci n’équivaut pas à éditer le formulaire: premièrement, l’archétype n’est pas toujours accessible, ou seulement en partie — et dans ce cas, la versatilité naturelle des formulaires de colophons rend particulièrement hasardeuse la reconstruction «lachmannienne» du texte de l’archétype à partir des témoins existants; deuxièmement, et non sans rapport avec cette difficulté, le texte de référence des copistes peut différer de celui de l’archétype, comme nous l’avons souligné plus haut. Or l’œuvre que l’on cherche à éditer est le formulaire de colophon en tant que texte de référence, non pas le colophon de l’archétype en tant qu’unicum16. Dans cette même optique, une approche purement «bédiériste», qui reviendrait à choisir d’éditer telle quelle une seule version du formulaire, ne serait guère plus satisfaisante. En effet, s’il est vrai que chaque colophon représente une actualisation individualisée du formulaire méritant d’être considérée à part, une telle position occulte la nature profonde de ce texte, car elle fait fi des notions de variable et de gabarit. Or non seulement ces notions gouvernent les réactualisations du formulaire, mais de plus, loin de ne constituer qu’un artifice du philologue moderne, elles 13

Voir surtout p. 297-311 Pour les différentes notions évoquées dans ce point, notamment les approches lachmannienne et bédiériste des textes, voir notamment COULIE, Text Editing. 15 Les modèles du genre, dans le domaine arménien, sont les catalogues de Hr. Adjarian (AČAṘEAN, Cʻucʻak Sanasarean varžarani; AČAṘEAN, Cʻucʻak Tʻawrizi; AČAṘEAN, Cʻucʻak Nor-Bayazēti; AČAṘEAN, Cʻucʻak Tʻehrani) et le catalogue des manuscrits arméniens de la Bibliothèque Vaticane (TISSERANT, Codices armeni). Dans la plupart des autres catalogues, même les plus récents, les colophons ont déjà subi une forme d’édition. 16 Voir p. 23-26. Pour une discussion des méthodes d’édition de textes orientaux, voir C. MACÉ e. a. (éd.), «Textual criticism and text editing», dans COMSt, p. 321-465. 14

422

CONCLUSIONS

sont clairement présentes à l’esprit du copiste. Les formulaires de colophons ne sont cependant pas sans présenter quelque analogie avec les textes médiévaux qui ont inspiré à J. Bédier sa réaction méthodologique: il s’agit de textes ouverts, pour ainsi dire, dépourvus d’auteur, et dont la retransmission de façon plus ou moins conforme résulte d’un choix libre de chaque scribe. De ce fait, l’éditeur ne peut pas considérer les nombreuses variantes auxquelles les manuscrits le confrontent comme des «corruptions» du texte: un tel jugement de valeur n’apporte rien à l’histoire d’un texte personnellement réapproprié par chacun de ses copistes. Pour sortir de l’aporie méthodologique, il a fallu se rappeler que le texte de référence que nous cherchons à éditer n’est pas unique, et qu’il n’a jamais existé sur papier. En effet, le formulaire vit dans l’esprit des copistes, qui l’actualisent de façon différente à chaque copie17; les «variables» intégrées à ce formulaire, telles que le nom du copiste, la date, etc., en sont certainement la meilleure illustration. L’édition de ce formulaire sert avant tout les besoins du chercheur, qui doit disposer pour l’étude du formulaire d’une base de travail solide, en l’espèce à la fois du texte de référence et de l’apparat de ses variantes. Ces considérations nous ont conduit à opter pour l’édition d’une sorte de vulgate du texte, privilégiant souvent, en cas de désaccord entre les témoins, la lectio plurimum codicum, du reste identique dans la plupart des cas à lectio antiquior. Un tel texte nous paraît être à la fois le plus utile au chercheur et le plus proche de l’image mentale qu’avaient les copistes de leur formulaire. 2.5. Dynamiques d’évolution Formules comme formulaires sont des textes en constante évolution. Les chemins de cette évolution ne sont pas toujours prévisibles, car ils dépendent de facteurs nombreux et propres à chaque copiste. Malgré cela, nous avons pu dégager au cours de notre enquête quelques dynamiques générales. Au niveau macroscopique, nous avons vu comment la formule tend à se standardiser avec le temps: du XVᵉ au XVIIᵉ siècle, une poignée d’adjectifs jouissent d’une position hégémonique, alors que les premiers siècles avaient vu l’émergence d’un nombre important de variantes, qui ne seront pas poursuivies18. Au contraire, durant les deux derniers siècles d’histoire de la formule, on observe le mouvement inverse et une nouvelle prolifération de variantes inédites. 17 18

À ce propos, cf. l’ouvrage désormais classique de CERQUIGLINI, Éloge de la variante. Voir p. 70-72.

DYNAMIQUES D’ÉVOLUTION

423

La création de types et de formulaires est le moteur principal d’évolution d’une formule19. Ce point est illustré par l’ensemble des types étudiés dans la deuxième et la troisième parties, mais le type de l’évangile de Tʻoros pʻilisopʻay l’éclaire peut-être mieux que tous les autres20. La formule de colophon n’apparaît pas dans l’archétype (MUSA* 10), mais dès sa première copie; il s’agit d’un type personnel, où le nom de Tʻoros pʻilisopʻay, le scribe de MUSA* 10, est adjoint à une variante de «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ». S’y ajoute un résumé des circonstances de la copie telles qu’elles sont présentées dans le colophon du modèle. Le colophon de la première copie tombe dans l’oubli, jusqu’à ce que deux copistes, plus d’un siècle plus tard, le ressuscitent en tant que formulaire. Dans ce cas, c’est par le hasard des circonstances et de la redécouverte d’un manuscrit important que la formule de colophon a donné lieu à un formulaire. Un facteur important de changement réside dans le passage d’un type de manuscrits à un autre. Ceci vaut surtout pour les formulaires de colophons: un texte adapté à un tétraévangile doit subir certaines modifications pour être rendu apte à clore des lectionnaires, ainsi que nous l’avons vu lors de la formation du type de Tʻonrak à partir du type d’Ałētʻ21. La formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» elle-même est par définition susceptible de s’appliquer à tout texte dont il existe déjà un modèle, et on la retrouve associée à des textes de tous genres littéraires22. La création de types particuliers, en revanche, se fait généralement en fonction du contenu du manuscrit. Des exceptions sont toutefois possibles: le type de Tʻonrak, prévu pour des lectionnaires, a ainsi été employé dans le colophon d’une collection d’homélies23. Enfin, lorsqu’un formulaire de colophon tombe en désuétude, il n’est plus reconnu en tant que formulaire. Cela signifie que les copistes cessent de s’y référer pour rédiger leurs colophons. Néanmoins, il arrive que certains éléments soient jugés suffisamment intéressants pour entrer plus tard dans la composition d’un nouveau formulaire. C’est ce que nous avons remarqué dans les colophons d’un groupe de lectionnaires alépins du XVIIᵉ siècle, dont le formulaire renferme plusieurs reliquats du type de Tʻonrak24. 19 20 21 22 23 24

Cf. p. 72-73. Voir p. 402-407. Voir p. 248-254. Cf. p. 63-65. Voir p. 257. Voir p. 259-261.

424

CONCLUSIONS

2.6. Le copiste au cœur de la copie Outre l’étude de l’essence même des formules et formulaires de colophons — contenu, sources et intertextualité — et de leur fonctionnement, nous nous étions fixé pour objectif de déterminer ce que leur transmission révèle à propos de l’histoire des écoles et centres de copie de manuscrits en Arménie. Toutefois, si les concepts d’«écoles» et de «centres de copie» sont commodes pour le chercheur, en ceci qu’ils autorisent le regroupement de manuscrits au sein de catégories plus ou moins englobantes, ils ont le défaut de sous-estimer l’aspect individuel du problème et de marginaliser les démarches personnelles. Au cours de ce travail, nous avons vu plusieurs «centres de copie» dépendre d’un seul individu; de tels «centres» ont tendance à produire des manuscrits d’usage courant, c’est-à-dire des livres liturgiques, que le commanditaire n’a ni les moyens ni le désir de faire enluminer avec splendeur. À l’autre extrémité du spectre se situent de rares scriptoria au vrai sens du terme, organisés de façon quasi institutionnelle — Gṙner et Glajor en sont probablement les meilleurs exemples —, dont les productions atteignent un très haut niveau de qualité à la fois intellectuel et artistique. Ces centres, les mieux étudiés jusqu’à présent, constituent toutefois l’exception plutôt que la règle. À cet égard, l’exemple de Yovanēs d’Ałētʻ est éloquent. Ce scribe, issu du clergé séculier, ne travaille pas au sein d’une institution et ne semble pas participer à la décoration des codex qu’il copie. Pourtant, ses productions auront un impact de tout premier plan sur bon nombre de manuscrits de la région du lac de Van, principalement au XVᵉ siècle mais même jusqu’à une époque tardive, ainsi que le prouve l’examen des formules de colophons. De même, les colophons extrêmement soignés de Yovanēs d’Ałētʻ sont un véritable creuset d’influences. L’étude de leurs sources dévoile en effet des connexions avec diverses régions, parfois très distantes25: on y retrouve notamment des fragments de textes issus de colophons rédigés à Muš et en Arménie orientale (Ayrivankʻ, Glajor, Xatʻari vankʻ). Une telle situation est due aux nombreuses relations que ce scribe a entretenues au cours de sa carrière, notamment avec ses maîtres (à Muš), ses collaborateurs (l’artiste Tʻoros sarkawag) et ses clients. En dépit des apparences, le cas de Yovanēs d’Ałētʻ ne s’oppose donc pas à celui des plus célèbres scriptoria arméniens: en effet, un centre de copie, qu’il soit monastique ou urbain, et peu importe le nombre de ses artisans, se définit 25

Voir p. 186-218.

LA COPIE ET LA CIRCULATION DES MANUSCRITS

425

avant tout comme une communauté d’individus, en relation les uns avec les autres mais aussi avec des acteurs extérieurs. 2.7. La copie et la circulation des manuscrits: une affaire de relations interpersonnelles Ces relations interpersonnelles sont les vecteurs qui permettent aux traditions de copie de circuler et de se développer. Par conséquent, le travail sur les formules de colophons est indissociable d’une recherche biographique sur le copiste et sur l’ensemble des acteurs de la fabrication du manuscrit, du commanditaire à l’enlumineur et au relieur, en passant par le fournisseur de l’exemplaire et le responsable du centre de copie, lorsque ceux-ci sont connus. Il est également indispensable de procéder, en parallèle, à une étude minutieuse du texte du colophon, surtout dans le cas d’un formulaire, afin de discerner des convergences à l’échelle du corpus et de pouvoir situer correctement le colophon étudié en rapport avec les textes qui lui sont apparentés. Moyennant cela, l’étude d’une formule ou d’un type donnés permet d’évaluer le rayonnement d’un ou plusieurs centres, copistes et manuscrits. Notre recherche sur les types de la formule «ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ» a mis en exergue de façon systématique l’activité d’un ou de plusieurs centres de copie. Ceux-ci doivent être avant tout envisagés comme des communautés d’artisans du livre, qui sont soit laïcs, soit, le plus souvent, membres du clergé régulier ou séculier. En conséquence, les personnalités des individus priment sur l’influence du lieu ou de l’institution dans le processus de passation et l’élaboration des traditions. La dimension relationnelle, que ce soit dans l’enseignement ou dans la collaboration, est centrale à cet égard. Le type du mont Sepuh en fournit une excellente illustration26: celui-ci doit son émergence au séjour sur le mont Sepuh, en 1200-1201, du copiste Kozma, muni d’un ancien manuscrit. Ce manuscrit sera recopié à deux reprises à Awag vankʻ, le monastère principal du mont. Sa tradition touchera également le couvent voisin, moins important, de Saint-Grégoire-l’Illuminateur, car le supérieur de cet établissement entretenait des contacts intensifs avec Awag vankʻ. Ces contacts ont rendu possible la copie de deux manuscrits à ce moment et la collaboration d’artistes des deux centres.

26

Voir p. 143-161.

426

CONCLUSIONS

À plusieurs reprises, nous avons insisté sur l’existence de «scriptoria urbains», animés par le clergé séculier: à Ałētʻ, à Tʻonrak, à Xizan ou encore à Bitlis27. Ces centres sont souvent négligés par rapport aux scriptoria monastiques et leur fonctionnement a peu été étudié jusqu’à présent. Ils semblent pourtant aussi dynamiques que leurs correspondants conventuels. Dans le cas de petits centres, comme Ałētʻ et Tʻonrak, nous voyons que tout repose sur les épaules d’un seul individu, en l’occurrence le prêtre Yovanēs d’Ałētʻ. Celui-ci a développé une collaboration avec l’artiste itinérant Tʻoros sarkawag pour l’illustration de ses œuvres, et s’est luimême déplacé d’un lieu à l’autre pour copier. Pour ce qui est de plus grands centres, comme à Xizan, leur fonctionnement dépend largement de relations de maître à élève, qui assurent la perpétuation des modèles et des formulaires de colophons. 2.8. Pour une approche holistique du livre manuscrit De façon générale, ce travail a permis de souligner combien la bonne compréhension d’un manuscrit et des modalités de sa création nécessite une approche «intégrée» ou «holistique». En effet, l’analyse philologicohistorique des colophons vient en appui à une étude paléographique, iconographique (style, technique picturale, pigments) et codicologique ou «archéologique» (matériaux, reliure, technique de fabrication, structure) du codex. Au même titre que les illustrations ou les reliures, par exemple, les colophons sont des éléments de regroupement et de différenciation des manuscrits. La chose est évidente lorsque le colophon se réclame de l’autorité d’un exemplaire fameux (le tétraévangile de Grigor Murłanecʻi, par exemple), mais s’observe également dans le cas de formulaires «anonymes» de colophons: tout colophon, quel qu’il soit, s’insère dans une voire plusieurs traditions de copie. Il est essentiel de souligner que les traditions iconographiques et les traditions colophoniques ne convergent pas toujours. Un manuscrit peut dépendre de modèles différents pour son texte et pour ses illustrations, surtout lorsque copiste et enlumineur sont deux personnes différentes, ce qui est fréquemment le cas. De ce fait, quoique l’histoire des textes et celle des images soient bien souvent liées, les deux suivent parfois des trajectoires indépendantes. C’est ce qui se passe avec les tétraévangiles de Yovanēs d’Ałētʻ28: largement suivis pour leurs colophons par les copistes de la région 27 28

Cf. p. 220-221, 254, 265-266, 297-299 et 404-405. Voir p. 235 et 342-343.

POUR UNE APPROCHE HOLISTIQUE DU LIVRE MANUSCRIT

427

du lac de Van, ils n’ont en revanche guère suscité d’intérêt pour leur modeste iconographie. C’est pourquoi il faut se garder d’inférer des conclusions sur le modèle du texte à partir d’une analyse des illustrations: nous avons vu avec le dossier de l’exemplaire de Grigor Murłanecʻi que cela peut mener à de graves erreurs d’appréciation29. Finalement, en jetant les bases de l’étude approfondie des formules de colophons arméniens, nous espérons aussi contribuer au développement d’une science globale des formules de colophons. L’intérêt de mener ce genre de recherches en lien avec la question de l’histoire des centres de copie, entrevu par G. Garitte et clairement établi depuis les travaux de L. Reynhout sur les colophons latins, a été récemment remis en évidence par S. Brock à propos des colophons de quelques manuscrits syriaques copiés à Édesse30. Confronter les méthodes et résultats de l’ensemble des recherches à ce sujet dans ces différentes langues, tout en continuant d’étendre la démarche à d’autres cultures, s’avérerait extrêmement fructueux pour la compréhension du phénomène des formules de colophons. * *

*

Nous avons dégagé les premières pièces d’un vaste édifice qui attend d’être révélé entièrement. Ce monument, enfoui sous des siècles d’oubli et de destructions, est celui que, joignant leurs énergies, les copistes arméniens — «les héros oubliés de la littérature arménienne», pour reprendre la formule d’A. Sanjian31 — ont bâti et sans cesse agrandi, à force de travail, de volonté et de piété. Ce monument est celui de la transmission des textes, depuis leurs premiers modèles jusqu’à leurs dernières copies.

29

Voir p. 351-360. Voir GARITTE, Ἡ μὲν χεὶρ ἡ γράψασα; REYNHOUT, Formules; BROCK, Dating Formulae; BROCK, Manuscripts Copied in Edessa; BROCK, Fashions in Colophons. 31 «The unsung heroes of Armenian literature» (CAM, p. 41). 30

CARTES

Les deux cartes que nous produisons ci-après sont essentiellement basées sur les cartes AHKGK et HDE, ainsi que sur l’Index Anatolicus (IA) de S. Nişanyan et sur les cartes publiées dans les travaux de J.-M. Thierry1.

1

Voir dans la bibliographie.

Carte 1. Carte générale fond: créé avec National Geographic MapMaker, retouché

430 CARTES

Carte 2. La région du lac de Van fond: HGE, retouché

CARTES

431

INDEX 1. INDEX LEXICAL N.B. Cet index se limite aux mots et locutions qui font l’objet d’une explication ou d’un commentaire. առոգանութիւն aṙoganutʻiwn 350 արտորք artorkʻ 96 բարեվայելչութիւն barevayelčʻutʻiwn 179 բարձրաքարոզ barjrakʻaroz 101 դաւէ dawē, դաւի dawi 302 ետուր etur

335

թարմաւոր tʻarmawor

224, 399-400

լի եւ պատարուն li ew patarun

141

խալիֆա xalifa, խալիֆայ xalifay, խալֆա xalfa, խալֆայ xalfay 316 Խլիկ Xlik 89 կամակից kamakicʻ 209 կապողչէք kapołčʻēkʻ, կապուղջէք kapułǰēkʻ 258 կարողապետ karołapet 399 Կաւզմա Kawzma, Կոզմա Kozma, Կոզմաս Kozmas 149 հալիֆա halifa, հալիֆայ halifay, հալֆա halfa, հալֆայ halfay v. խալիֆա համաբարբառ hamabarbaṙ 85 հրաման hraman 115-116, 142 (n. 8), 144, 350 ղալիֆա łalifa, ղալիֆայ łalifay, ղալֆա łalfa, ղալֆայ łalfay v. խալիֆա

մահդասի mahdasi 258 մակակէտ makakēt 142 (n. 8) Մաստրովբայ Mastrovbay, Մաստրովբոս Mastrovbos 115-117 մեղսամած mełsamac 306 (n. 414) մեղսամածեալ mełsamaceal 306 մէջ ընդ միջոյ mēǰ ǝnd miǰoy 87-88 միջնակտուր miǰnaktur 141-142 Մուրխան Murxan, Մուրկան Murkan, Մուրղան Murłan 354 Մուրղանեցի Murłanecʻi 354 պապա papa ստոր stor

149 350

վերնակէտ vernakēt

141-142

տարտամելի tartameli 300 տաւէ tawē, տաւի tawi v. դաւէ տընառաջ tǝnaṙaǰ v. տնառաջ Տիրացու Tiracʻu 147 (n. 25) տնահատ tnahat 115-116, 141-142, 144 տնառաջ tnaṙaǰ 85-86 տնատ tnat v. տնահատ տնատել tnatel 116 (n. 195) տնատութիւն tnatutʻiwn 116 (n. 195) տնհատ tnhat v. տնահատ

2. INDEX SCRIPTURAIRE Gen. 1, 1-3 — 1, 14-24 — 3, 23 — 14, 14

182 182 174-175, 182, 278-279 83

I Reg. 1, 15

172-173, 240-241, 276277 IV Reg. 22, 8 98 (n. 139) II Par. 34, 14-15 98 (n. 139)

434

INDEX DES CITATIONS ET ALLUSIONS

II Mach. 5, 18 Ps. 72, 28 — 101, 20 — 117, 8 Eccle. 4, 12 Is. 1, 6 — 31, 9

174-175, 242-243, 276-277 188 174-175, 242-243, 278-279, 392-393 188, 207 194-195, 399 276-277, 292 206-207, 261, 418

Matth. 1, 1 — 4, 8 — 6, 20 — 7, 8 — 14, 6 — 18, 16 — 19, 21 — 25, 14-30 Marc. 1, 1

359, 374 116 242-243, 251, 394-395 399-400 359 380 242-243, 251, 394-395 242-243, 250 359, 374

— 1, 2 — 10, 21 — 16, 9-20 Luc. 11, 10 — 18, 22 — 19, 27 — 22, 43-44 — 23, 30 Ioh. 1, 14 — 5, 4 — 7, 53-8, 11 I Cor. 4, 5 — 7, 24

359 242-243, 251, 394-395 358-359 399-400 242-243, 251, 394-395 242-243 358-359 203-204, 392-393 174-175, 182, 278-279 358 358-359 399-400 172-173, 179, 240-241, 250, 274-275, 322 II Cor. 11, 26 276-277, 292 — 13, 1 380 Iac. 1, 5 242-243, 251, 394-395 I Ioh. 2, 1 242-243, 394-395

3. INDEX DES CITATIONS ET ALLUSIONS AṘAKʻ. DAWR. hist. 55 (56) 192 (n. 152) AṘAKʻ. SIWN. in proleg. Daw. Any., p. 170 Pʻilipposean 111 (n. 173) ARIST. LASTIV. hist., p. 142-145 Yuzbašyan 24 (n. 68) EUS. CAES. hist. eccl. V, 20, 2

77

GRIG. MAG. epist. XIX, p. 59 Kostaneancʻ 172-173, 240-241, 276-277 GRIG. NAR. lam. VIII, 26-50 180 (n. 116) — lam. XXVIII, 1-2 172-173, 240-241, 276-277 — lam. XLVIII, 110-111 172-173, 179, 240-241, 276-277 — lam. XLVIII, 113 172-173, 240-241, 276-277 — lam. LXXII, 6 184 (n. 129) — lam. [colophon], 3 182, 184 GRIG. TATʻ. serm. I, 90, p. 4092 Łapʻancʻi 83-84 GRIG. XLATʻ. monum. trag. 24 Hymn. 3

172-173, 179, 274-275

IBN JUBAYR, p. 272-273 Broadhurst (n. 83)

372

IREN. LUGD. Ogd., fr. v. EUS. CAES. hist. eccl. V, 20, 2 JUANŠ. 1, p. 8 Tiroyean KOR. 19

174-175, 182

110, 121

ŁAZ. hist. I, 11

113 (n. 182)

MOVS. XOR. II, 10 98 (n. 137) — III, 61 110, 121, 135 MXITʻ. SASN. theol. or. [colophon], p. 175176 Cowe 24 (n. 68) NERS. LAMBR. epist. ad Osk., p. 26 Jérusalem (p. 41 Msereancʻ) 365 NERS. ŠNORH. eleg. Edess. 120b 176-177, 282-283 — Ies. fil. II, 1205 176-177, 282-283 Pass. Sus. (BHO 1107) 6 111-112 PHOT. bibl. LXXXI, 63b 117 (n. 200) (PS.)-EPHR. SYR. de fer. quart. non edend., p. 72 Kʻyoseyan 242-243, 250 PS.-GREG. ILL. strom. 10, p. 105 TērMikʻelean (p. 106 Venise1, p. 88 Venise2) 242-243, 250

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

SARG. ŠNORH. in epist. cath. X, 9 175, 242-243, 278-279, 392-393 ST. ŌRB. 31 119 (n. 212) ST. TAR. II, 1 111 Synax. IV, 3 190 (n. 145)

174-

435

VARD. AREW. hist. 25 111 — hist. 50 174-175, 182, 201, 278-279 YOVH. SEB. hist. Seb., p. 57 Čʻugaszyan 239

4. INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS Vačʻian (non loin d’Akhaltsikhé), Église (olim) AKA* Vačʻian 39, 169-170, 218-220, 221222, 232, 234, 254, 288, 291 Binkay (non loin d’Akn; auj. Adatepe), Église des Saints-Archanges (olim) AKN* Binkay, S. Hreštakapetkʻ [1] 40 Akn (auj. Kemaliye), Assemblée arménienne (olim) AKN* Xorhrdaran [2*] 42 Alep, Église des Quarante-Martyrs ALQ 1 53 ALQ 6 37 ALQ 9 42 ALQ 11 50, 349-351, 353, 359, 366, 381-382, 383, 385 ALQ 23 44 ALQ 27 58, 73 (n. 22) ALQ 34 55, 73 (n. 22) ALQ 53 52, 73 (n. 22) ALQ 56 50, 68 (n. 19) ALQ 60 56 ALQ 112 55 ALQ 131 50 ALQ 132 49 ALQ 133 54, 260, 263 ALQ 135 44, 259-260, 263 ALQ 136 54, 260, 263 ALQ 148 54 ALQ 150 51 ALQ 152 56 ALQ 154 47 Alep, Aleppo College ALQ Aleppo College [20]

159 (n. 87)

Alexandrie, Église Saints-Pierre-et-Paul ALX Pōłos-Petros 44

Amasée, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) AMM* [2] 349-351, 366, 374-375, 385 Amasée, Église Saint-Nicolas (olim) AMN* [2] 58 Angora, Monastère Rouge (olim) ANKK* 43 49, 100 (n. 148) ANKK* 142 34 ANKK* 155 260-261, 263 ANKK* 161 42, 237-239, 251, 257-258, 260, 262-263 ANKK* 181 34 ANKK* 200 59 ANKK* 244 58 ANKK* 256 51 ANKK* 283 52 ANKK* 297 50 ANKK* 302 59 ANKK* 303 154 Stanos (non loin d’Angora; auj. Yenikent), Église des Quarante-Martyrs (olim) ANKK* Stanos, S. Kʻaṙasunkʻ 2 43, 258 (n. 310) Ann Arbor (Mich.), University of Michigan Library ANN 141 33, 348, 350-351, 359, 366, 370, 382, 385 ANN 156 60 Antélias, Catholicossat de la Grande Maison de Cilicie ANT 8 258 (n. 308) ANT 84 43 ANT 112 60 ANT 134 54 ANT 146 51

436 ANT 174 ANT 214 ANT 223

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

62 58 149 (n. 37)

Arapgir, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) AR S. Astuacacin s. n. 50 Arckē (auj. Adilcevaz), Couvent des Miracles (olim) ARC* Skʻančʻelagorc s. n. 40 Arghana, Monastère Sainte-Mère-de-Dieu (olim) ARG* 69 47 Armache (non loin de Nicomédie; auj. Akmeşe), Monastère de la Sainte-Mèrede-Dieu-qui-Écarte-le-Mal (olim) ARM* 63 62 ARM* 83 62 ARM* 97 61 ARM* 212 220-221 ARM* 215 48 Ödemiş (non loin d’Aydın), Cabinet de lecture (à l’étage du lycée de jeunes filles) (olim) AY* Ödemiş, Azg. Ǝntʻercʻaran 1 35 Baltimore (Md.), The Walters Art Museum: Ms. W. BAL 537 117-118 BAL 543 44, 306-307, 344 Hawaw (non loin de Palu; auj. Ekinözü), Monastère Sainte-Mère-de-Dieu à la Belle Vue (olim) BAM* Hawaw, Kʻałcʻrahayeacʻ [2] 47 Bayburt, Église du Saint-Archange (olim) BAY* S. Hreštakapet s. n. 41, 267, 270, 286, 298, 303, 304, 305-308, 340, 344 Bayburt, Église Saint-Jean (olim) BAY* S. Yovhannēs 46 Berlin, Staatsbibliothek zu Berlin – Preußischer Kulturbesitz BER Minut. 269 50

BER BER BER BER BER

Minut. 284 53 oct. 167 43 oct. 2068 46 Peterm. I. 32 32, 118 (n. 210) Peterm. I. 149 333

Beyrouth, collection Eghiché Arisdaguesian BEW Arisdaguesian 113-114 (n. 187) Bitlis, Couvent du Fils de la Stérile (olim) BIT* Amirdōl s. n. 44 Bitlis, Église Saint-Georges-le-Stratélate (olim) BIT* S. Gēorg s. n. A 269, 340 BIT* S. Gēorg s. n. B 405 Bitlis, Église Saint-Serge (olim) BIT* S. Sargis s. n. 187, 206, 209-211, 215-216, 225, 227-230, 234 Bitlis, École Saint-Serge (olim) BIT* S. Sargis Dprocʻ 35 Boston (Mass.), Museum of Fine Arts BOM 30.2 34, 65 Bzommar, Couvent Notre-Dame BZ 34 52, 103 BZ 44 57 BZ 54 50 BZ 57 58 BZ 58 35 BZ 76 56 BZ 442 60 BZ 457 61 BZ 482 61 BZ 483 61 BZ 493 62 BZ 539 52 BZ 555 45 BZ 556 45 BZ 557 48 BZ 558 51 BZ 575 61 BZ 585 55 BZ 590 61 BZ 598 61

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

Cannes, collection A. Caracotch CAN Caracotch 41 Cambridge (Mass.), Harvard University, Arthur M. Sackler Museum CDS 1960.196 226 (n. 237) CDS 1960.200 226 (n. 237) Césarée, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) CES* S. Astuacacin 8 60 Césarée, Monastère du Saint-Précurseur (olim) CES* S. Karapet 4 59 CES* S. Karapet 12 34 CES* S. Karapet 13 47 CES* S. Karapet 16 38 Tērēvankʻ (non loin de Césarée; auj. Melikgazi), Monastère Saint-Serge (olim) CES* Tērēvankʻ 6 59 Chicago (Mich.), University of Chicago Library, Hanna Holborn Gray Special Collections Research Center, Edgar J. Goodspeed Manuscript Collection CHG 229 40, 73 (n. 23) Cluj, Arhivele naționale, Direcția Județeană Cluj CLA 12 186, 192, 193-194, 195-196, 198-199, 203, 211-213, 216-217, 225, 234 CLA (GHE* 10) 52 Çemişgezek, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) CMS* S. Astuacacin [3] 60 CMS* S. Astuacacin [8] 51 Yałtukʻ (non loin de Çemişgezek; auj. Tekeli) (olim) CMS* Yałtʻuk [3] 47 Manuscrits dont la localisation est inconnue Cod. ign. A (cité par OSKEAN, Barjr Haykʻ, p. 7) 162 (n. 93) Cod. ign. B (cité par OSKEAN, TarōnTuruberan, p. 53-54) 192-193 Cod. ign. C (cité par AH) 42

437

Cod. ign. D (cité par TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak) 43 Cod. ign. E (cité par ALIŠAN, Ayrarat, p. 363) 52 Cod. ign. F (cité par TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak) 54 Cod. ign. G (cité par TĒR-MOVSISEAN, Ǝndhanur cʻucʻak) 55 Cod. ign. H (copie sous le numéro 170 du fonds des photographies du Matenadaran d’Erévan) 57 Darašamb, Monastère Saint-Étienne-leProtomartyr (olim) DAB* 9 49 DAB* 107 57 Diarbékir, Église Saint-Cyriaque (olim) DIA* S. Kirakos [5] 54 DIA* S. Kirakos [13] 387-388, 390, 404, 407, 410 (n. 178), 411 DIA* S. Kirakos [14] 162 Diarbékir, Église Saint-Serge (olim) DIA* S. Sargis [17] 54 DIA* S. Sargis [27] 47 DIA* S. Sargis [31] 43 DIA* S. Sargis [33] 42, 73 (n. 23) Dublin, Chester Beatty: Arm DU 566 43, 267, 270, 305, 306, 344 DU 559.1 226 (n. 237) DU 559.2 226 (n. 237) DU 621 58 DU 624 33 Erévan, collection Tigran Margaryan ERC T. Margaryan [1] 45, 328 (n. 482), 329 Erzeroum, École Ardzenian (olim) ERZA* 5 34 Dvnik (non loin d’Erzeroum; auj. Altınbulak), Chapelle Sainte-Mère-de-Dieu (olim) ERZA* Dvnik, S. Astuacacin 37 Erknist (non loin d’Erzeroum; auj. Yerlisu), Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) ERZA* Erknist, S. Astuacacin [1] 45

438

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

Gez (non loin d’Erzeroum), famille Kʻičʻirean (olim) ERZA* Gez, Kʻičʻirean 52 Erzeroum, collection Łalayči Yakob (olim) ERZA* Łalayči 42 Erzeroum, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) ERZA* S. Astuacacin s. n. 333 (n. 492) Vagharchapat, Saint-Siège d’Etchmiadzine ET 42 114-115 ET 59 51 ET 334 57 ET 337 57 ET 461 55 Ekrek (non loin d’Erzincan; auj. Sütpınar), Monastère Saint-Jacques-de-Nisibe de Kapos (olim) EZZ* Kapos 192 Erzincan, Église Saint-Serge (olim) EZZ* S. Sargis [1] 38 Fiesole, Villa I Tatti – The Harvard University Center for Italian Renaissance Studies, Berenson Art Collection FLZ 100 226-227 (n. 237-238) Gherla, Muzeul Istoric Raional (olim) GHE* 10 v. CLA (GHE* 10) Burbank (Calif.), Western Diocese of the Armenian Church of North America HY 142.1 226 (n. 237) HY 142.2 226 (n. 237) Khūygān-e ῾Olyā (non loin d’Ispahan), Église Saint-Jean ISP Khūygān, S. Yovhannēs 48 Sīngerd (non loin d’Ispahan), Église SaintÉtienne ISP Sīngerd, S. Stepʻanos 43, 388, 390, 404, 405-406, 407, 410 (n. 178), 411 Constantinople, Patriarcat arménien (Türkiye Ermenileri Patrikliği) ITB Azg. mat. 79 128 (n. 247)

ITB ITB ITB ITB ITB ITB ITB ITB ITB ITB ITB

Azg. mat. 163 61 Azg. mat. 195 62 Azg. mat. 244 58 Balat 1 54 Balat 63 50 Balat 69B 61 Balat 71 55 Galata 5 36 Galata 12 52 Kesaria 28 47 Patr. 50 53

Constantinople, collection Sargis Hisarlean (olim) ITC* Hisarlean 35 Constantinople, Cabinet de lecture d’Ortaköy (olim) ITOR* s. n. 38 Constantinople, Église du Saint-Archange de Balat (olim) v. Constantinople, Patriarcat arménien ITR* 37 61 Constantinople, Bibliothèque nationale des Arméniens de Galata (olim) v. Constantinople, Patriarcat arménien ITT* 6 v. LOB Or. 13654 Nicomédie, École arménienne (olim) IZ* Azg. Varžaran [1] 48 Kʻarcʻi (non loin de Yalova; auj. Laledere), Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) IZ* Kʻarcʻi, S. Astuacacin [5] 52 Jérusalem, Patriarcat arménien J 23 51 J 30 40 J 64 81 J 67 42 J 73 33, 132 J 74 33, 132 (n. 265) J 79 128 (n. 247) J 89 128 (n. 249) J 95 39, 219, 221-222, 225-228, 230-232, 237-239, 252, 254, 257-258, 262-263, 288

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J J

122 174 232 265 306 353 365 597 741 743 787 799 847 1072 1082 1195 1211 1248 1273 1403 1460 1490 1534 1535 1547 1612 1624 1625 1626 1629 1636 1644 1649 1655 1659 1663 1664 1665 1692 1700 1701 1714 1733 1784 1786 1802 1833

40 54 58 37 35 35, 86 230-231 62 50 50 128 (n. 247) 60 53 32 51, 99-100 55 58 33 93 57 49 44 42 58 129 (n. 250) 48 46 59 45 47 47 38 50 56, 87 55 49 59 59 35 37 53 36 54 45 36 53 51, 96

439

J 1862 32, 108, 121-123, 127, 134 J 1878 39 J 1914 39 J 1921 60 J 1925 35, 162 J 1926 59 J 1943 45 J 1946 59 J 1948 42 J 1949 186, 192, 195-197, 198-199, 203, 211-213, 217, 225, 234 J 1951 36 J 1965 58 J 1969 56 J 1974 48 J 2000 51 J 2047 49 J 2103 58 J 2311 37 J 2348 51, 87-88 J 2358 52 J 2359 48 J 2380 41 J 2381 51 J 2403 298 (n. 397) J 2423 47 J 2434 38 J 2442 55-56 J 2465 57 J 2470 45 J 2471 45 J 2556 351-352, 354, 355-360 J 2566 36 J 2588 36, 349-350, 372, 379-380, 381, 385 J 2625 50, 73 (n. 22) J 2649 39 J 2670 55 J 3043 51 J 3133 33, 109 (n. 165) J 3137 326 (n. 471) J 3206 58 J 3254 60 J 3261 57 J 3274 34, 139-140, 141, 155-156, 157160, 163, 165-166, 350 J 3295 40

440

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

J J J J J J

3312 48 3317 49 3334 50 3346 46 3348 46 3349 34, 139-141, 142, 155-156, 157160, 163, 165-166, 350 J 3358 48 J 3431 44 J 3578 270 (n. 334) J 3768 37 J 3851 (Nkaragrutʻiwn Trapizoni) 73 (n. 23), 270 (n. 336), 302 Covkʻ (non loin de Kharberd; auj. Gölcük et partiellement submergé), Église du Saint-Signe (olim) KHA* Covkʻ, S. Nšan [1] 43 Sürsürü (non loin de Kharberd), Église du Saint-Précurseur (olim) KHA* Sürsürü, S. Karapet [1] 49 KHA* Sürsürü, S. Karapet [2] 40, 113114 Kütahya, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) KY* S. Astuacacin [12] 50, 101 (n. 148) Leyde, Universiteitsbibliotheek: Cod. Or. LEY 5478 405 LEY 5527 333, 382 (n. 121) Londres, British Library LOB Add. 19731 49 LOB Or. 2612 47 LOB Or. 8827 46 LOB Or. 13654 33, 139-140, 142, 151153, 155-157, 160, 163, 165-166 LOB Or. 15291 53, 253 (n. 292) Londres, SOAS University of London LOO 41463 253 (n. 292) Londres, Wellcome Collection LOW 6 128 (n. 247) Erévan, Matenadaran – Institut Mesrop Machtots des manuscrits anciens M 49 35

M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M

59 40, 92 76 37, 90 (n. 101) 100 50 158 46 166 32, 118 (n. 209) 167 39, 123 188 55 193 36, 90-91 194 34 208 35 225 41 237 56 264 56 269 39 275 32, 108, 130, 134-135, 141, 356 280 349-350, 380, 381, 385 283 32, 108, 129-130, 134 289 56 294 55 297 56 311 121-122 (n. 220) 313 33 346 40, 340 355 35 358 43 380 36 457 45 502 51 560 230 620 32, 118 (n. 211) 728 51 753 41 759 35 763 41 813 40 832 33, 252 835 56 837 53 867 38 905 44 912 36, 61 944 42 975 33, 135 (n. 276) 976 37 979 252 988 32, 108-109, 121, 122 (n. 220), 127, 130, 134-136

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

M 1013 M 1025 M 1036 M 1038 M 1190 M 1204 M 1241 M 1264 M 1268 M 1315 M 1336 M 1347 M 1355 M 1379 M 1481 M 1539 M 1540 M 1568 M 1598 M 1599 M 1605 M 1607 M 1612 M 1616 M 1619 M 1622 M 1625 M 1627 M 1629 M 1728 M 1766 M 1772 M 1788 M 1794 M 1822 M 1835 M 1849 M 1854 M 1875 M 1880 M 1891 M 1901 M 1912 M 1953 M 2014 M 2016 M 2021

32, 34, 102, 118 (n. 211), 123 54 50 56 35 34 50 41 409-410, 411 363-364, 366 57 33, 128 (n. 248), 130-131 50 230 34, 38 58 53 182 (n. 122), 184 (n. 128) 52 52 56 48 47 42 48 39, 89 (n. 89) 46 48 61 60 36 59 60 62 61 61 43 40 340 61 61 60 33, 131-132 60 409 81 81

M M M M M M M M M

441

2022 59, 81 2031 47 2033 46 2040 42 2092 40 2133 52 2187 230 (n. 250) 2335 6, 9, 420 2374 32, 84 (n. 61), 108, 123-124, 125, 134, 136 M 2387 42 M 2388 38 M 2400 42 M 2418 41, 44, 89 (n. 91), 326-328, 344 M 2465 44 M 2484 57 M 2500 54 M 2534 58 M 2632 45 M 2743 186, 200-202, 203, 208, 215, 231, 234, 353, 370 (n. 78), 372 M 2746 35 M 2759 62 M 2814 35, 349-350, 375-378, 379, 385 M 2845 33 M 2877 163 M 3033 34 M 3049 44, 268, 272, 286, 325-328, 344 M 3078 49 M 3104 41 M 3145 56 M 3178 50 M 3189 52 M 3202 340 M 3264 53 M 3276 38, 102-103, 123 M 3424 49 M 3434 60 M 3494 407-408, 411 M 3503 40, 66 M 3508 42 M 3528 34 M 3589 37 M 3602 57 M 3633 57 M 3779 158, 159 M 3857 46, 268, 271, 330-331, 332, 344

442 M M M M M M M M M M M M M M M M

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

3858 55 3866 46 3867 50 3985 36, 353 4059 38 4117 42 4123 45, 328-329 4124 269 4146 33 4156 42 4157 41 4165 35 4186 38 4188 56 4205 57 4217 39, 169-170, 183, 185 (n. 134), 205, 209, 211, 218-220, 221-222, 223, 226, 231-232, 234, 254, 256, 288, 291 M 4223 41, 267, 271, 284, 297-298, 300302, 303-304, 306, 315-316, 321, 332, 340, 344 M 4243 34 M 4288 57 M 4509 186, 187-188, 203, 207, 211212, 231, 234 M 4515 (NPH2) 19 (n. 58), 210 (n. 208), 228 (n. 243), 270 (n. 334), 328 (n. 483) M 4522 220 M 4620 58 M 4648 220 (n. 214), 388, 390, 396, 407, 410-411 M 4658 52 M 4678 52 M 4684 340 M 4687 37 M 4690 337, 341, 344 M 4738 37 M 4745 44 M 4779 268, 270, 286, 310, 341, 344 M 4787 41 M 4791 341 M 4817 317 (n. 442) M 4827 42, 267, 272, 315-316, 320-321, 330, 332, 344 M 4829 43, 85-86 M 4830 43 M 4841 41

M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M

4850 4890 4908 4922 4923 4927 4928 4937 4946 4963 4965 4970 4975 4979 4995 5067 5140 5167 5178 5187 5194 5201 5212 5214 5215 5234 5257 5300 5301 5331 5333 5336 5351 5352 5361 344 M 5367 M 5396 M 5399 M 5402 M 5414 M 5418 M 5437 M 5441 M 5444 M 5458 M 5459

326 (n. 471) 37 40 43, 267, 270, 286, 323, 344 41 51 43 46 59 42 373 45 50 333 (n. 492) 24 (n. 71) 45 60 60 47, 73 (n. 23) 45 49 45 43 59 47, 73 (n. 23) 50 52 54 56 44, 268, 273, 323-325, 344 45 51 47 40 268, 271, 286, 311, 329, 341, 60 341 341 341 323 (n. 463) 304, 340, 344 48 319 304, 340, 344 340, 343 323 (n. 463)

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

M 5510 40 M 5512 41 M 5515 43 M 5521 86 (n. 69) M 5525 35 M 5540 50, 337 (n. 519) M 5543 42 M 5544 44 M 5557 40 M 5562 41, 267, 271, 284, 297, 299-300, 301-302, 304, 324, 340, 344 M 5588 52 M 5597 39, 95-96 M 5609 36, 101-102, 117 M 5664 52 M 5675 50 M 5708 38 M 5709 36 M 5727 41, 267, 271-272, 298, 303, 304, 308-309, 338, 340, 344 M 5736 224 (n. 225), 397-398, 402 M 5774 24 (n. 71) M 5783 48 M 5801 51 M 5831 48 M 5853 53 M 5955 312, 315 M 6020 47 M 6032 52 M 6036 340 M 6053 58 M 6059 53 M 6093 49 M 6122 42 M 6124 53 M 6186 57 M 6196 159 M 6253 36 M 6273 (NPH) 19 (n. 58), 73 (n. 22), 208 (n. 197), 229 (n. 248), 272 (n. 345), 373 (n. 89) M 6289 187, 202-203, 211, 214-215, 226, 231-232, 234 M 6290 224 (n. 225), 397 M 6326 46 M 6332 (NPH1) 19 (n. 58), 273 (n. 354), 319 (n. 456)

443

M 6333 (BARAŁAMEAN, Cʻucʻak) 19 (n. 58) M 6364 162 M 6390 45 M 6402 342 M 6420 49 M 6437 52 M 6495 46 M 6673 56 M 6757 53 M 6763 32, 108, 112-114, 116, 118, 125, 131, 135, 141 M 6785 49 M 6799 55 M 6801 58 M 6806 43 M 6861 44 M 6925 340 M 6989 56 M 7034 36 M 7040 55 M 7045 53 M 7100 54 M 7112 57 M 7300 57, 334 M 7347 33, 145-151, 153-154, 352, 368, 374 M 7451 38, 89, 193, 234 M 7482 88 (n. 81) M 7519 187, 203-205, 212-220, 221-222, 223, 232, 234, 248-249, 251, 254, 387390, 396, 398, 402-403, 405-407, 409411 M 7534 35 M 7566 44, 268, 272, 284, 309, 310, 641, 344 M 7585 46 M 7598 39 M 7627 44 M 7629 40, 220 (n. 214), 340 M 7632 44 M 7634 49 M 7642 39, 349-350, 381, 385 M 7650 38 M 7665 56 M 7690 74 M 7691 36 M 7698 57

444

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

M 7729 155-156, 166 M 7734 34, 145-150, 152-154, 348, 350, 352, 373-374, 385 M 7744 49 M 7747 44 M 7757 45, 309 (n. 424), 341 M 7760 44 M 7771 46 M 7786 53 M 7792 54 M 7794 56 M 7980 54 M 7985 56 M 8008 55 M 8030 39 M 8116 39 M 8177 57 M 8139 159 M 8307 40 M 8393 45 M 8454 56 M 8556 55 M 8563 51 M 8568 58 M 8588 341 M 8623 37 M 8692 334 M 8771 407-408, 411 M 8897 40 M 8904 298 M 8933 42, 267, 272-273, 286, 305, 306, 344 M 8971 45 M 8979 42 M 9026 185 M 9027 (NPH9027) 19 (n. 58) M 9274 44 M 9292 35 M 9299 334 M 9335 46 M 9431 45 M 9465 37, 75 M 9575 51 M 9798 57 M 9841 44, 268, 272, 284, 315, 316-320, 330, 332, 344 M 9858 333 (n. 492)

M M M M M

10028 58 10123 56 10169 38 10200 192 (n. 155) 10283 36, 349-350, 355, 379-380, 381, 385 M 10311 54 M 10317 56 M 10359 34, 139-140, 142-143, 147, 151, 153, 155-157, 163, 165-166 M 10360 33, 151-152, 165 M 10374 55 M 10434 115-117, 125, 130 (n. 254), 134-135, 144-145, 147, 151-157, 160 (n. 89), 165, 350 M 10439 38 M 10520 49 M 10521 44, 268, 273, 308-309, 341, 344 M 10524 38 M 10550 50 M 10584 57 M 10789 328 (n. 483) M 10843 192 (n. 155) M 10859 37, 90, 226, 227 (n. 239), 230, 232 M 11013 44, 316-317, 318, 320, 321322, 344 M 11203 51 M frg. 919 397 M frg. 977 57 Manchester, collection privée (Diana Margarian-Guessarian?) MC ign. 48 Manchester, The University of Manchester, John Rylands Research Institute and Library: Armenian MS MCR 11 48 MCR 18 51 MCR 19 56 Merzifon, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) MM* S. Astuacacin s. n. 53 Moscou, Российская государственная библиотека: Ф. 180/I MSB 22 268, 271, 286, 311, 329, 341, 344

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

Munich, Bayerische Staatsbibliothek: Cod. Armen. MU 1 35 MU 3 35 MU 24 59 Munich, Antiquariat Gottlob Hess (olim) MU* Hess 59 Mouch, Monastère des Saints-Apôtres (olim) MUSA* 1 33, 348, 350, 355, 361-366, 373, 385 MUSA* 2 (v. M 7729, V 1614, W 1411) 155-156, 166 MUSA* 10 213, 224-225, 234, 387, 397, 398-402, 403, 411, 420, 423 MUSA* 13 36, 186, 192, 194-195, 197198, 200, 203, 211, 213 225, 234 MUSA* 17 37, 186, 192, 197, 198-200, 203, 205, 212-214, 217, 225, 234, 251, 403 MUSA* 18 187, 192, 197, 198-199, 203, 211-213, 225, 234 MUSA* 19 187, 192, 197, 199, 200, 203, 211-213, 217, 225, 234 MUSA* 22 39, 219-220, 221-222, 232, 265, 267, 269, 284, 287, 288-291, 292294, 296, 299-300, 323, 343-344 MUSA* 25 39, 73 (n. 23) MUSA* 39 405 Mouch, Monastère Saint-Jean de la Saulaie (olim) MUSA* Ełrdut [7] 45 MUSA* Ełrdut [9] 341 Gomkʻ (non loin de Mouch; auj. Turnalı), Couvent du Doigt de Saint-Pierre (olim) MUSA* Matin [1] 34, 89 (n. 90) MUSA* Matin [17] 53 MUSA* Matin [19] 54 Mouch, Église Sainte-Marine (olim) MUSA* S. Marinē [1] 220 (n. 214), 387390, 396, 407, 410 (n. 178), 411 Šexlan (non loin de Mouch; auj. Eğirmeç), collection Tēr Simēon (olim) MUSA* Šexlan, Tēr Simēon 192-193

445

Mouch, collection Awetis Tēr-Awetisean (olim) MUSA* Tēr-Awetisean 59 Yoncalı (non loin de Bulanık) (olim) MUSA* Yoncalı, ign. 49 Mouch, Monastère du Saint-Précurseur (olim) MUSK* s. n. 184 (n. 131) Gümüşhane, Monastère du Saint-Sauveur (olim) MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 1 43, 73 (n. 23) MUSK* Gümüşhane, S. Pʻrkičʻ 15 41, 267, 270, 284, 286, 298, 300, 302-303, 321, 340, 344 New Haven (Conn.), Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library NH Hartford Seminary 1 34 NH Z107.57 60 New York (N.Y.), collection Haroutioun Hazarian (olim) NKC* Hazarian 65 56 New York (N.Y.), collection Hagop Kevorkian (olim) NKC* Kevorkian 6 v. LOB Or. 13654 New York (N.Y.), collection Arsene et Armand Pushman (olim) NKC* Pushman 2 41 New York (N.Y.), The Morgan Library & Museum: MS M. NKP 803 163 Nouvelle-Djoulfa, Monastère du Saint-Sauveur NOJ 28 323 (n. 463) NOJ 35 4 (n. 8) NOJ 38 36 NOJ 41 37, 186, 192, 197, 198, 199, 203, 205, 211-213, 216-217, 225, 234, 403 NOJ 44 53

446

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

NOJ 51 41 NOJ 63 53 NOJ 167 132 (n. 264) NOJ 183 59 NOJ 207 51, 99-100 (n. 146) NOJ 313 45 NOJ 341 388, 390, 404, 407, 410 (n. 178), 411 NOJ 390 46, 268, 271, 290, 293-297, 331, 344 NOJ 403 46 NOJ 404 340 NOJ 459 52 NOJ 500 328 (n. 481, 483) NOJ 515 40 NOJ 519 38 NOJ 528 50 NOJ 533 341 NOJ 554 34 NOJ 559 43, 267, 270, 286, 315-316, 317-318, 320-321, 330, 332, 343-344 NOJ 567 340 NOJ 618 340 NOJ 663 49, 74 NOJ 684 309 (n. 424), 341 Nouvelle-Djoulfa, Église Saint-Étienne-leProtomartyr NOJ S. Stepʻanos 7 43 Nuremberg, Stadtbibliothek Nürnberg NU Cent. V. App. 87 74 Oskanapat (auj. Zurnabad), Église SaintJacques (olim) OSK* 1 224 (n. 225), 397 OSK* 2 323 (n. 463) Oxford, University of Oxford, Bodleian Library: MS. Arm. OXL d. 15 51 OXL e. 35 298 OXL e. 36 118 (n. 210) OXL g. 2 54 Paris, Bibliothèque nationale de France P 18 44

P 56 219, 221-222, 232, 254-257 P 70 46 P 81 42 P 97 55 P 103 36 P 132 40 P 204 61, 68 P 205 61 P 207 61 P 219 60 P 224 61 P 255 60, 81 P 284 61 P 317 61 P 323 42 P 333 40, 267, 271, 286, 290-293, 294, 296, 297-300, 303, 306, 314-315, 338, 340, 344 P Smith-Lesouëf 253 58 Paris, Musée arménien de France PA 56 48 Paris, collection Paul Esmérian (olim) PC* Esmérian 1 v. M 10359 Paris, collection privée PC ign. 340 Paris, collection Agop Indjoudjian (olim) PC* Indjoudjian 1 v. M 10359 Paris, collection Raphaël Margossian (olim) PC* Margossian 21 v. M 10359 Paris, collection Hatchik Sevadjian (olim) PC* Sevadjian ign. v. LOB Or. 13654 Paris, collection Mme Taturōf PC Taturōf 59 Paris, Drouot (olim) PD* 25/11/2016 1 226 (n. 237) Philadelphie (Penn.), Free Library of Philadelphia: Lewis PHF O 121 37, 109 (n. 163) PHF O 122 292

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

Princeton (N.J.), Princeton University Library PRU Garrett 2 43 PRU* Garrett 12 226 (n. 237) PRU Princeton 2 60 Saint-Pétersbourg, Российская национальная библиотека: Арм. SABB н. с. 4 39 SABB н. с. 30 61 SABB о. к. 6 53 SABB о. к. 7 54 Saint-Pétersbourg, Государственный Эрмитаж SABE VЗ-835 224 (n. 225), 397 Saint-Pétersbourg, Институт восточных рукописей Российской Академии наук SABO A 5 48 SABO A 6 60 SABO A 23 59 SABO A 38 43 SABO A 46 58 SABO A 53 49 SABO A 62 47 SABO A 63 54 SABO B 21 49 SABO B 91 49 SABO B 105 54 SABO C 27 48 San Francisco (Calif.), collection Nazli Mardikian SAF Mardikian 4 58 Kuhna Shahr (non loin de Salmās; auj. incluse dans Tāze Shahr), Église SaintJacques (olim) SAL* S. Yakob 46, 328 (n. 483)

447

SEB* 7 50 SEB* 12 v. J 3349 SEB* 13 v. J 3274 SEB* 16 35 SEB* 22 v. V Kurd. 2 SEB* 23 v. V Kurd. (SEB* 23) SEB* 31 45 SEB* 46 51 SEB* 74 46, 237-239, 258, 262-263 SEB* 107 48 SEB* 119 54, 103 (n. 160) SEB* 124 53 SEB* 126 57 SEB* 215 49 SEB* s. n. 40 Çüngüş, Monastère Sainte-Mère-de-Dieu à la Belle Vue (olim) SEN* 4 48 SEN* 20 61 SEN* 26 43 SEN* 34 47 SEN* 40 44 Qalagah (non loin de Şamaxı) (olim) SHE* Qalagah 45 Qalagah (non loin de Şamaxı), chez Sargis kʻahanay (olim) SHE* Qalagah, Sargis kʻah. 59 Chouchi, collection Awetikʻ Bahatrean (olim) SHU* Bahatrean [9] 55 Sis (auj. Kozan), Église Saint-Grégoirel’Illuminateur (olim) SIS* S. Grigor [2] 35, 73 (n. 22) Smyrne, École arménienne (Collège Mesrobian?) (olim) SMY* Dprocʻ s. n. 54

Scutari, Lycée Sainte-Croix (Surp Haç Tibrevank) SC s. n. 59

Smyrne, Église Saint-Étienne (olim) SMY* S. Stepʻanos 3 44, 73 (n. 23)

Sébaste, Couvent du Saint-Signe (olim) SEB* 3 36, 40

Sofia, collection Hrand Minas Nalčʻačean SOP Nalčʻačean 53

448

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

Southfield (Mich.), Alex and Marie Manoogian Museum SOU L1988.237 309 (n. 424), 341 SOU L1988.238a-b 145-150 Tabriz, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) TA* S. Astuacacin 1 (v. M 10859, CDS 1960.196, CDS 1960.200, DU 559.1, DU 559.2, FLZ 100, HY 142.1, HY 142.2, PD* 25/11/2016, PRU* Garrett 12, V Kurd. frg. 27) 226 (n. 237) Talas, Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) TAL* S. Astuacacin 1 59 Tiflis, Église Sainte-Mère-de-Dieu des Arméniens de Šamkʻoṙ (olim) TB* Šamkʻoṙecʻwocʻ s. n. 54 Tiflis, Centre national des manuscrits Korneli Kékélidzé de Géorgie, fonds arménien TBI 23 42 TBI 111 52 TBI 184 58 TBI 189 53 TBI 195 46 TBI 213 49 Tokat, Église de la Sainte-Trinité (olim) TK* S. Errordutʻiwn 33, 352 Tubingue, Eberhard Karls Universität Tübingen, Universitätsbibliothek: Ma XIII TU 1 118, 272-273 (n. 345, 356) TU 4 55 Venise, Monastero Mechitarista di San Lazzaro V 16 39 V 17 159, 160, 163 V 60 57 V 65 97, 117 V 69 34 V 84 57 V 109 131 (n. 259) V 116 47 V 122 48 V 127 56

V V V V V V V V V V V V V V

153 166 188 193 211 224 230 233 235 248 262 265 282 325 360, V 326 V 327 V 329 V 352 V 356 V 390 V 393 V 399 V 400 V 416 V 419 V 424 V 448 V 469 V 485 V 503 V 508 V 518 V 541 V 543 V 570 V 584 V 612 V 627 V 642 V 661 V 683 V 696 V 701 V 734 V 777 V 785

39 47 59 34 237-239, 257, 262-263 46 41 55 59 128 (n. 247) 61 48 51 149 (n. 39), 348, 350-352, 357370-373, 383, 385 56 45 46 34 54 48 400 (n. 145) 36 57 37 59 94 33, 92-93, 123 60 46 50 59 53 48 43, 91 34 45 39 60 44 39 55 34 47 37 47 60

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

V 809 V 843 V 873 V 888 V 895 V 900 V 937 V 938 374 V 942 V 953 V 997 V 998 V 1007 V 1012 V 1027 V 1038 V 1049 V 1051 V 1074 V 1097 V 1100 V 1114 V 1124 V 1136 V 1144 V 1147 V 1189 V 1193 V 1196 V 1214 V 1219 V 1327 V 1356 V 1394 V 1400 V 1408 V 1423 V 1444 V 1466 V 1478 V 1517 V 1533 V 1555 V 1563 V 1568 385

46 39 36, 92, 119 353, 358-359, 369-370, 372, 385 96 35 306 (n. 414) 145-150, 152, 352, 367 (n. 62), 42 32, 108, 124-127, 134 75, 96-97 38 227-230 353 40 40, 73 (n. 23) 59 48 59 35 51 47 56 47 359 56 57 48 336, 341, 344 39 53 58 38 49 351-352, 356-360, 372 55 49 35 47 57 46 49 56 53 33, 348, 350, 358-359, 367-369,

449

V 1596 51 V 1607 55 V 1614 155-156 V 1619 52 V 1624 55 V 1626 37 V 1660 47, 337-338, 344 V 1706 131 (n. 262) V 1714 52 V 1723 57 V 1741 57 V 1925 351 (n. 7) V 2003 39 V 2062 46 V 2570 60 V 2813 60 V 3029 (phylactère imprimé) 83 (n. 59) V Kurd. 2 33, 145-150, 153-154, 156157, 165, 374 V Kurd. 20 145-149, 353 V Kurd. 62 58 V Kurd. 66 59 V Kurd. (SEB* 23) 39 V Kurd. frg. 27 226 (n. 237) Varna, collection Nazaretʻ Žamkočʻean VA Žamkočʻean 47 Ałtʻamar, Monastère Sainte-Croix (olim) VAS* Ałtʻamar 154 56 VAS* Ałtʻamar s. n. 37 Berkri (auj. Muradiye), Couvent du Fils de Tēr Yusik (olim) VAS* Berkri, Yuskan ordi s. n. 323 (n. 463) Kendanancʻ (non loin de Van, auj. Kavurma), Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) VAS* Kendanancʻ 328 (n. 483) Kłzi (non loin de Van; auj. Gürpınar) (olim) VAS* Kłzi 336, 341, 344 Ktucʻ (île du lac de Van; auj. Çarpanak Adası), Ermitage (olim) VAS* Ktucʻ 147 49 VAS* Ktucʻ s. n. A 40 VAS* Ktucʻ s. n. B 41

450

INDEX DES MANUSCRITS ARMÉNIENS

VAS* Ktucʻ s. n. C 44, 268, 273, 307308, 309-310, 341, 344 Lim (île du lac de Van; auj. Adır Adası), Ermitage (olim) VAS* Lim 17 39 VAS* Lim 389 184 (n. 130) VAS* Lim 390 24 VAS* Lim 396 24 (n. 71) VAS* Lim s. n. 49

VAS* Pʻokan 1 39, 192-193, 225 VAS* Pʻokan 3 186, 188-191, 194, 196, 203, 205, 208, 210-216, 225, 234, 403 Šatax (auj. Çatak), Église (olim) VAS* Šatax 1 268, 272, 286, 328 (n. 482), 329, 332, 344 Šatax (auj. Çatak), Église de Dašt (olim) VAS* Šatax, Dašt 46, 268, 273, 286, 331, 344

Mandan (non loin de Van; auj. Yatıksırt) (olim) VAS* Mandan s. n. 39

Van, Archevêché (olim) VAS* Van, Aṙaǰnordaran s. n.

Moks (auj. Bahçesaray), Monastère du Saint-Sauveur (olim) VAS* Moks, Amenapʻrkičʻ 17 268, 273, 286, 310, 341, 344

Van, Église Sainte-Mère-de-Dieu d’Ararkʻ (olim) VAS* Van, Ararkʻ 11 41, 267, 270, 311315, 332, 344 VAS* Van, Ararkʻ s. n. 53

Moks (auj. Bahçesaray), Église des TroisAutels (olim) VAS* Moks, Erekʻ xoran 13 48 VAS* Moks, Erekʻ xoran 15 41 Moks (auj. Bahçesaray), Église Sainte-Mèrede-Dieu d’Anǰłoncʻ (olim) VAS* Moks, S. Astuacacin 2 41 Moks (auj. Bahçesaray), Église Saint-Jacques de Dašt (olim) VAS* Moks, S. Yakob 20 46, 268, 272, 290, 293-296, 331, 344 VAS* Moks, S. Yakob 21 40, 267, 270, 284, 290, 292-297, 299, 331, 340, 344 Moks (auj. Bahçesaray), Église de la SainteRésurrection d’Abrahamencʻ (olim) VAS* Moks, S. Yarutʻiwn 7 48 VAS* Moks, S. Yarutʻiwn 15 24 (n. 71) Noršēn (non loin de Van; auj. Kumluca), Église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) VAS* Noršēn, S. Astuacacin 34 56 Noršēn (non loin de Van; auj. Kumluca), chez Tēr Mikʻayēl, desservant de l’église Sainte-Mère-de-Dieu (olim) VAS* Noršēn, Tēr Mikʻayēl 52 Pʻokan (non loin de Hakkâri; auj. Çepkenli) (olim)

58

Van, famille Farčuleancʻ (parmi les livres du couvent Sainte-Mère-de-Dieu de Hogwocʻ vankʻ) (olim) VAS* Van, Farčuleancʻ 308, 309, 341 Van, Couvent Sainte-Mère-de-Dieu de Haykavankʻ (olim) VAS* Van, Haykavankʻ 226 187, 206209, 211-212, 214-215, 225, 227-231, 234 VAS* Van, Haykavankʻ 256 336, 341, 344 Van, Église Saint-Vardan (olim) VAS* Van, S. Vardan s. n. 373 Van, Église Saint-Jacques (olim) VAS* Van, S. Yakob s. n. 326 (n. 471) Van, Église de la Mère-du-Seigneur (olim) VAS* Van, Tiramayr s. n. A 35 VAS* Van, Tiramayr s. n. B 268, 272, 290, 293-296, 331, 344 VAS* Van, Tiramayr s. n. C 269, 340 VAS* Van, Tiramayr s. n. D 46, 319 Van, Église Sainte-Mère-de-Dieu de Yaynkoysner (olim) VAS* Van, Yaynkoysner 46 268, 273, 286, 311, 329, 334, 341, 344 VAS* Van, Yaynkoysner 49 47

INDEX DES MANUSCRITS NON ARMÉNIENS

Varag (non loin de Van; auj. Bakraçlı), Monastère (olim) VAS* Varag 243 60 Xžišk (non loin de Van; auj. Halkalı) (olim) VAS* Xžišk s. n. 43 Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana VAT Borg. arm. 80 53, 74 VAT Borg. arm. 85 333 Vardenik, Chapelle Saint-Jean-Baptiste VDK 46, 335-336, 341, 344 Vardašēn (auj. Oğuz), Église Sainte-Mèrede-Dieu (olim) VDN* S. Astuacacin [2] 41 Vienne, Österreichische Nationalbibliothek: Cod. Armen. VIN 6 60 VIN 9 54 VIN 15 47 VIN 25 47 Vienne, Die Wiener Mechitaristen Kongregation W 62 334-335, 341, 344 W 96 50 W 142 51 W 153 55 W 155 57 W 173 39 W 195 52

451

W W W W W W W W W W W W W

203 49 232 128 (n. 246) 280 34 318 45 342 38 347 50 354 53 358 58 375 54 419 41 543 42 599 41 659 348, 350, 352 (n. 11), 354-355, 357, 366-367, 369-371, 385 W 691 45 W 698 55 W 952 55 W 1006 45 W 1411 155-156 Washington (D. C.), The Catholic University of America, Institute of Christian Oriental Research: Hyvernat Armenian WAA 2 52 Washington (D. C.), The Library of Congress WAC Orien. Nr. East: 6003 38 Washington (D. C.), The Freer Gallery of Art WAF 44.17 34, 86

5. INDEX DES MANUSCRITS NON ARMÉNIENS Cambridge (Mass.), Harvard University, Houghton Library, MS Syriac 147 79 Damas, Patriarcat syrien orthodoxe, 6/2 79 Londres, British Library, Add. 12134 78-79 Londres, British Library, Or. 8606 78

Paris, Bibliothèque nationale de France, gr. 1751 77-78 Paris, Bibliothèque nationale de France, gr. 2438 77-78 Vienne, Österreichische Nationalbibliothek, Vind. hist. gr. 75 77 (n. 36) Vienne, Österreichische Nationalbibliothek, Vind. phil. gr. 215 77 (n. 36)

452

INDEX GÉOGRAPHIQUE

6. INDEX GÉOGRAPHIQUE Aarhus 20 Adana 96 (n. 132) Akçakiraz v. Barǰanč Akhaltsikhé v. Axalcʻxay Akn (Eğin, Kemaliye) 115, 144 Akner (Eğner) 292 Alatʻuman (Alatubani) 317 Ałbak (Ałbag, Mec Ałbak) 125-126, 271, 330 —, monastère Saint-Barthélémy 126, 268, 271, 311, 330-331, 332, 342 Ałberik vankʻ v. Sasun, monastère de la Sainte-Petite-Source Alep (Halap, Halēp) 97, 100, 259-260, 262-263, 416, 423 Ałētʻ 169, 174-175, 187, 203-204, 208209, 216, 218-219, 220-221, 222, 224225, 234-235, 237, 299, 343, 388, 390, 393 (app.), 402, 409 (n. 172), 415, 426 Alexandrie 91, 129 (n. 251), 190 (n. 145) Ałjnikʻ 167 (n. 101) Ałǰocʻ vankʻ 91 Ałtʻamar (Aghtamar, Axtʻamar, Akdamar Adası) 85, 167, 185, 219, 235, 339, 342 —, catholicossat 219-220, 245 (app.), 278 (app.), 280-281, 288, 293, 299-300, 303, 306, 310, 312, 321, 329, 334-335, 389, 392-393, 406 Amirdōl (Amrtōlu vankʻ, monastère du Fils de la Stérile) 404 Anatolie 84, 135, 281 (app.) Anazarbe (Anavarza kalesi, Anawarza) 259 Angora (Ancyre, Ankara) 299-300 Ani 108, 121-122, 127, 134-135, 357, 360, 364-365, 415 Anǰłoncʻ (Anǰołoncʻ) v. Moks; Šatax Antioche 365, 370 (n. 75) Apahunikʻ 187, 209-210, 216, 219, 225, 228, 230, 238, 254-256 Āq Qoyunlū v. Mouton Blanc Araban v. Ṙapan Aramo (Aramu) 310 Ararat, marz 187 (n. 137) Arcʻax (Artsakh) 201, 334

Arčēš (Erciş) 90, 189 (n. 144), 311, 326, 342 Archers v. Mongols Arckē (Adilcevaz) 189, 326 Ardahan 354 Argelan 333 (n. 492) Argina 365 Arménie passim — orientale 187, 223, 234, 415, 424 — v. Grande Arménie; Haute-Arménie Artaz, monastère Saint-Thaddée 330, 397 Asie mineure v. Anatolie Ašna (Ašnay) 270 Aspisnka vankʻ 90 Awag vankʻ du mont Sepuh 139-140, 142, 151-153, 155-157, 158-166, 425 Awer vankʻ 189 (n. 144) Axalcʻxay (Akhaltsikhé, Axalcixe) 169 Axalkʻałakʻ (Akhalkalaki, Axalkalaki) 317 Axtʻamar v. Ałtʻamar Aydınlar 189 (n. 144) Aygek 288 Ayrivankʻ (Gełard) 186-188, 424 Azerbaïdjan 200 Bagnayr 101 Bahçesaray v. Moks Bałēš v. Bitlis Baltimore 117 Banancʻ (Bayan) 200 —, monastère des Traducteurs 200 Barijor (Barakajor), couvent Sainte-Mèrede-Dieu ou des Sept-Autels 266 Barǰanč (Perçenç, Akçakiraz) 146-147, 150, 153, 348, 374 Barjrberd 258 (n. 308) Bas-Murxan v. Murxan Nerkʻin Bastavankʻ 324 (n. 464) Bayan v. Banancʻ Bayburt (Baberd) 349, 379-380, 381, 385 Berdak 101 Berkri (Muradiye) 333 (n. 492), 342 Bethesda 358 Beyrouth 114 (n. 187)

INDEX GÉOGRAPHIQUE

Binbaşar v. Murxan Bitlis (Bałałēš, Bałēš) 209, 233, 299, 305, 308, 388, 390, 403-409, 411, 416-417, 426 Błen (Błean) v. Noravankʻ de Błen Le Bouveret 78 Bṙnašēn 268, 272, 311, 328, 332 Bucovine 99 Byzance (empire byzantin) 117, 134, 148, 167, 356, 357 (n. 26) Bznunikʻ 169, 174-175, 187, 203-204, 208-209, 216, 218-219, 225, 230 Caffa (Kafa, Feodosija) 100, 253 (n. 292) Čahuk (Cəhri) 230 Camndaw v. Tzamandos Cappadoce 262, 356, 360, 363, 384 Caspienne, mer 174-175, 182, 200-201, 207, 210, 215 Çatak v. Šatax Caucase 201, 215 Césarée (Kayseri, Kesaria) 100, 145 (n. 18), 231, 356 Ceyhan v. Jahun Chaldée v. Xałtikʻ Cilicie 112-113, 133, 135, 151, 162, 167, 182, 186, 192, 195, 202-204, 210-211, 215, 219-220, 222, 224, 230-231, 259, 265, 267, 269, 279 (app.), 287, 290, 300, 343, 352, 362, 373-378, 384, 387, 389, 393 (app.), 398-400, 406, 410, 415-416 —, catholicossat 182, 203-204, 215, 219, 245 (app.), 278-279, 293, 299-300, 303, 306, 323, 389, 393 (app.), 406 Cluj (Cluj-Napoca) 193 Čʻmškacag (Çemişgezek) 149 (n. 37), 189 (n. 143) Colemêrg (Çölemerik) v. Julamerk Commagène 373 (n. 91) Constantinople (İstanbul) 18, 82, 101 (n. 148), 108, 110-111, 118-121, 128 (n. 246), 135, 363 —, église du Saint-Archange de Balat 260 —, église Saint-Nicolas 82 —, patriarcat arménien 145 (n. 18) Covkʻ (Cov) de Tlukʻ 108, 133, 135, 348, 367-369, 384

453

Covkʻ (Gölcük) de Sophène 368 Cpat 267, 270, 311-315, 332 Crimée 253 (n. 292) Daranałikʻ 139-140 —, ermitage Saint-Grégoire-l’Illuminateur 139-142, 153, 155, 157-161, 162166, 350, 425 Dašt 268, 271-272, 290, 294-296, 311, 331, 337, 344 Dełjan 186-187 Dełjnavankʻ (peut-être identique au précédent) 187 (n. 137) Dełjnut (Dełjut; peut-être identique au précédent) 187 (n. 137) Dersim (Tunceli) 382 Diarbékir (Amid, Amitʻ, Diyarbakır, Tigranakert) 333-334 Drazark 108, 112, 118, 130, 135, 203204, 223-224, 231, 233, 387, 392-393, 396-401, 416 Duruköy v. Narek Éden 183 Édesse (Urfa, Uṙha, Urha) 78, 98, 146, 149, 348, 352 (n. 11), 366-373, 381382, 384-385, 416, 427 Eğin v. Akn Ēǰmiacin (Etchmiadzine, Vagharchapat, Vałaršapat) 100, 123, 128 (n. 246), 393 (app.), 406 —, catholicossat 278-279, 281 (app.), 306, 310, 392-393, 406 Ełegis 273 Eleni 125-126 Ǝnkuzek (Geçimli) 349, 381 Éphèse 121 Erciş v. Arčēš Erévan (Erewan) 18-20, 140, 226 (n. 237), 316-317 Erzeroum (Erzurum, Karin, Théodosioupolis) 156, 163 (n. 95), 349, 353, 369 (n. 72), 370-372, 379, 381, 385, 379 Erznka (Erzincan, Erzindjan, Eznka) 139, 144, 161-164, 165-166, 228, 230, 234, 415 Eski Hizan v. Xizan

454

INDEX GÉOGRAPHIQUE

Euphrate 201, 215 Euphratèse 167 Fṙnuz (Fırnız)

288

Galata (Łalatʻia) 140 Ganjak (Kırkdeğirmen) 189 (n. 144) Gaylejor v. Glajor Geçimli v. Ǝnkuzek Geçitağzı v. Kutrašēn Gełard v. Ayrivankʻ Géorgie 169, 317 Getik v. Nor Getik Gevaş v. Ostan Ginēkancʻ (Ginakancʻ, Gnikancʻ, Kinekas, Keskin) 267, 270, 272, 311, 317-321, 323, 330, 332, 343 Glajor (Gaylejor, Gladzor) 187, 201-202, 203, 208, 224-225, 227-232, 234-235, 398, 424 Gnikancʻ v. Ginēkancʻ Göle 354 Gomkʻ (Goms) 404 Gošavankʻ v. Nor Getik Gozox (Gârzux, Gōzox, Kazık, Keazux) 189 (n. 143-144) Gōzoxivankʻ v. Kozucʻ vankʻ Grande Arménie 118, 135, 147, 151, 162, 167, 220 (n. 216), 224, 231 Gṙner 167, 378, 424 Hakkâri v. Julamerk Halap v. Alep Hałbat (Hałpat) 99-101, 108, 123-124, 134-135, 415 Hamšēn (Hemşin) 83 Harput v. Xarberd Hasretpınar v. Tʻonrak Hattousas (Hattuša) 16 Haute-Arménie 134, 137, 139, 149 (n. 37), 163 (n. 95), 353, 378-380 Haut-Murxan v. Murxan Verin Hérétienne, mer v. Caspienne Hizan v. Xizan Hosrovavankʻ v. Xosrovavankʻ Hṙomkla (Hṙovmeakan klay, Rumkale) 86, 133, 146-147, 150-153, 167, 348,

353, 362-364, 365-366, 367-369, 373374, 378, 383-385 Hunjkʻ (Unjkʻ) 268, 272, 311, 325-327, 342, 344 Hzan v. Xizan Hzaru vankʻ v. Soravankʻ Iǰevan 187 (n. 137) Imérétie (Imereti) 317 Inde 334 Iran v. Perse Ispahan v. Nouvelle-Djoulfa Israël 245 (app.), 301, 313 Jahun (Ceyhan), fleuve 174-175, 207, 210, 215 Jérusalem 6, 76, 81, 91, 96, 98, 141, 238, 241 (app.), 245 (app.), 257-258, 261262, 333, 370 (n. 75), 418 —, Couvent Saints-Jacques (patriarcat arménien) 196, 237-239, 257-258, 302, 336 —, Saint-Sépulcre (Basilique de la Résurrection, Katʻołikē, Martyrium, Sépulcre de Saint-Grégoire) 244 (app.), 246, 247 (et app.), 253, 259-260 —, Sion 206, 247 (app.), 261, 275 (app.), 301, 306, 329, 334-335, 418 Julamerk (Colemêrg, Çölemerik, Hakkâri) 225 (n. 230) Kafa v. Caffa Kʻaǰberunikʻ (Kʻaǰberuni) 326-327 Kamenets-Podolski (Kamenicʻ, Kamieniec Podolski, Kamʺjanecʹ-Podilʹsʹkyj) 99 (n. 146) Kanguar (Kankwar, Örmeli) 338 Kapos (Kayipʻos), monastère Saint-Jacquesde-Nisibe 159-160, 163, 192 (n. 155) Karin v. Erzeroum Kars 101, 135, 354-357, 360, 363-364, 383, 385, 416 Katʻołikē (Katʻułikē) v. Jérusalem, SaintSépulcre Kazık v. Gozox Kʻazoxivankʻ v. Kozucʻ vankʻ Keazux v. Gozox

INDEX GÉOGRAPHIQUE

Keazuxivankʻ v. Kozucʻ vankʻ Kecʻan 273, 323-324 Kemaliye v. Akn Kesaria v. Césarée Kinekas (Keskin) v. Ginēkancʻ Kiwzucʻ vankʻ (peut-être identique à Kozucʻ vankʻ) 186, 188-190 Kodreşên v. Kutrašēn Kogovit 125 Kokand 316-317 Kołucʻ vankʻ (Kołacʻ vankʻ) v. Kozucʻ vankʻ Koyulhisar v. Nicopolis Kozucʻ vankʻ (Gōzoxivankʻ, Kʻazoxivankʻ, Keazuxivankʻ, Kołacʻ vankʻ, Kołucʻ vankʻ, Kōzohivankʻ) 188-189 Kurdes 229, 265, 354 Kuş kalesi v. Tzamandos Kütahya 114 Kutrašēn (Kodreşên, Geçitağzı) 87 Lattaquié 310 Łazaru vankʻ v. Muš, monastère des SaintsApôtres Leyde 20 Lim (Adır Adası) 167, 333 (n. 492), 342 Londres 140 Loṙi 167 Louvain-la-Neuve 20 Lvov (Lemberg, Léopol, Lʹviv, Lwów) 99 (n. 143) Mănăstirea Zamca v. Suceava, monastère Saint-Auxence Mantzikert (Manazkert, Malazgirt) 209, 219, 225, 254 Martyrium v. Jérusalem, Saint-Sépulcre Mec Ałbak v. Ałbak Mecopʻ (Mecob, Metsop, Pınarlı) 167, 234, 278 (app.), 326-327, 342 Mǝłaǰur v. Młaǰur Mélitène (Malatʻia, Malatya) 134-135 Mésopotamie 128 (n. 248) Miks v. Moks Młaǰur (Mǝłaǰur) 239, 241 (app.) Moks (Miks, Mokkʻ, Müküs, Bahçesaray) 167 (n. 101), 185, 235, 265-266, 287, 290, 294, 311-325, 328, 331, 337, 342

455

—, monastère Saint-Georges-de-la-Montagne (Pʻutʻku vankʻ, Sari vankʻ) 95, 318 Mongols (nation des archers) 161-164, 173-176, 200-201, 203-204, 210, 215, 389, 392-393 Montagne Noire (Amanus, Seaw leaṙn) 150, 363 Mopsueste (Mamestia, Mamistra, Misis, Msis, Yakapınar) 114 (n. 187) Morxan v. Murxan Mouton Blanc 295, 310 Mouton Noir 305 Müküs v. Moks Mûrikan (Bağgülü) 354 (n. 17) Murxan (Morxan, Mûrikan, Murkan, *Murłan, Binbaşar) 354 Murxan Nerkʻin (Bas-Murxan, Murkan Nerkʻin, Murxan nižnij) 354 Murxan Verin (Haut-Murxan, Murkan Verin, Murxan verxnij) 354 Muš (Mouch, Muş) 210, 227-229, 234235, 388, 398, 401-403, 415, 424 —, monastère des Saints-Apôtres ou de Lazare (Łazaru vankʻ) 89, 186-187, 191-200, 203-205, 211, 218, 220, 223225, 234-235, 251, 387, 392-393, 396, 398-401, 403 —, monastère du Saint-Précurseur 184 (n. 131), 398, 402 Narek (Arekay vankʻ, Narekay vankʻ, Duruköy) 115, 117, 135, 144, 165 New York 140, 226 (n. 237) Nicée 83, 110, 121 Nicopolis du Pont (Koyulhisar) 125-126 Noire, mer (Pont) 174-175, 182, 200-201, 207, 215 Noravankʻ d’Amału (Amału Noravankʻ) 202 Noravankʻ de Błen (Błenoy Noravankʻ) 108, 123-125, 134-135, 415 Nor Getik (Getik, Gošavankʻ) 167, 349, 375-378, 383 Nouvelle-Djoulfa (Nor Jułay) 296, 333 Örmeli v. Kanguar Ortaköy (Miǰagiwł, Ōrtʻagiwł, Ortakeuï) 117

456 Ostan (Vostan, Gevaş) 299-300, 315 Ourmia, lac 338 Ouzbékistan 316

INDEX GÉOGRAPHIQUE

167, 278 (app.),

Pʻagaǰuk (Pekāčūk) 337-338 Paris 140 Pʻasavankʻ 267, 270, 311, 323 Pekāčūk v. Pʻagaǰuk Perçenç v. Barǰanč Perse 281 (app.), 330, 333 Pʻokan (Pʻakan, Çepkenli) 225 (n. 230) Pologne 100 Pont, mer v. Noire —, région 125, 356 Pʻutʻku vankʻ v. Moks, monastère SaintGeorges-de-la-Montagne Qarā Qoyunlū v. Mouton Noir Ṙapan (Araban, Rabān) 150 Reshaïna (Ra᾿s al-῾Ayn, Tʻeodopawlis, Théodosioupolis) 348, 371-372, 384 Roum v. Rūm Roumanie 193 Rūm (Roum) 299-300, 368 Saint-Lazare v. Venise Salmast (Salamast, Salmās) 338 Sałmosavankʻ 100 Sanahin 100 Sandul 349, 374 Sari vankʻ v. Moks, monastère Saint-Georgesde-la-Montagne Sasun (Sassoun) 398 —, monastère de la Sainte-Petite-Source (Ałberik, Ałberkay vankʻ) 334 Šatax (Šatah, Çatak), bourgade de la région de Moks 268, 273, 315, 331 Šatax, district du Sasun 398 Saxta vankʻ 221 Sébaste (Sebastia, Sivas) 126, 140, 238, 245 (app.), 262 —, monastère du Saint-Signe 140-141, 156, 237-239, 258 Šēnajor v. Šinijor Šēnhēr (Šinuhayr) 334

Sepuh, mont (Karadağ, Köhnem Dağı) 139-140, 143-144, 151-164, 165-166, 415, 425 —, ermitage des Trois-Enfants 159 —, ermitage Saint-Grégoire-l’Illuminateur v. Daranałikʻ —, grotte de Manē 160 —, monastère majeur v. Awag vankʻ —, monastère Saint-Jacques-de-Nisibe v. Kapos Sēri vankʻ (Sērēi vankʻ) 268, 318-322, 332, 344 Sewan (Sévan), lac 335, 375 —, monastère 128 (n. 246) Šinijor, couvent Sainte-Croix 266, 298299 Šinuhayr v. Šēnhēr Sion v. Jérusalem Sipan, mont 189 Sis (Kozan) 68, 89, 219, 300, 327-328, 374, 378, 393 (app.), 399-401, 406 Siwnikʻ (Siounie) 119, 134, 186-187, 326, 334 Skewṙa (Skévra) 252 Sophène (Copʻkʻ) 368 Soravankʻ (Hzaru vankʻ, Soroy vankʻ, Sorvavankʻ, Sorway vankʻ) 268, 273, 311, 323-324 Sorsru v. Sürsürü Sorway vankʻ (Sorvavankʻ) v. Soravankʻ Sparkert (Spatkert) 324 Sper (İspir) 87 Splenjahan (Axtʻala, Płnjahankʻ) 102 Statʻē anapat v. Tatʻew Suceava, monastère Saint-Auxence (Mănăstirea Zamca, Zamka) 99 Surat 334 Sürsürü (Sorsru, Sursri) 113, 114 (n. 187) Syrie 126 Tabriz 226 (n. 237), 295 Tʼao-Kʼlarǯeti (Taykʻ) 354 (n. 17) Tarōn (Tarawn, Taron, Tarôn) 89 (n. 94), 134, 191, 193, 195, 197, 199, 208, 210, 223-224, 228-229, 235, 398-400 —, monastère des Saints-Apôtres ou de Lazare v. Muš

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

Tatʻew (Statʻē anapat, Tathev) 87-88 Tendürek v. Tʻonrak Théodosioupolis (Tʻeodopawlis) v. Erzeroum; Reshaïna Thondrak v. Tʻonrak Tiflis (Tbilisi, Tbilissi) 113 (n. 183), 118 (n. 208) Tlukʻ 367-368 Tʻōmarza (Tomarza), monastère SainteMère-de-Dieu 99 Tʻonrak (Tendürek, Thondrak, Hasretpınar) 222, 230, 237-239, 254-256, 262, 299, 343, 409 (n. 172), 415, 426 Transcaucasie 354 Trébizonde (Trabzon, Trapizon) 192 (n. 155), 302 Tunceli v. Dersim Turuberan 167 (n. 101), 220 (n. 216) Tzamandos (Camndaw, Zamantı kalesi, Kuş kalesi) 135, 356-357, 363-365, 384 Uğrak v. Varzahan Unjkʻ v. Hunjkʻ Uṙha v. Édesse Vačʻian (Vačiani) 169 Vałaršapat v. Ēǰmiacin Van, lac 95, 162, 166, 167-168, 174-175, 188-189, 201, 203-204, 209, 218, 220 (n. 216), 224, 230, 233-235, 253-254, 262, 265, 286-288, 311, 325-326, 332334, 337, 342-343, 398, 410, 415-416, 424, 427 —, ville 167, 208, 219, 265, 269 (n. 327), 302, 316, 335 (n. 508), 342, 388, 390 (n. 131), 410 Varag (Bakraçlı) 167 Vardenik 335

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Varzahan (Varzehan, Uğrak) 349, 379, 381, 385 Vaspurakan 24, 167-168, 297, 305, 308, 311, 330, 336-338, 342, 410 Vatican 77, 421 (n. 15) Vayocʻ jor 201 Vēdi 187 (n. 137) Venise 83 (n. 59), 94, 336, 351, 358 Xačʻēn 200 Xałtikʻ (Chaldée) 101 Xaṙabast (Salmanağa) 167, 220 (n. 217) Xarberd (Harput, Kharberd) 113, 114 (n. 187), 146-147, 150-154, 354 (n. 17), 374 Xatʻari vankʻ (Xadari vankʻ, Xadayi vankʻ, Xatʻray vankʻ) 186, 201, 424 Xizan (Hizan, Hzan, Xazan, Xîzan, Eski Hizan) 167, 209, 219, 235, 238, 257, 262, 265-266, 267-268, 270-273, 287-288, 290, 294, 297-311, 324-325, 332-333, 334-337, 339-344, 409, 404, 416, 426 —, couvent Sainte-Croix v. Šinijor —, couvent Sainte-Mère-de-Dieu ou des Sept-Autels v. Barijor —, couvent Saint-Gamaliel 237, 239, 257, 265 (n. 321), 266, 267, 270, 272, 276 (app.), 298-299, 305-306, 311, 344 Xlatʻ (Ahlat) 219 Xor Virap 100 Xosrovavankʻ 267, 272, 311, 315, 320, 332 Xupʻ (Kaşıklar?) 409 Xzan v. Xizan Zamantı kalesi v. Tzamandos Zamka v. Suceava, monastère Saint-Auxence Zuartʻnocʻ (Zvartnots) 113

7. INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800) N.B. L’orthographe des titres et diginités a été harmonisée, tout comme celle des noms propres récurrents. Aaron, gouverneur de Mésopotamie (ca. 1112) 128

῾Abbās (Abbas) Ier, chah de Perse (15881629) 333

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INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

Abel, copiste à Ayrivankʻ (fl. 1217) 186187, 207 Abgar (paron) Tʻoxatʻcʻi, imprimeur à Venise puis Constantinople (fl. 1565-1569) 82 Abraham — (Abram), patriarche 83 — łṙamattikos (łramartikos), traducteur (fl. 1141) 93, 131-132 — rabunapet, évêque et supérieur des SaintsApôtres de Muš (fl. 1301-1320) 191, 193, 195, 399-400, 401 —, possesseur d’un tétraévangile en 1486 273 Abū Sa῾īd Bahādor Khan, ilkhan (1316/71355) 202-204, 207, 210, 215, 389 Adam, protoplaste 174-175, 189-190, 197, 203-204, 214, 242-243, 278-279, 280 (app.), 392-393 Aharon, copiste à Pʻagaǰuk (fl. 1557) 337 Alexandre le Grand 94 Ałubēk pʻatʻšax v. Ya῾qūb b. Uzun Ḥasan Bāyandur beg Ałutʻ, mère de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 14571468) 307, 341 Ambakum kʻahanay, supérieur d’Awag vankʻ (fl. 1200) 158, 160-161 Amir-Slēyman v. Sulaymān Amiras Erznkacʻi, chroniqueur (fl. 16241666) 192 (n. 155) Amphiloque d’Iconium 238 Anania (Ananias, Ananie) — Širakacʻi, scientifique (ca. 600-ca. 670) 289, 368 — Narekacʻi, théologien (Xe siècle) 115 — Varagacʻi, commanditaire d’un tétraévangile en 1069 115, 117, 145 — Sanahnecʻi, théologien (XIe siècle) 128 (n. 246) Anastase II, empereur romain (713-715) 120 Andrēas (Andras) kʻahanay, fils de Sargis kʻahanay (cit. 1331) 172-173, 176-177, 183, 212, 216, 222 Anonyme —, miniaturiste AHMM 4 (fl. 989) 123 (n. 230) —, miniaturiste AHMM 11 (fl. 1033) 129 (n. 252)

—, miniaturiste AHMM 14 (fl. 1069) 115 (n. 191) —, miniaturiste AHMM 148 (fl. 1327; peutêtre identique à Tʻoros sarkawag) 187, 222, 232, 388 —, miniaturiste AHMM 152 (fl. 1331) 169, 222, 226 (n. 233) —, frère de Yovanēs d’Ałētʻ (fl. 2e quart du XIVe siècle) 218 —, copiste à Xizan en 1421 340 —, miniaturiste AHMM 260 (fl. 1437) 267 —, miniaturiste AHMM 294 (fl. 1461) 268 —, miniaturiste AHMM 297 (fl. 1462) 268 —, miniaturiste AHMM 338 (fl. 1486) 268 —, miniaturiste AHMM 349 (fl. 1490) 268 —, copiste à Xizan en 1498 341 Anton kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1486 271 Apôtres 97, 259 Aṙakʻeal (Aṙakʻel, Arakel, Aṙankʻ) — vardapet, archevêque et commanditaire d’un tétraévangile en 1166 151 —, assistant de Tʻoros pʻilisopʻay (cit. 1306) 398-399, 401 — krawnawor, copiste aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1312-1316) 186-187, 192, 195-199, 217, 403 — kʻahanay, relieur aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1314-1316) 186-187, 197, 199 — Siwnecʻi (ca. 1355-1425) 111 — kʻahanay, copiste et illustrateur à Bṙnašēn (fl. 1477-1494) 272, 328 —, copiste à Dašt (fl. ca. 1489-1490) 268, 271-272, 290, 293-296, 327, 331, 332, 337, 339, 344, 417 — kʻahanay, illustrateur à Dašt (fl. 1490) 268, 271, 296 — episkopos, copiste à Ǝnkuzek anapat (fl. 1612) 349, 382 — Dawrižecʻi, historien (XVII e siècle) 192 (n. 152) Aṙawn v. Aaron Arcruni (Ardzrouni), dynastie arménienne 125-127 Aristakēs (Ṙstakēs) — Lastivertcʻi, historien (XIe siècle) 24 (n. 68)

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

—, copiste et illustrateur à Xizan (fl. 1397) 340 — erēcʻ, copiste à Constantinople (fl. 1654) 260 Arkʻay, aide aux couvents du mont Sepuh (cit. 1227) 158 Asat miaynakeacʻ, commanditaire d’un homéliaire festif en 1397 239, 243 (app.) Aspʻay Ōrbēlean, princesse de Xačʻēn (1311/2†) 200-202, 208, 231 Astuacatur — vardapet, supérieur de Saint-Grégoire de Daranałikʻ (fl. 1201-1224) 159, 163-164, 166 — abełay, copiste à Erzeroum (fl. 1306) 349, 379 — (tēr), archevêque (cit. 1331) 255-256 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1401 271, 302, 316 —, père d’Aziz (cit. 1453) 321-322 —, neveu d’Aziz (cit. 1453) 321-322 —, copiste à Diarbékir (fl. ca. 1589/90) 334 — Mertenecʻi (Mertincʻi), copiste à Jérusalem (fl. 1624) 96 — kʻahanay Urhayecʻi, possesseur et commanditaire (fl. 1612-1632) 382 Athanase d’Alexandrie 78 Atom —, illustrateur à Soravankʻ (fl. 1458) 268, 273, 324 —, catholicos (ca. 1496-ca. 1510) 334335 Avran, forgeron et père de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 1457-1468) 307, 341 Awag kʻahanay, copiste à Bayburt (fl. 1310) 349, 380 Awetikʻ — (tēr), évêque de Daranałikʻ et supérieur de Saint-Grégoire (ante 1200) 158, 161 —, père de Stepʻanos krawnawor (cit. 1331) 257 Awetvor, fils de Paronšah (cit. 1329) 206 Awšin (Ôchin, Ōšin), roi en Cilicie (13081320) 195 Azaria (Azariay, Azariea) — erēcʻ, copiste à Saint-Barthélémy d’Ałbak (fl. 1490) 268, 271, 330-331, 342

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— Sasnecʻi (Sasǝncʻi) (1628†) 100, 101 (n. 148) Aziz —, mère de Stepʻanos krawnawor (cit. 1331) 257 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1453 321-322 Bagratuni (Bagratides), dynastie arménienne 125, 127 Bałdat-Xatʻun, fille d’Esayi (cit. 1443) 394-395 (app.) Bardałimos, neveu de Xačʻatur krawnawor (cit. 1331) 255-256 Barseł (Basile) — Ier, catholicos (1105-1113) 365 — krawnawor, copiste aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1320) 192 Barthélémy, apôtre 125-126 Basile v. Barseł — de Césarée 238 Bayezid (Bajazet) Ier, sultan ottoman (13891402) 299-300 Bazunē (paron), connétable (fl. 1367) 114 Bazuneancʻ, famille cilicienne 113 Busayid łan v. Abū Sa῾īd Bahādor Khan Callisthène (pseudo-) 94 Cer kʻahanay, copiste d’un tétraévangile en 1311 90, 230 Cerun kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1420 270 Côme v. Kozma Constantin v. Kostandin — Ier, empereur romain 110, 253 Cyrille d’Alexandrie 92, 108, 118, 120, 123, 246-247, 252, 259-260 Daniēl krawnawor, supérieur de Kiwzucʻ vankʻ (fl. 1298) 190, 215 Dawitʻ (David) — hiwpatos ew kenaṙ (fl. 712-718) 70, 108, 110, 118-120, 414 — kʻahanay, possesseur d’un tétraévangile en 1306 379 — kʻahanay, copiste à Glajor (fl. 1331-1332) 230 — III Sefedinean, catholicos (1393-1433) 278 (app.), 299, 301, 312-313

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INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

— (tanutēr), forgeron et commanditaire d’un tétraévangile en 1490 271 —, père de Xudadar (cit. 1497) 334-335 Denys (pseudo-) l’Aréopagite 92, 102-103, 108, 118-120, 123 Dopʻean (Dōpʻean), dynastie arménienne 201 Ełia kʻahanay, père de Dawitʻ hiwpatos (cit. 715/6) 120 Ēlxatʻun, mère de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 1371) 340 Ǝnjer nałaš, illustrateur (fl. 1250-1283) 140, 151 Éphrem le Syrien 92, 99, 108, 119, 124127, 134, 228, 230, 250, 257 Epʻrem kʻahanay, copiste à Glajor (fl. 13311332) 230 Eranos, fils de Paronšah (cit. 1329) 206 Ésaïe v. Esayi, Isaïe Esayi (Ésaïe, Esayeas, Isaïe) — Nčʻecʻi, supérieur du monastère de Glajor (1284-1338) 103, 123, 202, 228229, 231, 235 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1443 390, 394 (app.) Ǝstepʻannos, Étienne v. Stepʻanos Ētkear Gntewancʻi, imprimeur à Constantinople (fl. 1709-1710) 82 Eusèbe — de Césarée 68, 77, 110, 289 — d’Émèse 119 Ēzdin v. ῾Izz al-Dīn Shīr Eznik 110-111 Gagik —, nom de plusieurs rois d’Ani 364 (n. 49) — (Gagik-Abas), roi de Kars (1029-1064/51068/9†) 351, 355-356, 360-364 Galust abełay, copiste à Ałǰocʻ vankʻ (fl. 1442-1452) 91 Gēorg (Georg, Georges) —, copiste à Ani (fl. 1046-1047) 108, 121-123, 127-128 — Kʻarnełecʻi, membre de l’escorte de Petros Ier Getadarj en 1049 122 (n. 220) — Akoṙecʻi, frère de Grigor Akoṙecʻi (cit. 1066) 121-122 (n. 220)

—, copiste à Drazark (fl. 1113) 108, 112 — Skewṙacʻi, théologien (1246/7-1301/3) 75, 96, 230-231 — (tēr), frère spirituel de Tʻoros pʻilisopʻay (cit. 1306) 399-400 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1342 381 Ginē, vierge hṙipʻsimienne 317, 319 Goranduxt, reine de Kars (ca. 1064/5) 363 Grégoire v. Grigor — l’Illuminateur 111, 133, 245 (app.), 393 (app.), 406 — de Nysse 102, 118, 120-121, 123 Grigor (Grégoire, Grigoris) — Ier Lusaworičʻ, catholicos v. Grégoire l’Illuminateur — Narekacʻi, théologien (ca. 945-1010) 64, 95, 179-180, 182, 184, 218, 249-250, 315, 366, 415 — Murłanecʻi, copiste à Kars et Tzamandos (fl. ca. 1065-ca. 1070) 88, 153, 345, 347-349, 350-356, 357-385, 387, 416, 426-427 — II Vkayasēr, catholicos (1065/6-1105) 253, 355-356, 361-362, 363-364, 365366, 369-370, 372, 378, 383, 416 — kʻahanay Akoṙecʻi, copiste à Sébaste (fl. 1066) 121 (n. 220) — III Pahlawuni, catholicos (1113-1166) 132, 179, 362-365 — Kozeṙn, copiste en Cilicie au XIIe siècle? 153-154 —, copiste et illustrateur à Reshaïna (fl. 12291230) 348, 370 — Sscʻi, chantre et copiste à Sandul anapat (fl. 1238) 349, 374-375 — Xul, musicien et éditeur de l’hymnaire (fl. milieu du XIIIe siècle?) 87, 88-89, 326-328 — miaynawor kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile ca. 1271 376 — II Dopʻean (Dōpʻean), prince de Xačʻēn (1287-ca. 1321) 200-201 — VII Anawarzecʻi, catholicos (1293-1307) 399-400 — Tatʻewacʻi, théologien (1340-1411) 64, 83-84, 87

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

— Cerencʻ Xlatʻecʻi, poète et éditeur du synaxaire (1349-1425) 24, 88, 89 (n. 88), 220 — kʻahanay, copiste à Saint-Gamaliel de Xizan (fl. 1367) 340 — X Jalalbekeancʻ Makuecʻi, catholicos (1443-1465) 321-322 — d’Ašnay, commanditaire d’un tétraévangile en 1447 270 —, neveu d’Aziz (cit. 1453) 321-322 — rabuni, néomartyr (ca. 1456†) 395 (app.) — rabunapet de Saint-Barthélémy d’Ałbak (cit. 1490) 278 (app.) —, copiste à Kütahya (fl. 1617) 114 — Jułayecʻi (erēcʻ), acquéreur d’un commentaire biblique en 1622 100 (n. 146) Halikʻ, fille de Nersēs et Šamam (cit. 1453) 321-322 Hayrapet (Herapet) — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1336 222, 269 — abełay, copiste à Ałtʻamar (fl. 1444) 85 —, neveu d’Aziz (cit. 1453) 321-322 —, copiste à Alep (fl. 1624) 97 Hérodiade 359 Hetʻum (Hayton, Héthoum) — Ier, roi en Cilicie (1226-1270) 343, 361362 —, historien et seigneur de Corycos (12651305) 93 (n. 115) — II, roi en Cilicie (1289-1306) 252, 399400 — kʻahanay, copiste à Mopsueste (fl. 1297) 114 (n. 187) Hṙipʻsimiennes 160, 317-319 Hṙwpʻsimē (Hṙipʻsimē) mahdasi, commanditaire d’un tétraévangile en 1456 390 Ibn Jubayr, voyageur andalou (1145-1217) 372 (n. 83) Ikdiš, épouse de paron Vard (cit. 1329) 206 Ildrum v. Bayezid Irénée de Lyon 77 Isaac, patriarche 227 Isaïe v. Esayi

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—, prophète 101, 261, 359 Iskandar, chef du Mouton Noir (1420-1438) 305 Israyēl — (tēr), compilateur du ménologe (1249†) 238 — kʻahanay, copiste et illustrateur à Pʻasavankʻ (fl. 1447-1477) 267, 270, 323, 332-333 — kʻahanay, copiste à Šatax (fl. 1491) 268, 273, 331 Itipʻeos v. Tʻēopʻistē ῾Izz al-Dīn Shīr, émir de Vostan (ca. 13841423) 278 (app.), 299, 301 Jacques v. Yakob —, frère du Seigneur 246-247, 252, 259260 Jahānšāh, chef du Mouton Noir (14381467) 305, 408 Janibēk, fils d’Aziz (ante 1453†) 321-322 Jean v. Yovhannēs —, apôtre et évangéliste 247 (app.), 313314 — Chrysostome 63, 93, 99, 108-109, 124125, 127-131, 133-134, 228, 230, 363, 366, 378 — V l’Aumônier, patriarche d’Alexandrie (610-619) 189-190 — de Sainte-Maure, copiste grec (15391614) 77 Jésus-Christ passim Jhan, commanditaire d’un tétraévangile en 1489 271 Jhanša, Jihān-Shāh v. Jahānšāh Josias, roi de Juda 98 Judas Iscariote 283 (app.) Juhar, mère de Xudadar (cit. 1497) 334335 Jules l’Africain (Julius Africanus) 98 Kaïkobad v. Kayḳubād Karapet (Karaypet) — Uṙhayecʻi, copiste à Édesse (fl. 1144) 348, 366-370, 371-372 —, copiste à Saint-Grégoire de Daranałikʻ (fl. 1227) 158-159

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INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

— kʻahanay, possesseur d’un tétraévangile en 1310 380 — kʻahanay, copiste à Van, Xizan et Arčēš (fl. 1416-ca. 1452†) 269 (n. 327), 341 — abełay, copiste à Ałētʻ (fl. 1421) 220 — abełay Kǝndagrakcʻi, mécène d’un lectionnaire en 1422 239 — (tanutēr), commanditaire d’un tétraévangile en 1451/3 270 —, père d’Aṙakʻel de Dašt (cit. ca. 14891490) 296 (n. 391) —, fils d’Aṙakʻel de Dašt (cit. ca. 1489) 296 (n. 391) — erēcʻ, copiste à Kutrašēn (fl. 1507) 87 Kawzma v. Kozma Kayḳubād, sultan seldjoucide (r. 1220-1237) 161 Kažō (?), neveu d’Aziz (cit. 1453) 321322 Kʻerob vardapet, rédacteur d’une section du tōnapatčaṙ 81 Kirakos (Kiwrakos) — vardapet Gitnakan, théologien (fl. ca. 10651127†) 108, 112, 130-131, 135, 253, 363-364, 366 — Ganjakecʻi, historien (1200-1271) 377378 — rabun, frère spirituel de Tʻoros pʻilisopʻay (cit. 1306) 399-400 — vardapet, supérieur de la Sainte-Croix de Šinijor (fl. 1382-ca. 1393†?) 298 — kʻahanay, copiste à Bitlis (fl. 1454) 405 — erēcʻ mahdasi, commanditaire d’un hymnaire à Jérusalem en 1631 74 Koriwn, hagiographe (fl. ca. 440) 110, 113, 121, 133 Kostandin (Constantin, Kostand) — Uṙhayecʻi, copiste à Hṙomkla (fl. 1157) 348-349, 351, 361-362, 364, 365-366, 369-370, 373-375, 381-382, 384-385, 416 — (tēr), évêque de Ṙapan (fl. 1166) 150 — vardapet de Saint-Grégoire de Daranałikʻ (fl. 1201-1224) 157 — Ier Barjrberdcʻi, catholicos (1221-1267) 74, 86, 361-362, 378 —, correcteur d’un manuscrit vétérotestamentaire en 1274 (?) 86

— III Kesaracʻi, archevêque de Césarée (ca. 1299) puis catholicos (1307-1323) 195, 231 Kozma (Côme, Kawzma, Kozmas) —, frère du copiste Siovn (ante 1160†) 149 (n. 41), 152 — hṙetor, copiste itinérant (fl. 1166-1219) 143, 145-157, 160, 165-166, 348, 350, 352-353, 367 (n. 62), 373-374, 385, 415, 425 — krawnawor, copiste dans la région d’Édesse (fl. ca. 1175) 146-149 Kʻristapʻor, copiste d’un tétraévangile en 1033 108, 129 Łazar (Lazare) — Pʻarpʻecʻi, historien (Ve siècle) 113 — vardapet, copiste et illustrateur à SaintGrégoire de Daranałikʻ (fl. 1201-1227) 140, 157-161, 163-164, 166 — d’Ašnay, commanditaire d’un tétraévangile en 1447 270 Léon v. Lewon — III l’Isaurien, empereur romain (ca. 685717-741†) 120 Łǝpʻčʻax, fille de Hṙwpʻsimē mahdasi (cit. 1456) 395 (app.) Lewon (Léon, Łewon) — III, roi en Cilicie (1306-1307) 399-400 — IV, roi en Cilicie (1321-1341) 203204, 210, 215, 290, 389, 393 (app.) — (paron) Bazuneancʻ (fl. 2e quart du XIVe siècle) 113-114 — (paron), fils du précédent (fl. 2e quart du XIVe siècle) 114 Łewond (Léonce) vardapet, historien (VIIIe siècle) 111 Łukas kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1413 270 Mamlan b. Abū al Ḥayjā Ḥusayn b. Muḥammad, émir rawwadide (988-1025) 130 (n. 254) Manē, vierge hṙipʻsimienne 160 Manuēl, copiste dans la région d’Erznka (fl. 1334) 228, 230 Margarē vardapet, relieur à Čahuk (fl. 1332) 230

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

Maria, mère de Kozma krawnawor (cit. ca. 1175) 147-149 Mariam, mère de Tʻoros sarkawag (cit. 1330) 210, 227-228 Marie, mère de Dieu 281 (app.), 313314 Markos hayrapet, commanditaire d’un tétraévangile ca. 1393 270 Martiros —, père de Paronšah (cit. 1329) 206, 212 —, fils d’Esayi (cit. 1443) 394-395 (app.) — vardapet Xizancʻi, copiste et illustrateur à Xizan e. a. (fl. 1575-1605) 334 —, copiste à Kanguar (fl. XVIIe s.) 338 Maštocʻ, Mastrovb, Mastrovbos v. Mesrop Maštocʻ Mas῾ūd Ier, sultan seldjoucide (1116-1155) 368 Mattʻēos (Matʻēos, Matthieu) — Uṙhayecʻi, historien (fl. ca. 1101-1137) 122 (n. 220), 368 — krawnawor, copiste à Kiwzucʻ vankʻ (fl. 1298) 186, 188-191, 194, 212 — vardapet, supérieur du Saint-Signe de Sébaste (fl. 1389) 239, 258 Matthieu, évangéliste 76 Méchitar v. Mxitʻar Melkʻesētʻ, père de Stepʻannos kʻahanay (1404†) 340 Mengüjekides, dynastie turque 161 Mǝsǝr-Mēlikʻ, commanditaire d’un tétraévangile en 1462 272 Mesrop — Maštocʻ (361/2-440) 88, 110-111, 115117, 144, 414 — vardapet Xizancʻi, copiste et illustrateur à la Nouvelle-Djoulfa e. a. (fl. 1604-1652) 333 — vardapet Kafayecʻi, archevêque de Lvov et copiste (fl. 1617-1624†) 99-100 Méthode (pseudo-) d’Olympe 119 Metōfan (papa) kʻahanay krawnawor, illustrateur à Žłlik (fl. 1276) 149 (n. 37) Mikʻayēl (Migayēl) — erēcʻ, copiste à Arckē et à Hunjkʻ (fl. 1450-ca. 1463) 268, 272, 325-328, 342 — kʻahanay, copiste à Xupʻ (fl. 1603) 409

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Minas — kʻahanay, illustrateur à Bitlis (fl. 1456) 388, 390, 410 — sarkawag, possesseur d’un parzatumar en 1568 82 — kʻahanay, copiste et illustrateur à Diarbékir (fl. 1624-1637†) 333 —, copiste à Tatʻew (fl. 1625) 87-88 — (mahtesi) dpir Šuṙutʻecʻi, imprimeur à Constantinople (fl. 1709-1710) 82 Minay, mère de Vardan abełay (cit. 14301452) 315, 322 Miriǰan (Mrǰan) —, épouse de Xačʻō (cit. 1453) 321-322 — (?), commanditaire d’un tétraévangile en 1489 271 Mkrtičʻ — (I) kʻahanay, copiste à Xizan? (fl. 1371) 303, 340 — Nałaš, achough (ca. 1394-ca. 1475) 181 — kʻahanay, copiste et illustrateur à Bitlis (fl. 1443-1446) 388, 390, 403-408, 409, 411 —, illustrateur à Sēri vankʻ (fl. 1452) 268, 272 — (II) kʻahanay, copiste à Xizan (fl. 14561462) 268, 273, 307-309, 310, 341, 344 — (III) kʻahanay, copiste et illustrateur à Xizan (fl. 1457-1468) 307, 309, 339, 341 — (IV) kʻahanay, copiste et illustrateur à Xizan (fl. 1482-1497) 268, 271, 273, 307 (n. 416), 311, 329, 334, 336, 341, 344 — (V) Hizancʻi, copiste et illustrateur à Xizan (fl. 1499-1509) 335-337, 341, 344 Movsēs (Moïse) — Xorenacʻi, historien 98, 110-111, 113, 121, 133, 135-136 —, évêque de Siwnikʻ (fl. 701-731) 119120 — rabuni, de Saint-Barthélémy d’Ałbak (cit. 1490) 280 (app.) Mrǰan v. Miriǰan Msrik, proche d’Aziz (cit. 1453) 321-322

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INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

Murat, fils d’Esayi (cit. 1443) 394-395 (app.) Mustafa Çelebi, prince ottoman (13801422) 299-300 Mxitʻar (Méchitar) — Goš, écrivain et supérieur de Nor Getik (ca. 1130/1140-1213) 99-100 — sarkawag, découvreur d’un manuscrit du Livre des lamentations ca. 1304 96 —vardapet, copiste d’un manuscrit du Livre des lamentations ca. 1304 (?) 95-96 — vardapet Sasnecʻi, théologien (ca. 12601337) 24 (n. 68) —, membre de la congrégation de SaintGamaliel de Xizan (cit. 1397) 247 (app.) —, fils d’Aziz (ante 1453†) 321-322 — kʻahanay, de Bitlis (cit. 1456) 394 (app.) — kʻahanay, copiste à Bṙnašēn (fl. 14661478) 268, 272, 328-329 Mxitʻaričʻ, copiste et illustrateur à Nor Getik (fl. ca. 1271) 349, 376-377

—, copiste d’un manuscrit du pseudo-Denys en 1319 103 — vardapet de Koṙ, commanditaire d’une bible en 1331-1332 227 —, copiste à Saint-Gamaliel de Xizan (fl. 1397) 237, 239, 257 — kʻahanay, illustrateur à Xizan (fl. 1413) 267, 270, 340 —, frère d’Aziz (cit. 1453) 321-322 —, fils d’Aziz (cit. 1453) 321-322 — Ałtʻamarcʻi, évêque d’Ałtʻamar et illustrateur (fl. 1474) 268, 270 —, copiste à Tʻōmarza et Suceava (fl. 16191621) 99, 100 (n. 146) Nikawla (papa) kʻahanay krawnawor, frère de papa Pawlē (cit. 1276) 149 (n. 37)

Nahapet Kʻučʻak, achough (XVIe siècle?) 181 Natʻaniēl, fils de Paronšah (cit. 1329) 206 Némésios d’Émèse 102, 108, 118, 121, 123, 134 Nersēs (Nersès) — IV Šnorhali, catholicos (1166-1173) 64, 93, 108, 131-133, 238, 369 — Lambronacʻi, théologien (1153/4-1198) 92-93, 123, 365 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile au XIIe siècle 185 —, copiste sur le mont Sepuh (fl. 1227) 159 — Mšecʻi, supérieur du monastère de Glajor (1280-1284) 235 — sarkawag, copiste à Glajor (?) (fl. ca. 1300) 94 — kʻahanay ew krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1312 196, 216 —, copiste aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1312) 186, 192, 195

Pahlawuni (Pahlavouni), dynastie arménienne 133 Paronšah, commanditaire d’un tétraévangile en 1329 206, 209, 212, 223, 231 Pʻašay-Mēlēkʻ, acquéreuse d’un tétraévangile en 1458 273 Paul v. Pawłos — apôtre 125, 179 Pawlē (papa) kʻahanay krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1276 149 (n. 37) Pawłos (Paul, Pōłos) Tarawnacʻi, théologien (fl. 1101-1123†) 129 (n. 250) Petros — Ier Getadarj, catholicos (1019-1058) 122 (n. 220), 127, 130, 134 —, père de Kozma krawnawor (cit. ca. 1175) 147-149 — kʻahanay, neveu de Yovanēs kʻahanay (cit. 1337) 169, 218, 222 —, parrain de Nersēs kʻahanay (cit. 1413) 340 Pharaon, personnage biblique 245 (app.)

Ôchin v. Awšin Öljeitü, ilkhan (1304-1316) 201, 215 Ōrbēlean (Orbélian), dynastie arménienne 201-202 Origène 91, 110 (n. 169) Oskan v. Yusik

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

Philippicos Bardanès, empereur romain (711-713) 119-120 Photios 117 Pʻilippos — Arewelcʻi, copiste au Saint-Signe de Sébaste (fl. 1489) 237, 239, 258 — kʻahanay, oncle paternel de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 1489-1507) 334, 341 — v. Philippicos Pʻokʻrtikin, mère de Paronšah (cit. 1329) 206, 212 Pʻopʻǝxik, épouse de Paronšah (ante 1329†) 206, 212 Proclos le Diadoque 24 (n. 68) Prophètes 259, 359 Pusait (Pusayit) v. Abū Sa῾īd Bahādor Khan Qarā Yūsuf, chef du Mouton Noir (14051420) 392 (app.) Quarante Martyrs de Sébaste 83 Roupénides (Ṙubēnean), dynastie arménienne 399-400 Ṙstakēs v. Aristakēs Sahak (Isaac) — Ier Partʻew, catholicos (387-439) 88, 110-116, 118, 414 — episkopos, possesseur d’un tétraévangile en 1310 380 — (tanutēr), commanditaire d’un tétraévangile en 1474 270 Salomon, prophète et roi d’Israël 244 (app.), 257, 259 Šamam —, épouse de Nersēs (cit. 1453) 321-322 —, nièce d’Aziz (cit. 1453) 321-322 —, mère de Yovanēs kʻahanay (cit. 14961507) 341 Samuēl — kʻahanay, possesseur d’un tétraévangile en 1310 380 — abełay, copiste à Saints-Jacques de Jérusalem (fl. 1422) 237, 239, 257 — kʻahanay, père de Vardan abełay (cit. 1430-1452) 315, 322

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Sargis (Serge) — (tēr), évêque de Daranałikʻ et supérieur d’Awag vankʻ (cit. 1200) 158 — sarkawag, illustrateur à Saint-Grégoire de Daranałikʻ (fl. 1201) 140 — (paron), père de Łazar vardapet de Saint-Grégoire de Daranałikʻ (cit. 1201) 157, 160-161 —, illustrateur à Ayrivankʻ (fl. 1217) 186 — Erznkacʻi, archevêque d’Erznka (ca. 12521276) 162 — kʻahanay Picak, copiste et illustrateur en Cilicie (fl. 1307-1353) 186, 192, 195 — kʻahanay, mécène et commanditaire (cit. 1329-1331) 169, 172-173, 176-177, 183, 206, 209, 212, 216, 222 — kʻahanay, père de Tʻoros sarkawag (cit. 1330) 210, 227-228 — małdasi, commanditaire d’un tétraévangile en 1447 270 —, neveu d’Aziz (cit. 1453) 321-322 — III Miwsayl, catholicos (1484-1515) 334-335 — krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1490 271 —, fils d’Aṙakʻel kʻahanay (cit. 1490) 296 (n. 391) Sarkawag krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1311 90 (n. 100) Septante v. Traducteurs Serge v. Sargis Sētʻ sarkawag, restaurateur d’un hymnaire en 1647 87 Siar, grand-père de Tʻoros sarkawag (cit. 1330) 210, 227-228 Sikʻenos, illustrateur et relieur à Ayrivankʻ (fl. 1217) 186 Simēon (Simawon, Simeon, Siméon, Simeovn, Simewon, Simewovn) — vardapet krawnawor, supérieur de Hałbat et copiste (fl. 972-1005) 99, 108, 124-127 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1033 129 — (papa) Uṙhayecʻi, commanditaire d’un tétraévangile ca. 1175 149 — krawnawor Płnjahanecʻi, traducteur (fl. 1227-1248) 24 (n. 68), 102

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INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

—, copiste en Cilicie (fl. 2e quart du XIVe s.) 113, 114 (n. 187) — erēcʻ, copiste à Erzeroum (?) (fl. 1342) 349, 381 Siovn, copiste à Xarberd (fl. 1160) 152 Skʻandarik, proche d’Aziz (cit. 1453) 321322 Smbat — magistros Pahlawuni, général (fl. 9981010) 130 (n. 254) — patrik, commanditaire d’un tétraévangile en 1077 (?) 130, 135 — kʻahanay Kʻaǰkoncʻ, commanditaire d’un tétraévangile en 1297 114 (n. 187) Šnohvor (Šnofor, Šnohor) —, oncle paternel de Paronšah (cit. 1329) 206 —, fils ou fille d’Esayi (cit. 1443) 394395 (app.) —, nièce d’Aziz (cit. 1453) 321-322 — erēcʻ, acquéreur d’un tétraévangile au XVIIe siècle 204-205 Spil tikin, épouse de Lewon Bazuneancʻ (fl. 2e quart du XIVe s.) 114 Stepʻanos (Ǝstepʻannos, Étienne, Stepʻannos) — kʻahanay Siwnecʻi, évêque de Siwnikʻ (fl. 712-735†) 70, 102, 108, 110, 118123, 136, 184, 414 — Tarōnecʻi, historien (fl. 1002/3) 83, 111, 134, 136 — krawnawor ew kʻahanay de Covkʻ, commanditaire d’un tétraévangile en 1144 367-369, 371 —, copiste à Covkʻ ou Hṙomkla (fl. ca. 1150) 132 — Tiracʻu, supérieur de Varag (fl. 11951202†) 145 (n. 16) —, copiste à Awag vankʻ du mont Sepuh (fl. 1201) 140, 143, 155 — Ōrbēlean, historien (1250/60-1304) 119 (n. 212), 200 —, possesseur d’un manuscrit vétérotestamentaire en 1274 (?) 86 —, archevêque de Siwnikʻ (fl. 1292-1331) 215 —, copiste d’un manuscrit d’Éphrem en 1299 92

— krawnawor, commanditaire d’un lectionnaire en 1331 222, 239, 257 — III Sefedinean, catholicos (ca. 13371346) 207, 288, 296 — krawnawor, copiste aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1339) 192 — krawnawor, copiste à Saint-Georges-dela-Montagne de Moks (fl. 1350) 95 — (I) kʻahanay, copiste à Xizan (fl. 1395) 340 —, supérieur de Saint-Gamaliel de Xizan (fl. 1397) 247 (app.) — (II) kʻahanay, copiste à Xizan (fl. 14041426) 267, 270-271, 297-299, 303304, 305-309, 338, 340, 344 — krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1430 272 — kʻahanay, copiste et illustrateur à Bitlis (fl. 1436-1460) 388, 390, 403-409, 411 —, proche d’Aziz (cit. 1453) 321-322 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1458 (†) 273 — vardapet, supérieur de Mecopʻ (fl. ca. 1463) 326-327 — IV Tłay, catholicos (1464-1489) 290, 295 —, fils d’Aṙakʻel kʻahanay (cit. 1490) 296 (n. 391) — mahdasi, commanditaire d’une restauration au XVe s. (?) 258 Sukʻias — kʻahanay, fils de Sargis kʻahanay (cit. 1331) 172-173, 176-177, 183, 212, 216, 222 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1402 271 Sulaymān, émir de Xizan (ca. 1421ca. 1459?) 281 (app.) Sultʻanšē, père de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 1482-1497) 341 Šušan, fille d’Aziz (cit. 1453) 321-322 Šušanik, martyre 111-112 Sylvestre Syropoulos 77 (n. 36) Tʻadēos — (tēr), supérieur des Saints-Apôtres de Muš (fl. 1314) 191

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

— krawnawor, possesseur d’un tétraévangile en 1327 204-205, 223 Tʻagawor, frère de Paronšah (cit. 1329) 206 Tamerlan, Tʻamur-Lank v. Tīmūr Lang Tʻankmēlēkʻ, proche d’Aziz (cit. 1453) 321-322 Tʻankxatʻun, mère d’Aziz (cit. 1453) 321322 Tʻatʻul, fils de Paronšah et possesseur d’un tétraévangile (cit. 1329-1331) 206, 209, 223, 231 Tʻawrēz, nièce d’Aziz (cit. 1453) 321-322 Tʻēopʻistē (Itipʻeos), rhéteur grec et traducteur (fl. 1101-ca. 1112†) 127-129 Thaddée, apôtre 125 Théodore de Mopsueste 117 Théophile — (pseudo-) d’Alexandrie 128-129 — v. Tʻēopʻistē Thomas v. Tʻovma Thorgom v. Togarma Thoros v. Tʻoros Tikin-Mēlikʻ, épouse d’Esayi (cit. 1443) 394-395 (app.) Tīmūr Lang 281 (app.), 299-301 Tiracʻu — kʻahanay ew krawnawor, possesseur à Xarberd (fl. ca. 1201) 145, 147, 155 — kʻahanay, père de Yovanēs d’Ałētʻ (cit. 1331) 218 Tirancʻ —, mère de Stepʻannos kʻahanay (cit. 1404) 340 —, arrière-grand-mère d’Aziz (cit. 1453) 322 Tnkik — sarkawag, commanditaire d’un tétraévangile en 1309 194-195 —, frère de Paronšah (cit. 1329) 206 Togarma (Thorgama, Thorgom, Tʻorgom), patriarche 182 Tʻoros (Thoros) —, copiste d’un tétraévangile au XIIe siècle 185 — Ṙoslin, copiste et illustrateur à Hṙomkla (fl. ca. 1254-1268) 224 (n. 223), 378

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— kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1259 361-362 — kʻahanay pʻilisopʻay, copiste et illustrateur à Drazark (fl. 1290-1306) 203-204, 223-225, 233, 345, 387-388, 392-393, 396, 397-398, 399-403, 406-407, 410411, 416-417, 423 — sarkawag de Muš, copiste et illustrateur à Glajor e. a. (fl. ca. 1299-1334) 90, 187, 201, 206-210, 221-222, 225-232, 234235, 237, 239, 343, 402, 410, 424, 426 —, élève de Tʻoros pʻilisopʻay (cit. 1306) 398-399, 401 — Tarōnecʻi, illustrateur à Glajor (fl. ca. 13071346) 187, 202, 211, 226-231, 235 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1450 390, 395 (app.) Tʻovma (Thomas, Tʻovmay, Tʻuma, Tʻumay) — (paron), régent en Cilicie (1293-1294 et 1295-1296) 399-400 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1314 198, 216, 400 (n. 145) —, oncle paternel de Paronšah (ante 1329†) 206 — Mecopʻecʻi, historien et éditeur du bréviaire (1376/9-1447) 88, 103 — abełay Minasencʻ, copiste et illustrateur à Ałtʻamar (fl. 1420-1455†) 85, 86 (n. 69) — krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1421 270 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1437 272 — (tanutēr) d’Ašnay, commanditaire d’un tétraévangile en 1447 270 — krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1451/3 270 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1452 272 —, neveu d’Aziz (cit. 1453) 321-322 — kʻahanay, père de Yovanēs kʻahanay (cit. 1474-1475) 341 Traducteurs —, saints arméniens 97, 101, 110-118, 125, 131 —, Septante ou Septante-Deux 91, 174175, 181, 207, 278-279, 289

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INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

Tʻuma (Tʻumay) v. Tʻovma Turcomans v. Mouton Blanc; Mouton Noir Tʻurvandē —, fille d’Esayi (cit. 1443) 395 (app.) —, mère de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 14821497) 341 Usuf v. Qarā Yūsuf Vahram — Pahlawuni, général (967-1045) 130 (n. 254) —, père de Smbat patrik (cit. 1077?) 130 —, oncle paternel de Paronšah (ante 1329†) 206 — v. Grigor II Vkayasēr Vard (paron), fils de Paronšah (cit. 1329) 206 Vardan — kʻahanay ew krawnawor Karnecʻi, copiste à Awag vankʻ du mont Sepuh (fl. ca. 1200-1202) 140, 155-156 — Arewelcʻi, historien (ca. 1198-1271) 83, 111, 182, 200-201 — Uṙhaecʻi, copiste à Édesse (fl. 1259) 348, 361-362, 364 —, copiste en Cilicie (fl. 1299) 230 — abełay, copiste à Cpat (fl. 1421-1425) 267, 270, 311-315, 339 — abełay, copiste et illustrateur dans la région de Moks (fl. 1430-1452) 267268, 270, 272, 315-322, 330, 343-344 — krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1456 273 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1460 272 —, fils d’Aṙakʻel kʻahanay (cit. 1490) 296 (n. 391) —, commanditaire d’un tétraévangile en 1491 273 Vardik, proche d’Aziz (cit. 1453) 321322 Vasil — kʻahanay Uṙhayecʻi, copiste à Édesse (fl. 1161) 348, 370 — Uṙhayecʻi, copiste à Hṙomkla et en Cilicie (fl. 1249-1266) 373

Xačʻatur — Kečʻaṙecʻi, poète (1260-1330) 94 — krawnawor, commanditaire d’un rituel en 1331 222, 255-256 — Xizancʻi, copiste et illustrateur à Xizan e. a. (fl. 1591-1607) 333 Xačʻawur kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1217 188, 212 Xačʻik — Ier Aršaruni, catholicos (972-992) 121 (n. 219) — (tēr), commanditaire d’un manuscrit théologique en 1047 121-122 — II Anecʻi, catholicos (1058-1065) 122 (n. 220) Xačʻkʻō, copiste à Kamenets-Podolski (fl. 1622) 99 (n. 146) Xačʻō (Xačʻaw), fils d’Aziz (cit. 1453) 321-322 Xarpand v. Öljeitü Xatʻ-Melēkʻ, mère de Yovanēs kʻahanay (cit. 1460) 341 Xond-Melikʻ, mère de Yovanēs kʻahanay (cit. 1474-1475) 341 Xosrov — Anjewacʻi, théologien (fl. ca. 950-965†) 315 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1478 272 Xudadar, commanditaire d’un tétraévangile en 1497 334-335 Yakob (Jacques, Yakovb) — II Anawarzecʻi, catholicos (1327-1341 et 1355/7-1359) 203-204, 210, 215, 219, 255-256, 288, 290, 389 —, oncle paternel de Paronšah (cit. 1329) 206 — (tēr), évêque de Kütahya (fl. 1611-1619) 114 — (tanutēr ǝṙēs), acquéreur d’un tétraévangile au XVIIe s. 338 Ya῾qūb b. Uzun Ḥasan Bāyandur beg, khan du Mouton Blanc (1478-1490/1) 290, 295 Yıldırım Bayezid v. Bayezid Yovhannēs (Jean, Yohan, Yohanēs, Yohannēs, Yovanēs, Yovannēs, Yovhanēs)

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (AVANT 1800)

—, copiste à Noravankʻ de Błen (fl. 989) 108, 123 — Sarkawag kʻahanay (ca. 1047-1129) 122-123, 134, 291, 295, 306, 314 —, copiste à Narekay vankʻ (fl. 1069) 115 —, copiste d’un tétraévangile en 1077 108 —, copiste à Covkʻ (fl. 1151) 115, 367 —, copiste à Saint-Grégoire de Daranałikʻ (fl. 1201) 140, 157, 159-160 — kʻahanay, frère spirituel de Kozma krawnawor (fl. ante 1205) 147 — erēcʻ, illustrateur (fl. 1250) 140, 151 —, copiste à Hṙomkla (fl. 1253) 86 — Arkʻaełbayr, supérieur de Gṙner (ca. 12591289) 366, 378 — Arǰuk, copiste d’un commentaire biblique en 1292 96 —, copiste et illustrateur à Drazark (fl. 1295) 397 — Gaṙnecʻi, théologien et éditeur du psautier (XIIIe siècle) 68, 88, 89-90, 103 — krawnawor, copiste et illustrateur à Varzahan (fl. ca. 1300) 349, 379 — abełay, copiste à Berdak (fl. 1305) 101102 —, copiste aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1306) 186, 192, 193-194, 217 — kʻahanay, illustrateur aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1306-1316; peut-être identique au précédent) 186-187, 192, 197, 199 —, copiste d’un lectionnaire en 1320 89 —, copiste aux Saints-Apôtres de Muš (fl. 1324) 192 — kʻahanay, copiste à Ałētʻ, Tʻonrak et en Cilicie (fl. 1327-1337) 137, 169, 176177, 178-188, 190-191, 198, 200-206, 210-212, 217, 218-223, 224-227, 231235, 237, 239, 248-257, 260, 265, 267, 269, 287-291, 293-294, 296-299, 303, 332, 342-343, 388, 390, 393 (app.), 396, 402-403, 407, 409 (n. 172), 410, 415417, 424, 426 — kʻahanay, père de Sargis kʻahanay (ante 1331†) 147, 212

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— vardapet, supérieur de la Sainte-Croix de Šinijor (fl. 1382-ca. 1393†?) 298 — kʻahanay, copiste à la Sainte-Croix de Šinijor (fl. 1382-1413) 298 — (I) Xizancʻi kʻahanay, copiste et illustrateur à Xizan (fl. ca. 1392-1417) 168, 267, 270-271, 289-300, 301-304, 306, 314, 316, 323, 331, 338, 340, 342-344 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1393/4 271 — Erznkacʻi ou Eznkayecʻi (nom de plusieurs personnes aux XIIIe-XIVe siècles) 92 (n. 106) — Eznkayecʻi, copiste d’un manuscrit philosophique aux XIIIe-XIVe siècles 92 — miaynakeacʻ, proche d’Astuacatur kʻahanay (cit. 1401) 275 (app.), 302 —, fils d’Astuacatur kʻahanay et possesseur d’un tétraévangile (cit. 1401-1430) 302, 315-316 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1402 271 — (tēr), supérieur de Cpat (fl. 1421) 313314 — abełay Lenkancʻ, illustrateur à Cpat (fl. 1421-1425) 267, 270 — abełay, commanditaire d’un lectionnaire en 1422 239 — vardapet, copiste à Saint-Gamaliel de Xizan (fl. 1437-1455) 267, 270, 272, 305-306, 311, 344 —, fils d’Esayi (cit. 1443) 394-395 (app.) —, copiste à Bitlis (fl. 1445) 405 — vardapet, supérieur de Saint-Gamaliel de Xizan (fl. 1445-1455) 276 (app.) — erēcʻ, acquéreur d’un tétraévangile en 1447 270 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1450 390 — vardapet, supérieur de Saint-Gamaliel de Xizan (fl. 1453-1469) 276 (app.) — (tēr), évêque de Bitlis (fl. 1454-1467) 408 — kʻahanay, copiste à Soravankʻ (fl. 1458†) 268, 273, 324-325 — krawnawor, copiste à Soravankʻ (fl. 1458) 268, 273, 324-325

470

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (DEPUIS 1800)

— (II) kʻahanay, copiste et illustrateur à Xizan (fl. 1460-1475) 268, 272, 307, 309, 310, 341, 344 — krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1462 273 — (III) kʻahanay, copiste à Xizan (fl. 14741486) 268, 270, 273, 307 (n. 416), 309310, 311, 334, 336-337, 341, 344 — kʻahanay, relieur à Bṙnašēn (fl. 14771478) 272, 328 —, commanditaire d’un tétraévangile en 1482 273 — episkopos, commanditaire d’un tétraévangile en 1486 273 — arhiepiskopos, supérieur de Saint-Barthélémy d’Ałbak (fl. 1487-1490) 280 (app.) —, fils d’Aṙakʻel de Dašt (cit. ante 1489) 296 (n. 391) — (IV) kʻahanay, copiste à Xizan (fl. 14961508) 334-337, 341, 344 — arhiepiskopos, possesseur d’un parzatumar en 1568 82 — kʻahanay, commanditaire d’un tétraévangile en 1612 382 — kʻahanay Hizancʻi, copiste et illustrateur à Jérusalem (fl. 1626-1663) 333 Yovsēpʻ — vardapet, relieur à Hałbat (fl. 1172) 101 (n. 153) —, copiste à Aspisnka vankʻ (fl. 1299) 90 — vardapet, découvreur d’un manuscrit de miscellanées aux XIe-XIIIe siècles 101102

— de Bagnayr (nom de plusieurs personnes aux XIe-XIIIe siècles) 101 (n. 153) — kʻahanay ew krawnawor, commanditaire d’un tétraévangile en 1306 193 — kʻahanay, copiste à Bitlis (fl. 1463-1483†) 409 Yusik — (Oskan), ermite chalcédonien à Antioche (fl. 2de moitié du XIIe siècle) 365 — kʻahanay, acquéreur d’un tétraévangile en 1306 193, 216 Zacharie, prophète 278 (app.), 312-313 Zakʻaria (Zacharie, Zakʻarē, Zakʻariay) — Ier Sefedinean, catholicos (ca. 12981336/7) 203-204, 215, 219, 288, 290, 292, 295, 389 —, père de Mkrtičʻ kʻahanay (cit. 1371) 340 — II Nahatak, catholicos (ca. 1377-1393) 278 (app.), 290, 292-293, 299, 301, 312314 — kʻahanay, copiste à Xizan (fl. 14011417) 267, 271, 297-299, 300-303, 304, 306-307, 315, 321, 332, 340-341 — III, catholicos (1433/4-1464) 321-322, 326-328, 408 — IV, catolicos (1489-1494) 290, 295 — łalfa, commanditaire d’un lectionnaire en 1654 261 Zangī (Zengi), atabeg (1127-1146) 366 (n. 58)

8. INDEX DES NOMS DE PERSONNES (DEPUIS 1800) Abrahamyan, Ašot 84, 95 Adjarian, Hratchia (Ačaṙean, Hračʻeay) 147 (n. 25), 159 (n. 85), 208-209, 365 (n. 54), 421 (n. 15) Agémian, Sylvia 193 Akinian, Nerses (Akinean, Nersēs) 112 (n. 178), 118, 130 Alishan, Léonce (Ališan, Łewond) 19 (n. 58), 126

Anonyme, auteur d’une Description de Trébizonde 302 Antonins d’Ortaköy 117 Arakelyan, Mikayel (Aṙakʻelyan, Mikʻayel) 333 (n. 494) Arisdaguesian, Eghiché (Aristakēsean, Ełišē) 114 (n. 187) Atsalos, Basile 14 Avetisyan, Avet 298

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (DEPUIS 1800)

Awagean, Esayi

128 (n. 246)

Barałamean, Ōnnik 19 (n. 58) Bédier, Joseph 421-422 Bénédictins du Bouveret 78 Bogharian (Połarean), Norayr (Covakan) 121-122 (n. 219-220), 145 (n. 16, 19), 147, 149, 157 (n. 80), 226-227, 257, 302, 351, 354-355 Brock, Sebastian P. 427 Brosset, Marie-Félicité 192 (n. 155) Chookaszian (Čʻugaszyan), Levon 370 (n. 78) Conybeare, Frederick Cornwallis 93, 254256 Coulie, Bernard 17 (n. 45) Cowe, S. Peter 84 Čʻugaszyan, Babken 239, 308 Dadean, Xačʻik 113 Der Nersessian, Sirarpie 115 (n. 193), 129 (n. 251), 146-147, 151, 154, 159 (n. 85), 163 (n. 95), 265, 343, 352-353, 355-357, 367, 369, 370 (n. 78), 372 Djanachian (Čanašean), Mesrop 145 (n. 19), 351, 371-372 Eganyan, Ōnnik 355 Ēnfiačeancʻ, Awetikʻ 118 (n. 208) Ēpʻrikean, Sukʻias 220, 319 Esmérian, Paul 140 Feydit, Frédéric 83 (n. 59) Finck, Franz Nikolaus 118 (n. 208) Garéguine Ier v. Hovsepian, Garéguine Garitte, Gérard 13-15, 427 Gevorgyan, Astłik 148, 202, 226, 231, 316, 402 Ghazarossian, Arpénik (Łazarosyan, Arpʻenik) 124 Gouschakian, Thorgom (Gušakean, Tʻorgom) 156, 239 Harutʻyunyan, Xačʻik

9

471

Hovsepian, Garéguine (Yovsēpʻean, Garegin) 18, 130 (n. 254), 142 (n. 8), 147, 151, 159 (n. 85), 210 Huglo, Michel 13, 15 Indjoudjian, Agop 140 Izmaïlova, Tatiana 148, 151-152, 352353, 370 (n. 78) Kassabian, Nerses (Gasapean, Nersēs) 355 Kevorkian, Hagop 140 Kévorkian, Raymond 82 Korkhmazian, Emma (Korxmazyan, Ēmma) 353 Kouymjian, Dickran 134 Kraus, Hans Peter 226 (n. 237) Krumbacher, Karl 25 Kurdian, Harry (Kʻiwrtean, Yarutʻiwn) 118, 145, 148-150, 226 (n. 237), 239, 292, 308 336 Lachmann, Karl 26, 421 Lalafaryan, Samson 17 Lalayean, Eruand 19 (n. 58), 24, 169, 189, 206, 208, 221, 225, 310, 336 Leyloyan-Yekmalyan (Leyloyan-Ekmalyan), Anna 168, 219, 291-293, 298, 303 (n. 408), 307 (n. 416), 339 McCollum, Adam Carter 15 Macler, Frédéric 84 (n. 61), 124, 254-255 Mardirossian, Nazareth (Martirosean, Nazarētʻ) 388, 390 Margossian, Raphaël 140 Martin, Fredrik Robert 140 Matʻevosyan, Artašes 6 (n. 18), 18 (n. 51), 84, 112 (n. 179), 121 (n. 219), 132, 144, 145 (n. 16, 19), 146, 148, 157 (n. 80), 159 (n. 85), 163, 220, 221 (n. 220), 318, 361 (n. 41), 362, 381 (n. 119) Matʻevosyan, Karen 122 (n. 220), 318 Mathews, Thomas F. 208, 226-231, 352, 355-357 Merian, Sylvie 148, 231 Mirakhorian, Manuel (Miraxorean, Manuēl) 220

472

INDEX DES NOMS DE PERSONNES (DEPUIS 1800)

Montfaucon, Bernard de 133 Mouradian, Sahag (Muratean, Sahak) 288, 343, 361 Muradyan, Paruyr 117 Narkiss, Bezalel Nersessian, Vrej Nişanyan, Sevan Nordenfalk, Carl

226-227, 231 181 (n. 121) 189 (n. 144), 354, 429 124

Omont, Henri 77 Oskian (Oskean), Hamazasp 114 (n. 187), 319 Ouzounian, Agnès 271 (n. 341), 338 (n. 523) Petrosean, Pōłos 128 (n. 246) Petrosean, Serovbē 128 (n. 246) Pirghalémian, Ghévont (Pʻirłalēmean, Łewond) 18, 19 (n. 58), 206, 208, 210, 239, 272 (n. 348), 304, 307-308, 316317, 387-388, 390 Renoux, Charles (Athanase) 238, 252, 254 Reynhout, Lucien 12-13, 15-16, 26, 413, 427 Šahpałlean, Yakobos 316 Sakisian, Arménag 140 Sanjian, Avedis K. 181 (n. 121) , 427 Sarghissian, Basile (Sargisean, Barseł) 145 (n. 19), 239, 351, 357-358, 369 Sargisean, Nersēs 189 (n. 144) Sebastacʻi, Yovhannēs 239 Sevadjian, Hatchik 140 Sirinian, Anna 9, 21, 84

Speyer, Wolfgang 98 Srapyan, Arakʻsya 317 Srvandztiants, Karekin (Sruanjteancʻ, Garegin) 18, 113, 114 (n. 187), 302 Surméyan, Ardavazt (Siwrmēean, Artawazd) 260, 382 Taylor, Alice 167 (n. 101), 266 Tēr-Movsisean, Mesrop 19 (n. 58), 272 (n. 348), 316-317, 321 Ter-Stépanian, Armèn 255 Thierry de Crussol, Jean-Michel 134, 187 (n. 137), 189 (n. 144), 220, 318-320, 324, 429 Topdjian, Hagop (Tʻōpʻčean, Yakob) 221 Torri, Giulia 15-16 Tʻōxmaxean, Arsēn 388, 390 (n. 131) van Esbroeck, Michel 125 van Lint, Theo Maarten 352 Vardanian, Aristaces (Vardanean, Aristakēs) 9 Weitenberg, Jos J. S. Wendel, Carl 3

20

Xačʻatryan, Hovhannes 317 Xačʻaturean (Trapizoni), Garegin 184 Xačʻikyan, Levon 208, 210, 316-317, 388, 390 Xanlaryan, Lena 192 (n. 155) Zakʻaryan, Lilitʻ 370 (n. 78), 372 Zohrab, Giovanni (Zōhrapean, Yovhannēs) 68, 110 (n. 169)

TABLE DES FIGURES Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3. Fig. 4. Fig. 5. Fig. 6. Fig. 7. Fig. 8. Fig. 9. Fig. 10. Fig. 11. Fig. 12. Fig. 13. Fig. 14. Fig. 15. Fig. 16. Fig. 17. Fig. 18. Fig. 19. Fig. 20. Fig. 21. Fig. 22. Fig. 23. Fig. 24. Fig. 25. Fig. 26. Fig. 27.

Graphe de la formule « ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ » . Occurrences par siècle de la formule « ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ » . . . . . . . . . . . . . . Manuscrits comportant la formule « ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ » . . . . . . . . . . . . . . Répartition par adjectifs des variantes attestées dans les colophons de manuscrits . . . . . . . . Évolution de la prévalence des adjectifs ստոյգ et ընտիր Proportion de séquences hapax par siècle . . . . Les premières attestations de la formule de colophon « ի լաւ եւ ընտիր աւրինակէ » (avant 1150) . . . . Les colophons de Stepʻanos Siwnecʻi: synopse . . Corpus du type du mont Sepuh . . . . . . . Manuscrits du scribe Kozma . . . . . . . . Type du mont Sepuh: stemma colophonum . . . Corpus du type d’Ałētʻ . . . . . . . . . . Colophons sources du type d’Ałētʻ . . . . . . Manuscrits copiés au monastère des Saints-Apôtres de Muš dans la première moitié du XIVe siècle . . . Sources de la formule de Yovanēs d’Ałētʻ . . . . Manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ. . . . . . . . Œuvres attribuables à Tʻoros sarkawag . . . . . Type d’Ałētʻ: stemma colophonum . . . . . . Corpus du type de Tʻonrak . . . . . . . . . Comparaison structurelle des types d’Ałētʻ et de Tʻonrak avec le colophon de M 7519 . . . . . . . . Type de Tʻonrak: stemma colophonum . . . . . Corpus du type de Xizan . . . . . . . . . Type de Xizan: transpositions . . . . . . . . Les répliques du colophon de MUSA* 22 . . . . Le scriptorium urbain de Xizan: copistes, artistes, œuvres (XIVe-XVe siècles) . . . . . . . . . Le type de Xizan: stemma colophonum . . . . . L’exemplaire de Grigor Murłanecʻi: corpus . . .

22 63 65 69 71 71 108 120 140 146 165 169 186-187 192 212-217 222 230 234 237 248 263 267-268 286 290 340-341 344 348

474

TABLE DES FIGURES

Fig. 28. L’exemplaire de Grigor Murłanecʻi: stemma phonum . . . . . . . . . . . . . Fig. 29. L’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay: corpus . Fig. 30. Œuvres de Tʻoros pʻilisopʻay . . . . . . Fig. 31. L’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay: stemma phonum . . . . . . . . . . . . .

colo. . . . . . colo. .

385 388 397 411

TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS .

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VII

BIBLIOGRAPHIE .

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IX

Revues . . . . . . . . Collections . . . . . . . Recueils de colophons. . . . Éditions et traductions de textes Cartes . . . . . . . . . Études et travaux . . . . .

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IX

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1

1. Les formules de colophons . . . . . . . . . 1.1. Définition . . . . . . . . . . . . . 1.2. Nomenclature . . . . . . . . . . . . 1.2.1. Une typologie des formules de colophons. 1.2.2. Une typologie des colophons . . . . . 1.3. État de la question . . . . . . . . . . 2. Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Transmission des manuscrits . . . . . . . 2.2. Histoire et fonctionnement des centres de copie . 2.3. Techniques de rédaction des colophons. . . . 3. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . 3.1. Démarches . . . . . . . . . . . . . 3.1.1. L’approche statistique . . . . . . . 3.1.2. L’approche philologique . . . . . . 3.1.3. L’approche comparatiste . . . . . . 3.1.4. L’approche herméneutique . . . . . 3.1.5. Pour une approche multidimensionnelle . 3.2. Sources . . . . . . . . . . . . . . 3.2.1. Le corpus . . . . . . . . . . . 3.2.2. Numérisation . . . . . . . . . . 3.3. Moyens et outils . . . . . . . . . . . 3.3.1. Établissement du corpus de la formule . . 3.3.2. Édition critique des formulaires . . . . 3.3.3. Stemmata colophonum . . . . . . .

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2 2 4 4 6 9 10 10 11 11 12 12 12 13 14 15 16 16 17 19 20 20 23 26

1. 2. 3. 4. 5. 6.

INTRODUCTION .

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XI XII XIV XVII XVII

476 PREMIÈRE PARTIE.

TABLE DES MATIÈRES

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29

CHAPITRE PREMIER. APERÇU GÉNÉRAL DE LA FORMULE.

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1. Introduction . . . . . . . . . . . . 2. Textes . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Corpus . . . . . . . . . . . . 2.1.1. Colophons de manuscrits . . . . 2.1.2. Colophons d’imprimés . . . . . 2.2. Commentaire . . . . . . . . . . 2.2.1. Généralités . . . . . . . . 2.2.2. Noyau . . . . . . . . . . 2.2.3. Qualificatifs . . . . . . . . 2.2.4. Particularités stylistiques . . . . 2.2.5. Typologie des colophons . . . . . 3. Histoire . . . . . . . . . . . . . 3.1. Origines . . . . . . . . . . . 3.2. Développement et standardisation . . . 3.3. Naissance de types . . . . . . . . 3.4. Mutation . . . . . . . . . . . 4. Contextualisation . . . . . . . . . . 4.1. Parallèles dans d’autres langues . . . . 4.1.1. Grec . . . . . . . . . . 4.1.2. Latin . . . . . . . . . . 4.1.3. Syriaque . . . . . . . . . 4.1.4. Arabe . . . . . . . . . . 4.1.5. Divers . . . . . . . . . . 4.2. Parallèles dans d’autres textes et documents 4.2.1. Titres . . . . . . . . . . 4.2.2. Livres imprimés . . . . . . . 4.2.3. Œuvres littéraires . . . . . . 5. Interprétation . . . . . . . . . . . 5.1. Fonction référentielle . . . . . . . 5.1.1. Le scripteur et son opération . . . 5.1.2. Qu’est-ce qu’un bon exemplaire? . 5.1.3. Y a-t-il de mauvais exemplaires? . 5.2. Fonction pragmatique . . . . . . . 5.3. Fonction symbolique . . . . . . . 5.3.1. Le «topos du manuscrit trouvé». . 5.3.2. L’importance de la tradition. . . . . 6. Conclusions . . . . . . . . . . . .

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. 31 . 32 . 32 . 32 . 62 . 63 . 63 . 66 . 66 . 69 . 69 . 70 . 70 . 70 . 72 . 73 . 76 . 76 . 76 . 78 . 78 . 79 . 79 . 80 . 80 . 81 . 83 . 84 . 85 . 85 . 87 . 91 . 94 . 98 . 98 . 102 . 104

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

477

TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE II. DES ORIGINES À 1150

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1. Introduction . . . . . . . . . . . 2. Textes . . . . . . . . . . . . . 2.1. Corpus . . . . . . . . . . . 2.2. Commentaire . . . . . . . . . 3. Histoire . . . . . . . . . . . . 3.1. Les saints Traducteurs . . . . . . 3.1.1. Le témoignage des historiens et la dienne . . . . . . . . . 3.1.2. La tradition sahakienne . . . 3.1.3. La tradition mesropienne . . . 3.2. Stepʻanos Siwnecʻi . . . . . . . 3.3. D’autres traditions anciennes . . . . 4. Conclusions . . . . . . . . . . . .

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. 107

. . . . . . . . . . . . . . . . . . tradition . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . łewon. . . . . . . . . . . . . . . . . .

107 107 107 109 110 110 110 111 115 118 121 133

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. 137

CHAPITRE III. Type du mont Sepuh .

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1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . 2. Textes . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Corpus . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Commentaire . . . . . . . . . . . . . 3. Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1. Origines (1069-1200) . . . . . . . . . . 3.1.1. Le tétraévangile de 1069 . . . . . . . 3.1.2. L’influence du scribe Kozma . . . . . . 3.2. Évolution (1200-1201) . . . . . . . . . . 3.2.1. Les manuscrits d’Awag vankʻ . . . . . 3.2.2. Les manuscrits de l’ermitage Saint-Grégoire . 3.3. Postérité (après 1201) . . . . . . . . . . 3.3.1. Extinction de la formule . . . . . . . 3.3.2. La question de l’«école d’Erznka» . . . . 4. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . .

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CHAPITRE IV. TYPE D’AŁĒTʻ .

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. 167

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DEUXIÈME PARTIE

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139 140 140 141 143 144 144 145 155 155 157 161 161 162 165

1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 2. Textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 2.1. Corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

478

TABLE DES MATIÈRES

2.2. Édition . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3. Commentaire . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.1. Prologue pour le commanditaire (I) . . . . . . 2.3.2. Prologue pour le copiste (II) . . . . . . . . 2.3.3. Narration (III) . . . . . . . . . . . . 2.3.4. Datation (IV) . . . . . . . . . . . . . 2.3.5. Localisation (V) . . . . . . . . . . . . 2.3.6. Épilogue pour le commanditaire (VII) . . . . . 2.3.7. Épilogue pour le copiste (VIII) . . . . . . . 3. Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1. Origines (1217-1330) . . . . . . . . . . . . 3.1.1. Le tétraévangile d’Ayrivankʻ (M 4509) . . . . 3.1.2. Le tétraévangile de Kiwzucʻ vankʻ (VAS* Pʻokan 3) 3.1.3. Un groupe de manuscrits copiés au monastère des Saints-Apôtres de Muš . . . . . . . . . . 3.1.4. Le mémorial de la princesse Aspʻay (dans M 2743) 3.1.5. L’évangile de Tʻoros Tarōnecʻi de 1323 (M 6289) . 3.1.6. Le premier tétraévangile de Yovanēs d’Ałētʻ (M 7519) 3.1.7. Deux évangiles du miniaturiste Tʻoros (VAS* Van, Haykavankʻ 226 et BIT* S. Sargis s. n.) . . . . 3.1.8. Synthèse . . . . . . . . . . . . . . 3.2. Activité de Yovanēs d’Ałētʻ (1327-1337) . . . . . . 3.2.1. Éléments de biographie . . . . . . . . . 3.2.2. Ses œuvres . . . . . . . . . . . . . 3.2.3. L’exemplaire de Tʻoros pʻilisopʻay . . . . . . 3.2.4. Tʻoros, collaborateur de Yovanēs d’Ałētʻ . . . . 3.3. Postérité . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3.1. Les autres manuscrits de Yovanēs d’Ałētʻ. . . . 3.3.2. De nouvelles traditions. . . . . . . . . . 4. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . CHAPITRE V. TYPE

DE

TʻONRAK .

1. Introduction . . . 2. Textes . . . . . 2.1. Corpus . . . 2.2. Édition . . . 2.3. Commentaire . 2.3.1. Structure

. . . . . .

. . . . . .

. . . . . .

169 178 178 179 180 181 183 183 185 185 185 187 188 191 200 202 203 206 211 218 218 221 223 224 232 232 233 233

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. 237

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237 237 237 239 248 248

479

TABLE DES MATIÈRES

2.3.2. Adaptations ponctuelles . . . . . . . 2.3.3. Prologue pour le copiste (II): suppléments . 2.3.4. Réflexions sur le texte (VI) . . . . . . 3. Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1. Origines . . . . . . . . . . . . . . 3.2. Évolution . . . . . . . . . . . . . . 3.2.1. Les manuscrits copiés à Tʻonrak . . . . 3.2.2. Les copies du lectionnaire de Tʻonrak (J 95) . 3.3. Postérité . . . . . . . . . . . . . . 4. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

CHAPITRE VI. TYPE DE XIZAN .

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. 265

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1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Édition . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3. Commentaire . . . . . . . . . . . . . . . 3. Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.1. Origines . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2. L’archétype et ses répliques . . . . . . . . . . 3.2.1. Le tétraévangile MUSA* 22 . . . . . . . . 3.2.2. Deux manuscrits de Yovannēs de Xizan . . . . 3.2.3. Trois manuscrits d’Aṙakʻel de Dašt . . . . . . 3.3. Évolution à Xizan . . . . . . . . . . . . . 3.3.1. Première génération (ca. 1393-1420) . . . . . 3.3.2. Yohannēs vardapet de Saint-Gamaliel (1437-1451) 3.3.3. Deuxième génération (1456-1462) . . . . . . 3.3.4. Troisième génération (1474-1489) . . . . . . 3.4. Diffusion dans d’autres centres de copie . . . . . . 3.4.1. Cpat (1421) . . . . . . . . . . . . . 3.4.2. Hosrovavankʻ (1430) . . . . . . . . . . 3.4.3. Ginēkancʻ et Sēri vankʻ (1447-1452) . . . . . 3.4.4. Pʻasavankʻ (1447) . . . . . . . . . . . 3.4.5. Soravankʻ (1458) . . . . . . . . . . . 3.4.6. Hunjkʻ (1462) . . . . . . . . . . . . 3.4.7. Bṙnašēn (1478) . . . . . . . . . . . . 3.4.8. Saint-Barthélémy d’Ałbak (1490) . . . . . . 3.4.9. Dašt (ante 1489-1490) . . . . . . . . . .

248 249 251 254 254 254 254 257 259 262

265 266 266 269 284 287 287 288 288 291 293 297 297 305 307 309 311 311 315 316 323 323 325 328 330 331

480

TABLE DES MATIÈRES

3.4.10. Šatax (1491). . . . . . . . 3.4.11. Conclusion . . . . . . . . 3.5. Postérité . . . . . . . . . . . 3.5.1. Le scriptorium urbain de Xizan . . 3.5.2. Les autres centres de copie du lac Vaspurakan . . . . . . . . 4. Conclusions . . . . . . . . . . .

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. . . . . . . . . . . . . . . . Van et du . . . . . . . . .

331 332 332 334 357 338

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. 345

CHAPITRE VII. LE TÉTRAÉVANGILE DE GRIGOR MURŁANECʻI .

.

. 347

TROISIÈME PARTIE

.

. . . . de . .

1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1. Corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Commentaire . . . . . . . . . . . . . . . 3. Le modèle et son auteur . . . . . . . . . . . . . 3.1. État de la question . . . . . . . . . . . . . 3.2. L’auteur: Grigor Murłanecʻi . . . . . . . . . . 3.3. Le manuscrit et son modèle . . . . . . . . . . 3.3.1. L’évangile du roi Gagik de Kars. . . . . . . 3.3.2. L’évangile de Trébizonde . . . . . . . . . 3.3.3. Spécificités textuelles . . . . . . . . . . 3.4. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . 4. Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1. Origines . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.1. L’exemplaire de Murłanecʻi: Tzamandos, 1065-1070 4.1.2. L’exemplaire d’Uṙhayecʻi: Hṙomkla, 1157 . . . 4.2. Évolution . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1. Édesse, 1144-1259 . . . . . . . . . . . 4.2.2. Cilicie, 1150-1238 . . . . . . . . . . . 4.2.3. Haute-Arménie, 1306-1342 . . . . . . . . 4.3. Postérité . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3.1. Une copie tardive de l’exemplaire d’Uṙhayecʻi . . 4.3.2. Sort de l’exemplaire de Murłanecʻi . . . . . . 5. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . CHAPITRE VIII. LE

TÉTRAÉVANGILE DE

1. Introduction . 2. Textes . . .

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TʻOROS PʻILISOPʻAY . . .

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347 348 348 349 351 351 353 355 355 356 358 360 361 361 361 365 366 366 373 378 381 381 382 383

.

. 387

. .

. 387 . 387

481

TABLE DES MATIÈRES

2.1. Corpus . . . . . . . . . . . . . . . 2.2. Édition . . . . . . . . . . . . . . . 2.3. Commentaire . . . . . . . . . . . . . 2.3.1. Prologue (I) . . . . . . . . . . . 2.3.2. Datation et localisation (II) . . . . . . 2.3.3. Requête de prières (III) . . . . . . . 2.3.4. Requête d’indulgence (IV) . . . . . . 3. Le modèle et son auteur . . . . . . . . . . . 3.1. L’auteur: Tʻoros pʻilisopʻay . . . . . . . . 3.2. Le manuscrit: MUSA* 10 . . . . . . . . . 4. Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1. Origines . . . . . . . . . . . . . . 4.2. Évolution . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1. Bitlis, ses scriptoria urbains et leurs copistes . 4.2.2. Les cinq copies de M 7519 . . . . . . 4.3. Postérité . . . . . . . . . . . . . . 4.3.1. Extinction du formulaire . . . . . . . 4.3.2. Réminiscences à Bitlis . . . . . . . . 4.3.3. Une réminiscence hors de Bitlis . . . . . 5. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CONCLUSIONS.

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. 413

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1. Récapitulation . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Conclusions transversales . . . . . . . . . . . . 2.1. Les copistes et leurs modèles . . . . . . . . . . 2.2. Formules et formulaires . . . . . . . . . . . . 2.3. Le formulaire de colophon comme œuvre littéraire . . . 2.4. De l’art d’éditer un colophon . . . . . . . . . . 2.5. Dynamiques d’évolution . . . . . . . . . . . 2.6. Le copiste au cœur de la copie . . . . . . . . . 2.7. La copie et la circulation des manuscrits: une affaire de relations interpersonnelles . . . . . . . . . . . 2.8. Pour une approche holistique du livre manuscrit . . . .

387 389 396 396 396 396 397 397 397 398 402 402 403 404 405 407 407 407 409 410

414 417 417 418 419 421 422 424 425 426

CARTES

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. 429

INDEX .

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. 433

1. Index lexical . . . . . . . . . . 2. Index scripturaire . . . . . . . .

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. 433 . 433

482 3. 4. 5. 6. 7. 8.

TABLE DES MATIÈRES

Index des citations et allusions . . . . . Index des manuscrits arméniens . . . . Index des manuscrits non arméniens . . . Index géographique . . . . . . . . Index des noms de personnes (avant 1800) . Index des noms de personnes (depuis 1800).

. . . . . .

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434 435 451 452 457 470

TABLE DES

FIGURES .

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. 473

TABLE DES

MATIÈRES

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. 475

PRINTED ON PERMANENT PAPER

• IMPRIME

SUR PAPIER PERMANENT

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