Lucilius: Satires, Livres I-VIII [1] 9782251011073

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Lucilius: Satires, Livres I-VIII [1]
 9782251011073

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OOLLECTION

.DES UNIVP!RSIT•s DE FRA_N.CE. publiée J"ous le patronagtde l'ASSOCI/1.!ION GUILLAUJyfE-· !JUDÉ.

LUCILIUS .SATIRES TOMEI (LIVRES 1-VIII)

TEXTE ·ÉTABLI, T_RADUIT ET ANNOTÉ PAR

F. CHARPIN Maître de Conférences à l'Université de Limoges

PARIS Société d'édition

crLES.

BELLES LETTRES •

95, BOULEVARD 1978

RASPAIL,.

Conformémentaux statutsde l'Association Guillauine Budé, cevolume·a élesoum_is4 l'approbationde la commission technique. qui a chargé M. Jacques Perret rl,'~nfaire la ré~ision el d'en surve(ller la correctionen collaboratio_n. avec M. F. -Charpin.·

aux

La loi du. 11 mars 1957n'autorisant termes des alinéas ~ . et 3 de l'article ·41~ · d~une -part, que. les ~: copies ou reproductions strictement ,réservées à l'usage. privé du copiste et ·non destinées à -une utilisation collective »,·et, d'autre. p~n, que (,( les analyses et les .... courtes ci~tions dans un but d'exemple et d7illustration >, toute · représentation ou reproduction intégrale ou partielle, · faite sans. le ~nsentement de l'auteur ou de ses ayants~droit ou ayants-~use, est illi.cite (alinéa 1er de l'article 40)~ . Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les -articles 425 · \ et· suivant~ du Ccxie Pénal. » c

© Société

d'édition

« LES BELLE~;.LET~RES »,

Paris, 1978

INTRODUCTION Gaius Lueilius1 -mnurut à Naples en 1915-1916··de l'ère d'Abrahafi1:,~n 102-101 av~nt l'ère ch~étienne. La cité lui accorda des funérailles publiques~.·Par. cet hommage, elle soulignait la valeur exemplaire de la vie 3 qui disparaissait4 • et ·des travaux du vieilla_rd '

'

'

.

(1) Le prénom de Lucilius .est attesté dans ~O,20 Nunc, Gai, quoniam·ïncilans nos laedis uicissim. · -· · (2) Hier., Chroniques,-an· 19ï5 de l'ère -d'Abraham : Gaius Lucilius, salyrarum scriptor Neapoli. morilur ac publico funer·e effertur anno aelatis XL V 1. · · · (3) Hor., Sat. 2, I, -30: Ille uelul 'fidis qrcan_asodalibus_olim/ credebatlibris, ·neque si male cesseraiusquam / decurrens alio, .neque si bene. Quo fil ut otnnis / ·uotiua pate"atueluti -descripla tabella _/ uita senis. - Faut-il comprendre que Lucilius était un. vieillard ? ou bien. que, selon l'usage d'Hor~ce qui, dans Sat. l, 1O,64, parle de la seniorumturba pour désigner Livius Andronicus, Névius, Ennius, Pacuvius; Plaute, ... le mot s'applique simplement à un· poète de la génération antérieure, à l'un des ueléres? (4}-.La-·date d~ :,;iaissancede Lucilius est trè~ difficile à fixer. On sait que le poète appartient à la même époque qu'Accius (170-.86?) _et qu'il vient après Ennius,' Caecilius et Térence, cf. Gell. 17, 211 49 ': Neque magno interuallopostea Q. Ennius et iuxla Caecilius et --Terenliusac subinde·.et Pacuuius ef Pacuuio iam sene Accius clariorquetune in poematis eorum obtréctandis Lucilius fuit. On sait que C. Titius était son contemporain : ... etiam C. Titius, -uir aetatis Lucilianàe, in oratione qua legem Fanniam ( 181) suasit (M~cr., Sat. 3, 16, 14). On_·sait que Lélius et Scipion -Émilien ..ont-.été ses amis intimes, ·cr. infra _note 29: C'est· pourquoi il est surprenant· que saint Jérôme fasse mourir Lucilius à 46 ans-. Cela supposerait qu'au ,moment de son service à Numance _(cf.note 35), le poète avait seulement.14 ou 15 ans, ce qui effectivement est très jeune, mais n'est peut-être pas entièrement exceptionnel, puisque Caius Gracchus,- en 124,. dut prendre des mesures pour réprimer un tel abus (cf. Bolisani,

8

\

INTRODUCTION/

Un chevalieret un aristocrate :

1

, Sa famille était. puissante. Le . poète appartint à l'ordre équestre 5• Sa sœur fut la grand-mère de Pompée 6 ; \

op. cil., p. 23). Beaucoup plus étonnant serait le début d'ùne carrière poétique à l'âge de 17 ou de 18 ans, dont personne·parmi . les Anciens n'aurait conservé le souvenir. _Il serait 'encore plus étrange qu'une grande familiarité se soit établie entre le satirique et Scipion Émilien, de 35 ans sori aîné, ou Lélius, le contemporain de_Scipion. Haupt (Annal. Phil. 187-3, p. 72) pensa qu_esaint Jérôme s'était trompé en transcrivant la date de n.a~ssancede Lucilius. L'erreur aurait é~é facilitée par une confusion portant sur .le nom des consuls en exerc~ceen 148 et en 180.. En 148, ces magistratures étaient"exercées par Spurius Postumius Albinus et Lucius Calpurnius Piso. Or1 en 180, les mêmes charges étaient .occ~péespar A. Postumius Albinus et C. Calpurnius Piso. Jérôme aurait lu trop rapidement sa documentation et n'aurait pas vu q~e les prénoms des consuls de.:180 et de 148 étaient différents. Plusieurs critiques ont jugé .que cette interprétation, très séduisante, vieillit beaucoup trop Lucliius qui, si l'on s'en tenait à la chronotogieainsi défini~,partirait pour la campagne de Numance à l'âge de 46 ans~ Ne sachant c·omment trancher, plusieurs éditeurs adoptep.t une .position moyenne entre les· deux dates de 180 et de 148. Ils proposent 168 ou 160, ce qui ferait du ' poète-l'exact contemporain d'Accius (né vers 170). Cependant , W. Krenkel a montré (Zur Biographie-des Lucilius in Aufstieg und Niedergang der Romischen Welt, Berlin, 1972, p. 1240-1259) que la date de 180 est très vraisemblable .et que-de nombreux témoignages- (Vell. 2, 9, 4-; Cie., Tusc~· 1; 2, 3 ; Brut. 20, 79 ; Liu. 42,. 31,. 4; 42, 33, 4 ·; Quintil. 9, 2, 85; Polybe 6, 20, 9 ... ) prouvent qu'un chevalier romain pouvait être enrôlé jusqu'à l'âge de cinquante ans,· surtout s'il appartenait à la cohorspraè. toria d'un général. . · (5) Vell. 2, · 9, 3 : Clara etiam per idem aeui spatiufn fuer~ ingenia in togatisAfrani, in tr~goediisPacuui atqueAcci... celebre et Lucili n.Qmenfuit qui sub Africano Numantino bello eques mililauerat. · (6) Ae,ron,Ad Hor. Sat. 2, 1, 29 : Fuit enim ualdenobilis Lucilius, utpotequi esset·MagniPompei auus. et Sat. 2, 1, 75 :·ideoquia . ferlur Lucilius auuncu_lusfuisse M agni Pompei, merito ergo et diues fuit A propos du même vers ·d'Horace, Porphyrion déclare: Constat enim Lûcilill:mauuncùlum maioremPompei fuisse. Etenim auia Pompei·Lucilii soror fuera[ La sœur de •Luciliuss'appelait donc Lucilia; elle fut la grand-mère de Pompée et Lucilius fut son grand-oz:,.èle(auunculus maior). · '

9

·.. INTRODUCTION

parmi ses parents, toute une lignée avait r~ng sénatorial 7 et notamment Manius Lucilius, grand-père. de Pompée, qui par't~icipaa l'ambassade·.de . 129 et· partit pour 1~ royaume de: Pergame 8• Ces indications qui révèlent une très grosse fortune, sont confirmées par· plusieurs anecdotes qµe rapportent les auteurs classiques. A.· grands frais, le Sénat av~it fait construire. une maison pour "héberger.l~ fils du roi Antiochus qui était rete:o.u à Rome comme otage. Lucilius en acquit la propri,été9 • Lors de la discussion de la loi Thoria, quelques cit9yens. furent accusés de laisser vagabonder leurs troupe.aux (7) La mère de Pompée s'_appelait également Lucilia mais• elle appartenait à une branche de .la faµiille qui avait rang sén_atorial: cf. Velleius qui, à propos de Pompée, écrit: Fuit hic genitils maire Lucilia ·stirpis senatoriae(2, 29, 2). ·(8} Le nom de Manius LUcilius, fils de Marcus Lucilius (cf. Cichoriu_s,Unter. Luc. p. 2) 111aniusLucilius M.f. Pompiina, figure sur le décret d'Adramyttium et sur le ijén.atus-consultede (lgro p_er~. gameno,MocvLoc; Aeux.éÀLOÇ~Mœcxpx.ou IIooµe:'JTe:lvoc. Il ne s'agit cèrtainement pas du frère de Lucilius (cf. 12; 5) qui, pas plus que le. poète,. ne• descendait d'une lignée sénator~~fo et n'aurait pu exercer une charge aussi importante, mais vraisemblablement dµ père_de Lucilia stirpis senatoriae qui fut la mère de Pompée. L'identité du frère de Lucilius reste obscure. Peut-être port~it-il le surnom de Hirrus ainsi que toute la famille directe du -poète ? Peut-être faut-il l'identifier avec Lucilius Hirrus qui fut préteur eµ 134_? Cf. R.E. XIII, 2, c 1638.,1640, c 1642-1643, c 1647. Le tableau généalogique du poète serait alors le ·suivant : Marcus

Lucilius ·

· (Lucilius Hirrus ?)

t Gaius. Lucilius poeta

1

1

·--1

(Lucilius Hirrus ?) Lucilia~Sext.us .Pompeius Manius

praetor

·

Lucilius senator



--1-

-

. l.

Pompeius Strabo --

Lueilia stirpis sena toriae 1

1

'

Cn. Pompeius Magnus _(9)Ascon., Pis. p. 12, 9 K.-S. : -Tradunl et Anliochi regis filio obsidi domum publice aedificatam inter quos AUiclis in annali: quaeposlea dicitur Lucilii poetae fuisse.

-10

INTRODUCTION

sur le. domaine- ptjblic. 'Lucilius 'était du' nombre10 • . Les Satires·pàrlent de terres ·situées en Sicile, en Sardai11• Plusieùrs vers1- évoquent gne, en ·Apulie,·enCa:rp.panie une· domesticité nombreuse, un trésorier, d_~sintendants12.·Tout laissé entendre_·que la richesse du ·poète est essentiellement une richesse foncière. . · Lucilius n'est pas un· homme .d'argent;· il .n'aime ·pas cornpter, ;économiser, vérifier. Il préfère perdre p·~utôt·que s'épuiser .à amasser~ Il n'èst. pas Gaius Cassius qui ,spécule·sur les adjudications financières ; il n'est ·pas Lucius·Cotta dont l'avidité était prove·rbiale. .L'or est essentiellément corrupteur. Le commerce qui consiste à vendre cher ce que l'on a acheté bon marché .provnque· son indignation. Le poète refuse. d'être un publicain en Asie. Il accable sous _ses sarcas~es les ava~es, les ·arrivist~s,_les financiers. Il a, pour toutes les occupations .qui font vivre la grande-majori~é des a.~tres chevaliers, le .mépris d'un ··aristocrateprofondément .attaché à sa· terre13 • L'image du landlordqui . (10) Cie., De Orat. 2, 284 : s·ed ex his omnibus nihil magis

· r.idetur quam quod est p,:aeterexpeèlationem... ut Appii maioris · illius qui in senatu quom·agereturde agris publicis et de lege,Thoria et premereturLucilius ab iis qui a pecoreeius depasciagros·publicos dicerent,·' Non est, inqtûlrLuc(lii pecus illud, erratis' -. defendere Lucifium uidebalur - 'ego li~erurriputo esse, qua·libet pascitur '. (Il) Lucilius meurt à Naples où il possédait certainement des propriétés ; Havait dû s'y réfugier comme_beaucoup de Romains ..dont la santé était fragile, cf. 5, 1-3; H 79 ... Il parle de Capoue (3, 4; H 121), des chevaux campaniens (15, .5). Le voyage du livre 3 est. justifié par la visite qu'il effectue dans ses terres de Sicile. La· Sardaigne est citée dans 6, 21. .. (~_2)Les Satires évoquent le uilicus Aristocrates (.15, 1), le bubulcusSyrrimachust3, 6); Metrophanes,Lucili columella(22, 4), le tesorophylaxPacilius- .(22, 5 ). (i3) '.Dans les Satires abondent les portraits d'hommes qui veulent la: richesse et .le pouvoir (27, 15-17), qui -passent leur vie - ·à compter (29, 25-31) ; les portraits de captateurs d'héritages (Il, 9), d'avares (26, 3_9),d'accapareurs (H 38), de commerçants (H 39)... Lucilius ne veut pas se commettre avec les ·pervers : il refuse d'être publicain en Asie (26, 33). JI ne fréquente pas les gibfors de potence (26, 34). Il ne veut pas gérer une comptabilité (26, 36-37). Il sait que l'or est corrupteur (nequarriaurum est H 37). '

I

,



'

-INTRûDUCTI9N

11

parcourt ses domaines dépeint assez bien . ce· grand ~eigneur qui n'hésite pas· à .entrepre11drele voyage de la Sicile ou de .la Sardaigne-parce ·que son bouvier est malade,. qui s'intéresse aux races· de ·moutons, aux tr·avaux des champs et qui, au besoin,·glisse dans là conversation q~elques tournure~ osques, ou· grecques qui on:t:cours dans ses propriétés14• . /

Un conservateur et un provincial : Lucilius. est· un possédant. Il parle de ses exploita~ 12; il est -fier de l'important tions1\ de ses fer:riliers cheptel qu'il a acquis10 -; il décrit les chevaux en·connais·seur15; il sait évaluer une récolte de blé ou de vin16 ; il ·vante les productions ma_ràîchères.Sans aucun doute, le poète s'appar~nte à ces nobles..qui, désireux -de_gérer leur exploitation agricole co_inmeun placement ·sûr· et honorable, s'adonnent- à la polyculture, mais commencent à accorder une place importante à l'élevage depuis la fin cles.guerres__ ·puniques. Caton n'agit ·pas autrement 17 • Dans le De·.Agricultura,il_reêômm·ande {14).Cf. osque pipas (H 117), sollo ÇH 47); sarde .m11simo

(6, 22) ; ombrien ·gumiae·(30, 80)... _ (15) Cf. 4, 8 ;· 8, 14; 14, 15; 15, 2-5; H 144... Lucilius _p'arle des mouflons dans 6, 22 et_des moutons dans H 148.. (16) Cf. 28, 1. . (17) Cf. Caton·,Agr. 1, 7 ·: ... uinea est prima, uel·si uino multo

est, secundo loco hortus irriguus, tertio salictum, quarto oletum, quinto pralum, sexto campus frumentar[us,_ septimo silua -caedua,. octauoarbustum, nono glandaria silua; Les ·prés n~apparaissent qu'en cinquième position. Pourtant le même auteur conseille d'établir le maximum de prés secs ou irrigués,cf. Agr. 1,9 :-Prata irrigua, si aquam habebis, id_potissimum facito. Si aquam non habebis, sicca quam -plurimumfacito: _hoc est praedium ·quodubi uis expedit facere. Les deux affirmations ne sont pas contràdictoires. La vigne, les cultures maraîchères, le saule, . l'olivier rapportent beaucoup, mais, à· des titres divers, exigent. _des investissements importants en ce qui concerne le personnel,-le stockage, l'arros~ge, ou _encoreune immobilisation·excessive des terrains, lorsque la culture est entreprise sans un:examen attentif des conditions de rentabilité. Les prés n'ont pas cet inconvénient : ils sont toujours rentabJes. Cf,.Pline, N. H: 18, 29-30: ...idemque

'12

INTRODUCTION .... .

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1

:avant tout l'achat _d'une vigne, d·'un jardin 1rr1gué, d-'uneoliveraie,d'une saulaie ; parallèlement, il considère l'élevage comme·.une activité essentielle et, faute dè prés irrigués, rappelle_ qu'il convient. -de :multiplier les prés secs. Dans ces conditi9ns,il n'est pas surprenant ·que Lucilius ait voulu utiliser·~u maximum les_pacages qu'offrait l' agerpublicus.·comme il n'aimait pas payer les dîmes, il devait profiter largement du droit de vaine· pâture. Il commit,- sans doute, de nombreux· abus, puisqu'une plainte fut" déposée -devant . le Sénat. Le po~te refuse que le moindre changement soit apporté à, cèt état de _choses.Les orateurs du parti populaire apparaissent, à travers les Satires, comme des voleurs, des jaloux, des déhanchés, des comédiens18 • La noblesse libérale n'est pas épargnée : Q. Caecilius Macedonicus est.-· ridiculisé -avec ses lois sur ·le mariage19 · ; son fils, 20 , ·c.·CaeciliusMacedonicusCaprariusn'est qu_'un._paysan indigne de la préture qui lui est ·confiée. C_.Papirius Carbo, le fidèle_soutien des Gracques, est un s~crilège21• Lucilius n'accepte pas l'idée d'une réforme agraire. . _pourtant, il ne s'identifie pas. avec· les -sénate1:1rs réactionnaires. Il ne veut pas être -as.similéà_Opimius, le destructeur· de RrégeJ}es,le persécuteur -de Caius --Gracchus, l'intrigant qui toucha l'argent deJugurtha 22•· Il ~ésapprouve les . lois qui re~ir~nt la ·citoyenneté .

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.

Calointerrogatusquis essetceriis.çimusqùaestus~respondit: 'Si bene · pascas ' ; qui proximus .·:' Si sat bene'. Summa omnium in hoc spectandofuit ut fructus is maxime probaretur qui quam minimo impe.ndioconstaturus essel. -Cf. Cie., Off. 2, 89 ; Varron, Bust. 1, 7, 10.-:.. (18) Cf. 6, 17 : Nequitia occupaihoc, petulantia prodigitasque; cf. 6, 18-20. (19) Cf! 26~ 46 : ducunt uxores, producunt, quibus liaecfaciant .liberos~Cf. 26, 42; -29, 40. (20) 5, 24 : ne ·designati rostrum praetoris pedesque spectes;

H 86 :. ·cecilius pretor ne ruslicus fiat. (21) H 44 : Tubulus si Lucius umquam / si Lupus aut Garbo aut Neptuni fi,lius. ,(22) 11, 10 : Quintus Opimius ille, Jugurthini pater _huiu~/ et

formo_s~shomo -fuit -et f amosus, utrumque / primo adulescens, poslerius dare se rectius.

INTRODUC.T:ION 1

13

romaine· à tous· les pérégrins23 • .Il .n'admet pas les rµalversations et les injustices dont l,es Alliés sont les victimes24• Il souhaite. que les relations entre Rome et les· Italiens soient empreintes d'un peu 'd'humanité .. Il qéplore l'as_s(\ssinatde Tibérius Gracchus25 • :Lucilius , est profondément: différent de la noblesse romaine· ·: c'est ..que, lui-même; n··n'est· pas né à Rome·,.·mais·:à. Suessa Aurunca26 , · petite bourgade de Campanie située au pied des monts Auronques ; les ·Satires·le présentent· toujours· dans un cadre provincial. Quand il parle de _laVille, c'est .pour dénoncer les intrigues du forum, ,la foule des flatteurs_,la malhonnêteté des parasites27 • Quand il meurt, la cité de-Napl,esorganise des..funérailles publiques~ ·Cela.ne· signifie pas .qu'il ~ oublié.son nom et sa race, ·mais ..que, prenant Scipion ·Émilien.pour modèle, il. savait ·concilier la'· défense de ses intérêts· de grand propriétaire et la .défense de~ Alliés que les lois _agrairesri~·quaientde léser autant que. lui. Sur ce point, le poète est _beaucoupplus··libéral que l~s Gracques eux-mêmes;.qui faisaie.nt payer· aux Italiens le prix de leur réforme.

Un philosophe et un hommed'action: . Lucilius vit avec plaisir au milieu des étrangers. · Après les guerres puniques, après· les luttes ·contre la l\facédoine, après la co:pquêtede l'Orient_,,il appartient à une génération qui n'a plus envers.la Grèceles préjugés (23) 30,.99 : accipiunt legespopulus quibus.legibus exlex·. (24) 30, 98 : quanti uos facianl, socii, cum parcerepossint! · (25) 27, 9 : prof erat / ergo iam. nunc ueslerordosceleraquae in se admiserit; 27, 10 : nullo honore,heredisfietu nullo, nullo fuTJ,ere. (26) Iuu. 1, 19 sq. : Cur· tamen hoc potius libeat decurrere campo / per quem magnus equos Auruncae µexit alumnus / si. uacat ac placidi rationemadmittilis, edam. Le scholiaste précise : . Lucilîum dicit. Cf. Ausone;Epist. ad Tetr. 11, 9, p. 273 P. : Rudes Camenasqui Suessae praeuenis aeuoqueceais·rion stUo. (27) H 41 : iactareindu foro·se omnes,·decederenusquam.! uni

.i;eatque eidem studio omnes deder·eet arli J uerba dare ut caute possint, pugnare dolose/ blanditia certare,bonum simulare·uirum se, / insidias face~e_utsi hastessinl omni'busomnes.Cf. 4, 5 ; H 82 ...

14

JNTRODUè'TION ..

du dominateur. ·contrai~eme;nt_·ala ·plupart des tenants du mos maiorum, toujours marqués par l'idéologie.qui inspirait _CatonaQ début du .seco·ndsiècle, il approuve ··tous· les ·eff9rts qui sont effectués·pour. faire conn~ître· la pens~ehellénique. Peut-être fit-il le voyage d'Athènes; en t_out·cas, il cite Carnéade, transmet lé plùs · ancien témoignag~·sur les ..théories d'Épicùre, parle des chefs ·d'école ·qui se sont succêdé pour· diriger ·l'Académie, Xénoèrate, Palémon, Cratès ; ·.Cicéron. rapporte · que -Clitomaque lui déqia l'un · de ses· ouvrages28 • · Il fut surtout l'ami ·de Lélius, .de Panétius et de tc;,utle groupe qui fréquentait chez Scipion Émilien. Leur badinage souriant, tel qu'Horace et· Cicéron l'orit dépeint29 , ne: suppose ·pas seulement l'amitié sincère de quelques ~itoyèns aisés qui renoncent au proto~ole·;.il est aussi engagement philosophique. De. fait, .Lucilius· a été profpndément marqu·é.· par le stoïcisme · : da.ns ·son 93uvre,la ùirtus3 ~, qui n'était à l'origine.que la virilité dans l.'action, devient élan versla .moralité ; la•célèbré définiti9n qu'il en propose31 préfigure celle qµe donn.e le De Officiis.-'Par sa vie, ·par·ses relations, par ses ·sympathies intellectuelles, le poète illustre les·premières tentatives pqur, a_cclir;nater à Rome la pensée étrangère, (2$.) Cie., Ac. 2, 102 : Explicaui pa_uloa·nteClitomachoa~ctore, quomodo ista Carneàdes diceret; àccipe · quemadmodum eadem

dicantur a··Clitomacho in eo libro quem ad C. ,Lucilium scripsit poètam, cum scripsisset iisdem de ·rebusad L. Ce,:zsorium, eum qui consùl cum ·M:-Manilio fuit. Plusieurs phHosophes sont évoqués dans les. Satires : Xénocrate (~8, 13), Polémon qui lui succéda à la tête de l'Académie et qui transmit la place à Cratès (28, 14). Le système épicurien est -cit~ dans 28; 15.. : eidolaatque atomus uincere Epicuri uolam et dàns 26, 53. Carnéade est nommé dans 1, 17: . (29) · Hor.,- Sat 2, 'l, 71. !}uin ubi se a uulgo el scaenain secreia remorant/ uirtus Scipiadae et mitis sapieniia Laeli, / nugari cum illo ef discincti ludere, donec / decoquerelurolus soliti. Acron commente: Scipio A'tricanus fertur intra _domum·tam ciuilis fuisse .et carus Lucilio ut qu~dam lemp·oreLaelius circa lectostriclinii fugienti -~uperuenerit,cum eum Lucilius obtorta mappa quasi feritur7:1-s sequeretur..Cf. Cie.·,.De Oral. 2, 2-2. (30) · et P. Grimal, Le Sièçle.des Scipions, p. 160 sq. (31) H 23 ..

.•

, 15,

INTRODUCTION

nt pour l'adapter à une idéologie·qui ·serve ~a notion

(pf~tat.

,,

..

.

Il n'est pas ··pour autant un ·homin'e de cabinet. S'il a renoncé ·au cursus honorum auquel la ·puissance de sa famille semblait le prédestine~, ce n'est pas .pour t:10convertir à une inélaphysiqueq~i l'éloigne de la vie. 11ne veut pas,· comme Albucius, abandonner les coutu.;. rnes de son pays, se réfugier à Athènes pour finir son existence à disserter. dans _les palestres32• Toutes les activités ·sociales. trouvent. place dans- _son œuvre·;. \_ il prend parti quand il est questi9n· de ·voter les. lois Hur le mariage obligatoire, quand on envoie ·les publicains-enAsie33 , quand Lupus est nommé princeps 34 ... Ii est auprès de Scipion Émîlien lo_r$que :~enatus celui-ci. entreprend · la campagne de' ..Numance ;-·il· y servit dans la· cavalerie35 , de 134·à 133. Il re~te toujo~rs un témoiri.passionné des événements.-·En un · certain sens,toute-son œuvre est un acte de·fidélitéau vainqueur de Carthage : il évoque sa mort 3 ~ qui survient au milieu de désordres,que seul il aurait su réprimer; il évoque Bonlibéralisme envers les· Italiens 37 _; il évoque le rôle déterminant· qu'il a joué· dans les débuts du jeune poète38 • Sc.ipion Émilien et ses a:mis-appa_raissent jusque dans les-derniers livres des Satires comme ·les . modèles à imiter~ Il n' ~n est que plus surprenant de constater· que les

poèmes_ont·é-tépresque toujours_écrits,.~t vraisemblablement tous publiés, après la mort du Héros. Celui-_c_i, qui avait regroùpé, _autourde ses positions, toute une partie de l'opinion publique, laissà un vide immense . .

(32) (33) (34) (35)

2, 19. 26, 32. 1, 33; 28, 29 ; H ·44. Vell. 2,. 9, 3 : ... celebreet Lucili nom~nfuit qui sub.

P. Africano Numantino belloequesmililauerat. (-36)30, 8 : insperatoabiit quem una angina sustulit hora. (37) 30, 101·: quodqueadeofuerint qui te tefnseresuperbum. (38) 30, 6 : producunt me ad te, tibi me haec ostenderecogiznt; 30, 7 : neminis ingenio tantum confidereoportet. · ·

16

·tNTRODUCTION

lorsqu'il disparut 39 ~ Tant que· le- grand homme était · . en vie, Lucilius composait peu, ·mais agissait .à ·ses côtés ; après sa .mort,' les poèmes sont l'es.substituts de l'action directe. La situation. politique et_ sociale a ·été brusquement changée par .cet accident.. Les Alliés sont de plus en plus bafoués et quélques explosions de ·colèresont déjà, dans. les provinces, la préfigu~ation de. ce que· seront les. guerres .sociales. Pris· entre la nob]esse romaine· d'un côté. et les Italiens. d'un autre côté, Lucilius est condamné à un isolement grandissant. Après· la mort de .Scipion, le poète n'est plus assez puissant .pour agir s:ur les événem~nt~; · ses œuvres sont _les protestations ·d'un. homme seul, qui voit son influence politique annulée, et qui s'enferme de-plus en plus d.ans son individuaiisme. Fidèle à l'idéal que -représentait Scipion, . il exprime dans ses Satires ce qu'il ne peut plus réaliser concrètement S'il n'a pas 1~puissanc'e qui permet de changer le monde, il a, tout du moins, assez d'argent pour être indépendant:· il poss~de un nom assez illustre pour échapper à la vengeance de ceux qu'il dénonce. Pour la ·prenlière fois, apparaît à Rome une littérature politique, au sens propre du terme. · · '

.

·,

tes grandesdatesdela vie de Lticilius: 180 Gaius Lucilius, fils d'un chevalier romain naît à · ·.Suessa Aurunca. . . 162 Demetrius, le fils du roi Antiochus, qui était gardé ..en otage à Rome, s'enfuit avec l'aide de Polybe. Lucpius achète sa maison quelques an•nées.plus tard. (39) Cie., Rep. I, 31 : Quid enim... nepos... non quaerit, cur·in

una re publica duo senatus et duo paene iam populi sint? Nam, lit uidetis, mors Ti. Gracchi·et iam ante tola illius ratio ti'ibunatus, diuisit populum ijnum in duas parti_s,oblrectatoresautem et inuidi Scipionis, initiis factis a P. Crasso et App. Claudio tenent nihilo minus illis morluis sena~us alteram partem dissidentem a uobis aucloreMetello et P. Mucio.

'

.

17

i'NTRODUCTION

155 Carnéade, Critolaus, Diogène.viennent à Rome··en ambassade. Clitomaque s'att~rde dans· l~ ville. En cette occasio~, ou bien lqrs d'un voyage à· ,· Athènes ( ?), Lucilius devint so_nami. · 134 Lucilius part pour Numance dans l'armée de Scipion Émilien, où il sert dans la. cavalerie. ;' . 133 Retour à Rome après la victoire. ,, 131 C. Caecilius Metellus Macedonicus est censeur·; il propose la loi sür le mariage obligatoire des célibataires. Lucius Cornelius.·Lentulus Lupus remplace Appius Claüdius Pulcher, mort après quelques moi~ de f onctio~s. · , 129 (Avril) mort .de Scipi9n Émilien. 128-li5 Mort de L. Le~tulus Lupus. 126 Loi du.tribun Pennus·sur l'expulsion ·des .pérégrins. , 124 Caïus Gracchus revient (le Sardaigne ;· abrogation de la loi de Pennus. · 122 C. Fannius expulse les. pérégrins. 121 Mort qe Çaius Gracchus. . 119 Procès d'Albucius contre Q. Muci.usScaevola. 117~116C. CaeciliusMetellus Caprarius est élu préteur~114-111 Lors de discussionsà propo.s_dela Loi ,Thoria, Lucilius est accusé de laisser paître ses troupeaux sur l' ager publicus. 110 L. Opimius, condamné pour concussion, est obligé. de s'exiler, parce qu'il avait touché de l'argent de Jugurtha. · ·Mortde Clitomaque. "' 107 Repas offert par Granius à L. Licinius Crassus et au.poète. . 102 ou 101 Lucilius meurt à Naples~ '

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LES SATIRES ·

L'univers des Satiresbannit les fictionsmythologiques qui constituent le· thème inépuisable de la tragédie ·et de l'épopée.. Sous les regards du poète, Alcmène et. Hélène~· malgré leùr illustre naissance, 4eviennent cagneµses, prennent_de -l'embonpoint, se couvrent de verrues, ont la bouche·trop fendue ou une dent trop longue1• Antiope est tellement sale que ·son ·amant ne· la désire plus èt que ses ennemis·lui ·pardonnent 2 • - Télèphe a besoin d'un bon bain3 et Thyeste d'un sédatif puissant pour calmer sa colère4• La perfection.n'existe pas. Le-règne--deshéros est terminé. A leurs .défauts physiques, s'ajoute ·1eurdébilité mentale. Leurs· diâlo~ 5• gues reposent sur de. puériles dissertations d_'école Décidé à se·suicider·~un personnage discute longùement sur les avantages et inconvénients de difiérerites formes de trépas 6• Avec démence, Mérope reproche au roi _.,Polypho~te_d'avoir jugé un ·projet de me1:1rtre sur l'intention, et non pas sur la réalisation7• Recherche ._des situatiqns extraordinaires8 , · · de l'inhabi~uel, du ~erveilleux, spectacle de dragons ailés èt emplumés; de souverains illustres qui décident du sort. de l'univers dans une langue tellement affectéequ'elle en est ridicule, · · toüt condamne les uelereslabulae9 ~ (1) 17,, 2.

{2) 26, (3) 26, '(4) 29, ,(5) 26,

I.

.,..

19. 20. 8. 7. · (6). 26/ 22 . (7) H 22 . .(8) 26,6-S. · (9) 26, 23.

LES SATIRES

Profondément di~érente de ·celles qui l'ont-:précédée, lu génération de Lucilius refuse· de--transcender ··son idliulpolitique et moral dans la destinée d'êtres d'exce_p-:: 18 ; tion. L'enflure tragique est morte.-Homère est iîi.éga-1 Pucuvius endort 11 -; Ennius déraisonne souvent12 ;_A_ccius_ tH-'L grandiloquent13 • La· Grande· Poésie_qui s'abreuve nnx. sources des. Camènes14, qui. révèle -les-secrets. de l'uvenir15 , qui chante les exploits guerriers· d'hommes illustres, doit céder·la place au poème-plus court, plus direet, semblable aux œuvres des Alexandrins.· Il e_st inutile de se vanter parce qu'on a peint un sujet merveilloux, avec un style très brillant 16 • L'amplification, l'outrance, la démesure ont perdu leur signification porce que les dieux sont-mc;>rts ...Le poète vit dans 1.1n inonde où l'on aperçoit san~ terreur un arbre frappé pnr la foudre17 , où les cultes institués pa·r Faunus- ou · Numa passent pour des épouvantails capables d'effrayer· Hin1plement des enfants18 • L'Oiympe_ -n'est qu'u~~~nlerie de tableaux : les assemblées célestes /révèle~tcles jalousies indignes du decorumqui conviendrait ._à (10) 9, 3. Homère est également eritiq\lé pour l'invraisemblance de ses fictions po~tiques dans 15, 18. Cela n'empêc~e p~s Lucil\us do l'admirer et de le citer abondamment, A 2 : H 188 ; E 31 : U, 18; 8 317 : 1, 22; 'l' 443 : 6, 2 ; 8 607 : H 134; e 322-: H 129; L 190: 15, 18; 17, 2; À 266: 7, 2; À 491.:_l.5, 12.· . ( 11) 29, 3 : tristis conlorlo ·aliquoex Pacuuianoexordio.Le poète csL vraisemblablèment parodié dans 26, 1 ; 26, 28 .et 29, 4. (12) Ennius est imité ou parodié dans 1, 3; 1, 18·; 5, 22 j J.3, 5; 15, 5; 17, 1 ; 20, 6; 29, 7-:S; SN 12; 30, 1 ; 30, 21 ; 30, 28 j ao,36; 30, 38; 30, 57; 30, 60; 30, 62; H 18; H 19; H ·41 j_ H 56 ; H 69 ; H 130. . {13) Accius est raillé à plusieurs reprises. Porphyrion (Ad Hor. ,Sat. 1, 10, 53)· indique que les livres 3, 9 et 10 des Satires renfer- maient nombre de moqueries. Ailleurs (28, 41), Lucilius parle de Pimmense statue que l'auteur tragique avait fàit déposer,dans Je temple des Camènes. D'autres allusions sont ·décelàbles (cf. livre 9). · · ( 14) 20, 1. (15) 30, 2. (16) 10, 2. (17) 26, 22.

(18) 15,.18etl9.·

20

INTRODUCTION '

la majesté des participants19• Apollon n'est qu'un dànseur, bellâtre et pleurnicheur. Neptune aur~it besoin des hommes, notamment de Carnéade,, pour comprendre les probl~mes qui lui sont posés. Seul, Romulus paraît un peu raisonnable et ~chappe au ridicule. .Dans un univers. laïcisé, c'est. en efiet· Rome qui - prend la suite des Dieux. La cité ignore la honte de -la défaite; ellen'a jamais été vaincue pendant une guerre20 • Les-nouveaux héros sont Scipion Émilien21, Caelius, C. Sempronius ·ruditanus 22, Laelius... Il n'est ·pas q'1estion de leur dresser des autels ou de leur rendre ùn culte. Ils se contenteront de quelques vers23 • Ils n'échappent pas à la critique : Émilien pronoµce mal 24 et c~erche à se distinguer du commun. Persius est trop savant26 • Tel autre est un ami peu attentif26 ••• Si la Ville.remplaceles Dieux, ce.n'est pas pour que l'œuvre soit la projection du patriotisme, et l'illustration de quelques destins hors de pair. Lucilius n'écrit pas l'Ênéide. Il ne .recompose pas !'Histoire. II. ne repense pas la _suitedes événementsdans leur Devenirgrandiose. · Un tel projet ne serait pas ·àla mesure de son génie21 : il.passerait pour un illettré, ou un novice. Il ne substitue pas une mythologie à une autre. S'il s'intéresse à Rome, c'es~p~ur s~isir, dans sa réali~éconcrète et jour~alière1 1 \ la s1gi;nficat19n profonde de ·l'engagement du citoyen. La Morale politique prend la ·suite de·la fiction mythologique.; la satire succède à la Trag~die et à l'Épopée ; le monde contemporain prend la relève des ueleres fabulae. · (19) Livre 1; Apollon est ,dé.critdans les fragments 16 et 19; Neptune 17 ·et 21 ; Romulus prononce le fragn1ent18.. (20) 26, 24. (21) 26~ 26. '(22) 30, 9. (23) 30, 14. (24) SP 2. (25) 26, 17. (26) 5, 1. (27) 26, 29.

LES SATIRES

Le poème est le reflet de la vie, species uitae28• Il ..u1ontre le cocher qui· reti~nt ses chevaux29, l'oiseleur qui prend une bête30 , le sénateur qui exprime son vote on marchant31, le moussequi so~dela mer32, le grainetier· uvocsa mesure et sa raclette 33 .••• Tous les métiers ont leur place dans l'ouvrage. Toutes ·les activités sont décrites, la femme·avec·sa laine, ses lampes34 , le soldat qui combat· sous le mantelet3 5, le régisseur·dans son domaine36 , la. prostituée37 , les·mignons38 :.·. La satire ne fi'interdit aucune évocation39 • Elle nomme toutes les nctions ; rien n'est indécent. Les ·coupless'enlacent40 ; les vieillards décharnés laissent entr~voir leur anato1nie~11; les prostituées s'évertuent42 ;. un n:i.aritrompé HO châtre43 ·; une femme impudique fait des rêves 1nalsains44 • L'univers de Luciliusgrouillede la vie intense. que communique ce réalisme sans .contrainte : les Snliens reprennent les mouvements de danse de leur chef de chœur45 ; les gladiateurs se provoquent avan.t· lo combat46 ; la n1er se déchaîne47 ; le débauché fait le tour des tavernes48 ·; le léno jette le chassis de la fenêtre· ,

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i

(28) (29) (30) (31) (32) (33) (34) (35) (36) (37) (38) (39)

30, 33. H 98. H 104. H 103. H 109. 9, 24. , 26, 49. H 102 ;· SP 16. 22, 4. 7, 3-5. 7, 6-7. . . Cie., Fam. 9, 22, 1 : placetStoicissuo quamquerem nomine·.

appellare;sic enim disseruntnihil esse obscenum,nihil turpe.dictu. (40) 8, 2-3. (41) 9, 26. (42) 7, 13; 9,. 8. (43) 7, 11. (44) H 72 sq. (45) 9, 22. {46) 4, 1-2. {47} H 140-1. (48) 30, 72.

22

,INTRODUCTION .

.

sur le groupe qui tenttfde L_esesclaves. s'interpellent 50 ; les citoyens se salue'nt, se blâment, se fâchent, së réconcilient51 ; le ·poète s'adresse au lecteur62, imagine des· interlocuteurs -ou des adver... saïtes. .Les Salir sont une confrontation. La femme riche court -les banquets de confrérie, installe une domesticité nombreuse, tient tête à son .mari, vole, gaspille, exige des cadeaux et des_dons de toute sorte, ne songe qu'à tromper 53 • La femme-servante travaille à.sa toile, devient garde-malade, participe à la dépens~ et; en compensation, reçoit des ·coups54 • Le préteur Caprariûs est un sot bien comparable à tous les hommes politiques du parti populaire55 •. ·Le consul Opimius 56 • L'amant- se ___ .est un arriviste malfaisant et imrrtora:1 laisse asservir par la belle qui lui dévore son.patrimoine, se ridiculise 'dèvant ses esclaves, perd tout-jugement57• Soc_rateaime tou$ les garçons sans les dis~inguer dans s_onaffection58 • _ D'un côté, l'avare se contente d'une . nourriture. détestable 59• De l'autre - côté, les viveurs dépensent des fortunes pour se procurer des huîtr~s .-.ou des -esturgeons, des _volailleshie~ grasses, des plats extraordinaires 60 • Certains sacrifient tout -pour avoir la riches·se·et les honneurs61• Ils se font publicains62, -forcersa_porte49 .'

es

(49) 29, _54. {50) 29, 53 sq .

. -(51)·Cf. entre autres, les invectives d' Albucius et de· Scévola. (5~) Cf. dédicace du livre 5 ; les appels à- la sagesse, les «débats_>► avec l'interlocuteur du livre 26, les discussio~savec le Lecteur récalcitrant du livre 30. (53) -30,73-97';le thème se rencontre encoredans les livres 7, 2~

et 29.

--

(54) 27, 29. , {55) 5, 24; H 86.

(56)°'11, 10. (57) 27, 23-28. (58) 29, 66. (59) 26, 37.

(60) 9, 5 ; 13, 3; H 30 ; 28, 37 ; 2, 8 ... (61) 27, 15. (62) 26, 31.

23

LES SATIR·Es ,

fréquentent des fripons63 , s'introduisent_ auprès des puissants64; pas.sentleur vie-.à les flatter 65: Depuis la vieille prostituée aux dents pointues6 ~, jusqu'au personnage de rang consulaire comme Lucius Cotta67 , toutè la s9ciété risque d'être contaminée·par l'avidité et par l'ambition68• La morale suppose toujours l'élimination des solu~ tions extrêmes. Le sage refuse la ladrerie -de.l'avare et les raffinements des débauchés ; comme Lélius, il se contente d'une nourriture saine et végétarienne69 • Il n'accepte pas l'asservissement de la vie de ménage70 , mais il ne compare ·pasnon plus ses migrionsà Hyacin-.. thos71 et il essaie de prôner une a-ffection qui exclue l'égarement72• Il réprouve )es manœuvres des populares, mais il ne souhaite pas non plus le triomphe coqiplet. des réactionnaires et- il dénonce les crimes commis par les S~nateurs73• Il condamne ce~x qui o'.ublient.complè~ tement la ·langue et la culture latines .,,pourse mett~e, ainsi qu'Albucius, à l'école des É_picuriens; mais il n'admet pas non plus que la pensée grecque- soit méconnue. Il -n'écrit pas pour les indoclissimi,~ais 74•. Il blâme il n'écrit pasnon plus pour les doctissimi les prodigues qui d~vorent le capital amassé par plusieurs générations afin de satisfaire m·omentanéme.nt leurs appétits, mais il blâme aussi ceux qui manquent de générosité envers leurs amis·75• Il critique ceux qui ne recherchent que les jouissances·matérielles76 , mais .

(63) 26, 34. (64) 27, 11. (65) 29, 25. (66) 30, 80. (67) 11, 9. (68) H 36. {69) ·H 30. (70) 30, 96-97. (71) 7, 10.

(72) 29, 21-22. (73) 27, 9. . (74) 26, 17. {76) 26, 69. (76) H 52.

'

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24

,

INTRODUCTION

il critique également ce~x _quj perdent leur temps à disserte~ sur -l_e_s problèmes métaphysiques, et qui se demandent gravement quelle est l' ép(?qtie créatrice de l'éther et de la terre 77_. La vertu est équilibre.· L'homme Ile peut pas tout se permettre 78 ~ L·e pudor est l'antidote- de la licence 79 • Trop est équivalent de pas assez 80 • La passion s'identifie à la déraison; elle a pour synonyme insaniaou slultilia81• , Quand celle-ci s'est installée au cœur de l'homme, les -remèdes sont souvent inefficaces 82• En. disciple -de . Panétius, Lucilius m()ntre que tout ce qui disparaît avec l_etemps, tout ce qui subit le changement, tout ce qui_est mortel.ne peut pa~ servir à -constituer le ~ondement d'une éthique. La -vertu est une science 83 : ~Ile consiste à connaître la valeur de · chaque chose, à apprécier ce qui est juste, c'est-à-dire utile, c'est-à-dire honnête. Ellé fixe une mesure -au gain, à l'ambition. · Elle est essentiellement la- Raison. Celui qui s'en remet à elle rester~ fidèle à son, enseignement pendant sa vie entière. L'homme ·de bien se distingue par sa constantia84~ .La· pensée vraie 85 · est définitivement fixée dans ~on-cœur; il échappe aux tempêtes -des désirs;· il est l'ennemi des pervers; il fréquente ses semblables et entreprend avec eux de préciser sans cesse la nature du Bien. Tous les domaines de l'activité humaine sont soumis à-·leur analyse, les, mœurs comme_la politique. " L' œuvre doit sa cohérence à un système philosophique~ · La·-satire met en pratique les principes du stoïcisme. Elle ne s'adresse p~s à la foule qui se laisse influencer / par toutes l_esavidités et les pressions les plus déraisonnables. Elle ne flatte pas la multitude 86 • Au besoin, ·

I

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(77) (78) (79) (80)

(81) (82) (83) (84)

l,' 1. 5, 26. 30, 67-68. 5, 14 ; 27, 41.

29, 1-2; 29, 12; 19, 9; -I, 19. Cf. entre autres 27, 31-45; 29, 14-24. H 23. 27, 42-45. (85) Vera sententia,cf. 5, 2 et SN 1. (86) 14, 6.

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LES ·SATIRES

25

HIiese satisfait d'un~ poignée de lecteurs, voire· même du petit' groupe d'amis proche_de Scipion Émilien87 qui conseillel'auteur,. les pauci et·sapienlesqui sont évoqués dans le liv're 14. Celui qui commence à lire, laisserll de côté toutes ses préventions. La règle du jeu veut qu'il soit interdit de se mettre en colère88 • Le poète n'est ni un furieux qui prend plaisir à déchirer ses Hexnblablespar d'affreuses médisances89 , ni un misanthrope qui se déchaîne9°, ni ·une victime· qui s'offre uvec délice à la colère du public 91, ni un indiscret qui cpie les démarches et les -actions d'autrui 92• Il est· Himplement celui qui connaît, toutes les taches et toutes les turpitudes de ses semblables93• Il est un ami_ qui essaie de dévoiler les défauts, q~i s'-adres·se·àl'âme 94 , qui veut protéger 95 et dont la générosité devrait -appeler ln sympathie. Les compagnons· de beuvertes et de débauches sont innombrables96 • Lucilius est celui qui uccepte à lui seul de braver l'opinion populaire pour indiquer à partir d'exemples concrets comment s'opère une conversion vers le Bien. La satire est prédication : elle précise co~ment se comporter envers les femmes·,envers l'amour, envers la politique, envers la nourriture... Toutefois prédication n'implique pas sermon. Tout procède par le dialogue, les interpellations, 1~_ conversati~n. Pour désigner l'ouvrage, l'auteur emploie les mots sermo, ·iocus, ludus97 • Le- poème est entrecoupé d'anecdotes, de souvenirs, de fables, de contes ;·-il ·passe allègrement d'un thème à l'autre, de la parodie à. l'indignation, (87) (88) (89) (90) (91) (92) (93) (94) (95)

14, 7; 26, 76. 30, 20; 30, 22; 30, 30. 30, 23. 30, 24. 30, 17. 30, 32. 27, 11. . 26, 75. (96) 26, 69. (97) · 30, 18 ; 30, 22 ; 30, 38 ; 30,

8_5.

26

INTRODUCTION

.de, la méditation à la plaisa:g.terie.La satire est· ~uvred'hum~_ur~"B, et non pas œuvre d'école. Elle se rit des impératifs .qu'Accius,président ·du-Collegium-Poetarum, avait imposés à la création littéraire. Elle est en marge des règles. Elle est pure spontanéité. La noblesse de ses visées explique qu' ellè emprunte l'hexamètre, qui .caractérise ·l'épopée ·-et la grande poésie : la réforme morale mérite bien le même vers. que les mésaventures .d'Ulysse. La simplicité du ton justifie que Luciliu·sait désarticulé l'hexamètre pour le rapprocher 'de la conversation courante. Il-n'est pas rare de· trouver des mono.syllabes en fin de vers, des spondées au cinquième pied, des allongements ou .des .abrègements· inhabituels. Les c°'upes sont souvent en désaccord avec la syntaxe ; les mots sont heurtés. L'étude du fragment sur la vertu 99 montre que Lucilius recherche essentiellement la force et l'expressivité. ·Luciliusdonne sa forme définitive au genre de la satire. Quelle que. soit· l'origine du terme (le mot étrusque .safr · ), les satyres qui . apparaissaient dans les · chœurs dramatiques, les plateaux de· prémices·· _·offertsà Cérès, la·pâtiss·erie fourrée...)100 , c'est Ennius {98) '26, 22 . .(99) H 23. (iOO) Les Ancîens fournissent plusieurs étymologies :

'!

· ~ .SATVRA viendrait. de l'expression lex saturà, la loi qui reprend des projets différents que l'on soumet.au sénat dans une procédure de vote bloqué. Cf. Fest. 314 : Satura et cibi génus... et lex niultis aliis legibus conferta. ]taque in sanctione legum adscr'ibitur' neue per saluram al)rogatoaut derogalo'. lsid., Ori(J.5, 16 : Satura uero lex quae de pluribus simul eloquitur,dicta a copia rerum et quasi a saturitate un.deel satyras scribere e~t po.emata uaria condere ut Horalii, luuenalis et Persii. Paul.· Fest. 315 : Sàtura et cibi genus dicitur ex uariis rebus,conditum et lex multis aliis conferta legibus et genµs carminis ubi de multis rebus disputatur. Diomède, G.L.K. I, 486, 10 : Alii autem dictain putant a lege satura quae uno rogatumulla simul comprehendatquod scilicet el satura carmine mulla simul poemala comprehendatur.•• ·- SATVRA serait le nom d'un plat- où se mêlent plusieurs aliments. Cf. Diomède, G.L.K. I, 485, 36 :.... siue satura a lance quae referta udriis multisque primitiis in sacro apud priscos diis inferebatùr et a copia et saturitale rei satura .uocabatur. Cuius

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LES· SATIRES

qui fixa le .genre à Rome..- Sur ---des thèmes et des sujets grèc~, en dehors de toute nécessité, le vieux poète avait bordé, selon· l'inspiration, ajoutant tout ce que lui dictait sa fantaisie.· On y trouvait des fables (L 'Aloueile el ses petits), le procédé de ·-l'r}.y@v· -qui introduisait un débat entre Vila et Mors,.des éléments empruntés à_ la comédie nouvelle... Le tout é~ait exprimé dans · des mètres -variés, sénaires iambiques; septénaires trochaïques, hexamètres dactyliques, ~ota-mais il a dées. Lucilius a gardé . la grande liberté· dutqn, . .

generis lancium et Vergillus in Georgicis-meminit, cum hoc modo

dicit (2, 194) 'lancibus et pandis fumantia reddimus exta '. Schot Hor., Sat. 1 : Pleriquesatyram-a lance quaeplena dil,lersis frugibus in templo Cereris.inf ertur nomen accepisse dicunl; nam et ea hoc nomine appellatur. Ergo et hoc carmenproptereasatyram nomina~· runt quia ita mullis et uariis_rebus refertum e.~tut audienles saturet. - SATVRA viendrait du nom des Satyres-qui apparaissaient dans· 1es chœurs dramatiques. Cf. Diomède, G.L.K. I, 485, 33 : Satura autem dicta siue a saluris quod sim~liter in hoc cr;irmine

ridiculae res pudendaequedicuntur, quae·uelut a saturis proferuntu'r et fl.unt. Isid., Orig. 8, 7, 7 : âut a satyris nomen dictum qui 1nulta habenlea quaeper uinolentiam dicuntur~ Evanthius, De Com., p. 16 W: et hinc deinde aliud g·enusfabulae id estsatyra sumpsit exordium; quae a satyris quos innocis semper ac petulan.tesdeos scimus esse,. uocilataest, etsi aliunde nomen praue putan"thabere. H aec satyrd · igilur eiusmodi fuit ut in ea quamuis duro et uelut agresti ioco de uitiis civium, tamen sine ullo proprii ·nominis Utulo carmen .esset Quodidem genus comoediaemultis offuit poetis, clim in suspicionem pofentibu.~-ciuium ueniss.entillorum factâ ·descripsisse in -peius ac deformasse- genus sti[o ·carminis. . Quod primas Lucilius nouo conscripsit modo, ut poesin inde fecisset, id est uni us carminis plurimos libros. - SATVRA ·:viendrait du nom . d'une pâtisserie fourrée ■Cf. Diomède, G.L.K~ 11 486, 7 : Siue a·quodam generefarciminis quodmultis rebus referlumsaturam dicit Varro uocitatum.Est _aulem hoc positum in secundo libro.Plautinarum quaèstionum'satura ést una passa et polenta et nuclei pini ·ex mulso comparsi; .ad haec alii addunt et de malo Punico grana. ·· - En ce qui concerne les origines étrusquès du mot SATVRA, cf. F. Muller, Zur. _Gesch.d. Romischen Satire, in Philologus.?8, 1923, p. 230 sq. . ·· La gloire de Lucilius est illustrée par Quintilien 1O,.1, 93. :.

Satur0: quidem iota nostra esl in qua primus insignem laudem adeptusLucilius._

28

INTRODUCTION '

simplifié et· puriné la forme ; il a surtout· assujetti l'ensemble à des perspectives philosophiques·et morales ·qui en ont complètement changé la signification. La satire. est la création cohérente et souvent militante du stoïcisme tel qu'on le vivait da_ns le cercle des Scipions_.Elle.traduit un effort de rigueur intellectuelle que les '-s:uccesseurs ·du poète ont- tenté ~-'imiter, mais sans y réussir, ou sans vouloir le poursuivre jusque , dans ses ultimes conséquences. · ·

LA

CHRONOLOGIE .DES SATIRES

Velleius Paterculus écrit (2, 9, 3) : Clara per idem· aeui spaliutn fuere·i~genia in logalisAfrani, in_tragoediis ·Pacuui atque Acci... · celebre el Lucili nomen fuit qui sub P. Africqno Numantino eques mililauerat. .Marx note que le ·plus-que-parfai~ semble impliquer que Lùcilius n'avait encore rien écrit et rien ·publié avant son retour de Numance en 133. · Pline écrit dans l'H isfoire N alurelle(36, 185) Romae scuiùlalum in louis· Capilolini aede primum faclum esl post lertium bellum Punicum· iniium, frequentata uero pauimenta. ante Cimbricum magna· gralia animorum indi_cioest Lucilianus ille uersus (2, 15) ' arle pauimento alque emblemale uermiculalo'. ·Ce fragment contient ie · plus ancien témoignage sur" l'opus musiuùm · et montre que ce type de mosaïque était· bien connu à Rome avant l'année 105, date de la campagne entreprise par Marius (Liu., Per. 67)~ Marx en conclut que tout· le volu~e où ~taîent_regroupés les livres 1-21 était publié avant cette date. L'argument n'est pas très solide car Pline faisait sans doute allµsion au livre 2 seulement qui, effectivement, a été composé longtemps avant· cette guerre. · · La Rhétorique à H érennius contient l'anecdote suivante : C. Caelius iudex absoluit iniuriarum eum qui . Lucilium poelam in scaena nominalim laeserat, P. Mucius eum qui L. Accium poelam riominaueral,

29

· LES SATIRES ,..-

.

condemnauit (2, 13, 19). La différerlce de sanction entre les_deux jugements est expliquée. en 1,. 14, 24 ··: Mimus quidarr,.nominalim Accium poelam conpellauil. in scaena. Gum eoAccius iniuriarum agil. Hic nihil aliud defendit nisi licere nominari ·eum cuiuf nomine scripla denlur agenda._Orles histrions furent chassé·s de Rome en 115 sous ·.1acensure de L. Metellus et de Cn. Domitius~Le procès dé Lucilius'était donc antérieur à cette date et plusieurs satires étaient déjà connues. Tous les livres paraissent donc entre t33 et 105·OU 101; la célébrité de l'auteur qui cite· nommément s~s victimes est bien attestée avant 115. •







'

26-29 : Les quatre livres sont écrits selon · des rythmes. iambiques, trochaïques, dactyliques. Ils semblent. influencés par Ennius et par Ja tradition. Lticilius n'a pas encore trouvé la forme qui lui convient. Les allusions que eontiennent les fragments permettent de dater entre 13·2,et 129.: 26, 27 (621 M) : Percrepapugnam Popili, facla Cornelicane Le fragment évoque le triomphe d'Émilien à son retour de Numance, en l33-132. 26, 47 (678 ·M)· : · ducunl uxores,producunl, quibus haecfacianf liberos Allusion·aux décisions sur le mariage ·des célibataires ' proposées·par Q. Metellus Macedonicusen· 131. 27,. 9· (690 .M) : proferal/ergo iam nunc ' uesler ordo sceler,a~ .. 27, 10 (691 M) : -nullo honore, ~eredis fielu nullo, nlillo funere. Il s'agit sans doute de la mort· de Tibérius Gracchus en 133. · · LIVRES

/

J

28, 29 (784 M) : cum celerisreus una lradetur Lupo

,·30.

/

·, INTRODUCTION

Le livre -1 ·est ·composé_àprès-·la mort de Scipio~; _o;r_-·Horace précise -(Sat.2; 1~63) que Scipion s'a~u.sait _desattàques contre Metellus et contre Lupus. 11s'agit vraisemblablement _decelles ··que contenait le livre 28. 29, 40 (900 M) _:,.· . ... lu qui iram indulges nimis l manus· a muliere... Allusiorr aux propositions'-sur le -mariage de~·célibataires qui s'inséteraien~ dans la campagne contre Q...Metellus M·àcedonicus; cf. 44 (820 M)... Septénaires·incertainsdes livres 26-29 : 2 (963-4M) : quo facelior uideare e! seire plus quam celeri perli$umhominem,nonpertaesum,dicerehumanumgenus. Le f_ragment s'adresse à __Scipion Émilien_· comme s'il était en vie. 30 : ...:Le livre est écrit au moment de la mort _deSeipion entre 130 et 125·: · 6 (1009 M) :

LIVRE

produc_unlme

adle,

libi me haec oslendere cogunt. Le poète s'adresse à ~cipion comme s'il était en vie.

8 (1093 M) :

in$peralo abiil quem una .angina suslulit · hora. .Le fragment décrit la mort de Scipion, avril 129. 99 (1088 M) : . . . ~ccipiunl [f!,ges_populus quibus legibus_ ·.exlex · L~ fragm_ent semble ,évoque·rla. loi sur l'expulsion des pérégrins ptoposée en 125 pat le_trib11n Pennus. 1

LIVRE

1:

·Le livre 1 contient le Concilium deorUffl:qùî contient le procès de L. · Cornelius Lentulus Lupus, princeps serialus entre 130 et 125. · ·17 (31 M),: .non Carneademsi ipsum Orcus remiflal. · Carnéade mourut en· mai 128.

/

· LES. SATIRES·

·2 : · L'ouvrage contient le récit burlesque du·· proèès intenté. par. A.lbucius· contre Q. Mucius Scaeuola. L'événement se ·situe 119. LIVRE

en

5: L'ouvrage était composé avant 117, date où C. Caecilius Metellus·Caprariusexerça la préture : 24 (210 M).: ne designati rostrum praeto·rispedesque/ ·spectes.. La proposition par ,:i.e,le titre de préteur designa,tus. rnontrent qu~ le personnage n'était p~s encore titulaire LIVRE

\

.

'

de sa magistrature. 11 : Il est écrit entre _116et 110,mais.vraisemblablement; à une date très proche de .110. · 10 (418 M) : Quinlus Opimius ille, lùgurlhini_pater hliius ... Condamné·pour s~êt:rerévéléle complicede Jugurtha, le personnage préféra partir en exil et ·mourut-à l'étran-· ger. Le démonstratif hic· semble,_impliquerqu'il _est encore à Rome. LIVRE

LIVRE·

20 :

.

.

.

D'après le témoignage de Ciçéron, le livre 20 fut écrit en 107, pend~nt le tribuna~ .de L. Licil).iusCrassus. , Ce tabl~au montre ·que les livres 26~30 ont été, ·en totalité (26-29) ·ou en partie (30); composés àvant la mort ·de Scipion èt que les livres 1-21. semblent· se succéderselon l'ordre chronologique e:µ.tre125 et 107.

I

/

HISTOIRE DU TEXTE

' /

Lucilius a certainement publié plusieurs poèmes de son· vivant. Quelques dédicaces comme celle du livre 5 où le _poètese plaint d',un ami négligent ·qui l'a délaissé pendant · une maladi~, se comprendraient· mal si un long intervalle séparait la compo~ition et la diffusion dans le public. La déclaration de l'auteur lui-même qui écrit dans le livre 30, 4 et sola ex mullis nunc noslra ·poemala ferri prouve à l'évidence que les premiers vers ont été très vite divulgués. Les volumes isolés ont été regroupés ; ·tous les édi,teurs s'accordent pour penser que Lucilius (ou un grammairien) · a réuni d'abord les livres 26-30 _sel9n léur ordre de composition. Le · même processus se serait produit pour les livres 1-21 ; le poète lui-même aurait ajoute une petite· préface· dont Varron atteste l'existence quand i;l déclare (L. L. 5, 17) : A qua... diuisione Lucilius suorum unius el uiginli librorum initium. fecil hoc. _Ainsique le montre Marx (Prolegomenap. _XLIX-L), en 105 existent deux corpus. Les livres 22-25 feraient partie d'une publication posthu~e regroupant les distiques élégia.que~. ·cette organisation de l'ouvrage est ·confirmée par la manière dont Nonius ·cite ses sources·: pou_rles livres 1-25,.ii emploie la formule Lucilius satyràrum libro ; pour les livres 26-30, il se contente de Lucilius libro. Le.·prèmier de ces ensembles comprenait, sans aucun doute, un volume _principal(1-21)et un volume supplé· inentaire (22-25).La preuve en est donnée par la citation d~ Varron, mais aussi par Aulu-Gelle qui ne connaît que les livres 1-20. De plus, la c9upure au livre 21

J-IISTOIRE DU TEXTE·

33

est la seule explication qui ..permette de comprêndrè pourquoi aucun. fragment de:· ce-·Hvre n'a subsi~té.· Les grammairiens et les. scholiastes l'ont négligé, ·de même qu'ils ont négligé la. dernière· des vingt et une comédies de Plaute, parce que, .vraisemblablement, elle s'était perdue en fin de volume. · La numérotation des livres révèle un travail extrêmement maladroit. L'éditeur a voulù classer les satires· selon le. mètre qu'elles utilisent ·: dans ·les livres 1.:..21, les hexamètres ; .dans les livres ·22-25, les distiques élégiaques ; dans les livres 26-30, les sén,aires et septé: naires. Il. a simplement. oublié que le livre 30 est· écrit entièrement· en hexamètres.· Tout· se passe comme· s'il s'agissait. d'une opération hâtive, entreprise ·sur une édition antérieure dont l'organisation n'a pas · entiè.:. rement disparu. A .la mort de Lucilius, deux de ses amis, les .grammairiens ·vettius Philocomus .et Q:. Laelius Archelaus se chargèrent de. ses, papiers. Suétone écrit· (Gram.·2) . :_ Craies Malloles... noslris exemplo fuit ÇLdimilandum. Haclenus lamen imilati, .ut carmina, parum adhuc. diuulgala li.el defunclorum··.amicorum uel si q[forum aliorum ·p_robassenl, •di_ligenliusretraclareni_ ac legendo commenlandoque. eliamcelerisnolâfacerenl;ul C..Oclauius Lampadio N aeuii Panicum bellum 'quod uno uolumine et continentiscripiura._ expositunidiuisii.-inseplemUbros; ut posiea Q~ Vargunieius annales Ennii' quos cerlis diebus in magna frequenlia pronuniiabal; ut Laelius Archelaus· Velliusque ·philocomus Lucilii saturas fami- · liaris sui quas , legisse se · apud .Archelaum Pompeius Lenaeus, ap'ud Philocomum·Valerius Calo·praedicanl. Ce sont surtout les hommes qui fréq'uentaient chez Pompée qui .conservèrent le texte. Pompeius Lenaeus, . élève de Laelius Archelaus, écrivit. à son tour des satires (cf. Schol. Iuu. "1, 20 : et. ipse·saliras scripsit). Selon le ·.témoignage d'un gramiri.airie·ncontemporain de Suétone qui plaça-quelques ·vers de sa composition au début·de la·satire 10 du livre l'd'Horace, Valerius Cato prépar'a une édition revue et corrigée, à propos. ,3

..

34.

INTRODUCTION .

de-laquelle il se brouilla avec son vieux maître, vraisem.:. blablement Vettius .Philocomus : · Lucili qua.msis mendosus, leste Catone defensore·tuo perüïncam, qui ma~ef act_os emendareparat uersus: hoc lenius·i!le, quo melior uir et est longe .subtiliorillo, qui-mullum puerum··et loris et funibus ussit ·e,œoratus~ _ut esset opem qu-iferre poetis· antiquis poss_etcontra f astidia nostra,_ grammâticorumequitum doctissimus,·ut redeamilluc.

Plusieurs ,auteurs ·se sont occupés du .tex;te. -Suétone 14) : ~entionne enèore Curtius Nicias et Santra (Gram._ · Curlius Nicias a_dhaesitCn.· Pompeio el C. Memmio... H uilis •de Lucilio libros etiam Sanlra comprobal.De. quelle édition disposaient-ils?_. , Dès le ..premier siècle avant Jésus-Christ, plusieurs gloses et commentaires étaient en· circulation ; ils ont .été ·elhployéspendant très longtemps;-cf. GelL2, 24, -4 : ·commef!.làriorum in:Luciliuni In ·quoerra,ueruntquida-rn scriplores, et G.L.K. .VII, 534, 4, à. propos des sign·es diacritiques : His solis in. adnotationibusEnnii, Lucilii el -hisloricorum usi sunt ·Varro.•·. et _poslremo · Probus qui .illas în Vergilio el -Lucrelio àpposuit- ut H omero Ar.is.tarchus.En particulier Varron dans le De Lingua Ltilina (7, 4.7) utilise les remarques d'un grammairien quLcitait les noms de poissonscontenus dans les Sali~es.: Apud--Lucilium (SN 11) : . ~-quod_lhynno. capta cobium _e;xcludunlforas '.

e! lib. I

(3~) :

· . ' occidunt, Lupe, saperdae t~ etiura siluri-'

et (;H 163) : _

.

' sumere te atque amian ' pisçium nomina sunt eorumquein Graeciao_rigo. '



La-source-de Varron est, sans doute, un traité· sur le:s vocabulaires techniqueê, cf. Fes~. 21-22-25. Les livres des Satires y étaient rangés selonJeur date de composition, puisque le livre _28 ou 29. (SN-1) y précédait le livre 1. Il semblerait donc·quedeux éditions de Lucilius aient ·été disponibles; l'une, selon l'époqùe de composi-

HISTOIRE DU TEXTE

35

tion des poèmes ; . l'autre, s·elon. leurs -mètres~ _·Sans · que, sur ce point, il, soit. possible·d'.apporter de ·preuves décisives, il serait_ tentant d'attribuer la première, à ·vettius Philocomus, la seconde à Valerius Cato, •-dont·· la brouille avec le vieux maître était sans. doute causée par des _appréciations diff~rentes sur les principes d'édition. La seconde édition est celle qui semble s·'être imposée. C'est elle qui -est à l'origine .du -classementactuel ·des livres (pour la justification du classement,-cf." Marx, Prolegomena, p. Liv).-La destinée ·des Salires ;:i _été très inégale. Dès l' Antiquité, l~ texte paraissait. ·difficile ·; il fallait· des comment~ires :-Aulu-Gelle· évoque Ateius Capito (2, 24, 4) ; Macrobe (3,·16:-17)se réfère· :\ un ouvrage qu'il ne cite pas. Cicéron,·Asi_nius,Horace, Virgile, Perse, Martial, Pétrone; QU:intilien, Apulée et Fronton avaient sans aucun. doute une connaissance directe des_,poèmes·. Pendant le second siècle après .Jésus-Christ, l;œuvre jouissait encore dè la fav·eur du public : Julius Capitolinus (Vila Perl. .9, _5) Tapporte que Pertinax fut surnommé par la foule agrarius· mergus (H 38), d'après l'e·xpression de Lucilius.-C'est avec Arnobe et Lactance, que les Satires·sont citées de seconde main,. et, vraisemblablement, d'ap~ès:_desflorilèges contenant des fragments éthiques. L'existence de ces -recueils est attestée par Porphyrioil qui commentant Horace -(Ep. 1, 3, 1) déclare : ' luli ✓_ Flor~quibus lerrarum. inililet. oris ': hic Florus scrib-afuit: salurarum__ scriplor, cuius s_unl: eleclaeex Ennio-,L_ucilio, Varrone salurae. C'est _donc vers le troisième siècle, que l'édition intégrale des. Satires a - définitivementdisparu. · '

\

LE JUGEMENT· DES ANCIENS /

...Œuvre ·-d'humeur, œuvre de· circons_ta_nèe, œuvre de passion, les Satires de.·Lucilius ont obtenu un succès. ·· inégal pendant l'Antiquité. .Elles ont été abondam..ment lues, ·commentées, citées. ·Mais une telle création -.ne fait pas l'unanimité de la critique et, en l'occurrence, s'accompagne souvent du scandale,. suscite la réprobat~on, voire même le mépris. . C~-qui reste __ le. moins contesté, c'est !~originalitéde l'entreprise. Dès l'époque.. républicaine, Lucilius est salué ·comme. l'inventeur d'un style littéraire. Par .opposition .à l'esthétique des > qu'illu_stre la tragédie, par opposition à -la comédie qui· emprunte ·à toutes les formes de .poétique, Lucilius introduit à Rome l'esthétique des . Varron oppose la gracilitas de Lucilius._à I'uberlas de Pacuvîus et à la .n1ediQcrilas de Térence1• Le poète renonce.à la violence et à la force ; il renonce aux ·-grands genres ; il prône le p~aisir et le charme de la conversation~Aulu-Gelle,. .qui a conservé le texte de Varron, parle très précisément de uerzuslas·et de subtililas2 ; et il souligne ce qu'une telle conception ·de la poésie doit· à la Grèce, et plus spéciaJement à l'écol~_d'Alexandrie. _Dans la lignée ,

(1) -Varron, ap. Gell. 6, 14, 6: Vera autem et propriahuiuscemodi

formarum exempla.in Latina Zingua_ M. Varro ess_edicit uberlatis Pacuuîum, gracilitatisLucilium, mediocritalisTerentium. (2) Gell. 6, 14, 1 : E! in carmine el in soluta orationegenera , ·dicendi probabilia sunt tria, quae Graeéi xœpctx.'t'llptXd'emblée conféré tout son éclat..·rousles poètes qui lui ont succédé ~v9Ùent ·sa suprématie et · reconnaissent. ..leur:.·dette à. son égard. 13 ;. il ambi-· . _Horace neveut pa&lui retire~sa··cour_onne tionne. seulement d~ lui ressembler14 ; Juvén~l soµhait'e frapper ies foules comme l'a_ ·fait...Lucilius1-5_.; -Perse .trouve sa vocation en li$ant le dixième livre c;IesSalires16 ; selon Martial, écrire· des satires; c'est ·es~ayer d'.être un second Lucilius17 • · Pour les · Romains, le··nom _de _ Lucilius est associé_·à la satire aussi nette~ent ·que .le n·omde.Virgile est associé à l'épopée. On voit l'auteur ,bo:r:nme un homme libre18 qui s' at~aque à tous -lesvices. Trebonius.note qu'il n'hésite pas à affrqnter les haines19 ; rien ne retient' sa violence. Horace le loue-p·arce qu~il dénoncé tous les faux-semblants, _parce qu'il épargné· que la vertu, mais ac·càblétous· les· débauch~s et tous les. perver~is, quelle. que soit leur· condition sociale2.0 ;- se· mettant à l'école de..l'ancienne comédie, 1, il · déchire tous ceux qui agissent contre· l~ ·.:morale~ ~sansp·our autant se croire supérieur. à ceux· qu'il criti·que22; il .confieà ses vers toùtes ses joies et toutes.·ses .

n'a

a

{.12) Quintil., 10, 1, 93: Satura quidem tota nostraest in q·uapri- ·

.mus insignem l.audemadeptusLucilius quosdamsibi deditos..• adhuc

hab'etamatores.•. (13) Sat. 1, 10, 46-48._ .. . _( 14) Sat. 2, 1, .74 et 2; 1, 28. ·(15) 1,165 : Ense uel.utstricto quotiens Lucilius ardens / infre- muit, rubet auditor, cui frigida mens ·est-/criminibus, tacita sudant praecordiaculpa~ · · . . (16) Cf. par le scholiaste. de Perse. , Vila Auli Persii:transmise .

(17) ii2·,94, 17 : audemus saturas: Lucilius ·esselaboras. (18) Quintil. 10, 1, 94 : Nam ·eruditio in eo mira et libertas

atque acerbitas·et abun·desaiis. · · . (19) Cic.,Fam.12, 16~3: ... ignoscesetiamiracundiaenoslraequae iustast in eiusmodi et homines et .ciues. Deinde qui mag'is hoc _Lucilfo lic'q,eriladstimerelibertatis quam riobis?Cum etiamsi odio pari·fuèrit in:.~osquos laesit, tamen cerlenon magis dignos habuerit in quos tanta libertate uerborumincurreret. · (20)· Sat. 2, 1, 61-69 et 1, 10, 53-55. (21) Sat. 1, 4, 1-8. (22) ·Sat. 1, 10, 5~.

·

/

a

, LE' 'JUGEMENT·

DES ANCIENS

39

indignations23 • Juvénal ·présente le. poète ..comme 1e redresseur ·de tous les torts; comme celui qui jette l'effroi dans l'âme des criminels24• · A la limite, Lu·cili.us apparaît comme -1eJusticier. . . Un tel rôle possède.ses· limites. Si .on loue l'alacrité et la vivacité25 des pointes, nombre de commentateurs apprécient ·peu la grossièreté. Porphyrion souligne 26 • l'impudeur, l'ordure et l'obscénité .decertains :passàge_s Horace déplore que le poète s' abando~ne trop ·vite: à son premier mouvement ; qu'il ait écrit des quantités . de vers raboteux ; que ses propos s_'écoul_ent comme un fleuve bourbeux ; qu'il soit paresseux devant le· travail d'écriture ; q~e, pensant,.faire merveille,·il ait pu dicter, aµ pied levé, deux cents vers en une heure27 • Plusieurslongueurs dev~aient-êtreeffacéesde son œuvre ; dans le .travail du vers, il aurait dû· se gratter plus souvent. la tête et ronger ses ongl~s jusqu' ari vif28• Horace con~ta.te que les Satires de Lucilius ont très rapidement vieilli ; pour un homme du p~emier siècle· avant Jésus-Christ, leur style paraît très .pénible29 • Le reproche est repris par Tacite30 et. par Quintilien31 qui s'étonnent de voir certains de leurs contemporainspréférer Lucilius à Horace, ou même à tous les autres·

(23) Sat. 2, 1, 30-36.

(24) 1,"165. . (25) Quintil. 10, 1, 94. {26) Porph., Hor. Ep. I, 19, 34 :· ... hoc uel ad Archilochum · refertur mulla obscena dicenlem uel ad. Lucilium qui aequë m·ulla ' impudice spurceque composuii. (27) Sat. l, 5, 9-13. (28) Sat. 1, 10, 64-73. ,,, (29) Sat. 1, 4, 9. (30) Dial. Qr. 23 : Nemînem ncfminabo, genus hominum signi-

ficasse conlenlus, sed nobis utique uersanlur ante oculos illi qui Lucilium pro Horatio et Lucretium pro Vergilio legunl, quibus eloquenfia Aufidi Bassi aut Seruili Noniani ex · comparatfone Sisennae aut Varronis sordet. · (3n 10, 1, 93 : .·.. quosdam sibi dedito~ita adhuc habet amalores ut eùm non eiusdem modo operis auctoribus, sed omnibus poetis praeferrenon dubitent... Mullùm eo lersiorac j).urusmagis Horatius est et si non labor eius amore, praecipuus. ·

J

40 '

INTRODUCTION ~

.

.

poètes .latins-. Après l'époque de· ·Scjpion Émilien, l'œuvre de Lucilius, isolée de i;,oncontexte historique; devenait difficilement·._compréhensible. Séparéés. de l'~vénement· qui les avait suscitées, la liberté du ton, 1~ véhémence. de l'expression, les allusions _politiques et sociales perdaient leur signification. Sous l'Empire, les Satires de- Lucilius sont .toujours lues mais · elles _.s~ontde moins en mo~nsappréciées. ·

.PROBLÈMES D'ÉDITION

Latransmission du·texte: .

'

Il n'existe aucun manuscrit qui ait conservél'ensemble des poèmes de Lucilius, le texte intégral d'un livre des Satires, ou niême une seule· satire. L'œuvre n'est connue que par l'intermédiaire· des citations que phisieurs écrivains, grammairiens ou lexicographes ont insérées dans leùrs propres travaux. .Cette situàtion n'a rien d'exceptionneL.Toute_la littérature du second siècle avant Jésus-Christ, à part Térence et Caton (Agr.), .ne survit ·que· .sous la forme de fragments. L'édition de ces vestiges présente des difficultés spécifiques et impose le choix de méthodes qui; par certains aspects, s'apparentent à celles des archéologµes~ Près dé soixante auteurs ont transmis quelque 1378 passages .des· Satires; ce sont, par ordre· d'importance," Nonius Marcellus : .674 citations ; Festus : 45 citations ; Charisius- soit après une lecture diréct~, soit après une. compilation de Julius Romanus ou· de Flavius Caper - : 42 citations ; Serviµs ( Ad Aen., Ad eclog.,Ad Georg~): 38 ·citati.ons ; Priscie:n,(I nstit. gramm.) : 35 citations; Paulus ex Festo : 34 .citations ; Donat· (Ars gra-m.) : 30 citations; Porphyrion (Hor. Sal.) : 29 citations ; 9icéron (Oral., De Oral., B_rut., Tusc., Fin.,. Ac:) : 28 citations ; ·Aulu-Gelle : 26 citations ; Varron (L. L.) : 19 citations ; Macr~be ( Sal.., Exc. gramm.) : 13 citations; Lactance (Diu.· Instil.) : . 11 citations ; CorpusGlossariorum: 8 citations ; Velius Longus : 8 citations ; Diomède : 7 citations ; Isidore de Séville (Orig.) : 7 citations ; Qujntilien :·7 citations ; Probus ( I nstil gramm.) .: 5 . citations ; Horace (Sal.,

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.,.,..,,.,,,,.



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i

INTRODUCTION

1•.

Epi)·, : 5 citations ~ · Ruijn (Gramm.); : 5 · citations-; Sêholia·Bobiensia: 4 ·citations; Pline l'Ancien·(B. N.) : ··4citations ; Scholiaste de ·Juvénal : 4 citations ; Scholia ,Veronen.sia: 4 citations:; Scholiaste de Perse· : 3 cita~ tlons ; Apulée ( Apol., Fior.) : 3 citations ·; chacun des ··auteurs·suivants a·transmis 2 cifa~.tioits : Acron, Pseudo:.. Acron, Arnobé; Ausone, Perse, Scholiaste Vaticanus ad ··Verg., · Sergius, .Terentius Scaurus, Virgile. Ont transmis une seule citation : Ps~udo-Asconius,A~ilius Fortunatianus, Cassiodore,Censorinus,Cledonius,Chirius Fortunatianus, Flavius Caper, Fulgence, Jérôm·e,Julius . Capitolinus, Julius Romanus, Martianus-Capella~Marius Victorinus,-Probus (V erg.), Martial, Maximus Victorinus, Pétrone, Pompeius, Marius - Plotius Sacerdos, l'auteur du De dubiis n-ominibus. Il est · impossible d'arrêter définitiv~ment cette liste. L'identification . des vers qe .Luéilius repose Ùn~quement.sur ce que les· Anciens ont bien· voulu ·en , dire, soit qu'ils donnént une référence précise, soit qu'ils se contentent simplement de nommer l'auteur. Toute la question est .de savoir si on peut leur faire confiance. Il. arrive que des erreurs. soie:p.tdécelables. Ainsi, pour le. fragment H 124, Paul. Diacre écrit : T-4.MAdicililrcum laboreuiae sanguis in crura·descendit el lumorem facit. Lucreiius... (495, 13) Le texte de Festus est le· suivant : TA.MA dicitur cum labore uiae sanguis in crura descendit-el lumoremf acit. Lucilius.~·,(494, 32)~ Le même énoncé ·ïnguen ne existat,-papulae, iàma, ne boa_noxii. est, dans chaque source, rapporté à un auteur différent.· Dans un cas semblable, il est possible de trancher : le vers n'est pas attesté dans le ·De Rerum Natura; l'étude des contextes révèle qu'il tr~uverait' dHficilement place dans lès -lacunes de cet ouvrage ; Pal.il · Diacre,. en compilant Festus, s'est sans doute ·tromJlé, d'autant que les ·copistes utiliseIJ.t la-même graphie Luc pour t~anscrire le nom des deux poètes. Quand un fragment· attribué à Lùcrèce n' appa.raît pas. dans les œuvres de cet auteur, il a quelques· _cha~cesd'apparte;nir aux Sa.liresde Lucilius.

~ROBLÈl\iES D'-$ûITION

·43.

Dans la: rub~ique SPARGE-~E_de son-.diction:p.aire · (405,3), Nonius donne en exemple le _f~agment29; 8·::·, laterependens,saxa spargens.labo,.sànie-elsangu_ine / afro. Or le même texte est cité par_ Cicéron dans Tusc. 1, 107 : Exec~aturluculenlissarzeuersibus·apudEnni-Ûm Thyesles,primum ut· naufragio pereat Atreus. Duruin hoc sane.· talis enim -interitus_nonest sine graui.sensu; illa inania: ' ipse summissaxis fixus q,speris,euiscetalus; · lalerependens,saxaspargenstabo,sanieetsanguine/atro'. Faut-il croire Nonius? ou Cicéron? R~enne permet· de trancher. Perse commence sa première satire par l'hexamètre : 0 curas hominum, o quantum. est in rebus inan_e J Le scholiaste commente : Hune uersum de Lucili _primo transtulit.S'est-il trompé?_Rienn'autorise à le supposer. Quand un vers âttribué· à Lucilius se _retrouve·dans l'œuvre d'un. autre ·écrivain, il convient d'admettre qu'il y a imitation ·ouparodie. . _ Il àrrive que de no~breux- passages; cités sans aucune référence, évoqµent· le style de ~ucilius. Le scholiaste ·de Luca~n précise : -de~~m11:s ergo rriagnus ut Lucilius 'decimani fluctibus' (5, 672). L'expression decumano pane est b1enattestée dans le livre 15, 10 (cf. Non. 445, 17). L'adjectif decumanussemble caractériser les Satires ; .il est possible,_èn conséquence,•que decumana·oua(H 154),decumanaAlbesiascuta·(H 133), soient tirés du mê~e Lùcilius. De · _telles identifications supposent une certaine parenté dans le vocabulaire ou dans la syntaxe. Encore. faut-il qu'elle· soit obJectivement.constatable. Nonius écrit (540, 31) -: "4mphilapoeuestes dicunlur.utrimque habentes uillos... Varro, M anio (253 B): ' allerum bene acceptum dormire super amphitapo bene--molli '. Buecheler reconnaît 1_afin d'u_nhexamètre dans super à amphiiapo bene molli : il en -attribue la paternité __ Lucilius qui, efîectivement, emploie deux fois le mot amphitapus (1, 11 et 6, 5). L'argument apporte unè raison suffisante, mais non·pas nécessaire-. Toutes les éditionsde ~ucilius sont obligéesd'accorder

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INTRO.DUCTION

une place aux fragm~nts douteux.· A la limite, rien ne permet d'affirmer de façon péremptoire .qu'un fragment n'.appàrtient pas à·.Lucilius~ .C'est pourquoi· certains éditeurs,· comme .Buecheler, ont jugé que de nombreux vers d'Horace ou de Juvéna_l pré>v~naient·des Satires ; si l'on fait appel à l'intuition, à l'esprit de· finesse... rien n'autorise à arrêter l'inventaire. •:_ Il faut donc s'en remettre au témoignage des Ancie·n~; parfois ·leurs positions ne ,sont guère satisfaisantes et doivent _être corrigées ; mais leùrs déclarations sont le seul antidote contre l'arbitraire.

L'identification· dute·xte: Quand· on cite u_n auteur, c'est pour· illustrer une affirmation, pour expliquer une expression, pour dévèlo'pper ou ·reprendr~ une . argumentation. Les Anciens, sur ce poin~, agissent exactement comme les Modernes.·Quand ils introduisent les vers de Lucilius, ce n'èst pas pour_ les transmettre en eux-mêmes et pour eux-mêmes. Ils ne les do'nnent qu'en fonction de ce qu'ils sorit en train de dire~ Ils apportent un point de ,rue.' Ils proposent une interprétation qui n'est peut-être pas forcément celle du poète. Ils n'ont jamais _.la naïveté du lecteur qui com~ence l'ouvrage au premier vers et. s'arrête au dernier. Ils ont toujours une motivation. L'édi_tionde Lucilius doit tenir compte de toutes les interférences entre la source et le texte des Satires. Très souvent le commentateur incorpore le texte du 'fragment dans sa prose et il devierit-difficile de savoir ce qui appartient à chacun. Dans son traité de Oftho_' graP,hia,Terentius S~aurus écrit (G.L.K. VII, 18, .19) : . Primum igiiur per_adieclionemilla uideniu_resse uiiiosa quod Accius geminalis .uocalibusscribi nalura longas syllabas.uoluit,· cum -alioqui adieclo .uel sublalo apice longiludinis uel breuitalis no'fa possef oslendz. Nam .singulares uocales et prod11:ci et corripi possunl; unde .etiam Lucilius in nono saturarum de orthographia .

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PROBL-È~,IES D'ÉDITION.

praecipiens _aila --primum esi.· hinc incipiam, el quae.. nomina _ab hoc~-sunl, deinde, a primu1n longa breuis · syllaba... Doit-on·_comprendre que: deinde appartient · aux Satires et que le fragment 9, 4 ·doit être lu. :·.A primum est; hinc incipiam: el quae nomina ab -hoc sunt / deinde·? Ou bien !':adverbe appartient-il _à Terentius Scaurus q·ui s'en· ·sert pour introduire l_a seconde citation de Lucilius? - Dans. Fin. 2, 8, 23, Cicéron écrit ,:. N emo ·noslrum islius generis asotos iucun.de puial ·uiuere; mundos, elegantes,·oplimis cocis,.pis-loribus,piscalu,.-uenatione, his omnibus eœquisilis, uitantes crudilatem, quibus uinum defusum e plenirsil xevalCwP,_ ul ait Lucilius, cui nihildum silulus el sacculus · abslulerit. Qùe faut-il attribuer à Lù.ciliüs, le participe grec xpual~c.ùv seulement? ou •bien le pass_agedans lequ~l.il èst place .: quibus uinum ~efusum e pleno sil xevalCwv?ou· encore l'expression cui ·nihildum silulus el sacculus abstuleril? Par so~ com~entaire, le grammairien ou le lexico-: graphe situe le fragment dans une série d'expressions comparables. Soüs la rubrique SQVALOR, Nonius écrit . : SQVALOR masculini' est generis-.Feminini. Accius, Eurysace,(339) : . :_· · -_ · ' pro di immorlàles! specie·m·humanaint inuis'ïta·t tam· egregiam,. · indignam clade el squ~litudin~'. · Idem, Telepho (617): ' Nam eisi operlussqualitaleest lucluquehorrificabili'.

Varro, M_(l,nio(254) ·' ager derelinquerelurac perirel ' ' squale scabrequeinluuie el uastitudine' (Pacuviris·_31~) Lucilius, lib. XXV~ (20) : ' squalilale summa, scabiesumma in aerumna obrulam ' L'article du· dictionnaire est le seul document qui montre de m·anière décisive- que Lµcjlius. parodie , le style noble et tout particulièrement Acciuset Pacuvius· et que sur cepoint précis il fera école puisque Varron emploie-üne tournure de même type. Par son commentaire, le. grammairién ou le lexico-

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INTRODU.CTION

gràphe conserve le souvenir..des sèns spéêiaux ·que·1es mots pe~vent ·prendre dans le fragment~·Nonius écrit ·(18, 13). : RVDVS, slercus,- quod radilur. Lucilius; Satyrarum lib. XI (3): ' uim hue aggeremel id gen~s ~udus '~ slerne~dani_ el iaciendum . . . Il indique nettement que rudus ne désigne pas le béton, mais: simplement les remblais.· En. conséquence, les éditeurs qui ont corrigé uim en uiai commettent u~e êr~eu~_: il .n'est pas question ici de !a rùderatio des .voies ·romaines. L~ commentaire du· grammairien est·. souvent le · s·eulmoyen de co~naître la signification_desnombreux ~apax· que Lucilius a introduits· en latin, cf. Festus, -142,·4 : MAMPHVLA appellalùrpanis Syriaci genus /quo4, ut ail. Verrius, in ·clibanoanlequampercoqualur, decidztin· carbones·cineremque.Cuius ineminit Lucilius (H 108) : . . . . .

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'pistricem· ualidam, si nummi suppeditabunt, addas,empleuron,mamphulasquaesciaiomnis '. Il peut arriver que_ le commentateur démarque p1Jrementet simplement·le· texte deLucilius. C'es~ èe ·qui semble se produire dans le .De ·Finibus 2, 22-25. Cicéron veut prouver que .le vrai plaisir ne se trouve pas dans la satisfaction des s_ens·et que, pour mér1ter le nom ·de .sage, il convient 'd'éliminer_complètemnstitue une et surtout une parodie d'Ennitis. . . parodie d'Homère . Dans Odysséeex, Zeus réunit les dieux; écoute Athéna qui se lamente sur le sort 9-'Ulysse, assure sa, fille que le héros pourra regagner Ithaque. D_ansle livre I d,esAnnales d'Ennius, l'assemblée des d-ieux envisage la fortune de· Rome, l'avenir de Romulus et de Rémus au moment où ils sont exposés sur le Tibre ; Junon, Yénus et Mars approuvent Jupiter quand il décide d'accorder l'immortalité au futur fondateur de· Rome: Lucilius fait allusion au texte d'Ennius dans le fràgment 18 : Vellem conciliauestrum

NOTICE

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Lès .Ancien~ attribuent explicitement 31 ·fragménts au Livre 1 _; huit autres fragments· (4, 17; 18, 20, 21, 26, 27, 43) doivent lui appartenir 6 • Lucilius définit le rôle de la satire : elle se-détourne de la spécula: tian pure (1), ·dénonce l'inanité des préoccupations de la foul~ (2), agace,.le vulgaire (3). Quatre ;fragments ind_iquent l'ordre · du jour de l'assemblée divine : Composition du livre :

quod dicitis olim / C'aelicolaehic habituin, uellem _'àdfuissemus priore/ concilio. Lucilius en profitait sans doute pour -railler l'épopée, ,so~ style grandiloquent, ses prétentions, sa mythologie (cf. 26, 23-25 ;· 26, 76; 30, 10... ). Il ne s'intéres~e pas aux _ueteres historiae(26; 2·3); s'il utilise la niise en scène dé l'assemblée des dieux, c'est poùr transposer dans !'Olympe les ·débats politiques de la f{ome.contemporaine ; la ·fictionpermet de faire comparaître l~ plus haut_personnage du· Sénat devant·la ·seule.jurjdiction qui hiérarchiquement ait pu connaître .de ses méfaits, le collège des dieux présidé' par· Jupiter. · · · {5) Cf. infra, p; 81.

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(6) Le·s éditions modernes attribuent au livre 1 un nombre. de vers. qui varie ·entre 44 et 55 _:44 (Mueller), 52 (Warmington et Terzaghi),. 54 (Marx), 55 (Boiisani). J'ai adopté le$ règles-sui-

vantes : .-. tous les pas·sagesqui ne c·ontiennertt_quedes çomm~n-. taires ont été rèjetés dans les· notes ; c'est le cas pour Servius, Ad Aen~ IO, 104 (3· M), Servius auctus, Ad Aen. 3, 119 ·(20.M),. Pseudo-Acro~, Ad Hor. ~at. 2, ,1, 67' {4 M). Le scholiaste n'a certainement pas inventé l'expr.ession Lupus pr(nceps . senatùs fuit : ce n'e·st pas ·une raison suffisante pour déclarer que îes quatre mots· appartenaient à· Lucilius (Marx, Prol. XXXVI)~ -· Tous l_esfragments qui sont cités saris référence au livre 1 ont été, en principe, rejetés du texte ; c'est 1~cas pour·deux fragments: 45 M ne contient que l'adjectif conftdens; Marx l'a,ttribue au sa méthode de classement des citations Livre 1 parce qu'H U:ti_lise de Nonius; 26 M est donné par le commentaire In Dizzinationem43 du Pseudb-Asc·onius-; Scaliger attribue -le fragment auLivre 1 qui contient ·de nombreux discours~- Huit excep,tionsont été maintenues : le fragment 27,. cité ·sans référence, fait écho au fragment- 28 dont il reprend deux mots essentiels, uultus' et facies; le fragment 20, · emprunté à un dialogue, est sans doute prononcé par un dieu qui· seul peut, dem,ander quare diuinas? ; 1e-fragment 24 présente le même caractère, puisqüe seul un dieu peut envisager de supprimer ·1e-·vent; les fragments 4, · 18 -et.21 renferment des allusions explicit~s à l'assemblée . des · dieux, consilium, concilio·priore; concilio antiquo; ·1e fragment 17 rapporte les propos de Neptune; le fragment 33 parle ·de la mort de Lupus. ·

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examiner. les · intérêts suprêmes ·de l'humanité (4), assurér tout spécialement· la,•survie de· Rqme,(5), au moins pendant le lustre en cours (6), à défaut de :r;nieux, sauver les murailles (7).. Neuf vers· évoquent la déprav,~tion des Romains, leur ..cupidité -quand. il -faut 'se battre (8), leur goût pour les plaisirs_du .cabaret (9), pour les ni odes orient.ales,que ce soient les vêtements (10) le mobilier (11, ·12),-le confort et le luxe de la table (13, 14) ; le ~ragment 15 condamne la pratique du ~ote bloqué et les ,dispensès exceptionnelles d9nt -jouïssent certains candida'ts aux fonctions. publiques. Ce dossier accablant reprend sans doute plusieurs citations ·d'un discour~ introducteur. prononcé .par Jupiter ; en citant Lucilius lors de l'intervention du. dieu dans Énéide 10, Servius invite: à penser que, dans 1a satire comme dans ·l'épopée,' le roi de l'Olymp~·était_le meneur des débats et qu'il prenait une ·part importante·. dans cette ~nalyse critique. Pourtant l'abs~nce de·toute référence ou allusion _précisechez les auteurs· anciens inter~it de ·lui attribuer nqniip.ément -. comme à tout autre personnage-· tel ou tel de·ces prop·os7: La.discussion-desdieux o'ccupe·douze .fragrnents ; ils renferment des doléan~es : -Apollon veut qu'on l'honore du titre de pater ainsique les autres divinités (~6). Ne·ptune doit résoudre. des problèmes. qui auraient embarrassé Carnéade luimême (17), Romulus regrette· de n'avoir pu suivre la· dernière ,assemblée di-yine (18). Les réponses qu'ils reçoivent sont plus .ou moins obligeantes : Apollon .

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. (7) · Plusieurs vers peuyent être attribués à un dieu précis : ils renferment des allusions évidentes . et les -Anciens les ont parfois accompagnés de commentaires (16, 17,.'18). Toutefois il est particulièrement vain d'organiser chaque fragment dans un dialogue qui, bien évidemment, varie avec chaque éditeur. Pour ne prendre qu'un exemple, N. Terzaghi attribue à Romulus les propos sur Iea modes hellénisantes·; Marx les prête à Jupiter . . Les plans détaillés que reconstruisent certains auteurs (J. Michelfeit, Hermes 93, 19~5,.p. 113 sq.) sont plus·brillànts que probants. Je me suis contenté de regrouper d'un côté le contenu de la discussion (8-15), de l'autre· côté, tout ce qui relève d'interventions personnelles. (16-33).

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NOTICE ..

entend parler·de la sottise des b~ladins (19),d-el'inutilité· de ses divinations (20); Neptune est sans doute loué parce qu'il-·à été le seul homme sage d'une réunion ).. Jllusi~urs.vers, dont certains utilisent antérieure (-21 singulier, la première ou la deuxième personne avaient · peut-être leur place dans la converaation ·: comparaison de Léda et de ·nia (22), image du nœùd sur un jpnc (23), ordre aux vents (24), souper (25).; une formule solennelle,marquela fin d'un discours (26). Le responsable de tous les maux, Cornelius ~entulus Lupus, est identifié dans les fragments 27 et'28, comparé à un vautour (29), à une maladie. (30 et 31). Un tel fléau ne saurait durer· une éternité. (32). Lupus:.est condamné:à_·périr par la mangeaille (33).Toute l'inspiration du Livre -1-reposesur la parodie du merveilleux épique. Si Lucilius emprunte à Homère ou à Ennius (cf. allusions des· fragments. 22 et 18) l'idée d'une assemblée divine. qu_idélibère sur le sort des humains, c'est pour transposer dans l'Olympe les procédures, le règlement de séances, l'esprit de coterie.qui appartiennent à la haute assemblée romaine. La fiction détruit le divin ; dépouillés de leur majesté, les. dieux ne sont plus ·que des sénateurs qui. conversent entre eux. Le poète a toute· liberté pour leur prêter que~ques sujets qui -lui tiennent à cœur, le morceau de bravoure, sur la décrépitude de Rome ou le procès de- Lupus, l'ennemi acharné de Scipion (Sénèque a suivi l'exemple de Lucilius dans l'Apocoloquintose).La satire est au servicedes options philosophiqueset mo~alesde l'auteur comme elle.est au service de s~s amis; sans doute parce qu'il n'y avait guère d'oppositions entres les unes et les autres et que, dans son entourage, tout le monde approuvait les thèmes stoïciens développ.és dans le Livre 1 : condamnation de l'enflure tragique, de la, superstition, des préoccupations et des vices qui détournent de la sagesse. L'identification de Lupus pose L'identüication de nombreux problèmes. Le per--, de Lupus : sonnage est cité plusieurs fois dans les Satires de Lucilius ; il meurt à cause de sa

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gloutonnerie (1, 33); c'est u~ parjure qui est' l'égal de Tubulus, le préteur corrompu, de Carbo, de Polyphème qui, pour les Anciens, symbolise la mauvaise. foi et la brutalité• (H .44) ; c'est un juge sévère et injuste -(28,29).-Marx .s'est appuyé-sur ce dernier te~te pour corriger les manuscrits de Servius, Ad Aen. 10, 109 : il propose en effet -de lire iudicis inprobi au lieu de ducis, in rebusou ducis,in rep. que donnent les différents manuscrits. Les attaques de Lucilius contre ce personnage puissà~t étaient célèbres dans l' Antiquité ; Horace y fait allusion (Sal. 2, 1, 68) : ... num Laelius aul qui / duxit ab oppressa·merilum Karlhaginenomen / ingenio offensi aut laeso ·doluere Melello / famosisque Lupo cooperlouersibus?... Perse en parle dans 1, 115 : ... Secuit Lucilius urbem / le, Lupe, te, Muci, et genuinum fregil in illis. ~ucilius a déchiré la ville entière et tout particulièrement les citoyens les plus en vue (pour l'interprétation qu'il convient de donner à et genuinum fregil in illis, cf. Gaffiot,in Rev. Phil. 1929,-p~276 et Terzaghi, Lucilio, p.-5). Le·poète s'est abîmé les dents tant il a eu l'occasion et le plaisir de mordre ses adversaires. Ces deux citations montrent que, parmi ceux-ci, Lupus allait de pair avec des hommes politiqu~s aussi importants que Q. Caecili.usMetellus Macedonicus-ou P. et· Q. Mucius Scaevola. Quel est donc l'individu qui est désigné par ce surnom? En commentant Horace (Sal.- 2, 1, 68), Porphyrion nomme P. Rutilius· Lupus : FAMOSISQVE. LVPO CÔOPERTO VERSIBVS: Rulilium Lupum dicit.· Cette identification ne peut être retenue (Marx, Prol. XXXV-XL) :· l'bomme· est beaucoup trop jeune ; _il fut consul en 90· et sortait à peine de l'adolescence au moment où fut vraisemblablement composé le livre· 1 (entre 130 et 120)·; près de cinquante ans le séparent de la génération de Q. Cae~îlius Metellus , Macedonicus(consul en 143) et.de P. Mucius Scaevola (consulen 133)ou de Q. MùciusScaevola(consùlen 117) ; sa carrière politique commenceaprès la mort de Lucilius (103); sa pers.onnalité-très eff_acéejustifierait mal

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l'ncharnement du poète·. Porphyrio~ s'est laissé =abuser pnr un surnom que plusieurs personnes.ont dû porter. Unescholie du Pseudo-Acron permet d'éliminer définitivement cette identification.. P•..Rutilius Lupus ne_fut j umais princeps senatus; or il est écrit dans le commeiiLuire d'Horace (Sat_.2, 1, 67) : OFFENSI: LAESI. N um inimici ipsius facii suni aul propler Lupum,. aul proplerM eiellum.Lupus princeps fuil Senalus. Le princeps senatus, obligatoirèment un patricien, était choisi tous les cinq ans par le censeur d'origine plébéienne parmi les plus anciens sénateurs qui avaient exercé la charge de censeur. Cf. Liu. 27, 11, 9. Dans le cas où, à la fin du lustre, le poste n'aurait pas été vacant, le titulaire poursuivait ses fonctions, à la condition toutefois de ne pas avoir été rayé de l'album sénatorial. Cf. 'Li1:1.39, 52. ·Quellessont donc, au moment où Lucilius écrit, les nominations qui sont intervenues au début de chaque lustre? Quelles sont les vacance~ qui pouvaient être déclarées dans la charge? En 136, Appius Claudius Pulcher est nommé princeps senaluspar son collègue,.le censeur Q. Fulvius Nobilior·; au lustre suivant, il est confirmé. dans ses· fonctions sous la censure de g·.Caecilius Metellus Macedonicus et de Q. Pompeius, en 131 ; il meurt ~n 130, quelques 1nois après Ca~sius Mucianus, ce qui -explique les changements ·int~rvenus·. dans le · t~iùmvirat agraire , (Appien, B.C. 1, 18, 73).. En 121, lors de l'assassinat de C. Gracchus, P. Cornelius Lentulus était princeps senaius ainsi qu'il ressort de Cie.·,PhiL 8, 4, 14 : Num igiiur eum s_ilum esses,temerarium ciuem au} -crudelem pulares, aul Q. Meiellum cuius qualluorfilii consulares, P. Lenlulum, principem senaius, corriplurisalios summos uiros qui cum Opim"io;consule, armali Gracchum in Auenlinum persecuii suni? 'Quo in proelio L.enlulus· graue uulnus ~ accepil... S'il en est ainsi, il con~ient d'admettre que sa nomination avait effet légal depuis·. la cérémonie de la lustratioqui ~'était déroulée, au plus tard, dix-huit mois après. le début de la censure de Cn. Servilius Caepio et de ·Cassius Longinus Ra villa,

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élus en 125, ce qui placerait ·en 124 le début de la charge de .P. ·CorneliusLentulus. c-~estce que· suggère.Cicéron quand il -écrit dans.Diu.· 69 : Cùius consueludinis•afque ·instituti .patres maioresque· nostros non paenitebat· tum cum P. Lenlulus, is qui princeps senalus fuit, accusabat M' Aquiliùm subscriplore C. Rutilio Rufo aut cum P.· African.us, homo uirlule, forluna, gloriq,,rebus gestis amplissimus, poslea quam bis, consul el censor fuerat, / L. Coltamin iudicium uocabat.L'orateur, par sa comparaison, laisse supposer qu_e·lors. du procès d'Aquilius (en 124, cf. Appien, B.-C.1, 22), Lentulus était revêtu de ·s,e~importantes fonctions, de même que l'Africain était déjà censeur lors du procès de Cotta. Tout permet don.c de croire qu'il fut nommé pour tout le lüstre qui· suivit· les élections de 125. Après les élections de 120,·il fut maintenu dans son poste par Q. Caecilius Metellus Baliaricus et L. Calpurnius Piso Frugi ;_ · ·il ne démissio.nnapas ·malgré la haine populaire qui l'obligèa à se réfugier en Sicile.(.Val. Max. 5, 3, 2). Les censeursde 115, L. CaeciliusMetelluset Cn. Domitius Ahenobarbus, choisirent M. ·Ae:rniliusScaurus. Aucun . de ces hommes ne peut correspondre au . Lupus de Lucilius~Les uns ont-déjà des surnoms; le poète n'hésite pas ·à les railler (cf. allusion à :rulcher ·:dans 1, 16). P. Cornelius Lentulus, avec sa réputation de· sauveur de la -·patrie· et de victime de l'ingratitude publique aurait plutôt éveillé la sympathie du ·poète car son programme avait des points communs avec celui de Scipion Émilien. Il faut donc conclure que Lupus représente l'homme politique qui a exercé les fonctions de princeps·senalus entre la mort d'Appius Claudius Pulcher (130) et. la nomination de P. Cornelius-Lentulus (124). Comme cette personne ri'a pas occupé le poste pendant plus d'un lustre, il faut admettre qu'elle était morte avant 125 ou bien qu'elle avait été rayée de l'album sénatorial.. P. Cornelius.Lentulus n'avait jamais été censeur; sa nomination prouve que, tous les candidats ayant exercé cette charge étant morts, les magistrats· de 125 l

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ont été c(?ntraints 9e choisir-le patricien qui avait· le plus anciennement occupé le co~sulat (il avait été consul en 162 et était âgé de quatre-vingt-quatre ans en 121). Parmi. les censeur~.dont la carrière en 130 répondait aux conditions requises, les uns . avaient déjà occupé la place : Scipion Nasica, censeur en 159, princeps en 147, ·renouvelé.en 142; Appius ·Claudius Pulcher, censeur en _136,princeps ·en ·136,·renouvelé en 131, mort en 130. Les autres: sont morts· avant de recevoir cet honneur ·: Scipion Émilien meurt en 129; les censeurs de 131, .tous· deux d'origine plèbéienne (Q. Metellus Macedonicuset Q. Pompeius) ne pouvaient ambitionner cette dignité~ Restent deux homme$ qui nvaient les .titres pour succéder .à Appius Claudius Pulcher : M. Valerius Messalla, censeur en 154, et L. Cornelius Lentulus, censeur en 147. Sur fe premier, les Anciens ne donnent- guère de renseignements : il fut consul en 161, en même temps que C. Fannius Strabo, l'auteur de la loi somptuaire qui .porte son nom ; pendant sa. censure, il voulut construire à Rome un théâtre en ·pierres· mais son projet fut combattu par Scipion Nasica (V.al.Max. 2, 4, 2 et Appien, B~C.1, 28). l=tiendans to.ut cela. ne justifie la hargne de· Lucilius. Il en va· tout· autrement dans le cas ·de L. Cornelius· Lentulus que tous les éditeurs depuis Popma identifient . à Lupus. , La didascalie de -l'Heaulontimoroumenos indique qu'il f~t édile curule en 163 ; Polybe (31, 23, 9) le cite à propos de ·la comm_issiond'enquête qui se rendit en Grèce .et· en Asie après · que Démétrius se fût enfui de Rome en 162; en 159,il est préteur urbain et, à. ce titre, reçoit une ambassade de ·1a· population de Tibur dont le ·souvenir est conservé sur.· 1a base d'une statue retrouvée à Tibur •(CIL· XlV · 3584).; en 156, il. est consul avec C. Marcius Figulus. (Cie., Brut. 79) ; e.n ·147, il est censeur avec L. Marcius Censorinuset se signale par le scandale..Valère ·Maxime raconte à son sujet (6, 9, 10) .: Casuum.nunc cotilemplemur·uarietatem.L. -Lenlulus.consularis lege Caecilia ,•epelundarum oppressus, censor cum L. Censorino

86

NOTICE

crealus_est. . Quem -quidem forlunà inter:·ornamenta et dedecoraaltèrna uice uersauit, consulatuiîllius damna-· iioTJ,em,·damnalioni censuram.> subiiciendo_el neque bonis eum perpeluisfrui nequemalis ae(ernis.ingemiscere _paliendo.La condamnation pour péculat ~st confirmée par Festus (360). Elle .fut prononcée en vertu d'une , Lex Criecilià,. dont l'auteur ne peut être que Q. Caecilius Metellus Macedonicus, -soit lorsqu'il ·fut tribun de la. plèbe en 154,soit lorsqu'il fut préteur en 148.Broughton (.The-Magistrales oflheRoman Republic, I, p. 451-2)pense que la première date est plus vraisemblable :·~ans doute Tite-Live (Per. 47) mentio·nne-t-ilseulement la condarri. nation de.quelques préteurs, ce qui exclurait Lentulus; consul à cette date ; sans doute la tex Caeciliaest-elle in~onnuepar ailleurs; toutefois rien ne permet de corriger les textes ~t de lire Calpurnia quand deux historiens, y·alere Maxime et Tite-Live, travaillant à partir d'une documentation différente; proposent une forme identique; de plus, l'exemple des commissions créées en 171 montre ,que l'initiative des tribuns entraînait parfois l_a nomination de tribunaux extraordinaires. Après le pro~ cès, Lentulus, dont la malhonnêteté éclatait aux yeux de tous, ~ut certainement exèlu du Sénat par. M. Valerius Messallaet Cassius Longinus. Tous ces traits concordent assez~ien ~vec le port~_aitque brosse Lucilius. Des grie~s d'.ordre-politique. s'ajoutaient aux·. reproches d'ordre moral. Après avoir obtenu la déchéance de Lentulus en· 154, le ·même Metellus Macedonicus fait appel à. lui .comme princeps.senatus quand il faut trouver un sucesseur ,à Appius C~_audius Pulcher en 130. Ce choix ·invite à penser .que le's deux hommes, malgré des.diffé-. rences accusées, avaient d_es positions com:rn.unes, qu'ils étaient tous les deux favorables à l'idée d'une réforme et. hostiles au clan des Scipions. Ainsi s'expliquent les violentes attaques de Lùcilius contre eux : ils·font partie d-'un même groupe et il n'est pas surpre-· nant que Perse ou Horace associent Lupus à Metellus et à Mucius Scaevola ; tous _les trois représentaient, avec des nuance·spersonnelles,l'opposition au vainqueur

NOTICE

87

de -Numanèe. Lucilius s'est particulièrement déchàîné contre Lupus parce que ses indélicates~es le rendaient plus vulnérable: · Tous les ·éditeurs s'accordent pour reconnaître que -le· livre 1 a ·été éérit--immédiatement après la mort de Lupus : lorsque, dans la satire, ·les dieux prononcent une peine capitale, la loi du genre -veut. que l'_accusé soit déjà mort, ainsi que le montre l'exemple de l'Apoco-: loquintoseimité de Lucilius. Le ton s~rait insoutenable si Lupus était. encore en vie ; · les dieux ont toujours raison. et le -meilleurmoyen de le-prou_verest de leur faire justifier un événement après coup. Encore faut-il que la mort dé Lupus appartienne à l'actualité récente pout que le public puisse s'intéresser. au poème. Cette interp.rétation est confirméepar 1-'expression.hoc1uslrum dans 1, 6 : si non amplius, al luslrumhocprolollerelun·um. S'ils ne peuvent faire mieux, les dieux essaient au moins de sauver Rome·pendant le1ustre en cours (hoc). Pour sauvegarder la cité jusqu'à la fin du lustre inauguré par Appius Claudius, il leur suffit de faire périr Lupus; Il paraît vraisemblable d'admettre qu~avant 125 le princeps senatus était .mort et l'ouvrag~ com·posé. Cichorius ( Untersuch. zu Lucilius p. 72-86) refuse cette datation ; il constate que le livre 26 contient une allusion aux publicani Asiae (26, 32) dont l'institution aurait été établie en 123 par C. Gracchus (Lex de Asia), que Lupüs est cité .dans le livre 28, 29 et que, par conséquent, si l'on maintient· l'antériorité des_ livres 26-30 par rapport aux livres 1-21, il faut que ces derniers soient postérieurs à 123 et. que Lupus disparaisse après cette date. Il . imagine que la place de princeps senaius occupée par P. Lentulus se -justifie par une élection de censeurs - non .attestée par ailleurs· - qui se serait déroulée entre 123 et 120. L'hypothèse est invraisemblàble. Aux raisons données plus ha_ut, Broughton (1, p. 501) ajoute un argument irréfutable : les Fastes d'Antium (Degrassi 162 f) ·montrent qu'il n'y eut aucune élection de censeurs entre 123 et 120. Reste l'objection à propos des. publicains' d'Asie.

88

NOTICE

Bolisani (p. 41,.;44)croit résoudre la difficulté : ·le livre aurait été ·éc~it après .la mort de Lupus, entre 128 et 126 ; dans sa forme primitive, _il appartiendrait à la série des livres composés en mètres comiques; vers 107, le poète aurait remanié l'ouvrage pour le publier en hexamètres avec·1a deuxième livraison des ·Satires. Broughton· (1, p. 501) détruit cette reconstruction de manière décisive-·:le sénatus...consulte De Agro Pergameno, d'après1es fragments qui en ont été découvertsen 1937(cf. Passerini; Athenaeum,15, 1937,253-283),doit ê_tredaté de 129et les publicai~s étaient actifs en Asie à cette date. La chronologieétablie par Marx se trouve donc confirmée. . Le livre 1 fait allusion à la mort· de Carnéade (1, 17). Diogène·Laërce indique qu_'ilmourut .pendant l' olympiade 162, la qu,atrieme année, c'est-à-dire en 129-128 et que sa mort fut suivie par une éclipse de lune que Marx·situe en mai 128. Lupus -mourut donc entre maj 128et avril 125. Il est impossiblede préciser davantagé. Marx a cru reconnaître _dansl, 32 une allusion·_à la .terrible tempête que Julius Obse·quensa notée dans son livre des prodiges à propos de l'année 126 (29, 89) ; son.interprétation est abùsive car, dans le vers en cause,· te.mpestas prend visiblement un sens moral.

J

LIVRE 1

Prologue :

1 L.L. 5, 16 : ;Les places de l'univers ... sont la terr~ et le ciel..·. Dè _même caelum (le ciel) désigne à la fois l'une--d_esparties du ciel, la zone la plus élevée ·oùse trouvent les étoiles, et la région· que .cite Pacuvius · dans l'évocation suivante : Vois à l'entour et au-dessus l'élément -qui eizferme la terre dans son étreinte. Cette distinction des deu_x éléments; ciel et terre, constitue le début des vingt et un livres de Lucilius dans le vers suivantN VARRON,

rechercher le mom_entd'origine de l'éther et de la terre

2 Vie qe Perse 10 : ...après la l~cture du dixième livre de Lucilius, Perse entreprit ardemment de composerdes satires et il imita le d.ébut de _celivre ... 11sèHOLIASTE DE PERSE 1, 1 : Il a tiré ce vers.du premier livre de Lucilius. PROBUS,

Vains soucis des hommes ·!·.Que de vide dans ·1éurs occupations ! 3 31, 25 : IN RITA-RE signifie proprement provoquer ; l'expression vient des chiens qui, lorsqu'on les provoque, grognent. Lucilius, Satires, livre 1N 11 CHAR1s1us, .G.L.K. 1, 125, 20 : CANES, Lucilius, livre 1N employé pour CANIS 11 DONAT, Tér. Ad. 282 : de fait, inritari (grogner)·se dit proprement des chiens. Lucilius, à propos· de la lettre RN · NON.

(cette lettre) qu'un chien agacé prononce plus clairement qu'un homme

1 (1 M) L._L. 5, 16 : Loca naturae ... terra· et caelum ... Sic ca~lum et pars eius, summum ubi stellae, et id quod Pacuuius cum demonstrat dicit Hoc uide circum·supraque quod complexucontinet terram. A qua bipertita diuisione Lucilius suorum unius et uiginti librorum initium ·fecit hoc N VARRO,

aetheris 'et terrae genitabile quaerere tempus.·. 2 (9 M) Vita Pers. 10 : ...lecto Lucili libro decim-o, uehementer saturas. ~omponère instituit, cuius -lib~i principium imitatus est... _11SCHOL. PERS. 1-; 1 : -hune uersum de :Lucili primo transt_uli~.. · PROBvs,

'

0 curas hominum, o quantum est iri rébus _inane! 3 (2 M) 31, 25 : INRITARE dictum est proprie prouocare : tractuin a·canibus, qui cum prouoc3:ntur inriunt. Lucilius Satyrarum Jib. IN 11CHAR1s1vs, G.L.K. I, 125, 20 : CANES, Lucilius IN pro·canis. 11·DONAT., Ter. Ad. 282: nam inritari proprie canes dicuntur. Lucilius - de littera RN · NON.

inritata canes quam homo quam _planiusdicit. 1 Lucilioiuersum tribuit Scaliger, .Lucretio VARRONIS codd. Il quaerere, tempus dist. -Marx. 3 canes codd. CHARIS. : cane codd. NON. canis codd. DONAT. Il quam homo codd. NON., CHARIS. : quod homo codd. DONAT. Il planius dicit codd. NON., CHARIS. : plurima dictat V DONAT. planius dictitat cod. Cuiacipianos dictitat C DONAT.

/

91.

LIVRE I, 4-7

L'assemblée des Dieux :·

4 Ad. Aen. 9, 227 : Ils tenaient conseil sur les intérêts suprêmes du royaume : suprêmes, parce qu'ils étaient essentiels ou hie~-parce ,qu'ils jugeaie'nt la situation désespérée? Ce vers· est également tiré de Lucilius, à un mot près ; le poète dit en effet •N SERVIus,

Ils tenaient conseil sur les intérêts suprêmes.de l'humanité. · '

5 SCHO_L. _VERG. VERONENSIA,

A.d Aen. 12, 680 : ... IQ VE

AMPLI VS {el euœ plus. amplement) c'est-à-dire plus longtemps, plus longuement. L uciliùs N 11 CHARI SI us, ·G.i.K. I, 195, 7 : AMPLIVS (plu.s amplement) Lucilius, Satires, livre 1N qui signifie une dùrée bien plus longue. Ainsi les juges, chaque fois qu'ils souhaitaient un supplé~ ment d'information, disaient ampli us ; de. la sorte ils .renvoyaient l'affaire; de là vient ,qu'aujourd'hui en·core ampliar_iiudicium (dèmander un renvoi' pour un supplé-ment d'information) est synonyµie cle differri iudicium (ajourner un·procès).

·

comment il .pourrait conserv~r plus longtemps .le peuple et la ville ·de Rome. 6 159, 28: PROTOLLERE signifieprolonger. Lucilius, Satires, livre 1 oo ··

NON.

.

\

comment il ·les prolongerait, 'sinon davantage, du_moins jusqu'à la fin du lustre en cours. ·

7 497, Il : Accusatif employé Lucilius, Satires,"livre 1 N NON •.

au

lieu de l'ablatif ... ·

comment ils pourraient au moins s'acquitter de leur ·tâche et sauver le·smurs.

LIBER· I, 4 (4 ·MJ- 7 (8 M)

91

4 (4 M) A-d Aen. 9, 227 : CONSILIVM S.VMMIS REGNI DE REBVS HABEBANT: summis, utrum maximis, an quod putabailt eas _iil .extremo_.sitas? et SERVIv~,

est Lucilii uersus urio tantum sermone mutato ; nam illè aitro · · ·

Consiliumsummis hominum de rebus habebant . . 5 '(5-6.M) Ad- Aen. 12, 680 : ... IQVE AMPLIVS, id est diutius, ulterius. LuciliusN 11 CHARIs1vs, G.L.K. 1,·195, 7 : AMPLIVS, Lucilius Satyrarum··1, SCHOL.

VERG.

VERON.,

quod adeo prolixu:m temporis spatium significat, ut · iudices, quotienscumque significabant adhuc se audire uelle, a_mpliusdicebant, itaque _negotium differebant_;· unde hodieque ampliari i~~icium ditierri dicitur.

N

quo populum atque urbem pacto seruare potisset amplius Romanam.

6 {7 M) NON.

159, 28 :- PROTOLLERE

est differre. Lucilius

Satyrarum lib. IN

si.non amplius, at lustrùm hoc protolleret unum. 7 (8 M) 497, 11 : -ACCVSATIVVSpositus pro ablatiuo._.. Lucilius Satyrarum lib. IN

NON.

munus tamen fungi et muros seruare polissent. 5 populum atque urbem pacto edd. : pactum p. a. u. codd. CHARIS. p. a. u:~ pactos codd.SCHOL. li potisset cod.SCHOL. VERON. : potissit codd.CHARÎs.11 amplius Romanam om.cod.SCHOL. VERQN~ 6 lustrum edd. : iustrum codd. 7 potissent Mercier: possint codd.-potissint Lachmann.

' LIVRE I, 8-11

La dépravation ·des Romains :

8 '

.

345, 5 : MERET (il reçoit un salaire)... il_touche un salaire tout à fait insignifiant ·et dérisoire ... et, pour ·..de· l'argènt, loue son travail ou se prostitue. Lucilius, livre· 1 N NON.

des légions avides de butin· 9 NON.

161, 16 : POPINONES (piliers de cabaret) désigne

ou bien ceux que nous appelons actuellement tabernarii (les cabaretiers) et dérive de popina;·ou bien les débauchés qui se consacren~ ~ux cabarets ... Lucilius,·livre 1oo

haïr

lecabaret mal famé, ~ouiUéet _immonde 10

356, 27 : TVNICA (la tunique) désigne_unvêt_ement sans manches... Lucilius, Satires, livre 1~ NON.

des toges prétextes et des tuniques -de. Lydie, travail. tout à fait méprisable,.

11 540, 28 : AMPHITAPOE désigne des tapis ayant· des poils sur les deux côtés. Lucilius, Satires, livre 1N 11 _1s1nonE,Orig. 19, 26, 5 : SIPLA désigne un tapis n'ayant de poils que sur un seul côté, pour ainsi dire simpla. AMPHITAPA est un tapis ayant des poils sur le dessus et sur le dessous. LuciliusN · NÇ)N.

des tapis simples et des tapis doubles, aux

longues soies, moelleux I

LIBER

92

I, 8 (10 .M) -· 11 (13 M)

8-(10 M) 345, 5 : MERET ... humillimum et sordid.issimum quaestum capit ... et oh ,niercedem laborem uel infamiam corporis locat. Lucilius IN · , NON.

et mercedimerae legiones

....

9 (11 M) 161, 16 : POP_INONES, uel hi, quos nunc dicinius tabernarios, a popinis, uel luxuriosi, qui se popinis dedunt ... Lucilius lib. IN

NON.

infamam incestam turpemque odisse popinam 10 (12 M) 356, 27 : TVNICA est uestimentum sine manicis ... Lucilius Satyrarum lib. IN

NON.

praetextae

ac tunicae

Lydorum, opus, sord_i[dum omne

11 (13_M) 540, 28: AMPHITAPOE uestes dicuntur utrimque habentes uillos. Lucilius Satyraru!Il lih. _IN .·11·· 1s1n., Orig. 19, 26, 5 SIPLA: tapeta ex una parte uillosa quasi simpla. Amphitapa ex utraque parte uillosa _:tapeta. LuciiiusN NON.

psilae atque amphitapoe uillis ingentibus molles. /

8 mercedimerae legiones Buccheler : mercede meret religiones codd.

. · 9 infamam codd. edd. : infamem ed. pr. N_ON. Il incestam CorpetTerzaghi : honestam codd. obscenam Rycquius ip.honestam.

autem Marx inhonestatam Warminglon coni. 10 sordidum codd. Terzaghi_: sordidam L 1 . sordidulum J. Dousa Marx 11 psilae codd. N,ON. : siplae codd. 1s1n. Il atque codd. edd. : adque L 1 NON. Il amphitapoe Terzaghi : amfytaui L 1CADA:NON. amfytapae A A BA NON. am phitapi W arminglon. -

,,

\

93

LIVRE I, 12..15

12 MACROBE,

Sat. 6, 4, 18 : Caton a aussi .introduit des mots·

grecs dans son œuvre mais il n'a pas été le premier à oser le faire; il suivait en effet les innovations des auteurs anciens... Lucilius, dans le livre 1N

et puis ces clinopodeset ces lustres,comme nous nous sommes ·mis.à dire .avec emphase, étaient auparav~nt des pieds de l.it et des lampes. 13 NON~

521, 19: Les Anciens employaient mira (merveilleux)

et miracula (prodige) pour désigner des faits extraordinaires et épouvantables. Lucilius, Satires, livre 1_N

le fabricant de coussins fait des prodiges. 14 I, 118, 29 : Certains noms sont radicaux et Pline l'Ancien, .dans le même ouvrage, les appelle productifs ; sur eux sont ~âtis les noms marquant. un ràpport de ·p_ossession, qu'il appelle noms dépendants; comrne aquale. Ainsi, · Lucilius, dans. ~e livre 1 des

· CHAR1s1us,

G.L.K.

Satires, N

et les arutènes, dit-il, sont des pots-à-eau. 15 G~L.K. I, 486, 14 : 'D'autres pensent _que le mot satire vient de l'expression leœsatura, Ia_loiqui dans un .seul vote englobe plusieurs propositions, parce que, dans la satire aussi, plusieurs poèmes sont englobés. Lucilius cite 1~ lex satura·dans son premier· livreN DIOMEDE,

· que (le ·sénat?) dispense d'obéir aux lois un édile nommé par une procédure. de vote bloqué._

..

93

LIBER I,: 12 (15-6 M) -.15 {48 M)

12 (15-,~M) Graeca uerba sed non primus hoc ausus, auctorum enim ueter:um audaciam se.cutus est... Lucilius_in ·primoN MACR.,

Sat. 6, 4, 18 : Cato inseruit operi suô

et

porro clinopodas lychnosque ut diximus·semnos ; ante pedes lecti atque _lucernas. 13 (14 M) 521, 19: MIRA et MIRACVLAueteres·pro monstris uel horrendis ponebant. LuciHus Saturarum lib. lro NON.

miracla_ciet lylyphantas. 14 (17 M)

G.L.K. I, 118, 29 : Nomina quaedam sunt principalia, quae Plinius Secundus eodem libro facienti~ CHAR1s1vs,

appellat, ex quibus possessiua nascuntur, quae patiendi uocat,· ut aquale. Nam Lucilius libro I Saturarum"'

< - vv

- vv

-

> arutaenaeque, inquit, aquales. 15 (48 M)

G.L.K. I, 486, ·14 : Alii autem dictam putant a lege satura, quae uno rogatu multa simul comprehendat, quod scilicet et satura carmine multa simul poemata comprehenduntur. Cuius saturae legis Lucilius meminit in primoN ,· DIOMEDES,

pef ·satyram aeclilemfactum qui legibus soluat .

12 clinopodas edd. : KEinopoda

c. N

.

KEINOpodac c. P Il

lychnos : lichnos .codd. 13·ciet tylyphantas Marx : ciet elephantas Terzaghi ciet elefantas L ciet et elefantas BAGAciet elefantèsAA cient elefantes lunius. 15 satyram ABM: saturam edd. 7

94

LJVRE · I, 16-18 .

'.

La discussion des Dieux :-

16 SERVIUS,

Ad -Aen. 3, 119 : PVLCHER

.APOLLO (le

bel Apollon), ... Certains blâment l'épithète de puléher .donné .à Apollon ; en effet, les Anc~ensappellent _pulcher les débauchés. De fait, dans Lucilius, Apollon ne veut pas que -l'on dise le.-belApollon 11LACTANCE, Diu. Instil. 4, 3., 12: c'est ·pourquoi Jupiter, dans les prières;· est invoqué sous ~e.nom de père, ainsi que Saturne, Janus, Liber et tous les autres dieux à la suite, usage que Lucilius raille dans l'assemblée des dieuxN

ainsi il n'est .aticun de nous qui, du premier jusqu'au dernier, ne soit père ou ne soit appelé père, Très bon Père des Dieux, ou Père Neptune, . Père Liber ou -Père Saturne, Père Mars, Père Janus ou Père _Quirinus. 17 LACTANCE,

Diu'. lnstit.

5, 14, 3 : Carnéade, philosophè de

, l'Académie, posséda dans ses analyses, là puissance, l'éloquence, la finesse : celui qui l'ignore,. le comprendra précisément par l'éloge de ce philosophe que fait Cicéron ; ou encore Lucilius, chez qui Neptune, en dissertant sur une question très difficile, déclare ·qu'on ne peut la débrouillerN ·

même pas si les Enfers relâchaient' Carnéade en personne. 18 JULIUS

RUFINIANus,

Rh. L. Halm, 46, 1 : L 'épanalepsis

est la répétition d'une expression, qui se fonde sur quelque raison, à l'inverse de ce qui se produit· dans les figures de_style. Ainsi dans LuciliusN

Je voudrais qu'à cette. assemblée dont vous dites,· habitants du ciel, que vous .l'avez jadis tenue ici, je voudrais que nous eussions··étéprésents à cette première assemblée.

/

94

LIBER I, 16 -(19-23M) -18 (27-9 '.M)

16 (19-~ M) ti.lotv1vs,Ad Aen. 3, 119 :_P·VLÇHEJl APOLio

... Ef quidam pulcher Apollo epitheton datum Apollini r~prelwndunt; pulchros enim a ueteribµs exoletos dictos. Nam· ul, upud Lucilium Apollo pulcher dici non uult. .11 J.AC'l'ANT., Diu. lnslit. 4, 3, 12 : Itaque et Iuppiter a i,1•ocantibuspater uocatur et Saturnus et Ianus et Lihor et ceteri deinceps, quod Lucilius in deorum concilio înrîdet N -~-vv-vv-vv-vv-vv-

-> ut

ncmo sit nostrum quin aut pater optimus diuum, uut Neptunus pater, Liber Saturnus pater, Mars Innus Quirinus pater siet ac dicatur ad unum. 17 (31 M) Diu. ITJ,stit.5, 14, 3 :-Carneades; -Academicae 1-1ocLae philosophus, cuius in disserendo quae uis fuerit, qune eloquentia, quod acumen, qui nescit, ipsum ex pracdicatione-Ciceronisintelleget, aut Lu'cilii,apud quem disserens Neptunus de_re difficillima ostendit non posse iollumest coni. Marx : q b e codd~quare bonus es Leo Terzaghi nodum in scirpo, in sano facere ul_cus 24 (40-2-~) Rh. L. Halm, 45, 6 : Epagoge : fit haec ex rerum similium collatione uel argumentorum uutem, ut LuciliusN rvLrvs

RVFINIANvs,

nam si tu fluctus undasque e gurgite salso tollere decreris,·uenti prius· Emathii uim, uentum, inquam, tollas t·t c q i I t · 25 (49-50M) 159, 30 : PRIVA significat singula. Lucilius·Satyrarum lib. IN 11 NON. 35, 21 ·: PRIVVM est proprium uniuscuiusque; unde et res priuata. Lucilius lib. XXX ... NON.

IdemN 11 GELL. -10, 20; 4 ·: Non sunt enim. generalia. iussa neque de uniuersis ciuibus sed de singulis concepta ; quocirca priuilegia potins -uocari debent, quia ueteres priua dixerunt quae nos singula dicimus ; quo uerbo Lucilius in primo Satyrarum usus estN

Ad cenam adducam et . priinum hisce abdomina -[thynni aduenientibus priua dabo cephalaeaque acarnae. 23 in sano facere ulcus codd. Terzaghi Warmington : insane quaerere uultis Marx 24 Emathii uim Lachmann : Haematium codd. Il t c q i 1 codd. : tum cedet quae ira lacunis suppl. Marx et alii alia.. 25 ad - hisce om. codd. GELL., NON. 35 ll thynni codd. GELL. : tunni codd. NON. 35 thunni codd. NON. 159 Il aduenientibus codd. NON., edd. : auenientibus codd. GELL. Il cephalaeaque acarnae om. codd.NON. 35, 159

97

LIVRE -1, 26-29

26 158, 10 :. PAVSA désigne l'interruption d'un acte ... Lucilius, .Satires,livre 1 N ·

NON.

Quand il eut prononcé ées mots, il laissa la p~role reposer sur, ses .lèvres. · Cornelius Lenfulus · Lupus :

.27 1s1noRE,Diff. 1, 589 : La figure est l'aspect naturel et .non modifiable dù visage; la physionomie, au contraire, varie selon la· -qualité des objets et des circonstances qui nous entourent ... C'est pourquoi; comme s'il établissait cette distinction, Lucilius écritN

Quelle·~st la figure de cet hom~e ? quelle est sa physionomie?_·

28 \

427, 5 :_Entre physionomie et figure, la différence e~t la suivante : la physionomie est le se·ntiment que les mouvements de l'âme impriment sur la figure ; la figure est l'aspect du visage... Lucilius, Satires, livre 1ru

NON.

. Sur sa physionomie comme sur son visage·,ce qui n'était _pas la .mort était la maladie, le poison.

29. G.L.K. 1, 98, 3 : Virgile emploie uultur (le vautour) dans le livre 6, mais Lucilius utilise uullurius dans le· livre 1, comme pour pauo et pauos. 11 BEDE, Orlh~, G.L.K. VII, 294, 22 : Virgile emploie uultur (le vaµtour) dans le livr.e 6, mais Lucilius emploie uulturius dans le livre 1.

· CHAR1s1us,-

un vautour.

97

LIBER I, 26 _(18M)'- 29 (46. M)

26 (18 M) 158~ 10 : PAVSA ~st quie•s alicuius rei.... Luciliqs Satyrarum lib. IN NON.

1-Iaecubi dicta, dedit· pausam :ore loquéndi_. 27-(43 M) 1s10., Difl. 1, 589 : Facies est naturalis oris habitus immutabilis; uultus uero pro· rerum·· atque temporum· qualitate uarius ac mutabilis... !taque Lucilius. haec quasi distinguens _aitN

Quae facies, qui uultus uiro ? 28-(44 M) 427, 5 : VVL TVS et FACIES hoc distant : uultus est uoluntas qua_epro .motu afl:~Ihiin facie ostenditur ; facies ipsa -oris species... Lucilius;-Satyrarum lib. IN NON.

Vultus. item ut facies, mors cetera, morbus, uene[nu~.

29 (46 M) G.L.K. I, 98, 3 : Vultur dixit Vergilius in VI; sed et uulturius Lucilius in 1,ut pauos et"patio.11BEDA, Orth., G.L.K. VII, 294, 22 : Vultur dixit Vergilius in VI, sed et· uulturius Lucilius in 1. CHÀRISIVS,

uulturius

28 cetera Marx : citera Aa citer cett. acer Lachrriannteter Passeraticterus Scaliger.

'

· LIVRE_I,_30-33

30 117, 18 : La gangrène est un cancer. Lucilius, Satires,livre 1ru

· NON.

.

'

d~ sorte· que puissent·s'insinuer, par la maladie, , une gangrène et un herpès.· 31 NON.·

500, 21 : Ablatif employé à la place du génitif ...

Lucilius, Satires, livre 1N

Bref, quel que soit celui o~ celle qui ait fait opposition, comme nous l'avons dit précédemment, tout d-'abord,· en ce qui concerne cet individu, le point ÎJ:11portantest sa déchéance. 32 174, 29 : SCELEROSI (les scélérats) au lieu de . scelerati.-,.Lucilius, Satires, livre 1 N Il DONAT, Ter. NùN.

Eun. 734: IAMDVDVM AETATEM: parce que iamdudum indique une durée indéfinie, Térence a ajouté aetatem pour montrer qu'un long espace de t_empss'est écoulé depuis l'action ; iamdudum aetatem est mis pour long-

tetn·ps; ainsi L_uciliusN

que l_espervers admirent ce fléau plusieurs jours et, plusieurs mois, mais :non pas une vie entière.

L.L. 7, 47 : Chez Luciliusoo, ce sont des noms de poissons·qui ont une origine grecque.

VARRON,

Ta mort, Lupus, ce sont les coraéins et le jus de silure.

LIBER

I, 30 (53 M) - 33 (54 M)

98. '

117, 18 : GANGRAENA est cancer. Lucilius Saty .. rarum lib. IN . · NON.

serpere uti ·gangraena malo atque herpestica [posset. 31 (51-2 M) 500, 21 : ABLATIVVS pro gen·etiuo..• Lucilius Satyrarum lib. IN·

NON.

Porro quaecumque et quicumque, ut diximus ante,· obstiterit, primo hoc minuendi < -> refert res, 32 (37-9 M)174, 29.: SCELEROSI pro scelerati. Lucilius Satyrarum lib. !ru Il DONAT., Ter. Eun. 734 : IAMDVDVM AETATEM: quia iamdudum infinitae morae est, addidit aetatem, ut ostenderet multum abiisse temporis, ut factum est. Iamdudum aetatem pro longinquo tempore,. ut Lucilius N NoN.

< -vv-vv

> ut multos mensesque diesque-,

non tamen aetatem, tempestatem hanc scelerosi mirentur. -33 (54 M) VARRo,L.L. 7, 47 : Apud Lucilium ex, piscium nomina sunt eorumque in Graecia origo.

Occidunt, Lupe, saperdae té et iura siluri. 30 malo codd.1-W:arx : mala Dousa edd. !Iatque codd.: adquem L 31 quaecumqueet codd.,edd.: quacumque it Marx Ilquicumque Lindsay edd. : cuicumque codd. Il refert codd. edd. : intentus refert Marx Il res codd. : re M ueller M arœ 32 ut - diesque om. codd.NON. Il tempestatem-mirentur om. codd. DONAT.

33 Lupe saperdae te edd. : lupes aper de te cod.

LIVRE II

:

,.

NOTICE En 119, rentré à Rome après avoir pendant un··an administré la province ~'Asie, ie préteur Q:Mucius Scaevola1 fut .traîné devant lès tribunaux par. T. Albucius2 ·qui lui reprochait·. ses· malversations~ (1) Q. Mucius Scaevola fut. préteur en 120, consul en 117. Il était fils du Scaevola qui fut tribun des soldats dans la guerre contre Persée et :consul en 174, cousin germain ~e P. Mucius Scaevola le Grand. Pontife qui, consul en 133, fit tout ce qui était en ~on pouvoir pour s;:iuver Tibérius Gracchus·; si son ascendance le liait" à la noblesse progressiste, il n'en avait pas moins de nombreuses attaches avec le cercle des Scipions :··il épousa la fille de La~lius (Cie.,De Oral. 1, 35); il: étudia la philosophie stoïcienne sous la direction de .Panaetius (Cie.,De Oral..'1, . 11 et 1, 75). Cicéron, qui en· fit l'un des interlocuteurs· du De Oratore,le vante souvent pour··sa profonde connaissance du droit civil (De Orat. 1, 39; 1, 200 ; Brut.·306) et sa sagésse incoin-. parable (BrTJl.102). Il lui reconnaît' également un grand courage, et; ·sous.la lorsqu'il s'opposa aux entreprises deSaturninus. noo). dictature de Sylla (88), refusa de condamner Marius qui ·avait sauvé la république (cf. Rab. 21, et Val. Max. 3~8, 5). (2) T. _Albucius était' beaucoup· plus jeune; il commença vraisemblablement sa carrière politique e~ engageant l'action de repetundis contre Scaevola mais ce fut un échec car l'accusé fut acquitté. Cicéron en parle à plusieurs reprises : - dans Brut. 131, il le dépeint comme un épicurien hellé-nisant : Doctusetiam GraecisT. Albucius uel potius paene Graecus. Loquor, ut .opinor; sed licet ex orationibus iudicare~Fuit autem Athenis adulescens, perfeclus Epicureus_euaserat, minime aptum ad dicendum genus. Il termina.sa vie en exil à Athènes, ef. Tusc. 5, 108-: Quid? T. Albucius nonne animo aequissimo Athenis exul philosophabatur?Cui -lamen illud non accidisset,si in re publicçt quiescensEpicuri legibus paruissel. :· ·' - Il fut condamné en 104, parce que, préteur- en· Sardaigne . en 105, puis propréteur en 104, il avait célébré un triomphe...sous sa seule responsabilité, et malgré les ordres du, sénat (cf. Prou. .

·fo2

NOTICE

Cicéron - en de nombreux passages mais aussi Perse et Quintilien 3 évoquent ·1e récit humoristique que Lucilius écrivit à partir du procès. Malgré l'absence · de toute référence explicite, Marx et tous les éditeurs Cons. 15 ; Diu. in Çaec. 63 ; Pis. 92; Off. 2, 50 ; Tusc. 5, 108 ; Scaur. ·40). (3) Juvénal fait allusion à la satire de Lucilius (1, 154) : Quid refert dictis ignoscat Mucius an non? Perse également (I, 115) : ••. Secuit Lucilius urbem Te, Lupe, te, Muci, et genuinum fregit in illis. Pour l'interprétation qu'il convient de donner à ces vers, cf. notice du livre J,,.note 5. Quintilien la cite dans 9, 4, 113. Les références les plus nombreuses sont faites par Cicéron. Elles révèlent que Mucius Sca·evola plaidait lui-même s'il avait à se défendre, mais qu'il n'était pas un orateur : Mucius autem augur quod pro se opus erat ipse dicebat, ut de pecuniis repetundis contra T. Albucium. Is oratorum in numero non fuit, iuris ciuilis intellegenlia atque omni prudentiae' genere praestitit (Brut. 102). Lueilius racontait l'anecdote d'Athènes : Res uero bonas uerbis electis grauiter ornàtequedictas quis non legat? nisi qui se plane Graecum dici uelit, ut a Scaeuola -est praetore salutatus Athenis Albucius. Quam quidem locum cum malta uenustate et omni, sale idem Lucilius apud qùem praeclare Scaeuola... (Fin. I 9-10). Par la bouche de Scaevola, le poète raillait Albucius mais aussi Crassus, gendre du jurisconsulte. Conlocalionisest componere et . struere uerba sic ut neue asper eorum concursus neue hiulcus sil sed quodam modo coagmentatus et Ieuis. In quo lepide in .soceri meo persor:alusit is qui elegantissime id f acere potuit, Lucilius: ' Quam lepide lexis compostae, ut tesserulae omnes ··arte pauimento atque emble'!',aleuermiculato'. Quae c,im dixisset in Albucium inludens, ne a me quidem abstinuit: ' Crassum habeo generum, ne rhetoricoterustu sis '. Quid ergo? iste Crassus quoniam eius abuteris nomine quid effi,cit? lllud quidem scilicet, ut ille · uult et ego uellem, melius aliquanto quam Albucius (Cie., Oral. 149). · Visiblement toutes les ·citations transmises par Cicéron sont -empruntées à un même récit; elles appartiennent toutes au . même personnage, Scaevola. ,Celui-ci raille la grécomanie de son adversaire (Fin. 1, 9-10) puis son éloquence (De Oral. 3, 171) qui, comme le suppose la remarque faussement modeste de Crassus, devait. utiliser abondamment,. et maladroitement, les procédés rhétoriques qui caractérisent le genre asiatique (cf. note du fragment 15). A la sécheresse du jurisconsulte mauvais orateur; la satire opposait l'exubérance de l'orateur hellénisant.

, 103

qui l'ont suivi, ont admis que cette anecdote ju,diciaire constituait le sujet du livre II 4_., . · · Les Anciens attribuent à l'ouvrage 21 fragments auxquels s' aj out~nt '.deux citations, qui ~raitent -de · cette même àfiaire 5• • (4) Quand, Cicéron, Quintilien, Perse ou Juvénal évoquent le récit du procès, ils ne renvoient jamais au livre 2 de Lucilius. Inversement, les fragments expressément attribués au livre 2 ne mentionnent jamais explicitement Scaevola ou Albucius~Ainsi s'explique l'embarras- des premiers··éditeµrs qui, le plus souvent (cf. Corpet ou Mueller),renonçaient à.trouver un principe d'organisation. . . _, , · Marx a pour la première fois rapproché ~erécit_,du prncès et les fragments du livre 2. Il note que ces derniers renferment plusieurs traits de la langue judiciaire : le pronom hic (2,-5· et 2, 9) désigne l'accusé, l'adjectif impuratus·s'applique à un voleur .(2, 3),· à un meurtrier (2, 6), le m_otnomènprend lè sens·de èréanc~ dans 2, 5 ; le condamné dans une action de.repetundispartait le plus souvent en exil (uagus exulei,' erret.exlex, 2, 2). Plusieurs vers peuvent se référer à Scaevola, parce qu'ils décrivent sa science· juridi_que(2, 14) ou encore les armoiries de sa famille (2,-~). Si cette démonstration est. toujours valable, il fal).t:conclure qu'Albucius accusait Scaevola non_seulement pour les vols qu'il aurait commis, mais aussi•pourles meurtres dontil aurait accom-pagné ses forfaits. Le plaidoyer comportait son .De praelura urbana (2, 3-5) mais aussi son De suppliciis (2, 6-7) et'éventuellement son De signis (2, 13) ; le tout s'accompagnait de réflexions sur la -vie de. débauche du p·réteur. Dans éette perspective-le livre 2 était formé par une seule satfre.. . La date de composition se sitt,1eimmédiatement après le procès qui se déroula en 119, lorsque Scaevola revint d' As_ie. Une anecdote du-DeOratore(2, 269) prouve de manière irréfutaple qùe le magistrat fut élu après la mort de C. Gracchus: .-._.ut noster capite erat Scaeuola.Septimuleioilli Anagnino, cui pro C. _Gracchi aurum repensum,roganti ut se in Asiam praefeètumduceret:·Quid ti~'i uis, inquit, insane?- Tanta malorum, ciuium est multitudo ut· libi ego· hoc confirmen, si Romae manseris, paucis annis te ad maximas pecunias esse ueniuru'm. (5)-J'ai éliminé le fragment 95 de M·arx(Bolisani96, Terzaghi 92). Il évoque, à propos du procès, un bon mot du crieur public Granius (cf. 11, "15; H 84; H ·s5). Cicéron, qui le raconte dans le De Oratore (2, 281), reprend une anecdote qui n'intervenait. peut-être pas dans le récit de Lucilius et quine contient peut-être pas un seul mot du poète. Le livre 2 décrivait le,procès; tout ce. qui concerne·1e procès n'est pas obligatoiremerît dans le livre 2. Un certain Albius fait. les frais de l'aventure : Bella etiam est 1

8

104

· ,NOTICE·.·

L#cilius.··rappelle-·les circonstances du -·poème.(1) ;· ensuite· _vien.n·ent les plaidoiries. pr~tend fournir la-·pre_uvede .chacune des .. Albucius·_ àceusations qu'il porte contre-son adversaire (2) : - accusation de vol_: Scaevol,a-est un rapace (3) ; exemple d'un ·cop.p de main aud~cieux (4) ; interrogation :de· témoins (5). · . ~- acéusation _demeurtre (6) sur la· personne_d'un _impotent(7).· · ---

-1

\

-

accusation·. de gloutonnerie (8),

de. mollesse et

:d'impudicité (9 et 10)- qui sans. -doute donnait .lieu à quelques développements érotiques (11 et 12) qui ·expliquaient peut-être. le vol de _riches vêtements 'féminins(13). , · Dans_sa réponse, Scaev.ola,dont le portrait est rapi~è~ent' -esquissé.par le poète (14), feirit de -redouter lè · ~iscours d'Al,htrcius,tout imprégnéd'éloquence asiatique (15). . .

,..

-

en

·~_Il expose, s~app~_yantsur des témoignages, qu'i~n'a tué perso:q.ne: il y eut une erreur dans l'identifi-·cation -au_ -mort;(16), ce qui nécessita une cérémonie -de putification ,(17et 18). . . familiaris 'reprehen_sio quasi errantis; ut quom obiurgaui-tAlbium . .Granius·quod, quom eiu.s tabulis. quiddam ab Albucio probatum u_ideretur; U(lldeabs_oluto Scaeuolagauderetneque iritellegèretcontra suas tabulas esse iudicatum. Pour étayer son accusàtion, Albucius fait citer Albius qui tenait les livres ·comptables de -Scaevola. Il pourra ainsi démontrer les malversations du magistrat. Sans . . ui-xuiuo homini ac monogrammo~8 (75 M)

ll, 9 : LVRCONES dièti sunt a lurchando ; lurchare est cum auiditate cibum sumere... Lucilius Satyrarum lib. II oo Il DONAT.,_· Ter. Phorm. · 988-: PVGNOS IN

NON.

\

4 ductoque èodd. edd. : obductQque teriebris J. Dousa abducnoctuque prop. Warminglon _ · --toque coni. M ar,::c 5 ·in nomen iam quae Marx Terzaghi : -nomen:iamqu'e codd. nomen iam quinte Lindsay nomentani quae. ScaligerWarmington nomen iam iam quae Leo. · · _ 6 inpuratum M~rktedd. : iniuriatum codd.

110

LIVRE II, _9...12

tre : est-ce,--que v~ntre·-désigne· le para~ite dans · sa totalité comme dans. le livre· 2 de Luciliusoo?_

Vivez bâfreurs, goinfres,-vivez ventres ! 9 Il, 1 :_Lemot LVRCONES vient de LVRCHARE; lurchare .(bâfrer) signifie prendre sa nourriture ·avec · · avidité. ~ucili~s, Satires,.livre· 2 N

NON.

:Pourquoi ·celui-ci avait-il besoin d'un portebonlieur éroti-que suspendu à - s·on·cou? Était-ce po1:1rdévorer du lard et, après cela, liquider', jusqu'à s'étouffer, la resserre aux jambons? 10. GLOSS.- IV, ·XVIII-: PEDICV_M, vice·. des personnes efféminées. Lucilius, livre 2 des Satires N

dès.·lors, il se débarrasse entièrement de sa pédérastie. -. .... .

'

.

.

65, 27: On appelle NATRICES- des serpents d'eau .•. ·Lucilius, Salirés, _livre 2 oo NON.·

·s'il lui plante dal).sles.fessesune a~guillech_arnue à grosse_tête. ·

12 .

.

NON.·

187, 17 : VVL_GA,réceptacle ou repli assez large.

.Luc~lius, livre 2 ro

·

-pénétrer ~ans un repli poilu.

·

'

\

. 110

LIBER· II~ .9 (78-80 M) - 12 (73 M·)

VENTREN INGERE: an uentrem totum parasitum dicit ?.~ut -Lucilius in secundo oo · · · '

'

Viuite lurcones, ·çoilledones, -uiuite uentres ! \

-

9 (78-80M) 11, 1 : LVRCONES dicti sunt a lurcqando ; lurchare est cum auiditate cibum s.umere. Lucilius Satyrarum lib. II N . ·. . NON.

Nam quid moetino subie?toque hùic opus signo ut lurcaretur lardum et carnaria fartim .

.

'

conficeret? 10 (74 .M) IV, XVIII : PEDICVM .: uitium -mollitiae. Lucilius in II Satyrarum C'? < - vv - vv - vv ·> .p·ediqumiam excoquit o:rrine GLOSS.

i1 (72_M) 65, ·27 : ·NATRICES· dicuntur angues ~atantes•~~: Lucilius Satyraruni lib. II N

NON.

si natibus naJricem inpressit.crassam etc~pitatain, '\'

12 (73 M)

187; 17 : VV;LGA,capacitas· uel. sinus cum laxitate. Lucilius lib.; II N · · · .: · · · NON.·

in uulga~ pènetrare pilosa~

8 Libro secundo iri.b. èodd~DONAT., libro quinto codd. NO~. Il uiuite. codd. NON. V DONAT. : inuitus codd. n·oNAT. !1lurcônes codd~ NON.: claucones codd.--DONAT., gla~cones V DONAT. U:uentres_V DONAT. :·uentrem c'odd.DONAT. tientris codd. NON.· ·· 9. subiectoque codd. : subrectoquè F. Dousa, ·Marx 11· fartim F3 .. CA. DA: parum L 1 f. parum BA f. porro Marx furtim partum

Lachmann _ . 10 pedicum codd. : paedicum W ar·minglon 12 uulgam codd_.edd. : bulgàm Marx _

·

·

· ·

111

.LIVRE II,· 13-15 .

13 539, 24 : RICA désign·ece que nQus n_oùsappelons su4arium· (mouchoir)..·. Lucilius, Satires, .livre 2 ro · NON. .

\

tuniques dorées, mouchoirs, plaques pectorales,

mitres.

·

Le· discours de Scaevola :

14 c_HAR1s1us, G.L.K. I, 82, 6 -: Il faut dire iuris consultus et· non pas iure consullus,bien· que Cicéron ait employé cette forme dans le Pro Murena, ainsi que Lucilius, daps le livre 2 ru

en tant que vèrsé dans le· droit~

15 c1c.,:.De Orat.·3, 171 ; L '.arrangement consiste à présenter et à·construire les mots de façon que leur rencontre ne soit ·ni rude ni heurtée, mais, d'u:µe certaine raço~, unie et _légère. A ce propos, le personnage de · mon beau-pè:r;e .a été agréablement raillé par l'homme. qui pouyait le f~ire avec le plus ,de·fi:r:i,esse, je veux dire LuciliusN·Après • avoir' prononcé ces paroles pour ·se moquer d'Albucius, , il n'hésita pas non plus à me citer N 11 cic., Oral. 149 : Voyons d'abord ce premier point, qui exige le soin le plus scrupuleux: il faut·que se produise.une sorte de con~truction, mais une constructio·n où l'on ne doit pas sentir l'effort, car, alors, le travail ~erait infini, autant que puéril; voilà ce que, dans L ucilius, Scévola reproche spirituellement à ·AibuciusN 11c1c., Brut. 274 : •••on n'aurait pu trouver aucun mot qui ne fût à sa place et dont la construction ne ressemblât à celle oo comme dit Lucilius. , 11.NON. 188, 20 : .VERMICVLATVMmis pour minutum . (composé d~ petites unités) ; Cicéron dans !'Orateur et· dans le De OratoreN 11 PLINE, N.H. 36, 185 : Que la mosaïque ait été vulgarisée avant la guerre contre les Cimbrespour le plus grand plaisir des esprits, on en trouve là preuve dans le vers de Luciliusru 11QUINTIL. 9, 4, 113: Nous· n'avons pas traité tout ·ce chapitre pour- que le

LIBER II, 13 (71 M) - 15 (84-6..M)

111

13 (7J M) NON •.

539, 24 : ::fllCA ~st-quod nos sud~rium dicimus.~.

Lucilius Satyrarum lib. II oo

-

chirqdyti aurati, ricae, toracia, ,mitra~. 14 (81 M) G.L.K. I, 82, 6 : luris consultus · dici debet, non iure constiltus, licet Cicero pro Murena ita dixeritet Lucilius II oo · · · CHAR1s1vs·,

·

ut iure peritus '

15 (84-6 M) c1c., De Orat. 3, 171 : Conlocationis est exponere et struere · uerba sic_ut· neue asper eoru~ conc;ursus·neue hiulcus sit sed quodam modo coagmentatùs et leuis. In quo lepide in· soceri mei persona lusit is qui .ëlegantissime id facere. potui.t, Luciliusro Quae cum dixisset in Albucium inludens; . ne a me quidem abstinuit oo. 11crc.; Oral. ·149 : Atque illud primum uideainus, quale sit, quod uel maxime desiderat diligentiam; ut fiàt quasi structura quaedam nec tamen fiat• opér'ose; nam- esset cu,m infinitus tum puerilis labor ; quod apud Luéi~ium scite exagitat in Albucio Scaeuola oo 11tic., Brut. 274 .: ...nullum · nisi loco positum et tamqtiam in uermicùlato' emblemate, u_t ait Lucilius,- structum uerbum uideres. 11NON. 188,-20 :_VERMICVLATVMpro minuta; Cicero in Oratore et De oratore lib. III N 11PLIN., N.JI. 36,185: Frequentata liero ·pauimenta anie Cimbricnm ·(béllum)' magna gratia ànimorum indicio est Lucilianusillé uersusN 11QUINTI-L. 9, 4, 113 : Totus uero hic locus non ideo tracta-

13 chirodyti M ueller. : .- doti · Bouterwek -. .dytœ Marx hrodyty codd. hrodeti CAIlricae toracia Warminglon : -- thoracia Marx Tèrzaghi cièe et oracia LA AGA cae et oracia BA Il mitrae codd. edd. : mare CA

·

·

112. o,iscours qui doit entraîner ·et 'être coulant; languisse, parce ql:).'onmesure des pieds ou _soupèse des syllabes; c'est "l'affaire-. d'un ~isérable, parm_îles plus médioëré~ ;· · et celui qui ·se: consacr_e ·entièr-ementà ces· ·o·ccupations ne·ser_a·phis.disponible pour cellesqui lui-sontpréférables, · si du moins,. délaissant la force des ·pensées et •méprisant ·leur ·éclat, il se contente, comme dit .·L_~cilius~. de"' · , ·

Comme joliment sont rangées les tournures ; toutes. rangées .av:ecart, comme les cu~ee dans un · _carrelageet dans une mosaïque vermiculée ! .J'ai 9rassus pour g~ndre, s'il faut rabattre ta belle rhétorique !

16 4, 29 : On ~ppelle CAPVLVM (coffre) tout ce qui contient· intérieurement une autre chose. Les Anciens .yeulent, àinsi, que l~on appelle capulum le _sarcophage, c'est~à-dire le sépulcre, parce qu'il contient le cadavre... L1.1cili:us,. livre 2 oo . . NON.

!

.

'

· CommeHo~tensius.et P9stumius, tous le~ autres également, avaient vu que _cen'était pas celui~ci qui était d~ns Ja bière; mais•qu'un a.utre homme ·y ,était étend_u, , .

'

,\

-NON. 261,·30 : CIRÇVMFERRE (porter autour) signifie .-proprement purifier par sacrifice expiatoire. Lucilius, . S0:lires,livre 2 N

un

Alors tout fut accompli ; fut purifié...

,

-

-L_IBER __IJ~ 15 (84~6.M) - 1_7.(6~-M)

112

tur a nobis -"Qt·'Oratio,quae. f~rri debet ac fluere, dime-

tiendis pedibus ac per·pendendis syllabis c~nsenesca~; nam id cum miseri, -tum in minimis occupati-est, nequ~ enim qui se totum in h~c cura consumpserit, potiorihu~ uacabit,., si quidem: relicto . rerum · ponct,ere·ac _.nitor~ contempto tesserulas,_utait Lucilius, struet. et uerrriiculate· inter se lexis committet. · ·

Quam lepi1de lexis compostae ut tesserulae omnes arte pauimento atque emblemate '.uermic~lato ! Cra~surri. habeo _generum,ne rhetoricoterus,tu. seis. 16 (60-1M) 4, 29 : CAPVLVM dicitur quicquid a,liamrem intra se capit. Nam sarcophagum, id est ·sepulchrum, capulum ··· dici ueteres·· uolunt; qùod· corpora capiat ...· Lucilius Satyràrum lib. II N · · ·

~ON.

Quem _cumuidissent Hortensius _Postumiusque ceteri item in capulo hune non esse· aliumque · · [cubare, 17 (64 M) 261, 30 : CIRCVMFERRE Lucilius ~atyra~um Iib. II N

NON.

.

est proprie Iustrare.

.

Tum facta omnia sunt, circumlatus... 15 quam lepidé codd.De Oral. Oral. :·om~celt. li lexis - o·innès codd. De Orat., ·oral., NON. : om. cett. Il lexis codd.Oral., NON. : ex iis H De Oral., A2De Orat.sinthesis VOP De Oral. Il conipostae codd~edd~: composui·et codd. NON. Il arte - atque : om. codd. Brut.. !Ipau1mentocodd. : pau1in.entauel pauimenticodd. PLIN. Il emblemate uermfoulato codd. : u.e~ codd. Brut. .11 crassum ----seis codd.De Oral.: om. cett. Il rhetoricoterus tu seis edd.: rhetorfoo te rustu sis A2 H P2·rhe~orico.te rus tu ses cett. 16 qüem cum lunius Havel : quem illi· cum codd. quom illi Marœ' Warmini,ton.quom illico Lindsay Terzaghi _quom iHic· Mueller · _ . 17 facta AA, Terzaghi : facto LB_Af~rtolunius Lindsay Ilsunt codd.: sum M arœ W'arminglon

113

LIVRE 11,· 18-20

18 335, 20. : · LVSTRARE ·signifie·purifier par- des sac;rificesexpiatoires... Luciliùs, Satires, livre 2 N NON.·

... purifié, conjuré. 19 c1ç., Fin. I, 8 : De bons sujets traités avec sérieux èt ·,élégance dans une langue· choisie, qui ne les- lir.ait? .;Biensûr pas ceux qui veulent passer_pour entièrement grecs, comme Albucius qui f~t interpellé à Athènes par le ·préteur Scévola~La scène précisément a été décrite, avec beaucoup de charme et tout lè ·piquant voulu, par le même Lucilius qui fait parler Scévola à merveilleN -

..

Albucius, ·.tu as_préféré être appelé Grec plutôt

que Roniairi et Sabin, concitoyen des centurions Pontus et .Tritannus, hommes remarquables, du premier rang, et porte-enseigne. C'est'donc en grec ·qu~, ·préteur, de passage à. Athènes, je te salue comme tu le préfères, lorsque. tu viens vers moi : xœ!pe,dis-je, Titus! Les licteurs, l'escorte entière ·et les spectateurs _s'écrient: x,aiee Titus! Depuis, Albucius est .mon ennemi -public, depuis, il est .. , mo~ ennemi Jure. ,'

.Incidents · de séance :

\

268, 6 : COICERE... voler, enlever... Lucilius, livre 2N NON.

Que dis-tu? Pourquoi a été accompli l'acte que

tu supposes·1

·

LIBER II, .l~ (6.5 M) - 20 (87. M)

113

18 (65·M)· 335, ·20: LVSTRARE, expiare... _LuciliusSatyrarum . lib. IIN NON.

< -vv-vv-v.v-

> lustratus, piatus. 19 (88-94 M)

c1c., Fin. 1, 8 : Res uero bonas uerbis electis grauiter ornateque. dictas quis ·non legat_? nisi qui se plane Graecum dici -µelit, ut a Scaeuola praetore salutatus · Athenis Albucius.· Quem quidem locum euro . multa uenustate et omni sale-idemLucilius, apud quem praeclare· ScaeuolaN

Graecum te, Albuci, quam Romanum atque· . [Sabinum, municipem Ponti, Tritanni, centurionum, praeclarorum hominum ac primorum signife-. [rumqu·e· maluisti dici. Graece ergo·praetor Athenis, · id quod malûisti, te, .cum ·ad meaccedis, saluto _: xa.'tpe:,.·inquam, Titel' Lictores, turrna omnis [chorusque : zaiee T;ite! Hinc hostis mi Albucius, .hinc _inimicus~ 20 (87 M) NON.

268, 6 : · COICERE... furari, auferre... Lucilius

lib~ Il N

Quid dicis? cur est factum quod coicis _istuc·? 19 ponti codd. edd. : pontii A B E P Il tritanni uulg : tritanii A E trianii A1 tritunii B tritani Marx Il ergo codd. edd. : enimB E I! xcx~pe: codd. edd. : chaere A~ Marx Terzaghi Warmington · chere·P care BE Il chorusque codd. : ..èohorsque P Il hinc A 2 P 2 : 9

hic A 1 BE.

20 quod codd. : quo E, Lindsay quor Mueller. 9

114

LIVRE II,· 21-23 ·

21 Ter~Phorm.. 123 : Que tous les dieux le perdentI : qui signifie ulinam, comme dans Lucilius aulivre 2N

,DONAT,

Que,,.cela, rustre, te porle malheur! Alors il passe à la suite.

22 '





,1

:1.02,10: EXCANTARE (faire venir par des incan·ta:H.ons) .signifie. extirper .. ~ Lucilius, Satires, li~e 2 (X) NON.

par ce moyen aujourd'hui j'ensorcelle, je tire et par mes enchantements j'extirpe de la ..bouche d'E.milius. ·

25, 15.: On appelle CA.TAX celui· qu'on appelle aujourd'.hui coxo (boiteux). Lucilius, Satires,.livre 2 oo 11NON. 218, 33: PERMITIES (fléau) est du genre féminin. iucilius, ·Satires, livre 2.N

,NON.

.·.. bien aù contraire, envoyons· aùx ennemis cette peste et ce fléau q~e, le boiteux Manlius apporta aussi chez nous.

114

LIBER I.I, 21 (56 M) -,23· (76-7 M}

, 21 (5'6M) .

.

uoNAT., Ter .. Phorm. ·1_23: QV I ILL VM DI OMNES PERDVI1VT : ..qui utinam est ut Lucilius in s'ecundoN

Qui le , 1Vlonlane,'malum~ ad cetera · [pergit. 22 (62-3 M) '

102, 10 : EXCANTARE significat excludere.·.. Lucilius Satyrarum lib. II_N

NON.

qua ego nunc Aemilio [prae

canto atque exigo et excanto. 23 (76-7 M) 25, 15 : CATAX dici~ur quem nunc coxonem uocant. Lucilius S~tyrarum lib. II N 11NON. 218, 33 :. NON.

PERMITIES generis feminini. Lucilius Satyrarum ·ub. J.IN

hostilibus contra

pestem permitiemque, catax quam ·et Manlius [nobi~. ' .

.

21 qui te di Baehrens Alarx edd. : qui te codd. Il montane muid. Marx Terzaghi : nomentane Warminglon Mueller moment.nnc Ùel momentane codd. Il tum Terzaghi : atque_;Mar3?· Il ad •~ol.crapergit codd. edd. : adquerquera pergit J. Dous.a 22 qua codd. edd. : quae Marx li huic add. Marx.. . 23 hostilibus contra codd. 25 : om. codd. 218 Il hostilib~s codd. Marx : hostilius Gerlach.Passerai hostibimus Palmer, ( Hermath. .X.JYII, 406) hostibus J. Dousa Il permitiemque codd. edd.: pesmi1.lomqueL1 Il maruius codd. : manius Mueller Li(ldsay Il nobis mld. : nouis Fa nouus L nouius B4. ·

LIVRE III

NOTICE

,.

Selon Porphyrion1 , la parodie . Sujet du ]ivre 3 : . d'Ennius peut-être, mais surto~t d' Accius faisait le charme du livre 3. Selon le même commentateur2, l'ouvrage contient la ,. relation·d'un __ voyage de Romè·à Capoue, puis de·Capoue en Sicile, que Lucilius entreprit. sans doute vers les années 119-1163 ; il constitu_e.également le modèle. (1)- Porphyrion, Ad Hor., Sat. 1, 1.0, 53-4 : . 53. NIL COMIS TRAGICI et reliqua: ordo est 'lragici Acci

nihil mutat Lucilius? ' et ·hoc interrogâtiva figura · cum irania quadampronuntiandizmquia ex contrariointellegendumest. Comis autem Lucilius propter Ùrbanitatemdicitur, ei' mutal '. pro eo quod est emendat,. positum est. Fa.cil autem Lucilius hoc cum alias t um uel maxime in tertio li bro;.memin.il V 11I 1.et X .. I

GRAVITATE MINO. . RES: eadem,qua supra figura et hoc dicitur. Sens us autem.est: 54. NON BIDET

VERSVS

ENNII

,

non ergo·etiam Enni u"ersusridel, qui m•ïno!eSsunt, t quam quam · · dignitatemeius possit? (2) Porphyrion, _Ad Hor., _Sal.i, 5,. 1 :-: I. EGRESSVM

MAGNA

ME ÀCCEPJ.T

ARJCiA ROMA:Lucilio hac satura aemulatu.rHorati_usiter su.um a Roma Brun-

desium·u~quedescribens,quod et ille i11:.tertio libro feéft, primo. a fretum ·sicillen.~e.Le verbe aemulciri .llomaCapuam usque et in

5 (109 M)

489,13 : Ah -eo. qu_od~s~

labos LABOSVM facit, non· la~_oriosum.Lucilius: S3:tyrarum lib. III N -' NON.

Praeterea omne iter est hoc labosum atque hito_. · [sum.

6 (105-~6MJ 279, 26 : DEPONERE ... est desperare; unde_ et depositi desperati dicuntur. Lucilius Satyrarum lib. III N 11NON. 38, 25 : EXPIRARE dictum est uel ab- spiritu effuso uel ab spiraminibus. Lucilius lib. IIIN NON.

Sym~achus praeterea .ia:m.tum dep~stu_sbubulc_us ex~pir~ns an.imam pulmonibus aeger agebat. 7 (101 M) NON.

I

123, 25 : IN CI'f AS _dicitur egestas~.. Lucilius S~ty--

rarum lib. III

N

illud ad incita cum redit atque internecionem. .

'

4 bis codd. edd. : · uis L A A

octogena Scaliger edd~: quin octogena G1B L qui in _actogena- A& Il commoda, te codd. Marx : commoda tune Mueilêr commoda at e Lindsay .-_· 6 symmachus- bubulcus codd. 279: om. codd. 5511symmac~us edd. : symmacus L 1 simmachus G B symmacus Marx Warmington Il exspirans codd. 38 : exalans codd. 279 7 redit G1 edd. : rediit codd. Il atque. codd. edd. : aque L1 1

'Il quina

124

. LIVRE III~ 8-9· L'itinéraire suivi :

8 16, 9, ·3 : .Que signifie l'expression .susque deque qtie l'on rencontre. très· souvent dans les ouvrages des Anciens? Busque dequefero, susque dequesum, susqùe deqzze habeo (ce sont les trois- expressions que l'on rencontre) sont des tournures. tirées de la conversation des gens cultivés ; ·on la rencontre souvent aussi dans les poèmes et dans les lettres des anciens. Mais il est plu~ facile de trouver des gens qui en fassent étalage que des gens._qui la comprennent. Ainsi, pour la plupart, noüs Iioushâtons d'utiliser les mots rares, mais no·n de les in~erpréter. L'expression susque deque ferre signifie donc supporter avec calme· et ne pas attribuer une grande import~nce aux événements fâcheux, les négliger et les mépriser ; c'est pratique:r:n.ent.l'équivalent du .grec &8ux.cpopE:!v (être indifférent).~. Lucil_iusdans le-livre 3 N AULU-GELLE

-.Mais dans ce· parcours le voyage fùt ·un jeu; tout se_fit sans peine ; tout, dis-je, se fit sans peine, tout'fut·un jeu et un~ plaisanterie; mais le ni.ornent arrivée dans le territoire de difficile fut notre . Sétia ·: montagnes à décourager les chèvres, partout · . des Etna, d'âpres Athos. .

9 122, 20 M· :_On appela Pouzzoles la seconde Délos -parce que jadis ·oélos fut le ·plus grand port du monde ; ensuite Pouzzoles lui succéda, municipe grec qui ·se nommait auparavant Dicearchia. DP là le .·vers de Lucilius N P~vLus

EX

l4~EsTo

D~ là (no_us partîmes) pour les peuples de ·Dicéarchia et la seconde Délos ..

LIBER LH, 8 {110-a M}- 9 (123 M)

124

8. (110-3 M) 16, 9, 3 : Quid. significet ûerbum in libris ueteruin creberrime positüm susque deque. SVSQVE DEQVE FERO; SVSQVE DEQVE SV~, SVSQVE DEQVE HABEO (his enim omnibus modis dicitur) uerbum est ex hominum doctorum sermonibus ; in poematis quoque et in epistolis · ueterum script uni est .plurifaria m. Sed facilius reperias qui id uerbum ostentent · quam ·qui intelligant. lta plerique nostrum, quae remotiora uerba inuenimus, dicere ea properamus, non discere. Sigiiificat autem susque. deque /erre animo aequo esse, ·.et quo~ accidit non .magni pendere atque :interdum neglegere et ·contemnere ; et· propemodum . id ualet quod· dicitur Graece· &8t«comme s'il· disait dignu locoque. ·

Il y .avait ·aux jeux offerts par· les Flacci, un. Samnite nommé Aeserninus, homme cruel, .dignè de cette vie et de cette condition ; on le uiet en face de Pacideianus qui, depuis qu'il y a des hommes, fut de beaucoup le meilleur des gladiateurs.

2 c1c., Tusc. , 4, 48 : Vraiment, e~t-ce qu'un homme courageux ne peut être courageux que s'il est .en colère? Cela,_c'est bon pour un gladiateur; et du reste, nous voyons souvent· les glac;liateursmêmes garder leur sangf.roid... donnant ai:r~_si une impression de calme plus que de colère. Mais admett~ns que se rencontre dans cette catégorie d'hommes, un Pacideianus avec l'acharnement que décrit LuciliusN en revanche, il n'y a pas trace de cette colère de gladiateur chez l'Ajax d'Homère qui est de-fort joyeuse humeur quand il marche au combat décisif qui doit l'opposer à Hector~ 11 SERVIUS, ·Ad Aen. 12, 646 :

LIBER.· JV, 1 (149-152 M) - 2 (153-8 M)

139

\

litteram detrahebant, nisi uocalis insequebatur. Ita non erat ea offensio in uersibus, q.uam nunc fugiunt poetae noui. Sic enim loquebamur : qui est omn'ibu' princeps; non omnibus princeps et N 11QUINTIL. 9, 4, 38 : Ceterum consonantes quoque, earumque praecipue quae sunt asperiores, in commissura uerborum rixantur, ut si s ultima cum x proxirria confligat, ~··Quae fuit causa et Seruio, ut dixit, subtrahendae s litterae, quotiens ultima esset aliaque consonante susciperetur ; quod reprehendit Luranius, Messala defendit. Nam neque Lucilium putat. uti cadem ultima, cum dicit Serinus fuit et dignus locoque, et Ciceroin Oratore tradit plures antiquorum siclocutos... 11MAX. VICTORIN., G.L.K. Vl, 216, 13.: Lucilius quoque ait N _quasidignu locoque dixerit.

Aeserninus fuit Flaccorum munere quidam Samnis, spurcus homo, uita illa dignus locoque ; cum Pacideiano cqnponitur, optil!lus multo post homines natos gladiator qui fuit unus. 2 (153-8M) c1c., Tusc. 4, 48 : An uero uir f ortis, nisi stomachari coepit, non potest fortis esse? Gladiatorium id quidem ·; quamquam in iis ipsis u1demus saepe constantiam : ... ut magis placati quam irati esse uideantur. Sed in illo genere sit sane Pacideianus aliquis hoc animo, ut narrat LuciliusN at sine bac gladiatoria iracundia uidemus progredientem apud Homerum Aiacem multa cum hilaritate, cum depugnaturus esset cum H~ctore... 1 aeserninus M 1 Crm Ad Q. fr. codd. De opt. gen or., Tusc. : asérninus codd. NON. 393, R Ad Q. fr. a serinus G P Ad Q.fr. serinus codd. QUINTIL., om. ceit. Il fuit- quidam om. codd.De opt. gen. or., NON. 257, Tusc. Il fuit - h9mo o'm. codd.Oral.,MAX. VICTOR. !Iflaccorum- illa om. codd. QUINTIL. Ilflaccorummunere quidam edd. : flacchorumunae quidam L GNON. 398 flacchorum. una equidem AA NON. 893 flacco fuit quidem DA NON. 393 Il uita - componitur om. codd. De opt. gen. or. !I uita illa. codd. Tusc., Oral., NON. 393 : u. ista codd. NON. 257 Il cum - unus om. codd. Ad Q.fr., Tusc., Oral. MAX. VICTOR., QVINTIL. Il pacideiano codd. De opt. gen. or., NON. 393 : pacideià.necodd. NON. 257 Il optimus multo codd. NON. : optimus longe codd.De opt. gen. or Il natos codd.l)e opt.--gen. or., NON. 257 : natli.s codd. NON. 398 Il gladiator·- unus om. codd. De opt. gen. or.

140

LIVRE IV, 2-4

Ju~qu'où est-il laméntablede mourir? : il s'ag~t d'une réponse·à une -question implicite et certains critiquent la tournure usque adeone; il vaut ·mieux dire usque eo; Lucilius dans le livre 4 N ·

Oui, je le tuerai et le vaincrai, si vous l_edemandez, dit-il, il pourra. bien se faire que je reçoive quelque ·chose sur la figure avant que je ne lui plante mon glaive dans la poitrine, dans "lajambe et dans 1es poumons ; je hais cet homme ; je· combats dans la rage et rien ne nous semble plus ,,long que d'attendre que l'adversaire ait assuré son glaive dans sa main tant la passion et la haine qu'il m'inspire, soulèvent ma colère.

SERv1us,Ad Aen. I O, 329 : septem numero (au nombre de sept) ; la tournure est mise pour septem (sept)... Les ..~nciens s'exprimaient ainsi en. effet : Lucilius, livre 4 N

Ils portent ostensiblement d'immenses poissons en cadeau, trente a-utotal.

4 G.L.K. II, 486, 21 : Les verbes qui se-terminent en -GEO, ce groupe étant précédé de L ou R, forment leur parfait ·en changeant -GEO et en le remplaçant par PRISCIEN,

-SI, sur le modèle indulgeo, indillsi ; fulgeo, fulsi ... Lucilius... dans le livre 4 N

J'ai e~flé, gorgé de vin.

LIBEFV IV, 2 '(153-8 "M)_- 4 (172 M) ,

.

140 ,

li SERVIVS, Ad Aen. 12, 646 :, VSQVE ADEONE MOR! MISERVM EST: tacitae quaestioni occurrit et quidam hoc uerbum reprehendunt usqueadeone; melius dici usque eo ; L.ucilius quarto ru

Occidam illum equidem et uincam, si id quaeritis, [inquit, uerlim illud credo fore : in os prius aécipiam ipse, quam gladium in stomacho sura ac pulmonibus

[sisto ; odi homin~m, iratus pug~o, _neclongius quicquam nobis, quam dextrae gladium dum accommodet [alter :

usque -adeo, studio atque odio illius, ecferor ira.

3 (166-7--M) Ad Aen. 10, 329 : SEPTEM NVMERO : hoc est. pro· septem... Vete_resenim ita ·enuntiabant : Lucilius in IVN SERv1vs,

Hi prae se portant ingentes munere pisces triginta numero. ·· 4 (172 M) G.L.K. II, 486: 21 : In -GEO desinentia, L uel R antecedentibus, GEO in SI conuersa faciunt praeteritum perfectum, .ut indulgeo, indulsi~ fulgeo ·fulsi ... PRisc.,

Lucilius ... in IV·N

Obtursi ebrius.

2 occidam.- alter om. codd. SERV. Il sura K, Barth Terzaghi : suria codd. fu_riaMarx Il nobis q; : uobis X Il ecferor codd. : haec f eror K efferor P · 3 Hi edd.: bi codd,11 ing_entes edd.: mihi gentes codd.mhingent~s F mi ingentes Mueller . 4 ebrius codd. edd. : ebreus G L K

141

LIVRE IV, 5-8

5 G.L~K. II, 522, 18 : Avec les verbes en -DO, on ne rencontre qu'une seule exception : edo, es, est. Les très anciens auteurs _disaient poùrtant edo, ·edis~ edit. àvec la première syllabe brève ... Lucilius dans le livre 4N PRISCIEN,

...-celui qui s'est m'angé, celui-là me dévore.

6 457, 17 : On appelle CATVLVS non seulement les petits des chiens - dont CATVLVS est le diminutif-mais de tous les animaux... Lucilius" Satires, livre 4 N NON.

.il courait les champs, à la piste ·du gibier et de la gent animale

7 477, 9 : MANDVCATVR employé au .. lieu de MANDVCAT (il mange)... Luéilius~ Satires, livre ·4N 11 NON. 479; 1 : COMMANDVCATVR (il ma_nge entièrement). Lucilius, livre_ 4 N 11NON. 81, 29 : COMEST NON.

(il dévore) employé au lieu de COMEDIT ... Lucilius, Satires,,livre 4 N

Ene·l'atteint au moment où il ne s'yattend pas, lui ,,saute à ·la ~ête, et l'étreignant, le mange et le dévore tout entier.

8 16, 29 : SVCCVSSARE signifie secouer souvent par dessous... Lucilius, Satires, livre 4 oo 11_NON. 86, 13 CABALLVS (cheval de fatigue). Lucilius livre 4 N

NON.

g.'un cheval au trot dur, affreux et lent.

LIBER:· IV, 5 (171 M) - & (163 M)

.141

5 (171 M) PR1sc., G.L.K. II, 522, 18 :_in -DO unum anomalum inuenitur, edo:es, est. Vetustissimi tamen edo, e'di~,edil dicebant correpta prima syllaba... L ucilius in IV N

qui edit se, hic comedit me. 6 (164 M)

457, 17 : CATVLI non solum canum diminutiue, uerum omnium animalium appellantur ... Lucilius Satyrarum lib. IV N NON.

concursaret agros ;· catulos fetumque ferai

7 (179~180M) 477,. 9 : MANDVCATVR pro mand'ucat ... Lucilius Satyrarum lib. IV N 11 NON. 479, 1 : COM!'rjANDV~ CATVR. Lucilius lib. IV N 11·NON. 81, 29 : COMEST pro comedit... Lucilius Satyrarum li~. IV N

NON.

Adsequitur nec opinantem, in caput insilit, ipsum conmanduoatur totum conplexa comestque.

_8 (163 M) 16, 29 : SVCCVSSARE est susum frequenter excutere ... Lucilius · Satyrarum Ub. IV 11 NON. 86, 13 : CABALL vs. Lucilius lib. 1v· N ,

NON.

sùccussatoris, taetri tardique caballi 5 se codd. edd. : sese Fleckeisen ·6 concursaret codd. ·edd. : concqssaret Paris. 7666 concursare et Mueller Il agros codd. edd. : apros Scaliger Il ferat codd. : ferai M uellerMarx edd. 7 adsequitur - ipsum om. codd. 8111conmanducatur codd. 81 479 A A 477 : conmanducatum L BA CA 477 Il conplexa comestque rec'c. 81 : complexum codd. 479 complexus comestque Mueller complexa comisque codd. 81 8 succussatoris BA 16 F 86, edd. : succusatoris.codd. 16 succusator L 1 CADA 86 succusatori BA 861\taetri tardique codd. 86 edd.:. tardi rarique codd. 16 Ilcaballi codd. 16 edd. : caballo L1 86

142

LIVRE IV, 9-11

9 158, 18 : PVELLOS, ·de jeÙnes garçons... Lucilius, Satires, livre 4N Il FESTus 248..M : PVELLI, diminutif de· •.PVERI... LuciliusN 11PRISCIEN, G.L.K. II, 232, 1 : Cependant il ne faut pas ignorer que l'on trouve que les très anciens ·auteurs ont employé hic pu'erus et hic où haec puer, ainsi que puellus, puellà. Lucilius... dans le livre 4N

. NON.

.

1

.

et lorsqu'un homme si beau, un garçon digne de toi ...

10 458, 4 : SVMEN · (le sein)~vient de SVGO (sucer) ; les Anciens veulent qu'on appelle ·SVMEN· 1es mamelles de la femme. Lucilius Satires, livrè 4 N NON.

. Si nulle femme ne .peut avoir le corps aussi ferme, que du· moins la sève ·demeure dans ses membres délicats, que son téton rempli de lait emplisse_mieux la main qui s'y repose.

11 231, 9 : VECTIS (verrou) est un mot ~asculin. L:iicilius, Satires livre IV N NON.

... par crainte que, avec la main, tu ne puisses débloql.lerle verr9u et la barre ; il faut des coins.

LIBER

IV, 9 (173 M) - 11 (177-8 M)

142

9 (173 M) 158, 18 : PVELLOS, pueros ... Lucilius Satyrarum lib. IV N 11FEST. 248 M : ·PVELLl pueri per deminutionem... Lucilius... 11PRISC., G.L.K. ·II, 232, 1 : Non· est tamen ignorandum quod etiam hic puerus et hic et haec puer uetustissimi protulisse inueniuntur et puellus, puella. Lucilius in... IV oo · NON,

cumque hic tam .formonsus homo ac te dignus [puellus ..10 (174-6 M) 458, 4 : SUMEN proprie a sugendo· dictum : nam et mulieris mammam sumen ueterés dici uolunt. Lucilius Satyrarum lib. IV N NON.

Quod si nulla potest niulier tam corpore duro es.se,tamen tenero maneat su.ccusque lacerto et manus uberi lactanti in sumine sidat. 11 (177-8 M) 231, 9 : v.ECTIS generis masculini. Lucilius Sàtyrarum lib. IV... NON,

. ne agitare manu tu

pes~ulum et hune uectem possis : cuneis < opus > 9 tam formosus·homo codd. PRisc.,

FEST • .edd.

: t. {or.Il)onsus

tibi .codd. NON • .10 tenero codd. edd. : tenere CA DA Il maneat succusque AA : maneatque sucus codd. manat quoi sucus Mueller maneat qui suc1:1sMarx Terzaghi manet cui sucus Warmington Il et· codd. edd. : ·ei Mueller Il uberior Corpèt,? uberi codd. Lindsay ubertim Mueller uberius coni. Lindsay uberibus Marœ Warmington Terzaghi 11 agitare edd., : agitarem codd. Il pessulam Dousa .edd. : pessulus codd. Il ~uneis opus Marx : cuneis ipso codd.. cuneost opus ipso M ueller

143

LIVRE IV, 12-15

12 206, 31 : FVLMENTVM (pied de lit)~ mot neutre ... Le mot est féminin dans Lucilius... livre 4 N

NON.

Il lui fixe un montant ; il ajoute quatre pieds.

13 207, 30 : GENV est un mot de genre neutre ... De genre masculin : Lucilius, Satires, livre 4N 11FESTus, 372 M : Quand Lucilius dit uerliculae (charnières), il veut que l'on comprenne arliculi (articulations). NON.

Il tient à la partie postérieure par des joints et des articulations : c'est comme pour nous la cheville et le genou.

14 427, 10 : SEBVM (graisse) et VNGVENTVM (parfum) diffêrent en ce que sebum se fabrique à partir de la graisse de ruminants. Lucilius, Satires, livre 4 N

NON.

îisiphone, la plus redoutable furie des Euménides, composa avec les poumons et la graisse de Titinius un suif qu_'elleapporta quand il fut cuit.

15 208, 19 : GRVES (les grues) est un mot féminin ... Lucilius, Salires, livre 4 N NON.

II est plus long que la grue, quand elle se déploie · entièrement en prenant-son envol.

LIBER

IV, 12 (160 M) - 15 (168 M)

143

12 (160 M) 206, 31 : FVLMENTVM Lucilius ... lib. IV"' NON.

neutro...

Feminino

-

Subi.cit huic fulcrum, fulmentas quattuor addit. 13 (161-2M) 207, 30 : GENY generis est neutri. .. Masculini. Luc,lius Satyrarum lib. IV N 11 FEST. 372 M : Verticulas Lucilius cum dixit, articulos intellegi uoluit. NON.

Haeret uerticulis adfixum in posteriore parte atque articulis ; nam ut nobis talus genusque [est.

14 (169-170M) 247, 10 : SEBVM et VNGVENTVM banc habent diuersitatem : sebum fit ex adipe ruminantium. Lucilius Satyrarum lib. IV N

NON.

Tisiphone Titini pulmonibus atque adipe unguen excoctum attulit, Eumenidum sanctissima Erinys. 15 (168 M) 208, 19 : GRVES genere feminino ... Lucilius Satyrarum lib. IV N NON.

Longior hic quam grus, grue tota cum uolat olim. 12 subicit Saum.aise, edd. : sucit codd. Il fulcrum. Scaliger Saumaise Marx Warminglon Terzaghi : fuldum codd. sulcum M 2 soldum M ueller 13 uerticulis Fa BA, edd. : uerticulum L Il articulis codd. edd. : aerticulis L 1 Il nobis edd. : nouis codd. 14 tisiphone titini Gerlach.edd. : tisifonetitene codd. Il atque G, edd. : adque codd., Mueller Il adipe ed. pr., edd. : adirem codd. Il unguen lunius edd. : unguem codd.Il attulit, Eumenidum Iunius edd. : attulï' eumenidibus codd. 15 grus grue tota codd. edd. : grus grege Dousa congrus grue Lachmann. 12

144

LIVRE IV, 16

16. PRiSCIEN,

G.L.K. -II, 217; 9 : Lucilius, au livre 4, a mis

AETHIOPVS au lieu de .AETHIOPS

N

comme un rhinocéros· d;Éthiopie.

\

LIBER .IV, 16 (159 M)

144

16 (159 M) 111usc.,G.L.K. II, 2l 7, 9 : Lucilius in IV Aelhiopus dixit pro Aelhiops'N · · .

'

rinocerus uelut Aethiopus

LIVRE V

.NOTICE D'après une introducti9n d.'AuluGelle1, le livre 5 cnntenait une lettre de reproches que Lucilius adressait à un ami. D'après un passage de Charisius2, il :raillait un repas campagnard presqu'exclusivement composé.~delégumes. Les deux indications ne valent que pour une partie de· l'ouvrage. · 28 . ·fragments3 sont parvenus Composition jusqu'à nous ; ils présentent de du livre 5 : grandes différencesde ton et. d'inspiration. Dap.sl'épître que signale Aulu-Gelle, le poète se plaint d'avoir été délaissé pendant une maladie (1), déplore·1a'défaillancede ses forces quand la vérité re~te toujours vivante en lui (2), laisse éclater sa joie lors de Sujet du livre 5 :

' (I) Aulu-Gelle 18,. 8, 2 : ... quam· sint ,insubida et inertia et

puerilia, facetissime herclesignificat in quinto Satyrarum Lucilius .. Nam ubi est cum amicoconquestus,quod ad·se aegr,otumnon viseret, haec ibidem addil festiuiter... · ·, (2) En présentant le fragment 4, Charisius écrit G.L.K. · 1, 100, 29 : nam Lucilius in V .deridens rusticd.rricenàm enu-meralis mullis herbis... ~'4i (3) Les- Anciens attribuent- 28 fragments au livre 5; lés éditeurs ont gra~dement augmenté ce nombre ; ils ont ajouté tous les fragments qui pàrlaient de maladie : 1277 M, 1292 M, 1314 M (Terzaghi, BoHsani,Warmington sauf pour 1314 M) ; -tous les fragments qui parlaient de légumes: 1370 M,11~8 J\,l(Terzaghi), 1134-ô M, 1188 M, 1157 M, 1101 M, 1173 M {Warmington). Warmington et Bolisani ont. introduit ici l'éloge de l'oseille (1235~1240M, 1122-3 M).. Le fragment 11, où il est question.de Tirésias, a entraîné I 107-8.:rvr(Terzaghi, Bolisani; Warmington); les mêmes auteurs ajoutent 1130 M et 1223 M. J'ai renoncé à ce . type de ·reconstructions arbitraires.

148

NOTICE

la guérison (3). Onze .fragments décrivent le repas (4) dont-parle Charisius : Lucilius détaille complaisamment le menu, chicorée (4), oignons (5), primeurs (6), bouillie (7) ; il ajoutait peut-être· des considérations sur la nourriture : manque de pain dans la plèbe (8), récolte trompeuse (9) ; il faisait sans doute le croquis des convives : marchand d'oignons (10), vieillard aussi âgé que Tirésias (11) qui mourait peut-être au cours d'une bagarre (12). Il est possible que l'anecdote soit citée à propo~-de l' avar~, Laevius (13) et prenne place au milieu de réflexions· morales sür l'avidité des hommes (14). Plusieurs ,vers évo·quent 'une expédition militaire : armement (1.5),manœuvre stratégique (16), excellent moral des combattants (17) ; tentative de sortie (18). Si les fragments 19 et 20 .ont quelque rapport avec ces récits de guerre, ils décrivent le banquet solennel offert par Paul Émile et Servilius Geminus après leur victoire contre des ennemis qui sembleraient identifiables avec les Ligures (181 avant J .-C.). g·uelques notations - comparaisons, images, actions -- forment. un ensemble à part où il serait vain de rechercher un principe d'unité: il y est question de l'ébat des dauphins (21), de l'acte sexuel (22), d'un mari complaisant (23), du préteur Caprarius (24), de l'angoisse (25), d'un proverbe sur la juste appréciation de ses forces (26), d'un appel au courage (27), d'un piège (28). L'extrême diversité,,,du ton, amical ou didactique, gouailleur ou dédaigneux, aristocratique ou plébéien, l'extrême diversité des sujets abordés interdisent d' at_tribuer une structure ·simple à l'ouvrage ; tout semble révéler au contraire qu'il contenait plusieurs satires dont trois au moins par~issent faciles à 'circonscrire : _l'épître à l'ami, le répas campagnard, . l'expédition militaire.

(4) Le classement des fragments est particulièrement dé1icat lorsqu'il est question du repas et de l'expédition militaire. Ainsi l'établissement du menu ne pose guère de problèmes, mais il n'en va pas de même pour les considérations sur la nourriture, le portrait du marchand d'oignons, du vieillard aussi âgé que

149

Dans l'état où se trouve le texte de ,Lucilius,leur regroupement paraît accidentelet le livre 5 se présente com·me un simple recueil .de poèmes. Tirésias dont la présence dans la satire du repas n'est pas tellement évidente. De .même le fragment 18 est obscur, les fragments 19 et 20· sont gravement détériorés -: plusieurs interprétations ne sont présentées que comme des suggestions et ·non comme des certitudes.

/

1 18, 8 : Les homéotéleutes, les redondances de désinences casuelles et les autres figures de genre que l'on considère comme des orneme~ts du discours, sont des sottises et des puérilités._.Lucilius le montre dans quelques vers. Les horriéotéleutes, l~s identités de terminaison, les symétries, les redondances désinentielles et toutes les autres figures de ce genre sont. des procédé_sdont les écrivains sans goût qui ont la ·prétenti_on de passer pour isocratiques font ·un usage immodéré et écœurant dans l'arrangement des mots. Lucilius, au cinquième livre des Satires, exprime, avec beaucoup d'esprit assurément, l'enfantillage, la pauvreté, la pùêrilité d'une telle manie. Il se plaint à· un ·ami qui ne lui a pas rendu· visite pendant une maladie et il ajoute en plaisantant-N AULU-GELLE

ce

Comment je me porte, bien que ·tu ne cherches pas à le savoir, je vais te le dire. Puisque je suis resté au nombre de ceux qui ne constituent pas la plus grande partie de l'hum~nité ... •si bien que tu -voudrais que soit mort celui que tu n'a pas -voulu aller voir,, alors que tu aurais dû le faire. Si .cenolueriset ce debuerisne te plaisent pas pà_rce · qq'ils _sontsans art, et isocratiques, sots en même temps qu'enf~ntins, je ne perds pas ma peine, puisque toi. ..

1 (181-8M) GELL.

18, 8 : 'OµomTÉÀe:u't'œ et oµot61t-rru't'rx atque alia id.

genus, quae ornamenta or·ationis putantur, ·inepta esse et puerilia Lucilii quoque uersibus decl~rari. 'Oµoto-réÀru't'Çt et lcroxri-rocÀ't)X't' · · NON,

Hune· molere, illam a~tem ut frumentum uannere

[lum_bis. 14 (284 M) NON.

169, 35 ·: S IMAT, deprimit. Lucilius lib. VII oo

si mouet ac simat riares, delphinus ut nlim 15 (291 M) NON.

506, 8 : FVLGIT, pro fulget., Lucilius S_atyrarum

lib. VII

N

.

Primum fulgit, uti caldum ex furnacibus ferrum.

16 (293 M) 496, 21 : GENETIVVS casus positus pro accu~atiuo ... Lucilius Satyrarum -Iib. VII N NON.

Tr~stes, difficiles sumus, f astidimus bonorum. 17 (292 M) 395, 28 : SEG ES est frumenti fructus... Segetem etiam ipsa_m --terram dicimus... Lucilius Satyrarum lib. VII N . NON.

solem, auram aduersam segetem inmutasse sta[tumque .. 13 illam edd. : illa codd. !1lumbis Mercier edd. : .tum uis codd. 14 si codd. edd:: sic Mueller Il ac simat Roth edd. : aximad codd. 15 ex furnacibus J. Dousa edd. : et furnacium codd. 17 solem G L1, Marx edd. : solam codd. Mueller Lif1:dsay Il statumque codd. Marx : satumque J. Dousa edd.

180

LIVRE VII, 18-21

18 NON. 139, 5 : MVGINARI, bougonner. Lucilius, livre 7 N 11NON. 346, 16 : MOLIRI. .. retenir, retarder et ralentir ...

Luciliu~, livre 7 N

·

· Nous_bougon:µons,nous entrèprenons, nous nous dérobons. 19 102, 25: EXCVLPERE signifie arracher ... Lucilius, Satires, livre 2.~. Le· même au livre 7 N ·

NON.

arracher la proie à la gueule affamée d'un lion~

20 457, 19 : On appelle CATVLVS non seulement les petits des chiens dont le mot est le diminutif, mais de tous les animaux ... Lucilius, ·satires, livre 4 ... Le même au livre 7 N '

· NON~

... s,'approcher impunément des petits d'une (lionne) enragée.

21 22, 5: On appelle CAPRONAE (franges) les cheveux qui sont sur le front con1metombant (pronae) de la tête. Lucilius, Satires, livre 7 N. . NON.

ils agitaient la tête et la chevelure, ils laissaient flotter leurs longues franges qui tombaient de leurs fronts comme c'était la ;modeparmi eux.

LIBER VII, JS (294 M) - 21 (288-9 M)

180

l8 (294 M) NON. 139, 5: MVGINARI, murmura:re. Lucilius lib. VIIN 11~ON. 346, 16: MOL IRI. .. retinere, morari ac repigrare ...

Lucilius lib. · VII

N

Muginamur, molimur, subducimur ... 19 (286 M) 102, 25 : E~CVLPERE Satyrarum II. .. idem VII N

NON.

esuriente leoni

exore

est extorquere ... Lucilius

exculpere praedam.

20 (287 M) 457, 19 : CATVLI non ·solum canum diminutiue, uerum omnium animalium appellantur ... Lucilius · Satyrarum lib. VI. .. idem lib. VII N NON.

iratae ad catulos accedere inultum.

21 ·(288-9 M) 22, 5 : CAPRONAE dicuntur comae quae ante frontem sunt, qùasi a capite pronae. Lucilius S~tyrarum lib. VII. N NON.

iactari caput atqlie comas, fluitare c·apronas altas, frontibus inmissas, ut mos fuit illis.

·ts muginamur codd. 139 edd. : mutilamur codd. 346 Il molimur molimus codd. 109 olimur L 1 346 · 19 esuriente Mercier edd. : esui'ienti codd. . 20 iratae QuicheratLachmann edd. : rate codd. pantherai uel ferai Mueller rete J Dousa utque leae iratae Mercier irataeque ursae cichorius Il accedere E1, edd. : accederet codd. 21 iactari lunius edd. : actari codd. Il fluitare lunius edd. : fruîtare codd. Il inmissas F 8 BA, edd. miss.as L codd. 346 edd. :

181

LIVRE VII, 22-23

22 553, 3 : On appelait rorairesles soldats qui, avant l'engagement des· lignes, commençaient tout -d'abord le combat en lanç~nt quelques javelots : le mot vient de ceque les pluies-très importantes débutent par une averse - de quelques gouttes d'eau (rorare). Lucilius, Satires, NON.

livre 7N

·

(au cavalÎer) furent données cinq lances, le vélite, le roraire reçure~t une couronne dorée.

23 NON.

450, 13 : Comme le .verbe GANNIRE (japper) est

réservé aux chiens, Varron a dit que les ânes braient, les chiens jappent, les poules gloussent... Lucilius, au livre 7 ru

tu jappes de la même façon.

·

LIBER VII, 22 (290 M)·- 23 (285 M)

181

22 (290 M) 553, 3 : RORARII appellab_antur milites qui, antequam congressae essent acies, primo non multis iaculis inibant proelium : tractum quod ante maximas pluuias · caelum rorare incipiat. L ucilius Satyrarum lib. VII N NON.

quinque hastae, aureolo cinctu rorarius ueles.

23 (285 M) 455, 13: GANNIRE, cum sit proprie canum, Varro asinos rudere, canes gannire, pull os pi pare dixit ... Lucilius lib. VII N

NON.

< - v > eodem pacto gannis 22 ueles lunius edd. : uelis codd. 23 pacto gannis Marœ Terzaghi Warmington : pactologannis · codd. pacto ogannis F. Dousa pacto li oganni M ueller

LIVRE VIII

16

NOTICE Le livre 8 contient 17 fragments très disparates 1 ·· : Ils traitent des -rapports sexuels : acte vénérien (1, 2 et 3), masturbation (4). Ils présentent plusieurs types humains : la femme buveuse (5), la femme maigre (6); une personne fièr~ comparée au coq qui se dresse sur ses ergots (7). Ils évoquent la vie domestique, une maison cossue (8), des travaux d'intérieur; le tissage (9), qui sans doute avance lentement (10), la préparation des repas (11 et peut-être 12). Deux fragments parlent de voyages : le cercure (13), un chemin difficile (14). Trois fragments semblent se rapporter à des activités commerciales : le gain (15), marchand de poissons (16), un inventaire (17). Les sujets sont trop dissemblables pour qu'il soit possible de définir la composition du. 'livre 8 avec quelque vraisemblance 2 • (1) J'ai replacé parmi les fragments cités sans référence à un livre, le vers 314 M que, depuis :Marx, tous les éditeurs ont_systématiquement attribué au livre 8. Le texte en était donné par Nonius sous la rubrique TOLVTIM : Tolutim dicilur quasi uolutim uel uolubiliter... item Lucilius Satyrarum lib. VI Il . .. ( 313 M ). Idem... ( 314 M J ... Le vers 314 M suit le vers 313 M. que Nonius plaçait dans le livre 8 ; il est introduit par idem.La position adoptée par Marx et tous les édit.eurs qui sont venus après lui, suppose qu'ont été vérifiés les postulats concernant les méthodes lexicographiques de Nonius ; en l'état actuel cette hypothèse ne· semble pas devoir être retenue. (2) Schoembeck prétend que le livre 8 consistait en une peinture de la femme· comme épouse et bonne ménagère : cette définition convient pour les fragments 2, 4, 6, 8, 13 de l'édition Dousa sur lesquels il bâtit sa démo1:1,stration; elle convient pour eux seulement. Warmington distingue deux satires, l'une sur les rapports entre hommes et femmes, l'autre sur le luxe de la table. Rien ne paraît plus arbitraire.

I

f

1 257, 40 : CONPONERE ... unir ... Lucilius, Satires, livre 8 N 11NON. 308, 22 : FIN GERE signifie lécher ... Lucilius, Satires, livre 8 N NON.

quand je bois dans la même coupe, quand je l'embrasse, quand j'attache étroitement mes lèvres à ses petites lèvres de -faiseuse, c'est-à-dire quand _mon·gland est brisé de fatigue.

2 257,.,43 : CONPONERE ..• unir ... Lucilius, Satires, livre 8 ( 1)... Le même dans le même livre N

NON.

Alors elle ap.plique son flanc sur son flanc, sa poitrine sur sa poitrine. 3 ·Ad Hor., Sat. 1, 2, 125 : Lorsqu'elleeut placé son flanc gauchesous mon flanc droit : c'est ce· que PORPHYRION,

dit Lucilius dans le livre 8 N

pour entrecroiser les jambes avec les jambes. 4 PORPHYRION,

Ad Hor. Sal., 1, 2, 68 : Si quand il subit

de tels maux son âme, prêtant la parole à son membreviril lui tenait ce discours: Horace a dit multo pour désigner le membre viril en imitant Lucilius. Celui-ci dit en effet

1 (303-4 M) 257, 40 : CONPONERE ... coniungere .. ~ Lucilius Satyrarum lib. VIIIN 11NON. 308, 22 : FINGERE est lingere ... Lucilius Satyrarum lib. VIII"' NON.

cum poclo bibo eodem, amplector, labra labellis fictricis conpono, hoc est cum ~wÀoxo1toüµ,oct.

2 (305 M) 257, 43 : CONPONERE ... coniungere ... LucUius Satyrarum lib. VIII. .. idem in eodem oo NON.

Tum latus conponit lateri et cum pectore pectus.

3 (306 M) Ad Hor. Sat. 1, 2, 125 : HAEC, VBI SVPPOSU IT DEXTRO CORPVS MIHI LAEVOM: hoc est, PORPH.,

quod Lucilius ait in VIII

N

< -> et cruribus crura diallaxon 4 (307 M) Ad Hor~ Sat. 1, 2, 68 : HVIC SI MVTTONIS 1 DICERET VERBIS MALA TANTA VIDENT! HAEC ANIMVS = muttonem pro uirili membro dixit PORPH.,

Lucilium

imitatus.

Ille

etenim

in VIII

sic

ait

N

1 poclo codd. edd. : ploco AA 257 proclo L 308 Il bibo eodem codd. 308 edd. : eodem oluio codd. 267 om. DA Il labra labellis codd. 257 : obra labellis codd. 308 abra bellis AA 308 Il fictricis Scaliger Alarœ edd. : fictrices codd. 308 om. codd. 257 Il W(J)Àoxo, 1touµcalunius edd. : ipso loco pomus codd. 257 uia (J)Àoxo1touµ11 L 308 uia oxocnouµ"fJ AA wÀoxo1touµî) BA 2 tum J. Dousa edd. : tuum codd. cum MuellerIJlatus Mercier edd. : latum codd.

187

-LIVRE VIII, 4-7

/

dans le livre 800 l l SCHOLIASTE, Ad Hor. Sat. 1, 2, 68 : .~. mutto désigne en ·effet le membre viril comme dans · Lucilius au livre 8 oo

,, mais d'une main gauche secourable, il essuie les larmes du priape.

5 81, 4 : BUAE désigne la boisson des très jeunes enfants ... Lucilius, au livre 8,. pour parler d'ivrognesses, les a nommées uinibuae. · NON.

des biberonneuses.

6 489, 23 : GRACILA EST au lieu de GRACILIS · EST. Lucilius, Satires, livre 8 oo

NON.

parce qu'elle est mince, vive, parce qu'elle a le cœur pur, parce qu'elle est semblable à un jeune enfant.

7 427, 25 : PRIORES ET PRIMORES présentent la différence suivante· : priores est _un comparatif ; primoresdésigne les choses dans leur extrémité. Lucilius, Satires, livre 8 oo · NON.

lorsque le coq vainque~r se dresse noblement, haut sur la pointe de ses doigts et de ·ses ongles.

~IBER

VIII,

4 (307

M) - (300-1· M)

- 187

11scHOL.,Ad Hor. Sat. I, 2, 68 : ... mutto autem dicitur

membrum uirile, ut Lucilius libro octauo

N

at laeua lacrimas muttoni absterget arnica.

5 (302.M) 81, 4 : BVAS potionem positum paruulorum ... Lucilius lib. VIII, cum uinulentas diceret, uinibuas

·NoN.

designauit.

uinibuas

6 (296-7M) 489, 23 : GRACILA est, pro gracilis est... Lucilius Satyrarum lib. VIII N NON.

< - vv > quod gracila est, pernix, quod · pectore ... [puro, quod puero similis 7 (300-1 M) _/

427, 25 : PRIORES et PRIMORES banc habent diuersitatem. Priores enim conparatiui sunt gradus-; primores summae quaeque res. Lucilius Satyrarum lib. VIIIN NON.

gallinaceus cum uictor se gallus honeste altius digitos primoresque erigit unguis. i

4 at Marx edd. : a codd. Il absterget codd. : abstergeret uett. abstergere· Mueller 7 honeste. altius in digitos primoresque erigit Marx Terzaghi Ernout : h. a. i. onestemtelitus p. erigunt codd. honeste sustulit _.in digitos primoresque erigit Aldine honeste in tentos digitos primoresque erigit W armington honeste intulit is in digitos primoresque erigit Lachmann

188

LIVRE VIII, 8-10

8 217, 23 : L'usage a fixé l'emploi de POSTICA au féminin ... Lucilius, au livre 8 N NON.

-

. Auprès, la boulangerie, la porte de service, les latrines, la cuisine. 9 PRISCIEN,

G.L.K.. Il, 115, 17... il faut savoir en outre

qu'un petit nombre de diminutifs ne conservent pas le genre des mots dont ils sont dérivés, comme haec rana, hic ranunculus ; hic canis, haec canicula... ; il faut interpréter ces mots comme des dérivés plutôt que comme des diminutifs, car ils n'ont pas le sens de diminutifs, mais seulement la forme ; il y a aussi pan us, panucula. Lucilius, au livre 8 N Il CHAR1s1us, G.L.K. I, 105, 8 : Le modèle de panicula est panus. Lucilius, au livre 8 N 11 BEDE, G.L.K. VII, 285, 20 : Le modèle de panicula est pannus. LuciliusN 11NON. 149, 19 : PANVS, bobine sur laquelle est enroulé le fil de la trame ; le diminutif est panucla. Lucilius au livre 9 N

Du moment qu'en profondeur la bobine de fil --se-constitue correctement, elle se constitue correctement en surface. ,.

10 G.L.K. II, 397; 26 : Il est d'autres verbes qui, · bien qu'étant transitifs et actifs de la première conju ... gaison, deviennent des verbes actifs intransitifs ou des verbes réfléchis de la deuxième conjugaison. Ainsi sordido, sordidas, transitif - il fait en effet sordidor,d'où sordidatus - de là sordeo. De même albo, albor et albeo... lento, lentor et lenteo..."En effet sur lenteoest dérivé .Zen... lesco, comme sur ... uireo, uiresco. Pourtant Lucilius, au livre 8 a employéro 11 MACROBE, G.L.K. V, 650, 32 : Il est des verbes inchoatifs pour lesquels n'existe que la troisième personne du verbe originel, la première personne n'apparaissant pas. Ainsi hebesco est bâti sur hebet; PRISCIEN,

,

LIBER VIII, 8 (312 M) - 10 (299 M)

188

8· (312 M) NON.

217, 23 : POSTICAM feminino genere consuetudine

appellamus... Lucilius lib. VIII"'

pistrinum adpositum, posticum, sella, culina.

9 (298 M) PRisc., G.L.K. II, 115, 17 : ... et sciendum quod pauca inueniuntur diminutiua quae non seruant genera primitiuorum, ut haec rana, hic ranunculus; hic canis, haec canicula..• ; quae magis denominatiua sunt existimanda quam diminutiua, quippe non habent diminutiuorum significationem, sed 'formam tantum; praeterea panus, panucula. Lucilius in VIII N 11 CHAR1s1vs, G.L.K. I, 105, 8: Paniculae 1tpC1>-to-ro1tov panus est. Lucilius in VIII N 11 BEDA, G.L.K. VII, ·285;· 20 : Pahiculae 1tpro-ro'tu1to\J pannus est. Luciliusc,.1.11 NON. 149, 19: PANVS, tramae inuolucrum, quam diminutiue panuclam uocamus. Luci-lius lib. IXro

Intus modo stet rectus, foris subteminis panus. 10 (299 M) PR1sc.,

G.L.K. II, 397, 26 : Sunt alia quae cum sint

actiua primae coniugationis, transeunt in neutra absoluta · siue _reciproca... secundae coniugationis, ut sordido, sordidas actiuum· - facit enim sordidor ex quo sordidatus - hinc nascitur sordeo; similiter albo et albor et albeo... lento, lentor et lenteo... Nain a lenteo, lente~co deriuatur, quomodo a... uireo, uiresco. Lucilius tamen in VIII N protülit. 11 MACR., G.L.K. V, 650, 32 : Sunt quae habent principalis sui personam tertiam cum prima non exstet : hebescoa uerbo est hebet,·hebeoautem latinum

s·sella

codd. Marx : cella Gulielmus

rectus om. codd.. CHARIS., BED., NON. 149 Il foris om. codd. CHARIS., BED. Il subtemniis codd. edd. : subteminus Fs NON. substeminus L NON. substeminis BA NON.

9 intus -

189

LIVRE VIII, ,10-13 , '

I

hebeon'est pas latin ; lenlescosur lentet, Lucilius N mais lenteon'est pas usité .

.La. besogne va lentement.

11 119, 18: GIGERIA, intestin de poule cuit avec soin. Lucilius, livre 8 oo

NON.

s'il n'y a pas des entrailles en salmis ni non plus des foies de volailles.

12 84, 9 : COLVS TRA, le lait qui s'est épaissi dans les mamelles. L ucilius au livre 8 oo NON.

apaisée par un calmant, ... de toute sorte, par du lait nouveau.

13 533, 30: Le cercyrusest un très grand navire d'Asie ... L ucilius; Satires, livré 8 N NON.

:niais comme un fleuve et comme da:r;isle détroit même... le cercyre courir avec ses pieds de chêne et à toute voile.

LIBER

VIII, 10 (299 M).- 13 (315~6 M)

189

' non est; lenlesco a uerbo lentel, Lucilius N·; sed lenteo sine usu est.

Lentet opus 11 (309-310M) 119, 18: GlGERIA, intestina gallinarum conquisita cocta. Lucilius lib. VIII oo

NON.

gizeria ni sunt

. siue adeo hepatia

12 (311 M) 84, 9 : COLVSTRA, lac. concretum in mammis. Lucilius lib. VIII oo

NON.

permulsam fomento, omnicolore, colustra. 13 (315-6 M) 533, 30 : CERCYRVS ,,nauis est Asiana pergrandis ... Lucilius Satyrarum lib. Vllloo

NON.

uerum flumen uti, atque ipso diuortio < viligneis pedibus cercurum currere et aequis.

v

>

11 gizeria ni sunt Marx Terzaghi : gizerini sunt codd. gizeria insunt Lachmann Mueller Il hepatia lunius edd. : hepetia codd. 12 permulsam Marx Terzaghi Bolisani : hiberam insulam Lm2 Gm2 BA beram sulam L m 1 hiberam insuam G m 1 Hiberam insulam M ueller Il fomento codd. : omento W arminglon fomento horto Marx. 13 uti atque codd. : atque uti GA Il ipso diuortiô codd. Terzaghi : ipso diuortio aquae sunt Mueller ipso uelocior igne Lindsay ipso diuortio aquae_uis Warm-ingtonipso de uortice montis Marœ Il iligneis lunius Lindsay Terzaghi Mueller : igneis. codd. saxum ingens M ara: propellit W armington Il currere et aequis ego : concurret aequis codd.Lindsay conferet aequis Mueller currat ut aequis Warmington currere ut aequis Marx Terzaghi

190

LIVRE VIII, 14-17 .

I

,

14 4, 8 : TOLVTIM (en courant) s'emploie comme substitut de uolulim (en roulant) ou 'uolubiliter {d'un cours rapide) ... Lucilius, Satires, livre 8 oo N9N.

s'il franchit rapidement toute la route et ce stade en pente.

15 212, 32: MERCATVS est un mot de genre masculin... MERCA TYRA est féminin... Lucilius, Satires, livre 800 · NON.

mais tout n'est, que trafic et recherche du gain pour vous. 16 G.L.K. II, 546, 15 : Salluste écrit dans le livre 3 des Histoires : une partie ayant été -absorbée,ils salaient le reste des· cadavres pour les conserver·longuement; l'auteur emploie sallerent,de sallo,non de sallio. De même Lucilius au livre 8 N PRISCIEN,

saler les murènes et porter la marchandise au frais.

17 498, 12 : Génitif employé à la place de l'ablatif ou d'un adverbe de lieu ... Lucilius, Satires, livre 6 (13)... , Le même au livre 8 N

NON.

ce que nous avons en abondance et ce qui nous manque.

LIBER . VIII,

14 (313 M) - 17 (308 M)

.190

14 (313 M) NON.

4, 8 : TOL VTIM dicitur quasi uolutim uel uolu-

bilitèr ... Lucilius Satyrarum ·liv. VIII

N

si omne iter euadit stadiumque accliue tolutim. 15-(318 M) 212, 32 : MERCATVS generis habetu_rmasculini... MERCA,TVRA feminini. Lucilius Satyrarum lib. VIII N

NON.

uerum et mercaturae omnes et quaesticuli isti

16 (317 M) PRisc., · G.L.K. II, 546, 15 : Sallustius uero in III Hislo-

riarum parte consumpta reliqua cadauerum ad diùturni~ tatem usus sallerent, sallerentdixit a sallo, non a sallio. Similiter L ucilius in VIII

N

sallere murenas, mercem in frigdaria ferre.

17 (308 M) 498, 12: GENETIVVS positus pro ablatiuo uel aduerbio loci... Luèilius Satyrarum lib. VI... idem lib.· VIIIN NON.

quarum et abundemus rerum et quarum indi[geanius. 14 omne : omnem L 1 BA Il iter : inter BA 15 isti Marœ : instituti codd. isti intuti Scaliger• 16 frigdaria G, edd. : frigidaria RBDK

NOTES COMPLÉMENTAIRES

-DU LIVRE

I.

1 Les manuscrits de Varron ·attribuent le passage à Lucrèce. C'est une erreur; le De Natura Rerum ne comporte pas 21 livres. et ne commence pas non plus par ce vers. Les copistes confondent assez souvent le nom des deux poètes (cf. H 42, H 166 D 13... ), sans doute parce qu'ils utilisaient la même abréviation lue pour les désigner. Le texte est rétabli depuis Scaliger. Varron distingue deux significations du terme caelum, ou bien l'élément qui entoure la terre, ou bien la partie la plus élevée de cet élément, cellè où se trouvent les étoiles: aetherqu'Aristote définit (DeCaeloI, 3, 6) :

ât61te:p·≤ é:'t'épou't'tvàç;~V't'OÇ't'OU1tp6>'t'OUa&>µix't'ot;1tccpàyîjv xocl m>p xa:t cxépa:Kcd ü8rop, a10fpoc"1tpOO'ùlV6µ0:mxv 't'OV IXV(l)'t'(X't'(J) , 1 0 0' \ ercwvuµLo:v , -r61rovoc1tu 't'OU er.v oce:r. 't'OVetÀÀa.8rhn8ec;;,'t'C't7t"t)'t'e:c;, &µ«pr.'t'OCID)'t'EÇ. Athénée 5, 197 A : ~xew't'o 8è x.ÀL'JC(Lxpucrcxicrqwyy61to8e:c; • . . -rcxu-rcttc; 8' &µcp(-ra'Tt'ot œÀoupye:îc; u'Tt'éa-rpro\l't'O • • • xctl 1't'S:ptcr't'p6lµ(X't'(X 7t'Otx(Àa; .•. i=Tt'l)V, ~L),cxt8è Ile:pcrtxcxt 't'l)\I&.vcx µécro\l 't'rov1to8&>v x&lpcxl:x.&Àu7t''t'OV. Pour amphitapoe, j'ai préféré cette forme à amphitapae qui a été retenue par Marx d'après les codd. AA et BA de Nonius; le masculin s'accorde mieux avec l'origine grecque du mot, la leçon ampfytaui de L1, CA, DA, les autres passages de Luci1ius.

12-14 Les trois fragments s'en prennent à la grécomanie des Romains; non sans un certain amusement, Lucilius se plait à énumérer les termes grecs pour" lesquels ses contemporains. délaissent les vieux mots du terroir. Le thème est assez comparable à celui que traite Varron (L.L. 9, 22) : Quotas quisque iam seruos hcibel priscis nominibus? Quae mulier suum instrumentum uestis atque auri ueleribus uocabulis appellat? sed indoctis non lam irascendum quam huiusce priuatis patronis. Les termes grecs ont été plus ou· moins bien transcrits en lettres latines par les copistes, d'où un certain nombre d'erreurs facilement rectifiables. Dans le fragment 12, il s'agit de KÀtv61touç et de Àùxvoc; ;_dans le frag-ment 14, d'une sorte d'aiguière, &pù-rcxtvcx. L'opposition avec pedes lecti, lucernaeet aqualesn'est pas simplement un fait de vocabulaire. Elle traduit aussi un fait de civilisation; les formes grecques expriment particulièrement le luxe du repas. L'adverbe creµvruc; rend compte du caractère imposant et splendide du langage.

198

NOTES COMPL~MENTAIRES,

LIVRE

I

M., P. Piwonka (p. 30) pro.pose de ponctuer l!,t diœimus semnos ante, ; les. vieux substantifs latins n'ont pas disparu; ils ont seulement été rempla_cés par quelques snobs qui veulent parler avec emphase et qui sè sont mis à emprunter 1e vocabulaire grec (diiimus) depuis peu de temps. L'opposition suggérée dans le texte n'est donc pas passé N présent mais expression emphatique vide N expression pleine.- ~e:µv&ç;n'est qu'un aspect de l'inanitas. Les clinopodesne sont pas de simples pieds de lit, mais des pieds de lit ouvragés, en bronze ou en ivoire, ces x.pucro:îcréptyy61to8e:ç qu'Athénée associe aux ~tÀc-à·1te:pcnxo:( et aux &µrpho:1toL (cf. supra 11 et Mariotti, op. cit., p. 53-54) ; . de •même, les lychni ne_sont pas de simples lampes, mais les luxueux lampadaires qui ornent les salles de festin (Mariotti rappelle, à ce sujet, que lychnus apparaît dans Ennius ·323 V, lychnorum lumina bis se:.c, dans Lucrèce 5,295, où il est question de lychni pendentes,dan sCic., Cael.67, où le terme est lié à la description d'un repas somptueux). Les arytaenaesont des aiguières en argep.t. Le fragment 13 présente quelques difficultés ; les manuscrits ont ciel elefantas ou bien ciet et elefantas. Sous ces· mots, il est possible de reconnaître ou _bien ciel tylyphantas, transcription latine de wÀurpoc'J'TTlÇ,_ le tisseur de -:matelas et coussins (de 't'û_À'1)et ücpixLv6> ), ou bien ciel elephantas, terme employé avec le sens de objets· en ivoire, comme dans Verg.·,: Georg. 3, 26 ; Aen. 3, 464 ; 6, 895 (dans ce cas,. miracla ·devient une apposition à elephantas: il montre des objets.enivoire

comme_-s'il s'agissait de prodiges).

·

·

15 _ Le· fragment fait allusion aux usages politiques des Romains : les commentateurs rapprochent l'expression per saturam, de Lex _satura. Le terme est défini_ dans C. G.L. 2, 179, 9 : satura, v6µoç cf. ibid. 376, 67). festus précise (p._314 Mueller) :.. rr:olloc_rce:ptéxœv, Satura... et lex multis aliis legibus conferta : _il cite, ·à l'appui, l'une des phrases que T. Annius L uscus prononça· da_ns son discours contre ·Tibérius Gracchus qui, en 133, venait de déposer le tribun Octavius, adversaire de la réforme agraire : lmperium quod:plebes pér saturam dederat,id abrogatum est; le pouvoir que la plèbe, par un· vote bloqué, avait déposé entre les mains des tribuns à titre collectif, était désormais abrogé. Dans tous les exemples précédents, il est question d'une loi; dans le fragment de Lucilius, il s'agit de l'élection d'un édile (aedilem factum). Faut-il comprendre que le magistrat en cause a été nommé parce· que de puissants p~otecteurs -l'ont imposé comme collègue à d'autres candidats de la même tendance politique et que les , comices ont voté pour le groupe et non_ pour des individus ? Marx pense que l'expression per saturam avait pris une valeur adverbiale qui en faisait l'équivalent de temere ou inconsiderate; il en trouve une preuve dans la citation de Salluste rapportée par Diomède quasi .per saturam sententiis eœquisitis : il n'y a pas eu

NOTES

COMPLÉMENTAI;RES,

. LIVRE

I

199

de vrai débat; les avis ont été demandés en bloc,cf. Pariègyrique de ,312 pour remercier ConMtantin neque énim quasi per saturam confundendasunt, taritabeneficia(De tels services ne doivent pas être confondus et rappel~s en bloc). Dans toutes ces phrases, l'auteur introduit l'expression. à l'aide de tamquam ou de quasi pour bien montrer qu'il utilise une tournure ancienne dans un sens dérivé-. Il n'en va pas de mêine dans Lucilius où il semble bien qu'il faille cornprendre per saturam par en bloc, par une procédurede vote bloqué.Ou bien les candidats, par suite de désistements imposés par des personnages influents, étaient aussi nombreux que les postes à •pourvoir ; ou bien on a exigé la présence d'un candidat dans une équipe déjà constituée. Quelle que soit la manœuvre, ce sont les cpmices qui ont fait rélection, mais c'est le Sénat qui, seul, était habilité à accorder des dispe.nses dans le déroulement du cursus honorum. Soluere legibus désigne très précisément cette opération, cf. entre autres Liu., Per. 50 : P. Scipio Aemilianus cum aedililatem peteret consul a populo

r

dictus. Quoniam per annos consuli fieri non licebat, cum magno certaniinesuffragantibus plebeis et repugnantibus ei aliquamdiu patribus legibus solutus et consul creatus (cf. Cie., Manil. 62; Rhet. Her. 3, 2, 2; Appien, lber. 84 ... ). Il est question, dans ce: passage, d'un édile, déjà élu à la s1Üte d'intrigues, en même temps que d'autres candidats, qui est autorisé par ie Sénat à présenter sa candidature au consulat sans avoir exercé la préture. Ce sont là des privilèges qui faussent complètement le fonctignnement des lois.

16 Le commentaire de Servius et celui de Lactance se complètent~ Les vers de Lucilius sont prononcés par un dieu (nemosil nostrum); celui-ci constate que tolites les divinités du panthéon romain sont invoquées par le titre de pater. Un seul nom manque à l'appel, celui d,Apollon; or Servius indique qu,Apollon ne veut pas être app_elé pulcher; il semble logique de conclure que c'est lui qui intervient dans la satire. J. Heurgon note qué le Panthéon de Lucilius est un Panthéon très romanisé quand on le compare à l'assemblée des douze dieux grecs qu'Ennius ·évoque dans ses Annales :

Juno, Vesta, Minerua, Ceres, Diana, Venus, Jvlars, Mercurius, louis, Neptunus, Volcan.us,Apollo. Il y avait six déesses et six dieux. Dans Lucilius, on trouve· sept dieux, dont certains, spécifiquement romains, ont pris la place des dieux grecs. En tête vient Jupiter, puis Neptune, puis le groupe constitué par Liber, qui correspond à Bacchus,· et par Saturne, identifié à Cronos, puis le groupe constitué par Mars, Janus le dieu des commencements, du mois de janvier, des portes, Quirinus, vieux dieu sabin qui, à partir du ne siècle, est assi,milé à Romulus. Le fondateur de Rome entre de plain-pied dans

200

NOTES CO·MPLÉMENTAIRES,

LIVRE

1

!'Olympe. Les dieux so~t .-habituellement invoqués à l'aide du mot paterqui_e~t accolé à leur nom comme un enclitique (l'exemple _ le plus remarquable est celui de lu-pater). Servius le -confirme, avec quelques réserves, dans son commentaire de Verg., Georg.2, 4 : Pater.licet generalesit omnium deorum, tamen proprio Libero semper cohaeret: nam Liber pater uocatur. Aulu-Gelle déclare (5, 12) : Iouem Latini ueleresa iuuando appellauereeumdemque

-alio uocabulo iuncto patrem diœerunt... Sic et Neptunuspater coniunctedictas est et .Saturnuspater et I anuspater et Marspater (hoc enim est Marspiter). De même, Macrobe (Sat. 1, 18-19) certifie l'existence de cet usage; toutefois, dans tous ces auteurs, 1,.1.n seul dieu .échappe à la règle, Apollon. Dans leurs prières, les Vestales l'invoquent Apollo Medice,ApolloPaean (Macr. I, 17, 15). Dans Horace (Ep. I, 16, 57), l'homme de·bien que tout le forum contemp~e s'écrie lors du sacrifice d'un porc ou d'un bœuf ' Jane pater! clare,clarecum dixit ApolloI '. L'adjectif pulcherentre bien ·dans. sa titulature officielle. Il n'a pas obligatoirement valeur dépréciative (cf., entre autres, Ep. 4, 141-150). Il est simplement la traduction de xa:Àoc;'Arc6"JJ...(J)v, terme qui désigne le plus beau des immortels, &0a.vti't'(J)V xcxUtcr't'oç(Théognis, Eleg. 1, 7), celui (Hymne Delphique,in Bullet. corresp.hell. 17, 1893, p. 465) qui a le corps le plus soigné, ?i)J..'& Ila:pvœcrcrou yucxÀ(J)V eù8p6croLCJt Kcx:cr't'a:À(œç voccrµo'i:c; crov 8éµa:c;èçœôpovrov t~Le Ilrtuxv, cf. Hor., Odes3, 4,_61 ~

qui rore puro Castaliaelauit crinis solutos,qui Lyciae tenet dumeta natalemquesiluam Delius et Patareus Apollo. Ces complirnents peuvent être pris en mauvaise part : xa:À6c; est aussi le mot que les débauchés s'adressent entre eux ; Apollon est le dieu des danseurs, des joueuses de flûte; après Luciiius, Lucien évoquera ce trop beau jeune homme ; Ilou vüv o xtXÀo, ~µ!v. xt0cx:p(J)86t; (Iup. trag. 43). Dans la Satire de Lucilius, Apollon proteste violemment contre- l'injustice dont il se croit victime. Il veut être traité avec les mêmes égards que les autres dieux et souhaite qu'on lui rende les honneurs qui sont dus à ses mérites. Cette divinité contestatrice ne constitue pas le moindre agrément de la parodie. Mais les revendications qu'elle présentè n'ont guère · de chance pour aboutir. Apollon n'est pas appelé pater parce que les Romains ne l'ont pas adopté. Il appartient spécifiquement à la Grèce .. Il est responsable de la grécomanie abusive, de l'introduction de la mollesse orientale, de la corruption des mœurs. Comme tel, il est tenu à l'écart dans le panthéon romain, tandis que sont honorés Janus ou Quirinus- Romulus.

l'i Le fragment est cité sans indication du livre. Toutefois, comme Lactance précise que le vers est dit par Neptune, il est bien

NOTES COMPLÉMENTAIRES,

LIVRE

I

201

vraisemblable de le placer dans le livre 1. Pour débrouiller un point difficile, le dieu aurait bien besoin d'un logicien comme·n n'y en eut qu'un au monde; il faudrait bien qu'Orcus, le dieu des Enfers, relâche Carnéade. L'indication est précieuse car elle permet de dater la composition du livre 1. Le philosophe mourut pendant l'olympiade 162 et sa mort fut suivie d'une éclipse de lune : de ces deux renseignements ~arx déduit que l'événement se produisit au mois de mai 128. Carnéade était venu à Rome dans l'ambassade de 155; il avait peut-être compté Lucilius parmi ses élèves. Par une ironie particulière, le poète présente Neptune en train de réclamer un philosophe qui a critiqué très violemment l'existence des dieux : un être ;~vant a des sensations et un être aussi parfait qu'un dieu a(àu moins, autant de sensations que les hommes_; donc il possède le goût; avec le goût, des sensations du doux et de ·ramer; avec ces sensations, des états agréables ou pénibles ; s'il a des états de ce genre, il est susceptible de changements, donc corruptible; ce n'est pas un dieu (cf. Sextus_ Empiricus, Adu. Math. 9, 137-190).

18 Le texte, transmis par Julius Rufinianus, a été gravèment altéré. Depuis le xv1e siècle, les éditeurs ont essayé de combler les diverses lacunes : Dousa écrit, au premier vers, uellem et, au second, uellem, inquam. Scaliger enchâsse l'un des fragments incertains pour obtenir le résultat suivant : ·

Vellem cum primis, fieri si forte potuisset, uellem concilia uestrum quod dicitis olim, uellem, caelicolae,uostrum adfuisse priore concilio. Cette version est le produit le plus élaboré des maniaques de la rèconstruction. Lachmann et Mueller se contentent de rajouter factum uellem après caelicolae.J'ai suivi Marx qui propose hic habilum uellem. Priore concilioesf un ablatif de lieu comme on en rencontre assez souvent dans Lucilius, cf. 1, 21 : antiquo éoncilio sapiens fuisti, 5, 2 : loco... ac ·regionemaneret... De quelle réunion s'agit-il ? et quel est le dieu qui regrette de n'avoir pu y assister ?. Dousa, Dacier; Van Heusde croient qu'il s'agit de Jupiter, mais n'apportent guère de raisons pour le prouver. Marx pense à Neptune qui, dans le chant 1 de l'Odyssée, est en voyage lorsque Zeus réunit l'assemblée divine (22 sq.). Une telle interprétation rend mal compte de l'adjectif priore. La dernière séance plénière se serait déroulée seulement au début de l'Odyssée?Une indication précieuse est fournie par le mot caelicolae.C'est une traduction du grec Oùpixvt(J)V€pe:LOC xrà 'Hµoc0fo:'t'Orcp6-re:pov ~ Maxe8ovfo:huxÀEL't'o (Schol. Venet. A, Ad Hom. E 226). Marx en conclut que l'Assemblée des dieu~ se dérou]e bien sur !'Olympe. Le vent d'Emathie est, en effet, celui qui souffle du Nord, depuis la Thrace et la Macédoine. Julius Rufinianus cite ces deux vers comme un modèle de raisonnement p_ar induction. Il s'agit, en fait, d'un lieu commun que les Anciens ont utilisé sans se lasser. Marx le retrouve dans Solon (fragment 12 B, dans Plut., Sol. 3), .dans Hérodien (7, 16), dans Polybe (11, 29, 9), dans Denys d'Halicarnasse (Arch. exc. 17, 12)... Dans Lucilius, le die~ qui parle (Neptune? Romulus? ... ) utilise l'image de la tempête pour. montrer que l'essentiel est de rechercher les causes des phénomènes et d'agir sur ces causes.

25 Ces deux vers posent de nombreux problèmes ; ils présentent un: personnage qui veut en inviter d'autres à souper : 1) ad cenam adducam : les dieux sont de bons vivants ; ils ont l'habitude des festins; Lucien, Sénèque ou Épicharme les présentent s0.uvent en train de banqueter. Rien d'extraordinaire s'ils songent à inviter quelqu'un ! L'emploi de adduceread est plus surprenant. Il se justifie peut-être quand la différence sociale qui sépare les convives, est celle qui distingue les ~ieux et les hommes. Le dieu amène au banquet; toute idée de refus est impensable. Terzaghi remarque que la construction ad cenam adducereest symétrique de in iudicium adducere (Cie., Verr. 1, 115 ; 3, 207 ; Off. 3; 67) et, plus précis~ment encore, de ad populum adducere (Cie.·, Leg. agr. 2, 99), appeler en justice, citer devant le peuple. Il en déduit que Jupiter, pour condamner Lupus, le conduira au banquet, et · que ce banquet sera la pu_nition du glouton et du rapace. 2) le repas comprendra plusieurs services et commencera par des hors _d'œuvre (primum). Les invités seront nombreux (hisce), et on leur fera des cadeaux de bienvenue: tel est le sens de aduenientibus, tel qu'il a été définitivement établi par Marx qui compare avec le grec elatoÜaL,cf. Diphile (fragment 17, 2, p. 545 Koch) : N

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207

NOTES CÇ)MPLÉMENTAIRES, LIVRE I

'✓'

Plaute emploie le mot dans. le même sens, cf. Amph. 665 : quia domi daturus nemo est praftdium aduenientibus. Stich. 512 ,: et magis par fuerat me uobis dare cenam aduenientibus,Poen. .115 1 : patruo aduenienti cena curetur uolo (autres exemples dans Marx). Terzaghi, partant de l'hypothèse que le vers décrit la condamnation de Lupus, imagine que hisce désigne tous les compagnons de débauche du princeps senatus : Jupiter les invitera tous à un banquet. Ainsi, Rome sera débarrassée de leur· gloutonnerie. 3) ·Le cadeau de bienvenue sera composé par des abdomina thynni : Marx note que chaque convive ne recevra. sans doute pas un ventre de thop., mais une partie seulement de ce mets que les Anciens considéra~ent comme délicieux, cf. Alciphron 3, 5,. 2 : 8eîm6v 't"€~µîv l)Ô't"pé1tL't'1X~ yevvtx6v,tx8üç-teµ1XXÎ't"1Xf. xoclO"'t'ocµvlix · -roü Mev3l)crfouvéx.-tapoc;.Les cephalaea acarnae correspondent aux caluaria pinguia acarnaedont parle Ennius (220 V, dans les H eduphageticis), aux xe:~aÀtx.~IX -r' &xcx.pv"l)i; d' Archestratos, de Sotades (C.A.F. 2, p. 448, 5 K), d'Amphis (ibid., p. 247, 35), d'Archedicus (C.A.F. 3, p. 277, 32), d'Hesychius, de Pline l'ancien (N.H. 32, 145)... Terzaghi remarque que ce poisson est identifié par les naturalistes avec la Perca Iabraœ de· Linné, rappelle que Labraœest le nom scientifique du Lupus, en conclut que, lors du repas offert par le dieu, Lupus (s'il est bien parmi les invités) mangera du lupus, punition terrible pour un goinfre ! Cette condamnation à l'auto-anthropophagiene paraît guère convaincante : il est difficile d'invoquer le témoignage de Linné pour assurer que les Anciens considéraient comme un seul et même poisson l' acarna, le labrax et la perca labraœ.Là encore, le commentateur prête trop à un contexte qui est irrémédiablement perdu. Même si l'emploi de adducere en parlant d'un festin est étrange, on ne peut en conclure que Lupus· était l'invité l Le seul fait certain, c'est que l'un des interlocuteurs de l'assemblée .des dieux parle d'inviter plusieurs personnages à un festin somptueux, d'après les indications du menu, mais qu'il les traite avec une certaine désinvolture et en marquant bien son autorité (adducere). '

'

26 La tournure particulièrement solennelle appartient au style noble : 1) Haec ubi dicta : se retrouve dans Verg., Aen. 1, 81 : haec ubi dicta, cauum conuersacuspide montem inipulit. 2) pausam dare, dans Ennius (10 V) : Et Neplunus saeuus undis asperis pausam dedit, dans Accius, Epigones (T.R.F. 3, 290 R) :. No bis datur bona pausa loquendi. L'expression transcrit le grec ~ 't'Of.o y' &,; ebtchv x.œ't''exp'ë~e-to(Homère, A 68), ou encore 't'!XÜ't'' e:bt&'J èTCix.ucrrl't'O( Hérodote 7, 8). 3) ore loquendi apparti_ent à Virgile (Aen. 6, 76) : finem dedit ore loquendi. Il est vraisemblable que Lucilius utilise ces mots pour marquer la fin de l'intervention d'un dieu (peut-être de Jupiter). Toutefois, il est impossible de savoir à quel moment de la discussion cette formule intervenait.

208

NOTES COMPLÉMENTAIRES,

LIVRE

I

27-28 Les deux fragments se correspondent mot pour mot. Le fragment 27 contient une interrogation sur la physionomie et le visage d'un personnage (vraisemblablement Lupus) sur qui les· · dieux questionnent l'un des orateurs (peut-être Romulus). Marx note que uiro est ici un substitut de ei, forme que Lucilius évite soigneusement dans les Satires. Le fragment 28 apporte ··1a - réponse; il est inutile de distinguer entre uultus et .facies; Lupus n'est que mort, maladie, poison. Cette personnification de toutes les calam-ités appartient en propre à la diatribe ou à la comédie. Cf., entre autres, Plaute, iv.lil.1434 : Scelus uiri Palaestrio; Hor., Sat. 1, 7, 1: Proscripti Regis Rupili pus atque uenenum; Martial If, 92, 2 : non uitiosus homo es Zoïle, sed izilium; Platon le Comique (C.A.F., p. 652, 185 K) : ~6axe:t'8ùcrw8l)KéV xvlJµa~ç x~l 1tocrlv; Celse 5, 26, 31 -: Modo (?riturea_quam Graeciy&xpcxw!Xv

µsv

·appellant. Priora in qualibet pàrte conporis":fiùnt,hoc in promi-nentibus membris••• fereque "in senibus. Le fr~gment renferme peut-être la condamnation de Lupus. à la maladie et à la mort.

NOTES COMPLÉMENTAIRES,

LIVRE

I

· 209

31 Le fragment présentè ·de_multiples difficulté~ : 1) Les man1,1s~rits_donnent la leçon quaecumqueet cuicùmque: , plus_ieurs éditeurs l'ont cons_ervée, ert particulier· Corpet qui traduit bien que l'avis 'de celle-cisoit ,contraireà l'avis de·celui-là. Il sembleraH plus conforme à la grammaire d'interpréter cuicumque. comme une graphie pour quicumque;-la conjonction réunissant· deux mots qui possèdent, dans la phrase, des fonctions identiques. ~ En tout 'Cas, rien n'autorise à lire, avec Marx, quacumque it-

quicumque, quelles que soient se$ positions, quiconques'oppose..., sur le mqdèle d'Hor., Sat. 1, 6; 31 : et èupiat forinonsus,eat qua"4 cumque, puellis/ iniciat c'uram... Corpet remarque que Lucilius semble avoir parodié là cacophonie de ce vers d'Ennius: qu~cquam quisquam cuiquam.quodconueniatnegat. 2) ut diximus ante constitue un hémistiche de style oratoire qù'ont repris, avec quelques modifications, Lucrèce (1, 907 : paulo quod diœimus ante), ou encore Cicéron (Aral. 120 Baéhrens : quos diximus ante). 3) obstiterit suggère que l'on fait opposition à une entreprise. M~rx cite de nombreux exemples (Plaute, Cap. 791.Eminor interminorque ne quis mi obstiteritobuiam; Amph. 985 :· nec.quisquamtam audaœ fuit. homoqui' obuiam obsistat mihi. Dans l'ass·emblée des dieu~, obsistosemble indiquer un obstacle dans la discussio11:et, précisément, un discours hostile. Il faudrait àlors comprendre : quelquesoit l.edieu ou.la déessequi se soient opposésentre eux. Ces mots pourraient être prononcés par le président de séance, Juplter en perso:p.ne, qui, en fin. de débats, résumerait les différen~es interventions avant de faire voter. 4) primo hoc minuendi refert res' : la fin de l'hexamètre, ainsi transmise, est fausse, car elle _contient une lacune. Ou bien il convient de reconnaitre· l'impersonnel,, rëfert, ce. qui entraîne la scansion : · dbstiteritprim(o)hdc ininuéndi reférl rés . ou bien il· s'agit du verbe rëfero,cè qui entraîne la scansion : 6bstileril prim (o) hoc·minuéndi ·rëférl res Marx ·opte pour ia seconde .solution (ainsi que Warmington _qui . élimine purement et simplement hoc minue1_1di sans donner d'explications). Avec cette hypothèse, il ne peut admettre deux · formes qui soient des nominatifs· ou des accusatifs (res et· hoc).. Il corrige res en re : Nonius, dans l'autre fragment qu'il cite (6, 12), ·confond toujours le datif, Pablatif et le génitif de T'es(iI. faudrait encore montrer qu'il y a .erreur .sui· le nominatif et l'accusatif). Le gérondif minuendï- ·nè possède aucun support syntaxique dans la phrase: il suffit'd'en faire. un féminin fninuendae qui s'accorde avec re et, comme il subsiste une lacune, l'éditeur la comble à. l'aide d'un adjectif comme intentas qui, justement, commande le datif. Le résultat sera : ·

hoc minuendae inientus refert re 18

.210

NOTES c'OMPLÉMENTAIRES,

LIVRE I

Tout occupé ·àdilapidèr son patrimoine, Lupus raconte à tous· ·ceux qu'ij. renc~ntre, les bons plats qu'il a mangés. J'ai renoncé à ·accepter une telle réfection, ·par trop _abusive ; quand 9n admet q,µerefertrenvoie à refero,il faut encore trois ou quatre corrections d_ute~te avant dé trouve~: un:·-sens.Toutes ces hypothèses oublient q1,1eNonius a· classé le vers sous la rubrique ablatiuuspro genetiuo. _D~ris-l~s~anuscrits, uné seule forme ressemble à un ablatif, hoc. Ceô.x_qtii~.d~ns le-fragmen~, distinguent le yerbe refe_ro cqnsidèrent coîrtp.1e nulle ·et p.ôri ·avénue la· glose du lexicographe. Ils ont pour "en faire un accüsatif complé~ent d'objet de be~ôin dé Ao_c hoc. minuendi ce ·verbe. tra·nsitif ··(Wàrmington,' qui . èn · é~iminant . \ . éliD?-i°=e toutes les· diffl~ulté~, _lit refert res, ,il racôn_te des histoires). Rèste ·-ia'première. ·co:p.structio·nproposée ci-dessus· : refert appar·refert.Le fragment contient encore une ~acune, tient à -1.'ir;ttrans_itif mai~, en quelqu'endroit qu'on la place, une· nouvelle difficulté apparait : le vers est spondaique (minuéndiv. Aulu-Gelle décrit ment estropiée, du grec xe:tpt8ù>'t'oc;

NOTES COMPLÉMENTAIRES,

LIVRE Il

219

robjet (6, 12, 5) : Tunicis uti uirum prolixis ultra brachiaet usque

in primoresmanus ac prope in digitos, Romae atqueomni in Latio indecorumfuit. Eas tunicas Graecouocabulonostri chiridotasappellauerunt, f eminisque solis uestem longe lalequediffusam non indecereexistimauerunt,ad ulnas cruraqueaduersusoculosprotegenda. Viri autem Romani primo quidem sine tunicis toga sola amicti fuerunt; posteasubstrictaset breuestunicascitrahumerumdesinentes habebant, quod genus Graeci dicunt È~wµl8aç.·H ac antiquilate indutus P. Africanus, Pauli filius, uir omnibus bonis artibus atque omni uirtute praeditus, P. Sulpicio Gallo, homini delicato,inter pleraquealia, quae obiectabat,id quoqueprobrodedit, quodlunicis uleretur manus iotas operientibus. Verba sunt haec Scipionis: 'Nam qui cotidie unguentatus aduersum speculum ornetur, cuius supercilia radantur, qui barba uulsa feminibusque subuulsis ambulet, qui in conuiuiis adolescentuluscum amatorecum chirodotatunica inferioraccubuerit,qui non modo uinosus, sed uirosus quoque sit, eumne quisquam dubitet, quin idem fecerit, quod cinaedi facere salent?', cf. Virgile, Aen. 9, 616 : Et tunicae, inquit, manicas et habent redimicula mitrae. De même, Ennius parle de la jeunesse de Carthage qui porte tunique, Carthaginiensium tunicatam iuuentutem (dans Aulu-Gelle, ibid.). Rica désigne un mouchoir dont les femmes se couvraient la tête, cf. Varron, L. L. 5, 130 : Sic rica ab ritu quod Romano ritu sacrificium feminae cum faciunt, capita uelant. L'auteur ajoute :

Mitra et reliqua fere in capite posleaaddita cum uocabulis Graecis. La mitre ne jouit pas d'une très bonne réputation, cf. Juvénal 3, 66 : Ile, quibus grata est picta lupa barparamitra. Toracia, dans Ampelius, signifie petite cuirasse, cf. 0wp&xwv, mais aussi plastron, cf. Suétone, Aug. ·82 : Hieme quaternis cum pingui toga tunicis et

subucula et thoracelaneo et feminalibus et tibialibus muniebatur. Dans le contexte, il doit s'agir de corsages. Tous ces objets de luxe sont cités, parce qu'ils évoquent, ainsi que les excès de table, l'amollissement et l'effémination des nobles.

14 CÎlarisius cite la tournure iure perilus, parce qu'elle est archaïque (ch ure de -S final et changement de timbre de la voyelle précédente), cf. iure consullus.La langue classique a rétabli la forme du génitif, cf. iuris consultus. Il s'agit très certainement de Scaevola, cf. Cie., Brut. 306 : Ego autem in iuris ciuilis studio

multum operae dabam Q. Scaeuolae,Q.F., qui quamquam nemini se ad docendumdabat, tamen consulentibusrespondendostudiosos audiendi docebat. cf. Cie., De Orat. I, 200 : Est enim sine dubio domus iuris consulti totius oraculum ciuitatis. Testis est huiusce Q. Muci ianua et uestibulum quod in eius infirmissima'ualeludinc adfectaqueiam aetatemaxima cotidiefrequentiaciuium ac sum,no.. rum hominum splendorecelebratur,cf. De Orat. 1, 39. ·Pourquoi faire allusion à la science du jurisconsulte? pour s'en moquer? pour la défendre?

pour la pr6sontor?

220

· NOTES

COMPLÉMENTAIRES,·

LIVRÈ. II

15 Les deux premiers vers repo~ent sur une co_rriparaisonentre la rhétorique. d'Albucius et l'art de la mosaïque. Ils renferment le plus ancien témoignage· sul l'Opus .musiuum : cette tèchnique, · née à Pergame, se répandait to~t juste à Rome, comme le révèle la citation de Pline, N.H. 36, 185. _Tesserula·e est le diminutif de tesserae,mot appa;renté au grec 't'éamxpeç,puisqu'il-est-sans doute · -l'abr.égé· de 't'ecrcrœpcx.y(l)'JeV"f}O"LY, 't'OV

CXÙ't'OV 't'portov_ ~O''t'L~è~LVP~O'CXL .

x&rct-r&vÀ€~e:oov. Le poète insiste tout particulièrement sur deux points:~ 1) Les motssont rangés: corripostae. La compositio·uerborum a ses règles; cf. Cie;, Oral.·149 : Collocabuntµrigitur uerba, aut ut inter se qu_amaptissimecohaereantextremacum primis eaque sint quam suauissimis uocibus·aut ut forma ipsa concinnitasque uerborumconficiatorbemsuum aut ut comprènsionlimeroseel apte cadat. Ce sont· là des vices pour Lucilius ; il· convient d'éviter toute recherche abusive (cf. cre:µvwc;·livre 1, 14), cf. livre 26, 5~23... Le poète .écrit .d'humeur ego uni quem ex praecordiis/ecfero· uersum (26, 23). Il ne veut travestir ni la vérité, ni le style qui lui est habituel, cf. Cie., Off•. 1, 31, 3 : sermone eo debemusuU qui natus est .nobis... - 2) Les mots sont rangés joliment, lepide :·c'est un~ critique du genre asiatique, cf. Cie., Brµt. 325 : Genera autein Asîaticae dictionis. duo .sunt, unum s~ntentiosum et. argutum, sententiis noTJ,tam grauibùs el seiierisquam .concfnniset uenuslis..• Aliud qutem genus est non iam sententiisfrequentatumquam u.erbis uolucreatque incitatum... Dans le livre 5,. Luciliùs se moque de telles puérilités, cf. Gell. 18, 8 : ... huiusce rriodl scilamentaquae isti apirocaliqui se Isocraticos·uideri ziolunt;in collocandisuerbis immodicefaciunt et rancide, quam sint insubida el puerilia, fac~._ tissime herclesign_ificatin quintoBaturarum Luqilius. A l~idéal du poète précieux et léger, Lucilius oppose l'idéal du poète doct~s (cf. introduction, Mariotti, op. cit., p. 12; ·E.renkel, op.cil., p. 262 sq.; Piwonka, op. cit., p. 20), c'est-à-dire désireux d'exprimer une vérité morale par toutes les procédures de la conversation et de la ~onsuetudo,cf. Quir~.tii.1, 6, · 1 : Consuetudo·uerà certi~sima lqquendi -magistra. utendutnque_plane sermone ut' nummo, ·cui publièa· for.ma·est.. Dans ces conditions, Lucilius ·met dap.s la bouche de Scaevola le néologisme rhetoricoterum(cf., en grec, les • comparatifs >> du type Ba:cnÀeu-repov) ; c'est la pire injure·· de la part d'un homme qui'considère les ~r'!,ements comme efîémination. La .rhétorique est la négation de l'usage. Lè portrait. de· Scaevola qui se dégage de ces vers est assez conforme à celui que Cicéron a brossé dan_sDe Orat. 1, 35 : Tum Scaeuola-comiter,ut. soleb_at: ' Cetera, inquil, adsentior Crassa, ne aut de C. Laeli soceri mei, aut de huius generi, aut arle, aut g!oria detraham; sed illa duo, Crasse,uereor ut tibi possim concedere:unum quod ab oratoribus ciuitales et initio constitutas et saepe conseruatas esse dixis.ti; alterumquodremoioforo,·contione,iudiciis, senatustatuistioratorem in omni generesermonis et fiùmanitatis esse pe,:feclum.Quis enim tibi hoc concesserit,aut initio genus hominuin, in montibus ac siluis dissupatum, non prudentium consiliis compulsum potius · ·quam dfsertorum oratione delenit'q.mse oppidis . moeni_busque saepsisse?

222.

-·NoTESCoM.PLÉMENTAiREs;·=L-1V'i~E 11 ..

· 16

du

. La. signification fragment n'ést pas très. évidente. Apparem·me~.t il ·s'agit d'une. ~ubstitution de cadavre que plusieurs ·personnages sont en train de constater. Cichorius pense que Scaevola se ··défend d'ayoir, tué le gringalet auquel les fragments 6 et 7 font ·allusion. Cet homme, malmené· par le préteur, aurait essàyé de se venger; ses· proches l'a9-raient fait' passer pour· mort. +'e jour de l'enterrem~nt -· le corps n'est pas brûlé; cet usage n'est suivi qu'en dehors- de l'Italie pu pour les gens très pauvres - des fo~ctionnaires · de l'entourage du magistrat font ouvrir la bière. Tout le nionde constate qu'elle contient le corps d'une autre personne. Hortensius et Postumius sont des inconnus.

Le verbe circumferre,dans .Je sens de purifier par un ·sacrifice ·expiatoire, s'emploie toujours pour une _personne, cf. Plaute, -A,.'mph~ 775 ; · iube · istam ·pro cerrita circumferri; Virgile, Aen. 6, 229 : idem ier sociospura circumt~litunda ; 1I est d_onc impossible de c·onsidérer·que circumlatus entre daz:is le groupe tum facta omnia sunt. Qui a été purifié par un sacrifice expiatoire? Terzaghi pense que· c'est le gringalet qui s'était fait passer pour inort. Cichor1us cr~it qù'il s'agit de Scaevola, quand toute la cérémonie macabre eut été terminée. ·

18 .

,

Les deux participes ·font sans doute partie du même ensemble que circumlatus. Les trois terme~ font allusion à des cérémonies i:eligi~uses. Circumferredésigne une procession à caractère lustral ; lustrareindique l'acte d_usacrifice ..Les deux mots sont étroitement liés, cf. Servius, Ad _Aen. 6, 229 : lustratio a circumlationedicta est laedae uel sulfuris. _Piatus marql!..e le résultat de toutes ·ces procédures sur l'individu; il_ s'est rendu les dieux propices. Varron (L.L. 5, 23) relate les rites purificatoires: utilisés après la mort : ... qqi Romanus comb·ustusest, si in sepulcrum eius abiect_a

·gleba non est aut si às exceptumest mortui ad f amiliam purgandam, donec in purgando humo est opertum (ut pontifices di.cu~t, quod infzumatuss_il), familia funesta manet. L'accumulation d'adjectifs ayan,t'Un sens très proche soulignait que la souillure causée par le cadavre avait été définitivement effacée.

·

19 . Sè~evola ràconte J'incident qui lui a valu l'hostilité d'Albucit1:s. Celui-ci veut p~sser pour un grec ( Graecum), cf. Cie., Brut. 131 :

Doctus etiam Graecis-T.·Albucius -uelpotius paene Graecus... Fuit autem Athenis · adulescens,perfectus Epicureus euaserat, Tusc. 5,

NOTES COMPLÉMENTAIRES, .LIVR~

II

-22·3

108 : T. Albucius· nonne ÇI.nimoaequissimo Athenis exul philoso-phabatur? Marx rappelle-le culte que les.,,Épicuriens vouaient à leur Maître, à Athènes · et · à la Grèce (cf.' éloge ·.d'Athènes et' ·d'Épicure dans Lucrèce -6, 1-8). Albucius ne veut plus être considéré comme un Roma.in.: Lucilius écrit Romanum atque Sabinum, insistant- sur les deux éléments constitut~fs dé la cité; or le Sabin

surtqul en qui prédominait l'élémentdur, austère,paysan èt montagnard;leplüs conforinèà l'idéaldè Caton(J. Heurgon), était le moins docile· aux influences helléniques. C'est une Sabine qu_'Horace·montre commé:ie· modèle des vertus domestiques (Ep. 2, 41.; Carm. 3, 6, 37). Unfr Romanus et Sabinus, c'est évoquer les plus anciennes. traditions l~tines. Par son admiration pour la ·Grèce, Albuèius s'exclut volontairement de -la civilisation romaine, de ses mœurs, de ses hommes. Il ne souhaite plus passer pour le concitoyen dù même municipe (municipem), que des soldats illustres (praeclarorum hominum) ont couvert de gloir~. Les primores sont les combattants de première ligne. Le mot est ici synonym-e·-àe priores (par opposition à principes, haslati et à lriarii), cf. Liu~ 11 12, 7 : ipse ad primores Romulus ·prouolat,cf. Curt. 4, 6, 17 : dum inter primorespromptius dimicat. La hiérarchie militaire est é_tablie selon les cohortes de triarii, puis principes, pui_s hastati, et fait ·passer les priores avant les posteriores. Lucilius décrit donc d_e~ légionnaires qui ont acquis les postes les plus prestigieux ; il évoque aussi des porte-enseigne (signiferumque) : ce sont de véritables prêtres chargés d'accomplir les offices envers les, signa. Sous cés mots se trouvent impliquées les idées de gloire, de conquête et de religion. Le centurion Pontius était très célèbre : Cicéron le cite en plusieurs passages. Dans .Je De Senectule, dont le dialogue se situe en 150 avant J.-C., Caton déclare, pour évoquer.la vigueur de ses interlocuteurs (14) : Ne uos quidem T. Ponti centurionis uiris habetis; num idcirco est ille praestantior. L'homme était donc au service en 150~Macrobe écrit (Sàt. 3, 16~ 3),: Et ne uilior

sil tesiis poeta, accipite assertoreCiceronein quo honorefuerit hic piscis apud P. Scipionem Africanum illum et Numanlinùm. Haec sunt in dialogo de fato uerba Ciceronis: nam cum esset apud se ad Lauernium Scipio unaque Pontius, adlatus est forte Scipioni acipenser, qui aq,modumraro capitur, sed est piscis, ut ferunt, in primis nobilis. Gum autem Scip'io unum et alterum eœ iis qui eum salutatum ueneranl-inuitassetpluresqueeliam inuitaturus uideretur, in aurem ,Pontius. ' Scipio, inquit, uide quid agas: acipenser iste pçi.ucorumhominum est '. La scène se placerait aux alentours de 130 avant J .-C. Lucilius·choisit ses héros parmi la suite de Scipio~. Tritannus. est. un hom.me beaucoup plus difficile à identifier~ }.ilarx croit le reconnaître dans Pline, N.H. 7, 81 : Corpore.u_esco sed eximiis uiribus · Tritanum in gladiatorio· ludo, Samnitium

armatura celebremfiliumque eius militem Magni Pompei... a_uctor est Varro in prodigiosarumuirium relatione.Ne pouvant s'habit11er à la vie civile, le. centurion. se ..serait engagé dans une école Qe gladiâteurs. (cf. Manil. ·4, 225 ·: nun_ccapùt i!1morlem_uendunt et

.224

·N·O-TES C_OMPLÊ;MENT AIRES, LIVRE Il

_-{un1:1,s arenae.atqµehosterµsibi quisque par_at,cum bella quiescunt). Scaevola. fut élu préteur en 12.0 (cf. _introduction et Broughton p. 522). Selon Cicéron (De Orat. 2, 269), .-il .travers~ Athènes_; . il marchait précédé de ses six licteurs (lictores), suivi de. sa 'turma (au sens prop_re_escadronde cavalerie,mais ici escorteet 'plus particulièrement cohorspraetoria, état-major·de gouverneur,··. cf. Sali., lug. 98 _:Marius... cum turma sua quam ex fortis~umis -.magis quam f amiliàrissumis .parauerat uagari. passim. Chorus désigne tous les assistants, éf.·virgile, G.eorg.1, 346 : om'nisquam chorus et so_ciicomitenturouanles,.àvec valeur dramatique; c'est le cercle des spectateurs mais aussi le chœur tragique °éJuireprend les mots du coryphée. Albueius n'a· pas pardonné à Scaevola de l'avoir salué en grec xrit'pe; il lui pardo_nne encor~ moi_ns que la _plaisanterie se soit divulguée; elle passe du préteur 3:ux licteurs, 'à l'état-major, à l'assistance. Telle est l'origi_ne de la haine du· philosophe: il est hostis, inimicus ; le redoublement de la même notion a valeur intensive et appartient à la langue de la conversation. Ce que Lucilius, par l'intermédiaire de Scaevola, reproche à Albucius, ce n'est pas d'utiliser des mots grecs ou de faire appel à des cop.cepts qui ne se trouvaient exprim~s que dans la langue .grecque ; il aurait mauvai~e grâce à le faire, puisque, lui-même, . a amplement puisé dans le vocabulaire étranger. Ce qui jùstifie sa critique, c'est qù'Albucius, ainsi que l~ confirme Cicéron, veut devenir entièrement Grec. Abandonner le mode de vie de ses ancêtres, répudier leur langue, pour adopter tous ies usages ci;un peuple vaJncu, devait susciter, sans_ a.ucun doute, la réprobation d'un vrai Latin. II n'est .pas indifférent que le poète cite les. Sabins, évoque la glqire militaire de centurions illustres au moment où il °condamne (cf. Mariottj, op. cU.,p. 53) l'asservissement d'un noble à la Grèce. Bien différente était l'attitude d'un Caton, cf. Plutarque,. Gat. mai. 12 : 8t' Épµ"f)'Jé©Çèvé-ruxe·'t'OÎÇ 'A6l)V~LO~Ç

· 8uv~0eîç.&v cxÔToçe:bté=îv.(~ÀÀ"l)VLxwc;), èµ.µéVCù'J 't'OÏç 7t'cc't'ptoLt; 't'WV 't'Cî. CEXÀ"l)VLX(X 't'e6cxuµr:t..K6-rCùV, cf. Piwonka, op. xcxlxcc-rccyeÀ&v_ cit., p. 15-1~. Par son désir de se singulariser, ce noble commet _)1tjefaute cont~e l'usage ( consueludoJ et détruit l'ordre établi.

20 Le fragment contient une demande d'explications·; sans doute, Scaevola intervenait-il au ..milieu du discours d'Albucius, cf. Hor., - Sat. 1, 4, 79 : Vnde petitum/hocin me·iacis? .vraisemblablement, Nonius s~est trompé en rangeant les citations. Le vers de Lucilius s.erait b~aucoup mieux à sa place sous la rubrique Coicereest iacere · (267; 26). · . .

21 Le texte des manuscrits· a- été gravement altéré. Au lieu .de montane,la plupart des éditeurs ont retenu.Nomenlane: Cichorius

~OTES ·coMPLÉ~ENTAIRES,

LIVRE :II

225-

suppose que cet homme, ainsi qu'Emilius au fragment 23 et Hortensius ou Postumius au fr~gment 16 (op. cit., p. 244), faisait partie· de l'état-major de _Scaevola.avec le titre de légat, de lieut_enant ou de préfet. Rien ne permet de ,l'affirmer de façon péremptoire (cf. Broughton,. op. cil., p. 525 ). Terzaghi croit qu~Albuèius ne pouvait insulter que Scaevola; l'argument est bien faible : l'orateur avait de bonnes raisons pour s'en prendre aux témoins à décharge. Marx const_ate.que l'adjectif monlanusapparaît dans d'autres vers de Lucilius, cf. M 148': .pascali pecoreac monlano, Il prend pa1·fois le sens de rustique ou agreste,cf. _Caes., B.C. I, 57, 3 : honiines asperi et montani et exercitati in armis. C'est parfois une injure. Le fragment de Lucilius et ie _versde Térence contiennent une formule d'imprécation qui est èodifiée par l'usage. Dans Phormion, c'est Qui illum di; dans.la satire, il'convient de supposer qui te di, strictement parallèle au texte del~ comédie. En fait, tous les--éditeurs ont rajouté di, mais sans tenir compte de la_place qui était imposée par la construction (cf. Cichorius, op. cil., p. 244). Il devient alors impossible de retenir Nomenfane; . il faudrait scander : Qul te di ivoméntiin'ëmdtum ; le quatrième pied commen~erait par une_ brève. Le passage contièilt urie · malédiction soulignée ·par malum, ·cf. Cie., Off. 2, · 53 : quae te, malum, inquit, ratio in islam spem induxit? Verr. 2, 1, 54 : quae, malum, esl ista lanta audacia?,Lucilius 6, 6 : qui te bonusJupïter, inquit, pour l'expression inverse. La fin du vers· est intacte. Marx compare avec Cie., Att. 4, 16, 2 : Nunc pergam ad cetera; ·Brut. 15_8: Pergamus ergo, inquam, ad reliqua... Il eri tire la conclusion qu'il y a changement de personne entre les deux hémistiches, passage du style direct aù style· indirect; qu'un mot n'a pas été transcrit par les manuscrits, et qu'il s'agit sans doute de {um ou de nunc. Peut-être le vers rapportait-il une ·apostrophe de Scaevola à son ~dversaire qui, sans se laisser désemparer, poursuivait son discours.

22 Albucius ('l) se vante de savoir interroger un témoin nommé Emilius; celui-ci est -présent à l'audience (huic) ; plusieurs éditeurs pensent qu'il faisait partie de la suite de Scaevola, mais cette hypothèse ne repose que_ sur des impressions. Les. trois verbes appartiennent à lalangue religieuse et magique. Praecantare (coupé sur les deux vers) signifie enchanter au préalable, cf. Petron. 131, 5 : Hoc peracto carmine ter me iussit expuere terque lapillos -conîcerein sinum quos ipsa praecantatospurpura inuoluerat... Le mot ._s'eqiploieégalement pour les ver~ets ~hantés par un officiant' et repris par l'assistance, cf. Firm., Math. 4, 14, 20 : in templis sacra carmina praecantantes.C'est sans doute ce dernier sens qui doit être retenu dans Lucilius.: l'accusateur va parler àu témoin avec tant d'autorité qu'il lui soufflera ·sa réponse. Exigere, c'est faire sortir un témoignage : cf. Cie., Leg. 1, 4 qui 19

.

·226

.

.·NOTES COMPLÉM~N:J'l\lRES,

,

.

·LIVRE_;Il

in· is_topericul_o ·non ut· a poeta, sed·ut. a teste ueritatemeœigant. Ce témoignage peut être d'ordre poétique ou d'ordre judiciaire. 'Eœcantoest dans Hor., .Ep. 5, 45 : quae sidera·excantafa uoce Thessala/lunamquecaeloderipit.·Cf. loi des 12 tables (8 a-b, Pline, N.H.· 28, 17) Qui fruges excantassit~ .., celui qui par ses enchante-

ments 'aura déplacé. lés récoltes. ~

23 Le fragment,·· très ·.mutilé, présente de multiples difficultés dtinterprétation. Seul, ·1e groupement pestem permitiemquerie pose aucun problème aux éditeurs car on y reconnaît une expression de la langue courante e_tde la comédie, bien caractérisée par èoil allitération, cf. Catull. 76, 20: eripitehanc pestemperniciemque mihi; Cie., Catil. 1, 33 : cum tua peste ac pernicie; Tér.; Ad. 188... . . . Les manuscrits ont hostilibus. Dousa, André Schott; Dacier· et Corpet proposent de lire hoslibus; Cichoriùs, Terzaghi, Warming-· ton donnent Hostilius. En fait rien n'autori$e à accepter ce changement. Cichorius va plus _loin ; il considère que ·catax, adjectif qui n'est attesté dans aucun autre texte iatin, se rapporte à Hostilius et il identifie cet Hostilius Catax avec un Hostilius Cal~, sous le prétexte que Vatax est l'équivalent de Vatia dans le fragment 42 _du livre 28. Terzaghi remarque, avec juste raison, que l'ordre des mots _inter~it cette construction : calax ne peut se rapporter qu'à la relative quam..~.; cet éditeur distingue. alors trois personnes : Hostilius, Catax et Manlius. Marx doute que l'on doive rapprocher catax et Manlius : dans le fragment· 42 du livre 28, uatax désigne un personnage dont le nom n'est pas cité~ Toutefois, dans ce fragment 42, la structure de r énoncé . est bien différente I Deux re·latives so~t clairement identifiables : '

•lit-si progeniemanliquam qua est Maximus Quintus,/qua ua'ricosus uatax..• Le fragment est trop restreint pour qu'une reconstruction 'Soit possible. J'ai respecté les manuscrits ·en remarquant que le premier hexamètre est transmis après la coupe hephthémimère, que hostilibus semble répondre à nobis. Il est question d'un fléau . mis en rapport avec des manœuvres des ennemis; ce fléau a été apporté (?) par ce boiteux de Manlius,· jusque chez les Romains. Par malheur, nous ne connaissons aucun Manlius qui soit boiteux. Peut_;être faut-il prendre ce mot au sens figuré ? peut-être sa valeur est-elle identique à celle de podagrosus dans Plaute (Poen. 531-2, Mer. 595 ... ) ? La maladie n'est que le ·symbole de la lenteur. Or, parmi tous les Manlius, il en est un qui a été particulièrement leTJtet· qui a apporté un véritable fléaµ dans Rome : c'est Caius Manlius Vulso. C'est lui qui, en 189, fut envoyé en Asie· pour achever l'œuvre des Scipions~ De so·n propre mouvement, il se jeta sur les Ga!ates et sa victoire lui permit d'amasser un butin' considérable. Il fut le ,premier à introduire dans· 1a cité le luxe et les délices de l'orient, cf. Liu. 29, 6 ; Pline, N.H. 34, 8 ... De retour à Rome, il réclama le triomphe. Sur l'opposition des

.

.

.

NOTES CO~PLÉMEN1\~JRES,

LIVRE Ill

,

227

commissaires délégués par le' Sénat pour établir la paix définitive·, il fut" accusé. de brigandage; plusieurs·. délais luJ {urent imposés avant d'obtenir le triomphe ; enfin par les :intrigues des . M_anlü,· . il finit. par avoir gain- de cause .. _Peut-être Lucilius évoque-t~il ces événements. · · ·

NOTES COMPLÉMENTAIRES

DU LIVflE ·111.

1 .

.

. Le verbe partire, avec une forme active au lieu de la 'forme déponente qui s'impose à l'époque classique, est un archaïsme .. que l'on rencontre dans Ennius, Plaute, Lucrèce, Sallusfe· ou Tacite. Le poète s'adresse à un ami (tu) qui n'a. pas pu ;rejoindr~.~ le groupe des .voyageurs : emploi d~ l'irréel du prés~nt · (ca_peres) · et de l'irréel du passé (partisses). Avec une ironie, amusée, il grossit les événements ·survenus pendant 'l'équipée : l_eur expé- . dition leur a·donné _une gioire (laudis) comparable à. cèllè d'un général.victorieux, cf. Cie., Vert. 5, 2, 5: ex eo belloparlem aliquam laud,is appeleres.· Cette gloire leur reste acquise (imparfait du. subjonctif). Le badinage cède· la place aux regrets · {plus-què~ parfait du· subjonctif} dans l~ deuxième proposition· : les d~u.:x: amis auraient partagé leurs joies ( gaudia). La sa tir~ n'est qu'uri ... substitut de l'expérience vécue; ell_esert à recréer l'atmosphère de gaité et de bonne entente {cf. ludus 3, 8) qui. règne dans l'ento~-rage dè Lucilius (cf. Piwonka, op. cil., p. 74-6) ;· elle reconstitQ.e.la société des amis. momentanément interrompue ; elle .propose une sorte· de journal (commentarium) des faits èt gestes de tout un cercle; cf. ·Hor~, Sat. I, 3, 54-55 : Opinor/haec res et iungit, iunclos et seruat

atnicos~·

2-4 .

.

Dans la lettre, le s~bjonctif cède la place au futur : degrumabis · (2), uidebis (3, 4). Comment interpréter ce changement de temps : · Marx et Kappelmacher croient que l'ami du poète va :entreprendre sous peu le voyage de Sicile qu'il n'a pu accomplir en même temps que ses familiers. Lucilius lui donnerait des conseils pourpréparation de l'itinéraire. Le livre 3 ·serait donc composé de deux poèines distincts : _unelettre contenant-des recommandations et le récit ·proprement dit. Terzaghi fait. justement remarqùèr qri~ tu .gaàdia mecùm partisses n'a de ·sens que si le po_ète commence. aussitôt la narration des événements et des incidents qui ont causé son plaisir. La lettre et• le récit sont donc 'confondus. · Cependant rien ne prouve que l'ami va ·entreP.rendre ·-ie même·voyage .-que le poète. Dans le style épistolaire, le futur signifie

la

228 i

NOTES coMPLÉM.EN.TAIRE·s,LIVRE III

futur lointain, mais aussi futur. proche : cf. 5, i : Quo me habeam pacfo,tametsi non qu0:eris,docebo.En lisant la satire, l'ami verra· se déroulèr tout le voyage comme/ s'il l'avait vécu lui-mêmè. Le futur n'est- peut-être_ ici ·qu'une invitation à l'imagination. S'il en est ainsi, quod ante optasti (3) rappellerait les regrets d'un homme qui trouvait une oëcasion unique pour accompagner un ami sur un parcours qu'il ne connaissait pas du tout.

2 Groma,dont le doublet grumaa servi de base pour' la création du verbe grumare,· degrumare, _désigne un outil d'arpenteur; cf. PauL Fest. 86, 1 : appellaturgenus machinulae cuiusdam quo

regionès·agri cuiusquecognoscipossunt,quodgenus Graeciyp@µ.ovoc. dicunt. C'est un emprunt technique ·au grec yv&µcx,doublet de yv&lµ(J)v, avec dissimilation de la, nasale qui semble indiquer un intermédiaireétrusque(Ernout-Meillet). Le changement de genre ètle passage à la première déclinaison souligneraient le caractère populaire du mot. L'instrument correspond à l'alidade (cf. Aristote, Caf 15, a 30). Dans un emploi dérivé (cf. Hygin Lim., p. 145, 11), le t~rme désigne la perche d'arpentage qui, plantée au milieu du camp, permettait de tracer les quatre rue_s qui y abou_ti~saient. Degrumaren'implique donc pas l'idée de mesure de distance, mais beaucoup plus l'idée de direction, de visée, de , - mesure d'angles. Marx ·croit que le verbe est pris dans son sens propre : l'arp.i de Lucilius ~erait un métreur qui irait tracer des ~outes, ou bien pour l'état, ou bien pour un grand propriétaire :

Neque enim degrumabis_idem potest-esse atque 'qua. uia eatur · indièabis' quia per auia non erat iturus poeta,sed uiis slratis et .factis. L'argument est singulier! Sans refaire les routes, l'ami du poète ··peui inventer les dire•ctions, reconstituer intellectuellement l'itinéraire. Il suffit de donner à degrumareun sens figuré. La comparaison avec l'arpenteur' qui, sur le terrain, organise un . camp militaire, est très heureuse si l'on admet qu'il s'agit d'une coristruction de l'esprit qui caractéris~ l'imaginaire, d'une sorte d'épure dont l'abstraction est soulignée par l'emploi 'de l'adverbe olim .ay~c valeur généralisante (... cf. livre 4, 15-:..grue tota cum ~.uolat ·olim).

3 ·LucHius •propose à son ami une sorte de dépliant touristique sur la SicÎle. Marx compare avec Sénèque, Ad Marc. consol.17 :

si quis Syracusas petenti diceret:omnia ~ncommodà, omnes·uolup.. tales futurae peregrinationistuae ante cognosce,deindeita Tiauiga. Haec sunl quae:mirari possis: uidebis primum ipsam insulam ab ltatia angusto inter.i;cissamfreto..• deinde uidebis illam fabulosam Charundim•.. uidebis celebratissimumcarminibus fontem Arethusam... Les deux textes n'ont rien de commun; dans Sénèque,

NOTES CÔMPLÉME,NTAIRES, .

229

LIVRE/ III.

la description suit le déroulement- chronologique du ·voyage : les côt~s de Sicile, le détroi~, Syracus~ ... Dans L.ucilius, le rangement des lieux ne. doit rie-n à la progrèssion dq bateau. -Deux trajets nord-sud, avec solution de continuité,· sont définis : le premier emprunte le détroit et passe devant Messine et Regium ; le second part de Lipari et gagne le cap de Milazz9. Terzaghi essai~ de réunir les deux· tronçons de l'itinéraire : en longeant la côte au large -de· Vibo et en faisant voile vers la Sicile, à .gauche, on aperçoit le détroit, l\·1essine et Regium, puis à droite,: Lipari et le cap Milazzo. Encore faudrait-il que ce soit possible, ce qui n,est pas le cas : sans entrer dans ·1e détroit, il est inconcevable d,apercevoir Messine ou Regium. La conclusion s'impose: Lucilius n'a pas rangé les lieux en fonction de son itinérai_re. Tous ces noms · propres sont rangés en fonction du rythme du vers (cf. les deux groupes symétriques, M essana7?1,Regina moenia et Li paras Facelinae templa Dianae), en fonction de leur valeur poétique , (et les pluriels freta, moenia, templa). Le poète commence par le · mot qui possède un sens géographique (freta); il. termine par celui qui· évoque les légendes mythologiques de la _Grèce·et de ~orne: situé à proximité du cap Artemisium Aa't'tµlcnov1tOÀL:XY'tJ'! ~·pcxxu-r&'O)v (Appien, B·.c.5,116), le. temple de Diane Facelina (de cpoc)(e;Àoç) évoque le fagpt dans lequel Oreste apporta en Sicile la, statue d'Artémis. Enfin, des raisons affectives s'ajoutent peut-être. aux justifications poétiques. Marx pense que Lucilius n'aurait pas cité ce temple, a.ssez peu célèbre· dans· r Antiquité, si ses domaines de Sicile n'avaient pa§ été installés à proximité~ .

'

4 Lucilius discute l'itinéraire; ce fragment qui; malgré l'absence· de référence précise, a toujours été attribué au livre 3, contient des calculs de distances. Elles sont mesurées à partir de Capoue, ville située à l'intérieur des terres ; le poète envisage. donc un trajet par la route. Celui-ci s'effectuera au· sq.d de Capoue, sinon il citerait Rome qui; éloignée de 132 milles, serait obligatoirement traversée pour atteindre une ville distante de 250 milles. Toutes1es distances sont donc mesurêes sur la Via Popilia -qui venait d'être,: ouverte en 132, par le consul Popillius Laenas (?), entre Capoue et Regium. De Capoue à Consentia, il y avait. 207 milles; de_Capoue à1Vibo Valentia, 264 milles; le lieu situé ·à 250 rn,illes de Capoue (quinquaginta atque ducenta) dont parle Lu_cilius, est -dpnc à 14 milles au nord de Vibo Valentia: c'est très précisément l'endroit où la Via Popilia longe la mer, 'tout près du golf~ de Vibo. C'était . un point de mouillage bien connu des voyageurs, cf. Cie., Alt. 16, 6, 1 : Ego adhuc - perueni enim Vibonem. ad Sic~am '"7.magis

commode quam slrenue nauigaui: remis .en.immagnam partem, prodromi nulli. 1.lll,!,dsatis opportune, duo sinàs fùerunl; quos tramilti oporterel; PaesJanus.el Vibonensis,- utrumque pedibus aequis tramisimus. Veni igilur ad Siccam octauo die..• L'étapè

-

-·-

230

NOTES COMPLÉMENTA~R~S, ··LIVRE iII

si~uée · à 170 milles bien .comptés deP-liis le golfe ( commoda : bien . - comptés, cum modus), bis'quinaoctogena,est distante de 184 millés · ·de Vibo-Valentia. A 180 milles se trouve Forum Popilii,à 185 mil}es Aëerronia (cf .. tables de Peutinger). Le lieu envisagé est placé entre les deux· villes. II s'agit, sans doute, de Nares Lucanae où Çicéron s'arrêta-pour écrire à Atticus (3, 2),le 8 avril 58. Le trajet ne devait -pas .être .agréable. lier est molestum, scio dit Cicéron. La route était longue. C'est, sans doute, ce que Lucilius faisait ressortir dans ce fragment où il discutait des avantages respectifs de la -voie terrestre et de la voie maritime.

5

,

Le vers intr.oduit "le dernier argume:r;i.tcontre la voie terrestre, comme le. révèle remploi de pra'eterea.La route est glissante, labosum (le mot s'apparente à labor, labi, glisser, et non pas à labo.s,laboris, comme le prétend Nonius) et boueuse, lutosum. Cet inconvénient, souligné par l'allitération, semble à sa place dans la liste des difficultés que. J"encontre le voyageur sur la via Popilia. Non seulement l'itinéraire est long, mais il est pénible; ceson~, sans doute, ces deux griefs que Cicéron évoque. en parlant d'uri iter _molesium.Toutes· ces raisons _plaident en faveur de la voie maritimè; il suffit .de deux jours pour se rendre de Regium à Puteoli (cf. saint Paul, Acta Aposl. 28, 13-) en bateau; il en fa11:t7 ou 8 pour parcourir la via Popilia à raison de 30 ou 40 milles par jour. ie bateau permet une traversée relativement confortable; le voyage par la route prend souvent l'allure d'une véritable expédition. ·

6 Le bouvier de Lucilius est mourant. Son nom, Symmachus, indique s·on origine, la Gr$ce ou,, plus exactement, la Sicile. où le poète possédait de -grands ·domaines. Le participe deposlus .(= depositus) signifie · dans un état désespéré, parce que les mourants étaient déposés sur le sol pour rendre leur dernier .·souffleà la terramaterqui les avait fait naîtr~, cf. Servius, Àd Aen. · 12,. 95 _:·ut extremum spiriium redderet terrae. Plusieurs esclaves sont cités dans les Satires-(!.22) : Zopyrion, Métrophanès;Pacilius. L_ucilius surveille ses terres de très près! S'il entrepren'd son voyage, c'est, en grande partie, à cause de l'état de santé de son serviteur (cf. praeterea).Cela implique: 1) que: bubulcu.~-ne désigne pas un sbnple bouvier mais un chef de troupeau, magisterpecoris, qui avait sous ses ordres une nombreuse domesticit~. 2)' que les _ Jiltérêts en jeu étaient considérables : l'élevage est la ressource essen~ielle dans les cainpagnes, cf. Cie., Off. 2, 25 :_Ex quo genere

comparationisillud est Catonissenis; a quo, quum quaerer,etur quid. maxime in-re famil_iarieœpediret,respondit: Bene ·pascere:__Quîd secund~m?-Satis benepascere.- Quid tertium?-Male pascere...

-

NOTES COMPLÉMENTAIRES;

'

LIV.RE III_ ·

-231

Le fragment confirme la richesse de Lucilius qui était déjà suggéré·e dans l'anecdote du De Orat. (~,·-284)sur le bétail de ·Lucilius qui pénétrait dans l' ager publicus. Dans ces conditions, le voyag·e de· Lucilius rèssemble à la tournéed'un làndlordqui visite ses propriétés _·(J.Heurgon). On comprend qu'il prenne des·risqu'es en se tendant dans une région dangereuse, encore bouleversée· par les séquelles des guerres serviles, 9ù l'insécurité était de règle, où il y -avaitde nombreux fugitifs: -roy(Xp 1tp~-rov èv 't'OLÇ È1tttpcxvecrir&.-ror.c; -r6rmtc; 't'OÙÇxœ0'ëvlXxa.t8uo't'(XÇOOOL7t'opfo:c; 7t"Or.ouµé\lOUÇ ècp6\l&UOV (Diodore; 25, 2, 28). Même à l'époque de Cicéron~ la 'route·maritime, comme la route terrestre, n'est -pas sûre : Non ego a. Vibone Veli.am.

paruulo nauigio inter fugitiuorumac praedonumac tua lela uenissem (Verr. 2, 99). · · ·

7 Le terme incita est emprunté au jeu d'échecs. Il désigne la pièce·que l'on ne peut plus bouger (Isid., Orig. 18, 67) parce qu'elle est bloquée par l'adversaire-. Au sens figuré~ l'expression (de in .. et cieo) indique une situation dont on ne peut sortir que par la violence, une impasse. Cf. Plaute, Poen. 907 : Profecto ad incitas lenonem rediget, si eas abduxerii. Le vers est obscur : illud est' bien imprécis ; d'autre part, l'allitération in-cita, in-ternecionem met en rapport la situation difficile et· uil massacre_ général. Le substantif internecio est le mot qui s'utilise pour .les· guerres· civiles. Quand Cicéron, dans so'ri discours Sull. 33, reprènd le récit des calamités causées ·par Catilina~ il_les caractérise par_.les · · mots incensio ·urbis, interneêiociuium, uastitas.1taliae;' intéritus rei publicae. Si l'on admet que !elivre 3 a été compo~é- entre 119 (datè du procès ·de Scaevola qui constitue ·1e sujet du livre 2) l'entrée en charge du préteur Cécilius dont parle. et 116 (date I.elivre 5), Lucilius devait être au·ssi angoissé en voyant la politique ,, des nobles progressistes qu'en constatant l:{ réaction sénatoriale après la mort de C. Gracchus, le·-consulat d'Opimius (cf. l l:, 10),la corruption. des mœurs. R. Vel,'dière, en se référant à César

de

(B. G. 2; 28, 1 : Hoc proeliofacto ·etprope-ad internecionem·gente-ae noinine Neruiorum rèdacto),·propose de lire adque; j'ai cependant conservé atque qüi est confirmé par toute la tradition manuscrite. _,

.

8 Au sortir de ·Rome, les ·voyageurs trouvent deux .tronçons d'itin~raire très différents : l) une partie·facile: haec; l'épanalepsis souligne la simpli,cité -déconcertante du parcours. L'originalité ,., de Lucilius consiste à employer dans une figure de rhétorique solennelle (cf. entre autres, Homère x 12), un vocabulaire tout à fait familier : susque deque est ~ne expression toute :faite: correspondant au· grec rlvwxoc-rCa> et bien attestée dans la comédie, cf. Plaute, Amph. 886 : Atque id me susque deque esse habituram..

\

232

NOTES. COMPLÉMENTA.IRES,

LIVR.E III

putat. Cf. Cie., Alt. 14, 6, L Ce mélange cÎe.re~herche .et de:.nat~rel définit uhe forme de conversation -enjouée, où le poète se. livre au plaisir·. du récit, comme aux distractions et agréments de la -route (cf. Piwonka, ·op. cil., p. 57, 81, 321), ludus iocusque~Les deux mots constituent, une tournure que l'on retrouve dans Plaute, M erc. 846 laetitiam ludum iocum, dans Tér~nce, Eun. 299 :

uerost qui si occeperit ludum iocumque decet fuisse illum alterum... D'après le contexte, le trajet correspond à la traversée hic

des monts . albains. A la sort~e de •Rome, Jes voyageurs ont emprunté la via· Appia; après Aricie ~t Alba Longa, la route redescendait· dans la plaine jusqu'à Forum· Appii;. c'était, sans doute, .leur première é_tape : cf. Hor., Sat. 1,· 5, 3 : inde .Forum

Appi/differtum nautis, cauponi'busatque malignis./Hociter,ignaui diuisimus, altius ac nos/praecinctiunum; minus est grauis Appia tardis. A cet endroit, deux solutions se présentaient : prendre le bateau pour traverser les marais pontins; c'est ce que fait Horace (ibid. 9-25). Du temps de Lucilius, les canaux n'existaient peut-être pas ou étaient momentanément impraticables ... Le poète· quitte la Via Appia et emprunte une route de montagne plus à l'e·st. 2) une partie difficile : illud opus durum. Lucilius se dirige vers Setia. Setinum fl,nerriest mis ici pour Setinum .â.grum,cf. Liu. 24, 56, 2 : Lunensem ·primum agrum depopulatos, Pisanum de inde finem tran'sgressos(autres exemples dans Marx). Sétia, sur les .contreforts des Monti Lepini et des-·Monti Aurunci dominait les marais . pontins, cf. Martial, 13, 112 : Pendula Pomptinos quae spectatSelia cam.pos/ex1,gua uetulosmisit ab urbe cados.Le chemin était pénible ; les déclivités étaient très fortes;. il fallait .s'élever. de deux ou trois cents mètres (Séti:1 est à l'altitude de 319 mètres). Avec emphase, Lucilius se plaît à grossir les épreuves qu'il a subies. Il n'a pas gravi des collines,· mais .des monts escarpés où les chèyres ne se hasardent même pas, cf. Homère, I, 15 : Xct't', ctLytÀL7tOÇ1té't'p"IJ~ovo·cpepov xéet ~8(t)p. II ·a traversé des Etnas, cf. Plaute, Mil. 1065 : Tuni argenli monti's, non massas. habel.Aetna mons·non ciequealtust. Il a traversé des monts. Athos, cf. Sophocle ( T. G.F., p. 299, 708 N) '~A0(,)çcrx.t&~et voo-ra,A"flµvlcx:; ~o6c;.L'humour est souligné par le rythme du vers qui est scindé en, trois 'groupes symétriques où les allitérations et les homéotéleutes se ·répondent : a-igilipes, a-etnae, a-speri, a-thones et toutes les finales en. -es de ces mots .. '

'

'

9 .· Les voyageurs ont atteint Puteoli. Depuis Setià, . ils. ont regagné la· via Appia à Terracine et poursuivi ,leur route par . Ftindi, Formies, Sinuessa, Pont Campanien et Capoue. A Capou~, ils on~ quitté la via Appia pour prendre la via Campana.C'est le trajet que -suivent· habituelleme~t les voyageurs de Sicile (cf., entre. autres, Cie., Verr. 2, 39, 96 ; saint Paul. .. ). Il leur. faut généralement cinq jours, cf. Procope (Bel. Goth. 1, 14) : -~cr't'L

. NOTES Ç!OMPLÉMENTAIRES, _LIVRE-:111 . .

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23_3

'Amdcx689c;~p.epC>v :rcévite: &v8p1eô~&>vep. Plztëoli . n~ peut

entrer dans un hexamètre. Pour parler de cette ville, Lucilius recourt à deux images : - 1) Dicarchitum populos : le pluriel populos donne à l'expression plus d'ampleur; le génitif (cf. Pha·selitum dans Cié., Leg. agr. 2, 50; Metropolitum, Cés., B.C. 3, 81, 2... ) archaïsant lui confère· plus de noblesse.. Des touri:iures semblables se rencontrent da~s l'épopée, cf. Virgile, Aen. 6, 588 ... Dicarchisest bâti sur Dicarchia,forme syncopée p·ourDicaearchia,• elle-même transcription du grec ALxc.cutpxfoc. Marx note que cette abréviation du mot, que l'on retrouve chez u:h napolitain comme. Stace (SilÙ. 2, 2,. 3), chez Silius (8, 533) qui mourut à Naples, chez Pétrone (120, 68) qui mouru~ à Cumes, révèle une prononciation courante· dans la_région.·- 2) Delumqu~minorem: Puteoli est la seconde Délos; le comparatif se réfère à la date, non à l'importance du trafic. Depuis 166, Délos, rattachée en droit à la république athénienne, · devint le centre du· mercantilisme italien. Des capitalisles'romainsde toute espèceet de touteenvergure, mais d'égale voracité,aff1.uèrent_~ur le rochersacrépo,i,rcapter,à ce croisementdes routes maritimes, la -circulationdes richesses-helléniques. Quand, après· 146, tave~gle destruction de Corinthe eut évincéla seule concurrencequi leur ftl encoreobstacle,ils achevèrent ' cet accaparement(Carcopino, op. cit., p. 140). Strabon parle de ce port immense (14, 5, 2) : èµn6pLovµéy1>:xœ\ r:oÀuxp~µœitov; cf. 10, 5, 4 : /l.~À.ov-"t]Ü~"t]cre x1>:-rœcrxœcpeicrix ÔTt"otp(l)µo:t(l)v 1{6pw0o_c;. De même, depuis la seconde guerre. punique, Pouzzoles. a pris une extension remarquable le port servit de point q.'appui aux Romains pour leurs attaques contre Capoue; depuis, c'est l'un des· plus gros centres commerciaux· de la côte, cf. Strabon (5, 4, 6) : ~ 8è:1t6ÀLÇ èµn6pt.o'JyeytVY)itlXL µéyLcr-ro'll. Jouant sur la fonction· .. des deux villes, Lucilius confère à la cité italienne tout le prestige qui s'attache à -rne sacrée des Grecs. Dans le vers de Lucilius, inde possède un sens local; à partir de là, c'est-à-dir·e de Capoue. A Pouzzoles, les voyageurs s'embarquent. En· deux jqurs, · ils devraient effectuer la traversée jusqu'à Regium; cf. Act. Apost. 28, 13... : . . . etç 'P~yLovx.cdµe't'ép.e-rat teur est donc classé parmi les fats, avec les· singes et les ânes; pour peu que le bout· d~ son nez soit épais,· avec les ·bœufs (cf~ explication de bouillanus?). C'est ·déjà·. toute une ménagerie~ Il ne· manquait que le ·rhinocéros qui apporte ici une note pittoresque et exotique ; le mot, grec, a été, vraisemblablement, introduit par Lucilius en latin, cf. 4, 16... 4, 16·... - 2)'. Da~s le fragment 14, il s'agit d'une plaisanterie d'ordre · scatologique. Pour .l'emploi de profundere,cf. Serviùs, Ad ·Aen. 8, 139 : fudit.

autemnon iniurîose dictum est, ut in ~Pisonem' quae te beluameaf utero, non hominem fudi ' ..• Cf. Lucrèce 5, 225 :· ... cum primum in luminis oras / nixibus ex aluo matris natura.profudit.La cohipara:ison se retrouve dans quelques textes : Dousa rapproche· de Sulpicia: non trabe, ·sed 1ergo·prolapsus; et Marx, d'Eubule, C.A.F. 2, p. 202 K : &v0p6>irouç •dx-rov X.OC'TIX TY}V ·TèUY')V !v ~xocÔÀ(yov

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15..20 Ces fragments col}.tiennent plusieurs allusions à des opérations ,, militaires et'à un banquet qui suivit la victoire. Marx et Cichorius ont essayé d,identifier les faits qui étaient évoqués en tenant compte de plusieurs çertitudes : .- 1) . Dans le fragment 20 deux personnages sont cités, Geminuset Paulus ; les marques d'honneur qu'on leur témoigne dans le banquet prouvent qu'ils exercent tous deux de hautes fonctions · (ils ont des récipients auprè·s d'eux). que Paulus possède un grade plus élevé que Geminus : ce dernier ne dispose que d'une crµche d'eau alors que l'autre dispose du cratère. Or èes deux surnoms appartiennent en ce qo.i concerne Geminus, à la ge·ns Seruilia qui en possède l'exclusivité; en c-equi concerne Paulu8, à la gens _Aemilia. Deux nobles appartenant à _ces familles furent réunis dans· une mêm_eguerre. ·En 181 L1:1ciusAemilius Paulus, consul de l'année 182, est nomm.é proconsµl chargé de la province de Ligurie (Liv. 40, 25, 1 et 34, 7). Après avoir été. a~siég_é,il remporta la victoire et reçut la soumis,

et

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NOT.ES _COMPLÉMENTAIRES,· LIVRE V

sion des Ingauni (Liv. 40, 25, 2-10; 40, 27, 1 à 40,·28, 9; Pl~t3:rque, Aem. 6, 2-3; Fr~ntin, Strat. 3, 17, 2). Pendant c~tte campagne, , il eut sous ses ordres comme· tribun des soldats M•. Servilius Geminus, fils du corisul de 202 c.omme le montré Tite-Live (40, 27, 4,-6). - 2) L_efragment 15 laisse entendre que, lors de, cet.te expédition, des manœuvres combinées firent intervenir .les légions et la marine. Lucili:us emploie le terme étrange cûstodem classis; cette expression transcrit simplement le -grec vocucpùÀmxc; x~eîve- auµôouÀ~ycxpëv ~n 't'&v lp&v- /. &xoue 't'&1toxctp8t1)~~ .Il définit la pédérastie par son universalisme (29, 66, cf. épigramme de Straton, AP 12, 5).- , I

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8 Si le sens est clair, l'interpr~tatjon du fragment présente pourtant de nombreuses difficultés. Il y est. question d'un homme (qui) capa~le d'aimer. un autre personn~ge désigné par la deuxième p~rsonne du singulier (te). Le. vocabulaire convient aussi bien pour un )l.omrile·que pour une femme : il est impossible de décider a priori s'il s'agit de pédérastie ou non. Le verbe diligere, est défini par Isidore (Dit{. 1, 17) : amare nabis naturaliter insitum·, diligere uero eleclione·;dans le fragment 5 aetas et facies se rapportent à une femme puisque l'entremetteuse se sert de ces_ _mots pour vanter ses employées, mais les termes appartiennent · . à la langue courante et pourraient ici s'appliquer à un -homme dont on recherche la jeunesse et la beauté; enfin amicus dé.signe l'ami, mais aussi l'amant Si l'on admet la définition de 27, 11 : amici quaerunt animum, rem ·parasiti, doit-on considérer que Lucilius oppose à la véritable _amitié, l'attitude du passionné qui_. ne s'intéresse qu'à la jeunesse et à la bf;'auté, mais se prétend quand même amicus (fore ami_cumpolliceatur); ou bien la déclaration comporte-t-elle deux volets. : recherche des agréments physiques (aetalis facieque tuae ~e fautorèm ostendat), recherche de l'âme (fore amicum pollicealur). Les. intentions de Lucilius dans le passage ne sont guère décelables : raille-t-il ou décrit-il simplement? Piwonka (p. 267) enchaîne le fragment 5 et )e fragment 8 : aelatem et faciem (Genti pueriJ; ut saga et bona .

conciliatriœlaudas, fretus illum -esse eum ·qui te diligal, àetatis facieque.tuae .sefautorem oslendat, fore amicum polliceatur.Cette version repose ·sur plusieurs pétitions de principes : Gentius est . mis en cause par le fragment 5 ; ut y introduit une comparaison en forme, et non une simple allusion (valeur la plus courante dans les Satires : cf. H 102 : ut ueles bonus,H 98 : suslineas eqûum bonus saepe agitator... ) ; entre les deux énoncés se situerait le passage de la description à l'interprétation psychologique qui en rend compte; le poèt-e se moquerait du préteur,. vieux-beau;. qui prétendrait se faire. aimer pour lui-même ; enfin ce préteur serait

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~OTES .COMPLÉMENTAIRES, LIVRE' V.II ,•

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. Caecilius.Caprarius, cf. 5, 24. Toute cette reconstruction est très fr.agile. Il parait. plus sage de·r~connàttre, avec Marx, que l'identité -.des interlocuteurs et âes acteurs reste très mystérieuse ; un seul élément peut donner. une indication objective ·: la ..deuxième personne n'est employée que. dans 6, où il est _question de pédé-rastie. Si I'interiocuteur est bien le même .dans les deux cas, le sujet ~urait quelque chance d'être le même dans les deux dialog1.1es. Le poète (ou une autre personne) s'entretient avec u,n garçon ou une •fille. · ·

9 Ainsi que Terzaghi~ j'ai suivi lè. texte des manuscrits qui o~t quos et qualia sunt. L'interrogatif quos portè sur une catégorie · ·d'individus ·sans doute évoquée dans les vers précédent_s. : ils n'ont pas. d'yeux (oculi _non~unt) sans doute parce qu'ils ne veùlent pas en avoir, cf. Martial 3, 8 : Thaida Quintus amal Quain Thaida? - Thaida luscamJ- Vnum oculum Thaïs non habet; ille duos ; ils n'ont pas de nez, cf .. Hor., Sat 2, 2, 89. · Le relatif qualia -désigne des éléments qui appartiennent au m.êµie ensemble ·que nasus et oculi~c'est-à-dire les aütres sens. Il s'agit vraisemblablement de gens qµi ont perdu la vue,,l'odorat, rouie.·.., parce qu'i1s sont saisis par la passion.. Pour eux, un morceau de bois sec devient sureau (27,· 23)... Lucilius refuse une telle aliénation. (livre 29 ... ).

10 Hyacinthos était d'une grande beauté et Apollon devint amoureux de' lui. Un jour que ·1es deux amants lan~aient 1e disque,·à la· suite d'un coup·dè· vent ou ~ien à cause d'un rocher, Hyacintho.s .fut ·mortellement· blessé. Apollon. eneut. un grand chagrin et-transforma fleur le-sang de son ami, cf. Ov., Met. 10. Lucilius, pour sa part. (emploi de la première personne), n'a'jamais comparé son amant (hune... hominem) à Hyacinthos : il veut pas dramatiser ses sentiments ni les parer de la noblesse·factice ·que confèrent .les allusio.ns mythologiques,. cf. 26, 6. Le poète crée l'adjectif co~linipotens·pour désigner Apollon. Cette formation s'apparente à bellipotens et sapientipotens qui ·se trouvent dans Enniµs (Ann. 181 V), à armipotens dans Accius (127 ·R)... Çortina désigne le tré.pied sur lequel la Pythie s'installait pour prophétiser • . L'adjectif composé, mis en relief par sa place en fin d'hexamètre, donne.au passage un ton de solennité outrée qui suscite le comique (Mariotti, p~··46). ..

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Lucilius raconte.la vengeance·d'un mari trompé: il veut punir sa femme (hanc est objet de male habere, cf. Simon dans Plaute, Most. 70~) quand il se plai_nt·de sa vieille femme : Atque pol

N·OTES COMP~ÉMENTAIRES,

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LIVRE VII

nesciout moribus sient tuostrae; haecsal scia quam me habeatmale•. Il prend un morceau de poterie de Samos, testam Sqmiam, et se châtre. J\iarx rappeHe que cette poterie, lorsqu'elle se cassait,, faisait des tessons extrêmement tranchants qui servaient parti~' ctilièrement aux Galles, cf. Pline, -H.N. 35, 165 : Sarnia testa Matris deum sacerdotes,qui Galli uocantur,uirilitatem amputaré.•. credamus.Cf. Ma.rtial 3, 81 : Quid cum femineo tibi, Baetice galle; barathro?/ ha_ecdebet medios l, , '/ R·,·;·.,-~·.:>-~~t,i,·, eg1um#·\• . .,,../··~ :. . .... !:: }~~.:·3J?:;:~i;i'.J.J;t~t-}.~ l:':t~?{~:~~~~=~~~~T1~f~ ft~1.-';}:~~~ÏJ~t:~ .. : c• ,, $),,. ~~ r.rxJ'-,.f"' ..!,,.,! ...••:;,~~ ,... ('~•Jc,•r- 1.;:~' '-(;;~·--f \:~~~!· ... ,,\y1 1

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