Lettres de Chion d’Héraclée

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6 >Aυ π ω θιιυ 06 ότι ή έμή φυχή ούδβυί 6ύέμβατός έστι τώυ τοιούτι^υ βουλευμάτων. Οι[ααι μέυ ούυ, 61 καί μή πυριφιλοσοφήκυιυ, ικανόν άυ γυυέσθαι τεκμήριου τού μή

άπ6χθώς έχ€ΐυ πρός σ6 τό μηδέ ήδικήσθαί τι ύπό σού. Ουδό γάρ οί αφιλοσόφητοι μή παυτάπασί γ€ μαυέντες, καθ’ ήδουήυ τιυα τάς άπ6χθ€ΐας έπαυαιρούνται, ούδ’ έρωτάς τιυα ς ώσπ6ρ παιδικών έπιτηδ€υμάτων οϋτω καί μίσους λαμβάυουσι, πολλού δει, αλλά καί πάυυ έπ ίστα υτα ι ότι ούδέυ άυθρώποις άπβχθβίας άυιαρώτβρον* όταυ δέ ύπό άνηκέστου τιυός διαιρ6θώσιυ από άλλήλωυ τάς ψυχάς, τότ€ άπ€χθάνονται, καί ούδέ τότ€ έκόυτ6ς. 3. Ή μΐυ δέ μέχρι τής υϋυ ημέρας ούδέυ ούτβ μέγα οΰτ6 μικρού ύπήρκται προς άλλήλους άπ€χθ6ΐας έργου, άλλα σοί μέυ ούδέυ πλέ­ ον ύπουοίας καί λόγου, έγώ δέ καθαρβύω τήυ ψυχήυ καί από τούτων. Τί ούυ βουλόμ6υος έξαίφνης στασιάζω πρός σ6, καί ταϋτα μηδέπω καί τήμβρον έορακώς άρχομέυηυ ύπό σου τήυ πατρίδα ; ’Ή υή Δία φυσώσί μβ αί πολλαί τριήρ€ΐς καί οί ίππβΐς ϊυα, 61 μηδέν άλλο, ύποπτ6ύοις τό γ6 δύνασθαί μ6 έχθρόν 6ΐναι ; ’Αλλά άπεδήμησα μέν συν

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L f: itrhs ni i C hion

chez nous. Avec quels moyens peut-on donc s’opposer par-delà les mers à un monarque, quand on est un homme qui est parti à l’étranger avec un petit nombre de serviteurs ? Je n’en imagine pas, quant à moi et c’est pour cela que je suis embarrassé pour ma défense, parce que je ne vois pas ce dont on peut m’accuser. 2. Je ne suis pas embarrassé, en revanche, pour prouver que je n’ai aucune des intentions dont peut-être on me soupçonne, ayant même, au contraire, largement de quoi te persuader que mon âme n’est aisé­ ment accessible à aucun dessein de cette sorte. Je crois que, même si je n’avais pas de formaüon philosophique, ce serait une preuve suffi­ sante de mon absence d’inimitié à ton égard que je n’ai subi aucun dommage de ta part : même les non philosophes, à moins d’être de­ venus complètement fous, ne s’engagent pas dans des inimitiés pour le simple plaisir, ce ne sont pas des sortes d’engouements, comme ils en ont pour s’adonner à des jeux, qui les font aussi se prendre de haines de la sorte65, bien au contraire ! ils savent parfaitement que rien n’est plus funeste pour les hommes que l’inimitié : quand quelque motif irrémédiable les a éloignés dans leur âme les uns des autres, alors seulement ils se haïssent, alors encore c’est malgré eux. 3. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, nous n’avons engagé l’un contre l’autre aucun acte d’inimitié, ni grand ni petit66, mais, de ta part, rien de plus que du soupçon et des paroles, et, de mon côté, mon âme est innocente même de cela. Dans quelle intention, donc, irais-je me ré­ volter soudain contre toi, et cela alors que je n’ai pas encore vu à ce jour ma patrie sous ton gouvernement ? Ou, par Zeus ! serais-je ap­ puyé par la force de nombreuses trières et de nombreux cavaliers67, pour que tu me soupçonnes, à défaut d’autre chose, d’avoir au moins

6·* En grec, ce membre de phrase joue de manière un peu forcée sur 1 opposition de termes amour / haine (épwTàs / picrouç) mais il ne me paraît pas possible de traduire eporraç par un mot plus fort que « engouements ». 66 Est-ce Chion ou l’auteur qui oublie la tentative de Cotys (voir la Lettre 13) ? 67 Contrairement à DÜRING, je ne crois pas qu il y ait ici une référence au chœur d 'Œdipe à Colone (w . 668-719) : il n’est nullement question de la puissance mili­ taire d’Athènes (d’autant que le jeune homme se trouve alors à Byzance), mais simplement des armées dont Chion est dépourvu.

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ΕΠΙΣΤΟΛΑΙ ΧΙΩΝΟΣ

οκτώ θεράπουσι και φίλοις δύο, Ήρακλείδη και Αγάθωνι, αναλύω ^ δύο των οίκετών άποβαλών. Ταύτα δέ ούκ οίδ όπως* πείθουσί σε νήν είναι παρασκευήν επί σέ* έκεΐνο δ’ ού σκοπείς ότι, εί συνηδε^ έμαυτω δικαίως ύποπτευομένω, ούκ άν ποτε εκών έμαυτόν ένεχεώ ρι£ον τω ύποπτεύοντι. 4. ’Ή ούτω τ ις έραστής άπεχθειών είμι ώστε μηδέ την ττρός £« μαυτόν φυλάττειν φιλίαν, άλλ’ έκοντί έγχειρί£ειν τό σώμα τοΐς δι­ καίως αύτό τιμωρησομένοις ; ’Αλλά ταύτα μέν καί το ΐς μή φιλοσοφήσασιν ικανή, μάλλον δέ πέρα τού ικανού απολογία. ’Εγώ δέ ούδ’ άλλως αφυής γενόμενος προς τά έκ φιλοσοφίας αγαθά συνέλαβον τή φύσει ώς μάλιστα ένήν, καί νεανίας γενόμενος ούκ άρχάς ουδέ φιλοτιμίας είλόμην, άλλά ευθέως θεατής ήρων γενέσθαι τής φύσεως των λόγων. Καί οΰτός με ό έρως ήγαγεν ε ις ’Αθήνας καί Πλάτωνι έποίησε φίλον, καί μέχρι γε νύν ούπω αυτού πέπλησμαι. 5. Φύσεως μέν ούν ούτως έσχον προς ήσυχίαν ώς έτι παντελώς νέος ών καταφρόνησαι πάντων όσα άρχειν ταρακτικωτέρου βίου δύναται, έλθών δέ εις ’Αθήνας ούτε έκυνηγέτουν, ούδε ναύτης εις Ελλήσποντον επί Λακεδαιμονίους συν Ά θηναίοις έπλεον, ούδε ταυτα έπαιδευόμην άφ’ ών τυράννοις καί βασιλεύσιν εχθρός έσομαι, αλλ ανδρι ησυχίας εραστή διελεγόμην, τον έγγισ τα θεω λόγον

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Lettres de Chion

la capacité de mener une attaque ? Mais je suis parti à l’étranger avec huit serviteurs et deux amis, Héraclide et Agathon, et je reviens ayant perdu deux domestiques. Je ne vois pas comment tu peux être per­ suadé qu’il s’agit là de forces suffisantes contre toi. Tu ne considères pas, par ailleurs, que, si je me savais soupçonné à juste titre, jamais je ne me serais livré de mon plein gré aux mains de celui qui me soup­ çonne ! 4. Ou bien, suis-je un amateur d’inimitiés au point de ne pas conserver d’amitié pour moi-même et de livrer de mon plein gré mon corps à ceux qui ont des raisons de vouloir se venger ? Mais voilà qui est suffisant pour défendre déjà ceux qui n’ont pas étudié la philoso­ phie, et même plus que suffisant ! Quant à moi, qui par ailleurs n’étais pas particulièrement mal disposé de naissance à profiter des bienfaits de la philosophie, j’ai renforcé du mieux possible cette tendance natu­ relle et, devenu un jeune homme, je n’ai pas choisi la carrière des res­ ponsabilités et des honneurs, mais j’ai aussitôt désiré être un contem­ plateur de la nature des raisonnements68. Et ce désir m’a conduit à Athènes, m’a fait l’ami de Platon et, jusqu’à maintenant du moins, je n’en suis pas encore rassasié. 5. J ’ai donc par nature de l’inclination pour la sérénité au point de mépriser, bien que fort jeune encore, tout ce qui peut mener à une vie plus agitée. Je ne suis pas allé à Athènes pour y passer mon temps à la chasse, ni pour prendre la mer comme marin avec les Athéniens dans l’Hellespont en expédition contre les Lacédémoniens, je ne faisais pas, non plus, des études qui me permettraient d’attaquer des tyrans et des rois, mais je suivais l’enseignement d’un homme qui est épris de séré­ nité, pour m’instruire dans la réflexion qui rapproche l’être humain de

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estime que l’expression grecque φ ύ σ α υ ς τω ν λόγω ν relève de « the kind o f pleonastic expressions so well known from late Greek usage », et il tra­ duit « one who contemplates the nature o f things » ; de même HOLZBURG 1994, p. 32 : « der das Wesen der Welt anschaut ». Mais, sur une suggestion de J. Schamp, je préfère lui donner le sens plein et pompeux d’une ironie secrète (mais non secrète pour Matris et pour le lecteur) : comme il l’a annoncé dans la lettre précédente, Chion tâche de se présenter comme un « pur phraseur », le plus loin possible de la réalité. d u r in g

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ΕΠ ΙΣΤΟ ΛΑΙ Χ ΐΩ Ν Ο Σ

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