Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508) 9782503548326, 2503548326

Les rois et les princes souverains d'autrefois, tel le duc de Lorraine, avaient le droit de punir et disposaient pa

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)
 9782503548326, 2503548326

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ARTEM Atelier de Recherche sur les Textes Médiévaux 17 La collection est publiée à Nancy par le Centre de médiévistique Jean-Schneider (Université de Lorraine - CNRS)

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Pierre Pégeot Odile Derniame, Madeleine Hénin Avec la collaboration de Philippe Demonty

F

© 2013, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2013/0095/20 ISBN 978-2-503-54832-6 Printed on acid-free paper

Table des matières INTRODUCTION

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Présentation La forme diplomatique Les auteurs des lettres Les scribes Les lieux d’octroi La répartition chronologique et la datation

13 14 15 17 18 20

Criminalité et délinquance en Lorraine Les homicides Les lieux du crime Le temps du crime La nature et les circonstances du crime Les armes du crime Coupables et victimes Les vols Les atteintes à l’autorité ducale ou « offenses » au duc Divers

25 26 26 28 29 32 33 36 37 38

La rémission : une démarche administrative et politique Une démarche administrative Une démarche politique

41 41 50

Tableau 1 : Liste récapitulative des lettres de rémission Tableau 2 : Les scribes rédacteurs des lettres Tableau 2bis : Les scribes enregistreurs Tableau 3 : Liste des intercesseurs

54 63 64 64

Tableau 4 : Liste des personnalités présentes lors de la décision de rémission Carte 1 : Lieux d’octroi des lettres de rémission Carte 2 : Lieux des homicides Carte 3 : Lieux des vols et autres délits

67 72 73 74

CORPUS DES LETTRES

75

Note sur l’édition de documents

77

Lettres de rémission

79

Glossaire

497

Index onomastique

509

Avertissement



La référence aux lettres est simplement faite par leur numéro entre parenthèses, (x), qui renvoie au corpus et qui peut être suivi du numéro de ligne (ex.119, l.3).



Les localisations, sauf mention contraire, sont détaillées dans l’index onomastique, les noms de lieux sont donnés sous leur forme actuelle; seul le mot « Vosge » garde sa forme médiévale.



Toutes les dates sont établies en nouveau style (n.s.). Dans le Barrois le style de datation est celui de Pâques ; dans le duché de Lorraine et dans le marquisat de Pont-à-Mousson c’est celui de l’Annonciation.

INTRODUCTION

Éditer les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508) peut paraître hasardeux. D’une part tout ou presque a déjà été dit sur ce type de sources et son contenu : le lecteur sait ce qu’il va y trouver1 ; d’autre part leur faible nombre réduit d’évidence le stock d’informations à recueillir2. L’intérêt provient cependant du caractère princier de ce corpus de documents : celui-ci permet non seulement d’apporter des lueurs sur la criminalité et la délinquance en Lorraine à la fin du Moyen Âge et des témoignages de vie quotidienne, mais aussi de contribuer à définir le degré de modernisation auquel est parvenu le pouvoir princier, tant dans sa réalité administrative que dans ses idéaux. Tel quel il constitue une source essentielle pour l’histoire de l’État princier, à travers l’exemple lorrain, et à un moment où ce type de construction politique ne survit plus qu’hors de France. Ces lettres de rémission lorraines ont été dédaignées par les chercheurs et érudits régionaux qui, comme leurs homologues hexagonaux, n’y voyaient sûrement qu’un recueil d’anecdotes3. Peu d’entre elles ont déjà fait l’objet de

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C. Gauvard, « De grâce especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, 2 vol., Paris, 1991. Cet ouvrage contient la bibliographie essentielle sur la rémission. En plus : N. Gonthier, Le châtiment du crime au Moyen Âge, Rennes, 1998 ; Suppliques et requêtes. Le gouvernement par la grâce en Occident (XIIe-XVe s.), H. Millet (dir.), École Française de Rome, 2003, les recherches de M. Nassiet, Relations et violence en France, XVIe-XVIIIe siècles, CERHIO, Université de Rennes 2, et « Requérir le pouvoir. L’exercice de la rémission et la construction étatique (France, Pays-Bas) », Revue historique, 2012, 1, p. 3-26. 2 Les lettres de rémission de René II équivalent à un seul registre annuel de celles du roi de France, un siècle plus tôt, C. Gauvard, ouvr. cité, t. I, p. 62. 3 R. des Godins de Souhesmes, Études sur la criminalité en Lorraine d’après les lettres de rémission, Paris-Nancy, 1903 ; idem dans Annales de l’Est, 1901-1902, t. XV, p. 377-385, p. 497537 et t. XVI, p. 168-284, 327-394, 532-578 ; P. Pégeot, « Échapper à la justice par la rémission ? », in Gens de robe et gibier de potence en France du Moyen à nos jours, Colloque d’Aix 2004, Marseille, 2007, p. 169-179 ; P. Pégeot, « Le mécanisme de la rémission sous René II », Le duc de Lorraine René II et la construction d’un État princier, Journée d’études Nancy 2008, Lotharingia, t. XVI, 2010, p. 47-51.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

publications, argument supplémentaire en faveur de l’édition de ce corpus4. Celle-ci est le résultat d’un travail d’équipe pluridisciplinaire, effectué dans le cadre du centre de recherches ARTEM (Atelier de Recherches sur les TExtes Médiévaux, ERA puis UMR de l’Université Nancy 2 associée au CNRS) qui réunissait des historiens, des philologues et des linguistes. Des mémoires d’étudiants l’avaient précédé en transcrivant nombre de lettres de rémission5, qui ont cependant nécessité relectures et corrections. Les lettres ont été collationnées, leur texte a été transcrit, relu, établi par Odile Derniame et Madeleine Hénin, ingénieures d’étude CNRS, spécialistes du moyen français. Le texte de ces lettres a ensuite été intégré dans une base de données conçue par Philippe Demonty, historien-informaticien. O. Derniame et M. Hénin l’ont entièrement analysé et lemmatisé ; elles ont renseigné l’index onomastique et le glossaire qui en ont été extraits, Ph. Demonty ayant assuré tous les traitements informatiques. Les études et recherches historiques complémentaires ont été menées avec l’aide de Jean-Christophe Blanchard, ingénieur d’études (Nancy 2) et docteur, de Laurent Litzenburger, agrégé et docteur, et de Mathias Bouyer, docteur, qui ont également contribué à la réalisation de cette édition. Les cartes sont dues à Lydie Rollin, assistant-ingénieur (Nancy 2). La saisie a été réalisée par Évelyne Giorgi et Jocelyne Lulin, secrétaires spécialisées (Nancy 2). Que toutes et tous soient remerciés de leur collaboration.

4 P. Marichal, « Lettres de rémission accordées par le duc René II à Pierre, bâtard de Grandson (1481) », Journal de la Société d’Archéologie lorraine, 1895, p. 8-11 ; J. Schneider, Lorraine et Bourgogne, Nancy, 1982, p. 228-230 ; D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des TroisÉvêchés, Nancy, 2002, t. I, preuves, p. 168-176, p. 191-194, p. 198-199, t. II, preuves, p. 204. 5 M. Maginot, Les lettres de rémission de René II, mémoire de maîtrise sous la direction de Ph. Contamine, Nancy 2, 1974 : 93 lettres transcrites ; A Cartigny, Criminalité et rémission en Lorraine sous René II, mémoire de maîtrise sous la direction de P. Pégeot, Nancy 2, 1996 : 37 lettres transcrites.

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Présentation Les lettres de rémission, présentées ici dans l’ordre chronologique et numérotées de 1 à 321 (v. tableau 1 : liste récapitulative), proviennent toutes des Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle (ADMM). Elles sont conservées en copies, transcrites dans des registres intitulés « lettres patentes », registres qui appartiennent au Trésor des Chartes de Lorraine et qui ont suivi les vicissitudes de ce fonds6. Elles sont mélangées à d’autres pièces qui émanent du duc, de ses officiers ou de sa chancellerie, documents à caractère administratif (provisions d’offices…) et financier (paiements de gages et de pensions, quittances…). Les registres, témoignages d’une organisation ou réorganisation d’une chancellerie ducale, commencent avec René II (1473) et se continuent jusqu’au XVIIIe siècle. Les onze premiers registres concernent le règne de René II (1473-1508), d’où sont extraits les documents publiés ici7. Il s’agit en outre de copies contemporaines, ou presque, des faits auxquels elles se réfèrent, car le souci de conserver trace des documents ducaux et de les « enregistrer » (tenir registre) immédiatement est manifeste dès les débuts du règne de René II (13, 1476) ; la mention « registrata », apparue dès ce moment (ibid.) et reproduite sur d’autres documents (16 et suivants), y compris ceux qui sont rédigés dans les pires circonstances (siège de Nancy), le prouve également8. 321 pièces conservées dans ces registres se rapportent au droit de grâce du souverain et à son application. Dans le détail, il faut préciser que la pièce 31 est un simple rappel de la lettre 30 et sept autres ne constituent pas des lettres de rémission à proprement parler, mais en sont des résumés plus ou moins courts (39, 45, 53, 70, 99, 205, 289), se bornant à l’essentiel. Á ces copies ont

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ADMM B 1 à B 11. Les registres B 10 et B 11 contiennent également des documents qui émanent du duc Antoine, successeur de René II. 8 L’écriture des copies est une preuve supplémentaire : elle date manifestement de cette période de la fin du XVe et du début du XVIe s. 7

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

été jointes trois lettres originales, sur parchemin et grand format, découvertes aux ADMM également9, qui, pour des raisons pratiques, sont publiées à part, en fin de corpus (numérotées I, II, III). Deux de ces lettres sont inconnues des registres de lettres patentes (I, III), une seule y figure en copie (II, 143) et permet des comparaisons. Parmi les 324 documents édités, 304 émanent du duc René II, en fait 302 puisqu’il y a deux doublons ; le premier est daté du 14 septembre 1473, quelques semaines seulement après son accession au pouvoir, le dernier (314) date du 24 septembre 1508, peu avant sa mort (10 décembre 1508). Pour des raisons de cohérence, les lettres de rémission émanant de la duchesse Philippe de Gueldre, deuxième épouse de René II depuis 1485, ont été ajoutées ; celle-ci, dûment autorisée de son mari et à des occasions diverses, accorde entre 1488 et 1503, douze rémissions dont il est conservé trace (onze copies, 82, 159, 198, 200, 205, 206, 209, 210, 211, 263, 265, et un original, III) ; de même, devenue veuve, elle octroie sept rémissions en janvierfévrier 1509 (315 à 321), en tant que gardienne du duché, dans l’attente de la venue de son fils Antoine, alors en France10. De celui-ci en tant que prince héritier et duc de Calabre émane une lettre de rémission (en 1494 : il a cinq ans), ajoutée également au corpus (150)11. Un ensemble de 324 documents – en fait 322 rémissions puisqu’il y a deux doublons (30 et 31, II et 143) – c’est peu et cela souligne par exemple, comme déjà dit, toute la différence avec la France. Cependant, la question de la représentativité de l’échantillon présent est insoluble. Il est sûr, outre les lacunes des registres comme on le verra, que des lettres de rémission ont été « oubliées » et n’ont pas été transcrites12. Il est dès lors impossible de déterminer la proportionnalité du corpus ci-joint. La forme diplomatique Les lettres de rémission lorraines sont sans surprise analogues à celles des rois de France et d’autres princes (Bretagne, Bourgogne)13. Elles sont des lettres patentes qui émanent du souverain et établissent un droit ou une faveur ; elles sont « ouvertes », destinées à être connues du plus grand nombre, validées et

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B 526, n° 306 ; B 533, n° 21 et 24. Le duc Antoine serait intronisé à Nancy le 13 février 1509 ; la duchesse Philippe délivre encore des lettres de rémission les 16 et 18 février 1509 (320, 321). 11 Une deuxième rémission est accordée par Antoine en 1496 (170), mais la lettre qui la confirme émane de son père, René II. 12 Voir les lettres I et III, dont les copies sont absentes des registres (1479, 1498) ; autre ex. : le prévôt de Charmes, meurtrier, obtient une rémission du duc en 1482, moyennant le paiement d’une somme de 70 francs, ADMM B 978 f° 406 v°. 13 L’expression « lettre d’abolition » est rarement utilisée : elle figure dans les résumés de lettres (45, 53, 70). En revanche, les mots « abolition », « abolir », « abolissons », « aboli » sont employés dans les formules de demandes de grâce et surtout dans celles de pardon (« remectre, abolir et pardonner… », 64). 10

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Introduction

scellées. Elles sont construites comme des chartes et en suivent les codes diplomatiques. Comme il s’agit ici essentiellement de copies, les lettres ne sont pas reproduites in extenso et les parties abrégées y sont plus ou moins nombreuses14. En général, le copiste signale les parties omises par des « …etc.… »15. Il est à se demander si ces pratiques d’abréger la transcription de ces documents, bien compréhensibles, relèvent d’habitudes de chancellerie, d’initiatives des scribes ou d’applications de directives venues d’autorités supérieures. Les parties manquantes concernent le protocole initial  : la titulature du prince («  René, etc.… »), auteur de la lettre, est incomplète la plupart du temps (y compris dans les originaux) ; l’adresse et les formules de salut (« … savoir faisons a tous presens et avenir… ») sont également incomplètes le plus souvent et reproduites a minima. L’exposé est évidemment la partie du document (« … avons receu l’umble supplication… ») la mieux retranscrite ; il contient en effet la supplique qui décrit les faits et les circonstances du crime ou du délit et se conclut par la demande de pardon en la justifiant. Le dispositif contient la formule de pardon («  … avons quicté, remis et pardonné… remectons, quictons et pardonnons… »)16, précédée souvent des motifs qui ont conduit à cette décision et parfois assortie de certaines considérations contraignantes ou non pour le gracié. Cette partie est volontiers réduite car les formules employées sont des stéréotypes répétitifs. Le dispositif se termine par un mandement adressé aux officiers ducaux afin de rendre publique la rémission (« Si donnons en mandement par cesdites presentes… ») et d’en prévoir toutes les conséquences, mais son contenu, répétitif, est particulièrement abrégé. Le protocole final est lui aussi réduit, en particulier le nom et la liste des témoins de la décision de rémission (« presens »). Le nom des scribes figure sur les originaux au repli du parchemin ; il est généralement reproduit sur les copies papier à la suite du contenu des lettres. Les auteurs des lettres 302 documents émanent du duc René II, 19 de son épouse, la duchesse Philippe de Gueldre, un de leur fils aîné, Antoine. La titulature de ces princes y figure de façon rarement complète car, connue et popularisée, elle ne mérite pas, du point de vue des scribes de la chancellerie, d’être recopiée intégralement. Les trois originaux ne la donnent pas plus complète (I, II, III)17. La titulature du duc se résume dans les copies à l’expression « René, etc.… » dans plus de 250 cas. Il y a 35 lettres (dont deux originales) où la titulature de 14 Une ou deux lettres seulement semblent recopiées in extenso (167, 194) ; ce sont aussi les plus longues, elles occupent quatre à cinq folios des registres. 15 Il peut y avoir jusqu’à douze « etc. » dans une lettre (107). 16 Une lettre ne comporte pas ce dispositif (92). 17 Il y a des « …etc.… » qui laissent supposer d’autres titres.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

René II est plus détaillée, sans explication plausible, ni dans les dates, ni dans l’identité des scribes, ni dans le contenu des rémissions. La titulature évolue, bien entendu, au fur et à mesure des réalités et des ambitions de la politique ducale. René II est d’abord « duc de Lorraine, marquis (« marchis »), comte de Vaudemont et d’Harcourt » (dès la lettre 2). En Barrois, il intervient dans un premier temps comme « lieutenant general et gouverneur » au nom de son grand-père René Ier, puis de sa mère Yolande d’Anjou (20, 21, 24, 25, 26, 49) ; il prend aussi les titres de « duc de Bar, marquis du Pont » qui apparaissent ici pour la première fois dans la lettre 95 (1490). S’il est cité duc de Calabre une seule fois (ibid.), il ajoute les titres de « roi de Jherusalem et de Sicile, comte de Provence » (première lettre : 136, 1493) et de « comte d’Aumale » (177, 1496) en abandonnant celui de comte d’Harcourt. Il est cité épisodiquement comme « roi d’Aragon » (quatre lettres : 136, 151, 152, 155), « seigneur de Commercy » (49)18, et comte de Guise (309). La titulature usuelle à partir de 1496 et jusqu’à la fin est donc « roi de Jherusalem et de Sicile, duc de Lorraine et de Bar, marquis, marquis du Pont, comte de Provence, de Vaudemont et d’Aumale »19. La formule « par la grace de Dieu », positionnée après le nom et avant l’énumération des titres, est transcrite pour la première fois en 1477 (25) et apparaît à une vingtaine de reprises, notamment sur les trois originaux (I, II, III). En ce qui concerne la duchesse, les observations sont les mêmes : absence de titulature (« Philippe, etc.… ») dans quatorze cas ; dans les lettres où ses titres sont mentionnés (200, 209, 263, III), elle prend ceux de son époux, précédés de la formule « par la grace de Dieu » : reine, duchesse, marquise et comtesse. L’héritier Antoine, dans la seule lettre établie en son nom (150), est présenté comme « fils du roi » et porte les titres de « duc de Calabre, marquis du Pont… »20. Les lettres de rémission sont habituellement scellées (v. les originaux, I, II, III) du sceau de leur auteur, le prince souverain (sceau pendant). Des copies

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Ce n’est sans doute pas le hasard car la rémission concerne un habitant de Commercy. Précisions sur la titulature ducale : René II porte les titres traditionnels de duc de Lorraine et marquis (titres impériaux), de duc de Bar et marquis de Pont-à-Mousson (« marquis du Pont », titre impérial) ; il prend les titres provenant de son héritage Vaudémont et Harcourt (comte d’Aumale) et ceux de la deuxième maison d’Anjou ( Jérusalem, Sicile, Aragon, Provence, Guise) ; la substitution Harcourt-Aumale peut s’expliquer comme une conséquence du partage de l’héritage Harcourt en 1496. Il est également seigneur de Joinville, par héritage des Vaudémont, mais ce titre n’apparaît jamais, bien que des rémissions concernent des habitants de cette seigneurie (74, 95, 299). Le titre de duc de Calabre est celui de l’héritier du trône de NaplesSicile ; il a déjà été porté par les prédécesseurs de René II, les ducs Jean II et Nicolas. Voir G. Poull, La maison ducale de Lorraine, Nancy, 1991, et Id., La maison souveraine et ducale de Bar, Nancy, 1994. 20 « Marquis du Pont », alors que son père porte également le titre. 19

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Introduction

signalent le scellement à 68 reprises, accompagné (57 cas) ou non (11 cas) du seing manuel, mais sans précisions : le « grand sceau » (3, 9, 10), un « sceau a cire vert a trois lassez de soie rouge, gris, blanc » (210 : sceau de la duchesse)21. Les deux sceaux subsistants (II, III) sont connus. Le sceau de René II (II, 1493) est rond (D = 100 mm) en cire rouge à double queue de parchemin et équestre à droite22 : il s’agit du grand sceau du duc utilisé dans les documents importants. Le sceau de la duchesse (III, 1498) est rond (D = 60 mm) en cire verte à double queue et armorié23. La même lettre originale (III) fait référence au seing manuel (en l’occurrence celui de la duchesse) apposé en plus du sceau au bas du document où il se distingue effectivement. Cependant, comme il y a moins de copies qui signalent le seing que de copies qui mentionnent le sceau et que deux originaux (I, II) ne comportent pas le seing, il est donc probable que toutes les lettres expédiées aux demandeurs n’étaient pas revêtues à la fois du seing et du sceau24. Quant à la mention « Signé René » (ou « Philippe ») apparaissant dans la plupart des copies25, et non sur les originaux, elle pourrait signifier la simple validation par le duc, quelle qu’en soit la forme, et pas nécessairement une référence au seing manuel. Les scribes 26 scribes différents ont été utilisés comme rédacteurs des originaux et des copies à expédier et enregistreurs des copies à conserver en registre dans la période, jusqu’à huit par an (en 1492, 1498) (v. tableau 2 : liste des scribes). Cinq d’entre eux seulement effectuent à la fois les tâches de rédaction et d’enregistrement, selon les indications provenant des documents. Onze d’entre eux semblent les plus employés, les quinze autres étant requis plus ponctuellement. Chrétien de Châtenois détient la meilleure longévité (24 ans de 1481 à 1505) et rédige le plus grand nombre de lettres (72) ; Alexandre Guiot est cependant le plus productif (47 lettres en douze ans). Il faut attirer l’attention sur le rôle 21 Ce sont les couleurs du duc, C. de Mérindol, « La politique du duc de Lorraine René II (1473-1508) à l’égard de la seconde maison d’Anjou, de la France et de la Bourgogne, d’après le témoignage de l’emblématique et de la thématique », in Les pays de l’entre-deux au Moyen Age : questions d’histoire des territoires d’Empire entre Meuse, Rhône et Rhin, Actes du 113e congrès national des sociétés savantes (Strasbourg, 1988), Paris, 1990, p. 88. 22 Sceau semblable dans l’ouvrage de H. Collin, Sceaux de l’histoire de Lorraine, Lotharingia, t. I, 1988, p. 102. 23 Sceau décrit dans E. des Robert, Catalogue des sceaux des Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, t. 1, Nancy, réed. 1983, p. 22-23 (DR 71). 24 Le protocole final des lettres est particulièrement abrégé : ainsi la copie (143) de l’original II ne mentionne ni sceau, ni seing, qui sont pourtant sur l’original. Une lettre évoque le seing seul (156). 25 Il faut noter des bévues des scribes : une copie comporte deux fois la mention « Signé René » (189), une autre est signée « René » alors qu’il s’agit d’une lettre de la duchesse (318).

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

d’Antoine de Hongarde, secrétaire, chanoine, chantre et organiste, qui est très impliqué dans l’enregistrement des lettres au début du règne. Les mentions « pro Chateauneuf », rencontrées au repli de plusieurs documents (III, 270, 276, 277, 279, 286, 289 à 292, 297 à 300, 302 à 314), pourraient indiquer que Jean de Chateauneuf, puisqu’il tient registre, jouerait le rôle de chef du secrétariat ducal dès avant 1500 et encore dans les dernières années du règne en ayant plusieurs scribes sous ses ordres. Tous ces personnages ne sont pas des inconnus (sauf exception26), la plupart sont qualifiés de secrétaires du duc et se retrouvent dans d’autres documents contenus dans les registres de lettres patentes. Plusieurs d’entre eux (18 au moins) sont ou seront pourvus d’offices ducaux (auditeurs des comptes, receveurs, clercsjurés, baillis, procureurs…)27. Certains sont anoblis (Jean de Chateauneuf, Jean Boudet, Chrétien de Châtenois, Guillaume Durat, Jean Gerlet, Didier Nicolas ; Jean Lud est considéré comme noble), pourvus par le duc de fiefs, seigneuries et divers biens (Jean Lud, Étienne de Naives, Didier Nicolas, Jean Boudet, Robert de La Mothe), deviennent conseillers du prince (Jean Connain, Jean Lud, Michel de Courdemanche, Alexandre Guiot). Trois sont ecclésiastiques : Jean Connain, chanoine et chantre de Toul, Didier Tallart et Antoine de Hongarde, chanoines de la collégiale Saint-Georges de Nancy. Jean Lud est également connu pour son « Dialogue » à la gloire de René II victorieux de Charles le Téméraire à Nancy28. Les lieux d’octroi Les lieux d’expédition des lettres de rémission – en fait l’octroi de la grâce – sont ordinairement mentionnés par les copistes, sauf dans 20 cas. 60% des lettres (190) sont expédiées, à part rigoureusement égale (!), de Nancy et de Bar-le-Duc : 95 depuis chacune de ces villes (v. tableau 1, carte 1 : lieux d’octroi). Il est tout à fait légitime que les deux « capitales » des deux duchés, résidences habituelles des souverains et lieux de pouvoir, soient prépondérantes et prouvent leur fonction : le duc scelle à Nancy à 27 reprises des lettres qui concernent essentiellement le duché de Lorraine (quatre cas sur cinq) ; à Bar, où il octroie une rémission pour la première fois en 1484, quand il est duc à part entière (54), il le fait par la suite à 19 reprises, et ces lettres concernent essentiellement le Barrois (deux cas sur trois). 26

L’un est signalé par son seul prénom, Nicolas, un autre par son seul nom, Dupuis : ils ne peuvent être identifiés avec sûreté, mais il s’agit de scribes déjà mentionnés. Le nommé Tiessart semble inconnu. 27 Voir les notices consacrées à ces personnages, dans l’index alphabétique de É. Delcambre, Inventaire-sommaire des Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, t. I, Lettres patentes du duc René II, Index alphabétiques, Nancy, 1949. 28 P. Marot, « Le duc de Lorraine René II et la bataille de Nancy dans l’historiographie et la tradition lorraines », Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477), Actes du colloque Nancy 1977, Nancy, 1979, p. 95-97.

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Introduction

Quatre autres localités paraissent également privilégiées, dans une bien moindre mesure : trois villes, Neufchâteau (25 lettres, dont la première lettre du corpus, en dix séjours), Lunéville (20 lettres en cinq séjours) et Pont-àMousson (seize lettres en sept séjours), trois centres d’importance parmi les possessions ducales ; le château de Condé (Custines aujourd’hui), à quinze kilomètres au nord de Nancy, semble être aussi un lieu de résidence fréquent à partir de 1496 (quatorze lettres en six séjours). Souvent, l’expédition des lettres de rémission apparaît comme un exercice groupé, non seulement dans les capitales, mais aussi dans les quatre autres localités : à 33 reprises, trois lettres au moins, sinon plus, sont expédiées dans le même mois (Bar : trois en avril 1489, 87 à 89 ; Nancy : quatre en décembre 1496, 183 à 186, cinq en février 1503, 252 à 256) ou à l’occasion de séjours plus ou moins courts (Neufchâteau : huit lettres entre mai et octobre 1492, 125 à 133, sauf 128 ; Lunéville : six en juin-juillet 1496, 171 à 176 ; Condé : cinq en août 1503, 263 à 267). D’autres lieux d’octroi, moins fréquentés (une à quatre lettres chacun), sont constitués par des bourgades, chefs-lieux de châtellenie ou de prévôté (SaintMihiel, Étain, Gondrecourt-le-Château, Louppy-le-Château, Sorcy, Stenay…), et des villes où le duc n’est pas entièrement souverain (Épinal, Toul). Il y a une sorte d’équilibre : le Barrois (y compris le Barrois Mouvant sous souveraineté royale) représente 45% des lieux d’octroi (142 lettres), à peine moins que le duché de Lorraine (52%). Aucune coïncidence particulière ne se manifeste entre les lieux d’octroi et les lieux précis des crimes et des délits29. Bien entendu, une grande zone vide transparaît nettement : le bailliage d’Allemagne (département actuel de la Moselle), particularité qui doit s’expliquer par des raisons administratives30. Peu de lettres sont expédiées de lieux situés hors des possessions ducales et même hors de Lorraine ; ces derniers cas s’expliquent par la présence circonstancielle du duc ou de la duchesse (Montargis, 55, Paris, 59, Étampes, 199, Reims, 205) ; de même, en ce qui concerne des lieux inhabituels : camps militaires, devant Nancy (13, 1476) et devant Metz (Sainte-Ruffine, Moulins-les-Metz, 97, 1490) ; réception dans des abbayes (Beaupré, 159, 1495 ; Gorze, 234, 1501)31. La diversité des lieux d’octroi montre combien ces princes de la fin du Moyen Âge restent itinérants : ils ont encore besoin d’effectuer des tournées d’inspection de leurs possessions et d’aller de temps à autre à la rencontre de leurs sujets. Leur répartition (suprématie de Nancy et de Bar) montre cependant une tendance à la sédentarisation et à la concentration du pouvoir.

29

Par ex., sur 20 lettres datées de Lunéville, aucune ne concerne cette localité ou ses environs. Il doit exister un secrétariat distinct en langue allemande. 31 La duchesse scelle sa première lettre à Mirecourt (82, 1488) ; elle privilégie Bar (dix lettres en 1498-1499 et 1509) par rapport à Nancy (deux lettres, février 1509). La lettre d’Antoine est datée de Dieulouard (150). 30

19

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

La répartition chronologique et la datation En la matière, il est vain de raisonner sur l’ensemble du corpus, attendu que les premières années du règne de René II sont fortement déficitaires (v. tableau 1) : deux années absentes des registres (1479 et 1480), 66 lettres seulement conservées entre 1473 et 1486 (21% du total) avec des gros écarts d’une année à l’autre (huit lettres en 1474 et trois en 1475 ; douze en 1477 et quatre en 1478…)32. Les turbulences du début du règne et les balbutiements de l’organisation administrative expliquent sans doute ces lacunes. Il serait aventureux d’en déduire une poussée postérieure de l’indulgence ducale. Fréquence des lettres de rémission (1473-1509) Année

Nombre de lettres émises par année

1473 1474 1475 1476 1477 1478 1479 1480 1481 1482 1483 1484 1485 1486 1487 1488 1489

1 8 3 1 12 4 1 0 8 8 2 7 3 7 9 9 8

Nombre de lettres émises par décennie 30

61

32 Quatre lettres (27, 32, 50, 51), datées de mars, n’indiquent ni le jour du mois ni le lieu d’octroi : les éditeurs ont pris le parti de les établir toutes en nouveau style ; de même en ce qui concerne la lettre 85 datée de Pont-à-Mousson.

20

Introduction

1490 1491 1492 1493 1494 1495 1496 1497 1498 1499 1500 1501 1502 1503 1504 1505 1506 1507 1508 1509 Total

18 11 15 8 14 6 23 8 10 16 11 7 14 16 12 8 15 6 6 7 322

129

102

À considérer la seule période 1487-1509, davantage significative, la moyenne du nombre des rémissions se monte à plus de onze, presque douze par an (11,7), soit environ une rémission par mois (moyenne de 9 sur l’ensemble de la période). Il ne se manifeste pas de progression linéaire et, là aussi, il peut y avoir des écarts élevés d’une année à l’autre (six lettres en 1495 et 23 en 1496), et également des moments riches en rémissions (1496, 1499, 1503…). Fréquence des lettres de rémission par mois (1473-1509) Mois Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août

Nombre de lettres émises 22 33 30 41 18 30 26 39

21

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Septembre Octobre Novembre Décembre Sans mention de mois Total

22 15 26 19 1 322

Si la répartition mensuelle a un sens, l’automne est la saison la moins productive de ce genre de documents et octobre paraît le mois le plus creux. La répartition entre les autres saisons s’équilibre : avril (41 lettres) et août (39 lettres) seraient les mois les plus prolixes (25% du total). La datation des lettres gagne en précision au fil du temps. Elle est donnée en style moderne, laïcisé : jour (quantième), mois, année33, même dans les cas de jour sacré (« donné le vendredi saint », 96 ; « le jeudi absolu » [jeudi saint], 112). Dans 29 cas, l’indication du quantième du mois fait défaut, mais ceux-ci (sauf six) se situent dans la première moitié du règne (avant 1487)34. La formule « …l’an de grace… » ou « l’an de grace Nostre Seigneur… » est peu employée (une vingtaine de fois) ; elle se raréfie progressivement pour disparaître après 1502, et ce n’est pas une omission de scribe car elle ne figure pas non plus sur les trois originaux (I, II, III). Ce style de datation fait cependant contraste avec le contenu des lettres où la datation des faits qui appellent rémission reste assez fréquemment rédigée en ancien style et fait référence au calendrier religieux (« … le dimanche aprés l’Assumption Nostre Dame dernierement passee… », 50). Il faut rappeler que l’expédition (peut-être la rédaction entière) des lettres est souvent groupée, dans un même mois en particulier (cinq les 3, 4, 5, 6, 7 mars 1474, trois en juillet 1477…). Dans 18 cas, c’est en une même journée que sont expédiées deux lettres (seize fois)35, et même trois (deux cas : 14 février et 22 août 1503). Il y a là matière à étudier les habitudes de chancellerie. Malheureusement, les scribes ne sont pas diserts à propos des changements de millésime et daignent rarement préciser, tant à Nancy qu’à Bar, si la lettre est datée d’avant ou d’après Pâques (douze cas)36. Pas plus ils n’indiquent le jour de la semaine : plusieurs lettres sont expédiées des jours de fête religieuse, sans nécessairement le préciser dans la formule de datation (Vendredi Saint ou jour 33 La date est rédigée en mélangeant des chiffres donnés en lettres et les chiffres romains (« … le XXVIIIe jour de decembre mil IIIIC IIIIXX et dix… », 106). Le millésime est rarement rédigé en lettres avant 1500, mais, à partir de cette date (lettre 224), il est à 50% rédigé en lettres. 34 Il y a un cas où manquent le jour et le mois (109). 35 15 mars 1474, 10 janvier 1481, 30 novembre 1486, 13 septembre 1487, 10 avril 1490, 10 avril 1492, 6 octobre 1492, 4 juillet 1495, 10 juin 1496, 8 août 1496, 12 décembre 1496, 27 juin 1497, 3 septembre 1497, 27 avril 1499, 28 février 1505, 6 février 1509. 36 Le style de l’Annonciation n’est jamais évoqué.

22

Introduction

de la Passion, 27, 68, 77, 86, 309…) ; l’on peut penser que ceux-ci ne sont pas les seuls cas et que, de même, le dimanche devait être employé à ces tâches de scribe37. Cet ensemble de lettres de rémission, avec ses caractéristiques aussi imparfaites et si lacunaires soient-elles, fournit néanmoins des indications sur la criminalité et la délinquance en Lorraine à la fin du Moyen Âge.

37 Une lettre serait expédiée le dimanche 26 avril 1490 (97), mais il est vrai que c’est du camp militaire devant Metz. Pour reconstituer les jours de la semaine, on ne peut se fier ni au contenu des lettres, ni aux différents systèmes de calendrier perpétuel.

23

Criminalité et délinquance en Lorraine Le nombre et la nature des crimes et délits graciés, sans compter les lacunes du corpus, permettent difficilement d’entrevoir une statistique de la violence et de la délinquance en Lorraine à la fin du XVe s. et au début du XVIe siècle. Les 322 rémissions conservées concernent 305 affaires distinctes ; en effet, 34 lettres traitent des mêmes cas et la moitié d’entre elles (17) s’adressent à des complices ou co-auteurs38. En l’absence de sources judiciaires exploitables et compte-tenu du laconisme de la comptabilité ducale en la matière, il est impossible d’évaluer la part représentée par ces 305 cas échelonnés sur une période de plus de 35 ans. C’est vraisemblablement une infime minorité (moins de 1% ?) et pas nécessairement représentative de la réalité criminelle39. L’éventail des crimes et délits pardonnés est sans surprise. Les homicides (en y incluant les tentatives et complicités) en constituent le plus grand nombre (223, soit 70% du total). Cette nette prépondérance semble être la règle habituelle, accentuée justement au XVe siècle et après40. Les vols, avec ou sans recel, générateurs d’amendes, sont médiocrement objets de pardon (42 cas). Des affaires, pas toutes à connotation politique, peuvent relever d’une catégorie « atteintes à l’autorité ducale » (faut-il parler de lèse-majesté ducale ?), directement ou à travers ses représentants et ses symboles (22 cas). Et puis, comme dans toute série criminelle, il existe des affaires « diverses », difficilement 38 Homicides (14, 23, 41, 42, 61, 68, 84, 85, 107, 108, 154, 155, 171, 174, 177, 178, 183, 184, 204, 212, 251, 254, 263, 264, 265, 266) ; autres (2, 7, 35, 36, 49, 52, 137, 147). Deux lettres n’indiquent pas la nature du crime ou du délit, ni le motif de la rémission (97, 205). Trois font état de dénonciations (49, 62, 74). 39 Á titre comparatif, le bailli de Nancy, en un an et dans sa circonscription (1427-1428), inflige 123 amendes pour violences diverses (ADMM, B 7234) ; le tribunal échevinal de Nancy, entre 1479 et 1482, prononce 24 condamnations à mort et six infamantes, dont trois sont alors graciées par le duc (ADMM, B 7235) (d’après L. Litzenburger, Justice et criminalité en Lorraine à la fin du Moyen Âge, mémoire de DEA, sous la direction de P. Pégeot, Nancy 2, 2002, p. 79, 83). 40 C. Gauvard, ouvr. cité, t. I, p. 241 sq.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

classables, et souvent à l’unité (seize cas). Aucun viol ne figure dans la liste, signe peut-être qu’il n’est pas rémissible à ce moment-là41. Les crimes et délits Catégorie Homicides Vols et recels Atteintes à l’autorité ducale

Divers

Cas

Fausse monnaie Trahison « Offense » au duc Espionnage Coups et blessures Incendie volontaire Sodomie Infanticide Faux et usage de faux Abandon d’enfant Rapt et rançonnement Extorsion de fonds (?) Injures

Indéterminés

Nombre 223 42 9 5 7 1 3 3 2 2 2 1 1 1 1 2

Les homicides Le nombre de rémissions accordées aux auteurs supposés d’homicides (et de tentatives) et/ou à leurs complices est en nette augmentation dans la période : il triple après 1490 (55 jusqu’à cette date, 168 ensuite). Davantage d’homicides ou davantage de pardons ? En déduire une hausse de la criminalité ou une croissance de l’indulgence princière envers les crimes de sang relève de la pure spéculation. Les lieux du crime Quoi qu’il en soit, ces homicides se répartissent à peu près uniformément dans toute la Lorraine (v. carte 2 : Lieux des homicides), à la réserve du secteur déjà signalé comme quasi-absent des sources (bailliage d’Allemagne). Le duché de Lorraine n’est pas privilégié, à peine plus concerné (110 cas) que le duché

41

Á noter que les assassins d’un violeur supposé sont graciés (III).

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Introduction

de Bar (98) ; il faudrait peut-être y voir un relatif équilibre (volontaire ?), durable dans la période, entre les deux duchés. Il existe bien sûr des micro-zones presque vides de rémissions42 ; cependant trois prévôtés ou châtellenies sur quatre en bénéficient dans l’espace concerné (38 circonscriptions). Les lieux d’homicides se situent presque tous dans les possessions du duc ou soumises à sa souveraineté ; quand ce n’est pas le cas (six affaires hors de Lorraine : 21, 48, 67, 138, 205, III), c’est en relation avec le statut des coupables, sujets et arrièresujets du duc, ses domestiques et ses hommes d’armes43. L’homicide pardonné est rural : les villes sont présentes pour à peine plus de 10% (28 cas) et Pont-à-Mousson se distingue (six cas) ; les bourgs, chefslieux plus ou moins ruraux de prévôté et de châtellenie (Lamarche, Châtenois, Gondrecourt-le-Château…), en comptent autant (29 cas). Les trois quarts des homicides ont donc lieu – ici – dans les campagnes et cela pendant toute la période44. La majorité des crimes se produisent dans un espace local, rarement éloigné du domicile du coupable ou de celui de la victime : sur 132 cas détaillés, 88 (60% de ce total) ont lieu dans la localité de résidence du coupable et de la victime, c’est-à-dire entre gens qui se connaissent ou sont en relations ; 79 ont lieu dans la localité de résidence de la victime, 95 dans celle du coupable. Rares sont les homicides qui se produisent loin du lieu de résidence (hommes d’armes, voituriers…, c’est-à-dire des individus en déplacement)45. Le crime est perpétré de préférence en plein air, en lieu ouvert. Dans 34 cas seulement, il se déroule à l’intérieur d’un bâtiment, maison et dépendances (28, 208…), taverne (84, 92, 99…)46, château (152). La plupart des homicides sont commis hors des habitations (131 cas sur 165 détaillés), que ce soit à leur proximité, dans la rue (37, 51, 60…), au sortir de la taverne (90, 145…), ou plus loin sur le terroir du village ou dans la banlieue de la ville, « es champs » (17, 84…), « sur les chemins » (14, 40, 88, 98…). Quelques lieux éminents de socia42

Par ex. les secteurs de Baccarat (Meurthe-et-Moselle, Lunéville), Bainville-aux-Miroirs (Meurthe-et-Moselle, Haroué), Ancerville (Meuse, Bar-le-Duc), Conflans-sur-Lanterne (HauteSaône, Lure, Saint-Loup), Heudicourt-sous-les-Côtes (Meuse, Commercy, Vigneulles-lès-Hattonchâtel) ne comptent pas de rémission ; de même, des seigneuries qui ne sont pas ducales : Chaligny (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Neuves-Maisons), Apremont-la-Forêt (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel), Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle, Lunéville). 43 Sujets (III) ; domestiques (48, 138) ; hommes d’armes (21, 67). La lettre 205, datée de Reims, ne donne pas de détails. 44 C’est sensiblement différent de C. Gauvard, ouvr. cité, t. I, p. 265 (45% dans les villes). 45 Serviteurs (48, 138) ; hommes d’armes (67, 148) ; voiturier (171). La lettre III est le seul exemple où les sujets se sont rendus volontairement hors de Lorraine, à Sainte-Menehould (Marne), pour accomplir une vengeance. 46 Les tavernes sont citées dans 35 localités : par ex., à Saint-Nicolas-de-Port se trouvent la taverne « a la licorne » (136) et celle du « heaume » (229) ; à Manonville, celle de « la corne de cerf » (220) ; dans celle de Longwy, un Ardennais de la garnison de Sedan montre la façon de fabriquer la cervoise (117).

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

bilité, outre la taverne, sont le théâtre d’homicides, le marché (210), la foire (283, 315), la place du jeu de quilles (266) ; en revanche, les lieux sacrés ne sont pas mentionnés (pas de crime dans une église ; un seul cas dans un cimetière, 291). Lieu inattendu, un crime se produit sur un bateau prêt à naviguer sur la Moselle (119). Ces lieux du crime, ouverts, paraissent habituels47. Le temps du crime Le temps du crime, s’il n’est pas vain de s’y arrêter (160 lettres précisent le mois), offre quelques caractéristiques intéressantes. Les homicides pardonnés se répartissent sur toute l’année, d’une façon quasiment uniforme ; il n’apparaît pas de différence majeure entre les saisons. Les mois du crime Mois Janvier Février Mars Hiver

Cas 20 10 13 43

Mois Avril Mai Juin Printemps

Cas 11 14 11 36

Mois Juillet Août Septembre Été

Cas 13 17 9 39

Mois Octobre Novembre Décembre Automne

Cas 18 14 10 42

Janvier se remarque comme le mois le plus meurtrier, sans raison particulière ; si septembre est le moins meurtrier, il n’y a pas d’explication non plus48. Les jours du crime sont plus significatifs (122 lettres les précisent). Les jours du crime Jour

Nombre de cas

Dimanche

44

Lundi

22

Mardi

11

Mercredi

10

Jeudi

9

Vendredi

11

Samedi

15

47

C. Gauvard, ouvr. cité, t. I, p. 281 (36 % en lieu clos). Des différences sont sensibles avec les exemples de C. Gauvard : l’hiver est ici plus meurtrier, le printemps nettement moins ; janvier est deux fois plus meurtrier, ouvr. cité, t. II, p. 483.

48

28

Introduction

Le dimanche, jour sacré davantage vécu comme un repos ou une fête propice aux excès, est le jour du crime par excellence (plus d’un tiers des cas) ; avec les jours qui l’encadrent, samedis et lundis, jours fréquents de marché49, les longs « week-ends », pourrait-on dire, apparaissent comme les temps privilégiés du crime (deux cas sur trois). Les jours de semaine – jours de travail (?) – offriraient moins de tentations50. L’heure du crime est parfois caractérisée (60 lettres la précisent) : les soirées (27 cas) et les nuits (quatorze cas) constituent les moments idéaux de la journée où se produisent les deux tiers des homicides. Les matinées, elles, ne les attirent pas. Les heures du crime Moment de la journée Matinée Après-midi Après-dîner Vêpres Après Vêpres Après souper Soir Nuit

Nombre de cas 5 5 5 3 1 15 12 14

Le temps lorrain du crime, malgré quelques nuances, n’apparaît pas anormal. La nature et les circonstances du crime Au témoignage des documents, autant par l’exposé des faits que par l’énumération des motifs de rémission, les homicides pardonnés constituent rarement des meurtres ou des assassinats, c’est-à-dire des actes précédés de l’intention de donner la mort et prémédités (« … fortuit et non precogité… », 228) de plus ou moins longue date. Faut-il croire les arguments présentés après coup par les coupables eux-mêmes ou leur famille et par les officiers locaux qui les transmettent ? Il est trop souvent difficile de décrypter le contenu des lettres de rémission pour avoir une opinion claire sur la préméditation. Les meurtres véritables, impossibles à déguiser, sont donc peu nombreux (peut-être dix cas). 49 Ainsi les marchés du lundi à Lamarche (84) et à Vichery (115) ; celui de Pont-à-Mousson a lieu le samedi (210) ; un marché se tient à Marsal la veille de Noël (294), et un autre à Longwy le mercredi veille de la Fête-Dieu (117). 50 C’est moins sensible pour C. Gauvard, ibid., p. 482.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Curieusement, ils concernent pour beaucoup des affaires de sexe  : le mari entend se débarrasser de sa femme adultère (1, 14, 61) ; la femme adultère ou son amant veulent tuer le mari (124, 143, 236) ; deux amis font justice d’un violeur (III). D’autres meurtres sont dus à une haine ancienne qui explose, à une vengeance plus ou moins mûrie, allant jusqu’au crime délibéré (100, 150). Il ne se trouve pas non plus de professionnels du crime, même pas des récidivistes, cas sans doute non rémissibles. L’homicide pardonné apparaît ici avant tout comme fortuit. Des rémissions accordées à des individus qui, à leur dire, n’ont rien à voir avec le crime, car ils sont simples spectateurs ou témoins (41, 169, 174, 255, 298), accusés à tort (190, 211, 251, 317), ou bien ils ne faisaient que s’interposer pour séparer les protagonistes (166, 177, 181, 206, 256), renforcent l’idée que l’homicide gracié est purement fortuit. Les homicides pardonnés en Lorraine seraient involontaires, dus à des imprudences et à des accidents. À croire les lettres, ils pourraient être qualifiés de simples coups et blessures sans intention de donner la mort ; en effet, comme le décès n’est pas toujours immédiat51, qu’il intervienne rapidement, dans la semaine, ou plus tard, il est facile d’alléguer le défaut de soins, de « bon gouvernement » (272), de « bon cirurgien » (262), et de se disculper de toute intention criminelle. Dans le même sens, la minorité de cas où figurent des complices ou supposés tels, deux, trois, ou davantage (51 cas, soit un quart), dont plusieurs se prétendent involontaires, peut accentuer le caractère fortuit des homicides. Les conditions qui entourent ces homicides sont assez variées ; cependant, un schéma fréquent se dessine aisément (148 cas) : l’homicide consécutif à une dispute ou à une rixe. Une querelle, peut-être parfois le résultat d’un contentieux antérieur qui est inconnu (118, 121, 126…), intervient pour un motif quelconque ; les mots se transforment en injures et en menaces52, on en vient aux mains et aux coups, on sort les armes ou on se saisit d’objets qui en tiennent lieu, la querelle dégénère, un des participants est frappé et s’écroule. Le schéma est bien rôdé et presque invariant. Comme plusieurs de ces homicides (56 cas) se produisent à la taverne ou à sa sortie, après un repas, au soir d’une fête de village53, ou d’une noce54, il 51 71 cas de décès immédiat et 30 en moins de 24 heures après l’incident ; 59 entre un et huit jours ; 24 à plus de huit jours. 52 Cependant, il n’y a que deux cas de blasphème (180, 248). 53 Disputes au cours de la fête du village à Bouconville-s-Madt (224), à Vézelise (251), à Velaineen-Haye (263 et 265), à Lignières (267), à Haréville-sous-Montfort (274) ; de retour de la fête à Ligny-en-Barrois (176), à Sandaucourt (197), à Ranguevaux (206). Autres cas : dans des fêtes privées (125, 135, 203, 280), à la fête des Bures (109, 158). 54 27, 159, 200, 211, 278, 305, 310 ; de retour de noces (188, 272). Quelques coutumes méritent d’être signalées : le « coulage » doit être payé par l’époux remarié (Houécourt, 159) ; le nouveau

30

Introduction

faudrait y trouver comme causes aggravantes les effets de la boisson et l’excitation due aux circonstances. Les motifs des disputes qui finissent mal sont évidemment multiples ; les querelles interviennent à propos de jeux (dés, paume : 67, 75, 99)55, d’usurpations de propriété et de droits de passage (151, 196, 201, 260…), d’héritages contestés (82, 215, 238…), de dettes impayées (55, 98, 261, 290…), de tromperies sur la qualité des marchandises ou leur prix (I, 162, 187…), de prostituées (48, 242)… Les conflits entre parents sont peu concernés (19 cas, dont huit entre mari et femme, et aucun parricide). Quelques exemples méritent d’être soulignés  : des tapages nocturnes entraînent pugilat et mort d’homme (deux cas, 135, 209)  ; des habitants veulent supprimer des prétendues sorcières élargies par jugement (56) ; d’autres entendent obliger le curé de la paroisse à chasser sa concubine et l’agressent dans sa maison, et au cours de l’agression un chapelain présent qui voulait le défendre est mortellement blessé (57) ; la peur et la haine des « Egyptiens » (tziganes) entraînent une rixe mortelle pour l’un d’eux (269). Une autre cause d’homicide, moins répandue, tient à la volonté de vengeance ou de représailles. L’intention criminelle n’est pas manifeste, paraît-il ; il s’agirait tout au plus d’infliger une correction, sans l’intention de tuer. Venger l’honneur féminin et familial en cas d’épouses, mères, filles, sœurs, insultées, agressées ou importunées, est ainsi excusable (huit cas : III, 60, 101, 160, 190, 235, 246, 282, 308) ; venger des injures, des menaces, ou des agressions verbales (seize cas : 19, 24, 40, 58, 66…), des dégâts et pillages commis par des hommes d’armes et des voleurs (trois cas : 11, 175, 185), de même. Il faut ajouter la légitime défense dont il est difficile de savoir si elle est réelle ou supposée (ex : 59, 79, 81, 86, 174, 248, 258, 313…). Des conflits entre communautés villageoises à propos de pâturages et de bois (quatre cas56) sont rémissibles. À part figurent les cas de décès de domestiques, victimes de brutalités soudaines de leurs maîtres (cinq cas : 89, 119, 208, 228, 286)57, et les querelles d’enfants qui tournent mal (deux cas : 281, 303).

marié doit payer le vin (Moraigne, 188) ; au Val-d’Ajol, on danse « a la mode et coustume de Bourgoingne » (310). La plupart des noces ont lieu le dimanche : on y danse et on y fait bonne chère. 55 Les lettres renseignent sur d’autres jeux : tir à l’arc (17), tir à l’arbalète (41), tir aux oiseaux (210), jeu de cartes (167). 56 Coupe de bois entre Chamouilley et Cousances-les-Forges (113) ; conflits de pâture de bétail entre Latour-en-Woëvre et Lebeuville (154 et 155), entre Gironcourt et Morelmaison (279) ; essart et abornement entre Regnévelle et Godoncourt (300). 57 Á l’inverse, il y a trois cas de serviteurs qui défendent et vengent leur maître agressé (273, 275, 284).

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Les armes du crime La plupart des homicides sont commis avec armes. Quelques-uns sont provoqués par des coups, de pied (28, 228, 286), de poing (50, 235), qui entraînent des chutes mortelles (74, 106, 214)  ; il s’y trouve aussi des accidents qui paraissent vraisemblables (106, 109, 221, 307…). Les meurtres (ou leurs tentatives) par noyade (11, 14 et 23, 211), par empoisonnement (124, 143) ou par étouffement (236) sont peu nombreux (six cas)58. Les armes du crime peuvent être occasionnelles ; divers objets en tiennent lieu, qu’ils se trouvent à proximité des scènes de meurtre ou qu’ils soient en possession des coupables : des pieux de haie ou de clôture (onze cas : 81, 98…), des pièces de bois (fascine, bûche, bille, cheville, verge, dard, tison, fagot ; onze cas : 89, 90, 121…), des pierres (dix cas : 86, 105, 131…), deux pièces de roue de charrette (132, 195), un crochet de puits (306), une barre de fer (I). Les bâtons, signalés sans autre précision (26 cas : 4, 58, 66…), n’ont rien de commun avec des armes à feu et semblent être tous en bois. Des outils servent d’armes : hache (dix cas : 77, 113, 169…), massue (sept cas : 55, 80, 102…), houe (deux cas : 187, 243), marteau (un cas : 314), fourche (un cas : 249), fléau (un cas : 302), levier (un cas : 262). 112 homicides (la moitié) sont causés par des armes véritables, certaines étant même des armes de guerre. Une seule arme à feu est employée : un coup de couleuvrine tue le curé de Chambley (88). Les auteurs de ces homicides sont généralement armés ; il est rare qu’ils retournent contre elle l’arme de leur victime ou qu’ils utilisent celle d’un complice ou d’un témoin (47, 67, 192). Les couteaux et coutelas (« bazelaire »)59 sont les plus fréquemment utilisés (42 cas : 20, 27, 41, 51…), puis viennent les épées (quinze cas : 16, 21, 129…), les épieux (huit cas : 54, 59, 101…), les arbalètes (trois cas : 24, 206, 309), les javelines (trois cas : 19, 107, III), les vouges (deux cas : 79, 300), les piques (deux cas : 67, 321) et les arcs (deux cas : 57, 177). Parmi ces meurtriers figurent bien sûr des hommes d’armes, des nobles, des officiers ou leurs serviteurs. Néanmoins, des armes de guerre sont possédées par des « civils », simples artisans ou paysans (79, 88, 112, 156…), ainsi un « pauvre laboureur » qui frappe un agresseur de son épée (272). Les victimes paraissent moins armées (96 d’entre elles, une sur deux), en l’absence de toutes autres précisions fournies par les lettres. Une seule d’entre elles est armée jusqu’aux dents (rapière, épée, bâton, arbalète), mais c’est qu’elle veut se prémunir contre des représailles, qui se produisent quand même pour son malheur (308). Les armes des victimes sont identiques à celles des coupables : occasionnelles, comme des pierres, pieux, pièces de bois, barres de fer 58

Cinq cas sont indéterminés (1, 99, 150, 152, 277). Le port d’un couteau paraît usuel dans une société rurale : il est souvent « pandu en sa sainture » (319). 59

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(22 cas), bâtons (treize cas), et comme des outils (haches, serpes, pelles, houe, masses, fourche, (quinze cas) ; ou armes véritables (46 cas) : couteaux (dix cas), dagues (dix cas), épées, rapières et braquemarts (dix cas), épieux (huit cas), piques (deux cas), arbalètes (deux cas), hallebardes (deux cas), une javeline, une masse d’armes. Coupables et victimes Les coupables commettent l’homicide seuls le plus souvent (trois cas sur quatre) ; s’ils font partie d’un groupe, lors d’une rixe, ils parviennent à être identifiés plus ou moins facilement. Dans 37 affaires existent un ou deux complices. Certains sont involontaires et clament leur innocence60. Les complicités volontaires se rencontrent entre membres d’une même famille (quatorze cas : 34, 47, 66…), entre maîtres et serviteurs (quatre cas : 19, 61, 166, 212), ou au sein de solidarités d’âge ou de communauté. Elles peuvent être plus amples et se manifester par la mobilisation malveillante ou défensive de tout un groupe. Ces homicides collectifs (quatorze cas), où il est malaisé de repérer un seul ou deux coupables, ont des raisons diverses : la population de deux villages veut éliminer des personnes soupçonnées de sorcellerie (56, 226) ; deux autres villages s’opposent à leurs voisins à propos des limites de pâturages (154, 155, 279) ; des groupes d’habitants se querellent avec des ressortissants des villages voisins le soir de fête, après boire (183 et 184, 310, 316) ; des familles entières sont solidaires contre des agresseurs (258, 274, 282) ; des jeunes gens veulent chasser la concubine d’un curé (57) et d’autres celle du prieur de Fontenoy-leChâteau (242) ; un groupe de serviteurs exerce une vengeance (54) ; des habitants ont querelle avec un maire à propos de redevances (202). L’identité des coupables est difficile à cerner faute de renseignements. La très grande majorité est lorraine ; s’y trouvent seulement trois « Allemands » (40, 162, 264), un Luxembourgeois (290), un habitant de Virton (148)61. Un profil-type ne se dégage pas vraiment. L’homicide est ici masculin (huit femmes coupables : 47, 74, 124, 226, 233, 236, 259, 286) ; il est plutôt le fait d’hommes jeunes ou dans la force de l’âge : 66 « jeunes » (51…), « jeunes fils a marier » (211…)62 ; 83 hommes mariés, dont 48 pères de famille, surtout pères de jeunes enfants, argument supplémentaire pour obtenir une rémission (4, 11, 58, 60, 105…)63. Les catégories sociales sont inégalement représentées, comme il est 60 Ex. : en voulant s’interposer, ils se trouvent mêlés aux coups (166, 177…) ; ou bien ils sont simplement témoins des rixes (169, 174…). 61 Parmi ces « Allemands » figurent un voiturier (40), un boucher de Saint-Amarin (HautRhin, Thann) (162). Les autres sont inconnus. Les homicides commis en France sont le fait d’hommes d’armes et de serviteurs au service du duc ou de ses officiers. Il n’est pas tenu compte ici des « étrangers » établis en Lorraine. 62 En outre, il y a trois enfants de 10, 13, 14 ans (12, 131, 214). 63 Un coupable aurait même onze enfants (245) !

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normal. La majorité des crimes ayant lieu dans les villages, la plupart des coupables sont des ruraux, gardiens de bétail (six cas : 80, 131, 192…) ou rarement qualifiés (« laboureur », 151, 199 ; « pauvre laboureur », 272 ; « homme de corps », 111, 217). Les habitants des villes et bourgs de Lorraine sont peu nombreux (38 cas)64 ; un seul est qualifié de bourgeois (d’Épinal, 280)65. La domesticité, privée ou professionnelle, fournit une petite part (douze cas : 48, 54, 138…). Les hommes d’armes et gens de guerre, en garnison ou non, se rencontrent exclusivement dans la première partie du règne (neuf cas : 1, 21, 24…). Les officiers ducaux sont en revanche peu nombreux (quatre cas) et ne se manifestent que pour des affaires privées et non à cause de leurs fonctions (101, 107 et 108, 152, 204). Des agents seigneuriaux subalternes (sergents, maires, forestiers, messiers…) sont davantage impliqués car ils sont souvent aux prises avec la population (quinze cas : 57, 58, 104…). Deux ecclésiastiques sont auteurs d’homicides : un chapelain est l’amant et le complice de la femme, et ils tuent le mari en l’étouffant avec un oreiller (236) ; un prêtre participe à une querelle entre deux familles qui dégénère et donne un coup meurtrier : il a besoin de la rémission ducale pour obtenir l’absolution du Saint Père (261). Les nobles sont un peu plus coupables (onze cas) : trois d’entre eux assassinent ou font assassiner leur épouse qui les trompe (Gérard de Nicey, 61 et 68 ; Thierry de Lenoncourt, 152) ou l’amant de leur épouse (Pierre des Salles, seigneur de Gombervaux, 204 et 212) ; cinq autres règlent des querelles par des coups mortels66 ; un homme d’armes qualifié de « gentilhomme » blesse mortellement un habitant qui refusait des réquisitions de vivres (24) ; le seigneur de Remennecourt corrige si bien son serviteur ivre que celui-ci en meurt (108) et l’écuyer Bertrand de Condé punit d’un coup de dague qui se révèle mortel son page qui le faisait attendre (119). Les victimes sont encore plus difficiles à caractériser car les lettres sont avares de détails à leur sujet, comme si elles n’étaient pas dignes d’intérêt. Elles semblent à l’image des coupables. Elles sont lorraines ; les « étrangers » sont rares (sept cas)67. Elles sont rurales, une vingtaine seulement proviennent des 64 Le plus gros contingent (six coupables) provient de Pont-à-Mousson ; d’autres résident à Neufchâteau, Saint-Mihiel, Toul, Saint-Nicolas-de-Port, ou dans des bourgades (quatorze chefslieux de prévôté et de châtellenie). Nancy (deux cas) et Bar-le-Duc (trois cas) sont curieusement peu concernés. 65 Il y a également un citain de Metz (92) qui s’est adressé au duc pour obtenir rémission et un fils de bourgeois de Pont-à-Mousson (51). 66 Les nobles coupables sont : Jean d’Einville (5), Christophe, bâtard de Pailly (19), Pierre, bâtard de Grandson (37), Aymé de Naives (129), Gautier de Norroy (180). 67 Un « Lombard » (11), trois « Allemands », un messager et des voituriers (16, 28, 40), un sergent du Châtelet de Paris (138), un Ardennais (262), un « Egyptien » (tzigane, 269).

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villes et des bourgs. Leur âge est peu fréquemment mentionné  : 28 sont « jeunes »68, 25 sont des personnes mariées69, trois sont âgées70. Les femmes sont peu nombreuses (neuf cas)71. Les mêmes catégories sociales se retrouvent, il s’agit de milieux éminemment populaires : majorité de ruraux non caractérisés (« laboureur », 75, 199), un marchand, huit artisans, quinze domestiques et serviteurs. Les notables sont rares : un « riche et puissant » (75), un bourgeois ex-maître-échevin de Foug (255). Aucun officier ducal n’en fait partie72, et il n’y a guère d’agents seigneuriaux subalternes (cinq cas). Les décès d’hommes d’armes proviennent de querelles, notamment de jeu, qui se produisent entre eux (67, 99, 100, 179, 180) ; deux sont cependant mortellement blessés par des « civils » qui se vengent d’agressions ou de pillages (79, 175). Les deux cas nobles sont simples : une victime d’une querelle (37), la femme adultère de Thierry de Lenoncourt (152). Trois ecclésiastiques paient de leur mort leur goût pour le beau sexe : un chapelain de Pannes amant de la sœur du coupable (190) ; un chapelain de Vézelise amant d’une femme mariée (251 et 254) ; le prieur de Chaumouzey convaincu d’atteintes à l’honneur de trois filles d’une veuve (282)73. Deux autres ecclésiastiques sont punis pour leurs injures ou leurs agressions (un prêtre de Neufchâteau, 86, le curé de Chambley, 88)74. Un ermite (260)75, un régent d’école (315) complètent le tableau des victimes76.

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En outre, six enfants, victimes d’accidents ou d’imprudences (12, 122, 214, 221, 268, 307). Les victimes citées comme ayant des enfants sont une minorité (moins de 20 cas). 70 Un homme de 60 ans (172) et un autre « d’age constitué » (291) ; un vieux mari à éliminer aurait 110 ans (236) ! 71 Cinq adultères (1, 14 et 23, 61 et 68, 152, 211) dont deux sont assassinées par noyade (14 et 23, 211) ; deux sorcières de Lamarche (56) ; des victimes de jalousie féminine (74) et de querelle familiale (293) ; une jeune servante décédée des coups de son maître (122). 72 Ils ne sont toutefois pas à l’abri de violences : le prévôt d’Amance est assassiné en 1474 ; son meurtrier est exécuté (2 et 7). 73 En outre, un chapelain est tué pour avoir voulu défendre un curé et sa concubine contre des agresseurs (57). 74 Il faut citer le cas d’un faux prêtre qui écumait les environs de Saint-Dié et qui, démasqué, a été mortellement blessé au cours d’une rixe (264 et 266). 75 Pas de détail : le décès de ce personnage est dû à une querelle à propos d’un droit de passage. 76 C’est par erreur que ce personnage serait tué : il s’interposait dans une rixe et voulait aider un des protagonistes blessés. 69

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Les vols 42 lettres concernent cette catégorie de délits, dont trois en fait se rapportent à des recels ou des reventes d’objets volés (87, 94, 244). Le vol ne constitue pas un délit qui appelle fréquemment la rémission, ce constat apparaît nettement au cours du règne de René II : une rémission annuelle de 1474 à 1508, période qui inclut inexplicablement un long intervalle vide (juillet 1499 à mai 1505 : un seul cas, de recel). Le vol n’est pas plus urbain que le crime (un tiers des cas) et sa répartition en Lorraine ne privilégie pas de zone particulière (v. carte 3 : Lieux des vols et des autres délits). Il n’apparaît pas d’endroit favorisé pour attirer le délit : les intérieurs privés (maisons, granges, greniers, étables) sont des lieux où se produisent autant de vols (9, 18, 32, 39, 44, 53, 72, 289, 299) que les extérieurs (chemins, champs, pâtures) (25, 30, 62, 103, 139, 186, 301), alors que les vols à la tire, en pleine rue ou au marché, sont rares (8, 115). Á noter cinq cas de vols dans les églises (65, 71, 128, 173, 213)77. Le moment du vol, pas toujours précisé, apparaît comme indifférent : plutôt de jour (trois cas de nuit : 9, 18, 39) et rarement lié à un événement local, foire ou fête (72, 97, 157)78. Il faut dire aussi que quatorze cas concernent des vols répétés, avoués lors de l’interpellation, pouvant être antérieurs de quelques semaines, et même quelques mois (8, 25, 39, 69…). Les auteurs des vols sont masculins (trois femmes : 69, 213, 289), généralement seuls, sans complices, ni en groupes (cinq cas de complicité : 25, 30, 71, 139, 18679). L’âge est rarement indiqué : il s’y trouve des jeunes (quatre cas), des hommes mariés et pères de famille (quinze cas), pas de personnes âgées. On n’a donc pas affaire à des bandes organisées, des professionnels du crime, ni même à des récidivistes (seulement quatre cas d’auteurs de vols déjà condamnés, quatorze cas de vols répétés) ; le duc est certainement moins indulgent envers les récidivistes. En outre, les vols avec effraction (deux cas : 18, 65) ou assortis de menaces à main armée (un cas : 27) sont peu nombreux ; le vol n’est pas associé au crime : on ne tuerait pas pour voler. La profession des coupables n’apprend rien ; s’il n’y figure pas de notable,

77 Il s’agit des églises de Lignéville, Vaudéville, Sartes (Vosges), Revigny-sur-Ornain, Rouvroissur-Othain (Meuse). Dans ce dernier cas, les vols ont été effectués dans des coffres appartenant à des particuliers et placés dans l’église. Le produit des vols comprend des calices, de l’argent des « boistes » (troncs) ,dérobé à l’aide d’un bâton crochu enduit de glu (173), de la vaisselle liturgique et du linge. Un livre « a notes » est également dérobé dans l’église des Augustins de Bar (173). 78 Ex. : la foire des étrennes à Saint-Nicolas-de-Port (72), celle du lundi des Rameaux à Neufchâteau (116), la foire Saint-Georges à Lamarche (258) ; les foires rurales de Boulaincourt, de Moyenvic, de Poussay (133). La foire Saint-Luc à Châtel-s-Moselle (283) et une foire à Lunéville (315) sont des lieux où se produisent des homicides. 79 Dans un autre cas, un père est emprisonné en lieu et place de son fils sous prétexte qu’il en est le complice (157).

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il n’y a pas non plus de mendiants ou de marginaux. Le vol est présenté comme fortuit, suscité par l’occasion, expliqué par le besoin ou la pauvreté (treize cas : 43, 71, 153…), ou parfois excusé par la jeunesse (87, 285, 288…). Les victimes appartiennent à la société ordinaire, paysans, artisans, marchands. Il n’apparaît pas de vol scandaleux, au détriment des faibles (veuves, personnes âgées) ; la noblesse, le clergé comme les officiers princiers, de même que les biens collectifs, ne sont pas visés, sauf les objets d’Église. De même, le vol n’aurait rien à voir avec une vengeance ou un règlement de comptes. On vole de l’argent (25, 65, 69, 71, 114, 128, 167, 173, 213, 285, 288, 299), des bijoux ou des calices (65, 71, 128, 213), du bétail ou des chevaux (25, 43, 71, 103, 133, 167, 285), des étoffes, des vêtements, des parures de lits ou du linge d’église (29, 39, 43, 69, 71, 103, 133, 167, 173, 213, 289, 299), des cuirs et peaux, des outils ou de la vaisselle (29, 39, 72, 114, 285, 299), des denrées agricoles ou alimentaires (blé, avoine, farine, vin, raisin, 30, 32, 44, 53, 70, 113, 114). Pour l’anecdote, on vole aussi du suif, de la cire, des ruches, de la mercerie, des lettres de gage, un livre d’Église (71, 83, 114, 167, 173, 288, 299). Les atteintes à l’autorité ducale ou « offenses au duc » La grâce ducale s’adresse aussi à des auteurs de crimes de lèse-majesté, de quelque nature qu’ils soient, et qui concernent le duc lui-même ou ses agents : c’est de toute façon le pouvoir ducal qui est mis en cause, contesté ou bafoué (« … commectons envers nous… grant offence et amende… », 7). Certaines affaires sont politiques, d’autres le paraissent moins, et leur nombre décroît, passée l’époque sensible des guerres de Bourgogne (1474-1482). Le duc accorde sa rémission plus ou moins rapidement à ceux qui ont été du parti bourguignon, et ainsi l’ont trahi : l’ex-receveur général Vautrin de Bayon (6), les communautés d’Essey-lès-Nancy (13) et de Liverdun (15), les seigneurs de Haraucourt (22), un échevin de Nancy (45). Il fait de même dans deux autres cas : envers deux individus soupçonnés de trahison, sans autre détail (117), et envers un autre, suspect d’espionnage au profit de Robert de La Marck, alors ennemi (182, 1496). Les communautés qui se rebellent contre le représentant de l’autorité ducale, que ce soit pour une affaire symbolique de clefs (Rosières-aux-Salines : 3, 1474) ou des raisons fiscales (Saint-Hippolyte : 287, 1505) sont pardonnées, mais mises à l’amende. Dépendre un condamné à mort du gibet pour inhumer ses restes est répréhensible, mais gracié pour cause de piété et honneur familial (2 et 7, 232)80. Des notables, doyens de la communauté de Marville, rendus responsables de l’évasion de deux prisonniers, sont graciés (26). 80 Dans un cas, c’est le père du condamné qui a monté l’opération avec des complices (2 et 7) ; dans l’autre, c’est le frère du supplicié qui est intervenu (232).

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Se tromper de cour de justice pour déposer une plainte devant une instance qui n’est pas sous souveraineté ducale et léser ainsi les intérêts comme l’autorité du duc mérite une sanction, mais aussi une rémission (257). Les affaires de faux monnayage sont les plus nombreuses dans cette catégorie (neuf cas). Cependant, il s’agit moins de la fabrication de fausse monnaie (trois cas : 35, 95, 295) que de sa diffusion et de son utilisation, plus aisément rémissibles81. En outre, la monnaie ducale est peu concernée (gros de Lorraine : 165) et ce sont plutôt des pièces étrangères qui sont contrefaites et mises en circulation (testons, ducats, écus de roi, écus au soleil, gros de Metz…). Les orfèvres sont bien placés pour commettre ce genre de crime (cinq cas : 76, 95, 165, 237, 295). Les lieux de fabrication et de diffusion sont évidemment urbains (Nancy, Bar, Saint-Nicolas, Neufchâteau, Joinville, Commercy, Lamarche). Il faut quand même préciser que, hormis un cas qui se monte à plusieurs dizaines d’écus (49), cette fausse monnaie représenterait de petites sommes, ce qui constitue un argument supplémentaire en faveur de la rémission82. Divers La grâce ducale s’adresse également à d’autres auteurs de faits criminels et délictueux. Les coups et blessures (trois cas  : 38, 253, 318), suite à dispute et rixe, auraient pu mal finir, mais les blessures sont apparemment sans gravité. Les incendies volontaires (trois cas : 73, 91, 123) concernent des biens privés et ruraux (deux granges, une maison) et sont dus à un coup de folie (73), à une vengeance (91) ou à une contestation concernant la dévolution d’un bien d’héritage (123). Les deux cas d’infanticide sont provoqués par des naissances inavouables, adultérine (la mère, mariée, et son amant laissent mourir l’enfant, 137) ou clandestine (la fille-mère jette l’enfant mort-né dans un puits, 79). Il existe un cas d’abandon d’enfant, de la part d’une mère coupable (252). La sodomie, acte homosexuel, requiert l’indulgence ducale à deux reprises, à cause de la jeunesse des victimes (grâce de la duchesse, 136, 320). Les deux cas de faux et usage de faux concernent des affaires privées : un notaire de Dompaire falsifie des dates sur un document (33) ; un noble, écuyer, utilise frauduleusement un sceau seigneurial volé (64). L’extorsion de fonds ou sa tentative (96) n’est pas claire : il pourrait plutôt s’agir d’une dispute à propos d’objets volés ou d’une escroquerie. L’injure envers une femme, suite à une dispute et non suivie d’autres faits,

81 82

Un faussaire a été condamné à la peine de mort : un de ses complices – ici – est gracié (49). D. Flon, ouvr. cité, t. I, p. 123-124.

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est le seul cas d’espèce (10)83. Et que dire de cet habitant de Longwy qui, pour se venger d’avoir été détenu prisonnier à Martelange (prévôté d’Arlon), kidnappe, avec l’aide d’hommes d’armes des garnisons de Mouzon et de Montfaucon-d’Argonne, deux habitants de cette localité afin d’en obtenir rançon (63, 1486) ? Cet ensemble de crimes et délits pardonnés, tout sélectif qu’il soit, donne la possibilité d’analyser toute la procédure de rémission et d’en montrer la fonction.

83 L’injure, qui paraît être une agression verbale, n’est pas précisée. Ce cas semble quand même curieux.

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La rémission : une démarche administrative et politique Le droit de grâce est régalien et constitue un des attributs de la souveraineté. Son utilisation obéit à des règles et s’entoure de conditions qui ont pour effet de rappeler son caractère exceptionnel et de le solenniser. Á partir du moment où une administration de type étatique se développe à la fin du Moyen Âge, toute une procédure environne le droit de grâce et la lettre de rémission, qui en est l’expression, offre par sa forme diplomatique comme par le contenu du discours qu’elle propage des caractéristiques qui visent à la singulariser. Á cet égard le corpus lorrain permet d’apprécier à la fois le degré d’organisation et de technicité acquis par l’administration princière vers 1500 et l’image que le pouvoir veut donner de lui. Une démarche administrative Solliciter la grâce ducale ne va pas de soi. La démarche est accomplie en principe, au témoignage des lettres de rémission, par les coupables eux-mêmes dans la plupart des cas84 ; cependant 192 d’entre eux sont en fuite, hors du « pays » par peur de la prison et d’éventuelles représailles, et 85 autres sont emprisonnés85 : il faut croire qu’ils ont gardé des relations qui les incitent et les aident à déposer et formuler un recours en grâce ; la parenté et les liens sociaux pourtant ne se manifestent qu’en lieu et place du coupable86, rarement avec lui (quatre cas) ; les proches qui interviennent et s’emploient à solliciter 84

« … l’umble supplicacion de nostre bien aimé le Petit Robert de Chastenoy… » (1). Les prisons ne sont pas toujours localisées : à Bioncourt (53), Noviant-aux-Prés (69), SaintMihiel (139), Bar (244), Montiers-s-Saulx (299), elles se situent dans le château ; à Serres, c’est une cave (94) ; à Marville, elles sont « fort obscures, abhominables et humides » (26). La peur de la torture est un motif supplémentaire pour demander la rémission (74) ; l’application de la torture est avérée (165, 167). 86 « … l’umble supplicacion des parens et amis charnelz d’un nommé Anthoine… » (2). 85

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la grâce sont le plus souvent l’épouse, seule (17 cas) ou associée à d’autres parents (21 cas), et le père du coupable, seul (19 cas) ou non (21 cas)87 ; les « parents et amis », les « parents et amis charnels » interviennent eux aussi seuls (29 cas) ou associés à la parenté proche (39 cas)88. Deux seigneurs, le comte de Salm (54) et un écuyer (Mathieu de Lucy) (185), demandent la grâce de leurs serviteurs en leur lieu et place. Il n’est pas besoin d’épiloguer sur l’importance de la parenté et des réseaux sociaux, jouant le rôle d’avocats, dans le processus de recours en grâce, même quand les documents les passent sous silence. Aucun délai de droit ou de fait n’existe pour différer ou retarder la demande de grâce, ni d’ailleurs pour la prescrire. Comme les rémissions sont accordées dans deux cas sur trois (204 lettres) en moins d’un an après les faits et parfois même assez rapidement (63 cas à moins d’un mois), il est probable que les demandes de grâce sont effectuées dans le délai le plus court possible après le crime ou l’interpellation du coupable89. À l’inverse il y a des cas peu nombreux, mais surprenants, où le recours en grâce a dû être tardif car la rémission intervient une dizaine d’années, sinon plus, après les faits90 ! La demande de grâce, adressée au prince, est formulée auprès des agents de l’administration territoriale, au siège du bailliage ou de la prévôté concerné, en fonction de la localisation du crime ou du délit91. Les sujets doivent connaître leur géographie administrative pour éviter toute erreur ou confusion92, et il faut supposer que l’administration locale est suffisamment proche d’eux pour les diriger au bon endroit, au besoin les y contraindre. Il peut arriver que cet échelon administratif local soit contourné grâce à un accès direct auprès du prince ou par l’intermédiaire de son entourage immédiat ; ces cas, ceux qui par exemple ne

87 Autres interventions de proches : la mère (26 cas dont trois fois seule) ; les enfants, peu souvent et pas seuls (huit cas), les frères et la sœur idem (sept cas). Un mari demande rémission pour son épouse qui a pourtant voulu l’assassiner (233). 88 L’expression « parents et amis charnels » est peu employée avant 1492 (2, 4, 17, 35) : omission de copiste ? 89 Délais entre les faits et la rémission : 63 cas à moins d’un mois, dont un à trois jours (17) et six à six jours (58, 60, 151, 209, 210, 285), 61 entre un et trois mois, 40 entre trois et six mois, 40 entre six mois et un an, 54 à plus d’un an, 64 non précisés. Mais ces données sont peut-être inexactes ; en effet, les scribes recopient des documents sans apporter de vérifications : par exemple (242), ils datent des faits de la « Purification dernierement passee » (février 1502) alors qu’une information est demandée le 19 mars 1501 (ADMM, B 7, f°124v°) et la rémission accordée le 5 mars 1502. 90 24 ans (74), 20 ans (12), quatre cas entre cinq et dix ans (163, 252, 253, 281). 91 « … demeurant en nostre ville de Nouillompont, chastellenie d’Arrency et prevosté de Marville… » (122) : le mandement est adressé au bailli de Saint-Mihiel et aux officiers du duché de Bar. 92 Ex. : ils savent où est la France pour s’y réfugier, tels les deux coupables enfuis à Vaucouleurs (263 et 265) ; ils connaissent les limites du comté de Bourgogne entre le Val-d’Ajol et Fougerolles (310), ou entre Regnévelle et Godoncourt (300), de même celles du duché de Luxembourg (272).

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font référence dans les documents à aucune administration locale, sont peu nombreux93 ; ils prouvent néanmoins que le système de relations personnelles doit subsister, au détriment de la bureaucratie et de la hiérarchie administrative. La demande de grâce se traduit par une requête écrite (« … supplicacion… », « …requeste… », « … remonstrence… ») en bonne et due forme ; elle est évoquée dans les lettres de rémission (« … avons receue l’umble supplicacion… » ou « … remonstre tres humblement… ») car son contenu y est plus ou moins reproduit et en constitue les grandes lignes de l’exposé diplomatique94. Cette requête est rédigée et mise en forme par du personnel habitué à ce genre de démarches et au fait des formules juridiques ; le personnel administratif de base, dans les bailliages et prévôtés, les clercs-jurés par exemple, apparaît tout naturellement désigné pour remplir ce genre de tâche95 : c’est lui qui recueille les déclarations orales des demandeurs ou de leurs représentants et les transcrit en langage intelligible dans le respect de la formulation requise. La « supplique », recours en grâce, subit donc dès le départ un traitement dépendant de la bienveillance des agents locaux et destiné à obtenir la clémence du prince (dans les cas rémissibles). La requête contient la description des faits criminels et délictueux, sans trop lésiner sur les précisions et les détails qui les expliquent ou permettent de les excuser, et sans faire l’économie de la naïveté ou de la spontanéité de certaines situations (altercations et injures, 264, 280 ; scène d’adultère en direct…, 204). Elle se termine en général par l’énumération d’arguments pour obtenir le pardon (« … grace et misericorde… ») du prince, pour pouvoir rentrer au pays sans risque (« … s’absenta de nozdits pays et seigneuries esquelx ils n’oseroit retourner si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie… », 33) ou sortir de prison afin de ne pas y « … finer miserablement ses jours… » (84). Ces arguments visent à affirmer l’innocence et mettent en avant, entre autres : - la bonne conduite antérieure du coupable (61 cas) (« … sans jamais avoir esté reprins, actaint ne convaincquu d’aucun villain cas, blasme ou reproche… », 7), - la légitime défense (19 cas), - la tentation de « l’ennemi » (le Diable) (19 cas), - l’absence d’intention criminelle (treize cas), - le pardon de la victime (neuf cas) (« … en presence du curé et de tout le peuple… », 161 ; « … devant Dieu et devant le monde… », 309).

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Ainsi les rémissions qui ne sont connues qu’en résumé (39, 45, 53, 70, 99, 289). « … de la part de Jehan Jacquot, dit Fourot, vigneron… nous a esté presenté une supplicacion dont la teneur s’ensuit : Au roy de Jherusalem… remonstre tres humblement… » (143, II) ; et aussi 95, 198, 259, 261. Dans une lettre (198), la supplique est même évoquée à deux reprises ; dans une autre (167), elle n’est pas à la place ordinaire, mais se situe à la fin de l’exposé. 95 Dans un cas, la supplique est rédigée par le frère du coupable qui est prêtre (261). 94

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La supplique sert parfois à apitoyer le prince en faisant appel à son rôle de protecteur (« … laisser femme et enfants en grant povreté et misere… », 107) ou à son « plaisir » (9), et en invoquant le sacré (« … pour l’amour de Dieu… », 2 ; « … en l’honneur de la passion NSJC… », 33 ; « … prieront Dieu pour vous et vostre noble lignee… », 143). Des requêtes purement verbales continuent d’exister, semble-t-il ; les documents ne le précisent pas, mais ceux qui ne font aucune référence à un quelconque texte écrit peuvent s’inscrire dans cette catégorie de recours. L’homme d’armes meurtrier à Arras qui vient implorer le pardon du duc (67), l’individu qui se présente à René II à son camp devant Metz (97) ou celui qui sollicite la duchesse à Reims (205) n’ont probablement pas rédigé de supplique. Á son tour le duc a pu prendre la décision de gracier, de son chef, sans attendre une requête formelle, par exemple dans les cas de « trahison » due aux guerres de Bourgogne (13, 15, 22, 45). Ces cas, cependant, sont en petit nombre. La requête une fois transmise au duc, son cheminement est mal connu et l’on ignore s’il doit suivre une stricte hiérarchie administrative ; l’identité des personnes de l’entourage du duc qui la réceptionnent n’est pas indiquée : officiers, dignitaires, ou simples scribes ? Le duc s’abstient, en général, en recevant des recours en grâce, de toute décision précipitée. Dans le cas de personnes emprisonnées, en cours de procès (huit cas : 52, 59, 70…) ou déjà condamnées (huit cas : 8, 10, 11…), il peut disposer de documents, joints à la requête écrite ou dont il peut aisément avoir connaissance : rapports d’enquêtes, témoignages, minutes des procès, attendus de jugements (« … fait veoir le procés… », 167 ; « … par sondit procés », 29996). Même dans ces cas97, mais plus encore à propos des suppliques des demandeurs en fuite (la majorité)98, le duc diligente une enquête (« … informacion… ») pour être mieux éclairé et vérifier la véracité des faits et des assertions qui y sont contenues. Ce besoin de disposer d’une enquête de confirmation n’a peut-être pas toujours été systématique : il est fait mention de ces enquêtes à 86 reprises seulement (moins d’un tiers des cas) ; cependant, la tendance à les instrumentaliser dans la deuxième partie du règne, après 1496, est évidente99. Ces enquêtes sont confiées aux officiers du bailliage (bailli ou son lieutenant, procureur…) et/ou de l’administration locale (clercs-jurés de la prévôté, sergents, échevins…) qui, secondés par des clercs, sont commissionnés pour se transporter si besoin au lieu des faits et recueillir tous les témoignages

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Autres cas : « … supplication avecques le procés… » (114 et 115). « … par informacion et sondit procés… » (299). 98 Cinq coupables se sont refugiés en « franchise » dans un lieu de culte : une église de Neufchâteau (8), la collégiale Saint-Georges de Nancy (35), l’église de Villermain (48), la cathédrale de Metz (92) et une église non localisée (37). 99 17 mentions de 1473 à 1495, 69 ensuite. 97

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nécessaires à l’établissement de la vérité100. Cette instruction doit être menée à « charge et à décharge », les textes le précisent bien101. Le rôle des agents locaux est donc fondamental : qu’ils fassent partie de ces commissions d’enquête ou qu’ils témoignent devant elles, ils ont toute latitude pour jouer un rôle de filtre et continuer à présenter les faits comme les coupables à leur manière : il y aurait nombre d’indications à puiser sur le fonctionnement des réseaux sociaux à la base dans ces populations médiévales. Un rapport d’enquête (« … rapport… », « … relacion… », 32, 166…) est transmis au duc ou à son entourage dans un délai plus ou moins long. Le seul exemple de délai connu est d’un peu moins d’un an : la commission d’enquête est constituée le 19 mars 1501, la rémission est datée du 5 mars 1502102 ; cependant, les délais assez courts entre les faits et la rémission (rappel : deux tiers à moins d’un an) suggèrent des enquêtes relativement rapides, pas nécessairement bâclées pour autant. Hors enquête existent sans doute des rapports verbaux. Le duc prend alors la décision de rémission (« avons audit suppliant… ledit delit et crime… aboli, quicté, remis et pardonné et… abolissons, quictons et remectons et pardonnons… », 1), mais avec des précautions ; il est rare qu’il décide seul et il le fait le plus souvent après avis de ses conseillers, de ses officiers, de son entourage, et aussi de personnes présentes à sa cour103. Dès le début du règne, l’habitude se prend d’arrêter la décision de grâce après évocation du cas, lecture du rapport d’enquête104, délibération du conseil (16, 32…), et elle devient – semble-t-il – systématique après 1496 (164 et sq.) ; au besoin, si le duc est éloigné ou séparé de son conseil, il attend l’avis de l’institution pour décider : ainsi, en 1496, il est à Nancy et le « conseil de Bar » doit rendre son avis sur une affaire qui concerne le Barrois (183 et 184), ou bien il réside dans son château de Condé et le conseil resté à Nancy doit lui transmettre son avis (181). La formule « … car tel est nostre plaisir… », ou « …ainsi le voulons et nous plaist estre fait… » (2, 8, 18…), qui figure dans les lettres après la décision de rémission, se comprend dès lors par référence à un pouvoir princier à l’écoute

100 Ex. de membres de ces commissions d’enquête : conseiller du duc (17, 219, 226), secrétaire du duc (182), procureur général (27), bailli (159, 182, 300, 308, 314), procureur de bailliage (159, 161, 270), lieutenant du bailli (16, 242), prévôt (32, 89, 164, 276, 296), receveur et clercjuré (164, 276), officier local sans précision (6, 161, 177, 181, 182, 188, 222, 225, 237, 277, 296, 308, 311) ; en outre : le doyen et le receveur de Liverdun (166), des « gens dignes de foy » (63), « des gens de bien » (283), le seigneur de Bourlémont comme seigneur du sujet suppliant (301). Ex. de mandement qui crée une commission d’enquête : ADMM, B 7, f°124v°-125 (1501). Dans un cas, il y a même deux enquêtes demandées par le duc (169). 101 Ex. dans le document cité, ADMM, B 7, f° 124v°-125, et lettre 239. 102 ADMM, B 7, f ° 124v°-125 (242). 103 Des exemples de cette démarche se rencontrent déjà sous le duc Jean II (AD Vosges, G 533 : 1464 ; G 532 n°5 : 1469). 104 Ex. : « …nostredit clerc juré de Briey a affermé en nostre conseil… » (164).

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de son administration et de ses agents responsables et éloigné de tout arbitraire105. Les avis dont s’entoure le duc peuvent émaner quelquefois de grands personnages présents à sa cour ou de passage, dont l’intervention significative (l’intercession) mérite d’être signalée dans les lettres de rémission parmi les motivations qui entraînent la grâce (v. tableau 3 : liste des intercesseurs). La duchesse plaide la cause des présumés coupables à six reprises : la première épouse de René II, Jeanne d’Harcourt, en raison de son propre avènement (23, 1477), et Philippe de Gueldre intervient dans cinq cas (76, 146, 177, 178, 238). L’héritier, le duc de Calabre, apparaît porté à l’indulgence, seul (143, II)106, ou associé à sa mère (146) ; devenu duc, mais encore loin de ses possessions lorraines, il conseille le pardon à sa mère (316). De grands seigneurs se manifestent en faveur de leurs sujets (57, 162, 232, 279) ou d’habitants ayant un rapport avec leurs seigneuries107 : ainsi l’évêque de Metz à propos d’un coupable d’Amance mais fils d’un de ses sujets à Moyen (2), ou l’évêque de Verdun en faveur d’un habitant de Dugny (249) (autres cas : 9, 98, 191, 238, 248, 272, 276, 285, 287). L’intervention de grands personnages plus puissants se justifie sans doute pour accroître le caractère exceptionnel de la rémission : le « cardinal d’Angers » ( Jean de La Balue) en faveur du meurtrier d’un prêtre (88) ; les ambassadeurs du roi de France à propos d’un noble, meurtrier involontaire (119)  ; le duc de Gueldre, frère de la duchesse, intercède pour Thierry de Lenoncourt, conseiller du duc, assassin de son épouse (152)  ; des seigneurs de Savoie, venus pour un mariage108, poussent à l’indulgence envers des habitants du village de Certillieux (seigneurie de Beaufremont) accusés d’homicide (240) ; le seigneur de La Roche, fils du chancelier de Bourgogne, intervient en faveur d’un prisonnier accusé de complicité de meurtre (255) ; le cardinal Georges d’Amboise, ambassadeur du roi de France, fait de même envers la communauté d’habitants de SaintHippolyte rebellée contre le représentant ducal (287)109. Il figure à la fin des lettres copiées dans les registres un certain nombre de

105 Ces formules, ou d’autres variantes, sont mentionnées dans 78 lettres ; le duc, simple gouverneur du duché de Bar, les utilise (I), ainsi que la duchesse (198). 106 En raison de sa nouvelle venue à Bar, il a élargi le prisonnier coupable et requis l’indulgence auprès du duc. 107 Trois cas d’intervention écrite (2, 162, 276) ; un cas d’erreur où le père et les frères de la coupable mentionnés dans la supplique réapparaissent comme intercesseurs (137). L’intervention de grands seigneurs est d’autant plus sensible que ceux-ci occupent souvent une haute fonction dans l’administration ducale : ainsi Thomas de Pfaffenhofen, seigneur de Gironcourt, est aussi bailli, sénéchal, chambellan, conseiller du duc (279). 108 Le comte de Challant épouse à Bar la fille de Claude d’Arberg, seigneur de Valengin et de Beaufremont (1502). 109 En outre, dans un cas, l’avis de l’official de Toul est sollicité avant d’accorder la rémission (166).

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personnages, identifiés davantage par leur fonction que par leur nom et désignés comme « présents » et non comme témoins. Les originaux conservés ne comportent pas ces indications, mais celles-ci doivent figurer au dos du parchemin, au « reply » comme il est parfois signalé110. Ces personnes font partie, selon toute vraisemblance, de l’entourage du prince qui a donné un avis sur la rémission et participé à la décision finale ; peut-être s’agit-il de membres du conseil où la décision a été délibérée, c’est même quelquefois précisé (206). De toute façon, ces « presens » valident, sinon approuvent la décision ducale, bien qu’ils n’ajoutent ni leur sceau, ni leur seing au bas de la lettre de rémission (v. tableau 4 : liste des présents). Ces « présents » manquent dans 57 documents, probablement par omission des scribes et des copistes dans la plupart des cas. Ils ne sont en plus pas tous mentionnés, il y a « d’autres présents » (140, 148, 238, 254…) que les scribes ne détaillent pas sinon d’une façon générique (« officiers », 21, « gens des comptes », 185, 186, 189…). Leur nombre est très variable, entre un et dix selon les lettres, et, au total, représente plus de 200 individus qualifiés par leur fonction le plus souvent, pour plus de 800 présences (v. tableau 4). Les hauts dignitaires sont fréquemment cités, du fait de la permanence de leur présence auprès du prince et à son conseil, sans doute aussi servent-ils à conforter le caractère solennel et exceptionnel de l’acte de rémission : le sénéchal de Lorraine est le plus « présent » (71 présences)111, devant Warry de Dommartin, abbé de Gorze, prieur de Varangéville, puis évêque de Verdun (62 présences)112, et le bailli de Nancy (52 présences). Les baillis sont les plus sollicités (160 présences, 20% de l’ensemble), devant les officiers des finances et des comptes (114 présences), alors que les officiers de justice apparaissent peu (51 présences) et les officiers militaires encore moins (27 présences)113. Il s’y trouve peu d’officiers subalternes et peu de seigneurs non pourvus d’une charge administrative ou autre (douze présences). Les ecclésiastiques pourraient apparaître nombreux (19 personnes, 160 présences) mais cela est dû en fait à trois personnages : Warry de Dommartin, déjà cité, apparemment non pourvu d’office ducal ; Jean de Lamballe, protonotaire, élu de Toul, prévôt de la collégiale Saint-Georges de Nancy (23 présences) et en outre président des Chambres des comptes de Lorraine et du Barrois (quatorze présences) ; Hugues des Hazards, prévôt de Saint-Georges de Nancy, puis évêque de Toul (36 présences), mais aussi pré110

(200, 206, 209, 211…) Sur les trois originaux ne figure au repli que le nom du scribe. Décompte par fonction : dans la période, trois personnes au moins ont occupé la fonction de sénéchal de Lorraine. 112 23 présences comme abbé de Gorze, entre 1491 et 1500, 39 comme évêque entre 1500 et 1507. 113 La duchesse apparaît une fois (1491). Le bailli de Joinville (sept présences) et le gouverneur d’Aumale (une) administrent des possessions ducales. Seuls le bailli de l’évêché de Metz et le bailli de Vitry, présents une fois chacun, sont des officiers extérieurs aux possessions de René II, mais ils sont cependant seigneurs lorrains. 111

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sident de la Chambre des comptes de Lorraine (22 présences). Les affaires visées par ces personnages sont indifférentes : ni les homicides, ni les « offenses au duc » ne requièrent de « présences » d’importance ou significatives. Les seize autres ecclésiastiques sont cités épisodiquement. La rémission ducale est explicite : « … quictons, remectons et pardonnons le cas et crime… » (I…). Elle est généralement motivée (sauf dans 50 cas), précédée d’attendus significatifs (« …les choses dessus dites et considerees… », II). Les raisons de gracier relèvent en premier lieu de considérations générales d’ordre spirituel mais aussi politique, parfois déjà exposées dans un préambule (II, 204), le plus souvent énumérées avant la formule de grâce. L’expression récurrente (« … voulons preferer misericorde a rigueur de justice… », dès la lettre 1) est assortie quelquefois de références à « l’exemple de NSJC » (treize cas). La sainteté de la période (le « … sainct temps… », 96) ou du jour où est datée la rémission constitue un motif (vendredi saint, 27, 33, 68, 77, 86, 243, 309114) ; la « tentation » de « l’ennemi » (le Diable) est aussi une excuse reconnue (3 cas). Ensuite viennent des raisons particulières, rarement uniques, souvent multiples, selon les cas et les personnes concernées, parfois reprises des suppliques : - bonne réputation et bonne conduite antérieure du coupable (93 cas, argument le plus fréquent), - la victime est l’agresseur et a mauvaise réputation (33 cas), - charges de famille et risque de pauvreté (17 cas), - jeunesse (15 cas), - restitution des biens volés en tout ou partie (12 cas), - services rendus au duc (11 cas), - légitime défense avérée (8 cas), - innocence reconnue, accident ou doutes sur la culpabilité (7 cas) 115. Enfin, des événements constituent des occasions pour accorder des rémissions : « joyeulx advenement » de René II au duché de Bar (57), première entrée de la duchesse Philippe de Gueldre à Mirecourt (82), à Beaupré (159), à Reims (205) et à Vaucouleurs (263 et 265). La grâce s’entend au pénal et au criminel (« … remectons… le cas, crime, 114 Le fait que la référence au vendredi saint (« … ce jourdhuy… ») soit mentionnée à la fois dans la supplique et dans les motifs de la rémission (86, 243) laisserait supposer que la réception de la supplique écrite, la décision de gracier et la rédaction de la lettre de rémission soient effectives le même jour ! La responsabilité des scribes dans la formulation des documents est ainsi manifeste. 115 Autres motifs de grâce : le pardon de la victime (quatre cas), la démence (« … hors de sens… ») (quatre cas), le peu de valeur des biens volés (deux cas), la « faiblesse » (deux cas), le repentir en confession du voleur (deux cas), les pertes du fait des guerres (deux cas), le grand âge (un cas), la durée de la détention (un cas), l’ancienneté du crime (un cas), la « chaleur » (colère) (un cas).

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offence, murtre et homicide… avecques toute peine et amende corporelle, criminele et civile… », 23) ; elle délivre son bénéficiaire de tout risque de poursuite et de sanction éventuelle ; en « imposant silence » à toute la hiérarchie judiciaire et administrative, elle aboutit à classer l’affaire. Les personnes emprisonnées sont aussitôt élargies (21), l’enquête ou le procès en cours est stoppé (114, 105, 299), les condamnations après jugement sont annulées (3, 8, 11, 29…). Dans quelques cas, la grâce est soumise à des conditions : paiements des frais d’incarcération et de justice (186, 299), amendes « civiles » au duc (3, 75, 96, 147, 287)116, obligations spirituelles (fonder des messes…) (16, 137, 226, 294)117, peines corporelles « pour donner terreur et exemple aux autres… » (114, 123, 320)118, bannissement (64)119. Dans la plupart des cas, la rémission est subordonnée à l’indemnisation à accorder à la partie civile, le cas échéant et si elle n’a pas déjà eu lieu (« … satiffacion faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est et elle y eschiet… », 37). Des lettres font état d’accords entre les parties et d’indemnisations déjà octroyées par les coupables ou leurs proches aux familles des victimes (77, 116, 198), mais, généralement, ces compensations interviennent après l’octroi de la rémission et constituent une condition de l’entérinement, c’est-à-dire en fait de la validation de la grâce120. La rémission implique la « réhabilitation » (10) du coupable et la restitution de son honneur et de sa réputation (« … restablissons par cesdites presentes en sa bonne fame et renommee par touz noz pays, terres et seigneuries… », 37). La formule est quelque peu précisée dans le mandement qui suit la décision de rémission : publicité donnée à la grâce (« cri sollempnel », 10), ne pas mettre d’empêchement au retour du coupable, le laisser vivre en paix… (10, 37, 143…). La rémission entraîne également la restitution des biens du gracié, sauf la part préventivement confisquée au profit du duc (« … restituons… ses

116 Amendes politiques : les habitants de Rosières-aux-Salines sont taxés de 120 écus (3), ceux de Saint-Hippolyte voient leurs privilèges restreints (287). Amendes dont le montant n’est pas précisé (homicide, 75, 86, complicité d’infanticide, 147) ou fixé à 25 florins du Rhin (vol, 96). 117 Fondations de messes pour deux homicides (16, 294) ; la coupable d’infanticide doit requérir le pardon de l’évêque (« …satiffaction faicte à Dieu… », 137) ; les habitants meurtriers de Vaubécourt, après avoir crié publiquement merci à genoux à la réception de la rémission, devront édifier à leurs frais une croix de pierre au lieu du crime, y réciter des prières le jour de la procession des Rogations et fonder une messe anniversaire pour le repos de l’âme de leur victime (226). 118 Un voleur récidiviste sera battu de verges en prison en présence du bailli (114) ; l’auteur d’un incendie volontaire sera mis au carcan et exposé publiquement une heure par jour pendant trois jours (123) ; le sodomite sera battu et fustigé publiquement autour d’un feu, après quoi il sera banni et ses biens seront confisqués (320) ; quant au notaire fraudeur, il ne pourra plus jamais exercer l’office de tabellion (33). 119 En outre : la rémission est accordée à condition que le coupable ne soit pas poursuivi dans une autre affaire (116) ; elle décriminalise l’homicide, mais le coupable s’expose à des poursuites pénales (221). 120 Ex. : des meurtriers fonderont un obit en mémoire de leur victime, après accord avec sa famille, condition de l’entérinement (BnF, fr. 18869, f° 12-13) (III).

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

biens non confisquéz comme il estoit avant ledit cas non advenu… », 37) 121 ; une restitution intégrale peut intervenir et être considérée comme une véritable faveur (« … au procureur general… mandons qu’il leve la main et mette a plaine delivrence tous et chascuns lez biens meubles et immeubles qui, a l’occasion de ce que dit est, auroient esté prins et arrestéz… », 8, 18, 22, 90…). La notification de la rémission est adressée à l’ensemble des officiers de l’un ou l’autre duché (39 cas), ou aux officiers du bailliage concerné et aussi aux sujets (v. l’adresse, et la formule à la fin des lettres : « si donnons en mandement a nostre bailly de Vosge et a tous autres noz officiers, justiciers, hommes et subjetz presens et advenir et a chascun d’eulx… », 20) (46 cas). Elle contient un mandement impératif qui fait obligation aux officiers du prince de faire connaître sa décision, et de l’appliquer en laissant en paix la personne graciée (« … que de nostre presente grace, remission et pardon, ilz laissent ledit suppliant joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir a son corps estre fait… », II) ; le mandement peut contenir aussi un rappel de l’obligation de faire procéder à la « verification et enterinement » de la lettre de rémission (77, 95, 107, 111, 154, 155, 164, 178, 184, 188, 190, 199, 201, 222, 248, 249, 270). L’entérinement – c’est-à-dire la vérification et la validation – se fait normalement au siège du bailliage concerné ou devant le bailli ou son représentant. Il est subordonné à un accord avec les proches ou la famille de la victime comme le recommandent les lettres de rémission. Il intervient dans un délai généralement court après la réception de la rémission et donne lieu à l’expédition d’un acte, lui aussi sous forme de lettre, probablement pas gratuite122. Il est parfois expressément rappelé dans la lettre de rémission que les baillis doivent veiller à faire respecter cette procédure (bailli du Bassigny, 77, 107, 201 ; bailli de Saint-Mihiel, 95, 111, 154, 155, 164, 178, 184, 188, 190, 248 ; bailli de Bar, 199, 222, 249, 270). Le coupable ou présumé tel, après cette démarche, peut alors s’estimer complètement blanchi. Une démarche politique Le droit de grâce incarne l’autorité et la souveraineté. Il doit s’exercer en public, au grand jour, et s’entourer du décor qui convient à un tel acte de majesté. C’est pourquoi, désormais, il est préférable de disposer d’un acte écrit, solennel et irréfutable ; il vaut mieux proscrire les grâces expéditives, trop fur-

121 Un cas de dévolution des biens après confiscation ducale indique qu’une moitié en est donnée aux parents de la victime, l’autre moitié à la femme et aux enfants du coupable (86). 122 Seul exemple rencontré : BnF, fr. 18869, f °12-13 : lettres d’entérinement datées du 17 novembre 1498 d’une rémission de la duchesse, intervenue le 25 août 1498 (III), et rédigées au siège de la prévôté de Clermont (-en-Argonne) en présence et au nom du lieutenant du bailli de Clermont. Cet exemple ne contient aucune précision sur son coût éventuel.

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tives pour être utiles à l’image que le pouvoir veut donner de lui : ce sera donc une lettre patente, sur parchemin grand format, dont le contenu suit le schéma diplomatique traditionnel d’une charte, scellée du grand sceau ; il faudrait pouvoir comparer la lettre de rémission avec d’autres documents de la même période pour la situer dans la hiérarchie des actes de la diplomatique. Toute publicité est nécessaire à la rémission. La lettre s’adresse « a tous » : c’est parfois répété à deux reprises, dans le protocole initial (l’adresse) et à l’orée du dispositif (« … savoir faisons a tous… », 62) ; le mandement y fait encore référence puisqu’il est destiné aux officiers du prince et parfois aux sujets. La décision de rémission doit être rendue publique, destinée d’abord au demandeur et à sa famille, mais aussi largement diffusée, « criée » par les agents du duc dans les lieux requis (lieu du crime, lieu de résidence du coupable et de sa victime…). Bien sûr, cette publicité est toute en faveur de la personne graciée pour qu’elle puisse reprendre le cours d’une vie normale au sein d’une population dûment avertie. La rémission offre l’occasion de donner aux sujets (et pas seulement à eux) et de leur imposer l’image biface du prince justicier qui, s’il a le pouvoir de punir, a aussi le pouvoir de pardonner, et que ce droit de grâce n’est pas théorique ou vain puisque le prince sait en user. Acte de pouvoir, la lettre de rémission l’exprime. Elle est expédiée au nom du seul souverain dont la titulature est justement citée pour légitimer son intervention et lui apporter tout le poids du prestige nécessaire123, et afin que nul ne l’ignore (René II est roi et duc après 1493). Quand ce n’est pas le prince souverain qui agit, il y a lieu de préciser que l’auteur de la lettre (et de la rémission) en a reçu délégation : ainsi René II en Barrois de la part de son grand-père René Ier (« … par le povoir a nous sur ce baillé par lui… », 1479, I) et de sa mère Yolande d’Anjou, la « reine » (38, 1481 ; 49, 1484) ; la duchesse de la part de son mari (« … en l’absence de mondit seigneur, usant en ce cas du povoir par lui a nous sur ce donné… », 1499, 210), et, une fois veuve, quand elle possède le «  bail en garde  » des duchés avant l’intronisation du duc Antoine (315)124. Le pouvoir est affirmé : « … de notre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especiale… » (204) ; au besoin, son origine divine est rappelée dans un préambule («  …la providence de Dieu tout puissant nous a… ordonné… que nous temperons aucuneffois par doulceur et equité la rigueur de droit… », 143, 204) et les attendus de la rémission en rajoutent à propos de son essence spirituelle  : «  … preferer misericorde…  » (passim), «  … à l’exemple de NSJC… » (le prince : image du Christ), « … qui ne veult la mort du pecheur mais le seuffre vivre plus longuement afin qu’il s’amende… » (II). 123

René II s’intitule « seigneur de Commercy » quand il gracie un habitant de ce lieu (49). Cette délégation de pouvoir n’est pas signalée dans les premières lettres de la duchesse (première entrée à Mirecourt et à Beaupré, 82, 159), ni dans la lettre de rémission émanant du duc de Calabre (150). 124

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Le prince miséricordieux, bon et juste, tel doit-il apparaître aux officiers et aux sujets. L’affirmation de ce pouvoir souverain s’exerce aussi aux dépens des vassaux et des établissements religieux. Le duc arrête des procédures déjà enclenchées (« … ont la haulte justice soubz nostre souveraineté… », 80), casse des jugements (257), oblige à lui soumettre le cas (228, 301), prend un malin plaisir à annuler des rémissions déjà accordées (« … car n’avoient puissance ni auctorité de ce faire… », 248, 252, 288) pour mieux ensuite les octroyer de sa « plaine science ». Les arrière-sujets finissent bien par le savoir : ils s’adressent au duc comme  leur « souverain seigneur » (sujet du seigneur de Ligny, 176) ou leur « souverain prince et seigneur » (sujet du chapitre de Remiremont, 218)125. Au surplus, le pouvoir de gracier n’est ni aveugle, ni arbitraire. Les réseaux qui conduisent et accompagnent les demandeurs jusqu’à la rémission restent discrets et doivent fonctionner à bon escient. L’acquisition de la rémission par argent existe126, mais la preuve n’en est pas systématique : elle serait contradictoire avec toute la procédure et aussi avec l’idéologie princière que la lettre véhicule, sans évoquer la prise en considération de la « pouvreté et misere » (qui interdit tout paiement d’argent) comme motif de pardon. Il vaut mieux admettre que ce droit de grâce apparaît comme un effet de la sagesse du prince et un produit de son bon gouvernement : d’une part, la décision est raisonnée et réfléchie, mûrement élaborée, grâce à toutes les précautions qui visent à circonscrire la rémissibilité ; d’autre part, la décision est soigneusement prise à plusieurs, en conseil ou après avis des conseillers, au besoin renforcés de l’opinion de grands seigneurs extérieurs. La décision n’est pas prise au hasard ou dans la précipitation, elle est le résultat apparent d’un débat de conscience. La formule « car tel est nostre plaisir » (ou « ainsi voulons estre fait ») s’applique

125 Les enquêtes, prises de corps, confiscations par les seigneurs locaux (70, 77, 80, 87, 198, 218, 228, 243, 301) ou leurs rémissions (248 : seigneur de Morhange ; 252, 253, 288 : chapitre cathédral de Metz) sont annulées par le duc. Á son tour, ce dernier pourrait avoir affaire au roi de France en Barrois Mouvant, zone passée sous souveraineté française depuis 1301 (bailliages de Bar et du Bassigny). Cependant, par exemple, un appel devant la cour du bailli royal de Sens en 1498-1499 n’aboutit pas car les sujets habitant le Barrois Mouvant ont gardé la possibilité d’appeler aux Grands Jours de Saint-Mihiel « en l’Empire », cour sous souveraineté ducale (BnF fr. 18869, f°8-8 v°). Ceci suppose un accord, au moins tacite, entre le roi de France et le duc de Bar et de Lorraine pour laisser aux sujets barrois la liberté de choix en matière d’appel. 126 Rares exemples rencontrés : Gérard de Nicey, commanditaire de l’assassinat de son épouse (61), s’acquitte de 200 lb. pour sa rémission (A.D. Meuse, B 513, 1486) ; Charles Regnault de Laymont obtient rémission pour homicide (187) moyennant 50 lb. (A.D. Meuse, B 521, 1497) ; autre cas, inconnu des registres, en 1481 pour 70 francs (A.D. Meurthe-et-Moselle, B 978, f°406 v°). Le receveur général Vautrin de Bayon, traître au duc, obtient la rémission de sa peine pour 2000 florins d’or, mais c’est un cas politique exceptionnel, J. Schneider, Lorraine et Bourgogne, ouvr. cité, p. 214. Les sommes sont à distinguer des frais de sceau – d’un montant inconnu. L’exploitation de la comptabilité ducale devrait permettre d’apporter de plus amples renseignements.

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Introduction

en fait aux suites heureuses à donner à la rémission (libérer de prison, laisser en paix, restituer les biens), et non à la décision de rémission. La formule de l’absolutisme arbitraire (le bon plaisir du prince) vise le rétablissement de l’ordre et de la paix sociale, par la réintégration dans la communauté d’un de ses membres dont l’opprobre est effacée : cet arbitraire-là, officiers et sujets peuvent aisément le comprendre et l’accepter. Le prince n’est pas un tyran. Toute cette rhétorique du pouvoir contenue dans la lettre de rémission est destinée aux officiers – à tout niveau – pour qu’ils s’en imprègnent et ensuite pour qu’ils répandent autour d’eux, puisqu’ils sont au contact de la population, l’image d’un prince souverain, justicier et indulgent, sévère, mais juste : les sujets et toute la population doivent en être persuadés. Sous cet angle, la lettre de rémission remplit bien sa fonction : l’échantillon de ces graciés ne semble pas relever du hasard. 70% d’homicides qui ne sont pas des crimes, 20% de vols, à l’inverse probable de la réalité : l’exceptionnalité renforce l’autorité. Des cas qui ne sont pas scandaleux, on l’a vu : peu de préméditations ou de récidives, pas de bandes organisées, plutôt des accidents ou des légitimes défenses ; donc des rémissions justifiées tant en droit qu’au plan de la morale chrétienne, qui ne risquent pas de porter atteinte à l’image du prince justicier. La répartition des cas dans les territoires lorrains n’apparaît, elle non plus, pas innocente : quasi-équilibre entre les deux duchés (pouvoir égal, justice égale) ; peu de prévôtés ignorées ou oubliées : le prince ne dédaigne aucun secteur de ses possessions et son pouvoir est partout présent. Loin de dire que ces rémissions sont factices ou fabriquées, il faut bien reconnaître qu’elles se prêtent admirablement à la mise en scène du pouvoir princier. La collection de crimes et de délits pardonnés, conservée dans les registres de René II, semble un échantillon choisi à dessein. Elle se tient dans l’aire du rémissible et du justifiable. Ce faisant, elle offre une vision déformée et partielle de la réalité de la violence dans les faits divers quotidiens, comme si s’exerçait une mémoire sélective. Pour servir de modèle et inspirer les successeurs de René II ? Sans doute ; la comparaison avec les rémissions accordées par Antoine pourrait le dire. Mais à coup sûr pour définir et propager l’image d’un gouvernement princier justicier et clément, garant de l’ordre et de la paix. Relent féodal, une personne incarne l’État, mais son pouvoir n’est ni aveugle ni solitaire : un entourage toujours plus nombreux et expérimenté la conseille et l’éclaire ; une hiérarchie bien établie d’agents, avide d’écrits et de rigueur objective, pénètre jusqu’au moindre village pour informer du bien comme du mal. Un État qui en outre se veut facteur d’unité : il matérialise son territoire en le bornant à celui de ses voisins ; son autorité souveraine s’étend à tous les habitants qui désormais peuvent prétendre ne plus former qu’un seul peuple. Á la lueur des lettres de rémission de René II, la conclusion est évidente : l’État moderne est en place. 53

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Tableau 1. Liste récapitulative des lettres de rémission La foliotation en chiffres arabes respecte celle des manuscrits. N°

Références (ADMM)

Dates

Lieux

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13

B 1, fos 21v°-22r°-v°. B 1, fos 68r°-v°. B 1, fos 86v°-87. B 1, fos 101v°-102. B 1, fos 92v°-93. B 1, fos 105r°-v°. B 1, fos 100v°-101. B 1, fos 150v°-151. B 1, fo 169. B 1, fo 256v°. B 1, fos 275r°-v°. B 1, fo 301. B 1, fo 317v°.

1473 septembre 14 1474 février 1474 mars 5 1474 mars 15 1474 mars 15 1474 mars 28 1474 mars 1474 juillet 8 1474 août 1475 mars 31 1475 mai 4 1475 août 1476 septembre 21

Neufchâteau Nancy Nancy Nancy

14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 I 30

B 1, fo 334v°-335. B 1, fo 341. B 1, fos 347v°-348r°. B 1, fos 361r°-v°. B 1, fo 386v°. B 1, fos 390v°-391. B 1, fos 392r°-v°. B 1, fo 405v°. B 1, fos 403r°-v°. B 1, fos 428r°-v°. B 1, fos 430v°-431. B 1, fos 451v°-452. B 1, fos 461r°-v°. B 1, fos 471v°-472. B 1, fo 489. B 1, fo 494. B 526, n°306. B 2, fos 6v°-7.

1477 février 4 1477 février 13 1477 février 1477 avril 30 1477 juillet 9 1477 juillet 10 1477 juillet 23 1477 août 26 1477 août 28 1477 octobre 20 1477 novembre 1477 décembre 19 1478 février 1478 mars 1478 mai 24 1478 juin 10 1479 février 13 1481 janvier 10

54

Nancy Nancy Neufchâteau Neufchâteau Rambervillers Mirecourt Camp de René II, devant Nancy Neufchâteau Toul Mirecourt Etain Etain Nancy Nancy Nancy Nancy Saint-Mihiel

Nancy Nancy Nancy Nancy

Auteurs autres que le duc

Introduction

31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66

B 2, fo 54v°. B 2, fos 33r°-v°. B 2, fos 42v°-43r°-v°. B 2, fos 82v°-83. B 2, fos 96r°-v°. B 2, fo 94v°. B 2, fos 86v°-87. B 2, fo 149v°. B 2, fo 131v°. B 2, fo 150. B 2, fos 158v°-159r°-v°. B 2, fos 162r°-v°. B 2, fos 180r°-v°. B 2, fo 187. B 2, fo 194v°. B 2, fos 210r°-v°. B 2, fo 234. B 2, fos 249v°-250. B 2, fos 253r°-v°. B 2, fos 258r°-v°. B 2, fos 264v°-274. B 2, fo 275v°. B 2, fo 275v°. B 2, fo 347v°. B 2, fos 323r°-v°. B 2, fos 364r°-v°. B 2, fos 281r°-v°. B 2, fos 397r°-v°. B 2, fos 334v°-335r°-v°. B 2, fos 412r°-v°. B 3, fos 8r°-v°. B 3, fo 18v°. B 3, fos 25r°-v°. B 3, fo 25v°. B 3, fos 36r°-v°-37. B 3, fos 52r°-v°.

1481 janvier 10 1481 mars 1481 avril 20 1481 juillet 1481 août 10 1481 août 27 1481 août 1481 décembre 1482 janvier 31 1482 avril 19 1482 mai 1482 mai 1482 août 10 1482 août 1482 septembre 26 1482 novembre 8 1483 mars 8 1483 novembre 1484 janvier 1484 mars 1484 mars 1484 avril 5 1484 avril 7 1484 août 12 1484 décembre 1485 février 1485 avril 1485 juin 23 1486 février 1486 juillet 14 1486 septembre 5 1486 novembre 6 1486 novembre 30 1486 novembre 30 1486 décembre 20 1487 février

67 68 69

B 3, fos 61r°-v°. B 3, fos 66r°-v°. B 3, fo 70.

1487 mars 15 1487 avril 24 1487 mai 17

55

Nancy Nancy Nancy Nancy Nancy

Nancy Nancy

Nancy Nancy Nancy Nancy

Toul Nancy Bar-le-Duc Montargis [Bar-le-Duc] Paris Nancy Nancy Nancy Nancy Nancy Nancy Ligny-en-Barrois Nancy Nancy Nancy

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

70 71

B 3, fo 76v°. B 3, fos 77r°-v°-78.

72 73

B 5, fo 128v°. B 3, fos 97v°-98.

74 75 76 77 78 79 80 81 82 83

B 3, fos 114r°-v°. B 3, fo 137. B 3, fos 138r°-v°. B 3, fos 146v°-147. B 3, fo 224v°. B 3, fo 172v°. B 3, fo 180. B 3, fos 174r°-v°. B 3, fos 181v°-182. B 3, fos 186v°-187.

84

B 3, fos 232v°-233r°-v°.

85

B 3, fos 235v°-236.

86 87 88 89 90 91 92 93

B 3, fos 243bis. B 3, fos 272r°-v°. B 3, fo 271. B 3, fo 306. B 3, fos 318r°-v°-319r°v°-320. B 3, fos 320r°-v°. B 3, fo 264. B 3, fos 329v°-330.

94 95 96 97

B 3, fos 242r°-v°. B 3, fos 262r°-v°. B 3, fos 254v°-255. B 4, fo 10v°.

1490 avril 10 1490 avril 10 1490 avril 17 1490 avril 26

98

B 4, fos 29r°-v°.

1490 juin 3

99

B 4, fo 16.

1490 juin 19

1487 juin 11 1487 juin

Nancy Pont-à-Mousson 1487 septembre 13 Nancy 1487 septembre 13 Rosières-auxSalines 1487 novembre 14 Nancy 1488 janvier 23 Nancy 1488 février 10 Nancy 1488 avril 4 Nancy 1488 avril 25 Nancy 1488 août 5 Stenay 1488 août 27 Neufchâteau 1488 août Bar-le-Duc 1488 septembre 6 Mirecourt Duchesse 1488 octobre 8 Saint-Nicolasde-Port 1489 mars 12 Pont-à-Mousson 1489 mars Pont-à-Mousson 1489 avril 16 Bar-le-Duc 1489 juin 26 Nancy 1489 juin 28 Nancy 1489 novembre Nancy 1489 décembre 9 Nancy 1489 décembre 18 1490 mars 1 1490 mars 12

56

Nancy Nancy Pont-à-Mousson Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Sainte-Ruffine Pont-à-Mousson Pont-à-Mousson

Introduction

100 B 4, fo 16v°. 101 B 4, fos 35r°-v°. 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136

B 4, fo 36. B 4, fo 36v°. B 4, fos 40v°-41r°-v°. B 4, fos 41v°-42r°-v°. B 4, fo 58v°. B 4, fos 57r°-v°-58. B 4, fos 58r°-v°. B 4, fos 65v°. B 4, fo 74. B 4, fos 76r°-v°-77. B 4, fo 82. B 4, fo 82v°. B 4, fos 83r°-v°. B 4, fos 84v°-85. B 4, fos 95r°-v°-96. B 4, fos 103r°-v°. B 4, fos 106r°-v°-107. B 4, fos 159r°-v°. B 4, fos 119v°-120. B 4, fo 126v°. B 4, fos 135r°-v°-136. B 4, fos 136r°-v°. B 4, fo 132v°. B 4, fo 143r°. B 5, fo 132v°. B 4, fo 138. B 4, fos 162r°-v°. B 4, fos 148v°-149. B 4, fo 165. B 4, fos 157r°-v°. B 4, fos 171r°-v°. B 4, fos 173r°-v°. B 4, fos 151r°-v°. B 5, fo 44v°. B 5, fo 56v°.

1490 juin 24

Pont-à-Mousson 1490 septembre 11 Louppy-leChâteau 1490 septembre 24 Saint-Mihiel 1490 septembre 26 Saint-Mihiel 1490 octobre 8 Bar-le-Duc 1490 octobre 27 Bar-le-Duc 1490 décembre 28 Bar-le-Duc 1490 décembre Bar-le-Duc 1490 décembre Bar-le-Duc 1490 Nancy 1491 janvier 26 Bar-le-Duc 1491 mars 7 Nancy 1491 mars 31 Nancy 1491 avril 9 1491 avril 10 Nancy 1491 avril 12 Nancy 1491 mai 18 Gondreville 1491 août 12 Lunéville 1491 août 25 Nancy 1491 août 25 Nancy 1491 octobre 27 Neufchâteau 1492 janvier 19 Bar-le-Duc 1492 avril 10 Bar-le-Duc 1492 avril 10 Bar-le-Duc 1492 avril 19 Bar-le-Duc 1492 mai 17 Neufchâteau 1492 mai 18 Neufchâteau 1492 juin 8 Neufchâteau 1492 juillet 26 La Mothe 1492 août 31 Neufchâteau 1492 septembre 26 Neufchâteau 1492 octobre 6 Neufchâteau 1492 octobre 6 Neufchâteau 1492 octobre 26 Neufchâteau 1492décembre 10 Bar-le-Duc 1492 décembre 29 Bar-le-Duc 1493 avril 2 Pont-à-Mousson

57

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

137 B 5, fos 57r°-v°. 138 139 140 141 142 143 II 144 145 146 147 148 149 150

B 4, fos 184r°-v°. B 5, fo 5v°. B 5, fo 60v°. B 5, fos 192r°-v°. B 5, fos 23v°-24. B 5, fos 24v°-25. B 533 n°21 B 5, fo 35. B 5, fo 54v°. B 5, fos 194r°-v°. B 5, fo 195. B 5, fos 112v°-113. B 5, fo 116v°. B 5, fo 107.

151 B 5, fos 108r°-v°.

1493 avril 4 1493 avril 16 1493 juin 25 1493 juillet 20 1493 août 19 1493 octobre 31 1493 décembre 14 1493 décembre 14 1494 février 14 1494 mars 7 1494 mars 20 1494 mars 27 1494 avril 22 1494 mai 27 1494 juin 10 1494 juin 18

152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162

B 5, fos 120r°-v°. B 5, fo 211. B 5, fos 133r°-v°. B 5, fos 200r°-v°-201r°-v°. B 5, fos 199r°-v°. B 5, fo 135. B 5, fo 139v°. B 5, fos 142r°-v°-143. B 5, fos 239v°-240. B 5, fos 241r°-v°. B 5, fo 244.

1494 août 23 1494 septembre 6 1494 octobre 21 1494 novembre 8 1494 novembre 16 1494 novembre 23 1495 avril 21 1495 mai 16 1495 juillet 4 1495 juillet 4 1495 juillet 27

163 164 165 166 167 168 169 170

B 5, fos 154v°-155. B 5, fos 253r°-v°. B 5, fo 159. B 5, fos 159v°-160. B 5, fos 162r°-v°-164. B 5, fos 217v°-218. B 5, fo 256. B 5, fo 256v°.

1495 décembre 14 1496 janvier 13 1496 janvier 25 1496 janvier 26 1496 février 27 1496 mars 8 1496 mars 23 1496 avril 26

58

Pont-à-Mousson Nancy Lunéville Lunéville Lunéville Nancy Nancy Nancy Nancy Nancy Lunéville Épinal Nancy Nancy Dieulouard Duc de Calabre Pont-à-Mousson Lunéville Lunéville Lunéville Lunéville Lunéville Lunéville Nancy Beaupré Duchesse Gondreville Gondreville Pont-à-Mousson Nancy Custines Nancy Nancy Nancy Lunéville Lunéville Pont-à-Mousson

Introduction

171 172 173 174 175 176 177

B 5, fos 271r°-v°. B 5, fos 266r°-v°. B 5, fo 269. B 5, fos 268r°-v°. B 5, fos 270r°-v°. B 5, fos 272r°-v°. B 6, fos 181r°-v°.

1496 juin 8 1496 juin 10 1496 juin 10 1496 juin 15 1496 juillet 3 1496 juillet 9 1496 août 8

178 B 6, fos 182r°-v°.

1496 août 8

179 B 6, fo 180v°.

1496 août 9

180 B 6, fos 189r°-v°-190.

1496 août 12

181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 III 200 201 202 203 204 205

B 6, fos 196r°-v°. B 6, fos 119v°-120. B 6, fo 193. B 6, fos 194r°-v°. B 6, fos 195r°-v°. B 6, fos 194v°-195. B 6, fos 71r°-v°. B 6, fos 4r°-v°. B 6, fos 2r°-v°. B 6, fos 3r°-v°. B 6, fos 233r°-v°. B 6, fos 235r°-v°. B 6, fos 239r°-v°. B 6, fos 212r°-v°-213r°-v°. B 6, fos 20v°-21. B 6, fo 200. B 6, fos 28r°-v°-29. B 8, fos 82r°-v°-83. B 8, fos 19r°-v°. B 533, n°24 B 3, fos 331r°-v°-332. B 6, fos 214r°-v°-215r°-v°. B 6, fos 93v°-94. B 6, fos 151v°-152. B 7, fos 9v°-10. B 6, fos 156v°.

1496 octobre 5 1496 novembre 16 1496 décembre 12 1496 décembre 12 1496 décembre 13 1496 décembre 20 1497 janvier 6 1497 juin 27 1497 juin 27 1497 juin 28 1497 juillet 25 1497 septembre 3 1497 septembre 3 1497 novembre 16 1498 janvier 16 1498 mars 3 1498 avril 20 1498 juillet 30 1498 août 16 1498 août 25 1498 septembre 4 1498 novembre 2 1498 novembre 13 1498 décembre 11 1499 janvier 12 1499 janvier

59

Lunéville Lunéville Lunéville Lunéville Lunéville Lunéville Pont-à-Mousson Pont-à-Mousson Pont-à-Mousson Pont-à-Mousson Custines Custines Nancy Nancy Nancy Nancy Nancy Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Saint-Mihiel Nancy Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Étampes Bar-le-Duc Bar-le-Duc Nancy Nancy Nancy Bar-le-Duc Reims

Duchesse Duchesse Duchesse

Duchesse

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228

B 8, fos 92v°-93r°-v°. B 7, fos 65r°-v°-66. B 7, fos 23r°-v°. B 8, fos 97r°-v°-98. B 8, fos 103r°-v°-104r°-v°. B 8, fos 100r°-v°. B 7, fo 3v°. B 7, fos 1r°-v°. B 7, fo 21. B 7, fos 21v°-22. B 7, fos 22bisv°-23. B 7, fos 25v°-26r°-v°. B 7, fos 27v°-28r°-v°. B 7, fos 38r°-v°. B 8, fos 40r°-v°-41. B 7, fos 31v°-32. B 7, fos 43v°-44. B 7, fos 44r°-v°-45. B 8, fos 64r°-v°. B 7, fos 80v°-81. B 7, fos 71r°-v°. B 7, fos 104r°-v°. B 7, fos 70r°-v°.

229 B 7, fos 96r°-v°. 230 231 232 233 234 235 236 237

B 7, fos 95r°-v°. B 7, fos 122r°-v°. B 7, fo 129. B 7, fos 131v°-132. B 8, fos 172r°-v°-173. B 8, fos 184r°-v°. B 8, fos 54r°-v°-55r°-v°. B 8, fo 151.

238 B 8, fos 238r°-v°238bisr°-v°. 239 B 8, fos 247v°-248. 240 B 8, fos 239v°-241. 241 B 8, fos 245v°-246.

1499 février 23 1499 avril 7 1499 avril 27 1499 avril 27 1499 mai 6 1499 mai 23 1499 juillet 11 1499 juillet 13 1499 août 14 1499 août 20 1499 août 20 1499 septembre 7 1499 septembre 13 1499 septembre 28 1500 janvier 7 1500 février 18 1500 mars 6 1500 mars 29 1500 avril 25 1500 juin 18 1500 juillet 16 1500 août 13 1500 août 18

1502 janvier 12

Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Lunéville Nancy Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Gondrecourtle-Château Louppy-leChâteau Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Gorze Neufchâteau Neufchâteau Gondrecourtle-Château Nancy

1502 janvier 24 1502 février 4 1502 février 24

Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc

1500 novembre 24 1500 novembre 27 1501 janvier 13 1501 mai 22 1501 mai 28 1501 juillet 20 1501 août 11 1501 septembre 2 1501 octobre 25

60

Duchesse

Duchesse Duchesse Duchesse

Introduction

242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258

B 7, fos 125v°-126. B 7, fos 119r°-v°. B 8, fos 212v°-213r°-v°. B 8, fo 209. B 8, fo 209v°. B 8, fos 223r°-v°. B 8, fos 258r°-v°. B 8, fos 266r°-v°-267. B 9, fos 4v°-5r°-v°. B 9, fos 7r°-v°. B 9, fo 14. B 9, fos 15r°-v°. B 9, fo 16. B 9, fos 14v°-15. B 9, fos 17v°-18. B 9, fo 20. B 9, fos 27v°-28.

259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277 278 279 280

B 9, fos 34v°-35r°-v°. B 9, fos 31v°-32. B 9, fos 38v°-39. B 9, fos 40v°-41. B 9, fos 41v°-42. B 9, fos 42v°-43. B 9, fos 43v°-44. B 9, fos 45v°-46. B 9, fos 51r°-v°-52. B 9, fos 63v°-64. B 9, fos 85r°-v°. B 9, fos 95v°-96. B 9, fos 78v°-79r°-v°. B 9, fos 77r°-v°-78. B 9, fos 81r°-v°. B 9, fos 82v°-83. B 9, fos 96v°-97r°-v°. B 9, fos 100r°-v°. B 9, fos 99v°-100. B 9, fos 142r°-v°-143. B 9, fos 167v°-168r°-v°. B 9, fos 125r°-v°.

1502 mars 5 1502 avril 9 1502 avril 12 1502 mai 22 1502 juin 2 1502 juin 24 1502 juillet 17 1502 août 15 1502 novembre 15 1502 décembre 14 1503 février 14 1503 février 14 1503 février 14 1503 février 16 1503 février 18 1503 mars 20 1503 mai 19

Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Custines Custines Bar-le-Duc Bar-le-Duc Nancy Nancy Nancy Nancy Nancy Bar-le-Duc Louppy-leChâteau 1503 juin 19 Bar-le-Duc 1503 juin 29 Bar-le-Duc 1503 août 6 Custines 1503 août 17 Custines 1503 août 22 Custines 1503 août 22 Custines 1503 août 22 Custines 1503 septembre 16 Nancy 1503 octobre 14 Nancy 1504 février 15 Bar-le-Duc 1504 avril 4 Bar-le-Duc 1504 avril 5 Bar-le-Duc 1504 avril 12 Bar-le-Duc 1504 avril 13 Bar-le-Duc 1504 avril 27 Nancy 1504 avril 28 Nancy 1504 juillet 15 Bar-le-Duc 1504 août 22 Custines 1504 août 29 Custines 1504 novembre 25 Neufchâteau 1504 novembre 28 Neufchâteau 1505 février 17 Nancy

61

Duchesse Duchesse

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314

B 9, fo 126v°. B 9, fos 127r°-v°-128. B 9, fos 131r°-v°. B 9, fos 131v°-132r°-v°. B 9, fo 188v°. B 9, fos 189r°-v°. B 9, fos 182r°-v°. B 10, fos 41r°-v°. B 10, fo 42. B 10, fo 50v°. B 10, fos 48r°-v°. B 10, fos 57v°-58. B 10, fos 65r°-v°. B 10, fos 61r°-v°. B 10, fos 73r°-v°-74. B 10, fos 98r°-v°-99. B 11, fos 21v°-22. B 11, fos 6r°-v°-7. B 11, fos 9v°-10r°-v°. B 11, fos 7r°-v°-8r°-v°. B 11, fos 17r°-v°-18. B 11, fos 26r°-v°-27. B 11, fos 30r°-v°-31. B 11, fos 25v°-26. B 11, fos 54v°-55r°-v°. B 11, fos 56r°-v°-57. B 11, fos 99r°-v°-100. B 11, fos 102v°-104r°-v°. B 11, fos 150r°-v°-151. B 11, fos 154r°-v°. B 11, fos 156v°-158. B 11, fos 162v°-163r°-v°. B 11, fos 165r°-v°-166. B 11, fos 172v°-174.

1505 février 20 1505 février 22 1505 février 28 1505 février 28 1505 mai 20 1505 mai 25 1505 juillet 14 1506 janvier 28 1506 février 10 1506 mars 28 1506 avril 4 1506 juin 13 1506 juin 20 1506 juin 23 1506 juillet 29 1506 septembre 30 1506 octobre 14 1506 octobre 24 1506 novembre 6 1506 novembre 17 1506 novembre 20 1506 novembre 28 1507 janvier 9 1507 février 13 1507 mars 23 1507 juin 11 1507 novembre 6 1507 novembre 26 1508 avril 20 1508 juin 12 1508 juillet 5 1508 juillet 26 1508 juillet 31 1508 septembre 24

1509 janvier 17 315 B 11, fos 237v°-238. os 316 B 11, f 229r°-v°-230r°- 1509 janvier 23 v°. 317 B 11, fos 226bisv°-227r°- 1509 janvier 25 v°.

62

Nancy Nancy Nancy Nancy Bar-le-Duc Bar-le-Duc Nancy Custines Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Neufchâteau Neufchâteau Neufchâteau Neufchâteau Neufchâteau Neufchâteau Bar-le-Duc Custines Bar-le-Duc Neufchâteau Bar-le-Duc Remiremont Bar-le-Duc Bar-le-Duc Bar-le-Duc Louppy-leChâteau Bar-le-Duc Bar-le-Duc

Duchesse Duchesse

Bar-le-Duc

Duchesse

Introduction

318 319 320 321

B 11, fos 234v°-235. B 11, fos 235r°-v°. B 11, fo 243v°. B 11, fos 240r°-v°.

1509 février 6 1509 février 6 1509 février 16 1509 février 18

Sorcy Sorcy Nancy Nancy

Duchesse Duchesse Duchesse Duchesse

Tableau 2. Les scribes rédacteurs des lettres Dénomination C. Morcel N. d’Einville D. Beget Nicolas J. Lud P. Maistrot J. Connain É. de Naives G. Durat Crestien Tiessart Michael / Michiel J. Dupuis Dupuis D. Nicolai / Nicolay Chasteauneuf Boudet D. Dupuis Gerlet Tallart A. Guiot H. Wydrenges R. de La Mothe F. Dupuis Geuffroy

Nom Thierry Morcel Nicolas d’Einville Didier Beget ? Jean Lud Parisot Maistrot Jean Connain Étienne de Naives Guillaume Durat Chrétien de Châtenois ? Michel de Courdemanche

Dates 1474 1474 1474 1475 1475-1496 1477-1485 1477 1477 1481-1498 1481-1505 1481-1482 1486-1488

Nombre de lettres 3 2 1 1 18 16 4 1 20 72 3 6

Jean Dupuis ? Didier Nicolas

1487 1490-1506 1490-1505

1 13 35

Jean de Chateauneuf Jean Boudet Didier Dupuis Jean Gerlet Didier Tallart Alexandre Guyot / Guiot Humbert de Widranges Robert de La Mothe François Dupuis Geoffroy Guiot

1491-1499 1491-1504 1492-1499 1494 1496 1498-1509 1499-1504 1505-1509 1506-1508 1506-1509

2 31 4 1 1 47 9 4 11 4

63

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Tableau 2 bis. Les scribes enregistreurs Dénomination A. de Hongarde Hymbert / H. de Widrenges Chasteauneuf Alexandre Geuffroy Tallard / D. Tallart Du Margat J. de SaintHulier

Nom Antoine de Hongarde Humbert de Widranges

Dates 1476-1478 1496-1503

Nombre de lettres 16 3

Jean de Chateauneuf Alexandre Guiot Geoffroy Guiot Didier Tallart

1503-1507 1504-1507 1504-1507 1504-1507

6 3 9 6

François du Margat Jacques de Saint-Hilier

1507-1508 1508

6 1

Tableau 3. Liste des intercesseurs Les mentions entre crochets [ ] sont des précisions apportées par les éditeurs. N° de Date Intercesseur lettre 2 1474 Évêque de Metz [Georges de Bade] 9

1474

23 57

1477 1485

76

1488

88

1489

98

1490

119

1491

Cas

Particularités

Offense au duc Coupable originaire de Moyen, possession des évêques de Metz Seigneur de Darnieulles Vol Coupable marié à Dar[Didier de Darnieulles] nieulles Duchesse Homicide Joyeux avènement Seigneur de SaintHomicide Les coupables sont ses Amand, conseiller du sujets duc [Guillaume du Châtelet] Duchesse Fausse monnaie Cardinal d’Angers [ Jean Homicide Meurtre d’un prêtre de La Balue] Abbé de Saint-Epvre de Homicide Le coupable et les vicToul times habitent Allain[Guillaume Gaulthier ] aux-Bœufs et Blénod-lès-Toul Ambassadeurs du roi de Homicide Coupable noble France

64

Introduction

143 / 1493 Duc de Calabre II 146 1494 Duchesse et duc de Calabre 152 1494 Charles, duc de Gueldre et autres grands personnages 159 1495 Abbé de Beaupré [Christophe d’Etain] 162 1495 Abbé de Murbach [Gautier de Wilsperg] 177 1496 Duchesse 178 1496 Duchesse et plusieurs femmes enceintes 191

1497

212

1501

237

1501

238

1502

240

1502

Tentative de meurtre Homicide Homicide Homicide Homicide Homicide Homicide

Le coupable est Thierry de Lenoncourt, conseiller du duc Première entrée de la duchesse à Beaupré Le coupable est sujet de l’abbé

La supplique émane d’une sage-femme de Pont-à-Mousson, épouse du coupable Gouvernante de Mou- Homicide Le coupable et la viczon [Madeleine de time habitent la prévôté Castres, épouse de Grade Vienne-le-Château, tien d’Aguerre, gouveroù Gratien d’Aguerre neur de Mouzon] est seigneur Seigneur de Serres [Ber- Offense au duc Le coupable demeure à nardin de Lenoncourt, Serres capitaine de l’artillerie ducale] Duchesse Fausse monnaie Dame de Montaigu, Homicide Coupable originaire de cousine du duc [Claude Xirocourt de Vergy, épouse de Ferdinand de Neufchatel] Philibert, comte de Homicide Mariage du comte de Challant, le baron de Challant avec Louise Cheveron [François de d’Arberg-Valengin, fille Chevron ?] et plusieurs de Claude, seigneur de gentilshommes de Beaufremont. Le couSavoie pable et la victime habitent Certilleux et Landaville, villages voisins de Beaufremont

65

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

248

1502 Henri, comte de Salm, cousin du duc

Homicide

249

1502 Évêque de Verdun [Warry de Dammartin]

Homicide

255

1503 Seigneur de La Roche, Homicide fils du chancelier de Bourgogne [ Jean de Rochefort] 1504 Jean-Louis, comte de Homicide Nassau, et Bernard de Luxembourg [Bernard de Lutzelbourg, lieutenant du gouverneur du duché de Luxembourg] 1504 Gouverneur de Mouzon Homicide [Gratien d’Aguerre]

272

276

279

285 287

297

316

1504 Thomas de Pfaffenhofen, seigneur de Gironcourt, conseiller et maréchal de Lorraine 1505 Simon d’Haussonville, écuyer d’écurie, conseiller, seigneur d’Ozerailles 1505 Cardinal d’Amboise [Georges d’Amboise] et autres ambassadeurs de France 1506 Jeanne d’Harcourt, veuve de Jaquot, seigneur de Savigny et de Lure 1509 Duc de Calabre [encore cité comme tel]

Homicide

Vols

Le coupable habite la seigneurie de Viviers où Henri de Salm est seigneur Le coupable habite Dugny-s-Meuse, village proche de Verdun

Le coupable est de retour de noces au pays de Luxembourg

Les coupables demeurent près de Vienne-le-Château, où Gratien d’Aguerre est seigneur Les coupables habitent Gironcourt Le coupable habite Ozerailles

Offense au duc Habitants de Saint-Hippolyte Vol

Le coupable habite la seigneurie de Lure (Saint-Dié)

Homicide

Sept sujets de Fains sont coupables

66

Introduction

Tableau 4. Liste des personnalités présentes lors de la décision de rémission Les mentions entre crochets [ ] sont des précisions apportées par les éditeurs. Les identifications des personnages proviennent de E. Delcambre, ouvr. cité, et des recherches de l’équipe. Nom / Fonction

20 présences et plus Sénéchal de Lorraine Évêque de Verdun Bailli de Nancy Prévôt de Saint-Georges de Nancy Président de la Chambre des comptes de Lorraine Gens de la Chambre des comptes de Bar Bailli de Vosge Bailli de Saint-Mihiel Procureur général de Lorraine Abbé de Gorze Jean de Bron, seigneur de Pierrefort [maître d’hôtel] Président de la Chambre des comptes de Bar Évêque de Toul Jean de Baude, seigneur de Thezey [écuyer d’écurie] Bailli de Bar 10 à 19 présences Capitaine de la garde Bailli de Vaudémont Seigneur de Valengin [Claude d’Arberg, seigneur de Beaufremont, sénéchal de Lorraine, chambellan] Seigneur de Koeur [ Jean d’Anneville, gouverneur de Ligny, chambellan du duc] Procureur général Élu de Toul [ Jean de Lamballe, protonotaire] Seigneur de Dommartin [Évrard, plus tard bailli de Vosge] Seigneur de Gironcourt [Henri, écuyer tranchant, capitaine et prévôt de Châtenois, ou Thomas de Pfaffenhofen] Receveur général Procureur général de Bar

67

Dates

Nombre de présences

1474-1505 1483-1507 1474-1509 1494-1505 1493-1507 1492-1508 1474-1508 1482-1508 1482-1505 1491-1500 1483-1503 1492-1508 1506-1509 1484-1508 1477-1506

71 56 52 27 26 26 24 23 23 23 22 21 21 21 20

1474-1502 1474-1508 1492-1507

18 17 16

1500-1508

15

1474-1499 1477-1490 1488-1503 1491-1508

13 13 13 13

1484-1500 1488-1504

12 12

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Seigneur de Pretot, d’Orglandes [ Jean de Saint-Amadour, maître des requêtes, échanson, chambellan, capitaine d’Harcourt, gouverneur d’Aumale] Hardouin de la Jaille [chambellan] Sénéchal de Bar Président de la Chambre des comptes Gens de la Chambre des comptes Jean, bâtard de Calabre [fils du duc Jean II] Seigneur de Barbay [Henri, échanson] 5 à 9 présences Seigneur d’Ubexy [Henri de Haraucourt] Bailli de Joinville Michel d’Arbide [écuyer d’écurie] Seigneur de Beauvau [Pierre] Bailli de Clermont Bailli de Bassigny Maréchal de Lorraine Maître Jacques Meniant [conseiller, maître des requêtes, lieutenant du bailli de Saint-Mihiel, procureur général de Lorraine] Receveur général de Bar 2 à 4 présences Lieutenant du bailli de Saint-Mihiel Général des finances Gérard d’Avillers [grand écuyer d’écurie] Lieutenant du bailli de Nancy Lieutenant du bailli de Bar Receveur général de Lorraine Grand archidiacre de Toul [ Jean Briel, conseiller] Seigneur de Dombasle [Ferry de Savigny, échanson] Bailli d’Allemagne Maréchal de Bar Seigneur de Cipierre [Raymond d’Agoult] Comte de Salm [ Jean] Lieutenant du bailli de Bassigny Seigneur de Noviant-aux-Prés [ Jean d’Anneville ou Pierre de Beauvau] Seigneur de Gerbéviller [Olry Wisse, chambellan] Capitaine de l’artillerie

68

1492-1506

11

1477-1487 1481-1509 1487-1498 1488-1499 1489-1504 1499-1508

10 10 10 10 10 10

1499-1506 1484-1506 1499-1506 1500-1508 1488-1503 1490-1507 1474-1482 1477-1485

7 7 7 7 6 6 5 5

1489-1500

5

1478-1502 1481-1506 1484-1494 1488-1490 1489-1506 1491-1495 1494-1500 1502-1508 1474-1499 1484-1489 1487-1499 1488-1494 1492-1502 1495-1498

4 4 4 4 4 4 4 4 3 3 3 3 3 4

1506-1507 1474-1477

3 2

Introduction

Protonotaire de Blâmont [Olry de Blâmont, plus tard évêque de Toul] Maître Nicole Paillart [confesseur] Maître Jean de Charnières [aumônier de la duchesse] Balthazar d’Haussonville [maître d’hôtel] Seigneur d’Haroué [Henri de Lenoncourt, conseiller] Thomas de Pfaffenhofen [chambellan, plus tard sénéchal de Lorraine] Jean de Baschy [grand veneur] Jean, bâtard de Vaudémont, [oncle de René II, fils du comte Antoine de Vaudémont] Henri de Ligniville [chambellan] François de Raze [maître des requêtes] Capitaine de Bar Seigneur de Montaigu [Ferdinand de Neufchâtel] Bailli de l’évêque de Metz [Warry de Lutzelbourg, seigneur de Fléville] Maître d’hôtel Jean de Guermanges [chevalier] Abbé de Saint-Epvre de Toul [Guillaume Gaulthier] Didier Dupuis [secrétaire] Seigneur de Chauvency [ Jean d’Harcourt, chambellan] Seigneur de Remicourt [Pierre Pellegrin de Thélod, valet de chambre] Hardy Tillon [maître d’hôtel] Lieutenant du bailli de Clermont Archidiacre de Marsal [Arnould Vivien, conseiller] Seigneur de Challant [Philibert, comte de Challant] Seigneur de Gondrecourt [Louis de Lenoncourt, chambellan] Bâtard d’Anjou [ Jean, fils de René Ier] Seigneur de Bourlémont [Nicolas d’Anglure] Seigneur d’Ubexy [Gérard de Haraucourt, chambellan] Antoine du Châtelet [seigneur de Sorcy] Trésorier général des finances 1 présence Sénéchal Vautrin Wisse [de Gerbéviller, chevalier] Vice-chancelier [Louis Merlin] Maître Nicole Merlin [conseiller, plus tard président de la chambre des comptes de Bar]

69

1477-1484

2

1481 1481 1481-1493 1482-1484 1482-1484

2 2 2 2 2

1484-1508 1484-1500

2 2

1484-1494 1491 1491-1499 1492-1502 1492-1503

2 2 2 2 2

1493-1496 1493-1494 1496-1504 1496-1499 1501-1504 1501-1502

2 2 2 2 2 2

1501-1506 1502-1506 1503-1506 1504-1507 1506-1508 1506-1508 1506-1507 1508 1509 1509

2 2 2 2 2 2 2 2 2 2

1474 1474 1477 1477

1 1 1 1

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Wautrin de Nettancourt [maître d’hôtel] Jean d’Einvaux [secrétaire] Seigneur de Fontiaigue (?) [Philibert de L’Aigue, seigneur d’Oraison, chambellan, plus tard sénéchal de Bar ?] Seigneur de Cotignac [Baptiste de Pontevès, sénéchal de Lorraine] Pierre de Bron [maître d’hôtel] Bailli de Vitry [Claude de Lenoncourt, seigneur d’Haroué] Aumônier du duc Maître Jean Bovet [ Jean Bouvet ou Bonnet, conseiller, médecin du duc] Seigneur d’Apremont [Emich de Linange ?] Comte de Linange [Philippe, maréchal de Lorraine] Seigneur de Frenelle [Philippe, bailli de Saint-Mihiel ?] Seigneur de « Nauzeroy » [Philippe ou Antoine de Norroy ?] Duchesse Comte de Sarrebrück [ Jean-Louis de Nassau] Sénéchal de La Mothe Maître des requêtes Seigneur de Tonnoy [Ferry de Savigny ?] Seigneur de Clémery [Antoine Warin, receveur général ?] Seigneur de Villette [ Jean d’ Anneville ?] Jean de Vaudémont (?) Pierre du Fay [seigneur de Bazoilles, grand gruyer] Procureur de Vosge Gens de la Chambre des comptes de Lorraine Chambre aux deniers Clerc-juré de Briey Clerc-juré de Saint-Mihiel Clerc-juré de Foug Seigneur de Pont-Saint-Vincent [ Jeannot de Bidos, panetier] Jean Lud [conseiller et secrétaire] Jean de Chemignon [conseiller] Thierry de La Mothe [conseiller] Maître Jean Bourgeois [contrôleur de la seigneurie de Joinville ?] Jean Robin [lieutenant en lois ?]

70

1478 1481 1481

1 1 1

1482

1

1483 1484

1 1

1484 1484

1 1

1487 1488 1488 1488

1 1 1 1

1491 1491 1492 1492 1492 1492 1492 1493 1493 1494 1496 1496 1496 1496 1496 1496

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1496 1496 1496 1497

1 1 1 1

1497

1

Introduction

Président des Grands Jours de Saint-Mihiel Jean de La Tour [seigneur de Chaumont-s-Aire] Avocat Jean de Luestre [aumônier de la duchesse] Doyen de Vic-sur-Seille [ Jean Parisot ?] Bailli d’Épinal Doyen de Saint-Maxe de Bar [Thierry Herault ?] Seigneur de Vassincourt [ Jacques de Maria, valet de chambre] Princier de Metz [ Jean Briel] Président de la Chambre des comptes de Joinville Gens de la Chambre des comptes de Joinville Maître Louis Merlin [général des finances, président de la chambre des comptes de Bar] Protonotaire de Savigny [Warry de Savigny, conseiller] Seigneur du Val [Guillaume, vicomte d’Elbeuf ] Seigneur de Stainville [Philippe] Seigneur de Ville [Antoine ou Jean] Maître Alexandre Guiot [secrétaire de la duchesse] Maître François Dupuis [secrétaire de la duchesse] Maître Thierry de Châtenois [secrétaire de la duchesse]

71

1497 1499 1499 1499 1499 1500 1501 1502

1 1 1 1 1 1 1 1

1504 1506 1506 1506

1 1 1 1

1506 1506 1506 1508 1509 1509 1509

1 1 1 1 1 1 1

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

1. Lieux d’octroi des lettres de rémission (1473-1509)

Stenay

M

os

ell

e

e us

Me

Etain VERDUN METZ

Sainte-Ruffine Gorze

Pont-à-Mousson Saint Mihiel

Louppy-le-château

Sorcy

rre

Custines NANCY

Gondreville Ligny-en-Barrois

Sa

Dieulouard BAR-LE-DUC

Saint-Nicolas-de-Port

Toul

Lunéville Beaupré

Rosières-aux-Salines Gondrecourt-le-Château

M

eu

rth

e

M os ell

Neufchâteau

e

La Mothe

Rambervillers

Mirecourt EPINAL

Autres lieux : Reims Paris Etampes Montargis

Remiremont

1 2

3 4 14 16 20

72

25

94

Echelle : 0

5 km

Introduction

2. Lieux des homicides

Longwy

M

os

ell

e

Me e us Verdun

Etain

Briey Metz

Villers sous Preny Pont-à-Mousson Château-Salins

Sa rre

Bar-le-Duc Toul

Nancy Lunéville

Cousancesaux-Forges

M

eu

rth

e

M os

Fraisnes

Rambervillers

ell e

Neufchâteau

Epinal

Autres lieux :

Morizécourt

Remiremont

Arras Reims Paris

Nbre d'homicides :

8 5 3

Echelle : 0

5 km

2 1

73

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

3. Lieux des vols et autres délits

Martelange

Stenay Mo

se

lle

Arrancy-sur-Crusnes M

eu

se

VERDUN

METZ

Pont-à-Mousson

Sa

BAR-LE-DUC

rre

Vic-sur-Seille NANCY

Saint-Nicolas-de-Port

Toul

Me

ur

th

e

Joinville M

Neufchâteau

os ell e

Saint Diédes-Vosges

Mirecourt EPINAL

Saint Hippolyte

Lamarche

- Nbre de vols : 1 2

- Nbre de vols : 1 2

- Nbre d’autres délits : 1 3 7

- Nbre d’autres délits : 1 3

Echelle : 0

7

74

5 km

CORPUS DES LETTRES

Note sur l’édition des documents L’établissement du texte Nous avons suivi dans l’ensemble les Conseils pour l’édition des textes médiévaux de l’École Nationale des Chartes (fasc.  1, Conseils généraux, coord. O. Guyotjeannin et F. Vielliard, Paris, 2001) tout en respectant les graphies utilisées systématiquement par les scribes. Les blancs dans le manuscrit sont transcrits par trois tirets --- et les mots non lus par deux tirets --, les lettres restituées sont entre crochets [ ] et celles qui sont supprimées entre parenthèses ( ). Pour rendre le texte intelligible la cédille est rétablie sous le « c », le « i » consonne est transcrit par « j » et le « u » consonne par « v » selon l’usage du français moderne. Les abréviations sont également résolues selon les graphies attestées dans le texte. Dans le même esprit, les agglutinations et les fausses-coupes sont réduites selon l’usage moderne. Les expressions composées avec « dit » et ses dérivés, presque toujours abrégées, sont transcrites en un mot lorsqu’elles sont perçues comme une unité par le lecteur moderne, « lesdits » par ex., et en deux mots dans les autres cas, « dessus dits » ou « devant dites » par ex. Les graphies des manuscrits en ce qui concerne des expressions qui sont toujours en un mot, avec très souvent une partie abrégée, comme des composés avec l’adverbe très : « trescher », « treshumblement » etc., ou « sicomme », ou en deux ou plusieurs mots, « d’ores en avant » ou « touz jourz » par ex. ont cependant été respectées. Pour faciliter la lecture, « qui » = qu’il est transcrit par « qu’i » (ex. : 119, l.3 «  avoit lors ordonné a ung sien paige nommé Arnoul qu’i s’en tirast devant et qu’i l’atendist au bateau de la riviere », voir aussi 58, l.16 ; 80, l.6 ; 90, l.5 ;118, l.8 etc.). Selon les normes en usage dans la transcription des textes d’ancien français, l’accent grave et l’accent circonflexe ne sont pas utilisés. L’accent aigu est utilisé uniquement en finale pour distinguer le « e » tonique du « e » atone, donc 77

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

dans les mots se terminant en « e » ou « es », mots d’une ou plusieurs syllabes, ex. : « aide » et « aidé », « ne » et « né », « abbés ». Dans les monosyllabes en « es », il est utilisé pour distinguer les mots pleins des mots grammaticaux qui, eux, ne sont pas accentués (ex. : 99, l.4 «  pour aucun debat qu’ilz eurent aprés qu’ilz eurent joué aux dés »). Cependant, comme dans la plupart des textes de cette époque, le « z » est très souvent employé à la place du « s » et les finales en « ez » sont donc tantôt atones comme dans des féminins pluriel, « viez », « impartiez », ou des formes conjuguées « tu me frappez », « tu me vueillez » ou « vous estez » par ex., tantôt toniques comme dans les participes passés ex. « ont estéz confisquéz » etc, nous avons donc accentué tous les « e » toniques dans ces cas, « arrestéz » par ex., ou « préz » = « prés » et « prez » = « près » en français moderne. Le tréma est utilisé pour marquer la diérèse, ex. « païs » ou « joïr ». La ponctuation et les majuscules sont introduites suivant l’usage moderne. La langue La langue des lettres est du moyen français et ne présente que très peu de traits régionaux. Quelques traits morphologiques sont très sporadiques : par ex. des infinitifs de verbes du premier groupe en « ez » : « allez » en 133 et 197, « retournez » en 197, 282, 283 et 297…, « trouviez » en 63. Il se rencontre également des changements de conjugaison : vingt et un « frap(p)i(s)t contre cent huit « frap(p)a(st) », quelques formes : « trouvi(s)t », absenti(s)t », « desrobit » etc. Á l’inverse nous rencontrons une forme « s’enfouya », une « s’enfuyerent », deux « departerent » contre dix-neuf « dep(p)artirent », un « desmentu » et un « consentu », toutes ces formes étant marginales dans l’ensemble du texte. Des formes régionales apparaissent : deux « cheu », un « cheuz » et un « chieus » pour « chez », « crouee » pour « corvée », trois « crevechiefs » et un « crevechiez » pour « couvre chef », un « queullerectes » pour « cuillerette », deux « feune » pour « foine », un « fleute » pour « flote », deux « faillon » pour « fillon », un « sallier » et un « seillier » pour « cillier », un « saulcerotes », et des graphies en « w » pour « vide » et le verbe « vider » par ex. Quelques formes ont un sens régional : « crouee » : champ cultivé par les corvéables, « doyen » a quatre fois le sens de « lieutenant du maire », « embanie » : terre sujette à la vaine pâture mise en défens périodiquement, « usuaire » : place, cour près d’une maison servant au dépôt du bois, du fumier, des charrettes. Quelques mots sont régionaux : « banward » : garde champêtre, « bures » : feu de joie, « marander » : goûter, prendre une collation, « weze (weise) » : motte de terre. Voir le glossaire pour tous ces mots. 78

Lettres de rémission

1 1473, 14 septembre - Neufchâteau. Rémission accordée au Petit Robert de Châtenois, ancien homme d’armes dans les compagnies d’ordonnance de Charles de France, duc de Guyenne, coupable du meurtre de sa femme adultère. Copie, ADMM, B 1, f° 21v°-22r°-v°.

René, duc de Lorraine etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplicacion de nostre bien amé le Petit Robert de Chastenoy avons receu, contant en effect que, depuis VIII ans ença ou environ, il a servy pour homme d’armes ez ordonnances de feu monseigneur de Guiannes, pendant lequel temps, mesmement au retour qu’il fist en son hostel peut avoir environ quatre ans, fut adverty au vray que sa femme Biatrix Baudenet s’estoit mal gouvernee et avoit eu compaignie charnelle avecque autre que lui en se conduisant au seurplus tresmal, et jasoit qu’il en feust tresdesplaisant, touteffoys il luy remonstra doulcement les grans deshonneurs, maulx et dommaiges qu’el luy avoit faicte, ly priant qu’elle se abstenist de plus se meffaire de son corps, car si aul[t]rement faisoit, il ne seroit pas contant ; et luy promit sadite femme de se bien et honnestement gouverner en l’advenir. Estoit advenu que, ung peu aprés, ledit suppliant s’estoit retourné desdites ordonnances et y avoit demouré par certains temps, cuidant que sadite femme se deust bien porter ainsi que promis luy avoit. Mais a son retour qu’il fit, il fut adverty au vray que de rien ne s’estoit amandee ; desirant neantmoins la reduire a vie honneste et affin d’estre gardee, l’avoit envoyé en l’ostel son pere au lieu d’Espinal et s’en estoit retourné a la IIIe foys esdites ordonnances ainsi que tenu estoit. Et incon79

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

tinant ou peu aprés qu’il fut partiz, elle, qui desiroit continuer en sa mauvaise detestable vie, s’en retourna audit Chastenoy en son hostel et s’i porta par facczon que, au retour que ledit suppliant fist, la trouva acouchee d’un enfant, de quoy fut bien marry et tresmal contant et, par suggeccion de l’einnemy, remply de courous comme celui qui plus ne povoit souffrir ne porter paciemment telles injures et diffamacion de son mesnaige et estat, aprés ce qu’elle fut relevee, l’en mena jusques a Saint-Claude1 et a son retour, environ trois leues andeça, la fist morir. Pour lequel cas furent tous ses biens par les officiers de nostredit duchié saisiz et empeschéz ; pourquoy, lui doubtant /22/ rigueur de justice, c’estoit absenté d’icellui et ne s’i ousoit tenir seurement si sur ce nostre grace et misericorde ne lui estoit impartie, de laquelle il nous a treshumblement supplié. Savoir faisons que nous, ayans regart a son humble supplicacion et autres consideracions que raisonnablement nous ont peu mouvoir, mesmement voulant a l’example de nostre seigneur Jhesuscrist preferrer misericorde a rigueur de justice, avons audit Robert, suppliant, ledit delit et crime et murtre et autres quelconque qui pour(ra) cause et occasion du cas dessus dit il a commis et pouroit estre dit avoir encouru envers nous et justice, avecques la pene corporelle a laquelle il a bien par adventure ou pouroit estre comdampné tant de droit que de coustume civile, aboly, quicté, remis et pardonné et par ces presentes abolissons, quictons et remectons et pardonnons benignement et de grace especiale, satiffacion faite a partie qui y pretent interest a icelle poursuire civilement tant seulement, en restituant icelluy Robert en ses habitacions et biens quelconques, honneurs et bonne renommee. Si donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz seneschal, mareschal, bailliz, prevosts, justiciers, officiers, hommes et subgetz et a tous autres presens et avenir a qui il pourra appartenir que audit Robert, pour cause du cas dessus dit, il ne fassent, metent ou donnent ne seuffrent estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun empeschement, destourbier, moleste ou injure en quelque maniere que se soit, directement, indirectement ; ains si aucuns biens a lui appartenant estoient pour ce detenuz ou mis en arest de par nous, voulons que tantost et sans delayt, incontinant veuez ces presentes, lui soient mis a plaine delivrance, en imposant sur ce silance perpetuelle a nostre procureur et tous autres noz officiers a qui pourroit appartenir, car ainsi nous plaist et audit suppliant l’avons octroyé de grace especialle. En tesmoing de ce, nous avons a ces(te) dites presentes, signees de nostre main, /22v°/ fait app(r)andre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville du Neufzchastel, le XIIIIe jour de septembre mil IIIIc LXXIII.

1

Il est peu probable qu’il s’agisse de Saint-Claude en Franche-Comté. Il existe un lieu-dit SaintClaude sur le territoire de la commune de Châtel-sur-Moselle, proche d’Épinal, localité citée dans la lettre.

80

Corpus des lettres

2 1474 (n. s.), février - Nancy. Rémission accordée à Antoine, fils de Jean Parenet de Moyen, jeune compagnon charpentier à Amance, emprisonné audit lieu, coupable d’avoir dépendu et enseveli, avec l’aide de complices, les membres exposés du meurtrier de l’ancien prévôt (cf. n° 7). Copie, ADMM, B 1, f° 68r°-v°.

René, duc de Lorraine, marchis, conte de Vaudemont et de Harecourt etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront et oeront, salut. L’umble supplication des parens et amis charnelz d’un nommé Anthoine, filz de Jehan Parenet de Moien, contenant en effect que ledit Anthoine puis certain temps estoit allé demouré au lieu de nostre ville d’Amance pour illecques besoingner et ouvrer du mestier de charpenterie, durant lequel temps et nagueres fust excecuté et demembré ung malfacteur de nostredite ville d’Amance et aucuns ses membres mis et attachéz a la justice sur les quaitre haulx chemins alentour dudit Amance, a raison du murtre par icellui malfaicteur commis et perpetré en la parsonne de feu nostre prevost d’Amance. Or advint que ledit Anthoine, par la suggestion d’aucuns, a esté incité et suborné et de fait s’est efforcé de, avec autres ses alliéz et complices, escheller ladite justice et d’avoir deppendu lesdits membres et iceulx ensevelyz en commectant grant offence envers nous et justice. Lesquelles choses venues a la cognoissance de nostre prevost d’Amance present dit, icellui Anthoine fait apprehender et constituer prisonnier en noz prisons dudit Amance ou il est encore de present, suppliant treshumblement pour Dieu et pitié que sur ce il nous plaise lui impartir nostre grace. Savoir faisons que nous, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, consideré que ledit Anthoine est jeusne compaignon et ne fust jamais convaincu ne actaint d’aucun villain blasme ou reproche, et mesmement en faveur et pour honneur de nostre trescher et tresamé cousin l’evesque de Metz qui nous en a prié et escript, audit Anthoine pour ces causes avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons le fait et cas davantdit, ensemble toute peine, amende et offence corporelle, criminelle et civille em quoy il pourroit estre encourru envers nous et justice, imposans silence a nostre procureur present et advenir. Si donnons en mandement a tous noz seneschal, mareschal, bailliz, procureurs, receveurs, /68v°/ prevostz et autres noz justiciers, officiers et a chascun d’eulx que de ceste presente remission et pardon facent, souffrent et laissent ledit Anthoine joyr et user plainement et paisiblement sans lui faire, mectre ou donner ne souffrir estre mis, fait ou donné en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement ores ne pour l’avenir ; ainçois son corps detenu comme dit est mectent ou facent mettre a plaine delivrance, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons signees ces presentes de nostre main et a icelles fait appendre nostre seel. Donné 81

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

en nostre ville de Nancy, ou mois de fevrier mil IIIIc LXXIII. Par monseigneur le duc etc. Vous le bailliz de Vaudemont, Wautrin Wisse, le cappitaine de l’artillerie, le procureur general et autres presens. Morcel, secretaire.

3 1474 (n. s.), 5 mars - Nancy. Rémission accordée à des habitants de Rosières-aux-Salines, coupables d’avoir repris les clés de la ville à Collignon Melliant qui en avait la garde. Les habitants, condamnés à une lourde amende, sont acquittés en regard de leurs bons services, moyennant cent vingt écus à verser à l’argentier du duc. Copie, ADMM, B 1, f° 86 v°-87.

René, etc., a tous etc. Comme depuis nostre joieux avenement en cestui nostre duché, aucuns noz subgetz de la feaulté de nostre ville de Rosieres eussent prins et osté de leurs voluntéz des mains de nostre treschier et bien améz Collignon Melliant, demourant audit Rosieres, les clefz des portes d’icelle nostre ville, qui par commission de feu de bonne memoire noz treschiers oncle et cousin Jehan et Nicolas, ducz de Calabre et de Lorraine, noz predecesseurs, que Dieu absoille, les avoit en garde ensemble le gouvernement et administration touchant le guect et garde tant de jour comme de nuyt de nostredite ville, et pour ceste cause les dessus dits en soient esté en procés par davant nous ou les gens de nostre conseil, et finablement iceulx de feaulté aient esté comdampnéz de l’outrage qu’ilz avoient commis en faisant ce que dit est et encouru en grande peinne et amende envers nous, a l’occasion de quoy nostre procureur les ait mis en cause. Savoir faisons que nous, voulans plustost user envers nosdits subgetz de grace que de rigueur, et lesdits de feaulté et communalté de nostre ville qui ont commis ledit oultrage emsemble ceulx qui les ont advoué tracter comme bons subgetz, considerans que telz ilz ont tous jours esté et que par le passé ilz ont fort soubvenu et secourru aux affaires de nosdits predecesseurs, esperans que encores feront pour l’avenir envers nous, aus dessus dits a leur humble supplication et requeste, eulx soubmectans a nostre misericorde, pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans, leur avons aboly, quicté et pardonné, quictons, abolissons et pardonnons de grace especial par ces presentes tout le cas dessus dit, les remectant en leur premier estat comme sy le cas ne fust jamais advenu, au moyen de six vingt escus qu’ilz nous ont baillé contens et par nostre ordonnance delivréz en la main de nostre argentier pour convertir en noz menuz plaisirs, sans ce que ores ne pour l’avenir on les puisse quereller ne leur demander aucune chose pour raison et occasion de ce que dit est, imposans silence perpetuelle sur ce a nostredit procureur. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz seneschal, mareschal, bailly, procureur, receveur, prevostz, mayeurs et autres noz justiciers, officiers 82

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et a chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de ceste presente nostre quictance et pardon ilz facent, seuffrent et laissent joïr et user les dessus dits plainement et paisiblement. Toutesvoies nous entendons que tous ceulx qui advouerent lesdits de fealté et communalté de nostredite ville de Rosieres, tant audit lieu que en ceste nostredite ville de Nancy, en presence des gens de nostre grant conseil, soient tenus de contribuer chascun endroit soy proporcionablement a ladite somme de six vingt escuz. Et ou cas qu’ilz seroient reffusans ou delayans de contribuer, nous voulons que realement et de fait par vous ilz soient /87/ contrains ad ce faire, dont vous donnons povoir et puissance par cesdites presentes, lesquelles en tesmoing de ce nous avons signé de nostre main et y fait appendre nostre grant seel. Donné en nostre ville de Nancy, le Ve jour de mars, l’an de grace mil IIIIc LXXIII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., vous les bailly de Nancy et de Vaudemont, avec plussieurs autres presens. T. Morcel.

4 1474 (n. s.), 15 mars - Nancy. Rémission accordée à Mathieu Vin Daussay et à son frère Colart dit le Roussel, barbier, tous deux demeurant à Serres, coupables d’homicide commis sur un homme appelé le Bourguignon, également de Serres, à la suite d’une dispute survenue vers le 1er octobre 1473. Copie, ADMM, B 1, f° 101v°-102.

René, etc. Savoir faisons a tous presens et avenir nous avoir receu l’unble supplicacion des parens et amis charnelz de Mathieu Vin Daussay et Colart, dit le Roussel, son frere, pouvres gens de mestier, chargéz de femme et enffans, demourans a Serre en nostre duché de Lorraine, contenant que, comme environ la Sainct Remy derrain passé et par ung dimenche aprés soupper, se meust en ladite ville ung debat et question entre ung appellé le Bourguignon, demourant audit lieu de Serres, et plussieurs autres de la ville, entre lesquelx estoit ledit Colart Rouceau, barbier, et oyant ledit Matheu la motion dudit debat, et pour doubte que sondit frere n’y feist quelque chose malfaicte ou que on ne luy feist, se tira audit lieu pour le emmener de la place et eviter icellui debat et, incontinant qu’il fut venu, ledit Bourguignon leva ung baston qu’il avoit, voulant frapper aucun, ledit Matheu, doubtant qu’il ne cheist sur luy, print ung baston qu’il avoit apporté pour battre sondit frere et, en debattant qu’ilz faisoient emsemble, an alla son cop ne scet sur qui et subitement ledit Bourguignon cheust a terre et ceulx qui estoient presens se departirent ; duquel cop icelluy Bourguignon fit plaintif de mal de mort desdits Matheu et Colas, freres, et d’un autre appellé Haltene, et dix ou douze jours aprés ladite basture ledit Bourguignon morust. Pour lequel cas, doub83

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

tans riguer de justice, se soient absentéz de noz seigneur[ie]s, esquelles n’osent reppaier ne demeurer si sur ce ne leur est nostre grace impartie, de laquelle nous aient fait treshumblement supplier. Pour ce est il que, consideré la maniere du cas ainsy advenu et que lesdits Matheu et Colart ont tous jours esté tenuz gens de bonne vie, fame, renommee et honneste conversation, sans oncques mais avoir esté approchéz ou convaincquu d’aucun villain blasme ou reproche, volans en ce cas misericorde estre preferee a rigueur de justice, nous, de nostre certaine science, grace especiale, autorité et plaine puissance dont nous usons en ceste partie, avons audit Matheu et Colart, freres, et chascun d’eulx le cas et offence dessus declaré quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons emsemble toutes amendes corporelle, criminelle et civille que pour ledit cas ilz et chascun d’eulx pouroient avoir mesprins envers nous et justice, et iceulx Matheu et Colas avons remis et restituéz, remettons et restituons a leurs bons fame et renommee, imposans sur ce a nostre procureur silence perpetuelle, satiffacion fecte a partie civilement tant seulement. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly de Nancy et a tous autres noz officiers, justiciers, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx si comme a luy appartendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy ilz facent, souffrent et laissent lesdits Matheu et Colard jouyr et user plainement et paisiblement, /102/ sans en ce leur donner aucun destourbier, arrest ou empeschement quelconque au contraire, ores ne pour l’avenir en maniere que ce soit, et sy pour le cas dessus dit leurs biens estoient aucunement saisiz, sy en levent nostre main en les laissant joïr d’iceulx paisiblement. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Nancy, le XVe jour de mars mil IIIIc LXXIII. René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal de Lorraine, bailliz de Nancy, d’Allemagne, de Vosges et de Vaudemont, presens. N. d’Ainville.

5 1474 (n. s.), 15 mars. Rémission accordée à Jean d’Einville-au-Jard, écuyer, accusé d’avoir mortellement blessé le maire Regnault de Rainville lors d’une dispute ayant trait à l’attitude à adopter face aux Italiens des compagnies de Charles le Téméraire retournant en Bourgogne et pillant la région. Copie, ADMM, B 1, f° 92v°-93.

René, etc., a tous, etc. salut. L’umble supplication de nostre amé et feal Jehan d’Einville, escuier, avons receue contenant comme nagueres, aprés ce que les Ytaliens qui longuement avoient sejourné en noz païs de par deça s’en retournerent derrainement en la compagnie et avec nostre treschier 84

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oncle le duc de Bourgogne, lui et autres eussent trouvé plussieurs d’eulx en menans des chevaulx et autres biens estans a aucuns pouvres hommes de nosdits païs, lesquelx ilz eussent rescouz de leurs mains, iceulx emmené en nostre ville d’Einville les butinier et en faire quelque proffit, soit advenu que, a l’occasion de certain debat meu a ceste cause entre lui et ung nommé le maire Regnault de Rainville, il ait a icellui maire Regnault donné ung cop de poing soubz le menton, et puis d’une petite fourchette le battu sur le bras sans le blecer aucunement sur son corps ne faire quelque plaie ne chose dont aucun dangier de mort se puist ensuir, et que depuis ledit maire eust pardonné audit d’Ainville ladite batture et eussent beu ensemble, /93/ neanmoins, pour autre malaidie que lui est survenue et de laquelle il estoit ja de pieça esté tenu, s’a icellui maire Regnault le lendemain couché au lit et le Ve ou VIe jour est allé de vie a trespas. Et pour ce que ladite mort s’a ensuye sy briefment aprés ladite batture, dont aucuns noz officiers pourroient le charger et tirer en cause que seroit a sa grant fole prejustice, deshonneur et dommage, nous a humblement supplié que sur ce nous veullions informer et luy pourveoir de remede convenable. Savoir faisons que, considerans la supplication dudit Jehan d’Ainville estre juste et consonante a raison, voulans pour ce mehuerement proceder en ce cas, avons en nostre presence fait veoir et lire deux peres de lettres et instrumens deuement passé soubz le seel de tabellion de nostre court de Luneville, attachees a ces presentes, par lesquelles nous a souffisamment apparu et appart ledit maire Regnault, ses freres, parens, amis prochains et autres n’avoir en aucune maniere chargé ledit Jehan d’Ainville de ladite mort, ains que pour autre maladie et infirmité naturelle qui aprés ladite batture lui estoit survenue, estoit trespassé de ce monde, ainsy que ses freres, femme, parens et amis et autres denomméz en bon nombre esdites lettres l’ont depposé et tesmoingné souffisamment, par quoy, sur ce bien et deuement informé, avons declaré et declarons par cesdites presentes icellui Jehan d’Ainville estre innocent, non culpable et deschargé, et lequel nous deschargons dudit cas. Sy donnons en mandement par ces mesmes a tous noz seneschal, bailliz, procureurs, prevotz, sergens et autres noz justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx presens et avenir si comme a lui appartendra, que ledit Jehan d’Ainville ilz aient et tiengnent pareillement deschargé et non culpable de la mort ensuye en la parsonne dudit feu maire Regnault, sans a ceste occasion le traveiller ne poursuire par voie de justice ordinaire ou extraordinaire ne aucunement, car ainsy le voulons et nous plaist estre fait, imposans quant ad ce silence perpetuelle. En signe de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, qui furent faictes et donnees le XVe jour de mars, l’an mil IIIIc LXXIII.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

6 1474, 28 mars - Nancy. Rémission accordée à Vautrin de Bayon, ancien receveur général de Lorraine, et à sa femme, tous deux emprisonnés à Nancy, accusés d’avoir commis diverses malversations avec un complice durant le temps où Vautrin était receveur. Copie, ADMM, B 1, f° 105r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. Savoir faisons nous avoir receu l’umble supplicacion de Waltrin de Bayon, jadis receveur general de Lorraine, et de Arrambour sa femme, contenant que, comme au vivant de feu de bonne memoire nostre treschier seigneur et cousin Nicolas, duc de Calabre et de Lorraine, que Dieu pardonne, ledit Waltrin eust excercé l’office de recepte generale de Lorraine pour certain temps, pendant lequel il ait obmis et recelé en ses receptes plussieurs sommes de deniers qu’il avoit receues et trop chargé plussieurs mises et despenses, sans verification d’icelles, ait aussy paié plussieurs sommes de deniers a aucuns, combien que les mandemens pourtoient que feu nostredit seigneur et cousin les avoit receues, d’avoir aussy receu plussieurs sommes de deniers en plussieurs et divers moyens de plussieurs parsonnes de nostredit duché, tant nobles que autres, et soit esté consentant et participant de plussieurs exactions, extorcions dont il porroit avoir grandement mesprins envers nous, noz subgectz et autres, et fait de plussieurs autres faultes, tant de plussieurs lectres appartenant a feu nostredit seigneur et cousin le duc Nicolas, prinses et robees par maistre Jaques des Sales et portees a Toul en l’ostel dudit Waltrin, furtivement et au sceu de ladite Arrambour sa femme, comme d’une cedulle de l’escuier Jehan de Malgiron contrefaicte et falcifiee, et laquelle ledit Waltrin a recognu avoir fait faire telle qu’elle estoit, et plussieurs autres charges criminelles par lesdits conjoinctz recognues. Pourquoy ces choses venues a nostre notice, les avons fait arrester et detenir prisonniers en nostre ville de Nancy en intencion les poursuir des cas dessus dits par rigueur de justice ordinaire, nous supplians treshumblement leur impartir nostre grace et misericorde. Pour ce est il que nous, considerans les manieres des cas dessus dits, aians regart et consideration ad ce que tous jours ilz ont esté bonnes gens de bons lignages, bien faméz et renomméz et de honnestes conversations, sans oncques mais avoir esté reprins ne convaicqus de nulz villains blasmes ou reproches fors que des dessus dits, voulans en ce cas misericorde estre preferee a rigueur de justice, nous, de nostre certaine science, grace, autorité et plaine puissance dont nous usons en ceste partie, avons audit Waltrin et Arrambour sa femme les cas et offences dessus declarees et tous autres cas quelxconques, quelx qu’ilz soient, que ilz pourroient avoir commis de tout leur temps jusques au jour et date de cestes soient terminé, avons remis et pardonnéz, quictons, remectons et pardonnons ensemble toutes amendes corporelles, criminelles et civile que 86

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ils pourroient avoir commis envers nous, noz subgetz et justice, iceulx avons /105v°/ remis et instituéz, remettons et restituons a leurs bons fames et renommees, emsemble joissance des previleges, libertéz et franchises qu’ilz avoient par avant la date de cestes, et a leurs biens non confisquéz, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur, satiffation fecte a partie civillement tant seulement. Sy donnons en mandemens par ces mesmes presentes a tous noz mareschal, seneschal, bailly de Nancy et a tous autres quelxconques noz justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartendra, que de nostre presente grace et pardon facent, seuffrent et laissent lesdits Waltrin et Arrambour sa femme joyr et user plainement et paisiblement, sans en ce leur donner ou souffrir leur estre donné aucun destourbier ou empeschement quelxconques au contraire, ores ne pour le temps avenir en maniere qui soient. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre ville de Nancy, le XXVIIIe jour de mars mil IIIIc LXXIIII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal et mareschal de Lorraine, bailli de Nancy et de Vosge, avec autres presens. N. d’Ainville.

7 1474 (n. s.), mars - Nancy. Rémission accordée à Gérard Andreu, demeurant à Amance, coupable d’avoir dépendu et enseveli, avec l’aide de complices, les membres exposés de son fils, meurtrier du prévôt de la localité (cf. n° 2). Copie, ADMM, B 1, f° 100v°-101.

René, etc., a tous presens et avenir. Receu avons l’umble supplication d’un pouvre homme, nostre subget, nommé Gerart Andreu, demourant en nostre ville d’Amance, contenant que comme puis nagueres, par ung cop de fortune ainsy que les piteuses aventures adviennent souventeffois, feu Didier le Fevre, son filz, eust commis et perpetré cas de meurtre en la parsonne de feu Othin, en son vivant prevost de nostredite ville d’Amance, au moien de quoy icelluy Didier a esté apprehendé et constitué prisonnier en noz prisons dudit Amance et finablement excecuté et demembré par sentence de justice, et ses membres mis, attachéz et pendus sur noz haulx chemins a l’entour dudit Amance. Voyant lequel pouvre suppliant icelle piteuse et horrible sentence et excecution de sondit filz, a trouvé maniere et tellement pratiqué avec aucuns qui se sont ingeréz et de fait ont deppendu lesdits membres et iceulx ensevelis au pourchas et instance dudit suppliant, en commectans envers nous et justice grant offence et amende. Pour occasion duquel cas noz officiers ont mis et apposé nostre main a ses biens et a ceulx de sondit filz, executé comme dit est, qui en son vivant demouroit avec ses femme et enffans en l’ostel dudit 87

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

suppliant son pere, comme avons confisquéz et acquis, suppliant treshumblement pour Dieu et en aulmosne que, ce consideré et que en autres cas il est homme de bonne vie, renommee et honneste conversation, sans jamais avoir esté reprins, actaint ne convaincquu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, nous lui veullions sur ce impartir nostre grace et misericorde. Pourquoy nous, attendues ces choses, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, mesmement consideré qu’il est pouvre viel homme et est fort chargé de norrir et gouverner sa femme et celle de sondit filz emsemble ses enffans par luy delaisséz, audit suppliant avons quicté, remis et pardonné et par la teneur des presentes, de nostre grace especiale, plainne puissance et auctorité, quictons, remectons et pardonnons et remettons en sa bonne fame et renommee au païs et a ses biens noz confisquéz, imposans sur ce silence perpetuelle a nostredit procureur presens et avenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz seneschal, mareschal, bailliz, prevostz et autres noz justiciers et officiers presens et advenir que de nostre presente grace, quictance, remission et pardon ilz facent ledit suppliant joïr et user plainement et paisiblement, sans luy faire mettre ou donner en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement ores ne pour le temps avenir en quelque maniere que ce soit, ainçois ses biens et ceulx de sondit filz, ainsy empeschéz comme dit est, mectent ou facent mectre a plaine delivrance en estant et levant nostredite main. Et affin que ce soit chose ferme et estable, nous avons signé cesdites presentes de nostre main et a icelles fait appendre nostre seel, saulfz en toutes autres choses nostre droit et l’autrui. /101/ Donné en nostre ville de Nancy, ou mois de mars, l’an de grace mil IIIIc LXXIII. Signé René. Par monseigneur le duc.

8 1474, 8 juillet - Neufchâteau. Rémission accordée à Jean Gérard, demeurant à Toul, qui, arrêté le 12 juin 1474 pour un vol commis à Neufchâteau, a avoué trois autres vols commis dans cette même ville et à Toul ; condamné à la pendaison, il s’est enfui de prison et a trouvé asile dans une église de Neufchâteau. Copie, ADMM, B 1, f° 150v°-151.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons l’umble supplication et requeste d’ung nommé Jehan Gerard, demourant a Toul, avons receue, contenant que dimanche, douziesme jour du moys de juing darrain passé, environ heure de mydy, luy estant ou Nuefchastel en la rue du marché dudit lieu, la ou estoint plussieurs gens assemblés, couppa d’ung coustel qu’il avoit, furtivement, une bource que Gerard Godart, tixerant dudit Nuefchastel, portoit pendant a sa saincture soubz son mantel, en laquelle avoit, comme il luy semble, environ 88

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troys ou quatre gros ; pour le quel cas fust prins et constitué prisonnier par les maire et justice de nostredite ville du Nuefchastel, lequel, et luy estant prisonnier, fut interogué et examiné sur ce par lesdits maire et justice et recognut avoir couppé ladite bource ; recognut en oultre le sabmedi precedant avoir couppé la bource d’ung homme de Courxey, en laquelle ne scet combien il povoit avoir obstant ce que, quant il l’eust couppee, se tira hastivement sur la riviere de Mouzon et wida l’argent qui estoit en ycelle bource et le mist en la sienne et puis getta ladite bource en ladite riviere, combien qu’on dist y avoir environ vingt sept gros ; contient en oultre que en Karesme darrain passé, luy estant a Toul et jour de marché en la place de Saint-Gegoul, couppa une bource en laquelle y avoit environ six blans, et depuis et audit lieu de Thoul et en partant que faisoit la femme Jaquot Boyleauve dudit Saint-Gegoul, couppa la bource d’ycelle femme secretement, en laquelle avoit, comme il dit, ung escu et ung florin d’or ; pour lesquelx cas et larrecins a esté condampné par riguer de justice a estre pendu et estranglé. Depuis laquelle condampnation, s’est eschappé des mains de la justice et s’est [rendu] fugitif en franchise de l’esglise ou il est encore de present, nous supplians treshumblement sur ce luy impartir nostre grace et luy quicter et pardonner et remettre les cas dessus dits. Savoir faisons que nous, ayans regart a son humble supplication et requeste, voulans preferer misericorde a riguer de justice, audit Jehan Gerard, pour ces causes et autres que ad ce nous meu, de nostre certaine science, grace especiale, auctorité et plaine puissance, de laquelle nous usons en ceste partye, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons par cesdites presentes les cas et larrecins dessus dits, ensemble toute peine, amende et offence corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encouru a cause desdits cas et larrecins dessus dits envers nous et justice, et l’avons remis et remectons en son bon fame et renommee, imposans sur ce a nostre procureur et autres silence perpetuelle, satiffation faicte aux parties civilement tant seulement. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz seneschal, mareschal, baillys, prevosts, hommes, vassaulx et subgetz et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de ceste nostre presente grace, pardon et remission facent, seuffrent et laissent ledit Jehan Gerard jouyr et user plainement /151/ et paisiblement sans luy faire, mettre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement ores ne pour l’advenir, ains si aucuns biens a luy appartenant estoient pour ce detenus ou mis en arrest de par nous, voulons que tantost et sans delay, incontinent ces presentes receues et veues, luy soi[e] nt mis a plaine delivrance en imposant silence perpetuelle a nostre procureur, comme dit est, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre ville du Nuefchastel, le VIIIe jour du moys de jullet, l’an de grace Nostre Seigneur mil IIIIc LXXIIII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc etc., les seneschal de Lorraine, bailly de Vosges, cappitaine de la garde et autres presens. D. Beget. 89

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

9 1474, août - Neufchâteau. Rémission accordée à Jean Doyen, demeurant à Darnieulles, coupable d’avoir volé deux « naixons » appartenant à son oncle, vivant à Mazeley, et de les avoir vendus à Ormes-et-Ville afin de s’acquitter d’une dette. Copie, ADMM, B 1, f° 169.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. Receu avons l’umble supplication qui de la part de Jehan Doyen, marié au lieu de Darneulles, nous a esté presentee, contenant en effect comme, deux ans et demy a ou environ, il estoit tenu a ung juif demourant en nostre ville de Dompaire en certaine somme d’argent, dont chascun jour il estoit fort travaillé et molesté parce qu’il ne povoit s’acquiter envers ledit juif ; advint ung jour qu’il, comme mal conseillé et de sa follie, s’en ala nuytamment en ung villaige nommé Mazilley et illecques entra en une maison et print deux naixons qui estoint et appartenoint a ung sien oncle, lesquelz il vendit au lieu d’Ormes et de l’argent du vendaige d’iceulx il contenta ledit juif. A l’occasion de quoy ledit Jehan Doyen s’est absenté de noz pays et seigneuries ou bonnement il n’oze retourner, doubtant rigueur de justice, nous suppliant treshumblement que nostre plaisir soit luy impartir nostre grace. Consideré le cas ainsi advenu, et que jamais il ne fut actaint ne convaincu d’aucun vilain blasme ou reprouche, ains tous jours s’est honnestement gouverné fors que oudit cas, audit Jehan Doyen pour ces causes, mesmement a la supplication et requeste dudit seigneur dudit Darneulles, avons quicté, remis et pardonné et par la teneur de ces presentes de nostre certeine science, auctorité et puissance absolue, quictons, remectons et pardonnons le cas devant dit ensemble toute la peine, coulpe et offence en quoy il pourroit estre encheu envers nous et justice, et l’avons restitué et restituons a son bon fame et renommee et a ses biens non confisqués, satiffacion faicte a partie si faicte n’est, et sur ce imposons silence perpetuel a nostre procureur present et avenir. Si donnons en mandement a tous noz seneschal, mareschal, baillis, prevosts et a tous autres noz officiers et justiciers presens et avenir et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de ceste nostre presente grace et remission et pardon ilz facent, seuffrent et layssent ledit Jehan Doyen joyr et user plainement et paisiblement. Et si ses biens ou aucuns d’iceulx estoient pour ceste raison saisiz ou autrement empeschés, nous voulons que les meptés ou faiches mettre a plaine delivrance et l’en laissiez joïr paisiblement et sans debat, car ainsi le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing de ce, nous avons signé ces presentes de nostre main et y fait appendre nostre grant seel. Donné en nostre chastel du Nuefchastel, ou moys d’aoust, l’an mil IIIIc LXXIIII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. T. Morcel.

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10 1475, 31 mars - Rambervillers. Rémission accordée à Demenge, fils de Jean Courvisier de Granges-surVologne, coupable d’avoir injurié une femme de la localité lors d’une dispute ; il fut condamné à se dédire et à payer une amende ; la présente lettre ordonne que sa réhabilitation soit proclamée par cri solennel. Copie, ADMM, B 1, f° 256v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion d’ung povre compaignon appellé Demenge, filz Jehan Courvisier de Granges en nostre prevosté de Broyeres, avons aujourd’ui receue contenant que, comme puis certain temps ença, lui estant jeusne et a marier, eust prins debat a une femme de ladite ville de Granges et pour certaines parolles injurieuses que par ce mouvement et sans y pencer ledit Demenge deist a ladite femme, soit esté condampné a le desdire et aussi fait l’amende a noz predecesseurs pour lors ; pour lequel cas il face doubte que en l’advenir on ne lui impropere et reproche ledit cas en jugement et dehors, si sur ce nostre grace ne lui estoit impartie, de laquelle il nous ait treshumblement supplié. De ce est il que, consideré la maniere dudit cas commis par ledit Demenge en son jeusne eaige et que jamais ne fut convaincu d’aucun autre blasme ne reproche, et mesmement que de present, comme avons entendu, se gouverne et mainctient doulcement avec sa femme et sez enffans, nous, de grace especiale, auctorité et plaine puissance, avons audit Demenge le desdit par lui fait aboly et par cez presentes l’avons rehabilité et rehabilitons, le remectant a son bon fame et renommee comme il estoit auparavant ledit cas advenu. Si donnons en mandement a nostre bailly de Vosge et a tous autres noz officiers, justiciers, hommes et subgetz presens et advenir et a chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de ceste nostre presente grace et rehabilitacion facent et seuffrent ledit Demenge joyr et user plainement et paisiblement sans contredict, en faisant faire commandement par cri sollempnel si mestier fait a toutes personnes indifferament et sur grosses pennes a applicquer a nous que d’ores en avant en jugement ne dehors en maniere quelconque on ne impropere ou reproche audit Demenge le cas dessus touchié, car de ce l’avons relevé et relevons par cesdites presentes et volons qu’ainsi se face. En tesmoing de ce, nous avons a cez presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné a Rambeviller, le dernier jour de mars mil IIIIc LXXV. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les baillys de Vosge et de Vaudemont. Nicolas.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

11 1475, 4 mai - Mirecourt. Rémission accordée à Jean Pipon, demeurant à Ville-sur-Illon, condamné au bannissement pour complicité du meurtre par noyade d’un Lombard qui commettait des vols dans les églises. Copie, ADMM, B 1, f° 275r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion de Jehan Pipon, de Ville en la prevosté de Dompaire, avons receue contenant que pieça Jacquemin le Tarillon, de Ville, ung nommé David et lui se meirent ensemble et prindrent conclusion de faire la fin et execucion d’ung Lombart qui faisoit lors de grans et enormes dommaiges, tant de rompre et violer esglises comme autrement, et fut par eulx troix en ce tellement procedé que ledit Jacquemin noyast ledit Lombart, dont pour cestui cas furent prins et apprehendés aux corps par nostre justice de Dompaire et par icelle examinéz, a laquelle justice ledit Jehan Pipon recognut avoir esté en la compaignie desdits Jacquemin et David. Par quoy furent par ladite justice tous troix condempnéz et jugés estre bannis certaine espace de temps hors de noz pays et seigneuries ausquelx n’oseroient retourner se sur ce ne leur estoit nostre grace impartie, de laquelle ledit Jehan Pipon nous humblement supplie. Savoir faisons que nous, inclinant a la supplicacion dudit Jehan Pipon, voulans misericorde estre preferee a rigueur de justice, esperans que en l’avenir il se gouvernera bien et honnestement et affin qu’il puisse nourrir ses femme et enfens, avons a icellui Jehan Pipon le cas aboly et pardonné et par ces presentes abolissons et pardonnons avec toute penne et emende corporelle, tant de banissement que autrement, a laquelle il pourroit par nostredite justice avoir esté condempné, et lui donnons congié et licence de retourner en son ostel pour /275v°/ demourer soubz nous comme il faisoit par avant, satisfaction faite a partie. Si donnons en mandement par ces presentes a tous noz justiciers, officiers, leur lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que ledit Jehan Pipon ilz facent, seuffrent et laissent joyr et user de ceste presente nostre grace, pardon et abolicion, sans que pour ceste cause ilz lui mesfacent en corps ne en sez biens en aucune maniere, et imposant quant ad ce silence perpetuelle a nostre procureur general, car ainsi le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Mirecourt, le quatriesme jour de may mil IIIIc LXXV. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud.

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12 1475, août. Rémission accordée à Jean Cochet, de Montblainville, qui vingt ans auparavant, alors qu’il était âgé de dix ans, a tué accidentellement un enfant au cours d’un jeu ; sa mère lui fit alors quitter le duché de Bar, dont il est resté éloigné depuis cet accident. Copie, ADMM, B 1, f° 301.

René, duc etc., gouverneur pour mon tresredouté seigneur et grant pere le roy de Siciles, etc., en son duché de Bar, a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Jehan Cochet, natif de Montblainville, prevosté de Varannes, avons receue contenant qu’il y a environ vingt ans, lui estant a maistre, eaigé de dix ans ou environ, il se trouva aux champs a la pasture, gardant les chevaulx de son maistre avec autres et, comme enfans s’esbatent, chascun d’eulx print ung dart de boix sans ferrement, et les gectoient a qui plus loing les ung contre les autres ; advint que, en gectant le dart dudit suppliant, il encontra le filz de Bertrand le Crapelot, eagié de sept ans, et lui donna le cop a la bouche tellement que mort s’en ensuyvit deux jours aprés. Aprés lequel cas advenu, la mere dudit suppliant, doubtant riguer de justice, fist absenter ledit suppliant dudit duché de Bar et oncques puis n’y osa retourner, comme encores ne feroit, se la grace de mondit seigneur et grant pere ou la nostre en son nom ne lui estoit sur ce estendue, de laquelle il nous a humblement supplié. Savoir faisons que nous, ayant regart au grant laps de temps depuis ledit cas advenu et a l’eaige d’enfance auquel estoit lors ledit suppliant, par quoy n’est vray semblable qu’il eust fait ledit cop de fait appensé, aussi qu’il s’est depuis tous jours gouverné honnestement sans estre reprins, actaint ne convaincu d’aucun villain cas, voulans pour ce et autres causes nous mouvans misericorde estre prefferee a rigueur de justice, nous, de certaine science, grace especiale, auctorité et plaine puissance dont nous usons en ceste partie pour et ou nom de mondit seigneur, avons audit Jehan Cochet, suppliant, le cas et offence dessus declairé quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons par ces presentes, ensemble toute amende corporelle, criminele et civile que pour ledit cas il pouroit avoir mesprins et encouru envers nous et justice, et l’avons restitué et remis, remectons et restituons a sa bonne fame et renommee, au pays et a sez biens non confisqués. Et sur ce imposons silence perpetuelle au procureur de mondit seigneur, satiffaction faicte a partie civilement tant seulement si faicte n’est. Si donnons en mandement par cesdites presentes, pour et ou nom de mondit seigneur, au bailly de Cleremont et a tous autres ses bailliz, prevostz, justiciers et officiers, leur lieuxtenans et a chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, pardon et remission facent, seuffrent et laissent ledit Jehan Cochet, suppliant, joyr et user plainement et paisiblement, sans lui faire, mettre ou donner ne soufrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun des93

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Rémission accordée par René II à un habitant de Montblainville en 1475 (ADMM B1, f °301, lettre 12)

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tourbier ou empeschement, ainçoys se son corps ou aucuns de ses biens estoient occupés et arrestés a la cause dicte, mettez les ou faictes mettre incontinent et sans delay a plaine delivrance, car ainsi nous plait et voulons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a cesdites presentes, que furent faictes ou moys d’aoust, l’an mil IIIIc LXXV. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud.

13 1476, 21 septembre - Camp de René II, devant Nancy. Rémission accordée aux habitants d’Essey-lès-Nancy, dont les seigneurs, Balthazar d’Haussonville, chevalier, et Simon des Armoises, écuyer, avaient adhéré au parti bourguignon pendant la guerre contre Charles le Téméraire et dont les biens avaient été confisqués. Copie, ADMM, B 1, f° 317v°.

René, etc., a tous etc., salut. Savoir faisons que pour la desobeissance que nous a esté et est faicte et demonstree par messire Baltasar de Hassonville, chevalier, et Symon dez Hermoises, escuier, seigneurs d’Assey emprés nostre ville de Nancey, lesquelx, adhereurs a noz ennemis, se sont enclos en nostredite ville, avons icelle ville d’Assey et tout le ban, ensemble les villes y appartenant, prins et par cez presentes prenons en noz mains comme a nous acquises et confisquees pour icelles d’ores en avant estre joinctes a nostre demaine, et a ceste cause les avons mis et receu en et soubz nostre especiale sauvegarde, tutelle et protection, avecques tous les habitans, leurs biens meubles et heritaiges a champ et a ville, voullans que iceulx habitans puissent d’ores en avant retourner en leurs hostelz et biens quelconques, y resider, lever et cuillir leur vendenges et autrement faire leurs labeurs, negoces et besoignes sans aucun empeschement. Si mandons par cez presentes a tous noz lieuxtenans, mareschal, baillis, capitaines, conductiers de gens d’armes et de traict, routtes et compaignies de noz armees tant a cheval comme de pied, justiciers, officiers, hommes et subgetz, que ilz facent, seuffrent et laissent d’ores en avant lesdits habitans d’Essey et de toutes les villes du ban habiter en leursdites maisons, lever leur vendenges et autres fruictz estans aux champs et autrement faire leurs besoignes ainsi que dit est, sans aucun destourbier, moleste ou empeschement, et sans plus loger ne fourraiger sur eulx, prendre de leurs biens ou les dommaiger en quelque façon que ce soit, saichans que, se aucuns sont trouvéz faisans du contraire, nous en ferons faire pugnicion tresgriefve a l’exemple d’autres. En signe de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre camp devant nostre ville de Nancy, le XXIe jour de septembre mil IIIIc LXXVI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde. 95

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

14 1477 (n. s.), 4 février - Neufchâteau. Rémission accordée à Mengin Baudot, boucher à Toul, coupable d’avoir fait assassiner sa femme adultère il y a un mois ; celle-ci avait déjà eu la même conduite cinq ou six ans auparavant. Copie, ADMM, B 1, f° 334v°-335.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Mengin Baudot, bouchier demourant a Toul, avons receue contenant que, environ dix ans peut avoir, il fut conjoinct par mariage avec Marguerite sa femme, avec laquelle il fut par certain temps, et se gouverna sadite femme assez honnestement avecques lui par ledit temps et jusques a ce que, environ cinq ou /335/ six ans peut avoir, sadite femme, de sa voulunté dampnable, se desparty de sa compaignie en commectant adultere et l’abandonna long temps et ala servir ung prebstre ; et depuis ledit suppliant, pensant que sadite femme se deust bien gouverner, lui pardonna son meffait, la reprint avec lui et se y tint par aucun peu de temps ; et neantmoins, par son incontinance, de rechief se departit de sa compaingnie en commectant adultere publiquement ou grant opprobre et vitupere dudit suppliant, dont il fut tresmal content, et pour s’en venger, par temptacion dyabolique, fit ledit suppliant espier sadite femme et la fist tuer et murtrir puis ung moys ença. A l’occasion duquel cas ledit suppliant, doubtant riguer de justice, n’oseroit bonnement converser et repairier audit Toul en nostre duché de Lorraine et autres noz païs et seigneuries se nostre grace ne lui estoit sur ce faicte et impartie, humblement requerant que, actendu que sadite femme s’estoit mal conduicte et gouvernee envers lui et qu’il ne fut jamais actainct ne convaincu de vilain cas digne de reproche, nous lui vueillons nostredite grace impartir. Savoir faisons que nous, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, avons audit suppliant ou cas dessus dit, en tant que faire le povons, remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par cez presentes lez cas et crimes dessus declaréz ensemble toute l’offence corporelle, criminelle et civille en quoy, pour cause d’icellui, il pourroit estre escheu envers justice, et lui promectons, octroyons et habandonnons que, nonobstant ledit cas, il puisse licitement aller, frequanter, communiquer et demourer en nostredit duché de Lorraine et autres noz pays et seigneuries sans ce que par noz bailliz, prevostz, maires, procureurs ne autres officiers lui puisse ou doive estre mis empeschement en corps ne en biens, et quant ad ce le restituons a son bon fame et renommee, sans ce qu’il lui doyve estre imputé ou reprouché en nosdits pays, saitiffacion faicte a partie civillement se mestier est. Et sur ce imposons silence a nostredit procureur general oudit duché de Lorraine presens et advenir. Si donnons en mandement a touz noz bailliz, prevostz et autres noz justiciers et officiers et a chascun d’eulx ou a leurs lieuxtenans que de nostre presente grace, remission et pardon ilz facent, seufrent et laissent joyr et user ledit 96

Corpus des lettres

Mengin en noz pays, terres et seigneuries, sans en ce lui mettre ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun empeschement. En tesmoing de ce, nous avons a cez presentes, signees de nostre main, fait mettre nostre seel, sauf en autres choses nostre droit et l’autrui en toutes. Donné en nostre ville du Neufchastel, le quatriesme jour de febvrier, l’an de grace mil IIIIc LXXVI. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde.

15 1477 (n. s.), 13 février - Toul. Rémission accordée aux habitants de Liverdun, coupables de s’être alliés au duc de Bourgogne Charles le Téméraire lors des guerres récentes ; cette mesure doit permettre à ceux-ci de revenir dans leurs demeures. Copie, ADMM, B 1, f° 341.

René, etc., a tous etc., salut. Savoir faisons que pour reverence de Dieu, de sa Mere, tresdigne Mere, et du glorieux martir sainct Eukaire et du service divin acoustumé faire en l’esglise collegial dudit sainct Eukare a Liverdun, affin que plus convenablement par les doyen, chanoines, vicaires et chapellains d’illeques puisse icelui service estre continué, moyennant le revenu de ladite esglise qu’est principalement assis sur maisons et heritaiges situéz audit lieu et a l’environ, voulans aussi preferer misericorde a la rigueur de justice, avons aux habitans d’ilecques, de quelque condicion ou estat qu’ilz soient, mesmement ceulx d’entre eulx qui avoient adheré a feu nostre oncle le duc de Bourgoigne, le servant et favorisant durant l’ostillité qu’il a nagueres fait a nous et a noz païz, pardonné et remis, pardonnons et remmectons par cez presentes tous leurs mesfaiz et mesditz en ceste partie, et a iceulx avons donné et donnons plain habandonnement de retourner seurement et franchement a leurs maisons, domiciles et heritaiges, aussi de aller, venir, hanter, negocier et communiquer par tous noz pays, sans pour et allocasion de ladite hostillité leur estre fait destourbier, injure ou reproche quelconque, par my toutesvoyes en payant chascun an la garde ancienne acoustumee payer a noz predecesseurs ducs de Lorraine, ainsi que les lettres qu’ilz ont sur icelles le portent. Si donnons en mandement a tous noz seneschal, mareschal, baillis, conducteurs et capitaines de gens d’armes, procureurs, receveurs, prevotz, mayeurs, officiers, justiciers, vassaulx, hommes et subgetz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx sicomme a lui appartiendra, que aux dessus dits doyen, chapitre, vicaires, chapellains et habitans de quelque estat ou condicion qu’ilz soient, leurs mesgnies et biens ne mesfacent ou mesdisent, ne seuffrent estre meffait ne mesdit, ne logent aussi et ne prennent, ne seuffrent estre pris vivres a patis, impos ou exaction ne autre quelconque chose sur eulx, ains les deffendent de tous tours et griefz contre et envers tous, ainsi que noz propres subgetz, sur poinne d’incourir nostre indi97

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

gnacion et porter la punicion a l’exemple d’autres. En tesmoing etc. Donné a Toul, le XIIIe jour de febvrier mil IIIIc LXXVI. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde.

16 1477 (n. s.), février. Rémission accordée à Jean Groselle, demeurant à Gondreville, auteur d’homicide commis près de Toul à la fin du mois d’août 1476 sur la personne d’un messager bourguignon qui traversait le pays ; le bâtard de Vaudémont avait donné l’ordre d’intercepter tout messager circulant en Lorraine. Copie, ADMM, B 1, f° 348r°-347v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Jehan Groselle, demourant en nostre ville de Gondreville, avons receu contenant que, durant lez guerres et divisions qui ont eu cours en nostredit duché, environ la fin du moys d’aoust darrain passé, ledit Groselle estant en la cité de Toul et arriva ung messaigier dez pays de Bourgoigne, a pied, apellé Hannus, lequel venoit dez marches de Strasbourg et alloit porter lettres ez pays de Luxembourg ou de Haynault, et incontinant qu’il fut arrivé audit Toul, icelui suppliant, averti de ce par aucuns estans en ladite cité, se trouva conseillé prendre et arrester ledit messaigier, presumant qu’il portast lettres prejudiciables a nous, noz pays, seigneuries et subgetz ; lequel Groselle, pour ce que le bastart de Vaudemont, nostre lieutenant, avoit fait ordonnance et commandé de par nous, en tous lez pays de par deça estans en nostre obeissance, que, ou que messaigiers soient trouvéz, qu’ilz fussent prins et arrestéz, pour ce aussi que la dite cité de Toul est ville de liberté et franchise et n’y voulut aucunement actempter, se mist a l’une dez portes d’icelle cité a laquelle ledit messaigier va arriver pour sallir hors ; et quant ledit suppliant le vit, le suivit de pres jusques a ce qu’il fust hors dez barrieres et mist la main en lui en disant qu’il estoit bourgoignon, a quoy ledit messaigier, qui estoit flamant comme il lui sembloit, ne respondit aucune chose que ledit suppliant sceut entendre ; ce voiant ledit messaigier ainsi traicté, se mist en deffence et d’ung bourdon qu’il pourtoit donna rudement troix ou quatre coups audit suppliant, par fasson qu’il le blessa en la main tresfort ; par quoy ledit suppliant, qui ainsi se vit outraigé d’icelui messaigier qui estoit nostre ennemy, tira une espee qu’il avoit et, en soy deffendant, donna tel cop audit messaigier sur le bras qu’il lui enporta la main, duquel cop certains jours aprés ledit messaigier, par deffault de bon regime et gouvernement, alla de vie a mort. Pour lequel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays et n’y osoit bonnement demourer ne faire son habitacion, ains le conviendroit estre et demorer en estranges marches, en pouvreté et misere, se nostre grace ne lui estoit impartie, dont attendu ce que 98

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dit est et que en autres choses il a esté homme de bonne vie et honneste conversacion, sans jamais avoir esté actaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, il nous a treshumblement supplié et requis. De ce est il que nous, sez choses considerees, ayant pitié et compassion dudit suppliant, en consideration aussi dez services qu’il nous a faiz durant lesdites guerres et voulans misericorde preferer a riguer de justice, a icellui Jehan Groselle, supliant, avons ou cas dessus dit, /347v°/ aprés le rapport de nostredit lieutenant et que nous avons fait lire devant nous en conseil, lez informacions prinses pour la part dudit suppliant, meure deliberacion sur ce eue, quicté, remis et pardonné et de nostre certaine science et grace especial quictons, remectons et pardonnons par cez presentes l’offence et cas dessus dits ensemble toute peine et amende corporelle, criminele et civile en quoy, pour occasion dez choses dessus dites, leurs circunstance et depposition ou aucunes d’icelles, il a et peult avoir mespris et estre encouru envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis et restitué a sez bonne fame et renommee en nostredit duché et a sez biens non confisquéz, comme il est auparavant ledit cas advenu, imposant silence sur ce a nostre procureur general et tous autres noz officiers quelxconques, satiffacion faicte a partie civillement seullement si elle y eschiet, et par ainsi toutesvoies que ledit Groselle sera tenu de faire faire pour le salut de l’ame dudit deffunct ung beau service de treze messes pour une foix avec le luminaire et oblacions y appartenant. Donné en mandement etc. Donné ou mois de febvrier mil IIIIc LXXVI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. P. Maistrot. Registrata A. de Hongarde.

17 1477, 30 avril - Mirecourt. Rémission accordée à Jean de Frouard, jeune commis aux salines de ChâteauSalins, coupable d’avoir tué accidentellement, le 27 avril 1477, un certain Hylaire, demeurant à Vaxy, qui le regardait en train de s’entraîner à tirer à l’arc. Copie, ADMM, B 1, f° 361r°-v°.

René, etc., a tous presens et avenir, salut et dilection. L’umble supplicacion d’aucuns parens et amys charnelz d’ung jeusne filz nommé Jehan de Frouart, commis en noz sallines de Chatelsalin, avons receue contenant comme nagueres, mesmement le dimenche aprés la feste de monseigneur sainct George derrain passé, ledit de Frouart se fut trouvé a l’esbat aux champs, hors nostre ville et forteresse dudit Chastelsalin, acompaigné d’aucuns archiers et gens dudit lieu, avec lesquelz il prist a tirer aux buttes d’un arc dont il n’estoit pas trop acoustumé d’en tirer, et que en voulant descocher la seconde foix, il y eust a l’entour aucuns bons hommes regardans l’esbatement, et entre autres ung nommé Hylaire, demourant a Waxey, au quel il n’avoit si non bonne amitié, amour, sur 99

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

lequel, pensant ledit de Frouart tirer a icelles buttes, tira une fleche, et par coup de male fortune ala cheoir ou corps dudit Halayre en maniere que mort s’est depuis ensuyee en sa personne, dont /361v°/ ledit Jehan de Frouart, qui ignoramment et sans penser a nul mal fist ce coup, dit en estre tresdesplaisant. A l’occasion de quoy et pour le quel cas, lesdits supplians font doubte que l’on ne l’en doive poursuyr et quereller, supplians treshumblement que sur ce vueillons avoir piteux regart et lui impartir nostre grace et misericorde. Pour quoy nous, cez choses considerees, et la maniere du cas ainsi ignoramment fait et advenu, mesmement que par cy devant, comme fumes informéz, il s’est tous jours bien et honnestement gouverné sans estre convaincu d’aucun vilain cas de reproche, aussi en faveur de sesdits parens, supplians, et aprés que avons esté informé par aucuns noz conseilliers estans audit lieu du donné a entendre dez parens et amis dudit de Frouart, a icelui de Frouart avons quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons par la teneur de cestes tout le fait et cas devant dit, ensemble toute peine criminelle, corporelle et civille en quoy il pourroit estre encoru envers nous et justice, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement si fete n’est. Si donnons en mandement par cez mesmes presentes a touz noz justiciers, hommes et subgetz et a chascun d’eulx sicomme a lui appartiendra, que de ceste nostre presente grace et pardon ilz facent, seuffrent et laissent joyr et user ledit Jehan de Frouart plainement et paisiblement, sans pour raison de ce lui dire ou imposer chose a lui desplaisant. Et si a ceste cause aucuns siens heritaiges et biens estoient saisiz ou aucunement empeschéz, nous voulons incontinent la main lui en estre levee et ostee, imposans quant a ce silence perpetuel a nostre procureur general present et avenir. En tesmoing de ce, etc. Donné a Mirecourt, le darrain jour d’avril mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde.

18 1477, 9 juillet - Etain. Rémission accordée à Laurent Malbuée, demeurant à Saint-Mihiel, emprisonné audit lieu pour avoir commis deux vols avec effraction dans cette ville environ deux ans auparavant ; il s’était confessé et avait rendu une partie des biens volés. Copie, ADMM, B 1, f° 386v°.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de Laurens Malbuee, demourant a Sainct-Mihel, avons receue contenant que, environ a deux ans, ledit suppliant se transporta nuytalement en une maison dudit SainctMihel ou une femme, nommee la Potiere, avoit ung escrin et illec lui et ung nommé Jehan Royer prindrent environ la somme de XII ou XIII frans. Et aussi, 100

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environ ledit temps, en la maison de Jehan Gaultier, dudit lieu de Sainct-Mihel, ledit suppliant, acompaigné d’autres malfacteurs, rompirent l’uys d’une dez chambres de ladite maison et prindrent environ deux aulnes et demye de drap bleu et ung peu de drap gris, lesquelx draps furent par eulx retenuz, et le demourant firent rendre par ung prebstre ausquel ilz se confesserent. Pour lesquelx cas et crimes, ledit suppliant a esté constitué prisonnier audit lieu de SainctMihel et selon les usaiges du pays ait desservy pugnicion corporelle et confisqué tous et chascuns sez biens. Et pour ce que nous voulons misericorde preferer a justice, especialement au cas present, actendu le bon gouvernement dont ledit suppliant a esté le temps passé, sans avoir esté actaint d’aucun villain cas ou crime, nous, de grace especial, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons audit suppliant lesdits cas ainsi par lui commis avec toute amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pouvroit estre encorru envers le procureur de nostredit tresredouté seigneur et pere le roy de Sicile, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement se faicte n’est, et l’avons restitué et remis a sez bonne fame et renommee au pays comme il estoit auparavant, et imposons silence audit procureur present ou advenir, auquel mandons lever la main de l’arrest fait a sa requeste sur lez biens dudit suppliant. Pour quoy mandons et ordonnons a tous et chascun lez seneschal, mareschal, baillifz, prevostz et autres officiers de nostredit seigneur et pere, prions et requerons tous autres que ledit suppliant ilz laissent joyr de nostre presente grace et pardon sans infreindre, car tel est nostre plaisir. Donné a Estain, le IXe jour de juillet mil IIIIc LXXVII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lieutenant general du duché de Bar, le bailly dudit Bar et autres presens. Connain.

19 1477, 10 juillet - Etain. Rémission accordée à Christophe, bâtard de Pailly (Failly ?) ; un de ses hommes, un an plus tôt à Gondreville, avait commis un homicide au cours d’une dispute sur la personne de Nicolas de Hee. Copie, ADMM, B 1, f° 390v°-391.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. Savoir faisons que nous avons receu l’umble supplicacion de Cristofle, bastart de Pailly, contenant que, puis an et jour ença, ung nommé Nicolas de Hee estant en nostre ville de Gondreville venoit courir de dehors et print dez chevaulx et lez mist au logis dudit bastart, et lui mangeoient son foin et, pour ce ledit bastart dit audit Nicolas qu’il ostast sez chevaulx de son logis, lequel Nicolas lui respondit qu’il n’en feroit riens, et lors ledit bastart et sez gens prinrent lesdits chevaulx et les bouterent dehors, dont ledit Nicolas fut mal content. Et aprés environ cinq ou six jours, ledit bastart vint en ung logis, nommé le logis de Hervé, de la 101

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

compaignie du bastart de Vaudemont, et parlant ledit bastart a ung compaignon et n’entendoit point audit Nicolas, lequel parloit a ung autre compaignon et menassoit ledit bastart et disoit que, s’il povoit trouver ledit bastart, il lui feroit le plaisir qu’il lui avoit fait et dit aussi que, /391/ s’il le povoit trouver en la compaignie, qu’il le feroit mettre en pieces ; et ledit bastart l’oyoit bien et ne sonnoit mot et n’en faisoit chere tant qu’il vit ledit Nicolas qui le menassoit fort, et lors ledit bastart lui dit : « Nicolas, pourquoy me menasses tu ? Et te donne bien garde, car si je te rencontre, je te feray ce que tu me vieulx faire », et si n’eust esté quatre ou cinq archiers, ilz se fussent entrebatuz en la maison ou ilz estoient. Lors ledit bastart s’en vint a son logis et print une javeline et vint veoir sez chevaulx qui estoient logiéz joignant ladite maison ou ledit Nicolas l’avoit menassé, et, incontinent que sez gens cogneurent qu’il estoit courroussé, ilz lui demanderent qu’il avoit, lequel leurs dit son cas ; et lors l’un de sesdits gens print une javeline et adont sondit maistre lui dit qu’il ne frapast point s’ilz n’estoient plus de deux et qu’il cheviroit bien a deux compaignons ; et ainsi que ledit bastart s’en retournoit a son logis, il vit ledit Nicolas qui partoit du logis, la ou il avoit menassé ledit bastart, lequel vint a lui et lui dit : « Ribault, tu m’as menassé, deffend toy ». Et quant ledit Nicolas l’oyt, il s’enfuyt ; et ainsi, comme ledit bastart le chassoit, ilz saillirent troix ou quatre et, quant l’omme dudit bastart vit que son maistre chassoit ledit Nicolas, il vint et bailla de sa javeline au travers du corps dudit Nicolas, tellement qu’il en mourut ; et avoit dist ledit bastart a sondit homme en le chassant qu’il ne le frapast point. Lors vint ledit bastart audit Nicolas et lui dist : « Ribault, je te fraperoie bien si je vouloie », et ne cuidoit point qu’il fut frappé. Pour lequel cas ainsi advenu, ledit suppliant doubte que pour l’avenir il n’en soit apprehendé par justice et pugny selon que ledit cas le requiert. Et pour ce est il ainsi que nous, voulans preferer misericorde a rigueur de justice et que ledit bastart ne fut jamais vaincu ou attaint de semblable et pareil cas, nous, de grace especiale, avons remis, quicté et pardonné, remettons, etc. audit bastart le cas ainsi advenu et l’avons remis et remettons par cez presentes en sez bonne fem(m)e et renommee, en imposant silence sur ce a nostre prevost dez marechaulx et sez lieuxtenans. Mandons en oultre a nostre mareschal, senneschal, baillifs, procureurs, prevostz et tous autres noz justiciers et officiers que audit bastart, pour l’advenir, n’en facent ou donnent audit suppliant aucune molestacion ou empeschement, pour veu qu’il face content et satifface lez parens du deffunct en tant que droit et raison vouldra. Mandons en oultre, prions et requerons a tous autres justiciers et officiers non noz subgetz qu’ilz et chascun d’eulx laissent joyr et user ledit bastart de nostredite grace, don et octroy. Donné a Estain, le Xe jour de juillet mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. J. Connain. Registrata A. de Hongarde.

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20 1477, 23 juillet - Nancy. Rémission accordée à Mengin le recouvecteur, de Pont-à-Mousson, coupable d’homicide commis un an et demi auparavant sur la personne de Jairson le recouvecteur, dans cette ville, en légitime défense à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 1, f° fo 392r°-v°.

René, duc de Lorraine, marchis, conte de Vaudemont et de Harcourt, lieutenant general et gouverneur du duché de Bar, a tous etc., salut. Savoir faisons que nous avons receu l’umble supplicacion de Mengin le Recouvecteur, du Pont-a-Mousson, contenant que, depuis an et demy ença ou environ, lui estant au lieu dudit Pont en l’ostel d’un appellé Jehan le Recouvrecteur en la compaignie de pluseurs gens, en laquelle estoit ung apellé Jairson le Recouvecteur, et aprés pluseurs parolles injurieuses que ledit suppliant et icelui Janson eurent ensemble, icelui Janson, persistant en son couraige par voie deffait, donna d’un cousteau qu’il tenoit en sa main audit suppliant tellement qu’il le blessa en la teste juc a effusion de sangc, la quelle chose voyant ledit suppliant, doubtant la molestacion de son corps, se revengea en façon qu’il blessa ledit Janson d’un cousteau ou ventre, dont la mort s’en est ensuye. Pour le quel cas et crime ainsi par ledit suppliant perpetré, doubtant rigueur de justice, s’est absenté dudit Pont-a-Mousson et selon droit et coustume du pays a deservi mort et confisqué tous sez biens. Et pour ce que nous voulons preferer misericorde a rigueur de justice et que ledit suppliant n’avoit jamais esté actaint de cas et crime pour quoy il deut souffrir mort, nous, de grace especial, avons remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons audit suppliant le cas et crime ainsi par lui perpetré et l’avons restitué et restituons par sez presentes a sez bonne fame et renommee, ainsi qu’il estoit auparavant dudit cas et crime, et en imposons silence au procureur general dudit duché de Bar auquel mandons qu’il leve la main et mette a plaine delivrance tous et chascuns lez biens meubles et immeubles qui, allocasion de ce que dit est, auroient esté prins et arrestéz et voulons qu’il joysse et use de nostre grace, pourveu que ledit suppliant face satisfacion a partie et par tout ou il appartiendra. Pour quoy mandons et ordonnons a tous et chascuns lez seneschal, mareschal, baillis, prevostz, justiciers et officiers de monseigneur et de nous que audit suppliant, a cause dudit cas et malefice, ilz ne lui /392v°/ facent aucun destourbier ou empeschement, prions et requerons a tous autres justiciers et officiers lesser ledit suppliant joyr et user de nostredite grace, don et octroy, car ainsi nous plaist. Donné en nostre ville de Nancy, le XXIIIe jour de juillet mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, les prothonotaires de Blammont et de Lambale, baillifz d’Allemaigne, de Vosge, de Vaudemont, lé capitaines de la garde, de l’artillerie et autres presens. Connain. Registrata A. de Hongarde.

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21 1477, 26 août - Nancy. Rémission accordée à Jeannin d’Epernay, archer de la compagnie du bâtard de Vaudémont, emprisonné à Longwy, coupable d’homicide commis environ huit jours avant sur la personne de Henry de Cosnes à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 1, f° 405v°.

René, duc de Lorraine, marchis, conte de Vaudemont, de Harecourt etc., gouverneur pour mon tresredouté seigneur et pere le roy de Sicille etc. en son duché de Bar, a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion d’un nommé Jehannin d’Espernay, archier de la compagnie du bastart de Vaudemont, contenant qu’il a environ huict jours qu’il se print de parolles avec un nommé Henry de Cosne en la prevosté de Longuion, et tant procederent l’un contre l’autre que ledit Henry desmentit ledit Jehannin ; par quoy icelui Jehannin, meu et troublé de son sang, donna audit Henry ung soufflet, et alors icelui Henry soy voyant ainsi frappé, soy cuidant deffendre, ledit Jehannin recouvra et le frappat de rechief d’une espee en ung bras tellement que mort s’en est ensuivie. A l’occasion duquel cas a esté ledit Jehannin prins au corps et constitué prisonnier ez prisons de Lonvy, esquelles il a depuis lors esté detenu et jusques a maintenant qu’il est en voye d’y finir sez jours si nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, dont il nous a fait treshumblement supplicacion. Savoir faisons que nous, inclinans a sadite supplicacion, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, avons audit Jehannin tout le cas et crime dessus dits remis, quicté et pardonné, et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons ensemble toute paine corporelle, criminelle et civille en quoy, pour cause et occasion dudit cas il pourroit estre escheu envers nous et justice, et le restituons et remectons a son bon fame et renommee. Sy donnons en mandement par cez presentes a tous lez officiers et justiciers dudit duché de Bar et autres qu’il appartiendra, que de nostre presente grace, pardon et remission dessus dites ilz et chascun d’eulx facent, seuffrent et permettent ledit Jehannin joyr et user plainement et paisiblement, et son corps detenu prisonnier mettent ou facent mectre a plaine et pure delivrance, en lui baillant joissance de tous sez biens saisis et empeschéz a la cause dessus dite, pourveu toutesvoies que sattiffacion soit faicte a partie civillement tant seulement se faicte n’est. Et sur ce imposons sylence perpetuelle au procureur general dudit duché de Bar present et advenir, car ainsi le voulons estre fait et audit Jehannin l’avons octroyé, et de grace especial l’octroyons par cez mesme presentes, lesquelles, en tesmoing de ce, nous avons signees de nostre main et fait appendre nostre seel, sauf en autres choses le droit de mondit seigneur et l’autrui en toutes. Donné a Nancy, le XXVIe jour d’aoust mil IIIIc LXXVII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Connain. Registrata A. de Hongarde. 104

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22 1477, 28 août - Nancy. Rémission accordée à Perrin et Évrard, fils de Jacques de Haraucourt, ancien bailli de Nancy, qui avaient pris le parti du duc de Bourgogne durant la dernière guerre : le duc leur restitue les terres confisquées. Copie, ADMM, B 1, f° 403r°-v°. J. Schneider, Lorraine et Bourgogne, Nancy, 1982, p. 228-230.

René, etc., a tous etc., salut. Comme pieça, au vivant de feu le duc Charles de Bourgoigne nostre ennemy, qui de sa tirannie contendoit a nous lever nosdits pays, terres et seigneuries et du tout nous en debouter, lui soient adheréz et en tenant son party a l’encontre de nous Perrin, Henry et Evrard de Haracourt, freres, enfans de feu messire Jaques de Haracourt, jadis baillif de Nancy, et il soit que depuis iceulx Perrin et Evrart ayent par noz gens serviteurs esté prins d’assault et a force en la place de Bayon qu’ilz tenoient pour nostredit ennemy, et ledit Henry, leur frere, estant en la compaignie dudit de Bourgoigne qui tenoit son siege devant nostre ville de Nancy, mis a mort et occis en la tresheureuse journee que Dieu par sa grace nous octroya en levant ledit siege, par quoy nous ayons pretendu confiscacion de corps et de biens a l’encontre desdits de Haracourt. Et soit ainsi que, pendant le temps que nous avons tenu en noz prisons lesdits Perrin et Evrard de Haracourt, nous ayons disposéz de leurs biens, terres et seigneuries et en donnéz a pluseurs de noz feaulx amys, serviteurs et subgetz, comme a nous encheuz et confisqués, lesquelx depuis se soient appointéz et accordéz a eulx en façon que ceulx a qui avions fait lesdits dons ont esté contens. Savoir faisons que nous, qui voulons avecques noz subgetz user plus de clemence et misericorde que de rigueur de justice, pour cez causes et autres nous mouvens, au moyen aussi qu’aujourd’ui, date de cestes, iceulx freres, tant en leurs noms comme de leurs neveurs, ont reprins de nous leurs terres et seigneuries et tous autres biens que leur sont demouréz mouvans en fied, tant de nosdits duchié comme conté de Vaudemont, et nous ont fait lez promesse et serement de fidelité et d’obeissance que tenuz estoient, avons ausdits freres Perrin et Evrart de Haracourt benignement remis et pardonné, et par cez presentes /403v°/ pardonnons et remectons l’offence et delit qu’ilz et chascun d’eulx ont fait et commis envers nous par ce que dit est, et avec ce au proffit d’eulx et de leursdits neveurs, enfans dudit feu Henry leur frere, avons levé et osté nostre main et tout autre empeschement mis et apposé de par nous a leursdites terres et seigneuries qui leur sont obvenues et aprés le trespas dudit feu messire Jaques de Haracourt, leur pere, et desquelles par nous et eulx n’a esté fait transport a autres, pour d’ores en avant d’icelles joyr et user par eulx et leurs hoirs a toujours mais, ainsi qu’il faisoient, povoient et devoient faire avant nostredite mainmise, tant de leurs places, maisons, villaiges, estangs, moulins, censes, rentes et revenues, justices, hommaiges, 105

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heritaiges, gagieres, debtes et autres biens quelxconques quelque part que iceulx soient assis et situéz, tant en nosdits duché et conté comme au duché de Bar, ausquelx nostredite main a esté mise. Voulans que toutes et quelxconques lettres a eulx appartenant et qu’aprés le trespas de leurdit pere leur sont obvenuz, tant par droit de succession comme par le testament et darniere voulenté d’icelui leurdit pere, desquelles ilz n’averoient fait transport ou renonciacion, leur soient par tout rendues et delivrees et lez detenteurs d’icelles a ce reaument et de faict constraincts et compelliz, et au cas qu’aucunes averoient esté perdues ou soubzstraictes, nous voulons qu’en faisant de ce foy a noz tabellions qui en averoient prins lez creans, qu’elles soient remises en estat et grossees selon la teneur de leurs prothecolles, seelléz dez seaulx de noz tabellions et delivrees ausdits freres sans difficulté. Si donnons en mandement par cesdites presentes a touz noz seneschal, mareschal, baillifz, prevostz, procureurs, receveurs, justiciers, officiers, hommes et subgetz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, prions et requerons tous lez officiers de nostre tresredouté seigneur et grant pere, le roy de Sicile, constituéz en son duché de Bar, que lesdits freres de Haracourt ilz facent, seuffrent et laissent joyr et user de ceste nostre presente grace, remission et pardon, et ensemble leursdits nepveurs pour leur part et representacion de leurdit feu pere d’iceulx leurs biens, terres et seigneuries, maisons et autres biens quelxconques quelque part qu’ilz soient assiz et situéz ; et avec ce aussi leur baillent, rendent et delivrent tous arreyrages encheuz du temps passé desquelx nous n’aurions disposé sans leur faire, mettre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun arrest, destourbier ou empeschement au contraire, car ainsi le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné a Nancy, le XXVIIIe jour d’aoust mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde.

23 1477, 20 octobre - Nancy. Rémission accordée à Didier, fils de Perrinet le boulanger, demeurant à Toul, complice du meurtre de Marguerite Baudet perpétré en janvier 1477 par le mari de cette dernière et ses complices. Copie, ADMM, B 1, f° 428r°-v°.

René, etc., a tous, etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion dez parens et amis de Didier, filz de Perrinet le Boulengier, demourans a Toul, contenant qu’environ le moys de janvier darriennement passé vint par devers lui Mongin Baudet, boucher, demourant audit Toul, acompaigné de deux Allemans, lequel leur exposa que Marguerite, sa femme, s’estoit du temps passé mal gouvernee de son corps comme encor lors faisoit, qui lui redondoit a grant 106

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honte et deshonneur, et ne desiroit que sa mort pour en estre despechié et que, si ainsy le vouloient entreprendre de faire, leur donneroit certaine somme d’argent ; quoy oyans, lesdits Allemans seduirent ledit Didier tellement qu’il leur promist et accorda d’estre leur compaignon en ce cas, et incontinent promirent audit Mongin d’ainsi le faire ; et adont leur bailla certaine somme d’argent icelui Mengin, laquelle lesdits Allemans receurent sans ce que ledit Didier en ait eu ny receu ung seul denier. Aprés laquelle conclusion, certain jour passé, ladite Marguerite partit dudit Toul cuidant s’en venir en ceste nostre ville de Nancy ou elle frequentoit aucuneffois, lesquelx deux Allemans et Didier la vindrent trouver en chemin et la prindrent et l’amenerent sur la ripviere de Mezelle en laquelle ilz la noyerent, savoir lesdits deux Allemans tous seulz, sans ce que ledit Didier leur aydast ny y mist en nulle façon du monde lez mains, mais bien y estoit present et consentent. A l’occasion duquel cas, ledit Didier s’est absenté et rendu fugitif de noz pays, terres et seigneuries et n’y oseroit retourner, doubtant rigueur de justice, si sur ce noz grace, pardon, remission et misericorde ne lui sont sur ce extendues, dont ilz nous ont treshumblement supplié leur impartir. SAVOIR faisons que nous, ayans compassion de la jeunesse dudit Didier, delinquant, qui est constitué en l’eage de vingt ans seulement et jamais ne fut actainct d’aucun autre villain cas, heu semblablement regart a la seduction desdits Mongin et Allemans, mesmement en contemplacion du joyeux advenement de nostre treschere et tresamee compaigne la duchesse qui sur ce en faveur desdits supplians nous en a supplié, aussi desirans a l’exemple de nostre sauveur Jhesucrist misericorde estre preferee a rigueur de justice, avons aujourd’uy, mehure deliberacion de conseil sur ce preheue, remis, quicté, pardonné et aboly, et par cez presentes, remectons etc. de grace especial audit Didier le cas, crime, offence, murtre et homicide dessus dit, avecques toute pene et amende corporelle, criminele et civile que, allocasion d’iceulx, ilz pourroit estre encheu ou condampné de droit ou de coustume envers nous et justice, en le remectant /428v°/ et restituant en sez bonne fame et renommee, avecques ce aussy a sez biens meubles et heritaiges non confisquéz, satiffacion toutesvoies faicte a partie a la poursuicte civilement tant seulement. Si donnons en mandement a noz seneschal, mareschal, etc., comme en pluseurs precedentes remissions escriptes en cest registre appart tout le demourant, etc. Donné a Nancy, le XXe jour d’octobre, l’an mil quatre cens septante sept. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde.

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24 1477, novembre. Rémission accordée à Rausquin de Longsfin, demeurant à Varennes-enArgonne, qui, vers le 21 mai 1477, pendant une halte dans le village de Beuveille au retour d’une expédition armée, s’est rendu coupable d’homicide commis sur la personne du Grand Mengin, habitant de cette localité. Copie, ADMM, B 1, f° 430v°-431.

René, duc de Lorraine, marchis, conte de Vaudemont, de Harecourt, etc., gouverneur et lieutenant general du duché de Bar, a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Rausquin de Longsfin, de Varennes oudit duché de Bar, avons receue contenant que, environ la feste de Penthecoste darrenierement passee, aprés qu’il fut retourné d’une course qui lors avoit esté entreprinse par le bastart de Calabre et messire Gracien d’Aguerre devant Solieuvre ou estoient noz ennemys, il s’en retourna a ung villaige pres d’Arensy, appellé Beuveille, ou quel il estoit logé par fourrier, auquel lieu, pour sa reffection et de sez gens, ne trouva seullement que ung peu de pain et du laict dont il, pour ce soir, se contenta et eut pacience, nonobstant qu’il estoit fort travaillé. Et quant ce vint le matin, son hostesse lui dit qu’elle avoit grant compassion de luy qui estoit gentilhomme et que ceulx qui luy devoient fournir vivres estoient retiréz avec leurs biens en l’esglise dudit Beuveille ou ledit suppliant alla incontinent et demanda par pluseurs foix le maire, requerant qu’il luy baillast ou feist bailler vivres raisonnablement pour luy, sez serviteurs et chevaulx ; au quel suppliant respondirent que le maire n’y estoit point et que de vivres n’auroit nulz ; sur quoy dist franchement ledit Rausquin que sy auroit ; mais lesdits de Beuveille, persistans en leur rudesse, deirent de rechief que non auroit, l’appelant trayctre et disans que s’il s’approchoit de ladite esglise, qu’ilz le tueroient. Alors ledit suppliant, non content de ce qu’ilz lui jurroyent, dist qu’il auroit dez vivres et que s’il se mectoit homme d’eulx en deffence, qu’il le feroit courrossé ; aprés lesquelles parolles, lesdits de Beuveille se monstrerent embastonnéz de pluseurs bastons et se meirent en deffence, disans qu’il n’auroit /431/ riens ; adoncques ledit suppliant, se voyant ainsy traicté, d’ung quernequin qu’il avoit se print a tirer ou estoit lesdits de Beuveille et frappa ung appellé le Grant Mengin, lequel certains jours aprés le cop, par faulte de mauvais gouvernement, termina de vie par mort. Alloccasion de quoy ledit Raussequin, suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté dez pays et seigneuries de Barroys et de nostredit duché de Lorraine et n’y oseroit bonnement retourner ne faire sa demeurance sy nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, trehumblement requerant icelle. SAVOIR faisons que nous, lez choses dessus dites considerees, voulans en ce misericorde prefferer a rigueur de justice, actendu que ledit suppliant nous a bien et leaulment servy et exposé sa personne, comme entendu avons, en pluseurs grans dangiers durant lez guerres derrenieres, consideré aussy que, 108

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par cy devant et dez son enfance, il s’est honnestement porté et gouverné esdits pays de Barroys sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou resprouche, a icellui Rausquin, deliberacion de conseil sur ce eue, avons quicté, remys et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par cez presentes le cas de crime et offence dessus dit, ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour occasion de ce, il pourroit estre encouru envers le roy, nostre tresredouté seigneur et grant pere, et nous, et l’avons quant ad ce remys et restitué, remectons et restituons par sesdites presentes a sez bonne fame et renommee oudit duché de Bar et en noz pays et a sez biens non confisquéz, comme il estoit auparavant la chose non advenue, imposant silence sur ce perpetuel au procureur general de nostredit seigneur et grant pere, satiffaiction faicte a partye civillement tant seullement sy faicte n’est et elle y eschiet. Sy donnons en mandement au bailly de Clermont, prevost dudit Varennes et a tous autres justiciers, officiers, hommes, vassaulx et subgetz de nostredit seigneur et aux nostres quelque part qu’ilz soient, a leurs lieuxtenans et chascun d’eulx qui ce regardera, que ledit Rausquin ilz facent, seuffrent et laissent joyr et user plainement, paisiblement et perpetuellement de nostre presente grace, pardon et remission par la maniere que dit est, sans leur mectre ou donner ne seuffrir estre fait, mis ou donné aucun empeschement au contraire, ainçoys sy son corps ou aucun de sez biens sont ou estoient cy aprés empeschéz et detenuz, ilz lez mectent a plaine delivrance, car ainsy nous plaict et voulons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a cesdites presentes, signees de nostre main, que furent faictes ou moys de novembre mil IIIIc LXXVII. Ainsy signé René. Et au plict par monseigneur le duc, etc., maistre Jehan de Lambale, prothonotaire du Sainct Siege apostolique, messire Hardouyn de la Jaille, maistres Jacques Menant et Nicole Merlin et autres presens, et du secretaire P. Maistrot. Registrata A. de Hongarde.

25 1477, 19 décembre - Saint-Mihiel. Rémission accordée à Jean Adam le Jeune, de Sorcy, emprisonné dans cette localité pour vol et complicité de divers vols commis depuis novembre 1477. Copie, ADMM, B 1, f° 451v°-452.

René, par la grace de Dieu duc de Lorraine, marchis, conte de Vaudemont et de Harecourt, etc., gouverneur du duché de Bar, savoir faisons a tous presens et avenir nous avoir receu l’umble supplicacion dez femme, parens et amis charnelz de Jehan Adam le Jeusne, dit le Petit Jehan Adam, de Sortcy, detenu prinsonnier audit lieu, contenant que, environ la Toussains dernierement passee, icelui Jehan, acompaigné de ung nommé Jehannin Baudot et d’un autre, nommé Jehan Lorette, tiroient de Gorze au lieu de Fou pour ce que l’en disoit que on y vouloit 109

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mettre garnison pour la garde d’icelui lieu et, allant le droit chemin estans ez boix de Hey, rancontrerent ung homme qui se disoit d’Allemaigne, auquel ledit Jehan demanda de ou il venoit, que ly respondit qu’il venoit de Toul vendre dez aulx, et lors icelui Jehan Adam lui requist qu’il lui donnast ung pot de vin, ce qu’il fist, et lui donna ung virlan et ung grant blanc, et se despartyt et s’en alla devers sez compaignons et leur dit le don que lui avoit fait ledit Allemant ; et aprés ce, l’un d’iceulx sez compaignons, nommé Jehannin Baudot, retourna devers ledit Allemant et le sercha en son sain ou il trouva ung drapellet ou quel avoit envoloppé quatre frans huict gros ou environ qu’il lui osterent et distribuerent entre eulx, et en eust icelui Adam environ ung franc. En oultre, ja pieça, ledit Jehan Adam fut par ung nommé Phelippot, serviteur lors de Verdelet, requis d’aller avec lui et une fois entre lez autres l’amena de son hostel dudit lieu de Sorcey en la rue commune, c’est assavoir devant la maison d’un homme de Sorcey nommé Turaulx, et lui dist qu’il demourast illec et qu’il feist bon guet et que s’il oyot rien, qu’il l’en advertist, ce que lui accorda icelui Adam ; et s’en alla icelui Philipot et, grant piece aprés, /452/ retourna illec et apporta sur son col une brebis qu’ilz porterent en l’ostel d’un nommé Placart, tavernier, ou elle fut mengee. Et d’autre part, ja pieça, icelui Jehan Adam estant logé en ung villaige, nommé Pinteville, vindrent a lui a son lict ou il estoit couché trois compaignons, l’un nommé Jehan Villon, ung autre nommé Jerosme, et ung autre appellé le Clerc, qui avoient quatre jumens qu’ilz avoient prinses en ung village nommé Viller-en-Weuvre, pour aucunes querelles qu’ilz disoient y avoir, lui remonstrerent et dirent qu’il falloit qu’il leur aydast a vendre lesdites jumens, ce qu’il leur accorda faire aprés pluseurs remonstrances et moyennant ung escu qu’ilz lui deurent donner pour son vin, et les menerent au lieu de Commarcy, ouquel lieu il lez vendirent a ung homme nommé Colinet. Et combien que ledit Jehan Adam ne fust jamais a la prinse desdites jumens, ne consentant de ce, neanmoins ceulx sur qui elles avoient esté prinses en firent pourchas envers le pere dudit Jehan Adam que en fist restitucion de partie tellement qu’ilz furent contens. Pour lesquelx cas, icelui Jehan Adam a esté et est piteusement et rudement detenu prinsonnier ez prinsons dudit Sorcy, en aventure de miserablement finer sez jours se lez grace et misericorde de nostre tresredouté seigneur et grant pere le roy de Sicile, etc., duc de Bar, ou de nous en son absence, ne lui sont sur ce imparties, humblement requerans que, entendu que en tous autres faiz il a esté de bonne vie et honneste conversacion, sans jamais avoir esté actainct ne convaincu d’aucuns autres villains cas, blasme ou reprouche, et aussi qu’il nous a servy en noz guerres soubz la charge de nostre escuier d’escuierie Gerart d’Auvillers et encor a vouloir de faire sicomme il dit, nous lui veullons sur lez dessus dites impartir nosdites grace et misericorde. Pourquoy nous, ce que dit est consideré, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace especial, puissance et auctorité, usans en ceste partie du povoir a nous donné par nostredit seigneur et grant pere, avons audit Jehan Adam quicté, remis et pardonné, et par cez presentes quictons, etc. lez cas et crime dessus dits avec toute peine et offense 110

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corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encheu envers nostredit seigneur et justice, et le remectons et restituons a sez bons fame et renommee au pays et a sez biens non confisquéz, et imposons quand ad ce silence perpetuelle au procureur general de nostredit seigneur present et advenir et a tous autres, satisfacion faicte aux parties premier et avant toute encore civillement tant seullement si faicte n’est. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailli de Sainct-Mihel ou son lieutenant et a tous autres justiciers et officiers et subgetz dudit duché que de noz presente grace, etc. Donné a Sainct-Mihel, le XIXe jour de decembre mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc., gouverneur, monseigneur de la Jaille, messire Hardouyn, le vichancellier et autres presens. E. de Naives. Registrata A. de Hongarde.

26 1478 (n. s.), février. Rémission accordée à Jacquotin le Clerc et Pierre Foudion, doyens de la justice de Marville, emprisonnés dans cette localité, coupables d’avoir laissé s’échapper de la prison du lieu le 25 novembre 1477 trois hommes accusés d’intelligence avec les Bourguignons. Copie, ADMM, B 1, f° 461r°-v°.

René, duc de Lorraine, marchis, conte de Vaudemont, de Harecourt, etc., lieutenant general et gouverneur du duché de Bar, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion dez pouvres femmes, enffans et amis charnelz de Jaquotin le Clerc et Pierre Foudion, doyens de la justice de Marville, avons receue contenant que jamais lesdiz Jaquemin et Pierre, leurs maritz, depuis qu’ilz furent mis et instituéz en leurs offices, n’avoient eu prisonniers en garde pour cas de crime ne autres, synon seullement Therry Verjus, Henry Ballon et Claux le Mercier, tous dudit Marville, chargéz d’avoir receptéz et fourcelléz noz ennemys et autres causes ; lesquelx prisonniers, ainsi qu’il sembloit audit Jaquemin et Pierre, doyens, se monstroient lez plus humbles et leaulx de tout le monde, et en faisant leurs clameurs, plaintes et doleances, disoient ausdits doyens, entre autres choses, que si les portes des prinsons estoient ouvertes, plus cher averoient morir que eulx en aller. Et pour ce que lesdites prisons sont fort obscures, abhominables et humides, lesdits prisonniers ont pluseurs fois requis pour Dieu ausdits doiens qu’ilz leur laissassent ung huys desdites prinsons ouvert pour prendre et avoir ung peu d’aer, ce que iceulx doyens, confians en leurs amyables parolles, firent a diverses fois. Et chascun jour demandoient iceulx prisonniers audit doyens, a l’eure qu’ilz leurs administroient leurs vivres, quelles nouvelles on disoit d’eulx ; lesquelz doyens, cuidant lez conforter et bien faire, leur dirent qu’ilz feissent bonne chere et que messire Gracien d’Aguerre et le conseil estant audit Marville 111

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

tendoient fort a leur delivrance ; depuis lesquelles parolles ainsi par lesdits doyens proferees, iceulx prisonniers furent par longue espace de temps paisibles esdites prinsons et jusques au jour de la feste saincte Katherine derrain passé, environ heure de soupper, que lesdits prisonniers prierent et requirent iceulx doyens si piteusement pour avoir ung peu d’aer qu’ilz, meuz de pitié, laissent l’un dez huys desdites prisons ouvert durant le soupper, esperans le cloure incontinent aprés, pendant lequel temps ledit Thierry, Henry et Claux, prisoinniers dessus nomméz, rompirent ung autre huys d’icelles prisons et s’absenterent en nostre tresgrant prejudice et de nostre tresredouté seigneur et grant pere, le roy de Jherusalem, de Sicile, etc. Pour le quel cas la justice dudit Marville print et constitua prisonniers iceulx doyens, aprés informacion faicte de l’eschapement desdits prisonniers, et furent sentenciéz et remis a la voulanté de nostredit tresredouté seigneur et grant pere et de nous, et sont encor esdites prisons, rudement traictéz, en grant pouvreté et dangier de leur personne se nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, lez choses dessus dites /461v°/ considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu que lesdits Jacquemin et Pierre ont esté par cy devant de bonne vie et honneste conversacion et se sont gouvernéz sans jamais avoir esté actains ne convaincus d’aucuns villains cas, blasme ou resproche, mesmement aussi que trouvons iceulx prisonniers estre eschappéz plus par l’ignorance desdits doyens que par leur coulpe et malice, a iceulx doyens et a chascuns d’eulx avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par cez presentes le cas et offence dessus dits, en quelque forme, condicion ou maniere qu’il ait esté par eulx perpetré et commis, avec toute penne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour occasion de ce, iceulx doyens peuent estre encouruz envers nostredit seigneur et grant pere, nous et justice, et les avons quant ad ce remis et restituéz, remectons et restituons par cesdites presentes a leur bonne fame et renommee audit Marville et ailleurs par tout ledit duché de Bar et en noz païs et seigneuries, ainsi et pareillement qu’ilz estoient avant la chose non advenue, imposans sur ce silence au procureur general de nostredit seigneur et autres. Si donnons en mandement a tous les mareschal, seneschal, etc., comme tout le demourant appart a pluseurs autres remissions par cy devant en ce present registre escriptes, etc. Donné ou moys de febvrier mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc., messire Jehan Wisse, bailli de Nancy, Hardouyn de la Jaille, Watrin de Vaubecourt, chevaliers, maistre Jacques Meniant, lieutenant de Sainct-Mihel, et autres presens. P. Maistrot. Registrata A. de Hongarde.

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27 1478 (n. s.), 20 mars Rémission accordée à Mengeot Warpié, du ban de Vagney, coupable d’homicide commis il y a cinq ans sur la personne de Thibaut, fils de Pillart de Ramonchamp, à la suite d’une rixe survenue lors d’une noce à Vagney. Copie, ADMM, B 1, f° 471v°-472.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de Mengeot2 Warpié, du ban de Waigney pres de nostre ville de Remiremont, avons receue contenant que, environ a cinq ans, lui estant audit Waigney en la compaignie d’ung appellé Thiebault, fils Pillart de Remonchamps, et de pluseurs autres, a ung jour de dymanche qu’on faisoit nopces audit lieu, se prindrent de paroles ensemble iceulx Perrin et Thibault tellement que ledit Perrin, suppliant, voyant que icelui Thibault s’approchoit de lui et l’injurioit tresfort et que d’une dague qu’il tenoit il le vouloit frapper, icelui Perrin, mehu de chault sang, par la seduction et enhortement de l’ennemy, tira ung petit cousteau qu’il avoit pendu a sa caingture et frappa ledit Thibault en la jambe, au dessoubz du genoil, de quel cop, pour faulte de bon gouvernement et regime, peu aprés icelui Thibault termina de vie par mort. Pour la quelle cause ledit /472/ suppliant, doubtant rigueur de justice, s’absenta de noz pays et seigneuries, et n’y oseroit jamais retourner ne seurement demourer se nostre grace et misericorde ne lui est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. De ce est il que nous, ces choses considerees, voulans misericorde prefferer a rigueur de justice, mesmes en remembrance de la saincte passion de Nostre Seigneur qui aujourd’hui souffrit mort en l’arbre de la vraye croix, actendu que ledit Perrin s’est en autres choses tous jours honnestement gouverné sans avoir esté actainct ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, a icelui avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par cez presentes l’offence et crime dessus dits ensemble toute penne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, a l’occasion dudit cas, il peut estre encheu et encouru envers nous et justice, satiffacion faicte a partie civillement tant seulement sy faicte n’est, imposans sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general et autres qu’il appartient. Si donnons en mandement a tous noz seneschal, mareschal, etc., comme en pluseurs remissions cy devant escriptes est contenu en commun stile, etc. Donné ou moix de mars mil IIIIc LXXVII. Ainsi signé René. Et au plit par monseigneur le duc, etc., messire Jehan Wisse, bailly de Nancy, et autres presens. Maistrot. Registrata A. de Hongarde.

2 Il y a une confusion à propos des prénoms : est-ce à dire que le suppliant, Mengeot Warpié, est distinct du meurtrier nommé Perrin ?

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

28 1478, 24 mai - Nancy. Rémission accordée à Demange le Rousselat, de Darnieulles, emprisonné à Epinal et condamné à la pendaison, coupable ou complice du meurtre d’un Allemand qu’il recherchait pour l’enlèvement de deux servantes et qu’il avait retrouvé à Charmois. Copie, ADMM, B 1, f° 489.

René, etc., a tous, etc. Receue avons l’umble supplicacion dez parens et amys de Dommenge le Rousselat, de Darnuelle en nostre prevosté d’Espinal, en effect contenant que, certain jour passé, il partit de nostre ville dudit Espinal avec Roddat de Molesen et autres compaignons pour suyvre et aller aprés deux Allemans qui en menoient deux servantes dudit Roddat, lesquelx ilz aconsurent au lieu de Charmoy et lez trouverent en l’ostel de Thierry dudit lieu, qui estoient a table beuvans et mangeans, auquel hostel, ainsi que icellui Roddat, les autres compaignons et ledit Demenge y entrerent dedans subitement, aucun ou aucuns d’eulx, ne scet ledit Dommenge lesquelx, tout incontinent et a la chaude cole fraperent deux coups dez piedz a la poictrine de l’un d’iceulx Allemans qui estoit filz de Claude Moute de Instat, allocasion de quoy icellui Allemmant ala de vie a trespassement. Pour lesquelz cas, coupe, offense et homicide, ledit Demenge a esté et encores est prisonnier constitué en nostredite ville d’Espinal, et puis nagueres, par la justice dudit lieu, condampné et jugé, non pas comme principal murtrier mais comme consentant et estant en la compaignie, a estre pendu et estranglé, se noz grace et misericorde ne lui sont sur ce extendues, nous suppliant treshumblement sesdits parens et amis que, actendu qu’il ne frappa point ledit deffunct et que jamais il ne fut actainct d’aucun autre villain cas digne de reprehension, nous plaise lez lui impartir et benignement remectre, pardonner et abolir ledit cas. Savoir faisons que nous, inclinans a ladite supplicacion, desirans comme prince souverain, a l’exemple de nostre redempteur Jhesus Crist, preferer nosdites grace et misericorde a rigueur de justice, avons aujourd’ui, deliberacion sur ce preeue, remis, quicté, pardonné et aboly, et par cez presentes quictons, etc., de grace especiale audit Demenge lez cas, coulpe, offence, crime et delict dessus dits avec et ensemble toute ladite pene et amende corporelle, criminelle et civille esquelles il est encheu, jugé et condempné comme dit est, en le remectant et restituant a sez bonne fame, renommee et biens tant meubles comme heritaiges non confisquéz, tout ainsi qu’il estoit paravant ledit cas advenu, satiffacion toutesfois faicte a partie interessee a regart de justice civilement tant seulement. Si donnons en mandement a touz noz seneschal, mareschal, baillifz, etc., comme en autres remissions cy devant escriptes appart tout le demourant, etc. Donné a Nancy, le XXIIIIe jour de may mil IIIIc LXXVIII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde. 114

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29 1478, 10 juin - Nancy. Rémission accordée à Jeannin Dieudonné, d’Essey-lès-Nancy, emprisonné à Nancy, coupable de vols et condamné à être battu de verges en public. Copie, ADMM, B 1, f° 494.

René, etc., a tous etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de noz treschers et feaulx conseilliers messire Balthasar de Hassonville et messire Symon des Hermoises, chevaliers, seigneurs d’Essey pres Nancy, contenant en effect que nagueres ung leur homme et subgetz dudit Essey, nommé Jenin Dieudonné, a par cy devant robbé ung tissu de soye sans aucune ferrure, une heures de Nostre Dame et deux saulcerotes d’estain. A l’occasion de quoy nostre prevost de Nancy l’a prins et constitué prisonnier et consequemment, deuement informé, jugié et condempné a estre batu et foueté de verges par lez carefours de ceste nostre ville de Nancy ; et pource que lesdites choses par lui desrobees sont de trespetite valeur et extimacion, lesquelles il a entierement restituees ou il appartient, et que jamais n’a fait aucun autre vilain cas, nous ont humblement suplié qu’il nous plaise sur ce impartir a leurdit homme noz grace et misericorde et lui remettre, quicter, pardonner et abolir lesdits cas, offence et delitz. Savoir faisons que nous, inclinans a la supplicacion de nosdits conseillers, desirans singulierement, a l’exemple de nostre redempteur Jhesucrist, nos dictes grace et misericorde estre preferees a rigueur de justice, a icelui Jehanin avons aujourd’ui, meure deliberacion de conseil sur ce preue, remis, quicté, pardonné et aboly, remectons, quictons, pardonnons et abolissons par sez presentes iceulx cas, offense, coulpe et delictz dessus dits avec et ensemble toute ladite peine et amende corporelle, criminelle et civille esquelles il est encheu, jugié et condempné comme dit est, et avec ce l’avons remis et restitué a sez bonnes fame, renommee et biens tant meubles comme heritaiges non confisquéz, restitucion faicte a partie a la poursuivre civilement tant seulement si faicte n’est. Si donnons en mandement a noz seneschal, mareschal, etc. Donné a Nancy, le Xe jour de juin mil IIIIc LXXVIII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud. Registrata A. de Hongarde.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

30 1481 (n. s.), 10 janvier - Nancy. Rémission accordée à Jean Woiterel, demeurant à Clairegoutte, et à Michel Mathieu, demeurant à Naymont, sur le ban de Girancourt, respectivement emprisonnés à Arches et à Girancourt, pour un vol de marchandises commis le 29 décembre 1480 sur le chemin de Remiremont à Dompaire. Copie, ADMM, B 2, f° 6v°-7.

René, etc., a touz, etc., salut. L’umble supplicacion des parans et amys de Jehan Woiterel, de Clerepucte en nostre prevosté d’Arche, et de Michel Mathieu, demourant au ban de Girencourt, avons receue contenant que, le vendredi aprés Nouel darrenierement passé, les dessus dits Woiterel et Mathieu estoient alléz au boys de Regnault-Woivre pour veoirs des tendues es bestes sauvaiges et, eulx estans au chemin commun venant de Remiremont a Dompaire, vint par my ledit chemin ung homme a pié ayant une lancette sur le coul auquel ilz demanderent qu’il portoit, et il leur dist que c’estoit beure et figues qu’il vouloit porter a Vischery, et atant s’en passa oultre ; et incontinant aprés les dessus dits Woiterel et Mathieu prindrent conclusion ensembles luy oster ce qu’il portoit ; aprés laquelle conclusion, ilz suirent ledit homme et luy osterent huit barilz de beure et environ deux livres de figues et raisins en my ledit chemin, lequel beure ledit Jehan Woiterel emporta en son hostel et lesdits figues et raisins ilz mengerent. Pour lequel cas ainsi fait et perpetré, ledit Jehan Woiterel est detenu prinsonnier en noz prinsons d’Arches, et ledit Mathieu au lieu de Girencourt et, doubtant rigueur de justice, nous ont supplié quicter et remectre, pardonner et abollir icellui cas ensemble l’amende, peine et offence /7/ en quoy, pour l’occasion d’icelui cas, ilz pourroient estre encheuz envers nous et justice. Savoir faisons que nous, ayans regart a ce que dit est, aussi qu’ilz ne furent jamés actains d’aucain villain cas, b[l]asme ou reprouche, a iceulx pour ces causes et autres avons aujourd’uy par deliberacion de conseil quicté, remis, pardonné et abolly ledit cas audit Jehan Woiterel et Michel Mathieu, quictons, remectons, pardonnons et abolissons ensemble toute amende, peine et offence corporelle et criminelle, et les remectons a leur bonne famme et renommee, et que, a eulx ne es leurs, on leur en puisse aucune chose reproucher pour l’avenir, et a leurs biens non confisqués, sactiffacion faicte a partie si faicte n’en a esté, et imposant sillence perpetuelle a nostre procureur general present et avenir. Si donnons en mandement par cesdites presentes a touz noz seneschal, mareschal, baillitz, etc. Donné a Nancy, le Xe jour de janvier, l’an mil IIIIc IIIIxx. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschaulx de Lorrainne et de Barroys, bailly de Nancy et autres presens. G. Durat.

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31 1481 (n. s.), 10 janvier - Nancy. Semblable rémission accordée à Jean Woiterel et à Michel Mathieu pour le même fait. Copie, ADMM, B 2, f° 54v°.

Remission donnee par monseigneur le duc a Jehan Woiterel, de Clerepute en la prevosté d’Arche, et a Michel Mathieu, d’Aymont ou ban de Girencourt, pource que les dessus dits avoient destroucé ung homme sur chemin commun venant de Remiremont a Dompaire, estant a pié, portant une lancette sur le coux et chargé de huit barilz de beure et deux livres de figues et raisins qu’il portoit a Vischery, que les dessus dits luy ousterent etc. Donné a Nancy, le Xe de janvier, l’an mil IIIIc IIIIxx. Signé René. Par monseigneur le duc, les seneschaulx de Lorranne et de Barroys, bailly de Nancy et autres presens. G. Durat.

32 1481 (n. s.), mars. Rémission accordée à André, demeurant à Vandœuvre-lès-Nancy, fils de Perrenet de Villers-lès-Nancy, emprisonné à Nancy pour le vol en novembre 1480 de deux mesures de blé dans le grenier de son voisin. Copie, ADMM, B 2, f° 33r°-v°.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de Ydette, fille Didier Roussel de Gerville, demourant a Wendeuvre, avons receue contenant que, environ la feste de saint Martin d’yver derrain passé, elle print pour son mary espoux ung appellé Andreu, filz Perrenet de Villers, lequel puis naguieres, par seduction et enhortement de l’ennemi, lui estant audit Wendeuvre ou il fait sa residence, entra en une maison d’un de ses voisins ung peu aprés la pointe du jour, monta ou grenier d’icelle ouquel il print la quantité de deux bichelz de blé ; laquelle chose venue a la congnoissance de nostre maire de Villers, il print ledit Andreu et l’admena et delivra es mains de nostre prevost ad ce lieu de Nanci ou il est encores detenu en grant dangier de sa personne, et plus seroit se nostre grace ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement /33v°/ requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu que ledit Andreu s’est tous jours honestement conduit et gouverné et qu’il ne fut jamais actaint ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, ainsi que sommes devenuz informéz par relacion que en a esté faicte aux gens de nostre conseil par nostredit prevost de Nancy, a icellui Andreu pour ces causes, ayans aussi regart a la pouvreté en quoi il est constitué, avons remis, quicté, pardonné et 117

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

aboly, quictons, pardonnons et abolissons par ces presentes le cas et offense dessus dits en quelque maniere qu’il soit advenu, avecques toute peine et amende en quoy il a ceste cause povoit estre encheu envers nous et justice, en le mectant et restituant quant ad ce en sa bonne fame et renommee audit lieu de Wendeuvre et par tout nostredit duché de Lorraine, satiffaction faicte a partie civillement tant seulement si faicte n’est, imposant silence perpetuel a nostre procureur general et autres qu’il appartiendra. Si donnons en mandement a noz baillys et prevost dudit Nanci et a tous autres nos justiciers, officiers et subgetz, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx cui ce regardera, que de ceste nostre presente grace, abolicion et pardon ilz facent, seuffrent et laissent joyr et user plainement et paisiblement ledit Andreu sans lui mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun empeschement au contraire, ainçoys si son corps ou aucuns de ses biens sont a ceste cause detenuz et empeschiéz, ilz, incontinent et sans delay, les facent mectre a plaine delivrance, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait mectre nostre seel a cesdites presentes, que furent faictes ou moys de mars mil CCCC IIIIxx. René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschaulx de Lorraine et de Barroys, le general des finances et autres presens. Maistrot.

33 1481, 20 avril - Nancy. Rémission accordée à Jean Desquetot, ancien tabellion de Dompaire, coupable de faux et usage de faux avant qu’il soit titulaire de son office. Copie, ADMM, B 2, f° 42v°-43r°-v°.

René, etc. a touz etc. Receu avons l’umble supplicacion de Alix, femme de Jehan Desquetot, jadis tabellion de nostre ville de Dompaire, contenant qu’il a certain temps que ledit Jehan, son marit, admodiast des mains de noz tabellions de Mirecourt, qui ont la garde de nostre seel dudit tabellionnaige, de seeller par aucun temps touz les creatz qu’il recevproit durant le temps de son admodiacion et non autrement. Neantmoins icelluy sondit mary grossast et mist en estat pour seeller certain nombre de creatz qu’il avoit receuz avant son admodiacion, et les mist touz de la dapte d’icelle amodiacion avecques les creatz qu’il avoit receuz en ladite admodiacion, les fist seeller de nostre seel dudit tabellionnaige de Mirecourt et, quant ilz furent seeller, il les remist des daptes et jours qu’il les avoit receuz, aprés la racleure par luy faicte sur iceulx creatz d’icelles daptes. A quoy nosdits tabellionnaiges dudit Mirecourt, de ce que dit est informéz, mirent ou firent mectre en noz mains touz les biens de sondit mary, pour lesquelx biens dessus dits, pour en avoir main levee et jouissance, elle en a payé a nostre receveur general de Lorranne la somme de trente frans ; par quoy icelluy Jehan Desquetot, doubtant rigueur de justice s’absenta de 118

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nozdits pays et seigneuries esquelx il n’oseroit retourner si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle en l’onneur de /43/ nostre seigneur Jhesucrist qui receupt mort et passion a ce jour d’uy jour de saint vendredi. De ce est il que avons les choses dessus dites considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu que ledit Jehan est chargé d’enffens, a icelluy Jehan Desquetot avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes les cas et offences dessus dits avecques toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion de ce icelluy Jehan peut estre encouru envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué, remectons et restituons en sa bonne famme et renommee par touz noz pays comme il estoit en paravant le cas advenu et a ses biens s’aucuns en y a, sauf toutesvoys que n’entendons et ne voulons qu’il exerce plus le cours de sa vie ledit office de tabellion, impousant sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general de nostredit duchié de Lorranne et a touz autres noz officiers quelxconques, sactiffacion faicte a partie interessé civillement tant seulement si faicte n’est et elle y eschiet. Si donnons en mandement a touz noz seneschal, marchal, baillitz, prevostz, chastelains, receveurs et autres noz justiciers, officiers, hommes, vassaulx et subgietz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx, prions et requerons touz noz amys, alliéz et bien vueillans que ledit Jehan ilz facent, seuffrent et laissent jouir et user plainement et perpetuellement de ceste nostre presente grace, pardon et remission sans luy mectre ou /43v°/ donner ne souffrir estre fait, mis ou donné en son corps ne en ses biens aucun arrest, destourbier ou empeschement au contraire, ainzoys si sondit corps ou aucuns ses biens estoient ou sont pour empeschéz, ilz les mettent incontinant a plaine delivrance, sauf nostre droit et l’autruy. Donné a Nancy, le XXe jour d’avril mille quatre cens quatre vingts et ung. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le seneschal de Lorranne, le seigneur de Fontiaigne et autres presens. Crestien.

34 1481, juillet - Nancy. Rémission accordée à Colin et Jean, fils de Mengin, demeurant à Fouchifol, coupables d’homicide commis sur la personne de Bertrand, leur voisin, à la suite d’une dispute survenue vers Noël 1480. Copie, ADMM, B 2, f° 82v°-83.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de Colin et Jehan, enfans de Mengin de Forchifol, en nostre prevosté de Saint-Diey, avons receue contenant que, environ Noel darrenierement passé, eulx estans audit Forchifol faisans leur labeur pour gaingner leur pouvre vie, advint que ung de leur voisin, nommé Bertrand, avoit hayne contre lesdits Jehan et 119

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Colin, supplians, mist son chier tout vuyt au travers du chemin, et ainsi que ledit Jehan avoit chargé son cher de fumier pour mener en ses champs, comme il vouloit charrier, icelluy Jehan dist audit Bertrand qu’il tirast ung peu arriere sondit cher pour passer ou luy mesmes le tireroit arriere, et aprés le remettroit en son lieu. Et ledit Bertrand respondit qu’il aimeroit mieulx soy crever les yeulx qu’il tirast ne touchast sondit cher ; et ainsi que ledit Jehan charrioyt et tiroit son cher avant pour passer par darriere le cher dudit Bertrand, non desirant avoir rigueur aucune a luy, vint ledit Bertrand tenant une haiche en sa main, et par grande fureur frappa les chevaulx dudit Jehan, et si ne luy faisoit dommaige ne desplaisir ; ce voyant, ledit Colin, frere dudit Jehan, que ledit Bertrand frappoit les chevaulx de sondit frere, vint de sang meu et par grande challeur, tenant une haiche en sa main, et en eulx /83/ debatans, ledit Colin frappa a mort icellui Bertrand ; et aprés que ledit Collin eut fait le cop, ledit Jehan vint atout une verge de quoy il menoit ses boeufz et chevaulx, et frappa plussieurs cops sur ledit Bertrand. Pour lequel cas lesdits supplians, doubtans rigueur de justice, se sont absentéz de noz pays, terres et seigneuries, et n’y oseroient jamés retourner si nostre grace ne leur est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que lesdits supplians se sont le passé tous jours bien et honnestement gouvernéz, et sans avoir esté actaints ne convaincuz d’aucun villain cas, b[l]asme ou reprouche, considerans aussi que ledit Bertrand fut agresseur, pour ces causes et autres nous mouvans, avons ausdits Jehan et Collin quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons par ces presentes le cas et offence dessus dits, et les avons quant a ce remis, restituéz et restabliz, remettons, restituons et restablissons par cesdites presentes en leur bonne fame et renommee audit Forchifol et par touz noz pays et seigneuries comme ilz estoient avant ledit cas non avenu, sactiffacion faicte a partie civillement tant seullement si faicte non est et elle y eschet, imposant sur ce sillance perpetuel a nostre procureur general en nostredit duchié et autres qu’il appartiendra. Sy donnons en mandement a tous noz seneschal, mareschal, baillitz de Nancy et de Vosge et autres noz justiciers, officiers et subgietz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx cui ce regardera, prions et requerons touz autres que lesdits Jehan et Colin, supplians, ilz facent suffrent, etc., que furent faictes et donnees ou moys de juillet, l’an mil IIIIc IIIIxx et ung. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschaulx de Lorraine et de Barroys, baillitz de Nancy et de Vaudemont, Jacques Wisse, cappitaine de la garde, Jehan d’Ainvau et autres presens. Maistrot.

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35 1481, 10 août - Nancy. Rémission accordée à Guillaume Guernier, originaire de France et établi à Nancy depuis le 1er mai 1481, coupable d’avoir fabriqué pour sept ou huit francs de fausse monnaie et d’en avoir mis en circulation avec la complicité de Pierre Sibrand pour cinq francs  ; ce dernier ayant été arrêté, il a trouvé asile dans l’église de la collégiale Saint-Georges de Nancy (cf. n° 36 et 46). Copie, AD MM, B 2, f° 96r°-v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p. 168-169.

René, etc., a touz etc., salut. Savoir faisons que receue avons l’umble supplicacion de Guillaume Guernier, natif des pays de France, contenant que, puis le premier jour de may darrain passé encza, ledit suppliant /96v°/ c’est party desdits pays de France pour venir en nostre duchié de Lorraine ou illec a demouré par aucuns jours en nostre ville de Nancy, auquel lieu, pandant le temps dessus dit, a fait en molle pour environ sept ou huit frans de monnoye faulce, c’est assavoir targes de France et gros de Mets, de laquelle somme a esté dispercé et mis par ledit suppliant en nostredite ville de Nancy environ la somme de deux frans pour avoir des vivres seullement, et par ung nommé maistre Pierre Sibrand pour environ troys frans, et le sourplus de ladite monnoye faulce a esté refondue par ledit suppliant et gectee dedans les fouséz de nostredite ville de Nancy pource qu’il fut adverty que noz officiers dudit lieu avoient mis la main audit maistre Pierre Sibrand ; et a ceste cause ledit suppliant ce mist en franchisse dedans nostre eglise collegial de monseigneur saint George audit Nancy, ou il a esté par certains jours. Lequel suppliant, doubtant rigueur de justice, et aussi que par autresfoiz avoit esté actaint dudit cas esdits pays de France et comdampné par les officiers du roy en grosse somme de deniers, nous a treshumblement supplié que, au regart de ce que dit est et que par neccessité dont il estoit contrainct il a mis et dispercé ladite monnoye, nostre plaisir soit lui pardonner et abbolir ledit cas et lui sur ce impartir nostre remission, grace et pardon. De ce est il que nous, les choses dessus dites considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu ce que dessus, a icellui Guillaume Guernier avons quicté, remis et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes le cas et offence dessus dits, avecques toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour occasion de ce que dit est, etc., et l’avons quant a ce remis et restitué etc., et a ses biens non confisqués s’aucuns en y a, etc., impousant sur ce sillance perpetuelle a nostre procureur general, etc. Si donnons en mandement etc., sauf en autres choses nostre droit et l’autruy. Donné audit Nancy, le Xe jour du moys d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx I. Signé René. Par monseigneur le duc, maistre Nicolle Paillart, confesseur, et maistre Jehan de Charnieres, ausmonier, et autres presens. Tiessart. 121

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

36 1481, 27 août - Nancy. Rémission accordée à Pierre Sibrand, maître ès arts, originaire de France, emprisonné à Nancy, complice de Guillaume Guernier, faux monnayeur, et coupable de mise en circulation de deux ou trois francs de fausse monnaie (cf. n° 46). Copie, ADMM, B 2, f° 94v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p. 169-170.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Pierre Sibrand, maistre ez ars, natif du pays de France, contenant que, puys le premier jour de may darrain passé ença, c’est trouvé en la compaignie d’un nommé Guillaume Guernier, aussi natif desdits pays de France, lequel lui debvoit aprendre a escripre et a enluminer et monstrer aucuns secretz d’arquemy, pandant lequel temps ledit Guernier a fait pour environ sept ou huit francs de faulce monnoye en moulle, c’est assavoir targes de France et gros de Mets, de laquelle somme en a esté distribuéz par ledit suppliant en nostre ville de Nancy et a Port pour environ deux ou troys frans ; avecques ce, pandant ledit temps que icellui Guernier faisoit icelle monnoye faulce, ledit Pierres le vit gecter par ledit Guernier dedans le moulle ou ce faisoit ladite monnoye, et vit bien qu’il fondoit aucuns metaulx comme cuivre, estain et autres metaulx, ne scet quelx. Laquelle chose venue a la congnoessance de nosdits officiers a esté par eulx mise la main audit Pierres pour ledit cas, et par certains jours tenu prinsonnier en nostre ville de Nancy ; par quoy ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, etc. A icelluy Pierre avons quicté, remis et pardonné, etc., avecques toute peine, amande corporelle, criminelle et civille, etc. Si donnons en mandement etc. Donné a Nancy, le XXVIIe jour d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx I. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., maistre Nicolle Paillart, confesseur, et maistre Jehan de Charnieres, ausmonier, et autres presens. Tiessart.

37 1481, août. Rémission accordée à Pierre, bâtard de Grandson, serviteur de René II, coupable d’homicide commis le 10 août 1481 à Nancy sur la personne d’un autre serviteur du duc, nommé Pied-de-Fer, à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 2, f° 86v°-87. P. Marichal, « Lettres de rémission accordées par le duc René II à Pierre, bâtard de Grandson », Journal de la Société d’Archéologie lorraine, 1895, p. 8-11.

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René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Pierre, bastart de Gransson, nostre serviteur dommestique, avons receue contenant que, le jour de feste saint Laurens darrenierement passé, ledit suppliant estant en ceste nostre ville de Nancy rencontra enmy la rue, pres de nostre eglise collegialle de Saint-George ou estoient plussieurs noz gentilz hommes et autres noz subgietz, ung appellé Pied de Fer qui se disoit seigneur de Chevillon en partie, aussi nostre serviteur, et lui demanda qu’il avoit fait d’une sienne robbe de veloux fouree d’un fin noir, laquelle il avoit prinse en sa malle en nostre ville de Saint-Nicolas-de-Port sans le sceu dudit de Gransson ne de ses gens ; lequel Pied de Fer respondit haultainement qu’il l’avoit engaigee, dont icelluy bastart ne fut pas contant, disant que c’estoit mal fait de l’avoir prinse et engaigee sans sa licence, et qu’il en avoit fait mescheanment et d’ung mal deux, comme ung tresmeschant homme ; a quoy ledit Pied de Fer respondit qu’il avoit menty et, profferant lesdites parolles, donna audit bastart une grant buffe et de rechief luy eust donné d’ung gros baston qu’il tenoit si n’eust esté le seigneur de Haroel qui luy osta ; pour laquelle cause icelluy de Gransson, se voyant frappé et desmentu, et qu’il estoit injurié et villainement oultraigé, fut esmeu en soy et de chaut sangc print une petite dacgue qu’il portoit et en frappa ledit Pied de Fer ung cop dedans le corps, duquel cop, certain brief jour aprés, il termina de vie par mort. Allocasion duquel cas ledit de Gransson se tira en franchise dont il ne peut partir, ne n’oseroit jamés habiter ne frequenter noz pays si nostre grace ne luy estoit sur ce extendue et impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu que ledit deffunctz fut agresseur et que ledit bastart c’est par cy devant touz jours honnestement et gracieusement conduyt et gouverné sans avoir esté actainct ne convaincu d’aucun villain cas, b[l]asme ou reprouche, a icelluy Pierre, pour ces causes et autres nous mouvans, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes les cas et offence dessus dits ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il peut estre encheu envers nous et justice, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est et elle y eschiet, et l’avons quant a ce remis, restitué et restably, remectons, restituons et restablissons par cesdites presentes en ses bonne fame et renommee par touz noz pays, terres et seigneuries et a ses biens non confisquéz, comme il estoit avant ledit cas non advenu, /87/ imposant sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general et autres qu’il appartiendra. Sy donnons en mandement a noz seneschal, mareschal, baillitz de Nancy, d’Alemaigne et de Vosge, et a touz autres noz justiciers, officiers et subgietz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx cui ce regardera, prions et requerons touz autres que ledit Pierre, bastart de Gransson, ilz facent, seuffrent et laissent jouir et user plainement et paisiblement de ceste nostre presente grace, remission et pardon par la maniere que dit est, sans luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun arrest, destourbier ou empeschement, ainczoys si son corps ou aucuns de sesdits biens sont ou estoient pour ce detenuz et empeschéz, ilz, incontinant et sans delay, les meptent 123

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ou facent mectre a plaine delivrance, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait mectre nostre seel a sesdites presentes, que furent faictes et donnees ou moys d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx I. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., Jacques Wisse, cappitaine de la garde et autres presens. Maistrot.

38 1481, décembre. Rémission accordée à Gérard de Cabilla, dit le Renard, demeurant à Lahaymex, qui, le 23 mai 1481, après avoir rencontré dans une taverne Jacquet Duboys, le raccompagna et profita de son sommeil pour l’agresser et le blesser. Copie, ADMM, B 2, f° 149v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Colecte, femme de Gerard de Cabilla, dit le Renard, et d’autres ses parans et amys demourans a Lahemeix en la parroise de Saint-Michiel, avons receue contenant que, environ le XXIIIe jour du moys de may darrain passé, ledit Gerard avoit amené vendre audit Saint-Mihiel une voicture de boys pour nourir ladite Collecte qui lors estoit ensaingte et chargee de troys petitz enfans ; et en retournant trouva au bout d’une taverne qui est au bout du pont a Meuze ung nommé Jacquet Duboys qui venoit de conduire certaines brebis appartenant a plussieurs marchans, lequel requist audit Gerard qu’il le menast dessus sa charrete a troys lieux dudit Saint-Mihiel tirant vers l’abbaye de Lisle-en-Barroys ; de quoy faire ledit Gerard fut contant et pour son sallaire lui bailla ledit Jacquet une pinte de vin vueil et ung petit pain que ledit Gerard despensa en ladite taverne. Et aprés qu’ilz eurent beu et mengé, ledit Jacquet monta sur ladite charrette et le mena ledit Gerard jucques a ung boys pres une fontaine, dicte la Fontaine-aux-Trolles, et veant ledit Gerard que ledit Jacquet dormoit sur du foingn estant en ladite charrette, lui, seduit et tempté de l’annemy, prinst ung traict de charrette et en fist ung licol et le mist au col dudit Jacquet et le tira au bas d’icelle charrette et icellui mutilla et navra tresfort au visaige et par la teste, tant de ladite corde comme des pietz et autrement, sans ce qu’il eust fait aucun desplaisir audit Gerard. Pour lequel cas ledit Gerard s’absenta dudit duchié de Bar et a habendonné sesdits femme et enfans sans quelconque provision, en grande pouvreté et misere, et plus seroient si nostre grace ne leur estoit sur ce impartie audit Gerard, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons etc., ensemble toute peine et amende en quoy il peut estre encheu envers la royne, nostre tresredoutee dame et mere, et nous, etc., sactiffacion faicte a partie civillement tant seulement si faicte n’a esté. Donné ou moys de decembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et ung. Signé René. Par monseigneur le duc, les seneschaux de Lorraine et de Barroys, bailly de Nancy, messire Balthasar de Haussonville, le procureur general et autres presens. Maistrot. 124

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39 1482 (n. s.), 31 janvier - Nancy. Rémission accordée à Mengin, fils du Petit Thomas de Vaudémont, coupable d’avoir commis deux vols avec effraction, vers le 25 décembre et le 12 janvier 1482, dans la maison du prieur de Saint-Jacques-au-Mont à Neufchâteau. Copie, ADMM, B 2, f° 131v°.

Lettre de remission pour Mengin, filz le Petit Thomas de Vaudemont, lequel a commis les cas cy aprés ecripts, c’est assavoir, la nuit aprés la seconde feste de Noel derrain passé, il entra par une fenestre en la maison que tient au Nuefchastel le prieur de Saint-Jacques-ou-Mont, et la print furtivement une fustainne faicte a corps de femme, troix nappes, quatre platz petis et deux lincieulx, et icelle pieces porta a Vezelize et les vendit a Clemence, femme Claude Mathiet, pour le priz de troys francs et deux gros, de quoy il acheta du vivre. Consequemment, environ quinze jours apréz, c’est assavoir le XIIe jour de janvier, retourna ledit Mengin en la maison dudit prieur de Saint-Jacques-ou-Mont, et la print ung orilier de plume, une quarte, une choppine, ung pot de cuivre, deux lincieulx, une petite nappe, ung jambon de porc et deux andoilles qu’il vendit le plus secretement qu’il peult, etc. Donnee a Nancy, le darnier jour de janvier mil IIIIc IIIIxx et I. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le seigneur de Cotignac, seneschal de Lorraine, et aultres presens. Christien.

40 1482, 19 avril - Nancy. Rémission accordée à Demange Bazey, de Marzelay, témoin de l’homicide commis par son frère Didier sur la personne d’un nommé Rodolphe, demeurant à Rambervillers, qui avait injurié la femme de Didier. Copie, ADMM, B 2, f° 150.

René, etc., a touz ceulx etc., salut. L’umble supplicacion de Demange Bazey, de Mazelay en nostre ville de Saint-Diey, avons receue contenant que nagueres lui et son frere Didier Bazey, menans des vins d’Allemaingne a Ramberviller, trouverent au chemin ung nommé Rodolff, demourant audit Ramberviller, lequel ensemble ledit Didier son frere se prindrent (ensemble) de parolles rigoureuses a l’occasion de la femme d’icellui Didier, laquelle ledit Rodolff avoit plussieurs foiz requise de deshonneur et tellement que, aprés beaucoup de langaiges deshonnestes dudit Rodolff, ledit Didier, qui ne les povoit soupporter, donna d’un coup a icellui Rodolff duquel il cheyt mort. A l’occasion de quoy, doubtant rigueur de justice, lui et sondit frere s’absenterent du pays ouquel n’ouseroit ledit Demonge retourner si sur ce nostre grace et misericorde ne lui 125

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

estoit extendue, dont il nous a treshumblement supplié. Savoir faisons que nous, desirans a l’exemple de nostre seigneur Jhesuschrist preferer misericorde a rigueur de justice, ayans aussi regard a ce que ledit Demonge, comme avons entendu, ne fut jamés convaincu d’aucuns villains cas et c’est tous jours honnestement gouverné, mesmement qu’il dit n’avoir aucunement consenti audit meurtre fait par sondit frere, ains lui en a despleu non obstant qu’il fust present, avons audit Demonge tout le cas ensemble toute amende corporelle, criminelle et civille dont il pouroit tant de droit comme de coustume estre comdempné et encheu envers nous et justice, de grace especialle remis, pardonné et abboly et par ces presentes remectons, pardonnons et abolissons, touteffoiz sactiffaction faicte a partie a la poursuire civillement tant seullement, en le remectant par ce a ses fame et honneur et a touz ses biens non confisquéz comme par avant ledit cas advenu. Si donnons en mandement par ces presentes a touz noz baillitz, procureurs, etc., en impossant pour ce sillance perpetuelle a nostredit procureur, car ainsi le voulons, etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XIXe jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo. Lud.

41 1482, mai. Rémission accordée à Didier Grolet, de Vigneulles, témoin de l’homicide commis le 28 avril 1482 par Claude le Boursier sur la personne de Guillaume Rollin, de Rosières-aux-Salines, au cours d’une dispute qui avait pour origine le partage des prix récompensant un concours de tir à l’arbalète organisé à Bayon. Copie, ADMM, B 2, f° 158v°-159r°-v°.

René, etc., a touz, etc., salut. L’umble supplicacion de Didier Grolet, de Vigneulles pres nostre ville de Rousieres, avons receue contenant que, le XXVIIIe jour du moys d’avril darrain passé, ledit suppliant se partit dudit Vigneulles pour aller a Boyon tirer au jeu de l’arbaleste et, quant il ariva audit lieu, trouva qu’il y avoit ung pris d’une aulne de drap et ung pot d’estaingn qu’aucuns seigneurs dudit Boyon avoient donnéz a celui ou ceulx qui mielx tireroient cedit jour, lequel Didier, suppliant, s’acompaigna et associa avecques six /159/ arbalestiers dudit Rousieres, assavoir avecques Thierret, filz Cadelon, Nicolas Mareschal, Cugnin Raiguet, Roussel, André Mareschal de la salline, et Guillaume Rollin, pour estre participans avecques eulx desdits pot d’estain et aulne de drap si aucun d’eulx gaingnoit le prix. Or advint que ledit Mareschal de la salline gaingna troys coups, ung nommé Lovyon, de nostre ville de SaintNicolas, troys cops, et ung appellé Thierry de Boyon aussi troys cops ; adoncques ledit Lovyon, de soy, sans parler a ses compaignons qu’estoient dudit SaintNicolas, requist ausdits de Rousieres qu’ilz le vousissent recevoir et acompai126

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gner avecques eulx pour estre reparty du pris et jouel dessus dit s’il leur escheoit, et si longuement s’esbatirent que en la fin ledit Lovyon emporta ledit drap et le susdit André emporta ledit pot d’estain. Et ce fait, ce partirent ensemble dudit Bayon lesdits de Rosieres, et avecques eulx ung appellé Gigoul, Pierre de Jonvay, Jehan Mathias et Glaude Boursier, touz de nostre ville de Saint-Nicolas, et y estoit ledit Lovyon, s’en vindrent sans murmurre, debat ou question jucques dessus Sasfay, et la s’entendoient de partir ; subitement, lesdits de Rouzieres requirent ausdits de Saint-Nicolas qu’ilz les vousissent repartir de l’aulne de drap que ledit Lovyon avoit gaigner selon la promesse et acompaignement qu’ilz avoient ensemble, et que voulantiers les repartiroient dudit pot d’estain, dont ledit Lovyon fut reffusant, et a ceste cause se prindrent de parolles les dessus dits arbalestriers, et semblablement ledit suppliant qui tenoit la partie dudit Guillaume Rollin ; et eulx persistans en rigueur, ledit Glaude Boursier, meu de chault sangc ou autrement indispouzé et mal conseillé, tira ung baselare qu’il avoit et d’iceluy frappa ledit Guillaume si rudement que, environ huit jours aprés, il termina de vie par mort. A l’ocasion de quoy ledit Didier Grolet, suppliant, combien qu’il ne fust en rien cause mouvant de la question dessus dite, n’oseroit seurement demourer en noz pays, terres et seigneuries, si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses /159v°/ considerees, voulans misericorde estre preferee a rigueur de justice, actendu mesmement que ledit Didier est homme de bonne vie et honneste conversacion, sans jamés avoir esté actainct d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, a icelluy, pour ces causes et autres nous mouvans, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes le cas et offence prescriptz, en quelque maniere qu’il soit advenu, ensemble toute peine et amende en quoy il peut estre encheu et encouru envers nous et justice, sactiffacion faicte a partie civilement tant seulement si faicte n’est et elle y eschet, et l’avons par ce remis, restitué etc. Si donnons en mandement, etc. Donné ou moys de may, l’an mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le seigneur de Haroel et autres presens. Maistrot.

42 1482, mai. Rémission accordée à Claude le Boursier, de Saint-Nicolas-de-Port, coupable de l’homicide commis le 28 avril 1482 sur la personne de Guillaume Rollin, de Rosières-aux-Salines, au cours d’une dispute qui avait pour origine le partage des prix récompensant un concours de tir à l’arbalète organisé à Bayon. Copie, ADMM, B 2, f° 162r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Jehan Richart et Perrin le Bourcier, frere de Claude le Boursier, de nostre ville de Saint-Nicolas, avons receue contenant 127

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

que, le XXVIIIe jour du moys d’avril darrain passé, ledit Claude se partit de nostre ville de Saint-Nicolas pour aller a Boyon tirer au jeu de l’arbaleste et, quant il ariva audit lieu, trouva qu’il y avoit ung pris d’une aulne de drap et ung pot d’estaing qu’aucuns seigneurs dudit Boyon avoient donnéz a celuy ou ceulx qui mieulx tireroient celuy jour, lequel Claude s’acompaigna et associa avecques IIII arbalestriers de nostredite (dicte) ville de Saint-Nicolas, assavoir est Gigoul Boulanger, Pierre Tourneurs, Louvion le Cordouennier et Jehan Noleau, mercier, pour estre participans avecques eulx dudit pot d’estaing et ausne de drap, s’aucuns d’eulx gaingnoit le pris. Or advint que ung appellé André Mareschal gaingna troys coupts, ung nommé Louvion, de nostre ville de Saint-Nicolas, troys coupts ; adoncques ledit Louvion, de soy, sans parler a ses compaignons qu’estoient dudit Saint-Nicolas, requist auxdits de Rouzieres qu’ilz le vousissent recevoir et acompaigner avecque eulx pour estre reparty du pris et jouel dessus dits s’ilz leur escheoient ; et si longuement s’esbatirent qu’en la fin ledit Louvion emporta ledit drap et ledit André ledit pot d’estaing et, ce fait, ce partirent ensemble dudit Boyon lesdits de Rouzieres, avecques eulx ung appellé Gigoul, Pierre de Jonvay, Jehan Mathias et ledit Claude Boursier, touz de nostredite ville de Saint-Nicolas, qu’ilz les vousissent repartir de l’aulne de drap que ledit Louvion avoit gaingnee, selon la promesse et acompaignement qu’ilz avoient ensemble, et que voulantiers les repartiroient dudit pot d’estain, dont ledit Louvion fut reffusant. Et a ceste cause se prindrent de parolle les susdits arbalestriers, semblablement ledit Claude qui tenoit la partie de sesdits compaignons de Saint-Nicolas ; /162v°/ eulx persistans en rigueur, entre autres ung nommé Guillaume Roulin de Rousieres, estant a cheval, descendit a pié et vint audit Claude le Boursier dudit Port, et le voulut frapper de son arbalestre, et ledit Claude, en recullant, disoit audit Guillaume Raoullin qu’il ne luy demandoit rien, lequel, neantmoins touz jours approuchant dudit Claude, par menaces disoit qu’il le rapperoit et qu’il mettroit jus son cousteau ou qu’il le luy feroit manger ; quoy voyant ledit Boursier, doubtant le coup de l’arbaleste que tenoit ledit Guillaume, meu de sancg chault, indispouzé et mal conseillé, tira ung bezelaire qu’il avoit et d’iceluy frappa ledit Guillaume si rudement que, environ VIII jours aprés, il termina de vie par mort. A l’occasion de quoy ledit Claude n’ouseroit seurement demourer en noz pays, terres et seigneuries, se nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que ledit Claude est homme de bonne vie et honneste conversacion, sans jamés avoir esté actaint d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, aussi a la requeste et supplicacion desdits supplians, ces parans et amys, a icelluy Claude, pour ces causes et autres nous mouvans, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes le cas et offence prescriptes en quelque maniere qu’il soit advenu ensemble toute peine et amende corporelle en quoy il peult estre encheu et encouru envers nous et justice, sactiffacion faicte a partie civillement tant seulement si 128

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faicte n’a esté et elle y eschet, et l’avons par ce remis et restitué en sa bonne fame et renommee ainsi qu’il estoit par avant ledit cas non advenu, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes etc. Donné ou moys de may, l’an mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Thiessart.

43 1482, 10 août - Nancy. Rémission accordée à Hammonin, de Biécourt, fils de feu Serriot de Biécourt, emprisonné à Châtenois, coupable de plusieurs vols à Mirecourt et à Toul. Copie, ADMM, B 2, f° 180r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Hammonin, filz de feu Serriot de Biecourt soubz Chastenoy, contenant que nagueires, par pouvreté et deception diabolicque, pour norrir et gouverner ses pouvres femme et enffans, il print et roba ung lit avec ung autre petit lit en façon d’un quartau en l’ostel de Perrin de Saint-Prainchier, lesquelx pourta a Mirecourt et les y vendit a ung nommé Thouvenin, filz de Jehan Thouvenin dudit Mirecourt. Et aprés se trouva a Toul avec deux chevaulx qu’il avoit achettéz et en compaignie de marchans, lesquelx deux chevaulx il vendit et en eust deux pennes en payement et, le merchié fait, luy semble qu’il estoit barretté et monstra l’une desdites pennes affin de savoir combien elle valloit, et au retour qu’il fit chiei son hoste, ne trouva point ses merchans, lesquelx estoient desja en une autre taverne qui vandoient lesdits chevaulx ; lequel Hammonin crochetta tant d’un cousteau et d’un poinçon qu’il avoit qu’il ouvrit l’uise de l’estauble ou que estoient lesdits chevaulx, lesquelx il reprint et les enmena et laissa a l’ostesse lesdites pennes, a laquelle il dit qu’elle les garda bien jusques a son retour, et depuis est point retourné. Plus, luy estant a la foire de Donpjulien darnier passee, /180v°/ trouva pluseurs hommes qui regardoient leurs adventure ; et lors sorrevint Jehan Bertrand de Saint-Menges, menant ung cheval a la foire ; ce furent lesdits hommes qui s’aprocharent et regarderent ledit cheval en la bouche, demandant ce qu’il povoit avoir d’aige et ou il l’avoit prins, dont l’un dist qu’il l’avoit mieulx norry que luy et que on luy avoit robbé en son hostel, ledit Hamonin s’aproucha et dit : « Combien me donnera tu et je le te feray ravoir », lequel en eust ung franc, disant : « Je le te venderay affin qu’il n’y ait point de dangier et te paieray la vente, faisant semblant et maniere que je le t’ay vendu ». Pour lesquelx cas par ledit Hamonin ainsi commis, il est de present en la main de la justice de nostre ville de Chastenoy, nous treshumblement suppliant luy sur ce impartir nostre grace, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, en faveur aussi de sez povres femme et enffans, a icelluy, pour ses causes et autres nous mouvans, avons remis et pardonné, remectons 129

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

et pardonnons par ces presentes les cas et offences dessus dits avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour occasion de ce que dit est, icelluy Hammonin puet estre enche[u] envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis et restitué, remectons et restituons en son bon fame et renommee en et par tous noz pays et seigneuries comme il estoit paravant les cas dessus dits, et en tant qu’a nous est a sez biens non confisquéz s’aucuns en a, imposant sur ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorraine present et advenir et a tous noz autres officiers et justiciers quelconques, satiffacion faicte a partie interessé civillement tant seulement si faicte n’est et elle y eschiet. Si donnons en mandement par ces presentes a tous noz seneschal, marechal, baillys, procureurs, receveurs, prevosts, mayeurs, officiers, justiciers, hommes et subgets, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que ledit Hammonin ilz fasent et seuffrent et laissent joyr et user plainement et paisiblement de ceste nostre presente grace et pardon et remission pour lez cas dessus dits, sans luy mectre ou donner ne souffrir mectre ne donner aucuns empechement au contraire, mectant aussi son corps a delivrance, saulf en autres choses nostre droit et l’autruy. En tesmoing de ce, nous avons a cez presentes, signees de nostre main, fait [ap]pendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Nancy, le Xe jour d’aoust mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. C[r]estien.

44 1482, août. Rémission accordée à Mengin le serrurier, de Houdemont, demeurant à Nancy, complice deux ans auparavant d’un vol de fromages à Toul et de la revente d’une partie du butin en plusieurs lieux, et depuis accusé de vols à Nancy. Copie, ADMM, B 2, f° 187.

René, etc., a touz, etc. L’umble supplicacion de Mengin le Serrurier, de nostre ville de Houdemont devant Nancy, avons receue contenant que, environ a deux ans qu’il fasoit residance audit Nancy, y estant son mesnaige avecques ses femme et enffans, ouvrant chascun jour de son mestier pour gaigner sa pouvre vie ainsi que ung bon preudhomme doit faire, ou quel temps ung jeusne homme de Toul, du nom il n’est plus recors, vint devers luy et l’ennorta et seduit tellement qu’il l’emmena audit Toul en une chambre en l’ostel de son pere, luy fist lever une serre et deffermer ung couffre ou il trouverent plussieurs formaiges, lesquelx ledit Mengin, suppliant, nom cuidant mal faire a cause qu’il estoient au pere d’icelluy qui le mena audit Toul, vendit lesdits formaiges en divers lieux, et a ceste cause fut suspicionné d’avoir prins sept aulnes de drap et de plussieurs autres larrecins qui lors furent faitz audit Nancy, dont il ne scet riens, mes le bruit courut que c’estoit ledit suppliant. Pourquoy il, doubtant 130

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l’aprehencion de sa personne, s’absenta dudit Nancy dont il fut enchassé et noté sans cause, et est encores hors de noz pays fugitif, et n’y oseroit retourner se nostre grace ne luy estoit sur ce impetré, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que ledit Mengin c’est, comme avons sceu, tous jours honnestement porté et gouverné sans avoir esté actaint d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, et qu’il desire fort soy repaier en cest nostredit conté de Vauldemont decouste ses parans et amys, a icelluy Mengin, pour ces causes et autres a ce nous mouvans, avons remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et perdonnons par ces presentes les cas et offences dessus dits, avecques toute peine et amende corporelle, criminelle, civille, en quoy il peult estre encouré envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis, restitué et restably, remectons et restablissons per cesdites presentes a ses bonne renommee et fame par touz noz pays, terres et seigneuries et a ses biens non confisquéz, satifficacion faicte a partie civillement tant seulement si faicte n’est et elle y escheit, impossant sur ce sillance perpetuel a nostre procureur general et autres qu’il apartiendra. Si donnons en mandement a touz noz seneschal, etc., que de ceste nostre presente etc., en corps ne en biens, anczoys si son corps ou aucuns sesdits biens sont ou estoient pour ce empeschéz, ilz les meptent ou facent mectre etc. Donnees ou moys d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le bailly de Nancy, messire Hardouyn de la Jaille, Thomas de Paffenehoffen, bailly de Vauldemont et autres presens. Mastroit.

45 1482, 26 septembre - Nancy. Pardon accordé à Cugnin, échevin de Nancy, accusé d’avoir pactisé avec les Bourguignons pendant les dernières guerres. Copie, ADMM, B 2, f° 194v°.

Abolucion et pardon donné par monseigneur le duc, etc., a Cugnin, eschevin de la ville de Nancy, de certains cas que le procureur general disoit estre perpetréz et commis par ledit Congnin, tant paravant les guerres des Bourguegnons que durant icelles, et entre autres pour certain argent qu’ilz disoit avoir eu desdits Bourguegnons et d’ung qui mourut en son hostel, par quoy icelluy procureur le vouloit mectre en justice. Donné a Nancy, le XXVIe jour de septambre, l’an mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., messire Hardouyn de la Jaille chevalier, les baillitz de Vaudemont et de SaintMihiel presens. G. Durat

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46 1482, 8 novembre - Nancy. Rémission accordée à Jean Claude, de Gondreville, coupable d’avoir acheté pour cent francs de fausse monnaie à Guillaume Guernier, déjà gracié pour ce crime en 1481, et d’en avoir mis une partie en circulation (cf. n° 35 et 36). Copie, ADMM, B 2, f° 210r°-v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p. 171-172.

René, etc. a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Jehan Claude, de Gondreville, pouvre compaignon chargé de femme et de plussieurs petiz enffens, avons receue contenant que par temptacion diabolicque, ceduction et subornement d’un faulx monnoyeur nommé maistre Guillaume, illumineur, qui nagueres de temps pour avoir faicte faulce monnoye fut prins et arresté en ceste nostre ville de Nancy, icelui maistre Guillaume luy vendit et delivra pour cent francts d’icelle faulce monnoye ou environ, pour lesquelx cent frants il luy en paya contant trente frants de bon argent qu’il print et empruncta a Toul aux lombars, de laquelle faulce monnoye la declaracion des especes estoient : targes de neuf blants demy et targes de dixhuit deniers gros de Mets, targes au coing de Bretaigne de troys blans, targes au souleil du coing du roy, cinquains et petiz blans de Baisle ; desquelx cent frans de ladite faulce monnoye ledit Jehan Claude en mist et delivra depuis la somme de trente frans a ung nommé Janequin, alias dit le Magister, de Tanniey pres Bar-le-Duc, pour la somme de vingt frans bonne monnoye, pour les quelx vingt frans icelluy en bailla cedulle et obligacion et, affin que ledit Magister la peust mielx distribuer et que pour avoir paiement de luy, luy dist qu’il l’avoit faicte et qu’il la luy approuveroit, ce qu’il ne vouldroit avoir fait ne avant ne fist. Et depuis ledit Jehan Claude, adverty que pour ladite faulce monnoye icellui Magister avoit esté prins a Bar et eut remission, trouva moyen de parler a luy sur la nef de Gondreville et luy pria que, s’il en avoit plus d’icelle faulce monnoye, qu’il la gitast en ung feu et luy renvoia au lieu de Toul par sa femme son obligé desdits XX frans et le quicta de ladite somme. Mais neantmoins ledit Magister ne se tint de en mectre, a cause de quoy il fut de rechief reprins audit Bar pour ledit cas et accusa ledit Jehan Claude avoir fait ladite faulce monnoye. Et environ quinze ou XVI sepmaines aprés, ledit Jehan Claude estant sur la nef dudit Gondreville, ung poy --- nommant, comme il luy semble, maistre Pierre, soy disant salpetrier de monseigneur le roy et demeurant a Lisle-en-Barroys, parla a luy et luy dist la recongnoessance qu’avoit faicte ledit Magister et de la charge qu’il luy donnoit d’avoir faicte ladite faulce monnoye, lui promectant de lui apporter et rendre une lettre que pour ce on nous escripvoit, et que ledit suppliant lui vendist d’icelle faulce monnoye, lequel luy en delivra la somme de vingt et ung franc 132

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ou environ pour la somme de six frans de bon argent qu’il luy devoit rapporter avecques lesdites lettres, et depuis ne le vit. Et luy estant nagueres a une foyre a Saint-Mihiel, ung jeusne compaignon, qui disoit estre paige d’un seigneur qu’il ne congnoest, s’adressa a lui et luy dist que son maistre ne le vouloit paier de ses gaiges, luy monstra une taxe qu’il disoit estre d’argent, laquelle ledit paige avoit eue de sondit maistre pour son paiement, et n’estoit icelle taxe que de leton argenté qui ne valoit pas six blans, pour paiement de laquelle taxe ledit Jehan Claude luy donna pour six frants d’icelle faulce monnoye. Plus dit avoir distribué luy mesmes d’icelle faulce monnoye par les pays de France, Lorraine et Barroys et autres pays voisins pour environ quatre frans, et le demeurant /210v°/ de ladite somme de cent frans de ladite faulce monnoye dit avoir gecté en la riviere soubz le passaige dudit Gondreville, maintenant par ledit Jehan Claude ne l’avoir point faicte ne en avoir ouvré que en la maniere dessus dite, et n’avoir veu aucuns mosles en quoy elle avoit esté faicte par ledit maistre Guillaume sinon ung mosle rompu qui, depuis toutes ses choses, sa femme et luy disent avoir gecté en la riviere. A l’occasion desquelles choses dessus declairees, doubtant l’apprehancion et dangier de son corps, icellui suppliant c’est absenté de noz pays et seigneuries esquelx jamés il n’oseroit retourner si sur ce nostre grace et misericorde ne luy estoit par nous impartie, de laquelle il nous a treshumblement supplié et requis. Nous, inclinans a sadite supplicacion, ayans regart que a cause de ce ses biens ont estéz confisquéz a nous et mis en noz mains, et aussi que jamés paravant il n’avoit esté noté ou convaincu d’aucuns vilains cas, blasme ou reprouche etc., a icelluy pour ces causes et plussieurs autres avons remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons lesdits cas et offence etc. Donné a Nancy, le VIIIe jour de novembre, l’an dessus dit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., maistre Jacques Menant, procureur general de Lorraine et maistre des requestes, et autres presens. Crestien.

47 1483 (n. s.), 8 mars - Nancy. Rémission accordée à Mariette Parisot et à son fils Jean, demeurant à Villerssous-Prény, coupables d’homicide commis environ six semaines plus tôt sur la personne de Jacquemin le Roussel au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 2, f° 234.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Didier Parisot, de Villiers soubz nostre ville de Priney, avons receue contenant que environ six sepmaines a que Jacquemin le Roussel dudit lieu, son frere, se print de parolles avecques Mariette, femme dudit Didier, aprés lesquelles parolles sondit frere 133

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mist la main a sa femme et tiellement qu’ilz s’entrebatirent ensemble par faczon que sondit frere tumba sadite femme a terre ; et veant Jehan, son filz, sadite mere ainsi oulterraigee, la voulut aider et ainsi eulx entretenans et combatans les ungs ancontre autres, ledit Jacquemin tira ung couteau qu’il avoit, lequel cousteau ladite femme qui estoit desoubz lui ousta et l’en frappa parmy les coustes tiellement que, ung moys aprés, il en alla de vie a trespas. Et ce veant, ladite femme et sondit filz, doubtant rigueur de justice, se sont absentéz de nostredite duchié, en laquelle ilz ne se ousent bonnement retirer se nostre grace ne leur est sur ce impartie et leur pardonner et remectre ledit cas. Savoir faisons que nous, ayans regart et consideracion au cas ainsi advenu, a ce que ledit Jacquemin fut agresseur qui par raison devoit estre plus saige que ladite Mariette, aussi qu’elle ne sondit filz ne furent jamés actaints ne convaincuz d’aucun villain cas, blasme ne reprouche, voulans pour ce misericorde estre preferee a rigueur de justice, avons aujourd’uy a ladite Mariete et a Jehan son filz remis, quicté et pardonné ledit cas, ensemble toute amende tant corporelle, criminelle que civille en quoy ilz pouroient estre encouruz envers nous et justice et leurs biens non confisqués, et leur avons donné et donnons congié de retourner en nostredite duchié et marquis[i]e du Pont et les remectons a leur bonne fame et renommee, sactiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement si faicte n’est, en imposant silence etc. Donné en nostre ville de Nancy, le VIIIe jour de mars, l’an mil IIIIc IIIIxx et deux. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les bailliz de Nancy, de Vaudemont, procureur general de Lorraine presens. Guillaume Durat.

48 1483, novembre. Rémission accordée à Jean de Fougères, en Bretagne, serviteur de Gérard d’Avillers, grand écuyer d’écurie du duc, coupable d’homicide commis le 16 novembre 1483 sur la personne d’Etienne le Petit Vigneul, de Saint-Mihiel, autre serviteur de Gérard d’Avillers, au cours d’une dispute motivée par la présence d’une prostituée dans leur logement à Villermain ; Jean de Fougères a trouvé asile en l’église dudit lieu. Copie, ADMM, B 2, f° 249v°-250.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Jehan de Fougeres, en Bretaigne, avons receue contenant que, le dymanche XVIe de ce present moys, ledit suppliant estoit logié ou villaige de Villermy avecques aultres serviteurs de nostre grant escuier d’escuirie Gera[r]d d’Avillier, duquel il est serviteur, ouquel logeys estoit logié ung appellé Estienne le Petit Vigneul, natif de Saint-Michel ou duchié de Bar, auquel ledit suppliant, aprés pluseurs parolles, dist qu’il envoyast hors dudit logeys une fille de joye qui ceans estoit, 134

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a quoy ledit Estienne, qui l’avoit tenue puys aulchuns jours, respondit qu’il n’en feroit riens ; et lors ledit de Fougeres lui remonstra que c’estoit honte a luy de tenir ladite fille actendu mesmement qu’il estoit, que l’on disoit, marié, et profera ses parrolles estant ledit Estienne en l’estable avecques ladite fille. Et ce qui meut icelluy suppliant d’en parler fut qu’il luy sembloit que la despence de sondit maistre estoit fort excessive, disant qu’il, de ce adverty, n’en seroit content ; a l’eure ledit Estienne sortit dehors de la chambre, disant audit suppliant qu’il en avoit a faire, a quoy ycelluy suppliant respondit et dist : « La garse sortyra hors de ceans et s’en yra » ; adoncques ledit Estienne se mist aupres du lit, disant qu’elle n’en partiroit ja, /250/ et tyra sa dague et ledit de Fougere la sienne et, aprés pluseurs parrolles et esvocacions, frapperent quatre ou cynq coups l’ung sus l’autre, et donna ledit Estienne audit suppliant ung coup de dague au travers du ventre, et ce fait icelluy suppliant appella ung nommé le Lombard, aussi serviteur dudit grant escuier, auquel il dist : « Haa, Lombard, je suys mort, j’ay les boyeaulx percéz ». Alors ledit Estienne sortit dehors de la maison, cuydant fouir, et ledit suppliant, navré comme dit est, aprés et le poursuyvit en faczon qu’il luy donna ung coup de sa dague en revers, et aprés saillit hors dudit logeys, cuidant gaigner les champs ; mais ceulx qui saillirent aprés le trouverent hors ladite maison, couchié ou assis, ne sçayt ledit suppliant lequel, et fut amené oudit logeiys et mys d’un cousté du feu et ledit suppliant de l’aultre, pour lequel derrenier coup ledit Estienne peu aprés termina de vie par mort. Et a ceste occasion ledit de Fougeres, doubtant rigueur de justice, gaigna la franchise de l’esglise dudit Villermy dont il n’ouseroit yssir ne jamais frequenter ne converser noz païs, terres et seigneuries ne en nostre hostel si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voullans misericorde preferer a rigueur de justice, veu que ledit Estienne fut aggresseur, ayans aussi regard aulx bons et agreables services que ledit suppliant nous a par cy davant faiz au recouvrement de nostre païs et duchié de Lorraine et aultrement en pluseurs manieres, audit Jehan de Fougeres, pour les causes dessus dites et autres raisonnables nous mouvans, avons quicté, remys et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ses presentes les cas et offenses prescriptz, avecques toute pene et emende corporelle, criminelle et civille en quoy il peut estre encheu envers nous et justice, et l’avons quant a ce remys, restitué et restably, remectons et restituons par cesdites presentes a ses bonne fame et renommee par tous noz païs, terres et seigneuries quelque part qu’ilz y demeurent et a ses biens non confisqués, satiffation faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est et elle y eschiet, imposant sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general et autres qu’il appartendra. Si donnons en mandement a nos senechal, mareschal, baillyz, aux gens de nostre conseil et a tous autres nos justiciers, officiers et subgetz tant de Barroys que de nostredit duchié de Lorraine, leurs lieutenans et a chascun d’eulx cui ce regardera, prions et requerons tous aultres que ledit de Fougeres, suppliant, ilz facent, seuffrent et 135

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laissent jouir et user plainement et paisiblement de noz presente grace, remission et pardon, par la maniere que dit est, sans luy mettre ou donner ne souffrir estre fait, mys ou donné aulchun empechement au contraire ; et si son corps ou aulchuns de sesdits biens sont ou estoient a ceste cause empechez, ils incontinent et sans delay les mectent ou fasent mettre a plaine delivrance, car ainsi le voullons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a sesdites presentes, cui furent faictes et donnees ou moys de novembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et troys. René. Par monseigneur le duc, etc. l’evesque et conte de Verdun, Pierre de Bron, maistre d’ostel, le procureur general de Lorraine et aultres presens. Maistrot. Visa de Haracourt, evesque et conte de Verdun.

49 1484 (n. s.), janvier. Rémission accordée à Georges Dessars, dit le Lombard, demeurant à Commercy, coupable, alors qu’il était au service du comte de Campobasso, d’avoir fait fabriquer par un orfèvre de faux écus et de les avoir mis en circulation ; l’orfèvre, arrêté et condamné à mort, le dénonça (cf. n° 52). Copie, ADMM, B 2, f° 253 r°-v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p. 173-174.

René, etc., seigneur de Commercy, lieutenant et gouverneur general du duché de Bar, etc., a touz presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de nostre amé Georges Dessars, dit le Lombart, natif du pays d’Esclavonnye, a present demourant en nostre ville dudit Commercy, avons receue contenant que, certain temps passé, ledit Georges, suppliant, estant lors ou service du feu conte de Campobasso, il ouyt dire a ung nommé René Caratho, demourant avecques ledit conte, que Javothe, aussi serviteur dudit seigneur, avoit fait faire des pieces d’or et que ung appellé le Marquis, orphevre, avoit bien le sens de ce faire, disant ledit Georges audit Marquis qu’il failloit qu’il se aydast a gouverner et qu’il feist ung coing a faire des escuz, et icelluy Georges trouveroit bien moyen de les mectre et distribuer, lequel Marquis, comme il a despouzé, fut refusant de ce. Mais ledit Georges, suppliant, tellement l’enortha et poursuit qu’il feist ung coing a frapper escuz au souleil, et le garda une espace de temps qu’il ne s’en ousoit descovrir audit Georges, et jucques a ung jour ensuivant que ledit Georges fist serment avecques ledit Marquis de tenir le cas secret, sans le reveler a homme du monde et, aprés serment fait entre eulx, ledit Marquis bailla audit Georges ung escu frappé dudit coing, lequel estoit de cuivre doré, et fut incontinant par ledit Georges despendu, et aprés retourna audit Marquis pour en avoir d’autres, tellement que iceluy Georges en a eu a diverses foiz quarente ou environ, pour lesquelx il paya audit Marquis vingt sept ou 136

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vingt huit frants monnoye courant audit Commercy pour son salaire, et dit que chascun escu povoit valoir environ cinq gros. Et aprés ces choses ledit Marquis, doubtant que ledit Georges ne le rencusast, luy bailla vingt desdits escuz et, environ la feste de la Parusion Nostre Dame ensuivant, Jacques de Vilus se transporta en l’ostel dudit Georges et par la femme d’iceluy manda querir ledit orphevre, lequel vint a eulx et eurent plussieurs parolles eulx troys ensemble. Et laissa ledit Georges iceulx Jacques et Marquis en la chambre, ne sceit comme il dit qu’ilz feirent, et aprés retourna en ladite chambre ou ilz estoient et, oyant ce qu’ilz disoient, /253v°/ dist iceluy Georges audit Marquis que le cappitaine Jacques estoit bien pour le garder de perte et luy faire service et plaisir, lequel Marquis ouyt les parolles dudit Georges, suppliant, s’aperceut qu’il avoit avisé ledit Jacques de ce, et expouzé en oultre qu’il oppressa et sollicita souventeffoiz ledit Marquis pour l’atirer a faire lesdits escuz, et combien que iceluy Marquis se excusoit, tellement l’exorta qu’il en frappa plussieurs et en feist grant prouffit, car de troys ou quatre ducaz, il ne payoit point audit Marquis la valleur d’ung ducat et prenoit pour luy le reste. Et dit en avoir receu d’iceluy Marquis a diverses foiz de cinquante a soixante escuz, et que peu aprés, par enseignes que ledit Georges donna a ung archier appellé Menault, qui estoit de la compaignie du seigneur de Baudricourt, ledit Marquis de son sien luy en deschaira de vingt sept a vingt huit pieces, desquelx les escuz ainsi receuz dudit orphevre par ledit Georges, suppliant, il en a fait son prouffit et iceulx distribuéz et mis pour bons en plusseurs lieux et diverses merchandises et a esté moyen d’en faire avoir aus dessus dits, environ deux ans peult avoir. Pour laquelle cause ledit Marquis, orphevre, a esté noté, reprins et constitué prinsonnier audit Commercy et, la chose congneue, exescuté par justice, et a sa mort accusa ledit suppliant d’avoir usé de ladite fauce monnoye ; pour quoy iceluy Georges, doubtant la prinse de son corps et la rigueur de la justice, s’absenta dudit Commercy ou il est marié, et jamais n’y ouseroit retourner, demourer ne converser si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons etc., actendu mesmement que ledit Georges c’est le cours de sa vie en autres choses touz jours honnorablement porté, sans jamais etc., ayans aussi regart aux bons et etc., a iceluy, pour ces causes etc., avons quicté, remis et pardonné etc., et par la teneur etc., audit Commercy et par touz noz pays, terres et seigneuries, quelque part qu’il soit residant, et a ses biens non confisquéz, sactiffacion faicte a partie civilement tant seulement si faicte n’a esté et elle y eschet, imposant sur ce sillance perpetuel, etc. Si donnons en mandement a nostre trescher et feal conseiller messire Symon des Armoises, chevalier, bailly de Saint-Michiel, et a touz autres etc., ainczois si son corps ou aucuns de sesdits biens etc. Fait et donné ou moys de janvier, l’an mil IIIIc IIIIxx et troys. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., messire Jehan Wisse de Gerbeviller, chevallier, bally de Nancy, le bally de Vitry, Gerard d’Avillers, grant escuier d’escuyrie, et autres presens. Maistrot. Visa G. de Haracourt, evesque et conte de Verdun. 137

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50 1484, mars. Rémission accordée à Thierry Brisacque, demeurant à Viterne, coupable d’homicide commis le 17 août 1483 sur la personne de Jean Pougnay au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 2, f° 258r°-v°.

René, etc., a touz, etc. L’umble supplicacion de Thierry Brisacque, de Viterne ou bailliage de Nancy, avons receue contenant que, le dimanche aprés l’Assumption Nostre Dame darrain passee, ledit suppliant parloit et devisoit d’aucuns differens a l’encontre d’un appellé Jacquemin Duchesne et, sur plussieurs parolles qu’ilz eurent ensemble, se vint bouter Jehan Pougnay, homme rioteux qui ne serchoit, ainsi que l’on dit, que noise et hutin, disant audit Thierry : « Si tu m’en eusses ores autant dit que tu as audit Jacquemin, je t’eusse mis les piedz dessus », qui luy respondit qu’il /258v°/ n’estoit pas homme et plussieurs autres parolles, et incontinant ledit Thierry, se voyant oultraigé et batu, se leva et deffendit en telle faczon que, des coups qu’ilz se donnerent l’un a l’autre, ledit Jehan Pougnay cheut subitement a terre et termina de vie par mort. Savoir faisons, etc. Si donnons en mandement, etc. Donné ou moys de mars, l’an dessus dit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., messire Jehan, bastard de Vaudemont, les baillitz de Nancy, de Vaudemont et autres presens. Maistrot.

51 1484 (n. s.), mars. Rémission accordée à Richard Clément, demeurant à Pont-à-Mousson, qui a pris la fuite par crainte d’être accusé de complicité d’un homicide commis une nuit d’août 1483 dans cette ville. Copie, ADMM, B 2, f° 264v°-274.

René, etc., a touz presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de Jehan Clement, vigneron, et de Ydette, sa femme, bourgeoys demourans en nostre cité du Pont-a-Mousson, avons receue contenant que, ou moys d’aoust darrain passé, ung josne filz eaigé d’environ seize a XVIII ans, appellé Richart Clement, filz dudit expousant, se trouva de nuyt par la ville dudit Pont emprés d’autres compaignons, nomméz l’un Alexandre et l’autre Henry, qui estoit de nostre ville de Marville, et autres, lesquelx s’estoient entreprins de parolles injurieuses tellement que ledit Alixandre, de couraige felon, frappa ledit Henry d’un coustel qu’il tenoit en sa main en faczon que mort s’en est ensuyvie ; et pour ce que ledit Richart estant de l’une des parties de la rue ou ilz s’entreprindrent, sans 138

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les approucher ne veoirs coustel ne baston, et sans /274/ qu’il veist ne sceust aucune chouse de leurdite emprinse, dist ces parolles : « Si tu ne fiers, je frapperay », ou semblables en sustance, et lesdites parolles proferees, le coup fut donné par ung nommé Jehan le Moygne, qui s’est absenté. Et pour ceste cause ledit Richart, doubtant rigueur de justice et qu’il ne fust apprehandé, s’en alla hors de noz pays, terres et seigneuries, et n’y ouseroit retourner, si nostre grace ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, les choses dessus dites considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que ledit Richart est josne, qui oncques ne fut actaingt ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, et que ledit deffunct l’a descouppé a l’eure de son trespas, comme l’en dit, a icelluy Richart, pour ces causes dessus dites et autres nous mouvans, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons l’offence dessus dite en quelque faczon qu’elle soit advenue, ensemble toute peine et amande corporelle, criminelle et civille en quoy a l’occasion de ce il pouroit estre encheu envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis, restitué et restably, etc., audit Pont et par touz noz autres pays, terres et seigneuries et a ses biens non confisquéz, sactiffacion faicte a partie civillement, etc., impousant etc. Donné ou moys de mars, l’an mil IIIIc IIIIxx et troys. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., messire Thomas de Paffenehoffen, chevalier, seneschal de Lorraine, les baillyz de Nancy, dudit Bar et de Joinville, maistre Jacques Menant presens. Maistrot.

52 1484, 5 avril - Toul. Rémission accordée à Jean Fagotel, demeurant à Toul, accusé, il y a trois ou quatre ans, de complicité dans la fabrication et la diffusion de fausse monnaie par un Lombard, nommé Marquis l’Argentier, jugé et exécuté à Commercy (cf. n° 49). Copie, ADMM, B 2, f° 275v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p. 175-176.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de nostre bien aimé Jehan Fagotel, demourant a Toul, avons receue contenant que, combien qu’il y ait de troys a quatre ans qu’il partit de nostre ville de Commercy et assist sa demourance audit Toul sans depuis avoir frequanté audit lieu, neantmoins ung nommé Marquis l’Argentier, natif de Lombardie, demourant audit lieu, et qui a esté pour faulceur et faiseur de monnoyes executé du corps aprés qu’il eut esté par ung moys entier es prinsons d’illec et journellement interrogué des circonstances et complices dudit cas, et qu’il en declaira plussieurs afirmant n’en plus 139

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savoir, entre lesquelx jamais ne nota ne chargea ledit suppliant jucques a son procés conclut que l’en le mena au jugement, dont en allant il parla dudit Fagotel en le sergeant de luy avoir aidé a forger et distribuer plussieurs pieces d’or et d’argent de ladite faulce monnoye, sans declairer quant ne commant en maniere que l’en peust former procés ne poursuite contre ledit suppliant, lequel touteffoiz a crainte et doubte que a ceste cause noz officiers et justiciers tant dudit Commarcy que de nosdits duchiéz, pays et seigneuries ne luy feissent empeschement en corps ne biens, nous treshumblement suppliant luy pourveoirs sur ce de remede convenable. Savoir faisons, etc. Donné en la cité de Toul, le Ve d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatre. Par monseigneur le duc, etc., les senechal de Lorraine, receveur general et autres presens. G. Durat.

53 1484, 7 avril - Nancy. Pardon accordée à Jean Courvisier, demeurant à Bioncourt, emprisonné audit lieu pour le vol de trois mesures d’avoine dans une grange appartenant à son voisin. Copie, ADMM, B 2, f° 275v°.

Abolution donné par monseigneur le duc a Jehan Courvisier, demourant a Bioncourt, pour environ troys bischéz d’avoine et paille meslees ensemble qu’il prinst ches l’un de ses voisins en une grange qu’estoit toute deffermee et l’enporta a son col, et en allant fut aperchu, prins et mené en prinson ou chastel dedit lieu ou il est encores detenu. Savoir faisons etc. Donné a Nancy, le VIIe d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatre. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le seneschal de Lorraine, Jehan de Baschi, grant vanneur, et autres presens. Jo. Lud.

54 1484, 12 août - Bar-le-Duc. Rémission accordée à quatre serviteurs du comte de Salm, qui, il y a six mois, par vengeance, ont blessé mortellement un certain Claude de la Plume sur le chemin entre Tincry et Bacourt. Copie, ADMM, B 2, f° 347v°.

René, etc., a touz etc., salut. Nostre cousin et conte de Saulme, mareschal de nostredit duchié de Bar, nous a remonstré comme depuis demy an ença Guillaume Donnhusen, Evrard de Heldelberg, Hanus Huiselin, mareschal, et Hanus Bonbardier, ses serviteurs, trouverent ung appellé Glaude de la Plume entre 140

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Trinquery et Bancourt, lequel estoit sur ung cheval et avoit devant luy ung veau, et lequel au moyen de ce qu’il avoit fait plussieurs maulx et dommaiges es hommes de nostredit cousin, l’un d’eulx quatre devant nomméz luy donna ung coup d’espieu par my la cuisse, et puis l’en menerent en sa place de Viviers, au quel lieu il demoura aucuns jours et depuis fut delivré a nostre prevost de Chastelsalin, au moyen dudit coup il est allé de vie a trespas. Et, doubtant rigueur de justice, nous a prié treshumblement que, actendu ledit cas ainsi advenu, le vueillons remectre et pardonner a sesdits serviteurs devant nomméz, ensemble l’amende et offence en quoy ilz pourroient avoir encouru envers nous et justice. Savoir faisons que nous, ayans regard et consideracion aux grans bons services que nostredit cousin nous a fait par cy devant etc., avons aujourd’uy remis et pardonné ausdessus dits etc., en impouzant silance perpetuel etc. Donné a Bar, le XIIe d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatre. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal de Lorraine, messire Hardouyn de la Jaille, seigneur dudit lieu, et autres presens. G. Durat.

55 1484, décembre - Montargis. Rémission accordée à Didier Daguenel, dit Mourot, boucher à Neufchâteau, emprisonné audit lieu, coupable le 12 décembre 1484 d’homicide commis sur la personne de Didier Berthelot, également boucher, à la suite d’une dispute à propos d’une dette ; Didier Daguenel a agi en légitime défense. Copie, ADMM, B 2, f° 323r°-v°.

René, etc., a touz presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de nostre bien amé Didier Daguenel, dit Mourot, boucher natif de Rouceu, demourant en nostre ville de Neufchastel en nostredit duchié de Lorraine, avons receue contenant que dimanche, XIIme de ce present moys de decembre, il fut adverty que ung nommé Didier Berthote, aussi boucher demeurant audit Neufchastel, avoit secretement mis hors de nostredite ville et retiré en une maison dudit Rouceu touz ses biens pour les mener et transporter a Mets ou il vouloit aller demeurer ; et pour ce que ledit Didier Berthote devoit audit suppliant la somme de cinq frants, voyant qu’il n’avoit nulle voulanté de le paier et qu’il se absentoit et s’en alloit demourer hors dudit pays, par quoy sa debte seroit perdue s’il n’y pourveoit par justice, il se transporta devers le maire dudit Rouceu et fist arrester lesdits biens jucques a ce qu’il seroit payé desdits cinq frants. Aprés lequel arrest ledit Berttote, debteur, vint audit suppliant qu’estoit desoubz les olmes dudit Rouceu devant le lieutenant du prevost de Chastenoy et luy demanda pour quoy il avoit fait arrester cesdits biens, veu que les termes de ce qu’il luy devoit n’estoient escheuz ne passéz ; lequel suppliant respondit qu’il avoit fait ledit arrest pour ce que ledit deb141

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teur s’en alloit secretement et en menoit ses biens hors du pays, par quoy touz termes estoient rompuz, en disant : « Paye moy et t’en va » ; alors iceluy debteur tira son cousteau et se efforça en presence dudit lieutenant, lequel le fist tirer arriere d’iceluy Berttote qui ne serchoit sinon de le tuer. Or advint que ce mesmes jour, a heure d’environ mydi, ainsi que ledit suppliant ramenoit ses bestes de l’eaue, ledit Berthote, debteur, le vint querir aux champs jucques environ la fontaine de l’ospital et se mist ou plus hault chemin, a l’encontre du mur de la vigne dudit hospital, tandant touz jours afin de frapper ledit suppliant d’ung cousteau qu’il tenoit en sa main, en disant : « Tu m’as fait arrester mes biens, mes tu l’en compar[r]as a ceste heure » ; lequel suppliant s’avança se qu’il peut, et tant qu’il fut dedans la fauce porte devant ledit hospital, et touz jours le suivit ledit Berttote, auquel ledit suppliant dist plussieurs foiz : « Va ton chemin et te tire arriere de moy et si ne m’aprouche plus, car je me doubte de toy pour tant que tu me menasses de tuer », sur quoy ledit Berttote respondit furieusement : « Je suis ou chemin de monseigneur et si m’en iray par ici et par cy et par lequel chemin que bon me semblera » ; et ce pandant il croisa quatre ou cinq foiz le chemin par devant ledit suppliant, serchant de le frapper s’il ne ce fust desmarchié, et le tint grant piece si fort assiegé qu’il ne povoit aller aprés ses bestes, jaçoit ce que ledit suppliant prenoit touz jours le chemin opposite /323v°/ de cellui que ledit Berttote tenoit, mais tantoust aprés qu’il c’estoit fuy a l’un des chemins, icelluy Bertote s’en aloit aprés et tellement fut contrainct ledit Mourot qu’il dist audit Berttote : « Va par cy ou lequel chemin qu’il te plaist et je m’en iray l’autre, et ne m’aprouche plus, car je ne te quiers point et si ne vueil pas perdre ce que j’ay a l’encontre de toy, car je ne luy ay pas gaingné ». Ce nonobstant, ledit Berttote passa encores par devant ledit Mourot, cuidant le frapper d’une pierre qu’il tenoit en sa main et, sy n’eust esté ung nommé Philippes Luzarier qui le retint mainteffoiz, il l’eust frappé ; de quoy ledit Mourot fut fort troublé, disant audit Berttote : « Ne m’aprouche meshuy, autrement je te bailleray de mon baston », et tantost iceluy Berttote, tenant sa main en son sain, armé d’une pierre, vint de grant force a l’encontre dudit Mourot et se efforça de le frapper de toute sa puissance, et en reculant que fist ledit suppliant, et pour soy couvrir, garder et deffendre dudit Berttote qui ainsi le serchoit a tuer, il leva et fist ung arriere main d’une petite massuete de boys qu’il portoit en menant et remenant ses bestes, en actandist ledit Mourot en la teste, duquel coup tant seullement il tomba sus terre ; depuis qu’il fut relevé, il voult encores frapper ledit suppliant, et de la vint a la ville sur ses piedz et se plaindit de peril de corps, de quoy iceluy suppliant fut bien adverty et s’en fust bien allé en France ou en l’eiglise dudit hospital pour estre a seureté, mais il s’en vint a la ville aprés ses bestes pour tant qu’il ne cuidoit point avoir blecé ledit Berthote, veu la petitesse et legiereté de son malheureux baston, lequel ne poise que demye livre ou mains, qu’il n’en frappa que ung seul coup. Et pourtant que 142

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la nuit ensuivant ledit Bertote rendit l’ame, les maire et justice de nostredite ville de Neufchastel le prindrent et detiennent prinsonnier en tresapre et rudde prinson pour ledit cas, et en est en danger de sa personne si nostre grace ne luy est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulant etc., avons quicté, remis etc., sactiffacion faicte etc. En tesmoing de ce, nous avons fait mectre nostre seel a cesdites presentes, que furent faictes et donnees a Montargis audit moys de decembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatre. Signé René. Presens messire Jehan Wisse de Gerbeviller, chevalier, bailly de Nancy, Henry de Ligneville, Jehan de Vandres, seigneur de Tasy, et maistre Jehan Bonet, docteur en medecine, et autres presens. Maistrot.

56 1485 (n. s.), février. Rémission accordée à des habitants de Lamarche, emprisonnés audit lieu, coupables d’avoir demandé il y a trois ans au bourreau de cette ville de mettre à mort deux femmes accusées de sorcellerie qui, alors qu’elles avaient été condamnées au bannissement, avaient proféré des menaces à leur encontre. Copie, ADMM, B 2, f° 364r°-v°.

René, etc., a touz presens etc., salut. L’umble supplicacion de Pierre Nunclart, André Blancheteste, Mangeot Thierrion et autres manans et habitans de noz ville et prevosté de Lamarche avons receue, contenant que les dessus nomméz sont detenuz prinsonniers en nostre ville de Lamarche en chasse et porsuicte a la requeste de nostre procureur general du Bassigny a cause que, peult avoir troys ans ou environ, aucunes femmes de ladite prevosté de Lamarche furent acusees de cas de sorcerie et d’eresie et a ceste occasion prinses et longuement detenues, et depuis, par la confession publique qu’elles feirent devant l’inquesteur de la foy, furent par justice condempnees a estre arses et brulees, et pour leurs pertes en accuserent deux autres estre de leur secte ; et combien qu’elles ne fussent formellement par leurs confessions actaintes du cas, neantmoins, par la suspicion qu’on avoit sur elles et l’accusation contre elles faictes par lesdites executees, aussi pour ce qu’elles estoient trespetitement famees et renommees, icelles furent bannyes par ledit inquesteur de l’evesché et dyocese de Toul. Et ainsi qu’elles s’en alloient, l’une d’elles, appellee Pacquete, se retorna devers le peuple qui les suyvoit, usant de grans menasses dont, par la crainte qu’ilz avoient desdites sorcieres, chascun fut fort troublé, disans : « Si elles eschappent une autre foiz, elles nous bruleront et feront mourir de famine comme desja elles ont fait » ; ce voyant, iceulx supplians et autres de nostredite ville et prevosté de Lamarche, seduictz de l’annemy, se tirerent secretement devers le boureau dudit lieu et luy don143

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nerent certaine somme d’argent pour aller aprés lesdites sorcieres et icelles despaicher, lequel incontinant s’en y alla et tellement proceda que icelles sorcieres furent par ledit boureau mendries et perdues. De quoy, aux assises nagueres tenues en nostre bailliaige du Bassigny, nostre procureur general de ce averty en a fait instance et tellement porsuyvy que par informacion a esté trouvé les dessus dits et leurs adherans avoir fait et commis ledit cas, par lequel ilz sont detenuz prinsonniers en noz prinsons de La Mothe, ruddemant traictéz et en grant misere et danger de leurs prisonniers, et les autres en grants craintes et doubtes et en voye d’eulx absenter de nosdits pays si nostre grace ne leur est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, ayans regart que nostredite ville de Lamarche est situé et assise sur les extremités de noz pays et que a l’occasion des guerres et autrement ilz ont esté diverses foiz bruléz, pilléz et endommaigéz par noz ennemys et sont encores chascun jour, actendu mesmement que lesdits supplians ont le cours de leurs vie(e)s touz jours honnorablement vescu sans avoir esté actaints ne notéz d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, /364v°/ a yceulx Pierre, André et Mangeot et autres habitans de nostredite ville et prevosté de Lamarche adjoincts, consentens et complices dudit crime a qui peult ou pouroit toucher et a chascun d’eulx, affin qu’eulx ne leur posterité n’en soyent en l’avenir reprochéz, et mesmement actendu le petit fame et renommee desdites deux femmes ainsi chargees et accusees comme dit est, avons aboly, remis et pardonné, abolissons et pardonnons, etc. En tesmoing de ce, nous avons fait mectre nostre seel a cesdites presentes, qui furent faictes ou moys de fevrier, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatre. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., messire Jehan Wisse de Gerbeviller, chevalier, bailly de Nancy, maistre Jacques Meniant, procureur general de Lorraine, et autres presens. Maistrot.

57 1485 (n. s.), avril. Rémission accordée à des habitants de Loisey et de Pierrefitte qui, le 25 mars 1484, tentèrent de pénétrer dans la maison du curé de Salmagne pour en expulser la concubine du curé de Loisey, qui y logeait ; au cours de la dispute qui en résulta l’un d’entre eux blessa mortellement le chapelain du curé de Salmagne. Copie, ADMM, B 2, f° 281r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion des parens et amys de Loys Pierresson, procureur de la terre de Pierrefit, Jehan Petit Jehan, Mengin Mathelin, touz troys hommes mariéz, Jacquemin Petit Jehan, Didier le Noy, Remy filz Jehan Colo, Didier Morel, demourant a Alouzey, Estienne filz Chuchin, demourant audit Pierrefit, avons receue contenant que, pour ce 144

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que les habitans et parochiens dudit Loisey estoient mal contens et desplaisans que leur curé tenoit une femme, et que par plussieurs foiz luy avoient remonstré de la alienner et mectre hors de sa maison et que feme estoit d’icelui curé, l’avoit mise en l’ostel du curé de Sallemanne qui est a une demye lieue dudit Loisey, lesdits Loys et consors dessus nomméz, le jeudi XXVe jour de mars, feste de l’Annonciation Nostre Dame, aprés le soupper, conclurent et delibererent d’aler ensemble audit Sallemanne prendre ladite femme pour icelle femme villipender et habandonner a touz ceulx qui en vouldroient ayder, affin de desmovoir ledit curé de plus la soustenir, et de fait s’en allerent audit Sallemanne environ la dix ou XIe heures de nuyt, et aprés leur arivee se tirerent vers l’ostel dudit curé dudit Salmanne escouter s’ilz ouroient ladite femme oudit hostel ; et eulx estans ausdites escoutes virent venir ledit curé de Salemanne avecques son chappelain nommé messire Didier Bargan qui venoit de la ville, et rentrerent oudit hostel /281v°/ et fermerent l’uys d’iceluy aprés eulx. Et depuis ledit Loys et sesdits consors retournerent et escouterent pour savoir si ladite femme estoit dedans et n’ouyrent riens et dirent l’un a l’autre qu’il valoit mieulx s’en retourner(ent) audit Loisey ; mais ledit Didier le Noy dist qu’il n’en iroit ja qu’il n’eust beu du vin du prebstre, et tantoust heurta a l’uys dudit prebstre, lequel prebstre demanda : « Qui est la ? » et ledit Didier le Noy respondit : « Si sui ge Didier le Noy » ; adoncques ledit prebstre dist : « Si tu as une femme avecques toy, tu entreras et sinon tu n’y entreras ja » ; ledit Didier respondit : « Saint Jehan ! Si n’en ai ge point, et si entreray », et heurta fort derechief audit huys et iceluy Estienne Chuchin, en jurant que par le sang dieu ilz y entreroient. Adoncques ledit prebstre respondit : « Actendez, actendez, je vous ouvreray l’uys », et en ce disant vindrent lesdits prebstre et chappelain es fenestres et commancerent a jicter pierres aval ; lors ledit Didier leur dist : « Nous ne vous demandons que a boire et ne voulons faire autre mal ; si vous gictez encores pierres, nous vous ferons bien departir ! » ; et pour tant que lesdits prebstres ne cessoient de gecter, ledit Loys print des pierres et en gicta troys le plus droit qu’il peut vers lesdites fenestres et ne blesserent nully, et ledit Didier tira d’un arc qu’il avoit troys fleiches et de la tierce frappa au pis dudit chappelain, qui estoit ung bon sire d’eiglise et auquel ilz ne vouloient aucun mal ; duquel coup iceluy chappelain, le lundi matin ensuivant, ala de vie a trespas. Pour lequel cas lesdits supplians se sont renduz fugitifz et absentéz de noz pays et n’y ouseroient retourner si nostre grace ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, les choses considerees, voulant misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que lesdits supplians du seigneur de Saint-Amand, nostre conseiller, et ont grant nombre de petiz enfans et aussi qu’ilz se sont tout le jours de leurs vies touz jours et convenablement conduitz et gouvernés, sans jamais avoir esté actaincts ne convaincuz d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, a iceulx supplians et chascun d’eulx, pour ces causes et autres nous mouvans, avons 145

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a nostre joeulx advenement en nostredit duchié de Bar quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons etc., ensemble toute paine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy ilz pouroient estre enchuz envers nous et justice, et les avons quant a ce remis, restituéz etc., et a leurs biens non confisquéz, sactiffacion faicte a partie civilement tant seulement etc., imposant etc. Si donnons en mandement etc. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes fait mectre nostre seel, qui furent faictes ou moys d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatre, avant Pasques. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., missire Ory, seigneur de Beaumont, Jehan, conte de Salme, mareschal de Barroys, les bailliz de Nancy, de Bar et de Saint-Mihiel, maistre Jacques Meniant, procureur general, et autres presens. Maistrot.

58 1485, 23 juin. Rémission accordée à Jeannot Mareschal, messier à Avril pour l’année, emprisonné à Briey, coupable d’avoir mortellement blessé quelques jours auparavant Henri, fils de Didier le Rouyer, âgé de quinze ans, qui avait fait passer des chevaux à travers des champs d’avoine. Copie, ADMM, B 2, f° 397r°-v°.

René, etc., a touz presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Jehan le Marchal, demourant en la ville d’Avry, prevosté de Briey, contenant que ung sien filz nommé Jannot Mareschal, homme marié et demourant en ladite ville d’Avry, chargié de femme et de troys petiz enfens et sadite femme ensaincte, ait par election de ville esté pour ceste presente annee messier pour garder les biens des champs, et est advenu que, luy estant aux champs sabmedi darrain passé pour garder lesdits biens, trouva troys valletons qui estoient en pasture, entre lesquelx en y avoit ung nommé Henry, filz Didier /397v°/ le Rouyer, eaigé d’environ XV ou XVI ans, lequel valleton injuria ledit messier pour ce que ledit messier le chousoit, luy et les autres, lesquelx avoient passé parmy les avoines pour mener les chevaulx en pasture en une trexe entre les bléz et les avoines, pour laquelle injure ledit messier estant desplaisant, tenant ung baston en sa main de la moison d’ung pexel de vigne, duquel il bailla ung coup audit Henry derriere l’oreille, pour lequel coup ledit valeton revint a la ville devers son pere, se complaingnant que ledit Jannot le Marchault l’avoit batu. Depuis ledit jour mesmes, ledit valeton fut aux champs avecques sondit pere, cuidant trouver ledit Jannot, et a son retour se voult plaindre au maire dudit Avry, et vouloit monstrer une petite chose enflee derriere l’oreille dudit coup, sans entameure ne sans sang, ledit suppliant, pere dudit messier, remonstra tellement audit Didon qu’i ne se plaindit point pour lors, et a la propre heure ledit Didon le Rouyer renvoya ledit 146

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Henry, son filz, en pasture decoste lesdits chevaulx, lequel y alla mes sur l’ennuyt devint malade tellement qu’il le faillit rapporter a la ville. Lors le pere dudit valleton se plaindit au maire d’Avry et requist que la main fust mise audit messier ; ledit maire, inclinant a ladite requeste, fist prendre ledit Jannot et l’en fist mener au lieu de Briey, auquel lieu il est detenu prinsonnier bien estroictement ; depuis lequel coup, cinq jours aprés, ledit valeton est allé de vie a trespas. A l’occasion duquel cop, ledit Jannot est detenu en noz prinsons a Briey, et desquelles ne peut partir si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, les choses dessus dictes considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que le cas est advenu de male fortune et que ledit Jannot est home bien famé, sans avoir esté actaint etc., avons quicté, remis et pardonné etc. les cas et offence dessus dits, etc., impousant sillance perpetuel etc. Si donnons en mandement etc., en tesmoing etc., que furent faictes et donnees le XXIIIe de juin, l’an dessus dit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lez esleu de Toul, seneschal de Lorraine, bailliz de Nancy et de Saint-Mihiel, le seigneur de la Jaille, cappitaine de la garde, receveur general presens. Crestien.

59 1486 (n. s.), février - Paris. Rémission accordée à Jean Dillon, demeurant à Clinchamp, emprisonné à Bourmont, coupable d’homicide commis le 26 janvier 1486 sur la personne de Jean Jallin, dit Maillart, qui voulait le tuer pour l’empêcher de conduire sa femme auprès de l’officialité de Toul pour obtenir la séparation de corps. Copie, ADMM, B 2, f° 334v°-335r°-v°.

René, etc. Savoir faisons a touz presens et advenir nous avoir receue l’umble supplicacion de Jehan Dillon, pouvre homme de labour demourant a Clumchamp en nostre seneschaussie de Bourmont, a present detenu prinsonnier en noz prinsons dudit Bourmont, contenant que depuis deux moys encza, pour ce que feu Jehan Jallin, dit Maillart, en son vivant homme furieux, rudde et mal conditionné, estoit coustumier de bastre, frapper rigoreusement et inhumainement traicter Marguerite, lors sa femme, fille de Mongeot Maigrot, et en ceste vie avoit longuement perseveré et estoit si obstiné que quant ses parens et amys l’en reprenoient, il les menasoit de tuer et bouter le feu en leurs maisons, tellement que chascun le doubtoit fort et principallement allocasion de ce que iceluy Maillart avoit nagueres frappee et batue sadite femme en maniere qu’elle en avoit esté en peril de mort et, qui pis est, la menasoit de tuer et occire de nuyt. Icelle Marguerite, par le conseil et advis de ses parens, amys et autres gens de bien, eust envoyé devers les officiers de 147

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

l’evesque de Toul affin de estre separéz et departiz de lit et de table pour eviter /335/ a plus grant inconveniant, et par ce moyen furent iceulx Maillart et Marguerite citéz et convenuz audit lieu de Toul au jeudi XXVIe jour de janvier darrain passé ; et pour aller et comparoir audit jour ladite Marguerite, qui est feible et impotente, loua et fist marché avecques ledit suppliant, moyennant six blans par jour et ses despens, pour l’amener, et avecques elle une autre femme d’un nommé Biesson, dedans une charrette audit lieu de Toul. Et pour ce faire et acomplir lesdits Marguerite, Jehanne et suppliant prindrent et conclurent heure de partir le mardi prochain precedant ledit jour et assignacion a heure de mynuyt et, ladite heure venue et escheue, ledit suppliant se mist en point et appareilla tout ce qu’il faisoit sur ce mestier. Et pour partir alla querir ladite Marguerite qui estoit ches le maire dudit lieu de Clinchamp, en garde et seureté pour doubte dudit Maillart, son mary, lequel, adverty dudit partemant, ainsi que ledit suppliant alloit querir ladite Jehanne pour monter en ladite charrete, vint courir sus audit suppliant et d’un gros pal et baston afeuté qu’il tenoit, sans dire mot, luy bailla ung coup sur la teste tellement qu’il le fist cheoirs a terre, et adont ledit suppliant, voyant que ledit Maillart le vouloit tuer et asommer et se efforsoit de encores le frapper dudit baston, se leva et mist ung espieu qu’il tenoit en sa main au devant du coup dudit Maillart et, en soy covrant et deffendant, ledit espieu entra ou cousté d’iceluy Maillart, alloccasion de quoy, et aussi qu’il se esmeut et eschaufa encores a courir aprés ledit suppliant, obstiné a le cuider tuer, et ne tint compte a soy faire habiller, par defaulte de bon gouvernement ou autrement, assez tost alla sur le lieu de vie a trepas. Pour cause duquel cas, ledit suppliant a esté prins au corps et constitué prinsonnier [par] les maieur et justice et es prinsons dudit Clinchamp dont il a apellé par devant nostre bailli du Bassigny, par quoy le lieutenant general d’icelui bailli et autres noz officiers l’ont transporté, translaté et mené desdites prinsons de Clinchamp en nosdites prinsons de Bourmont ou il est a present detenu aux fers et es ceps en grant pouvreté et misere, et est en voye d’y finer miserablement ses jours si noz grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie ainsi qu’il nous a fait remonstrer, humblement requerant que, actendu que ledit deffunct estoit mal renommé qui a esté agresseur et que ledit suppliant luy a donné ledit coup en soy deffendant et pour eviter qu’il ne le tuast, et que en touz /335v°/ ses autres faitz et affaires il c’est touz jours honnestement conduit et gouverné sans avoir esté actaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaise luy impartir nosdites grace et misericorde. Pour quoy nous, ce que dit est consideré, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, etc. Donné a Paris, ou moys de fevrier, l’an mil IIIIc IIIIxx et cinq. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., Jehan de Bron, maistre d’ostel, Gerard d’Ainvillers, grant escuier, les procureur general de Lorraine, general des finances et autres presens. Michael. 148

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60 1486, 14 juillet - Nancy. Rémission accordée à Pierrot Perceval, demeurant à Longeville-en-Barrois, coupable d’homicide commis le 8 juillet 1486 sur la personne de Jean Martin, boucher de la même localité, qui avait agressé et menacé de mort Jeannette, sa femme. Copie, ADMM, B 2, f° 412r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receu avons l’umble supplicacion de Perrot Perceval, demourant a Longeville en nostre duchié de Bar, chargé de femme et de troys enffans, disant que le VIIIe jour du moys de juillet darrain passé mil IIIIc IIIIxx et six, environ X heure du matin, Jehan Martin, boucher dudit Longeville, venoit de disner de l’ostel le maire Trusson dudit lieu et, en retournant en sa maison, rencontrast Jannette, femme dudit Perrot, en la rue et luy dist telz motz ou semblables : « Paillarde ! tu as dit que ma femme estoit ribaude et que le curé l’avoit chevauchee toute droicte » ; et lors ladite Jannette, femme dudit suppliant, respondit audit Martin qu’en luy avoit esté dire en sa maison et qu’elle estoit adjournee pour ceste cause a lundi a sa requeste, et qu’elle prouveroit bien que ainsi estoit, et si elle ne le prouvoit, qu’elle l’amendroit. Et lors ledit Jehan Martin vint a ladite Jannette et la frappa de coups de poing et de coups de pied plussieurs horions et tira son coustel, disant qu’il luy osteroit la vie du corps, et fist son effort de luy vouloir coupper la gorge, si n’eust esté des gens qui estoient presens ; et de la s’en retirast ladite Jannette en sa maison, ainsi batue et mutillee, et la trouva sur ung lit couchee ledit Perrot Perceval, son mary, en sa chambre darrier, auquel elle dist : « Perrot, Jehan Martin m’a fort batue et m’a quasi tuee ! Regarde ma teste et mes bras comment il les a mis a point ». Et adonc ledit suppliant voyant sadite femme ainsi batue(e) et ne sçavoit raison pourquoy, s’en voulut issir hors de sa maison pour trouver iceluy Jehan Martin, et sadite femme se leva et avancza a l’uys devant et fist retourner sondit mary en sa maison ; et en retournant qu’il fist, print ung espieu a billette et sallit hors de sadite maison par derrier et traversa par le derriere de la rue, la ou il demouroit, et rentra par le bout de la rue qui alloit devant sa maison, qui estoit assez longuet ; et lors ledit Jehan Martin qui estoit en ladite rue, devant l’ostel dudit suppliant ou assez pres, tenant en sa main une espee toute nue(e), appella iceluy suppliant, disant : « Viens ribault ! Traistre, je te osteray la vie du corps ! Je te tueray ou tu me tueras, et te deffens car je ne te fauldré pas ». Et lors s’en rencontrerent l’un l’autre abastonnéz comme dit est, et frappa ledit Jehan Martin de son espee iceluy suppliant en la main tellement qu’il luy couppa quasi la moitié de ladite main ; et voyant iceluy suppliant qu’il estoit ainsi blesié, sadite femme bastue, et le felon couraige que ledit Jehan Martin luy monstroit et procedoit touz jours en son malice, le voulant touz jours oultraiger, le frappa de sondit espieu a billette parmy le corps 149

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

et tellement que dudit coup baillé par ledit suppliant audit Martin mort s’en est ensuivie. /412v°/ A l’occasion de quoy ledit Perrot, suppliant, c’est absenté de nostredit duchié de Bar et n’y ouseroit retourner si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, les choses dessus dites considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, actendu mesmement que le cas est advenu de malle fortune et que ledit Perrot est de bonne fame et renommee, sans avoir esté actaingt ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, et mesmement que ledit Jehan Martin a esté agresseur, a icelluy Perrot, pour ces causes et autres a ce nous mouvans, affin que sadite femme ne ses enffans chient en mandicité, avons quicté, remis et pardonné, quictons etc., les cas et offence dessus dits ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy ledit Perrot, suppliant, pouroit estre encheu et encouru envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis, restitué et restably, remectons etc., a ses bonne fame et renommee, en nostredit duchié de Bar et par touz noz pays, terres et seigneuries, quelque part qu’il y soit residant, et a ses biens non confisqués, sactiffacion faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est et elle y eschet, impousant sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general de Barroys et autres qu’il appartiendra. Si donnons en mandement etc., ainczoys si le corps ou aucuns de ses biens sont ou estoient a l’occasion dessus dite aucunement empeschéz, arrestéz, detenuz ou occupéz, ilz, incontinant, les facent mectre a plaine delivrance sans contrevenir. Donné a Nancy, le XIIIIe jour de juillet, l’an mil IIIIc IIIIxx et six. Signé René. Par monseigneur le duc, les seneschal de Lorraine, bailli de Nancy, general des finances, receveur general presens. Crestien.

61 1486, 5 septembre - Nancy. Rémission accordée à Gérard de Nicey, écuyer, demeurant à Saint-Ouenlès-Parey, coupable d’avoir commandité, contre promesse d’argent, le meurtre de sa femme Jeannette, assassinée le 22 août 1486 par son frère et un complice ; Jeannette avait tenté auparavant d’empoisonner son mari et avait une conduite adultère (cf. n° 68). Copie, ADMM, B 3, f° 8r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, etc. L’umble supplication de nostre amé et feal Gerard de Nicey, escuier, demeurant a Parey-Sainct-Ouain, avons receue contenant qu’il a esté marié avecques une nommee Jannotte, fille d’ung nommé Beaupere, marchant dudit Parey, environ IX ou X ans, durant lequel mariaige ont eu ensembles deux ou trois enfans ; ce nonobstant, peut avoir trois ou quatre ans, ladite Jannotte, par inspiration de l’ennemy et de sa mauvaise volenté, trouva maniere avecques ung nommé Nicolas, son frere, d’avoir cer150

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taine poizon pour l’empoysonner et elle et ledit Nicolas en eurent remission ; depuis lequel temps, elle a perseveré en sa mauvaise volenté, tant en voulant faire bastre par nuyt, luy desrobant le sien, soy habandonnant a paillardise et meschances en voulant aller sur les champs que autrement. Et ce voyant, ledit Gerard luy a par pluseurs fois remonstré qu’elle se voulsist autrement gouverner et faire ainsi que une femme de bien doit faire, en luy remonstrant ses faultes ; laquelle, ce non obstant, a perseveré tous jours a soy mal gouverner et tellement qu’il n’osoit bonnement boire ne mangier avecques elle, pour doubte qu’il avoit de sa personne. A l’occasion desquelles choses, peut avoir environ trois sepmainnes, ledit Gerard se trouva en son hostel en la compaignie dudit Nicolas, frere a ladite Jannotte devant nommé, et de Estienne, pastre des bestes dudit Parey, en la presence desquelx se complaignoit de sadite femme et du deshonneur qu’elle luy faisoit, et lors iceluy Nicolas respondit que c’estoit une mauvaise femme et que, quant il vouldroit, il en despescheroit le monde, car chascun parloit d’elle  ; ce oyant, ledit Gerard, suppliant, dit que s’ilz la despeschoient, il leur donneroit cinquante frans, qui en furent contens. Et environ huict jours aprés, que fust le XXIIe jour d’aoust dernier passé, les devant nomméz Nicolas et Estienne, a la requeste et promotion dudit Gerard, vindrent par nuyt en son hostel, lequel avoit deffermé l’uys affin qu’ilz y entrassent, lesquelx y vindrent et quant ilz y furent, il mist ledit Nicolas dedans la cave de son hostel et ledit Estienne en ung grenier et ainsi se passa la nuytee. Et le landemain, environ neufz ou dix heures de matin, ledit Gerard envoya sadite femme querir aucune chose en ladite cave, saichant qu’elle y trouveroit ledit Nicolas, et incontinant aprés il se partist de sondit hostel avecques ung serviteur et s’en alla aux champs ; et environ deux heures aprés il renvoya sondit serviteur a sondit hostel affin de veoir quelles nouvelles il luy avoit ;, lequel retourna assez tost et luy dist que sa maistresse estoit morte. Au moyen duquel cas dessus declairé, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de noz pays, nous suppliant que, actendu ce que dit est, le luy vueillons remectre, quicter et pardonner ensemble toute amende tant corporelle, criminelle que civille en quoy a l’occasion d’iceluy il pourroit estre encorru envers nous et justice. Sçavoir faisons que nous, ayans regart et consideration aux services que ledit Gerard nous a fais durans les /8v°/ guerres tant en nostre ville de Nancy que autrement, es enffans qu’il a, au mauvais gouvernement de sadite femme, aussi qu’il ne fust jamais actaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, voulans pour ces causes et autres a ce nous mouvans, a l’exemple de nostre saulveur Jhesucrist, misericorde estre preferee a rigueur de justice, avons aujourd’uy de grace especiale par deliberation de conseil audit Gerard de Nicey remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes le murtre, crisme et offense par luy commis touchant le cas dessus dit ensemble toute amende tant corporelle, criminelle que civille en quoy a l’occasion d’iceluy il pourroit estre encourru envers nous et justice, satisfation faicte a partie interessee civillement tant seulement, en le remectant a sa bonne fame et 151

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

renommee et a ses biens, censes et rentes qu’il avoit et povoit avoir a l’eure dudit cas perpetré non confisquéz, et qu’il puisse venir, retourner et demourer en nostredit duchié de Bar tout ainsi qu’il faisoit auparavant le cas advenu, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur du Bassigny et a tous autres noz officiers de nostredit duchié de Bar et bailliaige du Bassigny. Si donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz seneschaulx, mareschaulx, baillys, procureurs, receveurs, officiers, justiciers, hommes et subgiectz de nosdits duchéz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy apartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent chascun endroit soy joyr et user plainement et paisiblement ledit Gerard de Nicey, sans pour ce luy donner ne souffrir estre mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, ains si aucuns de ses biens, censes ou rentes estoient pour ce saisis ne empeschéz, les mectent et facent mectre a plaine delivrance, car ainsi le voulons. En tesmoing etc. Donné a Nancey, le Vme jour de septembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et six. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, baillis de Nancy et de Sainct-Mihiel, messire Hardouyn de la Jaille, seigneur dudit lieu, procureur et receveur generaulx, et autres presens. G. Durat.

62 1486, 6 novembre - Nancy. Rémission accordée à Husson de Sorcy, coupable du vol, un an auparavant, de six ruches à un homme de Jouy-sous-les-Côtes. Copie, ADMM, B 3, f° 18v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Husson de Sorcey, juridiciable de nostre bailliaige de Saint-Mihiel, avons receue contenant en effect qu’il peult avoir environ ung an que, par temptacion de l’ennemy, il print six vexelz de mochectes en ung villaige nommé Joey pres dudit Sorcey et les rapporta audit lieu de Sorcey, disant qu’il les avoit trouvié aux bois en ung tison, et y furent distribuéz depuis ce ; environ le dimenche ensuivant, celui a qui lesdits vaxelz de mouchectes estoient vint audit lieu de Sorcey, requerant ravoir lesdits vaxelz, dont furent advertis aucuns dudit lieu, demandant s’il se vouloit plaindre dudit suppliant, lequel respondit que non et qu’il aymmeroit mieulx perd[r]e dix fois autant que de se plaindre de lui. Touteffois icellui suppliant, advisé qu’il fuit que la chose estoit divulguee et venue a la congnoissance dez officiers dudit lieu, doubtant estre aprehendé au corps et rigueur de justice, s’absenta dudit lieu, auquel il n’oseroit retourner sy nostre grace et misericorde ne lui estoit impartie sur ce, dont il nous a treshumblement supplié. Savoir faisons a tous que nous, ayant regart ad ce que ledit suppliant a esté tous jours tenui et reputé homme bien famé sans que avant ledit cas il a esté noté ne 152

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convaincu de quelque cas deshonneste, pour ses causes et autres nous mouvans, volant preferer misericorde a rigueur de justice, a l’exemple nostre seigneur Jesucrist, avons de grace especiale audit Husson, suppliant, remis et pardonné et par ces presentes remectons et pardonnons ledit cas, avecques toute emende criminelle, corporelle et civille dont il pourroit estre encheu envers nous et justice, satiffacion faicte a la partie a la poursuire civillement tant seulement. Sy donnons en mandement a tous noz baillis, prevosts, justiciers, officiers, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx sicomme a lui appartiendra, que ledit Husson, suppliant, ilz facent, seuffrent et laissent jouyr et user de ceste nostre presente grace, remission et pardon, en imposant quant a ce silence perpetuel a nostre procureur general. En tesmoing etc. Donné a Nancy, le VIe de novembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et six. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les esleu, seneschal de Lorraine, bailly de Nancy, seigneur de la Jaille et autres presens. Jo. Lud.

63 1486, 30 novembre - Nancy. Rémission accordée à Thomassin Cordier, demeurant à Longwy, emprisonné dans cette ville pour avoir, trois ans auparavant, par vengeance et représailles, rançonné avec l’assistance de gens de guerre les habitants de Martelange qui l’avaient précédemment fait prisonnier. Copie, ADMM, B 3, f° 25r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Thomassin Cordier, demourant en nostre ville de Longwy, avons receue contenant qu’il y a environ trois ans que les Leyffrois courirent et bouterent les feux a Rondenges, prevosté de Longwy, luy et deux autres compaignons, chassant aprés lesdits Leyffrois, furent prins et menés prisonniers a Arlon par les habitans de Martelanges, ou ilz furent rudement traictéz et detenu l’espace d’environ cinq sepmaines, a tort et sans causes  ; et par les requestes que lors en feist le prevost dudit Longwy, fut ordonné et commandé par le gouverneur de Lucembourt qu’ilz feussent delivréz et mis hors de prison, francs et quictes, et nonobstant ladite ordonnance dudit, Cordier fut contraint de paier quatre florins d’or pour ses despens et huit gros pour le droit du torier, en relevant par lesdits de Martelanges vingt cinq gros de monnoye et ses bastons que en faisant ladite prinse luy avoient ostés et batus bien villainnement ; a l’occasion de quoy il a esté par longue espace de temps sans povoir gaingner son pain, et, avecques tout ce que dit est, en fut encores a plus de douze frans d’autres despens pour la poursuite de sa delivrance. Et pour raison et occasion desdites pertes, injures et molestacions, a eu grant peine d’entretenir sa povre mere, sa famme et ses pouvres enffans, et par pluseurs fois summé, prié et requis aux manans et habitans dedit Martelanges, tant par luy que par ledit prevost de Longwy, de le restituer de sesdites 153

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pertes, fraiz, mussions, dommaiges et autres interests pour raison de ladite prinse, et pareillement au prevost d’Arlon, que jamais ne luy en volurent baillier ne restituer aucune chose, feust meu ledit Cordier s’en aller a Mouson et Mont Faulcon, cuidant que a l’ayde de quelque compaignon et gens de guerre de la garnison d’illecques, soy recouvrer de sesdites pertes, tant sur lesdits de Martelanges que de ladite prevosté d’Arlon. Et, comme ung pouvre simple homme et mal conseillé, se mest au champs avecques aucuns compaignons de ladite garnison et vindrent tendre aux bois vers Cutry, et fut leurs entreprinse rompue depuis sur le marchié dudit Longwy, ez -- du bois de Pudel, ou ilz prindrent deux hommes, l’un nommé le Gros Thirion et l’autre le filz la Rouce, et deux autres qui eschapperent avecques quatre chevaulx, et les en menerent audit Mouson, disant qu’il estoient venus tendre audit lieu, cuidant trouviez ceulx de Martelanges que lors estoient aléz querrir du blé en la Wevre. Et en retournant qu’ilz faisoient audit Mouson, trouverent aupres de Fresnoy ung homme de forges de Villereux, chastellenie dudit Longwy, que pareillement fut prins et emener audit Mouson ; et depuis ledit Cordier les mena en une forge a fer asses [pres] dudit Longwy, disant qu’ilz y avoit deux forgerons que estoient bourguegnons et qu’ilz estoient de bonne prinse, et les prindrent en ladite forge, que leur eschapperent par la grande eslarme que fut faicte par lesdits forgerons et autres des villes voisines. Pour raison desquelles choses, ledit Thomassin a esté constitué prisonnier es prisons de nostre chastel dudit Longwy ou il est encores de present, en grant doubte et dangier de sa personne, et plus seroit se nostre graces et remissions ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferé a rigueur de justice, et mesmeement que avons esté adverty et informéz au vray par gens dignes de foy de la personne dudit le Cordier, et que tous jours du passé il s’est honnestement conduict et gouverné et qu’il ne fut jamais actaint ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasmes ou reproches, a icelluy Thomassin Cordier, pour ses causes et autres, ayans aussi regart a la pouvreté en quoy il est, avons de nostre grace especial remis, quicté et pardonné, et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons les cas et offences dessus declairéz, en quelque maniere qu’il soient avenues, avecques toutes pennes, amendes en quoy a ceste cause et occasion il pouroit estre encheu envers nous et justice, en le remectant et restituant par cesdites presentes quant a ce en sa bonne fame et renommee, /25v°/ satiffacion faicte a partie humblement s’elle y eschiet, en imposant silence perpetuel a nostre procureur general et autres qu’il appartiendra. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz justiciers et officiers, hommes et subgetz, leurs lieutenans et chascun d’eulx qui ce regardera, que de ceste nostre presente grace et remission ilz facent, seuffrent et laissent ledit Thomassin Cordier joyr et user plainement et paisiblement sans luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre faiz, mis ou donner aucun destourbier ou empeschement au contraire, ainçois sy son corps ou aucuns de ses biens meubles ou immeubles sont, a l’occasion que dessus, dete154

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nuz ou empeschéz, ilz, incontinant et sans delay, les facent mectre a plaine delivrance, car ainsy le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a ces dictes presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre scelle. Donné en nostre ville de Nancey, le darnier jour de novenbre, l’an mil IIIIc IIIIxx six. Ainsy signé René. Par monseigneur le duc, les seneschal de Lorraine, bailly de Nancey, esleu de Toul, procureur general et receveur generaulx presens. Michiel.

64 1486, 30 novembre - Nancy. Rémission accordée à Jean Vaillant de Pierjus, écuyer, demeurant à Chardogne, coupable d’avoir fabriqué, avec le sceau de feu Jean de Varnencourt3, seigneur de Gombervaux, de fausses lettres de rente afin de récupérer un prêt effectué antérieurement. Copie, ADMM, B 3, f° 25v°.

René, etc., au bailly de Bar ou son lieutenant et tous autres noz justiciers et officiers de nostredit duchié de Bar presens et avenir, salut. Savoir vous faisons que nous l’umble supplicacion de nostre amé et feal Jehan Vaillant de Pierjus, escuier, demeurant a Chardoigne pres nostre ville de Bar, avons receue contenant qu’il puet avoir environ huit ans que feu Jehan de Vernoncourt, en son vivant seigneur de Gombervaulx, le blandit de belles parolles, luy qui estoit jeusne et mendre d’age, tellement qu’il luy fut force vendre environ dix livres de rente qu’il avoit ez ville de Broussey-en-Bois et Voulthon-le-Bas, prevosté de Gondrecourt, sans ce que dudit vendaige il receust que environ soixante frans, luy promectant par ledit de Vernoncourt luy rendre ses lectres quant ledit Vaillant seroit en aaige. Et veant par luy que ledit de Vernoncourt estoit alé de vie a trespas et que sa femme ne ses heritiers ne lui vouloient rendre sesdites lectres de vendaige, ainsy que ledit de Vernoncourt l’avoit promis et ordonné par son testament, se trouva ung jour audit Achardoigne avec ung nommé Pierre Robert, serviteur dudit de Vernoncourt, et en devisant de ses services, et ledit Vaillant de ses lectres et autres choses, ledit Robert lui declaira avoir prins en la baicte de sondit feu maistre son seel, et aprés plusieurs parolles, et comme maulx comseilléz, non pençant a aucun inconveniant ne mal engin, furent d’acort de faire chascun une lectre pour eulx, que ledit Vaillant escripvist en parchemin de sa main et telle que l’avoit faiz pour luy, et y estoit contenu comment ledit de Vernoncourt luy avoit rendu sadite terre, et icelles ledit Robert sella en l’absence dudit Vaillant. Pour lequel cas, ledit Vaillant a esté 3 L’identification suit celle de E. Delcambre, ouvr. cité, p. 174 : il existe une famille noble de Varnencourt et non de Vernoncourt.

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banny de nostredit duchié de Bar ; doubtant ledit Vaillant que par dilacion de temps il ne fust apprehendé au corps, pour raison dudit cas par luy commis d’avoir escript et fait lesdites deux lettres, doubtant rigueur de justice, c’est absenté dudit lieu en nous suppliant treshumblement que, veu et consideré ledit cas plus ignoramment que autrement, et que jamais il ne fut reprins d’aucun villain cas ou blasme, que luy voulsissons remectre, abolir et pardonner. Pour ce est il que nous, ce que dit est consideré et entendu, audit Jehan Vaillant avons quicté, remis et pardonné, et par la teneur de ces presentes, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité quictons et pardonnons le fait et cas dessus declairé, avecques toutes peines, amende et offence corporelle, criminelle et civille en quoy, pour occasion de ce, il peut ou pourroit estre encouru envers nous et justice, et l’avons restitué et restituons en sa bone fame et renommee, se elle en estoit blessee, audit pays et a ses biens non confisquéz, et avons mis et mectons au neant tous appeaux, deffaulx etc., et sur ce imposé et imposons scilence etc. Sy vous mandons que de noz presentes grace, etc. En tesmoing de ce, etc. Donné a Nancy, le dernier jour de novembre, l’an mil quatre cens quatre vingtz et six. Signé René. Par monseigneur le duc, les seneschal de Lorraine, bailly de Nancy, procureur et receveur generaulx et autres presens. Michiel.

65 1486, 20 décembre - Nancy. Rémission accordée à Jean, fils de Prenet Grosjean, demeurant à Liffol-leGrand, emprisonné à Neufchâteau, coupable du vol d’un calice dans l’église de Vaudéville le 23 novembre 1486. Copie, ADMM, B 3, f° 36r°-v°-37.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Jehan, filz Prenet Grosjehan, de nostre ville de Liffol-le-Grant en la seneschaucie de Lamarche, bailliaige du Bassigny, avons receue contenant que, par l’ennortement et temptacion de l’ennemy, il se trouva le soir de la Sainct Clement derrain passé au lieu de Waudeville veoir une seur qu’il y a, et ledit soir, de bonne heure, il vint devant l’eiglise de ladite ville, laquelle il trouva fermee, et fit tant de ses mains qu’il osta des pieres du muir de ladite eglise emprés une fenestre et y fit ung partuis par lequel il entra dedans ladite eglise ; et tantost qu’il y fuit, il allumina du feu qu’il y trouva et rompit d’une hache qu’il avoit la serre du chancel, et de la vint a ung latry estant audit chancel qui fait armaire et l’ouvrit a la main, et en icelle armaire il print ung calice et quatre gros qu’estoient en une boiste. Cela fait, il mit ledit calice ou feu qu’il /36v°/ avoit fait, le cuidant fondre, ce qu’il ne peust faire, et lors il le rompit a force sur le pied et s’en yssy hors d’icelle eglise, sans y sercher plus avant ne faire 156

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autre dommaige, prenant son chemin droit a son hostel audit Liffol ou il se tint sans en reveller aucunes choses a sa femme ne a autres jusques au jour de la Saint Andreu ensuivant, faite au Nuefchastel, a laquelle il se transporta, et s’adressa a l’ostel de Nicolas l’Orfevre, ayant ledit calice en son sain, lequel il tira dehors et le monstra a gendre dudit Nicolas et a sa femme, disant qu’il le vouloit vendre ; et lors le gendre dudit Nicolas luy demanda dont il estoit et ou il avoit prins ledit calice, lequel suppliant lui respondit qu’il estoit d’Orguevalx et que le marlier d’illect luy avoit chergé pour le vendre pour achecter de la cire pour leur eglise. Cependant ledit Nicolas Orfevre vint a son hostel et, quant il eust veu ledit calice, il dit audit suppliant qu’il l’avoit robé, lui demandant dont il estoit et ou il havoit prins iceluy calice ; a quoy il respondit qu’il estoit de Liffol et lui nomma son nom et de quelz gens il estoit, lui recongnoissant qu’il l’avoit voirement robé, en lui priant pour l’amour de Dieu qu’il le gardast bien et trouvast facion de le rendre et remectre en point et il lui paieroit la facion. Et sur ce, par la remonstrance dudit Nicolas et de sa femme, meu de grande repentence, s’en alla confesser en l’eiglise des cordeliers dudit Nuefchastel et s’en retourna en son hostel dudit Liffol pour faire finance d’argent pour paier la facion dudit calice, deliberé de rendre et restituer a ladite eglise, ainsi que son confesseur luy avoit enchargé et que avant sadite confession il avoit proposé faire. En ensuivant cela, il s’en retourna audit Neufchastel pour savoir sy ledit Nicolas Orfevre avoit rendu ledit calice, ainsy qu’il luy avoit ordonné, et pour le contenter de sa facion ; et de ce il en parla au gendre dudit Nicolas, puis s’en alla aux cordelliers pour s’en conseillier a son confesseur et, en retournant de ladite eglise, il fuit prins et arresté par lesdits maire et justice dudit Nuefchastel et mis et constitué en prison ou il est encores de present en peril et dangier de sa personne, doubtant rigueur de justice si nostre grace et misericorde ne lui est sur ce impartie, de laquelle il nous a treshumblement supplié. Savoir faisons que nous, ayans regart au cas ainsy advenu par subgection de l’ennemy, estant bien informé que ledit suppliant avoit icelluy tout son eaige esté bien famé, tenu et reputé bon homme, sans avoir esté jamaix noté de quelque mauvais cas, aussy que, comme dit est, avant son apprehencion par nostredite justice il s’estoit repenti et confessé de la prinse dudit calice en propos de le faire restituer, pour ces causes et autres nous mouvans, desirans a l’exemple de nostre seigneur Jhesucrist preferer misericorde a rigueur de justice, /37/ avons de grace especiale, etc. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre sceel. Donné a Nancy, le XXe jour de decembre, l’an de grace Nostre Seigneur mil quatre cens quatrevingtz et six. Ainsy signé René. Par monseigneur le duc, le seneschal de Lorraine et pluseurs autres presens. Jo. Lud.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

66 1487 (n. s.), février - Ligny-en-Barrois. Rémission accordée à Dommengin Lebeuf et à Henry Waultrin, cordonniers, demeurant à Ligny-en-Barrois chez leur oncle, Jean Lebeuf, coupables d’homicide commis trois mois auparavant sur la personne de Jean Dubois, vigneron audit lieu, lequel avait insulté leur oncle, alors maire de la ville, à l’occasion de la perception d’une taxe. Copie, ADMM, B 3, f° 52r°-v°.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion de Dommengin Lebuef, filz de Jehan Lebuef l’Ainsné, et Henry Waultrin, de Liney, avons receue contenant que, environ trois moix puet avoir, lesdits supplians besongnans chascun de leur mestier de cordonnier en l’ostel de Jehan Lebuef, leur oncle, audit Liney, oyrent ung nommé Jehan Dubois, en son vivant vigneron, demeurant audit Liney, qui, en voulant paier sa juree audit Jehan Lebeuf, lors maire dudit Liney, ayant la charge de recevoir les denniers d’icelle, disoit pluseurs grans injures audit Jehan Lebeuf et mesmement l’appeller traictre maire, en luy disant : « Tu me vieulx faire paier XIII deniers /52v°/ pour la juree de ma vache, et je regnie Dieu, je aimeroye mieulx que tu eusses la vache ou ventre que je paiasse lesdits treze deniers », en appellant ledit maieur par pluseurs fois et sans cesser : « Traictre ! traictre maire ! tu as laissé batre les subgetz et les bourgeis de la ville sur la muraille par les varletz du gouverneur » ; desquelles injures ainsy dictes audit maieur par ledit feu Duboix, lesdits supplians furent mal contens et ou conptant desdites injurres saillirent chascun de son oinvroir, l’un ayant ung baston a tourner soulléz et l’autre une mache de charette, et d’iceulx bastons frapperent pluseurs coups sur ledit Jehan Duboix ; a l’occasion desquelz coups icelluy Jehan Duboys, la nuyt ensuivant, de ladite bature alla de vie a trespas. Et pour ceste cause se sont lesdits supplians absentéz, doubtans rigueur de justice, dudit Liney, en voye de miserablement finer leurs jours se nostre grace et misericorde ne leur est sur ce faicte et impartie. Savoir faisons que nous, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, informéz que lesdits supplians se sont en autres cas bien et honnestement gouvernéz, sans jamais avoir esté actains d’autres cas digne de reproche, avons ausdits supplians ou cas dessus dit, de nostre grace especial et plaine puissance, remis et quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons le cas et crime dessus dit ensemble toute l’offense et amende corporelle, criminelle, civille en quoy pour et a l’occasion d’icelluy il pourroient estre escheuz et entournéz envers nous et justice, et les restituons et remectons a leur frant et renommees au pays et a leurs biens non confisquéz, et quant a ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general audit duchié de Bar et autres, satiffacion faicte a partie civilement tant --- se faicte n’est. Sy donnons en 158

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mandement par ces mesmes presentes a nostre trescher et feal conseillier le bailly de Bar ou son lieutenant ou autres noz justiciers ou officiers que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Domengin Lebeuf et Henry Waultrin et chascun d’eulx joyr et user plainement et paisiblement sans en ce leur mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement, maiz si le corps ou biens desdits supplians et d’un chascun d’eulx estoient pour ce prins, fustz arestéz ou [em]peschéz, les mectent et facent mectre a plaine delivrance. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait mectre nostre seel, saulf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné a Liney ou mois de fevrier, l’an de grace mil quatre cens quatre vingts six. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seigneurs d’Apremont, marchal de Barroys, president et gens des comptes, procureur general de Lorraine et autres presens. J. Dupuis.

67 1487 (n. s.), 15 mars - Nancy. Rémission accordée à Jean Frainne le Jeune, fils de l’ancien châtelain de Saint-Mihiel, membre de la compagnie d’ordonnance du duc de Lorraine à Arras, coupable d’homicide commis le 3 février 1487 dans cette même ville sur la personne de Jacquet Taillepiet de Sémalens, archer de la compagnie du sénéchal de Toulouse, à la suite d’une dispute dans une taverne. Copie, ADMM, B 3, f° 61r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Jehan Frainne le Jeusne, filz de Jehan Frainne jadis chastelain de nostre chastel de Saint-Mihiel, avons receue contenant en effect que le troixiesme jour de fevrier darrain passé, luy estant en nostre compaignie au lieu d’Arras, il se trouva, environ heure de neuf heures aprés soupper, en une taverne audit lieu ou il y a pour enseigne le Beuf couronné, avecques plussieurs autres compaignons de guerre tant de nostredite compaignie que de la compaignie de monseigneur le seneschal de Thelouze et, eulx estans encores a la table, vint ung nommé Jacquet Taillepiet de Semelon, archier de la compaignie de mondit seigneur le seneschal, qui avoit souppé avecques ledit expousant et les autres. Et aprés plussieurs parolles, ledit Jacquet adressa ses parolles audit expousant, et luy dist qu’il avoit perdu son argent aux dectz, en luy requerant qu’il luy en vousist prester pour veoirs s’il se pouroit recouvré ; lequel expousant luy respondit qu’il ne luy en presteroit point pour jouer, mes il luy en presteroit voulantiers pour achapter ung cheval ou des habillemens jucques a vingt escuz ; a quoy ledit Jacquet respondit audit expousant et luy dist qu’il estoit ung meschant homme de le refuser, et qu’il luy en eust voulantiers presté quant il l’en eust requis, en 159

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

quoy disant ledit Jacquet mist la main a sa dacgue et dist encores audit expousant plussieurs autres parolles injurieuses. Et ce veant, ledit expousant se leva de la table et dist audit Jacquet qu’il ne le oultraigeroit point et qu’il ne luy presteroit riens pour ceste foiz, et ledit Jacquet luy dist : « Je te congnoyes bien, tu ne me feras riens » et, en ce disant, ledit Jacquet tira sa dacgue et pareillement ledit expousant, mes ceulx qui estoient en la compaignie se misdrent entre eulx deux, et s’en alla ledit expousant de la maison avecques autres de ladite compaignie qui avoient souppé avecques eulx ; et incontinant qu’ilz furent dehors, ledit Jacquet saillit dehors avecques eulx, tenant une chandelle en sa main, et rencontra ledit expousant, lequel tenoit ung vosge en sa main, et luy demanda ledit expousant pour quoy il l’avoit ainsi injurié et oultraigé a cause de ce qu’il ne luy vouloit point prester son argent ; a quoy ledit Jacquet respondit audit expousant qu’il estoit ung meschant homme et qu’il luy eust bien /61v°/ rendu quant il luy eust presté. Et ce voiant, ceulx qui estoient presens, doubtans qu’il ne se feissent desplaisir, se bouterent entre deulx et les departirent, et s’en allerent arrier l’un de l’autre, et s’en alloit ledit expousant a son logeys et, comme il estoit pres de l’eiglise SaintGery, ledit Jacquet vint a l’encontre dudit expousant, tenant une picque en sa main, et incontinant que ledit Jacquet vit ledit expousant, rescria : « A mort, a mort ! » ; a quoy ledit expousant respondit : « Jacquet, je ne vous demande rien ; me voulez mal pour ce que je ne vous ay point voulu prester mon argent, c’est sur mon corps desfendant » ; et ledit Jacquet luy dist de rechef qu’il se desfendist ou il le tueroit ; et en ce disant, ledit Jacquet leva plussieurs foiz ladite picque contre ledit expousant et, ce veant, ledit expousant s’aproucha dudit Jacquet tellement qu’il le desgarnit de sadite picque et, se fait, ledit Jacquet s’en fuyoit et ledit expousant aprés, et le rataindit pres de la maison ou pend l’enseigne des Pussons, ou ledit expousant luy donna plussieurs cops de ladite picque, dont mort s’ensuit, environ deux ou troys heures aprés, en la personne dudit Jacquet. Pour lequel cas ledit expousant, jaçoit ce qu’il eust fait ledit coup en son corps desfendant, doubte la rigueur de justice, tant de nous comme s’il estoit trouvé ou royaume, a cause de quoy, retourné par devers nous, suppliant treshumblement qu’il nous plaise, ces choses considerees, luy impartir sur ce nostre grace et misericorde. Savoir faisons que nous, inclinans etc., sactiffacion faicte a partie a la poursuivre civillement tant seulement etc. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait apendre nostre seel. Donné a Nancy, le XVe jour de mars, l’an mil IIIIc IIIIxx et six. Signé René. Par monseigneur etc., les esleu, seneschal et procureur general de Lorraine et autres presens. Jo. Lud.

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68 1487, 24 avril - Nancy. Rémission accordée à Etienne Jean Maire, pâtre de Saint-Ouen-lès-Parey, complice du meurtre de la femme de Gérard de Nicey commis par Collart Beaupere à l’instigation du mari (cf. n°61). Copie, ADMM, B 3, f° 66r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Savoir faisons que nous avons receu l’umble supplicacion de Estienne Jehan Maire, paistre de Parey-Saint-Owain en nostre seneschausie de La Mothe, chargié de femme et de petiz enffens, contenant comme a la requeste de Girard de Nissey, demourant audit Parey, Collart Beaupere eust entreprins de faire ung cop dessus la femme dudit Gerard, de laquelle il n’estoit point content pour la vie disolue qu’elle avoit menee et menoit, dont elle ne s’en vouloit desister pour priere ne requeste qui luy en fust faicte tant par ledit Gerard, son mary, comme par plussieurs de ses parens ; par quoy il promist audit Collart Beaupere et audit suppliant que s’ilz en vouloient faire l’execution, qu’il leur donneroit certaine somme d’argent, nommement la somme de cinquante frants. Et, en ensuivant ce, ledit Colart se transporta de nuyt en l’ostel dudit Gerard et pareillement ledit Estienne, lequel Collart fut mis en la cave et ledit Estienne en ung grenier dedans la maison d’iceluy Gerard de Nissey, et le matin fut envoyee par ledit Gerard sadite femme dedans ladite cave pour querir quelque chose, saichent qu’elle seroit par ledit Colart /66v°/ despaichee comme elle fut, ledit suppliant estant oudit grenier, lequel y estoit allé deliberé que, si elle y montoit, de la tuer. Lequel, aprés ledit cop fait par ledit Colart, il, doubtant la rigueur de justice, se absenta des lors hors de noz pays et seigneuries esquelx il n’ouseroit retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Et nous, inclinant a sa supplicacion, ayant regart a sa pouvreté et a ce qu’il est chargé de femme et enffens, voulant ce jourd’uy, jour du grant vendredi, preferer misericorde a rigueur de justice, a icelluy suppliant, etc. Donné a Nancy, le XXIIIIe jour d’avril mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Crestien.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

69 1487, 17 mai - Nancy. Rémission accordée à Jeannette Wautrin, épouse de Jean Pillesson, demeurant à Noviant-aux-Prés, emprisonnée au même lieu, coupable d’avoir commis plusieurs vols dans les mois précédents. Copie, ADMM, B 3, f° 70.

René, etc. L’umble supplicacion de Jannette Wautrin, femme de Jehan Pillesson, demourant a Noviant-le-Pré, avons receue contenant que, puis environ troys quars d’an, la chamberiere de ung nommé Billede dudit Noviant la vint querir en son hostel pour nectoier en la maison dudit Billede, laquelle y alla et y trouva une gibesiere ou elle print XIIII blans ; plus que, peut avoir dix sepmaines, elle se trouva ou chastel dudit Noviant en ung lieu commun ou il y avoit plussieurs huges et estrains estans a plussieurs de ladite ville et s’adressa a une huge qui estoit a ung nommé Billet, qui estoit deffermee, et en icelle print cinq draps de lit, cinq couvrechés, troys nappes et une touaille, et puis s’adressa a une autre huge qui estoit aussi deffermee et estoit audit Billede, en laquelle elle print ung drap et lit, une nappe, une chemise a femme et troys lugey de fillet. Pour lesquelx cas elle est detenue prinsonniere ou chastel dudit Noviant et, doubtant rigueur de justice, nous a humblement supplié que iceulx luy vousissons remectre et pardonner. Savoir faisons que nous, inclinans a sa requeste, etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XVIIe jour de may, l’an mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc etc., les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, bailly de Nancy, procureur general dudit Lorraine presens. G. Durat.

70 1487, 11 juin - Nancy. Pardon accordé à Collinet Bellehoste, laboureur et bourgeois demeurant à Luzy-Saint-Martin, accusé de vols par les seigneurs du lieu. Copie, ADMM, B 3, f° 76v°.

Abolution donnee par monseigneur le duc a Collinet Bellehoste, laboureur et bourgeoys demourant a Luxey ou prevosté de Sathenay, pour certaines informations faictes a l’encontre de luy par les seigneurs dudit Luxey, au moyen desquelles le veullent aprehander au corps, luy imposant qu’il a robbé a ung marchant estrange au lieu dudit Sathenay une tranche de viande qui povoit valoir X gros, de laquelle il a depuis paié XII gros, et aussi que plussieurs luy ont imposé et donné fame d’estre larron, dont il ne c’est justifié par justice etc. Pour lesquelx cas, lesdits seigneurs dudit Luxey ont fait inventoriez touz ses 162

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biens et l’ont fait pour son absence appeler a ban et obtenu deffaulx contre luy et proceder pour le declairer confisqué corps et biens. Donné a Nancy, le XIe jour de juin, l’an mil IIIIc IIIIxx VII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le bailli de Nancy, seigneurs de Dompmartin et de Pierrefort, messire Raymon, le receveur general et autres presens. Crestien.

71 1487, juin - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean Jannot, dit Matagot, demeurant à Neufchâteau, emprisonné à Bourmont, coupable d’avoir commis plusieurs vols depuis de nombreuses années en divers endroits et tout récemment dans l’église de Lignéville. Copie, ADMM, B 3, f° 77r°-v°-78.

René, etc. Savoir faisons a touz etc., nous avons receu l’umble supplicacion de Jehan Jannot, dit Matagot, pouvre homme chargié de femme et de plussieurs petiz enffens, demourant en nostre ville de Neufchastel, a present detenu prinsonnier en noz prinsons de Bourmont, contenant que, par ennortacion de l’ennemy, necessité de vivre et autres mauvaises motions, il a fait, commis et perpetré les offences et choses qui s’ensuivent, dont il est grandement repentent et desplaisant. C’est assavoir que pour le temps que les Bourguegnons estoient en noz pays, mesmement audit Neufchastel, ledit suppliant et autres compaignons se retir[er]ent ou royaume, pres Morient-l’Abbeye, et peu aprés il et ung nommé Jehan Couay de Reseul, aprés qu’ilz furent avertiz qu’il y avoit ung beuf au lieu de Frebecourt, ledit beuf apartenant a ung homme dudit Neufchastel, conclurent eulx deux d’aller prendre ledit beuf pour eulx vivre et, pour ce faire, se partirent l’ennuyt, la lune rayant, du lieu de Pagny oudit royaume et allerent audit Frebecourt ou ilz trouverent ledit beuf en une grange fermee d’une reux seulement, lequel beuf ilz prindrent et enmenerent et menerent en ung boys pres d’illec ou ilz le tuerent et departirent entre eulx les chers et le prouffit d’icelles, et en le menant marcheoient sur toutes les passees qu’il /77v°/ faisoit a ce qu’on ne peultz congnoestre le train ne les chasser au poursuire par ladite passee a cause de ce que la terre estoit fort couverte de naige. Et long temps aprés ce que dit est, assavoir l’annee du chier temps, peut avoir cinq ans ou environ, ledit suppliant qui estoit retourné demourer audit Neufchastel, y ayans lui et sesdits femme et cinq enffens grant neccessité et indigence de vivre, se transporta au lieu du Petit-Voton et se bouta de nuyt en la maison d’un tiserant dont il ne recorde le nom, et ceans print une chayne de fille ordye qu’il trouva pendue en ung crochet et l’emporta en sa maison audit Neufchastel et, le landemain estant jour de marchié, la fist porter vendre au marché par une sienne fille, ce qu’elle ne fist parce que ledit tixerant s’en vint qui recongneut ladite chayne sur 163

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ladite fille et la print et enporta sans ce que homme en ait fait plaintif ne poursuite aucune. Et troys ans a ou environ, ledit suppliant, adverty que Nicolas Duchastenay, marchant dudit Neufchastel, avoit ung char chargié de toille et autres marchandises pour mener en Flandres, et que le jour de son partement devoit aller anquester au lieu de Vothons, s’advisa d’aller de nuyt aprés luy pour prendre de ladite marchandise sur ledit char, et deffait y alla et print deux pieces de toille crenees qu’il emporta, et en estoit tresfort chargié et tellement que a grant peine les povoit porter ; touteffoiz il les porta audit Neufchastel et les vendit a ung nommé le Petit Gillet, tixerant dudit Neufchastel, pour certaine somme d’argent dont il n’est a present recors, et en achapta du blé pour gouverner ses pouvre mesnaige, et depuis n’ont esté rendues mes a bien recongneu audit Nicolas Duchastenay les avoir prinses et luy a promis de les luy rendre. Et oultre, XV jours aprés la feste de Pasques darreniere passee, ledit suppliant et ung nommé Estiennot, lors demourent audit Neufchastel, se partirent ensemble d’icelle ville de propos deliberé et s’en allerent en ung villaige en la terre des Chavelz, nommé Lenieville, et emporterent avecques eulx une tuqueze et ung sizel de fer et une suice atout du feu pour eulx alumer, et illec s’en allerent a l’eiglise, /78/ rompirent la serreure de l’uiserie d’icelle eglise, entrerent dedans et allumerent des chandelles de sire qu’ilz trouverent en ladite eglise pour veoirs cler et, ce fait, rompirent une huge en laquelle trouverent deux torteaux de sire pesans environ XVI livres et une robbe de violet qu’ilz emporterent, et de la s’en vindrent a Charcey, qui est d’une mesme paroche, ou pareillement rompirent l’eiglise d’ilecques, entrerent dedans et y rompirent plussieurs escrins et huges et y prindrent environ XVI linceux de toille, environ huit aulnes de draps gris et environ cinq frans d’argent en monnoye et le tout emporterent audit Neufchastel, lesquelx biens ainsi prins que dit est furent renduz et restituéz aux curéz desdits lieux, a laquelle rompture desdites eglises et prinse desdits biens et choses en icelles faire furent menéz et induitz pour ce qu’ilz savoient bien que le curé desdits lieux avoit VIIc escuz en l’une desdites eglises et les cuidoient trouver et prendre pour eulx habiller et mectre en point pour nous servir. Et avecques ce dit ledit suppliant que, environ ung an aprés la journee de Nanci, il se bouta en la taverne de Symon Boucherot, tavernier dudit Neufchastel, ou il prins ungc arbaleste et deux ou troys basannes blanches conroyees, laquelle arbaleste qui estoit de corne fut depuis trouvee en la maison dudit suppliant par la justice dudit Neufchastel et rendue audit Boucherot, et une partie desdites bazannes. A l’occasion desquelx cas et offences, ledit suppliant a esté prins et constitué prinsonier esdites prinsons de Bourmont ou il est, comme devant est dit, a present detenu, etc. Donné a Pontau-Mouson ou moys de juing, l’an mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., l’evesque et conte de Verdun, seigneur de Pierrefort et autres presens. Michiel. 164

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72 1487, 13 septembre - Nancy. Rémission accordée à Colin Thiebault, de Haraucourt, coupable du vol au début de janvier de deux tasses d’argent appartenant à Jean l’orfèvre, de SaintNicolas-de-Port, qui ne lui avait pas livré un chargement de laine pourtant payé. Copie, ADMM, B 5, f° 128 v°.

René, etc., a touz etc. Receue avons l’umble supplicacion de Colin Thiebault, demourant a Haracourt, contenant que, le jour de la foire des Estraines darrenierement passee, iceluy suppliant se trouva au lieu de Saint-Nicolas en l’ostel de Jehan l’Orphevre, dudit lieu, auquel ledit suppliant estoit tenu en la somme de XV gros de laine ou autres marchandises que ledit suppliant avoit eu dudit orphevre, et de ce eurent apointement et compte ensemble par faczon que ledit orphevre promist audit suppliant que, s’il luy paioit lesdits XV gros contens, qu’il luy chargeroit demy cent de laine et qu’il luy treroit jucques a la Saint Remy ; et aprés lesdites parolles dictes et promises, ledit suppliant le fist content desdits XV gros. Et ce fait, iceluy suppliant, cuidant recevoir la laine, fut iceluy Jehan l’Orphevre qu’il dist qu’il ne luy en delivreroit point ny ne feroit delivrer. Lors ledit suppliant, esmeu et mal content, luy dist que c’estoit mal fait a luy de l’abuser, d’avoir tiré a soy son argent et puis se mocquer de luy. Et n’en peut avoir autre chose ledit suppliant dudit orphevre, lequel suppliant, par mauvaise temptacion de l’ennemy, soy voyant sans argent et marchandise, print deux petites tasses d’argent en la maison dudit orphevre, que povoient valoir environ cinq frans, et les enportit en son hostel et en print l’une et l’enportit a Vy pour avoir argent pour gouverner et nourir troys petiz enffans qu’il a, et deffait vendit icelle tasse a ung orphevre de Vy pour XXX gros et retint l’autre devers luy. Ce avenu et par le pourchaz dudit orphevre, ladite tasse a esté recoverte et restituee de cesdites tasses, a l’occasion duquel cas par luy commis etc. Donné a Nancy, le XIIIe jour de septembre IIIIxx et VII. Signé René. Par le duc, etc., les seneschal de Lorraine, esleu de Toul, bailli de Nancy, procureur et receveur generaux presens. Crestien.

73 1487, 13 septembre - Rosières-aux-Salines. Rémission accordée à Jean Poincelet, demeurant à Avrainville, coupable d’avoir incendié volontairement la grange et la demeure d’un habitant du même village. Copie, ADMM, B 3, f° 97 v°-98.

René, etc., a touz presens et avenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Poincelet, laboureur demourant a Avrainville en nostre prevosté du Pont165

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

a-Mouson, contenant que, depuis peu de temps encza, ung sien filz nommé Jehan Poincelet, eaigé de environ vingt ans, est devenu tout fantasticque et par temptacion dyabolicque ou autrement, ne sceit le pouvre suppliant comment, la v[e]ille de Sainte Croix4 darrenierement /98/ passee, environ dix heures de nuyt, se leva iceluy sondit filz de son lit ou il estoit couché avecques sa femme, et s’en alla bouter le feu par desoubz la porte en l’une des granges d’un des autres hommes de ladite Avrainville, par lequel feu bouté toute ladite grange et maison et touz les biens estans en icelle furent ars et brulléz, et, se fait, il se absenta du lieu et s’en alla a Toul, disant a touz ceulx qui rencontroit et trouvoit en son chemin qu’il avoit bouté le feu en ladite grange et maison. Et pour ce que ledit suppliant, son pere, desire de le reduire et le ramener a son bon entendement au moyen de Dieu et des bons seigneurs, doubtant que sondit filz ne chiee es mains de noz officiers et justiciers dont il y escherroit pugnicion et execucion corporelle si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons etc. Donné a Rouzieres, le XIIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Crestien.

74 1487, 14 novembre - Nancy. Rémission accordée à Isabelle de Châtonrupt, coupable d’avoir mortellement blessé il y a vingt-trois ans la concubine du prieur de Boucheraumont à la suite d’une dispute  ; la demande de rémission est motivée par le désir d’Isabelle de revenir s’installer dans le duché de Bar. Copie, ADMM, B 3, f° 114r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receu avons l’umble supplicacion de Zabelle de Chaictoureux les Jainville, contenant que, peult avoir XXIIII ans ou environ, elle demouroit a une prieuré pres de Saint-Urbain, appellé Baucheramon, terre d’eiglise, au quel lieu le prieur d’icelle prieuré avoit une concubine nationnee de Piccardie appelee Catherine, laquelle Catherine entra en telle jallousie de sondit maistre et de ladite suppliante que ung jour icelle concubine, saichant ladite suppliante estre seulle en son logeis, entra en la maison de ladite suppliante, ferment les huys aprés elle d’icelle maison affin que ladite suppliante n’en peultz fuyr ; et parlant ladite Catherine a ladite suppliante, aprés plussieurs grandes parolles diffamatoires qu’elle luy impousoit, disant que sondit maistre la tenoit, print icelle concubine une serppe qu’elle trouva en ladite maison, faisant villains sermens qu’elle ousteroit a ladite suppliante la vie du corps ; et 4 La lettre étant datée du 13 septembre, veille de l’Exaltation de la Sainte-Croix, les faits n’ont pu se dérouler que la veille de l’Invention de la Sainte-Croix précédente, soit le 2 mai 1487.

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de fait de ce faire fist son effort en frappant icelle suppliante sur le bras de ladite serppe, luy cuidant fendre la teste, et tant qu’il fut neccessité a icelle suppliante se mectre en deffence a l’encontre d’icelle concubine, tellement que ladite suppliante print aux bras icelle concubine, luy ousta ladite serppe et la boutta en telle faczon /114v°/ qu’elle la fist cheoirs contre les degreez estans a ladite maison, toute pasmee, et tant que a cause dudit coup, dedans troys jours aprés, mourut ladite concubine. Ce veant, ladite suppliante se absenta dudit lieu et deslors a touz jours demouré ladite suppliante la ou mieulx elle a peu pour gaigner sa vie, sans que jamés ledit cas fust sceu ou revelé a aucun ne que jamés en fust fait poursuite a l’encontre de ladite suppliante. Or est il que icelle suppliante se retireroit voulantiers soubz nous en nostre seigneurie de Barroys mes, craindant que, par relacion d’aucun acusee dudit cas, noz justiciers et officiers la pouroient apprehander et par crainte de torture luy faire congnoestre ledit cas, laquelle n’ait parens ne amys pour poursuir a sa delivrance, nonobstant que ledit cas soit pitieable, n’ait ouzé retourner soubz nous sans premierement nous avoir treshumblement demandé congié et licence d’y retourner et venir demourer. Savoir faisons que nous, ayans regart a sa pouvreté et ancienneté, de grace especial luy avons concedé, consentu et octroyé, concedons et octroyons par ces presentes que d’ores en avant elle puisse si bon luy semble venir demourer soubz nous en nostredit duchié de Bar ou ailleurs en autres noz pays et seigneuries, sans ce que pour le cas dessus dit il luy soit fait, mis ou donné par noz officiers ou subgietz aucun mal, dommaige ne desplaisir en son corps ne a ses biens. Si donnons en mandement a touz noz seneschaulx, etc. Donné en nostre ville de Nanci, le XIIIIe jour de novembre mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque de Verdun, esleu de Toul, seigneurs de la Jaille et de Pierrefort et autres presens. Crestien.

75 1488 (n. s.), 23 janvier - Nancy. Rémission accordée à Thibaut Rouveroy, tisserand de Darmont, coupable d’homicide commis le 13 janvier 1488 sur la personne de Colas Quaré, son voisin, à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 3, f° 137.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Thiebault Rouveroy, desoubz Moncointin en Ardanne, tixeran de toille, contenant que, depuis VI ans encza, s’avoit marié en la ville de Darmont qui est du ban de Buxey, emprés Estain, et y print une jeusne fille, de laquelle il a troys filz dont le plus vueil n’a pas quatre ans ; or est il ainsi que, environ la Saint Remy darrain passé, ledit Thiebault jouoit a la paulme avecques ung de ses voisins appellé Colas Quaré pour le vin, et n’avoient couru en malveillans ensemble ; pour 167

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

lors advint que pour une chasse il eussent ensemble debat, tellement que ledit [Caré] qui estoit natif du ban de Buxey, qui estoit riche et puissant pour ung laboureur, appella ledit Thiebault « estranger, filz de prebstre », et le batit par plussieurs foiz de son poing en telle faczon qui luy creva presque ung oeil, et quant ledit suppliant se vit ainsi oultraiger, tant de parolle comme de fait, et qu’il vit son visaige plain de sancg, il se voult revenger et print ung petit coustel qu’il avoit et en frappa ledit Colart tellement qu’il en mourut. Pour lequel cas ledit suppliant s’en alla incontinant par les champs hors de noz pays, de doubte qu’on ne meist la main a lui, esquelx il n’ouseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, de laquelle il nous a treshumblement supplié et requis. Pour ce est il que nous, les choses susdites considerees, actendu mesmement que ledit Colart, defunct, fut aggresseur, et sur ce eu bon avis et meure deliberacion de conseil, ayant pitié et compassion de ses femme et enffens, voulant en ceste partie misericorde preferer a rigueur de justice, a icelui suppliant, inclinant a sadite supplicacion, avons en tant que avons touché le cas et amende dessus dits quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons de grace especial, par cesdites presentes, ensemble toute peine, amende et offence corporelle et criminelle en quoy pour et a l’occasion des choses dessus dites il peult avoir mesprins envers nous et justice, et l’avons quant a ce restitué et restituons a ses bonne famme et renommee, au pays et a ses biens non confisquéz, en impousant sur ce silance etc., sactiffacion faicte a partie interessee premierement et avant toute euvre, si faicte n’est, civillement tant seulement, et parmy ce aussi que ledit suppliant l’amendera envers nous civillement selon l’exigence du cas et la faculté de ses biens. Si donnons en mandement etc. Donné a Nanci, le XXIIIe jour de janvier, l’an mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., l’evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, baillitz de Nanci et de Joinville, maistre Jacques Menant, procureur general de Lorraine et maistre des requestes, et autres presens. Crestien.

76 1488 (n. s.), 10 février - Nancy. Rémission accordée à Jean, fils de Jean Grosyeux, orfèvre demeurant autrefois à Nancy, emprisonné à Saint-Nicolas-de-Port, coupable de mise en circulation de fausse monnaie d’or dans cette ville (cf. n° 95). Copie, ADMM, B 3, f° 138 r°-v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p. 191-192.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication des parens et amys de Jehan, filz Jehan Grosyeulx, jadis orfevre de Nancy, avons receu contenant que nagueres, 168

Corpus des lettres

lui estant en la ville de Port, il a esté trouvé mectant aucunes pieces d’or faulces, a l’occasion de quoy il a esté prins par les officiers et justice dudit lieu et constitué prisonnier. Et pource qu’ilz doubtent que pour ledit cas il ne viengne selon rigueur de justice a estre pugni du corps, ilz nous ont supplié treshumblement lui benignement pardonner ledit cas et extendre sur lui, qui est jeusne homme, nostre grace et misericorde. Savoir faisons que nous, inclinans benignement a ladite supplication, en consideration de ce que ledit Jehan Orfevre est fort jeusne et que jamés il ne fut attaint ne convaincu d’autre villain cas, meismement pour et en contemplation de nostre treschiere et tresamee compaingne la duchesse qui nous en a pareillement supplyé, et aussi voulans pour ce et autres causes nous mouvans preferer misericorde a rigueur de justice, avons de grace especiale, de nostre auctorité et puissance souverainne, audit Jehan quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons tout le cas dessus dit ensemble toute painne et amende corporelle, criminelle et civile en quoy il /138v°/ pourroit estre encheu par ce envers nous et justice de droit ou de coustume, et l’avons remis en ses bons fame et renommee et a tous ses biens non confisquéz, touteffois satiffation faicte a partie interessee a la poursuyvre civilement tant seulement. Sy donnons en mandement etc., en imposant quant a ce silence perpetuelle a nostre procureur etc. Donné a Nancy, le Xme jour de fevrier mil IIIIc IIIIxx et sept. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seigneurs de Cipieres, de Dompmartin et autres presens. Jo. Lud.

77 1488, 4 avril - Nancy. Rémission accordée à Nicolas Vairier, de Morizécourt, coupable d’homicide commis un an auparavant sur la personne de Grand Jean de Sionne qui tentait de séduire sa jeune femme. Copie, ADMM, B 3, f° 146v°-147.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Nicolas Vairier, de Marisecourt en nostre prevosté de Lamarche ou du ressort d’icelle en nostre dicte duchié de Bar, josne homme et ayant une josne femme, contenant que peult avoir environ ung an que ung nommé Grant Jehan de Siennes qui hantoit en sa maison a l’entour de sadite femme, aprés ce que ledit suppliant s’aperceut qu’il y hantoit pour faire deshonneur a lui et a sadite femme et qu’il luy eust deffendu sa maison et le parler a sadite femme si se n’estoit en sa presence et qu’il fust en sa maison, advint que ledit Grant Jehan se transmist en sa maison ung dimanche matin avant la messe, et ledit suppliant et ledit Grant Jehan estans illec se prindrent de parolles ensemble tellement que, aprés plussieurs parolles, ledit suppliant qui couppoit du boys d’une haiche pour faire du feu iceluy jour, meu en son couraige par temptacion de l’annemy et de grant 169

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

jalousie qu’il avoit dudit Grant Jehan et de sadite femme, frappit de ladite haiche ledit Grant Jehan si grant coup en l’espaule qui le fist tonber sur ung banc, et depuis se recouvra et le frapit encores de la teste de ladite haiche en la teste et ailleurs ; pour lesquelx coups, le mardi aprés, il termina de vie par mort. Quoy voyant par ledit suppliant, il se absenta des lors de noz pays et seigneuries esquelx il n’est jamés depuis retourné ; combien que congnoessant qu’il avoit mal fait, a depuis ledit cas par luy commis fait appointement a la femme dudit Grant, deffunct, a laquelle occasion ledit suppliant n’ouseroit retourner en nosdits pays et seigneuries pour doubte de sa personne, si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle que, actendu ce que dit est et que jamés il ne meffist chose disgne de reprehencion, fors [ce]stuy cas, et que les seigneurs de Harracourt et de Ville, soubz cui il estoit demourant audit Marisecourt, ont prins et eu ses biens pour cause de confiscacion, et mesmement qu’il dit avoir appointé a la femme dudit deffunct, nous luy vueillons quicter, remectre et pardonner le cas dessus dit. Pour ce est il que nous, voulans etc., avons aujourd’uy, jour du grant vendredi, le cas et amende dessus dit quicté, remis et pardonné etc., et en tant que avons touché a ses biens non confisquéz, en impousant etc. Si donnons en mandement a noz bailli et procureur general du Bassigny, ou a l’un d’eulx auquel il appartiendra que, appellé ceulx que pour ce /147/ seront a appeller, ilz procedent ou facent proceder a la verificacion et enterinement de cesdites presentes tout selon leur forme et teneur, ilz et touz autres noz officiers et justiciers cui se touche ou pourra toucher, leurs lieutenans et chascun d’eulx facent, seuffrent et laissent ledit suppliant de nostre presente grace etc., selon et par la maniere que dit est, d’ores en avant plainement et paisiblement joïr et user sans etc. Donné en nostre ville de Nanci, le IIIIe jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et huit. Signé René. Par monseigneur le duc, les seigneurs de Dompmartin et de Pierrefort, le cappitaine de la garde et autres presens. Crestien.

78 1488, 25 avril - Nancy. Rémission accordée à Catherine, fille de Pierre du Tarreil, demeurant à Norroy-le-Veneur, accusée d’infanticide. Copie, ADMM, B 3, f° 224v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Pierre du Tarreil et de Françoise sa femme, demourans a Nouroy devant Mets, avons receue contenant qu’ilz ont une jeusne fille nommee Catherine, laquelle par son mauvais gouvernement, subornacion et comme folle, c’est habandonnee a ung prebstre religieux qui l’a defloree et engrossee, et depuis n’a point prins garde de garder son fruit mes, pour cuider saulver son honneur et pour 170

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faindre qu’elle ne le fust, n’en faisoit nul semblant et, en levant de la paste qu’elle vouloit porter au four se greva et, quant elle se sentit grevee, pour toujours cuider cacher sondit honneur, s’en alla en ung gaingnaige assez pres de Mets pour y servir, faignant de n’estre point grosse. Et au chief de deux ou de troys jours aprés delivra de son enffent qui vint mort au monde, et pour ce que a sondit enffentement n’y avoit personne, quant elle aperceut sondit enffent mort, le gecta dedans ung puis ou il fut trouvé deux ou troys jours aprés. Par quoy la main fut mise a elle par justice du lieu, de laquelle justice au moyen d’aucuns qui luy furent favorables et aydans s’en eschappa et absenta de noz pays, doubtant rigueur de justice, esquelles elle n’ouse retourner si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, implorans sesdits pere et mere icelle et luy remectre et pardonner ledit cas. Savoir faisons que nous, inclinans, etc. Si donnons en mandement etc. Donné a Nancy le XXVe jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et huit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., l’evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, baillifz de Nancy et de Saint-Mihiel, procureurs et receveurs generaulx de Lorraine et Barroys et autres presens. Durat.

79 1488, 5 août - Stenay. Rémission accordée à Girardin Huet, de Marville, coupable d’homicide commis dans cette ville sur un homme d’armes de Gratien d’Aguerre qui lui cherchait querelle et le menaçait d’une épée. Copie, ADMM, B 3, f° 172v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Girardin Huet, de nostre ville de Marville, contenant que, lorsque messire Gracien de Guerre estoit de par nous en garnison audit Marville, l’un de ses gens print debat avecques le suppliant et tant qu’i le cuida frapper d’une espee ; touteffoiz iceluy suppliant se departit, et tellement qu’il dist a celuy qui le oultraigeoit qu’i le laissast en paix, autrement il se deffendroit ; et plussieurs foix ledit de messire Gracien vint audit suppliant, tellement que iceluy suppliant mist ung vouge au devant de luy, frappa celui qui le vouloit oultraiger en soy deffendant, tant que depuis le compaignon fut mort. Pour lequel cas, ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, se absenta lors de noz pays, etc. Donné a Sathenay, le Ve jour d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx et huit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le seneschal de Lorraine et cappitaine de la garde presens. Crestien.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

80 1488, 27 août - Neufchâteau. Rémission accordée à Jacquot, fils de Mengin Nouroy, de Morizécourt, coupable d’homicide commis le 24 juillet 1488 sur la personne d’un nommé Mongeot qui l’avait agressé. Copie, ADMM, B 3, f° 180.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplication de Mengin Nouroy, de Malixecourt en nostre prevosté de Lamarche, contenant que, la vigille de la Sainct Christofle darrenierement passee, ung sien filz dit Petit Waultrin, de ladite ville, se trouverent aux champs, assavoir le filz dudit suppliant qui gardoit les menues bestes de la ville, tenant son chien en traict et son baston a massuette, comme il est de usaige et acoustumé a pastre, et ledit Mogeot estant a la cherruee, et Jehan son frere avecques luy, iceluy Mogeot laissa sadite cherrue qu’i appointoit pres dudit pastre a l’orriere d’un boys et, pour aucune hayne qu’il avoit audit Jacot, luy alla courre sus rigoreusement, et adoncques ledit pastre se secoua de luy le mieulx qu’il peult, touz jours son chien en traict, et de sadite massuette frappa ledit Mongeot d’un seul coup sur la teste, dont il tomba a terre. Et depuis se leva et s’en alla tenir sadite cherrue une roie du longc de son champs et la retourna dedans, comme le tout a esté congneu et trouvé par la justice des seigneurs dudit lieu, qui ont la haulte justice soubz nostre souveraineté, assavoir par les seremens de deux freres de deux parties qui estoient presens avecques eulx, comme le frere dudit Mongeot, lequel congneut et confessa en presence de son pere, disant que ledit Mongeot, son frere, estoit premier allé courir sus audit Jacot, bergier, et parellement le frere dudit Jacot qui gardoit les bestes avecques ledit Jacot son frere. Et pour ce que depuis icelui coup ainsi fait ledit Mongeot mourust, iceluy Jacot doubtant rigueur de justice, il se absenta dudit lieu ou il est encores de present, et depuis les officiers des seigneurs dudit lieu ont prins et arresté tout ce des biens que ledit suppliant, son pere, avoit, que n’ont monté que a VIII francs, etc., nous a sur ce treshumblement demandé et requis nostre misericorde et grace. Savoir etc. Donné au Neufchastel, le XXVIIe jour d’aoust, l’an dessus dit. Signé René. Par monseigneur le duc, les seneschal de Lorraine et receveur generaulx, et autres presens. Michiel.

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81 1488, août - Bar-le-Duc. Rémission accordée à André Gasquart, de Lunéville, coupable d’homicide commis le 22 juillet 1488 sur la personne d’un nommé Thomassin lors d’une dispute, alors qu’ils se rendaient avec d’autres à la foire de Rambervillers. Copie, ADMM, B 3, f° 174r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Andrieu Gasquart, demourant en nostre ville de Luneville, avons receue contenant que, le XXIIe jour de juillet darrain passé, il, en la compaignie de quatre ou cinq compaignons dudit Luneville, c’estoit party pour aller a la foire de Ramberviller, entre lesquelx estoit ung nommé Thomassin, demourant audit Luneville, et eulx estans aux champs, en cheminant qu’ilz faisoient, se print iceluy Thomassin de parolles injurieuses et grandement rigoreuses contre ledit suppliant et, comme ung homme mehu de felon couraige et mauvaise voulanté, print ung paul en une haye et d’iceluy vint charger ung coup sur la teste dudit suppliant, duquel il l’abatit et le rua par terre et eut la teste fandue et, non content de ce, renchargea sur son bras ung autre coup, combien que iceluy suppliant luy prioit et requeroit qu’il se vousist deporter et le laisser en paix, ce qu’il ne voust faire, mais de son mauvais couraige contregnoit de plus en plus ledit suppliant tellement que, voiant la mauvaise voulanté dudit Thomassin /174v°/ qu’il avoit contre luy et qu’il ne povoit autrement resister pour soy sauver et deffendre son corps, print ung autre paul de haye et, comme ung homme tout alourdi et presque mort, en tourneant qu’il faisoit pour la garde de sa personne, dudit paul qu’il tenoit actaindit ledit Thomassin ung seul coup en la teste ou en la temple. A l’occasion duquel coup iceluy Thomassin, qui estoit aggresseur et invasseur, de fait et par faulte d’avoir esté pansé et de gouvernement ou autrement, est des lors ou incontinant aprés allé de vie a trespas. Pour occasion duquel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, c’est absenté du pays et n’y ouseroit plus retourner, converser ne demourer se nostre grace ne luy estoit sur ce impartie si comme il dit, en nous humblement requerant que, actendu ce que dit est et que ledit suppliant a esté de bonne vie, renommee et honneste conversacion, sans jamés avoir esté actaint ne convaincu d’aucun mauvais cas, crisme, blasme ou reprouche, et que ledit Thomassin trespassé a esté aggresseur et invasseur, et que ledit cas a esté ainsi advenu et commis par ledit suppliant qui est ung pouvre homme et a esté en son corps deffendant, nous luy vueillons sur ce impartir nostredite grace et misericorde. Pour ce est il que nous, consideré ce que dit est, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, audit suppliant ou cas dessus dit, de nostre certenne science et grace especial, avons remis, quicté et pardonné et par la teneur de ces presentes remectons etc., ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion d’iceluy cas il peult et pouroit estre encouru et encheu 173

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

envers nous et justice, avecques les deffaulx, ban ou appeaulx qui pour ce seroient contre luy ensuys, et de nostre plus emple et habondante grace l’avons remis et remectons etc. en sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisqués, par luy sactiffacion faicte a partie civillement si faicte n’est, et quant a ce imposant sillance perpetuel a nostre procureur general de Lorraine present et avenir et a touz autres. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre trescher et feal conseiller le bailli de Nanci ou a son lieutenant, procureur general, prevost et clerc juré dudit Luneville et autres noz officiers, justiciers oudit duchié de Lorraine et a chascun d’eulx que de nostre presente grace, quictance, etc., en faisant mectre ses biens arrestéz a plaine delivrance. Donné en nostre ville de Bar ou moys d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx huit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les baillis de Joinville et de Clermont, gens des comptes et autres presens. Michiel.

82 1488, 6 septembre - Mirecourt. Rémission accordée à Jean Waurin, de Forcelles-Saint-Gorgon, coupable d’homicide commis sur la personne de Didier Aubert, du même lieu, à la suite d’une dispute causée par le partage d’une maison. Copie, ADMM, B 3, f° 181 v°-182.

Phelippe, etc., a touz presens etc., salut. L’umble supplicacion de Jehan Waurin, de Forcelles en nostredit conté de Vaudemont, avons receue contenant qu’il y a certain temps qu’i fut commis par devant justice par Didier Malchaire, de Tantonville, pour ayder a partir la maison de Didier Aubert et de Jehan Aubert, son frere, de ladite Forcelles ; et pour faire le partaige d’icelle maison, ilz se trouverent ensemble audit Forcelles, et tant procederent l’un contre l’autre qu’ilz cheurent en debat a l’occasion de ce qu’il sembla audit Didier Aubert que ledit suppliant vouloit faire avoir audit Jehan, frere d’iceluy Didier, la meilleur partie d’icelle maison, lequel partaige fait, ilz s’en allerent disner et en allant qu’ilz faisoient ledit Jehan Aubert requist au maire de Boursanville qu’i feist commandement audit Didier Aubert son frere qu’il widast dedans la Saint George les biens qu’il avoit en sa part d’icelle maison, de quoy faire fut refusant ledit Didier, disant qu’il n’en feroit riens ; quoy oyant par ledit Jehan Waurin, suppliant, il disoit que c’estoit mal fait de ainsi desobbeir a justice et que pour riens il n’en vouldroit faire autant. Et lors ledit Didier luy respondit de quoy qu’il se mesloit, et ledit suppliant luy respondit qu’i s’en mesloit comme commis dudit Malchaire pour ledit Jehan Aubert, et a celle foiz et heure ilz eurent ensemble plussieurs parolles rigoreuses desquelles il n’est proprement recors autrement que entre autres parolles ledit Didier Aubert le deffya aux champs ; lequel suppliant, pour 174

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eviter touz maulx et dangers, s’en alla a sa cherrue qui estoit assez pres de la ville, aprés lequel ledit Didier s’en alla et, quant ledit suppliant /182/ le vit, lui dist qu’il retournast arriere ou il auroit ung mal jour. Et tant le precipita ledit Didier de parolles que ledit suppliant, veant qu’il le sercheoit oultre raison, luy dist qu’i luy avoit chevauchié sa femme en sa maison et ailleurs, et luy donna de son poing contre la poitrine, dont ledit Didier, soy veant injurié et frappé, il haussa une palle ferree qu’i tenoit en sa main, et le frappa d’icelle palle sur le bras senestre deux coups le plus fort et vaillaument qu’il peut. Et lors ledit suppliant, soy veant ainsi frappé, de chauct sangc, en debatant et tourneant qu’ilz faisoient l’un contre l’autre, il luy donna d’une petite dague qu’il avoit ung coup derriere l’espaulle, lequel veant qu’il avoit mal fait de l’avoir frappé de ladite dague ledit Didier Aubert, il se absenta hors du pays ; tantost aprés ledit coup donné, iceluy Didier se eslitast et d’iceluy coup, environ XII jour aprés, il termina de vie par mor. Pour lequel coup depuis iceluy fait, il n’a ouzé retourner es pays de monseigneur et de nous, jucques aujourd’uy qui c’est venu rendre a ce lieu de Mirecourt a nostre premiere et joieuse entree en icelle, lequel nous a fait humblement suplier que nous luy vueillons a ceste cause remectre, quicter et pardonner le cas et coup dessus dit par luy commis en la personne dudit Didier Aubert deffunct. Savoir faisons que nous, usans en ceste partie de nostre droit et privilege, inclinans a sadite supplicacion, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, a iceluy Jehan Waurin, suppliant, pour les causes dessus dites avons aujourd’uy, a nostre premiere et joieuse arrivee en ceste nostredite ville de Mirecourt, de nostre puissance et grace especialle quicté, remis et pardonné et par ces mesmes presentes quictons, remectons et pardonnons l’amende, cas et offence dessus dits ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nostredit seigneur et justice, et l’avons quant a ce remis et restitué, remectons et restituons par cesdites presentes au pays et a ses bonne fame et renommee, sactiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement, imposant pour ce sillance perpetuelle au procureur general de nostredit seigneur de nostredit conté de Vaudemont. Si donnons en mandement etc., sans en ce luy faire ne souffrir faire ores ne pour le temps avenir a son corps ne a ses biens, s’aucuns il en a, aucuns maulx ne desplaisir. En tesmoing etc. Donné a Mirecourt, le VIe jour de septembre, l’an IIIIxx huit. Signé René. Par madame la duchesse, etc., les seigneurs de Fresnel, de Maiseroy, de Pierrefort et autres presens. Crestien

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

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1488, 8 octobre - Saint-Nicolas-de-Port. Rémission accordée à Jean d’Amance, serviteur du comte de Nassau, coupable d’avoir volé en juin dernier des lettres de gages appartenant à Alice, servante de Hannotin le ménestrel, et de les avoir monnayées auprès des Lombards de Metz. Copie, ADMM, B 3, f° 186v°-187.

René, etc., a touz etc. Receue avons l’umble supplicacion de Jehan d’Amance, serviteur du conte de Naussowe, contenant que, environ la Saint Jehan darrenierement passee, il print en sa maison une petite bouette de boix qui appartenoit a Alez, servante de Hannotin le Menestrel, certaines enseignes de lombars que les lombars de Mets luy avoient donné pour enseignes de certains gaiges qu’elle leur avoit mis es mains, affin de recouvrer des mains desdits lombars lesdits gaiges pour rachapter autres gaiges qu’il leur avoit prestéz pour ung procés qu’ilz menoient au lieu de Nanci, et ou lieu d’icelles enseignes en mist d’autres en ladite bouette, qu’il avoit contrefaictes. Ce fait, il se transporta au lieu de Mets par devers lesdits lombars et de leurs mains rachapta lesdits gaiges, qui tenoient pour environ deux francs monnoye de Mets, ce qu’il fist de soy mesmes, pansant que lesdits gaiges vausissent mieulx que ladite somme, affin de soy ramborser sur eulx desdits gaiges qu’il avoit mis es mains d’aucuns pour le fait desdits Hennotin et Aliz. Et est advenu que, nagueres a, ladite Aliz, pensant trouver sesdits gaiges qu’il avoit mis es mains desdits lombars, a envoyé par devers eulx le boureau dudit Nancy et luy a chargé lesdites fauces enseignes, lesquelles, veues par iceulx lombars, ont fait prendre ledit boureau audit Mets ou il a esté detenu par certains jours, et dit avoir se fait affin de recouvrer sesdits biens par luy mis en gaige pour lesdits /187/ Hennotin et Alix. Lequel, doubtant rigueur de justice, nous a treshumblement supplié et requis que luy vueillons quicter, remectre et pardonner l’offence en ce cas par luy commise etc. Donné a Port, le VIIIe d’octobre, l’an mil IIIIc IIIIxx huit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les contes de Lignaiges et de Salme, esleu de Toul, seneschal de Lorraine, bailliz de Nancy et de Vosges et autres presens. Crestien.

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84 1489 (n. s.), 12 mars - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean Gastard le Jeune, de Frain, emprisonné à La Mothe, soupçonné d’homicide  ; celui-ci, le 9 février 1489, jour du marché à Lamarche, a eu avec Claude Warel une querelle qui dégénéra en rixe au cours de laquelle un nommé Thibaut Musnier qui essayait de s’interposer fut mortellement blessé par ledit Warel qui s’enfuit ; Jean Gastard niait être le meurtrier. Copie, ADMM, B 3, f° 232v°-233r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Jehan Gascart le Jeusne, d’Estain en nostre prevosté de Lamarche, chargé de femme et de jeusnes enffens, contenant que, le lundi IXe jour de fevrier darrain passé, il se partit de sa maison et s’en alla au marché a Lamarche pour achapter des souliers pour sa femme et pour sa fille, et luy venu audit marchié, il trouva ung nommé Pugnet, de Serecourt, qui luy pria qui ne s’en allast point de ladite ville sans parler a lui, lequel suppliant luy accorda et aprés s’en alla achapter sesdits souliers. Et quant il eut fait sa marchandie, il s’en alla en l’ostel de Jehan Pastel, tavernier, demourant es faulzbourbs de ladite Marche, ouquel lieu il desjuna avecques Jacquin Tout le Monde de Morizecourt, Jehan Mathieu de Serecourt, Jacot Mathieu de Bleurville, le Grant Richart dudit Morizecourt, et autres dont il n’est recors, et despendit XII deniers pour son escot qu’il paia a l’oustesse. Et se fait, il s’avisa d’aler parler audit Pugnot ainsi qu’il luy avoit promis, qu’il estoit en la chambre haute de ladite maison ou il beuvoit avecques plussieurs gens, en laquelle chambre ledit suppliant monta et trouva ledit Pugnot qui beuvoit avecques Jacot Wiry de Marthigny, Mengeot Paris, Pierre Thallot de Lamarche, Claude Warel de Serecourt et autres, lequel Jacot Wiry et Mengeot Paris demanderent a icelui suppliant s’il vouloit estre hanssié du mestier de saulnier et qu’on luy feroit bon marché, lequel suppliant leur respondit qu’il n’avoit que faire d’estre hancyé car il n’avoit ne cheval ne asne pour aller au sel, touteffoiz, pour ce qu’il avoit ung filz et une fille, si on luy vouloit faire bon marchié, il n’estoit chose qu’on ne feist ; sur quoy lesdits Paris et Wiry luy dirent /233/ qu’on le quicteroit pour dix florins, a quoy il respondit que c’estoit trop. Et alors ledit Claude Warel de Serecourt print la parolle et dist par telz motz ou semblables en sustance : « Voulez vous hancier ce laron saulnier ? », lequel suppliant luy respondit : « Tu as menti, je ne suis point laron ». Et pour ce que ledit Claude a de long temps conspiré grant hayne audit suppliant, affin que ce ne luy fust cause d’avoir debat audit Claude, il se partit incontinant et descendit en bas, et ledit Claude se leva de sa table et s’en vint tantost aprés ledit suppliant jucques en ladite cuisine, ouquel lieu tantost que ledit Gastart fut descendu, iceluy Claude, sans dire autre chose, commansa a frapper sur ledit suppliant de son poing sur la teste deux ou troys coups. Et adoncques ledit suppliant luy demanda : « Pourquoy me frappez tu ? Je ne te demande riens », et subitement ung nommé le Petit Pierre dudit Serecourt et 177

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

autres qu’il ne congneut frapperent touz pareillement sur luy en telle façzon qu’ilz le coucherent a terre sur le feu de la cuisine, luy arachant les cheveulx de la teste, et le frapperent de gros coups fourbes en maniere qu’il estoit tout derompu par le corps ; quoy voiant par ledit suppliant qu’il ne se povoit relever ne ayder contre tant de gens, doubtant que l’un d’eulx ne meist la main a ung braquemart que ledit suppliant portoit a sa saincture, icelui suppliant mist la main sur sondit bracquemart affin que nul ne le tirast dehors, et incontinant que ledit Claude et autres s’en aperceurent, pareillement ylz y mirent la main et par force le tirerent hors de ladite gaingne, mes ledit suppliant le tenoit par la pongnee, par quoy on ne luy povoit ouster. Touteffoiz il apperceut ung nommé Thiebault Musnier de Serecourt, qui estoit bien son affin et le tenoit pour ung de ses amis, et pareillement ung des enffens Jacot Mason d’Ainville, qui vinrent sur luy ; lequel filz Jacot Mason luy osta son bracquemart par force et maistrie et le batit tresfort pour ce qu’il ne le vouloit lascher ; en laquelle /233v°/ meslee ledit Claude Varel se parforsoit tresfort de blesier ledit suppliant de ung cousteau qu’il tenoit en sa main et de fait l’en cuida frapper ou ventre, mes il ne povoit pour ce que ledit Thiebault Musnier estoit entre deux, ou quel debat et meslee iceluy Thiebault Musnier fut feru et blesié en la cuise et, avant que ladite meslee fut refroidie, ledit Thiebault fut assaingnié et perdit son sangc tellement que subitement il cheut a terre et depuis ne peut parler ne dire qui luy avoit fait le coup et mourut illec soudainement. A l’occasion de quoy, ledit Claude Varel se departit incontinant et se rendit fugitif et ledit suppliant demoura en la place sans soy absenter, pour ce qu’il n’avoit pas fait ledit coup. Touteffoiz pour ledit cas nostre procureur de La Mothe et autres officiers dudit lieu le firent prinsonnier et mectre en noz prinsons a ladite Mothe ou il est a present detenu tresestroitement en grande pitié et misere, et est en avanture d’y finer miserablement ses jours si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, de laquelle nous [a] treshumblement suplié et requis. Pour ce est il que nous, inclinans etc. Donné en nostre cité du Pont, le XIIe jour de mars, l’an mil IIIIc IIIIxx et huit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., maistre Robert Bodinos, lieutenant de bailli de Bar et autres presens. Crestien.

85 1489 (n. s.), mars - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Claude Vairel (ou Warel), de Serécourt, pour les mêmes faits que dans la lettre précédente ; il niait lui aussi être le meurtrier (cf. n° 84). Copie, ADMM, B 3, f° 235v°-236.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons la supplicacion de Claude Vairel, de Serecourt en nostre bailliaige du Bassigny, chargé de jeusne femme et de cinq petiz enffens, contenant que, ou moys de fevrier darrain passé a ung certain jour de lundi, il s’en alla au marché de nostre ville de Lamarche porter 178

Corpus des lettres

a ung nommé Pierre Chaillot dudit lieu une fleche de char salee pour de l’argent qu’il luy devoit, et aussi il estoit alé a la requeste de Thiebault Musnier dudit Serecourt, son compaignon et cousin germain, qui l’avoit prié de soy trouver a ladite Marche pour l’ayder a emprunter de l’argent a ung nommé Jacot Wiry, marchant demourant a Martigny, lequel Jacot y devoit estre comme il disoit. Et ledit suppliant venu a ladite Marche, aprés ce qu’il eut fait ce qu’il avoit a faire audit marché, se trouva en l’ostel de Jehan Patet, tavernier demourant es faulzbourgs de ladite ville, avecques lesdits Jacot Wiry, Pierre Chaillon, Thiebault Musnier, Mongot Paris de ladite Marche et autres dont il n’est recors, ouquel hostel, ainsi qu’ilz beuvoient en la chambre haulte de ladite maison, ung nommé Jehan Gascart le Jeusne, demourant a Frain, se trouva en ladite chambre devant leur table, et commancza a dire s’il y avoit aucun qui le vousist hansier saulnier, il paieroit du vin. Et lors l’un des dessus dits, ne scet proprement lequel, luy respondit : « Combien donras tu ? Offre quelque chose, du moins ung florin » ; sur quoy ledit suppliant, non point par rigueur, commancza a dire : /236/ « Voulez vous hansier saulnier se larron ? », lequel Gascart, incontinant mal meu de couraige, respondit audit suppliant : « Tu as menty par les dens, je ne suis point larron » ; Et sur ce, sans autre chose dire, ledit Gasqart se despartit de ladite chambre et descendit en bas, et assez tost aprés l’on vint dire audit suppliant qu’il y avoit des gens en la cuisine de la maison qui le demendoient pour parler a luy, par quoy ledit suppliant se leva de la table et descendit en ladite cuisine ou illec se trouva encores ledit Gasqart, lesquelx se prenoient de parolles rigoreuses ensemble a l’occasion des parolles devant dites et tellement qu’ilz s’entrebatirent, et luy bailla ledit suppliant troys ou quatre coups de points sur la teste. Quoy voyant par ung nommé Jehan Laude, bourgeoys de ladite Marche, qui illec estoit present, entremist de les departir et de fait print ledit suppliant par les bras et l’emmena hors dudit hostel, mes assez toust aprés icelui suppliant rentra dedans ladite cuisine et trouva ledit Thiebault Musnier, qui estoit descendu de ladite chambre haulte, qui tenoit ledit Gascart desoubz luy, le dos ou feu, et vit du sang grant quantité respendu par la place ; a l’occasion de quoy il s’aproucha dudit Thiebault, qui estoit son cousin et compere comme dit est, doubtant qu’il ne fist sur ledit Gascart quelque mauvais coup, et le print par les espaules en le levant de dessus ledit Gascart, et incontinant que iceluy Thiebault fut levé, il dist audit suppliant : « Ce mauvais larron m’a tué », et des lors jamés ne dist autres parolles ne ne desclaira autrement qui luy avoit fait ledit coup, duquel cop qui luy fut fait d’ung cousteau en la cuisine ledit Thiebault cheut mort subitement en la place. A l’occasion de quoy, pour ce que ledit suppliant estoit en la meslee, doubtant rigueur de justice, il c’est absenté, etc. Donné au Pont, le --- jour de mars IIIIc IIIIxx et huit. Signé René. Par monseigneur le duc, les seneschal de Lorraine, esleu de Toul, bailli de Nanci, Evrard de Haracourt, lieutenant de Nanci et autres presens. Crestien. 179

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

86 1489 (n. s.), 16 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Etienne Barbier, de Neufchâteau, coupable d’homicide commis le 25 novembre 1487 sur la personne de Demenge Parmentier, prêtre, qu’il avait surpris de nuit à la porte d’une femme. Copie, ADMM, B 3, f° 243bis.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons la supplication de Estienne Barbier, de nostre ville du Neufchastel, chargié de femme et de petis enfans, contenant que le soir de la Saincte Katherine dernierment passee, il se trouva de nuyt pour sez affaires en la rue Verdenoist, ou quel lieu il vit ung homme d’eglise nommé messire Demenge Parmentier a l’uix d’une femme qu’il ne congnoissoit pour lors, et pour tant que ledit suppliant s’arresta devant une maison de ladite rue, ledit messire Demenge lui gecta dez pierres et pareillement lui en gecta ledit suppliant pour se revengier, non cuidant le blecer mais seulement pour le faire cesser de gecter lesdites pierres, advint que par male fortune ledit suppliant ataindit d’une pierre ledit messire Demenge desus la teste. Depuis lequel coup ledit sire Demenge s’en alla a son pied enchief lui, et aprés a l’uix d’ung de ses voisins demanda du feu et des la retourna en sa chambre ou il fut grant piece tout seul, sans feu et sans ayde ne estre secourru de nul ; par quoy il fut si fort widé de son sang que cinq jours aprés il termina vie par mort, qu’il n’eust pas fait s’il eust esté solacié et secourru, comme scevent pluseurs notables gens qui ont veu le coup. Pour lequel cas ledit suppliant, doubtant rigeur de justice, se absentast des lors de noz pays et seigneuries ; et desja pour ceste cause, nous fismes donner aux pere et mere dudit messire Demenge la moitié de ses biens et l’autre moitié nous la laissames a ses femme et enffans pour eulx gouverner et nourir, esquelx nosdits pays il ne ouseroit retourner si nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement requerrant icelle, et que en (la) l’onneur de la passion nostre seigneur Jhesuscrist et de cestui sainct vandredi, nous lui veullions quicter, remectre, pardonner et abollir ledit cas. Et nous benignement inclinans a sa supplication, ayant regart a sesdits femme et enfans et que, comme summes informéz, jamais par avant ledit cas il n’avoit commis autre cas digne de reprehension, desirans par ce le retenir soubz nous, luy avons aujourd’uy, pour honneur et reverence de la passion nostre seigneur Jhesuscrist, quicté, remis, pardonné et abolly le cas tel qu’il est cy dessus declairé, quictons, etc., remectons et restituons a ses bonnes fame et renommee, au pays et a ses biens non confisquéz, satisfaction faicte a partie interessee si desja faicte n’est, remectons aussi la painne corporelle et criminelle etc. en quoy il estoit encheu envers nous et justice, avec aussi l’amende civille eu regart a ce que nous avons desja disposé de ses biens, imposant sillence etc., mandons a tous noz seneschaulx, mareschaulx etc. Donné a Bar, le XVIe jour d’avril mil IIIIc IIIIxx et huict avant Pasques. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le lieutenant de Nancy present. Cristien. 180

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87 1489, 26 juin - Nancy. Rémission accordée à Jean, clerc tonsuré, fils de Jean Petit, maire de Xermaménil, coupable d’avoir utilisé pour racheter les biens vendus par son père de l’argent volé par Parizot Collignon, d’Epinal, lui-même clerc tonsuré, qui le lui avait donné alors qu’ils revenaient tous deux de Rome. Copie, ADMM, B 3, f° 272r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Jehan, filz de Jehan Petit, maire de Xermameny, clerc tonsuré, contenant que, par espace de son eaige soit tenu aux escolles, et considerant qui devoit soy emploier de vertu en vertuz pour soy emploier d’estre prebstre et au service divin, s’avoit transporté en court de Rome, la ou honnestement servoit ; est avenu que ung nommé Parizot Collignon, d’Espinal, clerc tonsuré, pareillement servoit a ung de l’ostel du cardinal Saint George, et estoit ung tresbel jeusne filz et est, par quoy advint que ung jour se trouverent ensemble comme enffens de ung pays, et en divisant dist le dessus dit Parizot au suppliant, par meure deliberacion : « Jehan, je te supply que pour l’onneur de Dieu tu me vueillez jurer et promectre que tu me tiendras compaignie jucques en nostre pays, car certainement je m’en vueil aller. J’ay de l’or et d’argent assez, et je te paieray si bien que tu seras content de moy », auquel le suppliant promist de luy tenir compaignie jucques a Espinal, et ordonnerent le jour et se partirent de Romme. Vray est que, quant ilz furent la premiere journee en cheminant, le dessus dit Parizot donna cent ducaz d’or au suppliant et luy dist : « Je me suis paié de mon maistre », et aprés qu’ilz ariverent en ceste nostre duchié de Lorraine, le suppliant, venu a Xermameny en l’ostel de son pere, trouva que sondit pere estoit allé a Rome porter de l’argent a son secours, que tant de foiz avoit imploré ayde pour avoir bulles, et entendit que sondit pere avoit vendu heritaiges et maison pour supplier ses neccessitéz ; lequel, meu de couraige felon, incontinant fist la rectraite d’iceulx heritaiges venduz par sondit pere, jucques a la somme de IIIIxx desdits ducaz, et tantost aprés ariva celuy qui avoit eu le dommaige par ledit Parizot, jucques a IIIc ducaz ou plus, et demandoit de Parizot et non pas de Jehan, suppliant. Lors les seigneurs du lieu firent mectre la main aux heritaiges desquelx la retraicte estoit faicte par ledit suppliant ; quoy venu a sa congnoessance, saichant de vray qu’il avoit bien sceu que lesdits cent ducaz que luy avoit donné ledit Parisot estoient de l’argent qu’il avoit robbé, doubtant rigueur de justice, il c’est absenté de noz pays, terres et seigneuries, esquelx il n’ouseroit retourner, si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, de laquelle il nous a treshumblement supplié et requis. Pour ce est il que nous, inclinans a sa supplicacion, informé que par avant il n’a fait cas digne de reprehention, luy avons de grace especiale remis, pardonné et aboly le cas /272v°/ tel qu’il est cy dessus declairé, remectons, pardonnons et abolissons par ces presentes ensemble 181

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy etc. Donné a Nanci, le XXVIe jour de juin, l’an dessus dit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal et mareschal de Lorraine, esleu de Toul, receveur general et autres presens. Crestien.

88 1489, 28 juin - Nancy. Rémission accordée à Jean de Selaincourt, coupable du meurtre, commis un an auparavant, de Jean Michel, curé de Chambley-Bussières, qui l’avait injurié. Copie, ADMM, B 3, f° 271.

René, etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplicacion de Jehan de Salaincourt, natif de nostre pays de Lorraine, avons receue contenant en effect que, peult avoir environ ung an que, pour plussieurs parolles enormes et injurieuses a luy dittes par messire Jehan Michiel, curé de Chamblé, a l’occasion de certain different qu’ilz avoient ensemble, non les povant porter pacienment, il tira ledit messire Jehan d’une coulevrine qu’il tenoit en sa main, tellement que en brief il en morut. Pour le quel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de nosdits pays, et a laissé et esloingné sa femme et troys petiz enfans, esquelx il n’oze retourner si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce extendue et impartye, de laquelle il nous a humblement supplié. Savoir faisons que nous, desirans tous jours preferer misericorde a rigueur de justice, eu regard et consideracion ad ce que ledit suppliant ne fut jamais convaincu d’autre villain cas, et mesmement en faveur de tres reverend pere en Dieu, nostre treschier et bon ami le cardinal d’Angiers, lequel nous a pryé luy pardonner ledit cas, avons de nostre grace especialle audit suppliant quicté, remis, pardonné et aboly, quictons, remectons, pardonnons et abolissons ledit cas ensemble toute amende corporelle, criminelle et civille qu’il pourroit avoir encourue envers nous et justice, et l’avons restitué et remis, restituons et remectons par sa presente a sa bonne fame et renommee, au pays et a ses biens non confisquéz, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur, satiffacion faite a partie civillement tant seulement si faite n’est. Si donnons en mandement par ces presentes a tous noz seneschaulx, mareschalx, bailliz, procureurs, receveurs, prevostz, justiciers, officiers, a leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que icelluy suppliant ilz facent, seuffrent et laissent jouyr et user plainement et paisiblement de ceste nostre presente grace, pardon, abolicion et remission, sans luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement en corps ne en biens, car ainsi le voulons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donnees en nostre ville de Nancy, le XXVIIIe jour de juin, l’an de grace Nostre Seigneur mil IIIIc IIIIxx et neuf. 182

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89 1489, novembre - Nancy. Rémission accordée à François Harel Vambexeur, demeurant à Pont-àMousson, coupable d’homicide commis le 12 octobre 1489 sur la personne de Pierre Almant, jeune compagnon à son service, à qui il reprochait son inefficacité. Copie, ADMM, B 3, f° 306.

René, etc., a touz presens et avenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion des femme et enffens de François Harel Vambexeur, demourans en nostre ville du Pont-a-Mousson, contenant que, lundi XIIe jour du moys d’octobre darrain passé, ledit Françoys et deux de ses serviteurs montant qui faisoient deux nefz amont l’eauve ez venues dudit Pont, pour cuider venir charger des hormes qui estoient soubz Lozey pour les amener au lieu de Nanci pour nostre artillerie, ledit Françoys, veant que l’un de ses serviteurs, nommé Pierre Almant, jeusne compaignon a marier, ne faisoit point son devoir de l’aidier a monter lesdites nefz, eulx estans ou fil de l’eauve en ladite venue, il dist a sondit serviteur qui prenist peine de luy ayder a monter lesdites nefz ; lequel luy respondit que non feroit, et print une petit nefz qui estoit joignant de une autre grant nefz en laquelle ilz estoient, voulant aller vers les chevaulx qui aydoient a tirer lesdites nefz. Et lors ledit Françoys, veant le mauvais couraige de sondit serviteur qui faisoit oultre sa voulanté, subitement il le frapit en la teste, environ la temple, de une cheville de boys de la longueur d’environ deux aulnes ; aprés lequel coup donné, ledit serviteur tomba en ladite nef, et y fut environ demye heure qu’il en fut porté ches ledit Françoys sondit maistre ; tantost aprés on mandit querir ung barbier qui luy mist a point une petite ploie qu’il avoit dudit coup en la teste dessus ladite temple, duquel coup y mourut le mardi, l’andemain. Aprés la mort duquel, ledit Françoys, doubtant rigueur de justice, se absanta etc., nous supplians etc., eue informacion de noz prevost et maistre eschevin etc., avecques deliberacion de nostre conseil, etc., avons eu pitié et ausmone ledit omycide ainsi perpetré remis, quicté et pardonné ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille, sactiffacion faicte a partie civillement etc. Si donnons en mandement etc. Donné a Nanci, ou moys de novembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et neuf. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun, esleu de Toul, seneschal et mareschal de Lorraine et autres presens. Crestien.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

90 1489, 9 décembre - Nancy. Rémission accordée à Mengin Collignon, demeurant à Tronville, coupable d’homicide commis le 12 octobre 1489 à Tannois sur la personne de Jean Marchandel après une querelle provoquée par ce dernier à propos d’une dette fictive. Copie, ADMM, B 3, f° 318 r°-v°-319 r°-v°-320.

René, etc., a nostre bailli de Bar ou son lieutenant, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Mengin Collignon, demourant a Tronville en nostre prevosté de Bar, chargé de femme et de quatre petiz enffens, contenant que, le lundi XIXe jour du moys d’octobre darrain passé, ledit Mengin, suppliant, partit de sa maison dudit Tronville et s’en alla bien matin au lieu de Tannoy pour demander certaine somme d’argent a ung nommé Symon Gillet qu’i luy devoit, auquel lieu il trouva Girard Colignon, son frere, qui furent a la messe des trespasséz, et aprés icelle messe ledit Mengin, suppliant, fist adjourner ledit Symon par devant le maire, lequel luy congneut sa debte. Et puis aprés s’en allerent boire en la taverne en l’ostel de Humbelet Perceval en la compaignie de plussieurs personnes et par especial de ung nommé Jehan Mareschauldel, dudit Tannoy ; et aprés ce qu’ilz eurent beu et mengé, ledit suppliant paia leur escot en deduction de sadite debte et, ce fait, iceluy Symon Gillet dist audit Mengin, suppliant, qu’il avoit ung poinçon de vin et que, si le vouloit avoir, que l’alast taster et il l’auroit pour le pris que vauldroit en rabatant de la somme, lequel suppliant fut content. Et ainsi comme se partit de ladite taverne pour aller en l’ostel dudit Symon /318v°/ pour taster ledit vin, il rencontra le sergent de la ville qui luy signifia qu’il venoit de saisir sadite debte a la requeste dudit Marchauldel pour ung sermant qu’il disoit que ledit suppliant avoit fait en ladite taverne, se qu’il n’avoit aucunement fait, sy non qu’il eust juré joieusement sans ire et sans couroux et aussi que sans congnoessance de cause ne sans y estre condempné, on ne povoit faire sur luy saisine pour ledit cas. Et incontinent ledit suppliant vit ledit Marchauldel qui estoit en my la rue, auquel il demanda pour quoy il avoit fait saisir sendit argent, lequel luy respondit que c’estoit pour ung serment qu’il avoit juré qu’il en paieroit l’amande, lequel suppliant luy dit qu’il n’en avoit riens fait, et tellement se prindrent de parolles injurieuses l’un a l’autre qu’ilz se baptirent tresbien de poingts et de batons et se tirent les cheveulx, quelque chose que ceulx qui estoient presens feissent de y mectre la paix et de les departir. Et aprés ledit departement, ledit Marschauldel print une serrur ferree qui estoit fichee en ung fien en my la rue et vint a l’encontre dudit suppliant pour l’anvayr et le cuide frapper et oultraiger, mes ung nommé Leprieur qui estoit present luy osta des mains ladite serrur. Et se fait, ledit suppliant, son frere et autres s’en retournerent en ladite taverne et demanderent une pinte de vin, et ainsi qu’ilz y estoient, ledit Mareschauldel 184

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s’en alla en sa maison querir une grande espee a jouer a deux main(t)s et s’en vint au long de la rue fort mal meheu droit a ladite taverne ou il ne peut entrer pour ce que l’uys estoit cloux et fermé ; et voyant que n’y entroit point, il cria a haulte voix, parlant audit Mengin, que sortist dehors et par la mort Dieu ou autre grant serment y recomparoit et le trouveroit bien, et plussieurs autres parolles de menasses luy dist ; et lors ung nommé Jehan Marot, dudit Tannoy, qui estoit dedans la maison sortit dehors et blasma ledit Marchauldel de ce qu’il faisoit et fist tant que luy osta ladite espee. Et ce fait, ledit Marchauldel traversa la rue et entra en l’ostel de ung nommé Janin Owin et saillit dudit hostel par dariere et s’en alla traversant par les maix, jardins /319/ et chenevieres de la rue par derriere les maisons, sans ce que on le veist, et s’en alla vers l’eiglise dudit lieu droit sur le chemin dudit Tronville par ou ledit Mengin devoit passer pour s’en retourner en son hostel audit Tronville, et entra par deriere en l’ostel de ung nommé Barthelemi, lequel il trouva pansant ses chevaulx, auquel il dist que luy baillast ung espieu, lequel luy dist qui n’en feroit riens, et il luy dist que luy baillast doncques ung autre baton, ce que ne voulut faire ledit Barthelemi ; et ce voyant, ledit Marchauldel print une forche de boys dont l’en tournoit l’estrain en la grange et l’emporta et saillit dehors par devant en la rue, epiant quant ledit Mengin passeroit. Et se pandant ledit Mengin, suppliant, et sondit frere se departirent de ladite taverne pour eulx en raller audit Tronville, pansant que ledit Mareschauldel fust apaisié et que se fust retiré en sa maison, et print iceluy Mengin ung petit arch de boys en sa main sans corde que trouva oudit hostel, et l’emporta sans avoir ne porter autre baston. Et quant ilz furent en my la ville devant l’uys du maire, ledit Girard s’aresta en parlant a la mairesse dudit lieu et ledit Mengin alla touz jours sen chemin tirant droit au moustier jucques assez pres que estoit icelui Marchauldel, lequel il ne veoit point. Et quant iceluy Mareschauldel vit que ledit Mengin aprouchoit, y saillit hors de ladite maison et tira son coutheau tout nu en sa main, et s’en vint de bonne tire atout sadite forche au devant dudit Mengin ; et quant icelui Mengin vit qu’il approuchoit, il cria a haulte voix ledit Girard, sen frere, qui estoit encores bien arriere, que venist avant, qui parloit a ladite mairesse comme dit est et qui ne veoit ne ouyoit plus sondit frere. Et quant il vit que son frere ne venoit point, il traversa le chemin et prinst une bille de boix de plain poing de environ V a VI piedz de long, qui estoit dressee en ung joncheur pour juscher des gelines devant une maison, sans ce qu’il /319v°/ eust aucun autre baston. Et alors iceluy Mengin rencontra iceluy Marchauldel, auquel il dist qu’il meist jus iceluy baston et qu’il se tirast arriere de lui et qu’il s’en allast son chemin, car il ne luy demandoit riens, lequel Marchauldel respondit qui n’en feroit riens ; et ainsi que icelluy Marchauldel envayssoit ledit Mengin et que le voulut frapper, icelui Mengin, suppliant, en deffandant son corps, hausa ledit baton et en donna ung coup sur la teste dudit Marchauldel tellement que cheut a terre, sans ce que ledit Girard en sceut oncques riens et qu’il y fust present, duquel coup bien toust aprés mort s’en est en suyvye. Pour lequel cas, ledit 185

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

suppliant c’est absenté de noz pays et ne se ouzeroit trouver en son lieu, doubtant la rigueur de justice, et a ceste cause touz ses biens sont mis en nostre main a la requeste de nostre procureur de Bar, lequel a fait cryer ledit suppliant a ban sur peine de confiscacion de corps et de biens, et ne peult avoir la joissance de sesdits biens, qui sont bien petiz, synon moyennant nostre grace. Pour quoy nous, ces choses considerees, et actendu que ledit suppliant ne fut jamais convaincu ne reprins d’aucun villain cas, et mesmement le coup qu’il a fait se a esté en deffendant son corps par les ennortessemens que iceluy Mareschauldel luy faisoit, luy qui estoit tout seul, y nous a treshumblement supplié et requis de luy pardonner. Et nous, inclinans etc., vous mandons et commectons par ces presentes que, appellé nostredit procureur, sy vous appert le cas dessus dit estre advenu par la maniere que dit est ou de tant que suffire doyt, vous oudit cas souffrez et laissez ledit suppliant aller, venir et demourer en nostredit pays, y faire ses besongnes et en luy levant nostre main mise et appousee en sesdits biens a son prouffit pour d’iceulx joïr comme il faisoit auparavant dudit cas commis, nonobstant que pour iceluy y se soit absenté, et les proclamacions faites a Bar contre luy dont nous l’avons oudit cas relevé et relevons par ces presentes, en faisant sactiffacion a partie si elle y eschiet telle qu’il appartiendra par raison. Et quant a ce avons imposé /320/ et imposons sillance perpetuel a nostredit procureur et a touz autres, mandons et commandons a touz noz justiciers, officiers et subgietz que a vous, voz commis et depputéz en ce faisant obbeissent et entendent diligeaulment. Donné a Nanci, le IXe jour de decembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et IX. Signé René. Par monseigneur le duc et les seneschal et mareschal de Lorraine, de Bar et de Barroys, lieutenant de bailli de SaintMihiel et autres presens. Crestien.

91 1489, 18 décembre - Nancy. Rémission accordée à Didier Guiot, de Condé-en-Barrois, emprisonné à Barle-Duc, coupable d’avoir incendié le 24 novembre 1489 une grange appartenant à Girard Millot pour se venger des injures que ce dernier avait proférées à son encontre un peu plus tôt dans la journée. Copie, ADMM, B 3, f° 320r°-v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplicacion de Didier Guiot, Meline, sa femme, Jacquemin et Baudon, leurs enffens, demourans en nostre ville de Condey, avons receue contenant que, environ le XXIIIIe jour de novembre darrenierement passé, ledit Didier estoit allé au boys a pied, sans cheval ne charrette, et en venant dudit boys avecques deux pieces qu’il portoit sur son col, ainsi qu’il fust assez pres du chastel de Louppy, il rencontra ung appellé 186

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Girard Millot, qui est portier dudit chastel, lequel luy dist : « Vien sa ! Tu as maintenant ta hasche, et tu la demandes », lequel Didier luy respondit et que non avoit, et que s’il l’avoit, il n’en savoit riens, a quoy respondit ledit Girard Millot : « Tu as menti, coqu souffrant ! », avecques autres injures et opprobres ; lequel dit : « Girard, mon amy, tu te hastes fort de moy injurier et si ne te demandes riens », et derechief luy dist que c’estoit ung mauvais traictre coqu souffrant. Et atant s’en alla en son hostel ou il se trouva tout seul, et estant fort desplaisant desdites parolles et injures et, par temptacion de l’annemy, se cuida une foiz ou deux coupper la gorge de une serppe et, veant qu’il ne se povoit venger dudit Girard, alla querir du feu en une maison aupres de la sienne, et mist ung charbon de feu tout rouge dedans les estouppes et le alla bouter en une grange en laquelle ledit Girard avoit la moitié, et en laquelle avoit plussieurs /320v°/ graines, tellement que, au moyen de ce, elle fut arse et brulee et partie de une maison qui tenoit ensemble. Pour lequel cas, il fut prins par la justice dudit Louppy, et depuis mené en vostre chastel de Bar, au quel lieu il est encores detenu prinsonnier es mains du prevost dudit lieu et, doubtant rigueur de justice, nous a supplié humblement luy pardonner et remectre ledit cas, ensemble l’amende tant corporelle, criminelle que civille en quoy il povoit estre encouru envers nous et justice. Savoir faisons que nous, inclinans etc. Si donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nanci, le XVIIIe jour de decembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et neuf. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les esleu de Toul, baillifz de Nanci et de Vosges et plussieurs autres presens. Durat.

92 1490 (n. s.), 1 mars - Nancy. Rémission accordée à Heinselin de Bourgogne, précédemment citain de Metz, coupable d’homicide commis à Metz sur la personne de Jean Crust au cours d’une dispute dans une taverne ; Heinselin, après avoir trouvé asile dans la cathédrale de Metz, s’est réfugié sur les terres du duc de Lorraine. Copie, ADMM, B 3, f° 264.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de nostre bien amé Heinselin de Bourgongne, jadis citain de Mets, avons receue contenant en effet que nagueres, avant son partement dudit Mets, il se trouva en certaine compaignie en la taverne en laquelle estoit feu Jehan Crust, et devisant de plussieurs besongnes, a l’occasion de certaines parolles que luy et ung nommé Jehan d’Ancy avoient eu ensemble, qui de riens ne touchoient ledit Jehan Crust, icelluy Jehan Crust, qui estoit jeusne homme fort et puissant, le prinst par la gorge en le tirant soubz luy a terre, et tellement qui le contregnit par conpression de ses mains en faczon que a peu qui ne le suffocqua et estrangit, ainsi 187

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

qu’il en faisoit tout son effort et pouvoir ; allocasion de quoy iceluy suppliant, qui estoit a terre soubz luy et n’avoit autre maniere de soy deffendre dudit Jehan Crust, pour saulver sa vie print ung petit coutheau qu’il avoit en sa couraye et luy en meist ou ventre, non point en intention de l’occir mais seulement pour le rebouter et faire laisser sa prinse, ainsi qu’il feist. Neantmoins, depuis que ledit Crust se fut relevé de dessus luy, de rechief il se reprinst audit suppliant, et recommanserent a s’entrebatre, tellement que ledit Crust se sentit effoibly de la playe qu’il avoit receue, se departit de luy et s’en alla en son hostel et se meist au lit, ouquel il a esté mort peu aprés. Par quoy iceluy suppliant, doubtant rigueur de justice, se tira en franchisse en la grand eglise de Mets, en laquelle il a esté longuement jucques a ce que finablement, a l’ayde de Dieu, il c’est mis hors de ladite cité et s’en est venu rendre a nous, en esperance que, actendu son cas et les services qu’il avoit faitz a noz predecesseurs, que Dieu absoille, nous luy impartirons nostre grace et misericorde, de laquelle il nous a humblement supplié. Donné a Nancy, le premier jour de mars, l’an de grace Nostre Seigneur mil IIIIc IIIIxx et neuf. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Jo Lud.

93 1490 (n. s.), 12 mars - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Nicolas Harbellet, marchand de Robécourt, soupçonné par le sénéchal de La Mothe d’avoir introduit, un an auparavant, de la fausse monnaie dans le duché à son retour du Poitou où il était allé vendre des marchandises. Copie, ADMM, B 3, f° 329v°-330. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p.194.

René, etc., a touz presens et avenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Nicolas Harbellet, demourant a Robercourt en nostre seneschausie de Bourmont, chargé de jeusne femme et de petiz enffans, contenant qu’il est marchant et maine et conduit danrees et marchandies par pays pour gaingner sa vie et nourir sa femme et enffens et, environ peult avoir ung an, il mena certaines marchandies ou pays de Poitou et la vendit et desduit sadite marchandie et fut paié en monnoye, laquelle il en desduit la pluspart a rachapter /330/ des autres danrees et n’en retint seulement que pour ung franc ou deux de ladite monnoye ; et luy venu ou pays, vit que sadite monnoye estoit de mauvais aloy et faulce, la bouta ou feu affin que nulz n’en fussent trompéz. Et certain temps aprés, se vint a la congnoessance de nostre seneschal de La Mothe qu’il avoit apporté de la monnoye qui estoit faulce et de mauvais aloy, envoya en sa maison audit Robercourt pour le faire prendre au corps pour ce qu’il avoit apporté ladite monnoye. Et venu a sa congnoessance par aucuns de ses amys, doubtans la rigueur de justice, 188

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il se absenta de son lieu et de noz pays esquelx il ne se ouse trouver si nostre grace ne luy est sur ce impartie, requerant treshumblement icelle et que nous plaise luy pardonner et remectre ledit cas. Savoir etc. Donné au Pont, le XIIe de mars, l’an dessus dit. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, seigneur de Pierrefort et autres presens. Crestien.

94 1490 (n. s.), 10 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Clément le drapier, demeurant à Serres, emprisonné au même lieu, coupable, depuis février 1489, de recel d’objets volés par Jean Pateret. Copie, ADMM, B 3, f° 242r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons l’umble supplication de Clement le Drappier, demeurant a Serres, contenant que, environ la Sainct Laurent en aoust dernier passé, il achetta de Jehan Pateret dudit Serres pour trente gros d’espices et mercerie, de quoy il en rendist a Jehan Notya de Port pour trente gros, qui estoit environ la moictié de ce qu’il en avoit achetté, et le rest le retint pour luy depuis ; et aprés, environ le Karesme entrant, ledit Clement, suppliant, achetta encore audit Jehan Pateret de la pouldre pour ung franc, lesquelles espices et mercerie sont esté trouvees cachees en terre en l’ostel dudit Clement, ne sçavoit qui ce avoit fait, ne dont elles estoient venues audit Jehan Pateret, fors qu’il luy dit qu’il lez avoit achetees a la saciere de Port, et avoit bien plain ung poinsson d’espices en terre aux champs, combien qu’il pensoit bien qu’il lez avoit desrobees, pour ce qu’il avoit ouy dire qu’on avoit fait de grans dommaiges a Thomas Pierresson. Et environ ung mois aprés, eulx estans ensemble audit Port lesdits Pateret et suppliant, icelui Pateret print et desroba une paire de bourgequins, et lui dit qu’il lez avoit prins sur ung estail audit lieu, lesquelx ledit Jehan apporta avec ledit suppliant audit lieu de Serres et les laissa en l’ostel d’icelui suppliant ou ilz furent jusques ad ce que Dolet de la Licorne lez vint querir, au quel il lez rendit, jaçoit ce que ledit Pateret eust dit a icelui suppliant qu’il les descousist et mist a son point lesdits bourgequins. Et par ung autre jour que ledit suppliant fut audit Port avec ledit Jehan Pateret, en l’ostel de son sire, la ou il avoit apporté plain ung fleute de lainne taincte en rouge, la quelle il disoit que ladite saciere lui avoit vendue et pesee /242v°/ en sa presence, et estoit fort moillie, et disoit qu’elle meismes l’avoit appourtee illecques, mais ledit suppliant sçavoit bien tout le contraire car il l’avoit veue appourter audit Pateret, et n’avoit rien sceu ledit suppliant de la prinse d’icelle, ne eu aucun prouffit dudit larrecin, et touchant la sarche qui avoit esté prinse enchief Thierry, laquelle ledit Jehan Pateret lui avoit baillee et mise en main pour trente gros qu’il luy devoit, disoit ledit Pateret que le fils dudit Thierry lui avoit vendue, et congneust ledit suppliant bien qu’elle avoit esté cachee en terre, aussi en ouyt bien excommunier a l’eglise, et ne le revela 189

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

point a personne, et fut icelle sarge vendue ung lyon d’or ou XXX gros, dont ledit suppliant en eust IX gros, tant moins de ce qu’il luy avoit presté, et acompaingnoit ledit Pateret pour ce qu’il payoit souvent son escot et ne s’en povoit departir et, pour ce qu’il le frequentoit et suyvoit, estoit mal de ses parens et amys. Plus dit encore ledit suppliant que les quarante frans que l’en avoit trouvé enchief luy, qu’il en avoit receu de Nicolas de Thiebullan vingt deux frans en or en florins d’Utrec, chatons et florins de Bourgoingne pour deux draps qu’il luy avoit vendu, c’est asçavoir ung meslé et ung gris ; et aprés avoit vendu a ung de Dompjullien, nommé Willemin Quarrey, ung drap meslé XIII frans et a ung vosgien une fourrure X frans qu’il dit estre l’argent trouvé enchief luy. Encore a ledit Clement dit et recongnu que ung appellé Colas Waultres, dudit Serres, vint ung jour passé a luy et, par la fenestre de la cave ou il estoit en prison, lui dit que on avoit envoié querir le bourreau a Nancey et qu’il ne doubtast rien de cela, car c’estoit la coustume, et qu’il ne deist chose qu’il n’eust faicte, et aprés s’en departist et s’en alla. Pour lesquelz cas, il est detenu prisonnier a ladite Serres, de la quelle prison il ne pourra partir se nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement icelle requerant. Et nous, inclinant etc., ledit Clement n’avoit fait ou commis cas digne de reprehension, a icelui etc., lui avons remis, quicté et pardonné etc., ensemble toutes painnes et amende corporelle et criminelle en quoy etc., il estoit escheu envers nous et justice, restituans etc., a sez bons fame et renommee, satisfaction faicte a partie interessee si desja faicte n’est et elle y eschiet, imposant pour ce sillence etc., pourveu qu’il amendera envers nous et appoinctera a nostre receveur general de Lorraine pour l’amende civille. Si donnons en mandement etc., pourveu toutesvoyes qu’il n’y renchie plus. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le Xe jour d’avril, l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et neuf avant Pasques. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lez capitainne de la garde, procureur general de Lorraine, le lieutenant de Nancey et autres presens. Cristien.

95 1490 (n. s.), 10 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Tassin, orfèvre à Joinville, fils de feu Jean Morriaulx, originaire de Nancy, coupable de fabrication de fausses monnaies d’or, que son frère Petit Jean avait mises en circulation à Saint-Nicolas-de-Port ; ce dernier fut arrêté mais bénéficia d’une rémission du duc (cf. n° 76) Copie, ADMM, B 3, f° 262r°-v°. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p.192-193.

René, par la grace de Dieu duc de Lorraine, de Bar et de Calabre, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vauldemont et de Harrecourt, etc., a tous presens et advenir, salut. Receue [avons] l’umble supplication de Tassin, 190

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filz de feu Jehan Morriaulx de nostre ville de Nancey, et de Ysabel sa femme, et a present femme de Godeffroy, nostre cuysinier, contenant que icelluy Tassin, des le temps de sa jeunesse, s’en alla par le pays pour aprendre son mestier d’orfevre et y a demouré longuement, tant ou royaulme de Sicille comme aultre part, et jusques environ deux ans a qu’il retourna par deça en nostre ville du Neufchastel, a l’intention de soy marier et demourer soubz nous, et de la s’en alla demourer au lieu de Jouynville, auquel lieu il commença a besoigner de sondit mestier, et tellement se gouverna et eut sy bonne fame que, par le moyen de pluseurs gens de bien qui desiroyent le retenir et arrester audit lieu, il fut marié ; depuis lequel mariage fait et assez tost aprés ung nommé Petit Jehan, frere audit Tassin, qui estoit marié audit Joinville, estoit venu a icelluy Tassin et luy avoit dit et remonstré comment il estoit pouvre et indigent et fort endebté, luy priant qu’il le voulsist secourir et aider ; a quoy luy respondit ledit Tassin qu’il ne le sçauroit de quoy aider. Neantmoins icelluy Petit Jehan le poursuyvit en telle maniere qu’il luy dist qu’il feroit bien demye douzaine de pieces d’argent dorees a l’emprainte d’escutz de roy ou de ducas dont il se pourroit aider, pourveu que ce fust secretement et hors du pays ; quoy oyant, ledit Petit Jehan se getta a genoulx devant ledit Tassin, luy priant pour l’amour de Dieu qu’il en voulsist faire jusques a une douzaine de pieces, et il les mettroit bien sans danger, ce que fist ledit Tassin, et tout ce qu’il en fist les delivra a sondit frere, et devant luy et en sa presence rompit le coing et jamais plus n’en fist ne eut intention de faire. Et est advenu que ledit Petit Jehan a esté pris au lieu de Sainct-Nicholas par justice a l’occasion desdits escutz, au quel Petit Jehan il nous pleust remectre et pardonner ledit cas. Mais ledit pouvre Tassin, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de noz pays, et n’y oseroit retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement et pour l’amour de Dieu requerant icelle, que, veu qu’il est natif de nosdits pays et exellent ouvrier de sondit mestier et a bon voulloir et intention de demourer soubz nous et soy bien et honnestement conduyre et gouverner, et qu’il n’y a aulcun reclain aprés luy de chose qu’il ait faicte, et n’en sont aulcuns de noz subgetz endommagéz ne interesséz, nous luy voullons remectre, quitter et pardonner /262v°/ ladite offense et le restituer en son bon fame et au pays. Et nous, inclinans a sa supplication, informé que jamais par avant ledit Tassin n’avoit fait ou commis cas digne de reprehension, a icelluy, pour ces causes et aultres nous mouvans, luy avons remis, quitté et pardonné, quittons, remettons et pardonnons par cesdites presentes le cas tel qu’il est cy dessus declairé ensemble toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour et a l’occasion que dessus il estoit encheut envers nous et justice, et l’avons restitué et restituons par cesdites presentes a ses bonnes fame et renommee, au pays et a ses biens non confisqués, satiffation faicte a partie interessé si desja faicte n’est et elle y eschet, imposant sur ce silence perpetuelle a noz procureurs generaulx. Si donnons en mandement par cesdites presentes a noz baillys, justiciers et officiers qu’il apartiendra et a chascun d’eux qu’ilz procedent a la 191

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

veriffication et enterinement de cesdites presentes tout selong leur forme et teneur et selong la condition du lieu ou que ledit Tassin est demourant soubz nous, et ce fait ilz et tous aultres le facent, seuffrent et laissent de ceste nostre presente grace, remission et pardon jouyr, user plainement et paysiblement tout en la forme et manier dessus dicte, car ainsi le voullons et nous plaist estre fait, pourveu toutesvoyes qu’il n’y renchee plus. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, qui furent faictes et donnees en nostre ville de Bar-le-Duc, le dixiesme jour d’apvril, l’an de grace mil CCCC quatre vings et neuf avant Pasques.

96 1490 (n. s.), 17 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Guillaume Mengin et Jacquot de Han, de Foug, coupables d’avoir le 8 mars 1489, après une dispute, extorqué de l’argent à Jennin Wiriot, d’Ugny-sur-Meuse. Copie, ADMM, B 3, f° 254v°-255.

René, etc.,au bailly de Sainct-Mihiel ou a son lieutenant, salut. Savoir faisons nous l’umble supplication de Guillaume Mengin et Jacquot de Han, demeurans en nostre ville de Fou, chargéz de grans nombre de petis enffans, contenant que, le jour de Karesme prenant dernier passé, ung nommé Jennin Wyriot, demeurant a Ugny, terre de Gonbervaulx prez Vaucouleurs, vint audit Fou et, pour avoir aucuns poinçoins de vin estans a Lay derriere Fou, fist tant envers ledit Guillaume qu’il fust content d’aller audit Lay, et avecques luy y ala ledit Jacquot, lesquelx illecques venus chargerent sur le hernoix dudit Jennin ung poinçon de vin appartenant audit Guillaume et lequel il luy avoit vendu, et achetta ledit Jennin audit lieu ung autre poinçoin de vin parmy certainne somme de deniers dont ledit Guillaume demeura, et le chargerent sur ledit hernoix, et leur ayda a charger ung nommé Gonnyn, homme de guerre demeurant audit Fou, qui illecques survint. En chargant ledit vin, l’en apperceust que ledit Jennin avoit ung petit plat en son sain qu’il disoit lui avoir esté baillé par une niepce qu’il a audit lieu de Fou, et pour ce que ledit Guillaume cogneust qu’il en avoit dez pareilz et que ledit plat estoit a lui, en allant le chemin de Lay a Paigney ou ledit Gonnyn vouloit aller comme il disoit pour aucun gaingnaige qu’il y a, ledit Guillaume, sur le chemin et en plain champs, en eust aucunes parolles rigoureuses contre ledit Jennin et, comme ung homme courroussé, bailla audit Jennin de prime face du plat de son espee ung cop sans lui faire autre mal affin de recouvrer sondit plat, lequel Jennin, soy sentant coulpable, ne differa point ne denya ledit cas et bailla audit Guillaume sondit plat, et accorda ausdits Guillaume et Jacquot ung pot de vin de trois escuz pour tenir la chose secrette et pour l’interest dudit Guillaume, et pour ce que ledit Jennin estoit tenu a lui tant 192

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a cause de l’un desdits poinçons qu’il luy avoit vendu comme pour ce qu’il estoit demeuré pour lui de l’autre poinçon de vin, et autrement pour seurté leur bailla ung des chevaulx de sondit hernoix chargé dudit vin, lequel ung jour ou deux aprés il rachetta et en bailla six frans et le reste, montant a XVIII gros, promist de payer dedans les Fontaines ensuyvant et derrain passees, ce qu’il n’a fait. Et quoy faisant ne cuidoient mal faire, veu que ledit plat estoit audit Guillaume et que ledit Jacquot luy assistoit pour recouvrer sa perde ; et quant ausdits trois escuz, ledit Guillaume en receut six frans seulement, dont n’en demeura ausdits supplians que quatre, et rendirent ledit cheval sans faire autre desplaisir audit Jennin en son corps ne en sez biens. Et se ce n’eust esté que ledit Jennin est homme d’autre seigneurie, lesdits Guillaume et Jacot estoient bien deliberéz, comme ilz dient, de le mener ez mains de noz officiers dudit Fou pour lui faire son procés, ce qu’ilz differerent faire tant pour ce que ledit plat n’estoit chose de grant prix pour empescher officiers et faire ung grant procés qui n’eust esté que painne et despence, comme pour lez requestes qui eussent peu estre faictes pour le rendre chargé de son cas et autres inconvenians. Neantmoins Jacot Racinotte, prevost dudit Fou, en a fait certainnes informations sans appeller noz autres officiers, deliberé de les en poursuyvre criminellement, a quoy, de quoy lesdits Guillaume et Jacot, doubtans la rigueur de justice, se sont absentéz et ont laissé leurs femmes et leursdits petis enfans en grans pleurs et mendicité, et n’osent retourner soubz nous se nostre grace ne leur est sur ce impartie, en nous humblement requerrant icelle, c’est assavoir qu’il nous plaise mander et ordonner a nosdits officiers qu’ilz /255/ lez seuffrent et laissent retourner et sejorner seurement et sauvement en leurs maison et en noz pays comme ilz faisoient par avant ledit cas, et lez faire recevoir en justice contre ledit Jennin s’il se fait partie, sans pour ledit cas lez poursuyr ne faire poursuyr fors civilement selon lez termes de justice et par devant aucun juge non suspect, car leur fuyte n’a esté cause, ilz dient, que pour crainte d’estre par ledit prevost apprehendéz et traictéz rigoureusement, non cuidant errer ne faillir envers justice en maniere quelconque ou en tant que mestier seroit leur pardonner et quicter l’offence et toutes painnes qu’en ce faisant pourroient avoir encorrues et amendes envers nous. Pour quoy nous, le cas et choses dessus dites considerees, et qu’ilz ne furent jamais attains etc., voulans preferer misericorde a rigueur etc., et meismes oudit cas quel qu’il soit criminel ou autre, attendu le sainct temps ou nous summes, leur avons quicté etc., et lez avons remis et restituéz etc., et a leurs biens non confisquéz si aucune confiscation ou commise y escheoit, en payant a nostre receveur general de Barroys la somme de vingt cinq florins d’or de Rin tant seulement pour toutes painnes et amendes arbitraires, en imposant sur ce silence perpetuelle etc., satisfation faicte a partie civilement tant seulement ou appoinctement si fait n’est. Sy vous mandons et commandons et a tous noz autres justiciers etc. Donné en nostre chastel de Bar, le vandredi sainct XVIIe jour d’avril, l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et neuf. Signé René. Par monseigneur le duc, lez bastart de Calabre, receveur general de Barroys et autres presens. Michiel. 193

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

97 1490, 26 avril - Sainte-Ruffine. Rémission accordée à Didier de Vicherey, tisserand, demeurant autrefois à Nancy ; banni du duché, il s’est présenté devant le duc à son camp de Moulinles-Metz pour demander grâce. Copie, ADMM, B 4, f° 10v°.

René, etc., a tous etc., salut. Comme depuis certain temps ença Didier de Vichery, tixerant jadis demeurant a Nancy, eust esté pour aucun cas par luy commis banny par justice hors de noz pays, esquelx il ne devoit retourner jusques a ce que le terme que luy avoit esté ordonné et declairé par ladite justice seroit passé, et il soit que, nous tenans camp a ce lieu de Mollin devant Metz, ledit Didier se soit mis hors de ladite Metz et venu devers nous, au moyen de quoy il nous a treshumblement supplié que luy voullions remectre ledit cas et le rappeller en nosdits pays pour y demeurer et y finer ses jours. Savoir faisons que nous, inclinans etc., avons remis et pardonner le cas pour lequel le jugement et bannissement a esté fait sur sa personne et, nonobstant icelui bannissement, l’avons rappellé et rappellons au pays, satiffaction faicte a la partie si desja faicte n’est et elle y eschiet, et imposons pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorraine present et advenir. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre camp de Saincte-Raphine devant Mets, le XXVIe jour d’avril l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. D. Nicolai.

98 1490, 3 juin - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean le Picart, fils de Henri le Picart, demeurant à Allain, coupable d’homicide commis le 11 mai 1490 sur la personne de Jean le Varlet, de Blénod-lès-Toul, à la suite d’une querelle ayant trait à une dette dont ce dernier réclamait le paiement. Copie, ADMM, B 4, f° 29r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication des parens et amis de Jehan le Picart, filz de Henry le Picart, eaigé d’environ XXII ans, demeurans au lieu d’Alain pres Columbey, avons receue contenant que, le XIe jour du mois de may dernier passé, Jehan le Varlet, residant a Bleno, se trouva audit lieu d’Alain et illec print question a Henry le Picart, demeurant audit lieu, en le menassant a cause de certaine debte qu’il lui devoit, dont il estoit obligé sur painne d’excomunication, et que, s’il ne le payoit, il le feroit /29v°/ excommunier et mectre hors de l’eglise. Et ainsi que ledit Jehan, filz dudit Henry, et ledit Varlet s’en 194

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alloient ensemble par le chemin tirant dudit Alain a Bleno, se prirent de parolles au moien du debat dessus dit, et tellement que ledit Jehan donna d’un paul par la teste audit Jehan le Varlet en maniere que mort s’en est ensuyue. Et, doubtant rigueur de justice, s’est absenté etc. Savoir faisons que nous, ayans regart et consideration au jeune eaige dudit Jehan, qui ne fut jamais attaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ne reprouche, aussi a la priere et faveur de reverend pere l’abbé de Sainct-Evre etc., avons remis, quicté et pardonné etc., satiffaction faicte a partie interessee civilement tant seulement, en imposant silence etc. Donné au Pont, le IIIe jour de juin mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Durat.

99 1490, 19 juin - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Ramonnet de Racusey, homme d’armes, coupable d’homicide commis dans une auberge de Pont-à-Mousson sur la personne d’un de ses compagnons au cours d’une dispute survenue après une partie de dés. Copie, ADMM, B 4, f° 16.

Remission donnee par monseigneur le duc a Ramonnet de Racusey, compaignon de guerre de la compaignie de Bertrand du Putear, le quel a tué au lieu du Pont, en l’ostel de Colin le Bourrelier, hostellier dudit lieu, ung autre compaignon de ladite compaignie, nommé Guillaume Aubert, pour aucun debat qu’ilz eurent aprés qu’ilz eurent joué aux dés. Donné audit Pont, le XIXe jour de juin mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lez bailly de Nancey et de Vosges presens. Durat.

100 1490, 24 juin - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jérôme de Saint Aubit, homme d’armes en garnison à Briey, coupable d’homicide commis le 13 juin 1490 sur la personne d’un nommé Chappeau, homme d’armes de la même garnison, à la suite d’une ancienne querelle. Copie, ADMM, B 4, f° 16v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de Gerosme de Saint Aubit, compaignon de guerre estant soubz la charge de peloges, avons receue contenant que, par autreffoiz, ung appellé Chappeau, aussi compaignon de guerre, eulx estans ou pays du Maisne, eurent aucun debat tant a l’occasion de ce que ledit Chappeau l’avoit desmant et blessié tant en la teste que autre part, au moyen de quoy ilz ont esté en malveillance des ledit temps. Et nagueres, le XIIIe jour de 195

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juin darrain passé, eulx estans en garnisson en nostre ville de Briey, iceluy Chapeau, qui estoit sedicieux, passa par devant le logis dudit Gerosme avecques une halbarde et autres glaives, semblant que le queroit, lequel Gerosme, considerant et pansant au desplaisir que iceluy Chappeau luy avoit par autreffoiz fait et le voyant aussi enbastonné, sans quelque deliberacion mes fort esmeu et tempté de l’annemy, print une javeline, laquelle son paige avoit aupres de luy, et vint audit Chapeau disant par deux foiz : « Deffend toy ! ». Et ce fait, le frappa de ladite javeline tellement que, le XXIIe jour aprés, il est allé de vie a trespas. A l’occasion de quoy, doubtant rigueur de justice, c’est absenté et rendu fugitif, nous supplians etc. Donné au Pont, le XXIIIIe de juin, l’an mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, le grant escuier Gerard d’Avillers et autres presens. Durat.

101 1490, 11 septembre - Louppy-le-Château. Rémission accordée à Jean du Tisoy, châtelain de Monthureux-sur-Saône, coupable d’homicide commis le 27 août 1490 sur la personne de Martin, fils de Grant Colas de Vittel, qui importunait sa nièce. Copie, ADMM, B 4, f° 35r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication de Alix de Barisey, femme de Jehan du Tisoy, chastellain de Monstereul-sur-Saone, et d’autres ses parens et amys avons receue contenant que, environ deux ou trois ans peut avoir, pour instruire et enseigner lez enfans dudit chastellain, il avoit fait venir a demeurer en sa maison ung jeune filz nommé Martin, fil le Grant Colas de Vittel, lequel y a demeuré par l’espace d’environ ung an et demi, et jusques environ demy an peut avoir qu’il se departist de son service, et s’en alla comme vacabonde tant audit lieu de Monstureul comme audit lieu de Vitel. Or est que, le premier jour d’aoust dernier passé, deux des niepces dudit chastellain, nommees Glaudine, filles l’une de Thevenin de Ragecourt et l’autre de Pomiart de Coiffy, estoient allees a l’esbat a une verriere pres dudit Monstereul et, en retournant qu’elles faisoient sur le chemin assez pres dudit Mostereul, recontrerent ledit Martin acompaignié de deux compaignons de guerre qui les saluerent. Et pour ce qu’elle avoient congnoissance dudit Martin a cause de ce qu’il avoit demeuré en la maison dudit chastellain, comme dit est, parlerent a icelui Martin, et entre autres parolles dit a ladite Glaudine, fille dudit Thevenin, qu’elle s’en allast avecques lui, lui faisant pluseurs promesses, a quoi elle respondist honnestement qu’il ne devoit dire lesdites parolles et que c’estoit mal fait a lui meismement qu’elle estoit fiancee et preste a avoir honneur. Lequel Martin continua encores de rechief en ses langaiges dont ladite fille fut fort desplaisant, tirant son chemin avec sa cousine droit audit Monstereul, et aprés elles alloient iceulx Martin et compaignons de guerre, lesquel Martin et compaignons, voyans que ladite Glaudine ne tenoit compte de leurs 196

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langaiges, l’appellerent et s’approucherent pres d’elle, lui prians qu’elle voulsist monstrer son demi saint, ce qu’elle ne voult faire de prime face. Touteffoiz l’un desdits compaignons de guerre dit qu’il estoit gentil homme, et lui pria qu’il voulsist lui monstrer, ce qu’elle feist et le mist ez mains dudit compaignon ; et aprés ce qu’il l’eust veu, lui demanda et requist le ravoir et lui rendre, ce qu’il ne voulu faire disant qu’il n’estoit plus gentil homme ; laquelle fille, voyant qu’elle ne povoit avoir retention dudit demi saint, le laissa et s’en allerent les deux filles en l’ostel dudit chastellain, au quel icelle Glaudine, a son retour, se complaingnist disant que ledit Martin et deux compaignons avec lui luy avoient osté sadite sainture, dont ledit chastellain et ladite suppliante, sa femme, furent desplaisans. Et non content de ce, ledit Martin acompaignié desdits gens de guerre, certain jour ensuivant, estoit venu a la porte dez champs dudit Monstereul et avoit fait dire a ladite Glaudine qu’elle allast querir son demi saint, la quelle n’y voult aller, et depuis lors ne l’ont voulu rendre ne restituer. Qui plus est, auparavant de l’emmi aoust dernier passé, la servande de messire Jehan Colas, prebstre curé dudit Monstereul, eust aucunes parolles rigoureuses a l’encontre de ladite suppliante pour de la chanvre a elle appartenant, dont ledit curé avoit prins le disme trop excessivement, desquelles parolles ladite suppliante fist remonstrance audit chastellain qui en fut desplaisant, et ce parvenu a la congnoissance dudit curé, doubtant que ledit chastellain ne deust battre sa chamberiere, dit audit Martin, son frere, qu’il trouva ayant ung espied en sa main et ung bracquemart pendu a sa sainture, qui s’en alloit a la feste a Lamarches, qu’il luy prioit qu’il allast en sa maison et y gardast bien jusques a ce qu’il seroit retourné, et qu’il doubtoit que ledit chastellain ne deust battre sa chamberiere, lequel Martin y alla et y demeura depuis le matin jusques a soleil couchant. Et ce jour meismes, en allant a l’eglise par ladite suppliante, elle trouva ledit Martin au quel elle demanda s’il avoit rapporté le demi saint de sa niepce, lequel respondist fierement qu’il n’en avoit point et desmentist ladite suppliante par deux ou trois fois, usant de parolles rigoureuses et grans menasses contre son mary et elle, dont elle feist rapport a sondit mary. Et ce dit jour, qui fut le XXVIIe jour de ce mois d’aoust, aucuns dudit Monstereul, voyans ledit Martin qui estoit enbastonné d’espied et bracquemart tout le jour, lui demanderent qu’il faisoit ou vouloit faire ainsi enbastonné, lequel respondit que, s’il trouvoit ledit chastellain, il le bacteroit tant qu’il le feroit morir ; lesquelles parolles furent rapportees audit chastellain en l’avertissant qu’il n’allast point seul et qu’il ne fut embastonné, autrement ledit Martin lui pourroit faire oultraige. Lequel chastellain, desplaisant de ce que ledit Martin le menassoit par ceste façon sans ce /35v°/ qu’il luy eust fait mal ou dommaige, environ soleil couchant qu’il estoit retourné de Jonvelle, se partist du chasteau dudit Monstureul ayant ung espied en sa main, et s’en vint au loing de la ville et jusques a l’uix dudit curé ou estoit ledit Martin, assis emprés la chamberiere d’icelluy, au quel il dit telz motz et crie, disant : « Pour quoy me menassez vous et dictez que vous me osterez la vie du corps  ?  », mist la main au bracquemart et le tira hors de la gayne envayssant ledit chastellain, lequel chastel197

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lain, ce voyant, lui donna ung coup sur les espaulles de son espied, se trebuscha par sa robbe en soy relevant, de sondit bracquemart voult frapper ledit chastellain sur la teste et le blessa au bras, lequel chastellain, tout eschauffé, de son espied frappa ledit Martin a travers de l’estomach ; lors ledit Martin print l’espied et cuida recouvrer sur ledit chastellain de sondit bracquemart, mais il assena seulement sur l’espaulle, et aprés ledit coup icelui chastellain se departist et laissa son espied audit Martin. Aprés lequel coup, ledit Martin a vesquu par l’espace de neuf jors, et par faulte de bon regime, gouvernement ou autrement, jeudi dernier XXVIe jour de ce present mois, ledit Martin est allé de vie a trespas. Avant le trespas duquel icelui Martin, considerant qu’il avoit eu tort de menasser et envayr ledit chastellain, lui pardonna, en presence de plusieurs personnes, le coup a lui donné et si a esté pourparlé et appoincté avec aucuns des parens et amis pour leurs interestz. Touteffoiz ledit chastellain, doubtant rigueur de justice, n’oseroit retourner au pays, duquel il s’est absenté, si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, en nous humblement requerant que, entendu ce que dit est et que ledit chastellain ne fut jamais actaint ou convaincu d’aucuns cas digne de reprouche, et aussi que ledit Martin l’envayst premier, luy veullions nostredite grace et misericorde impartir et luy quicter, remectre et pardonner toute l’offence, crime et delict qu’il pourroit avoir commis a l’occasion du cas dessus dit. Savoir faisons etc., lui avons quicté, remis et pardonné, et par ces presentes etc., quictons etc., le fait dessus dit avec toute painne, offence et amende corporelle, criminelle et civille encorrues envers nous et justice, en mectant a neant tous bans, appelz, proclamations et adjournemens s’aucuns s’en estoient ensuyvis, et le remectons et restituons a sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte civillement tant seulement sy faicte n’est et elle y eschiet. Et sur ce imposons sillence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir et a tous autres. Sy donnons en mandement par cez presentes a noz baillys de Vosges, du Bassigny et a tous autres etc. Donné a Louppy le XIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le lieutenant de Nancy et autres presens. D. Nicolai.

102 1490, 24 septembre - Saint-Mihiel. Rémission accordée à Jean Parmentier, de Bainville, coupable d’homicide commis le 11  novembre 1487 dans cette localité sur la personne de Robin de Valloy qui avait injurié sa sœur. Copie, ADMM, B 4, f° 36.

René, etc., a tous etc., salut. Receue avons l’umble supplication de Jehan Parmentier, de Bainville en nostre prevosté de Wallefracourt, contenant que en l’an mil IIIIc IIIIxx et sept, le jour de Sainct Martin d’yver, ledit suppliant, 198

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adverty que ung nommé Robin de Valloy avoit dit et publié que la seur dudit suppliant estoit ribaulde, allant que faisoit ledit suppliant audit Valloy esperant d’aller en l’ostel de son pere, il trouva en son chemin ledit Robin, lequel Robin lui dit : « Bon jour », et ledit suppliant, meu et courroucé, lui dit : « Mal jour te doint Dieu, menteur que tu es ! », lequel Robin lui respondit : « Mais toy menteur, Jehan faillon  ! » ; et tant se arguerent ensemble l’un et l’autre que ledit suppliant luy dit de rechief : « Comment donneroye je bon jour a ung tel menteur que tu es d’avoir dit telles nouvelles de ma seur de l’avoir publié ribaulde, veu que rien ne s’en monstre, et je te promes que des parolles que tu en as dictes, tu en averas une fois mal jour ». « Et de qui ? », ce dit ledit Robin, « De moy », se dit ledit suppliant, lequel Robin lui dit qu’il n’estoit pas l’omme, « Et que saveroie tu faire ? ». Et en ce disant, ledit Robin tira son cousteau contre ledit suppliant, lequel ce voyant, luy qui estoit meu et troublé du deshonneur que ledit Robin mectoit sus a sadite seur, il luy donna d’une massue qu’il tenoit en sa main sur la teste en telle façon que ledit Robin tomba mort devant luy ; quoy veant, il fut plus meu que paravant et, affin de soy povoir achapper, il le print par le bras et gecta en la riviere, et s’en alla hors de noz pays ; et, doubtant rigueur de justice, n’oseroit retourner en iceulx nosdits pays si nostre grace etc. Savoir faisons que ces choses considerees, nous inclinans etc., lui avons quicté, remis et pardonné, et par ces presentes etc., pardonnons le fait et cas dessus dits avec toutes painne, offence et amende corporelle, criminelle et civile etc., en mectant a neant tous bans etc., et le remectons et restituons en sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffaction faicte civilement tant seulement si faicte n’est et elle y eschiet. Et sur ce imposons silence perpetuelle etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Sainct-Mihiel, le XXIIIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, baillis de Nancey, de Bar et de Sainct-Mihiel et autres presens. Cristien.

103 1490, 26 septembre - Saint-Mihiel. Rémission accordée à Martin Morel, d’Arrancy, emprisonné à Marville, coupable de plusieurs vols commis il y a un an environ pour subvenir aux besoins de sa famille. Copie, ADMM, B 4, f° 36v°.

René, etc., a tous etc., salut. Receue avons l’umble supplication de Martin Morel, d’Arency en nostre prevosté de Marville, eaigié d’environ XX ans, chargié d’une josne femme et d’un petit enfant, contenant que, environ an et demy qu’il se maria et veant sa femme grosse et avoir default de vivres et 199

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

autres choses, print et roba lez choses qui s’ensuyvent : premier une brebis a Pierre Mathieu de Boemont, ung aignel a Mengin Loste dudit lieu, lesquelles bestes il a rendues, encores a prins ung poupel appartenant a Povre de Rouveray, ung chastron a messire Andrieu d’Arency, une cainne a Collart, filz le Grant Mengin, laquelle cainne ledit Collart reprint dedans le pot qui cuisoit au feu, ung autre poupel a Jodin Marchant, encores ung aignel appartenant au Grant Alixandre de Rovroy, ung lincieux qu’il print sur la fontainne de Marcy, le quel il gecta jus de paour d’un homme qui venoit aprés lui a cheval. Pour lesquelx cas il est detenu prisonnier audit Marville, etc., dont mondit [seigneur] luy est donné sa remission in forma pourveu qu’il n’y renchie plus. Donné a Sainct-Mihiel, le XXVIme jour de septembre mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lez evesque et comte de Verdun, esleu de Toul, seneschal de Lorraine et autres presens. Cristien.

104 1490, 8 octobre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jeannot le Parmentier, forestier de Heippes, coupable d’homicide commis le 27 mai 1490 sur la personne de Pierre Gillon à la suite d’une dispute ayant trait au ramassage de bois coupé dans la forêt. Copie, ADMM, B 4, f° 40v°-41r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplication de la femme, parens et amys de Jennot le Parmentier, demeurant en nostre ville de Heippes, avons receue contenant que, la seconde feste de Panthecouste darnier passé, ledit Jennot le Parmentier, luy estant forestier du bois dudit Heippes, et Jehan Collot pareillement forestier, avoient esté envoyéz audit bois pour savoir s’ilz trouveroient personne desrobant ou faisant dommaige, et en querant parmy ledit bois n’y avoient trouvé aucune personne mais avoient seulement trouvé du bois que on avoit couppé et estoit gisant a terre, et par ce estoit et appartenoit a l’usaige de la ville, lequel bois ledit Jannot avoit envoyé querir et l’avoit fait charger pour mener en sa maison la darniere feste de Panthecouste ensuivant. Et ainsi comme il s’en alloit dudit bois aprés les harnois qui le menoient, il avoit rencontré ung nommé Pierre Gillon qui luy avoit dit telz motz : « Pourquoy emporte tu mon bois ? », auquel ledit Jennot avoit respondu qu’il n’estoit pas a luy, et ledit Gillon dist que si ; lors ledit Jennot dist qu’il mentoit et qu’il l’avoit trouvé couppé. Et non obstant, ledit Pierre avoit mis la main a la bride du cheval de devant qui estoit actelé a sa charete, et dist et jura qu’il n’yroit plus avant et ne voult laisser aller ledit cheval, combien que ledit Jennot luy dist qu’il estoit content que ledit bois fust mis en la main du seigneur, a quoy ne voult entendre ledit Piere, mais 200

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tenoit tous jours ledit cheval sans le vouloir laisser aller. Et, ce voyant, ledit Jennot le prist par la robe a la poitrine et tira ung petit cousteau qu’il pourtoit, et quant ledit Piere vist ledit cousteau, il empoigna la main dudit Jennot qui le tenoit et le tint si fort qu’il ne s’en povoit ayder, lequel Jennot, de la main dont il tenoit ledit Piere, prist le cousteau qu’il tenoit en l’autre main et luy frappa dudit cousteau ung petit coup au bras tout aupres de la main ; /41/ aprés lequel coup, ilz se departirent et s’en allerent chascun en leurs maisons, duquel coup ledit Gillon avoit esté malade, mais il n’avoit point lassé a aller a Verdun ne a faire ses besongnes. Et le dimanche ensuivant, les amys dudit Gillon estoient venus querir ledit Jennot pour faire l’appointement entre eulx, lequel appointement ilz avoient fait audit lieu de Heippes, parmy ung franc que ledit Jennot avoit donné audit Piere Gillon pour toutes choses qu’il luy povoit demander a cause dudit debat et coup a luy donné, et se pardonnerent a ladite heure tout ce qu’ilz avoient fait l’un a l’autre ez presences de plusieurs personnes, et aprés s’en retournerent en leurs maisons contens l’un de l’autre. Or est ainsi que environ vingt huict ou vingt neuf jours ensuivant ledit appointement, par deffault de bon regime et gouvernement ou autrement, ledit Pierre Gillon, a cause dudit coup, s’estoit acousché malade, ou il avoit esté detenu par l’espace de trois sepmainnes ou environ, et estoit dudit coup, comme l’en disoit, alé de vie a trespas. A ceste cause icellui Jennot, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays ou il n’oseroit retourner si sur ce nostre grace ne luy estoit impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons etc., avons audit Jennot le Parmentier, suppliant, de nostre grace especial et pleiniere puissance, ou cas dessus dit remis, quicté et pardonné, et par ces presentes remetons, quictons et pardonnons le cas et crime dessus dit, ensemble toute l’offence et amande corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occassion d’icelle il pourroit estre encheu et encouru envers nous et justice, et le restituons a ses bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, et quant a ce imposons silence perpetuel a nostre procureur general oudit duchié de Bar et a tous autres, satiffacion faicte a partie civillement tant seulement sy faicte n’a esté souffisante. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes /41v°/ a nostre treschier et feal conseiller le bailli de Bar ou son lieutenant et autres noz justiciers etc., mais si le corps et biens dudit suppliant estoient pour ce prins etc., les mettent ou facent mettre a plainne delivrance. Donné a Bar, le huictime jour d’octobre mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les bailliz de Bar, du Bassigny et de Joinville, procureur de Bar, gens des comptes et autres presens. Crestien.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

105 1490, 27 octobre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier Vacuart, de Sauvigny, coupable d’homicide commis le 22 juillet 1490 sur la personne de Grant Didier, messier du lieu, à la suite d’une querelle provoquée par une amende que ce dernier lui avait infligée et qu’il contestait. Copie, ADMM, B 4, f° 41v°-42r°-v°.

René, etc., A nostre bailli de Vosges ou son lieutenant, salut. L’umble supplication et requeste de Didier Vacuart, demeurant a Sauvigny sur Meuze, chargé de cinq petiz enffans et sa femme ensainte, avons receue contenant que, environ la Magdelaine darnier passé, luy estant aux champs en aucuns ses affaires, ung nommé le Grant Didier, soy disant messier audit lieu pour monseigneur l’evesque de Toul, le gaigea pour ce qu’il n’estoit allé garder le vaulx de ladite ville /42/ a son tour comme il disoit, et avoit prins et emporté ung gaige qui n’estoit pas sien. Et ce venu a sa congnoissance, se tira par devers ledit Grant Didier en luy pryant et requerant qu’il luy voulsist rendre ledit gaige et qu’il n’estoit pas sien, luy offrant de bailler ung autre gaige ou bonne caucion souffisante pour l’amande, si amande y avoit, et que ledit Grant Didier ne voult consentir, et tellement que, aprés pluseurs parolles, ledit Grant Didier et ses filz se prindrent audit suppliant et le battirent villainement, tellement qu’ilz luy firent sang et playe et luy fust force soy departir de ladite maison. Et ainsi qu’il s’en alloit, ledit Didier et ses filz le suyvirent tous jours embastonnéz, et veant par ledit suppliant qu’il ne povoit fuyr ne evader de leurs mains et qu’ilz le chassoient fors, print une pierre en sa main, laquelle il gecta audit Grant Didier et luy fist sang et playe ; aprés lequel coup ilz se departirent en s’en allant chascun en sa maison, duquel coup ledit Grant Didier fut malade par ung jour mais l’endemain ou autre jour incontinant ensuivant ne leissa point a aller par la ville et faire ses besongnes bien par huict jours entiers, et garda les chevaulx d’icelle ville a son tour durant lesdits huict jours. Or est advenu que certain jour aprés ensuivant, par faulte de bon regime et gouvernement ou autrement, ledit Didier a cause dudit coup, comme l’en disoit, est allé de vye a trespas. A ceste cause icellui suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté hors du pays et n’y oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, humblement requerant icelle. A la supplication duquel Didier Vaceriart inclinans, /42v°/ ayans regart a ce que dit est, et mesmement que ledit suppliant n’avoit vouloir de bactre ou faire desplaisir audit Grant Didier, et ce qu’il en avoit fait estoit en son corps deffendant, qui est chose permise de droit, voulans par ce misericorde estre preferee a rigueur de justice, vous mandons et commectons par ces presentes que, appellé avec vous nostre procureur, s’il vous appert le cas dessus dit estre advenu par la maniere que dit est ou de tant que souffire doye, vous oudit cas souffrez et laissez ledit suppliant aller, venir et 202

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demorer en nostredit pays et y faire ses besongnes et negoces comme il faisoit par avant ledit cas advenu, en luy levant nostre main mise et apposee a ses biens a son proffit pour en joyr comme il avoit acoustumé de faire, nonobstant que pour icellui cas se soit absenté, et les proclamacions faites a ban contre luy s’aucunes en y a, dont en tant que mestier est nous l’avons relevé et relevons oudit cas par ces presentes, en faisant satiffaction a partie sy elle y eschiet telle qu’il appartiendra par raison. Et quant a ce avons imposé et imposons silence perpetuel a nostredit procureur et a tous autres, mandons et commandons a tous noz justiciers, officiers et subgectz que a vous les commis et depputéz en ce faissent, obeissent et entendent diligemment. Donné en nostre chastel de Bar, le XXVIIe jour d’octobre mil IIIIc IIIIxx et dix. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, etc., les gens des comptes de Bar et autres presens. D. Nicolay.

106 1490, 28 décembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Maillot, de Noncourt, dont le serviteur Jean Colas s’est blessé mortellement en prenant la fuite après avoir reçu des coups de son maître ; il craint d’être accusé d’homicide. Copie, ADMM, B 4, f° 58v°.

René, etc., A nostre amé et feal conseiller et chambellain messire Henry de Lignieville, chevalier, bailly de Vosges ou a son lieutenant au Neufchastel, salut. L’umble supplication et requeste de Jehan Maillot, de Noncourt pres nostre dicte ville du Neufchastel, avons receue contenant que, le jeudi XVIe jour de ce presens mois de decembre dernier passé, il se print a tenser ung sien serviteur, nommé Jehan Colas, pour ce qu’il avoit trop longuement sejourné au boix, lequel son serviteur le respondit ung peu trop fierement, tellement que ledit suppliant s’eschauffa contre lui et le frappa d’un petit baston sur le dos. Lequel Jehan Colas, doubtant que sondit maistre ne recouvra de le frapper de rechief, se mist en fuyte hors de la maison et en courrant parmy une place maziere par dessus dez pierres qu’estoient chargees de glace, il tumba a terre la teste dessus une pierre que lui entra dedans jusques au cerveau, duquel coup il fut alité et a vescu jusques au XXIe dudit mois ensuivant qu’il a rendu l’ame. A ceste cause ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté hors du pays et n’y oseroit etc. Nous mandons et commectons par ces presentes que, appellé avecques vous nostre procureur, s’il vous appert le cas dessus dit estre advenu par la maniere que dit est ou de tant que souffire doye, vous oudit cas souffrez et laissez ledit suppliant aller, venir et demeurer en nostredit pays et y faire ses besoingnes et negoces comme il faisoit auparavant ledit cas advenu, en lui levant nostre main mise et apposee a sez biens a son prouffit pour en joïr comme il 203

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avoit acoustumé faire, nonobstant que pour icelui cas se soit absenté, et les proclamations faictes a ban contre lui s’aucunes en y a, dont en tant que mestier est nous l’avons relevé et relevons oudit cas par ces presentes, en faisant satiffaction a partie si elle y eschiet telle qu’il appartiendra par raison. Et quant a ce avons imposé et imposons silence perpetuelle a nostredit procureur et a tous autres, mandant et commandant a tous noz justiciers et officiers et subgectz que a vous voz commis et deputéz en ce faisant, obeissent et entendent diligemment. Donné en nostre chasteau de Bar, le XXVIIIe jour de decembre mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. D. Nicolai.

107 1490, décembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jacquot Vosgien, autrefois sergent à Châtillon-surSaône, et à Petit Jean Jennot, de Blondefontaine, hommes d’armes, accusés d’avoir tué, près de Villers-lès-Nancy, alors qu’il tentait de s’enfuir, un homme qu’ils avaient fait prisonnier à la requête du prévôt de Châtillon (cf. n° 108). Copie, ADMM, B 4, f° 57r°-v°-58.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons l’umble supplication de Jaquot Vosgien, nagueres sergent en nostre ville de Chastillon-sur-Saone, et de Petit Jehan Jennot, demeurant a Blondefontaine pres dudit Chastillon, compaignons de guerre, contenant que en ceste presente annee, eulx estans en nostre ville de Vezelize, par ung jour de lundi, avec et en la compaignie de Thomas Guillot, lors prevost dudit Chastillon, ilz se partirent icelui jour avec ledit prevost, a heure du matin, pour tirer devers Nancy, lequel prevost leur dist qu’il alloit devant eulx ung homme qu’il failloit prendre prisonnier et le mener secretement audit Chastillon en façon et maniere que nul n’en sceust rien, en quoy faisant ilz fer[o]ient plaisir a ung grant seigneur. Lesquelx supplians, pensans que ledit homme eust offensé, chevaucherent avec ledit prevost aprés icelui homme pour faire ce que leur estoit ordonné jusques pres du passaige du Pont-Sainct-Vincent, et en chevauchant qu’ilz faisoient, le cheval dudit prevost se defferra, lequel, voiant sondit cheval deferret, leur dit qu’il luy failloit refferrer sondit cheval audit Pont, en leur disant qu’il convenoit qu’ilz allassent aprés ledit homme et qu’il le prenisent s’il estoit possible, /57v°/ et le destournassent du chemin jusques a ce qu’il seroit retourné devers eulx, et ce pendant il feroit refferrer sondit cheval, ce qu’il fist. Lesquelx supplians, cuidans bien faire et bien servir, comme il avoient tous jours fait du passé en tout ce que leur avoit esté ordonné par noz officiers ayans sur eulx puissance, et poursuyvirent tant icelui homme qu’ilz le vindrent trouver dessus Viller, dedans le bois, que s’en tiroit le droit chemin de Nancy. Et au dehors du bois, ledit Jaquot le print au collet et luy dit qu’il le faisoit 204

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nostre prisonnier, lequel se rescouy et de sa javeline qu’il portoit en frappa ledit Jaquot endroit la poictrine, en façon que, s’il n’eust esté armé dessus sa robe, il l’eust tué, et de fait rompist sadite javeline et mist la main a son espee ou a une grande dague qu’il portoit, et courrut sus audit Jaquot. Veant ce ledit Petit Jehan que ledit homme poursuyvoit ainsi ledit Jaquot sans s’en vouloir aller, il tourna sur luy et luy dit : « Si tu ne demeure, je te frapperay », de quoy ne voulut rien faire mais se parforça de tous jours tuer l’un desdits supplians, et de fait frappa le cheval dudit Petit Jehan en la poitrine, lequel cheval estoit audit prevost son maistre, et lui fist une grant playe, lesquelx supplians veans qu’il lez oultraigeroit, ledit Petit Jehan lui donna de sa javeline en la gorge et ledit Jaquot de son espee parmy le corps, en façon que mort en est ensuyvie. Et peu aprés survint illecques ledit prevost, lequel ledit Jaquot appella, et lors il lui demanda se ledit homme estoit presens, qui lui respondit qu’il estoit mort et qu’ilz ne l’avoient peu garder et les avoit blecé ensemble son cheval, sur lequel ledit Petit Jehan estoit monté ; lequel prevost, oyant ce, fut fort mary et courroucié de ce qu’ilz l’avoient tué et tensa ledit Petit Jehan, son serviteur, lequel, desplaisant de ce que dit est, monta sur le cheval dudit deffunct et s’en alla et laissa le cheval sur lequel il estoit monté, qui estoit blecié. Et depuis ilz arriverent audit Chastillon et, certains jours aprés, iceulx supplians et ledit prevost, doubtant rigueur de justice, se absenterent pour ledit cas de noz pays et seigneuries, esquelx depuis ne sont trouvéz et, pendant leurs absences, leurs biens ont esté empeschéz par noz officiers et mis en nostre main, et ont esté aussi en leur absence adjournés a comparoir en personnes en cas de banissement par trois briefz jours, trois octaves et trois quinzainnes selon le stille de nostre bailliaige du Bassigny, par quoy n’oseroient retourner en noz pays mais lez conviendra aller demeurer en lieu estrange et laissier leurs femmes et enfans en grant pouvreté et misere, se nostre grace etc. Actendu qu’ilz n’avoient aucune volenté de le tuer s’il ne lez eust blecéz et oultraigé, comme dit est, par quoy ces choses et eu regart aux services etc., durans noz guerres et affaires etc., leur avons remis, quicté et pardonné et par cez presentes, etc., et les avons remis et restitué etc., a leur bons fames etc., et a leurs biens non declairéz confisquéz, en rappellant, revoquant et mectant a neant tous bans, adjournemens etc., imposant silence a nostre procureur, satiffaction toutesvoyes faicte a partie civilement tant seulement s’elle y eschiet ou faicte ne l’ont. Sy donnons en mandement etc., a nostre bailly /58/ du Bassigny, soubz la jurisdiction duquel lesdits supplians estoient demeurans et aussi que lez proclamations et deffaulx y sont esté faictes, que, appelléz ceulx que pour ce seront a appeler, luy ou son lieutenant procede ou face proceder a l’enterinement de ces presentes ainsi qu’il appartiendra et sans autre regart ausdits bans ne proclamations. Mandons en oultre a tous noz seneschaulx etc. En tesmoing etc. Donné a Bar, ou mois de decembre, l’an de grace Nostre Seigneur mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Dupuis. 205

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108 1490, décembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Thomas Guillot, autrefois prévôt de Châtillon-surSaône, accusé de complicité du meurtre de Jean du Bois, commis vers le 25 février 1490 près de Villers-lès-Nancy, capturé sur son ordre et tué par ses hommes alors qu’il tentait de fuir (cf. n°107). Copie, ADMM, B 4, f° 58r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons l’umble supplication de Thomas Guillot, jadis prevost de nostre ville de Chastillon, contenant que, environ le Karesme dernier passé, il fut requis par ung bien grant seigneur de trouver maniere de prendre et arrester au corps ung nommé Jehan du Bois et icelui mener et constituer prisonnier audit Chastillon, pour aucunes causes ne sçavoit quelles. Lequel suppliant, desirant et cuidant bien servir, se trouva environ icelui temps au lieu de Vezelise, auquel lieu ledit Jehan du Bois estoit demeurant, et print avecques luy Jacquot Vosgien, sergent oudit Chastillon, et ung sien serviteur nommé Petit Jehan Jennot, de Blondefontaine, et eulx estans par ung jour de lundi audit Vezelise, le suppliant, adverty que ledit Jehan du Bois se partoit du lieu pour aller a Nancey, et que desja il estoit hors de la ville de Vezelise, il monta et fit monter a cheval lesdits Jaquot et Petit Jehan, et prindrent le trect dudit Jehan du Bois ; advint que le cheval dudit suppliant, suyvant qu’ilz faisoient aprés ledit Jehan du Bois, se defferra assez pres du Pont-SainctVincent, lequel suppliant, veant sondit cheval defferret, dit aux dessus dits Jaquot et Petit Jean qu’ilz tirassent aprés l’omme qui s’en alloit devant eulx, et qu’ilz le prinssent et arratassent jusques a ce qu’il seroit venu devers eulx ; ce faisant, feroient plaisir et service a ung grant personnaige et ce pendant il s’en iroit referrer sondit cheval au Pont-Sainct-Vincent, ce qu’il feist. Et les dessus dits suyvirent tellement aprés ledit Jehan du Bois qu’il l’actaindirent dessus Viller devant Nancy. Et aprés ce que ledit suppliant eust fait ferrer sondit cheval audit Pont, il se mist en chemin aprés eulx et tant les suyvit que, lui arrivé a l’endroit du lieu ou estoit ledit Jehan du Boys, ledit Jacot l’appella, auquel il demanda incontinant si ledit homme estoit prins ; le quel Jacot lui respondit qu’il estoit mort et qu’ilz ne l’avoient peu garder par ce qu’il les avoit tellement oultragéz et navréz que force leur avoit esté de le tuer. Quoy oyant par ledit suppliant, il fut tellement esmeu que plus ne povoit et vit que lesdits compaignons estoient blecéz ez mains et son cheval fort blecé, sur lequel ledit Petit Jehan, son serviteur, estoit, le quel il tansa fort ; quoy oyant par ledit Petit Jehan qui estoit blecé, comme desplaisant de ce que dit est, monta sur le cheval dudit du Bois, a l’arson de la selle duquel cheval avoir ung grant gibessier de cuir ou que estoit son charnier, et y avoit deux florins d’Utrect et ung chatton qui ne valoit comme rien et environ VII gros de monnoie, et s’en alla ledit Petit Jehan, a tout le jour ne le vit ledit suppliant son maistre et convint que icelui suppliant 206

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et ledit Jacot allassent eulx deux, lequel suppliant en mena sondit cheval navré. Et peut de temps aprés ce que lui et lesdit compaignons furent arrivéz audit Chastillon, pour le cas dessus dit ilz se absenterent de noz pays /58v°/ esquelx depuis doubtans etc., et lez biens dudit suppliant empeschiéz par nos officiers, et aussi a esté en son absence adjourné a comparoir en personne en cas de banissement par trois briefz jours, trois octaves et quatre quinzainnes selon le stille etc., par quoy n’oseroit retourner etc. Pour quoy cez choses considerees, actendu etc., luy avons remis et pardonner en tant que mestier est, de nostre grace especial et certaine science remettons et pardonnons le cas dessus dit, posé qu’il fut trouvé criminel et capital sur sa personne, et avons ledit Thomas Guillot, remis et restituer etc., comme en la remission precedente. Donné, signé et presens comme dessus dit.

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1490 - Nancy5. Rémission accordée à Nicolas, demeurant à Longchamp-sur-Aire, emprisonné pour homicide commis le 25 février 1490 sur la personne de Rémy Poincelet, du même lieu, qui tentait de lui voler du bois. Copie, ADMM, B 4, f° 65v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de Jehan de Honquetel et Jehanne, femme de Nicolas son frere, et autres parans et amys dudit Nicolas, noz subgietz, demourans a Longchampt, prevosté de Saint-Mihiel, avons receue contenant que, le jour des Bures darrain passé, l’en fist une bures de beaucoup de charees de grant boix, fagotz et autres boix, que les varletz et jeusnes gens avoient amené et assemblé audit lieu ainsi qu’ilz ont acoustumé de faire chascun an, lequel Nicolas achapta ausdits varletz qui ont acoustumé de vendre le demourant dudit boix et la breze qui demeure quant l’asemblee des gens se depart et que les bures sont comme faillyes. Et avint que ung nommé Remy Poincelet, dudit lieu, prinst esdites bures une grande perche de boix et la mist sur son col la voulant porter en sa maison, et si en avoit d’aultres qui pareillement enportoient du boix desdites bures. Et en recouant et deffendant ledit boix que ledit Nicolas avoit achapté comme dessus, iceluy Nicolas vint audit Remy et mis la main a la perche du boix qu’il avoit sur son col et, comme il faisoit aux autres, luy cuida oster et rescoure et, en tirant ladite perche contre luy, ledit Remy cheut sur terre dessus ladite perche et, par cas de fortune, fut actaint et tellement tousché de ladite perche en la partie de sa teste que la mort 5 L’absence d’indication quant au mois empêche toute datation plus précise ; il est préférable, dans ce cas, de laisser la mention de l’année signalée dans la lettre, tout en sachant qu’il pourrait s’agir aussi bien de l’année 1491 (n.s.).

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s’en ensuivit, sans ce que jamés depuis il parlast ne dist mot, et sans ce que jamés ledit Nicolas le frappist ne luy baillast aucuns cops ne luy fist quelque basture ou blesseure ne qu’il eust rigueur, debat ou hayne a l’encontre de luy, non plus qu’il avoit aux autres qui enportoient le boix desdites bures. Pour lequel cas, ledit Nicolas a esté prins et aprehandé au corps par nos officiers qui le tiennent en prinson, ferme contempdans y asseoirs pugnition et execution de sa personne pour ledit cas qu’ilz tiennent estre cas d’omicide et criminel, jaçoit ce que la femme, les freres et prouchains parans dudit deffunct n’en facent poursuite, saichans et congnoissans que c’est ung cas piteable et advenu par accident de fortune. Pour quoy lesdits parans supplians, doubtans rigueur de justice, etc., impousans silance etc., satiffation faite a partie civillement si elle y eschiet etc. Donné a Nancy, l’an mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Nicolay.

110 1491 (n. s.), 26 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Arnoul le saunier, de Remeling, coupable d’homicide commis il y a deux ans et demi sur la personne de Ferry Dugny, de Moyeuvre, avec lequel il s’était disputé en convoyant du sel. Copie, ADMM, B 4, f° 74.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de Arnoul le Saulnier, de Remelenges, prevosté de Briey, chargé de troys petiz enffens, avons receue contenant qu’il peult avoir environ deux ans et demy, comme il retournoit de noz salines avecques une woiture de sel, acompaigné de ung nommé Ferry Dugny, de Moieuvre, iceluy suppliant et ledit Ferry s’entreprindrent ensemble par parolles et injures l’un a l’autre et tellement que iceluy Ferry, procedant en injures contre iceluy suppliant, inhumé de grant fureur, s’en vint contre ledit suppliant, luy faisant envoye pour le vouloir frapper, voyant ledit suppliant tira ung bracquemart qu’il portoit sur luy, frappa ledit Ferry sur la teste et en la jambe en telle maniere que l’abatit a terre et le blecza par faczon que, environ V jours aprés, iceluy Ferry alla de vie a trespas. A l’occasion de ce ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, c’est absenté du pays et n’y n’ouseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, en nous humblement etc., en impousant silance etc., et mectant au neant touz bans, proclamacions et adjournemens, s’aucuns en estoient ensuyvyz, et le remectant etc. Donné a Bar, le XXVIe jour de jenvier, l’an IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc. Nicolay.

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111 1491 (n. s.), 7 mars - Nancy. Rémission accordée à Jean Adan, sergent de Cosnes-et-Romain, dont le fils Jean a blessé mortellement Huguenin, fils de Jean le Bouzillon, du même lieu, trois semaines auparavant  ; une haine vieille de trois ans due à une affaire d’accusation de sorcellerie opposait les deux familles. Copie, ADMM, B 4, f° 76r°-v°-77.

René, etc., a tous etc. Receu avons l’umble supplication de Jehan Adan, nostre homme de corps subgect et sergent au lieu de Cosne en la prevosté de Longuion, contenant qu’il peut avoir trois ans que ung nommé Jehan le Bouzillon, ses enfans, serviteurs et famille demourans audit Cosne prindrent hayne a l’encontre dudit suppliant et ses enfans, pour et a cause de ce que la femme dudit Bozillon fut accusee par autres femmes genoches estans prisonnieres au lieu de Cons et depuis brulees, laquelle femme dudit Bozillon, par ladite accusation, fut detenue prisonniere audit lieu de Cons ; et disoit icelle femme que ledit suppliant l’avoit fait prendre pour ce qu’il est sergent, ce que n’avoit fait. Et ung certain jour, la chamberiere dudit Bozillon print debat et question a ung nommé Jehan, filz dudit suppliant, et tellement qu’elle feist venir deux siens freres qui, si n’eust esté une femme de ladite ville, eussent tué ledit Jehan, filz d’icellui suppliant, et lez tenoit en sa maison icellui Bozillon pour faire desplaisir et dommaige audit suppliant et ses enfans. Et depuis, ung jour, icelui Jehan s’en alla au boix pour querir une cherré de myne a fer et en son chemin encontra ledit Jehan Bozillon et Huguenin, son filz, ausquelx il dit qu’ilz tournassent leur cher pour le passer, ce qu’ilz ne voulurent faire pour faire desplaisir au filz dudit suppliant, et eurent lors des parolles injurieuses lez ungs contre les autres, et mist icelui Jehan, filz dudit suppliant, sa main sur ung petit cousteau qu’il avoit en sa saincture, sans le /76v°/ tirer hors de la gayne. Et lors ledit Bozillon et sondit filz lui demanderent s’il lez vouloit frapper de son cousteau, lequel Jehan dist que non et print sondit cousteau et le gecta au loing dedans ledit bois affin qu’il n’en frappa personne. Et incontinant ledit Huguenin alla prendre ledit cousteau que ledit Jehan avoit gecté et vint audit Jehan, filz dudit suppliant, et l’en frappa tellement qu’il lui persa le bras tout oultre. Et lors vint ledit Bozillon qui voulut coupper la gorge d’une sarpe audit Jehan, si n’eust esté ung sergent dudit Cosne, appellé Huet, qui l’empescha. Et aprés ces choses dessus dites faictes, ledit Jehan, filz dudit suppliant, estant en une nopce en ung villaige, appellé Vaulx, vindrent et arriverent illecques trois enfans dudit Bozillon, dont l’un est prebstre, et estoient embastonnéz de deux crenequins et ung espiet a billecte, et vindrent courrir sus au filz dudit suppliant tellement que force lui fust de s’en fouyr et le chasserent pour le cuidier oultraigier, comme il sera bien prouvé par les seigneurs et officiers de Cons. Et si sera bien prouvé que trois 209

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femmes genoiches que furent brulees audit Cons, a l’eure de la mort, prindrent sur leur dampnement que la femme dudit Bozillon estoit genoiche comme elles et qu’elle avoit cuidié faire mourir ung des enfans dudit suppliant si n’eust esté sa mere qui avoit fait le signe de la croix, et avoit mis et boutté la femme dudit Bozillon des estouppes et de la mousse dedans le corps dudit enfant qui les gecta dehors et fut ung jour sans parler, et maintindrent icelles genoiches a l’eure de leur mort a la femme dudit Bozillon que ce avoit elle fait, et pluseurs autres dommaiges qu’elle a fais audit suppliant et ses enffans. Or est ainsi que, depuis trois sepmaines ença, il y eust ung porc appartenant audit suppliant qui s’en alla en la grange dudit Bozillon, querant a mengier, et illec sourvint une nommee Agnes, fille dudit Bozillon, qui frappa ledit porc, et veant icelui Jehan, filz dudit suppliant, ledit porc, dist telz motz : « Si l’en tue les gens, que l’en tue lez bestes », pour ce que environ six sepmaines devant, il avoit eu sa femme morte, et tellement qu’ilz se prindrent de parolles et arriva illecques ledit Huguenin, filz dudit Bozillon, tenant ses deux mains a la dague et ung nommé Pierron, son frere, et aprés pluseurs parolles qu’ilz eurent ensembles, icelui Jehan, fils dudit suppliant, doubtant que lesdits Huguenin et Pierron ne l’outragassent pour ce qu’il l’avoit desja frappé, s’avanca et donna audit Huguenin deux copz de dague et s’entrebatirent tresbien tellement que icellui Jehan, filz dudit suppliant, fut fort nauvré en la teste. Et depuis que icelui Huguenin fut frappé vint audit suppliant, lui estant devant sa maison sans dague ne baston, et lui donna trois coups de dague, tellement qu’il le cuidoit /77/ avoir tué, duquel coup baillé par ledit Jehan, filz dudit suppliant, audit Huguenin et par faulte d’estre habillé, est allé de vie a trespas. Pour lequel cas ainsi advenu, ledit Jehan s’est rendu fugitif, doubtant rigueur de justice etc., attendu que, par informations, nous a esté apparu que ledit Huguenin et ses pere et frere ont esté aggresseurs, lui veullions nostre grace etc. Savoir faisons etc., lui avons quicté, remis et pardonné etc., satiffaction faicte civillement tant seulement a partie interessee se desja faicte n’est etc., imposons silence etc. Si donnons en mandement a nostre bailly de Sainct-Mihiel et a tous autres noz justiciers etc., qu’ilz procedent a la veriffication et interinement de ces presentes tant selon leur forme et teneur. Ce fait, le facent de noz presentes grace, quictance etc., joyr etc. En tesmoing etc. Donné a Nancy, le VIIe jour de mars mil IIIIc IIIIxx et dix. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun, abbé de Gorze, seneschal de Lorraine, bailliz de Nancy et de Sainct-Mihiel et autres presens. Cristien.

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112 1491, 31 mars - Nancy. Rémission accordée à Jean Boulanger, d’Offroicourt, coupable d’homicide commis un an et demi auparavant sur la personne de Thierry Mareschal, du même lieu, qui l’avait injurié et agressé. Copie, ADMM, B 4, f° 82.

René, etc., a touz etc. Savoir faisons que nous avons receue l’umble supplication de Jehan Boulanger, nostre subgiet de nostre ville de Ofraucourt, contenant que, environ a ung an et demy, ung nommé Thierry Mareschal, demourant audit lieu, par parolles contencieuses s’adressa audit suppliant, la main armee d’une espee, en presence de la justice du lieu, usoit de menasses de vouloir mutiller ledit suppliant, qui requist plussieurs foiz a la justice que l’en luy feist oster ladite espee, autrement n’estoit pas seurs de dire son droit par devant icelle justice. Lequel Mareschal fut refussant, quelque condission qui luy fust fait, et persevera par voye de fait en telle faczon qu’il frappa ledit suppliant de ladite espee plussieurs foiz et en telle maniere que ledit pouvre suppliant fut contrainct de resister ausdites euvres de fait et, pour reculler ung coup que ledit Mareschal voulut donner audit suppliant, tira sa dague, la mist devant luy et, de la furiosité qui estoit audit Mareschal, se bouta contre icelle dague en telle faczon que dudit coup icelluy Mareschal mourut. Pour lequel cas, des lors, ledit suppliant est fugitif de noz pays avecques sa femme et enffans, etc., et a ses biens en tant que avons tousché non confisquéz, sactiffation etc. Donné a Nanci, le jeudi absolu, darrain jour de mars IIIIxx XI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., madamme la duchesse presente. Chasteauneuf.

113 1491, 9 avril. Rémission accordée à Didier Macquart, de Cousances-les-Forges, qui, le 2 mars 1491, en s’opposant aux coupes de bois illicites que les habitants du village voisin de Chamouilley effectuaient, a tué Mathieu Maroye, dudit lieu ; ce dernier, fait prisonnier, avait blessé Didier en essayant de s’enfuir. Copie, ADMM, B 4, f° 82 v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste de Didier Macquart, jeune compaignon chargié de femme et de jeunes enfans, demeurant a Cousance en nostre bailliaige de Bar, avons receue contenant que, le IIe jour du moys de mars dernier passé, le maieur dudit Cousance fut adverty que les mannans et habitans de Chatmoullier estoient assembléz en communaulté et couppoient ung boix appartenant aux habitants dudit Cousance, pour quoy 211

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

feist le maieur dudit lieu assembler la plupart des habitans dudit lieu et leur remonstra que lesdits Chatmoullier couppoient leurs boix, en leur demandant qu’il estoit de faire ; lesquelx habitans adviserent par conseil ensembles qu’ilz appelleroient et mecteroient avec eulx gens estranges pour estre tesmoing de ce qu’ilz vouldroient dire et desclairer ausdits de Chatmoullier, ce qu’ilz firent et menerent sept hommes de divers lieux avec eulx pour estre presens. Et comme ilz furent en chemin et approucherent ledit boix, veans lesdits habitans de Chatmoullier qui estoient separéz et mis en deux bandes que lesdits de Cousance alloient contre eulx, se despartist l’une desdites bandes de Chatmoullier qui estoient couppant dedans ledit boix, delaisserent icelui et se tirerent arriere. Et neantmains ne peulrent tous iceulx estre si tost party d’iceluy qu’il y en eust ung prins, nommé Mathieu Maroye, qui fut amené prisonnier audit maieur de Cousance par aucun desdits habitans, lequel prisonnier fut mis en garde a aucuns d’iceulx et ne fut pas si bien gardé qu’il n’eschappast des mains de ceulx qui le gardoient et s’en fouyst droit a une femme qui tenoit une sarpe, laquelle il osta a icelle et en frappa ledit Didier qui le vouloit reprendre en la main gauche, en façon telle qu’il lui couppa le poulce ; quoy veant, doubtant ledit Didier qu’il ne l’outraigeast plus avant et en son corps deffendant, lui bailla d’une haiche qu’il tenoit en sa main ung coup en la poictrine, tellement que d’icelui coup ledit Mathieu tomba a terre et assez tost aprés alla de vie a trespas. Pour lequel coup s’est absenté icelui ensemble ses femme et enfans et n’oseroit retourner en noz pays, terres et seigneuries, etc. A icelui avons quicté, remis et pardonné etc., et l’avons quant a ce remis et restitué a sez biens non confisquéz, satiffaction etc. Donné le IXe jour d’avril mil IIIIc IIIIxx et XI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lez receveurs generaulx de Lorraine et Barroys, cappitainne de Bar et plusieurs autres presens. Boudet.

114 1491, 10 avril - Nancy. Rémission accordée à Chrestien, de Balléville, emprisonné pour avoir commis de nombreux vols dans cette localité ; il doit malgré le pardon ducal subir une punition corporelle. Copie, ADMM, B 4, f° 83 r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplication avecques le procés de ung nommé Chrestien, de Balleville pres Chastenoy, aaigé de environ XXIIII ans et puis ung an encza marié aiant femme et enffans, contenant que environ huit jours avant sa prinse, vit le musnier du moulin Bouton qui s’en alloit en sa maison, et ledit Chrestien s’en alla audit moulin, le trouva fermé, monta sur le toy par nuyt et entra audit moulin et print deux sacts de farine, tenant chascun sur ung vaisel, et les enporta par nuyt en sa maison, les mist sur 212

Corpus des lettres

son grenier, les cacha de foing. Et environ troys jours aprés il ouyt dire qu’on le menassoit de ladite farine, print ladite farine, la cacha en son lit et depuis la reprint et la cacha en ung moncel de pierres en sa maison, la ou l’a trouvee. Et en vaddanges darrenieres passees, il se partit par nuyt de sa maison et s’en alla en la coste du mesnil, en la vigne de son serouge, et y mena sa femme en luy disant que, se elle ne luy aydoit, il la batroit, et de fait luy et sadite femme, par contraincte de luy, vandangerent deux hotees de raisins, contenant environ ung vaisel, et les enporta en sa maison et depuis les rapporta ches sondit serouge. Avecques ce, en la moisson darrain passee, il se trouva ches son sire, le maire Mathieu, et par plussieurs foiz print des gerbes dudit maire Mathieu et les emporta en sa maison, jucques environ XII gerbes, et les mist avecques les siennes ; encores en ladite maison il print ou journal de son serouge, Gerard Mathieu, IIII gerbes d’orge. Plus se trouva en la maison de Jehan Michiel, de Plain-Fons, il y a environ ung an et demy, et leva avecques le male de une hache les bandes de ung estuy et y print XII pieces d’or, esquelles il y avoit IIII escuz d’or au souleil et huit florins d’or de II frans piece et XXV targes de Bretaigne de IX blans piece. Dit encores qu’i se trouva en une chambre qui est a son sire, audit Bolleville, et monta par dessus ung mur et entra en la maison de son voisin, nommé Claude Bricquart, ouvrit une hugette et /83v°/ print ung linceul, le porta vendre a Vischery et en receut XVIII blans, encores audit lieu de Vischery ung tourtel de suif qu’estoit en une baxasse par jour de marché et le vendit III gros ; item encores print oudit moulin Bouton deux enviaulx, une arpette de charpentier et ung coutel a deux manches, et les cacha hors dudit molin enpres unes saulee. Pour lesquels cas etc., monseigneur le duc luy a pardonné et remis, que es presences de son bailly de Vosges, et il soit batu de verges en la prinson. Donné a Nancy, le Xe jour d’avril, l’an mil IIIIc et IIIIxx et XI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun, bailli de Saint-Mihiel, seigneur de Donmartin et autres presens. Crestien.

115 1491, 12 avril - Nancy. Rémission accordée à Husson Bidault, cordonnier, de Neufchâteau, emprisonné dans cette ville, coupable de vols commis le 4 avril 1491 au marché de Vicherey. Copie, ADMM, B 4, f° 84v°-85.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplication, avecques le procés de ung nommé Husson Bidault, fils de feu Mengin Bidault, en nostre ville du Neufchastel, contenant que nonobstant que, depuis que c’est marié audit Neufchastel, il ait continuellement ouvré et besongné de son mestier de cordoinnier, neantmoins il n’ait peu gouverner ses femme et enffans ne paier 213

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

les debitz de ladite ville sans faire des debtes envers aucuns dudit Neufchastel, et quant les termes que ses creanciers luy avoient donnéz ont esté passéz, voyant qu’il n’avoit de quoy les paier ne soy acquiter de sa promesse et que par ce il perdoit son credit, principallement envers ung nommé Jehan Coureur pour quatre frans et huit gros qui luy doit, il s’en allast au marché a Vischery, le lundi prouchain d’aprés Pasques commançant darrain passé, pour y cuider vendre cinq ou VI paires de souliers qu’il avoit, et pour sercher s’il pourroit trouver aucun qui le vousist ayder de quelque chose pour contenter ledit Jehan Coureur desdits IIII frans et VIII gros, et ne trouva faczon de faire sa finance. Et soy voyant en ceste neccessité exstreme, doubtant le danger des amandes que par deffault de paiement sesdits creanciers le mectroient, il s’abandonna et couppa deux bources, de ung petit couteau qu’il avoit, de deux femmes /85/ estans lors en la halle dudit Vischery, pansant y trouver argent pour contenter ledit Jehan de Vischery desdits IIII francs VIII gros ; et incontinant qu’il eut couppé la seconde bource, la femme a qui elle estoit s’en apparceut devant qu’il eust regardé s’il y avoit aucune chose en la premiere, il fut si esperdu et meu de peur qu’il laissa cheoirs a terre lesdites deux bources sans avoir regardé en icelles. Pour lequel cas, il fut prins et constitué prinsonnier audit Vischery et, le mardi ensuivant, les maire et justice dudit Neufchastel l’ont requesté et amené prinsonnier audit lieu, auquel il est rudement detenu et en danger de sa personne si nostre graice etc. Donné a Nancy, le XIIe jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et unze. Signé René. Par monseigneur le duc, les seigneurs de Cipieres et de Dommartin, Françoys de Raze, maistre des requestes, et autres presens. Crestien.

116 1491, 18 mai - Gondreville. Rémission accordée à Didier et Perrin Paigot, frères, marchands de Bazoillessur-Meuse, coupables d’homicide commis le 28 mars 1491 sur la personne de Jean Larmet, de Clinchamp, qui les avait agressés dans une taverne de Neufchâteau. Copie, ADMM, B 4, f° 95 r°-v°-96.

René, etc., a touz etc. Receu avons l’umble supplication de Didier Paigot et Perrin Paigot, freres demeurans a Bazoilles en la seigneurie de feu Loys des Hermoises, seigneur d’Autrey, contenant que, le grant lundi de Pasques flories mil IIIIc IIIIxx et dix dernierement passé, qui estoit jour de foire de nostre ville du Neufchastel, iceulx supplians, qui sont marchans, s’en allerent a la foire dudit Neufchastel avecques pluseurs autres marchans dudit Bazoilles et allerent disner chez Demengot Massenot, sergent de bailly et tavernier dudit Neufchastel, c’est assavoir lesdits supplians, Jehan Carlot, Perrenot Brochart, Jehan Liebault, Jehan Alardin, Perrard, Jehan Payen, Perrin Jaudenot et aultres, tous dudit Bazoilles, jusques au nombre de XI personnes, lesquelx, aprés qu’ilz 214

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eurent disné, compterent leur escot ; aprés lequel escot compté, la pluspart des dessus dits se departirent et s’en allerent en la foire. Et demeurent lesdits supplians et Perrin Jaudenot qui firent encores venir une pinte de vin et, ainsi qu’ilz buverent ladite pinte de vin, survint sur eulx ung nommé Jehan Larmet, dit la Grainne, demeurant a Clinchampt, acompaignié de trois ou quatre hommes de Clinchamps, qui incontinant se print de parolles /95v°/ rigoureuses audit Perrin Paigot, suppliant, disant que ledit Perrin avoit esté a retrouver ses bestes et qu’il avoit mal fait et qu’il luy en souviendroit, auquel ledit Perrin respondit qu’il ne lez avoit pas retrouvees que par ordonnance de justice et n’avoit fait chose en ce qui ne fust bien de faire, a quoy ledit Jehan Larmet respondit que non avoit et que ledit Paigot en avoit meschamment fait, a quoy ledit Perrin Paigot respondit disant que ledit Larmet mentoit ; « Mens tu ? », dit ledit Larmet audit Perrin Paigot, disant que, s’il le desmentoit, il lui monstreroit qu’il faisoit mal, en mectant la main a sa dague. Sur lesquelles parolles ainsi dictes, ledit Jehan Larmet frappa d’un coup de poing ledit Perrin Paigot ou visaige et lui feist sang tellement qu’il le feist cheoir a terre, et recouvra encores d’un coup de poing sur ledit Perrin. Quoy veant ledit Didier, frere dudit Perrin Paigot, qui estoit de l’autre part de la table, se leva et vint audit Jehan Larmet et le frappa d’un coup de poing et ledit Larmet lors embrassa ledit Didier et le rua par terre ; adoncques ledit Perrin se releva et courrut ausdits trois de Clinchampt et leur osta leurs dagues, affin qu’ils n’en blessassent ledit Didier et luy, et lesdites dagues gecta sur ung lit pour ce que ledit Didier n’avoit ne cousteau ne dague. Quoy veant, ledit Perrin Jaudenot se mist entre deux pour les cuider departir mais il n’y peust mectre remede, pour quoy s’en alla hors dudit hostel. Et ce fait, ledit Perrin Paigot, veant que ledit Jehan Larmet tenoit ledit Didier, son frere, soubz luy avoit cuidié coupper la gorge, mais il ne le peust attaindre synon qu’il lui persa le leffre a la gorge dessoubz, vint audit Larmet disant : « Ha trahitre, le tueras tu ? », et d’un cousteau qu’il avoit frappa ledit Jehan Larmet deux coupz es cuisses et, ce fait, tous s’en fuyrent et demeura ledit Larmet en ladite maison. Laquelle chose ainsi faicte venue a la congnoissance des maire et justice dudit Neufchastel, se transporta par devers ledit Jehan Larmet pour le visiter et savoir qui l’avoit ainsi battu et blessé, qui dit que ce avoient fait lesdits supplians, meismement ledit Perrin Paigot, et se plaingnoit de luy de peril de corps, pourquoy icelui Perrin fut prins et constitué prisonnier en noz prisons dudit Neufchastel. Et ce fait, ledit Jehan Larmet fut mis a point par ung nommé Jehan de Mirecourt, barbier et le meilleur cirurgien dudit Neufchastel, et le mardi l’andemain matin fut de rechief mis a point par icelui cirurgien, lequel aprés qu’il eust veu et visité les playes dudit Larmet et mises a point, dit qu’il n’y avoit aucun dangier de mort et qu’il asseuroit ledit Larmet qu’il n’en mourroit point ; et ainsi le certiffia lors, et encores le jour du grant vandredi depuis a la justice dudit Neufchastel par serement presens pluseurs notables gens, pourquoy lesdits Jehan Larmet, sa femme, ses freres, ses parens et amis appoincterent audit Perrin Paigot touchant ladite batture et 215

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

blesseure, c’est assavoir que ledit Jehan Larmet eust dudit Perrin Paigot la somme de vingt frans, et pour ledit Jehan de Mirecourt neuf frans pour l’interest dudit Jehan Larmet et les dommaiges qu’il avoit a cause de ladite batture. Au moyen de quoy, icelui Jehan Larmet mit jus son plaintif de peril de corps et y renonca et pardonna audit Perrin l’offence et l’outraige qu’il luy avoit fait en eulx criant mercy l’un a l’autre et pardonnant toutes offenses et mectant jus toutes haynnes. Neantmains ledit Jehan Larmet, qui estoit homme de voulenté, se mit hors des mains dudit Jehan de Mirecourt et se fit mener et charroier audit Clinchampt /96/, ou il a des ledit Neufchastel environ cinq lieues, de quoy il fut fort grevé ; et encores lui venu audit Clinchamps, ne fut pensé ne mis a point que par sa femme qui ne s’i congnoissoit et le povoit plus nuyre que aydier, dont il fut moult fort empiré, et tellement que sadite femme ne autres ses parens et amis n’y sçavoient plus remede fors d’envoier querir ung cirurgien qui depuis le gouverna par aucuns jours en façon que lesdites playes furent trop tost reclouses et que il a faillu fendre et ouvrir sa cuisse, en quoy faisant lui fut couppee une vainne qu’on ne peust depuis estainchier, sinon a force de restrainctifz qui y mirent le feu, et tellement que ledit Jehan Larmet, par faulte de gouvernement et autrement, le jour de la Sainct George ensuyvant, alla de vie a trespas. Pour lequel cas lesdits supplians, doubtans rigueur de justice, etc. Savoir faisons que nous, inclinans a l’umble supplication desdits supplians etc., quictons, remectons et pardonnons le cas de crime tel qu’il est dessus declairé, pourveu qu’il soit tel et que lesdits supplians n’ayent par autreffois fait ou commis autre cas digne de reprehention ou de pugnicion, avec toute painne et amende etc., satiffacion faicte civillement tant seulement a partie interessee etc., et sur ce imposons sillence etc., mandement au bailly du Bassigny et tous autres noz justiciers etc. Donné en nostre palas de Gondreville, le XVIIIe jour de may mil IIIIc IIIIxx et unze. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le seigneur de Razey et le maistre dez requestes presens. Crestien.

117 1491, 12 août - Lunéville. Rémission accordée à Jacquemin le Grant Veel et Mengin le Cordier, tous deux de Longwy, qui ont eu peur d’être considérés comme complices d’hommes de la garnison de Sedan, commandée par Robert de La Marck, ennemi du duc de Lorraine, à laquelle ils avaient fourni des vivres ; le 22 mai 1491, des membres de cette garnison avaient agressé un homme de Longwy et avaient été arrêtés. Copie, ADMM, B 4, f° 103r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication de Jacquemin le Grant Veel et Mengin le Cordier, natifz de nostre ville de Lonwy, josnes gens chargéz de josnes femmes et enfans, avons receue contenant que, la premiere feste 216

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de Penthecoste dernier passé, ung nommé Gillet le Houppier vint audit Lonwy ou par autrefois il avoit demeuré et monstré a aucuns la maniere de faire servoise, meismement audit Grant Veel, lequel requist lesdits remonstrans supplians d’aller boire avec lui une quarte de vin, ce qu’ilz lui accorderent ; et eulx estans a table aprés le boire, icelui Gillet, adressant sa parolle audit Mengin, lui demanda se lez Ardenois et Allemans allerent pour querir bléz audit Lonwy, lequel dist que ouy en l’interrogant pour quoy il le demandoit, lequel Gillet respondist que c’estoit pour ce qu’il estoit de guerre a eulx. Lors ledit Mengin lui dist : « Comment de guerre ? Monseigneur le duc est il de guerre ? ». Lequel lui respondist : « Ne te chaille, j’ay bon maistre et se tu veulx je te feray gaingnier ung bon pot de vin », lequel respondit : « Il n’y a chose que on ne peust faire, mais que je sceusse comment ». Adoncques icelui Gillet lui dist qu’il estoit a messire Robert de La Marche et de sa garnison de Sedan, et que s’il le vouloit aydier et faire quant lesdits Ardenois seroient audit Lonwy, il le payeroit bien ; et demanda lors audit Grant Veel s’il en vouldroit estre, lesquelx lui consentirent pour ce qu’il leur sembloit qu’ilz estoient cause du renchierissement des bléz, et aussi pourtant qu’ilz avoient esté du party de ceulx de Metz en la guerre derniere contre nous. Aprés laquelle conclusion se departirent de la taverne, et le landemain encores se retrouverent et leur demanda de rechief ledit Gillet s’ilz tiendroient coup, lesquelx respondirent que ouy. Et huict jours aprés, assavoir le mercredi, veille du Sainct Sacrement, le marchié estant audit Lonwy, revint ledit Gillet audit lieu de Lonwy parler ausdits exposans et leur dist qu’il avoit amené avec lui quatre gentilz compaignons qui estoient bien pres d’illecques, et aprés ce qu’ilz eurent beu s’en allerent ensemble et prindrent dez oeufz, pain et une quarte de vin qu’ilz porterent ausdits compaignons, ausquelx ilz disrent qu’ilz estoient /103v°/ mal illecques et devroient aller dedans le pays le Luxembourg tendre, mais de ce ne tindrent compte et disoient qu’ilz estoient mieulx pour estre plus pres d’eulx et ouyr nouvelles. Et de fait leur baillerent ung ducat pour leur achetter vivres et les fournir, ce qu’ilz firent ledit mercredi, jeudi et vandredi ; mais le sabmedi matin vint nouvelles audit Lonwy qu’ilz avoient rué jus ung homme de la prevosté, pour quoy incontinant ledit Grant Veel s’en alla vers eulx noncer qu’ilz s’en allassent autrement ilz seroient prins et perduz, et a icelle heure s’en partirent du lieu mais la nuyt furent prins par lez officiers de Marville. Ce que venu a la congnoissance desdits exposans, doubtans que la converçation qu’ilz avoient fait avec eulx ne leur fust tournee en crisme, se sont renduz fugitifz de noz pays et ont laissé leurs femmes et enfans pouvres et en grant mendicité, et n’osent retourner sans avoir de nous dudit excés, qui a esté commis plus par ignorance que de malice, pardon, dont treshumblement nous ont supplié et requis, et que actendu que jamais ne feisrent ne commisrent autre villain cas, et que, a l’occasion de ce que lesdits Ardenais faisoient remonter lesdits vivres et que avoient tous jours fait la guerre sur noz pays et favoriséz ceulx de Metz contre 217

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nous, ilz ne pensoient meffaire, et si nous ont iceulx supplians servy en ladite guerre especialement en la journee du Pont Gabillon, que de nostre benignité nous plaise leur remectre et pardonner ledit cas en leur baillant noz lettres de grace affin qu’ilz se puissent retirer soubz nous et ilz se garderont d’ores en avant de meffaire. Savoir faisons etc., in forma. Donné a Luneville, le XIIe jour d’aoust mil IIIIc et IIIIxx et XI. Signé René. Par monseigneur le duc, les seigneurs de Salbruche, capitainne de la garde, receveurs generaulx de Lorraine et Barrois et autres presens. Cristien.

118 1491, 25 août - Nancy. Rémission accordée à Jean Morel, d’Ollainville, emprisonné à Châtenois, coupable d’homicide commis sur la personne de Jean Symon avec lequel il s’est querellé à propos d’une affaire d’héritage. Copie, ADMM, B 4, f° 106r°-v°-107.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplication de Jehan Marel, d’Ollanville en nostre prevosté de Chastenoy, contenant que comme de long temps passé ung nommé Jehan Symon et luy ont esté en grant hayne et rancure a l’occasion des grans griefz et dommaiges que iceluy Jehan Symon luy faisoit et pourchassoit de jour en jour de luy oster et faire perdre ses heritaiges, comme le tout se pourra prouver si nostre plaisir est d’en faire faire informacions, et comme il soit que journee estoit asignee entre eulx pour mener gens sur certain lieu dont ilz estoient en differant, et que ledit suppliant estoit allé a Chastenoy pour trouver aucun enparlier pour porter sa parolle et pour luy conseiller, au quel lieu n’y eut oncques personnes pour or ne pour argent qu’i leur presentast qui le vousist conseiller ne porter sa parolle a l’encontre dudit Jehan Symon, tant estoit iceluy Jehan Symon craint et doubté de toutes gens pour la grant mauvaitié qu’estoit en luy et qu’il faisoit tort a ung chascun, lequel suppliant, tresfort mary et desplaisant de ce qui ne povoit trouver nulz enparliers ne personne pour luy conseiller, comme dit est, se mist au chemin pour luy en venir en son hostel. Et comme il s’en retournoit et qu’il vint sur le ruy pres de Darny, trouva ledit Jehan Symon, qui avoit bien beu et estoit plain de vin, lesquelx se prindrent a cheminer ensemble et en cheminant qu’ilz faisoient eurent plussieurs parolles arrogantes et rigoreuses l’un contre l’autre, especialement ledit Jehan Symon disoit de grandes injures et vilanies audit suppliant pour luy couroser et eschauffer, comme de le deffier /106v°/ par plussieurs foiz et luy dire que, s’il le batoit, qu’i lui pardonnoit et que jamés n’en feroit aucun plaintif ne doleance et plussieurs autres parolles, et que en despit de son visaige ne raroit point son heritaige et qu’il en fist du pis et du mieulx qu’i sauroit. Lequel 218

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suppliant, soy voyant et oyant ainsi vituperé et injurié par ledit Jehan Symon, avecques ce que desja estoit courosé et mary de ce qu’il n’avoit peu trouver enparlier ne personne pour le conseiller, et par mauvais ennortement de l’ennemy, leva ung petit baston de couldre qu’il avoit, qui estoit environ comme ung paisseau de vigne, et en frappa ledit Jehan Symon sans luy faire playe ne naufreure, lequel Jehan Symon, qui estoit plain de vin comme dit est, cheut a terre et demoura la toute la (n)nuyt ou il mist hors de son corps tout le vin qu’il avoit beu, ainsi qu’il l’avoit prins sans gueres de corruption, auquel lieu fut en froidure et morfondu. Et quant il fut ches luy, parloit bien et fermement et ne sambloit aucunement avoir mal de mort, aussi n’avoit nulle blesure ne naufreure quelconques qu’on sceust a prevoir, et neantmoins, a l’occasion de la grande froidure qu’il avoit eue la (n)nuyt, comme dist est, en alla de vie a trespas. Par quoy la femme et les parens d’iceluy Jehan Symon ont fait mectre la main audit suppliant et detenu prinsonnier audit lieu de Chastenoy, ou on a fait faire son procés. Et affin de trouver plus grande occasion de le faire mourir, la femme dudit Jehan Symon nous a donné a entendre que ledit suppliant a tué et meutry iceluy pour avoir son argent, et deffait icelle femme estant seulle a prins le charnier dudit Jehan Symon et luy osta de sa courroye et prins dedans ce que bon luy /107/ a semblé, et prins en presence de plussieurs gens iceluy charnier disant qui n’y avoit riens dedans et que ledit suppliant l’avoit prins et widé, ce que jamés ne fist ne pansa, qui est chose piteuse pour ledit suppliant qui a grant charge de petiz enffens et sa femme grosse d’enffant pres du terme d’enffanter, et lequel est bon simple preudhomme qui jamés ne fist mal ne desplaisir a personne, et de bonne femme et de bonne nommee sans jamés avoir esté actaint d’aucun villain cas, qui nous a bien et leaulment servy durant la guerre de Mets et partout ailleurs, la ou il a esté de neccessité, et ledit Jehan Symon en tout son vivant a esté du contraire et touz jours esté de vie detestable et mauvaise, juré parjure et regnieur de Dieu et des saints et saintes, et porté grant dommaige a plussieurs grant persones. Informéz a la verité si nostre plaisir est en faire faire informacions et enquestes, sy retourne ledit suppliant devers nous, treshumblement suppliant ou nom de la tresglorieuse passion de nostre seigneur Jhesucrist, de la doulce vierge Marie, sa mere, que nostre plaisir fust luy pardonner iceluy offence et considéré etc. Savoir faisons etc., sactiffacion faicte a partie civillement etc. Sy donnons en mandement etc. En tesmoing etc. Donné a Nancy, le XXVe jour d’aoust l’an mil IIIIc IIIIxx et unze. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les bastard de Calabre, abbé de Gorze, monseigneur Hanry de Gondrecourt et autres presens. Crestien.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

119 1491, 25 août - Nancy. Rémission accordée à Bertrand de Condé, coupable d’homicide commis le 23 juillet 1491 sur la personne d’Arnoul, son page, qu’il avait battu pour le punir de son retard. Copie, ADMM, B 4, f° 159 r°-v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplication de nostre amé et feal Bertrand de Condey avons receue contenant que, le XXIIIme de juillet darrain passé, luy estant sur son partement d’aller dudit Condey a Toul, avoit lors ordonné a ung sien paige nommé Arnoul qu’i s’en tirast devant et qu’i l’atendist au bateau de la riviere, et tellement que, quant ledit Bertrand cuida trouver sondit paige audit bateau comme ordonné luy avoit, ne le trouva pas et fut en iceluy bateau environ une heure actendant ledit paige, lequel entra oudit bateau. Et lors ledit Bertrand son maistre, qui estoit sur son cheval, meu et troublé de la longue actente qu’il avoit faicte de sondit paige, desendit de pied et de sa dague foureau et tout qu’il tenoit en sa main frappit ledit paige de hault coup ; en faisant iceluy coup saillit ledit foureau et demoura ladite dague nue, sans que ledit Bertrand s’en apperceust tellement estoit meu et troublé. Quoy voyant par ledit paige il frapit son cheval des esperons, alors luy donna ledit Bertrand tout subitement sans soy boger ung estoc de ladite dague, cuidant que ladite dague fust dedans ledit foureau, et d’iceluy coup d’estoc luy fist une petite playe en la fesse, comme ledit Bertrand le vouldroit jurer et prouver par les pontonniers estans oudit bateau. Item vouldroit aparoir et prouver par le barbier, qui l’a eu en gouvernement l’espaice de troys sepmaines et troys jours, qu’il n’eust pas mort d’iceluy coup et qu’il n’estoit mortel si autres inconveniens de maladie ne luy /159v°/ eussent sourvenu comme esprinsons, fievres et autres maladies et mesmement l’infirmité de la peste, luy vivant, regnant audit Condey, lequel paige avant sa mort pardonna sa mort audit Bertrand par plussieurs foiz, disant que c’estoit par sa faulte et aussi qu’il savoit bien que sondit maistre ne le cuidoit pas blesier. Et fut present le pere dudit paige, le curé, maire Didier Maillet et plussieurs autres gens de bien etc., nous benignement suppliant etc. Savoir faisons etc., mesmes a la priere et requeste des ambaxadeurs du roy, etc. En tesmoing etc. Donné a Nancy, le XXVe jour d’aoust IIIIxx et XI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., le bastard de Calabre, l’abbé de Gorze, messire Hanry de Gironcourt et autres presens. Crestien.

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120 1491, 27 octobre - Neufchâteau. Rémission accordée à Nicolas Cachert, garde-champêtre de Vigneulles, coupable d’homicide commis sur la personne de Nicolas Bourguignon qu’il a frappé car celui-ci laissait divaguer des bœufs sur les labours. Copie, ADMM, B 4, f° 119v°-120.

René, etc., a touz etc. Receu avons l’umble supplication de Nicolas Cachert, de Vigneulles, banwart de ladite ville, contenant que ung jour passé est advenu que ledit Nicolas trouva ung appellé Nicolas Bourguegnon, natif d’estrange pays, qui gardoit les beufz de ladite ville, passant parmy les labours pour semer les bléz ceste presente annee, dont ledit Nicolas remonstra doulcement audit Bourguegnon qu’i faisoit mal de faire passer lesdites bestes parmy lesdits labours et qu’il se gardast bien d’ores en avant qu’i n’y retournast plus, autrement il le gaigeroit ; lequel Bourguegnon, come sur et orgueilleux, obstiné en mauvais erreur, respondit audit banwart qu’il y passeroit et reviendroit toutes et quanteffoiz qu’i luy plairoit maulgré qu’il en eust et en despit de son visaige, disant en oultre audit banwart qu’il estoit coquin et meschant homme. Adont ledit banwart, oyant et voyant soy oultraiger sans nulles desertes ne causes deues, ne peult souffrir ne endurer telle injure ne villanie, ains vint a luy et le frappa de chaude colle avecques son baton de banwart non ferré ung coup seulement sur la teste, ung autre coup sur les cuisses et ung autre coup sur les rains. Se fait, ledit Bourguegnon s’en vint plaindre au maire de ladite ville et depuis retourna querir lesdites bestes /120/ aux champs et les ramena et s’en alla encores depuis batre du blé a journee en l’ostel du doyen, et tellement se eschauffa en batant que rompit journee et s’en vint en son hostel, la ou n’avoit point de feu, dont se refroidit et mourut le jour propre pour ce que ne fut point adoubbé ne mis a point. Pour lequel cas, ledit suppliant c’est absenté de noz pays et seigneuries esquelx il n’ouseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons etc. Donné au Neufchastel, le XXVIIe d’octobre IIIIxx XI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les baillifz de Bar et du Bassigny, seigneur de Pierreffort, procureur de Bar et autres presens. Crestien.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

121 1492 (n. s.), 19 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Huyon Malcolin, laboureur de Bulainville, coupable d’homicide commis le 15 janvier 1492 sur la personne de son frère Colin à la suite d’une querelle au cours d’un repas de famille. Copie, ADMM, B 4, f° 126v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplication des femmes, parens et amys de Huyon Malcolin, laboureur demourant a Bullainville, avons receue contenant que, dimenche darnier passé aprés la messe environ l’heure de onze heures devant midi et avant que disner, le maire Humbert dudit Bullainville et les autres parens et amys de Denys le Rouyer, de Mesnille en Verdenois, se trouverent en la maison d’une nommee Michelette, vesve de feu Didier le Camus, demorant audit Bullainville, et en parlant du mariaige que l’en esperoit faire dudit Denys avecques ladite Michelette, ung nommé Colin Malcolin, frere d’icelle Michelette qui illecques estoit present, se print a injurier icelle Michelette, sa seur, en la appellant truande, ribaulde, paillarde, desquelles injures ledit maire Humbert, qui avoit esté cause de faire ledit mariaige, fut tres malcontent et dist a ung nommé Jehan Paon, cousin dudit maire, qu’il luy allast dire qu’il ne vint point au jour qu’ilz avoient prins pour fiancer, car il cuidoit avoir marié leur parent a une bonne femme et de bon renon, et il veoit bien le contraire par sondit frere mesme. Et lors, quant ledit Huyon, frere desdits Colin et Michelette, qui estoit a son huys devant joingnant a la maison d’icelle Michelette, ouyt ledit Colin qui injurioit et villennoit leurdite seur sur les honneurs, car elle devoit fiancer ledit Denys le mardi prochain ensuivant, en fut tres desplaisant et couroucé contre ledit Colin en lui remonstrant tout gracieusement par telz motz : « Tu ne dis pas bien, nous n’avons que une seur et tu la blasme en ce point », a cause de quoy debat se meust entre eulx et lui dit ledit Colin : « En veulz tu parler ? Je n’en feroye rien pour toy ». Et alla en sa maison icelluy Colin qui y print ung braquemart et comme il vouloit aller courir sus audit Huyon, son frere, sa femme et ung jeune filz nommé Jainctin l’empongnerent et le tindrent le plus qu’ilz peurent, et quant ilz vidrent qu’ilz ne le povoient plus tenir, ilz cryerent audit Huyon qu’il se tirast arriere car ilz ne le povoient plus tenir, et en ce disant trouverent maniere de lui oster sondit bracquemart. Et adoncques, quant il vit qu’il n’avoit plus de baston et estoit desaisy de sondit bracquemart, il tira ung cousteau que ledit Jainctin avoit pendu a sa sainture et, tenant icelluy cousteau tout nud en sa main, leur eschappa et s’en fouit droit audit Huyon, qui estoit sur le fumier devant son huys, et en courant ledit Colin rencontra son frere Jennin Malcolin, present audit debat, qui le cuida encor assier et tenir pour ayder a deffaire ledit debat, mais il n’eust pas la force de le tenir et lui eschappa, et s’en alloit tout droit avecques ledit cousteau nud courir sus audit Huyon, qui tenoit une busche de boys en sa main 222

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sur ledit fumier, et le tenoit ung sien compere nommé Jehan Massart. Et quant ledit Huyon vit venir a lui ledit Colin, son frere, dit audit Jehan Massart son compere qu’il le lassast aller car il lui veoit tenir ledit cousteau nud et venir devers lui, et le congnoissoit bien qu’il estoit de mauvais affaire et s’il povoit luy feroit desplaisir, et en ce disant ledit Huyon echappa des mains dudit Jehan Massart, son compere, qui ne le peust plus tenir, et de ladite bille de boys qu’il tenoit, de prime face qu’il vint audit Colin, lui donna ung coup sur la teste tellement qu’il le fist tresbucher et cheoir par terre, a l’occasion duquel coup mort s’en est ensuye et est allé ledit Colin de vie en trespas et jamais depuis ne parla. Pour lequel cas, ledit Huyon s’est absenté de noz pays et rendu fugitif, doubtant rigueur de justice, nous suppliant luy remectre, quicter et pardonner ledit cas ainsy advenu, ensemble toute amende tant corporelle, criminel que civile, en quoy il pourroit estre encouru envers nous. Savoir faisons etc. Donné en nostre chastel de Bar, le XIXe jour de janvier, l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et XI. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, bailli de Bar et de Cleremont presens Guillaume Durat.

122 1492 (n. s.), 10 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Dieudenet Habart, de Nouillompont, coupable d’homicide commis le 1er mars 1492 sur la personne de Marguerite, jeune fille de 12 ans, qui s’était enfuie alors qu’elle était à son service. Copie, ADMM, B 4, f° 135r°-v°-136.

René, etc. Savoir faisons a tous, presens et advenir, avoir receu l’umble supplication de Dieudenet Habart, jeune compaignon chargié de femme et trois petiz enffans, demeurant a nostre ville de Nouillompont, chastellenie d’Arrency et prevosté de Marville, remonstrant que, depuis environ dix sepmainnes ença, ung nommé Claust, natif du villaige appellé Balbus en Allemengne, marié a la cousine germaine dudit suppliant, s’en estoit allé audit lieu de Nouillompont et y mene une sienne fille, nommee Marguericte, aaigee de XII ans ou environ, et pria audit suppliant, pour ce qu’il estoit fort chargié d’autres enffans, qu’il print ladite Marguericte et la nourrist pour l’amour de Dieu jusques a six ou sept ans et qu’il s’en servist en son hostel, et que ledit suppliant avoit esté content faire pour ce qu’elle estoit sa parente prochaine, et y avoit demoré par l’espace de six sepmainnes ou environ, et jusques au premier jour de mars derrain passé que icellui suppliant, lui estant au bois ou il estoit allé pour faire de la buche, icelle Marguericte, environ l’eure de midi, s’estoit partie de l’ostel dudit suppliant ou estoient lesdits enffans et sans dire mot a nulluy ne sans occasion, s’en estoit allee dudit Nouillompont en unc autre villaige nommé Remenoncourt, distant d’environ demie lieu dudit Nouillompont. Et incon223

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tinant aprés ce qu’elle avoit esté partie dudit villaige, la femme d’icellui suppliant, qui venoit de mectre a point ses bestes et faire son mesnaige, commença a sercher icelle Marguericte et la sercha jusques ad ce que ledit suppliant, son mari, feust retourné dudit bois en son hostel, auquel elle dit que ladite Margueritte s’en estoit allee dudit hostel, ne sçavoit ou, et l’avoit grant piece serchee mais elle ne l’avoit peu trouver, et estoit environ trois heures aprés midi. Lors icellui suppliant, couroucé de ce que ladite Margueritte s’en estoit allée de sondit hostel, l’ala sercher par les champs et en pluseurs villaiges circonvoisins dudit Nouillompont, ou il ne la trouva pas, et s’en alla audit Remenoncourt. Et comme il entroit dedans ledit villaige, encontra ung nommé le Mannaix Pierre auquel il demanda s’il avoit point veu une petitte fillecte de l’aage d’environ XII ans, lequel Mannais Pierre respondit qu’il en y avoit une en son hostel, ne sçavoit a qui elle estoit et disoit qu’elle estoit de devers Virton. Adoncques icellui suppliant entra en l’ostel dudit Mannais Pierre et trouva ladite Margueritte assise au feu avec les enffans dudit hostel, a laquelle Marguericte ledit suppliant dit telles parolles : « Mauvaise gloucte ! pourquoy en ez tu venue, par dieu tu en seraz battue ». Et ainsi comme ledit suppliant parloit audit Mannais Pierre et a ung nommé Menget Lechat, icelle Margueritte s’estoit partie dudit hostel et s’en estoit allée derriere icellui, et ainsi qu’elle cuydoit entrer par l’uiz deriere pour elle caicher, ledit suppliant l’encontra /135v°/ et, d’un petit baston de la grosseur d’un doy qu’il tenoit en sa main, la frappa deux coups sur la teste et ung au travers des rains. Et ce fait, luy dist qu’elle cheminast en lui monstrant le chemin dudit Nouillompont, laquelle fist semblant de cheminer, et comme ledit suppliant s’arresta et qu’il parloit a aucuns de ladite ville qui estoient illecques, ladite Margueritte s’en alla musser dedans une haye et tellement que ledit suppliant ne sceust qu’elle devint et si, en la serchant, il ne l’eust oye plorer dedans icelle haye, ne l’eust peu trouver par ce que ladite haye estoit si forte que l’en n’y povoit a peine entrer, et estoit heure de complie par quoy l’en ne veoit gueres du jour, laquelle ledit suppliant tira hors de ladite haye par le pied pour ce qu’elle ne se povoit ravoir. Et quant elle fust hors d’icelle haye, dit qu’elle estoit malade et ne sauroit cheminer, lors ledit suppliant l’avoit prinse et l’a rappourtee audit lieu de Nouillompont en sa maison et l’avoit mise aupres du feu et l’a fait pencé au mieulx qu’il avoit peu. Et nonobstant, le lendemain, environ huit heures au matin, qui estoit venredi, estoit allee icelle Marguericte de vie a trespas, tant par la grande froidure qu’il faisoit lors aussi que desdits coups que autrement. Pour lequel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’estoit rendu fugitif et absenté de noz pays esquelz il n’ozeroit jamais retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, humblement suppliant, actendu que du passé a esté tous jours de bon fame et renommee et honneste conversation sans avoir esté actainct d’aucun autre villain cas, blasme ou repproche, nous vueillons sur ce impartir nosdites graces et misericorde. Pourquoy nous, ce que dit est consideré, desirant misericorde estre preferee a rigueur de justice, de nostre certaine 224

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science, grace especiale, puissance et auctorité, avons audit suppliant remis, quicté et pardonné, et par ces presentes pardonnons, quictons et remectons les cas, crime et offense dessus dits, avec les peines corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encorru et escheu envers nous et justice, et le remectons et restituons a ses bon fame et renommee au pays et a ses biens non declairéz confisquéz, et imposons sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general et autres noz officiers, satiffacion faicte a partie premiers et avant toucte oeuvre civillement tant seullement si faicte n’est. Sy donnons en mendement par cesdites presentes a nostre bailli de Sainct-Mihiel ou son lieutenant et a tous autres noz justiciers, officiers, subjectz de nostredit duchié de Bar que de noz presente grace, quictance, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ou cas dessus dit icellui suppliant joyr et user plainnement et paisiblement, sans lui faire ne donner ne souffrir estre fait mis ou donné aucun empeschement ou destorbier au contraire, car tel est nostre plaisir, et audit suppliant l’avons octroyé et /136/ octroyons de grace especial. Et afin que ce soit chose ferme et estable a tous jours, nous avons a cesdites presentes fait mectre nostre seel, sauf en autres choses nostre droit et l’autrui en touctes. Donné a Bar, le Xme jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx unze avant Paques. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, les bailly de Joinville, lieutenant des baillis de Bar et du Bassigny, gens des comptes et autres presens, et pour secretaire : D. Dupuis.

123 1492 (n. s.), 10 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Aubri, de Tendon, emprisonné à Arches, qui a incendié et détruit la maison qu’il avait vendue parce qu’il était en procès avec l’acheteur. Copie, ADMM, B 4, f° 136r°-v°.

René, etc. Savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplication des parens et amis de Jehan Aubri, de Tendon en nostre prevosté d’Arches, contenant que, puis naigueres, ledit Jehan Aubri avoit vendu une maison a lui appartenant, assise et situee audit lieu de Tendon, a ung nommé Jehan Bochey dudit lieu, a l’occasion duquel vendaige ilz avoient eu ensamble grant question et procés et eu plaidoyé par plusieurs foiz, ou en ce faisant il avoit despendu et consummé beaucoup du sien ; pourquoy, veant que ledit Bochey a tort et sans cause, comme lui sembloit, lui faisoit despendre le sien en la poursuicte dudit procés, par la temptation et seduction de l’ennemy, de nuyt mist et boutta le feu en ladite maison tellement qu’elle fut toucte arse et brulee. Pour lequel cas, ledit Jehan Aubri fut deslors prins et constitué prisonnier au lieu d’Arches, ou il estoit encores detenu en grant pouvreté et misere, et en voy d’y finer miserablement ses jours si noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, hum225

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

blement suppliant que, actendu que ledit Jehan Aubri a tous jours esté de bon fame, renommee et honneste conversacion sans jamais avoir esté actainct d’aucun vilain cas, blasme ou repproche, nous lui vueillons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Pourquoy nous, ce que dit est consideré, desirant misericorde estre preferee a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace especial, puissance et auctoricté, avons audit Jehan Aubri remis, quicté et pardonné et par ces presentes pardonnons, quictons et remectons les cas, crime et offence dessus dits, moyennant que pour la peinne corporelle, criminelle et amende civille et ad ce de donner terreur et exemple aux autres, il sera mis publicquement ou charchant audit lieu d’Arches par trois jours et y demoura par chascun jour l’espace d’une heure, pour et a cause de ce qu’il pourroit estre tenu envers nous et justice, /136v°/ et au surplus le remectons et restituons a ses bon fame et renommee au pays et a ses biens non declairéz confisquéz, et imposons sur ce sillence perpetuel a nostre procureur general de Lorraine et de Voosge et autres noz officiers, satiffaction faicte a partie premiers et avant toucte oeuvre civillement tant seullement se faicte n’est. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailli dudit Voosge ou son lieutenant et a tous autres noz justiciers, officiers et subgectz de nostredit duchié de Lorraine que de noz presente grace, quictance, remission et pardon facent et seuffrent et laissent ou cas dessus dit icellui Jehan Aubri joyr et user plainnement et paisiblement sans luy faire ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, et son corps pour ce prins et arresté en prison ferme mectent a plainne delivrance aprés ce qu’il aura esté par lesdits trois jours audit charchant comme dit est, car tel est nostre plaisir, et audit Jehan Aubri l’avons octroyé et octroyons de grace especial. Et afin que ce soit chose ferme et estable a tous jours, nous avons a cesdites presentes fait mectre nostre seel, sauf en autres choses nostre droit et l’autrui en touctes. Donné en nostre chastel de Bar, le Xme jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx unze avant Pasques. Ainsi signé René. Par monseigneur le duc, les bailli de Jouinville, lieuxtenans des baillis de Bar et Bassigny, gens des comptes et autres presens. Et pour secretaire : D. Dupuis.

124 1492, 19 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Hawys et à son frère Mengin, de Domptail-en-l’Air, emprisonnés à Haussonville, pour tentative d’empoisonnement sur la personne du maire Mengin de Haussonville, charpentier, mari d’Hawys. Copie, ADMM, B 4, f° 132v°.

René, etc., a tous etc., salut. Savoir faisons nous avoir receu l’umble supplication des parens et amis de Haiwys, femme du maire Mengin Charpentier, demourant a Haussonville, et de Mengin, filz Colart Brimet, de Donptaille, 226

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son frere, contenant que Colart Brimet, pere de ladite Haiwys, elle estant seullement aaigee d’environ vingt ans, par convoitise, l’avoit mariee audit maire Mengin, qui est fort viel et ancien, avec lequel elle a esté depuis lors mal traictee et ne faisoit continuellement ledit maire Mengin que la rioter et tanser ; qui plus estoit icellui Mengin par viellesse avoit perdue la veue et ne veoit a soy conduire aucunement, en quoy ladite Haiwys avoit prins et prenoit chascun jour grant desplaisir par ce qu’il lui sembloit estre femme perdue. Et certain jour passé, par la temptacion de l’ennemy, elle declaira son faict a sondit frere et l’envoya au lieu de Saint-Nicolas devers ung marchant pour acheter du ragas et poison afin de faire morir sondit mary, lequel sondit frere se transporta audit Saint-Nicolas de l’ordonnance de ladite Haiwys et ala en l’ostel d’un marchant auquel il demanda du ragas a acheter, lequel marchant, pensant que le frere de ladite Haiwys en vouloit mal user, lui demanda s’il avoit point de petit blanc ou quatre deniers, a quoy respondy que oy ; lors lui dist qu’il lui baillast et qu’il yroit acheter dudit argent une corde ou licol pour lui delivrer avec la marchandie qu’il demandoit. Et ce oyant par ledit frere, sans acheter ou prandre dudit ragas, s’en retourna audit Haussonville devers sadite seur, a laquelle il dist la responce a lui faicte par ledit marchant, et qu’il n’avoit ozé prandre dudit ragas pour le dangier qui en pourroit survenir. Lors ladite Haiwys, advertie dudit dangier ou elle se mectoit, se repentit de ce qu’elle avoit voulu faire a sondit mary, et pareillement ledit Mengin, et ne procederent plus avant a lui pourchassier aucun mal ou desplaisir. Toutteffoys les mayeur et justice, advertis de ce, ont fait prandre et constituer prisonniers ladite Haiwys et ledit Mengin, son frere, ez prissons dudit Haussonville ou ilz sont presentement detenuz bien estroictement en voye d’y finer miserablement leurs jours si nostre grace et misericorde ne leur est sur ce impartie, humblement suppliant, actendu que du passé ont esté tous jours de bon fame, renommee et honneste conversation sans avoir esté actaincts d’aucun autre vilain cas, blasme ou repproche, nous leur vueillons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Pourquoy nous, ce qui dit est consideré, desirant misericorde preferer a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace especial, puissance et auctorité, avons le cas dessus dit a la dite Haiwys et Mengin, son frere, quicté et pardonné et par ces presentes pardonnons et quictons etc. Si donnons en mandement etc. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XIXe jour d’avril, l’an mil IIIIc IIIIxx et unze avant Pasques commençans. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les maistre des requestes Sainct Amador et autres presens etc. Dupuis.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

125 1492, 17 mai - Neufchâteau. Rémission accordée à Claude Martin, de Pulligny, emprisonné à Nancy, coupable d’homicide commis le 6 mai 1492 sur la personne d’un nommé Jean de France lors d’une fête à Houdemont. Copie, ADMM, B 4, f° 143r°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication de la femme, parens et amy de Claude Martin, natif de Pulligny, avons receue contenant que, le dimanche aprés la Saincte Croix dernierement passé, ledit Claude estoit au lieu de Houdemont ou l’en faisoit une confrairie, et aprés le disner, en baillant lez gans au barroy en tirant lez ungs contre lez autres, vint a Robert, filz Nicolas Moitrier de Sainct-Jehan-lez-Nancy, au quel furent donnéz lesdits gans, et voulut tirer contre lui ; lors lui fut dit par aucuns des assistans que ce n’estoit point afaire a lui de tirer et qu’il estoit marié, lequel respondit que non. Sur ce meut debat entre ledit Claude et ung nommé Jehan de France, par façon que ledit Jehan s’en alla querir ung pal et en frappa ledit Claude sur la teste, le quel veant estre ainsi frappé, tira sa dague et en donna ung coup audit Jehan de France ou ventre, duquel la mort s’en est ensuye. A l’occasion de quoy a esté prins et apprehendé au corps et constitué prisonnier ez prisons de nostre ville de Nancy, esquelles il est encores detenu en pouvreté et en dangier a la rigueur de justice de miserablement finer ses jours, si nostre grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, nous treshumblement suppliant que, considéré ce que dit est et que jamais ne fut actaint ne convaincu d’aucun villain cas, lui veullions nostredite grace et misericorde impartir et lui quicter, remectre et pardonner toute l’offence, crisme et delict qu’il pourroit avoir commis a l’occasion du cas dessus dit. Savoir faisons etc. Donné au Neufchastel, le XVIIe jour de may, l’an mil IIIIc IIIIxx et douze. Signé René. Par monseigneur le duc etc. D. Nicolai.

126 1492, 18 mai - Neufchâteau. Rémission accordée à Jean Sucquetel, de Fratin, appréhendé le 7 mai 1492 et emprisonné à Longuyon, pour un homicide commis il y a quatre ans sur la personne de Guillaume Lafineur ; Jean s’était enfui, il est revenu depuis un an et a indemnisé la famille de la victime. Copie, ADMM, B 5, f° 132v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Jehan Sucquetel, pouvre compaignon a marier demourant a Fraitil en nostre prevosté d’Estaulle, avons receue contenant qu’il peult avoir quatre ans encza, ung nommé 228

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Guillaume Lafineur, estranger demourant lors audit Fraitil, qui avoit hayne au pere dudit suppliant, ung jour luy remonstra presens gens de bien au lieu dudit Estaulle qu’il avoit tort et n’avoit cause menasser son pere. Sur ce ledit Guillaume luy respondit : « T’en vieulx tu mesler ? Sy je te treuve aux champs, je te ousteray la vie du corps ». Avint ung jour de dimanche aprés la messe que ledit pouvre suppliant revenant de l’eiglise, retournant en sa maison, trouva ledit Guillaume en ung chemin destorné, luy et sa femme, auquel chemin alloit doubtant le rencontrer et le debat, de malle fortune le rencontra tellement que, quant ledit Guillaume le rencontra et qu’il l’aperceut, despoulla sa robbe et luy rescria disant : « Galant, est tu la ? Par le sang Dieu, je te turay ceste foiz » ; luy respondit ledit suppliant : « Guillaume, mon amy, je ne te demande rien, mes si tu me cours sus, je me deffendray  ». Neantmoins ne fainda, ledit Guillaume vint a luy avecques une grande masse de fer avecques grandes pointes taillees affin tuer ledit suppliant, lequel veant qu’il n’y avoit remede, et que par deux foiz luy avoit osté son coup d’ung espieu et que le troisiesme coup luy gecta ladite masse hors des maints en luy donnant dudit espieu sur la teste ung coup tant seullement ; environ ung moys aprés, par deffault de le secourir et abiller, mort s’en ensuivit. A l’occasion de quoy a esté absent du pays environ troys ans, et depuis ung an encza a contenté partie interessee. Ce nonobstant, le VIIe jour de ce present moys de may, iceluy suppliant se trouva au lieu de Fresnay pres de Montigny, auquel lieu vostre prevost de Lonwyon, le constituant prinsonnier, l’a apprehandé et le detient prinsonnier en nostre main audit lieu de Lonwyon, en dangier d’y miserablement finer ses jours sy nostre grace ne luy est sur ce impartie, treshumblement etc. Savoir faisons etc. Donné au Neufchastel, le XVIIIe de may, l’an mil IIIIc IIIIxx XII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal de Barroys, seigneur de Fleville et autres presens. Nicolay.

127 1492, 8 juin - Neufchâteau. Rémission accordée à Petit Jean d’Avillers, âgé de 14 ou 15 ans, serviteur du seigneur Aleché de Bellefontaine, emprisonné à Longuyon, coupable d’avoir agressé un religieux le 1er juin 1492 et de lui avoir volé son argent. Copie, ADMM, B 4, f° 138.

René, etc., a tous etc. Receue avons l’umble supplication de Jehan Aubertin et Poincette, sa femme, demourans a Auvilliers en nostredit duchié de Bar, contenant que, par force de povreté et que le temps a esté cher, ung nommé Petit Jehan, leur enffant, c’est mis a servir gens d’armes et y a bien servy cinq ans et demy, et depuis six sepmaines ou environ a servy Aleché, seigneur de Belfontaine, en quel service vendredi darrain ledit Aleché envoya 229

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ledit Jehan, qui puet avoir entre quatorze et quinze ans, a La-Vaulx pour certains affaires qu’il y avoit. Et en allant ledit Jehan recontra a son chemin ung religieux novice, qui estoit de Verdun, lequel religieux venoit de demander des oeufz et almosne par my les villaiges, auquel religieux ledit Jehan dit : « Vien ça, moynne, il fault que tu me donne ton argent ou je te basteray ». Et veant ledit religieux que ledit Jehan le pourroit frapper, alla a sa bourse et luy donna douze gros qu’il avoit, lesquelz ledit Jehan print et puis s’en alla son chemin sans faire ne dire aultre chose audit religieux. Et depuis qu’ilz furent departiz, ledit religieux s’en alla a Longwion, la ou demoura son pere, auquel il raconta son adventure, lequel pere s’en alla incontinant avec ledit religieux plaindre au prevost dudit Longwyon, vint a la porte dudit Aleché et luy dit : « Monseigneur, vous avez en vostre maison ung malfacteur qui a osté sur le chemin l’argent que ce present religieux portoit sur luy ». Ledit Aleché luy respondit qu’il ne cuydoit point avoir en sa maison telz gens, et ainsi qu’ilz parloient l’un avec l’autre, ledit religieux vit ledit Jehan qui luy avoit osté sondit argent et dit au prevost : « Monseigneur le prevost, vela celuy qui m’a osté mondit argent ». Adoncques ledit Aleché appella ledit Jehan son serviteur et luy dit : « A tu osté l’argent a ce present religieux ? » ; adonc respondit ledit Jehan : « Il est bien vray que j’ay demandé audit religieux qu’il me donnast ung pot de vin, lequel me donna lesdits douze gros, mais autrement ne l’en efforcay de luy oster », et alla ledit Petit Jehan a sa bourse, luy restitua lesdits douze gros. Et oyant ledit prevost de Longwion requist audit Alaché de avoir ledit Jehan pour le mectre en prison et pour en faire la justice si besoing estoit. Ledit Alaiché respondit audit prevost qu’il le garderoit bien et donna pour caucion pour ledit Petit Jehan sa maison de Belfontaine, ou cas qu’il ne redonne ledit Jehan se nostre plaisir estoit qu’il fut rendu a nostredit prevost de Longwion. Et touteffoiz ledit Alaiché disoit que a luy appartenoit d’en faire la justice, pour ce qu’il se disoit estre seigneur hault et bas justicier dudit lieu, la ou a esté fait le delict. Pour lequel cas, il est presentement detenu prisonnier en noz prisons a Longwion ou il finira miserablement ses jours sy nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Pour ce est il que nous, les choses dessus dites considerees, voulans en ceste partie misericorde preferer a rigueur de justice, inclinans a sa supplicacion, informé qu’il est de bon pere et de bonne mere et qu’il n’a esté par cy devant actainct ne convaincu d’autres villains cas, blasmes ou reprouche, a icelluy Petit Jehan pour les causes etc., avons de grace especial remis, pardonné et quitté et par ces presentes quittons, pardonnons etc., sez biens non confisquéz, satiffacion faicte civillement a partie etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le VIIIe jour de juin, l’an mil IIIIc IIIIxx et XII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal de Lorraine et seigneur de Pierefort presens. Cristien.

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128 1492, 26 juillet - La-Mothe. Rémission accordée à Parisot Perrenot, de Crainvilliers, emprisonné à Lamarche, pour le vol d’un calice commis il y a quelques mois dans l’église de Sartes afin de payer ses dettes. Copie, ADMM, B 4, f° 162r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de Parisot Perrenot, nostre subgiet demourant en nostre ville de Crainviller, avons receue contenant que, il peult avoir environ huit ans qu’il eut par amodiacion le moulin de Frain en la prevosté de Lamarche, et le tint par l’espaice d’environ troys ans. Par le cher temps qui lors couroit, pour ce qu’il perdit audit moulin et qu’il ne peult paier ses maistres, force luy fut de compouser au prevost de ladite Marche a une somme d’argent, et pour icelle somme il luy promist paier chascun an la somme de IX gros jucques a ce qu’il auroit paié toute icelle somme a une seulle foiz ; lequel remonstrant, voyant qu’il ne povoit paier ne la sence ne le principal et que sa somme montoit chascun an, s’avisa, en Caresme darrain passé, d’aller au Neufchastel devers Mengin Thouvenin pour veoirs s’il pouroit avoir du drap a credit pour la somme qui debvoit audit prevost de Lamarche. En passant qu’il fist par le villaige de Sertres assez tart se tira devers l’esglise dudit lieu, et trouva l’uys devant tout deffermé, reservé qu’il estoit cloux seulement, et entra dedans ladite eglise et trouva pres de l’autel ung petit coffre ou il y avoit deux calices, lesquelx il print et les remist pour celle foiz dedans ledit coffre et s’en alla jucques audit Neufchastel pour cuider trouver du drap. Mes ledit Thouvenin ne luy en voulit point croire et s’en retourna par ledit Sertres et, par la sugestion du /162v°/ dyable, s’avisa de prendre lesdits calices et, environ une heure aprés mynuyt, entra dedans l’esglise et la trouva desfermee comme il avoit fait, et vint audit coffre et print l’un desdits calices et une escuelle d’estain et l’emporta, mes il laissa une petit cedulle sur l’autre calice contenant que, si les abitans de la ville vouloient ravoir leur calice, qu’ilz envoyassent le mardi ensuivant une femme sur le chemin de Lamarche avecques quatre florins, ilz trouveroient qui leur rendroit leurdit calice et leur seroient lesdits IIII florins renduz dedans la Saint Jehan lors ensuivant, mes lesdits abitans n’y envoyrent point. Par quoy ledit remonstrant, qui avoit touz jours desir de rendre ledit calice, se trouva assez toust aprés audit Neufchastel et fist faire une autre sedule et l’envoya ausdits habitans de Sertres, leur mandant que, s’ilz vouloient ravoir leur calice, qu’ilz envoyassent le landemain sur le chemin d’entre le Neufchastel et Brancourt une femme avecques ung petit enffant et que ladite femme apportast avecques elle quatre florins, et ilz trouveroient ung homme qui leur rendroit ledit calice, en luy prestant lesdits IIII florins pour les rendre a la Saint Jehan, ce que firent lesdits abitans et y envoirent ung homme abillé en femme, et sy envoyerent ung autre homme avecques icelluy qui le suyvoit de loing ; lequel remonstrant, pansant et congnoissant que c’estoit 231

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

la femme de Sertres, se tira devers elle, et luy [dit] que c’estoit il qu’elle queroit et luy demanda s’elle avoit apporté l’argent ; et en parlant qu’ilz faisoient, sourvint l’omme dudit Sertres qui vint audit remonstrant et le print par le collet et luy dist : « A ! larron, tu nous as desrobbé nostre calice, il fault que tu le rendes », lequel lui dist qu’il estoit content de le rendre et le rendit franchement en tel estat qu’il avoit pris. C’est que noz officiers de Lamarche ont esté de ce avertiz et ont fait prendre au corps ledit remonstrant etc. Donné a La Mothe, le XXVIe de juillet IIIIxx et XII. Signé René. Par monseigneur le duc, les bailli du Bassigny, seneschal de La Mothe et autres presens. Nicolai.

129 1492, 31 août - Neufchâteau. Rémission accordée à Aymé de Naives-Rosières, écuyer au service du seigneur de Pierrefort, coupable d’homicide commis le 30 juillet 1492 sur la personne de Petit Jean, un serviteur du contrôleur général de Lorraine, qu’il avait surpris tentant de violer une servante dans la chambre de son maître et avec lequel il s’était querellé. Copie, ADMM, B 4, f° 148v°-149.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion des parens et amys charnelz de Aymé de Naves, escuier, contenant que, le dimenche vingt neufme jour de jullet mil CCCC quatrevings et douze darrainement passé, le seigneur de Pierfort, a qui ledit Aymé est serviteur continuel, estoit logié en l’ostel de Jehan Huyn au Neufchastel, lequel seigneur se leva le matin, se partit de sa chambre, alla a la messe et ledit Aymé aprés luy. Et quant il l’eut conduit a l’eglise, il s’en retourna oudit hostel de Jehan Huyn afin disposer la chambre dudit seigneur son maistre et penser des chevalx, il trouva en ladite chambre ung nommé Petit Jehan, serviteur de nostre contrerolleur general, qui estoit les chausses avallées, a reverence parler, jusques sur lez genoulz et estoit couché sur une couchette entre les jambes d’une fille nommee Margotte, servante dudit hostel, dont ledit Aymé fut fort troublé, tant pour ce qu’il n’afferoit point audit Petit Jehan aler en ladicte chambre, car qui y eut fait quelque dommaige aux bagues dudit seigneur, son maistre, il en eut eu la charge, comme pour ce que la chose n’estoit point honneste faire en la chambre dudit seigneur, son maistre. Et dit ledit Aymé audit Petit Jehan qu’il s’en allast dehors, lequel Petit Jehan differa disant que par force n’en yroit, touteffoiz, ledit Aymé print l’espee dudit seigneur, son maistre, et tant fist sans touteffoiz donner nul cop audit Petit Jehan qu’il s’en alla dehors. Et depuis ladite fille dit audit Aymé que ledit Petit Jehan luy vouloit faire force, neantmoins n’avoit eu compaignie a elle. Depuis lors ledit Petit Jehan dit plusieurs vilainnies contre ledit Aymé et le menassa de tuer, et qu’il le trouverot et, en l’absence dudit Aymé, ledit Petit Jehan disoit plusieurs 232

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villainies contre ledit Aymé a ceulx qui en avoient la congnoissance. Et de fait, ledit dimenche au soir, ledit Aymé, qui estoit allé querir ledit seigneur son maistre en nostre chastel dudit Neufchatel, en retournant aprés ledit seigneur son maistre qui s’arresta pres dudit logis et parloit avec ung seigneur d’esglise en la rue, et estoit pres de dix heures de soir, ledit Aymé s’avança pour aller prendre de la clarté et preparer ladite chambre d’icelluy seigneur son maistre, ledit Petit Jehan fist /149/ audit Aymé plusieurs invahissemens, lequel seigneur arrivé encores rebouta fort ledit Aymé, luy ordonnant non saillir la nuyt dehors ledit hostel, a quoy ledit Aymé obtempera. Le lendemain matin ledit seigneur, aprés la messe, s’en alla disner en l’ostel de messire Gardant audit Neufchastel, manda audit Aymé luy porter une robe, ce qu’il fit. Et pour ce que ledit Petit Jehan l’avoit ledit dimenche matin menassé, icelluy Aymé portoit une espee afin de resister si ledit Petit Jehan le vouloit oultraiger ; et aprés le disner, ledit Aymé conduict ledit seigneur, son maistre, en nostre chastel, s’en retourna en l’ostel dudit seigneur Gardant, print l’autre robe dudit seigneur, son maistre, pour la reporter en l’ostel dudit Jehan Huyn son logis, sans ce qu’il pensast audit Petit Jehan. Et de fait aucuns jeunes gentilz hommes et luy avoient fait une person pour jouer la boulle, allant ledit Aymé audit hostel de Jean Huyn avec ladite robe sur son col, ledit Petit Jehan estant acompaigné avec le filz David, en l’ostel duquel ledit Petit Jehan estoit logé, qui cheminoient joinctz l’unc decoste l’autre, recontrant ledit Aymé ledit Petit Jehan, quant vint a approucher dist : « Vecy mon homme », se departit d’avec le filz David, vint bousser tresrudement de son espaulle allencontre dudit Aymé qui s’en alloit son chemin, tellement que tous deux demarcherent, dont ledit Aymé fut fort esbay, et dist audit Petit Jehan qu’il le boussoit moult fort, au moins luy deust il dire : « Gard ! ». Adonc ledit Petit Jehan dist qu’il passoit son chemin et tous jours ledit Aymé disoit audit Petit Jehan qu’il luy deust dire qu’il se gardast, lequel Petit Jehan dist audit Aymé : « Garde toi de moy, car par la mort Dieu, quelque part que je te trouve, je te feray ton pacquet tout a une foiz et si te contraindray en telle façon que par destresse je te feray menger ton espee », soy tous jours approuchant dudit Aymé que tous jours reculloit, disant audit Petit Jehan qu’il s’en allast son chemin et qu’il ne l’approuchast point. Non obstant quoy, tous jours ledit Petit Jehan plus approuchoit ledit Aymé, le villonnant, injuriant et menassant, lequel Aymé, qui est jeune gentilhomme extraict de noble lignie, se voyant ainsi villonné et outraigé, et que ledit Petit Jehan tous jours l’infestoit et l’approuchoit, gecta ladite robe dudit seigneur son maistre a terre, se mist en pourpoint, tira son espee et, quant il vit que ledit Petit Jehan tous jours l’approuchoit et qu’il luy sembla qu’il le vouloit joindre, congnoissant que ledit Petit Jehan l’avoit menassé et qu’il avoit maulvais couraige contre luy, icelluy Aymé, de ladite espee qu’il tenoit, frappa ledit Petit Jehan ou col en façon telle que ledit Petit Jehan cheut a terre et morut incontinent. Pour lequel cas, ledit Aymé, tresamerement desplaisant du cas advenu a quoy on ne peut remedier, doubtant etc. Avons remis, quitté et pardonné etc. 233

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Donné au Neufchastel, le darnier jour d’aoust, l’an de grace mil CCCC quatrevings et douze. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les mareschal de Lorraine, conte de Salmes, seigneurs de Valengin et de Montagu et autres presens. Cristien.

130 1492, 26 septembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Demangeot Leulloit, de Sérocourt, coupable du vol d’un cheval il y a deux ans dans un village de Bourgogne. Copie, ADMM, B 4, f° 165.

René, etc., a touz etc. L’umble supplication de Monain Leulloit, demourant a Serocourt, prevosté de la Marche, avons receue contenant que peult avoir environ deux ans que ung nommé Demangeot Leullot, son filz, cheut en grant infirmité de maladie tellement que, pour trouver guerison, s’en alla par pays en plussieurs pelerinaiges et laissa une jeusne femme qu’il avoit, et tant alla qui se trouva si trespouvre qui n’avoit de quoy vivre. Et par l’exortacion de l’ennemy de nature humaine, il vint en ung villaige de Bourgongne nommé Voulxey, ouquel il print et desroba ung cheval qui povoit valoir environ IIII francs, et l’amena audit Serocourt en sa maison et, luy venu, vindrent aprés luy ceulx a qui estoient ledit cheval, qui se plaindirent a la justice dudit Serocourt dudit cheval desrobbé, tellement que, combien qu’on leur vousist rendre iceluy cheval sans le aucunement renier, touteffoiz la justice voulut prendre ledit Demengeot au corps, mes il s’en fuit et n’est depuis retourné. Par quoy a esté ajourné a ban, ainsi qu’on a acoustumé de faire, et ont esté touz ses biens a nous et aux seigneurs dudit lieu confisquéz et acquis, et par ce ledit Demengeot n’ouseroit jamés etc. Donné au Neufchastel, le XXVI de septembre IIIIxx XII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal de Lorraine, bailly du Bassigny et autres presens. Durat.

131 1492, 6 octobre - Neufchâteau. Rémission accordée à Didier, âgé de 14 ans, fils de Mengeot Beullemel, de Bourmont, coupable d’homicide commis le 2 septembre 1492 sur la personne du pâtre de Brainville-sur-Meuse dont les bêtes passaient par les champs de Bourmont, ce qui provoqua une dispute entre eux. Copie, ADMM, B 4, f° 157r°-v°.

René, etc. L’umble supplication de nostre subgiet Mengeot Beullemel, demourant en nostre ville de Bourmont, avons receue contenant que, le 234

Corpus des lettres

dimanche second jour de septembre darrain passé, ung nommé Didier, son filz, jeusne d’environ XIIII ans, et autres jeusnes enffans dudit Bourmont estoient aux champs gardant les chevaulx dudit lieu, vint le pastre de Brainville qui gardoit les bestes a corne dudit Brainville, dont elles aucunes entrerent es avoines dudit Bromont mesnant en ung journal appartenant audit suppliant ; quoy voyant, iceulx jeusnes enffens prindrent les bestes qui estoient esdites avoines pour les mener audit Bourmont en main de justice pour les amandes et dammaiges. Mes incontinant, le pastre dudit Brainville, nommé Jehan Robert, vint au devant desdites bestes pour les recouvrer, qui se print de parolles rigoreuses ausdits enffans, disant qu’ilz n’en meneroient pas lesdites bestes en les rechassant de son baston et menassant lesdits enffans de batre, et par force recouyt lesdites bestes. En quoy faisant, il y eut des pierres gectees d’une part et d’autre, contre lesquelles ledit Didier, filz dudit suppliant, gecta une pierre, cuidant retrouver lesdites bestes, de laquelle il actendit ledit pastre en la teste, ung cop seullement dont il luy fist sang et playe de cas de fortune, non le cuidant actaindre, de laquelle playe ledit pastre ne tint compte pansant qui n’y eust point de dangier, laquelle /157v°/ non obstant touz les jours de la sepmaine ensuyvant y garda lesdites bestes et s’ebatoit au matin et au soir de la semaine sans se plaindre dudit coup. Touteffoiz, le IXe dudit moys, il se sentit malade et se coucha au lit ou il fut tresmal gouverné, pour ce que sa femme estoit absente du lieu et ne revint jucques au lundi ensuivant, et pour ce que ledit pastre et aussi sadite femme sont et estoient tressimples gens et ignorans, par faulte de bon gouvernement et autrement, le XIIe dudit moys, ledit pastre alla de vie a trespas, et ne seit on s’il est mort dudit coup pour ce qu’il n’estoit pas vray semblable qu’il en deust mourir. Pour lequel cas ainssi advenu, ledit Didier, filz dudit suppliant, qui est jeusne, simple et ignorent, doubtant rigueur de justice, c’est absenté de noz pays et n’y ouseroit retourner etc. Savoir faisons etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le VIe jour d’octobre IIIIxx et XII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., Nicolay.

132 1492, 6 octobre - Neufchâteau. Rémission accordée à Nicolas. Régnier, de Breuvannes-en-Bassigny, coupable d’homicide commis le 10 août 1492 sur la personne de Jean Periquel à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 4, f° 171r°-v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplication de Nicolas Renné, demourant a Bourvaines, de nostre seneschaucie de Bourmont, avons receue contenant que, le jour de la feste monseigneur saint Laurens darrain passee, une nommee Marguerite, femme de feu Jehan Priquel dudit Bourvanes, de la seigneurie 235

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Philebert de Choiseul, seigneur dudit Bourvanes en partie, et sa fille se prindrent de parolles rigoreuses audit Nicolas Regnier, disant a iceluy pour quoy il avoit dit et publié que sa fille estoit ribaude, et qui les print autour de ly disant que la seur de sa femme estoit aussi bien ribaude et paillarde que sadite fille, et que le chappelain dudit Bourvanes avoit esté en la maison dudit Nicolas Regnier avecques la seur de sa femme, les servoit a boire et a menger et les soustenoient en leur maison a faire leurs ribaudises et paillardise, jaçoit ce que le filz de ladite Marguerite ait a femme la seur de la femme dudit suppliant. A quoy ledit Nicolas Regnier respondit qu’elles mantoient de ce dire, car icelle fille avoit eu ung enffant d’un compaignon dudit Bourvanes, et qu’il estoit tout commun et notoire que messire Jehan Fevre, leur chappelain, la tenoit comme une paillarde ribaude, et ne l’estoit pas icelle seur de sa femme, ne luy ne sadite femme ne soustenoient pas elle ne ledit messire Jehan Fevre, leur chappelain, a faire leur ribaudie et paillardie en leur maison, et n’estoit pas bien fait a elle de dire celles parolles de la femme de son filz ne de luy et sa femme. Pour lesquelles parolles, ladite Marguerite et sa fille coururent sus audit Nicolas Regnier, le prindrent par la gorge luy cuydant crever les yeulx, desquelles femmes ledit Nicolas se deffendit au mielx qu’il peult ; ouquel debat sourvint ledit feu Jehan Periquel, mary de ladite Marguerite, qui se print aussi de parolles rigoreuses audit Regnier, et tellement que touz troys ensemble, c’est assavoir ledit Jehan Periquel, sa femme et sa fille, de rechief se prindrent audit Nicolas Regnier tellement qui fut contraint de s’en fuyr vers la maison de ung nommé Demangeot Rouyer, devant laquelle trouva le bout d’un viel chausson de une roue qu’il print en sa main pour ce qu’il n’avoit point de baton, et s’en deffendit contre les dessus dits le mieulx que possible luy fut et que mestier luy estoit. Et en deffandant que ledit Nicolas faisoit, en rapellant la fureur et oultraige que sur luy faisoit, frappa a ung coup seullement ledit Jehan Periquel dudit chausson sur la teste en faczon qu’il cheut a terre et luy fist sang et plaie. /171v°/ D’iceluy coup combien que assez toust aprés, par faulte de gouvernement ou autrement, ledit Jehan Periquel ala de vie a trespas. Pour lequel cas ainsi advenu, ledit Nicolas Regnier, doubtant etc. Savoir faisons etc. Donné au Neufchatel, le VIe d’octobre IIIIxx et XII. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., Nicolai.

133 1492, 26 octobre - Neufchâteau. Rémission accordée à Demange Goudot, de Clermont-en-Argonne, coupable de plusieurs vols en divers lieux depuis deux ans. Copie, ADMM, B 4, f° 173r°-v°.

René, etc., a touz etc. Receue avons l’umble supplication de Demange Goudot, de Clermont, eaigé d’environ quarante ans, contenant que sont environ deux ans 236

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passéz qu’il se trouvit a la foire a Bolaincourt et, en revenant de ladite foyre, y se trouvit en ung villaige nommé Bouzainville et y desrobit six beufz et les enmena a Ramberviller et trouvit ung marchant nommé Demange Hembelloy qui luy changit ung tonnel de vin contre lesdits beufz, tellement que ledit Demange promist audit Demenge Goudot qui luy rendroit ledit vin au lieu de Saint-Nicolas a ses fraictz, ce que ledit Demenge fist, et le vendit ledit Goudot a l’oustesse de la Licorne dudit lieu la somme de XXVI francs, desquelx XXVI francs ledit Goudot en receut XII francs content et luy demoura devant le reste, et qu’elle luy doit encores pour ce que jamés n’a ouzé les allez querir de peurs qu’il fust prins. Item dit qu’il a environ deux ou troys ans qu’il se trouva a la foire a Moyenvy ou il desrobit devant des merciers deux couroyes, des esguillettes et ung coustel. Item dit qu’il a environ deux ans qu’il desroba ung cheval a Nombexey et le vendit a Chaweriet de Raycecourt IIII francs. Item dit qu’il print ung cheval a Oncourt en l’ostel du maire Gerard et de nuit le mena a Vischery, fist vendre par Jehan Posche ung an et puis ne scet aprés qu’il devint car on luy oustout, comme il dit. /173v°/ Item dit que nuytanment il a robbé ceste annee des gerbes d’orge et de blé sur ses voisins pour ce qu’ilz luy avoient fait desplaisir, comme il dit. Item dit que, a environ deux ans, il desrobba ung autre cheval grison pres d’Ubexey en une praierye qui luy fut recoux es boys dessus Regney par le prevost d’Ubexey et autres. Item dit qu’il a environ ung an qu’il desrobit un cheval au lieu de Sirecourt et le cuida vendre a la foyre de Vischery, mes le prevost de Vezelise luy ousta. Item dit qu’il desrobba une paire de souliers a Port-sur-Says et une autre au Pont-a-Mousson. Item desrobba ches un homme ou il ouvroit et luy desrobba une paire de houselz. Item dit que aupres Charmes desroba ung cheval poulain qu’il vendit au Neufchastel VII francs. Item que, a une foire a Poursnay, il desrobit une vasche qu’i mena ches luy. Item dit que de nuyt il se trouva a Champigneulles et coupit IIII aulnes d’un drap qu’il trouvit es cloitres. Item confesse plussieurs autres grans larecins etc. Donné au Neufchastel, le XXVIe jour d’octobre IIIIxx et douze. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les seneschal de Lorraine, seigneurs de Tonnay et de Clemery, procureur general de Lorraine, maistre des requestes et autres presens. Crestien.

134 1492, 10 décembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Thévenin Bonfils, maire d’Arry, et à ses fils, coupables d’homicide commis le 14 octobre 1492 sur la personne de Didier Drouot au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 4, f° 151r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion de Bietrix, femme de Thevenin Bon Filz, mayeur de nostre ville d’Airey en nostre prevosté du 237

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Pont-a-Mousson, avons receue contenant que, comme le dimenche d’avant la Sainct Luc euvangeliste derrain passé, ledit Thevenin et plusieurs autres de la communaulté dudit Ayrey estoient alléz a La Lobe, dessoubz ledit Airey, pour le fait de leur taiche et porcion des fossés de nostre ville et cité dudit Pont-a-Mousson, entre lesquelz estoit ung nommé Didier Drouot dudit Airey ; et aprés ce qu’ilz eurent veu et conclud en leurdite matiere, se departerent et s’en allerent chascun en son hostel, et estoit environ six heures aprés midi. Et incontinant que ledit Didier Drowot vint en son hostel, en soy despoullant, yssist dehors et oyt ung debat emmy la ville, auquel il alla ; et quant il vint pres, print parolles a aucuns des assistans et en retournant, aiant parolles a ung nommé le Genetaire, filz dudit Thovenin et de ladite exposante, mit la main a luy dont ledit Genetaire fist clameur, laquelle oyant ung nommé Jehan de La-Lobe, filz dudit Thovenin et de ladite exposante et frere audit Genetaire, qui estoit pres dudit Thevenin son pere, qui s’en retournoient en leurs hostelz, dist audit Thevenin son pere : « Ha ! pere, on bat mon frere ». Et incontinant s’en alla vers sondit frere ; et quant il vint pres, veant que ledit Didier Drowot oppressoit fort sondit frere, s’entremesla avec eulx et tellement que ledit Drowot eust quatre coups de /151v°/ couteau, et incontinant aprés vint ledit Thevenin a la rescousse de sesdits enfans et, non saichant que ledit Didier Drowot fut frappé, voult mectre la main a luy, lequel Didier Drowot luy dist  : «  Ha compere, que voulez vous faire  ? je suis mort ! », dont ledit Thevenin fut fort esbahy, et atant se departirent ; et incontinant icelluy Didier Drowot fut mené en sa maison fort navré, dont mort s’en est ensuyvie jour et demy aprés. A cause de quoy ledit Thevenin et sesdits enfans, doubtant rigueur de justice, se sont absentéz de noz pays esquelz ilz n’oseroient jamais retourner si noz grace et misericorde ne leur estoient sur ce imparties, humblement suppliant que, actendu que du passé ilz ont tous jours esté de bon fame et renommee et honneste conversacion, sans avoir esté attains d’aucun autre villain cas, blasme ou repproche, nous veullions sur ce impartir nosdites graces et misericorde. Pourquoy nous, ces choses considerees, desirant misericorde estre preferee a rigueur de justice, et que ledit Thevenin et sesdits enfans nous ont tous jours de leur puissance bien et lealment servy et perdu plusieurs de leurs biens durant la guerre contre ceulx de Metz dont ilz sont prochains, aussi que ledit Thevenin et sesdits enfans ne furent aggresseurs dudit debat et que ledit Didier Drowot leur a pardonné, de nostre certaine science, grace especial, puissance et actorité avons audit Thevenin et sesdits enfans ou cas dessus dit quicté, remis et pardonné etc. Donné en nostre chastel de Bar, le dixiesme jour de decembre, l’an mil quatre cens quatre vingts et douze. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., les evesque et conte de Verdun et gens dez comptes de Bar, presens. D. Nicolai.

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135 1492, 29 décembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Mutelot et à son fils Nicolas, demeurant à Auzécourt, coupables d’homicide commis le 11 novembre 1492 sur la personne d’un valet nommé Colin Poupart au cours d’une rixe provoquée par des déprédations commises par la victime et ses compagnons. Copie, ADMM, B 5, f° 44v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication des femmes, parens et amis de Jehan Mutelot et Nicolas Mutelot, son filz, demeurans a Auzecourt, avons receue contenant que, le jour de la Saint Martin dernier passé, lez valetz dudit Auzecourt avoient prins congié audit Jehan Mutelot de faire leur feste et dancer en une grainge appartenant audit Mutelot a tiltre de louaige, ausquelx valetz ledit Mutelot avoit respondu qu’il vouloit bien qu’ilz y dançassent pourveu qu’ilz ne lui feissent point de dommaige. Et ledit jour s’estoit faicte ladite feste et dances en ladite grainge jusques environ la nuyt que ledit Mutelot s’i trouva, et en y allant vit ou meiz derrier ladite grainge lez pallis abbatus a terre, et passoient ceulx qui alloient et venoient veoir ladite feste en ladite grange parmy les choux et porrés dudit Mutelot. Ce veant par ledit Mutelot, vint aux varletz de ladite feste ausquelx il dit qu’ilz allassent dancer autre part et qu’ilz ne danceroient plus la, lesquelx ou aucuns d’eulx respondirent qu’ilz y danceroient, voulsist ou non. Et quant ledit Mutelot ouyst ceste response, leur dit se ilz y dançoient, il leur creveroit leur tabourin ; et ces parolles dictes, s’en retourna en sa maison prendre ung espied et s’en revint en ladite grange ou n’y trouva plus ledit tabourin ne dances, mais y trouva seulement ung nommé Errart Poupart et Colin Poupart, freres, ausquelx ledit Mutelot dist : « Or sus, vous ne dancerez plus icy, le menestrel s’en est allé », lesquelx Errart et Colin respondirent qu’ilz n’avoient cure de dancer et qu’il avoit autreffois battu leur pere et qu’il le seroit ; ausquelx ledit Mutelot respondit : « Je l’ay battu voyrement, mais nous avons depuis beu ensemble et aussi le m’a pardonné. Vous en souvient il encor ? ». Et ce temps pendant, Nicolas Mutelot, filz dudit Jehan Mutelot, arriva pres de ladite grange pour veoir quel bruyt il ouyoit, et vit sondit pere qui sailloit de ladite grainge tirant vers sa maison et ledit Errart allant aprés lui ayant une eschasse en sa main, de la quelle lui donna si grant coup qu’il le feist cheoir adens, et ce fait se releva ledit Jehan Mutelot, cuidant frapper lesdits Errard et Colin qui le pressoient fort, haussa sondit espié et frappa ledit Colin sur la teste et a ceste heure ledit Errard, frere dudit Colin, s’en fouyst. Ce fait, ledit Nicolas, filz dudit Jehan Mutelot, illec presens, dit a son pere : « Pere, baillez moy vostre baston », ce qu’il fit, et quant il tint le baston de sondit pere, il bailla sur lez espaules et sur le dos dudit Colin pluseurs coups tant qu’il s’en fouyst. Et le landemain au matin, vindrent lesdits Mutelotz en la maison dudit Colin ou ilz firent l’accord et leur pardonna ledit Colin, moyennant une quantité de blé et somme d’argent qu’ilz lui devoient 239

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

payer. Neantmains depuis ledit accord fait, ce meisme jour environ IX ou X heures en la nuyt, iceluy Colin, par faulte de bon gouvernement ou aultrement, estoit allé de vie a trespas, pour le quel cas iceulx Mutelotz, doubtans rigeur de justice, s’estoient absentéz de noz pays ou ilz n’oseroient retourner si sur ce etc. Savoir faisons etc., avons ausdits Jehan Mutelot et Nicolas Mutelot, son filz, etc., remis, quicté et pardonné etc., a leurs biens non confisquéz etc., imposant silence etc., satiffation etc. Donné a Bar, le XXIXe de decembre mil IIIIc IIIIxx et douze. Signé René. Par monseigneur le duc, etc., lez bailly de Bar, seigneur de Villette, lieuxtenant de baillis de Bar et du Bassigny, procureur general de Barroys et autres presens. Dupuis.

136 1493, 2 avril - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean, dit d’Auvergne, accusé de sodomie pour avoir eu, il y a environ six ans et alors qu’il avait à peu près treize ans, des relations sexuelles forcées avec Burthignon Esmay, demeurant alors à Pont-à-Mousson, chez qui il était apprenti ; ledit Burthignon a été exécuté et Jean s’est enfui ; il a sollicité sa rémission pour pouvoir à nouveau résider à Pont-à-Mousson. Copie, ADMM, B 5, f° 56v°.

René, par la grace de dieu roy de Jherusalem, de Sicille et d’Arragon etc., duc de Lorraine et de Bar, marchis, marcquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et de Harrecourt etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble suplicacion de Jehan dit d’Auvergne, contenant que, puet avoir environ six ans, feu Burthignon Esmay, jadis demeurant au Pont, lors detenu prisonnier audit lieu, congnut en son procés qu’il avoit couchié une ou deux nuictz avec ledit exposant, lors estant aprantif et servant maistre, et eaigié d’environ treze ans, esquelles nuictz avoit couchié iceluy exposant en son corps desordonneement et contre le sexe et ordre de nature, pourquoy par l’advis d’aucuns ledit exposant s’absenta et ledit Burthignon fut executé par justice. Et depuis naguieres, iceluy exposant s’est marié et s’est bien et honnestement gouverné depuis sondit partement, sans jamais avoir esté convaincu de nul villain cas. Et pour ce qu’il retourneroit voulantier demeurer audit Pont, tant pour ce que sa mere y est demeurant comme pour ce qu’il y a esté norry, nous a treshumblement supplié qu’i nous plaise, en l’onneur de la passion nostre seigneur Jhesucrist, ayant regart a l’eaige qu’il avoit lors qu’estoit de treze ans, et que par le subornement dudit Burthignon et non congnoissant en tel cas le mal qu’il faisoit de s’avoir ainsy laissé toucher, luy vouloir permectre qu’il puisse retourner audit Pont et en noz pays et seigneuries, desquelx il est absent pour ledit cas, pour y demeurer en luy pardonnant, abollissant et quictant l’offence qu’il a commise en cestuy cas envers nous et justice. Savoir faisons que nous, inclinant 240

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a sa suplication, ayant regart a l’eaige qu’il avoit lors, informé que depuis il s’est bien et honnestement conduit et gouverné, voulans en ceste partie misericorde preferer a rigueur de justice, audit suppliant ou cas dessus dit, actendu son eaige prescript obstant lequel n’estoit cappable d’entendre ledit cas et delit ains estoit du crime de sodomie totalement ignorant, avons quicté, remis et pardonné, de nostre grace, plainne puissance et auctorité quictons, remectons et pardonnons le cas et crime dessus dits avec toute etc. Donné au Pont, le second jour d’apvril, l’an de grace Nostre Seigneur mil quatre cens quatre vingts et treze. Signé René, etc. Par le roy, les seigneurs de Valengin et bailly de Jonville presens. Cristien.

137 1493, 4 avril - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jeannette, femme de Colard Petit Jehan, demeurant à La Mothe et emprisonnée audit lieu, accusée d’infanticide sur son enfant né hors mariage environ un mois auparavant (cf. n° 147). Copie, ADMM, B 5, f° 57r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Jennette, femme Colard Petit Jehan, demeurant a La Mothe et detenue prisonniere audit lieu, avons receue contenant comme, peult avoir environ XIIII ans, elle esposa ledit Colard et depuis environ trois ans icelluy Colard l’a laissee et habandonnee avec trois petis enffans et s’en est alé par le pays ; depuis lequel temps a esté icelle exposante ceduyte d’ung nommé Nicolas Laguesse, lequel puis environ ung an l’a engrossee, et quant elle se sentist grosse, elle le dist audit Nicolas plussieurs fois, lequel luy respondit tous jours qu’ilz feroient bien tant que on n’em sauroit ja rien et qu’elle se garda bien d’en rien dire. Et quant elle approucha le terme d’enffanter son enffant et mesmes le jour qu’elle enffanta, ledit Nicolas vint en sa maison, que fut le jeudi aprés les Cendres, ou il la trouva toute seule qui estoit fort malaide et fort approchee d’enfanter, laquelle luy dit. « Nicolas, je suis fort malaide et ne puis endurer. Je vous prie que trouvez façon de me amener une femme secretement decoste moy pour me aider », lequel luy dit qu’il n’en feroit rien et qu’il n’y auroit ja femme, et elle luy demanda qu’elle feroit de l’enffant et il luy dit qu’elle en feist ce qu’elle voudroit, et sallist hors de ladite maison et ferma l’uix par dehors et la laissa toute seule. Et lors ladite Jhannette appella une sienne petite fille qui estoit couchee en ung lit pres d’elle et la feist lever, et assez tost aprés elle enffanta son enffant qui estoit ung filz, et quant elle l’eust enffanté, elle le prinst en son giron, qui estoit tout vif et remuant, et dit a sadite petite fille qu’elle luy apporta de l’eauve en ung petit chauderon, ce que ladite fille feist, et ladite Jhannette prinst d’icelle eauve et la gecta sur ledit enffant en disant : « Je te baptise ou non du Pere et du Filz et du Sainct Esperit ». Et quant elle eust ce fait et qu’elle vist 241

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

qu’elle estoit toute seule et que ledit Nicolas ne retournoit point, elle s’advisa d’aller cacher ledit enffant en une cave et se leva, ainsy malaide qu’elle estoit avec ledit enffant qui estoit encor vif et bouliant mais jamais n’avoit gecté une voix de sa bouche, et le porta en ladite cave qui estoit decoste la chambre elle demeuroit, et le mist tout nud et tout vif en ung ainglot d’icelle cave, le visaige dessus, et le couvrist de poulsiere et de paille qu’elle recuilla aval la cave et le laissa oudit lieu qui ne disoit mot, sans luy faire autre chose, et puis s’en retourna en sa chambre et depuis ne rallist en ladite cave jusques au IIIe jour qu’el y alla veoir et descouvrist ledit enffant et le trouva mort et le recouvrist ainsy qu’il estoit auparavant, et jamais depuis n’y fut. Touttefois nostre justice de ladite Mothe a esté advertie que ladite exposante estoit esté grosse et que l’en ne sçavoit que son fruit estoit devenu, ont mis la main a elle et a ses biens et la detiennent en noz prisons audit lieu, esquelles elle est rudement tenue et en dengier de miserablement finer ses jours sy nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, nous treshumblement supliant que, eu regart que jamais ne fust actainte d’aucun villain cas, luy voullons nostredite grace et misericorde impartir et luy quicter, remectre et pardonner toute l’offance, crime et delict qu’elle pouroit avoir commise a l’occasion du cas dessus dit. Savoir faisons que ces chouses considerees, nous inclinans a l’umble supplicacion de ladite Jennette et de ses pere et freres, voulans en ceste partie misericorde preferer a rigeur de justice, a ladite supliante luy avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes, de nostre /57v°/ grace, plaine puissance, auctorité, quictons, remettons et pardonnons le fait et cas dessus dit avec toute pene, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas elle pourroit estre encourrue envers nous et justice, et la remettons et restituons a sa bonne fame, renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffaction faicte a Dieu telle qu’il appartiendra en envoyant ladite supliante au diocesain, son penitencier, pour en recevoir et porter la penitence telle que luy sera enjoincte. Et sur ce imposons silence etc. Donné en nostre cité du Pont, le quatriesme jour d’avril mil IIIIc IIIIxx et treze. Signé René. Par le roy. D. Nicolai.

138 1493, 16 avril - Nancy. Rémission accordée à Jean de Champigneulles, palefrenier du bâtard de Calabre, coupable d’homicide commis à Paris sur la personne d’un sergent du Châtelet qui tentait de voler un chien appartenant à son maître et dont il avait la garde. Copie, ADMM, B 4, f° 184r°-v°.

René, etc., a touz etc. Receue avons l’umble supplication de Jehan de Champigneulles, filz de feu Didier, maire dudit lieu, jadis palfrenier de nostre cousin 242

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le bastard de Calabre, contenant que darrenierement, luy estant a Paris et ayant en garde de son maistre une levriere, environ les IX heures de la (n)nuyt, il fut averty que ung sergent du Chastelet et ung autre avoient pris ladite levriere, lequel descendit en la rue et leur demanda pour quoy ilz vouloient avoir ladite levriere, lequel sergent respondit qu’ilz l’averoient, touteffoiz il l’avoit desja laissee et abandonnee. Neantmoins il dist audit de Champigneulles que en despit de son visaige qu’il avreroit ladite levriere, auquel ledit de Champigneulles, suppliant, repliqua que non et pareillement dit Renault, maistre d’ostel de nostre cousin le bastard, qu’estoit aux fenestres de leur logis, que c’estoit doné par force. Et sur ce ledit sergent mist la main a sa dacgue en intention de la tirer et frapper ledit suppliant, lequel se voyant, /184v°/ doubtant le coup, il s’avancza et tira son espee et d’icelle en donna audit sergent deux couptz, l’un en l’espaulle et l’autre en la teste du cousté gauche, tellement que, ainsi qu’il a esté averty, environ deux jours aprés iceulx couptz donnéz, ledit sergent termina de vie par mort. Pour lequel cas etc. Donné a Nancy, le XVIe jour d’avril IIIIxx et XIII. Signé René. Par le roy de Sicille, les seneschal de Lorraine et bailli de Nancy presens. Crestien.

139 1493, 25 juin - Lunéville. Rémission accordée à Pierre de Marchainville, emprisonné à Saint-Mihiel, coupable de complicité du vol d’une somme d’argent et d’un cheval appartenant à un marchand de Metz. Copie, ADMM, B 5, f° 5v°.

René, etc. L’umble supplicacion des freres, parens et amys de Pierre de Marchainville, a present detenu prinsonnier en nostre chastel de Saint-Mihiel, avons receue contenant que, pendant noz guerres contre ceulx de Mets, il nous a bien et leaulment servy en armes, et tellement qu’il fut prins par lesdits de Metz, longuement et villainement detenu et mal traictié et dommaigé de plus de VI a VII vingts frans, a cause de quoy il a touz jours eu vouloir soy revencher et recoure sur eulx de ses pertes et dommaiges. Et, pour ce faire, se acompaigna nagueres avecques ung nommé Agero, compaignon de guerre soubz la charge de messire Gracien de Guerre, comme il disoit, et eulx deux ensemble se trouverent nagueres sur la montaigne de Wouainville pres de Vigiez-Moustiers, trouverent ung marchant demourant a Mets, compaignon de Jehan de Hatenge dudit Mets, menant certains chevaulx en vendaige, lequel marchant ilz prindrent, le tirent a part et luy demandent a cui il estoit, lequel respondit qu’il estoit a nous. A ceste cause ledit Pierre le laissa et se tira arrier, mes ledit Agero luy ousta environ XXXII frans et ung de ses chevaulx sur lequel il monta, et s’en alla et enporta ledit argent sans ce que ledit Pierres en eust aucune chose. 243

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Lesquelles choses faictes icelluy Pierres print son chemin pour soy retourner a Sampigny, mes il fut chassé et prins par aucuns compaignons dudit Wouainville qui ouirent le bruit dudit marchant, et fut amené prinson audit Saint-Mihiel ou il est detenu pour ledit cas, en dangier etc. Savoir faisons etc. Donné a Luneville, le XXVe jour de juin IIIIxx XIII. Signé René. Par le roy, etc. Nicolai.

140 1493, 20 juillet - Lunéville. Rémission accordée à Jeninet le Coronnier, autrefois cuisinier du duc, coupable d’homicide commis le 6 janvier 1493, dans une rue de Bar-le-Duc, sur la personne d’un compagnon coutelier qui venait de battre une prostituée. Copie, ADMM, B 5, f° 60v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Jeninet le Coronnier, d’Elbeuf, jadiz de nostre cuisine, avons receue contenant que, le soir des Roys dernierement passé, il se trouva environ de onze a douze heures de nuyt a Bar en la rue des Juifz avec pluseurs autres en une maison assez pres de Saint-Anthoine dudit Bar, qui la estoient a deviser ensemble, et en parlant qu’ilz faisoient, survint ung nommé Maxe qui dist audit Jeninet : « On bat ton compaignon Jehan de Lyon » ; ouyes lesquelles parolles, yssit iceluy dehors sans cousteaulx, dague ne baston ferré fors ung baston en sa main, et en cheminant vers la maison de la mairesse vid ung compaignon coustellier contre la porte de la grange d’icelle mairesse estant debout, et y avoit une jeune femme commune avec luy qui pleuroit pour ce qu’il l’avoit battue ; lequel Jeninet dist audit compaignon : « Que faiz tu la ? », lequel ne respondit aucune chose, et ce veant, ledit Jeninet lui bailla deux coups de son baston, l’un sur l’un des bras et l’autre sur l’autre bras, en disant : « Va t’en ! », et ledit coustellier s’en fuyst et se departit de luy en tirant par la ruelle du four du bourg, et s’en alla bouter en la maison d’un appellé Mengin Jobert et ne le suyt ne frappa autrement ledit Jeninet. Et quant icelui fut retourné en son logis, oyt dire que le beau Jehan lui avoit baillié ung cop de dague sur la teste et l’avoit fort blecié, et se partirent ledit Jehan de Lyon et ledit Jeninet et le allerent veoir en l’ostel dudit Mengin et trouverent qu’il estoit habillié, et de la s’en retournerent en leur logis sans faire nulle noises, duquel cop ledit coustellier est allé de vie a trespas. Quoy veant, doubtant rigueur de justice, s’est rendu fugitif et absent des pays ou il n’ozeroit retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, humblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, inclinans a l’umble supplicacion dudit Jeninet, les choses dessus dites et autres considerees, voulans preferer misericorde a rigueur de justice en ceste partie, avons audit Jeninet quicté, remys et pardonné et par ces presentes de nostre grace, plaine puissance et auctorité quictons, remectons et pardonnons le cas et fait dessus declairé 244

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avec toute peine, offence, et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas il pourroit estre encorru envers nous et justice, en mectant au neant tous bans, proclamacions et adjournemens si aucuns en estoient esté faiz, et le remectons et restituons a sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie civillement tant seulement si faite n’est et elle y eschiet, telle qu’il appartiendra par raison. Et sur ce imposons silence perpetuel a noz procureurs generaulx et tous autres presens et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes au bailly dudit Bar et tous autres noz justiciers, officiers, hommes et subgetz que de noz presens grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Jeninet joyr et user plainement et paisiblement sans pour occasion dudit cas luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mys ou donné aucun empeschement au contraire, car ainsi le voulons. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre ville de Luneville, le XXe jour de juillet mil CCCC quatre vingt et treze. Signé René. Par le roy. D. Nicolai.

141 1493, 19 août - Lunéville. Rémission accordée à Mengin Poillot, demeurant à Darney, et au muletier de Remoncourt, emprisonnés à Serécourt, coupables d’homicide commis le 7 août 1493 sur la personne du fils du maire de Serécourt au cours d’une tentative d’arrestation de malfaiteurs. Copie, ADMM, B 5, f° 192 r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Mengin Poillot, de Darney, et le muletier de Remoncourt, noz subgects, avons receue contenant que, pource que ung nommé le Lorrain, naguieres a, avoit esté accusé d’aucuns excés fais en l’ostel de messire Didier de Buriville, prebstre, icelui Lorrain fut arresté au lieu de Darney, lequel s’excusa disant que a tort l’en l’avoit chargé et qu’il ensengneroit bien les malfaiteurs qui avoient fait ledit excés. Quoy veant le lieutenant audit Darney du seigneur de Bassompierre, le VIIe jour de ce present mois d’aoust, envoya lesdits supplians avec ledit Lorrain au lieu de Serecourt, appartenant a messire Colas du Chastellet, ou ilz trouverent l’un desdits malfaiteurs que ledit Lorrain leur monstra, disant : « Vecy celui qui a corru sur la saulvegarde de monseigneur de Bassompierre », et le prinrent, lequel se deffendit fort et fit grant bruit, tellement que pluseurs dudit Serecourt se y assemblerent pour recourre ledit malfaiteur, et en eulx detirans l’un ça, l’autre la, ledit Poillot haussa une dague qu’il avoit, cuydant frapper du plat d’icelle, mais en abaissant son cop vint de taillant sur le col du fil le maire dudit Serecourt, /192v°/ a l’occasion duquel cop trois ou quatre jours aprés il alla de vie a tres245

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pas. Demorerent iceulx exposans prins et sont presentement detenus prisonniers audit Serecourt, en dangier de y finer miserablement leur jours se nostre grace et misericorde ne leur est sur ce impartie, humblement requerant icelle, actendu que par ordonnance dudit lieutenant ilz estoient alléz audit lieu affin d’aprehender lesdits malfaiteurs infracteurs de saulve garde pour en faire reparacion selon justice, et que le filz dudit maire sans cause se vint entremectre, deffendre et rescourre icelui delinquant, par quoy fut aggresseur du cop ainsi per fortune et de chaulde colle advenu sur luy, leur veullons remectre, quicter et pardonner ledit cas. Savoir faisons que, ces choses considerees, nous, inclinans a l’umble suplicacion desdits remoustrans, voulans en ceste partie misericorde preferer a rigeur de justice, leur avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes de nostre grace, plaine puissance et auctorité quictons, remettons et pardonnons le cas dessus dit avec toute painne, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas ilz pouroient estre encourru envers nous et justice, et les remectons et restituons a leur bonne fame et renommee au pays et a leurs biens non confisquéz, satiffaction faite a partie civillement tant seulement sy faicte n’est et elle y eschiet. Et sur ce imposons scilence perpetuelle etc. Donné en nostre ville de Luneville, le XIXe jour d’aoust mil IIIIc IIIIxx et treze. Signé René. Par le roy. D. Nicolai.

142 1493, 31 octobre - Nancy. Rémission accordée à Jean Marcoux, demeurant à Gerbépal, et à Nicolas et Jean, fils de Didier le Haire dudit lieu, coupables d’homicide commis le 29 mai 1493 sur la personne de Jean Gelley à la suite de disputes répétées. Copie, ADMM, B 5, f° 23v°-24.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion des femme, parens et amis de Jehan Marcoux, de Gerbepault, et de Nicolas et Jehan, enffans de Didier le Haire dudit lieu, avons receue contenant que, le jour de la feste Dieu darrenierement passee, ledit Jehan Marcoux, Jehan Gelley, son filz, et Demenge Gomey estoient au lieu de Coursieux, duquel lieu ilz se partirent pour tirer audit Gerbepault ; et quant ilz furent hors du cymetiere, ledit Gelley, veant que ledit Marcoux s’en vouloit aller en sa maison audit lieu, dist a son filz : « Avise le traitre, par la char Dieu je le turay encores nuyt ou il me tura ». Et en allant qu’ilz faisoient, ledit Gilley actendoit touz jours ledit Marcoux ; et lors qu’il fut pres de luy, il luy dist plussieurs parolles injurieuses, auquel ledit Marcoux respondit que s’il luy vouloit aucune chose demander, qui luy demandast par justice et qu’il se deffendroit au mieulx qu’il pouroit. Lors iceluy Gilley dist qu’il ne le vouloit pas poursuir par justice et que la justice estoit faulce et traictre, et qu’il le tueroit avant qu’il fust nuyt. Et deffait vint a luy avecques 246

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ung espieu qu’il avoit, le voulant frapper, mes ledit Demenge Gomery et le filz dudit Gilley tenoient ledit espieu en faczon qu’il ne le peult ferir, et prioient audit Marcoux qu’il vousist fouyr hors du chemin, ce qu’il fist ; et lors il courut aprés en disant : « Faulx traictre ! lerre tout prouvé ! », et passant ledit Gilley davant se cacha sur le chemin en l’actendant, et ledit Demenge Gomery vint aprés luy disant qu’il faisoit la, /24/ respondit : « Je actens le traictre Marcoux, je le tueray ou il me tuera ». Et adonc ledit Gomery le fist departir et s’en allerent ensemble au lieu dudit Gerbepault et, en passant par my la ville et devant la maison dudit Marcoux, ledit Gilley commancza a crier : « Faulx traictre ! », lequel Marcoux saillit dehors de sa maison et adonc ledit Gilley vint a luy, le cuidant tuer de sondit espieu, et si n’eust esté son filz et ledit Gomery qui tindrent le coup, il l’eust frappé. Et voyant la mere et femme dudit Marcoux se prindrent a crier, au moyen duquel cry lesdits Nicolas et Jehan, freres de sadite femme, saillirent hors de la maison avecques leurs bastons, et si tost que ledit Gilley les vit, il courut sus audit Nicolas avecques sondit espieu, et si n’eust esté qu’il recullit les coups d’ung petit espieu qu’il avoit, il l’eust oultraigé ; et se combatoient ensemble, et voyant ledit Marcoux saillit de sa maison et, par temptacion de l’ennemy, le frappa de son espieu par darrier au travers du corps tellement que, quatre ou V heures aprés ledit coup, il alla de vie a trespas. Au moyen de quoy, doubtant rigueur de justice, les troys dessus nomméz se sont absentéz hors de noz pays etc. Donné a Nancy, le darrain d’octobre IIIIxx XIII. Signé René. Par le roy, les seneschal de Lorraine, messeigneurs Balthasar de Hausonville, Jehan de Germenges, chevaliers, maistres d’ostel Pierre du Fay, Jehan de Vaudemont, president des comptes de Lorraine et autres presens. Durat.

143 1493, 14 décembre - Nancy. Rémission accordée à Jean Jacquot, dit Fourot, vigneron demeurant à Fains-Véel, emprisonné à Bar et condamné au bannissement pour tentative d’empoisonnement sur la personne du mari de sa maîtresse. Original, ADMM, B 533 n°21 (lettre II). Copie, ADMM, B 5, f° 24v°-25.

René, etc., a touz etc., salut. La providence de Dieu tout puissant nous a dispousé et ordonné pour pourveoirs aux choses humaines, mesmement affin que aux dictz et faictz des personnes selon leurs qualités nous temprons aucuneffoiz par doulceur et equicté la rigueur de droit et leur pourvoyons convenablement de ce que nous voyons leur estre neccessaire. De la part de Jehan Jacquot, dit Fourot, vigneron demourant a Faints en nostre prevosté de Bar, 247

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Rémission du duc René II accordée en 1493 à un vigneron de Fains-Véel. (ADMM B 533, n° 21, lettre II et copie ibid., B5, f° 24v°-25, lettre 143)

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nous a esté presenté une supplicacion dont la teneur s’ensuit : Au roy de Jherusalem et de Sicille, duc de Bar et de Lorraine, etc., remonstrent treshumblement les femme, enffans, parens et amis de Jehan Jacquot, dit Fourot, demourant a Faints, disant que, puis ung an encza et auparavant, il s’enamoura d’une femme mariee demourant a Faints, nommee Françoise la Noire, et tellement que certain jour ledit Fourot et ladite Françoise aviserent ensemble par la temptacion du dyable d’avoir du poizon et en donner au mary de ladite Françoise la Noire, et tellement que certain jour ledit Fourot, le landemain d’une foyre a Bar, vint par devers ung vendeur de triacle estant a Bar pour avoir du poizon, mes ledit triacleur ne luy en voulut bailler mes luy bailla de la noye rouge. Pour lequel cas, ledit Jehan Fourot fut delors constitué prinsonnier audit lieu de Bar et, son procés fait, ledit Fourot fut condempné par vostre prevost de Bar a estre banny de vostre duchié de Bar jucques a vostre bon plaisir, qui est chose piteuse pour la femme dudit Fourot, suppliante, laquelle est chargee de cinq /25/ bien petiz enfans qui ne sauroient gaingner leur vie. Pourquoy retournent lesdits supplians par devers vostre grace, humblement suppliant que, actendu et consideré que ledit Jehan Fourot ne fut jamés actaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche et que se qu’il a fait a esté par la temptacion de l’annemy, et aussi que le fait n’a sorty son effect, il vous plaise de vostre benigne grace luy remectre, quicter et pardonner ledit cas et le remectre en ses bonne famme et renommee en voz pays et a ses biens, quoy faisant ferez euvre meritoire et lesdits supplians prieront Dieu pour vous et vostre noble lignee. Savoir faisons etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XIIIIe de decembre IIIIxx XIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc. Nicolai.

144 1494 (n. s.), 14 février - Nancy. Rémission accordée à Henry, demeurant à Moyeuvre, coupable d’homicide commis le 13 janvier 1494 sur la personne de Gillet, son beau-frère, à la suite d’une dispute survenue à l’issue d’un repas de noces. Copie, ADMM, B 5, f° 35.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Hanry, nostre subgiet, demourant en nostre ville de Moyeuvre, prevosté de Briey, avons receue contenant que, dimenche vigille des petiz Roys darrain passé, il estoit au soupper a la nopce de son serourge qui sont pouvres gens, en laquelle il avoit ung autre sien serourge qui avoit esté appellé a la nopce de ung sien serourge aussi, a laquelle ilz firent bonne chere ensembles. Advint que le soir aprés soupper que chascun est departy, ledit suppliant s’en alla en sa chambre et dist a sa femme : « Allons veoirs a la fenestre de la chambre ou est couchee l’espousee ». Et quant ilz furent a la fenestre de l’espousee, ung appellé Gillet, demourant a Gorze, aussi serouge dudit sup249

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

pliant, saillit hors de la chambre ou il estoit et fermit l’uys de la maison dudit suppliant, et luy rescria et a sa femme qu’ilz n’entreroient ja en la maison ; quoy voyant, la femme d’iceluy suppliant vint a l’uys d’icelle maison et appella son sire qui estoit dedans pour ouvrir. Et quant iceluy suppliant fut dedans, se prindrent de parolles icelluy Gillet et luy, disant que c’estoit mal fait l’avoir enfermé dehors, et ledit Gillet luy respondit par grant fureur qu’i le frapperoit, et sans dire autres parolles icelluy Gillet tira ung bracquemart, cuidant frapper sur la teste d’iceluy suppliant qui print ung rain de facine, duquel(le) il luy bailla tel coup etc. qu’il alla de vie a trespas etc. Donné a Nancy, le XIIIIe jour de fevrier IIIIxx XIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc. Nicolay.

145 1494 (n. s.), 7 mars - Nancy. Rémission accordée à Husson Mengin, maréchal-ferrant demeurant à Herbéviller, coupable d’homicide commis le 18 novembre 1493 sur la personne de son beau-frère Jean Fariot, de Chazelles-sur-Albe, à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 5, f° 54v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Marguerite, femme d’ung nommé Husson Mengin, mareschal de Herbevillers, chargee de quatre petiz enffans, contenant comme ainsi soit que ledit Husson, son mary, et Jehan Fariot, serourge audit Husson, eulx demourans en la ville de Chazelle, par plussieurs foiz se avoient menaséz et tansé l’un l’autre, et deffait ledit Jehan Fariot, n’avoit gueres, estoit venu devant l’uys dudit Husson, tenant une masue en sa main, et l’apella en disant : « Ou es tu, faulx traictre ? Es tu seans ? », lequel Husson estoit a son feu, ouyant l’injure que ledit Fariot luy disoit, se leva, print son espieu, saillit hors sa maison et deffait chassa ledit Fariot jucques en sa maison. Advint que, le XVIIIe jour du moys de novembre premier dimanche aprés la Saint Martin darrain passee, les dessus dits Husson et Jehan Fariet se trouverent audit Herbevillers, chascun d’eulx en une taverne ou ilz beurent tresbien ; environ vespres dudit jour, se partirent l’un aprés l’autre et en allant se prindrent de parolles, ne scet l’en ne par quelle faczon, neantmoins, comme l’en veult dire, ledit Jehan Fariet fut frappé par ledit Husson tellement que environ deux jours aprés mourut, ne scet on de vray si se fut a l’occasion d’icelle frappeure comme que ledit Husson s’en retourna bien batu et fort playé, comme ceulx qui le mirent a point le tesmoignent. Depuis laquelle bapture ledit Husson, voyant et oyant la mort dudit Fariet estre prouchaine, doubtant la rigueur de justice, se rendit fugitif et se absenta du lieu, et pour ce que ladite pouvre etc. Donné a Nancy, le VIIe de mars IIIIxx XIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal de Lorraine, seigneur de Lenoncourt, grant escuier d’escuirie, president des comptes et autres presens. Crestien. 250

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146 1494 (n. s.), 20 mars - Lunéville. Rémission accordée à Richard Clément, garde des vignes de Pont-à-Mousson, coupable d’homicide commis le 3 septembre 1494 sur la personne de Jean Berad qui lui reprochait d’avoir dérobé une grappe de raisin dans sa vigne. Copie, ADMM, B 5, f° 194r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Jennette, femme de Richart Clement, de nostre cité du Pont-a-Mousson, chargee de quatre petis enffans et presentement estant en gessine d’enffant, avons receue contenant que, le jour de la Sainct Mansuy dernier passé, sondit mary estant garde ou bawa des vignes du ban dudit Pont, en passant qu’il faisoit avec autres compaignons par une sente desdites vignes, cueilla une grappe de rasin pour luy manger au chief de la vigne d’un nommé Jehan Berad lors estant en sadite vigne ; quoy veant ledit Jehan Berad escria audit Richart : « Ha larron, pourquoy me menges tu mes rasins ? », laquelle chose ouye par icelui Richart lui respondit : « Tu as menti, je ne suis point larron », et s’entreprindrent de parolles en façon que ledit Richart laissa ses compaignons et vint audit Jehan Berad et, de la hante d’un dart qu’il portoit en excerçant sondit office, frappa iceluy Jehan Berad ung cop sur la teste, au moyen duquel cop, par faulte de gouvernement ou autrement, environ huit jours aprés ledit Jehan Berad alla de vie a trespas. Dont icelui Richart adverty, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de noz pays et seigneuries esquelz jamais n’oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne lui est sur ce impartie, humblement requerant icelle, que consideré qu’il ne fut jamais actaint d’autre cas digne de reproche, lui voullons quicter, remectre et pardonner le cas dessus dit. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, inclinans /194v°/ a l’umble supplicacion de ladite Jennette, mesmes a la tresinstante priere et requeste de nostre treschiere et tresamee espouse, la royne, et de nostre treschier et tresamé filz le duc de Calabre qui a intercedé a ceste cause envers nous, a la supplicacion de ladite Jannette avons de nostre grace, plaine puissance et auctorité quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons au mary de ladite suppliante le cas par lui commis en la maniere que dessus, avec toute peine, offence et amende corporelle, criminelle etc. Donné en nostre ville de Luneville, le XXe jour de mars mil CCCC IIIIxx et treze. Signé René. Par le roy de Sicile. Didié Nicolai.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

147 1494, 27 mars - Epinal. Rémission accordée à Nicolas Laguesse, de La Mothe, qui, après avoir fui cette localité par peur d’être accusé de complicité d’infanticide, souhaite y revenir (cf. n° 137). Copie, ADMM, B 5, f° 195.

René, etc. L’umble suplicacion de Nicolas Laguesse, nostre homme et subget de nostre ville de La Mothe, avons receue contenant qu’il peult avoir environ deux ans que, par la seduction et temptacion de l’ennemy, il s’acointa d’une josne femme nommee Jhannette, femme de Nicolas Petit Jehan de ladite Mothe, parce que ledit Nicolas Petit l’avoit lassee et estoit au païs de France passé avoit desja deux ans, et tellement que ledit Nicolas luy fist ung enffant et l’engrossa. Et quant il apparceust qu’elle estoit grosse, il luy dit : « Vien ça ! L’on dit que tu es grosse d’enffant, je ne sçay comment nous ferons. Sy tu veul, je t’en menray demeurer hors de ce lieu affin que tu face ton enffant et qu’il n’en soit rien sceu en la ville. Ou si tu veul, je le diray a quelque homme d’esglise ou aultre de ce lieu pour avoir son conseil sur ce », laquelle luy respondit qu’elle n’en iroit ja et qu’elle feroit bien tant que l’en n’en sauroit ja rien, a quoy ledit remonstrant ne contredit point. C’est que, quant elle eust enfanté son enfant de nuyt, elle le porta en une cave tout vif et le cacha en ladite cave et le laissa ou il fut mort, mais ledit remonstrant ne sceut rien de son enfantement ne ne fut jamais present a le porter en la cave. Et asses tost aprés noz officiers de ladite Mothe, advertys et veans que ladite femme n’estoit plus grosse, mirent la main a elle et fut menee en noz prisons, et quant ledit remonstrant sceut qu’elle estoit prisonniere, il s’absenta et se rendist fugitif, et est encor de present et jamais n’est retourné a ladite Mothe ne ou pays, doubtant la rigueur de justice. Ce consideré, et que ledit remonstrant ne fut jamais present a faire le cas et n’en fut jamais consentant, reservé que, quant elle luy dit qu’elle feroit de son enffant tellement que jamais on n’en sauroit nouvelle, il ne luy contredit point ne ne feist sa diligence de la faire garder mais fut bien content qu’elle en feist ce qu’elle vouldroit, mesmement qu’il est chargé de femme et quaitre beaux enffans qui meurent de fain a ladite Mothe et n’ont de quoy vivre, il nous plaise de nostre grace et misericorde, humblement requerant icelle, luy pardonner et remectre le cas et l’offence qu’il a en ce commis, affin qu’il puisse retourner a ladite Mothe pour norrir ses pouvres enffans. Savoir faisons que nous, les choses dessus dites considerees, inclinans a l’umble suplicacion dudit remonstrant, voulons en ceste partie misericorde preferer a rigeur de justice, luy avons de nostre grace, plainne puissance et auctorité remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons le cas dessus dit avec toute pene et offence corporelle et criminelle, en appoinctant pour l’amende civille a 252

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nostre seneschal de La Mothe en quoy, pour occasion d’icelluy cas, il pouroit estre encoru envers nous et justice, et mettant au neant tous bans et proclamacions sy aucuns s’en estoient enfuys, et le remettons et restituons a sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffaction faicte a partie civilement tant seulement sy desja faite n’est et elle y eschiet, telle qu’il appartiendra par raison. Et imposons sur ce scilence perpetuelle etc. Donné en nostre ville d’Espinal, le XXVIIe jour de mars mil IIIIc IIIIxx XIIII. Signé René. Par le roy de Sicile, etc. D. Nicolai.

148 1494, 22 avril - Nancy. Rémission accordée à Petit Salmon, archer de la garnison ducale à Virton, emprisonné dans cette localité, coupable d’homicide commis le 20 avril 1494 sur la personne de Collet le Marchal, dudit lieu, au cours d’une rixe. Copie, ADMM, B 5, f° 112v°-113.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion du Petit Salmon, archer de nostre garnison estant a Virton, avons receue contenant que, dimanche au soir darrain passé, son paige vint devers luy, soy complaignant de ce que le filz de Collet le Marchal, demourant audit lieu, l’avoit batu de plussieurs comps de poing. Et a ceste cause ledit Salmon incontinant print son espee a son poing et s’en alla devers l’ostel dudit Marchal ou il trouva ledit filz, auquel il donna deux ou troys comptz du plat de sadite espee. Et aprés ce, iceluy Collet Marchal saillit dehors de sa maison tenant une pesle, laquelle il getta jus et agrappa ledit Salmon par la chevese et parmy le corps, et ainsi qu’ilz se tenoient, veant qu’il l’avoit embrassé et doubtant qu’il luy feist quelque desplaisir, print et mist sadite espee par darrier le doubz dudit Marchal et la luy bouta parmy la cuise, /113/ esperant qu’il le laisseroit, et tellement que incontinant, au moyen dudit coup, mort s’en suivit et alla de vie a trespas. Pour lequel cas il a esté aprehandé par le prevost et officiers dudit Virton et mis en prinson ou il est de present, nous suppliant que, actendu ce que dit est, luy pardonner ledit cas ainsi par luy fait, ensemble toute amande tant corporelle, criminelle que civille en quoy il pouroit estre encheu envers nous et justice. Savoir faisons que nous, inclinans a sa supplicacion etc., sactiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement. Donné a Nancy, le XXIIe d’avril IIIIxx XIIII. Signé René. Par le roy de Sicille, les seneschal de Lorraine, bailly de Clermont, seigneurs de Dommartin et Guermenges et autres presens. Durat.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

149 1494, 27 mai - Nancy. Rémission accordée à Cugnin, fils de Jean Cornade, demeurant à Haroué, coupable d’homicide commis il y a deux ans sur la personne de Perresson Musnier qui avait proféré en public des insultes contre sa sœur mariée. Copie, ADMM, B 5, f° 116v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Cugnin, filz de Jehan Cornadel, de Harouel, avons receue contenant qu’il y a environ deux ans que Petit Jehan, mary de sa seur, se trouva en une houstelerie avecques plussieurs autres au lieu de Haplemont, et en faczon que Perresson Musnier, dudit Harouel, et ledit Petit Jehan eurent debat ensemble tellement que ledit Perresson dist audit Petit Jehan : « Va, coquin ! J’ay chevauchié ta femme », et aprés plussieurs desmenteries, ledit Petit Jehan dist audit Perresson : « Garde toy bien, tu auras une malle nuyt ». Et s’en alla ledit Petit Jehan audit Harouel enchés le pere de sa femme, ou il trouva ledit remonstrant en luy disant : « Vien t’en avecques moy, je t’en prie ». Sans autres parolles ledit remonstrant s’en alla avecques luy et, quant ilz vindrent aux champs, ledit Petit Jehan dist audit remonstrant : « Frere, Perresson Musnier m’a dit et maintenu devant plussieurs gens de bien qu’il avoit chevauchié ma femme, ta seur », et en allant qu’il faisoit, ledit remonstrant print ung paul et n’allerent gueres long et rencontrerent ledit Perresson. Et incontinant ledit Petit Jehan le frappa d’une dague sur la teste, duquel cop il tombit en disant audit remonstrant : « Frappe ou je te tueray », et adont ledit remonstrant luy donna deux coups par my le bras, de laquelle bapture mort s’en est ensuy. A l’occasion de quoy, doubtant rigueur de justice, ledit suppliant c’est absenté etc. Donné a Nancy, le XXVIIe jour de may IIIIxx XIIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc. Nicolay.

150 1494, 10 juin - Dieulouard. Rémission accordée par Antoine, duc de Calabre, marquis du Pont, à Jean Malriet, de Pont-à-Mousson, coupable du meurtre, il y a deux ans, de Didier Chavry, du même lieu. Copie, ADMM, B 5, f° 107.

Anthoine, filz du roy de Jherusalem, de Sicille et d’Arragon, duc de Calabre, marquis du Pont, a touz presens et avenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Jehan Malriet, jeusne filz natif du Pont, contenant qu’il peult avoir environ deux ans, luy estant de nuyt par la ville comme jeusne filz a marier, querant ung sien compaignon nommé Parisot, avecques lequel souventesfoiz 254

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frequantoit, estant ledit Parisot en hayne a ung autre compaignon nommé Didier Chavry, ledit expousant, voulant favoriser ledit Parisot son compaignon, luy dist : « Se tu vieulx batre Didier Chavry, il est temps car il s’en va a l’ostel de sa fiancee ». Et s’en vindrent ensemble devant l’ostel du prevost dudit Pont et illec demoura ledit Jehan Malriet pour faire le guet, non voulant mectre la main audit Didier, et pensant qu’il ne le deust sinon que batre. Ce nonobstant, il le tua. A l’occasion de quoy, doubtant rigueur de justice, etc. Savoir faisons, etc. Si donnons en mandement, etc. Donné a Dieulouart, le Xme de juin IIIIxx XIIII. Signé Anthoine. Par monseigneur le duc de Calabre, le seigneur de Pierreffort et ausmonier du roy presens. Crestien.

151 1494, 18 juin - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean Fredal, de Rémois, coupable d’homicide commis le 14 juin 1494 sur la personne du fils de Didier Challey, d’Estrennes, parce que celui-ci avait gâté ses blés en y faisant pâturer des chevaux. Copie, ADMM, B 5, f° 108r°-v°.

René, par la grace de dieu roy de Jherusalem, de Sicille et d’Arragon, duc de Lorraine et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et de Harrecourt, a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble suplicacion de Jehan Fredal, de Rammoix pres de Chastenoy, contenant que, sabmedi darnier passé eust huict jours, aprés ce qu’il sceust veritablement que deux garsons gardans des chevaulx en ung trexe entre les blefz, iceulx deux garsons lui avoient pasturer et gasté son blé, retournans qu’ilz faisoient avec leurs chevaulx et passans par davant sa maison, mit la main a l’un desdits garsons et lui dit qu’il le compareroit, toutteffois il ne lui fit aucun grief ne desplaisir ; veant l’autre garson et doubtant qu’il ne le batit, s’en fouya avec ses chevaulx. Et pour ce qu’il sembloit audit suppliant qu’il estoit le plus coulpauble, print subitement ung baston en maniere d’un paul et le gettast aprés iceluy garson, que estoit aigyé d’environ XV ou XVI ans, filz de Didier Challey d’Estainne, servant maistre chie sa suer audit Raimmoix, et gestat ledit paulx aprés ledit garson. Advint que par fortune le paulx lui vint entrer en l’une des cuisses dessus le genoix et le bleça tellement que, huict jours aprés ledit coup fait, par faulte d’avoir esté mal pensé ou autrement, comme Dieu a voulu, ledit garson a terminé vie par mort. Pour lequel cas ainsi de fortune mal advenu, ledit Jehan Fredal s’est absenté de son lieu et ne se y ouseroit trouver si vostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle, actendu que s’est cas de fortune et que jamais ledit Jehan Fredal, que est bon laboureur, ne fut actaint de nulz villains cas, blasmes ou reproches, et aussi que desja il a apoincté aux parens 255

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

et amys du deffunct, ainsi qu’il nous a appareu. Savoir faisons que nous, begninement inclinant a la suplicacion dudit Jehan Fredal, aprés deue informacion eue que le cas est advenu en la maniere dessus dite et qu’il est de bon fame et renommee, sans par devant avoir esté noté ne actaint de nul villain cas, blasme ou reprouche, a iceluy supliant, de nostre grace, plainne puissance et auctorité avons remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons le cas tel qu’il est cy dessus declairé, emsemble toute painne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour et a l’ocacion que dessus il pourroit estre encheu envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué, remectons et restituons par ces presentes en son bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, en tant que a nous est sattiffacion faicte a partie interressee si desjay faicte n’est et elle y eschiet civillement tant seulement, imposant pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorrainne present et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Vosges, justiciers, officiers, hommes, vassaulx et subgetz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx presens et advenir qu’ilz souffrent et laissent d’ores en avant ledit suppliant joyr et user /108v°/ plainnement et paisiblement de ceste nostre presente grace, quictance et pardon tant en la forme et maniere dessus dites, mectant son corps a plaine delivrance, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre cité du Pont, le XVIIIe jour de juin, l’an de grace Nostre Seigneur mil IIIIc IIIIxx et quactorze. Par le roy de Sicille, etc., les baillys de Vosges, capitaine de Chastenoy, seigneur de Dampmartin, procureur de Vosges et autres presens. Crestien.

152 1494, 23 août - Lunéville. Rémission accordée à Thierry de Lenoncourt, conseiller du duc, coupable du meurtre, dans son château, de son épouse adultère, Utelinne de Parroye. Copie, ADMM, B 5, f° 120r°-v°.

René, par la grace de dieu roy de Jherusalem, d’Arragon et de Sicille, duc de Lorranne et de Bar, marchis, marquis du Pont etc., a touz etc., salut. Savoir faisons que l’umble supplicacion par nous receue de nostre treschier et feal conseillier Thiery de Lenoncourt, seigneur audit lieu, contenant que jaçoit et despiecza mesmement depuis dix ou douze ans encza qu’il espousa feue dame Utellinne de Parroye, il l’ait bien et honnestement traictee et a icelle entretenu bon et grant estat selon le noble lieu dont elle estoit partie, sans avoir quelque deffault ou indigence, et que neantmoins icelle dame, usant plus de sa voulanté que de raison, c’est plussieurs et diverses foiz acointee de 256

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mauvaises gens, tant d’eiglise comme seculiers, et avecques eulx consummé la pluspart de ses biens dont luy sont sourvenuz plussieurs inconveniens, et que pis est, icelle a abandonné sa personne a tel et si grant nombre de gens que a peine le vouldroit dire ne declairer, pourquoy, aiant regard a son honneur que homme ne doit negliger, luy a plussieurs foiz remonstré et fait remonstrer son cas et l’a requis de soy desister de ses folles et mauvaise vie, mesmement comme il disoit en nostre presence, et luy pardonna des faultes pareilles commises et dont elle estoit chargee, par especial d’ung nommé Françoys Orioller. Ce nonobstant, icelle sadite feue femme a par l’espace de cinq ou six ans persisté en sadite folie, mauvais gouvernement et desordonnee voulanté, dont en fin il c’est trouvé destitué de ses biens et tresgrivement dommaigé et descheu totallement de son honneur, dont par succession de temps a esté treffort de plussieurs ses amis et serviteurs persuadé ne souffrir ou endurer tel deshonneur lui estre fait. Comme la fame publicque estoit et couroit partout, luy qui avoit, com chascuns hommes vertueulx doit avoir, son honneur accueur se trouva nagueres en sa forte maison dudit Lenoncourt, en laquelle plussieurs de ses gens et serviteurs luy denoncerent icelle sa femme avoir fait son pacquet pour s’en aller avecques ung nommé Guillemin Delestat, qui par chascun jour estoit aupres et alentour dudit Lenoncourt, et qu’ilz avoient suspicion de plus grant mal, mesmement du dangier de sa personne, la quelle chose entendue se tira en sa chambre en laquelle trouva en certains coffres plussieurs lettres misives et ballades /120v°/ tresdeshonnestes que ledit Guillemin et autres mauvaises gens avoient escriptes a ladite Utellinne, dont il fut tellement troublé qu’il proceda par euvre de fait en la personne d’icelle tellement que mort s’en ensuivit ; de laquelle depuis, pour l’onneur des parens et amys d’elle, il a esté tresdesplaisant et est encores, nous suppliant treshumblement comme a son souverain seigneur avoir regard aux choses dessus dites et a sesdits services et luy pardonner, remectre et abolir le cas. Nous qui de ce faire summes estéz treffort et tresinstamment requis par nostre treschier et tresamé frere le duc de Gheldres et autres grans personnaiges, et qui par longue espace de temps avons fait enquerir de ceste matiere et par les aucuns de noz fiables conseilliers fait parler aux parens et amis d’icelle Utellinne, ayant regard aux choses que dessus, consideré les grans et bons services que nous a fait par cy devant ledit seigneur de Lenoncourt, tant en noz guerres comme autrement en noz affaires, et pour autres justes et raisonnables causes a ce nous mouvans, usant de liberalité et nostre puissance royalle, avons aujourd’uy a iceluy Thiery de Lenoncourt pardonné, abolis et par ces presentes pardonnons et abolissons, le remis aussi et remectons en son bon famme et renommee et en touz ses biens meubles et heritaiges par touz noz pays ou qu’ilz soient et la ou que on les puisse dire, nommer et specifier. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Luneville, le XXIIIe jour d’aoust, l’an mil IIIIc IIIIxx XIIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., le president des comptes present. Gerlet. 257

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

153 1494, 6 septembre - Lunéville. Rémission accordée à Jean Martin, de Clairegoutte, coupable du vol, environ six semaines auparavant, d’une somme d’argent au détriment de Jacquot Puterace, d’Uzemain, qui l’avait cachée par peur des hommes d’armes de Fontenoy-le-Château. Copie, ADMM, B 5, f° 211.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Clemence, mere, et Anthoinette femme de Jehan Martin, de Cleregotte en nostre prevosté d’Arches, nostre homme tout liege, contenant que, environ six sepmaines a, aucuns compaignons de guerre de la garnison de Fontenoy vinrent a Usemain, distant environ demi quart de lieue dudit Cleregotte ; et quant les bonnes gens dudit leu les virent, cuidans que ce fussent de leurs ennemys, doubterent tellement que ung nommé Jaquot Puterace dudit Usemain, homme au seigneur de Darneulles, print une corne de buef qu’il avoit, en laquelle y avoit trante deux ou trante trois frans, et l’alla cachier en ung chasne darrier sa maison. Quoy veant, ledit Jehan Martin, qu’estoit assez pres de la, peu aprés alla audit chasne et print ladite corne et ledit argent, et veant ledit Jaquot Puterace que son argent estoit desrobé, l’a dit en plusieurs lieux suspecionnant du fait ledit Jehan Martin, pource qu’il l’avoit veu en ung pré prez d’ilecques quant il luy avoit cachié. Et tant sont alleez les parolles et les menasses qu’on en faisoit contre ledit Jehan Martin, disant a ladite suppliante, sa mere, qu’il en seroit pendu, de quoy elle doubtant promist au lieutenant de vostre prevost d’Arches, naguieres a, qu’elle luy mectrait ledit argent en main et qu’il laissast ledit Jehan Martin paisible. Et de ce faire elle print jour au dimenche ensuivant, auquel jour elle ne peut trouver nulz hommes qui lui voulsist prester ledit argent, parquoy elle s’excusa de sa promesse envers ledit lieutenant de prevost, et fit tant audit Puterace qu’il se tient contant de la somme qu’il demandoit, de quoy nostre receveur d’Arches adverty fit saisir et inventorier tous ses biens. Et au moyen de quoy ledit Jehan Martin, doubtant rigueur de justice et le dangier de sa personne qu’il ne deust estre prins, veant qu’il avoit ja despendu plus de la moitié dudit argent, s’est absenté de noz pays et seigneuries ou il n’oseroit jamais retourner se nostre grace ne luy est impartie, treshumblement requerant icelle par lesdites suppliantes, ce que dessus consideré et que jamais il ne fut actaint d’aucun vilain cas et que partie est contante, il nous plaise lui pardonner le cas dessus dit affin qu’il puisse retourner au pays avec sadite femme et norrir deux petiz enffans qu’elle a. Savoir faisons que nous, benignement inclinant a la supplicacion desdites mere et fille, audit Jehan Martin de nostre grace, pleine puissance et auctorité avons quicté, remys et pardonné le cas tel qu’il est cy dessus declairé, avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civile en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, 258

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et l’avons remis et institué, remectons et instituons a ses bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffacion faite a partie interessee si desja faite n’est et elle y eschiet, imposant pour [ce] sillence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons etc. Donné en nostre ville de Luneville, le sixiesme jour de septembre mil IIIIc quatrevingts et quatorze. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les conte de Salmes, seneschal de Lorraine, bailly de Nancei et autres presens. Cristien.

154 1494, 21 octobre - Lunéville. Rémission accordée à Colin George, de Latour-en-Woëvre, moitrier de Perrin de Haraucourt, complice d’un homicide commis sur la personne de Thouvenin Tabourel, de Labeuville, au cours d’une dispute entre des habitants des deux villages (cf. n°155). Copie, ADMM, B 5, f° 133r°-v°.

René, par la grace de dieu duc, roy de Jherusalem, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Colin George, moitrier de Perrin de Haracourt, de nostre bailliage de Nancei, et de leurs nepveux, demourant en leur gaingnaige de Latour-en-Woevre, avons receue contenant comme ainsi soit que, ung jour passé, ledit remonstrant se trouva avecques quatre autres de ladite ville, lesquelx de Latour se devoient trouver au lieu de Labuefville avecques les habitans d’ilecques pour certain differant estant entre les deux villes, ad cause de quoy ledit de Latour firent aller leur sergent per devers nostre prevost de Lachaussee pour savoir si la journee amyable promise par les habitans desdites deux villes se tiendroit avant le disner ou non, a quoy ledit prevost respondit que ladite journee se tiendroit a l’aprés disner. Lors les officiers de ladite Tour s’en allerent disner avecques nostredit prevost et partie desdits habitans de Labuefville. Cependant lesdits quatre de Latour et ledit remonstrant se partirent et s’en allerent en ung bois qui est assez pres de Labuefville pour veoir s’ilz y trouveroient aucun malfaicteur, et en retournant qu’ilz firent, trouverent deux hommes de ladite ville de Labuefville embastonnéz l’un d’une mace et l’autre d’une sarpe, qui gardoient certains chevaulx pasturans en ung pré que ceulx de ladite Tour avoient mis en ban, assez prochain des charrues desdits de Labuefville, quoy veans lesdits de Latour leur dirent qu’ilz les gaigeroient pour l’amende. Sur ce se prindrent de parolles en façon que l’un desdits de Latour prinst une weze et la gecta a l’encontre desdits de Labuefville nonmé Thouvenin Tabourel, lequel Thouvenin s’esforça de frapper l’un desdits de Latour qui estoit frere a celluy qui lui avoit rué ladite weze, nommé Jacquot, lequel Jacot ou sondit frere nommé Wautrin Chenillette, veant que ledit Thouvenin s’approchoit de le frapper, haussa ung pau qu’il avoit et lui bailla pres l’orrelle en telle façon qu’il le coucha a terre, lequel remonstrant 259

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

a l’eure dudit cop donné estoit assez long d’eulx sans en estre aucunement agent ne consentant. Depuis ce s’en retournerent lesdits de Latour chez eulx et les autres deux, qui estoient freres, s’en allerent a Labuefville et se plaindirent desdits de Latour, et jasoit que par nostredit prevost de Lachaussee leur fust lors demandé s’ilz se plaingnoient de nul autre, fut dit par eulx que non fors que desdits Wautrin et Jacquot de ladite Tour, freres, qu’ilz l’avoient battu, et ne firent jamaix plantif dudit suppliant ne des deux autres qu’estoient avecques lui, ausquelx supplians et autres deux desplaisoit bien ledit debat et eussent bien voulu que lesdits de Labuefville se fussent laisséz gaiger gracieusement. Ores est que ledit suppliant, qui jamais ne se mesla dudit debat ains tous jours remonstroit aux parties gracieuses et amyables parolles, a sceu que ledit compaignon ainsi battu, environ cinq jours aprés ladite batture, est allé de vie a trespas, pourquoy icellui /133v°/ suppliant, doubtant la fureur de noz officiers et des seigneurs du lieu obstant qu’il avoit esté en la compaignie, s’est absenté de noz pays et ne s’i ose trouver ; pourquoy nous a treshumblement fait supplier que, eu regart a ce que dit est, mesmement consideré que jamaix ne fut agent ne consentant dudit cas ne promoteur ne aggresseur dudit debat, mais tous jours s’esforçoit les amonester de amyables parolles comme dessus, luy voullons de nostre grace permectre et souffrir qu’il puisse retourner chez luy seurement sans aucun dangier de ses personne ou biens quelconques. Savoir faisons que nous, ce que dessus consideré, inclinans a l’umble supplicacion dudit Collin George, voulans en ceste partie preferrer misericorde a rigueur de justice, de nostre grace et plainne puissance lui avons, en tant que mestier seroit, remys, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons ledit cas en tant qu’il a esté commis en sa presence en la maniere que dessus, avec toute pene, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion d’icellui il pourroit estre encheu envers nous et justice, en mectant au neant tous bans et proclamacions si aucuns en estoient faiz, et l’avons remys et restitué a sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement si elle y eschiet et telle qu’il appartiendra par raison, en imposant sur ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Barrois et tous autres. Sy donnons en mandement par ces meismes presentes a nostre bailli de Sainct-Mihiel et a tous autres noz justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, qu’ilz procedent a l’enterinement de cesdites presentes ; ce fait facent, seuffrent et laissent ledit Colin George de noz presens grace, remission, pardon et rappel joyr et user plainement et paisiblement, sans en ce lui faire mectre ou doner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ne empeschement au contraire, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre etc. Donné en nostre ville de Luneville, le XXIe jour d’octobre mil IIIIc IIIIxx et quatorze. Ainsi signé René. Par le roy de Sicille, etc., seneschal de Lorraine et seigneurs de Pierefort presens. D. Nicolai. 260

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155 1494, 8 novembre - Lunéville. Rémission accordée à Waultrin Chanillot, Jacquot Chanillot, Husson Richart et à Pieresson, gendre de Gongeley, demeurant tous à Latour-en-Woëvre et sujets de Perrin de Haraucourt, coupables d’homicide commis neuf semaines auparavant sur la personne de Thévenin Tabourel, de Labeuville, au cours d’une dispute survenue entre eux et des habitants de Labeuville (cf. n°154). Copie, ADMM, B 5, f° 200r°-v°-201r°-v°.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem, de Sicille et d’Arragon etc., duc de Lorrainne et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et de Harrecourt etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble suplicacion et piteuse lamentacion de quatre pouvres jeunes femmes grosses et enczainctes d’enffens, nommees Mengette, femme de Waultrin Chanillot, Jennette, femme de Jaquot Chanillot frere audit Waultrin, Agnes, femme de Husson Richart et Margueritte, femme de Pieresson gendre le Gongeley, demeurans a Latour-en-Wevre, hommes de corps aux seigneurs de Chambley, bailly de Nancey et autres leurs consors, avons receue contenant que sont environ nuef sepmainnes que leursdits quatre maritz avecques les autres habitans de ladite Tour se trouvarent entre les bans de ladite Tour et de Labeufville a une journee que les communaltéz desdites deux villes y avoient pour departir et separer lesdits deux bans, a laquelle journee estoient presens le chastellain et officier de Chambley et le maire de Hennonville-soubz-le-Coste, aussi officier desdits seigneurs, lequelx officiers et communalté de Latour envoyarent demander a nostre prevost de Lachaussee si la journee se tiendroit avant disner ou non, lequel prevost respondist qu’elle se tiendroit aprés le disner. Lors lesdits officiers de Latour s’en allarent disner /200v°/ avec nostredit prevost et partie des habitans de ladite Tour et Labeufville ; ce pendant iceulx leurs maritz et ung nommé Collin George, de ladite Tour, en allarent ensemble en ung bois qui est assez pres dudit Labeufville pour savoir s’ilz y trouveroient aucun malfacteur et, ainsy qu’ilz retournoient, trouvarent deux hommes de ladite Labeufville, savoir deux jeunes filz a marier nommés Thouvenin Tabourel, embastonné d’une sarpe, et Jehan Tabourel son frere, embastonné d’une masse de fer, qui gardoient certains chevaulx pasturans en ung prey mis en embannye par ceulx de ladite Tour, assez pres des charues desdits de Labeufville. Quoy veans, lesdits de Latour leur dirent qu’ilz les gaigeroient pour l’amende, a quoy respondirent lesdits de Labeufville que lesdits de Latour n’en estoient pas hommes ; sur ce se prindrent de parolles en façon que ledit Thouvenin deist audit Jaquot Chanillot : « Tu gageras le foutre ta mere », lequel Jaquot deist audit Thouvenin : « Ma mere est pieça morte et ne te demande rien. Laisse la, Dieu luy pardont ». Et aprés autres langaiges, ledit Jaquot print une weze de terre, et en revenchant et deffendant son honneur, veant que ledit Thouvenin tenant sadite 261

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

sarpe s’approuchoit de le frapper, getta ladite weze contre ledit Thouvenin a l’endroit de la chainture ou environ, lequel Thouvenin, se veant, non contant des injures par luy dictes audit Jaquot, s’efforça tous jours de la frapper de sadite sarpe tellement que, pour doubte d’estre blecé, fut force audit Jaquot soy reculer par pluseurs fois. Quoy veant, ledit Waultrin print ung paulx en une haye et en frappa ung cop sur la teste dudit Thouvenin Tabourel en façon qu’il tumba a terre ; ce fait, ledit Jehan Tabourel, frere audit Thouvenin, s’avança de frapper de sadite masse de fer sur la teste dudit Waultrin. Lors ledit Collin George, tenant ung petit baston en sa main, voulant deffendre ledit Waultrin, frappa ledit Jehan d’icelui baston tant qu’il le fit tumber par terre, jasoit qu’il ne lui donnast que ung cop ou deux, lesquelx se resenarent. Et sur ce se departirent et s’en allarent audit Labeufville et lesdits cincq de Latour chez eulx, lesquelx freres de Labeufville, savoir ledit Thouvenin ainsi blessé, se plaingnist a nostre prevost et au clerc juré de Lachaussee desdits Waultrin et Jaquot, freres, et avecques ce, avant ladite journee admiable tenue, ledit Jehan Taubourel et Thouvenin, son frere, firent plaintif a nosdits officiers desdits cincq hommes de Latour. Or est que leursdits pouvres maritz ont sceu que au moyen dudit cop mort s’en est ensuyvie en la personne dudit Thouvenin, dont a ceste cause se sont rendus fugitifs et absenté de noz pays, doubtans la fureur de noz officiers et des seigneurs du lieu, aussi la regueur de justice, lequelx ne s’i ouseroient /201/ trouver sy nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce eslargie et impartie. Et pour ce que lesdites pouvres femmes grosses sont chargees de unze petis enffens, c’est assavoir la femme dudit Waultrin de six enffens, dont l’un est non puissant et ne puet jamais pain gaingnier, ladite Mariette de trois et ladite Agnes de deux, que sont tous en voye de morir de fain et estre du tout perdus, elles recourrent a nostre majesté, icelle treshumblement implorans et supplians qu’il nous plaise, en l’onneur de la saincte mort et benoite passion de nostre salveur et redempteur Jhesucrist, preferer en ceste partie misericorde a regueur de justice en remectant et pardonnant benignement ledit cas a leursdits pouvres maritz, et ayant piteux regart et compassion desdites pouvres femmes grosses que sont touttes prestes a briefment gesir, affin que le fruict de leurs ventres ne soyt pery ains puisse estre regeneré aux saincts fonds du baptesme. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, inclinans benignement a l’umble suplicacion des suppliantes, voulans en ceste partie preferer misericorde a regueur de justice, de nostre grace especiale et plainne puissance avons a leursdits quatre maritz dessus nomméz et a chascun d’eulx, par bonne et meure deliberation de conseil sur ce eue, remis, quitté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons le cas tel qu’il est cy dessus declairé avec toute painne et amende corporelle et criminelle en quoy pour et a l’occasion d’icelui cas ilz pourroient estre encheu envers nous et justice, et le remectons et restituons a leur bon fame et renommee en pays et a leurs biens non confisquéz, en tant que a nous est, et mectons au neant tous bans et proclamations s’aucuns s’en estoient a ceste cause ensuis contre eulx, sactiffaction 262

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faicte a partie interessee civillement tant seulement telle qu’il appartiendra par raison si desja faicte n’est, et imposons sur ce scilence perpetuelle a nostre procureur general de Barrois present et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailli de Sainct-Michiel ou son lieutenant et a tous noz autres justiciers et officiers et a chascun d’eux si comme a lui appartiendra, qu’ilz precedent a la verifficacion et enterinement de cesdites presentes tout selon leur forme et teneur ; ce fait, facent, seuffrent et laissent les dessus dits quatre marit(e)z desdites suppliantes et chascun d’eulx de noz presentes graces, remission pardon et rappel de ban plainnement et paisiblement joyr et user sans en ce leur faire mectre ne souffrir mectre ou donné acun destourbier ne empeschement au contraire, car ainsi le voulons estre fait, pourveu qu’ilz l’admenderont envers nous selon leur faculté. /201v°/ En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Luneville, le huitme jour de novembre, l’an de grace Nostre Seigneur mil quatre cens quatrevingts et quatorze. Ainsi signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal de Lorraine, abbé de Gorze, grant archidiacre de Toul, prevost de Saint-George, balli de Nancy, seigneurs de Pierefort, de Ligneville et de Gironcourt presens. Cristien.

156 1494, 16 novembre - Lunéville. Rémission accordée à Lambesson, de Saint-Léger, emprisonné à Anoux, coupable d’homicide commis le 8 septembre 1494 à Bannay sur la personne d’un nommé Pierret au cours d’une dispute survenue après boire. Copie, ADMM, B 5, f° 199 r°-v°.

René, par la graice de Dieu roy de Hierusalem, de Sicille, etc., A tous presens et advenir, salut etc. Receu avons l’umble suplicacion des femme et enffans de Lambesson de Sainct- Legier, es prevostéz d’Arlon et Lonwy, contenant que, le jour de la Nostre Dame dernierement passee, ledit Lambesson se trouva au lieu de Banee aveques pluseurs gens pour boire en l’ostel de Gilles des Ornelles, seigneur en partie dudit lieu, et aprés qu’ilz eurent beu ensemble, ung nommé Pierret qui estoit illecques banda une arbelestre dessus la table et mist ung traict dessus, disant qu’il en tueroit ung, et adoncques le filz de l’oste luy osta ledit traict. Et aprés se print ledit Pierret de parolles rigoureuses contre le maire dudit lieu tellement qu’il print une espee que ledit Lambesson avoit apportee leans, et doubtant iceluy Lambesson que de son espee ledit pere ne deust ferrir aucun, se leva de la table et luy remonstra amiablement qu’il mist jus son espee, lequel Pierret plain de fureur rompit icelle en pieces ; et, en arguant de parolles, vint pres ung nommé Renesson, frere dudit Pierret, qui print lez pieces de ladite espee et le getta sur le toict en mesprisant fort iceluy Lambesson, et en façon 263

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

que par le coraige qu’il donna audit Pierret, son frere, iceluy Pierret haussa une arbelestre, de laquelle il cuidoit assommer ledit Lambesson, maix il retint le cop de sa main et de rechief haussa ladite arbelestre, cuidant recouvrer pour tuer ledit Lambesson, lequel retint arrier le cop de son bras dont il fut merveilleusement blecé, et veant que c’estoit a lacertes /199v°/ et que, s’il ne se deffendoit, il estoit en danger de sa personne, il empoigna ung espieu qui estoit aprés de la et, en fendant le cop que luy cuidoit donner ledit Pierret de sadite arbelestre, haussa ledit espieu et luy frappa dessus la teste ung cop, au moyen du quel cop, quatre jours aprés, il alla de vie a trespas. Pour raison du quel cas ledit Lambesson a esté et est encor de present prisonnier audit Anauce et en dangier de finer ses jours, sy de nostre grace et misericorde ne luy est pourveu, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, informé au vray que ledit Pierret a esté aggresseur et cause de sa mort et inclinans benignement a l’umble suplicacion desdits femme et enffans dudit Lambesson, voulans en ceste partie preferer misericorde a regueur de justice, de nostre grace especial et plaine puissance avons audit Lambesson remis, quicté et pardonné et par cez presentes remectons, quictons et pardonnons le cas tel qu’il est cy desus declairé, poinne et amende corporelle, criminel et civile en quoy pour et a l’occasion d’iceluy cas il pourroit estre encheu envers nous et justice, et le remectons et restituons a son bon fame et renommee, satiffaction faicte a partie si faicte n’est et elle y eschiet civillement tant seulement, et imposons sur ce scillence perpetuelle a nostre procureur general presens et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Sainct-Michiel ou a autres noz officiers qu’il appartiendra. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites signees etc. Donnee en nostre ville de Luneville, le sezeiesme jour de novembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et quatorze. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les seigneurs de Valengin, president des comptes et receveur general de Lorrainne presens. Cristien.

157 1494, 23 novembre - Lunéville. Rémission accordée à Jean Perrin, de Pont-à-Mousson, emprisonné audit lieu, coupable d’avoir incité son fils Toussaint à commettre divers vols dans la localité. Copie, ADMM, B 5, f° 135.

René, etc., a touz etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Jehan Perrin, demourant en nostre cité du Pont, contenant qu’il est a present detenu prinsonnier en noz prinsons dudit lieu a l’occasion de ce que ung nommé Toussaint, son filz, avoit esté prins et accusé par le soir de la foyre darrenierement faicte audit Pont qu’il cuidoit faire aucun larrecin en l’ostel de Thiessaud 264

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Saulnier, demourant audit Pont, dont le landemain se rendit fugitif. Et puis, pour savoir la verité du cas, fut par le maistre eschevin et sept juréz du Pont prins et detenu ledit suppliant pour ce que plussieurs disoient qu’il savoit aucunes choses des faitz de son filz, lequel pandant le temps qu’il a esté detenu prinsonnier a recongneu que sondit filz avoit fait aucuns petiz larecins qu’il peultz monter a environ la somme de X frans, et que d’une partie l’avoit enhorté a ce faire qu’il en avoit eu aucune mieulx value, et avecques ce que la servande dudit Thieussaud, appellee Phelippe, luy avoit fait faire une clef sur impression de cire par ung serrier, laquelle ne vint jamés a aucun effect de larecin ou de mal qui sont petiz cas, et desquelx ledit suppliant n’eut jamés voulanté de continuacion si non depuis environ ung an et demy que par la sterilité et defaulte de biens qui a esté par dela il a esté pouvre et indigent, dont pour ce recoure a nostre grace, treshumblement implorant que nostre plaisir soit luy donner et impartir icelle, restandant nostre misericorde et clemence dessus luy, en luy remectant et pardonnant les offences dessus faictes, actendu que jamés il ne fut noté d’acun vilain cas sinon pour sondit filz et ladite Phelippe, avecques ce qu’il a touz jours esté bien famé du passé, mesmement en consideracion de sa pouvreté qu’il l’a a ce contrainct, lesquelx cas sont plus amplement contenuz ou procés dudit Jehan Perrin etc. Donné a Luneville, le XXIIIe de novembre IIIIxx XIIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les bailly de Nancy, cappitaine de Harecourt, prevost de Saint-George et autres presens. Crestien.

158 1495, 21 avril - Nancy. Rémission accordée à Jean, fils de feu Colas Wahain, de Velaines, et à Aubry, de Blainville, demeurant à Réméréville, l’un en fuite et l’autre emprisonné audit lieu, coupables d’homicide commis le 2 mars 1495 sur la personne d’un jeune garçon du village à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 5, f° 139 v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplicacion de Jehan, filz de feu Colas Wahain, de Vellaines, et Aubry, de Blainville, jeusnes garsons demourans a Remereville et servans maistres audit lieu, avons receue contenant que, le soir des Brandons darrain passé, faisans leurs bures, il eurent debat avecques deux autres dudit lieu, serviteurs du tuillier de ladite Remereville, a cause d’un gasteau que leur avoient donné les jeusnes filles dudit lieu, lequel fut mengé et dispercé par les deux contre lesquelx lesdits supplians eurent debat. Et pour ce que lesdits supplians veirent que sans eulx lesdits autres deux serviteurs dudit tuillier mengerent iceluy gasteau et que le demourant enporterent en leur maison sans leur en donner, ilz en eurent despit en faczon telle que, le landemain 265

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

au soir, se trouverent les ungcs avecques les autres tellement que lesdits deux qui avoient mengé ledit gasteau furent batuz par faczon que luy en fut malade par l’espace de IIII ou V jours, et depuis a esté en tresbon point et besongne comme paravant, l’autre, qui ne fut pas tant batu, ne fist oncques semblant d’estre malade et tantost le landemain s’en alla besongner comme de tirer pierres qu’est ung mestier fort penible, ou il c’est peu grever par l’espace de XV jours, depuis il est tombé en maladie de laquelle il est mort. A l’occasion de quoy lesdits pouvres supplians, doutans estre detenuz par la justice, l’un c’est absenté du lieu et l’autre est prinsonnier audit Remereville etc., leur avons remis, quicté et pardonné ledit cas etc. Sy donnons en mandement etc., imposant sillance perpetuel etc. Donné a Nancy, le XXIe d’avril IIIIxx XV. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., le receveur general de Lorraine present. Nicolay.

159 1495, 16 mai - Beaupré. Rémission accordée à Simon, fils du maire Maljean, de Houécourt, coupable d’homicide commis vers la fin du mois de février 1495 sur la personne de Claude Bailly avec qui il s’était pris de querelle. Copie, ADMM, B 5, f° 142r°-v°-143.

Phelippe, etc., a touz presens et avenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Symon, filz le maire Maljehan de Houecourt pres Chastenay, homme et subgiet de monseigneur, jeusne homme marié puis environ an et demy encza, ayant sa femme grosse et desja chargié d’un petit enffant, contenant que, aprés les petiz Roys darrenierement passéz, au jour que Robert de Warbeville faisoit ses nopces, le soir d’icelles nopces, pour ce que ledit Robert avoit desja esté marié, le suppliant, acompaigné de plussieurs de la ville aussi mariéz, en presence des jeusnes filz a marier, ilz vindrent pour demander au nouveau marié le coulaige a cause qu’il avoit esté marié et la fille non, lequel coulaige lesdits mariéz disoient et debatoient contre lesdits jeusnes filz que a ceste cause le debvoient avoir et non eulx. Advint que ung nommé Claude Balley, jeusne filz a marier, s’en print pour les autres a l’encontre dudit suppliant et en presence de plussieurs gentishommes, aprés plussieurs langaiges, ledit Claude Bailly dist audit suppliant qu’il allast garder sa femme, de laquelle parolle il fut fort meu et en furent tresmal contens lesdits gentishommes et autres gens de bien illecques estans presens, et a celle heure ilz se menacerent l’un l’autre, car touz deux estoient bien personnaiges pour eulx rencontrer. Touteffoiz, pour les parolles dessus dites, il le fist convenir par devant Robert Thirion, lieutenant de bailly de Vosges, au lieu de Chastenay a cause qu’il estoit clerc, lequel n’y voulut point obbeir mes demanda son retour. Ce voyant par le suppliant, il luy dist que s’il le rencontroit quelque foiz, qu’il le batroit puis qu’il ne vouloit 266

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obbeir a la justice dudit bailly ; a cause de quoy, environ XV jours devant Caresme, le suppliant partant de la maison de son pere entre jour et nuyt, combien qu’il n’eust a celle heure aucune souvenance dudit Claude, ilz se rencontrerent a celle heure et, quant ledit suppliant l’aperceut, il luy cria qu’il se deffendist. Et pource que icelluy Claude n’avoit point /142v°/ de baston, il print et leva de dessus terre une pierre et la gecta audit suppliant, laquelle pierre il recullit et luy en donna ung mauvais coup en sa main senestre, et lors pour le mal qu’il luy fist d’icelle pierre, ledit suppliant, veant qu’il c’estoit bessé pour en reprendre une autre sur terre, doubtant que d’icelle seconde pierre il ne le oustraigeast comme il avoit desja fait, tira ung braquemart qu’il avoit saingt a son cousté et qu’il avoit touz jours acoustumé de porter, et d’iceluy bracquemart il en donna deux couptz sur la teste dudit Claude, et se fait il s’en alla en sa maison et y demoura jucques le matin que avecques les autres gens de la ville il passa par dessoubz le chariot du Saint Esprit qu’estoit venu audit Houvecourt, ainsi qu’il est de coustume, car il ne cuidoit point avoir si fort blessié ledit Claude. Touteffoiz, doubtant qu’on ne mist la main a luy, il se absenta de son lieu et des pays de mondit seigneur esquelx depuis il n’est retourné, desqueulx couptz ainsi donnéz par ledit suppliant audit Claude, par mauvais gouvernement ou d’avoir esté mal pensé et n’avoir tenu bon regime ou autrement, environ XV jours aprés lesdits couptz, ledit Claude termina vie par mort. Et pour ce que la hayne et tout le mal est advenu a cause de la parolle dicte par ledit Claude audit suppliant en presence de tant de gens de bien qu’il allast garder sa femme, qu’est bonne et honneste femme, considerant qu’il luy avoit meu d’un villain et deshonneste couraige, et aussi que ledit Claude n’en avoit voulu sortir en justice devant ledit bailly comme dit est, et quelque chose que la partie ait donné a entendre a mondit seigneur que ce avoit esté fait de guect apens, il ne sera ja trouvé car le jour propre il estoit venu de sa marchandise ou il avoit demouré troys sepmaines, et si ne luy souvenoit gueres dudit Claude, et si n’eust esté qu’il le rencontra partant de l’ostel de sondit pere pour aller en sa maison, il ne /143/ le fust ja allé querir car il pensoit bien a autre chose que audit Claude, mes le diable qui ja ne dort l’amena en son chemin. Pour lequel cas les officiers dudit Chastenoy ont prins touz ses biens qu’estoient de bonne valeur, et pour tant que la chose luy a despleu et desplaist tant que plus ne pouroit actendu qu’ilz estoient cousins remuéz, nous a supplié treshumblement qu’il nous plaise de luy impartir nostre grace et misericorde sur ce et luy pardonner et remectre ledit cas et le rappeller au pays, en consideracion que jamés paravant il n’a esté actaint ne convaincu d’autre villain cas ne de quelque blasme ou reprouche mes a vaiscu comme ung bon et leal marchant doit faire, affin qu’il se puisse retirer en son mesnaige et gouverner sa femme et ses enffans soubz mondit seigneur et nous. Savoir faisons que nous, inclinans a l’umble supplicacion dudit Symon, aprés deue informacion sur ce eue par les baillys et procureur de Vosges, especialement a l’umble supplicacion et requeste de reverend pere l’abbé de Beaupré, avons audit suppliant a ceste nostre joieuse et 267

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

premiere venue a ce lieu dudit Beaupré, de nostre grace especial, remis, pardonné et quicté le cas tel qu’il est cy dessus declairé avecques toute peine et amande corporelle, criminelle et civille en quoy pour et alloccasion que dessus il estoit encheu envers mondit seigneur et justice, en le rappellant au pays pour y demourer avecques sa femme et enffans comme il faisoit avant ledit cas advenu, et le remectant a ses bonne fame et renommee et a ses biens s’aucuns en sont aujourd’uy en estre, sactiffacion faicte a partie interessé si faicte n’est et elle y eschiet civillement tant seulement, imposant sur ce etc. Si donnons en mandement etc. Fait et donné audit Beaupré, le XVIe jour de may IIIIxx et XV. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, etc., monseigneur le bastard de Calabre et les seneschal de Lorraine, seigneurs de Pierrefort et de Noviant presens. Crestien.

160 1495, 4 juillet - Gondreville. Rémission accordée à Jacquemin Wyardot, charpentier, demeurant à Maizeray, coupable d’homicide commis sur la personne de Colin de Mogemolin, dit le Servoisié, qui harcelait son épouse pendant son absence. Copie, ADMM, B 5, f° 239v°-240.

René, etc., a tous etc. Receu avons l’umble supplicacion de Jehan de Lorme, charpentier demourant a Maisery en nostre prevosté d’Estain, contenant que puis peu de temps ença il a marié une sienne fille, nommee Isabel, a ung compaignon nommé Jacquemin Wyardot, charpentier demourant audit Maisery, lequel Jacquemin et ledit suppliant ouvroient ensembles de leur mestier ez villaiges en la Weyvre. Et pour ce que ledit Jaquemin ne retournoit en sa maison que de samedi a autre, ung nommé Colin de Mogemolin, autrement dit le Servoisié, venoit souvent nuitantement huchié a l’uisse de la fille dudit suppliant, laquelle ne luy vouloit ouvrir pour doubte d’estre notee ; et advint que sondit mary que tous les soirs, quant il estoit hors, aucuns venoient a l’entour de sa maison et hurtoient aux huisses et fenestres, dont elle n’estoit contante et se doubtoit que ne fust ledit Servoisié, a cause de quoy elle pria a son /240/ mary qu’il luy voulsist dire et remonstrer qu’il ne s’i trouvast point. Et ce mesme jour, environ les dix heures de nuyt, et parlant encor de ceste matiere et de ceulx qui hurtoient a son huys et fenestres, vint ledit Servoisié hurter audit huys et faire le bruit qu’il avoit acoustumé, non saichant le mary estre revenu, lequel estoit en sa maison non saichant qui hurtoit, demanda qui c’estoit que hurtoit, lequel ne respondit mot. Quoy voyant, iceluy Jaquemin ouvrist l’uisse et saillist hors en demandant : « Qui es la ? », lequel Servoisié ne respondit mot, pourquoy s’avança iceluy Jaquemin et luy bailla deux copz d’ung baston, lequel lors parla en disant qu’il ne se faisoit que jouer et s’en alla en sa 268

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maison, et huict jours aprés morust. Et a dit en sa maladie que c’estoit du coup que ledit Jaquemin, gendre dudit suppliant, luy avoit baillié et aussi congnut et confessa a l’eure de la mort et devant aucuns de justice et le pere de la fille qu’il estoit et hurtoit a son huys. A cause de quoy ledit Jacquemin et sadite femme, fille dudit suppliant, se sont absentéz de noz pays, doubtant rigueur de justice, et ne ouseroient jamais retourner, converser ne demourer en iceulx si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement supplient icelle que, actendu qu’il a tous jours esté de bonne vie, renommee et honneste conversacion, sans oncques avoir esté actaint ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaise sur ce luy impartir nostre grace et misericorde. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a l’umble supplicacion desdits Jehan de Lorme et Jaquemin Wyardot, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, audit Jaquemin avons, aprés deue informacion eue dudit cas, quitté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par cesdites presentes le cas tel qu’il est cy dessus declairé avec toute painne et amende corporelle, criminelle et civille pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, en mectant au neant tous bans, appeaulx, proclamacions et adjournemens s’aucuns s’en estoient ensuys, et le remectons et restituons a son bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisqués, satiffacion faicte a partie interessee si faicte n’est et elle y eschiet civilement tant seulement, imposant pour ce silence perpetuelle a nostre procureur general de nostredit duchié de Bar. Si donnons etc. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Gondreville, le IIIIe jour de jullet mil IIIIc IIIxx et quinze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal de Loraine, president et gens des comptes presens. Cristien.

161 1495, 4 juillet - Gondreville. Rémission accordée à Nicolas, fils de Jean de Cugny, de Gripport, jeune clerc âgé de treize ans, qui a blessé mortellement, le 28 juin 1495, un autre jeune clerc nommé Demenge au cours d’une dispute en se rendant à l’école à Charmes. Copie, ADMM, B 5, f° 241r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Jehan Cugny, de Griport pres de Charmes, homme des seigneurs de Hassonville, de Savigney et aux dames de Remiremont, que dimenche passé Nicolas son filz, jeune clerc eaigé d’environ treze ans, recontra environ les dix ou douze heures du matin deux autres jeunes filz, aussi clercz, lesquelx comme il luy sembla venoient du jardin du suppliant son pere, ausquelx il dit pourquoy ilz y avoient cuillié des pommes, que luy respondirent que non ; et lors le filz 269

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

dudit suppliant getta la main a l’ung des deux, nommé Demenge, et luy osta son cousteau et se prindrent de parolles, et des la ilz se partirent et retint le filz dudit suppliant ledit cousteau. Et le lundi, l’endemain, le filz du suppliant et celuy auquel il avoit osté ledit costel se partirent ensemble dudit Gripport pour aller a l’escolle avec ung autre petit garçon au lieu de Charmes, ainsi qu’ilz avoient acoustumé de faire. Advint que, en allant audit Charmes ainsi qu’ilz faisoient, ilz se prindrent de parolles en tel façon que ledit Demenge vint au filz du suppliant et par grant rigueur luy demanda son cousteau et luy osta son chappel et luy dexira sa chemise, et lors le filz dudit suppliant donna ung coup de cousteau ez flans dudit Demenge et le laissa en my les champs et luy et ledit garçon s’en allerent audit Charmes a l’escolle ; fut trouvé icelluy jeune filz navré et fut ramené audit Gripport en l’ostel de son pere et, environ les dix heures du matin d’icelluy mesme jour, il morust. Pour lequel cas, le filz dudit suppliant, qu’est en l’eaige dessus dit, s’est absenté de noz pays esquelx ilz n’oseroit retourner si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle actendu que lesdits enfans estoient prochains parens et que s’est une malle fortune advenue, aussy que les peres et meres et parens se sont appoinctés ensemble pour ledit cas et que le jeune filz mort l’a pardonné au filz du suppliant en presence du curé et de tout le peuple. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a l’umble supplicacion du pere dudit jeune filz, ayant regart a son jeune eaige,aprés deue informacion de ce eue de nostre procureur de Vosges et officiers dudit Charmes, a icelluy Nicolas jeune filz, en consideracion que dessus, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par cesdites presentes le cas tel qu’il est cy dessus declairé avec toute painne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’ocasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué a son bon fame et renommee au pays et, en tant que a nous est, a ses biens non confisquéz s’aucuns il en a, sattifacion faicte a partie interessee si desja faicte n’est et elle y eschiet civillement tant seullement, imposant pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Vosges, autres noz justiciers et officiers et a chascun d’eulx presens et advenir qu’ilz facent d’ores en avant /241v°/ ledit Nicolas joyr et user de ceste nostre presente grace, remission et quictance tant selon sa forme et teneur, sans a ceste occasion luy donner ne souffrir donner ores ne pour le temps advenir aucuns troubles ny empeschement, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Gondreville le IIIIe jour de juillet mil IIIIc IIIIxx quinze. Presens le seneschal de Lorraine, president et gens des comptes presens. Cristien.

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162 1495, 27 juillet - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Ulrich, boucher de Saint-Amarin, emprisonné à Remiremont, coupable d’homicide commis sur la personne d’un homme également nommé Ulrich à la suite d’une dispute à la foire de Remiremont. Copie, ADMM, B 5, f° 244.

René, etc., a tous etc., salut. De la part de reverend pere l’abbé de Morbach nous a esté remonstré que dernierement ung sien subgect, boucher de SainctAmary nommé Ulrich, et ung autre compaingnon aussi nommé Ulrich se trouverent au lieu de Remiremont par jour de foire, lesquelx eurent debat ensemble pour le payement de certain drap qu’ilz avoient achatté audit lieu de Remiremont, le quel de Sainct-Amary s’apparceust que icelui compaingnon trompoit le marchant d’ung crutzer, lui dit pour quoy il le faisoit. Et eurent parolles rigoureuses ensemble en telle façon que ledit compaignon le desmentist et, congnoissant ledit de Saint-Amary que ledit compaignon avoit tort de le desmentir, veant evidemment sa tromperie, subitement de chault sang lui donna ung cop de dague a la poitrine, duquel cop il morut incontinant. Pour lequel cop, ledit de Saint-Amary fut constitué prisonnier audit Remiremont ou il est encores presentement en dangier de miserablement finer ses jours se nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, de laquelle ledit abbé nous a humblement supplié et requis, et que en faveur de la glorieuse vierge Marie nous lui veullions pardonner le cas et cop dessus dits. Pour ce est il que nous, benignement inclinans a la supplication dudit abbé, avons pour honneur de la glorieuse vierge Marie et faveur dudit abbé audit Ulrich, boucher de Sainct-Amary, quicté, remis, pardonné et aboly, quictons etc., le cas, crisme et murtre par lui commis a la personne du dessus dit avec toute painne etc., et l’avons quant a ce remis etc., satiffaction faicte a partie interessee si desja faicte n’est civilement tant seulement, imposant etc. Si donnons en mandement etc. En tesmoing etc. Donné en nostre cité du Pont, le XXVIIe jour de juillet, l’an mil IIIIc IIIIxx et quinze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., le president des comptes present. Cristien.

163 1495, 14 décembre - Nancy. Rémission accordée à Didier Huguenin, de Maron, coupable d’homicide commis il y a dix ans sur la personne de Martin le Marchal qui avait séduit sa femme. Copie, ADMM, B 5, f° 154v°-155.

René, etc., a touz etc. L’umble supplicacion de Didier Huguenin, de Maron, receue avons contenant comme peult avoir environ douze ans qu’il demouroit 271

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

audit Maron avecques sa femme, nommee Clemance, et se y gouvernoit et nourisoit au mieulx qu’il povoit. Et pandant ledit temps, ung nommé Martin le Marchal, demourant audit lieu, qui avoit espousé la grant mere dudit Didier, s’acointa de ladite Clemence, sa femme, et tellement qu’elle en avoit ung tresmauvais bruit, et peu aprés la grant mere dudit Didier mourut et ledit Marchal se maria a une jeune fille nommee Catherine ; et veant ledit Didier que ledit Marchal estoit acointé de sa femme, pareillement s’esforsa de soy acointer avecques celle dudit Marchal. Et tellement que, peult avoir environ dix ans, ledit Marchal estoit en ung boix pres dudit Maron, apellé le Boix-le-Duc, ou il couppoit du boix, auquel lieu ledit Didier alloit pareillement, et y trouva ledit Marchal et eurent debat ensemble tellement qu’ilz s’entrebatirent en maniere que ledit Marchal fut tué par ledit Didier. Pour lequel cas ledit Didier, doubtant rigueur de justice, c’est rendu fugitif /155/ et abandonné noz pays, depuis lequel temps il a esté absent et est encores de present et n’y ousse retourner, nous suppliant que nous plaise en l’onneur de la passion de nostre seigneur Jhesucrist luy remettre, quicter et pardonner ledit cas, ensemble toute amande tant corporelle que autre. Savoir faisons etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XIIIIe jour de decembre IIIIxx et XV. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal de Lorraine, bailly de Nancy, president des comptes dudit Lorraine et autres presens. Durat.

164 1496 (n. s.), 13 janvier - Custines. Rémission accordée à Jean Strousse, de Vitry-sur-Orne, emprisonné à Briey, coupable d’homicide commis en décembre dernier sur la personne de Didier Vigneron qui l’avait assigné en justice pour dette. Copie, ADMM, B 5, f° 253r°-v°.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicille, duc de Lorraine et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et de Harecourt etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Senewy, femme de Jehan Strousse, demeurant a Vitry en nostre marie de Moyeuvre, prevosté de Briey, chargee de petis enffans mineurs extraicts de toute ancienneté de dessoubz nous, contenant que, le lundi quatorziesme jour de decembre darnierement passé, ledit Jehan Strousse, son mary, estoit appellé et convenu par devant le maire dudit Moyeuvre a la requeste d’un nommé Didier Vigneron dudit Vitry, son voisin, et illec comparans lesdites parties audit lieu de Moyeuvre, icelluy Didier, assez plaidoyeur et arrogant, intenta son action contre ledit Strousse pour la somme de six blancs et non d’autre chose, jaczoit que auparavant ledit adjournement ledit Strousse n’en cuidoit de riens estre tenu car il avoit payé audit Didier lesdits six blans, comme il eust 272

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suffisament prouvé le payement desdits six blans, sur quoy par icellui maire requerant ledit Strousse fut appoincté a son advis a autre jour ensuivant. Aprés lequel appoinctement, s’en allerent en l’ostel d’icellui maire, par lequel leur fust remonstré icelluy debat non estre raisonnable pour si peu de chose, lequel Strousse, inclinant aux bonnes et gracieuses remonstrance dudit maire, desirant vivre en paix et amour avecques ses voisins, affin d’eviter toute rigueur de procés, print en sa bourse six blans et tira ledit maire a part en luy disant : « Tenez, vela six blans que je vous mects en main. Je vous prie, donnez les a cest homme ici affin que j’aye paix avecques luy, combien que je ne soye de riens tenu a luy et l’ay bien payé de ce qu’il me demande ». Ce fait, icellui maire se retourna avecques ledit Strousse vers icelluy Didier Vigneron, qui estoit a la table et buvoit en l’ostel dudit maire avecques autres assistans, disant par icelluy maire audit Didier qu’il desiroit la paix d’entre luy et ledit Strousse, lui presentant lesdits six blans pour ledit Strousse, lesquelz ledit Didier refusa disant que par la mort Dieu il n’en prendroit rien synon par justice, et addressa parolle audit Strousse : « Veez le cy, il ne m’a point payé au jour que faire se debvoit, je luy cousteray plus de dix foiz autant et autres dommaiges que je lui porteray, quoy qu’il me doit couster », avecques pluseurs autres parolles de injures et arrogance que ledit Didier avoit contre ledit Strousse, comme desja il avoit forment injurié ledit Strousse en justice. Aprés lesquelles parolles injurieuses et en retournant entre Moyeuvre et Rocheranges, aupres d’une croix qui est sur le chemin tirant audit Vitry, lesdits Didier et Strousse, multiplians en grans langages et injures dont ledit Didier estoit aggresseur, et de fait haulsa son espied voulant frapper et envahir ledit Strousse, lequel, se veant envahy et doubtant le cop, haulsa son espied qu’il tenoit et l’avalla tellement sur la teste dudit Didier et depuis recouvra, et au bout de quatre jours aprés ledit Didier est allé de vie a trespas. Pour lequel cas advenu par les aggressemens dudit Didier, icellui Jehan Strousse est presentement detenu en noz prisons au lieu de Briey et en dangier de miserablement finer ses jours si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle, actendu meismement que jamais paravant il n’a esté actaint ne convaincu d’aucun autre villain cas par justice ne autrement, ains a tous jours vescu et se conduit gracieusement et honnestement sans blasme ne reprouche comme bon laboureur, et que ledit Didier par sa conduite estoit ung continuel plaidoyeur et aggresseur de cestui autres debatz, ainsi que de ces choses a charge et descharge nous pourrions faire informer. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a l’umble supplicacion de la suppliante et de son mary, aprés ce qu’avons fait veoir en nostre conseil l’informacion faicte pour ceste cause par noz prevost, receveur /253v°/ et clerc juré de Briey, par laquelle nous a esté apparu la verité du cas et que ledit Jehan Strosse, suppliant, est bon pouvre homme bien famé, renommé et amé par dela, et que ledit deffunct estoit homme plaidoyeur fort noisifz et riocteux, et mesmement que nostredit clerc juré de Briey a affermé en nostre conseil que ledit suppliant maintenoit le cas estre tel que dessus, a icelluy Jehan Strousse, pour les causes 273

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

dessus dites, ayans pitié de luy, sa femme et petis enffans, par advis et meure deliberacion des gens de nostre conseil, avons remis, quicté et pardonné et par ces meismes presentes de nostre grace, auctorité et plainne puissance remectons, quictons et pardonnons le cas, crime et omicide par luy commis que dessus a la personne dudit feu Didier le Vigneron, avecques toute painne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué, remectons et restituons par ces presentes a son bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz, sactisfacion faicte a partie interessee si desja faicte n’est civillement tant seulement, imposant pour ce silence perpetuelle a nostre procureur general de Barrois presens et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailli de Sainct-Mihiel, autres noz justiciers et officiers et a chascun d’eulx presens et advenir qu’ilz procedent a la verification et enterinement de cesdites presentes, le mectent a plainne et pure delivrance ensemble tous ses biens et de ceste nostre presente quictance, grace et remission le facent et souffrent joyr d’ores en avant et a tous jours, sans en ce luy mectre ne souffrir mectre ou donner a son corps ne a ses biens aucun destourbier ne empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre chastel de Condey, le XIIIe jour de janvier mil IIIIc IIIIxx et quinze. Par le roy de Sicilles, etc., les seneschal de Lorraine, bailli de Nancey, seigneur de Pierrefort, procureur general de Barrois, Thierry de La Mothe, Didier Dupuis, Jehan de Chemignon et les clercs juréz de Briey, SainctMihiel et Foug presens. Cristien.

165 1496 (n. s.), 25 janvier - Nancy. Rémission accordée à Petit Jean l’Orfèvre, de Neufchâteau, emprisonné dans cette ville depuis le mois d’août 1495 pour avoir écoulé de la fausse monnaie, ce qu’il a avoué sous la torture. Copie, ADMM, B 5, f° 159. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. I, Nancy, 2002, preuves, p.198-199.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion des femme et enffens d’un nommé Petit Jehan l’Orfevre, demourant en nostre ville du Neufchastel, avons receue contenant comme ledit Petit Jehan est detenu ez prisons de nostredite ville des le moys d’aoust derrain passé a l’occasion de ce qu’il doit avoir mis deux pieces de monnoyes faulces semblables aux pieces de trois gros que nous faisons forger en noz monnoyes, lesquelles il avoit gectees en sables ; et depuis, lui estant esdites prisons en gehine et torture, il a pareillement confessé avoir gecté oudit sable 274

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aucunes autres pieces comme de carlins, demi carlins et gros de Mets et icelles distribuees en plusieurs lieux. Et pource que ledit Petit Jehan, constraint de pouvreté, a fait et commis les choses dessus dites par la suggestion et temptacion du diable, non pensant a enormité du cas, et que pour ce il a esté longuement detenu esdites prisons et por ce souffert et enduré grande et griesve punicion corporelle, tant de prison, gehines et tortures et autres maladies qui lui sont sourvenues, pour l’extreme desplaisance et repentence qu’il en a eues, nous ont supplié sesdites femme et enffans, doubtans rigueur de justice, que en l’onneur de la passion de nostre seigneur Dieu Jhesucrist vouleissons pourtendre sur ledit Jehan nostre grace et misericorde et benignement lui pardonner et remectre lesdits cas. Savoir faisons que nous, ayans piteux regart aux choses dessus dites, aussi que ledit Petit Jehan n’a jamais esté convaincu d’autre villain cas, d’autre part qu’il a esté longuement esdites prisons bien affligé, discipliné et corrigé, voulans pour et a l’exemple de nostre seigneur Dieu qui ne punist pas ung meisme peché deux foiz, preferer misericorde a rigueur de justice, avons audit Jehan benignement remis et pardonné et par ces presentes pardonnons ledit cas, defaulx et autres dessus ensemble toute peine criminelle, corporelle et civille esquelles il pouroit avoir esté encheu et condamné par justice et autrement, en le remectant a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement si faicte n’est. Si donnons en mandement a touz noz seneschaulx etc., que ledit Petit Jehan facent, seuffrent et laissent joyr et user de ceste nostre presente grace et remission, car ainsy etc., en imposant pour ce silence perpetuelle a nostre procureur. En tesmoing etc. Donné a Nancy, le XXVe de janvier IIIIc IIIIxx et XV. Signé René. Par le roy de Sicille. Lud.

166 1496 (n. s.), 26 janvier - Nancy. Rémission accordée à Henry Garonyer, maréchal-ferrant de Liverdun, coupable de complicité d’homicide sur la personne de Jean Mareschal, dudit lieu, qui fut blessé mortellement le 2 novembre 1495, dans sa forge, au cours d’une dispute avec un tiers. Copie, ADMM, B 5, f° 159v°-160.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons l’umble supplicacion de Henry Garonyer, mareschal demourant a Liverdun, contenant que, le jour de la commemoracion des trespasséz derrain, Jehan Petremant, demourant audit Liverdun, et ung nommé Jehan Mareschal, pour lors aussy demourant a Liverdun, eurent question et parolles injurieuses ensemble tellement que ledit Jehan Mareschal print une bende de fer qu’il chauffoit en sa forge, et vint courir sus audit Petremant qui estoit assis devant son huix, lequel Petremant, voiant que ledit Jehan Mareschal luy couroit sus, fit en façon qu’il luy osta ladite bende et se prindrent aux bras. Et pourtant 275

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

que ledit suppliant, qui estoit serviteur dudit Petremant, et ung nommé Arnoul, qui estoit serviteur dudit Jehan Mareschal, seoient en la forge dudit Mareschal, icelluy Jehan Mareschal escria audit Arnoul, son serviteur, qu’i luy voulsist ayder ; et sur ce ledit suppliant, qui estoit avec ledit Arnoul, luy dit : « Arnoul, ne t’en mesle point, car se tu t’em mesle, je m’en mesleray ». Adont ne se partirent point lesdits deux serviteurs et ledit Petremant tira ung cousteau et en frappa ledit Jehan Mareschal, dont mort s’en est ensuye. Et combien que ledit suppliant n’en doit aucunement estre acoulpé et que jamais ne s’en est meslé d’un coustel ne d’autre comme de ce ledit feu Mareschal l’a cognu avant son trespassement, fors seullement de ce qu’il destourna ledit Arnoul d’aller revengier sondit maistre, neantmoins, doubtant la prison et que on ne le print au corps par les menasses que l’en luy donnoit, il s’est absenté dudit Liverdun et de noz pays et a laissé sa pouvre femme et deux petis enffans, esquelx il n’oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant et suppliant icelle, actendu qu’il n’a esté consentant d’icelle mort et que ce qu’il destourna ledit Arnoul d’aller revengier sondit maistre le faisoit en bonne intencion, cuidant evader plus grant dangier et inconveniant, car il ne cuidoit point que ledit Petremant deust faire ung tel cop, et aussy que jamais ne fut convaincu ne actain de nul villain cas mais est bien famé et renommé. Et nous, benignement inclinant a sa supplicacion, eu sur ce l’advis de l’official de Toul que par relacion des doyen et receveur dudit Liverdun a trouvé le cas consonant a la supplicacion dudit Henry, suppliant, a icelluy Henry pour les causes /160/ dessus dites en tant que a luy touche, par bonne et meure deliberacion de conseil sur ce eue, avons remis etc., ensemble toute peine et amande corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion dessus dite il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis et remectons en son bon fame et renommee, et en tant que a nous est, a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie interessee si desja n’est faicte et elle y eschiet civillement tant seulement, imposant pour ce silence etc. Sy donnons en mandement etc., car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, etc. Donné a Nancy, le XXVIe jour de janvier IIIIc IIIIxx XV. Signé René. Par le roy de Sicille, les seneschal de Lorraine, bailly de Nancy, seigneur de Pierefort, president et gens des comptes presens. Crestien.

167 1496 (n. s.), 27 février - Nancy. Rémission accordée à Nicolas Grand Didier, de Poussay, emprisonné à Mirecourt, coupable de plusieurs vols en divers lieux commis depuis longtemps et avoués en partie sous la torture au cours de l’instruction. Copie, ADMM, B 5, f° 162r°-v°-164.

René, etc., salut etc. Nous avons fait veoir le procés de Nicolas Grant Didier, demourant a Poursas pres nostre ville de Mirrecourt, presentement detenu pri276

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sonnier audit lieu de Mirecourt, contenant qu’il a esté examiné et enquis sur le cas commis a Didier Tiercelin et sur pluseurs autres cas et articles, et a congnu de sa franche voulenté les cas et choses cy aprés declairees. Premier quant au cas de Didier Tiercelin, ledit Nicolas Grant Didier dit et a congnu que, environ le mois d’aoust derrain passé, ledit Tiercelin et Stevenot, son frere, vindrent loger audit Poursas, non faisant leur queste misdrent leur chevaulx cheu François, et le soir ledit Tiercelin s’en alla coucher en une maison au cloistre, de quoy ledit Nicolas fut adverty par ung nommé Nicolas Jehan Henry, par Guiot, son frere, tous dudit Poursas, et s’asemblerent eulx quatre, encores avec eulx ung nommé Anthoine le Lymosin, puis s’en allerent en la halle ; se partit d’eulx ledit Limosin et alla veoir en l’antour de la maison ou estoit ledit Tiercelin, leur vint dire qu’il y avoit des gens avec lui et que les huis estoient ouvertz. Derechief y retourna et trouva les huys ferméz, ilz s’en allerent tous dessoubz les loyes de ladite maison, ledit Limosin monta dessus ou il trouva les huys bien ferméz. Aprés fit tant ledit Lymozin qui monsta sur le toict de ladite maison, entra dedans par la lucarne, vint ouvrir les huys et entrarent tous dedans, trouverent ledit Tiercelin dormant tout seul, le firent lever, lui laisserent chausser ses chausses et vestir son pourpoint, et que lesdits Guiot et le Lymozin prindrent les robes et Nicolas Jehan Hanry son gipcier, et puis le menerent aux champs, le visaige estouppé d’un chappeau. Quant ilz furent ung bon gect d’arc arriere de la ville, ledit Guiot et Anthoine retournerent en la ville, de la lesdits Nicolas Grant Didier et Nicolas Jehan Henry menerent ledit Tiercelin a ung certain lieu appellé Bracquemont, arriere dudit Poursas environ demy quart de lieue, le lierent a ung poirier ou a une espine d’une bien petite hars facille a rompre, de fait ledit Tiercelin leur dit : « Laissez moy, vela mon gipcier ou il y a ung bon pot de vin de dix ou XI frans. Prenés tout, je le vous donne et vous pardonne tout » ; de la s’en vindrent hurter a la porte ou estoient lesdits Guiot et Anthoine, les fit lever et partir l’argent entre eulx. Item a congnu ledit Nicolas Grant Didier, quant a second article, avoir entré en la chambre de ladite dame abbesse, oultre le gré de sa chamberiere, en disant qu’il n’y entroit point pour mal et, quant il y fut en la chambre, il dit a madame l’abbesse : « Madame, ne me voulez vous point rendre mes chevalx, je vous prie que vous me les rendez et me vueilliez a terminer ». /162v°/ De quoy ilz eurent beaucoups de parolles litigieuses, et tant que ledit Grant Didier luy dit : « J’en y prandras et des chevaulx et des habillemens », touchant les autres motz dit que jamais ne lui saillit rien de la bouche. Item a congnu quant au IIIe article ledit Nicolas, prisonnier, qu’il est vray qui batit sa suer, mais ce fut pour ce qu’elle estant en sa mainburnie, l’avoit louee a Jehan Doulien de Mirecourt et elle n’y vouloit point aller demourer. Item, quant a ce que ledit prisonnier est chargé et famé en ung autre article avoir prins furtivement une robe, des pieces de cuir et des houzeaux en la maison de Milet de Poursas, dit ledit prisonnier qu’il n’en scet du tout rien, mais il a congnu que Jehan Adam luy dist au lieu de Toul qu’i rendit une robe, et puis trois jours aprés vint au contraire ledit Jehan Adam assez pres de la Grant Frenez, 277

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et que icelluy Jehan Adam tira son espee en venant contre luy et il print ung baston qu’il avoit bon et gros, et frappa ne scet s’il actaindit ou le maistre ou le cheval. Item quant a ce que ledit prisonnier est chargé avoir prins furtivement certaine somme d’argent en une ville ou duchié de Bar, il dit qu’il n’en scet du tout rien. Plus par ung autre article qu’il est famé d’avoir rompu les escrins en l’eglise dudit Poursas, ledit Nicolas a dit qu’il n’en scet du tout rien. Item touchant ung autre article que ledit prisonnier est chargé d’avoir esté de la compaignie de deux hommes que furent pandus a Saint-Nicolas, et qu’il avoit changié au serjant de Poursas ung lyon qu’i print en une petite bource en laquelle y avoit encores pluseurs autres pieces d’or, ledit Nicolas Grant Didier n’en voulut aucune chose dire synon qui povoit estre qu’il estoit esté a Saint-Nicolas et qu’il povoit avoir changié quelque piece d’or, mais si ne le savoit il et qu’il n’estoit point grant financier pour avoir tant de pieces d’or et que de tout le contenu oudit article il n’en savoit rien. Le lendemain, ledit prisonnier fut examiné par Jehan Gomel, prevost de Mirecourt, sur ledit article, de sa voulenté, sans gehine, congnut qu’il avoit changié audit serjant une piece d’or mais c’estoit ung angelot. Item, quant a ce que ledit Nicolas est famé d’avoir prins ung bassin, il dit qu’il n’en scet rien ; bien est il vray, se dit, que la femme de Nicolas Rouyer, sa tante, luy vint dire qu’il avoit prins ledit /163/ bassin et il la batit. Item, quant a ung autre article qu’il est famé avoir prins de l’argent au Grant Colas de Mirecourt, ledit Nicolas Grant Didier a congnu qu’il peult avoir XVIII ou XX ans qu’il demourant en l’ostel dudit Grant Colas, ouvrit une huge ou il trouva deux florins, ne luy recorde s’ilz estoient florins au trec ou florins d’or ou florins de Bourgongne, les print et s’en alla ; et troys jours aprés, ledit Grant Colas, acompaigné de feu Jehan Thiriet de Mirecourt, oncle audit Colas Grant Didier, s’en alla audit Poursas, trouva ledit Colas Grant Didier en la halle auquel il dist : « Vien ça, tu m’as prins de l’argent », et lors ledit Nicolas Grant Didier ne sceust que respondre, ains prinst lesdits deux florins et les redonna audit Grant Colas qui les reprint et luy pardonna present ledit feu Jehan Thieriet. Item, quant a ce qu’il est famé d’avoir prins le blé et farrine es moulins, dit ledit Nicolas, prisonnier, que jamais ne luy advint. Aprés ce que ledit Nicolas Grant Didier, detenu en prison audit Mirecourt, a congnu de sa franche voulenté, sans contrainte ne gehine, tous les cas cy devant escriptz, par ordonnance de Jehan Gomel, prevost dudit Mirecourt, en presence de François Chenevel, tabellion et clerc juré dudit lieu et des tesmoings cy aprés escriptz, assavoir Didier Mommep et Jehan Parmantier de Donjulien, eulx deux dudit Mirecourt, ledit Nicolas a esté gehiné les mains liees estandu sur une eschelle et les pieds ou ceps, avec ung drappeau moulié de quoy on luy estoupoit la bouche, et quant il y fut ung peu tenu, pria pour Dieu audit prevost qui le feit oster et il diroit tous les cas qu’il avoit commis et perpetréz. Et aprés qu’il fut desloié, il congnut present les dessus dits tous les cas qui s’ensuivent. Premier a congnu ledit Nicolas Grant Didier que, avant qu’il fut marié, il print et roba une robe en la maison de Milet, dudit Poursas, laquelle il a detenue. Item a congnu ledit Nicolas Grant Didier 278

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que, avant qu’il fust marié, advint qu’il alloit parmy les champs gaignant sa journee, se trouva en une ville ou duchié de Bar pres Liny et advint que luy et ung autre compaignon battoient le blé en une grange, virent leur maistre cacher de l’argent d’une vache qu’il avoit vendue, le prinrent et en eut ledit Nicolas en sa part trois frans ; dit qu’il ouyt dire a sa merastre que l’omme de ladite ville du duchié de Bar vint aprés luy audit Poursas et que son pere luy bailla je ne sçay quoy pour l’appaisanter. /163v°/ Item a congnu ledit Nicolas Grant Didier que, avant qu’il fut marié, il demouroit a Saint-Nicolas et, une fois que ainsy que luy et ung autre compaignon venoient du foulon de Rozieres, trouverent des gens baignant a la riviere et une gipciere emmy leur chemin ou quel avoit bien quatre frans ; dit ledit Nicolas qu’ilz les prindrent et les partirent eulx deux par moictié. Plus a congnu ledit Nicolas qu’il avoit prins ledit bassin duquel il estoit enculpé, mais il l’avoit redonné. Item a congnu ledit Nicolas Grant Didier que, quant il fut marié a la fille de Colin le Doux dudit Poursas, il eust seullement quatre lincieulx et que, environ deux ans aprés, il dist audit Colin : « J’ay eu bien peu de lincieulx, j’en prandray si j’en puis trouver », et ainsy qu’il pourtoit du blé en une huge en l’eglise dudit Poursas, de plain mydy, fit tant qu’il ouvrit une huge estant audit Colin, son frere, et y prit quatre lincieulx. Plus a congnu ledit Nicolas Grant Didier qu’il estoit une fois a SaintNicolas avec trois hommes qui jouoient aux cartes, ainsy que l’un des trois eust gaigné l’argent des autres deux, s’accompaigna avec eulx et prindrent de nuyt en la rue des Estuves celui qui avoit gaigné et lui coupperent sa sainture et prindrent son argent et puis s’en allerent cheu Maupain, et en eut ledit Nicolas en sa part six gros. Item a congnu ledit Nicolas Grant Didier qui peult avoir XXVI ans qu’i demouroit en l’ostel du Grant Colas de Mirecourt, et ainsy qu’il entra en une chambre pour prandre du pain, trouva une huge deffermee, laquelle il ouvrit et y prit des poires seiches et, en levant ung drappeau, trouva pluseurs pieces d’or dont il en print six pieces, ne scet la valleur, et les rendit comme il dit audit Grant Colas. /164/ Finablement a congnu ledit Nicolas Grant Didier que une fois il mouloit ung bichot de froment, et quant il fut moulu, il print la farrine du saiche des sains environ demy ymal. Pour lesquelz cas, ledit Nicolas Grant Didier a esté detenu en bien estroite prison audit Mirecourt environ XVI sepmaines, pendant lequel temps sa femme a tous jours pourchassé sa delivrance, et n’eust esté pour la pictié qu’avons eue d’elle et de ses petis enffans, mesmement qu’elle se dit estre preste a acoucher, ledit Nicolas, son mary, estoit en voye de miserablement finir ses jours, nous suppliant treshumblement vouloir a icelluy sondit mary impartir nostre grace et misericorde et luy pardonner les cas dessus dits. Sçavoir faisons que nous, benignement etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XXVIIe jour de fevrier, l’an mil quatre cens quatrevings et quinze. Ainsy signé René. Par le roy de Sicilles, les seneschal de Lorraine, cappitaine de Chastenoy et autres presens. Signé Cristien. 279

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168 1496 (n. s.), 8 mars - Lunéville. Rémission accordée à Bertrand Toussains, dit le Castain, de Pierrevillers, coupable d’homicide commis le 1er août 1495 sur la personne de Colard Laneron, du même lieu, au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 5, f° 217v°-218.

René, etc. a tous etc., salut. Receue avons l’umble supplicacion de Bertrand Toussains, dit le Castain, de nostre ville de Pierrevillers en nostre prevosté de Briey, chargé de femme et de quatre petis enffans, contenant que, le jour de la Sainct Pierre en aoust entrant dernierement passé, il se trouva au lieu de Mainville, prevosté de Sancey, avecques ung nommé Colard Laneron, dudit Pierrevillers, qui s’en alloient sallier au lieu de Ham devant Pierrepont, et en cheminant qu’ilz faisoient, lesdits Colart et Bertrand se entreprindrent ensembles de parolles par grant injure tellement que ledit Colard tenoit ung paul de haye en sa main et en frappit ledit Bertrand sur la teste en telle façon qu’il l’abatit par terre et qu’on cuidoit que ledit Bertrant fust mort. Toutesvoyes icelui Bertrand se releva du mieulx qu’il peut, et quant /218/ ledit Colard le vit relever, il voult encores recouvrer pour frapper ledit Bertrand, et en levant le cop qu’il faisoit, ledit Bertrand se tira pres de luy tellement que ledit Colard n’eust point de cop pour frapper ledit Bertrand ; veant ledit Colart qu’il n’avoit point de cop et qu’il avoit failly, il voult prandre son cousteau. Ce veant ledit Bertrand la grant fureur que ledit Colart avoit a luy pour le tuer, n’avoit icelui Bertrand pour sa deffence que ung petit cousteau a tailler pain, se deffendit dudit cousteau et en frappa ledit Colard tellement que la mort s’en est ensuye, car se il ne se eust deffendu, ledit Colard l’eust tué et avoit en voulenté et en couraige de ce faire, lequel suppliant n’est pas homme rioteux et jamais ne fit pleurer ung enffant. Pour lequel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de noz païs et seigneuries esquelz il n’oseroit retourner se nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle, actendu mesmement que ce lui est advenu en son corps deffendant. Savoir faisons etc. Sy donnons en mandement par cesdites presentes etc. Donné en nostre ville de Luneville, le VIIIe jour de mars mil IIIIc IIIIxx et quinze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les president des comptes et prevost de SaintGeorge presens. Cristien.

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169 1496 (n. s.), 23 mars - Lunéville. Rémission accordée à Didier Parisot et à Jean la Rouelle, son frère, de Villerssous-Prény, coupables d’homicide commis le 21 mai 1495 sur la personne de Jean des Mesnils, du même lieu, au cours d’une dispute provoquée par les calomnies que ce dernier proférait à l’encontre de leur famille. Copie, ADMM, B 5, f° 256.

René, etc., a tous etc. Receu avons l’umble supplicacion de Didier Parisot, demorant a Villers soubz nostre ville de Priney, chargé de femme et quatre enffans, contenant que ung nommé Jehan des Mesnilz, naguieres deffunct demeurant audit Villers, assez coustumier de proferer langages malsonans, principalement contre le bien, honneur et avancement de mariage de Jehan, aisné filz dudit Didier, suppliant, qui vouloit prandre party de mariage au lieu d’Onville on Petit-Vaulx, ledit des Mesnilz, sachant ce, se trouva audit Onville, portant en diffame ledit Jehan, jeusne filz dit la Rouelle, et publiant tant vers sa partie qu’il vouloit prandre en mariage comme parmy la ville qu’il n’averoit, tant que ledit des Mesnilz viveroit, femme en mariage s’il ne la prenoit au bourdeau, et que ledit Jehan Rouelle et ses freres estoient bastardz ainsi que de ses langages malsonans la verité en povoit estre sceue. Depuis ce, le mardi seconde feste de Pentecouste dernierement passee, ledit des Mesnilz, acompaignié de deux ou trois ses filz, dont l’un est marié, et ledit Jehan la Rouelle acompaignié de Parisot, son frere, estans avec les cher et chevaulx dudit suppliant, leur pere, alléz querre une voiture de boix marien par le commandement de leurdit pere es bois de Sainte-Marie-au-Bois entre l’abbaye et ledit Villers, se trouverent illecques, et lequel des Mesnilz empoigna une pierre de plain poing et la gecta a l’encontre dudit Jehan Rouelle, posé qu’il n’en fust actaint. Pareillement les enffans dudit des Mesnilz empoignerent autres pierres et les gecterent contre ledit Rouelle, dont par le gect de l’une desdites pierres ledit Rouelle fut fort blessé et navré en la jambe, lequel Rouelle, veant le dangier ou il estoit, empoigna sa haiche et de la teste d’icelle frappa ung cop entre les deux espaules dudit des Mesnilz, et ung autre cop sur son mutel, lequel des Mesnilz, ramené dudit bois audit Villers, fit plaintif a nostre prevost de Priney dudit Rouelle et de sondit frere, et le samedi ensuivant ledit des Mesnilz morut. Lors ledit Rouelle et ledit Parisot, son frere, se absenterent de noz pays et sont encores absens et hors d’iceulx, et n’y oseroient seurement frequenter, doubtans rigueur de justice. aprés le trespas duquel des Mesnilz, incontinant ledit suppliant, on nom de sesdits deux enffans, fit et eust appointement avec les femme et enffans dudit deffunct pour lesdits interestz, ledit appointement redigé par devant les prevost, tabellion et clerc juré dudit Priney en forme publique. Et pour ce que ledit feu des Mesnilz a tous jours esté cause mouvant tant en parolles diffamatoires contre les enffans dudit suppliant comme en oeuvres de 281

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fait, icelui suppliant, pour sesdits deux enffans, recourt a nostre majesté, implorant icelle treshumblement et pour l’amour de Dieu que veullions avoir piteux regart a icelui cas, et de nostre grace especiale le remectre et pardonner ausdits Jehan la Rouelle et Parisot, freres, ses enffans, en preferant misericorde a rigueur de justice et imposant pource a tous noz officiers scilence perpetuelle. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a sa supplicacion, voulans en ceste partie preferer misericorde a rigueur de justice, aprés ce qu’avons fait veoir en nostre conseil les deux informacions qu’avions pour ce fait faire, l’une par noz prevost et officiers dudit Priney et l’autre par noz maistre eschevin et clerc juré du Pont, eu l’advis sur ce des gens de nostredit conseil que par lesdites informacions ont trouvé le cas dessus dit estre remissible, et que pour et adfin de retirer desoubz nous les enffans dudit suppliant, leur povons donner leur grace, informé que ledit suppliant et sesdits deulx filz sont bien faméz et renomméz, a iceulx sesdits deux filz Jehan et Parisot, pour les causes dessus dites, ayant pitié et compassion dudit pouvre suppliant, avons de nostre grace especiale, plaine puissance et auctorité remis, quicté et pardonné et aboly, quictons etc., en mectant etc., imposant pour ce scilence perpetuelle etc. Sy donnons en mandement etc. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, qui furent faictes et donnees en nostre ville de Luneville, le XXIIIe jour de mars mil IIIIc IIIIxx et quinze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les maistre d’ostel et seigneur de Nouveant presens. Cristien.

170 1496, 26 avril - Pont-à-Mousson. Confirmation de la rémission accordée par Antoine, duc de Calabre, à Jean Mulletier, de Gondreville, condamné au bannissement pour divers vols commis à Toul. Copie, ADMM, B 5, f° 256v°.

René, etc., a tous etc. Comme ung nommé Jehan Mulletier, de nostre ville de Gondreville, eust esté banny hors de noz pays et seigneuries pour aucuns cas et larrencins par luy faiz et perpetréz en la cité de Toul, et depuis se feust rendu a la premiere et joyeuse venue de nostre treschier et amé filz Anthoinne de Lorrainne, duc de Calabre, en la ville du Pont-Saint-Vincent comme en ville franche, auquel lieu a ladite venue il a esté trouvé prisonnier, pourquoy nostredit filz, usant en ceste partie du privilege actribué aux princes, a bien voulu ledit Jehan Mulletier rappeller et le relever dudit banissement, nous suppliant de baillier en ce nostre vouloir et consentement. Savoir faisons que, eu regart ad ce que dit est, meismes que ledit Jehan Mulletier est chargé de femme et de petis enffans, avons ledit rappel de ban et relievement dessus dit fait audit Jehan 282

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Mulletier par nostredit filz consenti et aggreé, consentons et aggreons par cesdites presentes et mandons a tous noz officiers et subgetz presens et advenir, autres prions et requerons que audit Jehan Mulletier ne facent ou seuffrent faire ores ne pour le temps advenir a la cause dessus dite aucun ennuy, destourbier ne empeschement au contraire en son corps ne en ses biens en aucune maniere, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné audit Pont, le XXVIe jour d’avril mil IIIIc quatrevingts et seze. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., le seigneur du Pont-a-Sainct-Vincent et autres presens. Tallart.

171 1496, 8 juin - Lunéville. Rémission accordée à Jean Bedeau, charretier demeurant à Saint-Mihiel, coupable d’homicide commis le 22 janvier 1496 sur la personne de Jean, fils de Jean d’Erize, de Longchamps-sur-Aire, charretier, au cours d’une dispute survenue sur la route de Dijon où ils conduisaient des marchandises (cf. n° 174). Copie, ADMM, B 5, f° 271r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Jehan Bedeau, nostre subgect, demourant en nostre ville de Saint-Mihiel, pouvre chartier chargé de femme et petiz enffans, avons receue contenant que luy, Jehan Joly et Didier Pierrard, dit Guillot, aussy chartiers demourant audit Saint-Mihiel, se partirent dudit SaintMihiel le lundi avant la Saint Vincent dernier passé, conduisans chascun d’eulx ung cher et plusieurs chevaulx et certaines danrees et marchandises appartenant a leurs maistres, ausquelz ilz estoient louéz, pour icelles charroier et mener jusques au lieu de Dijon, lesquelz paisiblement et sans qu’ilz eussent aucune discencion commancerent a charroyer et faire leur veaige en conduisant leursdits chers et chevaulx jusques a ung villaige pres Andelo, distant dudit SaintMihiel d’environ quinze lieues, ouquel villaige ilz trouverent ung autre charretier nommé Jehan, filz de Jehan d’Erise de Longchamps, serviteur de Didier de Sainct-Remy, marchant dudit Sainct-Mihiel, qui semblablement cherrioyt et conduisoit ung cher et plusieurs chevalx avec certaine marchandise pour ledit Didier son maistre jusques audit Dijon, lequel se acompaigna avec les trois chartiers dessus nomméz, tous lesquelz ensemble paisiblement conduiserent leursdits chers jusques au lieu de Vaillant pres Chalancey, auquel lieu ilz arriverent ledit jour de Saint Vincent pres de la nuyt et se logerent eulx et leurs chevaulx ensemble en l’ostel Perrin Grasdelet, auquel hostel ilz soupperent ensemble, firent bonne chiere avec ledit Perrin et le maire d’ilecques, sans avoir entre eulx nulle parolle de rigueur. Et aprés soupper, lesdits supplians, Joly, Guillot et ledit Jehan se departirent dudit hostel et s’en allerent en l’estable penser leurs chevaulx, et quant iceulx chevaulx furent panséz jusques a leur 283

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

bailler l’avoine, ledit suppliant et Joly allerent querir ladite avoine, et eulx estans au grenier avec leur hoste, ledit suppliant dist audit Joly telles parolles ou semblables : « Joly, preste moy ton sacq, car tu ne veulx prandre que ung bichot d’avoine et il m’en fault deux, tu porteras bien ton bichot en la main », lequel Joly respondit audit suppliant qu’il n’en feroit riens. Et ce dit, ledit suppliant et Joly prindrent chascun leur avoine, s’en retournerent en ladite estable et la baillerent a leurs chevaulx. Et quant la premiere avoine fut baillee par les dessus dits a leursdits chevaulx, de rechief ledit suppliant adressa sa parolle audit Joly luy disant : « Joly, tu m’eusse fait ung peu de plaisir si tu m’eusse presté ton sacq pour apporter mon avoine », et ledit Joly luy respondit : « Tu es bien quoquin, tu ne congnois que plaisir qu’on te face », et ledit suppliant luy dit que si faisoit et qu’il congnoissoit bien le plaisir qu’il luy avoit fait d’avoir baillé l’avoine a ses chevaulx quant il les estoit allé abrever, « Mais tu ne m’as pas voulu prester ton sacq, je le te renderay avant que nostre voiaige soit fait », lequel Joly dit de rechief audit suppliant qu’il estoit bien quoquin et meschant homme, et icelluy suppliant luy dist : « Je suis tes fievres quartaines, esse de toy ». Et ce dist, icelluy Joly print une fourche ou ung baston en s’aprouchant dudit suppliant ; ce voyant icellui suppliant que ledit Joly venoit ainsi vers luy, mit la main sur sa gibeciere et dit audit Joly : « Va mectre a point tes chevaulx /271v°/ et me laisse mectre a point les myens ». Et incontinant ledit Joly commança a crier ledit suppliant, disant : « A traitre ! tire tu ton cousteau ? », a quoy ledit suppliant ne respondit aucune chose, mais par ledit Jehan qui estoit en ladite estable fut demandé audit Joly : « Tient il ung cousteau ? », et ledit Joly respondit : « Ouy, le traitre il tient son cousteau ». Adonc ledit Jehan se tira pres dudit suppliant et le print par la chevesse et demanda audit Joly s’il luy bailleroit ung soufflet, a quoy respondit ledit Joly : « Ouy, se tu veulx ». Et ce dit, ledit Jehan haussa sa main et en bailla audit suppliant ung si grant coup sur la joue qu’il le coucha par terre, et se laissa ledit Jehan cheoir sur luy, et incontinant que ledit suppliant et ledit Jehan furent a terre et qu’ilz estoient l’un sur l’autre, ledit suppliant dist audit Jehan qu’il le laissast aller, ce qu’il ne voulut faire. A ce ledit suppliant, tout esmeu et eschauffé du coup qu’il avoit donné ledit Jehan, print ung cousteau que estoit en sa gibeciere et en bailla ung coup a la jambe droicte audit Jehan, assez pres du ventre, dont tost aprés il alla de vie a trespas. A l’occasion duquel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est rendu fugitif et absent de noz païs esquelz il n’oseroit jamais retourner se noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce impartiez, humblement requerant, actendu mesmes que ledit cas n’est advenu que par la faulte mesme dudit Jehan, que n’avoit que faire de la noise desdits supplians et Joly, et qu’il fut agresseur en frappant premier ledit suppliant par quoy ledit cas par luy commis a esté en son corps deffendant, lequel en autre cas a esté tous jours de bonne vie, renommee et honneste conversacion sans jamais avoir esté reprins d’aucun villain cas, blasme ou reproche, nous vueillons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Savoir faisons etc. Sy donnons en mandement etc. Donné 284

Corpus des lettres

a Luneville, le VIIIe jour de juing, l’an mil IIIIc IIIIxx et seize. Ainsy signé René. Par le roy de Sicille, etc. Nicolai.

172 1496, 10 juin - Lunéville. Rémission accordée à Pierrard de Saint-Hilaire, de Bulgnéville, domestique de Yolande de Haraucourt, coupable d’homicide commis le 9 mars 1496 à Rumont sur la personne de Jean Borgnot, d’Erize-la-Brûlée, au cours d’une dispute motivée par d’anciens différends. Copie, ADMM, B 5, f° 266r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de nostre subgect Pierrard de Saint-Hilaire, demourant a Bullegneville, chargé de femme et troys petis enffans, serviteur domestique de dame Yolant de Harracourt, dame de Saint-Amand et de Bullegneville en partie, avons receue contenant que, l’environ le IXe jour du mois de mars derrenierement passé, ladite dame l’avoit envoyé en ses affaires en sa terre de Pierefitte, c’est assavoir au lieu de Ramont, auquel lieu l’en vouloit pescher ung estang qu’est a ladite dame et a ses parsonniers, et ainsy qu’il vint au molin desoubz ledit estang, tenant en sa main ung baston de la grosseur d’un paisseau de vigne, il trouva ilecques ung nommé Jehan Borgnot, d’Erisela-Brulee, homme d’eage d’environ soixante ans, lequel estoit a ladite dame pour le moictié et a sesdits parsonniers pour l’autre, auquel il dist : « N’es tu pas le villain qui m’as fait desplaisir ? », et en disant le mot lui donna ung coup sur la teste dudit baston qu’il tenoit en sa main, tellement que ledit Jehan Borgnot cheut a terre, parquoy lui convint aider a relever, et quant il fut relevé, dist qu’il avoit receu le plus mauvaix horion dudit suppliant qu’il receut oncques et qu’il en auroit la mort. Et aprés s’en retorna ledit Jehan Borgnot en sa maison, qui depuis fit ses besongnes et fut a la charrue plusieurs fois, combien qu’il avoit aucune fois la teste lyee d’un cueuvrechief et disoit aucunefois qu’il emporteroit en terre le horion que ledit suppliant lui avoit donné. Et pour ce que aucuns qui estoient la presens dirent audit suppliant que s’estoit mal fait d’avoir ainsi frappé ce viel homme, il leur respondit qu’il luy avoit fait desplaisir et que s’il l’eust trouvé aux champs, il lui eust coppé la gorge ou crevé l’un des yeulx et qu’il le yroit battre au partir de l’eglise dudit Erise en la presence de ses parens. Or est advenu que, par les fortunes qui peullent advenir et mesmement que ledit Jehan Borgnot estoit de grant eage comme dit est, environ trante trois jours aprés ledit cop, est alé de vie a trespas, sans par icelui sa femme, ses enffans ne aucuns de ses parens faire aucun plaintif ne poursuicte ne ne font encores de present, ains a la fin ledit Jehan Borgnot a pardonné a tout le monde sans avoir baillé aucune charge audit suppliant. Et pour ce que icelui doubte que pour ledit cop l’on ne voulsist proceder a rigueur de justice, 285

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

il s’est absenté du lieu et nous a fait treshumblement supplier, consideré que ledit cop par lui baillé audit deffunct ne cuidoit pas que mort s’en deust ensuivre, de lui remectre et pardonner ledit cas, actendu que ledit deffunct, sadite femme, ses enffans ne parans ne font aucune poursuicte ne n’ont fait par cy devant. Savoir faisons etc., a icelui Pierrard avons de nostre grace, plaine puissance et auctorité remis, quicté et pardonné, et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons le fait et cas dessus dit, avec toute peine, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour /266v°/ occasion d’icellui etc., en mectant tous bans, adjournemens au neant etc. Si donnons en mandement a nostre bailli de Bar etc. Donné en nostre chastel de Luneville, le Xme jour de juing, l’an mil IIIIc IIIIxx et seize. Signé René etc. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal et presidant des comptes de Lorraine presens. Nicolai.

173 1496, 10 juin - Lunéville. Rémission accordée à Didier Longeaue, fils de Jean Longeaue, de Triaucourten-Argonne, emprisonné à Revigny, coupable depuis février dernier de divers vols dans des églises de Revigny et de Bar-le-Duc. Copie, ADMM, B 5, f° 269.

René, etc. L’umble supplicacion de Didier Longeaue, eagé d’environ XXIIII ans, filz de Jehan Longeaue, de Triacourt en la cité de Beaulieu en Champaigne, avons receue contenant que, le lendemain de la Purificacion Nostre Dame derrenierement passé, il se partit dudit Triaucourt ayant du glus en ung petit pot et une touche de bois, et s’en alla en nostre ville de Revigny et print en la boite de purgatoire estant en l’eglise dudit Revigny a son engin huit gros et s’en retourna audit Triaucourt. Et au commencement de Caresme dernier, il retourna audit Revigny ayant sondit engin et print en ladite boiete six gros, et peu aprés desroba encores en ladite boete aucune somme d’argent, lequel suppliant, devant Quasimodo derrenierement passé, print une touaille de lin ouvree de soye et ung petit livre a nottes en l’eglise des Augustins de nostre ville de Bar, qu’il mist en gaige pour XVIII blans es mains de Jehan Mangin de Laheicourt. Et environ cinq sepmainnes a, luy estant audit Revigny, fut prins prisonnier et mené en nostre cour juree de nostredite ville de Bar pour les cas dessus dits, en laquelle il est detenu en dangier d’y miserablement finer ses jours se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, humblement requerant, actendu qu’il avoit tous jours par avant esté de bonne vie, renommee et honneste conversacion, sans avoir esté actaint ne convaincu d’aucun autre villain cas ou reproche, nous lui vueillons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Savoir faisons que nous, consideré etc., luy avons de nostre grace, plaine puissance et auctorité remis, quicté et pardonné, et par ces presentes remectons, 286

Corpus des lettres

quictons etc., et sur ce imposons silence etc. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailli de Bar et a tous autres noz justiciers et officiers etc. Donné a nostre chastel de Luneville, le Xe jour de juing mil IIIIc IIIIxx et XVI. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., le bailly de Bar et autres presens. Nicolai.

174 1496, 15 juin - Lunéville. Rémission accordée à Jean Joly, charretier demeurant à Saint-Mihiel, qui s’est trouvé compromis dans la querelle qui a éclaté entre Jean Bedeau et Jean d’Erize, au cours de laquelle ce dernier trouva la mort, sur la route de Dijon (cf. n° 171). Copie, ADMM, B 5, f° 268r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Jehan Joly, nostre subgect, charreton, pouvre homme chargé de femme et enffans demourant a nostre ville de SainctMihiel, avons receue contenant que luy, Jehan Bedau et Didier Pierrart, tous charretons demourant audit Sainct-Mihiel, pour gaingner leur vie oudit mestier et servir leurs maistres ausquelx ilz estoient louéz, se partirent dudit SainctMihiel le lundi avant la Sainct Vincent dernier passé, conduisans chascun d’eulx ung cher et plusieurs chevaulx avec certaines denrees et marchandises appartenans a leursdits maistres pour icelles mener jusques a Dijon, lesquelz paisiblement, sans ce qu’ilz eussent aucune noise ou discencion entre eulx, commancerent a faire leur veaige en conduisant leursdits chers et chevaulx jusques a ung villaige pres d’Andelo distant dudit Sainct-Mihiel d’environ quinze lieues, ouquel villaige ilz trouverent ung autre charton nommé Jehan, filz de Jehan d’Erise de Long-Champ, serviteur de Didier de Saint Remi, marchant demourant audit Sainct-Mihiel, qui semblablement cherriot et conduisoit ung cher et pluseurs chevaulx avec certaine marchandise pour sondit maistre jusques audit Dijon, lequel se acompaigna avec les dessus nomméz, tous lesquelz ensemble sans debat, conduiserent leursdits chers jusques au lieu de Vaillant pres de Chalancey, auquel lieu ilz arriverent ledit jour de Saint Vincent pres de la nuyt et se logerent en l’ostel de Perrin Gradelet, ouquel hostel ilz soupperent ensemble et firent bonne chiere avec leurdit hoste et le maire d’ilecques, sans avoir entre eulx nulle parolle rigoreuse. Et aprés soupper, ledit Bedeau, Didier, Jehan et icelui suppliant s’en allerent en l’estable penser leurs chevaulx, et quant iceulx chevaulx furent penséz jusques a leur bailler l’avoine, ledit Bedau et ledit suppliant allerent querir de l’avoine. Et quant ilz furent on grenier avec leur hoste, ledit Bedau dist audit suppliant telles parolles ou semblables : « Joly, preste moy ton sac, car tu ne veulx prandre que ung bichot d’avoine et il m’en fault deux, tu porteras bien ton bichet a la main », lequel suppliant dist qu’il n’en feroit riens ; et ce dit, ledit Bedau et suppliant 287

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

s’en retournerent en l’estable et prindrent leur avoine et la baillerent a leurs chevaulx. Et quant la premiere avoine fut baillee a leurs chevaulx, ledit Bedau, parlant audit suppliant, dist : « Joly, tu m’eusse fait ung peu de plaisir se tu m’eusse presté ton sac pour apporter mon avoine », et ledit suppliant luy respondit : « Tu es bien coquin, tu ne congnois plaisir qu’on te face », et il lui dist que si faisoit et qu’il congnoissoit bien le plaisir qu’il luy avoit fait d’avoir baillé l’avoine a ses chevaulx quant il les estoit allé abruver, mais il ne lui avoit pas voulu prester son sac, et qu’il lui renderoit avant leur veaige fait, lequel suppliant dist de rechief audit Bedau qu’il estoit bien coquin et meschant homme, et icelui Bedau lui dist : « Je suis tes fievres cartaines, esse de toy ». Et ce dit iceluy Joly, suppliant, print une fourche ou ung baston en s’aprochant /268v°/ dudit Bedau sans lui en vouloir faire aucun mal, laquelle chose veant, ledit Bedau mist la main sur sa gibassiere et dist audit suppliant qu’il alast mectre a point ses chevaulx et le laissast mectre a point les siens. Et incontinant iceluy suppliant commença a crier contre ledit Bedau, disant : « A traitre ! tire tu ton cousteau ? », auquel ledit Bedau ne respondit aucune chose, mais par ledit Jehan d’Erise, qui estoit en ladite estable, fut demandé audit suppliant : « Tient il ung cousteau ? », et ledit suppliant respondit : « Ouy, le traitre il tient son cousteau ». Adoncques ledit Jehan se tira pres dudit Bedau et le print par la chevesse et demanda audit suppliant s’il luy bailleroit ung soufflet, a quoy respondit ledit suppliant : « Ouy, se tu veulx ». Et ce dit, ledit Jehan haussa sa main et en bailla audit Bedau ung cop sur la joue en telle façon que ledit Bedau cheut a terre et ledit Jehan se laissa cheoir sur luy, et incontinant qu’ilz furent cheuz, ledit Bedau luy dist qu’il le laissast, dont il ne voulut riens faire ; a ce icelui Bedau, tout eschauffé du cop qu’il luy avoit donné, print ung cousteau en sa gibeciere et en bailla ung cop en la jambe dudit Jehan, au moyen duquel cop tantost aprés il alla de vie a trespas. Pour raison de quoy ledit suppliant s’est tenu fugitif et absent de noz pays, doubtant rigueur de justice, esquelz il n’oseroit retourner ne frequanter se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce impartiez, humblement requerant, actendu que ledit cas est advenu par la faulte dudit Jehan qui n’avoit que faire de la noise desdits suppliant et Bedeau, lesquelz ne se feussent fait aucun mal, et ne fit iceluy suppliant que dire audit Jehan qu’il baillast ledit soufflet audit Bedeau se bon lui sembloit, et qu’en autres cas il a esté tous jours de bonne vie et honneste conversacion, sans avoir esté reprins d’aucun vilain cas, blasme ou reprouche, nous lui vueillons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Savoir faisons etc., quictons, remectons et pardonnons le fait et cas dessus dit, avec toute peine, offense et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas il pourroit estre encheu envers nous et justice, en mectant etc., satiffacion faicte a partie civillement tant seullement etc. Sy donnons en mandement par ces presentes a nostre bailly de Sainct-Mihiel ou son lieutenant etc. Donné en nostre chastel de Luneville, le quinziesme jour de juing, l’an mil IIIIc IIIIxx et seize. Ainsy signé René, etc. Par le roy de Sicille, etc. Nicolai. 288

Corpus des lettres

175 1496, 3 juillet - Lunéville. Rémission accordée à Hugues Clabault, de Villers-devant-Orval, emprisonné à Stenay, coupable du meurtre, le 21 mai 1496, d’un homme d’armes de la compagnie de Robert de La Marck pour se venger d’exactions commises par celui-ci. Copie, ADMM, B 5, f° 270r°-v°.

René etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Huigue Clabault, nostre subgect, demourant a Villers demourant a Orval, prevosté de Sathenay, avons receue contenant que, la nuyt de la Penthecoste derriennement passee, lez gensdarmes adventuriers qui se disoient a messire Robert de La Marche se deslogirent d’Orval et dudit Villers, icelluy Huigue estant en sa maison, vint ung de ses voisins qui lui vint dire que les gendarmes ly avoient decoppé ung sien chien, lequel fort desplaisant, tant de ce comme des dommaiges et oultraiges qu’ilz lui avoient faiz en sa maison, se partit d’illecques et s’en vint emmy la ville de Villers ou estoient pluseurs des bourgois d’illecques. Et aprés ce qu’il y eust esté une espace de temps, vint le porchier d’icelle ville et luy dit qu’il avoit trouvé dormant ung des compaignons adventuriers entre ledit Villers et Orval et qu’il avoit heu intencion de le tuer. Adoncques vint ledit compaignon de guerre et demanda ausdits de Villers, qu’estoient illecques emmy ladite ville, le chemin pour tirer aprés ses compaignons, a quoy icellui Huigue respondit : « Velela » ; sur ce icellui compaignon luy dit : « Tu parle bien fierement », et lors avala une picque allencontre dudit Huigue. Ce fait, le maire Saint Anthoine dudit Villers, qu’estoit present, se avança et dit audit compaignon : « Venez avecques moy, je le vous monstreray », et de fait icellui maire le mena jusques hors de ladite ville et luy enseigna le chemin. Pendant ce, ledit Huigue et ledit porchier prindrent alors conclusion ensemble d’aller aprés ledit compaignon, et sur ce icellui Huigue se partit et s’en alla aprés ledit compaignon. Veant ce, ung appellé Colin le Camus, lequel venoit de conduire ledit compaignon avecques le dessus dit maire Saint Anthoine, dit audit Huigue : « Garde que tu ne face chose dont tu puisse estre reprouché », auquel ledit Huigue respondit : « Je m’en garderay bien, je m’en voy au boix querir mon espié ». Ce nonobstant, considerant que lesdits avanturiers luy avoient fait plusieurs oultraiges et dompmaiges en sa /270v°/ maison comme de le battre et fouler et de luy avoir osté et tollu ung florin d’or et trois gros de Mets, meu a ceste occasion et en ensuivant son propos et intencion, aprés qu’il eust reprins son espié qu’il avoit en retournant de Sathenay en une haye, s’en ala aprés ledit compaignon, lequel il trouva avecques une picque en sa main, luy demanda iceluy compaignon ou il aloit, respondit ledit Huigue qu’il s’en aloit en la ville. Lors icelui compaignon luy dit : « Monstre moy le chemin », sur quoy icelui Huigue lui dit : « Velela » ; ledit compaignon luy dit : « Chemine devant », et avala sa picque au devant dudit Huigue. Adoncques icelui Huigue mit la 289

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

main a sa picque et luy donna ung cop de son pié, au moyen duquel cop fut force audit compaignon laisser cheoir sadite picque et se mit en fuicte. Et en fuyant ledit compaignon apparceut le dessus dit porchier venant a l’encontre de lui, et sur ce ledit compaignon donna ung grant crys. Lors icelui porchier se approucha de luy et luy donna ung cop de sa masue sur la teste en telle façon qu’il feist cheoir en terre une dague qu’il tenoit en sa main, recouvrit arrier ledit porchier et luy donna de rechief ung autre cop de sadite masuee. Ce fait, icellui Huigue recueilla icelle dague et en donna trois ou quatre cops audit compaignon, tellement que mort s’en est ensuye. Pour lequel cas il est detenu en noz prisons audit Sathenay, en dangier d’y miserablement finer ses jours se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, en nous humblement requerant que, entendu ce que dit est et que jamais ne fut actaint ne convaincu d’aucun cas digne de reprouche, luy vueillons nostredite grace et misericorde impartir et luy quicter, remectre et pardonner les cas dessus dits. Savoir faisons que, ces choses considerees etc. Si donnons en mandement etc. Donné a Luneville, le IIIe jour de juillet mil IIIIc IIIIxx et seize. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., le president des comptes de Nancy present. Nicolai. Registrata Hymbert.

176 1496, 9 juillet - Lunéville. Rémission accordée à François, fils de Colesson le Roussel, de Dammarie-surSaulx, emprisonné à Bar-le-Duc, coupable d’homicide commis le 3 juillet 1496 sur la personne d’un nommé Jean Larmeure au cours d’une fête de village à Menaucourt. Copie, ADMM, B 5, f° 272r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Colesson le Roussel, de Dampmarie, conté de Liney, ou nom de François son filz, contenant que, dimenche derrain passé, ledit François, filz dudit Collesson, eagié d’environ dix huit ans, et pluseurs autres jeunnes gens, en nombre de quarante ou cinquante compaignons de ladite Dampmarie, s’assemblerent et s’en allerent en ung villaige assez pres nommé Menoncourt, on conté dudit Liny, ou se tenoit le gouverneur dudit Liny qui les avoit illecques mandé pour faire feste, esbatement et passer le temps, ou lesdits jeusnes gens firent la feste. Et en retournant dudit Menoncourt a ladite Dampmarie, ung nommé Jehan Larmeure, du conté de Liny, serviteur de l’ostel dudit Colesson, suppliant, en forme de joyeuseté ou par derision dist audit François, qui avoit sur son col ung baston qu’on appelle picque, qu’il ne portoit point bien son baston et que les autres en farsoient, car ledit François estoit habitué comme clerc et avoit intencion, s’il eust pleu a Dieu, d’estre homme d’eglise, dont ledit François ne se malcontanta mais s’en allerent tous 290

Corpus des lettres

jours leur chemin. Et en allant toute ladite compaignie, pour ce que ledit gouverneur de Liny leur avoit fait tresbonne chiere et avoient beu a leur plaisir, se jouoient les ungs aux autres, ledit Jehan Larmeure, d’une espee qu’il tenoit desgaynee, frappa ledit François sur le col sans toutes fois le blecer car s’estoit du plat, ledit François d’une petite dague qu’il avoit, cuidant recueillir ung cop ou autrement, frappa ledit Jehan en la cuisse. Et pour aprés ainsi que tous s’en aloient chascun a son pied, ledit Jehan se laissa tellement essaingnier que le cuer luy faillit, demandant confession, en disant devant ung homme d’eglise illecques estant son benedicite, il morut. A cause de quoy ledit François, cuidant s’en fuyr, s’adressa a Longeaue, prevosté de Bar, ou il fut consuy par les gens dudit gouverneur, fut prins, et pour ce que nostre maire audit Longeaue dist qu’il ne lasoit audit gouverneur le prandre en nostre haulteur et seigneurie, ledit gouverneur le laissa en la main dudit maire audit Longeaue. Aprés quoy les gens de nostre conseil de Bar, advertis de ce que dessus, ont envoyé querir ledit François audit Longeaue et le fait mener audit Bar, nonobstant les protestacions faictes de la part des officiers dudit Liny. Or, pour ce que lesdits supplians nous tiennent et reputent leur souverain seigneur et que le cas est piteable, veu que c’est ung cop d’accident mal advenu et non de fait precogité, aussi que ledit François n’est coustumier faire telz exploiz ainçois a esté par cy devant et est doulx et courtois, ilz nous ont /272v°/ treshumblement supplié et requis que, actendu que le cas est advenu en la maniere dessus dite, nous voulons extendre nostre grace et misericorde sur ledit François et luy pardonner ledit cas. Sçavoir faisons etc. Si donnons en mandement etc. Donné a Luneville, le IXe jour de juillet, l’an mil [IIIIc] IIIIxx et seize. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez seneschal de Lorraine et bailly de Nancy presens. Cristien.

177 1496, 8 août - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean Tabourin, de Pont-à-Mousson, témoin d’une rixe au cours de laquelle un nommé Monsseguier a été blessé mortellement ; Jean a été disculpé par l’enquête (cf n° 178). Copie, ADMM, B 6, f° 181r°-v°.

René, par la grace de Dieu roi de Jherusalem et de Sicile, duc de Lorrainne et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et d’Amelle etc., a tous presens et advenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de nostre subget Jehan Tabourin, de nostre cité du Pont, contenant que, combien qu’il ne soit aucunement culpable d’un nommé le Monsseguier, darnierement trespassé audit Pont par ung cop de fleche que Jennin Bourgois luy avoit donné, dont l’informacion faicte par les officiers dudit Pont nous avoit esté renvoyee, et que a faire ledit cop icelluy suppliant ne fust present ne ne 291

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

induist ou provocast ledit delinquent ne consentist a ce faire, mais par opposite ledit suppliant, veant ledit delinquent partir furieusement de la compaignie des archiers et tirer et courir devers une fouriere ou ledit deffunct estoit qui, comme on luy avoit rapporté, chassoit hors d’icelle fouriere le cheval dudit delinquent, en entencion de obvier que ledit delinquent ne feist aucun mauvais cop, s’en courrust apréz luy rescriant a haulte voix : « Jennin, garde bien que tu ne le frappe point », mais il n’y sceust si tost arriver que desja le cop de fleche ne fust donné. Lequel cop ignorant ledit suppliant et veant que eulx deux s’entrebatoient, il se mist au milieu et les desparti et osta audit deffunct ung gros paul dont il vouloit assonmer ledit delinquent, disant ledit suppliant qu’ilz ne se batteroient point. Et depuis, ledit deffunct estant malade, icelluy suppliant le fust visiter et consoler et, en presence de pluseurs gens de bien illec assistans, ledit deffunct dist qu’il ne se plaindoit point dudit suppliant car il estoit son amy, et ne luy demendoit que paix et amour et bien savoit qu’il n’estoit point cause de son mal. Et neanmoins icelluy suppliant, veant ledit blessé en dangier de mort, pource qu’il s’estoit trouvé en la meslee, cuydant toutesvoies bien faire et a bonne entencion comme dit est, doubtant rigeur de justice, s’est absenté du lieu et rendu fugitiz de noz pays, esquelx il n’oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie en tant que touchier luy peut, treshumblement suppliant que, attendu qu’il n’a point fait ne fait faire le cop et que jamais il ne fust convaincu ne attaint d’aucun villain cas, nous luy veuillons pardonner. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a sa supplicacion, informé par noz officiers du Pont qu’il est bien famé et n’a jamais fait desplaisir a ung enffant, n’a esté aussy convaincu d’aucun villain cas et qu’il n’a point fait le cop mais fust present, que luy a despleu et desplait tant que plus ne poulroit, au dessus dit Jehan le Tabourin, pour les causes devant dictes et autres nous mouvans, especialement en faveur de nostre treschiere et tresamee seur et espouse la royne qui nous en a supplié /181v°/ et requis, avons quitté et pardonné le cas dessus dit avec touttes peinne et amende corporelle, criminelle et civile en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, le remettant en son bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffaction faicte a partie interessee en tant que a luy touche si desja faicte n’est et elle y eschiet civilement tant seulement, imposant pour ce silence perpetuelle a nostre procureur general de Barrois present et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Saint-Mihiel et autres noz officiers qu’il appartient, que de cestuy pardon seuffrent et laissent joyr paisiblement et perpetuellement ledit Jehan Tabourin et y procedent come faire se doit selon le cas en tant qui a luy touche comme dessus, le facent, seuffrent et laissent joyr de ses biens comme il faisoit par avant et le rappellent au payz, mettans tous bans et proclamacions que a la cause dessus dite l’on pourroit avoir fait contre luy au neant, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mettre et appendre nostre seel. Donné en nostredite cité du 292

Corpus des lettres

Pont, l’an de grace mil CCCC quatre vingtz et seze, le huictiesme jour du mois d’aoust. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., l’abbé de Gorze present. Cristien.

178 1496, 8 août - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jennin Bourgois, de Pont-à-Mousson, coupable d’homicide commis le 1er  mai 1496 sur la personne de Jean Monsseguier au cours d’une rixe (cf. n° 177). Copie, ADMM, B 6, f° 182r°-v°.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem, de Sicile et etc., duc de Lorrainne et de Bar etc., marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vademont et d’Aumelle etc., a tous presens et advenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Katherine, femme Jennin Bourgois, basle de ceste nostre cité du Pont, contenant que darrierement, le premier jour de may, ledit Jennin son mary et ung nommé Jehan Tabourin, muytiers, eussent leurs deux chevaulx pasturans en une fouriere pres de la porte de Maydiere, laquelle ung nommé Jehan Monseiguier avoit louee a ung de leurs compaignons d’office pour le pris de six gros pour le sorpoil d’un an seulement, dont a l’instance d’icelluy ilz y avoient mis leurs chevaulx. Et ainsi soit que ledit Monseiguier eust esté requis par envie de vendre le sorpoil d’icelle fouriere en la main d’un nommé Mathieu Lolier, en quoy estoit convenu par marchié second pourtant qu’il luy sembloit qu’il en avoit deux gros plus, qui estoit ung cas contre rayson et qu’il ne povoit faire selom droit, advint que ledit premier jour de may icelluy Monseiguier, comme mal informé et advisé ou par ennortement d’aucuns, alla chasser les chevaulx desdits Jennin et Jehan Taborin hors d’icelle fouriere, dont ledit Jennin, estant au jeu de l’arcque, veant comme rigoreusement il les avoit chassé hors en autres heritaiges, subitement s’en alla avec son arcque en ladite fouriere et dit audit Monseiguier que c’estoit mal fait de chasser hors leurs chevaulx. Sur quoy encores continua en grandes injurieuses parolles, l’appellant coquin oysel et pluseurs autres motz qui furent cause que ledit Jennin, meu et couroucé mervilleusement en son couraige, luy tira de son arcque ung voulant en la cuisse a une paulme pres de l’angle, duquel coup n’entra qu’environ deux doix de travers dedans, et dont il fust porté en sa maison et a esté unze jours mallade, et puis allé de vie a trespas. Ce nonobstant, pendent ce que il estoit en malladie et blessé, a par pluseurs fois pardonné audit Jennin sa mort. Pour lequel cas, ledit Jennin Bourgois, mary de ladite supliante, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de noz payz et seigneuries esquelz il n’oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement supliant icelle. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a l’umble supplicacion de ladite suppliante, especialement en faveur et contemplacion de nostre tre293

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

schiere et tresamee seur et espouse, la royne, que a l’umble supplicacion de ladite suppliante et de pluseurs femme ensaintes d’enffans et prest(r)es a gesir nous en a supplié /182v°/ et requis, affin de retenir ladite basle a cedit lieu du Pont, audit Jennin son mary pour les causes dessus dites, de nostre grace, plainne puissance et auctorité avons quitté, remis et pardonné, quittons, remetons et pardonnons par cesdites presentes le cas tel qu’il est cy devant declairé avec toutes paine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué, le remettons et restituons par cesdites presentes a son bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisqués, mettant au neant tous bans et proclamacions que en pouroient estre fais et ensuys a l’encontre de luy, sattiffacion faicte a partie interessee si desja faicte n’estoit civilement tant seulement, imposant pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Barrois. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Saint-Mihiel ou son lieutenant et autres noz justiciers et officiers a qui ce puet touchier et regarder qu’ilz procedent a l’enterinement et verificacion de cesdites presentes. Ce fait, facent d’ores en avant de ceste nostre presente grace, pardon, remission et quictance ledit Jennin joyr, exploiter et user plainnement, plaisiblement et perpetuellement sans a son corps ne a ses biens meffaire ne souffrir estre meffait ores ne pour le temps advenir en aucune maniere, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostredite cité du Pont le VIIIe jour d’aoust mil CCCC quatre vingtz et seze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., l’abbé de Gorze present. Cristien.

179 1496, 9 août - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Jean de La Mothe, de Neufchâteau, homme d’armes au service du duc, coupable d’homicide commis le 24 juillet 1496 à Bras-sur-Meuse sur la personne de Didier le Moyenne au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 6, f° 180v°.

René, etc., a tous etc. Receue avons l’umble supplicacion de Jehan de La Mothe, du Neufchastel, contenant que le dimenche XXIIIIe jour de juillet dernier passé, luy estant en nostre service contre Robert de La Marche, logié en ung villaige nommé Bray, a une lieu de Verdun, ou pluseurs de noz gens de guerre, tant de chevaulx comme pietons de noz villes du Neufchastel, Mirrecourt, Dompaire et Chastenoy, et entre autres deulx de ses freres, l’un appellé Claude Sullaire et l’autre maistre Pierre, avecques lesquelz estoit aussi logié ung appellé Didier le Moyenne, de Monnecourt de nostredite prevosté dudit Chastenoy, advint que ledit remonstrant, qu’estoit en autre maison logié, ainsi qu’il 294

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heut soupper, se partist de sondit logis et vint au logis de sesdits freres pour les visiter, et pour luy tenir compaignie appellist ung de ces compaignons qu’estoit de nostre prevosté de Dompaire, duquel presentement il ygnore le nom. Eulx arrivés au logis de sesdits freres, les trouvist au soupper et a la table d’iceulx aveques aultres pluseurs estoit ledit Didier, lequel, aprés que ledit remonstrant heut salué la compaignie, commençay a parler injurieusement au devant dit compaignon que ledit remonstrant avoit amené luy tenir compaignie, en lui disant bien fierrement : « Que vien tu faire icy ? », en jurant et detestant le saing Dieu qu’il ne buroit audit logis et, c’il ne c’en alloit, qu’il l’en feroit aller bien tost. A quoy respondit icelluy compaignon qu’il estoit venu acompaignier ledit remonstrant qu’estoit venu visiter sesdits freres et la compaignie pareillement, et qu’il n’en yroit point maix feroit bonne chiere avecques eulx ; dit icelluy Didier que sy feroit et tantost. Sur quoy ledit remonstrant, qui lez veoit ainsi arguer, dit audit Didier qu’il s’entreportast et qu’il buroit audit logis de sesdits freres puis qu’il l’avoit acompaignié. A l’ocasion de quoy ledit Didier ce print de parolles rigoreuses contre ledit remonstrant, se levyt de la table et tirait sa dague sur luy, le voulant oultragier, et le heut frapper par deulx ou trois fois n’eust esté que ledit remonstrant a chascune fois desmarcha, doubtant qu’il ne l’outragit ; dont veant le malvais courraige que icelluy Didier avoit, tirait son espee et, en son corps deffendant, frappa ledit Didier ung cop on ventre, dont mort en est ensuyt. Pour lequel cas, ledit Jehan de La Mothe, doubtant rigueur de justice, s’est absenté etc. Savoir faisons etc., lui avons remis et pardonné etc., satiffacion faicte a partie interessee si faicte n’estoit civilement tant seulement, et a ses biens non confisqués, imposant etc. En tesmoins etc. Donné au Pont-a-Mousson, le IXe jour d’aoust mil IIIIc IIIIxx et seze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez abbé de Gorze, seigneurs de Valengin, de Pierrefort, de Dompmertin et autres presens. Cristien.

180 1496, 12 août - Pont-à-Mousson. Rémission accordée à Gautier de Norroy, écuyer, de Dannevoux, coupable d’homicide commis sur la personne de Gaubert dit Marchus, avec lequel il avait une vieille querelle et qui dernièrement avait agressé son fils. Copie, ADMM, B 6, f° 189 r°-v°-190.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Gaulthier de Nouroye, escuier demeurant a Dompnevoult, avons receue contenant que, des le temps que ladite ville de Dompnevoult fut brulee et destruicte des Bourguignons et qu’il fallut que toute les bonnes gens s’en allasent ou qu’ilz povoient mieulx, neantmoins la tour et forte maison que nous appartient audit lieu, qui est des fiedz de nostre chastellenie de Clermont, ne fut point prinse, et en icelle le bastard de 295

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Vaudemont mist gens pour la garder affin que autres gens françoys ne bourguignons ne se boutaissent dedans pour dompmaigier noz pays et subgectz, desquelz ung nommé Jehan de Leschaue estoit chief. Et entre lesquelz gens en y avoit ung appellé Gobert, dit Marchus, lequel Marchus souventeffois et quasi chascun jour s’en alloit en l’ostel dudit suppliant et luy faisoit et a fait de grandes insolances et dommaiges inreparables, de quoy pluseurs fois ledit suppliant s’en douloit et complaindoit audit Jehan de Leschaue, son chief, lequel en estoit treffort mal content, et pluseurs fois luy mesmes l’alloit requerir et faire aller hors de l’ostel dudit suppliant. Depuis ledit suppliant trouva ledit Marchus pres du pont de Villoyne et luy demanda gracieusement pour quoy il luy avoit fait tant et de si grans dompmaiges et pilleries en sa maison, luy disant que une autreffois il n’estoit point tenu de luy faire plaisir, lequel Marchus luy respondit furieusement et fierement qu’il ne donnoit riens de luy et luy dist en le menaçant treffort que une autreffois il parleroit a luy a part, qu’il n’y averoit que eulx deux, de quoy ledit suppliant ne fit compte et le laissa. Et tous jours depuis ledit Marchus a tous jours persisté en ses rigueurs et menaces, renonçant Dieu et tous ses saincts que, s’il trouvoit ledit suppliant, il le desmonteroit et le tueroit. Et par lez rapportz que on en faisoit audit suppliant, il n’osoit aller ne venir en ses affaires qu’il ne fust tous jours sur sa garde pour ledit Marchus qui tendoit chascun jour sur luy, et doubtoit qu’il ne luy donnast d’un traict ou d’une picque a ung destroit. Et pour ceste cause ledit suppliant a pluseurs fois requis et mandé a nostre prevost des Montignons, soubz lequel ledit Marchus demouroit, qu’il luy voulcist deffendre telles oeuvres de fait, de quoy ledit prevost a bien fait son debvoir et esté pluseurs fois bien mal content des insolances que faisoit ledit Marchus audit suppliant. Une autreffois que ledit suppliant venoit et alloit a Verdun pour ses affaires, ledit Marchus luy vint courir sus avec une picque, renunçant Dieu qu’il le tueroit, touteffois ledit suppliant n’en fit encores compte et s’en alla son chemin ; et le londemain qu’il fut retourné en sa maison, il manda de rechief audit prevost des Montignons par ung des sergens de ladite prevosté comment, nonobstant la deffense qu’il avoit faicte audit Marchus, il luy estoit allé courir sus, luy priant de rechief qu’il le feist cesser de telz explois, aultrement que luy ne autres noz officiers ne feussent point mal contens se aucune chose en avenoit, car ledit suppliant n’estoit point deliberé de soy laissier oultraigier s’il povoit, de quoy de rechief ledit prevost fut fort mal content et luy deffendit sur sa vie ladite oeuvre de fait. De quoy jamais ledit Marchus ne voulut tenir compte mais, ce nonobstant, deriennement quant nostre armee qui conduisoit nostre artillerie a Sathenay pour la guere darienne /189v°/, en passant emprés le molin de ladite ville de Dompnevoult, ouquel lieu estoit ledit suppliant, ledit Marchus, present toute ladite armee, luy vint courir sus et, se ne fussent esté beaucoup de gens de bien que y misrent resistance, ledit Marchus l’eust oultragié et tué. Est advenu que darienement, le jour de la feste a Forges ou ledit suppliant estoit allé pour ses affaires et son filz, nommé Collard, avec lui, ledit Marchus se trouva audit lieu 296

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et vit ledit suppliant et son filz et, aprés qu’ilz les heust veu, il fit pluseurs sermens en renunçant Dieu qu’il tueroit ledit suppliant et sondit filz, tellement que ledit Collard, filz dudit suppliant, fut adverty desdites menaces et trouva ledit Marchus emmy ladite ville et luy dit et demanda pourquoy il menassoit son pere et luy que jamais ne luy avoient fait ne dit desplaisir, luy priant qu’il s’entreportast de ses menaces, car il pourroit bien tant serchier qu’il n’en gaingneroit riens, a quoy ledit Marchus furieusement respondit qu’il ne donnoit riens dudit suppliant ne de sondit filz, et que ilz se vouloient trouver aux champs tous deulx, il s’i trouveroit. Et ledit Collard luy dit qu’il n’y failloit ja son pere, et combien qu’il feust jour il estoit homme pour luy, et ledit Marchus luy dit : « Allons a ceste heure » ; ledit Collard respondit : « Et je yray aussi, chemine devant ». Et comme ilz s’en alloient, ledit Marchus se baissa et print une grosse piere, et quant ledit Collard luy vit tenir ladite piere, il se despartit du magister de Dompnevoult qui le tenoit et ne vouloit point qu’ilz se combatissent, et quant ledit Marchus vit que ledit Collard l’approuchoit, il retourna devers luy et luy rua une hachette qu’il tenoit en sa main, le cuidant tuer, mais ledit Collard desmarcha et ne fut attaint que sur le bras. Adoncques, quant ledit Collart se sentit oultraigié, il tira une espee qu’il avoit et commença a chargier sur ledit Marchus, lequel Marchus print la fuytte et s’en fuyt en une grainge et ledit Collart aprés tout combattant. Et de tout ce ne savoit riens ledit suppliant, jusques a ce que l’en luy vint dire : « Vela vostre filz et Marchus qui s’entretuent et se combatent en une grainge ». Et lors subitement, chaudement et hastivement ledit suppliant, sachant l’inimitié que avoit a luy ledit Marchus, jaloux de secourir sondit filz, courut en ladite grainge et, sans regarder qui l’avoit gaingnié ne perdu ne qui estoit blecié ne navré, tira une grande dague qu’il avoit, frappa du plat, comme il luy semble, sur la teste dudit Marchus tellement qu’il rompit sa dague du tout premier cop, en maniere que de tous ses coups mort c’est ensuye audit Marchus. Pour lequel cas ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de noz pays et n’y oseroit retorner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartye, en nous humblement suppliant que, entendu le cas advenu en la maniere que dessus, luy veullons nostredite grace et misericorde impartir et luy quicter, remectre et pardonner toute l’offence, crime et delict qu’il pourroit avoir commise a l’occasion du cas dessus dit. Savoir faisons que, ces choses considerees, nous, inclinans a l’umble supplicacion dudit Gaulthier, voulans en ceste partie misericorde preferer a rigueur de justice, luy avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes de nostre grace, plainne puissance et auctorité quictons, remectons et pardonnons le fait et cas dessus dit avec toute paine, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas il pourroit estre encourru envers nous et justice, en mectans au neant tous /190/ bans, appelz, proclamacions et adjournemens s’aucuns en estoient ensuys, et le remectons et instituons a sa bonne fame et renommée au pays et a ses biens non confisquéz, satiffaction faicte a partie civillement tant seulement si faicte n’est et elle y 297

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eschiet. Et sur ce imposons silence perpetuel a nostre procureur general present et advenir et a tous autres. Sy donnons en mandement par ces presentes a nostre bailly de Clermont et a tous autres noz justiciers et officiers ou leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de noz presens grace, quictance, remission et pardon ilz facent, seuffrent et laissent ledit Gaulthier joyr et user plainnement et paisiblement, sans pour occasion dudit cas lui faire mectre ou donner ne souffrir estre fait mis ou donné ores ou pour le temps advenir aucun destourbier ou empeschement au contraire en aucune maniere, mais ses biens meubles ou heritaiges, s’aucuns estoient pour ce prins, saisiz, arrestéz ou aucunement empeschéz, les luy mectent ou facent mectre sans delay a plainne delivrance. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné au Pont, le XIIe jour d’aoust mil IIIIc IIIIxx et seze. Signé René. Par le roy de Sicile, etc. Nicolai.

181 1496, 5 octobre - Custines. Rémission accordée à Magnien, de Sauville, coupable d’homicide commis le 22 septembre 1496 sur la personne de Jean Joffroy, qui s’était interposé pour l’empêcher de se venger du maire de Sauville, amant de sa femme. Copie, ADMM, B 6, f° 196r°-v°.

René, etc., a tous etc. Receu avons l’umble supplicacion de Magnien, demeurant en nostre ville de Sauville en nostre seneschaulcie de La Mothe, povre compaignon allant par pays, chargié de femme et six beaux enffans tous maisles, contenant que peult avoir environ ung an et demy qu’il s’en alla par pays pour suyvir son mestier de magnien, ainsi qu’il et autres compaignons dudit mestier ont accoustumé de faire, et pendant ledit an et demy, ung nommé Demongot le Guaingniere, mayeur dudit Sauville, s’est accoincté de la femme dudit remonstrant, et tellement que le bruit et la nommee est audit Sauville et pays a l’environ que ledit Demongot tenoit la femme dudit remonstrant et qu’il l’avoit engrossee, et que ladite femme avoit eu ung enfant dudit Demongot. Et au retour dudit remonstrant qu’il a fait en sa maison audit Sauville, a esté adverty que vray estoit que sadite femme avoit eu ung enfant dudit Demongot le Guaingniere, jaçoit ce que ledit remonstrant et ledit Demongot soient cousins germains et comperes. Et a ceste cause ledit remonstrant a esté meu de couraige contre ledit Demongot, et tellement que le jeudi XXIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx et seize darnier passé, environ quatre ou cincques heures aprés midi d’icelluy jour, ilz se trouverent pres de l’eglise dudit Sauville et estoit ledit remonstrant dedans la cimetiere de ladite eglise accoutté sur le mur d’icelle, et ledit Demongot estoit hors dudit cimetiere aussi accoutté sur ledit mur, lequel Demongot adressa ses parolles audit remonstrant, disant telles 298

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parolles ou semblables en effect et substance : « Vien ça, Bertault. On m’a dit que tu me menasse de tuer, pourquoy esse ? », lequel remonstrant sur ce respondit que vray estoit qu’il estoit mal contant de luy, disant audit Demongot : « Tu as fait honte et deshonneur en ma maison moy absent, et faiz encore par chascun jour, dont je n’ay cause d’estre comptant de toy ». Et en disant ses parolles, ledit remonstrant tira et desgaina ung bracquemart qu’il portoit a sa cinture et, ce veant, ledit Demongot print une piere et la gecta audit remonstrant, pour doubte de laquelle ledit remonstrant se baissa dessoubz ledit mur. Et en ce debat survint sur eulx d’aventure ung nommé Jehan Joffroy, dit le Clerc, de Verrecourt, par illec passant venant de Lamarche, accompaignié d’un aultre dudit Verrecourt nommé Jehan Fato, lequel Jehan Joffroy dit audit Fato : « Vela des gens qui se debattent, allons veoir que c’est », a quoy ledit Fato respondit qu’il n’en avoient que faire, /196v°/ disant : « Allons nous en ». Et neantmains ledit Jehan Joffroy se tira pres dudit remonstrant et entra oudit cimetiere, disant audit remonstrant qu’il faisoit mal de se ainsi debattre et qu’il se devoit deporter ; lors ledit remonstrant lui dit : « Je te prie, va ton chemin, tu n’as que faire icy », en luy reiterant pluseurs fois, dont ledit Joffroy ne tint compte mais tous jours se parforçoit de le refraindre et de le tenir. Pourquoy ledit remonstrant, doubtant ledit Demongot que ce pendant estoit aller querir ung espied en sa maison pour venir assaillir ledit remonstrant, print ledit Joffroy et le boutta hors dudit cimetiere et, en le bouttant hors, il le frappa deux ou trois coups du plat de sondit bracquemart qui tenoit encore en sa main tout nud. Et sur ce ledit remonstrant et ledit Demongot s’approucherent l’un de l’autre, ledit Demongot avec ledit espied et ledit remonstrant atout sondit bracquemart, et disoit ledit Demongot audit remonstrant : « Or maintenant, viens dehors du cimetiere ». Et alors ledit remonstrant saillit dehors et chassa ledit Demongot jusques a une maison prez d’illec, en laquelle ledit Demongot s’enferma. Et ainsi que ledit remonstrant s’en retournoit, rencontra ledit Jehan Joffroy qui luy vint courre sus, disant : « Bertault, tu m’as battu », en quoy disant il frappa ledit remonstrant d’ung paul ou baston rudement, pour lequel coup ledit remonstrant, qui estoit tout mal meu et eschauffé du debat qu’il avoit eu audit Demongot, frappa ledit Jehan Joffroy du taillant de sondit bracquemart deux coups sur la teste dont il luy fit sang et playe, desquelx coups ledit Jehan Joffroy a esté couché malaide en une maison audit Sauville jusques au mercredi ensuyvant, que par faulte de bon gouvernement ou aultrement il est allé de vie a trespas. Pour lequel cas ainsi advenu, ledit remonstrant, doubtant rigueur de justice, c’est absenté de noz pays esquelx il n’oseroit jamais retourner ne converser si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle que pour Dieu et en aulmosne, les choses dessus dites considerees et lesdits six beaux enffans qu’il a soubz nous, et que jamais il n’a esté actaint ne convaincu d’aultres villain cas et que du passé c’est bien et honnestement conduyt en ses autres affaires, nous plaise luy quicter, remectre et pardonner le cas et crime dessus dit et le remectre et restituer a son 299

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bon fame et renommée au pays et ses biens non confisquéz. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a sa supplicacion, aprés deues informations de ce eues de noz officiers du Bassigny, eu aussi sur ce l’advis des gens de nostre conseil estans a Nancy, audit Jehan Aubertel, pour les causes dessus dites et autres raisonnables ad ce nous mouvans, avons de nostre grace especiale, plainne puissance et auctorité quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes le cas et omicide tel qu’il est cy dessus declairé, ensemble toute painne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué, le remectons et restituons par cesdites presentes a son bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffation faicte a partie interessee si desja faicte n’estoit et elle y eschiet civillement tant seulement, imposant pour ce sillence perpetuelle a noz procureur general de Barrois et du Bassigny, mectans aussi au neant tous bans, proclamacions et autres apploiz que l’en pourroit avoir fait a l’encontre de luy a la cause dessus dite. Si donnons en mandement etc. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Condé, le Ve jour d’octobre, l’an de grace Nostre Seigneur mil IIIIc IIIIxx et seze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez prevost de Sainct-George de Nancy, president des comptes de Lorainne, Johannes Lud, Chambre au deniers et autres presens. Cristien.

182 1496, 16 novembre - Custines. Rémission accordée au fils de Jacquemin le tisserand, de Stenay, emprisonné, le 1er  septembre 1496, à Clermont-en-Argonne parce qu’il était soupçonné d’espionnage au service de Robert de La Marck. Copie, ADMM, B 6, f° 119v°-120.

René, etc., a tous etc., salut. Receu avons l’umble supplicacion de Jaquemin le Tixerant, demourant en nostre ville de Sathenay, chargié de femme et six petis enffans, contenant qu’il a ung jeusne filz a marier aagé de XV a XVIII ans ou environ, que environ la Saint Jehan derrain alla demourer a Verdun en l’ostel de Gras Frommaige, tixerant, pour mieulx savoir et apprendre ledit mestier, et tant que environ le premier jour de septembre il fut trouvé en nostre prevosté de Clermont ou il fut prins et mené audit Clermont par noz subgectz de Nixeville, ressort dudit prevosté, et fut suspicionné par lesdits de Nixeville qu’il ne fut une espie, tellement qu’il fut prins et mené audit Clermont et, en presence de noz officiers dudit lieu, il congnu estre envoyé par ceulx de Sedein audit lieu pour avoir regard si les bonnes gens du quartier se gardoient ou non. Et oultre ce, depuis qu’il a esté admené audit Sathenay, il a recongnu ledit cas et confessé qu’il avoit esté audit Sedein et servy messire Robert a la guerre. 300

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Combien que ledit suppliant pere ne croit que ainsi soit, posé que sondit filz le puet avoir confessé soit par induction ou autrement, pour ce que sondit maistre de Verdun et pluseurs de leur mestier ont certiffié audit suppliant que tous jours sondit filz avoit demouré audit Verdun depuis ledit jour /120/ Sainct Jehan et jusques au jour qui fut prins par lesdits de Nixeville, et de ce nostre bailli de Saint-Mihiel en a fait enquerir comme pourrez par luy estre adverty, et se a ouy parler ledit son filz present nostre secretaire Jehan Boudet et autres officiers de nostredite ville de Sathenay, qui puellent bien congnoistre que a luy n’a pas grant entendement, touteffois ledit suppliant nous a treshumblement supplié que, consideré la jeunesse et simple entendement de sondit filz et que sans son sceu il pouroit avoir fait ladite faulte, que nostre plaisir soit luy pardonner. Savoir faisons etc. Donné en nostre chastel de Condey, le XVIe jour de novembre mil IIIIc IIIIxx et XVI. Signé René. Par le roy de Sicille etc., lez abbé de Gorze et president presens. Crestien.

183 1496, 12 décembre - Nancy. Rémission accordée à Didier de Verdier, d’Ambly, à Le Loup, de Frémerévillesous-les-Côtes, et à François Martinet, emprisonnés à Etain, complices d’homicide sur la personne de Jean Loye (cf. n° 184). Copie, ADMM, B 6, f° 193.

René, etc., a tous. Receu avons l’umble supplication de Didier de Verdier, demeurant a Ambly, Le Loup de Fremereville, et Françoys Martinet, contenant que jaisoit qu’ilz n’ayent commis le cas en la personne de feu Jehan Loye dont mort s’en est ensuyue, l’en les detient en prison ferme au lieu d’Estain pour ce qu’ilz estoient du debat avec Guillaume de La Croix que donna audit Jehan Loye le coup de la mort, pourquoy lesdits supplians nous ont treshumblement supplié que, en tant qu’ilz ont esté dudit debat et en la compaignie dudit Guillaume, nous plaise de les delivrer et mectre hors de ladite prison et lever la main de leurs biens empechiéz a ceste cause. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a leur humble supplication, aprés deues informacions de ce eues avec la deliberation des gens de nostre conseille de Bar, avons lesdits supplians le cas, en tant qu’ilz leur touche que est bien au loing declairé es lettres de remission dudit Guillaume de La Croix, abolly et abollissons par ces presentes et mandons par cez presentes a tous noz officiers qu’il appartiendra et a chascun d’eulx qu’ilz les mectent a plainne delivrance, ensemble leurs biens en satiffaisant a la partie si satiffasion y eschyet quant a eulx civillement tant seulement et a leurs despens selon et ainsy qu’il appartiendra, les remectons en leur bon fame et renommee et a leurs biens non confisquéz et imposons quant a ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Baroys present et advenir. 301

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Si donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz justiciers et officiers et a chascun d’eulx presens et advenir que lez dessus dits supplians facent, souffrent et laissent d’ores en avant joyr, exploictier et user de ceste nostre presente grace et abollucion sans a ceste occasion leur en demander aulcune choise, car tel est nostre plaisir. Et en tesmoing etc. Donné en nostre ville de Nancey, le douziesme jour de decembre l’an mil IIIIc IIIIxx et seze. Signé René. Par le roy de Sicille, les seneschal de Lorraine, abbés de Goze et de Sainct-Evre, president des comptes de Lorrainne et autres presens. Cristien.

184 1496, 12 décembre - Nancy. Rémission accordée à Guillaume de la Croix, emprisonné à Etain, coupable d’homicide commis le 20 novembre 1496 sur la personne de Jean Loye au cours d’une dispute devant plusieurs témoins (cf. n° 183). Copie, ADMM, B 6, f° 194r°-v°.

René, etc., a tous. Receu avons l’umble supplicacion de Guillaume de La Croix, a present detenu en nostre ville d’Estain, contenant que, le dimenche au soir vingtiesme jour de novembre darienement passé, ledit suppliant, feu Jehan Loye, Didier le Verdier demeurant a Ambly, Le Loup de Fremereville, François Martinet, Thomas le Musnier de Wassecourt, Jehan Maulcourtoys et Nicolas d’Ancemont se trouvarent eulx huict en la maison de Jehan le Jeune au lieu d’Estain et soupperent ensemble, firent grant chiere et en la fin du souppé ledit suppliant et ledit feu Jehan Loye eurent question ensemble en parlant de leurs femmes, pour laquelle question ledit Jehan Loye se leva de la table et alla parler au Verdier qui estoit pres d’une couchette, et retourna et luy dit qu’ilz seroient logiéz oudit hostel comme lez autres pour leur argent, et dit audit suppliant : « Je te serche et te vueil avoir et je t’averay », et ledit suppliant respondit : « Nous avons beu et fait bonne chiere, laissons cela jusques a demain ». Et lors ledit Jehan Loye respondit : « Tanra tu coup ? », « Ouy » dit ledit suppliant et la toucherent en paulmes et se ressut ledit Jehan Loye. Et incontinant se leva et s’en alla en la cuisine parler au Loup et a Jehan Maulcourtoy, et a son retour dit audit Lou : « Touche la, fais bonne chiere, nous serons logiéz seans maulgré leurs dens ». Et ledit suppliant luy dit qu’il se teust, et a celle heure vint ledit Loup qui desgayna et frappa sur ung escrin et ung banc en disant maulgré Dieu et la vierge Marie du traytre que s’en est allé de seans, et gecta son espee en terre, laquelle espee en gettant elle bondit et vint actaindre ung compaignon nommé Françoys en la main, lequel François desgayna une rappiere et frappa ledit Le Loup sur l’espaulle, lequel Françoys aprés le coup fait s’enfuyt en la cuisine ; et alors ledit Le Loup recouilla son espee et vint au Verdier en disant : « Par la mort Dieu, je te tuera ». Adonc ledit suppliant dit audit Verdier : « Deffend toy, il est heure /194 v°/ car 302

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il nous vueilt tuer », et en disant ses parolles Jehan Loye desgayna son espee et vint audit suppliant, luy cuidant donner en la gorge, et lors iceluy suppliant desgueyna et recuilla le coup dudit Loye de son bras et vint donner audit Loye sur l’oeil, et en recuillant luy donna encores sur le col ; et depuis lesdits coups, ledit Loye cuidant marchier par devant luy, luy donna ledit suppliant de sa dague ung estoc ou coustel, duquel coup ledit Jehan Loye a terminé vie par mort. Pour lequel cas par luy commis en la personne dudit Jehan Loye, luy et les dessus dits sont prisonniers audit Estain ou ilz fineront miserablement leurs jours, par especial ledit suppliant, si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle, actendu. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a l’umble supplicacion dudit suppliant, aprés deues informacions ad ce faite et la deliberacion sur ce eue des gens de nostre conseil estans a Bar, par laquelle nous a esté apparu que ledit Jehan Loye a esté agresseur, audit Guillaume de La Croix, suppliant, avons de nostre grace especiale, plainne puissance et auctorité quicté, remis et pardonné le cas commis que dessus en la personne dudit Jehan Loye, avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’ocacion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant ad ce remis et restitué a son bon fame et renommee esquelx il estoit avant le cas advenu et a ses biens non confisquéz, satiffacion faite a partie interessee si desja faicte n’est et elle y eschiet civillement tant seulement, imposant pour ce sillance perpetuelle a nostre procureur general de Barrois. Si donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Sainct-Mihiel, procureurs, officiers, justiciers et a chascun d’eulx qu’ilz procedent a l’interinement de cesdites presentes tant selon que faire se doit ; ce fait, facent de nostre presente grace et remission joyr le suppliant plainement et paisiblement et mectant son corps et ses biens a plainne delivrance, car ainsi le voulons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Nancy le douziesme jour de decembre, l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et seze. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les senechal de Lorraine, abbés de Gorge et de Sainct-Evre, president des comptes de Lorraine et autres presens. Cristien.

185 1496, 13 décembre - Nancy. Rémission accordée à Cugnin, serviteur de Mathieu de Lucy, écuyer, coupable d’homicide commis sur la personne d’un voleur qui dérobait des fruits dans le verger de son maître. Copie, ADMM, B 6, f° 195r°-v°.

René, etc., a tous etc. Receu avons l’umble supplicacion de nostre amé et feal Maheu de Lucy, escuier, contenant que naguieres, avant son partement de 303

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

sa maison pour aller en nostre service au lieu de Sathenay avec noz autres nobles et gentilz hommes pour la revanche des pays, ordonna ung sien serviteur domestique pour garder ses biens en champs et en ville, mesmement les fruitz ez jardins, nommé Cugnin, auxquelx les pastouriaulx dudit lieu et autres mauvais garsons pillars faisoient grant dommaige, rompoient et dessiroient les aubres et cuilloient lesdits fruitz, pour lesquelx pugnir Monseigneur de Saint-Martin, ledit Mahu et autres leurs comparsonniers, serviteurs dudit Lucy, avoient fait faire ung charcant affin de reffraindre leur audace ; et jay pour ce n’ont lesdits pastouriaulx et leurs complices laissiéz ne cesser de leur roberie. Ung jour entre autres, environ trois jours avant l’advenir du cas qui s’ensuit, ung desdis pillars estant devant l’esglise audit Lucy demanda par grant arrogance au serviteur dudit Mahu qu’il luy donna des pommes, auquel il respondit qu’elles n’estoient pas siennes et que son maistre luy avoit commander les bien garder. Et comme dit est, luy qui avoit demander les pommes avec ung aultre vinrent nuytantement au jardins dudit Mahu, portans chascun espieulx et dagues, et commencerent a rompre lesdits aubres, a laquelle heure et lieu estoit le serviteur dudit Mahu, dormant sur /195v°/ son espieulx, et emprés ly avoit ung petit chien qui commença a abayer et fort crier tant qu’il esveilla ledit serviteur gardant lesdits abres, et lors en s’esveillant battit ledit chiens. Lesdits garsons, oyans le chien, s’encourrirent vittement devers ledit serviteur qu’i, avant ce qu’il fut levé, le battirent tresvillainnement, de quoy fut fort esbahy : il ne pouvoit veoir qui il estoient et ne les congnossoit pour l’obscurité de la nuyt et pour ce qu’ilz ne disoient motz. Ainsy contraint, s’efforsa de soy relever et se mist a deffense tant qu’en se revenchant en fit tomber l’un des deux par terre, au quel son compaignon voulant ayder, vint audit serviteur et ly voult donner de son espieulx au corps ; a ceste heure se releva cely qui estoit abattu et pareillement comme son compaignon s’efforsoit donner de l’espieulx au corps dudit serviteur  ; veant iceluy serviteur qu’il estoit seul et ne pouvoit evader la main d’iceulx qu’il ne morut et qu’il n’y avoit aultre remede, donna vers eulx en fasson que l’un desdits deux pillars, chergié de pommes en bissacque, en robe, ez manchettes et en son sain, tumba mors et l’autre s’enfuyt prestement, et a esté trouvé ly qui estoit mort chergé de son propre cas. Pour lequel cas ledit serviteur s’est rendu fugitif de noz pays, esquelx il n’oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle. Savoir faisons que nous, inclinant a l’umble suplicacion dudit Maheu et de sondit serviteur, aprés deues informacions de ce eues, a iceluy Cugnin, pour les causes dessus dites et autres raisonnables a ce nous mouvans, avons de nostre grace, plainne puissance et auctorité quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes le cas et omicide par luy commis tel qu’il est cy dessus declairé, avec toute painne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’ocasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis et restitué, le remectons et restituons par ces presentes a son bon fame et renommee au pays et a ses biens non confis304

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quéz, satiffacion faicte a partie interessee si desja faicte n’est et elle y eschiet civilement tant seulement, imposant pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorraine. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le treziemme jour de decembre, l’an mil IIIIc IIIIxx et seze. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les bailly de Nancy, president et gens des comptes presens. Cristien.

186 1496, 20 décembre - Nancy. Rémission accordée à Demenge Pagel, de Grandvillers, et à Jean Girard, de Viménil, emprisonnés à Bruyères pour vols de bétail commis depuis plusieurs semaines. Copie, ADMM, B 6, f° 194 v°-195.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Demenge Pagel, de Granviller, et de Jehan Girard, de Wimesnil en nostre prevosté de Bruyeres, avons receu contenant que, depuis six sepmainnes ença, ledit Jehan Girart print et roba audit lieu de Grantviller sept porcs, lesquelx luy et ledit Demenge menerent es mynes les y pensans vendre, ce qu’ilz ne firent mais les ramenerent a SainctLienard et de la a Tentru, auquel lieu y demeura ledit Jehan Girard pour les vendre, lequel depuis dit audit Demenge qu’il les avoit vendu mais il n’avoit point receu l’argent ains donné terme ; et avant le paiement receu, celluy a qui estoient lesdits porcs vint aprés et luy furent rendus. Depuis ledit Jehan Girard print et roba deux beufz et une vache au lieu de Pierpont, qu’il amena derrier la maison dudit Demenge, et s’en allerent ensemble avec lesdits beufz et vache jusques a Mandray, et illec vendirent lesdites bestes pour sept francs que ledit Girard receut, dont il en eust quatre francs et ledit Demenge trois. /195/ Pour lesquelx cas ilz ont esté apprehendéz par le prevost de Bruyeres et mis et constituéz prisonniers, ou ilz sont encores de present, nous supplians que, consideré qu’ilz ne firent jamais autre cas digne de reprouche, en l’onneur et reverence de la passion nostre saulveur Jhesucrist, nostre plaisir soit les leur remectre, quicter et pardonner avec toutes amendes tant corporelles, criminelles que civilles. Savoir faisons que nous, ayans regart et consideracion a ce que, vivant le pere dudit Jehan Girard ainsi que avons entendu, tant par fortune de guerre que de feu, il eust deux maisons brullees, aussi que luy et ledit Demenge ne furent jamais actains ne convaincus d’aucuns villains cas, blasme ne reprouche, voulans misericorde estre preferee a rigueur de justice, pour ces causes et autres a ce nous mouvans, avons aujourd’uy de grace especial ausdits Demenge et Jehan Girard et a chascun d’eulx remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons les cas devant declairéz ensemble toute amende tant corporelle, criminelle que civille en quoy a l’occacion d’iceulx ilz 305

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

et chascun d’eulx pourroient estre encourus envers nous et justice, satiffacion faicte a partie ou parties interessees si faicte n’est, en les remettant a leur bonne fame et renommee et a leurs biens nom confisquéz et imposant silence perpetuelle a nostre procureur de Vosge et autres noz officiers, et qu’ilz puissent demeurer, sesjourner et converser en leurs maisons ainsi qu’ilz faisoient auparavant ledit cas advenu. Si donnons en mandement etc., mandons de rechief audit prevost de Bruyeres que il les mecte hors de prison en payans leurs despens raisonnablement etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Nancy, le vingtisme jour de decembre, l’an de grace mil quatre cens quatrevingts et seze. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les bailly de Nancy, president et gens des comptes de Lorraine presens. Durat.

187 1497 (n. s.), 6 janvier - Nancy. Rémission accordée à Renault Charles, de Laimont, coupable d’homicide commis le 22 décembre 1496 sur la personne de Jean Peuchery, du même lieu, à la suite d’une querelle survenue au sujet de la propriété d’une nasse. Copie, ADMM, B 6, f° 71r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. Receu avons l’umble supplicacion des parens et amys charnelz de Renault Charles, demourant a Lemont en nostredit duchié de Bar, contenant que vendredi darrain passé, XXIIe jour de decembre, ainsi que ledit Renault et ung nommé Jehan Peuchery dudit lieu se partirent dudit Lemont, l’un non saichant de l’autre, et s’en allerent parmy les préz, chascun ung fouseux en sa main, pour lever des waisons et faire des petites cluses pour mectre des nasses a prendre des warons au moyen des eauves qui estoient grandes et espandues, et aussi que c’est ung lieu commun a touz ceulx qui y vueullent aller pescher chascun jour, advint que, peu aprés qu’ilz eurent mises plussieurs nasses es lieux par eulx faitz, ilz eurent debat l’un avecques l’autre pour une nasse mise en ung lieu que l’un et l’autre y disoit y avoir besongné, et pource que d’icelle ilz ne peurent avoir accord de partir le poisson estant en icelle pource que ledit Renault disoit qu’elle estoit sienne et qui luy avoit mise et ledit Puschery au contraire, lequel Puchery, qui touz jours a esté homme noiseux et rioteux et plain de sa voulanté ainsi qui sera sceu si mestier est, prinst icelle nasse et la couppit en deux. Au moyen de quoy il se prindrent de parolles en faczon que ledit Puschery leva sondit fouseux et en frappit ledit Renault sur la teste tellement qui luy fendit /71v°/ en deux et l’un des braz bien villainement, et voyant par luy que ledit Puschery l’avoit ainsi villainement oultraigé et frappé, doubtant qu’il ne luy feist encores pis veu que c’estoit a tort et sans cause, mesmement que le lieu est commun au -- qui y vieult paischer, ledit Renault se leva de terre et print couraige et, pour doubte qu’il ne fust plus 306

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oultragé en son corps desfendant et nonobstant qu’il fust bien villainement blesié comme dit est, se leva et de sondit fouseux frappa ledit Puschery sur la teste en faczon que deux ou troys heures aprés il alla de vie a trespas. Au moyen de quoy iceluy Renault c’est rendu fugitif, lequel n’ouzeroit retourner en noz pays et seigneuries sans avoir de nous grace, pardon et remission, etc., treshumblement requerant etc. Savoir faisons etc., que nous, de grace especial, avons audit Renault remis, quicté et pardonné, remectons etc., et a ses bien non confisquéz etc., sactiffacion etc. Si donnons en mandement etc. Donné a Nancy, le VIe de janvier IIIIxx XVI. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal de Lorraine, procureur general et autres presens. Crestien.

188 1497, 27 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jacquemin Mayeel, de Villers-lès-Mangiennes, coupable d’homicide commis le 29 janvier 1497 sur la personne de Colin Maljean au cours d’une dispute en revenant d’une noce. Copie, ADMM, B 6, f° 4r°-v°.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicille etc., duc de Lorraine et de Bar etc., marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et d’Ambmalle etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Jacquemin Mayeel, demeurant a Villey en nostredit duchié de Bar, jeune compaignon marié depuis environ ung an et demi ença, contenant que le diemenche vingt neufyeme jour de janvier darnier passé, luy estant aux nopces d’une sienne parente au lieu de Moraigne, terre de Sainte Glossenne, auquel lieu vinrent aprés le disner pluseurs josnes gens dudit Villey et autres pour demander le vin au nouveau marié, comme il est de coustume, avec lesquelx ledit Jacquemin se acompaigna, et entre eulx estoit ung nommé Colin Maljehan, josne filz a marier demeurant audit Villey. Et aprés qu’ilz eurent beu le vin dudit marié et fait bonne chiere, se retirerent tous ensemble vers ledit Villey, menans grans esbatemens, tant qu’ilz vinrent sur la rivière dudit Moraige qui estoit grosse et ne la povoit on passer que sur deux ou trois pieces de bois couplees ensemble comme une nef ; en passant laquelle se commencerent lesdits josne a soy moillier l’un l’autre et, quant ilz furent quasi oultre de la riviere, ledit Colin boutta ledit Jacquemin dedans l’eaue, dont il fut mal content, et print le baston dont il avoit mené ladite nef et en frappa ledit Colin tellement que le baston fut rompu, lequel Colin et les autres jeunes gens les laisserent tout par eulx deux e[t] s’en allerent leur chemin. Et tant s’entrebaterent que ledit Colin, qu’estoit maistre et pluffort que ledit Jacquemin, print iceluy Jaquemin par les cheveulx et le tira desoubz luy les dentz dessoubz et commença fort a le battre et blecier, lequel Jacquemin ne se povoit aydier ne revangier, luy 307

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

dit plussieurs fois qu’il le laissist aller et qu’il ne luy demandoit riens, ce que ledit Colin ne voulut faire. Et soy sentant ainsy oppressé et blessié dudit Colin et qu’il ne se povoit relever, luy dit de rechief que, s’il ne le laissoit aller, il le frapperoit de son cousteau, a quoy ledit Colin ne voulut obtemperer mais l’oppressoit et blessoit tous jours de plux en plus, quoy veant tira son cousteau et en f[r]appa ledit Colin plusieurs coupz, desquelz mort s’est ensuye. Pourquoy ledit Jacquemin, doubtant rigueur de justice, se absentast deslors de noz pays et seigneuries, esquelx il n’oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle, actendu que ledit Colin fut aggresseur dudit debat. Savoir faisons /4v°/ que nous, inclinans a sadite supplicacion, aprés deues informacions de ce eues de noz officiers de Sancey, avons de nostre grace especiale, plainne puissance et auctorité remis, quicté et pardonné et par ces meismes presentes remectons, quictons et pardonnons audit Jaquemin le cas et omicide tel qu’il est cy dessus declairé par luy commis en la personne dudit feu Colin avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis et restitué, le remectons et restituons a son bon fame et renommee et au pays en mectant au neant tous bans et proclamacions que s’en pouroit estre ensuys a ceste cause a l’encontre de luy, satiffacion faicte a partie interessé premierement et avant toute euvre civillement tant seulement si desja faicte n’estoit, imposant pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Barrois. Si donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Sainct-Mihiel, autres noz justiciers et officiers et a chascun d’eulx qu’ilz procedent a l’enterinement de cesdites presentes selon leur forme et teneur ; ce fait, facent, seuffrent et laissent d’ores en avant ledit Jaquemin joyr, exploitier et user de ceste nostre presente grace et remission sans a son corps faire ne souffrir estre mis ou donné ores ne pour le temps advenir aucun trouble ne empeschement au contraire, car ainsi le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre chastel de Bar le vingt septiesme jour de jun mil quatre cent quatre vingts et dix sept. Signé René. Par le roi de Sicille etc., les abbé de Gorze, grant arcediacre de Toul, Jehan de La Tour et autres presens. Crestien.

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189 1497, 27 juin. Rémission accordée à Didier Marquart, de Cousances-les-Forges, coupable d’homicide commis le 16 mai 1497 sur la personne de son beau-frère Gérard Nouel, à qui il reprochait divers vols, causes de déshonneur pour la famille. Copies, ADMM, B 6, f° 2r°-v° - BnF, fr. 18869, f° 2.

René, etc., a touz etc, salut. L’umble supplicacion et requeste des femme, parens et amis charnelz de Didier Marquart, demourant a Cousance, avons receue contenant que, le vendredi XVIme jour de may darrain passé, ledit Didier fut averty que ung nommé Girard Nouel, frere a sa femme, estoit detenu prinsonnier au lieu de Vitry pour et a l’occacion de ce que sur luy avoit esté trouvéz aucuns lingotz d’estain et plomb fonduz ensemble, ou il estoit detenu ruddement. Et pour le vouloir secourir et mectre hors de captivité ou il estoit constitué, c’estoit ledit Didier party dudit Cousance et mis en chemin pour aller audit Vitry et, passant par Saint- Disier, il trouva ledit Girard illecques, lesquelx s’en retournerent ensemble audit Cousance chascun en sa maison ; et peu de temps aprés se mesmes jour s’en alla en l’ostel dudit Girard ou il trouva qu’il estoit a table souppant avecques sa femme, et estoit avecques eulx ung nommé Jehan Corps, de Bar, qui luy remonstroit que c’estoit mal fait a luy d’avoir prins les escuelles et platz de ches son pere luy avoir fondu pour vendre, dont pour ceste cause avoit esté constitué prinsonnier audit Vitry ; en disant lesquelles parolles ledit Didier Marquart, qui estoit son frere en loy, commancza a l’appeller larron qui faisoit deshonneur a touz ses parens et amys d’avoir ainsi esté prins prinsonnier pour meschant larrecin, et que c’estoit grant honte a luy d’avoir /2v°/ robbé les platz et escuelles de l’ostel de son pere en fraudant ses autres freres et seurs et que luy mesmes en avoit esté noté, disant que ce avoit esté luy et que mieulx eust valu que ce eust esté pour ayder a vivre ses autres freres et seurs. Quoy voyant par ledit Girard Noel, respondant qu’ilz avoient touz menty, se leva de la table ou ilz estoient assis, print ung grant baston blanc jurant le Sang Dieu que, s’il ne s’en alloit, il luy monsteroit qu’il ne le devoit point aller arguer et injurier en sa maison, s’efforsant dudit baston frapper ledit Didier, lequel en soy revanchant contre luy luy ousta ledit baston, se prindrent par les cheveulx l’un a l’autre, en se desveloppant qu’ilz faisoient ledit Didier Marquart frappa ledit Girard d’ung coustel en la cuisse au dessus du genoul, duquel coup dix jours aprés, par faulte d’estre bien pansé et secouru, ala ledit Girard de vie a trespas. Pour lequel cas ledit Didier Marquart, doubtant rigeur de justice, c’est de noz pays absenté, etc. Savoir faisons etc., avons ledit cas quicté etc., et l’avons restitué etc., et impousant sur ce silance etc., donnans en nostredite etc., sactiffacion faicte a partie etc. En tesmoing etc. Donné le XXVIIe jour de juin IIIIxx dix sept. Signé René (Signé René). Par le roy de Sicille, les abbé de Gorze, gens des comptes du duchié de Bar, procureurs generaux de Barroys et de Lorraine et autres presens. Boudet. 309

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

190 1497, 28 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Manbelet et Jean le Doyen, de Bernécourt, reconnus non complices du meurtre de Demenge le chapelain survenu six mois auparavant. Copie, ADMM, B 6, f° 3r°-v°.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicile, duc de Lorrainne et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Provence, de Vaudemont et d’Ambmalle etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion de Manbelet et Jehan le Doyen noz subgects, demeurans a Brenecourt, avons receue contenant que depuis six mois ença, eulx estans au lieu de Pennes, vint a eulx ung nommé Thevenin Jennesson, cousin germain ausdits exposans, tenant en sa main ung espieu, acompaignié de Jehan Chansonnet, demeurant a Uvysin, lequel Thevenin leur dit telz motz ou semblables : « Mes cousins, vous savez que messire Demenge mon serourge, chappellain de Pennes, a ceduit et suborné ma seur, vostre cousine, en façon telle qu’elle a laissié trois petis enfans qui sont de present en ma maison. A ceste cause je vous prie comme mes parens et cousins que me venez accompaignier jusques a l’ostel dudit messire Demenge pour ce que j’ay deliberé la ramener en ma maison si je puis, car je suis fort empeschié de sesdits petiz enfans, et aussy la reduyre qui pourra pour nostre honneur », a quoy lesdits exposans consentirent pourveu que il ne fera mal ne desplaisir a icelluy messire Demenge ne a sadite seur, leur cousine, lesquelles choses icelluy Thevenin a desja assez confessees par ses requestes et supplicacions a vous presentees. Et ainsi s’en partirent lesdits Thevenin tenant sondit espieu avec ledit Jehan Chansonnet et exposans, lesquelz Thevenin et Jehan entrerent en l’ostel dudit messire Demenge ung petit avant lesdits exposans. Et quant iceulx exposans entrerent dedans, trouvarent ledit messire Demenge frappé on petit ventre, dont ilz furent fort esbays et courroucéz actendu ce que ledit leur cousin leur avoit promis de non frapper comme dit est, duquel cop, par faulte de bon appareil ou autrement, il est allé de vie a trespas. Et pource que lesdits supplians, doubtans rigueur de justice, combien que ledit feu messire Demenge avant son trespas les ait deschargié et descoulpé, disant qu’ilz ne l’avoient touchié ne fait aucun desplaisir, se sont absentéz de noz pays et n’y oseroient retourner sy nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement requerant que, ce que dit est consideré, mesmes qu’ilz sont bien faméz et renomméz sans jam[ais] avoir esté convaincus d’aucun villain cas et qu’ilz acompaignoient leurdit cousin pour le bien et honneur de leurdite cousine et de ses enfans, leur veullons de nostre grace remettre, quicter et pardonner le cas dessus declairé. Savoir faisons que nous, ces choses considerees, benignement inclinans a l’umble supplicacion desdits remonstrans, leur avons de nostre grace et plaine puissance remis, quicté et pardonné et par ces presentes remettons, quictons et pardonnons le cas dessus 310

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dit avec toute pene, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion dudit cas ilz pouroient estre encheuz envers nous et justice, en mettant /3v°/ au neant tous bans et proclamacions s’aucuns en estoient ensuys, et en remettons et instituons a leur bonne fame et renommee au pays et a leurs biens non confisquéz, satiffaction faicte a partie civilement tant seulement sy desja faicte n’est et elle y eschiet telle qu’il appartiendra par raison. Et sur ce imposons scilence perpetuelle a nostre procureur general de Barroys et tous autres en l’advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly de Sainct-Mihiel et tous autres noz justiciers, officiers, hommes, vassalz et subgects, leurs lieutenans et a chascun d’eux si comme a luy appartiendra, que de noz presens grace, remission, quictance et pardon facent d’ores en avant joyr et user lesdits supplians plainement et paisiblement aprés l’imteri[ne]ment de ces presentes approbo ceste ad ce, sans pour occasion dudit cas leur faire mettre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens quelzcunques aucun destourbier ne empechement au contraire, ains leurs biens, s’aucun pour ce estoient saizis ou aucunement empechéz, mettent a plainne delivrance, car ainsy le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre chastel de Bar le XXVIIIe jour de jung mil quatre cent quatre vingts et dix sept. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les abbé de Gorze et gens des comptes de Bar presens. Nicolay.

191 1497, 25 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Henri Faulquenot et à Jean, son fils, de La ChapelleFelcourt, coupables d’homicide commis en décembre 1496 sur la personne de Gillet Richier qui reprochait à Jean d’avoir suborné sa fille et de vouloir s’enfuir avec elle. Copie, ADMM, B 6, f° 233r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion et requeste des parens et amys charnelz Henry Faulquenot et Jehan Faulquenot, son filz, demourant a La-Chapelle-sur- Esve les Servon, prevosté de Vienne-le-Chastel, avons receue contenant que, environ la Saint Nicolas en yver dernier passé, ledit Henry fut adverty que ledit Jehan, son filz, tenoit et faisoit son plaisir de la fille Gillet Richier, demourant a ladite Chapelle, et s’estoient tellement approchiéz et convenuz ensemble qu’ilz devoient laissier leurs peres et meres et s’en devoient aller par les champs ; quoy venu en la notice et congnoissance dudit Hanry Faulquenot, fut de ce fort desplaisant, congnoissant qu’il estoit viel et ancien et a l’eure qu’il se debvoit aydier de son filz, il le vouloit laissier pour suivir et prendre une vie deshonneste et dampnable. 311

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Et a certain jour ensuivant, lesdits Henry Faulquenot et Gillet Richier se trouverent passans ensemble en une nef sur la riviere d’Esve pour aller en ladite grange, auquel Richier ledit Faulquenot declaira et dist le gouvernement et estat de sa fille et comment son filz estoit gasté aprés elle, dont il luy en desplaisoit ; oyees lesquelles parolles, ledit Richier, aprés qu’il fut hors de ladite nef, s’en alla hastivement en sa maison et, lui illecques arrivé, demanda a sa femme ou estoit la paillarde sa fille qui luy faisoit grant deshonneur, et lui avoit dit Henry Faulquenot que Jehan son filz et elle avoient conclud eulx en aller par les champs, dont la femme d’icelui et ladite fille furent fors desplaisans, disans qu’il n’estoit pas vray et que tous ceulx qu’il le vouloient dire avoient faulcement menty. Et, cuidans couvrir le deshonneur de ladite fille qui, comme l’en dit, n’est pas fort bien famee, s’en allerent tous, assavoir lesdits Richier, ses femme et fille, en l’ostel dudit Henry Faulquenot ou ilz le trouverent, son filz Jehan et autres, ausquelz ilz commencerent a les fort injurier et dire qu’ilz leur avoient mis deshonneur dessus ; et en multiplians de parolles ledit Henry Faulquenot, qui se sentoit fort injurié des dessus dits en son hostel, osta audit Jehan, son filz, ung espied qu’il tenoit en sa main et d’icelui en donna ung cop sur la teste dudit Richier, duquel cop huict ou dix jours aprés iceluy, par faulte d’estre bien traicté et pensé, estoit allé de vie a trespas. Pour et allocasion de quoy, lesdits Henry et Jehan, son filz, doubtans rigueur de justice, s’estoient absentéz de noz pays et en iceulx n’oseroient retourner si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, dont leursdits parens et amys nous ont treshumblement supplié. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, desirans noz subgectz soubz nous retirer, voulans oudit cas, en faveur de nostre treschier et bien amee commere la gouvernande de Mouson que de ce nous a tresaffectueusement /233v°/ prié et requiz, rigueur de justice moderer par nostre grace et misericorde, avons de nostre certainne science, grace especiale, plaine puissance et auctorité ledit cas quitté, remis et pardonné et par ces presentes quittons, remectons et pardonnons ausdits Henry Faulquenot et Jehan, son filz, ensemble toutes peinnes, offenses et amendes corporelles, criminelles et civilles qui pour et a l’occasion de ce ilz pourroient avoir meffait et mesprins envers nous et justice, et les avons mis, restitué et restituons a leurs bonne fame et renommee comme avant la chose advenue et leurs biens non confisquéz, et imposons sur ce silence a nostre procureur general et a tous noz autres officiers, satiffacion faicte a partie civilement premiers et avant toutes oeuvres si desja fait n’estoit. Si donnons en mandement etc. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signé de nostre main, fait mettre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le XXVe jour de juillet mil IIIIc IIIIxx et dix sept. Signé René. Les abbé de Gorze, gens des comptes du duchié de Bar et autres presens. Boudet.

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192 1497, 3 septembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Grant Jean, pâtre de Sorcy, coupable d’homicide commis récemment sur la personne de Jean le Berger, l’autre pâtre du lieu, au cours d’une dispute à propos de la garde du bétail. Copie, ADMM, B 6, f° 235r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir. L’umble supplicacion de la femme, parens et amis de Grant Jehan, pastre des grosses bestes de Sorcey pour la moitié, avons receue contenant que, a cause que l’autre pastre desdites grosses bestes estoit aucunement envieux sur luy pour la pasture desdites bestes, luy vouloit tous jours mal et desplaisir. Or advint que, a ung venredi darienement passé, ledit Grant Jehan s’en estoit allé fauchier des avoinnes pour le frere de sa femme et avoit mis pour la garde de sesdites bestes aucuns enffans jusques ad ce qu’il retourneroit de seillier, pendant lequel temps ung nommé Jehan le Bergier, l’un desdits pastres, print debat et question avec lesdits enffans tellement qu’il print des pieres et en rua pluseurs ausdits enffans, lequel Grant Jehan, luy retourné de fauchier, trouva ledit Jehan Bergier qui tensoit et gectoit des pieres esdits enffans qui gardoyent sesdites bestes, dont il fut mal content et tellement que, aprés pluseurs parolles qu’ilz eurent ensemble, s’entreprindrent l’un contre l’autre et de fait tellement que du cousteau mesme dudit Jehan Bergier il fust frappé, par ce que ledit pouvre Grant Jehan pour l’eure n’avoit verge ne baston dont il peult faire mal a personne du monde, duquel coup ledit Jehan Berger mourut soudainement. A cause de quoy ledit Grant Jehan s’est absenté de noz pays et laissé sadite pouvre femme, suppliante, ensaincte d’enfant et preste a gesir sans avoir aucune chose pour elle aydier, et n’oseroit retourner en nosdits pays si nostre grace et misericorde ne luy est impartie, treshumblement supplians que, consideré que ladite femme est ensaincte et que ledit Grant Jehan, son mary, ne fuit jamais convaincu d’autre villain cas, luy veullons de nostre grace quicter, remettre et pardonner le cas dessus dit. Savoir faisons que nous, les choses dessus dites considerees, benignement inclinans a l’umble supplicacion desdits remonstrans, voulans audit Grant Jehan preferer misericorde a rigeur de justice, luy avons de nostre grace, plainne puissance et auctorité remis, quicté et pardonné et par ces presentes quictons, remettons et pardonnons le cas declairé cy dessus avec toutte peinne, offence et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion d’icelluy pourroit estre encheu envers nous et justice, en mettant au neant tous bans, proclamacions et adjournemens sy aucuns s’en estoient ensuys, et le remettons et restituons a sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffaction /235v°/ faicte a partie civillement tant seulement sy desja faicte n’est et elle y echiet telle qu’il appartiendra par raison, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general et tous autres presens et advenir. 313

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Sy donnons en mandement par ces presentes a nostre bailly de Saint-Mihiel et tous autres noz justiciers, officiers, hommes, vassalz et subgects etc., car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre chastel de Bar, le IIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx XVII. Ainsi signé René. Par le roy de Sicile, etc., lez abbé de Gorze, prevost de Sainct-George, seigneur de Pierefort et autres presens. Dedier Nicolai.

193 1497, 3 septembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Demengeot, maire de Sauville, coupable d’homicide commis en mars 1497 sur les personnes de Jean Aubertel et de sa femme, du même lieu, qui l’avaient agressé à cause d’une vieille querelle. Copie, ADMM, B 6, f° 239r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication des femmes et six petis enfans de nostre subgect le maire Demengeot, de nostre ville de Sauville lez Lamarche, avons receue contenant que, environ trois sepmaines avant Pasques dernier passé, par ung jour de vandredi, ledit maire Demengeot estant en la cimitiere dudit Sauville, vint a luy Jehan Aubertel dudit lieu, plain d’ire et fureur et par hayne conspiree en soy meismes demonstrant comme par pluseurs et diverses fois il avoit auparavant, cuida oultraiger icelui Demengeot, lequel tous jours lui remonstroit qu’il ne lui demandoit riens et qu’il avoit tort de le ainsi surquerir. Et le mercredi ensuyvant, environ une heure en la nuyt, ledit maire Demengeot, venant de Verrecourt, passant par emprés la maison dudit Jehan Aubertel a cheval, trouva ledit Jehan Aubertel au quanton d’une rue qui haussa ung braquemart, le cuidant tuer. Mais quant il sentist /239v°/ le vent du coup, il haussa le bras et recueillist le coup en façon que sa robe et pourpoint furent couppéz jusques a la char, et recouvra ledit Aubertel son cop et couppa le museau du cheval dudit Demengeot, dont depuis ne fist bien. Et tantost survindrent les trois filz et la femme dudit Aubertel, l’un desquelx filz, d’un pau qu’il avoit, frappa ledit Demengeot parmy le dos tellement qu’il le coucha sur le col du cheval. Et lors sesdits freres et ladite femme le tirarent par terre et battirent et mutillerent de trois ou quatre coups mortelz et autres tresenormement, lequel se deffendit au mieulx qui povoit contre eulx cinq qu’estoient sur luy ; toutesvoyes tant le battirent qu’ilz le cuidoient avoir tué et le laissarent la. Et en ce debat, ledit Aubertel heust ung cop parmy la cuisse d’un cousteau tellement que tost aprés alla de vie a trespas, et fut ladite femme frappee parmy ung bras en maniere que depuis elle est pareillement allee de vie a trespas. Et pour ce que a l’occasion dessus dite ledit Demengeot, doubtant rigueur de justice et que quelque chose que lesdits Aubertel, sa femme et enfans ayent esté 314

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aggresseurs dudit debat en la maniere dessus declairee, l’en ne voulsist aucunnement empescher au corps icelui Demengeot, il s’est absenté de noz pays tout malaide et en dangier de mort qu’il estoit, et ont noz officiers saisy et empesché tous ses biens et iceulx declairé acquis et confisquéz a nous, les pouvres supplians delaisséz en miserable pouvreté a ceste cause sont retournéz devers nous, treshumblement supplians en l’onneur de la benoiste passion Jhesucrist que, ce que dessus consideré, meismes que quant il averoit commis ledit coup sur ledit Aubertel et celui sur sadite femme dont mort s’est ensuye, usant de droit naturel et en deffendant sa vie contre eulx cinq qui le murtrissoient, faire le povoit, il nous plaise de nostre grace et misericorde quicter, remettre et pardonner audit maire Demengeot le cas dessus dit. Savoir faisons que nous, les choses etc., lui avons remis, quicté et pardonné et par ces presentes quictons, etc., en mettant au neant tous bans, proclamations etc., et le remettons et restituons etc., et a ses biens non confisquéz, satiffaction faite etc., et sur ce imposons silence etc. Si donnons en mandement etc. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Bar, le IIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx et dix sept. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez abbéz de Gorze et de Sainct-Evre, prevost de Sainct-George et gens des comptes presens. D. Nicolai.

194 1497, 16 novembre - Saint-Mihiel. Rémission accordée à Jacquot Oulri et à Jean-François, son gendre, de SaintJulien, coupables d’homicide commis il y a un peu plus d’un mois sur la personne de Girard Richard, de Monthureux-sur-Saône, qui leur disputait la propriété d’un porc. Copie, ADMM, B 6, f° 212r°-v°-213r°-v°.

René, etc., a tous etc. Receue avons l’umble supplicacion de Bonecte, femme de Jaquot Oulri, et Jehannecte, femme de Jehan François, de Saint-Julyen en nostre prevosté de Lamarche, contenant que, environ la Saint Remy derrain passé, ledit Jaquot avoit ung porq masle de sa maison qu’il avoit fait chassier devant le bergier le lundi devant ledit jour Saint Remy ; quoy veant, sadite femme s’en estoit allee en l’ostel dudit bergier luy demandant qu’estoit devenu sondit porq, lequel bergier avoit respondu qu’il ne savoit et que par adventure on l’en pouroit avoir mené avec des autres a Flabemont, pour ce que l’abbé d’illec en avoit achecté audit Saint-Julyen et fait mener audit Flabemont. A ceste cause, le jeudi ensuivant au matin, ladite Bonecte, suppliante, par l’ordonnance de sondit mari s’en estoit allee audit Flabemont pour savoir si sondit porq y estoit point, auquel lieu avoit trouvé ledit abbé auquel elle avoit desclairé ce qu’elle queroit, lequel abbé luy avoit monstrer ses porq entre lesquelx ladite suppliante avoit congnu le sien ; lors icelluy abbé luy avoit accordé le reprandre 315

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et incontinant s’advisat et luy dit que, s’elle vouloit le laissier et en avoir encores d’autres, il les achecteroit pour mectre en ses bois, dont elle avoit estee contente luy disant qu’elle en avoit encore trois plus grans qu’elle luy vandroit, et avoient convenu ensemble de marchié parmy huit gros la piece, lesquelx porqs elle devoit conduyre et faire mener le lendemain en ladite abbaye, ce qu’elle avoit fait. Et ledit jour de jeudi estoit advenu que ung nommé Girard Richard, de Monstereul-sur-Saone, s’estoit trouvé audit Saint-Julyen en l’ostel dudit bergier, auquel avoit demandé s’il avoit point veu ne cogneu en sa bergerie aucun porq estrange, disant qu’il avoit perdu une truye chatree, lequel bergier luy avoit respondu qu’il en avoit bien une devant luy et qu’il l’avoit gardee environ XV jours, mais il ne sçavoit qu’elle estoit devenue ne si elle estoit en ladite abbaye, mais elle avoit couchié ung soir ou deux enchieux Merquin, lequel Girard incontinant s’en estoit allé en ladite abbaye et avoit demandé aprés sondit porqs en parlant audit abbé, qui luy avoit semblablement fait monstrer ses porqs. Lequel Girard, quant il eust veu iceulx porqs, meismes le porq dudit Jaquot Oulri jassoit ce que auparavant il eust /212v°/ demandé leur truye audit bergier, il avoit prins ledit porq et l’avoit lyé, disant icelluy a luy appartenir, ce que ledit abbé luy avoit souffrit faire par telle maniere qu’il le devoit faire emmener par ledit Saint-Julyen pour le faire recongnoistre aux voisins dudit Jaquot, assavoir s’il estoit sien ou nom, lequel dit Girard avoit fait et s’estoit trouvé avec ledit porq qu’il menoit tout lyé a une corde audit Saint-Julyen ; et combien que plusieurs de ladite ville luy eussent dit, meismes ledit bergier, que ledit porq estoit audit Jaquot Oulri, neantmoins icelluy Girard n’avoit volu le lachier, et estoit advenu que ledit porq par faict de tirer avoit rompu ses cordes et s’estoit deslyé et incontinant aprés qu’il eust fait ung tour ou deux par desoubz la ville, et ledit Girard tous jours aprés, icellui porq s’en estoit allé rendre tout droit et bouter en la maison d’icellui Jaquot qui l’avoit nory. A ceste cause par p[l] usieurs foiz luy avoit esté remonstré qu’il le laissat, touteffois il n’avoit volu s’en desister mais s’en estoit allé devers Jehan Villiers, mayeur audit SaintJulyen, et luy avoit requis que ledit porq fust mis en la main des seigneurs jusques ad ce qu’il averoit fait apparoir de son droit et qu’il vouloit monstrer que ledit porq estoit sien, lequel mayeur avoit mis ledit porq en la main de justice et avoit dit audit Girard qu’il allast querir ses preuves et qu’il renderoit compte dudit porq s’il faisoit apparence qu’il fust sien. Lequel Girard, sur ce, s’en estoit retourné ledit jour de jeudi audit Monstereul au giste, et le londemain, jour de venredi, de bon matin il estoit retourné avec son filz audit SaintJulyen et avoit trouvé en my la ville les porqs d’illec qu’on chassoit aux champs, lequel Girard a l’ayde de sondit filz, sans parler audit mayeur ny avoir main levee dudit porq au deceu dudit Jaquot Oulri, avoit prins icelluy porq a force et l’avoit lyé et sans autre chose faire l’avoit emmenéz hors de ladite ville tirant audit lieu de Monstereul, de laquelle prinse de porq avoit esté adverty ledit Jaquot Oulri par ung nommé Girard le bastard, dont il avoit esté fort mal content /213/, et s’en estoit alé vers ledit mayeur assavoir s’il luy avoit baillier 316

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main levee, lequel lui avoit respondu que non. Ce veant ledit Jaquot Olry, incontinant tout chaudement il s’en estoit entré en sa maison, avoit prins une meschant javeline qu’il avoit et s’en estoit allé aprés ledit Girard qui emmenoit ledit porc, comme dit est, lequel il avoit rencontré sur les champs et, luy venu prez de lui, lui avoit demandé pourquoy il emmenoit sondit porc, lequel Girard luy avoit respondu qu’il n’estoit pas syen, et eurent illec pluseurs parolles rigoureuses tellement qu’ilz s’estoient desmentys l’un l’autre pluseurs foiz et en multipliant de parolles, lequel Girard avoit courru sus audit Jaquot et l’avoit cuidier frapper d’une espee qu’il avoit sur la teste, mais icellui Jaquot avoit receu le coup de sadite javeline dont elle avoit esté rompue. Et en eulx debattant estoit survenu sur eulx ledit Jehan Françoys, genre dudit Jaquot Olry, qui estoit party aprés lui dudit Saint-Julien, ayant ung viel espied sur son coul et ung meschant bracquemart a son cousté, lequel Jehan Françoys, estans prez d’eulx et voyant sondit sire qui estoit desbattonné et que ledit Girard frappoit sur luy, luy avoit escrié qu’il le laissast. Lors ledit Girard incontinant estoit venu au devant dudit Jehan Françoys en jurant le Sang Dieu et disant telz motz : « A moy larez ! », et cuidant frapper icellui Françoys sur la teste d’une espee qu’il avoit, ledit Françoys avoit recuilly le coup de son espee tellement que le fer d’icellui s’en estoit voulé par terre, quoy veant par ledit Jaquot et qu’il avoit recueilly lesdits coups par deux ou troys foys, perseverant tous jours de plus en plus l’envayr et tachoit de le tuer. Pourquoy icellui Jehan Françoys, doubtant qu’il ne feust oultraigié par ledit Girard, avoit tiré ung petit bracquemart qu’il portoit a sa sainture, en soy couvrant de la hante de sondit espied, s’estoit approchié dudit Girard tellement qu’il luy avoit donner ung coup sur la teste, lequel Girard incontinant aprés s’estoit recullé et se departit d’eulx et s’en estoit alé dudit Monstureul. Et pour ce que la playe qu’il avoit allocasion dudit coup avoit prins vent et qu’il n’avoit esté secourru a temps, meisment qu’il fut assaingnier en retournant audit Monstureul, distant dudit lieu dudit debat d’une grande demye lieu, environ quatre ou cinq jours aprés ledit Girard estoit alé de vie a trespas, lesquelz Jaquot Olry et Jehan François, doubtans rigueurs de justice, se sont pour ce absentéz de noz pays ou ilz n’oseroient jamais retourner si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie. Savoit faisons que nous, oye la requeste desdits supplians, desirant preferer misericorde a riguer de justice, aussi que lesdits Jaquot Olry et Jehan François ne furent jamais attaincts ou convaincuz d’aucuns cas digne de /213v°/ reprehencion, de nostre certainne science, grace especial, plainne puissance et auctorité avons quicté, remis et pardonné, remectons, quictons et pardonnons a iceulx Jaquot Olry et Jehan Françoys le cas, crime et offence par eulx commis en la maniere que dit est, avec toute [peine] corporelle, criminelle et civille en quoy ilz pourroient estre encourruz et escheuz envers nous et justice, et les remectons a leur bon fame et renommee au pays et a leurs biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement etc., en imposant sur ce scillence perpetuelle a nostre procureur general. Sy donnons en mandement a nostre bailli du 317

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Bassigny ou son lieutenant, procureur general oudit bailliage, receveur, prevotz et autres noz justiciers et officiers a qui il appartiendra que de nostre presente grace et remission facent, seuffrent et laissent lesdits Jaquot Olry et Jehan Françoys chascun endroit soy joyr et user plainnement et paisiblement, sans en ce leur faire ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ny en biens aucun destourbier ou empeschement au contraire, et si lesdits corps et biens pour ceste cause estoient ou sont aucunement arrestéz ou empeschéz, qu’ilz les mectent ou facent mectre incontinant et sans delay a plainne delivrance, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait. Donné en nostre ville de Saint-Mihiel, le XVIme jour de novembre, l’an mil IIIIc IIIIxx XVII. René. Et pour secretaire D. Dupuis, les presidens des grans jours de Sainct-Mihiel, maistres Jehan Bourgeois, Jehan Robin, lieutenant en loix et autres presens.

195 1498 (n. s.), 16 janvier - Nancy. Rémission accordée à Jean de Rains et Regnault, son gendre, de Flavigny-surMoselle, coupables d’homicide commis en décembre 1497 sur la personne d’un nommé Joffroy, du même lieu, qui leur cherchait querelle. Copie, ADMM, B 6, f° 20v°-21.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Jehan de Rains et Regnault son gendre, demourant a Flevigny, contenant que, le dimenche prochain aprés la Conception Nostre Dame devant passee, eulx estans audit Flevigny aprés disner, Joffroy dudit lieu et ung nommé Jehan de Vagney, ledit Joffroy adressa sa parolle audit de Vagney lui disant : « Tu as dit que mon filz est marié », lequel de Vagney deist que non et ledit Joffroy lui replicqua que si avoit, et en ce disant ledit Joffroy luy donna ung soufflet. Advint que ledit Jehan de Rains, l’un des supplians, veant que ledit Joffroy avoit battu ledit Jehan de Vagney pour ce qu’il se dit clerc tonsuré, ledit de Rains deist audit Joffroy pourquoy il avoit batu clergié, que lui respondit : « Que en as tu a faire ? ». Et lors ledit Jehan de Rains donna audit Joffroy d’un baston, a cause de quoy ledit Joffroy, qui estoit homme noisif et ryoteux, et ledit Jehan de Rains se prindrent ensemble, lesquelz a celle heure furent departiz par ceulx qui estoient entour eulx et s’en allerent chascun ou bon leur sembla. Puis, peu de temps aprés, ledit Joffroy agastant aprés ledit Jehan de Rains, aiant en sa manche ung cousteau, vit saillir ledit de Rains d’une /21/ maison, s’en vint a lui ledit Joffroy, lequel voullant oultraiger ledit Jehan de Rains, icellui le print et le gecta dessoubz luy a terre, et eulx estans en ce debat, ledit Jehan de Rains, sentant que ledit Joffroy se jugeroit et s’efforçoit de l’oustraiger dudit cousteau a l’entour de la gorge, il feist tout son effort de y obvyer et ne valut que ledit Joffroy passa ledit Jehan de Rains dudit cousteau parmy 318

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le braon de l’une de ses jambes. Quoy veant par ledit Regnault, son gendre, et que son sire estoit en danger de mort, il print la ronche d’un char et en donna audit Joffroy entre col et chappeau tant qu’il lui feist lascher sa prinse. Aprés lesquelz coups donnéz du cousteau et de ladite ronche, ledit Jehan de Rains, qui esperoit plustost la mort que la vie, requist a la justice de l’abbé de SainctArnoul, seigneurs dudit Flevigny duquel ilz sont hommes et subgectz, et a lui mesmes lui requist aussi que ledit Joffroy feust arresté au corps, ce que fut fait. De fait tous les deux furent arrestéz, et le lendemain ilz se trouverent ensemble et se pardonnerent l’un l’autre et firent leur appoinctement, et encores depuis confermerent leurdit appoinctement. Est advenu que, le vendredi ensuivant, ledit Joffroy termina vie par mort ; depuis sa femme et enffans ont de nouveau fait avecques les parens et amis desdits de Rains et Regnault appoinctement, auquel appoinctement ilz ont et veullent satiffaire ainsi qu’il nous a apparu par lectres faictes et passees soubz nostre tabellionage de Nancy. Pour lequel cas lesdits supplians, doubtans rigueur de justice, se sont absentéz de noz païs esquelz ilz n’ozeroient retourner si nostre grace ne leur estoit sur ce impartie, tres humblement nous requerant icelle. Sçavoir faisons etc., a leurs biens non confisquéz etc., satiffacion faicte a partie etc., imposant sur ce scillence etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XVIe jour de janvier mil IIIIc IIIIxx et XVII. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les abbé de Goze, seneschal de Lorrainne, bailly de Nancy et aultres presens. Cristien.

196 1498 (n. s.), 3 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Warin, fils de Jean Warin, demeurant à Koeur, coupable d’homicide commis le 21 février 1498 sur la personne de Jean le Lombart, du même lieu, qui l’avait insulté. Copie, ADMM, B 6, f° 200.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste des pere, mere, prochains parens et amys charnelz de Warin, filz de Jehan Warin, demourant en nostre ville de Keures, avons receue contenant que, le lundi vingt et ungiesme jour du mois de feverier dernier passé, ledit Warin, acompaignié d’un nommé Didier Collignon, s’en allerent en ung boix des deux Keures querir du boix pour eulx chauffer, et comme ilz vouloient chargier leurs harnoix, arriva illecques ung appellé Jehain le Lombart, dudit Keures, qui adressa ses parolles ausdis Warin et Didier, disant pourquoy ilz chargeoient son boix qu’il avoit fait faire et dont pour la fasson avoit payé neuf blans, lesquelz Warin et Didier prierent a icelluy qu’il les voulsist laissier chargier et ilz luy en rendroient deux voitures ailleurs, dont il fut contant et s’en alla son chemin. Toutesvoyes il se readvisa et retourna devers lesdis Watrin et Didier, tenant sa haiche en sa main, et alla coupper en 319

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

l’arbre ou tison ou ilz tailloient, soy couroussant et disant audit Watrin : « Par Dieu, coquin larron, tu ne l’auras pas ne y chargera ja », et ledit Watrin respondit que si averoit, et multiplierent en parolles rigoreuses tellement que ledit Watrin, esmeu et couroucé des injures que luy disoit ledit Lombart, luy donna ung cop d’un baston de couldre derrier la teste, et dudit cop tumba en terre, et le lendemain alla ledit Jehan le Lombart de vie a trespas. Pour lequel cas, ledit Warin s’est absenté de noz pays, doubtant pugnition corporelle, et en iceulx n’oseroit retourner si de nous n’avoit remission et pardon, nous requerant humblement luy octroyer. Savoir faisons etc., et le remectons et restituons a ses bon fame et renommee au pays etc. Si donnons en mandement par ces presentes a noz améz etc., car tel est nostre plaisir. Et imposons scilence perpetuelle a nostre procureur general et a tous autres. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le troysme jour de mars, l’an mil IIIIc IIIIxx et dix sept. Signé René. Par le roy de Sicille, lez abbé de Gorze, gens des comptes et autres presens. Boudet.

197 1498, 20 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Balot, de La Neuveville-sous-Châtenois, coupable d’homicide commis le 1er octobre 1497 sur la personne de Claude Maçon après une dispute survenue dans une taverne. Copie, ADMM, B 6, f° 28r°-v°-29.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Jehan Balot, de Laneufville-soubz- Chastenay, avons receue contenant que, le dimanche jour Saint Remy darrain passé premier d’octobre, il estoit a la feste a Sainct-Daucourt et s’en vint a Laneufville par le hault chemin et se trouva a la maison Jehan Delan, tavernier, avecques Jacot Talon et Jehan Cable, de La-Salle. Sur ce Nicolas Parisot, doyen de la ville, dist audit Ballot : « Compere, venez boire je vous en prie », et il luy respondit : « Compere, je n’ay mie encores souppé ». Touteffoiz ledit Ballot entra dedans l’ostel et trouva Claude Maçon auquel il dist : « Claude, mon amy, j’ay ouy dire que vous estez mal de moy », lequel Maçon respondit : « Ouy vrayement, je suis mal de toy », et disant ce le frappa en la poitrine du poing et luy desira sa chemisse ; quant ledit Balot vit cela, il l’empongna par les cheveux et le tira a bas jucques a la terre. Sur ce sourvindrent Jehan Cable, prochain voisin dudit Balot, et Parisot Waltier, lesquelx empongnerent ledit Balot touz troys ensemble ; adonc recria ledit Balot : « Petit Jehan, mon amy, aide moy car ses gens me meutrisent ». /28v°/ Adonc dist ledit Jehan Cable : « Nous te tenons a nostre guise », et ledit Balot respondit : « Vous en aurez menty ». Et adonc ledit Balot se eschappa d’eulx et saulta du hault en bas et laissa son chapeau, son bonnet et sa robbe ; cela fait, dist : « Si vous me venez courir sus, vous aurez mauvais assault ». Adonc vint ledit Claude 320

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Maçon audit Balot : « Vien ça, je vueil parler a toy, je t’aseure », et ledit Balot dist : « Je iray donc » ; adonc Nicolas Parisot demanda audit Balot : « Baille moy ta dacgue », et ledit Balot luy donna sur l’aseurement ; adonc vint ledit Maçon avecques ung vrain de fer, duquel frappa ledit Ballot au desoubz de l’oeil et luy fist sangc, et adonc ledit Balot empongna ledit Maçon par les cheveulx et puis vindrent ledit Parisoit Waltier et ledit Jehan Cable, lesquelx empongnerent ledit Balot par les cheveulx tellement que ledit Maçon reprint ledit wayn de fer et le refrappa sur le coul et luy fist sang de rechief. Adonc dist ledit Ballot : « Messeigneurs, n’avez vous point de suffisance ? Se vous ne me laissez allez, je vous frapperay », et print ung cousteau en /29/ sa gaingne duquel il frappa ledit Claude au coul quant il vit qu’il ne le vouloit pas laisser aller, et saulta de rechief du hault au bas et s’en alla ; duquel coup ledit Claude est allé de vie a trespas. A l’occasion de quoy ledit Ballot, doubtant la rigeur de justice, c’est absenté de noz pays et n’y ouseroit jamés retournez sy nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, en nous humblement suppliant etc. Savoir faisons etc., en mectant au neant touz bans, apelz etc. Donné en nostre chastel de Bar, le XXe jour d’avril IIIIxx XVIII. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les abbé de Gorze, prevost de Saint-George, seigneurs de Dommartin, de Gironcourt et autres presens. Nicolay.

198 1498, 30 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Dommengeot Ranarre, demeurant à la Tisserandie, sur le ban d’Etival, coupable d’homicide commis il y a 18 mois, à Bruyères, sur la personne de Dommenge Walrenchamps, du même lieu, au cours d’une dispute provoquée par une dette de taverne. Copie, ADMM, B 8, f° 82r°-v°-83.

Phelippe, etc., a tous presens et advenir, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Jacquette, vesve de feu Colin Ranarre, demeurant a la Tixerandee on ban d’Estival en nostre prevosté de Saint-Dyé, et d’autres parens et amis de Dommengeot Ranarre, filz de ladite Jaquette, contenant que, environ ung an et demi pou[t] avoir, ledit Demengeot s’estoit parti dudit lieu de la Tixerandee pour aler au marchié de Bruyeres, auquel lieu avoit trouvé ung nommé Dommenge Waldechamps dudit Bruyeres, avec lequel et autres dudit lieu il estoit allé boire en la taverne. Et aprés ce qu’ilz eurent beu et mangé, ledit Demengeot Ranarre, qui avoit encor aucune chose a besongnier en la ville, s’estoit avancé devant les autres estans en la compaignie de payer son escot a l’oste et s’estoit parti de ladite taverne. Aprés le partement duquel ledit Waldechamp s’en estoit alé, prenant son chemin droit audit lieu de la Tixeraindee ou s’en retournoit ledit Ranarre, qui avoit ses chausses sur son 321

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

espaulle et une dague, et s’estoit tellement hasté et courru qu’il avoit actainct ledit Demengeot, auquel avoit dit par grant fureur qu’il s’en estoit parti venu sans payer son escot et qu’il retourneroit, lequel Ranarre lui respondit qu’il avoit payé sondit escot et ne s’en estoit venu sans le payer, a quoy ledit Waldechamp que dit disant qu’il avoit payé ledit escot. Et multiplierent en parolles rigoreuses ensemble tellement que ledit Waldechamps lui dist qu’il retourneroit, et de fait l’arresta, lui ostant sa dague, et se donnirent pluseurs coups de poing l’un a l’autre, lequel Demengeot, veant l’outraige qui luy faisoit ledit Waldechamp et qu’il luy avoit osté son baston et l’outrageot fort sans cause ou raison, s’advisa d’un petit cousteau qu’il avoit pendant a sa saincture, lequel il tira et d’icelluy, cuidant le frapper en la cuisse, l’actaindy et frappa ou ventre, duquel coup, par faulte de gouvernement ou autrement, mort s’en est ensuye en la personne dudit Waldechamps. Dont a ceste cause ledit Ranarre, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté du pays par aucun temps pendant lequel les parens et amis d’icellui avoient fait accord et appoinctement avec la vesve dudit Waldechamp, ses enffens et ses autres parens et amis tellement /82v°/ qu’ilz avoient esté contens, comme apparroit par ung instrument sur ce avons exhibé et monstré. Depuis lequel accord fait, la mere dudit Demengeot nous avoit presenté une requeste contenant ce que dessus, suppliant octroyer a sondit filz grace et remission dudit cas, sur le contenu en laquelle avoit par nous esté mandé au lieutenant de nostre bailli de Voosge audit lieu de Sainct-Dyé soy informer du donné a entendre de ladite suppliante et nous escripre la verité dudit cas, lequel lieutenant, ensuyant nostre ordonnance, s’estoit de ce informé et nous avoit escript le contenu en ladite requeste cy devant declairé estre veritable, pendant laquelle poursuicte, qui estoit faicte par lesdits vesve, parens et amys dudit Demengeot, icellui s’estoit trouvé audit lieu de la Tixerandee dont la justice de l’abbé d’Estival, advertie de ce, l’avoit fait prandre et apprehender au corps et mectre en prison ferme audit Estival ou estoit rigoreusement detenu, en voye d’y finer miserablement ses jours si nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Ayant resgard a la jeunesse dudit Ranarre, mesmement que jamays ne fut actainct, convaincu d’autre vilain cas, blasme ou reprouche, voulant misericorde preferer a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace especial et plain povoir, en l’absence de monseigneur, lui avons remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons tout le fait et cas dessus dit avec toutte peine, offense corporelle, criminelle et civille qu’il a ou peult avoir mesprins envers mondit seigneur, nous et justice a l’occasion dudit cas, et le remectons et restituons a ses bon fame et renommee au pays et a ses biens non declairéz confisquéz, en rapellant et mectant au neant tous bans et proclamacions s’aucuns en y a faiz contre ledit Ranarre, et imposons sur ce silence perpetuel a nostre procureur general et tous autres, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement si fait n’a esté deuement. Sy donnons en mandement aux gens de noz comptes a Nancey, bailli dudit Vosge et aux autres noz justiciers et officiers qu’il appartiendra, que de 322

Corpus des lettres

nostre presente remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Demengeot Ranarre plainnement et paisiblement sans luy /83/ mectre ou donné en ce aucun destourbier, empeschement au contraire, et si son corps, les et biens pour ceste cause estoient ou sont encor pris, saisiz et arrestéz, les mectent ou facent mectre incontinant et sans delay a plaine delivrance, car ainsy nous plait il et voulons estre fait, sauf en autres choses nostre droit et l’aultruy. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le penultime jour de juillet, l’an mil IIIIc IIIIxx dix huit. Les capitaine de la garde, gens de comptes, procureur general de Barrois et autres presens.

199 1498, 16 août - Etampes. Rémission accordée à Simon du Fau, maire de Mognéville, tavernier, coupable d’homicide commis le 29 juin 1498 sur la personne de Jean Colle, du même lieu, à la suite d’une dispute provoquée par des dettes de taverne. Copie, ADMM, B 8, f° 19r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication de Symon du Fau, mayeur au lieu de Mongneville pour le seigneur dudit lieu en nostre prevosté de Bar, avons receue contenant comme ainsi soit que, depuis ung mois ença et mesmes le jour de la Sainct Pierre dernierement passee, ledit suppliant estoit allé acompaignier le seigneur dudit Mongneville jusques au lieu de Trois-Fontainnesl’Abbaye ou il alloit en voyaige, et en retournant il trouva en chemin ung nommé Jehan Collet, demeurant audit Mongneville, acompaigné de deux ou trois autres laboureurs dudit lieu qui pareillement venoient dudit Trois-Fontainnes et s’en retournoient audit Mongneville. Et ainsy qu’ilz devisoient en retournant ensemble de boire, ledit suppliant, qui est tavernier audit Mongneville et qui a depuis douze ans vendu vin a destail, demanda audit Jehan Collet que luy voulsist payer quatre gros qu’il luy devoit pour despense de sa bouche qu’il avoit fait en sa maison, a quoy respondit ledit Jehan Collet audit suppliant qu’il ne luy devoit que deux blans et qu’il ne luy payeroit pas ung denier plus avant, et ledit supliant respondit que si feroit ou droit luy fauldroit, en disant par luy audit Collet tout en cheminant ensemble qu’il n’estoit homme de bien de luy ainsy retenir le sien et qu’il luy avoit assez creu et demandé. Et tellement multiplierent en parolles que ledit Jehan Collet, qui avoit ung espieu en son poing, qui estoit homme bien rioteux, s’approcha pres dudit Symon et luy presenta a l’estommac le fer devant, dont il fut contrainct se reculer en luy demandant qu’il vouloit faire. Lors ledit Jehan Collet luy dist qu’il estoit homme pour luy et ledit Symon pareillement et, sans autre chose dire, ledit Jehan Collet rua deux ou troys coups de sondit espieu a l’estommac dudit 323

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Symon, le cuidant tuer, a quoy ledit supliant obvia et destourna les coups d’une arbeleste qu’il avoit lors sur son col, qui n’estoit bandee. Et pour ce que icelluy Symon estoit seul et l’autre acompaignié, il ne se revancha plus avant et commença a cheminer et ledit Collet aprés, et ses autres compaignons s’en allerent devant vers la ville et le laisserent. Et de rechief ledit Jehan Collet s’approcha assez pres dudit supliant et commença a noiser avecques luy, adoncques icelluy Simon luy dist qu’il s’en alla son chemin et qu’il estoit homme pour luy, et ledit Collet luy respondit pareillement que si estoit il et baissa de rechief sondit espieu sur la teste dudit Symon, luy cuidant bailler ung hault coup. Et veant ce par ledit Symon, recula ung pas en arriere et tira une petite dague qu’il avoit en son costé, qui n’estoit pas d’ung pied de long, s’aprocha dudit Jehan Collet et en soy deffendant, du premier coup qu’il rua, le frappa a l’estoumac et luy entra ladite dague environ deux ou trois doys on corps, duquel coup subitement, en se cuidant de rechief avancer sur ledit Symon, tomba tout mort en tenant sondit espieu en sa main sans jamais remuer ne piedz ne mains, dont ledit Symon fust moult doulant et esperdu actendu qu’il ne le cuidoit tuer mais se revanchier. Pour lequel cas ainsy advenu et fait par ledit Symon, doubtant rigueur de justice, se soit absenté et enfouy hors de nostre duchié de Bar et delaissé ses biens et famille, et n’y oseroit jamais retourner si ne nous plaisoit luy impartir nostre grace et misericorde, en nous humblement requerant icelle et luy remectre et pardonner ledit cas avec la peinne, amende et offence que pour occasion d’iceluy il pourroit estre encourru envers nous et justice. Savoir faisons que nous, eu regard et consideracion au cas dessus dit ainsy et par la maniere que ledit Symon l’a commis et perpetré comme dessus est declairé, meismement que ledit Jehan Collet fut aggresseur et que ledit Symon a tout son jeune aage esté serviteur d’aucuns noz vassaulx de nostredit duchié de Bar, est de bon fame et renommee sans oncques mays avoir esté apprehendé, actainct ne convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, voulans en ce cas misericorde estre preferee a rigueur de justice, a iceluy Symon pour lesdites causes et autres ad ce nous mouvans avons remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes le cas et offense dessus dits ensemble toute peinne et amende tant corporelle, criminelle que civile en quoy pour occasion d’iceluy cas il pourroit estre encourru envers nous /19v°/ et justice, et iceluy Symon avons remis et restitué, remectons et restituons a son bon fame et renommee ou pays et ailleurs et a ses biens non confisquéz, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur general de nostredit duchié de Bar et a tous autres presens et advenir, satiffacion faicte a partie civilement tant seulement si desja faicte n’est. Sy donnons en mandement par ces meismes presentes a nostredit bally de Bar ou a son lieutenant et a tous noz autres justiciers, officiers ou a leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, pardon, remission et octroy facent, souffrent et laissent ledit Symon de Fau joyr et user plainnement et paisiblement sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier, 324

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arrest ou empechement au contraire ores ne ou temps advenir, mandons en oultre a nostredit bally de Bar ou sondit lieutenant qu’ilz procedent a l’enterinement de ces presentes, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent donnees a Estampes le seziesme jour d’aoust, l’an de grace mil IIIIc IIIIxx et dix huict. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les abbé de Gorze, seigneur de Nouvian et autres presens. A. Guiot.

200 1498, 4 septembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Laurent, Pierre, Jacquemin, Didier, Christophe et Jean, fils de Jean Hale l’Ainé, de Hargevillesur-Chée, qui, le 15 juillet 1498, participant à une noce dans le village, se sont pris de querelle avec les fils de la famille Godinot, au cours de laquelle Laurent Hale a blessé mortellement Colot Godinot ; Christophe et Didier Hale ont pour cela été emprisonnés a Bar-le-Duc. Copie, ADMM, B 3, f° 331r°-v°-332.

Phelippe, par la grace de Dieu royne de Jherusalem et de Sicille, duchesse de Lorraine et de Bar, etc., marchise, marquise du Pont, contesse de Provence, de Vaudemont et d’Aubmalle etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplicacion et requeste des pere, mere, parens et amis de Laurens, Pierre, Jacquemin, Didier, Christofle et Jehan Hale, enfans de Jehan Hale l’Ainsné, demourant a Hargeville, contenant que, le dimenche quinzeyesme jour de juillet derrain passé aprés soupper, les gens estans aux nopces de Jehan Bertrand, dudit Hargeville, et de la fille d’un nommé Mocel, demourant a Deuxnodz, s’estoient trouvéz emmy la ville pour y dancer et faire feste, et eulx y estans, s’i estoient semblablement trouvéz les enfans dudit Halle, entre lesquelz estoit ledit Laurens qui avoit prins par la main la fille de Jehan le Godinot, dudit Hargeville, pour la mener dancer et luy baillier la dance ; quoy voyant par Jehan Godinot le Jeune, frere de ladicte fille, estant illec, avoit dit audit Laurens Halle qu’il ne mainneroit sa seur et que ce qu’il faisoit, ne le faisoit pas pour bien. Lors ledit Laurens, ce oyant, avoit prins une autre fille pour la mener dancer, laquelle dance fenie, lesdits Laurens et Jehans Godinot le Jeune s’estoient entreprins de parolles injurieuses l’un a l’autre, et en multipliant, ledit Godinot avoit mis la main audit Laurens ; quoy voyant l’avoit prins par les cheveux et chemise et, en eulx entretenant, estoient survenus lesdits Pierre, Jacquemin, Didier, Christofle et Jehan, freres dudit Laurens, et pareillement Didier, Symon, Colot et Mengin, freres dudit Jehan Godinot, lesquelz enfans du Halle avoient en leurs mains des bastons de bois, reservé ledit Christofle qui avoit un bracquemart, lequel bracquemart luy avoit esté osté par Jehan Wiard, dudit Hargeville. Et pour lors eviter qu’il n’y 325

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

eust plus grant debat, s’estoient mis gens entre deux pour empeschier ladite meslee, mais iceulx enfans dudit Godinot avoient recommencé le debat contre lesdits enfans le Halle dessus nomméz, tellement que ledit Laurens avoit tiré son cousteau et d’icelluy frappé en la cuysse icelluy Jehan Godinot le Jeune ; aussy avoit /331v°/ rué une pierre audit Colot Godinot dont il l’avoit actainct en la teste, duquel coup ledit Colot Godinot, pour trouver garison, s’estoit fait amener audit lieu de Bar devers ung cieurgien, auquel lieu, par faulte de bon gouvernement ou autrement, environ trois jours ensuyvans, estoit alé de vie a trespas. Par quoy lesdits enfans le Halle, doubtans rigueur de justice, s’estoient les aucuns d’eulx absentéz et renduz fugitifz, et lesdits Christofle et Didier estoient detenus prisonniers en noz prisons audit Bar, lesquelz fugitifz n’oseroient jamais retourner en noz pays, et lesdits prisonniers estoient en voye de miserablement finer leurs jours en prison, si noz grace, quictance, remission et pardon ne leur estoit sur ce impartiz, treshumblement supplians, actendu que lesdits enfans Hale dessus nomméz ne furent jamais actains ou convaincuz d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, nous leur vueillions sur ce impartir nostre grace, remission et pardon. Pourquoy nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, ausdits Laurens, Pierre, Jacquemin, Didier, Christofle et Jehan, enfans dudit Halle, oudit cas, en l’absence de monseigneur, avons quicté, remis et pardonné, et par la teneur de ces presentes, de nostre grace especial et plain povoir, remectons, quictons et pardonnons le fait et cas dessus declairé, avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy, pour et a l’occasion dudit cas, ilz pourroient estre encourruz envers nous et justice, et de nostre plus ample grace les avons remis et restituéz, remectons et restituons a leur bon fame et renommee, au pays et a leurs biens non declairéz confisquéz, satisfacion faicte a partie civillement tant seulement, en mectant au neant tous desfaulx, bans et autres proclamacions et procedeures qui contre les dessus dits se pourroient estre ensuys, et sur ce /332/ imposons silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly de Bar ou son lieutenant, et a tous autres noz justiciers, officiers ou leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, quictance, remission et pardon facent, seuffrent et laissent lesdits enfans du Hale dessus nomméz chascun endroit soy joyr et user plainement et paisiblement, sans leur faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné ores ne pour le temps advenir aucun arrest, destourbier ou empeschement au contraire, ainçois si leurs corps ou aucuns de leurs biens ou heritages estoient pour ce prins, saisiz, arrestéz ou aucunement empeschiés, les leur mectent ou facent mectre tantost et sans delay a plainne delivrance et au premier estat et deu, et affin que ce soit chose ferme et estable a tous jours, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel, saulf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné en nostre ville de Bar, le quatreyesme jour de septembre, l’an mil CCCC quatrevingts et dix huit. Ainsy signé Phelippe. Et au reploy par la royne de Sicille etc. Pour secretaire D. Dupuis. 326

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201 1498, 2 novembre - Nancy. Rémission accordée à Jean et Loys de Loye, de Saulxures-lès-Bulgnéville, coupables d’homicide commis il y a quelques mois sur la personne de Guillaume Bergier, pâtre, au cours d’une dispute provoquée par la divagation du bétail dont celui-ci avait la garde. Copie, ADMM, B 6, f° 214r°-v°-215r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplicacion de Jehan et Loys de Loye, pouvres enfans demourans a Sauxures de nostre duchié de Bar, contenant que, es moissons dernieres passees, ilz estoient es champs avec Perrenot de Loye, leur pere, moissonner et faciller leurs bien estans sur terre, et en moissonnant leurdit pere vit du lieu ou il estoit les grosses bestes a cornes dudit Saulxures estans soubz la garde de Guillaume Bergier, paistre dependans d’un boys nommé le Boys Chassot, qui les chassoit pour pasturer es preyz prochains, dont il estoit lors meismement en ung prey nommé le Prey Coulley ou les chevaulx dudit Loye pasturoient, attendans que son charriot eust chargié des gerbes qu’ilz moissonnoient et loyoient pour mener audit Sauxures en leur hostel. Et quant ledit Pernot de Loye vist que lesdites bestes s’approchoient pres dudit prey ou estoient lesdits chevaulx, dit ausdits supplians qu’ilz allassent au devant desdites bestes a les destourner qu’elles ne s’entremeslassent avec lesdits chevaulx, ce qu’ilz firent et dirent audit paistre que les voulsist destourner, ce que ledit paistre reffusa, et prinst debat audit Loys de Loye, sur quoy Jehan de Loye, son frere, survint et se deffendirent tellement que ledit Guillaume, paistre, n’eust puissance sur eulx mais receut deux ou troys coups de bastons. Et pour ce que aucuns temps aprés, comme de quinze jours ou environ, l’on dit ledit Guillaume estre allé de vie a trespas, on a voulu chargier lesdits Jehan et Loys de Loye de sa mort, et les officiers dudit Sauxures ont fait saisir les biens de leurdit pere qui n’est aucunement couppable dudit cas, pour ce que seullement ledit /214v°/ Pernot dit ausdits supplians qu’ilz allassent au devant desdites bestes affin que ses chevaulx n’eussent dommages, et si les voulust batre pour ce qu’il sceut qu’ilz avoient heu debat avecques ledit paistre, aussi estoient deliberé lesdits supplians aller au devant desdites bestes quant leurdit pere ne leur eust dit, pour ce qu’ilz avoient grandement affaire de leursdits chevaulx a charjer leursdites gerbes des champs. Et avec ce ont voulu lesdits officiers prendre au corps lesdits supplians, combien que pour le cas ainsi advenu comme ilz dient ne doivent estre lesdits supplians molestés ne leurdit pere, et doubtant rigueur de justice se sont absentéz de noz payz ne jamais n’oseroient retourner, converser ne demourer en iceulx si nostre grace et misericorde ne leur est sur ce impartie, requerans treshumblement icelle et que, attendu qu’ilz sont de bone vie, renommee et honeste conversacion, comme ilz dient, sans avoir esté attainct ne convaincu d’aucuns autres villain cas, blasme ou reproche, nous leur vueillons preferer misericorde a rigueur de justice 327

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

et leur quicter, remectre et pardonner le fait et cas dessus dit avec toutte peinne, amende et offense corporelle, criminelle et civile en quoy pour occasion dudit cas ilz pourroient estre encourruz envers nous et justice, ensemble tous deffaulx et bans que s’en seroient ensuyz, eulx et iceulx mectre au neant et les restituer en leur premier estat. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a leurdite supplicacion, a iceulx Jehan et Loys, supplians, ne a chascun d’eulx avons de nostre grace especiale, plainne puissance et auctorité quicté, remis et pardonné /215/ et par ces meismes presentes lettres quictons, remectons et pardonnons le cas tel qu’il est cy dessus decclaré avec toutte peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus ilz et chascun d’eulx estoient encheuz et encourruz envers nous et justice, et les avons quant ad ce rappellé, remis et restitué, les remectons, rappellons et restituons par cesdites presentes a leur bon fame et renommee au pays et a leurs biens non confisqués, et mectons des maintenant au neant tous bans et proclamacions faiz et encourruz contre eulx a la cause dessus dite, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, et imposons quant ad ce sillence perpetuelle a nostre procureur, sauf touttefoys que voulons qu’il procede a l’enterinement et verificacion de cesdites presentes tout ainsi qu’il appartiendra, par lesquelles donnons en mandement a nostre bailli de Bassigny, son lieutenant et autres noz justiciers et officiers qu’il appartiendra et a chascun d’eulx autres prions et requerons que d’ores en avant ilz seuffrent et laissent lesdits Jehan et Loys, supplians, et chascun d’eulx joyr et user de ceste nostre presente grace, pardon et remission sans ores ne pour l’advenir leur y mectre en corps ne en biens aucun empeschement, /215v°/ et qu’ilz lievent et ostent des maintenant la mainmise et empeschement au biens dudit Perenot, leur pere, l’en laissent joyr et user ainsi qu’il faisoit paravant ledit cas advenu, car ainsi le voulons et de nostre ample grace leur avons octroyé et octroyons. En tesmoing de ce, etc. Donné a Nancy, le IIe jour de novembre IIIIxx XVIII. Signé Regné. Par le roy de Sicile etc., les bastard de Callabre, president de Nancy, procureur general de Lorrainne et autres presens. Guiot.

202 1498, 13 novembre - Nancy. Rémission accordée à Colas Bernard, de Saulxures-lès-Vannes, et à Jean Joffray, d’Agize, coupables d’homicide commis le 15 septembre 1498 sur la personne d’Etienne le Musnier, maire de Housselmont. Copie, ADMM, B 6, f° 93v°-94.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de Mengin, frere Colas Bernard, demourant a Seusure, et de Girard Joffray, frere a Jehan Joffray, demourant a Agize, avons receue contenant que, le soir de la Saint Euvre darrain passee, 328

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Colas Bernard et Jehan Joffray acompaignéz de Jehan Marchal et Chrestien, filz de Jehan de Champigny, pour aucuns griefz que Estienne le Musnier, maire au lieu de Housselemont pres dudit Sausure, avoit fait audit Jehan Colas d’ung demy jour de terre estant audit Housselemont, auquel il avoit laissé demye gerbe de blé pour l’erraige, et ledit Estienne en vouloit avoir une aussi pource que de troys demyz jours de terre estans audit ban appartenant a Jehan Joffray et a luy escheuz de pere et de mere, qui estoient frans fors d’erraige, et les a chargéz par force de troys quartes froment mesure de Toul tant a wide que chargéz pareillement, iceluy Musnier osta et leva a Jehan de Champigny, pere au devant dit Chrestien, ung demy jour de terre qu’il avoit audit ban pour ce qu’il n’avoit pas voulu consentir qu’il fust chargé d’aucun arrentement. D’autre part ledit Musnier, XV jours ou troys sepmaines avant ladite feste de Saint Euvre, soy transporta devers maistre Haufz, mareschal dudit lieu, et empruncta de luy douze gros, faisant grant serment qu’il les luy rendroit quant il les luy demanderoit, et environ ung moys aprés ledit maistre Heufz luy demanda ce qu’il luy avoit presté, auquel il respondit qu’il n’en auroit sa vie denier et qu’il en fist du /94/ pis qu’il pouroit. Et avecques ce ledit Musnier luy fist paier arrentement de quatre jours de terre qui estoient francs, disant qu’il les molesteroit, endommaigeroit et greveroit le plus qu’il pouroit. Pour quoy voyant le devant nommé Colas Bernard, Jehan Joffray, Jehan Marchal et Chrestien, filz de Jehan de Champigny, qu’il ne cessoit de menasser les devant nomméz et voyant le grant tort qu’il leur faisoit et vouloit faire journellement, se misdrent touz quatre ensemble et s’en allerent aprés vespres sur les champs pour le rencontrer et le batre non pas en entencion de le tuer, et entre ladite Seusure et Housselemont rencontrerent ledit Estienne le Musnier et le batirent tellement que peu aprés mort s’en ensuivit. Pour lequel cas, doubtant rigueur de justice, se sont absentéz de noz pays etc., nous humblement suppliant etc. Savoir faisons etc., et a leurs biens non confisquéz etc., et qu’ilz ne furent jamés actains etc., sactiffacion faicte a partie etc. Donné a Nancy, le XIIIe de novembre, l’an IIIIxx XVIII. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les seneschal de Lorraine, prevost de Saint-George, president des comptes, bailly de Nancy, procureur et receveur generaux et autres presens. Durat.

203 1498, 11 décembre - Nancy. Rémission accordée à Jean Roucelot, de Noncourt, coupable d’homicide commis le 8 décembre 1496 sur la personne de Collin Foillot au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 6, f° 151v°-152.

René, etc., a touz etc. L’umble supplicacion de Jehan Roucelot, filz de Jehan Morel de Noncourt, avons receu contenant que, peult avoir environ deux ans, Mengin Colas, Mengin Roucelot, Didier Nicolas et luy, le jour de 329

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

la Conception Nostre Damme, aprés ce qu’ilz eurent souppé en l’ostel d’ung appellé le Chappelier ou ce faisoit la confrarie de ladite Conception, ilz s’en allerent touz quatre ensemble en la maison du Grant Mengeot et illec commencerent a deviser aupres du feu, auquel lieu vint Mengin Foillot, dudit Noncourt, qui dist a Mengin Colas que Colin Foillot, Edeline sa femme et leur gendre s’en alloient prandre au maire des charges que iceluy Mengin Colas avoit donnees a ladite femme des linceux qu’on avoit prins le soir de la Saint Nicolas ches le frere dudit Mengin Colas. Et peu aprés ledit Colin et sa femme vindrent devant ledit hostel, criant icelle femme a haulte voix par plussieurs foiz : « Qui a bon voisin a bon matin », avecques plussieurs autres parolles rigoreuses contre ledit Mengin pour ce qu’elle savoit qu’il estoit dedans ledit hostel. Et oyant les grandes parolles dont elle usoit, les troys devant dits nomméz et ledit suppliant saillirent hors ledit hostel ou ilz trouverent ledit Collin Foillot, sadite femme et son gendre, et lors commencza icelluy Colin a menasser et user de haultains langaiges en les chargeant sans riens declairer, et /152/ oyant les injures qu’il disoit, ledit suppliant, le pansant frapper sur le doz d’une petite masuette qu’il tenoit en sa main, la haussa et, pour ce que l’en ne veoit lors goute, l’ataingnit ung cop darrier la teste, duquel mort s’en est ensuyvye. Pour lequel cas, il c’est rendu fugitif et abandonna noz pays ou il n’ouse retourner, doubtant rigeur de justice etc., nous suppliant etc. Savoir faisons etc., en imposant etc. Si donnons en mandement etc., sactiffacion etc. Donné a Nancy, le XIe de decembre, l’an IIIIxx XVIII. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les senechal de Lorraine, baillifz de Nancy et de Saint-Mihiel, seigneur de Pierefort et autres presens. Durat.

204 1499 (n. s.), 12 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Pierre des Salles, dit le Bail, seigneur de Gombervaux, coupable du meurtre de Guillaume, son serviteur, qu’il a trouvé sous le lit de son épouse (cf. n° 212). Copie, ADMM, B 7, f° 9v°-10.

René, etc., a tous etc. La providence de Dieu tout puissant nous a disposé et ordonné pour pourveoir aux choses humaines et mesmement affin que aux ditz et faiz des personnes selon leur qualité nous temperons aucuneffois par doulceur et equité la rigueur de droit et leurs pourvoyons convenablement de ce que nous voyons leur estre neccessaire, de la part de nostre treschier et feal conseillier Pierre des Salles, dit le Bail, seigneur de Gombervaulx, nous a esté fait remonstrence que puis nagueres, il estant couchié en sa maison au lieu de Chardongnes fort endormy, survint subitement ung sien ser330

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viteur, nommé Guillaume le Boulengier, qui l’esveilla disant que ung autre sien serviteur, appellé Guillaume, estoit couchié avec Nicole de Warnencourt, sa femme, laquelle avoit esté acouchee d’enfant certain temps auparavant. Quoy ouy par ledit Pierre, terriblement esmeu, effrayé et desplaisant, se leva, en chemise, piedz nudz s’en alla en ladite chambre en laquelle il trouva ledit Guillaume qui, aprés qu’il eust ouy marcher sondit maistre, s’en estoit fuy soubz le lict de ladite Nicole, et considerant par iceluy que leur estoit suspecté que ledit Guillaume n’estoit allé en ladite chambre que pour decevoir, faire desplaisir, honte et deshonnourer ladite Nicole, et par consequant luy, d’une espee rappiere qu’il trouva en icelle, frappa icelluy Guillaume plussieurs coups tant et tellement que mort s’en estoit ensuyvie. Pour lequel cas ledit Pierre, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays, terres et seigneuries ou il n’oseroit retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, nous treshumblement suppliant luy vouloir remectre et pardonner. Savoir faisons que nous, ayans regard et consideration au cas dessus dit, a la bonne vie et renommee dudit suppliant, aux grans, notables et recommandables services que des longtemps estant journellement aupres de nostre personne il nous a faiz, aussi que, par information deuement faictes qu’avons fait veoir en nostre conseil ou estoient plussieurs notables clercs et gens de bien, nous est apparu dudit oultraige, voulans oudit cas, qui a esté fait de chaulde colle et non de guect apensé, preferer misericorde a rigueur de justice, nous, de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial, par l’advis et deliberacion des dessus dits, avons audit Pierre des Salles suppliant, le cas et crime dessus dit remis, quicté, aboly et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes avec toute peinne, offence corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion d’iceluy il pourroit estre encourru envers nous et justice, en le remectant en ses bon fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, sattifacion faicte a partie civillement tant seullement se faicte n’estoit. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes /10/ a nostre bailly de Bar ou son lieutenant, prevost, procureur, clerc juré dudit lieu et a tous autres justiciers, officiers, hommes et subgectz de nostredit duchié de Bar, chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Pierre joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement au contraire, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur general et a tous autres. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Bar, le XIIe jour de janvier mil IIIIc IIIIxx dixhuict. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les abbé de Gorze, bailly de Bar, de Saint-Mihiel et de Cleremont, president des comptes de Nancy, gens des comptes du duchié de Bar et autres presens. Boudet. 331

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

205 1499 (n. s.), janvier - Reims. Rémission accordée par la duchesse Philippe à Jean Triboul, qui était emprisonné à Reims pour homicide. Copie, ADMM, B 6, f° 156v°.

Remission donnee par la royne de Sicille a son joieulx avenemant en la ville de Rains en Champaigne a Jehan Triboul, pour lors detenu prinsonnier en ladite ville pour cas de omicide et autres. Donné audit Rains ou moys de janvier, l’an IIIIxx XVIII. Signé Philippe. Par la royne de Sicille etc., messire Jehan de Luestre son aulmonnier present. Chasteauneuf.

206 1499 (n. s.), 23 février - Bar-le-Duc. Rémission accordée par la duchesse Philippe à Thomas le Jeune, fils de Thomas Mahieur, de Neufchef, coupable d’homicide commis il y a deux ans et demi sur la personne d’un dénommé Jacques en s’interposant dans une dispute au cours d’une fête de village à Ranguevaux. Copie, ADMM, B 8, f° 92v°-93r°-v°.

Phelipe, par la grace de Dieu etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion et requeste des pere et mere, parens et amis charnelz de Thomas le Jeune, filz Thomas Mahieur, de Neuchief prevosté de Sancy, [avons] receue contenant que, deux ans et demi peult avoir, il s’estoit trouvé au lieu de Rencouval, prevosté de Bryey, avecques pluseurs compaignons estans en la feste d’illecques ; entres autres en y avoit trouvé deux, dont l’un se nommoit Jacob et l’autre Jaques, que aprés ce qu’ilz eurent soupé audit Rencouval prindrent debat et question ensemble, et eulx retournans audit Neuchief, estans sur les champs, s’entreprindrent de paroles injurieuses et reprouses les ung entre les autres, telement que ledit Jacob esvagina une dacque qu’il avoit et d’icelle frapa ledit Jaques, et s’entrebastoient fort. Quoy veunt, ledit Thomas qui les cuidoit departir, tenant en sa main une arbestre d’assier bandee et ung matellet dessus, non cuidant blessier nesung d’eulx de ladite arbelestre, si desbandit et attaingnist ledit Jacques ou bras, duquel coup --- a trespas. Et, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté hors de noz pays ou il avoit deslors esté fugitif, ausquelz il n’oseroit retourner sans avoir noz lettres de remission et pardon, nous requerans treshumblemens luy octroyer. Savoir faisons que nous, inclinans a la supplicacion et /93/ requeste desdits supplians, aussi a la jeunesse dudit Thomas, et que jamais ne fut convaincu ne actaint d’aucun villain cas digne de reproche fors cestuy qui est advenu par inconveniant, voulans en ce cas preferer miseri332

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corde a rigueur de justice, de nostre certaine science, planiere puissance, auctorité et grace avons audit Thomas le cas et crime dessus dit quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons audit Thomas ensemble toutes autres offenses et amendes corporelles, cryminelles et civilles que pour et allocasion de ce il pourront avoir mesfait et mesprins envers nous et justice, et l’avons mis, restitué et restituons a son bon fame et renommee comme avant la chose advenue et ses biens non confisqués, et imposons scillence sur ce a nostre procureur general et a tous noz autres officiers, satiffacion faicte a partie civillement premiers et avant tout euvre [si] faicte n’estoit. Si donnons en mandement par cesdites presentes a noz bailly de SainctMichiel, prevost de Sancy et a tous noz autres officiers, justiciers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx sicomme a lui appartiendra que de ceste nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Thomas joyr et user plainement et paisiblement sans cont[redire] la teneur d’icelles, l’empeschier, molesté ou traveiller en corps ne en noz biens en aucune maniere ores ne pour l’advenir, car ainsi le voulons et nous plaist estre faict. En tesmoing de ce, nous avons a ses presentes, signee de nostre main, fait mectre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le XXIIIe jour de fevrier, l’am de grace mil IIIIc IIIIxx et XVIII. Ainsi signé Phelipe et du secretaire Boudet. Et sur le replois le bailly de Bar, de Saint-Michiel, gens de comptes /93v°/ du duchié de Bar et autres presens.

207 1499, 7 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Marson, épouse de Jean Regnault, de Vassincourt, à Eloy et Roze, ses enfants, coupables d’homicide commis le 20 janvier 1499 sur la personne de François Rouyer, du même lieu, à l’occasion d’un débat au sujet de la location de leur maison. Copie, ADMM, B 7, f° 65r°-v°-66.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicille, duc de Lorrainne et de Bar etc., marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et d’Aubmalle etc., a tous ceulx qui ces presentes lectres verront, salut. L’umble suppli[ca]cion des pare[n]s et amis de Marson, femme Jehan Regnault, de Waciencourt, Eloy et Roze, ses enfans, avons receue contenant que, a tiltre de louyer fait aux enfans de feu Jehan Marchant dudit Waciencourt, iceulx Regnault, Marson et leursdits enfans tenoient et demouroient en une maison a eulx appartenans, situee et assise audit Waciencourt, en laquelle au tiltre que dessus avoient demoré par certain temps, et encores estoient dedans le terme dudit louage. Nonobstant laquelle chose et sans leur avoir signiffié ou fait sçavoir qu’ilz se departissent de ladite maison, ung nommé Françoys Rouyer, qui avoit espousé 333

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

l’une des filles dudit feu Marchant, s’estoit efforcé pluseurs fois les vouloir faire departir, ce que les frerres de la femme dudit Rouyer avoient tous jours contredit et empeschié, disans que ledit Regnault y demouroit. A l’occasion duquel differant estoient en grande involucion de procés, pour lesquelz eviter, par le moyen d’aucuns leurs amis, avoient chargié arbitres, assavoir Jehan Dambrieres, Thomas Pasquet et Pasquet Maulry dudit Waciencourt ; et lesdits arbitres assembléz en l’ostel dudit Jennot, hostellier demourant audit Waciencourt, le lundi vingtiesme jour de janvier dernierement passé a heure de soupper, ledit Jehan Dambrieres, l’un desdits arbitres, avoit envoyé querir ledit François Rouyer par ung nommé Jehan Charle, sergent du mayeur du seigneur dudit Waciencourt, lequel François, pour aller devers lesdits arbitres, se partist de sa maison ayant soubz son bras une espee qu’il avoit prinse pour ce qu’il se doubtoit, comme il disoit, et en allant en l’ostel dudit Jennot avoit rencontré ledit Jehan Dambrieres estant a son huys qui l’avoit arresté pour parler a luy. Et peu de temps aprés ledit Dambrieres s’en estoit alé en l’ostel dudit Jennot sans emmener avec luy ledit François, mais s’en estoit icelluy Rouyer alé en l’ostel de Jacquot le Pescheur, dudit Waciencourt, ou estoit /65v°/ icelle Marson, ouquel hostel avoit prins question avec elle, luy disant qu’elle sortiroit hors de sa maison en l’injuriant, a quoy elle avoit dit et respondu qu’elle ne sçavoit pourquoy il avoit hayne contre elle et qu’elle ne luy avoit jamais fait aucun desplaisir, lequel François avoit dit que non mais qu’elle s’estoit boutee en sa maison et qu’elle n’y demoureroit point. Et ladite Marson luy avoit respondu que ses freres et seurs luy avoient fait boutter et qu’elle y demoureroit jusques a leur bon plaisir, et sur ce s’estoient prins a parler rigoreusement ensemble, au moyen de quoy ledit Jacquot le Pescheur les avoit fait aler hors de sadite maison. Et ladite Marson estant hors d’icelle maison, tirant et retournant en la sienne ou elle demouroit, doubtant que ledit François ne luy feist oultrage, avoit appellé Eloy, son filz, luy disant qu’il prinst son baston, et estoient survenus lesdits Eloy et Roze, ses enfans, a laquelle Roze ledit François s’estoit prins et l’avoit abbatue a terre. Et voyant par icelle Marson et sesdits enfans l’envayssement a eulx fait par ledit Rouyer qui avoit tiré son espee toute nue, dont il frappoit et picquoit ladite Roze, s’estoient revenchiés de leurs poings, rescoue ledit Eloy qui avoit sondit baston en sa main, dont il luy avoit donné ung coup sur la teste, duquel coup, par faulte de non soy avoir fait penser et de mauvais regime ou gouvernement, icelluy Rouyer, le sabmadi ensuyvant, estoit alé de vie a trespas. A l’occasion de quoy, ladite Marson et sesdits enfans, doubtans rigueur de justice, s’estoient absentéz et renduz fugitifz de noz pays esquelz ilz n’oseroient jamais retourner si noz grace, remission et pardon ne leur estoient sur ce impartiz, treshumblement supplians, actendu que jamais ne furent actaincts ou convaincuz d’aultre villain cas, blasme ou reproche, aussy que ledit François Rouyer avoit esté aggresseur, les voulant chasser et mectre hors de leur maison comme dit est, nous leur vueillions sur ce impartir nostre grace, remission et pardon. Savoir faisons que nous, oye la requeste desdits supplians, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, considerans que lesdits Marson, Eloy et Roze, ses enfans, ne furent jamais actaincts 334

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ou convaincus d’aucun autre cas digne de vitupere ou reproche, de nostre certainne science, grace /66/ especial, plainne puissance et auctorité, et par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil ausquelz avons fait veoir l’informacion faicte par nostre procureur general sur le cas dessus declairé, avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes lettres quictons, remectons et pardonnons a iceulx Marson, Eloy et Roze, ses enfans, le cas, crime et offense par eulx commise en la personne dudit François Rouyer avec toutte peine corporelle, criminelle et civille en quoy ilz pourroient estre encourruz envers nous et justice, et les remectons a leur bon fame et renommee au pays et a leurs biens non declairéz confisquéz, satiffaction faicte a partie civillement tant seullement, et imposons sur ce silent perpetuel a nostre procureur general present et advenir, et rappellons et adnullons tous bans, proclamacions, deffaulx et autres procedeures faictes a l’encontre d’eulx s’aucunes en y a. Sy donnons en mandement a nostre bailly de Bar ou son lieutenant, procureur general oudit bailliage, receveur, prevost et autres noz justiciers, officiers a qui il appartiendra, que de nostre presente grace et remission facent, seuffrent et laissent lesdits Marson, Eloy et Roze chascun endroit soy joyr et user plainement et paisiblement, sans en ce leur faire ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ny en biens ores ny ou temps advenir aucun --- ou empeschement au contraire, ains si leursdits corps ou biens estoient ou sont pour ceste cause aucunement arrestéz ou empeschéz, qu’ilz les facent incontinant et sans delay mectre a plainne delivrance, car ainsy le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, faict mectre et appendre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le septyesme jour d’apvril, l’an mil CCCC quatre vingts et dix neuf. Signee René. Par le roy de Sicille etc., les evesque de Verdun, abbé de Gorze, bailly d’Allemaingne, president, gens des comptes a Bar, procureurs generalx de Lorrainne et Barrois et autres presens. Dupuis.

208 1499, 27 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean de Thomesson, écuyer, seigneur de Remennecourt, emprisonné à Bar-le-Duc, coupable d’homicide commis le 21 avril 1499 sur la personne de Jacques Bron, son serviteur, qui était désobéissant et insolent. Copie, ADMM, B 7, f° 23r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Jehan de Thomesson, escuier, seigneur en partie de Remenecourt, avons receue contenant que, dimenche darnier passé environ deux heures aprés midi, qu’il dist a feu Jacques Bron, son serviteur, qu’il allast tirer la chaynne au travers de l’uys de l’estable ou estoient les chevaulx des gens d’armes de Sermaise qu’il festoyoit en sa maison, et qu’il fermast l’uys affin qu’ilz ne s’en allassent, ce que ledit Jacques ne fit point. Et 335

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

pour ceste cause, ledit de Thomesson luy demanda pourquoy il n’avoit fermé ladite chayenne, et l’appella paillart, yvrongne, lequel feu Jacques, son serviteur, luy respondit qu’il n’estoit yvre non plus que luy. Et adonc ledit de Thomesson entra en ladite estable aprés luy et le bailla ung soufflet sur le visaige et le prit par les cheveulx, lequel Jacques s’avança et d’une de ses mains le print aussi par les cheveulx et mist l’autre main au bracquemart dudit de Thomesson en luy disant, s’il le frappoit, il s’en repentiroit ; a cause de quoy ledit de Thomesson fit tant qu’il luy osta la main de dessus sondit bracquemart et tantost aprés d’iceluy le frappa a l’angle, duquel coup cheust a terre et incontinent alla de vie a trespas. Pour lequel cas, ledit de Thomesson est constitué prisonnier a ce lieu de Bar, de laquelle prison ne peult estre relaiché ne absoult dudit cas si nostre /23v°/ grace et misericorde ne luy est extendue, de laquelle il nous a fait humblement supplier. Savoir faisons que nous, ayans regart et consideration au cas dessus dit, a la bonne vie et renommee dudit suppliant, aussi qu’il est serviteur domestique de monseigneur le roy et de sa garde, de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial, et en faveur de nostredit seigneur, avons audit Jehan de Thomesson le cas et crime dessus dit quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes avec toute peinne corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre escheu envers nous et justice pour et a l’occacion dessus dite, et d’abondant de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a ses bon fame et renommee comme il estoit auparavant ledit cas et a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie premier et avant toute oeuvre civillement tant seullement. Sy donnons en mandement par ces presentes a noz bailly de Bar, son lieutenant, prevost, procureur royal, clerc juré dudit lieu et a tous noz autres justiciers, officiers etc., que de ceste nostre presente remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Jehan de Thomesson joyr et user plainement et paisiblement etc., en imposant sillence perpetuelle a nostredit procureur et a tous autres. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XXVIIe jour d’avril mil IIIIc IIIIxx dix neuf. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les abbé de Gorze, seigneur de Pretot, bailly de Saint-Mihiel et autres presens. Boudet.

209 1499, 27 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Colot Hacquart, de Gondrecourt-le-Château, marchand, coupable d’homicide commis le 21 avril 1499 sur la personne de Jean Colin, qui avec d’autres faisait du tapage nocturne et a insulté l’épouse dudit Hacquart. Copie, ADMM, B 8, f° 97r°-v°-98.

Phelipe, par la grace de Dieu royne de Jherusalem et de Sicille, duchesse de Lorrainne et de Bar etc., marchise, marquise du Pont, contesse de Prouvence, 336

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de Vaudemont et d’Aubmalle etc., savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplicacion et requeste de la femme, parens et amys de Colot Hacquart, marchant demourant en nostre ville de Gondrecourt, contenant que le vingt ungyesme de ce present mois d’avril, environ l’eure de dix a unze heures de nuit, ledit Colot estant couchié avec ladite suppliante, sa femme, estoient venus a son huys cinq ou six jeunes compaignons varletz a marier qui alloient par les rues menans grant bruyt, ou estoient ung nommé Gegoul Foliart, Jehan Colin et autres, lesquelz avoient trouvé au devant de l’uys dudit Hacquart une charrette a luy appartenant qu’ilz avoient prinse et reversee par terre, et plusieurs foiz l’avoient retournee. Au bruyt desquelz jeunes varletz ladite suppliante, qui estoit couchee avec sondit mary, estoit sortie hors de sa maison, leur remonstrant gracieusement que s’estoit mal fait a eulx de faire telles insolences et bruyt et qu’ilz s’en alassent couchier, a quoy avoit respondu ledit Gegoul que s’estoit pis fait a elle de venir en chemise ouvrir son huys, et avoient multiplié en langages rigoreux icelluy Gegoul et autres varletz avec ladite suppliante, la menassant de battre et luy disant pluseurs obprobres et injures deshonnestes, combien qu’elle leur declairast qu’elle estoit ensaincte et preste a gesir, et pour les menasses qu’ilz luy faisoient, doubtant qu’ilz ne la deussent battre, s’en estoit retournee en sa maison. Lequel Colot Hacquart, oyant ledit bruit et les menasses dont usoient lesdits Gegoul et autres a l’encontre de sadite femme, aussy qu’ilz amenoient sadite charrette, s’estoit levé, avoit prins une espee en sa main et sorty hors de sa maison, et veant qu’ilz emmenoient sadite charrette tirans leur chemin sur le pont dudit Gondrecourt, arrivé pres desdits compaignons, avoit demandé a l’un d’iceulx pourquoy /97v°/ ilz emmenoient sadite charrette et faisoient tel bruit, et aprés plusieurs parolles ledit Hacquart de sadite espee avoit donné ung coup en la cuysse dudit Jehan Colin, non cuydant ou voulant le fort blecer, a l’occasion duquel avoit fort saingnié et n’avoit esté secouru, parquoy peu de temps aprés mort s’en estoit ensuye en la personne d’icelluy Colin. Pour lequel cas, ledit Hacquart s’est absenté et rendu fugitif de noz pays ou il n’oseroit retourner, craingnant rigueur de justice, si noz grace, quictance, remission et pardon ne luy estoient sur ce impartiz, treshumblement supplians, actendu que ledit Hacquart ne fut jamais actainct ou convaicu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, nous luy vueillons impartir nosdites grace, quictance, remission et pardon. Pourquoy nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, audit Hacquart en l’absence de monseigneur avons quicté, remis et pardonné et par la teneur de ces presentes, de nostre grace especial, auctorité et plainne puissance remectons, quictons et pardonnons le fait et cas dessus declairé avec toutte peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion dudit cas il pourroit estre encourru envers nous et justice, et de nostre plus ample grace l’avons remis et restitué, remectons et restituons a son bon fame et renommee au pays et a ses biens non declairéz confisquéz, satisfaction faicte a partie civillement tant seullement, en mectant au neant tous deffaulx, 337

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

bans et autres proclamations et procedeures qui contre ledit Hacquart se pourroient estre ensuys, et sur ce imposons silence a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly du Bassigny ou son lieutenant et a tous autres noz justiciers, officiers ou leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme /98/ a luy appartiendra, que de noz presente grace, quictance, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Hacquart joyr et user plainement et paisiblement sans luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné ores ne pour le temps advenir aucun arrest, destourbier ou empeschement au contraire, ainçois si son corps ou aucuns de ses biens estoient pour ce prins, saisiz, arrestéz ou aucunement empeschiés, les luy mectent ou facent mectre tantost et sans delay a plainne delivrance et au premier estat et deu. Et affin que ce soit ferme chose et estable a tous jours, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel, saulf en autres choses nostre droit et l’autruy en touttes. Donné en nostre ville de Bar, le vingt septiesme jour d’avril l’an mil CCCC quatrevings et dixneuf. Ainsy signé Phelippe. Et au reploy par la royne de Sicille, etc. Pour secretaire D. Dupuis.

210 1499, 6 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Pierre de Hasses, coupable d’homicide commis en octobre 1498 sur la personne du Petit Etienne, en garnison à Pont-à-Mousson, à la suite d’une querelle. Copie, ADMM, B 8, f° 103r°-v°-104r°-v°.

Phelippe, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion et requeste de nostre tres [chier] et bien amé Pierre de Hasses avons receue contenant que, comme il soit ainsi que ung venredi environ neuf heures de nuyt ou moys d’octobre mil CCCC IIIIxx et dix huit, luy descendant les degréz de la salle du chastel du Pont-a-Mousson, rencontra sur iceulx degréz le cappitaine Crance, le Petit Estienne et le Petit Thomas qui lu[y] demenderent que faisoit le roy, ausquelz il respondit qu’il c’estoit retiré [en] sa chambre pour resposer. Oye laquelle responce icellui Crance luy dist : « Or alons boire en ma chambre et je vous donneray ung pot de vin », et atant descendirent lesdits degréz et s’en alerent ledit cappitaine Crance, le Pe[tit] Thomas et ledit Pierre de Haisses au logeis dudit Crance ou il leur donn[a] le banquet et firent bonne chiere, auquel lieu ne se trouva ledit Petit Estien[ne] et ne sceurent quelle part il s’estoit destourné, car il se despartit d’eux sa[ns] sonner mot. Aprés lequel banquet fait, icellui Pierre print congyé du[dit] Crance pour s’en aller en son lougeis, acompaigné dudit Petit Thomas et de L[oyset]. Et comme il cheminoient parmy la rue, ledit Pierre regardant sur une -- ou estoit ung arche de 338

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pierre, aperceust ung homme qui ne sonnoit mot e[t] estoit illecques arresté, et demenda ledit Pierre : « Qui est cestuy la ? », a q[uoy] ledit Petit Thomas respondit : « C’est Guillaume de Dung », et sans dire plus le[dit] Pierre se tira a celle part, cuidant soy aller esbatre et deviser audit Guil[laume] de Dung, et luy aproché trouva que c’estoit ledit Petit Estienne seul, tenan[t] la main a sa dague, qui demenda audit Pierre : « Veulx tu rien ? », de laquelle parolle ledit Pierre respondit : « Vrayement nennyl. Je ne te cherche point car si j’eusse penssé que tu feusse ycy, je n’y feusse pas venu », et ledit Petit Estienne, de felon courage et mal meu, dist audit Pierre : « Par la ch[ar] Dieu, il n’y a homme a qui je voulsisse plus le debat que a toy ». En disant lesquelles parolles, lesdits Loyset et Thomas se aprocherent et se mirent en[tre] ledit Estienne et ledit Pierre de Haisses, disant que ledit Estienne avoit tort et que ledit Pierre penssoit veritablement que ce fust Guillaume de Dung, et eulx mesmes luy avoient dit que c’estoit il et ainsi le penssoient, desquelles parolles ledit Estienne ne se voulut contenter et commença [a] parler plus arrogamment a l’encontre dudit Pierre, et combien qu’il -- noise audit Pierre, comme il pouvoit sembler par son parler, icellui P[ierre] /103v°/ se tira ariere de lui et dit audit Estienne : « Je te prie, laisse moy tel que je suis et je te lesse pour tel que tu es. Je ne m’en voys pas pour peur que j’aye de toy mais pour ce que je ne veulx noise ne debat », lequel Estienne de rechief dit audit Pierre : « Je veueil que tu saches que je te vaulx bien en tous estas et te combatray a pié et a cheval », avecques autres plussieurs langages de mesprisance et menasses a quoy icellui Pierre respondit : « Je ne diz pas que tu ne me vaillez bien, on congnoist bien qui tu es et moy on congnoist qui je suis, mais laisse moy en paix ». Durant lesquelz arguz et propos, messire George, seigneur de La Roche, passoit assez pres d’eux parmy ladite rue et s’en retournoit a son logeis, lequel demanda quelle noise ou desbat estoit qu’ilz avoient ensemble, auquel seigneur de La Roche ledit Pierre de Haisses dist : « Monseigneur, je n’y sçay autre chose, c’est le Petit Estienne qui m’y veult ycy oultrager sans que luy aye fait quelque chose, qui soit vray Loys et Thomas qui le scevent bien », lesquels Thomas et Loys dirent lors audit Estienne : « Pourquoy ne parliez vous a nous quant nous avons passé prez de vous ? », qui leur respondit que c’estoit pour ce que ledit Pierre de Haisses estoit avecques eulx, et ledit seigneur de La Roche leur commença a dire qu’ilz laissassent ceste noise et desbat et s’en allassent coucher. Nonobstant ce, ledit Estienne usa tous jours de grans menasses et parolles sur et a l’encontre dudit Pierre, lequel sans plus avant luy respondre ne dire s’en tourna vers son logeis avecques ledit Thomas et Loyset. Et le lendemain du matin, aprés que icellui Pierre eut ouy messe, feust adverty que l’on avoit apporté des oyseaulx audit lieu du Pont-a-Mousson que le roy voulloit achepter, se tira vers les buctes ou l’on disoit que iceulx oyseaulx estoient pour iceulx veoir et, en passant parmy le marché de ladite ville, rencontra d’aventure ledit Petit Estienne qui passoit assez pres de luy, duquel Estienne il s’aprocha luy demendant s’il voulloit dire ou soustenir les parolles qui luy avoit dictes le soir precedant, lequel Estienne 339

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ayant la main a la dague luy respondit prestement : « Oy dea, oy dea », et sans plus dire tira sa dague /104/ et ledit Pierre pareillement la sienne, dont se donnerent l’ung a l’autre plussieurs cops de taille entre lesquelz ledit Pierre de Hasse receust ung cop qu[i] luy coppa le poulce de la main destre a grant effusion de sang ; senta[nt] lequel cop et voyant qu’il avoit perdu son membre a jamais, se advenç[a] a l’encontre dudit Estienne et d’ung estoc luy gecta ung cop ou visage au dessoubz de l’ueil et ung autre parmy la gorge et depuis ung cop d[e] taille parmy le col. A l’occasion de quoy, par faulte de bon surgean ou autrement de bon gouvernement, ledit Estienne est allé de vie a trespas cinq ou six jours appres, dont ledit Pierre de Haisses, suppliant, est troublé, desplaisant et marry car jamais ne luy estoit advenu l’aventure, vous requerant humblement qu’i vous plaise, ses choses considerees, luy octroyer vostre grace et pardon, et tout le temps de sa vie il sera tenu de prier Dieu pour vostre noble prospericté et royalle magesté. Savoir faisons que nous, ayans regard au cas dessus dit, que ledit Estienne avoit esté cause d’icelui et que a son pourchaz le debat et noise avoit esté prouvé, ayans aussi regard et consideracion aux bons, aggreables et recommandables services que avoit faiz despieça ledit Pierre a monseigneur, et esperons que encores fera par continuacion de bien en mieulx, que jamays ne fut actainct ne convaincu d’aucuns villains cas digne de reproche fors icelui venu par inconveniant, pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans avons de nostre certainne science, plaine puissance, auctorité et grace especial audit Pierre de Haisses en l’absence de mondit seigneur, usant en ce cas du povoir par lui a nous sur ce donné, quicté, remis, aboly et pardonné, remectons, quictons, abolissons et pardonnons par ces presentes le cas et crime dessus dit avecques toutes peinnes corporelles, criminelle[s] et civilles que a cause de cestuy pourroit estre encourru envers nous et justice. D’abondant l’avons remis et restitué, remectons et restituons a ses bons fame et renommée comme il estoit auparav[ant] ledit cas advenu a noz pays, terres et seigneuries et a ses biens non confisquéz, satisfacion faicte a partie civillement tant seulement si faicte n’estoit. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz mareschaulx, seneschaulx, bailliz, prevostz, /104v°/ procureurs, receveurs, clercz juréz et autres noz justiciers, officiers, hommes et subgetz de noz duchiés de Lorraine et Barroys, leurs lieutenans, chascun d’eulx comme a lui appartiendra, que de ceste presente quictance, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit [Pier]re de Haisses joyr et user plainement et paisiblement sans en ce lui mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier au contraire, et si pour le cas dessus dit il s’estoit rendu fugitif et tyré hors de nosdits pays, voulons, permectons et consentons qu’il y retourne, sejourne et face residence comme il faisoit et a fait avant ledit cas commis, car ainsi le voulons et nous plaist estre fait, et imposons silence perpetuel a tous noz procureurs generaulx et autres officiers. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le sixieme jour de may l’an mil IIIIc IIIIxx dix 340

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neuf. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, etc., les bailly de Saint-Mihiel, capitaine de la garde et aultres presens. Boudet. Registrata idem par ledit Boudet pro Chasteauneuf et seellee en cire vert et troys lassez de soye rouge, gris et blanc.

211 1499, 23 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Jean Seicheteste, de Conflans-en-Jarnisy, qui craint d’être accusé du meurtre de Lorrette, femme mariée qu’il avait séduite, et qui a été retrouvée noyée dans une rivière en avril 1499, après avoir été surpris par le mari. Copie, ADMM, B 8, f° 100r°-v°.

Phelipe, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion et requeste de Jehan Seicheteste, filz de Petit Jehan, drapier demourant en nostre ville de Conflans, avons receu contenant que, puis cinq sepmaine ença, il se trouva ung jour de dimenche au lieu de Labry pres dudit Conflans, la ou se faisoient certaines nopces, et, comme ont acoustumé faire jeusne filz a marier, commença a mener pluseurs filles et femmes dancer, entre lesquelles y avoit une nommee Lorrette, femme de Waultrin de Guieville dudit Conflans, qui estoit desdites nopces, avecques laquelle en danceant il eust pluseurs collocucions et parolles tellement que par icelles ilz convindrent ensemble que icelle nuyt ledit supliant couscheroit avecques ladite Lorrette par ce que sondit mary ne devoit point estre en l’ostel. Et de fait, comme ilz estoient couschéz, icelui Vaultrin, environ les unze heures de nuyt, retourna en icelui et trouva les huyz ferméz et hurta sy fort qu’il esveilla ledit supliant et ladite Lorrette, lesquelx voyans que le serviteur ouvroit la porte audit Vaultrin et qu’il entroit dedans la maison, tous deux en chemises s’en fouyrent par l’uys de dariere, et ledit supliant, qui veist et congnut que ledit Vaultrin le suyvoit une dague nue en son poing pour l’oppresser et mectre a mort, courut droit a la ryviere d’Orne et se getta en icelle en façon que, en nageant, il se saulva et s’est absenté hors de noz pays. Et pour ce qu’il a esté adverty que ladite Lorrete a esté trouvee noyee en la riviere, ne scest par quelle façon ou maniere pour ce que il ne la veist depuis qu’ilz sortist hors de ladite maison, touteffois, doubtant rigueur de justice et que pour ledit cas il ne soit apprehendé au corps, jamais n’oseroit retourner si sur ce ne lui est pourveu de remede convenable, nous requerant humblement lui baillier. Savoir faisons, que nous, inclinans a la suplicacion et requeste dudit Jehan Seicheteste, qui est jeusne filz aigé d’environ vingtz ans, et que par aucunes annees il a esté allaquaye de nostre chier et amé cousin le bestart de Calabre, et que jamais ne fut actaint ou convencu d’acuns villains cas fors icelui advenu par inconveniant, nous, de nostre certaine science, plainne 341

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

puissance, auctorité et grace especial avons, en l’absence de monseigneur, audit Jehan Seicheteste ledit cas quicté, aboly et pardonné et par ces presentes lettres quictons, abolissons et pardonnons ensemble toutes peinnes corporelles, criminelles et sivilles a l’occasion d’icelui pourroit estre encoreu envers nous et justice, satiffacion faicte /100v°/ a partie civillement tant seulement s’elle y eschiet et faire se doit. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a touz noz bailliz, prevostz, procureurs, clercz juréz de nostre bailliage de SaintMichiel et aultres noz justiciers, officiers, hommes et subgetz de nostredit duchié de Bar, leurs lieutenans et chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de ces presens pardon et abolicion facent, seuffrent et laissent ledit Jehan Seicheteste joyr et user plainement et paisiblement sans en ce lui mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbié ou empeschement au contraire, ains se son corps estoit pour ledit cas detenu et arresté prisonnier, ses biens saisiz et arrestéz et mis en noz mains ou celles de nostredit cousin, incontinant et sans delay le facent le tout mectre a plaine et entiere delivrance, car tel est [nostre] plaisir, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur general et aultres. Donné en nostre ville de Bar, le XXIIIe jour de may mil IIIIc IIIIxx XIX. Ainsi signé Phelippe. Et sur le reploy de la lettre, de par la royne de Sicille, etc., le seigneur de Dompmartin, Didier Dupuis, Oudet de Chesaulx, receveur de Barois et aultres presens. Boudet.

212 1499, 11 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Colas Lallemant, serviteur de Pierre des Salles, dit le Baisle, seigneur de Gombervaux, qui craignait d’être accusé de complicité du meurtre d’un autre serviteur nommé Guillaume, amant de l’épouse de son maître, assassiné par celui-ci (cf. n° 204). Copie, ADMM, B 7, f° 3v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Colas Lallemant, natif des pays de France, serviteur de nostre amé et feal Pierre des Salles, dit le Baisle, seigneur de Gombervaulx, avons receue contenant que puis certain temps ença, il estant au lieu de Chardongnes en une maison ou il faisoit sa demeure, arriva devers luy Guillaume le Boulengier, varlet dudit des Salles, que luy dist que ung appellé Guillaume, serviteur d’iceluy, estoit couchié avec leur maistresse et qu’il allast veoir avec luy. Et quant ilz furent arrivéz oudit hostel, trouva que ledit Guillaume estoit en la chambre d’icelle femme, quoy veant ledit Collart s’en retourna en son logis fort desplaisant, et ce pendant ledit Boulengier alla esveillier ledit Pierre des Salles et luy dit ce que dessus. A cause de quoy ledit Baisle se transporta en ladite chambre avec une espee rappiere, de laquelle il frappa plussieurs coups ledit Guillaume en façon telle qu’il mou342

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rust souldainnement. Et ce pendant retourna ledit suppliant oudit hostel et trouva ladite execution faicte, aussi rencontra ledit des Salles qui estoit housé et luy dist qu’il allast seller ses chevaulx, ce qu’il fit, et s’en alla iceluy des Salles en autres de ses seigneuries. Pour lequel cas, combien que ledit exposant n’en soit aucunement coulpable, s’est rendu fugitif de noz pays esquelz il n’ozeroit retourner sans prealablement avoir de nous pardon et abolicion, nous suppliant treshumblement luy vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, ayant regart au cas dessus dit, aussi que par les informacions sur ce faictes n’en est aucunement chargié, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons ledit Collart Lalemant le cas dessus dit quicté, aboly et pardonné, quictons, pardonnons et abolissons par ces presentes avec toute peinne corporelle, criminelle et civille que a ladite cause il pourroit estre escheu envers nous et justice. Sy donnons en mandement par cestes a noz bailly de Bar, lieutenant, prevost, clerc juré dudit lieu et a tous noz autres justiciers, officiers, hommes et subgectz, leurs lieutenans, chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de ce present pardon et abolicion facent, seuffrent et laissent joyr et user plainement ledit Colas Lallemant, sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur general et a tous autres, car tel est nostre plaisir. Donné en nostre ville de Bar, le XIe jour de juillet mil IIIIc IIIIxx XIX. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les seigneurs de Pretot, de Dompmartin, bailly de Saint-Mihiel et autres presens. Boudet.

213 1499, 13 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Catherine, épouse de Pierre, dit le Magister, de Rouvrois-sur-Othain, emprisonnée à Arrancy, coupable de plusieurs vols dans l’église du lieu, chez des parents et chez son mari. Copie, ADMM, B 7, f° 1r°-v°.

René, par la grace Dieu roy de Jherusalem et de Sicille, duc de Lorrainne et de Bar etc., compte de Provence, de Vaudemont, d’Aubmalle, marchiz et marquis du Pont etc. Savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplicacion et requeste des parens et amis de Katherine, femme de maistre Pierre, dit le Magister, de Rouvroy-sur-Othain en nostre prevosté et chastellenie d’Arency, contenant que ladite Katherine par temptacion dyabolicque, aussy qu’elle n’est sainne d’ent[end]ement, avoit commis et perpetré aucuns larrecins et entre autres avoit prins deux crevechiez a la chamberiere messire Didier Guerlot, chappellain dudit Rouvroy ; a la herdiere dudit lieu en son cosfre estant en l’eglise parrochial dudit lieu, qu’elle avoit desfermé d’une sienne clef, deux crevechiefz de lin, six linseux, ung cuer d’argent et une 343

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

petite verge d’argent avec deux fromaiges de presse ; en ladite eglise, ou cosfre Jaquemin Hacquart qu’elle avoit pareillement desfermé d’une sienne clef, cinq linseux et une paire de menches rouges avec trois autres linseux ; a Jehanne Willemine, en son cosfre estant semblablement en icelle eglise, huit linseux et ung daventier ; ou cosfre Huet le Breton en icelle eglise deux cortines, quatre linseux et cinq crevechiefz ; a Filip Perrot, dudit Rouvroy, en ladite eglise deux linseux et une serviete ; a Hodecte, vesve de feu Jehan Waultrin de Wey, de Senon, quatre pieces d’or, sept gros de monnoies et deux crevechiefz. En oultre avoit fait plusieurs larrecins a ses pere et mere et mary, pour et a l’occasion desquelz elle avoit esté aprehendee et detenue prisonniere en nostre chasteau de Arency ou elle estoit en voye de miserablement finer ses jours si noz grace, quictance, remission et pardon ne lui estoient sur ce impartiz, treshumblement suppliant, actendu que jamais ne fut actainte ou convaincue d’autre villain cas, blasme ou reproche, aussy que desja a fait restitucion de la pluspart desdits larrecins, que nostre plaisir feust lui vouloir sur ce impartir noz grace, remission et pardon. Pourquoy nous, ces choses considerees, mesmes que ladite Katherine n’est pas saine d’ent[end]ement comme dit est, ayans resgard a la charge de ses petis enfans, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, a ladite Katherine oudit cas avons quicté, remis et /1v°/ pardonné et par la teneur de ces presentes, de nostre grace especial et plain povoir, quictons, remectons et pardonnons les fait et cas dessus declairéz avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion desdits cas elle pourroit estre encourue envers nous et justice, et de nostre plus ample grace l’avons restituee et restituons en son bon fame et renommee au pays et a ses biens non declairéz confisquéz, satisfacion entiere faicte aux parties interessees civillement tant seullement premiers et avant toucte euvre si faicte n’est, dont elle baillera causion souffisant, en baillant laquelle imposons silence a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre bailly de Saint-Mihiel ou de son lieutenant et autres noz justiciers, officiers ou leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de noz presente grace, quictance, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ladite Katherine joyr et user plainnement et paisiblement sans lui faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné ores ne pour le temps advenir aucun arrest, destourbier ou empeschement au contraire, ainçois si son corps ou aucuns de ses biens meubles ou heritaiges estoient prins, saisiz ou arrestéz ou autrement empeschiéz, les lui mectent ou facent mectre tantost et sans delay a plainne delivrance et au premier estat et deu. Et affin que ce soit chose ferme et estable a tous jours, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel, sauf en autres choses nostre droit et l’aultruy en toutes. Donné en nostre ville de Bar, le XIIIe jour de juillet, l’an mil IIIIc IIIIxx et XIX. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seigneurs de Dompmartin et de Pretot, gens des comptes, procureur, receveur generaulx et autres presens. Dupuis. 344

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214 1499, 14 août - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jacquemin Lermitte, de Fléville-Lixières, qui a été cause du décès accidentel de sa petite-fille. Copie, ADMM, B 7, f° 21.

Remission donnee par le roy de Sicile a Jaquemin Lermitte, ancien homme laboureur demourant a Fleville on bailliaige de Saint-Mihiel, contenant que, depuis huict ou neuf ans ença, il avoit prins une petitte fillette, fille de Warin son filz, dit Monnaugelee, nommee ---, aagee d’environ IX ans, pour la norir et envoyé a l’escolle, la quelle depuis avoit fait sa residence avec luy, certainne longue espace de temps la traictoit et alimentoit comme son propre enfant. Et puis nagueres avoit eu la maladie de pourperelle, pour laquelle resjouyr et faire passer temps l’avoit menee aux champs sur son cher que, aprés ce qu’il fut chargié de gerbes de blé, en retournant en sa maison avoit mis ladite fillette sur les lymons dudit cher et l’admena jusques au devant de sa grange qui estoit fermee et, icelle ouverte, ledit remonstrant, tenant le cheval de devant de sondit cher et non souvenant de ladite fillette qu’estoit descendue de dessus lesdits lymons a son desceu, tira ledit cher dedans ladite grange et fut enclose ladite fillette et tumbee par terre de la rue, et d’icelle blessee a la tempe emporte bien trois doiz de la char du visaige, pour laquelle penser et remectre en bon estat envoya querir ledit remonstrant ung barbier juré, nommé maistre Estienne, demourant audit Fleville, qui l’abilla par sept ou huict jours au bout desquelz ladite fillette estoit allee de vie a trespas. Pour laquelle cause s’estoit absenté hors de noz pays ou il n’ozoit retourner si grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, etc. Savoir faisons que nous, inclinans a la suplicacion dudit Jaquemin Lermitte, au cas dessus dit luy a quicté, remis et pardonné par ces presentes avec toute peinne corporelle criminelle et civille etc., en le remectant en son bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz comme il estoit par avant, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement. Sy donnons en mandement a noz bailly de SaintMihiel, son lieutenant, procureul general de Barroys, prevost et officiers de Bryey et a tous noz autres justiciers, officiers, hommes et subgectz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy apartiendra, que de ceste presente remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Jaquemin Lermitte joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire etc., en imposant silence a nostre procureur general et a tous autres etc. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XIIIIe jour d’aoust IIIIxx XIX. Signé René. Par le roy de Sicile, les abbé de Gorze, president des comptes de Nanci, seigneur de Pretot et autres presens. Boudet.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

215 1499, 20 août - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Claude Regnart, de Granges-sur-Vologne, emprisonné à Bruyères, coupable d’homicide commis le 31 juillet 1499 sur la personne de Jean de Belmont au cours d’une dispute survenue en plein tribunal. Copie, ADMM, B 7, f° 21v°-22.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Jehan Regnart, de Grainge en nostre prevosté de Bruyeres, avons receue contenant que le mercredi darnier de juillet, environ heure de vespres, le maire dudit Bruyeres tenant siege de justice audit lieu, Claude, son filz, procedant a celle heure devant ladite justice pour cas d’eritaige contre ung nommé Claude des Harens de ladite Grainge, ung nommé Jehan de Belmont, demeurant audit Bruyeres, se presenta illecques contre ledit Claude, lequel luy dit qu’il fist sa besongne et qu’il n’avoit riens a faire de son plait. Ce nonobstant, ledit de Belmont dit qu’il en parleroit et que ledit Claude des Harens estoit son parent et, veant ledit Claude que ledit de Belmont l’empeschoit, lui dit qu’il s’en allast tirer ses cuirs et lui laissast mener son plait, lequel Jehan de Belmont, qui ne serchoit que noise, repliqua qu’il ne se tairoit point pour le filz de Jehan Renart et le recita par plussieurs fois par maniere de derision, et non content de ce, pour quelque parolle que iceluy Claude luy dit, ledit Jehan de Belmont le frappa, en presence et face de ladite justice, du poind et le tira par les cheveulx, sans ce que ledit Claude lui feist quelque mal ne desplaisir, lequel, soy veant ainsy oultraigé, se tira arriere et tira sa dague que luy fut incontinent ostee par ledit Jehan Renart, son pere. Et adoncques ledit Jehan de Belmont requit que ledit Claude feust prins au corps pource qu’il avoit tiré sa dague par jour de marchié, ce que fut fait, et ledit Claude estant ez mains et seureté de ceulx qui l’avoient prins de l’ordonnance de ladite justice, ledit de Belmont, non content du premier aggressement et oultraige par luy fait comme dessus est declairé, vint derechief envayr ledit Claude, le frappa du poind, le print par la gorge de l’une des mains et de l’autre par les cheveulx. Et lors, quant ledit Claude se vit en ce dangier, doubtant que ledit de Belmont ne le tuast, meu et eschauffé en son sang, frappa d’un cousteau qu’il avoit ledit Jehan de Belmont en la gorge et traversa ung autre cop environ l’espaule, lequel de Belmont, nonobstant qu’il fut frappé, sourvenant ledit Jehan Renart, ancien homme eaigé d’environ /22/ quatre vingts ans, ledit de Belmont tira son bracquemart duquel il le cuida tuer, ce qu’il eust fait n’eust esté le prevost Hennezel qui l’empescha, et ne valut que ledit de Belmont recouvra dudit bracquemart et luy en donna ung cop pres des genoulz jusques a l’os, desquelz ainsi donnéz par ledit Claude, filz dudit Jehan Renart, en son corps deffendant, par especial du cop donné en la gorge dudit Belmont, par faulte de bonne sollicitude, regueur et gouvernement, la mort s’en est ensuy environ trois jours aprés. Pour lequel cas, ledit Claude est constitué prisonnier 346

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audit Bruyeres, de laquelle prison ne peult estre relaiché ne absoult dudit cas si nostre grace et misericorde ne luy est extendue, de laquelle il nous a fait humblement supplier. Savoir faisons que nous, a plain informé du cas estant ainsi advenu que contient ladite suplicacion, ayant regart a ce que ledit Jehan de Belmont, deffunct, a esté agresseur a la seconde fois en face de nostre justice ou singulierement toutes oeuvres de fait doivent cesser, aussi a ce que ledit Claude ne fut jamais actaint ne convaincu d’aucun villain cas, voulons pour ces causes et autres raisonnables nous mouvans misericorde estre preferee a rigueur de justice, nous, de certainne science, grace especiale, auctorité souverainne et plainne puissance dont nous usons en ceste partie, avons audit Claude le cas dessus declairé quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par cez presentes ensemble toute amende corporelle, criminelle et civille que pour iceluy cas il pourroit avoir mesprins et encourru envers nous et justice, et l’avons remis et restitué, remectons et restituons a son bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seullement si faicte n’est. Sy donnons en mandement par ces presentes a tous noz baillis, procureurs, prevosts, justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, pardon et remission ilz facent, seuffrent et laissent joyr et user ledit Claude plainement et paisiblement sans luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement, ains luy lieuvent nostre main et tous empeschemens quelcunques, car ainsy le voulons et nous plaist estre fait. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XXe jour d’aoust mil IIIIc IIIIxx dix neuf. Signé René. Par le roy de Sicile etc., le procureur general de Lorrainne et autres presens. H. Wydrenges.

216 1499, 20 août - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Christophe Dandrillon, de Ménil-sur-Saulx, emprisonné à Bar-le-Duc, coupable d’homicide commis le 4 août 1499 sur la personne de Mengin Billart qui l’insultait et l’agressait de nuit dans sa maison. Copie, ADMM, B 7, f° 22bis v°-23.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Christofle Dandrillon, demorant a Mesnulz-sur-Saulx, avons receue contenant que depuis quinze jours ença, a ung jour de dimenche, de nuyt, luy estant couché en son lict, ung nommé Mengin Billart, dudit Mesnulz, vint hurter a son huys et de fait s’efforça le vouloir rompre d’une grosse bille de boys qu’il tenoit en sa main et, veant qu’il ne le povoit rompre ne ouvrir, s’en alla a la fenestre de la chambre ou il estoit couché, s’efforçant la rompre et ouvrir afin d’y entrer, en jurant et 347

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

disant qu’il le tueroit et luy osteroit la vie du corps. En proferant lesquelles parolles, survient ung nommé Thielemant et Hanry le Chappellier, demourans a Stanville, qui venoient boire de la taverne avecques luy, lequel Mengin Billart, veant qu’il ne povoit entrer en la maison dudit Christofle, se departist d’illecques et s’en alla a l’uys de Husson Meline, son sire, demorant assez pres dudit Christofle, lequel pareillement s’efforça de hurter a l’uys dudit Husson et a la fenestre, et veant qu’il ne povoit entrer, dressa deux hierces de charue a l’encontre des huisseries d’icelle maison affin que, le matin, celuy ou ceulx qui les ouvroient fussent blesséz, pour ce qu’il avoit hayne audit Husson comme audit Christofle, lesquelz Thielemant et Henry le Chappellier remonstrerent audit Mengin qu’il faisoit mal de faire telz excéz et que a la fin il luy en prendroit mal et, veans qu’il perseveroit a sa mauvaise voulenté, disant tous jours qu’il tueroit ledit Christofle, se deppartirent d’avecques luy et s’en allerent. Lequel Christofle, oyant que ledit Mengin le menassoit de tuer, pour ce faire s’estoit efforcé de rompre sesdits huys et fenestre, saillist hors de sa maison, tenant une espee nue en sa main, et s’approcha lors ledit Mengin dudit Christofle qui s’entreprirent de parolles rigoreuses l’un avecques l’autre tellement que, d’un gros baston que ledit Mengin tenoit, frappa ledit suppliant sur la teste et l’abbatist a terre et luy fit une grant playe, lequel relevé, s’efforçant soy revenchier, ledit Mengin jura le ventre Dieu que, s’il s’approchoit de luy, qu’il le tueroit, lequel Christofle, d’une espee qu’il tenoit, frappa ledit Mengin en la cuisse et luy fist ung petit pertuys de la poincte d’icelle, duquel coup tantost aprés alla de vie a trespas. Pour laquelle cause, les mayeur et justice dudit lieu avoient prins ledit Christofle et l’amene a ce lieu de Bar prisonnier, ou il est encores de present detenu et en dangier de miserablement finir ses jours se nostre grace ne luy est sur ce impartie, nous requerant et suppliant treshumblement /23/ luy vouloir ledit cas remectre et pardonner. Savoir faisons que nous, ayans regart et consideracion au cas dessus dit, a la bonne vie et renommee dudit suppliant et qu’il ne fut jamais convaincu d’aucun villain cas fors celuy qui est advenu comme dit est, de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial avons audit Christofle le cas et crime dessus dit quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons etc. Sy donnons en mandement par ces presentes a noz bailly de Bar, son lieutenant, prevost, procureur royal, clerc juré etc., sans en ce luy mectre au donner ne souffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement etc. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XXe jour d’aoust mil IIIIc IIIIxx dix neuf. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les gens des comptes du duchié de Bar, capitaine de Bar, procureur general de Lorrainne et autres presens. Boudet.

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217 1499, 7 septembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier et Antoine Willermel, frères, fermiers des dîmes de Nixéville, coupables d’homicide commis le 16 août 1499 sur la personne de Michel Lerminat, du même lieu, au cours d’une dispute provoquée par le mauvais vouloir de celui-ci lors de la collecte de la dîme. Copie, ADMM, B 7, f° 25v°-26r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble suplicacion et requeste des femmes, enffans, parens et amys de Didier Willermel et Anthoinne Willermel, freres, noz hommes de corps demourans a Nixeville, prevosté des Montignons, avons receue contenant que, a cause qu’ilz estoient fermiers des dismes dudit Nixeville, se trouverent aux champs le lendemain de l’Assumption Nostre Dame darnierement passé pour lever leurs dismes, comme l’en a acoustumé faire, ou ilz trouverent ung nommé Michiel Lerminat, dudit lieu, qui chargeoit ses gerbes et laissoit pour le disme des plus meschantes gerbes, dont ledit Didier le reprint disant pour quoy il laissoit les mauvaises gerbes, lequel feu Michiel luy respondit qu’il estoit content qu’il en print des bonnes et des mauvaises l’unes parmy l’autre, dont ledit Didier fut contant. Et depuis que ledit Didier fut departy d’avec, ledit feu Michiel commença a reprandre les bonnes gerbes qu’il avoit laissé et y remectre les mauvaises, lequel feu Michiel arrivé en la ville, ledit Didier luy dist telles parolles : « Compere, pourquoy avez vous reprins les bonnes gerbes que vous m’aviez laissees les moindres ? », lequel luy respondit : « Les ay je prins ? ». Et lors ledit Didier luy dit : « Ouy, je vous les ay veu prendre », et ledit feu Michiel respondit : « Par la mort Dieu, vous mentiriez se vous le voulliez dire et aussi tous ceulx qui le vouldroient dire », lequel Didier dit : « Se tu n’estoie mon compere, a ceste heure je te le monstrasse ». Et ainsi qu’ilz se debattoient, ledit Anthoine Willarmel, frere dudit Didier, saillist hors d’une grange ou il estoit, et vindrent contre ledit feu Michiel, luy voulant oster une forche ferree qu’il tenoit, /26/ ce qu’ilz ne pouloient. Et quant ilz virent qu’ilz ne luy povoient oster, ledit Anthoine prist une pierre et frappa ledit feu Michiel sur la teste, lequel Michiel, soy sentant frappé, commença cryer hahay, quoy ouyant, lesdits Michiel et Didier s’en fuyerent. Et lors fut mené ledit Michiel en sa maison et envoya querir le mayeur dudit lieu, auquel il moustra le sang, disant que s’avoit fait ledit Anthoine, sans en faire autre plaintif, et fut en tel estat depuis le vendredi jusques au dimenche matin sans soy faire penser. Et le dimenche matin monta a cheval et s’en alla au lieu de Verdun pour soy faire penser, ou il fut jusques au jeudi ensuivant qu’il s’en voult retourner, oultre le grey et voulenté du cirurgien, audit Nixeville en sa maison, ou il fut depuis sans estre pensé jusques au sabmedi au soir qu’il manda le cirurgien que le mist a point, et le dimenche au soir, environ huict heures, par faulte d’estre pensé, aprés 349

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ce qu’il eust envoyé querir son curé, qu’il fust confessé et pardonné a ceulx que luy avoient donné le coup et descoulpé du tout, ledit Michiel alla de vie a trespas. Pour quoy lesdits Didier et Anthoine, craingnant rigueur de justice, se sont absentéz de noz pays esquelz ilz n’ozeroient retourner sans avoir de nous pardon et remission, nous supplians treshumblement lesdits remonstrans leur vouloir baillier. Savoir faisons que nous, inclinans a leur suplicacion et requeste, informé au vray du cas dessus dit que n’est de guect apensé mais fortuist, ez bonnes vies renommees desdits Didier et Anthoine, aussi que jamais ne furent actains ou convaincus d’aucuns villains cas dignes de reproche fors cestuy, pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans, par l’advis et deliberation de nostre conseil prealablement, en avons de nostre certaine science, plaine puissance, auctorité et grace especial aux dessus dits Didier et Anthoine les crime et cas dessus dits quicté, remis et pardonné et par ces presentes lettres quictons, remectons, pardonnons et abolissons ensemble toutes peinnes corporelles criminelles et civilles en quoy ilz pourroient estre encouruz envers nous et justice, satiffacion premierement et avant toutes oeuvres faicte a partie civillement tant seullement se desja faite n’estoit, et de nostre plus ample grace et misericorde les avons remis et remectons a leurs bonnes fames et renommees et a leurs biens non confisquéz, satiffacion faicte comme dit est, comme ilz estoient auparavant ledit cas advenu. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a noz bailly de Clermont, prevostz /26v°/ dudit lieu et des Montignons, procureurs, clercz juréz et a tous noz autres justiciers, officiers, hommes et subgectz, leurs lieutenans et chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de ceste nostre presente remission et pardon facent, seuffrent et laissent lesdits Didier et Anthoine joyr et user plainnement et paisiblement, sans en ce leur donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, et imposons sillence perpetuelle a nostre procureur general et a tous autres, car ainsi nous plaist estre fait. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le VIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx dix neuf. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les gens des comptes du duchié de Bar, advocat, procureur et autres presens. Boudet.

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218 1499, 13 septembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier, fils de Nicolas Colinet, de Remiremont, emprisonné audit lieu, coupable d’homicide commis quinze jours auparavant sur la personne de son maître Thomenel, de Remiremont, auprès de qui il apprenait son métier de rouyer, et avec lequel il était souvent en conflit. Copie, ADMM, B 7, f° 27v°-28r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Didier, filz Nicolas Colinet, de Remiremont, pouvre jeune compaignon a marier, orfre de pere et de mere, avons receue contenant que puis quinze jours ença, luy demeurant et apprenant son mestier de rouyer en l’ostel de Thomenel le Rouyer, demourant audit Remiremont, ledit Thomenel, son maistre, luy envoya querir de l’argent que on luy devoit a Rambervillers, ce que ledit Didier fit et y alla, et pource qu’il n’en rapporta point, sondit maistre [se] couroussa contre luy. Et le lendemain, la femme de sondit maistre prinst question et debat a l’encontre de l’une de ses voisines pource que ladite voisine disoit que la femme de sondit maistre avoit prins de la chanvre avec /28/ la sienne aux champs, lequel Thomenel vint audit Didier et luy dist qu’il luy diroit la verité de ladite chanvre, lequel Didier luy respondit qu’il n’en savoit aucune chose. Et lors sondit maistre luy dist qu’il en jureroit, et ledit Didier luy respondit qu’il n’en jureroit point et qu’il n’en savoit aucune chose, dont sondit maistre fut courousé contre luy, pour quoy ledit Didier s’en alla besongnier en une roue et print ung houel qui ne valloit riens ; quoy veant qu’il n’en povoit besoingnier, le dist a son maistre que ledit houel ne valoit rien et qu’il n’en sauroit besoingnier, lequel luy respondit que jamais ne besongneroit avecques luy. Et ledit Didier luy respondit : « Et bien mon maistre, je besoingneray doncques avecques ung autre. Baillez moy ma robbe et mez habitz ». Et incontinent sondit maistre le prinst par les cheveulx et le trayna parmy la maison et le battit tresbien, lequel Didier relevé dist a sondit maistre : « Mon maistre, se vous me battez plus, je me revencheré ». Et adoncques sondit maistre prinst ung ratel de roue et commença a frapper sur ledit Didier, lequel se commença a fouyr et, en fouyant, print une petitte hachette en sa main et la rua a sondit maistre et l’ataindist a l’une de ses jambes, que ne valloit gueres au dessus de la cheville du pied, et luy fit playe tellement que par faulte de regime et d’estre bien pensé, environ huict jours aprés, il alla de vie a trespas ; depuis lequel coup et mesmement a l’eure de sondit trespas le pardonna audit Didier. Pour lequel cas, ledit Didier a esté prins et est a present detenu prisonnier ez prisons des dames dedans Remiremont, et si de nostre pitié, grace et misericorde ne luy est pardonné, est en voye de finir ses jours, nous suppliant treshumblement, comme son souverain prince et seigneur, il nous plaise en l’onneur de la passion Nostre Seigneur, ayant regard au jeune aage et orfanté dudit Didier et a la maniere que ledit cas est advenu, luy voulloir remectre et pardonner, ensemble le remectre a son bon fame et renom351

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

mee et en ses biens non confisquéz. Savoir faisons que nous, eu regart et consideration au cas dessus dit ainsi commis et perpetré par ledit Didier en la forme et maniere cy dessus declaré comme par information sur ce faicte de nostre ordonnance, nous est apparu, consideré aussi que ledit Didier n’estoit aggresseur, aussi que jamais il n’a esté convaincu ne actainct d’aucun villain cas digne de reprehencion jusques a present, a iceluy Didier /28v°/ pour ces causes et par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil, de nostre certainne science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes tout le cas, crime dessus dit ensemble toute peinne, amende et offense tant corporelle, criminelle que civille en quoy pour occasion d’iceluy il pourroit estre encouré envers nous et justice, et l’avons mis et mectons a plainne delivrance avecques tous et chascuns ses biens meubles et immeubles et autres choses, si prins, arrestéz ou empeschiéz estoient a ladite cause, et de nostre plus ample grace le restituons et remectons a son bon fame et renommee a nosdits pays et ailleurs, satiffacion faicte touttesfois a partie civillement tant seulement si desja faicte estoit, et imposons silence perpetuel sur ce a nostre procureur general de nostre duchié de Lorrainne et a tous autres presens et advenir. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a nostre seneschal de Lorrainne, a nostre bailly de Vosges, prevost et clerc juré de Remiremont et autres qu’il appartient, avecques ce a tous noz autres justiciers, officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Didier, filz de Nicolas Colinet, joyr et user plainement et paisiblement, sans pour ce luy donner ne souffrir estre mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XIIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx XIX. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les prevost des chanoinnes de Nanci, doyen de Vy, escuier Arbide et autres presens. A. Guiot.

219 1499, 28 septembre - Lunéville. Rémission accordée à Gros Jean, de Marthemont, coupable d’homicide commis sur la personne de Jean Saulnier, du même village, au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 7, f° 38r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Gros Jehan, demourant a Marthemont, avons receue contenant que ja pieça, luy estant en la taverne au lieu de Maisieres en la maison du maire Picart avecques Jehan Saulnier, aussi demourant audit Marthemont, et autres dudit lieu, se meust et leva debat de parolles et grans differans entre ledit Jehan Saulnier et lui. Et au deppartir de ladite taverne, se mirent en chemin tous deux ensemble pour eulx en aller audit Marthemont ou ilz demouroient tous deux. Et quant ilz furent ung peu avant, ilz se deppartirent 352

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d’avecques ceulx avecques lesquelz ilz s’estoient mis en chemin, et tout par eulx deux s’en allerent parmy ung petit boys, eulx tous jours rechignant ensemble. Et quant ilz furent hors dudit boys, assez pres dudit Marthemont en my les préz, ledit Jehan Saulnier dist audit Gros Jehan qu’il lui feroit tant de mal qu’il le feroit couchier sur l’estrain, et de fait ledit Jehan Saulnier mist la main en son cousteau et le tirrast et fit son effort de frapper ledit Gros Jehan, lequel, voyant ce, dist audit Jehan Saulnier : « Traittre, tu reboutteras ton cousteau ». Et en disant ce, d’un baston de boys qu’il tenoit en sa main, en frappa ledit Jehan Saulnier trois ou quatre ou cincq coups, tant sur la main ou il tenoit ledit cousteau comme parmy les jambes, tellement qu’il le laissa esdits préz. Et estoit environ les Roys que ce debat fut, et le matin ensuivant, on trouva ledit Jehan Saulnier qu’estoit mort esdits préz par icelle bature ou autrement. Par quoy ledit pouvre remonstrant, doubtant la rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays, terres et seigneuries ou encores de present il n’oseroit retourner ne converser pour nourir et alimenter sa pouvre femme et petiz enffans si nostre plaisir n’estoit luy remectre et pardonner ledit cas et pour iceluy luy impartir sur ce nostre grace, remission et pardon, treshumblement suppliant et requerant icelle, actendu qu’il n’a esté aggresseur dudit Jehan Saulnier mais l’avoit fait en son corps deffendant. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que par aucuns des gens de nostre conseil avons esté deuement informéz que lesdits Gros Jehan et Jehan Saulnier par avant ce debat et ledit cas advenu n’avoient eu aucune question, rigueur ne hayne ensemble, et que ledit Gros Jehan a esté tous jours bien famé et renommé sans jamais avoir comis n’a esté convaincu d’autre cas digne de reprehencion, a iceluy Gros Jehan pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans, voulans en ce cas preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre grace especial, auctorité et plainne puissance luy avons ledit cas dessus dit remis, quicté et pardonné, et par cesdites presentes luy remectons, quictons et pardonnons avecques toutte peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion d’iceluy cas il pourroit estre encouru envers nous et justice, satisfacion faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, /38v°/ et de nostre plus ample grace avons ledit Gros Jehan remis et remectons a son bon fame et renommee a noz pays et ailleurs et a ses biens non confisquéz, en imposant sillence perpetuel a nostre procureur general de Lorrainne present et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz justiciers, officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx et a tous noz hommes, vassaulx et subgectz que de nostre presente grace, pardon, remission et octroy facent, seuffrent, laissent joyr et user ledit Gros Jehan de Marthemont plainnement et paisiblement, sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné pour cedit cas aucun destourbier ou empeschement ou contraire, car tel nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Luneville, le XXVIIIe jour de septembre mil IIIIc IIIIxx XIX. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seneschal de Lorrainne, seigneurs de Piereffort, d’Ubexi, de Barbas, prevost de SaintGeorge de Nancy et autres presens. A. Guiot. 353

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

220 1500 (n. s.), 7 janvier - Nancy. Rémission accordée à Jean Donot, de Bernécourt, atteint de démence, coupable d’homicide commis six semaines auparavant sur la personne de Jean Caignesse, son beau-frère, avec lequel il avait exploité une taverne autrefois. Copie, ADMM, B 8, f° 40r°-v°-41.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion de Jehanne, femme de Jehan Donot, de Brenecourt, nostre subgiet, chargee de deux petiz enffans, avons receue contenant que, peult avoir an et demy, ledit Jehan Donot, non alteré ne debilité de son entendement, alla demourer a Manonville a l’ensengne de la Corne de cerf pour y tenir taverne avecques Jehan Caignesse, lesquelx avoient les deux seurs espousees, ou lesdits Donot et suppliante demourerent ung moys ou VI sepmaines seulement, pandant lequel temps ledit Donot entra en erreur qu’il perdoit avecques ledit Caignasse, par quoy s’en retourna audit Brenecourt et incontinant devint si alteré et debilité de son entendement qu’il le convenoit garder. Ce nonobstant, environ ung moys ou VI sepmaines aprés sondit retour de Manonville, se gecta en ung puyz lez sa maison, ou il eust esté noyé et pery n’eust esté qu’il fut retiré a force de gens. Et deslors ladite maladie luy a touz jours continué tellement que, s’il parloit ou se decleroit a aucuns, n’estoit que de sadite demeure de Manonville et qu’il y avoit perdu le sien qui luy coustoit cent frans et qu’il estoit /40v°/ homme perdu et destruit, disant aussi que ledit Jehan Caignasse luy devoit deslors qu’il fut demourant audit Manonville certaine graine, en usant de plussieurs grans folyes tant de fait que de parolles, disant aussi souventesfoiz qu’il se noyroit ou pendroit, tant en la presence de ladite suppliante que ailleurs, dont elle en estoit en grandes et merveilleuses doubtes, et depuis ne fist aucuns ouvraiges que bien peu de chose. Neantmoins, peult avoir VI sepmaines, aucuns firent par la justice dudit Brenecourt abonner aucune piece de terre contre iceluy Donot, dont il se meut et courossa en faczon qu’il s’en alla courant par les champs comme ung homme alteré, et a grant peine fut ramené en sa maison. Ores est que iceluy Donot, qui estoit continuellement alteré et debilité de son entendement, mesmement aussi a cause dudit abonnement fort perturbé, ung jour ou deux aprés ledit abonnement, luy estant en sa maison, ledit Jehan Caignasse de Manonville entra en la maison d’iceluy Donot, auquel ledit Donot commansa a dire telz /41/ motz ou semblables : « Coulons, paie moy ». Et lors ledit alteré et insencé, comme dit est, se print audit Jehan Caignasse, tenant ung cousteau en sa main, et en frappa ledit Caignasse en faczon qu’il est allé de vie a trespas. Laquelle suppliante, emeue dudit cas, contrainte de l’amour que femmes doyvent avoir a leurs mariz, l’a fait absenter au mieulx qu’elle a peu, doubtant rigueur de justice, et n’ouzeroit retourner ne converser en noz pays sans avoir sur ce 354

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nostre grace et misericorde, humblement suppliant luy impartir icelle, consideré que jamés ne fut convaincu d’aucun villain cas. Savoir faisons etc., en impousant etc., et a ses biens non confisquéz etc., sactiffacion faicte a partie civillement etc. Donné a Nancy, le VIIe de janvier IIIIxx XIX. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seigneurs de Valengin et de Beauvau presens. Nicolay.

221 1500 (n. s.), 18 février - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Cagnon, serviteur de Brion Barrois, de Boucq, qui, le 5 janvier 1500, a provoqué accidentellement le décès d’un jeune enfant de son maître. Copie, ADMM, B 7, f° 31v°-32.

René, etc., A noz treschiers et feaulx conseilliers les bailly de Saint-Mihiel et procureur general de Barroys, salut. Receue avons l’umble supplicacion et requeste de Jehan Cagnon, demourant a Bouch en nostre prevosté de Fou, contenant que, la vigille des Roys darnierement passéz, a heure de vespre que ledit suppliant faisoit son devoir de servir et complaire a Brion Barroys et a sa femme, demeurans audit lieu de Bouch, ses maistre et maistresse, s’en alla a l’uys devant sa maison chargier ung gros tyson de boys /32/ sur son col, pour apporter et mectre ou feu en l’ostel de sondit maistre, pour se resjoyr et faire bon feu pour ladite feste des Roys comme l’on a accoustumé de faire. D’aventure et par cas fortuit, en entrant en l’ostel de sondit maistre avecques ledit tyson, l’un des piedz luy faillit par façon qu’il ne peult retenir tellement que ledit tyson tumba sur l’un des enffans dudit Brion, son maistre, que n’avoit que trois ans, lequel estoit derriere ledit suppliant et ne le veoit point, par façon qu’il demeura la tout mort. Pour lequel cas, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté et rendu fugitif de noz pays, nous suppliant, eu regard a ce que dit est, lui vueillions sur ce faire recevoir et oyr en justice. Et pource que, par informacion deuement faicte, nous est apparu ledit cas estre advenu en la maniere que dit est, par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil, vous mandons et ordonnons recevoir ledit exposant a ses justificacions et deffences pour ledit cas a l’encontre de nostredit procureur, sans le traicter criminellement, faisant aux parties oyes bonne et briesve expedicion de justice, car tel est nostre plaisir. Donné en nostre chastel de Bar, le XVIIIe jour de febvrier mil IIIIc IIIIxx dix neuf. Signé René. Par le roy de Sicile, etc. A. Guiot.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

222 1500 (n. s.), 6 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Pierre Champenois et à Jean Petiot, de Revigny-surOrnain, coupables d’homicide commis en mai 1499 sur la personne d’un certain Dideron au cours d’ une dispute. Copie, ADMM, B 7, f° 43v°-44.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion des peres, meres, parens et amys de Pierre Champenois, filz de Jehan Champenois, et Jehan Petiot, filz Pierre Blancheron, demourans a Revigny, avons receue contenant que, environ le mois de may dernier passé, eulx estans aux champs gardans la proie des grosses bestes dudit Revigny, on fuaige dudit lieu trouverent plussieurs enffans qui gardoient des chevaulx, et entre autres estoit ung nommé Dideron auquel ledit Pierre Champenois dit qu’il luy rendist ung sien chien qu’il avoit de luy, lequel il avoit norry pour garder ses bestes. Et lors ledit Dideron respondit bien fierement qu’il n’en feroit riens, et ledit Pierre luy dist que si feroit s’il l’avoit, et que c’estoit malfait a luy de le retenir veu qu’il ne l’avoit nourry. Quoy veant, ledit Dideron, mal meu, vint audit Pierre et luy dit qu’il le tueroit, et print une moute de terre et commença a ruer aprés ledit Pierre et ne l’attaindit point ; veant qu’il ne le povoit actaindre, s’en vint tous jours aprés luy, reniant sainte Katherine trois ou quatre fois qu’il le tueroit, en l’appellant cocquin, larron. Et incontinent ledit Pierre Champenois qui reculoit tous jours de luy, veant qu’il le poursuyvoit, tous jours l’injurioit et menassoit si fort, mal meu et tempté de l’ennemy, s’avança contre ledit Dideron et d’une massue qu’il tenoit, dont il gardoit ses bestes, lui donna deux ou trois coups sur la teste tellement que deux ou trois jours aprés ledit Dideron alla de vie a trespas. A cause de quoy, ledit Jehan Petiot, qui estoit present a faire ledit coup, et ledit Pierre Champenois qui sont jeunes filz a marier, doubtans rigueur de justice et pugnicion corporelle, se sont absentéz de noz pays, terres et seigneuries ou ilz n’oseroient jamais retourner si de nous n’avoient pardon et remission, nous supplians treshumblement que, aujourd’uy premier jour de Karesme que le service commence par miserere, lur veullions estre misericordieux et pardonner ledit cas. Savoir faisons que nous, informéz par aucuns de noz officiers de ce lieu du cas dessus dit, inclinans a la supplicacion des parens et amys desdits Pierre Champenois et Jehan Petiot, jeunes filz a marier, et que jamais ne furent actains ne convaincus d’aucun villain cas fors iceluy, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons ausdits Pierre Champenois et Jehan Petiot le cas et crime dessus dits remis, quicté et pardonné etc., ensemble de toutte peinne corporelle, /44/ criminelle et civille en quoy pour ledit cas ilz pourroient estre encourruz envers nous et justice, et de nostre plus ample grace les remectons et restituons a leur bon fame et renommee a noz pays et dehors et a leurs biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie civillement tant seul356

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lement si desja faicte n’estoit. Sy donnons en mandement a noz améz et feaulx conseilliers les bailly de Bar, procureur, prevost et autres officiers dudit lieu et a tous autres etc., que de ceste presente grace, remission et pardon facent, seuffrent, laissent joyr et user etc., en les rappellant par cestes en noz pays, terres et seigneuries etc., en imposant silence au procureur general de Barroys etc., mandant audit bailly de Bar ou son lieutenant proceder a l’enterinement d’icelles. En tesmoing etc. Donné a Bar, le VIe jour de mars mil IIIIc IIIIxx dix neuf. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les bailliz de Bar, de Clermont, president des comptes de Bar, procureur general de Lorrainne et autres presens. A. Guiot.

223 1500 (n. s.), 29 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Simon Lorin, de Lisle-en-Rigault, coupable d’homicide commis le 16 août 1499 sur la personne de Jean Baudehaire à la suite d’une dispute survenue dans une taverne à Baudonvilliers. Copie, ADMM, B 7, f° 44r°-v°-45.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Nicolas Lorin et Margueritte sa femme, noz subgectz demourans a Lisle-en-Rigault, avons receue contenant que, le jour de dimenche d’aprés l’Assumpcion Nostre Dame derrain passé, Symon Lorin, le filz, se trouva en la maison de Jehan Tixerant au lieu de Baudonvilliers avec Jehan Baudehaire, Anthoine le Charreton et plussieurs autres pour illecques marander et faire bonne chiere, en laquelle maison y avoit ung chien appartenant audit Anthoine Charreton, que mangea ung pot de beure, pourquoy l’ostesse le frappa et dit qu’elle le gecteroit du hault en bas, pource qu’ilz estoient en une chambre haulte, a laquelle hostesse ledit Charreton dit que : « Je n’ay si bon amy que, s’il frappoit mon chien, que je ne le frappasse ». Lors ledit Simon gracieusement lui dit qu’il laissast guerir ceulx qu’il avoit frappé, a quoy respondit qu’il avoit frappé d’aussi beau galans comme luy, et ledit Simon Lorin lui dit qu’il ne le vouloit frapper ne batre, lesquelles parolles dictes, pource qu’ilz multiplioient et croissoient en plus grande noise et pour eviter icelle, ledit Anthoine Charreton fut mis hors de ladite chambre et maison ; lequel rencontra Gastellet, /44v°/ son filz, et lui dit que ledit Lorin se farsoit de luy pour sondit chien, pour quoy ledit Gastelet ala prendre une arbelleste de laquelle il s’efforça entrer en ladite maison pour oultragier ledit Lorin, si n’eussent esté gens qui l’en garderent. Et adoncques ledit Jehan Baudehaire descendit bas de ladite chambre et trouva ung sien cousin, nommé Servais Curson, qui disoit audit Lorin estant soubz ladite chambre : « Saille hors, filz de putain ! », et luy mesme dit audit Lorin pour soustenir sondit cousin : « Va t’en, faulx traictre, filz de putain ! », lui donnant ung soufflet, 357

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

aprés lequel s’efforça derechief recouvrer mais, veant ledit Lorin que tous desiroient son sang et sa mort sans cause ou raison, despassa et frappit ledit Jehan Baudehaire ou ventre d’une dague qu’il avoit, duquel coup le lendemain ensuyvant, par faulte d’estre mediciné et bien sollicité, mort s’en est ensuye en la personne d’iceluy Baudehaire qui dudit cas, par sa confession qu’il feist haultement au curé de Baudonvilliers, descoulpit ledit Lorin, disant qu’il n’avoit eu cause l’injurier ne frapper. Toutteffoiz ledit Lorin, craingnant rigueur de justice et estre pugny pour ledit cas, s’estoit absenté de noz pays esquelz il n’oseroit retourner si nostre benigne grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, a laquelle lesdits supplians pour ceste cause retournerent treshumblement supplians a icelle pour l’onneur de la passion nostre saulveur Jhesucrist quicter, pardonner et remectre ledit cas audit Lorin, leur filz, le remectant a ses bon fame et renommee, consideré ce que dit est et que jamais ledit Symon Lorin ne fut actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou le reproche. Savoir faisons que nous, deuement informéz dudit cas et icelui avoir esté commis et perpetré en la forme et maniere que dessus, consideré aussi que par la certifficacion du curé dudit Baudonvilliers dont il nous est apparu ledit Bauldehaire a descoulpé ledit Lorin dudit cas avant son trespas en disant que ledit Lorin n’estoit aggresseur, inclinans a ceste cause benignement a la supplicacion et requeste desdits supplians par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil, de nostre certainne science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons audit Symon Lorin le cas et crime dessus dit remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes ensemble toutte peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encourru et escheu envers nous et justice, satiffacion faicte /45/ a partie civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, et de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a son bon fame et renommee en noz pays et dehors, le rappellant en iceulx. Sy donnons en mandement a noz améz et feaulx conseilliers les bailly de Bar, procureur, prevost et autres etc., que de ceste nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent joyr et user plainnement etc., en imposant silence perpetuel au procureur general de Barroys et a tous autres etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXIXe jour de mars mil IIIIc IIIIxx XIX. Signé René. Par le roy de Sicile etc., lez evesque et conte de Verdun, abbé de Gorze, prevost de Saint-George de Nancy, president et gens des comptes de Barroys presens. A. Guiot.

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224 1500, 25 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier le Rouyer, de Raulecourt, coupable d’homicide commis le 22 septembre 1498, lors de la fête de Bouconville, sur la personne de Mengin Joffroy pour venger le meurtre de son beau-frère. Copie, ADMM, B 8, f° 64r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Receue avons la supplication des parens et amys de Didier le Rouyer, de Raulecourt, terre de Mandres, contenant que environ povoit avoir ung an et demi, le soir de la Sainct Morice jour de la feste au lieu de Bouconville, ung nommé Jacquemot le Mareschal et ung aultre appellé Mengin Joffroy, tous deux demourans a Rambuecourt, terre dudit Mandres, qui auparavant dudit avoient eu grant debat ensemble de parolles rigoreuses, s’estoit trouvéz audit Bouconville, auquel lieu, se ne feust esté de peur des officiers dudit Bouconville, se feussent battus l’ung l’autre, et de fait se serchoient pour ce faire. Entres lesquelles entrefaictes, ung appellé Blandin dudit Raulecourt, marry de la seur dudit Didier Rouyer, estoit venu audit Jacquemot auquel avoit dit telz motz ou pareilz en substance  : «  Mengin Joffroy, tu as fait oultraige mais, se tu veul, je te vengeray bien », a quoy ledit Jacquemot avoit respondu que s’il le vouloit bien batre, il luy donneroit ung salut d’or ; lesquelles choses venus a la congnoissance dudit Didier, avoit dit audit Blandin : « Garde toy, faillon, que tu feras. Retourne a la ville pour l’amour de Dieu », faisant son debvoir le cuyder retraire d’acomplir sa maulvaise voulenté. Ce nonobstant ledit Blandin, voyant les promesses que ledit Mareschal luy faisoit, s’en estoit alé nuytantement environ dix heures de nuyt hors dudit Bouconville pour trouver ledit Mengin Joffroy qui s’estoit party dudit lieu, et de fait se trouverent au dessus du chastel dudit Bouconville, auquel lieu s’estoient envayes lesdits Blandin et Mengin de leurs bastons tellement que ledit Mengin avoit tué ledit Blandin, auquel Didier le Rouyer, qui estoit encor audit Bouconville a soy festoyer avecques ses amys, estoit venu devers lui ledit Mareschal qui lui avoit dit que Mengin Joffroy tuoit Blandin, mary de sa seur, parquoy fort esmeu s’estoit party dudit Bouconville, avoit prins en sa main une escharde de boix de quoy on chauffe le four et s’en estoit venu au lieu la ou estoyt le bruyt, et avoit trouvé audit lieu en la crouee dudit Bouconville ledit Blandin, son seroige, desja mort et tué. Lors ledit Jacquemot Mareschal, qui estoit avec luy, dist audit Didier qu’il estoit meschant homme s’il ne vengeoit la mort de son serroige et qu’il luy ayderoit. Alors ledit Mareschal commença a frapper dessus ledit Mengin, lequel estoit desja bien blecé des coups que ledit Blandin luy avoit donné, et ledit Didier Rouyer luy donna ung coup sur le dos de ladite escharde qu’il tenoit et plus ne l’avoit frappé, ains s’en estoit retourné aupres de sondit seroige pour veoir s’il il avoit nul remedde, et ou meisme lieu et instant morut ledit Joffroy. Pour lequel cas ledit Rouyer, doubtant rigueur 359

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

de justice, s’estoit absenté de noz pays ou il n’oseroit jamais retourner si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce /64v°/ impartis, treshumblement suppliant, actendu que jamais ne fut actainct ou convaincu d’aucun autres villain cas, blasme ou reprouche, nous luy vueillons sur ce octroyer noz grace, quictance, remission et pardon. Pourquoy nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, audit Didier Rouyer, suppliant, oudit cas avons remis, quicté et pardonné et par la teneur de ces presentes de grace especial et plainne puissance quictons, remectons et pardonnons le fait et cas dessus declairé avec toute peinne, amende corporelle, criminelle et civile en quoy pour occasion dudit cas il pouroit estre encorru envers nous et justice, et de nostre plus ample grace l’avons restitué et restituons a sa bonne fame et renommee au pays et a ses biens non confisquéz, satiffation faicte a partie civilement tant seulement si faicte n’est, en mectant au neant tous appeaulx, deffaulx, bans bannissemens, procés et procedures qui contre ledit suppliant se pourroient estre ensuys, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general et a tous autres presens et advenir. Si donnons en mandement et etc. Donné en nostre ville de Bar, le vingt cinquiesme jour d’avril, l’an mil cinq cens aprés Pasques. Ainsi signee René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque et conte de Verdun, archediacre de Toul, prevost des chanoinnes a Nancey, president, gens des comptes a Bar et autres presens. Dupuis.

225 1500, 18 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Mayon, fils de Ferry le Maréchal, de Senon, coupable d’homicide commis le 10 février 1499 sur la personne de Vincent Mengette, du même lieu, au cours d’une dispute. Copie, ADMM, B 7, f° 80v°-81.

René, etc. L’ -- supplicacion et requeste des pere et mere, parens et amys de Mayon, filz de Ferry le Marechal, demourant a Cenon, prevosté d’Estain, avons receue contenant que, le Xe jour de fevrier IIIIxx XIX derrain passé, ung appellé Vincent Mengette, demourant a Cenon, et ledit Moyon qui s’entre amoyent comme freres avoient eu quelque petite question et debat ensemble tellement que, en multipliant de parolles l’un contre l’autre, ledit Mayon, d’un petit baston qu’il tenoit, en donna ung coup sur le coul audit Vincent comme en soy jouant. Et ce fait, pour ce qu’il n’y avoit rigueur entre eulx, s’en allerent ensemble a l’escraigne veoir les filles comme font jeunes gens, et de la en leurs maisons comme ilz avoient acoustumé faire auparavant ledit debat. Ce neantmoins, ledit Vincent Mengette, deux jours aprés, se commença a saignier par le nez et s’esvanua par telle fasson qu’il alla de vie a trespas ; veant la mort duquel, ledit Mayon, doubtant que a cause du coup de baston par luy donné 360

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audit Vincent ne fust prins et aprehendé au corps et pugny du corps par justice, s’estoit absenté de noz pays ou il n’ozeroit retourner sans avoir de nous remission et pardon, nous requerans sesdits pere, mere, parens et amys lui vouloir /81/ octroyer. Savoir faisons que nous, aprés ce qu’avons eu fait faire informations dudit cas tant par noz officiers d’Estain, Cenon que autres officiers a qui ce pourroit touchier, par lesquelles nous est apparu le donné a entendre desdits supplians estre vray et le cas advenu comme dessus est escript, nous, de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial avons audit Mayon le cas et crime dessus dit quicté, remis et pardonné, et par ces presentes lettres quictons, remectons et pardonnons avec toute peine corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encoru envers nous et justice, et de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a son bon fame et renommee comme il estoit auparavant ledit cas advenu, sattiffacion faicte a partie civillement tant seullement si desja faicte n’estoit. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a noz améz et feaulx conseilliers les bailly de Saint-Mihiel, procureur general de Barroys et autres etc., a qui ce peult touchier que de ceste nostre presente grace, remission et pardon facent et seuffrent perpetuellement joyr et user ledit Mayon etc., ains se son corps et ses biens sont ou estoient aucunement prins, saisiz et arrestéz, incontinent les mettent a plainne delivrance, car ainsi nous plaist estre fait, et imposons sillence perpetuelle a nostredit procureur et tous autres. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XVIIIe jour de jung mil cincq cens. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les bailly de Bar, president des comptes de Lorrainne et Barroys, gens des comptes du duchié de Bar, procureur et receveur generalx et autres presens. Boudet.

226 1500, 16 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Catherine, veuve de Warin le Thieulier et à plusieurs autres personnes y compris des enfants, demeurant à Lamermont et Vaubecourt, coupables du meurtre d’un nommé Thierry le Charpentier, de Vaubecourt, condamné au fouet pour fait de sorcellerie, parce que la sentence leur paraissait insuffisante. Copie, ADMM, B 7, f° 71r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste des pere et mere, parens et amys charnelz de Nicolas Geoffroy, jeune filz aigé d’environ douze ans, Lucie sa seur, jeune fille a marier aagé de XVIII a XX ans, orfes enffans, Collette, femme Didier Matagot, Pasquotte Machault, jeune fille aagé de XIIII ans, Jehan Picard, tous demourans a Wabecourt, Katherine, vesve de feu Warin le Thieulier et Jennette, fille Collet Gregoire, demorans a Lamermont, avons receue contenant que depuis six sepmainnes ença, a ung certain jour de sab361

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

medi, se trouverent a une execution et fustigacion que l’en faisoit au lieu dudit Wabecourt d’un nommé Thiery le Charpentier dudit lieu, accusé et chargié du crime d’eresie et genaulchee, aprés laquelle fustigacion et execution faicte par justice et qu’il fust par icelle conduit et mené hors de ladite ville, lesdits denomméz s’en allerent aprés avecques plussieurs autres gens, tant dudit Wabecourt que d’autres lieux de noz pays et de France, lesquelz murmuroient treffort de ce que ledit Thiery eschappoit pour seulement estre fustigé, consideré le mauvaix fame et renommee qu’il avoit principalement du crime de genaulchee, et que l’en disoit qu’il avoit fait morir plussieurs personnes, mesmement le mary de ladite Katherine et autres les parens des devant diz. Et de fait ladite Katherine, ayant ung pel de haye en sa main, s’en estoit allee audit Thiery le Charpentier et lui dist : « Tu as fait morir mon mary qui estoit homme de bien, tu en auras », haussa ledit pelz et d’icelui bailla trois ou quatre coups audit Thiery sur la teste, et semblablement les dessus dits chascun ung cop sur le corps en fasson telle que incontinent mort s’en estoit ensuyvie. Pour lequel cas s’estoient absentéz de noz pays, doubtans rigueur de justice, esquelz ilz n’oseroient retourner sans de nous avoir grace et misericorde, nous supplians treshumblement la leur vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, inclinans a leurs supplicacions et requeste, aprés qu’avons esté informéz par les gens de nostre conseil dudit cas et qu’il y avoit /71v°/ plussieurs femmes ayans enffens que pourroient tomber en grans inconvenians se d’icelles l’en en faisoit la pugnicion, voulans en ce cas preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial, par l’advis et deliberation des gens de nostredit conseil, avons ausdits Nicolas Geoffroy, Lucie sa seur, Collecte, femme Didier Matagot, Pasquote Mahault, Jehan Picard, Jennette, fille Colot Gregoire, et Katherine, vesve, les cas et crime dessus dits quicté, remis et pardonné et par la teneur de ces presentes lectres quictons, remectons et pardonnons avecques toutes peines corporelles, criminelles et civilles en quoy ilz et chascun d’eulx pourroient estre encouruz et escheuz a la cause que dessus envers nous et justice, satiffacion faicte a partie civilement tant seulement se desja n’estoit, et de nostre plus ample grace et misericorde les avons remis et remectons a leurs bons fames et renommees et a leurs biens non confisquéz comme ilz estoient auparavant ledit cas commis, pourveu que satifferont a la justice dudit Wabecourt interessee en lui criant mercy a genoulx publicquement. Avec ce feront faire tous ensemble a leurs despens une croix de piere au lieu ou a esté occis ledit Thiery pour, par chascun an ung jour des Rogacions que les curé et habitans dudit Wabecourt passeront par devant ladite croix, les dessus dits seront tenus faire stacion et eulx y arrester, et dire chascun ung paternoster et ung Ave Maria, ad perpetuam memoriam faire dire et celebrer ung service en l’eglise dudit lieu et y fonder une messe tous les ans pour l’ame d’iceluy et de tous les trespasséz ; pour lesquelles chose faire et parfaire ladite Katherine sera tenue fournir de ses biens plus avant que nesung des devant nomméz, et dont nostre bailly de Bar ou son lieutenant aura la congnois362

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sance s’il en estoit question. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a noz bailly de Bar, lieutenant, prevost, procureur royal, clerc juré et a tous noz autres justiciers, officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de ceste nostre presente remission et pardon facent, seuffrent et laissent les dessus dits, en faisant ce que dessus, joyr et user plainement et paisiblement sans en ce leur faire, donner etc., et imposons silence perpetuelle a nostre procureur general et a tous autres ; d’abondant voulons, se aucuns d’eulx ou leurs biens estoient prins, saisiz, empeschéz ou arrestéz, que incontinent soient mis a plainne delivrance. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XVIe jour de juillet, l’an mil cincq cens. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque et conte de Verdun, abbé de Gorze, president et gens des comptes de Barrois presens. Boudet.

227 1500, 13 août - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jacquesson Wanault, de Dun-sur-Meuse, coupable d’homicide commis le 8 juin 1500 sur la personne de Jean des Preilz au cours d’une querelle survenue dans la taverne de la localité. Copie, ADMM, B 7, f° 104r°-v°.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicile etc., duc de Lorraine et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Waudemont et d’Aubmalle etc., a tous presens et advenir, salut. Humble supplicacion et requeste des parens et amys charnelz Jaquesson Wanault, demeurant a Dum-le-Chastel, nostre homme et subgect natif de nostre ville de Varennes, avons receue contenant que, le lendemain de la Trinité dernier passé, ung nommé Jehan des Preilz, Jehan Danoix et Jehan Dareicey s’assemblairent pour aller en la taverne audit Dum, et avecques eulx appellerent ledit Jacquesson pour eulx acompaignier, qui faisoit reffuz y aller ; touteffoys, a la requeste qu’i luy faisoient, y alla et aprés qu’ilz eurent beu, fait grande chierre et payé leurs escotz, reservé cincq blans qui restoient a payer pour trouver maniere de les gaingnier, ledit Jehan Dinoix demande a achepter une lamme audit Jacquesson pour s’en ayder on mestier de drapperie, qui luy respondit qu’il luy en bailleroit une, s’il vouloit, pour ung florin d’or et qu’il n’y avoit compaignon la qu’il ne l’en fournist bien d’une, lequel Dinoix offrist dix huict gros. Sur lequel marchié se boutta ledit Jehan des Preilz qui commança a dire arrogament audit Jacquesson : « N’a tu point de honte de faire tant ladite lamme ? C’est trop la moictié, j’en feroye une pour beaucop meilleur marchié  », et se commancerent a prendre de parolles injurieuse l’un contre l’autre, ledit des Preilz l’appellant plusieurs foys coqu, estrangié, a quoy avoit respondu ledit Jacquesson : « Beau sire, taiz toy. Je ne te quiers point, laisse 363

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

moy et ne me blasme point ma femme en fasson que se soit ». Lors ledit des Preilz dist : « Je ne me tairay point pour ung coups souffrant », disant ledit Jacquesson : « A qui parle tu ? », respondit ledit des Preilz : « A toy, a toy. Tu es coups souffrant, je le dis a ton visaige et si te monsteroye bien au doy de qui s’est ». Oyans lesquelles parolles ledit Jacquesson, qui fort se sentoit injurié et sa femme, qui est bien famee et renommee, reppellant lesdites injures, d’un cousteau qu’il tenoit en frappa ledit des Preilz en la gorge en fasson que peu aprés mort s’en estoit ensuivye. Pour lequel cas ledit Jacquesson, doubtant rigour de justice, s’estoit absanté de noz pays, terres et seignories ou il n’oseroit /104v°/ retourner sans avoir de nous remission et pardon, nous treshumblement supplient luy vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, informéz dudit cas qui est fortuit et de chaulde colle, aussi que ledit des Preilz estoit homme noisif et mal famé, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, pour les causes et autres raisonnables a ce nous mouvans, de nostre certaine science, plaine puissance, auctorité et grace especiale avons audit Jacquesson Wanault ledit cas et crime dessus dits quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes avec toute peinne corporelle, criminelle ou civille en quoy il pourroit a la cause que dessus estre encourru envers nous et justice, satiffacion faicte a partye civillement tant seullement se desja faicte n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace et misericorde l’avons remis et remectons a ses bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz comme ilz estoient auparavant ledit cas commis. Sy donnons en mandement par ces presentes a noz améz et feaulx conseilliers les bailly de Sainct-Mihiel, prevost, receveur, procureur et autres officiers de nostredite ville de Dun, leurs lieutenans et chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent joyr et user plainement et paisiblement ledit Jacquesson Wanault sans luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, ains si son corps et biens estoient pour ce prins, saisiz ou arrestéz en aucune maniere, incontinent luy lievent la main en le mectant a plainne delivrance et souffrant aussi retourner en nosdits pays, car ainsy le voulons et nous plaist estre fait, et imposons scilence perpetuelle a nostredit procureur general et a tous autres. En tesmoing de ce, nous avons fait sceller cesdites presentes, signees de nostre main. Donné en nostre ville de Bar, le XIIIe jour d’aoust l’an mil cincq cens. Ainsy signé René. Par le roy de Sicile, etc., les bastars de Calabre et de Waudemont, grant archidiacre de Toul, president et gens des comptes de Barroys presens, et pour secretaire Boudet.

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Corpus des lettres

228 1500, 18 août - Gondrecourt-le-Château. Rémission accordée à Grand Parisot, d’Arracourt, sujet de Charles de Haraucourt, chevalier, emprisonné dans le château de ce dernier, pour avoir quelques jours auparavant blessé mortellement un de ses serviteurs. Copie, ADMM, B 7, f° 70r°-v°.

Remission. René, etc. L’umble suplicacion et requeste du Grant Parisot d’Aracourt, homme de messire Charles de Haracourt, chevalier, et ses comparçonniers, seigneurs dudit lieu, avons receue contenant que, puis environ huict ou dix jours ença, ung sien serviteur se partist de son hostel et prinst ses chevaulx et les mena aux champs ou il demeura beaucoup plus qu’il n’avoit accoustumé. Quoy veant par ledit Parisot, doubtant que sesdits chevaulx ne feussent perduz ou en dommage d’aultruy, se partist incontinent de sa maison et s’en alla hastivement par les champs, serchant sondit serviteur, et tellement qu’il le trouva qui dormoit, et que sesdits chevaulx estoient en dommaige, dont il fut fort mal content pour ce que ses voisins avoient souvent debat et question avec lui de ce qu’il ne faisoit mieulx garder ses chevaulx, que leur faisoient souvent grant dommage par les mal garder. Et alors, d’un lyen a lyer gerbes qu’il tenoit en sa main, frappa sondit serviteur deux ou trois coups pour le reveillier et depuis, ainsi couroucé qu’il estoit, luy bailla ung coup ou deux de son pied sur son corps, non le cuidant navrer mais seulement pour le corrigier de s’endormir une autre fois et /70v°/ mieulx garder sesdits chevaulx de faire dommaige ; duquel coup ledit serviteur se commença fort a plaindre, luy retourné en la maison dudit Parisot, son maistre, et fut tellement malade de ce qu’il alla deux jours aprés de vie a trespas, dont ledit Parisot fut moult fort desplaisant, consideré qu’il ne le pensoit tuer ne ainsi frapper. Pour lequel cas, il a esté prins et apprehandé au corps par ordonnance dudit messire Charles, mis et constitué prisonnier en ses prisons, et il est en dangier pour iceluy cas de miserablement finir ses jours si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, humblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, informéz par ledit messire Charles ledit cas estre commis et advenu en la forme et maniere que dit est, lequel est fortuit et non precogité, et que jamais ledit Parisot n’avoit eu question, rigueur ne hayne contre sondit serviteur, ne jamais convaincu ou actaint d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche mais que tous jours a esté bien famé et renommé, pour ces causes et a l’umble priere et instante requeste dudit messire Charles, voulans aussi en cedit cas preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certainne science, grace especiale, auctorité et plainne puissance avons audit Grant Parisot ledit cas et crime dessus dit quicté, remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes avec toute peinne corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit a la cause dessus dite estre encouru envers nous et justice, satiffacion faicte a partie civillement tant 365

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

seulement si desja faicte n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace et misericorde l’avons remis et remectons a ses bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz comme il estoit auparavant ledit cas commis. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz améz et feaulx conseilliers les bailly de Nancy, de Vosges, d’Espinal et a tous noz autres justiciers et officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent joyr et user plainnement et paisiblement ledit Grant Parisot, sans lui mectre ou donner ne souffrir estre mis ou donné aucun ennuy ou empeschement au contraire, ains si son corps et biens estoient pour ce prins, saisiz ou arrestéz en aucune maniere, incontinent lui en lievent la main en le mectant a plainne delivrance, car ainsi nous plaist estre fait, et imposons silence perpetuelle a nostre procureur general de Lorrainne et a tous autres. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Gondrecourt, le XVIIIe jour d’aoust, l’an mil cinq cens. Les abbé de Gorze, gouverneur d’Aubmalle, bailliz de Bar, de Vosges, d’Espinal, cappitaine dudit lieu, seigneurs de Gironcourt, de Keures et autres presens. A. Guiot.

229 1500, 24 novembre - Louppy-le-Château. Rémission accordée à Jeannin le Boulanger, de Nancy, coupable d’homicide commis six mois auparavant sur la personne de Nicolas le Garçon, de Barbonville, suite à une dispute survenue dans une taverne à Saint-Nicolas-de-Port. Copie, ADMM, B 7, f° 96r°-v°.

René, etc., a tous salut. L’umble supplicacion de Jennyn le Boulengier, nostre subgect demeurant en nostre ville de Nancey, avons receues contenant(e) que depuis demy an ença ou environ, luy estant au lieu de SaintNicolas en l’ostelerie et taverne ou pend pour enseigne le Heaulme, buvant avecques d’autres, se meust question et differant entre aucuns boulengiers dudit lieu qui estoient en une aultre table pres de celle ou estoit ledit suppliant pour ung cheval, duquel differant ilz le chargerent lors affin de lez appaiser et appointer, ce qu’il fit incontinent et rapporta, a l’eure que lesdits boulangiers partroient, chascun d’eulx une carte de vin, dont aucun d’eulx se leva de la compaignie et dist aucune villainne parolle en soy levant de la table, dont ung nommé Nicolas le Garçon, de Barbonville, qui lors estoit buvant en ladite taverne en une aultre table pres desdits boulengiers, fut mal content ; lequel, sans que ledit suppliant luy eust meffait ne dit lesdites villainnes parolles, serchant debat, question, se prinst audit suppliant, le frappit et l’empongna par la gorge en façon qu’il luy escorcha le col en pluseurs lieux. Quoy voyant par ledit suppliant, se leva pour s’en aller hors de la chambre, et ledit Nicolas le suivit jusques dehors d’icelle et de rechief le prinst et 366

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empongna par la gorge tellement que, quant ledit suppliant se sentit ainsy pressé et blecé, frappa ledit Nicolas d’un cousteau qu’il tenoit en façon que incontinent aprés mort s’en est ensuye. Pour lequel cas ledit Jennyn, doubtant rigueur de justice, s’absenta hors de noz pays, terres et seigneuries ou encores il est de present, et delaissa sa femme et petitz enffans, esquelx il n’oseroit encores retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, humblement nous requerant icelle. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que par bonne et deue informacion faicte par nostre ordonnance nous est apparu ledit cas ainsy avoir esté commis et adven[u], et que ledit Jennyn, en reboutant chauldement l’outraige et force que luy faisoit ledit Nicolas, l’avoit ainsy tué dudit cop de cousteau, aussy que ledit Nicolas estoit ung homme noisif et rioteux et que tout ce jour n’avoit cessé de sercher noise et debat, et au contraire que ledit Nicolas est et a tous jours esté trouvé /96v°/ homme doulx et paisible, bien famé et renommé, sans jamais avoir esté actaint et convaincu d’autre villain cas ou reprouche, par l’advis et meure deliberacion dez gens de nostre conseil, voulans aussy en cedit cas preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons audit Jennin le Boulengier ledit cas et crime dessus dit quicté, remis, aboly et pardonné et par la teneur de cez presentes remectons, quictons, abolissons et pardonnons avec toutte peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit a l’occasion de ce estre encourru envers nous et justice, satiffacion faicte a partie civilement tant seulement sy desja faicte n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace avons remis ledit Jennyn a son bon fame et renommee a noz païs et dehors et a sez biens non confisquéz en le rappellant des maintenant en iceulx. Sy donnons en mandement par cez meismes presentes a nostre treschier et feal conseillier le bailly de Nancy, prevost dudit lieu et a tous noz autres justiciers et officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx sy comme a lui appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Jennyn le Boulengier joïr et user plainement et paisiblement, sans en ce luy faire, mettre ou donner ne seuffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir, et imposons sur ce silence perpetuel a nostre procureur general de Lorrainne et a sez successeurs oudit office. En tesmoing de ce, etc. Donné en nostre chastel de Louppy, le XXIIIIe jour de novembre, l’an mil cincq cens. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez seigneurs de Tasey, escuier Arbide, prevost de Saint-George de Nancy et autres presens. A. Guiot.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

230 1500, 27 novembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean le Sauvaige le Jeune, de Bazincourt, coupable d’homicide commis le 16 novembre 1500 sur la personne d’Antoine Liegeois qui avait agressé le propriétaire de la taverne de Rupt-aux-Nonains où il se trouvait. Copie, ADMM, B 7, f° 95r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion et requeste dez pere, mere, parens et amys charnelz de Jehan le Sauvaige le Jeusne, nostre homme de corps demourant en nostre ville de Basaincourt, avons receue contenant que le lundy XVIe jour de ce present mois de novembre, aprés ce que ledit Jehan le Sauvaige eust disné en sa maison, se partist dudit Basaincourt et s’en alla en nostre ville de Ruz-aux-Nonnains en l’ostel Anthoine Lorrotte, nostre maieur illecques, avecques lequel il avoit a besoingner pour ung dismé qu’ilz avoient tenuz ensemble ; et aprés ce qu’ilz eurent parachevé leurdites affaires, soupperent ensemble en la cuisine dudit maieur ou sa femme estoit nouvel accouchee d’enfent, et avecques eulx Pierre le Cherpentier de Chancenay, sez serviteurs et autres ouvriers besoingnans en la forge commencee audit Ruz. Et ainsy que lez dessus dits souppoient, ung appellé le Grant Anthoine Liegeois, qui estoit en une chambre d’icelle maison, saillist hors et entra en ladite cuisine jurant, blaphemant et regniant nostre saulveur Jhesucrist, disant qu’il vouldroit qu’il luy couste vingt escus et que nostredit maieur n’eust esté son compere, et que par la char Dieu il luy bailleroit de son bracquemart parmy l’estomac, sans que ledit maieur lui eust dit ou fait aucune chose fors qu’il disoit n’avoir assez mis char cuire pour son soupper, combien qu’il y eust cincq ou six pieces en ung pot, et persistoit fort de menasses et de fait a l’encontre dudit maieur. Quoy veant, icelui maieur lui deffendit oeuvres de fait et d’abondant ordonna de par nous audit le Sauvaige et assistens mettre la main a luy, a quoy respondit ledit Anthoine s’il y avoit villain que meist la main a luy, luy osteroit la vie du corps. Lors ledit Sauvaige dist audit Anthoine que c’estoit mal fait a luy de faire ceste noise et que on ne luy demandoit riens, et oyant ce, ledit Anthoine respondit : « Villain, t’en fault il parler ? », et en ce disant luy bailla ung grant cop du plat de son bracquemart sur la teste et le coucha par terre, lequel le Sauvaige, soy veant oultragié sans cause, se releva et d’un petit coutel qu’il portoit en bailla audit Anthoine ung cop entre les costes decoste senestre, duquel incontinent ledit Anthoine alla de vie a trespas. Et doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz païs, terres et seigneuries ou il n’oseroit retourner sans de nous avoir remission et pardon, nous suppliant treshumblement luy vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, informés a la verité du contenu cy dessus par informacions qu’en avons fait faire et deliberer, ayans regard /95v°/ a ce que ledit Anthoine estoit aggresseur et que ledit Jehan Sauvaige le Jeune n’avoit aucune question a luy, aussy que jamais ne fut actaint ou convaincu d’autre villain cas, 368

Corpus des lettres

nous, par deliberacion de conseil, voulans en ce cas preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science, auctorité et grace especial avons audit Jehan Sauvaige le Jeune quicté, remis et pardonné, et par la teneur de cez presentes lettres quictons, remectons et pardonnons le cas et crime dessus dit avecques touttes peinnes corporelles, criminelles et civilles en quoy il pourroit estre a ceste cause encheu envers nous et justice, et de nostre plus ample grace et misericorde l’avons remis et remettons a sez bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz comme il estoit auparavant ledit cas advenu, satiffacion faicte a partie civillement tant seullement se desja faicte n’estoit. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz bailly, prevost, receveur, procureur, clerc juré, maieur de nostre bailliage de Bar et a tous noz autres justiciers, officiers, hommes et subgects, leurs lieutenans et chascun d’eulx sy comme a luy appartiendra, que de ceste presente nostre remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Jehan Sauvaige le Jeune joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy faire, mettre ou donner ne seuffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, ains s’il estoit detenu prisonnier et sez biens prins, saisiz, arrestéz et mis en nostre main, luy en lievent incontinent et sans delay ou facent lever la main et mettent le tout en plainne et entiere delivrance, car ainsy nous plait il estre fait, et imposons par cestes scillence perpetuelle a nostre procureur general oudit bailliage et a tous autres. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXVIIe jour de novembre, l’an mil cincq cens. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez abbé de Gorze, prevost dez chanoinnes de Nancy, president et gens dez comptes de Barroys, procureur, receveur de Bar et autres presens. Boudet.

231 1501 (n. s.), 13 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Chardeval, de Champ-le-Duc, garde du château de Bruyères, coupable du meurtre, le 11 novembre 1500, de Jean de Chaussette qui était l’amant de sa femme. Copie, ADMM, B 7, f° 122r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion dez femmes, enffans, parens et amis de Jehan Chardeval, de Champs pres de nostre ville de Bruyeres, avons receue contenant comme, puis trois ou quatre ans ença, plusieurs sez parens et amis lui ont remonstré que ung nommé Jehan de Chausette alloit avecques sa femme de nuit pendant qu’il fasoit le guet en nostre chastel de Bruyeres et que, luy adverty de ce, il s’en alla par devers la justice dudit lieu et leur remonstra ce que sez parens luy avoient dit dudit Chaussette, lesquelx lui demanderent s’il s’en vouloit plindre, et qu’il ne s’en plaindit s’il n’en vouloit faire apparoir. Et pour ce qu’il n’eust sceu ce faire sinon par aucuns sez pro369

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

chains parens et amis qui lui avoient dit qu’il y hantoit, il ne s’en ossa plaindre, craingnant encheoir en dangier d’amende, mais pria et requist audit et justice de faire faire commandement audit Jehan Chaussette qu’il ne se trouvast plus en sa maison en aucune maniere, ce que lesdits de justice firent faire. Ce nonobstant, depuis ladite deffence, le jour de Saint Martin d’iver dernier passé, ledit Chaussette se trouva en une compaignie ou il dit, entre plusieurs autres parolles, que le soir il coucheroit avecque la femme dudit Jehan Chardeval, de quoy luy adverty par aucuns de sez amis qui lui disoient qu’il estoit meschant homme de seuffrir telle paillardie qui redondoit a leur deshonneur, dont a ceste occasion il feust meu et loua ung compaignon pour aller faire le guet en nostredit chastel de Bruyeres en son lieu, et alla coucher avec sa femme paisiblement. Et quant vint entre unze et douze heures de nuyt ledit Chaussette, pensant que ledit Chardeval feust au guet comme il avoit acoustumé, vint a sa maison, mist ung huys hors de son lieu et entra dedans, tenant ung espié en sa main et une dague a son cousté, vint pres du lit ou il estoit couché avec sa femme, et ainsy qu’il s’aproucha, ledit Chardeval s’esvalla et vit lez dague et espié dudit Chaussette reluire, dont il eust grant craincte ; pour quoy se leva, print de l’estrain et aluma le feu, et depuis sa lumiere et tantost que ledit feu et lumiere feurent emprins, il demanda audit Chaussette qu’il venoit faire en sa maison et qu’il ne luy devoit riens, lequel Chaussette, tenant tous jours son espié en sa main et ayant sa dague au cousté, lui dist telles parolles ou semblables : « Es tu la ? Se tu m’aproche, je te metteray mon espié parmy le corps ». Quoy voyant qu’il estoit ainsy oultragié en sa maison, print ung tison au feu et dit audit Chaussette qu’il aprouchast, et de fait l’approucha tellement que dudit tison lui en donna ung cop a la temple et l’abatit par terre en façon que mort s’en ensuit incontinent. Quoy voyant, craingnant rigueure de justice, icelui Jehan Chardeval /122v°/ s’a absenté de noz pays et delaissé quatre petis enffans maindre d’eaige, ou jamais n’ozeroit retourner si nostre grace et misericorde ne lui est sur ce impartie, de laquelle treshumblement nous supplient. Savoir faisons que nous, ayant regart au cas advenu par la maniere dessus declairee, et meismes que oultre la deffence que par nostre justice lui avoit esté faicte ledit Chaussette s’estoit trouvé nuictament en la maison dudit Chardeval, nous, pour cez causes et autres raisonnables nous mouvans, et aprés ample informacion et deliberacion de conseil sur ce preue, voulans misericorde estre preferee a rigueure de justice, avons de grace especiale, auctorité et plainne puissance dont nous usons en ceste partie, audit Jehan Chardeval le cas dessus dit quicté, remis, pardonné et aboly, quictons, remectons, pardonnons et abolissons par cez presentes ensemble toutte amende corporelle, criminelle et civille que pour ledit cas il pourroit avoir mesprins et encourru envers nous et justice, et l’avons restitué et remis, restituons et remettons a son bon fame et renomee au païs et a sez biens non confisqués, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general, satiffacion faicte a partie interessé civillement tant seullement sy faicte n’est. Sy donnons en mandement par cez meismes presentes a 370

Corpus des lettres

tous noz seneschaulx, mareschaulx, baillis, prevosts et autres noz justiciers, officiers presens et advenir que de ceste nostre presente grace, remission, pardon et abolicion ilz facent, seuffrent et laissent ledit Jehan Chardeval jouyr et user plainement et paisiblement sans lui faire, mettre ou donner ne seuffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement, ains sy sez biens estoient aucunement saisis ou empeschéz, mectent ou facent mettre a plainne delivrance en ostant et levant nostre main, car ainsy le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XIIIe jour de janvier, l’an de grace Nostre Seigneur mil cinq cens. Ainsy signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez bastart de Calabre, seigneur de Chavancey, prevost de Saint-George de Nancey, doyen de Saint-Maxe et autres presens, et du secretaire H. de Widrenges.

232 1501, 22 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Henri Pastrot, de Serres, drapier, coupable d’avoir fait dépendre et ensevelir par trois personnes, George de Walhey, Henry Baudot et son fils Jean, les restes de son frère exécuté vers le 1er octobre 1500 ; la rémission est aussi accordée aux trois complices. Copie, ADMM, B 7, f°f ° 129.

René, etc. L’umble supplicacion d’un pouvre homme nommé Henry Pastrot, drappier demourant a Serres, avons receue contenant comme, environ la SaintRemy dernier passé, execution fut faicte audit lieu de Serres par justice d’aucun malfatteur pour ses demerites, lequel estoit de la nation dudit Serres, advint que par l’advertissement que fut fait audit suppliant ledit executé estre son frere, lui disant et admonestant que c’estoit une grande deshonneur de souffrir et veoir par chascun jour a ses yeulz sondit frere estre a la justice devant tous et qu’il se devoit parforcer a y remedier et trouver façon qu’il feust caché et osté d’illec, et que aucuns estoient deliberéz de le mectre bas et l’oster de ladite justice, mais qu’il trouvast la maniere que, incontinent qu’il seroit jus, qu’il feust enterré. Quoy oyant, ledit exposant, ad cause de consanguinité, esmeu par compassion, fut consentant que, incontinent que le corps de sondit frere seroit jus de ladite justice, qu’il feust pris et enterré et que, pour ce faire, envoya querir ung appellé George de Walhey, Henry Baudot et Jehan son filz, ausquelz il pria que voulcissent aller jusques a la justice pour mectre en terre sondit frere quant il seroit rué bas, et de ce faire leur promist estre garant et de les emporter du tout quicte. Et ce faisoit il pour ce qu’il avoit cincq ou six enffens, dont il en y avoit deux ou trois prestz a marier et sur leurs honneurs affin qu’il ne leur feust reproché, qui fut la cause principale qui le meust a ce faire, non pensant nous offenser jaçoit qu’il congnoist assez que faire ne le devoit. Pour 371

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

lequel cas les seigneurs dudit Serres ont mis la main a tous ses biens, sans qu’il en jouysse en riens dont il puisse entretenir sa femme et ses enffans jusques a la reparacion de ladite justice et que le cas perpetré lui soit par nous remis et pardonné, dont il nous a humblement supplié tant pour luy que les dessus nomméz. Savoir faisons que nous, ayant regard au contenu cy dessus, meismes qu’il ni lesdits dessus nomméz ne furent actainct, reprins ne convaincu d’aucun villain cas ou reprouche, et affin qu’ilz puissent demourer au pays, y marier leurs enffans, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, avons a la priere et requeste de nostre treschier et feal capitaine, de nostre artilleur Bernardin de Lenoncourt, seigneur en partie dudit Serres, audit Henry Pastrot, suppliant, et consequament ausdits George de Walhey, Henry Baudot, Claude Baudot et Jehan son filz ledit cas remis et pardonné etc., mandant aux seneschaulx, marchaulx, bailliz, prevostz etc., que de la presente grace, quictance, remission et pardon etc. Donné a Bar, le XXIIe jour de may, l’an mil cincq cens et ung. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., lez evesque de Verdun, prevost de Saint-George de Nancey, procureur general de Lorrainne et autres presens. H. Widrenges.

233 1501, 28 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Georgette, femme de Jean Maulichan, de Sommeilles, condamnée au bannissement pour tentative de meurtre, un an auparavant, sur la personne de son mari, qui depuis lui a pardonné et souhaite qu’elle revienne pour reprendre la vie commune. Copie, ADMM, B 7, f° 131v°-132.

René, etc. a tous etc., salut. L’umble supplicacion de Jehan Maulichan, nostre subject demourant a Sommeilles en noustre prevosté de Bar, avons receue contenant que comme depuys ung an ença, Georgette, sa femme, eust esté prinse et apprehendee au corps par justice a la doleance dudit Jehan, son mary, pource qu’elle s’estoit mise en debvoir de le voulloir tuer et murdrir de nuyt, luy estant cousché et endormy en son lit, d’un coup de hache qu’elle luy bailla sur(s) la teste, par la seduction d’aulcuns mauvais garsons et temptee de l’ennemy, dont elle a esté longuement detenue prisonniere es prisons de nostre chasteau de Bar, et depuys, par ce qu’elle a confessé de sa bouche avoir commis et perpetré ledit cas, a esté par justice en jour de sabmedi declairee publicquement banye hors de nos pays a tous jours mais et ses biens a nous acquis et confisquéz ; depuys lequel temps a convenu audit bel Jehan tenir deux mesnaiges, tant en France que en nostre duchié de Bar, pour le nourrissement d’elle et de ses petiz enfans. En quoy faisant, et pareillement a faire les poursuytes d’avoir la grace de ladite Georgette, il a quasi tout consumé et despendu tant pou de biens qu’il avoit, nous suppliant pour le grant voulloir et affection que 372

Corpus des lettres

ladite Georgette, sa femme, a de amender sa pouvre vie, luy remectre et pardonner ledit cas et la rapeller en nos pays, terres et seigneuries. Savoir faisons que nous, ayans regard a ce que ladite Georgette a pour ledit cas esté detenue prisonniere en nosdites prisons l’espace de ---, et depuys, en presence de la justice et de tout le peuple en jour de marché, esté amenee en jugement, ouye haultement la lecture de son procés, et aprés les conclusions de noustre procureur declairee bannye, aussi que, par les informations sur ce faictes, il appert qu’elle cria a haulte voix Jhesus en frappant sondit mary, pour ses causes, par l’advis et deliberation des gens de noustre conseil, inclinant a l’importune supplicacion dudit Jehan, son mary, qui est la principalle partie interessee, et a la charge qu’elle a de petiz enfans, et auxi que la justice a esté acomplie avecques ce pour le grant et fervent voulloir et affection que ledit Maulichan dit que ladite Georgette a de corriger et amender sa vie et se conduyre et gouverner pour l’advenir comme une femme de bien doit faire, de noustre certainne science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons remys et pardonné, remectons et pardonnons par ses presentes a ladite Georgette ledit cas, luy remectant ledit banissement et la rappellant en nos pays, terres et seigneuries, et de noustre plus ample grace la remectons a son bon fame et renommee, en imposant sillence perpetuel a noustre procureur general present et advenir. Si donnons en mandement par ces meismes presentes a noz baillif de Bar, prevost, procureur et a tous nos aultres justiciers, officiers de nostredit duchié, a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, rappel et pardon /132/ facent, seuffrent et laissent d’ores en avant jouyr et user ladite Georgette plainnement et paisiblement, la laissant venir, aller et converser en nostredit duché de Bar comme elle faisoit auparavant ledit cas par elle commys, sans en ce luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXVIIIe jour de may, l’an mil VC et ung. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., le bastard de Callabre, bailly de Bar, gens des comptes dudit lieu et aultres presens. Alixandre.

234 1501, 20 juillet - Gorze. Rémission accordée à Cailot et à Nicolas, fils de Mengin Beausire, de Selaincourt, coupables d’homicide commis sur la personne de Mouginot, doyen de ce village, au cours d’une dispute motivée par des injures que la victime proférait à leur adresse. Copie, ADMM, B 8, f° 172r°-v°-173.

René, par la grace de dieu roy de Jherusalem, de Sicile, duc de Lorraine et de Bar etc., marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et 373

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

d’Aubmalle etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplicacion de Cailot et Nicolas, freres, enfans de Mengin Beausire, noz subgectz demourans a Selaincourt en nostre conté de Vaudemont, avons receue contenant que nagueres se meust question et debat entre ledit Cailot et ung nommé Mouginot, doyen dudit Selaincourt, pour aucunes injures que ledit Mouginot dist audit Cailot, disant qu’il avoit esté prevost d’Eubexey mais il n’estoit point homme souffisant pour estre eschevin de Selaincourt pource qu’il avoit fait quelque faulte en son mestier, et autres parolles injurieuses contre l’onneur dudit Cailot, lesquelles il ne peust endurer ne souffrir et, ainsy couroucé qu’il estoit, prinst et tira ung petit cousteau qu’il avoit en sa saincture et s’approcha dudit Mouginot, le menassant de frapper, a quoy ledit Mouginot obvia et ving au devant dudit Cailot et luy bailla ung sy grant coup du poing a l’estomac qu’il le rua par terre et luy osta sondit cousteau. Et incontinant ledit Cailot se releva et s’en fouyt en sa maison et, tout meu et eschauffé, prinst une espee et retorna hastivemant devers ledit Mouginot qui estoit bien accompaigné de ses parens. Et quant ledit Cailot vint ou estoit ledit Mouginot et sesdits parens, se reprindrent de paroles et a combattre de fait en façon que ledit Cailot fut incontinant abattu par terre navré a la teste, mutillé d’esglaies de boys et de coups de pierres, ouquel second debat ledit Nicolas survint tout eschauffé parce que on luy avoit dit qu’il s’encourust audit debat et que l’on touoit ledit Caillot, son frere. Et quant il vist sondit frere par terre et que on le mutilloit ainsy, prinst une espee qu’estoit a terre aupres de sondit frere et en frappa plusieurs coups de plat sur ledit Mougenot pour luy faire lacher ledit Cailot, pendant lequel debat par fortune ledit Mougenot eust d’un coup de cousteau ou d’espee dedans le vendre que ledit Cailot luy bailla, avant que sondit frere y arriva, duquel coup /172v°/ ledit Mouginot tantost aprés se lessa mourir. Dont lesdits supplians, pour ce qu’ilz estoient prochains parens et qui n’avoient jamais eu question ne debat ensemble, ont esté et sont moult fort desplaisans et, doubtans rigueur de justice, se sont absentéz de noz pays, terres et seigneuries ou jamais ilz n’oseroient retourner ne converser sy nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, humblement implorant icelle, consideré que jamais ne furent actains ne convaincuz d’autres villains cas ou reproche, et que ledit Mougenot avant son trespas a pardonné sa mort ausdits supplians par deux ou trois foiz en presence de son curé, priant a sa femme et parens ne les en voulloir poursuyr, aussy que ledit Caillot audit debat a esté battu et navré par ledit Mougenot jusques a la mort. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que, par informacion sur ce faicte par nostre ordonnance, nous est apparu ledit cas estre advenu en la forme et maniere dessus dites et que les principalles parties interressees ne desirent la mort ou pugnicion corporelle desdits suplians, consideré aussy que par ladite informacion il appert qu’ilz sont bien faméz et renomméz et que jamais ilz n’eurent question ne debat audit Mougenot, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance, voulans prefferer misericorde a rigueur de justice, par l’advis 374

Corpus des lettres

et deliberacion des gens de nostre consel, avons ausdits Cailot et Nicolas, freres, en tant que besoing fait audit Colas remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par ces presentes le cas, crime et offence par eulx commise ensamble toutte peinne corporelle, criminelle et civille en quoy ilz pourroient estre encourruz envers nous et justice, satiffacion faicte a partie interressee civilement tant seulement si desja fait n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace les avons remis et remettons a leur bon fame et renommee en noz pays et dehors et les rappellons en iceulx, imposant sillence perpetuel a nostre procureur /173/ general present et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly de nostre conté de Vaudemont et a tous noz autres justiciers, officiers, tant de nostredit conté que de nostre duchié de Lorraine, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, souffrent et lessent joyr et user lesdits Cailot et Nicolas, freres, plainnement et paisiblement et les leisser retourner en nosdits pays, aller et converser en iceulx comme ilz faisoient auparavant ledit cas advenu sans en ce leur faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous [avons] a ces dites presentes, signees de nostre main, fait appendre le seau de noz armes, que furent donnees a Goze, le vingtiesme jour de juillet, l’an mil cincq cens et ung. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Verdun, seigneur de Pretot, de Beauvau, de Pierrefort, cappitaine de la garde et autres presens. Ainsy signé René. Et pour secretaire Alixandre.

235 1501, 11 août - Neufchâteau. Rémission accordée à Jean de Lacourt, d’Ajoncourt, pour des coups donnés à un jeune garçon de 13 ans nommé Gérardin, décédé quelques jours plus tard sans doute de maladie. Copie, ADMM, B 8, f° 184r°-v°.

René, par la grace de dieu etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplication de Jehan de Lacourt, demeurant a Adjoncourt, avons receue contenant que, ung jour passé, il se trouva en certains préz dessus Adjoncourt, esquelx il rencontra ung jeune filz nommé Gerardin, eagé d’environ XIII ans, qui avoit batu sa fille, pour l’eure a cause de quoy il print ledit Gerardin et luy donna cinq ou six coups de la main tant seullement, et que aprés ce qu’il eust ainsi batu ledit Gerardin, il vint encores en la maison dudit remonstrant querir son filz pour aller pescher, ce qu’ilz firent et vindrent manger leur poisson en la maison sans que ledit Gerardin eust mal ne douleur ; aussi que depuis ladite bature, ledit Gerardin estoit allé et venu par aucuns jours tant a la charrue que autres affaires de sa maistresse sans 375

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

faire plaintifs ne dolleance de ladite bature, et que peu de temps devant ladite basture il y avoit eu ung jeune filz mort de la peste en la maison ou demeuroit ledit Gerardin. Est advenu, ainsi qu’il a pleu a Dieu, que certain briefz jours aprés icelluy Gerardin est tombé en une maladie, ayant une boce derrier l’orreille, le col et estomach enflé, dont de ladite maladie a trois ou quatre jours aprés il est allé de vie a trespas. Et jaçoit qu’il y ait trop vehemente conjecture que ledit Gerardin aie esté mort de la peste ou autre accident plustost que de ladite bature, touteff[oys] ledit remonstrant, doubtant rigueur de justice et craingnant incarceration et longue detencion de sa personne, il s’est absenté du lieu et de noz pays esquelx bonnement il n’ozeroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit impartie, de laquelle humblement il nous supplie. Savoir faisons que nous, ayant regart au cas advenu en la forme et maniere que dessus, comme il nous a apparu par les informacions que en avons sur ce fait faire, informé aussi que ledit suppliant est bien famé et renommé sans estre convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, ains qu’il s’est tous jours gouverné bien et honnestement avecques ses voysins, femme et enffans, pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans voulons preferer misericorde [a] rigueur de justice, nous, de certaine science, grace especiale, auctorité souverainne et plainne puissance avons audit Jehan de Lacourt, suppliant, le cas dessus decleré quicté, /184v°/ remis et pardonné, quictons, remectons et pardonnons par ces presentes ensemble toutes amende corporelle, criminelle et civille que pour ledit cas il pourroit avoir mesprins et encourru envers nous et justice, et l’avons restitué, rappellé et remis, restituons, rappellons et remectons au pays et a ses biens non confisquéz, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general, satiffacion faicte a partie interessee tant seullement si desja faicte n’est. Si donnons en mandement par ces presentes a tous noz seneschaulx, mareschaulx, bailliz, procureurs, receveurs, prevosts, justiciers, officiers, hommes et subgectz, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que ledit Jehan de Lacourt ilz facent, seuffrent et laissent jouy et user de ceste nostre presente grace, remission et pardon sans luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun empeschement ou destourbier au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XIe jour d’aoust, l’an de grace Nostre Seigneur mil cinq cens et ung. Ainsi signé René. Par le roy de Sicille, etc., les prevost de Saint-George de Nancy, cappitaine de la garde, seigneur de Pierreffort, messire Henry de Barbay, chevalier, et autres presens. Et pour secretaire Humbert de Widrenges.

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Corpus des lettres

236 1501, 2 septembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Catherine, veuve de Didier Lecorcheur, de Givrauval, emprisonnée pour complicité du meurtre de son mari qui la maltraitait et voulait l’exclure de son testament. Copie, ADMM, B 8, f° 54r°-v°-55r°-v°.

René, etc., a tous etc., presens et advenir, salut. L’umble supplication et requeste des pere, mere, freres, parens et amys charnelz de Katherine, vesve de feu Didier Lescorcheur, en son vivant demourant a Givrauval, prevosté de Bar, avons receue contenant la forme que s’ensuit : Au roy de Sicile, duc de Lorraine et de Bar etc., nostre tresredoubté et souverain seigneur, remonstrent treshumblement en pitié et lamentacion Thieriot Larcher, Margueritte sa femme, Jehan Larcher et autres parens et amys charnelz que, comme environ quaitres ans peult avoir, ladite Katherinne estant jeune fille a marier, eaigié d’environ vingt ans, demourant en l’ostel de son pere au lieu de Hevillers, royaulme de France, ledit feu Didier son mary, qui estoit eaigié bien de cent et dix ans, l’ala demander a son pere pour l’avoir en mariaige, lequel lui accorda liberallement, et incontinant l’espousa et l’amena audit Givrauval ou elle s’est tenue avec sondit feu mary bien par l’espaice de quaitres a cinq ans, le servant le plus dilligemment qu’elle pouvoit combien qui la tractoit tresmal, la battoit et mutilloit, luy ostoit les clefz de la maison et n’avoit aucune administracion des biens d’icelle comme une femme doit avoir, amenoit journellement avec luy ung nommé messire Remy, prebstre chappelain dudit Givrauval, en leur maison. Et quant ladite suppliante le disoit et remonstroit a sondit feu mary que ung chascun en parloit parce qu’elle est jeune de XXV ans, lui respondist : « Qui est pou des feulles ne se trouve aux boys », parquoy ledit messire Remi ne lassoit journellement frequanter en leurdite maison et en presence dudit feu son mary, et tellement que depuis peu de temps ença ou contemp de vostre receveur de Dum en fut tresmal contant. Et fust advertye ladite suppliante que sondit feu mary avoit donné tout le sien audit receveur, son frere, et lui en avoit passé lettres, et que aprés son trespas elle n’auroit aucune chose mais demeuroit denuee de tout, elle et ses enffans, dont elle en fust tres malcontante et desplaisante. Quoy venu a la congnoissance dudit messire Remy et qu’elle n’estoit pas contante de ce qu’avoit sondit feu mary envers sondit frere en la deffraudant elle et ses enffans, par pluseurs foys est venu par devers icelle suppliante lui dire qu’elle estoit mal tractié avec sondit feu mary, aussy qu’il estoit tous jours mallade et estoit tous jours alaictié, et que quelque chose qu’elle le /54v°/ gardist s’il n’en n’auroit il riens et que tout estoit a son frere, lequel l’enmenroit ung jour avec son argent et laisseroit icelle suppliante avec ses enffans, et aussy lui dit que le filz bestard dudit receveur estoit venu audit Givrauval et disoit et publioit qu’il auroit tous les biens dudit feu sondit mary et qu’il chasseroit ladite suppliante 377

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

avec quelque compaigniee de gens de guerre, et qu’il enmenroit ledit feu Didier, son mary, en appelant ledit feu Didier, son oncle, villain sorcier et luy disant en presence de pluseurs gens qu’il le bruleroit avec ladite suppliante en leur maison, desquelles parolles ladite suppliante fut bien malcontante et desplaisante, et jusques au jour mesmes que sondit mary fut trespassé que ledit messire Remy la trouva que elle venoit le dimenche de vespres, et luy demanda se son mary estoit mallaide et qu’il n’avoit esté a l’esglise, laquelle luy respondist qu’il estoit mallade et pouvoit aller. Et lors ledit messire Remy lui dist qu’elle ne ferma son huis le soir et qu’il avoit de la chair de mouton, laquelle il luy porteroit, ce qu’elle fist. Et sur le soir ledit messire Remy vint illecques avec de la chair, ou il trouva ladite suppliante assise a son feu qui plouroit, luy demanda qu’elle avoit et se son mary estoit malade, qui luy respondist que ouy. Et lors luy commença a reciter les parolles cy devant dictes comme il avoit desja fait par pluseurs foys, luy demanda sy elle savoit ou estoit l’argent de sondit feu mary et s’il y avoit nulz coffres en la maison, laquelle suppliante luy dist qu’elle ne savoit aucunement ou estoit son argent, mais elle savoit bien qu’il y avoit ung coffre en la chambre embas ou jemais depuis qu’elle estoit mariee n’avoit veu dedens. Et lors ledit messire Remi luy dist qu’elle alla querir les clefz de sondit mary dessoubz son chevetz et qu’il luy feroit ung bon plasir, laquelle suppliante luy demanda : « Quel plasir luy ferié(n)s vous ? », et il luy respondist : « Il te fauldroit prendre son orillier, luy mettre sur sa bouche quant il sera couché et toy asseoir dessus pour l’estouffer », laquelle suppliante luy respondist que jemais ne le feroit se elle le debvoit encor nourir cent ans. Et adoncques ledit messire Remy luy dist telles parolles : « Se tu me veul prometre que tu n’en dires rien, je le /55/ feray moy mesmes », ce que luy promist ladite suppliante. Et incontinent ledit messire Remy luy demanda s’el avoit point d’orillier, qui respondist que ouy et luy en donna ung, lequel luy redonna, luy fist alumer la lumiere et porter ledit orillier sur la table de la chambre de sondit feu mary, ce qu’elle fist. Et aprés ce qu’elle fust en ladite chambre et qu’elle eust mis ledit orillier sur ladite table, ledit messire Remy entra en la chambre, souffla la lumiere, dit a ladite suppliante : « Va t’en, laisse moy faire », laquelle le laissa a pied du lit, s’en alla au en bas pour allumer la lumiere et tantost aprés retourna et trouva ledit messire Remy devant le lict, a laquelle il dit : « Il est mort, il ne souffle plus », pour quoy ladite depposante s’approcha du lict, tira la couverture arriere et vid qu’il estoit mort et regarda que l’orillier qu’elle avoit porté en ladite chambre estoit moillé, quoy veant voult brayre mais ledit messire Remy lui dist et la print par la main : « Tay toy, folle, prens maintenant ce que tu vouldres et je te le garderay, ne me recuse point ». A cause duquel cas, ladite pouvre suppliante en est detenue en grant pitié et, si de vostre benigne grace et misericorde n’y est regardee, elle est en voie d’y finir sa pouvre vie se vostre grace et misericorde ne lui est sur ce impartie. A ceste cause retorne par devers vostre majesté, humblement supliant que, pour l’onneur de la passion nostre seigneur Jhesucrist, il vous plaise avoir compassion d’elle et a sa jeunesse 378

Corpus des lettres

et a la persuacion et ainortement a elle fait par ledit messire Remy, qui l’a ainsy abusee et seduyte, et luy remectre et pardonner ledit cas en la remectant en son bon fame et biens, quoy faisant ferez oevre meritoire et elle et tous ses parens et amys prieront Dieu pour vous et vostre tresnoble lignie. Savoir faisons que nous, ayans resgard et consideration au contenu cy dessus et a la charge d’enffans que a ladite Katherinne, qu’elle est encore jeune femme et qu’elle a esté fort sollicitee et induyt par ledit messire Remi a quoy elle ne pouvoit, pour la fragilité ou elle estoit comme sont femmes, resister, et que jemaix ne fust actaincte ou convaincue d’aucuns villains cas que celui de present qui est bien malvaix, /55v°/ voulans preferrer misericorde a rigueur de justice, de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especiale, en faveur de pluseurs gens de bien que de ce nous ont supplié et requis, avons a ladite Katherinne quicté, remis et pardonné et par la teneur de ses presentes lettrez quictons, remectons et pardonnons le cas et crime dessus dit avecques toute peinne corporelle, criminelle et civil en quoy elle pouroit estre encourue envers nous et justice, satisfaction faicte aux parties civillement tant seullement se desja faicte n’estoit, et de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a ses bons fame et renommee et a ses biens non confisquéz comme elle estoit auparavant ledit cas advenu. Sy donnons en mandement a noz treschiers et feaulz conseilliers, bailly de Bar, lieutenant, prevost, procureur, receveur du baillage dudit Bar et a tous noz autres justiciers, officiers, hommes et subgectz dudit duchié, leurs lieutenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de ceste presente nostre grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ladite Katherine joyr et user plainement et pasiblement sans en ce luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, ains se elle estoit detenue prisonniere pour ledit cas et sesdits biens saisiz et empeschéz, la mectent incontinant a plainne delivrance et baillent joyssance desdits biens, car ainsy nous plaist il estre fait En tesmoing etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le IIe jour de septembre l’an mil VC et ung. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque et conte de Verdun, president des comptes de Lorraine et autres presens. Boudet

237 1501, 25 octobre - Gondrecourt-le-Château. Rémission accordée à Simon Boulengier le Jeune, demeurant à Jussey, pelletier, coupable d’avoir écoulé, un an auparavant, de la fausse monnaie fabriquée par un orfèvre de Lamarche. Copie, ADMM, B 8, f° 151.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Symon Boulengier le Jeune, pelletier natif de vostre ville de Lamarche, aaigié d’environ XVII ans, 379

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

avons receue contenant que depuis ung an ou environ, luy demeurant au lieu de Jeussey, s’acoincta d’ung appellé Didier Boulengier, orfevre, lequel depuis ce trouva au lieu de Lamarche et feist par le gré et consentement dudit Symon des faulx testons jusques au nombre de dix, desquelz ledit Symon en mist et exposa trois qui furent congneuz mauvais et contreffaiz et, craingnant qu’il n’en fust reprins et pugny selon l’exigence du cas, s’estoit absanté de noz pays esquelz il n’oseroit retourner sans avoir de nous dudit cas remission et pardon, nous suppliant treshumblement luy vouloir remettre et pardonner. Savoir faisons que nous, informéz dudit cas par noz officiers de ladite Marche que ledit Symon n’est orfevre ne se congnoist a faire monnoye et que ledit Didier l’a incité a mectre lesdits testons, aussi qu’il est constitué soubz jeune aige et que jamaiz ne fust actainct ou convaincu d’aucun villain cas fors icelluy, pour ces causes etc., principalement en faveur de nostre treschiere etc., la royne, que de ce nous a humblement supplié, avons audit Symon Boulengier le cas de crime dessus dit quicté, remis et pardonné et par la teneur etc., et d’abondant l’avons remis et remettons a ses bons fame et renommee aux pays et a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte a partie civilement tant seulement si desja faicte n’estoit, mandant aux bailly du Bassigny, prevost et clerc juré et a tous autres etc., imposant silence etc. En tesmoing etc. Donné a Gondrecourt le XXVe jour d’octobre, l’an mil cinq cens et ung. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque et conte de Verdun, seigneurs de Valengin et autres presens. Signé Boudet.

238 1502 (n. s.), 12 janvier - Nancy. Rémission accordée à Jean de Rosières, de Laneuveville-devant-Nancy, coupable d’homicide commis le 28 octobre 1500 sur la personne de Mengin Richart au cours d’une dispute survenue dans une taverne de Xirocourt au sujet d’une affaire d’héritage. Copie, ADMM, B 8, f° 238r°-v°-238 bis r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Receu avons l’umble supplication de Jehan de Rozieres, de Laneufville, contenant que, le jour de feste sainct Jude et Symon qui fust en l’an mil cinq cens, ledit Jehan de Rozieres se trouva au lieu de Xerocourt, en passant et allant qu’il faisoit en la maison de son oncle rencontra la mairesse, femme le maire Paresson, et la saluast, dont ladicte mairesse luy presenta a boire, de quoy ledit Jehan de Rozieres dit : « Je vous remercye, j’en maine ma femme, il est desja trop tart ». Se dit la mairesse : « Se vous n’y bevez, le maire en sera mal contant ». Adoncques ledit Jehan de Rozieres retourna, acompaigné du filz dudit maire, et entrerent en la maison dudit 380

Corpus des lettres

Rémission accordée par René II à un habitant de Jussey en 1501 (ADMM B 8, f° 151, lettre 237)

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maire ; la trouverent plusieurs gens avecques ledit maire qu’estoient a table buvant, et les salua ledit Jehan en leur disant : « Preu vous face, messeigneurs ». Et ledit maire presenta a boire audit Jehan et ledit Jehan print le voirre de la main du maire et but sans vouloir alors aucun mal a nully de la compaignie. Sy commança a dire ledit maire audit Jehan : « Nous beuvons le vin des grainnes », se dit ledit Jehan : « Je y demande part, je suis marchant comme les autres », et le maire luy dist qu’il avoit trop demeuré. Et adoncques ledit Jehan luy repondist : « Je vendrey une autreffoys plustost », et alors dist ledit maire audit Jehan de Rozieres : « J’avoye prins la charge de faire la paix du differant qu’avez avecques voz parsonniers de l’eritaige, dont debat avez entre vous », responda ledit Jehan : « Se vous en avez prins la charge, encores tien je se que en devez ». Alors dit Mengin Richart illec assistant : « Jehan de Rozieres, de cestieu heritaige tu n’y auras rien » ; lors luy dit ledit Jehan : « J’ay entencion d’en morir heritier », dit ledit Mengin : « Tu n’en a ja fait ne bien ne waillenment, tu es ja allé sur icelluy heritaige acompaigné d’autres avecques l’arbalestre bendee et grande dague acostee ». Se dit ledit Jehan, suppliant : « C’est ma coustume de les porter quant je suis a l’ostel en nostre /238v°/ ville, se les porte je ». Ledit Mengin luy dist : « Se je fusse esté au devant, je t’eusse bien fait retourner », responda ledit Jehan : « Tu m’y trouveras quant tu vouldras dessus mon heritaige ». Ledit Mengin dit « Tu serez tes fievres quartainnes, tu as desja dit que ma mere estoit une sotte », dit ledit Jehan : « Je ne le disoye point en la mesprisant, synon il me semble pour cause qu’elle est fuer d’aaige et en decrepité, qu’elle ne scet qu’elle dit et n’est plus creable ». Ledit Mengin dit : « Elle est plus creable que toy », dit ledit Jehan : « Qui le vouldroit dire, il menttiroit pourtant qu’elle est femme de cincq ou de six vings ans et est en decrepité, qu’elle ne doit estre si creable que ung home qu’est en l’aaige de vingt huit ou trente ans ». Dit ledit Mengin audit Jehan encorres une foys : « Tu as menti », dit ledit Jehan : « Ne me dementez point car, se nous estions autre part, je te monstreroye que tu n’es point homme pour moy dementir. « Lors ledit Mengin se leva de la table et prinst la cheyre sur quoy il se seoit et s’adressa contre ledit Jehan, et veant ledit Jehan l’homme se mouvoir contre luy, se tira au millieu de la maison et tira sa dague, et veant par les autres illec assistans que ledit Jehan avoit tiré sa dague, se leverent de la table, dont ledit Jehan leur dit : « Retirez vous, retirez vous, vous messeigneurs retirez vous », et voyant qu’ilz ne se vouloient retirer se mist en deffence contre eulx. Et alors s’aprocha ledit Mengin, cuidant oultraiger ledit Jehan, icelluy Jehan luy donna ung cop ou deux, desquelz cops la mort s’en ensuyvit en la personne dudit Mengin. Pour lequel cas ainsy commis par ledit Jehan, suppliant, icelluy, doubtant rigueur de justice, se absanta deslors de noz pays et seigneuries esquelz il n’a osé depuis et n’oseroit y retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant et requerant icelle, enssemble aussi que le vueillions /238bis/ rappeller en nosdits pays et seigneuries. Savoir faisons que nous, benignement inclinans a sa supplicacion, desirans misericorde pre382

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ferer a rigueur de justice, mesmes en faveur et l’umble supplicacion et requeste de nostre cousine la dame de Montagu, avons de nostre grace, plaine puissance et auctorité audit Jehan, suppliant, abolly, remis, quicté et pardonné et par ces presentes luy abolissons, remectons, quictons et pardonnons le cas par luy commis tel qu’il est dessus declairé, avec toute peinne et admende corporelle, criminelle et civille en quoy pour et a l’occasion que dessus il estoit encheu envers nous et justice, et l’avons remis et restitué, le remettons et restituons en son bon fame et renommee et le rappellons au pays et a ses biens non confisquéz, nonobstant les criees a ban s’aucunes s’en sont faictes a ceste occasion contre sa personne, imposant pour ce sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorraine present et advenir, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz seneschaulx, bailliz, procureurs, receveurs, prevostz, mayeurs, justiciers, officiers, hommes, vassaulx et subgectz, leurs lieutenans et a chascun d’eulx presens et advenir qu’ilz facent, seuffrent et leissent d’ores en avant et a tous jours ledit Jehan, suppliant, joyr et user de ceste nostre presente grace, abolission, pardon et remission, tout selon sa forme et teneur le leissent et seuffrent retourner en iceulx nosdits pays, y estre et demeurer comme il faisoit avant ledit cas advenu sans a son corps ne a ses biens faire ne souffrir faire, mectre ou donner aucun ennuy, destourbier ne empeschement au contraire, car ainsi le voulons, et de nostre ample grace a la requeste que dessus /238bis v°/ octroyé luy avons. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel, que furent faictes et donnees en nostre ville de Nancey, le XIIe jour de janvier mil VC et ung. Ainsy signé René. Par le roy de Sicile, etc., les seigneurs de Montagu, seneschal de Lorraine, bailly de Nancey, seigneur de Pretot et autres presens. Secretaire Cristien.

239 1502 (n. s.), 24 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean le Saulnoy, de Bouconville, coupable d’homicide commis le 26 juin 1501 sur la personne de Didelot le Grant Gorgias, dudit lieu, à la suite d’une querelle survenue dans une taverne de Loupmont. Copie, ADMM, B 8, f° 247v°-248.

René, etc. L’umble supplicacion de Didier le Saulnoy, ancien homme chargié de femme et de pluseurs enfans demourant en nostre ville de Bouconville, avons receue contenant que, le jour de feste saint Eloy6, l’endemain de

6 Il y a erreur du scribe ou du copiste : il s’agit de la Saint-Hilaire qui se situe le lendemain de la Saint-Jean-Baptiste.

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feste sainct Jehan Baptiste, peult avoir ung an, ung nommé Didelot le Grant Gorgias, dudit Bouconville, se trouva au lieu de Loupmont, auquel lieu estoient Jehan le Saulnoy, filz dudit exposant, qui est jeune filz a marier, Guillaume, filz de Didier de Malavilliers, prevost de Sancey, et autres, et d’arivee iceluy Gorgias demanda ou estoient les coquinailles de Bouconville et que toute l’ordure en estoit hors ou telles parolles. Et asses tost aprés s’en allerent boire ensemble en la taverne audit Loupmont, cheurent a parler d’une arbelestre, laquelle iceluy Guillaume desiroit avoir et en vouloit baillier trente trois gros a ung quidam dudit Loupmont, et pource que iceluy a qui ladite arbelestre appartenoit la donna franchement audit Guillaume, iceluy Guillaume luy dit qu’il luy bailleroit liberalement ce qu’il luy demanderoit du sien, sur quoy luy demanda ung bracquemart que ledit Guillaume portoit qui n’estoit pas sien, sicomme disoit ledit Guillaume. Et lors ledit Gorgias dist qu’il donroit audit quidam de Loupmont son bracquemart pour et ou nom dudit Guillaume, et de fait luy donna ; fut iceluy bracquemart mis et gecté sus ung lict en la chambre ou ilz estoient par celuy mesmes a qui il estoit donné, et depuis fu reprins et robbé par ledit Gorgias a mauvaise intencion, comme il est a presumer. Et aprés ce qu’ilz eurent beu et compté leur escot, lesdits Guillaume, Jehan le Saulnoy et autres se partirent dudit Loupmont pour retourner audit Bouconville, et ledit Gorgias, asses tost aprés, ayant ledit bracmart sur luy qu’il avoit reprins ou il l’avoit caché, et cheurent lesdits Gorgias et Jehan le Saulnoy en question pource que ledit Gorgias disoit et maintenoit que ledit Jehan le Saulnoy avoit dit que le prevost dudit Bouconville luy debveroit avant qu’il fut la Saint Remy la somme de cent frans. Et de ce se desmentirent l’un l’autre disant iceluy Gorgias entre autres parolles audit Jehan le Saulnoy : « Qui est ton pere ? Es tu filz de nostre sire ? Ton pere, Didier le Saulnoy, appelle le prevost de Bouconville nostre sire », dont ledit Jehan fut tresmal contant pour ce que c’estoit charge baillee a sa mere, qui est bonne et honneste femme, ledit Gorgias encor avec ce appellant plusieurs fois larron ledit Jehan le Saulnoy, luy disant qu’il deusist estre pendu et estranglé au gibet, et pluseurs autres injures villainnes desquelles cheurent en si grande rigueur que ledit Gorgias, d’un baston qu’il avoit couppé dudit bracquemart parmy les boys ou ilz avoient passé, avec lesdites parolles en fist pluseurs envaussemens audit Jehan, disant audit Jehan que, s’ilz n’estoient que eulx deulx, il luy monstreroit qu’il sauroit faire, ledit Guillaume et autres y mectans la paix ce qu’ilz povoient. Mais neantmoins tous jours se arguarent /248/ et demourarent ung peu darriere les autres, et ne tarda guieres qu’ilz mirent la main l’un a l’autre, assavoir ledit Gorgias premier audit Jehan que iceluy Jehan a luy, et tellement que d’un coup de cousteau que ledit Jehan en repellant bailla audit Gorgias, qui estoit bien armé du bracquemart dessus dit, ledit coup assis et baillé entre les deux espaules dudit Gorgias, il eust sang et playe et, luy venu audit Bouconville, se plaindist a la justice d’ilecques et environ huict jours aprés trespassa de vie a mort. A quoy ledit Jehan le Saulnoy, doubtant la rigueur de justice, s’est absenté de noz pays et n’ose retourner en 384

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iceulx si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement implorant icelle, en le remectant a son bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que par informacions sur ce par nostre ordonnance faictes a la charge et descharge dudit Jehan, nous est apparu le contenu cy dessus estre veritable, avecques ce que par lesdites informations ledit Gorgias a esté trouvé estre homme noisif, fier, orguilleux et titulé d’autres manieres et condicions qui le demonstrent avoir mal vescu, et aussi que luy estant en son lit mortel a recongnu a son medicin et cirurgien avoir esté cause de sa mort et avoir cuillié le baston dont il fut frappé le premier coup en intencion d’en oultragier ledit Jehan le Saulnoy, pour ces causes, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance, par l’advis et deliberation des gens de nostre conseil, avons audit Jehan le Saulnoy le cas et crime dessus dit quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons etc., satiffation faicte a partie etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Bar, le vingt quatriesme jour de janvier, l’an mil cinq cens et ung. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesques de Verdun, prevost de Sainct-George de Nancy, seigneurs de Pretot, de Beauvau, de Keures, de Taisey, president, gens des comptes de Barroys presens. Alexandre

240 1502 (n. s.), 4 février - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Chrétien, de Certilleux, laboureur, à ses fils Berthemin et Mengin, et à son frère Jean Bochart, de Landaville, charpentier, coupables d’homicide commis 1er octobre 1501 sur la personne de Mengin, dit le Roy, qui avait agressé Jean Bochart à plusieurs reprises. Copie, ADMM, B 8, f° 239v°-241.

René, etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplicacion des parens et amys de Cristien de Cartillieux, laboureur demourant audit lieu, Berthemin et Mengin, ses filz, et Jehan Bochart, charpentier demourant a Landenville, frere audit Crestien, avons receue contenant que, le jour de la Sainct Remey darniere passee, ilz s’estoient trouvéz dessoubz la ville dudit Cartillieux cuydant battre ung nommé Mengin, dit le Roy, et Jehan Perrin, son beau frere en loy, a cause de plusieurs menasses vilaines et oultraige que ledit Mengin avoit fait et dictes audit Cristien et Jehan Bochart comme cy aprés s’ensuit : que le dimenche aprés la messe, ainsy que les dessus dits se partoient de l’eglise dudit Landaville, ledit Jehan Bouchart commança a demender audit Mengin vingt cincq gros qu’il luy debvoit de compte fait es presences des trois maires dudit Landaville, leva une pierre de terre, disant icelluy Mengin qu’il assonmeroit ledit Bochart et qu’il n’avoit aucune chose a faire avecques luy, 385

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quoy voyant que ledit Bouchart requist ausdits mayeurs et autres habitans estans presens qu’ilz en fussent memoratifz. Et non contant de ce, le jour de la nativité monseigneur sainct Jehan Baptiste, ledit Jehan Bogart s’en venoit d’Annoy avec Jehan Didier, maire dudit Landeville, ou lesdits Mengin et Jehan Peron s’estoient cachiéz a aucun lieu pour le cuider battre ou tuer, comme depuis l’a recongnu ledit Jehan Perrin audit Jehan Didier, sa femme et ung nommé Jehan Berchemin. En oultre, le jour Sainct Michel dernier passé, ainsy que ledit Bogart faisoit une requeste au mayeur de monseigneur de Wauvilliers contre ung nommé Jehan Perin en presence du sergent, ledit Mengin Roy le prinst par les cheveulx, le tira par terre et le frappist tresfort sans ce qu’il luy demandast aucune chose, quoy voyant par ledit Bogart s’en alla plaindre a sa justice, pourquoy /240/ avoit estee assignee journee ausdites parties. Et quant vint ledit Crestien se trouva affin d’acompaignier sondit frere pour l’aydier a soustenir a son bon droit ou lors ledit Mengin comparut, mais incontinant se departist sans autrement obeyr a la justice ne sans congié, tout mal meu et furieux s’en alla en sa maison et alla prendre ung baston et retourna present ladite justice, disant ausdits Crestien et Jehan Bogart plusieurs parolles injurieuses, et entre autres que, premier qu’il fust vingt quatre heures, il les trouveroit et que ledit Crestien seroit a la feste, il auroit du gasteau, desquelles parolles lesdits Crestien et Bogart en prindrent et requirent avoir la congnoissance tant de ladite justice que d’autres pluseurs habitans qui lors y estoient. Ce neantmoins, ledit jour de Sainct Remey comme dit est, lesdits Crestien, Berthemin et Mengin, ses filz, ensemble ledit Bogart se trouverent desoubz ladite ville de Cartilieux sans ce qu’ilz eussent aucuns bastons invasibles, fors seulement des paulx qu’ilz avoient prins en passant, ou lors y estoient ledit Mengin, commencerent de rechief a proferer parolles injurieuses les ungs aux autres tellement que, pour cas fortuit, ledit Mengin eust ung coup dont mort s’en est ensuye. Et deslors lesdits povres supplians s’absenterent de noz pays et n’y oseroient retourner si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle que pour l’onneur de Dieu il nous plaise leur pardonner ledit cas eu resgard a ce que dessus, et aussi que ledit Mengin estoit ung home noisif et vindicatif, et par le contraire lesdits supplians bonnes gens bien faméz et renomméz sans jamais avoir estéz convaincus d’autres villains [cas] fors d’iceluy, /240v°/ dont ilz sont fort desplaisans, et les remettre a leurs bons fame et renommee et a leurs biens non confisquéz, imposant sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorraine present et advenir. Savoir faisons que nous, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance, meisment a la singuliere et instante requeste et priere des contes de Chalan, baron de Cheveron et autres plusieurs seigneurs et gentilz hommes du pays de Savoye estans a la feste des nopces dudit conte et de la fille de nostre treschier et feal le seigneur de Valengin qu’avons presentement fait en ce lieu, avons ausdits Crestien, Berthemin et Mengin, ses enffans, et Jehan Bogart ledit cas et crime tel qu’il est cy dessus narré quicté, remis et pardonné et par la 386

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teneur de ces presentes quictons, remettons et pardonnons avecques toutes peinnes et amende criminelle, corporelle et civille en quoy ilz pourroient et ung chascun d’eulx a l’occasion que dessus estre encouruz et escheuz envers nous et justice, satiffacion faicte a partie interessee civilement tant seulement se desja faicte n’estoit, et les remettons a leur bon fame et renommee et a noz pays et dehors et a leurs biens non confisquéz, en imposant silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz mareschaulx, seneschaulx, bailliz, prevostz et autres noz justiciers, officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et leissent lesdits Crestien, Berthemin, Mengin et Jehan Bogart joyr et user plainement et paisiblement sans en ce leur faire ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. /241/ En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait appendre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le IIIIe jour de febvrier, l’an de grace mil cincq cens et ung. Ainsy signé René. Par le roy de Sicile, etc., les seigneurs de Pretot et de Dompmartin, de Taisey, de Keures, cappitaine de la garde et autres presens. Secretaire Alixandre.

241 1502 (n. s.), 24 février - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Mengin le Breton, de Fraisnes-en-Saintois, coupable d’homicide commis le 5 octobre 1501 sur la personne de Jean Raysel à la suite d’une querelle survenue dans une hôtellerie de la localité ; la victime avait cependant disculpé Mengin. Copie, ADMM, B 8, f° 245v°-246.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication des femmes, enffans, parens et amys de Mengin le Breton, de Fraisne en nostre conté de Wauldemont, avons receue contenant que, le mardi cinquiesme jour d’octobre dairrain passé, ledit Mengin estant paisiblement au disner en une hostellerie audit lieu avec pluseurs, survint illecques ung nommé Jehan Raysel, naguieres prevost de Gondreville, qui a tort et sans cause l’aggressa de parolles, luy disant injures quasi intollerables, lesquelles ledit Mengin porta et souffrit assez paciemment sans se mouvoir jusques ung nommé Jacquot Gerardin, de la Grant-Fresnel, son cousin, par grande fureur commença le debat et dit audit Mengin : « Vien ça ! Te veulx tu mesler de mon cousin ? Par le sang bieu, je te deffie aux champs et a la ville », et a ces parolles se leva iceluy Mengin et tous trois sortirent hors ladite hostellerie, ledit Raisel ayant une bende de fer d’un tray breyse ou vayn et ledit Jacquot ung floyel, et deslors aggresserent et coururent sus audit Mengin et le chasserent jusques emmy la ville. Adoncques ledit Mengin, qui n’avoit 387

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aucune desfence contre eulx qui fort serchoient l’outragier, se tira cheuz luy et print ung petit bracquemart et aprés quelque petite espace de temps, cuydant les dessus dits estre retiréz et refroidéz, pensant retourner a ladite hostellerie, les trouva qui le guectoient et actendoient devant icelle, fourniz de pierres qu’ilz gecterent en grande habondance et par si grande fureur a l’encontre de luy que de pluseurs coups il fut fort navré et quasi gecté a terre, et semblablement le contraingnirent et dechasserent par grande violance jusques en sa maison et firent ledit effors de rompre la porte et entrer dedens pour l’outragier et murdrir comme ilz le demonstroient par effect, et, veans qu’ilz n’y pouvoient entrer, se retirerent. Peu de temps aprés ledit Mengin, cuidant les dessus dits estre retiréz et appaiséz, se mist de rechief au chemin pour retourner a l’ostellerie dessus dite pour satisfaire de son escot, et ne fust gaires avant le dessus dit Jacquot Gerardin, plus furieux que par avant, luy vint au devant detestant et jurant execrablement qu’il le feroit le plus marry de son linaige et, commençant tous jours a aprochier ledit Mengin, il reculoit jusques il pressa si fort iceluy Mengin que force luy fut, s’il ne vouloit mourir, mectre son baston au devant de luy en façon que enfin ledit Jacquot fut d’icelui frappé en l’estomac, tellement que aprés huicts jours il est allé de vie a trespas. Durant lesquelx huit jours, ledit Jacquot a tous jours decoulpé ledit Mengin et congneu publicquement qu’il avoit esté et estoit cause de sa mort pour ce qu’il avoit a tort et sans cause entreprins sur ledit Mengin, et mesmes es presences des gens d’eglise, cirurgiens et de pluseurs gens de la ville ausquelz il prioit, en l’onneur de la passion nostre seigneur Jhesucrist, qu’ilz voulcissent estre intercesseurs envers nous pour ledit Mengin ad ce qu’il peust obtenir sa grace et remission, consideré aussi que le maire de la seigneurie dudit Mengin leur deffendoit oeuvre de fait, disant que, si ledit Breton avoit affaire a eulx, il leur feroit bonne justice. Pour lequel cas ledit Mengin, craingnant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays ou il n’oseroit retourner si nostre grace ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle, consideré que ledit feu Jacquot l’avoit tous jours assailly et qu’il luy estoit force soy desfendre. /246/ Savoir faisons que nous, ce que dist est consideré, mesmement que par information sur ce faicte par nostre ordonnance nous est apparu le contenu cy dessus estre veritable par l’advis et deliberation des gens de nostre conseille ausquelz avons fait veoir et bien deliberer lesdites informations, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons audit Mengin le Breton ledit cas, crisme dessus dit remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avecques toute painne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encourru envers nous et justice, satiffation faicte a partie civilement tant seullement si desja faicte n’estoit, imposant silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir, et de nostre plus ample grace le remectons a ses bon fame et renommee a noz pays et dehors, le rappellant en iceulx. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly dudit conté de Wauldemont, prevost, procureur dudit conté, a tous noz 388

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autres justiciers, officiers, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Mengin le Breton joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy faire ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, le laissent aller, retourner et converser en nosdits pays comme il faisoit auparavant ledit cas advenu, car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXIIIIe jour de febvrier, l’an mil cinq cens et ung. Signé René. Par le roy de Sicile, etc. les bailly de Bar, seigneur de Gironcourt, gens des comptes de Barroys presens. Alexandre.

242 1502 (n. s.), 5 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Saltrect, François Morelot, Jean Thierry et Guillaume Thierry, de Fontenoy-le-Château, clercs tonsurés, coupables d’homicide commis au cours d’une rixe le 1er  février 1502 sur la personne de Nicolas Lalemant qui était chargé de délivrer une prostituée que les quatre clercs avaient enlevée dans la demeure du prieur de Fontenoy. Copie, ADMM, B 7, f° 125v°-126.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste des peres, meres, parens et amys charnelz de Johannes Saltrect, François Morelot, Jehan Thierry, Guillaume Thierry, tous clercz tonsuréz, jeunes filz a marier demourant en nostre ville de Fontenoy, avons receue contenant que, la vigile de la Purificacion Nostre Dame derrain passee, ilz et autres compaignons s’en allerent devant l’ostel du prieur dudit Fontenoys pour ce qu’ilz avoient esté advertiz qu’il y avoit une fille de joye commune et trouverent les huisses ferméz, demandant audit prieur ouverture et ladite fille, que leur respondit qu’ilz n’y entreroient ja et ne l’auroient point. Ausquelz parolles, l’un d’eulx bailla ung cop de pied a l’uys de devant et l’ouvrist et ung autre a l’uys de la chambre ou estoit ladite fille, et prindrent icelle et l’amenerent, pendant et en faisant lesquelles choses ledit prieur envoya en l’ostel du capitaine dudit Fontenoy querir de ses gens. Et ainsi que lesdits remonstrans cheminoient, rencontrerent ung que se nommoit Nicolas Lalemant, ayant ung espied en sa main, que leur dist qu’ilz n’enmenroient point ladite fille avecques eulx, et soy mectant au devant, prenant noise et usant de parolles fort rigoreuses contre eulx, et en eulx debbattans et empongnans ensemble, les ung ayans dagues tirees et ledit espied, y eust d’aucuns compaignons, dont l’en ne sceit ne peult savoir les noms, qui gecterent des pierres dont les unes cheurent sur le bras du cappitainne dudit Fontenoy que survint a ladite meslee, et les autres sur la teste dudit Nicolas Lallemant, duquel cop tumba a terre et eust une grosse bosse 389

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en la teste, fut relevé et mené en sa maison. Lors l’envoya querir ung barbier pour le penser, lequel luy persa ladite bosse dont saillist ung peu de sang, et le lendemain, par faulte d’estre bien pensé et de bon regime, alla de vie a trespas. Pour lequel cas, lesdits Johannes Saltrect, François Morelot, Jehan Thiery et Guillaume Thierry, doubtans rigueur de justice s’estoient absentéz de nosdits pays, esquelz ilz n’oseroient retourner sans preallablement querir de nous abolicion et pardon, nous requerans iceluy. Savoir faisons que nous, deuement acertenéz de ce que dessus par informacions qu’en avons fait faire, ayans regard et consideracion aux bons fames et renommees des dessus dits, a leurs jeunesses, que jamais ne furent actains ou convaincuz de cas villains dignes de reproches, et qu’il n’appert souffisamment qu’ilz ou aucuns d’eulx aient fait le cop dont ledit Nicolas est allé de vie a trespas, aussi que iceluy Nicolas estoit mal famé et renommé homme ryoteux et aggresseur de debatz, pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans, par deliberacion /126/ de conseil, avons de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial a iceulx Johannes, François, Jehan et Guillaume ledit cas et crime, s’aucun en y a, aboly, quicté et pardonné et par la teneur de ces presentes abolissons, quictons et pardonnons avecques touttes peinnes corporelles, criminelles et civilles en quoy ilz et chascun d’eulx pourroient estre encourruz envers nous et justice, sattiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement en tant que tenuz y seroient, et les avons remis et remectons a leurs bons fames et renommees et a leurs biens non confisquéz comme ilz estoient auparavant ledit cas advenu. Sy donnons en mandement aux bailly de Vosges, lieutenant, procureur et autre officier de nostre bailliage dudit Vosges et a tous autres noz justiciers, officiers, hommes et subgectz, leurs lieutenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de ce present pardon et abolicion seuffrent et laissent a tous jours mais joyr et user paisiblement lesdits Johannes, François, Jehan et Guillaume sans en ce leur faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, et imposons silence perpetuelle a nostre procureur general de Lorrainne et a tous autres, voulans que s’ilz ou aucuns leurs biens estoient a l’occasion que dessus prins, saisiz ou empeschiéz aucunement, que incontinent soient mis a plainne delivrance, et d’abondant declairons tous adjournemens et proclamacions a ban faiz a l’encontre d’eulx nulz et de nulle valleur. En tesmoing etc. Donné a Bar, le Ve de mars l’an mil cincq cens ung avant Pasques. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., lez bastard de Callabre, seigneurs de Kaeures, de Remecourt et autres presens. Boudet.

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243 1502 (n. s.), 9 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean et Didier Jennon, de Rouvres-en-Xaintois, coupables d’homicide commis à la fin de mars 1500 sur la personne de Matisse le Rouyer, surpris à détourner l’eau due à des fortes pluies vers le champ de leur mère. Copie, ADMM, B 7, f° 119r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion de Ysabel Jennon, pouvre vesve femme demourant a Rowe on Sainct-Aulx soubz la seigneurie du seigneur de Ville, avons receue contenant qu’elle est chargee de quatre filz dont l’ung des quatre, nommé Jehan Jennon, se partist nagueres durant les grandes eaues que sont survenues en la fin de mars, tenant ung fousseu en sa main pour aller destourber l’eaue qui n’entrast en ung champs appartenant a ladite Ysabel et, ainsi qu’il arriva en icelluy, trouva ung appellé Matisse le Rouyer, dudit Rowe, lequel tournoit ladite eaue sur l’eritage d’icelle Ysabel. Lequel Rouyer, pour ce qu’il est homme noisif et ryoteux a ung chascun, comme tous ceulx de la ville le scevent, se print audit Jehan Jennon de parolles et luy dist de grandes injures, sur quoy survint ung de ses freres appellé Didier, filz d’icelle Ysabel, aagié d’environ vingt ans, que estoit party de l’ostel de sa mere doubtant que sondit frere ne fust oultraigé dudit Rouyer pource qu’il savoit que estoit rioteux /119v°/ et noisif, aussi que sondit frere demouroit trop longuement aux champs, prinst a ceste cause ledit Didier ung fosson en sa main et s’en allit oudit champ ou estoit sondit frere, ouquel il trouva de prime face ledit Rouyer que oultrageoit sondit frere de langage et de parolles injurieuses en luy disant de grant villenie, faisant semblant de le batre. Adoncques, quant ledit Didier vit que ledit Rouyer chassoit sondit frere pour l’outraigier, il s’approucha de luy et le frappit de son fosseu sur la teste et lui donna ung cop seullement, duquel la mort s’en est ensuye au bout d’un jour aprés. Pour lequel cas ledit Didier et sondit frere se sont absentéz de noz pays, terres et seigneuries, doubtans rigueur de justice, esquelz ilz n’oseroient jamais retourner ne converser si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement supplians icelle. Voullons, en l’onneur et reverence de la passion nostre seigneur Jhesucrist qui souffrit mort et passion a tel jour que ce jour d’uy, remectre, quicter et pardonner audit Didier et sondit frere ledit cas et crime dessus dit avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille, consideré que pour iceluy les biens de ladite Ysabel et de sesdits enffans sont mis en la main dudit seigneur de Ville et de leurs autres seigneurs, et pour ce en dangier d’estre perduz, et que jamais lesdits enffans ne furent actains ne convaincuz d’autres villains cas. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil, de nostre certainne science, grace especial etc., pour honneur et reverence de la benoiste et sainte passion de nostre saulveur et redempteur Jhesucrist, avons audit Didier et a sondit frere ledit cas et crime dessus dit remis, 391

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

quicté et pardonné etc., avecques toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy ilz pourroient estre encouruz envers nous et justice etc., satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement et non autrement leurs biens non confisquéz, mandant au bailly de Vosges et a tous autres justiciers et officiers que de la presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent joyr et user ledit Didier et sondit frere plainement et paisiblement en la maniere que dessus etc., et d’abondant les a remis a leurs bons fames et renommees etc., en mectant au neant tous adjournemens etc., en imposant sillence perpetuelle au procureur general de Lorrainne present et advenir. En tesmoing etc. Donné a Bar, le IXe jour d’avril, l’an mil cincq cens ung. Signé René. Par le roy de Sicile etc., lez bastard de Callabre, maistre d’ostel, Hardy Tillon, seigneurs de Keueres, de Remecourt et autres presens. Alexandre.

244 1502, 12 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Waultier Maillot, de Ligny-en-Barrois, emprisonné à Bar-le-Duc, et à Poinsette, sa femme, condamnés par la justice de Ligny pour recel d’objet précieux acquis depuis un an d’un nommé Jean de Mirecourt, exécuté à Bar, et dont le procès en appel est en cours devant les Grands Jours de Saint-Mihiel. Copie, ADMM, B 8, f° 212v°-213r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion et requeste de Waultier Maillot, prisonnier detenu ez prisons de nostre chastel de Bar, et Poincette sa femme, de Liney, avons receue contenant que comme depuis ung an ença ou environ, ung nommé Jehan de Mirecourt et Didocte, sa femme, ayent converséz en leur maison qui vendoient vin en detaille et assiete de gens, et en faisant despence de bouche et de vivre eussent eu converreçation avecques lesdits supplians, au moien de laquelle leur avoient vendu, donné et engaigié pluseurs petites bagues comme une petite nappe ouvree et deux petites serviettes vielles vendues pour le pris et somme de quatorze blans, trois couvrechiefz vendus six gros et demi et deux petis chappellectz de coural rouge ensemble six boutons de perles, que ladite Didecte avoit vendus audits supplians le pris et somme de neuf gros avecques deux autres boutons de perles et trois petites boursectes et quatre ou cinq petis lambeaulx de soye et velours, que ladite Didecte avoit donnee aux deux petites filles d’icelle pouvrette pour en faire dez poupes, et depuis une porçon d’une couronne d’argent doré chargee d’aucunes petites perles et pierres comme pour filles qui espousent, ung fermillon d’argent doré et deux cuillerectes d’argent, lesquelles parties de couronne, fermillon et queullerectes coustrerent audit suppliant la somme de sept frans trois gros, et aussy quatre petis clouz d’argent d’une saincture qui cousterent dix blans. Et sy avoit ledit de Mirecourt baillié audit 392

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Waulthier, suppliant, une petite chesne d’argent doré tout emmortellé de terre, laquelle il disoit avoir trouvé, dont pour congnoistre que c’estoit icelui suppliant l’avoit monstré a ung orfevre nommé Charles, demourant audit Liney, qui aprés incision et applatissement fait par lui de l’un des chesnons luy avoit dit que c’estoit argent doré, pourquoy il lui pria la vendre ou il pourroit mieulx, ce qu’a fait ledit orfevre qui l’a vendue la somme de six frans X gros, comme il a rappourté audit suppliant. Et pour recompense a baillié a pluseurs fois ledit suppliant audit Mirecourt jusques a trente cinq ou trente six gros tant en argent comme autres danrees, quy depuis lui a esté obligé et mis en main par lui et par sa femme a diverses fois une petite tasse d’argent doree dedans qui peult peser environ deux onces, et une petite croisecte d’argent doree, laquelle semble avoir esté rompue de quelque autre joyau d’argent, avec une couverte de lict de drap de lainne et de fil de diverses couleurs en maniere de rondeaulx pour la somme de cinq francs ung gros que ledit Mirecourt et sa femme lui devoient, et dont le coustillon de coleur rouge de ladite Didecte tenoit en gaige pour ladite somme, pour lequel ravoir icelles petites tasses, croisecte /213/ et couvertoir leur feurent bailléz et mis en main pour gaiges. Et aussy estoient engaigiéz en la maison desdits supplians ung petit garde mangier d’estain, une escuelle et ung petit paaillon pour la somme de dix huict blans ung denier, lesquelles choses iceulx supplians avoient ehu et receu par parties desdits de Mirecourt et sa femme, qui estoient pouvres gens, et pour la pouvreté desquelx lesdits supplians sçavoient et povoient assez savoir n’avoir lesdites bagues et choses dessus dites en leur biens, mesmement que ledit Mirecourt estoit suspicionné audit Liney d’estre laron, et comme tel et sacrilege a fini sez jours miserablement en nostre justice et signe patibulaire dudit Bar, et pour ce ne lez debvoient recevoir de eulx celeement et secretement ainsy qu’ilz ont fait. Pour lesquelx cas ledit Waultier, suppliant, avoit esté emprisonné ez prisons dudit Liney dont il avoit appellé et sondit appel relevé devant nostre bailly de Bar, et comme criminel avoit esté amené ez prisons de nostre chastel de Bar ou son procés et cas d’appel luy a esté fait, sur lequel il a esté finablement dit et declairé par la sentence du lieutenant de nostredit bailly avoir esté mal appellé et renvoyé audit Liney et devant lez officiers dudit lieu pour lui faire son procés au principal sur ledit cas criminel et condempné ez despens dudit procés, de laquelle il a appellé a noz grans jours de Saint-Mihiel. Et ladite Poincecte, sa femme, pour ce que pendant ledit procés lesdits officiers dudit Liney la menassoient de prendre et emprisonner, pour ledit cas s’estoit pourtee pour appelante et son appellacion relevé aux assises prochaines de nostredit bailly de Bar, lesquelles appellacions ilz avoient faictes et intergectees doubtans la fureur desdits officiers de Liney et afin de non cheoir en leurs mains, ausquelles ilz nous ont supplié et requis estre admis a renoncer et qu’il nous pleust leur pardonner ledit cas et leur en baillier noz lettres de pardon et abolicion, autrement force seroit a ladite Poincette et a sez petites filles et enffans abandonner noz païs et vivre en grant pouvreté et mendicité touttes leurs viez. Pourquoy nous, ces choses considerees et ayans regart et consideracion a la bonne fame et renommee que faicte 393

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

nous a esté dez personnes desdits supplians, et que jamais lesdits Waultier et Poincette ne feurent actains ou convaincus d’autres cas dignes de reproches, et a la pouvreté et mendicité en laquelle lez enffans desdits supplians cherront sy lesdits supplians estoient excecutéz pour ledit cas, et voulans misericorde estre preferee a rigueur, pour cez causes et autres raisonnables ad ce nous mouvans, de nostre certaine science, auctorité et grace especiale, par l’advis et deliberacion dez gens de nostre conseil sur ce eue, avons fait admectre et recevoir iceulx supplians a renoncer a leursdites appellacions, et en oultre leur avons lez /213v°/ cas et crimes dessus dits remis, quicté, abolz et pardonné et par la teneur de cez presentes lez remectons, quictons et abolissons et pardonnons avecques touttes peinnes corporelles, criminelles et civilles en quoy pour occasion d’iceulx ilz pourroient estre encourruz envers nous et justice en lez restituant en leurs bonnes fames et renommees au païs et a leurs biens non confisqués, en paiant lez despens soustenuz par les parties adversez jusques a present a cause desdites appellacions et satisfacion faictes aux parties interessees civillement tant seullement se fait desja ne l’avoient. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a noz améz et feaulx bailly de Bar, prevostz, procureurs, receveurs, cler juréz dudit bailliage et a tous noz autres justiciers, officiers, hommes et subgects de nostredit duchié de Bar, leurs lieutenans et a chascun d’eulx sy comme a lui appartiendra, que de ceste nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent jouyr lesdits supplians et user plainement et paisiblement sans en ce leur faire mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier et empeschement au contraire, ains s’ilz ou aucuns d’eulx estoient a l’occasion que dessus detenus prisonniers et leurs biens saisiz ou empeschéz, incontinent lez faictes mectre a plainne delivrance, car ainsy nous plait il estre fait, en imposant sur ce silence perpetuelle au procureur dudit bailliaige et a tous autres. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XIIe jour d’apvril, l’an mil VC et deux aprés Pasques. Ainsy signé René. Par le roy de Sicille, etc., lez evesque et conte de Verdun, prevost dez channoines de Nancey, gens dez comptes du duchié de Bar, lieutenans dez baillifz de Saint-Mihiel et de Clermont, procureur dudit Bar et pluseurs autres presens. Boudet. Registrata H. de Widrenges.

245 1502, 22 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jacob de Hez, de Laheycourt, coupable d’homicide commis le 11 novembre 1501 sur la personne de Henry Corby, de Vanault-leChâtel, au cours d’une dispute survenue dans une taverne de Bannoncourt. Copie, ADMM, B 8, f° 209.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication Dediere, femme de Jacob de Hez, demourant a Laheicourt, et unze ses enffans, noz hommes et femmes 394

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de corps, avons receue contenant que, le jour Saint Martin l’an mil cinq cens et ung darrain passé, ledit Jacob, qui estoit allé veoirs les parens de ladite Didiere au lieu de Warnacourt dont elle estoit natisve, se trouva en une taverne audit lieu avecques autres compaignons qui y beuvoient, et eulx estans illec, ung nommé Hanry Corby de Wanau estant audit lieu y sourvint et luy et ledit Jacob se prindrent a chanter ensemble et, quant vint a compter l’escot, ledit Hanry se partit de la chambre et s’en alla en la cuisine et aprés retourna en ladite chambre, auquel ledit Jacob et autres compaignons dirent qu’il paiast son escot comme eulx, a quoy il respondit qu’il n’en devoit riens. Et neantmoins, combien qu’il y eust beu et mangé, il n’en voulut aucune chose paier, prinst question et debat de parolles avecques ledit Jacob, lequel luy dist par plussieurs foiz qu’il s’en allast, ce qu’il ne voulut faire mais plussieurs foiz sortit de ladite chambre, alla a la cuisine et retourna en ladite chambre en incitant et commovant a ire ledit Jacob qui ne luy demandoit autre chose que paier son escot et qu’il s’en allast. Tellement fut eschauffé iceluy Jacob contre ledit Hanry que, aprés multiplicacions de parolles, par chaleur il bailla audit Hanry ung coup de bracquemart, duquel tantost aprés mort s’en est ensuyvie. Pour lequel cas etc. Savoir faisons etc., sactiffacion faicte a partie etc., en imposant silance etc. Donné a Bar, le XXIIe jour de may, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque de Verdun, prevost de Saint-George de Nancy, bailly de Bar, seigneurs de Valengin, de Keures, de Taisy et autres presens. Alexandre.

246 1502, 2 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jacquemin le Picardel, d’Esnes-en-Argonne, emprisonné à Montzéville, coupable d’homicide commis le 10 mai 1502 sur la personne de Didier Collin, père d’une jeune fille dont il était amoureux, qui l’empêchait d’entrer dans une maison où elle se trouvait. Copie, ADMM, B 8, f° 209v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’humble supplicacion et requeste des mere, freres, seurs, parens et amys de Jacquemin le Picardel, jeune filz a marier demourant a Esne, prevosté des Montignons, avons receue contenant que, le Xeme jour de may derrain passé, ledit Jacquemin estoit allé soupper en l’ostel de Jehan Pillement, hostellier demourant audit Esne, et aprés ce qu’il eust souppé, en se retournant fut adverty que Ysabel, fille Didier Colin, de laquelle il estoit amoureux pour l’avoir en mariage, estoit en l’ostel Nicolas Thiecelin, demourant audit lieu, et passa par devant icelle pour ce que s’estoit son chemin, et luy illecques arrivé, hurta a l’uys de ladite maison et fut dit par la fille dudit Nicolas : « Qui est la ? », « Se suis je, respondit ledit Picardel, ouvrez moy(s) l’uys. Ysabel est elle ceans ? », a quoy ladite fille dist : » Ouy, 395

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mais je ne vous ouveray point la porte, que nous sommes tous couchiéz ». Et ainsy qu’il parloit a elle sans soy doubter de nulluy, ledit Didier Colin et Didier Colin, son filz, saillerent sur luy et d’une masse de fer que tenoit ledit Didier Colin frappa ledit Picardel pluseurs coups, dont il le bleça fort a l’estomacque et au dos comme il apparoissoit encores ; quoy veant et qu’ilz estoient deux contre lui, craindans la fureur d’eulx, tira une espee qu’il avoit et d’icelle donna ung coup audit Didier Colin pere sur la teste, duquel peu de temps aprés estoit allé de vie a trespas. A l’occasion de quoy, il avoit esté prins au corps et constitué prisonnier en noz prisons d’Amonzeville ou il estoit encores presentement, en dangier de miserablement finir ses jours se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, en nous suppliant lui vouloir pardonner. Savoir faisons etc. Si donnons en mandement etc., et imposons scilence etc., car ainsy le voulons etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le deuxiesme jour de jung, l’an mil VC et deux. Ainsy signé René. Par le roy de Sicile, etc., les seigneurs de Valengin, de Keures et de Wacincourt, gens des comptes du duchié de Bar, lieutenans des bailliz de Saint-Mihiel et du Bassigny presens. Et pour secretaire Boudet, etc.

247 1502, 24 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Thierry Balan, de Pareid, coupable d’homicide commis le 12 juin 1502 sur la personne de Michelet le Methisin, du même lieu, à la suite d’une dispute survenue au cours d’une partie de jeu de paume. Copie, ADMM, B 8, f° 223r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication et requeste des pere, mere, parens et amys charnelz de nostre amé et feal Thierry Balan, de Parey en Woyvre, avons receue contenant que, le dimenche XIIe jour de ce present mois de jun, Michelet le Methisin dudit Parey, dit et appelé vulgairement le maire Michault, a heure de deux ou trois heures aprés midi, jouoit a la palme audit lieu de Parey estant en la compaignie de dix joueurs d’un costé et d’autre, et en jouant ung de ses compaignon, nommé Jehan de Varennes, dit audit maire Michault qui jouoit au toict : « Ostez vous de la que vous nous empeschez, et me laissez jouer, que je joueray mieulx que vous, ou autrement je ne joueray meshuy », a quoy respondit ledit maire Michault : « Je n’en partiray pour homme que je voye ». Lors ledit Thierry, qui estoit present au jeu, prinst la parolle et dist : « Maire Michault, tu dis que tu n’en bougeras pour homme qui soit icy. Si le roy y estoit, ne t’en bougeroys tu pas ? », « Si feroye, ce dist ledit Michault, et feroie pour lui ce qu’il luy plairoit, mais pour vous ne pour homme que je voye, je n’en partiray point ». A ces parolles se leva ledit Thierry en jurant : « Par la char dieu, je t’en feray bien aller ! », et ledit Michault dit aux assistans : 396

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«  Messires, vous voyez cest home icy qui me veult courre sus, et si ne lui demande rien », en disant audit Thierry : « Je ne m’en partiray point pour vous ». Quoy voyant, icelui Thierry disant audit Michault : « Va-t-en », tira son espee et luy en donna ung coup en l’estomac, dont peu de temp aprés ledit Michault alla de vie a trespas. Pour lequel coup ledit Thierry, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays ou il n’ouseroit retourner sans avoir de nous grace et misericorde, nous requerans humblement lesdits supplians lui vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, informéz dudit cas qui est fortuit et de chaulde colle, ayans regart a ce que ledit Thierry est homme jeune, bien famé et renommé sans estre convaincu d’autre villain cas, aussi que les premiers mouvemens ne sont a la puissance des /223v°/ hommes, meismement qu’ilz ne peulent subitement reprimer leur collere quant ilz sont legierement aggresséz et incitéz, pour ces causes etc., avons audit Thierry Balan ledit cas en la maniere qu’il est commis quicté, abolly, remis et pardonné etc., ses biens non confisquéz, satiffaction prealablement faicte a partie etc., imposant silence au procureur etc. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XXIIIIe jour de jun, l’an mil cinq cens et deux. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesques de Verdun, seigneurs de Keures et de Taisey, prevost des chanoinnes de Saint-Georges de Nancy et autres presens. Boudet.

248 1502, 17 juillet - Custines. Rémission accordée à Girart de Fonteny, de Viviers, emprisonné à ChâteauSalins pour blasphèmes proférés dans une taverne dudit lieu ; il obtient également rémission pour un homicide précédemment commis en légitime défense le 2 octobre 1501 sur la personne d’un individu de Burlioncourt, pour lequel il a déjà été gracié par les seigneurs de Morhange qui n’avaient pas pouvoir de le faire. Copie, ADMM, B 8, f° 258r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion de Girart de Fonteny, seigneurie de Viviers, avons receue contenant que, le jour de Saint Legier l’endemain de la Saint Remy dernier passé, il s’en alloit a la feste au lieu de Breloncourt, seigneurie de Morhenges, et en retournant fuit assailly par trois compaignons dudit Breloncourt ayans hallebardes, daugues, espiets et messues, de quoy ilz le courrurent dessus, le frapperent et abbattirent a terre, tellement qu’ilz rompirent ladite hallebarde sur luy ; quoy voiant, doubtant y finer sez jours, print courraige et se releva de terre et osta l’espied que l’un desdits compaignons tenoit et s’en deffendit tellement que, en son corps deffendant, il frappa dudit espied l’ung desdits compaingnons en façon que dedans six jours mort s’en ensuit. Pour laquelle cause fuit prins par lez bonnes gens dudit Bre397

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loncourt et mené audit Morhenges, la ou il fuit detenu en prison par l’espace de demy ans, et pour ce qu’il n’y eust aucun qui en feist plaintif, et mesmement aussy que ledit compaingnon tué luy pardonna et le descharga dudit cas, priant a sez parans qu’ilz n’en feissent aucune poursuicte a l’encontre dudit remonstrant pour ce que ce qu’il avoit fait avoit esté en son corps deffendant, il fuit delivré desdites prisons et luy fuit ledit cas par lez seigneurs dudit Morhenges remis et pardonné, dont moyennant icelui pardon il pensoit estre bien seur par tout noz païs et ne pensoit point que besoing luy feust avoir quelque grace ou pardon de nous ; par quoy, depuis, s’en alla au lieu de Chastelsalin pour marchander a faire dez fagots pour noz sallines dudit lieu, advint ung jour que, luy estant en la taverne avec sez compaingnons que besoingnoient avecques luy, il commença a jurer le sanc Dieu et pluseurs autres villains sermens, pourquoy nostre prevost dudit Chastelsallin le fist prendre et constitué prisonnier, esquelx il le detient encores, disant qu’il ne le tient pas seullement pour lesdits sermens mais ledit cas d’omicide, sans le vouloir mectre a delivre sy nostre grace et misericorde ne luy est impartie, de laquelle ledit suppliant nous a treshumblement supplié affin qu’il ne fine sez jours pouvrement esdites prisons ou autrement, consideré meismes qu’il feist ledit cop en son corps deffendant. Savoir faisons que, lez choses dessus dites considerees, meismes qu’il a fait ledit cop pour garentir sa vie et a la longue detencion de sa personne, aussy que en vertu du pardon a luy fait par lesdits seigneurs de Morhenges, qui n’avoient puissance ne auctorité de ce faire, et s’estoit y asseuré et tenu au /258v°/ païs, et qu’il ne fuit jamais actaint ne convaincu d’aucun villain cas, pour ces causes et autres raisonnables nous mouvans, nous, de certainne science, grace especiale, auctorité et plainne puissance dont nous usons en ceste partie, avons a l’umble supplicacion de nostre treschier et feal cousin Hanry, conte de Saulmes, audit Girart, suppliant, le cas dessus dit quicté, remis et pardonné et par cez presentes quictons, remectons et pardonnons ensemble toutte amende corporelle, criminelle et civille que pour ledit cas il pourroit avoir mesprins et encourru envers nous et justice, et l’avons restitué et remis, restituons et remettons a son bon famme et renommee et a sez biens non confisqués, et sur ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seulement sy faicte n’est. Sy donnons en mandement a nostre bailly de Saint-Mihiel qu’il procede a l’interinement de ceste presente grace ainsy qu’il est acoustumé faire en tel cas, et a tous noz autres baillis, prevosts, justiciers, officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx sy comme a luy appartiendra, que ledit Girart facent, seuffrent et laissent de ceste nostre presente grace, pardon et remission jouyr et user plainement et paisiblement sans luy faire, mettre ou donner ne seuffrir estre fait, mis ou donné en corps ne en biens aucun destourbier ou empeschement, ains le mectent ou facent mettre incontinent et sans delay a plaine delivrance, car ainsy nous plait et voulons estre fait. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Condé, le XVIIe jour de juillet, l’an de grace Nostre Seigneur mil cinq cens et deux. Ainsy signé au blanc 398

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René. Et dessus le reploy par le roy de Sicille, etc., lez seigneurs de Valengin, de Kaeures, prevost de Saint-George de Nancy et autres presens, et du secretaire H. de Widrenges registrata.

249 1502, 15 août - Custines. Rémission accordée à Colin Grousette, de Dugny, coupable d’homicide commis le 2 août 1502 sur la personne de Thomas Estienne qui ne lui avait pas rendu la totalité du harnachement de cheval qu’il lui avait prêté. Copie, ADMM, B 8, f° 266r°-v°-267.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicille, duc de Lorraine et de Bar, marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont et d’Aubmalle, a tous ceulx qui ces presentes lectres verront, salut. L’umble supplicacion et requeste des parens et amys charnelz de Colin Grousette, demourant a Dugny en la prevosté de Souillers, avons receue que, mardi derrain passé lendemain de la feste sainct Pierre aux lyens, son pere et luy se transporterent es préz pour assembler du foing qu’ilz avoyent illecques. Et ainsi qu’ilz avoyent destallé leurs chevaulx emprés d’eux, ung nommé Thomas Estienne vint illecques, leur demandant a emprunster les collectz de leurs chevaulx pour ayder a tirer hors son char chargé de foing, qui estoit arresté en ung fontenyz estant esdits pretz. Sur quoy le pere dudit Colin luy respondit qu’il se aydast tant qu’il vouldroyt desdits colletz et desdits chevaulx, se bon luy sembloit. Lors ledit Thomas prinst lesdits colletz et licolz desdits chevaulx et s’en ayda tant qu’il fut hors du mauvays lieu, ce fait les renvoya ou rapporta, excepté qu’il retint l’un des licolz desdits chevaulx, rompist une bride et en perdist environ la moictié, et sur ce s’en alla a la ville. Et ce pendant le pere dudit Colin et luy chargerent et prindrent leur harnoys pour ateler leursdits chevaulx, et trouverent que ledit Thomas n’avoit rapporté l’un desdits licolz et si avoit laissé une piece de la bride de l’un desdits chevaulx, et environ qu’ilz eurent chargié ledit Thomas retourna es préz. Lors ledit Colin dist a sondit pere qu’il yroit demander le licol et la piece de /266v°/ bride, s’en alla audit Thomas luy demander, qui respondit qu’il n’en avoit point. Ledit Colin luy dist lors que, s’il ne luy rendoit, il en reprendroit autant aux harnoys des chevaulx dudit Thomas et, en les regardant, il congneut le licol qu’il demandoit et dist audit Thomas qu’il les reprandroit, sur quoy ledit Thomas soustint le contraire et misrent la main tous deux audit licol. Lors ledit Thomas se print audit Colin et se detirerent entre eulx tellement que ledit Colin prinst ledit licol d’une main et sa feune de l’autre, de laquelle feune il donna audit Thomas ung coup sur la teste tant seullement, ainsi que depuys il a esté trouvé par justice, aprés lequel coup donné ledit Thomas alla de vie a trespas environ une heure aprés. Pour lequel 399

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cas ledit Colin, qui estoit et est moult desplaisant de l’inconvenient ainsi advenu d’un seul coup, et lequel ne pensoit tuer ledit Thomas mais seullement luy faire laschier ledit licol qu’ilz tiroyent l’un contre l’autre comme dit est, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de nos pays ou il n’oseroit retourner se nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, humblement requerant icelle en l’honneur de la benoiste passion nostre seigneur Jhesucrist. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, meismes que par informacion par nostre ordonnance sur ce faicte avons trouvé ledit cas estre advenu en la forme et maniere que dit est et que ledit Colin Grousette par avant s’estoit bien, gracieusement et doulcement conduyt et gouverné, sans jamais avoir prins ne eu question, noise ou debat a aucuns ne pareillement audit Thomas, et que ledit cas n’estoit precogité mais fortuit, par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil et mesmes a la priere et instante requeste de l’evesque de Verdun, et voulans aussy preferer misericorde a rigueur /267/ de justice, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance avons audit Colin ledit cas et crime dessus dit remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille de quoy et a l’occasion que dessus ledit Colin pourroit estre encouru envers nous et justice, saitiffaction faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a son bon fame et renommee en nos pays et dehors et a ses biens non confisquéz. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nos améz et feaulx conseilliers, bailly de Bar, prevost, procureur et receveur dudit lieu et a tous nos autres justiciers et officiers qu’il appartiendra, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de nostre presente grace, pardon, remission et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Colin Grouzette joïr et user plainement et paisiblement, sans en ce luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir, imposant sur ce silence a nostre procureur general de Barroys present et advenir. Mandons en oultre a nostredit bailly de Bar ou sondit lieutenant qu’il procede a l’entretenement de ces presentes ainsi que a justice appartiendra. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel. Donné en nostre chastel de Condey, le XVe jour d’aoust, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicille, les evesque de Verdun, seigneurs de Kaeures, de Dombaisle et autres presens. Alexandre.

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250 1502, 15 novembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Wyart Parisot, de Dainville, emprisonné à Gondrecourt, et à Agnès, sa femme, coupable et complice d’homicide commis en avril 1502 sur la personne de Mathiot, leur beau-frère, qui a détruit une étable qui leur était indivise. Copie, ADMM, B 9, f° 4v°-5r°-v°.

René, etc., a tous. L’umble supplicacion de Wyart Parisot et de Agnes, sa femme, fort ensaincte et chargée de cinq petiz enfans, demourans a Dainville en nostre prevosté de Gondrecourt, avons receue contenant que, environ troys sepmaines aprés Pasques dernieres passees, ledit Wyart eust question avec la femme d’un nommé Mathiot, seur de ladite Agnes, touchant une estable qu’ilz avoyent ensemble que ledit Mathiot deffit et depieça et en menant par luy les pieres d’icelle hors de ladite ville, ledit Wyart les fut requerir et commença a les ramener davant sa maison, dont la femme dudit Mathiot fut mal contente et injuria merveilleusement ledit Wyart, tellement que icelluy Wyart, luy voulut donner deux souffletz et, quant elle vit que ledit Wyart s’approchoit d’elle, commença a fouir devers son mary, disant que ledit Wyart la vouloit tuer. Et aprés que ledit Wyart fut retiré en sa /5/ maison, ledit Mathiot, qui tenoit une hache en sa main et une sarpe en sa saincture, commença a dire a haulte voix audit Wyart qui estoit en sadite maison joingnans a celle dudit Mathiot : « Vien, vien ! ». Et oyant ce, ledit Wyart sortist et s’approucha dudit Mathiot et d’un baston non ferré qu’il tenoit en sa main, cuydant fraper la femme dudit Mathiot qu’estoit derriere luy, actaindist ledit Mathiot ung coup seullement sur la teste, pour lequel coup ledit Mathiot fut mené en sa maison ou il fut malade depuis par l’espace de troys sepmaines. Combien que pendant ledit temps il alloit et venoit par la ville et jusques a sa cheneviere, disant par luy qu’il estoit guery du coup que ledit Wyart luy avoit donné, toutesvoyes et combien que par ung sirurgien qui avoit visité ledit coup il eust dit, rapporté et declairé que ledit coup n’estoit mortel, neantmoins, ne scet ledit Wyart si s’a esté par mauvays gouvernement ou par autre maladie survenue audit Mathiot, est allé de vie a trespas au bout desdites troys sepmaines. Pour quoy ledit Wyart, craingnant rigueur de justice, s’estoit absenté de nos pays, terres et seigneuries ou il avoit esté vacabondé et habandonné sa femme et petiz enfans par l’espace de quatre ou cinq moys. Aprés lequel temps, desirant ledit Wyart savoir comment sadite femme, qui estoit fort ensaincte et prochaine d’enfanter, se portoit, aussy ses petiz enfans et de quoy ilz vivoyent, combien qu’il fust proclamé par nos officiers de Gondrecourt a bans et declairé banny, s’estoit retiré audit Dainville en sa maison ou, par ordonnance de nostre prevost dudit Gondrecourt, il a esté prins et mené en nos prinsons dudit Gondrecourt, et illecques /5v°/ detenu rigoreusement, son procés fait ouquel il a confessé plus avant que ledit cas de meurtre, troys ou quatre petiz larrecins comme d’une paire de chausses rouges, des chemises, 401

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ung peu de bled et quelques autres menues choses de petite valleur, dont pour ce il est en dangier de miserablement illecques finir ses pouvres jours si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce par nous impartie, treshumblement suppliant et requerant icelle, consideré que par avant ledit cas lesdits Wyart et Mathiot n’avoient eu aucune question ou mallivolence ensemble et qu’il ne le pensoit tirer dudit coup, aussy que la femme dudit Mathiot l’avoit fort injurié et dit des parolles deshonnestes, et incontinant aprés ledit Mathiot avoit provocqué et incité en tenant une hache en sa main ledit Wyart, dont il avoit esté meu sortir de sa maison et aller contre luy a luy donner ledit coup. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré etc. Si donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Bar, le XVe jour de novembre, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Secille, les seigneurs de Pretot, prevost de Sainct-George de Nancy, procureur general de Lorraine, president, gens des comptes de Bar, procureur dudit Bar et autres presens. Alexandre.

251 1502, 14 décembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Thierry Bicquelot, dit Bremon, accusé à tort de l’homicide commis à Vézelise le 3 mai 1502 sur la personne de Vautrin Roulin, de Goviller, chapelain dans cette ville ; ce dernier a été mortellement blessé par le mari de sa maîtresse, Perrin Mesobier, également de Goviller (cf. n° 254). Copie, ADMM, B 9, f° 7r°-v°.

René, a tous. L’umble supplication de Thierry Bicquelot, dit Bremon, avons receue contenant que, comme le jour Saincte Croix tiers jour de may dernier passé, il se trouva au lieu de Vezelise ché messire Claude Bicquelot, prebstre, son frere, et avecques luy Perrin Mesower, de Govillier, pour faire bonne chiere ad cause de la feste du lieu et, eulx estans au disner avecques ledit messire Claude, sourvint ung appellé messire Watrin Roulin, de Govillier, prebstre, dont ledit messire Claude fut meu pour ce qu’ilz estoyent compaingnons chappelains dudit Vezelise et que ledit messire Watrin tenoit pour concubine la femme dudit Perrin Mesobier, comme le commun fame en estoit, dont a ceste cause ledit messire Claude, et mesmes pour obvier qu’il n’y eust quelque question ché luy a l’occasion que dessus, vint au devant dudit messire Watrin, l’admonnestant qu’il s’en allast ad ce qu’il n’y eust debat entre luy et ledit Perrin, son hayneulx. A l’occasion de quoy, ledit messire Watrin se retira jusques au cimetiere de l’eglise dudit lieu et commença a injurier ledit messire Claude, disant que c’estoit mal fait a luy de soustenir son hayneulx /7v°/ ché luy, consideré qu’ilz estoyent compaingnons chappellains. Et alors ilz multiplierent en parolles injurieuses en façon que ledit remonstrant fut meu saillir de la maison de sondit frere et, luy venu audit cimetiere, s’accotta sur l’entablement du mur dudit cimetiere sans mot dire, escoutant ledit sire Watrin et sondit frere qui s’injuryoyent sans se mouvoir jusques a ce 402

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que, aprés pluseurs parolles tant de l’une des parties que de l’autre et que la femme dudit remonstrant, qui s’estoit mise entre deux, fut poussee arriere par ledit sire Watrin, ledit remonstrant, meu tant a ceste cause que des injures que ledit sire Watrin disoit a sondit frere, il s’approcha et tira son espee pour reboutter ledit sire Watrin et l’eust frapé en ceste collere ne feust que ledit messire Claude, son frere, sadite femme et d’autres l’en destournerent et se myrent entre deux. Quoy voyant par ledit Perrin qui estoit encor ches ledit messire Claude, n’oyant ladite question et veant l’opportunité de soy venger dudit messire Watrin, tant de la deshonneur qu’il luy avoit faicte comme des parolles qu’il avoit proferees de luy, saillist hors d’icele maison et luy bailla de son espee parmy le corps, dont la mort s’en ensuyvit cinq ou six heures aprés. Pour lequel cas et que ledit sire Watrin avoit chargé ledit remonstrant estre coulpable de sa mort, jaçoit qu’il ne l’eust frapé ains seullement envahy, s’est absenté de nos pays esquelz il n’ozeroit retourner sans en avoir pardon et abolition de nous, treshumblement suppliant luy pardonner et abolir ledit cas. Savoir faisons etc. Sy donnons en mandement par ces presentes au bailly de nostre conté de Vaudemont et a tous autres etc. Donné en nostre chastel de Bar, le XIIIIe jour de decembre, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicile, les seigneurs de Pretot, de Taisy, l’escuyer Arbide, presidens des comptes de lorraine et de Barroys et autres presens. H. de Widrenges.

252 1503 (n. s.), 14 février - Nancy. Rémission accordée à Isabelle, emprisonnée à Sancy, épouse de Mengin, de Bazailles, maréchal-ferrant, qui, sept ou huit ans auparavant, a été complice d’abandon d’enfant ; elle avait été condamnée au bannissement par le chapitre cathédral de Metz, seigneur du lieu, et elle en a ensuite obtenu rémission ; revenue dans la localité, elle fut emprisonnée car la rémission n’avait pas été accordée par le duc de Lorraine (cf. n° 253). Copie, ADMM, B 9, f° 14.

René, etc., a tous presens et advenir salut. L’umble supplication et requeste de Mengin Mareschal, demourant ou ban de Basailles, nostre bourgeois de Perpont, avons receue contenant que, puys sept ou huict ans ença, Ysabel, sa femme, et une nommee Jehanne la Mareschalle, dudit ban, furent chargees d’avoir cachié ung enfant nouvellement né en la chapelle de Boymont, pour lequel cas ladite Jehanne fut apprehendee au corps et mise en prison par la justice dudit ban et la femme dudit suppliant se rendit fugitifve, contre laquelle lesdits de justice procederent par adjournemens a ban par maniere qu’elle avoit esté declairee bannye et ses biens acquis et confisquéz. Et depuys ce fait, les venerables doyen et chapitre de l’eglise de Mets, seigneurs utilz dudit ban seulement, a la poursuyte dudit suppliant et des amys d’icelle l’avoyent rappellée et baillié remission dudit cas en 403

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

la remectant en ses biens. Et pour ce que nos officiers de Sancey avoyent esté advertiz que la femme dudit suppliant, soubz couleur de ladite remission, estoit retournee oudit ban et qu’il n’appartenoit ausdits venerables ne autres bailler remission en nosdits pays fors nous, l’avoyent prins et constituee prisonniere en nostre chastel dudit Sancey ou elle est en dangier de prouvement finir ses jours si de nostre grace etc. Savoir faisons que nous, inclinans etc., en cassant, irritant et totalement anullant les remission et rappel bailléz par lesdits venerables comme nous ayans povoir de ce faire, sy donnons etc., a noz améz et feaulx conseillers bailly de Sainct-Mihiel, prevost, procureur et clerc juré dudit Sancey et autres etc. Donné a Nancy, le XIIIIe jour de febvrier, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., le bailly de Sainct-Mihiel present. Boudet.

253 1503 (n. s.), 14 février - Nancy. Rémission accordée à François Jehennault, de Bazailles, qui, huit ans auparavant, a mutilé un nommé Mengin Mareschal, du même lieu, à la suite d’une dispute  ; il avait été condamné au bannissement par le chapitre cathédral de Metz, seigneur du lieu, et il en a ensuite obtenu rémission  ; revenu dans la localité il fut emprisonné car la rémission n’avait pas été accordée par le duc de Lorraine (cf. n° 252). Copie, ADMM, B 9, f° 15r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion et requeste des parens et amys charnelz de François Jehennault, demourant ou ban de Basailles, avons receue contenant que, environ huict ans puet avoir, ung nommé Mengin Mareschal, dudit ban, se rencontrerent de nuyt sur le hault chemin, avecques lequel il print question, le batist et mutilla, pour lequel cas, qui estoit mauvais, s’estoit absenté et rendu fugitif, craindant rigueur de justice, lequel fut par la justice dudit ban procedé a ban et fut declairé banny et ses biens confisquéz et acquis aux venerables doyen et chapitre de Mets. Touteffois iceulx depuys, au pourchas des parens dudit Françoys, l’avoyent rappelé etc., cuydant qu’ilz eussent povoir de ce /15v°/ faire, ce que non, s’estoit retourné oudit ban. Quoy venu a la congnoissance de nos officiers de Sancey, saichans qu’il n’appartenoit ausdit etc. Savoir faisons que nous, considerant iceluy et la longue detencion dudit Françoys, de nostre certaine science etc., et declairons le rappel baillié par lesdits venerables cassé et de nulle valeur comme non ayans povoir en nosdits pays baillier rappel, remission ne pardon. Sy donnons en mandement a noz bailly de Sainct-Mihiel, prevost, procureur et clerc juré de Sancey que de ce present rappel et pardon facent, seuffrent etc. Donné a Nancy, le XIIIIe jour de febvrier, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., le bailly de Sainct-Mihiel et autres presens Boudet. 404

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254 1503 (n. s.), 14 février - Nancy. Rémission accordée à Perrin Mesobier, de Goviller, accusé de l’homicide commis en mai 1502 à Vézelise sur la personne de Vautrin Raulin, prêtre, qui les avait insultés lui et sa femme (cf. n° 251). Copie, ADMM, B 9, f° 16.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste des pere mere, femme, parens et amys charnelz de Perrin Meswrer, demourant a Govilliers, avons receue contenant que, environ le moys de may dernier passé, ung nommé messire Waultrin Raulin, prebstre natif de Govilliers en nostre conté de Vaudemont, se trouva au lieu de Vezelise a ung jour de foire et, estant au cimetiere dudit lieu, vist ledit Perrin avecques lequel print question en luy disant pluseurs parolles rigoreuses, l’appellant coquin, belistre, oysel infame, qu’il ne le craindoit riens et s’il l’avoit trouvé dessus sa femme, il ne luy oseroit rien faire, priant a Dieu qu’il ne morust jusques a ce qu’il l’averoit tué. Lesquelles parolles oyes par ledit Perrin, considerant que publicquement jurioit sa femme et luy, s’advança et, d’une rappiere qu’il avoit, en frappa ledit messire Waultrin parmy le corps, duquel coup estoit iceluy allé incontinant de vie a trepas. Et doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté etc. Savoir faisons etc., mandons au bailly de Vaudemont, prevost, procureur et clerc juré et autres officiers de nostredit conté etc., que de ceste etc. Donné a Nancy, le XIIIIe jour de febvrier, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque et conte de Verdun, seigneur de Dompmartin, bailly de Sainct-Mihiel et autres presens. Boudet.

255 1503 (n. s.), 16 février - Nancy. Rémission accordée à Warin Chastelain, emprisonné à Gondreville, serviteur de Nicolas Parspegaire, seigneur de Bruley, soupçonné de complicité du meurtre de Mathieu Durant, de Foug, commis six ans auparavant à Saulxures-lèsVannes. Copie, ADMM, B 9, f° 14v°-15.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication de Warin Chastelain, detenu prisonnier ez prisons de Gondreville, avons receue contenant puis six ans ença ou environ, asses pres de Sauxures, luy et troys autres serviteurs de Nycolas Parspegaire, seigneur de Brilley, nommé le Grant Didier, Houssart et Mare saillirent dudit Sauxures embastonnéz aprés feu Mathieu Durant, jadis maistre eschevin de Fou, et son filz qui estoyent passéz par ledit Sauxures, et s’avancerent ledit Grant Didier, Houssart et Mare qui battirent et navrerent 405

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

ledit filz et occirent ledit maistre eschevin sur le grant chemin qui tire dudit Sauxures a Rups, ledit seigneur de Briley et ledit Warin estans assez pres le gect d’un pallet et ledit Nycolas, son maistre, qui parloyent ensemble. Et incontinant aprés la mort dudit Mathieu, en le regardant par ledit Warin, non pensant qu’il fust mort mais plustost evanouy, a l’instance dudit seigneur de Bruley luy donna ung soufflet en la joue affin de congnoistre s’il estoit en vie, aprés lequel soufflet congneut qu’il estoit mort. A ceste cause, craingnant la rigueur de justice, la culpabilité, charge et procedure que l’on eust peu faire contre luy, s’estoit departi et absenté dudit Sauxures et de noz pays par longue espace de temps, durant lequel avoit esté procedé contre luy par noz officiers de SaintMihiel et plusieurs deffaulx octroyés en matiere de ban contre ledit Warin. Neantmoins depuis deux moys ença, pensant n’estre coulpable dudit cas et iceluy estre mis en oubly pour la diuturnité de temps, avoit esté trouvé, prins et apprehendé en nosdits pays et /15/ constitué prisonnier es prisons dudit Gondreville, esquelles luy estoit fait son procés criminel pour ledit cas, ou il est detenu presentement et par ce estoit et est en dangier de fynir ses jours miserablement si noz grace, remission et pardon ne luy estoyent sur ce impetréz, treshumblement suppliant icelle. Savoir faisons que nous, deuement informé dudit cas etc., mesmes a la faveur, priere et instante requeste du seigneur de la Roche, filz du chancellier de Bourgogne, qui presentement etc., et d’abondant etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XVIe jour de febvrier, l’an mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Verdun, seneschal de Lorraine et autres presens. Alexandre.

256 1503 (n. s.), 18 février - Nancy. Rémission accordée à Nicolas Richart, de Neufchâteau, qui, huit ou neuf mois plus tôt, a blessé mortellement un nommé Didier Pille qui s’interposait dans une querelle entre Nicolas et son frère. Copie, ADMM, B 9, f° 17v°-18.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de la femme Nycolas Richart, de nostre ville de Neufchastel, et d’autres ses parens et amys avons receue contenant en effect que ung jour passé, peult avoir environ huict ou neuf moys, la servande Jehan Richart, pere audit Nycolas, vint demander une paele ché ledit Nycolas, disant a ladite remonstrante qu’elle emportoit tous jours les biens de leur maison et jamais n’y apportoit riens, a quoy elle respondit qu’elle n’y saveroit quelz biens prendre que de la marde, dont a ceste occasion elle et la femme de Laurens Richart, son frere, se dirent pluseurs parolles injurieures et y continuerent si longuement que ledit Laurens y arriva et dist a ladite remonstrante entre autres paroles teles ou semblables : »Mon pere n’a 406

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encores murdry ma mere comme a fait le tien ». Sur quoy sourvint ledit Nycolas et, oyant les injures que ledit Laurens, son frere, avoit dictes a sa femme, luy donna ung soufflet, luy disant : « Si ma femme te dit chose qui ne soit a dire, donne luy deux souffletz mais ne luy dy point d’injure », et voulut recouvrer mais ledit Nycolas fuit boutté en une maison par les femmes qui y estoyent. Quoy veant 99Didier Pille, compere dudit Nycolas, et qu’icelluy Nycolas tenoit ung couteau en sa main, doubtant qu’il ne courust aprés sondit frere pour l’oultraigier l’embrassa par derriere, luy disant : « Compere, donnez moy vostre couteau et je vous laisseray aller » ; mais ledit Nycolas, qui venoit de marander et estoit encores eschauffé contre sondit frere, sentant que ledit Didier ne le vouloit laisser aller et aprés qu’il /18/ l’en eust par plusieurs fois requis, luy frappa ledit couteau en la cuisse et lors il fut laissé. Duquel coup, par faulte de bien penser ledit Didier et qu’il ne tint diete ne abstinence comme il deust, il mourut environ troys sepmaines aprés ledit cop fait. Dont a ceste cause etc. Savoir faisons que nous etc. Si donnons en mandement au bailly de Vosges etc., et a tous autres etc. Donné a Nancy, le XVIIIe jour de febvrier mil VC et deux. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., et du secretaire H. de Widrenges.

257 1503 (n. s.), 20 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Huguenin Colin, de Reynel, demeurant à Commercy, qui, en octobre 1501, avait fait traduire devant la justice de Reynel son ancien serviteur Didier, fils de Jean Proudoms, de Seicheprey, qui lui avait volé des biens et l’avait quitté sans permission ; le coupable aurait dû être jugé dans le duché de Lorraine. Copie, ADMM, B 9, f° 20.

René, etc., a tous etc. Receue avons l’umble supplicacion presentee de la part de Huguenin Colin, demourant a Rinel, contenant que, ou moys d’octobre l’an mil VC et ung, pour ce qu’il avoit esté acertené par aucuns que ung nommé Didier, filz de Jehan Proudoms, de Secheprés en la prevosté de Bouconville, lors son serviteur, sans cause ou raison, avoit dit et profferé plusieurs parolles diffamatoires contre son honneur et bien, avec ce luy avoit prins et robbé aucuns de ses biens, desplaisant desdites parolles et dommaige a luy fait, aussy qu’il s’estoit departi de son service sans congié ne licence, avoit trouvé moyen de le faire venir devers luy au lieu de Commarci ou lors faisoit sa residence, et luy avoit escript lectres a ce qu’il vinst audit lieu, ce qu’il avoit fait. Et, luy arrivé, l’avoit interrogué pour savoir de luy qui l’avoit meu soy departir sans sondit congié, a quelle occasion l’avoit blasmé et dit contre luy parolles diffamatoires, aussy qu’il luy voulsist rendre les biens qu’il avoit prins et robbéz en sa maison, dont ledit Didier avoit esté reffusant, denyant avoir dit lesdites parolles. Par 407

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quoy, ce voyant, l’avoit fait mener au lieu de Rinel, auquel lieu par la justice luy avoit fait faire son procés sans l’avoir voulu rendre a nostre prevost de Bouconville, quelque requeste qu’il en eust faicte. Savoir faisons que nous etc., avons ledit cas etc., aboly et par ces presentes etc. Donné a Bar, le XXe jour de mars, l’an mil cinq cens et deux. Signé René. Par le roy de Sicille, etc. Et pour secretaire Alexandre.

258 1503, 19 mai - Louppy-le-Château. Rémission accordée à Isabelle, épouse de Demengeot Sivery, laboureur, de Rozières-sur-Mouzon, et à ses enfants, coupables d’homicide commis le 23 avril 1503 sur la personne de Jean Violaire, dit de Sauville, pour se défendre contre les agressions dont ils étaient victimes de sa part dans leur demeure. Copie, ADMM, B 9, f° 27v°-28.

René, etc., a tous ceus qui ces presentes lectres verront, salut. L’umble supplicacion et requeste de Demengeot Sivery, laboureur de Roziers en nostre prevosté de Lamarche, avons receue contenant que, le jours de feste sainct George derrain passé, ledit suppliant pour ses affaires s’estoit transpourté en nostredite ville de Lamarche, en la foire qui estoit ledit jour, ouquel lieu il avoit trouvé ung nommé Mengin du Mesguy, receveur du seigneur de SainctRemy, et pour luy tenir compaignie s’estoit party de ladite ville de Lamarche aveques luy pour retirer audit Roziers et, eulx venus aux champs tirans le chemin de Toulencourt, avoient veu venir aprés eulx ung nommé Jehan Violaire, dict de Saiville, qui les suyvoit ; lequel, arrivé aupres d’eulx, ayant en sa main ung gros baston boutonné, avoit incontinant commencé a dire : « Vous parlez de moy, qu’en dictes vous ? », a quel avoient respondu que non et qu’ilz parloient d’autres choses. Neantmoins, subitement, de soy mesmes s’estoit couroucé en jurant la char Dieu que si faisoient et renyant deux ou trois foiz Dieu et la vierge Marie, disant que ledit suppliant estoit traicte et avoit vendu la robbe Dieu XXX deniers et qu’il le tueroit, en toysant sondit baston sur luy sans ce que ledit suppliant luy deist ou feist aucune choise, et tellement avoit perseveré que ledit receveur avoit esté contrainct, pour ce qu’il veoit ledit de Sauville ainsi mal meu et couroucé, menassant de battre ledit suppliant, que s’il le frappoit, il luy donroit de son espee sur la teste en telle façon qu’il y perroit. Sur quoy ledit Saiville avoit dit qu’il l’assuroit, et avoit duré ledit debat jusques pres dudit Toulancourt que lesdits receveur et suppliant avoient trouvé façon d’eulx departir de luy et s’en estoient aléz tout droit a Blevancourt par dessous ledit Roziers affin de fouyr la compaignie dudit de Sauville, et icelluy de Saiville s’en estoit alé audit Roziers ouquel lieu, environ souleil couchant, tous jours animé en son couraige, s’estoit 408

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transporté devant la maison dudit suppliant qui estoit oudit Blevancourt avec ledit receveur, et estoit entré dedans le charry dudit suppliant, en despitant Dieu et le blasphemant s’estoit prins a Ysabel, femme dudit suppliant, et l’avoit frappé sur le bras deux ou trois coups. Sur quoy estoient survenus les enfens d’icelluy suppliant, c’est assavoir ung nommé Benoit, Mengeotte sa femme, et deux autres jeunes filles, l’une nommé Aalix aagee de XIIII ans et l’autre nommee Didiere, femme Nicolas Villan, son gendre ; et veans lesdits enfans qu’il avoit battu leur mere, lesdits Benoit /28/ s’estoit apporché dudit de Saiville, disant : « Pourquoy avez vous battu ma mere ? », qui avoit respondu : « T’en veulx tu mesler ? », et incontinant ce disant, avoit rué la main aux cheveux dudit Benoit, le cuydant rué par ter, ce qu’il n’avoit peu. Et ainsy qu’ilz se tenoient par les cheveux, lesdites femmes et filles, pour les departir, se prindrent a l’un et a l’autre et, en eulx decherpissant, ledit de Saiville estoit cheu a terre sur ung mugier de pierres, et ledit Benoit sur luy qui avoit prins une pierre en sa main et en avoit frappé ledit de Saiville sur la teste ung coup ou deux, tellement qu’il luy avoit fait sang. Quoy voyant ladite Ysabel, sa mere, que ledit de Saiville saingnoit, incontinant avoit prins la main audit Benoit, son filz, luy avoit osté ladite pierre et l’avoit fait lever de dessus ledit de Saiville, et ce fait, ledit de Saiville avoit esté emmené d’illecques en une autre maison de la ville et, environ une heure ou deux de nuyct, s’estoit departi de ladite maison ou il estoit, embastonné d’une arbalestre comme l’en disoit, et s’en estoit alé a l’environ de la maison dudit suppliant, jurant tous jours qu’il les tueroit s’il le rencontroit ; en quoy faisant il s’estoit refroidé et assangonné en maniere que, le jour aprés, il avoit esté allité et, fault d’estre bien pensé, a bout de huit jours mort s’estoit ensuyve en sa personne. Dont a ceste cause, lesdits Benoit, sa femme, lesdites filles et leurdite mere, craindant estre happrehendéz et rigueur de justice, s’estoient absentéz et rendus fugitifz de noz pays et seigneuries ou il n’oseroient jamais retourner, en voye de miserablement finer leur jours si nostre grace etc., ne leur estoit sur ce inpartie, nous suppliant treshumblement ledit Demengeot, actendu que sadite femme, ledit Benoit, sa femme et autres ses enfant dessus nomméz ne furent jamais actains ne convaincus d’autres villans cas, blausme ou reproche, que nostre plaisir s’est leur remettre et pardonnés ledit cas et crime dessus declerré. Savoir faisons que nous, voulans etc., avons quitté, remis et pardonnéz a ladite Ysabel, femme dudit Demengot, Benoit son filz, sadite femme, Aaliz et Didier dessus nommé ledit cas etc., aveques touttes pennes etc., satisfacion fait etc., et les remettons etc., imposons sillance etc. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Louppy, le XIXe jour de may mil cinq cens et trois. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les eveque et conte de Verdun, prevost des chanoines de Nancey, seigneur de Taisey, de Keures, escuier Arbide, bailly de Waudemont et autres presens.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

259 1503, 19 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Isabelle Humbelette, épouse de François Francart, de Bar-le-Duc, soupçonnée de complicité du meurtre, commis il y a deux ans, de son beau-fils Nicolas avec lequel elle s’était querellée et qui fut retrouvé mort le lendemain de la dispute. Copie, ADMM, B 9, f° 34v°-35r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplicacion et requeste de Ysabel Humbelette, femme de François Francart, demourant en nostre ville de Bar, avons receu contenant la forme qui s’ensuit : Au roy de Sicile, etc., duc de Bar et de Lorraine, nostre tresredoubté et souverain seigneur, remonstre vostre treshumble subgecte Ysabel Humbelette, femme de François Francart, demourant en vostre ville de Bar, que, environ deux ans peult avoir, elle eust quelque debat et differant, comme lez pere et mere ont aucune fois a leurs enffans, avec Nicolas, filz de son mary, lequel estoit yvre comme il sembloit, ad cause de quoy dit pluseurs injures a la pouvre remonstrante veu qu’elle estoit femme de son pere, dont elle feust bien mal contente et troublé s’en print a sez yeulx en plorant bien amerement et, ne ayant plus prochains ne plus privé pour dire sez doleurs que sez enffans, s’en alla en l’hostel /35/ d’un sien filz auquel elle dit le debat qu’elle avoit ehu avec ledit Nicolas, dont elle se vengeroit, lequel s’estoit party tout couroussé de la maison et avoit batu son frere et en avoit porté sez cousteaulx, lez menassent tous et qu’il estoit bon qu’il se gardissent de luy. Cela fait, ladite remonstrante retourna en sa maison et s’en allerent dormir elle et son mary, non pensant plus avant. Le lendemain au matin, elle fust toute esmerveillee que on luy vint dire que ledit Nicolas estoit mort et, comme la mere doit faire, l’ala ensevely, non saichant qu’il fust esté aucunement batu ne frappé jusques ung peu aprés que le bruit fust que son autre frere l’avoit frappé d’un cop de baton de fago sur la teste, au moyen de quoy tous sez enffens, freres dudit Nicolas, s’absentirent, dont ladite pouvre remonstrante, comme femme toute desolee, veant ledit Nicolas mort, sesdits enffans en fuite et a la persuasion et rumeur dez gens qui luy disoient : « Allez vous en pareillement », s’absentit, non saichant qu’elle faisoit a cause qu’elle estoit ainsy troublee et n’a jamais ozé retourner avec sondit mary des jusques a present, doubtant que elle ne feust emprisonnee et qu’elle ne perdist son bon fame et renommee, au moyen de quoy vostre procureur procede a l’encontre d’elle par cry publicque tirant affin de la faire bannir. Sy retourne ladite pouvre remonstrante en toute humilité devers vostre grace, suppliant a icelle que pour la conservation de son honneur, son bon fame et renommee que jamais elle ne perdist, il vous plaise luy remectre et pardonner ce en quoy elle pourroit estre encourrue envers vous et justice touchant ledit cop, ou elle ne feust presente a le donner mais dist seullement qu’elle seroit vengee de l’injure que ledit Nicolas luy avoit dit, et n’avoit ordonné ne commandé le batre ou frapper ; 410

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en ce faisant ferez justice et sy priera Dieu pour vous. Pourquoy lequel cas, ladite Ysabel a /35v°/ tous jours esté fugitifve de noz païs, terres et seigneuries esquelz elle n’oseroit retourner sans avoir noz lettres de remission et pardon, nous suppliant luy vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, inclinans a sa supplicacion et requeste, aussy de pluseurs autres sez parens et amis informéz qu’elle a esté pres de trois ans fugitifve de nosdits païs pour ledit cas et que auparavant iceluy elle se gouvernoit et maintenoit comme femme de bien et bonne mesnagiere doit faire, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, pour cez causes et autres ad ce nous mouvans, aussy par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil, avons a ladite Ysabel de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especiale le cas dessus dit remis, aboly et pardonné, remectons, abolissons et pardonnons par cez presentes avecques toutes peines corporelles, civilles et criminelles en quoy elle pourroit estre encourrue envers nous et justice, et d’abondant l’avons remis et remectons a sez bon fame et renommee au païs et a sez biens non confisqués, satisfacion faicte a partie interessee civillement tant seullement sy desja faicte n’estoit. Sy donnons en mandement par cez presentes a noz améz et feaulx conseillers, bailli, prevost, procureur de nostre ville de Bar et a tous noz autres justiciers, officiers et subgectz, leurs lieutenans et chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de ceste presente nostre pardon et remission facent ladite Ysabel a tous jours joyr et user plainement et paisiblement sans luy mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car ainsy le voulons et nous plait estre fait. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XIXme jour de juin mil VC et trois. Ainsy signé René. Par le roy de Sicile, etc., lez prevost des chanoines de Nancey, archidiacre de Marsal et autres presens. Boudet.

260 1503, 29 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Henry Jamet, d’Eurantes, coupable d’homicide commis sur la personne de Martinet, ermite de Péron, à la suite d’une dispute due au fait qu’Henry avait traversé son pré avec une charrette. Copie, ADMM, B 9, f° 31v°-32.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion et requeste de Henry Jamet, filz de Jamin d’Arency, demourant a Eurande pres dudit Arency, avons receue contenant que puis aucuns jours ung sien serviteur, appellé Jehan, en allant querir au boys une charette de fagotz qu’il luy avoit fait aller querir, s’estoit trouvé et passé parmy ung prey appartenant a l’ermite du Peron, appellé Martinet, de quoy ledit Martinet malcontent avoit couru sus audit Jehan menant sondit char pour le voulloir batre et oultraiger, neantmoins il ne l’avoit peu actaindre. Et bien peu aprés que ledit char eust passé parmy ledit prey, iceluy Martinet, hermite, 411

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

avoit mené ses brebis en la herde dudit Eurande et audit lieu d’Eurande s’estoit arresté, actendant le retour dudit char, et veant ledit char revenir chargé de fagotz et approcher ladite ville, s’estoit party disant a pluseurs illecques presens : « Vecy mon fagotier qui revient, il me fault parler a luy », et s’en estoit allé au devant dudit char, lequel il avoit trouvé sur le hault chemin entre deux hayes aupres dudit Eurande, et avoit commencé a injurier et vitupperer ledit Henry present sondit serviteur, et puis aprés avoit frappé icelluy Henry de son baston. Quoy voyant ledit Henry les injures et oultrages qui luy estoyent faiz, avoit tiré une bille de fagot dont il s’estoit desfendu et en avoit frappé ledit Martinet tellement qu’il en estoit tombé en terre, et certains jours ensuyvans icelluy Martinet estoit allé de vie a trespas, tant par faulte d’estre bien pencé que autrement. Pour lequel cas ledit Henry s’estoit absenté etc. Savoir faisons que nous, voulans preferer /32/ misericorde a rigueur de justice,aprés qu’avons fait veoirs par les gens de nostre conseil les informacions etc., avons audit Henry remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons etc., le cas, crime et offence dessus declairé avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille qu’il pourroit estre encouru envers nous et justice, et le remectons a son bon fame et renommee a nos pays et a ses biens non confisquéz, satiffacion faicte etc., et mectons au neant tous bans, proclamacions etc., que l’en pourroit avoir fait a l’encontre de luy, et imposons quant ad ce silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement etc., a nostre bailly de Sainct-Mihiel ou son lieutenant, procureur general et autres nos justiciers etc., que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXIXe de jung mil VC et troys. Signé René. Par le roy de Sicile, les prevost des chanoines a Nancy, seigneurs de Beauvau, de Keures, de Taisey, bailly de Bar, procureur general de Lorraine et autres presens. Dupuis.

261 1503, 6 août - Custines. Rémission accordée à Humbert Paigot, prêtre, fils de Gérard Paigot, de Germigny, soupçonné de complicité de meurtre sur la personne de Jacquemin Pelletier à la suite d’une rixe survenue au cours d’un procès pour dettes qui opposait la famille Paigot à des parents de la victime. Copie, ADMM, B 9, f° 38v°-39.

René, a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de messire Humbert Paigot, prebstre, filz de Gerard Paigot demourant a Germiney, avons receue contenant la forme qui s’ensuyt : Au roy de Sicile, nostre souverain seigneur, remonstre lamentablement et en toute pitié messire Humbert Paigot, prebstre, filz de Gerard le Paigot de Germiney, comme question et debat estoit meu entre Mengin Paigot, frere dudit remonstrant, et Didier, vostre mulletier, d’une 412

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somme d’argent que ledit Didier demandoit audit Mengin ad cause de sa femme, niepce audit Didier, lequel debat et different fut mis au dit d’homme a mectre leurs bons par escript pour la bailler a jour prefix, auquel jour ledit Didier vint par devant la justice dudit lieu et dit au maire et justice comme le roy, nostre souverain seigneur, avoit deffendu les arbitraiges pour tous ses pays et desavouoyt tout ce que ses procureurs avoyent fait. Veu ce, ledit Mengin dit au maire et eschevins : « Vous savez que nous avons jour prefix pour bouter avant chascun ses bons », et que a l’ordonnance du roy, nostre souverain, ne vouloit differer, et aussy ne vouloit point cheoir a nulles peines tellement que lesdits Didier et Mengin Paigot se prindrent de parolles, et ledit Mengin dist audit Didier que leur droit ne fauldroit point ne pour l’un /39/ ne pour l’autre et qu’il estoit aussy bien homme pour parler au roy, nostre souverain seigneur, comme luy ; de quoy respondit ledit Didier : « Tu es homme pour parler au roy aussy bien comme moy, tu es tes fiebvres quartaines », et de fait ledit Didier print ledit Mengin par les cheveulx. Voyant ce, le pere dudit Mengin se voulust mectre entre deux pour les departir, ledit Didier, mulletier, son frere, et Didier Gougeat, beau frere dudit Didier, et de ses filz entre eulx se prindrent audit Mengin et son pere. Sur quoy sourvint ledit suppliant qui ne savoit rien dudit debat, et entre autres vit son pere qui estoit ainsi batu et molesté et tout senglant, print ung levier et vint a Jacquemin Pelletier, filz Didier Gougeat, en luy donnant ung coup par derriere, lequel Jacquemin s’en alla et vesquist aprés ledit coup fait environ dix heures. A ceste cause, ledit remonstrant s’absentist de voz pays esquelx il n’ose se tenir, jaçoit qu’il ayt dudit cas son absolution de nostre Sainct Pere, si vostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, de laquelle il vous fait humblement supplier ad ce qu’il puisse se repatrier et y vivre comme il faisoit avant ledit cas fortuit ; quoy faisant l’obligerez a tous jours prier Dieu pour vous. [Pour] lequel cas ledit messire Humbert s’est rendu fugitif de noz pays, terres et seigneuries esquelx etc. Savoir faisons que nous, inclinans a la supplicacion etc. Savoir faisons etc., imposans silence perpetuel etc. Si donnons en mandement etc. Donné en nostre chastel de Condé, le VIe jour d’aoust, l’an mil VC et troys. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, le seigneur d’Ubexy et autres presens. Boudet.

262 1503, 17 août - Custines. Rémission accordée à Jean Gonel, de Pouilly-sur-Meuse, coupable d’homicide commis il y a six mois sur la personne de Petit Jean, tisserand, au cours d’une dispute survenue dans la taverne de la localité. Copie, ADMM, B 9, f° 40v°-41.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste de Jehan Gonel, natif de Pouilly 413

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

en nostre prevosté de Sathenay, avons receue contenant qu’il peult avoir environ demy an, il se trouva en la taverne audit lieu avec pluseurs autres habitans d’illec, entre lesquelx y estoit ung appellé Petit Jehan Tixerant, natif du pays d’Ardenne, qui avoit esté serviteur du pere dudit suppliant. Et aprés ce que toute la compaignie fut partie de la taverne, qui avoyent bien beu, ledit Petit Jehan print debat par parolles au beau frere dudit /41/ suppliant qui sourvint au debat, et luy sembloit que ledit Petit Jehan vouloit rebouter ledit son frere et contempirer luy et ses parens et amys, ainsi que les Ardenoys ont de coustume de faire aux pays leurs voisins, usans de menasses et haultes parolles, ce que ledit suppliant ne peult endurer ne porter, et luy dit qu’il n’estoit point pour les mesprisier ou rebouter. Et ledit Petit Jehan tira son couteau et dit audit suppliant qu’il estoit homme pour luy et mieulx, ausquelles parolles vindrent le pere dudit suppliant et autres ses freres et parens qui donnerent assistance audit suppliant, et tellement que le pere dudit suppliant escria audit suppliant : « Tue le, le ribault ! », ou semblables parolles, dont ledit suppliant s’efforça a la voix de son pere et tant poursuyvit ledit Petit Jehan qu’il luy donna ung cop d’un petit couteau qu’il avoit a tailler pain sans autre baston invasible, dague ou espee, duquel cop ledit Petit Jehan est allé de vie a trespas par faulte de bon cirurgien, et s’il fust esté bien secouru ne fut esté mort, touteffois il est deffunct. Pour lequel cas, ledit Jehan Gonel s’estoit absenti de noz pays, terres etc. Savoir faisons etc., imposons etc. Si donnons en mandement etc. Donné en nostre chastel de Condé, le XVIIe jour d’aoust mil VC et troys. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, president des comptes a Nancy et autres presens. Boudet.

263 1503, 22 août - Custines. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Mengin Fourrot, de Gondreville, emprisonné à Vaucouleurs, coupable d’homicide commis avec d’autres le 22 juillet 1503, lors de la fête de Velaine-en-Haye, sur la personne d’Aubertin de Fontenoy-sur-Moselle au cours d’une querelle entre jeunes gens (cf. n° 265). Copie, ADMM, B 9, f° 41v°-42.

Phelippe, par la grace de Dieu royne de Jherusalem et de Sicille, duchesse de Lorraine et de Bar, marchise, marquise du Pont, contesse de Provence, de Vauldemont et d’Aubmalle, a tous presens et advenir, salut. De la part de Mengin Fourrot, jeune homme de nostre ville de Gondreville, nous a esté presenté une supplicacion contenant que darnierement il se trouva le jour de la Magdalene, feste de Villaine, a ladite feste en intention de y faire bonne chiere ; advint que luy et autres jeunes mariéz dudit Gondreville, qui pareil414

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lement estoyent venuz a ladite feste, se tirerent devers les dances pour dancer avec les jeunes filles qui illecques estoyent. Quoy veant par les jeunes compaignons dudit Velainnes, ilz demanderent audit suppliant et a ceulx de sa compaignie argent pour dancer, ce que luy et ses compaignons ne reffuserent, et pour y satisfaire donnerent troys de leurs robes en gaige ausdits de Villaines pour lesdites dances, disans en telle maniere : « Nous vous ferons de tel pain souppe a nostre feste ». Et en debatant ilz faisoyent de parolles les ungs aux autres, sans avoir d’une partie ne d’autre dagues ne espees, ung nommé Aubertin, de Fontenoy, se trouva illecques d’arrivee tenant une paule en l’eune de ses mains, donna d’icelle paule ung coup en trahyson par derriere sur ung nommé Jehan Doullot, dudit Gondreville, en telle façon qu’il rompit ladite paule sur ledit Dollot en troys pieces. Ce veant par ung nommé Nommery dudit /42/ Fontenoy, non content de ce que dit est, vint audit Jehan Doullot ayant ung coutel en sa main, cuydant tuer iceluy Dollot. Veant par le suppliant et ung nommé Jehan de Benney avec Anthoine Archellet, dudit Gondreville, l’oultraige dessus dit, ilz donnerent audit Aubertin deux ou troys coups sur la teste et autre part, lequel Aubertin fut incontinant abillé et mis a point sur le lieu en façon que, pour ledit jour, il s’en retourna audit Fontenoy sur ces piedz et lequel, aprés ce qu’il fut mis a point comme dit est, il manda venir devers luy ledit Jehan Dollot et luy requist pardon, lequel Dollot luy pardonna disant audit Aubertin : « Pour quoy m’as tu feru car je n’avoye verge ne baston ? », a quoy lui respondit ledit Aubertin que c’estoit pour ce qu’il avoit prins ses chevalx en dommaige et menéz audit Gondreville, et semblablement ledit Nommery pour tel cas, luy qui est massier et garde juré du ban et finaige dudit Gondreville. aprés ce fait, ledit Aubertin fist bonne chiere le lundi, le mardi, le mercredi, et le jesdi ensuivant, par faulte de bon gouvernement ou autrement, iceluy Aubertin perdit la parolle et tomba en si extreme maladie que sa femme fust meue d’aller audit Gondreville faire plaintif au prevost dudit lieu de tous ceulx qui estoient en sa compaignie quant les coups dessus dits furent donnéz ; aprés lequel plaintif fait, ledit feu Aubertin termina vie par mort. Pour lequel cas, il estoit rendu fugitif des pays de monseigneur et de nous au lieu de Vaucouleur, royaulme de France. Savoir faisons etc., et que a nostre premiere venue et joyeuse arrivee audit Vaucoulleur, ledit suppliant avec ung autre consentant du cas dessus dit ont esté trouvéz prisonniers, lequel Mengin Fourrot, par le privilege actribué aux princesses de nostre puissance, avons mis a plaine delivrance et hors des prisons dudit Vaucouleur, nous suppliant luy bailler etc., audit Mengin Fourrot etc. Si donnons en mandement etc., que furent faictes et donnees en nostre chastel de Condé, le XXIIe jour d’aoust l’an mil VC et troys Signee Phelippe. Par la royne de Sicille, etc. Cristien.

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264 1503, 22 août - Custines. Rémission accordée à Demange le Clerc, de Bertrimoutier, qui, dix-huit mois auparavant, a été complice du meurtre d’un faux prêtre, messire Jean, ou Bertrand, qui menait une vie scandaleuse en tant que chapelain du lieu et qui fut tué en présence de Demange par un nommé Stevenet Anthoine (cf. n° 266). Copie, ADMM, B 9, f° 42v°-43.

René. L’umble supplicacion de Agnes, femme de Demenge le Clerc, de Bertrimoustier en nostre prevosté de Sainct-Dyey, avons receue contenant qu’il a environ ung an et demi, vint et applicqua d’avanture en la ville et val dudit Sainct-Dyey ung soy disant homme d’eglise et se nommant messire Jehan, combien que aucuns disoyent qu’il avoit a non messire Bertrand, lequel aprés ce que par astuce, presumpcieuse eloquence et malice il obtint lieu et service pour estre chappelain et serviteur en la cure dudit Bertrimoustier, en laquelle y a esté certain temps et jusques a ce que les officiers de la court spirituelle dudit Sainct-Dyey, advertiz des enormité, deshonneste vie, villains et ignomineulx services, esclandres publicques, disjoinction et cause de dyvorse de pluseurs bons et treshonnestes mariaiges, luy firent deffendre et interdire l’acces et administracion des sains sacremens de l’eglise, et mesmement que noz officiers commanderent expressement qu’il n’y eust hostes ne autres qui le herbergeassent ou soustint plus avant, et qu’il luy fut pareillement commandé de par nous qu’il ne fust veu ne trouvé audit val Sainct-Dyey, luy remonstrant qu’il s’absentist et qu’il widast hors dudit val affin qu’il n’encheust es mains et fureur de pluseurs gens de bien et de bon lignaige qu’il avoit troublé et offencé tresgrandement, ce qu’il avoit fait par une espace de temps jusques a ce que, par la suggestion de l’ennemy d’enfer et permission divine qui n’a point voulu souffrir ses irregularité, vices et enormité regner plus avant, il s’est de rechief trouvé et est revenu au lieu de Nuefviller, proche dudit Bertrimoustier, ou pluseurs et par especial ung nommé Demenge Anthoine qui darnierement trespassa, avoyent suspicion d’adultere sur luy, tellement aprés ce que ung nommé Stevenet Anthoine, /43/ frere dudit Demenge, demeurant es Allemaignes hors de nos pays, estant d’adventure venu par deça, sceut et fut adverti du retour dudit prebstre, fut esmeu et troublé en son couraige, disant que icelluy prebstre estoit cause de la mort de son frere car il tenoit sa femme et avoit ung enffant bastard d’elle, et qu’il vengeroit la mort de sondit frere qu’estoit vraysemblablement allé de vie a trespas par tristesse et desplaisir dudit adultere, pareillement que le marit de ladite pouvre exposante, jeune d’aage et d’entendement chault, voullant et soy recordant d’aucuns oultraiges, diffamacions et grans deshonneurs de son lignaige et affinité que avoit fait ledit messire Jehan, comme mal advisé, acompagna ledit Stevenet et s’en alla avec luy, cuydant que seulement ledit Stevenet voulsist parler audit prebstre mais, ainsi que celuy Stevenet 416

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vint a luy, il fut meu de si grande et irrefrenable fureur qu’il le frapist et mist en chasse en façon soit qu’il l’ayt cuydé tuer ou non, ledit prebstre navré et blexé es cuixes et jambes seullement par l’effusion de sang qu’il ne peust estancher, il rendit l’esprit en la place ou il jouoit aux quilles avecques jeunes enffans qui ne se pensoient dudit cas audit Nuefviller. Et pour ce que ledit Demenge le Clerc, mari de ladite exposante, estoit en la compaignie d’iceluy homicide, combien que jamais il ne toucha comme au vray sera trouvé, doubtant l’apprehension, force et violence de vos prevost et officiers audit Sainct-Dyey, s’estoit absenti, rendu fugitif et habandonné noz pays esquelx etc. Savoir faisons etc. Si donnons en mandement etc. Donné en nostre chastel de Condé, le XXIIe jour d’aoust mil VC et troys. Signé René. Par le roy de Sicile, les evesque de Verdun, seigneur de Valengin, bailly de Clermont, cappitaine de Chatenoy et autres presens. H. de Widrenges.

265 1503, 22 août - Custines. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Jean de Benney, de Gondreville, emprisonné à Vaucouleurs, coupable d’homicide commis avec d’autres le 22 juillet 1503, lors de la fête de Velaine-en-Haye, sur la personne d’Aubertin de Fontenoy-sur-Moselle au cours d’une querelle entre jeunes gens (cf. n° 263). Copie, ADMM, B 9, f° 43v°-44.

Phelippe, etc. Receue avons l’umble supplicacion et requeste de Jehan de Benney, jeune homme demourant en nostre ville de Gondreville, contenant que dernierement il se trouva le jour de la Magdalene, feste de Villaine, en intencion de faire bonne chiere ; advint que luy et autres jeunes mariéz dudit Gondreville, que pareillement estoyent venuz a ladite feste, se tirerent devers les dances pour dancer avec les jeunes filles que illecques estoyent. Quoy veant par les jeunes compaignons dudit Villaines, ilz demanderent audit suppliant et a ceulx de sa compaignie argent pour dancer, ce que luy et ses compaignons ne reffuserent point et pour y satiffaire donnerent troys de leurs robes en gaige ausdits de Villaines pour lesdites dances, disans en telle maniere : « Nous vous ferons de tel pain souppe a nostre feste ». Et en debatant qu’ilz faisoyent de parolles les ungs aux autres, sans avoir d’une partie ne d’autre dagues ne espees, ung nommé Aubertin, de Fontenoy, se trouva illecques et d’arrivee, tenant une paulle en l’une de ses mains, donna d’icelle paulle ung cop en traison par derriere sur ung nommé Jehan Dollot, dudit Gondreville, en telle façon qu’il rompit ledit paulle sur ledit Dollot en troys pieces. Ce veant par ung nommé Nommery, dudit Fontenoy, non content de ce que dit est, vint audit Dollot ayant ung coutel en sa main, cuydant tuer iceluy Dollot ; veant par le suppliant, 417

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Mengin de Laparmee, Anthoine Archelet, dudit Gondreville, l’oultraige dessus dit, ilz donnerent audit Aubertin deux ou troys cops sur la teste et autre part, lequel Aubertin fut incontinant habillé et mis a point sur le lieu en façon que, pour ledit jour, il s’en retourna audit Fontenoy sur ces piedz. Et lequel aprés ce qu’il fut mis a point comme dessus, il manda venir devers luy ledit Jehan Dollot et luy requist pardon, lequel Dollot luy pardonna, disant audit Aubertin : « Pourquoy /44/ m’as tu feru, car je n’avoye ne verge ne baston ? », a quoy luy respondit ledit Aubertin que s’estoit pour ce qu’il avoit prins ses chevaulx en dommaige et menéz audit Gondreville, et semblablement ledit Nommery pour tel cas, luy qui est massier et garde juré du ban et finaige dudit Gondreville. Aprés ce fait, ledit Aubertin fist bonne chiere le lundi, le mardi, le mercredi, et le jeudi ensuivant, par faulte de bon gouvernement ou autrement, iceluy perdit la parolle et tomba en telle et si extreme maladie que sa femme fust meue d’en faire plaintif au prevost dudit Gondreville de tous ceulx qui estoyent en la compaignie quant les cops dessus dits furent donnéz, et ledit plaintif fait il termina vie par mort. Pour lequel cas il s’estoit rendu fugitif des pays de monseigneur et de nous au lieu de Vaucouleur, royaulme de France. Savoir faisons que nous, ayant regart au cas dessus dit et a la jeunesse dudit suppliant et que, a nostre premiere venue et joyeuse arrivee audit Vaucouleur, ledit suppliant avec ung autre consentant dudit cas y ont esté trouvéz prisonniers etc. Donné, en nostre chastel de Condé, le XXIIe jour d’aoust, l’an mil VC et troys. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, etc. Cristien.

266 1503, 16 septembre - Nancy. Rémission accordée à Stevenat Anthoine, demeurant à Villé, coupable d’homicide commis il y a dix huit mois à Neufvillers-sur-Fave sur la personne d’un faux prêtre nommé messire Jean ou Bertrand, ancien chapelain de Bertrimoutier, parce que ce faux prêtre avait déshonoré la femme de son frère (cf. n° 264). Copie, ADMM, B 9, f° 45v°-46.

René, etc. L’umble supplicacion de Stevenat Anthoine, demourant a Viller, diocese de Strasbourg, contenant qu’il a environ ung an et demy vint et applica a Neufviller, prevosté de Sainct-Dyey et lieu de la nativité dudit Stevenot, ung prebstre de dehors de noz pays appellé, comme il disoit, messire Jehan, combien que aucuns ont dit qu’il eust non messire Bertrand et, par aucuns delictz par luy commis a son pays, il estoit fugitif et avoit mué son nom, tellement aprés ce que, par son astuce et presumptieuse eloquence, il heust lieu de chapelain a Bertrimoustier, pres dudit Neufviller, il commença a mener une vie dissonante a son estat, seduire femmes, mectre discension et debatz entre gens mariéz, 418

Corpus des lettres

jurer et blasphemer Dieu et ses saincts et faire pluseurs esclandres, par quoy luy fut fait commandement de par nous de s’absenter de ladite prevosté de Saint-Diey ; pareillement luy furent deffendues et interdictes les eglises dudit val de Sainct-Dyey, avec ce commandé a tous hostes et autres qu’ilz ne le receussent ou herbergeassent en leurs maisons et que sur ce il s’absentist ung petit de temps, jusques a ce que darnierement, ne povant desister a la deshonneste vie et adulteres qu’il avoit mené et commis audit Neufviller, ou sont manans et residens les pere, frere, seurs et amys dudit Stevenat, il retourna et revint /46/ secretement audit lieu ches ung qui le herbergeoit contre les commandemens dessus dits. Tellement aprés ce qu’il s’i eust tenu clandestinement certains jours, advint que, ung jour de dimenche, ainsi que les jeunes gens et mesgnie dudit villaige s’esbatoyent en jouant aux quilles en ung umbraige, saillit ledit prebstre hors de son hostel en pur hocqueton ayant une grande dague au costé, vint audit jeu de quilles et pressa lesdits jeunes gens qui jouoyent pour des espingles de jouer pour du vin. Ce pendant et venu a la congnoissance dudit Stevenat, qui d’avanture estoit arrivé pres dudit Nuefviller retournant de l’atappe de Raon mener des vins, remembrant en soy le grant deshonneur que ledit prebstre avoit fait en son lignaige et par especial a son propre frere, duquel il tenoit la femme par adultere et pourchassoit la fille qu’il avoit d’une autre femme tellement que ledit Stevenat, doubtant qu’il ne la gastist avec sa maratre, l’avoit osté et mené ché luy audit Viller, s’en vint audit Neufviller et, par une fureur qu’il ne peult lors reprimer, print ung espié courant et suivant ledit prebstre estant en hocqueton comme dit est, le cuydant batre et dechasser hors dudit lieu, l’ataindit en la cuisse, lieu si dangereulx que, par la grande effusion de sang qu’il ne peust estancher, il mourut en la place. Pour lequel cas etc. Savoir faisons etc., et sur ce imposons etc. Si donnons en mandement etc., au bailly de Vosge etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XVIe de septembre, l’an mil cinq cens et troys. Signé René. Par le roy de Sicile, les seneschal de Lorraine, baillis de Nancy et de l’eveschié de Mets, les seigneurs de Pierrefort, procureur general de Lorraine et autres presens. H. de Widrenges.

267 1503, 14 octobre - Nancy. Rémission accordée à Gérard Trotin, de Levoncourt, emprisonné à Bar-leDuc, pour complicité de meurtre sur la personne de Didier Maton, lors d’une rixe entre jeunes gens survenue le 15 août 1503 à la fête de Lignières-sur-Aire. Copie, ADMM, B 9, f° 51r°-v°-52.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication des mere, freres, parens et amys charnelz de Gerard Trotin, filz de feu Didier Trotin, jeune filz a marier natif de Levoncourt en nostre prevosté de Bar, detenu prisonnier en noz prisons 419

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

dudit Bar, avons receue contenant que, le jour de l’Assumption Nostre Dame derrain passé, il, acompaigné d’un nommé Jehan le Moyne et pluseurs autres jeunes filz a marier, s’estoyent partiz dudit Levoncourt pour aller a Linieres a la feste, lequel Gerard, entre cinq et six heures aprés midy, avoit prié et requis a ung jeune /51v°/ filz prevost de ladite feste que son plaisir fust luy voulloir donner une dance et il luy payeroit, a quoy luy respondit ledit prevost que voulentiers il en auroit une s’il vouloit encore ung peu actendre. Sur quoy sourvint ung nommé Didier Maton, jeune filz, qui dist audit Gerard qu’il n’en auroit point, lequel prevost dist qu’il en auroit une et qu’il luy avoit donné de l’argent pour en avoir, et iceluy Didier, persistant en ses parolles, luy dist que par la sang Dieu il n’en auroit point. Adonc ledit Gerard luy respondit que on n’en feroit ses fiebvres quartaines pour luy, aprés lesquelles parolles ledit Maton donnast audit Gerard de son poing sur son visaige et, comme iceluy Gerard luy cuydoit rendre ledit cop, pluseurs des assistans se mirent entre eulx. Et se partit d’illecques ledit Gerard, tirant son chemin droit a l’ostel d’un nommé Vincent Thierre, dudit Linieres, ou ledit Moyne souppoit, lequel il appella une ou plusieurs fois, luy disant qu’il luy priot qu’il s’en vinst avecq luy, lequel le Moyne luy dist qu’il iroit et qu’il ne l’abandonneroit point, et se partit lors ledit le Moyne avec ledit Gerard d’icelle maison ayans chascun ung bracquement penduz a leurs costéz. Et comme ilz approchoyent les dances, aucuns d’illec vinrent contre et au devant d’eulx, les prindrent et dirent qu’ilz mectroyent jus leurs bastons affin qu’ilz ne fissent debat ou noise en ladite feste, et promist lors ledit Jehan le Moyne a ceulx qui le tenoyent qu’ilz le laissassent aller et qu’il ne battroit aucun par sa foy, soubz umbre desquelles parolles le laisserent aller, menerent ledit Gerard d’un costé et luy osterent sondit bracquemart. Mais bien peu aprés, ledit le Moyne estant esdites dances, entre plusieurs veist et apparceust ledit Maton tirant une buche de boys hors d’un lignier, contre lequel allast hastivement et au desceu dudit Gerard luy donna ung coup de /52/ sondit bracquemart sur la teste en façon que ledit Maton, par mal penser ou autrement, dedans quinze jours ensuyvans est allé de vie a trespas. Pour lequel cas ledit le Moyne s’est rendu etc., et ledit Gerard, qui ne savoit de ce aucune chose pour lors, fut amené prisonnier en noz prisons de Bar ou il est etc. Savoir faisons etc., et d’abondant etc. Si donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XIIIIe jour d’octobre, l’an mil cinq cens et troys. René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque et conte de Verdun, president des comptes de Lorraine, seneschal de Lorraine et autres presens. Alexandre.

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268 1504 (n. s.), 15 février - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Denis Pelletier, de Fraisnes-en-Saintois, qui a blessé mortellement le 25 décembre 1500 son jeune frère Denis en voulant le réprimander. Copie, ADMM, B 9, f° 63v°-64.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication et requeste de Denis Pelletier, natif de Fresnes en nostre conté de Waudemont, a present demeurant en nostre conté de Ligny, avons receue contenant que, le jour de Noel mil cinq cens, il avoit prins question a Denys, son frere, jeune filz de l’aage de dix a doze ans, pour raison de ce qu’il ne vouloit servir a maistre et s’en fuyoit d’avecques les maistres ou il le mectoit demourer et, pour le corriger de ce, luy bailla aucuns coups d’un petit baston qu’il tenoit, qui n’estoit ferré ne affaictié en façon nulle, lequel jeune filz s’en estoit fuy aux champs sur le ruissel de telle fontaine, en la fin de Boulaincourt, ou il beut de l’eau, et troys jours aprés alla iceluy de vie a trespas et l’aisda a porter en terre ledit Denys, suppliant, qui se tinst depuis par certaine espace de temps audit Fresnes. Touttefois il luy fut dit par aucuns ses amys qu’il valloit mieulx qu’il s’en allast hors des pays, ce qu’il avoit deslors fait, craignant rigueur de justice, et en iceulx n’ozeroit retourner sans avoir de nous remission et pardon dudit cas, nous suppliant treshumblement luy vouloir remectre et pardonner iceluy. Savoir faisons etc., et d’abondant l’avons remis etc. Si donnons en mandement etc., /64/ pourveu qu’elle soit enterinee comme il appartient. En tesmoing. Donné en nostre ville de Bar, le quinziesme jour de febvrier, l’an mil cinq cens et troys. René. Par le roy de Sicile, les president et gens des comptes du duchié de Bar, procureur general de Lorraine et autres presens. Boudet. Registrata Alexandre.

269 1504 (n. s.), 4 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Pasquin Raulin, de Gremilly, coupable d’homicide sur la personne d’un « Egyptien » qui logeait avec d’autres dans le village et qui était soupçonné de vols, de meurtres et d’incendie. Copie, ADMM, B 9, f° 85r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble suplication et requeste de Pasquin Raulin, demourant en nostre ville de Gremilly, prevosté de Sancey, avons receue contenant que puys nagueres aucuns egiptiens vindrent loger en nostre ville dudit Gremilly, et la firent pluseurs roberies en telle façon qu’il y en eust ung de vosdits bourgeoys qui congneut une de ses robbes que aucuns desdits egiptiens 421

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

luy avoit roubé, dont il luy demandoit sadite robe, et ledit egiptien se prindrent de parolle bien rigoureuses et le frapit en telle façon qu’il est encores au lict de ceste heure et espere on plus la mort que la vie. Veant vosdits bourgeoys qu’il estoit ainsi oultraigé, s’assemblerent mais ilz n’estoyent point assez fors pour eulx, comme il leur sembloit, pour cause que le vilaige est petit et n’y a que treze ou XIIII mesnaiges. Ce veant, ung de vos sergens de vostre prevosté de Sancey, qui estoit la arrivé, montit a cheval et s’en allit a Orne, qui est la plus prochaine ville, et se trouvit en une taverne dudit lieu, la ou il y avoit pluseurs des habitans dudit lieu et des villes voisines, ausquelx le dessus dit sergent leur dist que les egiptiens vouloyent murtrire vos hommes dudit Gremilly et, qui n’y mectroyt remede, ilz pilleroyent la ville et bouteroyent le feu dedans, car il disoit qu’ilz en avoyent ja tué et blessé d’autres. Se oyant par lesdits habitans dudit Orne, chascun se departit sans compter a leur hoste et prindrent chascun ung baston ceulx qui en povoyent avoir et les autres non, et s’en allerent tous audit Gremilly avec ledit sergent a toute diligence et, eulx la arrivéz, incontinant lesdits egiptiens se tirerent en la cymetiere, mais ilz n’y sceurent si subitement venir qu’il n’y eust ung desdits egiptiens qui fut frappé d’une picque parmy le corps, mais sesdits compaignons egiptiens le tirerent en ladite cimitiere avec eulx. Parquoy les premiers qui /85v°/ arriverent prindrent des cordes et le tirerent hors dudit cimitiere, tout ainsi blessé qu’il estoit, dont aucuns d’iceulx vindrent dire audit suppliant que c’estoyt celuy qui avoyt frapé son frere a mort. Quoy oyant par ledit suppliant, qui estoit esmeu du sang fraternel, le frappit d’un espié qu’il tenoit parmy le bras et le cousté, dont il rendit l’ame combien que, quant il ne l’eust ja frappé, si eust il mouru du premier coup qu’il avoyt eu et de pluseurs autres qui frappoyent dessus. Pour lequel cas ledit Pasquin est despieça hors de noz pays, terres et seigneuries et en iceulx n’oseroit retourner sans avoir de nous remission et pardon, nous suppliant luy vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, au vray informé dudit cas, de la jeunesse d’iceluy et que jamais ne fut actainct ne convaincu d’autre que de cestuy, voulans en ce preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science etc., avons audit Pasquin ledit cas etc., satisfation faicte a partie civillement tant seulement si desja faicte n’estoit, et de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a ses bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz comme il estoit auparavant ledit cas advenu, si doncques n’estoit qu’ilz fussent venduz alienéz et declairéz par justice. Si donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz bailliz, prevostz, procureurs de nostre duchié de Bar, leurs lieuxtenans etc., que de ceste presente nostre remission et pardon facent, seuffrent etc., et imposons silence perpetuel a nostre procureur general de Barroys et autres etc. Donné en nostre ville de Bar, le quatreiesme jour d’avril, l’an mil cinq cens et troys. Signé René. Par le roy de Sicille, les presidens des comptes de Lorraine et Barroys et autres presens. Alexandre. Registrata Chasteauneuf.

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270 1504 (n. s.), 5 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordé à Pierrot, fils de Jean Huyn, de Contrisson, forestier de la gruerie de Bar, coupable d’homicide commis aux environs du 11 novembre 1502 sur la personne d’Adenot Conreux à la suite d’une querelle dans une taverne de la localité. Copie, ADMM, B 9, f° 95v°-96.

René, etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplication et requeste de Jehan Huyn, forestier et garde des boys de nostre gruyerie de Bar, demeurant a Contrissons, avons receue contenant que, environ la Saint Martin dernier passé, ung sien filz, nommé Pierrot Huyn, aagié de vingt quatre ans ou environ, se trouva en l’ostel de Henryon Mareschal, demeurant audit Contrissons, en la compaignie de pluseurs jeunes filz dudit lieu. Et comme ilz buvoyent aprés soupper, faisant bonne chiere sans debat, survint illecques ung nommé Adenot Conreux, lequel commença a les arguer, et /96/ tellement multiplierent de parolles que ledit Addenot vint au fait et frappist ung nommé Jehan Wyard dudit lieu, cousin dudit Pierrot Huyn, et assez tost aprés, en retournant de ladite taverne, lesdits Pierre et Jehan Wyard trouverent ledit Addenot qui pareillement s’en alloit de ladite taverne, sur lequel Pierrot frappit deux coups seullement et ledit Jehan Wyard pluseurs cops oultre le gré et voulenté dudit Pierre qui ne pensoit que ledit Wyard le deust ainsi frapper qu’il fist, desquelx coups ledit Adenot en eut la mort. Au moyen de quoy ledit Pierrot, doubtant rigueur de justice, s’estoit des lors absenté de nos pays esquelx il n’a jamais osé ne oseroit retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement ledit Jehan suppliant etc. Savoir faisons etc., et que par informations sur ce faictes par nostre procureur de Bar et autres, nous est apparu ledit cas estre fait et entrevenu en la maniere que dessus etc., pour ces causes etc., satiffation faicte. Si donnons en mandement etc., mandons en oultre a nostredit bailly de Bar ou sondit lieutenant qu’il procede a l’enterinement de ces presentes ainsi qu’il appartiendra par justice. En tesmoing etc. Donné a Bar, le Ve jour d’apvril, l’an mil VC et troys avant Pasques. Signé René. Par le roi de Sicile, les evesque de Verdun, president de Lorraine, gens des comptes de Barroys presens. Alexandre. Registrata H. de Widrenges pro Chasteauneuf.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

271 1504, 12 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Colesson le Maire et Husson Mayeur, de Nubecourt, coupables d’homicide commis le 25 mars 1504 sur la personne de Roger Cousturier, de Triaucourt-en-Argonne, qui les avait agressés à la suite d’une querelle dans une taverne de Triaucourt. Copie, ADMM, B 9, f° 78v°-79r°-v°.

René, etc., a tous presens et avenir, salut. L’umble supplicacion et requeste des pere, parens et amys de Colesson le Maire et Husson Mayeur, jeunes compaignons demeurant a Nibecourt en nostre bailliaige de Clermont, avons receue contenant que, le jour de la Nostre Dame derrain passee, lesdits Colesson le Maire et Husson Mayeur estans avec pluseurs autres jeunes gens se departirent le matin dudit Nebecourt pour aller en voyage en une chappelle de Nostre Dame, dicte Menoncourt lez Triaucourt, terre de Beaulieu et royaume de France. Et aprés qu’ilz eurent acomply leurdit voyaige et devocion, se tirerent lesdits Colesson Maire et Husson Mayeur et aucuns des autres audit Triaucourt pour disner. Et comme ilz eurent disné, de rechief se bouterent en une taverne pour bancqueter, et en leur compaignie se trouva ung nommé Rogier Cousturier, demourant audit Triaucourt, avec lequel ilz firent bonne chiere et joyeuse sans quelque debat ou question jusques ad ce que leur escot fut compté, en comptant lequel y eust seullement ung blanc bon, lequel blanc ledit Rogier vouloit accepter a son proffit, ce que lesdits de Nebecourt ne vouldrent souffrir mais en vouloyent chascun avoir leur part, au moyen de quoy iceluy Roger, qui estoit plain de vin, de felon courage se leva de la table en disant furieusement ces motz ou semblables : « Sang Dieu ! Cuydez vous que je vueille rien du vostre ? », et tellement se meut, courant parmy la chambre a ung et a aultre, que d’un cousteau qu’il tenoit en frappoit lesdits Colesson Mayre et Husson Mayeur, assavoir l’un deux coups et l’autre ung jusques a effusion de sang, et leur fist playes dont ilz ne sont encores senéz. Et combien qu’il fussent ainsi navréz, voyans le courage dudit Roger et pour eviter plus grant inconveniant, se departirent de ladite chambre et se bouterent en une autre maison pour bander et /79/ restraindre leurs playes, sans faire aucune resistance contre ledit Roger pour lors. Neantmoins iceluy Roger, persistant tous jours a sa fureur et mauvays courage, s’en alla en sa chambre et, se fait, print deux cousteaulx en ses deux mains et tant comme il peult s’en retourna en ladite taverne, les y cuydant encores trouver, mais quant il sceut qu’ilz estoyent en une autre maison, se tira celle part, jurant et detestant Dieu qu’il les tueroit. Et comme il approchoit d’icelle, il vit lesdits Colesson le Maire et Husson Mayeur au devant d’icelle maison, et lors print encore deux pierres et les gecta devers eulx tellement qu’il leur fut force eulx remectre en ladite maison, dont ilz furent fort desplais[ans] car ilz estoyent 424

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sortiz pour eulx en retourner audit Nebecourt ainsi navréz qu’ilz estoyent. A l’occasion de quoy et veans que iceluy Roger faisoit son effort de les tuer et murtrir, prindrent courage et saillirent au devant de ladite maison, disans qu’ilz se revencheroyent et qu’ilz ne se lairroyent ainsi tuer, et tellement firent que l’un d’iceulx donna audit Roger ung coup d’un levier de boys et l’autre luy donna d’un bracquemart pluseurs fois, dont il fut fort navré et cheut a terre, quoy fait se departirent et retournerent audit Nebecourt ; pour lesquelz coups ainsi bailléz ledit Roger, par faulte de bon gouvernement ou autrement, alla de vie a trespas. Pour lesquelx cas, lesdits Colesson Maire et Husson Mayeur se sont renduz fugitifz de nos pays et en iceulx n’oseroyent jamais retourner sans avoir sur ce noz lettres de remission et pardon, nous ont humblement supplié leur vouloir octroyer. Savoir faisons que nous, deuement informé dudit cas tant par informacion que autrement, et que ledit feu Rougier avoyt esté aggresseur et cause de sa mort, avec ce que lesdits Colesson et Husson ne furent jamais actains ne convaincuz /79v°/ d’aucuns villains cas, pour ces causes et autres raisonnables a ce nous mouvans avons a iceulx de nostre certainne science, plainne puissance, auctorité et grace especial ledit cas et crime quicté, remis, aboly et pardonné, quictons, remectons, abolissons et pardonnons par ces presentes avecques toutes peines corporelles, criminelles et civilles en quoy ilz pourroyent avoir esté escheuz envers nous et justice, satiffaction faicte a partie civilement tant seulement si desja faicte n’estoit, et de nostre plus ample grace et misericorde les avons remis et remectons a leurs bons fames et renommees au pays et a leurs biens non confisquéz comme ilz estoyent auparavant lesdits cas advenuz. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a noz améz et feaulx conseillers, bailly, prevost, procureur dudit Clermont et a tous nos autres justiciers, officiers, hommes et subgectz de nostredit duchié de Bar, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre remission et pardon facent, seuffrent et laissent a tous jours mais jouyr et user plainement et paisiblement lesdits Colesson et Husson Mayeur, sans en ce etc., ains si leurs corps ou biens estoyent pour ce detenuz ou empeschéz aucunement, les mectez incontinant a plaine delivrance car ainsi etc., et imposons silence perpetuel a nostre procureur general ou bailliaige dudit Clermont et a touz autres. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XIIeme jour d’avril mil VC et quatre. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque et conte de Verdun, seigneur de Valengin et de Chalan, presidens des comptes de Lorraine et de Barroys et autres presens. Et pour secretaire Boudet.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

272 1504, 13 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Petit Jean, d’Ottange, laboureur, coupable d’homicide commis vers le 1er octobre 1503 sur la personne d’un nommé Lambert qui l’avait agressé ainsi que son beau-frère au retour d’une noce. Copie, ADMM, B 9, f° 77r°-v°-78.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication et requeste de petit Jehan, d’Octenge, pouvre laboureur demourant a Octenge en nostre prevosté de Lonwy, avons receue contenant que, environ la Saint Remy dernierement passee, il y avoit une nopces en ung villaige nommé Canffin, duchié de Lucembourg, esquelles nopces ledit suppliant estoit acompaignié d’ung nommé de Nonchelle, appellé Petre le Mareschal, serourge dudit suppliant, et encores de quatre autres tant dudit Octenge comme de Remelange, lesquelx estoyent d’une alliance contre ledit suppliant et sondit serourge qui riens ne savoyent de l’entreprinse desdits quatre contre eulx. Et aprés le disner desdites nopces, lesdits d’Octenge et de Remelange se departirent desdites nopces et s’en alloyent le chemin pour retirer audit Octenge, et en leur chemin ledit Petre et ledit suppliant furent advertiz par ung homme dudit Remelange de la compaignie desdits quatre leurs adversaires que, premier qu’ilz vinssent audit Octenge, seroyent batuz pource que ledit Petre avoit frappé d’une sarpe sur la hante d’un espieu appartenant a ung desdits quatre leurs adversaires. Ledit suppliant, estant adverti de cecy, dist qu’ilz ne debvoyent point avoir de question pour cela et que, s’ilz vouloi[ent] reavoir ung espieu, qu’il avoit en sa maison qu’il leur donneroit ; ce neantmoins, ledit de Remelange vint audit suppliant et luy dist pareillement comme il avoyt dit audit Petre que, premier qu’ilz fussent /77v°/ audit Octenge, ilz seroyent batus, de quoy ledit suppliant s’esmerveilla fort. Et adonc ledit suppliant et ledit Petre se misrent au cheminer devant tirans a Walmerange, terre et seigneurie de Luxembourg, et quant ilz vindrent audit Walmerange, ledit suppliant et sondit serourge dirent es autres que, s’ilz vouloyent aller boire, ilz payeroyent demy franc vin, a quoy lesdits quatre ne respondirent aucune chose ains entrerent en la taverne sans mot dire. Et quant ledit suppliant et sondit serourge virent ce, doubterent d’eulx pource qu’ilz n’estoyent que deux et les autres estoyent quatre, adoncques se misrent a cheminer devers Octenge. Et quant ilz furent sur le chemin, les autres se prindrent a cheminer aprés eulx tellement qu’ilz les rataindirent sur les champs, et vint celuy qui avoit basty ledit suppliant et le requerit pour combatre trois ou quatre fois, de quoy ledit suppliant fut fort esbahy veu qu’il l’avoyt adverty auparavant et luy demanda a quelle occasion il se vouloit combatre a luy, veu le baisier qu’il luy avoit donné, et tous jours luy disoit : « Vien, vien ! », et ledit suppliant luy respondit qu’il estoit tout venu. Et tandis qu’ilz estoyent en ses parolles, vindrent deux des autres et cuyderent fraper ledit suppliant en trahyson, de quoy s’apperceut et leur dist : « Traystres, nous voulez vous tuer en trayson ? », et lors 426

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le laisserent et allerent aprés sondit serourge et le commencerent a batre tellement qu’il fut abatu a terre, commença a crier ayde audit suppliant, lequel retourna pour le secourir. Et ainsi qu’il venoit a l’ayde de sondit serourge, l’un d’iceulx luy vint au devant, qui estoit appellé Lambert, et vint audit suppliant tenant en sa main l’espieu de quoy le debat estoit esmeu, luy cuydant donner sur la teste d’un hault coup. Ledit suppliant, voyant l’entreprinse de son ennemy, son corps deffendant, bailla audit Lambert ung coup d’estoc de son espee et le blessa tellement que la mort /78/ s’en est ensuye, ad cause de quoy s’estoit absenté de nos pays esquelz il n’oseroit retourner etc. Savoir faisons que nous, informéz etc., et a la priere et requeste de nostre treschier et tresamé cousin le conte de Nassau et de Bernard de Luxembourg, qui presentement nous ont ramenéz en ce lieu, nostre bailly de Bar, avons audit petit Jehan ledit cas etc., satiffation faicte etc. Si donnons en mandement etc., imposant silence perpetuel etc. Donné en nostre ville de Bar, le XIIIe jour d’avril, l’an mil VC et quatre aprés Pasques. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Verdun, bailly de Saint-Mihiel, presidens des comptes de Lorraine et Barroys presens. Alexandre.

273 1504, 27 avril - Nancy. Rémission accordée à Jean, emprisonné à Château-Salins, fils de Jean Bertrand, d’Emberménil, charpentier, pour homicide commis le 24 mars 1504 sur la personne de Didier le Roucel qui avait agressé son maître François le couvreur, de Gerbécourt. Copie, ADMM, B 9, f° 81r°-v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplicacion et requeste de Jehan Bertrand, pouvre ancien homme charpentier d’Embermesnil, appartenant au conte de Tierstain et a la Ringraff, avons receue contenant que, le dimanche devant l’Annonciacion Nostre Damme darrain passee, Jehan, filz dudit Bertrand, eaigé de environ XVIII ou XX ans, demorant lors a Gerbelcourt lez Chastelsalin en l’ostel d’ung nommé François le recouvretour, se transporta audit lieu de Chastelsalin, ne pansant a aucuns maulx fors que pour acompaigner ledit François, son maistre, et boire joieusement avecques luy comme font aucuneffoiz pouvres ouvriers par festes et dismanches. Et quant ilz furent illecques arivéz, s’en allerent en une houstellerie, la ou ilz beurent et mangerent. Et aprés ce qu’ilz eurent beu et mangé, cuidant retourner a ladite Gerbelcourt comme ilz avoient acoustumé, iceulx passans leur chemin parmy ladite ville de Chastelsalin bien joieulx, ledit Françoys et ung nommé Didier Roucel prindrent et eurent question et debat ensemble pour aucuns jeuz d’amours que ledit Fransois faisoit a une jeusne fille dudit Chastelsalin, par lequel debat lesdits Fransoys et Didier le Roucel se mutinerent tant de fait comme de parolles, en faczon que ledit Didier le Roucel fist 427

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tomber ledit François par terre es ordures estant parmy le chemin, esquelles ledit Didier tenoit ledit François tout gasté et macullé par tout son corps. Veant ledit Jehan, filz dudit remonstrant, qui gueres loing n’estoit, que sondit maistre estoit fort oultraigé et gasté dudit Roucel, comme ung jeusne jouvencel foul et malavisé, saillit dessus ledit debat cuidant donner aide a sondit maistre en cas de necessité, et subitement, sans autre advis, frappit ledit Didier le Roucel sur la teste d’une petite hachepte faisant martel convenable a sondit mestier de recouvreteur, et ne frappit seullement que ung coup, panssant frapper du plat, duquel la mort dudit Didier le Roucel s’en ensuivit. Pour lequel cas nostre prevost dudit Chastelsalin fist prendre et aprehander au corps le filz dudit pouvre remonstrant et le tient en noz prinsons criminelles dudit Chastelsalin, ou il est en danger de miserablement finer /81v°/ ses jours si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement icelle suppliant, consideré que jamés ne commist cas ne autre chose disgne de reproche. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que par bonne et deue informacion sur ce faicte nous est aparu ledit cas estre commis en la forme et maniere que dessus, aiant regard au jeusne eaige dudit Jehan et a sa bonne renommee, qu’il n’a esté cause ne commencement du debat etc., avons audit Jehan, filz dudit Jehan Bertrand, ledit cas de crisme remis, quicté, aboly et pardonné et par ces presentes etc. Si donnons en mandement etc., imposant silance etc. Donné a Nancy, le XXVIIe jour d’avril, l’an mil VC et quatre aprés Pasques. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Verdun, seneschal de Lorraine, president de Nancy, procureur general de Lorraine et autres presens. Alexandre.

274 1504, 28 avril - Nancy. Rémission accordée à Michel, fils de Jean Parmentier, à Pierre, fils de Jean Maire, à Colin, à Petit Jean le parmentier, à Etienne, fils de Husson Cunay et à Mengin, fils de Pierre de Maisons, d’Haréville, coupables d’homicide commis le 2 octobre 1503 sur la personne de Gérard Brabant, de Remoncourt, qui avait agressé leur cousin lors de la fête du village. Copie, ADMM, B 9, f° 82v°-83.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble et lamentable supplicacion des femme, parens et amys charnelz de Michiel, filz Jehan Parmentier, Pierre, filz de Jehan Maire, Colin Petit, Jehan le Parmentier, Estienne, fils de Husson Cunay et Mengin, filz de Pierre de Maisons, avons receue contenant que, le jour de feste saint Maime, IIe jour d’octobre darrain passé, qui est la feste de Hareville-soubzMonfort dont les dessus nomméz sont habitans, ung nommé Gerard Brabant, de Remoncourt, se trouva a ladite feste, aux dances se commancza a despiter disant qu’il auroit des dances sans garder darrier, et estoit aprés soupper et de 428

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nuyt. Et voyant qu’il ne povoit point avoir de dances sans garder derrier, dist que, avant qu’il deust departir, qu’il en y auroit de batuz. Et de fait, continuant en sa fureur, se departit des dances, print ung baston en sa main et vint a ung beau jeusne filz dudit Hareville, eaigé de environ XX ans, qui passoit par la rue, et avisa ledit Brabant de frapper ledit jeusne filz, et de fait luy donna dudit baston si merveilleux coup contre le neiz et la bouche qui luy rompit tout le visaige, sans ce que ledit jeusne filz luy eust jamés fait mal ne desplaisir, et fut reversé par terre ledit jeusne filz comme tout mort, et estoit grant pitié de le veoirs ainsi sanglant qu’il estoit. Sur ce fut fait grant hahay et merveilleux clameur, adoncques sourvindrent les dessus nomméz qui, voyans l’outraige fait par ledit Brabant a leur cousin, pansant que dudit coup donné il fust mort, touz meuz et eschaufféz s’en coururent incontinant et bien hastivement aprés ledit Brabant /83/ qui s’en fuyoit et, incontinant qu’ilz l’eurent rataint aux champs, touz jours ainsi meuz, bien eschauféz et courocéz de la basture et oultraige fait a leurdit cousin, donnerent certains compz de paulx audit Brabant tant qu’ilz l’abatirent, et demoura le soir aux champs et y couscha toute la nuyt jucques au lendeman souleil levant qu’il fut trouvé et raporté audit Hareville, et vesquit encores jucques aprés la messe environ X heures qu’il rendit l’ame, plus par avanture a l’occasion de la grande froidure qu’il endura toute la nuyt pour la gelee qu’il avoit fait que des coups a lui donnéz. Pour lequel cas les dessus nomméz, doubtant rigueur de justice, s’estoient deslors absentéz et fuyz hors de noz pays ou jamés ne ouseroient retourner si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement icelle suppliant, consideré la faculté et proximité de lignaige dont ilz actandoient audit jeusne filz, leur cousin, et que, meuz de juste douleur, ilz avoient incontinant pour rapeller l’outraige et injure fait a icelluy suyvy de chaude colle ledit Brabant et le batu, non le cuidant tuer. Savoir faisons etc., pour ces causes etc., avons aux dessus nomméz et a chascun d’eulx ledit cas de crisme remis, quicté etc., avecques toute paine et amande etc., et d’abondant etc. Sy donnons en mandement etc. Donné a Nancy, le XXVIIIe d’avril, l’an mil VC et quatre. Signé René. Par le roy de Sicile etc., les evesque de Verdun, seneschal de Lorraine, baillifz de Nancy, de Vosges, de Saint-Mihiel et autres presens. Alexandre.

275 1504, 15 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Simon le Potier, de Boulay, coupable d’homicide commis sur la personne de son serviteur Hanus qui l’avait agressé. Copie, ADMM, B 9, f° 96v°-97r°-v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication de Symon le Potier, demeurant en nostre ville de Boullay, avons receue contenant que, depuys certain temps ença, il fut treffort malade des fiebvres /97/ chauldes en maniere qu’il ne povoyt men429

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ger ne boire, dont il devint si tresdebille de sa personne qu’a peine povoyt il aller ne venir, et que lors il avoyt ung serviteur nommé Hanus qui le servoyt dudit mestier de potier, lequel conceut quelque hayne contre ledit suppliant, son maistre, a l’occasion de ce que la femme dudit remonstrant bailloyt a boire et a menger a sondit mary de meilleur vin, pain et viandes qu’elle ne faisoyt audit serviteur, et aussy par ce que ledit remonstrant avoit remonstré a sondit serviteur qu’il ne devoyt si souvant aller ne monter sur la muraille dudit Boullay qu’il faisoyt ; dont a ceste occasion et pour les remonstrances que ledit Symon faisoyt a sondit serviteur, iceluy son serviteur, qui estoit fort et puissant, se print a sondit maistre ainsi malade et debile qu’il estoit et de fait le batist treffort, lequel, veant qu’il n’avoyt force ne puissance pour soy deffendre, luy cria pluseurs fois mercy. Ce neantmoins ledit Hanus, perseverant en sa fureur, luy fist tous jours de grans battures et oultraiges et le reculla contre ung mur, a l’ayde duquel mur ledit remonstrant se dressa le mieulx qu’il peut et fist tant qu’il mist la main a une petite dague d’Allemaingne qu’il portoit a sa saincture, la tira et, en soy deffendant, il en frappit ledit Hanus ung cop au dessoubz du petit ventre en l’ancre et luy fist sang et playe. Aprés lequel cop ainsi fait comme dit est, ledit Hanus se fist mectre a point par ung barbier en la main duquel il demeura XV jours, mais, par faulte de bon gouvernement ou autrement, ledit Hanus est allé de vie a trespas sans que en son vivant il se soyt plainct dudit remonstrant civillement ne criminellement. Pour lequel cas ainsi advenu ledit remonstrant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté de nos pays, delaissé sa femme et deux petiz enffans et n’y oseroit retourner sans nostre grace et /97v°/ misericorde, de laquelle il nous a treshumblement supplié. Savoir faisons que nous, ayans regart au cas comme il est advenu et aprés information eue du fame, gouvernement et renommee dudit Symon, qui ne fut jamais noté actainct ne convaincu d’aucun villain cas que de cestuy, ains bien famé et renommé, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, nous, de grace especialle etc., en imposant silence etc., et le remectons etc., satiffacion faicte etc. Sy donnons en mandement etc., sans luy faire, mectre etc. En tesmoing de ce etc. Donné en nostre ville de Bar, le XVe jour de juillet mil VC et quatre. René. Par le roy de Sicille, les evesque et conte de Verdun, princier de Mets, prevost de Saint-George de Nancy et autres presens. H. de Widrenges.

276 1504, 22 août - Custines. Rémission accordée à Henry Gérard, de Servon, coupable d’homicide commis le 10 mars 1504 sur la personne de Pierresson, dudit lieu, au cours d’une querelle dans la taverne du village. Copie, ADMM, B 9, f° 100r°-v°.

René, etc., a tous etc. Receue avons l’umble supplication et requeste de Henry Gerard, demourant a Servon, prevosté de Vienne, contenant que, le Xe 430

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jour de mars mil VC et troys derrain passé, /100v°/ pluseurs dudit Servon s’estoyent trouvéz en la taverne environ cinq heures aprés mydy, en l’ostel d’un nommé Jehan de Pymon, tavernier demourant audit lieu, entre lesquelx estoyent lesdits Henry Gerard et ung nommé Pierresson, censier dudit Servon, lequel Pierresson avoyt prins debat et question avec ledit Henry et l’avoyt injurié, luy disant : « Va faire pour toy et pour ton lignaige », avec pluseurs autres obprobres et injures. Quoy veant ledit Henry, malcontent d’icelles, mal meu et subitement eschauffé et courocé, avoyt haucé une hache qu’il tenoyt, de laquelle il avoyt donné sur les reins audit Pierresson, duquel coup environ doze jours ledit Pierresson estoyt allé de vie a trespas. Dont a ceste cause ledit Henry, doubtant rigueur de justice, s’estoyt absenté de noz pays ou il n’oseroyt retourner si par nous ne luy estoyt sur ce nostre grace impartie, nous suppliant treshumblement, actendu qu’il a commis ledit cas par chaleur et irrité des parolles et injures a luy dictes par ledit Pierresson, aussi que jamais n’a esté actainct etc. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, aussi que par le rapport des prevost et clerc juré dudit Vienne nous a apparu ledit cas avoir esté commis en la maniere dessus declairee, a la priere et requeste du gouverneur de Mouson qui nous en a escript, de nostre certaine science etc., et l’avons remis et remectons etc. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes etc., imposant etc. Mandons en oultre audit bailly qu’il procede etc. Donné en nostre chastel de Condey, le XXIIe jour d’aoust, l’an mil VC et quatre. Signé René. Par le roy de Sicile, etc, les evesque et conte de Verdun, bastard de Calabre, seigneurs de Taysey et de Dombasle presens. Dupuys. Registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

277 1504, 29 août - Custines. Rémission accordée à Gillequin, serviteur du châtelain de Mousson, qui craint d’être accusé de complicité d’un meurtre commis il y a trois ans dans la localité ; les auteurs du meurtre ont été exécutés. Copie, ADMM, B 9, f° 99v°-100.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste de nostre treschier et feal Phelippe de Mousson, chastelain dudit Mousson, avons receue contenant que, environ troys ans peult avoir, cas de meurdre fut commis audit Mousson par Wiriot le Beuf, dudit lieu, en la personne de Mayance, femme de Jehannot le Beuf, dont pour ce iceulx Wiriot et Jehanne avoyent esté excecutéz a la justice dudit Pont. Et pour ce que ung nommé Gillequin ---, serviteur de nostredit chastelain, avoyt dit et proferé aucunes parolles de ladite Mayance en parlant audit Jehanna, son mary, luy disant que s’estoit une mauvaise femme et rioteuse /100/ et que, si s’estoyt a luy a faire, il luy coupperoyt plustost la 431

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gorge que de luy souffrir dire les injures et langaiges qu’elle disoit en sa presence ou il avoyt esté conspiré de la tuer par ledit Wiriot, dont a ceste cause, craindant rigueur de justice, combien qu’il n’eust commis ledit cas ne esté a le commectre, s’estoit rendu fugitif de noz pays ou il n’ozeroyt jamais retourner si nostre grace, remission et pardon ne luy estoyt sur ce impartye, nous suppliant treshumblement, consideré que ledit Gillequin n’avoyt jamais esté actainct ou convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, que nostre plaisir fust luy voulloir remectre et pardonner. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde et pitié a rigueur de justice, aprés qu’avons eu fait veoir par les gens de nostre conseil les proches desdits Wiriot et Jehanna pour la charge baillee audit Gillequin, ensemble ce que nous en a esté escript sur ce par noz officiers du Pont, et qu’il nous est apparu ledit Gillequin n’avoir de fait esté acteur de l’interfection de ladite Meyance, ensuyvant leur advis en faveur de nostredit chastelain, de nostre grace especiale etc., avons remis, quicté et pardonné etc. Si donnons en mandement etc., imposant quant ad ce etc. Donné en nostre chastel de Condey, le XXIXe jour d’aoust, l’an mil VC et quatre. Signé René. Par le roy de Sicile etc., seigneurs de Chavancy, de Taisey et autres presens. Dupuis. Registrata Tallart pro Chasteauneuf.

278 1504, 25 novembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Mengin Musnier, emprisonné à Nomeny, Jean et Girard, ses frères, fils de feu Jean, «  maître d’hôtel » [= hôtelier ?] de Juville, coupables d’homicide commis le 20 octobre 1504, lors d’une noce à Craincourt, sur la personne de Mengin Androuyn, d’Aulnois, qui leur avait cherché querelle et les avait agressés. Copie, ADMM, B 9, f° 142r°-v°-143.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication et requeste de Georgette, vesve de feu Jehan Maistre d’Ostel, de Juville en la terre de Mets, avons receue contenant que, le XXe jour d’octobre dernier passé, Mengin Musnier, Jehan et Girard, freres, enfans de ladite vesve, se trouverent a unes nopces au lieu de Craincourt ou ilz estoyent invitéz et, aprés que ledit Mengin et sesdits freres eurent disné a la feste desdites nopces, se trouverent au lieu ou se faisoit la feste pour danser. Et ainsi qu’ilz devisoyent joyeusement, survint illecques ung nommé Mengin Androuyn, d’Aulnoy, qui, en fureur et grant couroux, dist, adressant ses parolles audit Mengin Musnier et ses freres, que telz portoyent des huves noires sur leurs testes qui en porteroyent des rouges avant que la feste fust finye, et le dist en presence de pluseurs gens de bien illecques assistans, a quoy ledit Mengin qui dansoyt, veant que ces parolles s’adressoyent a luy, respondit audit Androuyn : « Mon amy, je ne suys venu icy ne 432

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mes freres que pour faire bonne chiere et ne suys de guerre a nully. S’il te plaist venir boire /142v°/ et les bons compaignons qui sont icy, j’ay ung gros de Metz pour toy et pour eulx ». Toutesvoyes, et combien que ledit Mengin Musnier ne sesdits freres ne feissent ou dissent lors audit Mengin Androuyn chose qui luy vint a dommaige ne desplaisir, neantmoins ledit Mengin Androuyn, persistant a sa mauvaise voulenté, ledit jour environ une heure a la nuyt, acompaigné de pluseurs autres, s’en alla mettre en embusche sur le hault chemin dudit Craincourt et hors de ladite ville bien embastonnéz, actendant que lesdit Mengin Musnier et sesdits deux freres s’en retournassent a Taysy, pour ce que c’estoit le chemin ; et ainsi que ledit Mengin Musnier et sesdits freres s’en alloyent et retournoyent audit Taysy avec d’autres dudit lieu, en passant par devant ledit Mengin Androuyn et sesdits compaignons qui estoyent en embusche, dist ledit Mengin Musnier : « Bon soir ». Et incontinant aprés ce mot, ledit Mengin Androuyn et sesdits compaignons commencerent a crier : « Tue ! Tue ! » a haulte voix ; quoy oyant et veant par ledit Mengin Musnier et sesdits freres, commencerent a tirer leurs bastons et eulx deffendre en fasson que ledit Mengin Androuyn eut ung coup et fut frappé ou ventre, dont assez tost aprés mort s’en est ensuye. Pour lequel cas, ledit Mengin Musnier a esté prins au corps par le maire de Desme et constitué deslors prisonnier ez prisons de Nominy ou il est en grant misere et pouvreté, et depuys sadite prinse y a esté si malade qu’il a esté en dangier d’y perdre la vie et y pourra encores bien tost finir ses jours miserablement si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce /143/ impartie, treshumblement suppliant icelle, consideré que ledit Mengin Musnier a commis ledit cas en son corps deffendant, qui loyt a ung chascun de droit et de raison soy deffendre. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, aussi que par bonnes et deues informations qu’avons fait faire de ce que dessus nous est apparu ledit cas estre entrevenu et commis en la forme et maniere qu’il est cy-dessus declairé, pour ces causes etc., avons audit Mengin Musnier, Jehan et Girard, freres, ledit cas cy dessus declairé remis, quicté etc., et d’abondant de nostre plus ample grace avons remis etc., a leurs bons fame et renommee etc. Si donnons en mandement a tous noz justiciers etc., mandons en oultre etc., aux maire, eschevins et autres noz officiers dudit Nominy que incontinant ledit Mengin Musnier et sesdits freres, s’ilz estoyent prins, mectent a plaine delivrance sans plus avant pour ledit cas les detenir, car tel est nostre plaisir, imposant silence perpetuel etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XXVe jour de novembre, l’an mil VC et quatre. René. Par le roy, les evesque de Verdun, abbé de Saint-Epvre, bailliz de Nancy et de Vosge, president de Nancy, procureur general de Lorraine et autres presens. Alexandre. Registrata Geuffroy.

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279 1504, 28 novembre - Neufchâteau. Rémission accordée à cinq habitants de Gironcourt-sur-Vraine coupables d’homicide commis en août 1504 sur la personne de Gérard Faulquin, de Morelmaison, à la suite d’une expédition punitive des habitants de Gironcourt contre ceux de Morelmaison provoquée par un débat à propos d’une pâture limitrophe. Copie, ADMM, B 9, f° 167v°-168r°-v°.

René, etc., a tous, etc. salut. L’umble et lamentable supplication de Bastien, filz Jehan Symonnin, de Gironcourt, Jaquot Bedel, Didier d’Ambacourt, Henry Roucellet et Hanry Gros Jehan, tous dudit Gironcourt de nostre prevosté de Chastenoy, ensemble la pluspart des mannans et habitans dudit lieu, avons receue contenant que, combien que de toutte ancienneté les habitans dudit Gironcourt ayent acoustumé envoyer pasturer leurs bestes en ung lieu pres dudit Gironcourt, neantmoins les habitans de Moremaison, voulans destourner et empescher lesdits habitans en leur usaige, se sont par cy devant et des loing temps parforcéz de frapper, battre, chasser et aucune fois tuer les bestes dudit Gironcourt quant elles estoient pasturans oudit lieu, de quoy lesdits suplians ensemble lesdits habitans de Gironcourt ont beaucoup endurer d’injure et dommaige. Et non contens de ce, lesdits de Moremaison continuans et perseverans tous jours en leurs malvais vouloir et oultraiges, on moys d’aoust darnier passé, firent ung edict entre eulx tous ensemble en comunaultéz que, touttes et quantteffois que les bestes dudit Gironcourt seroient pasturans on lieu dessus dit, que ung chascun d’eulx hommes et femmes yroient tous ensemble chasser lesdites bestes avec perches et bastons sur peinne de six gros d’amende sur chascun qui y deffauldroit. Et ensuivant ledit edict, le lendemain d’icelui, lesdits habitans de Moremaison, informéz que le hardier dudit Gironcourt avoit mené les bestes d’illecques au lieu dessus dit ainsi qu’il avoit accoustumé, perseverans a leur malvaise intencion, se misrent en embusche en une haye entre Gironcourt et Moremaison, la main armee de bons espiez, perches et bastons, et incontinent aprés bien furieusement commançarent a chasser lesdites bestes et les frapper de grans coups de perches et baston en façon qu’il en y eust pluseurs arrennees. Quoy venu a la congnoissance desdits suplians, bien esmeuz, eschaufféz et courroucéz de l’outraige fait a leursdites bestes, s’en allarent et partirent subitement sans aucun propos ne deliberation et s’en coururent hastivement sans faire aucun repos ne tardement en chemin droit a Moremaison pour rescoure leursdites bestes. Et quant ilz eurent trouvé aucunes desdites bestes par les champs ainsi bastues et arrenees ainsi que dit est, furent tellement esmeu, courroucéz et eschaufféz qu’ilz allerent courant jusques audit Moremaison ou ilz trouvarent lesdits habitans /168/ ensemble qui venoient de battre lesdites bestes ; adoncques se commençarent lesdits suplians a acouryr aprés eulx en façon que les cinqs dessus nomméz, separéz dez autres habitans 434

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dudit Gironcourt, sallirent en la symetiere dudit Morymaison ou ilz prindrent ung nommé Gerard Faulquin dudit lieu, le gecterent hors dudit symetiere et, en leur grant fureur et couroux, saillirent aprés et le battirent en façon qu’il en morut incontinent. Pour lequel cas lesdits cinq dessus nomméz ensemble pluseurs dudit Gironcourt, craindans rigueur de justice, s’absentarent deslors et se rendirent fugitif hors de noz pays, parquoy la pluspart de leurs labeurs et semoisons sont demeurees a faire pour la presente annee, dont a ceste occasion les femmes et enffans ont depuis enduré, euz et suportéz de grans souffrets et pouvretéz tant de famine comme autrement, et feront encor plus au moyen de ce que lesdits cinq suplians, principaulz coulpables dudit cas, n’oseroient jamais retourner audit Gironcourt ne autre part en noz pays si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce, icelle requerans et implorans treshumblement, et le surplus desdits autres habitans qui estoient a l’assemblee, de demeurer en paix envers nous et noz officiers, nous requerrans pardon et abolucion. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, aussi la multitude des delinquans et le grant nombre d’enffans qu’ilz ont, que depuis ledit cas commis ont euz et supportéz de grans souffrettes et indigences et pouvretés, consummé et despendu une partie de leurs biens tant a la poursuycte de leur cas comme pour vivre pendant leur absence, avec ce que lesdits suplians ont commis et perpetréz ledit cas par challeur et non de propos deliberé dont par information qu’avons sur ce fait faire nous est aparu, pour ses causes mesmes, a l’instante priere et requeste de nostre treschier et feal conseiller et seneschal de Lorraine messire Thomas de Paffehoffen, seigneur en partie dudit Gironcourt, et aussi des autres seigneurs dudit lieu, voulans aussi preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace especiale, auctorité et plainne puissance et l’advis et meure deliberation des gens de nostre conseil, avons ausdits Bastien, Jacquot Bedel, Didier d’Ambaucourt, Henry Roucelet et Hanry Gros Jehan et chascun d’eulx ledit cas et crime remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons et pardonnons avec touttes peinnes corporelles, criminelles et civilles en quoy et pour occasion d’icellui ilz pouroient estre encouru envers nous et justice. /168v°/ Avecques ce, avons aux autres habitans dudit Gironcourt qui estoyent a ladite assemblee et autres dudit lieu coulpables, pardonné et abbolly ledit cas et leur avons quicté toutte peinne et amende criminelle et civille en quoy ilz pouroient estre encouruz envers nous, sactiffaction faicte touttesvoyes par eulx et lesdits cinq supplians aux parties interessees civillement tant seulement si desja faicte n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace les avons remis et restitué a leur bon fame et renommee et a tous leurs biens non confisquéz. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz justiciers, officiers, leurs lieutenans et chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent etc., lesdits cinq suplians cy davant nomméz et chascun d’eulx joyr et user plainnement et paisiblement, pareillement lesdits autres habitans coulpables dudit cas, de nostre pardon et abolission sans en ce leur faire etc., car tel etc. En tesmoing etc. Donné 435

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

en nostre ville du Neufchastel, le XXVIIIe jour de novembre, l’an mil VC et quatre. Signé René. Par le roy, les evesque de Verdun, baillys de Nancy et de Vosge, seigneurs de Valengin, de Barbas, d’Eubuxy, president de Lorraine et autres presens. Alexandre. Registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

280 1505 (n. s.), 17 février - Nancy. Rémission accordée à Jean Chavelot, bourgeois d’Epinal, coupable d’homicide commis le 20 janvier 1505 sur la personne de Didier Belly au cours d’une dispute survenue chez son cousin, le maire de Chavelot. Copie, ADMM, B 9, f° 125r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion et requeste des femme, enffans, parens et amys de Jehan Clavellot, bourgeoys d’Espinal, contenant que, lundi darrain passé jour Saint Sebastien, ledit Jehan Chavelot estoit allé au lieu de Chavellot, pres dudit Espinal, en la maison du maire dudit lieu qu’est cousin audit Jehan Chavellot, a une confrarie dudit Saint Sebastien que ledit maire faisoit, auquel lieu y estoit pareillement ung nommé Jehan Andrieu [de] Dargneuille, prevosté dudit Espinal. Et quant se vint a heure de vespres, vindrent en la maison dudit maire ung nommé Didier Belly et ung autre nommé Jehan Boquin, enbastonnéz chascun d’ung pau, et commanserent a eulx prendre audit Jehan Andrieu en luy disant qui leur avoit donné aucunes charges contre leur honneur, et vouloient batre iceluy Jehan Andrieu. Et voyant ce par ledit Jehan Chavellot et autres qui estoient presens que iceulx Didier Belly et Jehan Boquin avoient mauvaises intencions, les prindrent et les bouterent dehors d’icelle maison, leur osterent leursdits paulx qu’ilz avoient, et tantost aprés ilz s’en allerent et reprindrent chascun ung gros baston, et derechief vindrent a l’uys de ladite maison et voulans y entrer, ausquelx ledit Chavelot dist : « Enffans, allez vous en car vous n’y entrerez pas avecques voz bastons, on ne vous demande riens », /125v°/ auquel Chavelot ledit Didier dist : « Et je y entreray en despit de ta barbe et de ton visaige et si en feray a ma voulanté », venant contre ledit Jehan Chavelot sondit baston levé. Et voyant iceluy Jehan Chavelot que ledit Didier Billey l’avoit ainsi injurié et qu’il luy venoit courir sus, mist la main audit baston dudit Didier et luy aracha hors des mains et d’iceluy baston en donna sellement ung coup sur la teste dudit Didier Billey, parquoy ledit Didier Billey la nuyt mesmes alla de vie a trespas. Pour lequel cas iceluy Jehan Chavelot c’est absenté hors de noz pays, ausquelx n’ouseroit jamés retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement requerant et suppliant ycelle Savoir faisons que nous, benignement inclinans a sa supplicacion et requeste, aprés deue informacion sur ce faicte par laquelle nous est apparu ledit Didier Billey, deffunct, avoir aggressé et esmeu 436

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ledit Jehan Chavelot a luy bailler le coup, etc., l’avons de nostre grace quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons le cas de crime et omicide dessus dit par luy fait et commis a la personne dudit Didier Billey, avecques toute paine et amande corporelle, criminelle et civille en quoy il pouroit estre encouru envers nous et justice, et l’avons quant a ce remis et restitué etc., et a ses biens non confisquéz, sactiffacion faicte a partie interessee civillement si faicte n’est et elle y eschiet, impousant pour ce sillance etc. Sy donnons en mandement etc. Donné a Nancy, le XVIIe de feubrier M VC et IIII. Signé René. Par le roy de Sicille, les evesque et conte de Verdun, seneschal de Lorraine, prevost de Saint-George, procureur general de Lorraine et autres presens. Crestien.

281 1505 (n. s.), 20 février - Nancy. Rémission accordée à Rémy Freminot, de Baudricourt, emprisonné récemment à Château-Salins pour des faits qui remontent à six ou sept ans ; à cette époque, âgé de 10 ou 11 ans, il a blessé mortellement, à Flocourt, un jeune garçon du même âge nommé François, fils de Jamin de Thionville. Copie, ADMM, B 9, f° 126v°.

René, etc. L’umble supplication et requeste des parens et amys charnelz de Remy Freminot, a present detenu prinsonnier en noz prinsons de Chastelsalin, demourant a Baudricourt, avons receue contenant qu’il y a environ VI ou VII ans que ledit Freminot, lors eaigé de X ou XI ans, estant au lieu de Flocourt, eust question et debat avecques ung nommé Françoys, filz Jamin, demourant a Thionville, de pareil eaige, tellement que par eschauffement ledit Remy bailla ung seul coup d’une petite massue audit Françoys, sans plus avant le frapper, depuis lequel coup il vesquit bien par l’espace de troys sepmaines ou ung moys et aprés alla de vie a trespas, ne scevent lesdits parens si ce fut allocasion dudit coup ou de la peste qui regnoit lors audit lieu. Depuis lequel temps, n’en fut jamés faicte aucune poursuite, plaintif ne demande audit Remy jusques a present que le prevost de Chastelsalin l’a prins et aprehendé au corps pour ledit cas et constitué prinsonnier audit lieu a l’occasion de ce qu’il n’avoit obtenu de nous nostre grace, pardon et remission, nous suppliant a ceste cause, en ayant regard a ce que dessus, luy voulons impartir nostre grace et misericorde. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré etc., ayant regard a la grant jenesse etc., luy avons remis et pardonné etc., et d’abondant restitué en ses bonnes famme etc. Sy donnons en mandement etc. Donné a Nancy, le XXe jour de feubvrier M VC et quatre. Signé René, etc. Par le roy, les evesque de Verdun, seneschal et president de Lorraine, bailliz de Nancy et de Vosges presens. Alexandre.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

282 1505 (n. s.), 22 février - Nancy. Rémission accordée à Didier, fils de feu Didier Ydette, à Mengin et Collin, fils de Claude Saulnier et à Nicolas, fils de Jean Ydette, demeurant tous à Girancourt, coupables d’homicide commis le 30 janvier 1505 sur la personne du prieur de Chaumouzey qui accompagnait un de ses novices et d’autres personnes armées venues menacer la famille Ydette chez elle. Copie, ADMM, B 9, f° 127r°-v°-128.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste des parens et amys charnelz de Didier, filz de feu Didier Ydette, Mengin et Colin, filz de Claude Saulnier, et Nicolas filz de Jehan Ydette, touz demourans a Girancourt en nostre bailliaige de Vosges, avons receue contenant que, le jeudi devant la Purification Nostre Damme darrenierement passé, il y avoit plusseurs jeusnes filles en l’ostel de la mere dudit Didier Ydette, pouvre veusve femme, qui filloient au soir en ung paillé, laquelle veusve y avoit troys belles filles a marier, auquel lieu sourvindrent troys hommes, assavoir ung novice de l’abbeye de Chamoisy qui avoient l’un une arbalestre bandee, l’autre ung espieu et l’autre une rappiere. Et voyant icelle pouvre veusve que les dessus dits estoient ainsi enbastonnéz, leur remonstra qu’ilz ne devoient ainsi aller leans et que c’estoit mal fait a eulx, a quoy ilz ne respondirent aucune chose et, quant ilz eurent esté ung peu leans, l’un d’eulx souffla la chandoille, laquelle fut incontinant ralumee ; adont ladite veusve leur dist encores de rechief qu’ilz ne faisoient pas bien, et en ce disant l’un d’eulx souffla encores ladite chandoille une autre foiz, qui fut pareillement ralumee. Et alors sourvindrent illec deux jeusnes filz dudit Girancourt qui venoient leans pour danser avecques icelles jeusnes filles, par quoy iceulx novice et serviteurs se departirent incontinant et s’en allerent de leans sans faire autre chose plus avant. Et le dimanche ensuivant, environ huit ou neuf heures de nuyt, ledit novice et le prieur dudit Chamoisy vindrent et retournerent en abitz dissimulléz, bien enbastonnéz et acompaignéz de deux autres, en l’antour de la maison /127v°/ de ladite veusve, en laquelle n’y avoit qu’elle, sesdites troys filles et ledit Didier, son filz, qui s’en vouloient aller couschez. Et lors l’un desdits fugitifz, cousin desdites filles, vint a la fenestre de leur maison et dist audit Didier Ydette : « Il y a des gens alentour de vostre maison bien enbastonnéz et en abit dissimuléz » ; quoy oyant par ledit Didier, print ung espieu en sa main et, doubtant que ne fussent brigans ou larrons, sortit dehors de leur maison, et en sortant rencontra icelui novice en abit dissimullé auquel il donna ung coup de son espieu et en luy baillant tomba en terre, et depuis se releva et courut aprés en criant aux larons. Auquel criz sourvindrent lesdits Mengin, Colin et Nicolas qui touz ensemble s’encoururent aprés ledit novice et compaignons tellement qu’ilz trouverent ledit prieur sur lequel de prime face ilz frapperent, panssans que ce fust quelque brigant, et s’en retournerent en leur 438

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hostel et laisserent ledit prieur illecques, lequel ledit novice et leurs compaignons prindrent et porterent en leur abbeye, de laquelle bature il mourut le landemain au matin. Pour lequel cas lesdits Didier, Mengin, Colin et Nicolas, doubtant rigeur de justice, se sont deslors absentéz de noz pays, terres et seigneuries ou jamés ilz n’ouseroient retournez si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle, en ayant regard a ce que dessus, mesmes que lesdits prieur et novice estoient illecques venuz en habitz dissimulléz et a heure indehue, enbastonnéz comme ilz avoient fait le jeudi precedant en la maison de ladite veusve, pour faire quelque entreprinse deshonneste sur lesdites filles comme il estoit vray semblable, aussi que ledit Didier pansoit que ce fussent brigans ou larrons, pareillement que lesdits fugitifz ne furent jamés actains ne convaincuz d’autres villains /128/ cas disgnes de reprehancion. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que par bonne et deue informacion sur ce faicte nous est apparu ledit cas avoir esté commis en la maniere que dessus, ayant regart et consideracion a ce mesmes que lesdits religieulx estoient a heure indehue en abbit dissimullé, sans froc, en l’entour de ladite maison et enbastonnéz, qu’est par ce a presumer, ensuivant ce que ledit novice et ses compaignons avoient fait le jeudi precedant ou paillé en la maison de ladite veusve, qu’ilz estoient illec pour entreprendre de faire quelque deshonneur ausdites filles, lesquelles aussi ladite veusve et fugitifz avons pareillement esté informéz estre tresbien famees et renomméz, pour ces causes, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance, voulans preferer misericorde a rigeur de justice, aussi par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil, avons ausdits Mengin, Didier, Collin et Nicolas et chascun d’eulx ledit cas et crime remis, quicté et pardonné etc., avecques toute paine et amande etc., et les avons remis et remectons etc., sactiffacion faicte a partie etc., en impoussant sillance perpetuelle etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XXIIe jour de feubvrier, l’an mil VC et quatre. Signé René. Par le roy, les evesque de Verdun, seneschal et president de Lorraine, baillifz de Nancy, de Vosge, de Saint-Mihiel et du Bassigny presens. Alexandre.

283 1505 (n. s.), 28 février - Nancy. Rémission accordée à Charles Warin, d’Essegney, coupable d’homicide commis le 18 octobre 1504, lors de la foire de Châtel-sur-Moselle, sur la personne de Georges de Clézentaine qui l’avait injurié. Copie, ADMM, B 9, f° 131r°-v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplication de Nicole des Marez, demourant a Essigny devant Charmes, avons receue contenant que Charles Warin, son mary, se trouva le jour et feste de saint Luc darrain passé au lieu de Chastel439

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

sur-Mezelle pour aucuns ses negoces et affaires, pour ce que la foire estoit audit lieu, en l’ostel d’ung nommé Guillaume l’Artilleur, ouquel il trouva ung nommé Georges, de Clusantainne, qui sans avoir occasion, du mains raisonnable, injuria ledit Charles Warin de tresvillainnes et oultrees injures qui estoient a son tresgrant vitupere et deshonneur, pour lesquelles injures il fut tellement meu, troublé et eschauffé qu’il frappa de son baston ledit Georges et, en eulx entrebatant ensemble, ledit Georges eut ung coup dont il mourut incontinant aprés. Pour lequel cas ledit Charles, craingnant rigeur de justice, c’est depuis absenté de noz pays, terres et seigneuries ou jamés il n’ouseroit retournez si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, suppliant treshumblement, en ayant regard a la paine, pouvreté, misere et despence que ladite Nicolle a depuis eu, souffert et supporté en pourchassent le cas de sondit mary, aussi que la pluspart de leurs biens qui sont soubz les bas seigneurs sont en dangier d’estre touz perduz, au moyen de quoy il sont destruiz a jamés. Savoir faisons que /131v°/ nous, ce que dit est consideré et dont avons esté informé par gens de bien, ayant piteux regart au fait de ladite Nicolle et a la jeunesse d’icelle, aussi que lesdites injures dictes audit Charles son mary estoient villaines et attroces, pour ces causes etc., avons audit Charles Warin etc. Sy donnons en mandement etc., sactiffacion faicte a partie etc., et a ses biens non confisquéz etc. Donné a Nancy, le XXVIIIe jour de feubvrier, l’an mil VC et quatre. Signé René. Par le roy, les evesque de Verdun, seneschal et president de Lorraine presens. Alexandre.

284 1505 (n. s.), 28 février - Nancy. Rémission accordée à Nicolas Peuchet, sergent et messier de Malzéville, coupable d’homicide commis au début du mois de novembre 1504 sur la personne du serviteur du maire local à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 9, f° 131v°-132r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplication de Poincette, femme de Nicolas Peuchet, demourant a Marcheville lez Nancy, avons receue contenant que piecza le seigneur de Gonbrevaulx, seigneur en partie dudit Marcheville, laissa et assensa a Catherine, veusve de feu le maire Jacquemin Tytour, dit Housset, demourant audit Marcheville, une piece de sausys seant ou ban et finaige dudit Marcheville, en paiant chascun an XXXV gros de cens audit laisseur ; et pour ce que journellement on luy faisoit plusseurs dommaiges audit sausys, elle avoit requis et requeroit tresinstanment aux maire et justice dudit lieu que ledit sausys luy fust /132/ gardé et que les malfaicteurs y fussent reprins affin de les gaiger et pugnir. Ce veant, les maires audit Marcheville ordonnerent audit Nicolas, qui estoit sergent et massier juré et sermanté a son seigneur, de prendre garde ausdits malfaicteurs, lequel Nicolas, adverty que le mercredi aprés la Saint 440

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Martin darrain passé, il y avoit aucuns malfaicteurs audit saulcys, voulant soy acquicter de sondit office et serment, s’en alla illec ou il trouva deux habitans de Marzeville qui furent gaigéz et donnerent leurs gaiges au sergent. Et avecques ce, il y trouva ledit jour ung nommé le maire Bertran, demourant audit Marzeville, qui en avoit mené plussieurs fardeaulx d’ousieres dudit sausys, et de fait en avoit encores ung fardeau, par quoy ledit Nicolas s’aprocha de luy, aiant sa verge blanche en sa main comme sergent, mist la main a luy en luy demandant gaige, lequel Anthoine luy respondit en derision : « Qu’esse que tu vieulx avoir ban ? Vieulx tu avoir ma serpette ? Sy tu la vieulx, tu l’auras parmy le visaige ». Et veant ledit Nicolas l’arogance et derision dudit Anthoine, mist la main a luy comme sergent disant : « Vous serez gaigé » ; alors ledit Anthoine refussa son gaige et esla son serviteur disant : « Vien t’en, viens t’en, nous le batrons bien ! » ; vint sondit serviteur et eulx deulx se prindrent audit sergent et luy rompirent /132v°/ sa verge en pieces et, qui pis est, luy taillerent la main et le gecterent en la riviere, ainsi qu’il a aparu que les habillemens qui ont esté mis es mains de la justice dudit Marcheville. Quoy voyant ledit sergent estant seul contre eulx deulx dedans la riviere, doubtant le danger de sa personne et qu’ilz ne le meurtissent, fut contrainct se revanger et mectre en deffence contre eulx, et pour rebouter l’outraige et violance qu’ilz luy faisoient et affin de desfendre son corps contre eulx, veant qu’il n’avoit aucun baston, print son cousteau a coupper pain et s’en deffendit tellement qu’il en donna ung coup audit serviteur, duquel il mourut incontinant. A cause de quoy ledit Nicolas, doubtant rigeur de justice, c’est absenté de noz pays et n’y ouseroit retourner ne frequanter sy nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, icelle imp[l]orant treshumblement, et ayant regard que ledit Anthoine fut aggresseur, aussi que par luy et sondit serviteur ledit Nicolas fut batu et navré dont il luy fut force soy revanger pour eviter d’estre tué, avecques ce qu’il ne donna que ung seul coup audit serviteur, lequel il ne pansoit pas tuer car il n’avoit jamés eu question ne rancune avecques luy. Savoir faisons etc., luy avons ledit cas remis, quicté et pardonné etc., sactiffacion faicte a partie etc. Sy donnons en mandement etc. Donné en nostre ville de Nancy, le XXVIIIe jour de feubvrier M Vc et quatre. Signé René. Par le roy, les evesque de Verdun, seneschal et president de Lorraine presens. Alexandre.

285 1505, 20 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Henri Longue, d’Ozerailles, emprisonné à Etain pour divers vols en plusieurs lieux. Copie, ADMM, B 9, f° 188v°.

René, etc., a touz, etc. Receue avons l’umble supplication des pere, mere, parens et amys de Hanry Longue, jeusne compaignon marié demourant a 441

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Oyseraille, prevosté de Briey, contenant que, mercredi darrain passé, ledit Hanry par les prevost et justice de nostre ville d’Estain avertye qu’il avoit voulu vendre a ung bouschier dudit lieu deux moutons, lesquelx il avoit robbéz a Aix les Gondrecour-le-Chasteau, et que par autreffoiz en avoit ja a iceluy vendu troys qu’il avoit semblablement robbéz, avoit esté arresté prinsonnier audit lieu et avoit de son plain gré, sans force ou contrainte, confessé avoir robbé par autreffoiz ung cheval a Chanteraine, troys frans a ung homme nommé Lamontaigne, demourant a Dompmarie, des quartes et escuelles a ung maistre ou il avoit servy a Fleurey depuis XV jours encza, troys moutons au marchal de Cenon, ung mouton a Dompaire et deux moutons audit Aix qu’il entendoit vendre audit Estain, dont il estoit detenu prinsonnier audit lieu et estoit en voye d’y finer miserablement ses jours si noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, treshumblement requerant etc. Par quoy nous, ces choses considerees etc., aussi a la peticion et requeste de nostre treschier et feal conseiller Symon de Hausonville, seigneur dudit lieu en partie, nostre escuier d’escuirie, avons audit Hanry remis et aboly etc., sactiffation faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est, en mectant a neant touz deffaulx, appeaulx, bans, bannissemens, procés et procedeures qui contre ledit Hanry se pouroyent estre ensuy, et pour ce imposons sillance perpetuelle a nostre procureur general etc. Sy donnons en mandement etc., sans luy faire, mectre ou donner etc., car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc., sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné a Bar, le XXe jour de may mil VC et cinq. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Verdun, seigneur de Beauveau, bailly de Bar, president de Lorraine et autres presens. R. de La Mothe.

286 1505, 25 mai - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Heillovy Leboyn, épouse de Georges Mabille, demeurant à Louppy-le-Château, qui, le 13 mai 1505, a battu son serviteur, un enfant de 10 ou 11 ans ; celui-ci étant décédé, son père a porté plainte contre Heillovy. Copie, ADMM, B 9, f° 189r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble suplicacion et requeste de Heillouy Leboyn, femme de George Mabille, demourant a Louppy-aux-deux-Chasteaulx, avons receue contenant que, le sebmedi treizisme jour de ce moys de may, elle envoya ung nommé Thiebault, son serviteur, jeune enffant eaigié de dix ou onze ans, filz de Jehan Hugue demourant audit Louppy, querir de l’eaue a la fontainne avec une cruche de terre, au retour duquel, pour ce qu’il sembloit a ladite Hillouy qu’il avoit trop plus demeuré qu’il n’avoit acoustumé, print des verges et despoullit ledit Thiebault tout nud, le bastit tresbien desdites verges et, ainsi courroucee qu’elle estoit, lors luy donna ung coup ou deux de 442

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son pied sans autres choses luy faire plus avant. Depuis laquelle batture, ledit Thiebault devient bien mallade, avec ce qu’il l’estoit desja auparavant, tant de fiebvre que de jaulnisse, et en fasson qu’il est allé de vie en trespas. Pour lequel cas la justice dudit Louppy, au plaintif que ledit Jehan Hugue, pere dudit Thiebault, luy en fist lors, midrent garde a la personne de ladite Hellouy qui est fort enseincte et preste a gesir, et tant peu de biens qu’elle peu avoir par inventoire. Pour lequel cas ladite Hillouy craint que, aprés qu’elle sera delivré de son fruict, la justice dudit Louppy ne veulle proceder a l’encontre d’elle a pugnicion corporelle et declaration de ses biens, si doncques n’est que nostre plasir soit lui pardonner et abolir ledit cas. Savoir faisons que nous, deuement informéz de ce que dessus, ayant resgard a ce que ledit Thiebault estoit fort malladif avant ladite basture, aussi qu’il n’est esté trouvé mutillé en sa personne parquoy il eust peu mourir si doncque n’estoit qu’il eu paravant autre malladie, avec ce que ladite Heillouy est bien famee et renommee sans jamais avoir esté notee d’aucun cas digne de reprehension, consideré aussi que les pere, mere et tous les parens dudit Thiebault deffunct ont pardonné ledit cas a ladite Heillouy, congnoissans qu’elle n’est fort coulpables de ladite mort, pour ces causes, de nostre certainne science et grace especial, par l’advis et meure deliberacion des gens de nostre /189v°/ conseil, avons a ladite Hellouy ledit cas quicté et abolly et pardonné et par ces presentes quictons, abollissons et pardonnons avec touttes peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’icellui cas elle pourroit estre encourue envers nous et justice, sactiffaction faicte a partie interessee si elle le requiert civilement tant seulement si desja faicte n’estoit, et d’abondant l’avons remis et remectons en tant que mestier seroit en son bon fame et renommee par tous noz pays et dehors et a ses biens non confisquéz. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz justiciers, officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx que de nostre presente abollission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ladicte Heillouy joyr et user paisiblement sans luy donner aucun empeschement au contraire, car tel est nostre plasir, imposant silence perpetuelle a nostre procureur general de Barroys. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXVe jour de may, l’an mil VC et cinq. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Verdun, gouverneur de Liney, seigneur d’Ubeuxy, de Barba et autres presens. Alexandre. Registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

287 1505, 14 juillet - Nancy. Rémission accordée aux habitants de Saint-Hippolyte qui, au cours de l’hiver 1504-1505, se sont rebellés contre l’autorité du capitaine de la ville, Jean de Housse, représentant du duc ; les habitants sont néanmoins condamnés à racheter les emprunts contractés et à se soumettre davantage au représentant local du duc. Copie, ADMM, B 9, f° 182r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. Savoir faisons comme noz hommes et subgectz lez manans et habitans de nostre ville de Sainct-Ypolite se soient, ung soir en l’iver darnierement passé, esmeuz et assembléz au son de cloche et violemment circuit et assailly la maison ou estoit nostre amé et feal conseillier et cappitaine d’illec Jehan de Housse, rompu les huyseries d’icelle, y entré les aucuns d’eulx et par force osté et tiré de ses mains le clerc juré de ladite ville que icelluy cappitaine y avoit fait mener prisonnier, en oppressant ledit de Housse en façon que, s’il ne se eust saulvé en l’eglise, il estoit en dangier de sa personne ; pour lequel cas, qui est de dengereuse consequence, reprimer et reboutter, ayent estéz apprehendéz et constitué prisonniers grant nombre d’entre eulx des plus coulpables et chargiéz de ladite mocion, dont deux ont esté amenéz a ce lieu de Nancy pour par justice les pugnir ainsi que les loys et raison l’ordonnent et vueillent a l’exemple d’autres. Toutteffoys, a l’instante priere et requeste de tresreverend pere en Dieu nostre treschier et amé cousin le cardinal d’Amboise, legat, et d’autres ambassadeurs de France, lesquelz passans lez nous par ceste ville nous en ont pryé et requis, avons ausdits de Sainct-Ypolite, tant en general comme particulier, pardonné et quicté et par ces presentes pardonnons et quictons l’offence et delict par eulx commis avec toutte peinne et amende corporelle, criminel et civille en quoy ilz pourroient estre encheuz envers nous et justice, moyennant que dedans quatre ans prouchainement venant ilz rachecteront et deschargeront nostredite ville des censives qu’ilz y ont constituees, sans ce pendant et jusques audit rachat fait povoir vendre ne alliener leurs heritaiges scituéz en nostredite ville et on ban, fors que aux manans et residans en icelle, aussy ne pourront et ne deveront a nulz jours mais constituer censives sur nostredite ville sans le consentement de nous et de noz hoirs ducz de Lorraine, avec ce que nostre officier audit lieu commectera d’ores en avant a tous jours ung homme avec celuy ou ceulx que la communaulté de nostredite ville /182v°/ depputera pour lever le passaige et gabelle, et n’en pourra icelle communaulté despendre ne distribuer aucune chose sans le sceu de nostredit officier, lesquelz depputéz en renderont chascun an le conte devant les president et gens de nostre chambre des comptes de Lorraine. Sy donnons en mandement par ces presentes a tous noz seneschaulx, mareschaulx, bailliz, prevostz, procureurs, justiciers, officiers, hommes et subgectz, leurs lieuxtenans, a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de noz presens pardon et quictance facent, seuffrent et laissent nosdits hommes et subgectz joyr et user 444

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plainement et paisiblement sans pour occasion dudit excés leur faire, mectre ou donner ne souffrir estre fais, mis ou donné aucun destourbier ne empeschement au contraire, mais leurs corps ou biens, si aucuns pour ce estoient prins, saisiz ou arrestéz, mectent a plainne delivrance, car tel est nostre plaisir et voulons estre fait. En tesmoing etc. Donné a Nancy, le XIIIIe jour de juillet, l’an mil cinq cens et cinq. Ainsy signé René. Par le roy de Sicille, etc., les seigneurs de Dompbasle, president des comptes de Lorraine et autres presens. D. Nicolai.

288 1506 (n. s.), 28 janvier - Custines. Rémission accordée à Vincent, âgé de 16 ou 18 ans, emprisonné à Vic-surSeille, fils de Nicolas dit le grand Pelletier, de Château-Salins, pour plusieurs vols ; le chapitre cathédral de Metz, administrateur provisoire de l’évêché, dont Vic-sur-Seille fait partie, a déjà pardonné le cas. Copie, ADMM, B 10, f° 41r°-v°.

René, etc., a touz etc. L’umble supplicacion et requeste de Nicolas, dit le Grant Pelletier, demourant en nostre ville de Chastelsalin, avons receue contenant que, depuis trois sepmainnes encza, Vincent, son filz, aagié de seize et dix huit ans, a esté prins et detenu miserablement prisonnier par le maire de Vy pour aucuns petitz larrecins par luy faiz, c’est assavoir de trois douzaines de peaulx de mouton au lieu de Chastelsalin et cinq frans en argent au lieu de Meisgnieres, pour lesquelz cas les venerables doyen et chappitre de Metz, administrateurs de l’eveschié de Metz, a la priere et requeste de nostres treschier et tresamé filz l’evesque de Metz avoient escript aux bailly, prevost, maire et justice de Vy mectre a delivre ledit Vincent, sans pour lesdits cas le mectre en justice ne luy donner empeschement pour ce que, a la requeste de nostredit filz leur evesque, ilz luy avoient pardonné ledit cas. Toutesvoyes, alors que lesdits officiers et justice de Vy vouloient mectre a delivre ledit Vincent, nostre prevost de Chastelsalin l’a requesté, es mains duquel il a esté rendu, et le veult mectre en justice pour lesdits cas, dont il sera en dangier estre condempné et aprés miserablement finir ces jours si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, humblement suppliant icelle. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, meismes la jeunesse dudit suppliant, aussi que lesdits larrecins sont petitz, et meismement qu’il ne fut jamais prins, accusé ne convaincu d’autres villains cas dignes de reprehencion, pour ces causes et inclinans benignement a l’umble supplicacion et requeste dudit Nicolas, son pere, voulans aussi preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certainne science grace especial, /41 v°/ auctorité et plainne puissance luy avons lesdits cas de larrecins remis, quictéz et pardonnéz et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec toute peinne et amende 445

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’iceluy il pourroit estre encouru envers nous et justice, satisfation faicte aux parties interessees civillement tant seullement si desja fait n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a son bon fame et renommee en noz pays et dehors comme il estoit auparavant ledit cas advenu. Sy donnons en mandement etc. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Condey, le XXVIIIe jour de janvier, l’an mil cinq cens et cinq. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque de Verdun, bailly de Vosge, de Sainct-Mihiel, seigneur de Keures, de Barbas et autres presens. Alexandre.

289 1506 (n. s.), 10 février - Bar-le-Duc. Pardon accordé à Isabelle, épouse de Girard de France, demeurant à La Mothe, coupable de plusieurs vols récents et qui en a restitué le produit. Copie, ADMM, B 10, f° 42.

Lectres de pardon donnee par le roy a Ysabel, femme de Girard de France, demourant a La Mothe, pour avoir par elle, le soir de la Conception Nostre Dame dernierement passé, prins furtivement trois pieces de draps, assavoir deux blans et ung gris, appartenans a Jehan Cardosse, qui estoient en une charrette en l’ostel de Jehan Velot, dit Gaillart, lesquelz draps ont esté renduez et restituéz audit Cardosse. Si est mandé par icelles lectres au bailly du Bassigny, seneschal de La Mothe, procureur et autres officiers enteriner ledit pardon, satiffacion faicte a partie et que en ce ne en ces biens luy mectre aucun empeschement, et si impose sillence a son procureur. Donné a Bar, le dixiesme jour de fevrier mil VC et cinq. Ainsi signé René. Et au dessus par le roy de Sicile et les president, gens des comptes, bailly de Joinville et autres presens. Dupuis et registrata Taillart pro Chasteauneuf.

290 1506 (n. s.), 28 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Colard de Sainte-Marie, demeurant à Colmey, dans le duché de Luxembourg, coupable d’homicide commis le 3 septembre 1505 à Vaux-Warnimont sur la personne de Jean Choppin, dudit lieu, son débiteur, après une dispute à propos de sa dette. Copie, ADMM, B 10, f° 50v°.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Colard de Saincte-Marie, demourant a Coullemey, duchié de Luxembourg, avons receu 446

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contenant que, environ le IIIe jour de septembre derrain passé, ledit suppliant s’en estoit allé a Vauce qui est terre commune, pour demander a ung nommé Jehan Choppin, dudit lieu, trois frans et demy qu’il luy devoit, lequel avoit esté reffusant luy paier et estoit par ce cheuz en differant l’un contre l’autre, pour lequel paciffier avoient chargié Guillaume de Surflet, seigneur dudit lieu en partie, et sur ce s’en estoient alléz boire ensemble. Et avant que partir de la taverne, ledit Guillaume les avoit mis d’accord par ainsi que ledit Choppin devoit paier audit Colart, suppliant, deux frans dedans Noel ensuyvant. Ce fait aprés le disner, ledit Guillaume, pour congnoissance et amittié qu’il avoit audit Colart, l’avoit prié de venir boire en sa maison et avoit invité ledit Choppin de aller avec eulx, ce qu’il avoit fait, et aprés qu’ilz eurent beu et qu’ilz furent departiz de la maison dudit Guillaume sans que lesdits Colard et Choppin eussen[t] eu auparavant aucune question ou parolles injurieuses fors que ainsi qu’il est declairé cy devant, iceluy Choppin, mal meu, estoit venu audit Colart de felon couraige et luy avoit dit telles parolles : « Traicte, je sauray par ou tu t’en yras ». Et alors ledit suppliant, esbay de ce luy avoit respondu gracieusement : « De dya, dont viennent ces parolles ? Vous savez bien que nous sommes d’accord et que le chemin par ou je dois aller est par Sainct-Ligier ». Aprés lesquelles parolles et sans autre chose dire, ledit Choppin s’en estoit fouy en sa maison querir ung espieu et estoit retourné incontinent courir sus audit suppliant, le cuydant tuer, et de fait l’avoit blessé au petit ventre. Et veant par ledit suppliant l’oultraige a luy fait par ledit Choppin, avoit haussé ung baston a bec de faulcon qu’il tenoit et l’en avoit cuyddé frapper, mais aucuns estans illec presens s’estoient mis entre deulx pour les cuyder deppartir et appaiser. Ce non obstant, iceluy Choppin, perseverant de mal en pis, av[oi]t tant fait qu’il s’estoit eschappé de ceulx qui le tenoient et estoit venu de rechief audit suppliant le cuider tuer dudit espieu, en jurant et faisant de grans seremens qu’il le tueroit, pourquoy ledit suppliant avoit esté contrainct soy deffendre. Et ainsi qu’ilz se combatoient et aprés plusieurs horions receuz par ledit suppliant, en son corps deffendant avoit donné de son baston ung coup audit Choppin sur la teste tellement qu’il l’avoit fait cheoir en terre, au moien de quoy certain temps estoit allé de vie a trespas. Pour lequel cas s’estoit absenté des pays, c’est qu’il requiert avoir grace et remission. Savoir faisons que ledit seigneur luy a pardonné et remis ledit cas avec toutte peinne et amende corporelle, satisfacion faicte a partie, et si impose ledit seigneur sillence a son procureur present et advenir. Donné a Bar, le XXVIIIe jour de mars VC et cinq. Signé René. Et au dessus par le roy de Sicile, les seigneurs de Beauvau, de Gerbevillers, d’Eubexy, bailly de Bar et de Vosge, president de Lorraine et autres presens. F. Dupuis et registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

291 1506 (n. s.), 4 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier d’Asny, dit le Breton, de Naives-en-Blois, coupable d’homicide commis le 31 janvier 1506 sur la personne de Thiébaud Perrard, du même village, à la suite d’une querelle. Copie, ADMM, B 10, f° 48r°-v°.

René, etc., a tous, etc. L’umble supplicacion et requeste de Mariette, femme Didier d’Asny, dit le Breton, demourant a Nesves-en-Blois en nostre prevosté de Gondrecourt, avons receue contenant que, le samedi avant la Chandeleur dernier passee, durant les grans vens qu’il faisoit lors, estoit tumbé ung arbre en certain jardin pres de leur maison, duquel ledit Breton, son mary, estoit alé coupper deux ou trois branches pour chauffer ses enffans. Et ainsi qu’il pourtoit lesdites branches, avoit rencontré une nommee Lucie, femme Thiebault Perrard, dudit lieu, a qui appartenoit ledit jardin, laquelle luy avoit demandé pourquoy et a quel tiltre et cause il avoit couppé les branches dudit arbre, a laquelle ledit Breton avoit respondu qu’il ne failloit pas tant parler de si peu de chose, que si en pareil il advenoit en son heritaige il luy permecteroit bien de ce faire. Et sans autres parolles avoir eu ensemble, ladite Lucie s’en estoit retournee en sa maison et avoit fait rapport audit Thiebault, son mary, que ledit Didier couppoit et emportoit le bois dudit arbre, qui, de ce malcontent, s’estoit party tout eschauffé et meu ayant une hache en sa main et avoit trouvé ledit Didier devant sa maison, auquel il avoit dit qu’il vint encorres coupper dudit arbre comme il avoit fait et qu’il aloit on jardin, lequel Didier luy avoit dit qu’il allast devant et il le suyveroit, et de fait s’estoient trouvéz oudit jardin et, eulx estans illec, iceluy Thiebault avoit commencé a dire telles parolles ou approché et avoit par deux fois haussé sadite hache, s’approchant dudit Didier et faisant semblant de la gecter a l’encontre de luy, pourquoy ledit Didier s’estoit retiré arrier pour evitter les coups. Touteffois iceluy Thiebault s’estoit tellement approchié de luy qu’il avoit donné de sadite hache audit Didier sur le bras, quoy voyant ledit Didier, malcontent, meu de chaleur souldain, veant l’oultraige et force que luy faisoit ledit /48v°/ Thiebault, d’une haiche qu’il avoit pareillement en sa main luy en avoit donné ung coup sur la teste, dont ledit Thiebault avoit esté abattu en terre et certain jour aprés estoit allé de vie a trespas, par faulte d’estre bien pensé et qu’il estoit desja en aucun aaige constitué. Pour lequel cas, ledit Breton s’estoit rendu fugitif etc., requerant avoir grace et remission. Savoir faisons que ledit seigneur, ayant regard a la jeunesse et challeur dudit Breton et qu’il ne fut jamais actainct ou convaincu d’autre cas, et par l’advis des gens de son conseil qui ont veu les informacions qui de l’ordonnance dudit seigneur avoient esté faictes, de grace especial luy a remis, quicté et pardonné ledit cas de meurtre ainsi par luy commis avec toutte offense, peinne et admende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre 448

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encouru envers ledit seigneur et justice, satiffacion faicte a partie interessee civillement, et le remet ledit seigneur a ses bon fame et a ses biens non confisquéz, imposant sillence a son procureur present et advenir, et mande ledit seigneur par ses lectres au bailly du Bassigny ou son lieutenant, procureur general, prevost de Gondrecourt et autres ses officiers qu’il appartient le laisser joyr d’icelle remission sans luy mectre aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel etc. Donné a Bar, le IIIIe jour d’avril VC et cinq avant Pasques. Signé René. Et au dessus par le roy, les cappitaine de la garde, bailly de Vosge, gens des comptes, lieutenant des bailliz de Bar et Clermont et autres presens. F. Dupuis et registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

292 1506, 13 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier le Pitoux, de Faulx, coupable d’homicide commis sur la personne de Benoît Tixerant, du même lieu, qui l’avait accusé de délation. Copie, ADMM, B 10, f° 57v°-58.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Didier le Pitoux, de Faulx en nostre seigneurie de Condey-sur-Mezelle, avons receue contenant que, a la fenoison derniere, il s’estoit trouvé en nostre ville de Nancy, auquel lieu ung nommé Guillaume d’Estoilles, nostre braconnier, luy avoit demandé s’il savoit point ou il y avoit lievre ou levrault audit Faulx, qu’il luy declairast pour ce qu’il en serchoit pour nous, lequel Pitoux, adverty dudit braconnier que s’estoit pour faire courrir a noz petis chiens, luy avoit dit et declairé que ung nommé Benoist Tixerant, demourant audit Faulx, en avoit ung, luy priant qu’il ne voulsist rapporter ou rencuser qu’il luy eust dit. Et lors ledit Guillaume s’estoit transporté audit Faulx, ou il avoit seullement trouvé la femme dudit Benoist, laquelle avoit esté reffusant luy baillier et delivrer ledit lievre, mais elle mesmes le nous avoit voullu presenter. Aprés laquelle presentacion a nous faicte, avoit pressé ledit Guillaume en façon qu’elle avoit sceu et entendu par ses /58/ parolles que ledit Didier, suppliant, luy avoit enseignié, combien que iceluy Guillaume eust promis audit Didier de n’en riens dire. Et elle, retournee en la maison, avoit dit et rapporté audit Benoist, son mary, telles parolles : « Tu ne sces, Didier de Faulx est celluy qui a dit que nous avions ung lievre ». Et ces parrolles oyes, ledit Benoist Tixerant, plain de couroux, se transporta en l’ostel de l’oncle dudit Didier, suppliant, ou il souppoit et, addressant ses parrolles audit Didier, avoit dit telz motz : « Par la chair Dieu, cocquin, belistre, tu as mal fait, as tu rencusé mon lievre », s’esforceant l’oultragier et de fait l’eust blessé, n’eussent esté les assistans qui illecques estoient. Et le lendemain, ainsi que ledit Didier s’en alloit ez preiz pour fauchier et faire ses besongnes, ledit Benoist Tixerant, en perseverant a son mauvais couraige, avoit commencé a dire : « Par la chair Dieu, tu en auras a moy », et avoit 449

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

commencé a prendre pierres et les gecter a l’encontre dudit Didier en façon qu’il avoit esté fort navré en la jambe. Et voyant iceluy Didier, suppliant, qu’il ne povoit eschuyer ne soy mectre hors du dangier sans soy deffendre, en gardant son corps avoit pareillement prins une pierre et l’avoit gettee tellement qu’elle estoit tumbee sur la teste dudit Benoist et luy avoit fait une petite playe et ledit Benoist, soy voyant blessé, s’en estoit plain aux maire et justice dudit lieu et ledit Didier, a cause qu’il avoit esté envahy et qu’il l’avoit fait en soy deffendant, n’avoit voullu denyer le fait et avoit mercyé l’amende. Toutesvoyes, certain temps aprés, estoit survenue quelque malladie audit Benoist, au moien de laquelle et par faulte de bon gouvernement ou d’estre bien pensé, estoit allé de vie a trespas, dont pour ceste cause ledit Didier Pitoux, suppliant, craingnant rigueur de justice, s’estoit absenté de noz pays ou il n’oseroit retourner si par nous ne luy estoit fait grace, misericorde et pardon dudit cas, nous suppliant treshumblement, consideré qu’il ne fut jamais actainct ou convaincu d’autre villain cas, blasme ou reprouche et que ce qu’il a fait a esté en son corps deffendant, que nostre plaisir feust luy voulloir pardonner. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, informéz deuement dudit cas et que ledit Benoist fut aggresseur, et ce que ledit Didier en a fait a esté en son corps deffendant, par l’advis des gens de nostre conseil avons audit Didier quicté et pardonné, et par ces presentes etc., quictons et pardonnons ledit cas avec toutte peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre escheu envers nous et justice, et le remectons en son bon fame et renommee en noz pays et a ses biens non declairéz confisquéz, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seullement si elle y eschiet et desja fait n’est, et quant ad ce imposons sillence perpetuelle a nostre procureur general de Lorraine present et advenir. Si donnons en mandement a tous noz bailliz etc. Donné a Bar, le XIIIe jour de jung mil VC et six. Ainsi signé René. Et au dessus par le roy de Sicile, les evesque de Toul, maistre d’ostel Hardi Tillon et autres presens. F. Dupuis et registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

293 1506, 20 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Régnier, fils de Jean Lalemant de Clayeures, demeurant à Chaumouzey, coupable d’homicide commis il y a quelques mois sur la personne de Catherine, épouse de Jean Boulanger, son beau-frère, dudit lieu, qui l’avait insulté. Copie, ADMM, B 10, f° 65r°-v°.

René, etc., a touz etc., salut. L’umble supplicacion et requeste de Ragnier, filz de Jehan Lalemant de Claeure, demourant a Chamoisy en la prevosté de Dompaire, avons receue contenant que environ troys ans povoit avoir, il c’estoit marié audit Chamoisy a une nommee Mathiotte, fille de Didier le Regens, demourant audit 450

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lieu, depuis lequel temps ledit Didier, pere de ladite Mathiote, ledit suppliant et ung autre sien frere, nommé Jehan Boulanger, avoient fait partaige de certains biens et heritaiges a eulx delaisséz par leur feue mere, femme dudit Didier, et par ledit partaige fait ledit suppliant avoit eu une maison audit Chamoisy pour sa part ensemble les usuaires devant et darriere. Et pour ce que ledit Regnier, suppliant, mectoit et faisoit mectre devant sadite maison les imundices d’icelle et pareillement celles de ses bestes, ainsi qu’on a acoustumé faire en villaiges, Katherine, femme dudit Jehan Boulangier frere de ladite Mathiote, ou Caresme darrain passé, estoit venue devant la maison dudit Regnier et luy avoit dit plussieurs injures, l’appellant estranger et qu’il allast querir la charoune de ses enffans qu’on avoit trouvee aux champs a terme, que sa femme ung peu auparavant avoit eu ung enffant qui n’avoit eu baptesme par ce que par fortune elle s’estoit blesiee. Pour lesquelle parolles ledit Regnier, courocé, sans qu’il eust jamés eu auparavant question ou debat a ladite Katherine, non content de ce luy avoit donné ung coup d’ung baston qu’il tenoit en sa main travers les raints. Neantmoins, ou lieu ou il avoit actaint, n’y avoit aparance du coup, touttefoiz, troys ou quatre jours aprés, elle estoit allee de vie a trespas. Au moyen de quoy, craingnant rigeur de justice, c’estoit absenté et rendu fugitif de noz pays ou il n’ouseroit retourner si par nous ne luy estoit impartie nostre grace, nous suppliant treshumblement, consideré qu’il ne fut jamés actainct ne convaincu d’aucun villain /65v°/ cas, blasme ou reprouche, que nostre plaisir fust luy vouloir remectre et pardonner ledit cas. Savoir faisons que nous, voulans etc., aprés que summes informéz dudit cas et qu’avons fait veoirs les informacions par les gens de nostre conseil, en ensuyvant leur advis etc., consideré aussi que ladite Katherine luy a pardonné et declairé qu’elle avoit esté cause du coup a elle donné pour les parolles injurieuses qu’elle avoit dictes audit Regnier, et avecques ce qu’ilz estoient parens et n’y avoit aucune hayne etc., sactiffacion faicte a partie etc., en imposant sillance etc. Donné en nostre chastel de Bar, le XXe jour de juin, l’an mil VC et six. Signé René. Par le roy de Sicille etc., les evesque de Toul, seigneurs de Barbas, de Gondrecourt en Waiwre, president des comptes a Bar et autres presens. Dupuis.

294 1506, 23 juin - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Hennezel coupable d’homicide commis le 24 décembre 1505 sur la personne de Rodolphe Multzingen, son beau-père, à la suite d’une dispute survenue au retour de Marsal où ils avaient acheté de la viande. Copie, ADMM, B 10, f° 61r°-v°.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste de la veusve de feu Rodolff Multzingen, en nostre chastelenie de Dieuze, avons receue contenant que, la vigille de Noel darrain passé, ledit Rodolff, mary de ladite expousante, de bon matin estoit venu en la maison de Hanzel, dudit lieu, son philatre, demandant s’il vouloit aller 451

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

avecques luy au marché a Marsault, de quoy ledit Hanzel avoit esté content et s’en estoient alléz ensemble, et avecques eulx ung nommé Tonez, pareillement dudit lieu, sans estre aucunement courocé ou stomacqué l’un contre l’autre et, eulx venuz audit Marsault, avoient achaptéz de la char pour le bon jour et avoient disné et marandé ensemble audit Marsault en la taverne avecques autres, en aprés s’estoient mis au chemin pour retourner audit Multzingen. Et en s’en allant, s’estoient prins de parolle ledit Rodolff et Hennezel pour une serre que ledit Henzel avoit marchandé audit Marsal, demandant ledit Rodolff qu’il en vouloit faire et ou il la vouloit mectre, en façon qu’ilz se estoient prins de parolles et estoient venuz ensemble jucques a ung journel de la pres dudit Multzingen, sans ce que nul d’eulx eust dague ou autre ferrement fors ledit Rodolff qui avoit ung gros baston et ledit Hansal ung petit baston de la grosseur d’ung pessel, duquel baston ledit Hansel avoit haussé et en avoit baillé audit Rodolff ung coup sur la teste en la temple ou autre part, ne savoit on, duquel coup il estoit tombé a terre et avoit esté blesié en la bouche de la chuppte, mesmes que ledit jour il avoit fort gelé. Et depuis c’estoit relevé sur pied /61v°/ et print sa char, qu’il avoit achaptee audit Marsal, et sans eulx plus questionner ou debatre, s’en estoient alléz chascun ches luy. Et ledit Rodolff venu en sa maison, s’estoit fait deschausser et c’estoit gecté sur sa cousche, soy plaindant de la teste, declairant comme il luy estoit advenu, avoit mandé le curé et c’estoit confessé et, aprés sa confession faicte, avoit dit tout en hault que ledit Hanzel luy avoit seulement donné le coup et qu’il luy pardonnoit. Le landemain estoit allé de vie a trespas, dont pour ceste cause ledit Hanzel s’estoit rendu fugitif de noz pays ou il n’ouseroit retourner si sur ce ne luy est impartie nostre grace etc., suplie treshumblement etc. Savoir faisons etc., luy avons remis etc., pourveu touteffoiz que ledit Hensel fera faire ung service en l’eiglise dudit Multingen pour le salut de l’ame dudit Rodolff etc. Donné a Bar, le XXIIIe jour de juin, l’an M VC et six. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Toul, seigneurs de Barbas, president des comptes a Bar et autres presens. Dupuis.

295 1506, 29 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Didier Boullengier, fils de feu Didier Boullengier, et à sa mère Thiebaulde, demeurant à Lamarche, pour fabrication et mise en circulation de fausse monnaie. Copie, ADMM, B 10, f° 73r°-v°-74. D. Flon, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois-Evêchés, t. II, Nancy, 2002, preuves, p. 204.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion de Didier Boullengier, filz de feu Didier Boullengier, de nostre ville de Lamarche, et de Thiebaulde, vesve dudit feu Didier Boullengier, sa mere, avons receue contenant que luy, estant 452

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en l’eage de quinze ans ou environ, il s’en alla demourer a Jussey en Bourgoingne, en la maison d’un nommé Joachim, orfevre, affin d’aprendre le mestier d’orfevre, auquel lieu il fist sa residence bien l’espace de dix moys, pendant lequel temps il vyt que sondit maistre faisoit de la monnoye, dont il aprint et retint la façon et, luy estant encores demeurant avecques ledit Joachim son maistre, ung sien cousin, appellé Symon Boullengier, vint audit Jussey qui l’enhorta tellement de retourner a ladite Marche ou il avoyt sadite mere, nommee Thiebaulde, que ledit suppliant se retirast audit lieu ou il fist faire une forge pour besongner de son mestier d’orfebvre, laquelle parfaicte, iceluy Didier, suppliant, commença a y besongner de sondit mestier et s’advisa de ladite monnoye qu’il avoyt veue faire a sondit maistre, et enfin luy et ledit Symon Boullengier, son cousin, entreprindrent a faire des testons, ce qu’ilz firent jusques a dix seullement et non plus, desquelx ledit Symonnin en cuyda metre les troys a ung nommé Jehan Barat, demeurant a Villocte, qui les alla incontinent monstrer pour savoir s’ilz estoient bons, lesquelx furent trouvéz estre faulx. A cause de quoy, ledit suppliant et ladite Thiebaulde, sa mere, combien qu’elle fut ignorente dudit cas /73v°/ comme elle expose, craingnans rigueur de justice et d’estre pour ledit cas prins et apprehendéz aux corps, s’estoyent absentéz de nos pays ou ilz n’oseroyent encore a present retournez si nostre grace et misericorde sur ce ne leur estoyent imparties, treshumblement requerans a icelle, actendu la jeunesce dudit Didier et ignorence de ladite Thibaulde, sa mere, et qu’ilz sont bien faméz et renomméz sans avoir esté convaincuz ne actaincts d’aucuns autres villains cas, leur voulloir sur ce octroyer noz grace, abolicion, remission et pardon. Pourquoy nous, ces choses considerees, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, avons remis, aboly et pardonné et par la teneur de ces presentes, de grace especial et plainne puissance remectons, abolissons et pardonnons le fait, cas et crime dessus declairé avec toute peinne, amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour l’occasion dudit cas ilz pourroient estre encouruz envers nous et nostre justice, et de nostre plus ample grace les avons restituéz et restituons a leur bonne fame et renommee au pays et en leurs biens non confisquéz, en rappelant, renotant et mectant au neant tous bans et bannissemens s’aucuns en avoient esté faiz a l’encontre dudit Didier et sadite mere, et sur ce imposons sillence perpetuel a nostre procureur general et a tous autres presens et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly du Bassigny ou son lieutenant et a tous etc., sans en ce leur faire, mectre etc., et si leurs corps ou aucuns leurs biens meubles ou heritaige /74/ estoyent pour ce prins, saisiz, arrestéz ou empeschéz, les metre a plaine delivrance et a leur premier estat et deu, car tel est nostre plaisir. Donné en nostre ville de Bar, le XXIXe jour de juillet mil VC et six. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque de Toul, seigneurs de Vallengin, de Pretot, du Val, president de Bar et autres presens. R. de La Mothe. 453

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

296 1506, 30 septembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Baudin le Masson, d’Epiez-sur-Chiers, domestique à Rupt-sur-Othain, coupable d’homicide commis en juin dernier sur un nommé Million, pâtre de ce dernier village, au cours d’une querelle. Copie, ADMM, B 10, f° 98r°-v°-99.

René, etc. L’umble supplication et requeste des mere, parens et amys de Baudin le Masson, demeurant a Espiez en nostre prevosté de Marville, avons receue contenant que, ou moys de juing dernier passé, ledit Baudin demouroit au Rutz en ladite prevosté ou il servoyt maistre, avoit eu quelque petite question a ung nommé Millon, paistre dudit Rutz, a cause de ce que ledit Millon disoit que aucunes bestes dudit lieu n’avoyent esté chassees aux champs devant luy, et ledit Baudin au contraire, pourquoy s’estoyent desmentiz pluseurs fois l’un l’autre. Et aprés ces parolles ledit Millon avoit prins une pierre et l’avoyt gectee audit Baudin, et avec ce luy avoyt couru sus avec une perche d’un cher de laquelle il avoyt cuydé frapper ledit Baudin, mais iceluy Baudin luy avoyt rompu ladite perche d’une petite massue qu’il tenoyt. Neantmoins iceluy Millon, persistant et s’esforçant tous jours de oultraiger ledit Baudin, avoyt reprins l’un des tronssons de ladite perche, duquel de rechief avoyt couru sus audit Baudin pour le frapper. Quoy voyant, ledit Baudin par pluseurs fois avoyt dit audit Millon qu’il le laissast et qu’il ne le frappast et, nonobstant ce, de plus fort en plus fort s’estoit esforcé l’oultraiger et desja par quatre ou cinq fois luy avoyt couru sus, a cause de quoy ledit Baudin, contrainct, avoit haussé sadite massue qu’il tenoyt, de laquelle il avoyt baillié ung coup seullement sur la teste dudit Millon /98v°/ duquel coup, troys ou quatre jours aprés, estoyt allé de vye a trespas. Dont pour ce ledit Baudin, craingnant rigueur de justice, s’estoyt absenté de noz pays ou il n’oseroit jamais retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, nous suppliant treshumblement, actendu qu’il ne fut jamais actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, que nostre plaisir fust luy vouloir remectre et pardonner ledit cas. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, aprés que avons eu fait veoir certaines informacions faictes de nostre ordonnance par noz officiers dudit Marville, ayans regard que ledit Millon a esté aggresseur et que ledit Baudin a perpetré ledit cas en son corps deffendant, ensuyvant l’advis des gens de nostre conseil, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons audit Baudin le cas, crime et offence dessus declairéz avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il peult estre encouru envers nous et justice, satiffation faicte a partie interessee civillement tant seulement si desja faicte n’est, et le remectons a ses bon fame et renommee a noz pays et a ses biens non declairéz confisquéz 454

Corpus des lettres

comme il estoyt auparavant ledit cas advenu, en mectant au neant tous bans, proclamations et autres procedeures qui pourroyent avoir esté faictes contre luy /99/ a cause que dessus, imposant quant ad ce sillence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement a tous noz justiciers, officiers etc., que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent etc., sans en ce etc. Donné en nostre chastel de Bar, le dernier jour de septembre, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy de Sicile, les evesque de Toul, seneschal de Barroys, president des comptes audit Bar et autres presens. F. Dupuis. Registrata D. Tallart.

297 1506, 14 octobre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean Guerre, emprisonné à Saint-Dié, pour divers vols commis le 15 août 1506 à la fête de La Vellainne, dans la vallée de Saint-Dié. Copie, ADMM, B 11, f° 21v°-22.

René, etc., a tous etc. L’umble supplication et requeste de Jehan Guerre, de la seigneurie de Lure, prevosté de Sainct-Diey, avons receue contenant que, le jour de l’Assumption Nostre Dame derrain passé, ledit suppliant se trouva en la feste au lieu de La Vellainne, ou vaulx dudit Sainct-Diey, auquel lieu il commist aucuns petiz larrecins pour lesquelx il fut lors prins et apprehendé au corps par nostre prevost dudit Sainct-Diey et mené ez prisons dudit lieu, ou puis ce temps il a tous jours esté detenu prisonnier, et pour ce que par la confession que ledit suppliant a faicte esdites prisons, il a confessé avoir commis et perpetréz certains autres larrecins pour lesquelz estoit en dangier d’estre griesvement pugny. Savoir faisons que nous, ayans regard au long temps qu’il a esté detenu prisonnier et que les larrecins par luy commis ne sont grans ainsi qu’avons esté informé et adverty par nostre prevost dudit Sainct-Diey, pour ces causes, mesmes a la priere et requeste de nostre treschiere et amee Jehanne de Harecourt, vesve de feu Jaquot, seigneur de Savigny et dudit Lure, de nostre certaine science et grace espetial avons audit Jehan Guerre lesdits cas de larrecins remis, quictéz et pardonnéz et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’iceulx il pourroyt estre encouru envers nous et justice, pourveu toutesvoyes qu’il satisfera a ung chascun ou il est tenu /22/ pour lesdits larrecins par luy commis, et d’abondant de nostre plus ample grace l’avons remis a son bon fame et renommee et a ses biens non confisquéz. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz améz et feaulx bailly de Nancy, prevost et procureur de Sainct-Diey et a tous noz autres justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Jehan 455

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Guerre joyr et user plainement et paisiblement et le mectre hors de prison incontinant et sans delay, sans en ce luy faire, mectre etc., car tel est etc., en imposant sillence a nostre procureur general present et advenir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XIIIIe jour d’octobre, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy de Sicille, les evesques de Verdun et de Toul, seigneurs de Stainville, d’Eubexy et de Gerbevilliers, prothonotaire de Savigny et autres presens. Geuffroy. Registrata D. Tallart pro Chasteauneuf.

298 1506, 24 octobre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à François, fils de Colin Perrin, de Condé-en-Barrois, soupçonné d’avoir participé à deux homicides au cours du mois de janvier 1504. Copie, ADMM, B 11, f° 6r°-v°-7.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste des pere, mere, parens et amys de Françoys, filz Perrin, de Condey, avons receue contenant que, ou moys de janvier mil VC et troys derrain passé, reverend pere frere Girard de Fresnes, en son vivant abbé de l’abbaye de sainct Michiel de nostre ville de Sainct-Michiel, estoyt venu audit Condey ou il avoyt amené pluseurs ses serviteurs et cuysiniers, lesquelx ung soir s’estoyent partiz de l’ostel dudit feu Colin Perrin ou il estoyt logé et faisoyt ses despens. Et ledit soir iceulx cuisiniers avec Françoys, filz Jehan Bohn, dudit Condey, ledit Françoys, filz Colin Perrin, et ung paige dudit feu abbé s’estoyent trouvéz soubz la halle dudit Condey, auquel page, eulx estans soubz ladite halle, avoyt esté donné ung coup sus la teste tellement qu’il avoyt esté abbatu a terre, sans que ledit Françoys Perrin sceust aucune chose de celuy qui l’avoyt frappé et, desplaisant de ce, s’estoyt tiré devers les serviteurs dudit /6v°/ feu abbé ausquelz il avoyt declairé l’oultraige fait audit page, de quoy ilz avoyent fait assez peu de compte. Depuys estoyt allé devant l’huys Androuyn Bouchier, dudit lieu, en la compaingnie d’autres compaignons dudit Condey, entre lesquelx estoyt ung nommé Françoys, filz Jehan le Prebstre dudit lieu, embastonné d’un espied, lequel avoyt donné a Didier Ryaucourt, dudit Condey, pluseurs coups de la hante dudit espied, au moyen de quoy, troys ou quatre jours ensuyvans, par faulte d’estre secouru de medicins, cirurgiens et de conduicte et gouvernement, estoyt allé de vie a trespas. Et pource que ledit Françoys, filz Colin Perrin, estoyt en la compaignie dudit Françoys, filz Jehan le Prebstre, et autres, doubtant rigueur de justice, adverty de ladite bateure et le peril et dangier de mort ou estoyt constitué ledit Didier Ryaucourt, s’estoyt absenté et rendu fugitif de nos pays ou il n’oseroyt retourner si nostre grace et pardon ne luy estoyent sur ce impartiz, nous suppliant treshumblement, consideré qu’il ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche et qu’il ne consentist jamais a la batteure dudit 456

Corpus des lettres

Ryaucourt ne luy donna ung seul coup, que nostre plaisir feust luy vouloir pardonner. Savoir faisons que nous voulans preferer misericorde a rigueur de justice, aprés qu’avons eu fait veoirs par les gens de nostre conseil les informations faictes sur ce, ensuyvans leur advis, avons de nostre grace especial, auctorité et plainne puissance pardonné et pardonnons par ces presentes audit Françoys, filz Colin Perrin, le cas et crime cy dessus declairé avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroyt estre encouru a l’occasion de ce envers nous et justice, satiffacion faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’est, et le remectons a son bon fame et renommee et a ses biens non declairéz confisquéz comme il estoyt auparavant ledis cas advenu, et adnullons et mectons a neant tous bans, proclamations, deffaulx et autres /7/ procedeures contre luy faictes en justice, imposans quant a ce silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Si donnons en mandement a nostre bailly de Bar, procureur, receveur et autres noz justiciers, officiers, hommes et subgectz qu’il appartiendra, que de nostre presente grace et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Françoys joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy faire ne souffrir faire, mectre ou donner aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel. Donné en nostre ville de Bar, le XXIIIIe jour d’octobre, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy de Sicille, lez evesque de Verdun, seneschal de Barroys, seigneurs de Taisy, de Gironcourt, president des comptes a Bar et autres presens. F. Dupuis. Registrata Alexandre pro Chasteauneuf.

299 1506, 6 novembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Guichart Marchant, de Joinville, emprisonné à Montier-sur-Saulx pour différents vols commis à Joinville. Copie, ADMM, B 11, f° 9v°-10r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplication et requeste de Guichart Marchant, de nostre ville de Joinville, avons receue contenant que puis nagueres il a esté prins et constitué prisonnier ez prisons de nostre chastel de Montiers-sur-Saulx, en nostre bailliaige de Bar, pour aucun larrecin par luy faiz, perpetré et commis en diverses maisons au lieu de Joinville, estant hors de son bon sens, tant en argent, or, monnoye, mercerie, draps, lincieulx, escuelles, dont et de tout il dit avoir fait restitution et la pluspart de sesdits larrecins reveléz a ceulx a qui il les avoyt faiz. Pour lesquelz, neantmoins, il est miserablement detenu esdites prisons, son procés fait et en dangier comme il crainct d’encourir peinne corporelle en grande infamie et /10/ rigueur de justice, si doncques n’est que 457

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

nostre grace et misericorde luy soyt sur ce impartie, humblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, mesmes que par information et sondit procés nous est apparu de ce que dessus, aussi que, ung peu de temps auparavant lesdits cas commis, ledit Guichart a esté reputé insensé, courant les rues pour aucune maladie dont estoyt detenu, ayant pareillement regard a la jeunesse de luy et que jamais ne fut prins, accusé ne convaincu d’autre villain cas, crime ou reproche, pour ces causes de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance, par l’advis et deliberation des gens de nostre conseil, en voullant preferer misericorde a rigueur de justice, avons audit Guichart Marchant lesdits cas de larrecins remis, quictéz et pardonnéz et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’iceulx il pourroyt estre encouru envers nous et justice, satiffaction faicte aux parties interessees civillement tant seullement si desja faicte n’estoyt, et de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a ses bons fame et renommee a noz pays et dehors et a ses biens non confisquéz comme il estoyt auparavant lesdits cas advenuz, en payant seulement les fraiz de prison et de la justice. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a noz améz et feaulx les bailly, prevost, cappitaine et autres officiers dudit Monstiers-sur-Saulx et autres noz justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Guischart Marchant joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, et le faire /10v°/ mectre incontinant a plainne delivrance, car tel est nostre plaisir, imposant sillence perpetuel a nostre procureur general ou bailliaige de Bar present et advenir. En tesmoing de ce, nous avons a ces presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel. Donné en nostre ville du Neufchastel, le VIe jour de novembre, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy, lez evesque de Toul, archediacre de Marsal en l’eglise de Metz, maistre Loys Merlin, general des finences de Lorrainne et autres presens. Alexandre. Registrata Chasteauneuf.

300 1506, 17 novembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Jean Etienne et Michel Simon, demeurant tous deux à Regnévelle, coupables d’homicide commis aux environs du 20 mai 1506 sur la personne d’Etienne Content, de Godoncourt, à la suite d’une querelle provoquée par un essartage effectué à la limite des deux villages. Copie, ADMM, B 11, f° 7r°-v°-8r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste de Jehan Estienne et Michel Symon, noz subgectz demeurans a Rigneville en nostre duchié de 458

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Lorrainne et prevosté de ---, avons receue contenant que, environ la feste de l’Ascention Nostre Seigneur derrain passee, iceulx supplians estans en ung essart qu’i faisoyent ou finaige dudit Rigneville, aucuns des manans et habitans de Gondrecourt, contey de Bourgoingne, voysins ausdits de Rigneville, vindrent ausdits supplians et leur deffendirent de plus avant besongner audit essart, pretendans et afermans que lesdits supplians besoingnoyent ou finaige dudit Gondrecourt, ce que toutesvoyes ilz sçavoyent du contraire ainsi qu’il a esté trouvé par la limitation et abonnement puys nagueres fait par les officiers commis et deputéz, /7v°/ tant de nostre part que de la part du feu roy de Castille. Et combien que lesdits supplians deslors sceussent veritablement estre oudit finaige de Rigneville, venans ladite deffence a eulx faicte, prindrent advis et conclusion d’en prendre quatre des plus anciens coustumiers desdits deux villaiges pour confiner et abonner les ungs contre les autres, et ainsi le promisdrent. Ce neantmoins, ung nommé Estienne Content, soy disant habitant et sergent dudit Gondoncourt, acompaignié d’un autre courut sus, ayant une rapiere, ausdits supplians, leur demandant gaige ; sur quoy fut respondu audit Content par ledit Michel Symon qu’il n’auroyt point de gaige de luy, consideré mesmement qu’ilz savoyent de vray estre oudit finaige dudit Regneville, et aussi que dudit differant ilz avoyent chargé gens comme dit est de leursdits differens. Ce nonobstant, ledit Estienne Content ne se voulut de ce contenter, vint de rechief audit Jehan Estienne luy demandant gaige, ce qu’il luy reffusa de rechief luy faisant responce comme dessus. Sur quoy ledit Estienne Content s’aprocha et, aprés qu’il eut osté a ung autre homme ung vosge a esserter, le donna a son compaingnon qu’il avoyt amené avecques luy en disant : « Frappons maintenant dessus et les tuons », et en ce disant tira une rappiere et assaillit ledit Michel Symon, en jurant la mort Nostre Seigneur qu’il en mourroyt, et luy gecta pluseurs coups de sadite rappiere dont ledit Michel, pour eviter la fureur dudit Estienne, fut contrainct de reculler en luy criant mercy, disant qu’il ne luy demandoyt rien, et en recullant tumba en terre et ledit Estienne Content s’aprocha en le cuydant tuer. Parquoy ledit Jehan Estienne, veant sondit compaingnon estre en dangier de mort, /8/ leva ung vousge qu’il avoyt et frappa ledit Content sur les bras, et incontinent se releva ledit Michel qui, d’un autre vousge qu’il tenoyt pour asserter, en soy deffendant donna ung coup audit Estienne Content sur la teste, duquel il tumba a terre et deux jours aprés alla de vye a trespas, avant lequel il congnut devant pluseurs gens qu’il avoyt tort et portoyt ce qu’il avoyt cerché, et que lesdits suppliant ne luy avoyent fait chose qu’il ne leur pensast faire en leurs personnes. Pour lequel cas, lesdits supplians se sont tiréz devers nous et nous ont supplyer leur voulloir pardonner en ayant regart que ce qu’ilz en ont fait n’a esté que en leurs corps deffendant et que le lieu ou l’on les voulloyt gaiger estoyt du duché de Lorrainne. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré dont avons plainnement esté informéz par nostre bailly de Vosge, aussi que lesdits supplians ne furent jamais notéz ne convaincuz d’autre villain cas digne de reprehention, avec ce qu’ilz ont satiffaict aux parties interessees comme ilz nous ont fait apparoir par une relation 459

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

signee de deux curéz, leur avons pour ces causes, par l’advis et meure deliberation des gens de nostre conseil, ledit cas pardonné et par ces presentes pardonnons avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’iceluy ilz pourroyent estre encouruz envers nous et justice, satiffaction toutesvoyes faicte ausdites parties interessees si desja faicte n’estoyt comme dit est, et les remectons en tous leurs biens, aussi a leur bon fame et renommee en noz pays et dehors comme ils estoyent auparavant ledit cas advenu. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre treschier et feal conseillier et bailly de Vosge et a tous autres noz justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx /8v°/ sicomme a luy appartiendra, que de nostre present pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Jehan Estienne et Michel Symon joyr et user plainement et paisiblement sans en ce leur faire mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir, imposant sillence perpetuel a nostre procureur general present et advenir. En tesmoing de ce, nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XVIIe jour de novembre l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy, les evesque de Toul, bastard d’Anjou, bailly de Vosge, seigneur de Taisey et autres presens. Alexandre. Registrata Chasteauneuf.

301 1506, 20 novembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Mengin Baudel, de Bréchaincourt, coupable d’un vol de cheval à la foire de Mirecourt il y a environ six mois. Copie, ADMM, B 11, f° 17r°-v°-18.

René, a tous etc. L’umble supplication et requeste de Mengin Baudel, de Brehainecourt en nostre prevosté de Chastenoy, avons receue contenant que, peult avoir demy an ou environ, comme mal advisé et tempté du dyable, se transporta asses pres dudit Brehainecourt ou les chevaulx dudit lieu estoyent en pasture, entre lesquelx chevaulx en print ung appartenant a Colin le Clerc, dudit lieu, monta dessus et le mena vendre a la foire a Mirecourt. Ce fait, ledit Clerc, qui en fut adverty, se tira incontinant devers ledit Mengin et fist /17v°/ tellement avecques luy qu’il trouva maniere de luy faire ravoir et retirer des mains de celuy a qui il l’avoyt vendu et, aprés qu’il l’eut recouvert, le rendit audit Clerc. Ce neantmoins, ledit Mengin, adverty que son seigneur, le seigneur de Bourlemont, le vouloyt faire prendre au corps pour ledit cas, doubtant la rigueur de justice, s’est absenté du lieu et illecques laissé sa pouvre femme ençaincte et preste a faire son enffant, et n’oseroit jamais retourner aupres d’elle si doncques n’estoyt que de nostre grace et misericorde luy fust sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ce que dit est consi460

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deré, dont par le rapport et relation dudit seigneur de Bourlemont avons esté informé ledit cas ainsi avoir esté commis, aussi que ledit Mengin ne fut jamais actainct, prins ne convaincu d’autre villain cas digne de reproche ne aucune reprehension, voullans aussi preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science, grace espetial, auctorité et plaine puissance, par l’advis et deliberation des gens de nostre conseil, avons audit Mengin Baudel ledit cas remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec toute peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’iceluy il pourroyt estre encouru envers nous et justice, satisfation faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoyt, et d’abondant l’avons remis et remectons a son bon fame et renommee en noz pays et dehors et a ses biens non confisquéz. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent joyr et user plainement et paisiblement ledit Mengin Baudel sans en ce luy faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ou empeschement au contraire, /18/ car tel est nostre plaisir. En tesmoing de ce, etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XXe jour de novembre, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy, les evesque de Toul, bailly de Vosge, seigneurs de Bourlemont et de Taisy presens. Alexandre. Registrata Tallart pro Chasteauneuf.

302 1506, 28 décembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Nicolas, fils de Jean Prevostel et de Hawis, de Seroux, coupable d’homicide commis il y a trois ans environ sur la personne de Jean des Folz à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 11, f° 26r°-v°-27.

René, etc. L’umble supplication et requeste des prochains parens et amys de Nycolas, filz de feuz Jehan Prevostel, de Serru, et de Hawys sa femme, en leurs vivans demeurans audit Serru en nostre prevosté de Bruyeres, avons receue contenant que, environ troys /26v°/ ans povoyt avoir, ung jeune filz nommé Jehan, filz George Haron des Folz, avoyt prins question et debat audit Nycolas pour ung petit blanc ou troys deniers qu’il luy demandoyt pour ung chapeau, lequel ledit Nycolas maintenoyt non luy devoir ; et aprés plusieurs menasses faictes par ledit Jehan de Foulz que ledit Nycolas le tueroit ou il le tueroyt, s’estoyt ingeré par diverses fois de assaillir et oultraigier ledit Nycolas. Et mesmes certain jour que ledit Nycollas alloit abruver des bestes de son maistre, iceluy Jehan des Foulz estoyt sorty hors d’une grange, ayant ung paul en sa main, et estoyt allé aprés ledit Nycolas luy disant qu’il failloit qu’ilz comptassent ensemble, a quoy ledit 461

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Nycolas luy avoyt respondu qu’il ne luy demandoyt rien et qu’il le laissast. Et neantmoins ledit Jehan des Foulz, continuant a son couraige, avoyt donné dudit pau sur la teste dudit Nycollas en façon qu’il l’avoyt fait trebucher. Quoy voyant ledit Nycolas, malcontent de l’outraige a luy fait, avoyt d’un floyau qu’il tenoyt donné ung coup ou deux audit Jehan des Foulz pres de l’oreille, desquelz coups ledit Jehan des Foulz estoyt allé de vye a trespas. Pour et a cause de quoy ledit Nycolas, craingnant rigueur de justice, s’estoyt rendu fugitif et absenté de noz pays ou il n’oseroit retourner si nostre grace, remission et pardon ne luy estoyent sur ce impartiz, nous supplians treshumblement lesdits parens, actendu que ledit Nycolas ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche et que ledit Jehan des Foulz avoyt esté aggresseur de parolles et de fait, que nostre bon plaisir fust luy voulloir octroyer et baillier nostredite grace et remission. Savoir faisons que nous, voullans preferer misericorde a rigueur de justice, par l’advis et deliberation des gens de nostre conseil qui ont /27/ veu les informations faictes sur ce de nostre ordonnance, avons de nostre certainne science, grace espetial, auctorité et plaine puissance remis, quicté et pardonné et par ces presentes etc., et le remectons a son bon fame et renommee etc., satisfaction faicte etc., et quant a ce imposons sillence etc. Si donnons en mandement a tous noz seneschaulx, mareschaulx etc., que de nostre presente grace, remission etc., sans en ce etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XXVIIIe jour de decembre, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy de Sicille, les seigneurs de Valengin, de Barbas, bailly de la contey de Vaudemont et autres presens. F. Dupuis. Registrata Chasteauneuf.

303 1507 (n. s.), 9 janvier - Neufchâteau. Rémission accordée à Clément et Didier, fils de Didier Clément, de Libdeau, coupables d’homicide commis en septembre 1506 sur la personne de Henri, fils de Poiresson d’Uruffe, au cours d’une rixe. Copie, ADMM, B 11, f° 30r°-v°-31.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion et requeste des pere, mere, parens et amys charnelz de Clement et Didier, filz de Didier Climent demeurant a Liebdos pres de la cité de Toul, avons receue contenant que, ou moys de septembre derrain passé, une nommee Jennon, fille dudit Didier Climent, aagee d’environ sept ans, estoit allee aux champs avec d’autres filles dudit Liebdos garder leurs vaches avec une nommee Alys, fille de Poiresson d’Uruffes, aagee d’environ douze ans, lesquelles avoyent fait /30v°/ du feu aupres d’un arbre et, comme icelle Jennon se voullut approcher pour se chauffer, ladite Alys la frappa et la chassa arriere, pourquoy ladite Jennon s’en alla et retourna en la maison de son pere en pleurant. Et icelle arrivee, sondit pere luy demanda pourquoy 462

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elle pleuroyt, a quoy ladite fille respondit que ladite Alys l’avoyt batue, et lors ledit Clement, son pere, luy dist qu’elle se teust et qu’il renvoyeroyt ung autre pour garder lesdites vaches. Le lendemain ensuivant, comme iceulx Climent et Didier, freres, furent retournéz de la charrue, iceluy Clement, qu’est le plus grant, alla monter sur ung pommier pour cuiller des pommes, et ledit Didier, son frere, commença a chasser les beufz qu’ilz avoyent ramenéz de ladite charrue, en quoy faisant il rencontra ladite Alix qu’avoyt battu le jour precedent sadite seur, a laquelle il donna ung soufflet sus la joue, luy disant pour quoy el avoyt battu sadite seur, laquelle Alix s’en alla pleurant en leur maison aupres de sa mere a laquelle elle dist que ledit Didier l’avoyt batue. A quoy la mere de ladite Alys appella incontinant ung sien filz qu’estoyt aagé d’environ dix neuf ans, nommé Henry, auquel elle dist que ledit Didier, filz dudit Didier Climent, avoyt battu sadite seur. Quoy oyant par ledit Henry, sortist dehors et s’approcha dudit Didier, luy demandant pourquoy il avoyt battu sadite seur, lequel luy respondit qu’il luy avoyt baillé sur la joue a cause qu’elle avoyt auparavant battu sadite seur, sur quoy, sans autre chose dire ne faire, ledit Henry se print audit Didier bien furieusement et l’empoingna par les oreilles et cheveulx et le gecta par terre, luy donnant pluseurs coups de son poing, et en ce mesme debat survint la mere dudit /31/ Henry qui commença a tresbien battre ledit Didier. Et voyant par ledit Clement, qui estoyt sur ung pommier, que l’en battoyt et mutilloyt ainsi sondit frere, descendit hastivement et pour le revencher print ung paul de haye en sa main, duquel il frappa ung coup seullement sur ledit Henry pour luy faire laisser sondit frere, non pensant le tuer, duquel coup ledit Henry est allé de vie a trespas. Et doubtans etc. Savoir faisons que etc., avons ausdits Clement etc., satiffation faicte etc., et d’abondant les avons remis etc. Si donnons en mandement a tous noz bailliz, prevost, procureurs etc., sans en ce leur faire etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le IXe jour de janvier, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy, lez evesque de Toul, bailliz de Vosge et du conté de Vaudemont, seigneurs de Valengin, de Chalan, d’Eubexy et autres presens. Et pour secretaire Alexandre. Registrata D. Tallart pro Chasteauneuf.

304 1507 (n. s.), 13 février - Neufchâteau. Rémission accordée à Jean, fils de Henry Rouyer, de Coussey, coupable d’homicide commis au cours de l’été 1506 sur la personne de Mengeot Bourgeoys, du même lieu, à la suite d’une dispute. Copie, ADMM, B 11, f° 25v°-26.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste de Henry Rouyer, nostre subgect demeurant a Courcey pres nostre ville du Neufchastel, avons receue contenant 463

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

que, en l’esté dernier passé, l’un de ses filz nommé Jehan Rouyer, jeune filz a marier aaigé de XVII ou XVIII ans, estoyt aux champs avec ung nommé Mengeot Bourgeoys, dudit lieu, et ung petit garson qui gardoyt les bestes en ung lieu dit on Varnel, ban dudit Coursey, lesquelx Jehan Rouyer et Mengeot eurent debat et question l’un contre l’autre a l’occasion de ce que ledit Mengeot avoyt batu d’un gros paulx les chevaulx dudit Henry Rouyer, en façon que ledit Jehan Rouyer bailla audit Mengeot ung coup de pierre qu’il avoyt lors en sa main, duquel il cheut a terre et incontinant se releva et mist en chasse ledit Jehan Rouyer, gectant pierres aprés luy, et pource qu’il ne le peut rattaindre, retourna aux champs a ses affaires et assez long temps depuys en sa maison audit Coursey, tout seul et sans ayde que de soy mesmes. Neantmoins troys jours aprés il mourut et rendit l’esprit a Dieu, ne sçayt ledit suppliant si ce fut du coup que ledit Jehan Rouyer luy bailla ou d’autre qui luy avoit esté donné par avant, dont il avoyt esté en dangier de mort. Pour lequel cas ledit Jehan Rouyer, doubtant la rigueur de justice, s’absenta dehors de noz pays ou jamais depuys il ne retourna, et ne sçayt ledit Henry, son pere, comme il dit s’il est mort ou non, nous suppliant luy voulloir impartir nostre grace et misericorde en ayant regard que ledit Mengeot avoyt premier batu les chevaulx dudit Henry, aussi que ledit Jehan, son filz, n’avoyt aucune question, rancune ou malivolence avec ledit Mengeot et ne sçauroyt imaginer qu’il fust mort dudit coup, ne fust les autres bateures que par autreffois il avoyt eues et dont il avoyt esté tenu et repputé pour mort pour les noyses et debatz qu’il /26/ avoyt prins et euz avec pluseurs du cartier dudit Coursey. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, mesmes que par informacion sur ce faicte nous est apparu ledit cas estre entrevenu en la forme et maniere que dit est, et pareillement que ledit feu Mengeot estoyt ung homme fort noysif et rioteux qui par avant ledit cas avoyt tant et si souventeffois prins debat et questions qu’il en avoyt batu jusques en dangier de mort, et par le contraire que ledit Jehan Rouyer est ung jeune filz bien famé et renommé sans jamais avoir esté noté ne convaincu d’autre villain cas, et pareillement qu’il n’eut jamais question ou debat avec ledit feu Mengeot et aussi qu’il ne luy donna que ledit coup seullement, pour ces causes, inclinans a la supplicacion et requeste dudit Henry Rouyer, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certaine science etc., par l’advis etc., avons audit Jehan Rouyer ledit cas de crime remis et aboly, quicté etc., avec toute peine etc., satiffaction faicte etc., et d’abondant etc. Si donnons en mandement etc., a tous noz bailliz, prevostz, procureurs, receveurs et autres etc., de nostredit duchié de Lorrainne, leurs lieuxtenans etc., que de nostre presente grace etc., imposant quant ad ce sillence etc. En tesmoing etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XIIIe jour de febvrier, l’an mil cinq cens et six. Signé René. Par le roy, les seigneurs de Valengin, de Bourlemont, president de Lorraine presens. Alexandre. Registrata Chasteauneuf.

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305 1507 (n. s.), 23 mars - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Rémy, fils de Mougeolle, demeurant à Les Poulières, coupable d’homicide commis le 25 janvier dernier sur la personne de Nicolas Gros Pied à la suite d’une querelle survenue à un repas de noces à Biffontaine. Copie, ADMM, B 11, f° 54v°-55r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste de Mougeolle, de Lespoullier en nostre prevosté de Bruyeres, avons receue contenant que, le lundi jour de la conversacion monseigneur sainct Poul dernier passé, ledit remonstrant et Remy, son filz, estoient au lieu de Buffontainne, en nostredite prevosté de Bruyeres, aux nopces de l’un de leurs parens, et illecques se meust debat et question entre ung appellé Pierrat Groz Pied, dudit Buffontainne, et ledit Remy, tellement que, pour evitter et assoppir ledit debat, les assistans, mesmement ledit Mengeolle, departerent et debouterent ledit Remy hors du rond et de la compaignie, lequel tout eschauffé, plain d’ire et de fureur, print en allant ung moyen paul de fer et en cheminant dit que, s’il y avoit homme qui le pressait ou molestat plus avant, qu’il tiendroit a soy desfendre. Et en se disant et allant son chemin, survint ung nommé Nicolas Gros Pied, fils dudit Pierrat Gros Pied, lequel, en tenant la main a sa dague, tira aprés ledit Remy qui, veant que ledit Nicolas le poursuyvoit de /55/ si pres tenant la main sur sadite dague, pour la tuition de son corps et pour pervenir que ledit Nicolas ne le tuast, luy bailla ung coup dudit paul en lieu si dangereux que, en peu de temps aprés ledit Nicollas alla de vie a trespas, dont ledit Remy fust et est merveilleusement desplaisant a l’occasion de ce qu’il n’avoit en voulloir de le tuer, aussy que paravant n’avoit eu aucune hayne ou malivolence avec luy. Pour lequel cas, doubtant rigueur de justice, s’estoit absenté de lors de noz pays et delaissé sa jeune feme, avec laquelle femme il avoit esté marié qinze jours auparavant, et n’oseroit retourner si doncques n’estoit que nostre plaisir, grace et misericorde luy soit impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, meismes que par bonnes informations nous est souffisament apparu le cas estre entrevenu en ceste maniere, ayans regard ad ce meismes a la jeunesse dudit Remy et qu’il ne fust jamais actainct ne convaincu d’autre villain cas, crime ou reprouche, pareillement que Nicollas estoit et est a reputter aggresseur en tant qu’il vient aprés ledit Remy tenant sa main sur sa dague et que ledit Remy n’avoit question ne hayne avec luy ne malivolence, pour ces causes, inclinans a la supplication et requeste dudit Mengeolle, de nostre certainne science, grace especial, auctorité et plaine puissance, par l’advis, meure deliberation des gens de nostre conseil, en vollans preferer misericorde a rigueur de justice, avons audit Remy, son filz, ledit cas de meurtre remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec touttes peinnes et amende corporelle, criminelle et civille en quoy 465

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

et pour occasion d’icelluy il pourroit estre encourru envers nous et justice, sactiffation faictes a partie interessee civilement tant seulement si desja faicte n’estoit, et d’abondant l’avons remis a ses bons fame et renommee en noz pays et dehors et a ses biens non confisquéz. Si donnons en mandement par ces meismes presentes a tous noz justiciers, officiers, leurs lieutenants et chacun d’eulx sicomme a lui apartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Remy joyr /55v°/ et user plainnement et paisiblement sans en ce luy donner etc., car tel etc., imposant sillence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXIIIe jour de mars, l’an mil VC et six. Signé René. Par le roy de Sicile, etc., les evesque de Toul, seigneurs de Taisy, de Kaeures, de Gironcourt et autres presens. Alexandre et registrata Geuffroy pro Chasteauneuf.

306 1507, 11 juin - Custines. Rémission accordée à Loys, fils de Didier Marion, demeurant à Amermont, qui craint d’être coupable d’homicide commis le 13 mai 1507 sur la personne d’un nommé Bastien, domestique ; ledit Loys avait blessé ce dernier à la suite d’une querelle ; il avait déjà été condamné à une amende et à une indemnisation de la victime avant qu’elle ne décède. Copie, ADMM, B 11, f° 56r°-v°-57.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste de Didier Marion, demeurant en nostre ville d’Amermont, avons receue contenant que, le jour de l’Ascention Nostre Seigneur derrain passé, Loys, son filz, avoit envoyé deux de ses enffans en pasture, dont le plus viel n’avoit que six ou sept ans d’eaige, pour garder ses chevaulx avec les autres pasturez dudit lieu. Et eulx estans au champs, iceulx pasturez avoient donné a menger d’une herbe a ung nommé Bastien, serviteur a ung nommé Jehan de Pienne, laquelle herbe, quant on en menge, celuy qui la menge devint tout folz et sourdart, et aprés ce qu’il est /56v°/ endormy et qu’il se relieve, il chasse les autres pasturelz et rescrie qu’il les tuera, lesquelx enffans dudit suppliant de peur s’en estoient fouyz parmy les hayes et buyssons et s’en estoient retournéz en l’ostel dudit Loys, leur pere, a cause de quoy aucuns de ses chevaulx estoient demeuréz aux champs, dont iccelluy Loys avoit esté malcontent a sesdits enffans, leurs demandant la cause pourquoy ilz estoient retournéz, auquel ilz respondirent que les grans enffans de pasture leur avoient dit qu’ilz s’en alassent pource qu’ilz estoient petitz et qu’ilz ne pourroient ne sçavreroient fouyr devant ledit Bastien. Et au soir, bien tart entre jour et nuyt, iccelluy Loys avoit trouvé iccelluy Bastien qui abruvoit ses chevaulx pres d’un puys, auquel avoit dit telles parolles : « Vien ça ! Pourquoy as tu dechassé 466

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mes enffans ? Car par toy de mes chevaulx sont demeuréz au champs. Par Dieu, tu le compareras, grans belistre, coqin que tu es  ! », a quoy ledit Bastien luy avoit respondu : « Pro Dieu, je ne suis coqin ne que tu es ». Sur lesquelles parolles et injures qu’ilz se disoient l’un a l’autre, ledit Loys avoit prins le crocq dudit puys et haulsé son coup et avoit frappé le cheval ou estoit monté ledit Bastien, et depuis avoit recouvert et actainct ledit Bastien sur la teste et luy fait sang et playe tellement que ledit Bastien avoit requis justice et soy plainct, monstrant sang et playe. Toutteffoiz, par la remonstrance des gens ad ce presens, avoit esté appoinctéz entre les parties que ledit Loys le feroit guerir a ses depens, le nouriroit pendant le temps et luy bailleroit six gros d’argent et payeroit l’amende, laquelle avoit esté jugee par la justice a cent solz, a quoy ledit Loys avoit fourny et sollicité de faire faire habillier et penser. Mais ledit Bastien, avant sa guerison, estoit allé en la charrue, au molin, en pasture, avoit pourté du fumier et autrement servy son maistre, ce qu’il ne devoit faire pour ce que l’on luy avoit deffendu qu’il ne se partist de l’ostel jusques il seroit guery, dont par /57/ faulte de bon regime et gouvernement et de soy bien garder estoit alé de vie a trespas. Au moyen de quoy ledit Loys, craingnant rigueur de justice, s’estoit absenté et rendu fugitif de noz pays ou il n’oseroit retourner si noz grace, remission et pardon ne luy estoient sur ce impartie, nous suppliant treshumblement, consideré que ledit Loys ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, que nostre bon plaisir feust luy vouloir ottroyer nosdites grace, remission et pardon. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde en rigueur de justice, aprés qu’av[on]s veu la deliberacion des gens de nostre conseil sur les informacions prinses de nostre ordonnance touchant ledit cas, ayant regard que ledit Loys ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, ensuyvant ladite deliberacion, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plainne puissance avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes quictons, remectons et pardonnons audit Loys le cas et crime dessus declairé avec toucte peine et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pouroit estre escheu envers nous et justice, et le remetons a son bon fame et renommee en noz pays et a ses biens non declairéz confisquéz comme il estoit aupparavant ledit cas advenu, satisfacion faicte a partie interressee civillement tant seullement si desja fait n’est, et quant ad ce imposons sillance perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement a nostre bailli de Sainct-Mihiel ou a son lieutenant, procureur general, prevost et officiers d’Amermont et autres nos justiciers et officiers, hommes et subgectz qu’il appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Loys joyr et user plainement et paisiblement sans luy faire ne souffrir etc., car tel etc. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Condey, le XIe jour de juing, l’an mil VC et sept. Ainsi signé René. Et pour secretaire F. Dupuis. Registrata Alexandre pro Chasteauneuf. Par le roy de Sicille, etc., les evesque et conte de Verdun, seigneurs de Taisey, de Gironcourt, cappitaine de la garde et autres presens. 467

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

307 1507, 6 novembre - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Demenge le Hira, demeurant à Brillon-en-Barrois, qui au cours d’une dispute survenue avec son épouse a blessé mortellement par mégarde un de leurs enfants. Copie, ADMM, B 11, f° 99r°-v°-100.

René, etc. L’umble supplicacion et requeste de Jennecte, femme Demenge le Hira, demeurant a Bruillon, avons receue contenant que, au moyen de certaine petite question que ledit Dommenge, son mary, et elle avoyent eu ensemble, iceluy Demenge, meu de courroux, certain jour aprés avoyt voulu frapper ladite Jennecte, et comme il levoit la main en laquelle il avoyt ung tison qu’il avoyt prins ou feu, cuydant frapper icelle Jennecte, avoit frappé ung sien enffant qu’elle tenoyt sur son col, en façon que dudit coup mort s’en estoit ensuye en la personne dudit enffant. A cause de quoy ledit Dommenge, craingnant rigueur de justice, s’estoit absenté et rendu fugitif de nos pays ou il n’oseroyt /99v°/ retourner si nostre grace et pardon ne luy estoient pour ce impartiz, nous suppliant treshumblement, consideré qu’il ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reprouche et qu’il n’avoyt fait le cas voluntairement, que nostre plaisir fust luy vouloir pardonner. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, aprés qu’avons eu fait veoir et deliberer par les gens de nostre conseil l’informacion faicte de nostre ordonnance sur ledit cas, ensuyvant leur advis, consideré que ledit cas est fortuit et que ledit Dommenge cuydoyt frapper sadite femme, laquelle est de bonne renommee ainsi qu’il nous a apparu par ladite informacion, de nostre grace especiale, auctorité et plaine puissance avons pardonné et par ces presentes pardonnons audit Dommenge Hira le cas et crime dessus declairé avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il peult estre encouru a cause de ce envers nous et justice, et le remectons en son bon fame et renommee en nos pays et ses biens non declairéz confisquéz, satiffation faicte a partie interessee en tant que aucune y escherroyt civillement tant seullement, et quant a ce imposons silence perpetuel a nostre procureur general present et avenir. Si donnons en mandement a tous noz seneschaulx, mareschaulx, bailliz, prevostz et autres noz /100/ justiciers, officiers qu’il appartiendra, que de nostre presente grace et pardon facent, seuffrent etc., sans en ce etc., car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le VIe jour de novembre, l’an mil cinq cens et sept. Signé René. Par le roy de Sicille, les evesque et conte de Toul, seneschal de Barroys, bailly de Sainct-Mihiel et autres presens. F. Dupuis. Registrata Chasteauneuf.

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308 1507, 26 novembre - Neufchâteau. Rémission accordée à Nicolas et Jean Jacquemel, frères, tous deux tanneurs, demeurant à Bulgnéville, coupables d’homicide commis le 30 octobre 1507 sur la personne d’Antoine Picart, avec lequel ils avaient eu plusieurs disputes du fait qu’il vivait en ménage avec leur sœur. Copie, ADMM, B 11, f° 102v°-104r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion et requeste de Nicolas Jacquemel et Jehan son frere, demeurans a Bulligneville en nostre bailliaige du Bassigny, avons receue contenant que ung nommé Anthoine le Picart, demeurant audit lieu de Bullegneville, des longtemps au veu et sceu de tout le monde entretenoit et habitoit avec l’une des seurs desdits remonstrans, femme mariee, dont ilz et tous leurs parens estoyent diffaméz et scandaliséz. Et peult avoir environ ung an que ledit Nycolas, estant en la halle dudit Bullegneville, vist ledit Anthoine Picart qui avoit question a ung autre homme dudit lieu, iceluy Nicolas, meu et courrocé de ce que ledit Picart entretenoit sadite seur, luy dist que c’estoit mal fait a luy de prendre question audit homme, disant audit Picart qu’il estoit mal famé et de mauvaise vie, pour lesquelles parolles ledit Anthoine Picart donna audit Nycolas d’une rappiere qu’il portoit au travers du visaige, tellement qu’il luy fendit et couppa tout le nez et les joes en façon qu’il en est desfiguré. Pour lequel coup, et aussi pour le grant deshonneur que ledit Anthoine Picart faisoit ausdit Nycolas et Jehan, freres, de ainsi entretenir leurdite seur tout publicquement, se meust grande hayne contre ledit Picart, jusques environ quinze jours devant la toussains derreniere passee que ledit Jehan remonstroit a sadite seur le grant deshonneur et vergongne qu’elle leur faisoit, fist audit Jehan une furieuse responce, pour laquelle il fut contrainct /103/ baillier deux souffletz a sadite seur dont elle se plaindist audit Anthoine Picart, lequel pour ceste cause regnya plus de cent foys Dieu, nostre createur, qu’il s’en vengeroyt dudit Jehan, et depuys, perseverant en quelque mauvoys vouloir, portoit journellement une bonne arbeleste bendee et autres bastons invasibles pour oultraiger lesdits supplians, et si portoit en la maison de leurdite seur de bonnes pieces d’armeures pour soy armer, lesquelles armeures ont depuys esté delivrees au seigneur de Sainct-Amant. Advint que, le samedi devant ledit jour de Toussains derrain passé, lesdits Nycolas et Jehan, freres, qui sont tanneurs de cuirs, comme ilz portoyent de l’eau en leur tannerie qu’est derriere la maison ou se tient leurdite seur, ilz ouyrent en passant aucun qui estoit en ladite maison, et comme ilz furent passéz oultre, cuydans retourner, trouverent l’huys fermé. Ce veant par lesdits supplians, entreprindrent de savoir qui estoit en ladite maison avec leurdite seur ; pour quoy faire ledit Nycolas tourna a l’entour de ladite maison et s’en alla a l’uys de devant et ledit Jehan a l’uys de derriere, et oyant ledit Picart ainsi hurter sortist dehors, ung espieu en sa main et sa 469

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

rappiere au costé, et avoit laissé une arbeleste bendee et ung ciseau dessus en la maison de leurdite seur, et en sortant dehors trouva ledit Nycolas auquel il se print de parolles, disant que a ceste heure il y demoureroit, venant contre ledit Nycolas avec ledit espieu, lequel Nycolas, doubtant d’estre oultraigé, s’avença et donna audit Anthoine Picart ung coup d’une hache que ledit Nycolas tenoit en sa main et l’attaindist sur l’espaulle senestre en façon que huict jours aprés, en faulte /103v°/ de bon gouvernement et d’estre bien habillé et pensé, il est allé de vie a trespas ; et pendant le temps qu’il fut malade, dist pluseurs fois que ledit Nycolas avoit bien fait de ne l’avoir failly et qu’il n’eust pas failly ledit Nycolas. Pour lequel cas, iceulx Nicolas et Jehan, freres, doubtans la rigueur de justice, se sont absentéz et renduz fugitifz de noz pays et habandonné leurs femmes, enffans et mesnage, et n’oseroyent jamais retourner en nosdits pays si doncques n’estoit que nostre grace et misericorde leur soit premierement sur ce impartie, treshumblement requerant icelle. Savoir faisons que nous, plainement informéz de ce que dessus par noz bailly et autres officiers de nostredit bailliaige du Bassigny, aussi que par bonnes et deues informacions nous est apparu que ledit Anthoine Picart entretenoit ladite Jennecte, seur desdits Nycolas et Jehan, freres, et mesmes que, le soir que ledit Picart eust le coup dont il mourut, estoit en la maison de ladite Jennecte et qu’en sortant d’icelle luy fut baillé ledit coup par ledit Nycolas, et que auparavant lesdits freres luy avoyent dit et fait dire que c’estoit mal fait a luy de continuer tel estat dont il ne s’estoit abstenu ains avoit juré que, ou despit de tous ceulx qui en vouldroyent parler, qu’il entretiendroit ladite Jennette, et encores plus qu’il avoit pluseurs fois menassé de tuer lesdits Nycolas et Jehan, freres, pource qu’ilz en parloyent et qu’ilz en avoyent voulu chastoyer ladite Jehannecte, leur seur, en allant de nuyt avec arbeleste bendee pour trouver lesdits Nycolas et Jehan et /104/ les tuer comme ledit Picart le disoit, ayans regart a ce et aussi que par lesdites informacions nous est pareillement apparu que ledit Anthoine Picart estoit tresmal famé, coustumier de batre et frapper et cause de scandaliser beaucoup de gens, et par le contraire lesdits Nycolas et Jehan, freres, bien faméz et de honneste conversacion sans avoir esté notéz ne convaincuz d’aucun villain cas, crime ou reproche auparavant cedit cas, pour ces causes et consideré mesmement qu’ilz estoyent meuz de juste doulleur de frapper ledit Anthoine pour le grant deshonneur qu’il leur faisoit d’entretenir leurdite seur, de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance, par l’advis et meure deliberation des gens de nostre conseil, avons ausdits Nicolas Jacquemel et Jehan, freres, inclinans benignement a la supplication et requeste, remis, quicté et pardonné ledit cas de meurdre commis et perpetré par ledit Nicolas par l’ayde et faveur dudit Jehan, son frere, a la personne dudit Anthoinne Picart avec toutte peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et que pour occasion d’icelluy il poulroient estre encorrus envers nous et justice, satiffation faicte a partie interessee civilement tant seullement se desjay faicte n’estoit, et d’abondant de nostre plus ample grace avons remis et remettons lesdits 470

Corpus des lettres

Nicolas et Jehan, freres, en leur bon fame et renommee en noz pays et dehors comme il estoient auparavant ledit cas advenuz. Sy donnons en mandement par ces meismes presentes a tous noz justiciers et officiers, leurs lieutenans et a chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy ilz facent, seuffrent /104v°/ et laissent lesdits Nicolas Jacquemel et Jehan, freres, joyr et user plainnement et paisiblement sans en ce leur faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ne empeschement au contraire, leur faisant incontinent renddre leurs biens non confisqués s’ilz avoient esté saisiz a ceste occasion car tel est nostre plaisir, imposant silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. En tesmoing de ce, etc. Donné en nostre ville du Neufchastel, le XXVIe jour de novembre, l’an mil cinq cens et sept. Par le roy de Sicille, les evesque de Verdun, seneschal de Barroys, baillyz de Vosges, du Bassigny et du conté de Vauldemont, seigneurs de Gerbeviller et de Gironcourt presens. Alexandre. Registrata du Margot pro Chasteauneuf.

309 1508 (n. s.), 20 avril - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Henri Richard, demeurant à Burey, coupable d’homicide commis le 30 novembre 1507 sur la personne de Guillaume Wangneur, du même lieu, qui faisait du tapage et proférait des menaces devant sa maison de nuit ; la victime a pardonné à Henri avant son décès. Copie, ADMM, B 11, f° 150r°-v°-151.

René, par la grace de Dieu roy de Jherusalem et de Sicille, duc de Lorrainne et de Bar etc., marchis, marquis du Pont, conte de Prouvence, de Vaudemont, d’Aubmalle, de Guise etc., a tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. L’umble supplicacion et requeste des parens et amys charnelz, femme et quatre petiz enffans de Henry Richart, demeurant a Buerey, avons receue contenant que, le jour de la Sainct Andreu dernier passé, environ neuf ou dix heures de nuyt que ledit Henry estoit couchié en sa maison, sans ce que ledit jour ne autre precedant il eut eu aucun debat, noise, question ne malivolance a Pierrot Barbe Salee, sa femme, ne a Guillaume Wangneur, sire dudit Pierrot, iceulx, assavoir ledit Pierrot avec une javeline en sa main et ledit Wangneur une masse ou semblable baston, vindrent de la maison dudit Gaigneur, qu’est bien distante et arriere de la maison dudit Henry, et au devant d’icelle commencerent a hurter et huchier, disans et jurans pluseurs execrables sermens qu’ilz y entreroient et feroient desdire audit Henry des parolles qu’il avoit dictes de la femme dudit Pierrot, le tueroient, et semblables langaiges sur lesquelz ledit Henry s’eveilla et soudain se leva, craingnant que les dessus dits ne rompissent son huys et luy feissent les force et oultraiges qu’ilz disoient, bandit tout en chemise 471

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

une petite arbeleste qu’il avoit et alla au cours d’uys de sadite maison, ouquel estant et hurtant ledit Perrot et Guillaume, il leur dist pluseurs foys : « Allés vous en, je ne vous demande riens. Se j’ay dit quelques parolles, demain j’en responderay ou vous vouldrés », et ad ce que lesdits Perrot, sadite femme, et ledit Guillaume disoient qu’il desdiroit lesdites parolles qu’il avoit dictes, leur respondit ledit Henry : « Si j’ay dit quelque chose, je vous nommeray celuy qui le m’a dit ». De toutes lesquelles responces ne se voulurent contenter lesdits Perrot, sadite femme et Guillaume, ains persisterent a hurter et a continuer leursdits langaiges et jureures, pour quoy de rechief leur dist ledit Henry : « Allez vous en ou je vous en feray aller ». Et, voyant qu’ilz /150v°/ ne cessoient, pour les espoventer et en faire aller, tira ung coup de ladite arbeleste par une fente estant audit huys de sadite maison, lequel par fortune toucha audit Guillaume pres de la temple, duquel coup cinq ou six jours aprés il en est allé de vie a trespas, et auparavant et en sa maladie a dit et declairé qu’il estoit cause de sa mort en le pardonnant audit Henry devant Dieu et devant le monde. Toutesvoyes ledit Henry, craingnant rigueur de justice, se seroit absenté de noz pays et duchié de Bar, laissé sadite femme et quatre petiz enffans tous lieges a nous, et n’oseroit jamais retourner si nostre grace et misericorde ne luy estoit premier sur ce impartie, treshumblement suppliant et requerant icelle. Sçavoir faisons que nous, ce que dit est consideré et que par bonnes et deues informacions par nostre ordonnance sur ce faictes nous est apparu ledit cas estre entrevenu en forme et maniere que dessus, par quoy il est fortuyt et accidental plus que deliberé, consideré aussy que lesdits Perrot et Guillaume sont a repputer invaseurs et aggresseurs d’avoir aller inquieter et troubler ledit Henry qui estoit couchié en son lict et en sa maison, au moyen de quoy il a esté provocqué de tirer ledit trect, avec ce que ledit Henry ne fut jamais actainct ne convaincu d’autre villain cas, crime ne reproche, pour ces causes et meismes pour honneur et reverance de la benoiste passion que nostre saulveur et redempteur Jesucrist receust a tel jour que aujourd’uy, par l’advis et meure deliberacion des gens de nostre conseil, de nostre certainne science, grace especial, auctorité et plainne puissance, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, avons audit Henry Richart ledit cas de meurtre remis, quicté et pardonné, et par cesdites presentes remectons, /151/ quictons et pardonnons avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civile en quoy et pour occasion d’icelluy il pouroit estre encourru envers nous et justice, satiffacion faicte a partie interessee civilement tant seullement si desja faicte n’estoit, et d’abondant l’avons remis et restitué a son bon fame et renommee en noz pays et dehors comme il estoit auparavant ledit cas advenu, en le dispensant de ne seoir bas aux assises du bailliaige de Bar comme ont acoustumé faire les crimineulx impetrans noz lettres de remission. Sy donnons en mandement par ces meismes presentes a nostre bailly de Bar ou son lieutenant et a tous autres noz justiciers et officiers, leurs lieutenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Henry Richart 472

Corpus des lettres

joyr et user plainnement et paisiblement en la forme et maniere que dessus, sans en ce luy faire, mettre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun destourbier ne empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir, imposant silence perpetuel a nostre procureur general du Barroys. En tesmoing de ce, nous avons de nostre main signé ces presentes et fait mettre et appendre nostre seel. Donné en nostre de ville de Bar, le vingtyesme jour d’avril, l’an de grace Nostre Seigneur mil cinq cens et sept avant Pasques. Ainsy signé René. Et au pliz par le roy, les evesque et conte de Toul, bailly de Vosges et du conté de Vaudemont, seigneurs d’Eubexy, de Taisy, de Kaeures, de Barbas et pluseurs autres presens. Et pour secretaire Alexandre. Registrata F. du Margat pro Chasteauneuf.

310 1508, 12 juin - Remiremont. Rémission accordée à dix habitants de Fougerolles qui, le 6 juin 1507, pendant une noce ou une fête au Val d’Ajol, ont provoqué une rixe au cours de laquelle Antoine Lacoste, dudit lieu, a trouvé la mort. Copie, ADMM, B 11, f° 154r°-v°.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplicacion et requeste aujourd’uy a nous presentee par Gerard Dauge, Gerard Bonnet, Claude Nancy, Demenge Bocelle, Laurens Barbeau, Jehan Dequoy, Gerard Tavernier, Laurens Duclou, Henry Margainne, Gerard Breulart, tous demeurans a Fougereulles, avons receue contenant que environ ung an peult avoir, ung jour de dimenche aprés l’Ascencion Nostre Seigneur qu’il se faisoyt une feste ou nopces ou Vau- d’Ajo, ou il y avoyt pluseurs gens tant parens et amys de ceulx de qui se faisoyent lesdites nopces que aultres, et dansoyent les jeunes gens ensemble ainsi que en tel cas est acoustumé, iceulx supplians, estans illecques pour eulx esbatre et resjouir avec les assistans, se prindrent a dancer avec les autres et en dansant requirent ausdits du Vau-d’Ajol qui dansoyent que a la mode et coustume de Bourgoingne voulsissent dancer, ce qu’ilz reffuserent faire, et veant lesdits supplians leur reffus, se mescontenterent de ce que pour si peu de chose faisoyent reffus. Et aprés ce que les ungs et les autres se eurent entreprins de parolles, de chaleur et par mal advis l’un desdits supplians frappa ung nommé Anthoine de Lacoste, dudit Vaulx-d’Ajo, et luy donna ung cop ou deux sur la teste et sur le bras, au moyen desquelz certains jours aprés, par faulte de pensé ou autrement, estoit allé de vie a trespas. Dont pour ce lesdits supplians, craingnans rigueur de justice, s’estoyent absentéz et renduz fugitifz et n’oseroyent retourner si nostre grace et misericorde ne leur estoit sur ce impartie, nous supplians treshumblement, actendu qu’ilz ne furent jamais actains ou convaincuz d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche et que cestuy cas a esté fait par chaleur, 473

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

que nostre plaisir feust /154v°/ leur vouloir octroyer, impartir et extendre nostredite grace et remission. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, considerans que ledit cas a esté commis par chaleur, avons de nostre grace espetialle, auctorité et plainne puissance remis, quicté et pardonné et par ces presentes lettres quictons, remectons et pardonnons ausdits supplians le cas et crime dessus declairé avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy ilz et chascun d’eulx pourroyent estre encouruz envers nous et justice, satiffaction faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’a esté, et les remectons a leur bon fame et renommee au pays et a leurs biens non declairéz confisquéz comme ilz estoyent auparavant ledit cas advenu, et quant a ce imposons silence perpetuel a nostre procureur general de Lorrainne present et advenir. Si donnons en mandement a tous noz seneschaulx, mareschaulx, bailliz, prevostz, procureurs et autres noz justiciers, officiers, hommes et subgectz qu’il appartiendra que de nostre presente grace et pardon facent, seuffrent et laissent lesdits supplians joyr et user plainement et paisiblement sans en ce leur faire ne souffrir faire, mectre ou donner aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné a Remiremont, le XIIe jour de juing, l’an mil cinq cens et huict. Signé René. Par le roy de Sicille, les evesque de Toul, Gerard de Haraucourt, seigneur d’Eubexy, Ferry de Savigny, seigneur de Dombasle, et autres presens. F. Dupuis. Registrata J. de Saint Hullier pro Chasteauneuf, nom que le prevost de Siercq a signé ceste lettre pour le registre et n’en a esté rien receu.

311 1508, 5 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Pierre Larcher, de Vignot, emprisonné à Morley, coupable d’homicide commis le 23 avril 1508 sur la personne de Gerardin Doreil, d’Euville, au cours d’une dispute survenue au retour d’un pèlerinage à Toul. Copie, ADMM, B 11, f° 156v°-158.

René, etc., a tous etc., salut. L’umble supplication et requeste de Pierre Larcher, de Vignoy pres Commarcy, avons receue contenant que, la seconde feste de Pasques derrenierement passee, luy et aucuns des habitans dudit Vignoy, nomméz Mathieu le Drappier, Nicolas le Procureur, Thieriot Lhoste et Perrin Rambo, s’en estoyent alléz en pelerinaige a monseigneur sainct Gerard de Toul et en allant s’estoyent logéz a Fou chez ung nommé Nicolas le Tavernier, ou ilz avoyent repeu et laissé leurs bastons jusques au retour. Et aprés qu’ilz eurent acomply leur voyaige, ainsi qu’ilz s’en retournoyent audit Vignoy, avoyent trouvé aupres de Marbeuchamps et de Dompmartin-auxFours ung nommé Gerard Doreil, de Elville, et pluseurs autres estans en sa 474

Corpus des lettres

compaingnie, et ainsi qu’ilz cheminoyent ensemble en devisant de pluseurs choses, ledit Perrin Rambo, l’un des compaingnons dudit suppliant, commença a dire audit Gerardin Doreil que les vins de Vignoy estoyent meilleurs que les vins de Fou, et quoyque les voulsist dire, ilz valloyent beaucoup mieulx, a quoy ledit Gerardin Doreil avoit respondu qu’il avoyt du vin de Fou qui valoit mieulx quatre deniers sur le pot que celuy dudit Vignoy, et ledit Perrin avoit dit que non. Et sur ce s’estoyent prins de parolles tellement que ledit Perrin avoit dit audit Gerardin qu’il y mectroyt une queue de vin qu’il ne luy en sauroit monstrer du meilleur quatre deniers sur pot du creu dudit Fou comme il en trouveroit audit Vignoy, et ledit Gerardin avoit respondu qu’il y gaigeroit deux queues et dix francs avecques et luy dist : /157/ « Et quant j’auray perdu lesdites deux queues de vin et lesdits dix francs, encores auray je mieulx de quoy de toy, borgne que tu es. Il t’a actainct le vin, yvrongne ! ». Et ledit Perin avoit respondu : « L’on te congnoist bien, tu es Gerardin Doreil et je suys Perrin Rambo ». Ce fait, ledit Gerardin avoit commencé a le mauldire de fievres en l’injuriant et appellant borgne, et oultre luy avoit dit que, s’il l’empoingnoit par la perrucque, luy mectroyt le nez en terre. Et lors ledit Pierre Larcher, suppliant, cuydant mectre la paix entre eulx deux, avoit dit audit Gerardin que c’estoit grant honte a luy de prendre question pour si peu de chose et qu’il se devoit monstrer le plus saige, veu qu’il estoit ja homme ancien et sur le retour de son aaige. Neantmoins ledit Gerardin, perseverant tous jours a sa voulenté, avoit dit audit suppliant : « En veulx tu parler ? Si je vous empoingne tous deux par la perrucque, je vous mectray le nez en terre », a quoy ledit suppliant avoit respondu qu’il n’estoit pas homme. Et sur ce ledit Gerardin, sans dire autre chose, l’avoit empoingné par les cheveulx d’une main et mis l’autre main a son bracquemart, et lors ledit Perrin avoit dit audit suppliant : « Te laisseras tu ainsi oultraigier ? Tue le ! ». Et veant par ledit Gerardin l’oultraige que ledit Gerardin luy faisoyt, avoyt trouvé façon de tirer son bracquemart et en avoit donné a iceluy Gerardin ung coup d’estocq ou ventre, au moyen de quoy aucun temps aprés estoit allé de vie a trespas. Pour lequel cas s’estoit absenté de noz pays par certainne espace de temps et jusques a nagueres qu’il s’estoit trouvé en nostre ville de Moreley, esperant faire quelque appoinctement avec les parens et amys dudit feu Gerardin, et craingnant qu’il ne fust congneu et apprehendé y estoit venu nuithrelen en abit dissimullé, auquel lieu il avoit esté prins et emprisonné par nos officiers dudit lieu /157v°/ ausquelz il avoit confessé le cas dessus declairé, dont pour ce estoit en dangier de miserablement finer ses jours si nostre grace, remission et pardon ne luy estoyent sur ce impartiz, nous suppliant treshumblement, consideré qu’il estoit pouvre homme de mestier de tixerant et tonnelier bien famé et renommé, qui tous jours avoit prins grant peinne de gaingnier sa pouvre vye, sans avoir esté noté ne convaincu d’avoir prins debat ne question ne d’avoir commis aucun cas ou malefice digne de reproche fors cestuy, luy vouloir remectre et pardonner. Savoir faisons que, 475

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

aprés que avons eu fait veoir par les gens de nostre conseil de ce lieu le procés et confession dudit Pierre Larcher, suppliant, ensemble l’information de ce que a esté trouvé dudit cas de son fame et renommee, ensuyvant leur advis et deliberation, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, mesmes que ledit Gerardin avoit esté aggresseur de parolles et de fait, aussi que ledit suppliant a esté longuement detenu prisonnier, de nostre grace espetial, auctorité et plainne puissance avons audit Pierre Larcher remis, quicté et pardonné et par ces presentes etc., le cas et crime dessus declairé avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroit estre encouru envers nous et justice pour et a cause d’iceluy, satiffation faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, et le remectons a ses bons fame et renommee en noz pays et a ses biens non declairéz confisquéz comme auparavant ledit cas perpetré, ordonnant a nostre prevost dudit Moreley mectre sa personne a delivre qu’il detient a ceste occasion, et quant ad ce imposons silence perpetuel a nostre procureur general present et advenir. Si donnons en mandement a noz bailliz, prevostz, procureurs et autres noz justiciers, officiers, hommes et subgetz /158/ et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Pierre Larcher joyr et user plainement et paisiblement sans en ce etc., car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le cinquiesme jour de juillet, l’an mil cinq cens et huict. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., les evesque et conte de Toul, seigneurs de Taysey, de Gondrecourt en Woyvre, cappitainne de la garde, bailly de la conté de Vaudemont et autres presens. F. Dupuis. Registrata F. du Margat pro Chasteauneuf.

312 1508, 26 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean, fils de Perrin le Meunier, demeurant au moulin de Boudonville, près de Nancy, coupable d’homicide commis sur la personne de Jean Mariette, demeurant au faubourg Saint-Dizier, près de Nancy, au cours d’une dispute provoquée par une affaire de dette ; la victime a pardonné à Jean avant son décès. Copie, ADMM, B 11, f° 162v°-163r°-v°.

René, etc., a tous presens et advenir, salut. L’umble supplication et requeste de Jehan, filz de feu Perrin le Musnier, demeurant au molin de Bodonville pres de nostre ville de Nancy, avons receue contenant que nagueres ung nommé Jehan Mariette, du faulxbourg Sainct-Disier devant nostredite ville de Nancy, et ledit suppliant, eulx estans audit Sainct-Disier, ledit Jehan Mariette demandoit de l’argent audit Jehan, a quoy il respondit qu’il ne luy 476

Corpus des lettres

devoit rien et qu’il n’estoit point tenu a luy. Lors ledit Mariette luy dist qu’il mentoit et qu’il ne disoit pas vray, a quoy ledit Jehan luy respondit que, se il n’estoit son parrain, qu’il luy eust dit que luy mesmes mentoit, et adoncques iceluy Jehan Mariette l’injuria disant qu’il ne s’en retourneroyt pas audit molin sans estre batu et frotté. Et ainsi que ledit Jehan s’en retournoyt audit moulin, ledit Jehan Mariette s’en alla aprés luy et le frappa d’un baston appellé equipal en fasson qu’il le gecta en terre. Adoncques iceluy Jehan, qui estoit sans baston pour soy deffendre, /163/ gecta audit Jehan Mariette une pierre, pour laquelle il ne cessa tous jours de poursuyr et agitter ledit Jehan, parquoy il fut contrainct, pour la tuition et deffense de son corps, de prendre ung paul en une haye duquel, tout eschauffé qu’il estoit, en frappa ledit Jehan Mariette, duquel coup il fut gisant environ troys sepmainnes, et aprés est allé de vie a trespas, durant laquelle maladie ledit Jehan Mariette a pardonné audit Jehan le coup par luy baillié, disant qu’il estoit cause de son mal et agresseur et promoteur du debat. Au moyen de quoy, et congnoissant qu’il avoit commis ledit debat en son corps deffendant et soy sentant non estre aucunement couppable de la mort et occision dudit Jehan Mariette, ne s’estoit aucunement absenté ne rendu fugitif de noz pays, toutesvoyes, doubtant que a l’advenir l’on ne luy en voulsist aucune chose imputer ou demander, il nous a treshumblement supplié que nostre plaisir fust luy vouloir octroyer nostre grace, pardon et remission. Savoir faisons que nous, deuement informéz ledit cas estre entrevenu en la maniere que dessus, parquoy ledit Jehan, filz de Perrin le Musnier, est a repputer et tenir deffenseur et que de droit escript il luy loysoyt soy deffendre, inclinant par ce a sa supplication et requeste, de nostre certainne science, grace espetial, auctorité et plainne puissance avons a iceluy Jehan Musnier ledit cas de meurtre ainsi par luy commis remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy pour occasion d’iceluy il pourroit estre encouru envers nous et justice, satiffaction faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, et d’abondant l’avons remis a son bon fame et renomme en noz pays et dehors comme il estoit auparavant ledit cas advenu. Si donnons en mandement par ces /163v°/ mesmes presentes a tous noz bailliz, justiciers et officiers, leurs lieuxtenans et chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, pardon, remission et octroy facent, seuffrent etc., sans en ce etc., car tel est nostre plaisir, imposant sillence perpetuel a nostre procureur general de Lorraine present et advenir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le XXVIe jour de juillet, l’an mil cinq cens et huict. Signé René. Par le roy, les evesque de Toul, bailly de Sainct-Mihiel, seigneurs de Beauvau, de Taisey, de Barbas et autres presens. Alexandre. Registrata F. du Margat pro Chasteauneuf.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

313 1508, 31 juillet - Bar-le-Duc. Rémission accordée à Jean de Vaulx, demeurant à Juvigny-sur-Loison, coupable d’homicide commis en avril 1508 sur la personne du Grand Thomas, dudit lieu, qui, ivre, l’avait insulté. Copie, ADMM, B 11, f° 165r°-v°-166.

René, etc. L’umble supplication et requeste de la femme, parens et amys de Jehan de Vaulx, demeurant a Juvigny-les-Dames, prevosté de Sathenay, avons receue contenant que, es festes de Pasques dernier passees, comme ledit Jehan de Vaulx estoit en la court dudit Juvigny passant temps avec pluseurs autres, survint illecques ung nommé le Grant Thomas, dudit lieu, qui venoyt de la taverne avec d’autres et avoit bien beu, lequel s’adressa audit Jehan de Vaulx et luy donna d’un baston qu’il tenoyt sur sa teste, en luy disant qu’il estoit meschant homme qu’il n’estoit allé boire avec eulx pour estre d’un asne et ballye qu’ilz avoyent fait ensemble, a quoy ledit Jehan de Vaulx respondit qu’il n’estoit content de telz jeux, disant audit Grant Thomas qu’il ne le frapist plus et, s’il estoit yvre, qu’il n’en avoit que faire. Et aprés pluseurs parolles rioteuses et injurieuses qu’ilz eurent ensemble, se empoingnerent l’un l’autre par les cheveulx et par le collet, mais ilz furent desmesléz et departiz par ceulx qui estoyent la presens en fasson que, pour lors, ilz ne se firent point de mal. Et depuys qu’ilz furent separéz, iceluy Grant Thomas de rechief estoit retourné audit Jehan de Vaulx et luy avoit donné ung grant soufflet sur la joue, en façon qu’il luy fist noire et enfler d’un doy de hault, a quoy ledit Jehan de Vaulx ne resista aucunement ains, pour eviter le debat et la fureur dudit Grant Thomas, s’estoit absenté et retourné en sa maison. Neantmoins, environ une heure aprés, iceluy Grant Thomas, non content de ce et serchant tous jours le debat, s’en estoit allé devant la maison dudit Jehan de Vaulx, devant laquelle avoit commencé a jurer le sang et la mort Nostre Seigneur que, s’il sailloyt, il le tueroyt, et de fait l’avoyt appellé pluseurs foys en luy disant qu’il saillist /165v°/ dehors et qu’il estoit homme pour luy. Ce veant par ledit Jehan de Vaulx que tous jours ledit Grant Thomas le poursuivoyt et ne se povoit desfaire de luy, estoit sailly hors de sa maison et avoit prins une pierre, laquelle il avoit ruee audit Grant Thomas affin de l’en faire departir et aller hors de devant sa maison, mais la fortune vint que icelle pierre l’ataindist a la teste en fasson qu’il le fist cheoir a terre tout mort. Pour lequel cas ledit Jehan de Vaulx, craingnant rigueur de justice, s’estoyt deslors absenté de noz pays et rendu fugitif, ausquelz il n’oseroit jamais retourner si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, icelle requerant humblement. Savoir faisons que nous, ce que dit est consideré, mesmes que par information sur ce faicte nous est apparu ledit cas estre entrevenu en la forme et maniere que dit est et que ledit Grant Thomas estoit ung homme suyvant les tavernes et, aprés qu’il avoit beu, estoit bien noisif et rioteux, et par 478

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le contraire que ledit Jehan de Vaulx estoit ung jeune homme bien famé et renommé, faisant journellement sa besongne sans que jamais il eust noise ny question a personne fors audit Grant Thomas, ne avoit esté notté ne convaincu d’autre villain cas que de cestuy, pour ces causes inclinans a leur supplication et requeste, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, de nostre certainne science, grace espetial, auctorité et plainne puissance, par l’advis et meure deliberation des gens de nostre conseil de Bar ausquelz avons fait veoir icelles informations, avons audit Jehan de Vaulx ledit cas de crime remis, quicté et pardonné et par ces presentes remectons, quictons et pardonnons avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy et pour occasion d’iceluy il pourroit estre encouru envers nous et justice, satiffaction faicte a partie interessee civillement tant seullement si desja faicte n’estoit et composicion avec nostre receveur general de Barroys que entendons estre faicte par nostredit receveur selon sa faculté et puissance, et d’abondant de nostre plus ample grace l’avons remis et remectons a son bon fame et renommee en noz pays et dehors et a ses biens non confisquéz. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a tous noz bailliz, prevostz, procureurs, receveurs et autres noz justiciers et officiers de nostredit duchié de Bar, /166/ leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission, pardon et octroy facent, seuffrent et laissent ledit Jehan de Vaulx joyr et user plainement et paisiblement sans en ce etc., car tel est nostre plaisir, imposant quant a ce sillence perpetuel a nostre procureur general de Barroys present et advenir. En tesmoing etc. Donné en nostre ville de Bar, le dernier jour de juillet, l’an mil cinq cens et huict. Signé René. Par le roy de Sicille, etc., l’evesque et conte de Toul, seigneurs de Taisy, de Baachier, de Ville, cappitainne de la garde, bailly du conté de Vaudemont et autres presens. Geuffroy. Registrata F. du Margat pro Chasteauneuf.

314 1508, 24 septembre - Louppy-le-Château. Rémission accordée à Bastien le Bourrelier, de Bar-le-Duc, coupable d’homicide commis en juillet 1508 sur la personne de Thomas Regnault, du même lieu, en s’interposant dans une querelle. Copie, ADMM, B 11, f° 172v°-174.

René, etc., a tous etc. L’umble supplicacion et requeste de Meline, femme de Bastien le Bourelier, demeurant en nostre ville de Bar, avons receue contenant que, environ deux moys povoyt avoir, ung nommé Jehan Maingnien, corviserot de nostredite ville de Bar, avoit prins question avec Marguerite, femme de Thomas Regnault, dit Hacquinet, demeurant audit lieu, pour des pommes qu’il disoyt avoir esté cuillies par les enfans dudit Thomas en ung 479

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jardin appartenant a la veusve dudit feu Jehan Corviserot, sa dame, et en leur faisant remonstrance de non plus y aller, icelle Marguerite, voulant soustenir sesdits enffans, avoit usé de parolles injurieuses a l’encontre dudit Jehan Maingnien. Et veant ledit Bourelier qu’ilz parseveroyent en injures, desirant les paciffier, leur avoyt dit qu’ilz ne devoyent user de telles parolles ou menasses a l’encontre l’un de l’autre, actendu qu’ilz estoyent voysins et que la chose dont estoit question estoit de petite valleur. De quoy icelle Marguerite, non contente de ce que ledit Bourelier s’efforçoyt de les paciffier et qu’il se mesloyt de leurdite question, en adressant sa parolle contre luy l’avoyt appellé filz de porchier, cocquin, belistre, et luy dist pluseurs autres injures, lesquelles injures iceluy Bourelier, par crainte d’avoir question avec ledit Thomas, aussi qu’il ne desiroyt estriver contre sadite femme, il avoit soustenues et endurees. Touteffoys ladite Marguerite en perseverant de plus en plus ausdites injures, a haulte voix avoit appellé ledit Thomas, son mary, qui estoyt lors a la porte de la neufve ville, lequel venu et comme eschauffé avoyt demandé audit Bourelier qu’il vouloyt dire et dont procedoyt ceste question /173/ qu’il avoyt a sadite femme et, cuydant qu’il fust cause motive d’icelle, s’estoyt efforcé le vouloir frapper, disant qu’il avoyt entendu ledit Bourelier injurier sa femme et l’appeller yvrongne, auquel iceluy Bourelier avoyt respondu qu’il n’estoyt ainsi et pareillement qu’il n’avoyt ou vouloyt avoir aucune question contre sadite femme et que ce qu’il avoyt dit, l’avoyt fait en bonne part et intencion. Et en continuant de parolles et injures contre ledit Bourelier, iceluy Thomas, prouvocqué de sadite femme et enffans desquelz il estoyt acompaingné, sans cause ou raison l’avoyt frappé sur la joue et qui pres sadite femme et enffans l’avoyent empongné par la gorge et tiré par les cheveulx, en fasson qu’il eut grant peinne eschapper de leurs mains. Quoy voyant, ledit Bourelier estoit entré en sa maison, et lesdits Thomas, sa femme et enffans aprés luy, et luy entré, avoyt prins ung petit marteau de fer dont il besongnoyt pour s’en revencher et resister aux violences et oultraiges qui luy estoyent faiz par les dessus nomméz en le tenant par les cheveulx et couschié a terre, duquel marteau il avoyt frappé ledit Thomas, lequel, sans faire semblant ne clameur, estoyt retourné en sa maison. Et luy retourné, sondit filz de rechief, ayant une pierre en sa main, l’avoyt gectee contre le front dudit Bourelier et luy avoyt fait grant playe et blessé bien fort le cerveau, et en avoyt esté ez mains des cirurgiens. Et pource que ledit Thomas, depuys ledit coup, ne s’estoit gardé ne fait penser comme il devoyt ains estoit depuys allé par la ville par l’espace d’environ troys sepmainnes, par son mauvays regime et gouvernement, certain jour aprés mort s’en estoyt ensuye en sa personne. Au moyen de quoy ledit Bourelier, craingnant rigueur de justice, s’estoyt /173v°/ absenté et rendu fugitif de noz pays ou il n’oseroyt retourner si nostre grace, remission et pardon ne luy estoyent octroyees, nous suppliant treshumblement, consideré qu’il ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun villain cas, blasme ou reproche, ayans regard au cas advenu en la maniere que dit est et que lesdits Thomas, sa femme et enffans avoyent esté aggresseurs et luy couru 480

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sus en sa maison, que nostre plaisir fust luy vouloir sur ce impartir nostredite grace, remission et pardon. Savoir faisons que, aprés ce qu’avons eu fait veoir par les gens de nostre conseil a Bar les informacions faictes sur ledit cas par nostre procureur du bailliaige dudit Bar et clerc juré de la prevosté, par laquelle a apparu ledit feu Thomas et sadite femme avoir esté aggresseurs, ensuyvant l’advis et deliberacion desdits de nostre conseil, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, avons quicté, remis et pardonné et par ces presentes lectres de nostre grace espetial, auctorité et plainne puissance remectons, quictons et pardonnons audit Bastien Bourelier le cas et crime cy dessus declairé avec toute peinne et amende corporelle, criminelle et civille en quoy il pourroyt estre encouru envers nous et justice, satiffaction faicte a partie interessee de l’interestz qui luy eschiet civillement tant seullement si desja faicte n’a esté, et le restituons et remectons a son bon fame et renommee en noz pays et a ses biens non declairéz confisquéz comme paravant ledit cas advenu, et adnullons et mectons au neant tous bans, proclamacions, deffaulx et autres procedeures de justice qui pourroyent avoir esté faictes a l’encontre de luy, imposans quant a ce silence perpetuel a nostre procureur general present et advenir. Si donnons en mandement a tous noz mareschaulx, seneschaulx, bailliz, /174/ prevostz, procureurs et autres noz justiciers, officiers, hommes et subgectz qu’il appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon facent, seuffrent et laissent ledit Bastien joyr et user plainement et paisiblement sans en ce etc., car tel est nostre plaisir. En tesmoing etc. Donné en nostre chastel de Louppy, le XXIIIIe jour de septembre, l’an mil cinq cens et huict. Signé René. Par le roy de Sicille, les bastard d’Anjou, president, gens des comptes a Bar, lieutenant de bailly dudit Bar, procureur de Barroys et autres presens. F. Dupuis. Registrata F. du Margat pro Chasteauneuf.

315 1509 (n. s.), 17 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Stéphane de Mormoustier [Bonmoutier ou Marmoutier  ?], apprenti boucher à Lunéville, emprisonné audit lieu, coupable d’homicide commis le 12 octobre 1508 sur la personne de Nicole Marionin, maître d’école de la localité, car il a cru que ce dernier l’agressait avec un complice. Copie, ADMM, B 11, f° 237v°-238.

Phelippe, etc., a touz etc. L’umble supplicacion et requeste de Stephane de Mormoustier, jeusne filz eaigé de XIX ans ou environ, detenu prinsonnier es prinsons de nostre ville de Luneville, filz de Charroy le Boucher demourant audit Mormoustier, avons receue contenant qu’il y a environ an et demy qu’il vint demourer audit Luneville en l’ostel de Jehan de la Ronpe, boucher, 481

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ou il a servy en l’art de boucherie environ ung an ; aprés lequel terme il se loua a ung autre boucher dudit Luneville, nommé Jacot Boisart, avecques lequel il a demouré par l’espace de demy an et a bien et leaulment servy sondit maistre de tout son povoir, sans que jamés, en touz les lieux dessus dits ne autre part ou il a demouré et frequanté, il ait esté reprins ne convaincu d’aucun villain cas jucques au lundi XIIme jour d’octobre darrain passé, jour de foyre dudit Luneville, que environ IX heures de nuyt, aprés qu’il eut abillé et nectoié certains harnoys de moutons, comme sondit maistre luy avoit ordonné, ce que a leur mestier appartient, il s’en alla mectre a point le cheval de sondit maistre, et, comme il estoit en l’estable, ouyt gens en une ruelle par darriere, et a cause qu’il estoit jour de foyre que plussieurs gens vont et viennent, saillit hors de ladite estable pour savoir qu’ilz estoient, et pour aseurance de sa personne print ung bracquemart en son poing, lequel il desgainna et tomba la gaingne par terre, et d’arivee demanda quelx gens s’estoient, levant sondit bracquemart en hault, a quoy ung nommé maistre Nicolle Marionin, lors regent des escolles dudit Luneville, respondit promptement en disant audit suppliant : « Stephane, se suis je, ne frappe point », lequel ledit suppliant congneut incontinant a la parolle et ne fist plus semblant ne se efforça de le frapper, ains mist ledit bracquemart entre ses jambes, duquel /238/ il n’avoit le foureau, comme dit est. Et comme il estoit en cest estat, ung nommé Houlenot Condeveel, qui acompaignoit ledit maistre Nicolle, s’aproucha dudit suppliant et l’empongna parmy le corps luy tenant les mains. Ce voyant ledit suppliant, craindant que les dessus dits ne le deussent oultraiger, pour evader de leurs mains, tira ung cousteau de boucher qu’il avoit, duquel il en frappa ung coup par my le bras dudit Houlenot et sur ledit maistre Nicolle, tant qu’il eschappa et eut sondit bracquemart a delivre, duquel il en donna certains coups audit maistre Nicolle, au moyen desquelx il alla incontinant de vie a trespas. Pour lequel cas, ledit suppliant fut prins et constitué prinsonnyer en noz prinsons dudit lieu, ou il a esté depuis ledit temps longuement detenu en grant misere et pouvreté et en danger de finer ses jours miserablement sy nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement suppliant icelle. Savoir faisons etc. Donné en nostre ville de Bar, le XVIIe jour de janvier l’an mil VC et huit. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, l’evesque de Toul et autres presens. Alexandre.

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316 1509 (n. s.), 23 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à neuf habitants de Fains-Véel qui, le 19 mars 1508, se sont querellés dans une taverne avec Florentin et Thevenin, de Couvonges ; une rixe s’ensuivit au cours de laquelle Thevenin a trouvé la mort. Copie, ADMM, B 11, f° 229r°-v°-230r°-v°.

Phelippe, etc., ayant le bail, garde etc., a tous presens et advenir, salut. Receue avons l’umble supplication des parens et amys charnelz de Nicolas Bazin, Jehan Humbillon, Gerard Courtois, Jehan, filz Françoys Jacquemin, Joffroy Clement, Gerard Toussainces, Nicolas, filz Andreu Grant Colot ---, tous noz subgectz demeurans a Fains en nostre prevosté de Bar, contenant que, le dimenche XIXe jour de mars mil VC et sept, aprés que aucuns d’eulx eurent joué a la bille et a la paulme, ilz deliberent d’aller boyre emsemble ung pot de vin, et avant qu’ilz eussent determiné ou ilz iroyent, Jacob, filz Fourot, dudit Fains, leurs dit : « Il y a chieiz mon pere deux jeusne filz de Quevungues qui --vyant veoir les filles de ceste ville pour avoir a mariage, il leur fault faire payer leur bien venu ». Pourquoy les dessus nomméz s’en allerent chieus ledit Fourot ou ilz trouverent lesdits deux jeune filz, l’un nommé Theuvenin et l’autre Florentin, et deux autres avec eulx qui bacquetoient en une chambre haulte, aupres desquelx /229v°/ lesdits supplians, pour boyre leurs vin qu’ilz avoient gaingnié, se misrent a table. Et aprés qu’ilz eurent beuz, demandarent encore ung pot de vin, pour lequel payer lesdits Bazin et Humbillon requirent ledit Thevenin, lui remonstrant qu’il debvoit comme amoureux audit Fains payer sa bien venue, mais ledit Thevenin reffusa de ce faire disant non y estre tenu, a quoy lesdits Bazin et Courtois disrent que si estoient et le payeroient ou il seroit battu, et sur ses parolles se departirent de ladite maison dudit Fourrot. Et ung peu de temps aprés, ledit Jehan Humbillon estant au pied de la Challade dudit Fains, recontrarent lesdits Thevenin, Florentin et ledit Jacquot Fourrot qui s’en alloient, ausquelz ilz dit : « Vous ne vous en irez ainsi sans payer vostre bien venue »,aprés ledit Florentin dit audit Thevenin : « Tu n’es que ung villain d’avoir reffusé de la payer et je la payeray pour toy », mais le filz dudit Fourrot y empescha, disant que non feroit. Sur quoy lesdits de Quevonges et Humbillon, en montant ladite Challade, commançarent a eulx arguer ensemble, et comme ilz montoient, arrivarent avec ledit Humbellon, Collinot, filz le Grant Collot, Geuffroy, filz Clement, Jehan Marlier, Jehan Jacquemin, Gerard, filz Jehan Gerard, lesquelz tous ensembles deliberarent aller aprés lesdits de Quevonges qui s’en alloient parmy les terres et, pour plus tost les rencontrer et aconsuyre, lesdits Humbillon, Jehan Marlier et autres s’en entrirent aux boys tirant vers le Goullot de Vel ; et comme lesdits Gerard Courtois et Nicolas Bazin furent sailliz de la maison dudit Fourot, oyrent dire que ledit Humbillon 483

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et lesdits de Quevonges avoient grant debat ensemble en montant la Chaillade pour savoir duquel, et affin que ledit Humbillon, qu’est frere dudit Bazin, ne fust battu, s’en allarent chacun d’eulx ung paulz de baston en leur mains par le bas de ladite Challade, tirant par ung autre chemin pour les recontrer et prandre au devant. Et eulx venus en hault ne virent personne et chaminarent jusques audit Goulot de Veel et, eulx retournant, trouvarent lesdits Thevenin, Florentin, le maire dudit Quevonges, et ung autre nommé Martin, dudit lieu, et sans leur meffaire reprindrent le chemin devers ledit Fains. Et comme ilz y alloient, ledit Colinot, filz le Grant Collot, saillist hors d’une haye a l’endroit dudit Goullot et dit audit Humbillon et autres dudit Fains : « Vela ceulx de Quevonges », et incontinent marchirent vers lesdits dudit Quevonges, ayans des bastons qu’ilz avoient recueilliéz aux boys, et pareillement retournarent lesdits Bazin et Courtoys, et a l’arrivee ledit Courtoys bailla audit Thevenin ung coup d’un petit baston, et ledit Bazin pareillement le cuydoit fraper /230/ mais ledit Thevenin desgayna son bracquemart et en frappa en la teste dudit Bazin et sur le bras, dont il fust fort blecé. Quoy veant, ledit Bazin bailla audit Thevenin ung coup dudit baston sur la teste ou sur les espaulles, et comme ledit Jehan Humbillon, frere audit Bazin, vit ledit Bazin blecé, se voulut approcher pour veoir que s’estoit, ledit Thevenin, le bracquemart au poing, lui vint au devant et lui donna par deux foys du bracquemart dessus la teste, dont il lui fist grandes playes et sangs et, craingnant qu’il ne recouvra, ledit Humbillon luy bailla d’une manuelle de floyau qu’il tenoit ung coup soubz le bras, au moyen duquel ledit bracquemart cheut a terre, lequel ledit Humbillon releva vistement et d’icellui bracquemart frappa deux ou trois coups du platz ledit Thevenin. Et ce fait, ledit Nicolas Bazin, voyant luy et ledit Humbellon, son frere, blecé, print ledit bracquemart des mains dudit Humbillon et d’icellui, par challeur et non saichant, pour la douleur qu’il avoit qu’il faisoit, en bailla ung hault coup sur la teste dudit Thevenin, duquel il cheut a terre et assez tost aprés alla de vie a trespas. Pour lequel coup, tous les dessus dits se sont absentéz et renduz fugitifz, jaçoit ce que nulz d’eulx fors les trois devant nomméz l’eussent battus ne mutilléz, et sont en voye de laisser leur pouvres femmes, enffans, peres et meres finer leurs vies en pennes et en douleur sy nostre grace et misericorde ne leur est sur ce impartie en les remectans en leurs bons fames et en leurs biens, de quoy treshumblement nous ont supliéz. Savoir faisons que nous, deuement informee ledit cas estre entrevenu et avoir esté commis en la forme et maniere cy devant declairees, tant par la confession desdits delinquans comme par bonnes et deues informations sur ce despieça faictes, aussy qu’ilz sont estéz longuement fugitifz et absens de nosdits pays depuis ledit temps jusques au present en grant peinne, misere et despens, pour ces causes et autres raisonnables que ad ce nous ont meuz, et meismes a la priere et instante requeste de nostre treschier et tresamé filz, duc de Calabre, Lorrainne et de Bar, voulans avec ce preferrer misericorde a rigueur de justice, par l’advis et meure deliberation des gens de nostre conseil avons, comme ayant ledit bail et gouvernement 484

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dessus dit, de nostre certainne science et grace especial, plainne puissance et auctorité ausdits Nicolas Bazin, Jehan Humbillon, Gerard Courtoys, Jehan, filz Françoys Jacquemin, Geuffroy Clement, Gerard Toussains, Nicolas, filz Andrieu Grant Colot ---, et a chacun d’eulx ledit cas de crisme dessus dit remis, quicté et pardonné et par la teneur de ses presentes quictons, remectons et pardonnons avec touttes peinnes et /230v°/ amendes corporelles, criminelles et civilles en quoy et pour occasion d’icelluy ilz et ung chacun d’eulx pouroyent estre encouru envers nous et justice, satisfaction faicte au partie interessé civillement tant seullement si desja faicte n’estoit, et d’abondant les avons remis et remectons en leur bon fame et renommee en noz pays et dehors et leurs biens non confisquéz. Sy donnons en mandement par cesdites presentes a tous noz justiciers et officiers, leurs lieutenans et chacun d’eulx sicomme a luy appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon ilz laissent les dessus dits joyr et user plainnement et paisiblement sans en ce leur faire etc., car tel est nostre plaisir, inposant sillence perpetuelle a nostre procureur present et advenir. En tesmoing etc. Donné a Bar, le XXIIIe jour de janvier mil cinq cens et huict. Par la royne de Sicile etc., les evesque et conte de Toul, Jehan Gerlet d’Amance, tresorier general des finances presens. Alexandre.

317 1509 (n. s.), 25 janvier - Bar-le-Duc. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Colart Haraucourt, de Dagonville, qui craint d’être complice de l’homicide commis le 19 février 1509 sur la personne de Jean Heybert, de Bussy, à la suite d’une dispute provoquée par un délit forestier commis par la victime. Copie, ADMM, B 11, f° 226bisv°-227r°-v°.

Phelippe, etc., ayant le bail, garde etc., a tous ceulx etc. L’umble supplicacion et requeste de Colart Haraucourt, demeurant a Dagonville en nostre prevosté de Bar, avons receue contenant que, le lundi devant la Sainct Mathieu dernier passé, bien matin au point du jour, luy et ung nommé Christofle Molaye et Colas Molaye, son filz, comme forestiers s’en alloyent au bois pour savoir et reprendre les mal usans en iceulx, et meismes ou le jour precedant ilz avoient trouvé le dommaige. Et comme ilz furent illecques arrivéz, trouverent ung nommé Jehan Heybert, de la vallee de Bussey, et ung sien filz qui chargeoient des passelz appartenans audit Molaye, auquel Heybert ledit Moleye demanda pourquoy ne a quelle occasion ilz chargeoit sesdits passelz et les emmenoit, qui luy respondit, s’il avoit forfait aucunement, n’en povoit que payer l’amende. Toutesfois, comme ledit suppliant s’esforçoit vouloir prendre ung des chevaulx dudit Heibert, le lymonier s’appovanta des ferremens et enharnechemens que ledit suppliant manyot tellement qu’il se mist en fuicte, au moyen de quoy ledit suppliant, craingnant qu’il 485

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ne se perdist par ce qu’il estoit encores fort matin, s’en alla aprés ledit cheval de paour qu’il ne fust contrainct a le rendre, et laissa ledit Nicolas, son filz, et Heybert qui s’entrebastoyent tous jours pour lesdits passelz, et aussy pour aucuns reprinses que ledit Nicolas avoit desja faicte sur ledit Heybert ez boys de Lyney, dont ilz se hayoyent. Et comme il eust ung peu esté aupres dudit cheval, revint vers les dessus dits pour veoir et savoir qu’ilz faisoyent, lesquelz il trouva en grant debat et vit ledit Nicolas prendre une hache en cuydant frapper ledit Heybert, mais il l’en destourna. Et ce fait, ledit Nicolaye luy dist que, s’il se tiroit pres de luy, luy bailleroit de ladite hache, pourquoy ledit suppliant, craingnant avoir quelque /227/ coup de luy, non cuydant aussy qu’ilz se deussent si furieusement entrebatre, s’en retourna de rechief aupres ledit cheval pour le cuyder reprendre mais, en retournant vers sondit compaignon et Heybert, trouva ledit Nicolas son compaignon qui retournoit a la ville, auquel il dit telz motz ou semblables : « Par mon ame, vous estes gentil compaignon, si vous eussiez esté avec moy, nous eussions eu ung des chevalx de Jehan Heybert ». Et ledit Nicolas luy respondit qu’il estoit bien empeschié et que ledit Heybert ne tachoit tous jours que de luy coupper la gorge, mais ilz s’estoient si bien frottéz qu’il pensoit que ledit Heybert mouroyt, sur quoy respondit ledit suppliant que s’estoit mal besoingnié. Et combien qu’il ne sceust riens de leur hayne et n’eust esté present a ladite bacture, au moyen de laquelle ledit Heibert en est allé de vie a trespas, et aussi qu’il ne l’eust aucunement frappé ne veu frapper, neantmoins ledit Colart Haraucourt, craingnant rigueur de justice, s’estoit rendu fugitif et absenté de noz pays ou il n’oseroit retourner sy sur ce nostre grace et pardon ne luy estoit impartie, nous suppliant treshumblement ledit Colart Haraucourt, consideré qu’il ne fut jamais actainct ou convaincu d’aucun villain cas, nostre bon plaisir feust luy octroyer et baillier pardon. Savoir faisons que nous, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, par l’advis et deliberacion des gens de nostre conseil qui ont veu les informacions sur ce faictes de nostre ordonnance, avons de nostre certaine science, grace especial, auctorité et plaine puissance pardonné et par ces presentes pardonnons audit Collart Haraucourt le cas dessus dit ensemble toucte amende civille en quoy il pourroit esté encouru envers nous et justice, et le remectons a son bon fame et renommee en noz pays et a ses biens non declairéz confisquéz comme il estoit auparavant ledit cas perpetré, satisfaction faicte a partie civillement tant seulement sy elle y eschiet, et quant ad ce imposons silence perpetuelle a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement a tous noz bailliz, prevost, procureur, receveur et autres noz justiciers, officiers, hommes et subgectz qu’il appartiendre, que de nostre present pardon facent, seuffrent et laissent ledit Colart /227v°/ joyr et user plainnement et paisiblement sans en ce luy faire, mectre ou donner aucun empeschement au contraire, car tel est nostre plaisir. En tesmoing. Donné a Bar, le XXVe jour de janvier, l’an mil cinq cens et huict. Signé Phelippe. Par la royne de Sicile, les tresorier general de Lorraine, maistres Alexandre Guiot, François Du Puis, Thomas de Chastenoy, secretaire de ladite dame presens. R. de La Mothe. 486

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318 1509 (n. s.), 6 février - Sorcy. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Claude Brenel, de Mandres-sur-Vair, qui a déjà subi une condamnation pour vols et qui demandait à ce que sa peine de bannissement soit levée. Copie, ADMM, B 11, f° 234v°-235.

Phelippe, etc., ayant le bail etc., a touz etc. L’umble supplicacion et requeste de Claude Brenel, de Mandres pres de Buligneville en nostre bailliaige du Bassigny, avons receue contenant que, environ ung an et demy peult avoir, pour certainne bapture par luy faicte en la personne du petit Mesquim oudit Mandres, il fut pris et mené prinsonnier es prinsons de nostre ville de La Mothe, ou il fut par certaine espace de temps, pandant lequel fut interrogué sur autres charges et confessa avoir robbé du fillet a ung sien voisin pour environ VI gros, et aussi avoir /235/ esté consentent de desrober deux beufz audit Mandres, qu’il avoit luy mesmes esté vendre audit Buligneville, du vendaige desquelx avoit eu pour sa part ung florin, ainsi qu’il est contenu en sa confession et procés fait par noz officiers. Pour lesquelx cas avoit esté fustigué et batu, avoit eu une oreille couppee et banny de noz pays et ses biens declairéz confisquéz, en suivant la sentence et condempnacion pour ce contre luy donnee, au moyen de quoy, depuis ledit temps, a touz jours esté dehors de noz pays en grant pouvreté, calamité et soufferte, et encores est en danger de vivre en plus grande sy de luy n’avons pitié et misericorde, nous suppliant treshumblement etc. Savoir faisons etc. En tesmoing etc. Donné a Sorcy, le VIe jour de feubvrier M VC et huit. Signé René. Par la royne de Sicille, etc., les seneschal de Barrois, Anthoine du Chastellet, seigneur de Chasteauneuf et de Sorcy et autres presens. Geuffroy.

319 1509 (n. s.), 6 février - Sorcy. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Didier Brenel, de Mandres-sur-Vair, coupable d’homicide commis au cours de l’été 1507 sur la personne de Pierre Lorraine, du même lieu, au cours d’une dispute à la sortie d’une taverne. Copie, ADMM, B 11, f° 235r°-v°.

Phelippe etc., ayant le bail etc., a touz etc. Receue avons l’umble supplicacion et requeste de Didier Brenel, eaigé de XXVIII ans, nostre subgiet demourant a Mandres pres de Buligneville en nostre bailliaige du Bassigny, contenant que, depuis ung an et demy encza, il venoit de la tavergne d’avecques Jehan 487

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Bourguegnon, Mengin Chappu, son serourge, et Perrot Lorrainne de l’ostel de Liebault, tavernier demourant audit Mandres, et ainsi qu’ilz furent devant ung jeu de paulme qui est audit lieu, ledit Brenel, suppliant, et ledit Perrot Lorrainne se prindrent de parolles injurieuses pour une taille et aide de /235v°/ ville qu’on avoit gectee audit lieu pour le fait de ladite ville, de laquelle ledit suppliant en avoit paié pour sa part XVI gros qu’il avoit bailléz et delivréz es mains du collecteur commis a la recevoir, et ledit Pierre Lorrainne disoit qu’il n’en savoit riens et que, actandu qu’il estoit habitant dudit Mandres, le debvoit bien savoir et estoit seur qu’il se trouveroit que ledit suppliant n’en avoit rien paié. Et sur ce luy bailla ung coup de poing sur le visaige, quoy voiant par ledit suppliant l’outraige que lui faisoit ledit Pierre Lorraine, esmeu de challeur, tira ung sien couteau qu’il avoit pandu en sa sainture, duquel il en bailla ung coup audit Perrot Lorraine desoubz la gorge, duquel coup, par faulte de s’avoir bien fait panser, assez toust aprés estoit allé de vie a trespas. Au moyen de quoy, etc., luy avons remis, quicté etc. Donné a Sorcy, le VIe de feubvrier M VC et huit. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, etc., les seneschal de Barrois, Anthoine du Chastellet, seigneur de Sorcy et autres presens. Geuffroy.

320 1509 (n. s.), 16 février - Nancy. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Simon Gaillart, de Fécocourt, emprisonné à Pont-à-Mousson pour crime de sodomie. Copie, ADMM, B 11, f° 243v°.

Phelippe, etc. L’umble supplication de la mere, parens et amys de Simon Gaillart, natif de Foucaucourt ou conté de Vauldemont, jeusne compaignon eaigé d’environ vingt ans, avons receue contenant que depuis Noel encza, par sugestion dyabolicque et enortement et promesses d’ung nommé Nicolas George, boulanger demourant au Pont-a-Mousson, qui servoit lors de son mestier de boulanger, il declina et consentit de commectre avecques luy l’abhominable et de[te]stable pechié de sodomye, lequel Symon, congnoessant la grandeur de son pechié et inconveniant en quoy il povoit tomber de l’ame et du corps, meu de penitance et pour soy retirer de son mal, c’estoit absenté dudit Pont et mis hors de la maison dudit George, son maistre, en laquelle jamés il ne retourna jucques a ce qu’il a esté commancé a marier affin de obvier et eviter que ledit cas ne luy advint, pour lequel il estoit detenu prinsonier audit Pont et en voye de miserablement finer ses jours si noz grace et misericorde ne luy estoit sur ce impartie, treshumblement la requerant. Entendu sa jeunesse et repantance dudit fait, aussi que jamés n’avoit esté convaincu etc., ledit cas luy a esté par ladite damme mitigué et moderé, luy saulvant la vie pourveu qu’il sera batu et fustigué alentour d’un feu qui sera fait au lieu ou on a acoustumé 488

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faire execucion des criminelz, et au sourplus banny des pays et ses biens confisquéz. Donné a Nancy, le XVIe de feubvrier M VC et VIII. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, etc., l’evesque et conte de Toul et autres presens. De La Mothe.

321 1509 (n. s.), 18 février - Nancy. Rémission accordée par Philippe, duchesse de Lorraine, à Nicolas Rahaye, de Villers-lès-Nancy, emprisonné à Nancy, complice de l’homicide commis sur la personne d’un nommé Crans ; tous les deux avec d’autres se trouvaient entre Bratte et Grigy pour une affaire de vengeance ; une dispute a éclaté entre eux au cours de laquelle Crans fut mortellement blessé. Copie, ADMM, B 11, f° 240r°-v°.

Phelippe, etc., a touz etc. L’umble supplicacion et requeste de Nicolas Rahaye, de Villers devant Nancy, a present detenu prisonnier audit Nancy, avons receue contenant que, a certain jour passé, avoit conclut avecques le Bricquier, dudit Nancy, et autres, assavoir le Picquart, Beufvelot Poinsart et Crans, eulx trouvéz au lieu de Brothe, et de la entreprindrent d’aller courir nuytanment a Grissy, terre de Mets, pour avoir et prendre prinsoniers les compediteurs desdits Poinsart et Crants. Et avant que partir dudit Brothe, firent serment ensemble qu’ilz ne se laisseroient l’un l’autre, partirent incontinant aprés leurs prepointz reverséz affin de n’estre congneuz, et vint aprés eulx ung nommé Jehan Yollant, lequel paravant avoit fait reffus d’y aller. Et en cheminant, ledit Yollant se print de parolles audit Crance, disant que ce n’estoit que ung traitre et que l’on le congnoessoit bien, et incontinant que ledit Crance se ouyt ainsi injurié, frappit ledit Yollant d’ung bracquemart et le blesit fort en la gorge, a cause de quoy fist clameur, disant qu’il estoit tué. Et sur ce, aucuns de ses compaignons se misdrent en debvoir de porter ledit Yollant en ung hermitaige pres du lieu ou ilz estoient pour le panser, /240v°/ et les autres, assavoir ledit Picart et ledit Bricquier, tirerent aprés ledit Crance, lequel, pour avoir fait ledit coup, avoit rompu leur entreprinse. Depuis fut present ou ledit Picquart bailla plussieurs coups d’une picque qu’il tenoit sur la teste dudit Crance, par quoy ledit remonstrant se mist entre eulx pour les departir, ce qu’il fist, et de la retourna audit hermitaige et dirent audit remonstrant que ledit Crance estoit tué et que s’avoit fait ledit Picart, qui la le recongneut disant : « Se saulve qui pourra ». Pour lequel cas ledit Nicolas, craingnant rigeur de justice, c’estoit absenté desdits pays de Lorraine et Barroys jucques puis nagueres, qui c’estoit retourné en l’abbaye de Clerlieu ou il a esté prins et amené prinsonnier audit lieu de Nancy ou il est encores de present, craindant que pour ledit cas il ne doye recevoir quelque griesve pugnicion a rigeur de justice 489

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

si nostre grace et misericorde ne luy est sur ce impartie, treshumblement suppliant ycelle. Savoir faisons etc., sactiffacion faicte a toutes parties interessees. Donné a Nancy, le XVIIIe jour de feubvrier MVC et huit. Signé Phelippe. Par la royne de Sicille, etc., les evesque et conte de Toul, bailly de Nancy et autres presens. Alexandre.

I 1479 (n. s.), 13 février - Nancy. Rémission accordée au grand Jean Friderich, de Ville-sur-Saulx, détenu au château de Bar-le-Duc, qui a mortellement blessé Jean Solet, dit le Camus, demeurant au moulin de L’Isle-en-Rigault, au cours d’une dispute après un repas chez ledit Camus. Original, ADMM, B 526 n° 306, parchemin 250 x 400 mm, sceau pendant perdu..

René, par la grace de dieu duc de Lorraine, marchis, comte de Vaudemont et de Harrecourt etc., gouverneur du duchié de Bar, savoir faisons a tous presens et avenir nous avons receu l’umble supplicacion des femme, parens et amis de grant Jehan Friderich, dit le Fondeur, natif de Liege, demeurant a Ville-surSaulx en la prevosté de Bar, contenant que, le samedi penultime jour de janvier dernier passé environ l’eure de six heures aprés midi, ledit grant Jehan s’en ala en l’ostel de Jehan Solet, di le Camus, demourant au moulin de l’Isle-enRigault, en intencion d’acheter une amendeure pour ses souléz, ouquel hostel ne trouva point ledit Camus maiz il trouva sa femme a laquelle il demanda combien lui cousteroit une amendeure pour lesdits souléz, laquelle lui en demanda cinq blans et il en offry quatre blans. Et en marchandant qu’ilz faisoient, survint ledit Camus qui retournoit du marchié de Bar, lequel demanda audit grant Jehan qu’esse qu’il marchandoit, a quoy il respondi qu’il vouloit avoir une amendeure pour ses souléz mais sa femme lui vouloit vendre cinq blancs et il en bailloit quatre blans. Et ce oyant par ledit Camus, dist au Bourguignon, son varlet et serviteur, qu’il lui en couppast une pour lesdits quatre blans, ce qu’il fist. Et aprés ce que ledit grant Jehan eust ladite amendeure, bailla ses souléz audit Bourguignon pour les quareler, dont il lui devoit paier ung blanc. Depuis lesquels souléz bailliés, ledit Camus demanda audit grant Jehan s’il s’en voulut aller sans boire et s’il vouloit point soupper avec eulx, a quoy ledit grant Jehan respondi que oy et s’en ala soupper avec ledit Camus et ung marchant qui se disoit estre de Chaalons. Lesquelz soupperent en la cuisine dudit hostel et eulx estans a la table, environ la fin du soupper, ledit grant Jehan demanda audit Camus s’ilz compteroient de ce qu’ilz avoient a faire ensemble, dont ledit Camus fut contens. Et en parlant des parties dont ilz avoient a compter ensemble, ledit Camus commença a dire audit grant Jehan qu’il n’estoit que un broulleux et hocqueleur, a quoy il lui respondi qu’il ne 490

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lui despleut et qu’il n’estoit ne toulleux ne broulleux, lequel Camus dist que si estoit et avoit menti. Et lors ledit grant Jehan lui dist qu’il se vouloit courousser, a quoy ledit Camus dist que ce faisoit mon-- et n’estoient que broulleux et ledit grant dist que non estoient, lequel Camus dist derechief audit grant Jehan qu’il avoit menti et ledit grant Jehan lui dist que lui mesme avoit menti. Et incontinent ledit Camus se leva de la table ou il estoit assis et vint audit grant Jehan qui estoit au feu, auquel il donna de son poing sur le visaige. Et ledit grand Jehan en soy revengeant frappa pareillement ledit Camus de son poing sur le visaige et print une tenaille qui estoit prez du contrefeu de ladite cuisine pour soy revengier si ledit Camus ou ses gens lui vouloient aucune chose faire, laquelle tenaille lui fut ostee par les serviteurs dudit Camus et bouterent ledit grant Jehan hors de ladite cuisine et mirent en une petite chambre ou l’en met les vietz drappeaux de la maison, en laquelle chambre il demora par une petite espace de temps. Et aprés yssy hors pour s’en aller et passa parmi ladite cuisine, lequel Camus qui estoit en ladite cuisine s’efforça de frapper ledit grant Jehan, et ce veant par ledit grant Jehan que ledit Camus ne le deust batre au sailly de ladite cuisine, print ung vayn de fer qu’il trouva pres de l’uix et le emporta jusques sur le grant pont du moulin. Et quant il fut hors sur ledit pont, ledit Bourguignon, serviteur dudit Camus, par ung autre lieu que par la cuisine apporta audit grant Jehan ses souléz qu’il lui avoit quareléz, auquel il bailla ung blanc. Et a l’eure que lesdits Bourguignon et grant Jehan parloient ensemble, ledit Camus faisoit grant bruit en la maison, menassant icelui grant Jehan et s’efforçant de venir aprés lui, jassoit ce que ledit grant Jehan ne lui disoit mot et ne queroit sinon a departir de la maison pour eviter le debat s’il eust peu, maiz il ne povoit saillir parce que la porte estoit fermee. Et soudainement ledit Camus ayant une houette en sa main et menassant ledit grant Jehan sailly hors tirant aprés icelui grant Jehan et s’approcha prez de lui ayant ladite houette haussee, lequel grant Jehan veant qu’il venoit a lui recula et haussa le vayn qu’il tenoit, et aprés ce ledit Camus frappa ledit grant Jehan de ladite houette qu’il tenoit ung coup sur la teste et ledit grand Jehan dudit vayn qu’il tenoit frappa ledit Camus pareillement ung coup sur la teste, duquel coup donné audit grant Jehan par ledit Camus il fut tout etourdy et cheut a terre et aprés se releva au mieulx qu’il peust et s’en ala hors de la maison, pource qu’il lui fut dit par la femme dudit Camus que icellui Camus estoit blessé et qu’il s’en alast, que l’uix estoit ouvert. Lequel s’en ala coucher en sa maison audit Ville-sur-Saulx et fist penser une playe qu’il avoit esté faicte en la teste par ledit Camus. Et le lendemain matin, a l’occasion dudit coup par lui donné audit Camus, fut prins et constitué prisonnier et mené au lieu de Bar ou il est detenu bien rigoreusement, parce que ledit Camus cinq jours aprés ledit coup donné est alé de vie a trespas, et ledit grant Jehan en voye d’y estre et demorer par longue espace de temps et miserablement finir ses jours si les grace et misericorde de nostre tres redoubté seigneur et grant pere le roi de Sicile, duc de Bar etc., ou de nous en son absence, ne lui sont sur ce imparties, humblement requerant que, entendu que ledit 491

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Camus a esté aggresseur de parolles et de fait et l’a dit et declairé durant sa maladie et en decoulpe ledit grant Jehan, et en autre cas il a esté de bonne vie et honneste conversacion et jamais ne fut actainct ou convaincu d’autre vilain cas, blasme ou reproche si comme il le dit, nous, en l’absence de nostredit seigneur et grant pere, lui vueillons sur ce impartir nostre grace et misericorde. Pour quoy nous, ce que dit est consideré, voulans preferer misericorde a rigueur de justice, avons en l’absence de nostredit seigneur et pere, pour et au nom de lui et par le povoir a nous sur ce baillé par lui, de nostre certaine science, auctorité et grace especial ou cas dessusdit quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons par cesdites presentes audit grant Jehan le cas et crime dessusdit avec toute peine corporelle, criminelle et civile en quoy il pourrait estre escheu envers nostredit seigneur --stre et le remettons, restituons a ses bons fame, renommee au pays et a ses biens non confisquéz, en imposant scilence perpetuelle au procureur general de nostredit seigneur en sondit duchié de Bar present et avenir et a tous autres quant a ce, satisfacion faicte a partie premiers et avant tout --- civilement tant seulement se faicte n’est. Si donnons en mandement par cesdites presentes au bailli de Bar ou son lieutenant et a tous autres justiciers, officiers et subjetz dudit duchié que de noz presente grace, pardon et remission facent, seuffrent et laissent oudit cas ledit grant Jehan joyr et user plainement et paisiblement et son corps prins et detenu pour ceste cause metre icelui bailli ou son lieutenant en plaine delivrance, sans lui faire ou donner, ne soffrir estre fait, mis ou donner aucun destourbier ou empeschement au contraire, car ainsi le voulons, nous plaist estre fait. Et afin que ce soit ferme chose et estable a tousjours, nous avons fait mettre nostre seel a sesdites presentes, sauf en autres choses le droit de nostredit seigneur et l’autruy en toutes. Donné en nostre ville de Nancy, le treziesme jour de février l’an mil quatre cens soixante dix huit. René.

II7 1493, 14 décembre - Nancy. Rémission accordée à Jean Jacquot, dit Fourot, vigneron demeurant à FainsVéel, emprisonné à Bar et déjà condamné au bannissement pour tentative d’empoisonnement sur la personne du mari de sa maîtresse. Original, ADMM, B 533 n° 21, parchemin 270 x 357 mm, sceau pendant de cire rouge. Copie, ADMM, B 5, f° 24v°-25. Cf. lettre de rémission n° 143.

René, [par la grâce de dieu roy de Jherusalem et de Sicile etc., duc de Lorraine et de Bar etc., marchis, marquis du Pont, comte de Provence, de Vaudemont 7

Les parties de texte restituées entre crochets sont absentes de la copie de l’acte.

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et de Harrecourt,] a tous [presens et advenir], salut. La providence de dieu tout puissant nous a disposé et ordonné pour pourveoir aux choses humaines mesmement adfin que aux ditz et faiz des personnes selon leurs qualitéz nous temperons aucunes foiz par doulceur et equité la rigueur de droit et leur pourvoyons convenablement de ce que nous voyons leur estre necessaire. De la part de Jehan Jaquot, dit Fourot, vigneron, demeurant a Fains en nostre prevosté de Bar, nous a esté presenté une supplicacion dont la teneur s’ensuit : Au roi de Jherusalem et de Sicille, duc de Bar et de Lorraine etc., remonstre tres humblement les femme, enfans, parens et amis de Jehan Jaquot, dit Fourot, demourans a Fains, disans que puis ung an ença et auparavant, il se en amoura d’une femme mariee, demourant a Fains, nommee Françoise la Noire. Et tellement que certain jour ledit Fourot, et ladicte Françoise adviserent ensemble, par la temptacion du dyable, d’avoir du poizon et en donner au mary de ladicte Françoise [et a la femme dudit Fourot. Et de fait,] ledit Fourot, le lendemain d’une foire a Bar, vint par devers un vendeur de triacle estans a Bar pour avoir du poizon, mais ledit triacleur ne luy en voult bailler et lui bailla de la noye rouge, pour lequel cas ledit Jehan Fourot fut des lors constitué prisonnier audit lieu de Bar. Et son procés fait, ledit Fourot fut condempné par vostre prevost de Bar a estre banny de vostre duchié de Bar jusques a vostre bon plaisir, qui est chose fort piteuse pour la femme dudit Fourot, suppliante, laquelle est chargée de cinq biens petiz enfans qui ne saveroient gaigner leur vie. Pour quoy se retournent lesdits supplians par devers vostre grâce, humblement suppliant que, actendu et consideré que ledit Jehan Fourot ne fut jamais actaint ou convaincu d’autre villain cas, blasme ou reprouche et que ce qu’il a fait a esté par la temptacion de l’ennemy, et aussi que le fait n’a sorty son effect, il vous plaise de vostre benigne grace lui remectre, quicter et pardonner ledit cas et le remectre en ses bons fame et renomee en voz pays et a ses biens. Quoy faisant, ferez œuvre meritoire et lesdits pouvres supplians prieront dieu pour vous, vostre noble lignee. Savoir faisons [que nous, ayant regart aucunement au cas dessusdit, a ce que le suppliant est chargié de femme, de cinq ou six beaulx enfans et par longue espace de temps a esté banny et fugitif de noz pays dedens lesquelx il est venu rendre son corps en prison mesmes en lieu ou nostre tres chier et tres amé filz le duc de Calabre estoit nouvellement arrivé, lequel cas le privilege des princes de sa puissance soubz nostre bon vouloir l’a mis a plaine delivrance, nous suppliant a icelui bailler nos lettres de remission et pardon ---, les choses dessus dites veues et considerees en tant qu’il nous touche et appartient ensuyvre le faiz de dieu nostre createur qui, en pardonnant misericordieusement sa mort, magnifeste et demontre sa inestimable bonté et puissance et qui ne veult la mort du pecheur mais le seuffre vivre plus longuement afin qu’il s’amende, voulans a l’exemple de luy preferer misericorde a rigueur de justice, a icelui Jehan Fourot, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité avons le cas et crime dessusdit remis, quicté et pardonné, remectons, quictons et pardonnons par cesdites presentes avec toute peinne et offense corporelle et 493

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

criminelle en quoi pour occasion dudit cas il est encourru envers nous et justice, en le remectant et restituant a ses bons fame, renommee et a nosdits pays pour y demourer et faire residence comme il faisoit avant ledit cas advenu, et tous ses biens a nous confisquéz et demontéz selon la sentence rendue contre lui par nostre prevost de Bar. Si donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly de Bar ou a son lieutenant, prevost, procureur, clerc juré dudit lieu et a tous noz autres justiciers et officiers de nostre duchié de Bar et chascun d’eulx si comme a lui appartiendra, que de nostre presente grace, remission et pardon ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant joyr et user plainement et paisiblement sans en ce luy mectre ou donner ne souffrir a son corps estre fait, mis ou donné aucun ennuy, destourbier ou empeschement au contraire, --- avons mis et mectons a plaine delivrance reaulment et de fait. Et nous plaist que ainsi soit fait, en imposant sur ce scilence --- et a tous autres, satisfaction faite a partie civilement tant seulement sy elle eschiet. Et adfin que ce soit chose ferme et estable --- nous avons fait mectre et appendre nostre seel a cesdictes presentes.]. Donné en nostre ville de Nancey le XlIIIe jour de décembre mil quatre cens quatre vingt et treize. René.

III 1498, 25 août - Bar-le-Duc. Rémission accordée par la duchesse Philippe à Joffroy de la Vigne et Jean de Champagne pour le meurtre de Noël Raulin, fauconnier, auteur d’un viol. Original, ADMM, B 533, n° 24. Parchemin, 445 x 310 (repli 120 mm), scellé d’un sceau de cire verte sur double queue de parchemin.

Phelippe, par la grace de dieu royne de Jherusalem et de Sicille, duchesse de Lorraine et de Bar etc., marchise, marquise du Pont, contesse de Prouvence, de Vaudemont et d’Aubmalle etc. Savoir faisons a tous presens et advenir nous avoir receu l’umble supplicacion de Joffroy de la Vigne et Jehan de Champaingne, demorans en nostre bailliage de Bar, contenant que, puis deux mois ença, estoient aléz en Champaingne deliberéz, s’ilz trouvoient Noel Raulin, faulconnier, de l’oultraigier et, en passant chemin assez pres de Saincte-Manehould, avoient rencontré ledit Noel auquel avoient dit qu’il estoit ung mauvais paillart d’avoir deshonnoré la fille Jehan de Nectancourt et l’avoir defloree et qu’il estoit cause de luy avoir osté son bien et le deveroit l’en mectre en pieces veu qu’il estoit homme de corps et de toutte condicion servile audit de Nectancourt, aussy avoit esté norry tout son temps oudit hostel honorablement et bien, ausquelles parolles ledit Noel avoit respondu fierement. Par lesquelles parolles s’estoient entreprins les ungs aux autres tellement que lesdits Joffroy et Jehan de Champaingne, supplians, luy avoient donné aucuns coups de javeline, a l’occasion desquelz estoit alé de vie a trespas. Par quoy Joffroy et Jehan de Champaingne, doubtans rigueur 494

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de justice, s’estoient absentéz de noz pays ou ilz n’oseroient jamais retourner si noz grace, quictance, remission et pardon ne leur estoit sur ce impartiz, si comme ilz dient en nous tres humblement suppliant, actendu que jamais ne furent actains ou convaincus d’aucun autre villain cas, blasme ou reproche, que nous leur vueillions sur ce impartir nostre grace, remission et pardon. Pourquoy nous, ces choses considerees, voulans misericorde preferer a rigueur de justice, ausdits supplians oudit cas avons quicté, remis et pardonné et par la teneur de ces presentes de nostre grace especial et plain povoir en l’absence de monseigneur, remectons, quictons et pardonnons le fait et cas dessus declairé avec toutte peine et amende corporelle, criminelle et civile en quoy pour et a l’occasion dudit cas ilz pourraient estre encourrus envers nous et justice, et de nostre plus ample grace les avons restituéz et restituons a leur bon fame et renommee au pays et a leurs biens non confisquéz, satisfaction faicte a partie civillement tant seullement si faicte n’est, en mectant au neant tous deffaulx, bans et autres procedeures qui contre les dessusdits se pourraient estre ensuys, et sur ce imposons silence perpetuel a nostre procureur general present et advenir. Sy donnons en mandement par ces mesmes presentes a nostre bailly de Bar ou son lieutenant et a tous autres noz justiciers et officiers ou leurs lieuxtenans et a chascun d’eulx si comme a luy appartiendra que de nostre presente grace, quictance, pardon et remission facent, seuffrent et laissent lesdits supplians et chascun endroit soy joyr et user plainnement et paisiblement sans leur faire, mectre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné ores ne pour le temps advenir aucun arrest, destourbier ou empeschement au contraire, ainçoys si leurs corps ou aucuns de leurs biens ou heritages estoient pour ce prins, saisiz, arrestéz ou aucunement empeschiés, les leur mectent ou facent mectre tantost et sans delay a plainne delivrance et au premier estat et deu. Et affin que ce soit chose ferme et estable a tousjours nous avons a cesdites presentes, signees de nostre main, fait mectre et appendre nostre seel, saulf en autres choses nostre droit et l’autruy en touttes. Donné en nostre ville de Bar le vingtcinqyesme jour d’aoust l’an mil CCCC quatre vings dix huit. PHELIPPE.

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Glossaire Les entrées sont imprimées en romain, les définitions en italiques. L’entrée du dictionnaire de référence, lorsque la forme du texte en est trop éloignée, est donnée entre parenthèses. F. Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Paris, 1880. Kraus reprint LTD, Vaduz, 1965. Les chiffres renvoient aux numéros des lettres de rémission.

abandonnement, 15 : permission. abrever (abevrer), 171 : faire boire. abonnement, 220, 300 : bornage. accompagnement, 41, 42 : accord. acertener, - 242 : informer. - 257 : affirmer. aconsivre, 28, 316 : atteindre, rejoindre. adens, 135 : face contre terre. adouber, 120 : soigner. ajournement, 101, 107, 140, 160, 164, 172, 180, 192, 242, 243, 252 : assignation à comparaître en justice à un jour déterminé. afaitié, 268 : façonné. aferir, 129 : convenir. affin, 84 : parent par alliance. affection, 233 : désir. ainçois, 2, 7, 12, 24, 32, 33, 37, 44, 49, 60, 63, 176, 200, 209, 213 : mais au contraire.

aliener, - 57 : éloigner. - 269, 287 : transférer à un autre la propriété d’un bien par cession ou vente. allaquaye (alacays), 211 : arbalétrier. amodiacion, 33, 128 : bail à ferme. amodier, 33 : affermer. angelot, 167 : monnaie d’or des XIVe et XVe s. en France et en Angleterre. angle (aine) : 178, 208 : aine. animer, 110, 258 : exciter, irriter. apaisanter, 167 : calmer, apaiser. apensé, 12, 159, 204, 217 : de fait, de guet apensé : avec préméditation. appellation : 244 : appel d’un jugement auprès d’une juridiction supérieure. appointement, 72, 77, 96, 104,164, 169, 195, 198, 311 : accord ou règlement par arrangement entre les parties. appointer,

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- 22, 77, 94, 101, 116, 147, 151, 161, 306 : se mettre d’accord, faire un arrangement moyennant finance. - 80 : préparer, mettre en état. - 164 : assigner. - 229 : réconcilier. apprehension, 44, 46, 65, 264 : prise de corps. arbestre (arbaste), 206 : arbalète. ardre, 56, 73, 91, 123 : brûler. arentement, 202 : rente. arguer, - 102, 239 : se arguer : se fâcher. - 156, 179, 316 : discuter. - 189, 258 : blâmer. arquemie, 36 : alchimie. arrerages, 22 : ce qui est échu et dû d’une rente ou autre redevance. arrest, - 1, 8, 18, 55 : saisie. - 4, 22, 33, 37, 199, 200, 209, 213 : empêchement. aseurance, 315 : protection. asserter, esserter (essarter), 300 : défricher. asseurement, 197 : promesse de ne pas recourir à la violence. atappe (estape), 266 : entrepôt où les marchands doivent apporter leurs marchandises pour les vendre. avaler, 129, 164, 175 : abaisser. aventurier, 175 : soldat sans solde qui se paie par le butin. bachasse, 114 : cuvette, auge. bagues, - 129 : bagages. - 244 : petits objets de quelque valeur. banqueter, 271, 316 : faire bonne chère. banward, 120, bawa, 146 : Lorr. garde champêtre. baslare (baselard), 41 : coutelas. basle (baille), 178 : sage - femme, accoucheuse. belistre, 254, 292, 306, 314 : gueux. bezelaire (badelaire), 42 : coutelas.

bichel, 32, bichet, 53, 174, bichot, 167, 171, 174 : mesure de capacité pour les grains. bien venue, 316 : redevance due par un nouvel arrivant. billette, 60, 111 : clavette croisant l’épieu de chasse à la base du fer. blanc, 8, 25, 46, 59, 69, 114, 124, 164, 173, 196, 199, 227, 244, 271, 289, 302 : petite monnaie d’argent. bons, 261 : preuves. bourgequin (brodequin), 94 : chaussures montantes en peau. bousser, 129 : heurter. bouter (se), 50, 71, 140, 180, 194, 207, 227, 271 : pénétrer, entrer. braconnier, 292 : veneur ou valet qui s’occupe des chiens de chasse (braques ou brachets). brandon, 158 : le jour, le soir des Brandons: le premier dimanche de Carême. braon, 195 : partie charnue, en particulier mollet. braquemart, 84, 101, 110, 121, 144, 159, 181, 193, 194, 200, 208, 215, 230, 239, 241, 245, 267, 271, 311, 315, 316, 321 : épée à lame large et courte. brouilleux, I : semeur de trouble. bruit, 163 : réputation. buffe, 37 : gifle, coup de poing. bures, Lorr. - 109, 158 : feu de joie. - 109 : v. brandon. butte, 17 : cible. canton, 193 : coin. Caresme prenant, 96 : mardi gras. carlin, 165 : monnaie d’or ou d’argent frappée d’abord en Italie. carnier, 108, 118 : grande bourse généralement portée à la ceinture. cedule, 6, 46, 128 : écrit, billet par lequel on notifie qque chose. chaleur, - 34, 245, 276, 279, 291, 310, 316, 319 : colère.

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Glossaire

- 291 : vitalité. charee, 109, cherré, 11 : contenance d’un chariot (char ou cher). charnel, 2, 4, 17, 25, 26, 129, 187, 189, passim : parent et ami charnel : proche parent et ami intime. charuee, cherruee, 80 : estre a la charuee : être en train de labourer. charry (chartil), 258 : appentis, remise pour les charrues, charettes et autres outils agricoles. chasse, - 56 : poursuite judiciaire. - 75 : chute de la balle au jeu de paume. chaton, 94, 108 : sorte de monnaie. cheneviere, 90, 250 : champ où l’on cultive le chanvre. chere, - 19 : mine, semblant. - 176 : faire bonne chere à qqn : faire bon accueil à qqn, bien traiter qqn. chevesse, 148, 171, 174 : encolure. choser, 58 : gronder, réprimander. cinquain, 46 : sorte de monnaie. citain, 92 : habitant de la cité. clameur, 26, 134, 274, 314, 321 : plainte. cole, 28, 120, 141, 204, 227, 247, 274 : a la chaude cole, de chaude cole : sous le coup de la colère. collocution, 211 : conversation. commise, 96 : confiscation pour forfaiture. compagnon, - 99, 100, 139, 153, 175 : compagnon de guerre : soldat. - 117, 317 : gentil compagnon : homme brave. - 140, 181 : ouvrier. - 2, 10, 46, 89, 113, 122, 126, 181, 188, 209, 218, 263, 265, 271, 285, 320 : homme. comparçonnier, 185, 228 : copartageant, cohéritier. comparoir, 59, 107, 108, 164, 240 : comparaître. competiteur, 321 : rival.

composicion, 313 : arrangement moyennant une compensation financière. condicions, 239 : façon de se conduire. conducteur, 15, conductier, 13 : chef. conspirer, - 84, 193 : susciter. - 277 : tramer. consuy (consievre), 176: poursuivre. contempirer ( ?) , 262 : outrager, blesser ? . contemplation, 23, 76, 178 : considération, égard. content, - ou contant de, 66 : en représailles de. - 236 : objection, reproches. conversation, - 305 : conversion. - 117, 244 : fréquentation, commerce. - 4, 6, 7, 16, 25, 26, 41, 42, 81, 122, 123, 124, 134, 160, 171, 173, 174, 201, 308 : genre de vie, conduite. converser, 14, 48, 49, 81, 160,181, 186, 201, 219, 220, 233, 234, 241, 243, 244 : demeurer. coquin, 120, 149, 171, 174 , 178, 196, 222, 254, 292, 306, 314 : vaurien, gueux. coquinaille, 239 : bande de vauriens. corps, - homme de corps, 155, 217, 230, 245 : serf. - femme de corps, 245 : serve. corvisier, 314 : cordonnier. coudre, 118, 196 : noisetier. coulaige (cueillage) : 159 : redevance due par le nouveau marié à ses amis pour qu’ils le laissent coucher avec sa femme. courage, - 77, 178, 258, 264 : cœur. - 20, 51, 60, 81, 85, 87, 89, 129, 159, 168, 179, 210, 271, 290, 292, 302 : intention. courroie, 118, 133, couraye, 92 : ceinture. courtine, 213 : couverture.

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cous, 227 : cocu, coups souffrant : cocu complaisant. cousin, 159, cousin remué : cousin éloigné. creant, 22, creatz, 33 : promesse, engagement écrit. crenequin, 11, quernequin, 24 : arbalète à pied. crouee (corvée), 224 : Lorr. champ cultivé par les corvéables. crutzer (kreutzer), 162 : monnaie allemande, subdivision du florin. cuidier, 1, 21, 23, 26, 44, passim : penser, croire. dard, 12, 146 : pointe ou flèche de bois. debit, 115 : redevance. deception, 43 : tromperie. decoste, 58, 129, 137, 230 : à côté de. decouper, 175 : massacrer. delivre, - 248, 288, 311 : a delivre : en liberté. - 315 : a delivre : dégagé. demi saint (ceint), 101 : ceinture étroite ornée d’orfèvrerie. denier, 6, 23, 35, 46, 66, 84, 96, 124, 181, 199, 202, 244, 258, 302, 311 : monnaie valant un douzième du sou. dent, - 85 : mentir par les dens : mentir effrontément. - 184, maulgré leurs dens : malgré eux. - 188, les dentz dessoubz : face contre terre. departement, 90 : séparation. departir, 4, 14, 25, 57, passim : séparer, partager; se departir : s’en aller, se séparer. derompre, 84 : rompre, briser. descharpir, 258 : séparer. deschirer, 161, 185, 197 : déchirer, mettre en pièces. descolper, 51 : disculper. desdire, 10, 309 : renier, rétracter. desfermer, 53, 69, 167 : ouvrir. desmarchier, 55, 129, 179, 180 : reculer. desmenterie, 149 : mensonge (?).

desmentir, 21, 37, 100, 101, 116, 162, 194, 238, 239, 296 : contredire. desmonter, 180 : abattre. desmovoir, 57 : dissuader. despechier, - 23, 56, 61, 68 : despechier qqn : faire périr qqn. - 23, 61 : débarrasser, délivrer. despit, 118, 120, 138, 280, 308 : mépris. desplaisant, 1, 17, 57, 58, passim : mécontent, fâché. despoillier (se), 134 : se déshabiller. desserte, 120 : sans nulle desserte : sans l’avoir mérité. desservir, 18, 20 : mériter. destourbier, 1, 2, 4, 6, passim : empêchement, obstacle. deteur, 55 : débiteur. devantier, 213 : tablier. diffame, 169 : porter en diffame : porter atteinte à la réputation de. dilation, 64 : délai. dilection, 17 : affection, salut et dilection : formule de salutation. disjonction, 264 : séparation. diuturnité, 255 : longue durée. doler, 180 : se plaindre. dommage, 228, 263, 265 : terrain où il est interdit de laisser aller les animaux. doute, 4, 10, 17, 52, 56, 61, 63, 75, 77, 155, 160, 181, 187, 221 : crainte. doyen, 26, 166, 197, 234 : sergent; Lorr. : lieutenant du maire. drapeau, 167 : linge, chiffon. ducat, 49, 87, 95, 117 : monnaie d’or fin d’origine vénitienne. echauffement, 281 : colère. effet, - 157 : exécution. - 181 : réalité. - 143 : sortir son effet : être mis à exécution. - 241 : par effet : de fait. embanie, 155 : Lorr. terre sujette à la vaine pâture mise en defens périodiquement.

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Glossaire

embastonné, 24, 100, 101, 105, 111, passim : armé. emparlier, 118 : conseiller, avocat. empeechier, - 96 : occuper, retenir. - 190, 215, 247, 317 : gêner, embarrasser. - 1, 7, 17, 21, 24, passim : saisir. emprise, 51 : attaque. enchies, 86, 94, 149, 194 : chez. engagier, 37, 244 : mettre qqc. en gage. engin, 64, mal engin : tromperie. enormité, 264 : conduite honteuse. enortement, 27, 32, 65, 118, 178, 236, 320 : incitation. enortissement, 90 : incitation. enseigne, - 49 : indication. - 83 : signe de reconnaissance, marque. enseigner, 141, 175, 292 : indiquer. entreporter (s’), 179, 180 : s’abstenir. entretenement, 249 : accomplissement. envahir, 90, 101, 164, 194, 215, 251, 292 : attaquer. equipal (eschipart), 312 : instrument de fer, pioche. erreur, 220 : fausse opinion. esbattement, 17, 176, 188 : jeu, divertissement. esheler, 2 : escalader. escraigne (escriene), 225 : veillée des femmes du peuple, en particulier des fileuses. escu, 3, 8, 25, 49 , 67, 71, 95, 96, 230 : monnaie d’or ou d’argent portant, à l’origine, sur la face l’écu de France. - escu au soleil, 49, 114 : écu d’or, frappé sous Louis XI, avec un soleil surmontant la couronne. esglaie (eclisse), 234 : éclat. eslu (de Toul), 58, 62, 63, 67, 72, 74, 83, 85, 87, 89, 91, 103 : évêque élu non encore consacré. esprainson, 119 : coliques. essart, 300 : défrichement pour rendre un terrain cultivable. estat,

- 1, 15, 191, 266 : condition sociale. - 308, manière de vivre. estouper, 167 : boucher. estrain, 89, 219, 231 : paille. estriver, 314 : débattre, lutter. esvaginer, 206 : dégainer. esvanuir (s’), 225 : s’évanouir. exaction, 6, 15 : redevance abusive ou arbitraire. expedition, 221 : règlement. exploit, 176, 180 : au plur. agissements. façon, 115, 137, 232, 311 : moyen. faculté, - 75, 155 : moyens. - 274 : état. - 313 : pouvoir. fagotier, 260 : bûcheron. faillir, 60, 96, 168, 176, 199, 221, 261, 308 : faire défaut, manquer. - failli, 109 : fini, éteint. faillon (fillon), 102, 224 : Lorr. garçon, enfant. fame, 4, 7, 8, 9, 10, 12, passim : réputation, renommée. famer, 167 : accuser. feauté, 3 : fief. ferrement, 294, 317 : outil, arme de fer. feune (foine), 249 : fourche pour charger les gerbes. fien, 90 : fumier. fievres (quartaines), 171, 174, 261, 238, 267, 311 : expression de colère ou d’injure. fin, 268 : territoire. finage, 222, 263, 265, 284, 300 : étendue de territoire soumise à une juridiction civile ou ecclésiastique. finance, 65, 115 : faire finance (d’argent) : se procurer de l’argent. finer, 25, 59, 66, 84, 97, passim : finir. fleute (flote), 94 : écheveau. florin, 8, 63, 84, 85, 96, 114, 128, 175, 227, 318 : monnaie d’or frappée à l’origine à Florence. fontaine, 96 : les Fontaines : le quatrième dimanche de carême. fontenis, 249 : petite source.

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force, - 129 : faire force à une femme : la violer. - 127, 229, 264, 285, 291, 309 : contrainte, violence. forceler, 26 : cacher. foriere, 177, 178 : lisière d’un bois, d’un champ où les animaux peuvent paître. fortune, 7, 17, 58, 60, 86, passim : hasard, accident, chance. fosson, 187, 243 : houe. foulon, 167 : moulin à fouler. forragier, 13 : s’approvisionner en pillant. fourrier, 24 : officier chargé d’assurer le logement des troupes. franc, 18, 25, 33, 35, 36, passim : monnaie d’or française valant vingt sous ou une livre tournois. franc, 202 : exempt de taxes. frotter (qqn), 312, 317 : rosser, étriller. furiosité, 112 : furie, frénésie. fustigation, 226 : châtiment à coups de fouet. futaine, 39 : étoffe croisée de fil et de coton. gagiere, 22 : caution, bien saisi. gagnage, 78, 96, 154 : ferme, exploitation rurale. galant, 126, 223 : gaillard, joyeux compagnon. garce, 48 : fille. gaster, 191, 266 : abîmer, pervertir. genoche (genaiche), 111 : sorcière. gibeciere, 69, 171, 174 : bourse large et plate portée à la ceinture. gouvernement, - 3 : gestion. - 18, 61, 78, 152, 191, 275 : conduite. - 316 : pouvoir. - 16, 24, 27, 59, 81, passim : traitement médical. grever, 78, 116, 158, 202 : (se) faire du mal, blesser. grief, 15, 118, 151, 202 : dommage, préjudice.

gros, 8, 25, 39, 49, 63, passim : monnaie d’argent, subdivision du franc, de valeur variable. gruerie, 270 : juridiction d’un gruyer ( garde général des bois, responsable des forestiers). habiller, - 59, 71, 111, 126, 140, 214, 263, 265, 306,308 : panser, soigner. - 315 : préparer. habit, 282, 311 : en abit dissimulé : sous un déguisement. habitué, 176 : vêtu. haineux, 251 : ennemi. hanser, 84, 85 : recevoir dans un corps de métier. hante, 146, 194, 272, 294 : manche de bois. hanter, 15, 77, 231 : fréquenter (un lieu). harde, 260 : troupeau communal. hardier(e), 213, 279 : gardien(ne) de troupeau. harnais, 96, 104, 196 : attelage. hart, 167 : corde. hauteur, 176 : juridiction. heritage, 13, 15, 17, 22, 23, passim : terre, propriété, bien immobilier (transmissible par voie de succession). heure, - 29 : une heures : un livre d’heures. - 48 : a l’heure : alors. - 58 : a la propre heure : sur le champ. hoir, 22, 287 : héritier. hoqueleur, I : chicaneur, querelleur. hoqueton, 266 : veste de grosse toile. hostilité, 15 : acte de guerre d’un état contre un autre. houel (hoyau), 218 : petite houe à lame courte taillée en biseau. houseau, 133, 167 : grande botte ou haute guêtre. houssé, 212 : vêtu. huisse, 43, 160, 242 : porte. hutin, 50 : dispute. huve, 278 : bonnet, sorte de coiffe.

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ilecques (iluec), 2, 9, 15, 18, 25, passim : là, dans ce lieu; alors. illumineur, 46 : enlumineur. imal, 167 : mesure de grain. impression, 157 : empreinte. improperer, 10 : reprocher. incontinence, 14 : luxure. incontinent, 1, 4, 8, 12, 16, passim : aussitôt. inconvenient, - 59, 64, 96, 119, 152, 166, 226, 249, 271, 320 : situation fâcheuse, malheur. - par inconvenient, 206, 210, 211 : par accident. induction, 182 : suggestion, incitation. information, 26, 56, 70, 89, 96, passim : enquête judiciaire, renseignement obtenu par une enquête judiciaire. infracteur, 141 : celui qui enfreint. ingerer (s’), 7, 302 : entreprendre. inhumé v. animer. insolence, 180, 209 : violence, excès. instance, 56 : poursuite en justice. instrument, 5, 198 : acte notarié, contrat. interet, - 63 : préjudice. - 96, 101, 116, 169, 314: dédommagement de préjudice subi. interfection, 277 : meurtre. invahissement, 129 : attaque. invaseur, 81, 309 : agresseur. invasible, 240, 262, 308 : baston invasible : arme offensive. involucion, 207 : complication. irriter, 252 : annuler. issir, 48, 60, 65, 134, 140 : sortir. ja, - 153, 238, 269, 285, 311 : déjà. - ne…ja, 48, 57, 137, 144, passim : jamais. - jasoit, 1, 55, 67, 94, passim : jasoit (ce) que : quoique. - ja…pieça v. pieça.

jour, - 194, 244 : les grans jours : les assises extraordinaires. - 202 : mesure agraire. - 294 : bon jour : jour de fête. journal, - 114 : récolte d’une journée. - 131 : champ d’une superficie qu’un homme peut labourer en une journée. - 294 : mesure de longueur. journee, - 22 : heureuse journee : victoire. - 71, 117 : bataille. - 118, 240 : jour assigné pour la comparution en justice. - 154, 155 : séance du tribunal. juree, 66 : redevance annuelle payée proportionnellement à la valeur des biens. laboureur, 151, 164, 272 : travailleur, ouvrier. laignier, 267 : tas de bois. laisseur, 284 : bailleur. lame, 227 : pièce du métier à tisser. latry (letril), 65: lutrin. limitation, 300 : délimitation. linceul, 39, 71, 103, 114, 167, 203, 212, 299 : drap de lit. lion, 94, 167 : monnaie d’or française du XIVe s. loie, 167 : galerie de bois reliant deux bâtiments entre eux. lombard, - 11 : personne originaire de Lombardie. - 46, 83 : prêteur sur gages, usurier, généralement originaire de Lombardie . magnien (maignan), 181 : rétameur, chaudronnier ambulant. male (mail), 114 : marteau, partie opposée au tranchant. mainbournie, 167 : tutelle. mainmise, 22, 201 : saisie (en particulier saisie des biens par le suzerain). maistrie, 84 : force, puissance.

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maix, meiz (més), 90, 135 : jardin, potager. malefice, 20, 311 : méfait. malice, - 26, 60, 117 : méchanceté. - 264 : ruse. malivolence, 250, 304, 305, 309 : malveillance. malveillance, 100 : inimitié. malveillant, 75 : ennemi. manière, - 43 : faire manière : faire semblant. - 61, 108, 123, 227, 232 : moyen. manuelle (manoelle), 316 : poignée. marander, 223, 256, 294 : Lorr. et Champ. goûter, prendre une collation. marchandie, - 84 : commerce. - 93, 124 : marchandise. marien (mairien), 169 : bois de construction. marlier (marreglier), 65 : sacristain qui a la garde d’une église, bedeau. marquisie, 47 : marquisat. matellet (materas) , 206 : trait d’arbalète. menage, - 71, 269 : famille. - 44, 159, 233, 308 : maison, foyer. mesch(e)ance, 61 : mauvaise conduite. mesdit, 15 : mensonge. mesniee, 15, 266 : ensemble des personnes qui vivent sous un même toit (famille et domestiques). mesnil, 114 : maison. messier, 58, 105, 263, 265, 284 : garde champêtre. mestier, - 4, 311 : homme, gens de mestier : ouvrier(s). - 10, 14, 96, 105, 106, 108, 132, 154, 187, 256 : besoin, nécessité. mine, 111 : minerai. moison, 58 : dimension. moitrier (moitoier), 154: métayer. moleste, 1, 13 : ennui, désagrément. molestacion, 19, 20, 63 : dommage.

motion, - 4 : agitation. - 71 : incitation. - 287 : émeute. mouchette, 62 : abeille. mu(r)gier, 258 : tas de pierres. musser, 122 : cacher. mussion (mission), 63 : dépense. mu(s)tel : 169 : mollet. muytier (meutier), 178 : jaugeur, tonnelier. naixon (nasson), 9 : nasse. navrer, 38, 48, 108, 111, 134, passim : blesser. navreure, 118 : blessure. nesun, 206, 226 : aucun. noir, 37 : sorte d’étoffe. noise, 50, 140, 171, 174 , 210, passim : querelle. noisif, noiseux, 164, 187, 195, 227, 229, 239, 240, 243, 304, 313 : querelleur. nommee, 118, 181 : renommée. note, 173 : chant; livre a notes : livre de chants. noter, 44, 46, 49, 52, passim : accuser. notice, 6, 191 : connaissance. obligé, 46 : reconnaissance de dette. obvenir, 22 : échoir. occasion, 15, 20, 23, 28, passim : cause, motif; a, pour (l’) occasion de : à cause de. œuvre, - 75, 122, 123, 188, 191, 206, 208, 213, 217 : avant toute œuvre : avant toute chose. - 112, 152, 169, 180, 215, 230, 241 : œuvre de fait : acte de violence. oinvroir (ouvroir), 66 : atelier. olme (orme), 55 : dessous les ormes : endroit où on rend la justice dans un village. onques, 4, 6, 12, 51, 90, 118, 158, 160, 172, 199 : jamais. opprobre, 14, 91, 209, 276 : insulte. ordonnance, 1 : compagnie d’hommes d’armes. orfanté, 218 : état d’orphelin.

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Glossaire

orfe, 218, 226 : orphelin. oriere, 80 : lisière. outrager, 16, 37, 47, 50, passim : frapper, blesser. paillard, 208 : vaurien, fripon. paillarde, 60, 121, 132, 191 : femme débauchée. paillé, 282 : grange à paille. pain, 263, 265 : faire de tel pain soupe : rendre la pareille. paisible,153 : quitte. paisseau, 58, 118, 172, 294, 317, échalas. pale, paule, 83, 263, 265 : pelle. palis, 135 : palissade. parçonier, 172, 238 : copartageant, cohéritier. parole, - 134, 272 : discussion. - 118 : porter la parole de qqn : plaider la cause de qqn. - 134 : prendre paroles a : chercher querelle à. - 203, 264 : grandes, hautes paroles : injures. - 21, 27, 41, 47, passim : s’entreprendre, se prendre de parole(s) : se quereller. passage, 46, 107, 287 : péage. pa(c)tis, 15 : contribution imposée par le vainqueur. peloge (plege), 100 : garant, caution. person (parçon), 129 : répartition. pessel, pexel v. paisseau. philatre (fillastre), 294 : beau fils. pieça, 5, 11, 22, 25, 152, 155, 210, 220, 269, 284, 316 : (de(s), ja) il y a un certain temps, depuis longtemps. pieton, 179 : fantassin. pitié, 94, 236 : détresse. plaié, 145 : blessé. plaintif, 4, 71, 116, 118, passim : plainte (en justice). plait, 215 : procès, débat. point, - 59, 65, 71 : en point : en état.

- 60, 116, 120, 122, 145, 171, 174, 217, 263, 265, 275, 315 : mettre à point : soigner. - 121, en ce point : de cette façon. - 128, en bon point : en bonne santé. pontonnier, 119 : batelier. po(u)rchacier, 118, 124, 167, 266, 283 : rechercher, chercher à obtenir. po(u)rchas, 7, 25, 72, 210, 253 : requête. pourperelle, 214 : rubéole ou rougeole. poursuite, - 23, 56, 198 : action judiciaire. - 252 : demande. princier, 275 : premier dignitaire d’un chapitre cathédral, en particulier du chapitre cathédral de Metz. prinson (prison), 139 : prisonnier. proie, 222 : troupeau. promotion, 61 : incitation. protocole, 22 : minutier des actes passés devant notaire. proveement, 252 : de façon prouvée. quareler (carreler), I : rapiècer, ressemeler. quartaine, 171, 174, 261, 267 : fievre quartaine : fièvre qui revient tous les quatre jours, v.fievre. quartaut, 43 : petit tonneau contenant un quart de muid. quarte, - 117, 202, 229 : mesure de capacité. - 39, 285 : vase de capacité variable. querelle, 25 : cause, affaire. question, 4, 41, 98, 111, passim : querelle, différend. queue, 311 : futaille d’environ un muid et demi. ragas (riagas), 124 : poison extrait de l’aconit. raie, 80 : sillon, mesure de terre. rain, 144 : branche, rameau. rancure, 118 : haine. rappel, - 154, 233, 252, 253 : rappel d’un banni.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- 155, 170 : rappel de ban : acte officiel par lequel on rappelle qqn de bannissement. rappeler, 107, 198, 207, 295 : révoquer, annuler. rataindre, 67, 272, 274, 304 : rejoindre, rattraper. receter, 26 : donner asile. rechigner, 219 : se disputer. reclain, 95 : réclamation. recompense, 244 : compensation. reconnaissance, 46 : aveu. recouvecteur, recouvreteur, 20, 273 : couvreur. redonder, 23, 231 : être cause de. reduire, 1, 73, 190 : ramener. regard, 1, 6, 8, 12, passim : avoir regard a : prendre en considération, tenir compte de. regent, 315 : maître. regime, 16, 27, 101, 104, 105, 159, 207, 218, 242, 306, 314: soins, traitement médical. relevement, 170 : annulation d’un acte officiel. relever, - 244 : relever un appel, une appellation : obtenir l’autorisation d’interjeter appel d’un premier jugement. - 63 : rembourser. remonstrant(e), 117, 128, 141, 147, passim : plaignant(e). remonstrance, 101, 204 : plainte. rencuser, 49, 292 : dénoncer. renieur, 118 : renieur de Dieu … : blasphémateur. repaier, repairier, - 4, 14 : demeurer. - 44 : se repaier : revenir. representacion, 22 : droit de recueillir une succession comme représentant d’une personne décédée. reprise, 317 : reproche. rescorre, - 5, 109, 131, 133, 279 : reprendre par la force.

- 141, 207 : secourir, délivrer. - 107 : se rescorre : se dégager. restitution, 25, 29 : dédommagement. restrainctif, 116 : remède astringent. retraite, 87 : retrait, rachat d’un bien aliéné. revanche, 185 : défense. ribaud(e), 19, 60, 102, 121, 132, 262 : débauché(e). ribaudi(s)e, 132 : débauche. rigueur, 34, 41, 42, 109, 171, 219, 225, 228, 239 : violence. rioteus(e), 50, 164, 168, 187, passim : querelleur. rober, 6, 29, 43, 65, passim : voler. roberie, 185, 269 : vol. roi, 144, 159 : les petits Rois : l’octave de l’Épiphanie. rompture, 71 : effraction. ronche (ranche), 195 : étai qui soutient la ridelle d’une charrette. rondeau, 244 : sorte d’ornement. rouier (roier), 218 : charron. route, 13 : troupe. sache, 167 : petit sac. saillir, - 246, 273, 279 : se précipiter. - 16, 19, 48, 60, passim : sortir. sallier, seillier (cillier), 168, 192 : Lorr. couper (des céréales) à la faucille. sang, 21, 27, 34, 41, 42, 82, 162: de (chaut) sang : de colère. saucerote, 29 : petite saucière. saucis, 284 : lieu planté de saules. saunier, 84, 85 : celui qui transporte, vend le sel. science, 4, 6, 8, 9, passim : de (nostre) certaine science : en connaissance pleine et entière. seditieux, 100 : fauteur de troubles. seigneur, 252 : seigneur utile : usufruitier. semaison, 279 : semailles. semblant, 243, 291, 315 : faire semblant de : montrer l’intention de. sens, 49 : capacité, habileté.

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Glossaire

sero(u)rge, 114, 144, 145, 190, 224, 272, 319 : beau - frère. serre, 44, 65, 294 : serrure. serrier, 157 : serrurier. solacier, 86 : réconforter. sollicitude, 215 : soins attentifs. sorcerie, 54 : sorcellerie. sorpoil, 178 : excédent de bois dans une forêt (?). souffrette (soufraite), 279, 318 : privation, misère. soupe, 263, 265 : tranche de pain arrosée de bouillon ou de vin, v. pain. sterilité, 157 : disette. subornement, 46, 136 : subornation. surgien, 210 : chirurgien. tardement, 279 : retard. targe, 35, 36, 46, 114 : monnaie qui porte au revers l’image d’un bouclier (à l’origine monnaie des ducs de Bretagne). tendre, - 26 : tendre a : être enclin à. - 55 : tendre afin de : chercher à. - 63 : disposer des pièges pour prendre du gibier. - 180 : tendre sur qqn : être agressif envers qqn. tendue 30 : filet tendu pour prendre du gibier. teston, 237, 295 : monnaie d’argent à l’effigie des ducs de Milan à l’origine. toit, 247 : jouer au toit : jouer à l’extrémité du terrain, en dernière ligne. touaille, 69, 173 : serviette, nappe. touche, 173 : bâtonnet crochu servant à lever les jonchets. to(u)rier, 63 : geôlier. trect (trac), 108 : piste. trahison, 263, 265, 272 : en trahison : par traîtrise. transport, 22 : cession d’un droit, d’une créance. trexe, 58, 151 : parcelle en friche. triacle, 143 : thériaque, remède contre la morsure des serpents.

triacleur, 143 : vendeur de thiéraque, charlatan. tuition, 305, 312 : protection. tuqueze (turquoise), 71 : tenailles. usage, 104 : droit donné aux habitants de prendre du bois dans une forêt. usuaire, 293 : en Lorraine : place, cour près d’une maison servant au dépôt du bois, du fumier, des charrettes. utile v.seigneur. vaisel (vaisseau), 114 : tonneau. valet, 109, 135, 209 : jeune homme. valeton, 58 : garçon. vaxel (vaisseau), 62 : ruche. vendage, 9, 64, 123, 139, 318 : vente. vente, 43 : taxe due pour le changement de propriétaire. venue, 89 : voie. verge, - 34 : aiguillon. - 213 : bague, anneau. - 284 : baguette symbole d’une fonction. verification, 6, 77, 95, 111, 155, 164, 178, 201 : engistrement d’un acte par une cour de justice. vider (hors de), 264 : partir de. vilenie, 118, 120, 129, 243 : insulte. vilonner, 129 : injurier, outrager. virlan, 25 : monnaie d’argent des Pays Bas bourguignons. vitupere, - 14, 283 : honte. - 207 : blâme. volonté, - 152 : caprice, désir. - 187 : plein de sa volonté : qui se laisse guider par ses caprices. vouge, - 67, 79 : sorte de hallebarde. - 300 : sorte de serpe à long manche. vouloir, 170 : assentiment. vrain (verin), 197, 241, I : broche, pique (?). waison (gazon) : 187 : motte de terre recouverte d’herbe. weze (weise), 154, 155 : Lorr. motte de terre.

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Index onomastique Les noms de lieux sont imprimés en capitales, les noms de personnes en minuscules. Les entrées de l’index suivent l’orthographe actuelle, sauf si les noms ont disparu. Les chiffres renvoient aux numéros des lettres de rémission. Adenot, Uruffe (d’) : 270. Agero, soldat servant sous Gratien d’Aguerre : 139. Agize, v. Gerard. Agnès, - Bozillon (le), de Cosnes-et-Romain : 111. - Clerc (le), de Bertrimoutier : 264. - Parisot, de Dainville : 250. - Richart de Latour-en-Woëvre : 155. Aguerre, v. Gratien. Aimé, Naives (de), écuyer au service du seigneur de Pierrefort : 129. AINVELLE (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 84. - v. Jacquot. AIX (Meurthe-et-Moselle, Briey, Conflans-en-Jarnisy) : 285. AJONCOURT (Moselle, ChâteauSalins, Delme) : 235. - v. Jean. Aleché, Belle-Fontaine (de), seigneur de : 127. Alexandre Guiot, ou Guyot, conseiller et secrétaire du duc : 199, 201, 218, 219, 221, 222, 223, 228, 229 , 233,

234, 239, 240, 241, 243, 245, 249, 250, 255, 257, 267, 268, 269, 270, 272, 273, 274, 278, 279, 281, 282, 283, 284, 286, 288, 298, 299, 300, 301, 303, 304, 305, 306, 308, 309, 312, 315, 316, 317, 321. Alexandre : 51. - dit le Grant Alixandre, de Rouvroissur-Othain : 103. Alix, Barisey (de), épouse de Jehan du Tisoy, châtelain : 101. Alix, - Desquetot, de Dompaire : 33. - Sivery, de Rozières-sur-Mouzon : 258. - Uruffe (d’) : 303. ALLAIN (Meurthe-et-Moselle, Toul, Colombey-les-Belles) : 98. - v. Henri, Jean. ALLEMAGNE : 25, 40, 122, 264, 275. - bailli : 4, 20, 37, 207. AMANCE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Nancy-Est) : 2, 7. - prévôt : 2. - v. Gérard, le Fevre, Othin.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

AMBLY (Meuse, Verdun, VerdunEst) : 183, 184. - v. Didier. Amboise, d’, v. Georges. AMERMONT (Meuse, Verdun, Spincourt, Bouligny), hameau de Bouligny, au sud-est du village : 306. - v. Didier, Loys. ANDELOT (Haute-Marne, Chaumont, ch. l. c.) : 171, 174. André, - d’Arrancy : 103. - Blancheteste, habitant et prisonnier à Lamarche : 56. - Bouchier, de Condé-en-Barrois : 298. - Gasquart, de Lunéville : 81. - Grant Colot, de Fains : 316. - Mareschal, arbalétrier de Rosièresaux-Salines : 41, 42. - Villers (de) : 32. Angers, v. Jean Balue. ANOUX (Meurthe-et-Moselle, Briey, Briey) : 156. Antoine, duc de Lorraine, (1489-1544, fils de René II et de Philippe de Gueldre ): 316. - Bar (de), duc : 316. - Calabre (de), duc : 150, 170, 316, II. - Calabre (de), marquis du Pont : 146. Antoine, Châtelet (du), seigneur de Sorcy : 318. Antoine, Hongarde (de), secrétaire du duc, chapelain : 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29. Antoine, - Archelet, de Gondreville : 263, 265. - Charretton (le) : 223. - Lacoste (de), du Val-d’Ajol : 310 - Liegeois, dit le Grant Anthoine : 230. - Lorrotte, maire de Rupt-auxNonains : 230. - Lymosin (le) : 167. - Parenet, de Moyen : 2. - Picart (le), de Bulgnéville : 308, 319.

- Willermel, de Nixéville : 217. Antoinette Martin, de Clairegoutte : 153. APREMONT-LA-FORÊT (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel) : seigneur de, 66. ARAGON, v. René II de Lorraine. Arbide, (d’), v. Michel. ARCHES (Vosges, Épinal, Épinal-Est) : 30, 123. - prévôt : 153. - prévôté : 30, 31, 123, 153. - receveur : 153. ARDENNE, pays d’: 75, 262. ARLON (Belgique, Luxembourg, ch. l. prov.) : 63. - prévôt : 63. - prévôté : 63, 156. Arnoul, - page de Bertrand de Condé : 119. - serviteur de Jean Mareschal : 166. - Saulnier (le), saunier à Remelange : 110. ARRACOURT (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, ch. l. c.) : 228. - v. Parisot. Arrambour, Bayon (de), épouse de Vautrin, jadis receveur general de Lorraine : 6. ARRANCY (Meuse, Verdun, Spincourt) : 24, 103, 260. - château : 213. - châtellenie : 122. - prévôté et châtellenie : 213. - v. André, Martin. ARRAS (Pas-de-Calais, ch. l. dép.) : 67. ARRY (Moselle, Metz-Campagne, Arssur-Moselle) : 134. - v. Béatrice, Didier, Thevenin. Aubertin, de Fontenoy-sur-Moselle : 263, 265. Aubry, Blainville (de), de Réméréville : 158. AULNOIS (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville) : 240. AULNOIS-SUR-SEILLE (Moselle, Château-Salins, Delme) : 278.

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Index onomastique

- v. Mengin. AUMALE (Seine-Maritime, Dieppe, ch. l. c.) : v. Philippe de Gueldre, René II de Lorraine. AUTREY (Vosges, Épinal, Rambervillers) : 116. - v. Louis des Armoises. AUVE, rivière du département de la Marne, aflluent de l’Aisne : 191. AUZÉCOURT (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt) : 135. - v. Jean, Nicolas. AVILLERS (Meuse, Verdun, Fresnesen-Woëvre) : 127. - v. Étienne, Jean, Gerard, Poincette. AVRAINVILLE (Meurthe-et-Moselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 73. - v. Jean, Poincelet. AVRIL (Meurthe-et-Moselle, Briey, Briey) : 58. - v. Jean, Jeannot. BACOURT (Moselle, Château-Salins, Delme) : 54. BAINVILLE-AUX-SAULES (Vosges, Épinal, Dompaire) : 102. - v. Jean. BALBUS, village d’Allemagne, v. Claus. BALE (Basel, Suisse, Bâle-Ville, ch. l. canton) : 46. BALLÉVILLE (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 114. - v. Chrétien, Claude, Mathieu. Balthazar, Haussonville (d’), chevalier, maître d’hôtel du duc : 13, 29, 38, 142. BAN-de-LAVELINE (Vosges, SaintDié, Saint-Dié-Est) : 297. BANNAY (Moselle, Boulay-Moselle, Boulay-Moselle) : 156. - v. Gilles. BANNONCOURT (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 245. BAR-LE-DUC (Meuse, ch. l. dép.) : 46, 54, 64, 86, 94, 95, 96, 90, 104, 107, 110, 122, 124, 135, 140, 143, 173, 176, 184, 189, 191, 196, 198,

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200, 206, 223, 207, 208, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 218, 222, 224, 225, 226, 227, 230, 231, 243, 232, 233, 239, 240, 241, 242, 244, 245, 246, 247, 250, 257, 269, 270, 259, 260, 267, 268, 271, 272, 275, 285, 286, 289, 290, 291, 292, 294, 295, 297, 298, 305, 307, 309, 311, 312, 313, 314, 315, 316, 317, III. - assises du bailliage : 309. - bailli : 18, 51, 57, 64, 66, 90, 102, 104, 120, 121, 135, 140, 172, 173, 199, 200, 204, 206, 223, 207, 208, 212, 216, 222, 225, 226, 228, 233, 236, 244, 245, 249, 270, 260, 272, 285, 290, 298, 309, I, II, III. - bailliage : 113, 230, 299, III. - capitaine : 113, 216. - château : 91, 105, 106, 123, 134, 188, 190, 192, 193, 197, 204, 221, 233, 244, 251, 293, 296, I. - clerc juré : II. - conseil : 176, 183. - duché : 12, 21, 22, 24, 26, 38, 48, 57, 60, 61, 64, 73, 77, 81, 122, 127, 143, 160, 167, 187, 188, 199, 201, 204, 211, 233, 244, 271, 309, 313, 317, II. - gens des comptes du duché : 105, 134, 189, 190, 191, 204, 206, 207, 216, 217, 224, 225, 244, 246, 250, 268, 314. - gens du conseil : 313, 314. - gouverneur du duché : 25, I. - gouverneur et lieutenant général du duché : 24. - gruerie : 270. - lieutenant du bailli : 84, 122, 123, 135, 291, 314, I, II, III. - lieutenant et gouverneur général du duché : 49. - lieutenant général du duché : 18. - lieutenant général et gouverneur du duché : 20, 26. - maréchal du duché : 54, 90.

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- président des comptes : 222, 293, 294, 295, 296, 298. - prévôt : 143, II. - prévôté : 90, 143, 176, 199, 233, 236, 267, 316, I, II. - procureur : 90, 104, 120, 244, 250, 269, 270, 259, II. - procureur du bailliage : 314. - procureur général du bailliage : 299. - procureur général du duché : 20, 21, 66, 104, I. - receveur : 230. - receveur du bailliage : 236. - v. Antoine de Lorraine, Bastien, Bernard, François, Isabelle, Jean, Marguerite, Meline, Mengin, Nicolas, Philippe de Gueldre, René II de Lorraine, Thomas. Barbas, seigneur de, v. Henri. BARBONVILLE (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Bayon) : 229. - v. Nicolas. BARROIS, duché : 210. - gens des comptes : 241, 270. - justiciers, officiers et sujets : 48. - maréchal : 57, 66. - pays : 24, 46, 321. - pays et seigneurie : 24. - président des comptes : 225, 251, 269, 271, 272. - président et gens des comptes : 223, 226, 227, 230, 239. - procureur : 314. - procureur général : 60, 135, 154, 155, 164, 177, 178, 181, 183, 184, 188, 189, 190, 198, 223, 207, 214, 221, 222, 225, 249, 269, 286, 309, 313. - receveur : 211. v. Oudet de Chesaulx. - receveur général : 78, 96, 113, 117, 313. - seigneurie : 74. - sénéchal : 30, 31, 32, 34, 38, 126, 296, 298, 307, 308, 318, 319. - sénéchal et maréchal : 90. Barthélemy : 90.

Baschy (de), v. Jean. BASSIGNY, bailli : 59, 101, 104, 107, 116, 120, 128, 130, 194, 201, 209, 237, 246, 282, 289, 291, 295, 308. - bailliage : 56, 65, 85, 107, 308, 318. - lieutenant du bailli : 122, 123, 135. - officiers : 181. - procureur, procureur général : 56, 61, 77, 181, 319. Bassompierre, seigneur de, Geoffroy, capitaine de Darney : 141. Bastien, - serviteur de Jean de Piennes : 306. - Bourelier (le), de Bar-le-Duc : 314. - Symonnin, de Gironcourt-surVraine : 279. Baudin, Masson (le), d’Epiez-surChiers : 296. Baudon Guiot, de Condé-en-Barrois : 91. BAUDONVILLIERS (Meuse, Bar-leDuc, Ancerville) : 223. - v. Jean. BAUDRICOURT (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 281. - v. Jean. BAYON (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, ch. l. c.) : 22, 41, 42. - v. Arrambour, Thierry, Vautrin. BAZAILLES (Meurthe-et-Moselle, Briey, Villerupt) : 252, 253. - v. François, Isabelle, Jeanne, Mengin. BAZINCOURT (Meuse, Bar-le-Duc, Ancerville) : 230. - v. Jean. BAZOILLES (Vosges, Neufchâteau, Neufchâteau) : 116. - v. Didier, Jean, Pernot, Perrard, Perrin. Béatrice Baudenet, de Châtenois : 1. Béatrice Bon Filz, d’Arry : 134. BEAULIEU (Meuse, Bar-le-Duc, Seuild’Argonne) : 173, 271. Beaumont, v. Olry. BEAUPRÉ (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Lunéville-Sud, Moncel-

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Index onomastique

lès-Lunéville), abbaye de Beauprésur-Meurthe (Cisterciens) : 159. Beauvau, seigneur de, s. d. Achille, grand maître d’hôtel du duc : 220, 234, 239, 260, 285, 290, 312. BELLE-FONTAINE (Meuse, Verdun, Spincourt, Rouvrois-sur-Othain), hameau de Rouvrois-sur-Othain, au nord du village : 127. - v. Aleché. Benoît Mengeotte : 258. - Tixerant, de Faulx : 292. Bernard, Luxembourg (de), s. d. Bernard de Lutzelbourg, lieutenant du gouverneur du Luxembourg: 272. Bernardin, Lenoncourt (de), capitaine de l’artillerie ducale, seigneur en partie de Serres : 232. BERNÉCOURT (Meurthe-et-Moselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 190, 220. - v. Jean, Jeanne, Manbelet. Bertaud Magnien : 181. Berthemin, Cartillieux (de), de Certilleux : 240. Bertrand : 264. - faux homme d’église : 266. - de Fouchifol : 34. - de Condé-en-Barrois : 119. - Crapelot (le) : 12. - Maire (le), de Malzéville : 284. - Putear (du), chef de compagnie : 99. - Toussains dit le Castain, de Pierrevillers : 168. BERTRIMOUTIER (Vosges, SaintDié, Saint-Dié-Est) : 264, 266. - v. Agnès, Demenge, Jean. Beufvelot Poinsart : 321. BEUVEILLE (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longuyon) : 24. BIÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 43. - v. Hamonin, Serriot. BIFFONTAINE (Vosges, Saint-Dié, Brouvelieures) : 305. - v. Nicolas, Pierrat. Billede, de Noviant-aux-Prés : 69.

BIONCOURT (Moselle, ChâteauSalins, Château-Salins) : 53. - v. Jean. BLAINVILLE-SUR-l’EAU (Meutheet-Moselle, Lunéville, Bayon) : 158. BLÂMONT (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Blâmont, ch. l. c.), protonotaire : 20. Blandin, de Raulecourt : 224. BLÉNOD-LÈS-TOUL (Meurthe-etMoselle, Toul, Toul-Sud) : 98. - v. Jean. BLEURVILLE (Vosges, Épinal, Monthureux-sur-Saône) : 84. - v. Jacquot. BLEVAINCOURT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 258. BLONDEFONTAINE (Haute-Saône, Vesoul, Jussey) : 107, 108. - v. Jean. BOËMONT (Meuse, Verdun, Damvillers, Vittarville), hameau de Vittarville, au nord-ouest du village : 103. - v. Mengin, Pierre. BOIS-LE-DUC (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Vandoeuvre-lès-Nancy, ch. l. c.), bois à Vandoeuvre-lès-Nancy, entre cette localité et Houdemont : 163. BOISMONT (Meurthe-et-Moselle, Briey, Villerupt) : 252. Bonette Olry, de Saint-Julien : 194. Boucher (le), de Marmoutier : 315. BOUCHERAUMONT, v. SAINTURBAIN. - prieur et prieuré : 74. - v. Catherine. BOUCONVILLE (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel) : 224, 239. - château : 224. - officiers : 224. - prévôt : 239, 257. - prévôté : 257. - v. Didelot, Didier. BOUCQ (Meurthe-et-Moselle, Toul, Toul-Nord) : 221.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- v. Brion, Jean. Boudet v. Jean. BOUDONVILLE (Meurthe-etMoselle, Nancy, ch. l. dép.), moulin du faubourg de Boudonville, au nordest de Nancy) : 312. - v. Jean, Perrin. BOULAINCOURT (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 133, 268. BOULAY-MOSELLE (Moselle, ch. l. ar.) : 275. - v. Simon. BOURGOGNE, chancelier : 255. - comté : 300. - monnaie de : 94, 167. - pays de : 16. - province : 130, 295, 310. - v. Charles de Bourgogne. Bourguignon (le), de Serres : 4. - serviteur de Jean Solet : I BOURLÉMONT (Vosges, Neufchâteau, Coussey, Frebécourt), château situé dans la paroisse de Frebécourt : seigneur de, 301, 304. BOURMONT (Haute-Marne, Chaumont, ch. l. c.) : 59, 71, 131. - sénéchaussée : 59, 93, 132. - v. Didier, Marguerite, Mengeot. BOUZANVILLE (Meurthe-etMoselle, Nancy, Haroué) : 82, 133. BOYS CHASSOT (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville, Saulxureslès-Bulgnéville), bois à Saulxures-lèsBulgnéville : 201. BRACMONT (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt, Poussay), lieu-dit, s. d. à Poussay : 167. BRAINVILLE-SUR-MEUSE (HauteMarne, Chaumont, Bourmont) : 131. - v. Jean. BRANCOURT (Vosges, Neufchâteau, Coussey, Soulosse-sous-SaintElophe), hameau de Soulosse-sousSaint-Elophe, au nord-ouest du village : 128.

BRAS-SUR-MEUSE (Meuse, Verdun, Charny-sur-Meuse) : 179. BRATTE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Nomeny) : 321. BRÉCHAINCOURT (Vosges, Neufchâteau, Neufchâteau, Circourt-sur-Mouzon), hameau de Circourt-sur-Mouzon, au nord du village : 301. - v. Colin, Mengin. BRETAGNE, targe de ( monnaie): 46, 114. - province : 48. BREUVANNES-EN-BASSIGNY (Haute-Marne, Chaumont, Clefmont) : 132. - chapelain : 132. - seigneur de v. Philibert. - v. Demengeot, Jean, Nicolas, Philibert. Bricquier (le), de Nancy : 321. BRIEY (Meurthe-et-Moselle, ch. l. ar.) : 58, 100, 164. - clerc juré : 144, 164. - prévôt et officiers : 214. - prévôté : 58, 110, 164, 168, 206, 285. BRILLON-EN-BARROIS (Meuse, Bar-le-Duc, Ancerville) : 307. - v. Demenge, Jeannette. Brion Barroys, de Boucq : 221. BROUSSEY-EN-BLOIS (Meuse, Commercy, Void-Vacon) : 64. BRULEY (Meurthe-et-Moselle, Toul, Toul-Nord) : 255. - v. Didier, Mare, Nicolas, Warin. BRUYÈRES (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 198, 215, 231. - château : 231. - maire : 215. - prévôt : 186. - prévôté : 10, 186, 215, 302, 305. - v. Demenge, Hennezel, Jean. BULAINVILLE (Meuse, Bar-le-Duc, Seuil-d’Argonne, Nubécourt), hameau de Nubécourt, sur la rive gauche de l’Aire : 121.

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Index onomastique

- v. Didier, Humbert, Huyon, Michelette. BULGNÉVILLE (Vosges, Neufchâteau, ch. l. c.) : 172, 308, 318, 319. - v. Antoine, Jean, Jeannette, Nicolas, Pierrard. BUREY (Meuse, Commercy, Vaucouleurs) : 309. - v. Guillaume, Henri, Pierrot. BURIVILLE (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Blâmont) : prêtre de, 141. BURLIONCOURT (Moselle, Château-Salins, Château-Salins) : 248. Burthignon Esmay, de Pont-àMousson : 136. BUSSY (Meuse, Commercy, ch. l. ar.), lieu-dit à Commercy, entre cette localité et la forêt de la ville : 317. - v. Jean. BUZY (Meuse, Verdun, Etain) : 75. Cailot Beausire, de Selaincourt : 234. Calabre : v. Antoine de Lorraine, Jean II d’Anjou, Nicolas d’Anjou, Renault, René II de Lorraine. Campobasso, comte de, dit de Montfort, ( 1415 - 1478), condottiere napolitain au service du duc : 49. - v. Javothe, Lombard (le), René Caratho. Catherine, - picarde, concubine du prieur de Boucheraumont : 74. - épouse de maître Pierre de Rouvroissur-Othain : 213. - Boulangier : 293. - Bourgois, sage-femme de Pont-àMousson : 178. - Lescorcheur, de Givrauval : 236. - Marchal, de Maron : 163. - Tarreil (du), de Norroy-le-Veneur : 78. - Thieulier (le), de Lamermont : 226. - Tytour, de Malzéville : 284.

CERTILLEUX (Vosges, Neufchâteau, Neufchâteau) : 240. - v. Berthemin, Chrétien, Mengin. CHALANCEY (Haute-Marne, Langres, Prauthoy) : 171, 174. CHALLADE (Meuse, Bar-le-Duc, Barle-Duc-Nord, Fains-Véel), lieu-dit, s. d. à Fains-Véel : 316. Challant, comte de, s. d. Philibert, seigneur de Beaufremont : 240, 271, 303. CHALONS-EN-CHAMPAGNE (Marne, ch. l. dép.) : I. CHAMBLEY-BUSSIERES (Meurtheet-Moselle, Briey, ch. l. c.) : 88. - châtelain et officier : 155. - seigneurs : 155. - v. Jean. CHAMOUILLEY (Haute-Marne, Saint-Dizier, Saint-Dizier-Sud-Est) : 113. - v. Mathieu. CHAMP-LE-DUC (Vosges, Épinal, Bruyères) : 231. - v. Jean. CHAMPAGNE, province : 173, 205, III. CHAMPIGNEULLES (Meurthe-etMoselle, Nancy, Pompey) : 133, 138. - v. Didier, Jean. CHANCENAY (Haute-Marne, SaintDizier, Saint-Dizier-Nord-Est) : 230. - v. Pierre. CHANTERAINE (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois) : 285. CHAPELLE (la) (Marne, SainteMenehould, Sainte-Menehould) : 191. - v. Gillet, Henri, Jean. Chapeau, compagnon de guerre : 100. Chappelier (le), de Noncourt : 203. CHARDOGNE (Meuse, Bar-le-Duc, Vavincourt) : 64, 204, 212. - v. Jean. Charles, - Bourgogne (de), duc, dit Charles le Téméraire (1433-1477): 5, 15, 22.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Gueldre (de), duc (1492-1538), beau-frère de René II :152. - Guyenne (de), duc, frère de Louis XI : 1. - Haraucourt (de), conseiller et chambellan du duc : 228. Charles, - orfèvre à Ligny-en-Barrois : 244. - Warin, d’Essegney : 283. CHARMES (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 133, 161, 283. CHARMOIS (Vosges, Épinal, Bruyères) : 28. - v. Thierry. CHASSEY (Meuse, Commercy, Gondrecourt-le-Château) : 71. CHÂTEAU-SALINS (Moselle, ch. l. ar.) : 17, 248, 273, 288. - prévôt : 54, 248, 273, 281, 288. - prisons : 273, 281. - v. Nicolas, Vincent. Châteauneuf, de, v. Jean. CHÂTEL-SUR-MOSELLE (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 283. - v. Guillaume. CHÂTENOIS (Vosges, Neufchâteau, ch. l. c.) : 1, 43, 114, 118, 151, 159, 179. - officiers : 159. - prévôt : 55. - prévôté : 118, 179, 279, 301. - v. Baudenet, Chrétien. CHÂTILLON-SUR-SAÔNE (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 107, 108. - v. Jacquot, Thomas. CHATONRUPT (Haute-Marne, Saint-Dizier, Joinville) : 74. CHAUMOUZEY (Vosges, Épinal, Épinal-Ouest) : 293. - abbaye (Chanoines réguliers) : 282. - prieur : 282. - v. Didier, Jean, Mathiotte, Regnier. Chauvency, seigneur de : 231, 277. CHAVELOT (Vosges, Épinal, Châtelsur-Moselle) : 280. - v. Jean.

CHAVELZ (Vosges, Neufchâteau, Vittel, Lignéville), terre située à Lignéville : 71. Chaweriet, de Racécourt : 133. CHAZELLES-SUR-ALBE (Meurtheet-Moselle, Lunéville, Blâmont) : 145. - v. Jean. Chevillon (de), seigneur en partie : 37. - v. Pied de Fer. Cheveron (de), baron, (François de Chevron ?), seigneur de Savoie : 240. Chrétien, Châtenois (de), secrétaire du duc : 33, 39, 43, 46, 58, 60, 68, 70, 72, 73, 74, 75, 77, 86, 79, 82, 83, 84, 85, 94, 87, 89, 90, 93, 102, 103, 104, 111, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 127, 129, 133, 136, 138, 145, 150, 151, 153, 155, 156, 157, 159, 160, 161, 162, 164, 166, 167, 168, 169, 176, 177, 178, 179, 181, 182, 183, 184, 185, 187, 188, 195, 238, 263, 265, 280. Chrétien, - de Balléville : 114. - de Certilleux : 240. - Champigny (de) : 202. Christophe, - bâtard de Pailly: 19. - Dandrillon, de Ménil-sur-Saulx : 216. - Hale, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Molaye, forestier : 317. Cipieres, seigneur de, s. d. Raymond d’Agoult : 76, 115. CIRCOURT-SUR-MOUZON (Vosges, Neufchâteau, Neufchâteau) : 133. CLAIREGOUTTE (Vosges, Épinal, Xertigny, Uzemain), hameau de Uzemain, à l’est du village : 30, 31, 153. - v. Antoinette, Clémence, Jean. CLAIRLIEU (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Laxou, Villers-lès-Nancy), abbaye (Cisterciens) : 321. Claude,

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Index onomastique

- Balley : 159. - Bicquelot, prêtre de Vézelise : 251. - Boursier (le), de Saint-Nicolas-dePort : 41, 42. - Brenel, de Mandres-sur-Vair : 318. - Bricquart, de Balléville : 114. - Harens (des), de Granges-surVologne : 215. - Macon : 197. - Martin, de Pulligny : 125. - Mathiet : 39. - Moute : 28. - Nancy, de Fougerolles : 310. - Plume (de la), serviteur du comte de Salm : 54. - Renart, de Granges-sur-Vologne : 215. - Saulnier, de Girancourt : 282. - Sullaire : 179. - Vairel, de Serécourt : 85, 84. Claudine, Ragecourt (de) : 101. Claus, - Claust, de Balbus : 122. - Mercier (le), habitant de et prisonnier à Marville : 26. CLAYEURES (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Bayon) : 293. Clémence, - Huguenin, de Maron : 163. - Martin, de Clairegoutte : 153. - Mathiet : 39. Clément, - Climent, de Libdeau : 303, 303. - Drappier (le), de Serres : 94. CLEMERY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Nomeny) : 133. Clerc (le) : 25. CLERMONT-EN-ARGONNE (Meuse, Verdun, ch. l. c.) : 133, 182. - bailli : 12, 24, 81, 121, 148, 180, 204, 217, 222, 264, 271. - bailliage : 271. - châtellenie : 180. - conseillers, bailli, prévôt, procureur : 291. - lieutenant du bailli : 244. - prévôté : 182.

- v. Demenge. CLÉZENTAINE (Vosges, Épinal, Rambervillers) : 283. CLINCHAMP (Haute-Marne, Chaumont, Bourmont) : 59, 116. - v. Jean. COIFFY (Haute-Marne, Langres, Bourbonne-les-Bains) : 101. - v. Pomiart. Colart, - Beaupere : 68. - Brimet, de Domptail-en-L’Air : 124. - Grant Mengin : 103. - Haraucourt, de Dagonville : 317. - Laneron, de Pierrevillers : 168. - Nouroye (de) : 180. - Petit Jehan, de La Mothe : 137. - Quare : 75. - Rouceau dit le Roussel, barbier à Serres : 4. - Saincte Marie (de), de Colmey : 290. Colas, Châtelet (du), seigneur de Vauvillers : 141. Colas, - le Grant Colas, de Vittel : 101. - le Grant Colas, de Mirecourt : 167. - Bernard, de Saulxures-lès-Vannes : 202. - Lallemant, serviteur du seigneur de Gombervaux : 212. - Wahain, de Velaines : 158. - Waultres, de Serres : 94. Colesson, - Maire (le), de Nubecourt : 271. - Roussel (le), de Dammarie-surSaulx : 176. Colette, - Cabilla (de) : 38. - Matagot : 226. Colin, - de Fouchifol : 34. - Bourrelier (le), hôtelier à Pont-àMousson : 99. - Camus (le) : 175. - Clerc (le), de Bréchaincourt : 301. - Doux (le), de Poussay : 167. - Foillot, de Noncourt : 203.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- George, métayer de Perrin de Haraucourt, de Latour-en-Woëvre : 154, 155. - Grousette, de Dugny : 249. - Malcolin : 121. - Maljehan, de Villers-lèsMangiennes : 188. - Perrin, de Condé-en-Barrois : 298. - Petit, de Haréville : 274. - Poupart : 135. - Ranarre, de la Tisserandie : 198. - Saulnier, de Girancourt : 282. - Thiebault, de Haraucourt : 72. Colinet, - Bellehoste, laboureur et bourgeois de Luzy : 70. - Colinet : 25. Collet, - Grégoire, de Lamermont : 226. - Marchal (le), de Virton : 148. Collignon Melliant, gardien des clés de la ville de Rosières-aux-Salines, s. d. Thieriet Meliant, futur gouverneur de Rosières: 3. COLMEY (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longuyon) : 290. - v. Colart. COLOMBEY-LES-BELLES (Meurthe-et-Moselle, Toul, cheflieu) : 98. Colot, - Godinot, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Hacquart, marchand à Gondrecourtle-Château : 209. COMMERCY (Meuse, ch. l. ar.) : 25, 49, 52, 257, 311. - officiers et justiciers : 52. - v. Georges. CONDÉ-EN-BARROIS (Meuse, Barle-Duc, Vaubecourt) : 91, 298. - v. André, Baudon, Bertrand, Colin, Didier, François, Jacquemin, Jean, Meline. CONFLANS-EN-JARNISY (Meurthe-et-Moselle, Briey, cheflieu) : 211.

- v. Jean, Lorrette, Vautrin. CONS-LA-GRANDVILLE (Meurtheet-Moselle, Briey, Longuyon) : 111. - seigneurs et officiers : 111. CONTRISSON (Meuse, Bar-le-Duc, Revigny-sur-Ornain) : 270. - v. Henryon, Jean, Pierrot. CORCIEUX (Vosges, Saint-Dié, ch. l. c.) : 142. COSNES-ET-ROMAIN (Meurtheet-Moselle, Briey, Mont-SaintMartin) : 21, 111. - v. Agnès, Henri, Huet, Huguenin, Jean, Pierron. Cotignac, seigneur de, Baptiste de Pontevès, sénéchal de Lorraine: 39. COUSANCES-LES-FORGES (Meuse, Bar-le-Duc, Ancerville) : 113, 189. - v. Didier. COUSSEY (Vosges, Neufchâteau, ch. l. c.) : 8, 304. - v. Henri, Jean, Mengeot. COUVONGES (Meuse, Bar-le-Duc, Revigny-sur-Ornain) : 316. - v. Martin, Thevenin. CRAINCOURT (Moselle, ChâteauSalins, Delme) : 278. CRAINVILLIERS (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville) : 128. - v. Parisot. Crance, capitaine : 210, 321. Cugnin, : 185. - échevin de Nancy : 45. - Cornade, de Haroué : 149. - Raiguet, arbalétrier de Rosières-auxSalines : 41. CUSTINES (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Nancy-Est) : 119. - château  : 164, 182, 248, 249, 261, 262, 263, 264, 265, 276, 277, 288, 306. - seigneurie : 292. - v. Didier. CUTRY (Meurthe-et-Moselle, Briey, Mont-Saint-Martin) : 63. DAGONVILLE (Meuse, ar. et c. Commercy) : 317. - v. Colart.

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Index onomastique

DAINVILLE (Meuse, Commercy, Gondrecourt-le-Château, DainvilleBertheléville), anc. Dainville-auxForges : 250. - v. Agnès, Wyart. DAMMARIE-SUR-SAULX (Meuse, Bar-le-Duc, Montiers-sur-Saulx) : 176. - v. Colesson, François. DANNEVOUX (Meuse, Verdun, Montfaucon-d’Argonne) : 180. - v. Gautier, Jean. DARMONT (Meuse, Verdun, Etain) : 75. DARNEY-AUX-CHÊNES (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 118, 141. - v. Mengin. DARNIEULLES (Vosges, Épinal, Épinal-Ouest) : 9, 28, 153, 280. - v. Demenge, Jean. David : 11. - Fils David : 129. DELME (Moselle, Château-Salins, chef-lieu) : 278. Demenge, 161. - chapelain de Pannes : 190. - Anthoine : 264. - Bazey, de Marzelay : 40. - Bocelles, de Fougerolles : 310. - Clerc (le), de Bertrimoutier : 264. - Courvisier, de Granges-sur-Vologne : 10. - Gomery : 142. - Goudot, de Clermont-en-Argonne : 133. - Hembelloy, marchand de vin à Rambervillers : 133. - Hira (le), de Brillon-en-Barrois : 307. - Pagel, de Grandvillers : 186. - Parmentier, prêtre de Neufchâteau : 86. - Rousselat (le), de Darnieulles : 28. - Waldechamp, de Bruyères : 198. Demengeot, - chapelain de Sauville : 193.

- Guaingniere (le), maire de Sauville : 181. - Leullot, de Serocourt : 130. - Massenot, sergent du bailli et tavernier à Neufchâteau : 116. - Ranarre, de la Tisserandie : 198. - Rouyer, de Breuvannes-en-Bassigny : 132. - Sivery, laboureur à Rozières-surMouzon : 258. Demengin Lebuef, de Ligny-enBarrois : 66. Denis, - Pelletier, habitant du comté de Ligny-en-Barrois : 268. - Rouyer (le), de Mesnil : 121. DEUXNOUDS (Meuse, Commercy, Vigneulles-lès-Hattonchâtel) : 200. Didelot, Grant Gorgias (le), de Bouconville : 239. Dideron : 222. Didette, Mirecourt (de) : 244. Didier Dupuis, secrétaire du duc: 122, 123, 124, 135, 164, 194, 200, 207, 209, 211, ,213, 224, 260, 276, 277. Didier Nicolai, ou Nicolas, secrétaire en l’hôtel ducal : 97, 101, 105, 106, 109, 110, 125, 126, 128, 131, 132, 134, 137, 139, 140, 141, 143, 144, 146, 147, 149, 154, 158, 171, 172, 173, 174, 175, 180, 190, 192, 193, 197, 220, 287. Didier Tallart, Taillart, secrétaire du duc, 170, 277, 289, 296, 297, 301, 303 Didier, - le Grant Didier, garde-champêtre de l’évêque de Toul : 105. - muletier : 261. - maire de Champigneulles : 138. - Ambacourt ( d’), de Gironcourt-surVraine : 279. - Asny ( d’) dit le Breton, de Naivesen-Blois : 291. - Aubert, de Forcelles-saint-Gorgon : 82. - Bargan, chapelain du curé de Salmagne : 57.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Bazey, de : 40. - Berthote, boucher à Neufchâteau : 55. - Beullemel, de Bourmont : 131. - Billey : 280. - Boulengier, orfèvre : 237. - Boulengier (le), de Toul : 23. - Boullengier, de Lamarche : 295. - Brenel, de Mandres-sur-Vair : 319. - Camus (le), de Bulainville : 121. - Challey, d’Estrennes : 151. - Chavry : 150. - Climent, de Libdeau : 303. - Colin : 246. - Colinet, de Remiremont : 218. - Collignon : 196. - Daguenel dit Mourot, boucher à Neufchâteau : 55. - Drowot, d’Arry : 134. - Godinot (le), de Hargeville-surChée : 200. - Gougeat : 261. - Grolet, de Vigneulles : 41. - Guerlot, chapelain de Rouvrois-surOthain : 213. - Guiot, de Condé-en-Barrois : 91. - Haire (le), de Gerbépal : 142. - Hale, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Houssart dit le Grant Didier, serviteur de Nicolas Parspegaire, seigneur de Bruley : 255. - Huguenin, de Maron : 163. - Jennon, de Rouvres-en-Xaintois : 243. - Lescorcheur, de Givrauval : 236. - Longeaue, de Triaucourt-enArgonne : 173. - Macquart, de Cousances-les-Forges : 113. - Maillet, maire de Custines : 119. - Malavilliers (de), prévôt : 239. - Malchaire, de Tantonville : 82. - Marion, d’Amermont : 306. - Marquart, de Cousances-les-Forges : 189. - Matagot : 226. - Maton : 267.

- Mommep, de Mirecourt : 167. - Morel, de Loisey : 57. - Moyenne (le), de Mannecourt : 179. - Nicolas : 203. - Noy (le), de Loisey : 57. - Paigot, de Bazoilles : 116. - Parisot, de Villers-sous-Prény : 47, 169. - Pierrard dit Guillot, charretier à Saint-Mihiel : 171, 174. - Pille : 256. - Pitoux (le), de Faulx : 292. - Proudoms, de Seicheprey : 257. - Regens (le), de Chaumouzey : 293. - Roucel (le) : 273. - Roussel, de Jarville : 32. - Rouyer (le) : 58. - Rouyer (le), de Raulecourt : 224. - Ryaucourt, de Condé-en-Barrois : 298. - Saint Remy (de), marchand à SaintMihiel : 171, 174. - Saulnoy (le), de Bouconville : 239. - Tiercelin : 167. - Trotin, de Levoncourt : 267. - Vacuart, de Sauvigny : 105. - Verdier (le), d’Ambly : 183, 184. - Vichery (de), tisserand à Nancy : 97. - Vigneron (le), de Vitry-sur-Orne : 164. - Willermel, de Nixéville : 217. - Ydette, de Girancourt : 282. Didiere, - Hez (de), de Laheycourt, serve du duc : 245. - Villan : 258. Dieudonné Habart, de Nouillonpont : 122. DIEULOUARD (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 150. DIEUZE (Moselle, Château-Salins, ch. l. c.) : 294. - v. Hanzel, Rodolphe, Tonez. DIJON (Côte-d’Or, ch. l. dép.) : 171, 174. Dolet, Licorne (de la) : 94.

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Index onomastique

DOMBASLE-SUR-MEURTHE (Meurthe-et-Moselle, Neufchâteau, Saint-Nicolas-de-Port) : 310. - seigneur de : 249, 276, 287. - v. Ferry. DOMJULIEN (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 43, 94, 167. - v. Jean, Willemin. Dommartin, seigneur de, s. d. Evrard, bailli de Vosge : 70, 76, 77, 114, 115, 148, 151, 179, 197, 211, 212, 213, 240, 254. DOMMARTIN-AUX-FOURS (Meuse, Commercy, Void-Vacon, Troussey), ancien village ruiné : 311. DOMMARY (Meuse, Verdun, Spincourt) : 285. - v. Lamontaigne. DOMPAIRE (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 9, 30, 31, 33, 179, 285. - justice : 11. - prévôté : 11, 179, 293. - v. Alix, Jean. DOMPTAIL-EN-L’AIR (Meurthe-etMoselle, Lunéville, Bayon) : 124. - v. Colart, Mengin. DUGNY (Meuse, Verdun, VerdunCentre) : 249. - v. Colin. DUN-SUR-MEUSE (Meuse, Verdun, Dun-sur-Meuse, ch. l. c.), anc. Dunle-Château : 227, 236. - v. Jacques. Dupuis v. Didier, Jean, François . Durat v. Guillaume. Edeline Foillot: 203. EINVAUX (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Bayon) : 34. - v. Jean. EINVILLE-AU-JARD (Meurtheet-Moselle, Lunéville, LunévilleNord) : 5. - v. Jean. ELBEUF (Seine-Maritime, Rouen, ch. l. c.) : 140. - v. Jeninet. Éloi Regnault, de Vassincourt : 207.

EMBERMÉNIL (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Blâmont) : 273. - v. Jean. ÉPERNAY (Marne, ch. l. ar.) : 21. EPIEZ-SUR-CHIERS (Meurthe-etMoselle, Briey, Longuyon) : 296. - v. Baudin. ÉPINAL (Vosges, ch. l. dép.) : 1, 28, 87, 147, 228, 280. - bailli : 228. - prévôté : 28, 280. - v. Parisot. ÉRIZE-LA-BRÛLÉE (Meuse, Bar-leDuc, Vavincourt) : 172. - v. Jean. Errart Poupart : 135. ESNES-EN-ARGONNE (Meuse, Verdun, Varennes-en-Argonne) : 246. - v. Jacquemin, Jean, Nicolas. ESSEGNEY (Vosges, Épinal, Charmes) : 283. - v. Charles, Nicole. ESSEY-LÈS-NANCY (Meurthe-etMoselle, Nancy, Saint-Max) : 13, 29. - v. Janin, Simon. Estiennot, de Neufchâteau : 71. ESTRENNES (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 151. - v. Didier. ÉTAIN (Meuse, Verdun, ch. l. c.) : 18, 19, 75, 84, 183, 184, 225, 285. - prévôté : 160. ÉTALLE (Belgique, Luxembourg, Virton,) : - prévôté : 126. - v. Jean. ÉTAMPES-SUR-MARNE (Aisne, Château-Thierry, ChâteauThierry) : 199. Étienne, 210. - berger à Parey : 61. - barbier juré à Fléville : 214. - Barbier, de Neufchâteau : 86. - Chuchin, de Pierrefitte : 57.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Content, habitant et sergent de Godoncourt : 300. - Cunay, de Haréville : 274. - Jehan Maire, pâtre de Parey : 68. - Musnier (le), maire de Housselmont : 202. - Petit Vigneul (le), serviteur de Gerard d’Avillers : 48. ÉTIVAL (Vosges, Saint-Dié, Raonl’Etape) : 198. - abbé : 198. EURANTES (Les) (Meuse, Verdun, Spincourt, Arrancy-sur-Crusne), hameau d’Arrancy-sur-Crusne, au sud-est du village : 260. - v. Henri, Jamin, Jean. EUVEZIN (Meurthe-et-Moselle, Toul, Thiaucourt-Regniéville) : 190. - v. Jean. EUVILLE (Meuse, ar. et c. Commercy) : 311. - v. Gerard. Évrard, - Haraucourt (de ), bailli de Nancy : 22, 85. - Heldelberg (de), serviteur du comte de Salm : 54. FAINS-VÉEL (Meuse, Bar-le-Duc, Barle-Duc-Nord) : 143, 316, II. - v. André, François, Françoise, Geoffroy, Gerard, Jacquot, Jean, Nicolas. FAULX (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Nomeny) : 292. - v. Benoît, Didier. FÉCOCOURT (Meurthe-et-Moselle, Toul, Colombey-les-Belles) : 320. -v. Simon. Ferry, - Savigny (de), seigneur de Dombasle, échanson du duc : 310. - Dugny, de Moyeuvre : 110. - Marechal (le), de Senon : 225. FLABÉMONT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche, Tignécourt), abbaye (Prémontrés) et abbé : 194. FLANDRE, province : 71.

FLAVIGNY-SUR-MOSELLE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, SaintNicolas-de-Port) : 195. - v. Geoffroy, Regnault. FLEURY-DEVANT-DOUAUMONT (Meuse, Verdun, Charny-sur-Meuse, Fleury-devant-Douaumont), village détruit lors de la bataille de Verdun (1916) : 285. Fléville, seigneur de, Warry de Lutzelbourg : 126. FLÉVILLE-LIXIÈRES ( Meurthe-etMoselle, Briey, Conflans-en-Jarnisy) : 214. - v. Étienne, Jacquemin, Warin. FLOCOURT (Moselle, MetzCampagne, Pange) : 281. Florentin : 316. FONTAINE-AUX-TROLLES (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt, Lisle-en-Barrois), fontaine, s. d. située à Lisle-en-Barrois : 38. FONTENOY-LE-CHÂTEAU (Vosges, Épinal, Bains-les-Bains) : 153, 242. - v. François, Guillaume, Jean, Aubertin, Nommery. FONTENOY-SUR-MOSELLE (Meurthe-et-Moselle, Toul, ToulNord) : 263, 265. FONTENY (Moselle, Château-Salins, Delme) : 248. - v. Gerard. Fontiaigue, seigneur de : 33. FORCELLES-SAINT-GORGON (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Vézelise) : 82. - v. Didier, Jean. FORGES-SUR-MEUSE (Meuse, Verdun, Montfaucon- d’Argonne) : 180. FOUCHIFOL (Vosges, Saint-Dié, Saint-Dié-Est, Coinches), hameau de la commune de Coinches, au sud-ouest du village : 34. - v. Bertrand, Colin, Jean, Mengin.

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Index onomastique

FOUG (Meurthe-et-Moselle, Toul, Toul-Nord) : 25, 96, 311. - clerc juré : 164. - maître échevin : 255. - prévôt : 96. - prévôté : 221. - v. Gonnyn, Guillaume, Jacquot, Mathieu, Nicolas. FOUGÈRES (Ille-et-Vilaine, ch. l. ar.) : 48. - v. Jean. FOUGEROLLES (Haute-Saône, Lure, Saint-Loup-sur-Semouse) : 310. - v. Claude, Demenge, Gerard, Henri, Jean, Laurent. FRAIN (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 85, 128. - v. Jean. FRAISNES-EN-SAINTOIS (Meurtheet-Moselle, Nancy, Vézelise) : 241, 268. - v. Mengin. FRATIN (Belgique, Luxembourg, Virton) : 126. - v. Guillaume, Jean. FRANCE, ambassadeurs : 287. - monnaies de : 36. - pays : 35, 36, 46, 55, 147, 212, 226, 233. - royaume : 236, 263, 265, 271. François, - Dupuis, secrétaire du duc : 289, 290, 291, 292, 293, 294, 296, 298, 302, 306, 307, 310, 314, 317. - Margat (du), secrétaire du duc : 308, 309, 311, 312, 313, 314. - Raze (de), maître des requêtes, conseiller en l’hôtel ducal : 115. François : 184. - de Thionville : 281. - Bohn, de Condé-en-Barrois : 298. - couvreur (le), de Gerbécourt : 273. - Chenevel, tabellion et clerc juré de Mirecourt : 167. - Francart, de Bar-le-Duc : 259. - Harel Vambexeur, de Pont-àMousson : 89.

- Jacquemin, de Fains : 316. - Jehennault, de Bazailles : 253. - Martinet : 183, 184. - Morelot, clerc tonsuré de Fontenoyle-Château : 242. - Orioller : 152. - Perrin, de Condé-en-Barrois : 298. - Prebstre (le), de Condé-en-Barrois : 298. - Roussel (le), de Dammarie-surSaulx : 176. - Rouyer : 207. Françoise, - Noire (la), de Fains : 143, II. - Tarreil (du), de Norroy-le-Veneur : 78. FREBÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Coussey) : 71. FRÉMERÉVILLE-SOUS-LES-CÔTES (Meuse, ar. et c. Commercy) : 183, 184. - v. Loup (le). FRENELLE-LA-GRANDE (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 167, 241. - seigneur de, s. d. Philippe, bailli de Saint-Mihiel : 82. - v. Jacquot. FRESNOIS-LA-MONTAGNE (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longuyon) : 63, 126. FROUARD (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Pompey) : 17. GABILLON (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longwy, lieu-dit), pont : 117. Gardant, de Neufchâteau : 129. Gastellet : 223. Gautier, - Maillot, de Ligny-en-Barrois : 244. - Nouroye (de), ou Norroy, écuyer de Dannevoux : 180. Gégou Foliart : 209. Genetaire (le) : 134. Geoffroy : 316. - de Flavigny-sur-Moselle : 195. - Clement, de Fains : 316. - Vigne (de la) :III.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Georges, Amboise (d’), archevêque de Rouen, cardinal, principal ministre de Louis XII (1460-1510) : 287. Georges, - Clezentaine (de) : 283. - Dessars dit le Lombart, originaire de Slavonie, habitant à Commercy : 49. - Haron : 302. - Mabille, de Louppy-le-Château : 286. - Roche (de la), chevalier : 210. - Walhey (de) : 232. Georgette, - veuve de Jehan, maître d’hôtel, de Juville : 278. - Maulichan, de Sommeilles : 233. Gérard, - Avillers (d’), grand écuyer et conseiller du duc : 25, 48, 49, 59, 100. - Haraucourt (de), seigneur d’Ubexy, conseiller et chambellan du duc : 310. Gérard, - maire de Oncourt : 133. - Andreu, d’Amance : 7. - Bastard (le) : 194. - Bonnet, de Fougerolles : 310. - Brabant, de Remoncourt : 274. - Breulart, de Fougerolles : 310. - Cabilla (de) dit le Renard, de Lahaymeix : 38. - Colignon : 90. - Courtois, de Fains : 316. - Dauge, de Fougerolles : 310. - Doreil, d’Euville : 311. - Faulquin, de Morelmaison : 279. - Fonteny (de) : 248. - France (de), de La Mothe : 289. - Fresnes (de), abbé de Saint-Mihiel : 298. - Gerart : 316. - Godart, tisserand à Neufchâteau : 8. - Joffray, d’Agize : 202. - Mathieu : 114. - Millot, portier du château de Louppy-le-Château : 91.

- Musnier, de Juville : 278. - Nicey (de), écuyer de Parey : 61, 68. - Nouel : 189. - Paigot, de Germiny : 261. - Richart, de Monthureux-sur-Saône : 194. - Tavernier, de Fougerolles : 310. - Toussainces, ou Toussains, de Fains : 316. - Trotin, de Levoncourt : 267. Gérardin : 235. - Huet, de Marville : 79. GERBÉCOURT (Moselle, ChâteauSalins, Château-Salins) : 273. - v. François, Jean. GERBÉPAL (Vosges, Saint-Dié, Corcieux) : 142. - v. Didier, Jean, Nicolas. Gerbéviller, seigneur de, v. Jean Wisse. GERMINY (Meurthe-et-Moselle, Toul, Colombey-les-Belles) : 261. - v. Geard, Humbert, Mengin. Geuffroy, ou Geoffroy, s. d. Geoffroy Guiot, secrétaire du duc : 276, 278, 279, 286, 290, 291, 292, 297, 305, 313, 318, 319. Gigoul, - de Saint-Nicolas-de-Port : 41. - Boulanger, arbalétrier de SaintNicolas-de-Port : 42. Gillequin, serviteur du châtelain de Mousson : 277. Gilles, Ornelles (des), seigneur en partie : 156. Gillet, - de Gorze : 144. - Houppier (le), de Longwy : 117. - le Petit Gillet, tisserand à Neufchâteau : 71. - Richier, de la Chapelle : 191. GIRANCOURT (Vosges, Épinal, Épinal-Ouest) : 30, 31, 282. - v. Claude, Colin, Didier, Jean, Mengin, Nicolas. GIRONCOURT-SUR-VRAINE (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 279.

524

Index onomastique

- seigneur de, v. Henri, Thomas. - v. Bastien, Didier, Henri, Jacquot, Jean. GIVRAUVAL (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois) : 236. - v. Catherine, Didier, Rémy. Gobert dit Marchus : 180. Godefroy, cuisinier de René II : 95. GODONCOURT (Vosges, Épinal, Monthureux-sur-Saône) : 300. - v. Étienne. GOMBERVAUX (Meuse, Commercy, Vaucouleurs, ch. l. c.), Hameau et château sur la commune de Vaucouleurs : 96. - v. Pierre des Salles, Jean de Vernancourt. - v. Guillaume, Jean, Nicole, Pierre. GONDRECOURT-AIX (Meurtheet-Moselle, Briey, Conflans-enJarnisy) : 285. - seigneur de, s. d. Jean, bailli de Bassigny: 293, 311. GONDRECOURT-LE-CHÂTEAU (Meuse, Commercy, ch. l. c.) : 64, 209, 228, 237. - officiers : 250. - prévôt : 250, 291. - prévôté : 250, 291. - prison : 250. - v. Colot, Henri. GONDREVILLE (Meurthe-etMoselle, Toul, Toul-Nord) : 16, 19, 46, 116, 160, 161, 170, 263, 265. - prévôt : 241, 265. - prisons : 255. - v. Antoine, Jean, Mengin, Nicolas. Gongeley (le), de Latour-en-Woëvre : 155. Gonnyn, homme de guerre, de Foug : 96. GORZE (Moselle, Metz-Campagne, Ars-sur-Moselle) : 144, 234. - abbé (abbaye , Bénédictins), : 25, 111, 118, 119, 155, 177, 178, 179, 182, 183, 184, 188, 189, 190, 191, 192,

193, 195, 196, 197, 199, 204, 223, 207, 208, 214, 226, 228, 230. - v. Gillet. GOULLOT (Meuse, Bar-le-Duc, Barle-Duc-Nord, Fains-Véel), lieu-dit à Fains-Véel : 316. GOVILLER (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Vézelise) : 251, 254. - v. Perrin, Vautrin. GRANDVILLERS (Vosges, Épinal, Bruyères) : 186. - v. Demenge. GRANGES-SUR-VOLOGNE (Vosges, Saint-Dié, Corcieux) : 10, 215. - v. Claude, Demenge, Jean. Gras Fromage, tisserand à Verdun : 182. Gratien, Aguerre (d’), écuyer d’écurie et chambellan du duc : 24, 26, 79, 139. GREMILLY (Meuse, Verdun, Damvillers) : 269. - v. Pasquin. GRIGY (Moselle, Metz, ch. l. dép.), quartier de Metz, au sud-est de la ville : 321. GRIPPORT (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Haroué) : 161. - v. Jean, Nicolas. Gueldre (de) v. Charles, Philippe. Guermange v. Jean. Guichart Marchant, de Joinville : 299. Guillaume, - Dung (de) : 210. - Durat, secrétaire du duc : 30, 31, 45, 47, 52, 54, 61, 69, 79, 91, 98, 99, 100, 121, 130, 142, 148, 163, 186, 202, 203. - Haraucourt (de), évêque de Verdun de 1457 à 1500, chef du conseil du duc : 49. Guillaume, - Artilleur (l’), de Châtel-surMoselle : 283. - Aubert : 99. - Bergier : 201.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Boulengier (le), serviteur du seigneur de Gombervaux : 204, 204, 212, 212. - Croix (de la) : 183, 184. - Donnhusen, serviteur du comte de Salm : 54. - Estoilles (d’), braconnier (veneur ou valet qui s’occupe des chiens de chasse) ducal : 292. - Guernier, faux monnayeur : 35, 36. - Lafineur, de Fratin : 126. - maître, enlumineur : 46. - Malavilliers (de), prévôt : 239. - Mengin, de Foug : 96. - Rollin, arbalétrier de Rosières-auxSalines : 41, 42. - Surflet (de), seigneur : 290. - Thierry, clerc tonsuré de Fontenoyle-Château : 242. - Wangneur, de Burey : 309. Guillemin Delestat : 152. Guiot, de Poussay : 167. Guyenne v. Charles. HAINAUT, province : 16. Haiwys, - Charpentier, de Haussonville : 124. - Prevostel, de Seroux : 302. Haltene : 4. Hamonin, de Biécourt : 43. HAN-DEVANT-PIERREPONT (Meuse, Verdun, Spincourt) : 168. HANNONVILLE-SOUS-LESCÔTES (Meuse, Verdun, Fresnesen-Woëvre) : 155. Hanus, - Bonbardier, serviteur du comte de Salm : 54. - Huiselin, serviteur du comte de Salm : 54. - messager bourguignon : 16. - serviteur de Simon le Potier, de Boulay : 275. Hanzel, de Dieuze : 294. HAPLEMONT (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Haroué) : 149. HARAUCOURT (Meurthe-etMoselle, Nancy, Tomblaine) : 72.

- v. Charles, Colin, Evrard, Gerard, Henri, Jacques, Jeanne, Perrin, Yolande. HARCOURT (Eure, Bernay, Brionne) : 2. - capitaine : 157. - v. René II de Lorraine. Hardouin, Jaille (de la), chevalier, chambellan du duc : 24, 25, 26, 44, 45, 54, 58, 61, 62, 74. Hardy Tillon, écuyer d’écurie, maître d’hôtel du duc : 243, 292. HARÉVILLE (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 274. - v. Colin, Étienne, Husson, Jean, Mengin, Michel, Pierre. HARGEVILLE-SUR-CHÉE (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt) : 200. - v. Christophe, Colot, Didier, Jacquemin, Jean, Laurent, Mengin, Pierre, Simon. HAROUÉ (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 149. - seigneur de, s. d. Claude ou Thierry de Lenoncourt : 37, 41. - v. Cugnin, Jean, Pierresson. Haufz, maréchal-ferrant de Housselmont : 202. HAUSSONVILLE (Meurthe-etMoselle, Lunéville, Bayon) : 124. - v. Balthazar, Haiwys, Mengin, Simon. HAYE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. dép.), forêt située à l’ouest de Nancy : 25. Heillouy Leboyn, de Louppy-leChâteau : 286. Heinselin, Bourgogne (de), de Metz : 92. HEIPPES (Meuse, Verdun, Souilly) : 104. - v. Jean, Jeannot. Hennezel, prévôt de Bruyères, s.d. Jean ou Guillaume: 215. Hennotin, Menestrel (le) : 83. Henri,

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Index onomastique

- Barbas (de), ou Barbay, écuyer, échanson du duc : 219, 235, 279, 286, 288, 293, 294, 302, 309, 312. - Gironcourt, seigneur de, écuyer tranchant du duc : 119, 155, 197, 228, 241, 298, 305, 306, 308. - Gondrecourt, seigneur de: 118. - Haraucourt (de), bailli de Nancy : 22. - Ligniville (de), conseiller et chambellan de René II, bailli de Vosge : 55, 106, 155. - Salm, comte de, bailli d’Allemagne : 248 Henri : 51, 303. - de Cosnes-et-Romain : 21. - de Moyeuvre : 144. - Ballon, habitant de et prisonnier à Marville : 26. - Baudot : 232. - Chappellier (le), de Stainville : 216. - Corby, de Vanault-le-Châtel : 245. - Faulquenot, de Chapelle (la) : 191. - Garonyer, maréchal-ferrant à Liverdun : 166. - Gerart de Servon : 276. - Gros Jehan, de Gironcourt-surVraine : 279. - Jamet, des Eurantes: 260. - Longue, de Ozerailles : 285. - Margainne, de Fougerolles : 310. - Pastrot, drapier à Serres : 232. - Picart (le), d’Allain : 98. - Richart, de Burey : 309. - Roucellet, de Gironcourt-surVraine : 279. - Rouyer, de Coussey : 304. - Rouyer (le) : 58. - Waultrin, clerc tonsuré de Ligny-enBarrois : 66. Henryon Mareschal, de Contrisson : 270. HERBÉVILLER (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Blâmont) : 145. - v. Husson, Marguerite. Hervé : 19.

HEVILLIERS (Meuse, Bar-le-Duc, Montiers-sur-Saulx) : 236. - v. Jean, Thiriet. Hilaire, de Vaxy : 17. HOUDEMONT (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Jarville-La-Malgrange) : 44, 125. - v. Mengin. HOUÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 159. - v. Maljehan, Simon. Houlenot Condeveel : 315. HOUSSELMONT (Meurthe-etMoselle, Toul, Colombey-les-Belles, Allamps), hameau d’Allamps, au sud-est du village : 202. - v. Étienne, Haufz. Huet, - sergent à Cosnes-et-Romain : 111. - Breton (le), de Rouvrois-surOthain : 213. Hugue Clabault, de Villers-devantOrval : 175. Huguenin, - Bozillon, de Cosnes-et-Romain : 111. - Colin : 257. Humbelet Perceval, tavernier à Tannois : 90. Humbert, Widranges (de), auditeur des comptes de Lorraine : 175, 215, 231, 232, 235, 244, 248, 251, 256, 264, 266, 270, 275. Humbert, - maire de Bulainville : 121. - Paigot, prêtre de Germiny : 261. Husson, - de Sorcy : 62. - Bidault, de Neufchâteau : 115. - Cunay, de Haréville : 274. - Mayeur, de Nubécourt : 271. - Meline, de Ménil-sur-Saulx : 216. - Mengin, maréchal-ferrant à Herbéviller : 145. - Richart, de Latour-en-Woëvre : 155. Huyon Malcolin, laboureur à Bulainville : 121.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Isabelle, - Chatonrupt (de) : 74. - Colin : 246. - France (de), de La Mothe : 289. - Humbelette, de Bar-le-Duc : 259. - Jennon, de Rouvres-en-Xaintois : 243. - Lorme (de), de Maizeray : 160. - Mareschal, de Bazailles : 252. - Morriaulx , de Nancy : 95. - Sivery, de Rozières-sur-Mouzon : 258. Jacob : 206. -Hez (de), de Laheycourt, serf du duc : 245. - fils Fourot, de Fains : 316. Jacquemin, - Duchesne : 50. - Grant Veel (le), de Longwy : 117. - Guiot, de Condé-en-Barrois : 91. - Hacquart : 213. - Hale, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Lermitte, laboureur à Fléville : 214. - Mayeel, de Villers-lès-Mangiennes : 188. - Pelletier : 261. - Petit Jehan, de Loisey : 57. - Picardel (le), d’Esnes-en-Argonne : 246. - Roussel (le), de Villers-sous-Prény : 47. - Tarillon (le), de Ville : 11. - Tixerant (le), de Stenay : 182. - Tytour dit Housset, maire de Malzéville : 284. - Wyardot, charpentier à Maizeray : 160. Jacquemot, Mareschal (le), de Rambucourt : 224. Jacques, - Haraucourt (de), bailli de Nancy : 22. - Maria (de), seigneur de Vassincourt, valet de chambre du duc : 246. - Meniant, maître, conseiller du duc, procureur général du duché de Lorraine: 24, 26, 46, 51, 56, 57, 75.

- Wisse, capitaine de la garde ducale, conseiller et chambellan du duc : 34, 37. Jacques : 206, 297. - Bron, serviteur du seigneur de Remennecourt : 208. - Sales (des), maître : 6. - Vilus (de) : 49. - Wanault, de Dun-sur-Meuse : 227. Jacquet, - Duboys : 38. - Taillepiet de Sémalens, archer de la compagnie du sénéchal de Toulouse : 67. Jacquette Ranarre , de la Tisserandie : 198. Jacquin Tout le Monde, de Morizécourt : 84. Jacquot, Savigny (de), seigneur de Monthureux-le-Sec : 161, 297. Jacquot, - de Latour-en-Woëvre : 154. - Bedel, de Gironcourt-sur-Vraine : 279. - Boisart, boucher à Lunéville : 315. - Boyleauve, de Toul : 8. - Chanillot, de Latour-en-Woëvre : 155. - Gerardin, de Frenelle-la-Grande : 241. - Han (de), de Foug : 96. - Mason, d’Ainvelle : 84. - Mathieu, de Bleurville : 84. - Olry : 194. - Pescheur (le), de Vassincourt : 207. - Puterace, de Uzemain : 153. - Racinotte, prévôt de Foug : 96. - Talon, de Salle (la) : 197. - Vosgien, sergent à Chatillon-surSaône : 107, 108. - Wiry, de Martigny-les-Bains : 84, 85. Jaille (de la) v. Hardouin. Jainctin : 121. Jamin, - Arency (d’), des Eurantes: 260. - Jamin, de Thionville : 281. Janequin, Magister (le), de Tannois : 46.

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Index onomastique

Janin, - Baudot : 25. - Boulengier (le), de Nancy : 229. - Bourgois, tonnelier de Pont-àMousson: 177, 178. - Dieudonné, d’Essey-lès-Nancy : 29. - Épernay (d’), archer : 21. - Malcolin : 121. - Owin, de Tannois : 90. - Wyriot, de Ugny-sur-Meuse : 96. Janson, Recouvecteur (le), de Pont-àMousson : 20. Jaquotin, Clerc (le), doyen de la justice de Marville : 26. JARVILLE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 32. - v. Didier. Javothe, serviteur du comte de Campobasso : 49. Jean II d’Anjou (1425-1470), duc de Calabre (1435), de Lorraine (1453), - Calabre (de), Lorraine (de), duc : 3. Jean de La Balue, évêque d’Angers, cardinal, ministre de Louis XI puis disgrâcié, légat du pape en France (1421-1491) : 88. Jean, bâtard d’Anjou, seigneur de Saint-Remy et de Saint-Cannat. Fils illégitime de René Ier : 300, 314. Jean, bâtard de Calabre, comte de Briey. Fils illégitime du duc de Lorraine Jean II : 24, 96, 118, 119, 138, 159, 201, 211, 227, 231, 243, 233, 242, 276. Jean, bâtard de Vaudémont (14501509). Fils illégitime d’Antoine, comte de Vaudémont, grand-père de René II: 16, 19, 50, 50, 142, 180. Jean, - Bron (de), seigneur de Pierrefort, chambellan du duc : 70, 71, 74, 77, 82, 93, 120, 127, 129, 150, 154, 155, 159, 164, 166, 179, 192, 203, 219, 234, 235, 266. - Guermange (de), seigneur de Bioncourt : 142, 148.

- Saint-Amadour (de) (ou d’Orglandes), seigneur de Prétot, chambellan et conseiller du duc : 124, 208, 212, 213, 214, 234, 238, 239, 240, 250, 251, 295. - comte de Salm, maréchal de Lorraine : 54, 57, 83, 129, 153. Jean, - Baschy (de), grand veneur du duc : 53. - Baudricourt (de), bailli de Chaumont et maréchal de France : 49. - Boudet, secrétaire du duc : 113, 182, 189, 191, 196, 204, 206, 208, 210, 211, 212, 214, 216, 225, 226, 227, 230, 236, 237, 242, 244, 246, 247, 252, 253, 254, 259, 261, 262, 268, 271. - Charnières (de), aumônier ducal : 35, 36. - Châteauneuf (de), secrétaire du duc : 112, 205, 210, 269, 270, 276, 277, 279, 286, 289, 290, 291, 292, 297, 298, 299, 300, 301, 302, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 312, 313, 314, 318. – Connain, secrétaire du duc, 18, 19, 20, 21. - Dupuis, secrétaire du duc : 66, 107. - Gerlet d’Amance, trésorier général : 316. - Lamballe (de), protonotaire apostolique, président de la chambre des comptes de Lorraine: 20, 24. - Leschaue (de), chef de la garnison de la maison forte de Dannevoux : 180. - Luestre (de), aumônier de la duchesse Philippe : 205. - Vernancourt (de), seigneur de Gombervaux: 64. - Wisse, seigneur de Gerbéviller, bailli de Nancy : 26, 27,49, 56, 57, 290, 297, 308. Jean, - faux prêtre, de Bertrimoutier : 264, 266.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- fils de Didier, maire de Champigneulles : 138. - fils de Mengin, de Fourchifol : 34. - Grant Jehan, pâtre de Sorcy : 192. - Grant Jehan, de Sionne : 77. - Gros Jehan, de Marthemont : 219. - Petit Jehan : 149. - Petit Jehan Jennot, homme d’armes, de Blondefontaine : 107, 108. - Petit Jehan, fils de Jehan Aubertin, d’Avillers : 127. - Petit Jehan, fils de Jehan Morriaulx,de Joinville : 95. - Petit Jehan, drapier à Conflans-enJarnisy : 211. - Petit Jehan, laboureur à Ottange : 272. - Petit Jehan l’Orfevre, de Neufchâteau : 165. - Petit Jehan, serviteur du contrôleur général de Lorraine : 129. - Petit Jehan Tixerant: 262. - serviteur de Gérard de Fougères : 48. - serviteur de Henry Jamet, des Eurantes: 260. - Adam le Jeusne, dit le Petit Jehan Adam, habitant et prisonnier à Sorcy : 25. - Adam : 167. - Adan, sergent à Cosnes-et-Romain : 111. - Adan, fils du précédent, de Cosnes-etRomain : 111. - Alardin, de Bazoilles : 116. - Amance (d’), serviteur du comte de Nassau : 83. - Ancy (d’) : 92. - Andrieu, de Darnieulles : 280. - Aubert, de Forcelles-saint-Gorgon : 82. - Aubertel : 181. - Aubertel, de Sauville : 193. - Aubertin, d’Avillers : 127. - Aubri, de Tendon : 123. - dit d’Auvergne : 136. - Balot, de Neuveville-sous-Châtenois (la) : 197.

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- Barat, de Villotte : 295. - Baudehaire : 223. - Baudot : 232. - Bedeau, de Saint-Mihiel : 171, 174. - Belmont (de), de Bruyères : 215. - Benney (de), de Gondreville : 263, 265. - Berad : 146. - Berchemin : 240. - Bergier (le), pâtre de Sorcy : 192. - Bertrand, de Saint-Menge : 43. - Bertrand, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Bertrand, charpentier à Emberménil : 273. - Bertrand, de Gerbécourt : 273. - Bochey, de Tendon : 123. - Bogart, charpentier à Landaville : 240. - Bohn, de Condé-en-Barrois : 298. - Bois (du) : 108. - Bon Filz, de la Lobe: 134. - Bonet ou Bonnet, docteur en médecine, médecin du duc : 55. - Boquin : 280. - Borgnot, d’Erize-la-Brûlée : 172. - Boulanger, de Offroicourt : 112. - Boulanger : 293. - Bourgeois, maître : 194. - Bourguegnon : 319. - Bouzillon (le), de Cosnes-etRomain : 111. - Cable, de Salle (la) : 197. - Cagnon, de Boucq : 221. - Caignasse : 220. - Cardosse : 289. - Carlot, de Bazoilles : 116. - Champagne (de) : III. - Champenois, de Revigny-surOrnain : 222. - Champigny (de) : 202. - Chansonnet, d’Euvezin : 190. - Chardeval, de Champ-le-Duc : 231. - Charle : 207. - Chaussette : 231. - Chavelot, de Chavelot : 280. - Chemignon (de) : 164.

Index onomastique

- Choppin, de Vaux : 290. - Claude, de Gondreville : 46. - Clement, vigneron, bourgeois de Pont-à-Mousson : 51. - Cochet, de Montblainville : 12. - Colas, curé de Monthureux-surSaône : 101. - Colas, serviteur de Jean Maillot: 106. - Colas : 202. - Colin : 209. - Collet, de Mognéville : 199. - Collot, forestier à Heippes : 104. - Colo, de Loisey : 57. - Cornadel, de Haroué : 149. - Corps, de Bar-le-Duc : 189. - Corviserot : 314. - Couay, de Rouceux : 71. - Coureur : 115. - Courvisier, de Granges-sur-Vologne : 10. - Courvisier, de Bioncourt : 53. - Crust : 92. - Cugny, de Gripport : 161. - Dambrieres, de Vassincourt : 207. - Dareicey : 227. - Delan, tavernier à Neuveville-sousChâtenois (la) : 197. - Dequoy, de Fougerolles : 310. - Desquetot, tabellion de Dompaire : 33. - Didier, maire de Landaville : 240. - Dillon, laboureur à Clinchamp : 59. - Dinoix : 227. - Dollot, de Gondreville : 263, 265. - Donot, de Bernécourt : 220. - Doulien, de Mirecourt : 167. - Doyen, maire de Darnieulles : 9. - Doyen (le), de Bernécourt : 190. - Duboix, vigneron à Ligny-enBarrois : 66. - Einvaux (d’) : 34. - Einville (d’), écuyer d’Einville-auJard : 5. - Erise (d’), charretier à Longchampssur-Aire : 171, 174. - Estienne, de Regnévelle : 300. - Fagotel, de Toul : 52.

531

- Fariot, de Chazelles-sur-Albe : 145. - Fato, de Vrécourt : 181. - Faulquenot, de Chapelle (la) : 191. - Fevre, chapelain de Breuvannes-enBassigny : 132. - Fougeres (de), serviteur de Gérard de Fougeres : 48. - Fourot, vigneron à Fains : 143. - Frainne le Jeusne, de Saint-Mihiel : 67. - Frainne, ancien châtelain de SaintMihiel : 67. - France (de) : 125. - Francoys, de Saint-Julien : 194. - Fredal, de Rémois : 151. - Friderich (grand), dit le Fondeur : I. - Frouart (de), commis aux salines de Château-Salins : 17. - Gascart le Jeune, de Frain : 84. - Gaultier, de Saint-Mihiel : 18. - Gerart, de Toul : 8. - Gerart, de Fains : 316. - Gilley : 142. - Girard, de Viménil : 186. - Godinot (le), de Hargeville-surChée : 200. - Godinot le Jeune, de Hargeville-surChée : 200. - Gomel, prévôt de Mirecourt : 167. - Gonel, de Pouilly-sur-Meuse : 262. - Gros Jehan, de Liffol-le-Grand : 65. - Gros Yeulx, de Nancy : 76. - Groselle, de Gondreville : 16. - Guerre, de Lure : 297. - Haire (le), de Gerbépal : 142. - Hale, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Haron : 302. - Hatenge (de), marchand à Metz : 139. - Heybert, de Bussy : 317. - Honquetel (de), de Longchampssur-Aire : 109. - Housse (de), capitaine de la ville de Saint-Hippolyte : 287. - Hugue, de Louppy-le-Château : 286. - Humbillon, de Fains : 316. - Huyn, de Neufchâteau : 129.

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Huyn, forestier de la gruerie de Bar, habitant à Contrisson : 270. - Jacquemel, de Bulgnéville : 308. - Jacquemin, de Fains : 316. - Jacquot, dit Fourot, vigneron à Fains : 143, II. - Jallin dit Maillart : 59. - Jannot dit Matagot, de Neufchâteau : 71. - Jennon, de Rouvres-en-Xaintois : 243. - Jeune (le), d’Etain : 184. - Joffray : 202. - Joffroy dit le Clerc, de Vrécourt : 181. - Joly, charretier à Saint-Mihiel : 171, 174. - Lacourt (de), d’Ajoncourt : 235. - Lalemant de Clayeures, de Chaumouzey : 293. - Larcher, de Hevilliers : 236. - Larmet dit la Grainne, de Clinchamp : 116. - Larmeure, originaire du comté de Ligny-en-Barrois : 176. - Laude, bourgeois de Lamarche : 85. - Lebeuf, maire de Ligny-en-Barrois : 66. - Lebuef l’Ainé, de Ligny-en-Barrois : 66. - Liebault, de Bazoilles : 116. - Lombart (le), de Koeur : 196. - Longeaue, de Triaucourt-enArgonne : 173. - Lorette : 25. - Lorme (de), charpentier à Maizeray : 160. - Loye : 183, 184. - Loye (de), de Saulxures-lèsBulgnéville : 201. - Lyon (de) : 140. - Maillot, de Noncourt : 106. - Maingnien, cordonnier à Bar-leDuc : 314. - Maire : 274. - maître d’hôtel, de Juville : 278.

- Malgiron (de), ou Maugiron, écuyer d’écurie du duc Nicolas : 6. - Malriet, de Pont-à-Mousson : 150. - Mangin, de Laheycourt : 173. - Marchal : 202. - Marchal (le), d’Avril : 58. - Marchandel, de Tannois : 90. - Marchant, de Vassincourt : 207. - Marcoux, de Gerbépal : 142. - Marel, de Ollainville : 118. - Mareschal, forgeron à Liverdun : 166. - Mariette, de Saint-Dizier : 312. - Marlier, de Fains : 316. - Marot, de Tannois : 90. - Martin, boucher à Longeville-enBarrois : 60. - Martin, de Clairegoutte : 153. - Massart : 121. - Mathias, arbalétrier de Rosières-auxSalines : 41, 42. - Mathieu, de Serécourt : 84. - Maulcourtoys : 184. - Maulichan, de Sommeilles : 233. - Michiel, curé de ChambleyBussières : 88. - Michiel, de Plainfaing : 114. - Mirecourt (de), barbier, chirurgien à Neufchâteau : 116. - Mirecourt (de), tavernier à Neufchâteau : 244. - Monsseguier, muletier de Pont-àMousson : 178. - Morel, de Noncourt : 203. - Morriaulx, de Nancy : 95. - Mothe (de la), de Neufchâteau : 179. - Moygne (le) : 51. - Moyne (le) : 267. - Mulletier, de Gondreville : 170. - Musnier : 278. - Musnier, meunier à Boudonville : 312. - Mutelot, d’Auzécourt : 135. - Nettancourt (de) , sa fille : III. - Noleau, arbalétrier et mercier de Saint-Nicolas-de-Port : 42.

532

Index onomastique

- Notya, de Saint-Nicolas-de-Port : 94. - Nouroy, de Morizécourt : 80. - Orfèvre, de Nancy : 76. - Orphevre (l’), orfèvre à SaintNicolas-de-Port : 72. - Paon : 121. - Parenet, de Moyen : 2. - Parisot, de Villers-sous-Prény : 47. - Parisot dit la Rouelle : 169. - Parmantier, de Domjulien : 167. - Parmentier, de Bainville-aux-Saules : 102. - Parmentier (le), de Haréville : 274. - Pastel (Patet), tavernier à Lamarche : 84, 85. - Pateret, de Serres : 94. - Payen, de Bazoilles : 116. - Perin : 240. - Periquel, de Breuvannes-enBassigny : 132. - Perrin, de Pont-à-Mousson : 157. - Perrin : 240. - Petiot, de Revigny-sur-Ornain : 222. - Petit : 87. - Petit, maire de Xermaménil : 87. - Petit Jehan, de Loisey : 57. - Petremant, de Liverdun : 166. - Peuchery, de Laimont : 187. - Picard, de Vaubecourt : 226. - Picart (le), d’Allain : 98. - Piennes (de) : 306. - Pillement, hôtelier à Esnes-enArgonne : 246. - Pillesson, de Noviant-aux-Prés : 69. - Pipon, de Ville : 11. - Poincelet, d’Avrainville : 73. - Posche : 133. - Pougnay, de Viterne : 50. - Prebstre (le), de Condé-en-Barrois : 298. - Preilz (des) : 227. - Prevostel, de Seroux : 302. - Proudoms, de Seicheprey : 257. - Pymon (de), tavernier à Servon : 276. - Raysel, prévôt de Gondreville : 241.

533

- Recouvecteur (le), de Pont-àMousson : 20. - Regnault, de Vassincourt : 207. - Reims (de), de Fains : 195. - Renart, de Granges-sur-Vologne : 215. - Richart de Saint-Nicolas-de-Port : 42. - Richart de Neufchâteau : 256. - Robert, pâtre de Brainville-surMeuse : 131. - Robin, lieutenant en lois : 194. - Ronpe (de la), boucher à Lunéville : 315. - Roucelot, de Noncourt : 203. - Rouelle : 169. - Rouelle (la), de Villers-sous-Prény : 169. - Rouyer, de Coussey : 304. - Royer : 18. - Rozières (de), de Laneuvevilledevant-Nancy : 238. - Saltrect, clerc tonsuré de Fontenoyle-Château : 242. - Saulnier, de Marthemont : 219. - Saulnoy (le), de Loupmont : 239. - Sauvaige (le) le Jeune, serf de René II, demeurant à Bazincourt : 230. - Seicheteste, drapier à Conflans-enJarnisy : 211. - Selaincourt (de) : 88. - Solet, dit le Camus : I. - Strousse, de Vitry-sur-Orne : 164. - Sucquetel, de Fratin : 126. - Symon : 118. - Symonnin, de Gironcourt-surVraine : 279. - Tabourel, de Labeuville : 155. - Tabourin, muletier de Pont-àMousson : 177, 178. - Thierry, clerc tonsuré de Fontenoyle-Château : 242. - Thiriet, de Mirecourt : 167. - Thomesson (de), écuyer, seigneur de Remennecourt : 208. - Thouvenin, de Mirecourt : 43.

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Tisoy (du), châtelain de Monthureux-sur-Saône : 101. - Tixerant, de Baudonvilliers : 223. - Tour (de la) : 188. - Triboul : 205. - Vagney (de) : 195. - Vaillant de Pierjus, écuyer de Chardogne : 64. - Vandres (de), seigneur : 55. - Varennes (de) : 247. - Varlet (le), de Blénod-lès-Toul : 98. - Vaudémont (de): 142. - Vaulx (de), de Juvigny-sur-Loison : 313. - Velot dit Gaillart, de La Mothe : 289. - Villiers, maire de Saint-Julien : 194. - Villon : 25. - Violaire dit de Sauville : 258. - Wahain, de Réméréville : 158. - Warin, de Koeur : 196. - Waultrin de Wey, de Senon : 213. - Waurin, de Forcelles-saint-Gorgon : 82. - Wiard, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Woiterel, de Clairegoutte : 30, 31. - Wyard, de Contrisson : 270. - Ydette, de Girancourt : 282. - Yollant : 321. Jeanne, - Biesson : 59. - Donot, de Bernécourt : 220. - Haraucourt (de) : 297. - Honquetel (de), de Longchampssur-Aire : 109. - Mareschalle (la), de Bazailles : 252. - Willemine, de Rouvrois-sur-Othain : 213. Jeannette, - de Parey : 61. - Chanillot, de Latour-en-Woëvre : 155. - Clement, de Pont-à-Mousson : 146. - Francois, de Saint-Julien : 194. - Grégoire, de Lamermont : 226. - Hira (le), de Brillon-en-Barrois : 307.

- Jacquemel, de Bulgnéville : 308. - Perceval, de Longeville-en-Barrois : 60. - Petit Jehan, de La Mothe : 137, 147. - Wautrin, de Noviant-aux-Prés : 69. Jeannot, - hôtelier à Vassincourt : 207. - Beuf (le), de Mousson : 277. - Mareschal, d’Avril : 58. - Parmentier (le), forestier du bois de Heippes : 104. Jeninet, Coronnier (le), cuisinier de René II, originaire d’Elbeuf : 140. Jennon Climent, de Libdeau : 303. Jérôme : 25. - Saint Aubit (de), homme d’armes : 100. JÉRUSALEM, v. Philippe de Gueldre, René Ier, René II de Lorraine. JEUXEY (Vosges, Épinal, Épinal-Est) : 237. - v. Simon. Joachim, orfèvre à Jussey : 295. Jodin Marchant : 103. Johannès Lud, secrétaire du duc : 11, 12, 13, 14, 15, 17, 22, 23, 28, 29, 40, 53, 62, 65, 67, 76, 92, 165, 181. JOINVILLE (Haute-Marne, SaintDizier, ch. l. c.) : 74, 95, 299. - bailli : 51, 75, 81, 104, 122, 123, 136, 289. - v. Guichart, Jean. JONVELLE (Haute-Saône, Vesoul, Jussey) : 101. JOUY-SOUS-LES-CÔTES (Meuse, ar. et c. Commercy) : 62. JUSSEY (Haute-Saône, Vesoul, ch. l. c.) : 295. - v. Joachim. JUVIGNY-SUR-LOISON (Meuse, Verdun, Montmédy) : 313. - v. Jean, Thomas. JUVILLE (Moselle, Château-Salins, Delme) : 278. - v. Georgette, Gerard, Jean, Mengin. KANFEN (Moselle, Thionville-Est, Cattenom) : 272.

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Index onomastique

KOEUR (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire, Koeur-laGrande), Koeur-la-Grande et Koeurla-Petite : 196. - seigneur de : 228, 243, 239, 240, 242, 245, 246, 247, 248, 249, 258, 260, 288, 305, 309. - v. Jean, Warin. LA MOTHE (Haute-Marne, Chaumont, Bourmont), ville rasée en 1645 : 56, 84, 128, 137, 147, 289, 318. - procureur : 84. - sénéchal : 93, 128, 147, 289. - sénéchaussée : 68, 181. - v. Colart, Gerard, Isabelle, Jean, Jeannette, Nicolas, Thierry. LA VELLAINNE v. BAN-DELAVELINE. LABEUVILLE (Meuse, Verdun, Fresnes-en-Woëvre) : 154, 155. - v. Jean, Thouvenin. LABRY (Meurthe-et-Moselle, Briey, Conflans-en-Jarnisy) : 211. LACHAUSSÉE (Meuse, Commercy, Vigneulles-lès-Hattonchâtel) : 154, 155. - prévôt et clerc juré : 155. LAHAYMEIX (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 38. - v. Gerard. LAHEYCOURT (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt) : 173, 245. - v. Didiere, Jacquot, Jean. LAIMONT (Meuse, Bar-le-Duc, Revigny-sur-Ornain) : 187. - v. Jean, Renault. LAMARCHE (Vosges, Neufchâteau, ch. l. c.) : 56, 84, 85, 101, 128, 181, 193, 237, 258, 295. - officiers : 128. - prévôt : 128. - prévôté : 56, 77, 80, 84, 128, 130, 194, 258. - sénéchaussée : 65. - v. André, Didier, Jean, Mengeot, Pierre, Simon, Thibaude.

Lamballe v. Jean. Lambert : 272. Lambesson, de Saint-Léger : 156. LAMERMONT (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt, Villotte-devantLouppy), hameau de Villotte-devantLouppy, au nord du village : 226. - v. Catherine, Collet, Jeannette. Lamontaigne, de Dommary : 285. LANDAVILLE (Vosges, ar. et c. Neufchâteau) : 240. - v. Jean. LANEUVEVILLE-DEVANTNANCY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Tomblaine) : 238. - v. Jean. LATOUR-EN-WOÊVRE (Meuse, Verdun, Fresnes-en-Woëvre) : 154, 155, 154, 155. - v. Agnès, Colin, Gongeley (le), Husson, Jacquot, Jeannette, Mengette, Pierresson, Vautrin. Laurent, - Barbeau, de Fougerolles : 310. - Duclou, de Fougerolles : 310. - Hale, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Malbuee, de Saint-Mihiel : 18. - Richart : 256. LAY-SAINT-REMY (Meurthe-etMoselle, Toul, Toul-Nord) : 96. Le Fevre, d’Amance : 7. LENONCOURT (Meurthe-etMoselle, Nancy, Tomblaine) : 152. - seigneur de : v. Thierry. - v. Bernardin, Utellinne. Leprieur : 90. LEVONCOURT (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 267. - v. Didier, Gerard. LIBDEAU (Meurthe-et-Moselle, Toul, ch. l. ar.), hameau de la commune de Toul, au nord-est de la ville : 303. - v. Clement, Didier, Jennon, Pierresson. LICORNE (la) (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Saint-Nicolas-de-Port, ch. l.

535

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

c.), enseigne à Saint-Nicolas-de-Port : 94, 133. Liebault, tavernier à Mandres-sur-Vair : 319. LIÈGE (Belgique, Liège, ch. l. prov.) : I LIFFOL-LE-GRAND (Vosges, ar. et c. Neufchâteau): 65. - v. Jean, Perrenet. Lignaiges (de) : 83. LIGNÉVILLE (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 71. Ligniville (de) v. Henri. LIGNIÈRES (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 267. - v. Vincent. LIGNY-EN-BARROIS (Meuse, Barle-Duc, ch. l. c.) : 66, 167, 176, 244, 317. - comté : 176, 268. - gouverneur : 176, 286. - v. Charles, Demengin, Denis, Gautier, Henri, Jean, Poincette. LISLE-EN-BARROIS (Meuse, Bar-leDuc, Vaubecourt) : 46. - abbaye (Cisterciens) : 38. - v. Pierre, Marguerite, Nicolas. LISLE-EN-RIGAULT (Meuse, Bar-leDuc, Ancerville) : 223, I. LIVERDUN (Meurthe-et-Moselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 15, 166. - v. Henri, Jean. LOBE (la) (Moselle, Metz-Campagne, Ars-sur-Moselle, Arry), hameau d’Arry, à l’est du village près de la Moselle : 134. - v. Jean. LOISEY (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-enBarrois) : 57. - v. Didier, Jacquemin, Jean, Mengin, Rémy. LOISY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Pont-à-Mousson) : 89. Lombard (le), serviteur du comte de Campobasso : 48. LOMBARDIE, région d’Italie : 52.

LONGCHAMPS-SUR-AIRE (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 109, 171, 174. - v. Jean, Jeanne, Nicolas, Rémy. LONGEAUX (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois) : 176. LONGEVILLE-EN-BARROIS (Meuse, Bar-le-Duc, Bar-le-DucNord) : 60. - v. Jean, Jeannette, Pierrot, Trusson. LONGUYON (Meurthe-et-Moselle, Briey, ch. l. c.) : 126, 127. - prévôt : 126, 127. - prévôté : 21, 111. - prisons : 127. LONGWY (Meurthe-et-Moselle, Briey, ch. l. c.) : 63, 117. - châtellenie : 63. - prévôt : 63. - prévôté : 63, 156, 272. - prisons : 21. - v. Gillet, Jacquemin, Mengin, Thomassin. LORGEVAUX (Vosges, Épinal, Xertigny, ch. l. c.), ferme, s. d. située à Xertigny : 65. Lorrain (le) : 141. LORRAINE, duché : 4, 14, 24, 32, 33, 35, 48, 55, 81, 87, 123, 210, 218, 234, 300, 304. - pays : 46, 48, 88, 321. - pays et duché : 48. - recette générale : 6. - receveur général : 6, 33, 94, 113, 117, 158. - v. Antoine de Lorraine, Jean II d’Anjou, Nicolas d’Anjou, Philippe de Gueldre, René II de Lorraine. Lorrette, Guieville (de), de Conflansen-Jarnisy : 211. Louis, - Armoises (des), seigneur d’Autrey : 116. - Merlin, général des finances de Lorraine, président de la chambre des comptes du Barrois : 299.

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Index onomastique

- Pierresson, procureur de la terre de Pierrefitte : 57. Loup (le), de Frémeréville-sous-lesCôtes : 183, 184. LOUPMONT (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel) : 239. - v. Jean. LOUPPY-LE-CHÂTEAU (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt) : 91, 101, 229, 258, 286, 314. - v. Georges, Gerard, Heilloui, Jean, Thibaud. Louvion, - de Saint-Nicolas-de-Port : 41. - Cordouennier (le), arbalétrier de Saint-Nicolas-de-Port : 42. Loys, - Loye (de), de Saulxures-lèsBulgnéville : 201. - Marion, d’Amermont : 306. Loyset : 210. Lucie, - Geoffroy, de Vaubecourt : 226. - Perrard, de Naives-en-Blois : 291. LUCY (Moselle, Château-Salins, Delme) : 185. - v. Mathieu. Lud v. Johannès. LUNÉVILLE (Meurthe-et-Moselle, ch. l. ar.) : 5, 81, 117, 139, 140, 141, 146, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 168, 169, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 219, 315. - procureur général, prévôt et clerc juré : 81. - v. André, Jacquot, Jean, Nicolas, Stéphane, Thomassin. LUSSE (Vosges, Saint-Dié, Provenchères-sur- Fave), - seigneurie, prévôté de Saint-Dié : 297. - v. Jacquot, Jean. LUXEMBOURG, duché : 272, 290. - terre et seigneurie : 272. - pays de : 16, 117. - gouverneur : 63. - v. Bernard.

LUZY (Meuse, Verdun, Stenay) : 70 - v. Colinet. Magnien, de Sauville : 181. MAGNIÈRES (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Gerbéviller) : 288. MAIDIÈRES (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Dieulouard) : 178. MAINE, pays de : 100. MAINVILLE (Meurthe-et-Moselle, Briey, Audun-le-Roman) : 168. MAIZERAY (Meuse, Verdun, Fresnesen-Woëvre) : 160. - v. Isabelle, Jacquemin, Jean. Maizeroy, seigneur de : 82. MAIZIÈRES (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Neuves-Maisons) : 219. - v. Picart. Maljehan, maire de Houécourt : 159. MALZÉVILLE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 284. - v. Bertrand, Catherine, Jacquemin, Nicolas, Poincette. Manbelet, de Bernécourt : 190. MANDRAY (Vosges, Saint-Dié, Fraize) : 186. MANDRES-SUR-VAIR (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville) : 318, 319. - v. Claude, Didier, Liebault, Mesquim, Pierrot. MANDRES-AUX-QUATRETOURS (Meurthe-et-Moselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 224. MANNECOURT (Vosges, Neufchâteau, chef-lieu) : 179. - v. Didier. MANONVILLE (Meurthe-et-Moselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 220. Mare, serviteur de Nicolas Parspegaire, seigneur de Bruley : 255. Margat v. François. Margotte, servante du contrôleur général de Lorraine : 129. Marguerite : 155. - de Nouillonpont : 122. - Baudet, de Toul : 14, 23. - Jallin : 59.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Larcher : 236. - Lorin , de Lisle-en-Rigault : 223. - Mengin, de Herbéviller : 145. - Periquel, de Bourmont : 132. - Regnault, de Bar-le-Duc : 314. Mariette, - Asny (d’), de Naives-en-Blois : 291. - Parisot, de Villers-sous-Prény : 47. MARMOUTIER (Bas-Rhin, Saverne, ch. l. c.) : 315. - v. Boucher (le). MARON (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Neuves-Maisons) : 163. - v. Catherine, Clémence, Didier, Martin. Marquis, Argentier (l’), Lombard établi à Toul : 52. Marquis (le), orfèvre : 49. MARSAL (Moselle, Château-Salins, Vic-sur-Seille) : 294. - archidiacre de : 259, 299. Marson Regnault, de Vassincourt : 207. MARTELANGE (Belgique, Luxembourg, Arlon) : 63. MARTHEMONT (Meurthe-etMoselle, Nancy, Vézelise) : 219. - v. Jean. MARTIGNY-LES-BAINS (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 84, 85. - v. Jacquot. Martin, - de Couvonges : 316. - Grant Colas, de Vittel : 101. - Marchal (le), de Maron : 163. - Morel, d’Arrancy : 103. Martinet, ermite à Péron : 260. MARVILLE (Meuse, Verdun, Montmédy) : 26, 51, 79, 103. - doyen de la justice : 26. - officiers : 117, 296. - prévôté : 103, 122, 296. - v. Claus, Gerardin, Henri, Jaquotin, Pierre, Thierry. MARZELAY (Vosges, Saint-Dié, ch. l. ar.), hameau de Saint-Dié, au nordest de la localité : 40. - v. Demenge.

Mathieu, - maire de Balléville : 114. - Drappier (le), de Vignot : 311. - Durant, maître-échevin de Foug : 255. - Lolier : 178. - Lucy (de), écuyer : 185. - Maroye, de Chamouilley : 113. - Vin Daussay, de Serres : 4. Mathiot : 250. Mathiotte, Regens (le), de Chaumouzey : 293. Matisse, Rouyer (le), de Rouvres-enXaintois : 243. Maupain, de Saint-Nicolas-de-Port : 167. Maxe : 140. Mayance, Beuf (le) : 277. Mayon, Marechal (le), de Senon : 225. MAZELEY (Vosges, Épinal, Châtelsur-Moselle) : 9. Meline, - Bourelier (le), de Bar-le-Duc : 314. - Guiot, de Condé-en-Barrois : 91. MENAUCOURT (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois) : 176. Menault, archer : 49. Mengeolle, de Poulières (Les) : 305. Mengeot, - le Grant Mengeot, de Noncourt : 203. - Beullemel, de Bourmont : 131. - Bourgeoys, de Coussey : 304. - Maigrot : 59. - Nouroy, de Morizécourt : 80. - Paris, de Lamarche : 84, 85. - Thierrion, de Lamarche : 56. - Warpie, de Vagney : 27. Menget Lechat : 122. Mengette Chanillot, de Latour-enWoëvre : 155. Mengin, - Grant Mengin (le) : 24. - Grant Mengin (le): 103. - de Fouchifol : 34. - Androuyn, d’Aulnois-sur-Seille : 278.

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Index onomastique

- Baudel, de Bréchaincourt : 301. - Baudet (Baudot), boucher à Toul : 14, 23. - Beausire, de Selaincourt : 234. - Bernard, de Saulxures-lès-Vannes : 202. - Bidault, de Neufchâteau : 115. - Billart, de Ménil-sur-Saulx : 216. - Breton (le), de Fraisnes-en-Saintois : 241. - Brimet, de Domptail-en-L’Air : 124. - Cartillieux (de), de Certilleux : 240. - Chappu : 319. - Charpentier, maire de Haussonville : 124. - Colas : 203. - Collignon, de Tronville : 90. - Cordier (le), de Longwy : 117. - Foillot, de Noncourt : 203. - Fourrot, de Gondreville : 263. - Godinot, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Jobert, de Bar-le-Duc : 140. - Joffroy, de Rambucourt : 224. - Loste, de Boëmont : 103. - Maisons (de), de Haréville : 274. - Mareschal, maréchal-ferrant à Bazailles : 252, 253. - Mathelin, de Loisey : 57. - Musnier, de Juville : 278. - Paigot, de Germiny : 261. - Parmee (de la) : 265. - Petit Thomas, de Vaudémont : 39. - Poillot, de Darney-aux-Chênes : 141. - Recouvecteur (le), de Pont-àMousson : 20. - Richart: 238. - Roucelot, de Noncourt : 203. - Roy (le) : 240. - Saulnier, de Girancourt : 282. - Serrurier (le), de Houdemont : 44. - Thouvenin, drapier à Neufchâteau : 128. MÉNIL-SUR-SAULX (Meuse, Bar-leDuc, Montiers-sur-Saulx) : 216. - v. Christophe, Husson, Mengin.

MENONCOURT (Meuse, Bar-leDuc, Seuil- d’Argonne), ancien prieuré, ermitage dépendant de l’abbaye de Beaulieu-en-Argonne (Bénédictins) : 271. MERCY (Meurthe-et-Moselle, Briey, Audun-le-Roman) : 103. Merquin : 194. Mesguy (du), receveur du seigneur de Saint Remy : 258. MESNIL (Meuse, Verdun, Fresnes-enWoëvre, Bonzée), Mesnil-sous-lesCôtes : 121. - v. Denis. Mesnilz (des), de Villers-sous-Prény : 169. Mesquim, le Petit, de Mandres-surVair : 318. METZ (Moselle, ch. l. dép.) : 55, 78, 83, 92, 97, 117, 118, 134, 139, 252, 253, 266, 275, 278, 299, 321. - doyen et chapître : 288. - évêché : 288. - évêque : 2, 288. - gros de (monnaie) : 35, 36, 46, 165, 175, 278. - v. Heinselin, Jean. MEUSE, fleuve : 38, 105. Michel, - Arbide (d’), écuyer d’écurie du duc : 218, 229, 251, 258. - Courdemanche (de), conseiller et secrétaire du duc : 59, 63, 64, 71, 80, 81, 96. - Lerminat : 217. - Mathieu, de Naymont : 30, 31. - Methisin (le) dit le Maire Michault, de Pareid : 247. - Parmentier, de Haréville : 274. - Symon, de Regnévelle : 300. Michelette, Camus (le), de Bulainville : 121. Milet, de Poussay : 167. Milon, pâtre de Rupt-sur-Othain : 296. MIRECOURT (Vosges, Neufchâteau, ch. l. c.) : 11, 17, 33, 43, 82, 167, 179, 301.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- prévôt : 167. - tabellionage : 33. - tabellions : 33. - v. Colas, Didier, François, Jean, Thouvenin. Mocel : 200. MOGNÉVILLE (Meuse, Bar-le-Duc, Revigny-sur-Ornain) : 199. - v. Jean, Simon. Monain Leulloit, de Serocourt : 130. Monsseguier (le) : 177. Montagu, - dame de : 238 - seigneur de : 129, 238. MONTARGIS (Loiret, ch. l. ar.) : 55. MONTBLAINVILLE (Meuse, Verdun, Varennes-en-Argonne) : 12. - v. Jean. MONTCHEUTIN (Ardennes, Vouziers, Monthois) : 75. - v. Thibaud. MONTFAUCON (Meuse, Verdun, ch. l. c.) : 63. MONTHUREUX-SUR-SAÔNE (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 101, 194. - v. Alix, Gerard, Jean. MONTIERS-SUR-SAULX (Meuse, Bar-le-Duc, ch. l. c.) : 299. MONTIGNONS (les) (Meuse, Verdun, Charny-sur-Meuse, Montzéville), prévôté du bailliage de Clermont : 217, 246. - prévôt : 180, 217. MONTIGNY-SUR-CHIERS (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longuyon) : 126. MONTZÉVILLE (Meuse, Verdun, Charny-sur-Meuse) : 246. MORAIGNE (Meuse, Verdun, Spincourt) : 188. Morcel v. Thierry. MORELMAISON (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 279. - v. Gerard. MORGEMOULIN (Meuse, Verdun, Etain) : 160. - v. Nicolas.

MORHANGE (Moselle, Forbach, Grostenquin) : 248. MORIMOND (Haute-Marne, Langres, Bourbonne-les-Bains, Parnoy-en-Bassigny), abbaye (Cisterciens) : 71. MORIZÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 77, 80, 84. - v. Jacquin, Jacquot, Jean, Mengeot, Nicolas, Richard. MORLEY (Meuse, Bar-le-Duc, Montiers-sur-Saulx) : 311. - prévôt : 311. MOSELLE, rivière : 23. Mouginot, doyen du village de Selaincourt : 234. MOULIN BOUTON (le) (Vosges, Neufchâteau, Châtenois, Vouxey), moulin situé sur la Vair, à l’ouest du village de Vouxey : 114. MOULINS-LÈS-METZ (Moselle, Metz-Campagne, Woippy) : 97. MOUSSON (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Pont-à-Mousson) : 191, 276, 277. - v. Gillequin, Jeannot, Philippe, Wiriot. MOUZON, rivière, affluent de la Meuse: 8. MOUZON (Ardennes, Sedan, ch. l. c.) : 63. MOYEN (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Gerbéviller) : 2. - v. Antoine, Jean. MOYENVIC (Moselle, ChâteauSalins, Vic-sur-Seille) : 133. MOYEUVRE (Moselle, ThionvilleOuest, ch. l. c.) : 110, 144, 164. - v. Ferry, Henri. MULCEY (Moselle, Château-Salins, Dieuze) : 294. MURBACH (Haut-Rhin, Guebwiller, Guebwiller) : 162. NAIVES-EN-BLOIS (Meuse, Commercy, Void-Vacon) : 291. - v. Didier, Lucie, Mariette, Thibaud.

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Index onomastique

NAIVES-ROSIÈRES (Meuse, Bar-leDuc, Vavincourt) : 129. NANCY (Meurthe-et-Moselle, ch. l. dép.) : 2, 3, 4, 6, 7, 13, 20, 21, 22, 23, 28, 29, 30, 31, 33, 35, 36, 37, 39, 40, 43, 44, 45, 46, 47, 53, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 75, 76, 77, 78, 83, 95, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 97, 107, 108, 109, 111, 112, 114, 115, 118, 119, 138, 142, 143, 144, 145, 148, 149, 158, 163, 165, 166, 167, 181, 183, 184, 185, 186, 187, 195, 201, 202, 203, 220, 229, 238, 252, 253, 254, 255, 256, 266, 267, 273, 274, 278, 280, 281, 282, 283, 284, 287, 292, 310, 312, 320, 321. - bailli : 3, 4, 6, 22, 26, 27, 30, 31, 34, 38, 47, 49, 50, 51, 57, 55, 56, 58, 60, 61, 62, 63, 64, 69, 70, 72, 75, 78, 81, 83, 85, 91, 99, 102, 111, 138, 153, 155, 157, 163, 164, 166, 176, 185, 186, 195, 202, 203, 228, 229, 238, 266, 274, 278, 279, 281, 297, 321, I, II. - v. Jacques de Haraucourt, Jean de Wisse. - bailli et prévôt : 32. - bailliage : 50, 154. - bourreau : 83, 94. - échevin : 45. - gens des comptes : 198. - lieutenant : 86, 85, 94, 101, 201, 273. - président des comptes : 175, 204, 214, 262. - prévôt : 29, 32. - prévôt de Saint-Georges : 181, 223, 218, 219, 224, 229, 230, 231, 232, 235, 239, 244, 245, 247, 248, 250. - prévôt des chanoines : 258, 259, 260, 275. - prisons : 125. - sénéchal, maréchal, baillis : 34, 37. - tabellionage : 195. - v. Bricquier (le), Cugnin, Didier, Isabelle, Janin, Jean, Tassin.

NASSAU, comte de, s. d. Jean-Louis : 83, 272. NAYMONT (Vosges, Épinal, Xertigny) : 31. - v. Michel. NEUFCHÂTEAU (Vosges, chef-lieu, ) : 1, 8, 9, 14, 39, 55, 65, 71, 86, 80, 95, 106, 115, 116, 120, 125, 126, 127, 128, 129, 130, 131, 132, 133, 165, 179, 235, 236, 256, 278, 279, 299, 300, 301, 302, 303, 304, 308. - château : 129. - justice : 71, 116. - lieutenant : 106. - maire et justice : 55, 115, 116. - prisons : 116. - v. Demenge, Demengeot, Didier, Estiennot, Étienne, Gardant, Gerard, Gilles, Husson, Jean, Mengin, Nicolas, Simon. NEUFCHEF (Moselle, ThionvilleOuest, Algrange) : 206. - v. Thomas. NEUVEVILLE-SOUS-CHÂTENOIS (la) (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 197. - v. Jean, Nicolas. NEUVILLERS-SUR-FAVE (Vosges, Saint-Dié, Saint-Dié-Est) : 264, 266. Nicolas d’Anjou , duc de Lorraine (1470-1473), fils de Jean II d’Anjou, duc de Calabre et de Lorraine, et de Marie de Bourbon, - Calabre et Lorraine (de), duc : 3, 6. Nicolas, - Merlin, maître, conseiller du duc : 24. - Paillart, confesseur du duc : 36. - Parspegaire, seigneur de Bruley : 255. Nicolas, - Ancemont ( d’) : 184. - Bazin, de Fains : 316. - Beaupere, marchand à Parey : 61. - Beausire, de Selaincourt : 234. - Bourguegnon, bouvier à Vigneulles : 120.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Cachert, garde-champêtre de Vigneulles : 120. - Colinet, de Remiremont : 218. - Cugny, de Gripport : 161. - Duchastenay, marchand à Neufchâteau : 71. - Francart, de Bar-le-Duc : 259. - Garcon (le), de Barbonville : 229. - Geoffroy, de Vaubecourt : 226. - George, boulanger à Pont-àMousson : 320. - Grant Colot, de Fains : 316. - Grand Didier, de Poussay : 167. - Grant Pelletier (le), de ChâteauSalins : 288. - Gros Pied, de Biffontaine : 305. - Haire (le), de Gerbépal : 142. - Harbellet, de Robécourt : 93. - Hee (de), de Gondreville : 19. - Honquetel (de), de Longchampssur-Aire : 109. - Jacquemel, de Bulgnéville : 308. - Jehan Henry, de Poussay : 167. - Laguesse, de La Mothe : 137, 147. - Lalemant : 242. - Lorin, de Lisle-en-Rigault : 223. - Mareschal, arbalétrier de Rosièresaux-Salines : 41. - Marionin, régent des écoles de Lunéville : 315. - Moitrier, de Saint-Jean-lès-Nancy : 125. - Molaye, forestier : 317. - Mutelot, d’Auzécourt : 135. - Orfevre (l’), de Neufchâteau : 65. - Parisot, doyen de La Neuvevillesous-Châtenois : 197. - Petit Jehan, de La Mothe : 147. - Peuchet, de Malzéville : 284. - Prevostel, de Seroux : 302. - Procureur (le), de Vignot : 311. - Rahaye, de Villers-lès-Nancy : 321. - Regnier, de Breuvannes-en-Bassigny : 132. - Richart, de Neufchâteau : 256. - Rouyer, de Poussay : 167. - Servoisié (le), de Morgemoulin : 160.

- Tavernier (le), de Foug : 311. - Thiebullan (de) : 94. - Thiecelin, d’Esnes-en-Argonne : 246. - Vairier, de Morizécourt : 77. - Villan : 258. - Ydette, de Girancourt : 282. Nicole, - Marez (des), d’Essegney : 283. - Vernancourt (de), épouse de Pierre des Salles, seigneur de Gombervaux : 204. Noël Raulin, fauconnier : III. NIXÉVILLE (Meuse, Verdun, Souilly) : 182, 217. - v. Antoine, Didier. NOMENY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 278. NOMEXY (Vosges, Épinal, Châtel-surMoselle) : 133. Nommery, de Fontenoy-sur-Moselle : 263, 265. NONCOURT (Vosges, Neufchâteau, ch. l. ar.), hameau de Neufchâteau, au sud-ouest de la localité : 106, 203. - v. Chappelier (le), Colin, Jean, Mengeot, Mengin. NONDKEIL (Moselle, ThionvilleOuest, Fontoy, Ottange), hameau d’Ottange, au sud du village : 272. - v. Petre. NORROY-LE-VENEUR (Moselle, Metz-Campagne, MarangeSilvange) : 78. - v. Catherine, Françoise, Pierre. NOUILLONPONT (Meuse, Verdun, Spincourt) : 122. - v. Dieudonné, Marguerite. NOVIANT-AUX-PRÉS (Meurthe-etMoselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 69. -seigneur de : 159, 169, 199. - v. Billede, Jean, Jeannette. NUBÉCOURT (Meuse, Bar-le-Duc, Seuil- d’Argonne) : 271. - v. Colesson, Husson. Odette Waultrin, de Senon : 213.

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Index onomastique

OFFROICOURT (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 112. - v. Jean, Thierry. OLLAINVILLE (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 118. - v. Jean. Olry, Beaumont (de), seigneur de, s. d. Olry de Blamont, évêque de Toul : 57. ONCOURT (Vosges, Épinal, Châtelsur-Moselle) : 133. - v. Gerard. ONVILLE (Meurthe-et-Moselle, Briey, Chambley-Bussières) : 169. ORMES-ET-VILLE (Meurthe-etMoselle, Nancy, Haroué ) : 9. ORNE, rivière : 211. ORNES (Meuse, Verdun, Charny-surMeuse) : 269. ORVAL (Belgique, Luxembourg, Virton, Florenville) : 175. Othin, prévôt d’Amance : 7. OTTANGE (Moselle, ThionvilleOuest, Fontoy) : 272. - v. Jean. Oudet, Chesaulx (de), receveur général du Barrois : 211. OZERAILLES (Meurthe-et-Moselle, Briey, Conflans-en-Jarnisy) : 285. - v. Henri. PAGNY-SUR-MEUSE (Meuse, Commercy, Void-Vacon) : 96. - v. Christophe. PANNES (Meurthe-et-Moselle, Toul, Thiaucourt-Regniéville) : 190. - v. Demenge. PAREID (Meuse, Verdun, Fresnes-enWoëvre) : 247. - v. Michel, Thierry. PAREY (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville, Saint-Ouen-lès-Parey), hameau de la commune : 61, 68. - v. Étienne, Gerard, Jeannette, Nicolas. PARGNY-SOUS-MUREAU (Vosges, Neufchâteau, Neufchâteau) : 71. PARIS (Paris, ch. l. dép): 59, 138.

- Châtelet (le), prison et juridiction : 138. Parisot : 150. - Grant Parisot (le), sujet de Charles de Haraucourt, établi à Arracourt : 228. - Collignon, clerc tonsuré d’Épinal : 87. - Perrenot, de Crainvilliers : 128. - Waltier : 197. Pasquet Maulry, de Vassincourt : 207. Pasquin Raulin, de Gremilly : 269. Pasquotte Machault : 226. Pernot, - Brochart, de Bazoilles : 116. - Loye (de), de Saulxures-lèsBulgnéville : 201. PÉRON (le) (Meuse, Verdun, Spincourt, Arrancy-sur-Crusne), lieu-dit de la commune d’Arrancysur-Crusne, proche du hameau des Eurantes : 260. - v. Martinet. Perrard de Bazoilles : 116. Perrenet, - Gros Jehan, de Liffol-le-Grand : 65. - Villers (de) : 32. Perrin, Haraucourt (de), seigneur de Chambley : 22, 154. Perrin : 27. - Bourcier (le), de Saint-Nicolas-dePort : 42. - Gradelet, de Vaillant : 174. - Grasdelet, de Vaillant : 171. - Jaudenot, marchand à Bazoilles : 116. - Mesobier (Meswrer), de Goviller : 251, 254. - Musnier (le), meunier à Boudonville : 312. - Paigot, de Bazoilles : 116. - Rambo, de Vignot : 311. - de Saint-Prancher : 43. Perrinet, Boulengier (le), de Toul : 23. PETIT-VAULX (Meurthe-et-Moselle, Briey, Chambley-Bussières, Onville), lieu-dit à Onville : 169.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Petre, Mareschal (le), de Nondkeil : 272. Pfaffenhoffen v. Thomas. Philibert, Choiseul (de), seigneur de Breuvannes-en-Bassigny : 132. Philippe de Gueldre (1467-1547, épouse de René II, 1485), - Aumale, comtesse d’: 200, 209, 263, III. - Bar, duchesse de: 200, 209, 263, III. - Jérusalem, reine de : 200, 209, 263, III. - Lorraine, duchesse de : 200, 209, 263, III. - marquise, marquise du Pont : 200, 209, 263, III. - Provence, comtesse de : 200, 209, 263, III.. - Sicile , reine de: 159, 200, 205, 209, 210, 211, 263, 265, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 321, III. - Vaudémont, comtesse de: 200, 209, 263, III. - mentionnée : 82, 159, 198, 200, 205, 206, 209, 210, 211, 263, 265, 315, 316, 317, 318, 319, 320, 321. Philippe : 157. - Luzarier : 55. - Mousson (de), châtelain de Mousson : 277. - Perrot, de Rouvrois-sur-Othain : 213. Philippot, serviteur : 25. PICARDIE, province : 74. Picart, - maire de Maizières : 219. - Picquart (le) : 321. Pied de Fer, seigneur de Chevillon : 37. Pierrard, Saint Hilaire (de), serviteur domestique de Yolande de Haraucourt, dame de Bulgnéville : 172. Pierrat Gros Pied, de Biffontaine : 305. Pierre, - Bron (de) maître d’hôtel du duc : 48.

- Fay (du), maître d’hôtel du duc : 142. - Salles (des), dit le Baille, seigneur de Gombervaux, écuyer tranchant du duc : 204, 212. Pierre : 179. - maitre Pierre, soi-disant salpétrier du roi, de Lisle-en-Barrois : 46. - de Serécourt : 84. - Almant, de Pont-à-Mousson : 89. - bâtard de Grandson, serviteur domestique de René II : 37 - Blancheron, de Revigny-sur-Ornain : 222. - Chaillot, de Lamarche : 85. - Champenois, de Revigny-surOrnain : 222. - Cherpentier (le), forgeron à Chancenay : 230. - Foudion, doyen de la justice de Marville : 26. - Gillon : 104. - Haisses (de) : 210. - Hale, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Jonvay (de), de Saint-Nicolas-dePort : 41, 42. - Larcher, de Vignot : 311. - Magister, maire de Rouvrois-surOthain : 213. - Maire, de Haréville : 274. - Maisons (de), de Haréville : 274. - Mannais (le), de Remenoncourt : 122. - Marchainville (de) : 139. - Mathieu, de Boëmont : 103. - Nunclart, de Lamarche : 56. - Robert, serviteur de Jean de Vernancourt : 64. - Sibrand, maître ès arts : 35, 36. - Tarreil (du), de Norroy-le-Veneur : 78. - Thallot, de Lamarche : 84. - Tourneurs, arbalétrier de SaintNicolas-de-Port : 42. PIERREFITTE (Meuse, Commercy, ch. l. c.) : 57, 172. - v. Étienne, Louis.

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Index onomastique

Pierrefort, seigneur de : 70, 71, 74, 77, 82, 93, 120, 127, 129, 150, 154, 155, 159, 164, 166, 179, 192, 203, 219, 234, 235, 266. PIERREPONT (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longuyon) : 186, 252. Pierresson, - de Latour-en-Woëvre : 155. - maire de Xirocourt : 238. - censier de Servon : 276. - Musnier, de Haroué : 149. Pierret : 156. PIERREVILLERS (Moselle, MetzCampagne, Marange-Silvange) : 168. - v. Bertrand, Colart. Pierron Bozillon, de Cosnes-etRomain : 111. Pierrot, - Barbe Salee, de Burey : 309. - Huyn, de Contrisson : 270. - Lorrainne, tavernier à Mandres-surVair : 319. - Perceval, de Longeville-en-Barrois : 60. Pillart : 27. PINTHEVILLE (Meuse, Verdun, Fresnes-en-Woëvre) : 25. Placart, tavernier à Sorcy : 25. PLAINFAING (Vosges, Saint-Dié, Fraize) : 114. - v. Jean. Poincelet, laboureur à Avrainville : 73. Poincette, - Aubertin , d’Avillers : 127. - Maillot, de Ligny-en-Barrois : 244. - Peuchet, de Malzéville : 284. Poiresson, Uruffe (d’), de Libdeau : 303. POITOU, province : 93. Pomiart, Coiffy (de) : 101. PONT-à-MOUSSON (Meurthe-etMoselle, Nancy, ch. l. de c.) : 20, 51, 71, 84, 85, 89, 93, 98, 99, 100, 107, 108, 133, 134, 136, 137, 146, 150, 151, 157, 162, 170, 177, 178, 179, 180, 210, 277, 320. - château : 210.

- duché et marquisat : 47. - maître échevin et clerc juré : 169. - maître échevin et les sept jurés : 157. - officiers : 177, 277. - prévôté : 73, 134. - v. Burthignon, Colin, François, Janin, Janson, Jean, Jeannette, Mengin, Nicolas, Pierre, René II de Lorraine, Richard, Thiessaud, Toussaint, Ydette. PONT-SAINT-VINCENT (Meurtheet-Moselle, Nancy, NeuvesMaisons) : 107, 108, 170. - seigneur de : 170. PORT-SUR-SEILLE (Meurthe-etMoselle, Nancy, Pont-à-Mousson) : 133. Potiere (la), de Saint-Mihiel : 18. POUILLY-SUR-MEUSE (Meuse, Verdun, Stenay) : 262. - v. Jean. POULIÈRES (les) (Vosges, Saint-Dié, Brouvelieures) : 305. - v. Mengeolle, Rémy. POUSSAY (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 133, 167. - v. Colin, Didier, Guiot, Milet, Nicolas. PRÉNY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Dieulouard) : 47, 169. - prévôt et officiers : 169. - prévôt, tabellion et clerc juré : 169. Prétot (de), seigneur , v. Jean de SaintAmadour. PRÉ COULLEY (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville, Saulxures-lèsBulgnéville), pré, s. d. situé à Saulxures-lès-Bulgnéville : 201. PROVENCE v. Philippe de Gueldre, René II de Lorraine. PUDEL (Meurthe-et-Moselle, Briey, Longwy, ch. l. c.), bois, s. d. à Longwy : 63. Pugnot : 84. PULLIGNY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Vézelise) : 125. - v. Claude.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

RACÉCOURT (Vosges, Épinal, Dompaire) : 133. - v. Chaweriet. Racusey (de), homme d’armes : 99. RAINVILLE (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 5. - v. Regnault. RAMBERVILLERS (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 10, 40, 81, 133, 218. - v. Demenge, Rodolphe. RAMBUCOURT (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel) : 224. - v. Jacquemot, Mengin. RAMEREZ (Meuse, Verdun, Montmédy, ch. l. c.), habitation isolée sur la commune de Montmédy, au sud de Villècloye, près de l’Othain : 103. RAMONCHAMP (Vosges, Épinal, Thillot (le)) : 27. - v. Thibaud. RANGUEVAUX (Moselle, ThionvilleOuest, Hayange) : 206. RAON-L’ ÉTAPE (Vosges, Saint-Dié, ch. l. c.) : 266. RAULECOURT (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel) : 224. - v. Blandin, Didier. Rausquin, Longsfin (de), de Varennesen-Argonne : 24. Raymond, messire : 70. Razey, seigneur de : 116. Régnault, - maire de Rainville : 5. - de Flavigny-sur-Moselle : 195. REGNÉVELLE (Vosges, Épinal, Monthureux-sur-Saône) : 300. - v. Jean, Michel. REGNEY (Vosges, Épinal, Dompaire) : 133. Regnier Lalemant de Clayeures, de Chaumouzey : 293. REIMS (Marne, ch. l. ar.) : 205. REMELANGE (Moselle, ThionvilleOuest, Florange, Fameck), quartier de Fameck, au nord de la localité : 110.

- v. Arnoul. REMENNECOURT (Meuse, Bar-leDuc, Revigny-sur-Ornain) : 208. - v. Jacques, Jean. REMENONCOURT (Meuse, Verdun, Spincourt, Saint-Pierrevillers), groupe d’habitations à SaintPierrevillers entre cette localité et le hameau des Eurantes : 122. - v. Pierre. RÉMÉRÉVILLE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Tomblaine) : 158. - v. Aubry, Jean. Remicourt, seigneur de, Jean de Bidos : 242, 243. REMIREMONT (Vosges, Épinal, ch. l. c.) : 27, 30, 31, 162, 218, 310. - chapitre Saint-Pierre, chanoinesses : 161. - prévôt et clerc juré : 218. - v. Didier, Nicolas, Thomenel. RÉMOIS (Vosges, Neufchâteau, Châtenois, Longchamp-sousChâtenois), hameau de Longchampsous-Châtenois, entre cette localité et La Neuville-sous-Châtenois : 151. - v. Jean. REMONCOURT (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 141, 274. - v. Gerard. Rémy, - prêtre, chapelain de Givrauval : 236. - Colo, de Loisey : 57. - Freminot, prisonnier à ChâteauSalins : 281. - Mengeolle, des Poulières: 305. - Poincelet, de Longchamps-sur-Aire : 109. Renault, - mâitre d’hôtel du bâtard de Calabre : 138. - Charles, de Laimont : 187. RENAUVOID (Vosges, Épinal, ÉpinalOuest) : 30. René Ier (1409-1480), grand-père maternel de René II - Lorraine et Bar, duc de: I.

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Index onomastique

- Jérusalem, roi de : 26. - Sicile, roi de: 12, 18, 21, 22, 25, 26, I. René II (1451-1508), - Aragon, roi d’: 136, 150, 151, 152, 155. - Aumale (d’), comte d’Aumale de 1473 à 1508 : 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 228, 234, 249, 309. - Bar (de), duc de 1484 à 1508 : 25, 95, 136, 143, 151, 152, 155, 164, 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 234, 236, 249, 259, 309, II. - Calabre, duc de: 95. - Harcourt, comte de: 2, 20, 21, 24, 25, 26, 95, 136, 151, 155, 164, I, II. - Jérusalem, roi de: 136, 143, 150, 151, 152, 154, 155, 156, 164, 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 234, 249, 309, II. - Lorraine (de), duc de 1473 à 1508 : 2, 20, 21, 24, 25, 26, 95, 136, 143, 151, 152, 155, 164, 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 234, 236, 249, 259, 309, I, II. - marquis : 2, 20, 21, 24, 25, 26, 95, 136, 151, 152, 155, 164, 177, 178, 188,190, 207, 227, 234, 249, 309. - Pont, marquis du: 95, 136, 150, 151, 152, 155, 164, 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 234, 249, 309, II. - Provence, comte de: 95, 136, 151, 155, 164, 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 234, 249, 309, II. - Sicile, roi de: 136, 138, 143, 144, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 155, 156, 157, 158, 160, 162, 163, 164, 165, 166, 167, 168, 169, 170, 171, 172, 173, 174, 175, 176, 177, 178 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 192, 193, 195, 196, 197, 199, 201, 202, 203, 204, , 207, 208, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 223 224, 225, 226, 227, 229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 241, 242, 243, 244, 245, 246, 247,

248, 249, 250, 251, 252, 253, 254, 255, 256, 257, 258, 259, 260, 261, 262, 264, 266, 267, 268, 269, 270, 271, 272, 273, 274, 275, 276, 277, 280, 285, 286, 287, 288, 289, 290, 292, 293, 294, 295, 296, 297, 298, 302, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 313, 314, II. - Vaudémont (de), comte de 1470 à 1508 : 2, 20, 21, 24, 25, 26, 95, 136, 151, 155, 164, 177, 178, 188, 190, 207, 213, 227, 234, 249, 309, I, II. René Caratho, serviteur du comte de Campobasso : 49. Renesson : 156. REVIGNY-SUR-ORNAIN (Meuse, Bar-le-Duc, ch. l. c.) : 173, 222. - v. Jean, Pierre. REYNEL (Haute-Marne, Chaumont, Andelot-Blancheville) : 257. RHIN, fleuve : 96. Rhingraff (la), s. d. Jeannette, comtesse de Salm : 273. Richard, - le Grant Richart, de Morizécourt : 84. - Clement, de Pont-à-Mousson : 51, 146. ROBÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 93. - v. Nicolas. Robert, - Bodinos, ou Bodinais, lieutenant du bailli de Bar : 84. - Marck (de la), seigneur de Sedan : 117, 175, 179. - Moitrier, de Saint-Jean-lès-Nancy : 125. - le Petit Robert, ancien homme d’armes : 1. - Thirion, lieutenant du bailli de Vosge : 159. - Warbeville (de) : 159, 182. Robin, Vallois (de) : 102. Roche, seigneur de la, fils du chancelier de Bourgogne, s. d. Jean de

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Rochefort, fils de Guy, chancelier de France : 255. RODANGE (Rodingen, Luxembourg, Luxembourg, Esch-sur-Alzette, Pétange) : 63. Roddat, Molesen (de) : 28. Rodolphe, - de Rambervillers : 40. - Multzingen, de Dieuze : 294. Roger Cousturier, de Triaucourt-enArgonne : 271. ROME : 87. Rose Regnault, de Vassincourt : 207. ROSIÈRES-AUX-SALINES (Meurthe-et-Moselle, Nancy, SaintNicolas-de-Port) : 3, 41, 42, 73, 167. - v. André, Collignon, Cugnin, Guillaume, Jean, Nicolas, Thiriet. ROSSELANGE (Moselle, ThionvilleOuest, Moyeuvre-Grande) : 164. ROUCEUX (Vosges, Neufchâteau, ch. l. ar.), quartier de Neufchâteau, au nord de la localité : 55, 71. - v. Jean. Rousse (la) : 63. Roussel : 41. ROUVRES-EN-XAINTOIS (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 243. - v. Didier, Isabelle, Jean, Matisse. ROUVROIS-SUR-OTHAIN (Meuse, Verdun, Spincourt) : 103, 213. - v. Alexandre, Catherine, Didier, Huet, Jeanne, Philippe, Pierre. ROZIÈRES-SUR-MOUZON (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 258. - v. Alix, Demengeot, Isabelle. RUMELANGE (Rëmeleng, Luxembourg, Luxembourg, Eschsur-Alzette, Rumelange) : 272. RUMONT (Meuse, Bar-le-Duc, Vavincourt) : 172. RUPPES (Vosges, Neufchâteau, Coussey) : 255. RUPT-AUX-NONAINS (Meuse, Barle-Duc, Ancerville) : 230. - v. Antoine, Milon.

RUPT-SUR-OTHAIN (Meuse, Verdun, Damvillers) : 296. SAFFAIS (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Saint-Nicolas-de-Port) : 41. Saint Amand, seigneur de, s. d. Guillaume du Châtelet : 57, 308. - dame de, v. Yolande. SAINT-AMARIN (Haut-Rhin, Thann, ch. l. c.) : 162. - v. Ulrich. Saint Antoine, maire de Villers-devantOrval : 175. SAINT-ANTOINE (Meuse, Barle-Duc, ch. l. dép.), abbaye SaintAntoine (Augustins) : 140. SAINT-ARNOULD (Moselle, Metz, ch. l. dép.), abbaye Saint-Arnoul (Bénédictins) : 195. SAINT-CLAUDE (Vosges, Épinal, Châtel-sur-Moselle, ch. l. c.), lieu-dit à Châtel-sur-Moselle, au nord-est du village : 1. SAINT-DIÉ (Vosges, ch. l. ar.) : 40, 198, 264, 266, 297. - officiers de la cour spirituelle : 264. - prévôt et officiers : 264. - prévôt et procureur : 297. - prévôté : 34, 198, 264, 266, 297. SAINT-DIZIER (Haute-Marne, ch. l. ar.) : 189. SAINT-DIZIER (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. dép.), village ruiné en 1587 (actuel faubourg des Trois Maisons de Nancy) : 312. - v. Jean. SAINT-EPVRE (Meurthe-etMoselle, Toul, ch. l. ar.), abbaye Saint-Maurice puis Saint-Epvre (Bénédictins) : 98, 183, 184, 193, 278. SAINT-GENGOULT (Meurtheet-Moselle, Toul, ch. l. ar.), église collégiale Saint-Gengoult : 8. SAINT-GEORGES (Meurthe-etMoselle, Nancy, ch. l. dép.), église collégiale Saint-Georges à Nancy : 37, 155, 157, 168, 181, 192, 193,

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Index onomastique

197, 202, 223, 219, 229, 231, 232, 235, 239, 245, 247, 248, 250, 275, 280. SAINT-GÉRY (Pas-de-Calais, Arras, ch. l. dép.), église paroissiale, à Arras : 67. Saint Hillier, s. d. Etienne de, secrétaire ducal : 310. SAINT-HIPPOLYTE (Haut-Rhin, Ribeauvillé, Ribeauvillé) : 287. SAINT-JACQUES-AU-MONT (Vosges, Neufchâteau, Coussey, Sionne), prieuré dépendant de l’abbaye de Saint-Mansuy-lès-Toul (Bénédictins) : 39. SAINT-JEAN-LÈS-NANCY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. dép.), faubourg à l’ouest de la ville : 125. - v. Nicolas, Robert. SAINT-JULIEN (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 194. - v. Bonette, Jean, Jeannette. SAINT-LÉGER (Belgique, Luxembourg, Virton, Saint-Léger) : 156, 290. - v. Lambesson. SAINT-LÉONARD (Vosges, SaintDié, Fraize) : 186. Saint Martin (de) : 185. SAINT-MAX (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 231. SAINT-MENGE (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 43. - v. Jean. SAINT-MICHEL (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel, ch. l. c.), abbaye SaintMichel (Bénédictins) : 298. SAINT-MIHIEL (Meuse, Commercy, chef-lieu) : 18, 25, 38, 46, 48, 102, 103, 139, 171, 174, 194, 298. - bailli : 25, 45, 49, 57, 58, 61, 78, 96, 102, 111, 114, 122, 154, 155, 156, 164, 177, 178, 182, 184, 188, 190, 192, 203, 204, 206, 208, 210, 212, 213, 214, 221, 225, 227, 248, 252,

253, 254, 260, 272, 274, 282, 288, 306, 307, 312. - v. Simon des Armoises. - bailliage : 62, 211, 214. - château : 67, 139. - clercs jurés : 164. - grands jours : 194, 244. - Jacques Meniant, lieutenant : 26. - lieutenant du bailli : 90, 244, 246. - officiers : 255. - prévôté : 109. - v. Didier, Gerard, Jean, Laurent, Potiere (la). SAINT-NICOLAS-DE-PORT (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 36, 37, 41, 42, 72, 76, 83, 94, 95, 124, 133, 167, 229. - v. Claude, Gigoul, Jean, Louvion, Maupain, Perrin, Pierre. SAINT-PRANCHER (Vosges, Neufchâteau, Mirecourt) : 43. - v. Perrin. Saint-Remy, seigneur de, s. d. Geoffroy de Multon, maître d’hôtel du duc : 258. SAINT-URBAIN (Haute-Marne, Saint-Dizier, DoulaincourtSaucourt, Saint-UrbainMaconcourt), couvent des frères de la Charité-Notre-Dame de Rognon en Champagne ou Boucheraumont : 74. SAINTE-GLOSSINDE (Moselle, Metz, ch. l. dép.), abbaye SainteGlossinde (Bénédictines) : 188. SAINTE-MARIE-AU-BOIS (Meurthe-et-Moselle, Toul, Thiaucourt-Regnéville, Vilcey-surTrey), forêt située entre l’ancienne abbaye de Sainte-Marie et Villers-sousPrény : 169. SAINTE-MENEHOULD (Marne, ch. l. ar.) : III. SAINTE-RUFFINE (Moselle, MetzCampagne, Ars-sur-Moselle) : 97. SALLE (la) (Vosges, Saint-Dié, SaintDié-Ouest) : 197. - v. Jacquot, Jean.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Salm v. Henri, Jean. SALMAGNE (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois) : 57. - v. Didier. Salmon, le Petit Salmon, archer de la garnison ducale à Virton : 148. SAMPIGNY (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 139. SANCY (Meurthe-et-Moselle, Briey, Audun-le-Roman) : 252. - officiers : 188, 252, 253. - prévôt : 206, 239. - prévôt, procureur et clerc juré : 252, 253. - prévôté : 168, 206, 269. - v. Didier, Guillaume. SANDAUCOURT (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 197. Sarrebruck, seigneur de : 117. SARTES (Vosges, Neufchâteau, Neufchâteau) : 128. SAULXURES-LÈS-BULGNÉVILLE (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville) : 201. - v. Jean, Loys, Pernot, Colas, Mengin. SAULXURES-LÈS-VANNES (Meurthe-et-Moselle, Toul, Colombey-les-Belles) : 202, 255. SAUVIGNY (Meuse, Commercy, Vaucouleurs) : 105. - v. Didier. SAUVILLE (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville) : 181, 193. - v. Demengeot, Jean, Magnien. SAVIGNY (Vosges, Épinal, Charmes) : 297. - v. Jacques. SAVOIE, duché : 240. SEDAN (Ardennes, ch. l. ar.) : 117, 182. - v. Robert. SEICHEPREY (Meurthe-et-Moselle, Toul, Thiaucourt-Regniéville) : 257. - v. Didier, Jean. SELAINCOURT (Meurthe-et-Moselle, Toul, Colombey-les-Belles) : 234. - v. Cailot, Mengin, Mouginot, Nicolas.

Senewy Strousse, de Vitry-sur-Orne : 164. SENON (Meuse, Verdun, Spincourt) : 213, 225, 285. - officiers : 225. - v. Ferry, Jean, Mayon, Odette, Vincent. SERÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 84, 85, 141. - v. Claude, Jean, Pierre, Thibaud. SERMAIZE-LES-BAINS (Marne, Vitry-le-François, ThiéblemontFarémont) : 208. SEROCOURT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 130. - v. Demengeot, Monain. SEROUX (Vosges, Saint-Dié, Corcieux) : 302. - v. Haiwys, Jean, Nicolas. SERRES (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Lunéville-Nord) : 4, 94, 232. - v. Bernardin, Bourguignon (le), Clement, Colart, Colas, Henri, Jean, Mathieu. Serriot, de Biécourt : 43. Servais Curson : 223. SERVON (Marne, Sainte-Menehould, Ville-sur-Tourbe) : 191, 276. - v. Henri, Jean, Pierresson. SICILE v. Ferry II de Vaudémont, Philippe de Gueldre, René Ier, René II de Lorraine. SIERCK-LES-BAINS (Moselle, Thionville-Est, Siercq-les-Bains, ch. l. c.), prévôt : 310. Simon, - Armoises (des), écuyer, seigneur d’Essey, bailli de Saint-Mihiel : 13, 29, 49. - Haussonville (de), conseiller et écuyer de René II : 285. Simon, - Boucherot, tavernier à Neufchâteau : 71. - Boulengier le Jeune, pelletier à Jeuxey : 237.

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Index onomastique

- Boullengier, de Lamarche : 295. - Fau (du), maire de Mognéville : 199. - Gaillart, natif de Fécocourt : 320. - Gillet, de Tannois : 90. - Godinot, de Hargeville-sur-Chée : 200. - Lorin : 223. - Maljehan, de Houécourt : 159. - Potier (le), de Boulay-Moselle : 275. SIONNE (Vosges, Neufchâteau, Coussey) : 77. - v. Jean. SLAVONIE, région de Croatie: 49. SOLEUVRE (Zolwer, Luxembourg, Luxembourg, Esch-sur-Alzette, Sanem) : 24. SOMMEILLES (Meuse, Bar-le-Duc, Vaubecourt) : 233. - v. Georgette, Jean. SORCY (Meuse, Commercy, VoidVacon) : 25, 62, 192, 318, 319. - v. Antoine, Husson, Jean, Placart, Turaulx. SOUILLY (Meuse, Verdun, Souilly, ch. l. c.), prévôt : 249. STAINVILLE (Meuse, Bar-le-Duc, Ancerville) : 216. - Stainville, seigneur de , s. d. Louis : 297. - v. Henri, Thielemant. STENAY (Meuse, Verdun, ch. l. c.) : 70, 79, 175, 180, 182, 185. - prévôté : 70, 175, 262, 313. - v. Jacquemin. Stéphane, Marmoutier (de), apprentiboucher à Lunéville : 315. Stevenat, Stevenet, - Anthoine : 264, 266. - Tiercelin : 167. STRASBOURG (Bas-Rhin, ch. l. dép.) : 16, 266. TAINTRUX (Vosges, Saint-Dié, SaintDié-Ouest) : 186. TANNOIS (Meuse, Bar-le-Duc, Lignyen-Barrois) : 46, 90. - v. Humbelet, Janequin, Janin, Jean, Simon.

TANTONVILLE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Haroué) : 82. - v. Didier. Tassin Morriaulx, de Nancy : 95. TENDON (Vosges, Épinal, Remiremont) : 123. - v. Jean. Thévenin, - de Couvonges : 316. - Bon Filz, maire d’Arry : 134. - Jennesson : 190. - Ragecourt (de) : 101. THÉZEY-SAINT-MARTIN (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Nomeny) : 278. - seigneur de : 55, 229, 239, 240, 245, 247, 251, 258, 260, 276, 277, 298, 300, 301, 305, 306, 309, 311, 312, 313. - v. Jean. Thibaud, - de Ramonchamp : 27. - Hugue, de Louppy-le-Château : 286. - Musnier, de Serécourt : 84, 85. - Perrard, de Naives-en-Blois : 291. - Rouveroy, tisserand à Montcheutin : 75. Thibaude Boullengier, de Lamarche : 295. Thielemant de Stainville : 216. Thierry, - Lenoncourt, seigneur de, conseiller du duc, bailli de Vitry : 145, 152. - Morcel, secrétaire du duc : 2, 3, 9. Thierry : 94. - de Charmois : 28. - de Bayon : 41. - Balan, de Pareid : 247. - Bicquelot dit Bremon : 251. - Brisacque, de Viterne : 50. - Charpentier (le), de Vaubecourt : 226. - Mareschal, de Offroicourt : 112. - Mothe (de la) : 164. - Verjus, de Marville : 26. Thierstein, comte de, Oswald, maréchal de Lorraine, conseiller du duc : 273.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Thiessaud Saulnier, de Pont-à-Mousson : 157. THIONVILLE (Moselle, ch. l. ar.) : 281. - v. François, Jamin. Thiriet, - de Rosières-aux-Salines : 41. - Larcher, de Hévilliers : 236. - Lhoste, de Vignot : 311. Thirion, le Gros Thirion : 63. Thomas, - Châtenois (de), secrétaire de la duchesse Philippe : 317. - Pfaffenhoffen (de), bailli de Vaudémont, sénéchal de Lorraine, seigneur en partie de Gironcourt, conseiller et chambellan du duc: 44, , 51, 279. Thomas, - le Grant Thomas, de Juvigny-surLoison : 313. - le Jeune, fils de Thomas Mahieur,de Neufchef : 206. - le Petit Thomas : 210. - le Petit Thomas, de Vaudémont : 39. - Estienne : 249. - Guillot, prévôt de Châtillon-surSaône : 107, 108. - Musnier (le), de Wascourt : 184. - Pasquet, de Vassincourt : 207. - Pierresson : 94. - Regnault dit Hacquinet, de Bar-leDuc : 314. Thomassin, - de Lunéville : 81. - Cordier, de Longwy : 63. Thomenel, Rouyer (le), charron de Remiremont : 218. Thouvenin, - Tabourel, de Labeuville : 154, 155. - Thouvenin, de Mirecourt : 43. Tiessart, secrétaire du duc : 35, 36, 42. TINCRY (Moselle, Château-Salins, Delme) : 54. TISSERANDIE (la) (Vosges, Saint-Dié, Raon-l’ Etape, Etival-Clairefontaine),

lieu-dit, s. d. situé à EtivalClairefontaine : 198. - v. Colin, Demengeot, Jacquette. TOLLAINCOURT (Vosges, Neufchâteau, Lamarche) : 258. Tonez, de Dieuze : 294. TONNOY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Saint-Nicolas-de-Port) : 133. - seigneur de : 133 TOUL (Meurthe-et-Moselle, ch. l. ar., ) : 6, 8, 14, 15, 16, 23, 25, 43, 44, 46, 52, 59, 73, 119, 167, 170, 202, 303, 311. - archidiacre : 224. - élu : 58, 63, 72, 74, 83, 85, 87, 89, 91, 103. - enquêteur de l’ évêché et diocèse : 56. - évêque : 105, 292, 293, 294, 295, 296, 297, 299, 300, 301, 303, 305, 310, 312, 315. - évêque et comte : 307, 309, 311, 313, 316, 320, 321. - grand archidiacre : 155, 188, 227. - officiers de l’ évêque : 59, 166. - v. Didier, Jacquot, Jean, Marguerite, Marquis, Mengin, Perrinet. TOULOUSE (Haute-Garonne, Toulouse, ch. l. dép.), sénéchal : 67. Toussaint Perrin, de Pont-à-Mousson : 157. TRIAUCOURT-EN-ARGONNE (Meuse, Bar-le-Duc, Seuild’Argonne) : 173, 271. - v. Didier, Jean, Roger. TROIS-FONTAINES-L’ABBAYE (Marne, Vitry-le-François, Thiéblemont-Farémont) : 199. TRONVILLE (Meuse, Bar-le-Duc, Ligny-en-Barrois) : 90. - v. Mengin. Trusson, maire de Longeville-enBarrois : 60. Turaulx, de Sorcy : 25. UBÉXY (Vosges, Neufchâteau, Vittel) : 133. - prévôt : 133, 234.

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Index onomastique

- seigneur de, s. d. Henri d’Haraucourt: 219, 261, 279, 286, 290, 297, 303, 309, 310. UGNY-SUR-MEUSE (Meuse, Commercy, Vaucouleurs) : 96. - v. Janin. Ulrich, boucher à Saint-Amarin : 162. URUFFE (Meurthe-et-Moselle, Toul, Colombey-les-Belles) : 303. Utellinne, Parroy (de), épouse de Thierry de Lenoncourt : 152. UTRECHT (Pays-Bas, Utrecht, ch. l. prov.), monnaie d’: 94, 108. UZEMAIN (Vosges, Épinal, Xertigny) : 153. - v. Jacquot. VAGNEY (Vosges, Épinal, Saulxuressur-Moselotte) : 27, 195. - v. Mengeot. VAILLANT (Haute-Marne, Langres, Prauthoy) : 171, 174. - v. Perrin. VAL-D’AJOL (Vosges, Épinal, Plombières-les-Bains) : 310. - v. Antoine. Valengin , seigneur de, Claude d’Arberg, conseiller et chambellan du duc : 129, 136, 156, 179, 220, 237, 240, 245, 246, 248, 264, 271, 279, 295, 302, 303, 304. VALFROICOURT (Vosges, Neufchâteau, Vittel, Valfroicourt), prévôté : 102. VALLE (la) (Meuse, Verdun, Montmédy, Bazeilles-sur-Othain), habitation isolée sur la commune de Bazeilles-sur-Othain : 127. VALLOIS (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Gerbéviller) : 102. VANAULT-LE-CHÂTEL (Marne, Vitry-le-François, Heiltz-leMaurupt) : 245. - v. Henri. VANDOEUVRE-LÈS-NANCY (Meurthe-et-Moselle, Nancy, cheflieu) : 32. - v. Ydette.

VARENNES-EN-ARGONNE (Meuse, Verdun, ch. l. c.) : 24, 227. - prévôt : 24. - prévôté : 12. - v. Rausquin. VASSINCOURT (Meuse, Bar-le-Duc, Revigny-sur-Ornain) : 207. - seigneur de, v. Jacques de Maria. - v. Éloi, Jacquot, Jean, Jeannot, Marson, Pasquet, Rose, Thomas, Vassincourt. VAUBECOURT (Meuse, Bar-le-Duc, ch. l. c.) : 226. - v. Jean, Lucie, Nicolas, Thierry, Vautrin. VAUCOULEURS (Meuse, Commercy, ch. l. c.) : 96, 263, 265. VAUDÉMONT (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Vézelise) : 39. - bailli : 2, 3, 4, 10, 20, 34, 44, 45, 47, 50, 254, 258. - v. Thomas de Pfaffenhoffen. - comté : 22, 44, 82, 234, 241, 251, 254, 268, 302, 303, 308, 309, 311, 313, 320. - v. Jean, bâtard de, Philippe de Gueldre, René II de Lorraine, Mengin. VAUDÉVILLE (Vosges, Épinal, ÉpinalEst) : 65. Vautrin, - Vaubecourt-Nettancourt (de), seigneur, maître d’hôtel du duc : 26. - Wisse, capitaine de l’artillerie ducale : 2. Vautrin, - Bayon (de), ex-receveur général de Lorraine : 6. - Chanillot, de Latour-en-Woëvre : 155. - Chenillette, de Latour-en-Woëvre : 154. - Guieville (de), de Conflans-enJarnisy : 211. - Petit Vautrin, fils de Mengin Nouroy : 80.

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Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

- Raulin (Roulin), prêtre de Goviller : 251, 254. VAUVILLIERS, seigneur de : 240. VAUX (Meurthe-et-Moselle, Briey, Mont-Saint-Martin) : 111, 290. - v. Guillaume, Jean. VAXY (Moselle, Château-Salins, Château-Salins) : 17. - v. Hilaire. VÉEL (Meuse, Bar-le-Duc, Bar-le-DucNord) : 316. VELAINE-EN-HAYE (Meurthe-etMoselle, Toul, Domèvre-en-Haye) : 263, 265. VELAINES (Meuse, Bar-le-Duc, Lignyen-Barrois) : 158. - v. Colas. Verdelet : 25. VERDENOIST (Vosges, Neufchâteau, ch. l. ar.), rue de la localité : 86. VERDUN (Meuse, ch. l. ar.) : 104, 127, 179, 180, 182, 217. - évêque : 74, 207, 232, 234, 239, 245, 247, 249, 255, 270, 264, 272, 273, 274, 278, 279, 281, 282, 283, 284, 285, 286, 288, 297, 298, 308. - évêque et comte : 48, 49, 61, 69, 71, 75, 78, 89, 93, 102, 103, 111, 114, 121, 134, 223, 224, 226, 236, 237, 244, 254, 258, 261, 262, 267, 271, 275, 276, 280, 306. - v. Gras Fromage, Guillaume de Haraucourt. VERDUNOIS, région : 121. VÉZELISE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, ch. l. c.) : 39, 107, 108, 133, 251, 254. - prévôt : 133. - v. Claude. VIC-SUR-SEILLE (Moselle, ChâteauSalins, ch. l. c.) : 72. - bailli, prévôt, maire et justice : 288. - doyen : 218. - maire : 288. - officiers et justice : 288. VICHEREY (Vosges, Neufchâteau, Châtenois) : 30, 31, 114, 115, 133.

VIENNE-LE-CHÂTEAU (Marne, Sainte-Menehould, Ville-surTourbe) : 191, 276. - prévôté et clerc juré : 276. VIEUX-MOUTIER (Meuse, Commercy, Saint-Mihiel, ch. l. c.), prieuré Saint-Christophe dépendant de l’abbaye de Saint-Mihiel : 139. VIGNEULLES (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Bayon) : 41, 120. - v. Didier, Nicolas. VIGNOT (Meuse, ar. et c. Commercy) : 311. - v. Mathieu, Nicolas, Perrin, Pierre, Thiriet - VILLÉ (Bas-Rhin, Sélestat-Ernstein, ch. l. c.) : 268. Ville, seigneur de, s. d. Antoine de Ville : 77, 243, 313. VILLE-SUR-ILLON (Vosges, Épinal, Dompaire) : 11. - v. Jacquemin, Jean. VILLE-SUR-SAULX (Meuse, Bar-leDuc, Ancerville) : I. VILLERMAIN (Loir-et-Cher, Blois, Ouzouer-le-Marché): 48. VILLERS-DEVANT-ORVAL (Belgique, Luxembourg, Virton, Florenville) : 175. - v. Hugue, Saint Antoine. VILLERS-LÈS-MANGIENNES (Meuse, Verdun, Spincourt) : 188. - v. Colin, Jacquemin. VILLERS-LÈS-NANCY (Meurthe-etMoselle, Nancy, Laxou) : 32, 107, 108, 321. - v. Nicolas. VILLERS-SOUS-PAREID (Meuse, Verdun, Fresnes-en-Woëvre) : 25. VILLERS-SOUS-PRÉNY (Meurthe-etMoselle, Nancy, Pont-à-Mousson) : 47, 169. - v. Didier, Jacquemin, Jean, Mariette, Mesnilz (des). VILLERUPT (Meurthe-et-Moselle, Briey, ch. l. c.) : 63. Villette, seigneur de : 135.

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Index onomastique

VILLOTTE (Meuse, Commercy, Pierrefitte-sur-Aire) : 295. - v. Jean. VILOSNES (Meuse, Verdun, Dun-surMeuse) : 180. VIMÉNIL (Vosges, Épinal, Bruyères) : 186. - v. Jean. Vincent, - Grant Pelletier (le), de ChâteauSalins : 288. - Mengette, de Senon : 225. - Thierre, de Lignières : 267. VIRTON (Belgique, Luxembourg, ch. l. ar.) : 122, 148. - v. Collet, Salmon. VITERNE (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Vézelise) : 50. - v. Jean, Thierry. VITRY-LE-FRANÇOIS (Marne, ch. l. ar.) : 189. - bailli : 49. VITRY-SUR-ORNE (Moselle, Thionville-Ouest, MoyeuvreGrande) : 164. - v. Didier, Jean, Senewy. VITTEL (Vosges, Neufchâteau, cheflieu) : 101. - v. Colas, Martin. VIVIERS (Moselle, Château-Salins, Delme) : 54. - seigneurie : 248. - v. Gerard. VOLMERANGE-LES-MINES (Moselle, Thionville-Est, Cattenom) : 272. VOSGE ou VOSGES, - v. Henri de Lignéville. - bailli : 4, 6, 8, 10, 20, 34, 37, 83, 91, 99, 101, 105, 106, 114, 123, 151, 159, 161, 198, 218, 228, 243, 242, 256, 266, 274, 278, 279, 281, 282, 288, 290, 291, 300, 301, 303, 308, 309.

- bailliage : 242, 282. - lieutenant du bailli : 159. - procureur général : 123, 151, 161, 186. VOUTHON-BAS (Meuse, Commercy, Gondrecourt-le-Château) : 64, 71. VOUXEY (Vosges, Neufchâteau, Châtenois, Vouxey), « village de Bourgogne » : 130. VRÉCOURT (Vosges, Neufchâteau, Bulgnéville) : 181, 193. - v. Jean. Warin, - Chastelain, serviteur de Nicolas Parspegaire, seigneur de Bruley : 255. - Lermitte dit Monnaugelee, de Fléville : 214. - Thieulier (le) : 226. - Warin, de Koeur : 196. WASCOURT (Meuse, Verdun, Verdun-Est) : 184. - v. Thomas. Willemin Quarrey, de Domjulien : 94. Wiriot, Beuf (le), de Mousson : 277. WOËVRE, région : 160, 247, 293, 311. WOINVILLE (Meuse, Commercy, Vigneulles-lès-Hattonchâtel) : 139. Wyart Parisot, de Dainville : 250. XERMAMÉNIL (Meurthe-et-Moselle, Lunéville, Gerbéviller) : 87. - v. Jean. XIROCOURT (Meurthe-et-Moselle, Nancy, Haroué) : 238. - v. Pierresson. Ydette, - Clement, de Pont-à-Mousson : 51. - Roussel, de Vandoeuvre-lès-Nancy : 32. Yolande, Haraucourt (de), dame de Saint-Amand et de Bulgnéville en partie : 172.

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