Les Grans de tous les Temps Shakespeare

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DE TOUS LES TEMPS

LES GRANDS

DE TOUS LES TEMPS

LES GRANDS

Mr. WIrr

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SHAKESPEARE S COMEDIES HISTORIES & TRAGEDIES

DARGAUD EDITEUR

12, rue Biaise Pascal 92 - Neullly-sur-Selne

PuhlilWacco

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LES GRANDS

DE TOUS LES TEMPS

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DIRECTEUR DE LA COLLECTION ‘‘LES GRANDS DE TOUS LES TEMPS" E. Orlandi

CONSEILLER HISTORIQUE

H. Gossot Inspecteur pédagogique de l'Education Nationale DIRECTEUR LITTERAIRE

J M, Charlier

SHAKESPEARE

TEXTE DE

Maria Pla Rosignoll

Adapté par Patrick Jaquemlnot

Pages de garde Le Parc do Chnrlecoto près de Stratford

Couverture Portrait présumé, do William Shakespeare attribué à R, Burbago ou J Taylor National Gallery, Londres Ci-contro Frontispice de la première édition en 1623 des œuvres complètes Brltlsh Muséum, de Londres Dépôt légal: 2and E •

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HONORABLE GENTILHOMME OU“COEUR DE TIGRE”?

Pour les historiens, l’Angleterre est u’ re ben. Il est peu de pays où les témoignage'- ■ nier aussi nombreux. Les archives des n comtés et des presbytères constitue. puisables de renseignements. Grâce ments, il est possible de reconstit.. comme celle du plus obscur de se* stupéfiant de constater que William *> . exception à la règle. Beaucoup de m\< vie d’un des Anglais les plus illusu deux documents d'une importance cape m .mi . retrouvés: le registre de baptêmes de Str iH.nd et ie registre de mariages et de naissances de Worccster (1582-83-85). Ajoutons à ce dossier historique, quel­ ques actes notariés, relatifs à l’achat de terrains et de maisons, une citation en justice pour rixe, une pièce faisant état de problèmes financiers et un testament de trois pages dont les signatures, si elles sont auto­ graphes, ne se ressemblent meme pas. A noter éga­ lement. des œuvres, publiées du vivant de Shakes­ peare Enfin, parmi les témoignages des contempo­ rains. citons celui du poète. Robert Grecne rongé de jalousie, il le traite de "cœur de tigre" ou de "cor­ beau qui se parc des plumes d'autrui" Après la mort de Greene. son éditeur tint à adresser des excuses pu­ bliques à Shakespeare, il affirma “...que diverses per­ sonnes dignes de respect, avaient témoigne de son honnêteté". Mais c’est Ben Jonson, le représentant of­ ficiel des écrivains élisabéthains qui a dit de lui, après sa mort: "J’ai aime l’homme J’honore sa mémoire et même la vénère, comme je n’ai jamais vénéré celle de personne. Il était honnête et d’une nature ou­ verte et libre" Eloge extraordinaire quand on sait le sens profond qu’attachaient les écrivains de cette époque, au mot honnêteté! Nous dirions, aujourd'hui, honorabilité. Ces précieux témoignages et surtout l’a­ nalyse des œuvres de Shakespeare, permettent de camper le personnage. Alors peu à peu, sur la prodi­ gieuse toile de fond de l'Angleterre élisabéthaine se détache ce gentilhomme étonnant qui, en 20 ans, réus­ sit a écrire 154 sonnets, des poèmes, 36 comédies ou drames, dont la plupart sont de réels chefs-d'œuvre. Mais ce ne sera jamais qu'un portrait brossé dans les grandes lignes, car il est certain qu'un épais mystère pèse sur cet être exceptionnel. On le devine et on le perçoit plus qu'on ne le voit réellement 4

Le comte de Warwick se trouve au cœur même de l'Angleterre, un peu à l'ouest de Londres. C'est une région riante et vallonée, sillonnée de nombreux cours d'eau. Page cicontre Aston Cantlow, près de Stratford-on-Avon ou vécurent les parents de Shakespeare Ci-dessus: l'ancienne maison de Wilmcote village proche de Stratjord. On l'appelle “le cottage de Mary Arden", mère de Shakespeare. Les maisons étaient, “à colombages" c. à d. à poutres apparentes, avec remplissage de pierres, ou bien de briques et recouvertes d’un toit de chaume. Ci-contre une paysanne, à cheval, portant ses légumes au marché. (Estampe, de /'Album Amicorum de G Holzschuer, début du XVHème s.) 5

SON PÈRE DEVINT UN NOTABLE, SA MÈRE ÉTAST UNE NOBLE DAME

ratford-on-Avon était - et est encore - un petit entre rural du comté de Warwick, sur le bord de Avon, a 130 kilomètres de Londres. William Shau naquit vers la fin d'avril 1564. La maison iale de Henley Street existe toujours et est un lieux les plus visités du monde. L'enfant fut bapv quelques jours plus tard, le 26 avril, dans l'église . aroissiale de la Très Sainte Trinité. Le curé écrivit sur le registre “1564 - April 26, Guglielmus films Johannes Shakespeare.’' Trois autres enfants furent baptisés le même mois. Stratford est une bourgade d'environ 1 500 habitants; un historien contempo­ rain de Shakespeare la définit comme “emporium non inelegans”, bourg qui ne manque pas de grâce. C’est a l’ombre de l’église et de la tour en pierre de la maison communale, que grandit le petit William. De­ vant ses yeux émerveillés, s’étendait, au loin, la cam­ pagne verte et vallonée où brillait l’eau bruissante de l'Avon et au-dela des bois pleins de gibier. En hiver, on se réunit autour des grandes cheminées, pour ecouter les récits d'autrefois. En été, la jeunesse se retrou­ ve dans la verte forêt d’Arden, toute proche et on se raconte d’étranges histoires d’enchanteurs et de lutins Autour du jeune William vit tout un petit monde anime composé de paysans avisés, de marchands, de voyageurs toujours prêts à rapporter le dernier potin de Londres. Planant au-dessus de cette société bigar­ rée, quelques nobles puissants, mais généreux Dans ce petit village, on sait tout sur tout le monde. Or, un jour, une jeune fille nommee Charlotte Hamlett est trouvée noyée dans l'eau verte de l’Avon L'en­ quête conclut au suicide de la jeune fille. Désespoir d’amour. Le curé refuse les funérailles religieuses. Mais les parents soutiennent qu'il s’agit d'un accident. Charlotte est tombée en voulant cueillir des nénu­ phars Cette histoire bouleversera les habitants de Stratford ainsi qu’en font foi les actes de l'enquête, conserves jusqu’à aujourd'hui dans les archives de la bourgade. Ce drame devait, un jour, inspirer Sha­ kespeare: enfant, rien ne lui échappait. Sa famille était l'une des plus en vue de Stratford Son pere, John, assuma des charges importantes et diverses qui allèrent de celle, étrange, de “goûteur de bière” à celle eminente et respectable de bailli Sa mere. Mary Arden, fille d'un seigneur des environs, était consi­ dérée par son entourage comme un “gentlewoman ”.

Page ci-contre, en haut: la maison natale de William Shakespeare En bas: la chambre dans laquelle il vit le jour. La maison conserve les meubles de l'époque. Tous les souvenirs de Shakespeare ont été confiés à une institution, le "Shakespeare’s Birthplace Trust". Ci-dessous une gravure tirée des Chroniques de Raphaël Holinshed, montrant une

scène de travail aux champs. Ces chroniques, qui datent de 1577, inspirèrent Shakespeare, dans son histoire des rois d’Angleterre. Au centre: le pont de pierre de Clopton qui enjambe l’Avon. En bas: une gravure de 1769, montrant un groupe de visiteurs devant la maison natale du poète. L’aspect de cette maison ne semble guère avoir changé, depuis lors.

UNE ANGLETERRE JOYEUSE

vie publique de Stratford il devint compta ^^^ en ^^' John Shakespeare, le père de William, malgré une carrière très chef de la police, maître de ceremonies, jssê^ nCf par U honorable, était d’origine très modeste. Ses parents travail bailli. Ce fut l ’ apogee de sa fortune qui cn tant lèrent comme métayers sur les terres de Sir Robert Arden, à suite, pour des motifs restes obscurs Ce u ju comte Wilmcote, village situé non loin de Stratford. Les Arden comp­ que bailli, accueillit officiellement les acteurs co ¿Lescniau^ taient parmi les familles notables du Warwickshire, depuis la partit’ ^eS conquête des Normands. Ambitieux et habile, John Shakes­ de Worcester qui, en 15b8. vinrent donner à Stratford John Shakespeare dépensa une ppiq11^ peare fabriqua des gants à son compte et dès qu’il eut accu­ fonds de la commune pour recevoir, selon u nent ire mulé une fortune discrète, il demanda la main de Mary Arden, (jline^ e fille de son patron, qui accepta. Elle fut pour lui, une femme les acteurs, de façon grandiose les tels s pu 1 fidèle et dévouée et lui apporta en dot deux propriétés. Leur en vogue dans l'Angleterre joyeuse et ^"ai nnisi ^ ^ te" 'irC' j mariage fut probablement célébré en 1557 et ils curent huit violente, de cette époque l es bateleurs vt qetn enfants: William étant le troisième John Shakespeare faisait bulants se produisaient sur les placer vt alors partie de l’aristocratie locale. 11 multiplia ses activités. Stratford les habitants se rendaient en lou u ^ noo ., ' ^ Plusieurs documents parlent de lui, comme marchand de laine, Costwold, non loin du bourg., pour assister de grain et de viande; on suppose aussi, qu'il vendait directe­ lutte, aux concours de tir et autres k uv^ ment les produits de ses terres. 11 était considéré comme un kespearc assista certainement a ces fetes et ( homme honnête et courtois, avec, cependant, une certaine pro­ On en retrouve la trace dans beaucoup de pension à se lancer dans des procès. Puis il s'intéressa vite à la spécialement dans la Comedie Comme il v,,h

Page ci-contre: deux scènes de la vie, à l’époque de Shakespeare. En haut: un porteur d'eau. En bas un repas nuptial. On portait alors de riches costumes, même dans la . •eiite bourgeoisie. A remarquer irois musiciens et, à gauche, v de la balustrade, le petit Ci-dessous: une vue de .e de la Sainte Trinité à aiord, entourée de très vieux

peut présumer que le poète est ni ormes Elle est typiquement le 23 avril, jour de la fete de style gothique tardif. William Saint George, patron de _ Shakespeare y fut baptisé et l’Angleterre, et sous le signe du enseveli. En bas: deux pages Taureau, qui donne, dit-on, registre paroissial portant un fort attachement à la terre, très lisiblement: à gauche. une solide ambition, le désir l’inscription de baptême de constant de progresser et une Shakespeare. à droite, son acte énorme puissance de travail et avait coutume quelques d’action Et tel s'affirma bien baptiser les nouveaux-nes le caractère de Shakespeare. ¡ours apres leur naissance, on

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LE JEUNE WILLIA APPRIT SANS DO LE LATIN ET LE G

/oici l’écolier qui, le visage encore e end à '.-cœur à l'école". Il est virai te de Comme il vous -■mrs d’enfance de Shakesp aussi le cas d’une scène tiré es de Windsor : on y voit un passer un stupide examen de lati nmé, comme par hasard, William . Shakespeare étaient illétrés, leur fils envoyé à l’ecole, ainsi que ses trois frè Preuve d'ailleurs de la situation matér père. Ce souci des parents de faire fa a leurs enfants, permet aussi de discer changement qui s'était produit en Ang les dernières décennies. Le pays sor longue période de guerre après la g ans, celle des Deux Roses (1485) et res civiles sous Henry Vil, Edouard V dor Ces événements avaient laissé l’A blement en marge du grand mouvem qui était en train de transformer l'Euro nistes français et italiens notamment, c Anglais un peu comme des barbares d'Elisabeth, en 1558, et la paix de CambresiA inaugurèrent, enfin, une è grande Renaissance anglaise est en m les sont fréquentées non seulement, des seigneurs, mais aussi, par ceux de des paysans enrichis. l a Bible a été

DIFFICULTÉS FAMILIALES ÉTUDES INTERROMPUES

William entra à la Grammar School de Stratford-onAvon, à l’âge sept ans. Fut-il un bon élève? Sans doute, si l’on en juge par sa curiosité foncière innée et par cette faculté extraordinaire qu’il avait, d’assimi­ ler les notions les plus variées que révèle son œuvre. Il dut interrompre ses études à l'âge de douze ans. pour des raisons qui nous échappent A partir de 1576, John Shakespeare fit des dettes, hypothéqua l’une des propriétés de sa femme et vendit l'autre Peut-être avait-il trop entrepris. Il devait, finalement, être déclaré déchu de la charge qu'il assumait, et il est possible que cette disgrâce ait été due au fait qu’il était catholique, comme sa femme, et qu’il en­ tendait le rester N’oublions pas que l’Angleterre de cette époque, s’installait dans l’Anglicanisme et les catholiques perdaient de plus en plus de terrain Rappelons-en les grandes étapes. Henry VIII (15091547) avait proclamé l’independance de l’Eglise an­ glaise et rompu avec Rome. Son successeur, Edouard VII (1547-1553) persécuta les catholiques. Après lui, Marie Tudor (1553-1558) fervente catholique se re­ tourna contre les protestants. Elisabeth (1558-1603) fit preuve de plus de modération et de prudence. Elle atténua les rigueurs religieuses de l’un et l’autre camp Ce n’est qu’après 1570, au moment de ses démêlés avec le Saint Siège et après son excommunication par Pie V, qu’elle manifesta plus de sévérité à l’égard des catholiques. C’est ainsi qu’elle fit procéder à plus de 200 exécutions de prêtres et de fidèles Mais si. dans certaines villes du pays, aller à la messe signifiait le bûcher, dans beaucoup d’autres il était possible de cé­ lébrer la messe à condition de le faire avec discrétion et dans des chapelles privées. Cependant les sujets d’Elisabeth, étaient plus intransigeants que leur rei­ ne: les “papistes” détestés des “puritains” apparais­ saient, même aux yeux des modérés, comme des émis­ saires de Rome, des ennemis effectifs ou en puissance de l'Angleterre. Il est évident que la triste aventure de la très catholique Marie Stuart (1542-1587) reine d’Ecosse et prétendante au trône d’Angleterre, ne ser­ vit pas la cause catholique. Elle présentait, aux yeux des masses protestantes, l’exemple d’une vie frivole, voire dévergondée, après son mariage avec Bothwell, l’assassin de son second mari. Alors qu’Elisabeth, la “reine vierge” dont le peuple était l'époux, avait réus­ si à assurer à son pays, la richesse et la paix. 12

Ci-dessous: le procès de Marie Stuart, reine d’Ecosse. Marie Stuart revendiquait le trône d’Angleterre, en tant que descendante légitime d’Henry VH, contre Elisabeth, la ‘‘bâtarde". Elle lutta contre Elisabeth durant toute sa vie En 1568, elle se rendit à sa rivale, qui la retint prisonnière presque vingt années, pendant lesquelles Marie

Stuart ne cessa de conspirer La découverte de son dernier complot, marqua sa fin. Jugée par un tribunal de quarante-trois gentilshommes, elle se deL >idit seule, avec courage, mais r 'e et reconnue coupable, condo décapitée, le 8 février 15^ L’Histoire lui réservait a revanche posthume ce bi Jacques, qui succéda à f i-

deux scènes satiriques du livre Le diable n'est pas aussi haï que A Christall Glass of Christian le pape"', écrivait le docte Reformation la première, illustre Gabriel Harvey. Les Anglais, qui la luxure; la seconde ridiculise voyaient surtout dans les les âmes du Purgatoire. C¡-dessous: "papistes" une menace politique, Marie Stuart, par François Clouet. les persécutaient périodiquement. La malheureuse reine d’Ecosse Ci-contre une scène mourut cl 43 ans: vers la fin de du Martyrologe de John Foxe, sa vie. elle se mit à porter une en 1583. montrant l’exécution de deux chefs catholiques, Latimer perruque pour cacher ses cheveux devenus entièrement blancs. et Ridley. Ci-dessous, à gauche.

OfLechery, .1 àttftfr*** -' rtnit&MifM, a rurmrfü; ■ttiOa tnttft. M1À briK^ali VM9 ber¡ah ut à btf*3 ofvia.

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Of'Purgatory. M>n habrmu biemmat ctuiraomfti future mqsirtmxr. Jfcb.13 Butt nu draw auftur tua An¿m vttMiJïw. ulfoc. 19 .

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LES VOYAGES SPECTACULAIRE DE LA REINE

.suadée de l'exactitude du principe luverain doit, pour être populaire, ■ rts '-,rs hie à ses sujets, Elisabeth a jüilter Londres pour séjourn de ses châteaux de province. l’accompagnait dans ses voyag ie seule, tout un spectacle. Elisabe luxe et la pompe faisaient partie du représentait et elle veillait à apparaît si resplendissante qu’une déesse De l bles qui la recevaient, rivalisaient e Ils s’efforçaient de satisfaire son goût e tacles, des fêtes et de la danse. Ce go jusqu’à la fin de sa vie. Les château la campagne anglaise avaient été les nes féroces durant la guerre des Deu transformaient maintenant en petite de charme. Au cliquetis des armes echos joyeux des sonneries de cors fêtes continuelles, venaient distraire le que, bals, feux d’artifice et représenta Shakespeare avait onze ans, lorsque suite se rendirent au cours de l’été 1 de Kenilworth, situé à moins de trente ford, sur l’autre rive du fleuve. Ken tueux ensemble de tours, ceint de mu était la residence de campagne de comte de Leicester, favori d’Elisabeth qu'elle, il avait été son compagnon d'

exemple assez bien ci-dessous: un excau

SUR LE POINT

Shakespeare.

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Ml^ay. vWi J“"s ce.,

IL SE MARIE A DIX-HUIT ANS Trinité se reflétant dans Sainte i. En bas: une riche noce {Avon

=-.=.=-i"S “cette époque, il est probable que le jeune garçon

travailla avec son père, dans le “"“ et dans l’atelier de peausserte, bases de I a« » U ternelle. On peut ensuite penser que. pour » » acquérir une plus grande expérience. le pore plaça William, comme apprenti, modestement paye, chez quelqu'un; les œuvres de Shakespeare le lassent sup­ poser: on y rencontre une multitude de petits person­ nages ouvriers ou artisans, décrits très exactement tant dans leurs paroles que dans leurs attitudes. Sa connaissance approfondie de certains métiers, notam­ ment celui de tanneur, est prouvée par une scène d’“Hamlet”: le fossoyeur affirme qu’un tanneur dure plus longtemps sous terre, qu’un commun mortel, car sa peau est si imbibée de tanin, qu elle résisté mieux à l’eau. Six ans s’écoulent et nous trouvons enfin un document précis; en novembre 1582, les registres de la paroisse de la Très Sainte Trinité, portent la nota­ tion d'une licence de mariage, au nom de William Shakespeare et d’Anne Hathaway. Shakespeare se marie à dix huit ans avec une femme de huit ans son aînée; Anne se mariait à vingt six ans, ce qui était beaucoup pour une jeune fille, à cette époque. Fille d'un agriculteur aisé de la région elle reçut une jolie dot. Tout comme son père, le jeune William avait veillé à ne pas faire une mauvais affaire en se mariant. Du reste, tout au long de sa vie, il saura bien administrer ses biens. Anne Hathaway, origi­ naire du village de Shottery, proche de Straford, était venu vivre selon l’usage dans la maison de son mari à Henley Street où habitaient également les frères de Shakespeare, Edmund, Richard, Gilbert et sa sœur Joan. Le jeune époux avait dû être un amoureux im­ patient et le mariage dut être célébré avec une cer­ taine hâte puisqu’on mai 1583, six mois après leur mariage, ils ont une petite fille, Susan, pour laquelle William aura toujours une nette prédilection. En janvier 1585, naissent des jumeaux, Judith et Hamnet, qui furent tenus sur les fonds baptismaux par un sellier et sa femme, les époux Saidler, leurs amis. 16

campagnarde, à l'époque élisabéthaine, en Angleterre; un tableau de J. Hoefnagel daté de 1569. Bien que célébré avec une certaine de. le mariage de Shakesp avec Anne Hathaway ■d être heureux, tout au dut cepta. Les premières moins g >ete donnent une œuvre' le l’amour et une vision le de sa femme, image

Tard venue dans la course au nouveau continent, l'Angleterre s’y lança avec une ardeur que ses souverains favorisèrent. Shakespeare parle de “ce vent qui disperse les jeunes, à travers le monde et les envoie chercher fortune loin de leurs pays natal”. Page de gauche: Bataille entre Anglais et Esquimaux, durant une expédition au Groenland. A u centre

UN “NID DE CYGNES” EN HAUTE MER

„?"" S^kespeare a vingt ans au moment de «Mrnon en V.rgmte et s'apprête a marcher sur promue m"™"“ °" i''ï“' commerçant de i

L Angleterre de celte époque est un pavs en pleine «pans,on. La bourgeoisie enrichie, progresse et n„"a la place de la vieille noblesse épuisée pt des dis données de guerre code. Marchand en^p^ navigateurs, font la force du royaume et S ■res vite les piliers sur lesquels ElisXth ann



pouvoir. Après l'Espagne et la France lac™ 2°" ber a reconnu le Satnt-Laurent e"fondé T tous (1535-1536) - l'Aneleterre a d comppied sur le comment américain.’Le 2? S S part la première expédition anglaise fin™ Ü 584’ Walter Raleigh, composée de deux voiliers^ui^ ^ presque trois mois de navigation arrivé 9 pre$ nque. Cette terre dédiée par R il J Cn ^^ sera la Virginie. Ce geste n^évite^ ^ E1,sabe* tomber en disgrâce, quelques années du ^h^ d°

le fera enfermer dans fa T«.X^

18

de Londres 30 ' mouvcment de renovation, venant «rd T^T '" k P“*'- A époque. Hur­ les colonies américain« VV^"^ Pa" P'"‘r

aujourd'hui »

Ports des Flandre Ls ar *e llaHe de l>72 ghm. Elisabeth i ' ^ °UVCrb auK "aM^teur an* ‘'ouve sU^ ^ ' — de Angle

kesPeare appellera^' PT1"3”' ^ pays quc Stu’

ration, le -nid de vec une ’cnUre admiest considéré commÎ^ nU,ieu d un KaMe ctang”. •Europe de la Rern r/aunie a demi barbare par gieux qui oppose R ancc- En outre, le conflit reli‘^ réputé IT * r A,^re. dessert que’ dans ces condh^^T™’ 11 eSt ^prchensible Jage le sentiment des R ^ 5Onnncnt européen parn&leterre est un n-n ^' ^h* qUl considèrent que Pa>s nordique froid et hostile

en haut: une des premières cartes anglaises de l'Amérique septentrionale. En dessous, à gauche: Portrait, par un peintre inconnu, de Sir Walter Raleigh avec son fils. A droite, deux très remarquables aquarelles de John White représentant des scènes de la vie des Indiens TerreNeuve et les Bermudes furent colonisés après la Virginie.

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^C^eS s aus ' ** °fffait maintenant des dran en SOmbres, des séquences passionnées ■ n ancc, de sanglants coups de théâtre.

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Written by QL ALukim

LOXDUZ

Il quittait une ville sit bord d un cours d’eau pour se rendre dans re ville traversée par un fleuve: la Tamise. I 'agne anglaise était très peuplée et les forêts en. ombreuses. Sur les collines ou près des cours c ’ se dressaient d’anciens manoirs qui portaient enc « »"' ^ rues ”W' nant en’ ar^COuPées de ruelles sombres et d’impasse encore de n C"SaC ^es co*ns pittoresques de Londr le Portique dV^^æ5 deja à reP°que de Shakos leurs vitrin ' .. °'a Exchange, d élégants magasin les dimensio 3 adrniratl°n des passants. Ainsi Lond vaient être s^ f ^ne vérttable capitale où tous les u S0Phie un ^at,sfaits- En cette annee 1587, une nom ouveau style de vie étaient en train de n

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Ci-dessus: Plan de Londres à la fin du XV/ème siècle. On distingue bien, de Saint-Paul à la Tour, la ville, côté rive gauche de la Tamise, et en face, au premier plan, le Bank Side, avec les arènes rondes oii se battaient les taureaux et les ours, La ville, en plein développement au début du règne d'Elisabeth, comptait 50.000 habitants, plus 20.000 dans les faubourgs. Vers la fin du siècle, la population doubla L’Angleterre totalisait alors 5 millions d’habitants. Ci-contre, une image hiératique de la reine Elisabeth, portant le sceptre et le globe. C’est le recto du Grand Sceau royal d’Irlande. A gauche: boulangers au travail: scènes de la vie populaire londonienne au temps de Shakespeare.

Ci-dessous: Garrick, grand acteur du XVIIème siècle, dans Richard III. Le rôle truculent du roi difforme et vicieux était son morceau de bravoure. Portrait cicontre: Henry Carey, premier baron Hunsdon. Lord chambellan, il fut le patron de la compagnie, dans laquelle travaillait Shakespeare. Page de droite, en haut: une page de Titus Andronicus En bas, à

gauche: Frontispice des chroniques de E. Halle dont Shakespeare s'inspira dans ses drames historiques. A droite: Book de Sir Thomas Moore comédie à laquelle Shakespeare, notamment, collabora. Les pages 8 et 9 sont probablement autographes. On sait que Shakespeare écrivait encore en gothique ancien, écriture qui tombait en désuétude.

PREMER CONTA AVEC LE THÉÂTR

de burbage

On sait oses sur les premiè Shakespi 1res- Le premier do vé date u il nous apprend qu bricant u de Stratford est un auteur û 1res connu déjà, p admirateui .s ennemis; nous y rev quelle vie - r il mène dans la capit cinq années i 1587 a 1592) qui fure tantes pour sa formation littéraire, mor Les débuts furent sans doute assez dif se mêler a des gens de toute origine. tout jeune provincial, le jeune William munir de lettres de présentations, e blement ainsi, qu’il roussit ¿1 entrer en rintelligentsia de la capitale; notamm graphe Richard Ficld, qui travaillait c meur français, Vauirollier un réfugié publia a Londres toutes les œuvres de Giordano Bruno Shakespeare lut sa œuvres nombreuses et diverses, qui al ductions des romans italiens de Bandel de Machiavel, des chroniques des ro Raphaël Holinshed à tout ce qu écr bliaient scs contemporains, La traditio début, Shakespeare dût gagner sa v les chevaux des riches londoniens dev de James Burbaee La seule chose exacte, fut que Shakespeare entra très

DES PROTECTEURS ET TUTEURS DE QU ALITE POUR LES COMPAGNIES THEATRALES

Vers 1590, le théâtre connaît une période de grande ferveur, due à un renouveau et un développement absolument uniques en ce domaine. Avant 1572, les représentations avaient lieu, au mieux, dans des salles de châteaux, le plus souvent, dans les cours d’auberges ou sur des pelouses. Les compagnies étaient formées de pauvres diables, quelquefois à peine recommanda­ bles, dont le passage était fréquemment marqué par des rixes et des troubles de tout genre. Avec l’avènement d’Elisabeth, le théâtre devint plus populaire et plus fréquenté; les compa­ gnies plus nombreuses et plus importantes. Administrées et di­ rigées par des hommes de talent, ces compagnies se discipli­ nèrent Mais l’ordonnance de 1572, prise par les autorités lon­ doniennes, donna 1 impulsion indispensable. Après cette date,

seules étaient autorisées à faire de es en province, les compagnies qui jouissaient de la ‘O d’un noble, donc de sa caution. Les acteurs devenu ts "les hommes du comte de Pembroke", les “comédie > omte de Leicester”, “les acteurs du Lord Amiral”, etc . 1 nouvelle dignité augmenta la faveur du public, aussi bien ; ’ les nobles que parmi les gens du peuple. Lorsque Shakespua commença à travail1er à Londres, deux compagnies rivales prédominent, celle de James Burbage, sous la protection du comte de Pembroke; 1 autre, patronnée par le Haut Amiral. Lord Charles Howard, est dirigée par un acteur de premier plan, Edward Alleyn. Burbage et sa troupe, jouent au a ucteur des “Essais” de Montaigne

Page ci-contre: Une scène de “la Mégère apprivoisée”, (estampe du XIXème.) De part et d’autre, deux scènes du Roi Jean, tirées d’une édition du XVUème siècle. La Mégère, une des premières comédies de Shakespeare, aurait d'abord été appelée Love’s Labours Won (Peines d'amour victorieuses), par opposition avec Love’s Labours Lost (Peines d’amour perdues).

Documents bibliographiques de l’époque de Shakespeare. En haut, à gauche Frontispice du petit poème Venus and Adonis. La première œuvre publiée de Shakespeare. Au milieu: Frontispice du Guide du bon courtisan, écrit par Robert Greene qui ajoute un sous-titre ironique: “une dispute entre culottes de velours et culottes de toile”, c’est-à-dire, entre courtisans et paysans. A droite: un dessin montrant l’acteur comique Tarlton. Ci-dessus: le portrait de John Lowin, acteur lui aussi très connu à cette époque. Ci-contre: Une dame, en costume de théâtre, peinte par Isaac Oliver. Le nom de cette charmante actrice est inconnu A l’époque, d’ailleurs, les rôles féminins étaient souvent joués par de /eunes acteurs imberbes. 35

SIR PHILIP SIDNEY ÉTAIT LA MERVEILLE DE SON ÉPOQUE

Très cultivée, ambitieuse, inconstante en amour, la comtesse de Pembroke fut l'une des femmes les plus adulées de son temps. Soeur de Sir Philip Sidney, elle était aussi la nièce du comte de Leicester, grand favori de ta reine. Elle brilla à la cour presqu'autant que son frère. Les voici, luxueusement parés, l’un et l'autre, (portraits anonymes).

En bas: Frontispice du poème Arcadie que Sidney dédia à sa sa-ur, mais il ne se soucia pas de le publier et ordonna même, sur son lit de mort, d'en brûler les feuillets. Ce long poème pastoral fut cependant sauvé et publié après sa mort. En ¡598 (ut éditée Love's Labours Losl, première comédie signée du nom de ICilHum Shakespeare

Ce goi d'Eiisa d'honn. à des ;k ministn. Philip s époque; tection

enat fut i’un des joyaux de la cour reine, elle-même, se faisan un point onner sa protection à des poètes et >'ii exemple fut suivi par son premier n Cecil, par son favori Leicester, par gentilhomme qui fut la merveille de son ■ ' bien d'autres aristocrates Cette proquait une aide matérielle sous forme d'hébergement et de dons substantiels en argent Shakespeare reçut des subsides de Southampton dont nous avons déjà parlé. d’Edmund Spencer, l’auteur du poeme intitule The Fuerie Queene et de Sir Philip Sidney. Pour les jeunes poètes dont la pau­ vreté était alors légendaire comme aujourd'hui, ce mécénat, soutien materiel et moral, ne pouvait qu’a­ voir un merveilleux effet sur leur production poé­ tique. Maladie contagieuse, la poésie finissait par ga­ gner les mecenes eux-mêmes; ils écrivaient des son­ nets, des ballades, des pastorales, et les élèves souvent dépassaient les maîtres Ce fan est assez par­ ticulier a la Renaissance et non spécial a l’An­ gleterre. L'exemple parfait du mécène-poète fut sym­ bolise par Sir Philip Sidney. Gentilhomme appar­ tenant à la plus haute société, il était doue d'une très vaste culture et son courage indomptable, n'avait d’égal que sa beauté extraordinaire, presque fémi­ nine. Il voyagea à travers toute l’Europe, se lia d amitie avec des philosophes et des poètes, il fit faire son portrait par Vcronese, prit pour modèle le C ourtisan de Baldassar Castiglione et il fut à son tour, pris pour modèle par deux générations d'Anglais. Il écrivit une sene de sonnets admirables, que de nom­ breux critiques estiment à peine inferieurs à ceux de Shakespeare et un poeme. Arcadie, dédié a sa sœur, comtesse de Pembroke. Son plus beau poeme, fut sa vie elle-même. “On peut être poète sans faire de vers" ccnvit-il "et faire des vers sans être poète’. Sa mort elle-même, fut celle qu’il aurait souhaitée il mourut a la suite d'une blessure, reçue en combat­ tant à Zutphen, aux côtes des Hollandais en révolte contre l'Espagne. Edmund Spencer pleura en lui la merveille de notre époque’’ Ainsi que l’écrit un his­ torien, l’Anglais, encore fruste par beaucoup d as­ pects, commençait, grâce à ces poètes, à “essayer de devenir un gentleman ’; il voyait en Sidney. la somme des vertus qu'il aurait voulu posséder.

PLEASANT Conceited Comedie CALLED.

Loues labors loft. Ai krw préfaçai Ufu«r ho-Higjwia ■ku lift ChrUbnu.

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Ci-dessous: Le pont de Londres, au début du XVIlème siècle, avec ses hautes maisons alignées en rangs serrés. Grand creuset, où se mêlaient les forces nouvelles et anciennes, Londres accueillait dans ses bas-fonds, des individus de tout acabit. Plus bas: le riche et le pauvre, d'après une gravure du temps. Pour réduire le nombre de chômeurs et de vagabonds, la

loi "sur l’apprentissage” de 15 obligea tout jeune homme a travailler sept ans comme apprenti, car "tant qu’un homme n’a pas 23 ans, il est presque toujours grossier, incapable de juger, et n’a pas encore une expérience suffisante pour se bien conduire nous dit Shakespeare. Page cicontre: les cortèges du Lord Maire de Londres et de sa femme.

UN HOMME QUI A VU DE PRÈS LES ROUAGES DU POUVO'

Les ravages de la peste terribles. Le dixième de la population de Lor accomba. Mais tout a une fin. L’épidémie ternu .s théâtres ouvrirent à nouveau, les compagnies -ganiscrent. Et comme cela arrive toujours âpre grandes calamités, un immense besoin de distr eut jamais de rupture véritable. Il est indéniable qu il participa in­ tensément a la vie plutôt tumultueuse de ses compagnons de theatre. L'n document d’epoque nous ap­ prend qu'il fut inculpe pour rixe et les descriptions qu il fait des tavernes et autres lieux de plaisir londo­ niens, sont si vivantes qu il les a évidemment frequen­ tes. A la fin du XVIlcme siècle, avant que le roman­ tisme ne le couvre de trop de lauriers, on le décrivait comme un homme agréable, a l’esprit vif, et un hôte très apprécié dans les fêtes. C’est au cours de ces annees 1590 qu il écrivit ses pièces les plus amusantes et les plus joyeuses: La megere apprivoisée. Songe d une nuit d’été et ce merveilleux poème de l’amour juvénile qu est Romeo et Juliette On retrouve à travers bon nombre de ses personnages, une extra­ ordinaire joie de vivre. Ainsi, Mercuzio resplendit comme un meteore, bien qu’il soit tout aussi ephemère; Juliette n'est pas une héroïne languissante et larmoyante ainsi qu’on l’a parfois interprétée, mais une jeune fille courageuse, dynamique et bien dé­ cidée à agir a sa guise, a la manière d'une ’teenager d aujourd’hui Et c’est encore une joie écla­ tante qui pétillé dans chaque vers de cette délicieuse fantaisie d’amour qu'est le Songe d’une mut det< Shakespeare mena sans aucun doute, une vie lier dante et éclectique, durant ces années qu’il passa Londres. Chose curieuse: l’unique anecdote authe tique qui soit parvenue jusqu’à nous, nous le mon: dans le rôle d’un don Juan Un jour, Richard B< âge prit rendez-vous avec l’une de ses admiratrice arrive chez elle, il frappa et quelqu'un demanda. 1 intérieur, qui était là (C'était l’epoque où Rtcha Burbage triomphait à Londres, dans le rôle de R chard II.) L'acteur répondu alors -Richard H ^upefait, il entendit une voix qui lui cria Bien dites alors à Richard II que Guillaume le Conqm rant est arrive avant lui’" C'était Shakespeare

Maçon et soldat avant d'être poète et auteur dramatique, Benjamin (Ben) Jonson mena une vie turbulente, et connut même la prison pour avoir tué un homme en duel. Il exerça aussi une autorité indiscutée dans le monde des lettres et du théâtre. Ci-dessous, son portrait et le frontispice de ses œuvres dont Volpone et le renard qui inspira Jules Romains

IL ÉCRIT DEUX OU TROIS PIÈCES PAR AN

Les v nces favorisent Shakespe du ‘ moment meme où il es turm part des auteurs connu alors nouveaux ne sont pas Grec en 1592. Marlowe en 159? en 1596. Lyly et Lodge pour lire a dater de 1590. Be sa prci l comcdie a succès en 1599 man Jo « n( célébré seulement après speare piuduil au moins deux pièces qui sont presque toujours un succès e un triomphe. Le cri de Richard III, cheval, mon royaume pour un cheva mëdiaicment un dicton populaire II vingtaine de pièces avant que le siècle sur certains points la chronologie e nous suivrons ici. Tordre donne par G éminent spécialiste de Shakespeare. parties d'Henrx l / Richard HR b n Peines d'amour perdues, les deux de Verone. La comédie des mépris apprivoisée 1594-95, Roméo et Jul d'une nuit d'été. Ru hard IL Le Roi chand de Venise. 1597-1600. les deux ry /V, Beaucoup de bruit pour rien Commeres de B mdsor^ Comme il vo César, Henrv L, Troilus et C rexsid Hamlet. Othello C ette puissance créa tionnelle et dépasse meme en volum

UN BLASON POUR LES SHAKESPEARE

A Stratford, les Shakespeare avaient retrouvé une situation grâce à la réputation et aux gains du dra­ maturge. Ils vivaient tous dans la maison d’Henlcy Street. Le vieux John Shakespeare, maigre les diffi­ cultés rencontrées vingt ans auparavant, avait retrou­ vé quelques unes de ses charges et l’estime de ses concitoyens. Il espérait enfin réaliser le rêve de sa vie: obtenir le blason de noblesse. Il l'obtint grâce à son fils. L’écusson portait “un faucon brandissant une lance" (Shakespeare: ébranleur de lance), com­ plète par la devise: "non sans droit”. Droit plutôt discutable puisque le seul souvenir que l’on semble pouvoir garder de leurs ancêtres serait celui d’un Wil­ liam Shakespeare qui fut pendu pour vol, en 1248. Mais dans l’Angleterre élisabéthaine, l’ascension d’un petit bourgeois est chose quotidienne. Ben Jonson ne résisté pas à l’idée de faire, à son ami une plaisanterie d’une saveur estudiantine: dans l’une de ses ...comedies, il met en scènc un personnage dont le blason porte une tête de sanglier sur un plateau, avec comme devise "non sans moutarde'”. Au cours ^ mC,me é'é '5%- alors S” W illiam Shakespeare à S rÎ^ Pr0' in“- S°n r'ls Hamncl menn ans On ' earÇOn dc b fam'lle 11 nvmi le nom cm »,1 "“ “' '“ mO" dc “' d™ aZc sU s mC"'iOnné ”" u" la“'— Xeè’s A T'” de '“ ’“'«'«'i a 'a Pa®

En haut: Robert Devereux, second ’ n™™ “'”' W'"™i Sbak^ comte d’Essex, favori de la reine. La soif du pouvoir le conduisit à l échafaud. Au dessous: le hlason des descendants- Z a a ntCe ^sitc -d avoir — dans qui fut accordé à John Shakespeare •on âSe mt m père du poète, grâce à déjà un enfant”. On \ °nnC’ Sl lu n as Pas l’intervention d’Essex. En bas­ innocents dans ses dramevïeT ^ "gUreS denfan,s te document original accordant ce fes dans la Tour par RicImHn T PTCCS Cl°uf‘ blason. L un et l'autre sont duff "tendres poussins S "ls dc Maeconservés au "Shakespeare’s poule”, |C petit princ^ avec la ^rc Birthplace Trust” à Stratford mère pleure, avec des ^ -U ^°l Jean sa Page ci-contre: détail d’un comble le vade I k J S1 ^brants ‘ Lit douleur tableau d’un disciple son lit, marche de Ionien hr^"0 ^ C°UChc dans de Denis von Alsloot (1615); le charmant aspect réoèm c? C mO1’ cmPrunte ce document témoigne du loates ses qualités,’ et remplit" 0^°'^ mC rappcllc goût très vif que l’on avait à tements vides: ainsi fai rJ 1 Sa formc ses v«cette epoque en Angleterre, Et le Roi Lear, quand il tienîd UmCr *a doulcur" comme en Flandres d’ailleurs, polit­ * Cordeha, a ’ * ¿“* « bras le corps ies allégories et les travestis. P -s jamais, jamais, jamais, jamais, jLX æ'"'’'”'™ 48

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SON ÂGE ET LA DISGRÂCE D’ESSEX LE PORTENT VERS LE PESSIMISME

Shakespeare avait obtenu un blason cri» à Devereux, second comte d’Esscx Aon I briHam, doté d'un courage qui toucM à I d un orgueil tout proche de la vanité il Sidney dans le cœur du peu! et avah L

Compagnon de Drake en 159M2 ^

, ,PPUI de Robert “ r”'' Bta“' jn,Jronnade et PnS 13 P'aCe de Sa Veuve-

mee, sans nul doute, bien supérieure à sa AT' ^ æ"0"1’ sabeth l’envoya en tant que v7ce * El1'

d Irlande. Shakespeare voulut célébrer à r 3 '^ CS rcbelIes aits du beau comte et écr.v.t alors ¿ ' y^' 1CS haut" la gloire nationale où, de façon directe H corA™™ P°ème à jeune roi Henry, vainqueur à Azincourt en 17^ EsSCX au general de notre gracieuse imnér^ rl cn ¡415. “Quand le tant la rébellion enfilée à la^“^7^ Por-

jour n arriva jamais. Essex échoua d™« ‘-P'-’- - Mais ce mil, à partir de ce moment une série d’?0" en,rcpnse ct comrapidement à la ruine. Tombé en disJâcé"^ q“' '' rne"er™ lever le peupie de la rue contre Ê1X ’1^^^

ex maîtresse de 'vieille carcasse boiteuse". A la veille du jour vai P°U] Ce soulèvement, l’un de ses émissaires réussit à con-a COmPa^nie de Burbage de rejouer Richard II Mul fallu k’ US'Cment la déposition d’un souverain Mais il a irait > ' vn ° aulre chose pour détrôner la reine. Essex fut mère«Ua et' U* décapité par ordre de la reine dont les On èK>nneiS’ ^æ01 assombries par cette tragique deo