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French Pages 605 [634] Year 1969
PUBLICATIONS DE L'INSTITUT FRANÇAIS D'ÉTUDES BYZANTINES
LA GÉOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE DE L'EMPIRE BYZANTIN PREMIÈRE PARTIE
LE SIÈGE DE CONSTANTINOPLE ET LE PATRIARGAT ECOMERIQUE TOME
III
LES ÉGLISES ET LES MONASTÈRES PAR
R, JANIN, A. A DE L'INSTITUT FRANÇAIS D'ÉTUDES BYZANTINES
DEUXIÈME ÉDITION
La Vierge, Source de Vie (Mosaïque de l'église de Chora, début du xiv? siécle.) Kahrié-Djami.
Publié avec le concours du Centre Nalional de la Recherche Scienlifique
PARIS — 1969
AVANT-PROPOS
A
deux reprises!,
en
vingt ans,
il m'est arrivé d'enirelenir les
Congrès
internationauz des éludes byzantines du plan el des travauz qui devront renouveler, au moins partiellement, l’ouvrage encore classique de Le Quien. La refonte si désirée du célèbre Oriens Christianus (1740) avail élé chaleureusement recommandée par le Congrés d’Archéologie chrélienne tenu à Rome en avril 1900. L'occasion en ful le projel présenié en séance par le fondaleur de notre Inslitut, le P. L. Petil, qui,
en collaboration avec les religieux attachés alors à la rédaclion des Échos d'Orient, avail déjà commencé le travail pour les pays de langue grecque. Ce premier dessein?, embrassant la toialité de l’Orthodoxie hellénique, s'élendail en conséquence aux quaire grands Patriarcals de Constantinople, d’Alexandrie, d'Anlioche el de Jérusalem auzquels s'ajoulail naturellement l'archevéché de Chypre. Le destin de la première équipe, la mort prémalurée de plusieurs confréres el la dispersion des autres au cours de la première guerre mondiale, en ruinant l’iniliative, ont contraint leurs successeurs de reprendre la láche à zéro. J'ai dit ailleurs? dans quelles conditions et pour quels molifs il m'a semblé nécessaire de resireindre encore le programme primitif el de le limiler aux seules dimensions, encore vastes, de l'empire byzantin. Après müre réflexion, un plan a élé adoplé qui comprend deux parties, dont l'une réserve à Conslantinople le traitement de faveur que lui mérile sa double qualilé de siège du Patriarcat el d' Archevéché ; dont l’autre embrasse l'ensemble des circonscriplions provinciales. Le voici :
LA GÉOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE DE L'EMPIRE BYZANTIN PREMIÉRE PARTIE
LE SIEGE DE CONSTANTINOPLE ET LE PATRIARCAT (ECUMÉNIQUE Tome Tome
I : L'évéché et le Patriarcat. II : Les fastes patriarcaux et la succession épiscopale.
Tome III : Les églises et les monastéres.
(1) Voir le texte de mes rapports publiés dans les Échos d'Orient, XXX, 1931, pp. 65-83 et dans les Actes du VI* Congrès internalional des études byzantines (Paris, 1948), I, (1950), pp. 279-288.
(2) Présentation par le P. L. Petit dans Échos d'Orient, 111, 1899-1900, pp. 326-333. (3) Actes du VIe Congrès, pp. 281-283.
VIIT
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
DEUXIÈME PARTIE
L'ORGANISATION
Tome
PROVINCIALE
I: Les Églises autocéphales (Archevéché de Chypre, Patriarcats de Bulgarie et de Serbie).
Tome
Il : Les métropoles : II A : les métropoles d'Asie. II B : les métropoles d'Europe.
Tome III : Les archevéchés exempts. Tome IV : Le répertoire général des églises et monastéres.
Ce tableau déborde, à vrai dire, largement les frontières de l'empire byzantin. Il y aurait dés lors apparemmenl illogisme à parler de géographie ecclésiastique de l'empire si, en l'occurrence, l'on n'élait en droit de donner à ce terme de frontières
une signification qui traduise exaclemenl la situation compléle en Europe Orientale par l’action missionnaire du Christianisme hellénique. De vastes contrées, comme la Russie Méridionale el, plus tardivemenl, la Roumanie, ont fait parlie intégrante
de l’Église de Constantinople el l'on peul dire que Byzance, donl le pouvoir politique n'en a Jamais contrôlé qu'une minime partie, les a dominées spiriluellement. Leur hiérarchie, comme au resle les centres missionnaires en d'autres pays circonvoisins
comme la Hongrie, l'Alanie el certains territoires de dominalion laline, est restée, jusqu'au XVe siècle et au delà, sauf éphéméres exceplions, d'obédience constanti-
nopolilaine. On ne saurail dés lors les séparer de la Grande Église qui leur a fourni leurs chefs et en a régi les instilulions. Un exposé plus complet présentera en son lieu la méthode qui sera suivie. Disons brièvement ici que le but poursuivi est essentiellement géographique ; l’Histoire ne sera qu'une auziliaire el il n’y sera fait appel que pour mieuz siluer
les faits et les personnages. On étudiera la création des grandes circonscriptions, leurs transformalions, leur décadence et leur disparition ; chaque évéché verra, dans la mesure du possible, ses limiles lerritoriales fixées ou conjeclurées ; la succession épiscopale de chaque siège fera l’objet d'une allention spéciale, mais l'on s'absliendra à dessein de s'allarder à tous les délails de la vie des lilulaires. En revanche, la chronologie de leurs épiscopals sera examinée el précisée avec la plus minulieuse
acribie. Les rares fois oà la chose sera possible — et ceci vaudra surtout pour les grands centres comme Trébizonde, Thessalonique el autres — la liste sera donnée des fonclionnaires connus des officialités diocésaines. Ce complément prosopographique, auquel Le Quien n’avait pas songé, profilera spécialement aux historiens en peine souvenl de siluer cerlaines figures mineures apparues occasionnellement dans la vie publique. Une seclion entière sera consacrée à l'inventaire des monumenis chréliens. Le groupement de ces derniers dans le cadre des diocèses eül élé éminemment souhaitable. Malheureusement l'immense majorité des églises et des monastères connus ne sauraient être rallachés sûrement soit à une ville soit méme parfois à une
région délerminée. La formule la plus pratique a paru d'imiler la formule naguére praliquée par le P. S. Vailhé pour la Palestine el réunir en un vasle répertoire loules les informalions fournies par les sources sur les divers lieuæ de culle ou les
AVANT-PROPOS
IX
mulliples élablissements religieux de l'époque byzanline, Exception sera toutefois faite pour les deux grandes métropoles de l'empire, Constaniinople et Thessalonique, car il est possible d’en reconslituer, dans une proportion salisfaisante, la carte ecclésiastique. Il en sera de même, et la chose se comprend naturellement, pour
les Églises qui, comprises dans les limites de l’empire, n’eurent avec le Patriarcat qu'un lien de dépendance morale, à savoir les Patriarcats secondaires de Bulgarie, de Serbie el l'Archevéché de Chypre. Et c’est précisémeni par l'un de ces grands répertoires que débule l'ouvrage
ici présenté. Le R. P. R. Janin y avait préludé en publiant récemment la topographie générale de Conslantinople. En restituant la physionomie de la ville, en dénombrant el localisant ses quartiers, ses principales arléres ou ses nombreux monuments, il a iracé le cadre où il lui a élé plus facile de siluer assez exactement la masse des édifices religieux qui firent de Byzance une manière de ville sainte, pleine de reliques el de miracles, où l'on venail en pélerinage jusque de l'élranger. L'auleur qui, pendant plus de irenie années, a fréquenté les lieux, consigne dans ce gros volume les résultats
de recherches poursuivies non sans mérile ni sans abnégalion une vie durant. Mgr Duchesne, qui, dans 865 rapporls à l'Académie des Inscriptions, insisia à plusieurs reprises sur la nécessité de recenser fous les souvenirs chréliens de l'Orienl, eût aimé ce grand registre où tout ce que les sources les plus diverses nous apprennent sur les églises el les monasières de Constantinople est exaclement, sobrement el clairement rapporté. On pourra y signaler des lacunes ; Ia matière est si vaste que le contraire serait
merveille. On ne manquera pas de disculer cerlaines localisalions, là où les coordonnées lopographiques sont inexistantes ou contradictoires. Il resie néanmoins que le lableau présente un ensemble imposani, digne loul à la fois de la faveur du public savant el du monumént qu'il inaugure à la gloire de la Gréce médiévale. Paris, le 14 septembre 1952.
V. LAURENT.
PRÉFACE
On est fort mal renseigné sur l'introduction du christianisme à Byzance.
Il est probable qu'elle n'eut pas lieu avant le milieu du 118 siécle. Il s'est pourtant
créé une légende qui a fait de cette Église un siége apostolique avec saint André comme fondateur, et Stachys, disciple de saint Paul, comme premier évéque.
Cette légende, mise sous le nom de Dorothée de Tyr, remonte probablement au schisme d'Acace (484-519) et semble avoir été forgée pour mettre Constantinople sur un pied d'égalité avec Rome. On ne saurait dire à quelle époque elle devint officielle, mais on a des preuves qu'elle n’était pas encore recue par tous au commencement du x111® siècle. Les églises. — Rien ne permet de dire quelles étaient les églises de la ville avant Constantin, bien que la légende relative à saint André en attribue plusieurs
à cet apôtre, à Stachys et à ses successeurs. Saint André aurait préché l'évangile
d'abord dans un faubourg qui fut appelé plus tard Argyropolis (auj. Tophane) ; il y aurait établi un oratoire et y aurait sacré Stachys (vers 35 ou 38). Athénodore aurait construit une seconde église à l'Elaia (au-dessus du moderne Galata), vers 145; Pertinax aurait établi celle de Sainte-Irène de Sykae (Galata), vers 180, et Castinus, celle de Sainte-Euphémie du Pétrion, vers 265, c'est-à-dire
bien avant la naissance de la martyre de Chalcédoine qu'on prétendait honorer ! Le pseudo-Codinus dorine une autre version. D'aprés lui, saint André s’établit
tout d'abord à Sykae et sacra Stachys dans l'église Sainte-Iréne; il traversa ensuite la Corne d'Or, s'installa au quartier dit T& ̓Αρματίου, puis au Néorion, dans le portique appelé Κερατέμπολιν.
Il n'y a pas lieu de s'arréter à ces prétentions contradictoires. Il est certain que les lieux de culte ne devaient pas étre nombreux avant Constantin, car la majeure partie de la population, qui n'était d'ailleurs pas considérable, semble
bien avoir été paienne. L'établissement du centre de l'État à Byzance (325) amena un afflux de provinciaux appartenant à des régions fortement christia-
nisées. D'autre part, la nouvelle religion devenant officielle, il est tout naturel qu'on ait immédiatement construit des églises dans les nouveaux quartiers. Plusieurs de ces édifices remontent sürement à Gonstantin, mais on ne saurait en donner la liste exacte, bien que les patriographes lui en attribuent une trentaine, sans compter deux églises et trois monastères dont ils font honneur à sainte Hélène. Cette princesse, morte en 327 ou 328, n'a pas dû en coristruire beaucoup, surtout 51 l'on tient compte du pélerinage qu'elle fit en Palestine, vers 325. Quant aux monastéres, on a la preuve que le plus ancien remonte à 382.
Les successeurs de Constantin multipliérent les constructions religieuses, surtout Constance, Théodose le Grand et Arcadius. Toutefois la Descriplio
XII
CONSTANTINOPLE
BYZANTINE
urbis Conslanlinopolilanae, qui est de 430 environ, indique seulement quatorze églises pour les XIV Régions de la ville. Encore sont-elles inégalement distribuées. Huit sont nommément désignées : l'ecclesia anfiqua (Sainte-Iréne) et l'ecclesia magna (Sainte-Sophie) dans la II® Région, Saint-Ménas dans la IVe, Sainte-Anastasie, Saint-Paul et Sainte-Irène dans la VIIe, l’Homonoia et Kainopolis dans la IXe, La XIII* (Sykae) et la XIVe (Blachernes) possédent chacune son église paroissiale dont le nom n'est pas indiqué. Les quatre derniéres, également anonymes, se trouvaient dans les huit autres Régions sans qu'il soit possible de dire où elles étaient exactement. Cependant on connaît un certain nombre d'églises qui existaient sürement en 430 : l'Anastasis connue dés 379,
Saint-Acace de l'Heptascalon, Saint-Mocius et, dans la banlieue, Saint-Jean-
l’Évangéliste et Saint-Jean-Baptiste de l'Hebdomon. Au v* siécle, on construit de grandes
basiliques
Blachernes,
Saint-Laurent,
: la Théotocos
des Chalkoprateia,
Saint-Étienne
la Théotocos
des Constantinianae,
des
Saint-Jean-
Baptiste du monastére de Studius, Saint-Polyeucte des Constantinianae, SainteEuphémie du quartier Tà 'OAvépíou et probablement les deux grandes églises dont on a découvert les restes en 1948 en construisant de nouveaux bátiments pour PUniversité d'Istanbul, à l’ouest de la place Beyazit. L'impératrice Pulchérie, saint Marcien, économe de Sainte-Sophie, et Juliana Anicia, descen-
dante de Théodose le Grand, se distinguent parmi les constructeurs. Au vıe siécle, l'empereur Justinien, le plus grand bátisseur que l'empire byzantin ait connu, multiplie les lieux de culte. L'historien Procope énumère, en dehors de Sainte-Sophie, qui fut 16 chef-d’œuvre du souverain, une vingtaine d'églises restaurées ou construites par lui dans la capitale et dans la banlieue européenne; il assure d'ailleurs qu'il ne peut pas toutes les nommer. Jusqu'à la persécution iconoclaste, vers 725, d'autres empereurs imitèrent Justinien, ainsi que de riches particuliers. La floraison reprend avec Basile le Macédonien (867-886), dont l'activité s'étend à une centaine d'églises et de monastères, au dire de Constantin Porphyrogénéte. Un nouvel élan est donné au xt1? siècle par les Comnénes, mais ils construisent surtout des monastéres. Au xiv?* siécle,
les Paléologues reprennent la tradition malgré les difficultés financiéres de l'État. Nous avons pu relever l'existence d'environ 500 églises (paroissiales, monastiques ou particuliéres) dont les vocables sont connus par les textes. Il y en eut sans doute d'autres qui n'ont point fait parler d'elles. La plupart ont disparu, victimes des intempéries, des incendies, des tremblements de terre et de la malice des hommes, en sorte qu'à la chute de l'empire (1453) il ne devait pas en rester plus d'une cinquantaine (en dehors de celles des monastéres) qui fussent encore en exercice. La ville était d'ailleurs en grande partie déserte et ressemblait plutôt à une suite de villages, si l’on en croit les voyageurs de l'époque. Pendant les mille ans des églises a naturellement fidéle à la forme basilicale, sont traditionnellement des
et plus qu'a duré l'empire byzantin, l'architecture beaucoup évolué. Au rve et au v* siécles, on reste héritée de l'hellénisme, sauf pour les martyria qui rotondes. Au vı® siécle, apparaissent la voüte sans
cintrage et surtout la coupole, empruntées toutes deux à l'Orient. A partir de cette époque, la caractéristique de l'architecture religieuse est l'église à coupole sur pendentif, mais le plan de l'édifice est très varié. C’est tantôt un carré, tantót
une croix grecque, tantôt un trèfle, tantôt un octogone, etc. Certaines églises ont également des coupoles plus petites sur chacun des bras de la croix. On continue à construire des basiliques, mais elles sont également à coupoles.
PRÉFACE
XI
Cependant comme celles-ci donnaient un air de lourdeur aux édifices, les architectes diminuèrent cette impression en interposant, entre les grands ares et la voûte qu’ils supportaient, un tambour polygonal à 8, 12 ou 16 pans, et décorèrent les arétes de minces colonnettes supportant des arcs; des briques formaient parfois des motifs géométriques élégants et variés. Quel que soit leur style, les églises sont toujours richement décorées à l’intérieur. Outre les fines sculptures qui ornent les chapiteaux et les corniches, ainsi que l’encadrement des portes, les murs, les coupoles se couvrent de fresques
et de mosaïques représentant les mystères de la religion ou les épisodes de la vie du Sauveur ou de la Vierge et aussi les figures des saints. En général, le Christ Pantocrator (Tout-Puissant) tróne au sommet de la coupole centrale, entouré d'anges ou de prophétes. La Vierge est représentée dans la coupole de l'abside centrale. L'iconostase, qui sépare le sanctuaire de la nef expose dans un ordre fixé par la tradition : à droite le Christ et saint Jean-Baptiste; à gauche la Vierge et le patron de l'église. La partie inférieure des murs est souvent recouverte de plaques de marbre de couleurs variées qui forment de véritables draperies. Le pavé est aussi en marbre, parfois orné de bandeaux en marqueterie de pierre imitant la mosaique. L'ornementation est d'origine syrienne pour ce qui regarde la sculpture, hellénistique et égyptienne pour les fresques et les mosaïques. Cependant, sous l'influence du monachisme, les formes humaines prennent petit à petit un aspect rigide et hiératique destiné à donner une haute idée du mystére de la religion. : Les monasiéres. — Nous avons dit que le premier monastére orthodoxe (car il y en eut auparavant d'hérétiques) fut construit à Constantinople en 382.
C’est celui de Dalmate, báti par le sénateur Saturninus pour le moine syrien saint Isaac. D'autres se fondérent bientót en divers quartiers et en dehors de la ville, en sorte que saint Isaac devint comme le supérieur majeur et le conseiller de ces maisons religieuses. Cette multiplication de couvents fut telle qu'en novembre 448 vingt-trois supérieurs approuvent la déposition de l'hérésiarque Eutychès, qu'en 518 cinquante-trois signent la supplique au synode tenu dans la capitale pour mettre fin au schisme d’Acace, et qu'en 536 soixante-treize prennent part au concile tenu sous le patriarche Ménas. Parmi ces soixantetreize couvents ne figurent pas quatre connus en 448 et six en 518. Depuis lors, on ne possède plus de liste officielle et la plupart des monastéres signalés en 448, 518 et 536 disparaissent sans laisser de traces. C'est ainsi que ne font plus parler d'eux une douzaine de monastéres nationaux ou provinciaux
connus par les listes de 518 et de 536 : 1 de Syriens, 1 de Crétois, 1 d'Égyptiens, 1 de Besses, 2 sinon 3 de Lycaoniens et b de Romains, c'est-à-dire probablement
d'Occidentaux. D'autres leur succédent au cours des áges, dont plusieurs doivent leur fondation à des empereurs, à des princes ou princesses de la famille régnante et à des patriarches.
Les femmes se piquèrent d'émulation avec les hommes dans leur amour de la vie religieuse. Il est probable que ce mouvement se produisit à Constantinople dés la fin du ıve siécle. Il n'existe malheureusement aucune liste de ces couvents féminins ; on ne les connaît que par des événements historiques aux-
quels ils sont mélés ou par des documents en général tardifs. L'origine de nombre d'entre eux pose d'ailleurs plus d'un probléme.
Nous avons pu trouver la mention de 345 monastères d'hommes et de femmes qui ont existé dans la capitale et dans sa banlieue européenne pendant
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CONSTANTINOPLE
BYZANTINE
la durée de l'empire byzantin!. Il est à peu prés certain cependant que ce nombre doit étre diminué, car la fondation de plusieurs d'entre eux n'est trés probablement qu'une restauration d'un couvent plus ancien tombé en ruines. On en a des exemples nettement prouvés par les textes. Ce qui étonne, c’est qu'on en trouve encore dix-huit qui existaient de façon certaine en 1453, alors que l'empire n'était plus que l’ombre de lui-même; une douzaine d'autres, signalés dans la premiére moitié du xv* siècle, ont peut-étre continué à fonctionner jusqu'à la méme date, sans qu'il soit possible de le prouver. Il faut noter qu'à la différence de ce qui se passa en Occident à partir du x1® siècle, les monastères byzantins ne constituaient ni Ordre ni Congrégation. Chacun avait sa régle particuliére, établie ordinairement par le fondateur, mais dans l'ensemble tous suivaient les conseils d'ascétisme donnés jadis par saint
Basile de Césarée. Au début du monachisme constantinopolitain et jusqu'à la persécution iconoclaste, l’archimandrite du monastére de Dalmate avait, avec le titre d'« exarque des monastéres », une certaine autorité sur les autres couvents, mais elle se limitait à des cas assez rares et son róle était habituellement de servir
d'intermédiaire entre les moines et le patriarche. L'État intervenait pour régler les modalités de la vie religieuse. C'est ainsi que Justinien fixa la durée du noviciat à trois ans. Les conciles imposérent d'autres dispositions générales dont certaines ne furent jamais appliquées. Malgré leur défense, il y eut des monastéres doubles jusqu'à la fin de l'empire. Ces maisons religieuses comprenaient une communauté de moines et une autre de moniales vivant dans des maisons contigués mais nettement séparées, sous un méme supérieur et sur un fonds commun.
À partir du 1x° siécle, apparaissent les Typika ou chartes de fondation qui s'inspirent plus ou moins du réglement adopté par Ia Laure de Saint-Sabas en Palestine. Ils se font des emprunts mutuels et certains finissent par devenir des modéles que l'on imite non seulement dans l'empire, mais encore dans les pays étrangers. Ces typika traitent surtout du gouvernement du monastère, des fonctions attribuées aux dignitaires, des prescriptions liturgiques, des jeünes, des obligations envers les fondateurs et les bienfaiteurs défunts, etc. Certains énumérent 165 limites du couvent et les propriétés qui lu appartiennent et qui sont parfois considérables et fixent le nombre des moines ou des moniales. En 165 lisant, on s’aperçoit que ce nombre n'est généralement pas trés élevé, méme quand le monastére est de fondation impériale. Si certains couvents ont compté plusieurs centaines de moines, comme celui de Saint-Jean-Baptiste de Studius, la plupart n'en avaient guére que trente ou quarante. Quelques typika assurent au monastére la compléte indépendance vis-à-vis de l'autorité civile. et méme de l'autorité ecclésiastique, ce qui est souvent la cause de décadence. Celle-ci est encore accentuée par l'introduction de la commende qui se manifeste dés le x® siècle. Notons enfin que certains couvents sont devenus la propriété de telle ou telle famille qui les ont fondés ou restaurés. Cependant
la législation canonique ordinairement appliquée donne à l'évéque du lieu toute autorité sur les couvents de son diocése.
(1) Les monastéres sont désignés par 165 noms de μονή, μοναστήριον, φροντιστήριον, atpveiov. Le terme de κάθισμα indique un petit monastére, souvent dépendant d'un plus grand, et où vivent
un ou plusieurs moines. Celui de perôxiov est donné aux propriétés éloignées des monastères ; elles possèdent parfois un petit couvent. Les métochia de la ville étaient ordinairement des maisons servant de pied-à-terre aux moines venus de la province.
PRÉFACE
xv
La vie des moines et des moniales se partage entre le chant de l'office divin
et le travail manuel, qui est un moyen de pénitence en méme temps qu'une
nécessité pour faire valoir les biens de la communauté. Certains monastéres, surtout celui de Saint-Jean-Baptiste de Studius, se livraient à des occupations moins matérielles : étude des sciences ecclésiastiques et méme profanes, trans-
cription des manuscrits, enluminure, peinture d'icónes, composition d'hymnes religieuses, etc. Quelques-uns ont des écoles pour les enfants. D'une façon générale, les moines ne se livrent pas à l’apostolat, considérant que le but principal de la vie religieuse est la sanctification personnelle par la priére et la pénitence; cependant on fait parfois appel à leur zéle. Il est certain que les moines ont été les plus fermes soutiens de l'orthodoxie et que, surtout pendant la persécution iconoclaste, ils ont été durement persécutés. Cependant leur intransigeance a été plus d'une fois une cause de difficultés sérieuses pour l'épiscopat à qui ils prétendaient se substituer pour maintenir intacte la tradition ecclésiastique. S'ils ne vaquaient pas ordinairement aux œuvres apostoliques, les moines s'occupaient activement des pauvres et des malades, qu'ils recevaient dans des maisons annexées à leurs monastéres ou à qui ils faisaient des aumónes, surtout à certains jours désignés dans les typika. Une partie des établissements de bienfaisance étaient d'ailleurs sous leur direction. Les vocables des églises el des monasiéres. — Nous avons pu retrouver les vocables d'environ 500 églises. Par contre, il est impossible de donner ceux de nombreux monastéres qui ne sont connus que par le nom du fondateur ou par celui du quartier dans lequel ils se trouvaient. Les vocables sont un reflet de la dévotion populaire qui se préoccupe assez
peu des gloires de l'Église pour satisfaire ses goüts particuliers. On ne trouve qu'une seule église en l'honneur de saint Grégoire de Nazianze qui restaura l'orthodoxie dans la capitale en 379, une en l'honneur de saint Jean Chrysostome, le plus grand évêque de Constantinople, un oratoire (1x? siècle) et un monastère (xe siècle) sous l'invocation de saint Basile, et c'est tout pour les grands docteurs
de l’Église orientale. Par contre, on honore des saints dont la vie est plus ou moins légendaire, surtout 165 martyrs. La Théotocos (Θεοτόκος, Mère de Dieu) est tout particulièrement chère à la piété des Byzantins qui ont fait d'elle leur protectrice; elle possède plus de cent vingt églises, chapelles et monastéres, tandis que le Christ n’en a que trente auxquels il faut ajouter Sainte-Sophie. Sept sont sous le vocable de la Sainte-Trinité, neuf sous celui des Incorporels, c'est-à-dire des anges; saint Michel en a vingt-quatre, saint Gabriel cinq.
L'ensemble des apôtres en compte cinq, mais saint Jean le Théologue (l’Évangéliste) en a huit, saint Paul six, saint André sept, saint Thomas cinq, saint Pierre trois et cinq en commun avec saint Paul. Parmi les autres saints, le Prodrome
(Précurseur,
saint Jean-Baptiste)
vient en téte,
avec trente-cinq
sanctuaires; saint Nicolas de Myre en a vingt-huit, le diacre saint Étienne treize, les saints militaires (saint Théodore seize, saint Démétrius dix, saint Georges neuf, les Quarante Martyrs de Sébaste huit), saint Pantéléimon neuf, saint Tryphon sept, saint Christophe six, les saints Cóme et Damien, dits les Anargyres, six, sainte Anne sept, sainte Anastasie huit, sainte Euphémie cing, etc. Il ne semble pas qu'il y ait eu aucune réglementation pour le choix des vocables. Il était sans doute laissé à la volonté des fondateurs. Nous traiterons de tous ces sanctuaires de la capitale et de sa banlieue européenne, qui forment l'éparchie de Constantinople. De chacun d'eux nous donnerons tout ce que nous livrent les textes anciens et les études qui en ont
XVI
CONSTANTINOPLE
BYZANTINE
été faites : histoire, architecture, ornementation, reliques, fétes religieuses, bibliothéques, sceaux, ect. Et nous tácherons d'indiquer leur emplacement dans la mesure que permet l'utilisation rationnelle des documents. Cette identification sera souvent seulement approximative. Nous indiquerons également la bibliographie qui les concerne. Pour certains d'entre eux qui demanderaient de longs développements, nous dirons au moins l'essentiel, laissant au lecteur que la chose intéresserait le soin de recourir aux ouvrages qui en traitent et que nous signalons.
LA NOUVELLE ÉDITION Depuis que cet ouvrage a paru en 1953, Ia révision que nous en avons faite, en profitant des publications et des découvertes plus récentes, nous a
permis de lui faire subir les corrections qui s'imposaient, soit dans le texte, soit dans la bibliographie. Ce travail nous a procuré l'avantage d'étendre notre enquéte et de relever prés de cinquante églises et monastéres qui nous avaient échappé. Nous avons pu également allonger la liste des ceuvres de bienfaisance et nous y avons ajouté les diaconies et les askéléria, institution mal connue
qui semble avoir été une spécialité de l'Église grecque au Moyen Age. Enfin nous avons cru bon de consacrer une bréve étude aux sanctuaires byzantins que les Occidentaux ont occupés pendant la durée de l'Empire Latin d'Orient (1204-1261). Nous espérons que ces modifications, qui ajoutent une matiére neuve assez importante au texte, pourront étre utiles aux lecteurs de cette nouvelle édition.
Paris, le 27juillet 1968. R. JANIN.
BIBLIOGRAPHIE
La bibliographie concernant le nombre si grand des églises et des monastères
de Constantinople et de sa banlieue européenne à l’époque byzantine est nécessairement trés abondante, puisqu'elle s'étend sur une quinzaine de siècles. Au xviI* siécle, Du Cange a réuni dans sa Constantinopolis chrisliana (1682) tous les textes alors connus, travail énorme auquel il faut toujours
recourir malgré ses imperfections inévitables dues principalement à une information incompléte puisque beaucoup de sources ne s'étaient pas encore révélées. Du Cange ne se hasarde ordinairement pas à localiser les monuments, sauf pour ceux dont il a pu savoir l'emplacement certain ou probable par les deux ouvrages de Pierre Gylles, De topographia Constantinopoleos et De Bosporo Thracio (Lyon, 1561), les relations de Stéphane Gerlach et divers autres auteurs occidentaux. Personne n'a essayé de refaire un tel ouvrage qui demande en effet des recherches multiples. Sans doute, J. P. Richter a traduit en allemand les textes des chroniqueurs byzantins et de quelques autres auteurs concernant les églises et les monastéres, mais il suit simplement l'ordre chronologique de leur construction sans en faire une étude méthodique, Quellen der byzantinischen Kunslgeschichle (Vienne, 1897). Il s’est très peu servi des autres sources et son
travail n’est qu'un pâle reflet de celui de Du Cange. Avant lui, Sc. Byzantios avait donné dans sa description de Constantinople byzantine, Κωνσταντινούπολις, t. I et II (Athénes, 1851, 1862) les renseignements puisés aux mémes textes et il s'était efforcé de localiser un certain nombre d'églises et de monastéres, parfois avec bonheur, mais plus souvent il est tombé dans des erreurs devenues en
quelque sorte classiques faute d'une sérieuse étude des sources. Son but n'était d'ailleurs pas de donner une nomenclature compléte des monuments, M. I.
Gédéon s'est livré au méme travail dans deux longs articles consacrés à la ville impériale, écrits à cinquante ans d'intervalle, Κωνσταντινούπολις dans le Λεξικὸν ἱστορίας καὶ γεωγραφίας de Boutyras et Karidés, Athénes, 1881, et Κωνσταντινούπολις, dans la MeyéAn ἑλληνικὴ ἐγκυκλοπαιδεία, Athénes, 1931, le second corrigeant certaines erreurs du premier et donnant des précisions nouvelles, tout en maintenant plusieurs localisations qui sont aujourd'hui reconnues fausses. Les autres auteurs, qui ont étudié Constantinople byzantine
en général, n'ont donné que peu d'importance aux églises et aux monastères, comme Oberhummer, Consiantinopolis, dans Real-Encyklopädie Paulg-W issowa,
IV, 963-1813, et dom H. Leclercq, Byzance, dans le Diclionnaire d'archéologie chrétienne
et
de
lilurgie,
1I,
1363-1454.
M.
Gédéon, Ἐκκλησίαι Buzavrivai
XVIII
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
&&axpiGoUuevot, Constantinople, 1900; A. Papadopoulos-Kérameus, Naoi Kwvoταντινουπόλεως κατὰ τὸ 1593 καὶ 1604, ED2, XXVII, 1904, pp. 116-145, et A. M. Schneider, Byzanz, Vorarbeilen zur Topographie und Archäologie der Stadt, Berlin, 1936, ont tenté de rétablir la liste des églises et des monastéres qui ont survécu à la conquéte de 1453, d'aprés les textes grecs et turcs ; leurs points de vue se sont avérés parfois assez divergents. Notons que J. Ebersolt a donné dans ses Sanciuaires de Byzance, Paris, 1921, des renseignements puisés aux meilleures sources et dont l’utilité est toujours reconnue. Le méme auteur a
publié Les Eglises de Constantinople, Paris, 1913, étude sur les principaux monuments encore existants, et Al. van Millingen s’est livré au méme travail, The Byzanline Churches in Constantinople, Londres, 1912.
Depuis Du Cange, la bibliographie du sujet s'est enrichie de nombreux textes de première valeur, comme le Livre des cérémonies, des Vies de saints alors inconnues, les récits des pélerins et des voyageurs, etc. Les sources se sont ainsi amplifiées et leur étude permet une vue plus nette de bien des questions. C'est ainsi que la multiplicité des renseignements relatifs à tel ou tel sanctuaire permet des recoupements qui peuvent souvent aboutir à une localisation suffisante. Toutefois on ne peut raisonnablement espérer découvrir de nouveaux textes qui apportent des données essentielles. Ces sources sont principalement les patriographes, c'est-à-dire le pseudoCodinus et les auteurs similaires, malgré leurs étymologies parfois extravagantes et leur manque de critique historique, le Livre des cérémonies, les historiens et
les chroniqueurs des diverses époques, les synaxaires, les Vies de saints, les actes des conciles et des patriarches, les chrysobulles des empereurs, les typika ou chartes de fondation des monastéres, les récits des pélerins, surtout russes, et des voyageurs, tant occidentaux qu'orientaux, etc. Aprés la chute de l'empire
en 1453, nous sommes encore renseignés sur le sort des sanctuaires par les nombreux étrangers qui ont visité Constantinople tombée aux mains des Turcs
et qui ont consigné leurs remarques. Nous ne saurions donner ici la liste de ces nombreuses sources. On les trouvera signalées et utilisées tout au long de cet ouvrage.
Une étude attentive des détails fournis par tant d'auteurs divers, répartis sur une quinzaine de siécles, permet de préciser l'histoire de beaucoup d'églises
et de monastéres. Pour certains qui ont complétement disparu, nous avons des descriptions suffisantes pour nous faire une idée de leur architecture et de leurs trésors. Enfin la localisation de bien des quartiers! permet d'indiquer, au moins de façon approximative, l'emplacement d'un bon nombre dont on n'arrivait pas à déterminer la position. Sans doute il reste encore bien des problèmes à résoudre, et certains d'entre eux demeureront probablement toujours sans réponse. On peut toutefois se livrer aujourd'hui à une étude d'ensemble qui permette de préciser la physionomie de Constantinople byzantine au point de vue des sanctuaires chrétiens, soit grecs, soit latins, et des œuvres de bienfaisance.
(1) A ce sujel on pourra consulter notre ouvrage, Consfantinople byzantine. Développement urbain et répertoire topographique, ?* édition, 1964.
BIBLIOGRAPHIE
XIX
PLAN
Nous étudierons successivement d'abord toutes
les églises et tous les
monastéres de l'époque byzantine dont nous avons pu trouver l'existence dans la capitale et dans sa banlieue européenne, c'est-à-dire ceux qui appartenaient à l'archidiocése de Constantinople. Il est possible d'indiquer séparément les églises et les monastéres, car certaines églises, d'abord particuliéres ou paroissiales, ont été ensuite enrichies d'un monastère, Nous suivrons l’ordre alphabétique grec, qui paraît le plus rationnel et aussi le plus commode pour les byzantinistes. À la suite de cette étude, nous donnerons en appendice, sur les cimetiéres et les ceuvres de bienfaisance dont les noms sont parvenus jusqu'à nous, les maigres renseignements que fournissent les documents. Enfin nous ne pouvons négliger les sanctuaires latins de Constantinople pendant la période byzantine, d'autant que certains d'entre eux ont joué un certain róle dans l’histoire. De tous ces monuments nous tâcherons de dire la date au moins approximative de leur construction, leur histoire, la description de ces édifices quand cela est possible, leur localisation, leur situation actuelle pour les rares qui ont subsisté, et nous donnerons la bibliographie essentielle des divers sujets traités. Enfin quatre cartes ou plans aideront à fixer l’emplacement, sinon des monuments, du moins des quartiers urbains ou suburbains.
ABRÉVIATIONS
Acla SS. — Acla Sanclorum, édition des Bollandistes, Bruxelles. AlZ — A.
PAPADOPOULOS-KERAMEUS,
̓Ανάλεκτα ἱεροσολυμιτικῆς σταχνολογίας,
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XX
CONSTANTINOPLE
BYZANTINE
MERCATI, Santuari = S. G. MERCATI, Santuari e reliquie Costantinopolilane secondo il codice ottoboniano latino 169 prima della conquisia latina (1204). Rendiconti della Poniificia Accademia Romana di Archeologia, vol. x11, 1936. MM = Fn. MikvrosicH et J. MÜLLER, Acla εἰ diplomaia graeca medii aevi, Vienne, 1860-1890. MINGARELLI — À. MiNGARELLI, Graeci codices patricios venelos asservati, Bologne, 1784. MoRDTMANN, Esquisse = À. D. Constantinople, Lille, 1892.
MORDTMANN,
manuscripti Esquisse
apud
Nanios
topographique
de
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Vorarbeilen
zur
Topo-
Ed. ScHWARTZ — Ed. SCHWARTZ, Acla conciliorum æcumenicorum, Berlin. Stb — Studi byzantini e neoellenici, Rome. Syn. CP. — H. DELEHAYE, Synazarium Constantinopolilanum. Acla Sanclorum,
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Handels und Staatengeschichie der Republik
Venedig,
II et ITI, Vienne,
1856 et 1857. TC — P. GvrrEs, De lopographia Conslantinopoleos el de illius antiquilalibus, Lyon, 1561.
Teubner — Bibliotheca scriptorum graecorum el romanorum Teubneriana, Leipzig.
ABRÉVIATIONS
XXIII
TuéÉoposE DE MELITENE — THEoDOSE DE MÉLITÈNE, Chronographia, édition Fr. Tafel, Vienne, 1859.
THÉoPHANE — THÉOPHANE LE CONFESSEUR, Chronographia, édition G. de Boor, Leipzig, 1883, 1885.
Typicon — J. Mareos, Le Typicon de la Grande Eglise (Orientalia christiana analecla, 165-166), Rome I, 1962; II, 1963. Typika — A. DmiTRIEWSKIS, Opisanie lilurgiceskikh Kiev, 1895.
rukopisej,
I,
Typika,
Varia = A. PAPADOPOULOS-KERAMEUS, Varia graeca sacra, Saint-Pétersbourg, 1909.
Viz. Vrem. = VIZANTIISKI VREMENNIK, Saint-Pétersbourg et Léningrad, depuis 1894. TRANSCRIPTION DES NOMS TURCS
Nous avons adopté l'orthographe admise lors de la réforme de l'écriture
en 1928, bien qu'elle différe souvent de celle qui était en usage pour les noms propres de lieux. Voici la correspondance pour les lettres qui ont un son différent de celui qu'elles possèdent en français :
c - dj
1
ς - tch g - g dur
u - ou ö - eu
- e muet
É - g aspiré 8 - ch
ü-u
LES ÉGLISES ET LES MONASTÈRES
ÉGLISES ET MONASTÈRES
3
̓Αξέρκιος (Αγ.) Ce personnage,
que
la
tradition
hagriographique
présente
comme
un
évéque de Hiérapolis en Phrygie, martyrisé sous Marc-[Aurèle] Antonin et Lucius Verus (161-169)!, possédait un sanctuaire à Constantinople, à l'intérieur du palais patriarcal. Ce vads était également dédié à la Théotocos et on y vénérait
le chef de saint Grégoire l’Illuminateur, apótre de l'Arménie. Les documents qui nous fournissent ces données sont de la m&me époque (fin du x1°-x11° siècles) : 1) Selon le semeióma d'Alexis Comnéne (janv. 1086), Léon de Chalcédoine avait
accusé le patriarche Eustrate Garidas (1081-1084) d'avoir enlevé de précieux ex-voto £v T& vaë τοῦ 'AGepkiou?; 2) Le 21 avril 1086, 16 copiste Jean, hiéromoine 10U ναοῦ τῆς ὑπεραγίας Θεοτόκου ἤτοι τοῦ &ytou 'AGepkíou?, achevait de transcrire
l’actuel cod. Mosqu. (Mus. Hist.), Vladimir 121 (29)% 3) Une des recensions du Synaxaire de Constantinople, le Paris. gr. 1594 (x11° siècle), place, le 30
septembre, la synaxe de saint Grégoire l'Illuminateur &v T& ναῷ ToU ἁγίον *AGepxiou τοῦ &v T& πατριαρχείω, ἔνθα καὶ fj ἁγία κάρα αὐτοῦ drrókerront. Bien que le Synaxaire ne le dise pas, l’église (ou l’oratoire) Saint-Abercius
fétait certainement la synaxe de son patron, le 22 octobre. Il est possible qu'elle en ait possédé aussi le corps. Cependant, Antoine de Novgorod (1200) signale celui-ci à Sainte-Sophie*, d'ailleurs voisine du patriarcat. A partir de la moitié du xiv? siécle, 165 autres pélerins russes racontent avoir vénéré Saint Abercius dans l'église du Christ Philanthrope*. Nous n'avons recueili aucun autre renseignement sur ce sanctuaire qui disparut au plus tard avec le palais patriarcal”.
'Aé(G)iGou (Μονή) Ce monastére est signalé seulement au concile de mai 536, sous le patriarche Ménas et dans la correspondance qui s'y rapporte. Son supérieur, Jacques le Syrien, signe en syriaque et s'intitule prétre et higouméne ou archimandrite τῶν
̓ΑξΕίξουθ, vovñs ’AGGi£ou® ou, plus simplement, 'lóxo6os THs 'AGiGou Zupos!?. Le nom du monastére porte à croire qu'il fut fondé par un certain Abib, probablement dans la seconde moitié du v* siècle, et qu'il était habité par des Syriens, comme l’était l'archimandrite Jacques lui-méme. On ne connaît ni son histoire ni son emplacement. Il se peut qu'il se soit conservé sous un autre nom, comme ce fut le cas pour plus d'une maison religieuse. Biblio.: Du Cance, IV, VIII, n° 1. Η͂
(1)
BH G*, n. 2-4 b ; Josr, Abercio, in Bibliotheca Sanclorum, 1, p. 68-74.
(2) SAKKELLION, « Décret d'Alexis Comnéne », dans BCH, II, 1878, p. « L'affaire de Léon de Chalcédoine », EO,
118; cf. V. GRUMEL,
XX XIX, 1940-1942, p. 335, 340.
(3) K. LAKE et S. LakE, Dated Greek Minuscule Manuseripts lo the Year 1200, VI, Boston, 1936, D. 230, pl. 417 ; Indices, Boston 1945, p. 75 (p. 141, le toponyme est déclaré «non identiflé ») ; cf. M. VocEL et V. GARDTHAUSEN, Die griechischen Schreiber des Miltelallers und der Renaissance, Leipzig 1909, p. 167.
(4) Sgn. CP., 89. (5) Kayrrowo, p. 96. (6) Cf. infra, p. (7)
R. JANIN, Constantinople byzanline, 2* éd., p. 180.
(8) ScuwarTz, IIT, 35, n° 39 (higoumene) ; cf. MAnsr, VIII, 990 B. (9) ScHwarTz, 111, 46, n° 41 (higoumène) ; 144, n° 53 (archimandrite, signe en syriaque) ; Mansi, VIII, 1011 B, 910 C.
(10) Scuwanrz, III, 129, n° 51 ; 157, n° 51 ; 164, n° 51 ; cf, MAnsı, VIII, 882 C, 930 D, 939 C.
4
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
̓Αβραμίου (Movñ τοῦ) Il faut trés probablement distinguer ce monastère du suivant avec lequel on l’a souvent confondu. Il fut sans doute fondé au v* siècle, peut-être par cet Abramios, archimandrite, dont il est question à plusieurs reprises lors du synode tenu à Constantinople en novembre 448 contre Eutychès!. Le monastére T&v ’AGpouiou est représenté en 518 par son archimandrite Antoine ou Antonin?, ce qui porte à croire que le fondateur était déjà mort à cette époque. En tout cas il l’était sürement en 536, puisque le monastére est dit τοῦ &v ἁγίοις "AGpapíous. Or le fondateur du couvent des Abramites ne mourut que vers le milieu du vi* siécle. On peut encore trouver une preuve de la fondation du monastére
au v? siècle dans la Vie de saint Daniel 16 Stylite, bien que ce ne soit qu'un remaniement du x* siécle d'un document antérieur. Il y est dit qu'en 475 ou
476, Calandion, higouméne τῆς uovñs Tév ’Aépoyiou, fut un des personnages députés vers le saint pour le prier de descendre de 88 colonne afin de s'opposer à la politique monophysite de l'usurpateur Basilisque*. 51 le fait est exact, cela fait remonter la fondation du monastère au moins à quelques années plus tôt,
d'autant que l'higouméne est déjà sûrement un successeur du fondateur. Quant à entendre ce texte du monastére des Abramites, il est impossible d'y songer sans prêter au fondateur dont parle Jean Moschus une longévité excessive. Au concile de 536 assistait Alexandre, prêtre, qui est dit habituellement archimandrite* et une fois higoumèneS, Peut-être est-ce de cette maison religieuse que veut parler le chroniqueur Théophane, quand il dit que le patriarche icono-
claste Nicétas, en 766-767, fit enlever ou badigeonner les images de (l’église ?) &v 16 ̓Αξραμιαίῳ, Le texte cependant peut aussi bien être appliqué au monastère suivant. On ignore où se trouvait le couvent d’Abramios et quelle fut sa destinée.
'"A6pourróv (Μονὴ T&v) Fondation. — À en croire 165 patriographes, le monastère Ἡ ̓Αχειροποίητος aurait été fondé par Constantin lui-même pour y établir le moine Abramios, ce qui lui aurait valu son nom de 'A6pauírns*. Cette origine est purement légendaire, car il n'y eut pas de monastére à Constantinople avant le dernier quart du 1ve siécle. La Vie de sainte Matrone prétend que le couvent τοῦ 'AGpaulou existait déjà sous l'empereur Marcien (451-457), puisque la sainte eut alors recours à son higouméne nommé Acace®. Malheureusement ce document est trop tardif pour qu'on puisse lui accorder créance, au moins sur ce point. Le véritable fondateur est Abraham, qui se rendit ensuite à Jérusalem, oü
(1) Scgwanrz, II, 1, 1, p. 130, 1. 3-4, 6 ; 131,1. 7 ; 132, 1. 16, 18; 147,1. 5 ; MAnsı, VI, col. 752 D.
(2) ScewaRTz, 111, p. 68, n° 6 ; MANsI, VIII, col. 1054 A.
(3) ScuwarTz, ILL, p. 33, n° 4 ; 44, n° 4 ; cf. p. 143, n° 34 : κατὰ
̓Αξράμιον Tôv THs ὁσίας μνήμης.
Manst, VIII, col. 986 D ; 1007 CD. (4) DELEHAYE, Les sainis siylites, Bruxelles 1923, p. XXXIX, 69, 1. 29.
(5) Scuwarmtz, IIT, p. 33, n° 4 ; 44, n° 4 ; cf. p. 129, n° 33 ; 157, n* 33; 164, n° 33 ; MANS1, VIII, col. 986 D ; 1007 CD ; cf. col. 882 B, 930 C, 939 BC, 951 E. (6) Scxwarrz, III, col. 143, n° 34; MaAnsı, VIII, col. 907 D.
(7) THÉOPHANE, I, p. 433, 1. 26 ; PG, CVIII, col. 896 Δ.
(8) Patria CP, III, 143, PREGER, p. 260; PG, CLVII, col, 592 B ; Anongme Banduri YII, 157, Byz. Ven., XXI, p. 49 C.
(9) Acta SS., nov. III, p. 793 E, 815 B ; PG, CXVT, col. 928 B.
ÉGLISES ET MONASTÈRES
9
il construisit le monastére des Byzantins et finit sa vie comme métropolite
d'Éphése vers le milieu du vı® siècle. C'est ce que dit Jean Moschus!, auteur autrement sérieux que les précédents. La fondation remonterait donc à la fin du v? siècle ou au commencement du vr®. Hisloire. — Il est probable que le monastére des Abramites disparut au cours des premières persécutions iconoclastes. Peut-étre s'agit-il de lui dans le texte du chroniqueur Théophane, d'aprés lequel le patriarche iconoclaste Nicétas
détruisit ou fit disparaitre en 766-767 165 images (de l'église ?) iv 1
'A6papioío*.
Si l’on en croyait la Vie de sainte Anne devenue moine sous le nom d'Euphémien, cette personne aurait obtenu du patriarche Taraise le monastére en ruines des Abramites et l'aurait restauré pour y faire refleurir la vie religieuse?. Si le fait
est exact, ce qui est difficile à contróler, il à dû se produire entre 16 25 décembre 784, date du sacre de saint Taraise, et 787, puisque Syméon, qui se dit ἡγούμενος τῆς Θεοτόκου τῶν ̓Αξραμιτῶν, assiste au second concile de Nicée?, Sous Théophile, 165 moines Abramites se montrérent de courageux défenseurs du culte des images. Ils allèrent trouver l'empereur en corps et lui prouvérent par les textes des anciens Péres et par les icónes que la tradition attribuait à saint Luc ou à une intervention surnaturelle que ce culte avait toujours été en
honneur dans l’Église. Théophile les expédia au monastére de Saint-JeanBaptiste ToU Φοξεροῦ, au sommet du Bosphore, où 115 furent assommés à coups
de bâton. Leurs corps, laissés sur le terrain, furent trouvés intacts par de pieux chrétiens qui vinrent les ensevelir peu de temps aprés*.
Le monastére se repeupla quand la paix fut rendue à l’Église par l'impératrice Théodora. Vers 890, le futur patriarche Euthyme invitait les Abramites
à prendre part à l'inauguration du monastére que Léon VI venait de lui construire au quartier de Psamathia $. On le retrouve encore dans la seconde moitié du x® siécle. Le 16 aoüt 963, Nicéphore Phocas, proclamé empereur, débarque à l'échelle de Pégé et se rend au monastère des Abramites ou de l’Acheiropoiétos; il y revét le costume d'apparat et envoie occuper le palais impérial où il se rend en passant par la Porte Dorée?. Lors de son triomphe aprés la défaite des Pauliciens (967), il s'y rend avec son fils Constantin qui a pris part à la campagne, y fait ses dévotions et s'y repose avant d'entrer en ville?. Cela semble devenu une habitude lors des triomphes impériaux. En avril 981 le moine Denys termine la copie du
Cod. Valic. gr. 2155. L'higouméne est Epiphane®. L'Acheiropoiélos. — Le monastére était sous le patronage de la Théotocos ($ &yla Ocorókos TOv "AGpaurróv). Dans leur argumentation contre Théophile, les Abramites citérent en exemple la Vierge peinte par saint Luc. C'est sans
doute une allusion à l'icóne de l'Acheiropoiétos ( ̓Αχειροποίητος) dont le monastére s'enorgueillissait depuis un temps qu'il est impossible de préciser. En tout
(1) Pratum spirituale, 97 ; PG, LXXXVII, 2956 C. (2) I, 443, 1.26. (3} Syn. CP., col. 176, 1. 12; cf. Acta SS. Nov. XII, p. 916.
(4) Mansı, XII, 1111 E; XIII, 156 E. (5) THEOPHAN. CONTIN., Bonn, p. 101 ; CÉDRÉNUS, Bonn, 1, p. 111-112. (6)
Vila Euthymii, éd. de Boor, p. 17, 1. 90.
(7) Léon DiacRE, III, 7 ; Bonn, p. 438 ; De cer., I, 96, Bonn, p. 38.
(8) De cer., Append. ad. I : Bonn, p. 499, 501.
(9) VocErL (M.) et GARDTHAUSEN (V.), Die griechischen Schreiber des Mittelalters und der Renoissance, p. 110; K, Laxe et S. Laxg, Daled greek Minuseule Manuscripts to the year 1260, VII p. 471.
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
6
cas, cette image, qui donnait aussi son nom au monastère, était célèbre au x? siècle, comme on le voit par la dévotion que lui témoigne Nicéphore Phocas lors de ses entrées triomphales. Michel Psellos (T 1079) posséda le monastére en commende!.
Il existe une tessére ou méreau du x1° siécle ayant appartenu au monastère et portant la Vierge «non faite de main d'homme »?, et un sceau d'un chargé d'affaires impérial sur lequel est représentée l'Acheiropoiétos debout, tenant le Christ sur le bras droit (xt11? siécle)?. On posséde le texte de la prière composée pour la dédicace de l'église. Quelque peu remaniée, elle était utilisée chaque fois que le patriarche célébrait chez les Abramites*. Si elle est vraiment de Syméon de Thessalonique, ainsi qu'on le pense, le monastére aurait donc existé jusqu'au commencement du xve siècle. Il ne disparut peut-être qu'au moment où 165 Turcs attaquérent la ville, soit sous Mourad en 1422, soit sous Mahomet II en 1453. Localisalion.
—
11 est relativement facile
de situer 16 monastére
des
Abramites. La Vie de sainte Matrone l'indique dans le Triton, c'est-à-dire dans la région qui avoisinait le rempart près de la Porte Dorée*. Quand Nicéphore Phocas fait son entrée triomphale, le 16 août 963, il débarque à l'échelle de Pégé, à l'extrémité sud du rempart terrestre, longe le mur extérieur et atteint la Placoté ou route pavée qui menait de la Porte Dorée vers l'Hebdomon ; là il tourne pour entrer dans le monastére (... διῆλθεν διὰ τοῦ ἔξω παρατειχίον, καὶ 81X τῆς πλακωτῆς στραφεὶς εἰσῆλθεν eis τὴν μονὴν TGV ̓Αξραμιτῶν τὴν λεγομένην ̓Αχειροποίητον τῆς Ocorókou*. Le couvent se trouvait donc en dehors de la Porte Dorée, probablement 16 long de la route, mais on ne saurait dire 51 c'était à droite ou à gauche de celle-ci. Il n'en reste rien de nos jours qui permette plus de précision.
Biblio.: Du Cance, IV, II, no1; J. P. RicHTER, p. 126-127; A. MORDTMANN, Esquisse, n° 22, p. 13 ; J. PARGOIRE, Les débuls du monachisme à Conslanlinople,
Revue des Questions historiques, 1899, pp. 29-36 du tiré à part ; Abraham d' Éphése, DHGE, 1, 172-173; Abrahamites, ibid., 1, 188-190.
̓Αγαθή CAy.) La vierge sainte Agathe fut martyrisée à Catane (Sicile) sous Dèce. On sait
que son corps fut apporté à Constantinople sous le règne de Basile II et de son frére Constantin (976-1028), mais on ne peut dire s’il fut déposé dans l'église que la capitale avait élevée en son honneur. L'édifice existait déjà au 1xe siècle, puisque, dans son panégyrique de la sainte, le patriarche Méthode (843-847) affirme que le jour de la féte il a été à plusieurs reprises témoin du miracle qui 8’y produisait :.le bouillonnement de l'huile (ékGAucuós kav8nAGv) dans certaines lampes?. Le sanctuaire était situé dans le Triconque d'aprés le synaxaire. C'est là qu'on célébrait la féte de la sainte, le 5 février : Τελεῖται SE fj αὐτῆς σύναξις &v
(1) PsELLos, Correspondance, éd. Drexl, II, p. 147-149, ne 124; p. 269-270, 1155 250, 251. (2) ScHLUMBERGER, Sigillographie, p. 134, V. LAVRENT, Corpus des Sceauz V, 2, p. 64.
(3) SCHLUMBERGER, Sigillographie, p. 157. V. LAURENT, ibid., p. 63-64. (4) M. von Dopscuürz, Christusbilder, Leipzig, 1897, p. 148. (5) PG, CXVI, 928 B.
(6) De cer., I, 96; Bonn, p. 438. (7) An. Bell., LXVIII, 1950; Mélanges Paul Peelers, 1I, p. 92.
ÉGLISES ET MONASTÈRES
7
T& μαρτυρείῳ αὐτῆς τῷ ὄντι &v T& Τρικόγχῳϊ. Après la prise de la ville par les
Latins (1204), Henri Dandolo donna le corps de sainte Agathe à des Siciliens qui le rapportèrent dans leur pays?. Localisation. — ll y avait deux Triconques dans la capitale, l'un au Capitole oü se trouvaient trois autres églises : Saint-Laurent, Saints-Pierre-et-Paul, Saint-André?, et un second au Palais impérial. C’est probablement dans le premier qu'était le martyrium de sainte Agathe. Sc. Byzantios, ignorant
l’existence d’un Triconque au Capitole, a émis l’hypothèse, acceptée par M. Gédéon, que celui dont il est ici question se trouvait à l'Hebdomon, à cause d'un passage du Chronicon Paschale, où il est dit qu'en 447, à la suite d'un
violent tremblement de terre, on fit au Triconque une procession solennelle pour apaiser la colére de Dieu, procession qui se renouvela chaque année, le 6 novembre*. Or, cette procession, à laquelle prenait part le peuple, ne pouvait
avoir lieu au Palais impérial, oà les mémoires officielles des saints étaient trés rares. D'ailleurs le Triconque du Palais ne fut construit qu'au 1xe siécle par Théophile (829-842). Le synaxaire permet toute précision. Il dit que la procession du 6 novembre se faisait de Sainte-Sophie à l'église Saints-Pierre-et-Paul du Triconque en mémoire de la cendre tombée en grande quantité la 185 année du régne de Léon Ier*. Il n’est donc pas question de l'Hebdomon et l’on se demande pourquoi M. Gédéon a localisé l'église Sainte-Agathe un peu au-dessus de l’actuel Bakirkôy (anc. Macri-Keuy), qui a remplacé l'Hebdomon*. Le récit de la féte de sainte Agathe par Michel Psellos? ne donne aucun renseignement qui permette de préciser l'emplacement du sanctuaire. Il devait se trouver dans les parages de la mosquée Sahzade, probablement au sud-est de celle-ci. Le texte de Psellos laisse penser qu'il était encore debout dans la seconde moitié du Xi* siécle. On n'en trouve plus mention que dans les synaxaires qui se copient
mutuellement. Les pélerins russes n'en parlent pas.
Biblio.: Du Cange, IV, VIL, n° 1 ; J. EBERSOLT, Sanctuaires de Byzance, Paris, 1909, p. 108.
"Ayobévikos (Αγ.) Saint Agathonice et ses compagnons (Zotique, Zénon, Théoprépius, Acindynus et Sévérianus) furent martyrisés en Bithynie et en Thrace sous Maximien. Ils eurent deux et peut-être trois sanctuaires à Constantinople : une église dans le quartier dit Kainoupolis, une chapelle dans l’enceinte de la
Source et une près du Xérokerkos. 10 Saint-Agathonice de Kainoupolis. — L'église aurait été construite par Constantin lui-méme, au dire des patriographes et de plusieurs chroniqueurs,
dont aucun cependant n'est antérieur au x1? siècle. Elle était de forme basilicale (δρομικὴ) et semblable à la première Sainte-Sophie®, ce qui indique une origine
(1) Syn. CP., 445, 1. 17-18; BH, 69; Typicon, I, p. 10.
(2) RiANT, Exuviae, 11, p. 262-265, 271, 272.
;
(3) Syn. CP, 197-198, 1. 49-50; 882, 1. 20; Typika, I, p. 20, 103. (4) Chron. Pasch., Bonn, p. 586; Sc. BvzANTIOS, I, p. 357. (5) Syn. CP, 197-198, 1. 48-52.
(6) BH, p. 69.
(7) Περὶ τῆς &v Bugavríc γυναικείας πανηγύρεως τῆς
̓Αγαθῆς, Saruas, MB, V, p. 527-531.
(8) Precen, p. 74; I, p. 140; IT, p.214; PG, CLVII, 457; Bgz. Ven., XXI, 29 A. CÉDRÉNUS; Bonn; I, p. 498 ; PG, CXXI, 544 A ; THÉODOSE DE MÉLITÈNE, p. 64 ; Anonyme de Sathas, MB, VIII, P. 48 : NICÉPHORE CALLISTE, E. H., vir, 49 ; PG, CXLV, 1328 B.
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
8
assez ancienne. D'aprés les patriographes, elle fut restauróe une premiére fois par l'empereur Ánastase (491-518), puis par Justinien. Ils prétendent qu'elle servit de cathédrale à sept patriarches et que les empereurs y furent alors couronnés!, Ces dires ne se basent sur aucune donnée historique. Il faut admettre cependant que l'église était ancienne, puisque Justinien la restaura magnifiquement au dire de Procope?. Saint André le Fol eut une conférence spirituelle avec un personnage de la cour dans l'atrium de Saint-Agathonice?. L'église existait encore de facon certaine en 1200. Antoine de Novgorod écrit en effet : « Plus loin se trouve l'église de saint Agathonique où ses reliques sont déposées »4 C'est la mention la plus tardive que nous ayons de ce sanctuaire. On ignore ce que sont devenues les reliques. C'est là que se faisait la synaxe du saint et de ses compagnons, le 22 août : Τελεῖται δὲ À αὐτοῦ σύναξις &v τῷ ÉyIOTÉTE αὐτοῦ μαρτυρείῳ T& ὄντι &v Kaivouπόλειδ, L'église renfermait une chapelle en l'honneur de saint Thaléléos, dont la synaxe avait lieu 16 22 mai*. Localisation. — Le quartier dit Kainoupolis se trouvait sur la pente qui descend de la Mésé vers la Propontide depuis les environs du forum Tauri jusqu'aux environs du forum de Constantin. Nous en avons pour preuve, d'une part, le fait que les tuiles de bronze emportées du forum Tauri par un violent ouragan accompagné d'un tremblement de terre tombérent jusque dans Kainoupolis, le ler avril 4087, d'autre part la position que les patriographes assignent à Saint-Agathonice. lls disent qu'une des statues de l'impératrice
Vérine était placée au sud de cette église, aprés la montée en escalier, non loin de Sainte-Barbe. Or celle-ci était dans le quartier τὰ Βασιλίσκου, c'est-à-dire au-dessus du port Sophien ? ; 20 Saint Agathonice semble avoir eu une chapelle dans l'enceinte monastére de la Source (τῆς Tnyñs), à l’ouest de la ville?;
du
3° Peut-être y en avait-il une autre dans l'église Sainte-Théodora voisine du Xérokerkos, si tant que celle-ci ait existé. En effet, le synaxaire dit que la féte du saint était célébrée aussi le 22 août dans l'église Sainte-Théodora πλησίον TOU Znpoxépxou!°, mais le libellé du Synaxaire publié par M. Gédéon porte kai &v τῇ μονῇ Znpoxépxou!!, ce qui infirme cette hypothèse.
Biblio.: P. GyLies, TC, 11, 2 ; 63 (cet auteur place la statue de Vérine près des thermes d'Arcadius, ce qui est une erreur manifeste) ; Du CancE, IV, VI, 5 ; J. P. RicHTER, p. 115-116.
(1) PREGER, p. 20 ; II, p. 208; Bgz. Ven., XXI, 1 E. (2) De aedif., ı, 4 ; Bonn, III, p. 190-191 ; Leipzig, IIL*, p. 27.
(3) Vita s. Andreae Sali, Acta SS., mai. VI, p. 71 D. (4) KnurrRowo, p. 106.
(5) Syn. CP, 915, 1. 11-13; BH, 157; Typicon, 1, p. 380. (6) Syn. CP, 698, 1. 2-4; BH, p. 106; Typicon, I, p. 296. (7) Chron. Pasch., Bonn, p. 570.
(8) PREGER, p. 37; I, p. 163-164; Byz. Ven., XXI, 1 D. (9) De sacris aedibus deque miraculis Deiparae ad Fonlem, 10 ; Acia SS., nov. YIT, 884 C et note 4. (10) Syn. CP, 915, 1. 14. (11) BH, p. 157.
̓Αγγουρίου (Μετόχιον ToU) Constantin Monomaque (1042-1055), qui s’intéressait à la Νέα Μονὴ de Chio, fit droit à la demande de l'higouméne et de ses moines qui sollicitaient l'octroi d'un pied-à-terre à Constantinople pour venir traiter les affaires de leur couvent.
Par un chrysobulle daté de juin 1048 il leur concéda une maison de rapport qui appartenait au monastére de Saint-Georges des Manganes qu'il venait de construire!. On a un sceau probable de l'higouméne Jean (x12/x11° s.)?. Localisalion. — Le texte du chrysobulle dit qu'elle était ὑπὸ Tjv τοποθεσίαν τοῦ ’Ayyoupiou, πλησίον τοῦ éyiou NikoA&ov. Il ne s’agit certainement pas de l'Angourion que l'on connaît sur la rive asiatique du Bosphore et qui aurait été
trop loin, mais d'un quartier de la capitale. On songe tout naturellement à celui des Manganes, où se trouvait précisément une église Saint-Nicolas qu'Antoine de Novgorod signale prés du monastére de Saint-Georges? et que Pachymére dit &v τῇ BapGépa*. Cf. Νικόλαος ("Ay.) 229, p. 375.
‘Ayvh CAy-) Nicéphore Calliste affirme qu'aprés la découverte des reliques de saint
Laurent et de sainte Agnés, l'impératrice Pulchérie construisit pour les recevoir une très grande et trés belle église*. Il s’agit sans aucun doute de celle de SaintLaurent des Pulcherianae. Nul document ne permet de dire que sainte Agnés lui donna son nom, méme conjointement avec celui de saint Laurent. On ne sait d'ailleurs pas de quelle sainte Agnés parle Nicéphore Calliste, mais c'est probablement de la martyre de Home. Une partie de ses reliques fut peut-étre apportée à Constantinople en méme temps que celles de saint Laurent ; toutefois aucun texte ne les mentionne, du moins à notre connaissance.
̓Αδριανός (CAy.) Les saints Adrien, Nathalie et leurs compagnons, Atticus et Sisinnius, furent martyrisés à Nicomédie sous Maximien. Une église fut construite en leur
honneur dans la capitale de l'empire. Elle passait pour l’œuvre de Métrophane, évêque de Byzance (306/307-314) et conservait leurs reliques*. C'est là qu'on célébrait leur féte le 26 aoüt: Τελεῖται ἡ αὐτῶν σύναξις &v τῷ ἁγιωτάτῳ αὐτῶν μαρτυρείῳ πέραν £v 'ApyuporróAer*. L'église se trouvait donc à Argyropolis, faubourg de Constantinople situé au delà de la Corne d’Or, au-dessus du moderne Tophane. On lé sait encore par un miracle de saint Artémius en faveur d’un certain Ménas, marchand de vin
établi à Argyropolis, prés de Saint-Adrien*. Le quartier ne conserve de byzantin qu'une citerne et des substructions informes, en sorte qu'on ne saurait prétendre
à une identification quelconque de l'église Saint-Adrien.
(1) GEorcEs PHOTEINOS, Νεαμονήσια, Chios, 1865, p. 92, 93 ; Dôlger, Regeslen, n. 887. (2) V. LAURENT, Corpus des sceauz, V¥, p. 65. (3)
Kurrnowo, p. 100.
(4) Bonn, I, p. 270; PG, CXLIII, 716 B-717 À. (5) E. H., 10; CXLVI, 1089 C.
(6) Acia SS., sept. III, 215 AB. (7) Syn. CP., 926, 1. 10, 15-17; Typicon, I, p. 382. (8) A. Par.-KER, Varia, p. 45,
10
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
̓Αθανασίου (Movi Toù) Le patriarche Athanase Ier (1289-1293; 1303-1509) fonda un monastère double dans la capitale, d'un côté les moines et de l'autre 165 moniales, vivant tous des mémes revenus!, Quand il donna une premiére fois sa démission (16 octobre 1293), il s’y retira?. C'est là que l'empereur Ándronic II Paléologue
vint 16 supplier, dix ans plus tard, de reprendre le gouvernement de l'Église?, Lors de sa seconde démission, Athanase chercha encore la paix dans son monastére (septembre 1309)*. C'est là que ses restes furent définitivement inhumés. En 1354, le patriarche Calliste Ier, qui refusait d'approuver la promotion de Mathieu Cantacuzéne à l'empire, donna sa démission et il se retira, lui aussi, 8 monastére d'Athanase*. Dans la seconde moitié du xriv? siécle, le monastére subit une crise trés
grave. À maintes reprises, l’Église byzantine avait condamné l'institution des monastéres doubles, mais elle n'avait pu faire disparaître l'abus. Le patriarche saint Nicéphore les avait supprimés vers 810*. Malgré cette mesure, il est probable que l'on recommenga à fonder des monastéres doubles. Dans le troisiéme quart du xımn® siècle, Athanase en avait établi un à Ganos. Un peu plus tard, il fit de méme à Constantinople?. Il installa séparément 165 moines et 165 moniales, mais ils avaient un supérieur commun, l'higouméne, et jouissaient des mêmes biens
qui étaient également communs. La division ne tarda pas à se produire entre les deux groupes. Les religieuses s'abandonnérent à la paresse, sous prétexte que les religieux devaient pourvoir à leurs besoins, et ceux-ci refusérent de travailler parce que les moniales voulaient leur laisser toute la besogne. Pour mettre fin à ces tiraillements, le patriarche Nil ler prit une mesure radicale en mars 1383. Il sépara complétement les deux monastéres et leur partagea les propriétés jusqu'alors communes$. Quelques années plus tard, le pélerin russe Ignace de Smolensk rendit visite au monastére d’Athanase
(entre
1389 et
1397) : «... et nous allames au couvent du saint patriarche Athanase, auquel
la Sainte Vierge donna la crosse, et nous baisámes ses reliques qui reposent dans une châsse ouverte »°. Un décret patriarcal de 1348 parle du monastère
du patriarche Athanase à propos d'un procés!^, Une singulière aventure arriva au corps du patriarche Athanase. Trompé par un prélat grec, un marchand vénitien l'emporta dans son pays comme étant celui de saint Athanase d'Alexandrie (déc. 1454), et il y fut vénéré depuis lors!},
(1) MM, II, p. 80.
(2) NICEPHORE GRÉGORAS, VI, 7; Bonn, IL, p. 191.
(3) Ibid., vi1, 3 ; Bonn, 1, p. 216. (4)
Ibid., vir, 9 ; Bonn, I, p. 258.
(b) Ibid., xxv1it, 9 ; Bonn, III p. 188; PG, CXLIX, 164 B. (6) Nicephori opuscula historica, éd. de Boor, p. 159.
(7) H. DELEHAYE, La Vie d' Athanase, patriarche de Constantinople, 18, 22, 27. Mélanges d'archéolo-
gie εἰ d'histoire de l’École française de Rome, XVII, 1897, p. 57 et 62; A. Par.-Ken, Jitié dvoukh... Alfanasia I i Isidora I, Saint-Pétersbourg, 1805, p. 37. (B) MM, II, p. 80-83. (9) Kurrnowo, p. 138. (10) MM, I, p. 281.
(11) D. STIERNON, « Le quartier du Xérolophos et les reliques vénitiennes de saint Athanase s, REB, XIX, 1961, p. 165-188.
ÉGLISES ET MONASTÈRES
11
Localisation. — L'emplacement du monastére est indiqué de fagon sommaire
dans les
divers passages
de Nicéphore
Grégoras comme étant voisin
du
Xérolophos. D'aprés la Vie d'Athanase, il était situé sur une hauteur, ce qui correspond à la précédente indication. C’est donc sur la VIIe colline qu'il faut le chercher. Malheureusement il n'en reste aucune trace visible. Biblio.: J. PARGOIRE, Les monasléres doubles chez les Byzantins, EO, IX,
1906, p. 25. ̓Αθηνογένης CAy.) Cet évéque de Pédachthoé en Arménie Premiére fut martyrisé sous Dioclétien. Un oratoire fut élevé en son honneur à la porte du Palais impérial
dite Éléphantine, comme on le voit dans la vie du patriarche Euthyme : £v τῇ καλουμένῃ
̓Ελεφαντινῇ πύλῃ, &v fj καὶ εὐκτήριον ἵδρυται
̓Αθηνογένους ToÜ ἱερομάρ-
Tupos!. Cependant on n'y célébrait point sa synaxe, sans doute à cause de
l’exiguité de l’édifice; elle avait lieu, le 17 juillet, dans l'église Saint-Georges &v T& Kurrapicoio?.
La porte Elephantine faisait communiquer le Palais avec l’hippodrome du côté des Skyla?. ’A6nvoyévous (Μονὴ τοῦ éyiou) En mai 1140, un concile se réunit à Constantinople pour examiner les écrits d’un certain Constantin Chrysomalos. Un exemplaire de ses ouvrages fut trouvé chez Pierre, supérieur du monastére de Saint-Athénogène {(παρὰ Πέτρῳ τινὶ HOV&ZOVTI ἐπὶ TN τοῦ ἁγίου 'AOnvoyévous προσκαθημένῳ povñ). Ces écrits furent
condamnés. Quant à Pierre, il fut déposé comme incapable de remplir ses fonctions et envoyé dans un autre monastère* Cette maison religieuse était sans doute sous le vocable de saint Athénogène, évêque de Pédachthoé et martyr. On ignore tout de son histoire en dehors du fait rapporté plus haut. Il n'est même pas certain qu'elle fût à Constantinople, bien que cela soit trés probable.
Αἰγυπτίων (Μονὴ Tôv) Ce monastére fut construit pendant la premiére moitié du v* siècle, car Théodore, son archimandrite, signe la déposition d'Eutychés en novembre 4485,
En 518, Sophrone, prétre et archimandrite du monastère de Théodore l'Égyptien (μονῆς Θεοδώρου τοῦ Aiyumrriou) signe la supplique des chefs de couvent de la capitale au synode tenu en cette ville$. Ce Théodore est sans doute celui qui est signalé en 448 et qu'il faut considérer comme le fondateur du monastére puisque celui-ci est mis sous son nom. En 536, au concile tenu par le patriarche Ménas,
le supérieur, Anastase, n'a que le titre d’higouméne?.
(1)
Vita Euthymii, éd. C. de Boor, vr1, 21 ; p. 23.
(2) Syn. CP, 826, 1. 26-27; BH, p. 127; Typicon, I, Ῥ. 344. (3) Ct. JANIN, Constantinople byzantine, 2* éd. p. 174, 347. (4) Mansi, XXI, 553 C, 560 DE. Cf. Grume., Regestes, n. 1107. (5) MaAnsı, VI, 752 D ; ScHwARTZ, IT, I, 1, 147. (6) Mansi, VIII, 1054 D ; ScuwanRrz, III, 70. (7) Mansi, VIII, 882 B, 907 B, 940 C, 1010 C ; Scuwanrz, III, 34, 45, 129, 143, 157, 164.
CONSTANTINOPLE BYZANTINE
12
Comme son nom l'indique, cette maison religieuse était habitée par des moines égyptiens. Au vır® siécle encore, saint Patapios, originaire de Thèbes
en Égypte, y habita et c'est là qu'il fut enseveli, dans l'église Saint-JeanBaptiste!. Certains auteurs, entre autres M. Gédéon?, font vivre saint Patapios au ve-vie siécle, mais les Bollandistes le reculent jusqu'au vrie?. Dans son panégyrique de saint Patapios, saint André de Créte dit qu'à défaut d'une Vie de son héros il a pu consulter les documents que lui fournit la supérieure du monastére et il parle à plusieurs reprises des religieuses*. C'est donc que le couvent était passé des moines à des moniales, au plus tard au début du vımn® siècle, puisque saint André de Créte est mort en 740, ou que les religieuses habitaient un couvent distinct de celui des religieux, mais proche de
lui, Quoi qu'il en soit, on ne rencontre plus le monastére des Égyptiens aprés’ le vrr1e siècle.
Localisation. — ll se trouvait probablement dans le quartier des Blachernes, saint Patapios ayant établi son ermitage, Trpès T& &v Βλαχέρναις Teixer®.
Biblio.: Du Cance, IV, VIII, n° 3.
Ai6píou (Movñ Toù). Cf. Μιχαήλ, p. 336. Αἰμιλιανός (Ay.)
Saint Emilien fut martyrisé à Dorostolon en Mésie sous Julien l'Apostat. Si cela est exact, on peut se demander comment les patriographes ont pu attribuer à Constantin la construction d'une grande église en son honneur*. Quoi qu'il en soit de cette origine, l'église devait être assez ancienne pour que Basile le Macédonien ait dü la restaurer?. On y faisait la synaxe du saint le 18 juillet : &v T& μαρτυρείῳ αὐτοῦ TS ὄντι &v TH “ΡῬάξδῳθ, Elle devait étre encore debout à l’époque oü écrivaient les patriographes et Cédrénus, car tous en parlent comme d'un édifice visible de leur temps. Depuis lors aucun document n'en fait mention.
Localisation. — Le libellé du synaxaire et celui des chroniqueurs montrent
qu'il faut chercher Saint-Émilien dans la partie occidentale de la ville, au quartier dit la Rhabdos. Ce nom lui venait de la verge (6&6805) d'Aaron que
Constantin aurait déposée dans l'église. Une porte de la ville s'appelle de Saint-
Émilien à cause de son voisinage avec le sanctuaire. On l'a identifiée pendant un certain temps avec celle que les Turcs appellent Davutpasakapi?. Il faut renoncer à cette identification qui place trop à l'est et l’église et la porte. Celle-ci s’ouvrait dans le mur terrestre de Constantin et non dans le mur maritime.
Elle devait se trouver assez près de la mer!°, C’est ce que dit Aréthas de Césarée (1) PG, XCVII, 1233 A, 1244 B.
(2) BH, p. 51.
(3) BHG*, n*» 1425-28, (4) PG, XCVIT, 1237, 1240.
(5) PG, XCVII, 1233. (6) PREGER, ITI, p. 247; Byz. Ven., XXI, p. 43 CD. (7) THEOPHAN CONTIN., Bonn, p. 324 ; Cénrénus, Bonn, II, p. 239.
(8) Syn. CP, 827, l. 16-17; BH, p. 130; Typicon, I, p. 344. (9) MORDTMANN, Esquisse, n° 108, p. 60. (10) PnEGzn, Sludien zur Topographie Konstantinopels, BZ, X1V,1905, p. 272 sq.; XIX, p.1910, p. 450 sq. ; cf. C. EMEREAU, Notes sur les origines el la formation de Conslanlinople, RA, 5* série,
1925 p. 16-17.
X XI,
ÉGLISES ET MONASTÈRES
13
dans son éloge funébre du patriarche Euthyme : &v TH Ράβδῳ οὕτω καλουμένῃ !. (προσέσχον) dkTi] Biblio.: Du Cance, IV, VI, n° 4 ; J. P. RicHTER, p. 123.
̓Ακάκιος (Αγ.) Saint Acace était un soldat cappadocien qui fut martyrisé à Byzance en
303 ou 304. On lui éleva deux sanctuaires dans cette ville : l’un au lieu dit Karya et l’autre à l’Heptascalon. 10
̓Ακάκιος CAy.) &v TH Kapóg. — Celui-ci n'était au début qu'un petit
oratoire construit dans la cour d'un vaste édifice appelé Karya, à cause d'un noyer contre lequel il était adossé et qui passait pour avoir été l'arbre auquel le saint fut pendu. Telle était déjà la tradition dans le premier quart du v® siècle. Socrate dit en effet : 'Ev TH Κωνσταντινουπόλει οἶκός ἐστι μέγιστος * ἐστὶ γὰρ &v τῇ αὐλῇ ToU olkou δένδρον καραία, ἐφ ̓ Hs κρεμασθῆναι Adyos τὸν μάρτυρα
̓Ακάκιον
καὶ τελειωθῆναι 51* fjv αἰτίαν καὶ οἰκίσκος T& δένδρῳ παρῳκοδομήθη εὐκτήριον". Les Actes du martyre, que 165 Bollandistes croient contemporains de Constantin?, disent que le corps de saint Acace fut enseveli au lieu méme de sa mort. Cependant il ne dut pas y rester longtemps, comme nous le verrons plus loin. Les synaxaires ne signalent pas qu’on y célébrât une mémoire quelconque, peut-être à cause de l’exiguïté de l’édifice. Celui-ci disparut-il lors de l’écroulement de la maison dit Karya après une visite qu’y fit l'empereur Arcadius* ? Il ne semble pas. Quoi qu'il en soit, il reprit une nouvelle vie au vie siècle. Le pseudo-Codinus affirme qu'il fut construit par le frére du patrice Narsés sous Justin Ier (518527)%, tandis que l'anonyme de Banduri dit que ce fut l'eeuvre du patrice Charisios, sous 16 régne de Justin II et de Tibére, donc entre 574 et 578¢. Ce nouvel édifice ne doit pas avoir existé jusqu'au xrv® siécle, car le texte de Nicéphore Calliste, calqué sur celui de Socrate, semble la réminiscence d'une tradition alors disparue”. Localisation. — L’olkos Καρύα faisait partie du Staurion, endroit assez connu du quartier dit Zeugma. Les Actes du martyre de saint Acace disent que celui-ci fut exécuté hors des murs de la ville (préconstantinienne) et enseveli au Staurion*. Or le Staurion était une partie du Zeugma situé 16 long de la Corne d'Or, entre les deux ponts actuels, comme l'ont démontré A. Mordtmann? et J. Pargoire!?. Cependant Sc. Byzantios, qui a du reste confondu Saint-Acace de Karya avec celui de l'Heptascalon, plaçait le sanctuaire au Philadelphion!!. M. Gédéon semble admettre cette opinion!?. À. van Millingen a opiné pour le
(1) A. PAP.-Kzrn., Monumenia... ad historiam Pholii... pertinentia, p. 30. (2) H. E., vi, 23 : PG, LXVII, 732 A. (3) Acla SS., mai. II, 289 D. (4) SOCRATE, loc. cil. (5) Precer III., p. 253; PG, CLVII, 588 C. (6) Byz., Ven., XXI, p. 29 E. (7) H. E., xm, 38; PG, CXLVI, 1056 À. (8) PG, CXV, 240. (9) Esquisse, n° 76, p. 45.
(10) La porte Basiliké, EO, IX, 1906, p. 31. (11) I, p. 377, 426.
(12) BH, p. 100, n. 30.
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CONSTANTINOPLE BYZANTINE
voisinage des Saints-Apôtres!. Ces diverses hypothèses ne sont plus soutenues aujourd’hui, la localisation le long de la Corne d'Or s’étant avérée la seule qui correspondit aux textes. À. Mordtmann était méme tenté de voir dans l'Agiasmakap: actuel, ancienne porte de la ville située au sud-est d'Unkapani, un souvenir de Saint-Acace?, mais il est possible qu'il y eüt là un autre sanctuaire.
Biblio.: Du Cance, IV, VI, n° 2 ; J. P. Sanctuaires de Byzance, Paris, 1909, p. 77; S. Constantinople, EO, XII, 1909, p. 103-108 ; et de Mésie », Anal. Bolland., X XXI, 1912, Oaks Papers, VI, 1951, p. 56-57, n° 14.
RicHTER, p. 199-200 ; J. EBERSOLT, SALAVILLE, Les églises Saint-Acace à H. Delehaye, « Les saints de Thrace p. 227-229 ; G. Downey, Dumbarion
20 ’Axékios ( Ay.) &v τῷ ̓Επτασκάλῳ. --- Au dire 465 patriographes et d'autres auteurs rclativement tardifs, cette église aurait été construite par Constantin lui-méme?, Elle était de forme basilicale (δρομική). En tout cas elle existait sürement vers 359, quand l'évéque Macédonius voulut y transporter le corps de l'empereur Constantin, sous prétexte que l'église des Saints-Apótres dans laquelle il se trouvait, menaçait ruine à la suite d'un tremblement de terret.
C'est là sans doute qu'étaient déjà les reliques de saint Acace, car l'oratoire de Karya était trop exigu pour qu'on y pût faire la fête patronale. Saint-Acace de l’Heptascalon fut complétement rebâti une premiére fois par Justinien, et Procope nous a laissé quelques détails sur la splendeur de l'édifice avec ses colonnes et son pavé de marbre blanc et ses deux portiques, dont l'un bordait la place publique et l'autre formait un péristyle*. La construction de Justinien était presque entiérement ruinée quand Basile le Macédonien la rétablit dans son ancienne splendeur*. L'église existait encore de façon certaine vers 1200. Antoine de Novgorod dit en effet : « Dans l'église du saint martyr Acace, construite par l'empereur
Constantin, se trouvent ses reliques et, derriére l'autel de cette méme église, le tombeau de saint Métrophane, premier patriarche de Constantinople, son étole et sa téte; aprés avoir été battu, son corps fut brülé par l'infidéle empereur Copronyme »7. On le trouve encore à la fin du xIm® siècle quand l'impératrice Théodora, veuve de Michel VIII Paléologue construisit le monastère de NotreDame de Süre-Espérance (Tñs BeÉcaias *EATidos), dont 16 typicon dit qu'il était voisin de l'église Saint-Acace*. C'est la derniére mention que l'on trouve du sanctuaire. Les pélerins russes des xIv® et xve siécles n'en parlent pas. La féte du saint était célébrée dans son église de l’Heptascalon à la date du 7 mai? ou du 8 du même mois!°. Le Synaxaire de Constantinople et le Bugowτινὸν ἑορτολογιον de M. Gédéon signalent une autre synaxe du
saint ἐν τῷ
Ἑπτασκάλῳ à la date du 21 juillet!!. Il s’agit probablement d'une dédicace de (1) Byzantine Constantinople, The Walls, Londres, 1899, p. 213. (2) Esquisse, n° 12, p. 8. (3) PnEczR, p. 74; I, p. 140; Byz. Ven.,
X XI, p. 29 A ; NICÉPHORE CALLISTE, V1, 49; PG, CXLV,
1328 B ; IoANNOU, Mvnpeïa ἁγιολογικά, p. 237. (4) SOCRATE, 11, 38; PG, LXVII, 332
A ; SOZOMÈNE, 1v, 21 ; PG, LXVII, 1177; THÉOPHARE,
I, p. 45. (5) De aedif., 1, 4 ; Bonn, TII, p. 190; Leipzig, III*, p. 23. (6) THEOPHAN. CONTIN., Bonn, p. 324-235 ; CEDRENUS, Bonn, 11, p. 240.
(7) KnirRowo, p. 106. (8) DELEHAYE, Deux iypica, p. 95, 1. 29. (9) Syn. CP, 661, 1. 24-26; BH, p. 92, Typicon, I, p. 282.
(10} Syn. CP, 664-665, 1. 45-46; Typicon, I, p. 284. (11) Syn. CP., 834, 1. 24; BH, 135; Typicon, I, p. 346.
ÉGLISES ET MONASTÈRES
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l’église ; une autre est indiquée le 7 mai*. Le 30 août, on y faisait mémoire des
«saints archevéques de Constantinople Alexandre et Jean et du patriarche Paul le Jeune »?. Ainsi que nous l'avons dit plus haut, Antoine de Novgorod assure qu'en
dehors du corps du saint martyr Acace, l'église possédait aussi celui de saint Métrophane enterré derriére l'autel?*. Le Synaxaire de Constantinople affirme de son côté que le corps de saint Métrophane reposait dans son église, qui était
voisine de Saint-Acace ; sa synaxe s'y faisait le 4 juin*. Saint-Métrophane paraît n'avoir été qu'une chapelle située au chevet de Saint-Acace. L'église Saint-Acace de l'Heptascalon est encore connue par un miracle obtenu devant la chásse du martyr? et par une apparition de saint Nicolas dans
l'atrium*.
;
Localisalion. — L’Heptascalon était un quartier situé au bord
de la
Propontide, un peu à l'est du port d’Éleuthère. Il possédait également un port de faibles dimensions appelé de l'Heptascalon?. C'est donc dans cette région qu'il faut localiser l'église Saint-Acace, dont rien aujourd'hui n'indique la position exacte. Toutefois elle devait se trouver dans la partie septentrionale du quartier, à une certaine distance de la mer. En effet elle est dite voisine à la fois du monastére de Notre-Dame de Süre-Espérance?, du Chrysokamaron et de la maison de Mosélé?, tous les trois situés dans les parages du Myrélaion que l'on identifie de façon trés probable avec Bodrumcami. A. Mordtmann plaçait Saint-Acace et Saint-Métrophane à l'endroit où s'éléve la triple église du patriarcat arménien grégorien de Kumkapi!?. Il ne semble pas que cette localisation doive être retenue, car elle situe l'Heptascalon trop à l'est. Il est vrai que Mordtmann identifiait l’Heptascalon avec le Kontoscalion, ce qui ne saurait étre admis. Biblio. : P. GyuLEs, TC, H1, 9 ; p. 177 (il confond les deux sanctuaires) ; Du Cance, IV, VI, n° 2 (il hésite à faire la méme confusion) ; J. P. RICHTER, p. 116-117; J. EBERSOLT, Sancluaires de Byzance, p. 77-78.
̓Ακίνδυνος (CAy.) Saint Acindynus et ses compagnons (Pégatius, Anempoditus, Aphthonius et Elpidophorus) furent martyrisés en Perse sous le roi Sapor. On leur connaît deux églises à Constantinople. 1o ’Axiv&uvos ("Ay.) &v T& Δευτέρῳ. — La premiére est dite dans le Deutéron par 165 synaxaires. La féte des saints y était célébrée le 2 novembre : Τελεῖται SE fj αὐτῶν σύναξις Év τῷ μαρτυρείῳ αὐτῶν τῷ ὄντι £v τῷ Δευτέρῳ 1:. C'est le seul renseignement que l’on possède sur cette église. Or 16 Deutéron paraît
(1) Syn. CP, 661, 1. 27.
(2) Ibid., 934, 1. 52-54 ; Typika, I, p. 110 ; Typicon, 1, p. 386. (3) Knrrnowo, p. 106; Typicen, I, p. 304.
(4) Syn. CP, 730, 1. 1-5; BH, p. 111 ; (5)
Vita s. Andreae Sali, Acta SS., mai. VI, 85 E-87 F.
(6) Encomium Neophyli, n. 36; G. ANDRICH, Hagios Nikolaos, I, p. 406-407. (7) Cf. JANIN, Conslantinople byzantine, 2* éd., Β. 229.
(8) DELEHAYE, Deur Iypíica, p. 95, 1. 29. (9) PrEcER, ΠῚ, p. 253; Byz. Ven., XXI, p. 43 À. (10) Esquisse, n° 104, p. 57-58.
(11) Sgn. CP., 110, 1. 1 ; BH, p. 184; Typicon, I, p. 88.
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CONSTANTINOPLE
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avoir été un quartier assez vaste, compris entre le mur de Constantin et celui de Théodose II, à partir de la région au nord des Saints-Apôtres!, en sorte que l’on ne saurait fixer à Saint-Acindynus un emplacement probable. 20 ’Axiv&uvos (Ay.) τοῦ Képarros. — La seconde église fut comprise dans la
concession vénitienne, sur la rive sud de la Corne d'Or, entre la porte du Drongaire (Odunkap1) et celle du Pérama (Balikpazarkap:). Cela ressort nettement du chrysobulle de Michel VIII Paléologue du 19 mars 1277 en faveur des Vénitiens?. C’est certainement cette église que visita Antoine de Novgorod en 1200 : « Dans l'église de saint Acyndin se trouvent la téte d'Onuphre et le pied entier de l'apótre saint Thomas ». Le m&me pélerin prétend avoir vu le front du saint dans l'église des Saints-Anargyres au Cosmidion : «... les fronts des saints Ankidin et Cóme montés en argent sont aussi là »*. Il est probable que le nom d'Ankidin est mis pour celui de Damien. Nous reparlerons de l'église Saint-Acindynus de la Corne d'Or quand nous traiterons des sanctuaires latins5. Biblio.: Du Cance, IV, VI, n° 3.
̓Ακοιμήτων (Μονὴ τῶν) Les Acémètes, voués à la louange ininterrompue de Dieu par le chant de l'office, furent fondés vers 420 par l'archimandrite Alexandre, un Syrien, dans le voisinage de l'église Saint-Ménas prés de l'Acropole. L'hostilité que rencontrait leur genre de vie les fit émigrer au monastére de Saint-Hypatios à Rufinianes. De là ils passérent à Gomon, au sommet du Bosphore, toujours sur la cóte asiatique. C'est là que mourut Alexandre vers 430. Jean, son successeur, chercha une retraite moins écartée et profita de l'offre que lui faisait un ami, Philothéos, pour installer la communauté à Irénaion (auj. Cubuklu) sur la rive droite du Bosphore. La maison se développa rapidement, soutenue par des bienfaiteurs généreux. Ce qui attirait les vocations, c'était le genre de vie : office divin perpétuel chanté par trois équipes qui se relayaient jour et nuit, études sérieuses,
apostolat par la lutte contre le monophysisme et fidélité à l'union avec l'Église romaine. C'est pourquoi ils furent appelés en 463 à fournir un essaim pour peupler le monastére que le patrice Studius venait de fonder dans le quartier de Psamathia, dans la capitale. Le plus célébre des higouménes fut Marcel, qui gouverna le monastére pendant une quarantaine d'années et fut un vaillant
champion de l'orthodoxie. Vers 574, Jean devint patriarche de Jérusalem® et Joseph prit part comme higoumène au second concile de Nicée?. Plus tard, il y eut un monastére acéméte à Constantinople méme. Il est mentionné dans le Chrysobulle de Manuel
Comnéne relatif à la concession vénitienne (mars 1148)8. Vers 1200, Antoine de Novgorod le signale à son tour : «Il y a à Constantinople le couvent des (1) Cf. JANIN, Constantinople byzantine, 2* éd., p. 336-340.
(2) MM, III, p. 88.
(3) Kurrrowo, p. 107. (4) Ibid., p. 100.
(5) Des reliques de saint Acindynus furent données par un seigneur de Franche-Comté à l'abbaye de Rosiéres (Jura), G. SCHLUMBERGER, MA, p. 147 sq. (6) EvAanE, Hist. eccl., v, 16 ; PG., LXXXVI, 2825. (7) MaNst, XIII, 153 B. (8) TArEL et Tuomas, Urkunden zur álleren Handels- und Staatengeschichte der Republik Venedig,
I, p. 111, 112.
ÉGLISES ET MONASTÈRES
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Vigilants ; pendant toute la semaine, du soir au matin, 115 sont invariablement
dans l’église pour prier Dieu, et font cela toujours; ils n’ont pas de prêtres séculiers chez eux, mais de vieux moines versés dans les lois du Seigneur »*. La maison que nous signalons n'était peut-étre qu'un métochion dépendant du couvent proprement dit, mais il se peut également que ce füt un vrai monastére et c’est bien ce que semble dire le chysobulle de Manuel Comnéne. L'higouméne Maxime, réfugié à Nicée, devint patriarche de Constantinople et mourut quel-
ques mois plus tard (3 juin-déc. 1216)?. C'est le dernier détail que nous possédions sur cette institution originale. Localisalion. — Le texte d'Antoine de Novogorod n'indique pas le site du
monastére dans la capitale. Sans doute il le dit voisin de l'endroit oü se trouvaient les reliques de sainte Julienne?. Celle-ci avait une église dans le Strobilos, prés de Sainte-Euphémie du Pétrion, mais nous ne savons pas si ses reliques s'y trouvaient. Il faut s'en tenir au texte du chrysobulle qui place le monastére dans la concession vénitienne ou tout prés d'elle, c'est-à-dire le long de la Corne d'Or, d'Odunkapi à Balikpazar*. Biblio.: J. PARGOIRE, «Les débuts du monachisme à Constantinople », Revue des Questions Historiques, 1899, p. 69-79 du tiré à part; « Acémétes »,
DALC, I, 318; S. VAILHE, « Acémétes », DHGE, I, 276-278; R. JANIN, REB, XII, 1954, p. 76-79.
̓Ακυλῖνα (CAy.) Sainte Aquiline, martyrisée à Byblos (Phénicie) vers 292-293, possédait un martyrion ol reposaient probablement ses reliques* à Constantinople. Cet édifice
fut incendié pendant la révolte des Nika en janvier 532* et certainement recenstruit, puisqu'il existait encore au moment de Ia composition des synaxaires (1xe-xe siécles). On y célébrait plusieurs synaxes : d'abord celle de la patronne, le 13 juin?, puis celle des quarante-cinq martyrs de Nicopolis d'Arménie, le 10 juillet?, celle du pape saint Martin, le 16 septembre?, et celle de saint Ephrem le Syrien, le 28 janvier??. Localisation. — Le libellé du Synaxaire &v Toïs DiAogévou TrAnoiov τοῦ Dépou montre nettement qu'il faut localiser l'église au sud-ouest de la Colonne Brûlée, entre celle-ci et la citerne dite Binbirdirek (Mille et une colonnes) que tout le monde s'accorde à identifier avec celle de Philoxéne. Il ne semble pas qu'il en reste de traces!!,
(1) Kuirnowo, p. 97. (2) DöLGER, Regesten, n. 1699. (3) Karrrowo, p. 107.
(4) JANIN, Constantinople byzantine, 2° éd., p. 247-249. (9) Acta SS., Jun. III. Paris, 1867, p. 166 B. (6) Chron. Pasch., Bonn, p. 623; PG, XCII, 880 A.
(7) Syn. CP, 748, 1. 12-15; BH, p. 113; Typicon, I, p. 312. (8) Syn. CP, 811, 1. 10-12; Typicon, I, p. 336. (9) Syn. CP, 48, 1. 58.
(10) Ibid., 429, 1. 10-12; Typicon, I, p. 214. (11) JANIN, Constantinople byzantine, 2* éd. p. 207-208, 411.
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̓Αλεξανδρίας (Movi Tà) D'après le pseudo-Codinus, ce monastère fut fondé par sainte Domnica, venue de Rome sous Théodose le Grand (379-395). L'empereur lui aurait donné un terrain sur lequel elle aurait bâti sa maison!. Certains textes, comme celui qu'ont édité Meursius et Lambecius, portent τὰ ̓Αλεξάνδρου au lieu de T& 'AAeξανδρίας.
Ce monastère est inconnu par ailleurs. On ignore complètement où 1] se trouvait et quelle fut son histoire. Peut-être était-il dans la vallée du Lycus. Le fait qu'il ne soit signalé que par le pseudo-Codinus n'implique nullement qu'il n'ait pas existé. Par contre l'origine qu'il donne est certainement légendaire, car on ne connait que deux monastères construits de façon certaine à Constantinople sous Théodose le Grand : ceux de Dalmate et de Dios.
̓Αλέξανδρος (CAy.)
Saint Alexandre et ses compagnons (Héraclius, Anne, Élisabeth, Théodote et Glycérie) furent martyrisés dans un lieu (Thrace ?) et à une date indéterminés. Ils possédaient un martyrium prés de l'église Saint-Georges des Cyprés (πλησίον ToU &yiou Γεωργίου &v τῷ Κυπαρισσίῳ), où l'on faisait leur fête le 22 octobre®. Il se trouvait donc au quartier de Psamathia\ TAPHKRIDIOU
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