Le plan dans la partie d’échecs ou du plan à la victoire
 9782268024417, 2268024415

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Mikhaïl M. Youdovitch

,..

Editions du Rocher

MIKHAÏL M. YOUDOVITCH

LE PLAN DANS LA PARTIE �

D'ECHECS ou

DU PLAN .._.

A LA VICTOIRE Traduit du russe par Milinka et France Merlini

ÉDITIONS DU ROCHER

Jean-Paul Bertrand

Titre original :PLAN V CHAKHMATNOÏ PARTII

Éditions Culture Physique et Sport, Moscou, 1982

©Éditions du Rocher, 1996 pour la traduction française

ISBN

:

2-268-02441-5

SOMMAIRE

La supposition mûrement réfléchie ..............................................

7

Les points stratégiques, les diagonales, les colonnes ............

33

Le procédé pour dresser un plan

61

.

.

.

Les conditions positionnelles du plan

71

Les points de repère du jugement .......................................

89

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

.

Le roi est visé

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

121

Encore sur le jugement et ses repères ..................................... 155 Ensemble avec les maîtres .............. 179 Vérifiez vos solutions ........................ 185

LA SUPPOSITION MUREMENT REFLECHIE "





_

Un plan, c'est un projet élaboré comportant une suite ordonnée d'opérations destinées à atteindre un but: la ligne de continuité et les délais de réalisation d'un objectif donné. En général, un plan s'inspire des résultats d'études anté­ rieures, il est dressé en fonction de perspectives imaginées

à plus ou moins long terme. Le sens du mot ''plan, est bien expliqué dans le dictionnaire raisonné de V. 1. Dal. Le plan y est défini comme ''une supposition mûrement réfléchie, mettant en ordre les actions envisagées pour atteindre un objectif donné"· Comment mener à terme ''des suppositions réfléchies", comment conduire une attaque dans une partie d'échecs selon un plan? Et tout d'abord avons-nous vraiment besoin d'un plan pour bien jouer ? L'expérience montre qu'il est non seulement utile de planifier, mais que c'est tout à fait indispensable pour progresser. En effet, l'une des marques les plus caractéris­ tiques et les plus attrayantes du jeu d'échecs réside dans le fait qu'il nous enseigne précisément comment développer le sens de la recherche et celui de la prévoyance.

"Il faut conduire toutes les opérations en fonction d'un but précis, d'un objectif d'attaque préalablement déterminé. 7

Jouer au hasard, c'est une confusion stratégique célèbre Grand Maître A. Nimtzovitch.

''•

disait le

Voici déjà plus de mille ans le grand poète persan Aboul Kassim Firdoussi préconisait : Songeons un peu à l'avenir Un but noble est choisi Allons droit vers lui. Cet ouvrage est consacré aux plans dans les échecs, au savoir nécessaire pour les concevoir et les réaliser.

Est-ce cela un plan ? Sans doute pourrait-on avancer qu'il n'est pas de joueur qui, lorsqu'il mène une attaque, ne vise un objectif précis. ''J'ai toujours un plan, pourrait dire quelque amateur, je veux mater le roi adverse. , Un désir louable, mais certainement pas un plan, plutôt un but du jeu. Mater le roi adverse ''sans délai, évidem­ ment, ce n'est guère possible, à moins que l'adversaire n'y participe en commettant de grossières erreurs. Le fera-t-il? Rien n'est moins certain. Dresser un plan calculé sur l'hypothèse que l'adversaire ne sera pas capable de juger la situation ou qu'il commettra des bévues, c'est construire un château de cartes: un souffle et le château s'éparpille en tous sens. Il est courant que plus un joueur est inexpérimenté, plus ''vastes», hélas plus irréels aussi, sont ses plans. Avec l'expérience viendra peu à peu la certitude qu'il n'est guère possible de gagner sans avoir créé des conditions précises pour un assaut décisif, précédé d'un plan stratégique bien pensé et bien exécuté.

Les premiers essais de planification Les finales élémentaires - mater le roi seul - s'avèrent comme le meilleur instrument pédagogique pour acquérir les notions fondamentales de la planification dans une partie d'échecs.

8

O. DELLER, 1923 •

b

c

d



g

h

8

7

6

5

4

3

2

Mat en 4 coups

Visiblement on peut gagner de toute façon, si l'on consi­ dère la règle des 50 coups permis. Bien sûr, les analyses ont montré qu'il suffit de 9 coups pour mater dans une finale de roi et dame contre un roi seul, quelle que soit la position sur l'échiquier. Mais dans cet exemple, seuls 4 coups sont possi­ bles du fait que les Blancs ont déjà utilisé 46 coups à la pour­ suite du roi noir sur tout l'échiquier. Jouer les 4 coups à notre disposition sans donner mat rendrait la partie nulle d'office. Dès lors, il nous faut un plan exact. Deux règles sont à observer : a) Limiter la mobilité du roi noir, en l'acculant sur la bande de l'échiquier. b) Puisque le mat n'est possible que par l'action coordonnée du roi et de la dame, il faut conjuguer avec justesse leur jeu. 1.

Dg2!

2.

Rh5 Rg6! Da8 mat

3. 4.

Rh7 Rh8 Rg8

Les Blancs ont réussi juste à temps.

9

O. VURTZBOURG, 1911 •

b

d

e

9

h

8

7

6

5

4

3

2

Mat

en 8

coups

Nous connaissons déjà le plan d'action: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

Tb7 Ra7 Ra6 Ra5 Ra4 Rb3! Tc7 Tel mat

Ra5 Ra4 Ra3 Ra2 Ral Rbl Ral

L. YUNG, 1912 a

b

e

d

e

8

7

6

5

4

3

2

Mat

en 7

10

coups

g

h

La principale ligne de jeu est claire, il s'impose mainte­ nant de bien calculer les actions à conduire. 1. 2.

Rc2! Rc3

Ra4 Ra5

{sur 2. . Ra3, les Blancs jouent 3. Tb4 dans ce cas en combien de coups serait le mat ?l .

.

-

3. 4. s. 6. 7.

Rc4 Rc5 Rc6 Rc7 Ta2 mat

Ra6 Ra7 Ras Ra7

La réalisation des plans dans ces trois exemples n'a pas demandé beaucoup d'ingéniosité, l'adversaire ne disposant de rien pour s'y opposer, compte tenu de l'avantage maté­ riel opposé écrasant. Essayez à présent d'imaginer {et de réaliser !l les plans d'attaque dans les exemples suivants. Vos solutions peuvent être vérifiées en comparant celles données à la fin du livre. Seulement, ne vous hâtez pas de le faire ! Les numéros de diagrammes ou exercices renvoient au dernier chapitre