Le moniage Rainouart II et III [1]
 2906867160, 9782906867161

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LE MONIAGE RAINOEART I et IT PAR

GERALD

A. BERTIN TOME

I

PARIS

ÉDITION A. & J. PICARD 82, RUE BONAPARTE MCMLXXX

VIII

& C* dépositaire (Vi)

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7401459. 7°

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LLYFRGELL

Hugh Owen

LIBRARY

Dychweler y Ilyfr hwn erbyn y dyddiad diwethaf a nodir isod neu cyn hynny. Os gofynnir am y Ilyfrau gan ddarllenydd arall yna gellir eu galw’n This Book should be returned before or on the last date stamped below. Books are liable to be recalled if required by ancther reader.

Coleg Prifysgol Cymru Aberystwyth The University College of Wales LF7675

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htips://archive.org/details/lemoniagerainoua0001unse

SOCIÉTÉ DES

ANCIENSETEXTES-

LE

MONIAGE

FRANCAIS

RAINOUART

II et III

ISSN : 0768-4991 ISBN : 2-906-867-16-0.

LE MONIAGE RAINOUART II et III PAR

GERATD'/A"DBERTIN ToME

lI

PARIS

ÉDITION A. & J. PICARD & C* dépositaire 82, RUE BONAPARTE MCMLXXXVIII

(VI)

Publication proposée à la Société le 20 juin 1983. Approuvée par le Conseil dans sa séance du 15 mai 1985, sur le rapport d’une commission composée de MM. F. LECOY, J. MONFRIN et CI. RÉGNIER.

Commissaire M.

Ouvrage publié avec le concours

A.J.

HOLDEN

du Centre National

de la Recherche scientifique.

Coleg Prifysgol Cymri

| The University College Of Waics Aberystwyth

Acc. No.$0740/4Ss97 Class

responsable :

No PIN /09€

m7.

LLYFRGELL

ta Nevers

INTRODUCTION

A

CHAPITRE

LES

MANUSCRITS

DE

PREMIER

BASE

ET LES VARIANTES

Avec le Moniage Rainouart 1, déjà paru, et la publication du Moniage Rainouart II et du Moniage Rainouart IIT s’achève l'édition du Moniage Rainouart d’après les neuf manuscrits !. Ce sont des versions d’une seule œuvre qui, malgré de longs épisodes intercalés et une pléthore de variantes, suivent toutes fidèlement la marche du même récit. Dans leur unité fondamentale, elles diffèrent des deux rédac-

üons du Moniage Guillaume, qui sont deux œuvres largement indépendantes sur un même sujet. 1. Gerald A. BERTIN, éd., Le Moniage Rainouart I, publié d'après les manuscrits de l'Arsenal et de Boulogne, Paris, 1973 [SATF]. Espérant éviter trop de répétitions, nous renvoyons le lecteur à ce tome I pour de nombreux détails, en particulier pour ce qui a trait au classement des manuscrits. On trouvera des renseignements complets sur la forme et le contenu des manuscrits et sur le cycle de Guillaume dans l'étude indispensable de Madeleine Tyssens, La Geste de Guillaume d'Orange dans les manuscrits cycliques, Paris, 1967 [Bibl. de la Fac. de Philosophie et Lettres de l'Univ. de Liège, CLXXVII], que nous appellerons Geste. Voici une note bibliographique pour compléter celle qui a été donnée à la page IX du MR I. Depuis la parution du MR 1, une série d’études sur cette œuvre ont vu le jour, en grande partie groupée dans Les Chansons de Geste du Cycle de Guillaume d'Orange, WI, Les Moniages — Guibourc, Paris, SEDES, 1983 : Ermitages épiques par Micheline DE COMBARIEU ; Les Moniages et la satire des moines aux XF et XIF siècles par Jean BATANY ; Le Comique et le sérieux dans le Moniage Guillaume et le Moniage Raïinouart par David P. SCHENCK ; Rainouart assiégé : un exemple de transposition de motifs épiques traditionnels par Marguerite Rossi; L'originalité littéraire du Moniage Rainouart par François SUARD ; Aspects juridiques et religieux du duel entre Rainouart et Gadifer dans le Moniage Raïinouart 1 par Jean SUBRENAT. On y ajoutera Paola BiANCHI, 1 ms. 296 della Burgerbibliothek di Berna e il Moniage Rainouart, Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’ Univ. degli Studi di Perugia, 13 (1975-1976), pp. 359-390; Madeleine TySsENs, La Composition du

X

INTRODUCTION

Dans le tableau suivant, le compte des vers est complet pour chaque ms., avec une équivalence quand il y a des lacunes. Vers|Ms.

Manuscrit

C' Arsenal

6562

752111-969, 1453-4801, 6209-7531

Boulogne-surMer 192

7573|970-1452, 6208

D

B.N.

7731

E

Berne 296

C

1448

A' B.N. 774

Unité

Unité | Variantes

de base

4802-

MR

1

MR

1

11-969, 1453-4801, MR 6209-7529.6 sur C!

1

|1-7408 sur D

MR

II

MR

II

MR

III

MR

II

MR

III

1-3164.7,7462.9-

MR

III

1-3165.30

MR

III

11-7408

MR

II

7718 |7409-7462.16

MR

II

8328

MR

111|3173-7462.76

|1774.92-3164.3

sur D A° B.N.

A* Triv.

368

(Milan)

8309|1-1774.91

3600

1025

MR

III 1774.92-3164.3 sur À 3173-7462.76 sur D 1-3164.3

sur À! et 4°

B' Brit.

Mus.

B° B.N.

24370

Royal 20.D.X13990 4316

.112 sur A! et À° sur

4!

et A°

Mutilé de la fin, D a dû être suivi du MG 11, comme

l'indique

une réclame de jongleur (MR 11 1782.1 —. 14) dans laquelle il promet de raconter le séjour de Guillaume au désert, l’affaire du pont et la lutte de Guillaume contre le diable, détails qui Moniage Rainouart, Actes du VF Congrès Intern. de la Société Rencesvals, Aix-enProvence, 1974, pp. 585-605: Bernard GUIDOT, L'Humour dans le Moniage Raïinouart est-il la marque d'un esprit distingué ?, Actes du X° Congrès Intern. de la Société Rencesvals, Padoue, 1984 et Jean LARMAT, Manger et boire dans le Moniage Guillaume et le Moniage Raïinouart, Manger et boire au Moyen Age. Actes du Colloque de Nice, oct. 1982, Paris, Belles-Lettres, 1984, pp. 391-404 [Publ. Fac. Lettres et Sc. Humaines Nice, XXVII]. Nous désignons par MR-A la première partie de l'œuvre (1-3172 ou [-3164.3), qui se termine après le mariage de Maillefer et l'entrée orageuse de Rainouart dans l'abbaye de Brioude, et nous appelons le reste de l’œuvre, à partir du vers 3173,

Gadifer selon l'usage. Trois versions se terminent à la fin du MR-A

: À! B! B!.

LES

MANUSCRITS

DE

BASE

ET

LES

VARIANTES

XI

correspondent aux vers 2461 — 2546, 6549 -— 6629 du MG II.

La différence de dix-neuf vers entre 4! et 4° s'explique par

quelques vers omis et quelques bourdons de 4*. Les « Incidences » de la Mort Aymeri dans B? se trouvent entre les

vers92Snet327-53 Familles

dus MRAIII?,

des manuscrits

:

AAA

BOT

PENCE"

Il aurait été plus logique de désigner cette dernière famille par C, Arsenal par C' et Boul. par C?, mais nous avons réservé C pour Boul., suivant la pratique des éditeurs. Les familles 4 et B, dérivant

indépendamment

d’une

même

source,

forment

une branche commune. C’est le seul élément du classement sur lequel sont d’accord tous les éditeurs du cycle de Guillaume. On pourrait penser aussi à une grande famille 4B. Le choix des manuscrits de base, C' {C) pour le MR I, D pour le MR IT et 4' (A°) pour le MR III reflète notre opinion sur l’ordre d’ancienneté et d’authenticité des versions (voir le MR I, chap. IT : «Classement des manuscrits »), et nous croyons que cette présentation permet une reconstitution facile et claire des mss ÆE, 4', 4°, 4*, B', B°, donnés en variantes. Dans le MR I, nous nous sommes limité à la famille

c, celle qui est dotée du C et un choix restreint ou passages difficiles. évitons également des

petit vers, avec variantes complètes de d’autres variantes pour certains mots Dans le MR II et le MR III nous apparats surchargés *.

2. L'ordre des œuvres rapprochées dans D, E, 4°, 4°, B'est AL, BL, MR, MG Il; dans C! AL, BL, MR, MG I; dans C AL, BL, MR, MG I, MG 11; dans A' AL, FC, MR, MG Il: et dans B AL, BL, MR/MA/MR, Enfances Renier, MG II. 3. À propos des apparats, nous pouvons évoquer deux œuvres rapprochées du MR dans les mss cycliques. Tout en ressentant un grand respect pour l'érudition et le travail de Wilhelm Cloetta, nous devons avouer n'avoir jamais réussi à utiliser de façon soutenue les variantes de son édition du Moniage Guillaume I] ; et quand nous

XII

INTRODUCTION

Dans le MR II, nous avons préféré D comme ms. de base parce que, à notre avis, il transmet la version la plus ancienne et la plus pure du groupe DEAB, que nous appelons, avec Runeberg, la vulgate. Mais D est loin d’être exempt de défauts ; il comporte de nombreux abrégements (fêtes et prières en particulier) et toute une série d’additions individuelles, souvent mauvaises, dues probablement au dernier copiste

ou à son modèle immédiat. Portant sur des moments émouvants ou dramatiques, elles expriment la réaction des individus et prennent parfois un ton larmoyant *. Comme variantes par rapport à D, nous donnons £ pour toute l’œuvre et À pour la partie Gadifer (3173 — fin). Bien que E fasse groupe, en gros, avec D, il représente une version difficile à classer; si son texte montre des divergences appréciables par rapport à D, celles-ci ne sont pas assez importantes néanmoins pour rendre nécessaire sa publication à part comme quatrième unité de cette édition. Dans l’intention de dégager un peu plus clairement les rapports entre D et E du point de vue de la quantité des variantes, nous avons comparé la longueur des chansons et le nombre de vers ajoutés ou omis *. Les résultats semblent confirmer les concluavons consulté l'édition d’Aliscans de Halle pour faire des comparaisons avec le MR, il nous est arrivé souvent de ne pas pouvoir discerner l’origine et la place dans la chanson des passages ajoutés ; nous avons alors eu recours avec soulagement à la vieille édition de Guessard et Montaiglon, malheureusement d'une utilité limitée, parce qu'elle reproduit fidèlement le texte de C' mais omet les autres versions. 4. Voici le détail des passages ajoutés par D : 1504.1-.13 (Guillaume au combat), 1526.1-.15 (gentillesse de Guibourc et conversation avec Guillaume),

1529.1-.7 (les

chevaliers français vont au moutier), 1782.1-.14 (réclame du jongleur qui annonce le MG

ID), 1981.109-.154

(combat

contre

les Sarrasins,

R. contre

les Sarramitants,

paiens monstrueux qui courent à quatre pattes), 2074.1-.9 (Dame Guibourc crie des fenêtres qu'on ouvre la porte pour Guillaume et Rainouart), 2423.1-.6 (blessé par Rainouart,

Maillefer

demande

l’aide

de

Mahon),

2638.1-.10

(lamentations

de

Rainouart sur son fils blessé), 3168.1-.42 (expression de la haine de l'abbé Henri envers Rainouart), 3481.1-.6 (Henri dit aux moines que Thibaut les vengera de Rainouart), 4330.1-.8 (lamentations de Rainouart quand son bateau est attaqué en mer par la flotte païenne), 7394.1-.8 (Maillefer au combat). 5. La comparaison de ces chiffres est faite par rapport à c; les chiffres peuvent donner quelques renseignements sur la quantité de variantes mais aucun sur leur qualité. Dans les deux parties de l'œuvre, la somme des vers est à peu près la même :

LES

MANUSCRITS

DE

BASE

ET

LES

VARIANTES

XIII

sions auxquelles nous sommes arrivé par l'examen des collations : D et E varient de façon plutôt modérée dans le compte des vers ; l’un ou l’autre pourrait servir de ms. de base sans que le nombre des variantes diffère sensiblement. Nous constatons aussi d’après ces chiffres, comme par les collations,

que E, qui est la version la plus mélangée et la plus hétéroclite de toutes, semble occuper une place intermédiaire entre c et D.

Nous reviendrons sur ce sujet ‘. Ainsi E est relégué dans l’apparat, sans être négligé pour autant,

car 1l est facile d’en reconstituer

le texte grâce aux

variantes complètes /. En plus des variantes partielles (E a un penchant à refaire le deuxième hémistiche des vers) et celles qui portent sur des vers complets, nous reproduisons généreusement des passages entiers de Æ, même si cela entraîne parfois des répétitions de vers de D (le passage le plus important vient à la fin du MR-A, 225 vers entre 2909.1 et 3169.1). Les extraits supérieurs à douze vers se trouvent dans les Appendices. Ce sont des passages qui servent en général à combler les lacunes causées par les abrègements de D, et leur D 7731 vers, E 7718 vers ; dans les mille premiers vers les additions de D se montent à quatre-vingt-seize vers, celles de Æ à quatre-vingt-treize vers ; les omission de D à cent quatre vers, celles de E à soixante-six ; dans la première partie de l'œuvre, que nous appelons le MR-A (1-3172), qui est plus riche en changements que Gadifer, voici le chiffre total des passages variants d'au moins cinq vers : additions de D 506, de ÆE 76 (cette différence importante est due surtout aux grandes additions DAB

1578.1-.158,

1981.1-.156

E 157; voici enfin la somme

et à la laisse Clc de D); omissions

des changements

de D 193, de

individuels, propres à D ou à E

portant sur des passages d'au moins cinq vers dans toute l'œuvre : additions de D 194 (dans douze passages), de E 28 (dans quatre passages) ;omissions de D 197

(dans seize passages), de Æ 115 (dans douze passages). 6. C'est surtout cet aspect qui a déterminé notre choix de D comme ms. de base et non pas l'étourderie de Æ qui présente une foule de petites erreurs. 7. Voici le compte des vers de Æ reproduits dans l'apparat ou dans les Appendices ; nous indiquons entre parenthèses la référence des passages : vers 11000 (passages 870-872, 916-924)

149 vers de E, 1000-2000

(1782.15-.30,1935.1-.9,

1976-93) 250 vers de E, 2000-3000 (2809-16, 2839-45, 2909.1-2999) 313 vers de £, 3000-4000 (3000-3169.1, 3525-66) 243 vers de E, 4000-5000 (4518-25, 4663-68, 483844, 4895-4924) 158 vers de E, 5000-6000 (5049-5051.2, 5105.1-.11, 5948-54) 170 vers de Æ, 6000-7000 (6051.4.1-.9, 6058.1-.3) 159 vers de E, 7000-7408 (7409-7462.1) 144 vers de E; total 1447 vers de E sans compter les variantes partielles.

XIV

INTRODUCTION

texte est souvent proche de celui de c. L'ensemble de ces vers s'élève au chiffre de 1447.

Le MR III (A' A mss de base, variantes de 4° 4* B' B°) donne les textes de la famille AB pour la première partie de l’œuvre (1 — 3164.3), dans laquelle apparaissent des délayages et des interpolations importants, ainsi qu’en témoigne la longueur des versions : c 3172 vers, D 3361, E 3111, À 3584, B' 3990, B° 4316. Mais dans la deuxième partie de l’œuvre, la

situation est différente : 4* B' B° ont disparu et il y a moins de changements de la part de 4. Par conséquent, à partir du vers 3173, nous mettons À dans les variantes du MR

II, où il

s'accorde souvent avec E (et c) pour combler les petites omissions de D'. Ainsi l’arrangement du MR III permet la lecture efficace des textes de À et B, ce qui ne serait pas possible au même degré si on les mettait ailleurs, dans un apparat surchargé; et l’addition de À ne charge pas trop les variantes du MR II, tout en évitant la répétition inutile qui résulterait de la publication en entier du texte de À.

Schématiquement, le plan des trois unités de cette édition se présente ainsi : MR

Ms.

de base

Variantes

8. Voici

les grandes

I

MR

II

MR III (1—3164.3)

c

D

À

C

E A (3173 -fin)

AB

additions

de. 4B

: 1578.1-.158

DAB,

1661.1-.65

AB,

1774.1-.255 AB, 1981.1-.156 DAB, 2947.1-.322 B° (ici B° annonce les événements des Enfances

Renier).

CHAPITRE

II

ÉDITION SYNOPTIQUE Notre but, comme il ressort du chapitre précédent, est de faire une édition complète et synoptique, qui permette de retrouver les vers et les leçons parallèles de tous les textes. Ce n’est pas un souhait nouveau ni même une pratique nouvelle pour les chansons du cycle de Guillaume. Cela a été fait en partie par A.-L. Terracher dans son édition de la Chevalerie Vivien ', qui affecte la même numérotation, mais imparfaitement, à deux manuscrits D et C imprimés sur des pages en regard, sans que les textes soient toujours parallèles ; les variantes de E,A,B sont données par rapport à D; les vers ajoutés dans le texte sont indiqués par des lettres, ce qui rend difficile la comparaison ; enfin, de nombreux vers de la page de droite ne sont pas numérotés du tout, ce qui est gênant. Une autre édition, vraiment complète et presque idéale, est celle des Enfances Vivien” par Carl Wahlund et Hugo von Feilitzen. Sur deux pages en regard d’un livre de grand format mais à petits caractères, les textes complets de toutes les versions C,D,4°,B' (E manque) sont imprimés sur quatre colonnes,

vers à vers, comme

dans une collation soigneuse;

les variantes des autres mss de 4 et B sont au bas des pages. La numérotation est complète d’après un système efficace 1. La Chevalerie Vivien, chanson de geste publiée par A. L. TERRACHER, Paris, Champion, 1909. 2. Les Enfances Vivien, chanson de geste publiée pour la première fois d'après les manuscrits de Paris, de Boulogne-sur-mer, de Londres et de Milan par €. WAHLUND et H. von FEILITZEN, Upsala-Paris, 1895.

XVI

INTRODUCTION

mais inexact : les chiffres donnés pour chaque groupe de cinq vers sont déterminés par la version maximum, et tous les textes en parallèle sont imprimés sur cinq lignes; ainsi, par exemple, dans les vers 610-615, C a 5 vers, D-3, 4°-3, B'-3, dans les vers 625-630, C a O0 vers, D-3, 4°-5, B'-5 ; dans tous

les cas, tous les groupes sont imprimés sur cinq lignes. Par conséquent, toutes les leçons de chaque vers sont parfaitement

parallèles, ce qui rend la lecture agréable et la comparaison des leçons facile. Sur le plan pratique, cette méthode d’impression entraîne un gaspillage important, parce qu’une bonne partie de chaque colonne reste vide ; la publication dans le même format, sur quatre colonnes parallèles (c, D, E, À) du Moniage Rainouart, qui est au moins deux fois plus long que les Enfances Vivien, entraînerait des dépenses que tout mécène trouverait excessives. Un inconvénient secondaire est que la numérotation ne représente aucune version. Dans la présente édition, tout en faisant l’économie des colonnes, nous croyons avoir préservé les bons éléments de l’excellente édition de Wahlund et von Feilitzen et en avoir amélioré le système de numérotation.

I. —

LE SYSTÈME

DE

NUMÉROTATION.

Notre édition est présentée en système décimal, en partant de la famille c qu’on peut appeler la base. Les mss suivent un ordre de succession qui reflète notre opinion sur l’ordre

d'authenticité, ainsi : C', C, D, E, À, B!, B° (les trois mss de A sont à peu près identiques, ce qui n’est pas le cas pour B' et B°). En prenant le chiffre cent comme base, on pourrait avoir théoriquement une numérotation qui passerait par une longue série de degrés : base 1‘ degré 2° degré 3° degré

100 100.1 100.1.1. LOOMAIAR

mGOQ

ÉDITION 4 degré 5° degré 6° degré

SYNOPTIQUE

100.1.1.1.1. lOONIMPIEIL. IN NOOSMIMISIAIAIE

A B' B°

Le même procédé est appliqué deux vers précédents : interposé au 1” degré interposé au 2° degré

XVII

aux

100.01 100.001

vers

(entre (entre

introduits

entre

100 et 100.1) 100 et 100.01)

En théorie, cela a l’air effrayant, et l’on pourrait se demander si une machine électronique ne serait pas nécessaire pour lire le Moniage Raïinouart en édition synoptique. En pratique, l'affaire est bien moins compliquée; nous dirions même que tout est relativement simple, parce qu’on ne dépasse Jamais le troisième degré 100.1.1.1.; encore n’y en a-t-il que quinze exemples, dont quatorze groupés dans B, qui est à la fin de la série, et un seul exemple dans 4. Au deuxième degré, nous comptons en tout cent quatre-vingt-dix-sept cas, dont vingt-cinq dans DE et une bonne partie du reste dans les longues additions de DAB (1578.1-.158 et 1981.1-.156). Pour les vers interposés au premier degré 100.01, il y en a cinquante-sept, la plupart dans B; un seul, que nous verrons bientôt, est interposé au second degré 100.001. Quant aux vers

ajoutés au premier degré, qui n’offrent pas de difficulté de lecture, ils se trouvent partout, et nous n’en faisons pas le compte. Voici en détail la liste des vers ajoutés (sans les interpolations au premier degré) et interposés. Elle se montrera utile pour l'étude des manuscrits, pour la comparaison des leçons, et pour les téméraires qui auraient le courage de reprendre l'étude du classement des manuscrits. D

1578.123.1, 4087.19.1, 4087.30.1,

E,

2331 9911-17 1621.1,,2%43701-1,2%408730.1, "3274; 37.1, 5235.6.1, .50.1, 5322.1.1-.1.2, 6051.4.1-.4.5, .7.1-.7.4, .8.1, 870.01, 964.01, 1384.01, 1910.01-.03, 3799.01, 4268.01, 4733.01, 5360.01, 5752.01, 6046.01-.02, 6313.01, 7236.01, 870.001.

A

959.1.2- 1N3015781862m

1541846

.32.1, .37.1, 870.01, 5918.01.

15512098199.5,

2942:1"4-

XVIII

INTRODUCTION

1.7, 4087.30.1, 5235.50.1, 6051.8.1, 7462.2.1, .8.1, 959.1.3.1, 870.01, 965.01, 3799.01, 4733.01, 5360.01, 870.001. AB

959.11, 1578.91-94 141261, 291 AP CID UN 2 521 BST. OAI CIS AMIE PER ALERTE 123.1, .127.1-.127.9 (.6-.8 manquent A), .131.1, .132.1-.132.7, .136.1, .138.1-.138.2, .145.1-.145.3, .157.1-.157.4, 1682.1.1-.1.2, 1934921-2.607. 13279 LS ET TER ER ET 0 90:71, "97.15 "991-994; 107122203515 100 225, .1.8, 7462.11.1-.11.4 AB', .13.1-.13.2 4B', 312.01-.02, 1245.01, 1384.01-.03, 2644.01, 3103.01 AB.

B'OMESANA BP SATI 600 PE TG EL OO2 RER TRE .36.1 B°, 1139.1.1-.1.2, 1139.5.1-.5.2, 1578.43.1, .110.1, .145.2.1, 1661:d:1:1:9:15.93h1177431L4-:31.4;0.91412912, A0 ASE .176.1-.176.3 B°, .188.1 B°, .233.1, 1935.8.1, 1941.2.1, 1981.22.1 .10.1, «711, 2420.11, 2448.7.1, 24643.1, 2560.31, -£1-7.7 .8.1-.8.3, 19.1 B?, 2590.2.1, 9:1 B°,.22.1,7-23.1-.23.4, 259811; 2623:142:122,2720. 14128 22865:241296741:12B5 602818) 3023.2.14B.8316L11,.2,,61-65,1, 1589 LI 145201 15/21, 1082101 1952312316 2OR2IOL IL TE .7.01—.02, 25.01, 451.01 B°, 666.01, 773.01-.02, 1139.01, 1231. 01, 1338.01, 1451.01, 1501.01, 1504.01, 1641.01-.02, 1869.01, 1874.01, 1935.01, 1981.61.01, 2031.01, 2644.01-.05, 2648.01, 2651.01, 2909.01-.02, 3111.01 B°, 3138.01 B', 3152.01 B:. II. —

PASSAGES

SYNOPTIQUES.

Nous donnons maintenant, peut-être par excès de soin, une série assez détaillée d'exemples de ce système de numérotation inhabituel dans les éditions des chansons de geste. Bien que nous croyions que la tendance des versions plus récentes aille vers le délayage et que les séries de vers ajoutés en soient le reflet, cette règle ne s'applique pas partout (à notre avis D abrège souvent).

En tout cas, la numérotation

est neutre et

n'indique pas nécessairement que les passages les plus courts soient les plus anciens. Voici des additions au premier degré et une seule (23.3.1 Æ) au second degré : Rainouart s'approche d’un moine gris. c

de Brie estoit, dont il estoit partis. Et Rainuars l’escrié a haus cris :

25 24

ÉDITION D

a Bride

aloit, dont

SYNOPTIQUE il estoit

noris.

23

Cil se regarde au monter d’un larris, voit Renouart qui vient tot ademis ;

Il 2

tint lou tinel, bien sanble

2)

malfattis.

En fue torne, si s’est es galos mis. Et Renouars E

XIX

a Bride

li escrie a halt cris :

aloit, dont

il estoit noris.

4 24 23

Il se regarde contremont le lairis, Rainouart voit qui vient tous ademis;

mil 2

tient le tinel, bien samble malfeiïs. Voit le li mones, molt en fu esbahis:

:3 il

en fuies torne, si est es galos mis. Et Rainouars li escrie a haus cris :

.4 24

Continuons ce même épisode dans À et B pour trouver d’autres additions au premier degré et un vers interposé (25.01 B) : A

Et Renoart li escrie a haut cris : « Estez, beau sire, por le cors saint Denis! Que me donez ces dras qu’avez vestiz, si serai moignes, se Dex plest beneïz. Je voz dorrai ces bons dras de samiz. »

24 Al 25) 3) 26

B

Et Renoars li crioit a haus cris : «Estez, biau sire, por le cors saint Denis! Je vous requier por Dieu de paradis que me donez les dras qu’avez vestis. Se jes avoie, bien me seroit avis moines seroie sacrez et beneïs. Ses me donez, bien poez estre fis, je vous donrai mes bons dras de samis.

24 Al 2 25 01 Al 2 26

Dans le passage suivant, malgré la numérotation qui est neutre, le vers 964.1 n’est pas un vers ajouté, car DEA donnent le bon texte. Pour des raisons cycliques c a changé le texte pour expliquer que Desramé n'avait pas été tué (voir MR I, pp. XXII-XXIV). c

D

A Cordes fu rois Thiebaus li Esclers, dolans estoit que mors est Desramés. De voir le quide que il soit deviés, mais non est pas; il est tous en santés.

A Cordes fu rois Thiebaus li Esclers, dolant estoit de la mort Desramés que ocis ot Guillaumes au cort neis.

963 964 965 966

963 964 964.1

XX

INTRODUCTION

EA

A Cordes fu rois Tiebaus li Esclers, 963 dolans estoit que mors iert Desramés 964 a cui li cief avoit estet copés 964.01 dou branc Guillaume, le marcis au cort nés. 964.1

Passons maintenant au second degré. Dans cet épisode de 42, Rainouart et Guillaume, sur le chemin du retour vers Orange, s'arrêtent pour faire faire un nouveau tinel. Comme tout le passage 1774.1-.255 (qui remplace 1775-82 cDE) est au premier degré, les vers ajoutés par B au texte de 4 passent au second degré. Rainouart dit à Guillaume : A

«Sire Guillaume, .I. baston me querez. 1774.31 Foi que doi voz g'en serai plus doutez!» 2 «Siïire Guillaume, .[. baston me querez 1774.31 qui (si 8°) soit furnis, grans et gros et quarrez, .31.1 et de fer soit bien loiez et bendez. 3422 S’un en avoie qui ensi fust ouvrez, 1 foi que doi Dieu, le Roi de majestez, .31.4 plus en seroie et cremus et doutez ! » 2?

B

Par le même procédé, le passage 1578.1-.158 DAB, qui est une interpolation entre 1578 et 1579, est tout au premier degré dans D. Dans 4 les vers ajoutés sont au second degré, et le vers surajouté par B (1578.9.1.1) est au troisième degré. On remarquera le travail soigneux de B et le goût d'indépendance de B°. Le comte Guillaume est à la recherche de Rainouart : DAB

Li cuens

Guillaume a la chiere menbree 1578.8 l’olive (arbre AB) ramee: 9 sor son escut a sa teste clinee, 40 n'i dormit guaires ne n'i fist reposee. II

celle nuit jut sos

A

molt

ot dur lit, ce sachiez

sanz

dotée.

9

avoit

9.3

la resne

a .]. arbre

noee :

puis est assis desor l’erbe en la pree, B

9.1

De son cheval a la crope tielee

9.4

molt ot dur lit, ce sachiez sanz doutee (poi pris de reposee B°) A Il descendi souz l'arbre en mi la pree (un arb. en la p. B°): A IAI de son cheval la crupe acouvetee 0 a une branche a la resne noee. On Sus l’erbe vert s’assist sanz demouree (a la rousse B°) 9.4

ÉDITION

Voici

l’unique exemple

870.001.

Au

SYNOPTIQUE

XXI

de vers interposé au second

degré

texte de C', C ajoute deux vers 870.1-2,

D

interpose 870.01 au premier degré, lequel est précédé dans Æ par un vers surinterposé au second degré*. Rainouart est assailli de toutes parts par les Turcs €

par droite force li tolent son perchant si que le cors en ot tot tressüant

Ces deux

vers sont identiques C

dans toutes

les versions.

par droite force li tolent son perchant. Mais Renouars s’en vait revertüant; par droite force s’est levés en estant si que le cors en ot tot tressüant.

D

E

par droite force li tolent son perchant. Saissit l’eüssent li cuvert mescreant,

870 870.1 2 871

mais Renouars se va esvertüant si que lou cors en ot tout iresüant.

870 870.01 Al 871

par droite force li tolent le perçant si que le cors en a tout tressüant.

870 871

À lor espees

vont

le fust detrançant;

saisir le voelent li cuvert mescreant. Mais Rainoars se vait esvigourant, par droite force s’est levés en estant. AB

870 871

870.001

870.01 870.1 D)

par droite force li tolent son perchant, a lor espees le vont molt damajant (tot decopant B).

870 870.001

Saisi l’eüssent, par le mien esciant (li cuvert mescreant B)

870.01

3. E fait suivre 870 par 871, comme C', mais ensuite £ donne 870.01, 870.1-.2, comme AB, en faisant précéder 870.01 par 870.001. Il peut y avoir plusieurs explications. 1) £ est étourdi (les éditeurs des textes l'ont souvent constaté). Ayant fait un bourdon 870 EAB par droite force..., 870.2 AB par droite force..., E aurait fait suivre 871 par les vers qu'il avait sautés, qui sont tous dans AB. Cette explication nous paraît probable, bien qu'elle complique l'interprétation des rapports entre les familles des mss, car elle prévoit un prototype EAB ou un accord entre Æ et un ms. de la tradition AB que lui ou son modèle aurait vu. 2) E aurait emprunté à deux traditions, à celle de C' (non pas de C) et à celle de AB. Cette explication est possible. 3) Æ a la bonne leçon et tous les autres mss ont changé l'ordre des vers. Cette hypothèse nous paraît très douteuse. Pour compliquer encore l'analyse (car cette sorte d'analyse s'ouvre comme un accordéon), il est possible d'imaginer que C' a omis des vers par suite d’un bourdon, à partir d'un modèle semblable à €, D ou AB.

XXII

INTRODUCTION

més Renoart se vet bien desfendant tüant B);

(esver;

870.1

par droite force (maugré touz euls B°) s'est levez en estant si que le cors en ot tot tressüant.

; 871

Voici enfin le dernier de nos exemples, le passage de B dans lequel se trouvent dix des quinze vers ajoutés au troisième degré. Pour faire mieux ressortir le caractère linéaire de cet exemple, nous ne donnons que la numérotation, sans textes. cD

1935

E

1935

1-.2 21-20

5

3 3"

9

1936

B

1935

sil À

4 2 .6 Ù .8

1936

À

1935 OI .1-. ANS 251-2306 .2.4-.2.6 12 61-262 5 1 Ne A Len S2

312 .4-.6 8

.4-.6 8 Sel 9 9.1 2 54 A 1936

9 9.1 1936

Dans ce tableau tout paraît clair et simple au premier abord, mais reste plutôt vague si l’on essaye de fixer les points de rencontre. Au texte de la tradition cD, un ms. de la tradition EAB (qu'on l'appelle modèle, prototype ou archétype) a fait une addition de neuf vers, à laquelle un prototype de 4 a ajouté sept vers

(en omettant

1935.7),

et puis, rencontrant

quelque part, sur une des branches touffues de ces arbres florissants qui servent parfois à dessiner le lignage des manuscrits, ce prototype de À ou un des intermédiaires de la

ÉDITION

SYNOPTIQUE

XXII

famille B y a ajouté encore douze vers. Dans ce cas nous croyons, sans pouvoir fixer plus précisément l’étape à laquelle ont eu lieu les rencontres, que la série cD E A B représente en gros l’évolution de ces versions. Mais dans d’autres passages où il y a des additions de c, D ou E, on obtiendrait l'effet contraire si l’on partait de 4B au lieu de cD. Nous croyons, pour conclure, que ce système de numérotation est surtout utile comme un outil de lecture qui permet de repérer facilement les vers correspondants de plusieurs manuscrits ; il peut parfois servir à indiquer, en gros, les rapports entre manuscrits, mais au fond, répétons-le, c’est un procédé neutre.

CHAPITRE

CARACTÉRISTIQUES

II

DES

VERSIONS

Après avoir examiné dans le MR I les caractéristiques générales des manuscrits et familles de manuscrits, ainsi que leurs principales divergences, ce qui nous a amené à choisir la famille c et particulièrement le manuscrit C' comme représentant la version la plus authentique, nous fixerons notre attention dans ce chapitre sur certains aspects des autres versions qui permettent de distinguer le travail des remanieurs, d’apercevoir parfois l’état précédent et de voir, en gros et incomplètement, les rapports entre les versions. Néanmoins, en dépit de cette diversité et malgré les écarts qui caractérisent chaque version, le compte des vers, € (7521), D (7731), E (7718), À (8328), et le parallélisme des récits indiquent chez tous les remanieurs une volonté, commerciale ou artistique, de garder un équilibre et de ne pas dépasser largement les limites des modèles qu'ils reproduisent.

I. —

LA

VERSION

D.

|. Passages ajoutés uniquement par D qui semblent l'œuvre du dernier scribe. La plupart sont banals ou même franchement mauvais ; en voici quelques exemples. Dans une laisse ajoutée par D (1981.109-.154) à une longue addition de DAB (1981.1-.108), le remanieur introduit la race monstrueuse des Sarramitants, qui courent à quatre pattes. Contrairement aux créatures féroces habituelles, ces gens ne savent rien de la

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XXV

guerre et ne portent pas d’armes (.120-.121): Rainouart massacre ces êtres apparemment inoffensifs avant qu'ils ne s'enfuient vers la mer. On se demande si ces monstres pacifiques, inconnus du reste de la littérature épique, sortent de l'imagination du scribe ou s’il a simplement négligé de raconter leurs exploits belliqueux. Un autre passage où, après avoir blessé son fils, Rainouart exprime sa douleur par des lamentations larmoyantes, n’est pas dans le ton de l’épopée non plus (2638.1-.10). Enfin, dans la laisse CIc de D (3160.1542), l’abbé s'assure de manière prolixe et redondante de l'appui des moines dans son projet de trahison contre le

moine aux gros poings. Dans la dernière partie de cette laisse le scribe fait preuve d’une pauvreté de rimes extraordinaire en répétant volantés aux vers 3160.48, .50, .55 et delivrés aux versé lits S4 2. Omission de vers nécessaires. Nous groupons ici des fautes qui paraissent involontaires et qui sont souvent d’une étourderie tellement surprenante qu’il semble que le copiste, par fatigue ou par indifférence, ne se soit pas donné la peine de relire le texte. En voici des exemples : Le roi Thibaut est triste, Por Mallefer mervaillos deul mona/et Mahomet lou suen Deu renoia D 3334/3337. Quel non-sens ! Thibaut est le plus fidèle serviteur de son dieu. Tout devient clair quand on ajoute le vers omis par D : qui a Orenge l'autr'ier se baptisa EAc 3335. Le passage où Maillefer demande à Guillaume l'autorisation d’aller au secours de son père est du même genre : « molt tost avrai mon pere delivré ; a traïsson me seroit atorné.» D 7263.9/.11. Maillefer n’a pas une prise de conscience immédiate, mais le vers que D a sauté indique un changement de locuteur : « Miés », dist Guillaume, « ja ne sera

pensé, ….» EA 7263.10. Voici deux exemples de confusion d'identité causée par l’omission d’un vers de D. Au cours de son combat contre le cheval de Gadifer, Rainouart voit lou destrier regiter/ancontre lui, et henir et donter,fqui lou cuidoit ferir et donter ; D 6892/93/96. Que ce dernier vers se rapporte à Rainouart et non pas au cheval est révélé par le vers qui

XXVI

INTRODUCTION

manque dans D : Et Rainuars laissoit son mast aler cEA 6895 et par le texte suivant de D, où Rainouart enrage de ne pas avoir réussi à cogner sur ce quadrupède agile (6899-6900). Dans le deuxième exemple, Rainouart termine une prière et si

li lança un dart d'acier tenpré D 7131. En vérité notre héros n’est pas l’agresseur, mais est victime d’une grave blessure, ce que nous apprenons dans le vers omis par D : À icest mot a Gadifers jeté cEA 7130. On voit un peu plus loin que ce vers est nécessaire, car Rainouart perd du sang et chancelle (D 7134-35). Dans une autre attaque, il y a également négligence de D, qui omet 4471. Quand Rainouart et ses moines, habillés de frocs noirs, tombent sur les quatre cents soldats païens dans le château d’Aiète, ceux-ci sont frappés de terreur : «Ce sont diable qui ceans sont antré| qui d'anfer vienent orendroit coroné!» D 4479-80, mais le vers 4471 dans cEA explique pourquoi ils pensent que les moines sortent de l’enfer : o lui ses moines, les noirs fros affublés. Enfin, sur un bateau en train de sombrer, Rainouart est sauvé par l'intervention céleste, mais D rend le passage confus par l’omission du vers 4412. Voici le texte de D : Ja fust illoc Renouars efondrés/cant Dex del ciel, li Rois de majestés,/car uns tormens est en la nef levés/qui estormist Sarrasin et Esclers (4410-11, 4413-14). Tout devient logique cependant quand on introduit le vers 4412 : le secourut ensi

com

vous orrés : CEA.

1. La grande majorité des vers que nous avons ajoutés au texte de D dans le MR IT (imprimés en italiques) nous semblent des omissions involontaires résultant de l'inattention du scribe. Certains de ces vers sont nettement nécessaires au sens tandis que, dans d’autres cas, il peut y avoir quelque incertitude (additions souhaitables). Une troisième catégorie est formée par les corrections rendues nécessaires par des arrangements fautifs de D. Voici la liste de ces trois groupes ; l’astérisque renvoie aux notes. Additions nécessaires au sens : *769-771, 2249, 2747, 3183, 3312, 3329, 3335, 3579, 3911, 3992, 4242, 4293, 4412, *4420, 4471, 4679-80, 4989, 5235.10, 6514, 6572-73, 6614-16, 6894-95, 7130, 7160, 7192, 7263.10. Additions souhaitables : 837.3, 1578.123.1, 1680, 1729-30, 1792.9-.10, 2072, 2128, 3079, 3506, 3708, 4464, 4515, *4596-98, 5016, 5435, 5612-14, *6983-84, *6990, 7289, 7349. Arrangements de D : *2854-55, 2926, *4962-62.2, 4965, 5098, 5392, *5986-88, 6992-

94.

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XXVII

3. Arrangements fautifs. Parfois le travail maladroit du scribe révèle les modifications qu’il a apportées au texte qui lui servait de modèle. Certaines ne concernent que quelques mots : sur le bateau, les moines prient l’abbé d'abandonner Rainouart aux païens : Renouars voit ces paiens en torment … D 3789, où le présent du verbe voir remplace incorrectement le subjonctif du verbe aller de cEA : « Rainuart voist as p. e. 1. .…. »; autre petite erreur, dans la description du combat entre Rainouart et les géants : Tant lor batit les costés et les flans D 5364, au lieu de Si li batirent … cEA, car le vers suivant a lor flaiaus et a lor mals pesans, commun à tous les mss montre que le sujet du verbe est les géants et non pas Rainouart. Quand les moines et l’abbé se dirigent vers notre héros endormi pour lui enlever le tinel, D commet une faute en présentant l’action comme déjà accomplie, tout en changeant la rime -er en -é : a Renouart en ont son mail anblé 5069,

à la place de la bonne leçon de cEA, a R. en vont son fust embler ; tous les mss décrivent d’ailleurs cette tentative de vol dans les laisses suivantes. Dans un autre exemple, le simple

changement du temps d’un verbe (avés pour aviés) et le déplacement d’un vers (699 placé après 701) créent dans D un non-sens ; les Sarrasins reprochent à Mahon, qui avait été puissant, sa faibiesse devant les exploits meurtriers de Raï-

nouart

: Sor toute rien soliez estre puissant : l'or et l'argent, le vin et le fourment, et toute riens qui a home est aidans avés vos, sire, tout a vostre comment.

698 700 699

Le vers suivant, où Mahon est traité d’impuissant au présent … poi estes poissant cAB, poi estes vaillant D, offre une preuve supplémentaire de l’erreur de D. Dans d’autres arrangements fautifs plus longs, le scribe oublie une phrase ou bien crée la confusion en s’embrouillant et en omettant des détails nécessaires à la compréhension d’un incident.

nouart

En

traînant

le tinel, les moines

qui les guettait (5098, £ manque)

rencontrent

:

Rai-

XXVII

INTRODUCTION

ce A D

hi plus hardis a de paour tramblé mout mielz vousissent que il fust estranlé trestous li mialdres, jel vos di par verté, por .Ï. meu d’or qui li eüst conblé

et D s’arrête au plein milieu de la phrase (voir aussi la note aux vers *5087-5105). De même, lorsqu'il décrit la réaction des païens à l’orage en mer, D fait suivre 4419 Tiebaus meismes fu si espoentés (ts mss) par 4423 entras sont tuit durement efraés, en omettant la suite de si espoentés … Les autres mss complètent la pensée par 4420 qu'il vausist estre el regne ou il fu nés. Une série de contaminations fautives apparaît, lorsque D s’embrouille dans les chiffres qui dénombrent les compagnons de Maillefer. Désireux de porter secours à son père qui est assiégé par les païens, y compris les .XV. (.XII. E) gaiant felon et desloial 5563 (ts. mss), Maillefer propose de partir avant le gros de l’armée de Guillaume : A .X. mile (Et a .XV. D) homes m'i feroie sigler (guiïer DEA) 5578 (ts mss). L'idée d’une force de quinze personnes aurait pu venir au remanieur de D pour opposer des champions chrétiens aux géants sarrasins. Il s’embarque : cEA o lui .X.M. hardis et combatans DéhetweXVÆChevaliers he ec. AE a .X.M. homes des mellors de sa terre D a .XV. homes des m. sa t.

SS98 5596.2

Mais D n’a pas donné suite à cet écart, qui aurait entraîné des arrangements considérables, et il reprend bientôt la bonne leçon : a .X. mile homes que il a en ses mains 5598 (ts mss). En

opérant ces changements maladroits, D vers, 5593 de douze syllabes et 5596.2 Voici encore quelques exemples de nécessaires. Guillaume et Rainouart se (er:

a créé deux mauvais de huit syllabes. l’omission de détails dirigent vers Maille-

CEE si l'ont araisoné. 2925 Dist Mairefers : « Entendés mon pensé : jou vaudroie estre en fons regeneré d'oile et de cresme, se il vos vient a gré. » Et dist Guillaume : « Mout avés bien parlé !»

CARACTÉRISTIQUES

mais

dans

D

DES

VERSIONS

XXIX

: HE

si l’ont araissoné

2925

s'il volroit estre en fons regeneré, d'oile et de cresme baptisié et levé. Dist li marchis : « Dieu an soit aoré!»

La contamination est signalée dans D par la transformation du discours direct en discours indirect (comme aux vers 283538) et par l’omission de la réponse de Maillefer, qui a évoqué l’exclamation joyeuse de Guillaume. Un autre exemple de confusion est visible, quand Gadifer apprend d’un messager de Thibaut qu'il a été choisi pour livrer combat contre Rainouart; Gadifer montre sa rage contre les chrétiens Ausin tempeste con ce fust un orés DEA 6226.3, puis D seul ajoute : desoz ses piés est li travas tranblés 6226.4. Mais il n’y a eu jusqu'à ce moment aucune mention du fravail et, de plus, Gadifer a reçu le messager devant les marches du palais (6127). Plus loin, au début du combat, Gadifer est à l’aise à l’intérieur de son

engin, d’où

il lance

trois dards

sur notre

héros. Tout ceci est clair dans cEA : Endementiers li traist li desfaés 6991, et Rainouart est nommé comme victime dans les trois vers suivants, mais D laisse subsister une ambiguïté en négligeant d'identifier celui qui agit : Endemantiers relait un dart aler 6991, et en omettant les trois vers suivants. Parfois D fausse le sens en perturbant l’ordre des vers, comme dans le passage où Rainouart annonce à l'abbé ses projets de vie monastique : Si chanterai et adés et assés; et les montagnes et les vas et les gués si conquerrai les plains et les renés

301 -] 302

Dans l'édition du texte nous avons corrigé l’ordre des deux derniers vers. Dans un autre passage, Rainouart propose aux moines de saisir le destrier gras et gros de Thibaut : Si en cuiriens ceans an nos covent, s’en trancheriens et daier et devent,

s'en mangeriens

trestout

et s’an cuiriens

sor

à nos

les charbons

talant, ardant

5392

5395 5394

XXX

INTRODUCTION

Dans l'édition nous avons remplacé 5392 par Se J'aviiens çaiens a no talent EAc et nous avons corrigé l’ordre interverti de 5395-94 ?. Enfin, voici quelques exemples où D indique qu’un incident fait rire sans en expliquer la cause. À la vue de Guillaume, qui ose s'opposer à lui, Maillefer … a jeté .I. ris 1344 (ts mss), mais D arrange la fin de la laisse et omet le vers qui révèle la source de cet éclat de rire : mout par li samble et menus et petis cEAB 1346. Et Guillaume, dans une autre situation, rit de Rainouart. Le grand moine grisonnant menace Vielleche

quand il pense qu’on le déprécie en raison de son âge. Voici le texte de cEA « Diex ! quel damage quant mes pris decarra! Mais par l’apostle c’on a Rome querra se j'encontroie Vielleche a nul jor ja, que il m'asaut et decha et dela, jou l’ochiroie, merchi n’en arai ja! Jamais nul jour franc home n'’asaura, los ne proeche nul jour ne li taura ! » Ot le Guillaume, Diex, tel joie en mena!

Et le passage

remanié

5985

5990

par D :

«Mais par l’apostre que Damedeus forma se je venoient en mon pais delai, jamais nul jor franc home n’asalra, lous ne proesce avoc lui n’asadra. » Guillaume l’ot, grant joie en demona.

5985 1 5989 5990 5991

Dans les deux versions Guillaume mène grande joie, mais le texte confus de D n'explique pas pourquoi le comte rit *.

4. Abrégements. Par comparaison avec c et E, la somme des additions et abrégements est assez bien équilibrée dans D, 2. Parmi les vers intervertis de D, ceux qui suivent représentent des erreurs qui ont dû être corrigées : 301.1-302, 1201-02, 1206-07, 2213-14, 2648-49, 5202-03, 539495, tandis que dans les autres cas les leçons de c et de D paraissent également acceptables : 2402-03, 3877-78, 4546-47, 5219-20, 5234-35, 5305-06, 5605-06, 6363/64, 6462-63, 6510-11, 6553-54, 6693-94. 3. Quelques autres exemples d'arrangements fautifs : *2792, 2854, 4952, *49624962.2 et 4965

(note aux

vers

*4947-4979.2),

*5885.

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XXXI

peut-être pour des raisons commerciales. Nous avons vu que la longueur totale des versions ne varie pas beaucoup (c 7521, D 7731, E 7718), et cela est vrai également pour le AR-A (ec 3172,

D

3361,

E 3111),



les changements

sont

plus

nombreux que dans Gadifer. Nous examinerons quelques exemples de ces abrégements, surtout dans la partie située entre 2781 et 3106, où le procédé est très prononcé *. D a tendance à raccourcir les prières *. On ne trouve que le premier vers de la prière de Rainouart en péril d’orage en mer : Glorieus sire, de la Virge fus nés (ts mss) 915 ; le reste (916-923) manque dans D. De la prière adressée à Dieu par Guillaume quand :l est malmené par Maillefer (1391-1405), D omet six vers (1393, 1395-96, 1398, 1402-03). Dans les vers suivants lomission des êtres humains (D saute 1393) de cette énumération habituelle doit être l’œuvre d’un remanieur malhabile : ts mss

«Diex », dist il, «Pere,

cEAB D

penés et fesis ciel et soleil et clartés, hommes et femes, et oissiaus enpenés (D manque). et mer et terre, et les arbres ramés, les awes dolces et les bois et les prés. »

qui en

crois

fus

1391 1392 1393

1394

Après que l'abbé rénégat eut pleinement assuré le roi Thibaut qu'il pourrait regagner la confiance du grand moine en l’exhortant au nom de Dieu (4784-90), Henri fait à Rainouart une prière de onze vers dans cEA (4836-46), qui se réduit dans D à un seul vers, « Por Deu, beau sire, si me soit pardoné » (4845). Dans le passage 2781-3106, D abrège de façon répétée et systématique par comparaison avec cE (AB fournit une rédaction individuelle qui ne permet pas de comparaison). 4. Pour des exemples supplémentaires voir les notes aux vers 2792, 2854-55, 3525-

66, 4850, 4895-4924, 4947-4979.2, 5946, 5948-54, 6384.1-86. 5. Mais certaines prières sont reproduites en entier, celle de Rainouart quand il est attaqué en mer (4377-83) et la plus longue du poème, celle qu'il prononce au cours de son combat contre Maillefer (2480-2551).

XXXII

INTRODUCTION

Bien que les versions cDE racontent la même série d’événements dans le même ordre, D donne la moitié des vers (c-326,

E-318, D-161). Les épisodes, consécutifs dans les trois versions, racontent la défaite des paiïens devant Orange, la procession du clergé, la guérison de Rainouart et de Maillefer, le retour à Orange, le baptême et le mariage de Maillefer, les fêtes des noces, le départ de Rainouart et son retour à l’abbaye de Brioude. Tout en suivant fidèlement la narration, D raccourcit tout ce qui se rapporte à la courtoisie, aux cérémonies, aux atours des dames, à la beauté et à la parure

de la pucelle ; et il abrège surtout les passages sur le butin, les processions, le baptême, les noces et les efforts faits pour retenir

passages

Rainouart.

Nous

de D. Dans

relevons,

le premier

à titre

d'exemple,

deux

les païens s’enfuient

Tornent lor dos, plus ne puent durer, et Frans aprés, qui nes puent amer, .XL. an firent a terre craventer. .M. en 1 ot qui merci vont crier. Et li marchis les commande a moner, et siut les Turs cui Dex puist mal doner; au branc d’acier lor fait les chiés voler. Ans ni remaint un sol a descoper que li cuens n'ait trestout fait descoper. Lors restornerent cant vint a l’avesprer : cil dedens font la porte defermer, et chars et bestes font la dedens moner. Orenge fut bien garnie au sosper. Guibors descent del palais principer contre Guillaume, qui tant fait a loer, et tos ansanble vont lor armes oster. Et li marchis fait ses homes mander, et il 1 vindrent sans plus de demorer. Il lor à pris bellement a mostrer que de bias dras se facent conraier, et prestre et clarc se facent atorner, les saintueres facent avent porter. Dont veïssiés chasubles andosser, crois et reliques et cierges anbraser: bellement vont, si prenent a chanter.

2790 2796 2800 2802 2803 2806 2820

2825 2826.1 2830 2833 2835 2837 2845 2838 2846

L'emploi fréquent de la conjonction er au début des vers (huit fois dans les vingt-cinq vers de D et huit fois dans les

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XXXIII

cinquante-huit vers de c) facilite les transitions abruptes dues aux omissions; les rimes du même au même descoper descoper (3806-07) et la répétition en trois vers de suite du verbe facent

2845,

(2837,

2838)

semblent

révéler

en

D

le

travail du remanieur. Dans l’autre passage (2997-3068), qui vient près de la fin du MR-A, la tendance à abréger s’accentue. Le mariage de Maillefer et toutes les descriptions, mouvements,

cérémonies,

repas, musique et jeux des fêtes, qui sont racontés en soixantedouze vers dans cE, sont réduits à neuf vers dans D. Maillefer

accueille la mariée

:

Il la resut, aus piés l’an est alé. Tout maintenant les ait on atorné. Aprés la messe s’an sont tuit restorné. Grans sont les noces, molt i ot richeté; assés i ot despandu et doné. Li baron ont lo congié demandé, si s’an revait chascuns an son rené.

2998 2999 3023 3026 Al 3044 3047

Il est très douteux que ce passage succinct puisse représenter le texte authentique, car le témoignage des autres versions et le ton littéraire des chansons épiques de cette époque ne permettent pas de croire que tous les détails d’un mariage d’une telle importance aient pu être résumés en quelques vers °. II. —

LA

VERSION

E.

C’est une version hétéroclite, caractérisée par des emprunts aux autres versions et par de nombreuses leçons individuelles, 6. Nous nous permettons de proposer quelques hypothèses pour expliquer ce raccourcissement brutal du texte : 1) Raisons commerciales : le copiste devait écrire un certain nombre de vers par jour. Comme il avait déjà fait quelques grandes additions

(1578.1-.158 et 1981.1-.156

parmi d’autres moins

longues), il se croyait

autorisé à abréger à un rythme accéléré vers la fin de l'épisode Rainouart-Maillefer ; plus probable nous semble la consigne de garder la longueur d’un modèle, équivalant approximativement à la moyenne du prototype de D et des versions cE. 2) Raisons personnelles : le copiste aimait mieux l'aventure, l'humour et les combats que tout ce bagage courtois ; ou bien il devait terminer cet épisode avant de quitter le travail, et il se faisait déjà tard.

XXXIV

INTRODUCTION

qui sont souvent des étourderies. Mais malgré toutes ces contaminations, on aperçoit parfois un fonds ancien, surtout dans les passages où E s’accorde avec c au lieu de suivre les grands écarts de DAB (cf. MR I, p. XX, note 2). Les modifications sont sans envergure, comme cela se voit dans le compte des additions et des omissions : aucune addition de laisse, le plus long passage ajouté n’a que seize vers (le jongleur s’adresse au public 1782.15-.30), quatrevingt-trois additions totalisant cent vingt-cinq vers ; une seule laisse omise, probablement par bourdon (5087-5105), cent cinquante-sept omissions totalisant deux cent dix vers (sans compter les bourdons ?), et, exceptionnellement, un abrégement assez important à la fin du MR-A (3138-72 de c dans 8 vers de E). On relève également un grand nombre de petits: changements, souvent dans le deuxième hémistiche et à la rime, comme si un scribe cherchait à créer l'impression d'originalité et d'indépendance sans se donner trop de peine.

1. Caractère hétéroclite*. On identifie des vers ou des passages pour lesquels Æ (ou un ms. antérieur de la même tradition) aurait eu sous les yeux deux modèles, l’un appartenant à la tradition c et l’autre à la tradition DAB. Voici des exemples portant sur un seul vers, qui semblent démontrer que E a pris des leçons des deux côtés, c et D. Nous omettons AB pour ne pas compliquer notre démonstration.

DE c

1" hémistiche Del port s'esmeuvent Del port s’en issent

DE c

servirai Deu servirai Vous

cE D

cE D

> hémistiche a une aube esclairie; au main a l’esclairie; volontiers et de grés. de bone volantes.

821

930

7. Voici les bourdons probables ou possibles de E ; la plupart sont expliqués dans les notes : *395-400.2, 1216-1218.1, 2144-54, *2584-87, 2871-73, *3308-3310.1, *3596-3602, *6998-7000, *7222-25. 8. Témoignages à ajouter à notre discussion de E dans le MR

1, PP. XX-XXI.

CARACTÉRISTIQUES

DE

Plorent et crient

c

Pleurent

DE c

li moine

la gole ot lés lee ot la bouche

cE D

cE D

DES

VERSIONS

XXXV

et font grant mariment; et sont

en

grant

ment; Il. espans mesurés, ansin con un malfé,

Et voici quelques exemples un peu plus complexes. avoir perdu la bataille, les païens : c D E

AB E

Metent a voie tout contreval la prés (la mer C), Tornent lor dos, plus ne purent durer, Tornent

3821

tor-

6139

Après 2790

lor dos, por lor vies sauver,

En fuie tornent por lor vies sauver, prendent lor voie contreval vers la mer ;

2790.1

On aperçoit ici le caractère mixte de E, qui semble avoir pris des parties du vers 2790 à la tradition de D et de AB, et qui montre également, dans 2790.i, des leçons communes

avec C 2790 °. Après la victoire devant Orange, Guillaume parle à ses hommes. Dans ce passage, le vers 2845 est répété par E : cDE DE cDE cE

que de biaus dras vos faites (se facent D) conreer (atorner E), et prestre et clarc se facent atorner (conreer Æ), Îles saintuaires faites (facent) DE) avant porter, (D manque) et prestre et clerc se revont atorner.

2837 2845 2838 2845

Nous croyons que E prend des deux côtés, le premier vers (2845), qui est déplacé avant 2838, à D, et le deuxième (2845) av: Commentaire sur Gadifer : cA DE

Cil est si fors, jamais plus ne verrés. Cil est molt fors et si est redoutés

12) que mais si fors a nul ‘jor ne verés.

6087 6094.1

9. D’autres interprétations plus compliquées sont également possibles; par exemple ia tradition E aurait pu fournir une partie de 2790 à D et une autre partie à AB; mais E est le seul ms. à emprunter les deux parties de son vers à deux autres versions. En tout cas, ce qui compte est le caractère mixte de E et, au fond, le caractère enchevêtré de toutes les versions.

XXXVI

INTRODUCTION

Dans cet exemple, Æ s'accorde avec D dans le deuxième hémistiche de 6087, puis à distance (6094.1) reprend la leçon de cA. Rainouart se sert d’un bloc de pierre pour tuer Gadifer. cA E D EA E

tant est pesans tous en fu tressüé, (D manque) tant est pesans qu'il en fu enconbrés,

7339

.I. fort ronsins en fust tos enconbrés. I. fort ronsins s’il i fust atelez. del traïner en fust mout enconbrés.

si pl

Dans ces vers, D et c limitent à un vers leurs commentaires,

différents l’un de l’autre ; ces deux leçons sont utilisées par À: E a formé son texte d'éléments empruntés à toutes les autres

versions l°. 2. Étourderies. Parmi les petites variantes individuelles qui fourmillent dans cette version, il y a un grand nombre de fautes d’étourderie, qui altèrent le texte de façon peu significative mais constante. Parfois ces erreurs sont tellement farfelues ou illogiques qu’on est surpris qu'un scribe ait pu atteindre un tel état d’inconscience ou d’indifférence. Nous classons ces fautes en trois catégories, en donnant un choix d'exemples pour chacune, avec des références supplémentaires. L’astérisque renvoie aux notes. a) Bévues de scribe. Fautes qui paraissent involontaires (formes incorrectes, mots répétés, emploi de mots qui ressemblent à d’autres mots). Voici des fautes portant sur un seul

mot

:

ariere ator pour a riche ator (1098), .XV. rois pour .XV. jors (1712), Guillaume pour Guiborc (1818), Jore pour Jorge (2014), vient pour vienent (2109), Noël pour Noé (2496), fille pour fius (2679), ciel pour

cief (2861.1), pasé pour palé (parlé, 2966), mervelle pour

vermelle

(2985), baron pour laron (3973), adoubés pour adoulés (4193), dontes pour dites (5155), abes pour enfes (6051.8), as paiens pour a paines (6315), diroie pour t'iroie (6829), la mere pour li maires (7435), etc. :

et des mots répétés uis … uis (185), : renoiés (*385, 386, 387), : fremeté 10. Pour d’autres exemples du caractère mixte de E voir 884.3, 1451, 1784, 1910-

1910.1, 2826-2826.1, 3982, 4132.1-4133,

5360-5360.1,

6559-6559.1,

7335-7335.1.

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XXXVII

(*1226-27), vers répétés (2080, 2081.1), : drecier (2595-96), : et deça et dela (5744, 5744.2, : desevrer (6936-37), etc. ‘!. b) Omissions de vers nécessaires. Ce sont des omissions involontaires, résultant d’inattentions. E a omis Rainuars vint,

s'a Guillaume appelé : cD (2952), vers nécessaire pour indiquer qui sont les interlocuteurs, car Guillaume lui répond ensuite : et un mariage en faisons de par Dé (ts mss sauf E 2973) ; cette proposition de mariage faite par Guillaume est nécessaire par la suite. Les vers omis par E dans les deux passages suivants constituent également une faute banale : ts. mss (manque Æ) (manque Æ) ts mss

Quant il saut armes On li

Raïinuars en piés, demande, aporte un

a le cri entendu, s’a Mairefer veü; n’i a plus atendu. blanc hauberc menu,

2180

Il est nécessaire que Rainouart réagisse au cri de Mailiefer et qu'il demande ses armes. Texte

dans

ts mss,

5145-46

Icele nuit leva uns

manquent

dans E

grant orés;

la mer s’esbout, et uns vens est levés. De Porpallart vint par mer+une nés dont li orages avoit rompu les trés

: 5144

5147

Les deux vers 5144 et 5147, qui forment le texte de Æ, n’ont

pas de sens ; pour la suite de la narration il faut que le bateau des marchands arrive à la tour d’Aiète ?. c) Mauvais changements. Ce sont des contaminations qui semblent en général volontaires, bien qu’on ne puisse pas toujours en être certain; elles faussent le sens du texte et 11. Bévues de scribe, références supplémentaires : 200, 459, 512-514, 531-532, 548, 681, 711, 795, *909, 1029, 1125, 1258, 1263, 1286, 1598, 1653, 1897, 1921, 1969, 1991-92 (le vers répété), 2047, 2218, 2238, 2462, 2464, 2673, 2706, 2772, 2810, 2816, 2832, 2970, 2974, 3117, 3137, 3270-71, 3491, 3544, 3580, 3583, 3686, 3826, 3982, 4054, 4064-65, 4119, 4220, 4225, 4346, 4426, 4606, 4703, 4739, 5026-27, *5030.1, 5215, 5346, 6067-68, 6077, 6108, 6222, 6361, 6373, 6483, 6521.1, 6592-93.1, 6665, 6716, 6819, 6952, 7066, 7076.1, 7104-1-7105, 7131-7133-1, 7163, 7165.2, 7184, 722], 7234, 7235, 7308, 7334, 7341.1 (7346), 7404-05. 12. Voici d’autres vers nécessaires, absents dans £ : 188.1, 2073-77, 2244-51, 3241, 6282, 6568, 7165.2, 7268.2.

XXXVIIT

INTRODUCTION

révèlent, plus encore que les fautes d’inattention, le caractère étourdi du scribe. Voici, à titre d'exemple, une série de petites erreurs, qui résistent pour la plupart à toute explication autre que celle de la ressemblance entre deux mots. Rainouart est enragé parce que les bourgeois osent l’attaquer, le sens quide morir pour marir (*128) ; un abbé Bernart inconnu apparaît soudainement (*436.1) ; les larrons souhaitent que Raïinouart soit as armes devorés pour descopés (552); devant Rainouart qui dort, ils l'aresnerent pour s'aresterent (*558); Turgant prévient les païens, qui s’apprêtent à attaquer Rainouart, de ne pas faire du bruit, Gardés n'i ait ne noise ne criee, mais mellee

dans E (846) ; Guillaume rentre dans Orange, sa cité haïe pour garnie (1272) ; guéri par la pierre magique, Rainouart se sentit si navré, pour sané (2905) ; Thibaut parle à ses païens, dist a ses mognes, pour homes (4106). Parfois il y a des vers mystérieux qui semblent étrangers à la narration : ts mss

Sous l'olivier sist Tiebaus li esclers devant la sale, qui fu d’antiquités, le premier roi qui ains fust coronés. En sa compagne estoit rois Baruflés.

755 |

Le passage se trouve dans tous les mss, à l'exception du vers *755.1, qui existe uniquement dans E ; il nous semble incompréhensible (voir aussi *755.1 et *5754). Et voici deux exemples du même genre, mais un peu plus compliqués. Rainouart frappe Maillefer ; dans cD : Le poig haucha, qu'il ot gros et plenier, es dens le fiert, le sanc en fait raier; les .IT. (.IIIT. D) devant en a fait pechoier.

2405

Au poing du vers 2404, E substitue Le fust. Si Rainouart avait frappé son fils aux dents avec le tinel, le malheureux aurait perdu plus de deux ou quatre dents ! Par une faute analogue, E maltraite le destrier de Gadifer qui va se battre contre notre moine. C’est une bête féroce qui adore estrangler et mengier ses adversaires (6831 cEA, 6870 ts mss). Ainsi, quand Gadifer enlève les rênes pour qu'il puisse aller détruire et dévorer

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XXXIX

Rainouart, ce cheval anthropophage est emporté de joie, Quant il se voit dou chief le frain tolir (6857 cDA)..., mais ce vers dans E, par une étourderie extraordinaire, devient tout

autre : Quant il se voit le cief del but tolir… Le verbe tolir associé à cief a pu déclencher chez E ce cliché épique, avec des conséquences désastreuses pour le destrier !?. III. —

LA

VERSION

4B.

Les familles À et B, dérivant indépendamment d’un même archétype, forment une seule famille AB, qui offre des caractéristiques nettes : ce sont des versions correctes et

soigneusement écrites, mais tardives *. Malgré le bon travail des réviseurs et des scribes, on peut apercevoir cet aspect tardif, donc moins authentique, de AB à travers les change-

ments opérés à partir des modèles précédents de l’œuvre. Nous donnons des exemples de trois catégories : les délayages, qui sont de simples additions au texte, en général assez brèves ; les intercalations, qui sont des passages, souvent assez longs, introduits dans le texte, normalement avec quelques vers de soudure ; et les arrangements quand un remanieur a entrepris des révisions sérieuses, refondant le texte, allongeant ou abrégeant, changeant et déplaçant laisses et rimes, créant des incidents ou des épisodes entiers. Mais, au fond, comme

on doit le rappeler et comme on le constate à l’examen de la narration,

cette

version

revient

toujours

sans s’en être écartée systématiquement supérieure à quelques centaines de vers.

au

sur

texte commun

une

étendue

13. Références supplémentaires aux mauvais changements de E : 91, 96, 460, 552,

654, 702, 800, 837.1, 1156, 1376, 1463, 1575, 1585.1, 1649-48, 1782.20-.21, 2003, 2338, 2736-38, 2750, 2756-59, 2855, 2889, 2895, 3669-70, 4384, 5063, 5086, 5131, 5185, 5235, 5760, 5777, 6015, 6084, 6114, 6147, 6472.1, 6799, 7445. 14. Pour AB voir le MR 1, pp. xvu-xvui. La famille B, qui se termine avant la deuxième partie, appartient comme 4* au MR-A. Elle suit de près l’archétype de 4B

tout en introduisant de petits délayages et assez souvent de petites leçons indépendantes, surtout B°. B peut servir parfois pour combler des lacunes de À, par

exemple : 492, 587, 607, 675, 1010, 1426, 1578.20, 1647, 2128, 2560.16-2565, 2622.

XL

INTRODUCTION

1. Délayages. Ces additions brèves, qui forment une sorte de broderie sur le texte sans rien changer au sens, sont assez

fréquentes dans AB, encore plus dans B . À titre d'exemple, nous relevons les délayages de AB dans la scène qui précède la réunion entre Guillaume et Rainouart à l’abbaye : Rainouart traite les moines d’avares (1634.1-.8) ; il regrette à haute voix Guillaume et Guibourc qu’il n’a pas vus depuis sept ans (1640.1-3); Guillaume, attablé au réfectoire de l’abbaye, entend cette plainte, mais il ne parle pas encore à son beaufrère (1641.1-.2) ; Guillaume reconnaît Rainouart à son visage et à sa grande taille, bien que celui-ci ait vieilli (1644.1-.3) pendant les sept ans qui se sont écoulés depuis qu'ils se sont vus (1645.1); Guillaume garde le silence pendant le repas (1654.1-.2). On trouve aussi de nombreux exemples analogues à l’intérieur du passage intercalé par DAB entre 1578 et 1579, où sont racontés les combats de Guillaume contre des bandes de Sarrasins maraudeurs. Dans D le passage intercalé compte cent cinquante-huit vers, auxquels une série de délayages de AB en ajoute encore trente-huit. 2. Intercalations. Les deux passages 1661.1-.65, qui remplacent

1662, et 1774.1-.255,

qui remplacent

1775-82,

ont

été

introduits dans des textes semblables à ceux que nous ont conservés cDE '. Nous examinerons les rimes et les soudures 15. Voici les délayages de AB dans les mille vers du début : 41.1, 79.1, 184.1, 202.1, 2541, 295.1, 312.01-:02 324.1; 371:1-.2, 392%1-2; 4S1:1-:5,"480:1;" 518'1, 570.1, 582.2, 631.1, 646.1, 648.1, 653.1, 666.1, 687.1, 688.2, 693.1-.2, 774.1-.2, 817.1, 870.001,907.1 ; délayages de 4 : 482.1, 489.1, 508.1, 510.1, 521.1-.4, 573.1, 622.1, 803.1, 836.1-.3, 959.1.3.1, 974.1 ; délayages de B : 4.1, 7.01-.02, 7.1, 23.5-.6, 24.2, 25:01; 25:27 291530110572

8246 SLAM NI 2 LIENSOM

IS

IG AIS GE

229.1, 234, 234.3-.4, 237.1, 281.1-.3 (bourdon de B°), 391.3, 392.3, 400.2, 439.2, 462.1, 543.1-.2, 544.1, 548.01-.02, 548.1, 614.1, 660.1-.3, 663.1-.2, 666.01, 666.1.1, 666.2, 748.1-.2, 765.1.1, 773.01-.02, 789.1-.2, 790.1, 792.1, 797.1-.3, 798.1, 828.1, 846.1-.2, 873.1-.4, 876.1-.3, 907.2 ; délayages de B°, qui indiquent bien que B! est fidèle au prototype de la famille B tandis que B° aime ajouter encore des vers :

142.1, 234.1.1, 300.1, 391.1-.2, 451.01, 507. 16. Voici d’autres intercalations ou additions de 4B, moins importantes mais égales ou supérieures à cinq vers, qui semblent indiquer des rapports semblables

entre AB et cDE : 451.1-.5, 1634.1-.8, 1715.1-.7, 1749.1-.11, 1772.1-.7, 1955.3-.7,

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XLI

du premier de ces deux passages dans AB (1661.1-.65) ; il fait suite à la série de délayages que nous venons de citer (16341654). II a dû y avoir à l’origine une laisse LXXVII rimée en -a (vers 1655-64), suivie de la laisse LXXVIII en -er (vers 1665-1703). Dans la première laisse des versions que nous possédons, tous les mss donnent le même texte jusqu’au vers 1661 : les moines emportent en pleurant le corps du frère sommelier tué par Rainouart, et l’abbé chante la messe sur le

cadavre. Au vers 1661 il y a pourtant un changement : dans CDE, L'abes Henris au cors messe canta ; dans À, le verbe est

au futur, l'abes meïsmes messe li chantera, tandis que B garde le verbe au passé … /a grant messe chanta. Cette variation est importante, parce que dans la laisse intercalée par AB figure le vers

la messe

au

cors

ont

maintenant

soné

1661.37;

cela

démontre que À est délibérément intervenu pour mettre verbe de 1661 au futur, mais que B a sans doute gardé bonne leçon de cDE au vers 1661, tout en introduisant nouveau vers 1661.37 de À. Un autre changement apparaît la fin de la laisse LXX VIT, que le groupe cDE termine par même rime : cDE

Li quens

c DE

Guillaume Rainouart apela; oiés com l’araisone.

oés comment

li cuens

le la le à la

1663

1664

l’araisonna.

Mais dans 4B cette laisse se termine au vers 1661; vient ensuite la laisse intercalée LXXVIIa en -é, vers 1661.1-.65, 1663, 1664. Les vers 1661.1-.65 consistent en délayages

médiocres qui servent à retarder la scène de reconnaissance entre

Guillaume

et Rainouart.

Puis,

à la fin, se trouve

la

soudure qui reprend les deux derniers vers de cDE, mais sur une

rime en -é : AB

Li quens Guillaume, quant il l’a ravisé, oez comment il l’a areisoné.

1663 1664

2092.1-.12, 2448.1-.8, 2494.1-.5, 2560.2-.20, 2587.1-.7, 2590.1-.25, 2623.1-.18, 2854.16: intercalations de B : 145.1-.6, 593.4-.9, 692.1-.7, 728.1-.13, 956.1-.7, 1491.1-.5, 1918.1-.7, 1935.2.3.1-.2.3.6, 1997.1-.7, 2644.01-05.

XLII

INTRODUCTION

Et, après quatre vers de délayage supplémentaires ajoutés au début

de la laisse

LXXVIII

par AB

(1664.1-.4),

toutes

les

versions reprennent le texte commun au vers 1665. Cela nous semble un exemple clair d’intercalation par la famille AB, donc une indication que cette famille est moins authentique

que les autres 7. 3. Arrangements. Dans cette catégorie nous examinerons surtout les passages de AB où apparaît un remaniement profond de la forme, sinon du fond, de l’œuvre. Nous y ajouterons quelques exemples d’arrangements fautifs. 2582-2904. Dans cette partie les versions forment deux ou trois états CE, D-AB', celui de AB constituant parfois une refonte, qui

affecte la forme des laisses et des rimes aussi bien que le nombre et l’ordre des vers. Mais, malgré les variations, toutes

les versions préservent l'intégrité de l’œuvre par une narration commune : la victoire de Rainouart sur Maillefer, la décision de celui-ci d’accepter le christianisme, la scène de reconnaissance entre le père et le fils, leurs lamentations répétées, la sortie des Français et la défaite des païens, la scène de

reconnaissance générale sur le champ de bataille devant les deux héros blessés, et la guérison par la pierre magique. L'unité du texte est démontrée par la correspondance ou la ressemblance étroite, dans toutes les versions, des premiers vers de certaines laisses. Dans le cas le plus simple, ces vers

sont à peu près identiques dans des laisses bâties sur la même rime, en dépit de nombreuses

variations entre les versions

:

2581 (laisse XCV) Ci] tint le Turc qu'il ne le vaut laissier — 2781 (laisse XCVIT) Grant fu l'estor, bien fait à ramenbrer. Dans le cas d’un remaniement profond, l’unité de sens peut être transmise par des vers appartenant à des laisses et rimes

17. Ayant déjà dit l'essentiel sur le passage 1774.1-.255 de 4B (MR I, pp. XVIIXVII), nous n’y revenons pas. Pour d’autres analyse des rapports entre 4B ou B et les autres mss, voir les Notes à 960.1-.49, 2623-2623.18, 2781-2904 et 3088-3164.3. 18. Voir les références citées dans la note précédente.

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XLIII

différentes, comme aux laisses XCV et XCVa, où Maillefer révèle qu'il est le fils de Rainouart. À l’intérieur de XCV, cDE donnent ces deux vers : Rainuars chou

l’ot; le sens quide cangier;

2622

est ses fiex, bien l’ot a l’acointier;

2623

qui correspondent aux deux vers de AB dans deux laisses à rimes différentes ; le dernier vers de XCV (2622) est suivi par le premier vers de XCVa (2623), dans lequel on retrouve le sens de 2623 de cDE : Renouart l’ot. Qui ce dit ot molt chier! Quant Renouart a son filz entendu,

2622 2623

Voici un autre exemple du même genre. À l’intérieur de la laisse XCVIII la procession des nobles et des clercs sort d'Orange et se dirige vers Rainouart et Maillefer : cDE

dusqu’as

qui correspond AB

barons

ne vaurent

par la narration

vers

Renoart

arester.

au deuxième

2853

vers de

ont fet retornement,

2853

Voici un autre exemple de ce procédé dans les mêmes laisses : DE

c AB

L’'iame li oste, se prist a esgarder,

l’elme a l'enfant voit devant lui ester, leva le en haut pour le mieus aviser. L’eaume a l'enfant voit a terre gisant; en haut le lieve, si le vet esgardant.

2870

2870 2871 2870 2871

En général, le remanieur habile et attentif de l’archétype de la famille AB, qui sut arranger ainsi de longs passages en changeant laisses et rimes, a laissé peu d’indices de son intervention. Nous croyons en avoir trouvé des traces pourtant dans le déroulement des scènes où Guibourc participe à l'accueil fait à Rainouart et Maillefer après leur combat singulier. Quand les Français, sur les murs d'Orange, s'émerveillent de l’étrange comportement de Rainouart qui embrasse le Turc, Guillaume, qui avait promis à Rainouart de ne pas

XLIV

INTRODUCTION

intervenir, envoie Guibourc

vers le grand moine.

Elle arrive

sur le champ de bataille, apprend que le Sarrasin vaincu est son propre neveu, et elle rentre à Orange où elle encourage les chevaliers à sortir de la ville pour decoper les Sarrasins (26562705, 1s mss). Suivent des combats sanglants et la victoire de nos barons (2706-2807 cDE, 2706-2792.2 AB). Puis il y a des divergences entre cE, D, et AB en ce qui concerne le rôle de Guibourc. Dans cDE les Français rentrent à Orange après leur victoire, se parent de leurs plus riches habits, et repartent en belle procession vers les deux champions blessés, qui sont restés sur le champ de bataille (2808-53). Quant à Guibourc, elle les accompagne dans cE, et Guibors a les dames a guïer (2851), tandis que dans D, après avoir accueilli Guillaume au palais principer (2825), elle disparaît et n’est plus mentionnée avant le vers 4386. Dans

AB, par contre, les chevaliers vont

directement retrouver Rainouart après la victoire, sans rentrer à Orange et sans qu'il soit question de Guibourc (2852.12853). Mais AB ajoutent deux vers qui ne conviennent pas ici : À tant es vos Guillaume esperonnant,/Guibor o lui, qui le cuer ot vaillant (2857-2857.1). D'où est-elle venue ? Tous ses mouvements sont expliqués dans cE (elle sort à la tête des dames), dans D (elle reste à Orange et ne participe plus aux événements), mais dans 4B elle paraît soudainement comme si elle avait pris part aux combats. Il nous semble plutôt que dans ce cas le remanieur

de 4B

a oublié, malgré son

soin

habituel, de rendre compte de la présence de Guibourc à cet endroit. Puisque les arrangements nombreux faits par AB sont presque toujours inoffensifs et ne font que traduire le goût du remanieur, 1l est rarement possible de démontrer laquelle des deux versions est la plus authentique. Mais un arrangement défectueux se dénoncera comme moins authentique que le texte correct. Voici quelques exemples d’arrangements fautifs ou étourdis empruntés à d’autres parties de l’œuvre. Avant

que Rainouart

ne sorte combattre

laume suggère un stratagème

honteux

Maillefer,

Guil-

: avec vingt compa-

CARACTÉRISTIQUES

DES

VERSIONS

XLV

gnons le marquis au cort nez se cachera dans un bosquet et au besoin tous lui viendront en aide (2209-15 cDE); mais Rainouart rejette avec fureur cette proposition dans les versions CDE, d’abord aux vers 2216-23 à la fin de la laisse LXXXIX, et puis de nouveau au début de la laisse suivante 2224-34. Honneur au remanieur de AB qui n’introduit même pas la suggestion honteuse de Guillaume et remplace les vers 2209-15 par ce vers digne et pieux : « Merci vos face le digne roi Jhesu ! » (2209), qui termine la laisse, en omettant la réponse indignée de Rainouart, qui n’aurait pas de sens ici. Mais au début de la laisse suivante dans AB (2224-34), Rainouart

éclate

de colère,

repoussant

comme

intolérable

toute intervention de ses amis dans le combat : « De traïson ne vueil oir parler ! » (2231). La force de cette négation, qui dans AB n'est pas du tout motivée, nous fait croire que la version AB, bien que plus noble que cDE, est moins bonne. Rainouart vient d'admettre au château l’abbé traître ; à la

fin de la laisse CL, DEA avertissent qu'ils l’ont reçu pour leur malheur : Las, mar lou firent! Chier sera conparé, que il seront par lui molt anconbré se Deu n’en pense, li Rois de majesté. Miolz lor venist qu'il l'eüssent tüé, Dans

A les deux

derniers

vers

sont

intervertis

4862.1 . 5 4 :

Mielz lor venist qu’il l’eüssent tüé, le Glorieus, le Roi de majesté.

BR W

C'est-à-dire qu'ils auraient dû tuer Dieu! Et voici, enfin, un exemple curieux, où le mauvais arrangement de À est révélé en partie par une leçon fautive de c. L'abbé Henri explique au roi Thibaut son projet de trahison et lui demande d’être prêt au cinquième Jour : c

«A

mienuit

vers fautif que nous

|

.X. mil paiens armés »

avons

corrigé d’après DE

:

4792

XLVI

INTRODUCTION

ce DE

«A mienuit, tot droit as cos cantés, s'aiés o vous .X. mil paiens armés; si vous sera Rainuars delivrés » «A mienuit, cant il cos est chantés, s’aiés o vos .XX.M. Turs armés —

cares et buies gardés n’i obliés — si vos

sera

Renouars

delivrés

et li chastés rendus et aquités ». A

«A mienuit tot droit as cos chantez si vous sera Renoart delivrez. Charchans et buies gardez n’i oubliez, soient o vous .XX.M. Turs armez et li chastiaus renduz et delivrez ».

4792 Al 4793 4792 A 2 4793 sp 4792 4793 4792.2 4792.1 4793.1

L'ordre des vers de À est possible, si ce n’est que 4793.1 doit suivre 4793, comme dans DE. Dans le cas de c, où le texte saute de la césure de 4792.1 au deuxième hémistiche de 4792,

la correction qui s’impose ne peut pas être faite par recours à À, qui a faussé l’ordre des vers. Dans cet exemple, le mauvais arrangement montre encore une fois que la version À est moins authentique que les versions cDE.

En résumé, voici comment nous jugeons les versions du Moniage Rainouart. La famille c (surtout C'), que nous avons publiée dans le MR I, est la plus authentique. La version D est très imparfaite, en bonne partie, probablement, par la faute du dernier copiste ; mais malgré les écarts que nous avons signalés, elle reste au fond fidèle à une tradition indépendante qui pourrait remonter assez loin. Par contre, E nous paraît une version hétéroclite, souvent contaminée par des contacts avec plusieurs traditions ; néanmoins, pour des parties déterminées ou pour certains vers, elle pourrait également conserver des éléments authentiques. Mais comme la version E fourmille d’étourderies et de petites variantes individuelles créées par le scribe, elle n’inspire pas confiance et ne pourrait pas servir de manuscrits de base. Enfin AB, comme nous l'avons constaté plusieurs fois, donne un texte logique et

CARACTÉRISTIQUES

soigné mais

tardif; cette version

DES

VERSIONS

est la moins

XLVII

authentique,

accusant parfois des refontes de laisses et de rimes. Ainsi l’étude de certaines caractéristiques et des fautes de ces versions nous permet, à l’occasion, de remonter à un état antérieur plus authentique. Elle nous aide aussi à juger de la valeur d’un texte par comparaison avec d’autres textes, mais ne nous mène pas très loin en ce qui concerne le classement.

CHAPITRE

IV

LE. PELITVERS Le petit vers ou vers orphelin (vers court, vers caduc, vers tronqué), l’hexasyllabe féminin à la fin des laisses épiques qui ne rime ni avec sa propre laisse ni avec la laisse suivante, reste une énigme malgré plus d’un siècle de recherches ’. Optimiste, Gaston Paris a cru que l'authenticité (priorité) du vers orphelin ne pourrait «être décidée que par une comparaison minutieuse pour chacun des poèmes du second groupe [Enf. V., Chev. V., AL, BL, MR, FC, MG I & IT] entre la rédaction qui offre le petit vers et celui qui ne l'offre pas»; plus 1. Les articles de MM. Dembowski et Roncaglia et surtout le travail de M'° Tyssens fournissent des commentaires et des appréciations sur ces recherches. Voici la bibliographie principale : Peter F. DEMBOWSKI, Le vers orphelin dans les chansons de geste et son emploi dans la Geste de Blaye, Kentucky Romance Quarterly, t. 17 (1970), pp. 139-148 ; Aurelio RONCAGLIA, Petit vers et refrain dans les chansons de geste, dans La Technique littéraire des chansons de geste, Paris, 1959, pp. 141157 ; Madeleine TYssENS, Le Problème du vers orphelin dans le cycle d'Aliscans, dans Geste, pp. 163-176; la note récapitulative aux pages 56-57 de Jean Frappier, Les Chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange 1, Paris, 1955 ; A. L. TERRACHER, La Tradition manuscrite de la Chevalerie Vivien, Paris, 1912, pp. 46-48: E. WIENBECK, W. HARTNACHE, P. RASCH, Aliscans, Halle, 1903, pp. XVI-XVII, XIX ; W. CLOETTA, Les deux rédactions en vers du Moniage Guillaume, t. Il, Paris, 1911, pp. 157-158; J. RUNEBERG, Études sur la geste Rainouart, Helsingfors, 1905, pp. 21-26 ; O. SCHULTZ-GORA, Der Kurzvers im Folcon de Candie der Boulogner Handschrift no. 192, ZRP, t. 24 (1900), pp. 370-387 ; A. NORDFELT,

Introduction H. VON

et Appendice

FEILITZEN,

Upsala,

à l'édition des Enfances Paris,

1895,

pp.

Vivien par C. WAHLUND

xIX-XXVIN,

XLI-LI;

Les articles

et de

Ph. A. Becker, Der Sechssilbige Tiradenschlussvers im altfr. Epen, ZRP, t. 18 (1894),

pp. 112-123, et 19 (1895), 108-118, 151-152 et Die Kurzverslaisse, (1944), pp. 257-277. 2. Romania, t. 23 (1894), p. 611.

ZFS und Lit.

LE PETIT VERS

XLIX

réaliste, P. Dembowski, le dernier à notre connaissance qui ait repris le sujet, décide que «le problème de l’ancienneté et de l’origine du vers orphelin auquel on a consacré tant d'efforts critiques, reste au fond sans solution». En suivant la méthode suggérée par Gaston Paris, et en opposant la famille c dotée de l’hexasyllabe féminin à la vulgate (DEAB) dépourvue de cet ornement poétique, nous sommes arrivé à une conclusion plutôt décevante et analogue à celle de M. Dembowski, car l'examen minutieux et répété de ces textes

ne nous a pas amené à découvrir d’évidence sur l’état original ou prioritaire de la fin des laisses — sans ou avec petit vers (p.v.).

Ces résultats peu satisfaisants ne reflètent pas toujours les conclusions de ceux qui se sont occupés de la question, certains déclarant antérieure la version pourvue du vers orphelin

(Gautier,

Jonckbloet,

Guessard,

Cloetta,

Becker,

Runeberg) et d’autres accordant l’antériorité à celle qui en est dépourvue (Nordfelt, Terracher, Schultz-Gora, Wienbeck et Hartnache, Tyssens). Parfois, d’un côté ou de l’autre, l’assu-

rance est fondée sur des principes d’esthétique (la finesse du p.v.) ou de raisonnement (il est plus logique de délayer que d’abréger et les copistes n’auraient eu aucune raison de retrancher le p.v. s’il avait déjà existé dans le modêle). L'étude de Nordfelt, qui a fait une analyse détaillée des textes des Enfances Vivien est, à notre avis, la plus soigneuse et la plus convaincante de celles qui concluent à l’authenticité de la version avec décasyllabes *. Nous suivons en gros sa méthode pour tous les mss du Moniage Rainouart. En premier lieu, Nordfelt a comparé les œuvres du cycle d’Aimeri, dans lesquelles le petit vers est utilisé dans tous les manuscrits, avec celles du cycle d’Aliscans, où le p.v. est limité à certains mss de chaque chanson”. Ayant contrôlé les 4x | BMOpPNCS p'u147; 4. Introduction et appendice à l'édition des Enfances Vivien. Voir la référence , dans la note bibliographique supra. 5. Les épopées du cycle d’Aimeri sont : Les Enfances Garin, Garin de Monglane,

L

INTRODUCTION

chansons de Girard de Viane, La Mort Aimeri et Aimeri de Narbonne du cycle d’Aimeri, dans lesquelles le petit vers a sans

doute été créé par l’auteur, Nordfelt a remarqué que l’hexasyllabe était presque toujours nécessaire au sens du texte. « Le plus souvent» dit-il, «il est absolument indispensable » (p. Xxxv). Voici trois des exemples de ces p.v. indispensables dans Aimeri de Narbonne ; Nordfelt déclare que les exceptions sont «bien rares» (p. XXVI) : Laisse

9

Laisse 37 Laisse 46

Quant l’a veu Charles au fier visaje, Gentement l’aresonne. Au departir en prist a apeler Aymeri de Narbone. ; Tuit cil .xl. que vos ai nommez ci Iront la dame querre.

Ce sont de bons exemples de ce qui devrait arriver quant le p.v. est authentique. Dans ces cas, comme dans d’autres que cite Nordfeld, le sens du p.v. est intégré au sens de la laisse. Quand cela arrive, c’est presque toujours un indice valable de l’authenticité du vers hexasyllabique : mais les rapports entre les deux rédactions sont différents dans le cycle d’Aliscans. Nordfelt a ensuite examiné les textes des Enfances Vivien dans ce cycle ; les rapports entre hexasyllabes et décasyllabes y sont bien plus compliqués. En faisant la comparaison entre D sans p.v. et C avec p.v., il a porté un jugement sur plusieurs catégories de fins de laisses. Il n’a pas réussi à distinguer entre le travail original et le travail du remanieur dans les fins de laisses où il y a une inégalité et des différences «trop considérables » dans le nombre des vers, ni dans celles où il y

a un nombre égal de vers, parce qu’on ne peut pas « décider si Girart de Viane, Aimeri de Narbonne, Les de Commarchis, Guibert d'Andrenas, La Aimeri ; le cycle d’Aliscans : Les Enfances Bataille Loquifer, Le Moniage Raïnouart,

Narbonnais, Le Siège Prise de Cordres et Vivien, La Chevalerie Foucon de Candie, Le

de Barbastre, Beuves de Sebille, La Mort Vivien, Aliscans, La Moniage Guillaume I

CNVTE

Dans son chapitre « Le vers orphelin dans le cycle d’Aliscans » (Geste, pp. 163176), Madeleine Tyssens donne un tableau des vers hexasyllabiques dans le cycle

d’Aliscans, le dénombrement complet des œuvres dotées du petit vers, un historique de la question et l’exposé de son hypothèse concernant un remanieur unique.

LE

PETIT

VERS

LI

quelques mots ont été ajoutés dans D ou supprimés dans C ». Mais il a jugé plus significatives les fins de laisse où C a un vers hexasyllabique « surnuméraire », qui sont de loin les plus nombreuses (p. xLH). À l'exception de quelques laisses du début, où le remanieur se sentait tout à fait libre, et de deux laisses où le p.v. anticipe l’action de la laisse suivante, le p.v. n'est jamais indispensable et «on pourrait très bien le supprimer sans qu’un lecteur s’en aperçût». Voici les trois premiers exemples cités par N. (p. XxvI1), dans lesquels le p.v. est, en effet, superflu : D C DC C

DC e

et gairin plore qui soffre lou tourmant. garin plora qui soffri les ahans ki molt sont angoisseuses. quant ot ce dit do cuer vait sospirant. et des els en larmoie.

ne li dist mie sa pansee ains li coile. tot cois se taist li enfes.

Pour Nordfelt, le remanieur se serait servi souvent du procédé consistant à ajouter le p.v. sans plus, et c’est, à son avis, «la meilleure preuve que le petit vers a été introduit postérieurement dans C» (p. xxVIi). Notre étude du petit vers dans Le Moniage Rainouart comporte deux aspects : l’analyse détaillée des fins de laisse dans leur diversité, et la détermination de la forme la plus authentique — petit vers hexasyllabique ou décasyllabe épique traditionnel. Le Moniage Raïinouart semble l'œuvre idéale pour mener ces recherches, parce que c’est la seule chanson où l’on puisse opposer les deux versions (C et C') de la famille c dotées du petit vers à toutes les versions de la vulgate (DEAB), qui en sont dépourvues (voir le tableau dans Geste, pp. 166-167). En nous attachant aux textes plutôt qu'aux théories préconçues, nous suivons les conseils de Gaston Paris ; pour la méthode nous adoptons en gros les procédés de Nordfelt, mais en faisant un travail plus complet que lui, parce que nous prenons en compte tous les manuscrits et nous montrons en détail la variété des combinaisons de vers en fin de laisse.

LI

INTRODUCTION

Cette diversité reflète la complexité de la tradition manuscrite et rend incertaine l’évolution des textes depuis qu’un premier remanieur est intervenu pour introduire le p.v. ou pour le faire disparaître. Nous ne savons pas si ce personnage est le même que l’arrangeur cyclique qui a organisé le cycle d’Aliscans ; nous en doutons. En tous cas, nous concevons

le

développement suivant : les deux rédactions c et vulgate auraient déjà été établies et les rapports entre les manuscrits se seraient déjà enchevêtrés au moment de l'intervention du remanieur des fins de laisse ;cependant des changements ont dû être opérés après cette intervention, et tout ce travail, à la fin du compte, a créé la multiplicité des combinaisons que nous remarquons dans nos manuscrits. Nous croyons que des scribes de la vulgate (de E, par exemple) ont pu emprunter des leçons d’une version à petits vers et que C a vu une version décasyllabique. Pour faire l’analyse de tous ces phénomènes, nous les organiserons en Catégories et sous-catégories, et nous les accompagnerons de nombreux exemples et de renvois complets aux manuscrits. Les deux catégories principales sont celle d'égalité, où les deux rédactions ont le même nombre de

vers à la fin des laisses, ainsi £

DEAB

ancui orrés grant joie. ancui orés grant joie demonee.

1584

et celle d’inégalité, où le nombre des vers est inégal par l'addition, soit du p.v. surnuméraire, soit d’un ou de plusieurs vers dans un ou plusieurs des mss de la vulgate, ainsi cDEAB

c

Dex l’amera qui s’estordera vis! Mout forment s’esbahirent.

164 165

Dans cet exemple, 164 est le dernier vers de la vulgate, et c 165 est le vers surnuméraire. G@ que nous n'avons nulle arme. DEAB que n'avons armes dont nous puissons aidier; DEAB ja alissons lou foer chalongier.

Ici c se termine au vers 530; DEAB

530. ni

ont un vers de plus.

LE

PETIT

VERS

LIII

Voici la liste des catégories auxquelles nous nous référerons par la suite : I. ÉGALITÉ

DE VERS entre c et la vulgate.

LA.

Identité presque exacte de mots sur six syllabes, avec quatre syllabes de plus dans la vulgate. LB. Identité relative d’un ou de plusieurs mots. I.C. Identité de sens mais pas de mots. ID. Différence de sens. II. INÉGALITÉ

ITA.

DE

VERS.

Le petit vers est surnuméraire.

ILB. C est un délayage de C!. IT.C. La vulgate est surnuméraire (un ou plusieurs vers

d’un ou de plusieurs mss). Dans tous ces exemples, on relève l’enchevêtrement habituel,

les mss de la vulgate offrant souvent des leçons individuelles et

C s’écartant parfois de C". Voici des exemples laisse 22

cDEAB C' C E C

de la variété interne de la vulgate :

A ces paroles es vous venu Hardré qui trestout lor aconte. qui tot ces choses lor a dit et conté, grant aleüre con home forsené. et si com avenu furent.

492 493

493.1

Il y a d’abord, comme presque toujours, un vers commun à toutes les versions (492). Dans l’ordre de nos catégories, les manuscrits se comportent comme suit : £ = I.D. (égalité, sens différent), DAB = IL.A. (inégalité, p.v. surnuméraire) et C = IL.B. (inégalité, délayage de C!) ; C donne le même sens que C' et puis ajoute un petit vers de sept syllabes, ce qui indique peut-être le manque de soin du dernier copiste. Quant au choix de priorité du vers final entre 492 DEAB et 493 C', nous

y reviendrons au cours de la discussion de la catégorie IT.A. (p.v. surnuméraire).

laisse 34

cDEAB

Rois Thiebaus

l’ot, s’est vers terre clinés;

c tant fu dolans, a poi qu’il n’est dervés,

776

777

LIV

INTRODUCTION

DAB ne pot mot dire E tant par fu mus, G que il ne E ne puet mot dire

tant par fut adolés. pesans et trespensés pot mot dire. a hom de mere nés.

778

DAB se terminent avec un vers qui donne tout le sens, dans la catégorie II.A. ; E (catégorie I.A.), ayant vu les deux versions c et la vulgate, suit plus ou moins la leçon des autres pour 777, puis pour 778 donne la leçon du p.v. et ajoute des mots pour parfaire le décasyllabe; c a délayé la bonne leçon 777 DAB. laisse 55

CDEAB EAB € D EAB

entrés en estes de duel en hermitage. 1922 en aucun liu en un regne sauvaje. i Or vos covenra querre. 1225 Que j'ai vos, sire, vient me an coraje; Querrez vo frere, bien m'en est pris coraje. D Cil m'en aïst qui fist parler l’ymage. 1223. B car mestier ai de vostre grant barnage.

À l'affirmation essentielle, Rainouart est entré en ermitage et Guillaume décide d’aller le chercher, DB (II.C.) ajoutent deux

leçons superflues ; £A (1.B.) s’arrêtent au point logique. La leçon originale pourrait être celle de C, D ou EAB du vers 1223. laisse

87

cDEAB

la nuit desci a l’ajorner,

2104

c et Mairefiers se lieve. « DEAB que Maillefer leva por lui armer. AB Autresi fist dan Guillaume le ber AB por Renoart fervestir et armer.

dorment

2105 2105.1 2

Dans DEAB la leçon originale 2105 (I.A.) n'offre pas d'indication qui permette de choisir entre c et la vulgate; les deux vers 2105.1 de AB sont de ces délayages courants dans ces deux familles. Des exemples analogues de combinaisons de leçons de la

vulgate sont nombreux *. Passons maintenant à l’analyse de chacune des catégories. 6. Variété d'état des manuscrits à la fin des laisses : laisse 4—DE (ILA.), 4B (LC) ; laisse 17—E (I.C.), DAB (1.D.) ; 22—E (1.D.), DAB (IL.A.) ; 23—DE (L.A.),

LE’

PETIT

VERS

LV

I. ÉGALITÉ DE VERS. IA.

Identité presque exacte de mots sur six syllabes (quinze

cas) |. laisse

49

laisse

123

CDEAB Tant ont nagié li Turc de male part C que il Pourpallart virent. DEAB qu'il ont veüt la tor de Porpaillart. cDEA

fe,

1095 1096

mais

il redoutent et lui et ses fiertés; si ne li osent dire. ne l’osent dire con li plais est alés.

3847 3848

laisse 160

DEA CDEA DEA

truevent le mast ens en mi le formis. A bones cordes l’ont loé et saissis;

5085 Il 5086

laisse 183

CE contreval l’en traïnent. DEA si lou traïnent, contreval se sont mis. CDEA et Renouars fera sa departie G del grant tresor d’Aiete. DEA del grant tresor Tiebalt d’Esclavonie.

5735 5736

Les fins de laisse dans ces exemples, comme dans les autres cas

de

I.A.,

ne

sont

pas

probantes,

car,

comme

la

dit

Nordfelt, il n’est pas possible de décider pour chaque exemple si quelques mots ont été ajoutés à des modèles hexasyllabiques pour former des décasyllabes, ou si l’on a ôté des mots à des modèles décasyllabiques pour créer des hexasyllabes *. C (ILB.), 4B (II.C.) ; 28—B (1.D.), DE (IL.A.) ; 29—B (I.C.), DE (HA), À (IL.C.): 30—EAB (1.B.), D (IL.C.); 34—E (LA.), DAB (ILA.) ;46—E (1.D.), DAB (IA): 52—EAB (1.D.), D (ILA.) ; 53—DB (I.D.), EA (IL.A.); 55—EA (1.B.), DB (HI.C.); 60—D (I.C.), EAB (ILA.) ; 68—D (I.D.), EAB (II.C.) ; 72—B (L.B.), DEA (IA); 75—AB (I1.D.), DE (HI.C.) ; 76—DE (I1.C.), AB (IL.C.) ; 78—D (1.B.), EAB (1D.), C (LB) ; 79—_EB (I.C.), À (1.D.), D (IL.A.) ; 80—E (1.B.), D (1.D.); 82—DE (I.D.), AB (IL.C.); 86—DE (I.C.), 4B (II.C.) ; 87—DE (LA), 4B (II.C.) ; 99—E (I.A.), D (IL.A.) ; 107 —EA (I.C.), D (1.D.); 113—E (LB.), DA (IC); 121—DA (1D.), E (II.C.) ; 122—EA (LA.), D (LB.); 130—E (LB.), DA (I.C.); 136—E (I.C.), DA (IL.A.) ; 137—EA (1.D.), D (IL.C.) ; 138—EA (L.C.), D (ID.); 139—E (ID), DA (ILA.); 148—EA (I.C.), D (ILA.). 7. Dans les notes nous ne mettons pas de sigle quand tous les mss de la vulgate s'accordent. I.A. Égalité; identité presque exacte : laisses 7C', 23C'DE, 34E, 49, 73, 77, 85C', 87DE, 99E, 122C'EA, 123, 160, 183, 185, 186. 8. Nordfelt a vite renoncé à trouver des renseignements valables dans les cas d'égalité : «[Les laisses] qui, dans les deux rédactions, donnent un nombre tout à fait égal de vers ne nous sont pas non plus bien utiles ; on ne saurait ordinairement

décider si quelques mots ont été ajoutés dans [D] ou supprimé dans [C] (p. XXvI) ».

LVI

INTRODUCTION

Nous croyons, pourtant, qu’un remanieur qui serait parti d’hexasyllabes aurait pu facilement effectuer cette opération sur un nombre de fins de laisse supérieur aux quinze cas de I.A. que nous avons relevés dans deux cent six fins de laisse du Moniage Rainouart. Cela nous fait pencher pour l’hypothèse du décasyllabe primitif. En acceptant cette hypothèse, on verra dans les catégories suivantes que le remanieur, étant donné la difficulté de cet exercice de réduction, a été contraint de former des hexasyllabes qui s’éloignaient de plus en plus du décasyllabe original. LB. /dentité deux cas) ?. laisse

8

relative

cDEAB c

laisse

15

DEAB cDEAB

c laisse

128

DEAB cDEA

d’un

ou

de quelques

mots

Lors s’en retorne, si s’est alés seïr a une crois a voute. a une crois por son sanc revenir. Lors fu dolans et maris et troblés

quant il n’est au service. se li servisses lors fu mout

est si sans lui chantés. caus et mas et amatis;

ê

laisse 162

(trente-

desour son mast s’apoie. DEA desor son mail s’est arrestés et mis. cDEA Il est lasus leis Mahomet pendus, G si gaite les cornelles ». DEA Si gardera les cornoilles lassus ».

146 147

326 327 4086

4087 5120

Dans ces exemples caractéristiques, comme pour les autres exemples de cette catégorie, il nous semble impossible de donner la priorité à l’une des deux rédactions. [.C. Identité de sens, mais pas de mots (quarante-six cas) . laisse

OMR"

27

cDE ne fust l’auberc qu'il avoit endossé, B ne fust .. arbres que il a adossé,

Égalité : identité relative : laisses 8, 13, 15, 30EAB,

585

32, 43, 44, 5SEA, 61E,

65, 72B, 74, 78D, 80E, 88, 89, 93, 103, 113E, 122D, 124, 128, 130E, 144, 151, 162, 170, 188, 189, 190, 202. 10. I.C. Egalité ; identité de sens : laisses 17E, 27, 29B, 35DEA, 48D, 59, 60D, 64, 69, 76DE, T9EB, 86DE, 90, 95DE, 96, 98DE, 105, 107EA, 115, 117, 125, 130DA, 133, 135D4, 136E, 138EA, 141, 146, 148EA, 149, 152, 155, 157, 163EA, 168, 171, 173, 177DA, 181, 193EA, 197D, 200, 203.

153, 62, 129, 161,

LE

c Laisse

96

DEAB cDAB

mout

586 2725

forment en mehaigne.

ces Sarrasins

c

DEA 133

ocire et afoler.

vous

cDEA

« Voir », dist Tiebaus,

a honte.

3894 3895

CDEA

«bon

conseil me

donés ;

4228

si le ferai jou faire ».

GC DEA si sera

laisse 155

morriés

ja vos feroie a dolor baaillier.

‘de

ensi ert il a certes ». fait comme vos devissés ».

Il jure Dieu, le pere droiturier

C6

DEA

Dans ce les deux du même textuelle labe ou

LVII

AB cui il ataint n’a cure de gaber. cDEA Ne fust pour chou merci vos voi proier,

laisse 125 laisse

VERS

malement le menaisse. el cors l’eüssent en .xxx. leus navré. et le marcis mout ruistres cols doner:

ê DE

PETIT

tuit en morront

4982

a honte.

qu'il en avront molt dolereus

4983

loer.

groupe il y a évidemment plus de divergences entre rédactions, qui gardent le même sens sans faire usage vocabulaire. Nous n’avons trouvé aucune indication qui nous permette d’accorder la priorité au décasylà l’hexasyllabe.

ID. Différence de sens (quarante-huit cas) "!. faisse

|

c Moines biaus sire, por le cors saint Denis,

DEAB

l’ot, si fut espoeris c faites ce ke vos prie. DEAB ne l’atendist por tot l’or de Paris. laisse

20

cDEAB

Rainuars

l’ot, fist li un

fel regart;

regarde cele part

“#, laisse

38

laisse

71

11. LD.

( DEAB cDE ë D EB cEAB

27

Li moines

28 C



435

fierement le regarde.

436

vers lui par mout grant ire. « Diva », dist il, «tu me sanbles musart ». le froc vestu et en son poing la mace. 836 Ses compaignons le moustre. 837 Torgans lo voit, si froncha lou visage. Les Sarrasins apiele en son langage. et mon

destrier

Florentin

Égalité; différence de sens : laisses

enseler;

1, 6, 16DE,

17DAB,

» 20DAB,

1554 21,

22C'E, 26 (26a), 28B, 36, 37, 38DEB, 39, 45, 46E, 50, 52EAB, 53DB, 68D, 70, 71, 75AB, 78EAB, 794, 80D, 82DE, 91, 92DE, 107D, 110, 111, 112, 116, 121D4, 126, 137EA, 138D, 139E, 158, 172, 175, 178, 182, 192, 196EA, 197EA, 198, 199.

INTRODUCTION

LVIII

laisse 112 laisse 192

DEAB cD ( DEA CDEA C DEA

le matin l’irai querre. Guibors l’entent, si commence a plorer. Dex c’or ne seit Rainuars ses pensers, dame sainte Marie. con il fust ja malement salüés. si deffendra Mahom et Apolin vers la loy crestiene. vers Renouart, lou felon de put lin.

1555

3474 3475 6103 6104

Dans cette dernière catégorie, les divergences entre le petit vers et le vers de dix syllabes sont encore plus prononcées. D’après le procédé normal, un décasyllabe pénultième commun aux deux rédactions est suivi par un décasyllabe dans la vulgate et par un hexasyllabe dans la famille c. Les variations ne sont ni importantes ni fréquentes. Dans la première laisse, par exemple, les divergences des leçons remontent au pénultième vers, ce qui est rare. Cela s'explique par l’élaboration dans la vulgate, aux vers 23.1-.4, du thème de l’effroi du moine gris, sujet répété dans les vers 27-28 de la vulgate. Parfois, mais rarement, les mss de la vulgate divergent à la fin (laisse 38). Et dans la laisse 20, C a changé le deuxième hemistiche du pénultième vers (435) pour créer un vers différent de celui de C'. Ce changement peut s'expliquer par le désir du scribe d’éviter la répétition, banale dans le modèle c, du phénomène du regard. Cette mauvaise répétition par C' (436 sur 435) est peut-être une petite indication d’un état plus authentique de la version vulgate, mais c’est peu de chose et cela ne nous mène pas loin. II. INÉGALITÉ

ITA.

DE VERS.

Le petit vers est surnuméraire

(soixante-huit cas) !?.

Dans cette catégorie le petit vers « orphelin » à la fin de la laisse est précédé par un décasyllabe commun aux deux 12. ITA. /négalité ; petit vers surnuméraire : laisses 2, 3, 4DE, 5, 9, 10, 11, 12, 18,

22DAB, 28DE, 29DE, 31, 34DAB, 41, 42, 46DAB, 47, 52D, 53EA, 54, 58, 60EAB, 66, 67, 12DEA, 79D, 83, 84, 94, 97, 99D, 100, 102, 106, 108, 114a, 118, 120, 127, 131, 136D4, 139D4A, 140, 142, 143, 145, 147, 148D, 156, 159, 164, 165, 166, 169DA, 174, 176, 179, 180, 187, 191, 193D, 194, 195, 196D, 201EA, 204a, 206E4A.

LE

PETIT

VERS

LIX

rédactions. Dans ces cas le p.v. est superflu, et il est probable que le décasyllabe était à l’origine le dernier vers de la laisse. Pour nous, comme pour Nordfelt, cette catégorie est le principal élément susceptible de déterminer les rapports entre l’hexasyllabe et le décasyllabe. Nous rappelons notre discus) et ses conclusions, sion de l’étude de Nordfelt (supra, p. qui sont également valables pour Le Moniage Rainouart : «si le vers hexasyllabique est originaire dans une chanson, il doit être assez important pour le récit» (p. xxv); dans Les Enfances

Vivien, une chanson

mixte comme

la nôtre, « dans

aucune laisse le petit vers n’est indispensable … on pourrait très bien le supprimer sans qu’un lecteur s'en aperçût » (p. XXvVI). Nous divisons cette catégorie en sous-groupes pour mieux démontrer la superfluité fondamentale, malgré des apparences de diversité. Dans ces exemples, le petit vers n’est pas intégré à la laisse, ce qui devrait être le cas s’il était prioritaire, mais il est plutôt surnuméraire, inutile, superflu. 1. Le petit vers n’est pas nécessaire au sens de la laisse ; les cas de cette espèce sont de loin les plus nombreux : laisse

3

CDEAB

servira

laisse

18

cDEAB

laisse

28

laisse

58

laisse

67

E cDEAB

laisse

118

cDEA

G cDE cDE c

CDEAB

6

laisse 179 laisse 194

C CDEA CE cDEA C

Dieu, ce dist, comme

preudom, 59 et sa mere Marie. 60 le biau mengier calengier et tenser ; 413 si s’en sera a aise. « Voire », fait il, «par foi tu le rendras, 596 ou se che non, de male mort morras 597 orendroit, sans atendre ». 598 Franchois se gaitent dusc’a l'aube esclarie 1276 au miels qu'il ongues porent. 1277 1489 qui ne puet estre par armes departis. Aidiés, saint Marie ! 1490 3668 Lor traïson porront bien comparer ; Dex lor doinst male honte! 3669 5616 paien aront la bataille demain; 5617 tout i morront a honte. 6319 qui la bataille vers Renouart fera, si com

est devisee.

6320

LX

INTRODUCTION

2. Certains des petits vers sont caractérisés par un élément

répétitif du vers précédent * : laisse

11

laisse

83

laisse 114a laisse 131

cDEAB

S'il vos anoie, sour costé vos tornés». Ë À icest mot s’en torne. cDE de mout fier home li peüst remenbrer c et de mout grant (fier C) barnage. cDEA de traïson ne se puet nus garder. Œ Dex confonde traitre! cDEA Et tout li moine vont au bort desfendant ;

Œ

mout

192 193 1781 1782 3521 3522 4146

forment

se desfendent.

4147

Les vers courts de cette sorte paraissent sortir de la plume d’un remanieur, momentanément à court d'inspiration devant la nécessité de terminer chaque fois sur un hexasyllabe, plutôt que de la plume d’un auteur, qui aurait su éviter ces répétitions banales. 3. Le petit vers semble nécessaire, mais c’est le changement d’un mot dans C (C'est lacunaire dans les deux exemples) qui crée cet ellel. laisse 156 laisse 169

DEA Ou voit Tiebaut, sel prent a apeleir. C Ou voit Tibaut, si li prist a mostrer EC comment a esploitié. DA mais ans cort terme li avra grant mestier. C mais a cort terme lor ara tel mestier E: que mout en ert afaire.

5008

5009 5331 5332

4. Le petit vers est introduit à l’intérieur d’une laisse. Dans la famille c il y a deux exemples de deux laisses à rime unique qui se suivent, séparées par un petit vers : laisse 147 (4653-99), laisse 148 (4700-29) en -ent ; laisse 187 (5914-23), laisse 188 (5924-98) en -a. Dans la vulgate, chaque paire forme une laisse unie (4653-4728, 5914-98) sans lettrine au milieu et sans signe de soudure. Voici pour chaque exemple la suite des laisses : 13. Petit vers répétitif :laisses 11, 29, 83, 108, 114a, 127, 131, 139, 140, 164, 165. 176, 193.

LE

laisse(s) 147-148

cDEA

| laisse(s) 187-188

cDEA CDEA

PETIT

VERS

EXI

Mais qui ait duel ne qui ait marement,

4698

Rainuars maine joie. Raiïinuart rist mout angoisseusement ; Renouart dist ne li escondira,

4699 4700 592?

e die ce que li plaise. C Che dist Guillaume : « Renouart, entent cha : EA Raïinoars frere, or entendés dont (dist il

5923



ent

5924

A)ca

Il suffit de lire les vers cités en omettant le p.v. pour comprendre que les hexasyllabes sont superflus. Nous croyons qu'ils ont été introduits par un remanieur, peut-être parce que ces deux laisses aux rimes peu habituelles lui paraissaient longues. Et puis ces petits vers lui plaisaient. 5. Nous terminons cette catégorie par deux exemples qui semblent donner la priorité textuelle à la vulgate : laisse

2

cDE

Se il l’ataint, molt est corte

sa vie;

AB S’a cop l’ateint, molt ert corte sa vie. cDE anqui morra li moines a haschie c se Diex ne li aiüe.

Ces vers permettent seul vers suffit, cDE marquer la fin de la deuxième proposition avec le vers 47 une laisse 34

47

48 49

une série d’hypothèses : dans AB un ont un deuxième vers qui aurait pu laisse, mais c ajoute dans le p.v. une hypothétique subordonnée qui forme construction gênante et superflue.

c tant fu dolans, a poi qu'il n’est dervés, (e mus et abosmés C) DAB ne pot mot dire tant par fut adolés. E tant par fu mus, pesans et trespensés c que il ne pot mot dire. E ne puet mot dire a hom de mere nés.

To

778

Le vers commun original, préservé par DAB, a été délayé par ce, comme l'indique la cheville de C’ au vers 777, a poi qu'il n'est dervés. Le ms. E, faisant de son côté un décasyllabe du

p.v., a également ajouté une cheville, a hom

de mere

nés.

LXII

ILB.

INTRODUCTION

C surnuméraire

sur

C.

Dans sept laisses se produit un phénomène exceptionnel qui pourrait démontrer que le décasyllabe précède l’hexasyllabe. Dans ces laisses, C donne avec la vulgate (ou avec certains mss de la vulgate) un vers décasyllabique qui correspond par le sens et par un certain nombre de mots à l’hexasyllabe final de C’ ; puis C ajoute un petit vers bien différent de celui de C”. Voici trois exemples, dont celui de la laisse 93, qui est bien

compliqué laisse

7

laisse 85 laisse 93

CDEAB G C CDEAB Gr C cDEAB CAB DE (C* (@

ne le saint moine, qui Dieu aoure et prie. 126 ne le saintisme moine. par nuit a ses matines. 1 et vous defende de mort et de prison. 1819 de prison vous defende et sa mere Marie. 4 que jou conquiere cest paien parjuré 2550 que il reçoive sainte crestienté. 2551 que baptesme ait, an fons crestienté. qu'il reçoive baptesme. et baptisier se fache. 3j!

Vu les rapports entre les deux mss de la famille c et la priorité que nous accordons à C”, nous croyons que le petit vers, qui existait déjà dans le modèle dont dérivent indépendamment C' et C, a été préserve par les copistes de ces deux mss ; mais C, qui présente assez souvent des contaminations avec la vulgate, a adopté pour ces quelques cas le décasyllabe de la tradition vulgate et a fabriqué le petit vers pour terminer la

laisse ! II.C. La vulgate surnuméraire ; la vulgate (ou certains mss de la vulgate) est plus longue à la fin des laisses (quarante cas) ". 14. C surnuméraire : laisses 7, 22, 23, 78, 85, 93, 122. Dans la laisse 22, c'est uniquement C décasyllabique qui correspond à C’ hexasyllabe. 15. Les p.v. des laisses 22 et 23 ont sept syllabes, indication peut-être du mauvais travail d'un copiste. 16. IL.C. La vulgate surnuméraire : laisses 4AB, 14, 16AB, 19, 20E, 234B, 24, 25,

294, 30D, 33, 35B, 40DEA, 51, 55DB, 56, 57, 63, 68EAB, 75DE, 764B, 81DE, 824B, 864B, 87AB, 104, 109, 113D4, 119, 121E, 132DA, 134, 137D, 150, 154, 163D, 167, 177E, 184, 205.

LE

PETIT

VERS

EXHI

L'analyse des vers surnuméraires de c nous a amené à penser que, pour les fins de laisses, la version vulgate est probablement plus authentique que la version c. Mais il faut pratiquer la même analyse détaillée en sens inverse (ce que Nordfelt a négligé de faire), pour voir si les vers supplémentaires de la vulgate démontrent par leur intégration essentielle au texte qu’ils sont nécessaires et authentiques. Une telle constatation raffermirait notre penchant pour l’antériorité de la vulgate. Mais il n’en est rien, car les vers surnuméraires de la vulgate sont aussi peu essentiels que ceux de la famille c. Néanmoins l’analyse de cette catégorie et des sous-groupes nous a suggéré un avis fondé sur la logique. Nous examinerons d’abord les cas où tous les mss de la vulgate donnent à peu près les mêmes leçons.

l. Le décasyllabe de la vulgate est différent de l’hexasyllabe

de, ce laisse

14

cDEAB

car j'ai les dras et si il ne me faut DEB Car me respont ! Por A Molt me merveil por C

DEAB

laisse

63

Dex,

tos an

suis esperdus.

CEAB tout dis portoit en sa main un baston? C Mout fu de fiere jeste. DEAB

laisse 119

Si m'eïst

les ai vestus; que rere. coi es tu si mus? quoi tu es lassus.

Guillaume

l’ot, si baissa

251 252 |

1422 1423

lou menton;

DEAB cDEA

molt fu dolans, ne dist ne o ne non. Al ne s’aperchoive li culvers desloiaus, 3685 c qui tant est de grant force. 3686 DEA Devorés iert a ours et a grifaus; DEA atendre puet molt dolerous jornas !» J DEA « Mahons t'en oie!» ce dist Escladubals. .2

Dans cette catégorie, un vers commun aux deux rédactions (les vers 251, 1422, 3685 dans les exemples cités) est suivi dans c par un p.v. excellent, tandis que la vulgate termine la laisse avec un décasyllabe suivi de vers supplémentaires. Ici nous nous demandons pourquoi le remanieur responsable de la vulgate, qui aurait eu sous les yeux les p.v. i/ ne me faut que 17. Laisses

14, 40, 56. 63, 104, 109, 119, 150, 154.

LXIV

INTRODUCTION

rere, mout fu de fiere jeste, qui tant est de grant force, aurait abandonné ces leçons pour créer des vers complètement différents.

Dans

chaque

cas les deux

versions

sont

bonnes,

mais nous comprenons mieux que le responsable de c, se trouvant dans la nécessité de transformer en hexasyllabe un seul ou plusieurs décasyllabes qui le gênaient et se prêtaient mal à l’abrègement, ait abandonné ces vers, qui n'étaient pas nécessaires au sens, et les ait remplacés par un petit vers hexasyllabique. C’est ce procédé qui nous paraît le plus probable et nous fait pencher, encore une fois, du côté de la vulgate. 2. Accord

de mots

et de sens

entre

le décasyllabe

et

l'hexasyllabe'*. laisse

19

cDEAB

cantoit c

DEAB DEAB

laisse

57

laisse 205

CDEAB (Ë EAB DEAB DEAB DEAB cDEA (Ci C EA DEA

li bers Rainuars a haut et Thiehars l’araisone.

ton;

Es vos Thears, qui l’a mis à raisson : «Qu'est la», dist il, «a cel noir chaperon ? »

sovent

maneche Guillaume le baron qu'il h tolra Orenge. qu'il li tora Orenge sa maison. Mais ans ara soffert tel chaplisson contre son pere Renouart le baron ans tel n’oïstes n’en fable n'en chançon. S'il ot paour, ne l’alés demandant ! Dieu reclaime et saint Piere. Dieu reclama et sa mere. (7 syllabes) Deu reclama le Pere omnipotent car onques mais n’ot bataille si grant!

422 423

pl 1255 1256

A 2) 3 7101 7102

Al

Comme dans toutes les catégories d’inégalité, les vers surnuméraires de la vulgate sont des additions anodines et superflues, exprimant souvent la réclame d’un jongleur ou l'annonce d’un événement par un scribe ou un remanieur cyclique ”. Dans ces exemples on remarque un phénomène 1 AL AISSeS

10245855

SI ST

ISA

IOT

184000"

19. Ces réclames et annonces se trouvent dans les laisses 33, 51, 167 de ce groupe et dans les laisses 55, 56, 113, 150 du groupe précédent.

LE

PETIT

VERS

LXV

général, caractéristique des catégories d’inégalité dans la vulgate : la structure des fins de laisse est telle que le vers hexa-déca-syllabique ultime (423 dans la laisse 19 ci-dessus) est précédé par un décasyllabe commun (422), qui pourrait

être le dernier vers de la laisse sans que le sens en souffre *. Ainsi, le vers pénultième (422) ou le vers ultime (423) pourraient l’un et l’autre représenter le vers final de la forme originale. En récapitulant les divers types de fin de laisse, nous avons été frappé par l'élément solide et constant des décasyllabes, soit en position finale, soit en position pénultième, et nous avons remarqué que l’un ou l’autre de ces vers de dix syllabes pouvait toujours fournir une conclusion satisfaisante à la laisse. Nous avons donc été amené à croire qu’il y a plus de chances pour que les vers de la fin partent d’une base décasyllabique plutôt que hexasyllabique. C’est encore un point de vue et non une preuve scientifique.

3. Additions individuelles par des mss de la vulgate *. Ce sont des broderies ajoutées par des scribes et copistes (surtout dans AB), plus récentes dans l’évolution des versions que celles de la catégorie précédente, qui, à quelques exceptions près, figurent dans tous les mss de la vulgate. laisse

4

cDEAB

sel fait monter

c AB

laisse

29

AB cDEAB c AB A

sans

nule demoree ;

71

vers Bride s’en retorne. Li moignes

monte,

72

s’a sa voie tornee

a l’abaÿe a grant esperonee. n'en trovissiés un seul en cel regné; tout sont ocis a honte. Tant com il pot a le pais mondé; puis prent son froc et si l’a endossé.

nl 621 622

À

Exceptionnellement, on comprend ici la source de l’addition de À. Dans les mss de la vulgate, les larrons ont saisi le froc de 20. Exemples

de décasyllabes

communs

qui pourraient

terminer

la laisse

vers 251, 422, 529, 621, 881, 1244, 1255, 1517, 3302, 3395, 3685, 3755, 4862, 7101. 21. Les laisses 44B, 16AB, 20E, 234B, 294, 30D, 35B, 55DB, 68EAB, T5DE, 764B, 82AB, 86AB, 87AB, 113D4, I21E, 132DA, 137D, 163D, 177E.

:

LXVI

INTRODUCTION

Rainouart au moment de leur première attaque (439-439.1). Plus tard, après qu'il s’est vengé d’eux de façon exemplaire, À seul remet notre héros en possession de son bien. laisse

55

CDEAB entrés en estes de duel en hermitage. GC Or vos covenra querre. D Que

j'ai vos,

sire,

bien

me

vient

an

corage; EAB Querrez vo frere, bien m'en est pris corage; D cil m'en aist qui fist parler l’ymage. B car mestier ai de vostre grant barnage. laisse

121

cDEA

1222 1273

:l

quant il iert nuis, donques si l’asaurons ; 3757

c

sel liierons de buies. 3758 DEA Et dist Tibalt : « Voirement si ferons. » E Qui ne l’otroie ja n’et s’arme pardon. .]

Chaque copiste se permet une petite amélioration du texte ; ce sont des additions tardives et sans signification. Voici enfin quelques détails variés sur les petits vers. La plupart des cas semblent être des exemples de l’inadvertance des scribes (quand C fait des p.v. de sept syllabes), mais quand il y a lieu, nous nous permettrons un jugement circonstancié. 1. Fautes métriques, toujours par € : cinq syllabes : 1074 er ch'ert en cort term ; sept syllabes : 493.1 er si com avenu furent, 508.3 mon sautier detüse lire, 1168 qui venoit envers Guillaume, 7102 Dieu reclama et sa mere. 2. Rimes masculines : c 1654 que chi sui avoié, c 709 Mout mal l'a avoié, € 5009 comment a esploitié. 3. Le p.v. garde la rime de la laisse : C’ 4171 par son fier vasselage, C 4876 garder s'en peüst mie. 4. Le p.v. donne la rime de la laisse suivante : c 28 faites ce ke vos prie, C 5276 nous ne lui faurons mie. 5. Leçons

différentes

entre

C’ et C : aux

vers

436,

851,

3424, 4171, 6265. 6. La laisse en c sans le petit vers. Voici les quatre cas : laisse 114

cDEAB cDEAB

Fol sont paien, se vous chi demourés, se il nos laissent .II. deniers mouneés.

3499 3500

LE

PETIT

VERS

LXVII

Cette laisse en -és est suivie par une laisse en -er, sans qu'il y ait lettrine ou initiale au premier vers en -er (3501) dans aucun ms., à l’exception de E. laisse 157

C Se jou vich longes, mout grant preu i arés, DEA Se ge vif augnes longement par aé, € corone d’or en vostre chief arés! DEA

ancor

serés de France

5023 5024

coronés.

Les premiers vers de la laisse suivante en -ws (5025) sont dotés de lettrines dans tous les manuscrits. laisse 199

cDEA C” C DEA

Ce cas est analogue nous croyons que commune des deux lettrine dans tous laisse 204 laisse 204a

cDEA cEA D DEA cDEA

Rainuars l’ot, le sens quide cangier 6833 quant ce li oï dire. 6834 quant ités mos li ot dire et noncier. il li respont : «KE ge miolz ne te quier. »

à ceux de II.B. (C surnuméraire sur C") et le petit vers existait déjà dans la source mss. La laisse suivante commence par une les manuscrits. chil vis dyables est ichi enserrés; ne puis a lui ne ferir ne hurter. je ne lou puis ferir ne adeser. Renouars voit qu’il nel puet asener, De che voel jou jugement demander.

7009 7010 7010 1-7 7011

Dans ce dernier exemple la confusion est générale. Par le sens le vers 7010 appartient à la laisse 204, par la rime à la laisse suivante 204a; les copistes répondent de façon variée. Dans À’, version soigneuse et attentive, il y a une lettrine au vers 7010, qui commence ainsi la laisse 204a. Dans tous les autres mss, ce vers en -er reste sans lettrine ou initiale ; cEA°

ne coupent pas le texte par une lettrine ou une initiale, mais font suivre 7010 par le reste de la laisse en -er. De son côté D garde le vers 7010, mais met une lettrine au début du vers 7010.1. Au début de cette laisse 204a la vulgate a fait l'addition 7010.1-.7, superflue et mauvaise : 7010 est répété deux fois (7010.2 et 7010.7) et le vers 7007 est doublé par 7010.3.

LXVII

INTRODUCTION

Ainsi il y a confusion et faute dans toutes ces versions, même dans 4’ qui essaie de corriger, mais qui fait commencer la laisse 204a fautivement par le vers 7010; cet état de confusion doit remonter à plusieurs étapes en arrière dans la tradition manuscrite. Ce qui est important pour notre examen de la versification, c’est l’absence du vers hexasyllabique, et c’est encore une indication probable que le petit vers n'existait pas dans ces états antérieurs.

Dans

son étude sur le petit vers, M"

Tyssens

accepte

l'opinion générale des éditeurs (à l'exception de Runeberg), selon laquelle le petit vers fut interpolé dans les chansons du cycle d’Aliscans, mais elle admet que ces opinions n’ont pas été établies avec certitude. Elle offre une nouvelle hypothèse, d’après laquelle un seul remanieur, celui de v (le modèle de la famille c), aurait composé et introduit les 1 400 p.v. dans ces

œuvres En procédant à une comparaison entre les 1 400 p.v. du cycle

d’Aliscans et les 1 450 p.v. du cycle d’Aimeri, M" Tyssens a réparti les hexasyllabes en trois groupes, dont les deux premiers — celui des p.v. qui se trouvent dans les deux cycles et celui des p.v. qui apparaissent dans une seule œuvre — sont, à son avis, sans signification. Mais elle croit que le troisième groupe, formé des p.v. formulaires qui n'existent que dans le cycle d’Aliscans et qui se répètent dans plusieurs des chansons, révèle l’intervention du remanieur.

demandons

si, par principe,

la répétition

Nous

nous

de certains

vers

22. «.… tous ces petits vers sont de la même main et c'est l'auteur du modèle v qui en est le seul responsable » (Geste, p. 169). Nous rappelons que les œuvres de ce groupe sont Les Enfances Vivien, La Chevalerie Vivien, Aliscans, La Bataille Loquifer, Le Moniage Rainouart et Foucon de Candie. Les Moniage Guillaume I et II ont été exclus, parce que ce sont deux œuvres distinctes sur le même sujet plutôt que deux rédactions d'une seule œuvre, comme les six chansons citées.

LE

PETIT

VERS

LXIX

appuie cette démonstration et si ces répétitions sont assez fréquentes pour justifier une telle conclusion. Notons, d’ailleurs, qu'il ne s’agit plus ici d'examiner la question fondamentale de l’authenticité, mais plutôt de déterminer quand et par quel mécanisme les p.v. ont été ajoutés. Nous

commencerons

par

dresser

un

tableau

des

vers

hexasyllabiques cités par M" Tyssens, ce qui fera ressortir mieux leur disposition et leur fréquence *. Enf.

mourir ou Occire a honte et sa mere Marie avoir au cuer grant ire avoir au cuer (grant) joie a trestot le lignage (barnage) deputaire

V

OO © ON =

Che

Lans DU =Q)

AL

ND © D— N

BL

© NN = —

MROFC

LH © ND N 00

Un —] © D

En regardant ce petit tableau, nous apercevons bien la faiblesse de l’hypothèse du remanieur unique. Le nombre limité d'exemples des six formules dans les six œuvres en question offre une statistique insuffisante : dans EV il n’y a que quatre exemples en tout ; dans CV on ne voit que des zéros (pourquoi le remanieur hypothétique aurait-il négligé cette œuvre ?) ; dans les trois chansons de la Geste Rainouart (AL — BL — MR), qui sont très rapprochées par leur sujet 23. Nous donnons les références de ces formules pour Le Moniage Raïinouart, en y ajoutant des exemples où il peut y avoir un changement de quelques mots, bien que la rime reste la même. Puis nous ajoutons d’autres exemples de la répétition à la rime des p.v., mais sans avoir vérifié si ces mots et expressions se trouvent également dans d’autres œuvres ou cycles : mourir ou occire a honte 622, 882, 1470, 3172, 3669, 3868, 3895, 4357, 4983, 5449, 5617 ; er sa mere Marie 60, 1490, 1819.1, 3475, 4400, 7264 ; avoir au cuer grant ire 4652, 5374, 5570; avoir au cuer (grant) joie (ancui orrés grant joie) 1584; a trestot le lignage (barnage) 1782, 6068 ; deputaire 1406, 6891. Voici d’autres vers (sans indication de variantes) : fierement l'araisone 423, 1351, 1664 ; fierement le regarde 436, 1014; car il en est afaire 4331, 5261, 5332, 5531 ; et des expressions et mots qui se répètent à la rime : s'en torne, s'en retorne, se retorne 4, 72, 193, 637, 851, 2412, 6265 ; en cort terme 798, 1074; sans faille 1721,

3648, 5752; (biaus) sire 553, 910, 1058, 3326, 3396, 3424; joie 508, 1584, 4699, 5598 : mie 1314, 2349, 4876, 5052, 5276, 5432, 7028 ; moine (subst.) 126, 892, 3293, 4492, 4924.

LXX

INTRODUCTION

ainsi que par la place qu'elles occupent dans nos deux manuscrits (C : EV, CV, AL, BL, MR à la suite et FC plus loin : C’ : AL, BL, MR), il n'y en a que quelques exemples. La densité exceptionnelle des huit expressions de honte dans le MR s’expliquerait plutôt par le choix individuel d’un auteur ou du remanieur de cette seule œuvre que par le postulat d’un remanieur universel : cet exemple va en sens contraire de l'hypothèse proposée. Foucon de Candie est un cas à part, comptant plus de la moitié des p.v. (789 sur 1 400), et l’on peut se demander pourquoi l’auteur ou le remanieur supposé aurait omis la mère Marie, de même qu’on ne voit pas pourquoi certaines formules sont répétées dans certaines chansons et omises totalement dans d’autres. Tout ce phénomène de répétitions irrégulières n’a ni ordre ni plan apparent. Cette répétition de formules pourrait s'expliquer, nous semble-t-il,

soit

par

le hasard,

soit

par

des

influences

cycliques. Comme les auteurs, ou scribes-remanieurs, connaissaient d’autres chansons épiques, ils avaient en mémoire de nombreux clichés et formules qu'ils pouvaient sortir au

hasard *. Mais une explication toute simple nous est offerte par le caractère six formules

des mss

cycliques.

Il est possible que les

n’aient pas été relevées dans le cycle d’Aimeri,

parce qu'aucune de ces chansons n’apparaît dans C et C, tandis que les six œuvres du cycle d’Aliscans se suivent dans ces manuscrits. Les auteurs et remanieurs de certaines des œuvres de la Geste Rainouart, AL — BL — MR, connaissaient intimement d’autres chansons de leur cycle (voir le MRI, pp. XLIX-LX); pour les autres cas, bien qu'il n’y ait presque aucune répétition des p.v. dans EV et CV (voir le tableau), les scribes et remanieurs avaient au moins une certaine familiarité avec les chansons présentes dans leur

24. Notre interprétation des faits du tableau n'est pas celle de M" Tyssens : «Une semblable liste de faits concordants ne peut s'expliquer par le hasard. Quel hasard, en effet que se soient rencontrés sur tant de points, à l'écart de leurs confrères du groupe Y, les poètes de nos six chansons!» (Geste, pp. 174-175).

LE

PETIT

VERS

LXXI

manuscrit cyclique. Nous pensons donc que, si l’on ne veut pas accepter le rôle du hasard, ces rapports cycliques suffisent largement à expliquer les quelques cas de répétition de vers hexasyllabiques à la fin des laisses.

Voici en résumé nos conclusions sur le petit vers à la fin des laisses. Tout en rappelant que le choix à faire entre le décasyllabe et l’hexasyllabe n'est ni net ni certain, nous croyons que dans Le Moniage Rainouart les laisses se terminaient d’abord en décasyllabes et que le petit vers a été introduit dans la famille c par deux procédés : 1) égalité des vers : le décasyllabe final a été réduit à six syllabes; 2) inégalité des vers : sur le décasyllabe finai a été greffé un vers surnuméraire de six syllabes. De la première catégorie d'égalité, identité presque exacte entre le décasyllabe épique et l’hexasyllabe (I.A.), on ne compte que quinze cas, ce qui est peu. S’il y avait eu des petits vers à l’origine, il aurait dû rester davantage de cas de parallélisme, parce que le remanieur aurait pu facilement les transformer en décasyllabes en y ajoutant quelques mots. C’est

là le raisonnement

de Schultz-Gora,

qui nous

paraît

valable pour notre œuvre. La catégorie qui est la plus fréquente et qui nous paraît (comme à Nordfelt) la plus convaincante pour la priorité du décasyllabe, est celle d’inégalité, les petits vers surnuméraires (IL.A.), dans laquelle aucune des soixante-huit occurrences n’est nécessaire au sens de la laisse. Dans ces cas nous croyons qu’au lieu de condenser le contenu d’un décasyllabe pour en faire un petit vers, ce qui est parfois difficile, le remanieur a gardé le texte décasyllabique de son modèle, auquel il a ajouté des hexasyllabes inoffensifs et neutres. Enfin, les décasyllabes de la vulgate forment une structure

forte et cohérente : ce sont de bons vers en position finale,

LXXI

INTRODUCTION

mais ils auraient pu aussi servir de fins de laisse en position pénultième (le vers commun) dans un état qui aurait précédé la création des hexasyllabes et de toutes les additions postérieures. Le petit vers, en revanche, offre un sens satisfaisant quand il termine la laisse en accord avec le décasyllabe, mais il est superflu en position surnuméraire. Les fins de laisse où la vulgate est surnuméraire nous paraissent des additions faites après la formation des deux rédactions, vulgate et famille c. Ces conclusions reflètent notre appréciation des probabilités, sans que nous prétendions offrir des preuves scientifiques. Nous croyons que l’énigme du vers orphelin a résisté aux analyses des médiévistes ; ils ont été incapables de parvenir à une conclusion assurée, parce que le remanieur original a certainement été un homme de métier, maître scribe ou peut-être chef d’atelier, qui a su opérer ces transformatons sans laisser de traces explicites. Les interventions occasionnelles de copistes moins habiles que le remanieur original ont ajouté à la complexité des versions, mais la première transformation a été établie avec tant de savoir faire que les doutes sur l’authenticité d’un vers ou de l’autre persistent. Pour notre part, l’analyse des textes nous a amené à croire,

mais

décasyllabique.

sans

obstination,

à l'authenticité

du

vers

CHAPITRE

CLASSEMENT

DES

V

MANUSCRITS

Une question s’est posée dès le début de notre travail : serait-il possible de reconstituer l’œuvre originale au moyen d'un schéma qui reproduirait graphiquement les rapports existant entre des versions « si singulièrement concordantes et

si singulièrement divergentes » ? ! En principe, un schéma ou arbre généalogique rigoureusement exact de la tradition manuscrite devrait permettre aux éditeurs des anciens textes de retrouver automatiquement le texte original par recours aux concordances de la majorité des branches. On pourrait découvrir ce schéma par les deux méthodes classiques, celle des fautes communes de Lachmann, et le procédé statistique de dom Quentin, qui devrait révéler les intermédiaires par l’étude des variantes en groupes de trois *. Dans notre cas ces méthodes se sont vite avérées décevantes, parce qu'elles n’ont révélé que ce qui était 1. C’est de ces textes du cycle de Guillaume que Bédier a dit qu'ils nous sont parvenus «en deux, trois, voire quatre rédactions, sensiblement contemporaines, continüment identiques, continüment dissemblables » (Commentaires sur la Chanson de Roland, 1927, pp. 70-71). 2. La bibliographie relative aux éditions de textes est soigneusement indiquée dans le Manuel bibliographique de Bossuat et ses Suppléments. Bédier est revenu souvent sur ce sujet : introduction à la deuxième édition du Lai de l'ombre (1913);

Les

Légendes

Chanson

épiques

(2° édition,

1914),

I, pp.

337-341;

Commentaires

de Roland (1927), pp. 65-92 ; La tradition manuscrite

sur la

du Lai de l'ombre.

Réflexions sur l'art d'éditer les anciens textes, Romania (1928), pp. 161-196, 321-356; et De l'édition princeps de la Chanson de Roland aux éditions les plus récentes. Nouvelles Remarques sur l'art d'établir les anciens textes, Romania (1937), pp. 439-

469 ; (1938), pp. 145-244, 489-521.

LXXIV

INTRODUCTION

immédiatement évident à l’examen des collations, que les mss des familles À et B (et à un moindre degré les deux mss de c) formaient des groupes de parenté étroite ; mais elles n’ont été d’aucune utilité pour déterminer les rapports entre c, Det E et

les autres versions:. Ces procédés, qui visent à imposer une « loi d’airain » pour créer un ordre hiérarchique parmi les variantes, peuvent être valables pour des œuvres dont les scribes entendent suivre fidèlement les modèles et ne font que des fautes involontaires (la Bible, les livres saints), mais ils ne semblent avoir aucune

validité pour une chanson de geste comme

la nôtre, où des

copistes, scribes, réviseurs, éditeurs-remanieurs, s'accordent toute liberté, chacun à son tour, pour introduire dans le texte une lourde charge de contaminations. Contaminations, chan-

gements volontaires et conscients, c’est le domaine de la liberté et de la variété ; des variantes à presque chaque vers mettent des obstacles à tout système automatique (voir Æ, par exemple). Dans le Moniage Rainouart les scribes ont ajouté et abrégé à volonté, fondu deux vers en un seul ou délayé un seul vers en deux, déplacé un ou plusieurs vers ou parties de vers, interverti des vers; ils ont récrit des parties de vers, des vers entiers, des passages, et ils ont «repense strophe par strophe » “ tout un épisode, ou bien ils ont reproduit le texte de leur modèle avec une rime différente. Nous ne savons guère expliquer ces variations ou leur donner une place dans un plan général, car nous ne pouvons pas déterminer les sources des changements ni retrouver les versions intermédiaires qui ont disparu. Tout dans cette tradition manuscrite est d’une complexité extraordinaire ; un scribe-remanieur a pu

3. Ce sont aussi les conclusions de P.S. Coculesco dans un article plein de bon sens Sur les méthodes de critique textuelle du type Lachmann-Quentin : «Telles quelles, elles montrent assez vite ce qu'on verrait bien sans elles ; que dans le paquet de manuscrits, certains petits paquets se forment, certains mss vont toujours ensemble. Cela est incontestable, mais cela se verrait, semble-t-il, même sans ces méthodes » (Grai si Sufler, Bucuresti, 1929-1930, IV, p. 106). 4. Bédier, Romania (1938), p. 214.

CLASSEMENT

DES

MANUSCRITS

LXXV

avoir sous les yeux deux versions différentes, ou passer d’un manuscrit modèle à un autre pourvu d’un texte différent. Nous avons donc renoncé à la recherche d’un schéma qui représente l’arbre généalogique et au « beau rêve » de reconstitution du texte *, car la seule généalogie correcte, celle qui permettrait une telle opération, nous paraît introuvable‘. Comme l’a dit P. Collomp, « une copie contaminée a plusieurs généalogies ? ». Notre conclusion est donc tout à fait négative, et notre classement

des manuscrits,

même

dans

ses grandes

lignes,

reste imprécis. Sans prétendre planter un arbre qui puisse fleurir, nous voyons plutôt une plante squelettique à trois branches, c, E, DAB. Dans DAB les deux familles 4 et B se sont attachées tardivement à la tradition D. Entre c, E et

DAB, il y a des rapports constants, en forme de combinaisons continuellement changeantes, qui résistent à tout effort de classement détaillé. Les deux versions E et D semblent parfois 5. Cette expression « beau rêve » vient de la dernière page du dernier article de Bédier dans

la Romania

(1938), p. 521.

6. Pour servir de base à une reconstitution parfaite et unique du poème original disparu ou même de l’archétype d’une branche, le schéma doit être parfait et unique. Peut-on le trouver ? Dans le cas du Lai de l'ombre, Bédier a signalé quatre classements différents, pouvant tous rendre compte des faits qu'il avait observés, et il prétendait pouvoir y ajouter encore d’autres schémas (Le Lai de l'ombre, 2° édition, 1913, pp. XxxIV-XxxxIx). Pour le Moniage Rainouart, dont la tradition manuscrite est bien plus compliquée, nous avons remarqué un phénomène contraire. Au cours d’un long effort, caractérisé par plus d’entêtement que de logique, nous avons dessiné de nombreux schémas, établis de façon empirique sur les collations complètes. Malgré le recours à toute une série de lignes en pointillé, comme celles qu’on trouve toujours dans les arbres généalogiques du cycle de Guillaume, nous n’avons pas réussi à trouver un seul arbre qui rende compte des rapports entre toutes les leçons de tous les manuscrits; nous croyons que la tradition manuscrite du MR est trop enchevêtrée. 7. P. Collomp, La Critique des textes, 1931, p. 115 [Publ. de la Faculté des Lettres, Univ. de Strasbourg]. Voici les conclusions de Collomp, qui nous paraissent justes : «Le calcul de probabilité [système de dom Quentin] n’est légitime que dans l'hypothèse d’une transmission toujours mécanique, où la causalité règne seule, tandis qu'avec une tradition qui choisit et contamine on entre dans le domaine de la finalité, de la liberté, où nulle loi ne peut être établie. » (p. 87). Et à la page 118 : «l’utilisation de la généalogie est possible quand il n'y a pas contamination, impossible au cas contraire ».

LXXVI

INTRODUCTION

remonter assez haut vers la source originale, sans qu’on puisse cependant dire où ni par quels intermédiaires l’une ou l’autre s'attache au tronc. Ainsi, comme tous les éditeurs des chansons du cycle de Guillaume d'Orange depuis l'édition d’Aliscans de Halle, nous avons choisi un manuscrit de base, C' (MR D), que nous

considérons comme la version la plus authentique, c’est-àdire, la moins imparfaite. Nous présentons maintenant dans ces volumes le texte de toutes les autres versions. 8. Aliscans se trouve dans les mêmes manuscrits à promixité du Moniage Rainouart et présente les mêmes problèmes. Les trois éditeurs ont proposé des arbres généalogiques différents les uns des autres, et ils ont doté leurs schémas d'une bonne douzaine d'intermédiaires. À relire les opinions divergentes de ces trois éditeurs sur trois parties de l'œuvre, on comprend que personne ne puisse être sûr d’avoir trouvé un schéma authentique.

CHAPITRE

UNITÉ

VI

DE L'ŒUVRE

Le Moniage Raïnouart est-il une œuvre homogène qui, du commencement à la fin, conserverait à peu près une forme et des détails narratifs créés par un auteur unique, ou est-il plutôt un amalgame de deux œuvres, dont la première se terminerait au vers 3172 et l’autre serait une continuation

postérieure de 4 539 vers ?! M'° Tyssens prend une position bien catégorique — trop catégorique à notre avis — en préférant la deuxième solution et en rejetant l’unité de l’œuvre : «Tout se passe comme si la première branche, le Moniage Rainouart proprement dit, avait vécu sans Gadifer et s'était, au cours de la transmission, diversifiée en plusieurs versions. Gadifer, composé plus tard, fut rattaché à l’une ou l’autre de ces versions. Ainsi, tout porte à croire que l'épisode de Gadifer est l’œuvre d’un continuateur qui entreprit de raconter les dernières aventures de Rainouart en s'inspirant largement des poèmes précédents » (Geste, pp. 287, 289)°. 1. Pour faciliter la discussion, nous appelons la première partie (1-3172) AR-4 et pour la deuxième partie (3173-7531) nous gardons le terme souvent utilisé de Gadifer (Gad.), bien que ce champion sarrasin n'entre en scène que pendant quelque 1 300 vers (6073-7365, 4170, 5142) sur les 4359 vers que compte la

deuxième

partie.

2. Nous désignons par Geste la thèse de M" Tyssens, La geste de Guillaume d'Orange dans les manuscrits cycliques (Paris, 1967) et par Composition son article, La composition du Moniage Rainouart, Actes du VI Congrès International de la Société Rencesvals, Aix-en-Provence, 1974, pp. 585-605. Dans Composition : «… tout porte à croire que les deux branches n'ont pas toujours vécu ensemble et que Gadifer est l'œuvre d'un continuateur » (p. 587). «… La présomption est donc forte que l’ensemble désigné sous le nom de Moniage Rainouart soit composé de deux parties, la seconde ayant été conçue, cela va de soi, comme la continuation de l’autre » (p. 589).

LXX VIII

INTRODUCTION

Nous croyons plutôt à l’unité de l’ensemble, jugeant que les versions qui nous sont parvenues reflètent fidèlement dans leurs grandes lignes le plan, les proportions et les éléments narratifs essentiels tels qu’ils furent conçus par l’auteur. Tout en comprenant qu’une résolution définitive de cette question n’est guère possible, nous essaierons de confronter les raisonnements qui mênent à ces conclusions contradictoires et de justifier notre choix. I. —

MÉTHODE.

ANALYSE

DE

STYLE.

Une première question de méthode se pose, car, en se servant de chiffres et de statistiques, M!° Tyssens croit pouvoir discerner des éléments de style qui indiqueraient le travail de deux auteurs ; elle traite le compte des vers et la longueur des laisses comme des «considérations d’ordre stylistique qui tiennent au métier — parfois inconscient — des auteurs »

(Composition, p. 587)‘. Nous doutons que cette méthode soit efficace, parce que nous n’avons aucun moyen de déterminer avec certitude les parties du texte qui reviendraient à chacun des deux auteurs inconnus. Les conditions de la transmission des versions du Moniage Rainouart ne permettent n1 de distinguer le style d’aucun auteur ni d'attribuer à qui que ce soit les milliers de détails — vocabulaire, vers, images, expressions, tournures de 3. L'analyse de M" Tyssens est assez courte et néglige un grand nombre des aspects stylistiques. Une étude du style exigerait une comparaison détaillée des éléments stylistiques entre les versions du MR-A et les mêmes versions de Gadifer. Mais même si l’on entreprenait ce travail long et laborieux et si l’on trouvait que les deux parties montraient, dans une même version, des différences profondes, on ne serait pas très avancé ni en état de conclure qu'il y ait eu deux auteurs, car on pourrait attribuer ces changements à un scribe ou à un éditeur entreprenant. Quant au dépistage d’affinités secrètes, nous manquons de textes de contrôle qui permettraient de relever des éléments inconscients, tels que l'emploi de pronoms, d'articles ou de certains termes de vocabulaire. Le procédé est envisageable quand on connaît d'autres œuvres sûrement identifiées de deux auteurs connus. On pourrait ainsi, par exemple, essayer de déterminer qui de Ben Jonson ou de

Shakespeare serait l’auteur probable d'une pièce d'attribution incertaine.

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

LXXIX

phrases, tics verbaux, longueur des laisses — qui forment le matériel d’une étude stylistique. Une analyse stylistique qui porterait sur l’ensemble des versions du MR-A afin de les comparer à l’ensemble des versions de Gadifer, rencontre des obstacles qui nous paraissent infranchissables, car le chercheur se trouve dans un labyrinthe inextricable formé par l’enchevêtrement des versions différentes, où les détails varient sans cesse d’un manuscrit à l’autre. Cette complexité — les éditeurs des chansons du cycle de Guillaume l’ont assez rappelé — s'explique par les contaminations répétées et par les interventions successives d’auteurs-scribes-arrangeurs-compilateurs *. Par conséquent, dans la masse des variantes on ne sait quelles leçons choisir pour une étude stylistique, car il est rare qu’on ose attribuer des mots ou des passages à un état antérieur de l’œuvre, et encore plus qu’on se hasarde à les faire remonter jusqu’à l’auteur. Ainsi on ne réussit pas à établir rigoureusement le texte qu’il faut étudier, ni à choisir les détails qui déterminent l'identité littéraire d’un poête. Puisqu’il ne nous paraît pas possible de faire une édition qui rétablisse un état antérieur et plus authentique du texte, tout effort d’analyse stylistique ou statistique, telle que celle

entreprise par M"° Tyssens, se heurte à un mur d'incertitude. Nous concluons donc qu’il n’est pas possible de faire l’étude du style d’un auteur du Moniage Rainouart — encore moins de deux auteurs —, parce que l’on ne peut pas déterminer avec une précision suffisante le texte de son (leur) œuvre. IT. —

STATISTIQUE.

LONGUEUR

DES

LAISSES.

En premier lieu, notons que les versions sont de longueur variable, résultat des interventions des collaborateurs ultérieurs, dont certains aimaient les délayages et les interpola-

tions. Ce phénomène ajoute à la complexité et à l'incertitude 4. Voir en dernier lieu le commentaire de M. Félix Lecoy sur la transmission des textes, dans Variations sur le texte du Lai de l'Ombre, Romania, t. 103 (1982),

pp. 433-434, 468-469.

LXXX

INTRODUCTION

d’une méthode statistique. Voici le compte des vers du ARA : c (Ars.-Boul. 1-3172) : 3172 vers, D (1-3168.42) : 3361 vers, E (1-3169.1) : 3111 vers, 4° (1-3164.3) : 3584 vers, B' (1-3164.7, 7462.9-.112) : 3990 vers, B° (1-3165.50) : 4316 vers. Pour la totalité du Moniage Rainouart les chiffres sont également variés : c : 7531 vers, D : 7608 vers (il manque cent vingt-trois vers à la fin), E : 7718 vers, À° : 8309 vers. Venons-en maintenant au détail des arguments. À l'appui

de son hypothèse sur la dualité des auteurs,

M" Tyssens

remarque «l'allongement progressif» des laisses, d’abord dans «le Moniage Rainouart proprement dit » et ensuite dans Gadifer, et elle y voit un procédé «bien connu... dans la plupart des chansons de geste » (Composition, p. 588). Ainsi la combinaison de laisses courtes au début et de laisses longues à la fin de chaque partie indiquerait le travail de deux auteurs et l’union de deux œuvres indépendantes, la deuxième greffée sur la première. N'ayant pas connaissance d’études statistiques au sujet de l’allongement progressif des laisses dans les chansons de geste, et ne sachant pas si ces groupements représentent un phénomène de technique littéraire assez généralisé pour permettre automatiquement une conclusion sur l'unité ou la dualité d’une œuvre ou sur le style, conscient ou inconscient, d’un auteur, nous avons fait une comparaison entre Le Moniage Rainouart et les trois chansons les plus rapprochées du MR par leur sujet et par leur place dans les manuscrits cycliques : Aliscans, La Bataille Loquifer et Le Moniage Guillaume II°. Cet essai d'analyse statistique élémentaire est représenté dans les tableaux suivants* : 5. Aliscans, édition F. Guessard et A. de Montaiglon, Anciens poètes de la France (Paris, 1870): nous avons choisi cette édition parce qu'elle reproduit assez fidèlement le manuscrit de l’Arsenal, manuscrit de base du MR 1: La Bataille

Loquifer, édition de D par Monica Barnett (Blackwell, London, 1975), de préférence à l'édition d'Ars. par H. J. Runeberg (Helsingfors, 1913), parce que celle-ci a une grande lacune entre les laisses 4 et 10 (Boul. lacunaire du début, commence

1060 de l'édition Runeberg ou à la laisse 24 de l'édition Barnett):

au vers

Le Moniage

Guillaume II, édition Wilhelm Cloetta, SATF (Paris, 1906). 6. Pour Gadifer, nous comptons dans les deux tableaux les laisses 1 14a et 204a.

UNITÉ

TABLEAU

(0 premières laisses 10 dernières

laisses

3S premières laisses 35 dernières laisses

I. LONGUEUR

AL (1-291) 29

DE L'ŒUVRE

MOYENNE

BL

DES

LXXXI

LAISSES.

MR-A

(1-680) 68

Gadifer

(1-175) (3173-3458) 18 27

MG

11

(1-565) 57

(8060-8435) (3927-4222) (2350-3172) (6621-7531) (5883-6629) 38 30 82 91 5 (1-1143) 33

(1-1991) 56

(1-798) (3173-4299) 23 82

(6746-8435) (3110-4222) (1471-3172) 48 32 4 43

TABLEAU

II. LONGUEUR

(5450-7531) (4015-6629) S9 75

32

45

MOYENNE

À TRAVERS

DES

(1-1919) ss

63

40

LAISSES

PAR

GROUPES

L'ŒUVRE|.

AL

BL

(1-1143) 33

(1-1991) 56

MR (1-798) 23

(1144-2893) (1992-3575) 45 50

(799-1545) 21

MR-A

Gadifer

(1-798) 23 (799-1545) 21

(3576-4222) (1546-3314) (1546-3172) LL. 71-101 LL. 71-94 FIN FIN 22 51 2} 63

(2894-5096)

106-140

(5097-6285)

141-175

(6286-7464)

34

34

176-195

(7465-8435)

FIN 49

MG Il (1-1919) 55 (1920-4014) 59 (4015-6629) FIN fs

(3315-4357) LL. 106-139 30

(3173-4289) LL. 102-135 32

(4538-5531) LL. 140-174 34 (5532-7531) LL. 175-207 FIN 59

(4290-5346) LL. 136-170 30

(5347-7531) LL. 171-207 FIN 58

7. Ayant relevé les vers d’Aliscans en colonnes de trente-cinq laisses et ayant trouvé que ce groupement fournissait un tableau facilement compréhensible, qui présentait les données nécessaires, nous avons gardé le même groupement pour les autres chansons.

LXXXII

INTRODUCTION

Dans ces deux tableaux on voit que AL, MR, MR-A,

Gad.

et MG II suivent le schéma sur lequel a insisté M" Tyssens, celui de laisses courtes au début et de laisses longues à la fin de l’œuvre, mais les laisses ne s’allongent pas progressivement elles présentent plutôt toute une variété de combinaisons. Ainsi les groupements d’'AL — ressemblent à ceux du MR —

33, 50, 63, 34, 34, 49 — 23, 21, 52, 32, 30, 50 —

longueurs moyennes brèves au début et longues à la fin de chaque série de trois groupes, mais nous n'avons aucune raison de conclure, à partir de ce schéma, qu'il y a dans Aliscans une soudure de deux œuvres à la fin du premier groupement au vers 5096; et personne ne l’a suggéré. S’il semble que cette disposition des laisses n’ait pas de signification nécessaire pour Aliscans, pourquoi en serait-il autrement pour le Moniage Rainouart? Ajoutons, pour démontrer le caractère hasardeux d’un tel exercice, que la moyenne élevée de soixante-trois pour le troisième groupe d’'AL semble un phénomène accidentel, résultant d’un bouquet de six laisses à rimes faciles, 74-79 (3091-3706) en -er, -é, -er, -és, -ier, -é, dont la moyenne est de cent trois vers. Mais le

schéma est le même que celui du Moniage Rainouart ! Un autre argument avancé pour la dualité d’auteur s’appuie sur la présence d’un plus grand nombre de laisses longues dans Gadifer : «On ne compte dans le Moniage Rainouart que trois laisses très longues (de 168, 142 et 159 vers). On n’en compte

pas moins de huit dans Gadifer (109, 126, 170, 127,

136, 222, 178 et 277 vers) » (Composition, p. 588). En premier leu, nous ne croyons guère à la signification d’un tel dénombrement, car il semble que même un seul auteur — si lon veut toujours parler d’un auteur pour une version (laquelle ?) de ces œuvres — eût pu, consciemment ou non, faire le choix de mettre plus de laisses longues ou très longues 8. P. Paris et Jonckbloet avaient cru qu'AL était composé de deux chansons, la première se terminant au vers 1898. Guessard a rejeté cette hypothèse en affirmant l'unité étroite entre les deux parties de l'œuvre. Voir son édition, pp. XXIHI-LXHI.

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

LXXXIII

dans la deuxième partie de son œuvre. Mais, même si l’on poursuit ce raisonnement, tout dépend de la définition de laisse longue.

Ainsi, d’après

le MG

II dans

Tableau

I, on

pourrait désigner comme longue toute laisse qui possède plus de soixante-trois vers, la moyenne la plus élevée de toutes les chansons. Dans ce cas, le dénombrement des laisses longues donne des résultats peu concluants, qui ne pourraient être d’aucune utilité pour distinguer les habitudes de style : MR-A (3 172 vers), onze laisses longues ; Gad. (4 359 vers), dix-neuf laisses longues. Quant à la Bataille Loguifer, les chiffres sont étonnants, car cette œuvre se singularise par une distribution des laisses toute différente de celle des autres chansons, ayant des laisses longues au début (680 vers dans les dix premières laisses) et des laisses courtes à la fin (296 vers dans les dix dernières laisses) *. Cet écart exceptionnel limite l’universalité du schéma de laisses brèves-longues mais, conclusion encore plus

sérieuse, il met en doute l’analyse cyclique de M" Tyssens, qui accepte

un

seul auteur,

Guillaume

de Bapaume,

pour

la

Bataille Loguifer et Gadifer ". I nous semble que d’après son raisonnement

sur le style inconscient et la distribution des

laisses, M" Tyssens devrait hésiter à attribuer à un seul auteur ces deux œuvres, même si l’on pouvait démontrer que Gad. était une continuation indépendante du MR-A. 9. Chiffres d’après D (édition Barnett) ; Ars. (édition Runeberg) a dû avoir à peu près les mêmes proportions, car, malgré la lacune d’une bonne moitié des laisses dans la première partie (manquent une partie de 4, 5-9, et une partie de 10), il reste 387 vers pour les dix premières laisses contre 386 vers dans les dix dernières laisses. 10. Voici les conclusions de M!" Tyssens : « Je me sens donc encline, aujourd’hui, à voir dans le Guillaume de Bapaume qui, tout en se donnant pour le continuateur de l’auteur d’Aliscans, signe Gadifer, le responsable de cet épisode et de la Bataille Loquifer tout entière. Il aurait ainsi : 1) inséré dans Aliscans les laisses qui annoncent les poèmes suivants, ou les aurait retouchées ; 2) composé la Bataille Loquifer et 3) donné une suite à un Moniage Raïinouart déjà existant » (Composition, p. 594). Et à la page 591 du même article : « Moi-même en 1967, je lui attribuais les dernières laisses d'Aliscans, le remaniement de la Bataille Loquifer (et notamment la rédaction des épisodes fantastiques « arthuriens » qui terminent ce poème) et enfin tout l'épisode de Gadifer. »

LXXXIV

En

INTRODUCTION

ce qui concerne

les rimes,

M

Tyssens

croit que

« l’utilisation de part et d’autre dénonce des habitudes et des préférences assez opposées » (Composition, p. 588). Elle constate dans le MR-A la répartition de cent une laisses sur vingt-trois rimes, dans Gad. cent neuf laisses sur vingt-sept rimes ; dans le MR-A des rimes en -és dans neuf laisses (313 vers), en -er dans quatorze laisses (765 vers) et en -é dans onze laisses (505 vers), mais dans Gad. -és dans vingt laisses (1 288 vers), -er dans douze laisses (413 vers) et -é dans sept laisses (416 vers). Le total des chiffres de ces rimes faciles est MR-A trente-quatre laisses (1 583 vers), Gad. trente-neuf laisses (2 135 vers). Encore une fois, nous ne prêtons pas de signification à ces chiffres et à ces répartitions, n’y voyant que des variations banales, qui pourraient représenter le travail d’un seul auteur aussi bien que celui de deux ou de plusieurs auteurs.

III. — Cette

laisse,

qui

forme

LA

LAISSE

101.

la transition

entre

le MR-A

et

Gadifer, offre, comme nous le verrons, de nombreuses variantes.

Pour M cDEA

Tyssens, « l'étrange diversité » des quatre versions

fournit encore une preuve que «le Moniage Rainouart

proprement

dit avait d’abord vécu sans Gadifer » .

11. Geste, p. 287; voir aussi pp. 304 et 310. Voici le résumé de sa pensée dans

Composition, p. 587 : «Or — et c'est là un problème que M. Bertin laisse complètement dans l'ombre — c’est précisément aussi au début de la laisse 102 que commence la seconde «branche » du poème que l'on intitulera ici Gadifer pour l'opposer au Moniage Raïnouart proprement dit, c'est-à-dire aux cent et une premières laisses. Comme l'avait déjà remarqué M. Delbouille et comme j'ai eu l’occasion de l’exposer ailleurs [Geste, pp. 287-289], la soudure entre les deux branches est réalisée de façon différente dans chacune des quatre versions qui contiennent Gadifer (v [Ars.-Boul.], E, D, a) ; en outre, l’un des mss a ( 4*) et les deux mss b s'interrompent à la fin de la laisse 101 et ne contiennent donc pas la branche Gadifer ; ces faits joints au changement des rapports de filiation, amènent à s'interroger sur l'unité réelle du récit et tout porte à croire que les deux branches n'ont pas toujours vécu ensemble et que Gadifer est l'œuvre d'un continuateur ».

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

LXXXV

Avant de faire l’analyse de cette laisse de transition, notons

que Gadifer manque dans 4* B' B°, mais qu’il a dû exister dans B, prototype de B' B° et dans 4, prototype de 4! 4? 4‘, !? Dans

4, tous

les manuscrits

sont

très proches

les uns

des

autres, 4° 4* étant presque identiques et sortant probable-

ment du même atelier, 4° étant légèrement différent et formant une petite branche à côté des autres. Puisque Gadifer existe dans 4À' 4°, il est évident que le modèle de 4“ le possédait aussi et que c’est le remanieur de ce ms. qui a abrégé. Ajoutons, comme preuve supplémentaire, qu’il serait difficile de concevoir le contraire, c’est-à-dire que 4! 4, ainsi

que les versions cDE, que nous croyons antérieures à AB, aient pu ajouter un poème Gadifer à une version 4* plus authentique. Dans B, où les deux mss sont très proches, sortant probablement du même atelier et dérivant du même modèle (bien que B° fasse de nombreux délayages), la

situation davantage

paraît également du prototype

nette”.

B, contient

B', qui se rapproche à la fin de l’œuvre,

Nous nous permettons de répondre que nous n’avons pas discuté dans le premier tome de cette édition la soudure-transition entre les laisses 101 et 102, parce que tous les textes n'étaient pas encore disponibles pour le lecteur. Quant à « l'ombre » qu’elle nous reproche, la pleine lumière se fait rarement dans les recherches sur la tradition manuscrite de la geste de Guillaume, et nous regrettons à la fin de notre travail de devoir laisser encore trop d’obscurité. Cependant, nous apprécions les images et appuyons sans réserve les précautions exprimées par M" Tyssens à la page 35 de son grand travail. « Notre ambition est donc de dégager quelques grandes voies dans cette se/va oscura, de retrouver les lignes de force de ce processus complexe et divers que fut le rassemblement de la geste. Ou, pour employer encore une autre image, de gravir un échelon — et un seul — vers le passé de cette geste, en répondant s’il se peut à la question : de quels modèles disposait l’assembleur de la version D? celui de la version C? etc. Ambition démesurée sans doute, et il nous arrivera çà et là de trébucher ou de faillir. Ambition modeste peut-être aux yeux de certains. Nous croyons cependant qu'une fois ce degré atteint on ne pourra sans témérité remonter au-delà : l'échelle se dérobe et l'hypothèse règne seule dans les brouillards des sommets inaccessibles ». 12. Dans la discussion qui suit, nous nous en tenons aux faits essentiels. Pour une analyse détaillée des manuscrits, on se rapportera à Geste, pp. 283-287, et au chapitre sur « Les manuscrits du groupe À », surtout aux pages 351-356. 13. Voir Geste, le chapitre sur « Les manuscrits du groupe B», pp. 363-374.

LXXXVI

INTRODUCTION

comme 4! 4}, les soixante-quatorze vers (7462.9-.76) qui font transition avec MG II. Cela indique qu’un prototype B, peut-

être le modèle immédiat de B! B°, contenait Gadifer et que B' l’aurait retranché, tout en gardant les soixante-quatorze vers de transition. B? a également supprimé Gadifer, a omis les soixante-quatorze vers, a terminé le MR rapidement après 3164.3 par les vers 3165-3165.15, puis a inséré quinze vers de transition servant à renouer avec les Enfances Renier (3165.16-.30). Nous sommes donc d’accord avec M" Tyssens que «tout porte à croire que le prototype x[4B], comme le prototype vlc], comme le modèle de Æ et comme celui de D, contenait bien les deux épisodes » (Geste, p. 287). Comment expliquer cet abrégement massif de plus de la moitié d’une œuvre ? Ne trouvant aucune réponse dans les

textes, nous suggérons, d’après M" Tyssens, plusieurs hypothèses : le remanieur de B ou le copiste de 4* ou leurs clients auraient été « rebutés par le caractère scandaleux et anticlérical du second épisode », ou leur goût littéraire aurait été offensé par la longueur du combat entre Rainouart et Gadifer, ou un compilateur aurait coupé Gadifer pour rendre le manuscrit

moins

long, ou

un

remanieur,

ou

copiste,

se

serait permis de supprimer Gadifer parce qu'il savait que Gadifer était une continuation tardive greffée sur le MR-A, qui s'était terminé avec le retour de Rainouart à Brioude (3172 ou 3164.3) 14. Voici les citations de Geste : « On peut croire sans doute qu'eux-mêmes, ou leurs clients respectifs, ont été rebutés par le caractère scandaleux et anticlérical du second épisode : l’abbé Henri est partout hostile à Rainouart, mais il n'est véritablement odieux que dans ce second épisode. On peut imaginer aussi que leur goût — ou celui de leurs clients — ait été offensé de voir se répéter dans le combat avec Gadifer les médiocres péripéties du combat avec Loquifer. Mais qu'ils se soient, indépendamment l’un de l'autre, arrêtés au même vers donne à penser que peut-être ils savaient l’un et l’autre que les deux épisodes ne formaient pas un tout indissoluble et même qu'ils n'avaient pas toujours formé un tout et que le récit pouvait prendre fin avec le premier retour de Rainouart à Brioude » (p. 287). «.. Tel copiste, sachant que le récit du Moniage Rainouart s'achevait jadis avec le premier retour de Rainouart au couvent et que Gadifer était une continuation tardive, supprimait cette continuation, soit parce qu'elle ne plaisait pas à son client, soit pour obtenir un volume moins onéreux » (p. 352).

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

LXXX VII

Nous ne pouvons pas retenir cette dernière hypothèse parce que nous n'avons aucun moyen de déterminer ce que savait tel copiste ou remanieur, et nous ne possèdons aucun renseignement sur tel ms. ou telle œuvre qui aurait pu circuler à une date imprécise dans certains ateliers. Ce n’est pas de données tellement vagues et incertaines qu’on peut tirer des conclusions de grande portée, qui permettent de déterminer des rapports cycliques. En vérité, admettons-le, nous ne savons

pas pourquoi

4* B' B° ont abrégé,

mais

les hypothèses

fondées sur le goût du client ou du vendeur, nous paraissent

raisonnables,

car, comme

le remarque

M"

«un

Tyssens,

atelier de copie est avant tout une entreprise commerciale » (Geste, p. 352). Revenons à la laisse 101 (3088-3172). Forme-t-elle la transition entre deux parties d’une même œuvre ou, comme le prétend M" Tyssens, sert-elle de liaison entre deux œuvres indépendantes, le Moniage Rainouart-A et Gadifer, dont la deuxième serait une continuation due à un auteur différent ? ©”. Nous ne pouvons nous défendre d’éprouver un grand scepticisme devant la série d’hypothèses qui se présente. L’affirmation qu'il y a eu des versions variées de la laisse 101 ou qu'il y a eu des changements (à démontrer) dans les rapports des mss à partir de la laisse 102, ne fournit pas les

preuves

ni même

les probabilités nécessaires.

Puisque M"

Tyssens est d'accord avec nous pour admettre que toutes les

versions, y inclus le prototype de 4* B' B°, contenaient le Moniage

Rainouart en entier, et que, par conséquent,

avant

ces abrègements, c'était ce Moniage Rainouart complet que connaissaient les gens du moyen âge, il nous semble que les preuves des étapes de poèmes séparés, puis réunis, puis reséparés devraient être précises et certaines ou, au moins, très

probables.

Elles

ne

le sont

pas,

et

des

hypothèses

ne

deviennent pas des faits scientifiques à force de répétition "*. 15. Voir p. LXXXIV supra et la note. Le 16. Plus loin M'° Tyssens présente comme des faits acquis la dualité des auteurs :

LXXX VII

INTRODUCTION

Regardons donc de près la laisse 101 pour voir si, en effet, il

existe une « étrange diversité » qui vienne appuyer l'hypothèse de deux auteurs !”. Au début de la laisse dans tous les mss (et dans la laisse 100 dans D), Rainouart quitte Porpaillart après le mariage de son fils pour rentrer à l’abbaye de Saint-Julien de Brioude. C’est ce retour, à partir du vers 3103, qui est en question. Rainouart s’introduit de force en tuant le portier, puis va au réfectoire où les moines sont assis, couronne l’abbé d’un plat de pois au lard et poursuit les moines en les frappant d’un bâton; l’abbé réussit à l’amadouer, Rainouart leur pardonne et ils reprennent le repas interrompu; enfin l’abbé prépare en secret un conciliabule pour trouver un moyen de se débarrasser de ce tyran. Voici, de manière schématique, comment les événements sont présentés dans toutes les versions de la laisse 101 entrée violence au réfectoire pardon,

paix,

c

D

E

AB

3103-3131

3103-3131.

3103-3131

3103-3131

3132-3150

3132-3151.3

manque

3132-3150.1

3151-3164 3165-3168

3152-3162 3163-3164.3

3132-3138.4 manque

3152-3162 3164-3164.3

3169-3172

3168.1-.42

3168.1-3169.1

manque

re-

pas vie reprend préparation secrète du conciliabule.

En nous limitant pour le moment aux vers et aux événements, nous remarquons que la trame narrative est identique pour c et D, et que AB sont également d’accord, à l'exception

de la préparation secrète du conciliabule * : 4* B! B° omettent «Cette

chanson,

on

l’a vu, est faite de deux

poèmes.

Le Moniage

Rainouart

proprement dit a d’abord vécu isolé. Gadifer, écrit plus tard, termine les aventures

du géant » (Geste, p. 304). « Les vers de transition insérés par l’assembleur de v{c] entre le Moniage Rainouart proprement dit et Gadifer, sa continuation... » (Geste, p. 310).

17. « L'étrange diversité des quatre versions dans le passage où s'enchaînent les deux branches vient encore appuyer cette hypothèse » (Geste, p. 287).

18. B° fait quelques changements (selon son habitude) : R. entre dans le réfectoire et se met à battre les moines ; l'abbé s'enfuit, mais R. l’attrape et le descend d’un coup de poing (3137.1-.12). 8 abandonne les pois au lard.

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

LXXXEX

ce détail parce qu'il n’aura pas de suite dans ces versions qui vont bientôt se terminer. Quant à A4! 4°, qui passent directement

au

conciliabule

au

début

de

la

laisse

102,

omission s'explique peut-être par l’'inadvertance de leur prototype, par le choix d’une transition dramatique, ou par un travail d'atelier sur les manuscrits de ces deux familles, qui

sont toujours étroitement liées. Mais, en tout cas, nous ne voyons pas de rapport entre cette omission et l'existence potentielle de deux œuvres séparées. Dans E (voir le texte des vers 2909.1-3169.1 dans les variantes du MR ID), il y a un changement significatif. Au lieu de mettre en fuite les moines et d’arroser l’abbé de pois au lard comme dans cDAB), Rainouart va doucement s’asseoir au réfectoire, où il vide en toute politesse un bon plat préparé pour l’abbé (3132-3138.4). E omet les vers 3139-68 où sont racontés dans les autres mss les éléments principaux de cette laisse : la vioience habituelle de Rainouart,

les protestations d’innocence

et la soumission

de l’abbé, la promesse de nommer Rainouart prieur (cD), et enfin le pardon accordé par notre héros offensé. Néanmoins, les quatre vers qui suivent 3138.4 et qui forment la fin de cette laisse dans E, notent que l’abbé a réuni les moines pour voir comment venir à bout de Rainouart qu'il voloit lapider. Bien qu'il y ait eu assez d'incidents auparavant pour justifier la colère de l’abbé, les événements de cette laisse, tels qu’ils sont

racontés par E, ne coïncident pas avec le caractère atrabilaire et les habitudes de Rainouart, et ne préparent ni cette expression violente de l’abbé ni la punition exemplaire des quatre léopards proposée dans la laisse suivante. Il nous semble qu'il y a dans E abrégement et contradiction interne, donc une mauvaise contamination de la narration authentique. Mais cela non plus n’a rien à voir avec la question des deux auteurs. Maintenant regardons la disposition des laisses aux vers 3088-3172 :

XC

INTRODUCTION

Laisse

Vers

Rimes

3088-3172 3085.5-3169.1

-er -er

c E

101 101

D

101 101a

3103-3135 3136-3138.1

101b 101c

3139-3164.3 3168.1-3168.42

-ê -és

101 101a 101b

3085.3-3135 3136-3138.1 3139-3164.3

-er -UZ -é

A

BE

CRUE -uS

Dans cE il y a une seule laisse en -er. DAB, qui forment un groupe, ont créé un état parallèle des textes, tout en gardant, comme nous venons de voir, la même trame narrative que c, mais en découpant la laisse et en changeant les rimes. Ils remplacent la laisse 101 en -er de cE par les laisses 101-101a101b en -er, -us, -é, et D ajoute encore une mauvaise laisse 101c en -és qui traite longuement la préparation du conciliabule. Bien que toutes ces variations puissent paraître déconcertantes

à la première

lecture,

on

découvre

à la lumière

de

l'examen minutieux des textes que ce ne sont que des refontes qui ressemblent, sous une forme plus complexe, aux abrègements, délayages et interpolations qui fourmillent dans le MR-A. Très significative, d’ailleurs, est la constatation que cet exercice n’est pas limité à la laisse 101 (101-101a-101b-101c), mais que le même procédé a été souvent utilisé déjà par AB au cours du MR-4A, aux laisses 63-63a B (960.1-.49), 77-77a AB (1661.1-.65), 95-95a-96 AB (2623-2623.18) et 98-98a-99 4B

(2781-2904) ‘'. Par conséquent, les versions de la laisse 101 ne représentent pas «une étrange diversité», mais plutôt un 19. Dans D les vers 3088-3102 manquent ; au début de la laisse, D abrège les longs adieux de Rainouart, Maillefer et Guillaume. 20. Pour B' B° on trouvera dans les variantes les passages qui viennent après 3164.3. Ces textes de terminaison et de transition n'ont pas d'intérêt pour le sujet qui nous occupe ici. 21. Voir les notes à ces vers.

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

XCI

procédé qui est déjà banal dans cette œuvre même, et qui n’a rien à voir avec l'identité des auteurs ou la dualité de j’œuvre. Restent quelques questions sur la fin du MR-A et le début de Gadifer. Nous pourrions expliquer la diversité des versions de la laisse 101 par le fait que les scribes répètent une scène déjà jouée à la première entrée de Rainouart (161-226, 266289) ; il ne semble pas surprenant qu'ils cherchent à mettre un peu de variété dans cette scène dramatique qui termine la première partie de l’œuvre et forme la transition (préparation au conciliabule) à la deuxième partie. Cette deuxième partie (laisse 102) commence par le même texte dans tous les manuscrits et in medias res ; le conciliabule est réuni et l’abbé parle : « Baron », dist l’abes, «oiés!

Entendés

cha!

Li queus de vous conseillier me savra de cest diable qui tous nos gastera? Se il vit longes, malement nos ira! » (3173-76)

Aucun signe brutal de transition, aucune introduction, pas de soudure ni de résumé des événements passés, auxquels on pourrait s'attendre si un continuateur avait greffé une deuxième œuvre tardive sur une œuvre existante. Au contraire, l’histoire se développe de la façon caractéristique des chansons de geste de cette époque ; le héros, comme dans Aliscans et le Moniage Guillaume IT, repart pour une nouvelle série d’aventures. En résumé, nous n’avons trouvé dans la laisse 101 ni étrangeté ni signe textuel de soudure, et la laisse 102 présente la suite des aventures du héros sans interruption. Tout cela nous semble caractéristique d’un auteur et d’une œuvre uniques. IV. —

THÈMES.

M'° Tyssens estime que « l'analyse interne révèle aussi des

divergences significatives portant sur le fond et sur le style » et

XCII

INTRODUCTION

elle cite dix thèmes et procédés à l’appui de sa thèse (Composition, pp. 591-593). Nous examinerons dans le même ordre ces catégories, dans l'intention de déterminer si les divergences sont suffisantes, en qualité et en quantité, pour démontrer la dualité de l’œuvre. Tous les exemples cités se trouvent dans l’ensemble des manuscrits. 1. L'invraisemblable métamorphose de l'abbé Henri. Dans deux passages (3378-89, 3793-3802) l'abbé Henri révèle qu'il a la traîtrise dans le sang, d’abord devant Thibaut en se vantant de sortir del linaje jentis ; mes parens fu Guenes et Aloris et Berengiers et Hardrés et Baudris (3378-80) et d’avoir été chassé de France par le roi Louis, parce qu'il avait tué deux chevaliers ; plus loin, devant les moines, il plonge dans la bassesse la plus profonde en annonçant qu'il a laissé Dieu pour se donner au diable et pour croire en Mahon et en Tervagant, et qu’il a l'intention d’entreprendre le déduit de beles dames et menu et souvent (3801). Il est vrai que ces révélations marquent une évolution dans le comportement de l’abbé. Dans le MR-A il donne de sages conseils au grand mangeur et ne réagit à sa tyrannie que pour lui faire barrer la porte à son retour, tandis qu’au début de Gadifer l'abbé accepte avec un éclat de joie la suggestion du prieur de faire déchirer leur tyran par quatre léopards affamés : « Dex », dist li abes, « com fait conseil chi a! Tout soit hounis qui ensi nel fera ! » (3201-02). Ce changement peut s'expliquer par la logique interne de l’œuvre, à la suite des événements précédents, par le caractère archétypique du traître, et par le souci de faire une transition et de motiver la 22. F. Suard pense «qu'il est excessif de parler de l’invraisemblable métamorphose de l'abbé Henri, puisque le narrateur a pris soin d'expliquer la noirceur exemplaire de son personnage... la double référence à la trahison de Ganelon et à l'intervention diabolique résoud le problème de la vraisemblance ». Il remarque des rapprochements avec La chanson de Roland dans les deux motifs de l'ambassade et de la cupidité (L'originalité littéraire du Moniage Raïnouart, dans Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t. III, Paris, 1983, pp. 298-299).

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

XCIII

deuxième partie. De plus, il y a une certaine justice dans ce cri, Car au cours du MR-A

Raiïinouart a traité ses frères du

cloître avec une brutalité gratuite et excessive. Il a tué deux portiers, l’un à sa première entrée (194), l’autre à son retour (3131), il a lancé au brasier le cuisinier (et trois moines de plus dans c, 1605), et il a démoli contre une poutre le frère

sommelier (1626). L'abbé n’a rien exagéré quand il s’est écrié à la première apparition de Rainouart, « /i vif diables s’est o nous chiens mis ! » (207). Qui n'aurait pas voulu se libérer de ce fléau ? Mais l’auteur nous apprend bientôt que l’abbé n’est un homme saint qu’en apparence, car il appartient au lignage des traîtres, de l’engeance

de Ganelon,

de ceux

qui foisonnent

dans les chansons de geste et sont capables de tous les crimes. Toute l’action suivante dérive de ce fait. Comme il advient fréquemment chez ceux de son lignage, qui cachent pour un certain temps leur vraie nature derrière une façade de bon baron, l’abbé a mené une vie digne en apparence jusqu’au moment où la crise provoquée par la réapparition de Rainouart a fait éclater en lui le mal qui lui venait de sa race. Cette crise a été savamment préparée et soigneusement aménagée, et ce sont les événements qui l’amènent fatalement à accomplir son destin mythique de traître. Au cours du MRA, Henri et ses moines ont tout fait pour éloigner sans violence le géant devenu moine malgré eux : on lui a barré la porte (169-194) ; ils l’ont vivement encouragé à partir à la défense des rivages de mer, dans l’espoir qu’il se ferait tuer quelque part, car il vaudroient que il fust outremer où jamais nel veïssent (370-371) ; et enfin, à son retour, l’abbé lui-même a ordonné que le portier lui interdise l’entrée « Li vif diable le nos ont ramené ! » (3115). À un rythme accéléré et avec une colère désespérée, les moines et l’abbé agissent autrement dans Gadifer : ce n’est qu'après l'épisode terrible, mais inefficace, des léopards (3177-3278)

que l’abbé décide enfin,

avec l’appui enthousiaste des moines, d’aller chercher secours chez Thibaut, l'ennemi suprême de leur ennemi (3284-3304).

XCIV

INTRODUCTION

C’est donc par une progression nuancée et fine, et par les étapes de la crainte, la haine et la cupidité, que le narrateur amène l’abbé vers Thibaut. Dans l’élaboration de ce personnage rien ne choque, ni dans la vérité psychologique ni dans le déroulement structural. Après les pourparlers avec Thibaut, au cours desquels il trahit Rainouart et renie Dieu, l’abbé joue un rôle essentiel dans l’agencement du récit. Du point de vue de la structure de l’œuvre et des détails de la narration son rôle est indispensable, car c’est d’après ses conseils que Thibaut agit; tous les épisodes de Gadifer sont déclenchés par la pensée astucieuse de ce recreant : les païens déguisés en moines (3438-4447), puis la prise de la tour d’Aiète et les combats subséquents (44545913), ce qui nécessite l’appel au champion de la paienie pour la grande lutte contre le champion de la chrétienté (60737365). Dans le rôle de l’abbé Henri nous apercevons non pas une métamorphose invraisemblable, mais plutôt un bon exemple, parmi tant d’autres, de la cohérence du récit et de la

continuité de toute l’œuvre. 2. Allégorisation de la vieillesse. Signalons un seul passage (5983-98) dans le genre allégorique, bien simple et franchement comique, Dont rient Franc et decha et dela; molt demainent grant joie (5997-98). 3. Monologue dialogué (6633-66). Dans ce monologue, qui est le seul cité par M" Tyssens, Rainouart exprime sa peur devant le rravail de Gadifer ; il se blâme, se chastie et enfin

s'encourage à reprendre le combat. C’est le monologue le plus long, mais non pas le seul, ni dans Gadifer ni dans le MR-A, à moins que nous ne comprenions pas le sens que prête notre collègue au monologue dialogué. Dans le MR-A, Rainouart se lamente sur la mort de sa femme et l'enlèvement de son fils (415) ; il se félicite quand il aperçoit la bonne table du réfectoire (216-220) :il se blâme de ne pas s'être levé pour aller aux

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

XCV

matines (316-319); craintif devant le crucifix, il n’ose pas avancer pour se Joindre aux moines, mais il se raisonne et décide de chanter (331-337) ; il montre, comme d’habitude, sa

joie devant le repas plantureux des larrons, qui ont déguerpi à son arrivée, mais il se critique ensuite de ne pas être dans le cloître en train de prier (503-508, 513-523); Guillaume se parle aussi en regrettant l’absence de Rainouart et adresse des paroles à son camarade lointain (1195-1223, 1281-88). Dans Gadifer, Rainouart se lamente après avoir appris la trahison de l’abbé (3914-25), et celui-ci reconnaît de lui-même que Dieu favorise Rainouart (4427-32). Il semble que des monolo-

gues se trouvent à peu près également dans les deux parties de l’œuvre. 4. Signification d'enseignes. On voit deux enseignes pour indiquer les qualités d’un personnage, l’une sur le bateau de Maillefer (5609-14), l’autre sur celui de Guiliaume (5773-75).

5. Fréquentes citations de proverbes. Xl y en a six dans Gadifer ; aucune dans le MR-A. La dernière exprime l’inquiétude de Rainouart avant le combat avec Gadifer ; les autres forment une série de répétitions sur la trahison, sujet qui

n'existe pas dans le MR-A *. 6. L'utilisation du surnaturel. Deux scènes de Gadifer. Dans la première quatre saints, parmi lesquels saint Julien, patron de l’abbaye de Brioude souvent invoqué par Rainouart, interviennent pendant une tempête en mer et lui sauvent la vie en poussant le bateau jusqu’au rivage devant la tour d’Aiète (4435-47) ; ils l’aident, lui disent-ils, « Pour chou qu'en Dieu si 23. Voici les proverbes de Gadifer : Maïs le vilains le dist en reprover : de traïson ne se puet nus garder (3520-21) ; Mais on le dist sovent en reprovier : de traïson ne se puet nus gaitier (3639-40) ; Tel quide autrui enpirier et grever/que lui meïsmes puet bien avergonder (3663-65); Il est bien voirs et si dist on souvent : qui traison pourquiert et entreprentiqu'il est hounis au daarienement (3815-17); Qui mal pourcace, c'est fine verités, ne puet fallir qu'il ne soit mal menés (4431-32) ; Teus quide tout enprendre et enbrachier/qui ne seit mot, si se foit trebucier (6640-41).

XCVI

INTRODUCTION

fermement creés » (4439). Dans la deuxième scène Rainouart, en mauvais état au cours de son combat contre Gadifer, reçoit d'un ange envoyé par Dieu le conseil de fracasser la tête du païen avec une grosse pierre (7331-36). Dans deux scènes du MR-A assez parallèles à celles-ci, l’aide céleste lui est également accordée, mais non plus, pour ainsi dire, spontanément : après avoir massacré tous les paiens sur le bateau, Rainouart est emporté dans un orage, mais à la suite d’une prière à Jésus et à saint Julien, la tempête s’apaise (883935); puis, pendant le combat singulier entre Rainouart et Maillefer, la longue prière de Rainouart à Jésus est exaucée

(2480-2581). Il y a donc quelque variété de procédés dans les deux

parties, mais unité de sens

: dans

le MR-A

prières et

réconfort, dans Gadifer aucune prière mais apparition matérielle de personnages surnaturels ; dans tous les épisodes on retrouve la reconnaissance par les forces célestes de ia vraie foi du moine belliqueux. 7. L'utilisation de tout un personnel de féérie : messagers, nains volants ou nageants qui s'appellent Picolet ou Rendolet, et surgissent brusquement en divers lieux. Cette déclaration de M'° Tyssens pourrait créer une impression inexacte, car l'emploi de messagers fabuleux dans le Moniage Raïinouart est limité à quelques trajets, et ils sont fabuleux uniquement par leur rapidité à la course, surtout par mer. Dans notre œuvre, Picolet est traité une seule fois de nain bossu au cours d’un long passage ajouté dans B° (2947-.67-.75), attestation de peu de valeur dans notre discussion, parce que cette copie est la dernière et la plus délayée de toutes les versions. Autrement, les messagers sont présentés comme des hommes de taille et de comportement normaux : Picolet, homme de Thibaut, saute à la mer et nage rapidement — c’est tout ce qu’on nous dit — mais il n’est guère champion de natation, car Rainouart le tue immédiatement d’un trait d’arbalète (4249-68) : Rando-

let, messager entre Maillefer-Guillaume et Rainouart, fut élevé par des fées et nage plus vite qu'un poisson (5510-68);

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

XCVII

Galopin, autre messager de Thibaut, court plus vite qu’un cheval (6095-98). Il y a d’autres messagers, tous normaux et se déplaçant par voie ordinaire : Rainouart expédie à Thibaut les derniers survivants du massacre des marchands païens (675727) ; Guirré, sénéchal de Raïinouart, chevauche

de Porpail-

lart à Orange pour dire à Guillaume que la ville a été prise par les Sarrasins (1156-89) ; l’abbé sert de messager-ambassadeur auprès de Thibaut (3285-3424) ; et notre moine envoie des marchands pour demander secours à Maillefer-Guillaume alors qu'il est assiégé dans la tour d’Aiète (5146-5253). Il n’y a donc aucun nain ou messager volant et le merveilleux est très restreint. Puisque les déplacements et les péripéties de l’action nécessitent un grand nombre de messagers, il nous semble que, dans Gadifer, l’auteur a cherché un peu de variété en introduisant des messagers fabuleux par leur rapidité à la

course ou à la nage *. 8. Personnages marqués par les dons des fées. I] s’agit d’une seule personne, Rainouart, qui a reçu à sa naissance sa part de dons folkloriques de trois fées : qu'il serait grand, fort et courageux, qu'il serait d'humeur irascible et assez sot, et qu'il ne serait jamais vaincu en bataille (3935-38, 4074-83). Seul le

dernier comporte

un élément

féérique.

9. Armes fabriquées par fées, lutins ou diables. Cela se réduit à la mention trois fois répétée de cottes protectrices faites de peaux de luitons (5665-72, 6434-37, 6530-41), objets qui, dans Gadifer, ne sont guère plus magiques que le hauberc et la cotte de Maillefer dans le MR-A (2120-26). 24. Dans la Table des noms propres du MR I nous avons identifié Picolet comme nain, ce qui est inexact, comme nous venons de l'indiquer. Nous avons répété une erreur de Runeberg, qui a identifié Picolet comme « un nain agile à la course aussi bien qu'à la nage » (La geste Rainouart, p. 38), identification inspirée non pas par le texte du MR, mais par La Bataille Loquifer, dans laquelle Picolet joue un rôle important. Mais même dans cette œuvre, où ses caractéristiques marines sont souvent répétées, il n'y a qu'une seule mention de sa petite taille (BatL, éd. Runeberg 2465, éd. Barnett 3314).

C

INTRODUCTION

autres. Comme nous avons déjà signalé la cohérence de la trame narrative, tant à l’intérieur de chaque partie que dans l’enchaînement des deux parties, nous ne reprenons pas 1ci les détails qui nous ont amené à trouver ce récit bien construit d’un bout à l’autre et à conclure que « dans cette histoire tout se tient » *. À notre avis, donc, il est impossible de mécon-

naître l’unité du plan et de la composition. Au fond, ce sont les attributs des personnages qui servent de motivation aux grandes actions et forment le lien entre le MR-A

et Gadifer. Dans ce sens, nous fixerons notre attention

sur les trois individus dont le caractère semble le mieux illustrer la continuité d'inspiration : Rainouart, l’abbé Henri

et le roi Thibaut *. Rainouart peut paraître simple au premier regard, mais le personnage se révèle plutôt complexe, mélange de moine et de chevalier, et ces deux aspects se répètent, se superposent, s’entrecroisent et forment le fond sur lequel se déroule la trame narrative de l’œuvre. Nous croyons que l’auteur a conservé, depuis le début jusqu’à la fin, l'équilibre du comique et du

sérieux,

et le jeu subtil

de foi sincère

et d’actions

burlesques dans lesquels réside l’unité essentielle du Moniage Rainouart.

Il serait nécessaire

de répéter le résumé

du récit pour

25. Voir le résumé du récit et notre commentaire dans Le Moniage Rainouart I,

pp.

XXXVIHI-XLI.

On

lira avec

profit à ce sujet l'article

de François

Suard,

L'originalité littéraire du Moniage Rainouart, dans Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t. WI, Paris, 1983, pp. 291-311, surtout pp. 295-302 « Un récit

cohérent ». Sans prétendre résoudre le problème épineux de l'unité de l'œuvre, F. Suard remarque la cohérence interne de chaque partie (pp. 295, 296, 299) et également la cohésion des deux parties entre elles : «.… la deuxième partie. manifeste avec le début du récit des liens structurels profonds » (p. 296), «… la seconde partie de MR est solidement charpentée ;: elle entretient également des liens étroits avec le début du récit » (p. 299: voir aussi p. 301). 26. Bien que Maillefer et Guillaume paraissent dans de grandes scènes — Maillefer fait deux combats singuliers, contre Guillaume et Rainouart, et il se

Joint aux autres pour toutes les batailles habituelles:

Guillaume

se bat contre

Maillefer devant Orange, ramène Rainouart du cloître, et puis, avec Maillefer, va au

secours de Rainouart à la tour d’Aiète — leurs rôles sont épisodiques et ne portent pas de façon significative sur la liaison entre les deux parties.

UNITÉ DE L'ŒUVRE

CI

démontrer en détail de quelle façon son caractère de dévot et de baron limiterons

batailleur détermine l’action, mais nous nous aux grands mouvements et à quelques moments

critiques. Autoritaire, irascible, violent, mais bonhomme

au fond et

généreux si l’on ne le contrarie pas, il est sincère en religion, bien que sa foi trouve son expression dans des gestes brutaux et héroï-comiques. Il s'empare du froc du moine gris, met en fuite les bourgeois,

force l’entrée du monastère,

et devient

moine. Fidèle à son rôle religieux, il garde pourtant son caractère orgueilleux et belliqueux de chevalier et, rétif sous la discipline monastique,

il cherche

l’aventure,

rôdant dans

le

pays et sur la côte de façon peu monacale. En chevalier, il entreprend avec joie chaque combat et, quand Guillaume le retrouve au cloître, le grand moine retourne avec alacrité à la vie martiale ; il serait même

prêt, comme

il le dit à

deux reprises, à quitter le paradis et la compagnie des anges glorieux pour venir à l’aide de son lignage (1718-47 ts mss, 3091-95 15 mss sauf D). Puis, plus tard, quand ce chevalier/ moine — moine/chevalier revient à l’abbaye, au moment critique de la liaison entre le MR-A et Gadifer, c’est son retour intempestif et caractéristique qui renouvelle la haine des moines et motive la suite de l’action jusqu’à la fin, car ils sont

maintenant certains qu’ils ne pourront jamais vivre en paix

auprès de cet homme

turbulent et brutal ?. Puis, en moine

dévot et presque toujours crédule, il se laisse mener par les mots onctueux de l’abbé après l’affaire des léopards (3151-61), aussi bien qu’au moment où, par faux repentir, l'abbé réussit

à entrer dans le château d’Aiète (4823-94) *. Par sa prouesse aux armes il réussit dans les combats, mais le côté monastique 27. David Schenck trouve que la fusion du moine et du chevalier «.… donne une unité au poème » et rend l’œuvre «… plus stable du point de vue structural ». (Le comique et le sérieux dans le Moniage Guillaume et le Moniage Raïnouart, dans Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t. I, p. 256). 28. Pour d’autres exemples de l’éloquence trompeuse de l'abbé, voir 3275-76,

3488-3500, 3529-61, 4771-96.

CI

INTRODUCTION

se déclare également, car c’est aux moments du plus grand péril, soit pendant les orages en mer, soit au cours du combat contre un adversaire gigantesque, que ses prières adressées au

Christ et à saint Julien sont exaucées ”. Dans la suite de l’œuvre, la lutte contre Gadifer est également conforme à son rôle de moine combattant. Contre son fils, dans le MR-A, Rainouart a gagné une victoire personnelle, tout en protégeant Guibourc et Orange (2065.1.2, 2089-90, 2171-72), tandis que dans Gadifer il défend son Dieu et la Chrétienté contre le champion des Sarrasins; il incarne la lutte du Bien contre le Mal. On peut critiquer l’auteur d’avoir cherché un effet exagéré, et Guillaume d’avoir commis un sacrilège en acceptant la proposition de Thibaut que le vrai dieu soit décidé par le sort du combat singulier entre

Rainouart

et

Gadifer

(5870-5905)



ce

pacte

est

infâme —, mais en ce qui concerne Raïinouart, notre moine reste fidèle à son rôle de champion de la vraie religion, et son deuxième grand combat représente l’évolution épique et mythique de ce qui précède. Il y a donc une unité de conception du personnage principal, qui exprime la symbiose entre les deux aspects divergents d'homme combattant tourné vers le siècle et de moine dévot recherchant le cloître comme asile suprême, en dépit de son incapacité à se conformer à la vie monastique. Ainsi se manifeste l'unité du personnage principal. L'abbé Henri joue le rôle du traître, dont le caractère et les actions sont essentiels à la structure de Gadifer. Tout en admettant que tout est possible et qu’un continuateur aurait pu créer un nouvel aspect de l’abbé pour motiver la deuxième partie, nous voyons plutôt là un développement assez fin et nécessaire pour relancer l’action (voir notre discussion ci-dessus pp. XCII-XCIV). Le développement du rôle et du caractère de l’abbé Henri est donc en rapport étroit avec la trame narrative. 29. Voici les prières ou les appels de Rainouart à l'aide céleste : 911-945, 248]-

2564, 2924-31, 7108-37, 7188-89, 7326-45.

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

CHI

Le grand roi Thibaut est le troisième des personnages dont le caractère, les actions et les motivations démontrent une continuité à travers toute l’œuvre et forment des liens étroits entre les deux parties. Sa haine contre Guillaume et Rainouart est un des grands thèmes, car sa soif de vengeance

ne tarit

Jamais, et il lance contre eux plusieurs expéditions. Il mérite le titre de noble roi et garde toujours, à une exception près, une intégrité admirable. On remarquera, dans les renvois au texte, que les passages consacrés au caractère et aux actions de ce roi sont également répartis dans le récit, compte tenu du fait que c’est uniquement dans Gadifer qu'il participe en personne aux expéditions et aux combats. Thibaut possède toutes les caractéristiques du grand seigneur : dignité, générosité, puissance, passion et modération, persévérance, courage, autorité, raison. Toujours entouré de nombreux rois et émirs (749-759, 969-977, 1059-65, 3332-33, 3438-42, 5719-20, 5944, 6194-95), il est regardé avec grand respect par son peuple et ses vassaux (le bon roi Thibaut, le

fort roi combatant 651) aussi bien Tibaus fu sages et membrés|/et de 5790-91). Il est généreux, comme envers ceux qui l’aident contre

que par l’auteur (Li roi batalle apris et doctrinés tout seigneur de mérite, Guillaume (788-791) ou Rainouart (3361-64, 3422-24, 5022-24), mais 1l ne trouve pas

nécessaire d'offrir des récompenses à ses vassaux et alliés. Ceux-ci répondent rapidement et sans hésiter, quand il réunit de grandes armées pour continuer la lutte contre ces ennemis qui l’exaspèrent et le font enrager. Mais sa haine, qui est d'envergure épique, ne diminue d’aucune façon la dignité de son comportement ou ses qualités de chef qui agit en juge raisonnable et sent le poids de la responsabilité (devant Maillefer, Tibaus l'oï, si a le chef cliné 1014-15), reconnaissant avec raison et modération les limites que lui imposent son âge (1025-27), les qualités de l’adversaire (5141-43) et parfois la nécessité d’une retraite stratégique (4105-21, 5770-97). C’est un roi qui écoute ses conseillers (5010-39, 6075-79), qui reste fidèle à son dieu, tout en le rappelant à l’ordre (786, 3338,

CIV

INTRODUCTION

5949-62), et qui s'exprime avec sobriété et compassion lorsqu'il engage des pourparlers pour mettre fin au long carnage : N'i ara mais nule guerre mortés,/n'i perdra mais frans hom ses yretés (5894-95). Bien qu’il ne participe pas lui-même aux combats, il est toujours le chef qui déploie ses forces et sait commander. La seule faille chez ce noble païen, c’est qu'après la défaite de Gadifer, Thibaut appelle encore ses hommes aux armes, contrairement à l’accord passé avec Guillaume d’accepter le dieu du vainqueur (7367-71). C’est surtout l’obsession de vengeance contre Rainouart et Guillaume — justifiée par les souffrances qu'il a subies entre leurs mains — qui donne unité et suite aux idées et actions de Thibaut

ainsi qu’à la structure

de l’œuvre ; c’est cette soif,

toujours vive mais inassouvie, qui motive une série d’expéditions militaires. Guillaume a tué son oncle Desramé ainsi que de nombreuses personnes de son lignage et lui a pris son territoire, sa ville d'Orange et même sa femme Orable-Guibourc (774-785, 1015-25) ; rien d'étonnant donc qu'il avoue à Guillaume : «n'est hom el mont tant ai quoilli en hés/com vostre cors, bien croire m'en poés » (5862-63, voir aussi 101525). Contre Rainouart sa fureur est encore plus féroce et sa soif de vengeance plus soutenue, surtout dans Gadifer, où ils s'affrontent souvent en bataille. En maniant son tinel comme un Jupiter farouche manierait la foudre, notre moine a sérieusement réduit les effectifs sarrasins et a fait disparaître la fleur du lignage de Thibaut (3587-89) ; chou est li hom que plus heit et herra, nous assure l’auteur (3341, voir aussi 3678-79). Pour se saisir de lui, Thibaut veut bien sacrifier un avantage

stratégique, quand il ordonne à ses hommes de ne pas faire couler en haute mer le bateau dans lequel se trouve Rainouart (4211-21, 4247, 4341-57), car le roi païen aspire avec passion à faire subir à notre héros les pires supplices. À des moments différents, le roi Thibaut menace de le faire lier et de le faire charger lourdement de chaînes et d’un carcan au cou, de le jeter dans une prison profonde où il languira longtemps, de le faire pendre, ou écarteler par des chevaux, ou enfin de le faire

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

CV

brûler, en éparpillant ensuite ses cendres au vent (3548-86,

3672-83, 3972-74, 4005-07, 4211-21, 4341-57,

5033-39).

Ainsi motivé, Thibaut lance contre Rainouart et Guillaume

plusieurs expéditions dans le MR-A et Gadifer. Après le massacre des marchands païens, il équipe et envoie Turgant avec quatre mille Turcs contre Rainouart (799-828); le deuxième massacre qui en résulte ne fait qu’aiguiser sa colère. À Maillefer il donne cent mille de la pute gent salvage contre Guillaume (1046-74) ; c’est à la suite de la prise de Pourpaillart et des combats devant Orange que Guillaume ramène Rainouart de l’abbaye, ce qui entraîne le reste des épisodes du MR-A.

Enfin, suivant les conseils de l’abbé rénégat, Thibaut

prend personnellement la direction de la dernière et plus importante des expéditions avec quelque vingt mille hommes, dont quatre mille, y inclus le roi lui-même, déguisés en moines, et des renforts de mille voiles et cent mille hommes

(3401-4375, 4563-4735, 5697-5789). Toutes les péripéties de cette campagne, les païens déguisés, les combats en mer, les assauts

répétés

contre

nouart-Gadifer dans

le château

dominent

la version

d’Aiète,

Gadifer.

c, Thibaut

revient

à la lutte

l’histoire avec une attaque contre Gadiferne Pour

Thibaut,

donc,

comme

le combat

Raïi-

Enfin, mais uniquement

pour

à la fin de

(7515-16).

Rainouart

et l’abbé

Henri, l’unité du personnage et la constance des motivations et des actions sont indéniables dans toute l’œuvre.

VI. —

UN

ASPECT

DU COMIQUE

: LE DOMAINE

DE LA BOUCHE.

Enfin, nous croyons pouvoir démontrer l'unité de l’œuvre par l’analyse d’un thème général et fondamental, qui est répandu

dans

les deux

parties,

dont

tous

les incidents

et

épisodes cités se trouvent dans toutes les versions — Île comique de la bouche. Ce sont des incidents humoristiques qui dérivent de la goinfrerie de Rainouart, de ses efforts souvent brutaux pour obtenir de la nourriture, de son extase

CVI

INTRODUCTION

devant un repas plantureux et de la férocité avec laquelle il

défend ce domaine, qui est le sien *. Les épisodes sont variés et suscitent souvent le rire franc par des effets burlesques; mais parfois l'humour est lugubre, et la simplicité et la bonhomie

du héros sont entâchées de cruauté, car le grand

moine, dominé par ses sensations, surtout par le goût, obéit à des instincts incontrôlables. Dans ce moine/chevalier on aperçoit un personnage qui ne sait où se placer dans son monde, dont la personnalité provoque des incidents comiques par les contrastes et les conflits entre l'aspect chevalier (taille gigantesque, force herculéenne, courage indomptable, fidélité à toute épreuve) et l'aspect moine (dévouement à Dieu et à la Chrétienté, foi naïve, ignorante, incohérente, mais simple, vraie et profondément

sincère) ; et au fond de ces deux êtres reste la couche

enfantine, avec des appétits sans limites, une exigence de satisfaction immédiate, des colères abruptes et violentes, et la défense impitoyable du domaine de la bouche. Cependant, bien que son caractère de rude géant à l'esprit d’enfant domine et serve à déclencher le comique, son chemin dans la vie n’est pas tracé d’un trait ; Rainouart ne reste pas statique, mais il avance lentement sur la voie de la maturité, parvenant à la fin à un certain recul vis-à-vis de lui-même (comme dans la scène où il propose de manger un des moines), lorsqu'il se regarde et traite son obsession de la mangeaille avec ironie *. 30. Notre analyse se limite à cet aspect du comique, parce que nous le jugeons le plus apte à la démonstration de l’unitée. D’autres aspects du comique du Moniage Rainouart, qui touchent parfois notre sujet, ont êté étudiés dans les articles déjà cités de F. Suard et D. Schenk, dans Les chansons de geste du cycle de Guillaume d'Orange, t. HI, et dans Renouart assièégé : un exemple de transposition de motifs épiques traditionnels, par Marguerite Rossi dans le même livre, pp. 261-290 (analyse fine du comique de Rainouart assiégé dans le bateau et dans la tour d'’Aiète). L'article de Bernard Guidot, L'humour dans le Moniage Rainouart est-il la marque d'un esprit distingué? dans Actes du X* Congrès International de la Société Rencesvals, Padoue, 1984 apprécie, avec de nombreux exemples à l'appui, le raffinement et la finesse d’un auteur qui a su garder une distanciation humoristique. 31. Nous rappelons notre commentaire sur l'unité de ton d'A/iscans et du

Moniage Rainouart et notre hypothèse sur la possibilité d’un auteur commun pour

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

CVII

Il est évident dès le début que l'élément de la bouche domine : Rainouart s'arrête en chemin si l’occasion de la ripaille se présente ; il change de cap pour boire de bons coups et pour manger à belles dents. Ainsi, dès qu'il entre de force pour la première fois dans l’abbaye de Brioude, sa première préoccupation, au lieu de poursuivre les moines pour se venger, est de s’immobiliser au réfectoire devant le biau mengier ; tant en menjue,

gros est comme

roncis (215). Ces

deux thèmes de la priorité de la nourriture et de la grosse

quantité avalée se répètent dans les deux parties de l’œuvre *. Le voilà devant l’abbé Henri, qui préconise pour le nouveau moine un régime de frugalité et de jeûne : «en la semaine .ITII. Jois junerés ; … ne jamais, frere, de char ne mangerés » (294296) ; et la riposte d’un laconisme admirable : Dist Rainuars : « Dans abes, vos mentés ! (297); il prendra, déclare-t-il, « de

cras bacons et des oïsiaus pevrés » (300). Puis, n'ayant pas réussi à s'intégrer à cette communauté, il sort de l’abbaye pour chercher les Sarrasins et, s’il en trouve, pour rapporter rices viandes (365). Ce même comique de la bouche est exploité dans le grand épisode des larrons (398-544). Attirés par les chants joyeux du grand moine, libre, pour le moment, des contraintes du cloître, les larrons l’attaquent en lui faisant double injure!

Non seulement ils veulent le dévaliser pour obtenir de l'argent, mais ils ont également l’intention d'utiliser cet argent pour acheter le vin destiné à accompagner le sanglier que leurs camarades font rôtir sur une grande broche. Il en massacre deux des plus forts et poursuit les autres, mais — c’est un cas de force majeure — il est enchanté par le parfum du sanglier ; les deux œuvres (MR I, XLIX-L, LXXII). En effet, le personnage du héros montre une évolution soutenue dans ces chansons ; voir, par exemple, le passage 1686-1701,

où Rainouart raconte à Guillaume l'histoire de sa vie. 32. B. Guidot ne trouve pas dans la répartition et la quantité d'épisodes humoristiques une réponse à la question de la dualité : « La répartition quantitative des exemples humoristiques n'est pas probante » (art. cit., p. 3). Il ajoute en note : « Gadifer traduit un goût plus affirmé pour l'humour : 64,93 % des 77 passages relevés, alors qu'il n'offre que 57,88 % par rapport à l'œuvre entière ».

CVII

INTRODUCTION

comme à l’abbaye, la mangeaille prend priorité sur la vengeance. Il se précipite en trombe — c’est souvent sa façon de s'approcher des gens — sur les autres larrons réunis autour du feu dans l’attente d’un bon repas ; ils décampent,

terro-

risés. Notre héros ne les poursuit guère, car en vainqueur il établit son ordre en prenant possession de ce domaine. Dans une fine plaisanterie l’auteur attribue à ce goinfre une

délicatesse qui lui est parfaitement inconnue * : Et Rainuars a en son cuer pensé, quant voit illuec le mengier apresté, qu'il mengera un petit d'un lardé, que li larron avoient quisoné (479-482)

Impossibilité évidente, car pour lui la bouche est suprême. Il s'assied dans le bosquet et se régale d’une consommation énorme (496-532), exprimant toute sa joie : Dist Rainuars : « Mout a chi bon mestier; ne fu tel joie com de boire et mengier. Mieus vaut assés que ne fait dosnoier ne acoler n'enstraindre n’enbracier. » (513-516)

Puis, bourré à satiété, il se gratte et s'endort dans une posture insouciante et peu élégante souvins tous enversés (543). Par la suite dans le MR-4, l’abbaye devient un endroit à double caractère, lieu du culte de Dieu mais également domaine régi par les lois de Rainouart. Il rapporte de ses expéditions du butin qu'ils doivent tous partager : Sovent lor fait a mengier aporter; IT. fois le jour les fait sir au disner; n’i a celui qui ja i ost juner. (717-719).

Lui-même mange à volonté et fréquente la dépense plus que la chapelle, ainc de quisine ne pot estre tornés (984). Enfin Guillaume, venu à la recherche de son beau-frère, est témoin 33. B. Guidot fait souvent allusion à cette finesse de l’auteur, à son «recul railleur.. Clin d'œil malicieux... sourire complice... raffinement suprême... finesse moqueuse.. : notre trouvère ne manque ni d'adresse ni de subtilité, dans ses interventions directes, souriantes ou critiques, dans la couleur, la saveur, qu'il donne,

occasionnellement,

à son

récit» (art. cit.).

UNITÉ DE L'ŒUVRE

CIX

d’une scène d'humour noir, de violence et de cruauté (15991663). Ayant jeté le cuisinier au feu pour chou qu'il ot parlé de son mangier (1606), Rainouart sort de la cuisine chargé de quatre pains et d’un paon entier, qu'il ne partage avec personne ; puis il écrase contre le mur le frère sommelier qui a eu la maladresse de lui conseiller la modération. Ainsi, dans la première partie, notre héros défend-il impitoyablement son domaine. Dans la partie Gadifer ces thèmes se répètent, mais avec une variété qui démontre le soin créateur de l’auteur. Ayant de nouveau forcé l'entrée de l’abbaye après son retour d'Orange, Rainouart se dirige vers le réfectoire où l’on dîne. Cette fois, se servant des ustensiles comme d’une arme offensive, il frappe l’abbé avec le grand plat de pois au lard (tous mss. sauf B°, où il frappe l’abbé du poing, et Æ où il ne fait aucune violence, préférant s'asseoir pour manger sans autre

forme

de procès,

3134-62).

Vient ensuite le deuxième grand épisode, celui des léopards, où mangeur et mangé se dédoublent (3133-3270) *. Là encore nous avons un exemple d'humour noir, dans lequel l’auteur pousse à l'extrême l’obsession grotesque de Rainouart. C’est par justice ironique qu'il est menacé de se faire lui-même déchirer et manger par des bêtes encore plus affamées et plus cruelles que lui. Sachant que le grand mangeur restera à table plus longtemps que les autres, les moines veulent le gaver de victuailles et de fort vin, espérant l’enivrer (3216). Il a peu de temps pour son plaisir habituel, car les quatre léopards, qui n’ont rien mangé depuis quatre jours, arrivent, baïllant de faim. Ses frères espèrent que Rainouart sera dévoré, donc puni par la bouche ; mais ils ne comptent pas assez avec la force de notre moine ni avec la férocité qu'il déploie pour protéger son domaine, car il tue les trois premiers léopards en se servant d’objets culinaires, ustensiles ou aliments : un grand 34. F. Suard utilise le terme de « comique culinaire » pour désigner les épisodes des léopards et du cheval de Thibaut (art. cit., pp. 297-298).

CX

INTRODUCTION

pain, tel qu’on les faisait en ce temps-là (3234), fracasse le museau du premier; un barillet de vin crève le cœur du deuxième ; la tête du troisième est brisée par la broche sur laquelle on avait préparé les paons, et puis, justice suprême, notre moine mangeur étreint le quatrième par la gueule et l’étrangle, sacrifiant dans ce geste une partie de sa propre chair que le léopard lui arrache. C’est la scène la plus terrifiante de l’œuvre. Dorénavant, moins féroce, comme si Rainouart,

le comique cette étape

deviendra de sa vie

achevée, se préparait enfin à devenir un moine complet. Mais son évolution n’est pas encore terminée. Quand l’abbé lui apprend l’arrivée de frères moines (Thibaut et ses païens déguisés), il répond qu'il faut préparer à manger (3501-06). Puis, pour l’attirer dans le piège préparé par ces faux moines, l’abbé lui promet du bon manger « chers et lardés por nos cors aisier » (3534), ce qui continue à lui plaire. Alors que les païens prennent refuge sur le château du bateau, Rainouart déguste deux /ardés et cinq chapons arrosés d’un sestier de vin (4100-04) *. Puis l’action passe au château d’Aiète, où toutes les scènes du comique de la bouche révèlent une évolution nette dans le caractère et le comportement de Rainouart ; cruauté, frénésie et égoisme enfantins disparaissent, et la bonhomie du géant reparaît, avec le clin d’œil complice de l’auteur. Comme deux fois auparavant, dans l’abbaye et ensuite au campement des larrons, Rainouart tombe sur des gens qui se nourrissent. Faisant irruption dans le château, il effraie et met en fuite les quatre cents gardiens, qui sont en train de manger ; ici encore le domaine de la bouche tombe sous la puissance du moine géant (4469-77, 4503-36). Cette fois — petite progression dans l’ordre des priorités —, il les poursuit et les tue tous avant de 35. Pour d'autres petites scènes ou références du même (Thibaut promet à Rainouart que, quand il sera noyé, il boira lui rappellera la bonne sauce qu'il a savourée tant de fois dans (en plongeant la statue de Mahon dans la mer en guise de l'invite à boire : « Bevés », fait il, « jou ai tout aquité. »).

genre, voir 4366-75 de l'eau salée, ce qui la cuisine) et 4744-50 baptême, Rainouart

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

CXI

prendre possession du domaine en mangeant copieusement (4530-34). Comprenant, au moins pour le moment, que la force militaire ne vaut rien contre ce grand combattant, Thibaut trouve le stratagème qui minera profondément son ennemi, en l'attaquant au cœur de sa puissance. En assiégeant le château, le roi Thibaut empêchera le passage de toute nourriture ; de cette façon la bouche

sera bouchée

et Rai-

nouart, affamé et affaibli, tombera dans ses mains (4567-77). La vie des assiégés devient dure (5335-85) ; les moines et notre

héros qui n’ont pas mangé depuis trois jours, baîilent de faim; il ne se gratte plus de plaisir mais maigrit, alques li chient les costés et les flans (5371). C’est à ce moment qu’une évolution et un signe d’une maturité inaccoutumée se manifestent dans le caractère de Rainouart, car il plaisante sur un des éléments sacrés de sa vie. Prenant du recul par rapport à lui-même, il demande, à la grande frayeur des moines : « Le quel de vos mangerai jou avant ? » (5380). Sachant de quoi il est capable, ils vont reculant, se cachant les uns derrière les autres ; mais Rainouart ne laisse plus durer la comédie et les rassure «… jou me vois ensi a vos gabant » (5385). C’est une scène étonnante chez cet homme qui a toujours semblé simplet et jobard. La même évolution caractérise la scène de la conquête et de la cuisson du destrier de Thibaut, une des scènes comiques les plus réussies de l’œuvre (5389-5542, 5565-67). Le sujet reste toujours dans le domaine de la bouche, mais le point de vue change, car avec

adresse et finesse l’auteur fait naître de la

sympathie pour Rainouart, en le mettant dans une situation comique sans le faire paraître ridicule ou brutal. Voyant dans le pré le destrier cras et grans, qu’il mangerait volontiers, le grand moine décide de le prendre pour nourrir ses frères affamés. L’accrochage avec le cheval éveille le rire au début, par le tableau du héros sortant coiement à l'aube, se plaignant de la bête qui lui donne des coups de sabot sans le défier (c’est une male jument, dit-il, 5420) et traînant après lui le cheval mort ; mais les grands effets sont créés par la lutte héroi-

CXII

INTRODUCTION

comique qui s'engage entre Rainouart et les douze géants sarrasins pour la possession de la carcasse de la bête, finalement déchirée en deux dans cette partie de traction dans laquelle ni notre moine ni les géants ne lâchent prise. Entre temps les géants ne manquent pas de se moquer de celui qui avait l'habitude de goûter cras mallart et riche lardé, mais qui mangerait volontiers un ronchi. un ceval afolé. Raïinouart acquiesce : « Si va de poverté » (5442-46), réponse digne et amusante, étrange pour ce rude batailleur, mais nouveau signe d’une évolution qui le rapproche de la fin de sa carrière. L'auteur s’attarde sur ce combat où le butin est un bout de l'animal,

en

fixant

l'attention

sur

l'élément

burlesque.

En

conclusion il offre cette péroraison sententieuse, parodie du style épique : Por un destrier affolé et malmis Ainc mais ne fu * veüs teus capleïs! A terre en fu Renouars III. fois mis; a grant effors et a grant capleiïs a del cheval une moitié conquis. (5479-83)

Puis à la fin de l’épisode Rainouart, qui bien en fu apris, cuisine sa moitié de cheval, qu’il partage généreusement avec ses moines, et suscite leurs commentaires gastronomiques : « Dont n'est mout bons au poivre cis roncis ? » ; eux lui font des compliments : «1/ valt miels de pertris ! » (5507-08). La dernière petite scène comique de la bouche marque l'étape finale de son évolution comme homme et comme moine (6733-55). Avant le combat singulier contre le champion terrifiant des païens, Rainouart va à la messe, baise par

humilité les pieds du Crucifié, et fait sa confession. Il raconte au prêtre qu'il a tué trente-trois mille païens, mais il est profondément troublé par un seul péché, celui d’avoir gardé pour lui-même les meilleurs plats quand il travaillait dans les

cuisines du roi Louis ”. Son confesseur trouve cela risible, de 36. Mot imprimé par erreur fus dans le MR I. 37. Au cours de leur combat, Gadifer lance contre lui quelques injures en rapport avec son ancien état : caitis dolans, avoutres quisenier (6814), chaïtis truans estrumelés, panchier (6822), s'as gros le ventre de tes broués humer (6916).

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

CxII

joie rit, ne s'en pot atargier (6747), et lui enjoint en pénitence d'aimer Dieu et de bien frapper. Une telle préoccupation à ce moment solennel paraît simple et ridicule, mais le prêtre ne comprend pas que Rainouart révèle au moment de la vérité le chemin qu'il a parcouru. Pour Raïinouart, cette confession est profondément sérieuse et indique qu’il abandonne le domaine de la bouche, et avec lui tout ce qui est enfance et adolescence,

pour accepter réellement l’abnégation nécessaire à l’état de moine. Dès ce moment son rôle comique est terminé et il mourra bientôt en état de sainteté. Ainsi, à notre avis, l'étude du comique de la bouche révèle encore une fois un développement harmonieux qui s’étend du début à la fin du Moniage Rainouart et fait ressortir l'unité du personnage dans toute l’œuvre. Les scènes comiques illustrent par des exemples joyeux (ou lugubres) l’évolution du personnage principal, marquant les étapes par lesqueiles il passe et montrant, par des variations subtiles, comment il apprend à se maîtriser pour pouvoir terminer sa carrière belliqueuse dans le respect et la dignité. VII. —

RÉSUMÉ

ET CONCLUSIONS.

Nous avons divisé notre étude en deux parties : en premier lieu, une critique négative de la thèse de la dualité ; ensuite, de

façon plus positive, une tentative pour démontrer l’unité de l'œuvre. Nous essayons d'apporter des preuves supplémentaires de l'unité, bien qu'il nous semble que la charge de la preuve incombe à celui qui veut changer l’ordre qui existe, en l’occurrence à M'° Tyssens, qui suppose un état antérieur, hypothétique en l’absence de manuscrits explicites :

Partie négative : Le procédé de la transmission des manuscrits rend très aléatoire toute tentative pour distinguer par la méthode de l’analyse stylistique le travail d’un auteur dans le MR-A et d’un deuxième auteur dans Gadifer. La statistique comparative de la longueur des laisses dans le MR, le MR-A,

CXIV

INTRODUCTION

Gadifer, Aliscans, le Moniage Guillaume II, et la Bataille Loquifer révèle une variété de schémas qui ne permet pas d'accepter ce facteur comme un témoignage inconscient du

style d’un auteur *. Ensuite, quelle signification attribuer à la variété des versions de la laisse 101 ? L'examen minutieux de tous les textes révèle que la trame narrative reste intacte partout en dépit de la multiplicité des variantes (malgré une contamination

dans E et une variation dans À), et, ce qui est

capital, que le procédé de refonte de DAB est sans importance et banal, ayant déjà été utilisé plusieurs fois par les manuscrits AB. Dans 101 et la laisse suivante 102, qui commence en liaison étroite avec ce qui précède et en plein conciliabule des moines, nous n’avons trouvé ni signe de soudure entre œuvres indépendantes,

ni introduction,

ni résumé

des

événements

précédents, tous éléments auxquels on pourrait s'attendre si 102 marquait le début d’une nouvelle chanson greffée sur une épopée plus ancienne. Quant aux dix thèmes et procédés, les variations constatées entre les deux parties ne suffisent, ni par leur nature, ni par leur nombre, à indiquer la dualité des auteurs. Par contre, le cas de la métamorphose de l’abbé Henri appartient aux éléments positifs et démontre plutôt l'unité du personnage, en rapport avec le développement de la structure et de ia narration. Partie positive : Dans la deuxième partie nous avons présenté une analyse de la structure, des personnages et d’un aspect fondamental du comique, qui nous amène à croire à l'unité de toute l’œuvre. Pour la structure, nous avons réitéré l'opinion, déjà exprimée dans le MR I, que dans cette œuvre

tout

se tient, du commencement

à la fin. Parmi

les

trois personnages, Henri et Rainouart évoluent au fil de la chanson, tandis que Thibaut reste stable dans la poursuite de 38. En fait, si l'on osait tirer quelques conclusions de la méthode statistique, on remarquerait une ressemblance étonnante entre le Moniage Rainouart et Aliscans, et on devrait conclure que le schéma, également étonnant, de la Bataille Loguifer indique que cette œuvre n'est pas du même auteur que Gadifer. (

UNITÉ

DE

L'ŒUVRE

CXV

son ennemi, quelle que soit la variété des stratagèmes; tous les trois gardent une unité de caractère et de rôle. Et le comique de la bouche, aspect prédominant du grand moine, illustre à travers toute l’œuvre (comme dans A/iscans pour une première étape) l’évolution complexe du héros, qui semblait au premier abord composé uniquement de courage insouciant, de foi naïve et d’appétits enfantins. Par son art nuancé et fin l’auteur se sert de ce comique, parmi d’autres moyens, pour créer les étapes par lesquelles passe Rainouart jusqu’au moment où 1l a accompli son chemin dans la vie et où il se trouve en harmonie avec son milieu et avec lui-même. Dorénavant le comique disparaîtra. Après avoir vaincu le champion des païens, Rainouart réintègre son abbaye, pour y rester. Son rôle terminé, il mourra

bientôt après en odeur de

sainteté. Conclusions : Nous n’avons pas trouvé de preuves valables de la dualité des auteurs ; mais, en même temps, étant donné

tous les éléments incertains, on ne peut pas nier la possibilité de l’existence d’une première œuvre, le MR-A, celle que M": Tyssens appelle le Moniage Rainouart « proprement dit », car on ne peut pas prouver la fausseté de cette hypothèse. Au fond, la conclusion dépend d’un jugement assis sur des probabilités. En premier lieu nous n’avons découvert ni manuscrit abrégé qui précède le Moniage Rainouart ni aucun signe textuel de la dualité des œuvres ou des auteurs. En deuxième lieu, pour nous aider à fixer les probabilités, imaginons l'existence d’une première œuvre courte, le MR-4, se terminant au vers 3172, et demandons-nous si ce poème répondrait aussi bien que le Moniage Rainouart aux besoins structurels de l’œuvre, au développement des personnages et au niveau de création d’un bon écrivain composant une épopée aux alentours de l’année 1200. Est-ce que cet auteur, avec les qualités que nous lui attribuons, aurait terminé son poème à la rentrée en tourbillon de Rainouart dans l”abbaye ?? À ce moment-là notre héros ne pouvait pas être intégré à la

CXVI

INTRODUCTION

vie communautaire, car il ne pouvait s'imposer que par la force : Plus l'ont cremu que il ne l'ont amé (3164.3 AB). Avec les développements de la deuxième partie, Rainouart a trouvé les qualités nécessaires pour accomplir son moniage, et l’œuvre est complète. Est-ce que les combats du MWMR-A auraient suffi ? Dans cette partie Rainouart a réussi à vaincre son fils, qui s’est fait ensuite baptiser (ou rebaptiser) ; ce n’est vraiment pas un conflit contre les païens, mais plutôt le retour de la brebis égarée, car Maillefer est né chrétien. Dans la deuxième partie, le grand combat singulier contre le champion suprême des Sarrasins et la défaite de ce prince du mal semblent mieux répondre aux exigences d’une chanson de geste de cette date. Et le roi Thibaut, ce chef admirable

des

Sarrasins, aurait-il accepté passivement les injures et les massacres que Rainouart infligeait à ses hommes, sans intervenir en personne ? Outragé outre mesure, Thibaut vient sur les lieux dans Gadifer, participe aux actions et dirige les combats et le siège de la tour d’Aiète. Quand on le suit dans toute l’œuvre, cet ennemi agit d’après la meilleure tradition de l'épopée française. Demandons-nous aussi si l’auteur du Moniage Rainouart aurait composé une œuvre de 3 172 vers, soit moins de la moitié des 8 435 vers d’Aliscans, modèle auquel 1l est intimement lié. Les 7 531 vers du Moniage Rainouart semblent mieux établir l'équilibre entre ces deux œuvres ; la première raconte la vie de Rainouart jusqu'à l'enlèvement de son fils, la deuxième mène le héros jusqu'à la fin de sa vie. En ce qui concerne les hypothétiques chansons antérieures, il nous semble difficile d'imaginer les péripéties du texte d’après le scénario proposé par M" Tyssens : au début il y aurait eu une œuvre sur laquelle on aurait greffé une deuxième œuvre; plus tard, sachant qu'il y avait eu deux œuvres, certains arrangeurs (4* B) auraient recoupé le texte pour revenir à l’état original. Cette opération aurait été faite par la famille qui nous paraît la plus récente, donc la plus éloignée de ce supposé texte original. Mais il n’y a

UNITÉ

DE L'ŒUVRE

CXVII

aucune indication dans les textes français du moyen âge que les deux œuvres indépendantes originales ou que l’une des versions nouvellement tronquées aient jamais eu de suite. Dans la version allemande, Rennewart d'Ulrich von Turheim (milieu du xm° siècle), et dans le roman en prose français du

xv° siècle, le Moniage Rainouart est entier *”. Nous concluons donc qu’un seul auteur a créé le Moniage Rainouart

et que

cette chanson

nous

est parvenue

plus ou

moins intacte, préservant dans toutes les versions les caractéristiques principales de son travail : structure, narration, thèmes, comique. C’est le même corps qu’on trouve dans toutes les versions, paré et chargé de vêtements et d’ornements variés par la multitude de scribes et de reviseurs, ou, exprimé de façon plus prosaïque, c’est une seule œuvre qui a été contaminée dans ses petits détails par tous ceux qui y ont mis la main. C’est cette œuvre, le Moniage Rainouart intégral, que nous connaissons et qu'ont connue les gens du moyen âge. Restons-en là. 39. Voir le MR

1, pp. xIV-XV,

LXXIV,

note 2.

CHAPITRE

ÉTABLISSEMENT

VII

DES

TEXTES

Le but fondamental de cette édition, comme de celle du MR I (pp. LXXvII-LXXx), est de reproduire aussi fidèlement que possible «la réalité »' des textes des manuscrits. Nous nous montrons ainsi bien plus circonspect que les éditeurs médiévaux, qui contaminaient leurs textes et se permettaient des facilités à la rime ; notre

intervention

sera limitée à la

toilette habituelle (ponctuation, résolution des abréviations) et à la correction des fautes involontaires, telles que l’omission de mots, de vers nécessaires, voire de passages sautés par suite de bourdons. Toute modification du texte du manuscrit de base est imprimé en italiques, les leçons non conservées sont notées au premier étage au bas des pages, et les leçons utilisées pour les corrections se trouvent toutes dans les variantes.

I. —

VERSIFICATION.

Pour une bonne part, nos corrections rétablissent la mesure

des vers rendus faux par l’omission inconsciente d’une syllabe 1. Nous empruntons cette expression à Wolfgang von Emden dans son édition récente de Girart de Vienne, et, comme on vient de le voir, nous partageons son opinion sur la reconstruction des textes : « Nous ne croyons pas que, muni de cinq copies sur un nombre inconnu de copies qui ont existé, l’on puisse se livrer en bonne méthode à des essais de reconstruction tels que ceux qu'on tentait autrefois, et qui substituaient à une réalité — le codex médiéval — une création plus ou moins artificielle, sortie de l'esprit d'un érudit moderne sous l'influence d'une méthode conçue d’ailleurs pour l'édition de textes bien différents », Girart de Vienne, Paris, 1977. [SATF], pp. LXIV-Lxv.

ÉTABLISSEMENT

DES

TEXTES

CXIX

ou d’un mot monosyllabique. Si, par contre, il semble que le scribe ait consciemment fait un mauvais vers, nous n’essayons pas d'apporter d'amélioration. En général, cependant, la versification est excellente et exige peu de corrections, ce qui démontre que les poètes et les scribes médiévaux se sentaient à l'aise en maniant le décasyllabe épique. Voici le détail des fautes et des corrections. Dans D, nous avons corrigé soixante vers de neuf syllabes, sans toucher à onze cas que nous attribuons au travail conscient du scribe (les vers 3422.1, 3783, 3819, 5885, 6283 en offrent

de bons exemples). Sur cinq vers de huit syllabes, nous en avons corrigé quatre, ainsi que la moitié des seize vers de onze syllabes *. Pour Æ, qui n’est pas un manuscrit de base, nous donnons le compte sans distinguer les vers qui devraient être corrigés. Malgré l’étourderie fréquente de cette version, on trouve peu de fautes contre la mesure, mais il y a un

petit paquet d’alexandrins : trois vers de huit syilabes, trentequatre vers de neuf syllabes, dix-huit vers de onze syllabes,

neuf vers de douze syllabes*. Dans l'édition de À (4° vers 1 —

1774-91, A' vers 177492 —— 3164.2), les vingt-et-un vers de neuf syilabes ont tous été corrigés, preuve qu'il s’agit de fautes involontaires ; nous 2. Voici le détail des vers de D ; la liste est longue mais elle pourrait être utile; vers de neuf syllabes corrigés (soixante) : 7.3, 85, 234.2, 512, 544, 590, 786, 1370,

1378, 1493, 1794, 1844, 4672, 4877, 6316, 6344, 7358 ; non

1578.76, 1578.87, 1578.110, 1578.127, 1578.130, 1629, 1668, 1709, 1891, 1961, 2160, 2238, 2369.1, 2539, 3458, 3570.1, 3996, 4078, 5174, 5220, 5285.1, 5403, 5442, 5654, 5721, 5745, 5958, 6171, 6368, 6378, 6608, 6772, 6855, 7005, 7023, 7140, 7271, 7279, 7346, corrigés (onze) — 238, 359, 563, 1188, 1483.2, 1981.139, 3422.1,

1766, 4549, 6308, 7354, 3783,

3819, 5885, 6283 ; cinq vers de huit syllabes, dont un seul corrigé 753.3 et 1620,

1731, 2175, 5596.2 ; onze syllabes, corrigés : 48, 326, 1576, 1892, 3484, 4109, 4297, 7083 ; non corrigés : 522, 1282, 1981.4, 2525, 4330.8, 6681, 7040.1, 7268.4. 3. Voici les vers fautifs de E : huit syllabes : 2904, 5964, 6299.1 : neuf syllabes

(trente-quatre) : 203, 403, 702, 1045, 1047, 1272, 1830, 1835, 2007, 2310, 2904, 3201, 3360, 3377, 3410, 3583, 3945, 3982, 4647, 4670, 4756, 5070, 5218, 5309, 5555, 5611, 5929, 5983, 6146, 6163, 6217, 6595, 6927, 7236.01 ; onze syllabes (dix-huit) : 119,

517, 548, 1032, 1090, 1433, 2506, 2522, 2736, 2816, 3729, 3780, 4165, 4203, 4266, 5085, 5910, 7163 ; douze syllabes (neuf) : 1289, 2232, 2521, 2532.1, 2534, 2535, 2580,

2883, 3112.1.

CXX

INTRODUCTION

relevons aussi des vers de sept syllabes (un), de huit syllabes (trois), de onze syllabes (vingt-quatre), et une tendance modérée à créer des vers de douze syllabes (quatorze) “. Pour A}, nous donnons le détail seulement pour les vers de l’édition (1 — 1774.81) et le compte pour tout le texte : neuf syllabes (quarante-deux), onze syllabes (seize), douze syllabes (treize) + A* (qui se termine au vers 3164.3, laisse apparaître le travail d’un mauvais copiste : sept syllabes (un), huit syllabes (deux), neuf syllabes (cent trente-six), douze syllabes (six) — 792, 113501541800 582025832900 12. La famille B, enfin, très correcte, montre le travail soigneux

caractéristique

de cette version

tardive

: neuf syllabes

B'

(trois), B°? (neuf), onze syllabes B' (six), B° (quatre), douze syllabes B° (trois)*.

II. —

Nous

donnons

VARIANTES

évidemment

OMISES.

toutes

les variantes

de sens,

de langue et celles qui ont un effet sur la mesure des vers, mais nous omettons les fautes contre la déclinaison et d’autres variantes qui nous semblent sans intérêt linguistique et littéraire. Elles ne sont pas nombreuses et peuvent 4. Voici les détails pour 4' (lacunaire du début) : sept syllabes : 1981.91; huit syllabes : 4059, 4670, 6530; neuf syllabes (trente-trois) : 1774.119, 1923, 2057, 2183, 2892.6, 3130, 3419, 3439, 3455, 3462, 3482, 3492, 3504, 3684.1, 4046, 4257, 4645, 4804, 4834, 5114, 5134, 5235.15, 5235.32, 5357, 5419, 599], 6409, 6751, 6856.1, 7005, 7138, 7263 ; onze syllabes (dix-sept) : 2588.7, 2858.3, 3976, 5393, 5395, 5445, 5456, 5457, 5468, 5974, 6215.2, 6226.3, 6719.1, 6945, 6947, 6970, 7170; douze syllabes (douze) : 2583, 4153, 4157, 4293, 4337, 4370, 4380, 4542, 4977, 5405, 6332, 6404. 5. Voici les détails de 4° pour les vers de l'édition : neuf syllabes (quinze) : 32, 88, 234, 252, 314.1, 329, 464, 468, 507, 1346, 1435, 1493, 1578.79, 1652.4, 1774.14: onze syllabes (sept) : 153, 218, 357, 517, 1307, 1608, 1774.17: douze syllabes (quatre)

: 308, 860, 2582, 2583.

6. Voici les détails de B : neuf syllabes B! : 876, 960.7, 3122, B° : 668.1, 907.1, 1066, 1578.60, 1772.2, 1774.230, 2126.1, 2126.9, 2947.115 ; onze syllabes B! : 150, 427, 666.2, 960.12,

1498,

960.27.1, 960.28, 2947.14.

1541, B

: 3, 230, 960.12,

960.33;

douze

syllabes

B° :

ÉTABLISSEMENT

DES

TEXTES

CXXI

être classées en quatre catégories : graphiques, temps des verbes, synonymes banals et ordre des mots. Voici un choix d'exemples : Graphiques : esvoisiez - envoisiez, esragiés - enragiez, escient ensient, resvigurés - revigourés - ravigorés, esnuier - anuier - anoier, enforcement - efforcement, regarder - esgarder, derver - desver. Temps des verbes : est - fut, fait - fist, pot - puet, met - mist, a - ot, voit - vit, seit - sot, laissa - laissoit, vienent - vindrent, cuide - cuida, faites - ferez, dounez - donrés. Synonymes banals (souvent au début des vers) : molt - trop, molt tant, molt - tout, molt - tres, molt - si, molt - bien, tant - si, tant com, tant com - tant que, que - Car, si - et, ansin - ensi - issi - ichi, or car, or - ja, lors - lués, lors - puis, lors - dont, hors - fors, sus - sur, puis que - des que, donques - adont, delés - devant, delés - dejoste, jusqu'a - dusqu’a - dec’a - tresqu’a - trusqu'’a, dist il - fait il. Ordre des mots (sans effet sur le sens ou la mesure des vers) : ne

t’avra riens mestier - riens ne t’av. m., qui puet son cors - qui son cors p., Guillaume sire - sire G., dist au portier - au p. d., qui es si haut montés - qui si haut iés m. - qui si iés h. m., la nuit dormirent dorment la n., que cant de moi dut ma mere acolchier - que cant ma mere dut de moi ac.

III. —

TABLE

DES

VARIANTES.

La publication dans cette édition de trois manuscrits de base (c, D, A), chacun accompagné des variantes d’un nombre limité de manuscrits, nous a permis de réduire au minimum l'emploi des sigles et d'établir un apparat léger et facile à utiliser. Grâce à cette disposition favorable, il a été possible de supprimer les sigles pour les variantes de C dans le MR 1, de E (et de À dans la deuxième partie) dans le MR II et de B dans le MR III, réservant les sigles pour d’autres cas nécessaires et appropriés. Ainsi, par exemple, dans le MR II les variantes de E ne portent pas de sigles jusqu’à la fin de la première partie, et à partir du vers 3173 les variantes de EA sont sans sigles quand ces deux versions sont d’accord. Dans tous les autres cas, quand E et À ne sont pas d’accord ou quand il y a une leçon indépendante d’un des mss de À, les leçons portent des

CXXII

INTRODUCTION

sigles. La même simplicité de présentation est valable pour le MR let le MR III. En utilisant l’apparat critique, on doit avoir à l'esprit les quelques détails de ce procédé. La table suivante peut servir de point de référence. Manuscrit

de base

Variantes

sans

sigle

MR I

G

C

MR

IT

D

E (vers 1-3169.1) EA (vers 3173-fin)

MR

III

A

B

LE MONIAGE

RAINOUART

II

.

er

(or

pue | T>

ii

Ü

1]

èf

sen

RE

TIM 'hQUR Cat “it

Cdt

Fros

Lait ae

THAUOMLAA H04ÏMOM

‘œlshke PC

6 l'ai

ep

ME

Re

Or est dolans

Renouars

et marris

[297 dc]

de sa mollier la gentis Aeelis, de son enfent, qui de Turs est saissis. « Heiï, las!» dist il, «con ge suis malbaillis!

Ne tenrai mais chastels ne plaisseïs!

$

Or aïst Dex Guillaume lou marchis, car ge m'en vois en estrange pais;

moines serai se Deu plaist beneïs. Tant ai paiens et crestiens ocis ja li pechiés n’en iert espaneuis : moines serai ans que past li tirs dis; servirai

Deu,

que

talant m'en

q re

est pris,

tant ai paiens et crestiens ocis. »

10

À tant s’an torne

16

Renouars

l’Arabis:

de Porpaillart s’an ist par un postis. Honques nel sot Guillaume li marchis. Tint un tinel qu'il fist faire marsis; Leçons du manuscrit de base D non conservées

.7.3 espanis —

8 part.

1-3161.56 Nous donnons les variantes de E, qui ne portent pas de sigle. Au bas de la colonne 112c, après la fin de la Bataille Loquifer, E porte une rubrique : Ci parole ciste estore de la feme Rainoart, qui morte est. S’en ot si grant duel qu'il s’en est fuis a Bride et est devenus mones. Dans la miniature qui suit on voit trois hommes agenouillés devant un catafalque (d'Aelis). En haut de 112d la deuxième partie de la miniature représente un grand chevalier avec un grand bâton monté sur un cheval tout petit. Il est devant deux hommes, apparemment moines, qui se tiennent à l'entrée d'un portail. 2 Por ; cortoise Aelis — 3 Por ; ravis — 4 H. Dex ; comme s. — 7.1 manque — 7.3 espaneuis — 8 past — 10-14 manquent — 15 Ne viestirai ja mais ne vair ne gris — 17-18 manquent — 19 Un ti. porte qui est grans et furnis.

LE

À

MONIAGE

RAINOUART

broches d’acier i avoit el chief mis. Corant s’an vait contreval un larris; desor un mont ataint un moine gris; a Bride aloit, dont il estoit noris.

II

ee

20

Cil se regarde au monter d’un larris, voit Renouart qui vient tot ademis; tint lou tinel, bien sanble malfattis. En fue torne, si s’est es galos mis. Et Renouars li escrie a halt cris :

4 [a]

«Car

25

si Je Li ne

me

donés

les dras qu’avés

vestis,

serai moines sacrés et beneïs. vos donrai cest blialt de samis. » moines l’ot, si fut espoeris l’atendist por tot l’or de Paris.

1

11

uk Cil moines ot Renouart qui li crie; tel paors ait tos li sans li fermie.

30

Point lou cheval, si ne s’atarge mie; il vosist estre a Bride ou a Pavie. Et Renouars fierement li escrie :

«Estés, vasals! Vos faites grant folie! Car me donés celle golle polie, cel caperon qui sor vos chief nercie. Je vos donrai ceste cote entaillie et cest bliaut de saie d’Aumarie; si serai moines a Bride l’abaïe. 33 que —

35

36 chapeton.

21 C. s'en torne par dalés — 23.1 Il: contrement le |. — .2 R. v. — .3 malféis — .3.1 Voit le li moines molt en fu esbahis — .4 tor. si est — 24.1 Estés biaus sire pour le cors saint Denis — 26 ces bons dras d. s. — 27 molt f. esp. — 30 T. p. a que il ne respont mie — 31 cev. s’a la regne lasquie — 32 a Br. l'abeie — 33 Et R. — 34 molt f. — 35 gone — 36 C. caperon ; vredie — 37 Ja te:

RENCONTRE

AVEC

UN

MOINE

Donés sa tost! Ne m'escondissiés mie ! Ja vos donrai tel cop selonc l’oïe bons iert li os se li teist n’en pecie!» Li moines

l’ot, si ne seit que

il die;

tel paors ait qu'il ne li respont mie; an fue torne toute une praierie; et Renouars le siut par aramie. Se il l’ataint,

ancui mora

molt

est corte

il moines

40

sa vie;

a hachie.

45

48

IT. Va s’an li moines a cointe d’esperon; il vosist estre au puis de Besançon que Renouars lou siut de grant randon. D'ores an autres paumoie son baston; forment en jure lou cors saint Semion que se l\ moines ne l’atent a bandon, il lou suivra ansois dec’au donjon. Puis l’ocira à grant destruction; puis vestira, ce dist, lou chaperon, si enterra an la redemption. Servira

Deu,

ce dist, comme

prodon.

50

55

59

IV. Va s’an li moines a grant esperonee, et Renouars lo siut de randonee. 48 a ahachie

40.1 tiés sï — 50 Digon



61

56 I.

U se çou non foi que doi saint Denise — 41 c. delés l'o. — 42 B.e. li ne ront et esmie — 44 que il ne r. — 45 par u. pr. — 48 mone a grant h. coite d'esp. — 51 manque — 52 Et — 54 Lazaron — 56 Il; jusqu'a — 57 Et l’oc. de son quaré baston — .1 Et si prendra — 58 relegion.

4

LE

MONIAGE

RAINOUART

II

Tant l’a süit par puis et par valee que il l’ataint par dejoste une aree dejoste Bride en une grant cavee. Si lou bouta de sa perche quarree qu'il l’'abati tout sovin an la pree. Puis li tolit sa grant golle velee, son chaperon et sa pelice lee; si l’'ot molt tost Renouars andosee. Puis li vesti sa cote

sel fait monter

a l’or paree,

sans nulle demoree.

[298 a]

70 71

V. Quant Renouars ot les noirs dras vestus, bien sanble moine de clostre soit issus:

73

mais tant par fut et menbrés et corsus n’est bons, sel voit, n’en soit tos esperdus.

75

Et ail s’an va, qui fut tos irascus;

tant ait corut qu'a Brides est venus. Lors

s’escria,

si est levés

li hus:

dist l’uns a l’autre : «Cist Li provos

soit honis

païs est perdus!

qui doit warder les chamins et les pus. Issons la fors! N'en soit plus atendus! Si soit cil pris, afolés et pandus, qui lou moine ait ses garnemens tolus. »

66.1 Qui —

80

et confondus,

85

85 garnens.

64 p. desous une pree — 65 valee — 66 S. labati a — 66.1 manque ; Qu'il CAB — 67 1. so cote qui ert lee — 68 pel. paree — 70 v. sa cote qu'ert couee — 74 m. qui d'enclostre est is. — 75 quarés et cor. — 76 v. qu'il n'en soit esp. — 77 s'en torne q. molt f. ir. — 78 que a Bride — 79 a lev. un h. — 82 garder ; puis — 83-86 manquent — 85 garnements ABc.

RAINOUART

HABILLÉ

EN

MOINE

VI. Grant fu la noise, et li cris est levés. Li moines vint poignant tos efraés; dist au borjois que il est desrobés :

87

« Uns vis diables,

90

mes

hisdous

comme

malfeis,

dras toli, ja les ait andossés.

Ne sai s’il est ne fos ne malsanés, mais cest bliaut, qui si est colorés,

me fist vestir trestos estre mes grés. La defors siet dejoste cest fossés ! » A cess paroles vint li maire Ysosés : «Seignor borjois, » dist il, « quë arrestés? Corés as armes et si vos adoubés! pris soit li leres et bien anchaienés; tout maintenant soit as forches monés, comme traïitres ocis et essorbés ! » Et cil respondent : «Si soit con dit avés. » Au grant berfroit fut li apés sonés; de bride issirent cant chascuns fut armés. Ancui sera Renouars revidés, se Dex nel fait, et mors et afolés.

95

100

105

VII. Grant

fut la noise et fors li estormie

tuit li borjois ont la cloche bondie 90 Signe tyronien —

:

[8]

91 Les me.

89 b. qu'il estoit destorbés — 90 Uns — 91 Mes dras Ac; Mais a tolus et |. — 92 u f. u mal. — 93 gieronés — 94 v. tot maleoit mon g. — 96 Cele parole

entendi li maufés — 97 S. b. fait il et qu’ar. — 99.1 Et; levés — 100 C. reuberes ; afolés — 101 si com vous coumandés — 103 Tuit s’en is. quant furent arotés — 104.1 Mors et destruis et a honte livrés — 105 S. D. N'en pense li Rois de majestés — 106 la taborie — 107 Li b. s'arment s’ont |.

RAINOUART

LE MONIAGE

6

II

La veïssiés mainte lance anpoingnie et tante brogne, ki luist et reflanbie car li borjoies s’an issent estormie ; Renouart

voient

110

en mi la proierie,

lou froc vestut et la gole dongie; diable

sanble,

nel mescreés

vos

mie.

Cant ot la noise de la grant baronie et voit la gent de lor armes garnie, dresa an piés, s’ait sa perche halcie. Ancontre

115

vait en mi la praierie;

cuida que fust baitaillé aramie. Il tint sa perche, contremont la paumie; et cil escrient a haute vois serie : «Fil a putain, vos mort avés jugie! Pandus serés el puis de Satalie au grant gibet qui vers lou ciel ondie. Mar i avés desrobé l’abaïe ne lou saint moine, qui Deu aore et prie. »

118 120

125

VIIT. Quant Renouars voit celle gent venir qui lou menacent, lou sanc cuide marrir; tint sa masue, si les cort envaiïr: fant ses escus, ces hiames fait croisir.

130

Cui il ataint, nel puet armes guarir ne li covigne l’arme del cors partir. Qui dont veiïst ces borjois esmarrir et traire aieres et Renouart guenchir! 109 E. mainte ensegne —

110 Il iscent fors la vile est est. —

112 cole delgie

— 114 Quant il oï la n. et la bondie — 116 Il se dr. ; saisie — 117 Courant lor vient parmi une caucie — 118 C. ce f. b. u ar. — 119 Que il euïsent pris par lor

aatie— 121 À h. v. cil li crient s. — 122 vostre m. est j. — 123 Salatrie — onbrie — 126 Pour — 128 m. de mort quide morir — 129 |. va env. — Fait c. e. et'ces h. cr. —

132 iscir:

124 130

RAINOUART

Voillent ou et Renouars «Gloton,» Je vos ferai Cuidiés me

ATTAQUÉ

PAR

LES

BOURGEOIS

non, commencent a foir, les siut par grant air. dist il, «ja n’i porés guarrir; de male mort morir! vos, fole gent, esbahir?

J'ai tant paien fait a sa mort venir. » A ces parolles les corut envair, et cil s’en fuent — s’ont paor de morir — an fors maissons por lor vies guarir. Toutes ces rues an veiïssiés anplir, tos les ot fait Renouars despartir.

135

140

145

Lors s’an restorne, si s’est alés seir a une crois por son sanc revenir.

LA. A une crux qui fut de s’est Renouars sor un lou froc vestut qui fut Cil borjois montent au

marbre bis degret assis, de buirel gris. fors palais voltis,

[cl |

et ces puselles, et ces dames de pris; n’i ait celui ne fust molt esbaïs. Dist l’uns a l’autre : «Dont vient cist antecris? Veez do diable, con est grans et fornis, con li siet ores cil fros et cil samis. De quex diables nos est ores saillis ?»

«C'est uns jeans do rene as Arabis. » Dist uns borjoies qui ot a non Thierris «C'est 150.1

Renouars

Fs5

:

au tinel, lou marchis;

monte.

135 n. se metent au f. — 136 de gr. — 138 Tous — 139 male g. desconfir — 141 1. revait env. — 142 E.c. s’en tornent paor ont d. m. — 143 En lor — 144 r. v. desenplir — 146 L. s'en torna — 147 s. cors rev. — 150 v. si ot enbron le vis — .1 Cil s’enfuïrent qui sont espeueris ;montent AB — .2 manque — IS] tous esmaris — 152.1 Ce vers remplace 156-158 : C’est Rainouart au tinel l'Arabis — 153 gros et f. — 155 n. est il or tramis — 156-158 v. 152.1.

8

LE MONIAGE

bien lou conois

et au cors

RAINOUART

II

et a vis,

et a ses oilz qu'il ait noirs et petis. Mal soit de l’ore que cist plais fut bastis! J'amasse miolz li moines fust rostis qu’il fust de nos çait dedens envaïs. Deu l’amera c’an pora aler vis!»

160

164

X. Li borjois furent cest jor molt esbahis de Renouart

qu’il orent

en fors maissons

s’an sont li plus fois.

Et Renouars a son oire acoillis; de l’abaïe a lou clochier choisis, les murs antor ou sont li edifi. Vint a la porte, s’escria a halt cri :

«Ovre

166

assaillis;

la porte! Ne me

170

fait ester ci!

Ja serai moines ; je ai lou froc vesti. »

174

XE.

Dist Renouars : « Portier, la porte ovrés. J'ai ja les dras, moines serai riglés; sains Jeliens sera mes avoés, et je serai ses moines Coronés; servirai Deu, que tex est mes pansés. » Dist li portiers : « Vasal, n’i entrerés. Bien sanblés fos se vos estiez rés. Va t'en a Deu, que li pains est donés. »

176

180

. 160 Et as ceviaus — 166 esmari — 167 Pour R. qui les ot as. — 168 m. sont li plusior f. — 169 R. a son cemin ac. — 171 m. d'entor — 172 si cria — 173 O. portiers ; fai — 174 J. sui je m. sacrés et benëis — 175 manque — 176 D.R. mogne — 177 Jou ai — 180 S.D. car si — 183 Alés.

IRRUPTION

Renouars

DE

RAINOUART

DANS

L'ABBAYE

9

l’ot, si s’est tos vergondés;

de lonc s’anpoint,

a l’uis est ahurtés

del bout devent de son fust, qu'est quarrés les huis a frais et les gons desbarrés; li postis chiet cant il fut deferrés, li portiers fut desos

acovetés,

185

:

1

et Renouars s’an est outre passés. Dist au portier : « Amis, or m’atendés tant que ge soie de clostre restornés.

190 [a]

S'il vos

192

enuie, sur costé vos

tornés. »

XII. Quant Renouars lou clostre voit; Li covens iert ja et Renouars s’est

ot lou portier ocis, celle part est guenchis. au mengier assis, an l’enclostre mis.

194 195

Tient sa masue, si vint tos ademis. En la chaere seoit l’abes Hanris;

de bel mangier dovoit estre servis. Es Renouart,

200

qui vint tos ademis,

par un guichet s’est an l’anclostre mis; voit lou li abes, si fut tos esmaris, et li covens an fut tos esbaïs que chascuns est de la table saillis. «Nomini Dame!» dist li abes Hanris, «ques vis diables s’est o nos seans mis ?» An fuie torne trestos li plus hardis;

205

187 huis.

184 l’o. si s’en est v. — 185 A l’uis s’enp. si a a l’huis hurtés — 187 L. ais a fraites e. 1. gons desferés — 188 L. porte c. q. tous f. desbarés — 188.1 manque — 190 ci endroit vous gesés — 191 d’enclostre — 193 manque — 195 L'’enclostre ; ravis —

196 Tous I. c. s’est —

198 T. son baston qui ert gros ad.

— 200 siervir — 201 q. samble malfeis — 202 s'e. ou refrotoir m. — 203 V. I. l'abés molt en f. esbahis — 204 co. est si espeüris — 207 — Li.

10

LE MONIAGE

an chanbre

de chanbre

RAINOUART

fuient desoz

ces

li autre montent desor cest covertis; l’abes meïimes s’est diaiers l’uis quatis. Et Renouars

II

lis;

210

ne fut mie esbahis;

ne les ait guaires chaciés ne porsüis. Voit

lo mengier,

as tables

est assis;

tant en manja gros fut comme roncins. Dist Renouars : «De Deu soit beneïs qui si vos ait aporté et assis. Desque g'issi de la cort Loeÿs,

215

ne

219

fui je mais

de mangier

si assis. »

XIII.

Quant Renouars ot mangié a planté, prent son tinel, n’i a plus demoré;

221 223

cerche les chanbres anviron et en lé, mais il n’i trove ne moine ne abé,

225

que tuit s’estoient mucié et destorné. Et Renouars a tant quis et alé qu’el mostier vint, s’a partot ersgardé, mais n’i trova home de mere né. Il garde amont, si a tant esgardé qu'il ait veüt un crucefi doré; par grant maistrie l’ot on fait et ovré. Cant Renouars l'a perçut et visé, mervaillait

soi, si l’a araissoné,

car onques mais n’ot an mostier esté ne n'ot ve crucefi ne alté. 233 CR.

230

perçut et avissé —

—s

te

234.2 ve.

209 ch. s’en vont — 210 L. a. mucent desous — 211 L'ab. m. est en .i. lit coucis — 212 E. KR. si n’est m. — 214 m. a la table — 217 Q. cest mangier a ci

%table mis — 218 Puis que parti — 219 siervis — 228 v. si a p. gardé — 229 . 1] n’i trueve — 230 Am. regarde; avisé — 232 M. fu fais et manouvrés — 733 Q. R. l’a tres bien avisé; l'a choisi et visé 4 — 234.2 manque ; veù AB — 235 fait il; si haut le.

CONVERSATION

«Diva, » dist il, «qui

AVEC

t'a laissus

LE

CRUCIFIX

levé?

Descent ça jus tant k’aie a ti palé. Ou sont li moine et li abes alé? Vignent avent, n'aient rien douté. A ous me rent par bone volanté; servirai Deu, que ge ai molt amé. »

240

XIV. Dist Renouars n’aies paor;

: « Vasals qui est lassus,

vien sait, si descent jus,

et si me di — se ja t’ame ait salus — ou est li covens et qu'est il devenus? Si te dirai por coi suis ci venus :

245

Renouars sui, uns chastis malostrus; tant Sarrasins ai mors et confondus,

se Dex Rendre

nel fait que tos serai perdus. me voil; ne sai que die plus.

Servirai

Deu

qui el ciel fait vertus,

250

et J'ai les drais et si les ai vestus. Car me respont ! Por coi es tu si mus? Si m'eist Dex, tos an suis esperdus. »

XV. Dist Renouars : Vasal, a moi parlés. Que fais tu lai qui si halt iés montés? Descent sa jus, ne soies efraés. Ou est li covens ne li abes alés ?» Ensin dissoit Renouars li desvés.

255

237 m. quant n'en ai nul trové — 238 manque — 242 N. p. mais desc. etvieg j. — 243 d. si ait t'a. s. — 244 U sont li mogne que sont il d. — 246 durfeüs — 248 S. D. n'en pense — 251 dr. si me sui ja v. — 256 U sont li mogne et.

2

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Une loee est illoc arestés : « Vasal. » dist il, «bien sai n’i palerés. 260

irai, et vos si remanrés;

Or m'en

ne remenroie o ti por .C. cités, que tu m’esgardes ansin comme un malfés; a vis diables soies tu commendés ! » A tant s’an ist, el clostré est antrés. Renouars s’est .IIIL. fois regardés: grant paor ait cil ne soit avalés;

265 4

n’i anteroit por .XIIIL. cités. Sor un

lutrint est Renouars

K|

montés ;

tant a les moines huchiés et apelés que tuit revinrent ; n’en i a uns remés. Et Renouars les ait araisonez : «Seignor, » dist il, «or vos assegurés. Je suis uns hons dolans et aïrés : molt ai eüt honors et richetés et s’oi moillier — plus belle ne varés —

270 [b]

belle Aelis, dont molt estoie amés; celle fut niece dan Guillaume au cor neis; un fil en oi, mais cil me fut anblés. Ancor an suis dolant et aïrés;

275

jamais mes cors n’iert liés ne asazés. Moines voil estre se deu plaist coronés; sains Juliens sera mes Recevés

moi,

baron,

avoés. se vos

280 volés.

Se tost nel faites que vos lou refussés, li plus hardis iert ja si mal menés, c’a cest tinel, que vos 273

so —

ici veez,

274 estoit.

261 comme diervés — 263 At. s'en part crucefis dorés — .1 Ne retornast por .c. mars or ne vous esfrées — 271 Ci s. venus d. et Dame ; estoie n 275 Ele estoit n. Guillaumë — 278 enplis n'as. — 279 M. v. e. benëis mones

coronés



282 S. vous



e. c. e. retornés — 265 p. a del d’or pesés — 268 nul rem. — 270 esgarés — 273 Et euc m. — 274 — 276 f. en euc. — 277 trespensés et sacrés — 280.1 Et je serai ses

283 h. sera s. —

284 De.

RAINOUART

vos briserai les flans et les costés. » Et cil respondent : «Ja mar an douterés, que nos ferons toutes vos volantés. » Donques li ont les nors dras aportés, si l’ont vestut et lo chief an son rés. « Amis,» dist l’abes, «un petit m’entendés ceans vos estes et mis et adonés. Or soiez sages et molt asseürés, si servés

Deu

de bone

Renouars

: « Dans

1 trové

:

290

295

abes, vos mantés !

Par cel seignor, qui an cruis fut penés, jan mengerai — ja mar an palerés — de gras becons et d’oisias anpanés; si chanterai et adés et assés, si conquerrai les plains et les renés, et les montaignes et les vas et les gués. Se Sarrasins

285

volantés;

an la semaine .III. jor jüenerés; aprés vos char la haire vestirés; ne Jamais, freire, de char ne mengerés. » Dist

13

MOINE

300 302 301.1

arrivés,

ne lor lairai vaillant un ail pelé. » « Sire, » dist l’abe, «se vos plaist, no ferés. N'’avons pas terres, rente ne erités

305

dont cist afaires poiïst estre monés; tost avriés but galices et messés,

crois et reliques et crucefis dorés. » Dist Renouars : «Or ne vos dementés. » Lors se departent, é les vos desevrés. A mienuit est li covens levés; ovrent les huis, s’ont cierges alumés; 301.1-302

Jntervertis

dans D.

285 Li — 286 res. si com vous coumandés — 287 f. les vostres v. — 290 envers moi ent. — 291 es. rendus e. ad. — 292 e. bien amesurés — 294 iii. fois — 295 porterés — 299 Je m. — 300 D. boins capons et d'ois. bien plumés — 301 e. sovent e. as. — 301.1 manque — 302 S. cerkerai les puis — 302.1 manque — — 303 tr. aünés — 304 v. .ii. aus p. — 305 s’il v. pl. — 306 ter. castiaus n. — 308 T. avriens — 309 manque — 311 et se sont des.

LE

14

MONIAGE

RAINOUART

II

sonent matines, si ont lor chans levés. Renouars fut el dortor enfermés; la se dormoit con rousins saoleis. Cant ot les cris et les sons halt levés,

il salt an piés comméë hons effraés : «Ha las!» dist il, «trop me suis obliés! De

Damedeu,

qui an crois fut penés,

soit li covens honis et vergondés : tant par suis ores bellement apelés ! »

320

Dont vest iou froc, a tant s’an est tornés; droit a mostier s’an est acheminés. Ja fust leans Renouars tos antrés cant li sovint del crucefñi doré;

cant qu'il Dont se li

l’apersut, si fut tos efraés n’i antrast por l’or d’une cité. fut dolans et marriz et irés servisses est si sans lui chantés.

325

XVI. La nuit fut belle, pres fut de l’ajorner, chantent li moine molt haltement et cler. Renouars l’ot, lou sans cuide desver :

« Heï las!» dist il, «con or puis forsener je deüsse ores ces chans leans lever, et or n’i puis ne venir ne aler por cel diable qui siet sor cel piler. Mais par cel Deu que je doi aorer, 315 I —

330 :

335

326 corociés.

312.1 h. cier. ont al. — 314.1-.2 manquent — 314.1 con hons saoulez 4 — 315 1 ; plus n'i est demorés — 317 q. fist ciel et clartés — 320 fr. atout — 321 au m.— 322 Laiens s’en f. dans R. ent. — 324 s'ap. : retornés — 325 N'i entr. puis p. .C. mars d’or pesés — 326 Lors f. maris dol. et trespensés — 327 Que — 328 ajornés ; E manque de lettrine au début de cette laisse — 330 vis cuida foursener — 331 c. o. me p. dierver — 332 ces tres grans c. 1. — 335 P. c. boinhome q. s. lés.

RAINOUART

VEUT

CHANTER

je chanterai — qui qu’en doie peser — si haltement, bien lou puis afier, que tout ferai lou mostier restoner. Mais d’une chose me puis molt aïrer que ge n’apris onques à orguener. Je ne savrai, ce cuit, pas orguener. Or voist li chans comment qu'il puist aler. » Adont cuida Renouars bien chanter; dont commensa Renouars a hüer tout ansument con il soloit crier en la bataille en Aleschans sor mer. Une /oee en fait lou son aler et lou mostier tonter et resoner. Li covens

l’ot, ne

Renouars

: « Bien

vert

hiaume,

et un

hauberc

que je me voil orendroit adouber; s’irai la terre et lou pais garder et lou rivage tot contreval la mer. Se Sarrasins puis au port atraper, 347

345

350 [d]

lou puis creanter;

mais molt me puis honir et vergonder s’ansin m'esteut sa dedens resposer et longuement seïr et sejorner. Faistes me tost mon tinel aporter, et un

340

lou pot andurer;

molt bellement li prisent a mostrer : « Renouart frere, laissiés cest chant ester; lou Deu servisse ne devés destorber, mais alés vos el dortor reposer. » Dist

15

355

cler,

360

loe.

338 Q. je; resoner — 340 Onq. n'ap. encore — 341 J. nu s. je quic bien acorder — 342 Nous résolvons l'abréviation p' par puist ; O. v. la cose coume pora al. — 344 D. c. hautement a crier — 345 usler — 346 Aliscans — 347 loee , liuee E, leuee AB — 348 L. m. fist et bondir et souner — 350 b.l'en prist a apeler — 352 dev. refuser — 353 refermer — 354 doi cr. — 356 ensierer — 357 reposer — 358 mes armes ap. — 359 manque — 360 maintenant ad. — 362 manque — 363 S. S. i pooie trouver.

LE MONIAGE

16

RAINOUART

II

tos les ferai morir et afiner. Lou grant avoir an ferai aporter ; riche mengier an ferai achater. » Dient li moine : «Or vos fist Dex parler. Bien devriés vos vertus esprover. » Ce li dissoient qu'il no porent amer; car il volroient qu'il fust outre la mer. Et Renouars se fait a tant armer.

365

370

XVII. Renouars

vest l’auberc qui fut malliés

a doble maille, et serés et forgiés;

puis lace un hiame qui fut a or tailliés; prent son tinel qui fut de fer loiés. Lors s’an torna cant fut apparailliés. La nuit fut belle et li tens acoisiés, et Renouars s’an va tos eslaissiés tout un halt puis delés un chamin viés. Dejoste

un

breul, sos

.Il. arbres

375

foilliés,

s'est Renouars vers lou jor apuiés, de bones armes molt bien aparaillés; lou froc el dos ne fut mie laissiés. Ot ces oisiaus chanter par lou ramiés; un petit s’est de joie renvoisiés; il hue et crie contreval cel ramiés. Or escoutés con il fut anragiés, c’an cest bois fut Thears, un pautonnier,

380

385

372 ..giés ; texte illisible ; anticipation du vers suivant — 376 elsaissiés — 386 Hears.

364 Tost — 365 L.g. tresor ;amener — 366 R. viandes — 368 deuïsiés — 369 Cil le — 372 malliès — 373 rengiés — 374 P. laça l'iaume a fin or entaillés — .1-.2 manquent — 376 s'en ceurt t. esi. — 377 T. un vaucel — 379 aprociés — 380 ar. est m. b. aaisiés — 381 L. fr. dou d. n'if. — 382 c. p. ces vergiés — 383 De j. s'e. un pet. r. — 384 Il huce ; le regniés — 385 renoiés — 386 f. Tihars

uns

renoiés.

RAINOUART

uns

mordrisieres,

uns

cuvers

S’ARME

17

renoiés;

an sa conpaigne ot .C. larons proisiés. Iloc s’estoit cil Thehart anbunchiés ; la gent desrobe,

qui vienent

do marchié.

390

Desos un fol fut celle nuit logiés. Dist l’un a l’autre : « Seignor baron, oiés !»

[300 a]

XVIII. Li laron oient Renouart si chanter. Thears li leires iert assis au sosper, repairiés est d’une maisson rober, une maisson qui seoit sor la mer. Dras et avoir en ot fait aporter; un port salvage avoit fait acorer; en grans espois font les hastes torner.

395

Thears li leires ot Renouart crier si haltement lou bos fait restoner.

400 il

Thears apelle Baudequin et Hardré et .VII. des autres, que je ne sai pas nommeir « Prendés les armes, seignor franc bacheler; je oi la val un vilain molt crier. Orains li vi un grant avoir moner, de Bride vient son marchié demoner. S'il a deniers,

2 :

405

si l’alons desrober;

s’an achatons del vin a cel sosper. » Hardré respont : « Bien fait a creanter. » A ces paroles s’an vont tuit adouber. Li autre

font la cuisine

haster;

410

mangier volront ans qu'il soit ajorné.

389 IL. est. li lere herbregiés — 390 desreubent — 391 fau — 392 Qui est cil diaubles qui a si haut huciés — 394 Tiehars — 395-400.2 manquent — 401.1 Il lor a dit esrant sans demorer — 403 J'oi ; canter — 404 gr. asne m. — 406 Il a

de. alon le —

408 Dient li autre —

409 v. .x. ad. —

411 a. que fust l'a).

LE

18

Mais

Renouars

RAINOUART

MONIAGE

II

contrester,

lor volra

413

lou bel mangier chalongier et vaer.

XIX. Thears

415

et o lui .X. larons;

s’arma

ceignent espees as senestres girons et grans costels de l’ovre de Dijon. Chaperoné se furent li laron.

Renouart trovent soz un arbre roon, acostés fut illoc sor son baston. Por la dolçor de la belle saison chantoit li bers Renouars a halt ton. Es vos Thears, qui l’a mis à raisson : «Qu'est la,» dist il, «a cel noir chaperon ?»

420

4 |

XX. Or faites pais, si orés de Theart, lo mal gloton, lou felon, lou renart. A vois escrie cant il vit Renouart : «Qu'est

la,» dist il, «por

qui a ceste ore chamine Estes vos

sou,

lou cors

425 saint Thomas,

et si est tart?

sire moines

Richart,

qui l’autre jor me tolistes Bernart, un mien laron qui iert de franche part? Si lou fesis pandré a une hart. 416 senestre



419

sor —

422

[b]

on.

413 e. tenser — 415 Tiehars s'ar. avoec 1. — 416 a senestre gieron — 417 gr. capiaus — 418 Encapeté ; l. glouton — 419 sor — 420 Apoiés — 422 Ren. un h. son ; ton Ac — 423 Tyhars si — .1 Qui es tu la — 424 Tihart — 425 L. m. laron le cuvert satanart — 426 s'escrie — 427 Qui iés: s. Biernart — 428 cemines et s'est — 429 E. v. iluec s. m. Vitart — 430 m'ocesistes B. — 431 Mon conpagnon qui tant ert de grant art — 432 f. la p.

RENCONTRE

AVEC

DES

BRIGANDS

Laissiés lou froc, que nos i clamons si lou bueverons a ce vin Lienart. »

Renouars

part ;

l’ot, fait li un fiert regart :

« Diva, » dist il, «tu

me

sanbles

19

435

musart. »

XXI. Thears

fut fiers et li laron

Renouart prenent, si Lou froc li tolent et ans que li bers aüst Et Renouars lor salt Prent

son

hardi;

l’ont antr’ex saixit. la gole autresin son fust saissit. en mi lou vis.

tinel, contremont

440

lou brandi,

et fiert Theart par milieu del servis; lou col li brise et lou chief li ronpi. A l’autre cop lor ocist Amaurri, un fort laron, maint homë a mordfri. Voit lou Hardré, si escrie a halt cri : « Fuions, laron, par lou cors saint Martin! C’est un diable, nos somes malbailli ! » Dist Renouars : « N’en irés mie ansin!

445

Tos vos rendrai prison l’abé Hanri. » Li laron l’oent; tost furent departi. Et Renouars a tant l’anchaut süi de la cuisine choisit lou fumeri; celle part vient, la clarté a choisi. Aucui seront li laron esmarri.

450 452 454 455

435 R. l’o. si li fait un reg. — 436.1 Li fros est nostres ce dist l’abes Biernart — 437 Tiehars f. f. et si fu molt h. — 439 la cule — .1 manque — 440 R. s. qui pas ne lor guenci — 442 E. f. T. que tout l'a escervi — 443 br. e. la teste autresi — 445 h. avoit — 446 si cria — 447 F. nos ent ; s. Remi — 448 d. tuit 452 E. R. l’a t. l'encauc s. — s. m. — 449 D. R. pas n'en ir. — 450 manque 453 Que des lardés a la flairor senti — 454 cuis. senti — 455 C.p. ceurt u la flairor senti —

456 malballi.

LE MONIAGE

20

RAINOUART

II

XXII. Quant Renouars a veü la clarté, celle par vient, s’a lou tinel levé. Voit les larons

seant

antor

lou ré;

lou mangier hastent, tot orent apresté.

460

Dist l’un a l’autre coiement a celé: « Thears nos sire a or molt demoré;

ne sai qu'il a veü ne ancontré cant ne revient À tant és vos grant aleüre et Si com il vient

antre lui et Hardré. » Renouart l’aduré son tinel ferré. moine tel tenpesté

465

que ce sanbloit vif diables malfé. Li laron l’oent, si se sont regardé; Renouart voient, son tinel antesé,

lou froc vestu, bien anchaperoné. Cant

l’apersurent,

si furent

efraé;

ne l’atendissent por l’or d’une cité. An fuie tornent li cuvert parjuré; tout lou foier li ont si delivré qu'il n’i remaint ne chenu ne palé. Toutes lor armes laissierent ens el preit que il n’ont armes, tuit furent désarmé; iloc remessent lor costel aceré et lor espees et lor espiet quarré. Et Renouars a an son cuer pansé, cant voi illoc lo mangier apresté, qu'il mengera un poi de cel lardé 476 encel p. —

476.1

de...; mot

470 [a]

1 475 1

480

incomplet.

457 a coisi la cl. — 458 C. p. ceurt tint — 459 V. le laron seoir sor le lardé — 460 L. m.haste por tos iestre hasté — 463 manque — 466 Gr. al. atout le mal f. — 467 Par mi le bos — 468 Q. c. resamble lait d. et m. — 470 R. v. venir tout

ent. — 472 Q. s'ap.s. sont tout retorné — 475 rem. cavelu n. p. — 476 ens el — 476.1 manque ; desarmé AB — 478 manque — 481 m. un petit d’un |.

FUITE

que

li laron

avoient

DES

21

BRIGANDS

cuisiné,

si buvera do vin a grant planté; ja n’en prendra congié a dant abeit. Dejoste un arbre se sont tuit assanblé. Dist l’un à l’autre : «Nos somes vergondé;

484 486

quel vil diable nos ait si enchanté ?» «Ne

sai,» dist l’autre,

«mais si m’a

efraé

n'1 volroie estre por .M. mars d’or pesé. Miolx sanble moine que home qui soit né, que il avoit un grant froc andossé. » A ces paroles és vos venir Hardré.

XXII. Li laron furent el bois soz l’abruissel tuit efraé, n’ont joie ne revel; de lor mangier ne lor fut mis bel dont Renouars fait ores son revel. Li bers s’asist par dejoste un ramel,

494 495

des bons lardés fait ores son avel; un en merjue li bers a un morsel,

500

et si huma de savor plain baquel, si but de vin tot plain un barissel. Dist

Renouars

Deu m'envoia Deésque g'issi cant je brulai ne santi mais Or chanterai 500 mejue —

: «Par

lou cors

saint

hui par mi cest bosel ! de Loon lou chastel lou ques lo hasterel, mon cuer de tel revel. de joie un son novel!»

Marcel,

505

505 g'issit.

483-484 manquent — 485 Li laron fuient quant il sont destravé — 486 Desous ; aresté — 488 Q. vis d. ont cestui aporté — 491 h. de mere n. — .1 492 p. lor est venus H. — 493 Grant aleüre con home forsené — noir fr. 494 sor l'ab. — 495 T. sont dolent — 497 aviel — 499 jüiel (/ecture incertaine) — 500 manga E, menjue c — S01 pl. vasiel — 504 manque — 505 Puis que parti — 506 manque — 507 m. mes cors si boin morsel.

MONIAGE

LE

22

II

RAINOUART

XXIV. Or siet li bers Renouars au mengier, si a mengié del lardé un quartier. Si but del vin assés plus d’un sestier; plain un baquier huma del mol mengier. Dist Renouars

: «Or

a si bon

510 [d]

mestier;

ne fut tel joie con de boivre et mengier. Miolz valt assés que ne fait donoier ne acoler n’estraindre ne baissier. Que ai ge dit? Por lou cors saint Richier, ne sui ge moines Jelien des 1er? Ja ne deüsse de tel chose plaidier. Or sont li autre en l’anclostre e mostier; chantent li moine et lisent lor saltier. Se j'ai dit chose dont Dex se doit corocier, Deu, moie corpe se je ai dit pechié. » Li laron voient Renouart au foer; la se saufoit,

bien

515

520

se sot aaissier.

S?5

Dist l’un a l’autre : « Bien nos devons irier de cel gloton, de cel mal pautonier, qui si s’aiese et nos tost nos mengier. Si m'eist Dex, molt nos devons irier que n’avons armes dont nos puissions aidier; ja alissons lou foer chalongier. »

512 mol manque —

530 a.

520 en | manque.

510 et si mangue — 512 Et si h. pl. bac de mol m.— 513 bo. mangier — 514 N'est si grant j. — 516 n'enbracier — 517 C'aje (pour c'ai je ?) ore d. : s. Ligier — .1 Sains Juliiens m'en devroit blastengier — 518 Qui suis ses m. il a tierc jor d. 1. — 520 aut. ens el clostre au m.— 521 C. matines — 522 Tel c. ai d. dont se d. aïrier — 523 D. m. c. celi voel jou proier — 527 D. c'est felon cuvert et p. —

529 Bien

nos

devons

de tout çou corecier —

530.1

Si alisiens.

RAINOUART

23

DÎNE

XX V. Quant

Renouars

ot mangié a planté

et but lou vin et mengié

lou lardé,

Joste lou feu s’est assis a chaufer; tant ot mangié que tos fut saolés. Au feu se grate les flans et les costés; dejoste lui fut ses tinels possés. Lors

s’andormit,

sa costume

535

estoit tels.

C'est une chose dont molt iert anconbrés ans que soit mais esvailliés ne levés. Li laron

voient

Renouart

si clinés;

539 541

dist l’un a l’austre : « Baron, quel la ferés? Renouars

dort sovins

tos anversés;

Veez con gist li fols estrumelés. Que ferés vos ? Quel consail me donés que cil cuvers puist estre vergondés ?» Primes parlait uns des larons Hardrés : « Seignor baron, » dist il, «or entendés Alons a lui si con vos commendés,

de toutes pars soit saissis et cobrés, an cel feu soit tot maintenant getés, s’ait tot lou cors et les menbres brulés. Puis soit as armes ocis et descopés. » A ces paroles és les vos restornés.

545

:

550

552 [301 a] 553.1

544 Vez.

532 Beü del v. et m. a planté — 533 as. et caufés — 535 A. f. se toste — 539 A. qu'il — 541 v. R. enclinés — 542 quel le f. — 543 R. d. vés le t. — 544 Voiés c ; Vés c. il g. au feu estr. — 545 Quel le ferons q. c. en prendrés — 546 Q. c. conviers — 547 Premiers p. li fors leres H. — 548 s. dist il a a [sic] moi en ent. — .1 manque — 550 Et maintenant ait le cors reversés — 551 Si ait I. c.: copés — 552 Et s. a ar. erraument devorés — 553 Et cil respondent si con vous commandés



.l v. tous

tornés.

LE

24

MONIAGE

RAINOUART

II

XX VI. Li laron voient

Renouart

andormi;

celle part vienent coiement et seri. Dist l’un a l’autre : « Veez lou andormi. Or faites pais, n’i ait nose ne cri tant que soions de nos armes saissit, que s’il s’esvaille, nos somes malbailli. » A grant paor vienent el fumerit; prenent

lor armes,

tost an

furent

555 sl

4

saisit.

XXVIa. Li laron prenent lors armes si s’armerent. Cant sont armé, onques ne sejornerent; vers Renouart vienent, si s’aresterent. Dorment lou voient mais molt lo redoterent. Son tinel prenent, tot antor s’asanblerent;

Li .XX. plus fors au tinel s’acoplerent; tant l’ont mené et tant lo traïnerent c’an mei lo bos lou fust acoveterent de feulle et d’erbe que il li porterent. Inelement au foer restornerent, vers Renouart vienent, si lou borterent; son

froc li tolent,

n | C4

560

.

565

tot lou desafublerent.

555 C. p. ceurent — .1 aut. vés le tout end. — .3 garni — 4 s'esv. molt s. — 557 garni — 557.2 onq. n'i aresterent — 558 v. si l’aresnerent — 559 D. 1. truevent — 560 S. t. virent t. a. li alerent — 563 que par le bos troverent — 565 bouterent.

LE TINEL

VOLÉ

25

XXVII. Quant Renouars sant que il l’ont bouté, il salt en piés, un en a assené;

567 569

tel li dona del poing qu'il ot quaré, lou col li a conbrisié et froé. Reprent un autre, si l’a el feu geté. Prent un espiet, que il a ancontré; dist Renouars : « Alés avent, Hardré ! Fil a putain, tos serés vergondé : de vos ferai autretant, par verté, comme je fis del paien Isoré,

570

lou quels Guillaume

lou marchis

au cor

575

neis,

qui a Orenges m’ot lou grenon brulé. Mais puis li fut molt bien guerredoné, que ge l’oi tost et ars et eschaudé. » Lors s’abaissa, prist un espié quarré, JIIT. en persa les cors par lou baldré. Mais li laront sont tuit esvertüé; de grans coltés li ont forment rüé. Ne fut l’auberc que li ot andosé, el cors l’eüssent en .XXX. leus navré.

580

Al

585

XX VIII. Grant fut la noise et molt grans Ni baras; LH laron fierent sor Renouart a tas. Ne fust l’aubers qui fut fais a Damas,

[b]

567 il ont. 566 t. et t. L. desfublerent —

567 Q. R. senti qu'il est b. ;qu'il l'ont b. c —

568 Taste a son cief n'a pas son fust trouvé. — 571 a et brisié e. — 572 Il prent

un aut el fouier l’a g. — 573 manque — 578 keu — 579 gr. uslé — 581 manque —— 582 baston quar. — .l en copa tres par mi 1. b. — 584 Et ; o. sor lui r. — 585 aub. qu'il avoit end. — 586 .xiii. — 587 Fors: fiers 1. bar.

LE MONIAGE

26

RAINOUART

II

en .XXX. leus fust malmenés et quas. Mais mot lou fait richement Renouars : il an saissit les .IIII. par les bras, el feu les giete, si lor a les cors ars; .V. en reprent tost et inel lou pas, si les desrue con li soris fait chas, puis les abat contre terre a un glat; JT. en reprent, ses giete par les bras, sovent lor done mervaillos atiplas. Hardrés s’escrie : « Merci! Por saint Tomas! Biau sire moines, ton tinel raveras !» « Voire, » dist il, «par foit tu lou rendras, on se ce non, de male mort moras! »

590

XXIX. Renouars

tient Agravain

et Hardré ;

grans hatiplas lor a sovent doné; tant les bati, tuit furent estoné. dist Renouars : « Ma! estes arivé por mon tinel que vos m’'avés anblé; se tost nel rai, tuit estes afiné ! » «Sire, » font il, « mercis por l’amor Dé! La te menrons ou nos l’avons bouté. » Dec’aul tinel ont Renouart moné. Renouars voit son fust acoveté; il s’abaissa, si l’a amont levé. «Fil a putain! Con fustes desreé

599 600

605

610

590 malmis.

590 malmenés c; f. navrés Rainoars — 591 manquent — 595 R. frere — 596 d. i. cuvers tu le 602 m. vous est encontré — 603 v. av. — 604 s. —— 60$ p. amor — 606 m. u l'av. traïné — 609.1 610 put. molt par f. osé.

ri. li tousars — 592.1-593.2 m'emblas — 599 Agrevain — nel rendés ja serés vergondet Si li a dit traîtres parjuré —

LES BRIGANDS

TUÉS

21

qui mon tinel m’avés ansin moné? Estoit il mors, que l’avés enterré? Si l’eüssiés d’un dras anvelopé, comme mort home l’eüssiés atorné, fait lou servissse, et l’offrande doné or lou m'avés sollié et malmoné ;

:

si m'aïst Dex, ja sera conparé ! » Prent son tinel, fait antor lui chaplé, si les ait tos ocis et afolé. Tot lou païs en a si delivré n’en trovissiés un sol en cel rené.

615

620 621

XXX. Quant

Renouars

ot les larons

ocis,

pres fut do jor, si chante la malvis. Lors s’an torna Renouars l’Arabis grant aleüre par dejoste un laris. Joste la mer s’est el rivage mis; voit une nef de Turs et de Persis qui or venoit d’un estrange païs, ceu est la terre ou Tiebaus fut noris. La nef fut grans et li voiles jus mis; marcheant sont, de grant avoir garnis, de tos avoirs fut li vaisias anplis. Cant Renouars a les paiens choisis, plus tost qu'il pot est celle part guenchis. Ja les fera corosos

623

[c]

et marris.

611 Que mit. m'av. ci entieré — 612 manque — 613 acouveté — 615-616 manquent — 617 cier se. c. — 618 enson aus a c. — 619 Tous I. a mors — 620 Tous les larons a si acouvetés — 627 s'e. a le rive m. — 629 Arivee iert au port de Tanaïs — 630 De Cordes vient un estr. p. — 631 C’est une t. — .1 Si le tint ja Desramés li floris — 632 v. trellis — 633 M. s. cescuns d'av. — 634 Portent argent et pales et samis — 635 D. grant av. estoient bien garnis — 636 a le calant c. — 637 par. ravis — .l manque.

LE

28

MONIAGE

RAINOUART

II

XXXI. Quant

Renouars

a veü

lou chalant,

plus tost qu'il puet va celle part corant. Cant il vint pres, halt lor va escriant : «Qui estes vos,» dit il, «qu’alés querant ?» Paien

l’antendant,

si lo vont

regardant;

li plus hardis s’en va tos esmaiant. Tuit coit se taissent, Malargus va devent : «Sire, » dist il, «nos somes marcheant. Venons de Cordes, do rene l’amirant, lo bon Tiebaut, lou fort roi conbatant, niés Desramé, cui Guillaumes a son brant

nos a ocis — et si nos

domage

1 avons

fist Guillaumes

638 640 642 644 646

650

grant —

an l’Archant,

et Renouars li fos a son perchant, filz Desramé, qu'il ot de la joiant — mar soit de l’ore que il a vescut tant — tant a ocis'de la gent Tervagant, ja h domages n’en sera restorent. Mais or est mors, ce dient li aucant. Li rois Tiebaus a ancor son enfent: tant l’a nori, bien resanble joiant, roi Mallefer l’apelerent Persant. Se il vit longes, bien lo vos acreant, n’avra tel home an cest sicle vivant.

655

660

656 ma.

639 Lors pense et cuide ce soient mescreant — 640 Tint son tinel si va vers aus c. — 641 pr. si les v. aresnant — 642 v. et que al. — 643 En ces païs por qu'’estes arivant — 644 P. l'esgardent molt se v. mervillant — 645 Quant il le voient si corsu et si grant — 646 har. et tous li plus vallans — .1 De la paor va del cors tressuant — 647 s. tinrent fors un qui dist avant — 649 le re. — 650 L. roi T. 1. hardi c. — 652-653 intervertis — 652 grant perte a faite — 653 Par son outrage ocist en Aliscans — 654 E. R. le siut a s. p. — 656 Mal — 660 Et r. — 661 T. est n. — 662 R. M. l’apielent li auquant — 663 lo. pour voir 1. v. creant —

664 h. desi en Oriant.

MASSACRE Adobés

DES MARCHANDS

PAÏENS

iert a feste saint Jehan,

puis conquera

29 665

Orenge la vaillant;

et s’il i trove dan Guillaume vivant, ne Renouart le bastard, lou tirant,

il l’ocira, ja n’en avra garent. » Renouars l’ot, s’an ot grant maltalant. Prent

son

[d] 670 672

tinel, si est saillis avent;

fiert lou paien; tout lou va esmiant. Puis vait les autres par la nef craventant; tos les ocist fors solement Madrant. « Paien, » dist il, «or

entent

mon

sanblant

se de la mort vels avoir nul garent, dont feras tu mon bon et mon talant. Tu t’en iras a Cordes la vaillant, si en menras avoc ti cest chalant et ses paiens, qui si gessent sanglant. Cant tu vairas dant Tielbalt lou puissant, si li feras de ces Turs un presant. Renouars,

qui ne l’aime

677

680

685

Si li anvoie li fils a la joians, dan

675 :

noiant, »

Dist li paiens : « Tout a vostre comment. » Et Renouars si prent l’or et l’argent, les dras de soie, la char et lou froment; tout fist moner a Bridé au covent. Vats'en Hi Turs-tost etinelement: s’an moine o lui les mors et lou chalant. Sovent reclaime Mahon et Tervagant :

686

688 690

693

669 il ocira.

669 Il loc c; Oc. les a son baston pesant — 670 KR. lo. molt s’en va gramiant — 671 Tel duel en a del cuer va souspirant — 672 es. alés av. — 673 F. 1. premier ; craventant — 674 Et p. I. a. tous les va ocïant — 675 Turcant — 676 Ün Sarrasin qu'il vit iluec estant — 678 mo. viut ja av g. — 680 ir. ariere maintenant — 681 Et s’en m. avoi t. — 682 q. ci sont mort s. -— 685 Que — 686-687 manquent — 688.1 Li dirai jou ore laisiés a tant — 689 E. R. pr. tout lo. — 690 so. le pain e. — 691 Aporté l’a. a Br. le c. — 692 Et cil s’en torne qui nel fait mie lent — 693 Ne sont o lui que .xv. mescreant — 694 Nagent et siglent a l’oré et au vent.

LE

30

MONIAGE

«Mahon, » dist il, «por

RAINOUART

vos

coi dormés

Sor toute rien soliez estre puisant; l'or et l’argent, le vin et le fourment,

et toute riens qui a home est aidans aviés Vos, sire, tout a vostre comment. Or voi ge bien que poi estes vaillant cant plaine nef de gent si combatant a uns sous hons ocis a recreant. Esvailliés

Honis

vos,

Mahon!

soit Dex

Ne

dormés

tant!

qui n’aüe sa gent!»

II

tant? 698

699

706

706

XXXII. Va s’en Madrans par mi la halte mer, durement plore, ne se puet conforter.

710 711

Et Renouars

714

se prist a restorner;

lou grant avoir lou covent va porter. Sovent en fait a mengier achater; JT. fois lou jor les fait il bers disner; n’i a si cointe qui osast jüener si bien s’i fait et cremir et douter. Ici lairons de Renouart ester; cant leus sera, bien en porons parler.

715 717

720 [302 a] 724 al

699 avés. 695 Tristre et dolent et plain de maltelent — 696 Moit regretoit cescuns Turc son parent — 697 Ahi Mah. çou dient li auquant — 698 On vous soloit tenir a si poisant — 699 Tout aviés le siecle a vo commant ; ce vers en D se trouve après TO1 — 700 l’arg. le pain e. — 701 E. t. cose — 701.1 manque — 702 b. vous iestes poisant — 703 Q. une n. d'oumes si conquerant — 704 ho. ensi fait re. — 705 Esv. v. mal dormisiés vous t. — 706 Mau dehait — 707 Que dirons nous à Tiebaut le poisant — 708 Qui t'avoit fait trestout d'or et d'argent — 710 Turcans — 711 D. pleurent — 712 Ses conpagnons commance a regreter — 713 Que R. fait Tiebaut presenter — 714 E. R. s'en — 715 av. en fait o lui mener — 716 En l'abeïe les mognes presenter — 717 S. lor — 718 HIT : L asiet au d. — 719 N'i a celui q. ja en ost soner — 720 Tant se f. bien cr. et redouter — 721 Et bien servir comme sires et ber — 722 L'abes meïsmes n'ose sor lui parler — 723 Riens que il voelle ne li ose veer — 724 Ci la. ore d. — .l Q. nous vorons bien en sarons conter.

THIEBAUT

ALERTÉ

Or faites pais, et si orés chanter fiere chanson, se oïr la volés : con cil ala lou mesage conter, a roi Tiebalt a les mors presantés; con

Tiebaus

fist Maillefer

31 725 A

adouber,

qui estoit filz Renouart a vis cler, an Loquiferne à grant joie armer; puis vint Orenge et lou païs gaster.

730 731

Mors fust Guillaume, n’en peüst eschaper, mais Renouars vint por lui atanser,

735 727

contre son fil vint son cors esprover. Bone est l’estore, bien fait a remanbrer; ja de mellor n’orés jamais chanter.

740

XXXIIT. Or faites pais, si orés de Madrant,

qui an remoine aieres lou chalant; sovent maldit Renouart lou tirant. Tant à nagié a la lune et au vent qu'il ariva au port de l’olifant, par desos Cordes, au grant palais luisant. La a trové

le roi Tiebalt

742 745

seant,

et Crucadi, et Agribart l’Aufricant; XIII. sont, que roi que armirant. La se deduient as tables li auquant. Saillent et gietent cil bacheler vaillant;

750

À

748 desoc. 725 p. bien en sarons c. — .1 boune c. se volés ascouter — 726 C. Turcans vint — 727 Au r.T. ballier et presenter — 729 fi. a R. le ber — 730 gr. gent al ar. — 731 Or. exillier et g. — 732 Et le païs et la tiere brusler — 734 De si grant home n'orés ja més parler — 735 ne p. — 736 Orenge prise sans point de contester — 737 Quant R. i v. p. le tenser — 738 fi. la grant loque esp. — 739 raconter — 740 m. ne cantera jougler — 741 Turcant — 742 amaine ar. — 743 Ne sont o lui que .xv. mescreant — 744 Li autre sont dedens la mer sanglent — 746 T. ont ; lu. luisant — 747 Q. ariverent — 748 P. desous Cor. droit de solel levant — 749 La ont — 750 E. Crucados e. Crucas le tirant — 752 Qui — .l manque.

LE MONIAGE

32

RAINOUART

II

li viel se vont es chanbres deportant, a ces pucelles se vont reconfortant. Mais dec’a pou oront novelle tant dont

il müeront

v |

lor talant,

car Madrans est a cel port arivant qui a Tiebalt amoine lou presant qui li anvoie Renouart lou puissant.

5 .6

XXXIV. li esclercs;

754

an sa conpaigne estoit rois Balufrés,

756

Sos l'olivier siet Tiebaus

et l’amustant, et ses niés Macabrés, et III. dus et .XIIII. amirés; as eschés juent, as tables et as dés. Es vos Madrant, qui est issus des nés, ses chavos ait et ses dras depanés; ansin grant deul ne vi mais demoner. Voit lo Tiebaus, si a halt escrié, ?» demanda li : « Biaus amis, que avés «Roi Tiebalt sire, por Mahon entendés! A vos

m'envoie

Renouars

a l’aube

nos

4 [b] à.

li desvés,

li vostre niés, qui mar fut enjandrés, tans Sarrasins a mors et afolés. L’autr'ier

760

acoillit orés:

tant nos mena de travers et de lé que à un port arriva nostre neis.

765 À

2

766 Tant.

753 Li autre v. — .1 manque — .2 Tel cose oront par le mien entient — .3 D. ilseront courecié et dolent — .4-.6 manquent — 755 Devant la sale qui fu d'antiquités — .1 Le premier roi qui ains fut coronés — 756 Baruflés — 757 E.

l’amirant ; Ysorés — 760 E. v. Turcant q. e. venus d. — 761 S. c. rous ses drapiaus descirés — .1 manque — 762 U v. T.s'est h. — .1 manque — 763 si. s'il vous plest ent. — 764 Ce v. env. R. l'adurés — 766 afinés — .1-.2 manquent



767 Droit.

COLÈRE

DE

THIEBAUT

33

la nos sorvint Renouars l’adurés — ne sai dont iert venus ne escapés — un froc viestu, si est de novel rés. La nous a molt malement conreés, vos marcheans ocis et afolés; veez

la les cors,

Rois Tiebaus

se vos

ne m'en

770

craez. »

l’ot, a terre s’est clinés:

ne pot mot dire tant par fust adolés.

+ 72)

776

VAT,

XXXV. Roi Tiebaus fut dolant et molt maris cant 1l entent que Renouars est vis. « Mahon, » dist il, «con par suis or honis! Con

suis destruis,

abaiïssiés

tout por Guillaume qui mes nevos m'ait Mahomet Sire, grant car me randés mon Quo

me

rendroit,

est mes

pris

au cor neis lou marchis, tolus et ocis. Dex poesteis, nevot s’il est vis!

bien

779

784 786

poroit estre fils,

a tos jors mais seroie ses amis; je li donroie chastés et plaisseïs,

790

et murs et mules, et destriers arabis. » Uns Sarrasins l’antent, violz et floris, Torgent ot non, molt fut de sens garnis, 769-771

Ces vers manquent



786 poestis.

768 L. n. sali R. li diervés — 769 Ne sai dont iert venus ne escapés — 770 Un froc viestu si est de novel rés — 771 La nous a molt malement conreës — .1 Nos m. maumis et decopés — 772 Vés — 773 Par nous les a tramis et presentés — 774 Pierdus avons et les pors et les gués — 775 Tant com vivra Rainoars l’adurés — 776 T. l’oï viers t. est aclinés — 777 Tant par fu mus pesans et trespensés — 778 Ne puet mot dire a hom de mere nés — 779 dol. e. esmaris — 781 c. sui mors et h. — 782 C. s. vencus et ab. m. pr. — 784 tol. a toudis — 785 Et qui mon oncle m'a ocis et malmis — 786 vrais D. poesteis — 788 Quel m. r. savoir poroit todis — 789 Que a t. j. seroit més mes am. — 790 J. 1. rendroie — 791 cevaus ar. — 792 Uns Turs lent. qui fu v. — 793 Turcans.

LE MONIAGE

34

RAINOUART

II

de main langage dotrinés et apris; bien sot les terres et les anples païis. An

piés se dresce,

devent

795

lo roi s’est mis,

en halt parole que de tos fut oïs : «Rois

Tiebaus

sire, ne soiés esmaris,

tes niés iert si ans

.JII. jors aconplis. »

XXXVI. Grant fut li bruis sos l’olive ramee. Torgans palait a la chiere menbree : «Rois Tiebaus sire, or oés ma pansee;

800

tes niés iert si sans longe demoree. Soit une nef maintenant aprestee, de riche pailes molt bien ancortinee, d’or et d’argent soit bien acovetee, lou governal et la voile levee,

JIIT. mile homes de bone gent armee me faites metre an la mer a celee; puis soit la nef et conduite et monee ; an celle terre soit tout droit arivee

805

[c] 810

ou Renouars a la terre robee. Se no vos rent an vos sale pavee, si me pandés sans nule demoree. »

Dient paien : « Bien l’avés porpansee. »

7194 manque — 795 B. s. I. tiestes e. I. larges p. — 797 T. biaus s. n. s. esbahis — 798 à. que past li tiers dis — 799 G. f. la noise — 800 Turcans p. coiement a celee — 802 ains lo. d. — 803 n. a cel port arivee — 804 D. Rices p. — 805 s. molt b. aornee — 806 De garnimens soit trestoute aprestee — 807 .CCCC. — 808 met. e. |. nef— 809 P. s. errant cond. e. amenee — 810 Jus a la t. a la voile levee — 812 re. tous pris en la cloee — 813 pen. par la geule baee — 814 porparlee.

LA FLOTTE

DES

PAÏENS

35

XXX VII. Grant fut li bruis de la gent paienie. Rois Tiebaus a la nef aparaillie; de la vitaille est durement chargie; assés i met avoir et manentie. TITI. mil Turs tout d’une conpaignie metent dedens, s’ont lor voie acoillie. Del port s’esmeuvent au main a l’esclarcie: nagent et siglent par mi la mer serie. Torgans les guie, des puis de Valerie; sa gent apelle, bellement les chastie : « Seignor,»

dist il,

«ne vos

esmaiés

mie

815

820

825

se Renouars a la nef anvaïe. Défandés vos, bone gent signorie; mal novelle n’en soit Tiebaut noncie ! »

XXX VII. La nef s’an va, qui de riens ne se targe; nagent paien au vent et a l’orage. Tant ont nagié par haute mer marage qu'il ont veü de Bride lou rivage. Torgans esgarde par mi un pui onbrage; voit Renouart

qui molt

a vaselage,

830

832 834 835

lou froc vestut et en son poing la mace. Torgans lo voit, si froncha lou visage. 820 voille.

815 G. f. la noise — 816.1 De rices pales est ricement cargie — 817 Et de v. molt noblement g. — 818 As. i ot — 819 .III.C. T. d'une counestablie — 820 M. laiens s'o. lor ; ancre drecie, voie ac. cAB — 821 s'es. a une aube esclarie — 823 Valgorie — 826 a nos gens env. — 827 Si deffendons et no cors et no vie — 829 q. d. point n'i atarje — 830 Ele s'en vait — 831 T. o. erré par mi la mer a naje — 833 Paien s'adoubent la pute gens sauvaje — 834 T. reg. par delés un onb. — 835 R. voit lasus en son manaje — 836 ves. et a son col.

LE MONIAGE

36

RAINOUART

II

XXX VIII a. Torgns vit Renouart lou baron el tertre, lacié l’iame roont, apoiés fu iluec sor son baston, lou froc vestut, el chief lou chaperon.

Quant amont

Torgans

lou voit, si froncha

lou grenon;

les Turs apelle, ses a mis a raisson : «Or tost as armes, franc chevalier baron! Veez Renouart seoir sor cel perron; il n’a o lui ne per ne conpaignon. S’or nos eschape, trestuit malvais seron; ne nos doit on prisier un esperon ! »

837.1

5

.10

à 1

XXXIX. Biaus fut li jors et la mer atenpree; la nef s’an va la voile halt levee. Torgans esgarde la terre et la contree; Renouart vit desos une ramee, apoiés fut sor sa perche quarree. Torgans lo voit, s’a sa gent apelee : «Or tost as armes sans nulle demoree! Veez Renouart desor celle valee!

Gardés n’i ait ne noise ne criee; chascuns i fiere au tranchant de l’espee. » «Sire, » font il, «bien en avons pansee. » 837.3

Ce vers manque



842 desor —

838 [d] 840 842

| 845

#

846 crie.

837 Les Sarrasins apiele en son langage — .1 Q. R. v. T. — .2 ter. estoit sor un perron — .3 Apoiés fu iluec sor son baston — 837.5 manque — 8 V.R. lasus — .9 manque — .10 esc. et voist a garison — .11 N. n. devons pr. — 838 j. li orés aprester — 839 la vo. amont lev. — 840 T. lor sire fu amont en la clee — 841 S’a regardé la tiere et la contree — 842 R. v. sor (sez 4Bc) une arbre ra. — 843.1 manque — 844 Baron a. ar. france gent honoree — 846 n. mellee, criee ABC — 847.1 manque.

RAINOUART

RENCONTRE

LES

PAÏENS

Lors s’adoberent la pute gent desvee. Et Renouars a la nef avisee: il descent jus, s’a sa perche levee. A la nef vint, la roche a devalee.

fl

850

XL.

Renouars voit la nef a port venant; il descent jus sa perche traïnant; plus tost qu'il pot vint a la nef corant. Cant il vint pres, halt se va escriant : «Qui estes vos.» dist il, «en cest chalant ?» Torgans pala, dit li a erraiement : « Sire,»

dist il,

«nos

somes

marcheant

qui nos marchiés alons par mer querant. » Dist Renouars : « Estés! N'irés avent ! N'en porterés ne or fin ne argent, ne murs ne mules, pailles ne bouquerant; tout

lou rendrai

si an buveront Dist

Torgans

en

860

a l’abe et lou covent,

bon vin et largement. » : « Sire, donques

venés

a

avent.

Antrés seans, faites vostres commant. » Dist Renouars : « Et je miolz ne demant. » De long s’anpoint, si est saillis avent; et Sarrasin li saillent maintenant : jetent li fuz et bons dars en lancent. Tant

4 855

865 Al 868

1 vint et daier et devent

851 Ne finera si l’avra destorbee — 852 R. v. au p. la ne. Torgant — 853 j.s. tinel tr. — 854.1 manque — 856 T. respont d. I. a en roumanc — 858 m. aloumes pourcaçant — 859 D. R. Vasal — 860 Vous n’en menrés viande ne calant — 861 N. mul n. m. ne destrier auferrant — 862 T. I. donrai a Bride I. c. — 1 manque — 866 e. pasés av. — .1 li vienent m. — 867 De toutes pars le vont Turc asalant — 868 e. maint espiel trençant — 869 T. e. ï a.

RAINOUART

LE MONIAGE

38

II

par droite force li tolent son perchant. Saissit l’eüssent li cuvert mescreant, mais Renouars se va esvertüant si que lou cors en ot tout tresüant. Vient

a un

mast,

sel brise maintenant ;

prent un tronson mervaillox et pesant, cui il ataint il n’a de mort garent. Antor lui frape et menu et sovent, l’un mort sor l’autre va jus acraventent ; par la nef va Sarrasins ociant. Li plussor

saillent en la mer

maintenant;

il volent miolz an mer morir avent que Renouars les tut a son perchant. Li bers lors ait si voidié lou chalant n’i a remeis

Sarrasin

ne Persant;

li auquant gissent en mei la mer sanglant, li autre vont par mi la mer noant.

XLI. Quant Renouars ot la nef si voidie que an la mer n’en remest nus an vie, issir cuida a plain de la galie cant uns orages vint de vers Esclardie qui la nef a boutee et balancie et del rivage l’a an mer elognie.

3 885

872 mail. 870-872 Texte de E : Par droite force li tolent le perçant — Si que le cors en a tout tressüant — A lor espees vont le fust detrançant — Saisir le voelent li cuvert mescreant — Mais Rainoars se vait esvigourant — Par droite force s'est levés en estant — Vient ent au mast si le fiert en boutant — 873 tr. a mervelles fu grans — 874 at. ne puet avoir g. — .1-.12 manquent — 875 Haubers ne hiaumes ne li vaut un besant — 876 Ces paiens vait entor lui oc. — 877 L. plus ens. ; ondoiant — 878-880 manquent — 882 L. uns en g. dedens la nef sa. — .1

L. a. gisent en la m. ondoiant — 884 qu'il n'i rem. nus hom qui soit en v. — .l

Is. c. par dehors la g. — .2 Esclaudie — 3 e. bauloïe — 885 riv. l'a forment e.

ORAGE

Vente

li vens,

et la nef molt

EN MER

39

tornie,

et Renouars de maltalant gramie. À vois escrie : « Dame sainte Marie ! Secorés moi, Roïne Seignorie! De si male ore issi de l’abaïe! Saint Jeliens ne m'’obliés vos mie ! »

890 891

XLII. La nés s'en va sans plus de delaier : vente li vens, li oraje sont fier, d'eures en autres fait la nef tournoier. Renouars est tous drois sour un cloier ; ne set que faire, n'a en lui c'airier. Grant paor a, nel vous quier a noier. Saint Juliien commença a hucier : « Hé, bers!» dist il, « car me venés aidier ! Lairés vous chi vo mogne perillier, qui vous soloit siervir et tenir cier, vos mounes pestre et doner a mangier, qui cascun jor vous siervent au mostier? Ainc més de cose ne me peuc esmaier, ainc ne doutai siergant nè escuier ; or ne me puis ne tenir ne aïdier. Se jou i muir, s'en avrés reprovier. »

893

895

900

905 906 908 909

XLIII. La nef s’an vait, molt

et Renouars 890 issit —

est grans

li orés,

s’est forment dementés

911

:

913

893-909 La laisse en ier manque —

902 soloir —- 909 avrai.

886 e. la mers m. t. — 888 s’esc. — 890 Com de m. — .1 Se jou ci muir ci a grans diablie — 893-909 Texte de E : — 902 soloit ABc — 909 avrés c — 912 ER. est for. esfreés — 913 A lui meïsmes s'est forment dementés.

LE

40

MONIAGE

RAINOUART

II

«Ha,

las!» dist il, «con suis maleürés ! Glorios Dex, qui de virge fus nés, abaissiés, Sire, cest vent et cest orés

915 925

que ge ni soie perilliés ne noïiés. Tos jors serai mais sages et sanés : je ferai faire et mostiers et autés, servirai Deu de bone volantés. Sains Jeliens, preigne vos en pités ! » A tant depart li vens et li orés; la mer s’acoise, li orage est remeis.

930 931 934 935

Et Renouars

s’est tant

forment

926 928

penés,

tant a bouté anviron et an lés que li chalans est au port arrivés.

937 939

Liés fut li bers cant il fut eschapés; Damedeu jure, qui an crois fus penés,

940 si

jamais en neif ne sera atrapés. A Bride en vient, de cel avoir trosés. Leans fut ionge qu'il ne s’est remüés; assés menjue et boit a grant plantés. Puis s’est leans tant longes sejornés qu'il s’en issit, ansin con vos orés

944 950 [b]

an

la chanson. 935

nef —

951

se vos

tant

l’escoutés.

n'en.

916-924 Texte de E :Et fesisiès et la lune et clartés — Les eues douces, les oisias enpanés — En Belleem fustes de virge nés — Au temple fustes et ofiers et donés — Et mis en crois, ou sepucre posés — Et au tierc jor fustes resusités — Infier brisastes voiant tous les maufès — Si con c'est voirs et vous bien le savés — 925 Si ab. c. — 926 per. n. finés — 927 Mais vaselages abaisiés ne finés — 928 Que je ser. — 930 S. D. volentiers et de grés — 932 Je suis vos mogne et vous or m'oubliés — 933 Ce m'est avis que faites lasquetés — 935 La mer s’ac. et li tans e. finés — 937 manque — 938 As governaus et as percans quarés — 939 Qu'au matinet e. — 940 Mot par f. 1. qu. — .1 manque — 941 J. s'il puet n'i sera at. — 942 A Br. v. de l'av. tous torsés — 943 L. mest — 944

M. e. v. et sovent et asés — 945 Çou qu'il viut faire ne li est deveés — .1 Asés li font laiens ses volentés — 946 Molt fut laiens apris et doctrinés — 947 Mais bien vous di de voir par verités — 948 Ains de quisine ne pot iestre gietés — .1 Ne ne pot iestre ne sages ne senés — 949 Tous tans vot faire les soies volentés —- 950 P. est ; demorés —- 951 Q. s'en iss. sans longes demorer — 952 manque.

MAILLEFER

À CORDES

Mais autre part est li vers restornés de Maillefer vos dirai verité,

:

son fil qui fut a Porpaillart anblés. En Odierne à tant li anfes més que tant est grans et fornis et manbrés n'ait si grand home desi an Balegués; son pere sanbie de mors et de bontés et de grandor de sans de foletés. Des or velt estre chevaliers adobés. Ce fut au tens que reverdissent prés, que la flor nest et li breul sont rarnés. A Cordes

fut rois Tiebaus

41

985 956 959 ù 3 960

li Esclers,

dolant estoit de la mort Desramés que ocis ot Guillaumes au cor neis. Par son reaume a ses barons mandés : assés 1 ot et princes et chassés, et amuafles et rois et aymirés. Tiebaus tint cort; molt fut grans ses barnés. Maillefer est sus el palais montés, en sa conpaigne a .M. de ses privés; je palera con vos oïr porés.

A 969 970

975

XLIV. Grant fut la cort a Cordes la cité. Es Maillefer sus el palais monté ; 959.2

mort.



961

976 978

pret.

953 De lui lairai se il vous vient a grés — 954 De Mallefer se vous le commandés — .1 Vous canterai se oïr en volés — 956 E. Loquifierne — 959 Qu'il est si gr. e. f. e. quarés — .1 qu'il n’a s. gr. d. e. Durestés — .1.1 En paienie n’a nul de sa biautés — .1.2 Mais tant vou di et si est verités — .1.3 C’ainc ne fu sages ne plus amesurés — .2 mos — .3 d. volentés — 960 Bien puet mais iestre chev. par aés — 961 q. reverdist li prés — 962 f1. n. de l arbrisiel ra. — 964 D. est. que mors iert D. — .01 A cui li cief avoit estet copés — .| Dou branc Guillaume le marcis au cort nés — 965-968 manquent — 970 e. rois e. amirés — 971 E. am. e. princes coronés — .1 Vius et cenus et jovenes et barbés — 972 Li rois t. c. si grande ne verés — 973 Mallefiers vint ou p. est entrés — 974 conp. grant part de son barnés — 975 pa. si con o. — 977 La furent prince et roi et amiré — 978 M. vint ens ou p. listé.

42

LE MONIAGE

RAINOUART

II

vient en a roi Tiebalt lou bel armé : «Sire, » dist il, «or oës mon pansé. vos cosins suis qui ja vos fut anblé. Tant m'ait norit Picolés et gardé qu’asés suis grans por tenir un rené, por porter armes a vent et a l’oré. Donés les moi, se il vos vient a gré; g’irai Orenges conquerre lou rené et Porpaillart, qu'est moie d’erité, qui fut mon pere, Renouart l’aduré.

4

985

Mors est piec’a, l’an lou m’a bien conté. Or vengerai mon riche parenté que m'a Guillaume ocis et afolé. Se ge lo truis, lou musart,

980 2

987 997

l’asoté,

ja nel lairai, si l’arai efronté. Cant je avrai tout lo païs gasté, je prendrai France et Loon la cité; François seront pris et enchaené, an lors mostiers men cheval establé pour avillier baptesme et trinité; ja an Orenge n'’iert mais messe chanté.

1000

[c] en a

Toste abatrai sainte crestienté, n’i lairai home ne mostier ne alté.

1005

N'i avrai branc ne roit espié quarré, mais un tinel que ge ai atorné; broches d’acier i a el chief bouté. Itel baston — bien lou m'a on conté — avoit mes peres, Renouars l’aduré. »

1010

980.1 manque — 981 T. m'a vostre oncle et nori et g. — 982 ten. mon reg. — 984 S'ir. Or. calengier m'ireté — 985 Por. mien est d’antiquité — 987 p. bien le m'a on c. — 998 Qui — 999 tr. I. viellart le barbé — 1000 Ne m'estordra ains l'ara comparé — 1001 manque — 1002 Puis pr. — 1003.1-.3 manquent — 1004 Tout — 1005 N'il. mogne — 1006 N'i porterai br. n. acier q. — 1007 Fors:

apresté — 1008 d’ac. bien le m'a on conté — sire par tout el sien bouté.

1009 manque —

1010 Avoit m.

PROJET Rois

Tiebaus

DE CONQUÊTE

43

l’ot, si a lou chief levé;

lou valet ait an plorent regardé.

1013

KV: Rois Tiebaus ait lou valet entendu. «Cosins, » dist il, «n’aies lou sanc perdu;

1015 1017

soies en pais; je t’ai bien entendu. Se tu savoies lou grant deul c’ai eü, et lou domage que ge ai reseü an la bataille que en Aleschans fu!

1020 |

Tant

m'a

Guillaume,

cil d’Orenges,

tolu,

de mon lignage et mort et confondu, jamais n’avrai ne joie ne salu. Or tient Orenges qui mon lignage fu; tolut la m'a a force et a vertu. Ja Ni François n’i erent mais abatu; ne puent estre an bataille vencu. Demorés, niés, vos avrés Malargu, la fille a roi d’outre Bones Artu. » Mallefer l’ot, si li a respondu.

1025

1029 1031

XLVI. Dist

Maillefer

: «Rois,

laissiés moi

ester,

que ge n’ai cure de moillier espouser. Je ne lairoie por la teste coper

1

1011 Por soie amor tenrai cest en certé — 1012 manque — 1013 le c. avoit crolé —- 1014 L. v. voit si l'en a apelé — 1016 De mautelent a tout le cors meù — 1017 C. d. i. estes vous esperdus — 1019 sav. le mal que g'ai e. — 1020. bat. u rois Desramés fu. — 1022 lig. ocis e. — 1025 par f. e. par v. — 1026 Je suis mais vius et ai le poil quenu — 1027 Ne mes esfors n'i vauroit un festu — 1029 Le fil au r. — 1030 Si serés sires dou regne Capelu — 1032 M. d. sire laisié me ester — .1 manque — 1033 p. les membres c.

44

LE MONIAGE

RAINOUART

que ge ne voise Orenges conquester, mon eritage vers guillaume lou ber. Se ge lou puis en bataille trover, se ne

lou fais a un

cop

1035

afiner,

mar me lairés el rene deça mer. Ceu qu'il t’a fait ferai li conparer. Se lou congié ne me ves creanter, par Mahomet, cui ge doie aorer, tos sols irai, qui qu’en doie peser; et si movrai ans nuit a l’avesprer. Ja n’en menrai Sarrasin ne Escler fors mon tinel, que ge ai fait ferrer tout de novel et lier et bander a la maniere que g’é oï conter que Renouars mes peres suelt porter. » Rois Tiebaus l’ot, sel prent a acoler : « Cosins, » dist il, «ne vos chalt d’aïrer. Des que por moi ne volés demorer, je ferai faire mes briés et saelleir; si ferai Turs et Sarrasins mander, .C.M. Turs porés o vos moner. Je suis mais velz, ne puis o vos aler. » Dist Maillefer : « Ne vos ruis remüer : bien savrai l’ost et condure et guier. Jamais aieres ne m'en quier restorner se ne vos puis Orenge delivrer

et dan Guillaume

II

an vos prison geter.

1040

1

[a] J 1045

1050 F1

1055

1057

1034 Q. j.n'alasce — 1035 Guill. clamer — 1039 fa. le voel guerredoner — 1040 m. volés doner — .1 manque — 1042 m. anq'ui a l'av. — 1043 J. ni — 1044 Vés m. — .1 nov. e. tout entor b. — 1045 La m. — 1047 T. l'entent pris l’a ac. — 1051 .C.M. d'oumes — 1052 n. p. armes porter — 1053 n. v. en ru. blasmer — 1054 con. e. mener — 1055 ar. ne vorai r. — 1056 Orenges aquiter.

PRÉPARATIFS

DE DÉPART

45

XLVII. Li rois Tiebaus de nient ne s’atarge : Prumierement manda sous de Quatage et sous d’Eruque, une terre salvage, soloil n’i luist, lune n’i prent ostage; aprés mandait sous del rene a l’aufage, .-C.M. furent de pute gent salvage. La nuit se logent sos Cordes el rivage; grans fut li bruis de cele gent marage. Metent es neis pain et vin et fromage, destriers et murs et autre bestiage; au point do jor acoillent lor voiage. Maillefer fut en une riche barge, environ lui .X. rois de son barnage; sovent menace Guillaume et son linage; Mahomet jure qu’i/ li fera domage.

1059 1060 1061. w)

1065 1067 1069 1070

1073

XLVIII. Maillefer

fut de riche contenance,

grant fut et fors et de fiere puissance; n’ot si grant home dec’au port de Plaissance. Il n’avoit mie ne espee ne lance, mais un tinel feré desi c’a manche. Forment en jure Mahon et sa puissance que il fera dan Guillaume pesance et conquera Orenge et toute France.

1075

1080

1073 qui. 1058 Mar mangera dans R. li ber — 1060 de Rentaje (d’Erentaje ?) — 1061 Çaus de Nubie et tous çaus de Cartaje — .1 E. ç. d'Aresque une grant ter.

large — .2 onbrage — 1063 fur. la p. — 1064 se jurent — 1065 I. noise; sauvaje — 1067 Cevaus e. mus — 1068 Haubers et hiaumes et autres bones armes — 1070 u. forte bar. — 1071 En sa compagne de çaus d. s. lignaje — 1072 m. G. Fierebrace — 1073 qu'il — 1075-82 manquent.

LE

46

MONIAGE

RAINOUART

II

XLIX. Vont s’an paien et Turs et Açopart — li vif diable d’anfer i aient part — nagent et siglent, car forment lor est tart. Maillefer fut en la nef d’une part; tint son baston qu’il copa en l’esart. Ne lou portassent .III. vilain d’une part, et cil lou lieve con ce fust une hart;

trop bien resanble son pere Renouart. Ancor avra antr'ox dous si grant part dont li uns d’ous se tenra por musart. Tant ont nagié li Sarrasin gaignart qu’il ont veüt la tor de Porpaillart.

A! [304a] 1085 1088 1090

1095

Le Ce fut en mai, c’on va coillir la flor, que Maillefer s’esmut a riche ator,

a grant conpaigne de la gent paienor; nagent et siglent a force et a vigor. Maillefer fut an son dromont auçor ; antor lui sont et roi et aumaçor. Sovent menace lou gentil poigneor, celui d’Orenges,

qui tant

forment en jure Mahon que il metra Guillaume

1083 Vaisent —

Sicanart —

.1 manque —

1099 1101 1104 1105

a de valor;

son creator an tel dolor

1084 sig. a la lune et au tart —

1109 1108

1085 I. ne.

1086 manque— 1087 Grans fu li Turs et molt de male part — 1088

T. s. tinel — 1089 Desous Palerne en la forest Guicart — 1090 por. iii. vil. — 1091 li. ausi com u. h. — 1092 Molt samble b. — 1093 d. tel barat — 1094 Liquels que soit s. — 1095 T. o. erré — 1098 Q. M. se mist ariere at. — 1100 .C. mile furent de paiens a cel jour — 1102 Asés ont hiaumes et escus point a flor — 1103 manque — 1104 Rois M. fu el dr. — 1105 Et entor L. e. r. — 1109 Molt en jura M. — 1108 t. error.

ARRIVÉE

À PORPAILLART

47

dedens Orenges et en tel tenebror qu'il ne vera luire soloil ne jor. Mais ans avra sofert un tel estor envers son pere Renouart lou prior que ans n'oiïstes parler de nul greignor. Do fil au pere ce fut molt grant dolor.

1110

TS

ET: Vont s’an paien par halte mer salee; tant ont nagié halte voile levee qu'a Porpaillart viendront a l’anjornee; n’i a d’Orenge c’une sole louee. Des nés issirent la pute gent desvee; prenent la gent, la ville ont alumee. La veissiés tante dame

adoulee,

tante pucelle dolante eschevellee; plorent et crient comme gent malmenee «Renouart

sire, hons

1120

de grant

:

renomee,

ou estes vos et en quelle contree qui si laissiés vostre gent esgaree? Or l’ont paien et destruite et robee; jamais la perte ne sera restoree. » Ansin disoient celle gent efraee ; ce jor soffrirent dolereusse jornee, braient et crient, s’ont grant dolor monee.

1125

1129 1132 1135 1133 [b]

1133 crie.

1110 D. Aiete en cele t. — 1111 v. de clarté ne li j. — 1113 Viers R. s. pe. le grignour — 1114 C’onques n'o. p. de tel estor — 1117 T. o. siglé — 1118 l'avespree — 1119 jornee — 1120 D.n. isci — 1122 L. v. tel dolor demenee — 1123 dol. et esgaree — 1124 desiertee — 1125 R. s. frans h. de roûmee — 1127 La vostre vile est molt a mal alee — 1128 p. e. Sarrasin gastee — 1130 Hé boine vile com iestes avilee — 1131 manque — 1132 malmenee — 1133-35 E suit l'ordre de c — 1133 B. e. crient gr. dol. ont men.

LE MONIAGE

48

RAINOUART

N'i a celui n’ait chaene fermee antor lou col et molt estroite noee. Maillefer jut en la grant tor quarree; de Sarrasins est la vile poplee. Or a la vile et prise et conquestee. Demain

movra

matin

a l’anjornee,

si assera Orenge l’alosee. Mais ans qu'il /’ait esillié ne gastee, li covenra soffrir si grant melee vers Renouart a la perche quarree telle ne fut de jugleor chantee.

1134 st 1137

1

2 .6

El: Or ont paien lou chastel conquesté, la gent destruite et lou païs gasté. Sovent regraitent Renouart l’aduré : « Renouart sire, con somes esgaré! Ou estes vous, biau sire, en quel rené? C’or ne savés la grant mortalité que nos ont fait Sarrasin et Escler ! »

Ansin disoient li prison esgaré. Mais ancor ierent vengié et conparé se Deus garist Renouart l’aduré et son tinel qu'il a gros et quarré, lou vaillant moine, de novel coroné. Ja nel laira, ce cuit, por dant abé

1140

1145

a | 1150

c’ancor n’i fiere a son tinel quaré

1139.3 il ait. 1134.1 manque — 1136 La nuit logerent Sarrasin en la pree — 1139 Mallefiers a 1. v. conq. — .1 D. m. quant li aube ert crevee — .2 s. a. Or. l’aloee — .3 l'et ne prise ne g. — .6 f. veüe ne trouvee — 1140 p. Pourpaillart con. — 1141 des. en caïnes fremé — 1142.1 Glorïous Dex vrais Rois de majesté — .2 De quel signor nos somes engané — 1145 Quant — 1146 f. li paien parjuré — 1147 d. li pris et li navré — 1149.1 manque — 1151 la. je c. — 1152 Qu'il n. f. de.

GUILLAUME

ALERTÉ

contre son fil par vive poesté. Mien escientre, ja n’ierent desevré, si avront bien lor pooir esprové. Or faites pais, si orés de Guiré, un senechal Renouart l’aduré. Cant voit lou deul esmeü et levé, monte el cheval, si a esperoné; tant a corut, esploitié et erré, vint a Orenges si com on ot disné; de Gloriete a monté lou degré. Guillaume trove el grant palais listé; dame Guiborc li seoit au costé. À tant és vos

lou senechal

Guiré.

49

1155

NMS9 1161

1165 1167

RTE Li senescals fut forment aïrés : «Sire Guillaume, trop vos asseürés! Porpaillart est esilliés et gastés, paien l’ont prise a barges et a neis, s’ont abatu et mostiers et autés. Mais

ce n’est pas

rois Tiebaus

1169 1171 1172 [c] 1174 1175

li Esclers,

ans est uns rois qui la est arrivés a grant conpaigne de Sarrasins armés. Puis icelle ore que Adans fut formés ne fut tex hons veüs ne esgardés, ne si corsus ne si demesurés;

1179 1181

Renouart sanble miolz que hons qui soit nés — un tinel porte, jamais tel ne varés — 1154 M. entient — 1155 1. valor esp. — 1157 U. s. Guillaume — 1160 Droit a Orenge a son cemin torné — 1161 esp. e. alé — 1162 Or. si que — 1163 En GI. a Guillaume trouvé— 1164 manque— 1165 1. estoit — 1166 Entor lui sont si chevalier privé — 1168 U voit Guill. si l'a haut escrié — 1170 U voit Guillaume si l’a haut escrié — 1171 tr. iés as. — 1173 La gent destruite et li païs reubés — 1179 Mais p. celle eure q. Jhesus f. fondés — 1183-84 intervertis —

1183

m.

c'ome.

LE MONIAGE

50

mais il me

RAINOUART

II

1]

sanble un poi plus figurés.

1185

Jones hons est, n’a pas .XX. ans passés. Se deus no fait, cist païs est robés;

demain

iert ci, ans qu’il soit ajornés,

o sa grant gent, dont

il a asés.

Esgardés, sire, que vos faire volés. » Guillaume

1190

l’ot, si est tos trespansés;

ne pot mot dire tant par fut adolés.

BEN: Quant Guillaume a lou mesage entendu, de maltalant a tout lou sanc perdu.

1193

&É, las!» dist il, «tant m'est mesavenu !

1195

Renouart frere, tant mar vos ai perdu! De celle onor t’avoie revestu c'or ont paien et ars et confondu; vos an soliez recevoir lou treü.

1198 1200

Renouart freire, bias amis, ou es tu? Ahi, François, con estes abastu, se Deus no fait, et mort et confondu ;

1

car or avés lou confanon perdu qui vos tenoit an force et en vertu a l’availlier ans lou jor aparu! Maint grant estor vos avoit ja vencu u nos fusciens et mors et confondu.

1205

1208

1201-02 Ces vers sont intervertis ; nous rétablissons l'ordre de c —

Ces vers sont François.

intervertis ; nous

rétablissons

l'ordre

de c —

1208

1206-07 Ont

nos

1184.1 pl. mesurés — 1186 gastés — 1188 A ses grans os d. vos oï avés — 1189 f. en v. — 1190 lo. tous en e. tr. — 1191 manque — 1193 sa. meü — 1194 Il s’abaisa n’a nul mot respondu — 1199 on. vous eu ge rev. — 1200 p. gasté e. C. — 1203.1 manque — 1204 Com o. av. vo senescal p. — 1205 Q. v. soloit essaucier par v. — 1206 manque — 1207 est. a Rainoars v. — 1208 U n. fusciens.

GUILLAUME

REGRETTE

SI

RAINOUART

LV. « Renouart freire, » dist li cuens Fierebrace, «perdut vos ai; molt i ai grant domage. Se vos seüsse an nul rene salvage, Je vos queroie ansois tot mon aage.

Tant par avoit an vos grant vaselage ans ne doutastes nul Sarrasin marage. Je vos donnai molt riche mariage, dame Aeéelis qui fut de mon lignage; morte est la dame, si ai molt grant domage. De vostre anfent, c’on anbla el rivage, estes antrés espoir en ermitage. Que j'ai vos,

cil m'en

sire, bien me

1210 1211 218 1215

1217 1218.1

1220 [d]

vient an corage;

aïst qui fist parler l’ymage. »

s;|

LVI. Quant ot Guillaume Renouart regraté, son vaselage et sa ruiste fierté, son barnage a et semont et mandé ; et cil 1 vindrent qui ne sont aresté. Bien ont garnie la maistre fermeté

1225 Al 2

et la cité, et de pain et de blé.

1227

Et Sarrasin ne sont asseüré : de Porpaillart issent a l’anjorner.

1229 1230

Lou

chastel

laissent Turbant

et Triboé;

1211.1 Or ont paien saisi vostre hyretaje — 1212 Vostre castiel et vostre masurage — 1213 S'or v. savoie en castel ne en marce — 1215 quer. par le

baron saint Jake —

1216-1218.1 manquent —

1220 da. duel en avés et raje —

1222 Entrés en estes de duel e. er. — .1 En aucun liu en un regne sauvaje — 1223 Querrai vos frere bien m'en est pris coraje — .1 manque — 1225 Ses vaselages et ses grandes bontés — .1 soumons — .2 manque — 1227 De pain

de vin et d’autre fremeté — la. Torgant e. Tr.

1228 Li mur de piere sont environ hordé —

1231

LE MONIAGE

52

RAINOUART

II

cil garderont la maistre fermeté et la navie que il ont amoné

Rois

acheminé

chevalcent ; tost sont

Paien

lou grant chamin

droit a Orenge Maillefer,

ferré.

qui tant ot de fierté,

n’avoit cheval ne destrier anselé, car n’en a nul an /a crestienté qui lou portast un sol jor ajorné n’eüst desrout les flans et les costés. Devent les autres cort son tinel levé; celui resanble qui l’avoit enjandré. An poi de terme seront andui Josté. la vara

mioldres

l’an un

estor aduré,

de lui ne fut onques

chanté.

EVIE Grans sont les oz del lignage Mahon; si les conduit Mallefer et Noiron, et Cornicans et li violz Florion, et tant des autres n’est se mervaille non.

1246 1248

Maillefer vint devent a son baston : il n’ot cheval ne destrier aragon, ans Cort a piet a guisse de garson. Dex! Tant resanble Renouart lou baron de cors, de fait, de toute estracion, et itel cors, et itelle façon. 1234 tant —

1239

al.

1233 manque — 1234 P. c. tost — 1235 D. à Or. le palais principés — 1236 ta. iert desirés — .1 Cil les a tous com lor sire guïés — 1237 En sa compagne

-XV. rois couronés — 1238 II n'a ; des. séjorné — 1239 la cr. — 1240 manque — 1241 por. un tout seul j. pasé — 1242 N'e. le cors confondu et froé — 1245 À ; ser. il a ajousté — .01 Desous Oranges a batalle canpés — .1 L. v. on tel est. — .2 Mellors ne fu par jogleor c. — 1247 Paien cevaucent a force et a bandon — 1249 Tornicans — 1250 aut. que jou n'en sai le non — 1252 n. mulet ar. — 1253 gui. de Breton — grant corsage a la clere fa.

.2 Com samble bien de cele est. —

.3 Au

ARRIVÉE

DES

PAÏENS

Il hue et crie, voler fait lou sablon: sovent menace Guillaume lou baron. Mais ans ara soffert tel chaplisson contre son pere Renouart lou baron ans tel n’oïtes n’en fable n’en chançon.

LVIIL. Tant ont erré la pute gent haïe qu'il ont Orenge et veüe et choisie, et Gloriete qui luist et reflanbie; tandent lor treis et si l’ont assegie. Li cuens Guillaume lor fait une anvaiïe a .JIII.C.

de sa chevalerie;

fors fut l’estor et ruiste l’anvaïie. Mais la bataille ne porent soffrir mie, que Maillefer si forment les amie contre son cop n’a arme garentie; tant en

[305] 1259 1261

1263 1266 1268 1270

abat, la terre en est jonchie.

Guillaume rentre an sa cité garnie, lieve lou pont, la porte a verroillie. Se lors s’esmaie, ne vos mervailliés mie. La nuit se gaite dec’a l’aube esclarcie.

1274 1276

1254 I. cr. e. h. et fait grant vantison — 1255 Forment — 1256 Qu'i li tora Orenge sa maison — .2 R. le frans hon — .3 n'o. en f. — 1258 Or. la fort cité saisiee —- 1260 Les murs d'araine et la roce naïe — 1261 tr. tos l’orent as. — .1 La nuit herbegent en mi la praerie — 1263 d. la gent paienie — 1264-65 manquent — 1266 Grans — 1267 Mais tant i ot de la cevalerie — 1268 Que: por. tenir m. — 1269 Et M. tant for. en esmie — 1272 G, entre en la ci. haïe — 1273 Lievent ; por. ont abascie — 1274 Si 1. s'esmaient — 1275 Li jors trespase la nuis est aprocie — 1276 François s. gaitent.

RAINOUART

LE MONIAGE

54

II

LIX. François

se gaitent desi a l’anjorner.

Li cuens

Guillaume

est o palais montés,

"| 1280

antor lui sont si demoine et si pere; plore et regraite Renouart a vis cler: «Renouart

frere, con

dovroie

desver !

Tant iere liés cant vos oïe chanter et devent moi et saillir et baler, vostre tinel paumoier et branler. Ans ne fut hons tant poiïst andurer.

1284 1286

S’or fussiés vis, bien lo puis afier, de ses paiens n’en poiïst nus raler. » Es Maillefer qui s’estoit fait armer : vient a la porte et maillier

et hurter,

1290

a son tinel fait la porte branler; par un petit jus ne l’a fait verser.

À

A sa vois clere commensa a crier : «Es tu leans, dans Guillaume lou ber?

Car descent jus! Vien a moi borhorder! Se tu me pues par ton sol cors mater, je te ferai mon grant ost restorner. » « Voir,»

dist Guillaume,

« Sarrasin,

molt

Je m'adobasse sans plus de demorer mais tant as gent que ge n’i os aler. Mais por tout sou ne voil ge coarder;

1294 1296 1297 iés ber!

1299

1300 1301 1303

1278 Fr. sejornent — 1279 G. vet el p. ester — .1 Dejouste lui Guibourc o le vis cler — 1280 KR. au tinel — 1282 q. soliés c. — 1283 Dev. mes ious e. s. €. treper — 1284 p. e. lever — 1285 Nes laisisiés dormir ne reposer — 1286 p. reposer — 1287 S. fus. ci — 1288 Cist Sarr. n'e. peuïsent ra. — 1289 A tant és M. — 1290 Droit ; commença a h. — 1291 ti. en f. les huis croler — .| manque — 1292 U voit Guillaume sel prent a escrier — 1295 manque — 1296 pu. seul p. t. co. — 1297 Jou en f. ceste gent r. — 1298 Ans demain nuit les verés destraver — 1300 sa. point — 1301 M. t. iés grans q. viers toi n’os al. — 1302 Et molt me douc que n'i puise durer — 1303 me v. jou esprover.

GUILLAUME

S’ARME

or estas Cois, ja me vairas armer. » L1 cuens Guillaume va l’auberc andosser,

et saint l’espee a son senestre lé. La veïssiés molt grant dolor mener ; plorent ces dames, sergent et bacheler. Dame Guiborc va lou con acoler,

molt bellement li a pris a mostrer : «Sire, » dist elle, «por Deu lassiés ester! C’est uns jaians del rene d’outremer; Je me crien molt de vos cors afoler !»

53 1304 1306

[b] 1310

4:

1312 1314

EX. «Sire

Guillaume, » dist Guiborc

an plorent,

1315

«por amor Deu lassiés cel mescreant ! Molt lo voi fort et mervaillos et grant, n’est hons

qui vive, s’il l’ataint an

ferant,

que ja nule arme li puist avoir garent; trop bien resanble Renouart par sanblant. » « Dame, » dist il, «or me laissiés a tant. Ans ne doutai paien en mon vivant; cant

plus lou truis vertuos

et vaillant,

tant lou ferrai plus volantiers do branc. .M. en ai mors a l’espee tranchant.

1320

1927 1324

1325 1

Se cist m'ocist, ce soit a Deu comment ; m'arme en iert salve, sachiés veraiement;

en paradis l’an porteront chantant 1318 il ataint.

1304 esta — 1305 Dist Mall. bien le voel creanter — 1307 l'esp. et lace l'iaume cler — 1308 gr. duel demener — 1309 PI. et crient ser. — 1310.1 manque — 1313 Del grant lignaje qui tant fet a douter — 1314 J. m. douc m. nel puisiés endurer — 1316 P. D. de glore 1. — 1317 fo. miravillos e. gr. — 1318 N'e. un seul ho.s'il lat. en lançant — 1320 Molt sambleb. R. le vallant — 1321 le la. at. — 1323 manque — 1324 Que pl. L. vi miravillos et grant — 1325 T. 1. feri —

1327 sa. bien le vos acreant.

RAINOUART

LE MONIAGE

56

II

ange del ciel avoc Deu lou puissant. » De Gloriete s’an ist il cuens a tant. On li amoine Folatise devent, un sor destriers mervaillos et corant que dan Guillaume conquist en Aleschans cant il ocist Aesrofle lou grant. Li cuens monta par l’estrier d’or luissant, et li destriers

li est saillis devent;

ovre la porte, li cuens s’an ist a tant. Cil lou conduie qui fist lou firmament.

1330

1335 1336 1338.1

LXT. D'Orenge sor

issit Guillaume

Folatise

son

destrier

lou marchis

1340

ademis,

bien fut armés, et li cuens forsvestis. Maillefer fut devent lou rolleiïs; cant il lo voit, si a geté un ris : «lIés tu se la, Guillaume lou marchis ?»

1345

LXII. Maillefer voit Guillaume qu'est armés; a haute vois s’est li bers escriés : 1352

Gaill,

est —

1352 1354

1354 escriant.

1329 ci. qui sont resplendisant — 1330 D. G. descent — 1332 Un grant ceval — 1333 Aliscant — 1334 Aroufle l'amirant — 1335 G. monte — 1336 des. li sali en avant — .1 De plain eslais une lance tenant — 1337 L'escut li doune Gautiers li Toulousant — 1338 Et dans Bertrans un bon espiel trançant — .1 Oevrent ; part at. — 1339 manque — 1341 S. F. le bon ceval de pris — 1342 B. resambloit chevaliers molt hardis — 1343 M. f. dejoste — 1344 vo. s'en — 1345 manque — 1346 Que molt li samble et menus et petis — 1347 manque — 1348 De son tinel est contre lui guencis — 1349 D'a lui conbatre est tous amanevis — 1350 manque — 1351 Quant il le voit si l’a a raison mis — 1352 Mallefiers v. G. tout ar. — 1353 Cele part vient courant tous abrievés — 1354

v. e. li turs escriés.

COMBAT

«Es

tu se la, Guillaume

CONTRE

au

ot

MAILLEFER

cor

nés,

1855

qui tant seus estre et cremus et doutés, desor tos homes et prisiés et doutés? C’est grant domages cant vos ansin morés. Ber, car

renoies

sainte crestientés,

1357 [c] 1361 1362

si croi Mahon, qui tant est honorés. Tu seras rois d’Espaigne coronés. »

1364 1365

«Tais, » dist Guillaume, « vis diables malfeis! Puis soit mes cors honis et vergondés

que croie an Deu qui d’ome soit formés, c’on puet ansin jeter par ces fossés comme un viel chien qui seroit efrontés. » À ces paroles s’estoit abandonés ; grant cop li done de l’espiet qu'est quarés. Ne l’anpira .Il. deniers monaés, que an un cuir estoit envelopés d’une serpent, bien bolit et tenpré. Contre son pis est li espiés froés; ne se crola ne plus c’a un piler. Dist Maillefer : « Mal estes arrivés. Par

Mahomet,

cant

vos

1370 1371 1373 13575

1380

m'’eschaperés,

jamais paien n'iert par vos aterrés. » Halce lou fust, si est avent passés et fiert Guillaume sor l’iaume qu'est gemeés; li cos esclice, par devent 1370 viel manque



est colés,

1377 troés —

1356 Q. t. sius est. cr. e. redotés —

puet iestre afinés —

1378 plus manque.

1357 pr. e. loës —

1358 Tes vaselages ne

1359 De ta main fu ocis rois Desramés —

1360 Dont tant

se plaint rois Tiebaus li Esclers — 1361 Gr. d. e. se v. ici mor. — 1363 Les fons u fus batisiés et levés — 1364 ta. a poestés — 1365 r. de paiens cor. — 1368 q. d'or est tresgetés — 1369 Si le p. on — 1370 C. un viel ch. c ; C. un gagnon de noviel estranlés — 1371 Par. est li bers retornés — 1372 Le ceval point des esporons dorés — 1373 Mallef. fiert de l’espee doulés — 1376 D'un capadoc b. viestu e. bien rés — 1377-78 manquent ; froez ABc — 1378 plus c — 1379 ma. vous est encontrés — 1380 q. de moi partirés — 1381 Moi ne autrui jamais ne forferés — 1382 av. alés — 1383 Grant cop li done desor l'iaume listés — 1384 L.c. devale

contreval

e. alés.

LE

58

si descendi

MONIAGE

RAINOUART

II

4

sor l’arçon qu'est dorés.

1385 4

Sor lou cheval est li cos avalés; jou col li ront, Guillaumes est versés.

Molt fut do cop malmis

1388

et estonés,

et nonporcant vers lui est restornés. L’escut enbrace, tint l’espee delés : « Dex, » dist il, «Peres, qui an crois fut penés et feiïs ciel et soloil et clartés, les awes dolces et les bois et les prés; an Beleant fustes de mers nés; au tenple fustes et posés et portés et mis an crois, e/ sepucre possés; et au tiers jor de mort resuscités. Si con ge croi que sou est verités, garis moi, sire, que n’i soie afolés, de cest diable honis ne vergondés. »

À 1389 1391 1392

1394 1397

1399 1400 1401 1404 1405

LXHI. Quant

li cuens

ot finee s’orisson,

il tint Joiose qui fut a roi Karlon,

1408

tos cois s’estut, ne dist ne o ne non. Voittlo elurs SIA EMISMAISSON

1410

«Sire Guillaume, 1400

par lou grant Deu

Mahon,

[d]

et.

-01 Que par devant li brisa li nasel — .1-1386 manquent — 1387 Voit le Guillaume molt en fu esfreés — 1388 M. f. dolans m. e. trespensés — .1 manque — 1389 enb. qui fu d'asur bendés — 1390 Et tint Joiouse au pug d'or noelés — 1392 Qui fesis — 1393 Homes et femes et oisiaus enpenés — 1394 Et

mer et tiere et les arbres ramés — 1395 Et devisas langages et renés — 1396 La loi dounas dont li mons est sauvés — 1398 Par tiere alas .xxxii. ans pasés — 1399 Par grant envie fustes en crois penés — 1400 E. ou sep. et couciés et p. ; el sep. 4Bc — 1402 Infier brisastes voiant tous les mausfés — 1403 Si en getas tes drus et tes privés — 1406 Ne par cest ome h. — 1407 Q. Guillaume — .1 Plus seürs fu et ce fu bien raison — 1409 Et l'escu d'or pointuré a lion — 1410 Il est c. "1412 "pl mien D:

PROPOS

DES

CHAMPIONS

59

molt ont grant droit Persant et Esclavon s’il vos redoutent, car molt estes prodon. Tu vois molt bien tu es en ma prison, que ta defanse ne valt pas un bouton. Di me une chose que te deviseron : veis tu onques en ceste region

1415 1416 1418 1420

un home a pié, Renouart avoit non?» Guillaume l’ot, si baissa lou menton;

1421 1423

molt fut dolans,

ne dist ne o ne non.

»1

LXIV. Dist

Mallefer

: « Guillaumes

a vis fier,

veis tu onques un home en cest renier c'on apeloit Renouart lou guerrier ?»

1425 1426

Guillaume

1429

lot, prist soi a mervaillier;

lors s’apuia desor son

branc d’acier.

« Paien, » dist 1l, «ge li donai moillier une pucelle, Aelis, molt l’ot chier, ma niece estoit, file lo roi Lohier;

d’anfent fut morte

1430 :

la belle a cors legier.

Un anfent ot, mervaillos et planier; paien l’anblerent a port sor lou gravier.

Cant

Renouars

si fut dolans,

1435

sot cel grant destorbier, ne

se pot consaillier.

Lors s’an alait a un jor esclarier; ans n’en mena sergent ne chevalier. Ne sai ou est, Dex lou gart d’ancombrier. »

1440

1413 dr. paien e. — 1414 Se il te doutent c. m.par iés p. — 1415 Mais t. v. ci que t'iés — 1416 ne te v. un b. — 1417 Quar ti cop n'ont contre les miens fuison — 1418 D. u. co. q. t. demanderons — 1419 manque — 1422 Tousjors portoit en sa main un baston — 1423 G. l'o. si l’a mis a raison — .1 D'une liuee — 1427 Tousjors portoit a son col .i. levier — 1428 Molt l'ai oï et loer et proisier — 1429 enbroncier — 1432 Ae. au vis fier — 1433 f. Loeïs le fier — 1434 A Pourpaillart f. m. des l’autr'ier —

so. icel d. —

1438 n. s. sot c. —

1435 o. molt grant et molt p. —

1439 aube esc. —

1440 escuïer.

1437

LE MONIAGE

60

RAINOUART

II

LXV. «Sarrasin frere,» dist Guillaume li ber, «cil Renouars, dont ge t’ai ci conté,

il s’an alait son grant deul demoner ; ne sai s’il est ou an terre ou an mer. Deus lou garisse, qui tot a a salver; ne sai s’est mors, puis n’en oï parler.

1 1445 4

Se il fust ci, bien lo puis afier,

cil Sarrasin Maillefer

n’en poissent raler. »

l’ot, si commence

desos son hiame

a plorer,

1448

prent son deus a moneir.

1450

LXVI. Quant Maillefer ot sa dolor monee que ne lo sot Guillaumes, a anblee « Vasal, » dist il, «trives

vos

:

1452 À

ai donee

1453

dec’a matin c’Orenges iert gastee; ta gent sera prise et enchaenee, dedens Orenge en la chartre getee. » Et dist Guillaume : «Tost l’avés conquestee! Ans an avrés mainte poine anduree, maint jJor jJuneit et mainte consiree. Ne lairai pas a itant la melee tant con

mes

hiames

1456

[306a] 1460 1

a la cercle doree;

1444 grandeul.

1442 Paiens biaus f. — 1443 do. tu m'os ci parler — 1444 grant duel — 1444.1 N. s. ou e. — 1445 Cil — .1 manque — 1446 S'il f. ici — 1447 Ceste grans os ne s'en peuist r. — 1449 Qui li veïst coiement souspirer — 1450 hi. duel faire et demener — 1451 De grant pitié li peuist ramenbrer — 1452.1 G. a recelee — 1453 v. soit d. — 1454 Ja ma parole par Mahon n'iert fausee — 1455 Va t'ent ariere sans nule demoree — 1456 Demain au jor iert Or. g. — 1457 T. g. ocise pr. — 1458 D. Aiete — 1460 av. soufert dure jornees — .1 MJ. vellié e. m. matinee — 1462 |. conble do.

REPRISE

DU

COMBAT

ancor n'as tu ma grant brogne troee. Cant tu avras ma char do cors navree, et la vert herbe en iert ansanglantee, an

dous

moitiés

m’espee

61

1463 1465

tronsonee,

se ge adons guerpis ceste mellee, n’en doit de riens m’onor

estre avillee.

1469

EXVIT. Dist

Maillefer

: « Guillaume

tes grans orguelz a mains

lou marchis,

1471

paiens ocis,

et Desramés en est mors et fenis, Tiebaus d’Arabe en est vis et honis,

et Dame Orable à ta loi convertis. Par Mahomet, qui est Dex poestis,

1474 1476

ne mengerai, si t’averai ocis ! » Halce lou fust, si est avent saillis; ferir cuida Guillaume en la cervis,

mais il marchis est aieres guenchis. Deus lou guari cant ne fut consüis; li cols fut grans et bien fut acoillis. Par teil vertut est aieres guenchis que .II. grans piés est en terre jaillis. De ce cop fut Guillaumes esbahis, et nonporcant est vers lui saillis; grant cop li done del branc qui est forbis amont sor l’iame ou li curs est bollis;



1463 br. safree — 1464 manque — 1465 C.t. m'aras del co. le fie ostee — 1466-67 manquent — 1468 S'ad. guer. c. dure m. — 1469 es. blamee — 1472.1 manque — 1473 T. mes oncles — 1474 Que d. O. sa feme li tolis — 1475 manque — 1476 q. tant e. p. — 1477 N. m. ançois t'aiue (?) malmis — 1478 I] prent son f. — 1479 G. le marcis — 1480 M. I. bons cuens — 1481 Pour çoug. que il n. f. maumis — 1482 gr. li fus est esquellis — .1 manque — 1483 Q. .ïni. p. estorca el lairis — .1 G. esmaris — .2 E. n. v. L. e. revertis — 1484 do. de son

espiel f. —

.1 Am. el cief.

ne lanpira vaillant

II

RAINOUART

LE MONIAGE

62

1485

.Il. parissis,

ancontremont est li brans resortis. « Dex,» dist Guillaume, «biaus Peires Jhesu

a quel diable fut cist cuiriens con/is ?» cant ne puet estre par armes departis

Cris,

1489

LXVIIT. Grant

1491

fut l’estor et fiere la mellee;

molt i fiert bien Guillaume de l’espee, mais Maillefer a sa perche levee. Guibors le voit de la grant tor quarree: a halte vois s’est la dame escriee : «Or

tost as armes,

franche

en la pree;

vers ce diable

hons

nus

duree !

Se ge iou pert, jamais n’iere honoree; aidiés li tost ou sa vie est outree ! » As armes corent, la porte est defermee : lai ou il voient la grant presse mellee se vont ferir de plaine randonee ; la veissiés tante targe troee et tante broigne percie et efrondee. Es vos Guillaume poignant de randonee et vit un

Turc,

[b] . 1501 |

1504.1

rois fut de val Fondee:

grant cop li done sor la targe roee, mort lou trabuche devent li an la pree. Li cris anforce de la gent defaee, 1488 consis —

1493 1495

gent honoree !

Si secorés dans Guillaume n’avreit

4

5

1493 grant manque.

1486 Mais contremont — 1487 bi. rois de paradis — 1488 confis — 1489 Qui — 1491 Molt par f. gr. l'est. et 1. m. — 1492 la loque lev. — 1493 grant — 1494 manque — 1496 Baron a. ar. sans nule demoree — 1497 Sec. moi G. en cele pr. — 1498 V. c. paien u ja n'avra d. — 1499 per. n'iere mais ho. — 1499.1-1500 manquent — 1501 por. ont — .1 manque — 1502 La oïsiés grant noise et grant criee —

1503 Adont

i ot mainte

t. fausee.

FIN

DU

COMBAT

63

grant fut l’estor et ruiste la mellee. Et Maillefer qui vient de randonee, a Sa vois grosse a fait une escriee : « Ou iés alés, Fierebrace clamee ?» Li cuens Guillaume a la chiere menbree n’a la raisson oïe n’escoutee,

lons iert de lui plus d’une abolestree; cui il ancontre molt a male soldee. Fors fu l’estor deci a l’avespree; ans ne fina de la gent defaee. Et il cuens rentre an sa cité loee, si ont la porte et reclose et barree. Paien

restornent

li vrais cors

Dex

as loges an

la pree,

lor dont male

soldee.

LXIX. Sarrasin sont as tantes restornés; Maillefer ont maintenant desarmé;

1520

mais ne se prise un denier monaëé cant n’a Guillaume ocis et afolé. Guillaumes est an son palais listé; Dame Guibors, qui tant ait de bonté, contre lui vient et si l’a acolé; del chief li ost son vert hiame gemé, sa bone espee li desaint del costé, de trestout l’a la dame desarmé. Puis li afuble un mantal angolé, 1515

1525 1526.1

cues.

1504-.13 manquent — 1505 Ains ne fina d. a l’ajornee — 1515 Que |. quens entre — 1516 por. rec. e. refermee — 1518 Mallefier ont sa tieste desarmee — .1 Pas ne se prise une pume paree — .2 Quant n'a Guillaume l’arme del cors ostee — 1520 Lor signor ont Mall. des. — 1522 G. la tieste au fust frapé — 1523 G. estut — 1524 Guibors li a son hiaume desfermé — 1525 Si le baisa par molt grant amisté — 1526 si li osta s. blanc auberc safré — .1-.15 manquent.

LE

64

MONIAGE

RAINOUART

estroit lo baise, puis li a demandé

:

«Sire Guillaume, por Dé de majesté, ?» que ferons nos encontre cel malfé « Dame, » dist il, «sachiés de verité se ge ne rai Renouart l’aduré, mort sont mi home, et ge suis vergondé par cest diable, qui tant a de bonté; n’avrai mais joie an trestot mon aé.

Querre l’irai demain a l’anjorné, et sachiés bien an vile n’en cité ne gerrai mais c’une nuit par verté s'avrai de lui oïe la verité. A tant a on l’euve o palais corné, cil chevalier ont ansanble lavé. Cant ont beü et mengié a planté, li lis sont

fait, si sont colchier

alé,

La nuit se gaitent desi a l’anjorné. Li chevalier sont par matin levé; a saint Martin a on errant soné, trestuit ansanble sont a mostier alé, lou Deu servisse ont de cuer escouté. Sus el palais an sont tuit monté, Guillaumes a son barnage apelé: ansanble

sont

a un

consail

II

1

[c] .10

.15 i527

1529.1

15

OT; 1530

alé.

LXX. «Or entendés, » dist Guillaume, « baron, acis nos ont cil Sarrasin felon, sont amoné avoc euls un gloton, 1529.1

colchié.

1527 Puis cornent l’aighe el p. ont lavé — 1528 C. ch. i sont trestuit alé — 1529 Q. man. orent e. b. a pl. — .1-.7 manquent — 1532 O. ascoutés — 1534 Av. aus ont un orgillous g.

GUILLAUME

RECHERCHE

RAINOUART

tant a grant force ne nos prise un bouton. Se ge ne rai Renouart lou baron, ceste cité iert a destruction. Bien croi et sai par bone entencion,

65 1835

et si me vint enuit avision, que Renouars avoit noir chaperon;

1540

moines estoit d’une religion. Mais ne sai ou ne an quel region. Gardés Orenge, franc chevalier baron, et ge querrai nostre bon chanpion; si m'aidera contre la gent Mahon. »

1545

LXXI. «Seignor baron, » dist Guillaume li ber, « Renouart veul cerchier et demandeir. Ans lou querrai dec’a la Roge Meir que ge ne truisse lou vallant bacheler; si m'aidera ces paiens à tüer, a cest diable ocire et afoler. » Guibors l’antent, si commence a plorer.

1550 551 1555

LXXII. « Sire Guillaume, » dist Guibors,

« entendés

se vos alés par estrange reneis, grant paors ai ne soiez anconbrés; car remanés, sire, se vos volés. »

:

[d]

1537 €. c. vait a perdision — 1538 B. cuic e. croi — 1539 en vision — 1542 M. n.s. u si m'aït saint Simon — 1544 E. j'irai querre R. le franc hom — 1547 R. v. et querre e. d. — 1549 Q]. je nel raie — 1550 aid. viers p. a tenser — 1551 Et ceste gente oc. e. desmenbrer — 1552 Et viers paiens le païs aquiter — 1553 Faites moi tos mes armes aporter — 1554 Et mon ceval Florentin enseler — 1558 J'ai gr. p.

LE MONIAGE

66

RAINOUART

II

«Dame, » dist il, «por nient en palés ! » Ses chevaliers ait li cuens apelés : « Seignor, » dist il, «Orenge me gardés

1560

et ma moillier, que vos loi veez, car se Deu plaist, assés tost me ravrés. » Dont s’est Guillaume fervestus et armés;

1563 1565

çainte a l’espee a son senestre lé, lou hiame lace qui a or fut gemés. Li chevas fut sos l’olive amenés, un sor balcent corant et abrivés; li cuens monta par les estriers dorés.

1570 1571

LXXTIT. Li cuens monta sos l’olive ramee; Guiborc baisa et si l’a acolee;

puis commanda qu’elle soit bien gardee et la cité vers Sarrasins tansee. Li cuens s’esmut un poi ans l’anjornee. Cil lou conduie qui fist ciel et rosee, car ans demain que terce soit passee ancontrera la pute gent desvee. Des or s’en va li cuens brace levee; tant a erré toute jor ajornee c’an un boscage ancontre l’avespree en est venus sans point de demoree. Li cuens Guillaume a la chiere membree celle nuit jut sos l’olive ramee; 1569 ramés —

1576 Deu Guillaume

1574 1575

1578.1

proie.

1560 di. i. onques mais n'en p. — 1564 Gardés signor que ja ne le rendés — 1565 pl. molt par tans m. r. — 1567 l'esp. au sen. costé — 1568 Et laça l'iaume q. f.a or bendés — 1569 Ses c. : amenés — 1571 manque — 1572 Ses barons a baisiés et acolés — .1 Guiborc baisa .xx. fois par amistés — 1574 mon. a — 1575 b. .xx. fois a recelee — 1576 Puis commanda — 1578 L. q. s'en ist — .1.IS8 manquent.

RENCONTRE

AVEC

DES

PAÏENS

67

sor son escut à sa teste clinee, ni dormit guaires ne n'i fist reposee.

Et si se jut desi a l’anjornee qu’il saillit sus lou fonz d’une valee; s’en va li cuens sans nule demoree.

LXXIIIA. Des or s’en va Guillaume lou marchis; cil lou conduie qui an la cruis fut mis. Tant a erré li bers tout ademis qu'il a veùü contreval un laris une grant flote de paiens maleïs. Li bers s’areste, qui tant par est hardis, seigna son chief, cruis fist an mi son vis, Deu reclama, lo Roi de paradis : « Hé, Dex,» dist il, « qui tant est poestis, s'il fussent -IIL..0o Aro V. 04 VE, ne les doutasse, par lou cors saint Denis, mais bien sont .M., si com il m'est avis.

15

.20

[307a] .25

Ne sai que faire, molt par suis esbahis! Ha Dex, » dist il, «biaus Rois de Paradis, si voirement con tu fus an crois mis,

et el sepulcre et colchiés et assis, anfer brisastes, tant fustes poestis. Fors

en

getates

vos

drus et vos

amis,

et saint Jonas salvas et sostenis an la balaine dont estoit anglotis; sainte Susene del blame guarantis. Si con ge croi que ci androit devis, gardés moi, Sire, de ces paiens maldis, 1578.23

signe d'abréviation

1578-.23 Hé 48.

&.

.30

:39

LE

68

MONIAGE

RAINOUART

II

par ous ne soie mort ne vencus ne pris!» L’escut enbrace et met devent son pis, si se rafiche el destrier ademis. Et li paien chevalchent par estris; dist l’un a l’autre : «Si con il m'est avis un grant escut mervaillos et voltis vi or reluire par mi cest sablonis. »

.40

LXXIT. Paien chevalchent et rengié et sarré; dist l’un a l’autre : « Avés vos esgardé? Un grant escut mervaillos et quarré vi or reluire soz cel arbre ramé. » Et dist li uns : «Or oés mon pansé : g'irai avent,

se il vos

1578.50

vient a gré,

de ses novelles li avrai demandé quel part qu’il va et qu’il a demandé. » Paien respondent : « Molt avés bien palé. » Li Sarrasins n’i a plus demoré, droit a Guillaume a son chemin torné. Caänt il vint la, si l’a araissoné : « Vasal, » dist il,

«or ne me

58

soit celé :

crois tu Mahon qui tant a de bonté ou an celui qui an crois fut pené ?» Li cuens l’oï, si l’a molt regardé : «Paien, » dist il, «cant

45.

lou m'as

.60

demendé,

n'en mentiroie por l'or d’une cité. Je croi en deu, lo Roi de majesté, qui fist lou cil et la mer et l’esté. » Li paiens l’ot, si a lou san 1578.48

sor.

.48 soz

AB.

müé,

.65

LES

PAÏENS

69

lou cheval broche, si l’a tost defié. Li cuens Guillaume, qui dex croise lo voit venir durement aïré;

bonté,

[b]

COMBAT

CONTRE

contre lui point, ne l’a pas redouté. Il ï revient de grant ire anbrassé; lor espiés ont et versiés et froés. Li cuens

Guillaume

trait lou branc

.70 aceré,

par mi son hiame li a grant cop doné que flors et pieres en a jus craventé, dec’ans

es dans

n'est li brans

arestés,

75

mort lou trabuche devent lui enz es prés. Et dist Guillaume : « Cestui ai afiné! Si m'aïst Dex, li Rois de majesté, un de mes dois volroie avoir doné

por sou que tuit cist paien parjuré l’un aprés l’autre cors a cors per a per a moi Jostast lou frain abandonné. » Mais li chevaus au païen defaé fuiant s’an va lou frain abandoné. Li Sarrasin venoient abrivé; lou cheval ont veü et esgardé.

.80

.85

Cant il lo voient, si se sont efraé, les chevaus brochent de ferir antesé.

Or aïst Dex

Guillaume

lou manbré !

Se Deu n’an panse par la soe bonté, ja l’aront mort, ocis et afolé;

.90

paien li vienent anviron et en lé. Li cuens

Guillaume

n’en

en ous se fiert lou branc Un en ancontre, tel cop c’an dous moitiés l’a par À vois escrie : «Sarrasin tuit i morés a deul et a 1578.76 enz manque A6 en7, AB



a nul redouté,

nu antesé. li a doné mi tronsoné. parjuré, viltés ! »

1578.87 se manque.

.87"se "AB.

95

70

LE

MONIAGE

RAINOUART

II

LXXIIIc. Grant fut l’estor tout contreval la pree; antor Guillaume ont fait lor assanblee. Li cuens Guillaume a la chiere menbree antre ous se fiert par molt grant aïree;

1578.100

an son poing tint toute nue s’espee. Fiert un paien sor la targe doree, tout lo porfant desi an la coree; paien lou voient, s’ont levé la huee. Li cuens Guillaume a la chiere menbree aier se trait sa lance

.105

recovree;

[c]

paien s’escrient chascuns lance levee : «Or tost as armes! Soit la teste copee ! » Sore li corent par molt grant aiïree, illoc resut

li cuens

mainte

.110

colee,

a son cheval ont la teste copee. Or est a pié antre la gent desvee; Deu lou consalt qui fist ciel et rosee, car molt l’angressent celle gent defaee. Mais bien s’an venge au tranchant de l’espee, a maint paien a la pance efondree.

115

LXXIIId. Or est a pié Guillaume

lou marchis,

Deu lou consalt qui an la crois fut mis. Molt a grant ire et molt par est marris de son cheval que Turc li ont ocis; Deu

reclama,

lo Roi

qu'il le secore 1578.109 .123.1

de paradis,

contre ses anemis.

l'esc. —

Texte de À.

.120

1578.110 Or t. arme

11234 —

1578.123.1

Ce vers mangue.

VICTOIRE

DE GUILLAUME

71

Il tint l’espee, dont il pons est marsis, et fiert un roi, de grant ire anbrasis: mort lou trabuche devent lui el laris,

125

lou cheval prent, si est tost sus saillis. L’escut enbrace et met devent son pis, durement

fiert antre

les Arabis:

qui il consiut, bien est de la mort fins. « Deus, » dist Guillaume, «biaus Rois de paradis, cant rai cheval, tos suis sains et guaris. » Halce

lou branc,

qui tost est esclarcis,

fiert un paien sor son hiame marsis; tot le porfant antresi quëé au pis. A la retraite rait .II. autres

.135

ocis;

li autre fuient par chans et par larris. Li cuens Guillaume, qui tant est poestis, fut molt joous cant les vit departis, car de la mort cuidoit bien estre fins. Forment

.130

.140

en est joous et esbaldis,

mais d’autre part est molt li cuens pansis : por Renouart est dolans et marris, que il ne seit ne terre ne pais ou lou puist quere, s’an est molt esbaïs.

LXXIIT

.145

(suite).

Va s'an Guillaume sans nulle demoree; cil lou conduie qui fist ciel et rosee. Por

Renouart

est en

molt

grant

pansee,

car il ne seit ne terre ne contree o Renouars a faite demoree. Des or chevalche a fiere randonee; 1578.127

sus manque

.127 sus AB —



1578.130 Que; bien manque.

.130 qui AB;

bien AB.

1578.150 [d]

LE MONIAGE

72

RAINOUART

II

bien sanbloit home qui bataille a trovee, car toute estoit desroute et depanee de son

haubert

la maille

desafree,

et la ventaille estoit ansanglantee et sa grant brogne desroute et depanee; il n’avoit arme qui ne fust recopee. Des or s’an va a grant esperonee. Oés, seignor, con

bone

destinee

:

par devers Brides, une estrange contree, s’an va li cuens lou fons d’une valee. Tant chevalcha toute jor ajornee c'a Bride vint ancontre l’avespree. Ancui orés grant joie demonee.

185

.158 1579 1580

LXXIV. Va s’an Guillaume qui ne fine d’errer; molt est penés, molt puet poine andurer, molt prie Deu que il lou laist aler

1585

ou Renouart puisse par tens trover, et sain et salz aieres restorner. Si fera il, ne l’an esteut douter,

an l’abaïe ou se fait sejorner. Molt s’i fait bien et cremir et douter, de biaus mengiers molt sovent conraer. N'i ait celui qui li ost desvaer; un an ocist l’autr'ier a un piler por sol itant co rova jüener. Tant chevalcha toute jor a ajornee a Bride vint ancontre l’avesprer. 1579 c. faite des. — 1581 S. v. Guillaume — 1585.1 M. e. p. ne p. trouver — 1587 manque — 1588 E. s. e. s. R. au tinel — 1589 S. f. bien errer — 1590 A l'av. de Bride sor la mer — 1591 U il se f. garder — 1592 mang. siervir et c. — 1593 q. ja L. os. veer — meismes viut sovent mestrier — .2 it. qu'il le r. juner — 1594 Guillaume li ber — 1595 Qu'il v. a Br.

1590

D 1595 — 1586 la. i. se il puet b. servir e. .01 L'abes T. c. dans

GUILLAUME

À L'ABBAYE

73

A l’abaïe va li cuens osteler; leans se fait au covent desarmer, et cil li font son cheval establer, puis l’an menerent li moine o as sosper.

LXXV. Li Jors s’an va, si prent a anuitier, Guillaume va o les moines mangier; d’autre part siet devent un establier. Es Renouart qui vient del cuisinier; celle nuit l’ot geteit ens el foer por sou qu'il ot parlé de son mengier. HIT. pains porte et un paon antier; tout sou menja, ans n’i quist parsonier. Puis apela a soi un boutillier : «Aporte vin, fil a putain, lanier ! Si an buront cil moine del mostier; miolz chanteront et liront lor saltier; et s’an donés assés cel chevalier qui lait menjut tout sol sor cel tablier; si m'aist Dex, bien sanble halt princier. » « Renouart freire, » ce dist li celarier, «trop nos poés demoner grant dongier! Mangiés an pais, si lou laissiés mengier! Laissiés lo vin par maloit ancobrier, se an avrés but plain bechier entier.

1600

1602 1604 1605

2 1609 1610 [308a]

1615

1620

1620 entier manque. 1597 f. as convers d. — 1598 cev. desarmer — 1599 men. o les m. so. — 1600 pr. a avesprer — 1602 dev. lui un tablier — 1603 Bien le siervirent tos tans .ii. escuier — 1604 Et R. venoit — 1605 Le keu avoit jeté en un brasier — 1606 ont p. — 1607.1 mang. n’en i vot rien laisier — 1608 Rien n'en douna a mone n'enclostrier — 1609 Et R. ap. un b. — 1614 Q. I. m. par lui — 1615 b. resanble pr. — 1616 R. f. ç'a d. li boutellier — 1619 suit 1616 : L. 1. v. vous nel devés ballier — 1618 M. amis ne vous caut de plaidier — 1620 S'aviés beù seul un hanap entier. .

74

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Ja vos volriés au covent corocier; a cel piler vos convendroit loer. » Renouars l’ot, lou sanc cuide changier; il salt avent, sel prent par lou braer, JII. tors l’a fait antor lui tornoier,

1625

au quart lou fait hurter a un pilier; lou chief li fant atout lou hanepier. Dist Renouars : « Alés avent Roger. Mal dahait ait qui vos fist depansier! Chatis, » dist il, «n’endurés a mengier, tos dis volés languir et espargnier!

1630 1632

Buvons

ces cruis, ces

maistres

ansansier,

que robeor ne vienent ne forrier. Ahi!»

dist il, «frans

marchis

a vis fier,

cil Damedeu, qui tout ait a jugier, vos puist guarir de mort et d’anconbrier; et si guarisse Guiborc vostre moillier, tant bonement me soloit aessier et a sa table servir et essaucier. » Ot lou Guillaume, prist soi a mervaillier

1635

1640

cant il l’ot si devent li desraisnier; de Deu de glore se commence a signier.

LXXVI. Guillaume

a Renouart

esgardé,

qui lou moine a ocis et afolé; 1626 a —

1629 ait manque.



1634 v. de f.

1624 av. pris a le boutellier — 1626 Au quart ; plancier — 1627 L. c. 1. part — 1628 Gautier — 1629 ait: fi. boutellier — 1630 Caitive gent con iestes estraier — 1631 Vous n'endurés a boire n'a mangier — 1632 T. tans v. garder e. esp. — 1633 B. c. fros c. dorés enc. — 1634 v. u for. — 1635 A. Guillaume li mar. — 1636 ballier — 1637 V. p. garder d. mortel enc. — 1639 T. noblement set proudon a aisier — 1640 manque — 1642 Q. si l’oï dev. soi deplaidier — 1643.1

m.

ot ens el front afronté.

GUILLAUME

RECONNAÎT

10)

RAINOUART

a molt grant poine l’ait li cuens ravissé, que Renouars ot tout lo poil mellé. Ne s’an tenist por un meu d’or conblé qu'il n’en risist coiement a celé cant

1645

il lou vit et reis et coroné,

pelice el dos et lou froc andossé, et les grans botes de faltre menovré : an .Il. entrast .II. bons boissias de blé. « Deus, » dist Guillaume,

«biaus

Rois de majesté

or voi ge la Renouart l’aduré. Ques vis diable l’ont ceans amoné? Li moine sont et fol et malsané qui seans l’ont avoc aus amoné. Glorios Dex, or m’avés esgardé qui si m’avés et conduit et monté. »

,

LXXVIT. Quant il covens ot mangié, si leva; prenent lou moine que Renouars tüa, plorent et crient ; l’un l’autre comnsilla : «Par foit, seignor, malvaissement nos va! Cil vis diables tos nos afolera! Mal soit de l’ore que il seans antra!» L'abes Hanris la messe au cors chanta. Li cuens Guillaume Renouart ravissa; oés comment li cuens l’araissona. 1657

1655

1660 1661 1663

cosilla.

1644 avissé — 1645 Et KR. o. ja — 1646 N. se t. p. .c. mars ? («a» barré superposé sur c) d'o. pesé — 1647-48 intervertis — 1647 Qu'il ne — 1649 manque — 1651 Bien i ent. demi sestier d. bl. — 1652.3 e. sot e. — .4 ordené —

.5 Mais saciés bien et si est verité — .6 Signor baron que force pest le pré — .7 Pour çou le di qu'il i fu mal lor gré — 1653 Dex sire peres con m'avés regreté — 1654 Que ; av. con. e. amené — 1655 sus lev. — 1657 laut. regarda, consilla cAB — 1658 Dist l'uns a l’autre molt malement n. v. — 1661 H. au c. me. c. — 1662 Quant l’ot cantee apriés si l’entiera — 1663 avissa.

LE MONIAGE

76

RAINOUART

II

LXX VII. «Amis bias freire; » dist Guillaume li ber, «dont estes vos ? Nel me devés celer. » Dist Renouars : «C’avés a demander? Cuidiés que doie tot mon consail conter?

Ne me voil pas or a vos confesser! Un moine suis, ce poés esgarder; ceans me vins saint Jelien doner, mais il me sanble n’ont soin de mon

chanter,

tuit m’escharnisent cant ge voil organer; adés volent de mon mangier paler! Par saint Denis,

1665

1670 1671 1676 1675

cui ge doi aorer,

tex en pora la parolle lever miolz li valroit tairé et escouter.

1680

Il me deuisent siervir et onorer : fis suis de roi, bien le puis afier,

fis Desramé qui molt fist a loer — jo vi Guillaume descoper et tüer — et s’est mes

oncles

rois Tiebaus

li Esclers,

Guibors ma suer qui tant fait a loer, et mes serorges, dan Guillaume au cor neis. Ités amis ne doit on oblier! Or ai dit voir sans mensonge conter. Cant

ge fui jones, si me

desor Palerne me 1668 tot manque



fist on

vendirent

1685

anbler;

Escler

1680 Ce vers manque.

1668 tout m. ester c. — 1670 que po. — 1671 v. otroier et d. — 1672 Si cuidai Deu siervir et onorer — 1673 Avoec les autres a matines aler — 1674 M. or m'est vis — 1675 T. me degabent ne me laisent ester — 1676 D. m. mang. v. tosjors p. — 1677 Mais par le Deu que — 1679 Je li ferai le haterel voler — 1680 Il me deuisent siervir et onorer — 1682 C'iert D. q. tant f. — il Mors est jel v. G. decoper — .1.1 Le cief li fist hors del bu desevrer — .2 T. qui est si bien armes porter — .3 Il ert mes oncles ne fait mie a douter — 1683 M. suer Orable fait forment a lo. —

1684 E. ses barons d. G. li ber —

font a oubl. —

1687 Desous.

.1 manque



1685 am. ne

CONVERSATION

a Looÿs qui France et cil me

fist

DE

GUILLAUME

ET

RAINOUART

doit garder,

a Monloon

moner ;

an la cuisine me convint converser. Tant fui leans c’uns cuens me vint roveir : ce fut Guillaume,

il

lou marchis

1690

a vis cler.

Cil Damedeus qui tot a a salver li dont honor, lui et Guibort sa per, car tant me fist servir et honorer qu'il me fist feme et prendre et espouser, Dame Aelis, qui tant fist a loer. Morte est la dame, que plus ne pot durer; un

anfançon

me

laissa a garder,

mais Sarrasin lou me fisent anbler par Picolet, cui Dex puist mal doner. Ne vos poroie lou grant deul aconter que j'ai eüt puis que ge sai parler. » Guillaume l’ot, si commence a plorer; tot an plorent, lou corut acoler.

LXXIX. « Renouart freire, » dist li cuens an plorent, «je suis Guillaume, que vos regratés tant, qui le Loon vos mena an l’Archant. Tant vos ai quis et aiere et avent,

1705

trové vos ai, s’en ai lou cuer joiant; secors vos mande Guibors au cors vallant,

la gentis dame, qui vos desire tant. 1709

Guibors

1710

la v.

1688 A Loeÿs q. F. a a g. — 1699 Icil ; porter — 1690 m. fist on c. — 1692 G. qui molt fet a loer — .1 Un frans hom est Orenge a a garder — 1695 Tant m. f. il — 1696.1 manque — 1697 da. ne me po.pl. d. — 1699.1 A Pecoulet le mal laron porter — 1702 s. prent a souspirer — 1703 D'une liuee ne puet nul mot soner — 1704 di. Guillaume — 1705 v. desirés t. — 1708 si en ai Joie grant — 1709 Guib. au cors vallant — 1710 que v. desirés t.

LE

78

MONIAGE

RAINOUART

II

Assisse l’ont Sarrasin et Persant XV. jors a, en Orenge la grant; s’ont amoné avoc eus un JjJaant,

mi

tant a grant force ne nos prise noent. L’autr'ier m’ocist mon destrier auferrant a un tinel, qu’il a gros et poignant. » Renouars l’ot, si saillit en estant; Guillaume acole, les iolz li va baissant. «Frans cuens, » dist il, «por Deu alons nos

1715 1718 an.»

1720

LXXX. «Sire Guillaume, » dist Renouars li pros, «de vos aidier suis forment angoisos, et de Guiborc, qui est vaillans et pros, molt ai esté dolans et vergognox, ne cuidai mais avoir joie a nul jor. Cant or vos ai, molt suis liés et joous — de vos veoir suis forment desirous — que se g’estoie avoc Deu precious, que fusse el ciel os anges gloriox, si descendroie se estiés besognox. Çaiens est, sire, encore

mes

A | d 1725 .

tinous,

il n'est pouris, froés, ne vermillous, et je suis fres — molt ait esteit oisous. 1729-30 Ces vers manquent —

22

1730 [d]

1731 Je suis: ces mots forment le premier

hémistiche.

1712 .XV. rois a a Or. — 1713 enfant — .1 T. fort et fier bien resanble jaiant — 1715 a fort e. pesant — 1716 R. frere s’or n'a de vous garant — 1717 Toute i mora par le mien entient — 1719 G. voit — 1720 Sire d. i. jou irai maintenant — 1721 Guerpirai l’ordene pour fere vo commant — 1723 aid. iere molt ang. — .1 manque — 1724-25 intervertis — 1724 Mais pour mon duel ai esté si irous — .1 manque — 1725 C. o. v. voi m. par en su. j. — .1 manque — 1726 Se jou estoie si dignes et si prous — 1727 o ang. — 1729 Caiens est sire encore mes tinous — 1730 Il n'est pouris froés ne vermillous — 1731 Et je sui frés ne sui mie trop vius.

PRÉPARATIFS

Ancor

DE DÉPART

ferrai ruiste cos mervaillos;

et se ge truis lou paien anuios, tant en ferai morir a grant dolors n’est hons,

sel voit, qui n’en soit mervaillos. »

LXXXI. « Sire Guillaume, » dist Renouars lou fier, ralons nos en, si ne vos esmaés !

Secorons

1736 1738

sous qui lor cuers ont iriés!

Ancor ai ge mon tinel, ce sachiés; il n’est poris, versmolus, ne mengiés, ans est molt bien bandés et ferloeés.

1740

Et ge resuis sejornés et haïitiés, ancor me soit le poil el chief changés; si ferrai bien desor les renoés. Por vos lairai et autés et mostiers. Se jou estoie en paradis colchiés, sire Guillaume, se vos me mandissiés, si descendroie, de vertés lou sachiés. »

Il Jan acole par fines amistés. Puis s’est Guillaume armés et haubergiés, et Renouars se rest aparailliés. LXXXII. Guillaume s’arme : s’a lo hauberc vestu, sainte a l’espee, a son col son escu; 1736 Initiale manque



1752

1749 Il an.

1732 pa. orgillous — 1733 Qui a Orenge demaine ses orgious — 1734 Tel li donrai saciés de mes tinous — 1735 Que de sa tieste ferai voler les ious — 1737 manque — 1738 Alons n. e. sire sans atargier — 1741 po. ne frains ne vemilliés — 1742 A. e. bi. sire ba. e. fierloiés — 1743 res. asés fors e. h. — 1744 po. entrecangiés — 1747 $S. d. se vous bien voliiés — 1748 O le Guillaume 6 Dex tant en fu liés — 1749 Si l'acola ; amistiés — 1751 s'ar. 1. h. a ves. — 1752 L'iaume

lacié.

LE MONIAGE

80

RAINOUART

puis est montés sor l’auferrant crenu. Et Renouars se rarme a grant vertu : il vest l’auberc,

s’a lacié l’iame

agu,

et par desore a les noirs dras vestu; nes vost laissier por sou que moines fut. Prent son tinel, n’i a plus atandu; vient a l’abet, lai ou il l’a veü : «Sire,» dist il, «j'ai si reconeu lo mellor home c’onques portast escu, çou est Guillaume a la fiere vertu.

Paiene par vo Li abes Deu en

gent li sont sore corut; congié voil aler avoc lu. » l’ot, ans si joians ne fu; rent graces et merci et salu.

II

1754 1755 1756

1760

1765 1766 1768

1770

LXXXTIL. Va s’an Guillaume

et Renouars

li ber;

congié à pris au covent, a l’abet. Dient li moine : «Saint Jeliens li ber, ne nos laissiés cest malfé restorner! Tos nos feroit ancor deseriter. » Li cuens s’an torne par devant l’ajorner. Qui dont venist Renouart ranponer, bien lou poiïst a petit conparer, que plus est fiers que lions ne sangler.

|

1775 [309a]

ch

1766 C'est.

1753 Si Çainst Joiouse a son senestre bu — 1754 auf. grenu — 1756 l’aub. qui fu roi Capelu — 1757 La malle est d'or ains tant rice ne fu — 1758 Puis laça l’iaume l'amiral Malagu — 1759 Li ciercles est d'un brun acier fondu — 1761 Nel — 1762 S. t. pr. la u il l'a veù — 1763 l’ab. la il l’a conseü — 1765 Tout |. mel. signor que j'ai eü — 1766 çou — 1767 Celui d'Orenge dont vous avés eù — 1768 s. seule c. — 1769 cong. m'en v. al. o lui — 1770 lo. ains mes s. liés n. f. — 1771 D. e. rendi et gr. e. sa. — 1772.1 Il prent cong. quant vint au desevrer — 1773 Juliiens bon b. — 1776 tor. sans plus de demorer — 1777 Q. d. vosist — 1778 De molt pet. L. p. conp. — .1 manque.

DÉPART

DES HÉROS

Qui lou veïst devent Guillaume aler, corre, Saillir et son tinel branler,

de jJantil home li poist remanbrer. Or vient chanson molt bone a escouter; ans de mellor ne chanta nul jugler. C’est de Guillaume, qui tant se volt pener de la loi Deu

essaucier

et lever:

por sou lou volt Damedeu honorer. Cant les paiens ot tos fait afiner, an desers vint por sa vie salver; tant fut illoc, con vos dire m'’orés. Un pont 1 fist por l’aue trespasser, mais li diables faissoit la nuit verser canque lou jor i pooit menovrer. Mais i/ lou prist, si lou fist efonder; puis fist son pont por son awe passer. Hui mais devons de Renouart chanter.

LXXXIV. Va s’an Guillaume ; molt fut en grant desir que a Orenge s’an poist revenir.

1783

Molt

1785

doit amer

Renouart

et cherir,

qui a laissiét les moines a servir por lou marchis tanser et garentir. Damedeu jure, qui por nos volt morir, que si il puet a Orenge venir, les Turs fera de male mort morir. Qui dont veist Renouart tresaillir

1788 1790 1791 179251

17825124 1779 Q. dont v. R. randoner — 1780 C. et s. e. s. t. lever — 1781 D. molt fier h. — 1782.1-.14 manquent ; à la suite de 1781 E ajouté 16 vers, cf. App. 1— 1783 G. qui f. — 1784 De sa cité Or. rev. — 1785 M. puet — 1786 Qu'il —

1787 P. aidier lui sa tiere g. —

1789 Ens en la crois pour son peule garir.

LE

82

MONIAGE

RAINOUART

II

et son tinel paumoier et tenir, de molt fier home li poist sovenir. « Deus, » dist li cuens, «or ai ge mon desir! Se ge pooie a Orenge venir, que ge trovasse ma moillier la gentis, dont mes cuers est por li an grant desir, et por les autres qui Dex puis beneïr, et il lor doinst la cité maintenir viers les paiens, cui Dex puis maleir. Mais tant me fi an Dex, qui fait florir vignes et arbres et les prés reverdir, et an cest home que ge doi molt charir — mar i oserent Sarrasin sa venir — il les fera de male mort morir. »

.10

(b] 15

LXXXV. Va s’an Guillaume a coite d’esperon, et Renouars lo siut de grant randon, Tant ont erré ansanble li baron qu'il ont veü sor un tertre roont .CCCC. Turs d’une collegion. Li cuens

Guillaume,

qui Dex

face pardon,

les conut bien sor lou tertre roont, voit tante targes, tant destrier aragon. .CC. chaitis menoient an prison, 1792.9-.10

Ces vers manquent



1792.15

I —

1794 grant manque.

17924 D. di G. con o. a. m. d. — .9 Et il lor doinst la cité maintenir — .10 Viers les paiens cui Dex puis maleïr — .11 f. fueillir — .12 Les flors les arb. — .I4 os. on cest païs v. — .15 [1 — 1794 d. grant randon — 1795 D'eures en autres paumoie son baston — 1798 collection — .1 Entor Orenge en la relegion — 1799 Bien a .ii. liues sans mentir le dison — 1800 N'i a remés ne bordel ne maison — 1801 Qu'il n'aient mis en fu et en carbon — 1803 L. a veüs — .1 V. tante ensegne ta. bon des. gascon — .2 Et tante targe pointuree a lion — .3 Et tant vert hiaume reluire et tant pinon.

RENCONTRE

AVEC

DES

83

PAÏENS

n’i a celui n’ait el col chaagnon. Molt hautement crioient a halt ton : «Aïe, Dex, qui soffrit passion ! » Li cuens

Guillaume

1805

ot la noise et lo son;

de ses bias iolz cort l’eve a grant foison, moillié en ot lo habert fremillon.

1810

Renouart voit, si l’a mis a raisson; et dist Guillaume : «Or escotés, frans hon. Veez lassus tant Sarrasin felon;

1813 1815

il ont forré, li Sarrasin gloton. Grant paors ai d’Orenge lou donjon qu’il ne soit ars en feu et an charbon. Aï, Guiborc!

Dex

et il defande

lou tiens cors de prison !»

te face pardon,

LXXXVI. 1820

Quant Renouars a les paiens choisis, et voit les armes et les destriers de pris, et les chaitis qui crient a halt cris : «Aïe, Dex, biaus Rois de paradis !» O voit Guillaume, si l’a a raison mis : «Sire Guillaume, por lou cors saint Denis, catissiés vos par delés ce laris, et ge irai delés ces rolleïs; an cest bochet sos cel arbre foillis me quatirai, bien i serai tapis. 1806 dolcement ; halt on



1828

1825

sors.

1806 M. hautement cr. a h. son : ton À —

1807 soufris —

1808 ton —

1809

Des ious li c. le. a molt gr. randon — 1814 Tant bon ceval et tant boin confanon — 1815 Ce sont fourier Mallefer et Noiron — 1816 D'Or, ma maison — 1817 Que n. s. mise— 1818 Ahi Guillaume— 1821 Veüst L. ar. e. |. cevaus d. p. — 1823 Soucourés nous — 1827 ir. droit a — 1828 En c. marés dont

li bos est f. —

1829

M

c. et.

LE MONIAGE

84

RAINOUART

II

Ves con il vienent corant et ademis; se il m’eschapent, je anragerai vis. » Li cuens Guillaume s’estoit el boschet mis, et Renouars en vint au rolleïs, prent son tinel, si l’a delés lui mis. À tant s’an vienent li cuvers maleïs, brochant s’an vienent par devent le marchis; de grans plomees batoient les chaïtis, et cil crioient : « Aïe, Jhesu Cris ! » Li cuens Guillaume lor salt en mi lo vis et tint Joose, dont li brans est forbis, et fiert un Turc, sire iert de Monbradis; dec’aus espaules l’a fandut et malmis. A l’autre cop ocist un aupatris, et puis un autre, et pui .V., et puis .VI.; tot autresin con li leus an berbis se fiert Guillaume antre les Arrabis. Testes et bras et cervelles et pis

a fait voler li cuens par ces larris; paien nel voit n’en soit espoeris. De lons li traient quarels et dars brunis, fierent Guillaume es costés et o vis.

1830

4 | 1835

[c] 1839 1841

1845

1850 1852

Se ne fust Dex, illoc fust malbaillis.

1853

Li cuens Guillaume a hardement s’est pris et met l’escut devent en mi son pis.

1856

Antor

lui frape come

vasals

de pris,

1844 III. 1830 V. comment v. poignant ad. — 1832 G. s'est lés .ïi. arbres quatis — 1833 Et KR. est es marés salis — 1834 At. es vous — 1835 Poignant s'en v. trés en mi lairis — 1836 D. gr. corgies — 1837 cr. verais Dex J. C. — 1838 sa. devant les pis — 1839 E. t. l'espee — 1840 Monjoie escrie en mi aus est salis — 1841 Tu. rois e. d. Moravis — 1844 E. p. un autre — 1845 co. le. fait les br. — 1846 Les vait G. ferir en mis le pis — 1848 A f. G. v. p. — 1850 qua. d'acier br. — 1851 Et de grans maces dont li plons est masis — 1853 Desus son hiaume qui d'acier est brunis — 1854 Dedens le cief ont G. malmis — 1855 Que li clers sans l'en vient aval le vis — 1856 Dont s'est G. a h. repris — 1857 Il tient Joiouse dont l’aciers est brunis — 1858 Qui il ataint bien est de la mort fis.

COMBAT

CONTRE

LES

PAÏENS

85

mais tant i ont de la gent maleïs par droite force ont lou conte jus mis. Or lou gart Dex li Rois de paradis! Saisit l’aüssent, et fiert un Turc dec’aus espaules Et li cuens fut que de la mort se Dex ne fust, Et Renouars,

1860

mais il est sus saillis qui ot non Morentui, l’a fandu et malmis. corosos et marris,

1862 1864 1

cuidoit bien estre fis li Rois de paradis.

qui adont

iert quatis,

ES

qui dont aprimes a les Turs asaillis; a premier cop an fait craventer .VI., a l’autre cop en rabati bien .X.; de ces paiens fait tel abateïs con li leus fait cant il antre an brebis. Paien lo voient, s’ont les chevaus guenchis; dist l’un a l’autre : « Dont vient cist Antecris? De quel diable nos est ores saillis? Par Mahomet, qui est Dex poestis,

1865 1869 ù 1870

se il vit longes,

1875

n’en

estordra

un

vis.

Poignons a lui, s'ait les membres malmis ! » Les chevas brochent corans et ademis. Sor Renouart fut grans li pogneïs, anviron lui fut grans li huëis; mais Renouars, qui preus est et hardis,

sl 1876 1878 1879 1883 [d] 1884

1876 soit. 1859 M. trop i a des cuvers m. — 1860 on. G. — 1861 De son ceval l'ont el camp jus asis — 1863 Hauce Joiouse dont li puns ert brunis — 1864 E. f. u. roi

q. estoit de Persis — .1-.2 manquent — .5 q. apriés — 1865 ap. est de l'agait salis — .1 Il s'escria hautement a haus cris — 1866 Guillaume sire par le cors saint Denis —

1867 S'or ne vous venge jou esragerai vis —

1868 Prent son

tinel si est el retor mis — 1869.1 rab. il — 1870 pa. font t. gaveleïs — 1871 A ii, cos en a bien .xxx. ocis — 1872 v. lor cev. o. g. — 1874 n. est il or — 1876 set — 1877 à nos espees soit detranciés et pris — 1878 br. vers lui vont ad. — 1879 Viers — 1880 As ars torcois et as fausars brunis — 1881 L'ont ens el cors en .xxx. lius malmis — 1882 Desous l’auberc li est li sans betis — 1883 hurteis — 1884 M. R. fu mot fors et h. — 1885 Tint le tinel qui gros fu et furnis.

LE MONIAGE

86

RAINOUART

II

a ous s’eslaisse con hons maltalantis. Qui il consiut, bien est de la mort fs; antor lui frape con vasal de grant pris, ansus de lui les a tost departis. Aprés Guillaume est Renouars guenchis; voit lou Guillaume, si l’a a raisson mis «Estes vos ce, Renouart bias amis?

1886 A (2

:

1890

Parlés a moi, frans hons poesteis. » Dist Renouars : « N’ai soing de plaideïs, car durement suis navrés et malmis. » Outre s’an passe par delés lou marchis, et li cuens est sor un cheval saillis. Li Turc s’anfoient, s’ont les chaïtis guerpis. Vers un marois est Renouars guenchis:

la voit .X. Turs qui cheval ont guerpis, el marois fut chascuns tos ademis. Cant Renouars a les paiens choisis,

A 1894 1897

1900

celle part cort, si a son salt espris, ansus se trait, de lons s’est acoillis :

< F)

XXI. piés est el marois saillis; dec’au braer est li bers esorsis. Quant il ce voit, dolant fut et pansis; an halt s’escrie : « Aïe, Jhesu Cris!

1904 1906

Sainte Marie, Roïne genitris, sains Jeliens, con ge suis malbaillis ! Aidiés vos moine que n’i soie peris ! »

1908

1886.1

Que —

1891

poestis —

1892 soinge —

à: 1903 essorcil.

1886.1 manque — .2.1887 intervertis — .2 fr. l'un ciet l’autre est ocis — 1887 tous dep. — 1890 R. mes a. — 1891 manque ;poesteïs À — 1892.1 mangue —

1894 G. 1896 R. — .1 Et — 1900 pantoise Jusqu'as — 1905 perilliés

monte s. u. cev. de pris — 1895 Joiouse tint le branc d’acier forbis — sieut le ber tous ademis — 1897 Les turs cevaucent par delés un lairis s’adreça delés un roleÿs — 1898 r. ravis — 1899 Tu. sor les cev. de pris Es m. furent — 1901 Et R. apriés aus est salis — 1901.1 Que li marés el fontenis — .2 Et KR. est d. |. esquellis — 1902 .XXV. p. — 1903 espaules est esfondrés et pris — 1904 Q. i. v. c. si fu molt malbaillis N'i vausist iestre pour tout l'or de Paris — 1907 Que je n'i soie ne maumis — 1909 comme s. — .1 mo. que il n'i soit p.

RAINOUART

DANS

LE MARÉCAGE

87

Guillaume l’ot, s’est a terre saillis, vient el marois, si antre el fontenis, Renouart voit, si a geté un ris,

et dist Guillaume

1910.1

: « Avés des poissons pris ?»

«Oil, » dist il, «lo malfés trestos vis! A mal eürs i soie je saillis. Et car m'’eidiés, Guillaume lo marchis,

1975

tant que ge soie de cest marois saillis ! » Li cuens Guillaume l’a par les .II. bras pris; nel remeüst por l’avoir de Paris. Li bers s’esforce, et cil li est aiïdis; tant a sachié, tant se sont antremis

que a grant poine est li bers sus saillis. Il et Guillaume se sont par la main pris, tout sollié vont a l'olivier foillis, lai ou Guillaume avoit son cheval mis. Guillaume monte sor lou cheval de pris; as chaïtis vont,

‘1 a remeis

chastel, pont

soient —

1925 [310a] 1927

1932

leveïs,

que li paien n'aient ars et bruïs. » 1915



qui sont loé et pris,

et Renouars les à a raison mis : «Dont estes vos, seignor, de quel païs ?» «De Porpaillart, » ce respondent li pris. «N

(917 1920

1935

1916 eide.

1910 Es vous Guillaume poignant tot ademis — .01 Voi le R. si li crie a haus cris — .02 Aïde G. por le cors saint Denis — .03 Ci me soucort que n'i soie peris — .l s’e. ariere sa. — 1911 V. as marés et s’est par defors mis — 1912 si li geta — 1913 E. di. li quens av. vous auques pris — 1914 ma. ce m'est v. — 1915 soie — 1916 Quar me soucort — 1917 Que je puise iestre — 1920 Il pase avant si l’a p. le puig pr. — 1921 N. ravisast p. tout l'or d. P. — .1 Si s’estoit il travelliés (« a » superposé manque) et laidis — 1922 Au sachier sus se fiert el crolleïs — 1923 Et KR. est à force sa. — 1924 p. Les puins pr. — 1925 T.s. vienent — 1928 manque — 1929 A. c. vienent — 1930 En mi le camp estoient esmaris — 1932 Et de quee part vienent tant de caitis — .1 Il li respondent erraument a devis —

1933 D. P. de la terre au marcis —

trestot en cendre mis — E ajoute li fuscent cist diable guencis — qu'il ot de ma Dame Aëlis — meïsmes i fu maintenant pris —

de dolor si aquis —

1935 Q. Turc n’en a.

: Se Rainoars li preus fust ore vis — Molt tos Mais il s’en est hors del païs fuis — De duel Qui morte fu de son enfant petis — Lenfes Entre paiens fu portés et noris — Ses peres fu

Que il s’en est for del païs fuis.

88

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Renouars l’ot, si est avent saillis si lor debande et les iolz et lo vis. Metent s’an voie, si rendent Dex mercis et au vasal qui les ait garentis.

1936 1939 1940

LXXX VII. Va

s’an Guillaume

et Renouars

lou ber,

droit vers Orenges pansent del restorner; toute la proie font devent ous moner. Voient d’Orenges les murs reluire cler et Gloriete lou palais principel; voient

paiens les murs

1945

avironer,

piquent et maillent por les murs efondrer. Cil se defandent por lor vies salver; lancent et getent, qu’il se volent tanser. Dame Guiborc ot lacié l’iame cler avec

les dames,

qui moit

font a loer;

la veïssiés mainte lerme plorer; maldient l’ore que tant puet demorer li bons marchis, Guillaumes au cor neis. Et Maillefer lor vient devent ester, a sa vois grose commensait à crier : «Par Mahomet a cui ge suis voés, Quiborc ferai a chevaus trainer ! » Mais tout ansois, jou vos di sans falser, il covendra tel estor andurer

que an son san pora ses mains 1945 rel. et cl. —

laver.

1961 jou manque.

1936 KR. l'o. de dolor est maris — 1938 Il pase avant si s'estoit avant mis — 1939 Desbanda lor les biaus ios de lor v. — 1940 Maintenant virent a D. re. mer. — 1941 E. baron — 1943 D. a Or. s'en prendent a aler — 1946 manque — 1945 m. rel. cl. — 1945 manque — 1947 De pa. vo. la terre av. — 1948 Pis ont et maces — 1950 manque — 1953 L. v. molt asprement geter — 1955.1 L. b. m. qui tant fait a loer — .2 Et R. que Dex puist ounorer — 1956-1963 manquent — 1961 jou c.

ARRIVÉE

À ORANGE

Guibors s’apuie par delés un piler, garde sor destre, si a veü aler dan Renouart et Guillaume lou ber. Cant el les voit, si commence a crier : «Bon soldoier, or poës esgarder! Je voi Guillaume, qui tant fait a loer,

89

1965 1966 1968

1970

o lui amoine Renouart au tinel. Or tost! As armes! Alés vos adouber !

Se Turs les voient, qui Dex puist mal doner, au mien espoir n’i poroient durer !» Et cl s’an vont maintenant adouber; aprés ous font les portes refermer. Dan Renouars et Guillaume lou ber les ont veüs a un tertre avaler. Et dist Guillaume : « Or poés esgarder

desor cest mont

[b] 1975 1978 1981 1981.1

a un tertre roonder

ne sai quel gent, mais molt reluissent cler. Je cuit ce sont Sarrasin et Escler. » Dist Renouars : «Ne vos esteut douter !

Car par la foi que doi a Damedé se ce sont Turc, bien lo puis afier, ja li plus cointes ne s’an pora gaber. Miolz ain bataille que lire ne chanter, ne estre an clostre por matines chanter. Ja me varés ma grant force esprover tant con ge puisse mon grant tinel lever, et sor les Turs et ferir et chapler. Ja por paiens ne vos esteut douter!

rs

.10

15

Or estés cois, je vueil encontre aler de lor novelles anquere et demander 1981.17

ancontre

ous

ne alés.

1964 G. s'acoste — 1965 Garda en loig s. a. v. errer — 1966 Le quen G. R. au tinel — 1967 Lui recounut a son tinel porter — 1968 Et dans Guillaume au lioncel d’or cler — 1969 Q. ele v. — 1970 manque — 1971-72 suivent 1973 — 1971 q. Dex puist onorer — 1972 am. dant KR. le ber — 1973 ar. signor franc baceler — 1974 Paien 1. v. — 1981.17je vuel encontre aler AB — 1976-93 Pour le texte équivalent de E, voir App. 11.

90

LE MONIAGE

s’il sont

Franchois,

Et dist Guillaume Ans

Renouars

RAINOUART

Sarrasins

ou

II

Escler. »

: « Or avés dit que ber.»

.20

n’i volt plus demorer,

prent son tinel, qui molt fait a douter, vers les Franchois commence a galoper.

LXXXVIIa. François chevauchent et rengié et sarré, Renouart voient venir tot abrivé,

:25

lo froc vestut tout anchaperoné et a son col son grant tinel ferré. Grant

paors

orent,

ce sachiés

de verté,

n’i a celui qui n’ait lou sans müé. A halte vois se sont tuit escrié : « Renouart

sire, mar

chevalier somes Sa nos

envoie

i avra

d’Orenge Guibors

la cité!

a cors

sané,

la vostre suer, qui tant a de bonté, por dan Guillaume secore, lou membré, et vos

meïmes,



tant

.30

douté,

35

a de bonté. »

Renouars l’ot, del cuer a sospiré. Cortoisement

les en ait mercié,

puis passe avent, mains en a acolé. Grant joie font li baron naturel por Renouart au corage aduré. Droit a Guillaume se sont acheminé ques atandoit lou branc nu antesé, que bien cuidoit li cuens par verité que trestuit fussent Sarrasin ou Escler. À tant és vos Renouart lou manbré; an sa conpaigne se sont tuit asanblé. «Guillaume sire, Dex te tigne an bonté! Ta gentis feme, cui Dex croise bonté, salus vos mande par molt grant amisté

[c]

.45

1981.50

GUILLAUME

SE

JOINT

AUX

FRANÇAIS

et si vos prie c’aiez de lui pité; assisse l’ont Sarrasin parjuré. Communement ont ansanble juré que ses cors iert a cheval traïné. » Guillaume l’ot, s’a de pitié ploré : « Seignor, » dist il,

«de Deu

555

soiez salvé!

Secore la li Rois de majesté, et J'en ferai toute ma poesté. Ans que cist jors ait perdut la clarté, 1 ferrai tant de l’espiet noielet covert en iert h laris et lou preit. » Dist

que tant mar Tant con Tuit

Renouars

.60

: « Or n’i ait plus parlé,

par Jhesu lo Roi de majesté, con j'avrai cest grant tinel ferré douterois paien an vostre aé. abatrai Sarrasins et Escler falz tranche herbe menuement es pré. » li escrient : «Jhesu de majesté!

Renouart

91

sire, Dex

te tingne an

.65

bonté! »

LXXX VIT. Dist

Renouars

:

«Ne vos

esmaiés

mie,

que par la foi que doi sainte Marie, tant ocirrai de la gent paienie coverte en iert toute la proierie. Miolz voil ma teste me soit do bu tranchie que par paiens soit no loi abaissie ! Crestienté doit estre esaucie! Des or voil ge que l’ost soit deslogie des Sarrasins la fort cite garnie. Trop atandons, franche gent seignorie. » Et dist Guillaume : « Dex vos soit en aïe!» Le cheval

broche,

si ne s’atarge mie;

or li aïst li filz sainte Marie !

.70

15

.80

[d]

92

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Molt ont pou gent mais molt est resognie por Renouart, qui maint paien chastie. Des or chevauche la bonne gent hardie. Tant ont erré chascuns lance anpoignie devent ous gardent en une praïierie; voient paiens, la pute gent haïe, et tant vert hiame, qui luist et reflanbie, et tante ansaigne qui vantelle et bailie. Li bers Guillaume, qui point n’a coardie, Monjoie escrie, s’a sa gent esbaldie : « Ferés, Franchois sor la gent de Persie ! » Renouars l’ot, a la chiere hardie; son tinel prent et estraint et baillie. La ou il voit la gent plus anforcie va Renouars ferir par aramie; tant en abat la terre en est jonchie, et il i fuient comme falcons fait pie. À tant 6s vos

un

roi d’Esclavonie:

.85

.90

.95

1981.100

point lou cheval, qui ne se targe mie, de nostre gent fait molt grant deseplie. Tant

en ocist, nel mescreez

vos

mie,

devent son cop n’en remaint un an vie. L1 cuens Guillaume, qu'est de grant seignorie, tint lo bon branc ou li ors reflanbie, fiert lou paien

mort

.105

sor l’iame de Pavie,

lou trabuche en mi la praierie.

LXXXVIIc. Fors fut li chaples et li estors pesans. Guillaume

va Sarrasins

tant en abat tout Es Renouart, qui fiert en l’estor a Devers un mont

ociant;

ot lou cors sanglant. tant ot hardement, loi d’ome puissant. va li ber esgardant,

110

COMBAT

voit une

CONTRE

gent de molt

divers

LES

PAÏENS

sanblant,

>) AS

telle ne vit homes qui soit vivant : tuit sont pelut et daier et devent, beste sanbloient, salvage conquerant qui an boschage alassent conquerant ; ans

de bataille

armes

ne sorent

tant ne cant,

fors en

lors testes un

cuir bollit forment;

a .IIIT. piés aloient celle gent. Kant

Renouars

a veü lor sanblant,

celle part vint tost et inellement. Cant il vint pres, molt se va mervaillant quel gen ce sont et que il vont querant. Dist

120

n’avoient un sol petit ne grant

Renouars

: «Or

me

Renouart

125

vois mervaillant,

or voi ge bien ce sont Sarramitant, qu’il n’ont chevaus ne voist par nuit paissant. Mais par Jhesu, lo verai Roi puissant, ja de la mort n’avera un garent. » Son tinel hauce par mervaillos sanblant, antr’os se fiert par grant aïrement; tant en abat a la terre gessant nel poroit dire nul jugleres qui chant. Li plussor tornent droit vers la mer fuiant, et Renouars, qui tant ot hardement, ne les siut vers la mer tant ne cant. Drois vers Guillaume a fait restornement, que gent paien aloit molt craventent. Antor lui ierent celle gent mescreant, plus de .X.M. par lou mien escient; antor lui ont ocis son auferrant. A tant és vos

(311a]

acorant ;

.130

155

.140

.145

o voit la presse de la gent mescreant la vait ferir a loi de conbatant. Son tinel halce par merveillos sanblant, antor lui frape, n’en va nul espargnant. Cui il consiut,

n’a de la mort

garent;

1981.150

94

LE MONIAGE

RAINOUART

II

lun mort sor l’autre va jus acraventant. Voit lou Guillaume, si li dist en riant : «Renouart

freire, bien

soiez vos

vaignant,

de vostre aïe avoie mestier grant. »

LXXXVIT

(suite)

Grans fut l’estor, bien fait a remenbrer ; bien i ferit li marchis a vis cler, et Renouars, qui Dex puist honorer. Es vos un Turc qui ot non Giboëé, sor son cheval tance d’esporoner; li bers Guillaume a son branc d’acier cler lou poing li ot fait del bu desevrer atout l’espaule, et un des piés voler. Fuiant s’an va a Mallefer clamer : «Rois Maillefer, » s’est pris a escrier, «vostre home morent ! Car pansés de l’errer! Aïe, aïe! Ja les varés finer !» Maillefer l’ot, lou sanc cuide daver; plus tost qu’il pot s’est alés adober. JHILC. Turc corent por lui armer,

155 1981.156 1983 1994 1995 1

et son tineil commande a aporter; on li aporte, prent lou a solever. Qui li vaïst paumoier

et rüer,

devent ses homes et core et randoner ! Honques malfés ne fist tant a douter. En l’estor vient, la presse fait sevrer;

1994 E. un paien poignant devers la mer — 1995 S. un destrier pense d'’esp. — .1-1996 intervertis — .1 L. quens — 1996 Les puins ; d. brac d. — .1 Toutes ses paumes escrievent a saner — .2 manque — 1997 À Mallefier commença a crier — 1998 L'’aller — 2000 l'o del s. — 2001 De mautelent commença a

tranler — 2002 po. fet son cors ad. — 2003 Que ai. des T. ne fait o lui ar. — 2004 T. commanda ap. — 2005 ap. sans point de demorer — 2006 p. e. lever — 2007 ho. co. — 2008 manque — 2009 V. a l'es.

INTERVENTION

DE

MAILLEFER

cant qu'il consiut fait tot acraventer, Guillaume quiert, qui ne velt coarder, et Renouart,

qui Dex

puist honorer.

La veïssiés tant Sarrasin verser et tant paien a grant dolor finer, et saint Morise haltement reclamer, et saint Denis et saint Jorge lou ber! Grant fut l’estor, bien fait a remenbrer.

Es Renouart qui vient de randoner, son tinel porte, qui molt fait a douter; si come il passe ne puet paien durer, devent ses cols fait tout acraventer. Son fil ancontre à un ruisel passer, c'est Maillefer,

Guillaume Mais

qui tant fait a douter.

quiert, mais ne lou puet trover.

Renouars

li vint de randoner;

plus tot qu'il puet, li vint devent ester, et Maillefer lo prent a esgarder, de lui s’aproche, prist li a demander : «Crois

tu Mahon,

qui tant fait a loer,

ou en Jhesu, lo Roi de majesté? Molt as hui fait de ma gent conparer, mais ans lou vespre lo ferai achater.» Dist

Renouars

2025

: « Laisse

ton

2030

ranponer,

c’ancontre moi te covient esprover et cors a cors ancontre moi chapler. » Maillefer

l’ot, lou sanc

cuide dasver

:

2010-2011 manquent — 2011.1 Dex le confonge qui tout a a sauver — .2 Et le marcis puist garir et tenser — 2012 Et R. que il puet tant amer — 2013 Dont oïsiés Monjoie escrier — 2014 Et saint Meurise et saint Jore le ber — .1 manque — 2016 pa. morir et craventer — .1-. 2 remplacés par 2014 — 2017 Tant pié tant puig tante teste coper — 2018 E. R. courant deviers la mer — 2019 $. i. p. que il puet molt amer — 2020-.1 manquent — 2021 Au paien vient — 2022 Ÿ nos François fait de mort afiner — 2023 manque — 2024 Et—

2025 pu. |. va — 2026 li pr. a demander — 2027 manque — 2029 J. garde nel me celer — 2030 ge. afiner — 2031 M. tout le mal t'en voel guerredoner — .1.l8 manquent.

96

LE MONIAGE

RAINOUART

II

« Vasal, » dist il, «tu seit molt bien parler ! Mais or me dis sans un mot de falser,

par ques ques Dist

cel Seignor cui tu dois aorer, hons iés tu — garde no me celer — dras sont ce que tu as andossés ?» Renouars : «Ja’n orés verités :

c’est une

gole desor

mon

hauberc

[ce] 10

cler,

car moines suis saint Jelien lou ber. Ma grant vertus suis venus esprover contre ta gent cui Dex puist mal doner, car toi meïsmes lou ferai conparer. » Dist Maillefer : « Or oi musart parler! Miolz te venist tes matines chanter; cant m'estordras, n’avras soing de gaber ! » Renouars l’ot, lou sanc cuide daver; de son tinel li va grant cop doner par mi lou chief, qu’i/ l’a fait chanceler, et si lou fait d’un genoil aterrer. Cil resalt sus,si commence a enfler; de son tineil li va grant cop doner que dous des costes li a fait anbarrer, et li tinés li chiet sans arrester que bien .II. piés lou fait en terre antrer.

15 .18 2032

2035 2037 2039 2040

En Renouart n’ot adons c’aïrer: son tinel lieve, ansin lo fait branler

comme la foldre qui tout doit tanpester. Cant Maillefer lo voit vers lui aler, il s’an voloit aieres restorner,

2045

mais Renouarsse haste de frapper. Desor

les rains li va grant cop

doner,

2048

2034 qui.

2032 R. l'o. bien cuida forsener — 2033 A — 2034-37 manquent — 2034 qu'il Ac — 2038 Desor la logne li a fait randonner — 2041 B. iii. p. — 2043 S. t. hauce si le refet aler — 2044 C. une esfoudre q. descent del ciel cler — 2047 M. R. le h. por — 2048 D. L. r. fait le tinel voler — 2049-50 intervertis — 2049

Desus

les os fait le car entamer.

TRÊVE

sor lou braier li fait lou sanc coler. Cant

Maillefer

se sant si atorner,

97 2050 2053

aier se trait, qu’il velt a lui parler : « Vasal, » dist il, «gentis

estes et ber;

mais ne vi home qui me poist grever. Faites François aieres restorner, et Je ferai ma gent ansus ester dec’au

demain,

que

vairons

ajorner,

que nos ferons ceans un chanp cerner si qu'i n’i ait fors que nos au chapler; la conbatrons cors a cors, per a per. Se tu me pués ne vaintre ne mater, si fait ma gent en ta prison geter; et se te puis conquere n’afoler, fai moi Orenges et Guiborc delivrer. » Dist Renouars : « Bien lo voil creanter. » Lors fois plevissent, si laissent lou chapler, et Renouars va au marchis conter s’il velt la chose ansin acreanter. Cant il cuens l’ot, prist Deu a reclamer que il h laistla bataille finer. Li quens Guillaume et Rainouars li ber droit a Orenges prenent a restorner. Dame

Guibors,

qui tant

fait a loer,

20% 2056 2658 2060

2065

2073 2074.1

iert as fenestres, aval prist a garder, si voit Guillaume et Renouart lou ber ki repairoient del fort estor chanpel. «Or tost, » fait elle, « sergent et bacheler!

2062 qui. 2050 S. I. braioel — 2051 Se bien l'euist ataint a l'encontrer — 2052 Jamais n'alast allors guerre mener — 2053 demener — 2055 di. i. molt me voras grever — 2056 manque — 2057 Quar fai or çou que te vorai rouver — 2058 Quar fai ta gent ar. re. — 2059 manque — 2061 Devant Or. si fai un c. serer — 2062 Que il, si qu'il Ac ; fo. nos .ïi. a c. — 2063 comb. moi et toi p. — 2065 ge. la u voras mener — .1 p. par mon cors afiner — 2067 pl. et se vont desarmer — 2069 Se il vora la c. creanter — 2070 O le Guillaume — 2071 bat. afiner — 2072 Li quens Guillaume et Rainoars li ber — 2073-2077 manquent.

98

LE MONIAGE

Faites

errant

RAINOUART

II

la porte defermer,

si laissiés ans dan Guillaume lou ber et Renouart, qui Dex puist honorer.» Et il i corent, n’i voldrent demorer. Li cuens i entre, avoc lui son barné;

el palais montent, Lou

conte

Renouars fut par la lou desarment Sus el palais fait cil chevalier sont Cant ont mengié, Dame

si se vont desarmer.

vait la damë

Guibors

acoler;

delés un piler, dui vaillant bacheler. on l’eve corner; assis au sosper. les napes font oster.

va son

freire acoler,

molt dolcement li prent a demander : «Comment vos est? Nel me devés celer. » « Dame,

molt bien,»

«Demain contre un Se il me je li ferai

me doi par matin adouber paien, cui Dex puist mal doner. puet par son cors sol mater, Orenges delivrer

dist Renouars

lou ber.

2085 2086 2088

et vostre cors, cui ge doi tant amer. » «Sire, » dist elle, «Jhesu vos puist salver,

2090

et si vos laist lou Sarrasin mater. » De

Maillefer

vos volrai aconter,

qui ses gens fist aieres restorner. Devent sa tante les à fait assanbler, molt bellement lor a pris a mostrer : «La grant bataille demain a l’anjorner defors Orenges me covendra chapler

2095

2078 De maintenant sont as. au disner — 2079 Bien sont siervi ja n’en estuet parler — 2080 Apriés mangier font touailles o. — 2080.1 Le copiste répète ici le vers 2080 — 2084 D. m. b. Deu en doi aourer — 2085 D. au jor me verés ad. — 2086 pu. craventer — 2087 manque — 2088 pu. ne vaintre ne ma. — 2090 co. qui molt fait a loer — 2092 E. Il ; tüer — 2093 v. revorai conter — 2095 D. les loges; arester — 2096 M. hautement |. commence a m. — 2097-.1 manquent.

MAILLEFER

S’ARME

vers un Franchois cors a cors, per a per. Et se jo puis conquere ne mater, dedans Orenges me ferai coroner, Dame Guiborc a cheval traïner. » Dient paien : «Mahon vos puist salver, et vos otroit la bataille finer !» La nuit menjuent et puis vont resposer; la nuit dormirent desi a l’enjorner que Maillefer leva por lui armer.

99

2105

LXXX VII. Li soloz lieve et li jors esclara, li jors fut biaus et li soloz raia. Maillefer lieve, ses armes demanda: on li aporte puis qu’il lou commenda;

.C. en i vienent lai ou li Turs s’arma. El maistre

tref, ou

l’escharbocle

esta,

sidrent .VI. rois ; chascons se presanta an la bataille ou li François ira. Dist Maillefer ja nus ne la fera, par son cors sol lou François matera. Dient paien : « Mahons vos aidera !» Bustors des rois un petit s’aprocha, cui Maillefer

ses armes

2110

2115

commenda,

sil li aporte et si li presanta, et tout avent

blanche

ses chauces

li chausa,

la maille, de vermail point ni a.

2098 Contre u. Fr. me verés adouber — .1 Desous Orenge cors a cors per a per — 2099 S$. j. le p. vaintre n. m. — 2101 Guib. ferai — 2102 Sire font il — .] manque — 2103 man. si se v. — 2106 Biaus fu li j. et 1. sol. leva — 2107 Li vens fu gros.et la bise venta — 2108 Sarrasin lievent quant M. leva — .1 manque — 2109 Vient la ou il s’'adouba — 2111 La ot v. r. — 2112 De I. b. vers |. Fr. dela — 2113 M. d. que n. — 2114 conquerra — 2115 Sire font il — 2116 Butor del roi u. p. s’aproisma — 2117 Et M. s. ar. demanda — .1 Cil |. presente e. s. L. aporta — 2118 En bas se mist — 2119 BI. est 1. m. d. ver.enia.

100

Un

LE MONIAGE

blanc

hauberc

maintenant

RAINOUART

II

2120

andossa;

2121

d’or est la maille, uns fevres la forja.

2124.1 2125

Desor celui un autre randossa; desor ces dous un cuir boillit ferma,

d’une serpent — li paiens l’acheta — dars ne falsart ne l’anpirera ja. Et en son chief un tel chapel ferma, d’un acier fut, uns fevres lou forja. Ans el nasel une tel piere 1 a, el flun Jordain fu trovee pieç'a, s’a tel vertut con oiïr porés ja : hons qui la voie afolés ne sera, s’il pert veüs, maintenant la ravra; tant con la porte, jamais soif n’avera. Desor cel hiame un tel chapel ferma, de capadoce, que il forment ama; cil durs chapels la piere acoveta. Oëés porcoi la piere acoveta : que ne la voie a cui se conbatra; s’il iert plaés ne deça ne dela, par sa vertut maintenant garira, lors iert sanés, ja mal ne santira. Et II. grans maces a son saint pandu et .X. falsars de coi il lancera. Cant fut armés, son tinol demanda; on li aporte et il lou paumoia. Bien fut loiés, broches d’acier i a: ligier il sanble, nient ne li pesa.

il 4]

2130 À | 2132 2134 2135 2137

2140 .] [b] a,

2145 2146 2149

2128 Ce vers manque. 2120 manque — 2121 À ma. d'o. u. fevres — 2122 Ains plus n'en fist ne plus il n'en fera — 2123-26.1 manquent — 2126.2 t. hiaume f. — .3 De vert ac. un viel Juïs l'ouvra — 2127 Sus ; u. tele p. — 2128 El flun Jordain fu trovee pieç'a — 2129 T. v. a. — .1 Or ascoutés quel vertu la piere a — 2130 H. q. le porte sa force doublera — .1 Tant com le porte veüe ne perdra — 2132 Ne fain ne soit avoec sou nen av. — 2133-39 manquent — 2140 S'il a plaie de dart sa ne l'enpira — .1 ver. de mort ga. — 2141 manque — 2142 III. gr. m. a son col p. a — 2143 E. .x. grant dars — 2144-54 manquent.

MAILLEFER

Cant

fut armés,

ses homes

DEVANT

ORANGE

apela :

101 2155

« Seignor, » dist il, «traëés vos en ensa;

vés ci lou chanp o me conbatera. Gardés que nus ne se remue ja!» Desor

ses iolz chascuns

d'aus s’escria;

2158 2160

dient li : «Sire, ja nus ne se movra. » À tant s’an torne, de Mahon se saigna. Paien demorent si con lou commenda; Maillefer erre, onques ne s’arresta;

si vint au chanp ou il se conbatra, dec’a Orenges onques ne s’arresta. Can il vint la, a la porte hurta de son tinel, que an sa main porta; por un petit que lou fer n’an brisa. À sa vois grose haltement s’escria : «Ou es alés? Es tu recreüs ja ? Moie est Orenges et tout ce qu’il i a. Guibors la falce traïnee sera, que

dant

Tiebaut

d’Arable

honit

2165

2170

ait,

mar lou pansa, que chier lou conpara. Hui an cest jor guerredon en avra; ja vostre Dex aidier ne li pora.» Cil dedans l’oent, chascuns d’aus s’escria : « Vés lo jaiant venu! Or 1 para qui de cest chanp lou pris anportera. » Renouars l’ot, Damedeu an loa.

2160 d’aus manque



2162 tornent —

2175 venu manque.

2155 ar. s. paiens escria — 2156 S. d. i. a moi entendés ça — 2157 V. la I. c. u je combatrai ja — 2158 n. s’en r. — 2159 Pour nule cose que onques voie la — 2160 D. les 1. et c. s’esc. — 2161 Si. font il j. n. n. s'en m. — .1 Desi cele eure que mors u pris sera — .2 Li crestiiens que contre vous venra — 2162 At. s'en ist ; torne À — 2163 P. d. que il — 2166 Devant Or. a la porte bouta — .1 manque — 2167 m. branla — 2168 A bien pe. qu'il ne le craventa — 2169 v. clers — 2170 Vois me ci prest iés t. recreansj.— 2171 M. e. Or. e. quan quei. — 2172.1-.3 manquent — 2173 n. vous por. — 2174 C. d. crient c. halt s'esc. — 2175 venu — 2176 c. c. et mors et pris sera.

102

LE MONIAGE

Tout

ses armes

maintenant

RAINOUART

II

”),

demanda,

et li marchis molt tost li aporta.

LXXXIX. Quant Renouars a lou cri entendu, il salt en piés, s’ait Maillefer veü; armes demande, n’i a plus atandu. On li aporte un blanc hauberc menu, la maille ot blanche plus que chainse coisut, et Renouars erraiement l’a vestu; JITI. en vesti, qui sont de grant vertu,

2185

et par desore un boin clavain menu; armes tranchant de fin acier molu nel puet forfaire vaillissant un festu; el chief ot l’iame qui de dur acier fut. Sa suer li done un branc d’acier molu, la bone espee qui Challemaine fut ; Guibors li çaint, n’i a plus atandu. Elle lou baisse et sovent et menu. Il se regarde, s’ait son tineil veü; il passe

avent,

si a sa main

tandu;

lou tinel prent par molt ruiste vertut. «Marchis,» dist il, «or vien ça. Ou Priés por moi; g'irai au mescreü, conbatrai moi a force et a vertu. Requerés li lou verai roi Jhesu par sa vertu me dogne tel salu

2180

2189 2193

2194 2196 2198 2200

2201 es tu?

2203

el 2205

2177 R. l’o. Jhesu en mercia — .2 tost et isnel les ar. — 2178 apresta — 2180-81 manquent — 2183 m. est b. p. q. c. ne fu — 2184 RK. l’a isnelement v. — 2186 Par d. vest u. cl. qui lé fu — .1 Qui fu dedens a .c. plois bien cousu — 2187-93 manquent — 2194 Si ot Joiouse q. — 2195 R. prie que on li çaigne au bu — 2197 Et si li lace el cief son hiaume agu — 2199 Qui la gisoit par dalés un escu — 2200 le puig. ten. — 2202 Com se ce fust un rain d'arbre follu — 2203.1 Je sui or pres merci au roi Jhesu — 2204-5 manquent — 2206 P. s. merci m.

doinst

tele vertu.

RAINOUART

S’ARME

que ge conquiere lou paien malostru. » Cant l’ot Guillaume, si li a respondu : «Par cel Seignor qui el ciel fait vertu, je me varés lacier mon hiame agu; XX. conpaignon, que ge ai esleti, ierent o moi, lacié lor hiame agu, lés celle porte an cel bruillet ramu. Chascuns avra lou branc d’acier molu; se mestiers est, tost t’avrons secorut. » Cant Renouars ait Guillaume entandu,

103

2210

DE

or sachiés bien que molt dolant an fu; regardé l’a, si li a respondu : «Par

celle crois u Dex fu estendus,

par lou batesme

que je ai reseüt,

vos

tant hardi

n’avés

home

2220

ne menbru,

se il venoit tant que l’aie vencut, n’eüst lou cors et froisié et ronpu. »

XC. « Sire Guillaume, » dist Renouars lou ber, «si m'aïst Dex, qui tout a a salver,

irié m’avés;

2223

nel vos quier a celer!

Gardés n’i ait si hardi bacheler, ne un ne autre, ne demoine ne per,

qui lou pont ost hui cest jor avaler,



2211 elseü — 2213-14 Ces vers sont intervertis : nous rétablissons l'ordre de c 2219 P.c. foi ou Jhesu s’atandu.

2208 Quant G. a R. entendu — .1 Il le regarde se li a respondu — 2211 esleü — 2212 Venront o m. sans point d’aresteü — 2213 br. fuellu —— 2214 manque — 2215 to. serés — 2217 manque — 2218 Il se regarde se 1. — 2219 P. c. crois u Dex fu estendus — 2220 manque — 2221 Il n'i a h. — 2222 S'il i v. jusques l’uns ait v. — 2223 Que tos les os n'ait froés et r. — 2225 manque — 2226 Mari m'av. ne le q. — 2229 Q. hui c. j. os. mon cors aviler.

104

LE MONIAGE

RAINOUART

II

si cher com ait son cors au restorner. De traïsson n’i voil oïr parler! Ma foit plevi, je ne li voil falser; de cest palais me porois esgarder. » Et dist Guillaume : « Dex vos puist honorer ! Ne me movrai por la teste coper ! » «Jel vos lo bien,» dist Renouars lou ber.

2230

[d] 2233 2235

Les portes ovrent, lou pont font avaler, et cil s’an ist qui ne vost coarder;

aprés lui font la porte refermer. Et li marchis n’i vost plus demorer; il et li autre vont au quernas ester, et la duchoise por son freire esgarder; tuit prient Deu qu'il lou laisse eschaper. Et Renouars n’i vost plus demorer; vers Maillefer

commensa

2240 . 2

a aler,

qui colchiés iert por son cors reposer, sor une piere s’est alés reposer.

2245 Ni!

Orguillos

2247

iert, nel vos

quier a celer,

honques son chief ne daigna remuer; Renouart voit, ne se daigna lever.

2248 2246

Et Renoarz

2249

ne le volt endurer;

de maltalant li commence a crier : « Leve tost sus! Ne me fai aïrer, ou par la crois ou Dex laissa pener lou suen biau cors por son pueple salver, je te ferrai se me fais plus jurer, que te ferai andous les ioz voler !» 2238

La porte —

2242

prie; qui —

2249

2250 2258 2259 d 2260 à

Ce vers manque.

2230 S. c. c. j'ai mon co. a re. — .1 De la bataille sans point de demorer — 2231 D. t. ne quier — 2232 M. f. li ai pl. que n. I. v. f. — 2234 Et la bataille soufrir et endurer — 2235 Di. li marcis Jhesus v. p. sauver — 2238 A tant s'en ist les fons fait avaler : Les portes À — 2239-40 manquent —— 2241.1 E. tuit 1. au. v. as cretiaus monter — .2 E. |. contese — 2242 prient; qu'il B°, que il le puist sauver — 2244-51 manquent — 2249 Et Renoarz ne le volt endurer 4 — 2252-61 E suit l'ordre de © — 2252 Vasal dist il trop poés reposer.

ORGUEIL

DE

MAILLEFER

Maillefer

l’ot, si commence

a crier :

«Porcoi,

vasas,

lever ?»

me

dovroie

Dist Renouars : « A moi t’esteut chapler ; de la bataille vien ma foit aquiter. » Et Maillefer lo prent a faveler : «Tu sanbles bien musart a ton parler; cuides me tu vaincre ne afoler? Par Mahomet, cui ge doi aorer, s’avoies fait .XX. des mellors armer que tu poroies an ton pais trover, si fussent ci venu a moi joster, ses ocirroie ans que fust l’avesprer. Mais

or t’en va

aieres

si fai o toi armer

.XX. des plus fors que tu porras trover. Si les amoine, lors me vairas lever; bataille avront, je te di sans falser. » Renouars l’ot, lou sanc cuide desver,

mist main

au branc, qui reluissoit tant cler,

fors lou sacha, molt fist a redouter. Lors s’abaisa, si lou prist a tirer,

lés lou grenon li est alés copeir et a l’espee del menton desevrer que poil et cuir en veïssiés coper; lou sanc vermail an a fait jus coler. 2263 C. mes —

2254 2255 2257 2261

2265

restorner,

et si te fai baignier et ventoser. Se vels conbatre,

105

2270 2273

2275 [313a] 2277 2279 2280 2282 2283.1 2285

2274 porés.

2253 Or tos as armes pres est de l'avesprer — 2254 com. a parler — 2255 Diva p. — 2256 D. R. a toi m'est. parler — 2257 bat. et m. — 2260 fer. s’un poi m. f. irer — .1 fer. |. i. del cief v. — 2261 l’o. si prent a fauceler — 2262 Molt s. — 2263 C. me tu a un cop afiner — 2264 manque — 2265S. t'en av. f. .XX. O toi ar. — 2266 manque — 2267 Et fu. ci trestout pour moi grever — 2268 oc. et feroie afiner — 2269 Va t'ent ar. sans point de demorer — 2270 f. sainnier e. — 2271-76 manquent — 2274 porras cAB — 2277 l'o. del sens — 2278 Prent son tinel vers lui en vot aler — 2279 br. dont li puns ert d’or cl. — 2280 sa. m. par f. a douter — 2281 Vers lui s’abase puis 1. pr. — 2282 Ses ii. gr. et si li vet c. — 2283 Se pres li fait le fer de lui paser — 2284 v. porter — 2285

ver.

en veisciés c.

LE MONIAGE

106

RAINOUART

II

Et Maillefer prent color a müer; il salt en piés, n’i vost plus demorer ;

a ses .II. mains va son tinel cobrer par tel aïr que tout lou fait branler. Renouart voit, so prent a escrier : «Molt fus hardis cant m'’osas adeser et mes grenons esragier et tirer. Par Mahomet! Mar l’osastes panser! Ja li tiens Dex ne t’en pora tanser ! Ceste bonté te voil gueredoner de mes grenons que m'as fait sanglanter. » A Renouart en va grant cop doner desor lou hiame qu’il a fait enbarrer, et flors et pieres en fait jus craventer. Tout

par ancoste

fait son

tineil voler;

si va bruiant que ne puet arester que .Il. grans piés lou fait an terre antrer. Ou qu'il lo voit, si commence a crier : «Fil a putain, or vos covient finer !» Cant Renouars s’oi si ranponer, il tint Joiose,

forment

l’a fait branler;

2286 2288 2290

2295

2300 2304 2305

2310

sore li cort, grant cop li va doner amont el chief c’o fait enveloper d’un dur chapel por la piere garder. Si par fut durs ne lou pot anpirer; li brans

resort,

ne pot dedens

antrer.

2286-87 manquent — 2288 I. sali sus pl. n'i v. arester — 2289 t. lever — 2290 manque — 2291 R. v. si li pr. a crier — 2292 Poi me prisas qui m'os. ad. — 2293 gr. trencer et recoper — .1 A ton acier as fait le sanc voler — 2294 mar le t'osas p. — 2295 manque — 2296 À mon tinel te vorai afronter — 2297 manque — 2298 À tant li va molt ruiste c. d. — 2299 Par mi s. iaume qu'il le fist desbarer — 2300 Les boines p. — 2301 Desus l'espaule fet le tinel voler —

2302 Ne fust li fiers c'on li fist endoser — 2303 Ja mais mener — 2304 Enc. lui f. le t. couler — 2305 br. qu'il — 2307 R. v. pris h a a cr. — 2310 I. t. J. dont li brans luist sor l'iaume — 2312 Que maintenant li a fait enbarer — Mais si f. d. ne po. dedens entrer —

2314 manque.

n'alast allors guerre 2306 Bien iii. p. — cler — 2311 Amont .1 manque — 2313

LE

COMBAT

COMMENCE

Et Renouars cuide lo sanc desver, sa bone espee commensa a blamer « Brans,

qui te fist, Deu

107 2315

:

li puist mal doner!

Je ne m'en sai ne aidier ne tanser. Miolz ain tinel por un bon cop doner que

tel costel,

Deu

lo puist craventer,

2320

et qui les fait, se n’est por pain coper !»

XCI. Renouars

ot lou cuer

molt

irascu,

molt fut dolans de ce qu'il a veü. Son tinel lieve com un rain de seü: vers Maillefer s’an vait cop estandu. Par grant aïr l’an a grant cop feru sor les espaules sor le cuir qui durs fut; ne l’anpira vallisant un festu. Li cuirs fut durs, honques mioldres ne fu, et li tinés resorti par vertu com s’il eüst sor un perron feru. Maillefer salt, s’a un dart conseü en un forel c’ot a son col pandu. Il l'escoilli, en sa main l’a tenu; an lancent ait Renouart si feru ront lou hauberc, qui fut maillié menu; 2327

d’un

acier —

2334

I.

2315 c. del sens — 2316 Son branc regarde si a pris a crier — 2317 pu. craventer — 2318 De toi n. s. ferir ne capler — 2319 M. vaut tineus p. b. c. asener — .1 Qui poise avant quant vient al encontrer — 2320 Q. t. cent fier D. les — 2321 Quar il n'est boins fors pour bastons c. — 2323 Et courecié — 2324 S. t. hauce : sehu — 2325 V. M. en v. col es. — 2326 P. g. a. en a son fil fe. — 2327 esp. el cuir, sur le cuir c ; qu'il ot vestu — 2328 enp. le monté d’un f. — .1 manque — 2329 T. rebondi — 2331 Et nonpourquant le cuer a esperdu — .1 Que a genous est a tiere caüs — 2332 M. s. le cors a esperdu — .1 Et si avait un quarel conseü — 2333 À — 2334 I] le saisi, Il le coilli c4 — 2335 Et R. en feri ens el bu — 2336-37 manquent.

108

LE MONIAGE

RAINOUART

II

canqu'il ataint a devent lui rompu. Li dars genchi par lou comment Jhesu, plus de .Il. piés l’a en terre feru. Par ranpone a Renouart respondu : « Consüi t’oi, bien l’ai aperceüt! Por mon grenon, que tu m’as desronpu, ans que t’an voises, te ferai irascu. Toi, ne

ton

Deu,

ne ton

baston

costu,

2339 2341

2345

ne pris ge pas vaillissant un festu ! » Et Sarrasin ont lor seignor veü; dist l’un a l’autre : « Vez lou Franc esperdu! Par Mahomet ja lou varés vencu ! »

XCII.

Quant

Renouars

vit son sanc si raier

2350

de son costal, molt se crient d’anpirier; a ses .II. mains a haucié son levier,

2352

a Maillefer en va grant cop paier :

2354

desor

2355

ses rains

fait son

tinel glacier,

ansin bondist con desor un acier. Ansin fait cop fait molt a resognier, que .II. des cotes li a fait pesoier et d’un genoil a terre agenoillier. Paien lo voient, si prenent a huchier : «Mahomet sire, car li alés aidier !» Voit lo Guillaume 2342

li marchis

2360

a vis fier,

Consut.

2338 Li brans g. — 2339 manque — 2340 Li sans vermaus en ceurt el pré herbu — 2341-46 manquent — 2342 Consüi c — 2348 l'au. nostre enfant a vencu — 2349 P. M. or li a cier vendu — .1 Le tres grant cop qui orains fu ferus — 2350 v. son costé sainnier — 2351 Tel duel en a bien cuida esragier —

2352 m. a saisi s. 1. — 2353 manque — 2355 D. son hiaume — 2356 b. que d. un rocier — 2357 manque —

pris —

2361

|. venés aid. —

2359 E. a genous a la t. plaisier — 2360 v. s. ont

2362 V. 1. G. qui molt ot le cuer f.

COUPS

DE

TINEL

as chevaliers à pris a consaillier: « Molt lou seit bien Renouars manoier ; certes molt fait tel vasal a prisier! Qui tes cops fiert, bien doit boivre et mengier! Mar lou feïssent ans li moine dongier. » An Maillefer n’avoit que aïrier, molt fut dolant cant si se sen blecier; an piés se dresce, si commence a hucier : «Par Mahomet tu lou conparras chier ! » Dont

ait saisit son

109

2363 2365

tinel de cartier;

Renouart fiert sor son hiame d’acier que la jargonce an fist jus trabucier. Si l’estordi, Dex li dont anconbrier, a pou ne chiet par mi lou sablonier. Ancor

rehauce

Maillefer

son

levier,

que Renouart lou cuida renvoier. Li bers guenchist, que ne l’ose aprochier; li tinels chiet a la terre en l’erbier que .V. grans piés lo fait dedens fichier. Cant il nel puet del tinel domagier, o trucois prent une guivre d’acier por Renouart tüer ou domagier, par mi lou cors li volroit envoier. Il l’escoillit, puis li va anvoier que plaine paume li fait o cors baignier. Et Renouars, cant il santit l’acier, 2369 airer —

2369.1

se manque

2363 Ch. qu'il ot fait arengier —



2385

2385 I.

2364 A çaus saciés est alés plaidoier. —

.1 Signor fait il a celer nel vos quier — 2366 f. li vas. — 2367 Q. f. t. co. Jhesu li puist aidier — 2368 Dient si home Dex le gart d’encombrier — 2369 Mallefiers saut Mahon prist a hucier — .1-.3 manquent — 2370 Puis si a pris s. escu d. qua. — 2371 manque — 2373 Q]. flors et pieres — 2377 .I. cop redrece son tinel de quartier — 2378 Desus son hiaume — 2379 Mais R. n'i osa aproismier — 2380 t. el vregier — 2381 Bien iii. p. l’a f. — 2382 pu. de noient d. — 2383 D'un de ses dars li done un cop plenier — .1 manque — 2384 Que R. en voloit enpirier — 2385 Et el carnal sor le col envoier — 2386 Bien p. p. le f. dedens

ficier —

2387

ca. a sentu

l’ac.

110

LE MONIAGE

RAINOUART

II

a lui lo sache, si li cort anvoier : par mi les cuisses n’i laissa que percier

que d’autre par en pert plus d’un cartier. Et Maillefer prent lo neis a froncier, les dens estraindre,

2390 2392

et la teste a hocier;

de grant angoisse lou covint lermoier. De plain corut Renouart anbracier, si lo sosleve con un rain d’olivier; JL. tors l’a fait antor lui tornoier,

si lou tornoie que tot lo fait ploier. Li turs fut fors, parcreüs

et planier,

a dans lo mort par mi l’auberc doblier; la char li perce, lou sanc li fait raier. Et Renouars se prent a corocier : «Tu m'as quassé, Dex te donst anconbrier ! » De lui lou bote ansus sans deloier. Lou poing hauça, qu’il ot gros et planier, es dans lo fiert, lo sanc en fait raier que .IIIT. dans li a fait anlochier. Et Maillefer restraint sans desloier; si lou restraint qu'il la fait baaillier, par droite force lou fait agenoillier. Or lou gart Dex de mort et d’anconbrier. Il s’esvertue,

si se retrait aier;

et Maillefer rait saissit son levier.

2407 rest.nt

(lettre illisible) —

2408 qui.

2388 s. 1. fait env. — 2389 cu. qu'il li a fet p. — 2391 Li sans en saut l’erbe en fait rougoier — 2393 L. d. a croistre — 2394 ang. commence a |. — 2395 A — 2396 Ausi le lieve — 2397 .II. t. le torne si le fait t. — 2398 A un petit ne le fait trebucier — .1 manque — 2400 sa. fait jus glacier — 2401 pr. a eslocier — 2402-03 E suit l'ordre de c — 2402 II li escape si commence a crier — 2404 Hauce le fust — 2406 manque — 2407 E. M. l'estraint — 2408 S. l’a estraint —

2409 f. l'a f. — .1-2410 manquent — 2411 Cil li escape si se retraist arier — 2412 E. M. a repris s. |.

COMBAT

À MAINS

NUES

111

KGOTIT: Anbedui sont de bien faire an pansé; l’un requiert l’autre par vive poesté, grans cos se donent de lor tinels quarré. Ansin chaploient, je vos di par verté, con charpantier cant il sont assanblé por rolleïs faire sor un fossé cant dovent pranre o chastel o cité. Renouars

salt, s’ait son

tinel coubré;

fiert Maillefer, grant cop li a doné sor son chapel, qu’il ot el chief fermé. Tel cop li paie que tot l’a anbarré, que plaine paume a lou chief antamé. Li sans li cole sor les iolz a planté; de grant dolor a lou chief ancliné. Li Turs chancelle,

Mahomet

que tot fut estoné,

a dolcement

reclamé

:

«Mahon, » dist il, «ge t’ai molt honoré et mainte fois de fin or coroné. S’or ne m'aïes, je te di par verté ja mais an ti n’averai seürté. » Et Renouars l’an a araissoné : «Car croi an Deu lo Roi de majesté! Si te baptise,

s’averas

2425

m’amisté;

plus te donrai de terre par verté que n’ait Guillaume ne tout son parenté. » Li paiens l’ot, lou sanc

cuide

müer ;

2413 Andui s. bien d. b. f. — .2 s. fierent d. — 2414 A. bondisent jel v. — 2415 sont as. — 2417 pr. c. u fermeté — 2418 Et cil demainent ausi grant poesté — 2419 R. pase s. t. a levé — 2420.1 S. el c. qu'ens ou ch.otf. — .2T. c. l. doune : desbaré — 2422 L. s. 1. cort s. le vis — 2423 D. g. angose a |. vis enc. — .1 R. voit qu'i l’a forment navré — .2-.6 manquent — 2424 E. R. l'a dont ar. — 2425 D. reçoit crestienté — 2428 G. se il te vient a gré — 2429 l'o. si a le sa. müé.

RAINOUART

LE MONIAGE

112

Renouart

ait fierement

«Comment,

vasal!

regardé :

Tu

a pou ne m'as mort Or ves acorde,

II

m’as

et escervelé!

et tu m’as

si navré.

Cuides me tu avoir debareté? Ans que ge croie Jhesu de majesté ne an

sa mere,

dont

tu m'as

froés. » Son tinel lieve, s’a Renouart visé. Cant il lo voit, si l’a molt redouté, n’osa atandre lou cop c’ot antesé; plus de .X. piés recula ens el pré. cop,

mais

2435

ci parlé,

de mon tinel t’averai si frapé que ge t’avrai tos les menbres

Jete son

2430

si mal moné,

2438 2440

[3144]

ne l’a adesé;

devent son vis est li tinés colé.

2445

S'il l’eüst bien ataint et asené, n’a mire el mont jamais l’eüst sané;

molt fut iriés cant ne l’a assené. Une grant mace c’ot a son çaint noé prist Maillefer par vive poesté; avent

corut,

grant

cop

2450

li a doné

par mi son hiame que tot l’a anbaré. La mace poise bien un sestier de blé. L’os li brisa bien un pié mesuré; Renouars chiet, que cil l’a molt grevé.

2455

Li Turcs s’escrie cant i/ lo vit versé, et dist : « Vasal, tes Dex t'a oblié!

2457

2446 Si —

2447 mie —

2456 i.

2430 Mau cuvert a Rainoart apelé — 2431 si atorné — 2432 m'as le cief esc. — 2433 Quant vius ac. pour coi m'a. — 2434 manque — 2435 cr. en Deu d. m. — 2436 manque — 2437 ti. t'avrai si atorné — 2438 Q. t. |. men. t'en av.

dequasé — 2440 M. hauce s. ti. a levé — 2441 Et R. si — 2442 at. çou qu'il a ent. — 2443 P. d..xx. p. est reculés e. pr. — 2445-47 manquent — 2446 S'il c — 2447 Nul mire c —

2448 M. f. dolans ca. n. l’a encontré —

2451 Amont —

2452 Desus le h. a le Turc asené — 2453 mnanque — 2454 bi. plain p. — 2456 L. T. esc.; il le — 2457 Va. vos D. vos a bien oub. — 2458 manque.

ÉCHANGE

DE PROPOS

Mahons valt miolz et sa grant poesté. Croi en Mahon, s’averas m’amisté; je te menrai au roi Tiebalt l’Escler. » Renouars l’ot, si l’a molt esgardé : « Vasal, » dist il, «or t’oi bien escouté, bien ai oï ceu que tu m'as rové

que Mahon croie qui est d’or esmeré, c'on puet ansin geter par ces fossés con on feroit un vil chien efronté. Assés valt miolz Jhesu de majesté ! » Maillefer l’ot, forment l’an a pesé; por un petit ne l’a escervelé. Et Renouars a respit demandé tant que il soit un petit reposé; cil li otroie volantiers et de gré. Ansus

se trait, s’a son

113

2459 2460 2461 2463 2465

2470

2475

fust acolé;

Renouart voit, qu’il a forment grevé. De bon cuer a Renouars reclamé : « Glorios Dex, qui me feiïstes né, et ciel et terre, et lumiere et clarté, bestes, oixels, et yver et esté; Adan feis, molt l’eüs tost formé; donas li feme de molt tres grant beaté, Eve ot a non, molt fut de grant bonté.

Un fruit des arbres lor eùüs desveé Eve en manja, Adan en a doné, car li Sathans li avoit commandé.

2478 2480

2485

: [b]

2459 Mius v. Ma. que jou ai reclamé — .] Que tout ti deu molt l'ai bien esprouvé — 2460 Quar cr. Ma. tu aras m'a. — 2462 Cil te donrai mollier tout a ton gré — 2463 l'o. s. l’avoit reg. — 2464 Amont le lieve si l’a araisoné — 2465 di. i. molt — 2466-67 intervertis — 2466 Le hance m'as et le costé froé — 2468-70 manquent — 2471.1 Que Mahomet que tu m'as ci noumé — 2473 A bien p. — 2474 Mais R. un res. a rouvé — 2476 manque — 2477 tr. so. f. a acosté — 2478 q. est f. navré — 2480 Forment avoit Dameldeu r. — 2481 Biaus sire — 2482 t. e. solel e. cl. — 2483 manque — 2484 À. f. quant tu l'eüis f. — 2485 Si 1. do f. d. gr. b. — 2486 no. par vostre volenté — 2487 Le f. d'un arb. — 2488 E. e. douna a Ad. son privé — 2489 manque.

114

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Pour sou qu’il fusent en anfer anconbré, an Beliant naquis a un Noé; par ta naissance furent mis en clarté cil qui estoient en enfer anserré de l’ort anfer et de l’orde oscurté : Adan, Abel, Moÿsel, et Noé, Jonas, David, Abrahan, Josüé, et tuit li autre qui furent ti privé. Por vostre amor furent tuit desconbré. JIT. roi vos quisent par la vostre bonté; or, mire, ensans, vos i orent porté; vos lou preïstes par vostre autorité, puis en ralait chascuns an son regné. Li fel Erodes, cant il sot la verté, de vos, biau Sire, ot molt lou cuer iré;

2500

2505

il vos fist quere par trestot lo rené; li bons Josepf vos en avoit porté. Tos les anfens qu’ierent de vostre aé fist il ocire ; Innocent

sont

clamé.

.XXX. ans alas preschant crestienté o tes deciples, qui t’orent en chierté :

2510

Pieres, Andreu, et Simon, et Judé, Jehans, Matheu, Marques, et Thadeé, saint Berthemeus, saint Pol, saint Barnabé.

En Jhersalem desor

l’anese

par grant humelité entras

en

la cité.

2514 2TT

2490 Et il en furent en inf. ensieré — 2491 Pour çou prist Dex en feme humilité — 2492 E. Belleem naquistes au Noel — 2493 Nés de la virgene et de son caesté — 2494 Pour vostre nestre fu li mons es cl. — 2495.1 manque — 2496 Ad. Abrehan e. Noel — 2497 manque — 2498 q. orent boin pensé — 2499 Par v. car f. t. delivré — 2500 qui. qui molt orent b. — 2501 vo. or aporté — 2502 pa. grant au. — 2503 manque — 2504 Et dans Er. quant so. vostre

pensé — 2505 D. vostre nestre — 2506 Il envoia q. — 2507 Mais dans Joseph — .l Et dans Erodes li cuvers parjurés — 2508 Les enf. prist trestout d. — 2509 Tous les ocist — 2510 al. preecier ton rené — 2512 P. Andrius, S. e. Tadeé — 2512.1-2513 manquent — 2514 E. J. entras par verité — 2515 Et cevauças l’asne par grant cierté.

PRIÈRE

En chiés Simon,

DE

RAINOUART

preïstes vostre

osté;

115

2516

la Magdelaine, qui tant ot de bonté, vint a vos piés tandrement a plorer, et de ses lermes vos a les piés lavés. Que sage fist, bien fut gueredoné, que seu pechié l’an furent perdoné. Judas en fist une grant crualté : por .XXX. deniers t’ot au Jeüs livré.

2525

Il vos

en ont monté,

2527

par lors pechiés fustes an cruis levé et de la lance furu par lou costé. Longis n’avoit honques veü clarté : tert an ses oilz, si fut raluminé; mercit cria, tout li fut pardoné. Mort 1 soffris, biaus Rois de majesté. Un chevalier qui fut de grant bonté, Josep ot non, a Pilatre ot esté; vos cors rouva por soldeés a gré; por son servise li fustes vos doné.

2530 2532

2540

Despandit vos par bone volanté, et el sepulcre fustes par lui posé et au tier jor de mort resuscité. Vostre disciple estoient efraé; a ous venis, si les as conforté.

2545

saissirent,

2539 Demanda

si vos

2518 2520 2522

2535 [c]

p.

2516 A la maison S. t'ont amené — 2517 manque — 2518 L. Maselaine ; d. biauté — 2519 ploré — 2520 E. o s. 1. les vos avoit 1. — 2521 De basme les vos oinst par boine volenté — 2522 El fi. q. sa. tos f. g. — 2523 Quar si p. — 2524 fi de vous — 2525 Par lui en furent .xxx. d. douné — 2526 Que li Jüis i orent aporté — 2527 sa. tost v. orent m. — 2528 manque — 2529 Sus en Cauvare fustes tos amenés — 2530 En cele crois c'euistes aporté — 2531 Fustes vos mis et a bons claus claué — .1 Adont i vint Longius un hon boinseürés — 2532 Qui de la lance vous feri es costés — .1 Si que li sans en vint aval le fust plané — 2533 Ainc n’ot v. lumiere ne cl. — 2534 T. ses mains 4 s. ious si coisi la clarté — 2535 Il vous cr. m. t. — 2536 M. s. tu — 2538 rové — 2539 Vostre cors quist par boine volenté ; Vos cors rouva c — 2540 A son signor et il li a do. — 2541 manque — 2542 sep. a vostre cors po. — 2543 Au t. j. fustes — 2545 v. ses avés c.

116

LE MONIAGE

RAINOUART

II

El ciel montas o ta grant majesté. Si com c’est voirs que ge ai devissé, m'aidiés, veraies Dex, par la vostre bonté que ge conquiere cest paien parjuré que baptesme ait, an fons crestienté.

2548 2550

XCIV. Quant a Renouars et ot vers

Deu

ot sa colpe clamee

s’orisson

definee,

si se saigna de sa main halt levee. Adons saissit sa grant perche quarree, vers

Maillefer

en vint en

mi la pree,

puis si s’an vint au Turc de randonee. Li Turs lo voit, s’a la chiere levee; sa mace a prise, c’ot a son Çaint noee;

a Renouart geta par aïree. Deu lou guari et sa vertu nommee ; devent

son

vis est la mace

colee;

de l’autre part est an la terre antree. Et Renouars

li vient de randonee;

2565

de son tinel li a telle donee los li ronpit, l’espaule a desloee; an dous brisa sa grant perche quaree. Cant Maillefer ait santit la colee, 2556.1

se.

2546 En vostre ciel lasus en m.— 2547 ai ci conté — 2548 Si me dounés se il vous vient a gré — 2549 Tele viertu par vostre poesté — 2550 con. cel cuvert desfaé — 2551 Q. b. a. foit et cr. — 2552 s. raison finee — 2553 manque — 2554 Saina son cief sa ma. a h. 1. — 2555 A ii. puins prist — 2556 V. M. s'en v. — .l manque — 2558 Les ious roelle grant fierté a menee — 2559 Ainc ne fui ne ne fist arestee — 2560 Une grant ma. — .l Prist Mallefer par vive destinee — 2562 manque — 2563 passe — 2564 e. en t. volee — .1 R. tint sa grant perce quarree — 2565 Viers M. en v. — 2566 À Mallefier en douna tel colee — 2567 L. I. brisa — 2568 Sor lui br. — 2569 Li Turs s’escrie quant senti LAC

REPRISE

DU

COMBAT

a haute vois a faite s’escriee :

117

2570

«Malvais Mahon, ta loi est hui falsee ! Ne te pris mais une pome paree. » Vers Renouart s’an cort gole baee;

del poing c’ot gros a force recouvree; ens ens la chiere, qu’il avoit coloree, fiert Renouart, la char a antamee

si c’an vola li sans a randonee que la ventaille a toute ansanglantee. Renouars mist jus la perche quarree; as poins lou prent ; done li tel colee que il li a la joe desevree.

2575 Ai

2580 [d]

XIVe laissier.

2582

Si fort l’estraint qu'il ne lou vost laier et que par force l’esteut agenoillier;

Renouars

tint son

2583 2585

o vuelle

ou

non,

fil, nel vost

l’a fait jus trabuchier.

Si lou saissit par son hiame d’acier; fors li esrage, les las fait peçoier. Del pont del branc lou commence a maillier, par mi la coife li fait lou sanc raier. Cant

Maillefer

vers Renouart « Frans

se sant

2588 2590

si martirier,

prent a humelier

hons, » dist il, « mercit

:

>:

te voil prier,

2583 qui. 2570 vo. et clere est esc. — 2571 M. M. vostre |. e. f. — 2572 pr. tous — 257374 manquent — 2575 que il ot co. — 2575.1 car li a quasee — 2576 Del nés li vole de s. grant ran. — 2577 manque — 2578 Raïinoars giete sa grant p. q. — 2580 Q. ia senestre joe li avoit desnoee — 2582 R. t. le Turc —- 2583 si le tint fort qu’il ne se pot aidier; ce vers est écrit deux fois de suite — 2584-87 manquent — 2588 depecier — .1 De lui le boute si le fait trebucier — 2589 Mait main au branc si le prent a sacier — 2590 D. puig d. b. le fiert el hanepier — 259] Par le costé — 2592 damagier — .l manque.

LE MONIAGE

118

RAINOUART

II

que an ta loi me faites batisier! Je croi celui qui se laissa drecier an sainte cruis por lou pople avoier. » Renouars

2595

l’ot, n’i ot qu'’esleescier,

et de pitié commence

a lermoier.

Lors lou dresa, sel prent a araisnier : « Volés, amis, vostre cors batisier ?»

«Oil, » dist il, «por Deu lou vos requier. » Et Renouars prist Deu a gracier : «Con avés non?» dist Renouars lou fier. Dist Maillefer : «Ja celler nel vos quier : paien m'’apellent Maillefer lou guerrier. Ne sai dont suis, ja nel vos quier noier, mais on me dist, non iere mansongier,

que cant de moi dut ma de moi Deu en

mere

2605

acolchier,

l’estut ovrir et entaillier; ait l’arme, qui tout a a baillier.

Cant fui petit et ge dui alaitier, si m'en anblerent Sarrasin pautonier; presantés fui Desramé lou guerrier. Norir me fist et molt bien ansaignier; ses niés estoie, mervailies

m’avoit

2610

chier.

Ça fui ge neis, por sou ving challongier et Porpaillart et trestout lou gravier; fut a mon pere, Renouart lou guerrier.

2614 2616

Mors est pieç’a, Dex en ait l’arme el ciel; on l’apeloit Renouart lou guerrier, 2603 guerrer —

2618 clel.

2594 Fai moi t. 1. lever et b. — 2595 J. c. en Deu — 2596 cr. p. son p. drecier — 2597 KR. l’ot si prent a apaier — 2598 manque — .1 Devant lui vint — .3 O. biaus sire Je vous en voel proier — 2599.1 I] li demande sans point de delaier — 2601 C. av. n. nel me devés noier — 2602 Jel vous dirai dist il sans atargier — 2604 do. s. se Dex me puist aidier — 2605 di nel vous quier a noier — 2606 Quar q. ma me. dut de moi ac. — 2607 l'es. et o. et tallier — 2608 manque — 2609 pet. que — 2610 Enbler me fisent S. p. — 2611 P. f. roi Tiebalt I. g. — 2612-13 intervertis — 2612 Garder me fist norir et presignier — 2613.1 Quant je fui grans si me fist chevalier — 2614 Ensi f. n. — 2617 Qui f. m. p. que j'oi tiesmognier — 2618-19 intervertis — 2618 p. a molt grant enconbrier.

RAINOUART

RETROUVE

SON

FILS

maint Sarrasin a fait mort trabuchier. » Renouars l’ot; lo sanc cuide changier, car c’est ses filz, bien l’ot a l’acointier; d’un poing a l’autre se commence a maillier de son chief oste son hiame de cartier, les las de soie commence a esragier.

Tant dolcement lou cors,

,

lo prent a enbracier,

lo vis, li commence

a baissier;

puis li a dit : « Anfes, je t’ai molt chier, tes peires suis, an moi n’a c’aïrier. Fils, je t’ai mort par mon grant anconbrier ! Terre, car ovre! Si me fai ans glacier !» Lors chiet pasmés Renouars a vis fier. Cant

se redresce,

ses pames

2630

si se prent a maillier,

batre et ses chavos sachier.

S'il fut dolant,

nus

n’an

doit mervaillier.

2635

XCVI. Or a grant deul dan Renouars lou ber. Cant son enfent a pris a ravisser, cant il li voit lou sanc si randoner, tel deul en a lou sanc cuide desver. Son enfent prent forment a regreter : « Beas fils, » dist il, «or devroie desver !» Tout an plorent, lou prent a acoler ; de la dolor recommence a pasmer. Au redrecier se prent a escrier : « Las! moi chateis! comment porai durer?

2638.1

2620 manque — 2622 R. l'o. del sens — 2623 Il ert — 2624 manque — 2625 os. le vert hi. d’acier — 2626 manque — 2627 Quant il le vit sel coru enb. — 2628 Les ious la bouce — 2629 di erraument sans targier — 2631 Mais — .1 manque — 2632 À tiere ciet si prent a larmoier — 2633 red. si commence a crier — 2634 S.puis detordre s. c. erragier — 2635 dol. ne l’estuet demander ; E commence une nouvelle laisse — 2636.3 manquent — 2637 pr. errant — 2638 con dev. d. — .1-.10 manquent.

120

LE MONIAGE

Las! moi dolans!

RAINOUART

II

ou porai ge aler?

5

Terre, car ouvre! lai moi dedens antrer! Las! moi pechieres, on me dovroit tüer, ardoir en feu ou an terre bouter,

cant g’é la riens que ge doi plus amer a mes .II. mains ocis et afolé!» Maillefer

.10

l’ot, lou chief prent a lever;

2639

son pere esgarde, si commence a plorer, a son poir lou prent a conforter : «Peire, » dist il, «por Deu laissiés ester! Mais ge suis cil qui dolor doit moner! Qui fiert son pere, Deu nel vost pardoner s’il ne se fait errant lou poing coper. Puis que ci estes, por Deu

vos

voil rover

2640 al

:

prenés cel branc que ge voi la ester, et se me faites lou poing del bras voler dont vos ai fait lou bras ansanglanter. Repentens suis; s’an irai outre mer deschalz en langes, sans chauce et sans soler. » Dist Renouars : « Bias filz, laissiés ester; ce ne feroie por la teste coper. » Lors s’abaissa por son fil desarmer; l’iaime, l’auberc li commence a oster, et sa chemise

|

2645

[b]

a pris a desirer,

son bras li a et ses plaies bandé.

2655

Li marchis est apuiés au piler, lés lui Guibors,

qui molt

fait a loer,

et chevaliers, que ge ne sai nommeir; 2638.10 afoler — de cE.

2648-49 Ces vers sont intervertis : nous rétablissons l'ordre

2639 Et M. — 2640 Si come peut commença a parler — .1 manque — 2642 Je doi plorer et grant duel demener — 2644.1 P. k'iés mes peres je le te v. r. — 2646 E. s. m'en f. 1. p. d. bu sevrer — 2647 fa. le cors ens. — 2648 R. s. aler voel 0. — 2649 D. e. legnes por m'ame raqueter — 2651 Je nel f. p. les menbres co. — 2652 Il s'ab. p. s. vis des. — 2653 L'i et — 2654 De s. c. prent les pans a oster — 2655 Les b. li lie qu'il li fist desnoer — 2656 L. m. fu lasus a un pi. — 2657 manque.

ÉMOTION

DE GUIBOURC

au conte vienent, prenent li a mostrer : «Sire, » font il, «or poés esgarder; si grant mervaille ans n’oïtes sa per! Vés Renouart son grant deul demoner, ses paumes batre et ses chavos tirer, ceu Sarrasin baissier et acoler. » « Deus, » dist Guillaume, « que ne sai que panser. Je 1 alasse, mais

2660

2664 2666

ne m'’os parjurer;

et Renouars me fist acreanter que n'1iroie; por sou ni os aler. Dame Guibors en covenra panser. » Celle respont : «Je nel vos quier vaer.» Del haut palais se prent a avaler, dec’a son frere ne se volt arester. Cant el le vit si forment doloser, « Freire, » dist elle, «que avés a plorer? Quel deul est sou que te voi demoner? Apartient vos nient cil bacheler ?» Dist Renouars : «Oïl, par saint Omer ; vostre niés est et Guillaume lou ber. Ce est mes filz, bien an doi doloser; filz Aelis, qui tant ot lo vis cler. Alés aier, faites Guillaume armer, et tos ses homes faites o lui moner, ces Sarrasins alons tos descoper. 2659 moster —

21

2666 pansé —

1 2670

2675

ha|

2680

2670 respons.

2659 Vienent entor ;mostrer — 2661 mer. onques ne vi s. p.— 2662 V.r.si — 2663 S. puins detordre — 2664 Le Turc sovent b. — 2665 É de ses dras ses plaies rebender — 2666 Dist li marcis molt me fait trespenser — 2667-68.1 manquent — 2669 D.G. vous i covient aler — .1 Que pas n'irai je li ai creanter — .2 Ne jou ne hom que j'en puise esgarder — 2670 Ele respont n'i a que demorer — 2671 Au postic vient le pont fait av. — 2673 Q. ele v. si commence a crier — 2674 Dist Guibors sire qu’avés a dementer — 2675 Q. d. e. ore nel me devés celer — 2676 Apartient (deux lettres indéchiffrables) v. cil que la voi ester — 2677 D. R. foi que doi 5.0. — 2678 Il est vos n.molt le devés amer — I Et ; b. le puis afier — 2679 Fille A. — .1 Mais or alés dame sans demorer — 2680 Tos au marcis et sel fa. arm. — 2681 Ses chevaliers fa. o 1. monter.

122

LE

MONIAGE

RAINOUART

II

La mort mon fil lor voil gueredoner ! » Guibors respont : «Bien fait a creanter. » Lors s’an torna, a Deu l’a commendé ; dedens Orenges s’an reprent a aller, Guillaume a pris errant a apeler : «Oés, Guillaume, » dist Guibors a vis cler, «ce est mes niés que ge voi la ester, filz Aeelis et Renouart lou ber. Armés vos tost! Faites vos gent armer ! Ces Sarrasins alés tost descoper !» Dist li marchis : « Mervailles oi conter. » Puis lor a dit : « Baron, or del armer ! » An Gloriete ont fait un cor soner. Dont veissiés ces haubers andoser, hiames lacier et chevaus anseler;

les portes font ovrir et defermer. Tuit s’an issirent por paiens ancontrer, et li marchis les vait devent guïer. La veïssiés ces chevaux randoner; vers Renouart tancent d’esperoner. Et Sarrasin

les prenent

2687 2690

[c] 2695 21 2696 2698 2699 2701

2705

a viser,

dist l’un a l’autre : «Qui puet son cors tanser Mahomet doit gracier et loer. No sire est mors; n’i poons recovrer. Pensons de nos garentir et tanser; molt avons gent, ce poons esgarder.

2694 Cest —

2685

2710 2711

2706 R.

2683 fi. l. ferai conperer — 2684 bi. le voel cr. — 2685 Dame Guibors vet Guillaume conter — 2686 D. Or. prent tantos a al. — 2687 manque — 2688 Il n'i remeint ne siergant ne baceler — 2689 Qui tost ne viegnent noveles demander — 2690 Hé marcis sire — 2691 n. li gaians d'outre mer — 2694 Ces S. faites — 2695 Et dist Guillaume amis or del haster — 2695.1 manque — 2696 E. G. faites — 2697 Ains puis François ne s’i vot arester — 2700 Monter es sieles et ces espius branler — 2701-04 manquent — 2705 V. R. pensent de randoner — 2706 Quant KR. les voient aproismer (voir note) — 2707 sauver — 2709 mo. nel — 2710 P. des cors — 2711 Plus av. g. que il ne sont asés — 2712 Se vous volés alons i asanler.

SORTIE

DES

FRANÇAIS

Se nos fuions, je vos di sans falser, ociront nos, n’en poons eschaper; et ses poons ronpre et desbareter, les murs d'Orenge feromes jus verser, Dame Guiborc a chevas traïner. » .C. cors sonerent por lor gent aüner, et nos François vinrent sans demorer; Turs esperonent, qui volent asanbler.

123 2713 215

2720

La veïssiés tant ruistes cos doner, tant piés, tant poins, tante testes voler,

et tant paien morir et jus verser, chevas foiïr, lor renes traïner, et lo marchis

2725

tant ruiste cos doner,

ces Sarrasins ocire et afoler.

XCVII. Grant fust l’estor et fors li chapleïs. Moit 1 fiert bien Guillaume lou marchis; cui il consiut,

bien est de la mort

fis.

Et cil cheval fuient par ces larris; des mors i fut grans li abateïs. Et li marchis point lou cheval de pris, un amiralt ferit an mi lo pis; mort l’abati, s’est aiere guenchis. 2724

2730 2733 2735 2736 2739

remes.

2713 S. n. fuscons jel — 2714 Ocis serons — 2716 L. m. fer. d'Or. cravanter — 2718 ralier — 2720 Tuit esp. prendent soi a haster — 2722 coper — 2723 pa. a tiers revierser — 2724 C. par cans tous estraier aler; regnes c — 2725 manque — 2727 est. e. fiers — 2730-31 manquent — 2732 La veïsciés tant mal paien ocis — 2734 François et Turs i ot granment ocis — 2735 L. m. p. |. bon c. — 2736 am. fiert des gens ert de Persis — 2737 Desor son hiaume qui fut a or brunis — 2738 Couler li fist outre par mi le pis — 2739 Li bers Guillaume est

à.

124

LE MONIAGE

RAINOUART

II

«Monjoie ! » escrie, «chevalier saint Denis ! » Et se rescrie : « Ferés sor ces chaïitis ! » Demie lue ont les Turs resortis; a l’estandart les ont aieres mis. La se rasanblent les gens a l’Andecris; as ars turcois et as espiés brunis ont de nos gens ocis .LX. et .VI. Testes,

2742 2740 [d] 2743 2745

orailles, et bras et poins et pis

volent et versent par chans et par larris; corent li rus do sanc as Arabis. Es vos venir Guillaume lou marchis sor lou destrier, et tint lo branc forbis; qui il consiut, bien est de la mort fis. A l’estandart est venus li marchis,

2750 x732

a .Il. mains tint lou branc qui est forbis, lou tref an cope qui fut au pré assis; l’estandart verse et paien sont guenchis. Desor Guillaume fut grans li fereiïs; espiés et dars li lancent a estris; desos Guillaume ont son cheval ocis. Li cuens salt sus comme pros et hardis, l’escut enbrace et met devent son pis; bien se defant, grant fut li chapleïs. Es vos venir .X. chevaliers de pris

2758

2747

Ce vers manque



2754 2756

2760

2765 1

2754 Que.

2741 manque ; E suit l'ordre de c — 2742 Adont esc. Monj. s. D. — 2740 Sa gens escrie — 2741 Confondé les de ces boins brans forbis — 2743 Plus d'une arcie — 2744 est. se sont — 2745 L. s. ralient les cevaus ont guencis — 2746 fausars br. — 2747 Ont de nos gens ocis .LX. et .VI. — 2748 T. et bras et espaules e. p. — 2749 V. es cans des mors et des ocis — 2750 Li rius i ceurt contreval le lairis — 2751 Ja i euist des François mors et pris — 2752 Mais li marcis qui est preus et hardis — 2753 Tint en son puig le br. d’acier fo. — 2754 Cui il ataint ne puet estre garis — 2755 Si con il va a les rens departis — 2756 est. u l’escarboucle asis — 2757 La est venus con hom maltalentis — 2758-59 intervertis — 2758 A ses .ii. ma. d’un boin br. coleïs — 2759 Le mast copa u l’escarboncle asis — 2760 Il versa jus es vous paiens g. — 2761 hurteïs — 2762 D'es. de d. l’ont ens le cor malmis — 2763 D. lui o. a. bon c. — 2764 su. com home grains et maris — 2766 A tant és v. les ch.

EXPLOITS

DE GUILLAUME

de la maisnie Guillaume lou marchis : Gautiers de Termes, si fut Gerars et Guis; si com il vont font les rens departis, vienent au conte qui bien iert antrepris; cheval li rendent, et il est sus saillis. Il esperone lou bon cheval de pris. La veiïssiés un grant charpenteïs de ces espees sor ces escus voltis; d’une grant lue en oïst on lou cris : hi pui, H val, li mont

125

2768 2770

2773 2775

et li larris

an retentissent des cos del chapleïs.

2779

XCVIII. Grant fut l’estor, bien fait a remanbrer ; molt i fiert bien Guillaumes a vis cler,

2781

Gautiers de Termes, qui molt fait a loer. La oïssiés Monjoië escrier,

I

et ces chevas

lor renes

traïner,

do sanc des cors la terre ancolorer. Paien ne puent plus l’estor andurer : n’ont pas seignor qui les puisse salver. Tornent lor dos, plus ne puent durer, et Frans aprés, qui nes puent amer, .XL. an firent a terre craventer.

2785 2786 2788 2790 [3164] 2792

2788 puissent. 2768 G. d. T. Guibers et Guielins — 2769 Hue et Bernart Gautier de saint Denis — 2770 S. comme v. ont — 2771 Au marcis v. qui estoit ent. — 2772 C. 1. done li quens li est sa. — 2773 .xxx. piés saut — 2775 L. oïsiés ferir sor Arrabis — 2776 As brans d'acier s. les — 2777 I. e. est |. cr. oïs — 2778 manque — 2779 De lor c. grans bondisent li lairis — 2782 b. li marcis au cort nés — .1 manque — 2783 L. veïsciés ensegnes sec. — 2784 manque — 2785 La veïsciés le sa. as rius couler — 2787 N'est pas mervelle bien le vous os conter — 2788 Qu'i n'o.s. q. |. puise tenser — 2789 Asés en sont plus legier a mater — 2790 do. pour lor vies sauver — .1 Prendent lor voie contremont vers la mer — 2791 François ap. — 2792 .L. mile en ont fait cr.

126

LE MONIAGE

RAINOUART

II

.M. en i ot qui merci vont crier. Et li marchis

les commande

a moner,

2800

et siut les Turs cui Dex puist mal doner; au branc d’acier lor fait les chiés voler. Ans n’i remaint un sol a descoper que li cuens n’ait trestout fait descoper. Lors restornerent cant vint a l’avesprer : cil dedens font la porte defermer, et chars et bestes

font la dedens

2802 2803 2806 2807 2820

moner.

Orenge fut bien garnie au sosper. Guibors desend del palais principer contre

Guillaume,

et tos ansanble

qui tant fait a loer,

2826.1

oster.

2830

mander,

2833

et il i vindrent sans plus de demorer. Il lor a pris bellement a mostrer que de bias dras se facent conraier, et prestre et clarc se facent atorner, les saintueres facent avent porter.

2835 2837 2845 2838

Et li marchis

vont lor armes

2823 2825

fait ses homes

2835 I. 2793 Si qu'il en font a la terre escroler — 2794 Que le cler jor en font anublier — 2795 Grans fu l’estors pas ne fait a celer — 2796 Ceval estancent commencent

a sûer — 2797 Et no François les vont as mains conbrer —

2798

M. en ont pris si les font desarmer — 2799 Et de lor renes lor font lor cos noer — 2802 pu. craventer — 2803 oster — 2804 la oïsiés Mahomet escrier — 2805 Petit lor vaut tous les covint finer — 2806 N'en i re. ; desmenbrer — 2807 Q. 1. marcis n’est tous f. d. — 2808-19 Texte de E Ariere vont pres fu de l’avesprer — Qui vot ricoises, asés en pot porter — Onques si [sic] ot si povre baceler — N'euist mulés et cevaus d’outre mer — L’estendart font dedens un car mener — Les pavillons sor les somiers torser — Puis s’en tornerent et pensent de l’aler — Çaus qu'il consivent, il les en font mener — Et li marcis vont deriere pour garder — Le grant tresor qu'il ot fet conquester — Une grant liue, qui vosist ascouter — Peuist oïr les caretés heler — 2820 Vient a Orenge encontre l'av. — 2821-23 manquent — 2824 Trestuit s'en iscent qu'il les vont esgarder — 2826 .C. dames vont apriés lui pour fester — 2827 Ele le voit si le ceurt acoler — 2828 Deslace l’iaume lait le ventaille aler — 2829 manque

— 2830 Et puis li font le bon auberc o. — 2831 As osteus v. pour lor cors deporter — 2832 Et li marcis font un gresle soner — 2833 En son palais — 2834 vi. ne l’oserent veer — 2836 Signor fait il je vous voel commander — 2837 Q. d. vos dr. vous faites atorner — 2845 f. conreer ; ce vers est répété.

VICTOIRE Dont

veïssiés chasubles

DES FRANÇAIS

andosser,

crois et reliques et cierges anbraser; bellement vont, si prenent a chanter. Et li marchis, qui Dex puist honorer, aprés les clers fait les barons aler. Cant issent fors, la cloche font soner; dec’as barons ne vellent arester. Son fil ot fait Rainuars acliner, sour ses jenous le tint mout bien li ber. Et li marchis commença a crier : «Cil Deu de glore, qui tout a a salver, vos puist andous garentir et tanser. » Et Renouars prist lou chief a lever, lou chief son fil fist un poi soslever; entre ses bras lou mist por reposer. La grant dolor lou fait sovent pasmer. Guillaume esgarde, sel prent a apeler :

127 2846

2850 2852

2855 2857

2860 2861.1 .3

«Vés ci mon fil, que tant puis desirer, filz Aelis, vostre niece a vis cler,

més mes pichiés lo m’a fait afoler. Faites lou tost en Orenge porter; la lou ferons as mires resaner. » Dist li marchis : «Ce fait bien a loer. » 2854 Ce vers manque —

2865

2868

2855 Qui fait son fil sor ses genos ester ; v. Notes.

2839-45 Texte de E N'i remegne hom pour les menbres coper — Rainoart voel et son fil amener — En cest palais çaiens pour deporter — Li mire i soient pour lor plaies saner — Sire, font il, bien soit a creanter — A lor osteus s’en vont lor cors parer — Et priestre et clerc se revont a torner — 2846 v. casures end. — 2847 rel. font li clergiés porter — 2849 q. tant fait a loer — 2851 Et Guibors a les dames a guier — 2853 Jusqu'’a son frere n’i vorent ar. — 2854 manque — 2854-55 Texte de c (v. Notes) — 2855 Et si l'ont fait sor ses genous lever — 2856 Mais que ses plaies ne finent de saner — 2859 V. p. vo cors — 2861 Des ious del cief commença a plorer — .1 Le ciel [sic] s. f. f. un petit le. — 2 br. |. prist a rep. — .3 dol. li — 2862 G. es. si commence a parler — .1 Sire Guillaume pour le cors saint Omer — 2863 fi. ne fet mie a celer — 2864 F. A. o le viaire cl. — 2865 Mais grans p. — 2866 a Or. — 2867 L. |. ferai — 2868 mar. bien fa. a creanter — 2869 Il pase avant qu'il le vot esgarder.

128

L'iame

LE MONIAGE

RAINOUART

II

li oste, se prist a esgarder,

et lou chapel

desor

a fait oster ;

[b] 2870 2873

la piere i voit qui tant reluisoit cler. Il n’est el monde ons qui soit tant navré que s’il la puet veoir ne esgarder, que maintenant ne prene a repasser.

2876 2878 se|

Li cuens

2880

l’esgarde,

color prent

a muüer;

a Renouart s’an acort por mostrer. Cant il la vit, sains fut comme un sangler.

XGIX: Renouars fut molt liés cant a veü la riche piere qui fut de tel vertu; Deu et sa mere en a randu salu. Voit lou Guillaume, onques si liés ne fut cant par la piere avoit santé eü. Renouars l’ait tout maintenant tandu a Maillefer son fil qui lés lui fut. Cil l’esgarda,

en sa main

l’a tenu;

a ses grans plaies, a ses bras c’ot ronpu, la met et touche a sa main nu a nu. Tos sains devint par lou comment Jhesu. Il salt an piés, s’ait Guillaume veü, si lou baissa et sovent et menu.

2884 2888 2890 2892 . 2893

2895

2870 L'i. del cief li est alés oster — 2873 manque — 2874 Le cuir bouli pour le plaie esgarder — 2875 Guillaume l’oste si le fait desevrer — 2876 L. p. v. — 2878 N'est nus malades si le puet esgarder — .1 manque — 2879 pr. a resaner — 2880 Et dans Guillaume prist co. a m.— 2881 A KR. ala pour le mo. — 2882 Toutes ses plaies commence a resaner — 2883 li. de çou qu'il ot v. — 2884 L. p. lait q. a si grant v. — 2885 N'alisiés mie un pas el pré herbu — 2886 Quant fu tous sains et nul mal n'a sentu — 2887 A tant saut n'i a plus atendu — 2888 me. rent graces et sa. — 2889 Et v. G. ains més s. l. — 2890 Que — 2891 Ne le

rendist por .m. mars d'or molu — 2892 Et Rainoars l'a Mallefier rendu — .1 manque — 2893 I] le regarde si a santé eù — 2894 Ne cuidoit pas qu'ele euist tel vertu — 2895 A s. costés a s. br. c'ot vestu — 2896 La t. et m. si a santé eù — 2899 Les ious li baise

MAILLEFER

«Sire, » fait il, «venus

GUÉRI

suis a salu!

Bone est la piere, ans mais telle ne fu!»

129

2900

2901

Ge Quant Renouars santi qu’il fut sanés, et Maillefer, grant joie en a moné, lou bon marchis en a araisoné : «Sire, alons ant, trop avons demoré. » Et dist Guillaume : « Volantiers et de gré. » Droit a Orenges se sont acheminé, au palais sont commiunement antré, as cors d'ivoire ait on l’eve corné. Cant ont lavé, mangier sont alé, et cant fut tens, se sont colchié alé. La nuit dormirent desi a l’anjorné;

2905

2910 2912 2919 2920

par lou palais se sont trestuit levé. Et Renouars est a son fil alé, et li marchis, si l’ont araissoné.

2925

Dist Mallefiers : « Or oïés mon pensé : jo voroie estre an

fons regeneré,

d’oile et de cresme baptisié et levé. Dist li marchis : « Dex an soit aoré!» Son chapelain a li cuens apelé : « Faites es fons porter eve a planté. » Et il si fait, n’i vost plus demorer. Li cuens Guillaume à Gautier apelé, et tos les autres a avoc lui moné. Au

mostier

2900 font —

vont,

la se sont arresté,

2926 Ce vers manque —

2929 2932 [c] 2934 2940 2941 2942.1

2927 S'il volroit.

2900 S. dist Ec — 2901 pi. onques miudre n. f. — 2902 Gardés le bien molt est de grant vertu — 2903 La piere prent qui ert en l’iaume agu — 2904 Guiborc le balle el receü:— 290$ Q. Rainoars se sen. si navré — 2906 j. ont demené — 2909.1-3169.1 Pour le texte de E, voir App. HI.

130

et Maillefer

LE MONIAGE

RAINOUART

II

ont a fons amoné;

si ait illoc resut crestienté. Mais lou suen non ne li ont remüé, Maillefer l’ont con devent apelé. Et Renouars a Guillaume apelé : «Vés ci mon fil que Dex m’a amené; doner li voil trestoute m'’arité. Otriés li devent tot vos barné. » Et dist Guillaume : « Volantiers et de gré. » Par une verge li a trestot livré : «Tenés bias niés, Dex vos croise bonté. » Et Maillefer l’an est as piés alé, et li cuens l’en a sus relevé. El palais vont, illoc se sont diné, et Guillaume a Renouart apelé : « Venés avent, si oés mon pansé : j'ai une niece qui molt a de beauté; un mariage en faisons de par Dé. » Dist Renouars : «Or soit mes filz mandé. » Es Maillefer qui monte les degrés, et Renouars li a dit et mostré si con Guillaume l’a dit et devisé. Dist Maillefer : « Peire, a vostre gré ferai del tout, mar i avra douté. » Et la pucelle a Guillaume mandé, plus est vermaille que n’est rose en esté; Guillaumes a son destre bras cobré. Maillefer voit, si l’a araisoné : «Vés ci ma niece qui tant a de beauté; recevés la et toute l’arité. »

Dist Maillefer

: « Volantiers et de gré. »

Il la resut, aus piés l’an est alé. Tout maintenant les ait on atorné.

Après la messe 2976 Et —

s’an sont tuit restorné.

2998 I.

MARIAGE

DE

MAILLEFER

Grans sont les noces, molt i ot richeté; assés i ot despandu et doné. Li baron ont lo congié demandé, si s’an revait chascuns an son rené. Li cuens

Guillaume,

qui tant a de bonté,

congié lor done, s’a tendrement ploré. Et Renouars a an son cuer pansé qu’il revairoit volantiers son abé; lo marchis a dolcement apelé : «Sire, » dist il,

«or oës mon

pansé

131 3026 ‘1 3044 [d] 3047 11 FL 3069 3070

:

seans ai ge longement demoré, et Maillefer a fait vos volante; Deu lo vos mire, vos l’avés marié. Je m'en rirai, beas sire, par vos gré,

3075

an m'abaïe ou ge ai tant esté. Grant paors ai ne soient afamé li mien confrere, que jou ai tant amé.» Guillaume l’ot, s’a del cuer sospiré : « Sire,» dist il, «or oés mon pansé;

car remanés, je vos en savrai gré. » Dist Renouars : « Trop avés mal pansé! Ne demoroie por un meu d’or conblé : ans m'en irai, Car trop ai meserré. » À departir ont grand deul demoné, tout an plorent l’ont a Deu commendé.

CL Des or s’an va dan Renouars lo ber. De ses jorneies ne savroie aconter; tant se pena de durement errer qu'il vint a Bride ancontre un avesprer. 3079 Ce vers manque ; texte de c.

3079 3081

132

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Vint a la porte, si commence a crier : « Frere, » dist il, «lai moi leans antrer. Li moines suis que poés tant amer, qui l’avoir fist au covent presanter, dont les paiens fist noer en la mer. Oeuvre la porte sans plus de demorer !» Li portiers

l’ot, si commence

a tranbler;

bien lou conut a son tinel lever. Corant s’an va a dans abés paler : « Sire, » fait il, «faites moi escouter : de vostre moine sai novelles conter qui s’an alait o Guillaume lou ber; il est la fors, Deu lou puist craventer !» Ot lou li abes, lou sanc cuide desver! « Amis, » dist l’abe, « mar

l’i lairés antrer !

Serre la porte! Fai lo verrail coler !» Dist il covens : « Deu vos puist honorer, car s’il 1 entre, n’i porons més durer !» Et li portiers s’i prent a restorner; vient a la porte, si la corut fermer. Cant Renouars vit lou potis serrer, bien poëés croire n’ot an lui c’aïrer; a haute vois commença a crier : «Fil a putain! Lai moi leans antrer ! » Et li portiers lou prent a ranponer : «Li vis diable vos puisse ramener ! » Renouars l’ot, lou sanc cuide desver, molt fut dolant, n’ot an lui c’aïrer.

De son pié destre va lou postis hurter de si grant force, bien lou puis afier, que lou maistre huis fait en pieces voler. Et li portiers vost an fuis torner, mais trop tart fut, ce li fist anconbrier, car li fleaus lou hurte au paraler 3117.2 més manque.

3107

3110

2 3114 3116

J [317a] .2

RETOUR

À L'ABBAYE

133

si qu'il li fist andous les iolz voler. Et Renouars n’i volt plus demorer; vient en l’anclostre sans plus de demorer. Li covens

iert tos assis au disner,

de pois au lart se devoient conraer.

5135

CIa. Renouars est en l’anclostre venus, del covent fut molt bien reconeüs;

3136

an fuie tornent, n’oserent mangier plus. Et Renouars ne fut mie esperdus, labet conut as dras qu'il ot vestus. Une escuelle des pois qu'il a veüs prist Renouars, n’i est plus arestus.

CID. Quant Renouars a veü dant abé, prist l’escuelle des pois c’on ot conblé; l’abeit en fiert, molt

l’a bien avisé,

que lou visage li a tout eschaudé. Dist Renouars : «Or ai ge bien visé! Ja n’i avra ne moins ne abé ne soient tuit ans vespre anprisOné; mar i esturent contre ma volanté. Ancui seront malement ostelé!

Et li priors a molt mal oiselé; ansois demain

l’arai tot demanbré ! »

«Sire,» dist l’abe, « merci por l’amor Dé! Amande avrés a vostre volanté. N'i avra moine tant hardi ne osé

3140

134

LE MONIAGE

RAINOUART

II

que ne vos serve volantiers et de gré, et a mengier arés a grant planté. Priors serés, se il vos vient a gré.» Dist Renouars : «Or soient tuit mandé et devent moi soient amoné, et cist covent me soient afié; pardonrai lor volantiers et de gré. » Et dist li abes : «Dex vos an sache grei. » Li abes a tout lou covent mandé, a Renouart an sont as piés alé. Son maltalant a illoc pardoné, confreire sont et bon ami clamé; assés manjue et boivé a planté. Et Renouars, qui Dex tigne an bonté, fut en l’anclostre par bone volanté et servi Deu volantiers et de gré. Li moine l’ont servi et honoré; plus lou servirent que il ne l’ont amé.

3160

.10

CIC

5

Seignor, oés pour Deu et escoutés bone

chanson,

s’antendre

la volés

:

de Renouart c’an l’anclostre est remeis, et de l’abet qu'est traïtres provés. De Renouart s’est forment porpansés comment 1l soit honis et vergondés por sou qu'il fait leans ses volanté, qu'il ne les doute .II. deniers monaés. Dolant en est et forment aïrés, vers Renouart est molt ses cuers

et por ice que il fut eschaudés 3161.9 boivent —

3161.22

Qui.

.20

anflés;

25

COMPLOT

DES

MOINES

de l’escuelle des pois, qui fut conblés, que Renouars li geta sor lou neis, s’or ne s’an venge, molt sera aïrés. Or escoutés por Deu de majestés com l’abes fut fel traïtres provés, quel traïson il et por lui pansé; com vis diables li fut el cors antrés. Maloit soit l’ore que il fut enjanrés! Il ait ses moines

en un

135

.30

[c]

reçoit mandés,

si lor a dit ansin con vos orés :

35

« Seignor, » dist il, «envers moi entendés. Je vos ai ci tos ansanble mandés,

si vos voil dire un poi de mes secrés. À vos

me

clain, baron,

si m’entendés;

molt m'a fait honte cil gars, bien lou savés. Vengier

me

.40

voil, se vos i acordés;

se il vit longes, nos serons mal monté. Seignor, por Deu, quel consail me donés com

il soit mors,

honis

et vergondés?

Respondés moi et dites vos secrés! Et si me dites se vos i acordés. » Cant

li covens

ot ses mos

45

escoutés,

l’abé respondent toute ses volantés : «Sire, » font il, «envers nos entendés. Nos otrions toutes vos volantés

.50

mais que de lui molt bien nos delivrés, que nel veons jamais en nos renés. » « Baron, » dist il, «or ne vos delivrés. Bien an serois, se ge puis, delivrés, mais c’otroiés toutes mes volantés. »

Et il respondent

: « Nos ferons tos vos grés. »

155 .56

RAINOUART

LE MONIAGE

136

II

CIE: « Baron, » dist l’abes, «oés! Entendés sa ! Li ques de vos consaillier me pora de cel diable qui tos nos gastera? Se il vit longe, tos nos essillera ! » Dist li priors : « L’abes, entendés sa. Je vos

dirai come

Renouars

3173

3175

mora,

que de cest jor jamais n’eschapera. La jus au port ou la navie esta li marcheant i ariveront ja de maintes terres o la manage avra; lupars et tigres i amenrons deça. Prenons

en

.IIII. tant con

3180

l’an les fera,

des plus felons que on trover pora. Li lioniers sa dedens

3185

les tenra;

en .IIII. jors nus d’as ne menjera, et au quint jor cant on commendera que cist covens sa dedens mengera, et Renouars aiere remanra, plus longuement des autres mengera; nos

3190 [d]

li lairons, et il / remanra,

3183 Ce vers manque —

3188

.V.;: jor manque —

3192 li.

3173-7408 Les variantes communes à EA ne portent pas de sigle. A = A'A\. Les sigles E, A', 4° indiquent les leçons individuelles de ces manuscrits. Dans E à la colonne 135d il y a une grande miniature à deux étages sur 17 lignes. En bas dans un édifice flanqué de deux tourelles, Rainouart se défend avec une grande massue contre quatre «leopards » ; en haut l'abbé au centre est entouré de six moines. — 3172.1-.42 La laisse CIc se trouve uniquement en D —

3173 Signor — 3174 cons. nos p. À ; m. savra E — 3175 mangera E — 3176 lo. malement nos ira — 3177 pr, dant abe E, dans abés entenz ça 4 — 3178 Si À — 3180 La val au p.: une n. 4 — 3182 te. u la navie va — 3183 Lupars et tigres : i amenrons deça Æ, amenront par deça À — 3184 Acatent ta. c. les tes f. E, t. come on tes f. 4 — 3185 on i trovera E, qu'on tr. i p. À — 3186 li loiemiers £; metra À — 3187 Jusqu'au quart jor E — 3188 jor — 3189 manque E ; Q. li c. au mengier asserra

A —

3191 aut. i sera E —

À —

3192 i rem.

3190 E. KR. daerains EA!, derriers

L’ABBÉ

les lüemiers

ACHÈTE

n’i avra

137

LÉOPARDS

les lupars laissera

venir seans, si les deloiera. Et Renouars tos sos trovés

tos desarmés

DES

3195

sera,

a son mangier sera;

armes,

car on

li ostera;

et des lupars chascuns d’aus l’asalra. S'il en eschape grant mervaille sera; ja a nul jor jamais voir n’estordra. » « Deu,» fist li abes,

«con

bon

3200

consail ci a!

Tos soit honis qui ansin nel fera!» L’abes se haste, qui molt lou desira; vint au rivage, les lupars acheta grans et hidos; jamais hon ne vaira plus male beste. Deu qui lou mont forma gart Renouart, qui mas amis 1 a! Mais or oés comment il esploita. L’abes menjue aprés midi sona; cant ot mengié, il covens se leva tout un a un, et Renouars menja, ne se prent garde que il li avendra. Icelui jor l’abes lou conroia, par traïsson .IIII. oisias li dona, et un hastier qui devent li esta, et un sestier de fort vin li dona li mas

traïtres,

qui mater

3205

3210

3215

lou cuida.

Mais se Deu plaist, nient ne li valra, que Renouars molt petit mengera 3200 oir (lecture incertaine) —

3205 tex —

3206 forna.

3193 Les loiemiers £, Li liouniers À ; lup. nos laira — 319$ E. KR. iluec t. ss. se

À—

3196 T. daerains E —

3197 manque E ; ar. nus ne li baillera

À—

3198

E. lil. c. bien l'as. E, E. li 1. tot quatre vendront la 4 — 3200 jor par Deu mais ne mora —

3201

D. dist; l'abes E ; c. fait c. —

3205 h. ja nus hom —

3206

forma — 3209 manque E ; m. et miedi s. À — 3210 Isnelement À: 1. c. s'en ala E — 3211 manque Ë — 3212 g. comment |. — 3213 En icel À ; l’ab. les convia — 3214 III. paons par amors — 3215 manque E : E. le provost À — 3216 Si but fo. v. qu'enivrer le quida — .1-.2 manquent — 3217 Mais R. m. p. en

menga.

138

LE MONIAGE

RAINOUART

II

et des fort vin molt petitet buvra cant li lupart tuit III. venront la. El refretor l’un aprés l’autre ala, molt ont grant fain et chascuns baailla; Renouart trovent as tables qui menja. Cant

il lo voient,

chascuns

a

3220

se heriça,

chascuns d’as .IIII. forment lor echina. Or lou gart Dex, qui lou mont estora, que ge ne sai comment se contendra cant il n’a armes ne nulle n’en avra.

3223 3225

Cant Renouars les voit, ses regarda; ne fut mervaille se il les redouta,

3227 3228

car ités bestes ne vit mais pieç’a. Dist tex paroles, n’oïstes tex pieÇ’a; molt par pot rire si fut qui l’escouta. Dist Renouars : « Ques bestes sont ce la ? Ne

vi mais

3229

Hi due 53

telle, » ce dist, « pies’a.

Molt par son laides, dahait ques enjandra! Jo voi molt bien, si n’en mentirai ja, li quex que soit des .IIII. m’'asaudra. » Il prent un pain qui devent li esta, grant et espés, demei sestier i a ; car itex pains i faissoit on pies’a. Ii prent lou pain et si lou sosleva; au premerain par tel vertu geta el front devent molt forment l’asena. 3226 Q. ge ne s. —

3231

vit —

ea| 3235

3237 soseva.

sl manque — 3218 Quar — 3219 manque E : entra À — 3220 Tant ont gunet (juné 4°) que 4 — 3221 tr. qui trestouz seus m. 4 — 3222 manque E — 3223 C. des E, d'eus À ; f. le convoita — 3224 Molt ont grant fain et chascun baailla A — 3225 Dex le garise; q. 1. monde forma 4 — 3226 manque E ; com. s'en c.

A'— 3229 Car — 3227 v. et À — 3228 m. se li sans li müa — .l manque E: Mais toutes voies en rist et gondrilla À — .2 par. n'oi (itiez 4°) teles À — .3 manque E : M. peüst r. (rire mangue A) s'il fust q. l'escoutast À — 3231 Ne vi M. t. ne sai comment ; ce va E, ira

À —

3232 Fier (Granz À) sont et fort:

malait £ — 3233 Si E ; ne sait comment ce va E — 3233.1 m'aherdra — p. li 4 — 3237 Et Rainoars l'a pris; si l'en leva E, con le livra À — manque E ;dev. si À

3236 3239

RAINOUART

TUE

LES LÉOPARDS

Li pains fut durs, cil fors qui lou ruia; lou chief li brise, lou musel

li froisa;

cil chaï jus, qui puis ne releva. Estes vos l’autre que Renouart hasta, et Renouars son bari li geta, qui tos iert plains de fors vin qu'il geta contre les costes que lou cuer li creva; cil chaï jus que puis ne releva. Estes vos l’autre, qui grant fierté mena; et Renouars dont primes se leva, prent lou hastier ou .ITII. paons a, si lou feri et si bien l’asena parmi lou chief son hastier li brisa, et nonporcant trestout l’escervela. Es vos

lou cart, qui forment

3245

3248 3250

se hasta:

les piés devent a Renouart geta que son noir froc trestout li desira. Honques sa robe nel guairi ne tensa; desi en cuisses

ses crois li ahurta,

quanqu'’il ataint et cuir et char trancha. Et Renouars forment s’an aïra et jure Deu,

qui lo mont

estora,

que s’il lou tient, jamais ne manjera, ne jantil home mais sore ne corra. Et Renouars l’ahert, si l’anbrasa,

3260 3262

.| manque E ; d. que Renoarz gita À — .2 Le nef E; br. et li pains si fros À — 3240 C. c. mors ; q. p. n'en r. £ — 3241 manque E ; qui 4’ — 3242 s. baril li (baruxisel À) rüa — 3243 Tout pl. de v. si forment le frapa E, pl. si forment li g. À — 3244 Que les costés Æ — 3245 manque E ; C. rechiet mors q. pié ne remüa — 3246 Es v. le tier — 3248 E. pr. l’espoit — 3249 Grant sontet cras et li espois pesa — 3250 S. l’en E; f. que molt b. 4 — 3251 s. espoit ; li prisa A — 3252 manque E — 3253 f. l'angosa. — 3254 Ses — .| manque À ; Q. col et front £ — 3255 Onq. tout çou — 3256 Que jusc'a l'os ses .x. graus li fica E, D. qu'es c. ses ongles devala À — 3257 manque E — 3259 Damedeuj.— 3260 Ja s'il L. t. ce dist ne (n’en 4) m. — 3261 manque E; h. puis ne corrocera À — 3263 Par mi la gueule si com Dex li aida À.

LE MONIAGE

140

RAINOUART

II

et ses dous mains la boche li lansa, si l’a lacié, la joe li brisa; l’une moitié des dens li esracha;

dusc’a la gorge aval li desira. Puis lou reprent, par les piés lou halça, contre lou mur si forment lou hurta lou cuer del ventre li ronpit et creva. Puis vint as moines et si les apela; de traïsson ansanble les reta. L’abeit meiïsmes desor tos an resta

et dist tres bien qu'il les i envoia. Et l’abes jure c’onques ne lou pansa.

3264 3265 a

[b] 3269 3271

3275

CII. Quant

Deus

Renouars

ot les lupars

ocis,

324

lou gari que il ne fut malmis.

L’abes en est corociés et marris; il dist as moines : « Veés nos malbaillis! Nostre abaïe est honie a tos dis! Ja Renouars ne sera desconfis; bien li aïe malfés et antecris. Or vos dirai comment il iert honis : 3264 mais —

3266 goige —

3280

3274 qui.

3264 Que en la b. ses .i. mains li; bota E — 3265 S. li eslese que les os (les joes À) 1. br. — 3266 manque À ; gorge E — 3268 Encontre .i. — 3269 v. li parti et sevra E — 3270 Mort le trebuce que puis n’en (ne À) releva — 3271 releva E — 3272 D. t. tous les araisona — 3273 reta — 3274 E. d. por voir qu’il £ ; b. qu'on À — 3275 j. que onq. nel p. E, c'ong. nel se p. 4 — Après v. 3275 au bas de la colonne 13Sc, E met la rubrique : Ci parole cist estore comment Rainoars se combati as .üii. lupars et comment il les ocist tous iii. En haut de la colonne 135d se trouve une belle miniature où Rainouart se tient prêt à frapper d'une massue (et non pas d'un pain) quatre bêtes sauvages, qui ressemblent à de grands chiens plutôt qu'à des léopards. Dans un étage supérieur se voient, cachés, l'abbé et six moines. — 3278 g. qu'il n. f. malbaillis À — 3279 maumis £ — 3280 D. a ses homes tot somes m. E ; m. vez nos toz m. 4 — 3281-82 intervertis dans E — 3281 Vés l'ab. ; est omis 4 — 3282 Cist R. n'esra (estra 4) ja d. — 3283 anemis À — 3284 com. sera h. E.

NOUVEAU

Je m'en demain Se puis vendus plus en

141

COMPLOT

irai, mon consail en ai pris, a jor o rene as Arabis.

3285

trover roi Tiebaut de Lutis, sera Renouars li marchis; avrons or et argent marsis

que ne trairoient aprés ous .VIL. ronsins. Ansin sera Renouars malbaillis, si an serons delivré a tos dis. » Dient li moine : « Benit soient vos dis. »

3290

CTV: « Baron, » dist l’abes, «or ne vos demantés ! Je ne vairés ansois .III. jors passés, de Renouart vos avrai delivré. Je m'en

irai ansin

con

vos

3295

oés;

tant cercherai et terres et renés c’an aucun leu sera Tiebaut trovés, en Gadiferne ou en autres cités. Je sai parler sarrazinois assés;

3300

tant cercherai, Thiebaus sera trovés. Venderai li Renouart lou desvé, car Sarrasin l’ont molt coilli en hé. »

CV. «Baron, » dist l’abes, «a

celer nel vos

servés molt bien seans cel pautonier;

quier;

3305

3285 Jj. vos dirai a m. cons. l'ai pr. À — 3287 T. le Persis E; tr. dant T. l'Arrabis À — 3290 apr. nos E; .x. E, .v. À — 3293 beneois soit v. d. — 3295 v. .xv. j. ; trespasés E, touz p. 4 — 3298 T. c. contrees — 3300 renés ;duns À — 3303.1 est déplacé après ce vers — 3303 V. I. (Si lor vendrai À) cest cuvert deffaés — .1 Que S. ont £ — 3304 l’ab. je vous en voel proier E; cel. ne 4.

RAINOUART

LE MONIAGE

142

II

nel ferés longes se ge puis esploitier. » L‘abes se haste, qui Dex dont anconbrier ; il fait au port les nés aparaillier,

assés i met a boivre et a mengier; drescent lors voilles li maistre natonier. L'’abes

Hanris,

cui Dex

dont

anconbrier,

del port esquipe au point de l’esclarier. Il jure Deu, qui tout a a baillier, que Renouart movra teil anconbrier dont en sa vie n’avra ja recovrier.

CVa.

L'abes s’an vait et si se fait sigler; li marinier se volent molt haster; nagent et siglent a vent et a l’oré. L'abe lor dist et commence a mostrer,

3311

dever Aiete les face tost aler qu'illoc pora lou roi Tiebalt trover.

GVE Va s’an li abes à grant voilles tandant, vente li vens qui moine lou chalant. «Baron, » dist l’abes, « oëés que 3307 dons —

3312 Ce vers manque



vos

commant

:

3315 3316 3318

3313 Egypte.

3306 jel p. E, — 3307 doinst E, doint 4', dont 4° — 3308-3310.1 manquent E — 3308 po. sa n. À — 3309 m. et chevaus et deniers 4 — 3310 maronnier A — .2 esq. devant .i. E ; Trespoint del jor qu'il prist a esc. À — .3 Et E: vigier À — 4 Q. R. mora a destorbier — .5 v. ne pora respitier (repairier 4) — .6 L'ab. s'en torne si à pris a s. (si se pr. 4) — .7 Si 4'— 3311 sig. au v. — 3312 L'abe lor dist et commence a mostrer —

3313 D. Aiete qu'il se (les 4', le 4*) facent

sigler — 3314 III. — 3315 ab. a sen m. e. gr. E, ab. a m. e. au gr. À — 3316 V. 1. v. s'en m. £ — 3317 Ses (Li 4) maroniers va l’abes aresnant (l’abe aresonant À) — 3318 di. il; or o. mon c. E.

L’ABBÉ

RENCONTRE

THIEBAUT

devers Aiete conduissiés lou chalant qu'iloc cuit ge Tiebalt l’Arabiant et Bafumé et lou roi Goliant. L’autr'ier me dissent a cest port marcheant que il estoit illoques sejornant; la me menés, que ge lou vos commant. » Et cil respondent : « Tout a vostre talant. »

CVII. Va

s’an la nef, et li vens

3327

la mena.

Li mareniers molt bien la governa, droit en Aiete a .i. jor ariva; traient lor ancres, et l’abes descenda. Trovent paiens a la rive dela. Li rois Tiebaus desous un pin esta O .IIII. rois que anviron lui a. Por Mallefer mervaillos deul mona qui a Orenge l'autr'ier se baptisa et Mahomet lou suen Deu renoia. Tiebaus en jure ses Deus qu'il molt ama qu'a Porpaillart ans un mois l’asalra, et por

son

peire Renouart

3330

8335 3334

3340 3341 3343

l’ardera;

ce est li ons que plus heit et hara. Es vos

l’abeit, devent

3320 ge trover T. l'Ar. — vers manque — 3338 qui.

Tiebalt

en

va.

3329 Ce vers manque —

3332 desor —

3335 Ce

3319 Droit en ; me menez mon c. 4 — 3320 Il. c. je EA!, Lai troverai 4° — .1 Glorïant — 3323 S’aloient Turs et paiens semonant — 3325 commant E: res. si iert et bonement (a vos commant 4*) 4 — 3328 L. m. qui la nef g. — des Droit en (a À) Aiete (Iaete A!) a .i. jor ariva (l'arriva 4) — 3330 Getent

; lab. ie commanda — 3331 Voient — Quia Orenge l’autr'ier se baptisa — 3337 e. j. Mahon que il am. E ; que il am. 4 — De çou parloit li rois qui estoit la — 3343 esta.

3332 desous — 3333 Et 4. — 3335 E. M. et se D. r. E — 3338 Forment 3339 Que ains ii m. P. as. £ — 3342 L'abes se drece (haste À) de la nef u

144

LE MONIAGE

RAINOUART

II

A roi Tiebalt sarrazinois parla, et li traïtres sa raisson commensa. Li premiers mos dont il l’araissona, ce furent trues, que il li demanda, et s’il li done, tes novelles dira

dont Mahomés ses Dex gré l’an savra. Tiebaus respont ja garde n’i avra. L’abes

l’antent,

dont

3350

se raseüra.

«Sire Tiebalt, » dist il, «entendés sa. Je suis de Brides de la mer par dela, une abaïe qui faite est grant pieç’a; maistres en suis et abes grant tens a. Mais uns diables, qui ans ne vos ama vostre niés est, jamais bien ne fera — l’autr'ier i vint et a nos se dona. C’est Renouars, qui tant vos travailla an Aleschans que tot vos desrouta, et vos paiens i ocist et donta. Se vos volés, jel vos venderai ja. »



Et dist Tiebaus : «Si soit con vos plaira ! » De ses novelles grant joie demona.

3355

3360

CVIIT. Et dist Tiebaus

: «Sire

abes, entendés,

de Renouart me dites verités. Dites moi, sire, por conbien lou donrés. » L’abes a dit : «Orendroites l’orés.

3365

3344 T. molt sagement p. 4 — .1 manque — 3348 gr. lis. E — 3349 Tr. que À — 3350 L'’ab. s’en ist et le roy apela — .1 S. T. ent. a moi ça 4 — 3352 U. ab. que Jhesus (Dex i 4) estora — 3353 gr. pieç'a — 3355 mais ja b. — .] Dans E ce vers se trouve après 3358 — 3357 E. Aliscans quant vos desbareta E, quant si v. desr. À — 3358 Ton parenté (Tot vo parage 4) i oc. e. tüa — 3359 Je le v. vendraï j. — 3360 soit omis E — 3361 Toute m'ounor vos abandons jou Ja (v. en ab. ja 4) — 3362 Pas de lettrine au début de cette laisse dans D : Ce À : dans ab. — 3363 D. R. nos 4 — 3364 D. nous 4 — 3365 L'ab. respont E, Et d. li ab. À.

POURPARLERS

AVEC

THIEBAUT

145

Por Renouart, se vos itant l’amés, me donrés vos .III. somiers d’or trosés,

JIM. JT.

pailles vermalz et colorés,

crois d’or et .IIII. chandelers,

chapes de pailles et ensansiers dorés, et chascun an au pasage des gués JT. mars d’or de treù me donrés por Renouart, se avoir lou volés.

3370

3373

CIX: « Sire Tiebalt, » dist il abes

Hanris,

«par moi vos iert Renouars randu pris se volés faire mes bons et mes devis. Je suis de France d’un lignage jantis; mes parens fut Guenes et Aloris et Berangiers et Hardrés et Holdris. Chevaliers sui et fors et poestis, ans

ne fui liés se traïsson

3375

3380

ne fis;

je ai an France maint chevaliers mordris, maint riche avoir et tolu et ravis. Por cest mefait, que ge ci vos devis,

3385

de dolce France me chasa Loeÿs; a Bride vins, illoques me suis mis.

El cors me Deu

rest antreis sains Antecris

ai laissié, au diable

Mahons

vos Dex

me

:

suis pris;

sanble de grant pris;

3390

3368 Et .cec. E, Et ii. M. 4 — 3370 Pieres et plates E, Ch. et p. À — 3371 E. c. a. a Pasques as Noés (Noël 4) — T. d. l’ab. maleïs E, S. T. ce d. l’ab.

4—

3372 manque À ; nos do. E —

3375 S.

3377S. vous (faisiez 4) faites — 3378

Fr. del 1. 4 — 3380 Landris E, Baudris À — 3381 C.s. fiers e. poesteïs £, C. s. e. fiers e posteïs À — 3383 j'ai ja e. F. E ; .ii. — 3384 M. grant av. E : ai — .1 Femes et homes et autre catel (autrui avoir 4) pris — 3385 que ici £ — 3386

Loëis E, Loÿs A!, ch. roi Looÿs 4° — 3387 Je v. a Br. 4 — 3388 Entrés mer.

el c. E; maus

esperis —

3389 as diaules me

sui mis E.

LE MONIAGE

146

II

RAINOUART

quil velt aidier, il n’iert ja desconfis. S’or me volés tenir an cest pais et doneir

[319a]

terres, alués et edefis

a mon plaissir, et lo ver et lou gris, en vos prison sera Renouars mis. »

3395

Et dis Tiebaus : « Dis me tu voir, amis?» «Oïl, voir, sire. Tenés, jo vos plevis. »

4|

BC Tibalt d’Arabe

fut a mervaille

liés

cant il oï que l’abe est renoiés; illoc li donent

et eritage et fiés,

destriers et mules, pailles et chevaliers. «Sire, » dist l’abe, «or vos aparailliés,

3400

mandés vos homes, et si vos afaitiss. Trestoute l’ost a vostre port laissiés;

par grant aïr iert Renouars XIII.

paien des vos

loiés.

plus essaiés,

des mellors Turs que vos honques con

moine

noir tuit vos

3405

avés,

aparailliés;

chapes et fros soient roge chauciés, corones resses aient desor lors chiés. Pour lui mialz prendre soit chascuns ne espees ne armes n'i bailliés, 3393

aleuer edef. —

3396

ansin reis;

3410

Dist.

3391 aid. ja ne sera hounis £, Qui A'; v. a. ja n'estra d. 4 — 3393 alués (aleus 4) et — 3396 manque — .1 Loiaument s. ma foi vos en pl. E — 3398 Q. ot q. l’ab. est ensi r. — 3399 d. iretages et f. — 3400 Et mus e. m. et bons cevaus proisiés (chiers p. ploiez 4) — 3402 ho. e. tos v. E ; esploitiés — 3403 Toute vostre o. a icel p. (a ce p. la 4) 1. — 3404 manque À ; P. g. engien E —

3405 .X. M. p. des vous pl. aaisiés Æ, De .M. p. des pl. (des voz pl. 4°)

esprovez À — 3406 D. plus poisans E ; aiez — 3407 C. m. n. ferés ap. £ — 3408 Soilers e. causes (chapes 4) et cauces [sic] (chauçons 4) et cauciés — 3409 C. r. aiez d. vos c. 4 — 3410 soient tout rogniés E, s. ch. roogniez À — 3411 N. ja esp.; ni 4; n. coutiel E.

TRAHISON

DE

L’ABBÉ

147

mais sos les gones les grans costés aiez dont Renouars soit mors et destranchiés. Je li dirai, cant

sera

repairiés,

que vos serés de nostrë ors li ciés, et que paien vos ont tolut vos fiés. Tant 1 sera Renouars losangiés que 1l sera an vostre nef plongiés. Cant

.] 3415

il iert ens, si soit tos destranchiés !

Ansin sera vos parages vengiés. S’ansin alés armés et haubergiés, Jamais nul jor ne l’atraperiez. » Tibalt

l’entent,

a mervaille

3420

fut liés,

jamais nul jor ne sera mais liés. «Dans abes sire, benit soit vostre chief, car onques mais ne f# teus renoiés ! »

1

CXI. «Sire,»

dist l’abe, « remenra

il a tant.

3425

Apparailliés vos trestot maintenant, et ge ferai Renouars entendant que tuit nos moines vienent a parlement. Vos serés abes por sou que estes grans; et Josüés, li mas rois d’Abilant, cil soit priors, par le vostre comment ;

3430 [b]

sos priors soit Balfumés d’Oriant. Faites prevost del fort roi d’Aquilant 3414.1

fiés —

3424

fustes.

3412 go. les bons cotiax a. 4 ; Fors seul les capes u il soient muciés £ — 3414 Ce E; q. serai (g'iere 4!) r. — .1 ser. nos abes et no (nos 4) ciés — 3416 A tant — 3417 puiiez E, puisiez À — 3419 A. se v. 4! — 3420 S'i aliez 4; S'alés ore ar. ne h. £ — 3421 ne le rapaieriés E — 3422-.1 Nous intervertissons l'ordre de ces deux vers de D — 3422 l'ent. molt forment en fu |. E — 3422. manque — 3423 beneois s. vos c. — 3424 fu teus — 3425 S. Tibaut E ; je m'en irai — 3426 Ap. vos Turs de m. — 3428 vo mo. E ; feront (tenront À) .i. p. — 3430 vius r. d'Aïmant — 3431 Si E — 3433 r. Aq.

148

LE MONIAGE

RAINOUART

II

qu’il covenra paler molt sagement, car Renouars est molt apercevent. S'il vos persoit, ne vos valra nient. » Et dist Tibalt : «Ja n’en avons talant. » L'’abe s’an va au diable comment, et Tibalt va ses grans os semonant : roi Balfumé et lor roi Aquilant, roi Ajaiant et Claudubars li grans; XV. roi sont de la loi Tervagant. Renouart

vont

tuit de mort

menacent,

Renouart

lou vaillant,

3445

3450 Ai

que s’il lou tienent, jamais n'ira avent — suivent Tibalt, aprés lui vont siglant. C’est Bondifer, Morgafer lou jaiant; cil asalront Renouart tout avent. Or jou gart Dex par son commendement, car jusqu'a peu lou feront molt dolant. 3450 sont —

3439 3440.1 344] 3443

et s’il lou trovent, n’avra de mort garent. Li rois Tibalt apresta son chalant, XIII. paiens i a mis maintenant; tuit sanblent moine, coroné sont devent. En un vasel atorné richement .X.M. paien tuit d’un autre sanblant, a riches armes chevaliers ef sergent — or aïst Dex

3435 |

2 3451 3455

3458 molt manque.

3434 Quant le verés parlés m. (v. s'en p. 4) s. —

3435.1 S'il s'aperçoit £ —

3436 n'en ara — 3437 au diaule (a maufé 4) le c. — 3439 R. Baümé (Baufumé

A°) et (e. le 4°) r. Gloriant À; e. le grant Baligant E — 3440 Roi (Et À) Tenpesté et le roi Aquilant — .1 R. Agiant Escladubiau E, Et Haucebier e. Clardubaut 4 — 3442 .C. M. paien sont bien li mescreant £ — 3443 KR. v. de la m. m. £ — 3444 Que s'il l. tienent : il le feront dolant E, que il n'ira avant À — 3446 .C. M. p. i vienent m. E, .X. M. p. i met de m. 4 — 3447-49 manquent A°— 3447 cor. s. .v. c. A! — 3448 A .i. vaucel font lor asamblement E — 3449 .C. M. p atorné ricement E ; p. t. sont d'un s. 4! — 3450 ar. cier sont li (lor 4) garniment — .1-.2 manquent — 3452 S'il a besoig qu'il li soient aidant E, S'en a mestier que (qu'il 4°) li soient garant À — 3453 Quar molt redoutent Guillaume et son bubant (bobant 4) — 3454 Avoec Tibaut furent iii. jaiant — 3455 C'e B. Bongafer et Bruiant £, Ce est Bondis Burga et Broiant 4 — 3457 so. digne commant E ; Or aïst D. Renouart le vaillant 4 — 3458 molt

(tot 4°) do.

RETOUR

DE

L’ABBÉ

149

CXIL. Va s’an li abes, mar En

l’abaïe

fust il onques

fut Renouars

nés!

trovés,

sonja un songe dont molt fut effraés : si li est vis par bone volantés c'a Brides est uns vaisés arivés, plains de serpens et d’autres vis malfés qui li poignoient les flans et les costés, et de lors coes

3459 3461

3465

fut tos acovetés:

par mi la mer en fut en halt portés, ce li sanbloit qu'il fust anprisonés. Li bers s’esvaille, molt en fut efraés: Deu reclama lo Roi de majestés,

car il seit bien qu'il sera anconbrés. A tant es l’abe qui la iert arrivés. Dex que li bers ne conut ses pansés! Con il fust ja malement salüés!

3470

[c]

CXIIL. Par un

matin

li abes

ariva;

grant fut li bruis que li covens mena. L’abes Hanris trestout lor acointa con

faitement

Renouart

vendu

a,

mais ne dist mie que il se renoia.

3480

3459 ab. mal E, que mal f. onq. n. 4 — 3460 Tibaus le siut ensi con vous oés — 3461 R. remés — 3462 do. il f. E; fu omis ÀA' — 3463 Ce; v. ja mar le mescrées E, p. fine verités À — 3464 Qu'a Bride estoit — 3467 lo eles — 3468 en estoit h. £ — 3469 Si — 3470 s’esv. si f. enpoentés E, si est toz trespensez À — 3471 D. r. molt estoit esfrées £, qui maint en trinitez À — 3472 b. qu'encor ert enc. — 3473 L'ab. qui ja: fu aprestés £ — 3474 Se Rainoars conneuist E : Que R. 4 — 3475 Comme il l'eüst laidement s. À — 3476 A E, Au matinet À — 3477 f. la joie — 3480.1 manque.

150

LE MONIAGE

RAINOUART

« Seignor, » dist l’abes, «oés, entendés Li rois Tibalt demain arivera. Or i parra con chascuns lou fera

II

sa.

1

1

et con chascuns de vos se penera de Renouart amoneir deque la. » Dient li moine : «Ne vos esmaiés Ja de Renouart,

que menés

bien sera. »

5

Li abes l’ot, grant joie en demena. Mais mar lou firent, chier conparé saint Juliens Renouart aidera.

.6 sera;

3484 1

CXIV. « Baron, » dist l’abe, «soiez

asseüré!

3485

De Renouart serons ja delivré; jamais par lui nient ne perderés. » Dont primes fut Renouars apelés : « Amis, » dist l’abes, « Renouart, entendés. Vos estes freres de seans, ce savés: ne vos doit estre nostre consals celés. Demain iert ci nos abes arrivés, et tos ses moines avec lui amonés. Si sera ci li consals assanblés,

3490

que Sarrasin lor tolent lor renés ne sont par vos secorut ne tensés. »

3495 a

Dist Renouars : « Dex an soit aorés! Or sera mais chascuns de vos armés; 3484 Mais par mar



3497 amés.

3481 Dem. au jor T. ar. E —

.1-.6 manquent — 3482 Qui Rainoart tout par

force en menra ; tout omis À —

3483

mercia — 3484 M. mal (mar À):

1. virent cescuns le conpara — .1 manque E ;

Que Renoarz

molt bone creance

Li moine

a À —

l'oent cescuns

3486 serés; vos

À —

Dex

(l'en 4)

3487 I. ne

perdrés ;m'amistiés Æ, heritez À — 3490 çaiens ordenés Æ — 3491 est. vostre E — 3492 noz omis A' — 3493 Trestout no m. i ; seront aünés E, avra am. 4 — 3494 Et si sera ; nos c. E — 3495 ConS. nos t. nos — .1 N. soit À ; sec. et

A' —

3497 nos E:; armés.

ARRIVÉE les garnemens

DES

PAÏENS

151

as paiens porterés.

Fos sont paien, se vos i sejorneis, se il vos

laissent

.II. deniers

monaés. »

3500

CXIVA:

Dist Renouars : « Dans abes, gentis ber, cant tuit vos moines doient ci assanbler, il covenroit lou mangier atorneir, tüer oisias et ces chapons larder et ces savors et batre et destanprer que il s'en puisent en lor tieres loer.» Et dist li abbes : «Il n’en esteut parler. » Icelle nuit lou laisserent aler dec’au demain que li jors parut cler, et Sarrasin prisent à arriver. Grant fut la noise des paiens defaés. L’abes les oe et crier et huler; dont

seit il bien, Deu

3505

[d]

lou puist craventer,

que Renouars est pres de l’afoleir. Dont fait il abes ses moines aprester, et Renouart volra o lui mener. Dex, con ne sot et son cuer et panseir! Li bers cuidoit

desormais

ja de conbatre

ne volsist mais parler.

3498 sor —

3499 sut —

sejorner,

3506 Cant

3498 as E, aus AÀ!, au 4 —

3515

lor païs s'en poissent raler.

3499 Fel 4'; sont À Faus soient Turc E;

demorez À — 3501 Sans lertrine AD ; Da. ab. sire d. R. li ber E — 3502 t. no m. £ — 3503 conraer 4 — 3504 e. paons (et 4°) lardez 4 — 3506 Que il s'en puisent en lo (lor À) tieres loer — 3507 ab. ja E — 3508 ester — 3509 d. qu'il

prist a ajorner E, que il fu ajorné À — craventer (vergonder 4) — 3512 quident b. D. lor p. mal doner E atorner — 3516 E. R. qu'il viut E c.et son p. — 3518 Il c. bien d. E À,

3510 Que —

3511 n. Dex les puist

Li ab. ot À; e. noisier e. crier — 3513 D. ; vergonder 4 — 3514 Q. R. soit E — 3515 ; vol. avec À — 3517 D. c'or (qu'il 4) n.s.s. ; reposer — 3519 J. d. bataille ne queist m. p.

152

LE

MONIAGE

RAINOUART

Mais li vilains lou dit en reprover de traïsson ne se puet nus garder.

II

3520 3521

:

EXV: Paien arivent par desor lou gravier por Renouart et prendre et essillier. Cant Renouars en vit tant herbergier et par lou preit tout contreval rangier, dist Renouars : «Por lo cors saint Richier, de quel diable vienent itant clostier, tant coroné issut fors do mostier? Molt par sont grant, vertuos, et ligier. Un

en i voi et mervaillos molt

resanble

13

et fier,

ne cuit si bon desi a Monpellier. Mais

3923 3524 3567 3568 3570 A

roi Tibalt

3573

lou guerrier,

un mien parent que ge n'ai gaires chier; et cil vialz la, que je voi sorcillier,

3575

Esclaudubars me sanble de clignier; et cil delai, a cel bliaut d’or mier,

cil semble bien Aguilant le guerrier. Je voi tex

.INII., bien

qui bien me Tibalt

sanblent

l’antent,

lou puis tesmoignier,

de la gent l’aversier. »

si prent

a roiïllier,

antre ses dens se prist a consaillier 3570.1

tant —

il

.2 3580

:

3579 Ce vers manque.

3520 M. on le di. sovent E — 3523 Pas de lettrine D ; desoz EA' — 35253566 Pour le texte de E, avec variantes de A voir App. IV — 3567 t. essaucier E, el gravier À — 3568 p. c. arangier — 3569 De Deu de glore se commence a sainier —

3570 Ligier (Legier 4*) —

.1 v. tant d'enclostier E, itant c.

4A— 2T.

roegnié; iscir £ — 3571 Ça e. v. .i. miravillous e. f. : .. omis 4 — 3572 N'a nul (ne quit À) si grant — 3573 Molt devroit bien .i. paien manoier£E, Comme il d. ces p. m. 4 — 3574 Molt bien E — 3575 p. qui ne m'a — 3576 q. si v. — 3577-78 manquent E — 3577 Esclardubaut resemble del vingnier 4 — 3579 Sambleroit (cil semble 4) bien Aquilant le guerrier —

.1 G'en E, G'en i v. tiex

b. À : aficier — .2 Q. b. resamblent — 3580 O le T. : sel À ; si bien a rouellier E — 3581 d. a pris E, emprist A.

SOUPÇONS

«Ahi, Ans

bastars!

Con

DE

RAINOUART

155

savés bien plaidier!

ne m’amastes ; vos

lou conparés

chier!

Ja à nul jor n’en avrés recovrier. Or vos covient trestot estroit loier et en ma chartre de halt atrebuchier. Si averés un doleros louer por mon lignage, Margot et Aucibier, et C.M. autres que feïs baptissier. »

3585

CAVL Moit fust dolans Guillaume li marchis se il seüst que Renouars fust pris an tel pechié et vendus et traïs. Tibalt l’apelle, si l’a a raisson mis : « Dites, beau sire, vos estes nos amis, et nostre moines serés mais a tos dis; a toi venons de molt lontain païis. Si nos clamons de Turs et de Persis, et de Tibalt, lo roi des Arabis,

3590

[320a] 3595

qui nos asalt et par nuit et par dis, et si nos

tolent

terres et edefis;

3600

jamais par nos ne sera Dex servis. Veez nos en tos venus et fois; a toi venons,

si te crions

car te remanbre

mercis;

que tu fus si hardis

3603 3608

3582 ba. tant E ; com (tant 4°) vos s. pl. À — 3583 A. ne mastes [sic] E, A. n'en mentistes

À —

3585 Que ne vous face ce quic (ainsi 4) e. I. —

3586 E. e.

la c. d'Aiete trebucier — 3587 si en arés EA'; si À — 3589 E. .M. des aut. ; martirier — 3590 Or ; G. au fier vis — 3592 manque À — 3594 b. frere — 3595 En. n. frere ; sanz parler a t. d. 4 — 3596-3602 manquent E — 3601 n'estera 4! — 3604 Que tu (tot 4°) nos soies et garans (secorans À) et aidis — 3605 Si com a nous t'iés et ofiers et mis (tes confreres promis À) — 3606 Par penitance venus (venis À°) en ces païs — 3607 De tes peciés te fera Dex mercis — 3608 Or t. r.; quant

4.

154

LE MONIAGE

et en bataille

des hardemens en

Aleschans

RAINOUART

et fiers et posteis,

que tu jadis feis cant

3610

tu les oceïs,

et Desramés fut ansin desconfis, et tant i ot de retenus et pris; jamais n’iert jor ne soies plus haïs. Car nos secors! Si feras que gentis. » Renouars

II

l’ot, si a geté un

3615

ris;

dist a Tibalt : «Ne soiés esmarris ! Mar lou pansa Tibalt li Arrabis sel puis trover en nos droit edefis! Ja soit iceu que ge soie envaillis, ne suis ge pas ancor apesants; ancor coroie, se ge m'i ere nis, asés plus tos contremont un lairis que ne feroit uns damoisés de pris. Or soiez tuit de moi seürs et fis. » Tibalt respont : «Sire, les vos mercis. »

3617 3619 3620

1

3625 3627

CXVII. Dist

Renouars

: «Maistre,

ne t’aimaier

que ja paien nos toillent un denier ! Ancor suis ge inels comme levrier! or ferai faire un mervaillox levier dont ge irai ces paiens chastoier 3623

3630

amis.

3609-10 manquent E — 3611 E. Aliscans E ; ou E: tant en oc. — 3612 E. D. if. si d. E — 3613 o. et r. 4; et des mors et des p. E — 3614j. n'en s. pl.; hardis EA* — 3615 molt fer. E — 3616 l'o s'en À — 3617 N'en 4 — 3618 Par cel apostle dont Jhesus est siervis — 3619 Mal 4' — 3620 manque E — 3621 Que j. s. çou — 3622 enc. si (trop À) endormis — 3623 se g'estoie esquellis — | Asés plus tos contremont .i. lairis E — 3624 Assez plus tost c'uns d. À — 3626 Qu'il iert de moi en son regne requis (conquis 4) — 3627 T. r. beneois soit vos dis — 3628 D. R. n’aiés soig d'esm. Æ — 3629 p. vos E — 3630 com .i. L. E. 3631 fa. u maçue u |. — 3632 D. j. vorai c. p. mehegnier E.

RAINOUART

AU

PORT

155

qui de ma terre velent estre eritier: molt lor cuit bien viltement challongier. » Dont commeça les ialz a roiïllier. Qu'il ne lou seit, beaus Pere justisier, que venu soient por son cors vergoignier ! Ja ne peüssent a nul jor repairier! Mais on lou dit pieç'a an reprovier : de traïsson ne se puet nus guaitier, Dist as paiens : « Franc nobile clostrier, faites les nés molt tost apparaillier et puis les voilles ancontremont drecier. Si lors irons nos terres challongier, et ge 1rai por mon tinel aier dont ge irai ces paiens chastoier. » Et dist Tibalt : « Bien lou poés laissier. JT. en avons et de fer et d’acier qui valent bien tot l’or de Monpellier. Ceus avrés vos demain a l’esclarier; a l’ariver les vos ferai baillier. »

3635

3640 [b] |

x] 2

3645

CXVIIL. Por

son

tinel volt Renouars

aler,

mais tant li disent Sarrasin et Escler, l’abes meïsmes, por son corps vergonder; oés que fist, Dex lou puist craventer! Trestous ses moines en prist a apeler : « Seignor, » dist l’abes, «je nel vos quier celer. Vos covenra ansanble o moi aler

3650

“4

3636 qui. 3633 Q. d. no À —

3634 b. ma terre (vistement 4) c. —

qu'il ne s. — 3637 damagier différente dans ce passage de 3643.2 manque — 3645 .II. — O. qu'il ; fist À ; p. mal doner od nos a.

E — 3638 J. Il (4') E — 3639 d. sovent 3647 a l'essaier À — — 3653 T. les À —

3636 Dex c'or nel

n'en — 3639-3660 écriture E — 3642. manque À — 3648 v. vorai b. E — 3652 .1 manque — 3654 c. dist il

156

pour

LE MONIAGE

Renouart

RAINOUART

II

molt mialz anprisonner,

3655

prandre, loier, solduire et enchanter; et s’il vos voit aieres restorner, tout ansument s’an volra il aler.

Cant iert en mer, ne pora restorner. Dont

vos

ferai aieres

restorner,

car autrement n'en poons delivrer. » Dient li moine : « Vos en covient panser; vostre

comment

ne

volons

3660

.l

trespasser. »

L’abes les fait dedens la nef antrer; veullent ou non, ne l’osent refusser.

Cil puent bien oïr et escouter : tex cuide autrui molt bien anprisoner qui lui meïsmes puet il bien anconbrer. Si font li moine, Dex les puist craventer; del revenir n’orront il mais parler; lor traïsson doient bien conparer!

|

3665

3668

CXIX. Bias fut li jors et clers fut li solaz, forment se haste de l’aler l’aimiralz, antrer 1 doit Renouars li brubalz : «Aparailliés et buies et aniaus dont tenus soit cil cuivers deleaus 3661

ne —

3667

volront

3670 3671 3674 3675 3677

hui.

3655 P. R. le fel E — 3656 P. et ; l. et por miols en. E — 3657 Que — 3659 reculer — 3660 Touz nos feront (ferons À) ; ar. ramener 4 — 3661 Ou aut. ne (n'en À) — .1-.2 manquent — 3662 Voellent u non |. i a fet e. — .1 manque —

3663 Ci poës b. o. dire et conter — 3664 aut. honir et vergonder E, empirier et grever À — 3665 Qui 4 ; p. molt b. : asoter E, vergonder 4 — 3666 Ce sont I. m. que D. p. mal doner — 3667 n'oront ja (il 4) m. p. — 3668 d. il À — 3671 F. s’apreste derier li mariniaus £, F. s. hastent d'al. li moine faus 4 — 3672 Par mi sa nef a commandé (fist commander 4) Tiebaus — 3673 Que tos s’aprestent et (se hastent que À) pres soit li vasiaus — 3674 manque À : R. I. bediaus E — 3675 Et s’apareillent 4 — 3676 Fetes engiens et carcans et travaus E, Fers et chaienes et eng. et trav. 4 — 3677 D. s. ten. li lere E.

PRÉPARATIFS

DES

PAÏENS

qui nos ait fait maint enuis et maint mas et afolés nos bons amis charnas. Hui est venus li termes temporaus; li guerredons li en sera molt maus. Ja ne sera demain colchiés solaus que il sera traïnés a chevals. Mais gardés bien n’i ait noise ne bals, mais taissiés vos tuit comme gent monials, ne s’aperçoive li cuvers deleaus. Devorés iert a ours et a grifaus; atendre puet molt dolerous jornas ! » « Mahons t’en oie!» ce dist Escladubals.

ES7

[c]

CXX. Paien se hastent, cui Dex puist maleiïr, de mals, de voiles, de governals tenir,

por Renouart que il veulent trair. Par poesté lou cuident bien saissir et afoleir et ardoir et honir. Mais de tout ceu lou puet Dex bien warir; qui bien s’i fie, il ne puet pas perir. Puis l’apelerent con ja porés oir : « Renouart

freire, vasals

de grant air,

tout avons fait aprester et garnir; il n’i a mais de faire vos plaissir. De vos vengier poés estre en desir;

3690

3695

3698

3680 v. ter. et t. — 3681 L. g. l'en (li À) estera — 3682 J. n. vera — 3684 G. molt b. E— .1 M. tenés v. com mogne generaus E : tuit omis À — 3685 N. nos perçoive I. c. mesiaus £ — 3686.1 Atendent [sic] i p. .i. E ; At. i p. molt bien li rois Gernaus À — .2 ç'a d. Escladubiaus E. Esclardubaus 4 — 3688 D. voi. traire — 3689 honnir À — 3690 manque E — 3691 Afoler le cuident E; E. af. et a doleur h. 4 — 3692 p. D. garantir 4 — 3693 Q. b. le siert E: 1. n. poroit p. — 3695 R. sire À — 3695 Tant av. f. et prester E — 3697 m. que faites no p. E — 3698 D. nous A*.

RAINOUART

LE MONIAGE

158

II

3701

saint Jelien ne poriens servir. » Dist Renouars : « Molt vos voi esmarir. Molt estes gent se aviez air, bien devriez un grant ost desconfir. Mais vos avés lou sejorner apris; autre martire vos covendra soffrir. La malvaistie vos covendra guerpir u mon

tinel vos

covenra

rj

3704 3707 a}

sentir. »

Dient paien, si repoés oir : «Fel est cist hons, ne nos larra guairir; mais ne seit mie con

3710 3711

pres est de morir. »

CXXE Paien

se hastent,

li ancreme

felon;

3112

drescent lor voiles li orguillox gloton. L’abes i entre, il et si conpaignon; ne sevent mie que il croie Mahon. Il conparont sanpres la traïsson! Puis i entra Renouars lou baron, si out osté do chief lou chaperon. Gros entre

3715

ot lou chief et des chavos foison, dous iolz demi pié a bandon;

3720

s’ot lou regart asés fier d’un lion 3708 3699 laisent À) fuir e. (vos reposer

Ce vers manque. Et de paiens afoler et honir 4 — 3700 Qu'il (Qui À) ne vos (nos À) en vos (noz À) teres garir — .1 De nos mostiers nos covenra (estouvra — 3701 n'i À ; n. porons mais s. — 3702 alentir Æ, effremir 4 — .1 M. voi 4) grans — 3703 Une gr. o. deveriés (devriez A) d. — 3705 Le le longement dormir — 3706 Mais par cel Deu que devons obeïr (q.

nous d. servir À) —

3707 D'autre

Martin v. c. (estouvra

4) siervir —

.1 L.

majesté 4! — 3708 U mon tinel vos covenra sentir — 3709 or rep. E — 3710 Fiers E — 3711 M.iln.s. £ — 3713 P. s'aprestent li orgillous gloton — 3714 v. li encrieme felon — 3715 ent. et tuit s. c. — 3716 cr. en M. E — 3717 Il comparoit 4 — 3718 Et p. ent. (i entre 4!) R. el dromon — 3719-37 écriture différente dans ce passage de E — 3720 ch. merveillous (..aon E) le chaon —

3721

ot i. p. E: environ



3722 reg. plus f. que nul I.

RAINOUART

EMBARQUE

159

et lou col gros plus que .il. chanpions; espaules lees, telles ne vit nus hon; et gros les bras, les poinz quarrés an son, les hanches droites et quarré lou crepon, les genbes grosses et fors a grant foisson, les piés bien fais et molés anviron.

[d] 3724 3726

N'a

3729

si fort home

dec’an

Cafarnaon,

1 2

se Renouars lou fiert bien de son pong, que ne li face les iolz voleir del front. Il. piés fut grandres de Tibalt l’Esclavon.

ce F2 3728

Garde

3730

a ses piés, s’ait veü un

baston

d’un grant postel, mervaillox et roont; il s’abaissa, si l’a mis en son pong. Toutdis l’avoit en sa costumisson que il portoit molt volantiers baston. Dex ! c’or ne seit la mortel traïsson que li ont faite li malvais conpaignon! Dec’a petit en presist vengisson! Dient paien : « Or veez quel gloton! Par Mahomet,

ans

3735 |

ne fut si fors hons!

Qu'il ataindra ja n’avra guarisson! Esgardés home de pute estracion, com il resanble ou leupart ou lion. » Aparaillié li ont un siglaton. «Saez vos ci,» ce dient li gloton. « Li millors iestes de no religion,

3740

3744 Je volons estre de la religion.

3723 Le cief ot gros com .i. noir cauderon E ; q. nul ch. À — 3724 E. I. plus de plain esquarron E, E. I. plaines sont de osson À — 3725 le pis quaré enbaré le menton — 3726 S'ot; br. et merveilleus le poing (les poins 4°) À — 3727 Jambes formees (L. h. lees 4) le pié et le talon 4 —

.1-.2 manquent —

3728-29

EA suivent cet ordre — 3728 gr. que — 3729 jusques en Carfanaan E — . Miols resamblast orgellos ne (et 4°) felon — .2 manque — 3730 p. si trova E — 3732 s. l'a pris; a À — 3733 Tos tens 4 ; costumison E, contravison À — 3735 D. qu'il À — .1 manque À — 3736 en euist v. E — 3737 p. esgardés q. baron — 3738 s. fiers h. — 3740 d. grant: estation E — 3741 res. et serpens (liépart À) et dragon — 3743 S. v. sire d. li Esclavon — 3744 Nous corrigeons D (voir note); Li millors iestes d. no (lor À) r.

160

LE MONIAGE

RAINOUART

II

si vos devons honorer con baron. » Dist Renouars : « De tout ceu n’ai ge song! Miolz ain gesir sor piere ou sor tisson. Ja savés bien, ce nos

dit la leçon,

qu'il n’afiert mie a nos religion c’on doie querre ne s’esse ne son bon. Puis que on antre an la religion, ne doit avoir orguel ne mesprison. » Paien

l’antendent,

ne! 3745

n’ont

song

de son

dist l’un a l’autre coiement

a laron

«Baron,

prison

oés de cest nostre

con se dement et mostre sa Laissons lou tant que solas çcant il iert nuis, sanpres si Et dist Tibalt : « Voirement

3750

sermon;

:

raisson. soit escons; l’asalrons. » si ferons. »

3755

CXXII. Paien s’an vont esclarié et riant, del port s’an issent balt et lié et joiant; nagent et siglent par grant eforcement. Et Renouars

avoc

aus

[3214] .l

ansument ;

prison l’an moinent, et si n’en seit nient. Or lou gart Dex par son commendement !

3763

Li rois Tibalt

3765

apela Aquilant,

Esclaudubar et lou roi Murgalant : «Que ferons nos”? Dites vostres comment. 3759 et (signe tyronien) clarié. .I S. v. doit on —

.1 n'ai nul s. E —

3746 e. s. molon (moilon 4) —

3747 J.

s. vos ; or À ; chançon 4 — 3748 vo re. 4° — 3749 q. son (ne 4) — 3751-52 En A° ces vers se trouvent après 3748 — 3751 N'i: vantison E — 3753 c. a bas ton — 3754 Signor E — 3755 C. il desraine À — 3756 t. sol. traie a esc. — 3758 v. le f. — .1 Qui ne l'otroie ja n'et s'arme pardon E — 3759 v. a l'oré et au vent — 3760 is. tos et isnelement — .1 sig. a E; sig. a l'oré et au vent À — 3761 R. ont ensi faitierement — 3764 Priés est de mort se de lui n'a (s. il n'en a À) garant — 3766 Escladubiau £E, Esclardubaut À — 3767 talent E.

INQUIÉTUDE

DES

MOINES

161

Con faitement prendrons cest mescreant qui nostre loi vait ansin confondant? Il a an lui molt grant eforcement; de lui saisir nos ne ferons neant. Anvoions tost contre l'avesprement por nos secors, qu’il vignent maintenant, si asaillons cest licheors pulant. » Dient paien : «Tout a vostre talant. » Mais

3770

343 3715

qui lou loe ne qui ait maltalant,

li moine sont an la nef molt dolant et corocié, sachiés a escient, qu’il sont assis antre paiene gent; de restorneir avroient bon talant. L’abe apelerent soef et bellement : « Dans

abes

Renouart dedens

sire, » font il, «or

3780

entent

:

ont cist paien voirement

lor nef en lor commendement ;

3785

de reculer n’i avroit il neant. Car demandés vostre or et vostre argent, si nos tornons a nos hebergement. Renouars voist as paiens en torment; ja n’ait 1l mais nul jor repairement ! » Et dist li abes : « Tout ira autrement ! Vos ne savés comment est covenent. Je reni bien lou Pere omnipotent, je croi Mahon 3771

servir —

et son 3772

3790

commendement,

la nef prenant



3789

KR. voit ces p. —

3790 Il.

3768 sodoiant — 3769 I. nos confont et desment — 3770 Ja E — 3771 saisir — 3772 l'avesprement — 3773 que il v. briement (erranment 4) — 3774 Li 1x. (.x. À) milier qui nos vienent sivant — 3776 P. respondent à vo (vostre 4) commandement — 3777 M. q. c’ait joie ne esbanoiement (n'i ait marrissement À) — 37178 la mer m. d. EA4* — 3779 manque E; E. c. ce sa. vraiement À — 3780 Qui (Qu'il 4) s. ensi avoec

(avec 4) p. g. —

3781

Del —

3782

L'abes

apielent — 3783 si. s'il te (se toi 4) plet o. en. (m'entent 4) — 3785 n, a |. À — 3786 Del reborner estera il n. £, Du (De 4") rec. n'i a il més n. 4 — 3787 C. recevés £ — 3788 S. retornés E, retornons 4 — 3789 R. voist od (aus 4)—

3790 Ja nel a m. E, Ja n'ait À — 3792 com. il est couvent

E — 3793 j'ai renoie.

162

LE MONIAGE

RAINOUART

II

car il nos done et l’oré et lou vent, lou fruit des arbres, lou vin et lou forment.

3795 ss:

N’ai mais que faire de vostre habitement, ne de chanter ne d’agenoillement; d’itel mestier n’en ai ge mais talant. Ans croi Mahon molt bien et Tervagant; assés avrai et or fin et argent, et drais de saie trestout a mon

talant.

De mes deduis ne me faldra nient, de belles dames avrai o moi sovent. Qui ce refuse n’a pas bon escient. Faites ansin par itel covenant, ou se ce non, del vivre est il neant! Tuit somes mort sans nul arestement, car nos prendront san point d’eschapement! Nos somes ci bien .X.M. Persant, de toutes armes armé molt richement; asaillis iert Renouart fierement. Lors serés pris trestout a mon talant, si serés ars an feu et an torment ; ja en ont fait paien lor jugement, que j'ai esté a lor consaillement. » Li moine l’oeent parler si faitement; dist l’un a l’autre : « Ci a mal parlement. Il est bien voirs et so dit on sovent :

sl 2

[b]

3805

3810

"|

3815

3806 prendrons. 3795 C. cil me (Car il me À) d. et l'orage E — .1 manque — 3796 d. lor (son À) hab. — 3797 N. d. juner ne de vo cantement E ; ne de jeünement 4 — 3798 De t. EA°; nul tal.

4—

3799.01 Totes lor ires (idres À) et tot lor mautelent —

.I À. a. bon et f. arg. E: A. avrons 4 — .2 Et de dr. d. s. tot E. — 3800 D. m. devis À — 3801 da. et menu et s. — 3804 no. de vous E — 3805 T. iestes m. n'i a racatement— .1 Ja ne perdront paien capleiement E — .2 Quar j'ai esté a lor consellement E ; ce vers est le même que 3812.1 DA — 3806 C. ains demain : que li cos soit cantant (ainz le soleil couchant 4) — 3807 N. sorvendront (sorvenrons 4! ; nos .x. m. P. 4) .ix. mille de Persant — 3810 Si E: tr. (mestre A) communaument — 3811 S.s. mis (arz 4): a duele. at. E — 3812.1 Ce vers

seE se trouve plus haut à 3805.2 — 3815 et si d. E, et seul dit son [sic] 4! et sel QUE

AVEUX

DE L’ABBÉ

163

qui traïsson porquiert et porentent qu'il est honis au darienement. Traï avons Renouart voirement, et nos meiïmes ansi ansument. C’est a bon droit se nos morons vilment. » S'il sont dolant, n’en demandés noient : «Hé, Renouart! Mar fut vos hardement cant vendus estes ansin vilainement. Nos l’otriames, or en somes dolant ! » Plorent et crient et sont en grant torment; a l’un a l’autre consaillent voirement : « Que ferons nos, dites en vos talant? Diromes nos Renouart cest torment?

Il est molt fiers et plains de maltalant. » Et Renouars

la mermure

en

3820 1

4

3825

entent;

mervaille soi de lor consaillement ne porqu'il plorent ansin fondeement. Il lor demende soef et bellement : «Que avés vos,» dist il, «ma bone gent?

3830

Avés paor de la mer et del vent? Mar douterés, vos avés bon garent : saint Jelien, que nos servons sovent. Se nos creons an lui parfitement, mar douterés ne roi ne aimirant. »

3829

3834 3836

I.

3816 Que tr. conquiert et il le prent E ; e. entreprent

4 — 3817 Ile. h. sans

nul desrainement E ; darraienement — 3819 Or soumes nous (E. n. resomes 4)

trait tot ensement 3820.1-.4 manquent À — 3820.1 do. ne m'en mervel noient £ — 3820.2-.4 manquent E — 3821 PI. li moine 4; et font gr. mariment — 3822 Et l'uns ; coiement — 3823 n. por Deu omnipotent — 3824 covent — 3825 m. fel 4 — .1 Ocira nous trestout premierement — .2 Ensi demainent (S’avra entr'aus 4) molt fier rüellement Æ, rooillement 4! reoillement 4";

fier

omis 4 — .3 N'est pas mervelle se il en sont dolent E, S'il sont dolent nel demandez noient À — 3826 m. et ent. E — 3827 murmurent —- 3828 Et porcoi pl. ensi faitierement — 3829 Il ; bonement 4 — 3830 mauvaise g. E, chaitive g. À —

38345. vous en Deu crerés veraiement (creez bien vraiement 4) —

Bien pensera de vo repairement — torment

À.

3835

3836 d. ne orage ne vent E, d. orage ne

RAINOUART

LE MONIAGE

164

II

CXXIII. Renouars

molt molt Dist Cant et en

a les moines

esgardés,

[c]

les voit mors et cois et trepansés, corociés et forment enplorés. Renouars : « Dites moi que avés. vos regart, molt vos voi adolés vos cuers correciés et irés.

3840

N’aiez paor des vens ne des orés; sains Jeliens vos sera avoés. »

Li moine l’oent, si en ont ja li deïssent volantiers et mais tant redoutent et lui ne l’osent dire con li plais

grant pités; de gré, et sa fierté est alés.

3845

CXXIV. Renouars voit ses moines esmaiez. Dist l’un a l’autre : « Molt est mortel que Renouars est ansin anginiés.

pechié

3849 3851

Se icist plais ne li est acointiés,

veez nos tos honis et vergogniés; qui li dira, ce sera

amistiés.

3855

Renouars est molt corageus et fiers, ne ne puet estre par home justisiés. » Dient li moine : «Ce sera amistiés. » Lors li chaïrent de toutes pars aus piés : «Sire,» font il, «or ne vos esmaiés !

3860

3838 v. mas — 3839 manque E ; Et c. À — 3842 et torblés — 3845 si lor en prent p. — 3846 [1 — 3847 M. il 4° — 3850 Grains et dolans et les vis (forment A) enbronciés —

3851 laut. bien —

3852 e. si fort (mal 4) e. —

3854 Vés n.

trestous E — 385$ di. molt (ce 4) se. grans daintiés — 3856 m. orgillous £ — 3857 Ains — 3858 Dire li ront E, Die li en À ; qu'il en est granz mestiers — 3859 L. |. corurent — 3860 aïriez À.

RAINOUART

APPREND

LA VÉRITÉ

Certes vos estes malement engingniés; HIT. jors ait et passés et entiers c’aus paiens estes et vendus et liés. Li abes s’est envers Deu renoiez. Ansois demain serés prison loiez, dedens Aïete menés et trabuchiés: ja de la mort ne serés respitiés. »

165

3864 3866

CXXV. « Renouart sire,» ce dient li clostrier, «nos nel poons plus celeir ne noier : l’abes Hanris, cui Dex donnst anconbrier,

3870

as Sarrasins vos vendi des l’autr'ier. Nos l’otriames par nos grans anconbrier, qu'il nos sanbloit trop voliez mangier. Trestuit cil moine que vez lai arengier, ce sont paien, Dex lor dont anconbrier. Prendre te doient ansois a l’anuitier que en Aiete te moinent prisonier; illoc t’atendent

de paiens

.C. millier,

qui t’ocirront s’il te puent baillier Et vois tu lai ce grant moine plenier? Ce est Tibalt,

a celer nel te quier;

et vois delai lou fort roi Murgafier.

[4] 3881

3861 es. vilainement traitiés — 3862 et tous plains e. e. E; Quar tre jorz a toz p. À — 3863 es. vendus e. engigniés (esligiez À) — 3864 L. ab. est vendus et engigniés E ; Quant l’abes s'e. au paiens r. 4° — 3865 Vous (Touz À) iestes mors se ne vous en (s. vos ne vos À) vengiés — 3866 s. pris et 1. — 3867

manque

À° ; Es tors d'A. getés e. t. (seroiz prisons loiez 4') — 3870 Nel te —

3871 Hen. qui ait grant destorbier 4 — 3872 A. S. te rendi £ — 3874 Quar E, Il 4 — 3875 Si nos cremiens de nos biens enwagier (engagier À) — 3876 p. li felon losengier — Dans E 3878 se trouve après 3878.2 — 3877 Qui e. A. t'en — 3878 P. t. voelent £ ; anq'ui EA' — 3877.1-.2 manquent À — 3879 E. v. t. ore À ; A' écrit E. v. t. ore cel ore — 3880 cel ne 4! — 3881 Murgalfier E, mugafier A — 3882 Escladubiaus (Esclardubaus 4) si siet lés cel Gaifier (planchier 4).

RAINOUART

LE MONIAGE

166

II

Par traïsson t’en moinent prisonnier. N'i avons corpe fors que de l’otrier; or te volons por Deu mercis proier. » Renouars l’ot, lou sanc cuide changer ; de maltalant

commence

si commença

les iolz a rooillier.

Cant

il entent

3883 3835

a sorcillier,

lou mortel

anconbrier,

de maltalant cuide vis enragier. « Glouton, » dist il, «molt me puis mervaillier cant vos osastes tel chose commencier. N'estoit ice mercis vos oi proier, ja vos feroie a dolor baaillier !»

3890 3892

3895

CXXVI. Renouars a les moines escoutés que li a fait li abes defaés, et par aus est icis plais creantés. « Certes, » dist il, « mal esploitié avés. De quel diable vos vient il en pansés con cist plais fut par vos acreantés? N'iert por itant que mercis demandés, ja vos avroie murtris et estranglés! Mais or vos soit de par moi pardonés por sol itant que vos nel me celés. Est ce Tibalt, cil grans, cil mesurés ?»

3900

3905

3884 N. av. coupes ne més a (fors seul d. 4) — 3885 p. ce À — 3886 le sens c. ch. À, vis cuida manquent E — 3891 3893 t. oevre c. À (mortel) 4 — 3898

erragier De Deu — 3894 E. p. les

E — 3887 someiller À — 3888 Il E — 3889-90 de glore se commence a sainier — 3892 m'en 4 — N'e por çou E — 3896 KR. ot la traïson mortés mognes iert li p. cr. — 3899 il molt iestes (vos voi A) deffaës — 3900 v. iteus p. — 3901 C'onques : f. de À ; creantés — 3902 Més p. 4; q. vous mer. E, q. mer. m. 4; criés — 3903 av. et (touz 4) mors ; et

afolés À —

M. ce E —

3904

3905

P. seulement.

RÉSOLUTION

DE RAINOUART

167

«Oil voir, sire, je mar an douterés! Et tuit cil autre sont paien defaees! Tout por vos prendre se sont tondu et reis. Ce fait li abes, que vos ici vaeez. » Renouars l'ot, forment est trespensés,

3909.1 3908 3907 3911

de maltalant est a terre clinés. Cant se redresce, s’est tos descolorés,

a lui meïsmes à .IIII. mos parlés : « Certes, » dist il, «de fort ore fui nés cant tos 1 mons m'a si coilli en hé. Or cuidoie estre a tos jors reposé, mais or suis ci laciés et atrapés, car il n’est hons qui de mere soit nés, s’il iere ansin con ge suis anconbrés,

que il ne fust durement

3915 3916 3919 3920

effraés,

Saint Jeliens, a vos me suis donés; gardés moi, sire, si con faire devés !» Il dist as moines : «Or ne vos effraés

que Dex avra ici de nos pités s’an lui avons creance et volantés. Je ne suis pas de ce espoentés s’avoc paiens suis ceans anserrés; ja n’i serai ne mors ne afolés. De tans estors ai esté anconbrés dont ge me suis merci Deu delivrés; 3911

3925 3926

[322a] 3928 3930

Ce vers manque.

3907-10 EA suivent l'ordre de c, tout en mettant 3909.1 après 3980 —

3907

s’est (Est À) il por moi ton. et coronés — 3908 aut. environ et en lés — 3909 Ça ; q. devant lui (vos 4) v. — .1 m. le mescrerés — 3910 Tos serés mors se ne (ne omis A?) vous i gardés (rescouez 4) — 3911 Rainoars l’ot forment est (touz en fu À) trespensés — 3912 (s'est 4°) e. vers t.; aclinés E — 3913 red. si fu molt coulorés (trescoulourez 3918 Quant je me sui rendus ci loiez À) e. enconbrés — entrés £ ; C'’ert ore aussi c.

feüst d. esgarez À —

4) — 3917 De toutes pars me tienent en viltés — et adounés — 3919 Je — 3920 Or s. ici 1. (Or resui 3921 Q. n'e nus. h. £ — 3922 ens. comme g'i s. j. s. ci entrez À — 3923 Qu'il n. f. ja E, Qu'i ne

3925 G. vo moine À —

3926 Lors E —

3927 Mais

cescuns soit en droit foi (envers Deu 4) confortés — 3928 manque E ; av. ceans A — 3929 loiautés — 3930 S'a ces p. 4 — 3934 desconbrez 4.

168

LE MONIAGE

RAINOUART

II

faces me ditrent au rivage de mer que ne seroie par armes mors gités ne an bataille ne vencus ne matés. Je ne morai

desi que vos

oés,

mais or vos pri, si veus que m'escoutés d’or en avent me portés leautés et soiez preu,

car mestier

3935

:

3940

en avés.

Puis que li ons seit que il est alés, si doit avoir an lui molt grant fiertés, com uns lions qui est deschaeenés. Se ges asal, antor moi vos tenés. Mais d’une rien sui forment enchantés

que n’aportai mon

3945 3948

grant tinel quarré.

Mais dirai vos ou est mes recovrer : en cest dromont, que vos ici veez, voi un grant fust qui est gros et quarrés; je lou prendrai, bien an sui apansés. Les Sarrasins ja mar les douterés; ansois demain que il soit ajornés, les vos avrai si malement menés li plus legiers sera mal conraez. Mar s'i condient li cuvert defaeez! Baron, » dist il, Xor vos resvertüés!

3957

3950

3955 ]

Mais.

3935 d. au jor que je suis nés — 3936 Q. ja n'estroie p. nus home (p. h. mort A°) j. À — 3937 bat. recreans n. m. £ — .1 Mais en cel lue meïsme u sui donés (fui nez 4) —

.2 La serai jou de cest siecle finés —

tiermes noumés (donez 4) —

.3 A. 1. (.Ix. 4) ans est li

3938 ja n'i m.: devant E —

3939 pr. signor q. m'entendés E, pr. je voil que m'en doutez À — 3940 feautés EA!, loiautez 4° — 3942 ho. voit bien qu'il — 3943 av. de lui m. gr. pités E — .1 Et doit fiers iestre saciés par veretés E — 3944 Comme E, Plus que E — 3945 S. les À : vos omis E — 3946 Puis querrez armes au plus que vos porrez À — 3948 M. d'u. cose s. f. enganés £ — 3949-50 manquent A — 3949 n'ap. u perçant u tinés £

— 3951 v. illuec v. — 3952 V. jou un E, V. i. tel (gros 4°) À : mast : q. sie. grant 4°‘: plané — 3953 b. m'en s. porpensés — 3954 m. en d. E, m. redouterez À — 3955 q. jors — .1 manque À : frapés E — 3956 L. pl. halegres n'ara jamés santés — 3957 manque E ; Mar s'il tondirent les ferai ordenez À — 3958 esvertüés E.

PRÉPARATIFS

DE COMBAT

169

Or vailliés tant que l’estor soit mellés. » Dient li moine : « Veés nos aprestés ! »

3959 3961

CXX VII. Quant

Renouars

oï la traïson

que li ont faite paien et Esclavon, de maltalant a fronchié lo grenon; ne puet soffrir plus soit an lor prison. Ja lor movra

tel nose

3965

et tel tençon

dont il moront a grant confussion que del jor d’ui n’avront confession. En sa main tint Renouars un baston: araement vint a Tibalt l’Esclavon,

3970

qui /a parloit a un paien felon. De Renouars devise la prison, com

il seroit menés

comme

[b]

laron,

s’avroit tous jors el chief lou chaperon. Es Renouart qui vint a cel sermon, osté avoit et froc et peliçon pour miolz ferir antor et environ. Devent

Tibalt estut

molt fierement

tout

3975

a bandon,

l’an ait mis a raisson

:

« Dites, vasal, comment avés a non? Par cel apostre c’on quiert an pré Noiron,

3980

vos n’estes pas de nos religion, 3971

Q. L'apeloit comme

p.

3959 ©. vallent t. (vaille autant À) quant l’est. ert m. — 3960 Et s'il estoit u rois u amirés — 3961 mo. vés n. tos ap. — 3963 fait Persant — 3964 D. m. en froncha 4 — 3966 J. movera EA', J. i movra 4° — 3967 D. Sarrasin m.; fuison —

tronçon glouton — 3974 — 3976 a ab. —

3968 Ne de lor deu n'a. rescousion (n’a ja garison À) —

3969 R. le

4 — 3970 Eraument £, Errant en À — 3971 Q. la parlait a 1. p.; £, Goron 4 — 3973 Que E, Comme s. 4', Comment s. 4°; baron E S’a. toudis el col le caegnon — 3975 v. de grant randon, venoit d. r. À av. son f. son E, son f. et son 4! — 3977 P. m. aidier et f. — 3978 s'est 3980

av.

vos

n. 4 —

3982

de no

E, d. nostre

4;

region.

170

LE MONIAGE

RAINOUART

ne tuit cil autre que ci voi environ. Sarrasin estes, bien en voi l’oquison pour moi saissir et geter en prison vos estes mis en no religion; mais dec’a poi en avrés guerredon.

II

:

3985

Bien vos conois, Tibalt li Esclavon, mes parens estes, ne vos valt un bouton,

car ans n’amai ne vos ne vo Mahon. Cuidiés ne vos avoir pris con bricon? Je vos defi sans nulle arestisson ! » A icest mot lait aler un baston: Tibalt cuida ferir ens el chaon. Li rois guenchi,

3990

si feri Corsabrun ;

3995

lou col li tort ansin con un chapon. A la retraite feri si Coridon qu'il li copa lou foie et lou pormon. Puis saissit l’abe par lou noir chapiron, si lou geta a ses piés el dromont ; pour un petit qu'il n’a rout lou chaon. Ja nen aüst de la mort guarisson qu'il n’en aüst tantost son gueredon, cant rois Tibalt s’escria a haut ton : « Quel la ferés, franc chevalier baron? Veez ci l’ome que nos tant desiron, qui nos à faite tante destruction et afolés tant Sarrasin baron. 3992 Ce vers manque



3996 Cordron



3997 Qui —

4000

4005

4003 on.

3983 aut. qui ci sont env. 4 — 3984 b. en sai 4; v. la façon E — 3986 redemption Æ, en nostre region 4 — 3988 c. dant T. l'Esc. 4 — .1 manque À — 3989 Mais a. n’am v. ne vo deu M. — 3990 v. avoir en vo prison — 3992 A icest mot lait aler .i. (le 4) baston —

3993 f. el chaaignon 4 —

3994

si consiut Soteron E; Fauseron À — 3995 li ront ;:con ce fust E — 3996 Coridon E, Cordion 4 — 3997 Qu'il li ronpi — 3998 l'ab. sel prent au ch. — 4000 p. ne li ront le pomon 4 — 4001 J. n'i À — 4002 Que bien n'eu. E; de plain s. g. — 4003 Ne fust (Ne més 4) T. ; qui cria (lor escrie À) a h. ton — 4004 Que 4°; fe. paien et Esclavon E — 400$ Vés ici l'oume q. n. itant haons E — .1-.2 manquent À — .2 ta. chevalier b. E.

RAINOUART

ATTAQUE

LES

PAÏENS

Tout soit honis de nostre Deu Mahon qui de son cors ne prendra vengisson ! » Lors oïssiés grant noise et grant tenson qu'il estormissent contreval lou dromont ; a Renouart en corent de randon : primes i vint Cadifers et Corbon, et Druguefers et son neveut Brehon, JIIT. jeans de male estration. Mais Renouars fiert si l’un del tronson toute l’eschine li pesoie et desront; mort l’abati devent lui el sablon. L'autre brisa les rains et lou crepon. Li dui lou voient, ne dient o ne non; aier se traient, si l’assaillent de long. Et Renouars salt avent lou baron, si à saissit lou mal a ses .II. pons,

si l’esraga par tel devision les cordes ronpent qui tienent environ. Qui la veist Renouart lou baron, comment il fiert contre la gent Mahon! Les pis lor froise, et les piés et les pons. Aprés lui fierent li moine a contenson : li uns tient hache et li autres baston; les abatus ocient el dromont. Et paien fuient par grant devision par les estaches qui erent de laiton,

171

a

4010 gl [c]

| 4015

il

4020

4022 4024 4025

4026 4031

4007 co. n’en 4° — 4008.1 Q. s’est. À ; Il escrierent c. el d. E — 4009 A. R. aceurent — 4010 Premiers li v. ; Bondifer Corleron E, et Bondin et Corbon À

— .] manque À; E. Burgafier ; Broion £ — 4011 estation E — 4013 Qu'il l'esmia desi que el talon (menton 4) — .1 manque — 4015 Li autre doi douterent le baston (redoutent le baron À) — 4016 Ariere tr. E ; si as. — 4017 Au mast aceurt R. de randon — .1 manque — 4019 contremont — 4020 KR. le frans hom £ — 4021 Comme il se f. À ; entre — 4022 fr. le col (les cors 4) et le

menton (les mentons 4) — 4023 Cui il ataint n’a de mort garison À — 4024 f. m. par c. £ — 4026 oc. a bandon 4 — 4027 mais (Et 4) Rainoars parfiert (i f. À) de tel randon —

.1 Qu'il les abat .vi. et .vi. en .i. mont (el dromont 4) —

4028 Nes puet garir Tervagan ne Mahon — 4029 Tuit fuscent mort n'euisent raençon — 4030 Mais il avoit .i. castel el dromont E — 4031 Que E, Quant 4; p. fisent E ; p. tel d. — 4032 Que les ataces et tout li kievillon (chevillon 4).

RAINOUART

LE MONIAGE

172

de l’estain ierent et de fer contremont, et les batailles tout entor environ.

II

4034

CXX VIII. Quant

ot paiens envais,

Renouars

4036

or sachiés bien ne fut pas esbahis. Lou

mail enbrace,

si l’a a son

col mis;

il lor escrie : «Mar i fui or traïs »! Qui lou veïst contre les Arabis, com il lor ront les costes et les pis! À III.

cos en a bien

.XX.

et puis escrie ses moines « Ferés, baron!

Remanbre

Molt

vos con

ocis,

beneïs

vos

:

voi alantis.

chascuns

4040

4043 4045

est traiïs!

Qui n’i ferra, de ce soit il bien fins,

que jamais n’iert a nul jor mes amis. » A ces paroles les ait si acoillis; au mail qu’il tient les a si departis plus de .CC. en a en mer flatis. Tibalt voit bien qu'il est aconsüis, que de sa vie ne sera achief pris. Ens el chastel

est contremont

et aprés lui monta Escaludubars

li veuz

4050

saillis,

l’abes Hanris,

4055

et li floris,

4058

4039 I. 4033 Ierent d. f. entor et environ (par tel devision 4) — 4034 manque E; Que I. bat. sont de fer env. 4 — 4037 n. f. mie — 4039 Puis E, Il À: f. voir tr. — 4040 v. entre — 4041 ro. les tiestes — 4042 b. .xxx. E, en a .ix. 4 — 4043

Puis escria £ — 4044 Dont il avoit o lui .Ivi. 4 — 404$ b. trop estes al. E; F. franz moines ne soiez esbahiz

À — 4046 KR. v. que (vous omis A!) ; vous estes

tr. E — 4047 Q. i À ; so. chascuns À ; fis — 4048 manque À ; Il n'iert a nul jor E — 4049 A icest mot I. avoit envaïs E; les ra (a 4°) si assailliz À — 4050 envaïs E, acoilliz À — 4051 en la m. sont ÆE (en sont en m. 4) salis — 4052 b. s'il £ ; b. se (que s'il 4°) il e. consüiz 4 —

4053 se. termes pr. E ; n'estra més

rachas pr. 4 — 4054 Sus: e. c. en c. E — 4056 Encor estoit del cop tous esdordis — 4057 Apriés monta Aquilans de Lutis — 4058 Escladubiaus E, Esclardubaux À.

VICTOIRE

et .M. paien se sont avoc

DE RAINOUART

173

aus mis.

[d]

Les verroz traient, si ont barré les huis. Lors fut Tibalt laissus forment marris; bien volsist estre el rene de Persis,

4060

Esclaudubars volsist estre a Lutis. Dient paient : « Mahons est endormis ! » Et Renouars, qui vint tout ademis, lou remanant et il tout departis. Que vos diroie? Trestous les a ocis, noiés en mer et forment malbaillis. Des l’avesprer, que li jors fut faillis, ne fina 1l ansois fut miedis. Bien li fut Dex a icel jor amis.

si 4064 4065

Ans

4070

ne

fut hons

qui tant

dj

J

fust poestis,

car on lou trove en geste et en escris cant dut morir et li termes fut mis, que

les sains

anges

1 out Jhesu

tramis,

si out .III. faes a jor qu'il fut naquis, chascune faee mist sor lui ses eslis : li une dist qu'il fust grans et fornis et que il fust corageus et hardis et sor tos homes et fors et poestis; l’autre

iere iree, si li soshaida

4075

al

pis,

qu'il fust tos jors et fos et asotis; 4078

iree manque



4079

4079 et yvres de fors vins.

4059 p. apriés aus s. s. m.; E. quant p. (p. omis 4') À — 4060 manque A: tr. et ont les barres mis EA' — 4062 Il; r. as Arabis E — 4062.1—4063 intervertis dans E — 4062.1 Escladubiaus E, Esclardubaus À : v. e. a Brandis E, es regnes de L. 4 — 4063 U ot jaians £. Et tuit li autre À ; outre la mer de Gris —

4065

q. molt

fu endormis

(engramis

4) —

4066

L. r. des Turs

a

aquellis — 4067 dir. tant en avoit oc. E — .1 manque À — 4068 avespree — 4069 N. f. onques E ; si fu pasés m. —.l manque À — 4070 fu. poesteis E — 4071 Mains clers I. t. es letres e. e. E ; Mais À ; g. generis À — 4072 pris E — 4073 Q. I. siens a. £ — 4074 f. au j. que il n. 4 — 4075 C. d'eles E ; son avis — 4076 L'une li d. : q. f. gros £ — 4077 E. qu'il f. ; preus c. E, molt corporus e. h. À — .1 manque — 4078 iree — 4079 et fos et asotis — 4080 Et qu'il euist et fos

mos et fos dis E.

LE

174

MONIAGE

RAINOUART



II

4081

la terce faee li fist autre devis, que j'a ne fust en bataille matis, nel sera il par home qui soit vis. Cant ansin out Sarrasins malbaillis, et lor dromont ot a force conquis, lors fut las et mas et alantis; desor son mail s’est arrestés et mis.

4085

CXXIX. Quant Renouars ot si la nef voidie, dist a ses homes : «Ne vos esmaés mie; sains Jeliens nos sera en aïe. Reposés

vos,

c'ans demain

si faites chiere

et si serés ancor Mais

lie,

vespres avrai en ma

cel fort chastel

ou

baillie

ont pris manantie,

en l’abaïe.

de l’abeit ne vos

mentirai

mie,

dolans en sui cant n’a perdu la vie.» O voit Tibalt, haltement li escrie : «Par

tant que Vos qui

mon

chief, rois, Damedeu

nos

.10 aïe,

avrés vos par ma chevalerie or tenés par moi enfermerie. resanblés columbier ou espie an sa main nen ait manantie.

Rendés

moi

4087.1

l’abe, o mes

cor

vos

[323a]

defie,

qui m'a trai et vendu par boidie. Il en avra la teste roongnie !»

4081 f. si f. E — 4082 Qu'il E ; bat. amatis

À — 4083 N'il ne s. E, Ni estera

A'N. s. il 4’ — 4084 aquellis E — 4085 par for. E — 4086 L. f. molt caus: pour voir le vous devis E, et las et amatis acoutez À) e. m. — 4087.3 se. tous —

À — 4087 D. s. mast fu acostés (s’est

.5 C'ançois d. —

.7 E. s. serons E, irons

A — .9 Sui molt d, qu'il — .11 r. Jhesus Cris vous maudie E— .12 T. ai erré p. m. bacelerie — .13 Q. o. vous ai lasus en fremerie — .14 Or. E: r. u coulonbel u pie — .15 manque E ; m. ait prise m. 4 — .16 R. nous 4 — .18 Ja li arai.

THIEBAUT

ENFERMÉ

Et dist Tibalt : «Ne vos mentirai mie, ja ne l’avrés en toute vostre vie! Je ne vairés, je cuit, l’aube esclarcie : si me venront .X. .M. Turc en aïe: sire bastars, vostre mort est jugie ! » Renouars l’ot, durement se gramie; de lons s’anpoint, si a pris-acoillie, del bout del mail feri a une hie que l’une part de la destre partie fist tout baissier devers destre partie; des .IIII. estages est l’une departie. Tibalt

lo voit, s’a la color

sire, car nos

.19.1 .20

25

nercie;

dist a ses homes : « Nos n’i guairirons mie! Mais secors targe, ja n’i avrons aïe. Mahomet

is

.30 .30.1

faites aïe!

Que dormés vos — diables vos maldie! — que si veez les vos gent esbahie? Se puis venir aier a guarentie, tant vos batrai de fust ou de cugnie ja vers nul home ne ferés mais boidie. » Trestout cel jor lors dura l’asaillie; ne fust la poiz qu'il ont cuite et boulie, que il getoient sor Renouart a hie, tuit fusent mort et ocis a hachie.

32e

23

31:41

.19 v. en rendrai mie — .19.1 manque — .21 T. a navie A'. aramie 4° — .22 Cuivers b. — .23 Et KR. 4; d. s’en g. — .24 pr. s'escueillie À — .25 D. b. devant E ; d. must 4 —

.26 Q. l’un des pans deviers l’autre (destre 4) p. —

.27

F. depecier l’uevre en est departie Æ, Est touz brisiez et l'uevre desjointie À — .28 est l’uevre depecie E, est l’une despointie À — .29 v. la c. a n. E — .30 ni düerons m. £ — .30.1 Mes À ; ta. et g'ai mestier d'a. £ — .31 Hé Mahon: n. sauvés la vie — .32.1 manque A; Q. s. avés vo grant ge. oubliie Æ£ — .34 machie E, d’escorgie A — .35 J. v. vostre h. 4 ; Jamais par home n'en avrés garandie E — .36 Trestoutej. £ — .37 p. qui fut c. E, p. qu'il ot chaude e. b. 4 — 37.1 manque À — .38 Ce lor douna de la mort garantie.

176

LE MONIAGE

RAINOUART

II

CXXX. Renouars fut travailliés et penés des Sarrasins que il avoit tüés

4090

et au chastel ou out grans cos donés que par .II. fois en out les huis froés. Mais Sarrasin en ont laissus assés; tos les ont mis et a gons refermés. Renouars voit que solas est clinés;

aier se trait et chaus et essüés. Il vint as moines, ses a araisonés : «Baron,» dist il, «cest maistre huis me Prenés

ces armes,

car mestier

gardés.

en avés,

que Sarrasin ne soit jus avalés. S'il issent fors, baron,

si m'’escriés!

Je voil mengier, car ge suis molt lassés. » La nuit menja Renouars un lardés et III. chapons bien cuis et conraés, bien but de vin .Il. sestiers mesurés; puis s’andormi, sa costume estoit tés.

4105

Li rois Tibalt n’iert mie asseürés, dist as paiens : « Baron, or m’entendés. Cist vis diables ait molt grans poestés; il ne puet estre ne vancus ne matés.

Vez con nos a malement desroutés, et sachiés bien cant il iert reposés, 4088 Erreur de lettrine, Q pour R —

4109 Veez con

4110 il n.

4089 D. S.qu'il ot mors et t. E — 4090 c. a ruistes c. d. — 4092 o. la grant plentez 4 — 4093 et les huis resodés E, et es engienz boutez À — 4095 se tr. molt ch. À : tressüés — 4096 manque À ; E voit ses m. entor lui asanblés E — I I (Si 4) les apele con ja oïr porés — 4097.1 manque À ; car asés E — 4098 ne soient av. — 4100 Dans E ce vers se trouve entre 4097 et 4097.1 : Je vois À ; car forment s. 1. — 4101 v. lar. — 4102 E. .v. c. en .i. espoi boutés (tüez 4) — 4103 Si b.: fort (du 4) v. — 4104 s'end. que s. c. ert t. 4 — 4106 D. a ses

mognes (Homes 4) — 4109 Vés qu'il E, Vez con 4 — 4110 Et qu'ert ce dont E, Et que dont ore À; quant sera r. E.

ÉVASION il rasaudra,

DES

177

PAÏENS

ce est la verités;

ansois miedi nos avra tos tüés Nostre secors trop nos est demorés; _ fuions

nos

ent,

se croire

me

volés. »

«Voir,» dist il abes, «je l’avoie an pansés. » Dient li autre : « Nos l’avons esgardé. » A ces paroles ont batels avalé, que il avoient en lor chastés assés. Paien i entrent, n’en i a nul remeis; en fuie tornent que n’i sont aresté. De ce fut molt Renouars esmarrés; tant se dormi que jors fut ajorné, que Renouars s’est par matin levé et dist as moines : « Ques novelles dirés? En fut puis nus des paiens avalés ?» « Nenil voir, sire! Ans sont molt acosié: ne dient mot ne qu'il soient tüé. » Dist Renouars : «Je lou savrai assés. » Revient

as huis, si ait .III. cos

4115

4120

4125

getés

que tos les a et frais et debarrés; tant a feru que laissus est montés. N'en trove nul, si est molt aïrés; dist a ses homes : «Toute est nostre

4130 la nef;

füi s’an sont, jamais ne les vairés. »

4111 Il asaura

— 4112 Ains miedi

— 41135. no e. moltd. E—

41ISEtE:il

m'en vient e. p. £ — .1 manque À ; Voir front |. aut. prous n'est li demorés E — 4117 Dont : lor hostel À — 4118 Enz el chastel 4 — 4119 to. a la voie (aus

voiles À) et au trés — 4120 esgarés E, enganez A4!, engignez 4° — 4121 dor. que il E — 4123 D. a ses m. — 4124 Fu puis çaiens (Ça jus 4) n. p. av. — 4125 s. il E ; acoués E — 4126 mo. ne sai c'ont en pensés — 4128 Ii vint £ : hurtés — 4129 Q. t. 1. huis a fr. À ; esbarés E — 4130 Et t. a fait que amont 4; q.en son £ — 4131 nu. m.ene. a. E, si en fu m.irez A‘ — 4132 Et d. aus moines 4 : e. wide I. n. E — .1 so. ja mar le meskerés £ — 4133 As vis diables soient il commandés

E.

178

LE MONIAGE

RAINOUART

II

CXXXI. Dist Renouars : « Baron, soiez joiant! Conquis avons vers paiens cest chalant. Avroit il nul qui an saüst nient ne qui saüst de mer ne tant ne cant?»

4135 [c] 1

Dient li moine : «Nos n’en savons noiant. » Dist Renouars : « Molt estes nonsachant. »

Que qu’il aloient tout ansin devisant, estes vos lai Tibalt l’Arabiant; o lui .X.M. qui li seront aidant. De toutes pars asanblent lor chalant, et Renouars s’an va bien defandant. Il fut laissus el chastel en estant et rue pieres et grant mairien pesant; cui il ataint, il n’ait de mort garent. Et tuit li moine furent au bort devent.

4140

CXXXII. Grans fut l’asalt tot environ la barge, au dromont hurtent et paien et aufage. Et Renouars fut lassus en l’estage; tel peron gete, plus i a d’une cherge, de Sarrasins 1 fait mortel domage. Forment asaillent la pute gent salvage : a cros de fer que chascuns i enlace 4145.1

cuil.

4134 D. R. signor E — 4136 Tail n. E, A. or. n. À; q. s. d'estrumant (onques fust estr. 4) — 4138.1 manque À — 4140 E. v. ja roi T. l'Aufricant — 4141 O les À ; q. hi (le À) vienent sivant — 4142 pa. asalent le c. — 4143 se va



4144 Qui E —

4145 granz quarriaus p. À —

vienent E ; h. Sarrasin 4 — 4150 Ces quarriaus

grant d. 4 —

4152 F. l'as. E, Souvent l'as.

.1 manque —

4148.1

A. d.

4 — 4151 D. S.af. E : molt

À —

4153 A tres granz c. À.

NOUVEL

ASSAUT

DES

PAÏENS

sachent la nef li Sarrasin marage. Desos Aüiete en l’ancien estage -L. .M. paien sont a estage qui tuit atandent Renouart au rivage; n'i a celui de mort ne lou menace qu’il ait destruit et aus et lor lignage. Deu lou guarisse, qui fist oisel volage; se Renouars vient a cel herberjage, n'en revenra jamais en son aage ne

ne vaira

Guillaume

Fierebrace,

ne Maillefer ne sa seror Orable. Mais on lou dit et trove en son linage c’ans ne fut hons de si grant vaselage. Ici commence chançon de grant barnage com 1l fut rois d’une terre salvage, que il conquist Gadifer de Cartaige dedens lou chanp par moit fiere bataille; ans ne fut tex que Noë fut en l’arche.

CXXXIIT. Tiebalt d’Arabe fut dolans et irés de ses paiens qui sont a mort livrés, que Renouars les a tos efrontés. Les .X. miliers a Tiebalt ancontrés

4175

4154 onbraje £ — 4155 Ne fineront si l’aront au rivage — 4156 D. A. u est tous lor paraje E, ou l’ost est en l’erbage 4 — 4157 .LX. M. p. i font est. E, A .X. M. p. i ont fait l'or est. 4 — 4159.1 Qui des. a E — 4160 marage 4 — 4161 S. R. va en £ — 4162 Ne E ; au (en 4) monïaje — 4165 tr. e. mainte cartaje E ; Bien le raconte l’estoire n’est pas fable 4 — 4166 ho. qui fust de son barnaje E; , s. fier v. À — 4167 com. une c. mirable — 4168 Comment f. £ — 4169 lestre le dut £, Bien le doit estre À ; car il fu del (car el [il 4°] f. ses 4) lignaje — 4170-4171.2 manquent E — 4170 Et s'en ocist G. en bataille À — 4171 manque À — .1 t. des que N. fist l’a. À — 4172 Li rois T. E ; f. durement (molt

forment À) iriez (irez 4°) À — 4173 p. c’a laisiés mors getés — 4175 Les .xv. m.

LE MONIAGE

180

RAINOUART

II

qui lou suivoient par molt matin armés; il lor escrie : « Trop avés demoré, car Renouars nos a tous desroutés. S’or nos eschape li traitres provez, jamais de moi ne tendrés erités ! » Paien respondent : «Or ne vos aïrés, que ja vos iert rendus et delivrés; n’en puet partir n’en soit enprisonés, dedens Aiete en la chartre getés. Si n’en istra jamais en son aëés desi adont, sire, que vos volrés. » «Voir,» dis Tiebalt, «or vairai que ferés. Molt serai liés se vos lou me tenés. »

[d 4180

4 ”.)

4185

A ces paroles sont paien escriés; de lor neis traient mervaillos pis quarrés, et mas de fer, et picois acerés,

et cros de fer c’anviron ont getés. La nef en moinent par vive poestés, et Renouart est el chastel remés, il et si moine,

.XL.

en out armés;

sorent quarrés et grans fus adolés. Et Renouars lor a d'’itex getés ne lou portast un ronsin estaleis; de Sarrasins a III. .C. afolés. Paiens nel voit n’en soit espoentés; tos lor angins lor a frais et quassés. Dist a ses moines : «Fil a putain, ferés!

4191

4190

4195

4199

ens.

4176 Q. li venoient E ; par mi la mer as nés (armez 4) — 4177 Tiebaus esc.

(T. lor crie 4) t. estes (m'estes 4) d. — 4183 N. (Ne À) p. aler ne E — .I en vo c. ; avalez À — .2 N'en istera ; vos a. E — 4184 Et E — 4185 rendés — 4187 D. I. tours 4 — 4188 E. peus ; agus e. p. ameurés £ ; p. amourez A!, amoulez

À — 4191 R. est ens E ; montés — 4192 x. gr. peus adoubés [sic] E, gr. bans charpentez À — 4195 r. enselés — 4196 D. lor paiens a n'en soit effraez À — 4198 froés — 4199

E, .1. À ; d'armés — 4193 Ruent : 4 — 4194 perrons g. E, de tiex g. bien .ccc. tüés E — 4197 v. touz put. gietés.

RAINOUART

SE DÉFEND

Tex 1 venra qui j'a n'iert confessés. » Voit lou Tiebalt, a poi n’est forsenés: dist a ses homes : « Baron, quel la ferés? Jamais n'iert pris cist lichieres desvés. » «Sire, » dist l’abe, «savés que vos ferés? Car

commandés

li vaisias

181 4203 4205

soit troés,

si sera ja li vaisias efrondés, et li chastels et pris et conquestés. En tel maniere an serés delivrés. » « Voir,»

dist Tiebalt,

« jai ensin

n'iert finés;

jel vorai vif, tex est ma volantés! S'iert en ma chartre trabuchiés et versés tant que lai iert li jugemens donés. D'ui en un mois iert Mahons celebrés si com il fut el fumier estranglés; adont sera Renouars fors getés, s'iert ansinc ars et en polre ventés. Ansin

sera

a dolor

tormentés,

si en serai et prisiés et loés, ensin sera vengiés rois Desramés. » Dient paien : « Biau sire, bien ferés. L’ariere

[3244]

ban est aieres mandés,

.C. .M. paien que illuec sont remeis, qui tost vos vignent a barges et a nes; si soit li glos en Aiïete menés. » 4212

4215

Jel vos

dirai. —

4223

baut —

4224

4225 4226

saus.

4200 Ves ja paiens ariere reüsés (refusez 4) — 4201 Sains Juliiens sera nos avoés — 4202 Dist as paiens en sus de moi estés (nous alez 4) — 4203 v. ja ne sera c. E, v. ja sera c. À — 4204 près n'a le sens desvez 4 — 4205 ho. signor E — 4206 Si n'estra pr. : icis leres d. E, cel legieres provez À — 4207 Ce d. li ab. E — 4209 ja Rainoars afondrés (affondez À) — .1 manque - 4210 ma. molt bien vous vengerés (vengiez serez À) — 4212 jel vorai vif — 4214 T. q. de lui iert ; venjance E ; trovés — 4215 D'or À — 4216 S. comme f. £ — 4218 S'iert ars en feu (poudre À) ; e. la p. v. E, ainsi sera menez 4 — 4219 Cele venjance sera de lui ités — 4220 S. e. sera e. pr. e. amés £ — 4221 Et di À — 4222 b.s. si f. E — 4223 ban en Aiete mandés — 4224 p. qui la nos (laiens 4) sont r. ; illuec

« —

4225 Que tout

i (vos À) v. a cevaus

(es chalans

e. es n. 4).

RAINOUART

LE MONIAGE

182

Et dist Tiebalt : « Bon consail me si sera fait comme vos devissés.

II

donés;

4228

CXXXIV. Forment se haste Tiebalt li Arabis que Renouars soit ancor asaillis.

4230

La nef asaillent a force et a estris, au mas de fer et aus picois traitis. Et Renouars ne fut mie esbahis; tant de quarrias ne portast uns ronsins; cui il ataint tous est de la mort fins. Puis escria ses moines beneïs, dont il avoit o lui .XVLI. : «Jetés, franc moines, ne soiez esbahis! Se pooie estre a terre a mon devis,

4235

4240

tost vos avroie ces paiens desconfis. Ci sui en

mer

par

traison

assis,

si n'en Sai rien, Car ge ne suis apris; s’eschaper poons, molt nos iert Deus amis. » Tiebalt voit bien ne pora estre pris, c’an nul androit ne sera ja saissis, n’il ne velt mie qu'il soit en mer peris. Devent ses homes en iert juise pris; il en apelle Picolet de Lutis : «Picolet freire, or entent mon avis : 4242 Ce vers manque —

4243

4245

4250

ne.

4227 Ja a (Jamés À) nul jor si boin point (tel loisir 4) n'en arés — 4228 Voir

— 4229 co. le me loés E — 4232 a coutiaus (houyaus À) e. a pis — 4233 pic. faitis £ — 4234 Mais E — 4235 Tes perrons (quar. 4) gete nes — 4236 at. bien E, consiut 4 — 4237 Et p. escrie E — 4238 av. encor .Ix. et .vi. E — 4240 S. peuise Æ, poons À — 4241 T. v. euise de c. glous (av. c. gloutons 4) departis — 4242 Je (Ci À) sui en mer par traïson asis — 4243 si n'en ; que pas ne l’ai ap. E — 4244 Si j'en escap ; m. iert D. mes a. E — 4246 En E ; ser. ils. À: malmis £ — 4247 que il i s. p. E — 4248 Voiant 4 ; venjance pr. — 4250 f. entendés envers mi E.

THIEBAUT dec’an

Aiïete m'en

RECHERCHE

DU

RENFORT

183

iras, bias amis,

si me diras Estrogent et Gondris et toute l’ost (qu'en feroie devis ?) secors me facent, que molt suis envaïs; toutes les nés pregnent de mon païs. chascuns

Si lor di bien que

4252 4254 4255 4258

soit aidis,

tuit soient ci ans que il soit midis ! »

sl

CXXXV. Cil Picolés

de nient ne s’atant;

4260

il salt en mer et au noer se prent, por lou secors s’an va hastivement. Mais

Renouars,

qui ne fut mie lant,

l’a si feru d’un quarel en rüant toute

l’eschine

li ala peçoiant,

4265

devent Tiebalt s’estandi erraiement. Cil n'ira mais por Sarrasins avent ! En un bastel ovré molt durement

[b] 4267 sl

1 envoia Garsilon maintenant, et Lucifer, Maloré, et Bruiant,

4270

.XXX.

paiens armé molt noblement ;

dec’an

Aïete

n’i out

arrestement.

4254 que. 4251 t'en ir. — 4252 Estorgant ; de Lutis £ — 4253 Escormarin et son (mon À) frere Amauris (Agaÿs 4) —

4254 qu'en —

4255 f. se il sont mes amis E;

esmaris À — 4256-57 manquent également dans 4° — 4256 J'ai Rainoart en .i. calant asis £4' — 4257 Si nel puis prendre molt en sui esbahis (marris 4!) — 4258.1 Que il n'i ait nul alongement quis £ — 4259 Et s. 1. d. q. Æ, S. I. commant q. À ; hastis — .1 a q. past (a. demain À) miedis — 4260 Pecoulés; d.n. n'iat. £ — 4263 q. onques n. f. |. — 4264 f. d'une piere E — 4265 Que les espaules ; li ront et li porfent E, li brise et le quarpent À. — 4266 Le cuer li crieve,

si le feri

(Ms

E feril) durement

E, sil feri

roidement

4



4267 D. T. comme (si com 4) raine s’'estent — 4268 Sarrasine gent —.0I Et dist Tiebaus molt nos va malement £ — .1 ricement £A', gentement 4' — 4269 Fausebron (Garssion 4) d'Orient — 4270 E. Bucefier et Brumant e. B. £

E. Bucifer et Brunaut

e. B. À —

4271

ricement —

4272 ni font E.

LE MONIAGE

184

RAINOUART

La trovent l’ost Tiebalt l’Arabiant; dont dient tot com /or est covenant

II

:

« Avés vos pris Renouart lou tirant, qui tant paiens a mis a finement?» Cil lor respondent : «Or nos va malement ! Bien l’aüssiens an nos commendement, mais Renouars s’aparçut voirement; defandus

s’est molt

viguerosement,

4275 4276 4278 4280 sil

la nef Tiebalt a pris par hardement. Ancor

l’asalt mes

sires durement,

mais de lui prendre ne sera il noient s’il n’a molt tost de vostre hardement. Or vos armés tost et inellement et si prenés toutes les nés avent.

4285

Si venés tost, que li rois vos atant: si amenrons Renouart lou tirant

et si prendrons de lui lou vengement. »

CXXXVI. Paien entendent Renouars est en mer, Tiebalt l’asalt, mais n’i puet habiter; par toute l’ost se corurent armer.

De toutes pars i font les nés aler. Plus de .XX. .M. en i ont fait entrer. 4274 vos —

4288 amenrois —

4290

ÿ

4293 Ce vers manque.

4273 l'os. dont Croi À) T. l'Aufricant — 4274 Demandé ont com lui e. c. E,

Demande lor c. lor À — 4275 pullent — 4276 p. nos a geté sanglent — 4277 De coi les armes sont devant Tervagant — 4278 Et c. r. ;: ainz 4 — 4279 a n. c. — 4280.1 manque — 4281 pr. et h. À — 4282 l'as. nos E: si. molt forment A — 4283 pr. estera £, n'i ara À — 4284 to. le vostre aiuement (aïdement 4) — 4285 delivrement À — 4286 manque E ; T. 1. n. pr. au port devant 4 — 4287 Tiebaus v. at. — 4288 Qu'il a mestier que il i ait plus gent E: s. assaurons À, amenrons € — 4289 manque E ; Si prenderons 4!, Si en prendra 4* — 429] l'as. ne le (més nel 4) p. amener — 4292 manque E — 4293 De toutes pars i font les nés aler E ; Et enz el 4! (EI 4°) ; premier front font les nés amener À (A! 12 syll.) — .1 manque A; P. d. .xl. en font desaancrer E.

ARRIVÉE

Paien

i entrent,

dec’a Tiebalt Or nos puist que molt est car en prison

Deu

DU

RENFORT

185

les puist craventer;

n’i volrent arrester. Dex Renouart guarenter, pres de son cors afoler, l’an volroient mener.

4295 1 4297

CXXX VII. Or sont paien et Sarrasin es nés, plus de .M. voilles i ont il fait lever. Or ait Jhesu de Renouart pité; ne puet faillir que ne soit mal mené; se Deu n’en panse, an prison iert geté. L’uns

dist a l’autre

: «Or

tost, si vos

4299 4300

4 hastés!

Hui en cest jor iert vengiés Desramés et nos

parage

Paien

s’an vont

que il nos ensin

con

a tüés. » vos

4305

oés;

grant fut la noise et li cris est levés,

[c]

et Renouars les a bien avissés; voit tantes nés et tant chalans levés,

or sot il bien que il iert anconbrés.

4310

Dist a ses moines : « Baron, or esgardés; trai nos a malement dans abés. De Sarrasin est li mons efrondés;

ans tex anpire ne fut mais esgardés! 4287

amener.

4294 ent. cui D. p. E ; vergonder 4 — 4295.1 p. D. dant R. sauver E — 4296 afiner E ; demenbrer 4 — .1 Se il n'en prent a Dameldeu pitét E — 4297 v. mener £, le voudront amener 4 — 4298 Li Sarrasin cui Dex puist mal doner E — 4300 P. d..xx. E ; v. i o. al vent levés — 4302 f. qu'il n. s. ; aïrés E — .1S. D. nel fait ; ete. p. g. E — 4304 H. ert v. li forz rois D. À — 4305 parages qui est ; a duel finés £, a mort alez À — 4306 P. se hastent — 4307 Lieve |. no. — 4309 V. tant calant corant et abrievés (atrempez 4) — 4310 qu'il sera E ; mal menez 4 — 4311 m. signor or vous gardés £ — 4312 ma. nos ab. E — 4313 Vois (Vez À) de paiens — 4314 Vés ques estoires nos est ci aünés (amenez À).

186

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Molt grant piece a li plais est porpalés ; n’est pas mervaille se ge suis adolés et corociés et en mon cuer troblés cant por moi est si grant gent assamblés. Or suis en mer

enclos

4315

et enserrés;

si ne sai riens de voilles ne de nés ne sai de mer vaillant .Il. auz pelés. Se fusse a terre, tost fusse delivrés.

Seignor, bon moine, savés que vos ferés? Laissiés l’assaut, de nient ni getés, mais ça dedens frestout coit Vos saeez. S’on vos en moine, et vos bien lou soffrés tant quëé a terre puissiés estre arrivés.

4323 4325

Je me fi tant an Deu de majestés, se ge pooie estre a terre monés,

a cest grant mail que vos ici vaeez lor mostreroie con ge suis lor privés! Saint Jeliens, de vos moines pansés! Aidiés

nos,

sire, par les vos

Haï Guillaume ! Jamais

4330

amistiés!

ne me

vairés!

Filz Maillefer, qui tant avés fiertés, se vos fussiés joste moi ci delés,

ne les doutasse .II. deniers monaés ! Mais par Celui qui an cruis fut penés, ans que ge meure, en avrai tant tüé que .CC. chers en seroient anconbrés !»

4322 tuit. 4315 M. g. pieÇ'a À, Il a gr. p. ; cis pl. fu p. £ — 4316 merv. s'en (se A!) sui

espoentés — 4317 c. irés E — .1 manque — 4318 Ci — .1-.2 manquent À — .| trés E — 4320 S. mi m. — 4321 l'as ne traiés ne rüés — 4322 trestout c. v. tenés — 4323-24 intervertis dans E — 4323 S'il v. en mainent baron si L. s. E, Se on v. m. baron À — 4324 S'on vous asaut tres bien vous desfendés — 4325 T. qu'a la t. E; peüsse À — 4326 J. m. croi E — 4327 S. po. iestre ; as Sarrasins mellés £, droit a t. amenez À — 4328 A c. tinel E; gr. mast 4 — 4329 m. comme s. E — 4330 S. J. sera mes avoëés E — .1-.8 manquent — .01 A ces paroles fu molt bien ascoutés (escriez À).

PENSÉES

DE

RAINOUART

187

CXXXVIIT. Dist Renouars : Qui vit ans mais por un sol home Sains Jeliens, ne Veés vos moines À tant és vos

« Dame sainte Marie ! en mer tante galie, ansin grant oste banie? nos obliés mie! qui ont mestier d’aïe ! »

paiens

a une

4332

4335

hie,

plus de .C. .M. d’une connestablie; n’i ait celui

n’ait picois ou

congnie,

ou mail de fer dont la nef iert croisie. Li rois Tiebalt hautement lor escrie : « Franc

Sarrasin,

faites ma

commendie.

Laissiés la nef! Ne la depeciés mie! Renouart

ai del tout en ma

je lou prendrai Jostice

en

baillie,

sain et saf et en vie.

1iert, si grant

ne

fut oïe.

4345

A cros de fer et a perche aguisie soit celle nef de toutes pars saichie tant qué a terre l’aüsiemes saichie. » Dient paien : « À vostre commendie. »

CXXXIX. « Franc

«a

Sarrasin, » dist Tiebalt

l’Arabois,

grois de fer et as agus picois

4350 435]

4332 D. R. a la ciere hardie E — 4334 ho. avoit tele o. E — 4335 S. J. mestier avons d'aie — 4336 Ves or. (ci 4) v. m. ne les oubliés mie — 4337 p. trestout a u. h. 4! — 4338 .xx. m. E — 4339.1 brisie 4 — 4341 F.S. oiés — 4342 ne le peçoiés m. — 4343 R. est — 4344 Jel vorai prendre ; et s.e.s. en v. E — 4345 ains teus n. f. o. E — 4346 piere ag. E ; f. a per. et a cuignie 4 — 4347 hiekie E, saisie À — 4348 t. l'euisiemes E, l'en eüssons s. À — 4349 D. p. il (bien 4) est drois c’on l'ocie (l’otrie 4) — 4350 F. chevalier d. T. l’Arragois A — 4351 A cros — 4352 Soit en (a À) Aaite (Gaiete 4°) traïnee cis escois.

LE MONIAGE

188

RAINOUART

II

4353

ja sera pris li traïtres ravois a fait tant

qui nos

mas

et tant esnois,

pandus et ars en un chaut feu grijois. »

4354

4356

CXE: Sarrasin

4358

ont la nef environee,

as cros de fer de toutes pars cobree.

4359

Renouars

4361

a bien gardee

l’antree,

et paien pres fut Tiebalt «Baron,

ont la nef si trainee de terre a une aboletree. fut sages, s’a sa gent escriee : » dist il, «assés l’avés menee. Je vos comment que tost sans demoree soit celle nef depecie et falsee et orendroit

soit en mer

efondree:

que s’elle estoit dec’a terre menee, jamais vers lui n’averiens duree; ja avroit foute Sa VIgOr recovree. Laissiés li boivre de celle mer salee tant qu’il en ait sa pance saoulee; se li ert vis que soit chaude peuree qu'en la cuisine a tante fois humee. » Renouars

Deu

4371

4370

4375

a la parole escoutee,

reclama

Toute

4365

et la Virge honoree

av. sa —

:

4375 Que.

4353 La ; renois À — 4355 La iert jugiés si con dira la (no À) lois — 4356 P. sera u (e 4) ars en f. gr. — 4357 Teus iert de lui la creance et la lois E — 4359 tiree E — 4360 Lieve la noise li bruis (cris 4) et la criee (huee À) —

R.;gardé — 4362 acroce À soit quasee E, c. sa. nule d. Que la n. s. 4 — 4368 E. n'aroient à (J. jour n'avrions s. v. ; restoree 4°; espuee 4! q. a. bien E — 4374 Ne,

4361 Et

— 4364 Li rois Tiebaus a E — 4366 c. q. la nef À — 4367 De maintenant sans nule demoree E : o. de la m. E — 4369 T. amenee E — 4370 J. vers 4) Rainoart d. — 437] Il E, Ja À : av. toute (pour esprovee ?) — 4372 Laison : le E— 4373T. v. ce s.; aus ne p. E — 4375 Qu'en.

LE

BATEAU

TIRÉ

VERS

LA

TERRE

«Glorios Sire, qui feistes rosee et en la Virge preïstes aünbree, en sainte cruis fut vostre char penee ; aprés preïstes, Sire, resuscitee. Si con c’est voirs et verités provee, la moie

vie, Sire, me

ne vairés mais

seur,

4380 4381 4383

soit salvee.

Filz Maillefer, con dure destinee! Hei, Guiborc

189

franche

Renouart

dame

4385

honoree,

vostre freire ! »

[325a] 4387

CAC Or fut dolant Renouars entresait cant voit paiens, les orguillos malvais, de sa nef frandre et efondrer engrés. De lui defandre à anchargié grant feis; cui il ataint, il en est fins et pais. Mais Sarrasin, li ort felon punais de son chalant li peçoient les heis, et l’aigue 1 entre a saus et a eslais. Ja fust noiés Renouart entresait se Deu ne fust, li glorios veraies, saint Jeliens, li bers sains Nicholais.

4396

4395

4400

4378 q. fist ciel et r. E — .1 Garissiés moi Sire s’il vous agree E — 4379 E. d. 1. Virgene fesis Dex (feïstes 4!, feïs tu 4°) t'espousee — 4380 E. Jhersalem ; f. la v. 4! — 4382 A tes amis parlas en Galilee — 4383 v. roïne couronee E, v. e. c'est verté p. 4 — 4384 Si me soit hui ma jovente s. E ; v. mes. hui garandee À — 4385 Hé M. À; c. male d. — 4386 s. boine d. £ : con dure dessevree 4 — 4387 N. me v. tant serés plus iree — 4390 R. et irais Æ, ce sachiés 4', li cortois A — 4391 pusnais E, pugnois À — 4392 fr. orgillous et entais £, ne fendre 4': et troer sont engrais À — 4393 encerkié E — 4394 at. n'i a trives ne p. E, lors

est finee p. A', qu'il eüst finé p. 4 — 4395 M.S. I. fe. li À ; mauvais — 4396 li getoient À — 4397 Li eve, E ; La mer À; i ent. et saut ; sans nul arés E, a grant es. À — 4398 R. sans nul plés — 4399 Se or 4; gl. li vrais EA*, li rois A!

LE MONIAGE

190

RAINOUART

II

CXLI. Seignor

baron,

oés et escoutés

con Renouars fut cest jor pormenés, et Nostre Sire ot de lui grant pités. Paien l’asaillent ensin con vos oés a maus de fer et a pis acerés, percent la nef anviron et en lés, ronpent les bors, peçoient les costés; icel jor fut Renouars molt grevés de lui defandre,

et chaus

4405

et tresüés.

"

Ja nel preïssent nul jor de lor aés, mais la nef percent li felon defaës. Ja fust illoc Renouars efondrés cant Dex del ciel, li Rois de majestés, le soucorut ensi con vous orés : car uns tormens est en la nef levés qui estormist Sarrasin et Esclers. Tone et espart et fait grant tempestés; uns torbillons les a si fort menés et despartis, detrais et detravés grant paor ont li poples defaés. Tiebalt meismes fut si espoentés qu'il vousist estre el regne ou il fu nez, et Sarrasin resont molt efraés. 4412 Ce vers manque — durement ef.

4420 Ce vers manque. —

1 4410

4415

4420 4421

Entr'as sont tuit

4402 demenés E — 4403 Con; n. S. le mist a sauvetés E — 4404 l'as. environ et en lés £ — 4405 picois clavés E — 4407 KR. I. cordes et percent 4 — 4408 Celj. 1 f. — .1 def. e. mas 4 — 4409 pr. Sarrasin et Esclés (Esclers 4) .I per. (perce 4) li flosi est entrés — 4410 Ilueques f. — 4411 C. D. de glore E — 4412 Le soucorut ensi con vous orés — 4413 .I. grans t. e. levés devers mer E ; est dedenz mer |. À — 4415 T. e. esclistre E, esclaire À — 4416 les avoit si mellés £; Estourbeillons L. a s. avuglez À — 4417 Partis detrais et d'illuec E : desevrés — 4420 Qu'il vosist iestre el regne; ou il fu nez À, Codroës E — 442] Adont fu molt Mahomet reclamés — 4422 Et Tervagan; et sa grans poestés E, ou est sa cruautez

A.

INTERVENTION

DIVINE

L’abes meïmes fut si espoentés qu'il volsist estre aiere remeneés. Dont primes s’est li cuvers demantés «Ha, Renouars, nobiles bachelers,

191

4423 4425 :

por toi fait Dex vertus, c’est verités; de toi honir me suis forment penés;

se Deus nel fait, or serai anconbrés. Qui mal porchace, ceu est la verités, ne puet faillir qu'il ne soit vergondés. » Oés comment est Renouars alés que il ne fut ne pris ne afolés; de par Jhesu, lo Roi de majestés,

4430

sains Jeliens est a lui demostrés,

4435

{b]

a!

o lui saint George et saint Denis lou ber, plus erent blanc que n’est la flor el preit. Il Ni escrient : « Renouart, ne Por ce c’an Deu as si grant ti et ti moine serois de mort secors avras! Ne soiés efraés

doutés! salvetés, salvé; !»

La si au Li

en lés; majestés, monés. est remés;

nef bouterent environ et con Deus vost, li Rois de tors d’Aiete les ont illeuc sain s’an vont, Renouars

4440 444] 4443

4445

il sault à terre, tos est ravigorés. Dist a ses moines

4438

: «Or

ne vos demantés !

I.

4423 Et Sarrasin resont molt (touz À) e. — 4425 est. outre iii. renés £, par outre les .ii. (iii. 4°) mers À — 4426 s'e. Renoars d. — 4428 Ver. de majestez

— 4430 f. li Rois de majestés £, or en sui vergondez 4 — 4431 p. c'est fine v. E, bien e. fine vertez À — 4432 enconbrés E, mal menez 4 — 4433 Moilt richement 4 — 4434 Quant E ; f. noiés ne E ; afondrés — 4434.1-35 intervertis

dans E — 4435 s'est EA' — 4436 manque E ; Jorges, s. Domins (Denis 4°) s. Barbez 4 — 4437 P. estoit b. q. n’estoit f. de p. E — 4438 Il: ne t'aniés E; dans E 4441 suit 4438 —

E, venuz

et atravez

À —

4439 creantés —

4447

manque

4440 Tu e. ti £, Vous €. vo.

E —

4448

effraez

A.

À —

192

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Alés la fors ; veez nos eschapés. Plus suis seürs c’ains mais ne fui assés; or ne dout mais Sarrasins ne Escler.

4450

Ha, Deus, » dist il, «quex est vos poestés! Cil qui s’i fie ne puet estre esgarés. Baron, » dist il, «or tost o moi venés en cel chastel,

que

vos

ici veez,

4455

et si savrons quel gent i sont remés; a grant mervaille est ore bien fermés. Se il ne croient

Jhesu

de majestés,

un molt mal jor lor iert ja ajornés ! » Icist chastés, seignor, dont vos oés, forment lo fist li fors rois Desramés ; tos ses tresors i estoit amassés. De III. murs estoit avironnés,

XIII.

pons i ot fais et levés

ansois

c’on

fust el maistre

bare entrés,

4460

4465

et s’est trop bien environ hoordés, et si out bien .IIII. C. M. armés, que mis i out rois Tiebaus li Esclers; leans menoient ansin con vos oés.

Hés Renouart qui monte les degrés o lui si mogne, les noirs dras afulés. Cant ail lo voient, si sont si effraés n’i à un sol ne soit espoentés; ne seit que dire tos li plus redoutés. 4464

Ce vers manque



4471

4470

Ce vers manque.

4449 Jsciés ça f. tout (nos À) somes e. —

4450 d'assez À —

445] Mais ne

doutai E — 4452 q. sont — 4453 C. q. vous croit E ; afolés — 4455 v. illuec v. E — 4456 queles gens i ont més E, quex g. ont laiens mez À — 4457 formés E — 4459 U. mauvais E ; I. est hui aj. — 4460 I. c. baron 4; s. que vous veez E — 4461 Fremer — 4462 tr. i avoit a. E:; assemblez 4 — 4464 .XIIII. (Quarante 4) pons i ot fais et levés — 4465 m. balle e. — 4466 E. si estoit tout

env. hordés E ; b. tretot entor hourdez 4 — 4467 Siergans i o. b. .cccc. d’ar. — 4468 Ques avoit m. 4 — 4469 Adont mangoient signor c. E, L. menjoient adont quant v. 0. À — 4470 Et R. en E — 4471 O lui si mogne les noirs dras afulés (fros afublez 4) — .1 Es R. qui lor (si À) vint entesés — 4472 V. sus el palais entrés (pavez 4) — 4473 descolorés E.

PRISE

DE

LA

TOUR

D'AIETE

Et Renouars s’est en halt escriés : «Fil à putain, » dist il, «par sai isterés ! » Cil saillent sus, corocié et iré;

dist l’un a l’autre : « Del bien foir pansés! Ce sont diable qui ceans sont antré qui d’anfer vienent orendroit coroné ! » Lors se detravent environ et en lé,

193

4475 [ce]

4480

et Renouars les a tous desroutés, ront lor les testes et brisent les costés;

et l plussor saillirent es fossés. Dist Renouars : « Estrangement sailliés; nostre est la tors, nos l’avons delivré. Dites Tiebalt cant vos a lui venrés que Renouars vos en a fors getés. » Paien s’an fuient ansin con vos oés; qui n’i fut mors, si fut il afolés. Et Renouars est el chastel remés.

4485

4490 4491

CXLIII. Renouars a lou chastel conquesté; tuit cil dedens i sont a mort livré.

4493

Dist Renouars : « Biaus Rois de majesté, molt par est grans, Sire, vos poesté! Qui ne vos croit, il a molt mal erré. N'a ores guaires qu’estions malmené,

4495 4497 4499

4484 e.

4475 E. R. les a h. e. — 4476 istrés — 4477 C. s. s. li mangiers est versés E, les mangiers ont lessiez À — 4478 b. fere p. À — 4480 v. saciés tout c. £ — 4481 L. s'esfroierent À — 4482 a t. lapidé E, a si habitez À — 4483 R. lui |. t. le pis et les c. E: brise À — 4484 es — 4486 to. et si le nos lairés E, et vos la nos livrez 4 — 4487 v. le troverez E, v. i parvenrez A! (parlerez 4*) — 4488 v. a deci g. E, v.en a touz g. À — 4489 P. caïrent — 4490 si i f. af. E : afondez À — 4493 manque E — 4494 Dans E ce vers est rattaché à la laisse précédente — 4495 D. R. Jhesus — 4496 Con : gr. la vostre p. E — 4497 cr. comme il a mal er. 4 — 4498 Molt avez tost vostre ami conforté 4 — 4499 N'a encor g. : q. fumes (qu'est. 4) si mene.

II

RAINOUART

LE MONIAGE

194

ja ne cuidoie venir a l’avespré; or nos a Dex icel chastel doné. » Lors

dist as moines

:

«Nos somes

4500 4501 tuit lassé,

4503

en celle mer travaillié et pené, et ge voi ci lo mengier apresté. Car menjons

or, se il vos

4505

vient a gré,

mais gardés bien li pont soient levé. » Distrent li moine : « A vostre volanté. » Lors sont assis environ de tos lé. Renouars mist son mail lés son costé; por lo mengier ne l’a pas oblié, encoste lui la colchié et posé.

4507 4509 4510

Dient li moine : «Car l’aüsiens osté; derier cel feu, la l'euisiés rüé tant qu’eüssiens nostre cors reposé. » Dist Renouars : « Ans n’en oi volanté! Je l’ain molt plus que tot mon parenté, ne més Guiborc, Maillefer lou sané, et dan

Guillaume,

lou hardi,

4515

4517 4526 1

lou menbré,

lo mellor home que je aie trové. Dex c’or ne seit con paien m'ont grevé! Secors eüsse ansois un mois passé. »

4511

sa main



4515

Lors

sont

assis environ

4500 cuidames ; veir jor ajorné E, ven. a sauveté

de tos

4 [d]

les.

4 — 4501 Et or nos as : .i.

tel À — 4502 Que ne doutons ne roi ne amiré — 4504 Et en la m. E — 4507 M. gardons ore |. p. soit jus |. E — 4508 Que çaiens n'entre Sarrasin ne Esclers

— 4509 m. molt avés bien parlé E, ce nos vient molt a gré 4 — 4510 env. et en L. — 4511 sont mast a — 4514 l’eüsiez — 4515 Derier cel feu la l'euisiés rüé (gité 4) — 4516 T. c'euisiés vostre — 4517 D. R. ne me vient mie a gré E — 4518-25 Texte de E ; variantes de À : Je l'aim molt mius (plus 4) que tout mon parenté — Ne mais Guibor et Mallefer mon né (Fors seul G. au gent cors hennoré 4) — Si m'aït Dex, dit (molt, 4) avés lasquetés — Mauvesement vous

est or ramenbré — Qu'il nos a hui de la mort garandé — Mauvais samblant li avés or mostré — Que vous a il enpirié ne grevé — Se je l'ai ci d'encoste (se il est ci dejoste 4) moi caufé — 4526 m. mius q. £ — .1 manque À; G. et M. mon né £ — 4527 Fors seul À ; G. le marcis au cort nés — .2 Et qui plus m'a en sa cort onoré — A2 D. qu ‘ln. s. comment il m'a E ; mené — 4529 an. ji. Nov ZEN .1 Si m'ait Dex dit vous ai verités E.

RAINOUART

DÎNE

A ces paroles a Renouars humé plain un leuquet de poivre destranpé, et puis a pris un chapon enhasté, a .IIT. morsiaus l’a mengié et usé. N'est pas mervaille s’il menjue a planté, que .IIT. jors a qu'il n’a de pain gosté, s’out conbatu tot adés et pené. Tout ce soufri por Deu de majesté. Pour

la loi Deu

out

forment

A Bride en ait lou rolet saiellé, ou il laissa la moitié d’un tinel. Ancor lou voient, c’est la verité,

li pelerin qui par lai ont passé. Cant Renouars fut auques saoulé, devers ses moines a son vis frestorné : asseüré

et si mengiés; ne soiez effraé, que c’est escout ai ge bien aquité; n’en paierés un denier monaé. Veez ci mon mail, qui tout a aquité; ne lou devés pas tenir an vilté. » A ces paroles, que il ait devisé, 4538

sofert —

4541

dut —

4530

4533 4535

anduré,

et Dex li a molt bien guerredoné, c’a icel jor que il fu definé, que li saint ange i furent avalé, larme an porterent a joie et a beauté.

« Baron, » dist il, «soiez

195

4540

4545 4547 4546

4550

:l

4555

4549 torné.

4530 A icest mot E — 4531 Baket E — 4532 enheudé E, enhouldré 4 — 4533 À ii. E ; e. gasté À — 4534 Si but del (b. fort À) vin un sestier mesuré — 4535 se m. E, s’ot mengié À — 4537 conb. toudis par verité Æ. tote jor ajorné A — 4538 soufri — 4539 manque E — 4540 ot si b. E — 4541 Que a cel (icel À) j. q. i. fu; devié E — 4542 Li sien s. an. i f. devalé E, I fur. li s. an. maintenant av. À — 4543 po. douchement et souef— 4544 en sont li r. E, li bride [sic] s. À — 4545 del t. — 4546-47 EA suivent l'ordre de c — 4547 v. par deriere (dejoste À) l'autel — 4548 Et E — 4549 D. s. freres Æ, D'eures en autres À : a s. chief retournét (trestorné 4) — 4550 molt (tout 4) estes esfreé — .1 E. car m.; que n'i ait demoré E, n. s. trespensé À — 4551 esc. soiés aseüré — 4553 Ves ; mast ; q. t. l'a aq. E — 4555 Mais ains que soient (qu'il fussent 4) de lor mangier levé.

LE MONIAGE

196

RAINOUART

II

ont li paien a la porte hurté. Tant lor aidierent li diable malfé qu’il sont a terre venu et atravé. Lo roi Tiebalt ont li paien conté que

Renouars

est el chastel

antré.

4560

CXEIVLi rois Tiebaus durement s’aira cant il oï et on li aconta que Renouars son maistre chastel a;

4562

a par un pou que il ne forsena.

4565

Del deul qu’il a tos li sens

li müa;

dist as païens : « Baron, or i parra. Faites crier partout et sai et lai que tote l’ost soit ja logié la que Renouars issir ne s’en pora, et devers mer l’une partie ira. Par vive force Renouars pris sera; son

ne l’ocist, voir afamés

4570 [326a] 4571 4573

sera.

Esclaudubars celle nuit guaitera a .XX. .M. Turs tant qu'il ajornera que toute l’ost au chastel asaudra.

4575

I

Ja Renouars, » ce dist, « n’estordera ! »

4556 O. ja A! (ja omis 4°) — 4557 aida diables et m. E : aid. d. et vif m. 4 — 4558 so. ariere E ; v. e. arivé — 4559 Li r. T. ; en a son ban levé E, a fait son ban crier À — 4560 Que li castiaus soit molt tos enseré E, Qu'en ait molt tost le chastel assegié À — Rubrique de E en bas de la colonne 145c : Si parole ciste estore comment rois Tiebaus d'Arabe a asis Rainoart en .i. castiel. En haut de 145d une grande miniature présente deux groupes de trois chevaliers qui s'affrontent ; les chefs de chaque groupe brandissent l'épée. — 4563 Q. on li dist E — 4565 Pour .. petit del sens n. f. £, À pou ne poi (A pour ne pou 4°) d'ire ne f. 4 — 4566 Tel d. en ot — 4567 pa. signor E — 4568 F. c. par l'ost (m'ost 4) — 4569 Q. maintenant E ; soit deslogiéja— 4571 Et vers la m. À ; m. li navies ira E, la navie en ir. 4 — 4572 Que ne lor viegne vitalle par dela (p. la 4°) — 4573 R. prendrons ja E — 4574 S'il ne se rent v. on l'afolera E, Se ne l'ocis viax il afamera 4 — 4575 Escladubiaus E, Esclardubiaus 4 — 4576.1 l'os. soit deslogiee ja À — 4577 n'en estordra.

COLÈRE

DE

THIEBAUT

Mais or oës con Dex li aidera. Paien guaitairent et desai et delai, et Renouars icelle nuit guaita. Il en apelle ses moines c’o lui a : « Baron, » dist il, «oés, entendés sa : dormés hui mais tant qu’il ajornera. »

197

4580

CXLV. Renouars fut travailliés et penés. Ja fust alés Sarrasins arester mais 1l est molt de conbatre lassés. Moit li enuie cant il est enserrés, dedens son cuer en est molt aïrés. EI maistre estaige est Renouars entrés, et tint son mail mervaillox et quarré; vit lou tresor qui gete grans clartés. La iert Mahon sor lou chasei possés : del mellor or d’Arabe iert tregités, XV.

piés halz estoit grans

mesurés,

tint un baston qui d’or iert noielés et fait sanblant par molt grande fiertés que par lui est li grans tresors guardés.

4590

Et Renouars, cant il l’ot avissé, li demanda, si s’est haut escriés : 4593 | manque. 4578 comment D. li aida E — .1 P. l'asient £, l’assaillent se g. (gaitera 4) —

4580 Trestous s. m. Rainoars apela —

À — 4579 Ic. n. KR. 4581 Signor E —

4583 R. f. de conbatre lasés E — 4584 I] f. a. as Sar. as trés £, Des Sar. que il avoit tüez À — .1 con. agrevez À — .2 Or I. e. que sie. e. E, Qu'il L.e. qu'ile. sie. À — .3 manque E ; Dusqu'au demain qu'il sera reposez 4 — 4585 montés E, alez

À—

.1 manque — 4586 U litr. E ; Tiebaut fu (iert 4) asamblés — 4587

M. si con oir porés E, dont vos oï avez À — 4588 d’Ar. tr. — 4589 Gr. .xv. p.; iest. m. £, est hauz m. 4 — 4590 b. qui fu gros et quarrés £, si comme oï avez A — 4591 s. de ferir entesés — 4592 soit — 4593 q. bien l'a av. E, q. il lot 4° I

Ilth demander

££°s..li

a.esc.

198

LE MONIAGE

RAINOUART

II

«Qui es tu lai, ne me soit pas celé, qui laissus iés ansin halt ancroëés? lés Tu paien, Sarrasin ou Esclers? !» Qui que tu soies, voir mar iés lai montés

4595 &| 2

Il n'i avoit lumiere ne clartés ; Raïinoars cuide que ce soit hons carnés qui soit lasus par traïson montés. « Comment! » dist il, «ansin ne parlerés ?» Halce sont mal, si est avent passés, envers Mahon s’an vait tos antesés;

4599 4601

grant cop li done antre col et lou neïs. Fors iert li ors et fierement ovrés, que il n’est frais, ronpus ne antamés: mais Mahons est a la terre versés. Tel efrois fist cant il fut aterrés

4605

ce sanbla bien li palais fust versés. Dist Renouars : «Ça estés, vis malfés, qui est ceans par traïsson antrés ! » Au feu la porte, si l’esgarda assés;

4609 [b] 4611 4612 4616

Mahon conut et a vis et au nés. Renouars ait ses moines apelés : «Seignor baron,» dist il, or esgardés! 4596-98

.l

Ces vers manquent.

4594 Q. estes vous dist il nel me celés — 4595 encriés Æ, encroez 4 —

.2

q. soiez À ; mal i soies m. E, m. i estes m. 4 — 4596-98 Texte de cEA — 4599 iletsin. (n'i1 À) p. — 4600 Trop iestes fier quant a moi ne parlés (q. parler ne voulez À) —

4601 Je vous desfi des or mais vous gardés —

4602 H. le mast ;

alez À — 4603 E. M. en E ; vint — 4604 ent. front — 4605 et fu molt bien ov. E, fermement ov. 4 — .1 Que il est forz et finement ouvrez 4! — 4606 or À'; fr. ne ne (il 4) n’est enpirés — 4607 Et m. e. ariere (a terre 4) reviersés — 4608 Qu'il (Et 4) f. t. flat; treversés (traverssez À) —

4609 Que b. s.: finés £ —

4610 À À. petit que ses mas n'est (A par .i. poi li m. ne fu À) froés — 4611 D. R. çou est .i. v. E, est ici li m. À — 4612 Sainte Marie de ma vie pensés — 4613 Il pase avant ne s'i est arestés E, Renoart passe se (si 4°) est avant alez 4 — 4614 Il le portaste environ et en lés — 4615 II li sent durs (Moilt li sont dur À)

les flans et les costés — .1 N'est pas mervelle qu'il estoit d’or ouvrés E — 4616 Prés fu de lui À — 4617 c. a la bouce E, au visage À — 4618 Dist a s. m. signor or vous gardés E, Il d. as m. segneur baron veez 4 — .| manque.

MAHOMET

199

PENDU

Veez lou Deu as paiens défaés; qui an lui croit molt par est forsenés. En icel Deu croit li miens parentés; or vairés ja con il est mes privés. » Prent

.II. chavoistres,

el col li a fermés

si lou traïne contreval les degrés. Uns fors ronsins en fust tos anconbrés de lui atraire s’il i fust astelés. Tant s’est li bers eforciés et penés qu'il la pandu as mur sor lou fossés. Puis li conpise et la bouche et lou neis. Dist Renouars : « Orendroit vos saiez deque demain que solaz iert levés, con vos verront des loges et des trés cil Sarrasin dont vos estes amés.

4620

,

4625

4630

Se il vos voient, bien serés aorés! Molt estes hals mais or vos porgardés que seans n'entre Sarrasins ne Esclers. Vostres mercis enuit mais guaiterés. »

CXLVMI: Quant a un

Renouars crainail

ot Mahomet

desor

un

pandu

droit au palais est aieres venu; la nuit guaita tant que jors aparu. 4628

Qui —

4632

4638

arc volu,

4640

verra.

eu Ves ci — 4620 cr. il e. bien (molt 4) f. — 4621 E. cest D. cr. trestous mes p. £— 4622 O. veraij. c. sera E ; ja comment 4 — 4623 P. .i. liien; noës E — 4625 ron. s’il 1fust atelés — 4626 at. fust il moit (forment 4) encombrés — 4627 travilliés e. p. £ — 4628 Qu'il l'a — 4630 D. R. Ci endroit ; v. tenez À — 4631 de. qu'il sera (que jors iert À) ajornés — 4632 Qu'il (Que À) v. veront — 4633 do. es. molt am. 4! — .1 manque À ; v. vouss. E — 4634 Ha. anuit més gaiterés E — 4635 n’ent. nus hons de mere nés — 4636 Ce m'est avis bien faire le devés E — 4639 cretiel E, quarnel À — 4640 Ens ou (Sus el À) p. és les vous revenu — 4641 g. jusqu’au J. À.

200

LE MONIAGE

Et Sarrasin

ont Mahomet

RAINOUART

II

veu,

que Renouars avoit ansin pandu. Paiene gent en ont levé un hu; 4645 #1

plorent et crient, molt en sont irascu. Forment reclaiment Mahon et sa vertu

2

que droit lor face del felon mescreü. Dist luns a l’autre : « Ans tel malfé ne fu! Hé, Mahomet! con or t’a vil tenu!» Dec’a Tiebalt en sont li cri venu; tout li conterent comment est avenu que Renouars a Mahomet pandu. Tiebalt l’antent ; Dex, si dolans an fut, tel deul en ait, un mot n’a respondu.

4650

CXLVII. Quant Tiebalt voit son deu si faitement desor la tour, qu'est ancreés a vent, savoir poës qu'il out grant maltalant; do deul qu'il ait desront son vestement. Dist

a ses homes

: «Or

[c/

4655

tost, delivrement!

Prenés les armes tost et apertement, si asalrons cel chastel erentment ! J'ai molt grant deul et molt grant marement cant

voi mon

4645.2 Qui —

Deu

ansin

4659 4658 4659.1

vilainement.

4652 ai.

.| Petit i a de son repos eù — 4642 Quant — 4643 Qui la pendoit si con avés où (oi À) —

4644 manque

forment s.; et omis À! — gloton (cuvert 4) m.—

E:; Paien

le voient si o. lev. le h. À —

.1 manque À: Mahomet

et Cahu E —

4645 cr.

.2 Que: d.

4646 l'aut. onques (ainz més) t. dious (duel 4!, dex A‘)

— 4647 H. Mahon sire; con iest v. t. E — 4650 manque E: Q. Mahomés (Mahomet 4°) a Renoars, p. 4 — 4652 Du d. qu'il a n'a .i. m. 4 — 4654 En son I. t. À, Lasus pendu E : et enc. — 4655 Ne fu mervelle s'il en ot : mariment E — 4657 D. as paiens E ; or sus À — 4658-59 E suit l'ordre de D, À suit c — 4658 S. asalés E — 4659 ar. et soit hastivement Æ, meinte et communement 4 — .l manque — .2-.3 intervertis dans EA — .2 Q. voit 4: Mahon.

ASSAUT

DES

PAÏENS

201

À par un pou que li cuers ne me fant!» Paien respondent : « Tout a vostre talant. » As armes corent tost et inellement : sonent cil cor et d'ivoire et d’argent.

4 4660

Grant

4662

fut la noise,

et Renouars

l’entent.

De Mahomet, qui sus lou chastel pent, chascuns s’afiche et en jure forment c’ansois moront a deul et a torment que de celui nen aient vengement que Mahomet a mené si vilment. Dont veissiés celle paiene gent ferir de pis as murs et au ciment ! Et Renouars de noient ne s’atent; cort au tresor roi Tiebalt d’Oriant. Molt 1 avoit de fin or et d’argent; cameus et asnes de fin or plus de .C., pieces et plate et bon vaselement; Renouars si en prist en son giron devent. O voit paiens lo plus espessement, si lor geta par tel aïrement cui il consiut,

il n’a de mort

n'aient —

4679-80

4675

4680

garent,

mors les trebuche contre terre sanglant. Cant Sarrasin ont perceù l’argent et l’or d’Arabe, qui reluist fierement, 4672

4669 4670

4 4685

Ces vers manquent.

3 Pour i. petit; L. c. n. li desment 4; ment E — .4 manque À; P. l’entendent que moit en sont dolent £ — 4662 no. quant E, que KR. ent. 4 — 4663-68 Texte de E ; variantes de À : Dist a ses mognes : « Or sus delivrement (isnelement 4') — Que ja arons l’asaut hastivement (vers manque À) — Dont peuisciés veïr paiene gent — Entrer es nés, voiles (en mer lor vals 4) drecent al vent (Et devers terre ra si grant noisement 4, manque E) — Si grant duel (Tel duel en 4) mainent Sarrasin et (l Turc et li À) Persant — 4669 Pour E — 4670 C. jure (ms. écrit siure) et s’af. f. E, C. s’af. (s’afiche omis A') et aïre f. 4 —

4672 n'en E ; a. le veng. 4 — 4673 Qui 4'; M. lor maine E — 4674 Lors v. asalir molt forment (fierement 4) — 4675 Fierent — 4676 n'i at. E — 4677T. l'Arabiïant — 4678 Moutons et kievres — 4679-80 Texte de EA — 4680 Pierres A — 4681 Prent R. ; sans nul arestement

£ — 4683 L. g. il p. itel couvenent E,

Lor g. l'or p. t. devisement 4 — 4684 c. n’a de la m. 4 — .1 manque À ; Ains le

tr. £ —

4686 d’Ar. qui (qu'il 4°) lor rue et destent.

LE MONIAGE

202

RAINOUART

II

laissent l’asalt tost et inellement; corent a l’or qui mialz mialz maintenant. Cil qui en a ne sejorne noient; en fuie torne sans autre parlement. La veïssiés molt tres vilainement laissier les armes

4690

ester tot maintenant,

ans s’antraerdent maintre communement. Or a antr'aus molt grant chaploiement : tel presse i a et tel bataillement que la n’espargne li cosins lou parent. Mais qui ait joie ne qui ait maltalant,

4695 4696 4698

(CXLVIIL.) Renouars rit molt angoiseussement; n’ot mais teil joie an trestot son vivant; plus se conbatent, plus gete espessement. Dist Renouars : «Prenés, chaitive gent! Ceu est fins ors, ce sachiés voirement ! Revenés sa et menu et sovent;

si en avrés tot a vosire

talant ! »

Voit

grant

lou Tiebalt,

si out

[dj 4700

4704 4706

maltalant;

poignant i vint tost et inellement : « Fuiés,» dist il, «fil a putain pulant!

4687 L. la noise l'asaut et le content (l'as. la n. le cont. 4) —

4710

4688 q. ains

ains E ; erraument — 4689 n'i s. — 4690 s. nul arestement E — 4691 v. .i. tel touellement toeillement 4) — 4692 Laisent 1. ar. n‘i a nul qui entent (atent 4) — 4603 trestout (maistre A4) comunalment — 4694 La veisiés 4. tel

canpillement (chapignement esp. li amis |. p. (Q. il am. noient — 4698. M. q. qu'ait continuent la laïsse précédente

4) — 4695 T. noise E, T. prise À — 4696 Q. ni n'i esp. p. 4) — 4697 Li fus le pere n'i espargne j. n. q. qu'ait 4 ; mariment — 4700 Les mss. DEA sans lettrine ou autre signe — 4701 j. ce dit en s. v. À

— 4702 pl. rue esp. — 4703 D. KR. prendent E : chaitif pullent 4 — 4704 sac. le

v. E, Sac. veraiement À — 4705 Encor en ai tot plain cest pavement ESS'or estes povres ne m'en blasmez noient À — 4706 e, venu e. 4° — 4707 manque A; ar. asès par tel couvent E — 4708 T. s'en a; gr. mariment E — 4709 Courant 4; v. sor. .i. destrier baucent — 4710 puant À!

L'ASSAUT

203

ABANDONNÉ

C’est mes tresors : ne lou bailliés noient ! » S'il ne se fust hastés si durement,

4712 4714 4715

ja del tresor n’i remensist noient. Li rois Tiebaus fait crier durement par toute l’os molt tost inellement qu'il ne soit ons qui tant ait hardement qui mais asaille Renouart lou tirant ne qui tant face qu'il voist celeement, qu'il ne lou pande as forches maintenant.

4720

Paien l’antendent, molt en furent dolant; de Mahomet lo vont beneïssant

que il lou gart et donst eforcement, ne li feront la ou puissent noient. Et Renouars lor escrie sovent : « Venés a l'or,» fait il, « malvaisse gent! Se estes povre, ne m'en blamés noient. » Endementiers qu'il au parler entent, cil l’oent bien, qui molt en son dolant.

CXLIX.

4730

Quant Renouars ot lou tresor geté, maint Sarrasin en furent afolé et a l'or fin et mort et craventé; 4711

Ce —

4731.1

la f.

4711

C'est;

ba. tant

ne quant

E —

4713

De

sa

retraite

qu'il souna

erraument — 4714 De son tr. ; ne À — 4715 erraument — 4716 l'os. et cler et

hautement

E, et haut et clerement

4 —

4717 Qu'il n'i ait E —

4718 K. le

pullent Æ, la dedenz À — 4719 qu'il e (i 4) v. seulement — 4720 Ne soit pendus et (et omis 4°) encrüés al vent — 4721 ent. qui ; m. e. sont (m. fu. 4) d. — 4722 D. M. ont (l'ont À) beneït sovent — 4723 Dant Rainoart E, R. ait À

— 4724 manque A*; fe. mal qu'il p. n. E; fer. nis.. ? esforcement 4' — 4725 forment 4 — 4726 caitive g. Ë — 4727 S'or À; n. m'en devés blasmer E — .1 manque — 4728 q. forment s. E — 4729 Pour dant Tiebaut qui lor vee (Ne més lor sire lor devee À) et desfent — 4731 afronté E, effronté l'or f.: afronté E, afolé À.

À—

.1 E. de (a 4)

204

LE MONIAGE

RAINOUART

cil qui en orent

sont en fuie torné,

II

tout ont l’estor parti et desevré. Nen i laissast un denier monaé ne fust Tiebalt qui son ban a crié que mais n’asaillent a mur ne a fossé, n’i avra mais ne lancié ne gité. Il a assés leans et pain et blé

| 4735 4736.1

et char salee et riche vin ferré, car li sergent, cui il ot commendé,

l’orent molt bien garni et apresté. Renouars

est el chastel

5

par fierté,

et avoc lui seu moine coroné; assés menguent et boivent a planté, sovente fois se sont bien saoulé. Par un matin a son pont avalé,

[327a] .7 4738 4737

en l’ost se fiert, n’i a plus demoré;

4740

tantes abat et pavillons et trés, puis s’an revient dedens sa fermeté. Icel deduit a longement moné. Et cant il vieult roi Tiebalt faire iré, adont a il Mahomet avalé; par sor lou pont l’a sovent traïné, et an la mer l’a sovent avalé. Sovent li a baptetire doné. « Buvés, » dist il, «que tout ai aquité. »

4745

4733.1

Ne il —

k

4748

4744 fait.

4732 e. ot est E — 4733 manque E — .01 Tout le tresor euist aval geté — .1 Ja ni Æ, N'en i À — 4734 q. a en haut cr. E — 4735 C'on n'i asalle E ; environ et (ne 4°) en lé (ne en lé omis 4!) — 4736 Es Rainoars auques aseüré ; ce ver est suivi dans À par 4738 (voir note) —

.1 n. rüé E —

.2 Que I. a as. —

3

manque À — 4 c. on l’ot c. — .5 assazé 4 — .6 Es R. el c. ensieré E, Ez (= Et) R. ou c. monté À — .7 manque — 4738 Quant ont (a 4) mangié e, beü a pl. (a son gré À) — 4737 Il et si mogne — 4739 Dont a li bers s. p. ; a devalé E, vis av. À — 4740 f. quant il li vient a gré — 4742 P. se refiert — 4743 duré E — 4744 faire — 4745 ra il M. ravalé 4 — .| manque A; P. sous E — 4746 afondré E, affondé 4 — 4747 b. mostré 4 — 4748 il tout avés aq. E — 4749 Çou a Tiebaut molt forment agrevé ; forment répété A!.

SIÈGE

DE

LA

TOUR

205

Paien en ont molt grant deul demoné. Lo roi Tiebalt a on consail doné que lou chastel aient paien muré.

4750 4752

CL. Or fut Tiebaus de Renouart,

corcociés et irés qui laissus est montés,

4755

qui de son Deu li fait ses volantés, et malgré suen maint en ses fermetés. L’abes Hanris, qui moit fut ses privés — li mas traïtres, li cuvers parjurés par cui li bers fut ansin anconbrés — Tiebalt apelle con ja oïr porés : « Dites,

beau

sire, et por coi vos

4760

irés?

Ja me suis ge a vostre loi tornés, s’an ai mon Deu et ses sains obliés par

Mahomet,

a cui me

suis donés.

4765

Ne vos falrai en trestout mon aés. D'un teil consail me suis apourpansés dont Renouars sera par tens finés. Jel vos

rendrai,

par les grenons

ans

ni

.IIIL jors passés,

et tout enchaienés.

Se ge nel fais, la teste me

A

copés;

ja a nul jor vivre me laisserés !» Tiebaus respont : « Mahons t’en sache grés!

4770

4750 Et p. o. gr. dolor d. E — 4751 Li rois Tiebaus a son conseil finé 4 — 4752 Turc et Persant (paien 4) li ont c. d. — 4753 c. a. molt tos E ; miné — 4755 q. sus estoit m. À —

4756 fa. il ; ses omis

4759 tr. l. fel li p. — 4760 b. est (?) ne v. ir. E — 4764 $. à. ma 4766 m. s. ci apenses (porpensez E — 4768 Et ja l’orés (= ATTIMITeDexX

vousten

E.

E

—- 4757 E. m. lui: est

E—

si fort e. — 4762 si. p. q. v. airez À, si queles loi e. mes Dex o. E — 4765.1 manque À — À) — 4767 manque a ; D. R. iert a sa fin ales l’avrés?) E; par mon grenon mellés —

206

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Mais or me dites comment vos lou ferés con Renouars me puet estre livrés. » «Jel

vos

dirai,»

dist l’abes, «entendés

:

sanpres a vespre cant li jors iert alés, ferai sanblant que de vos suis tornés et que ge suis anvers Deu acordés. Droit a la tor m'en irai denüés; crierai halt, bien serai escoutés : ‘ Renouart sire, aiés de moi pités,

que ge me suis an mon cuer porpansés que miolz valt Dex que Mahomés assés. ? Renouars est uns hons de tel pansés, molt aime Deu, lo Roi de majestés, c'onques ancor ne fut il si irés, se il de Deu fust un poi sermonés, que maintenant ne fust radominés. Je sai molt bien je serai racordés. Tant li dirai, que bien suis enparlés, ans .IIII. jors reserai seürés; au quinme jors reserés aprestés. À mienuit,

cant

li cos

[b]

4780

4 |

4785 4787 4789 4790

est chantés,

s'aiez o vos .XX. .M. Turs armés — cares et buies gardés n’i obliés — si vos sera Renouars delivrés et li chastés rendus et aquités. 4792.1

4775

A 2 d

Soiez.

47173 Que — 4774 manque E — 4775 q. j. sera E ; finés — 4777 E. q. mes. ASE: viers D. me resui ac. E ; racordez 4 — 4778 D. vers À ; deshousez 4, desconsez 4° — 4779 h. que b. iere — 4780 KR. frere E — 4781 racordez 4 — 4784 Onq. — 4785 S. i. oïst de Mahomet E, Que s'il oïst del deable À : parler — 1 Que il n'en fust molt corciés et irés EË — .2 Quant on parole du Roi de majestés £ — .3 Adont a il toutes ses volentés E — 4786 De m. est tous adominés £ — 4787 b. que j'iere r. — 4788 Et que jou ere dedens (sus en 4) la tor menés (montez À) — 4790 C'ains E; j. vous sera delivrés E, j. sera rasegurez À — 4791 Et au quint j. ; resoiés (roi soiez À) ap. — 4792 A m. tot droit as c. c. — 4792-93 Dans A l'ordre des vers est 4792, 4793, 4792.2 4792.1, — 4792.1 Soient À ; S'aiés o v. ii. m. fierarmés E — .2 Carcans — 4793. delivrez À.

STRATAGÈME

Ansin

sera

Renouars

DE

L'’ABBÉ

207

enchantés,

2

pris et loés par vive poestés. Ne lou garroit tot l’or qui est fondés, et puis ferons de lui nos volantés. » «Voir,»

dist Tiebaus,

«s’ansin

lo me

a tos Jors mais serés li miens privés. » Or ait Jhesu de Renouart pités!

4795 randés

,

4799

CLa. Aprés solail, cant il fut aconsés, s’an va li abes, tot son cors desarmé:

solers et chauces a il jus geté, ne mais les braies itant en a porté. Ans ne fina dec’a la fermeté; desi au pont de la maistre ferté en vint li abes tout droit a l’avespré. A icelle ore que ge vos ai conté fut Renouars en son palais monté as grans fenestres do grant palais listé, ansanble

o lui seu

del roi Tiebalt ont Dist Renouars : « Li rois Tiebaus a n’en partira jamais si nos avra Oo pris

moine

4802

4805

1

4810

coroné;

molt entr’ax parlé. Bien somes enserré! lou siege juré, en son 46; ou afamé.

4815 [c]

4795.1 Que Rainoars ne (n'i 4) soit enprisounés — 4796 P. s'en (en À) ferés; la vostre v. E — 4797 T. se vos E — 4798 m. serïés mes pr. E — 4799

Mais or a. Dex — 4800 Que ennevois (anegaires 4!', En petit d’oure 4°) sera molt encombrés — 4801 ÆEA commencent une nouvelle laisse avec lettrines ; L’abes se haste : és les vos atornés E, ez le vos retorné À — 4802 D commence une nouvelle laisse avec lettrine ; so. 1. petit esc. À — 4803 A to. s. co. li ab. desnüés — 4804 N'i a (Ma À) laisié : ne tissu ne filés £, ne ch. ne so. À — 4806

f. desi a la fretés £ — 4807 Tout droit E: m. cités E, freté 4!, fierté 4* — 4809 entrés £ — 4810 f. de viel antiquités — 4811 si m. — 4812 T. avoient mo. p. £ — 4815 par. en trestout s. a. — 4816 a. ça dedens af. E.

208

LE MONIAGE

RAINOUART

II

S’or aüssiens un mesage privé qui m'en alast a Guillaume au cor neis, a Maillefer, qu'est de moi engendré ! »

4818 4820

Li moine

4822

l’oent, ans

n’i ont mot

soné.

Endementiers qu’il ont ansin parlé, estes vos l’abe qui molt a halt crié devent la porte. Oés del defaé! S’agenoilla par devent lou fossé, a un genoil s’ait lou chief ancliné; voit Renouart, si li a halt crié : «Pour l’amor Deu, lo Roi de majesté,

Renouart sire, aiés de moi pité! Je suis vos maistre comment c’aiëé ovré. Or sai ge bien vers vos ai meserré. Ce fait diäble qui si m'a anchanté; or an suis molt corociés et iré. La moie corpe en rent a Damedé. Renouart sire, ge me suis porpansé que miolz volroie avoir lou chief copé que ge guerpisse lo Roi de majesté. Por Deu, beau sire, si me soit pardoné, si me reçoif dedens ta fermeté. »

4825 À 2

4830 4832

4835

4837 4845 4847

4818 Q. en — 4819 Et a Guiborc a Mallefer mon né — 4820 manque — 4821 Qu'il me venist aidier par poesté (amistié 4) — 4822 l'o. n'iot .i. m.s.E, A. m. n'en ont s. À — 4823 E. que ensi o. p. E — 4824 q. a en h. c. E — 4825. p. desus £ — .2 manque À ; Tout a genous a E — 4826 si l’a araisonné — 4827 Molt hautement li a merci crié — 4829 vostre abe c. que j'aie o. (erré À) — 4830 Mais molt s. b. E; Je s. molt b. que je ai (j'ai molt 4*) mal ouvré 4 — 4831 Més neporquant si m'est or tresalé À — 4832 c. fu d. q. ensi m'a tanté E; q. molt m'a destravé À — 4833 manque E; Je suis dolenz quant m'en sui porpensé À — 4834 Las 4 ; or me (me omis A!) sui atrenpé (atrenpré 4*) À — 4835 R. frere E : aiés de moi pitét — .1 Hé biaus amis je me sui porpensé E — 4836 Qu'ançois E, Molt m. 4 —

4838-44 Texte de A! ; variantes de E :Que il

Juif orent en crois pené — Et el sepulcre et couchié et posé (vers manque E) — Et au (Au E) tierz jor (j. fut d. E) de mort resuscité — Puis vos garderent (le gaitierent E) li juif tot armé — Il surrexi, par la soe bonté — por nos garder d'enfer et d'oscurté (ce vers et le précédent manquent E) — Tout ce croi je comment que j'aie ouvré — 4845 P. cel Signor que; j'ai ci reclamé E, je t'ai devisé À — 4846 Te requiers jou c'aiés de moi pité.

PLAIDOYER Renouars

ait cest sermon

DE L’ABBÉ

escouté:

des 1olz do chief a tendrement ploré cant 1l oï que Deu ot aoré. Il dist as moines : « Avés vos escouté de nostre maistre comment il a parlé? Molt me mervail comment l’a anduré. Ovrés li l’uis por l’amisté de Dé,

lo Glorios de sainte majesté. Por soe amor li ai tot pardoné cantqu’il m'a fait boisié et meserré. Il est no maistre, si en ai grant pité; Dex

lo commende,

sovent

l’a on

lou firent!

Chier

sera

à| 3 4850 4852

4855

conté,

contre lou mal rende l’an la bonté. Ovrés li l’uis, que ge l’ai commendé ! » Dient li moine : «Or avés bien parlé! Par la merci Deu l’avés vos escouté. » Inellement ont lo pont avalé. Las, mar

209

conparé,

que il seront par lui molt anconbré se Deu n’en panse, li Rois de majesté. Miolz lor venist qu’il l’eüssent tüé!

4860

nl

[a] 4

CLÉ Renouars ait la parole otroïe que li traïtres li quiert mercis et prie.

4864 4866

4864 oïe.

4848.1 De ses biaus i, E ; commença a p. À — .2 o. comme Dex a ouvré — .3 D. Rainoars E, D. a ses m. 4 — 4850 M. m'esmervel quant (comme 4) il set

tant de Dé — 4851 De traïson ;comment ot tant pensé £, comme ose ainc parler À — 4852 p. l'amor Demedé 4 — 4853 L. G. le Roi d. m. — 4854 li soit E — 4855 Quanque E; b. ne m. E — 4856 Nostre m. e. s. e. aions p. — 4857 D. nos À : sov. l'ai ascouté — 4858 renge on E, qu'en r. I. b. À — 4859 l'u. gel vos A:aic. 4!, commant por Dé 4*— 4860 m. molt av. — 4861 Pour l'amor ; regardé — 4862.1.1 Ja ne veront ; le quint jor ajorné E, l’endemain avesprer À

— 2 courroucié À — .3-.4 intervertisdans

À — .3 Le Glorieus

À — .4 Dont il

seront et mort et afolé E — 4864 otroïe — 4865 Que li faus moines que li cors Dieu maldie À — 4866 Qui a nus coustes; mer. requiert €. p. E.

210

LE MONIAGE

Il se repant,

et Il Lo et

RAINOUART

II

ce dit, de sa folie,

qu'il croit Deu, lou fil sainte Marie. li pardone ; ce fut toute folie. pont avalent, s’ont la chaiene saichie la grant porte toute desverroillie.

1 4870

Aïe, Dex, qui tout as an baillie, que il ne seit del felon la boidie,

la traïsson que il lor a bastie! Ja li aüssent la teste peçoie, mais il n’est hons en ceste mortel vie qui se puist mie garder de felonie.

4875

CLAIR Tant a li abes Renouart sermoné, parlé de Deu lo Roi de majesté,

que Renouars

li a tout pardoné.

Ens el chastel és vos l’abé entré, et Renouars l’an a araissoné : « Dans abes, sire, molt avés mal erré cant nos covent avés si mal mené. Or vos en ai lou mefait pardoné; ja à nul jor n’en sera mais parlé. Mais des or mais me tenés loialté tant quêé aiers seromes restorné;

4880

4883 4885

se vos creés lo Roi de majesté, 4868.1

I —

4877 a manque.

4867 Et E, Qu'il À : rep. molt laise (forment de À) s. f. — 4868 D. et aeure et

deprie — .1 II. p. el non Sainte Marie — 4869 p. abasce E, avale À; 1. ch. a saisie E (bessie À’, laschie 4) — 4872 sevent — 4874 Il À; rognie — 4875 ho. qui en ceste mestrie À — 4876 G. se p. de crüel f. E, le p. g. de si grant f. À — 4877 T. a — 4879 Et 4' — 4880 Sus en a l'ab. mené — 4882 ouvré — 4883 Qui E; ton c. as ensi m. m.— 4884 De l’abeïe sont il par toi geté — 4885 Mais je v. ai E: Més or t'en ai le pechié p. 4 — 4886 manque E — 4887-88 intervertis dans E — 4887 Et 4; m. (nos 4) portés feautés — 4888 soiemes E; T. q. soions a Bride r. À — 4889 S. bien; creomes À.

L’'ABBÉ PARDONNÉ

211

de vos avrai et menade et pité. » « Voir,» dist li abes, «jo l'ai bien enpansé. Jamais nul jor ne ferai malvaistié, servirai Deu par bone volanté. » Dist Renouars : «Or avés bien parlé. »

4890 4892 4894 I

CEIV: « Voire,

dans

abes,»

dist Renouars

li ber,

4925

«icel chastel covenroit il garder dec’au demain que li jors parra cler, et ge irai dormir et reposer. » « Voir,»

dist li abes, «bien

fait a otroier. »

L’abes s’an va — mal li puist Dex doner! o lui .X. moines qui tuit sont bacheler, espees saintes vont lou chastel garder. Et Renouars n' volt plus demorer, savoir volra de l’abé lou panser se 1l volra sa leauté gardeir. Moit se sot bien Renouars demoner, et des felons lor cuers et lor panseir : lou sanblant fait qu’il voille reposeir, joste lou feu s’est alés acosteir, desor son mail prist lou chief a clineir. Lors

commençait

de lui dormir

molt

forment



4930

[328a]

4940

a sofleir;

sot bien sanblant mostrer.

4890 II avra certes de nous çaiens p. — 4892 N. fer. mais a n. j. m. — 489394 intervertis dans E — 4893 Viestirai haire ceson jor ajorné — 4894 $. D. le Roi de majesté E, que bien l'ai enpensé 4 — .1 manque — 4895-4924.8 Pour le texte de E avec variantes de À, voir App. V — 4925 nD. ab. sire — 4926 Cest bien (no À) c.; vous commancec a g. E, vos covendra cerchier 4 — 4927 D. cele heure qu ‘il À ; devra ajorner — 4928 m'irai — 4929 Ce E: ab. ce E — 4930 L'ab. s’arma por mius a (lui mielz À) encanter — 4933 E. R. ne se (s’i 4)

v.d. — 4934 Et de s. À — 4935 v. sa loi auques g. — 4936 M. s'i A — 4937 E. del laron (du felon 4) le pensee esprover — 4938 Il f. s. ; q. voist r. À — 4939 est E — 4940 Desoz s. cief ; a son mast encliné E, ala son mast cliner 4 — 4941 Et: ronfler EA' — 4942 D. bien d. savoit E.

212

RAINOUART

LE MONIAGE

II

Cant ce vit l’abe, n’i voit plus demorer ; tos ses .X. moines en prist a apeleir, de traïsson les volra apeler, sa grant boidie volra renoveler. Mais Renouars lo prist a escouter.

4945

CEV: « Baron, » dist l’abes,

« franc

nobile

clostrier,

sa mon consail vos volés apuïier, bien vos garroie des mains cel pautonnier, de cel diable qui geist lés ce foeir. Ja vos fera vos vies acorcier s’un sol petit le faistes aïrier; ocirra vos plus tost que un levrier. Il est molt fors, a celer nel vos quier, et s’il vos tue, ja n’en orés plaidier. C’avés afaire aieres repairier? Se il vos plaist, miolz poës esploitier : s’au roi Tiebalt vos volés apuier et Mahomet amer et tenir chier, Hi rois donra chascuns de vos moillier que vos porés acoler et baisier, por vos deduire et por esbancoer. Si vous donra cevaus a cevaucier, 4950.1

4950

4955

4960

Je vos fer. (ms. gratté).

4943 l’ab. ne se (s’i 4) v. d. —

4945 Sa tr. v. renoveler

E; D. tr. lor v.

sermoner À — 4946 b. ne v. plus celer E — .1 Quant R. vit [sic] ensi e. E, Et R.

si p. À — 4947 lab. mi E — 4949 Je EA* ; v. g. de mortel encombrier — 4950 Cil vis d. : q. g. en 4 — .1 Vous ocira ; jel vous di sans dangier E, bien en sai son cuidier À — 4951 corecier — 4952 ©. v. molt t. a son levier — 4953 mo. faus E, touz fouz À : bien le di sans quidier E ; c. ne v. 4 '— 4954 irai E, ira À — 4945 af. a Bride r. — 4957 Se a T. v. v. acointier — 4961 Vo cors d. e. vos esb. — 4962 Si vous donra cevaus a (por À) cevaucier.

TRAHISON

MOINES

218

Jaucons, ostoirs pour aler rivoier, pales a or por viestir et caucier, se cest chastel li volés otroier et delivrer cel gloton pautonier.» Dient li mogne : « Bien fait a otroier !

al 2

Bien

nos

doit ore

DES

itel vie esnuier,

car on ni goste d’oisel ne de plovier, ne on n' puet son cors esbanoier, n'a belle dame jüer ne acointier. N'’avons

que

faire de tant

humelier,

4965 4967

4 4970

ne de nos batre ne de nos laidoier. Itel mestier fait molt a resognier. Mais parlons bas, n'avons soing de noisier, que ne nos oie cil cuvers losangier ! » Et dist li abes : «Ce fait a otroier. Andormis est, je l’ai oï ronchier ; ne se movra desi a l’esclairier. Ans porois bien vostre preut porchacier. » Dient li moine : « Bien fait a otroier. Vostre consail devons avoir molt chier. » Renouars l’ot, lou sanc cuide changier;

4975

4978 [b] 4979.] 2 4980

la traïsson oï bien porplaidier. Il jure Deu, lo verai justisier, qu'il en avront molt dolereus loer. 4962-62.2 Ces vers manquent — 4967 vos— 4971 vos; vos.

4963 Et —

4964-65 Ces vers manquent —

.l manque À ; Faucons ostoirs pour aler rivoier £ — .2 Pales a or por viestir

et caucier — 4963 Se: ballier — 4964 Et delivrer cel gloton pautonier (losengier 4) — 4965 Dient il mogne bien fait a otroier — 4966 N'avons nous cure (més soing À) d'usage de mostier — 4967 B. nos devroit ;ceste v. E — 4968 Quant À : C’on n'i mangue E — 4969 Ne o n'i p. aler es. E — .1 Ne b. d. acoler ne baisier £, Ne soi deduire joer ne plaidoier (esploitier 4*) — 4970 Qu'av. afaire — 4971 nous ; nous ; losengier À — 4972 I. m. si font mo. E, fa. m. bien À : a laisier — 4973 M. parlés b. n'aiés — 4974 c.glouton los. — 4975 Dient li autre il n’a pas tel quidier — 4976 je l’oï or ronfler À ; fronkier E — 4977-79.2 manquent À — 4977 Ne s.esveillera més (n’esv. 4°) deci a l’exclairier A — 4978 Endementiers porrons tant esploitier À — 4979 Et a Tiebaut ce fort chastel baillier À — .2 manque À — 4980 R. l'o. le sens À ; bien cuida erragier E — 4981 tr. a oït p. — 4982 D. le pere droiturier — 4983 av. i. d. E, av. tout .x. malvés |. À.

RAINOUART

LE MONIAGE

214

II

CLVI. «Baron, » dist l’abe, «or lou laissiés ester. Il nos esteut plus bassement parler que cist diables ne nos puist escouter; je sai molt bien ne poriens durer. »

Dient li moine Par cest palais ans qu'il peüst sa costume est tant com il ait « Baron,» dist

: «Ne vos esteut douter. le porriez traïner un tot sol mot soner; ne se poroit lever talant de reposeir. » l’abes, «or pansés d’escouter

se il s’esvaille n'il me

ne vos

4990

:

velt demander,

dites je suis cel baille alez garder.» Et cil respondent : « Bien li savrons bien li dirons,

4985

esteut

4995 conter:

douter,

Mais beaus dos sires, pansés del restorner ! » Et dist li abes : «Ne vos esteut douter. » Renouars

l’ot, lo sanc

cuide

4997

4999 5000

desver;

puis dist en bas, c’on ne l’oï parler : « Alés, dans

abes ; je iere au

se Deus me velt guarentir Je vos serai molt prés au L’abes s’an va, qui ne s’i ist del chastel, fist lo pont g.

restorner

et tanser. restorner !» sot gardeir; avaler;

‘1 5005

4989 Ce vers manque — 4994 dites li et contés — 4995 D. j. vos s. celle barre 4984 l’ab. içou E — 4985 I. n. covient ; pl. belement plaidier E — 4986 no.

voelle (viegne 4) esc. — 4987 Que saciés b. ni p. Æ, S'il nos (vos £°) coit n'en p. aler À — 4988 mo. içou laisiés ester Æ — 4989 Par le (cest 4) palais; le poriés meener E, le porriez trainer À — 4990 parler 4 — 4993 l'ab. p. del esc. E — 4994 S'il me demande dites sans demorer E, ne il (n'il me 4) velt

demander À — 4995 Que sui alés por la vile g. E ; cel baille alez g. À — 4996 b. fait a creanter — 4997 d. il n'en es. 4 — 4999 Or tos si. abes ; penés vous ne haster (pensez d. v. h. 4) — 5000 Voir À ; ab. j'en ai grant desirer — 5001 le sens À ; vis cuida forsener E — 5002 I1 — 5003 g'irai 4°; a l'encontrer 4 —

5004 v. et aidier e. E : sauver — .1 mo. tos E : a l'encontrer — 500$ S’en part

q. n. s'en s. g. Æ, ne se 4 —

5006 Jus d. c. 1. po. cort av. À.

L'ABBÉ

desi a l’ost ne

ET

THIEBAUT

215

S’ENTENDENT

se volt arrester.

Ou voit Tiebaut,

sel prent a apeleir.

5008

CLVII. « Sire, » dist l’abes, «or

tost, si vos

hastés!

5010

Bailliés moi tost .XX.M. fersarmés! Je vos plevis, ja mar an douterés, que jai vos iert Renouars delivrés et li chastels rendus et aquités. Li pautonniers,

li fols estrumelés,

il dort laiens, mal fust il onques nés ! J'en ai tant fait et tant me suis penés .X. de mes

moines

ai bien vers

moi

tornés;

li autre dorment, ja mar an douterés. » «Voir,» dist Tiebaus, «ne fut tex coronés ! Dans

abes

sire, Mahons

t'en sache

grés.

Se ge vif auques longement par aé, ancor serés de France coronés. »

CLVIIT. Tebalt

ot l’abe, si est en

5025

piés saillus;

il en apelle Targent et Malagus, Estormarent et son fil Capalus : 5016 Ce vers mangue



5026 de.

5007 l’o. n'i V. mie a. E. ne s’i v. À — Tiebaut À — 5008 pr. le E£ — 5010 Turs armez À — 5013 Ja v. sera E Ja a nul jour ; mais tel lui (tel loisir À — 5016 Il (Se À) dort laiens mal

5008 pr. le E — 5010 Et d. hi ab. E,

Et d. li ab. E, Tiebaut À — SOII .x. m. E ; — 5013.1 c. et rendus et baïllez À — 5014 4) n’en arés — 5015 manque E ; 1. faux e. (mar À) fust il onques nés — 5017 Jou —

5019 manque À ; ses m. ai devers m. £ —

5020 D. dans T. £ —

renoiés n'estra jamais (ne sera més À) trovés —

5021 Teus

5022 si. .d.” (.v. c. À) merciz et

grez — .1 Or saciés bien par fines verités £ — 5023 Or s. j. v. lo. E — 5024 s. en F. À — 5025 T. se haste; see. p. s. sus À — 5026 Si apiela E ; Turgant (Turbant

4) et M. —

5027

Escorfarin

E, Escormarant

4; f. Malagus

E.

LE MONIAGE

216

« Vos

.IIH.

roi, alés me

en vos copainge les blans

.X.M.

haubers

RAINOUART

II

tost lassus,

fersvestus,

andossés

et vestus,

sl

et as costés aiez les brans molus; mais gardés bien n’i ait nose ne hus. Alés

vos

en

avoc

l’abé

5030 5031

lassus,

5030.1

si nos sera ja Renouars rendus. Portés chargens et grans leviers agus, et huis de fer .LIIIT. u plus dont Renouars sera mas et conclus. Mors est li glos et a sa fin venus; ja par nul home ne sera secorus. » Paien respondent : « Nos n'’i atendrons plus. » Iloc s’armerent, n’i atendirent plus: cant sont armé, si se sont esmeüs, dec’au chastel estes les vos venus. jai 1 entrast li\ pueples mescreüs, mais l’abes dist : «Or vos traiez ansus. J'irai savoir en cest palais laissus se Renouars se fust puis remeüs, que s’il estoit çai aval descendus, tost vos avroit et mors et confondus. »

5035

dont

il sera

tenus



5046

5033 5035 5036 5038

5040

5045

5048 5052

Je ir.

5028 r. m'en irés — 5029 ni. m. E, .xx. m.

À — .1-.2 intervertis dans A —

.2 et sor vo ciés laciés elmes agus — 5030 A vos c. E: caigniés E, ceinz |. b. esmolus 4 — 5031-5S030.1 intervertis dans E — 5030.1 Et si irés (Sien ir. 4): av. T. 1. £ — 5032S. vous E — 5033 P. c. gr. b. et grans fus E, P. gisarmes e. g. targes lassus À — 5034 Engiens et buies et aniaus et escus 4 — 5035 lin, À, cinquante ii. E; u plus — 5036 D. KR. soit pris et retenus (sera p. e. tenus À) — 5037 Se Mahomet n'en est trop durfetüs — 5038 Pris £ — 5039 Jamais p. h. n'estera (ne sera 4°) retenus À — 5040 r. ne nos (nos ne 4) targeron p. — 5041 Il s'arment tos a force et a vertus Æ, Lores s'ar. li cuivers mescreüz À — 5042 manque E ; Si s’en tornerent chascuns molt irascuz 4 — 5046 J'ir.;s. enz el p. A — 5049-5051.2 Texte de E ; variantes de A : Mauvaisement seroit cis plés meüs (tenus À) —

franc chevalier (Sarrasin), ains qu'il soit asalus —

G'irai

lasus (laiens À) si enblerai son fus — Puis l'asaurons quant il sera tos nus — Desi adont mar i entera nus — S'il s'esvilloit ne nous avoit pierçus (n'il estoit (S. est. 4) aperçus) —

5052 T. nos a. dannés

e. c.

RAINOUART

ALERTÉ

217

CLIX. «Baron, » dist l’abe, « gardés

de remüer;

plus bellement vos covendra aler. G'irai savoir el palais principer se Renouars se fut puis remüés; s’il nos perçoit, riens est del restorner. » Or vos devons de Renouart conter, qui out oï tout lou plait porpaler. Si tost con

l’abes fut an

la sale entrés,

Renouars salt sans plus de demorer; devent paiens vait lou pont relever, prent la chaiene, molt bien la vait fermer; ferme la porte, fait lou verros coler;

hui mais n'i puet nul Sarrasin antrer. Aprés l’abeit commença a aler, et les .X. moines, cui Dex puis mal ke il avoit a son consail torné;

a Renouart Mais

doner,

en ont son mail anblé.

chierement

lor sera

conparé,

ne s’an poront mais a nul jor gaber!

da1, € Icelle nuit fut li abes Hanris mal angingniés et malement traïs. 5072

5073

A celle.

5053 l’ab. pensez du quoi ester

À — 5054 Il nous (vous 4) convient molt b.

(bassement À) parler — .2$. R.s. vot p. remüer E — 5057 Or 4; de R. vous redevons E ; canter — 5058 Bien ; deviser — 5059 Con faitement li abes dut

errer — .| Bien ot oï l’achoison deviser ester À —

À — 5060 Devers la porte en est venus

5061 l’ab. dut ; el palés (enz el baille À) entrer —

5062 s. point d. —

5063 avaler E — .1 c. amont le fist f. E, sel vait amont lever À — 5064 p. lait À ; les vieraus f. entrer £ — 5065 n'i porrent li S. À — 5066 Et ap. l’abe 4* — 5067 L'abes s'en va qui ne s’i (se 4°) sot garder — 5068 que 4 ; vergonder — .1 Qu'il av. fait — 5069 A R. ceurent le mast oster E, en vont son mast embler A — 5070 M. c'est une (une omis E) uevre que (qu'il À) poront conparer — 5071

garder E —

5073

Ic. n.; se f. l’ab. E.

218

LE MONIAGE

Renouars ait ses mos com faitement il dut et delivrés devers les Daiers un huis s’est Si tost con l’abes se

RAINOUART

II

molt bien ois, estre trais Arabis. Renouars catis. fut la dedens mis,

Renouars salt, ne fut pas esbaïs; il ait levé lou grant pont torneiïs. L'abes monta el palais seignoris, et li .X. moines

c’a son

consail

5080 5081 5083

ot mis;

trovent lou mail tres an mei lou formis. A bones cordes l’ont loé et saissis; si lou traïnent,

contreval

5075

se sont

5085 +

mis.

CEXI. L’abes Hanris, li traïtres provés, et les .X. moines, qu’il ot vers lui tornés, trovent lou mail mervaillox et quarré que Renouars avoit illoc geté. A bones cordes l’ont loé et moné, puis l’an traïnent bellement et soef. Mais or oés comment il ont ovré, con

faitement

Renouart

il orent

meschevé

5090

:

nt

ont au degré ancontré;

voit lou li abes, tot a lou san müé, n’ot tel paors an trestout son aé, et li .X. moine sont trestuit efraés,

5095

5074 sorpris À — 5075 R. a mo. b. cel plaiz 0. 4 — 5076 f. devoit E — E. d. as cuvers Ar. E — 5078 Deriere l'uis fu E ; est 4 — 5079 f. par de. 5082 La porte close et fremé (ferré 4) li postis — 5084 qu'il ot a c. me 5085 T. |. mast e. m. 1. forneis E — .1 c. f. loiés — 5086 S. l'en 4', tornerent 4°; c. ce m'est vis E — 5087-5105 manquent E — 5087 L'ab. se

5077 E— E —

S. 1. haste

qui cuer ot de maufé À — 5088 mo. qui v. l. sont t. À — 5089 mast 4! — 5091 loié et noé 4 — 5092 Si (le 4°) tr. contreval a celé 4 — 5093 erré À — 5093.1 il lor est À; acontré À — 5097 E. si .x. m. resont si ef. À.

RAINOUART

CONFRONTE

L’ABBÉ

molt mielz vousissent que il fust estranlé. Dist Renouars : « Trop l’avés traïné! Par saint Denis mar l’eüstes pansé! Dans abes sire, trop l’avés demené, par traïssson m'’avés trop anconbré; or vos sera molt chier guerredoné. Retenus estes, assés avés alé; de vos ferai con d’un laron prové. » L'’abes Hanris et seu .X. coroné orent

lou mail

à grans

cordes

Deu,

cuvers,

trop avés

traï, honi

5105 2

[329a]

traïné!

Cant par dous fois avés Deu et moi

5100

loé;

dusc’au degrés l’orent ja traïné. Lai ancontreirent Renouart molt iré. Cant l’aperçoivent, molt en sont esmaié; et Renouars a l’abe araissoné : «Par

219

renoié

et vergondé,

ja cist mefais ne vos iert pardoné que ne soiez pandus ou traïnés ! »

ET

CLXII. Dist

Renouars

: « Gloton,

alés ansus;

je gart la tor, miens en est li traüs!

5106

5107

5098 Trestous li mialdres jel vos di par verté — 5098.1 Por un meu d’or qui

li eüst conblé (v. /a Note à 5087-5105). 5098 Molt mielz vousissent que il fust estranlé 4 — 5100 P. s. Maart m. le m'avez enblé À — 5103 ©. v. en erent li gueredon doné À — 5105 c. de I. 4° — 5105.1-.II Laisse CLXIa, texte de E, variantes de À : L'abe Henris et si .x. renoié Orent le mast a grans cordes loié Jusqu'au degré l’avoient (l'en erent ja À) sacié La encontrerent Rainoart molt irié Quant l’aperçurent molt en sont esmiaié Et Rainoars a l’abet (en a l'abe À) araisnié Par Deu dist il (D. cuvers

À) trop avés caroiïé Qui (Que 4) par ii fois avés Deu renoié Et moi traï houni et vergognié Ja cis (vos 4) mesfés nen iert (n'ierest À) mes respitié Que ne soiés hounis ne vergogniés (essillié 4) — 5108 Ja n'en (me À) donrés .iiii. (.m. 4) mars d'or (d’or fin À) fondus.

220

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Au departir iert chascuns confondus ! » Ans Renouars ne s’i volt targier plus; les mains

lor loie, ses en moine

5109 5110

lassus;

icelle nuit fut li abes pandus lés Mahomet en l’estage laissus. Ansin fina, que ne pot durer plus; et Renouars est au pont revenus. O voit paiens, si s’escrie a vertus : «Jamais li abes ne vos rendra salus. Il est laissus lés Mahomet pandus, si gardera les cornoilles lassus. »

x 2 5112 5116 5117 5119 5120

CLXIIL Dist

Renouars

: «Por

coi vos

arrestés?

Ves vostre abeit qu'est el chastel montés.

5123

Dites

S125

Tiebalt

cant

vos

a lui venrés

qu'il est a moi enuit mais demorés; si gardera mes maistres fermetés. » Paien l’antendent, chascuns est efraeés; en fuie tornent les frains abandonés, dec’a Tiebalt n’i ot rene tirés. «Franc Sarrasin, por Deu nel me celés : est Renouars pris et enchaienés? Ou est li abes cant il n’est restornés ?» Dient paien : « Aparmain lou savrés!

5130 5132

SE

5110 ne vot a t. p. E; v. tenir p. 4 — SII1 I. et si les m. — S112 qu'il n. À; p. vivre p. — 5113 Et Rainoars est lasus (laiens À) remasus — 5114 Paien defors (ot fors 4) bien sont .x. m. b. .xx. m. À) u plus — 5115 manque E ; Tant

atendirent que jor fu aparus À — 5116 E. R. s'escria par viertus E — 5117 manque E : p. ses esc. 4 — 5118 Par Deu gloton pour nient iestes plus — 5119 v. fera sa. À — 5120 Veés le la E — 5121 Bien gaitera E — 5122 D. R. Sarrasin (paien et À) qu'atendés —

5123 V. la vo (vostre 4) abe sor cel : cretel

m. £ — 5124 Delés Mahon pendu et encrüés — 5125 D. T. si tos con le verés — 5126 m. des or més d. 4 — 5128 P. l'oïrent molt furent abrievés E — 5130 n'i fu À — 5131 Quant il le voient si li ont escriés E — 5132 F.S. dites (dit il

À) :ja n. cel. E — 5133 pr. ne EA*, ni 4! — 5134 4! écrit libes — 5135 verés EA!.

L’ABBÉ

PENDU

291

Sofrés itant que il soit ajornés. Sus el chastel lai desus lou querés: lés vostres Deu est avoc ancroés. » «Voir,»

dist Tiebaus,

«c’est

fine verités,

voirement est cil lichieres provés, que ne l’avrai — por rien me suis penés — s’an Gadiferne n’est Gadifer mandés. Par celui iert maistroiés et dontés. » Icelle nuit leva uns grans orés; la mer s’esbout environ et en lés. De Porpaillart vint une nef par mer

5140

[b]

dont li orages avoit roùût les frés, les mas brisiés, les avirons froés;

marcheant ierent de molt grant richetés qui par la tere ont lors avoirs menés. Li grans tenpest les ait si demonés

5150

c'a cest chastel les avoit arivés, et Renouars lor est ancontre alés. « Baron, » dist il, «dites moi verités. Dont venés vos et o vos en alés? Vostre vaisels est a l’argent trociés,

5153 5155 |

miens est cist pors ou estes arrivés. »

.3

Cant cil l’ouirent, sel conurent assés; dist l’uns a l’autre : «Mal nos est ancontrés!

C’est Renouars, Otroions 5147

SIT

qui tant est redoutés.

li toutes

ses volantés. »

5160

nés.

5136 q. jor À — 5137 sor (Souz À) cel c. ; I. defors (desus 4', desouz 4°) 1. verés — 5138 D. pendu et encrüés E, est pendus et levés 4 — 5139 T. ce poise moi asés E, bien e. f. vertez

À —

5140 Moit par est ore E; c. 1. (deables 4)

dervés — 5141] Ja ; p. nient E ; m'en s. p. — 5145-46 manquent E — 5145 s'es. et uns venz est levez 4 — 5146 D. P. est venue u. n. 4 — 5147 ronpus les trés — 5148 av. faussez À — 5150 av. portés — 5151 manque E; t. qui tant ert desfaez À — 5152 A c. c. estoient (les ala À) ar. — 5153 E. R. est cele part tornés £ — 5155 Laron d. i. dontes [sic] moi E ; dont venés — .1 manque — .2 est a lagan alés £, au lagan tornez 4 — 5156 Par droit esgart ; m'iert li avoirs livrés E, cest avoir me dorrez À — 5157 Q. c. le virent 4 — 5158 Mal somes

arivés —

5159 desfaés —

5160.1

U autrement

tos nos ara tüés E.

LE MONIAGE

22?

RAINOUART

II

«Sire,» font il, «vostre plaissir ferés; tuit nos metons en vostre franchetés. » Dist Renouars : «Par mon chief, droit avés. Ja beaus parlers ne vos toldra vos nés; et por itant que dolcement parlés, n’avrai del vostre .II. deniers monaés,

5165

ne mes que vos trestuit m'afierés c’a Porpaillart a mon fil en irés — c'est Maillefer qu'est de moi engendrés — et a Guillaume autresin m'en irés; dame Guiborc de par moi salüés;

5170

et si lor dites, ja mar

À |

lor celerés,

qu'en cest chastel que vos ici veez suis de paiens

assis et enserrés;

li rois Tiebaus a .C.M. d’armés m'a

si anclos

con

vos

ici veez;

5175

se n'ai secors, je suis a mort livrés. » Et cil respondent : « Nos lor dirons assés. » A ces paroles ont lor voilles levés, lors avirons ont bien fait atorner, et cant d’aus fut li serremens donés, congié demandent, que molt sont effraés, car molt redoutent Renouart l’aduré. Dist Renouars : « Baron, or en alés. Gardés molt bien que vos ne m'obliés !» E cil respondent : «Ja mar an douterés ! » Drescent lors voiles, n’i ont plus arrestés. 5174

5180

5185 [c] 5187

à manque.

5162 manque E — 5163 Signor fait il or ne vous esfreés E — .1 manque E : Ja li p. 4 — 5164 Mais E ; q. sagement p. £ — 5166 Fors tant q. E:; vous tr. me creantés — 5167 m'en ir. £ — 5168 de m. fu e. — 5169 G. le marcis au cort nés— 5170 D. G. por Deu me s. — 5171 Et se £ — 5174 a .c. m. Turs a. 4 —

5175 M'a chi asis ; ensi c. v. v. EA', c. v. ore v. 4 — 5176 manque E, sec. touz

s. À — 5178 voile aprestés £ — 5179 L. av. et fais et ; racesmés E, ratornez À

— 5180 jurés — 5181 d. a tant sont retornés E — 5182 manque À : Que m. fu

dans R.redoutés E — besoins

me

5183 D. R. signor E: vous en irés —

(lor 4) soit bien demostrés

(s. molt

b. mostrez

5185 Que mes À).

LES

MARCHANDS

MESSAGERS

Dist l’uns a l’autre : « Dex nos a regardés, li Glorious de sainte majestés, que Renouars ne nos a afolés. Veïstes vos con nos a esgardés, les 1olz el chief roïlliés et tornés? Il nos esteut faire ses volantés, li serremens li est de nos jurés. Nos li tendrons molt bien ses volantés. » « Voire,»

font

il, «ja mar

an

douterés. »

CEXIV. De Renouart partent li marcheant, forment sont lié qu'il ne lor tost noient. Dist l’uns a l’autre : «Con nos est covenant qu'il ne nos ait tolut nostre chalant. Deu com il sanble felon et malquerant ! Con fait regart il et et fier sanblant !» « Certes, » dist l’autre, «mais prodome sachant et seignorage,

5195

et fier et conbatant,

qui ne redoute ne roi ne amirant. Or li tenés molt bien son covenant. » Tant ont nagié a l’oré et a vent que un matin à l’aube aparissant soz Porpaillart arrivent lor chalant. 5198 Cant il ne n'ait —

5205 5206

5202-03 Nous changeons l'ordre de ces deux vers de

5188 v. si se sont retornés E, ez les envers (? ms en v’) tornez À — 5189. Ii Rois de m. — 5190 Q. cis diable ; a n. n. a tous tüés — 5191 Vous souvient il : quant n. 4 — 5194 t. b. E; nostre (noz À); loialtés — .1 manque — 5196 que n. |. fist n. — 5197 l'aut. bien — 5198 Qu'il ne nos — 5199 D. c. resamble E — .1 C. fer: e. quel s. À — 5200 l’aut. pr. est (més pr. À) et vallans — 5201 Et guerroier nobile (et noble A) c. —

5202 Aiïns n’adegna (ne daigna À) —

5203

Tenomes li £, O. li tenons 4 — 5204-6 manquent E — 5204 na. et par mer (bel A) et par v. 4 — 5205 Q. un jeusdi souz .i. aube aparant À — 5206 S. P. vienent

il mercheant

4.

224

LE MONIAGE

RAINOUART

II

CEXW Tant ont nagié li noble marinier qu'a Porpaillart arrivent el gravier. Ce fut au tens que revient li herbier, que cil oisel chantent el gaut plenier. Li cuens Guillaume et Guibors a vis fier a Porpaillart vienent esbanoier por Maillefer, lor novel eritier. En sa main tient un baston de pomier, ne lou portast un vilain charrüer; bien fut vestus d’un paille bon et chier, grant ot lou cors et lo regart molt fier. N'ot plus bel home desi a Monpellier, ne plus hardi por ses armes baillier; dejoste lui Guillaume Braceñier. Plain piét fut grainde d’un autre chevalier; son pere sanble molt bien au sorcillier et au regart que il avoit molt fier. O voit Guillaume, sel prent a araisnier : « Honcles, » dist il, «a celer ne vos quier, de main à jor au point de l’aclarier sonjai un songe dont me puis mervaillier, que Renouars, mes peres a vis fier, estoit a Brides par dedens lo mostier; illoc venoient plus de .M. aversier

5208 5210

5214 5216

5220 5219 1

1 [d] 5225

5230

5220 molt manque.

5208 T. O. erré au soir et a l’anuitier E, T. o. n. et soir et anuitier 4 — .1 Li marceant que Dex gart d'encombrier — 5210 q. revienent h. — 5211 c. par le (en cel À) gravier — 5214 manque A: P. M. lor neveu consillier — 5215 Desous le pont (Desor le port 4) seoient el gravier — 5216 Mallefer t. — 5217 portascent ; doit v. kieruier Æ, ce cuit doi pantonnier 4 — 5218 p. a or mier (or vergier 4) — 5219-5220 EA suivent l'ordre de c — 5220 reg. ot f. E, reg. molt f. 4 — 5219 N'o. si E — 5220.1 manque — 5222 Grant 4' — 5223 S. p. s. au vis et a l'aler (au resnier 4°) À — .1 manque E ; Au regarder qu'il par av. À — 5224 v. son oncle E — 5225 c. nel — 5226 Ier ; m. matin E — 5229 Br. la d.

ARRIVÉE

MARCHANDS

DD

qui l’en voloient porter et enchargier; sanblant faissoient co volsissent mengier.

5232

Li cuers

me

dit, ne

me

DES

puet

leescier,

qu'il a enui et molt grant anconbrier. » A ces paroles estes vos un paumier, qui de saint Jacque venoit de Deu proier, qui lor conta

trestout

5235

5234 52351

lou destorbier,

la traïsson et lou grant anconbrier c’a fait ll abes — avec lui seu clostrier — vers Renouart, lou hardi et lou fier. A paines puet tos ses dis desraisnier, li marcheant arrivent el gravier que Renouars 1 ot fait envoier, qui les noveles vont a l'enfant noncier comme Tiebaus l’avoit fait asigier dedens Aiete lou palais fort et fier. Li cuens Guillaume l’an apelle premier : « Bias niés, » dist il, «laissiés vostre noisier. La voi venir une gent natonnier, ne sai qu'il sont, mais vaisel ont ligier. Levons nos sus, trop poomes targier! N'’avons o nos sergent ne escuier, ne home nul qui nos puent aidier; 5235.7

El prumier

port —

5235.10

5

.10

15

Ce vers manque.

5231 po. sans delaier E, po. et souzhaucier

À — 5232 s. f. qu'il E4*, que 4'

— 5233 Onques ma dame (li moine 4) ne li virent (voudrent À) aidier — 5234-

35 EA suivent l'ordre de c — 5235 Li més li d. E, L. c. m. duelt À: n. p. eslaiecier E, n. le 4° — 5234 Je sais molt bien ; qu'il a g.e. E, queila e. 4 — 5235.1 p. est venuz 4 — .2 ven. por 4 — .3 Q. li. c. le mortel encombrier — 4 mangue —

.5 comment ; li mut l'ab. li (li abes ot fait le 4) destorbier —

.6

Con R. avoient prisounier — .6.1 Li mal paien li felon losengier £ — .7 A paines puet ; tout son droit d. Æ£ — .8 L. m. descendent Æ, L. m. ne si voudrent targier À — .9 manque — .10 Qui les noveles vont (Q. le v. 4) a l'enfant noncier (anoncier 4) —

.11 Si con T. l’av. f. travillier —

.12 Et en Aïte

(Aiete À) le (el 4) castel asegier — .13 G. en a parlé (apela 4°) p. — .14 plaidier E — .15 Ci; maronier Æ, marignier 4*, magnier 4, — .17 L. de citr. soumes estraier — .18 chevalier À — .19 peuist — .19.1 Que ce ne soient Sarrasin losengier.

LE MONIAGE

226

RAINOUART

II

ja nos poroient Sarrasin enpirier. » Dist Maillefer : « Trop vos voi esmaier! Je ne donroie de .II. cens un denier tant con ge tigne cest baston de pomier ! » « Niés, » dist Guillaume,

«a

celer ne vos

.20

quier :

on ne se doit fier en natonnier ! Ne somes ci fors que .II. chevalier et ceste dame qui lou cors a legier; ja nos poroient malement anpirier. Vos pere i ot jadis grant anconbrier : venus jeret por lui esbanoier, bien lou cuiderent en un dromont lancier; mais Dex de glore li volt lo jor aidier. Nus ne se puet de paiens bien guaitier, tos dis se poinent de nos cors vergognier. » Dist Maillefer : « Laissiés les aprochier. Sanpres nos puent itel chose acointier dont il avront molt dolerox louer. » Li marcheant n’i volrent plus targier, arivé sont maintenant au gravier; la voit seoir Maillefer lou guerrier, il et Guillaume, qui tant fait a prisier. I/ les saluent de Deu lou droiturier :

523525

.30

[3304] :35

.40

« Maillefer sire, nos te volons noncier, et vos, beau sire, Guillaumes a vis fier,

que Renouars est en grant anconbrier es tours d’Aiete es palais seignorer. 5235.42

.45

I.

.20 J. n. p. malement enginier (Vergoignier 4) — .22 Je n'en ; .O. den. 4! — .23 t. c. mien (c. bon 4) ba. entier — .24 c. nel — .25 d. en çou enfiancier E, d.

pas en ce fiancier À — .26 ci ne mais .ii. À — .27 fame 4; q. molt fait a proisier E ; deugier 4 — .28 p. durement E — .30 V. estoit toi esb. — .31 loier

—.32 M. D. li v.a

icelj. a. E ; de omis A' — .33 On E, L'’en 4; d. nul. p.g.E,

d. p. trop 8. 4 — .34 T. jors E ; de la gent v. E — .36 De teus noveles n. p. ac. E ; p. de tel ch. anoncier (noncier 4*) 4 —

.37 av. tost .i. mauvais 4, .i. dol. E:

loier — .38 L. m. ne v. atargier E, ne s'i v.t. 4 — .39-.41 manquent — .42 I] — 43 venons non. — 44. E. v. meïsme E ; G. Bracefier — .45 e. a (a molt 4) gr. destorbier — .46 pa. Bucifier.

NOUVELLES

DE

RAINOUART

Tiebaus d’Arable. qui ne l’ait guaire chier, a .C.M. Turs l’a il fait assigier. Lai lo vendirent li moine losangier; jai a nul jor ne pora repairier. Por ceu vos mande que li ailliés aidier. »

221

5235:51

CEXVI. «Maillefer

sire, » dient li marcheant,

5246

«secors te mande pour Deu lou Roialment li vostres peres, que vos par amés tant, car en Aüete l’ont assigié Persant. Tant en i a et daier et bien sont .C.M. par lou Ja n'i guarra s’il n’a de Maillefer l’ot, si en vait

devent, mien esciant. vos garant.» sospirant;

o voit Guillaume, si li dist maintenant, molt bellement lo va araissonant : «Sire, » dist il, «por Deu lo Roialement, lou Gloriex,

lou Pere tot poissant,

dont n’oés vos lou mesage pesant c’asigié ont mon pere li Persant? N'i durera se 1l n’a secors grant! Secorons 5252

lou, s’il vos

vient a talant!

5260

s’il n'est d. v. aidant.

47 d'Arabe E, d’Arrabe l'a la fet assegier ne l'ont gaires chier

4 — .48 .m. homes:

l'a la E, qui

4 —- .49S. li v. E ; 1. m. li (si m. et si 4) clostier — .50 n'en

— 50.1 Asali l'ont E, Assis li ont 4 ; de paiens .c. millier — .51 Par nous vos

mande ; q. l’alez aïdier 4! — 5248 p. qui v. p. aime t. EA' — 5249 l'o. asis li P. — 5252 N'i düera E, N'i garira À ; s’il n’a de vous garant — 5253 Vendu li ont li mogne mescreant — 5254 l'o. forment v. s. E — 5255 G. dit li a E; en plorant — .1 M. doucement li v. iluec proiant £ — 5256 S. Guillaume 4 — 5257 v. cest damaje p. £ — 5258 manque À — .1 Et li Vacier (Vachier À) et li Escarmarant (Escormarant 4) — 5259 Ne düera E ; s’il n’a de vous (nous 4)

garant.

LE MONIAGE

228

II

RAINOUART

CLX VIT. «Honcles

Guillaume, » dist Maillefer,

« chaelles!

5262

Dont n’oés vos ceste pesant novelle que Sarrasin tienent mon pere an serre? Ja vos a il afiné tante werre et Sarrasins chaciés fors de vos terre! Mais par les sains c’on requiert en Posterne mar lou panserent li paien de pute aire; ne les lairai desi en Ordierne ! » « Niés,» dist Guillaume, «or encommence Or menderai les homes de ma terre tant c’an avrons .XL.M. as armes.

guerre!

Ja n’i querrai ne tenporel ne terme! Se Renouars demoroit an lor ertre, trop i seroit devers nos grant la perte;

ne li falrai por a perdre la teste, c’ancor

ferai

as Sarrasins

moleste, »

CLXVIIT. Li cuens Guillaume ait la novelle oïe que Renouars est en enfermerie; dedens Aïete en la grant tor antie, si l’ait assis Tiebaus d’Esclavonie

5280

5263 c. piesme E, froide 4', forte 4° — 5264.1 Ne (Ja À) v. a il aquitee vo guerre — .2 manque E : la ter. À — 5265 manque E ; Par touz À; q. l'en 4!,en A°; r.e. l'arche À — 5266 p. de Biterne — 5267 Li Aragon (Agoulant À) ne cil de val Cisterne (Tuerne 4) — 5268 Ne Agoulant (Li Arragont À) ne li Turc de Galerne (Golerne 4) — 5269 Je nes E : Odierne — .1 C'est une terre u ne pluet né E : Ne dusqu'el regne ou il pleuet et 4 ; yverne — 5270 recom. — 5271 m. mes h. par —

.1 T. que seront (serons 4): .1. m. 4 : a elmes E, a armes

4 —

5272 J. ne 4°; querrons n. tenporé — 5273 Ains enterons en Arabe (Arcaige A', Arcage 4°) et en Perse — 5274 hierde E, herce 4 — 5275 T. i aroit : laide p. — 5276 N. I. faudrons dusqu'a 4 — .1 Encor ferons — 5278 e. mis en fremerie



5280

La.

PROJET

DE

229

SECOURS

Oo sa grant ost, que li rois a banie. N'en istra mais se il n’a bone aïe. Maillefer

l’ot, li cuers

li atendrie;

o voit Guillaume, molt dolcement li prie qu'il lou secore por Deu lou fil Marie. «Voir,»

dist Guillaume,

«je ne li faldrai

ans menderai

ma gent et ma

A mon

li volrai

pooir

mie;

mesnie.

HNtr) O9 . |LL

faire aïe,

mais molt poi ai avoir et manantie, que l’autre guerre l’a toute departie. » Dist Maillefer : «Ne vos esmaiés mie! Ancor ai ge tel tresor an baillie nel porteroient .XX. mulet de Sulie; tout lou donrai a ceste baronie por

Renouart,

mon

pere,

faire aïe. »

5290

CLXIX. « Sire Guillaume, » dist Guibors a vis cler, «por l’amor Deu forment ne t’esmaïier; ancor ai ge un tresor ansin fier nel porteroient .XXX. ronsin somier. Tout

lou donrai, ja n’i lairai denier,

5295

por Renouart lo mien freire a aiïdier. Car retornons droit a Orenge aier, mandés vos gent droit a l’anpire fier; s’alés Tiebalt,

«Voir,» 5285.1

mon

ami, plaidoier. »

dist Guillaume, m. grant baronie —

« molt faites a prisier !» 5301

99 5301

T.

.1 À EA'; queil i a b. E — 5281 N'enistera À; il n'en a a. — 5283 le pr. 4! — 5285 Et E ; ne m'en faindrai m. £, ne targerai m. 4 — .1 Or m. ma gent et ma mesnie — .2 manque À — .4 Qu'en; l'ai — 5286 Et d. Guibor — 5287 .i. tr. £; en saisine E — 5288 manque A : .xxx. m. d. Surie E -— 5289 d. a iceste foie — 5290 frere — 5291 v. fier — 5292 D. frans quens E, te pri À — 5294 p. .xxxiiii. s. — 5296 P. R. mon f. faire aid. E, le m. cher f. aid. À — 5297 retornés jusqu'a £ — 5298 Si m. g. et vostre (.i. 4) — 5299 m. mari ostoier — 5301

et E; d. Guillaume.

230

LE MONIAGE

II

RAINOUART

Adont s’an part li cuens au repairier. Li cuens Guillaume ne se volt atargier, droit a Orenges s’an retorna aïier; il fist ses briés saieller et chargier; desi en France an vont li mesagier. Tant on cerchié et avent et aier une telle ost fait li cuens assanbler bien sont ansanble .XXX.M. chevalier; molt i avoit auferrans

5304 5306 5305

[c] 5309 5311

et destriers,

devent Orenges se vont tandre et logier. La veïssiés maint pavillons drecier, assés i ont a boivre et a mengier. Li cuens Guillaume par un suen mesagier sor Porpaillart par desor lou gravier fait la navie li cuens apparaillier : pain et vitaille a fait es nés charger, de toutes choses qui a home ot mestier, que il covient por ost a ostoier. Hui mais commence chanson a anforcier, com Renouars ancontre Gadifier desor Aüieste la fort tor el gravier, de la bataille qu'il fist a Loquifier; envers cestui ne valut un denier. Grant fu la noise as galies charger,

5315

5320

4

RS

5322.4 qui. 5302 Li vostres sens (voz avoirs À) m'a eù grant mestier —

5303 mangue À ;

Et vostre avoirs Dex vous gart d’enconbrier E — 5304 Li quens Guillaume s'en prist a r. — 5305-6 manquent — 5307 Si; br. et ses cartiers ballier E, isnelement ch. 4 — 5309 Et en Auvergne et (et omis E) en Berriu (Berri À) a. — 5310 Tant ont alé li gentil chevalier Æ, Toutes les terres por aler et cerchier A — 5311..L. itel o. ; amesnier — 5312 Qu'il sont a armes (s. garnies 4) bien xl. millier — 5313 A blans aubers et a cotiaus d'acier E, Bien sont isnel lor auferrant d. À — 5314 D. O. les fait li quens I., s’en v. t. lor tref 4 — 5316 Maint boin (Molt ont À) vallet siergant et escuier — 5318 A ; par desous E, contreval À — 5320 f. asés E, i f. li quens baillier À — 5321 T. les c. : dont il orent m. £, q. lor avront m. 4 — 5322 Haubers et hiaumes et espees d’acier E ; c. en o. por 0. 4 — .1.1 Voire est l’estoire si con j'oi tiesmognier E — .1.2 Je

vous dirai par tans ains l’anuitier E — .3 Si (Se 4) conbati sous Aîïte e. g. — .4 Ains E, Des 4; qu'il —

5322.6-5326

manquent

E.

DÉPART

DE L'EXPÉDITION

et as escus, au fer et a l’acier. En III. jors ne finent de chargier et au quint jor font lor voilles drecier; un venredi a point de l’esclarier s’esmeut li os, si con j'oi tesmoignier. En une nef qui fut roi Tornefier fut dans Guillaume lou marchis a vis fier et Maillefer qui porte lou levier; ne lou portassent .X. vilain pautonnier, mais ans cort terme li avra grant mestier.

231

1

2523

5330 5331

CFA Va s’en Guillaume lou marchis Fierebrace por Renouart qu'est assis en Arabe, es tors d’Aiete en l’ancien estage. Tant i ont sis li Sarrazin d’Arabe c’a Renouart est faillie vitaille; plorent li moine, chascuns de fain baaille; dist Renouars : « Or i morés a glaive! Sains Jeliens n’obliés nos barnaige ! » Oés que fait li rois Tiebaus d’Arabe : il ait mandés .XV. joians salvage; cil guarderont l’ost par tel destinage que Renouars n'ose issir de la barre. Chascune nuit li font si pres la guaite a grans

fleaus,

que Renouars

a martias

et a maces

n’ose issir de la barre.

5333 5335

+1

5340 5341 5343 5345 il

[d]

.7 E. aus vitailles À — 5323 f. d’esploitier 4 — 5326 Murent 4 — 5327 En 4. dromont — 5328 Entra G., 1. m. Bracefier — 5329 tel lev. 4 — 5330 .vi. v. quieruier Æ, ii. v. charuier À — 5331 manque E; lor av. À — .1 Ne le dorroient por l’or de Monpellier À — 5333 V.s. li os G. F. — 5336 La l’o. assis À ; S. marage — 5337 Que E, À À — .1 N’en ont mais point (Ne n’en o.

p. À') cele gent monïaje EA' — 5338.1 or morons a viutage E — 5339 S. J. saoulez 4°; vo b. — 5340 Mais q. f. ore 4 — 5341 Si 4; .xvi. A! — 5342 Li plus petis a .xv. piés d’estage — 5343 Qui gardent lo. p. itel; definalle E, devisage À — 5344 Q. R. n’en isce ne n’asalle E, ne s’en isse né (n’i 4°) aille À



53451

À g. carriaus 4° —

5346 barge E, en l’herbage 4.

LE MONIAGE

282

RAINOUART

II

CEXXI. Li rois Tiebaus

fut durement

sachans;

en Befemé manda .XV. jJoians fors et oribles et mervaillos et grans. As mas de fer et as maces pesans gardoient l’ost par itel covenant

5350 #

que Renouars n’en est mais si ossant qu'il ost issir de son chastel leans. Li premerains ot a non Brondigans, l’autre Danfors, et li tiers Clariïans, li quars Anbruns, et li quinz Baligans Bochars li sites, li semes Agolans, et li huitimes si ot non Roboans, et li novemes ot a non Sortibrans. Que vos diroie d’aus trestous les sanblans? XV. en i ot de si fais marcheans; JIT. en ot mors Renouars li vallans. Par main a l’aube cant antrés fut leans, tant li batirent les costés et les flans a lors fleaus et a lors fus pesans ans Renouars ne fut puis si osans c'osast issir de son chastel leans. Faillis il est li vins et li froment : 5353

Baligans —

3353

5359 5360.1

5365

5364 T. lor batit.

5347 R. T. fu molt d. E — (corssubles A) miravillous —

5348 Baufumie

E, Baufumé

5350 a flaiaus p. 4 —

.1 manque

4 — À—

5349 Or. 5351 Q.R.

n'est mie £ ; si poisans — 5352 Q. puist 4 — 5353 Brodigans E, Brondigans A — 5354 L. Gaufars E, Danffers 4 : Reskignans £, Regianans À — 5355 q. Noiseus E, Nascens 4 ; li cuinquimes Braians E, e. 1. q. Mesbraians 4 — 5356 Broiars ; sestes 4°: Agoulans — 5357 à à non Rebricans E, Aÿmon Rebroiant A6

5359 Et li disimes Estorfes (Estofes À) et Bruians —

5360 Et li .xi. imes

(onziesmes 4) a (si 4°) a non Malfaisans — 01 Et li dousimes Quinquenaus l'Aufricans (Quinars li Aufricans 4) — .1 manque À ; Q. v. iroie tous lor nons acontans £ — 5361 mescreanz 4 — 5363 Ier au matin q. au tref fu alans E, I. jour à l’aube q. il fu hors issans 4 — 5364 Si E: li batirent — 5365 maus p. — 5367 Qu'il ost — 5368 I. pains et.

RAINOUART fain ont

li moine,

és les vos

233

AFFAMÉ besognans,

et Renouars par est si angoissans qu'il ne menja bien sont .III. jors passant; auques li chient li costés et li flans. De maltalant est li bers sospirant, qu'il ne fut mais à nul jor si dolant.

5370

CLXXII. 29 19

Renouars out ocis lo mal jeant; or ne puet mais ne aiers ne avent, n'ose asaillir a l’ost ne tant ne cant. Fain

ont

li moine,

ans

mais

n’orent

si grant,

et Renouars vait de fain baaillant. Il dist as moines por faire paors grant : «Lou quel de vos mengerai ge avent ?» Adont lor va les iolz aroillant. Li moine vont tuit de paors tranblant, n’i ait un sol qui die : «Je m’en vent.» Li plus hardis vait aiers reculant. Dist

Renouars

: « Baron,

5380

n’alés doutant,

que ge me vois ansin de vos gabant; ne mengerai d'omé en mon vivant. Or soiés coit et ensemble taissant que ne nos oient lai defors cil joiant; et si m'ovrés la porte maintenant. En mi ces prés lés ces pont tornoient voi lou destrier 5369 et —

roi Tiebalt

5390

l’amurant;

5376 aie.

5369 és ; 1. v. baallans E — 5370 agrevans — 5371 m. b. a À, m. iii. J. S. p. E — 5374 Or — 5375 R. ont si asis li g. — 5376 Qu'il ; m. ariere n. — 5377 Ne puet venir — .l manque À ; m. n’en or. m. £ — 5379 D. a ses m. — 5380.1

manque À ; Puis lor ala IL. i. esroellant E — 5381 L. m. l’oent d. p. vont t. — 5383 arier — 5385 ens. a v.; jüant E — .1 manque À ; m. ja d'o. n. vous —

5388 Si ouverrez I. p. la devant 4 ; coiement

po. E£ —

5390 des. (cheval 4) T. l'Arabiïant.

E — 5387 Q.

£ — 5389 E. icel 4 ; le

LE MONIAGE

234 gras est et gros,

et mervaillos

RAINOUART

II

et grans.

Se l'aviiens çaiens a no talent, s’en trancheriens et daier et devent, et s’an cuiriens

sor

les charbons

ardant,

s’en mengeriens trestout a nos talant tant que Guillaume nos sera secorans. » Dient li moine : « Dex nos en soit aidans! Mais

cil gloton,

felon

et solduiant,

vos coront jai tuit ansanble au devent. Se vos perdomes, ja n’i avrons garent, de nostre vie ne sera il noient ! » Dist Renouars : «Ja mar ierés doutant. Cil qui an Deu est fermement creant mar doutera Sarrasins ne Persant. » À tant

5395

5400 5402

5405

s’an va, ni vait plus demorant ;

aprés lui vait son grant mail traïnant. A icelle ore que ge vos vois contant ierent ensamble tuit li .XV. jaiant ent une loge devent lou pont seant. Ce fut tout droit a l’aube apparissant, que li jaiant s’aloient esvaillant, et Renouars s’an ist tout coiement. Vint au destrier qui aloit pasturant, prendre lou cuide, mais il va regibant et Renouars ferit an regibant

5410 1

5415

5392 Si en cuiriens ceans an nos covent — 5394-95 Ces vers sont intervertis : nous rétablissons l'ordre de cA — 5403 D. KR. mar.

5391 G. et rosné : a mervelles vallant E ; m. e. courant 4 — 5392 Se l’aviiens c. a no talent — 5393 Si en tr. À, S'en prenderiens E — 5394-95 4 suit l'ordre de c — 5394 Sel cuirions — 5395 manque E ; Et le mengerions tot a nostre t. A4 — 5397 m. Jhesus vous s. a. E — 5398 malquerrant E, malcuidant 4 — 5399 V. iront j. t. ens. d. £ — 5400 p. nous remanrons dolent — 5402 v. estera E, v. n'i ara — 5403 ja m. irés — 5405 Ja m. cremra E, J. m. d. nus À; se il l’a a garant— 5406 A ces paroles és les vous descendant — 5407 mast tr. — 5408 je

vous di et cant — 5409 .xii. — 5411.1 j. al. À — 5413 q. la al. pessant E. q. la vait pa. À — 5414 c. et À; c. il ala r. E — 5415 R. fiert del pié en ; repuçant E, regetant

À.

LE

molt

durement

DESTRIER

DE

THIEBAUT

sel fait aler avent,

et il en ait aüt grant maltalant. Teil li dona de son mail en boutant ront Dist

li les costes, lou cuer li va crevent. Renouars : «Ci a male jument,

qui fiert la gent, si Et Renouars l’aiert par l’un des piés la Mais ans qu'il l’ait en avra 1l un estor car li jaiant lo vont Trestuit

li .XV.,

nel vait defiant ! » et si la prent, vait atraïnant. el chastel a garent, si pesant, apercevent.

5425 (b]

qui la ierent avent,

prenent fleaus et marteas qui sont grans; a Renouart saillirent au devent. Il Li escrient : « Mar an irés avent! Ça nos lairés lou destrier a itant ! » Dist Renouars : «Or venés dons avent. »

5430

CLXXIIT. Renouars ot lou destrier mort geté, car il l’avoit malement regibé. Apriés son dos l'en avoit traïné qu'il lou cuidoit

moner

5435

a salveté,

si en manjast il et seu coroné, mais li jaiant se sont halt escrié : «Metés lou jus! Trop l’avés traïné! 5430

I —

5435 Ce vers manque



5436 Qui.

.1 Que en son pré en ala cancelant E, Que il l’a fait voler au pré avant 4 — 5416 Pour .i. petit ne va agenoullant — 5417 Et Rainoars en a g. m.— S4I8T.

cop li done ; mast — 5419 R. lic, 4! — 5421 Quant À ; g. se À — 5422 E. R.i ceurt — 5423 P. i. E, P. les ii. p. l'en ala traïnant À — 5425 molt p. — 5426 Et 4 -— 5427 .xii. E ; seant —

5428 P. baston mainte mace E, P. mar. et les f].

À ; pesant — 5429 Et 4', Vers A° —

5430 I] ; li ont dit £ ; vous n'ir. plus av. E,

n'en ir. À — 5431 auferrant £ — 5434 Qui li av. E, l omis A! — 5435 Apriés son dos l’en avoit (a molt 4) traïné — 5436 Qu'il ; l'en E; c. atrere À — 5438 Quant À; g. li ont.

LE MONIAGE

236

RAINOUART

II

Or estes vos, Renouart, atrapé et vos grans pris avillié et maté can do cheval mangés par povreté. Li bon mengier vos sont or deveé, li gras malart et li riche lardé; or mengerés d’un cheval estranglé. » Dist Renouars : «Si vait de povreté; c’est un mestiers c’on a molt tost usé. Mais par l’apostre c’on quiert en Noiron ansois

conpara

gu’aiez lou cheval

tex qu'est ancor

5440

5445

pré,

conquesté,

en santé. »

CLXXIV. Renouars ot lo bon cheval ocis; se il l’avoit dedens son chastel mis,

mengeroit on volantiers, non envis. Més li jaiant li crient a hals cris : «Metés lou jus, lechieres mal apris! Bien vos avons maté et a point mis! Mangier soliez et lardés et perdris; or mengerés eschine de roncins. » Dist Renouars : «Itant vos en devis, que ne mengai .Il. jors a aconplis; se ge lou pert, dont serai malbaillis. Ans mora tex qui est ancor tos vis !» A icest mot fut li bers asaillis : 5442 ch. vos çolés [sic] mengier —

5450

5455

5460

5448 que.

5440 Bien vous avomes R. : avisé E, atourné 4 — 5441 V. gr. pr. est E:; pr. a villance atorné À — 5442 c. mangés par (a À) povreté — 5443 s. tout d. 4 — 5444.1 Et li cier poivre dont aviés humé £ — 5445 ©. mengeriez vos 4! — 5448 An. qu'aiez À; An. que j'aie le castel c. E — 5449 à san. À — 5450 destrier — 5451 Que s’il À — 5452 M. ent. E, en 4 — 5455 a pié m. — 5456 Vos s. m. 4 — 5457 ©. m. bien 4'; la cuisse d'un r. 4 — 5459 .jii. — 5460 S. or À; p. molt E, trop À —

5462 À ces paroles.

5461 A. en m. t. ; e. encore (qui enc. est À) v. —

COMBAT

il s’abaissait,

CONTRE

si a .II. perrons

LES GÉANTS

pris,

fiert un jaiant devent en mi lou pis; tout lou froissa, li cuers li est partis. Puis fiert un autre qui vers lui fut saillis : lou neis li brise, les dens

237

5465 5467

li ait croisis;

cil chaï jus, a genoillons s’est mis. Et Renouars a dont son mail repris, si se defent com hons qu'est engramis; mais li chevas ne fut mie guerpis, ans l’an traïne droit devers lou potis par les .II. piés, si com il est saissis. Et li jaiant l’ont d’autre part repris, par les orailles et par les ars voltis

“| [c] 5470

tirent et sachent,

molt

fut grans

À

li estris

5475

que lou destrier ronpirent tot par mi et li büel chaïrent el larris. Si fut an dous li auferrans partis! Ans mais ne fut si grans li chapleïs! Mal ait des moines qui ans fut si hardis qui se meüst del grant pont torneïs! A grant dolor et a molt grant estris

5478 5480 5484 5485 5488

s’est Renouars dedens son chastel mis; lou pont releve, si ferme lou postis.

5490

Dist Renouars

5491

: « Molt estes esbahis!

5463 .i. — 5466 Cil caï mors devant lui el lairis — 5467 I. s’estoit mis 4 — 5468 d. li a avilliz 4! (croissiz 4°) — 5468.1 j. devant lui el lairis E — 5469-70 manquent E — 5469 Aert son mast a une main l’a pris À — 5470 d. si c. h. eng. A — 5471 guencis E — 5472 le À ; tr. con hom poesteis — 5472.1 p. de deriere l'a pris — 5473 Mais À ; saisi — 5474 ar, l'ont pris — 5475 sa. si gr. f. E, gr.i F. 4 — 5477 Que 4; b. en cient — 5479 Pour .i. destriers afolét ne ocis (et malmis 4', ne m. 4*) — 5480 .i. itel c. E, veü tel c. À — 5481 A terre en fu Renoart iii. foiz mis À — 5482 A grant efort et a grant capleis — 5482.1 Et tant i fist mercit sains Esperis

£—

5483 Que del (A du 4) ceval a le (l’une A4,

une 4°) moitié conquis — 5484 M. soit ; del mogne q. tant par f. h. E, c'uns en f. 4 — 5485 Q. s'esmeüssent 4 ; leveis À — 5486 Tel paour a trestoz li plus hardis 4 — 5487 Que devant euls voient tiex Antecris À — 5488 A grandes molt grant À) paines ; aïrs À — 5489 Est R. en s. c. sallis — 5490.1 II vit ses mognes si lor a .i. poi ris £ — 5491 m. vous voi; esmaris E.

238

Malvaissement i suis par vos aidis, partout vos voi et mors et alantis, mais au mengier Vos voi amanevis. A nul besoins — de ceu soit chascun ne vos voi ge ansin amanevis. Alumés feu; gardés tost soit espris. » A un costel est Renouars

II

RAINOUART

LE MONIAGE

5493 5495

fins —

saillis;

tout la moitié que il avoit conquis a escorchié et aprés au feu mis; puis fist lo povre an une auge leiïs.

5500 5501 5503

Cant

5504

il fut feis, au mengier

sont

assis.

Dist Renouars : « Baron, que vos est vis? Dont n’est a poivre molt tres bons cist ronsins ?» Dient li moine : «Il valt miofz que perdris ! » Dist Renouars : «Que par talant est pris ! » A icest mot que ici vos devis

5506

és Rendolet, un paien de Lutis, hons Maillefer, et fut nés de Leutis; antre les faees fut .XIIII. ans noris;

5510

par mer noiot, car bien en fut apris. Vint a la rive et au noer se mist, Renouart trove, qu'est au mengier assis, qui la menjoit un gras morsel rostis. Voit lou li més, si fut tos esbahis,

5513 5515

À |

[a]

5503 ange: avec | superposé entre g et e. 5494 P. v. v. couars ; e. amatis 4 — 5495 Fors a. m. u molt estes E ; v. v. ge molt À ; hardis — 5496 A n. mestier ; si con moi est avis E — 5497 N'en i À; si bien am. E, nus plus am. 4 — 5498 f. si soit grant et esp. E ; g. que 4 — .1 Si metrons cuire maintenant ce roncis £ — 5500 Cele m. E, Tele m. comme À — 5501 et puis l’a E — 5502 Si (Il 4) l'escuma molt en fu bien (car b. e. f. 4) apris — 5503 f. del poivre plain bacin (.i. auge 4) et demi — 5504 Q. bien f. quis ; m. se sont mis À — 5505 Devant ses mognes on a a plenté mis — 5506 signor E — 5507-5509.1 manquent À — 5507 Est or molt b. a p. c. r. E — 5509.1 manque EA — 5510 p. bien apris E£ — 5511 Gancis À — 5512 manque E; E. faces 4 — 5513-14 intervertis — 5513 con s’il À ; n. b. en estoit ap. E —

5514 Plus estoit noirs que nus poivres bolis (q. p. ne beris 4) — 5515 Saut : et el castel s’est (si est e. c. 4) mis — 5516 tr. a son m. as. E — 5517 m. le mustel (la moitié 4) d'un roncis — 5518 m. molt en f. es. E.

LE

MESSAGER

RANDOLET

et Renouars refut tos esmarris: il li demende : « Qui t’a ça dedens

Dist Randolés

mis ?»

239 5520

: «Ja i fui ge tramis,

hons suis Guillaume au cor neis, lou marchis, et Maillefer, lou damoisel de pris. Salus vos mande, n’en vel estre antrepris. Renouart, sire, ne soiés esmarris ! Secors te vient de .C.M. fersvestis:

vos les avrés ans que part li tiers dis. De grans batailles et de fiers chapleiïs puet seurs estre Tiebaus li Arabis. » Dist Renouars

: «

Ce soit les vos mercis. »

5530

CLXXV. « Renouart

sire,» dist il, «ne

Salus te mande et Maillefer,

Guillaumes

vostre

t’esmaier!

a vis fier

droit eritier.

Si vos amoine un secors si plenier, el premier front .XV.M. chevalier as belles armes et au corant destrier. » Dist Renouars : «Ce fait a mercier! Amis,

beaus

freire, et car venés

mangier;

je vos donrai la cuisse d’un destrier que ge conquis ier main a l’esclairier. Ans que gel puise avoir ne elligier,

5540

552000 5519 R. r. ne fut mie es. E — 5520 Diva dist il — 5521 D. R. venus i sui par mis — 5523 E. M. .i. À — 5524 mandent — 5525 Dans DE ce vers est 5527. ; Si les avroiz ainçois qu'a .xv. dis À — 5526 R. frere sains hom poesteis E — 5527 S. t'amainnent E, t'amaine d. .xx. m. f. 4 — .1 (5525 déplacé) Si E; q. past E — 5528 D'une ba. e. d'un — 5530 so. a (la À) lor m. — 5533 G. Bracefier — 5535 amainent ; sec. molt — 5536 fr. bien .Ix. millier Æ£ — .1 Siergans a ar. et maint boin sodoier — .2 Mien entient plus (pres 4) sont de .c.

millier — 5538 fr. dist Rainoars le fier £ — .1 Et car venés a la table mangier E — 5539 d. ici d’un boin d. E — 5540 c. hui m. £ ; en cel gravier — 5541 A. quel peuise conquerre ne ballier (n’esligier À).

LE MONIAGE

240

RAINOUART

II

m'en covint molt pener et travaillier. Mais dites tost qu'il puissent esploitier. » Cil li respont : «Bien en voi lou mestier. Je li dirai de gré et volantiers. »

5543 5545

CLXXVE Li mesagiers ansois

n’i a fait arrestal,

se met

en la mer

contreval ;

plus noie tost que poissons n’arondal; l’ost ancontra a l’antorner a val. El grant dromont qui est fait a esmal trove lou més Guillaume lo vasal et Maillefer, qui sanble emperial. Il lou salue de Deu l’esperital : «De vos novelles nos dites radonal. » « Volantiers

voir, anc

n’oites

5550

5554 5556

ital!

Je ai trové Renouart lo vasal es tors d’Aiete el palais principal; si l’ont assis et d’amont et d’aval Turc

et Persant,

li cuvert

EI maistre pont del .XV. jaians felon et et nuit et jor 1 ont Lai est assis en tel

deloial.

plus maistre portal deleal pris lor ostal. prison mortal

5554 I. 5542 Me — 5543 M. d. lor q. pensent d'es. — 5544 Que li (lor À) soucors me poroit trop targier — 5545 Dist li mesages E — 5547 n'i fist lonc (autre À) ar. — 5548 Il Æ, Ainz À; se remet ; en m. tot c. 4 — 5549 p. natoral E, ni onda À — 5550 enc. par devant l'ajornal — 5551 dr. u siet : l'escarbonclal E,

escharbouclal 4', escharbochal 4° — 5553 E. M. bien resamble (sembloit À!, senblé 4°) amiral — 5554 Il les E — 5555 L'enfes l'apele a loi d'emperral E — 5556 nov. me £ — 5557 V. sire mais a n'o. tal. — 5558 KR. en casal E, el chastal

A —

5559

Aaite

E; enz

el p. roial

À —

5561

et li Escarbonglal

E,

Escharbonchal 4 — 5562 de pl. 4'— 5563 .XII. E — 5564 Anuit au j. i o. fait A — 5564.1-67 manquent E — 5565 ne al À.

DÉTRESSE

DE MAILLEFER

241

que il n’a mais ne pain ne vin ne sal. » Maillefer l’ot, si en a deul coral.

5565 5569

CLXXVII. Maillefer ot lou mesage parler que Renouars ne pora mais durer. Pitié en out, si commence a plorer; o voit Guillaume, sel prent a apeler : « Sire, » dist il, «cel volés creanter, je me ferai devent vostre ost moner ; a .X.M. homes me feroie guïer tant que peüsse mon pere guarenter, car il paien, cui Dex puist mal doner, tost lou poroient ocire et afoler, car vos grant neis ne poroit tost aler. »

5571 5372 5574 3545

5579 5581

« Niés, » dist Guillaume, «bien fait a creanter, mais n’alés mie a Tiebalt assanbler ans me verés au chastel arriver. »

5585 5587

CLXXVIII. Maillefer ot forment lou cuer dolant cant de son pere entent lou covenant

:

SOIS ET A XV: 5566 Ainz le trouvai en son mestre chasal À — 9567 Ou il menjoit la jambe (cuisse 4°) d’un cheval

À —

5568 S'il n'a soucors il (tost 4!, trop 4°) tornera a

mal — 5571 messagier 4! — 5572 n'i p. 4 — 5573 Que d’un ceval mangoit a son digner — 5574 Vint a G.; s'est prist 4! — 5576 sel v. — 5577 sigler — 5578 À .x. m. h. m'i; ferai jou E— 5579 sel v. — 5577T. que je puisse — 5580 Je le sai (sent 4) tant hardi comme sengler — 5581 qu'il ira tos es Sarrasins capler — 5582 Par mesestance (mescheance À) le porroient tüer — 5583 Quar il est vius (grant hon est 4) ne puet armes porter — 5585 m. as paiens reveler E — 5587 Si À ; Tant que je soie o vous a l’asambler E — .1 Sire dist il Dex en set mon

penser

£ —

5588

M.

fu coureçous

et (en son

cuer

molt

4) d.

242

LE MONIAGE

RAINOUART

II

si pres lou guaite Tiebaus L’Arabiant o ses paiens — si ait .XV. jaians — que Renouars n'ose issir tant ne cant. Et Maillefer

o lui .X.M. as riches

entra

an

son

5590 .l

chalant,

hardis et conbatans

armes,

si out

maint

auferrant.

Drescent lor voiles et aprés vont siglant, vitaille emportent molt et a remanant.

5595

CLXXVITIAa. Va s’en li filz por secore lou pere a .X.M. homes des mellors de sa terre, au fors escus, aus hiames de Beaucaire; devent Guillaume vait commencier la guerre.

4

Droit

in .6

a la tor ou

lou matinet

son

pere

est en

serre

volra il prendre terre.

CLXXIX. Va s’an li filz lo matinet au main a .X.M. homes que il a an sa main; a sa maisele met li anfes sa main. Dist Maillefer : « Con doleros reclain de mon chier pere, que paiens ont an main; molt ai grant deul cant dangier a de pain. 5593

Et. .XV.

chevaliers



5596.2

A

.XV.

homes:

5600

de manque.

5590.1 A s. p. et a ses maus jaians (tirans À) — 5591 is. de laiens — 5593 O lui .x. m. — 5304 ar. a destriers a. E ; A chieres ar. et a chiers garnemens À — 5595 v. ses enporte (en maine 4) li vens — 5596 V. portent : asés a r. E — 5596.1 rescorre £ — .2 A .x. m. h. ;des m. de 4 ; qu'il a de son enpere E — .3 Haubers ont blans et hiaumes de Belquerre — 4 D. la tor v. E— .5 devant 4 — .6 Et le matin À ; i v. pr. — 5597 1. enfes au (bien À) m. — 5600 D. M. hé las c.

. ren À) r. — 5601 en (a À) l’ain — 5602 M. est g. d. que ; sofrete E, disete

plain

ARRIVÉE

DE MAILLEFER

243

Mais par l’apostre que quierent li Romain, ne lor lairai ne paille ne estrain; de lui vengier ai lou cuer molt angrain. » Ce fut an mai un venredi molt main; Renouars sist an son palais hautain, la nef son fil voit venir tout de plain, et les ensaignes et d'argent et d’arain. Et en chascun avoit escrit un rain : che senefie qu'il est de dolor plain, vers

ses amis

a le cuer

[b] 5603 5606 5605

5610

droit et sain,

as anemis et felon et grevain. Dist Renouars : «Or suis ge bien certain paien avront la bataille molt main. »

5615 5616

CLXXX. Quant Renouars voit venir son anfent, ancontre cort et descent maintenant; a l’ariver ot une joie grant. Establé furent et mur et auferrant; des neis ont trait armes et garnement. La s’entr'enbracent anbedui an plorant; dist Maillefer : « Con vos est covenant ?» Dist Renouars : « Bias filz, malvaissement ! De mon mengier orent envie grant li mavais moine felon et mescreant, 5612 Ce vers manque —

5613 am. louent et dr. —

5618

5620

5625

5614 Ce vers manque.

5603 ap. c'aorent £ — 5604 Il en navra tot son droit et son plain — 5605-6 À suit l’ordre de c — 5605 manque E ; D. |. aidier ai a mon c. grant fain 4 — 5607 ven. molt m. 4 — 5608 R. fu — 5609 t. a pl. À — .1 Dieu reclama le Pere souverain £ — 5610 Connut l’ensegne et d’assur £ ; et d’estain — 5611 ET c. av. E, E. a c. À; estrait .i. r. E — 5612 Che senefie que de dolor son plain (qu'il est d. d. pl. 4) — 5613-14 intervertis dans E — 5613 a le cuer ; baut E — 5614 Às anemis et (Ses an. a À) felon et grevain — 5616 bat. demain E — 5619 des. a itant — 5620 ar. i ot j. g. E — 5621 Establi E; firent À — 5622 Traient en (ça À) fors et ar. et formant — .1 Maillefiers vit Rainoart maintenant E — 5623

Il E;

malquerant.

s’entrebaisent



5627

L. mo.

fel (faux

A4); mauvais

E;

et

LE

244

qui me vendirent Tout ce fist l’abes por solement que or l’ai pandu con Si m'ont

MONIAGE

RAINOUART

II

a Tiebalt l’Aufricant. et ala porchacent ge menjoie tant; laron solduiant.

assis Sarrasin

5630

et Persant;

a celle porte lai sont .XV. jaiant qui ne me laissent issir ne tant ne cant. A vos me clain que me soiez aidans ! » Dist Maillefer : «Et ge vos acreant que lo matin, droit a l’aube aparent, et ge et vos les irons asaillant, et ma manie, qui est pros et vaillant! » Dist Renouars : « Dex vos an soit aidans. » Et Maillefer s’an vait aïressant : «Contre Tiebalt, lo roi arabiant, ferrai demain de baston ou de brant !» «Filz,»

dist li peres,

«or

soit a Deu

comment

Celle nuit fist firent lo mengier bel et gent: cil escuier vienent et cil sergent que de son tref li rois Tiebalt l’antant. Dist as paiens : « Or oés quel bastant Renouars vait et seu moines menant ; ne sanble pas que soient besognant. Molt m'emervail que ont cil solduiant ! Je ne croi pas par lou mien escient que il n’atendent a nus home garent. »

5635

5640



5645

[c] 5650 5652

5652 h. a gar. 5628 Si — 5629 C. f. li ab. 4; qui l'a. p. E — 5631 come I. puant E: mescreant À — 5632 Chi — 5633 p. me s. .xii. — 5635 m. plang E:; garant £ — 5636je le v. creant — 5637 m. quant iert (dr. au À) jor ap. — 5638 E. moi E — 5640 Dieu v. en jure le Pere omnipotant (tout poissant 4) — .1 mangue — 5641 Qu'’au tref— 5642 d. tinel E — 5643 p. ce soit À : D. vous soit aïdant £ — 5644 fu E, furent À ; grant — 5645 C. e. (Esc. 4) gueuent ; chevalier e. s. 4 — 5646 tr. r. T. les ent. E — 5647 D. a ses homes : o. o. grant bobant 4 — 5648 R. voit EA° ; e. ses homes mignant E — 5649 N. s. mie qu'il — 5650 al (si A) soud. — 5651 J. n. creroie pour nul home vivant — gent (d'aucun home 4) g.

5652 n'at. d'aucune

LES FRANÇAIS

S’ARMENT

245

CLXXXI. Celle nuit furent enz el palais ansin dec’au demain que li jors esclari, que el chastel se sont François garni. Li haubers sont andossé et vesti et en lors chiés lacent hiaume bruni: caignent espees et bons brans bien forbis et sont monté es destriers arrabis. Et Renouars et ses filz sont guarnis : Maillefer out un tinel de jarris grant et quarré — nus hons mellor ne vit — broches de fer out ferues par mi.

5654 5655

5660

D'un cuir de cerf avoit son chief vesti; Dex ne fist home se desore ferist, et poins et bras n’eüst tout estordi,

5665 5668

ne l’anpirast dec’au jor do joiïs. Un ganbisson de luiton autresin out Maillefer endossé et vesti, ne crient saiete ne lance autresin. Et Renouars un teil haubert vesti qui bien valoit tout lou tresor Davi, et tint son mail, que il n’ot pas guerpi. Si bien armé et si tres bien garni sont descendu do grant palais mabrin. Celle nuit furent li jeant andormi;

5670 x Æ) 5673 5675

5654 enz manque.

5654 fu. enz el p. À, fu. el grant p. E — 5655 esclarci — 5658 c. laciés — 5659 et maint b. br. f. — 5660 manque E — 5661 est g. À — 5662 baston d. garri £ ; gaci À — 5663 q. onques ; nus ne vit si E, m. ne vi À — 5664 B. d'acier À :; o. ficié £ — 5666 D'un capelet onques millor ne vi À — 5667 D'un viell luiton bien serré et bouli

4 —

5668 se .i. cop i (sus 4) f. —

5669 Que:

tout ne li £, n'ait trestout À : esgali — 5671 g. d'un viel 1. (luitonnel 4) ausi — 2 sa. vallant .i. parisi £, sa. ne roit espié bruni (forbi 4*) À — .3 E. R. ot t. À — 5673 mast onques millor ne vi — 5675 S. conreé — 5676 del pal. signori — 5677 estormi E.

LE MONIAGE

246

RAINOUART

trové i furent sans armes et desgarni, et Renouars tout lou premier feri que la cervelle et tout li espandi. Et Maillefer ait un autre repris; si l’esfronta con un porc andormi. Des chevaliers chascuns i referi.

II

5680 5682

CLXXXII. Devent

lou jor que chante la malvis

5685

fut li estors et li abateïs; bien i ferit Renouars et ses filz; tos les jeans i ont mors et ocis,

et lesdement les ont tos departis. Desi c’aus tentes n’i fu renes guencis, abatent trés, paissons et plaisseis. El tref Tiebalt, ou l’aigle d’or s’asist, fiert Maillefer, ne s’en est pas dedis : l'aigle en abat, lou pomel d’or ausin; grant paors ot Tiebaus li Arabis. La veïssiés molt grant abateïs, par mi ces trés ont paiens envais. Li rois Tiebaus a son mâistre cor pris, que li dona l’aimustant de Lutis; a l’estandart fut sonés et bondis, as armes corent cant il cors fut oïs. 5689

ont terme

M 5690 [d]

5695

5700

mis.

5678 f. desarmés d. E, desarmé et garni 4 — 5679 E. R. si — 5680 Tout l'esmia que puis ne resorti — 5681 Refiert (Puis fiert À) .i. autre ; si l'a molt malballi £, ensement le bailli À — 5682 E. M. .i. aut. en rabati — 5683 S. l’af. a un banc end. À ; estordi E — 5684 Lor E — 5685 aucune lettrine ne marque le début de cette laisse dans E — 5688.1 Molt I. 1. i o. dep — 5689 D. as (Que desqu’es 4°) t. n'i (ne 4°) fu renes guencis — 5690 A. t. pavillons et; palis E,

palsis 4', parsis 4° — 5691 aig. fu asis — 5692 ne si est alentis E, ne s'est mie d. 4 — 5693 ab. et le pun (pont À) d'or masis — 5695 La noise lieve et enforce li cris — 5696 c. tentes en ot molt d’esbahis — 5698 l’amiraus E, l’amustans À.

EXPLOITS

DES

HÉROS

247

Fors fut l’estors et fiers li fereïs; des abatus, des mors et des ocis

covrent la terre, li puis et li larris. La grant bataille ne li abateïs ne pout cesser ansois fut il miedis. Mais tant i out des paiens de Lutis, des Airagois, des Turs et des Persis, que ne pout estre li plais plus aanplis. Dont

s’an

tornerent

Renouars

et ses filz;

molt grant eschac i avoient conquis de palefrois,

de murs

5705

:

5710

et de roncins,

d’aubers et d’iames et de paille faitis; bien fut Tiebaus an son tref asaillis. À son chastel est Renouars guenchis; grant joie en out cant dedens se sont mis. Puis se desarment ; au mengier sont assis.

SAIS

CLXXXII. Quant Renouars ot fait celle envaie, li rois Tiebaus ne s’aseüra mie.

Devent

lui mande

sa plus riche maisnie,

ses .XV. rois ou durement se fie : «Baron, » dist #/, «Mahomet me maldie! Renouars ai tenut en fermerie, bien lou cuidai tenir en ma baillie. Mais Maillefer, qui si nos contralie, 5721

il manque —

5716 5718 5720

5722 ait.

5701 Fiers E ; et grans l’abateïs E ; chapleis À — 5703 manque E ; Cuevre À — 5704 bat. et — 5705 c. ains f. pasés m. E, desi a miedis À — 5707 D. Arabois E, Arragons À — 5708 consentis — 5709 torna — 5710 Au g. e. ; des murs et des roncis E, que il orent c. 4 — 5711 Que il avoient el grant estor conquis £ — 5712 et de bons brans forbis E, d’i. de p. d'or f. 4—.1T.et E— 5713 viertis — 5714 Quant levé ont le grant pont torneïs — 5715 Desarmé sont — 5716 Q. R. ot si la nef voidie À — 5719 D. I. a E — 5720 r. de plus grant signorie —



5721 Signor E ; d. il M. nos oblie £, M. vos m. 4 —

5724 M. M. a nef et a galie.

5723 c. avoir

RAINOUART

LE MONIAGE

248 i est venus,

ce me

sanble,

an

II

auie;

5725

molt ait leans bone chevalerie. Par Mahomet ne lor valt une alie! Con

plus en

a venu

et plus en iert ma

an

son

aie,

chartre raanplie.

Des or comment la tor soit envaïe demain au main a toute ma maisnie. Por mon tresor ne lou lairai ge mie! Aprestés vos droit a l’aube esclarcie. » Paien respondent : « À vostre commendie. » La povre gent en fut esmervaillie; dist l’un a l’autre : « Diva, tu ne seis mie! La tor sera

lou matin

asaillie,

et Renouars fera sa departie del grant tresor Tiebalt d’'Esclavonie ! »

5735

CLXXXIV. La nuit fut belle et la lune

leva,

en l’ost Tiebalt rois Balfumés esta, et Aguilant, Tiebaus lou commenda, et .XXX. Turs que il o lui mena. Devent la tor ens el prei par dela furent la nuit tant que il ajorna; et Maillefer lou grant palais garda. Androit lo jor si com il ajorna sonent 5739

Gil cor, et rois Tiebaus

5740

s’arma,

Balfumés.

5725 Li ; ce m'est vis £ — 5726 M. ont I. bele : bacelerie E — 5728 Pl.enia d. ven. en s'aïe (en a. 4) — 5729 De; pl. en a E: m. c. (terre À) revestie —

5730 asalie — 5731 D. à. jor a t.; la navie E, lor m. À — 5732.1 intervertis dans E — 5732 lairés vous m. — .1 Prest en soiés — .2-.3 manquent À — .2 P. otroient toute sa manandie E — .3 fmervelles lie £ — 5734 se. a demain as. £ — 5735 Dans E — 5737 f. clere — 5738 gaita — 5739 E. Aquilans — 5740 A .XX. M. T. que on (il À) lor delivra (commanda 4°) — 5741 Dedenz À : deça —

5742 nu. que nus n'en remüa — 5743 gaita — 5744 A l'ajorner E, ajournee À; et deça et dela — .1 S. li c. hr.

DÉFENSE

DE

LA TOUR

et toute l’ost de paiens s’adouba; sonent

boisines

et l’asalt commensa.

Et Maillefer son pere en apella : «Sire,» dist il, «nos nel soferrons jai l’asalt seans, mais chascuns s’an istra. Li remenoirs a honte tornera ! »

Et Renouars « Beaus

dont respondu

filz, » dist il,

li a :

«ancores

remenra

5750

tant que Guillaume et li grans hos venra, iert envoié et venue desai, dont iert l’estor que ja ne remenra. » «Sire, » dist 1l, «nos

entreque

nel feromes

lors que Guillaume

jai

venra. »

RO

CEXAXY. Fiers fut leans li asals et li cris,

de .C. parties ont paien asailli; fierent des maces,

des martias

et des pis,

5755

et getent feu alumé et espris. Et Maillefer lor giete perrons bis, sulor-abat et ocist XXX.VI.: et Renouars ne rest mie obliis, au tresor cort roi Tiebalt de Lutis,

5760

si en aporte et anes et ronsins, cos

et gelines,

tout

de fin or marsis.

5745 en manque.

.2-.3 manquent À — .2 Et gent paiene et deça et dela E — .3 manque E — 5745 en — 5749 E. R. li dist que ; pas n'istra E, si fera À — 5750 manque E ; il

je le contratenrai (contratenra 4*) À — 5751.1 manque E ; Ere (Ert 4°) arrivee e. v. deça À — 5752 l’est. ne vous calerai ja E, ja .i. seul n'en istra 4 — 01 Desi adont .i. tous seus n'en istra £ — .1 il or soit con vous plaira — .2 manque — 5753 Fors E — 5754 En .m. par. ; fu li avoirs partis E, li assaus est bastis (partis 4*) À — 5755 F. de ; maus E ; de ; de — 5758 Il À ; les ; .vi. et .vi.

— 5759 ne se mist en oublis £, ne fu mie esbahis 4 — 5760 A. t. vint A; aT. A; T. li marcis E, T. l'Arrabi À — 5761 S'en gietent (giete 4) jus.

LE MONIAGE

250

Tos

II

RAINOUART

les gita aval les Arrabis,

5764 5766 [b]

tueit en a lo jor plus de .II.XX. Li rois Tiebaus en fut molt escharnis. Cant ceu ot fait Renouars li marchis, assés en fut de paiens beneiïs; pour ce fut auques li estors departis. A tant és vos Guillaume lou marchis et toute l’ost, que feroie devis? De .Il. grans lues en fut li cris oïs. El l’aigle d’or sor lou pomel asis, ce senefie grant orguel et grant pris, et grant bataille et riche chapleïs. Voit lou Tiebaus,

dolans

5770

5775

fut et marris.

Devent son tref, qui fut de paille bis, trestos ses rois et trestos ses eslis inelement les ait a raisson mis : « Barons, » dist il, «or oés mon avis Renouars ait mandé tos ses amis,

:

li cuens Guillaume nos vient en cest païs. Or defandés tantes et plaisseïs, et chascuns soit de conbatre hardis. Et enuit mais an soit li respis pris. Rolés haubers et ces hiames forbis, es rois espiés soient li penon mis, et ensalé

li destrier

arabis;

5780

5783 5785

1 F2

je ne voil pas que ge soie sorpris. La bataille iert cant jors iert esclarcis! 5763 av. as Sarrasins E, aus Arr. À — 5764 .vii. xx. — 5765 Cilkien a s’en est tantos (molt tos À) fuis — 5766 Nes (Nis À) la kierue qui (ou 4!, que 4°) traient les roncis — 5767 Lors s'en reva 4 — 5771 manque E ; E. t. ice(?) 4° — 5772 D. .iü. g. 1. fut ; il (bien À) en mer coisis (oïs À) —

5773 dromont as. —

5774 C. s. l'org. À ; et l’org. e. le p. E; e. le g. p. À — 5775 et le fier c. E, et ruistes c. À — 5776 T. a poi n'esraje vis — 5777 d. marbre b. E — 5778 et ses plus (touz ses 4) haus marcis — 5780 Signor E ; d. i. quar o. À, entendés E — 5783 O. deffendons alués (aleus 4, et leus 4°) et edefis — 5784 Bors et castiaus cités et (et riches 4) plaseïs — 5785 manque E ; Or s. c. d. c. (bataille 4°) garnis — 5786.1 Jusqu'a demain que jors iert esclarcis £ — 5787 R. h. aiés h. brunis — .} espius E ; aiez À — .2 E. enselés — 5788 Que À — 5789 S'iert L. b.

ARRIVÉE

DE GUILLAUME

DSi

CLXXXVI. Li rois Tiebaus fut sages et membrés, de guerroier apris et dotrinés; il fait destandre et pavillons et trés, et del chastel do siege s’est tornés. Ensus se trait .If. arpens mesurés, car ne velt estre sorpris ne anchantés; lons sera il et ses riches barnés. Es vos

Guillaume

et son

5790

5794 5796

ost arivés:

devent la tor joste la fermetés fait li cuens tendre et pavillons et trés; et Renouars li est ancontre alés. L'un baisse l’autre par molt grans amistés, tos ses afaires li a dit et contés : com faitement il ait esté monés et par l’abeit traïs et enchantés, et com il fut de fain si apressez, et li destriers fut par mi trosonés. De ceu rist molt Guillaumes au cort neis : «Foi que doi Deu vengement en avrés! Bataille en iert ans les III. jors passés, et estors grans, ja plus fier ne vairés!» Inellement ait un més apelé :

5800

5805 5807 5809 [c] 5811 7

5806 aprestés. 5791

Et de bataille 4 —

5792 deffendre À —

5793 c. a (est À) son s. t. —

5794 E. se met 4; .i. E — 5795 Delés .i. mont ; qui ert et grans et lés E, environ et en lez À — 5796-97 manquent E — 5796 Qu'il À ; enganez À — 5797

L'’os (Lors 4°) s'eslongna et trestouz

li b. 4 —

5799 Delés Esqeles

mestres trés £, dejouste les fertez À — 580$ E. p. les mognes £ — .1 Labé Henri n'i a mie oublié E — .2 Com le vendi as paiens desfaës £ — .3 Or l'ai

pendut et mahomet delés E — 5806 apressez À; De cief en cief n'i a rien oubliés E£ — 5807 Con — 5808 Et comme il fu au mengier cuisiniers À — 5809 Dont r. G. li marchis a. c. n. 4 — 5810 Rainoars frere (sire À) dist il or m'entendés — 5811 Venjance en averés E — 5812 ains. ii. j. E ; b. ara toz soit asseürez À — .l ja grignor E — 5813 I. fu.

DS?

LE MONIAGE

« Amis, » dist il,

«envers

moi

RAINOUART

II

entendés

:

dites Tiebalt demain soit aprestés et de conbatre garnis et conraez. N'en tornerai por vent ne pour oré, s’an iert li uns et vencus et matés, et a tos jors sera deserités. » Ei dist li més : «A vostre volantés ! »

5815 5816 5819 5820

Inellement s’an est li més tornés, vint a Tiebalt, si s’est halt escriés : «Tiebalt d’Arabe, » dist il, «or m’entendés li cuens Guillaume et trestous ses barnés, et Renouars, Maillefer li menbrés,

:

par moi vos mandent tuit estes defiés ! Armé sont or, et vos soiez aprestés et vos barnage rengiés et conraés; s’avrois bataille, ja plus grant ne verrés! Ne remenroit por cant que vos avés, car ans demain ans qu'il soit avespré en i avra plus de .X.M. afolés. » Et dist Tiebaus : « Amis, or entendés dites Guillaume, ja mar li celerés,

que de Ja mar bataille Et si li

bataille li de ceu en avra, tos dites cant

:

liverrai assés. sera esgarés; soit asseürés. vos restornerés

5825

5830

5835

5840

5814 Or tos am. d. i. et si montés — 5817 Que ne voel estre de traïson retés (pronez 4*) — 5820 Si en ert .i. E ; ven. et afolés — 5821 A t. j. més ; honis et vergondés Æ, mas et desbaretez À — 5822 L. m. respont si con vous commandés — 5823 De maintenant E ; en est 1. m. montés — .| Desi a l’ost Tiebaut n'est arestés £ — 5824 U voit T. si l'a h. salüés E ; est h. À — 5825 Hé rois d'Ar. — 5826 Li preus E — 5827 M. l'alosés E, M. li osez 4 — .1 Tous li barnajes qui la est asanblés E — 5828 v. ont de la mort desfiés — 5829 Au matinet soient tout E ; Et le matin en s. 4 ; ap. — 5830 manque E ; Toz À — 5831 S'iert la b. mais tele n. v. E ; bat. ja més tele n'avrez 4 — 5833 manque : dem. que solaus soit clinés E — 5834 av. .xv. m. d'af. — 5835 Amis biaus frere di T. ent. —

5836 D. G. Quant vous le troverés (retornerez 4) —

(del 4!) combatre — 5838 por ce À: esfrées E — Més or; c. v. le troverés E.

5837 Q. d.

5839 av. soit en E — 5840

POURPARLERS

c'uns

parlemens

soit moi

AVEC

THIEBAUT

et lui jurés;

si me donst trues deque .III. jors passés, et ge a lui volantiers et de grés. » Et dist li més : «Tout a vos volantés. » Vient a Guillaume, ces mos li a contés: et dist Guillaume : «Et ge l’otrie assés. » Cest premier jor, ensin con vos oés, Hi parlemens fut pris et ajostés: Tiebaus 1 fut et li rois Tenpestés, Esclaudubers

et Malatras

5845

5850

et li rois Josüés,

et Marlars

253

et Malreis,

molt i out rois, et autre gent assés; et d’autre part Guillaume au cor neis, et Renouars, li preus et li menbrés, et Maillefer,li preus et li senés, et mains des autres, que ge n’ai pas nommés. Premiers parlait roit Tiebaus li Escler : «Sire Guillaume,» dist il, «or m’entendés:

5855

molt suis forment travaillié et penés, de mes honors auques deserités,

et ma

moillier par force me

Sachiés

5860

tolés.

de fin, et si est verités,

n’a home el mont tant l’aie coilli en hei comme j'ai vos, sachiés de verité. Icist domages

mais

fust pieç’a restorés,

trop par estes de vos armes

doutés

5865

5841 Que 4°; jostés (otez 4!) — 5842 Et si — 5843 E. j. ausi — 5844 L. m. respont ; je li dirai asés Æ, si con vous commandez À — .1 D'iluec s'en part li mesage abrievés Æ£. — 5846 Li quens l'otroie ; ensi con vous oés E, volentiers et de grez À — 5849 Josüés — 5850 manque E: Esclardubaux et li viex Tenpestez 4 — .1 manque À : E. Malatas e. Malant e. Malés À — .2 Quarriaus

d'Ostrice et ses frere d'Acerés E — 5851 Et tout li r. e. des autres as. — 5853 E. R. et Mallefiers ses nés E ; li osez À — 5854 manque E ; E. M. li gentix et li bers À —- 5855 E. molt ; je ne sai nomer 4 — 5858 For mes. Æ, M. par mes. A — 5859 h. conquerre que tenez À — 5860 mo. a f. E ; mo. par vostre poestez À — 5861 S. d. voir E, S. d. fi 4 — 5862 N'est E, N’ai À; ta. a c. À — 5863 Con jour ai v.;s. par v. E, ne vous iert celez À — 5864 conperés — 5865 M. tant

E,Nebmiutr

es. 4:

LE MONIAGE

254

RAINOUART

II

et chevaliers hardis et alossés. Par mainte fois suis a vos ajostés et conbatus vers vos en chanp mellés; Mahons ne plaist que soiez vergondés. Vos avés ci vos homes amenés, et ge les miens balz et asseürés; c'iert grant domages fors et demesurés se tex barnages i est a mort livrés. Or faites bien et si lou creantés. Ja dites vos par fine verités vos Dex Jhesu est li plus seignorés, et ge di bien Mahons valt miolz assés, plus a vertus et plus ait poestés; et car soit ores un estor devissé. Chascun de nos i mete un avoé : lo mellor home que vos poés trover, et ge querrai un Turc par mon rené, tos lou plus fors que il sera trové. Cant les avrons andex ajosté, si sera d’aus un estors ajostés; li ques que soit recreans ne matés, s’iert li suens Dex laissiés et adossés, jamais nen iert creüs ne aorés. Puis iert li pueples l’un vers l’autre privés, 5892

5870

5875

5880 5881 5883 5885 5886

5888 5890 5892

Puis n'iert.

5866 Boins E ; Et c. et preuz À — 5867-68 manquent E ; f. mes. a v. mellez A — 5871 m. banis ; et amasés E, ajostez 4 — 5872 Çou ert d. — 5873 Se tout cist homei sont E ; S. ces b. est a m. ahurtez À — 5874 Quar; f. ce vous |. cr. A — 5875 p. bones v. À — 5876 Que vostre Dex E : honorez 4 — 5877 E. j.

redi ; M. est mieudre assez À — 5879 Aseons ore .i. fort E, Car assenons or .i. A ; est. canpés — 5880 .ii. avoez À — 5881 qu'en vostre ost troverés (soit trovez À) —

5882 I metrés vous (meterez À) mais bien ert adoubés —

.1 Des

millors armes ; que onques troverés Æ, de vostre ost ert armez À — 5883 T. mes avoés £ — 5884 qui estera tr. — .1 De boines armes ert ses cors conreës E — 5885 a. ensi (Q. les barons a. À) Bien aprestés — .1 En. .i. seront tot contreval cez prez À — 5886 esgardés — 5887 Si (Puis À) soit li cans a feauté gardés — 5888 r. et E — 5889 baisiés e. ad. — 5890 Cil qui vaintra ert li plus signorés —

.1 Ses dex sera (Cil sera d. 4) de trestous (et de tous 4) aorés —

5891 Turc et paien i aront creantés — 5892 P. siert l’un (P. iert li 4) p. envers laut. mellés.

TRÊVE

255

par mariage l’un vers l’autre tornés. N'i avra mais guerre ne ost menés, ne nus

frans hons

et chascuns

n’en

iert deserités:

5895

ait ceu qu’il a conquestés. »

« Voir,» dist Guillaume, «or dites vos assés; ans mais ne fustes si bien andotrinés! [334a] 5898 Les mors a mors, les vis au vis metés; 5903 si soit l’acorde sans nulle fausetés. Bone est la pais en trestos nos aés. » 5905 « Voir,» dist Tiebaus, « de moi iert creantés. »

Trues ont prises a III. jors passés. « Sire Guillaume, » dist Tiebaus

li Esclers,

«demain au main ci a prime venés; si nomerés qui iert vos avoés, tout

ansument

vos

s'iert la bataille ans « Voir,»

iert li miens

.XXX.

dist Guillaume,

5910

nommés ;:

jor passés. »

«et je l’otri assés. »

CLXXX VIT. Otriés fut li plais et Tiebaus s’an torna droit a son tref ou l’aigle d’or esta. Li cuens Guillaume d’autre devent lou pont del chastel

5915

part s’an ala; s’arresta,

tandi son tref c’as paiens conquesta en Aleschans cant por Bertran ala.

>

5893 privés E, assenblez À — 5894 av. g. ne fors estors E, m. nule g. À; mortés — 5898 f. isi b. porpensés — 5899 Qui çou refuse n’est mie bien (il ne. m. À) senés — 5900 Et jou et et vous cescuns est molt penés — 5901 S’avons perdu et moi et vous asés — 5902 Amis et drus et parens et privés — 5904 l'ac. en droite loiautés E, s. n. mauvestiez 4 — 5905 p. a — 5906.1 De moi part l’otroie mes barnés E — .2 Voir dist Guillaume et jou l'otroi asés E — 5907 .XV. — 5909 D. (Ici À) au jor; ici a plet (le matinet 4) v. — 5910 v. a av. E — 5911 ens. sera E, si ert À — 5912 .xv. j. E, ainçois .ii. j. À — 5913 G. si con vous commandés £, de moi est (soit 4°) creantez 4 — 5914 Finé I. pl. T. s’en

retorna — 5916 se loga A!, se loja 4° — 5917 s'atrava EA4*, se trava A! — .1 tr. que li quens c. — .2 E. Aünant £, Enz en l’Archant 4.

LE MONIAGE

256

Bone

chanson,

RAINOUART

II

qui oïr la volra,

face moi pais et si se traie ensa. Ans nul jugleres de mellor ne chanta, grignor bataille nus hons ne vos dira, et si orés sanpres qui la fera. Ce dist la geste ansin

com

=

elle va,

mellor chanson n'’oïstes vos pieç'ait. Li rois Tiebaus a Guillaume menda — par amisté nel quist mais grant piece a —. Mahon despande, cortisie fera, que Renouars l’autre jor traïna. Li rois li jure que bon gré l’an savra. Guillaume dit que il en parlera; aprés sosper Renouart apela, molt bellement la raisson li mostra : un don li rove et molt bel li pria. Renouars jure ne li escondira,

S. 5918 01 g

.04

5920 5922

(CLXXXVIIL.) et dist Guillaume Mähon despandera : «Li rois Tiebaus jehui lo me manda. » Renouars

5926 4

l’ot, les ialz li rooilla,

molt fierement lou conte regarda; por un petit que il ne s’aïra, 5929 p barré.

.3 c. des ore mais venra — .4-.5 manquent — .6 Et teus ba. jamais tes n'estera (tele n'estra 4) — .8 g. tout si comment el va E — 5918.01 manque À ; P. a. ne li q. riens p. E — .1 M. despegne E — .2 j. encrüa E, encroa 4 — 3 li mande — 4 manque À; Li quens respont q. il en pensera E — 5919 Ap. mangier ;Guillaume s'en ala À — 5920 manque E ; M. b. Renoart apela 4 — 5921 Se li demande se E, Et si li proie que À ; .. don li donra — 5922 R. dist pas ne l'esc. (ne li esc. 4) — 5924 DEA continuent la même laisse sans lettrine: Rainoars frere or entendés dont (dist il ent. 4) ça — 5926 Cel Mahomet me

despendés (m. pendez par 4) de la — .1 Paien le voellent T. : si m'en proia £ — 5927 i ro. E — 5928 M. f. Guillaume E — 5929 Por .i. p. molt ne (ne manque E) s'en a. — .1 Bien dist et jure despendus ne sera E.

MAHOMET

RESTITUÉ

257

mais molt fort l’aime, por ce li otria. Por s’amistié itant s’adomina,

5930

con il meïmes sor lou chastel monta : devent Guillaume par les piés lou sacha c'antre ses bras porter ne lou daigna. Vint au mesage, devent lui lou geta : «Tenés,» dist il, «dahait qui l’anjandra

et qui an lui a nul jor mais croira ! » Et cl an plore, a son col lou leva, au plus soef que il pot l’anporta. Par toute l’ost la novelle en ala que Renouars Mahomet rendu a; leve la noise et desai et dela, de toutes pars li poples i ala. Li rois Tiebaus ancontre lui ala, ansanble o lui .XV. rois qu’il mena. Grant fut la noise cant li rois l’ancontra : « Hei, Mahons sire, bien ait qui vos ama ! Uns Sarrasins por vos se conbatra vers un François, qui contre vos ira; et bien sachiés li ques qui venquera que li suens Dex aorés en sera. Faites vertus, grant mestier 1 sera! S'il est ocis vostre loi descharra.

| [b]

5935

5940

5945 5947 5955

31

5958 en manque.

5930 M. itant l’a. veer ne li osa E ; por tant 4 — 5931 P. soie amor E ; si bien s'a. — .1 Que ; por s'amor E — 5932 Jusqu'a — 5934 rüa — 5936 1. n. j. m.ic. E — 5937 E. c. souef E, plourant 4 — 5939 A l'ost Tiebaut — 5940 rendira E — 5942 li al. E — 5943 T. à l'enc. li va — 5944 r. i ala E, qu'il ama À — 5945 n. ou 4 ; enc. E — 5946 Crient paien et deça et dela — 5947 Par 4: b. fist 4; q. t'esvella — .1 Et Sarrasin por nous se combatra 4° — 5948- 54 texte de E: variantes de À : De Rainoart vous vengerés vous ja — Devant Mahom Tiebaus (Li rois T. devant 4) s'’agenolla — Et tuit si home cascuns bien l’aora — Molt rices dons cascuns i presenta — Plus de .i. jors li ofrande dura — Li rois Tiebaus Mahomet apiella — Hé Mahomet dist il or 1 parra (H. Mahon sire bien fist qui t'esveilla 4) — 5956 Et: encontre lui venra — 5957 Ce — 5958 ao. en s. E, ao. estera À — 5959 F. Mahom v. (F. v. M. 4) ori parra — .1 Se suis vaincus E, Se il l'ocist À ; deciera Æ, decorra 4.

258

LE MONIAGE

RAINOUART

Esvailliés vos, que vos dormés

pieç’ait!

Se plus dormés,

ira;

malement

vos

II

5960

vos grant vertus a tos jors mais faldra. » Icelle nuit mervaillos bruit 1 a. Li cuens Guillaume dedens son tref esta; aprés sosper Renouart apela, et Maillefer, que il forment ama, ses chevaliers, ses barons c’o lui à : « Baron, » dist il, «qui me consaillera? Li quex de vos la bataille fera? Qui que la face, Jhesu li aidera. » Maillefer l’ot, sor ses piés se dreça, devent Guillaume maintenant s’aprocha : « Oncles Guillaume, » dist il, «entendés sa : je suis vos niés, bien lo savés piece a ; ceste bataille certes moie estera. Mes hardemens esprovés 1 sera. » Li cuens Guillaume grant joie demona. Renouars l’ot, durement l’an pesa; par soi meimes fronchi et sorcilla, dist a Guillaume : «Ja sai ge bien pieç'a pour ma villece me tenés vos vis Ja. Mais par l’apostre que Damedeus forma se ge venoie en mon païs delai, se je tenoie Villece a nul jor ja,

5965 A

5970

5975 5976 5980

[c] 5983 5985 :}

5960 E. v. v. dor. tel p. 4 — 5985.1 venoient — 5986-88 Ces vers manquent. 5961 S. vos À ; d. mauvaisement ir. — 5962 V. dignités ; j. defaura — 5963 Totes (Toute 4) la n. — 5964 dedens manque E — 5966 E. M. Son neüt qu'il vit la E, son neveu qu'il am. 4 — .1 ba. qu'il vit la E, que il a 4 — 5969 Q. (Quiex 4) q. il soit — 5970 l'o. durement se hasta — 5971 D. G. son oncle ap. (S’ap. 4) — 5972 Sire G. — 5973 ni. vos 1. 4 — 5974 ba. se vous (se il v. À!) plet moie estra — 5976 L. q. l'otrie qui gr. j. en mena — 5977 Par amistié son gant tendu li a — 5978 Et Mallefiers juqu'a piet l'en ala — 5979 Li quens Guillaume docement l'en leva ; Guillaume manque 4° — 5980 l’o. forment li (l'en 4) anuia — 5981 En E, À À — 5982 D. Rainoars E — 5983 vous manque

Et. en vilta 4 — 5984 Diex quel damaje quant mes pris deciera — 5985 ap. c'on a Rome aora (querra 4) — .1 manque — 5986 Se je tenoie (j'encontroie A) Villece a nul jor ja.

QUERELLE

ENTRE

RAINOUART

ET

MAILLEFER

qui si m'asaut et deça et dela, je l'ocirai, ja mercit n'en arai! Jamais nul jor franc home n'asalra, lous ne proesce a nul jor ne tora.» Guillaume l’ot, grant joie en demona. « Renouart freire, c’est avenu pieç'a : Villesce est telle que ja n’espargnera home del mont ja tant biaus ne sera. » Dist Renouars : « Mal ait qui l’angendra cant au mellor honor ne portera. » François l’entendent, ris en ont ça et la; n'orent tel joie, ce dient, grant pieç'a.

259

5990

5995

CEXXXIX. « Sire Guillaume, » dist Renouars

li ber,

«itel bataille doit l’an molt redouter. On ne la doit laissier ne delivrer fors a tel home qui soit hardis et ber; je la ferai, cel volés creanter. Mes filz est jones, nel poroit andurer !

6000

Laissiés

6005 6007

la moi,

pres

suis de moi

armer. »

Maillefer l’ot, si commence a garder envers son pere, prist color a müer : Par

Deu, » dist il, «bien

l’oi oï conter

puis que li ons prent color a müer, 5990

avoc

6010

lui n’asadra.

5987 Qui si m’asaut et deça et dela — 5988 Je l’ocirai (l’ocirroie À) ja mercit n’en arai — 5989 J. franc home a n. j. n'as — 5990 à nul jor ne tora (charra À) — 599] Ot le G. Dex quel (tiex À) j. en mena ; Dex manque A' — .1 Par grant amor tantos l’araisona E — 5993 te. j'a hons n'es. £ — 5994 Ho. vivant À ; ta. bien £ — 5995 D. R. dehet — 5996 Q]. les millors — 5997 Dont risent Franc et deça et dela — 5998 d. més p — 6000 d. on E — 6001 d. baillier ne commender — 6002 q. molt s. prous et b. — 6003 manque E — 6005 manque E, su. du demener À — 6006 Mais jou qui suel les autres (Qui s. I. aut. et faire et À) ; afiner — 6007 l’o. del sens cuida derver Æ, si se prent a irer À — 6010

pr. son poil.

260

LE MONIAGE

RAINOUART

I

ni

s |

adont commence del tout a asoter. Ne devés mais de bataille parler, ans devés dormir et resposer; la joule gent se doient esprover, los et proesce et amors demander, et chevaliers ferir et ancontrer. » Renouars l’ot, lo sanc cuide desver, de maltalant cuide vis forsener. Cort a son fil, si lou cuide cobrer, mais dans Guillaume li vait devent ester, Gerars et Guis, qui sont preu bacheler: a molt grant poine lou porent contrester : « Renouart sire, laissiés vostre aïrer; envers vos fil laissiés vostre meller. »

6015 6017 6019 6021

6023 6025

Et Maillefer ne se volt arrester; vient a ces homes, ses prent a apeler. Dist Maillefer : « Baron, or del haster, et de ma nef orendroit atorner ;

en autre terre me covient a aler. Veez mon pere a moi se velt meller, mais ge no puis soffrir ne andurer. G'irai servir ou aumaçour ou per. » Et cil respondent : «Si com vos commendés. »

Drescent 6028

ji

4 [d] 6031 à 6030

lors voilles cil qui sevent de mer.

6033

sel.

.] manque À ; Que puis E : redoter E — 6011 N. devroit: + E — 6012 A. se devroit ; seoir À — 6013 Laisiés as jovenes lor valor es. E, L. joene g. lor barnage es. À — 6014 Et as puceles lor amors ; demener Æ — 601$ ch. baisier et acoler E —

6016 Li vius mastins (wadiax 4) vorois tous jors usler —

.1 Et

abaier et grondir et gengler — 6017 KR. l'o. le sens À, vis c. forsener E — 6018

manque E — 6019 f. qu'il le c. — 6020 Prendre as ceviaus et enviers lui tirer — 6021 M. quens E, Ne m. 4 ; mostrer E — 6022 G. e. G. plus de .c. b. — 6023 A males p. — 6025 DEA continuent la laisse en : er — 6025 KR. frere E : I. oest A — 6026 f. tencier et agonder E, et tencier et irer À — 6027 E. M. s'en prent molt à irer (se p. a aïrer die 6028 ses — 6029 D. M. signor E — .1 n. erraument aprester — .2 m'en c. d’al. Æ, me convendra al. À — 6031.1 Je ne poroie E, Ne je ne p. À : sa ranprone end. — 6030 S'ir. s. aum. ou a p. (s. ou amiraus Où p. À) — 6032 r. pries est li (sont del 4) creanter — 6033 q. en sont maner À.

RAINOUART

VEUT

PARTIR

261

Li cuens Guillaume en voit l’anfent aler, molt bellement li vient devent ester : «Biaus niés,» dist il, «car lou laissiés ester. Se vostre peres velt devent vos aler, bien lou devés soffrir et endurer: et la bataille vos ferai creanter. » Dist Maillefer : « Honcles, laissiés ester! Ne remenroie por tot l’or d’outre mer, ne por riens nulle c’on me seüst doner !»

Ans antre

Maillefer an

6035

6040



n'i volt plus demorer ;

sa nef, fait ses voilles lever,

inellement de la rive esquiper. Voit lou Guillaume, si commence a plorer; et Renouars si prist a restorner. Li cuens Guillaume li a pris a crier : « Renouart sire, lairois l’an vos aler? À moit grant blame lo vos puet on trover. Car l’apelés, si ferés molt que ber !» Et Renouars n'1 volt plus arrester; vint au rivage, son fil en voit aler. Il li commence durement a crier : « Beas filz, dist il, «por Deu car revenés! Tout lo mefait vos en voil perdoner. Se j'ai dit chose qui vos doie peser, a vos talant lo voldrai amender, et la bataille vos ferai creanter. »

6045 mi

6047 6049 1 2 6050 sl Hi

5

6036 M. coiement li a pris a mostrer £, M. b. l'emprist a apeler À — 6037 il tout E: car 1. or es. À — 6038 p. vous viut ore blasmer — 6040 Mais E : v. ferons — 6042 (N'i 4); p. l'avoir E, p. l'or de saint Omer À — .1 N. p. tout l'or (avoir 4) —

6043 Et M. E : ne se (s'i À) vos arester —

6045 Et erraument

E ; d. I. terre — 6046.01 Quant ses neveus ne vot plus demorer £ —

.02 Grant

duel en fait ne fet pas a blamer E — 6046.1-6047 manquent À — 6046.1 Viers R. s'en prent tos a aler E — 6047 mostrer E — 6049.1 manque E:; p. l'en torner 4 — .2 f. retorner — 6050 R. l'ot ; coulor prent a müer E, si commence a plorer À — .1 riv. l'enfant E, s'en v. l'enfant al. À — 6051 com. doucement — lil car laisiés or ester — .2 manque E ; déplacé après 6051.4 dans À — .3 grever — 4 A v. voloir E: le ferai 4 — 6051.2 mef. v. v. je p. 4 — 6051.5-.9 remplacés dans E par les vers suivants : Si haitement con sarés deviser — J'ai

RAINOUART

LE MONIAGE

262

«Voir,»

dist li anfes, «assés

II

poés crier;

jamais nul jor n’orés de moi parler ! »

CXC: Va s’an li enfes, fait ses voilles drecier, et Renouars en est fort aïrés :

« Beaus filz,» dist il, «por Deu Tos vos talans vos ferai otrier et la bataille vos

or repairiés!

ferai delivrer. »

«Voir,» dist li anfes, «por nient en parlés; jamais par moi ne serés corociés |! » Renouars

l’ot, molt

commenda

6055

en est aiïrés;

pitiet en out, si s’est agenoilliés. « Bieaus filz, » dist il, «se ansin me laissiés, jamais nul jor, certes, ne serai liés, ne jai de ci ne serai redreciés. » Li anfes l’ot, si l’en est pris pitiés cant voit son pere qui s’est humeliés. Dont

9

6052

ses voilles

[335a] 6060 6062 6063.1

fust baissiés;

droit a son pere és lo vos apuiés.

fait outrage, si m'en doit bien peser —

6065

Dist Mallefiers sire laisiés ester —

Ne

remanroie por l'or de saint Omer — Ne por avoir qu'on me seuist douner — Jamais de moi n’orés .i. jor parler — En autres tiere me convient il aler — U siervirai u aumaçor u per — Rainoars l'ot si commence a plorer — Tout a genous li va merci crier (CXC) CXC. Va s’en li abes ses voiles a Dreciés — Dedens sa nef dolans et coreciés — Et Rainoars estoit ajenouillés — 6051.6

enf. n'ai soing du retorner À — .8 s'a s. v. dreciez 4 — .8.1 en une nef dolans et corrouciez À — .9 manque À — 6052 car rep. E ; F. di. li peres et car vos retornez (p. que ret. arrier 4°) À — 6053 v. sera o. — 6054 De I. bat. bien le don en aiês (avrez 4) — 6055 Di. Mallefiers E ; plaidiés E4*Ÿ— 6056 J. pour —

6057 l’o. a poi n'est coureciés (enragiez À) — 6058-6061 remplacés dans E par : Bien dist et jure bien s’en est aficiés — Que mais d'iluec ne sera més dreciés — Se Mallèiers n’est arier repairiés — 6060 Ja à n. j. més n. seroie |. À — 6061 s. més dreciez À — 6062 l'o. pris l'en est grans p. E — 6063 Pleure des eulz .i. poi s'est adouciez 4 — .1 Q. ot s. p. si est (s'est À) h. — 6064 Il — .1 Et il respondent de gré et volentiers E — 6065 repairiés — .1 Il s'entracolent par molt grans amistié Æ — 6066 Este (Estes 4) les vous ensamble ramesnié.

RÉCONCILIATION

Lors

fut Guillaume

li marchis

forment

263

liés,

6067

et li barnaiges qui molt estoit prisiés.

CXCI. « Peires, » dist l’anfes, « la bataille ferés; de moi vos soit li dons acreantés. Cil Damedex qui an crois fut penés vos soit aidans, que mestier en avés. » Tiebaus d’Arabe ne s’est asseürés; dedens son tref a ses homes mandés : « Barons, » dist il, «quel consail me donés ?

6075

Cist

6076

grans

estors

qui est acreantés,

je sai molt bien et de riens ne doutés que de ceu iert Renouars esgardés. » Dist Aquilans : « Beau sire, or entendés mandés Cruquain, lo roi de Balegués; cil est si fors jamais si ne verrés. » Dist Ajeans : « Mellor i a assés : c’est Bondifer del rené anublés. »

6070

6078 :

6080

« Sire Tiebalt, » dist li rois Josüés,

6085

«Escharbüant de Biterne mandés ! Cil est molt fors et si est redoutés. » Tiebaus respont : « Mellor i a assés : en Gadiferne soit Gadifere mandés. Trestuit icil que vos avés nommés,

6089 6091

6069

Lettrine

S.

6068 q. est. forment liés £, q. m. fet a proisier À — 6069 Pres À, Sire E — 6070 guerredonés E — 6072 V. s. garans aidiere et avoués — 6074 Devant E — 6076 manque À ; est . que ci st creantés £ — 6077 Par con fait ore (home 4) pora iestre acievés (aquitez 4) — 6078 b. ne n'ai de r. d. E; r. n'en d. A — 6079 Q. d. la — 6080 D. À. orendroites l’orés — 6081 M. Crucant E, Crüant

A!, Trüant 4° — 6082 jam. plus À — 6083 Agiaus E, Ajaïs À : je sai m. as. E — 6084 Gadifer EA*; d.r. anüublés £, aus Anublez 4 — 6085 Par foi baron — 6086 Escarmarant 4, Esquarimant 4 — 6087 C. s. plus (si 4) f. : et e. plus r. E, jamais plus ne verrez À — 6088 Voir dist T. ; je sai m, as. 4 — 6090 C'est li plus fors qui de mere soit nés — 6091 De tous içaus q. v. ici n. E.

264

vers

LE MONIAGE

Gadifer

ne

valt riens

RAINOUART

II

la bontés.

Je voil que tout maintenant

soit mandés. »

6093

CXCII. Tiebalt d’Arabe apelle un Sarrasin, nés fut d’Aiete, si ot non Galopin; plus tost coroit contremont un larris con autres homs ne feïst un chemin : «Entent a moi,» dist Tiebaus, « Galopin. Pren mon saiel atout lou parchemin; a Gadifer en va tout lou chamin. Si me diras Gadifer mon cosin c'une bataille me vigne metre a fin: si defandra Mahon et Apolin vers Renouart, lou felon de put lin.»

6095

[b]

CXCIIT. 6105

Et dist Tiebaus : « Amis, plus n'arestes, en Gadiferne maintenant en allés: je sais molt bien Gadifer troverés. Alés i tost, gardés n’i demorés, et de par moi molt bien lou salüés. Dites l1 bien, gardés ne li celés, trestout ice que vos ici veez : morz

iert Guillaume

li marchis

au

cor

neis.

6092 r. lor ; fertés E — 6093 J. vous commanc que tantos (molt tost A) s. m.

— 6094.1 Que mais si fors a nul jor ne verés E — .2 Dient paien bien puet iestre vertes — 6095 T. se haste s'ap. : .. Barbarin Æ — 6097 cemin — 6098 C'uns E: f. le tierin E : Que a plain champ ne corroit .i. roncin À — .1 manque — 6099 Tient — 6100 manque E ; En Gadiferne me v. (m'iras 4°) 4 — 6102 Ceste — 6104 F. le mastin — 6105 am. vous en irés — 6106 E. G. Gadifer troverés — .1-.3 manquent — 6107 b. ja mar li celerés E — 6108 Tous les covens ; qu'avés (qu'avons 4) chi devisés — 6109 Jou et £, Moi et 4.

THIEBAUT

CHERCHE

UN

CHAMPION

Se Mahon aime et ses grans dinetés, c'or vigne tost, garnis et aprestés; d’aidier son Deu ne soit pas obliés. » Et dist li més : «Je li dirai assés. » Il s’an torna, n'i est plus demorés; passe les porz tout droit a Balegués et les grans vas et les puis enconblés. En .XV. jors aconplis et passés

265

6110

6115 1

en est li més en Gadiferne entrés; riche est la ville de tors et de fossés. Par mi lou bourc en est li més alés; voit sor ces changes tant deniers monaés, ces damoisels sors ces destriers montés, et ces pucelles o les cors roondés, ces chevaliers richement afublés. De tel noblece n'’oï il mais parler; mais puis en fut Renouars rois clamés.

6125

Dec’au palais en est li més alés, Gadifer trove ça defors les degrés. Grignor mont tient li paiens defaés que .IIII. bués, ques aüst acorés; grosse out la teste, les chavros hurepés, s’ot bien .IIT. piés de sorzis mesurés,

6127 6129 6130 6131 6133

6120

6133 doie. 6119 Por Mahomet et por ses d. À — 6111 C’or (Que 4) v. t. de conbatre a.

— 6113 Di. li mesages — 6114 Li més ; se haste (s'en torne À) qui forment fu lasés (s’est hastez 4) — 6115 P. Subterne Bisterne (Bit. et Surtre À) et B. —

E. I. pesages E, perbans À ; anublés — 6116 Ains £ — 6118.1 Borjois i a manans et asasés E — 6119 est ices ch. À ; ch. ces d. — 6121 manque E — 6122 p. as espriviers par ces perches müés — .1 De vair estoit écrit sur deux lignes :De vair estoit estoit tout li pire 6124 D. t. ricoise E ; ne fu onques cités — 6125 De

.1

— 6117 Est li messages À outre pasés E — 6120 V. gens c. onorés — 6123 C. tot li pire afublez À (4! Estoit tout li pire af.) — çou f. p. R. couronés —

6126 p. n’est 1. m. (ne s’est mie À) arestée — 6127 def. (desouz À) as d. — 6128

Qui la gisoit sor (souz À) .ii. arbres ramés — 6129 t. que .ii. bués acorés (li cuivers d. À) — 6130 manque E — 6131 Grant o. E; le cief comme cauderons lés (rez À) — 6132 Les ceviaus noirs contremont hurepés (cercelez 4) — 6133 manque E; piez les s. A.

RAINOUART

LE MONIAGE

266

II

6134 6136

et les ialz gros en la teste anfossés; paupieres longes bien .Il. piés mesurés. Comme

rosins

ot les dens

costelés;

daiers boçut et par devent molt lés, la gole ot lés ansin con un malfé, les janbes longes, et daieres coës, ongles agues comme serpens crestés, et fut plus noirs qu’aremens destranpés. Diable sanble qui d’anfer soit getés; nus ne l’esgarde qui ne soit effraës. Li més meimes en fut espoentés, ne deïst mot por l’or de Balegués cant Gadifer li est halt escriés : «Diva, » dist il, «ques noveles portés? Je sai vos estes de molt longes renés. » Dist li mesages,

cant

fut raseürés

6140

6145 [c] 6147 6150.1

:

«Cil Mahomet qui fait croistre les blés salt Gadifer, qui tant est redoutés, de par Tiebalt, qui tant a poestés; vostre amis est et de vos parentés. » Et Gadifer s’an est en piés levés.

6155

Dist Gadifer : « Beas amis, ça venés. Que fait Tiebalt, qui tant est mes amés? A il ocis Guillaumëé au cor neis?

6158 6160

6152 Et.

6134 S'ot I. i. rouges con carbons enbrasés — 6135 Grant demi pié en la teste enfosés — 6136 P. I. .iñi. espans m. — 6138 manque E ; dev. ert |. 4 — 6139 Lee ot la boce À ; .i. espans mesurés — 6140 manque E ; L. j. lees e. derriere encoez À — 6141 barbés — 6143 Diavle resamble E ; u lutan u maufés — 6144 l'esg. n'en (ne À) s. tous e. — 6145 m. f. si esp. — 6146 N'i vosist estre À ; p. -m. (.m. manque E) mars d'or pesés — 6147 G. lot en h. s'est e. E — 6148 Dites vasal de quel tiere estes nês — 6149 Qu'alés querrant dites que demandés (vos volez 4) — 6150 Estes (Es tu À) paien Sarrasin u (ne 4) Escler —

moi tost — 6151 Vous n'iestes pas 6154 renomés — 6155 q. molt est vo lignaje; de vostre p. £ — 6157 Amis bias frere : ne soiés esfrées

vous ça jouste (prés de 4) moi vous seés (tenez 4) —

INC

ALIGIMNE

RENE

.1 Dites

de ceste tiere nés — 6152 Dist :aseürés E — redoutés E, q. t. est ses privez À — 6156 De Dist G. (G. l'ot 4) s’a les sorcius 1. — 6159 4, bien soyez vos trourez À — 6159 Traiés

MY ZE

6160 e. redoutés E, m.

AMBASSADE

À GADIFER

267

Et Renouars, est il a fin alés? Est ancor mors li tondus, li pelés? Dites lou moi, gardés nel me celés! J'irai sor aus

a cest premier

estés,

6165

devent Orenges iert li sieges jurés. Se truis Guillaume, lou marchis au cor neis, et Renouart, qui tant est forsenés, conbatrai moi vers aus en chanp mellé, trestout par moi, cant je iere adoubés. Car ge ai jai mes tineus aprestés : armes, maçues et mes dars enpanés, ünels, picois et bastons enplomés, mes abolestres, mes quarrés enpanés, et mes dromons est pies’a aprestés. Se truis François, les felons parjurés, vengiés sera li fors rois Desramés, li rois Borrias et li rois Aenrés, et Haucibers li grans demesurés, tos mes lignages et tos mes parentés. » « Voir,» dist li més, «plus pres les troverés. Droit en Aüiete est Guillaume arivés et Renouars, qui tant est redoutés, et Maillefer, qu'est de lui engendrés; sont

de François

as noves

6171

.XL.M.

6170

6173 6175

6180

6185

d’armés

targes et as escus dorés,

trestout.

6163 Se il n'est (n’est omis E) mors — 6166 s'iert a or. li (.i. À) grans s. j. (levez 4) — 6168 redoutés E — 6169 Jou trestous seus encontre aus .ii. armés E — 6170 Me conbatrai en bataille canpés £, Envers euls .ii. conbatrai seuls armez

4 —

6171

Et À; mes

tineus —

6172 Et mes maç. —

cotiaus E ; et mes b. planés (plomez 4) — acerés

6173 Et mes;

.! Et mes coutiaus et mes brans

À — 6174 Et mes fausars tranoans et ameurés (afilez À) (4° écrit : f. et

mes tr. et af.) — .1 Et mes quarriaus et mes brans acerés E dars (quarriaux À) enpenés — 6177 fel. et desfaés — 6179 A? : Aanorés E — 6183 G. est (est ja 4°) en Aïte (Aiete 4) fel desmeurés — 6186 S'o. avoec aus E, Si ont Fr. 4; .Ix. confanons d. E.

— 6175 arb. et mes Bourraus E, Briaus ar. — 6184 E. R. li 4 ; ar. — 6187 t. a

LE MONIAGE

268

as confanons

et as hiames

RAINOUART

II

gemés,

et as destriers corans et abrivés. L’autr'ier i fut un chanp d’aus esgardés : contre un paien iert un François armés. Li ques que soit recreans ne matés, si iert ses Dex

laissiés et adossés,

jamais n’en iert ne creüs ne amés. Renouars est par delai esgardés; Tiebaus vos mande, et li rois Josüés, tos li barnaige qu'est delai arrivés, qu'a aus vigniés, riche rois coronés, et si serés por vostre Deu armés. Cist estors est envers vos esgardés vers Renouart, qui tant est redoutés. Se ce ne faites, soiez asseürés Mahons

vos

6190 [d]

Dex

sera

molt

6195 6196

6198 6200 .

avillés,

sa loi chaiüe et sa grans poestés. Remenbre vos, gentis rois coronés, qu'il fut por vos a Baudas estranglés, en un fumier lou menja un sangler; la loi dona dont somes generés. Se vos vos Deu a cest besong failliés, ne devés estre a nul jor rois clamés ! » Gadifers l’ot, si l’entendit assés. Tant out an lui matalant et fiertés

6205

A 6208 6210 6211 6213

6188 As brans d'acier E — 6189 sejornés E — 6190 devisés — 6191 C’uns p. ert et .i. Fr. ar. 4 — 6192 s. ne vencus n. m. E — 6193 Iert (S'iert À) li siens D.

baisiés e. a. — 6194 J. n'estra or. ne anourés — 6197 Escladubiaus (Esclardubaus 4) Aquilans et Barés — 6198 T. noz À ; b. qui la est asanblés — 6199 A E — 6200 soiés por Mahomet ar. — 6201 est desor — .1 manque À; par le deu c’aorés E — 6203 M. nos; s. mas et clinés (molt aclinez 4) —

6205

R. v. rices E — 6206 Quant f. p. nos el fumier est. 4 — .1 f. l’estranla E ; Que li poroel l'avoient devourez À — 6207 Et si (Iluec 4) morut quant (que À) morut quant (que À!) il fu enivrés — 6208 manque À ; u vous ore oreës £ — 6209 Et dist par eve seroit li mons sauvés E — 6210 S. v. cel — 6211 est. Jamais r. coronés — 6212 Tiere tenir ne autre dignités Æ, Ne t. t. ni aut. rolautez

À.

COLÈRE

DE

GADIFER

que tout en est de dolor tressüés, encontre un mur s’est .IIII. fois mondés; brait et regibe con ce fust un malfés. Il crie et hule, fait les ialz reversés, qui plus reluisent que charbons enbrassés. Diable sanble, qui soit d’anfer getés; bruit et escume con s’il fust eschaudés, desront ses dras, s’a ses chavos tirés. Sarrasin voient que il est aïrés, an fuie tornent, n’en i a uns remeis; li més meïsmes par fut espoentés, ne deïst mot por .M. mars d’or pesé. Et Gadifers s’en est en piés levés, baee la gole, si a les dens cloqués;

269

6215

6220

a

6225 1]

bien ait de lonc .XV. piés mesurés. Ausin

tempeste

con

ce fust un

orés,

desoz ses piés est li travas tranblés. Mahomet jure li cuvers defaés ne finera s’avra François tüés, a Renouart volra estre mellés. Cort

a sa tor s’est contremont

4

[3364]

montés;

il prent ses dars et ses ars enpanés, pis et martias et fleaus acerés. Tant en a pris li cuvers defaëés c’uns

fors ronsins

à

en fust tos anconbrés

6215.1 Tant ot en lui irez et cruautez À — tressüez

1

6230

.2 De mautalent est chaüz et

À — 6216 E. tiere est (s’est À) iii. f. viautrés (hurtez 4) — 6217 B.e.

gibe E; li m. 4 — 6218 Et E; brait 1. 1. aborbelés (a roeilliez À). — 6219 q. cirges E; alumés — 6220 s. d’infer os forsenés E, que touz est herupez À — 6221 manque E ; B. e. rechigne c. il soit forssenez À — .1 dr. ses & a t. E —

.2 Les ious roelle comme fust asotés (vis maufez À) — 6222 arivés

— 6223 nul rem. — 6224 m. f. si esp. — 6225 N'i vosist iestre; p. l'or de ii. es E — 6226 E. G. sor ses p. est 1. EË— .1-.2 manquent À; .1 manque E — 2 S'ot en estaje E —

.3 Il (Or À) sambla bien vis (vis omis A°) diable et (ou 4°)

maufés — .4 manque — 6227 M. j. le sien Deu avoué E, qui fet croistre les blez A — 6228 trovez À — 6229 A R. te joins et asamblés — .1 puiez — 6230 Pr. a. arcois E ; s. ars À ; dars enp. — 6231 P. e. maçues E ; fl. acoplés — .1 nuanque — 6232 III. soumier en fuscent bien torsés (hourdez À).

270

LE MONIAGE

RAINOUART

II

des armeüres dont il estoit armés. Cant Gadifer se fut ensin hordés, ses homes ait hautement escriés : « Barons, » dist il, «envers moi entendés! Sivés me tost! Gardés ne demorés, car paors ai, ne suis asseürés, que ne s’an fuie Guillaumes au cor neis et Renouart, qui tant est forsenés, et Maillefer et li autres barnés.

Il me lairont et galies et nés! Il n'en menront .Il. deniers monaés, ne murs ne mules ne destriers sejornés! Dient paien : «Et car vos arrestés, que s’il vos plaist, vos ansin n'i erés. Vos estes rois gentis et honorés: n’i alés mie con vilains esgarés, mais noblement, si con faire devés. De vos amis ensanble o vos menés; si voist o vos Regibans et Barrés, et Malquidans, Estrumens et Quarrés, et Malaquins et Brumas et Manrés; .XXX. paiens ansanbie o vos monés. Plus en serés et cremus et doutés, antre paien siervis et ounorés; s’avés besoing, tos pres les troverés. 6254.1

et cremus

6235 x]

6240 4 2 6242 6244 6246

6250

.

6255

et doutés.

6233 D. soies armes, De ses ouirirrs À ; quant il se fut ar. E — 6234 f. si bien armés (hordez À) —

À) —

6235 As (Ses 4) Sarrasin a molt tos apelés (haut escriez

.l manque — 6236 to. baron E ; n'i arestés — 6237 s. pas seürés E —

6239 E. K. li fel (faux À) estrumelés — 6241 Ça — .1 Ne lor lairai E, N'en remenront À — .2 N. mul; et n. m. 4°: n. somiers À : abrievés E, afeutrez A

— 6242 D. p. sire c. ar. — 6243 Et s'il vous plest vo coraje atenprés — 6244 Ja

E ; ensi seus : n’en (ne 4°) irés AŸE — 624$ Que ne soiés escarnis et (ne A4°) gabés — 6246 r. vallans et alosés £ — 6247 en pruntés — 6250 Regihars À — 6251 manque E :;Et Foumians et Fuirons et Fourrez 4 — 6252 Et Malfaisans: et Marbrins et Barés E, e. Maubrins e M. À — 6253 .X. M. E, .xx. M. 4 — 6254 s. or. et redoutés E — .1 manque À ; siervis et ounorés E — 6255 b. plus

p.

PRÉPARATIFS

DE COMBAT

271

En vos dromont richement en alés, vos enemis fierement requerés. » Tant ont antr'aus et dit et devissé que Gadifers se fut radominés:

ses maltalant li fut tos tresalés. Dist Gadifers : «Or soient aprestés !» Si moverons cant il iert ajornés. » Et li mesages est aiers restornés.

6260 6262 6264

CXCIV: Li mesagiers aieres restorna.

6266

Li rois lo voit, si l'en araissona, demenda li se Gadifers venra,

et ll mesages trestout li aconta la diablie qu'il fist et demena : «Cant il oï que Guillaume éert deça. molt

m'avint

bien cant

[b] 6270 6272

il ne m'’afola:

or sachiés bien hastivement

venra. »

Tiebaus l’antent, Mahomet aora; et toute l’ost grant joie en demena.

6275

Et Gadifers de noient ne tarja : .XXX. paiens par sa terre manda, molt bien armés, que il lou commenda, de toutes armes con chevaliers porta.

il

6272 oï G. ierent ça.

6256 En .i. d. fierement — 6257 V. e. ricement E, durement 4 — 6258 T. li o. dit et tant li ont conté (monstrez 4) —

6259 se rest À ; adominés —

6260 f.

auques alés — 6261 soiés E ; D. G. soiez apareilliez À — 6262 S. m. demain a l'aj. — 6263 Dient paien si con vous commandez E, Paien respondent ni soit con

vos volez À —

6264 manque

À —

6265

Desi a l’ost en est li més (est

arrieres À) alés — 6266 L. m. a Tiebaut s'en reva — 6267 Tiebaus I. v. jouste lui l’apela — 6268 Puis li demande À — 6269 Li mesagiers £ — 6270 manque E — 627! C'onques (Onques À) nus hom tel ferté ne lena — 6272 o. que Rainoars E ; iert ; cha E, deça À — 6273 Dex me gart qu'il £, Por .i. petit que il 4 — 6274 Et À — 6276 lo. molt s'en aseüra E, lors s’en rassegura À — 6277 E. G. mie ne s'oublia E ; no n'aresta 4 — 6278 Tantos (.XX. M. 4) p. en lor (son À) regnes m. — 6279.1 ar. que il lor (si comme il À) devisa.

272

LE MONIAGE

RAINOUART

II

En un dromont, c’on li aparailla, rois Gadifers maintenant 1 entra. Paien li portent ses armes que il a et un travail de fer que li rois a. Cant en bataille entrer ja autrement en chanp

6280

i dovra, n’asanblera;

sa costume est que el traval sera, toutes ses armes antor lui avera. Sor .JIII. roes icil angins sera; par tel maniere lo fist on et forja a .IHII. cordes li rois lou conduira par tout lou chanp, quel part que il volra. Par cel angin maint home vergonda; a Renouart ansin se conbatra. Et Gadifers de l’esploitier panssa: desor Aiete li paiens arriva. Grant fut la noise que a pavillons a, paiene gent tote raseüra; tos li rivages et li pors en sona, tel noise moinent nus hons tes ne vit Ja. Li rois Tiebaus a l’ancontre le va, et tuit li roi chascuns s’agenoilla, et Gadifers en piés les releva. Entre paiens s’estut et aresta, .V. piés fut graindres del grignor qu'il i a. Dist l’uns a l’autre : «Quel Sarrasin ci a! Con iert mal sages c’a lui se conbatra ! »

6285 6286.1

6290

6293 6295

6300

6305

6280 E. son — 6280.1 En celui (Icelui À) Jor G. — 6282 manque E ; En À —

6283 Q. Gadifers e. bat. neterra — 6285 e. quant travilliés s. £ — 6286 Par .i. grant (fort 4) huis que on (qu'en À) i fist pieç'a (f. grant p. 4) — .1 Trestous armés en cel engien sera E : ar. avec lui amena 4 — 6287 rouees E — 6228 P. t. engien : forma E — 6293 De l'esp. G. se hasta — 6294 A (Qu'a À) .i. matin si con l'aube creva — 6295 Aaite E — 6296 que se p. va E, qu'as p. en va 4 — 6297 P. g. molt s'en — 6298-99 intervertis dans E — 6298 p. resona E, fremia A — 6299 m. deça et dela — .1 Tel n'oi nus hom qui l'ascouta E, Tel .m. parlerent que nus nes escouta 4 — 6300 T. encontre lui ala — 6301 E. t. 1. olz AÏMOZ AD — 6302 E. G. trestous les redreça E — 6303 En mi — 6304 Trois p. A; gr. qui esta À — 6305 Dient paien — 630$ N'iert mie s. qui cestui atendra.

ARRIVÉE

DE GADIFER

A ces paroles Gadifers s’escria : «Ça tost mes armes! Dahait qui le laira, ne qui ja plus de conbatre atendra a ces François qui sont par de dela!» Au tref Guillaume Gadifers corist jai ne fust Tiebaus qui li dist et proia que tant atande que solalz levera, car au matin la trive defaudra et si h plaist, adont se conbatra; et Gadifers a poines l’otria. Icelle nuit en /or ost grant joie a! Au tref Guillaume la novelle en ala que Gadifers estoit venus pieç’a, qui la bataille vers Renouart fera.

273

6319

CXCV. Au tref Guillaume est la novelle oïe que Gadifers est venus d’Aquilie con Tiebaus ait la bataille orroie. Devent Guillaume lou conta une espie : « Sire Guillaume, franche chiere hardie, en l’ost Tiebalt a molt grant tabornie, car venus est Gadifers d’Aquilie, hi plus fors Turs qui onques fust en vie, la soe force toutes autres maïistrie. » 6308 ques —

6316 en l’ost —

6322.1

6321

6324

otrie.

6308 qui le — 6309 N. q. pl. ore E — 6310 Ne ceure sus a ceus qui sont d. —

6311 corust —

6312 Mais rois (Ne mais 4) T. tant —

6313 que desor aus

venra £ — .01 Dans Rainoars qui a lui conbatra E — .1 Et le m. 1. tr. demora E — 6314 manque E: ad. se levera À — 6315 Et G. as paiens E: Tot por conbatre Gadifer À ; l’ot. — 6316 lor — 6321 pareole 0. E — 6322 v. a navie EA\, en aïe 4 — .1-.5 manquent À — .1 À cui on a I. b. otroïe E — 38. G. frans”hom £ — 4 Ti. a anuit gr. bruie E — 5 d'Orkanie £ — 6323L. grignour (plus granz À) T. que on puist trover mie — 6324 f. ne sera ja proisie E, n'estra ja esproisie À — 6325 N'a si grant Turc (home 4) en toute Esclavonie

(dusqu'en

Esclarbonnie

À).

274

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Renouars l’ot, durement se gramie, lo mesagier saissit par aramie; el pret lou giete plus de lance et demeie, par un petit n’ait la teste froisie. « Cuvers, » dist il, «buvés vostre folie! Se n’iert por Deu lo fil sainte Marie, ja vos avroie celle teste tranchie, cant d’un gloton me fais si grant ventisse. »

6328 6330

6335

« Voir,» dist Guillaume, «ores fu ce folie! Renouart sire, ce estoit nostre espie;

ne deüssiés faire telle Dist Renouars : «Ne Bien reconois que j'ai Lo més apelle et vers «Or

sus,

beau

folie ! » m'en sovenoit mie. fait felonie. » lui s’umelie :

freire, ne vos

esmaiés

6340

mie

se jai vers vos faite outrecuiderie. Droit en ferai devent la baronie; molt volantiers en ferai amendisse.

6345

Ce poise moi

6347

se la cuisse as brisie. »

CXCVr Dist

Renouars

: «Or

n'aiés esmaiance!

Ce poise moi se t’ai brisié la hanche. 6344

6348

6350

outrecuidie.

6326 S'il (Si 4', Se 4°) le feroit dou puig joste (de son p. lez 4) l'oïe — 6327 Ne li euist la cervele esmoutie (esmoitie 4) —

.1 La soie force toutes autres

onbrie E — 6328 d. s'en — 6329 Son mast tenoit qui ja li fist aie À — 6330 A une main le prent a une hie — 6332 C. lechierres À — 6334 Nen À — 6335 esmoutie E, esmiie 4', esmie 4° — 6336 gl. nos faites tel :vantie E, noncie A — 6337 G. fait avés vilonie E, or refu f. À — 6338 R. frere — 6339 tel vilonie E, tel felonie 4 — 6341 estotie E : q. je ai f. folies À — 6342 Il vint (cort 4) à lui; envers |. E — 6343 v. anuit il m. — 6344 Se ai 4!, J'ai envers 4° outrecuiderie — 6345 f. voiant — 6346 amendie E, l'amendise A — 6350 Cas route la pance À.

COLÈRE

DE

RAINOUART

Mais trop faissoies do paien grant ventence; il me tornoit a molt grande viltence. Si me sanbloit que ceu estoit ventence. Car venés sa, si n’aiés pas doutance; de Gadifer dites moi la sanblance, quex hons est il et de quel contenance. » Et dist l’espie : « Mal ait vostre acointance, ne qui jamais avra an vos fiance! Petit s’an falt ne m'’avés rout la pance! Et nonporcant je voi bien l’amendance: de Gadifer vos dirai la sanblance. Il ait de grant assés plus d’une lance, la teste ait lee d’une chaudiere grande. Sachiés qu'il est de fiere contenance. S’ait grans les bras, ne sanble pas de France, et s’ait piés durs et s’a dure la pance. Tant par est fors et de fiere puissance ne prisse vos ne autrui une lance; la soe force toutes autres balance. Se Dex

nel fait, dure

toute

. [d]

6355

6360 6364 6362 6365

"1

iert la desevrance,

que n'estes pas de telle remenbrance. » Dist Renouars : «S’or ne m'estoit viltance, jamais de lui ne feriez ventence. »

6368.1

275

sl 6370

6371

autre.

6351 M. tu f. d. p. tel v. — 6352 Qu'il ; gr. anuiance — .1 Il E ; viltance 4 — 6353 ça et n’i a. d. E; n’i a. més d.

À — 6354 D. G. Me contés une brance E,

me d. À — 6355 est ce À — 6356 D. li esp. E — 6358 Que por .i. (A par .i. A, A pa ne 4°) poi ne m'as brisie (route À) ; la hance E — 6359 E requedent b. en prent — 6360 l’acointance E la Serterce À — 6361 Il a de gent E — 6362-65 EA suivent l'ordre de c — 6364 L. t. a (L. t. 4) grosse comme — 6363 Or te dirai .i. poi de sa sanblance — 6365 S’a 1. b. gros ; d'enfance — .1 S’est par mi gros asés plus d’un (p. le ventre pl. lez que une 4) lance — 6366 Si a ; p. dours

A', dors 4°; et jambe de serpente — 6367 d. grande (si grant 4) p. — 6369 n’autrui une balance —

.1 t. la nostre À, toutes autres E, estance — 6369.1 mie

de E ; Q. ne t’esmie de la darrainne branche À — 6370 ne m'iest a (en À) v. — 6372 Mais caestés me devee E ; Ne mais valours me chastoie À ; et devanche.

LE MONIAGE

276

RAINOUART

II

CXCVIE Renouars ot que Gadifers est tels, qu'il est si fors et si demesurés et si garnis et si bien aprestés; de maltalant li est li sens müés. De lui veoir est en grant desirer et de conbatre est molt entalantés. Dist a Guillaume

: « Beau

6373

6375 1

sire, or entendés

:

s’iert la bataille lo matin en ces prés, sin ait l’onor cui Dex l’a destiné. Veez vos vitailles gastees et vos blés; en autre terre estes ci arrivés, entre tex gent dont n’estes pas amés; tost poroit estre cist pueples afinés. Tiebaus volroit — bien en sai ses pansés — que trives fussent dec’a .Il. jors passés. Lo matin soit li estors esgardés el non Celui qui an crois fut penés. » « Voir,»

dist Guillaume,

«si soit con

6378

6380

k 6385

dit avés.

Si sera fait con vos lou commendés, vostre consail doit bien estre greez. Mais car me dites les vostres volantés, de quelles armes volés estré armés? Cist Sarrasin est molt demesurés, ans mais ne fut ansin fors Turs trovés: je suis forment de vos espoentés.

6390

[337a] 6395 6396

6378 or manque.

6373 Mallefiers E — 6374 si grans — 6375 1. vis m. E£ — 6376.1 manque À ; v. e. forment desirés £ — 6377 c. molt bien E, forment 4 — 6378 or m'ent. — 6379 mandés Tiebaut que les trives rendés — 6381 S'en iert l'o. que D. evnra a grés E : l’o. quil [sic] (cui À°) il est desirrez À — 6382 nos : nos — 6383 E. autrui — 6384 mie — .1 manque À ; e. vos peules afamés E — 6386 ans p. — 6383 Le matinet s. l'es. E ; asanblés — 6388 En Icelui À — 6390 S. s.il come avez devisez À: v. deviserés E — 6391 agreez À — 6392 M. or — 6393 ar. vous voriés £ — 6394 si d. E — 6395 C'aine E: f. hons tr. À — 6396 Si s. f. POULE 65981 V:

RAINOUART Dex,

IMPATIENT

DE SE BATTRE

DE

Nostre Sires, soit hui vostre avoés ! » Renouars : « Orendroites l’orés :

6398

icel tinel que vos ici veez porterai ge o moi sel me loés, mais ans de fer sera bien virolés, a bones bandes et loés et ferrés. Broches d’acier i avrons ans boutés, et uns anés sera daiers fermés par ou mes bras sera dedens boutés qu'il ne me soit en l’estor eschapés. Un brans d’acier me soit ansin livrés, si l’avrai Çaint a mon senestre lés, et .Il. haubers en mon dos me metés, et un bacin de fin acier temprés, et mon fort hiame qui est d’acier fondés. Ce sont les armes dont ge serai armés. » «Voir,» dist Guillaume, «si iert con dit avés. » Au tref Tiebalt, qui tant est redoutés, fut Gadifers, qui tant est alossés, sor .IHIT. pailles vermalz et colorés; environ lui et rois et amirés. Tiebaus l’apelle con ja oïr porés : « Gadifer sire,» dist il, «or m'entendés : la bataille iert lou matin ens es prés. Quex sont les armes dont vos volrés armer?

6400

Dist

6405

6410 2 6412 6414 6415 6416 6418 6420

«|

6400 Mon rice mast — 6401 Portrai o moi se ensi le |. Æ, P. je se vos le m. 1. A — 6402 M. a. sera fierloiés et (a .. corons À) bendés — 6403 b. I. et traviersés — 6404 d'ac. par miliu me metrés £ Br. de fin ac. par le milieu ferrez

A — 6405 U. an. fort E, an. soit 4!, an. i soit 4°: par derniere sodés — 6406 Par ni (ont A!) m. (P. le mien 4°) br. s. mis et b. — 6408 me sera delivrés £, m'estra aprés |. À — 6409 m. senestrez 4' — 6410 m. chief getez AT manque — 6411 Et .ï. f. h. en mon cief fermerés (me fermez 4): A! répète en mon chief me — 6412 C'ierent — 6413 Jou n'en ruis plus çou estera: 6414 G. tot sera vergondés (a vos grez À) — 6415 En l'ost T. a son plus mestre trés — 6416 Sist G. li fors (rois 4) desmesurés — 6417 Li plus fors (maus 4) hom qui de mere soit nés — 6420 Tout entor — 6421 Tiebaut ap. 4 — 6422 il omis E : Dites moi sire À — .1 m. or (ce À) savés — .2 Et il ert jors jusqu'a pot ajornés — 6423 De queles ar. serés vous adoubés E: do. vos conbaterez A.

LE MONIAGE

278

Renouars

est prous

et de bataille

RAINOUART

II

et molt alossés,

apris et costumes;

6425

si vos esteut que bien soiez armés, contre ses cos garnis et conraés. » Dist Gadifers : «J'en ai a grant plantés : je ai espees et falsars acerés, mes

abolastres

et mes

dars

enpenés;

s’ai miseracles et materas plomés, et javelos et picois acerés; s'ai bone espee et maçue delés. Si ai les pias de .II. luitons faez qui sont plus dures que un acier tenprés;

6430

J 6431 6433 6435

cant on fiert sus, si bondist con malfés; ne dout nulle arme environ ne an lés.

Si vois a piet con chanpions armés. qu'il n’ait destrier desi c’a III. mers qui me portast qu'il ne fust afolés. Et cant ge suis si noblement armés — tos en seroit uns

ronsins

saoulés

[d] 6440



tout ne me poise .II. deniers monaés. Adonques m'est uns travas delivrés, de bones bandes de fer avironés;

dl 6444 6445

fors est li huis cant de fer est bandés: tout environ est li travas hordés,

de glos de fer traillis et aornés. Cant on fiert sus et dedens suis entrés, 6438 Se. 6424 R. e. molt pr. et m. osés — 6425 manque E — 6426 S. v. covient; q. vos s. À — 6427 aprestés E — 6428 D. G. et je en ai assez 4 — 6429 espiex À ; et bons f. asés E — 6430 Si ai (Et s'ai 4) gisarmes et bons d. —

.|] mat. planés

E, et bons m. fez À — 6431 manque À : p. ameurés E — 6432 Mais erbelestres et mes ars entesès — 6434 Si a 4' — 6435 q. nus ac. E, q. ac. bien À — 6438 Si — 6439 Il n'a d. outre les dusc'outre les .ii. m. 4) — 6440 p. qui 4 — 6441-6442.1 manquent E — 6441 Q. j.s. si de mes armes ar. 4 — 6442 manque E ; ro. enconbrez 4 — .1 manque — 6443 Et quant je suis tres bien adobés — 6444 cil tr. E ; aprestez À — 6445 A b. b. ; loiez et traversez À ; f. manovrés E — 6446 h. et tous d. f. b. E; h. qui 4 — 6448 D. oros agus toalliés et enorlés E, D. cers agustre loiez et aourlez À — 6449 s. de fust u de tinés.

LE CHARIOT

BLINDÉ

il ne l’anpire .II. deniers monaés. Sor .IIII. roes est li angins possés. Par tel maniere est li angins tornés, si tost con j'ai vers moi les las tornés, plus tost tornoie anviron et en lés que nulle roe de molin atenprés; je n’1 puis estre ferus ne adesés.

Itex destriers est avoc moi monés qui de bataille est tant bien dotrinés, il n'est nus hons qui de mere soit nés s'ancontre moi estoit en chanp entrés, sus ne li core con il soit forsenés, mais que li frains li soit del chief ostés: il en a .XX. mengiés et estranglés. Je suis leans ansin con vos oés, s’ai mon huis clos et mes verrolz

279

6450 6451 6453 6455

6460 6463 6462 6465

colés;

puis ai mes ars et mes dars enpenés, si trai et rue tot a mes volantés. Par tel maniere en ai ge .M. tüés. » Tiebaus l’antent, .II. ris en a gités : « Gadifer sire, bien faire lo poés! Par Mahomet, sagement conbatés, par grant angin vostre anemi matés;

6468 6473 6475

or sai ge bien, par fine verités, 6468

rui.

6450 Lors font et croise et est lués (froisse si est tost 4) tronçonés ; ce vers est écrit sur deux lignes dans A' — 6451 I. travaus p. — 6452 Tres bien laciés et bien encavestrés — 6453 est l’engeins atornés E ; nouez 4', trovez 4° — 6456 Q. n. muele E — 6457 Je (La À) ne ; atrapés £ — 6458 .I. d. e. au traval ; .I. tel d. est au trere À ; acoplés — 6459 mestriers E, maïtriez À — 6460 Dex ne fist — 6461 m. est en bataille e. — 6463-62 EA suivent l'ordre de c — 6463 Seule I. c. con s’il fust f. E — 6462 Lués q. ; est — 6464 Ja en a dis À : .m. E — 6466 fermés — 6468 rue À ;S. lance et tr. £ — 6469 Et quantje voel mes huis est (v. s'est [s'ai 4*] m. h. 4) desfermés — 6470 Ceure (Car À) a celui vers (a À) cui suis adobés — 6471 Tant me (m'i 4) combac que je sui tous lasés — 6472 Puis

me refier dedens ma tirez 4) — .2 Si me mors rüés £ — 6474 — 6478 O. cui E,

fermetés - .1 Mon huis recloc et mes pons relevés (verroilz raaise (rassie À) tant que sui reposés — 6473 en ai .m. l'ent. si en a r. asés E — 6475 manque À — 6477 grevez A* croi À.

280

LE MONIAGE

RAINOUART

II

que Renouars est a sa fin alés. Mais tant vos di que vos bien vos gardés que li travals dont vos ci me contés soit fermement assis et atornés. Gardés bien soit et loëés et bandés. que Renouars, cant il iert aïrés. ferra tex cos, si n'est bien aprestés, molt par iert fors se il n’est descloiés. Pour ceu lou di or me suis apansés : l’autr'ier en mer fui ge si enchantés, et s'en dui estre et mors et afolés, que Renouars n’est pas hons bien sanés: cant se conbat, bien sanble forsené, ses hardemens li croist et est doblés. » Dist Gadifers : «Ja mar an douterés! Se ne vos est rendus mors et matés, jamais Mahons n'iert de moi aorés, ne sera mais a nul jor aorés. »

6480

6490 6492 6494 6495

CXCVII. Icelle nuit lou laissierent ester dec’au demain que solaz fut levés, c’au roi Tiebalt vait Guillaume parler: si vont lou chanp veoir et esgarder ou il poront ferir et ancontrer. 6483

cant

6500

il iert aïrés.

6480di et : si vous i g. E — 6481.2 s. fierloiés (feroilliez 4°) e. b. — 6482 Q. R.s'iliest a. E; atournez 4 — 6483 co. s'il i est : atelés £. atrempez 4: s'il n'est bien aprestés c — 6484 M. sera f. — 6485 d. que m. s. remembrés E, quant m. s. propensez À — 6486 m. en f.: mal enganés E, molt ench. 4 — 6487 Et si — 6488 Et R. n'est mie b. s. E, R. n'e p. uns h. 4 — 6489 con. touz s. f. 4, il est tous f. E — 6492 S. nel v. renc et m. et afolés E: r. ou af. 4 —

6493 Ançois demain que solaus soit clinés (levez 4) — 6494 Ja en Mah. n'avrai

més creantés — .| Ne tenrai més ne terres ne renés E — 6495 Ne (Ja 4) a nul j.

n'estra més À) coronés — 6497 sol. dut lever — 6498 Que T. va a G. p. — 6499 Qu'il; voist le c. eslire et es. E — 6500 asambler.

PRÉPARATIFS

DE

COMBAT

Entre .II. eues en une ille de mer, gardes i metent pour cel estor guaiter, de l’autre part seront .INII. escuier. Li cuens i met Bertran et Aïmeir, Gautier de Termes, Gerart lou bacheler; de l’autre parti furent .IIIL Escler: c'est Aquilant, lou nevot Gadoer, Esclaudubars,

un

roi d’outre

281

6505

la mer,

et Sinagons et li rois Josüés. Cil HIT. furent por cel estor gardeir; trestout lou chanp ont fait avironer, de bones cordes fait lier et noer que li ne puissent trabuchier en la mer. Li rois Tiebaus se prist a restorner, voit Gadifier, sel prent a apeler : «Jentis rois, sire, 1l vos covient armer por vostre Deu essaucier et lever, et por sa loi maintenir et gardeir envers cel Deu qui se laissa pener

6511 6510

6515

sus en la crois por lou monde salver. Molt vos devroit esnuier et grever cant

il s’en osse

vers

Mahon

reveler,

6520

qui el fumier se laissa estrangler. Desor tos Dex lou doit on bien loer, la soe loi doit les autres mater !» Dist Gadifers : « Bien l’oi oï conter ! 6514

Ce vers mangue.

6501 Esleü l'ont £, E. .i. os À — 6502 p. le camp bien E; garder — .1 manque — 6503 Aÿmer — 6504 et Ger. au vis cler — 6506 Ag. li freres Codroës E, li paiens Codoer 4 — 6507 manque E ; Esclarduhaus À — 6508 Josüer 4! — 6509 p, Gadifier g. E, p. le champ deviser À — 6510 A b. c. ; I. et enfermer E, lacier et arrester À — 6513 s'en p. — 6514 Voit Gadifier sel prent a apeler — 6515 aler E — 6516 P. nostre D. Mahomet creanter (garander 4) — 6517 E. p.

la 1. E ; essaucier et : monter E, lever À — 6518.1 manque À : Ens ; p. son peule s. E — 6519 M. nos E — 6520 Q. i. (si À) se cuide ; relever 4 — 6521 relever E — 1] D.tes D. E: d. bien li nostre (noz À) aler — 6522 monter E — 6523 B. l'ai.

282

LE MONIAGE

RAINOUART

4—

Et ge m'irai orendroit adouber; ja me vairés fierement demener. » A ces paroles se prent a restorner, puis fait un paille devent son tref giter. Ioc s'asist et si se fist armer, toutes ses armes avoit fait aporter : chauces de cuir qui sont de chapoer, qui seult en mer venir et converser, fait en ses genbes et lacier et fermer. Li vil diable firent lou cuir tanner ens enz l’abisme ou solent converser ; fers ne acier ne lou puet entamer. Cant Gadifer velt corre ne aler, ansin lou fait bondir et resoner, comme diable qu'ileuc doient aler. Puis prist sa safre en son chief l’a fermer, qui tant est dure qu'on nel puet entamer. Et puis aprés prist un chapel serré qu'il avoit fait de bon acier tenprer; a III. clos l’avoit bien fait serrer qu'il ne li pot falseir ne antamer. Li coins en fut d’un chapel d’outremer: fees lou firent en teil androit fermer, 6530 fer — 6543 q..l (illisible) ne p. — peut-être un h mal formé.

6547.1

[d] 6525

6530

6535 6538

6540 6542

6545

si

luns : la première lettre est

6524 ir. a mon tref— 6525 Hui ; mais v. À — 6526 s'en EAŸ — 6528 s'as si s. f. adouber — 6529 Ses ar. fist 4 : C. d. cuir d'un quapoer 4!, C. d. c. d’un chié dur q. 4° —

6531

en Inde antrer (norrir À) et ce. —

6532 janbes lac. et

enserer (aprester 4) — 6533 Li vis — 6534 Es vau d'Abisme — 6536 De ii. lutuns va les piaus afuler (endosser A) — 6537 Dex ne fist arme : qui dedens puist entrer E, nes deüst redouter 4', nel deüst molt doter 4 — 6539 Forment les f. E£ — 6540 Diaule resamble (Deable semble À) qui par nuit siot (voille 4) al. — 6541 Qui soit d'infer issuz et eschapez 4 — 6542 Ens en son oh. fait son s. geter E, P. (Bien 4°) fet À : ch. bien f. 4 — 6543 qu'en nel :engrumer 4 — 6544 ap. fet. .i. c. fermer E; E. p. a fait ..i. c. enfremer À — 6545 f. d'un b. (dur À) ac. ouvrer — 6546 coins; l’av. fadouber E ; souder 4 — 6547 C'arme

nel (C'on ne le À) puist enpirier ne fauser — .1 Uns coins (Li heus 4) e. f tel folet de mer — .2 par t. end. 4; faer.

d'un

GADIFER

S'ARME

283

de tel angin et faire et gluer, c'on ne lou puet manoier ne cobrer, en

nul endroit

ne

sachier

ne

4

torner:

6548

por sou lou fait Gadifer enserrer. Aprés li font s’espee delivrer; Marsa la blonde, ansin loi nommeir. Un roi paien qui Rome doit garder faire la fist a son grei et garder. A .XV. piés l’ot en fait mesurer : un piet fut lee a trestout lou coleir. Cant li solalz luist sor l’espee cler, plus est vermaille que n’est or d’outremer; ce est une arme qui molt fait a douter. Puis fait sa mace devent lui aporter; d'or est la teste et li clo d’argent cler, assés plus grosse que teste de sangler. Grosse est la mace, com 1 a que porter! EI chief devent 1 fist broches bouter por mialz ferir et por mialz assener; s’out II. barraus de basme d’outremeir que faees orent molt bien fait destranpeir. Par teil maniere l’orent fait devisseir Deu ne fist home, crestien ne Escleir, s'il iert navrés 6555

desi au

6554 6553 6555

6558 6559.1 6560

A]

[3384]

devier,

demorer.

.3 D. tele cinture le fisent englüer —

6549-50.1

6550

manquent 4° —

6548 manque E; N'en À; tirer À —

6549 Ne li (lors le À') conviegne hors les mains

desevrer (engluer 4!) — 6550 f. en son cief enformer E; G. enforrer 4! — 6550.1 Tant sot de mal que Dex li puist doner Æ, C’on nel puist prendre ne sachier ne tirer À' — 6551 Et on li va E, Et puis li vont À — 6562 Paselebrande £E, M. li done 4 — 6553-6554 EA suivent l'ordre de © — 6553 Forgier 1. f. et faire et manovrer E; fi. et forgier et ouvrer À — 6555 A douze À : mesurer — 6556 Plain E, Trois À ; acontre le soller £ ; coler 4 — 6557 Que À; sol. fiert E£ — 6558 que feus à alumer — 6559 Dex ne fist arme devant lui puist (qui p. a lui 4) durer — .1 manque À ; loer E — 6561 li claus E, li clou À — 6562.1 Grande est la hanste peu E — 6563 dev. a fet br. souder À ; fermer E — 6564 P. m. percier À — 6565 .IL. barillés (barisiaux À) — 6566 Q. f. fisent et faire et d. —

6567

m.

(endroit

4) l'avoient

f. faer —

6568

manque

E.

LE MONIAGE

284

RAINOUART

II

6570

mais solement c’an poist avaler de l’ognement et oindre et adesser, que maintenant n'estuist repaser, toute la plaie et joindre et resoder. Cel oignement ne volt pas oblier; a sa çainture le fist. pandre et lier. Cant

si se fut Gadifer

6575

conraez,

Dex ne fist home qui nel poist douter. Puis li ont fait son travail amener, toutes ses armes 1 fist li rois bouter; et puis i fist son

destrier

6580

asteleir,

qui en bataille siaut la gent estrangler. Par devent lui l’a fait el chanp moner, ja lou conoissent Sarrasin et Escler. Et dist Tiebaus : « Gadifer, gentis ber, pe vos esteut de Renouart douter. Vos lou verrés durement assanbleir et viltement as premiers cos geter.» Dist Gadifers : «Ja n’en esteut douter ! Plus sai d’estors sofrir et endurer que nus falcons ne ostors de voleir. Je lairai primes Renouart bien lasser, puis istrai fors por son cors vergonder. » Et Gadifer n'i volt plus arrester. Sor son travail lou fist on tost bouter de Mahomet une image posser,

6572-73

Ces vers manquent.



6585

6575 les.

6570 Pour E ; s. qu'il p. : alexer E, (adeser 4) — 6571 Se l'o. i alast adeser E, Et de cel o. .i. petit atouchier 4 — 6572 Que (Nel convenist 4) maintenant estuist repaser (m. r. 4) — 6573 Toute la plaie : et joindre (rajoindre 4) et resoder — 6574 niv. 4 — 6575 c. l’a fait p. e. noer — 6576 C. s. s'ot (s’iert À)

fait G. adouber —

6577 h. nel p. redoter E, nel deüst molt d. 4 —

6580 son

ronchi E — 6582 le f. E — 6583 La le convoient — 6585.2 v. ruistement E, —

4 D. G. il À ; parler E — 6587 Q. ne set faux 4 — 6591 Desi au camp ne se v. ar. —

6592 tr. li ot on (qu'en li ot 4) fet lever —

A; après ce vers E répète 6592.

6593 im. d'or mer £, souder

LE DESTRIER

DE

GADIFER

et Gadifers s’ira reconforter cant il devra a Renouart joster. Gadifers fait son travail arester, en mi lou chanp lou fait tot droit moner. Dont commensa ses destriers a giber, sor .IIT. piés forment prist a grater; son aversaire seult ansin apeler a icelle ore qu'il doit an chanp entrer, a cui ses maistres doit conbatre et aler. Dex ! Quel cheval! Con par fait a douter! Rois

Gadifers

l’ot bien

6608 Vez. — —

devent 6614-16

| 6595

6600

fait atorner,

de coverture de fer acoveter c'on ne lou puist ocirre n'’afoler. Cant François voient telle estore moneir et teil fierté lou paien demoneir, dist l’un a l’autre : « Veez quel bacheler ! Quex hons de char poroit a lui dureir? Que viaut il faire, velt nos il anchanter? Vora :il faire son auferrrant tumeir? Sainte Marie, con il fait a douter! Heiï, Renouart, nobille bacheler, or savon bien, ja n'en estuet douter, vostre viertus ne pora plus durer ! » Et Rainoars le prent a esgarder. Cant li lo voit en mi lou pret ester et sa maçue

285

6605 [b]

6610

6615

lui degiter, Ces vers manquent.

6594 U — .1 capler E, hurter À — 6595 tr. armer E — 6595 aler E, ester À 6597 hoer — 6598 De ii. p. entor lui; rejeter 4 — 6600 que en c. d. E,

qu'il sot À — 6601 Que a son m. ; meller — 6602 comme (com il 4) f. — 6603 l'avoit (l'a moit À) b. f. armer — 6604 mangue E — 6605 Que on nel p.

enpirier ne grever Æ — 6606 v. cel est amener — 6607 manque E — 6608 veës E, Q. h. est ce qui vers lui puist d. 4 — 6611 tumber À —- 6612 tant f. a redoter — 6614 Or savon bien ja n'en estuet douter 4 — 6615 Vostre viertus ne pora plus durer — .1 Dex Nostre Sire te puist t'onor sauver E — 6616 Et Rainoars le prent a esgarder — 6617 v. si grant el p. e. — 6618 manque E: m. qu'ent y a que porter À — .[ Trestous li sans li prist a remuer.

RAINOUART

LE MONIAGE

286

II

dist au François : «Or poés esgarder !» lou plus grant Turc dont oiïssiés parler

6620

CXCIX. Quant Renouars a veü Gadifer en mi lou chanp ansin grant et plenier, et sa maçue

por

lui esbanoier,

si

a son travail asteler son destrier — cant il voloit, sel faissoit tornoier assés plus tost que roe de monier — de Deu de glore se commence a signier, car

il cuidoit,

a celer nel vos

6625

quier,

c'an cel angin lo vosist on lancier. Or ot paor Renouars a vis fier; lors en est il antrés en tel cuidier que tos li sans li prist a remüer. A lui meimes prist a contralier : «Hei,

prinsautier!

6634

Vos ne prisiés tot lo monde un denier; ceste bataille preïstes vos l’autr'ier, sor vostre fil l’alastes challongier. Tex cuide tout et faire et embracier,

6637

6640

Renouart,

trop estes

6630 6632

6640

bacier.

6620 do. on (nous À) oïst p. —

Entre les deux laisses se trouve en E une

grande et belle illumination portant sur treize lignes du manuscrit. À l'intérieur de son travail, qui ressemble ici à une petite chapelle, Gadifer porte une énorme épée. Egalement à l'intérieur, séparé par une grille, Rainouart tient sa massue, qui est moins impressionnante de taille. Une légende au-dessus dit : Ci parole cist estore comment Rainoars tue Gadifer le plus fort Sarrasin qu'onques fust en

son travail — 6622 c. si gr. et si pl. — .l manque E; A s. m. qu'il tint e. 4 — 6623 atoile — 6624 Q. il se torne (le saiche À) si le fait t. — 6626 commença A*

— 6627 ou. mentir ne v. en q. E: cel. ne 4' — 6628 v. enlacier EA' — 6630 Et or (Ore 4°) —

6631 En tel effroi et en tel tenpestier —

6632 formoier —

6633

À soi m. 4 — 6634 H. R. con — 6636 Devant tous homes vous volés avancier (essaucier À) —

essaucier A*.

6637 Et E — 6640 t. saisir E : et enbracier EA! : t. en fait et

INQUIÉTUDE

DE RAINOUART

287

qu'il ne seit mot, si se voit trabuchier. Et cil diables fait molt a resognier! Que dirai ge? Lairai je cest mellier? Dirai Guillaume lo marchis a vis fier c'un

autre

en

face por

moi

aparaillier,

que n'oseroie vers cestui chaploier ne assanblee ferir ne commencier? Et que diroient cil baron chevalier, qui tant me solent et prisier et loer? A tos Jors mais avroie reprochier, canque j'ai fait ne valroit un denier !» Puis dist aprés : «Je puis trop deloier. Ha, Renouart, trop te pués esmaier! Car ans nul home ne volsis resognier, et or volés ores tout conchier et vos grant pris honir et abaissier cant por un Turc vos voi si esmaïier, et coardeir et foïr et mucier ! En Aleschans el grant estor plenier en ocis ge plus de .XXX.M.! Mais par l’apostre a cui ge doi proier ne me tenront li paien por lanier que ne li voise tout mon droit desraisnier, en l’onor Deu nostre loi essaucier. Ans que m'en parte, lou cuit si maistroier au departir ne valra un denier !»

6645

3 6650 [c] 6653 6655

6660

6665

6641 Que EA°; n'en s. m. quant Æ — 6642 Icis — 6643 Q. ferai ; mestier — 6644 D. je dont E£ — 6645 aut. 1 — 6647 N'i À ; assenblee fere Ac — 6648 Que diront ore ; li vaillant c. £ — 6649 et douter et proisier — .1 manque À ; m. en arai reprovier £ — 6650 ne me vaut E — 6651 ap, or — 6652 avillier — 6653 Qui a. mais £ — .1 Tant le veïsse ne orgillous ne (mirahileus et 4) fier — 6654 Et or volés mauvesté enbracier — 6655 Au daerain v. t. c. EA', Et au derrain v. trestot c. 4° — 6656 avillier E — 6657 formillier À — 6658 Et ça arriere À ; et guenoir et m. £ — 6659 Aliscans — 6660 En as ocis (ocecis À) asés pl. d'un millier — 6661 l'ap. que on requiert a pié 4', qu’un a Rome requier 4° — 6662 tenra — 6663 calengier — 6664 No. Pere es. E — 6665 parce E.

288

LE MONIAGE

Lors commença de matalant

RAINOUART

II

les iolz a rooillier,

commence

a sorcillier;

vient a Guillaume, si commence a huchier «Lo plus grant Turc or poés esgarder c'ans

veissiés

ne

:

oïr ne conter;

d’a lui conbatre ai molt grant desirrer. Mais ceu que est que il fait charoier? Volra il moi et fermer et lacier? Je me dout molt ne me volle lier !» « Voir,» dist Guillaume, «nel vos quier a celer : c’est un traval qu'il a fait astelleir dont il te cuide donter et chastoier. » Dist Renouars : « Volra il me ens mucier? Cuidera moi servir de tel mestier? Sera ce ores au reponoi clignier, suis ge or anfes qui doie esbanoier? Par cel apostre a cui ge doi proier, o voille ou non lo covient estrangier et issir fors tout en mi lo gravier. Or sa mes armes! Trop me puis deloier! S'irai a lui mon barnaige essaier !» Dont i corurent sergent et chevalier; devent lou tref Guillaume Bracefier li estandirent un paille de quartier. Iloc

li vont

unes

6669 6672

chauces

6675

6680

1

6685

6690

chaucier;

6669 si li prist À — 6670 Sire Guillaume molt me (trop vous 4) poés targier — 6671 Vés la venut ou camp je Gadifier E : V. I. ou c. À: v. li averssier 4", ja l'av. 4° — 6672 T. (home À) bien le puis aficier — 6673 C'a. mais peuise veir ne £, Que ainz veïsse ne peuise À : accointier — 6674 Més du c. ja gr. A: desirier — 6675 M. qu'ese ore E, M. que ce soit À : que li voit c. À — 6676 M'i v. il enfermer ne loiier — 6677 Ja À ; mi E : v. engignier — 6678 Et A:a c. ne (ne 4) v. q. — 6679 que il a f. forgier — 6680 mestroier £ — 6681 D. R. s'i v.

im. E, v. cil la m. E — 6682 C.il E, C. m'i 4', me 4° — | manque A:S. c.

dont a reponiaus mucier E — 6683 enf. c'on — 6684 ap. que requierent paumier E — 6685 l'en c. E : essaier E, enseigner 4 — 6686 À icil f. 4!, A is. f. A”; et pié E : dehors en cel herbier 4 : e. m. l'ierbier E — 6687 M'i : p. atargier E — 6688 Et si ir. — 6689 escuier — 6690 d. g. le marcis B. E — 6691 Ont estendu E: .i. palë a (paile ouvré d'A) or mier.

RAINOUART

S’ARME

bone est la maille, nus ne la puet prisier. Puis vest l’auberc qui fut roi Bonefier, a doble maille, nus nel puet enpirier, tos est dorés et devent et daier: n'iert pas pesans ans estoit molt ligiers. Puis lace un hiame et mervaillos et chier, a Montaban l’avoit on fait forgier; mais Renouars l’ot ja fait essaier : ferir i fist d’un riche branc d'acier, ans ne lou pot falser ne anpirier. Çaint une espee qui fut roi Morahier : plain piet fut longe d’un autre chevalier, une paume ot de lé et un quartier, une grant toise puet 1 on brarcier. Bons est li brans et molt fait a prisier; li bers la çaint a son

289

6694 6693 1 6695 [d]

6700

6705 |

flanc senestrier.

Li cuens Guillaume li vost lo jor baillier sa bone espee Joiose, qu'il ot cher, dont Chalemoine l’avoit fait chevalier, mais Renouars lou santit trop legier. Dist a Guillaume : « Faites la estoier; ne m'en poroie mie trés bien aidier. » Puis prist son mal que il conquist l’autr'ier, celui ne volt remüer ne changer: aus dous corneis l’ot fait de fer loer et un anel por son bras ens bouter, dont il lou puist envers lui resachier. S'i ot fiechié .XV. broches d’acier

6710 À 2

6715

6694 m. el ne puet enpirier Æ, on nel p. enprisier À — 6693 Brucefier E, Butefier 4', Bucefier 4° — .i A treble m. £; le fisent boin ouvrer — 6696 pas omis À — 6697 h. miravillous et fier — 6698 Montaubert Æ — 6699 l'ot ainçois essaié 4° — 6700 III. cos i f. traire .1. arbalestier — 6701 Cil 4 — 6702 Trait £ : Manaier 4 — 6703 P. p. ot plus qu'a E — 6704 Et s'ot de I. plain pié : o le caucier

Æ — 6705 .II. ; i p. enbracier (braçoier 4') —

.1 manque À —

6706 L. b. li £ — 6710.1 f. le me est. À : f. la ostoier E — .2 p. noïent t. 4 — 6711 mast — 6712 Cel n. v. il À ; ne müer n. c. E — 6713 À. d. corons: l'avoit bien fet E : loier — 6714 an. a E : ploier E, br. enploier À — 6715 Que 4; D. I.

peuist ariere r. £ —

6716 S. o. bouté: boces E.

290

LE MONIAGE

RAINOUART

II

por miaux ferir et por mialz chaploier. «Renouart frere,» dist Guillaumes a vis fier, « vestés ancor cestui hauberc doublier qu'il ne vos puist navrer ne anpirier. » Dist Renouars : «Sire, plus ne vos quier. Ne me voil pas de garnemens chargier, car ge voil estre en bataille ligier por tost guenchir contreval cel herbier. Je sai molt bien veoir cel aversier que s’il me puet antre ses bras baillier, la moie force ne valroit un denier. Je lou volrai de molt longe essaier et referir et puis retraire aier; ja autrement nel poroie anpirier. Cuidiés vos, sire, je voille a lui luitier? Naie, biau sire, a celer nel vos quier !» Cant fut armés, son chief prist a saignier, puis vait la messe escouter au mostier, lou crucefi

aorer

6725

6730

1 [339a]

et baissier;

puis vait au prestre ses pechiés acointier. Dist Renouars : «Ne vos sai que plaidier. De ces paiens ai fait mains lapidés, et detranchiés,

6720

6735

ocis et afolés;

mien escient, mentir ne Vos an quier, par moi sont mort .XXX.M. millier. Mais d’un pechié me puis molt esmaier, dont ge me dout avoir grant anconbrier cant g'iere jone et Je fui cuisinier

6740 :

6717 estricier E, estecier À — 6719 V. e. autre E, .i. blanc 4 — .1 Et (Et i. À) autre hiaume en vo tieste (vostre chief 4) lacier — 6720 C'on E — 6721 s. je

pl. n'en q. Æ, s. plus n'en requier À — 6722 p. d'armes ensi — 6723 est. et corans et |. £ — 6724 Plus À ; gravier À — 6725 Je voi m. b. et sai de l’av. (tel

l'av. 4', tel av. 4°) — 6726 Se il E ; s. point b. À — 6727 n'i v. E — 6731 s. c'a lui voise |. E — 6732 manque — .1 Or est — 6733 La m. ala E — 6734 L. c. encliner À — 6735 P. vient E ; anoncier 4 — 6737 f. molt E ; baallier — 6738 E. lapidés et oc. et luitier (au levier 4) — 6740 m. plus de .xxx. m. (.xxxiiii. m.

A) —

6741

me

fait E —

6742 d. d'av. 4 —

6743 Ça en ariere quant.

RAINOUART

SE CONFESSE

291

et J'atornoie a Loïs son mengier, lou plus bel més, a celer nel vos quier, faissoie ge a mon oeus estoier. » Out lou li prestres, un poi se trait aiers:;

6745 H

de joie rist, ne se pot atargier : Renouart

freire, » dist il, «ne

t’amaier.

itex pechiés font molt bien a laissier. Rendés vos corpe et pansés d’esploitier: en penitance vos voil ansin chargier de Deu

amer

et de Lui

6750

tenir chier,

et de sa loi lever et essaucier. » Dist Renouars : « Bien lo voil otrier. » Desi au chanp ne se volt atargier. Forment l’esgardent cil baron chevalier; Hi cuens Guillaume commença a huchier : «Va, Renouart! Cil Dex te puist aidier qui s’aonbra en la Virge moillier, et il te laist sain et sauf repairer !» Et Sarrasin prenent a fremier, li uns à l’autre lor prent à consillier : «Or vairés ja un estor si plenier. Or esgardés quel cors de chevalier; par Mahomet con il sanble ligier! Bien se devroit nostre Dex corocier c'onques nel volt amer ne tenir chier. » Dist l’un : « De coi vos oi je ci plaidier?

6753 6755 6758 6760

6765 6766 6768 6770

6772 oi oi pl. 6744 Et at. Loeÿs E, J'at. Looÿs a m. 4', lat. rois L. au m. 4° — 6745 ne v, E ; Tout le pl. b. ne v. q. a noier À — 6747 ne s'en EA' — 6749 I. p. doit (puet À) on b. delaier — 6750 c. p. del avancier E ; c. si p. À — 6751 v. voroie c. E, v. v. je (le omis A!) ci c. 4 —- 6753 |. tenir À — 6754 De ces paiens (cel paien 4) ferir et mestroier — 6756 A tant s'en part (va 4) si se retraint (s'en repaire À) arier — 6757 Par mi ces tres traïne (tertres traïnant À) son levier — 6758 D. au

chaple ne s'i À — 6760 G. li commence E, li a pris À — 6758 D. au chaple ne s'i À — 6760 G. li commence E, li a pris À — 6762 Q. s'esconsa ; la digne M. A — 6764 formier À — 6765 l’aut. se prist E; Dist l’un a l'aut. or lessiez le noisier À — 6766 Que ja v. E — 6767 Vés Rainoart par mi cel sablounier — 6769 comme s. E — 6770 B. sen E ; aïrier — 6771 Quant il — 6772 De coi d. l'autre v. o.; ci deplaidier E, je ci p. À.

LE MONIAGE

292

RAINOUART

II

Nel pandit il sor lou chastel l’autr'ier? Or lou vairés

ancor

hui esvaillier,

14 22)

car hui cest jor lou vairés vergognier !» Et Renouars

ne se vost

atargier;

tant à aleit qu'il trova l’aversier en mi lou chanp gissant desor l’erbier, a son travail astelé son destrier. Et Renouars lou prent à araisnier : «Dites, vasas, molt vos voi cointoier qui contre moi ne vos daigniés drecier: molt par iés ores et corageus et fiers. Molt m'emervail cant ge sui si lanier que ge ne t'ai ferut de cest levier ! À grant mervaille me puis or mervaillier. Di que

demandes,

Sarrasin

tu si doleros

6780 6781 6783 6785

losangier!

lés tu si fos que tu oses noncier Que Mahons vaille contre Deu un denier qui se laissa estrangler el fumier? Se iés si fos que tu veulles noncier que Dex n'ait tot en sa main a baillier, et ciel et terre a tot a justissier, et qu'il n’est Dex leai et droiturier, et conseùs en la Virge moillier por nos salver et fors d’anfer giter, se ce ne crois, bien lo puis afichier, ansois que voies lo salail asconseir,

en avras

6775 [b]

6790

6795

loer

6786 Dist. .I sor .i. oretiel E — .2 Dient li autre li (ja 4) v. esvillier — 6773 le vora v. E — 6774 ne si À — 6775 T. a erré À — 6776 b. m. le pré E — 6777 tr. atacé E -— 6780 Qu'encontre E : v. volés d. £ — 6781 M. a en vous orgillous pautonier — 6782 Molt vous (Poi me 4) poëés en vostre cuer proisier — 6783 me. que estes £ ; M. me merveil que 4 — 6784 manque E ; Q. ne t'ai ja À — 6785 m'en p.: esmervillier £ — 6786 pautonnier E — 6787 que o. (q. tu voille 4!, q. voeilles 4°) aficier — 6788 Q. tes diex 4 : Ma. vaut mius que Jhesus li princier

E — 6789 Il E — 6790 q. tu oses noier EA!, q. o. renoier 4° — 6792 te. et t. (trestout 4) —

6793 e. q. est

À — 6794 Qu'il (Qui À) s'esconsa : e. |. digne À

— 6795 sacier — 6797 v. senores a l'anuitier E : sol. abessier À — 6798 manque E; En averas .i. si mortel |. À.

ÉCHANGE

D'INJURES

que en ton sanc te poroies baignier ! » Gadifers lot, lou sanc cuide changier, de maltalant cuide vis enragier. Il lou regarde et prent a sorcillier. Tant ot lou cuer et orguillos et fier, Tant ne lou sot fierement menacier qu'il se daignast por Renouart drecier. Mais itant fist qu'il s’asist sor l’erbier, janbe sor autre par mervaillos dangier; ansin l’esgarde con lou deüst mengier. Renouart voit, sel prent a ladoier : « Dites, vasals, venés vos por plaidier? Lichieres glos, traïtes pautonnier, cuides me tu por si poi esmaier? Chaitis ribals, avoltres, culinier, hume broet et ramoie saillier! Je ne te pris vaillissant un denier; molt m'et depit que a toi vien plaidier. Tant te tien vil comme un püant levrier, ne daigneroie pas a toi chaploier; tost me seroit adés mais reprochiet. Se t’ocioie, ce sanbleroit vilté. Cuides tu ores tant me voille abaissier

que de ma 6803

I. —

main 6813

te daignasse

mes

; prison es. —

293

6800 6801 6803 6805

6810

6815

[c] 6821 6823

touchier? 6821

ociocoie.

6799 Dedens ton cors ferai ton sanc b. E ; sa. porras ton cors b. À — 6800 l'o. bien cuida erragier E — 6801 D. m. commence a formiier (reoillier 4) — 6802 Comme diables loïsiés grondillier (grondillier 4) — 6803 Il 4: Et regarda E — 6804 Qui I. c. o E — 6805 T. n. s'oi — 6806 Q. ne E — 6807 M. que tant f. E, M. tant f. il 4 — 6809 Il le regarde c. sel À — 6810 pr. le à avillier £ ; V. Gadifer À : aresnier À — 6811 D. ribaut E — 6813 Me c. t. E, C. me t. À : por si poi — 6814 C. dolenz 4 ; pautonnier E, cuisinier À — 6815 Fol (Faus À) h. bruef (breus 4) et remus fumier (ramonne foier 4) — 6816 prr. le

monte d’un d. £ —

6817 M. m'est petit certes de ton dangier —

ribaut (dolent À) et cendrier tendrier 4) — 6819 N. d. contre E —

6818 v. et 6820 Torné

m'esroit (estroit À) tos jors a reprovier — 6821 Se t’ ochioie c, Se t'atouçoie: or t'en reva arier Æ£, més or te va noier À — 6822 Caitis ribaut estrumelé pancier — 6823 or. que m. E: avillier — 6824-26 manquent E.

294

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Ja por teil home ne me vairas haucier, que mon parage en poroie avillier, ne ja mon pris n’en poroie essaucier.

6825 a |

Mais por mon Deu alever et haucier, se tu voloies conbatre a mon destrier,

je lou t'irai orendroit desloier. Se il te vaint et puet a fin mener,

6830

bien me

6832

poras par itant aquiter. »

Renouars

l’ot, lo sanc

il li respont

cuide

desver;

: «Et ge miolz ne te quier. »

CE: Rois Gadifer fut molt de grant air, ne se daigna por Renouart guenchir, fors solement que il s’ala seir; Renouart voit, sel prent a escharnir : «Dites,

vasal, molt

avés grant

air,

et de conbatre avés molt grand desir. Je l’ai juré, ne no doi pas dedir, que a nul home ne doi en chanp guenchir s’a mon cheval ne vait ansois ferir. Mais

se alés mon

cheval

6835

6840

envair,

se tu lou pues mater et desconfir, adonques primes porai en chanp venir mon Deu vengier et nostre loi guairir. » Dist Renouars : «Or lou laissiés venir,

6845

6834 I. 6825 me voeill avillier À — 6826 abaissiez 4 — .1 manque À ; mo. los E — 6827 d. loer et avancier — 6829 Je le diroie E — 6830 macier — 6831 Que il te puist estranler ne (et À) mangier — 6832 B. m. pora (porrai À) por it.

aquitier À, acointier E — 6833 l'o. vis c. erragier E, le sens c. changier 4 — 6834 Il ; ne requier — 6839 D. r. vous E — 6840 con. avoit E — 6841 nemeE, si nel À — 6842 venir — 6843 Se m. c. ne viut avant f. E — 6844 M. or — 6845 S. le poés — 6846 Adont a pr. E; poés (porras À) a moi venir — 6847 Vo;

vostre.

LE

DESTRIER

BATAILLEUR

con faitement se pora contenir. S'a ton cheval ne me puis contenir, dont n’avra il mais en moi que guairir. » Et Gadifers vait lou cheval saissir, inellement

li vait lou frain tolir,

poitrel et saille por lo miolz envaïr. C’est une beste, qui Dex puist maleir, qui maint franc home a fait en champ fenir. Maintenant prist a treper, a saillir, a trestorner, a mordre et a guenchir; plus male beste ne pot nus hons veir. Cant il se voit lou frain do chief tolir, dont sot il bien que ce fut por ferir. Qui li veist et grater et henir, et regiber et hoer et tentir! Si se desroie,

6855

[4]

la terre fait fremir,

et li destriers ne se pot plus tenir! A Renouart corut par tel air toute la terre fait desos lui bondir; gole baee lou corut envair.

6865

CET: Li destriers fut de bataille ensaigniés, a grant mervaille fut orguillos et fiers, henist et grate con s’il fust enragiés. Por ce lou moine avec lui Gadifers 6855 avoit fait f.

6849 C. f. po. a (vers À) moi garir — 6850 Garandir E ; ne pooie jalir À — 6851 manque À ; Ja Dex de glore ne me puist beneïr £ — 6852 E. G. li v. le frain tolir — .1 manque — 6853 obeïr E ; p. lui m. env. 4 — 6854 b. que EA' — 6855 Q. m. proudome E ; a fait en champ f. c, a fait de camp isoir (fuir 4) — 6854 5. que EA4' — 6856 Mahons l'apris (Mahos l’aprist À) a corps et asalir — .| tr. a corre E ; mor. et a (a omis A)) jalir À — .2 manque À ; Si E — 6857 v. le cief del bu t. £ — 6858 Lors À ; Sis. molt b. E ; b. ce setoit A — 6859 Q. le veroit £ — 6860 reg. je vous di sans mentir £ — 6862 Li d. saut n.s. vot (s.

qui n.s.

v. ten. 4) —

6863 Viers; c. de E —

6884 fremir À.

296

LE MONIAGE

RAINOUART

II

c'a maint prodome estranglés et mengiés. Vers Renouart s’an vint tos elaissiés, gole baee,

s’ait les dens

et Renouars

6870

rechigniés ;

se fut aparailliés :

tint son levier, que molt fut aïrés. Lors li cuida avoir les os brisiés, mais li chevaus estoit molt envoisiés

6875

et de bataille apris et coustumiers; guenchist

lou col, si est retrais

aiers,

renpe areement Renouart par daiers. Se li haubers ne fust si fors mailliés, tout li aüst les costés esragiés: mais nonporcant s’est li sens jus glaciés,

6880

li cuirs falsa, s’est li safres glaciés.

Et Renouars ait les dens rechigniés, par un petit que il n’est enragiés; sa coutume est lors qu'il estoit bleciés qu'il devenoit et plus fors et plus fiers.

6885 6887

CGI: Renouars

voit lou destrier regiter

ancontre lui, et henir et donter, d'eures en autres les dens a lui gieter. Et Rainoars laisoit son mast aler. 6894-95

6892

6895

Ces vers manquent.

6870 Que ma. en a — 6871 A E; R. en — 6874 I. molt par 6875 c. tos les os defroisiés E : froissiez À — 6876 Et E; 1. c. 6877 E. d. tel geu : ensigniés E, mestroiez 4 — 6878 G. adés si se traist a. £ — 6879 KR. hape molt trestot (enz el dos

f. E, si f. m. 4 — qui molt fu e. — si s'est 4 : cop et E) p. d. — 6881 depeciés E — 6882 Et nequedent : .. poi li a pierciés E, il est .i. poi bleciez À



6883 f. li sans en est raiés (volez 4') —

6885 marvoiez E —

6886 Cost. est.

4 ; quant il ; quassez À — 6887 Il (Lors À) d. pl. orgillous et f. (fel et plus iriez A) — 6888 Ce sembloit bien que il fust erragiés — 6889 Rainoars jure jamais ne sera liés — 6890 Se il ne s'est (Si se sera À) de la jument vengiés — 6893 hoer — 6894 D'eures en autres les dens a (vers À) loi gieter — 6895 Et Rainoars laisoit son mast aler.

COMBAT qu'il lou cuidoit

CONTRE

LE DESTRIER

297

ferir et assener,

mais ans nel pot ferir ne adeser tant par seit bien guenchir et trestorner. Lors veïssiés

Renouart

molt

irer

cant ne lou pot ferir ne adeser. Ceu que il faut lo fait forment desver. «A vis diables!» dist Renouars li bers. « Ceste jument tant pora il durer! Se la peüsse ne tenir ne cobrer !» Et Gadifers se prent a escrier : « Dites,

vasas,

cuidiés

musart

6900 6902 6904 6905 6908

trover?

Molt vos voi or bellement demanter qui contre moi voliez assanbler et en bataille et loier et joster. Comment poras ancontre moi dureir et de mes mains foïr et eschapeir cant d’un cheval ne te pués desconbreir? Viaz

iés et frelles, ne te pués mais

6910 [340a]

A

aidier;

6915

s’as gros lo ventre de ces broas humer. Renouart freire, ja no te doi celer, cuides

tu estre a la char escumer,

en la cuisine as porcels eschauder? Vos ne saviez jehui a l’asanbler con mes chevaus seit bellement Joster.

6920

6896 Qui. 6896 Qu'il —

manquent

6897 M. n'i (nel 4) pooit ; de nul part abiter E —

6898-6900

À — 6898 T. savoit £ — 6899 Qui dont veïst R. airer E — 6900 Q. il

nel P. consivre n’ad.

E — 6901 fait del sens (a pou 4) d. — 6902 Li Æ, Ha 4 —

6903 Ont (Velt À) ceste beste de son sens fors geté (forssener 4) — 6904 C. j. me cuide ele (cuide m'elle 4) estranler — 690$ S. je le puis; (S. jel pooie 4) retenir £ — 6906 Je sai molt bien ja n’i pora (que ne porroit À) durer — 6907 Adonques risent Sarrasin et Escler — 6908 E. G. commencha a crier — 6909 c. vous tout : tüer £ —

6910 Je E ; folement demener —

6911 Que 4°; m. vous

volés ajouster E — 6912 manque E; loer À — 6913 C. endurer Æ, garancier À — 6914 delivrer ; te omis A — amender E ; torner 4 — 6916 broiaus E, broës 4 — 6917 demorer £ — 6919 c. les p. À ; as apris a caufer £ — 6920 saviez

mis

À —

6921

s. noblement

hüer

E; joer A.

cuidiés envers m.; 6915 fr. tu ne p. R. fol di moi sans Ne saviés E, V. n.

RAINOUART

LE MONIAGE

298 Tant

te voi ores

bellement

II

demener

que ne te pris vaillissant un denier; molt te dout mains c’orans a l’asanbler. » Renouars l’ot, lo sanc cuide desver; lors se commence forment a aïrer,

a lui maldire et a lui eschaufeirRenouars voit qu'il nel puet adeser ne del tinel ne lou puet enpirier; jete les poins, sor lui les laisse aler, prent lo cheval par desus lou coler; si fort l’estraint, je vos di sans falseir, dedens la gole li a les poins boutés; si li eslaisse lés les dens maselers que tout lou col li a fait desirer que dec’au pis li veïssiés quasser. Halce les poins; sel fiert el chandeler, lou col li fait en .Il. moitiés froer. Devent ses piés lou fait mort craventer! Qui li oïst lo paien ranponer et de parolles laidoier et blamer ! Ne li volt mais nulle trives doner, ans prist son mal, que il pot tant amer. Qui hi veist desor lui marteler, 6924

con.



6928

6925 .]

pi 6928 6930

6934 6936

6940

6944 6947

nes.

6922 T. follement t. v. o. d. 4 — 6923 pr. le taint d'un viés sorler (souler À) — 6924 M. t. pris mains — 6925 l'o. le sens À ; l'o. vis o. forsener E — .1 com. soi (si 4°) f. air, 4 : Forment se prent del tout a aviler E — 6926 Ha vis diables dist Rainoars li ber —

6927 Cest (Ceste À) jumens pora el (puet ele À) tant

durer — 6928 R. v. ni porra E, qu'il nel p. empirer 4 — 6929 t. ferir ne adeser — 6930 p. seule, li 1. al. E — 6931 P. le destrier p. anbes le E ; colier À — 6932 Siile. a .i. mains le coler (gosier 4) —

.1 Tant l'a (li 4°) estraint les eulz li fait

torner À — 6933-34 manquent E — 6933 li vet ses p. bouter 4 — 6934 esl. les d. li fait baer À — 6935 L'une des joes o les dens maselers — .1 Li esraga sans plus de demorer E — 6936 Et E (A À); li f. si desevrer (desnoer 4) — 6937 P.

li a fait desevrer E, en fet les ners q. 4 — 6938-39 manquent E — 6939 sevrer : — 6940 f. acraventer E — 6941 Il ot oï — 6942 De sa parole — 6944 Il p mast et le (si li 4) vait escrier — 6945 Ains (Ainçois A! ) — 6946 Vait Gadifier teus

ii. cos doner —

6947

Qui l'A'; cist sor lui si m.

RAINOUART

TUE

LE DESTRIER

d’une grant leue lou puet on esgarder! Mais tant ne cant ne lo pot anpirer. Honques li Turs ne se pot tant haster que sa maçue peüst nes relever; s'espee traite voloit a lui geter.

299

6949 A 6950

CCI. Renouars fut cel jor molt irascus por lou cheval qui sor li est corus. Par teil vertus est a paien venus si li dona tex .IIIL. cos et plus que li paien se puist estre meüs. Les pés sont dures dont li Turs est vestus, contre lou cop resogne con tabors. Tant li aida Malfés et Belzebus c'a son travail est li glotons venus; trait ses verroilz, si a fermé ses huis. Li bers fut las, si s’est retrais ansus. Et Gadifers a pris .II. dairs molus en ses .II. poins, qu'il ot fors et menbrus,

[b]

6960

6962 6965 a

si les lança Renouart par vertus; an son hauberc les a si fort ferus

que ses .I[. pens li a outre cosus;

6948 Les piaux sont dures s’i ent fait adouber ; ce vers écrit sur deux lignes dans A' — 6949 D'u. traitie le peuist ascouter Æ, D'u. huchiee les oïst on sonner À — .1 M. t. sont ; fort si boin garniment cler Æ, dures c'on nes p. emp. A — 6950 se sot E ; pener — 6951 ma. ne p. pas E ; ma. p. amont 4 ; lever — 6952 L'’esp. traite (Sesp. traire 4) ne envers lui : aler E, g. À — 6954 destrier — 6955 P. (En À) si grant haste — 6956 Qu'il ; ou pl. — 6957 pa. p. est. revenus E, peüst est. remus (restus 4°, lecture incertaine) — 6958 Les piaus 4, Et nes les piaus E : d. il estoit v. — 6959 C. ses cos ; bondissent E — 6960 Belgibus EA', Bezebus 4° — 6951 Qu'en; s’est (est 4) li paiens ferus — 6962 Si se met

ens et si ferme les h. £; si a barré À — 6964 Ne l'empira vallisant .ii. festus — manque — 6967 Rien afilés et trancans agus À — 6968 li a s. f. consus £ — 6969

6963 Et Rainoars i a .iii. cols ferus — 6965 I. et si se trait e. E — 6966.1 et agus E,, Si li a trais merveilleux et p. a ensemble (li a andeus À) cousus.

mors

RAINOUART

LE MONIAGE

300

II

6970

fust li bers se il fust conseüs.

Et Renouars

rait enpoignié

son

fust,

puis li escrie par molt ruiste vertus

:

«Si esterés, » dist il, «fel malostrus!

Issiés ça fors, mar i estes repus! Ne vos guarra Mahomés ne Caüs que ne soiez afolés et pandus ! »

6975

CCIV: Dist Renouars : «Cuivers, ça fors istrés! Comment, diable, serés vos enserrés? En mains estors me suis ores mellés, c’ans ne vi Turc de si grant poestés comme tu iés et si bien acesmés,

6979 6981

ne qui tant fust au premier enbordés, que por paor se fust si ensierés. >» A ces paroles a son tinel levés, molt ruistes cos a au travail getés: mais li travas est si avironeis de clos agus

trellis et atorneis,

ansois fust on que Renouars Endemantiers fiert Rainoart

demeie archie alés puist ravoir son tinés.

6983-84

relait un

6985

6990

dart aler;

de .III. dars enpanés.

Ces vers manquent.



6990 Ce vers manque.

6970 b. s’en (se en 4!) car; l’euist ferus £ — 6971 E. R. a E, reanpoigne 4' — 6973 Ça ; en istrés Æ, ysterez 4 — 6974 Voeilliés u non E, Ou alez vous À — 6975 Chaüs 4 — 6976 Nes. sempres ; venous et confondus E — 6977 D. R. vasal ça isterés — 6978 d. si ser. — .1 Comme li gais (jais 4°) en jaiole enfremez À — 6979 De E, Par 4: 5. ja delivrés E — 6980 Et conbatus par estranges renés — 6981 Ne v. mais home — 6982 Si bien armez 4; ne si — 6983 Ne qui tant fust au premier enhordés (enhordez 4) — 6984 Que por paor se fust si ensierés (enfermez E) —

6985 ra E; s. mest entesés —

6986 ra À :

hurtés E, donez 4 — 6988 D. cros ; de fier menuement hordés E : tr. de touz les =

6989 A. fusciés ; une liuee a. E, demie lieue (ar. 4°) a. À —

Rainoars puist revoir son tinés Rainoart de ii. dars enpanés.

4 —

6991 E. li trait li desfaés —

6990 Que

6992 Fiert

GADIFER

DANS

LE TRAVAIL

Des .IT. falli, del tierc a asenés que li haubers fu rous et desafrés, et a senestre l’a ferut el costé si que li sens en est jus desgoutés. Et Renouars s’est forment aïrés; fiert au travail, grant cos i a donés que en .III. leus est ses mas trosonés. Et Renouars fut molt espoentés : « Hei Dex, » dist il, « Bons Rois de majestés! Cil vis diables, qui leans est antrés, sera il donques si guaris et tensés que ja par moi ne sera remüés? Se plus 1 fier, mes mas iert fronçonez, et se gel pers, dont suis ge enchantés. » O voit Guillaume,

si s’est halt escriés

301

6995

7000

[c]

:

« Dites, beau sire, quel consail me doneis? Cil vis diïables a molt grans poestés; je ne lou puis ferir ne adeser. »

7010

CCIVA. Renouars de son

voit qu’il nel puet asener

O voit Guillaume, «Sire

7010.1

tinel ferir ne adeseir. Guillaume,

6992-94

sel prent a apeler : gentis,

Ces vers manquent.

nobles —

et ber,

7005 froés.

6993 Des .ii. falli del tierc a (fu 4) anenés — 6994 Que li haubers fu rous et

desafrés — 6995 s. le navra — 6996 li À : e. aval coulés — 6997 Dont fu for. R. a. — 6998-7000 manquent E — 6998 F. et refert g. c. desmesurez À — 6999 Q. li mas est e. iii. . esclatez À — 7000 Dont fu forment R. aïrez 4 — 7001 biaus R. E, vrais R. À — 7003 Ert il laiens s. g. ne 4 — 7004 Q. j. por — 7005 manque E ; tronçonez 4 — 7006 S. je le p. molt serai E ; sui ge (ge omis 4') —

7007 G. en h. a e. E — 7009 Li v. d. est ici ensierés £ ; d. qui est laiens entrez À — 7010 Ne p. a lui n. f. n. bouter (hurter 4) — .1 q. n'i p. abiter E ; empirer 4 — 2 mangue — .3 Vient a G. E; se (si À) li pr. a crier.

LE MONIAGE

302

vos m'avés

RAINOUART

II

fait ci en cest chanp antrer.

Cil Sarrasins se fait leans serrer; je ne lou puis ferir ne adeseir.

De ce voil ge jugement se ceu

est drois,

on

demander

lou doit esgarder,

c’an teil maniere doie a moi ajoster. Je di por voir qu’il n’i doit demorer. » « Voir,»

dist Guillaume,

«je en

ceste

bataille

avons

7015

irai parler. »

Hastivement a fait Tiebalt mander, et il li vint et si roi et si per. Et dist Guillaume : «Faites moi escouter

:

fait esgarder,

et moi et vos, por nos Dex

7020

acorder.

Je di por voir, et sel ferai ester, que chanpions ne se doit enserrer,

mais a plain chanp doit a l'autre assanbleir. S’ansin nel faites, je irai aprester, si ferai ja toute

ma

7025

gent armer,

contre les vos venir et ajoster. » Tiebaus respont : «Jel ferai fors aler. »

7027

GC: 7029 7030

Li cuens Guillaume vint a l’estor errant: il s’escria hautement en oient : 7023 doient as.

4S. G. nobiles hom e. b. E — .5 f. ici en ch. e. 4 — .6 C. S. est I. ensierés — .7 asener E —

7012 dr. c'on (ne À) le doie —

7013 asanbler —

7014.1

Que

campions ne se doit enserer £ — .2 Mais a plain camp doit a l’autre asanbler E ; dans E ces deux vers sont répétés aux vers 7022-23 — 7015 Ce E; je l'ir. demander 4 — 7017 v. et si furent s. p. À — 7018 Sire Tiebaut ; dist il or ascoutés Ë — 7019 A le b. av. f. ajoster E — 7020 nos .ïi. ac. E — 7021 Jel À* ; et si f. — 7022 ne d. en serre entrer À — 7023. pl. cop E ; doit a l’autre E, a lui 4517024 f. que m'oés (con je l'ai 4) deviser — 702$ Je —

v. et jouster À ; asanbler E —

manque

E.

7027 raler E —

7026 c. la vostre et

7029 Li rois Tiebaus —

7030

GADIFER

«Gadifer

SORT

sire, par lo vostre

DU

TRAVAIL

303

comment,

Ja ont jugié cist halt home puissant qu'o Renouart devés issir avent et asanbler a lui de maintenant. » Cant Gadifers voit c'’on lo va blament,

de maltalant envers

vait les dens rechignant;

lui vient

tost et inellement,

7038

si sailli fors par itel covenant. Puis

prist ses armes

ses armes

7034 7036

7040

et apansdi

a ses

flans,

vait entor lui ajostant.

nl

2

Diable sanble fors d’anfer eschapent : plus de .C. tors vait li Turs tornoiant,

[d] 7042

toute la terre va sos lui bondissant, vers Renouart vait, les dens rechinant. Puis li escrie, sel va araissonant :

7044 7045

«Cuivers lichieres, je m'aloie fignant. Or ne donroie un denier vaillissant toi ne ton Deu que tu vas aorent, qu'il ne te puet aidier ne tant ne cant! Va t'en aieres orendroit maintenant au tref Guillaume, lou cuivert solduiant; si fai armer et Guichart et Bertran, Gautier de Termes, Gerart lou conbatant, et .XXXV. ou .XL. en presant;

7032j. li rice h. p. E:; h. creant c. —

À — 7033 Que E, Qu'a À;

7034 E. asalir trestout d. m. E —

7050

7055

is. a (en À', el 4°)

7035 Franc v. en À) tienent de çou

(forment 4) a recreant — 7036 Q. G. ot ; c'on l’aloit E — 7037 D. m. esprist (ra prist 4) son hardement —

7038 Cuers li revint si (touz À) li müa li sans —

7039 Il prent ses armes et son espié tranchant À — 7040 er 70402 sont intervertis dans À — 7040 Lors À; Il s. sus £ — .1 manque — .2 Toutes s. ar. E, Toutes les v. A; e. 1. torsant E, tot (omis A!) e. |. troussant 4 — 7043 Comme molés (mulet 4°) et asnes recanant — 7044 te. entor lui formoiant —

7045 A E; R. vint si fort bondisant — 7046 li rois paien li va haut E, Deable semble si li va À ; escriant — 7047 Par Deu cuvers ; gabant E — 7048 Or ne te pris (doute 4) — 7050 Que il n. p. E — 7051 ar. jel te pri et commant E, or. tot errant À — 7050 Que il n. p. E — 7051 ar jel te pri et commant E, or. tot errant 4 — 7053 et Guillaume E ; ar. Guichardin et B. 4 — 7054 Ter. le hardi c. E, Girart le Toulousant À — 7055 de tous les plus poisant ferant À).

LE MONIAGE

304

RAINOUART

II

xl

si les m'envoie orendroit maintenant. S'il m’et mestiers, je serai conbatant, si mosterrai bien et hardiement que votre Dex n'a vertu tant ne cant

x

contre cest Deu glorios et puissant que li porcel aloient estranglant ens el fumier a Baudas laidement. » Dist Renouars : «Tais toi, glos solduiant! Trop te vas ores ancontre moi prisant! Ja se Deu plaist, lou Pere tot puissant,

7060

ne m'estordras, si t’avrai fait dolant; si te rendrai Guillaume lo vallant. » A ces paroles saut Renouars avent, inellement salt Renouars avent;

31: 7065 sl

tel cop li done amont el chief devent que lou chapeil li va esquartelant, desi c’a safre ne li valut nient. Mos

fut li safre, ne li valut

noiant;

toute la teste li ala esmiant que la cervelle en sailli maintenant. Dist Renouars : « Gadifer, or avent ! Tel t’oi doné de cest baston pesant ja ne varas lo solail esconsant ! » Rois Gadifers aloit ja defaillant, ja ne venist une loee avent,

.1 S. |. amaine

avoec

toi a itant (m. 4) —

7056

7070

7074 7076 ss|

Encontre

vous

asterai

demoustrant E, Coimbatrai moi a touz en mi oest champ 4 — .1 manque À; Et m. maintenant en oest camp E — 7057 Q. il voz D. 4 — 7058 c. le no E — 7060 En . E ; B. la devant 4 — 7061 fel s. E, grant s. À — 7062 or en envers (par devant 4) m. p. — 7063 pl. le glorious p. Æ, p. omnipotent 4 — 7064.1 manque — 7065.1 manque — 7066 am. el froc d. E, ens el front par d. 4 — 7067 Tout ; 1. ala porfendant E — 7068 Jusqu'en la tieste le va encervelant E, D. au s. (D. ausi au s. 4°) le va tot perçoiant 4 — 7069 Bons 4' — .1 Qu'il ne vault riens fors qu'a arme tranchant 4 — 7070 Dusqu'en la coiffe 1. a. perçoiant À — 7071 Qui 4': c. li ala fors boulant E, c. li bouli m. 4 — 7073 d. mon bordon p. £ — 7074 J. n. vivras E; verras jusqu'al s. couçant — 7076 cançalant — .1 J. n. vesquist E — 7077 Q. i. ouvri ses barius a itant (son barillet a tant 4°).

L'ONGUENT

cant

il saissit son

barri

GUÉRISSEUR

maintenant,

si en trait fors de ce chier oignement que faces orent ovré par tel comment : Dex ne fist home tant navré durement, mais qu'eüst l’arme en el cors maintenant, que li pooit adeser tant ne cant, que il ne fust guarris de maintenant. Rois Gadifers aloit ja definant, lo bondonal en vait li Turs ostant; bouta son doi, un poi en va ostant ; retroist li chars, li cuirs vait aloignant, li test rasanble trestout de maintenant.

N'eüssiés qu'il ne

mie alé demi santit dolor

305

7078 7080 [3414]

7085 7087 7088 7090 ni]

arpent

ne tant

ne cant,

ans fut plus sains que nus poissons noent. Voit Renouart, si lo vait ranponant : «Par

Mahomet,

lichieres

mescreant,

7095

cant que tu fais ne te valra noiant, que plus suis sains que n’est oisias volant. Ne

m'estordras,

si te rendrai Renouars

si t’avrai

a Tiebalt

l’ot, molt

fait dolant;

l’Aufricant. »

se vait mervaillant;

s’il out paors, ne l’alés demendant, car onques mais n’ot bataille si grant! 7083

adeser

7100

7101 7102.1

ne tant.

7078 s. e. a (a omis A°) tr. f. du c. o. À ; de molt boin ©. E£ —

7079 Dont je

vous dis en la cançon devant — 7080 Q. f. fisent ouvrer E ; couvent — 7081 h.

c'on cuist n. tant E : ta. fust n. forment 4 — 7082 M. qu'il e. vie el c. vraiement E, Pour tant que l'a. fust el c. remüant 4 — 7083 S'il li (1 À) p. ad. t. — 7084 Ne f. g. iluec — 7085 concelant £ — 7086 Quant il a pris ses barillés errant (san barill a itant 4) — 7087 Le ponçonal E, boutenaill 4', botenel 4°: en ala il o. — 7088 traiant À — 7089 Toute sa plaie en va li rois ongnant — 7090 Reprent E, Reclost 4; cu. li va sanant À — .1 Li tiés Æ, Li cuirs À; r. tantos E, r. qui (que 4°) bleciez (perciez 4°) fu devant 4 — 7092 Quant À — 7093 Et si f. (Ains refu À) s. com .i. oisel volans — 7095 malfaisant Æ, moquerant À — 7096 te vaut pas .i. gant À — 7097 q. nus : o. v. E, o. v. E, poissonz noiant À — 7098 si seras recreans £ —

7099 r. Tyb. l'Arabïant —

7100 l'o. si se Æ, molt s'en 4 —

7102 Deu reclama le Pere omnipotent (tout puissant 4) — 7102.1 n'ot il paor s. g.

306

LE MONIAGE

RAINOUART

II

CCVI. Renouars

voit lou paien resané;

devent l’avoit trestout escervelé, lou test ronpu, esmié et froé. Mervailles ot cant lo vit resené;

n’ot tel paors en trestout son a; Deu reclamalo Roi de majesté: «Glorios Deus, par la vostre bonté guairis mon cors de cest felon malfé. Li vil diable li ont tel oint doné, tant com il ait envers sa part tornei, tant a an lui vertu et poesté, que s’il me tient, tost m’avra estranglé. Mal de la mere c’an ses flans l’a porté! Comment l’avrai conquis et afiné ?» Renouars l’a durement redouté; vers lui recort, si a un salt doné;

au tor françois l’a si bien assené que l’un des bras o lou branc aceré li abatit devent lui ens e/ pré. Et Gadifers ra son bras relevé; tant lou ra oint, guarri et resané n’eüssiés pas demei lues alei que maintenant ne fust tot repassé. Dist Renouars : «Or i soient malfé! Sainte Marie qui portates a né

7120

7125

7120 es p. 7104.1

Le tiest E, Le tes À; froisié es. ; enharé

E —

7105 Mervilla soi;

enharé E — 7108 G. Pere 4 — 7109 c. par la vostre bonté À ; c. cuvert m. E — T11O L. vif — .1 manque — 7112 ja m'av. — 7113 Quels vis (Que vil 4!) diables a tes homes engenré — 7114 Qui fu E, Quiex est À — 7115 ne af. E — TIITIE—

7118 l'a il (le ra 4) si as. —

7121 a E — 7122 Quant l'ot rejoint E,

Quant il lot o. À : Gadifers est E, g. l'ot et 4 ; mané — 7123 d. archiee 4 — 7124 Q. (Quant 4) m. ; revint en sa santé E, l'ot gari et sané 4 — 7126 por. tel

n.

RAINOUART

BLESSÉ

Deu lou Seignor de sainte maesté, quel vil diable li ont tel oint doné? Tant com il ait devers sa part torné, ne l’avrai ge ne vencu ne maté. » A icest mot a Gadifiers gieté; si li lança un dart d’acier tenpré. L’auberc li a desmaillié et falsé: dedens lou bu l’a tent forment navré que plain basin de sanc en a osté. Renouars a de delés chancelé, par un petit c’a terre n’est versé, mais Deus /e tint, li Rois de majesté. Li tens fut chaus si con el mois d’esté; de son cors ait del sanc tant avalé que par un poi que il ne s'est pasmé. Cant Sarrasin orent ceu esgardé, Mahomet ont en la chartre geté; illoques l’ont cochié et aoré : «Heïi, Mahon sire, mostrés vos poesté! Ja fustes vos el fumier estranglé; molt est grant deul cant vos itant dormés que ne vos menbre de cel gloton malfé qui tant paiens a mort et estranglé ! » Et dist li autres : « A tort l’avés blamé! 7130 Ce vers manque.



7137 de glore (v. Notes). —

307

4 2 7130

7135

7i40

7145 7147

7150 7140 n'est versé.

7127 Con; S. le Roi de m. E — 7128 Quels vis;d. ont tel home engendré 4 — .1 T. comme l'ait dedans sa poesté E ; a. cel cognement faé 4 — .2 jou u ne afolé £ — 7129 Se il li dure dont sui jou engané (d. ai ge mal erré 4) — 7130 A icest not a Gadifiers fieté — 7131 la. d’un da. qu ‘iert enpané E ; un brant 4 — 7132 a et percié e. E, et faussé et percié (p. et f. 4*) À — 7133 Ens el ; viaire viz bu À) l’a si f. ; après ce vers E répète son vers 7130 — 7134 en est (a À) volés —

7135 R. est E ; de dolor— 7136 Pour E ; u. p. n’est a t. — 7137 M. D. le tint ; et sa grant creanté 4 — 7138 Li caus fu grans E ; f. biaus À ; si omis À ; el tans d’e. — 7139 Tant en i a d.s. c. (sanc À) escoulé — 7140 il n’estoit (ne s'est 4) pasmés — 7140 Q. paien ont içou eng. £ — 7142 M. o. de la case (chasse 4) g.

— 7143 huchié; et apelé E — 7144 s. grans est vostre biautés £ — 7146 Et (Ou À) li porciel vous mangierent le nés — 7147 d. que ; tant dormi avés E — 7148 prové — 7149 Que EA°; asomé À — 7150 Dist .i. paiens E.

LE MONIAGE

308

RAINOUART

II

F5 7153 7154 7155

Dont ne s’est il tres bien ravigoré que Renouart a malement navré? Por un petit que il ne chiet pasmé. » Li cuens Guillaume l’esgarda de son tref, Deu reclama, si s’est molt demanté : «Hei Renouart! S’or ti pers, gentis ber, ja nul jor mais ne serai recovré! Vos hardemens ne vos grande bonté n'estra jamais a nul jor recovré |» Bertran en plore, et trestot lou barné,.

7160

et prient Deu lo Roi de majesté que il lou gart del Sarrasin desvé. Et Gadifers l’en a araissoné : «Par

Deu,

lichieres, ci avés mal

erré!

7165

Vo vaselage, dont l’en a tant parlé, voi molt chaü et durement alé. Un poi vos ai sainié et ventosé; trop en perdés, je vos voi mal moné. Tel oignement ai o moi aporté s’an aviez

un

A| 2 [c]

petitet usé,

ja seriez guarri et repassé. Por ce lou di c’ans n’en oi volanté se jel t'avoie ne promis ne doné, car ocis m'as mon mellor parenté :

7170

7160 Ce vers manque.

7151 D. n. fu il molt tos r. E; s'e. ore noz Diex Rainoars en es (cel 4) prés. — 7153 Con Gadifiers — 7154 Par 4 — 7156 D. KR. le Roi de majesté 4 restorés E, Ja ne t'avrai més n. j. r. 4 — 7159 V. 7160 7163 vous molt müé

r. 4 — l'a E, C. — 7158 vaselajes

7152 Ne veés vous ma. G. l'a mené À Ja n'esterés a n. j. n. la vostres b. —

N'estra jamais a nul jor recovrés — 7161 et li autres b. E — 7162 Tuit — le regart E ; d. S. maufé — 7164 Gadifiers a Rainoart apielé E — 7165 li. av. trop alés E, or av. trop cr. À — .1 d. ai oï parler À — .2 manque E : et a point a. À — 7167 manque E ; T. empresistes (entresistes A?) j. v. v. ja À — 7168 o. vous ai ci (ai ici 4) ap. — 7169 S'un seul petit en av. u. —

7170 seriés E : Ja vous verriez tout g. e. r. (sané 4*) —

7171 Ensi E: d. ainz

A; d. mais je n'en ai pensé £ — 7172 manque E ; que je t'en aie ne tant ne quant d. 4 — 7173 oc. as A: mon parent Maloré E.

RAINOUART

PORTE

UN

GRAND

COUP

309

roi Baufumé et lo roi Charboé, lo roi Margot et lo roi Aanré,

7175

roi Aucibier lo grant demesuré; de mon lignage m'as la flor mort geté. Or t'en seront li guerredon doné; jec’a petit t’avrai si atorné que n'averas un dernier monaé. Mal sachans fus et plains de foleté qui contre moi entras en chanp melé ne lou tien Deus as a mien apelé! Sanpres vairas quex est sa poesté, con il t’avra anvers moi garenté. Ja ne verras lo solail esconsé !» Dist Renouars : «Or avés trop palé, del tout en tot as menti et falsé. Dex 1 a part, c’a partot poesté; qui bien lou sert ja n’estra esgaré !» A icest mot l’a Renouars hasté. Lou mail entoise, qui fut grans et quaré; amont el dos l’a si bien assené que tot l'euist conbrisié et froé ne

|

7180

7185

7190 al

fust li cuirs qu'il avoit andossé,

qui rois estoit et durs comme mafé. Grant fut li cos et fors qui l’a geté, li tinés bruit comme

foldre

7195

et oré,

il

contre l’eschine li est jus avalé que Gadifers s’agenoilla el pré. 7192

Ce vers manque.

7174 manque E : R. aerant e. 1. r. Aenré

E: Buruflé 4', Baufumé manque — verité £ — contre toi (commant A — 7192 afublé

2

4—

7175 R. Aanore. Il. r. Aancré

7176 manque E; gr. le mesuré À —

7177.1

7179 Que ne vauras; vaillant .i. oef pelé À — 7180 f. jel di par 7181 Que EA*' — 7182 conperé — 7184 Con ja À ; Comment t'arai g. £ — 7186 tr. as ore p. — 7181 m'as — 7188 D. a partout et force À) et p. — 7190.1 manque — 7191 Am. el cief E ; d. ie ra s. b. frapé Que tout l'euïst conbrisié et froé — 7193 av. au costé E, que il ot

4—

manquent

4° —

7194 Q. mot fu fors — 7195 c. que f. hom l'a rüé (doné 4) —



7196.1

Li cos fu grans s'a durement

alé E.

.1-.2

310

LE MONIAGE

RAINOUART

A un perron est li fus asené que par mi est en dous tronsons Cant

Renouars

avoit

ceu

II

volé.

esgardé,

c’est une chose qui molt l’a fait iré. Mais or oés comment il a erré : ans que li Turs puist estre relevé, li a andous

ses barrisés

osté;

fuit en aieres un arpent mesuré, de son hauberc a lou pen soslevé, a son

costé a de l’oint adesé,

que Gadifers li avoit fort navré. Lors fut guarris tot a sa volanté. Mais

or oés comment

7210

il a erré,

quel hardement a Renouars pansé : prent les barris, en mer les a getés! Estes les vos

maintenant

effondrés;

ancor les voient li home del rené tout droit en mai que l’an dit en esté a icel jor qu'il i furent geté.

7215

Cant Gadifers ot tout ce esgardé, n’ot mais tel deul en trestout son aé. Par maltalant a an halt escrié : « Cuvers lichieres, or as tu trop alé!» Por coi as tu les baras efondrés? 7216

7220

t. droitement.

7197 En À;

p. contre tiere est (a À) hurtés — 7199.1 manque — 7200 L'une

moitié en (l’en À) caï ens el pré — 7101 Et li autre (L'autre li À) est dedens ses

puins remés — 7202 Çou est damajes qu'il est ensi alés E, alés E, C'est uns domages qui forment l’a grevé À — 7203 ouvré — 7204 T. ait son cors: retorné £ — 7205 Li a son oint et son baril hapé — 7206 F. s’ent (s’en omis A° — 7208 manque E ; Ou la plaie ot qui forment l’a grevé À — 7209 Met i del basme que il ot conquesté — 7211 ouvré — .1 Ains que li Turs ret a lui geté E — 7213 P. le le b. en la m. l’a rüé — 7214 manque E ; afondé 4 — 7215 E. le v. paien en cel r. — 7216 T. droit en mai; q. l'en À — .1 manque À : À icele eure que il f. g. E — 7217 ou içou E — 7218 Dd. nul jor des. a. E— 7219 m.liah. E, li a en h. crié À — 7220 or avés (con tu as 4) mal ouvré (erré 4!) — 7221 P.

moi a. t. le basme ensi geté Æ, Por qu'as cel basme en la mer affondé 4.

PROPOS

DE

RAINOUART

ET GADIFER

Tant n’a de bien en la crestienté! Por coi l’as fait? Ne me soit pas celé ! » Dist Renouars : «Or oras verité. Trop par avoies en l’oint grant seürté, or t'ai un poi ton hardement quassé. Et d’autre part me resuis porpansé se ge l’eüsse et tenu et gardé, et ge t’aüsse recreü et maté, sanpres deïssent Sarrasin et Escler li oins m'eüst guarenté et tansé; mon pris avroient à nient amoné. Moi et toi sommes igalment atorné; or me donst Cil lou pris et la bonté qui tos nos a de la prison geté. » Dist Gadifers : «Ja n’avra poesté. Je ne sai mie an lui tant de bonté. Mahons mes Dex, cil ait de moi pité, que cil nos done et lo vent et l’oré. Qui ce ne croit, n’a mie bon pansé. » Dist Renouars : « En toi sont li malfé! Comment avroit si fait Dex poesté? Paien l’on fait de fin or tregité; il ne parole ne il n’a mot soné. Autent

i croi comme

an un

chien

tüé;

311

7222 7205

7230 1

|

7285 sl

7239 7241

7244 7246

7222-25 manquent E — 7222 T. n'en a pas À — 7223 Qui l’eüst d’or noissante foiz pesé 4 — 7224 Ne l’eüst on mie assez acheté À — 7225 ne s. ore c. A! —

7226 D. R. ja; n’or. E —

7227 Tu i av. en lui tel s. E; feauté 4 —

.1 Que ne doutoies home de mere né E — 7228 O E — 7229 p. je me suis apensé £ — 7230 S'euise l’oint ne t. ne (retenu et À) g. — .1 manque — 7232 et gari et sauvé (sané 4) — .1 Ensi m’euist (E. eüsse 4) tout mon pris avillé — 7233 s. seulement (richement À) atiré (étirié 4!) — 7234 Or en ait (E écrit endait) C. ; l’onor £ — 7235 as E — 7236 ja n'i ait E, j, n'ait Il À — .01 Qu'il nu ait vaillant .i. oef pelé E — .1 manque À ; En Jhesu Crist n’a point de poesté

E — 7237 d. ait hui Æ, cil oie mon penssé 4 — 7238 me d. 4 ; et le vin et le blé E — 7239 Q. ne le E; m. bien ouvré — 7240 Autresi muert con fait .i. ciens (comme .i. asne À) tüé — 7241 D. R. or i soient m. — 7242 C. a. Mahon (voz diex À) tel p. — 7243 tresjeter EA' — 7244 ne puet m. soner À — 7245 Si le puet on (porroies À) gieter en .i. (par oel 4') fosé (en c. f. g. A*) — 7246 Conil gagnon se il estoit t. £, Comme .i. wadel de novel estranglé A.

LE MONIAGE

312

RAINOUART

II

!» molt miolz a fait qui a crestienté Tot cest afaire ont paien esgardé; dist l'un a l’autre coiement a celé : «Trop par ait ores cist glos grant poesté; ja Gadifers ne l’ara mais tüé se Mahomés n'en a de lui pité. » Au tref Guillaume sont François ancliné, voient l’estor, qui tant par ait duré. «Voir,»

dist Guillaume,

«bien

se sont

ancontré,

bien ait l’un l’autre feru et encontre, mais Renouars a assés miolz ovré qui des barris l’a si bien delivré. Or en pent Dex li Rois de majesté !»

[3424] 7250

1255

7259

Mais Maillefer n’en ait mie son gré, son pere voit et chaus et tresüé;

7263.1

pitié en a, si ait des iolz ploré. Vient a Guillaume, congié li a rové : «Congié me done, sire, par ta bonté; si secorrai mon pere en mi cel pré, aiderai li ancontre cel malfé. Lou mien baston li ferai ja privé, molt tost avrai mon pere delivré. » « Niés,» dist Guillaume, « ja ne sera pensé, a traïsson me seroit atorné! 7263.10

S

.10

Ce vers manque.

7247 Mau dehait ait qui i a (ce cr. 4°) creanté — 7250 Moit E: a c. gl. en lui g. p. — 7251 a. mort jeté E, més gradé 4 — 7252 a grant poesté E, primes pi. À —

7253 effraé 4 —

7254 t. avoit d. E, qui molt fort (forment 4°) a d.

4 —

7255 manque À°; Et E ; G. qui molt fort a duré 4! — 7256 asené — 7258 Que de son basme l'a si desordoné E, G. de son oint l'a s. b. deshordé 4 — 7259 penst £ — .1 Que li paiens a molt grant poesté E — 7260 Li vif diable li ont tel (cel À) cuir doné — 7261 Veés comment il a (comme a 4) son cors (c. forment A) son cors (c. forment À) hordé — 7262 A males poines l'ara ja (il 4)

destorné — 7263 Or en (en omis A!) ait Dex par son n'a m. tout s. g. — .4 G. si li ademandé — .5 Se con. con. si. m'avez À ; doné — .6-.7 manquent — .8 A cest quarré— .9 Avroie ja — .10 Niés dist Guillaume ja ne

retrové E, retorné À —

plaisir pité — .1 M. M. sire m'en aviés E, Se le b. que jou ai (tieng À) ci sera pensé — .11 Qu'a :

.11.1 Je nel feroie pour i. mai d,or conblé.

REPRISE

DU

COMBAT

18

Ans mes lignages ne pansa malvaistié ! » Dont veïssiés l’anfent molt adolé et por son pere corocié et iré.

.14

CCVIL. Renouars fut guarris et repassés, s’ait les barris dedens la mer getés; de ceu fist il que fox et asotés. Dist

Gadifer

: « Fox

lichieres

7265

provés,

trop avés or esté demesurés qui les barris avés en mer getés. Je nel volsisse por .XIIIL. cités. Or te gar bien, ne soies asseürés : ne te garroit tot l’or qui est fondés ne li tiens Dex .II. deniers monaés. » A icest mot s’est li paiens hastés, trait Marceblonde

de son

senestre

4

4

7270

lés ;

piet et demi en fut bien li brans lés et si tranchoit com rasors afilés. Et Renouars trait son branc aceré, qui molt est bons et maistrement trenpeis; mellor ne tint ne rois ne amirés. Si con l’un vint vers l’autré antesé 7263.13

Le dernier mot

du vers manque.



7271

7245 7276 7278

cest.

.12 n’en p. 4! ; malvesté EA° — .13 adolé — .14 manque À ; torblé E — 7266 S'out (écrit S'ous £) |. b. en 1. m. afondré (affondez À) — 7267 que mal musars

provés — 7268 D. G. I. desfaés — .1 T. par iés ore fel et d. E, T. as esté faus et d. À — .2 manque E ; ta. as si mal atornez 4 — .3 J. ne 4'; p. l'or de .v. (.x. 4) c. — .4 Or vous si B. ja ne vous iert celé E, Desoremés soiés asseguré À — 7269 g. home de mere nés £ — 7270 Ne vostre D. E ; vallant .1. oef (.ii. aux 4) pelé — 7271 A icest m. 1. p. desfaës — 7272 Masebronde E, Marsebonde 4', Malsabonde 4° — 7273 Dont plus d'un pié estoit b. E — 7274 E. s. tranchans A — 7273 Dont plus d’un pié estoit b. E — 7274 E. s. tranchans À — 7275-77 manquent À°: en E 7276-77 se trouvent après 7278 — 7275 manque E — 7276 Mot estoit bien £ — 7277 Desi as puins trancans et Æ, D'or fu li pons molt

bien A!: afilés EA' —

7278 t. home (mus hom

4) de mere nés.

RAINOUART

LE MONIAGE

314

II

(b]

et de ferir garni et apresté, li branc

d'acier

se sont

entracontré;

par tel vertu sont ensanble hurté que par mileu sont andui tronsonné ; mervaillos cos se sont antredoné. Puis s’antratendent, estes les vos melé; des poins qu'il ont mervaillox et quarés ont si ferut sor les hiames gemés

7285

que sor les chiés les ont tos depanés. Tant les ont trais, derous et desbarés que li quartier an gissent par lou prés, li sans lor salt des bouches et des neis. Dient François : «Biaus Rois de majestés, de Renouart, biau Sire, aiés pités ! » Et Gadifers s’est forment aïrés, a Renouart s’est durement chaplés; par l’un des bras l’a saissit li malfeis, si lou geta li cuvers defaés ansus de lui bien .VIII. piés mesurés. Desor son dos est Renouars versés, par un petit qu’il n’est par mi crevés; illoc se geist ansin coinme mafés. Vertus i fist li Rois de majestés

7290

7295

7300

que li paiens fut si fort esbloës que il ne sot quel part 1l fut torneis. 7289

Ce vers manque.

7279 v. envers l'aut. : aïrés E — 7280 f. grant cop abandonés E : acesmez À —

7281

Lor;

d’ac.

ont

contremont

levez

4 —

7282

P. t. aïr:

se sont

entrecontrez À — 7283 C'andoi lor branc sont apriés (par mi À) tronçoné — 7284 manque E — 7285 P. s'entraherdent és les vous asanblés — 7288 Q. s. la car E ; enbarés —

7289 Tant les ont trais derous et desbarés (et d. et tirez 4)

— 7291 $s. par b. (s. et par bouche 4) e. par n. — 7293 D. R. a. grans piteés E — 7294 E. G. fu E, s'en est molt a.

4—

7295 De R. qui si se rest crestés (ostez

A) — I Ici E répète 7294 — 7296 br. l'a saisi et conbrés E — 7297 Bien |. g. E ; .xii. piés ens es prés E, jel dis par veritez À — .1 manque E : lui .xv. p. À — 7298 dos a R. hurtez 4 — 7299 pet. n'est par miliu c. Æ, pet. ne l'a À — 7300 g. comme s’il fust E ; pasmés — 7302 L. p. f. s. forment e. E — 7303 alés E.

LUTTE

À MAINS

2)le

NUES

Li cuens Guillaume fut forment aïrés cant Renouart vit a tes lachetés: tot li barnaiges en fut espoentés. Dist l’un a l’autre : « Renouars est finés! Dex com mar fu! Tant par avoit bontés !» Et Maillefer saut dist a Guillaume d’aidier mon pere Vengier me veul, Et Maillefer ja i mais

dan

sus tos efraés; : «Or suis malvais provés, me suis trop arestés! que trop suis aïrés ! » fust tot alés

Guillaume

li a dit : « Nel

ferés,

que ge seroie an toutes cors blamés! Or en pent Dex li Rois de majestés. » Cant

l’anfes

se rest li bers en

7313 F315 7316 7318

son

estant

7320

[el 7325

levés;

est et tos d’ire alumés.

Il se regarde,

voit son

mail

trosonés,

ne li valut vaillant un ail pelé. 7311

7310

l’ot, si en a sospiré,

tandrement plore, car molt fut aïré. À lui meïsmes s’est forment dementé : « Aï, beas pere, tant suis por vos iré! Mar fut vos cors et la vostre bonté, vos hardemens qui molt estoit doutés !» Par un petit que il ne s’est tüés. À icest mot que ge vos ai contés vergognos

7305

7330

tos aprestés.

7304 Voit le G. ; molt en fu adolés E, si fu toz effraés 4 — 7306 b. f. molt e. E — 7307 viersés E, afinez À — 7306 alés E — 7307 viersés E, afinez 4° — 7308 Con il av. biautés E, f. la seue grant b. 4 — 7309 E. M. si fu 4 — 7311 s. trop arestés — 7312 V. le v. molt s. fort a E — 7313 M. saut — 7315 Ne més G. ; non f. — 7317 Ja ne sera (m’estra E) a nul jor reprovés — 7318 adolés — 7321 s’est l’enfes d. —

7322 A. b. sire E ; de vos 4° —

7323 et v. grans b. —

7324 loés E, osez À — 7325 p. l’enfes ne s’e. pasmés — 7326 Oiés vertus que Dex i (lor A!) a mostrés — 7327 Que Rainoars est en piés relevés — 7328 Vergogne en ot nolt en est abosmés £, Grant v. ot si fu toz tressüez 4 — 7329 mast E : Son mast r. si le v. tr.

moneé

E, v. .ii. aus p. À.

À—

7330 N. I. (Il ne À) vaut mais ; .i. denier

Si con

Dex

volt, li Rois

II

RAINOUART

LE MONIAGE

316

de majesté,

estes vos l’ange qui li a escrié : «Renouart

freire, ne soies esgaré!

Prent cest perron

qui est grant et quaré,

fier en lou Turc,

que

Dex

7334

l’a commendé ;

par ceu sera maistroiés et dontés. » Et Renouars n’i est plus arrestés, cort au perron, celle part est alé; un fort ronsins en fust tos enconbré. Et cil lou prent, qui molt fut aïré, vers Gadifer s’an cort tos entesé;

7338 . 7340

si li et Et

lou ferit antre col et lou neis; safres brise dont il estoit armés, Gadifers est a terre versés. Renouars si est sor lui montés; de son mail trove un tronson qu'est delés, si li debat et lou front et lou neis. Voi le Tiebaus, si est haut escries, et Sarrasin ont Mahomet cobré.

A grans maçues

et a bastons

7343 7345

7350

quarés

li vont batant les flans et les costés. « Vos faites bien! N'est il dons assotés! Ne veés vos — que madahait vos neis — que Gadifers est por vos enconbreis ?» —

7331 Il reclama E —

7332 Et .i. (li À) sains angles; si li E, q. I. la 4°) fu

À—

Ce vers manque.

7333 Ha KR. E, Dist KR. 4 : esfreés E —



7355

7347 qu'est manque. avalez

7349

2 |

7354 vez.

7334 P. cel tinel E —

7335

Et si le lieve par ta ruiste (tes grandes 4) fierté — .1 manque À ; Et si en fier le paien desfaé E — 7336 P. toi — 7337 demorés E; ne s'ie. ar. À — 7338 p. qu’il n’i est arestés E — 7339 Tant est pesans ; qu'il en fu enconbrés E, toz en fu tresaüez 4 — .1 s’il i fust atelés — .2 Del traïner en fust molt enconbrés £ — 7341 À G. s'en vint E, V. G. c. molt t. e. 4 — .1 Rainoars saut si est en son montés £ — 7342 Fiert Gadifier entre l’uel E, Il l'en f. enz el (entre 4°) front et

el n. 4 — 7343 Le — 7344 Le tient fausa tos fu esugratelé — 7346 R. saut ; s. e. en son m. £ — 7347 mast ; tr. qu'iert ferés Æ, qu'est remés 4 — 7348 S. l'en ; dehurte À ; les flans et les costés £ — 7349 Voi le Tiebaus : si est haut escries E, s'en est molt aïrez À — 7351 m. a flaiaus acouplés (a tinés 4) — 7353 Faites vertus mauvés dex as. — 7354 N. veés v. caitis vius redotés (radotez 4) — T355Cont 1:

MORT

GADIFER

LT

Et Renouars s’estut sor lou malfés; tant lou debat environ et en lés, c’an .XXX. lius li est li sens volés, et la cervelle li espent par les prés. L’arme s’an va, li Turs est definés; itel brait gete ans qu'il fust deviés, jJec’a la mer est li pors resoneis: l’ame enporterent Belzebus et Malfeis. De ce fut molt Renouars efraés!

7361

Tiebaus escrie Ira s’en dont li plus hardis qui tos nos a Dont veissiés

DE

7359

7364 7366 7367 7370 [d] .1

: « Sarrasin, que ferés? Renouars li desvés, qui soit de mere neis, honis et vergondés ?» Turs et paiens armés!

Li cuens Guillaume les ait bien avissés; as armes cort, si s’est halt escriés : « Baron, » dist il, «or

tost!

Si vos

hastes

7375

et Guis et Guichars li menbrés, sa, frans chevalier loés. tenons ensanble lés a lés

7380

que Renouars ne soit enprisoneis !» Dont oïssiés grailles et cors sonés, Et Renouars s’est en halt escriés : « Bertrans traiez vos

Si nos 7358

lius manque.



7366

De;

lecture incertaine.



7367 T. : lecture

incertaine.

7358 lius l’a ronpu et E — 7360 Tant l’a batu 7361 L'ame va si fu tos quant il fu d. 4 — 7363

navrés E ; 1. est li tés faussez À — 7359 li ciet aval 1. p. que il fu to froés E, T. l'a feru que toz est effroez 4 —

Buzebus A°) et Barés —

7365 A feu ardant ont le feu (ard. a arbres À) alumé



7366 De —

E : deviés — 7362 La ot tel br. quant il fu afinés E ; g. est li bras r. E — 7364 enporta Belgibus (Bugibus 4,

7367 Tiebaus ; s'esc. À —

7368 placé après 7371 dans E ; Vés

A°) Gadifiers est mors et afolés (afinez 4) — 7369 Or tost as armes ja mar arresterez À — 7370 osés — .1 L. p. maus hom — 7372 La E — .1 Et rois et contes (porince À) et tous les amirés — 7373 escoutez À — 7374 c.et E ; si est A — 7375 Or tos as armes bar. n'i demorés £ — 7376 Q. R. n'i À — 7378 E. R. fu £, est 4° — .1 O le Guillaume n'i a plus demorés £ — .2 Il a ses homes

maintenant acenés £ — 7379 et des autres asés E — 7380 menbrés — 7381 Si vous tenés ; et rengiés et sierés Æ, encontre ces maufez 4.

LE MONIAGE

318

tant que secors Es vos

paiens,

RAINOUART

II

nos sera amonels. » les cuivers

defaez,

plus de .X.M. des armes conraez : «Par Mahomet, lichieres, n’en irés! Huit est venus li jors que vos morés, que vos serés honis et vergondés. » Sore li corent, les espiés entesés. Es Maillefer, qui molt fut aïrés, d’un mail de fer qui fut grans et quarrés devent son pere en a paiens frapeis; ront lor les testes et brise les costés. Qui lo veist tornoier et aler, a mail de fer ces paiens lapider tot autresin con li pors enbersés qui est el bos entre les chiens melés et il ne soit touchiés ne adesés! Fiert Maillefer

environ

et en

7390

7393 7394.1

5

lés;

tant en abat, ce est la verités, que .XV. char en fussent anconbré. Tot entor lui en a tent arresté covert en sont et li chanp et li pré. A tant és vos Guillaume et son barné; crie : Traïtor

7384 7386

8 7395

«Monjoie! Baron, or i ferés! sont, mar les espargnerés |»

Primes 1 fiert Guillaumes au cor neis; de son espié en a .II. afolés 7394.5 soient. —

7400

7399 et li chanp et li pre.

7382 T. q. Jhesus nous avra confortés E — 7383 E. v. venus p. et através (p. ven. €. at. À) — 7384 P. d. .ix. (.xx. À) m. sor les destriers armés (montez 4) — 1385 De mil parties les ont il (i ont 4) escriès — 7387 j. et alevés (ajornez 4) —

7389 Dont acorurent environ et en lés À, Dont li coururent ez les vous arroutez À — 7390 Et E — 7391 De E ; f. gros — 7392 p. a .i. p. f. E — 7393 Le pis li froise le cors et I. c. E — 7394 Si les abat con ; fauceors (la fauz fet 4) les prés — .1-.8 manquent — 7395 molt E ; d'afrontés — 7396 manqua E ; C. e. est

À — 7397 Dont 1 vient, l'os des François adurés E, Dont vient G. et trestoz

a. b. 4 — 7398 M. ecrient E, Crient M. 4 — 7399 mar les espargnerés — 7400 Premiers E — 7401 .xx. espeés E.

FUITE

DES

PAÏENS

et a l’espee en a .XXX. tüés. Tiebaus voit bien qu'il est debaretés, adont s’escrie : «Franc chevalier, as neis!

319 7402 7407

Texte de E jusqu'à la fin Garisons nos! Alons a sauvetés ! Qui plus i ert, il sera asotés. Mors

est Mahons

[1674] 7410

et a la fin alés:

il ne vaut mie un gagnon estranlés. Cil qui le croit a bien le sens dervé !» A ces paroles entrent paien es nés, par mer s’en fuient o voiles et o trés; et Rainouars s’est en haut escriés : «Sire Guillaume, » dist il, «apriés alés! Ira s’en dont Thiebaus li forsenés ?» Et dist Guillaume : «Si con vos commandés !»

Plus tos qu'il porent destendirent lor trés, et li esciés fu molt tos asanblés, et li avoirs qui la fu conquestés. L’endemain muevent, lor voiles ont levés; Tiebalt encaucent, ensi que vous oés. Mais uns orages lor fut sor aus levés qui tant les a cele nuit demenés qu'il n’ont paiens veüs ne avisés. Si les mena cele nuit li orés

7415

7420

7425

7402 .xiii. decoppés — 7403 Li autre i fierent ne s’i sont (ont À) deportés — 7404 La veïsiés Sarrasins craventés — 7405 Turs et paiens ocis et craventés (decoupez 4) — 7406 Du sanc des cors est touz couvers li prez — 7408 Il lor esc. f. Sarrasin ; avec se vers se termine le texte de D aussi bien que le manuscrit. — 7409 Jusqu'a la fin de l'œuvre nous donnons le texte de E et les variantes de À, qui portent des sigles uniquement quand il y a désaccord entre A' et A'— 7410 foux s. apelez — 7411 et du tout avilliez (avillez 4*) — 7412 v. més ne c'uns wadaz (wadiax 4°) pelez — 7413 Qui en lui cr. b. ert du s. d. — 7415 a v. et a. tr. — .] À tant se sont noz François rassenblez — 7417 S. G. or tost — 7418

eschapez — 7420 nez — 7423 El demain m. s'ont |. v. 1. — 7424 environ et en lez — 7425 lor est adonc |. — 7427-28 manquent.

LE MONIAGE

320

RAINOUART

II

qu'a l’ajornee quant il fut ajornés, lés Gadiferne sont François arivés. Ja lor avoit uns mesagiers contés que Gadifers estoit mors et finés. De

Rainoart

ont

[1684]

oi li barnés,

et la commugne et li maire Ysorés ont dit entr’aus li plés est creantés que Rainoars sera lor avoués, a millor home ne seroit li regnés. La cité rendent, ensi com vou oés, si li rendirent homage et feautés. Icelui jor par grant nobilités fu Rainoars de fin or coronés, sel courona Guillaumes au cort nés. Grans fu li joie que a fait li barnés, un mois dura pleniere, n’en doutés. Millor

ne tint ne rois ne amirés;

qui volt del sien, ne li fu deveés. Et Rainoars maintint ses hyretés tant com lui plot et il li vint a grés; puis corona Mallefier son biel nés, se li laisa toute la roiautés. A s’abeïe est Rainoars

ralés;

li quens Guillaumes a Orenge est tornés, ses soudoiers a paiés a lor grés. Rainoars

fu de si grant

7455

sainteés,

quant du morirli ber et definer, 7429 A. —

7435 la mere. —

7442 Icele.

7429 Qu'a ; q. François sont levé —

7430 Souz G. s. tot droit av. —

7431 Il

issent fors qu'il n'i sont demoré — 7432 Laiens estoit .i. message portez — 7434 les bontez — 7435 et li maires Ivrez — 7436 pl. soit — 7439 ser. pas livrez — 7441 S. I. jurerent — 7442 Icelui — 7443 F. KR. desuz touz c. — 7444 et grant la richeter — 7445 d. la corz et la planté — 7446 Qu'il ne leur vint — 7447 S'il ; refuses — 7451 M. par fiertez — 7452 toutes ses heritez — 7453 alez — 7454 Or. t. (est omis) — fu deviez.

7455 S. s. i a touz assenez —

7457 Q. il morut et il

MORT

DE

RAINOUART

sains fu li cors et en fiertre posés. Dedens Espegne en fu li cors portés en une abie, ce dit l’auctorités: que li cors sains est de tel dignités enfers nel quiert qui n'en soit en santés. Qui d’Aliscans ot les viers controvés, or tous ces mos perdus et desvoiés. Ore les ra Guillaume restorés, cil de Bappaumes, qui tant par est senés de cançons faire et de viers acesmés. Pour çou l’escuellent li jougleor en hé qu'il les a tous de bien faire pasés. De Raïinoart plus avant n’en orés; Dex en ait l’arme par la soie bonté et vous meismes qui l’avés ascouté. Or revoroumes de Guillaume canter, si con revint a Orenge sor mer. Morte trouva Guibor o le vis cler, le millor dame que on peuist trover, suer Rainoart dont vous oï avés. Molt est dolans Guillaumes au cort nés.

621

7460

7462.1

5 [b]

.10

7462.16

7458 ainsi con vous cez — 7459 f. li bers p. — 7460 E. u. terre — 7461 Ou I. c. est de si grant d. — 7462 qui ne. Après les derniers vers de E 7462.1-.16. on lit EXPLICIT.. de Guillaume d'Orenges, suivi par un passage en prose de transition au Moniage Guillaume I] : Et ci commence li romans dou Mouniage Guillaume comme il s’ala rendre en Angienes l'abie por le duel et por l’anoi qu'il eut de Guilbor se femme qu'il trova morte quan il revint du Gadifierne, la u Rainoars se combati a lui et le tua en son travail : et comment il s'en ala sans congié a ses homes et laisa se terre et enmena se ceval et ses armes. Et si parole comment li abes l'envoi a le mer as piscons, et comment il se combati au revenir as larons por se rice braioel qu'il eut dorét, et comment Guillaume les tua tous .xii. de le cuise de se keval, et comme il revint a l’abie et s'en rala en l'iermitage.

LE MONIAGE

522

RAINOUART

II

Texte de A' jusqu'à la fin Qui d’Aleschans out les vers controvez, et tous ces moz perduz et oubliez; ne sot pas tant qu'il les eüst rimez. Or les vous a Guillaume restorez, cil de Batpaumes, qui tant est bien usez de chançons fere et de vers acesmez. Por quoi l’ont pris maint jougleeur en hez qu'il les avoit de bien fere passez. De

Renoart,

dont

tant

7462. [1834] 2.1 Un

oï avez,

d’ore en avant jamés plus n’en orrez; de lui me tais, quar dit en ai assez. Si vous dirai, se un poi m'entendez, du bon marchis, de Guillaume au cort nez, et de sa fame dont grant duel est menez. Langor l’a prise, si chiet en enfertez; longuement jut, li cors fu adoulez trusqu’a un jor qu'il fu aterminez. Vint a la dame dont vous parler oez; morir l’estut, jamés pius voir n'’orrez. «Diex,» dist Guillaume, «bons Rois de majestez, trop ai vescu, bien sai de veritez, quant ge voi morte tel dame de bontez, dont touz li monz devroit avoir pitez. » Li cuers li faut, si s’est iluec pasmez; quant se redrece, si s’est haut escriez: «Hé, mort!» dist il, «por quoi ne m'ociez? Cele voi mort dont mes cuers est iriez.

8.1

5

Après 3164.7 B' reprend le texte de À au vers 7462.9 (7462.1-.8 manquent dans B') ; 7462.1-.76, communs à AB, sont des vers de transition au Moniage Guillaume IT ; puis aux vers 7462.77-.112 B' ajoute une deuxième transition au

Moniage Guillaume II, cf. App. VI. — 7462.10 s’un petit B! — .11 m. dant G. B'— .11.3 1. quens f. B'— .11.4j.qui f. determinez B!' — .12 v. dire m’o. B' — .13 l'est. et ses tans est finez B'— .13.2 b. le s. d. verté B! — .14 m. la d. B! — 15m en doitpenre p BY

MORT

DE GUIBOURC

393

Ge vuel morir volentiers et de grez, moi et ma fame en iron lez a lez!» Einsi disoit li marchis au cort nez et Maillefer et des autres assez. La nuit s’en vet, le jor est esclairez; touz li barnages qui la fu assemblez gaitent la dame environ et en lez; prestres et clers 1 ot a grant plantez qui lor sautiers i ont dit et contez. Que Dex en ait et merciz et pitez! Li jor fu granz, li soleux fu levez; a saint Martin a l'en les sainz sonez, et au mostier en est le cors portez; assez 1 ot lumieres et clartez. La messe chante un evesque sacrez, grant fu l’offrende des chevaliers menbrez. Quant

le servise

.20

7462.25

.30 [b]

35

fu tot dit et chantez,

a grant henour fu le cors enterrez. Guillaume pleure et trestouz li barnez, et Maillefer ne s’est mie oubliez, endroit soi est molt grant duel demenez. En Gloriete en est li cuens tornez et Maillefer et trestot li barnez; cil jor passa et des autres assez. Par un jor s’est Guillaume porpensez, par toutes parz a ses homes mandez : « Segnors, » dist il, «un petit m’'entendez : ma fame est morte, dont mes cuers est irez. En ceste terre vous trestuit remaindrez, et ge irai en estrange regnez. 7462.45

.40

45

P. troiz p. a ses h. toz m.

.21 dame B! — .22 A. dolouse B! — .24 L. n. revint quant li j. fu alez B' — 27 ot ii a p. B! — .28 s. o. d. et raconté B'— .30 f. biax et 1. s. 1. 8 — 31 a on B' — .32 m. a on B! — .33 ot et lumiere B! — 40 E. s. a4°: il d. gr. d. B — A1 s'en B' ; alez B'— .43 manque B' — .44 P. .i. matin s'e. li quens p. B' — .45 P. toutes p. a o. h. m. 4°, P. ses més a tous s. barons m. 8 — .45.1 Molteni ot quant furent assemblez

B' —

.48 v. ai tr. mandez

4°.

324

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Maillefer les toutes mes heritez. Por Dieu vous pri que vous molt l’ennorez comme seignor et grant foi li portez, car ge m'en vois. À Dou vous demorez !» Dist li barnages : «Se Diex plest, non ferez!» Et dist Guillaume : «Ja mar en parlerez. Ne remandroie por .M. mars d’or pesez, car cele est morte por qui je suis irez. » Li chevalier en ont molt grant pitez. Li quens Guillaume, qui Dex croisse bontez, Maillefer baise et des autres assez, et si les a touz a Dieu commandez. Prent .II. somiers d’or et d’argent trossez; departi soi, ainsi con vous oez. Entre

en

sa voie,

.55

.60

si s’est acheminez

o son serjant qui le suit par delez. Cil le conduie qui en croiz fu penez. Desi qu'a Brides ne s’est pas arrestez; vient a la porte, si est laienz entrez, l’abe et les moines a molt bel salüez : « Seignors, por Dieu çaienz me recevez. Servirai Dieu volentiers et de grez. » Respont dans abes : Tot a voz volentez. » L’en li a lors les noirs dras aportez, et 1l les prent,

7462.50

.65

.70

si les a endossez.

Puis fu lonc tens bons moines coronnez et vesqui tant qu'il fu de grant aez.

7462.75

.S1 q. trestuit le servez B'— .53 tous dem. B! — .55 Ce B' — .57 m. dontj. s. molt ir. B' — .62 P. ui. B' — .63 D. est B! — 65 .I. ser. a B! — .67 ne s'iest ar. B' — .68 dedans ent. B! — .71 S. D. de bones volentez B! — .72 li ab. si con vous iert a grez B!. Après 7462.76 A' écrit Ci fine Le Moniage Renouart/et commence le Moniage Guillaume, en laissant en blanc presque toute la colonne 183c et toute la colonne 183d. Le Moniage Guillaume Il commence avec une miniature à la colonne 1844. Dans A° la transition se fait sans miniature : à la dernière ligne de 259a et à la première ligne de 259b on trouve : Or commence Li Moniage Guillaume et si con il tua/Ysoré devant Paris, suivi immédiatement par le Moniage

Guillaume

II.

ANNONCE

DU

JONGLEUR

APPENDICE (Texte

525

Î

de Ë)

Or vient cançons qui bien doit ascotee et que on doit a canteor douner,

[2507

L/S 215

mais li mauvais, li escar. li aver, qui n'ont nul soig de lor signor garder,

si faite gent font onor decliner. Le diemence voroient il orer s'il ne cuidoient c’on les deuist blasmer. Dex les confonge que je nes puis amer! Ja ne lairai per aus le mien canter. Si lor anuie, si se voisent caufer; as boins me tieg, les mauves lais aler. Hui mais voel jeu de Rainoart canter, comment

il vint a Mallefier

DS

capler,

de duel qu'il fisent quant vint au desevrer. Dame Guibours le corut acoler, molt fu Joiouse, ce ne fait a douter.

APPENDICE

(Texte

20

.30

II

de E)

« Dame, » font il, «ja nos verrés armer !» Desor la tor fost un gresle soner. La veiïsciés ces haubers endoser,

[127 b]

326

LE MONIAGE

monter

es seles et ces

RAINOUART

espius

II

branler;

lors s’en iscirent, le pont font avaler; apriés aus font le pont sus avaler. Et cil s’en vont brocant sans arester tant que il virent Guillaume esporoner, et Rainoart

cui Dex

puist ounorer ;

en çaus se fierent que nes pueent amer ; as premiers cos en font .XXX. verser. Turc

s’estormisent

1980

et prendent

jusqu’au gaiant ne se font arester. Quant il les vit, si prist a demander : « Pour coi fuiés ? Si vous voi esfreer! Quel noise est çou ? Sovent vous voi capler, soventes fois oi Monjoie escrier. Par maintes fois oi Monjoie escrier. » «Franc sont iscu pour a nous behorder. »

APPENDICE

(Texte

1985

a crier,

1990

III

de E)

Guibors l’oï, son frere a acolé, Rainoars li par molt grant amisté. Son fil a pris et si li a rové. Guillaume en a son grant ost remené,

deviers Orange se sont aceminé. Et Raïinoars,

cui Dex

croise

bonté,

et Mallefiers et Guillaume au cort nés par mains tenant se sont ensanble alé, dedens Orenge sont el palais entré. Li autre avoec, la se sont aresté, et li clergié sont au mostier alé. Les dras osterent

dont

il furent

a l’ostel vont, si se sont reposé.

paré;

2915

BAPTÊME

DE MAILLEFER

327

Et li marcis est el palais montés, si home o lui, qui molt son ounoré; de Gloriëte

monterent

les degrés;

as cors d’ivore a on l’eve corné. Chevalier sient quant ill orent lavé, et quant

dormirent

fu tans, coucier

en

sont

tant que il fu ajorné.

Par le palais lievent

li plus privé,

et Rainoars et ses fius sont levé; au marcis Voit, si l’a araisoné. Dist Mallefiers : «Or oëés mon pensé : jo voroie iestre en fons regenerés et oins de cresme, se il vous vient a gré.» Dit li marcis : «Or avés bien parlé! Si liés ne fusce par Deu de majesté qui me donast un grant mui d’or conblé. » Un capelain en a tos apelé : « Faites en fons cuves metre a plenté. » Cil s’en va tos, n’i a de demoré : au clergié nonce çou c’on li a rouvé, et li canoine ont les fons atorné. Li capelains rest el palais monté ; u voit Guillaume, si l’a araisoné : « Sire, li fons sont ja tout apresté. » Guillaumes a Mallefier apielé, et tuit li autre sont avoec lui alé, et Rainoars avoec aus est tornés. Dame Guibors o le cors onoré et autres

2920

alé,

dames

dont

[133c] 2925

2930

2935

2940 =

il i ot plenté,

por Mallefier veir et. esgarder el mostier entrent, la se sont aresté. Et li fons sont beneït et sacré, li cresmes mis et la crestienté,

et Mallefiers

fu au fons aportés.

Si con drois fu et on l’ot devisé, Guillaume l’a par mi les flans conbré,

2942.

nr 2h hp — = DD

328

LE MONIAGE

RAINOUART

Il

2945

et .XX. baron l'ont ens el fons posé. Onques ses noms ne li fu remüés, aussi aprés fu Mallefier només. En

l'eve l'ont et ploncié et navré,

et resacié, et le cief encresmé, mis fors del fons, apriés l’ont enoilé. Mallefier ont baisié et acolé. Et Renouars

a Guillaume

apelé : (E manque)

«Vés ci mon fil que Dex m'a amené; douner li voel toute mon yreté et Porpaillart et de lonc et de lé. Otroiés li par devant mon barné. » Et dist Guillaume : « Je l’avoie en pensé. » Par une verge l’a Mallefier douné : «Tenés, biaus niés, Dex vous croise bonté, viers vo signor errés par loiauté. » Devant le cort l’en a iluec fievé. et Mallefiers l'en est au pié alé: Guillaume l’a redrecié et levé et par amors baisié et acolé. El palais vont, ensamble sont disné: apriés mangier ont ensamble parlé. (E pasé) Et Guillaume a Rainoart apelé : « Venés avant, si oiés mon pensé : jai une niece qui molt a de biauté,

2965

2970

fille est Milon de Pulle le sené: (E Mahon) ses pere est mors, ce ma esté conte.

Sa biele fille et toute l'ireté est en ma garde, si en ferai mon gré: Un mariage en faisons de par Dé.» (E mangue) Dist

Rainoars

: «Or

soit mes

fius mandé

s'il le voroit ne ne venroit a gré. » Uns vallés ceurt, si l’a tos amené. et cel afaire li a dit et conté si con Guillaume li avoit devisé. Dist Mallefiers : «A vostre volenté

(E est)

2975

PROJET

DE

MARIAGE

ferai del tout, mar i avra douté. » Guillaume l’ot, si l'en a miercié, et la pucele a devant lui mandé. Dame Guibors li a son cors paré : uns noviaus dras li a Guibors douné, d'un fresiel d’or a son cief galonné. Face a vermelle plus que rose en esté, (E mervelle) 2985 les ious ot vers plus que faucons müés, cors avenant et le vis bien mollé; [1344] si l’amenerent

.V. chevalier

privé;

cil qui l’enorent sont contre lui levé. Guillaume l’a par les .. mains conbré, qu'ele ot plus blances que la flors en esté. Guillaumes a Mallefier apielé : « Vés ci ma

niece, qui molt

a de biauté;

recevés le, vous arés m’amisté et tout son fief et de lonc et de lé. » Dist Mallefiers : « A vostre volenté. » O le li quens, si est avant alés, douné li a la pucele de gré. Cil le reçut de boine volenté, au

piet Guillaume

le bers Guillaume

2990

s’en est tantos

2995

alés;

l'en a tos relevé.

La ot le jor grant joie demené; quant vient au viespre, s’ont le mangier Cil chevalier

ont ensamble

quant mangié orent et beùü a plenté, li lit sont prest, si sont coucier alé. La nuit dormirent desi a l’ajorner que li baron sont par matin levé. Les dames ont lor gens cors conreé, et la pucele ont molt bien acesmé : d’un riche porpre et son cors atorné; un

mantel

a a son

hasté.

3000

lavé;

3005

col afublé;

de rices pieres i avoit a plenté; en mi le pis ot un jaspre fremé;

3010

LE MONIAGE

330

RAINOUART

capel ot d’or, d’esmeraudes listé, de bones pieres qui ont grant disnité. Tous

li palés resplendist

de biauté;

A saint Quentin a on les sains souné. Li marcis monte et ses riches barnés : Guillaume prent la pucele au costé et Rainoars si l’a ausi guié. Harpes, vieles i ot asés souné. Au mostier vont et sont dedens entré, et Mallefiers, cui Dex croise bonté,

—n

3012 3014 3015

(b]

la pucelle a maintenant espousé. Apriés la messe sont el palais torné que on avoit molt bien engordiné, et de vieles i ot mains

lais sounés;

grans sont les noces, molt i ot riceté. Napes sont mises, s’a on l’eve douné : li chevalier sont ricement disné ;: quar et poison orent a grant plenté, bien sont siervi tout a lor volenté. Apriés mangier, ont les napes osté; esciés et tables ont devant aus posé et toute jor ont de biaus geus jüé. A tans a eure s’en sont coucier alé. Mallefiers just en un biau lit paré; la bele o lui, qui molt avoit biauté. Ensamble font sovent lor volenté; et ont dormi,

par matin sont

3025

3030

3035

levé.

Dame Guibors en est au lit alé, et ses puceles u molt ot de biauté; puis ont un beg et fait et atempré : ierbes 1 ot mises a grant plenté, qui furent boines et flairoient souef. .XV. jors ont ices noces duré. Li baron ont le congié demandé ; li quens lor a molt volentiers doné et puis les a a Jhesu coumandé,

3040

3045

RAINOUART

PREND

CONGÉ

et si lor a grans sodeés douné. Cescuns s’en va d’iluec en son regné, et dans Guillaume remest en sa cité. Et Rainoars en son cuer a pensé qu'il reveroit volentiers son abé; vient au marcis, si l’a araisoné : «Sire Guillaume, or oiïés mon pensé : çaiens od vous ai longement esté, et Mallefiers Dex le vous Je m'en 1rai, en l’abeïe, u

a fait vo volenté: mire, bien l’avés marié. biau sire, par vo gré, jou ai conversé.

3075

Grant paor ai que n’en soie blasmés de mes conviers, que jou ai molt amé. Mon tinel voi, qui est par mi froé. » Guillaume l’ot, si plora de pité, puis li a dit par molt grant amisté «Quar remanés, se il vous vieng a gré. » Dist Rainoars : «Or avés mal parlé! Ne remanroie pour tout l’or que fist Dé! Encor crien jou que n’en soie blasmés enviers mon ordene et enviers dant abé »

3080

3085

CE Dist Rainoars

: « Congié

vous

voel rouver ;

aler m'en voel le covent visiter. Se mestiers est, si me faites mander.

(E se)

3085.3 3086 3092

S'en paradis iere alés osteler, si isteroie por vo vie sauver. » Dist

li marcis

Puis que Dex vous en sainte La veisiés

: « Bien

fait a mercier,

por moi ne volés demorer, conduise, qui se laisa pener crois par son peule sauver. » grant duel au desevrer,

3095

562 et Mallefiers

LE MONIAGE le courut

acoler.

RAINOUART

II

(E manque)

Dist Rainoars : « Biaus fius, laisiés ester. Pensés vos terres garandir et tenser. » À tant s'en torne, plus n’i vot demorer, et son tinel ne vot mie oublier ; dusques a Bride ne se vot arester, a l’abeïe, qui est deviers la mer. Vient a la porte, si commence a crier et le portier forment a apeler : «Fius a putain, que me fes ci ester? Mauvais cuvers, je te ferai crever encor anq'ui del bout de mon tiner!» Li portiers l’ot, si commence a tranler; bien le connut quant il l’oï hurter. Courant s’en va a dant abé parler : « Sire, » fait 1l, «or oiés mon penser : Vés la vo mogne, que Dex puist craventer, (E qui) qui s’en ala combatre as paiens d’outre mer, mais ce m'est vis ne le porent tüer. Paor m'a fait, priés ne m'a fet derver !» L'abes l’entent, dit a sens demorer : «Li vif diable le puisent craventer ! Et par mes botes mar li lairés entrer! Siere le porte! Fait le verel entrer !» Et li portier lest alee fremer, as fors caïnes l'est alee sierer. Et Rainoars

commença

a crier :

«Fius à putain! Lai moi laiens entrer !» Et Li portiers li prist a escrier : «Ce sont diable qui vos font retorner quant Sarrasin ne vos porent tüer ! Je vos ferrai, se me faites irer, de cest baston se vos oi plus crier. » Rainoars l'ot, vis cuida forsener: a la grant porte commença a hurter, par molt grant force a fait les gons voler.

3100

3105

sd I [d] .2

3110 A —

2

3115

3120

Ë 3125

RETOUR

À L'ABBAYE

333

Et li portiers vot en fuies torner, mais trop tart mut, ce le fist encombrer, quar li flaiaus li fist les ious voler. Et Rainoars ne vot plus demorer : vient en l'enclostre les mones revider. Et li covens iert asis au disner; a mangier orent, ne fait pas a douter : lus et saumons et esturjons de mer : de vin sor lie se font bien abuver. Et Rainoars prent laiens a entrer; as tables vait sans congié demander ; (E vont) une escuiele coisi sans demorer c'on avoit fait de divers mes raser por dant abé siervir et onorer. Lés l'escuiele s’est alés acoster, tos l’ot widié por son fain estouper. Et sire abé si fu en grant penser pour Rainoart, qu'il voloit lapider. Tost

avoit

a aus

fait les mognes

parole si con

apeler;

m'orés

conter.

APPENDICE

(Texte

Variantes de À : 3525 .X.m. —

SSB

IN 0 00.

3135 1 D [1354] 3138.1

4 3168.1 ALT 3169

:l

IV

de FE)

S'en sont .IX.M. fait rere et roengier, et vestir dras blans et noirs de mostier. C'a fait li abes qui l’ala porcacier: il en ara encore son louier ! Voit Rainoart, sel prent a araisnier: « Dites, amis nel me devés noier, venrés vos ent au port esbanoier ?

nerdl

3130

3527 Ce A; q.ç'ala —

1197613525

[«]

3530 D. biaus frere:

334

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Venés vos ent a no mestre clotrier qui nos aporte molt sovent a mangier, ciers et lardés por nos cors aaïisier. » Dist Rainoars : « Car il font a prisier! Mais vous pensés tous jors a espargnier por vos putains tenir et aaisier. Alés avant, je vous sivrai derier; je m'en vorai ançois aparellier. Encor ai jou mon bon auberc doblier que me douna Guillaume a l’acointier quant je li ving de Monloon aidier. Tant par est fors et tant fait a proisier que arme nule ne le puet enpirier; por çou le fait garder et ostoier. Et s’ai encor mon hiaume de quartier que ains ne pot entamer nul acier: jel lacerai qui qu’en doie anoier. Ja ne crerai a nul jor notonier ne home nul qui par mer puist nagier, que il me fisent l’autr'ier grant encombrier. Sous Porpallart par delés le gravier me vorent il mener en prisonier. » Et dist h abes : «Ja n'en est il mestier !

Il sont no frere et no mestre clotrier, qui a nous vienent parler et consillier. Tur ne lor laisent lor terre gaegnier: bien les devés en droit Deu consillier. » Tant li a dit ll mauvais losengier que Rainoars ne porta ainc levier fors un baston por soi esbanoier,

3535

3540

3545

3550

3355

3532 ent a voz m. 4° — 3533 Iluec ap. ent tant forment a m. — 3534 Cers — 3536 M. r. baez — 3537 amesnier — 3539 Je me — 3541.1 Monlaon 4! — 3542 e. bons — 3544 estoier — 3545 mo. bon elme d'or mier — 3547 Cel vestirai — 3548 cr. mes n.j. mençongier — 3550 f. l’autre an grant destorbier — 3551 S. P. de desor — 3552 il le men. pris. — 3553 l'ab. n'en avons ci m. — 3556 ter. a g. 4° — 3559 Q. R. n'i — .1 po. son cors chalengier.

RAINOUART

AU

PORT

335

mais viestu ot un bon auberc doblier : desous le froc ot le capel d'acier. Puis li ot il a cort terme mestier. Ainc Rainoars ne se vot atargier desi qu'il vint au port sor le gravier; iluec trova le gent a l’avresier, le flor d’Espagne, que molt puet resognier; par traïson se sont fait roegnier.

3560 4

[138a] 3565

3560 ot son blanc aub. d. — .1 D. le froc — 3562 Et R. ne s’i 4' — 3563 po. et au g. — 3564 tr. de la g. l'av. — 3565 d'Esp. qui tant fait a prisier.

APPENDICE (Texte

Puis dist en bas quant

V

de FE)

bien l'ot ascouté

« Glotons, » dist il, «par

Mahomet

mon

ançois demain que il soit ajorné, vous avrai jou .i. mortel plet trové dont vous serés honis et vergondés, et en prison trebuciés et versés ! » Glorious Sire, biaus Rois de majesté, que Rainoars ne set or son pensé! Con il l’eüst malement atorné!

:

4895

Dé,

4900

CLTIT. Liés fu li abes quant il fu acordés; tant lor a dit tous les a encantés,

4905

E : 4898 pelt — 4924 .x. de nos. Variantes de À : 4895 P. d. aprés que ne l'a esc. — 4896 p. sainte charité — 4898 plet — G. Diex qui mains en trinité — 4904 racordés.

LE MONIAGE

336

RAINOUART

Il

que Rainoars fu tout aseürés. Quant il le crut, ne fu mie senés:

ja ne vera l'endemain ajornés quant il l'avra laiens molt mal mené. Mais Rainoars fu sages et menbrés. et Dez de glore li a mis en pensés qu'il ne volt mie que il soit vergondés. Rainoars est en son cuer porpensés que l’abes est traïtres esprovés; ne le crera jamais en son aés, savoir vora que il a enpensés. Ne set por coi est ariere tornés: il l'en apele con ja oïr pores : «Dans

abes, sire,» dist il,

4915

«or entendés.

Je me sui molt travilliés et penés et de l’estor cescun jor molt grevés. Vostre merci anuit mais gaiterés icest castiel, se vous le commandés, jusqu'a demain que il iert ajornés, o vos .X. mognes et des mious atornés. Les brans d’acier aront

4910

4920

çains as costés

et cerkerés et balles et degrés que Sarrasin n'’et çaiens nul entrés. S'avés

besoig, et vous

m'acrierés

jusqu'a demain que devra ajorner. » Et dist li abes : «A vostre volenté! Ja vos creanc par moi n'iert refusé ! » Dist Rainoars : «Or verai que ferés. »

4906 Q. R. rest A':t. rassegurez — 4907 Q. 1. s’i cr — 4908 v. que jor soit aj. — 4909 Si les av. — 4913 KR. s'est — 4914 e. .i. traïtour provez — 4915.1 manque — 4917 Ja parlera — 4919 Forment m. s. — 4920 est. chascune nuit g.

— 4921 V. m. enhui A'; an. me g. 4° — 4922 Cest nos c. — 4923 q. jors soit

a). A°— 4924 O vos .x. m. des noz — .1 avrez — .2 bailles et fossez — .3 Q.S. n'i soit o nos e. — .4 m'esveillerez — .5 d. icest mestier ferez — .6 Voir — .7 J. vo

commant.

GUILLAUME

REGRETTE

APPENDICE

(7462.77-.112 Passage de B' Moniage Guillaume IT :)

VI

qui forme

la transition

Seigneur preudome, un petit m'entendez ! À ice tans que vous dire m'oez n’avoit nul home en la crestienté, ne duc ne conte, ne nul roi coroné, cui ja fust barbe ne nus grenons ostez; ainz les portoient en trestout lor aé. Ja puis en court ne fuissent honoré que li grenon li fuissent recopé. Li quens l’ot tele et le vis si barbé que sa grans barbe blance con flors de pré li avenoit jusqu’au neu du baudré; si grenon

furent

menu

fut Guillaume,

avec

sa femme,

qu'elle fu morte

au

(193/ 7462.80

.85

recercelé,

a .i. fil d’or par derriere torné. Nus hons vivans ne diroit sa fierté! Tant

337

GUIBOURC

li vassaux

.90

alosez,

que il ot en chierté, et ot son

tans finé;

au grant moustier fu le cors enterré. Moit fu Guillaume courouciez et 1irez. S'il en a ire, n’en doit estre

05

blasmez,

car molt puet estre marris et adolez a qui Diex a bone moullier doné et il la pert et chiet en veveté. Damediex n’ot pas Guillaume oublié. Par un sien ange li manda son penssé qu'a Angienes s’en aut sans demoré, une abaÿe qui fu d’antiquité; la fu il moines beneïs et sacrez. « Voir,» dit Guillaume, «ja n’en iert trestourné.

7462.100

.105

338

LE MONIAGE

RAINOUART

II

Quant Diex le veult, je le preng bien en gré. » A Dieu commande la gent de son regné et Maillefer a Orenge doné, et si li a trestout quite clamé. A l'anuitier, quant il vit l'oscurté, se vait li quens, n'a congié demandé. Puis ne la virent en trestout leur aé.

.110

Ensuite, au bas de la colonne 193f, vient cette rubrique : Ci comence comment Guillaumes fut moines et hermites, et comment il ala aus poisons a la mer. et comment il fu pris des Sarrasins et menez a Palerne, et comment il fu delivrés et puis se combati a Ysoré devant Paris. 4 la page suivante, 194a, après une miniature, commence le Moniage Guillaume IL.

TABLE

DES

MATIÈRES

INTRODUCTION Chapitre I : LES MANUSCRITS

DE BASE ET LES VARIANTES

Chapitre II : ÉDITION SYNOPTIQUE ................... LE SYsiÈMe Ce MÉDOC AUD... nu rc ee PR RER OPUS Lee meneur Chapitre III : CARACTÉRISTIQUES DR LOIR

DES VERSIONS .........

AVCESIOR ED nca afess Ro RAR IR RTE

CHRaDIre IVS

UE

LE PETITE VERS EEee corp cbr

Chapitre V : CLASSEMENT

DES MANUSCRITS

............

Cp TINITÉ DÉLL'ŒLINRE.. Lomme Méthode pATalserdenstvle 22 0 IL -Statstique Longueurtdes laisses... OPA AISSC SO er eat RS nn EN le à VD HUCNMES ET PÉFMONNALES, nn: dust name 204 VI. Un aspect du comique : le domaine de la bouche. NITRRESUMÉMCMICONCIDSIONS

EE

Chapitre VII : ÉTABLISSEMENT

ae:

des evVa Antenne

LÉAMONTAGE

RAINOTIART

MABPEIDESIMARIERESS

un

XLVII LXXIII LXXVII LXXVII LXXIX LXXXIV XCI XCIX CV CXII

DES TEXTES.............

CXVIN

Re da Viet A MR nu coude coco

CXVIN CXX CXXI

HANVCESHICATIOM RE ER Re HAN ATHANTES OMIS AN

HIT ADI

à cn aa

XXIV XXXIII XXXIX

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