Le Monde du Sultan. L'Orient ottoman dans l'art de la renaissance 9401424233, 9789401424233

Le Monde du Sultan montre l'attrait qu'exerça le Proche-Orient sur les artistes occidentaux et souligne l'

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French Pages 304 [148] Year 2015

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Le Monde du Sultan. L'Orient ottoman dans l'art de la renaissance
 9401424233, 9789401424233

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L'EMPIRE

DU SULTAN LE MONDE OTTOMAN DANS L'ART DE LA RENAISSANCE ROBERT BORN

MICHAl. DZIEWULSKI

GUIDO MESSLING

Avec des contributions de RAPHAEL BEUING WENCKE DEITERS FRANCESCA DEL TORRE PAUL DUJARDIN SABINE ENGEL SURAIYA FAROQHI PAUL HUVENNE DARIUSZ KOf.ODZIEJCZYK STEFAN KRAUSE BEATRIX KRILLER·ERDRICH DOROTA MALARCZYK EMESE PÂSZTOR MATTHIAS PFAFFENBICHLER MIKAEL B0GH RASMUSSEN GÜNSEL RENDA ALBERTO SAVIELLO KATJA SCHMITZ·VON LEDEBUR DANIELA SOGLIANI DORIEN TAMIS KATHARINA VAN CAUTEREN HEINZ WINTER ÂGNES ZIEGLER

Directeur artistique PAUL DUJARDIN

BO ZAR BOOKS

Jb

1

LANNOO

6 Avant-propos

16 Introduction

13 « En savoir un peu » est dangereux ELIF SHAFAK

Essais 23 LA PORTE OTTOMANE, LA POLOGNE ET L'EUROPE CENTRALE DU xve SIÈCLE AU DÉBUT DU XVIIe DARIUSZ KOlODZIEJCZYK

29 LES ÉCHANGES CULTURELS ENTRE LE MONDE OTTOMAN ET L'EUROPE LATINE SURAIYA FAROOHI

37 LES PORTRAITS DE SULTANS OTTOMANS ET L'EUROPE DE LA RENAISSANCE GÜNSEL RENDA

Études 47 LA PRÉSENCE OTTOMANE À VENISE SABINE ENGEL

53 UN REGARD VENU DU NORD : ALBRECHT DÜRER ET LES OTTOMANS GUIDO MESSLING

57 ARTISî'ES EUROPÉENS DE LA RENAISSANCE À CONSTANTINOPLE MIKAEL B0GH RASMUSSEN

65 LIVRES DE COSTUMES ET ALBUMS DE SOUVENIRS. TRANSFERT D'IMAGES ET D'INFORMATIONS ENTRE L'ORIENT ET L'OCCIDENT ROBERT BORN

69 INFLUENCES DE L'ORIENT OTTOMAN SUR LA CULTURE COURTOISE EUROPÉENNE ROBERT BORN ET MICHAl DZIEWULSKI

75 LES DEUX CÔTÉS DU PALAIS PAUL DUJARDIN

Catalogue 81

UN MONDE QUI CHANGE

115

CONFRONTATIONS VISUELLES

129

VERS L'ORIENT: DIPLOMATES, VOYAGEURS, PRISONNIERS

157

VOYAGES D'ARTISTES

171

PEINDRE LE SULTAN

207

L'A1TRAIT DE L'ORIENT

259

LES OTTOMANS DANS 1A CULTURE COURTOISE

280 Bibliographie

La diversité culturelle est l'un des principaux atouts dont nous disposons en Europe. Elle fait partie intégrante de notre identité et offre une occasion unique d'instaurer une compréhension mutuelle, de se rapprocher, de bâtir des communautés. En tant que commissaire européen pour l'Éducation, la Culture, la Jeunesse et le Sport, mais également à titre personnel, je suis déterminé à protéger et à promouvoir cette diversité culturelle. Des projets tels que l'exposition !;Empire du Sultan. Le monde ottoman dans l'art de la Renaissance sont essentiels pour atteindre cet objectif. C'est pourquoi je me réjouis que la Commission européenne soit en mesure de soutenir cette importante exposition - que les citoyens pourront visiter à Bruxelles et à Cracovie dans le cadre du projet« Ottomans and Europeans. Reflecting on five centuries of cultural relations », cofinancé par le programme Culture de l'Union. Nos économies et nos sociétés traversent des temps difficiles, ce qui constitue un terreau fertile pour la division, la méfiance ou même l'hostilité envers «l'autre». Nous devons tous - responsables politiques, membres du secteur culturel et citoyens - lutter contre la désunion et la haine. Nous devons nous employer à surmonter ce qui nous sépare et trouver le moyen de nous rassembler. Les institutions publiques du monde des arts jouent un rôle déterminant à cet égard : elles peuvent nous unir grâce à des expériences partagées, en favorisant le dialogue interculturel et la connaissance mutuelle. Cette exposition, qui bâtit des ponts au-dessus de la Méditerranée et entre les peuples et nous rappelle nos valeurs, nos croyances, notre patrimoine culturel et nos rêves communs, en constitue un parfait exemple. Je lui souhaite tout le succès qu'elle mérite.

Depuis la fondation de la République turque, la Belgique entretient des relations diplomatiques fortes avec la Turquie. Dès 1838, notre - jeune - pays était déjà représenté auprès du sultan ottoman à Istanbul. Très rapidement, des traités commerciaux furent conclus et, après la Seconde Guerre mondiale, les liens sont devenus encore plus étroits, notamment parce que la Turquie était devenue membre de l'Otan. Par ailleurs, notre pays a toujours soutenu le rapprochement entre la Turquie et l'Union européenne. En 2014, nous av~ns célébré ensemble le 5oe anniversaire de l'accord de 1964 qui a ouvert la voie à l'occupation de travailleurs turcs en Belgique. Depuis cinq décennies, les liens entre les citoyens turcs et belges n'ont fait que s'intensifier. La communauté belgo-turque, qui compte quelque 220 ooo personnes, est fort diverse. J'ai pu m'en rendre compte lors de la commémoration au Concert Noble, le 21 janvier 2014, du 5oe anniversaire de l'arrivée des travailleurs turcs en Belgique. Plus de 200 associations de la société civile y étaient représentées. Des images d'archive, des vidéos et des témoignages attestent de l'intégration de la population turque dans notre pays. La contribution turque au développement de la Belgique ne saurait être sous-estimée. La Turquie constitue également un pôle d'attraction pour les Belges. Chaque année, 600 ooo touristes se rendent dans le pays qui a conquis leur cœur. Sur le plan culturel, les échanges sont extrêmement importants et 2015 les mettra encore davantage en évidence. !;Empire du Sultan montre combien, pendant la Renaissance, les artistes européens ont été fascinés par la culture ottomane, et combien les sultans étaient captivés par la culture européenne. L'Empire ottoman à cette époque s'étendait jusqu'aux royaumes de Pologne-Lituanie, de Bohême et de Hongrie. Il ne peut se comparer à la Turquie d'aujourd'hui. Mais l'image du « Turc » devint un fait. À l'automne de cette année, le festival Europalia sera entièrement consacré à la Turquie. Ces deux événements culturels constituent le moment idéal pour resserrer encore davantage les liens. En des temps troublés où la Turquie est plus que jamais appelée à jeter un pont entre l'Europe et le monde arabe, il importe de réfléchir à ce qui nous lie historiquement et à ce que deviendra notre avenir commun.

Tibor Navracsics Commissaire pour l'éducation, la culture, la jeunesse et le sport

Didier Reynders Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères et européennes, Belgique

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!:Empire du Sultan. Le monde Ottoman dans l'art de la Renaissance est l'aboutissement d'échanges longs et intenses. Nous entendons par là aussi bien les relations culturelles qui se développèrent à la Renaissance que les dialogues qui ont rythmé les années de préparation de cette exposition et du projet européen, plus vaste, dans lequel elle s'inscrit. !:Empire du Sultan a nécessité un patient travail de recherche, d'échanges d'idées et de compétences, de mise au point et d'analyse. Nous avons souvent été amenés à réengager le débat avec des partenaires qui envisageaient le sujet sous des angles d'approche différents. Le contenu de l'exposition s'est enrichi et nuancé à mesure que progressait le projet, comme il convient à une exposition couvrant une longue période de l'histoire culturelle et traitant de relations culturelles à une période où les notions de guerre, de fascination, de préjugés et de rapprochement allaient de pair. La rencontre entre l'Occident chrétien et l'Orient musulman à la Renaissance fut à l'origine d'une production d'œuvres d'art et d'objets précieux qui ne témoignent pas seulement de jeux d'influences, mais convoquent une vaste palette d'émotions, allant de la crainte ou de la diabolisation au respect ou à la tentation. La peur naît souvent de l'inconnu. [apport de connaissances acquises de première main tempéra l'image menaçante du «Turc» fréquemment mise en avant, notamment à des fins de propagande. En dépit des guerres, l'Orient et l'Occident connurent d'intenses échanges d'idées, de biens et d'objets d'art à l'époque de la Renaissance. !:Empire du Sultan se présente comme un somptueux roman historique divisé en plusieurs chapitres volumineux. D'éminents romans historiques comme Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk ou !:Architecte du sultan d'Elif Shafak nous aident à mieux comprendre le présent. À juste titre, les historiens font remarquer qu'il est nécessaire d'être prudent avec les comparaisons historiques. La Turquie d'aujourd'hui n'a rien à voir avec l'Empire ottoman de l'époque, même si les comparaisons persistent. Le lien avec le présent est encore plus fondamental: les cicatrices historiques ont tendance à se rouvrir à l'occasion du débat culturel sur l'Europe et le monde musulman. Toute discussion enflammée sur les traumatismes passés, situation figée ou blessure non guérie, bénéficiera grandement d'attention, de prévenance, de calme et de constance. « Ottomans &Europeans. Reflecting on five centuries of cultural relations» est un projet international conçu avec le soutien de l'Union européenne. Différents types d'institutions y participent, implantées dans de nombreuses régions. Après Bruxelles, l'exposition !:Empire du Sultan sera présentée au Musée national de Cracovie. Elle apportera un éclairage nouveau en mettant l'accent sur la partie orientale de l'Europe centrale. Quant au Kunsthistorisches Museum de Vienne, il ne se contente pas de prêter des pièces de sa collection: conjointement aux musées de Bruxelles et de Cracovie, il organise dans ses salles un parcours thématique mettant en relief des œuvres influencées par la civilisation ottomane. Des conférences, des débats, des blind dates s'adressant à de jeunes artistes mettent en lumière le thème central, selon des points de vue différents.Aujourd'hui encore, les lieux de rencontre et d'échange entre artistes demeurent essentiels; à cet égard, nous remercions la Fondation pour la Culture et les Arts d'Istanbul, le Centre Witte de With pour l'art contemporain à Rotterdam et la Fondazione Pistoletto de Biella. Entamés en 2014, les préparatifs de l'exposition de Cracovie ont coïncidé avec les célébrations internationales du 6ooe anniversaire des premières relations diplomatiques entre la Pologne et la Turquie. Cette concomitance d'événements a été l'occasion de rappeler les relations historiques entre les deux pays et de mettre en place de nouveaux échanges intellectuels et culturels, auquel le projet européen contribue à propos. [exposition de Cracovie intitulée Ottomania. The Ottoman Orient in Renaissance Art est, dans une certaine mesure, plus centrée que celle de Bruxelles sur les questions touchant à la Pologne à l'époque de la Renaissance. Contrairement à

Depuis le 27 février, BOZAR présente à Bruxelles une exposition consacrée à la réception de la culture de l'Orient ottoman dans les œuvres des plus grands artistes européens de la Renaissance. Pour la première fois, le public de la capitale européenne peut admirer les plus précieux trésors artistiques qui attestent l'intérêt de l'Occident pour l'Orient ottoman, à une période charnière de l'histoire et de la culture du vieux continent.Aucune exposition n'avait encore proposé un panorama aussi complet sur le sujet. Plusieurs expositions présentant la culture de l'Empire ottoman ont effectivement couvert un champ plus étroit, sur le plan. thématique ou géographique. Cela a été le cas en Pologne également, dont les relations historiques avec l'État turc demeurent un beau et unique témoignage de la fascination et du respect éprouvé l'une pour l'autre par ces deux cultures si différentes. Je suis heureuse, par ailleurs, d'attirer l'attention sur l'intense collaboration internationale à laquelle le projet « Ottomans & Europeans. Reflecting on five centuries of cultural relations » a donné lieu. Sans elle, cette présentation d'une importance considérable pour l'histoire de la culture européenne - n'aurait pas été possible. Ceux qui n'auront pu se rendre au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles pour visiter l'exposition - qui compte des œuvres majeures de maîtres de la Renaissance, parmi lesquels Dürer, Memling, Titien, le Tintoret et Véronèse - auront l'occasion de la voir au Musée national de Cracovie dès le mois de juin de cette année.

Prof. Malgorzata Omilanowska Ministre de la Culture et du Patrimoine national, Pologne

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d'autres États de cette époque mentionnés dans le projet, la Pologne-Lituanie bénéficia durant de longues années d'une paix formelle avec l'Empire ottoman, qui s'étendait jusqu'à sa frontière méridionale. Si les Polonais partageaient certaines des appréhensions des Européens face à la montée de la puissance islamique, ce n'est qu'en 1620 - avec la première guerre entre la Pologne et la Turquie - que cette question devient cruciale, ainsi que le laisse entendre l'exposition. À cette période, la culture polonaise était déjà pleinement développée, assimilant un certain nombre d'influences orientales, turques pour la plupart. Le Musée national de Cracovie s'efforce donc de déconstruire la perception courante des relations polono-turques, telle que l'a forgée l'historiographie qui accordait trop d'importance aux guerres du xvne siècle: l'accent y est donc mis sur les échanges culturels féconds du XVIe siècle. BOZAR prend à cœur de suivre un fil directeur pour chacune de ses programmations. Nos différentes expositions se complètent et s'exaltent les unes les autres. Présentée au printemps 2015, I:Empire du Sultan est l'un des volets d'un triptyque d'expositions explorant le thème du« regard sur l'autre». Les visiteurs peuvent comparer les portraits de souverains orientaux et de marchands occidentaux peints par des maîtres vénitiens à des portraits de riches habitants des Pays-Bas au XVIe siècle. Une visite dans la troisième exposition présentant le portrait photographique européen depuis la chute du mur de Berlin nous fait encore davantage prendre conscience qu'un portrait est toujours une construction. Si tel était le cas à la Renaissance, cela se vérifie à l'ère numérique. Comment le modèle veut-t-il être portraituré? Que cherche l'artiste à nous montrer? Nous exprimons notre profonde reconnaissance à Leurs Majestés le roi Philippe et la reine Mathilde, ainsi qu'au président de la Pologne, M. Bronislaw Komorowski, qui ont accueilli cette initiative avec bienveillance et l'ont placée sous leur haut patronage. Le projet exceptionnellement ambitieux « Ottomans &. Europeans » n'aurait pu voir le jour sans le soutien de l'Europe. Que la direction générale pour l'Éducation et la Culture de la Commission européenne et l'Agence exécutive EACEA en soient vivement remerciées. Nous exprimons notre gratitude à nos quatre partenaires internationaux: Gorgün Taner, directeur général de la Fondation pour la Culture et les Arts d'Istanbul, et Tuna Ortayh Kaz1c1, coordinateur des projets internationaux; Sabine Haag, directeur général, et Sylvia Ferino, directeur de la Gemaldegalerie au Kunsthistorisches Museum de Vienne; Michelangelo Pistoletto, directeur artistique, et Paolo Naldini, directeur de la Cittadellarte-Fondazione Pistoletto; Defne Ayas, directeur, et Samuel Saelemaekers, conservateur associé, au Centre Witte de With pour l'art contemporain. Avec leurs compétences spécifiques, ils veillent à mettre en place quantité d'activités passionnantes dans le cadre de ce projet, lequel se poursuivra jusqu'en 2016 en collaboration avec nos deux institutions, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et le Musée national de Cracovie. Elif Shafak a accepté d'être l'ambassadrice de ce projet, ce dont nous la remercions très chaleureusement. Relativement à la préparation de l'exposition, nous tenons à exprimer notre immense gratitude à son commissaire, Guido Messling, inspirateur et moteur de ce projet, ainsi qu'aux autres commissaires, Robert Born et Michal Dziewulski. Nos remerciements s'adressent également aux membres du comité scientifique pour leur soutien inestimable: Suraiya Faroqhi, Paul Huvenne, Dariusz Kolodziejczyk et Günsel Renda. Nous remercions les nombreux prêteurs et en particulier le Kunsthistorisches Museum de Vienne, pour le prêt de leurs précieuses pièces et œuvres d'art et pour la confiance qu'ils ont accordée à cette entreprise. Que soient ici vivement remerciés le vicomte Étienne Davignon, président du Palais des Beaux-Arts, l'équipe de BOZAR EXPO dirigée par Sophie Lauwers

et, plus spécialement, Ann Flas et Ann Geeraerts qui ont assuré la coordination de ce projet européen complexe, Vera Kotaji et Sandra Darbé, responsables de la coordination de ce superbe catalogue, ainsi que l'équipe de BOZAR TECHNICS, en particulier Nicolas Bernus. Nous sommes reconnaissants à Sara Noel Costa de Araujo et à son équipe pour la magnifique scénographie de l'exposition. Katleen Uvin de BOZAR FINANCE reçoit également nos remerciements pour la gestion financière de ce projet international. Notre reconnaissance s'adresse encore à l'équipe du Musée national de Cracovie, en particulier à Olga Jaros, chef des expositions, ainsi qu'à Lidia Koziel-Siudut, Beata Foremna et Aleksandra Klaput, coordinateurs du projet européen de l'exposition à Cracovie. Nous souhaitons remercier nos collègues du département chargé de l'organisation des expositions au Musée national, dirigé par Robert Flur, ainsi que Katarzyna Mrugala, responsable du programme éducatif, Michalina Pieczonka et Grazyna Plachta du département de la promotion, de même que toute l'équipe de la conservation dirigée par Dorota Okrqgla. La scénographie de l'exposition de Cracovie a été réalisée par Anna Wisz et la version polonaise du catalogue a été coordonnée par Anna Kowalczyk. Nous exprimons également notre gratitude aux départements juridique et financier du Musée national pour leur engagement essentiel dans ce projet. Enfin, nous adressons notre vive reconnaissance au ministère polonais de la Culture et du Patrimoine national qui a apprécié l'importance et la signification de cette belle exposition et lui a apporté son soutien diplomatique et financier.

Paul Dujardin Directeur général du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

Sophie Lauwers Directeur adjoint des expositions, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

Zofia Golubiew Directeur du Musée national de Cracovie

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-- - « En savoir un peu» est dangereux « En savoir un peu» est dangereux. Lorsque nous prenons conscience, en tant qu'êtres humains qui se respectent, que nous ne comprenons pas très bien un sujet particulier, nous avons tendance à nous montrer plus attentifs, et même modestes. La sagesse engendre elle aussi la modestie. Les sages sont humbles. Mais « en savoir un peu» mène à l'arrogance dissimulée et à l'inflexibilité cognitive. Quand nous présumons que nous avons une connaissance suffisante d'un sujet donné, nous cessons de poser des questions, donc nous cessons d'apprendre. Et cela crée un vide intellectuel dans lequel clichés et stéréotypes culturels ont les coudées franches. Moins nous en savons sur quelque chose ou quelqu'un, plus nous le craignons, et plus nous le jugeons. Avec un mélange de peur incontrôlée et de jugement automatique, il est plus facile de créer un «Autre». Nombreux sont ceux qui, en Turquie, en savent un peu à propos de l'Europe. Nombreux sont ceux qui, en Europe, en savent un peu à propos de la Turquie. Les hommes politiques des deux côtés ne facilitent pas l'instauration d'un dialogue vrai et complexe. Les nuances sont abandonnées au nom de la simplicité, les idiosyncrasies ignorées au profit de généralisations péremptoires, et l'histoire est soit oubliée, soit réinterprétée afin de servir les intérêts d'une politique au jour le jour. Où commence l'Orient et où s'arrête l'Occident? Au fil des siècles, les frontières politiques et culturelles étaient exactement les mêmes. Et si ce n'était pas le cas, comment décrivons-nous la différence? Entre l'Europe chrétienne et l'Orient islamique, les frontières n'étaient ni immuables, ni imperméables. En vérité, elles étaient poreuses et fluides, en perpétuel mouvement, comme la vie elle-même. Exposition aux multiples strates, J;Empire du Sultan. Le monde ottoman dans l'art de la Renaissance défie les stéréotypes et introduit de passionnantes nuances dans le débat culturel en cours. Il est vrai que l'Empire ottoman a longtemps été «l'Autre» aux yeux de l'Europe, et inversement. Mais les Ottomans et les Européens n'étaient pas seulement des ennemis héréditaires. Entre eux a circulé un extraordinaire flux d'idées, de marchandises et d'individus - marchands, pèlerins, voyageurs, diplomates, soldats et prisonniers de guerre. Nombre d'entre eux revenaient dans leur pays avec des histoires au sujet de l'Autre. Mêlant les faits réels et la fiction, ces récits s'intégrèrent à l'image européenne du «Turc». Avec l'avènement de la Renaissance, les écrits des humanistes contribuèrent à une compréhension plus nuancée. En tant que romancière, je suis fascinée par les chemins sur lesquels les histoires ont traversé les frontières. Pour mieux comprendre le dialogue et le manque de dialogue d'aujourd'hui, nous avons besoin de maîtriser les histoires du passé et leur impact social, politique et psychologique. Cette exposition est d'une valeur inestimable pour nous aider à retrouver ces histoires et à reconsidérer non seulement l'Autre, mais notre propre perception de l'Autre. réventail des œuvres exposées reflète la richesse et la complexité des relations entre Européens et Ottomans. Textiles, céramiques, peintures, sculptures, coffrets, cartes, monnaies, casques, armures, masques, portraits, armes ... Jusqu'à ce jour, il y a eu une myriade de projets culturels sur les Européens et les Ottomans. Nombre d'entre eux étaient toutefois concentrés sur un seul aspect concernant l'élite régnante ou religieuse.À l'inverse, cette exposition rassemble des œuvres d'artistes de diverses disciplines et cultures, y compris la Pologne, la Hongrie et l'Europe du Nord, et nous montre de rares aperçus de la vie quotidienne. rimage des Ottomans dans l'Europe de la Renaissance est un thème à la complexité fascinante, non dépourvue de clichés et de préjugés, mais témoignant aussi d'une curiosité et d'un intérêt sincères. Il ne faut pas oublier que l'Empire ottoman était une entité pluriethnique, plurilingue et pluri-religieuse. Même si les œuvres exposées concentrent l'attention . . . .. , , ~

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SOLIMAN ET SON CORTÈGE Ces cinq gravures sur bois de Jan Swart van Groningen figurent un défilé triomphal du sultan et de son cortège directement inspiré par la victoire ottomane à Moha.es en 1526. Cette série, que Daniel Hopfer a copiée par la suite en gravures à l'eau-forte, constitue l'une des premières représentations picturales de Soliman et de l'armée ottomane dans les arts graphiques d'Europe. L'ordre des illustrations, marqué chez Hopfer en chiffres romains, place Soliman au centre du cortège, faisant de lui le participant principal. Le cortège défile aux accents d'une musique militaire, accompagné par les mouvements vifs des musiciens qui ouvrent la marche sur la première estampe. Ils sont suivis sur la deuxième estampe de mamelouks à cheval coiffés de hauts bonnets de fourrure, armés de sabres, de boucliers et de longues lances à l'extrémité desquelles sont fixées des flammes portant un croissant. La troisième gravure représente Soliman sur un cheval au bel harnachement de style européen; il tient à la main droite son sabre

dont la lame repose sur son épaule, tandis qu'un fantassin armé d'une lance marche derrière son cheval. Le cortège est fermé par des cavaliers archers et des mercenaires arabes armés de longues lances, de sabres et de boucliers, représentés trois par trois sur deux planches séparées. Les gravures de Daniel Hopfer sont caractérisées une plus grande plasticité du dessin et une plus grande richesse de détails que les originaux de Jan Swart. Ce dernier a probablement créé les personnages orientaux en s'inspirant d'observations faites à Venise où il a passé plusieurs années. Le portrait de Soliman présente des similitudes avec un autre portrait de souverain édité la même année par un artiste signant du monogramme AA (voir cat. 82). MD

Bibl.: Ho. n°s 812 (Swart) et n°s 64-68 (Hopfer); Zwolle 1995, p. 80, cat. 6i (Jacqueline Kerkhoff); Istanbul 1999, cat. 6 (Waldemar Deluga).

Cat. 118 Jan Swart van Groningen (1490/1500 -Anvers, 1553/1558) Daniel Hopfer (Kaufbeuren, 1471 -Augsbourg, 1536) d 'après Jan Swart van Groningen

Soliman et son cortège: 1. Trois trompettistes à cheval; 2. Trois cavaliers mamelouks portant des flammes au bout de longues lances; 3. Soliman à cheval accompagné d'un soldat tenant une lance; 4. Trois archers à cheval coiffés de turbans; 5. Trois guerriers à cheval armés de langues lances Anvers 1526 (Swart) et Augsbourg vers 1526-1536 (Hopfer) Swart : gravures sur bois, 35 x 27 cm Hopfer : eaux-fortes, 22,4 x 15,4 cm Inscriptions: 1: Geprent tantwerpe[n] By my/ Willem Liefrinck figure snyd[er] (OH); 2: Mama/Vcke[NJ (MAMALVCKE); 3: Soliman Vs lmperator TVrcharVm, 1526. (Solimanus lmperator TVrcharVm); 4: Haiden (Haiden); 5: Arabische[NJ (ARAB/SCHE) Stuttgart, Staatsgalerie. Graphische Sammlung, inv. A 2785-2789• Varsovie, Museum Narodowe, inv. GR.Ob.N.882. Gr.Ob.N.883, Gr.Ob.N.884, Gr.Ob.N.886 et Gr.Ob.N.885/1 (Hopfer)

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LE TURC ET LA FONTAINE Au xvre siècle, la présence de nombreux humanistes et artistes fait de Nuremberg un centre important du renouveau de l'art de !'Antiquité. Cette ville impériale libre était également considérée comme l'un des principaux centres de fonderie de bronze en Europe. La présente statuette en bronze illustre la relation de ces deux aspects. Elle représente un archer turc portant un turban, une tunique mi-longue et une culotte orientale fermée au genou, en train de bander son arc. L'ample mouvement des bras et la position de fente rappellent des statues antiques. Cette association est renforcée par la forme antiquisante du support au bord profilé. Le trou au centre de la plaque suggère que la statue était destinée à l'origine à une fontaine. Larsson émet l'hypothèse que le modèle de ce bronze a pu être créé par Lienhard Schacht (t 1603) sur commande du fondeur

et entrepreneur nurembergeois Georg Labenwolf (1520-1585) pour un ensemble de trente-six statues personnifiant divers pays destiné à une fontaine au bassin hexagonal du château royal de Kronborg, au Danemark. La fontaine monumentale aujourd'hui disparue, que l'on ne connaît que par des dessins et une gravure, fut commandée par Frédéric Il (1534 -15 8 8 ), souverain de culture humaniste. RB

Bibl.: Larsson 1975; Dresde et Bonn 1995-1996, p. 78, n° 33b (Holger Schuckelt).

Cat. 120 Jan Swart van Groningen (Groningen, vers 1490/1500 - Gouda, après 1558)

Le Christ prêchant le peuple depuis la barque, vers 1522-1525 Gravure sur bois, 235 x 362 cm Monogramme • 18 » (ligaturé) en bas au milieu Bruxelles. Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Estampes, inv. S. V 95533

JÉSUS PRÊCHE POUR LES PAÏENS Cette représentation suit les évangiles selon saint Matthieu (13,1-9) et saint Marc (4,1-20): une foule nombreuse s'est rassemblée au bord de la mer de Galilée pour écouter Jésus prêcher. Mais avant de découvrir le Messie au second plan, à droite sur le bateau, le regard s'arrête sur quatre étrangers représentés au centre de l'image et apparemment plongés dans une discussion. L'un d'eux, l'Oriental représenté à droite avec un cimeterre, attire l'attention de ses compagnons sur le Christ - les quatre hommes sont apparemment censés représenter ici les païens, que Swart a caractérisés comme les destinataires du message divin. Seul l'homme enturbanné porte en définitive une empreinte ottomane: les costumes exotiques des trois autres sont en revanche plus difficiles à localiser, car tout porte à penser qu'ils ont été repris de modèles plus ou moins dénaturés. Selon les observations faites par Held, les deux autres turbans - plus proches du type mamelouk - ont été directement copiés des gravures de la Petite Passion de Dürer (voir p. 55). La haute coiffe de la figure vue de dos, qui caractérise aussi un des joueurs de trompette de la série de gravures sur

Cat. 119 Anony me

Archer turc Nuremberg, milieu du xv1• siècle Bronze, 23.4 x 14,5 x 6,5 cm Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum, inv. Pl. O. 2948

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bois de Swart ayant pour sujet le cortège de Soliman le Magnifique (cat. 118 ), pourrait également avoir eu pour modèle une gravure de Dürer (cat.116). Selon Cesare Vecellio, ce que les deux artistes d'Europe du nord considéraient visiblement comme un accessoire orientalisant serait en fait d'origine grecque. Quant à savoir si Swart entendait réunir ici les représentants de certains peuples particuliers ou plus généralement des types exotico-païens, la question reste ouverte. Selon Karel van Mander (1548-1606), qui a qualifié cette gravure monogrammée « IS » comme une œuvre de Jan Swart, l'artiste aurait voyagé à Venise, où il aurait pu entrer en contact avec des Ottomans et d'autres représentants de peuples étrangers. GM

Bibl.: Ho. n° 5 ; Held 1931, p. 50-51 ; Washington et Boston 1983, cat. 135; Amsterdam 1986, cat. 60; Leyde 2011, cat. 18 (J.P. Filedt Kok).

Cat. 122 Jan Swart van Groni ngen (Groningue, 1496 - Autun, 1535)

L'Adoration des mages, vers 1520 Huile sur toile, 78 x 95 cm Anvers, Koninklijk Museum voor

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Schone Kunsten Antwerpen,

inv.207

Cat. 121 Vittore Carpaccio (Venise, ve rs 1465 -Venise, 1525/1526) et entourage

Ottoman assis, après

GARDE-ROBE CHANGEANTE

1500

Plume, encre gris-brun et rehauts de blanc sur papier vert autrefois bleu, 24,6 x 16,4 cm Inscription en haut à gauche.: 299 Wolfegg, Kunstsammlungen der Fürsten zu Waldburg-Wolfegg

MODÈLE AVEC TURBAN Vers la fin du xve siècle, les types orientaux se répandirent dans la peinture vénitienne, comme en témoignent notamment les vastes cycles de peintures illustrant des légendes de saints réalisés pour les nombreuses scuole ou confréries de la ville lagunaire. Les exemples les plus significatifs furent peut-être créés par Vittore Carpaccio, avec ses peintures peuplées d'innombrables Mamelouks, Ottomans et autres types orientaux destinées aux confréries de Saint-Étienne et de Saint-Georges. Ce dessin peu connu d'un vieillard assis en habit ottoman dont le bras gauche repose sur un accoudoir n'est vraisemblablement pas de la main même de Carpaccio, mais de son entourage immédiat: l'homme enturbanné pourrait être une copie d'atelier réalisée d'après un modèle du maître, sachant que le

Ces trois tableaux montrent l'adoration des mages - en plus de l'adoration des bergers chez Mansueti. Les mages y portent à chaque fois des habits de cérémonie orientaux. Le fait n'est pas exceptionnel: depuis le gothique international, les rois sont en effet vêtus de costumes traditionnels exotiques dans nombre de tableaux. Dès le début du xve siècle, un certain nombre de miniaturistes parisiens - en ce compris les frères Limbourg - reproduisent avec précision différentes parties des costumes orientaux. Ils mélangent toutefois ces parties en vue d'obtenir un ensemble éclectique. Ce résultat d'ensemble souligne surtout la différence fascinante incarnée par les mages. En ce sens, les miniaturistes évoqués ci-avant se distinguent clairement des Adorations de Giovanni Mansueti, de Francesco dai Libri (?) et de Jan Swart van Groningen: il s'agit ici à chaque fois d'un exemple précoce de personnages vêtus d'habits authentiques. Venise en constitue le dénominateur commun: Mansueti y a été actif tout au long de sa vie connue. Dai Libri, ou son collègue anonyme, y a très certainement eu accès aux ateliers les plus importants. Quant à Jan Swart van Groningen, il s'est rendu à la Sérénissime entre 1526

cadrage irrégulier suggère qu'il faisait autrefois partie d'une feuille au format paysage comportant d'autres études de figures réalisées soit à des fins pédagogiques, soit comme répertoire de motifs. Du fait des étroites relations commerciales de Venise avec le monde islamique, les Orientaux étaient en quelque sorte omniprésents dans l'image de la ville lagunaire, ce qui fait que de nombreuses représentations vénitiennes dénotent un haut degré d'authenticité. GM

Bibl.: Ravensburg 2003, cat.

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(Ursula Verena Fischer-Pace).

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et 1530. Selon des sources non confirmées, Swart aurait ensuite continué son voyage vers Constantinople au départ de Venise. A-t-il réellement poursuivi son voyage? Nous l'ignorons. Quoi qu'il en soit, le peintre n'avait pas besoin de se rendre dans l'Empire ottoman ou en Terre sainte pour voir des costumes traditionnels orientaux: à cet égard, Venise suffisait largement. À la fin du xve et au début du xvre siècle, des costumes syriens, palestiniens et égyptiens sont représentés si fréquemment dans les arts plastiques que le terme «orientalisme» y a toute sa place. Cette fascination trouve très certainement, en tout cas partiellement, son origine dans la réalité quotidienne: étant donné les relations commerciales entre Venise et le Proche-Orient, l'on peut supposer que les Vénitiens connaissaient relativement bien les costumes en question. Mais cet intérêt s'inscrit également dans un style typiquement vénitien, le « réalisme descriptif»: le but était de représenter, dans les arts plastiques, les scènes historiques de la façon la plus convaincante possible. Gentile Bellini, notamment, s'illustre brillamment dans ce« réalisme descriptif». Dans son œuvre La Prédication de saint Marc à Alexandrie (ill. 8, p. 32-33),

Cat. 123 Artiste de Vérone (Francesco dai Libri?, Vérone, vers 1450 - Vérone, vers 1503/1506)

L'Adoration des mages, vers 1500 Huile sur toile, 103,5 x 223,2 cm Padoue, Museo d'Arte Medievale e Moderna, inv. 425

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Bellini intègre en outre la mode des Mamelouks, une mode pour laquelle opte également Giovanni Mansueti dans son Adoration des mages. Les trois mages et leur suite y portent des turbans et des habits propres à la dynastie des Mamelouks. ron aurait peine à croire qu'il s'agit d'une coïncidence: jusqu'au début du xv1• siècle, une grande partie de l'Égypte et du Moyen-Orient -y compris la Terre sainte - appartiennent au sultanat des Mameloul