Le Livre grec des origines à la Renaissance
 2717721738, 9782717721737

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Conférences Léopold Delisle

Le livre grec des origines à la Renaissance Jean lrigoin

1,

Bibliothèque nationale de France

' ' '0 ,

La conférence «Le livre grec" a été organisée, dans le cadre des conférences Léopold Delisle, par la Bibliothèque nationale de France avec le soutien d'Henri Schiller.

Sommaire

Déjà parus: Marie-Pierre Lafitte, f?eliures royales du

département des Manuscrits (1515-1559)

Monique Pelletier,

Cartographie de la France

i

et du monde, de la Renaissance au siècle

Comité scientifique: Henri Schiller, collectionneur, bibliophile Thierry Grillet, délégué à la diffusion culturelle Jean-Marc Terrasse, responsable des manifestations culturelles Antoine Coron, directeur de la Réserve des livres rares François Avril, conservateur honoraire Jean-Marc Chatelain, conservateur en chef à la Réserve des livres rares

des Lumières

Jean lrigoin, Le Livre grec des

om

à la Ren aissance

Jean-Marc Chatelain, de l'hon nête

h

m

La Bibliothèque

e

Francis Richard, Le Livre persan Christopher de Hamel, Les Rothschild

Léopold Delisle Ce grand érudit est une figure emblématique de la Bibliothèque nationale de France. Conservateur au département des Manuscrits, dont il a écrit une histoire magistrale, puis administrateur général de la Bibliothèque nationale de 18 74 à 1905, il a donné à la Bibliothèque des impulsions décisives en matière d'aménagements (début de la construction de la Salle ovale, installation des Manuscrits dans leurs locaux actuels) et une grande politique bibliothéconomique en introduisant un nouvel ordre dans le classement des ouvrages et en lançant la publication du Catalogue général des lil,res imprimés par ordre alphabétique.

� Esalit� · fr111urii1t RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

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©Bibliothèque ISBN ISSN

nationale de Fiance, 2001

978-2-7177-2173-7 1630-7798

7

Introduction

9

Athènes et la Grèce archaïque et classique

29

Alexandrie et le monde hellénistique

collectionneurs de manuscrits

59

Rome et le monde

François Desroches,

74

Constantinople et le monde byzantin

Le Livre manuscrit arabe.

Préludes à une histoire

Jean-François Gilmont, Les conférences Léopold Delisle offrent à un public de curieux et d'amateurs éclairés des synthèses inédites, érudites et à jour sur le thème du livre et des manuscrits.

or gines

Le Livre réformé

au xv1° siècle

Crédits photographiques Biblioteca Apostolica Vaticana . p. 54, p. 77, p. 88; bibliothèque Mazarine : p. 91 (ill. 62); British Library (by permission of the): p. 12, p. 67, p. 70; Cambridge University Press: p. 10; Georg Olms Verlag: p. 28; Institut de papyrologie de la Sorbonne . p. 46; ôsterreichische Nationalbibliothek, Vienne : p. 49; Oxford University Press: p. 14, p. 32 (ill. 18), p. 36, p. 40; f'MN: p. 66; Staatliche Museen zu Berlin, Bilclarchiv Preussicher Kulturbesitz: 1" page de couverture; Staatliche Museen zu Berlin, Preussicher Kulturbesitz Antikensammlung: p. 18, p. 19, p. 23.

gréco-romain

1

f1

/

l 1

11

Introduction

f,

L'histoire du livre grec écrit à la main occupe plus de deux millénaires jusqu'à l'invention de l'imprimerie. Prétendre la retracer en quatre conférences d'une heure serait une gageure. Il m'a paru plus intéressant, pour moi d'abord et j'es­ père aussi pour mes auditeurs et mes lecteurs, d'éviter les généralités en m'at­ tachant à décrire quelques étapes décisives d'une longue histoire.

À chaque

conférence est associé le nom d'une ville où le livre grec a connu un dévelop­ pement particulier. Et chaque fois mon exposé s'efforcera de mettre en lumière des faits peu connus, en particulier des découvertes récentes. Chemin faisant, nous constaterons qu'on ne peut dissocier l'histoire du livre de l'histoire littéraire ni même de l'histoire tout court. Mais notre point de départ et les points d'ancrage qui jalonneront notre itinéraire seront toujours des r�alités concrètes: le livre, considéré comme un objet m atériel, et l'écriture dont il est le support. Par chance, la Bibliothèque nationale de France présentait jusqu'au début du mois de mai 1999 un exposition dont le titre s'accordait avec mon propos : «L'aventure des écritures. .Matières et formes.» La matière dont est fait le livre, les formes qu'il prend, l'évolution de l'écriture qu'il porte, voilà ce que les auditeurs pouvaient aller contempler dans des vitrines toutes proches. Voilà aussi ce que, me limitant au livre grec, je vais essayer de décrire et, grâce à une illustration abondante, de montrer au lecteur tout au long des quatre étapes annoncées. Avant de prendre la route du temps, il me reste l'agréable devoir de remer­ cier Monsieur Henri Schiller, collectionneur et bibliophile, grâce au mécénat de qui se déroule le cycle de conférences Léopold Delisle, et Monsieur Thierry Grillet, alors chef du service des manifestations de la Bibliothèque nationale de France, qui en a assuré l'organisation. Et maintenant, j'ai le plaisir de mani­

fester

ma

gratitude au

s ervi ce

des éditions de la Bibliothèque nationale de

France qui a assuré avec autant de soin que d'art la publication de ces pages.

1:

1

11

I ,\

Athènes et la Grèce archaïque et classique

Les plus anciennes œuvres littéraires grecques qui nous soient parvenues sont

l'Iliade et l'Odyssée. Qu'on les date du

VII'

siècle avant notre ère, qu'on fasse

remonter un peu plus haut leur composition ou qu'on la descende légèrement, ces épopées représentent la pleine floraison d'un genre poétique plus ancien dont le mode de composition était oral. De ce genre poétique ancien rien ne nous est parvenu. Pour passer de l'oral à l'écrit, il fallait disposer d'un système d'écriture aisé à déchiffrer et d'un support approprié. Homère est venu au bon moment: il connaissait l'usage de l'écriture et ses poèmes ont été mis par écrit sur-le-champ 1• Rien n'a survécu des compositions antérieures. Quant aux épopées postérieures, la qualité de l'Iliade et de

l'Odyssée les a vouées à l'oubli;

il n'en subsiste que des fragments. La création de l'alphabet grec est antérieure à Homère. Mais l'usage de l'écriture pour transcrire des mots grecs remonte beaucoup plus haut. Il n'y a pas cinquante ans que nous le savons. C'est en 1952 que Michael Ventris a montré que des documents écrits en ce que les spécialistes appellent «linéaire B » - une écriture pratiquée en Crète entre 1450 et 1200 ans avant notre ère étaient rédigés en grec, un état ancien de cette langue qualifié de mycénien 2. Peints sur des vases ou gravés sur des tablettes d'argile retrouvés en Crète depuis le début de ce siècle, puis dans divers sites du Péloponnèse (il!. 1) et jusqu'en Béotie, à Thèbes, ces documents écrits sont d'une lecture malaisée car le linéaire B est un syllabaire : chaque signe - un peu plus de quatre-vingts au total - représente une syllabe, au prix d'un certain nombre de s onventions qui _, ne facilitent pas le déchiffrement. Seuls des spécialistes pouvaient lire et écrire. Le système avait été emprunté par les Grecs de l'époque aux Crétois dont l'écriture, plus ancienne et non déchiffrée à ce jour, est qualifiée de« linéaire A»

(ill. 2). Un tel système ne convenait pas pour transcrire des œuvres littéraires. Il tombera hors d'usage peu après la date u·aditionnelle de la guerre de Troie, aux alentours de l'an 1200. Deux ou

u·ois

siècles passent pendant lesquels on ne retrouve pas de trace

d'écriture dans le monde grec si c e n'est dans l'île lointaine de Chypre où l'usage du linéaire B se prolonge. Et

voilà que se

produit un nouvel emprunt.

C'est aux Phéniciens, selon une tradition rapportée par l'historien Hérodote3

mai 2001, p. 8-19. 2 J. Ch adwick , The decipher­ ; 2' éd., 1967. 3 Hérodote (Histoires, livre v, 58) dit que des Phéni­

1 J. lrigoin.' Homère, l'écriture et le livre>, Europe,

ment of LinearB, Cambridge,

1958

ciens, v enus en Béot ie avec Cadmos, introduisirent entre autres nouveautés l'usage de leur alphabet,

que les Grecs empruntèrent en le modifiant quelque peu, mais en reconnaissant son origine puisqu'i ls qualifient leurs lettres de phéniciennes

(phoinîkêïa grammata).

1

!.

Atnenes et la Grèce archaïque et classique

lU

/ et confirmée par l'épigraphie sémitique, qu'il est fait appel. Utilisé en Phénicie et en Palestine, l'alphabet cananéen de 22 signes notant 22 consonnes est trans­ formé par des Grecs en un alphabet véritable notant les voyelles aussi bien que les consonnes; comme les Sémites écrivaient de droite à gauche alors que les Grecs, comme le faisaient leurs ancêtres mycéniens, se sont mis à écrire de gauche à droite, un certain nombre de signes alphabétiques ont été remplacés par leur symétrique {ill. 3 ). L'alphabet grec est à l'origine d'un très grand nombre d'alphabets dans le monde, à commencer, via le latin, par le français. La constitution de l'alphabet grec, d'origine cananéenne pour les lettres qui vont d'alpha à tau et complété ultérieurement jusqu'à oméga avec de légères variantes propres à chaque cité, était strictement phonétique à l'origine, on devrait même dire phonologique : à chaque son correspond un signe et un seul,

à chaque signe un son et un seul. Le déchiffrement de l'écriture ne donnait

donc pas lieu aux incertitudes suscitées par les conventions et les a pproxima1ions du linéaire B. Constituée à l'origine pour faciliter les relations entre commerçants grecs et phéniciens, l'écriture alphabétique était utilisée pour établir des notes ou des factures; elle permettait aussi un échange de corres­ pondance. Mais que les

messages fussent inscrits sur des tessons, des

plaquettes de métal ou des tablettes de bois, leur support n'avait pas les dimen­ sions requises pour recevoir une œuvre littéraire de longue haleine telle qu'un poème épique. Les tablettes de bois, que je viens de mentionner, joueront plus tard un rôle que je qualifierais d'analogique dans la grande transformation du livre, au début de notre ère. Pour le moment, il faut rappeler qu'elles étaient déjà connues d'Homère qui en mentionne l'usage dans l'épisode de Glaucos et Diomède, au chant

vr

de l'Ilia.de

:

le roi Proitos, sur une dénonciation calom­

nieuse de sa femme, cherche à se débarrasser de Bellérophon, le grand-père de Glaucos; il l'envoie en Lycie en le chargeant de remettre à son beau-père« des tablettes repliées

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(en pinaki ptuktôi) sur lesquelles il avait inscrit un message

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Tableau comparatif des siones du li né aire A et qu l i n é a i re B, e� cadrés de leurs

chypro­ gauche et chypriote sy!labique à droite.

correspondants dans l'île de Chypre,

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ilL ·1 Tablette de terre cuite en linéaire B trouvée à Mycènes liste de noms d'hommes, des boulangers à en croire la ligne la plus basse {n' 46 [Au 102] dans M. Ventris and J Chadwick, Documents in Mycenaean Greek, 2nd ed., Cambridge, 1973, p. 179 et 425).

ill. .s Tableau comparatif de l'alphabet ca na n en qui est à l'origine de l'alphabet grec, a gauche, et. de .trois types d'alphabets grec {archa·1que, m1les1en et classique) qui montrent l'adapt ation des signes consonantiques . cananeens à la notation des voye l les grecques et les compléments apportés p1·ogressivement . a la serie

§ t

, pour reprendre les

Le papyrus est une matière végétale, souple, légère et de teinte claire.

termes d'Homère, c'est-à-dire un diptyque de bois : les deux tablettes étaient

Depuis plusieurs années, on trouve non seulement en Égypte, mais un peu

reliées par trois charnières d'ivoire et leurs deux faces internes étaient creusées

partout, dans les centres touristiques, des feuilles de papyrus de fabrication

et garnies d'une fine couche de cire; sur le côté opposé aux charnières, des trous permettaient de fermer le diptyque avec un lacet bloqué par

un

sceau.

Ainsi était garanti le se cret du message, s ec ret respecté par Bellérophon qui

faillit en perdre la vie. Ces tablettes de cire,

comme on

fier, étaient gravées avec un stylet qui pouvait colorée

en

les nomme pour simpli­

aller jusqu'à dégager, sous la cire

une teinte sombre, la teinte plus claire du boi s (ill. 4); les corrections

en cours de copie ou l'effacen'lent du située à l'autre extrémité du stylet.

me s sage

se

faisaient avec une p alette

ne permettait pas de transcrire l'œuvre entière à l'intention d'un lecteur. La situation

va

changer à

m ercena i res

partir du

grecs

se

milieu du VII' siècle quand les

trouveront

est ainsi devenu une matière presque banale, typiquement égyptienne. Ce que les acquéreurs de souvenirs ignorent, c'est que la plantation du Caire a pour origine

un

j ardin

Égypte. En papyrus qui

r

parisien

5.

Depuis des siècles le papyrus avait disparu en

872, le chef jardinier du Luxembourg a donné douze plants de

ont

été transportés au Caire et plantés au jardin zoologique de

cette ville. Ces plants parisiens, ancêtres des plantations actuelles, avaient eux­

Un tel support pouvait servir de brouillon pour une œuvre littéraire, mais il

marchands et l.es

contemporaine, portant des dessins égyptiens ou des reproductions d'hiéro­ glyphes, le principal centre de production se trouvant au Caire. Le papyrus

en

c onta c t avec l'Égypte où,

depuis deux millénaires et demi, le rouleau de p ap yrus permettait de transcrire

mêmes pour origine plus lointaine la Sicile, probablement Syracuse. Ces plants siciliens provenaient-ils d'Égypte) Il est permis d'en douter. 4

Voir sur cetle plante et son usage H. Ragab,

Papyrus

19>30. 5 H Ragab, op. cit.,

p. 52-53

(Cyperus Le Caire,

Le Papyrus. Contribution à l'étude du papyrus

l) et à sa transformation en support de /'êcriture (oapyrus des anciens),

1

1

r4

Atnenes et ta (.j.!l"ece archa1que et classique

Le 11vre grec

Hl. 6 Fragment d'un rouleau de papyrus vu en surface.

ill. 7 Le même vu en transparence : on voit nettement le recouvrement des bandelettes, qui apparaît comme une grille plus

superposition de bandelet te s non jointives; b coupe d'une é vidence les vaisseaux dans lesquels circule la sève et qui constituent dans le rouleau ce que les papyrologues dénomment «fibre 11; c les flèches indiquent l'emplacement de deux «fibres. (d'après E. G. Turner. Greek Manuscripts of the Ancient Wor!d, Oxford, 1971, fig. 1, 2 et 3).

15

foncée.

ill. sa Papyrus·

tige qui met en

;11. ea et b

Surface d'un

même fr agment de rouleau vue au microscope électronique

à balayage avec deux grandissements différents (laboratoire CNRS

de

Meudon-Bellevue).

.!: ·

.I1 •

v

Le l i re

16 \

Amenes ec ia \.Jrece arcna1que er c1ass1que

grec

relation avec l'alphabet

de 24 lettres utilisé en Ionie d'Asie, la patrie d'Homère,

dès le VIIe sié cl e ; cet alphabet sera adopté plus tard dans le reste du m onde grec.

Or la longueur moyenne des chants est nettement infé rieure à la capacité d'un Elle correspond, selon moi, au c o ntenu d'un rouleau de cuir, dont la matière, plus épa isse que le pa pyrus , limitait l'extension du rouleau : le diamètre du cylindre que constituait le rouleau fermé devait permettre de le tenir commodément dans la main droite quand on en commen­ çait la lecture. Lorsque, au cours de la seconde moitié d u vre siècle, Hipparque, le fils du tyran d'Athène s Pisistrate, acquit auprès des Homérides de Chios (une confrérie d'aèdes spécialisés d ans la déclamation des épopées) une copie de l'lliade et d e l'Odyssée, il la reçut s ous la forme de 48 (d eux fois 24) rouleaux de cuir contenant chacun un chant, ou du moins sous une forme conservant la trace d'une copie antérieure sur 48 rouleaux de cuir. Voilà quelle est l'hypo­ rouleau de papyrus.

ill. 9 Rouleaux de papyrus avant ouverture (grottes du désert de Juda).

Avec le rouleau de papyrus importé d'Égyp te,

thèse dont je vous donne la primeur6.

les Grecs avaient la possibi­

lité d'écrire des

livres. Le développement rapide et la diversité des pro ductions littéraires à pa rtir du dernier quart du vrc siècle doivent ëtre mis en relation avec ce nouveau support. On se gardera cependant d'oublier que ces productions sont pour la plupart de stinées à êtr e jouées, chantées ou déclamées; c'est

incontestable pour la poésie, ce ne l'est guère moins pour la prose, qu'il s'agisse des récitations d'Hérodote ou des discours

des orateurs. Le livre permettait de

conserver dans les archives familiales la trace d'un exploit célébré par un poète ou pouvait faire l'objet d'u ne offrande à un dieu, en gui se d'ex-voto. Il ne faudrait pas croire que les Grecs étaient les p remiers à avoir découvert, hors d'Égypte, les avantages du rouleau. Déjà, en Asie m i n eure, à p a r tir du xe siècle, le rouleau de cuir - je dis bien cuir et non parchemin - fait de plusieurs peaux découpées en rectangle et cousues les unes aux autre s, est u ne imitation du rouleau de papyrus. Hérodo te explique (Histoires, liv r e v, chap. 58) que « les Ioniens (d'Asie] appellent diphtherai [ c'est-à -dire «peaux»] les rouleaux de papyrus parce que, jadis, en raison de la rareté de ceux-ci, ils employaient des peaux de chèvres ou de mouto ns i>, et il ajoute« de mon temps

encore beaucoup peaux».

de barbares [c'est-à-dire de non-Grecs] écrivent sur cette sorte de

Cette remarque est confirmée par la grande inscription de Darius le', roi de Perse, g r avée à Béhistoun quelques décennies av a nt Hèrodote: la transcription p r éalable donnée au graveur en babylorüen était rédigée sur des tablettes d'ar­ gile, alors que la version en araméen était sur cuir, selon les usages locaux. L'emploi des rouleaux de cuir en Ionie m'incite à présenter ici une hypo­ thèse personnelle sur l'histoire et la transmission des poèmes homériques. On

article tout récent (décembre

r

998)

de Bruce Heiden, p rofesseur dans une

université des États-Unis, montre que la division de l'Ilia de souvent

selon

critiquée, r ép o nd

cet

auteur,

à des

en

24 chants,

normes identiques tout au long du poème et,

rem onte à Homère lui-même. La division e n 24

chants est

en

La mentio n

des noms d'Hipparque et de Pisistrate nous a permis

d'arriver

enfin à Athènes, la cité qui sera le centre de ce premier chapitre. L'initiative

d'Hipparque visait un

but qu'on pourrait qualifier

à la

fois de dirigiste et de

culturel : fixer une version officielle des poèmes homériques pour la fête des Panathénées; le texte ainsi établi devait être respecté par les aèdes dans leur récitation continue des deux épopées. C'est à cette versi on attiq ue . due Pisistratides que remonte en définitive le texte

aux d'Homère des éditions impri­

mées d'aujourd'hui, comme nous le verrons dans le chapitre suivant. Dès le premier tiers du

v'

siècl e, au temps des guerres médiques ou peu

après, ap p arai ssent les premiers témoignages figurés sur l'emploi du

rouleau de Le peintre de vases Douris, dont l'activité s'étend d e 5rn à 465, nous offre sur une coupe à figures rouges la représen tation de deu x scènes. Sur l'une (ill.10), le maître d'école, assis, papyrus. Le plus ancien concerne son emploi

à

l'école.

tient un rouleau ouvert sur lequel on peut lire Je vers initial d'une épopée, vers inconnu par ailleurs

Moisa inoi a[m]phi Skamandron eürroon arkhonzai

qui, avec la mention du fleuve Scamandre, si tue Je ré ci t à venir à proximit é de la ville de Troie, présente plusieurs particularités surpre­ nantes, notamment l'emploi d'une forme éolienne pour le nom de la Mus·e. Un aei[n]den. Ce vers

autre vers, transmis lui aussi sur un

vase, a des particularités que nous verrons

clans un instant. P o u r l'instant, examinons la coupe de Douris. Il semble que le

jeune garçon, debout devant le maître d'école, récite le début du poème dont

le vers initial est é c ri t sur Je rouleau ouvert. lvl.ais la représentation du livre comporte une inexactitude

:

le vers est réparti sur quatre lignes d ispo s é es

en

travers du ro ulea u, alors que Je livre grec est fait, comme nous allons le voir, de

colonnes successives dont chaque ligne porte un vers entier et un

peintre a choisi de s'adresser à celui qui prendrait la coupe en mains. 6 Cette

hypothèse est présentée et développée dans l'article cité ci-dessus,

à la note 1.

seul.. Le

17

L.C !IVIC

51o;;;V

L'usage scolaire du rouleau de papyrus n'exclut pas l'emploi des tablettes de cire. Sur un autre côté de la même coupe (ill. 11 ), Douris a représenté un autre maître d'école assis, en train de corriger l'exercice de l'élève qui est debout devant lui. De la main droite, le maître tient un stylet; de la gauche, un trip­ tyque ouvert, ce qui montre que les lignes de l'exercice sont disposées parallè­ lement au dos des tablettes, donc dans la plus grande dimension de celles-ci. Le témoignage de Douris nous apprend que le rouleau de papyrus n'est plus une rareté dans ce premier tiers du ve siècle puisqu'il a déjà pénétré à l'école. Un vase un peu plus récent, des années 440-430, nous monu·e un autre usage du rouleau. La poétesse Sappho y est figurée avec des compagnes (ill. 1 2). Assise elle aussi, elle tient un rouleau ouvert entre ses mains; on a pu penser qu'elle préparait un récital et que le rouleau lui servait d'aide-mémoire. Quelle que soit la signification exacte de la scène, il reste que le rouleau nous offre un

Athènes et la Grèce archaïque et classique

texte lisible, de nouveau le vers initial d'un poème, lyrique cette fois

:

19

êeriôn

epeôn arkhomai («Je commence des vers aériens »). Le vers est écrit dans le sens

du rouleau, à la différence de ce qu'avait fait Douris. Sur le début et la fin du rouleau, à l'extérieur par conséquent, le peintre a écrit verticalement deux mots, à gauche epea (vers), à droite pter[oenta] (ailés), formule épique bien connue, manière de faire connaître, comme un titre, le contenu du livre. Contrairement à ce que beaucoup semblent croire encore, l'usage du livre de papyrus est devenu courant, et même banal, à une date assez haute dans l'ensemble du monde grec, et pas seulement à Athènes. Xénophon, au livre VII (chap. 6, r4) de l'Anabase - le récit de l'expédition des Dix-Mille-, rapporte que dans la région de Salmydessos, ville située sur la côte de la mer Noire, à proximité du débouché du Bosphore, les Thraces pillaient les épaves échouées sur le rivage. Il mentionne expressément dans la cargaison «beaucoup de

'il

Coupe attique à figures rouges du peintl'e Douris (vers 480) · le maître tient de ses deux mains un rouleau de papyrus ouvert où se lit le début d'un poème épique (musées de Berlin).

ill. 10

ill. 11 Autre face de la même coupe : le maître soutient sur l'avant-bras gauche un cahier de trois tablettes, il s'apprête à écrire sur le recto de la deuxième tablette avec le calame qu'iltient de la main droite.

20

Arnenes er 1a urece arcna1que et c1ass1que

Le livre grec

\ rouleaux de p apyrus couverts d'écriture >1 : ces livres étaient destinés aux habi­

Zénon s'assit pour l'écouter. Le libraire lisait le deuxième livre - donc l e

tants des colonies grecques du Pont-Euxin, à une date toute proche de l'an 400.

deuxième rouleau - des Mémorables, l e principal des dialogues socratiques de

Mais Athènes restait le centre de productio n et d'exportation. La plupart des

Xénophon. Charmé par ce qu'il venait d'entendre, Zénon demanda au libraire

attestations concernant le commerce du livre, pour ne pas dire toutes, sont d'origine attique. Les p oètes comiques, dès le milieu du ve siècle, emploient des

où vivaient des hommes tels que Socrate. Le libraire lui montra un philosophe qui passait justement dans la rue, près de la boutique. C'est ainsi que Zénon,

mots comme bibliographoi (copistes de livres) ou bibliopôlai (marchands de

à trente ans, devint l'auditeur de Cratès, un disciple de Diogène le Cynique,

livres) ; un peu plus tard apparaît un mot appelé à une grande fortune, biblio­

avant d'enseigner lui-même sous la Stoa poihilè, le Portique orné de fresques

thêhê (« dépôt de livres >1, d'où « bibliothèqu e ») .

qui donnera son nom à l'école fondée par lui, !'École stoïcienne.

Le commerce de librairie se développe à Athènes à la mesure d'une produc­ tion littéraire qui, il faut le rappeler, n'était pas destinée originellement

à être

écrite p our de futurs lecteurs. Il vaut la peine de rapp orter à ce sujet une anec­ dote qui concerne le livre et la lecture . Dans les dernières années du

rve

siècle,

un Chypriote qui faisait le commerce de la pourpre, un certain Zénon, fit

naufrage près du Pirée . Il se rendit du port à la cité d'Athènes pour tirer p arti

Le développement du commerce de librairie est, là c omme ailleurs, fonc­ tion de la loi de l'offre et de la demande. Dans les cent cinquante années qui s'étendent du premier succès d'Eschyle au théâtre - les Perses sont représentés en 472

-

jusqu'à la mort d'Aristote, en

322,

des collections d'amateurs se sont

formées, toujours plus nombreuses et plus riches en livres. La plus remarquable est celle qu'Aristote avait rassemblée comme s ource de documentation pour

de ce loisir forcé et passa devant la boutique d'un libraire. Celui-ci, par plaisir

composer ses traités. J'aurai à revenir sur le sort de cette bibliothèque dans les

ou à des fins publicitaires, lisait à haute voix un livre devant quelques curieux.

deux prochains chapitres .

Une question se pose, surtout en notre temp s où l'on s 'intéresse si fort à l a genèse des ouvrages littéraires : comment les auteurs grecs rédigeaient-ils leurs œuvres avant de les confier au metteur en scène pour les productions drama­ tiques, à leurs disciples pour les philosophes,

à leurs clients pour les orateurs ?

Aucun brouillon ne nous est parvenu, mais par chance nous avons une indica­ tion pour Platon. Lorsque le philosophe mourut, en

347, il laissait dans les

archives de !'Académie, où il avait donné son enseignement, un dialogue inédit, le plus long qu'il ait composé, les Lois, dont les douze livres dépassent les dix livres de la République. Les Lois, qui n'avaient p as encore été publiées, étaient écrites sur des tablettes de cire. Il fallait donc les faire transcrire sur des rouleaux de papyrus. Philippe d'Oponte, disciple de Platon, se chargea de cette tâche délicate, comme nous l'apprend Diogène Laërce dans ses Vies et doctn:nes des

philosophes illustres (III, 37), ouvrage d'où j'ai tiré l'anecdote concernant Zénon (VII, 2-3) . À l'exception des Lois de Platon, nou s sommes n·ès mal informés sur la transcription

des

autographes d'auteurs dans la Grèce classique. Il est

certain que seul un spécialiste connaissant bien l'écriture de l'auteur pouvait

être chargé d'une première copie sur papyrus, é ventuellement revue par l'au­ teur, avant que l'exemplaire mis au net füt confié à un li b ra ire pour être repro­

duit et vendu aux amateurs. Les libraires avaient aus si d'autres exigences due s à des rielles.

La

possible entre l'œuvre, ou ses sections, et le contenu Coupe attique à figures rouges (vers 430 avant J.-C.) : la poétesse Sappho, assise, tient ouvert un rouleau (musée d'Athènes).

w. 12

c o ntrainte s

maté­

premi ère était d'obtenir une correspondance aussi exacte que

de vingt feuilles,

la

dote avait composé ses Hisioires 7 Vingt-huit logoi exactement

p 385-423.

d'un

rouleau de papyrus

di mens ion commerciale. Vers le milieu du selon

en

v'

siècle, Héro­

logoi7, terme qu'on p o urrai t traduire par

S . Cagnazzi, • Tavola dei 2 8 logoi di

Erodoto

'· Hermes, t. 103, 1 9 ï5.

21

Atnenes et la üréce archaïque et classique

« épisodes » plutôt que par « discours » ; ces épisodes seront ultérieurement

et : en Égypte. Et j ' aurais montré le document s uivant (il!. 13)

répartis par les libraires en neuf livres dédiés chacun à une Muse. De même,

d'une composition (un nome), les Perses,

quelques décennies plus tard, Thucydide compose s on Histoire de la guerre du Péloponnèse comme des annales, chaque année de guerre se terminant par une for mule où l'auteur se nomme, signant ainsi son récit; les libraires les rassem­

: une large colonne

due à Timothée de Milet, un p oète lyrique un p eu plus jeune qu'Euripide avec qui il a collaboré et sur la musique

duquel il a exercé une certaine influence. La réponse n'était pas fausse, bien qu'il s'agisse là d'une copie privée plutôt que d'un livre de librairie (le rouleau,

bleront en huit livres, après une division antérieure en treize livres. Il est

incomplet, mesure

probable que, dès le IVe siècle, pour les œuvres longues réparties sur plusieurs

qu'au cours de l'hiver

IIO

cm de longueur sur une hauteur de

1961-1962

1 8,5 cm) . Mais voilà

des terrassements entrepris pour créer une

rouleaux, les libraires ont fait appel au système des « réclames » déjà pratiqué

autoroute au nord

dans les tablettes du Moyen-Orient. Ce système consiste à écrire, à la fin d'un

bourgade de Dervéni, une tombe importante

rouleau, les premiers mots du rouleau suivant de façon à éviter toute incerti­

qualité du m obilier funéraire. Un petit cylindre de bois carbonisé a retenu l'at­ tention d'un archéologue. C'était en fait u n livre de p apyrus fermé, c'est-à-dire roulé sur lui-même . En le déroulant, ou plutôt en le cassant, on a mis en

tude

au lecteur quand il commence un nouveau rouleau. Après Hérod ote

et

Thucydide, dont les œuvres avaient subi un traitement qu'on pourrait qualifier de chirurgical, les historiens ultérieurs ont tiré la leçon qui s'imposait pour rester maîtres du découpage. Éphore le premier, en plein IV' siècle, a composé ses

Histoires en 30 livres (le dernier, posthume, a été achevé par son fils Démo­

phile) ; chacun de ces livres était précédé d'une introduction et offrait son unité propre. L'exemple d'Éphore a été suivi tout de suite par Callisthène avec les dix livres de ses

Hellenica. Les historiens postérieurs, à l'époque hellénistique et

à l ' époque impériale, garderont le souci de composer par décades de livres, comme l'avaient fait Éphore (3

x

I O) et Callisthène ( I

x

r o) . Nous aurons l'oc­

casion de l e voir dans les deux chapitres suivants.

de Salonique ont mis au jour le l o févrièr, à proximité de la par ses dimensions et par la

évidence le texte écrit sur la face interne, visible par contraste entre la surface brillante du papyrus carbonisé et l'empreinte mate laissée par l'encre (il!. 14).

Cette découverte, que j'ai eu la chance de voir moins de deux mois plus tard, le 6 avril, dans l'atelier de restauration du musée archéologique de S alonique et que j'ai présentée dès le 7 mai à Paris 8, est importante à plusieurs égards.

D'abord parce que c'est le premier livre de papyrus découvert sur le territoire

de la Grèce actuelle, où le climat est tout différent de celui de l 'Égypte; il faut

livres grecs

8 < Les d eux plus anciens

d'une

communication).

», Revue des études grecques, t. 75,

1 962, p. xx1v-xxv (résumé

Pour Homère, qui a été le premier auteur édité, la division originale en chants a été maintenue sans que nul osât y toucher, mais l'assemblage de deux ou trois chants sur un même rouleau a été fréquent, pour ne pas dire qu'il est devenu la règle. La priorité absolue du poète de

l'Jhade et de l' Odyssée fait que

les particularités de la composition épique ont exercé pendant de longs siècles de véritables contraintes sur le livre et sur les auteurs eux-mêmes . Je m'ex­ plique. L'fliade et l' Odyssée sont des poèmes en hexamètres dactyliques, un vers de six mesures . Lors de la mise par écrit de ces poèmes, les scribes, sinon Homère en personne, ont copié un vers p ar ligne en ad optant une disposition

en colonnes. Dans chaque ligne, les let"tre s, distinctes les unes des autres, se

suivaient sans s éparation entre les mots, sans le moindre signe diacritique. Le nombre des vers, alignés sur la gauche, variait selon la hauteur de la colonne, le module de l'écriture et la force de l'interligne. Cette p rés enta tion où le vers égale une ligne

- le mot grec stichos (rangée)

désigne à la fois la ligne d' é crit ure

et le vers - j o u era un rôle important dans l'histoire du l ivre grec, comme nous le verrons bientôt. Mais je voudrais d'abord répondre à une guestion double que certains peuvent se poser après avoir vu les représentations de livre peintes p a r des céra­ mistes d'Athènes

à

quand remonte le plus ancien livre grec qui nous soit

parvenu :> et où a -t - il été trouvé ;, Lorsque j ' ai commencé à m'intéresser à l'his­

toire du livre, j ' aurais répondu

: au

dernier quart du !V" siècle avant notre ère,

23

de Timothée (dernier quart du 1v0 siècle avant J.-C.). Colonne 5 l'oiseau p l a c é à gauche de la colonne, à mi-hauteur, est un signe, fin d'une strophe (musées de Berlin, P. Bero/. 9865).

il!. 13 Papyrus des Perses

du rouleau (v.

1 74-234) ,

la cor6nis. q u i ma1·que ia

!I il

lj 1

l

24

Athènes e t la Grèce archaïqu e e t classique

Le livre grec

\

il!. 14 Papyrus de Dervéni (milieu du 1v•

Oxyrhynchus 1 231 du 11• si è c l e après J.-C.

ill. 15 Sousciption du livre 1 des poésies d e Sappho : P.

siècle ava nt J.-C.) (musée de Thessalonique).

=

Oxford Bo�leian Library, MS.

Gr. Glass. c. 76 (P),

même ajouter que le lieu de découverte n'ap p artenait pas à la Grèce propre au

centaine fixe la place du vers (!OO), et donc celle de l' ensemble du fragment,

moment de la s épultme , mais se trouv ai t alors dans le royaume de Macédoine.

à l 'intérieur du poème 9 . Pour Homè re, u n e stichométrie marginale était indiquée tous les cent vers,

Ensuite parce que le livre est plus ancien de deux ou trois décennies - je le situe­ rais vers le milieu du IV' siècle, sous le règne de Philippe

II

-

que l' exemplaire

à g auche du texte, au moyen d'me lettre de l' alp hab et de 24 lettres (A

=

roo,

200, etc . ) déjà utilisé p our füméroter les chants d e !' Iliade et de l' Odyssée;

des Perses de Timothée; par rapport à ce dernier, il pr és ente une mise en

B

colonnes régul iére et une écriture soignée. Enfin, parce que ce livre contient

la p ratique a été étendue aux recueils poétiques, conïD1e le rnonu·e l'exemple

une suite alternée de vers et de prose, u n e c osmogonie orphique en hexamètres

=

d ' Empé do cle, et aux ouvrages cramati qu e s, dans l es qu els la l ongu eur des vers

dactyliques, comme les vers d'Homère, et un commentaire explicatif en prose.

est variable. Pour la prose, les m êm es lettres prises dans le même ordre ne

La disposition des vers, qui occupent chacun une ligne avec leurs 1 2 à 1 7

servent pas à dénombrer les ligies effectivement écrites sur le rouleau, mais

syllabes (soit en moyenne 3 5 l ettre s) , a régi l a disp o sition de l a prose en lignes de la même longueur. Cette mise en colonnes d'un ensemble disparate de vers et de p ro s e fournit

l'explication d'un fait qui p ouv ai t paraître surprenant : les ouvrages de prose

ont été mesurés à l'aune, si je puis dire , du vers homérique, dénomm é stichos.

elles reproduisent le barème étalli d'après le calibrage de l'édition originale, de cent stique s en cent stiques.

Ài

fin du rouleau, le total était récapitulé dans

une souscription stichométriqueécrite dans le système numéral acrophonique usuel dans ! 'Athènes c las si q ue : JI pour pente ( ci n q ) , /';, pour deka (dix), H pour

hekaton ( c e nt) , X pour khilioi (nille). Le nom de l'auteur et le titre de l 'ouvrage

La pratique de la stichométrie p ermet tait à la fois d'éta blir sans con tes te le

précédaient immédiatement la s:ichométrie finale ; ils fi g uraient aussi sur une

salaire dû au scribe ou le prix demandé à son client par le libraire, tout en as su ­

étiquette fixé.€ au rouleau ferm é.

rant l 'au teur que son œuvre était reproduite dans son intégralité et en garantis­

Voici (ill. 1 5), 8 titre de spécim:n car le document e st plus tardif, le total des

sant à l'acheteur qu ' elle était c ompl ète dans le livre. Beaucoup plus tard - les

stiques du livre I des Odes de la roétesse Sappho - dont nous avons vu l'effigie

premières attestations sont du I I ' siècle de notre ère - on s ' a p erc evra de l'uti­

sur

lité de la stkhoméu·ie p our donner des références assez précises. Aujourd'hui

encore, elle p e rm et de d étermi n er la place d'un fragment dans l'œuvre enti ére ;

je

citerai seulement le cas tout récent d'un papyrus d'Empédocle conservé à

Strasbourg, où l'indication m arginale r (3' lettre de l'alphabet) si gnifiant 3"

un vase à figures rouges (ill. 1 �) -, soit :

Ce mode de

numérati on

X If H H /';, /';, ,

= I

320

sorti Œs tôt de l'usage parce qu'il était peu p rati q u e

pour les calculs, s'est conservé d tns le livre grec jusqu'à l ' ép oqu e impé ri ale 9 A.

Martin

-

O.

New York, 1 999.

Primavesi.

L 'Empdoc/e de Strasbourg (P. Strasbourg gr.

(Je

lnv. 1 665-1 666). Berlin­

25

!...\, . l l Y I .._, 6' '"'"

Athènes et la Grèce archaïque et classique

\ document est du

ne

siècle de notre ère). Cette num.ération a même survécu

dans quelques manuscrits byzantins du

xe

siècle c ontenant des ouvrages de

enfin qu'il soit lu par un esclave spécialisé, le « lecteur », devant son maître et les amis de ce dernier.

prose (histoire avec Hérodote, ou discours avec Isocrate et Démosthène) .

Or l'écriture présentait un inconvénient : la lenteur de la graphie, qui

Phénomène plus surprenant encore : deux manuscrits de Platon, l'un daté de

empêche de prendre au vol les epea pteroenta, les « paroles ailées » comme disait

895, l'autre plus récent, ont conservé des traces notables de la stichométrie

Homère, d'un orateur ou d'un improvisateur.

marginale dans deux dialogues 10 . Le livre attique des

V'

et

IV"

À ce défaut, deux remèdes parais­

saient possibles : ou bien simplifier le tracé des lettres de l'alphabet qui imitaient siècles, qui constitue peu à peu le fonds de

jusque-là les traits gravés dans la pierre ou le marbre des inscriptions - nous

bibliothèques privées et d'archives publiques, va exercer une influence sur la

verrons dans les deuxième et quatrième chapiu-es des tentatives réussies ; ou bien

création littéraire comme le montre le cas du théâtre. La mise par écrit d 'œuvres

inventer une autre manière de noter les sons de la langue, non pas en les analy­

destinées originellement à une représentation unique permet aux poètes

sant dans leur détail phonique comme le faisait l'alphabet grec depuis ses

u-agiques de se situer par rapport à leurs devanciers quand ils traitent le même

origines cananéennes, mais en les groupant en syllabes, par un retour perfec­

sujet, par exemple les Choéphores d'Eschyle et les deux

tionné au système imparfait que représentait le s yllabaire mycénien du linéaire B .

Éleclre de Sophocle et

d'Euripide. Elle p ermet aussi la reprise au théâtre de pièces devenues clas­ siques. C e qui amènera les autorités athéniennes à prendre des mesures pour faire respecter le texte originel des trois poètes tragiques.

À partir d u milieu du I V ' siècle, a u temps de Platon vieillissant et d e l a matu­ rité d'Aristote, deux essais ont été tentés pour accélérer la mise par écrit de

l'oral. Ils sont connus par deux inscriptions mutilées retrouvées l'une à l'acro­

Lorsque l'orateur Lycurgue fut venu au pouvoir à Athènes vers la fin de 3 38, après le désastre de Chéronée, il prit dans les années qui suivirent une série de

pole d'Athènes (IG II 2, 2784), l'autre dans le sanctuaire de Delphes (PD III

r,

5 5 8 ) . Les deux systèmes sont fondés sur des principes différents 1 2 • Le premier consiste à remplacer le tracé des leru·es p ar des combinaisons de lignes

mesures relatives aux représentations dramatiques. Il acheva la transformation

(ill. 1 6 )

du théâtre de Dionysos sur le flanc sud-est de l' Acropole et fit voter des lois.

droites dont la signification dépend de leur longueur, de leur orientation et, en

L'une d'entre elles ordonnait l'exécution de statues de bronze des n-ois grands poètes tragiques du

ve

siècle, Eschyle, Sophocle et Euripide, destinées à orner le

théâtre tout juste achevé. Une mesure annexe visait à maintenir fidèlement le

texte de leurs œuvres

:

cas de rencontre, du point d'intersection ; à titre de spécimen, on a représenté le début du premier vers de l' Odyssée. Dans le système delphique (il/. 1 7), une sorte 12 H. Boge, Griechische Tachygraphie und Tironische Noten, Berlin-Hildesheim, 1 9 74 ; les figures 1 6

une copie officielle devait en être établie et conservée aux

et 1 7 sont tirées de c e livre.

archives de la cité ; en cas de reprise théâtrale, l'exemplaire utilisé par les acteurs serait confronté avec l a copie officielle sous le contrôle du s ecrétaire de la cité,

1/ !\ / y A E

et les acteurs n'auraient pas le droit de déclamer en scène un texte différent 1 1 .

À

IV /Î v V1 Al El 01 VI

0

IV AY

-> = > OY

(, = < EY

deux siècles d'écart, la mesure prise p a r Lycurgue e n faveur du théâtre ,(

tragique manifeste le même souci d'authenticité et de fidélité à la tradition qu e le

T lT

règlement établi par les Pisistratides pour la récitation des épopées homériques.

A

1n ' éte ndre,

comme

je

r

l'ai fait, sur l'histoire du livre, je pourrais laisser

croire que le temps de ! ' or alité était terminé. II n'en est rien.

sophes écrivent, comme Platon, ou comme Aristote clans

Quand les philo­ ses dialogues de

jeunesse, ils ne visent qu'à éveiller l'intérêt du public et à attirer vers eux de nouve aux auditeurs auxquels le Maître livrera oralement sa pensée la plus profonde. Sans pa rler des œprésenLati ons dramatiques o u des manifestations chorales, !'oralité est toujours p ré sente dans l e livre à l'époque classique, qu i l soit écrit sous la dictée - dictée de l a u teur à un s e cré ta i re, dictée à un atelier de scribes ou dictée intérieure d'un copiste isolé - ou qu'il donne lieu à une réci­ tation par l'auteur lui-même ou pa r un li braire devant un public d 'amateurs, ou '

l\.. _J\ �)lv- ôpa:

10 J . lrigoin,

i.

Traces de liv res a n tiques dans trois manuscrits byzantins d€: Platon

{B, 0, F)

�. dans

A l d e 1 sl1ot. 1 9 9 7, p 2 2 9-244 11 ! Plutarque], Vies des dix orateurs. 841 F.

Hl. 1 6

r

:

r



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B



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X



fr10r

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L ..../ Î Fv- vE. - 11E,

-

Z

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Y'

P

-> -A

Moii- dcr . . .

Essai d'interprétation et d'utilisation d e l'inscription d e l'acropole d'Athènes

(!nscript10nes Graeca&, 11',

a

r

n'

2783) :

voyelles et diphtongues ( d· a p rè s

b consonnes c la ssé e s par



,_:ne, icliteur et \ lib�J!e. Cicéron lui-même, que Vincenzo Foppa (ill. 32, p. 4 8 ) représente comme un enfant précoce avide de lecture (avec un anachronisme pour ce qui est de la forme des livres), avait lui aussi une belle collection de livres, où la littérature grecque tenait une large place. On oublie souvent que le grand orateur était aussi un traducteur du grec, en vers (avec les Phénomènes d'Aratos) et en prose (avec le Timée de Platon) . Et on ignore généralement que le grammairien Tyrannion, tout juste nomm� à propos de l'édition d'Aristote, s'occupait de la bibliothèque de Cicéron et en avait établi le catalogue, un catalogue qui ne nous •

1 Athénée. Les Deipnosophistes,

livre 1, 3 a-b. 2

Strabon,

Géographie, livre XIII, 1 , 54, p. 609 C.

est pas parvenu. En revanche, pour la même période, nous disposons des livres, huit cents rouleaux au total, d'une bibliothèque à dominante philosophique. La terrible éruption du Vésuve de l'an 79 de notre ère, qui a enseveli Pompéi et Herculanum, a assuré la conservation des livres d'une grande villa dite «villa des Pisons » ou « villa des Papyrus ». Les fouilles pratiquées à partir du milieu du xvme siècle ont dégagé, dans une pièce qui devait servir de bibliothèque et aux environs immédiats, des rouleaux de papyrus dits « carbonisés», c'est-àdire noircis non par le feu comme à Dervéni, mais par suite de la décomposition de la matière végétale. Impossible de les dérouler. Il fallut couper en deux ces cylindres dans le sens de la longueur et détacher ensuite, en partant de l'intérieur et de part et d'autre, les .couches successives correspondant chacune à un tour du rouleau. La publication des textes inscrits sur la face interne de chaque rouleau commença dès 1 793 et, jusqu'en 1 876, vingt-deux volumes infolio de fac-similés sont parus, onze de 1793 à 1855, onze de 1 862 à 1 876. La tâche n'est pas achevée, encore moins les vérifications. Parmi les ouvrages représentés, certains sont en deux ou trois exemplaires : ils portent le nom d'un philosophe épicurien venu en Italie vers l'an 70 avant notre ère, Philodème de Gadara, un Grec de Syrie, ami des Pisons et connu par ailleurs comme un auteur d'épigrammes. Philodèrne s'était installé dans la région de Naples et il ne fait pas de doute que la villa des Pisons abritait sa bibliothèque personnelle . Les spécialistes se sont d'abord appliqués à déchiffrer les textes, à les identifier et à les interpréter. Tout récemment, on a commencé à dater les rouleaux 3 : ' ·! leur copie se situe entre les dernières années du me siècle pour les plus anciens et la fin du second tiers du r•r siècle avant notre ère pour les dernières copies des oeuvres de Philodème ; au moment de l'éruption du Vésuve, les livres les ' 1 plus anciens de la bibliothèque, qui semble ne pas s'être enrichie après la mort de Philodème (vers 40 ou 35 avant notre ère), avaient près de trois cents ans, . ce qui atteste la qualité et la résistance des livres de papyrus. C'est justement vers le milieu de ce 1•r siècle avant notre ère que naît le projet de construire à Rome une biblioy1èque �Jiq!,!e. Jules César, après Ptolémée rer, après Antiochos le Grand; -après Eumène II de Pergame, avait compris tout ce que la fondation d'une grande bibliothèque, rassemblant toutes les connais­ sances du temps, pouvait apporter de prestige à celui qui en prenait l'initiative et de profit à son pays. César, assassiné en l'an 44, ne vit pas la réalisation de ce projet qui fut mené à son terme, cinq ans plus tard, par les soins de C. Asinius Pollion, à !'Atrium Libertatis. Auguste, à son tour, fonda en l'an 28, sur le Palatin, à proximité du temple d'Apollon, une bibliothèque double qui sera, et restera en dépit d'incendies successifs, la plus importante bibliothèque de Rome. Bibliothèque double signifie que l'édifice comporte deux sections, la grecque la plus importante à cette date - et la latine ; l'adjonction d e la

1

\

-

3 G . Cavallo, Libri scrillure scnbi a Ercolano. Primo supplemento a « Cronache Erco!anesi»,

Napoli, 1 983.

bI

1Ji,

li

J .� .

r

11

Kome et re monae greco-roma1n

'-" " ' ' " O' ""

/

deuxième section était une nouveauté, et c'est la dénomination grecque qui a

intrigué par le caractère étrange du titre, désira en connaître le sujet; il lut les

pour désigne� l'ensemble. D'autres biblio­

deux premières lignes et rejeta immédiatement l'ouvrage en se contentant de

thèques, généralement sinon toujours bilingues, seront créées ultérieurement

dire : "Ce n'est pas le style de Galien; ce livre porte son nom à tort." » Dans ce

été transcrite en latin,

bibliotheca,

par Auguste lui-même, en mémoire de sa sœur Octavie, puis par les empereurs

cas, un libraire indélicat met sous le nom d'un médecin célèbre un ouvrage qui

successifs, de Tibère à Alexandre Sévère. Au temps de Constantin, dans le

n'est pas de lui.

premier tiers du

par Galien, dont je cite la suite de l'introduction : «Je passais mes écrits à des

ive

siècle, Rome comptait vingt-huit bibliothèques publiques .

À l 'inverse, certains auteurs s'attribuent des œuvres composées

Mais lorsque cet empereur décida de transférer sa capitale dans l a cité qu'il

. ,tre Ue titre comprend naturellement le amis ou à des élèves, sans y mettre de P

avait fondée et qui porte son nom, Constantinople, une partie du patrimoine

nom de l'auteur, comme le rapporte l'a

culturel de Rome alla enrichir la nouvelle Rome.

destinais pas à la publication, mais uniquement à ces personnes-là qui

La fondation et le fonctionnement de bibliothèques gréco-latines sont en

��cdote précédente] , parce que je ne les

m'avaient demandé des aide-mémoire des leçons qu'elles avaient entendues.

relation avec l'hellénisation de la société romaine, ou plus exactement avec la

Quand certaines de ces personnes moururent, ceux qui vinrent après elles,

symbiose qui s'établit entre deux cultures de niveau inégal, la grecque et la

trouvant ces ouvrages à leur goût, en donnèrent lecture comme s'ils étaient les

latine. Sur ce plan, la Grèce vaincue avait pris sa revanche, mais Rome était

leurs propres . » Les incidents rapportés par Galien, qui relèveraient aujourd'hui

devenue la capitale de l'Empire. Comme Alexandrie deux ou trois siècles plus

du droit d'auteur, pouvaient aussi se produire avec d'autres genres littéraires.

tôt, Rome attire des auteurs de tout le monde méditerranéen : ils viennent dans

Pour éviter d'être ainsi pillé s, certains poètes grecs développent une

la capitale, y font des connaissances, y nouent des amitiés et, pour une large

pratique inaugurée à l'époque hellénistique, peut-être même beaucoup plus

part, s'y installent définitivement. Tous continuent à écrire et à publier sur

tôt : ils introduisent dans leur oeuvre un acro�tj.çhe_ forméJ?.ë!" les Lettres ini ales

place dans leur langue maternelle, le grec. D ans le domaine limité qui est le



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dh�Kà"' G:ii >-cJ.)

. :o-::{qq-p\.A..c- . : îP;? ë-' o�,o �&-':.J:., - "�� .......

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C'

XLV, sur un total prévu de 150, interrompu à 1 4 2 par la mort de l'auteur.

xvm' �,

progressifs, depuis le début du

siècle, le système a été élucidé seulement en 1971 par un savant grec,

N. P. Chionides, dont le travail a été traduit en italien dix ans plus tard w Une

fois de plus, on a affaire à un syllabaire, b e aucoup plus complet que celui du mycénien puisqu'il compte un millier de signes, pas tous syllabiques il est vrai. Le système est logique et ingénieux. Le gain de place obtenu est appréciable dans une région où le parchemin est rare, et donc cher. Mais la lecture réclame

;i1. sa Partie centrale et lin

d'un rotulus byzantin,

avec signature de l'empereur.

10

N. P.

Chionides

- S. Lilla, La brachigrafia italo-bizantina (Studi e Testi, 290), Cité du Vatican, 1 9 81 .

un apprentissage, sans aucun doute moins long que celui de la tachygraphie antique, gênant cependant si le texte transcrit est destiné à la lecture à baute voix. Le coût de la matière à écrire est un élément important du prix de revient du livre. Le coût peut aussi jouer un rôle dans l'histoire de l'écriture. Avec le papier, relativement bon marché, les érudits, gent souvent besogneuse, se sont

m. 60 Reliures byza ntines : tranchefiles brodées avec

coiffes

de cuir surplombantes.

mis à écrire pour leur compte avec leur écriture personnelle, moins appliquée que celle des scribes de métier : on trouve ainsi, à partir du milieu du xn < siècle et surtout aux

XIII'

et

xrve

siècles, des livres dont la présentation est fort peu

soignée, mais qui contiennent des textes rares, sinon à témoin unique. Cette période récente est aussi celle de la plupart des reliures byzantines qui nous sont parvenues. Certes, depuis la fin de l a période gréco-romaine, la reliure, protection du codex, a continué sa tâche et poursuivi son évolution. Mais elle se détériore aussi. Le superbe Dioscoride de Juliana Anicia a été relié à neuf au début du xv• siècle. Une plaque émaillée, avec l'archange saint Michel au centre (ill. 40, p. 53), peut donner une idée de la splendeur des reliures des et

xr
..u.o

bien avec le romain (il l . 61 ) . Onze ans plus tard, en 14 79, d e s caractères grecs sont

tJTI KOO"MO!' a:ll'a:9Ji f.crxnTOpEIO" al ColJ.la: &f.OV MVJ.111McxTa:

utilisés à Paris pour une édition de l'humaniste Perotti dont le nom est transcrit

cJ>EpC-' tracrï TrP04'liTf.vcrncra: Ka:Ta:rro"-Ïf.1 a:i:ep('.)1To1crï. Id c.

en grec (ill. 62 } ; ils semblent avoir été importés de Venise. Dans l'un et l'autre cas,

Vemmt 1re magne foper mundû.det pronunanoncfenarranf. ommbufhô1bufm urb1bufprophetanf. Alta quoq: per md1g/ naaone dei aduerfüfîmflof: catbad1fmu pnore ferufo faélû cé d1x1t.ut malma genenfbuam e:x:nngucrcê.f.�ov MUpïcrcc11ToO"

il s'agit de citations plus ou moins étendues, ou même de quelques mots seule­

ment. Quand des Grecs envisagèrent de publier à leur tour des œuvres antiques de leur langue, ils prirent comme modèles des manuscrits contemporains et cherchèrent à en reproduire les lettres avec la plus grande fidélité, sans tenir

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