Le Jeu d’or. Figures hiéroglyphiques et emblèmes hermétiques dans la littérature alchimique du XVIIe siècle 2878111346, 978-2878111347

L'ALCHIMIE ET SES MYSTÈRES, et notamment la quête de la pierre philosophale, constituent, depuis l'Antiquité,

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Le Jeu d’or. Figures hiéroglyphiques et emblèmes hermétiques dans la littérature alchimique du XVIIe siècle
 2878111346,  978-2878111347

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LE JEU D’OR Figures hiéroglyphiques et emblèmes hermétiques dans la littérature alchimique du X V I I e siècle

STAN ISLAS

KLOSSOWSKI

DE

ROLA

L ’a l c h

im ie e t s e s m y s t è r e s ,

et notamment

la quête de la pierre philosophale, constituent, depuis l’Antiquité, une tendance « alternative » au cœur de la culture européenne. L a beauté des langages iconographique et symbolique dans lesquels s’expriment théories et secrets alchimiques atteint son apogée au xvue siècle, époque à laquelle l’essor de l’imprimerie contribuera de manière fondamentale à la diffusion de ce genre pictural. Cet ouvrage réunit pour la première fois une vaste sélection des plus beaux emblèmes hermétiques et figures hiéroglyphiques de la littérature alchimique. Les reproductions respectent fidèlement les originaux publiés dans des ouvrages malheureusement rarissimes ou difficiles d’accès. Les plaques de cuivre originales furent réalisées par les meilleurs graveurs de l’époque — Merian, De Hooghe, la famille De B r y ... —, artistes attachés à traduire graphiquement des concepts aussi complexes que les cosmogrammes de Mylius, les emblèmes envoûtants de Lam bsprinck ou de Michael Maier, ou encore le mysticisme chrétien de Jacob Bôhme. A u total, plus de 500 gravures constituent le cœur de cet ouvrage. Dans son introduction et ses commentaires, Stanislas Klossowski de Rola rappelle les origines de cette tradition visuelle, donne les clés des symboles et dresse le portrait des auteurs, éditeurs, mécènes et graveurs qui contribuèrent à l’épanouissement de cet art à la fois éblouissant et mystérieux.

En

: « L e S o le il a besoin de la Lune comme », emblème x x x de Michael Maier, extrait de Atalanta fugiens, 1618. CO UVERTU RE

le coq de la poule

S

t a n is l a s

K

lo sso w sk i d e

R

o la

est un éminent spécialiste de la tradition alchimique. Il est le fils du peintre Balthus.

Pour tout renseignement et demande de catalogue, veuillez vous adresser à :

TH A M ES & H U D SO N 4, impasse des Peintres 75002 Paris

DifFusion/distribution : Hazan ISBN

: 2-87811- 134.6

Imprimé en Slovénie

195 F

Le Jeu d ’Or

S tanislas

K lossowski

de

R ola

Le Jeu d’Or Figures hiéroglyphiques et emblèmes hermétiques dans la littérature alchimique du X V IIe siècle

Thames & Hudson

C e t ouvrage est dédié à la mémoire vivante de notre ami Eugène Canseliet F .C .H .

Le texte français de cette édition a été spécialement établi par l’auteur d’ après une traduction de Vincent Bardet et Anne de Gandillac du texte de l’édition en langue anglaise. Traduction des sous-titres latins par Catherine Henri. © 1988 Thames and Hudson Ltd, Londres. © 1997 Éditions Thames & Hudson SA R L , Paris, pour la présente édition Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, photographie, photocopie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 1 1 mars 19 57 sur la protection des droits d’auteur. Cet ouvrage a été reproduit et achevé d’imprimer en mai 1997 par l’imprimerie Mladinska Rnjiga pour les Éditions Thames & Hudson. Dépôt légal : 3e trimestre 1997 IS B N : 2 -8 7 8 11-13 4 -6 Imprimé en Slovénie

S OMMAI RE

Préface et remerciements

7

Introduction

8

Avertissement

24

François Béroalde de Verville, Le Tableau des riches inventions, 1600

25

François Béroalde de Verville, Le Voyage des princes fortunez, 1610

25

Heinrich K hunrath, Amphitheatrum sapientiae aeternae, 1602

29

Andréas Libavius, Alchymia, 1606

45

Steffan Michelspacher, Cabala, 1616

52

Michael Maier, Arcana arcanissima, 1614

59

Michael M aier, Lusus serius, 1616

60

M ichael Maier, Examen fucorum, 1617

61

Michael Maier, Jocus severus, 1617

61

Michael M aier, Atalanta fugiens, 1618

68

Michael M aier, Symbola aureae mensae, 1617

105

Michael M aier, Tripus aureus, 1618

117

Michael M aier, Viatorium, 1618

127

Johann Daniel Mylius, Opus medico-chymicum, 1618

133

Johann Daniel Mylius, Antidotarium, 1620

156

Oswald Croll, Basilica chymica, 1622

157

Michael M aier, Septimana philosophica, 1620

161

Johann Daniel Mylius, Philosophia reformata, 1622

167

Musaeum hermeticum, 1625

183

Lambsprinck, De lapide philosophico, 1625

187

Johann Daniel Mylius, Anatomia Auri, 1628

198

David de Planis Campy, L'Hydre morbifique exterminée, 1628

208

David de Planis Campy, L ’Ouverture de l ’escolle,

209

1633

Elias Ashmole, Theatrum chemicum britannicum, 1652

214

Johann Joachim Becher, Œdipus chimicus, 1664

222

Joannes de Monte-Snyders, Metamorphosis Planetarum, 1663

224

Theodorus Kerckring, Commentarius in Currum triumphalem Antimonii, 1671

226

Joannes de Monte-Snyders(P), Chymica vannus, 1666

228

Goossen Van Vreeswijk, De Roode Leeuw, 1672

240

Goossen Van Vreeswijk, De Groene Leeuw, 1674

246

Goossen Van Vreeswijk, De Goude Leeuw, 1675

253

Goossen Van Vreeswijk, De Goude Son, 1675

260

Altus, Mutus Liber, 1677

266

Barent Coenders Van Helpen, Escalier des sages, 1689

285

Alexandre Toussaint de Limojon de Saint-Didier, Le Triomphe Hermétique, 1689

301

Baro Urbigerus, Aphorismi Urbigerani, 1690

302

Christopher Love Morley et Theodorus Muykens, Collectanea chymica, 1693

303

Jacob Bôhme, Theosophische Wercken, 1682

308

Bibliographie

318

Formats des gravures

318

Index

319

P RE F ACE Cet ouvrage, qui a l’ambition d’être à la fois plaisant et utile, rassemble une vaste collection d’emblèmes hermétiques extraits de la littérature alchimique du XVIIe siècle. Toutes les gravures reproduites dans les pages qui suivent pro­ viennent de livres rares conservés pour la plupart dans les réserves des gran­ des bibliothèques et, par conséquent, inaccessibles à l’amateur comme à l’amou­ reux de science. En outre, par une curieuse ironie, il semble que les rares réimpressions de l’un ou l’autre titre célèbre soient, presque toujours, ou épuisées ou de médio­ cre qualité. Il arrive, d’ailleurs, que même un spécialiste ne puisse trouver ce qu’il recherche : il n’y a, par exemple, pas un seul titre de Goosen Van Vreeswijk à la Bibliothèque nationale à Paris. Durant les nombreuses années consacrées à ce travail nous avons été aidé par un grand nombre de personnes qui ont souhaité garder l’anonymat. Néan­ moins que tous et toutes soient assurés de notre immense gratitude. Nous souhaitons remercier tout particulièrement notre fidèle collaborateur David Britt, ainsi que Madame Antoinette de Watteville et Monsieur Tigrane Matossian. Nous remercions le personnel de la British Library pour sa gentillesse et son efficacité, Monsieur C.D. Blockhuis, directeur du Département des infor­ mations bibliographiques et des prêts de la Bibliothèque universitaire de Leyde qui nous fit parvenir de précieux renseignements concernant Goosen Van Vrees­ wijk, ainsi que Monsieur Marc Sursock qui a bien voulu permettre que son magnifique exemplaire de l ’Amphitheatrum Sapientiae soit photographié. Nous souhaitons exprimer notre vive reconnaissance envers Monsieur Ber­ nard Renaud de La Faverie qui nous signala les trésors de la Bibliotheca Phi­ losophica Hermetica, située à Amsterdam, où nous fûmes reçus avec une gen­ tillesse et une courtoisie hors du commun par le personnel, par l’érudit conservateur, Monsieur le Docteur F.A. Janssen et par le charmant proprié­ taire Monsieur J.R. Ritman, véritable mécène des temps modernes. Enfin, nous souhaitons rendre un très affectueux hommage plein de tendre gratitude à Mesdemoiselles Venetia Spicer, Anna André, Patrizia Brouwer et Shireen Al-Hayderi auxquelles nous devons plus que ce que nous pouvons exprimer et sans l’aide desquelles nous n ’aurions jamais pu terminer ce livre.

INTRODUCTION

* Il est assez curieux de constater que l’invention de l’imprimerie ne contribua pas à la diffusion de la vaste littérature alchimique avant une date relative­ ment tardive. En effet, tandis que des centaines de manuscrits alchimiques circulaient en Europe, on ne connaît guère que deux textes imprimés à l’épo­ que des incunables. Leur nombre resta d’ailleurs assez modeste jusqu’aux dernières décennies du X V Ie siècle car, alors, les progrès techniques réalisés par l’imprimerie devaient permettre l’excellente reproduction des motifs gravés les plus sub­ tils. Ainsi, la gravure sur cuivre allait dorénavant supplanter de plus en plus la gravure sur bois. C’est pourquoi, dès le début du XVIIe siècle, l’on assiste à une véritable floraison d’ouvrages alchimiques contenant de magnifiques gra­ vures dont la fonction réelle transcende cependant tout prétexte d’illustration ou de décoration. (Ce qui, d’ailleurs, a été depuis toujours le cas de toute ico­ nographie hermétique.) En effet, ces « figures hiéroglyphiques » et ces « emblè­ mes hermétiques » constituent un véritable langage pictural indépendant des textes qui, en silence mais non sans éloquence, transmet un véritable ensei­ gnement à ceux qui sont capables de le comprendre. Comme cet idiome extraor­ dinaire joue avec un art consommé sur les doubles sens, les analogies, et les subtiles interprétations hermétiques de la mythologie classique, nous l’avons nommé le Jeu d ’Or (1). Pour en retrouver les sources et en étudier le développement nous devons tout d’abord nous tourner vers l’Egypte, patrie mystique de la Philosophie hermétique et de son légendaire fondateur Hermès Trismégiste. La tradition veut en effet qu’Hermès, qu’elle identifie au dieu égyptien Toth, soit l’inventeur des hiéroglyphes, c’est-à-dire des signes sacrés qui préservent la connaissance secrète de la sagesse divine. Selon les écrits grecs du Corpus Hermeticum, la source de tout savoir est toujours la révélation divine sous forme de vision ou de rêve : « Hermès vit la totalité des choses. L ’ayant vue, il comprit. Ayant compris, il eut le pouvoir de révéler et de montrer. Et précisément ce qu’il savait, il l’écrivit. Mais ce qu’il écrivit il le cacha, gardant le silence plutôt que de parler, de sorte que chaque génération en venant au monde devait cher­ cher ces choses » (Kore Kosmou 5). Le terme employé pour « écrire » dans le texte grec est celui de « graver ». Hermès grava donc ses secrets sur des stèles de marbre (« stelai ») qu’il cacha soigneusement en affirmant cependant : « Certains découvriront et connaîtront totalement les secrets de mes écrits et les interpréteront, et même s’ils en gardent quelques-uns pour eux seuls, ils en graveront d’autres pour le bénéfice de l’humanité sur des stèles et des obélisques » (Kore Kosmou VII et I xvi). Les Grecs, fascinés depuis des siècles par l’Egypte et la splendeur de sa cul­ ture millénaire, vinrent s’y établir en grand nombre dès 565 avant notre ère. Le pharaon Amasis avait en effet fondé une colonie grecque à Naucratis, où, selon le récit de Socrate aux convives du Symposium de Platon, Hermès en personne s’était établi.

8 • Introduction

On perçoit d’ailleurs dans les traités hermétiques grecs le reflet des pensées les plus profondes que l’on trouve dans les anciens ouvrages égyptiens. Ce qui prouve bien la dette que doit la pensée hermétique grecque à l’antique spéculation pharaonique. Pendant toute la période ptolémaïque, le mysticisme égyptien s’allia au rationalisme grec ouvrant ainsi une nouvelle ère dans l’his­ toire de l’Antiquité. Car malgré l’admiration que les Grecs vouaient à l’Égypte, les différences fondamentales qui séparaient leurs modes de penser respectifs les empêchè­ rent toujours de véritablement comprendre les Égyptiens. C’est d’ailleurs pour­ quoi Hérodote devait déclarer que les Égyptiens avaient adopté des lois et des coutumes contraires à celles des autres peuples. Afin de pouvoir concevoir les conceptions religieuses et philosophiques des Égyptiens, les Grecs les tradui­ sirent dans les termes de leur propre logique, ce qui impliquait alors une inter­ prétation qui n’avait plus rien à voir avec la pensée égyptienne. Est-il cependant possible de croire qu’aucun Grec (à l’exception possible de Pythagore) n’ait été à même de comprendre les hiéroglyphes? Nous n’osons pas répondre par l’affirmative, tandis que nombre de savants n ’hésitent pas à le certifier. Selon eux, les Grecs, s’étant basés sur des sources fragmentaires ou incomplètes, croyaient que les hiéroglyphes n’avaient rien à voir avec le langage profane mais qu’ils étaient au contraire l’expression allégorique d’un savoir sacré. Au IIIe siècle de notre ère, Plotin, lui-même né en Égypte, se demande si c’est en toute connaissance de cause ou par intuition que les Sages Égyptiens avaient, pour parler de Philosophie, abandonné toute forme d’écri­ ture phonétique, donc toute forme discursive au profit d’images gravées dont chacune exprime une vérité profonde (2). Il faut cependant admettre que l’écriture hiéroglyphique au temps des deux premières dynasties (vers 3000 - 2778 avant notre ère) avait déjà beaucoup évolué et n’avait plus rien de commun avec « l’ancienne pictographie dont elle était issue » car aux signes idéogrammes s’ajoutaient déjà les signes syllabi­ ques et alphabétiques. Si l’écriture égyptienne conserve encore ses idéogram­ mes archaïques « c’est sans doute, explique Pirenne, parce qu’ils étaient atta­ chés aux textes sacrés écrits dans une forme d’écriture plus ancienne, ce qui ferait remonter à une très haute antiquité certains textes religieux. Les diffé­ rentes époques que l’on discerne dans les inscriptions des Pyramides prou­ vent en effet que les plus anciens textes sacrés sont antérieurs de très nom­ breux siècles à ceux dans lesquels s’exprime la cosmogonie solaire » (3). Nous ne pouvons donc pas exclure que ce soit bien cette forme primitive des hiéroglyphes à laquelle se réfère Plotin. Commentant sa traduction latine de Plotin publiée en 1492, Marcile Ficin écrivait : « Notre façon de penser au “temps” est complexe et changeante. Par exem­ ple, “ le temps passe rapidement”, “ le temps tourne et s’arrête où il com­ mença” , “ le temps enseigne la prudence” , “ le temps donne et reprend” . Tout cet ordre d’idées était compris par les Egyptiens en une seule image lorsqu’ils dessinaient un serpent ailé mordant sa queue. Et il y a beaucoup d’autres images du même genre décrites par Horus » (4). En parlant d’Horus, Ficin voulait dire Horus Apollon, Horapollo (ou Horapollon). C ’est-à-dire l’auteur des Hieroglyphica, une œuvre en grec soi-disant traduite d’un original égyptien. Un manuscrit des Hieroglyphica avait été décou­ vert en 1419 sur l’île grecque d’Andros par un moine florentin nommé Cristoforo Buondelmonti (5). Ce dernier l’ayant acheté pour Cosme de Médicis, le manuscrit arriva finalement en 1422 à Florence, où il fit immédiatement sensation. Car enfin les humanistes détenaient un ouvrage qui expliquait le sens caché des mystérieux hiéroglyphes égyptiens. Malgré les nombreuses imperfections de son texte, l’extraordinaire succès de ce livre influença non

Introduction



9

Hiéroglyphes dessinés par Albrecht Dürer pour le manuscrit de Willibald Pirckheimer traduit par Horapollo, 1514.

seulement la Renaissance mais encore l’opinion concernant les hiéroglyphes pendant quatre siècles. Le manuscrit commence par une introduction déclarant que l’original écrit en « égyptien » par Horapollo de Nilopolis a été traduit en grec par Philippos. Bien qu’il soit presque impossible d’identifier avec certitude, soit l’auteur (6), soit le traducteur, il semble pourtant qu’il fut composé entre le IVe et le Ve siècle de notre ère (7). L ’ouvrage consiste en deux volumes dont le premier est divisé en 70 chapi­ tres, et le second en 119 chapitres. Chaque chapitre est consacré à un seul hiéroglyphe. Les commentaires exposant la relation allégorique entre les hié­ roglyphes et leur signification sont pour la plupart fantaisistes, mais, étrange­ ment, il s’y mêle aussi un certain nombre de notions parfaitement exactes, donc d’autant plus troublantes. Il est très regrettable que l’on ne sache rien concernant les sources de l’auteur, car il semble bien, malgré tout, qu’il ait été en contact avec la véritable tradi­ tion hiéroglyphique, du moins d’une façon superficielle, et qu’à l’époque la connaissance de ce système était donc toujours bel et bien vivante (8). Iversen explique d’ailleurs à ce propos que, si quelqu’un ignorant complè­ tement les principes de l’écriture hiéroglyphique interrogeait un égyptologue moderne quant à la signification des différents signes composant une inscrip­ tion hiéroglyphique en ne montrant que les plus caractéristiques et les plus voyants d’entre eux, il est fort possible que son impression générale quant à leur nature ressemblerait fort à celle d’Horapollo (9). Après avoir été maintes fois copié au cours du XVe siècle (10), le manuscrit des Hieroglyphica fut imprimé pour la première fois à Venise par Aide (11) en 1505. Traduit successivement en latin, en français, en italien et en allemand, ce même ouvrage fut dans l’une ou l’autre de ces langues publié plus de vingt fois au XVIe siècle. Parmi les nombreuses copies manuscrites, de loin la plus intéressante est celle de la traduction latine qu’entreprit à la demande expresse de l’empereur Maximilien Ier l’humaniste de Nuremberg Willibald Pirckheimer. Cette tra­ duction, illustrée des dessins de son ami Albrecht Dürer, fut solennellement remise par Pirckheimer à l’empereur de Linz en 1515. Redécouvert par l’his­ torien d’art autrichien Charles Giehlow à la Bibliothèque de Vienne à la fin du siècle dernier, ce manuscrit allait lui permettre de résoudre une fois pour toutes l’énigme de l’Ehrenporte (1515) de Dürer, c’est-à-dire du gigantesque Arc de Triomphe de Maximilien qui constitue la plus grande gravure sur bois jamais créée. Ce monumental ensemble (que l’on peut admirer au départe­ ment des gravures et dessins du British Museum à Londres) mesure 3 mètres 80 sur 3 mètres 22. Au sommet du monument se trouve un panneau que Stabius, l’historiogra­ phe de l’empereur, décrit comme « un mystère en caractères sacrés égyptiens ». Maximilien y est représenté sur son trône entouré de symboles tirés des illus­ trations faites par Dürer pour les Hieroglyphica d’Horapollo. Nous allons maintenant suivre les directives de Wittkower et nous tourner vers la traduction que fit Erwin Panofsky du texte allemand de Stabius, ainsi que du texte latin de Pirckheimer, car elle va nous permettre de déchiffrer cette image « hiéroglyphique » (les interpolations sont celles de Panofsky) : « Maximilien (l’empereur lui-même) — un prince (chien drapé d ’une étole) d’une grande piété (étoile au-dessus de la couronne impériale), très magna­ nime, puissant et courageux (lion), ennobli par une gloire éternelle et impé­ rissable (basilic sur la couronne impériale), descendant d’un ancien lignage (la gerbe de papyrus sur laquelle il est assis), Empereur Romain (aigles bro­ dées sur la robe d’apparat), doué de tous les dons de la nature et possédant

io • Introduction

L ’Empereur Maximilien. Détail d’une des parties de la gravure sur bois de l ’A r c de T rio m p h e de M a x im ilie n

d’Albrecht Dürer, 1515.

art et savoir (rosée descendant du ciel) et maître d’une grande partie du globe terrestre (serpent encerclant le sceptre) — Il a avec vertu guerrière et grande discrétion (taureau) remporté une brillante victoire (faucon sur l’orbe) sur le puissant Roi de France, et s’est par là protégé avec vigilance (grue levant sa patte) des stratagèmes dudit ennemi ce qui avait été jugé impossible (pieds marchant tous seuls sur l’eau) par toute l’humanité » (12). L’inestimable mérite de la « méthode » d’Horapollo fut d’avoir stimulé les forces créatrices d’une quantité d’artistes qui s’en inspirèrent afin d’inventer à leur tour leurs propres « hiéroglyphes ». La première œuvre littéraire dont l’iconographie révèle indéniablement l’influence d’Horapollo s’intitule l’Hypnerotomachia Poliphili. Ce curieux roman allégorique fut écrit en 1467 par un moine dominicain, Fra Francesco Colonna (13), dans un italien mâtiné de latin. L ’édition originale publiée par Aide à Venise en 1499 est un chef-d’œuvre de typographie. Elle contient 192 magni­ fiques gravures sur bois qui contribuèrent grandement à son succès. Après une seconde édition Aldine en 1545, cet ouvrage fut très librement traduit en français. Devenu « le Songe de Poliphile », il fut publié trois fois de suite (1546, 1553 et 1561) par Jacques Kerver à Paris où il connut un vif succès et se répandit ainsi dans les pays de langue française. Enfin, en 1600, Fran­ çois Béroalde de Verville en fit une traduction améliorée qu’il publia à Paris

Introduction ■

n

avec le titre suivant : Le Tableau des riches inventions couvertes du voile des fein­ tes amoureuses, qui sont représentées dans le Songe de Poliphile desvoilées des ombres du songe et subtilement exposées par Beroalde (14). Dans son introduction dédiée « aux Beaux Esprits qui arresteront leurs yeux sur ces projets de plaisir sérieux » Béroalde de Verville souligne que :

Emblèmes d’Andréa Alciati, Augsbourg 15 3 1.

E m b lem a tu m liber,

«... Cet auteur suit la façon des Anciens : qui voiloient toute sorte de vérité philosophique de certaines figures agréables qui attiroient les cœurs ou pour les retenir à l’escorce de ce qui s’offroit, ou pour s’efforcer d ’ouvrir ce qui cachoit la beauté intérieure pour en jouyr, contentant ainsi le vulgaire et satisfaisant aux désireux de perfection. Et pour ce que l’amour parfaict est le bon juste et véhément désir que l’on a vers ce qui est excellent, Poliphile a fondé son subiet sur les difficultez d’amour, car il n ’y a rien qui relève plus l’esprit que des pensées amoureuses envers un objet de mérite. Mais afïin que je puisse un peu soulager et esclarcir ceux qui voudront entrer en ce Songe, ou tout doit estre comme obscur pour ce que le Songeur dormoit, durât le reste des ténèbres, et que toujours les Songes sont imparfaicts, je vous déduiray une partie de l’intention de l’Auteur, et de ce que peuvent couvrir ces projets divers. Il estoit Philosophe spéculatif, d’un Esprit trans­ cendant, et plein de belles imaginations, relevees au-dessus du commun, ayant au reste Pour but le poinct final de la perfection désirable de la Lumière des sages Mercurialistes, et cependant faisant voir combien il est accomply,

Pottentesfie mente uirotjàndiéf peritos,

Indicat,ut renm copia mu la btet. E X PACE VBERTAA1

Dum dormit,dulci recreat dum corpora femno, Sub picea er clauam exteraq; arma tenet»

A Icydcn pygmeamanus prcslerncre letho,

Poffe putat, utresncnbene doftafuas. Excitus ipfeuelut pulicesftc proterit boflem, Et peut implicitum pelle leonis agit. PRINCEPS SVBDITORVMIN*

coiumitatem procurans.

Grandibus ex fpids tenues contexe corollas, Q vas arcu alterno palmite uitiseat. His compte Alcyones tranquilli m marmoris unda. Nidificant pullos muolucresq; fouent. tcetus erit Cereri Baccho quofyfertilis annus, Aequoreifi rex alitis indar erit. I N E O S Q. VI S V P R . A V I R E S quicquam audent.

Tianij quoties conturbant xquora fratres Tum miferos nautas anckora ia(h tuuat. Hanc pius erga homines Delphin comploditur imk Tutius ut poffit figier Ma uadis. Q u m decethxcmemoresgeflareinftgniireges, Anebora $ nautis,fe populo effefuo.

MVTVVH

A VXIEIVM

B

12 • Introduction

i

Inscription hiéroglyphique de Francesco Colonna, H yp n ero to m achia P o lip h iti, Venise 1499.

Lequalc uetuftiiïime & facre fcripture penficulante,cufi io le interprétai.

EX L A B O R E DEO N A T V R A E S A C R IF IC A LIBER A L IT E R .P A V L A T IM RED V C ES A N IM V M DEO SVBIE^ C T V M .F IR M A M C V ST O D IA M V ITA E T VAE M ISERI C O R D IT E R G V B E R N A N D O TENEBIT, IN C O L VMEM Q ^E SE R V A B IT . et qu’une science pousse à l’autre, qui s’enchaisne avec toutes. Il paroit fort peu estre Alquemiste, et ce n ’est qu’au discours de sa lampe, et des filets de soye, et du verre filé, mais tant secrettement que peu s’en faut qu’il soit le secret mesme pour taire le secret. » La passion pour les Emblemata ou Livres d’Emblèmes au XVIe siècle est la conséquence directe de l’extraordinaire engouement pour les figures hiérogly­ phiques qu’avait attisé, sinon provoqué, la vaste diffusion des Hieroglyphica d’Horapollo. Le terme grec « emblema » (pl. emblemata) désignait à l’origine les orne­ ments en relief des vases et boucliers ainsi que les merveilleuses peintures en mosaïque réalisées, jusqu’au IIIe siècle de notre ère, avec des éléments d’une extrême finesse aux formes irrégulières et aux couleurs vives. Andrea Alciati (15) s’empara du terme pour désigner un nouveau genre lit­ téraire. Avec lui l’emblème devient alors un idéogramme allégorique, accom­ pagné de quelques vers latins, « la stanza », et d’un court « motto » exprimant en quelque sorte la quintessence du tout. C ’était pour ainsi dire une énigme picturale, un « divertimento » que l’on s’amusait à déchiffrer. « L’invenzione », c’est-à-dire la trouvaille, revêt ainsi souvent le masque du « capriccio » ou caprice qui dissimule alors parfaitement le sens ésotérique du symbole hermétique. C ’est donc l’ambiguïté de l’emblème qui le fit adopter avec enthousiasme par les alchimistes comme nous allons d’ailleurs le voir. Le premier des innombrables livres d’emblèmes, celui d’Andrea Alciati, YEmblematum Liber, déjà achevé en 1521, ne fut publié que dix ans plus tard

Hiéroglyphe de la Justice de Pierio Valeriano, H ieroglyphica, Bâle 1556.

Introduction

• 13

Emblème de J.J. Boissard, Francfort 1593.

E m b lem a tu m liber,

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In duo Volumina fecu n d u m C O SM I differentiam diuisa AVTHORE ROBERTO F l UD akàs JeFUi Un:. Artyt'c iit m Mediana Doc tore Oxonunfi T o m u s P rim u s ' De Mauocofm H istoria m duos tractatus anu!a fMajudyfue Murocalmi

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Page de titre de Utriusque cosmi. .. historia de Robert Fludd, Oppenheim 16 17 .

14 • Introduction

à Augsbourg en 1531, par Heinrich Steyner. Cet ouvrage qui lança la mode, connut un extraordinaire succès et fut réimprimé pas moins de cent trente fois entre 1532 et 1781. La vogue s’installa bientôt en France avec la publication à Paris en 1539 du Théâtre des bons engins de Guillaume de La Perrière, suivie de près par celle de l ’Hecatomgraphie du savant libraire Gilles Corrozet (1540), tous deux issus des presses de Denys Janot et assez semblables au point de vue du texte et des illustrations. Dans sa dédicace à Marguerite de Navarre, Guillaume de La Perrière, tout en vantant l’origine très ancienne des emblèmes, cite entre autres les noms d’Horapollo, de Chaeremon, de Poliphile et d’Alciati. A Bâle en 1556, parurent les Hieroglyphica de Pierio Valeriano (16), somme de la symbolique où le sacré se mêle au profane, la plus haute antiquité aux inventions contemporaines. De cette œuvre capitale écrite en latin, Cesare Ripa tira son Iconologia qui fut publié en 1593. Ce manuel écrit en italien qui pro­ curait les moyens de concrétiser les abstractions sous forme sensible devint rapidement la Bible des ateliers. Entre-temps, le premier livre d’emblèmes anglais par Geoffroy Whitney, A Choice of Emblems, avait été publié à Leyde en 1586. En 1593, le célèbre graveur Théodore de Bry (17) publia à Francfort les Emblemata de Jean-Jacques Boissard (18) qu’il orna de superbes gravures. L’alchimiste Michael Maier (19) étudia d’ailleurs soigneusement cet auteur qu’il cite au X IX e discours de son Atalanta fugiens. Toujours en 1593, Théodore de Bry, assisté de ses fils Jean Théodore (20) et Jean Israël, publia un autre magnifique ouvrage d’emblèmes orné de merveilleuses gravures intitulé Emblemata nobilitati... Enfin, nous terminerons cette énumération avec un dernier ouvrage, égale­ ment une œuvre des de Bry, qui parut à Francfort en 1596. Il s’agit des Emble­ mata Saecularia dont l’épître de dédicace condamne fermement la tendance « regrettable » à l’obscénité qui s’affirmait pour des raisons commerciales dans de nombreux livres d’emblèmes : « Il est bien à regretter que certains afin de faire un gain honteux emploient leurs dons pour inventer de subtiles et corrosives images et abusent aussi de ce noble et louable art par la reproduction d’images honteuses séduisant les cœurs simples et innocents et ainsi stimulant encore plus les gens per­ vertis à penser et à poursuivre leurs facéties comme s’il n’y avait pas assez de fâcheux exemples quotidiens à voir et à ressentir » (21).

Les de Bry étaient des protestants originaires de Liège qui, ayant fui la répres­ sive domination catholique, s’étaient expatriés à Francfort, ville impériale libre, en 1581. Leur prospère entreprise, à la fois maison d’édition et atelier de gra­ vure fut dirigée par Théodore de Bry jusqu’à sa mort en 1598. Ses fils lui ayant succédé, l’aîné, Jean-Théodore, ouvrit en 1610 une succursale à Oppenheim dans le Haut Palatinat, où il devait publier et graver de nombreux chefsd’œuvre hermétiques tels que YAtalanta fugiens de Maier et les œuvres remar­ quables de Robert Fludd. Le cadet, Jean-Israël, avait, en 1607, épousé une veuve dont le fils, Lucas Jennis, allait par la suite devenir le plus grand éditeur d’œuvres alchimiques de son époque. Ainsi Jennis, dont nous ne savons hélas que trop peu de cho­ ses, faisait partie de la famille de Bry. Il semble avoir commencé sa brillante carrière vers 1616 et, comme Jean-Théodore, son oncle par alliance, il aurait aussi travaillé à Oppenheim (22), en même temps qu’à Francfort. Mais ces deux éditeurs durent se replier à Francfort devant l’avance des armées de Spinola qui envahirent le Palatinat en 1620. En 1623, Jean-Théodore de Bry mourut à Francfort; comme il n’avait que des filles et que son frère l’avait déjà précédé dans la tombe, en 1611, c’est son talentueux gendre Matthâus Merian qui lui succéda à la tête de l’entre­ prise familiale (23).

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Toutefois Merian continua à collaborer avec Lucas Jennis signant, par exem­ ple, les cuivres du Musaeum Hermeticum en 1625. Jennis, quant à lui, dispa­ rut vers 1643 et malgré le fait que d’innombrables traités hermétiques aient été publiés après sa mort, aucun autre éditeur au XVIIe siècle ne se distingua avec un tel brio (24).

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Un traité perdu sur les hiéroglyphes égyptiens, œuvre de Chaeremon d’Alexandrie (25), précepteur de Néron, est cité par le poète-érudit byzantin du X IIe siècle, Tzetzès (26), dans son commentaire sur YIliade. Tzetzès affirme non seulement que le sens secret de YIliade est allégorique, mais encore que la méthode employée par Homère est identique avec celle de Chaeremon. Il en conclut donc qu’Homère en a été instruit par des études hiéroglyphiques. Il semble d’ailleurs que ses idées ainsi que celles d’un cer­ tain nombre de ses contemporains aient été connues par Petrus Bonus ou Pietro Bono, de Ferrare, qui en 1330 termina son célèbre traité alchimique inti­ tulé Pretiosa Margarita Novella dans lequel il déclare que le véritable but de poètes tels que Virgile, Ovide et Homère, n’est autre que la transmission secrète des arcanes de l’alchimie. « Et dans ces histoires et fables ils insérèrent de manière mystique, avec des ornements de langage, cet art en tant que matière principale et cachée, afin que leur propos secret ne se révélât qu’aux seuls qui en possèdent l’intelli­ gence. Car, comme nous l’avons dit, cette science avec toutes les choses qui se peuvent dire et faire, est mystique. Mais certaines personnes qui vinrent après eux, considérant la seule matière principale manifeste avec ses paroles peintes, ornées et feintes, ou bien en la réduisant à l’expression métaphori­ que de l’éthique du corps et de l’âme humaine, mais en ignorant la princi­ pale matière cachée et vraie, exposèrent complètement leurs écrits et racon­ tèrent ces mêmes fables et d’autres semblables. Et ainsi successivement et continuellement font les suivants. Et ils mendièrent faussement le nom de poètes, puisque les poèmes, bien qu’ils soient fictifs, possèdent cependant toujours une certaine vérité cachée et propre qui est fondamentale dans l’esprit du poète, de telle sorte que seuls les sages peuvent tirer cette vérité cachée des poèmes. Autrement en effet on ne pourrait les considérer ni comme des poèmes ni comme des fictions, mais plutôt comme des sottises; et en vérité tout poème et toute figure recouvrent une pluralité de significa­ tions. C’est pourquoi il a plu à certains de cacher et de dévoiler ce secret dans des histoires et des fables, à d’autres dans des récits concernant les dieux... » (27) Le succès considérable de deux dialogues en italien sur le même thème publiés à Venise en 1544 (28), La Espositione de Geber Philosopho et II Legno délia Vita par Giovanni Bracesco du lorei Novi, inspira sans doute Aide à publier en 1546 l’édition originale abrégée et remaniée par Janus Lacinius Therapus, de la Pretiosa Margarita Novella restée manuscrite pendant plus de deux siècles. Bracesco par la voix de Geber s’adressant à un certain Demogorgon, ter­ mine un discours en lui disant : «... Ces choses susdites ont été cachées par les Anciens sous le voile de la fable poétique. » Demogorgon refuse de le croire car d’après ce qu’il a lu de doctes sources, « ces fictions chimériques ont un sens moral ». Geber rejette cette opinion qui appartient à ceux qui ne connais­

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sent en rien l’alchimie et qui ne peuvent rien savoir, par conséquent, des inten­ tions des Anciens. Citant Albert le Grand {De mineralibus, livre I, chapi­ tre 4) qui à son tour cite Empédocle, Geber tente d’expliquer l’histoire de Pyrrha et de Deucalion en termes hermétiques. Peu convaincu, Demogorgon rétorque qu’il ne lui semble pas que ce soit bien là ce que veut dire Albert. Geber ignore cette objection et continue son explication que Demogorgon trouve « plus obscure que le texte lui-même ». Sans se laisser intimider, Geber explique tour à tour l’histoire de Jupiter et de Ganymède, celle de Dédale et d’Icare, ainsi que la passion mutuelle de Mars et de Vénus. A ce stade, Demo­ gorgon déclare froidement : « Je crois qu’il s’agit là d’une de ces choses que vous êtes bien le seul à comprendre. » Imperturbable, Geber se lance alors dans un prolixe mais fascinant exposé sur les mythes grecs et leur interprétation selon l’art d’Hermès. Demogorgon hésite avant de déclarer son admiration pour les ingénieuses interprétations de Geber; mais il doute cependant que telle ait été l’intention originale des Anciens. A cela, Geber lui répond calmement : « Quand vous aurez compris la pratique de cet Art et que vous serez ainsi l’un de nos fils, vous connaîtrez alors cette vérité; et si vous ne niez pas l’opinion des anciens sages, qui est, comme je vous l’ai dit, que tout métal se trouve dans tout métal comme je l’ai déjà expliqué, vous ne pourrez plus nier que tel ait été le sens véritable et la vraie intention des poètes antiques concernant les fables poétiques, puisqu’ils ont de toutes les manières possi­ bles caché cette science ; et que de nombreux sages disent que dans ces fables poétiques les Anciens ont caché les secrets de la Nature... » Il multiplie encore les exemples jusqu’à ce qu’enfin Demogorgon capitule, se déclarant dès lors reconnaissant et résolu, grâce aux explications de Geber, à rechercher le véritable sens de toutes les fictions poétiques. Geber, vers la fin de l’ouvrage, déclare encore : « Les Anciens dissimulaient les secrets de la nature non seulement dans leurs écrits, mais aussi dans des tableaux variés, des caractères, des chiffres, des monstres et autres animaux diversement dépeints et transformés ; et à l’inté­ rieur de leurs palais et de leurs temples, ils peignaient ces fables poétiques, les planètes et les signes célestes, avec beaucoup d’autres signes, monstres et animaux : et ils n’étaient compris de personne, sauf de ceux qui connais­ saient ces secrets... » En 1602, dans son De veritate et antiquitate artis chemicae, Robertus Vallensis amplifie ce même passage auquel il ajoute édifices et monuments tels que l’Arche de Nicolas Flamel et le Labyrinthe. Ainsi les alchimistes en arrivèrent-ils à inclure chaque mythe classique, cha­ que ancienne fable ou conte, et chaque figure allégorique, emblème, symbole ou « hiéroglyphe » en un vaste et complexe système aux correspondances mul­ tiples qui constitue un formidable défi initiatique pour tout néophyte rêvant de devenir Fils de Science. Michael Maier (qui cite d’ailleurs Bracesco et Vallensis dans sa préface) fut le premier à publier une étude globale de ce système dans un traité consacré entièrement à l’interprétation hermétique des mythes grecs et égyptiens, des hiéroglyphes, du bestiaire, de la guerre de Troie et de l’Odyssée d’Ulysse. Il s’agit des Arcana Arcanissima, hoc est Hieroglyphica Ægiptiograeca, le premier ouvrage de Maier qui parut à Londres en 1614 (29). Au XVIIIe siècle cet ouvrage tout entier servit de « canevas » au savant béné­ dictin Dom Antoine-Joseph Pernety (30) pour la composition de ses Fables Egyptiennes et Grecques Dévoilées et réduites au même principe, avec une explica­ tion des Hiéroglyphes et de la Guerre de Troye (Paris 1786). Dans ce texte Per­ nety admet franchement l’immense dette qu’il doit à Maier :

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« J’ai lu avec attention plusieurs des traités de Michel Majer, & ils m ’ont été d’un si grand secours que celui qui a pour titre Arcana Arcanissima a servi de canevas à mon ouvrage, au moins pour sa distribution, car je n ’ai pas toujours suivi ses idées » (31). L’année suivante, Pernety publiait, à Paris également, son très utile Dic­ tionnaire Mytho-Hermétique. On retrouve dans ses deux ouvrages toutes les considérations traditionnelles concernant à la fois la mythologie, les emblè­ mes et les hiéroglyphes : « Les Anciens employaient communément les fables, et celles des Égyptiens et des Grecs n’ont été inventées qu’en vue du Grand Œ uvre, si nous en croyons les Philosophes qui les ont souvent rappelées dans leurs ouvrages. C’est en suivant leurs idées que je les ai expliquées dans le Traité que j’ai donné au Public, sous le titre de : Les Fables Egyptiennes et Grecques Dévoilées. Quelques Philosophes ont employé un langage muet pour parler aux yeux de l’esprit. Ils ont présenté par des symboles et hiéroglyphes à la manière des Égyptiens, tant les matières requises pour l’Œ uvre que leur prépara­ tion et souvent jusqu’aux signes démonstratifs, ou les couleurs qui survien­ nent à cette matière pendant le cours des opérations : parce que c’est à ces signes que l’Artiste connaît s’il a bien ou mal opéré. Plusieurs Philosophes ont joint un discours à ces hiéroglyphes; mais cette explication apparente est toujours aussi difficile à entendre que le symbole même, souvent davan­ tage. Tels sont ceux de Nicolas Flamel, de Senior, de Basile Valentin, ceux de Michel Majer, quoique d’Espagnet dise que ces derniers sont comme des espèces de lunettes qui nous découvrent assez clairement la vérité que les Philosophes ont cachée » (32). Cette vérité que l’investigateur de science doit rechercher est si bien cachée qu’il aura souvent l’occasion de désespérer. Non seulement la diversité des auteurs est immense mais ils emploient une multitude de termes pour dési­ gner la même chose et réciproquement, ils emploient le même terme pour dési­ gner une multitude de choses (33). C’est bien entendu le cas de l’omniprésent « Mercure », terme analogique s’il en est un et d’autant plus trompeur. Si les Philosophes affirment en effet que tout l’Œ uvre se trouve dans le Mercure auquel ils attribuent l’hiéroglyphe du serpent Ouroboros dévorant sa queue ; s’ils affirment encore que ce même Mercure commence, continue, et achève l’Œ uvre dont il est le moteur, il faut cependant savoir que ce Mercure est triple, comme Hermès ou Mercure Trismégiste. C’est tout d’abord l’écailleux dragon ailé ou mercure volatil, « produit de la purification superficielle du sujet ». C’est ensuite le serpent aptère « hiéroglyphe du mercure commun, pur et mondé, extrait du corps de la Magnésie ou matière première ». Véritable vitalité cachée du minéral brut, cet agent « vivant » et vivifiant rend la vie au soufre des métaux morts. C’est enfin la Sirène, ou la Chimère, issue de l’alliance du soufre et du mercure principes, qui n’est autre que le mercure philoso­ phique, lequel possède alors toutes les facultés requises pour devenir, comme le dit Fulcanelli : « le fameux bélier à toison d’or, notre Élixir et notre Pierre » (34). Comme la nature résolument ésotérique de l’alchimie en interdit toute appro­ che véritablement fructueuse par les moyens conventionnels d’investigation qui sont à la disposition de l’historien : les études critiques qui lui sont consa­ crées, bien qu’au demeurant fort intéressantes, se montrent trop souvent déce­ vantes de par l’incapacité totale que démontrent leurs auteurs lorsqu’il s’agit d’interpréter le langage, toujours voilé, des Sages. Quelles que soient les qua­ lifications académiques d’un auteur, elles ne pourront jamais, sans une nou­ velle longue et patiente étude préalable, lui permettre d’appréhender les sublimes secrets de cette noble et antique science dont les ignorants diplômés se moquent à tort. 18 • Introduction

S’il veut devenir fils de science, fils de l’art ou encore fils d’Hermès, le néophyte devra rester sourd aux stupides préjugés afin d’acquérir par la lec­ ture et l’étude assidue des meilleurs auteurs la solide base théorique qui est absolument indispensable. Nous ne pourrions lui donner de meilleur conseil que de lire et relire souvent les deux ouvrages de Fulcanelli ainsi que tous ceux de notre cher Canseliet dont l’aide nous fut si précieuse et auquel nous vouons une éternelle reconnaissance. Bien entendu, la théorie seule ne suffit pas, ainsi que l’écrit Maier : « Comme le disent les Philosophes l’un ne va pas sans l’autre. Un esprit aigu ne suffit pas sans travail manuel, ni celui-ci sans celui-là, de sorte que ni théorie sans pratique et vice versa » (35). Pour conclure nous ajouterons qu’il ne faut jamais perdre de vue le fait que la Pierre Philosophale, but sublime de l’Œ uvre, est une réalisation à la fois matérielle et spirituelle. L’on peut en effet dire que son élaboration se résume à merveille par l’axiome hermétique Solve et Coagula, et que l’Œ uvre consiste en une série de dissolutions semblables quant à leurs techniques mais différentes quant à leur but. II faut donc dissoudre le corps et coaguler l’esprit. La purification par la dissolution du Sujet des Sages lui confère une qualité magnétique toute particulière qui lui permet d’attirer le mystérieux dynamisme céleste que l’on pourrait appeler l’Esprit du Printemps. C’est alors que la matière « incorpore » l’esprit qui lui confère d’extraordinaires qualités. Ainsi une spiritualisation de la matière précède une matérialisation de l’esprit, c’est alors seulement que la Pierre des Philosophes devient véritablement la Pierre Philosophale.

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N O TES DE L’IN T R O D U C T IO N 1 Le choix de ce titre nous a été inspiré par ceux des livres de Michael Maier. En latin il se lirait donc ainsi : Lusus aureus : hoc est tractatus in quo tamen tota Philoso­ phia hermetica et Sapientia veterum Philosophorum figuris hieroglyphicis depingitur. Solis filiis actis dedicatus. 2 Plotinus, The Enneads, tr. Stephen Mc Kenna, 4th ed. Londres, 1969, V.8.6., p. 427. 3 Jacques Pirenne, Histoire de la Civilisation de l ’Egypte Ancienne. Neuchâtel et Paris, 1961, Vol. I, p. 102. 4 Voir Maurice Pope, The Story of Decipherment, From Egyptian hieroglyphic to Linear B. Londres, 1975, p. 21. Le serpent ailé mordant sa queue est bien l’Ouroboros, un symbole aux applications hermétiques variées. 5 Cristoforo Buondelmonti (1380-1430). Ce moine éru­ dit, qui s’était établi à Rhodes en 1408, fut le premier Européen qui dressa la topographie des îles grecques et en fit une étude complète. Il écrivit en 1420 son Liber insularum archipelagi qui ne fut jamais imprimé, mais dont on possède diverses copies manuscrites datant du XVe et du X VIe siècles. 6 II y eut bien un Horapollo — Orus Apollo — ou Horapollon de Phaenebythis dans le nome de Panapolis en Haute-Égypte, qui vécut au Ve siècle de notre ère. D ’après Suidas, il fut l’auteur de commentaires sur Sopho­ cle, Alcaeus et Homère et d’un ouvrage intitulé Temenica sur les lieux consacrés. Photius le qualifie également de dramaturge et lui attribue une histoire d’Alexandrie. 7 Voir Parthey : « Horapollo von der Hieroglyphen », Monatsschrift der preuss. Akad der Wissenschaften zu Ber­ lin, 1871, p. 10. 8 Les inscriptions hiéroglyphiques étaient encore cou­ rantes un siècle ou deux plus tôt, sous le règne de Dio­ clétien (248-305 après J.-C.), tandis que la dernière que l’on connaisse date d’août 394. Ce qui bien évidemment ne veut pas dire que la science sacrée et secrète des scri­ bes ait alors disparu. Il semble au contraire qu’elle ait été conservée par les prêtres d’Isis qui ne furent finale­ ment expulsés de leurs vénérables sanctuaires que sous le règne de Justinien, en 535, c’est-à-dire au VIe siècle de notre ère. 9 Iversen, The Myth ofEgypt and its Hieroglyphs in European Tradition. Copenhague, 1961, note 33, p. 151. 10 Sur la douzaine de manuscrits que l’on a conservés des Hieroglyphica, neuf d’entre eux datent du X V e siècle. 20 • Introduction

11 Aldo Manuzio l’Ancien (1450-1515). Imprimeuréditeur vénitien, plus connu sous son nom latin Aldus Manutius ou encore Aldus tout simplement (en français Aide). Les éditions Aldines constituent un exemple uni­ que dans les annales de l’imprimerie. Personne n ’avait auparavant utilisé d’aussi beaux caractères grecs, dont 11 avait fabriqué neuf sortes différentes, tandis qu’il ne possédait pas moins de quatorze jeux de caractères latins. C’est à lui et au graveur Francesco de Bologna que nous devons les caractères que les Italiens appellent « corsivi » et que nous appelions en français « itali­ ques », qui furent utilisés pour la première fois dans ses éditions in-octavo des classiques modernes et anciens dont la première (celle de Virgile) date de 1501. Les impres­ sions d’Alde sur parchemin sont superbes, ce fut lui qui initia la coutume de faire quelques tirages sur papier plus fin ou plus fort que le reste de l’édition. Son Epistolae graecae (1499) en présente le premier exemple. Les pres­ ses Aldines exercèrent leur activité pendant une centaine d’années, au cours desquelles 908 ouvrages différents furent imprimés. Leur emblème était une ancre enlacée par un dauphin accompagné de la devise Festina lente (Hâte-toi lentement). 12 Erwin Panofsky, Albrecht Dürer. Princeton N.J., 1943, p. 177. Cité par E.H. Wittkower, Allegory and the Migration of Symbols. Londres et New York 1977, pp. 123-125. « Le chien avec l’étole » qui signifie égale­ ment un juge, devrait donc, selon nous, être traduit par « un prince au jugement excellent ». 13 Fra Francesco Colonna. Ce moine dominicain, huma­ niste, né à Trévise en 1433, mourut à Venise en 1527. Il enseigna la rhétorique à Trévise. 14 François Béroalde de Verville, né à Paris en 1556, était le fils d’un théologien protestant de Genève. Il renia le Calvinisme vers 1585 et en 1593 devint chanoine de Saint-Gatien à Tours. Il étudia toutes les sciences con­ nues et écrivit entre autres Les Aventures de Floride (1593-1601), Les Amours d ’Aesionne (1597), La Pucelle d ’Orléans (1599) et Le Voyage des Princes Fortunes (1610). Le seul ouvrage pour lequel il est encore connu est Le Moyen de parvenir (1610). Son style rappelle agréablement celui de Rabelais. 15 Andrea Alciati (né à Alzate près de Côme en 1492, mort à Pavie en 1550). Juriste italien et humaniste. Il enseigna le droit en France et en Italie et fut l’un des fon­ dateurs de la méthode scientifique de jurisprudence. Ses célèbres Emblemata furent dédiés au Conseiller Impérial Konrad Peutinger, qui avait découvert en Grèce un autre manuscrit des Hieroglyphica d’Horapollo que Trebatius

avait traduit en latin en 1515. Cette traduction avait éga­ lement été dédiée à Peutinger. 16 Le vrai nom de Pierio Valeriano était Giovan Pietro delle Fosse. Il était né à Belluno en 1477. Son oncle Fra Urbano Valerio Bolzanio qui fut à la fois l’ami de Fra Francesco Colonna et le précepteur de Giovanni de Médicis (le futur pape Léon X), l’intéressa à l’étude des hié­ roglyphes, qui devint la passion prédominante de sa vie. L ’un de ses précepteurs, l’érudit Marcantonio Sabellico, fut si enchanté par l’intelligence de son élève qu’il trans­ forma son nom en Pierio faisant ainsi allusion aux Piéri­ des (un autre nom désignant les Muses). Pierio devint le tuteur d’Hippolyte et d’Alexandre de Médicis et il fut nommé camérier secret de Léon X. En 1537, il entra dans les ordres mais refusa deux évêchés pour pouvoir pour­ suivre ses études. 17 Théodore de Bry (né à Liège en 1528, mort à Franc­ fort le 27 mars 1598) était très connu comme graveur mais il fut aussi orfèvre, il inventa des pendules, fit des médail­ les et grava des timbres. Lors d’un séjour à Londres en 1587, il grava la célèbre Procession des Chevaliers de la Jarretière sous la Reine Elizabeth (12 planches d’après Marcus Gheeraerts) et Les Funérailles de Sir Philip Sidney (34 planches d’après Thomas Lant). C ’est aussi en Angleterre qu’il put acquérir grâce au géographe Richard Hakluyt, une série de dessins — conservée actuel­ lement au British Museum — que John White avait exé­ cutés en Virginie lors d’une expédition organisée par Sir Walter Raleigh (1585-1596). Il obtint également les cro­ quis de Floride réalisés par Jacques Le Moyne pendant l’expédition Laudonnière (1563-1565). Cet ensemble de documentation allait inspirer la composition de cette extraordinaire archive de découvertes et de voyages que constituent les Collectiones peregrinationum in Indiam orientalem et occidentalem que Théodore de Bry commença avec l’aide de ses fils à Francfort en 1590. 18 Jean-Jacques Boissard (né à Besançon en 1528, mort à Metz en 1602) était un archéologue, antiquaire fran­ çais qui voyagea beaucoup en Grèce et en Italie. Il a laissé d’autres œuvres parmi lesquelles : Habitus variarum orbis gentium (1580) et Romanae urbis topographia et antiqui­ tates (1597-1602). 19 Pour Michael Maier, voir page 59 et suivantes. 20 Jean Théodore de Bry (né à Liège en 1561, mort à Francfort en 1623). Fils aîné de Théodore de Bry, il fut formé par son père mais bientôt son immense talent lui permit de surpasser son maître. Devenu chef de l’entre­ prise de Bry en 1598, il la dirigea pendant vingt-cinq ans. Son œuvre magistrale dont les emblèmes d'Atalanta fugiens a souvent été à tort attribuée à son talentueux gen­ dre Matthâus Merian.

21 « Dann es ist wol zu beklagen dasz etliche um schaendlichen Gewins willen beydes ihre Gaben subtile scharpffsinnige Anbildungen zu erfinden und auch diese edle lœbliche Kunst also schaendlich mizbrauchen dasz sie durch Abrisz schaendlicher Gemaelden die einfaeltigen und unschuldigen Herzen verfuehren und hiermit lose Leute noch mehr bewegen ihren Bubenstuecken nach zu dencken und nach zu haengen gleichsam alsz ob nicht genug aegerlicher Exempel taglich gesehen und gespueret wuerden. » 22 Oppenheim, opportunément proche de Francfort, était une ville calviniste, comme les autres villes du Palatinat, de là son attrait pour Jean Théodore de Bry et Lucas Jennis. L’ouverture de la succursale de Bry à Oppenheim en 1610 coïncide avec l’accession de Frédéric V, futur roi de Bohême, à la dignité d’Electeur palatin. 23 Matthâus Merian (l’Ancien) (né à Bâle en 1593, mort à Francfort en 1650). En 1609, à l’âge de seize ans, ce peintre-graveur de talent fut l’apprenti du peintre-graveur Dietrich Meyer à Zurich. En 1613, il se rendit à Nancy puis à Paris, afin de continuer ses études. En 1616, il est' à Stuttgart puis aux Pays-Bas. En 1618, il épouse à Franc­ fort Maria Magdalena de Bry, l’aînée des trois filles de Jean Théodore de Bry. Il travaille alors pour son beaupère ainsi que pour Lucas Jennis, avant de retourner à Bâle au début de la guerre de Trente Ans. Ayant hérité de la direction de la maison de Bry en 1623, il termine, en 1624, les Collectiones peregrinationum in Indian orien­ talem et occidentalem qu’avaient commencé Théodore de Bry et ses fils en 1590. A part les nombreuses gravures hermétiques reproduites dans le présent ouvrage, Merian illustra aussi la Bible. En 1635, il commença la série Thea­ trum Europaeum et en 1642 il publia la Topographia de Martin Zeiller dont il exécuta les planches avec l’aide de ses fils Matthâus le Jeune et Caspar Merian. L ’une de ses dernières œuvres est une Danse de la Mort (1649). La maison d’édition de Bry resta aux mains de sa famille jusqu’en 1726, date à laquelle elle fut, hélas, la proie d’un gigantesque incendie. 24 On peut citer à propos de Lucas Jennis les deux char­ mants poèmes latins, l’un sous forme d’anagramme, l’autre sous forme d’dcrostiche, que lui adressa dans le Viridarium Chymicum (1624) le jeune Bohémien Daniel Stoicius de Stolcenberg. ANAGRAMMA LUCAS JENNIS LUCINA SENIS Parlurbus auxilium quandam Lucina ferebat Infans ut nitidis surgeret auspiciis. T u senis Hermetis doctissima scripta requiris, Ut videant lucem nomine req : juvas. Diceris inde Senis merito Lucina Parentis, Perge modo, felix vive, valeq; diu. Introduction ■ 2 1

ACROSTICHIS Ad Ornatissimum Dominum LUCAM IENNISSIUM de Clariss. Dr DANIELE STOLCIO c. Lumine flamminomi perfusa ut Cynthia Phoeb I V ivificat LUCA, cunsta caloris op E : C laret luce Sophos, inter sic STOLCIUS orne N A nne ? tenet gravium dicta secreta Sophw N S criptores multos Chymicae quia provehis art I. Hinc Tibi Lux surget gloria, major hono S. 25 Chaeremon d’Alexandrie (Ier siècle de notre ère). Ce philosophe stoïcien et grammairien était le directeur de la partie de la Bibliothèque d’Alexandrie conservée dans le temple de Sérapis; en tant que conservateur et inter­ prète des livres sacrés (hierogrammateus ou scribe sacré), il appartenait aux plus hauts rangs du clergé. En l’an 49, il fut convoqué à Rome pour y devenir le précepteur du jeune Néron. Il fut en outre l’auteur d’une histoire d’Égypte, d’ouvrages sur les comètes, sur l’astrologie et les hiéroglyphes égyptiens, ainsi que d’une grammaire. Chaeremon fut le chef du parti qui expliquait le système religieux égyptien comme une simple allégorie du culte de la nature. L’intention de ses ouvrages n’était pas de représenter les idées de ses contemporains égyptiens ; leur principal objet était plutôt de décrire le caractère sacré et les secrets symboliques de l’ancienne Égypte. 26 Jean Tzetzès (vers 1110-1180). Grammairien et poète byzantin. Ses œuvres comprennent un long poème didac­ tique, Le Livre des Histoires, connu sous le nom de Chiliades de par sa division arbitraire en 13 livres de mille lignes chacun, une impressionnante compilation de connaissances littéraires, historiques, religieuses et archéo­ logiques qu’il republia en prose et en vers. Parmi ses autres œuvres, on trouve des allégories de YIliade et de Y Odyssée, ainsi que des commentaires sur Hésiode et Aris­ tophane. Beaucoup de détails sur sa vie et son époque peuvent être puisés dans ses œuvres, car Tzetzès aimait parler de lui-même. 27 Pretiosa Margarita Novella, Ed. Manget in Biblio­ theca Chimica curiosa... Genève, 1702, pages 42-43. Voir aussi : C. Crisciani, « The conception of alchemy as expressed in the Pretiosa Margarita Novella of Petrus Bonus of Ferrara », Ambix XX (1973), pp. 165-181. Sur Petrus Bonus lui-même rien de précis. Voir aussi con­ cernant toute cette question l’admirable introduction de Sylvain Matton dans la réédition des Fables Egyptiennes et Grecques... de Pernety faites par les Éditions de la Table d’Émeraude, Paris 1982. 28 La Espositione di Geber Philosopho di misser Giovanni Bracesco da lorei novi, nella quale si dichiarano molti nobi­ lissimi secreti, délia natura. Con Privilegio delSommo Pon-

22 • Introduction

tefice, Paulo III & Delio illustriss. Senato veneto, per anni diece. In Vinetia Appresso Gabriel Griolito de Ferrarii, MDXLIIII, p. 42 et suivantes. Voir aussi p. 77, Il Legno délia Vita, ‘Gli antichi sotto le favole poetice hanno occul­ tato questa scientia & hanno pariato per similitudine. » 29 Cet ouvrage ayant paru sans lieu ni date, on a sup­ posé à tort qu’il avait été imprimé à Oppenheim. Cepen­ dant, comme nous l’avions longtemps soupçonné, cet ouvrage a bien été publié à Londres, ce que confirme un catalogue contemporain de la Foire du Livre à Francfort. Voir les détails page 60. 30 Antoine-Joseph Pernety (né à Roanne en 1716, mort à Avignon en 1796). Ce religieux bénédictin érudit devint en 1763 l’aumônier du célèbre Bougainville avec lequel il participera à l’essai de colonisation raté des îles Malouines en 1764. Cinq ans plus tard, il publiera d’ailleurs le récit de ces aventures dans son Journal du Voyage fait aux îles Malouines 1769. Lors de la publication des Fables et du Dictionnaire Mytho-Hermétique, Pernety appartient à la Congrégation de Saint-Maur. Il devint ensuite biblio­ thécaire du roi de Prusse Frédéric II et ayant quitté les ordres devint membre de l’Académie de Berlin. Disciple de Swedenborg et martiniste enthousiaste, il fonda à Avi­ gnon une secte illuministe. 31

Op. cit., Tome I, p. 243.

32 Dictionnaire Mytho-Hermétique dans lequel on trouve les allégories fabuleuses des poètes, les métaphores, les énig­ mes et les termes barbares des philosophes hermétiques expli­ qués par Dom Antoine Joseph Pernety, Religieux Bénédic­ tin de la Congrégation de Saint-Maur. A Paris chez Delalain l ’aîné, Libraire rue Saint-Jacques, N ° 240 M.DCC.LXXXVII, avec approbation et privilège du Roi. Voir article : Langage. 33 Cf. Michael Maier, Atalanta fugiens, Discursus XI. p. 54 : « Tanta est authorum in scribendo diversitas, ut fere inquisitores veritatis de artis fine inveniendo despe­ rent. Cum enim per se allegorici sermones sint captu dif­ ficiles & multorum errorum causae, tum imprimis, si vocabula rebus diversis eadem & iisdem diversa applicentur. » 34 Voir Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, T roi­ sième édition, Tome II, p. 203. 35 « At philosophi unum absque alio non sufficere dicunt, ingenium acutum absq; manuum labore, aut hunc absq; illo, ut nec theoriam absque praxi & vice versa. » Atalanta Fugiens, Discursus XI, p. 54.

PLANCHES ET COMME NT A I R E S

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AVERTISSEMENT Précédant les planches on trouvera successivement le titre complet de l’ouvrage contenant la ou les gravures reproduites, les indications bibliographiques s’y rapportant, une brève notice biographique concernant son auteur ainsi que le nom du graveur lorsque celui-ci a pu être identifié. Les planches sont suivies de commentaires alchimiques écrits avec le sou­ hait qu’ils puissent quelque peu aider à élucider le sens subtilement voilé de ces emblèmes hermétiques. Il est cependant certain que nous n’avons pas essayé de répondre à toutes les questions, ce qui, vu la complexité d’un sujet qui ne peut pas être compris sans préparation, serait pratiquement impossible. « La clef de la compréhension du symbolisme alchimique est l’analogie natu­ relle mais c’est la science la plus difficile pour un ignorant ! » s’exclame l’auteur anonyme de la Pratique des Lumières. Nos commentaires dirigés par l’esprit de la Tradition Hermétique ne sont donc que des « indications » destinées à diriger le lecteur, futur fils de l’art, vers ses propres découvertes. Par conséquent, nos frères en Hermès ont toute licence de les amender à leur guise, car aucune « explication » ne saurait être autre chose qu’une allu­ sion. Chaque composition symbolique contient, en effet, des vérités ineffa­ bles qui par la vue de ceux qui regardent et voient sont semées dans les esprits afin d’y fleurir comme fleurs de l’intelligence et d’y mûrir comme fruits de la Sagesse. La véritable connaissance de cet Art Secret étant un Don de Dieu qui sou­ dain illumine l’âme imprégnée de Beauté.

24 ■Author’s Note

F rançois B éroalde de V e r v i l l e Le Tableau des riches inventions

1600 Le Tableau des riches inventions couvertes du voile des feintes amoureuses, qui sont représentées dans le Songe de Poliphile. Desvoilees des ombres du Songe, & subtilement exposees par Beroalde. A Paris. Chez M atthieu Guil­ lemot, au Palais, en lagallerie des prisonniers. Avec privilège du Roy. 1600. Pour Béroalde, voir note 14, p.20. La gravure qui ne porte pas de signature serait selon les uns l’œuvre de Thomas Le Leu,

gendre du peintre Antoine Caron, ou selon les autres (nous-même inclus) celle de Léonard Gaulthier.

F rançois B éroalde de V e r v i l l e Le Voyage des princes fortunez

1610 L ’Histoire véritable ou le Voyage des princes fortunez divisée en II I I entre­ prises. Par Beroalde de Verville. A Paris, chez Pierre Chevalier, au mont Saint Hilaire. M .D .C .X . Avec Privilège du Roy. Le graveur Léonard Gaulthier, qui grava en 1610 le frontispice du Voyage des princes for­ tunez, naquit à Mayence en 1561. Il vint dans sa jeunesse à Paris où il devint rapide­ ment célèbre travaillant exclusivement sur cuivre, un moyen qu’il maîtrisait avec suc­

cès. Il fut le graveur de trois rois successifs, Henri III, Henri IV et Louis XIII, dont il exécuta de nombreux portraits. Il est aussi connu pour des portraits de Marie de Médicis et de divers grands seigneurs du Royaume. Il mourut à Paris en 1641. L e Tableau; L e Voyage



25

LE T A B L E A V DES R IC H E S INVENTIONS Couuertes du voile des feintes . Amoureufes, qui font re prefentees dans le S cN ÿ e

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93 Page de titre. Basile Valentin, John Cremer et Tho­ mas Norton, auteurs des trois traités contenus dans le Tripus Aureus, dans un laboratoire. L’athanor et son feu sont surveillés par Vulcain lui-même, tandis que l’on distin­ gue les serpents de Minerve, celui dans l’alambic forme la lettre oméga, car le Mercure est l’Alpha et l’Omega de l’Œ uvre. 94 Page de titre des Douze Clefs. « Pratique avec douze clefs et un appendice sur la Grande Pierre des Anciens Sages. » L’ironique insouciance des Sages à l’égard de l’identité des auteurs couramment pratiquée dans la lit­ térature alchimique est ici à nouveau évidente. Roger Bacon (90) est maintenant devenu Basile Valentin. 95 Première Clef. Le Roi et la Reine, Principes jumeaux de l’Œ uvre, sont extraits de leur minerai par Dissolu­ tion (solve), le Loup gris de l’Antimoine saute par-dessus le creuset tandis que le Soufre est soigneusement extrait par l’action de Saturne. Interprété d’une autre façon, l’Emblème illustre précisément la première phrase du Liber secretus d’Artephius : Antimonium est de partibus Saturni & in omnibus modis habet naturam eius. « L’Anti­ moine est des parties de Saturne ayant en toutes façons sa nature... » 96 Seconde Clef. Séparation et Solution de l’Or Philo­ sophique : « une opération », déclare Basile Valentin (dans le Testament), « dont aucun des anciens sages Philosophes ayant vécu avant moi et ayant connu ce Magistère n’a donné de description ». Les opposés (Fixe et Volatil) sont séparés et réconciliés en la personne du Mercure Philo­ sophique Ç ou Mercure double - nommé ainsi pour le distinguer du premier Dissolvant obtenu dans le Premier Œuvre. La nudité du jeune dieu signale l’absence d’impu­ retés et la couronne sa noblesse. Les deux Caducées ainsi que la Lune et le Soleil représentent son double pouvoir. Au premier plan, les ailes indiquent le but de l’opération : la Volatilisation des parties pures du Fixe. Le Serpent sur l’une des épées indique le Dissolvant et l’Aigle sur l’autre le moyen qu’il faut employer. 97 Troisième Clef. Le Dragon est l’emblème tradition­ nel de la Materia Prima, Matière Première ou Sujet des Sages, appelée aussi Pierre des Philosophes. Le renard s’enfuyant avec une poule et attaqué à son tour par le coq symbolise la Fixation du Volatil et la Volatilisation du Fixe : un processus circulaire résumé par l’axiome Solve et Coagula, « Dissous et coagule ». 98 Quatrième Clef. La Dissolution - nommée « Mort » par de nombreux auteurs anciens - , est la première et la plus importante des opérations alchimiques. C’est durant cette Mort que la Matière est purifiée par l’Esprit (ou Feu) dont la bougie allumée est le symbole. Le Paon sur le clocher indique qu’à la noirceur de la Putréfaction

- un noir plus noir que noir, Nigrum nigrius nigra succède une gamme de couleurs comparée à la Queue du Paon. L ’importance de la Dissolution est de plus encore soulignée par l’Arbre mort (à droite) symbolisant l’état « mort » de la Materia Prima lors de sa première acquisi­ tion. La Dissolution, étant la clef ou l’axe de l’Œ uvre, ressuscite le mort, ce qui explique la position verticale du squelette et l’Arbre en fleur près de l’église. 99 Cinquième Clef. Vénus, le Sujet des Sages, démon­ tre ses qualités merveilleuses, car tout procède d’elle. Le vaisseau semblant émaner de sa bouche et de ses yeux est le plus éloquent symbole du Sal Petrae (Sel de la Pierre) nommé aussi, à cause de sa blancheur, Cristal (de Christou Halas, sel du Christ). « Notre Sel » partage en effet avec le Principe Mercuriel son humidité froide et volatile, et avec le Soufre sa qualité ignée fixe, c’est pour­ quoi il est dans l’Œ uvre le médiateur entre le Soufre et le Mercure. En outre, le mélange des deux substances sali­ nes, ou Sel des Philosophes, est le Feu des Sages qui n’a besoin pour être activé que de l’intervention du Feu Elé­ mentaire (à droite). Eros aux yeux bandés démontre néan­ moins que le pouvoir magnétique de la Matière suffit à attirer le trait céleste qui est le troisième Feu c’est-à-dire le Secret ou le dynamisme céleste dont dépend l’alchi­ mie. Le Lion couronné est un hiéroglyphe du Fixe (Sou­ fre des Sages), tandis que le « Soleil dans toute sa gloire » personnifie la perfection de la Pierre Philosophale. 100 Sixième Clef. Mariage - l’indissoluble Union des Opposés - est, comme nous l’avons vu, l’un des symbo­ les alchimiques les plus fréquents. Frère et Sœur sont liés grâce au Sel ou Feu Secret (dont il est fait mention à la Cinquième Clef) représenté par l’Évêque. L ’Arc-en-Ciel annonce la fin de la noirceur (Nigredo) tandis que la future Blancheur (Albedo) est annoncée par le Cygne qui pré­ cède le Soleil. La double nature du Feu Secret est claire­ ment révélée par le fourneau ou Athanor, orné d’une tête de Janus. Neptune, symbolisé par son trident, est l’Eau mercurielle qui nettoie la noirceur de la Putréfaction au moyen de Sublimations repétées durant les trois degrés du Grand Œ uvre, représentés par les dents du trident. 101 Septième Clef. Le Sceau Hermétique (Sigillum Hermetis) est composé par le Chaos (la Materia Prima) contenant le carré des Quatre Éléments, les Quatre Sai­ sons de l’Œ uvre. L ’Eau (Aqua, c’est-à-dire le Mercure) est à l’intérieur du Triangle du Feu et dans le Sal Philo­ sophorum ou Sel des Philosophes. En haut, l’Ange tient la balance (indiquant les Poids de l’Art) et l’épée à dou­ ble tranchant du Feu Secret. 102 Huitième Clef. « En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean, 12.2.) « Sot! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie s’il ne meurt. Tripus aureus • 125

Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir, mais un simple grain, par exemple de blé ou de quelque autre plante; et Dieu lui donne le corps qu’il a voulu, à cha­ que semence un corps particulier. » (I Corinthiens 15.36-38.). De ces textes bibliques est tiré l’axiome alchimique : « Pas de génération sans corruption préalable. » Le but, Clef de l’Œ uvre, est la Dissolution menant à la Putré­ faction et précédant la glorieuse Renaissance. 103 Neuvième Clef. La forme de cette figure est celle de l’hiéroglyphe de la Materia Prima 6 . Au-dessus de la Triade, Sel, Soufre et Mercure, et des trois degrés de Perfection se trouvent les deux Principes Opposés, Mas­ culin et Féminin. Le Corbeau du premier degré de l’opé­ ration (Noirceur) est sur les pieds de l’Homme; la Queue du Paon du deuxième degré est sous les pieds de la Femme. Le Cygne correspondant à la Blancheur est audessus de sa tête tandis que l’Aigle Rouge est sur la tête de l’Homme. 104 Dixième Clef. Les trois opérations du Grand Œ u ­ vre sont exprimées par une formule énigmatique compo­ sée de trois phrases inscrites sur les côtés du Triangle d’Eau : « Je suis né d’Hermogène. Hypérion m’a élu. Sans Jamsuph je suis condamné à périr. » Hermogène, la prime substance mercurielle, combiné avec le second Principe initial, produit un rejeton de qualité mixte : ce rejeton, symbolisé par le Griffon, est le premier pas vers la Pierre Philosophale. C’est par Hypérion, père du Soleil, que la partie la plus pure, l’âme du Griffon, est capturée tandis qu’elle émerge du second Chaos (le Chaos de l’Art) telle un clair liquide : le Mercure des Sages. Jamsuph est le nom hébreu de la Mer Rouge ; et la Mer Rouge, en lan­ gage alchimique, est l’Eau mercurielle ou Mercure Phi­

126 •

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Tripus aureus

losophique, rouge car elle contient sa propre Fixité. Cette dernière phrase fait référence au Feu de la Vie, la Lumière invisible - ou Esprit - sans lequel la Pierre ne pourrait ni vivre ni progresser vers la Perfection. 105 Onzième Clef. Afin de multiplier son poids, son volume et sa Perfection, la Pierre fixée réabsorbe une nou­ velle quantité de Mercure, étant par ce procédé redissoute c’est-à-dire « teinte » à nouveau. A chaque Multiplication la vitesse de l’élaboration augmente et son pouvoir décu­ ple, mais il faut se méfier de ne pas pousser les choses trop loin par crainte de tout perdre. 106 Douzième Clef. « Tous nos lavages sont faits par le feu, déclare Fulcanelli, toutes nos purifications se font dans le feu, par le feu et avec le feu. C’est la raison pour laquelle quelques auteurs ont décrit ces opérations sous le titre chimique de calcination. » Le tonneau en flam­ mes est l’un des plus précieux hiéroglyphes du Feu Secret, indiquant l’origine de cette mystérieuse substance, trou­ vée dans les vieux fûts de vin et préparée ensuite selon les règles de l’Art. Le Lion (Soufre) dévorant le Serpent (Mercure) indique la Fixation du Volatil. 107 Voici l’Athanor, le fourneau alchimique. À l’inté­ rieur se trouve le vaisseau, avec le serpent symbolisant le Mercure des Philosophes. En dessous, le bestiaire her­ métique : le Lion symbole du Soufre Fixe ; l’Aigle symbo­ lisant le Mercure, la Volatilité et la Dissolution; le Ser­ pent, le Dissolvant mercuriel; le Dragon qui est le Sujet de l’Art; le Corbeau de la Noirceur (Nigredo) ou Putré­ faction; le Paon, la gamme des couleurs variées; le Cygne, la Pierre Blanche ; et le Phénix symbolisant la Pierre Phi­ losophale et la Multiplication.

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Viatorium , 1618

Michaelis M aieri Viatorium, hoc est De montibus planetarum septem seu Metallorum; Tractatus tam utilis, quam perspicuus, quo, ut Indice Mercu­ riali in triviis, vel Ariadenêo filo in Labyrintho, seu Cynosurâ in Oceano Chymicorum errorum immenso, quilibet rationalis, veritatis amans, ad illum, qui in montibus sese abdidit De Rubea-petra Alexicacum, omnibus Medicis desideratum, investigandum, uti poterit. Oppenheimii, ex typographia Hie­ ronymi Galleri, sumptibus Joh. Theodori de Bry. M D C X V III. De Michael Maier, Guide du Voyageur, autrement dit Des montagnes des sept planètes ou Métaux. Traité utile autant que clair qui, comme l’Index de Mercure aux carrefours, ou le fil d’Ariane dans le Labyrinthe, ou encore la Petite Ourse dans le vaste Océan des errances Chimiques, peut être uti­ lisé par tout amant rationnel de la vérité pour rechercher la médecine de la Pierre Rouge Éloignant les maux, désirée par tous les Médecins, et qui s’est cachée dans les montagnes. Imprimé à Oppenheim par Jérôme Galler aux frais de Jean Théodore de Bry, 1618. Les planches gravées par Jean Théodore de Bry furent remaniées dans une édition ulté­ rieure qui parut à Rouen en 1651. La dédicace rédigée à Francfort en sep­ tembre 1618 est adressée au prince Chris­ tian Ier d’Anhalt (1568 à 1630). Ce prince épris de musique et féru d’alchi­ mie, qui avait à son service le médecinalchimiste Oswald Croll (ou Crollius), fut l’un des protagonistes de la guerre de Trente Ans. Conseiller de l’Électeur palatin Frédé­ ric V du Rhin, il l’encouragea à accepter la couronne de Bohême, et devint le général

en chef de ses armées. Le 10 mars 1620, à la bataille d’Égembourg, Christian d’Anhalt réussit l’exploit de vaincre les forces com­ binées de Bucquoy et d’Ampierre. Mais, le 8 novembre, les armées impériales allaient à leur tour défaire ses troupes à la bataille de la Montagne Blanche. Cette terrible défaite, qui provoqua la fuite précipitée, l’exil, et la ruine de l’Électeur palatin, allait mettre un terme au rêve politique des RoseCroix qui voyaient en Frédéric V un futur empereur protestant.

Viatorium ■ 1 27

VI ATORI UM, hoc eft, VE MONTIBFS PLANETARFM feptem feu Metaliorum s T r a c t a t u s tamutiiis,quamperlpicuus,

quo,ut Indice Mercuriali in triviis,vel Ariadnêo filo in Labyrintho,feu Cynofura in Oceano Chymicorum errorum immenlb,quilibet rationalis>veritatis amans,ad illum,qui inmontibuslêlè ab­ didit D e Rubea-petra Alexicacum, omnibus Medicis defideratum, inveftigandum,uti poterit. O P P E N H E I M I I Extypographia H i e r o n y m i

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1 2 8 • M I C H A E L MA 1ER

Viatorium • 129

1 3 0 • M IC H A E L M A IE R

Viatorium - 1 3 1

108 Les correspondances traditionnelles entre Métaux et Planètes ont induit maints chercheurs (ainsi que la plu­ part des historiens) en erreur. Maier nous offre, charita­ blement, un nouvel ensemble éclairant de correspondan­ ces. Il faut tout d’abord examiner la relation entre Mars et Vénus (à qui est attribué le hiéroglyphe 6 ); Vénus porte de façon révélatrice un cœur enflammé. Basile Valentin, parlant du « Sulfure de Vénus » ou « Soufre de Vénus », dit de la Teinte et de la couleur de son corps qu’elles sont presque semblables à celles du Soleil qui, de par son abondance (ou intensité) est presque rouge. Malgré tout, son corps étant lépreux et malade, la Tein­ ture fixée ne résiste pas. La mort de son corps entraîne la mort de la Teinture à moins qu’elle ne soit jointe à un Corps Fixe, où elle tient en permanence. Toutefois Mars possède les qualités requises et prouve qu’ « Arès (Mars en grec) est plus puissant qu’Aries (le Bélier) ». 109 Le Combat entre le Fixe et le Volatil (Principes jumeaux de l’Œuvre) dont la double mort et la Putréfac­ tion qui s’ensuit, donne naissance au Premier Mercure. 110 Agathoclès, tyran de Sicile, fit fondre un vieux pot de chambre en or puis il fit mouler une idole de Jupiter à laquelle ses sujets rendirent un culte. Alors il leur révéla la provenance originale de la matière, se moquant ainsi de ceux qui avaient raillé ses humbles origines (il avait été potier avant son accession au trône). Cette obscure allégorie fait allusion à l’origine vile de la Matière de l’Œ uvre, laquelle provient d’une substance que l’igno­ rant considère sans valeur. La statue faite à partir du pot de chambre fait aussi allusion à l’origine du mystérieux Feu des Philosophes, composé en partie par une subs­ tance que l’on peut trouver dans les latrines et les vieux tonneaux. 111 Démocrite, visitant l’Egypte « mère de toutes les Sciences » rit fort des allégories incomprises des prêtres. Il étudia l’anatomie de l’homme et des animaux. Le Camé­

1 32 •

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Viatorium

léon et le Crocodile, explique Maier, retinrent tout par­ ticulièrement son attention. 112 Mucius Scaevola poignarde le secrétaire du roi Lars Porsenna, qu’il confond avec le tyran. Ceci indique qu’une substance autre que l’or royal est dissoute (plus par choix que par erreur). L ’assassin est Mars, la victime est la Terre Philosophique 5 . Ces deux derniers sont les Principes jumeaux comparés par Avicenne à la chienne de Khorassan et au dogue arménien. 113 Le vol des deux Aigles lancés de Delphes par Jupi­ ter afin de prouver que ce lieu est le centre de la terre, semble aussi incongru que la présence du navire de Magellan ayant fait le tour du globe. En fait l’île sur laquelle se tient Jupiter est Delos (voir Atalanta Fugiens, Emblème XLVI, 75) presque entièrement recouverte par les flots à l’époque où Latone y accosta pour donner nais­ sance à ses jumeaux Diane et Apollon, la composition ren­ voie donc clairement à la Coagulation ou Naissance du Soufre qui apparaît d’abord comme la peau sur le lait. Hermès décrit ainsi cet événement : « Voyant cette Eau qui après avoir peu à peu épaissi, commençait à durcir, je me réjouis car je savais que je trouverais certainement ce que je cherchais. » Le navire indique la présence du Rémora (nommé échénéis en grec), le poisson qui, selon les auteurs hermétiques, pouvait arrêter un vaisseau en plein milieu de sa course : autre allusion à la Fixation. 114 Androclès et le Lion. Cette histoire très connue fut d’abord racontée par Aulus Gelle, auteur latin du IIe siè­ cle après J.-C. L ’homme soulage le lion et le lion plus tard sauve l’homme : le sens secret est que la connais­ sance de la Pierre des Philosophes - qui, comme le lion souffrant, appelle au secours - conduit l’Artiste à la « soi­ gner » selon les règles de son Art. Transformée alors en Pierre Philosophale, elle apporte à son libérateur santé, opulence, sagesse et longévité.

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M ylius

Opus medico-chymicum, 1618

Ioannis Danielis M ylii Veîterani Hassi M .C. Opus medico-chymicum : Con­ tinens tres Tractatus sive Basilicas : quorum prior inscribitur Basilica medica, secondus Basilica chymica, tertius Basilica philosophica. Francofurti, apud Lucam Jennis, 1618. De Johann Daniel M ylius, de W etter, Hesse, Candidat en Médecine : Ouvrage médico-chimique, Contenant trois Traités ou Basiliques : le pre­ mier est intitulé Basilique médicale, le deuxième Basilique chimique, le troi­ sième Basilique philosophique. Francfort, chez Lucas Jennis, 1618. Cette œuvre colossale d’environ trois mille pages, divisée en trois parties, se termine par un index que Lucas Jennis publia à part en 1630. Les trois traités possèdent des pages de titre distinctes avec des vignettes tirées des Douze Clefs de Basile Valentin (déjà parues dans le Tripus Aureus de Maier). Il y a dans ces volumes une richesse iconogra­ phique considérable mais, désireux de nous en tenir aux emblèmes hiéroglyphiques de notre Jeu d’Or, nous ne reproduisons ici que la page de titre, le portrait de l’auteur et les emblèmes symboliques du traité Basilica Philosophica, tous gravés par Matthàus Merian. Cependant, nous signalons à tou­ tes fins utiles les belles planches représen­ tant l’équipement de laboratoire au livre II des Basilica Philosophica. Le troisième livre des Basilica philosophica contient les « Sceaux des Philosophes », cent soixante Emblèmes Hermétiques attribués aux héros de l’alchimie, historiques et mythiques, célèbres et anonymes. Compo­ sée et librement adaptée à partir de sources diverses provenant de manuscrits et de gra­ vures déjà publiés, l’iconographie de ces « Sceaux » constitue un extraordinaire réper­ toire du symbolisme alchimique; l’associa­ tion de devises et d’images dans ces emblè­ mes en miniature devait avoir une fonction à la fois didactique et mnémonique. Les « Sceaux » furent insérés ultérieure­ ment dans le Dyas chimica tripartita... publié en 1625 par Lucas Jennis. Deux ans

plus tard Daniel Stoicius fit paraître son Hortulus hermeticus (1627), un livret entiè­ rement consacré à ces emblèmes, imprimés en quatre par page, avec une transcription de chaque devise et des commentaires ver­ sifiés. Cet ouvrage, également publié par Jennis, a induit en erreur plus d’un auteur qui en attribue leur composition à Stoicius lui-même. Johann Daniel Mylius (1585 - après 1628?) naquit, comme Oswald Croll, à Wet­ ter dans la Hesse. Il écrivit de nombreux ouvrages sur la médecine spagyrique et la Philosophie Hermétique, mais les détails de sa vie restent mystérieux. Même Johann Christoph Mylius, biographe d’un nombre incalculable de porteurs, mémorables ou non, du nom de Mylius ou Müller, le délaisse « par manque de place » dans son Historia Myliana (Iéna 1751-52). Dans cet ouvrage, Johann Christoph promettait de joindre une biographie future du prédicateur de la Réforme George Mylius, celle de la vie de Johann Daniel, mais cette œuvre semble malheureusement n ’avoir jamais paru. Mylius jouissait du patronage des diri­ geants du parti protestant, Maurice et Fré­ déric Henri de Nassau à qui il dédia sa Phi­ losophia Reformata. La principale épître dédicatoire est adressée à Dieu-ToutPuissant et se termine avec le souhait que les cœurs des lecteurs malveillants puissent être convertis, il est signé Ego, Homo. O p u s m eiico'chym icum - 1 3 3

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115 Flanqué d’Hermès et d’Hippocrate, le glyphe de Mylius de correspondances triples ou quadruples a en son noyau la Terre Adamique. Quatre emblèmes représen­ tent les Éléments. Le Feu (Salamandre) est le séjour des Étoiles : « en haut comme en bas ». L’Air (Phénix et Crapaud) est la demeure des Éléments : « Par la conver­ sion des Éléments (et) la Triple Purification laisse l’un être fait. » L’Eau (Sirène) est le royaume des Minéraux : « Toutes choses naturelles sont dans le Soleil et le Sel. » La Terre (Lion et Dragon) est la demeure du Micro­ cosme : « Sépare-les et amène-les à maturité. » 116 La gravure de Merian représente Johann Daniel Mylius en 1618, âgé de 33 ans, entre un laboratoire et une bibliothèque. « Lecteur, veux-tu avoir le miroir de Paracelse et de Galien? Vois, Mylius est certainement pour toi le miroir des deux. » 117 Du Saint Mystère de la Trinité, la Divine Intelli­ gence, telle une lumière radieuse, descend à travers le Monde Archétypal et les trois chœurs successifs de la hié­ rarchie céleste : Séraphins, Chérubins et Trônes, Domi­ nations, Princes et Puissances, Vertus, Archanges et Anges. 118 Le Monde des Éléments : sont montrées ici toutes les correspondances entre les signes du Zodiaque, les Mois de l’année, les Organes humains, les Vertus, les Métaux, les Minéraux, les Éléments et les Anges. Le douzième anneau proclame : Trois sont les Mondes, Trois sont les Ages, Trois sont les Royaumes, Trois sont les Principes. Dans l’anneau suivant se trouvent les noms de douze sciences, l’alchimie incluse. La Nature a un anneau contenant six étoiles, rappel de l’Étoile à six branches qui plane sur la Nuit de l’Œ uvre comme l’étoile de Beth­ léem. Au centre se tient l’Homme purifié, ou Sujet de l’Art, gardé par deux Anges. 119 Dans cette magnifique composition signée par Merian, les correspondances du Macrocosme et du Micro­ cosme sont superbement symbolisées. En haut, la Sainte Trinité et les Anges de Lumière influençant le Zodiaque; en dessous le Corbeau du Nigredo, le Cygne d’Albedo, le Dragon Sujet de l’Art, le Pélican (Mercure) et le Phénix (Soufre). Toutes sortes de combinaisons des contraires complémentaires, tels Soleil et Lune, Mercure et Soufre, sont subtilement représentées ici. Le personnage central symbolise la puissante Unité indissoluble de la Pierre d’Or. Voir le Psaume 104, qui accompagne cette plan­ che dans le Musaeum hermeticum (1677) ainsi que le texte de la Table d’Émeraude d’Hermès (8, p. 36) qu’elle illustre. 120 Le récit biblique de la Création est considéré par les alchimistes comme un modèle de leur propre « re­ 1 5 0 • JO H A N N D A N IE L M YLIUS

création » microcosmique, et chaque degré reçoit une interprétation complexe qui peut être très brièvement résumée ainsi : De l’Unité Divine procède l’Esprit, Feu ou Lumière, qui se matérialise dans la diversité de la Matière. En isolant et en purifiant ses principes essen­ tiels, l’Artiste sauve la Matière victime des conséquen­ ces de la Chute succédant à la création de la race humaine.

LES « SCEAUX DES PHILOSOPHES » 121 Hermès Trismégiste, l’Égyptien : Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. 122 Adfar l’Alexandrien, professeur de Morienus : Dans notre union le Soleil est le Père tandis que la blanche Lune est la Mère. 123 Calid, roi saracène d’Égypte, disciple de Morienus : Celui qui vient en troisième après le Père et la Mère est le maître du Feu. 124 Marie la Juive, sœur de Moïse : Deux fumées se mêlent l’une à l’autre et l’herbe des montagnes les absorbe toutes deux. 125 Cléopâtre, reine d’Égypte : Le Divin est caché au peuple selon la Sagesse du Seigneur. 126 Medera, femme alchimiste : Qui ne connaît pas la Règle du vrai ignore le vase d’Hermès. 127 Thaphuntia, femme philosophe : Mariage de deux gommes, la Blanche et la Rouge. 128 Euthica, femme philosophe arabe : Ce qui lutte contre le feu est le Soufre, ce qui l’entretient est le Mercure. 129 Calid le Juif, fils de Gazichus : La faculté de créer provient de l’adoration de Dieu, non de ta force. 130 Musa, de l’école de Calid : Les maîtres des hom­ mes pieux sont les médiateurs de la Sagesse Divine. 131 Démocrite, Alchimiste grec : L’obscurité du corps solide est éliminée par le remède igné. 132 Pythagore, Philosophe grec : Dans la nature tu dois étudier ce à partir de quoi Dieu créa toute chose. 133 Anaxagore, Philosophe de Clazomène : Le Soleil ardent, l’âme de la Lune, l’esprit en leur milieu ne sont rien d’autre que Mercure.

134 Zamolxis, compagnon de Pythagore : Avec Dieu et la piété comme compagnons, je parviens aux régions éle­ vées par des chemins étroits. 135 Héraclite, Philosophe : Le Feu est le principe de toutes choses. 136 Apollonius de Tyane, Philosophe : Nul n’est pro­ phète en son pays. 137 Michel Psellus, Philosophe : Âme et Nature font descendre Dieu des cieux. 138 Morienus, Philosophe romain : C’est dans le fumier de notre putréfaction que se trouve le commencement et la cause sine qua non. 139 Avicenne, Philosophe arabe : L ’Aigle volant dans l’air et le Crapaud avançant sur la terre sont le Magistère.

151 Dante, Philosophe : Préparez et dissolvez les Corps et de cette Eau imbibez les Esprits purifiés. 152 Galienus, Philosophe : Préparez, purifiez, dissol­ vez, coagulez les Corps et jetez-les sur le Corps. 153 Mahomet, Philosophe : La Pierre très nécessaire à cet Œ uvre vient de la Matière animée. 154 Hercule, Roi, Sage et Philosophe : Le magistère vient d’une seule racine, se développe en plusieurs et retourne à l’unité. 155 Arsianus, Philosophe : Notre Eau l’emporte sur notre Terre en ce qu’elle est propre, grande et claire. 156 Datin, Philosophe et Chimiste : Rouge, notre Laton est inutile, devenu blanc il a beaucoup de force.

140 Geber, Philosophe arabe : Dans le soleil et le sel toutes choses sont situées par nature.

157 Euthices, Philosophe : Nous avons supprimé la Noirceur avec du sel de Natron et de l’Almizadir et fixons la blancheur avec du Borax.

141 Artephius, Philosophe arabe : La Sagesse du Monde s’occupe de trois choses, l’Âme, le Corps et l’Esprit.

158 Adarmath, Philosophe : Le principe de cette chose dépasse sa fin et sa fin dépasse son principe.

142 Alphidius, Philosophe arabe : Ce n’est pas acheté à grand prix mais jeté sur la route pour le riche et le pauvre.

159 Azinabam, Philosophe : La Matière Philosophique est par sa nature nommée Vulphi, c’est-à-dire Animal.

143 Gilgil, Philosophe maure : La Nature ne produit pas la Teinture sans Soufre et Vif-argent. 144 Hamuel, Philosophe : Raison et expérience cons­ truisent l’Œ uvre sur un fondement ferme et stable. 145 Senior, Philosophe : La génération du Fils Lunaire est plus forte que toute sa parenté. 146 Rasis, Philosophe : La Gomme coagule le Lait et notre Lait dissout la Gomme, de là viennent la Rougeur et le Sang Oriental. 147 Rosinus, Philosophe : L’ignorant frappe, en toute ignorance, la coloquinte et il espère en tirer du miel pour le malheureux. 148 Le Philosophe de Massara : La saleté de la Pierre fait que les hommes l’estiment peu au lieu de la mettre de côté. 149 Mitigo, Philosophe : Bien que méprisée par les bêtes et les hommes, la Pierre est cependant aimée par le Sage. 150 Malus, Philosophe : Cette Pierre est au-dessous, audessus, en face et autour de toi.

160 Elbo, Philosophe et Assassin : Blanchissez Laton et déchirez les livres afin que vos cœurs ne soient point corrompus. 161 Ademarus, Philosophe : Quoiqu’il soit purifié, su­ blimé, extrait et fixé, il n’est toutefois ni répandu, ni péné­ tré ni mélangé, mais il est vitrifié. 162 Belinus, Philosophe : Mon père le Soleil a toute la puissance dont le monde entier est en quête. 163 Albugazal, Précepteur du Philosophe Platon : Celui qui est Saturne me détruit, mais non ma nature. 164 Hélisardes, Philosophe : Sur la voie du Magistère, celui qui observera noms et couleurs ne déviera pas. 165 Platon, Chimiste : D ’abord l’œuf périt, puis le pous­ sin est engendré, une fois l’œuf corrompu naît l’animal. 166 Yezid de Constantinople : Notre Pierre est une chose que le Feu n ’a pas touché et de laquelle sort notre Mercure. 167 Galud, Roi de Babylone : 1 - Le rôle de Saturne est de décomposer et d’escamoter le Soleil. 2 - La recom­ position prend quatre nuits. Opus medico'chymicum - 1 5 1

168 Sénèque, Philosophe : Le Feu est avantageux pour ce qui est parfait et désavantageux pour ce qui est cor­ rompu. 169 Albert le Grand, Évêque et Chimiste : Non par mon savoir, mais par la grâce du Saint-Esprit. 170 Bernard, Comte de Trévise : Une solution perma­ nente de semence mâle et femelle engendre une nouvelle espèce. 171 Basile Valentin, Moine : L’or est le Père de la Tein­ ture, le Vif-argent sa Mère, Mercure son Grand-père, l’Eau mercurielle sa Grand-mère. 172 Alanus de Lille, Philosophe : Celui qui connaît 2 et 7 sait tout ce qui peut être su. 2 et 7 sont les poids chimiques.

183 Isaac Le Hollandais l’Ancien : Voici la Matière qui à la fois contient du vif-argent et la Fulguration. 184 Isaac Le Hollandais le Jeune : Voici les fleurs qui se cachent parmi tant de chardons et d’épines. 185 Jean Pontanus, Philosophe : Ce feu sans flamme, mais non sans lumière, est difficile à découvrir. 186 Nicolas Flamel, Français : Celui qui a bien vécu ne peut en aucune façon mal mourir. 187 Denys Zacharias, Philosophe : Cet Art, détenu par la puissance de Dieu, est funeste au commun. 188 Jean Fernley Ambiensis : Il appartient aux Sages de rechercher de plus hauts secrets des choses éternelles en élévant leur esprit et leurs yeux.

173 Arnaud de Villeneuve, Chimiste : Si la maladie dure un mois, elle guérit en un seul jour, si elle dure un an, elle guérit en douze jours.

189 Guillaume de Paris, Philosophe : Ce savoir requiert un vrai Philosophe, non un fou.

174 Pierre de Villeneuve, frère d’Arnaud : Cette méde­ cine supérieure à toutes les autres et à toutes les riches­ ses du monde doit être recherchée dans la citadelle.

190 Jean de Meung, Philosophe : Pouvoir et Vouloir tout en tout ne dépend pas de la seule activité de l’homme, mais de la main de Dieu.

175 Vincent de Beauvais, Moine : L ’Élixir est nommé une pierre car il est moulu et une non-pierre car il est fondu et va au feu sans s’évaporer, comme l’Or.

191 Christophe de Paris, Chimiste : Ici est le Frère, là la Sœur, ici le Mari, là sa Femme, ici le Fils, là la Mère.

176 Jean de Padoue, Philosophe : Les eaux possèdent des vertus merveilleuses et innombrables. Rien n ’est plus merveilleux que l’Eau de ce Bain. 177 Jodocus Greverus, Chimiste : Le Soleil prend tou­ jours Mercure pour compagnon, la Lune reçoit son éclat du Soleil. 178 Auteur du Rosier des Philosophes : L ’un court vers l’Est, l’autre se hâte vers l’Ouest. 179 Auteur du dialogue fraternel entre l’Or et la Pierre : La Pierre faite d’or est un ver vénéneux : témoin le Mer­ cure fait d’or vulgaire. 180 Auteur des Rimes Philosophiques : Tu visiteras l’inté­ rieur de la Terre.

192 Guido de Montanor, Philosophe : La conjonction finale est celle des Quatre Éléments et ceci se nomme la Philosophie quadruple et spirituelle. 193 Philippe de Ravilasco, Philosophe : Par la putré­ faction il meurt en tant que corps, par une nouvelle végé­ tation, il naît en esprit. 194 Gratianus, Philosophe Chimiste : Toutes les cho­ ses peuvent devenir cendre; de la cendre vient le Sel; du Sel, l’Eau; de l’Eau le Mercure; du Mercure, l’Or. 195 Raymond de Marseille, Philosophe : Nous savons qu’il existe des choses profondes dans la Nature, sous la terre et qu’il faut chercher dans les minéraux et nulle part ailleurs. 196 Jean d’Autriche, Philosophe : Toute composition et génération se fait à partir des quatre éléments simples.

181 Isaac et Arnaud, Philosophes : Dieu a donné deux pierres, la première blanche, la seconde rouge, gratuite­ ment et pour rien.

197 Étienne, Philosophe Chimiste : De l’homme ne sort que l’homme et de l’animal naît son semblable.

182 Philippe Théophraste Paracelse : Telle est la méde­ cine, tel aussi devient l’or.

198 Daniel, Philosophe, dans ses Palinodies : Plus le métal cuit, plus il noircit et devient de l’eau spirituelle.

1 5 2 • JO H A N N D A N IE L M Y LIU S

199 Valerandus de Bosco, Philosophe : Plus le métal cuit, plus il rougit et devient la teinture de rougeur. 200 Jean de Sacro Bosco, Philosophe : Plus le métal cuit, plus il épaissit et devient la teinture de blancheur. 201 Thomas d’Aquin, Chimiste italien : Comme la nature, l’Art produit des métaux à partir du Soufre et du Mercure. 202 Petrus Bonus de Ferrare : De l’Ame vient le début et le premier mouvement et même tout ce qui arrive, du Corps vient l’exécution. 203 Pierre de Zalento, Philosophe et Chimiste : Le fer­ ment est le moyen de la conjonction. S’il est employé au début ou au milieu, l’Œ uvre est conduite à son achè­ vement. 204 Jean Aurelius Augurellus : Celui qui me délivrera de l’Eau et me ramènera au sec, je le bénis comme un bienfaiteur. 205 Marcellus Palingenius, Philosophe : Prenez et tuez Saturne en l’immergeant dans des Eaux amères. 206 Jean de Rupescissa, Philosophe : La Pauvreté ensei­ gne tous les arts et le ventre est dispensateur d’inventions. 207 Augustin Pantheus, Prêtre Vénitien : Voici le tri­ ple père créé par le sel, dirigé par l’artiste et éduqué par Vulcain. 208 Aloysius Marlianus, Philosophe : L ’Or est produit à partir du Soufre et du Vif-Argent en peu de temps dans le feu. 209 Jean Lacinius, Philosophe : Comparées à la chimie, les sciences des arts sont comme des servantes devant une maîtresse. 210 Jean Chrysippe de Fano : L ’opération cachée de la puissance céleste est la minière des sages philosophes. 211 Jean Theobanus, Philosophe : Dans la Rougeur, j’ai contemplé la forme du Feu, dans la Transparence la forme de l’Air, dans la luminosité la forme de l’Eau.

214 Cardinal Gilbert, Philosophe : Celui qui ignore la destruction de l’or ne peut qu’ignorer sa construction selon le déroulement naturel. 215 Jean d’Aquin, Philosophe : Il est plus facile de pro­ duire l’or le plus pur que de le détruire. 216 Raymond Lulle, Philosophe : Le corps de l’enfant issu du masculin et du féminin accède à l’acte. 217 Aegidius, Maître de l’Hôpital de Jérusalem : Il se nourrit d’aliments sans valeur, comme le fœtus dans la matrice se nourrit de menstrues. 218 Auteur de 1’Abrégé du Rosier : Il y a quatre Princi­ pes, quatre Couleurs, quatre Feux, trois intermédiaires. 219 Le Prieur d’Alexandrie, Philosophe et Chimiste : Un feu tiré des rayons du Soleil comme le Feu Élé­ mentaire. 220 Cardinal Garcia, Philosophe : La forme de l’année descend des astres comme la férule de Prométhée vient aux mortels. 221 Hugo Apostolicus, Philosophe : Voici le sommet du Magistère pour que l’ombre mortelle soit écartée du rayon. 222 Pierre, Moine et Philosophe : Ce petit rayon igné habite dans la terre et l’eau ne peut l’éteindre car il est céleste. 223 Durandus, Moine et Philosophe : La Pierre est d ’abord un Vieillard blanc puis un Jeune Homme roux et un Enfant couleur de sang. 224 Évêque Androicus, Philosophe : Voici la flamme, voilà l’huile, voici le cheval, voilà le poulain, voici le chien, voilà le lièvre. 225 Évêque Dominicus, « Des Poids » : Rends l’or vivant par sublimation, verse-le sur le Sel et place-le dans le fumier à l’intérieur d’un vase solide. 226 Dominicus l’Apôtre, Chimiste : Il y a deux Matiè­ res, l’une pour brûler, l’autre pour durcir. 227 Jean Dastin, l’Anglais : La nature accepte avec reconnaissance tout ce qui agrée à Dieu.

212 Ludovic Lazarellus, Philosophe : Ce que nous voyons et avons fait avec l’aide de la Nature est le parfait Élixir.

228 Roger Bacon, Philosophe anglais : Réalise l’équi­ valence des éléments et tu auras le Magistère.

213 Effarius, le Moine, Philosophe et Chimiste : Le but des Alchimistes est de transmuer les métaux imparfaits, véritablement et non de manière sophistique.

229 Hortulanus, Philosophe et Chimiste : Seul celui qui sait fabriquer la Pierre des Philosophes comprend ce qu’ils disent de cette Pierre. Opus medico'chymicum - 1 5 3

230 Richard, Philosophe anglais : L ’étude de la Science supprime l’ignorance et mène l’intelligence à la vraie connaissance.

245 Arda, Philosophe, disciple d’Aristote : Le grain se nourrit de l’humidité qui appartient à sa nature jusqu’à ce qu’il pousse et reçoive vie.

231 Thomas Norton, Philosophe anglais : Notre Matière est une chose de peu de prix et d’aucune valeur, qui la trouve la relève à peine.

246 Remarque sur la lettre d’Alexandre : Mort, mer et ténèbres le fuient et le Dragon fuit les rayons du soleil.

232 George Ripley, Philosophe : Il y a trois Mercures, deux superficiels et le troisième essentiel, celui du Soleil et de la Lune.

247 Serapio, le plus industrieux Philosophe : Le temps est venu de ranimer le mort et de guérir le malade.

233 L’Abbé de Westminster, Philosophe : À la vue, la Pierre est diaphane, translucide et d’une transparence admirable et stellaire. 234 Edward Kelley, Philosophe douteux : La Matière Première est brillante et quelque peu rougeâtre, c’est pourquoi nous l’appelons notre Marcasite. 235 Scot, le plus savant des Philosophes : L’Œ uvre reçoit une grâce telle qu’une fois que tu l’as faite tu n’as pas besoin de la recommencer. 236 Aegidius de Vadius, Philosophe : Au toucher et à la vue ce n’est pas une pierre mais une terre subtile, bril­ lante, rouge et non transparente. 237 John Duns Scot, Philosophe : Séparée et préparée notre Matière est nommée Litharge Philosophique. 238 Michael Scot, Philosophe : Ce qui était offert à nos mains est perdu à cause des péchés des hommes impies. 239 Melchior Cibinensis, Philosophe hongrois : La Pierre Philosophique des Philosophes doit être nourrie comme un petit enfant de Lait Virginal.

248 Le Livre de Saturne des Philosophes : Il est en vie tant qu’il ne meurt pas à partir de cette forme métallique qui est l’ombre lépreuse de la Pierre. 249 Dumbeleius, Philosophe et Chimiste : Il provoque la fusion métallique, cependant il n’est pas le métal philosophique. 250 Bernard de Gravia, Philosophâtre : Notre Fils mort vit, le Roi vient du Feu et se réjouit en un mariage secret. 251 Melchior, Cardinal et Evêque : Il faut le tuer avec science car sa mort le révélera. 252 Malchamec, Philosophe et Chimiste : Marie gomme avec la gomme en un véritable mariage et les rend pareil­ les à l’eau fraîche. 253 Aranus, Philosophe de Medes : Quand on ne sait produire, féconder et engendrer les composants, rien ne se fait ni ne se propage. 254 Le Philosophe qui porte la Palme : Marie l’Esclave à sa sœur parfumée et ils engendreront un fils qui ne res­ semblera pas à ses Parents.

240 Bavran, Philosophe éminent : Notre fils engendré, roi glorieux, tire du feu sa teinture philosophique.

255 Le Sarmate anonyme, Chimiste : Une fois vue la Blancheur, refroidis ton Œuvre et tu verras la Lune revê­ tir la couleur du Soleil.

241 Frère Albert de Bavière, Moine et Philosophe : Donné par Vénus, il renaît en tunique droite, et c’est ce que signifie l’Ornement Rouge.

256 Auteur de La Cymbale d ’Or : Reste près du vase et vois des merveilles car son contenu devient blanc et jaune en moins de trois heures.

242 Rhodianus, l’excellent Philosophe : La mort a péri et notre fils règne à présent vêtu de notre argent et de notre chair.

257 Auteur du Petit Rosier : La première germination est verte, la seconde blanche, d’une blancheur qui l’emporte sur toutes les blancheurs du monde.

243 Rachaidibi, Philosophe et Chimiste : Tout ce qui est nourri l’est par des rations réduites, tout ce qui est vivifié l’est par des doubles rations.

258 L’Echelle des Philosophes : Prends du Mercure pur et stable pour obtenir le grand Magistère caché de la Pierre.

244 Aristote, Philosophe de l’Alchimie : La vivification et la nutrition des philosophes sont les premiers pas de l’Œ uvre Philosophique du Sage.

259 Le jeu des Enfants Philosophiques : La chose peut exister même si beaucoup de gens ne la voient pas alors même qu’ils marchent dessus.

1 5 4 ■ JO H A N N D A N IE L M YLIUS

260 L ’Aurore Naissante : En chaque chose demeure un Esprit propre par lequel elle est animée et croît.

271 Auteur de La Table de l ’Aîné des Philosophes : Recommençons cela jusqu’à ce qu’il meure et ramollisse.

261 Le Testament Philosophique de Pythagore : Sans Feu rien ne s’opère pas plus qu’il n ’est de guerrier sans arme.

272 L ’Allégorie Philosophique de Merlin : Saturne est la planète de la Mort, vois, il porte ici une robe noire.

262 L ’Assemblée des Philosophes et des Sages : Le pre­ mier agencement est le coït, le deuxième la conception, le troisième la grossesse, le quatrième la naissance, le cin­ quième la nutrition. 263 Auteur du Miroir de l’Art Chimique : Le lit à la belle étoile est le gazon offrant beaucoup de plaisir aux nou­ veaux mariés. 264 Auteur de La Voie Universelle de la Sagesse : Les N euf Muses font cadeau d’une couronne de fleurs pour­ pres, les Grâces de la beauté et de la grâce. 265 L ’Auteur de Sur la Quintessence du Vin : Apollon joue de la lyre, Diane porte des roses blanches, Saturne une robe noire.

273 Parabole allégorique d’Arisleus : La conception et les fiançailles se font dans la pourriture et la génération des générations dans l’air. 274 Auteur des Enigmes de la Chimie : Notre semence est du Vif-Argent qui est uni à notre Terre. 275 La Somme Philosophique : Si le Vif-Argent n’est pas mis à mort au moyen d’un corps caché, il sera sans vigueur. 276 Le Livre de la Vérité de la Sagesse Philosophique : Lorsque le Fils couche pour la première fois avec sa Mère, d’un coup vipérin elle le tue.

266 Auteur de La Lumière qui Luit dans l ’Obscurité : Jupiter porte une chemise blanchâtre, Mercure un peplum, et Mars un pétase.

277 Son de la Trompette Philosophique : La Terre du Corps sera dissoute dans l’Eau de la Semence, et une Eau indivisée apparaîtra.

267 Auteur du Jardin des Richesses de la Sagesse : Vénus porte sa glorieuse robe ou tunique royale, d’or et de pourpre.

278 Auteur du Traité de la Pierre Philosophale en douze Chapitres : Ce qui fut cause de ta Vie, cela même a causé ta Mort.

268 Auteur du Traitement de la Teinture Philosophique : Le Roi vient du feu couronné d’un diadème solaire en or. 269 Auteur du Traité sur Aurélia : La disposition de cette chose est telle qu’elle ressemble à la Création de l’Homme. 270 Auteur de La Splendeur du Soleil Philosophique : Des semences du Soleil et de la Lune naît celui que des mil­ liers cherchent et qui n’est que très rarement découvert.

279 Oswald Croll de Wetter, Disciple des Philosophes : Cette connaissance n ’est rien d’autre que les secrets des maîtres sages et des Philosophes. 280 Johann Daniel Mylius, de Wetter, Disciple de la Sagesse Philosophique : C ’est Marcher sur les voies Divines et dans le Magistère avec pour compagnon NotreSeigneur Jésus-Christ.

Opus medico'chymicum - 1 5 5

Joh an n

D aniel

M ylius

A ntidotarium , 1620

Johannis Danieli M ylii, Vetterani Hassi, M .C . Antidotarium medicochymicum Reformatum : continens quatuor libros distinctos. Quorum I. Gene­ raliora in pharmaciam requisita explicat. II. Tractat de quibusdam exoticis in nostris Basilicis omissi. III. Tradit praecepta Galenic [orum] & Chymicorum de praeparatione medicamentorum. IV. Resolvit formas & dividit medicamenta tam Galeri [icorum]quam Chymicorum. Francofurti sumpti­ bus Lucae Iennis. M .D C .X X . De Johann Daniel Mylius, de W etter, dans la Hesse, médico-chimiste : Recueil révisé médico-chimique des Remèdes, contenant quatre livres sépa­ rés. Le premier développe les choses générales recherchées par la pharma­ cie. Le deuxième traite de certains remèdes exotiques passés sous silence dans nos Basiliques. Le troisième rapporte les préceptes des disciples de Galien et des Chimistes pour la préparation des médicaments. Le quatrième différencie les formes et introduit des distinctions dans les remèdes, ceux des disciples de Galien et ceux des Chimistes. Francfort, aux frais de Lucas Jennis, 1620. La dédicace, adressée à la Corporation pleine de munificence de la Cité Impériale de Francfort, fait allusion au secours et

1 5 6 • M Y L IU S , C R O L L

refuge que l’auteur a trouvés dans l’enceinte de ces murs par ces temps troublés,

O S WA L D

CROLL

Basilica chymica, 1622

Osualdi Crollii Veterani Hassi Basilica chymica continens philosophicam propria laborum experientia confirmatam descriptionem et usum remedio­ rum chymicorum selectissimorum e lumine gratiae et nature desumptorum. In fine libri additus est autoris ejusdem Tractatus novus de signaturis rerum internis. Cum Gratia et Privilegio S. Caes. Maiest : Francofurti impensis Godefridi Tampachij. De Oswald Croll, de W etter, Hesse : Basiliques chimiques contenant une description philosophique confirmée par l’expérience de ses propres tra­ vaux, ainsi que l’usage de remèdes chimiques très choisis, à la lumière de la grâce et de la nature. A la fin du livre est ajouté un nouveau Traité du même auteur, sur les signatures internes des choses. Par la Grâce et avec le Privilège de Sa Majesté Impériale. Francfort, pour Gottfried Tampach. D ’abord publié en 1608, cet ouvrage fut maintes fois réédité. Cette édition contient un Privilège de Ferdinand II délivré à Vienne le 5 mars 1622. Oswald Croll ou Crollius (1580-1609), médecin paracelsien, étudia à Marbourg, Heidelberg, Strasbourg et Genève. Il inventa nombre de nouveaux remèdes. Sa dédicace, rédigée à Prague en 1608, est adressée à son maître le prince Christian Ier de Anhalt Bernberg.

Le graveur Aegidius Sadeler (1575-1629), natif d’Anvers, était le neveu et pupille de Jan et Raphaël Sadeler. Il se trouvait en Ita­ lie en train d’exécuter des gravures d’après des peintres italiens, lorsque Rodolphe II l’appela à Prague. Il travailla ensuite pour les successeurs de Rodolphe, Mathias et Ferdinand II. La qualité de la vaste produc­ tion de Sadeler lui valut le titre de « Phénix des graveurs ».

Antidotarium; Basilica - 1 5 7

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PLilofopliicam propria laborum experientia confirmatamdeferiptionem et ufum Reme-, diorum Chymicorum Selecti iïimorum e Lumine Gratiæ et naturæ D ESU M PTO RU M .

In^fine /zorz additus fl^ iu to r it ejusdem Tractatus JVouuj jxs SiGNsiTuii/s /?erum 'fntrrm ï. * Pffreî ementorum corJ uerfionem Ternarius 1 purificatus.fiat monas|

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Antidotarium; Basilica - 1 5 9

281 Antidotarium. Cette même planche de Matthâus Merian montrant trois Adeptes anciens et trois Adeptes modernes, une mine et une boutique d’Apothicaire, ser­ vit de page de titre pour 1’Hydrolithus Sophicus, seu Aqua­ rium sapientum, l’un des neuf traités de l’édition origi­ nale du Museum hermeticum.

rarchie céleste des Anges. La Sphère Inférieure suivant les correspondances microcosmiques comprend la trinité alchimique Soufre, Mercure et Sel, et au centre la Terre Adamique ou Sujet des Sages. La similitude des deux sphères, quoique inversées, est accentuée par les paroles d’Hermès Trismégiste (en haut à gauche) :

282 Basilica Chymica. La Sphère Supérieure montre la Divine Trinité, avec Dieu, le Messie, l’Homme et la hié­

CE QUI EST EN BAS EST COMME CE QUI EST EN HAUT.

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Antidotarium; Basilica

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Septim ana Philosophica, 1620

Septimana philosophica, qua Aenigmata aureola de omni naturae genere a Salomone Israëlitarum sapientissimo Rege, & Arabiae Regina Saba, nec non Hyramo, Tyri Principe, sibi invicem in modum colloquii proponuntur & enordantur : Ubi passim novae, & verae, cum ratione & experientiae convenientes, rerum naturalium causae exponuntur & demonstrantur figu­ ris cupro incisis singulis diebus adiectis. Authore Michaele Maiero, Imperia­ lis Consistorii Comite, Eq. Ex. Med. D. & Caes. Maiest. olim Aulico, nunc illustris Principis ac Dn. M auritii, Hassiae Landgravii, & c. Archiatro. Francofurti, Typis H artm anni Palthenii, Sumptibus Lucae Iennis, 1620. La Semaine philosophique, livre dans lequel les Énigmes d’or de toute espèce de nature sont exposées et élucidées par Salomon, le Roi le plus sage des Israélites, et la Reine de Saba d ’Arabie, ainsi que par Hyram, Prince de T yr; chacun parle à son tour, à la manière d’une conversation : les causes nouvelles et véridiques des choses naturelles sont ici abondamment expo­ sées et démontrées en accord avec la raison et l’expérience; l’ensemble est complété par des figures gravées sur cuivre pour chaque jour. L ’auteur en est Michael Maier, Comte du Consistoire Impérial, Chevalier Libre de l’Empire, Docteur en Médecine, auparavant attaché à la Cour de Sa Majesté Impériale, aujourd’hui premier médecin de l’illustre Prince et Seigneur M au­ rice, Landgrave de Hesse. Francfort, imprimé par Hartmann Palthenius aux frais de Lucas Jennis, 1620. Cet ouvrage dédié à Christian Wilhelm, archevêque de Magdebourg, Primat d’Alle­ magne, Margrave de Brandebourg et duc de Prusse, est daté du 2 janvier 1620 ancien style (Dabam Magdeburg Anno 1620 II Ianuar Styli vet). Il faut remarquer à ce pro­ pos que les États protestants refusèrent d’adopter le nouveau calendrier grégorien introduit en 1582 (selon lequel le 2 janvier serait le 12 janvier), ainsi les États protes­

tants Allemands utilisèrent l’ancien calen­ drier Julien jusqu’en 1700. Cependant dans les deux systèmes l’année ne commençait que le 25 mars, car la date du 1er jour de l’an ne fut changée qu’en 1752. Le thème de l’ouvrage est un colloque de six jours au cours duquel le roi Salomon, la reine de Saba et le prince Hiram de Tyr analysent les mystères de la Nature.

Septimana philosophica ■ 161

timana Philofcphica,

Æ NI G M AT A A V R EO LA DE O MN I N A T V R Æ GENERE à S alomone Ifraeiitarum fapientiflimo Rege,& ArabiæReginaS A b A,necnon H yramo J yri Principe, iîbi inuicem in modum Colloquii proponuntur 8 c enodantur: - ,v Vhipaftm mua, at vera, cum ratione & experien­ tia conuenientes rerum naturalium eaufa expo­ nuntur & derfionjhiantùfyfiguweupro inc’tfis Jîtigulis dkbuiudieftis.

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MI CH AELE MAIER*ǧ, Igiperialis Confîiftrii Comité ,Eq.Ex. Mcd.D. &C*i.Maicft. olim Aulico, nunc illuftrifs PrincipisacDn. MAVRIT1 1 , H.Ès\æLandgrauiij&c* Arciuatro,

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283 La page de titrejgravée par Balthasar Schwan ser­ vit de frontispice au quatrième traité du Musaeum Hermeticum, intitulé Demonstratio Naturae, de Jehan de Meung. 284 Si les textes alchimiques peuvent être très souvent trompeurs, les Emblèmes Hermétiques en revanche ne le sont pas. Ici, à moins de savoir lire entre les lignes, le texte semble n’avoir que peu de rapports avec l’image qu’il accompagne. L ’on peut discerner sur celle-ci l’Europe (tenant de la main droite l’hiéroglyphe de la Matière des Sages) recevant du Soleil, par l’intermédiaire de la Lune, l’influx céleste qui, matérialisé, confère au Sujet cristallin purifié les qualités extraordinaires de la Pierre Philosophale. Cet influx feu ou esprit - sans doute le secret alchimique le mieux gardé - ne peut être capté que pendant quelques jours de l’année si les conditions météorologiques sont favorables. Le texte spécifie que cer­ taines parties du monde s’y prêtent mieux que d’autres, et l’Europe est particulièrement favorisée. 285 Les Météores (du grec meteoron, chose qui survient dans le ciel) sont de diverses sortes comprenant les ora­ ges, la pluie, la neige, l’aurore boréale, l’arc-en-ciel, la foudre, le brouillard, les étoiles filantes et les pluies de rosée. S’ils apparaissent à l’instant où l’on tente de rece­ voir l’influx céleste dont nous avons parlé à propos de la planche précédente, ils sont autant d’obstacles au suc­ cès. Ces mêmes Météores sont aussi perceptibles dans le monde microcosmique du Grand Œ uvre et peuvent être contrôlés par l’alchimiste qui, à travers le verre et selon l’ordre de leur apparition, jugera si oui ou non il peut espérer atteindre son but. 286 Le lecteur ayant lu ce que nous avons déjà écrit sur le Sujet des Sages saura que cette « terre intérieure » doit être recherchée dans une mine et préparée par l’alchimiste lui-même. L ’Emblème évoque immédiatement l’axiome fondamental VISITA INTERIORA T errae Rectii-’Icando Invenies Occultum L apidem : « Explore l’intérieur de la terre et par rectification tu trouveras la Pierre cachée. » Maier dans son texte nous donne plusieurs indications précieuses et nous met particulèrement en garde contre l’emploi de l’Antimoine Vul­ gaire. Car en effet c’est le Dragon Saturnien qui est l’Antimoine des Sages 6 , et qui une fois ouvert par le glaive enflammé de Mars cf donnera le premier ? ou Mercure des Sages. L’alchimiste doit savoir extraire

i66 ■

maier Septimana philosophica

de sa gangue l’Antimoine des Sages tiré du minerai brut. 287 Le quatrième jour, la discussion porte sur le règne végétal. Maier examine les différentes espèces de plantes liées symboliquement à l’alchimie. La planche montre un jardin et un champ de blé entourés d’une forêt, la conver­ sation traitant alors de jardins, de champs et de forêts. En effet, l’étude de la Nature, discipline essentielle pour comprendre l’Art Hermétique, comprend celle des prin­ cipes du jardinage, de l’agriculture et de la forêt qui per­ mettront de découvir de nombreuses et précieuses analo­ gies. Maier invoque l’interprétation hermétique de mythes tels que celui du mûrier coloré par le sang de Pyrame et de Thisbé, la signification ésotérique du blé et du pain, des vignes et du vin, ce dernier étant bien sûr lié au sang du Christ et à la Teinture Rouge. À propos des forêts, la question est posée : Pourquoi la Toison d’Or fut-elle suspendue par Aetes, fils du Soleil, dans le bois de Mars? La Toison d’Or est, bien sûr, la Pierre Philosophale acquise après bien des luttes et des difficultés au cours desquelles Arès doit triompher du Bélier; autrement dit, le Sujet des Sages (Arès le Bélier) est dissous conjointement avec l’agent martial (Arès ou Mars) qui produit le Principe de Fixité. 288 Le cinquième jour, l’entretien porte sur le règne animal. Tous les animaux de cet Emblème appartiennent au symbolisme du bestiaire hermétique. Dans l’air se trou­ vent l’Aigle volatil ou Vautour, le corbeau de Nigredo ou Noirceur, la Chouette Grise, le Paon et le Perroquet aux couleurs variées, le Cygne Blanc et le Phénix Rouge que nous avons déjà souvent rencontrés. Les eaux contien­ nent des monstres évoquant le tumulte de la Dissolution, le Rémora et le Dauphin qui sont les Emblèmes du Sou­ fre. Sur le sol se trouve le Chat dont les moustaches évo­ quent le pouvoir réceptif de la Matière cristalline. 289 Un Philosophe dont la noble contenance évoque celle d’Hermès calcule les proportions requises pour l’Œ uvre. Son Sujet est le Globe terrestre, son assistante la Mort armée de la lampe du Feu secret, car il faudra en tout premier lieu dissoudre la terre en eau. La pré­ sence du navire suggère l’invisible intervention du Rémora, ce petit poisson dont la légende disait qu’il était capable de stopper les navires en pleine course, ce qui se traduit hermétiquement par la première manifestation du soufre, grain de fixité au milieu de la mer mercurielle qui finira par la coaguler entièrement.

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D aniel

M ylius

Philosophia reformata, 1622

Ioannis Danielis M ylii T. & Med. Candidati Wetterani Hassi Philosophia reformata continens libros binos. I. Liber in septem partes divisus est. Pars 1. agit de generatione metallorum in visceribus terrae. 2. tractat principia artis philosophicae. 3. docet de scientia Divina abbreviata. 4. enarrat 12. gradfus] sapientufm] philosophforum]. 5. declarat Am bfigua] in hac Divina scientia. 6. dicit de Recapitulatione]Artis Divinae Theori[ca]. 7. ait de Artis Divinae Recapitulatione] Praticca. II. Liber continet authoritates Philoso­ phorum. Francofurti apud Lucam Iennis, Anno M .D C .X X II. De Johann Daniel Mylius, Candidat au Doctorat de Théologie et de M éde­ cine, de Wetter, dans la Hesse : Philosophie réformée, contenant deux livres. Le premier est divisé en sept parties. La première traite de la génération des métaux dans les entrailles de la terre. La deuxième expose les principes de l’art philosophique. La troisième enseigne un abrégé de la science Divine. La quatrième énumère les douze degrés de la sagesse des philosophes. La cinquième signale les Points Ambigus dans cette science Divine. La sixième parle de la Récapitulation Pratique de l’Art Divin. Le second livre contient les autorités des Philosophes. Francfort, chez Lucas Jennis, 1622. La Philosophia Reformata, avec ses remar­ quables emblèmes gravés par Balthazar ou Baltzer Schwan (citoyen de Francfort qui mourut en 1624), est le chef-d’œuvre de J.D. Mylius. Ses emblèmes furent réutili­ sés par Daniel Stoicius dans ses anthologies,

Viridarium chemicum (1624) et Chymisches Lustgàrtlein (1627), publiées toutes deux à Francfort par Lucas Jennis. Leur inspira­ tion iconographique doit beaucoup à Michael Maier.

Philosophia reformata ■ 167

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PHILOSOPHIA REFORMATA C anrinens libros binos. I Liber in feptem partes diuifm efh Tais x. agit de generatione metallorum iit vifccribus terras, a. tradat principia artis phiIofophics&, î . docet de fcientia Diuina abbreuiata, 4. enarratu, grad.iàpientû philofoph. 5 declarat Amb.in hac Oiuinafcientia» 6- dicit de Recap.Artis DiuinxTheorL 7. ait.de ArtisDiuins Recap. Praftica»

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290 Sept des dix médaillons sur la page de titre gravée s’inspirent des Emblèmes (XVI, XXI, XXV, XXVI, XLV, XLVI) de l ’Atalanta Fugiens de Maier. Le lecteur pourra découvrir des analogies picturales avec les trois autres, ailleurs dans ce livre. 291 (Voir le second Emblème d'Atalanta Fugiens) L’Enfant de la Philosophie est nourri du Lait (Mercure) de la Terre du Sage. 292 Les Quatre Eléments et les phases correspondan­ tes de l’Œuvre : de gauche à droite Terre, Eau, Air et Feu. 293 Soleil et Lune avec les quatre phases principales de l’Œ uvre : Corbeau (Nigredo), Paon (la Queue du Paon), Cygne (Albedo) et Roi Rouge (Rougeur parfaite = Fixité). Le Serpent tricéphale rappelle que le Grand Œ uvre se divise en trois parties. 294 Mars dardant la flèche du Feu Secret sur le Dra­ gon volatil, sujet de l’Art. Le Lion Fixe se repose tran­ quillement au-dessus. 295 Inspiré par la douzième Clef de Basile Valentin. Le Feu Secret réduit les Corps à leurs Premiers Principes sans détruire leurs vertus séminales et génératrices. La Calcination Philosophique est une Fixation du vif au Volatil, c’est pourquoi le Lion dévore le Serpent. 296 L ’objet de cette solution est l’obtention du soufre (l’homme igné), âme cachée du métal dissous. Cette opé­ ration pourra s’effectuer grâce à l’action combinée du Lion Vert (issu de Notre Dame) et du Feu Secret. 297 Voir le commentaire de la Seconde Clef de Basile Valentin (96). Les Principes opposés sont réconciliés en la personne du Mercure Philosophique (ou Double). 298 Voir la Sixième Clef de Basile Valentin (100). Con­ jonction : le Médiateur unit les Principes Opposés. La Conjonction Philosophique est montrée ici sous toutes ses formes. Remarquez la tête de Janus du Feu Secret, et l’action du Trident de Neptune (l’Eau des Philosophes) qui en nettoyant la noirceur du Nigredo fait apparaître la gamme variée des couleurs de l’Arc-en-Ciel ou de la Queue du Paon annonçant la Lumière.

301 La Congélation est la réconciliation du Fixe et du Volatil provoquée par le Médiateur possédant les deux natures. 302 La Cibation est l’allaitement de l’Enfant Philoso­ phique par le Lait Virginal (Lac Virginis) extrait de la Matière des Sages. 303 La Sublimation est la purification de la Matière au moyen de la Dissolution. Cette opération est répétée plu­ sieurs fois, c’est pourquoi Saturne est sur le point de cou­ per l’unique tige portant l’Étoile, la Lune et le Soleil (qui sont le Premier, le Second et le Troisième Œuvre). 304 Fermentation : Le Philosophe sème son or (c’est-àdire sa Vertu Tingente) dans la Terre d’Hermès, qui est la matière dépouillée de toutes ses superfluités, tandis que l’Ange de la Révélation souffle dans la trompette de la résurrection. Voir la troisième Clef de Basile Valentin (97), l’Emblème VI d'Atalanta fugiens (35), Jean 12.24-25 et I Corinthiens 15.36-38. 305 L ’Exaltation est la Perfection de la Pierre, dissoute et coagulée maintes fois dans son propre sang, le M er­ cure coulant de la tête unique du Lion bicorporé. 306 Multiplication : Chaque fois que la Pierre Fixée est redissoute dans le Mercure dont elle se nourrit, son poids, son volume et sa puissance augmentent. Théoriquement, chaque renaissance de la Pierre décuple son pouvoir. 307 Naissance de la Quintessence des Éléments. 308 À l’intérieur de la Terre, les sept dieux planétaires incarnant les sept métaux et les Quatre Feux de l’Œ uvre (voir Atalanta fugiens, Emblème XVII, 46). 309 Inspirée par les Emblèmes XXI et XLV à’Atalanta fugiens (50, 74), cette figure représente la quadrature alchi­ mique du Cercle dans le microcosme de l’Œ uvre. 310 Sans le secours du Volatil, le Fixe n’est jamais su­ blimé; tandis que le Volatil en devenant Fixe résiste de plus en plus à la tyrannie du Feu Extérieur.

299 Putréfaction, Mort, Caput corvi (Tête de Corbeau), Nigredo, sont les noms de l’opération durant laquelle les Purs Esprits sont séparés des scories.

311 Toute fixation du Volatil symbolisée ici par la jeune fugitive attrapée par le monstre sera suivie d’une volati­ lisation du Fixe.

300 Le premier grade de l’Œ uvre débute avec le Bélier, le second avec le Cancer, le troisième avec la Balance, tandis que le quatrième grade qui commence avec le Capricorne, constitue l’hiver de l’Œ uvre et symbolise la Putréfaction à la fin du premier Œ uvre et la fermenta­ tion à la fin du troisième.

312 Voir Atalanta fugiens, Emblème III (32). Le Sujet est purgé de ses impuretés par une lessive de feu.

l 8 0 • JO H A N N D A N IE L M YLIUS

313 Voir Atalanta fugiens, Emblème XVI (45). Lion et Lionne (Principes Fixe et Volatil) s’affrontent vio­ lemment.

314 Jusqu’à la mort des deux adversaires, il ne saurait y avoir d’union durable entre le Roi et la Reine. 315 La longue Coction requiert de la part de l’Artiste une bonne dose de patience. 316 Le Fixe et le Volatil sont résolus par une triple opération. 317 Voir Atalanta fugiens, Emblème XXXV (64). Cérès, mère nourricière de l’Enfant Philosophique, le nourrit. Mars, dont l’importance primordiale ne saurait être négli­ gée, les contemple. Métal et Sujet sont en présence l’un de l’autre. Les enfants (Apollon et Diane) représentent la seconde conjonction de laquelle naît Mercure, l’Enfant Philosophique, future Pierre Philosophale. 318 La Première Perfection permet à la Reine d’aider les pauvres. 319 Des Eaux de ces deux fontaines on en fait une seule qui est la Fontaine de Vie (voir Emblème XL d’Atalanta fugiens, 69). 320 L ’union durable du Roi et de la Reine dépend de la Parfaite Solution. 321 La purification par le feu est nécessaire pour enle­ ver toutes les impuretés hétérogènes. 322 Putrifiés, les Corps sont lentement dissous dans l’eau du Bain. 323 Maintenant, dans le lit de l’amour, la Reine com­ mence à convertir le Roi en sa propre nature (volatile). 324 À l’intérieur du cercueil de cristal (vaisseau de l’Art) le règne de la mort (Putrefactio) a commencé. Vulcain est toujours représenté unijambiste car dans cet Œ uvre, son seul Feu ne suffit pas. 325 Les Corps sont passifs tandis que s’envolent leurs Esprits libérés. 326 Les Esprits se transforment en pluie céleste ou rosée, arrosant les corps desséchés fondus dans l’unité de l’Hermaphrodite ou Rebis (Res bina, Chose double). 327 Les amants sont couchés dans le lit nuptial : la Tête de Corbeau (Caput corvi) doit être décapitée et le sujet de l’Art blanchi. 328 La Première Perfection Lunaire est obtenue au terme de la Putréfaction. 329 Fermentation. La Reine a communiqué sa nature volatile au Roi.

330 Maintenant, Diane Fixée décoche une flèche de feu sur le Soleil volatil, Soufre des Philosophes, et lui trans­ met la Parfaite Fixité. 331 Comme l’Hermaphrodite, Mercure possède une double nature, il est chaud et sec comme le Mâle alchi­ mique, et froid et humide comme la Femelle alchimique, c’est pourquoi il sert de médium pour toutes les transformations. 332 Toute chose fixe doit être rendue volatile et réci­ proquement toute chose volatile doit devenir fixe. 333 Nuit, orages et nuées dissimulent à la vue la nais­ sance des jumeaux hermétiques enfants de Latone et futurs parents de la Pierre Philosophale. 334 Exaltée ou multipliée par re-Dissolution dans son propre sang (Mercure), la Pierre Philosophale dans sa Per­ fection d’Or et d’Argent émerge du Puits de l’Alchimie. 335 Le Rebis concilie les principes Opposés, car la matière possède maintenant la double nature. 336 Voici le Dissolvant Universel, le Lion Vert, ou Mer­ cure des Sages, sans lequel rien ne peut être accompli. Les Sept étoiles représentent les sept dissolutions de l’Œ uvre. 337 L’Enfant Philosophique né pour surpasser ses deux parents, en puissance et en splendeur, s’accroche tout de même aux jupes de sa mère, révélant ainsi qu’il doit encore accroître sa force et sa Fixité. 338 Après la dernière épreuve de la Mort, voici la Résur­ rection du Roi sur lequel la Mort n ’a plus aucun pou­ voir; voici la Pierre Philosophale. 339 Cette image qui paraît à trois reprises dans la Phi­ losophia Reformata est utilisée comme page de titre (p. 365) de la seconde partie de l’Œ uvre (Liber secundus). Par ailleurs, la même gravure figure dans plusieurs autres traités et plus particulièrement sur le frontispice de Glo­ ria Mundi : alias Paradysi tabula..., imprimé dans l’édi­ tion de 1677 du Musaeum Hermeticum. Elle s’inspire de deux gravures sur bois (datées de 1605) qui figurent dans Azoth sive Aureliae occultae... en 1613. Dans l’Arbre de la Philosophie les étoiles représentent les cinq premiers degrés de la Perfection. Le sixième étant la Lune (Albedo) et le septième le Soleil Parfait. Ces sept opérations dans les médaillons autour de l’Arbre sont en contraste les unes par rapport aux autres, par exemple Putréfaction et Résur­ rection. De part et d’autre, le Roi et la Reine représen­ tent à la fois les Principes opposés et deux des Quatre Éléments : le Dragon symbolise la Terre, le Roi le Feu, la Reine l’Eau, et l’Aigle l’Air. En opposition, au pre­ mier plan les Alchimistes Senior et Adolphus discutent. Philosophia reformata ■ 181

340 Trois aspects de la Pierre : l’Enfant nu représente la Matière purifiée, le vieillard dans la sphère, la Mate­ ria Prima tandis que le personnage au triple visage symbo­ lise l’union des trois Principes, Mercure, Soufre et Sel. 341 Cet Emblème (équivalent symbolique de la Sirène) représente l’union du Soufre (notre Poisson) et du pre­ mier Mercure (la Femme), dont résulte le Mercure Philosophique. 342 La Fixation du Volatil (le Lion mordant l’Aigle) per­ met d’obtenir la Salamandre ou Soufre des Sages. 343 Voici la Quintessence Unique de la Pierre Philoso­ phale issue du Chaos des Sages. 344 La Dissolution, dont le résultat est la Noirceur, est celle des sept opérations qui requiert le plus de patience. 345 Voici le Roi qui en pouvoir, en puissance et en splendeur surpasse ses parents, qui sont Soleil et Lune. 346 La Sublimation du Roi doit être répétée dix fois afin que la Pierre puisse exercer les pleins pouvoirs.

182 • m y l i u s Philosophia

347 Encore un autre Emblème traitant de la Mort ou Dissolution, de la Putréfaction qui s’ensuit, laquelle per­ met l’envol des Esprits. 348 Se désignant elle-même de telle sorte que le specta­ teur ne la confonde pas avec le Roi, la Blanche Reine d’Argent peut élever à sa condition les cinq métaux inférieurs. 349 Maniant le sceau de Salomon composé des trian­ gles entrecroisés du feu A et de l’eau V, le Roi incarne la Pierre Philosophale dans toute sa majesté. Elle est capa­ ble de guérir toutes les infirmités et d’élever les six autres métaux à son rang d’or. 350 Une seule substance, la Pierre des Philosophes, pré­ sente le signe d’une étoile à six branches. 351 Ici se trouvent les composants du Feu Secret : l’Eau ignée et le Feu aqueux qui, attisé par le Feu élémentaire ordinaire, provoque l’envol des Oiseaux, c’est-à-dire la Sublimation.

M usaeum H erm eticum , 1625 Musaeum hermeticum, omnes sopho-spagyricae artis discipulos fidelissime erudiens, quo pacto summa illa veraque Medicina, quo res omnes, qualemcumque defectum patientes, instaurari possunt (quae alias Benedictus Lapis Sapientum appellatur) inveniri ac haberi queat. Continens Tractatus-chymicos novem praestantissimos quorum nomina & seriem versa pagella indicabit. In gratiam filiorum doctrinae, quibus Germanicum Idioma ignotum, in Lati­ num conversum ac juris publici factum. Francofurti, Sumptibus Lucae Jennisii. Anno M .D C .X X V . Le Musée hermétique, instruisant très fidèlement tous les élèves de l’art philosophique et spagyrique, et grâce auquel on peut découvrir et posséder la Médecine suprême et vraie qui permet de rétablir l’intégrité de tout ce qui souffre de quelque déficience (c’est ce qu’on appelle aussi la Pierre Bénie des Sages). Contient neuf Traités chimiques très remarquables dont la page suivante indiquera le nom et la succession. Traduit du Latin et placé dans le domaine public pour obliger les fils du savoir qui ignorent la Langue Allemande. Francfort, aux frais de Lucas Jennis, 1625. L ’édition originale du Musaeum Hermeticum contient en fait les dix traités suivants : 1. Tractatus Aureus de Lapide Philoso­ phico. 2. Henricus Madathanus, Aureum Seculum Redivivum. 3. Hydrolithus Sophicus seu Aquarium sapientum. 4. Johannes de Mehung, Demonstratio Naturae. 5. Nicolas Flamel, Summarium Philoso­ phicum. 6. Via Veritatis Unicae. 7. Gloria Mundi. 8. Tractatus de Generatione Metallorum. 9. Liber cuius nomen Alze. 10. Lambsprinck, De lapide Philosophorum Figurae et Emblemata. La seconde édition revue, corrigée et amplifiée fut publiée en 1677 à Francfort par Herman Van de Sande, intitulée Musaeum Hermeticum Reformatum et Amplificatum, elle contient en plus des titres déjà cités : 11. Michael Maier, Tripus Aureus. 12. Michael Sendivogius, Novum Lumen Chemicum. 13. M ichael Sendivogius, Aenigma Philosophicum.

14. Michael Sendivogius, Dialogus Mercu­ rii Alchymistae et Naturae. 15. Michael Sendivogius, Novi Luminis Tractatus alter de sulphure. 16. Philalèthe, Introitus apertus ab occlusum Regis Palatium. 17. Michael Maier, Subtilis Allegoria Super Secreta Chymiae. 18. Philalèthe, Metallorum Metamorphosis. 19. Philalèthe, Brevis Manuductio ab Rubinum Coelestem. 20. Philalèthe, Fons Chymicae Veritatis. 21. Johannes Fridericus Helvetius, Vitulus Aureus quem mundus adorat et orat. 22. Janitor Pansophus, seu Figura Aenea quadri-partita cunctis Museum hoc introeun­ tibus, superiorum ac inferiorum scientam Mosaïco-Hermetica analytice exhibens. (Il s’agit dans ce dernier cas d’une reprise des planches exécutées par Merian pour YOpus Medico-Chymicum de Johann Daniel Mylius (voir p. 133). Originaire des Pays-Bas, Hermann Van de Sande fut actif à Francfort entre 1664 et 1688. Son fils Johann Maximilien lui suc­ céda. Ainsi, les membres de la famille Van de Sande furent, d’une manière beaucoup plus modeste, les successeurs des De Bry à la fin du XVIIe siècle. Musaeum hermeticum - 1 8 3

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MUSÆUM HERMETICUM, O M N ES

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184 • Musaeum hermeticum

Musaeum hermeticum - 1 8 5

352 Le même frontispice, délicatement gravé par Matthâus Merian se trouve dans les deux éditions. Le médaillon central représente la Nature portant le symbole brillant de la Perfection alchimique et les fruits de l’abon­ dance. Des Alchimistes suivent ses traces; voir Atalanta fugiens, Emblème XLII (71). Sur les côtés, le Soleil, la Lune et les Éléments, Apollon et les Muses sont flanqués du Phénix, du Pélican, d’Athéna et de Mercure.

i86 • Musaeum hemeticum

353 En haut comme en bas, les quatre Éléments sont unis. A gauche A, le Feu, à droite l’Eau V. Au centre le Sceau de Salomon ou Étoile de David, qui est l’hié­ roglyphe de la Pierre Philosophale où tous les Éléments réconciliés sont en parfait équilibre. En dessous, Apol­ lon fait résonner la lyre de l’harmonie au milieu des Muses (au nombre de six, correspondant chacune à un métal et à une contrepartie céleste) assises autour de lui.

L ambsprinck De lapide philosophico, 1625

Lambsprinck nobilis Germani philosophi antiqui libellus De lapide philoso­ phico e germanico versu latine redditus per Nicolaum Bernaudum Delphinatem Medicum, huius scientiae studiosissimum. Francofurti, sumptibus Lucae Jennisi. Anno M .D C .X X V . Sur la pierre philosophale, petit livre de Lambsprinck, ancien philosophe et noble Allemand, traduit du vers allemand en vers latin par Nicolaus Barnaud du Dauphiné, médecin et très savant dans cette science. Francfort, aux frais de Lucas Jennis, 1625. Le De lapide philosophico de Lambsprinck est un ouvrage particulièrement remarqua­ ble pour la beauté de ses emblèmes, influen­ cés comme tant d’autres par Atalanta fugiens. Il parut encore la même année, 1625, dans une édition augmentée de la

Dyas Chimica Tripartita, de Lucas Jennis qui était le neveu par alliance de J.T. de Bry. Toutefois, la même traduction latine de l’original allemand avait déjà paru sans illus­ trations dans la Triga chemica publiée par N. Barnaud à Leyde en 1599.

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354 Page de titre. La tunique du Philosophe porte l’Aigle double de la Volatilité mercurielle, confirmée par le Coq au centre de l’écusson, car le Coq est l’oiseau de Mercure et le messager de la Lumière. A son ceinturon est suspendu un sabre dont le pommeau est une tête d’aigle (Fixation du Volatil, rehaussé par le fait que le sabre est rengainé dans son fourreau). Dans sa main l’adepte tient le double sceptre du Feu Secret. L ’Athanor (Fourneau du Philosophe) montre par sa triple struc­ ture au-dessus d’une seule arche que, si le Grand Œ uvre est singulier, il est cependant divisé en trois parties. Sur la coupole, flotte l’étendard de la victoire finale. Le Spi­ ritus Mundi ou Esprit Universel répand son influx céleste ignescent dont l’usage sépare l’alchimie de la chimie.

361 Voir Atalanta fugiens, Emblème XIV (43). Le par­ fait hiéroglyphe de la Materia Prima, ou Pierre des Phi­ losophes et leur Sujet est le Dragon car ses écailles, sa volatilité, sa nature venimeuse sont équivalentes à celle du Sujet minéral. À partir d’un poison virulent, la Pierre des Philosophes devient la Médecine et l’élixir des Sapients.

355 Le nom de l’auteur est un pseudonyme évident, sou­ ligné par les armoiries dessinées qui mettent en valeur le Bélier, Aries, sujet des Sages, le premier mois de l’Œ u ­ vre et la Toison d’Or dont seul l’Adepte pourra s’emparer.

363 C’est par une dissolution dans le Mercure Philoso­ phique que la Blancheur ou Albedo (Corps) est vaincue par la Rougeur (Esprit) de la Fixité Parfaite.

356 « La mer est le Corps, les deux poissons sont Esprit et Ame. » (Voir le détail d’Atalanta fugiens, Emblème XXII, 51). Une fois que les deux Pierres ou les deux Sub­ stances « qui tout en paraissant n’être qu’une sont en réa­ lité deux » sont faites une (par Dissolution dans leur Eau d’origine), la Mer des Sages est obtenue. Le symbolisme nautique apparaissant dans de nombreux Emblèmes her­ métiques renvoie au rude voyage du Grand Œ uvre sur les Eaux mercurielles vers les lointains rivages de Col­ chide et de la Toison d’Or. 357 La défaite du Dragon hiéroglyphe du noir minerai des Sages est la Dissolution suivie de la Putréfaction de la Pierre des Philosophes ou Materia Prima. L ’attitude martiale du chevalier (Arès plus fort qu’Ariès) doit per­ mettre de l’identifier. 358 Dans la Forêt de l’Œ uvre voici le Cerf Mercure philosophique, et la Licorne qui est le Soufre qu’il fau­ dra savoir unir. 359 Le Lion et la Lionne (voir le Frontispice d'Atalanta fugiens, 27) sont respectivement le Soufre Philosophique et le Mercure Philosophique; leur union produit la Pierre Philosophale. 360 Nous avons déjà cité le propos de Nicolas Flamel (voir Atalanta fugiens, emblème XL VII, 76) sur les deux adversaires qu’Avicenne nomme la chienne du Khorassan et le dogue arménien (et que Maier et Lambsprinck parmi d’autres appellent « le Loup et le Chien »). Ce sont les substances initiales dont l’une « Arès » est plus fort qu’Aries (Bélier) : cette indication précieuse signifie que si l’issue du combat est la mort des deux, les proportions convenables devront être fixées et respectées. (Voir Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales.)

362 Fixation du Volatil : voir Atalanta fugiens, Emblème VII (36). L ’Oiseau restant dans le nid empêche son conjoint de s’envoler : la Sublimation de « notre Mer­ cure » est répétée jusqu’à ce que le Feu ne puisse plus le faire fuir. Le Volatil est alors réellement fixé. L ’Escar­ got (contrairement au Volatil) est le symbole du Fixe.

364 Voici le Roi qu’Hermès appelle Seigneur des Forêts. D ’origine modeste, il a triomphé des difficultés de la Voie, et, avec le secours de l’Art, est parvenu au plus haut degré. Le Roi est la Pierre Philosophale et les sept marches con­ duisant à son trône sont les sept Opérations Alchimiques. 365 La Salamandre qui, selon les fables, vit dans le Feu, est l’hiéroglyphe parfait du Soufre, Feu ou Esprit. Le Sang du Feu est la Quintessence qui guérit tous les maux dans les trois Règnes. 366 Selon le texte, le Père, le Fils et le Guide ou Ange sont le Corps, l’Esprit et l’Ame. Cependant ce qu’exprime l’Emblème, c’est que le jeune prince possède la double nature royale, fixe et sèche de son père et celle humide et volatile de l’Ange ou Guide. 367 C ’est par la sublimation et la volatilisation que le Fils est amené sur la plus haute montagne où il reçoit les subtiles influences célestes et où il est purifié. C ’est la sublimation du Fixe. 368 Le Fils retourne vers le corps desséché, presque sans vie de son père qui 1’« absorbe avidement », selon l’axiome hermétique : tout sec boit avidement son humide. (Cet Emblème est en un sens comparable à celui de Saturne jardinier ; voir 92). L ’ombre dans la bouche béante du Roi annonce la Nuit du Nigredo. 369 Le Roi, sous la poussée d’une forte fièvre (nouveau degré du feu) transpire énormément tandis que des cieux le dynamisme mystérieux céleste répand son indispensa­ ble influx. Par cette Imprégnation supplémentaire, le corps est dissous. 370 Enfin, les Trois Principes sont unis en un Tout puissant et indivisible : la Pierre Philosophale. D e lapide philosophico ■ 197

Johann

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Anatomia Auri, 1628 Joannis Danielis Mylh, Philosophiae & Medicinae Doctoris, Anatomia Auri, sive Tyrocinium medico-chymicum, continens in se partes quinque : quarum I. Tradit concordandam & harmoniam solis coelestis cum auro terrestri : item Auri definitionem & confusam multorum physicorum de auro opinio­ nem; II. Agit de medicinis aureis & receptis antiquorum ac recentium medi­ corum, aurum ingredientibus, tam in simplici, quam preparata forma; III. Tractat de auri potabilis preparatione tam vulgari, quam philosophica; IV. Exhibet usum medicinalem auri potabilis tam communis, quam veri & phi­ losophici; V. Demonstrat ideam Lapidis philosophici in duodecim figuris. Francofurti, Sumptibus Lucae Iennisi Bibliop. Anno M .D C .X X V III. De Johann Daniel Mylius, Docteur en Philosophie et Médecine, Anatomie de l’or, ou Essai médico-chimique, contenant cinq parties : la première expose la concordance et l’harmonie du soleil céleste avec l’or terrestre, ainsi que la définition de l’Or et l’opinion confuse de nombreux physiciens concer­ nant l’or; la deuxième traite des médecines d ’or et des recettes des méde­ cins anciens et modernes contenant de l’or, tant sous forme simple que sous forme préparée; la troisième étudie la préparation de l’or potable tant vul­ gaire que philosophique; la quatrième montre l’usage médical de l’or pota­ ble aussi bien commun que vrai et philosophique; la cinquième décrit l’image de la Pierre philosophale en douze figures. Francfort, aux frais de Lucas Jennis, libraire, 1628. L'Anatomia auri fut l’avant-dernière publi­ cation de Mylius la dernière étant la Pharmacopoea spagyrico-Medica sive Practica Galeno Chymica arcana et Universalis Franc­

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fort, 1628-29 à laquelle on pourrait ajouter l’index de 1'Opus Medico-Chymicum qui ne parut qu’en 1630.

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