L’abbaye de Marchiennes milieu VIIe - début XIIIe siècle: Du monastère familial à l'abbaye bénédictine d’hommes : histoire et chartes 9782503594729, 2503594727

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L’abbaye de Marchiennes milieu VIIe - début XIIIe siècle: Du monastère familial à l'abbaye bénédictine d’hommes : histoire et chartes
 9782503594729, 2503594727

Table of contents :
Avant-propos
Liste des sigles et titres abrégés
Bibliographie
Sources manuscrites
Sources imprimées et littérature
Bases de données
Iconographie
Première partie: L’abbaye de Marchiennes des origines (milieu viie) au début xiiie siècle
Le temps du monastère double (milieu viie-xie siècle)
La fondation du monastère : le délicat décryptage des sources
La mainmise carolingienne sur le monastère
Un obscur xe siècle
D’une réforme à l’autre (xie siècle – première moitié du xiie siècle)
La réforme de Richard de Saint-Vanne et ses effets à Marchiennes (1024)
Une abbaye menacée de disparition : l’abbatiat de Fulcard (1103-1115)
L’intervention de l’abbaye d’Anchin dans la réforme marchiennoise (1116-1141)
Le temps de l’épanouissement (seconde moitié du xiie siècle)
La communauté monastique : composition et organisation
Stabilisation et évaluation du temporel de l’abbaye
Les manifestations du dynamisme
Conclusion
Deuxième partie: Les chartes de l’abbaye de Marchiennes
Présentation du chartrier de l’abbaye de Marchiennes
Classement chronologique
Classement par type de document
Classement par auteur
Les cartulaires de Marchiennes
Règles d’édition
Édition des chartes
Annexes
Annexe 1 : Liste abbatiale
Abbés et abbesses jusqu’à la réforme de 1024
Abbés depuis la réforme de 1024
Annexe 2 : Le lignage seigneurial des Landas
Annexe 3 : Les cours de l’abbaye de Marchiennes au xiie siècle
Annexe 4 : Les consécrations d’autels et reliques à l’abbaye de Marchiennes
Index des chartes
Table des matières
Liste des tableaux et graphiques
1. Réseau de parenté possible d’Adalbald et de Rictrude
2. Le contrôle de Charles le Chauve sur les abbayes septentrionales
3. Les offices et officiers monastiques au xiie siècle
4. Origine et fonctions des abbés de Marchiennes avant leur élection
5. Les autels détenus par les abbayes de la vallée de la Scarpe
6. Notices de consécration d’autels à Marchiennes
7. Le cycle liturgique de Marchiennes
8. Les reliques de Marchiennes135
9. Nombre de moines des abbayes de la Scarpe promus à un abbatiat extérieur
Les monastères bénédictins du diocèse d’Arras aux xiie-xiiie siècles
10. Répartition des chartes selon la tradition
11. Répartition chronologique des chartes
12. Tableau de la tradition par tranches chronologiques
13. Répartition des chartes selon les abbatiats
14. Chartes rédigées à l’abbaye
15. Les chirographes
16. Répartition des chartes selon les auteurs
17. Originaux et leurs copies
Tableau 1 :
Tableau 2 : descendance d’Amauri V
Tableau 3 : descendance de Gérard I

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L’abbaye de Marchiennes milieu viie-début xiiie siècle

ARTEM Atelier de Recherches sur les Textes Médiévaux

Volume 32 La collection est publiée à Nancy par le Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (Université de Lorraine, EA 3945). L’accompagnement éditorial a été assuré par Sébastien Barret, Isabelle Guyot-Bachy et Timothy Salemme.

L’abbaye de Marchiennes milieu viie-début xiiie siècle Du monastère familial à l’abbaye bénédictine d’hommes : histoire et chartes

Jean-Pierre GERZAGUET

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© 2022, Brepols Publishers n. v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2022/0095/62 ISBN 978-2-503-59472-9 eISBN 978-2-503-59473-6 DOI 10.1484/M.ARTEM-EB.5.123563 ISSN 1782-0286 eISSN 2565-9278 Printed in the EU on acid-free paper.

Avant-propos

Sur les rives de la Scarpe, modeste affluent de l’Escaut, naissent successivement, dans le mouvement des fondations monastiques aristocratiques du viie siècle et sans grande précision chronologique, les abbayes d’Hamage (vers 620 ?), Elnone (vers 639 ?), qui prendra plus tard le nom de Saint-Amand, Marchiennes (vers 640 ?) et un peu plus tard Hasnon (vers 670 ?). Le renouveau monastique né au xie siècle se manifeste ici par la reprise en main de ces abbayes anciennes et par la création de l’abbaye d’Anchin (1079). Dans une réalité territoriale de forte présence monastique, nous voulons consacrer cette étude à l’abbaye de Marchiennes qui a certes bénéficié à ce jour, pour la période qui va de ses origines au xiiie siècle, de nombreuses études particulières, mais jamais n’ont été proposées ni une vision d’ensemble de son histoire ni une édition des chartes depuis sa fondation au milieu du viie siècle jusqu’au seuil du xiiie1. C’est cette lacune historiographique que, dans le cadre des études menées depuis de nombreuses années sur les abbayes de la vallée de la Scarpe, nous nous proposons de combler en mettant à la disposition des chercheurs quelque cent vingt actes concernant l’abbaye de Marchiennes jusqu’en 1200. Nous avons déjà souligné, à propos de travaux sur les abbayes d’Anchin et de Denain2, les insuffisances et les limites des éditions anciennes des chartes. Complètes ou partielles, souvent fautives et dotées d’apparat critique insuffisant, ces éditions méritoires et parfois calamiteuses ne correspondent évidemment plus aux exigences scientifiques actuelles. Un travail d’édition des chartes marchiennoises jusqu’aux années 1200 se justifie par leur intérêt propre mais ne saurait se limiter à une simple transcription suivie d’un index onomastique et toponymique. Chantier long et parfois fastidieux, même si 80% des chartes sont conservées aux archives départementales de Lille (fonds 10 H)3, le

1 La bibliographie permet de relever une trentaine de titres qui, sur des aspects précis, concernent directement l’abbaye. La seule vision d’ensemble est donnée par une monographie ancienne et de conception dépassée (L. Spriet, Histoire de Marchiennes, Orchies, 1898). La documentation sur cette abbaye (sources et travaux) établie par J. Becquet, Abbayes et prieurés de l’ancienne France. Recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes et prieurés de France, t. 15 : Province ecclésiastique de Cambrai. Diocèses actuels de Cambrai et Lille, Paris-Turnhout, 1994, p. 55-56, à jour à l’année de parution, doit être actualisée, notamment avec les travaux d’A . Taylor, J.-F. Nieus, K. Ugé, S. Vanderputten. La bibliographie citée dans cet ouvrage a été arrêtée en 2018. 2 J.-P Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin (1079-1201), Turnhout, 2005. p. 5-6 ; id., L’abbaye féminine de Denain des origines à la fin du xiiie siècle. Histoire et chartes, Turnhout, 2008. p. 6-8. 3 M. Bruchet, Répertoire numérique. Série H. Tome I. Fonds bénédictins et cisterciens. 1 H à 35 H (Archives départementales du Nord), Lille, 1928, p. 184-221. Cette publication résulte de son colossal travail de mise en ordre, avec les rectifications des erreurs commises par ses prédécesseurs, suivi de la rédaction de

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reste se trouvant à Bruges, Douai, Londres et Paris. Face à ce fonds marchiennois copieux, il a fallu déterminer les limites chronologiques. Le point de départ, avec la fondation de l’abbaye vers 640, s’impose ; le terme correspond au transfert de l’abbé Milon en 1204 à Saint-Martin de Tournai C’est un repère commode qui permet à ce travail de conserver une dimension acceptable car une prolongation sur le xiiie siècle avec une véritable inflation documentaire aurait sensiblement accru le temps nécessaire à préparer l’édition4. Cependant, une telle tâche nécessite, pour conduire la critique des documents, de détecter les faux et débusquer les interpolations, de mettre en perspective et en cohérence ces actes de la pratique. Aussi l’édition des chartes que nous proposons ici est-elle précédée d’une étude présentant l’évolution de cette abbaye depuis ses origines jusqu’à la fin du xiie siècle. Écrire une histoire d’une communauté religieuse constitue toujours un double défi car il faut à la fois s’approprier avec esprit critique les études d’éminents prédécesseurs et reprendre dans sa totalité l’ensemble des sources documentaires. Or, dans le cas de l’abbaye de Marchiennes, nombreuses sont les savantes études, privilégiant un aspect spirituel, économique ou diplomatique, fondées sur la richesse des sources conservées : chartes, cartulaires, récits hagiographiques, nécrologes. Mais paradoxalement, cette abondance, qu’elle soit de première ou de seconde main, n’a jamais donné lieu à une vision d’ensemble de l’histoire de cette abbaye. Afin de fixer les idées, dégageons donc à grands traits les trois étapes majeures de cette histoire marchiennoise. Du viie au xe siècle, c’est le temps où coexistent une communauté de femmes et une autre d’hommes, constituant ce que les historiens ont appelé d’une expression ambiguë : monastère double. Pour saisir des éléments de cette situation, il faut mobiliser les sources narratives dont on sait les difficultés d’interprétation et solliciter les rares chartes. À partir de là, on peut esquisser le contexte de fondation et présenter les fondateurs, percevoir la mainmise carolingienne sur le monastère et admettre que le xe siècle reste globalement obscur. L’abbaye de Marchiennes appartient à cette nébuleuse monastique née au viie siècle le long de la Scarpe, rivière que le chanoine Platelle a qualifiée de « boulevard des moines ». S’il est possible de reconstituer la trame générale de l’histoire de l’abbaye, bien des éléments chronologiques restent hypothétiques ou imprécis, notamment pour la période qui va de la fondation vers 640 à 1024. Marchiennes, comme Hamage, Saint-Amand et



fiches transcrites selon un double système de regroupement par fonds et par classement chronologique indépendamment des fonds, et des inventaires réalisés sur registres manuscrits toujours consultables aux archives départementales du Nord, tout ceci permettant l’édition du répertoire cité. Sur cet archiviste exemplaire, voir les notices qui retracent en deux parties l’action de Bruchet par H. Courteault, « Notice biographique sur Max Bruchet, Archiviste de la Haute Savoie, Archiviste en Chef du Nord (1868-1929) », Revue du Nord, 16 (1930), p. 161-198 et « Max Bruchet », Bibliothèque de l’école des chartes, 91 (1930), p. 391-394. 4 Des recherches personnelles donnent pour le xiiie siècle 180 chartes jusque 1250 et 170 pour l’autre demi-siècle, soit un total de 350 chartes.

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Hasnon, appartient au mouvement de fondations mérovingiennes lié à l’influence d’Amand, le missionnaire des contrées septentrionales. Les origines de l’abbaye résultent de la convergence d’intérêts entre un clan aristocratique et le religieux venu d’Aquitaine. Le clan est représenté par Gertrude, fondatrice d’Hamage vers 620, et par son petit-fils Adalbald dont l’épouse Rictrude a permis, sur des terres venant de son mari assassiné vers 635, la création de Marchiennes. Des quatre enfants du couple, trois jouèrent un rôle dans la vie monastique locale ou régionale. Deux filles, Eusébie et Clotsinde, assurèrent chacune la direction des deux monastères familiaux (Hamage et Marchiennes) ; le fils Mauront fonda le monastère de Merville (Maurontis villa). À suivre les récits hagiographiques largement postérieurs et qui construisent une mythologie des origines, ces fondations résultent de l’influence d’Amand, fondateur de l’abbaye d’Elnone (Saint-Amand) à une dizaine de kilomètres en aval de Marchiennes, dont le rôle valorisé ou minoré est apprécié, entre le ixe et le xiie siècle, selon les intérêts respectifs des monastères de Marchiennes ou d’Elnone. L’apôtre du Nord aurait désigné Jonat, un disciple, pour diriger le groupe de religieux, et à l’arrivée de Rictrude aurait été ajouté un groupe de femmes. Toujours est-il que Marchiennes et Hamage constituent un complexe monastique familial où les deux communautés sont formées, et cela est attesté jusqu’à la fin du xe siècle, de « frères » et de « sœurs ». Chacune des deux abbayes est donc une abbaye « double » ou « mixte » pour user d’adjectifs ambigus qui traduisent de façon équivoque la réalité. En 1024, la situation a, semble-t-il, évolué vers une apparente clarification avec uniquement des religieuses à Marchiennes et quelques clercs à Hamage. Cette année-là, est prise une décision déterminante pour Marchiennes. L’abbaye, placée sous l’autorité de l’abbé de Saint-Vaast Léduin qui chasse les religieuses, devient une communauté masculine pratiquant la règle bénédictine. C’est sans doute à cette époque que l’abbaye d’Hamage devient un prieuré soumis à Marchiennes. L’expulsion des moniales, dans la troisième décennie du xie siècle, clôt ainsi la première phase. Les évènements de 1024 consacrent la disparition de l’ancienne structure religieuse féminine et fondent un nouvel établissement exclusivement masculin. De 1024 jusqu’à la première moitié du xiie siècle souffle sur l’abbaye, non sans à-coups et à l’image de ce qui se produit dans bon nombre de monastères, un esprit de réforme. D’abord, celle inspirée des principes de Richard de Saint-Vanne et conduite à Marchiennes comme ailleurs par les moines de Saint-Vaast. Entre cette transformation radicale et la première décennie du xiie siècle, l’évolution de Marchiennes et d’Hamage s’inscrit dans le cadre de la mise en place du régime seigneurial avec des conflits chroniques qui opposent les moines aux avoués et aux maires. Difficile de faire la part entre les ambitions de ces laïques qui cherchent à étendre leur domination et la volonté des religieux d’accroître leur emprise foncière. Les sources majoritairement hagiographiques pointent d’un doigt accusateur les turbulents laïques et justifient pleinement l’attitude des religieux. Spoliations et coups de force forment le quotidien des moines soutenus par les interventions miraculeuses de Rictrude promue fondatrice et protectrice. Or, un document récemment édité, une liste de livres de la bibliothèque monastique datée du milieu du xie siècle, montre qu’au-delà des conflits fonciers se construit une mémoire monastique et se met en

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place une profonde spiritualité bénédictine5. Cette rénovation fut momentanément stoppée par l’abbatiat calamiteux de Fulcard (1103-1115) qui mit en péril l’existence de l’abbaye pendant une douzaine d’années et dont la gestion catastrophique est abondamment relatée dans les récits de miracles. Sujet d’une véritable légende noire qui n’est pas sans fondement, cet abbé concentre en lui à la fois les ambitions de son lignage, les sires de Landas, et l’opposition aux principes grégoriens que l’évêque d’Arras Lambert s’emploie à imposer. Les péripéties de l’abbatiat de Fulcard reflètent tous les enjeux liés aux nouvelles conceptions et pratiques ecclésiastiques qui se diffusent dans le diocèse. La démission de Fulcard, obtenue difficilement, et l’arrivée comme abbé du prieur d’Anchin Amand de Castello (1116-1136) ouvrent une ère nouvelle pour l’abbaye, véritable sauvetage opéré par la jeune et dynamique abbaye d’Anchin qui permet à Marchiennes de s’affirmer comme un des pôles religieux de la vallée de la Scarpe. La remise en ordre matérielle s’appuie d’abord sur un inventaire des biens, l’Histoire-polyptyque rédigée vers 1120, puis sur des acquisitions confortées par des confirmations des autorités épiscopales, comtales et pontificales ; la restauration spirituelle se construit par l’adoption des pratiques clunisiennes, apportées de l’abbaye d’Anchin où l’abbé Amand avait été prieur, introduites sans doute graduellement puis adoptées officiellement en 1131. Si cet abbatiat est toujours présenté comme un temps de gloire, les difficiles successions abbatiales entre 1141 et 1148 révèlent non seulement des tensions internes mais surtout le refus des moines de Marchiennes de passer sous le contrôle de l’abbaye voisine, l’envahissante abbaye d’Anchin, ou plutôt sous celui de son autoritaire ex-abbé, Alvise, qui est devenu évêque d’Arras en 1131 et qui veut dicter le choix des abbés. La seconde moitié du xiie siècle est plus calme en dépit de nouvelles tensions violentes avec les avoués dans les années 1160. L’abbé Hugues (1148-1158), qui fut considéré comme un saint, ramène la sérénité et l’essentiel de la vie de l’abbaye est concentré sur la construction de l’abbatiale inaugurée en 1177, preuve de ressources suffisantes et régulières. Le dynamisme du monastère se traduit alors par l’apogée des effectifs, par un temporel consolidé, par la constitution d’un réseau d’associations spirituelles et par une production remarquable de manuscrits enluminés et d’œuvres originales. Les quatre dernières décennies du xiie siècle sont dominées par la figure d’André de Marchiennes, prieur et auteur prolifique, incarnant la dimension intellectuelle de l’abbaye. L’instabilité abbatiale au tournant des xiie et xiiie siècles met de nouveau en évidence les luttes pour le contrôle de l’abbaye, qui n’impliquent plus directement des potentats locaux mais qui s’inscrivent dans les incertitudes de la situation politique en Flandre liées à la succession du comte Philippe d’Alsace et aux progrès de l’influence capétienne. L’histoire de cette abbaye, de sa fondation à la fin du xiie siècle, repose donc sur l’exploitation d’un important fonds documentaire : les quelque 120 chartes éditées

5 S. Vanderputten, « Echoes of Benedictine Reform in an eleventh-century Booklist from Marchiennes », Scriptorium, 63 (2009), p. 79-88.

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ici qui, malgré leur nombre et leur richesse, ne peuvent cependant pas éclairer toutes les composantes de la vie au sein d’une abbaye. En effet, ces chartes de donations et de confirmations éclairent majoritairement, à quelques exceptions près, le temporel et permettent sa reconstitution. Aussi est-il nécessaire d’en compléter la lecture par la confrontation à d’autres documents et, en premier lieu, les sources narratives variées, copieuses et de qualité. D’abord viennent les annales du monastère qui comportent hélas une grave lacune pour la totalité du xiie siècle. Ensuite, les récits hagiographiques (Vitae, Miracula) de la fondatrice Rictrude et de sa fille Eusébie, largement amplifiés entre le premier récit de 907 et les compositions de la fin du xiie, sont de véritables gisements d’informations précieuses, une fois passés au crible de la critique6. Le nécrologe, quant à lui, permet d’approcher des aspects de la vie religieuse, de reconstituer la composition de la communauté et de mesurer l’attraction et le rayonnement de l’abbaye. Cette étude, destinée à situer l’abbaye dans son environnement et son évolution, établit les jalons indispensables à une lecture profitable des actes édités. Si l’ouvrage présenté ici est le résultat d’un patient travail personnel, il a reçu néanmoins les avis éclairés, les pertinents conseils, les remarques utiles et les indispensables corrections de Sébastien Barret (IRHT), Michèle Gaillard (Lille), Jean-François Nieus (Namur), Timothy Salemme (Luxembourg), Benoît-Michel Tock (Strasbourg) et Steven Vanderputten (Gand).

6 S. Vanderputten, Sociale perceptie en maatschappelijke positionering in de middeleeuwse monastieke historiografie (8ste-15de eeuw), Bruxelles (Algemeen Rijksarchief en Rijksarchief in de Provinciën, Studia 87), 2001, p. 201-205 et « Pourquoi les moines du Moyen Âge écrivaient-ils de l’histoire ? Une approche socio-constructiviste du problème », Studi Medievali, 42 (2001), p. 1-19.

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Liste des sigles et titres abrégés

ADN AGR AN AASS BHL BM BnF DHGE GC JL MGH SRM MGH SS NBW RHGF PL ThDipl VR

Archives départementales du Nord Archives générales du royaume (de Belgique) Archives nationales Acta sanctorum Bibliotheca hagiographica latina Bibliothèque municipale Bibliothèque nationale de France Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques Gallia Christiana Jaffe (Ph.), Loewenfeld (S.), Regesta pontificum Romanorum ab condita ecclesia ad annum post Christum 1198, 2 vol., Leipzig, 1885-1888. Monumenta Germaniae Historica, Scriptores rerum germanicarum Monumenta Germaniae Historica, Scriptores Nationaal Biografisch Woordenboek Recueil des historiens des Gaules et de la France Patrologia Latina Thesaurus Diplomaticus, Turnhout, 1997 Vita Rictrudis

Bibliographie

Sources manuscrites Amiens, Archives départementales 25 H 1 : copie du xviiie siècle de l’inventaire de 1489 des archives de l’abbaye de SaintRiquier (Stein 3551), papier, 228 folios. Amiens, Bibliothèque municipale ms. 499 : chroniques. Brevis chronica abbatum Marcianensium (fol. 123-134), xviie siècle, papier, 148 feuillets. Arras, Archives départementales 1 H 1 : copie du cartulaire de Guiman d’Arras, copie de 1590/1600 (Stein 208 bis), papier, 391 folios. 1 H 2 : cartulaire de Saint-Vaast, dit de Guiman, copie du xixe siècle (Stein 473), papier, 171 folios. ms. 9 J/AA : cartulaire dit « Guiman de l’évêché », copie du xviie siècle (Stein 208 bis), parchemin, 197 folios. Il appartient aux Archives diocésaines mais se trouve en dépôt aux Archives départementales. Arras, Bibliothèque municipale ms. 316 : extraits pour l’histoire ecclésiastique de l’Artois et de l’abbaye de Saint-Vaast. Copies de chartes faites au début du xviiie siècle par Dom Le Pez, 296 feuillets. ms. 964 : codex Lamberti et registrum Alexandri, copie de la fin du xiie siècle, parchemin, 92 folios. ms. 1051 : codex Lamberti, copie de 1690, parchemin, 113 folios. ms. 1062 : codex Lamberti, copie de la fin du xviie siècle, papier, 158 folios. ms. 1266 : cartulaire de l’abbaye Saint-Vaast, fin xiie siècle, parchemin, 58 folios. Boulogne-sur-mer, Bibliothèque municipale ms. 84 : Gesta Atrebatensium, copie de la fin du xie siècle, parchemin, 152 folios.

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Bruges, Archives de l’État Aanwinsten 3472 : cartulaire de la prévôté de Voormezele, xiie-xiiie siècle (Stein 4136), parchemin, 68 folios. Bruges, Archives de l’évêché C 215 : cartulaire de la prévôté de Voormezele, copie du xviie siècle, papier, 359 folios. C 219 : fonds Voormezele (originaux). Bruxelles, Archives générales du royaume ms. divers 5205 (ex 4516) : cartulaire de Marchiennes, copie du xviiie siècle (Stein 4387), papier, 110 folios. Bruxelles, Bibliothèque des Bollandistes ms. 506, folio 51vo (liste de codices, milieu xie siècle). Bruxelles, Bibliothèque royale ms. 7747 : Historia monastica de François de Bar, fin xvie siècle, papier, 673 folios. Cambrai, Bibliothèque municipale ms. 164 : Orationes plurime, benedictiones episcoporum, sacerdotum et alia plurima. CXIIII, codex du ixe siècle, parchemin, 245 folios. ms. 841 : diverses copies du xviiie siècle, papier, 192 p. Carpentras, Bibliothèque municipale ms. 1791 : Antiquitez françoises ou extrait de divers antiens historiens concernant l’histoire antienne de France, xviie siècle, papier, 622 feuillets. Douai, Bibliothèque municipale ms. 4 : Aggæus, Zacharias, Malachias, Job, Liber Psalmorum, Proverbia, Ecclesiastes, Canticum canticorum, Daniel, Paralipomenon, Esdras, Esther, Sapientia, codex du ixe siècle, parchemin, 109 folios. ms. 12 : Evangelia secundum Matthæum et Marcum, cum præfationibus et canone Evangelistarum, codex de la fin du viiie siècle, parchemin, 113 folios. ms. 13 : Quatuor Evangelia, cum præfationibus et canone Evangelistarum, codex du ixe siècle, parchemin, 136 folios (et non 13 comme souvent indiqué). ms. 14 : Actus Apostolorum, Apocalypsis, Job, Tobias, Judith, Esther, Machabæorum primus liber, codex du ixe siècle, parchemin, 160 folios.

SO U RCES

ms. 67 : Pontificale ad usum Ecclesiarum Anglicanarum, codex du xiie siècle, parchemin, 160 folios, 147 folios. ms. 75 : Proprium ad usum monasterii Marchianensis, codex de 1627, papier, 49 folios. Sur le premier et le dernier feuillet, notes chronologiques sur Adalbald et Rictrude. ms. 95 : Evangelia dominicarum et ferialum dierum, codex de la fin du xiie siècle, parchemin, 91 folios. Sur la page de garde, liste des confraternités de l’abbaye. ms. 117 : Antiphonale Romanorum cum cantu ad usum monasterii Marchianensis, codex du début du xvie siècle, parchemin, 346 folios. ms. 134 : Breviarium ad usum monasterii Marchianensis, codex de la fin du xiie siècle, parchemin, 237 folios. ms. 136 : Breviarium ad usum monasterii Marchianensis, codex de la fin du xiiie siècle, parchemin, 331 folios. ms. 170 : Psaltarium cum orationibus et quibusdam precibus, codex du ixe siècle, avec des ajouts du xe au xvie siècle, parchemin, 97 folios (litanies et hymnes à Rictrude et Eusébie ; annales de l’abbaye). ms. 255 : S. Augustini de Evangelio secundum Johannem Tractatus, codex de la fin du xe siècle ou début du xie, parchemin, 204 folios. ms. 288, t. 3 : Cassiani Collationes XXIV, codex du xiie siècle, parchemin, 106 folios (mention d’un acte sur la page de garde). ms. 300 : S. Gregorii Moralium in Job libri V, a XXXo usque ad XXXVum, codex du xie siècle, parchemin, 196 folios. ms. 301 : S. Gregorii Moralium in Job libri X priores, codex du xiie siècle, parchemin, 211 folios. ms. 302 : S. Gregorii Moralium in Job libri septem, a vigesimo tertio, usque ad XXXum, codex du xiie siècle, parchemin, 173 folios. ms. 303 : S. Gregorii Moralium libri XII, ab XIo usque ad XXIIIum, codex du xie siècle, parchemin, 109 folios. ms. 306 : Omeliæ B. Gregorii in Ezechiele XII, codex du xie siècle, parchemin, 94 folios. ms. 307 : Homeliæ B. Gregorii papæ pro toto anno, codex du xe siècle, parchemin, 193 folios. ms. 342 : Haymon. Expositio super Isaiam, codex du xe siècle, parchemin, 181 folios. ms. 343 : Haymon super omnes Pauli epistolas, codex du xie siècle, parchemin, 94 folios. ms. 344 : Haymo super epistolam ad Hebræos, codex du xie siècle, parchemin, 72 folios. ms. 347 : Expositio epistolarum Pauli apostoli, super illam ad Romanos et primam ad Corinthios, collecta a Floro, vel sicut a quibusdam videtur, a Beda, ex libris beati Augustini, codex de 1153, parchemin, 185 folios. ms. 349 : Paschasii Rathberti liber de corpore et sanguine Domini, codex du début xiie siècle, parchemin, 95 folios. ms. 362, t. 2 : Hugonis de S. Victore liber secundus de sacramentis, codex du xiie siècle, parchemin, 139 folios. Deux copies de bulles d’Innocent II (1141). ms. 494 : Lectiones Evangelii, codex du xie siècle, parchemin, 150 folios. ms. 540 : Constitutiones Marchianenses ad normam regulae divi Benedicti, codex du xiie siècle avec additions, parchemin, 112 folios. Copie d’une notice de redevances de 1200-1201. ms. 541 : Ordinarium Aquicinctenses, codex du xiiie siècle, parchemin, 140 folios. ms. 795 : Annales ex diversis chronicis collectæ a quodam monacho S. Vedasti Atrebatensis, codex du xie-xiie siècle, parchemin, 142 folios.

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ms. 798 : Chronicorum libri plures, codex du début du xive siècle, parchemin, 116 folios. On y trouve la Chronique de Sigebert de Gembloux et de ses continuateurs (fol. 48ro-86ro). ms. 820 : Historia monastica par François de Bar, fin xvie siècle, papier, 351 folios : De monasterio Marchianensi (fol. 53ro-74vo). ms. 832 : Tabula operis cum charta geographica Terrae sanctae, codex de la du fin xvie siècle, papier, 240 folios ; De S. Moronto et Amato (fol. 94ro-95ro), liste d’abbés, reliques, épitaphes (fol. 186ro-193ro). ms. 836 : Vitae et passiones sanctorum, codex de la fin du xiie siècle, parchemin, 233 folios avec la Vita Mauranti (fol. 72ro-vo) et la Vita Rictrudis (fol. 79ro-91vo). ms. 840 : Vitæ et passiones sanctorum, codex du xiie siècle, parchemin, 224 folios (Vita Eusebiae, fol. 129vo-145ro). ms. 846 : Vitae et passiones sanctorum, codex de la fin du xiie siècle, parchemin, 171 folios avec la Vita Rictrudis (fol. 125vo-136vo), les Miracula Rictrudis (fol. 136ro-151vo), les Miracula Eusebiae (fol. 165ro-171vo). ms. 849 : Lectiones, codex de la fin du xe ou du début xie siècle, parchemin, 129 folios avec la Vita Eusebiae (fol. 31vo-43ro), la Vita Eusebiae carmine reddita (fol. 43ro-61ro), la Vita Jonati (fol. 61ro-68ro), la Vita Rictrudis (fol. 68vo-94ro), la Vita Rictrudis metrica (fol. 94ro-125ro). ms. 850 : Gualberti opera, codex du xiie siècle, 142 feuillets. Contient les Miracula Rictrudis par Galbert (fol. 1ro-86vo), Miracula Jonati (fol. 87ro-98vo), une lettre à Saswalon (fol. 99ro-102vo), un Chronicon (fol. 103ro-118vo), une liste de revenus (fol. 119ro), le Polyptycon (fol. 119ro-142vo). ms. 883 : Andreae Sylvii Marchianensis, Historia succincta de gestis et successione regum Francorum, codex du xive siècle, parchemin, 71 folios. ms. 888 : Martyrologium Usuardi, codex du xiie siècle, parchemin, 151 folios. Martyrologe et nécrologe de l’abbaye d’Anchin. Ce codex contient aussi les Annales Aquicinctini (10791279) (édit. MGH SS, t. 16, p. 503-506) et les Annales Aquicinenses (1149-1288) (édit. RHGF, t. 13, p. 278-282 ; t. 14, p. 40 ; t. 18, p. 534-554). ms. 889 : Martyrologium Usuardi, codex du xiiie siècle, parchemin, 113 folios. Martyrologe et nécrologe de l’abbaye de Marchiennes. ms. 890 : Piae confraternitates cenobii Marchianensis cum aliis monasterii, codex du xve siècle, parchemin, 139 feuillets. Nécrologe, consécrations d’autels, confraternités de l’abbaye. ms. 950, tome 10 : Généalogies nobiliaires par Ferdinand Malotau de Villerode (1682-1752). ms. 1109 : Répertoire des droicts, privilèges, cartulaires, chartes, codex du xviiie siècle, papier. Répertoire méthodique des archives de l’abbaye. Lille, Archives départementales du Nord B : Chambre des comptes. No 19466 : recueil sur le clergé des Pays Bas. Copies diverses du xvie-xviiie siècle, papier, 389 folios. 1 G : fonds du chapitre Saint-Amé de Douai. 3 G 3044 : copie du xviiie siècle : liste des abbés et notes historiques sur l’abbaye de Marchiennes (610-1754).

SO U RCES

4 G : fonds du chapitre métropolitain de Cambrai. 6 G : fonds du chapitre Sainte-Croix de Cambrai. 10 H : fonds de l’abbaye de Marchiennes (originaux). 10 H 320 : inventaire des archives de l’abbaye par Pierre Oculy (1494). 10 H 321 : inventaire des archives de l’abbaye (1533), 69 folios, dont les six premiers ne sont pas numérotés. Cet inventaire comporte les armoiries et la devise de l’abbé Jacques Coëne (1501-1542) et fut terminé en 1533. 10 H 322 : inventaire partiel des archives de l’abbaye (xviie siècle). 10 H 323 : cartulaire de l’abbaye de Marchiennes. Copie commencée au xiie siècle (vers 1170), complétée peu après le milieu du xiiie siècle, avec des additions jusqu’au début du xvie (Stein 2327), parchemin, 206 folios. 10 H 324 : table analytique du cartulaire précédent (xviiie siècle). 10 H 325 : cartulaire factice (Stein 2328), xviiie siècle, papier, 135 folios. 10 H 326 : Chronique de sainte Rictrude de Marchiennes, xve siècle. 10 H 327 : recueil de mélanges concernant l’histoire de l’abbaye de Marchiennes, 61 folios, xvie siècle, avec des annotations marginales des années 1630 par le prieur du lieu dom Adrien Pottier. 10 H 1248 : cartulaire de Vregny, xviiie siècle, papier (huit titres de 1172 à 1224 ; inconnu de Stein). 12 H 1 et 2 : cartulaires de l’abbaye de Saint-Amand. Copie de la fin du xiiie siècle, avec additions (Stein 3292), parchemin, 169 et 255 folios. 36 H : fonds de l’abbaye Saint-Aubert de Cambrai. 37 H : fonds de l’abbaye Notre-Dame de Cantimpré. 38 H : fonds de l’abbaye Saint-Calixte de Cysoing. 40 H : fonds de l’abbaye Saint-Jean-Baptiste de Valenciennes. 59 H : fonds de l’abbaye de Vicoigne. J 423 : documents entrés par voie extraordinaire (diplôme de Charles le Chauve de 877). Lille, Bibliothèque municipale ms. Godefroy 137 : recueil concernant les abbayes de Cysoing et de Loos, xviiie siècle, papier, 793 p. ms. Godefroy 231 : copies diverses de 1817. Londres, British Library Add. ms. 16611 : Liber privilegiorum sanctae Rictrudis Marchianensis. Cartulaire de Marchiennes du xive siècle (Stein 2331), parchemin, 188 folios. Add. ms. 32343 : Miscellaneous autographs. Recueil de pièces diverses dont un feuillet, copie du xiie-xiiie siècle, contenant une bulle de Calixte II.

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Mons, Archives de l’État Cartulaire no 12 : cartulaire de l’abbaye de Cysoing, 1517 (Stein 1114), parchemin, 260 folios. Paris, Archives Nationales K 1160 : cartons des Provinces (Flandre), no 21 (copies de 1608). Paris, Bibliothèque nationale de France Collection Duchesne, mss 22 et 66 : copies du xviie siècle. Collection Flandre, t. 192 (un original). Collection Moreau, t. 2, 11, 41, 47, 50, 51, 53, 54, 56, 58, 59, 62, 65, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 80, 81, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 90, 93, 96. Collection Picardie, t. 60. Lat. 9920 : cartulaire de Bourbourg, copie de 1250-1270 (Stein 575), parchemin, 64 folios. Lat. 9926 : cartulaire de Bourbourg, copie du xvie siècle (Stein 576), papier, 233 folios. Lat. 9930 : cartulaire du chapitre cathédral d’Arras dit « Livre Blanc », copie du xiiie siècle (Stein 214), parchemin, 87 folios. Lat. 11731 : recueil de chroniques par Martène et Durand, xviiie siècle, papier, 556 feuillets. Lat. 12658 : recueil de pièces sur l’histoire de divers monastères bénédictins formé aux xviie et xviiie siècles et intitulé Monasticon benedictinum, fol. 315-328. Lat. 12679 : recueil de pièces sur l’histoire de divers monastères bénédictins formé aux xviie et xviiie siècles et intitulé Monasticon benedictinum, fol. 395-409. Lat. 12827 : Historia rerum gestarum a pontificibus qui ecclesias Cameracensem simul et Atrebatensem annis circiter 562 rexerunt, vers 1587-1589, papier, 47 folios. Lat. 12890 : continuation de la chronique de Saint-Riquier par Victor Cotron (xviie siècle). Lat. 17709 : copies effectuées par Jean Bouhier dans la première moitié du xviie siècle. N. Aq. Fr. 7385 : Flandres. Copies du xviie siècle, papier, 289 folios. Extraits du cartulaire de Marchiennes. N. Aq. lat. 1204 : copie du cartulaire de Marchiennes (10 H 323) par U. Robert en 1872, papier, 566 pages. Tournai, Archives de la cathédrale Fonds du chapitre cathédral, Localités, Landas, VA 1/3. Valenciennes, Bibliothèque municipale ms. 114 : lectionnaire (été), codex du xiie siècle, parchemin, 176 folios. ms. 516 : recueil de vies de saints et de quelques traités de théologie, codex du xiie-xiiie siècle, parchemin, 182 folios.

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Bases de données Les bases de données consultées sont chacune un Work in Progress. Destinées par essence à évoluer, à s’amplifier et à s’enrichir, elles offrent un bouquet d’informations plus ou moins développées au moment de leur ultime consultation (janvier 2017). Artem (http://www.cn-telma.fr/originaux). Abbildungsverzeichnis der europäischen Kaiser-und Königsurkunden (http://www.hgw online.net/abbildungsverzeichnis/dka). Chartae Galliae (http://www.cn-telma.fr/chartae-galliae). Diplomata Belgica. Les sources diplomatiques des Pays-Bas méridionaux aux Moyen Âge. (http://diplomata-belgica.be). Institut de Recherche et d’Histoire des Textes. Cartul. Répertoire des cartulaires médiévaux et modernes (http://www.cn-telma.fr/cartlR). Thesaurus diplomaticus. Cédérom éditeur/producteur : Commission royale d’histoire, Comité national du Dictionnaire du latin médiéval, CETEDOC / Brepols publishers.

Iconographie Albums de Croy, sous la direction de Jean-Marie Duvosquel, Bruxelles-Lille, 1985-1991 : t. 4, Comté de Hainaut 1 ; t. 7, Comté de Hainaut 4 ; t. 12, Lille-Douai-Orchies 1 ; t. 13, LilleDouai-Orchies 2 ; t. 25, Fleuves et rivières 2. Baligand (Françoise), Donetzkoff (Alexis), Faries (Molly), La renaissance de Jan van Scorel : les retables de Marchiennes, Paris, 2011.

Première partie

L’abbaye de Marchiennes des origines (milieu viie) au début xiiie siècle

Dans toute étude historique, surtout quand elle porte sur le long terme, ici plus de cinq siècles, il s’impose de mettre en évidence des phases afin d’en dégager les traits spécifiques qui dominent et les tendances qui naissent, s’épanouissent et disparaissent. Dans l’évolution de l’abbaye de Marchiennes, en réalité une seule césure est véritablement nette, celle de 1024. Cette année-là, les moniales installées en ce lieu depuis les années 640 et auxquelles était adjointe une communauté d’hommes, sans doute pas plus de quelques clercs, sont expulsées et remplacées par des moines. Les siècles antérieurs à 1024, très faiblement documentés, présentent une évolution maintes fois constatée ailleurs. Le monastère patrimonial devint une abbaye royale qui passa, à un moment indéterminé au cours du xe siècle, sous le contrôle du comte de Flandre. À compter de 1024, avec son exclusivité masculine, la communauté monastique met en pratique, avec constance mais aussi avec des difficultés parfois sévères, les conceptions bénédictines telles qu’elles se propagent et se renouvellent aux xie et xiie siècles.

Chapitre 1

Le temps du monastère double (milieu viie-xie siècle)

La fondation du monastère : le délicat décryptage des sources Les origines de cette abbaye établie sur les bords de la Scarpe sont difficiles à éclairer malgré une paradoxale abondance de sources narratives imprécises et contradictoires qui nécessitent un méticuleux examen critique, et mais en raison aussi d’un affligeant désert de documents diplomatiques. Les difficultés d’exploitation des premières sont dues à leur postériorité chronologique plus ou moins importante par rapport aux faits et aux différences significatives sur les circonstances de fondation et le rôle attribué aux protagonistes, selon le contexte d’écriture ou de réécriture. Quant aux douze documents antérieurs à 1100, quatre sont des chartes authentiques, un est un diplôme falsifié, quatre sont faux et les trois derniers appartiennent au genre narratif avec toutes les réserves de crédibilité qui s’imposent1. Toutes les informations supplémentaires, notamment celles contenues dans les récits composés aux xie et xiie siècles, ne sont pas seulement des amplifications et une simple modernisation des textes. Ce sont aussi des œuvres de combat destinées à établir une mythologie de fondation centrée sur Rictrude et sa famille afin de justifier les luttes menées par les abbés pour récupérer terres et droits de la sainte élevée au rang de fondatrice et sans doute aussi pour débouter l’abbaye de Saint-Amand de tout droit de regard, d’intervention ou de contrôle. Pour éclairer les origines de l’abbaye, grande est donc la difficulté car les sources littéraires ne peuvent être confrontées ni avec des actes diplomatiques ni avec des fouilles archéologiques. Les deux pièces les plus anciennes du dossier affirment sans ambiguïté le rôle de l’évangélisateur Amand. À l’abbaye d’Elnone (Saint-Amand), l’écolâtre Milon, dans son complément à la Vita Amandi composé entre 850 et 872, donc postérieur de deux siècles, attribue la fondation de Marchiennes à l’apôtre du Nord de la France et de la Belgique2. La critique nécessite de tenir compte de la distance entre les faits 1 Sont des chartes authentiques les numéros 5, 6, 11, 12 ; charte falsifiée (no 4) ; faux (nos 3, 8, 9, 10) ; les trois autres documents (nos 1, 2, 7) sont des récits difficilement vérifiables. Voir les notes critiques de ces différents numéros. 2 Suppletio Milonis (MGH SRM, t. 5, éd. B. Krusch et W. Lewison, Hanovre-Leipzig, 1890, c. 1, p. 450) : Nam monasterium quod dicitur Blandinium, in castro Gandavo situm, aliudque quod vocatur Martianas necnon et illud cui ipse sanctus vir Lotosa nomen inposuit, seu Rotnace, quod est praefato pene contiguum, cellulamque quae noncupatur Barisiacus… Milon est mort en 872 (Cf. Ch. Mériaux, « Milon de Saint-Amand, un

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rapportés et leur mise par écrit3. En effet, dans le troisième quart du ixe siècle, Milon, dans son premier chapitre, énumère les monastères fondés par Amand : Saint-Pierreau-Mont-Blandin à Gand, Marchiennes, Leuze, Renaix, Barisis-au-Bois et Elnone. Nous tenons, avec cette affirmation, la première et donc la plus ancienne mention du monastère de Marchiennes. Cette idée d’une fondation par Amand est reprise en 907 par Hucbald, lui aussi écolâtre de Saint-Amand, dans la Vita Rictrudis4. Dans les deux cas, cette fondation est inscrite dans l’action missionnaire septentrionale d’Amand illustrée par la fondation d’Elnone où l’évangélisateur est enterré. La liste des fondations a été maintes fois soumise à la critique. Si le rôle d’Amand est assuré pour Gand et Barisis5, il n’en est pas de même pour les autres cas où l’affirmation de Milon constitue l’unique et le plus ancien témoignage6. Face à cette sèche mention, on ne peut que recourir à la Vita Rictrudis du moine lettré Hucbald qui, rappelons-le, lui est postérieure7. Cette Vita, sorte de noyau dur de la mythologie marchiennoise,



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moine historien au ixe siècle. », Mémoires du Cercle Archéologique et Historique de Valenciennes, 12 (2016), p. 51-66). Sur cette Suppletio, cf. É. de Moreau, Saint Amand apôtre de la Belgique et du nord de la France, Louvain, 1927, p. 52-62 ; id., Saint Amand le principal évangélisateur de la Belgique, Bruxelles, 1942 ; id., « La vita Amandi et les fondations de saint Amand », in Mélanges Peeters, I, Bruxelles, 1949, p. 447-464. Pour un bilan commode sur Amand, voir A. Dierkens, « Notes biographiques sur saint Amand, abbé d’Elnone et éphémère évêque de Maastricht († peu après 676) », in Saints d’Aquitaine. Missionnaires et pèlerins du haut Moyen Âge, éd. Ed. Bozoky, Rennes, 2010, p. 63-80. Pour reconstituer l’action d’Amand, il existe deux récits : l’un de la fin du viiie siècle, la Vita Amandi prima (BHL, no 332 ; MGH SRM, t. 5, op. cit., p. 395-428) ; l’autre, la Vita Amandi secunda (BHL, nos 339-343b ; MGH SRM, t. 5, op. cit., p. 450-485) est en réalité une documentation rassemblée par le moine Milon de Saint-Amand au milieu du ixe siècle. Une savante étude s’emploie à montrer l’existence d’une vie plus ancienne, dont dépendrait la Vita prima, et à réhabiliter un autre texte, la Vita Amandi (BHL, no 335 ; PL, t. 87, col. 1267-1272), généralement considéré comme tardif (G. Declercq et A. Verhulst, « L’action et le souvenir de saint Amand en Europe centrale, à propos de la découverte d’une Vita Amandi antiqua », in Aevum inter in utrumque, Mélanges offerts à G. Sanders, éd. R Demeleunaere et M. Van Uitfanghe, La Haye, 1991, p. 503-526. Le dossier hagiographique de Rictrude est particulièrement fourni (BHL, nos 7247 à 7252a ; J.-Cl. Poulin, « Les libelli dans l’édition hagiographique avant le xiie siècle », in Livrets, collections et textes : études sur la tradition hagiographique latine sous la direction de M. Heinzelmann, Thorbecke, 2006, p. 15-193, ici p. 91. Le texte de la Vita Rictrudis existe dans trois éditions distinctes présentant des variantes qui ne sont pas toutes mineures : AASS, Maii 3, p. 81-89 ; PL, t. 132, col. 829-848 ; Acta sanctorum Belgii, éd. J. De Ghesquière, t. 4, p. 488-503. C’est l’édition de la PL qui est utilisée ici, désormais citée en abrégé VR (Vita Rictrudis). Pour la présentation de l’ensemble de la production hagiographique marchiennoise (Vitae et Miracula), voir H. Platelle, « Les miracles de sainte Rictrude de Marchiennes », in Alain de Lille, Gauthier de Châtillon, Jacquemart Gielée et leur temps, actes du Colloque de Lille, octobre 1978, textes réunis par H. Roussel et F. Suard, Lille, 1980, p. 392-395. Pour les fondations gantoises, G. Declercq, « Heilige, Iekenabten en hervormers. De Gentse abdijen van Sint-Pieters en Sint-Baafs tijdens de Eerste Middeleeuw (7de-12de eeuw) », in Ganda en Blandinium. De Gentse Abdijen van Sin-Pieters en Sint-Baafs, Gant, 1997, p. 13-40 ; pour Barisis, H. Platelle, Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand des origines à 1340, Paris, 1962, p. 42-43. Pour Leuze et Renaix, J. Nazet, « Crises et réformes dans les abbayes hainuyères du ixe au début du xiie siècle », in Recueil d’études d’Histoire hainuyère offertes à M.-A. Arnould, éd. J.-M. Cauchies et J.-M. Duvosquel, 2 vol., Mons, 1983, t. 1, p. 461-496, ici p. 465-466. Sur Hucbald et ses techniques de composition, voir notamment J. M. H. Smith, « The hagiograhy of Hucbald of Saint-Amand », Studi Medievali, 36 (1994), p. 517-542 et « A Hagiographer at Work : Hucbald and the Library at Saint-Amand », Revue bénédictine, 106 (1996), p. 151-171. Pour une vue synthétique

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constitue la source narrative la plus ancienne dont l’exploitation oblige de distinguer, dans les techniques narratives de l’auteur, ce qui est possible, douteux ou légendaire et ce qui nécessite la confrontation avec d’autres sources8. En effet, une œuvre hagiographique n’est pas un travail de reconstruction historique car le traitement du sujet dépend totalement du but visé, ici celui de l’édification. L’œuvre d’Hucbald est donc moins un récit historique qu’un portrait d’une pieuse femme conforme aux critères de la sainteté féminine tels qu’ils se définissent à l’époque carolingienne, plus de deux siècles après les faits. De prime abord, l’œuvre est donc à replacer non pas tant dans le contexte des faits supposés qu’elle relate que dans celui de sa composition. Il convient, de ce fait, de présenter l’auteur afin de cerner l’univers social, intellectuel et mental qui concourt à la composition de la Vita Rictrudis dont le titre est quelque peu réducteur car le récit concerne aussi, conformément aux souhaits des commanditaires, ses enfants9. Comme de nombreuses études ont été consacrées à cet auteur, il suffit d’en reprendre les éléments principaux10. Probablement né vers 840, il reçut sa formation à l’abbaye de Saint-Amand auprès de l’écolâtre Milon, lequel lui demanda de composer la dédicace de son poème De sobrietate. À la suite d’une brouille avec Milon, il poursuivit ailleurs sa formation. Des récits tardifs indiquent un séjour à Nevers11, mais une ultime hypothèse envisage un séjour à Laon ou à Quierzy entre 860 et 870 au cours duquel Hucbald aurait fréquenté l’école palatine dans laquelle enseignait Jean Scot Érigène. De retour à Saint-Amand, il fut ordonné prêtre le 24 septembre 880. Pour échapper aux agressions normandes, il trouva refuge ailleurs, peut-être à Saint-Germain-des-Prés. Il séjourna aussi au monastère de Saint-Bertin où il fut le précepteur de l’abbé Rodolphe, fils d’Évrard de Frioul12. Après la mort de Rodolphe (892), Foulque, archevêque de Reims, le sollicita pour relancer avec Remi d’Auxerre deux écoles de la ville : l’une pour les chanoines, l’autre pour les clercs ruraux13. Après

rapide H. Platelle, « Hucbald de Saint-Amand », in Nouvelle biographie nationale, 2 (1990), Bruxelles, p. 225-229. 8 Pour saisir l’importance de cette Vita, voir L. Van der Essen, « Hucbald de Saint-Amand (840-930) et sa place dans le mouvement hagiographique médiéval », Revue d’histoire ecclésiastique, 19 (1923), p. 333-351 et 522-552, ici p. 260-269, et la notice introductive de la Vita Rictrudis (MGH SRM, t. 6, éd. W. Levison Hannover-Leipzig, 1913, p. 91-94) qui édite seulement le prologue. 9 VR, prologue, col. 829 : ad conscribendum gesta ipsius natorumque ejus. 10 Cf. supra note 7. 11 Il y a un lien entre Hucbald et Nevers. En fait, étaient conservées en ce lieu les reliques de Cyr et Julitte que l’évêque aurait données à Hucbald. Un culte important de ces deux saints s’est développé au cours du xe siècle à Saint-Amand où Hucbald a composé la Passion de ces deux martyrs. Pour l’état actuel de la production hagiographique d’Hucbald, voir Fr. Dolbeau, « Le dossier hagiographique de saint Amé, vénéré à Douai. Nouvelles recherches sur Hucbald de Saint-Amand », Analecta Bollandiana, 97 (1979), p. 89-110. 12 Il souscrit une charte de mars 889, cf. B. Guérard, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Bertin, Paris, 1840 (Collection des Cartulaires de France, 3), t. 1, p. 131-132, no 65 : Dilectus confrater noster Hucbaldus, ex cenobio almi pontificis Christi Amandi confessoris, ad erudiendum domnum abbatem Rodulfum seniorem nostrum. Adalard, oncle de Rodolphe, avait été abbé de Saint-Amand (861 ?-864). 13 Flodoard, Historia Remensis ecclesiae, éd. O. Holder-Egger et G. Waitz, MGH SS, t. 13, Hanovre, 1881, p. 405-599, ici p. 574. L’archevêque Foulque avait dirigé Saint-Bertin avant l’abbé Raoul.

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l’assassinat de l’archevêque (900), il revint à Saint-Amand où il souscrivit en 906 comme notaire deux chartes pour son abbaye14. Pendant les trois dernières décennies de son existence, il enseigna, composa et écrivit la Passio Cirici et Julittae, la Passio Cassiani, la Vita Rictrudis, la Vita Lebuini et la Vita Amati15. Il meurt le 30 juin 930 âgé de quatre-vingt-dix ans16. Les grandes étapes de la vie bien remplie d’Hucbald étant brossées, il reste deux aspects à envisager. D’abord son milieu social. Si nous n’en connaissons rien, cependant son nom n’est pas sans suggérer des rapprochements. En effet, on rencontre à la fin du ixe siècle un comte d’Ostrevent nommé Hucbald (mort en 890), gendre d’Évrard de Frioul et donc beau-frère des abbés Adalard de Saint-Bertin et Raoul de Saint-Amand cités plus haut17. La similitude de nom entre l’écolâtre et le comte laisse penser à un lien de parenté qui, s’il est impossible de le préciser, indiquerait cependant l’appartenance du moine amandinois à la haute aristocratie. Quant à l’environnement intellectuel, outre sa solide formation, significatifs aussi sont les destinataires de certains de ses ouvrages : Charles le Chauve, Hatton, archevêque de Mayence, les évêques de Liège et d’Utrecht Étienne et Baudri, l’archidiacre de Cambrai Pierre. Notons enfin qu’il légua à son abbaye dix-huit codices18. La renommée de l’homme auprès de ses contemporains était très grande, grâce notamment à sa production de vies de saints où il a utilisé avec une complaisance certaine ses immenses connaissances, puisant dans les textes bibliques, patristiques, historiques et philosophiques les exemples, les comparaisons, les arguments justificatifs pour construire des récits d’autant plus savants que ses informations sur ses héros ou héroïnes sont faibles. Mais rappelons-le, son but n’est pas de faire œuvre d’histoire mais de composer des portraits conformes aux idéaux de son temps. Examinons maintenant la Vita Rictrudis, sans faire une confiance excessive à ce récit, ni manifester une défiance exagérée. L’ouvrage d’Hucbald s’articule en trois parties de longueur inégale. Dans le prologue, l’auteur évoque les circonstances dans lesquelles il s’est attelé à la composition du récit. Puis vient une introduction historique sur les origines de Rictrude. Enfin, le troisième volet est totalement consacré à la vie de la sainte, quand elle vivait dans le siècle puis quand elle devint une « servante de Dieu ». Les prologues, on le sait, obéissent à une série de règles convenues, 14 J. Dufour, Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922-936), Paris, 1978 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), p. 208-210, no 1 et p. 178-181, no 46. 15 La Vita Jonati ne lui est plus attribuée, cf. Fr. Dolbeau, « Le dossier hagiographique de saint Amé », art. cit., p. 100. 16 Annales Blandinienses. Annales Elmarenses. Annales Formoselenses. Annales Elnonenses, éd. Ph. Grierson, Bruxelles, 1937 (Commission royale d’histoire. Recueil de textes pour servir à l’étude de l’histoire de Belgique), p. 149. 17 Ph. Grierson, « La maison d’Évrard de Frioul et les origines du comté de Flandre », Revue du Nord, 24 (1938), p. 241-266, ici p. 257. Concernant l’orthographe d’Ostrevant/Ostrevent, l’étymologie oblige à une seule forme correcte (Ostrevant), pratique respectée pour une seule commune (Marquette-en-Ostrevant). L’usage moderne et administratif opte pour Ostrevent. 18 Ces ouvrages sont signalés dans un catalogue du xiie siècle de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Amand (Index major, cf. H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 67).

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où souvent le texte introductif n’est qu’un hymne à la gloire du commanditaire19. Premier élément remarquable, l’auteur dédicace, signe et date son récit. L’écolâtre offre son œuvre à Étienne, évêque de Liège (901-920). Or, l’abbaye de Marchiennes appartenant depuis la fin du viiie siècle au diocèse de Cambrai, on aurait attendu une dédicace à l’évêque concerné. Si la vacance du siège épiscopal cambrésien entre 901 et 909 peut expliquer cette dédicace inattendue, l’adresse à Étienne prend sens du fait que les titulaires du siège épiscopal Maastricht-Tongres-Liège sont considérés comme les successeurs de saint Amand. Ce détail a son importance car les véritables commanditaires sont les moines et les sœurs de Marchiennes qui ont sollicité Hucbald pour qu’il rédige une vie de leur patronne profondément influencée par l’évangélisateur des contrées septentrionales20. Le moine de Saint-Amand dit avoir dans un premier temps refusé cette commande car il ne savait rien de l’existence de Rictrude et, de plus, beaucoup de documents écrits avaient disparu lors des destructions opérées par les Normands. Aussi préférait-il se taire plutôt que de raconter et cautionner des affabulations21. Puis Hucbald s’est ravisé parce que les religieux de Marchiennes ont pu lui fournir quelques documents qui concordaient avec les traditions orales22. Mais méfiant, il se fit confirmer sous serment les données orales transmises23. Hucbald a sans doute perçu aussi dans cette œuvre commandée l’opportunité de raviver le souvenir du fondateur de sa propre abbaye, d’où la dédicace évoquée plus haut. Ainsi, ce prologue montre les scrupules d’Hucbald qui n’envisage pas d’écrire sans un minimum de connaissances et de garanties sur son sujet. Hucbald exprime les mêmes préoccupations dans ses autres œuvres hagiographiques, ce qui, cependant, ne l’empêche pas de justifier toute démarche apologétique dans le cadre d’une conception providentielle de l’histoire24. Si une telle démarche nous paraît normale, elle est rarement exprimée dans ce type d’œuvres où les auteurs, plutôt que de confier leurs scrupules intellectuels, étalent leur incapacité à maîtriser le latin, affirmation généralement démentie par le style souvent ampoulé et la syntaxe complexe dont ils parent leur fausse modestie. Un autre apport intéressant de ce prologue est la lueur qu’il projette sur l’état de la communauté marchiennoise au début du xe siècle où presque toute la docu-

19 Cf. Fr. Dolbeau, « Les prologues des légendiers », in Les Prologues médiévaux, Actes du colloque international organisé par l’Academia Belgica et l’École française de Rome avec le concours de la F.I.D.E.M. (Rome, 26-28 mars 1998), éd. J. Hamesse, Turnhout, 2000, p. 345-393. 20 VR, prologue, col. 829 : A clericis et sanctimonialibus congregationis Dei dilectae famulae beatae Rictrudis rogitatus… 21 Ibidem : ne forte dubia pro certis vel falsa pro veris asserem. 22 Ibidem : Tandem adquievi… 23 Ibidem : quaedam historiarum exemplaria suis ostenderet concordantia dictis de cetero illis quorum non contemnandae videbantur personnae mihi fidem facientibus quod haec quae referebant, eadem olim tradita litteris fuerunt… 24 Son rejet des actions invraisemblables figure aussi dans le récit consacré aux martyrs Cyr et Julitte ; cf. Fr. Dolbeau, « Les hagiographes au travail : collecte et traitement des documents écrits (ixe-xiie siècles) », in Manuscrits hagiographiques et travail des hagiographes, éd. M. Heinzelmann, Sigmaringen, 1992, p. 49-76 (Beihefte der Francia, 24), ici p. 55, note 40, citant Hucbald : Quand la matière fait défaut, nous ne faisons rien de contraire à la foi catholique si nous disons quelque chose en l’honneur d’un saint.

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mentation écrite a disparu. Il convient ici de souligner, avec insistance, l’absence de toute mention du diplôme de Charles le Chauve de 877 dans la Vita Rictrudis. Ce diplôme, le plus ancien de l’abbaye encore conservé en original et cependant suspect par certains éléments sinon de fausseté du moins d’interpolations, est visiblement ignoré d’Hucbald. Un tel silence est incompréhensible sauf à penser que le document impérial n’est plus à Marchiennes ou, pire, qu’il n’existe pas encore. Si le silence documentaire peut constituer un handicap pour une communauté, il peut aussi lui fournir une excellente opportunité de reconstruction, selon ses intérêts, de la vie idéalisée de la fondatrice ou du fondateur et des débuts du monastère25. Comme la demande émane des clerici et des sorores, cela prouve qu’un groupe de clercs coexiste encore avec une communauté de sœurs en ce début du xe siècle et que la démarche se fait dans l’unanimité et la concorde. Nous voudrions ici procéder à une dissection du récit consacré à Rictrude et montrer comment Hucbald, face à cette œuvre de commande, s’est ingénié à étoffer comme souvent, grâce à sa formation de lettré, des informations à l’évidence modestes tout en donnant à ses développements une apparence de vérité historique26. Mais, comme en définitive le souci d’Hucbald, on le verra, n’est pas tant d’écrire une biographie de Rictrude que de composer un portrait d’une sainte, conforme aux conceptions de son temps, celles des temps carolingiens, il est donc nécessaire, derrière les affirmations du narrateur, de cerner ses intentions par le biais de l’organisation du récit, des faits rapportés, des exemples utilisés, des réminiscences et des citations. En effet, outre ses connaissances attendues de la Bible, Hucbald maîtrise et utilise sous forme de citations toute une panoplie de références savantes : l’Adnuntatio d’Hincmar (chap. 1), les Etymologiae d’Isidore (chap. 1, 2, 5, 8), les Gesta Dagoberti (chap. 2, 3, 4), la Vita Amandi (chap. 3, 4), le De institutione laicali de Jonas d’Orléans (chap. 5), Virgile avec l’Énéide et les Bucoliques, un sermon de Césaire (chap. 8), l’Eunuchus de Térence (chap. 9), le Carmen de virginitate et la Prosa de virginitate d’Aldhelm (chap. 11, 12), le De sancta virginitate d’Augustin (chap. 11), la Vita Richarii d’Alcuin (chap. 14), le De Ecclesiasticis officiis d’Isidore de Séville et le De ecclesiasticis officiis d’Amalaire de Metz (tous deux au chap. 15). Cette mosaïque de références (une quinzaine d’œuvres et une douzaine d’auteurs chrétiens mais aussi deux païens) donne au récit, qui n’est pas une biographie, toute sa signification profonde. De plus, indépendamment de la valeur et de l’intérêt de l’œuvre d’Hucbald, ce moine lettré pallie donc la faiblesse de ses informations par la mobilisation de sa culture au service de la construction d’un monument exaltant les valeurs de la sainteté telles que la période carolingienne les conçoit. 25 Voir à ce sujet, Ed. Bozoky, « L’oralité monastique et la fabrication de légendes hagiographiques », in Understanding Monastic Practices of Oral Communication (Western Europe, Eleventh-Thirteenth Centuries), Actes du colloque international, Université de Gand, 23-24 mai 2008, éd. S. Vanderputten, Turnhout, Brepols, 2010, p. 175-193, ici p. 185. 26 Voir J. M. H. Smith, « La réécriture chez Hucbald de Saint-Amand », in L’hagiographie mérovingienne à travers ses réécritures, éd. M. Goullet, M. Heinzelmann, C. Veyrard-Cosme, Thorbecke, Ostfildern, 2010, p. 271-286, ici p. 281-284.

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Lorsque la communauté de Marchiennes passe commande, elle avait, sans nul doute, gardé mémoire de la période de la fondation et de la fondatrice. Toute la question est de savoir si cette mémoire repose sur une transmission orale des premiers temps ou s’il existait une Vita Rictrudis prima disparue à la suite des ravages normands. Une expression du prologue paraît conforter cette possibilité car Hucbald est chargé de rédiger une « nouvelle » Vita de Rictrude27. Mais, dans ce cas, les réticences premières du religieux prouvent qu’il ignore l’existence d’un texte ancien qui, s’il a existé, n’est jamais sorti de la sphère marchiennoise. Hucbald est donc chargé de faire du neuf (apponere novum) à partir de traditions orales. Cependant, une lecture attentive de la Vita permet de repérer ce qui relève dans le récit d’Hucbald d’une mémoire locale vraisemblable, ce qui appartient à ses connaissances érudites et ce qui procède de l’environnement intellectuel et idéologique de sa formation. La structure générale de l’œuvre déroule, sans originalité, une évolution linéaire. On pourrait même dire chronologique s’il était possible de dater des éléments de façon plus sûre. Cependant, le premier chapitre ne commence pas par la présentation attendue de l’héroïne mais par une mise en contexte extrêmement large, révélatrice de la démarche du moine de Saint-Amand. Le début du récit est en effet consacré à la légende troyenne de l’origine des Francs, au rôle de l’évêque Rémi et à la conversion de Clovis, clé de tous les succès. La relation du baptême de Clovis mérite une remarque car l’auteur y intègre le mythe de la sainte ampoule construit par l’archevêque Hincmar28. Cette mention qui n’a rien d’anecdotique montre comment Hucbald participe ici, et on le verra aussi plus loin, à la diffusion de l’idéologie carolingienne au sens le plus large. Ce chapitre se clôt par une envolée prophétique qui, dans un raccourci saisissant, passe de Clovis à l’annonce du couple de héros, Rictrude et son époux, dont Hucbald va retracer les hauts faits : « La terre des Francs a été illustrée par l’éclat d’un grand nombre de saints tant indigènes que venus de pays étrangers, des deux sexes et de tout rang »29. Ainsi se trouve présentée et ouverte la voie à la christianisation de la région et à l’action bienfaisante ou plutôt salvatrice de quelques individus exceptionnels : la mission d’Amand et la fondation du monastère de Marchiennes par Rictrude. Suit le chapitre 2. Celui-ci présente Rictrude et ses parents, dont il donne les noms (Ernoldus et Lichia), son milieu familial aristocratique et sa région d’origine, la Gascogne, qui, à suivre Hucbald, était encore profondément païenne. Rictrude fait donc figure d’exception, ce qui justifie sa future sainteté. En raison de la minceur des informations sur Rictrude, le lettré Hucbald meuble ce chapitre par une digression sur l’étymologie du nom de « gascon » et surtout propose un cadre chronologique : c’était le temps où Charibert, demi-frère de Dagobert, régnait en Gascogne, c’est-à 27 VR, prologue, col. 829 : apponere novum ad conscribendum… 28 VR, c. 1, col. 831 : atque ut fuerunt sumpto coelitus chrismate, una die ad tria circiter millia Christi baptismati imbuit chrismate ; sumpto coelitus chrismate est une citation d’Hincmar (MGH Capitularia regum Francorum, éd. A. Boretius et V. Krause, Hanovre, 1897, t. 2, p. 340, c. 4). 29 VR, c 1, col. 831 : Francorum terra multiplici perfectorum sanctorum tam indigenarum quam et ab exteris regionibus advenientium utriusque sexus et omnis ordinis illustraretur claritate.

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dire entre 629 et 632, année de sa mort et de l’incorporation de cette contrée dans le royaume des Francs30. Dans le chapitre suivant, l’écolâtre amandinois relate l’exil d’Amand imputable aux critiques que ce dernier avait formulées sur la scandaleuse vie privée de Dagobert31. Les chapitres 2 et 3 procèdent indiscutablement d’informations puisées dans la bibliothèque du monastère d’Elnone. Hucbald veut manifestement donner de l’épaisseur à son récit en insérant la vie de son héroïne et la fondation du monastère de Marchiennes dans un contexte historique et géographique crédible car possible. L’histoire locale trouve alors sa place et sa justification dans une perspective plus large et les enchaînements apparaissent comme les étapes d’un salut en marche. Au chapitre 4, qui puise aux mêmes sources que les deux précédents, la rentrée en grâce d’Amand qui procède en 631 au baptême de Sigebert, fils de Dagobert, permet de magnifier Amand. Outre le miracle qui s’opère à cette occasion et que relate avec effet notre auteur32, il s’agit aussi d’exalter la figure du fondateur d’Elnone, le monastère d’Hucbald, et d’en accentuer les aspects prédestinés. Les référents néotestamentaires invoqués comme, en quelque sorte, les parrains d’Amand sont des plus prestigieux : Jean-Baptiste, le précurseur, et Paul, l’apôtre qui n’a pas connu historiquement le Christ mais qui l’a servi plus que tout autre. Amand fut, dans ces contrées septentrionales, un précurseur et un imitateur du Christ. Le mariage entre Rictrude et Adalbald (chapitre 5) constitue véritablement le point de départ du récit et permet d’appréhender non pas tant les réalités matrimoniales du viie siècle que les conceptions du mariage qui se diffusent à l’époque carolingienne. Cette union est l’occasion pour Hucbald de composer un véritable petit traité sur le mariage dont bien des éléments rappellent ceux qui figurent dans le De Institutione laici de Jonas d’Orléans, daté de 828/82933. Ainsi, six des sept citations tirées des lettres de Paul employées par Hucbald sont celles que Jonas avait sélectionnées pour construire une interprétation de l’union conjugale. Cette étape de la vie laïque devient donc sous la plume d’Hucbald le moment majeur qui lui permet, malgré la minceur de ses informations historiques, de propager la conception carolingienne du mariage. En âge d’être mariée, Rictrude épouse Adalbald, un représentant de la grande aristocratie franque, ce que souligne la Vita Rictrudis par une expression nette d’une haute naissance : natalibus orto praeclaris et justis. Sa mère Gerberte était fille de Gertrude, fondatrice du monastère d’Hamage, proche de Marchiennes34. Rigomer, père d’Adalbald était mort alors que son fils était tout jeune. Ce dernier fut élevé Gesta Dagoberti, éd. B. Krusch, MGH SRM, t. 2, Hanovre, 1888, p. 401-425, particulièrement c. 1, 2, 16. Gesta Dagoberti, op. cit., c. 24. Lors de la cérémonie, Amand récita le Pater noster et Sigebert, âgé alors de neuf jours, répondit Amen. Jonas d’Orléans, De Institutione laicali. Introduction, texte, traduction par O. Dubreucq, préface de M. Rouche, Sources chrétiennes, no 549, Paris, 2012, p. 314-381, lib. II, c. 1-6. 34 Sur ce monastère qui a bénéficié de fouilles archéologiques, voir les études d’É. Louis, « Au début du monachisme en Gaule du Nord : les fouilles de l’abbaye mérovingienne et carolingienne de Hamage (Nord) », in Clovis, histoire et mémoire, Actes du Colloque international d’histoire de Reims, 19-25 septembre 1996, sous la direction de M. Rouche, Paris, 1997, p. 843-868 ; id. « Sorores ac fratres in Hamatico degentes. Naissance, évolution et disparition d’une abbaye du Haut Moyen Âge : Hamage (France, Nord) », Journée d’étude : une abbaye et ses domaines au Haut Moyen Âge, Logne, 26 septembre 1998, De la Meuse à l’Ardenne, 29 (1999), p. 15-47. 30 31 32 33

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à la cour au sein des « nourris » (nutriti) constitués par les jeunes aristocrates qui étaient formés à leurs futures fonctions et appelés à se connaître et à s’insérer dans un intense réseau de fidélité. Cette pratique des « nourris » faisait de la cour une véritable « école des cadres »35. Si la présence d’Adalbald à la cour est véridique, ce qu’aucune autre source n’atteste, ce dernier avait donc pour compagnons des hommes aussi prestigieux qu’Éloi, Ouen, Didier, Arnoul, Paul, tous éminents hauts fonctionnaires mérovingiens qui terminent leur carrière comme évêques, respectivement de Noyon, Rouen, Cahors, Metz et Verdun. Des qualités attendues distinguaient Adalbald et la Vita Rictrudis indique qu’il était particulièrement apprécié : in aula regis charus valde erat et honorabilis36. Une source du xie siècle fait d’Adalbald un frère d’Erchinoald qui fut maire du Palais de Neustrie en 640 et d’Austrasie en 656, et mourut en 65837. Un tel lien entre les deux hommes n’est attesté nulle part auparavant, mais il veut manifester la preuve, réelle ou construite, de la place de premier rang tenue par cette famille au sein de l’aristocratie franque. Comme Frédégaire, auteur mal connu du viie siècle, indique un lien de parenté entre Erchinoald et Bertrude, mère de Dagobert, on comprend le chroniqueur du xie siècle qui veut placer Adalbald au plus près de la famille royale mérovingienne38. Une autre indication de l’appartenance d’Adalbald à la haute aristocratie franque est le nom de sa mère Gertrude, fondatrice de l’abbaye d’Hamage, et qui fait écho à une homonyme, celle de la fondatrice de Nivelle, morte en 659. Des liens de parenté sont possibles et les reconstructions généalogiques, si on les considère avec prudence, ouvrent de vastes perspectives sur les réseaux familiaux dans lesquels s’insérait Adalbald, comme le montre le tableau 139. Avec les références aux règnes évoqués plus haut, avec la mention du pays gascon comme région d’origine de Rictrude, Hucbald donne une dimension politique à l’union avec Adalbald. Peut-on proposer un repère chronologique pour ce mariage ? 35 P. Riché, Écoles et enseignement dans le haut Moyen Âge, Paris, 1979, p. 296. 36 VR, c. 5, col. 834. 37 Chronicon Vedastinum (éd. G. Waitz, MGH SS, t. 13, Hanovre, 1881, p. 674-709, ici p. 694) : Hic Erchinoaldus cum fratre Adalbaldo, patre sancti Mauronti, reedificaverunt Duacum castrum et infra castrum Dei genitricis Marie templum. Le manuscrit de cette chronique composée à Saint-Vaast s’est retrouvé à Marchiennes et fut annoté durant le xiie siècle (Douai, BM, ms. 795). La même phrase est reprise dans les annales de Marchiennes (Annales Marchianenses, p. 500-1306, éd. L. Bethmann, MGH SS, t. 16, Hanovre, 1859, p. 609-617, ici p. 611). Le même lien de parenté est affirmé par André de Marchiennes (R. De Beaucamps, Historiae franco-merovingicae synopsis, Douai, 1633, p. 434). Un faisceau d’indices onomastiques, fonciers, toponymiques et politiques conforte l’hypothèse de parenté (P. Geary, Aristocracy in Provence. The Rhône Basin at the Dawn of the Carolingians Age, Stuttgart, 1985 (Monographien zur Geschichte des Mittelalters, 31), p. 131-138). 38 Frédégaire, Chronicarum libri IV cum continuationibus, éd. B. Krusch, MGH SRM, t. 2, Hanovre, 1888, p. 163, c. 84 : Erchynoaldus major domus, qui consaguaeneus fuerat de genetrici Dagoberti. 39 L’onomastique, maniée avec précaution, permet d’envisager des liens entre Gertrude de Nivelles, Gertrude d’Hamage, Adelgonde de Maubeuge et Berthe de Blangy, toutes fondatrices de monastères. Sont en commun les éléments bert : Gertberte, mère d’Adalbald, et Bertille, mère d’Adelgonde ; trude (Gertrude, Waldetrude) et Adal ou Ald (Adalbald, Adelgonde, Adeltrude), cf. R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995, p. 393.

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P r e m i è r e pa rt i e 1. Réseau de parenté possible d’Adalbald et de Rictrude Theobald1

Gertrude2 ∞ Ricomer3 † 649(?)

Beretrude ∞ Clotaire II † 618/19 † 629

Gerberte ∞ ?

Dagobert Erchinoald4 ∞ Leutsinde † 639 † 657 † 635 (?) † 687/8 † 682 † 725

Clovis II † 657

Leudesius8 † 676

Rigobert ∞ Ursana

Adalbald5 ∞ Rictrude

Mauront9 Eusébie10 Clotsende11 Adals † 701(?) † 703/714

Sigefrid6 ∞ Berthe7

Gertrude Deotila Emma Gesa Gesta

1) Cité par André de Marchiennes (R. de Beaucamps, Historiae franco-merovingicae, p. 239). 2) Fondatrice d’Hamage (Vita Rictrudis). 3) Patrice de Burgondie cité en 607 (Frédégaire, c. 29, MGH SRM, t. 2, p. 132). 4) Erchinoald, maire du Palais de Neustrie (641-657), consanguineus de la mère de Dagobert (Frédégaire, c. 84, p. 163). 5) Adalbald, Erchinoald, Sigefrid, frères selon André de Marchiennes (R. De Beaucamps, Historiae franco-merovingicae, p. 240) et les Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16, p. 611). 6) Sigefrid, consanguineus de Clovis II (Vita s. Bertae, AASS, Julii 2, p. 49). 7) Fondatrice du monastère de Blangy vers 684 (Vita s. Bertae, AASS, Julii 2, p. 49). 8) Maire du Palais de Neustrie (675) (Frédégaire, MGH SRM, t. 2, p. 169). 9) Référendaire, fondateur du monastère de Breuil-sur-Lys (Merville) (F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, no 2), no 4. 10) Abbesse d’Hamage (Vita Rictrudis). 11) Abbesse de Marchiennes (Vita Rictrudis).

En admettant que le récit suive le cours des événements, le mariage se place après la mort de Charibert (632) et lors de la mainmise de Dagobert sur le pays gascon40. Si la rencontre entre Adalbald et Rictrude en vue de conclure le mariage est présentée comme unique et sans les nécessaires et habituels palabres, le futur couple est indiscutablement impliqué dans les opérations de la mainmise franque sur le sud-ouest, mais la Vita souligne l’opposition familiale à cette union41. Dotée, Rictrude est une

40 La formule utilisée par la VR est particulièrement imprécise : Temporibus ergo cum crebra Francis Wasconia fieret permeabilis… 41 VR, c. 5, col. 834 : A quo juxta morem desponsatur, dotatur atque in contubernium matronale, licet quibusdam nolentibus puellae consanguineis, assumitur.

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épouse légitime et le chapitre se conclut sur une lecture théologique de cette union chrétienne puisque Adalbald et Rictrude ne faisaient qu’un42. Vision sacramentelle d’un mariage chrétien qui sonne de façon anachronique pour le viie siècle. Cette bonne conjugalité permet d’enchaîner avec le chapitre suivant (chap. 6) consacré à la progéniture. Fait remarquable dans la composition de ce chapitre, il n’y a aucun emprunt à une œuvre antérieure, ce qui contraste avec les chapitres précédents ; on note seulement trois citations bibliques justifiant et magnifiant la procréation. Le couple retourne en Ostrevent où Adalbald possédait des biens considérables43 et quelque temps plus tard naissent quatre enfants dont l’énumération correspond vraisemblablement à l’ordre de naissance : Mauront, Clotsinde, Eusébie et Adalsinde. Notons immédiatement l’alternance onomastique : le fils Mauront et la seconde fille Eusébie portent des noms romains tandis que les deux autres filles se sont vu attribuer des noms germaniques44. Quant aux parrainages prestigieux mentionnés, ils suscitent l’interrogation car ils visent à confirmer l’appartenance d’Adalbald à la haute aristocratie franque. Mauront, l’aîné (primogenitus), aurait eu pour père spirituel Riquier (mort en 645), fondateur de l’abbaye du même nom et grand fonctionnaire mérovingien45. Clotsinde aurait été tenue sur les fonts baptismaux par Amand lui-même. Eusébie l’aurait été par le roi Dagobert, mort en janvier 639 mais malade depuis la fin de 638, et son épouse Nanthilde, morte en 64246. Nous n’avons

42 Ibidem : ut essent duo in carne una, et non, jam duo quia una caro (Augustin, de Trinitate liber XII, 3) ; qui habitare facit unanimes in domo (Augustin, Confessions, lib. IX, 17). 43 VR, c. 7, col. 835 : ubi etiam pluribus locupletabatur… 44 VR, c. 6, col. 834. Réflexe de lettré, Hucbald donna la signification du nom d’Eusébie : cultrix. 45 Il reçut, sans doute sous Clovis II, la charge de procurator saltuum (responsable des forêts royales) : Maurontus quidam vir et terrarum vel silvarum ad regem pertinentium servator (Vita Richarii confessoris Centulensis auctore Alcuino, éd. B. Krusch, MGH SRM, t. 4, Hanovre, 1902, p. 381-401, ici c. 12, p. 396) ; R. Hennebicque-Le Jan, « Prosopographia neustrica : les agents du roi en Neustrie de 639 à 840 », in La Neustrie. Les Pays au nord de la Loire de 650 à 850, colloque international, Rouen, 1985, éd. H. Atsma, Sigmaringen, 1988, p. 231-269 (Beihefte der Francia, 16), p. 259, no 231 bis. Il fonda le monastère de Broilum (VR, c. 15, col. 843). L’identification avec Merville est fournie grâce à un acte de 1076 du comte de Flandre Robert Ier (original, Lille, ADN, 1 G 11/41, éd. F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre (1071-1128), Bruxelles, 1938 (Commission royale d’histoire. Recueil des actes des princes belges, no 2), p. 6-11, no 4) : in pago Menpisico totam Menrivillam ab antiquis Broilum nominatam juxta Lisie fluvii decursum sitam ; voir aussi Ch. Mériaux, Gallia irradiata. Saints et sanctuaires dans le nord de la Gaule du haut Moyen Âge, Stuttgart 2006 (Beiträge zur Hagiographie 4), p. 304. On trouve un Mauront, patrice de Provence au viiie, qui s’opposa à la puissance grandissante des Pippinides ; vers 780, on rencontre un évêque de Marseille qui porte ce nom. Compte tenu de la transmission des noms, on peut penser que Mauront eut de la descendance. Cf. P. Geary, Aristocraty in Provence, op. cit., p. 145. 46 La Vita indique la présence seule de la reine ; c’est André de Marchiennes qui mentionne le couple. Cette présence pose problème car la reine Nanthilde avait été écartée de la couche royale au profit de deux autres reines Vulfégonde et Berthilde. Nanthilde n’avait retrouvé son rang qu’après la mort de Dagobert (Frédégaire, op. cit., c. 60, p. 150-151). Concernant Eusébie, des éléments provenant de l’œuvre d’Hucbald ont été repris dans la Vita Eusebiae, composée au début du xie siècle (BHL 2736), dont une traduction vient d’être publiée récemment : Brasme (Maryvonne), Brousselle (Isabelle), Caillet (François-Xavier), Chaffenet (Paul), Detant (Boris), Gaillard (Michèle), Krönert (Klaus), Mériaux (Charles), « La Vie de sainte Eusébie de Hamage (Nord) », Revue du Nord, 410 (2015), p. 385-398.

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aucune indication pour Adalsinde. Tous ces éléments méritent critique et nous y reviendrons plus loin quand nous examinerons la place de Mauront dans la Vita Rictrudis. Quelle chronologie peut-on retenir pour ces naissances ? À l’âge de douze ans, Eusébie succède à Hamage à son arrière-grand-mère Gertrude, morte en 649. De fait, le jeune âge d’Eusébie, rare élément biographique précis que donne l’auteur de la Vita Rictrudis, placerait sa naissance en 637, donc après l’assassinat d’Adalbald en 636. Or, Eusébie, second enfant suivi de deux autres, ne peut être posthume. La cohérence chronologique ne peut être établie, sauf à déplacer la date de naissance de la fille ou celle de l’assassinat du père. Tout au plus peut-on attribuer quatre enfants à Rictrude, entre un mariage en 632 et l’assassinat de l’époux en 636, ce qui fait quatre enfants en cinq ans. On peut toutefois mentionner la distinction dans le temps qu’Hucbald souligne à propos de la dernière naissance, celle d’Adalsinde, séparée des trois précédentes et à envisager pour cette dernière une naissance posthume47. Dans l’histoire du couple, la mort d’Adalbald (chap. 7) ne constitue pas un moment privilégié et développé. Hucbald consacre un chapitre à cet épisode tragique sur lequel visiblement lui comme ses commanditaires ne savent rien. Il faut donc développer tout en restant plausible. Adalbald doit retourner en Aquitaine pour des raisons inconnues. Rictrude l’accompagne, mais sur l’ordre de son mari fait demi-tour, occasion de faire deux phrases sur un mauvais pressentiment. Ce retour en pays gascon se déroule-t-il dans le cadre d’une mission royale ou s’agit-il de régler des affaires personnelles liées aux biens reçus lors de son mariage avec Rictrude ? On sait que Dagobert a lancé une expédition contre les Gascons soulevés et que l’affaire fut menée par le référendaire Chadoind, secondé par le patrice Wilibad, en 63548. Aldalbald participe sans doute à cette expédition mais, attiré dans un piège, il est assassiné par des membres de la famille de son épouse qui n’avaient pas accepté le mariage. L’expédition royale et la démarche personnelle peuvent s’additionner. La mort d’Adalbald est relatée on ne peut plus brièvement et Hucbald, pour étoffer ce chapitre, développe des considérations sur la vie éternelle en s’appuyant sur trois citations néotestamentaires, évoque un enterrement solennel mais ne dit rien ni sur le retour du corps ni sur le lieu d’inhumation49. Les amplifications ultérieures signalent un rapatriement du corps depuis Périgueux jusqu’à l’abbaye d’Elnone50. Le transfert, 47 VR, c. 6, col. 634 : post has quoque Adelsindis. 48 Frédégaire (MGH SRM, t. 2) op. cit., p. 160, c. 78. 49 VR, c. 6, col. 634 : vir justus appetitur, vulneratur, perimitur. On est loin des développements ultérieurs dans lesquels Adalbald est assassiné par les deux frères de Rictrude à l’entrée de la demeure des parents de Rictrude. 50 R. De Beaucamps, Historiae franco-merovingicae synopsis, op. cit., p. 425, rapporte un poème écrit par un moine de Saint-Amand ; voir aussi AASS feb 1, p. 295 : Te tua Marciadis prius, agnita, Jonathe virtus Traxit ad Elnonis frœna reqenda domus ; Tempore wasconicis quo dux Adalbaldus in oris Prædonum rigido cæsus ab ense cadit. Quem lacrymis suffusa genas Elnone recondit Rictrudis, tumulo claudit et ossa brevi. Dans les AASS, Maii 3, p. 103, il est dit que les reliques de Mauront sont à Marchiennes.

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en avril 1231, d’une partie des reliques d’Adalbald (chef et bras) depuis l’abbaye jusqu’à la collégiale Saint-Amé de Douai atteste de la réalité d’une sépulture à Elnone et prouve aussi les liens particuliers entre l’aristocrate franc et l’évangélisateur du Nord51. À la suite de l’assassinat de son mari, Rictrude est d’abord une veuve éplorée (chap. 8). Sincère affliction ou attitude convenue, impossible de trancher52. On peut simplement souligner le vocabulaire dont use Hucbald pour relater l’état d’esprit de Rictrude : douleur (dolor), profonde tristesse (non modico animi moerore) et temps des pleurs (fletus tempore). Manifestations et sentiments de grande tristesse que partagent aussi les enfants. Hucbald signale que Rictrude abandonne ses riches et blancs vêtements d’épouse pour des vêtements noirs (nigra) de veuve (viduitatis vestes). Ces signes extérieurs, véritables lieux communs, correspondent au temps du deuil dont on ignore la durée de même que l’on ignore le temps de viduité. La loi franque ne mentionne aucun délai de veuvage et rien ne permet de savoir si la pratique romaine du veuvage d’une année est reconnue. En revanche, la loi wisigothique a intégré la disposition romaine53. Or Rictrude est d’origine wisigothique et un veuvage d’une année est donc tout à fait possible. D’ailleurs, plus tard, lorsque Rictrude se consacre à la vie religieuse, elle abandonne de nouveau les riches vêtements du siècle (pomposas vestes, chap. 9) pour ceux du veuvage, preuve qu’elle avait retrouvé un mode de vie aristocratique. Si les nombreuses Vitae de la période franque éludent la durée du deuil, elles insistent en revanche sur les convoitises qui menacent les veuves, évoquent les dangers pour celles-ci à rester dans le monde et les pressent à prendre le voile sans tarder. Sont aussi évoqués les cas fréquents où l’épouse, après la mort d’un mari aristocrate, est sujette à des manœuvres pour un second mariage et où certaines optent pour la vie religieuse. On peut sans doute affirmer que le délai nécessaire pour un remariage était plus long que celui nécessaire pour entrer en monastère, option pour laquelle la décision personnelle pouvait être très rapide. Mais il est impossible de proposer une quelconque échelle de durée. Rictrude, devenue veuve, entre tout à fait dans ce schéma où la femme redevient un pion dans les stratégies matrimoniales comme l’illustre un épisode relaté par Hucbald avec d’autant plus d’insistance qu’il est déterminant pour la suite de la vie de son héroïne (chap. 9-10). Le roi, dont il est difficile de dire s’il s’agit de Dagobert (629-639) ou de Clovis II (639-657), soumet Rictrude aux différents modes de pression, de la flatterie aux menaces, pour l’amener à épouser un de ses fidèles. Rictude fait de l’habile résistance, laissant croire qu’elle pourrait se laisser fléchir. Le récit laisse entendre que la conversion religieuse précède la démarche royale et que, pour mener sa réflexion spirituelle, Rictrude a pris conseil auprès de familiers de Dieu (philochristis familiaribus) dont

51 Cette translation eut lieu le 16 mai 1231 (Vita Adebaldi, AASS, Feb. 1, p. 295). 52 E. Santinelli, Des femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Lille, 2003, p. 39-41. 53 Ibidem, p. 113.

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Amand qui, au moyen de l’exhortation de saint Paul sur la virginité, l’aurait décidée54. Pour faire connaître sa décision irréversible, Rictrude organise dans sa villa de Boiry55 une réception et profite de l’ambiance festive, évoquée par la fusion de deux citations tirées de l’Énéide et des Bucoliques56, pour mener à terme son plan non à la manière d’une femme mais comme un homme (non muliebriter sed viriliter). Elle tire de son sein un voile et s’en couvre la tête, signifiant ainsi le choix irrévocable de devenir religieuse, devant un roi qui, furieux, quitte le banquet. Se couvrir la tête d’un voile est le signe visible, définitif et sans possibilité de renoncement, d’entrée en vie religieuse. Par ce geste déterminé, provocateur et public au milieu d’une assemblée d’aristocrates, Rictrude est alors définitivement perdue pour les manœuvres matrimoniales. Le coup d’éclat de Rictrude, si courageux et habile soit-il tel qu’il est relaté, doit être replacé dans le registre des lieux communs des vies de saintes. Par exemple, une démarche similaire est rapportée à propos d’Itte, veuve de Pépin l’Ancien (mort en 640), qui, poussée elle aussi par saint Amand, fonde Nivelles. Pour contrer les oppositions, Itte coupe les cheveux de sa fille Gertrude, la consacrant ainsi à Dieu, puis lui fait prendre le voile57. Le parallélisme entre les épisodes de Nivelles et ceux de Marchiennes sont tels qu’on peut se demander si Hucbald ne s’est pas inspiré de la Vita Gertrudis dans son propos. Cette prise de voile, quelque peu théâtralisée, peut fournir une double indication. La première révèle le pouvoir que confère à la femme le voile consacré qui la sépare du monde laïque, lui confère la sacralité et la rend donc intouchable. Le second enseignement est une déduction chronologique. En effet, pour devenir religieuse, une femme devait être âgée d’au moins trente ans, seuil atteint par Rictrude en 643/644, si l’on accorde crédit aux 74 ans qui aurait été son âge à sa mort en 687/688. La décision de Rictrude créait toutefois une situation tendue avec le roi, qu’Amand s’est employé à aplanir en négociant une réconciliation qui permit à Rictrude, grâce à un privilège royal, de conserver ses biens et revenus et, par conséquent, d’en disposer. Rictrude distribue alors ceux-ci mais rien ne dit qui en sont les bénéficiaires. La tradition ultérieure affirme que ce furent le monastère de Marchiennes et son fils Mauront. Cette distribution de biens aurait été garantie par un « testament » évoqué par deux fois dans le récit de fondation qui sert d’introduction à l’Histoire-polyptyque58. Un

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Cor, 1, 7, 39-40. Boiry[-Ste-Rictrude] (Pas-de-Calais, Arras, Beaumetz-les-Loges). Virgile, Énéide, 8, 184 ; Bucoliques, 5, 69. A.-M. Helvétius, « Virgo et virago : réflexions sur le pouvoir du voile consacré d’après les sources hagiographiques de la Gaule du Nord », in Femmes et pouvoirs des femmes à Byzance et en Occident (vie-xie siècles), colloque international organisé les 28, 29 et 30 mars 1996 à Bruxelles et Villeneuve d’Ascq, éd. St. Lebecq, A. Dierkens, R. Le Jan, Lille, 1999, p. 192. Pour Nivelles, voir la Vita sanctae Geretrudis, éd. B. Krusch, MGH SRM, t. 2, 1888, Hanovre, p. 447-474, ici p. 454-457 et A. Dierkens, « Saint Amand et la fondation de l’abbaye de Nivelles », Revue du Nord, 269, (1986), p. 325-334. Pour ce cas et une vue plus large des pressions exercées, voir R. Le Jan « Convents, violence and competition for power in seventh-century Francia », in Topographies of power in the early Middle Ages, dir. M. De Jong et F. Theuws, Leiden-Boston-Köln, 2001, p. 243-269, ici p. 263. 58 Cf. charte no 1. Il ne faut pas confondre ce premier récit de fondation avec le Chronicon Marciannense, second récit, amplification du premier, composé entre 1199 et 1201 par André, prieur de Marchiennes, sur l’ordre de son abbé. Pour le premier, voir B. Delmaire, L’histoire-polyptyque de l’abbaye de Marchiennes

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tel document peut avoir existé bien qu’il n’y en ait aucune trace, pas même un faux, antérieure à cette affirmation tardive des années 1120. En effet, une telle démarche n’est pas isolée59. Si un tel testament de Rictrude a existé, on peut imaginer que s’y trouvait une liste détaillée des biens cédés. Le Chronicon mentionne le testament puis livre un résumé du document avec une liste des témoins destinée à garantir son authenticité et permettant d’envisager un cadre de datation60. Le testament aurait été rédigé au temps de Clovis II, mort le 31 octobre 657, en présence de l’évêque de Cambrai Aubert (645-667), Vindicien, futur évêque de Cambrai, Honoré archidiacre61, saint Amand, mort vers 675, Jonat, le premier abbé de Marchiennes, et Credebold qui fut prieur d’Elnone du temps d’Amand62. L’épiscopat d’Aubert et le règne de Clovis donnent un cadre chronologique entre 645 et 657. On relève aussi la présence de grands aristocrates : le maire du Palais Maldegaire63, et l’illuster Amalfrid, futur fondateur du monastère d’Honnecourt64. Si cette énumération ne pose aucun problème de concordance chronologique, en revanche, la présence de l’ultime témoin, Bodilon, est impossible. Ce moine, qui aurait rapporté des reliques de Marie-Madeleine à Vézelay, a vécu dans la seconde moitié du ixe siècle. Cette présence est d’autant plus suspecte que la référence à Bodilon reprend exactement la phrase qui le concerne dans les Gesta Cameracensium. Les éléments de chronologie exposés et un élément suspect souligné, reste un autre doute si l’on s’en tient à trois témoins contemporains qui sont cambrésiens : l’évêque, un futur évêque et un archidiacre. La présence d’Autbert, évêque de Cambrai, n’est pas à exclure mais qu’il procède à la dédicace du monastère est canoniquement impossible. En effet Marchiennes relève jusqu’à la fin du viiie siècle du diocèse de Noyon-Tournai dont le titulaire est, au moment de la consécration du monastère, saint Éloi. Par conséquent, cette importante présence cambrésienne des plus suspectes ne correspond pas à la réalité ecclésiastique du milieu du viie siècle. Que Rictrude ait rédigé un testament relève du possible, qu’une tradition orale en ait gardé le souvenir peut s’admettre, mais la (1116/1121). Étude critique et édition, Louvain-la-Neuve, 1985 (Centre belge d’histoire rurale, 84) ; pour le second, voir S. Vanderputten, « Compilation et réinvention à la fin du douzième siècle. André de Marchiennes, le Chronicon Marchianense et l’histoire primitive d’une abbaye (édition et critique des sources) », Sacris Erudiri, 42 (2003), p. 403-436. 59 À titre d’exemple, citons Burgondofara (sainte Fare) qui, en 633, lègue ses biens au monastère de Faremoutiers où elle est religieuse ( J. Guérout, « Le testament de sainte Fare. Matériaux pour l’étude et l’édition critique de ce document », Revue d’histoire ecclésiastique, 60 (1965), p. 761-821). Citons aussi le « testament » d’Amand (É. de Moreau, Saint Amand le principal évangélisateur de la Belgique, op. cit., p. 62-63) ou celui, totalement faux, de sainte Aldegonde (Ch. Mériaux, Gallia irradiata, op. cit., p. 300-301). 60 B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, op. cit., c. 5 et 15 (cf. charte no 1). 61 Personnage inconnu et fonction inexistante en ce haut Moyen Âge. Cependant les Gesta cambrésiennes indiquent qu’Honoré avait été inhumé au Mont-Saint- Éloi aux côtés de l’évêque Vindicien (MGH SS, t. 6, p. 414, c. 30). 62 É. de Moreau, Saint Amand apôtre de la Belgique et du nord de la France, op. cit., p. 216. Voir aussi aussi Ch. Mériaux, Gallia irradiata, op. cit., p. 358, no 33. 63 Époux de Waudru, il aurait fondé l’église de Soignies et se serait retiré à Hautmont (Ch. Mériaux, Gallia irradiata, op. cit., p. 284 et 369). 64 Ch. Mériaux, Gallia irradiata, op. cit., p. 285-286.

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liste des témoins garants est éminemment suspecte avec la mention, qui plus est, d’un archidiacre au viie siècle, ce qui est tout à fait impossible. Tout le chapitre 9 est consacré aux signes visibles destinés à manifester le nouvel état de Rictrude. Celle-ci, outre le vêtement fait de poils de chèvre, désagréable à porter et signe de mortification, s’impose aussi des jeûnes, veilles, prières. Autant d’épreuves voulues, acceptées et justifiées par une référence biblique (Psaume 34, 13) qui contrastent avec le mode de vie précédent de Rictrude résumé par une citation de l’Eunuchus de Térence65. Ces deux citations qui s’enchaînent manifestent la conversion de Rictrude à la vie monacale. Toujours est-il que cette conversion nécessitait qu’elle s’installât dans un monastère (chap. 10). Bien souvent, le converti à la vie religieuse, homme ou femme, fondait son propre monastère sur des biens familiaux. Dans le cas présent, c’était inutile car le monastère existait. Sur un vaste domaine foncier qui appartenait à Adalbald, Amand avait installé à Marchiennes, nécessairement avec l’accord de l’aristocrate et donc nécessairement avant son assassinat (635/636 ?), une communauté d’hommes66 en vue de christianiser la contrée mais aussi de l’utiliser comme base de repli en cas d’échec de l’évangélisation prévue plus en aval. On peut s’étonner qu’Amand n’ait pas utilisé une institution existante, le monastère d’Hamage fondé par Gertrude, grandmère d’Adalbald, et toujours dirigé par elle dans les années 640. Mais, sans doute, les relations entre Gertrude et Amand n’étaient-elles pas particulièrement étroites, à l’inverse de celles que l’évangélisateur avait nouées avec Rictrude, et peut-être ce monastère d’Hamage, avec une communauté d’hommes et une de femmes, lui inspirait-il méfiance. À Marchiennes, quelques moines furent placés sous l’autorité de son disciple Jonat ; les Annales Marchianenses donnent l’année 64167. L’homme choisi par Amand est-il le futur abbé de Bobbio et rédacteur de la Vita Colombani ? Les discussions et hypothèses vont bon train car l’assimilation entre Jonat de Marchiennes et Jonas de Bobbio procède de l’affirmation d’Hucbald68. Ce dernier ajoute que c’est Jonat qui aurait décidé d’ajouter à la communauté d’hommes une communauté de femmes : « Amand voulut qu’il y ait là des moines mais Jonat y ajouta des moniales »69. Marchiennes devient alors une communauté double comme il y en a tant à cette époque. Mais rien de permet de dire que les deux communautés étaient de même importance. Une dédicace de l’église en

65 Terence, Eunuchus, 1, 732 : sine Cerere et Libero Venus friget. On peut penser que cette citation par Hucbald est indirecte et qu’elle provient de Jérôme : l’Epistola 54 ou l’Adversus Jovianinum, 2, 7. 66 VR, c. 10, col. 838 : monasterium Martianas vocatum quod ab eodem pontifice super fluvium Scarb fuerat constructum. 67 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16, Hanovre, 1859), op. cit., p. 610. Rien ne permet de vérifier cette date. 68 I. Pagani, « Ionas-Ionatus : a proposito della biografia di Giona di Bobbio », Studi Medievali, 29 (1988), p. 45-85, ici p. 76-85 ; Ch. Mériaux, Gallia irradiata, op. cit., p. 358 ; pour une seule et même personne, K. Ugé, Creating the Monastic Past, Creating the Monastic Past in Medieval Flanders, York Medieval Press, 2005, p. 107 et « The legend of saint Rictrude : formation and transformation (tenth-twelfth century) », in Proceedings of the Batle Conference 2000 (Anglo-norman Studies 21), dir. J. Gillingham, Woodbridge, 2001, p. 281-297. 69 VR, c. 10, col. 838 : …monachorum ordinem beatus Amandus haberi volui, sed jam dictus abbas sanctimoniales pro ut sibi visum fuerat aggregavit.

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l’honneur des saints Pierre et Paul par l’évêque de Cambrai Aubert (645-667) et Amand (mort vers 675) eut lieu un 27 octobre d’une année indéterminée70. Les manuscrits liturgiques médiévaux de l’abbaye ne mentionnent aucune dédicace ou consécration à ce jour. Notons que la dédicace aux princes des apôtres est crédible d’abord parce que ce vocable a été donné par Amand à toutes ses fondations et qu’elle survit dans trois actes d’évêques d’Arras : un de Lambert en 1103 et deux de Robert en 112271. En revanche, une consécration par l’évêque de Cambrai n’est guère possible, car, comme on l’a dit plus haut, Marchiennes relève à ce moment-là du diocèse de Tournai. Si l’on résume, l’origine du monastère, même avec une chronologie qui reste floue, est donc due à un trio : Adalbald, son épouse Rictrude et Amand, tous les trois appartenant à l’aristocratie, le premier à l’élite franque, les deux autres à l’élite aquitaine. Amand convainc donc Rictrude de s’installer à Marchiennes. Pourquoi là ? Veuve, ne voulant pas se remarier et souhaitant devenir religieuse, elle aurait pu repartir dans sa région d’origine et fonder un monastère sur un bien familial. Mais rappelons-nous l’hostilité de sa famille au mariage avec Adalbald et le rôle joué par celle-ci dans l’assassinat de son mari. Un choix fut donc fait : celui de rester en pays franc, là où elle avait de nouvelles attaches sur lesquelles elle pouvait compter, notamment Amand, installé pas très loin. Deux explications éclairent le choix de Marchiennes par Rictrude. La première, qui conforte l’intégration de Rictrude dans le clan marital, est la présence d’une autre communauté religieuse située à Hamage, à environ trois kilomètres de là, sur la rive droite de la Scarpe, et fondée par Gertrude, grand-mère d’Adalbald. La fondation de ce monastère, qui deviendra une dépendance de Marchiennes, se place après l’arrivée de saint Amand et avant la « fondation » de Marchiennes, soit dans le second quart du viie siècle, entre 625 et 640. À la mort de Gertrude, c’est son arrière-petite-fille, Eusébie, fille de Rictrude, qui lui succède, nous l’avons déjà dit, à l’âge de douze ans. La seconde raison de l’installation à Marchiennes découle d’un constat. Personne, pas même le roi franc furieux de la décision de Rictrude, ne peut empêcher ce choix : Rictrude disposait donc du lieu. Par conséquent, celui-ci constituait son douaire qui consistait en biens fonciers cédés en pleine propriété pour assurer la subsistance de l’épouse en cas de veuvage. Marchiennes est à Rictrude. Une observation finale permettra de comprendre la place tenue par Rictrude dans les premiers temps de l’abbaye. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une veuve prenne la direction d’une communauté religieuse et le fait est largement répandu. Une veuve est une femme d’expérience qui a tenu maison, éduqué les enfants du couple, géré le patrimoine au début du veuvage72. Ce sont là autant de compétences et de qualités recherchées. Si l’on admet pour Rictrude une mort à 74 ans en 687/688, cela lui donne une trentaine d’années au début de son veuvage en 635/636, et environ 35 ans lorsqu’elle s’installe à Marchiennes. Le jour où elle entre à Marchiennes, Rictrude consacre à Dieu ses trois filles encore jeunes, c’est-à-dire pas encore nubiles (chap. 11). Cette exaltation de la virginité des

70 Cf. charte no 1. 71 Cf. chartes nos 13, 18 et 21. 72 E. Santinelli, Des femmes éplorées, op. cit., p. 183-187.

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filles est construite sur plusieurs réemplois habiles du Carmen de virginitate d’Aldehlm ou du De sancta virginitate d’Augustin. Rictrude s’est retirée dans un monastère pour échapper, de fait, à un remariage et ainsi préserver le patrimoine de ses enfants. En effet la dos, c’est-à-dire la part des biens détenus par la veuve, pouvait passer aux enfants du second mari dans le cas d’un remariage. Mais comment interpréter la consécration des trois filles autrement que par des considérations spirituelles liées à des topoi hagiographiques où sont privilégiés les idéaux ascétiques et la fascination pour la virginité ? Ne faut-il pas y voir plutôt la volonté d’exclure Clotsinde, Eusébie et Adalsinde de toute stratégie matrimoniale ? Dans ce cas, la prise de voile par Rictrude, la consécration des filles et l’option religieuse prise par le fils Mauront sont autant d’éléments d’une politique à plus long terme visant à empêcher toute diminution du patrimoine d’Adalbald en transformant l’ensemble de ses biens en monastères familiaux. Pour ce faire, une stabilité dans la direction des communautés s’impose sans oublier la nécessaire transmission de ces monastères à la descendance collatérale. N’oublions pas qu’un monastère familial est partie intégrante du jeu politique de la famille propriétaire. À suivre Hucbald, Rictrude, pendant quatre décennies, mène une vie exemplaire, lieu commun qu’aucun élément factuel précis n’illustre et brièvement évoqué par une référence à une œuvre d’Aldehlm de Malmesbury, le Prosa de Virginitate (chap. 12). Mais, et c’est peut-être un élément essentiel, si Hucbald laisse percevoir le magistère et le contrôle exercés par Rictrude au sein de la communauté, jamais il ne qualifie son héroïne d’abbesse. Celle-ci est une dilecta ou devotissima famula Dei. Tout au plus note-t-on, dans les chapitres 21 et 22 qui forment une sorte de bilan moral de Rictrude, l’idée de « mère de la communauté » parée de toutes les vertus nécessaires pour diriger un groupe : longanimité, douceur, bienveillance. Même discrétion de l’auteur sur Gertrude et Eusébie jamais qualifiées ni l’une ni l’autre d’abbesse : la première est une famula Dei qui avait construit un monastère ; la seconde s’est vu confier, à la mort de Gertrude, la « direction du lieu »73. On peut donc s’interroger sur les périphrases dont use Hucbald pour ne pas employer le terme d’abbesse alors qu’il n’a pas ces circonvolutions de formulation pour qualifier d’abbés Jonat et Mauront74. À croire que le terme d’abbatissa dérange Hucbald ou que la misogynie monastique répugne à voir la charge abbatiale exercée par une femme. Un long chapitre (chap. 13), d’autant plus long qu’il est vide d’informations factuelles mais riche de considérations morales, est consacré à la mort d’Adalsinde, la plus jeunes des filles de Rictrude, survenue à la Noël d’une année indéterminée. L’auteur se contente de faire mention des rites funéraires et de développer des considérations générales sur la force d’âme de Rictrude, profitant de la concomitance entre le jour du décès et la commémoration des saints innocents. À la différence des autres enfants du couple, aucune tradition orale sur Adalsinde n’a survécu. Hucbald ne dit rien de son baptême et donc du parrain et de la marraine, rien sur la commémoration de sa mémoire.

73 VR, c. 16, col. 843 : loco regiminis eadem succedit. 74 VR, c. 10, col. 838 pour Jonat ; c. 15, col. 842 pour Mauront.

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Puis Hucbald consacre deux chapitres (14 et 15) à Mauront, le fils unique de Rictrude cité au chapitre 6 quand sont nommés les enfants avec leur parrainage prestigieux, en l’occurrence ici Riquier. Visiblement l’auteur ne sait pas grand-chose sur Mauront, sans doute parce que la tradition orale est elle-même fort mince. Aussi les deux chapitres sont-ils construits à partir d’éléments extérieurs identifiables. Une fois ces emprunts cernés, une interrogation se pose donc sur le crédit à accorder aux autres informations de cette habile construction hucbaldienne. Dans le chapitre 14, Hucbald relate un épisode de l’enfance de Mauront. Riquier, fondateur du monastère qui prit son nom, était venu à Marchiennes rendre visite à Rictrude. Il était déjà monté sur son cheval pour repartir quand Rictrude, portant Mauront dans ses bras, lui demanda de bénir son fils. Riquier prend l’enfant dans ses bras, ce qui effraye le cheval qui se cabre. L’enfant tombe mais, par miracle, n’est pas piétiné par l’animal. Cet épisode est entièrement repris de la Vita Richarii d’Alcuin mettant en scène Riquier, une certaine Rictrude et son fils non nommé75. Le nom de Mauront apparaît dans cette Vita, deux chapitres plus loin, comme forestier ayant embrassé la vie érémitique. Cet épisode tiré de la Vita Richarii est donc, dans la Vita Rictrudis, une incrustation liée à l’homonymie. Rien ne permet de considérer comme identiques le forestier et le fils de la religieuse marchiennoise. De fait, le parrainage prestigieux attribué à ce dernier devient des plus suspects mais prend tout son sens dans la volonté d’Hucbald, déjà soulignée, d’inscrire Adalbald et sa progéniture dans les réseaux de l’aristocratie franque. À suivre Hucbald, Mauront, produit de la fusion des élites franque et wisigothique, est d’abord au service du roi, sans qu’il y ait la moindre précision76. Conformément aux pratiques de l’aristocratie, il est engagé dans des fiançailles avec une aristocrate dont on ignore tout et qu’il rompt rapidement sous l’influence d’Amand. Curieusement, ce n’est pas la recherche d’une autre épouse que craint Rictrude mais une vie dissolue au regard de la morale chrétienne, telle qu’elle se formule deux siècles et demi plus tard. Après la conversion de la mère et des filles, c’est au tour de Mauront d’opter pour la vie religieuse sous l’influence déterminante, là aussi, d’Amand (chap. 15). Après avoir échappé aux piétinements d’un cheval quand il était enfant, un second prodige justifie la conversion de Mauront. Lors d’une messe célébrée par Amand, une abeille tourne trois fois autour de la tête de Mauront, dessinant ainsi la forme de la tonsure cléricale. L’élément symbolique est particulièrement fort, l’abeille étant, dans la tradition chrétienne, la manifestation de l’intelligence divine et de la chasteté. D’ailleurs, Hucbald, faute d’informations précises, développe des considérations morales et spirituelles sur le sens de la tonsure. Mauront, promu au diaconat, devient notaire royal et rédige les actes77. Puis vient le récit d’un épisode qui bénéficie d’un

75 Alcuin, Vita Richarii, op. cit., c. 10, p. 394. Pour la comparaison entre les deux récits, voir L. van der Essen, Étude critique et littéraire sur les vitae des saints mérovingiens, Louvain, 1907, p. 263-264 ; sur la mise en scène de cet accident, I. Real, Vies de saints, vie de famille. Représentation et système de la parenté dans le royaume mérovingien (481-751) d’après les sources hagiographiques, Turnhout, 2001 (Hagiologia. Études sur la sainteté en Occident, 2), p. 415. 76 VR, col. 842 : regali adhaerens ut ejus poscebat nobilitas… Cf. supra note 45, p. 59. 77 VR, col. 843 : prudens notarius regalium praeceptorum conscribens edita. Aucun diplôme mérovingien ne porte son nom.

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ancrage chronologique certes moins vague mais qui ne donne cependant pas toute satisfaction. Il concerne Amé, évêque de Sion78, condamné à l’exil par Thierry III, roi de Neustrie et de Bourgogne (673-691) et d’Austrasie (676-691). Après un séjour forcé au monastère de Péronne en Vermandois sous la responsabilité de l’abbé Ultan mort en 686, Amé est confié à Mauront, abbé du Breuil, monastère appelé plus tard Merville, qu’il a récemment fondé79. Conversion, fondation d’un monastère et vie exemplaire du fils de Rictrude rejaillissent sur la sainteté de la mère, les itinéraires spirituels du fils et de la mère nourrissant la construction de l’idéal-type. Après le développement consacré au fils, Hucbald relate la tradition marchiennoise concernant Eusébie (chap. 16, 17, 18, 19), troisième enfant et seconde des filles, qui prend la direction du monastère voisin d’Hamage après la mort de son arrière-grand-mère Gertrude80. Eusébie a douze ans, seul détail précis qui n’a pas de raison d’être inventé. Cette précocité (tenerae aetatis) sur laquelle insiste Hucbald annonce et implique, de façon conventionnelle, la sainteté de l’héroïne. En revanche, rien sur l’âge de Gertrude ni sur l’année de sa mort signalée en 656 selon les annales du monastère81, date impossible. Si le père d’Eusébie, marié vers 632, est mort en 636, Eusébie qui est son troisième enfant est née au plus tôt en 634 et au plus tard en 635/636. Elle a donc atteint ses douze ans entre 646 et 647/648. Pour trouver une cohérence chronologique avec la mort de Gertrude, il faut avancer le décès de l’arrière-grand-mère à 648/649. Plus la date de naissance d’Eusébie est avancée, plus il faut modifier celle de la mort de Gertrude. Aucune solution chronologique ne s’impose. La singularité de ces chapitres repose sur la relation conflictuelle entre la fille et sa mère présentée comme un affrontement de deux caractères alors que, à mon sens, les enjeux sont tout autres. Certes, Rictrude exigea que sa fille, pour lui éviter les tentations du diable, vienne résider à Marchiennes. Devant le refus de la fillette, sa mère aurait fait intervenir le roi (mater ejus regales compulsa est aures pulsare) qui aurait ordonné à Eusébie de réintégrer Marchiennes. Ce retour se fit en même temps que la translation du corps de Gertrude, à une date inconnue. Cependant, chaque nuit, la fillette se rendait secrètement à Hamage pour célébrer les offices de nuit, puis retournait tout aussi discrètement à Marchiennes. Cette pratique découverte, Eusébie fut sévèrement punie par son frère Mauront qui lui administra des coups de bâton, correction qui ne fit pas fléchir sa détermination. Au final, c’est sa mère qui céda en la laissant, sur les conseils d’abbés, d’évêques et d’aristocrates locaux, retourner définitivement à Hamage. Donc, alors qu’Eusébie avait reçu en charge, de par la volonté de son aïeule Gertrude, la direction de la communauté d’Hamage, l’injonction par Rictrude de réintégrer Marchiennes et la translation des reliques de Gertrude sont à comprendre comme une première tentative de faire passer Hamage 78 Sur le débat lié au siège épiscopal d’Amé (Sens ou Sion), voir en dernier lieu, Fr. Dolbeau, « Le dossier hagiographique de saint Amé », art. cit., p. 100. 79 Sur la tradition qui affirme que le monastère fondé par Mauront (Broilum) est celui que l’on retrouve à partir du milieu du xie siècle sous le nom de Merville, cf. supra note 45, p. 59. 80 VR, col. 845 : Gertrudi abbatissae Hamaticensi mortuae sufficitur Eusebia. 81 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16), op. cit., p. 611.

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sous le contrôle de Marchiennes. La violence du châtiment administré par Mauront et la mobilisation des aristocrates prouvent qu’il ne s’agit pas de lutter contre l’entêtement d’une enfant, si inspirée soit-elle. Le binôme Marchiennes-Hamage est devenu, sans que la documentation permette de l’étayer, un enjeu dans la transmission des biens familiaux. La descendance de la fondatrice d’Hamage, qu’on peut imaginer nombreuse car Eusébie est une arrière-petite-fille de Gertrude, ne voulait sans doute pas que ce monastère soit absorbé par celui de Marchiennes et voulait probablement que soit maintenue la distinction des biens des deux communautés. La violence du châtiment infligé (la vita rapporte que, à la suite des coups reçus et jusqu’à sa mort, elle cracha du sang82), disproportionné et inexplicable si on s’en tient au caprice d’une enfant, prend sens si l’attitude d’Eusébie, peut-être soutenue ou téléguidée par un cousinage, remettait en cause des projets de Rictrude et de Mauront. Toujours est-il que le monastère d’Hamage garde son indépendance et qu’Eusébie mourut bien plus tard, un 16 mars Les annales du monastère fixent la mort en 68883. Les deux chapitres suivants (18 et 19) exposent les arguments pour défendre l’attitude de Rictrude dont le comportement face à sa fille pourrait faire douter de sa sainteté. Hucbald, mobilisant les citations bibliques, s’en prend à ceux qui, face à l’attitude de Rictrude et de Mauront, se limitent aux apparences : un conflit violent qui oppose une mère à sa fille, une sœur à son frère. L’auteur justifie les réactions de Rictude et de Mauront : ce sont des comportements humains face à l’immaturité d’Eusébie (immaturam aetatem). Le souci de Rictrude était de faire grandir sa fille dans la perfection (ad perfectiora provehat). Quant à l’entêtement d’Eusébie, ce n’est pas du mépris, mais, face à l’affection pour sa mère, l’expression d’un amour supérieur qui veut rester fidèle à celui de qui elle avait reçu l’anneau de la grâce (in visu gratiae ejus qui illam annulo suo subarrhaverat). Hucbald poursuit en montrant que l’infirmité corporelle qui a frappé Eusébie est un signe de grâce qui a contribué à renforcer son esprit. Plus son corps dépérissait, plus grandissaient ses vertus. Les souffrances physiques, infligées à bon droit à Eusébie, furent une épreuve pour affirmer sa sainteté. L’ensemble du conflit, dans une finalité moralisatrice, est donc présenté comme une étape spirituelle. Les derniers chapitres sont de courtes notices nécrologiques (chap. 20 à 23) : Amé, Mauront et Rictrude. Même la mort de l’héroïne est évoquée brièvement avec trois précisions chronologiques : Rictrude, âgée de soixante-quatorze ans, meurt le 12 mai 687/688, après quarante années à la tête du monastère84. L’auteur, comme dans d’autres de ses œuvres85, exalte l’attitude morale des derniers instants, la mort présentée

82 VR, c. 17, col. 844 : ut pluribus quibus supervixit annis purulentam mistamque sanguine ejiceret salivam oris. 83 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16), op. cit., p. 611. Cette précision dans le manuscrit (Douai, BM, ms. 170) est d’une écriture de la fin du xiie siècle. Le manuscrit le plus ancien de la VR (Douai, BM, ms. 849, fol. 91vo) ne donne que le jour. Des manuscrits postérieurs donnent l’année 689 et l’âge d’Eusébie (46 ans), soit une naissance en 643 avec un père mort en 635/636 ! 84 VR, c. 21, col. 847. 85 H. Platelle, « Le thème de la conversion à travers les œuvres hagiographiques d’Hucbald de SaintAmand », Revue du Nord, 68 (1986), p. 511-529, ici p. 525-529.

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comme un moment de joie et de séparation du corps et de l’âme86. Hucbald relate en termes généraux les funérailles87 et conclut par les miracles de guérisons opérés sur le tombeau à Marchiennes, évoqués sans aucun exemple précis88. On retrouve là les réticences de l’auteur pour les faits extraordinaires et sa préférence pour les grandes envolées théologiques et morales, comme lorsqu’il évoquait le mariage de Rictrude, la virginité consacrée de ses filles ou le renoncement au monde du fils ; ici, la mort est présentée dans son essence chrétienne avec une double glorification pour Rictrude. La première est celle de la gloire éternelle dont bénéficie Rictrude dès son dies natalis ; la seconde est celle qui interviendra avec sa résurrection89. On est donc bien dans l’univers spirituel et moral d’un moine pour qui le bon choix de vie est celui de la vie religieuse. Un ultime chapitre de conclusion (chap. 24) est en réalité une prière adressée à Rictrude et peut sans doute être perçu comme le témoignage le plus ancien du culte qui lui est rendu90. Que peut-on retenir d’un point de vue strictement historique sur la fondation de l’abbaye de Marchiennes, une fois passés au tamis les éléments tirés des différents types de sources qui procèdent fondamentalement du récit hagiographique ? La chronologie demeure imprécise et seul un canevas très général peut être proposé. Si le rôle d’Amand dans la fondation ne peut être contesté, il ne peut cependant pas être cerné de façon précise. Dans la Vita Amandi, le chapitre relatant les fondations du missionnaire est placé après les trois ans qu’il a passés comme évêque de Maastricht avant de renoncer à la dignité épiscopale91. Le temps de cet épiscopat n’est pas daté de façon sûre : entre la fin de 648 ou le début 649 et la fin de 651 ou le début de 652. Le chapitre qui relate la fondation d’Elnone précède la mission d’Amand en Gascogne, mais rien ne prouve, et on peut être assuré du contraire, que l’hagiographe ait dans sa composition respecté la chronologie des actions de son héros. En effet, dans un autre récit, la Vita Colombani de Jonas de Bobbio, une phrase de son prologue permet de placer la fondation d’Elnone entre 639/64292. On peut penser que fort logiquement Amand, dans sa stratégie missionnaire, ait suivi le cours de la Scarpe où déjà existait le monastère d’Hamage. En effet, ce dernier avait été fondé par Gertrude, grand-mère d’Adalbald, après l’arrivée d’Amand dans les contrées septentrionales mais avant la conversion de Rictrude à la vie religieuse, donc entre 625 au plus tôt et 639/640. Peu après l’installation à Hamage, Amand complète son implantation missionnaire par la

86 VR, c. 21, col. 847 : diu desiderato potita votorum gaudio, corpusculum terrae, sanctam vero animam reddidit coelo. 87 VR, c. 22, col. 848 : Sepulta est autem in eodem loco honorifice a Dei sacerdotibus aliisque in ecclesiasticae dignitatis ordine. 88 VR, c. 23, col. 848 : ibi etenim caeci visum, surdi auditum, muti sermonis officium, claudi gressum, febriciantes ac variis aegrotationibus laborantes… 89 VR, c. 22, col. 848 : Tunc denique illa felici resurrectione duplici glorificatione glorificanda. 90 Le chapitre commence comme la prière du canon de la messe : Te igitur (VR, c. 24, col. 848). 91 Vita Amandi (MGH SRM, t. 5), op. cit., c. 18, p. 442-443 et c. 22, p. 445. 92 Vita Columbani abbatis discipulorumque par Jonas de Bobbio, éd. B. Krusch, MGH SRM, in usum scholarum, Hanovre, 1905, p. 145).

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fondation de Marchiennes sur l’autre rive de la Scarpe, sur des biens fonciers provenant du même patrimoine familial, et confie la direction de la communauté d’hommes à son disciple Jonat. Ceci ne permet pas, cependant, de proposer une date précise. Si l’année 610 indiquée par les annales du monastère est absolument à exclure, rien n’a pu se faire avant la mort d’Adalbald (636 ?) car les traditions locales ne conservent aucun souvenir d’un rôle quelconque qu’il aurait tenu dans la fondation. Ces éléments chronologiques somme toute imprécis posés, il faut aussi tenter d’éclairer le rôle de Jonat dans les débuts de l’abbaye, entreprise qui se heurte à de réelles difficultés. Les sources contemporaines ne le citent pas et tous les éléments qui se rapportent à lui reposent sur des informations largement postérieures. En effet, l’homme n’apparaît pas dans la Vita Amandi et sa première mention est celle de la Vita Rictrudis. Hucbald, se fondant sur le récit de Jonas de Bobbio qui dit avoir suivi saint Amand, indique que Jonat fut disciple d’Amand et que le missionnaire du Nord lui confia la direction de Marchiennes93. On est dans une construction où Hucbald assimile Jonas et Jonat. Ce dernier, promu abbé, accueillit Rictrude et ses filles comme moniales. Le monastère était-il déjà double ou le devint-il à cette occasion ? Une idée commode est d’imaginer une répartition des charges : à Jonat la responsabilité des hommes, à Rictrude celle des femmes. Or, il faut le rappeler, jamais la Vita Rictrudis n’use du terme d’abbesse pour définir les fonctions de Rictrude alors que le terme d’abbé qualifie Jonat. Comme ce dernier meurt le 1er août vers 69094, donc après Rictrude, voilà pourquoi Hucbald ne dit rien de la succession de celle-ci. À ces informations consignées en 907 s’ajoute l’élévation des reliques du personnage un 8 avril, opérée par l’abbesse Judith, abbesse attestée dans une charte de 975. Un culte local s’est-il développé à la suite de cette liturgie solennelle ? Son tombeau est toujours attesté au milieu des années 112095. Ces éléments d’information complémentaires plus tardifs ne sont pas plus informatifs sur les débuts du monastère. Ils proviennent d’abord des Lectiones in commemoratione et transitu sancti Jonati confessoris qui celebratur kalendis Augusti, ouvrage composé de deux éléments. Le premier est une Vita Jonati longtemps attribuée à Hucbald (mort en 930) mais dont le contenu examiné de façon critique permet d’assurer que le moine amandinois n’en est pas l’auteur. De fait, ce récit n’est plus daté des trois premières décennies du xe siècle, mais doit être placé à la fin du xe ou au début du xie siècle96. Cette Vita, en réalité une homélie qu’on lisait le jour du dies natalis de Jonat, n’apporte aucune information sur le personnage. Le second élément de ces lectiones est un récit de l’élévation des reliques de Jonat, composé

93 VR, c. 10, col. 838. 94 Voir la notice abbatiale, no 1, p. 379. 95 Patrocinium, AASS, Maii 3, p. 154. 96 A.-M Helvétius, Abbayes, évêques et laïques. Une politique du pouvoir en Hainaut au Moyen Âge (viie-xie s.), Bruxelles, 1994 (Collection Histoire. Série in-8o, 92), p. 330, note 97, propose l’année 977 au plus tôt ; puis dans « Réécriture hagiographique et réforme monastique : les premières Vitae de saint Humbert de Maroilles (xe-xie siècles). Avec l’édition de la Vita Humberti prima », in La réécriture hagiographique dans l’Occident médiéval : transformations formelles et idéologiques, dir. M. Goulet et M. Heinzelmann, Ostfildern, 2003 (Beihefte der Francia, 58), p. 195-230, elle envisage (p. 218) une composition liée à la réforme de 1024.

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aussi dans le cadre de la remise en ordre monastique des années 1024. Il s’agit alors de promouvoir le rôle de ce « premier » abbé de Marchiennes et de justifier ainsi l’éviction des moniales. Mais aucune information historique sur le rôle de Jonat à Marchiennes n’y figure. Puis vient un récit, daté des années 1127-1128, qui relate une translation des reliques de Jonat au village de Sailly. Ce texte ne nous apprend rien non plus sur le viie siècle marchiennois97. Mais, en revanche, cette translation est particulièrement précieuse pour comprendre la stratégie dont use l’abbé Amand (11161136) pour défendre les intérêts de son abbaye après les troubles liés au meurtre du comte Charles le Bon98. Enfin, une chronique amandinoise du début du xiiie indique que Jonat aurait été chargé par Amand, lors du troisième voyage que le missionnaire accomplit à Rome, de la direction de l’abbaye d’Elnone99. Comme aucun abbé de ce nom n’est attesté par les sources amandinoises, on peut envisager au mieux pour Jonat un simple intérim à Elnone. Outre le flou chronologique et l’hypothèse d’un abbatiat marchiennois s’ajoute une incertitude d’identité déjà évoquée à propos de Jonat « de Marchiennes » qui n’est sans doute pas Jonas « de Bobbio »100. Au total, Marchiennes et Hamage, monastères dont l’origine et l’évolution sont peu éclairées par la documentation, appartiennent à la cohorte des monastères patrimoniaux, comme il y en eut tant et comme l’indique la succession abbatiale attestée par la tradition : la fille aînée Clotsinde à Marchiennes, la cadette Eusébie à Hamage. Á cette dernière succède, sans doute pas directement, Gertrude, veuve dont le nom rappelle celui de la fondatrice et incline à penser à une femme du même lignage. Celle-ci fait construire, entre 679 et 703, un sanctuaire dédié à la Vierge qui remplace l’oratoire élevé par Eusébie, et dédicacé en présence de Hatta, abbé de Saint-Vaast101. Des campagnes de fouilles menées il y a quelques années à Hamage confirment les données des sources narratives avec la présence d’une petite communauté102. Toujours est-il que, jusqu’à la fin du viie siècle, la même famille contrôle un complexe familial monastique articulé autour de deux abbayes. Le rôle confié à Mauront dans l’exil de l’évêque Amé révèle l’attachement du clan à la

97 S. Vanderputten, « A Miracle of Jonatus in 1127. The Translatio S. Jonati in Villa Saliacensi (BHL 4449) as Political Enterprise and Failed Hagiographical Project », Analecta Bollandiana, 126 (2008), p. 55-92. Il s’agit de la première édition complète du texte. 98 S. Vanderputten, « Charles de Flandre et saint Jonat : les moines de Marchiennes entre pouvoir comtal et sainteté foncière (début du xiie siècle) », in Hagiographie, idéologie et politique au Moyen Âge en Occident, Actes du colloque international du centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, 11-14 septembre 2008, 2012, p. 277-294. 99 Chronica brevis de fundatione et abbatibus Elnonensis, dans Chronique rimée de Philippe Mouskès, t. 1, éd. De Reiffenberg, Bruxelles, 1836, p. 518-520, ici p. 519 : Verum episcopalem curam oneri honorique ejus, dum renuntiasset et limina apostolorum pro tertia vice, adjunctis sibi Sanctis Humberto de Maricolis et Nicasio Elnonensi monacho et discipulo, petere decrevisset, praedicto Jonato Marchianensi Elnonense coenobium simul duxit commendandum. 100 Cf. supra note 68, p. 64. 101 Vita Eusebiae, AASS, Mart. 2, c. 4, p. 453. Hatta fut aussi abbé de Saint-Bavon de Gand (Monasticon belge, 7-1 : Province de Flandre orientale, Liège, 1988, p. 28-29). 102 É. Louis, « Sorores ac fratres », art. cit., p. 21-24.

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dynastie mérovingienne et à la Neustrie. Mais, malgré ou à cause de la Vita Rictrudis, la réalité de la personnalité de Rictrude nous échappe. En effet, la composition du récit en 907 est marquée par les caractéristiques de l’époque. Par-delà les faits, souvent difficilement vérifiables, qu’il rapporte dans la Vita, Hucbald est influencé et marqué par l’ambiance intellectuelle de son temps alors que la distance chronologique avec les actions de l’héroïne s’allonge. L’Église des temps carolingiens se moralise et les hagiographes ne font pas œuvre historique mais construisent des modèles spirituels stéréotypés103. Si le viie siècle marchiennois constitue un brouillard chronologique à peine troué de quelques repères probables, le viiie siècle reste particulièrement obscur. Seul survit le souvenir du dies natalis de ceux qui furent les acteurs de cette entreprise monastique : Rictrude le 12 mai (687/688 ?), Jonat le 1er août (690 ?), Mauront le 5 mai (701 ?) et Clotsinde un 30 juin entre 703 et 714104. Des notes du xvie siècle signalent, sans aucune référence, trois abbesses105 : Gomatrude qui succède à Clotsende, une certaine Clarisse puis Eustachie, placée au début du ixe. Si le premier nom sonne correctement pour le début du viiie siècle, les deux suivants ne correspondent en rien aux pratiques onomastiques du haut Moyen Âge. Passée la mention de la mort de Clotsinde dont on ignore tout de l’abbatiat, il faut attendre une mention, la première qui ne soit pas d’origine hagiographique et qui se situe entre 769 et 782, par laquelle Gislebert, évêque de Noyon-Tournai et aussi abbé de Saint-Amand, renonce à ses droits sur le monastère et le village de Marchiennes qui dépendent de son diocèse et sont situés sur la rive gauche de la Scarpe. Cet échange montre un prélat soucieux de rendre cohérent le terroir de Saint-Amand106. Son collègue, l’évêque de Cambrai, lui cède en compensation l’église Saint-Martin à Elnone, située sur la rive droite de la Scarpe107. Cette rectification de frontière et, par conséquent, d’autorité spirituelle est sans doute aussi à replacer dans un contexte d’approfondissement de 103 A.-M. Helvétius, « Les modèles de sainteté dans les monastères de l’espace belge du viiie au xe siècle », Revue bénédictine, 103 (1993), p. 51-67. 104 Si chaque dies natalis n’a aucune raison d’être écarté, en revanche les années figurant dans les Annales Marchianenses ne peuvent être vérifiées ; voir annexe 1 (Liste abbatiale), la notice de Clotsinde, p. 380. 105 Series abbatum monasterii Sanctae Rictrudis extracta ex diversis monumentis loci (ADN, 10 H 327, fol. 17-28, écriture du xvie siècle). 106 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 54. 107 Voir charte no 2. Sur les modifications de frontières que cet échange constitue, voir H. Platelle, « Une chronique inconnue de l’abbaye de Saint-Amand », Revue du Nord, 37 (1955), p. 217-223, ici p. 221 ; H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 54, note 4 ; B. et R. Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », Revue du Nord, 288 (1990), p. 697-735, ici p. 712, soulignent, mais sans référence explicite à l’échange qui nous intéresse, la difficulté d’établir les limites des pagi concernés. Sur la difficulté à fixer les frontières de cette région, voir É. Delcambre, « L’Ostrevent du ixe au xiiie siècle », Le Moyen Âge, 28 (1927), p. 241-279 ; J. Viard, « L’Ostrevent. Enquête au sujet de la frontière française sous Philippe VI de Valois », Bibliothèque de l’École des chartes, 82 (1921), p. 316-329 et J.-M. Moeglin, « La frontière introuvable : l’Ostrevant », in Une histoire pour un royaume (colloque en hommage à Colette Beaune, 2007), Paris, 2010, p. 467-483. Ajoutons qu’en 1180, il y avait litige entre les évêques d’Arras et de Tournai pour fixer les limites de leurs diocèses respectifs à la hauteur de Coutiche (A. De Loisne, Le cartulaire du chapitre d’Arras, Arras, 1896, p. 38, no 46).

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la christianisation et donc d’un souci d’encadrement plus efficace de la population marqué par la proximité de l’autorité épiscopale. À compter de ce moment, et jusqu’en 1094, l’abbaye de Marchiennes appartient au diocèse de Cambrai, date à laquelle elle sera attribuée au diocèse d’Arras restauré. Enfin, précisons aussi que le diplôme délivré par Charlemagne le 1er août 813 par lequel il confirme les biens de l’abbaye est un faux du xviie siècle et n’est d’aucune utilité pour en tirer la moindre information sur la période franque108.

La mainmise carolingienne sur le monastère Les ixe et xe siècles sont tout aussi pauvres en informations sur l’abbaye. La notice du xvie siècle déjà citée signale comme abbé un certain Hinard, qui est aussi abbé de Saint-Pierre et de Saint-Bavon de Gand. Il s’agirait donc d’Eginhard (818/819-840), affirmation invérifiable. Quant aux sources plus sûres, l’ensemble est des plus chétifs : une mention dans les annales de Saint-Bertin et un acte pour le ixe siècle, en excluant naturellement le faux diplôme de Charlemagne évoqué plus haut ; deux actes et une mention pour le xe109. On est donc loin du dossier documentaire amandinois qui permet d’exploiter dix-sept documents pour éclairer la période 821-952110. Notre connaissance de l’abbaye au ixe siècle dépend donc, malgré les réserves que l’on peut faire, du diplôme impérial délivré le 11 juillet 877 à Ponthion par Charles le Chauve, à la demande de son ministérial Bernon. Bien que plusieurs éléments internes au document induisent critiques et suspicions, il n’en reste pas moins que ce diplôme apporte quelques informations sur la situation de l’abbaye, à partir du moment où on met en relation ce document avec un passage des annales de Saint-Bertin111. Charles, après la déroute militaire d’Andernach (octobre 876), a convoqué une assemblée des grands à Samoussy (27 novembre) et récompense ceux qui ont abandonné Louis le Jeune et se sont ralliés à lui, en distribuant à certains des abbayes encore intactes ou en accordant à d’autres des bénéfices pris, entre autres, sur les biens de Marchiennes112. Ainsi donc, en 876, les largesses impériales conduisent à une partition des biens de l’abbaye. Charles a établi, de fait, une mense conventuelle sur une partie des biens de la communauté et a gardé le contrôle du reste. Si, indubitablement, l’abbaye possède toujours une assise foncière suffisante, c’est entre novembre 876 et

108 Charte no 3, voir la note critique. 109 Pour le ixe siècle : un faux diplôme de Charlemagne (charte no 3) et un diplôme de Charles le Chauve (no 4) ; pour le xe siècle, un diplôme du roi Lothaire (no 5), une charte de l’abbesse Judith (no 6), une mention de Judith (no 7). 110 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 71 ; deux diplômes de Louis le Pieux, un de Lothaire, cinq de Charles le Chauve, trois de Charles le Simple, un acte de l’abbé Robert, un des moines, un du roi Raoul, un du roi Robert, deux chartes d’une donatrice. 111 Voir la note critique de la charte no 4. 112 Annales de Saint-Bertin, éd. F. Grat, J. Vielliard, S. Clément, Paris, 1964 (Société de l’Histoire de France), anno 876, p. 211 : quibusdam abbatias sicut erant integras dedit, quibusdam de abbatia Marcianas quam diviserat beneficia donavit et sic a se abire permisit.

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juillet 877 que la partition des biens marchiennois aurait eu des conséquences telles que Charles promulgue un diplôme destiné à clarifier la situation. L’ensemble des décisions est justifié « par pitié des besoins des frères et des sœurs » de Marchiennes. Adressé à la communauté monastique, ce diplôme ne mentionne ni abbé ni abbesse. L’intervention de Charles résulte de la pression de Bernon, diacre du palais et ministérial, dont on peut penser qu’il devait être l’abbé laïque de Marchiennes113. Les décisions prises ne supposent pas, contrairement à une interprétation hâtive, un grave état de dérèglement de la communauté, une vive protestation de celle-ci et la nécessité d’une remise à plat du fonctionnement de l’abbaye. Il est difficile de croire qu’une telle dégradation ait pu intervenir en à peine dix mois. En réalité, c’est la communauté des moines qui se mobilise pour obtenir une définition claire de sa propre part, redoutant les effets déplorables d’une mainmise laïque d’autant plus probable que l’important monastère voisin, l’abbaye de Saint-Amand, subit cette pratique depuis 821114. Les moines marchiennois étaient sans doute au courant des mouvements de biens préjudiciables aux intérêts de la communauté amandinoise, biens qui, par soustraction ou restitution, sortaient de la mense conventuelle ou y revenaient115. Sans doute voulaient-ils se prémunir contre de tels risques. Outre le rappel des éléments de localisation qui insèrent l’abbaye dans les structures franques (comitatus Atrebatensis, pagus Ostrebannum), outre la mention de Rictrude qui n’est pas citée comme fondatrice mais comme protectrice (tutela) du lieu, le souverain confirme les possessions et droits de l’abbaye, augmentés de différentes terres et villae. L’énumération est loin d’être complète, car si le diplôme impérial précise biens et lieux ainsi que les affectations de certains revenus, en fait il ne s’agit que de la mense conventuelle. Rien n’est dit de la mense abbatiale qui ne peut ainsi, en apparence, être cernée. Comme des documents postérieurs permettent de reconstituer ce que fut la première dotation foncière formée sur les biens d’Adalbald116, l’absence de presque tous les éléments de ce vaste ensemble foncier primitif, sauf un, intrigue. La villa de Marchiennes, là où est installé le monastère, était composée des actuels villages de Marchiennes, Bouvignies, Beuvry, soit environ 4800 ha117. Seul le dernier, Beuvry (1250 ha), est cité et attribué « aux

113 Un clerc du palais Bernon est attesté dans l’entourage de Charles le Chauve en 835 ( J. L. Nelson, Charles le Chauve, Paris, 1994, p. 115 ; source, Loup de Ferrière, lettre 11). Il figure aussi dans un diplôme de 856 (G. Tessier, Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France (Chartes et Diplômes relatifs à l’Histoire de France), 3 vol., Paris, 1934-1955, p. 478-480, no 180). 114 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 70-73. 115 Par exemple, le vaste domaine de Barisis (H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 92-96). 116 B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, op. cit., passim. 117 Cette évaluation repose sur les superficies des communes actuelles en supposant une corrélation avec les superficies anciennes de villae, donc en définitive une permanence des limites de territoire. Mais il faut aussi repérer les démembrements et reconstituer des paroisses primitives, éventuellement des villae carolingiennes. Cette démarche a été initiée par G. Fournier, « La mise en place du cadre paroissial et l’évolution du peuplement », dans Cristianizzazione ed organizzazione ecclesiastica delle campagne nell’alto medioevo : espanzione e resistenze, Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto Medioevo, 28 (1982) Spolète, p. 405-575. C’est sur cette hypothèse que notamment H. Platelle, B. Delmaire et É. Louis ont fondé leurs études (voir la bibliographie) ; pour les équivalences des superficies anciennes,

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frères et aux sœurs ». On doit donc en déduire que l’essentiel de la villa (3570 ha) constitue la part de l’abbé. De même, rien n’est dit de la dévolution de l’assise foncière d’Hamage. Seule est prévue la répartition curieuse du vin provenant de la villa de Vregny, dépendante d’Hamage : un tiers pour la communauté de ce lieu, un tiers pour celle de Marchiennes, un tiers pour la mense abbatiale. Ce dernier tiers suggère qu’il n’y a qu’un seul abbé pour les deux communautés car la démarche du ministérial Bernon rend improbable l’existence d’une abbesse. L’absorption de l’abbaye d’Hamage par celle de Marchiennes est-elle déjà opérée et maintient-on une distinction uniquement pour Vregny, simplement parce que ce fut une donation faite par Dagobert ? Dans ce cas, le reste de la dotation foncière d’Hamage a été versé dans la part abbatiale de Marchiennes, soit quelque 1600 ha. Cette reconstitution de la mense abbatiale marchiennoise donne une superficie d’environ 6500 ha. On est dans la même logique que celle qui a été suivie pour la partition entre la mense conventuelle et la mense abbatiale de Saint-Amand. L’essentiel de la dotation primitive marchiennoise constitue la part de l’abbé et lui permet de garder le contrôle sur le voisinage immédiat de l’abbaye avec les trois quarts des terres de Rictrude et la totalité des terres de Gertrude, la fondatrice d’Hamage. Les importants ensembles fonciers attribués aux religieux et aux religieuses sont constitués d’une dizaine de villae : une en Cambrésis, Lis à l’identification incertaine (Viesly, 1067 ha, paraît improbable)118, deux en Artois avec Boiry (581 ha) et Gouy (547 ha), une en Ostrevent avec Rieulay (729 ha) ; en Pévèle se trouve Beuvry (1252 ha) ; en Mélantois, Ronchin (542 ha) et Templeuve (1584 ha) ; en pagus Leticus, Haisnes et sa dépendance Nangy (588 ha). L’ensemble dévolu « aux frères et sœurs » totalise aux environs de 6800 ha avec toutes les réserves que l’on doit mettre si l’on se fonde, pour les calculs, sur les superficies des communes actuelles. Mais, en tout état de cause, les ordres de grandeur sont là. La répartition géographique montre des implantations dans des zones de productions variées depuis Reninge en pays flamand en passant par l’Artois et jusque Vregny en Laonnois. Si les superficies des deux menses semblent s’établir ainsi avec 6500 ha pour l’abbé et 6800 pour les religieux, la différence en faveur des « frères » ne doit pas faire illusion. Ce que le diplôme de Charles le Chauve indique, c’est la part conventuelle et non celle de l’abbé. On peut raisonnablement penser que l’abbé disposait d’autres terres et revenus, ne serait-ce que la mystérieuse villa d’Ampleias, non identifiée et donc non évaluée en superficie, dont les revenus de la réserve sont affectés au luminaire. De même, si les moines perçoivent la dîme de Reninge, la villa elle-même n’est-elle pas un élément de la mense abbatiale ? Or, dans ce cas, il faut ajouter à la part de l’abbé quelque 2200 ha, ce qui donne à ce dernier un net avantage, même si aux biens dévolus aux moines il faut ajouter aussi quelques compléments : un manse voir Cl. Petillon, A. Derville, B. Garnier, Atlas historique et statistique des mesures agraires (fin xviiie-début xixe siècles), 1, Nord-Pas-de-Calais, édition du Lys, 1991. Voir, plus loin, la présentation du temporel de l’abbaye. 118 L’identification avec Viesly est douteuse car l’abbaye n’a jamais eu de possessions en Cambrésis, en particulier à proximité de Solesmes. Viesly était une paroisse de l’église cathédrale de Cambrai. Voir dans Lis l’actuel Illies en pays Leticus n’est pas plus satisfaisant car ce fut une paroisse de l’abbaye Saint-Vaast.

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et son moulin à Lambres, une redevance de quatre cents anguilles due par la villa de Rieulay à l’abbaye. Le diplôme impérial ne se limite pas à une définition des biens monastiques mais il entend aussi assurer la dotation de quelques offices claustraux. Le vin provenant de la villa de Vregny est, nous l’avons déjà dit, réparti en trois tiers : le seigneur (l’abbé ?), les frères et les sœurs de Marchiennes, les frères et les sœurs d’Hamage. À l’entretien de l’église sont affectés un manse près du monastère et deux autres de la villa non identifiée d’Ampleias. Le domaine seigneurial doit fournir trois livres d’argent pour le luminaire dont une partie est vraisemblablement destinée au tombeau de Rictrude119, et douze muids de vin pour les besoins liturgiques. L’hôtellerie peut fonctionner grâce aux revenus de trois manses : l’un près du monastère, deux situés dans la villa d’Ampleias, et deux setici (tenures ?) à Rieulay. Cette hôtellerie est vraisemblablement l’hospice des pauvres qui accueillait pèlerins et mendiants. Il ne peut s’agir du service d’accueil des hôtes de marque car, dans les dispositions comparables qui sont prises pour Saint-Amand en 847, la distinction est faite entre l’hospitale pauperum et la porta120. Les dîmes des villae de l’abbaye seront versées à la communauté, constituant l’essentiel de ses revenus. À partir de ces indications et sur la foi de nombreux cas similaires121, on peut cerner l’impact de ces dispositions. Les dîmes frappaient les revenus seigneuriaux des villae : les récoltes de la réserve et les redevances des tenanciers. Ceux-ci versaient aussi la dîme à l’église paroissiale. Les versements cumulés représentaient une importante quantité de grains et d’animaux qui permettaient le fonctionnement du service d’accueil. Dès lors, comme à SaintAmand, les revenus spécifiquement affectés à l’hôtellerie, un peu plus que trois manses, apparaissent comme un appoint ou une précaution en cas de défaillance dans les rentrées en nature. Mais cette répartition de biens entre mense abbatiale et la mense monastique et la dotation des offices claustraux concernaient une communauté de quelle importance ? L’exploitation d’un indice est bien tentante pour définir le nombre de moines. Une bible datant de la fin du viiie siècle porte sur un de ses folios un inventaire de la sacristie consigné dans une écriture du ixe siècle indiquant qu’il s’y trouve quarante aubes. On peut en déduire qu’il y avait autant de moines122. Si cette liste se rapporte à Marchiennes, les effectifs déduits peuvent s’appliquer vraisemblablement à un état antérieur aux destructions par les Vikings. Un autre élément mince et fragile sur la communauté monastique résulte d’un colophon d’une écriture carolingienne qui

119 On trouve une disposition comparable à Saint-Amand en 864 (cf. H. Platelle, Le temporel de SaintAmand, op. cit., p. 79). 120 G. Tessier, Recueil des actes de Charles II le Chauve, op. cit., p. 247-250, no 92 : ad portam et ad hospitale pauperum decime conferantur. 121 É. Lesne, « Les dîmes des biens ecclésiastiques », Revue d’histoire ecclésiastique, 13 (1912), p. 477-503 et 659-673 ; 14 (1913), p. 97-112 et 489-510, passim. 122 Douai, ms. 12, fol. 36ro : Filateria XVI. Stolæ V. Casulæ VIII. Facitercula VIII. Tunichelli V. Dalmatica IV. Cappæ X et VIII. Pallia XXV. Manutergia X et VIII. Albæ XL. Cortinæ lineæ IV. Laneæ IV. Cortinæ pallii II. Dossales II. Bancholia IV. Calices IV. Cruces III. Baculi II. Altare II. Textus Evangelii III. Hormis les quarante aubes, on ne peut rien déduire des autres éléments liturgiques énumérés.

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figure dans un volume d’Évangiles provenant de l’abbaye daté du ixe siècle. Il y est précisé que le codex fut commencé par Luiesguethen et terminé par Lioscar123. On pourrait donc en déduire l’existence d’un scriptorium actif si on pouvait démontrer que ce codex a été composé par deux Scots à ou pour Marchiennes. Or il semblerait que le manuscrit provienne de l’abbaye de Landévennec en Bretagne124. Comment et pourquoi l’abbaye s’est-elle procuré ce codex ? Toujours est-il que ces deux indices, s’ils se rapportent vraiment à l’abbaye, et le diplôme de Charles le Chauve sont les seuls éléments qui éclairent un peu la réalité de la communauté marchiennoise du ixe siècle. La sollicitude impériale pour Marchiennes, même si elle résulte d’une demande du ministérial Bernon, doit être éclairée par une mise en perspective plus large, celle du contrôle des monastères de la vallée de la Scarpe, Hasnon et Saint-Amand. Le diplôme en faveur de Marchiennes, promulgué le 10 juillet 877, prend un relief particulier si on le rapproche de celui destiné à Hasnon, daté du 11 juillet de la même année, de celui délivré en faveur de Denain un mois plus tard (12 août), et des quatre chartes accordées par Charles le Chauve à Saint-Amand entre 847 et 872. Tous ces documents présentent des dispositions comparables avec une redéfinition des temporels et une volonté de contrôle très net sur ces monastères. En effet, l’abbaye Saint-Amand est de 867 à 870 aux mains de Carloman, fils de Charles le Chauve, destitué pour une raison inconnue et remplacé par son neveu Gozelin (870-884), fils du comte du Maine et futur évêque de Paris125. Hasnon, de son côté, est devenue abbaye royale sous l’autorité de l’abbesse, en l’occurrence Ermentrude, fille de Charles le Chauve. Les biens sont répartis en deux manses126. En ce qui concerne Denain, le diplôme indique que la restauration foncière résulte de la démarche de Gisèle, sœur de Charles le Chauve, et de son fils Raoul. La famille carolingienne contrôle donc directement Hasnon, Saint-Amand et Denain tandis que l’abbaye de Marchiennes est aux mains de Bernon, un fidèle du palais royal. Si on élargit l’horizon en observant la situation

123 Douai, ms. 13, fol. 135ro. L’explicit de l’évangile de Jean donne les noms des deux copistes de ce manuscrit : Explicit euangelium secundum Iohannem. Luiesguethen istum cœpit scribere librum sed tamen Lioscar consummavit istis vilibus grammis et ideo quicumque lector sis, inque : Luiesguethen Lioscar teneant fidem, spem et caritatem, ut cœlibem æterni regis habeant mansionem. Amen. Infrunitus est qui vituperat hoc quod non potest iterare. Les deux mains sont parfaitement identifiables : Luiesguethen a copié les fol. 1vo-119vo et Loiscar les fol. 120 ro-135ro. 124 B. Bischoff, Katalog der festländischen Handschriften des neunten Jahrhunderts (mit Ausnahme der wisigotischen), 1, Wiesbaden 1998, no 1031, p. 223 ; J.-L. Deuffic, « La production manuscrite des scriptoria bretons (viiie-xie siècles) », dans Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen Âge : Actes du colloque du 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec, 25-26-27 avril 1985, Association Landévennec 485-1985, Landévennec, 1986, p. 289-321, ici p. 298, no 28. 125 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 58-59. 126 G. Tessier, Recueil des actes de Charles II le Chauve, op. cit., p. 475-477, no 436 : …fratrum et sororum necessitatibus in coenobio Hasnoniae nuncupato, videlicet sito in comitatu Atrebatensi, in pago Ostrebanto super fluvium Scarbum sub tutela sancti Petri apostolorum principis Deo militantium subvenire cupientes, eorum indigentiis per Ermentrudem filiam nostram abbatissam patefactis, decernimus per ejusdem Ermentrudis deprecationem nostrae altitudinis praecepta eis confirmari…

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d’autres monastères, on constate les mêmes phénomènes. Cysoing, fondé en 854 par la sœur de Charles le Chauve déjà citée, Gisèle et son époux Évrard, est dirigé par leur fils Raoul (874-892), donc le neveu de l’empereur127 ; le monastère de Saint-Saulve est cité comme abbaye royale en 870128. On pourrait encore élargir et constater cette mainmise carolingienne sur Maubeuge, Hautmont, Maroilles, Crespin, Liessies129. Indiscutablement, cette prise de contrôle par le pouvoir impérial, pratique ancienne accrue pendant le règne de Charles le Chauve, se renforce particulièrement au moment où l’empereur, sur le départ d’une expédition en Italie, veille, par les trois diplômes accordés en été 877 (Marchiennes, Hasnon, Denain), à renforcer la fidélité des monastères fixés sur les deux cours d’eau qui enserrent l’Ostrevent. Le pagus d’Ostrevent, structuré autour des pôles religieux de la Scarpe et de l’Escaut, devient une base pour surveiller les territoires plus à l’est obtenus lors de l’assemblée de Meersen en 870. Les abbayes, indépendamment de leurs richesses, sont donc, à compter du moment où elles sont tenues par des fidèles, des éléments stratégiques dans une zone qui confine au royaume de Lothaire II130. Le tableau 2 met en évidence cette mainmise. Ce quadrillage et cette remise en ordre n’ont pu produire leurs effets dans le long terme car, entre 879 et 883, surviennent les raids destructeurs des Normands dans les cités d’Amiens, d’Arras et de Cambrai, puis les ravages opérés par eux en remontant l’Escaut et la Scarpe, enfin l’installation d’un camp à Condé, base d’opérations entre 882 et 884131. Les Miracula Rictrudis signalent une destruction en 879 des monastères installés le long de la Scarpe132. Les Annales de Saint-Vaast

127 Ch. Mériaux, « La Translatio Calixti Cisonium (BHL 1525) : une commande de Gisèle, fille de Louis le Pieux, au monastère de Saint-Amand ? », in Parva Pro Magnis Munera, Études de littérature tardo-antique et médiévale offertes à François Dolbeau par ses élèves, éd. M. Goulet, Turnhout, 2009, p. 585-611 et l’article consacré à la dépendance de cette abbaye, J.-P. Gerzaguet, « Beaurepaire : de la chapelle (vers 868 ?) au prieuré canonial masculin (fin xiiie siècle) », in L’Église et la société entre Seine et Rhin (ve-xvie siècle), Recueil d’études d’histoire du Moyen Âge en l’honneur de Bernard Delmaire, Revue du Nord, 356-357 (2004), p. 511-524. 128 Annales de Saint-Bertin, op. cit., anno 870, p. 174 ; voir A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques, op. cit., p. 183. 129 A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques, op. cit., p. 153-209. Par exemple, en 855, un ministérial Adalbert est abbé de Crespin (diplôme de Lothaire II ; Th. Schieffer, Die Urkunden Lothars I. und Lothars II. (MGH, Diplomata 2 : Die Urkunden der deutschen Karolinger, III), Berlin-Zürich, 1966, p. 383-384, no 1). 130 A.-M. Helvétius, « L’abbatiat laïque comme relais du pouvoir royal aux frontières du royaume : le cas du nord de la Neustrie au ixe siècle », in La royauté et les élites dans l’Europe carolingienne (début ixe siècle aux environs de 920), éd. R. Le Jan, Villeneuve d’Ascq, 1998, p. 285-299 ; voir aussi pour élargir l’horizon et comparer les pratiques, M. Gaillard, « La place des abbayes dans la politique territoriale des souverains francs et germaniques en Lotharingie, de 869 à 925 », Revue du Nord, 351 (2003), p. 655-666. 131 Annales Vedastini, éd. B. von Simson, MGH SRG, Hanovre-Leipzig, 1909, p. 40-82, ici p. 46 : Anno Domini DCCCLXXX. Nortmanni vero Tornacam civitatem et omnia monasteria supra Scaldum ferro et igne devastant, interfectis accolis terrae atque captivatis ; A. D’haenens, Les invasions normandes en Belgique au ixe siècle ; le phénomène et sa répercussion dans l’historiographie médiévale, Louvain, 1967 (Recueil de travaux d’histoire et de philologie, 4e série, 38), p. 21, 25, 32, 53, 56, 182, 194-195, 262, 264. 132 Miracula Rictrudis, AASS, Maii 3, p. 91, c. 12 : (879) Dirutis quoque monasteriis quae super fluvium Scarp sita erant, etiam Marchianensem coenobium… ; Annales Elnonenses, op. cit., p. 147.

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P r e m i è r e pa rt i e 2. Le contrôle de Charles le Chauve sur les abbayes septentrionales

 

Abbaye

Tenue par

Lien avec Charles le Ch.

Vers 851

St-Bavon de Gand

fidèle

855 866 869 871 876 avant 869

Crespin St-Vaast

Adelelme, comte de Laon Aldebert Charles le Chauve Hugues I Hugues II Raoul Baudouin, comte de Flandre Carloman Gozlin Adalard Adalard Bernon Ermentrude Gisèle (?) Enguerran

867 870 844 861 877 877 ? 870

St-Pierre de Gand St-Amand St-Bertin Cysoing Marchiennes Hasnon Denain Maroilles

ministérial   cousin parent (?) neveu gendre fils cousin germain neveu neveu ministérial fille sœur camérier

mentionnent la destruction en 881 de tous les monastères de la Scarpe par les Normands, au retour d’une expédition partie de Sithiu (Saint-Bertin) en direction de Cambrai. Sont donc concernés Marchiennes, Hasnon, Saint-Amand133 : nouvelle destruction ou confusion des faits avec la mention précédente ? Les Normands, installés à Condé-sur-Escaut depuis octobre 882, lancent en 883 de nouveaux raids et brûlent la cathédrale d’Arras134. Dans ces années-là, les Vikings ont donc remonté la Scarpe et l’on peut penser que les trois monastères situés sur cette rivière ont de nouveau été détruits, à moins qu’ils ne fussent pas remis des destructions précédentes. Les ravages de 879 à Marchiennes sont dépeints dans les miracles de Rictrude de façon stéréotypée mais plausible. Tout est détruit : chartes, livres et objets liturgiques, hormis peut-être quatre codices135. Mais il ne faut pas exclure que des ouvrages anciens aient disparu ultérieurement. Soulignons cependant que seul le diplôme de Charles le Chauve aurait échappé aux destructions et arrêtons-nous un instant sur la signification de ce sauvetage. Ce diplôme impérial, malgré les soupçons déjà signalés qu’il suscite, est donc le seul document de la période franque 133 Annales Vedastini, éd. G. H. Pertz, MGH SS, t. 2, Hanovre, 1878, p. 196-209, ici p. 199 : omnia monasteria supra Hisscar. 134 Annales Elnonenses, op. cit., p. 147. 135 Douai, BM, ms. 4 (Bible, ixe siècle), 12 (Évangiles, viiie siècle), 13 (Évangiles, ixe siècle) et 14 (Actes des Apôtres, ixe siècle) ; voir Chr. Dehaisnes, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements, t. 6, Douai, Paris, 1878, p. 5, 8-11.

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qui aurait pu être sauvé par les fratres. Pour eux, cet acte était effectivement une pièce essentielle qui, leur exode fini, permettrait de se prémunir contre les prétentions ou les appétits de l’abbé. Toutefois, le pluriel (chartae), dans le prologue de la Vita Rictrudis, laisse entendre l’existence de plusieurs documents marchiennois qui, au regard du diplôme impérial, ne présentaient pas le même intérêt. Ainsi donc, les religieux ont réussi à sauver deux éléments fondamentaux vitaux pour la pérennité de leur communauté : la preuve de leurs droits et possessions et les reliques de la famille fondatrice qui furent transportées et mises à l’abri ailleurs, sans que le lieu soit précisé136.

Un obscur xe siècle Le moment du retour de la communauté et de la reprise de la vie religieuse est inconnu. À la différence des moines de Saint-Amand qui, en 899, demandent à Charles le Simple une confirmation générale de leurs biens et qui fabriquent deux faux pour pallier des actes manquants ou supposés tels137, il n’y a rien de tel à Marchiennes. Est-ce à dire que l’acte de Charles le Chauve sauvé par les moines était suffisant pour remettre en route le fonctionnement du monastère ? Si les religieux marchiennois n’ont pas eu besoin d’une confirmation nouvelle, est-ce la preuve que les raids normands, hormis les destructions matérielles, n’ont pas contribué à la dislocation du temporel ? Autant dire que les incertitudes demeureront puisqu’il est peu probable que des sources nouvelles contribuent à éclairer la situation du monastère, et que les quatre codices les plus anciens de la bibliothèque de l’abbaye, dont rien ne permet d’assurer qu’ils étaient à l’abbaye au ixe siècle ne peuvent éclairer la situation spirituelle du monastère. Toujours est-il qu’un quart de siècle après les raids scandinaves, l’abbaye n’est pas capable de produire un récit en son sein. La communauté marchiennoise s’adresse donc en 907 à Hucbald, moine de Saint-Amand, afin qu’il compose la Vita Rictrudis. Ce dernier évoque, dans le prologue, les clercs et les moniales de Marchiennes (clerici et sanctimoniales)138 : le premier terme indique l’existence de chanoines, le second la présence de femmes. Rien ne permet d’entrevoir l’importance et le mode de fonctionnement de la communauté au début du xe siècle. On peut simplement souligner la volonté de structurer la vie liturgique de la communauté autour d’une Vita, celle de la fondatrice, destinée à remplacer un hypothétique texte perdu pendant les incursions des Vikings139.

136 Miracula Rictrudis, AASS, Maii 3, p. 91, c. 12 : Corpora vero sanctorum quae in destruendis ecclesiis recondita fuerant, ad loca tutiora per divinam providentiam salva transportata sunt. In qua destructione deperiit omnis ornatus Marchianensis ecclesiae, in chartis videlicet et privilegiis, in libris et gestis sanctorum et ceteris rebus ad decorem et isum loci pertinentibus. 137 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 82-83 ; les faux sont attribués à Dagobert (637) et au pape Martin (649). 138 VR, prologue, col. 829 : clericis et sanctimonialibus congregationis Dei dilectae famulae beatae Rictrudis. 139 Ibidem : …olim tradita litteraris fuerunt sed insectatione Nortmannicae depopulationis deperierunt…

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Pour le courant du xe siècle, on s’attendrait à trouver sinon des preuves du moins des indices de l’action réformatrice de Gérard de Brogne voulue par les comtes de Flandre et de Hainaut140. La Vita de Gérard de Brogne mentionne une réforme menée à Hasnon sans en détailler les mesures. Rien sur les autres monastères de la vallée de la Scarpe, hormis l’indication de Gérard comme abbé de Marchiennes dans la note du xvie siècle déjà citée. C’est très mince et douteux. Certes, l’action de Gérard s’est exercée de 931 à 952 dans de nombreuses abbayes, presque toutes situées dans les comtés de Flandre et de Hainaut, et est attestée pour les communautés de Saint-Amand et Saint-Vaast. Toujours est-il que son action dans la vallée de la Scarpe a eu les vertus et les limites du prestige personnel dont il bénéficiait. Les mesures prises ne pouvaient guère s’installer dans la durée141. Trop lié aux princes territoriaux, Gérard n’avait pas de conceptions novatrices et restait dans les cadres institutionnels post-carolingiens. Les mesures prises par Gérard furent disciplinaires et ascétiques et, par conséquent, la remise en ordre morale manquait fortement d’un substrat temporel qui aurait garanti aux moines une sécurité matérielle indispensable. S’il est aussi intervenu à Hasnon et s’il a négligé Marchiennes, distante de cinq kilomètres, cela pourrait être en raison de la prédominance des moniales et que seuls les établissements masculins l’intéressaient. Il faut attendre le troisième quart du xe siècle, pour retrouver des éléments documentaires sur Marchiennes : deux chartes et une mention. En 975, Lothaire, roi des Francs, à la prière de la reine Emma son épouse, restitue à Judith, abbesse de Marchiennes, la villa de Haisnes que l’abbaye avait perdue au temps d’Arnoul, comte de Flandre (918-965)142. Le diplôme, octroyé lors d’un séjour à Douai, restitue un bien accordé par Charles le Chauve en 877. Cette intervention royale s’éclaire par la situation politique du comté de Flandre. Le vieux comte Arnoul (mort en 965), qui avait perdu en 962 son fils Baudouin III déjà associé partiellement au pouvoir, doit tenir compte de la minorité de son petit-fils et successeur. Dans ce but, il conclut un arrangement avec le roi des Francs Lothaire. En échange de son appui au futur comte, le souverain pourrait récupérer la partie sud-est du territoire flamand. À l’avènement d’Arnoul II (965-988), le roi exerça alors une sorte de tutelle sur le jeune comte et mit la main sur Arras, Douai et Saint-Amand143. C’est donc en tant que souverain de ces territoires momentanément récupérés que Lothaire intervint en faveur de 140 Sur l’action de Gérard et les soutiens obtenus, voir le volume de la Revue bénédictine (1960) consacré à Gérard de Brogne et son œuvre réformatrice ; A. Hodüm, « La réforme monastique d’Arnoul le Grand, comte de Flandre », Bulletin de la société des Antiquaires de Morinie, 18/349 (1957), p. 577-603 ; W. Mohr, Studien zur Klosterreform des Grafen Arnulf I. von Flandern. Tradition und Wirklichkeit in der Geschiche der Amandus-Kloster, Louvain, 1992 (Mediaevalia Lovaniensia. Series 1, Studia 22), p. 1-18 ; pour une synthèse commode, voir S. Vanderputten et B. Meinjs, « Gérard de Brogne en Flandre. État de la question sur les réformes en Flandre du xe siècle », Revue du Nord, 385 (2010), p. 271-296. 141 J. Nazet, « Crises et réformes dans les abbayes hainuyères », art. cit., p. 494-495. 142 Charte no 5 : sororibus ac fratribus in coenobio sanctae Rectrudis degentibus. 143 Sur cette opération militaire, cf. Gesta episcoporum Cameracensium, éd. L. Bethmann, MGH SS, t. 7, Hanovre, 1846, p. 393-489, ici p. 442 ; Flodoard, Annales, éd. Ph. Lauer, Paris 1905 (Collection de textes pour servir à l’enseignement de l’histoire, 39), p. 156 ; pour l’étude de la crise, F.-L. Ganshof, La Flandre sous les premiers comtes, Bruxelles, 1943, p. 29-31.

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Marchiennes144. Pour expliquer l’intervention de la reine Emma, on ne peut envisager qu’un lien entre la reine et l’abbesse Judith. La mention de cette abbesse et des fratres et sorores du monastère n’apporte guère d’information sur la situation de l’abbaye si ce n’est qu’il y a toujours deux communautés. Judith, citée par les annales du lieu en 986145, n’est guère qu’un nom mais pas n’importe lequel, car il appartient au stock onomastique de la famille royale carolingienne146. Il fut porté par la fille de Charles le Chauve, qui se trouve donc être, de par son mariage avec Baudouin Ier Bras de Fer, à l’origine du lignage comtal flamand. Il fut aussi porté par une fille de Gisèle, la sœur de Charles Chauve qui avait épousé Évrard de Frioul et qui fut dotée par son royal frère du domaine de Cysoing où elle fonda avec son époux une abbaye vers 854, située à 25 kms de Marchiennes. Parmi les nombreux enfants du couple, on note une Judith attestée jusqu’en 895147. Retrouver une abbesse à Marchiennes qui porte un nom attribué à des filles des grands aristocrates issus des Carolingiens et implantés en Flandre, constater que le seul diplôme royal délivré à Marchiennes au xe émane du roi Lothaire, qui donne suite aux demandes de son épouse, sont autant d’éléments convergents pour affirmer que cette abbesse était de haut lignage. Le nom suggère également un rapprochement avec un lignage local. En effet, les Landas qui, par la suite, causèrent tant de soucis à l’abbaye de Marchiennes, ont pour ancêtre connu Amauri, comte de Valenciennes, attesté de 957 à 973, lequel avait pour épouse Judith, petite-fille de Raoul de Cambrai, lui-même frère du comte de Flandre Baudouin II. Quoique sans preuve, on peut envisager que l’abbesse Judith pourrait être une fille de cet Amauri. Les reconstitutions généalogiques ne permettent pas d’aller plus avant et de déterminer avec certitude l’appartenance familiale de cette abbesse. La tradition rapporte que Judith cousinait avec un chevalier de Warlaing, membre du lignage des sires de Landas. Dans ce cas, un contrôle de l’abbaye de Marchiennes se dessine. La tentation est grande de voir dans cette Judith une descendante d’Évrard de Frioul et de Gisèle, liée aux sires de Landas, possessionnés à moins de dix kilomètres au nord de l’abbaye, d’autant plus que l’abbaye de Cysoing, toujours tenue par la descendance de Gisèle, contrôlait à cinq kilomètres au sud de Marchiennes un prieuré « double », Beaurepaire148. Un quadrillage territorial par un lignage prestigieux et ses rameaux émerge donc, même s’il est impossible de le cerner de façon ferme. Toujours est-il que l’abbatiat de Judith prend un peu de consistance avec, outre les deux chartes évoquées plus haut, une translation des reliques de Jonat sur laquelle nous allons revenir. S’y ajoute une allusion à des distributions de biens au détriment

144 Aucune intervention de Lothaire pour Saint-Vaast et Saint-Amand n’est connue. 145 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16), op. cit., p. 613 : Istius Lotharii temporibus prefuit abbatissa Judith ecclesiae Marchianensi. 146 Le nom de Judith fut apporté dans la famille carolingienne lors du second mariage de Louis le Pieux avec Judith Welf (de Bavière), mère de Charles le Chauve. 147 R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc, op. cit., tabl., p. 439 et 447. 148 J.-P. Gerzaguet, « Beaurepaire », art. cit. Si le lien familial entre les Unrochides et les Landas ne peut être prouvé, celui entre les Landas et les châtelains de Tournai (où l’on trouve le prénom Évrard) est établi (E. Warlop, De Vlaamse Adel voor 1300, 2 t. en 3 vol., Handzame, 1968, t. 2, nos 59 et 65).

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de l’abbaye et en faveur de parents, un chevalier de Warlaing, lié aux sires de Landas dont il est fait mention dans l’Histoire-polyptyque, composée vers 1120, sans nommer cependant expressément Judith. Une tradition, établie dès le xiie siècle, rend cette abbesse responsable de ces agissements149. Rien ne permet de le démontrer et l’on peut tout à fait imaginer que cette dénonciation ait été construite lors de la réforme de 1024 pour mieux justifier l’éviction des moniales. À moins que ces reproches résultent de la politique de construction de la légende noire de l’abbé Fulcard (1103-1115), frère d’un sire de Landas, et des luttes pour la reconstitution du temporel, opérée à partir de 1116, qui a conduit l’abbé Amand de Castello à s’opposer aux sires de Landas150. Au cours de ce même abbatiat, Judith organisa un déplacement des reliques marchiennoises. Mises à l’abri lors des invasions normandes de 879, elles étaient installées, depuis leur retour dont on ignore le moment, dans un sarcophage de pierre devant l’autel de saint Jean-Baptiste. Dans le dernier tiers du xe siècle, l’abbesse Judith fait procéder à l’élévation de Jonat et déposer ses reliques auprès de celles de Rictrude et de son fils Mauront. D’ailleurs, à cette occasion, il est fait mention de Malgerus, prêtre de la congregatio151. Judith s’est donc employée à relancer une vie liturgique autour des personnages liés à la fondation de l’abbaye et, dans les années 980, la communauté est toujours « double » avec des clercs, des moniales et un prêtre. Rien ne permet de dire si Judith était une abbesse régulière ou séculière. En revanche, les femmes ont prééminence sur les hommes puisque, dans le récit de la translation des reliques de Jonat, c’est Judith qualifiée de rectrix qui prend les dispositions nécessaires. Ainsi donc, en un peu plus de trois siècles, l’ancien monastère familial, tenu par Rictrude, sa descendance et sa parenté, est attesté comme royal dans le derniers tiers du ixe siècle, puis, un siècle plus tard, est passé sous le contrôle d’un lignage local. Cette évolution, qui n’est pas originale et qui s’inscrit dans des pratiques rencontrées ailleurs, s’accompagne aussi d’épaisses obscurités et de constantes incertitudes sur la situation de l’abbaye qui, elles aussi, ne sont pas rares152. Le récit hagiographique consacré à Rictrude crée une mythographie signifiante pour l’image que l’on voulait donner de cette abbaye deux siècles et demi après les faits mais dont on ne peut pas tirer des informations déterminantes pour clarifier les réalités des origines du monastère. Quant aux rares documents diplomatiques, ils attestent de l’existence d’une communauté qui se maintient, malgré les vicissitudes, en traversant les turbulences du siècle.

149 B. Delmaire, Histoire-polytyque, op. cit., p. 84, c. 23. 150 Voir plus bas. 151 AASS, Aug. 1, p. 74 : …cuidam congregationae suae presbytero nomine Malgero… 152 À titre de comparaison, la situation de l’abbaye voisine d’Hasnon est tout aussi méconnue entre un diplôme de Charles le Chauve de 877, la très succincte notice des Gesta episcoporum Cameracensium, op. cit., p. 460, qui évoque en 1024 des clercs qui vivent chichement et l’Historia monasterii Hasnoniensis (Tomelli Historia monasterii Hasnoniensis, éd. G. Waitz, MGH SS, t. 14, Hanovre, 1883, p. 147-158) qui relate à grands traits l’histoire du monastère.

Chapitre 2

D’une réforme à l’autre (xie siècle – première moitié du xiie siècle)

La réforme de Richard de Saint-Vanne et ses effets à Marchiennes (1024) La production hagiographique composée au début du xie siècle, liée à Rictrude et à sa famille, apporte quelques lueurs sur la situation marchiennoise. Autour de l’an Mil, un moine de Saint-Amand, Jean, compose en vers métriques une Vita Rictrudis1. Son propos, qui ne vise pas à l’originalité par l’exploitation d’improbables sources nouvelles, est de suivre le récit d’Hucbald dans le cadre d’un exercice de style2. La virtuosité du versificateur qui, dans une classique fausse modestie, gémit sur son incompétence ne nous intéresse pas ici. En revanche, le contexte de mise en forme de cette œuvre mérite qu’on s’y arrête. D’abord, elle est dédicacée sans ambiguïté à Erluin, évêque de Cambrai (995-1012), dans un savant poème de seize vers acrostiches3. De plus, l’auteur a pris soin de faire relire et corriger son œuvre par un moine de Gand, Stephanus, démarche qui n’est pas anodine et pour laquelle subsiste l’échange de deux lettres4. Il a adressé aussi cette œuvre à Rainier, non pas un autre moine de Gand, comme il a été souvent écrit,

1 Vita Rictrudis metrica (MGH, Poetae, 5, 3, Munich, 1979, p. 565-596). Deux manuscrits anciens contiennent le texte de Jean : le premier est du début du xie siècle (Douai, BM, ms. 849) ; le second, dépendant du premier, date de la deuxième moitié du xiie siècle (Douai, BM, ms. 836). Dans les deux cas, la Vita est précédée par des textes liés à cette composition : le poème dédicatoire à l’évêque Erluin suivi de la lettre adressée par Jean au moine Étienne de Gand et la réponse de ce dernier. Dans les deux manuscrits figurent aussi, après la Vita, les deux lettres échangées entre les deux moines Jean et Rainier. Le ms. 849, recueil composé pour Marchiennes, contient donc un ensemble cohérent du cycle mythologique de l’abbaye : la Vita Eusebiae, celle en prose (fol. 31vo-42vo) et celle en vers (fol. 43ro-60vo), deux œuvres concernant Jonat, premier abbé de Marchiennes (fol. 61-68) et la Vita Rictrudis d’Hucbald (fol. 68vo-93vo), suivie de celle en vers composée par un anonyme et non par Jean comme souvent dit (fol. 94ro-125vo) ; voir les études d’A . Taylor, « Just like a mother Bee : Reading and Writing Vitae metricae around the year 1000 », Viator, 36 (2005), p. 119-148 et « Bishops, Monks, and Mother Bees : An Epic Vita at the Millennium », in Epic Lives and Monasticism in the Middle Ages, 800-1050, Cambridge University Press, 2013, p. 193-236 ; T. Snijders, « Textual diversity and textual community in a monastic context : the case of eleventh-century Marchiennes », Revue d’histoire ecclésiastique, 107 (2012), p. 897-929. Voir aussi J.-Cl. Poulin, « Les libelli », art. cit., p. 91. 2 Comme le souligne le moine Stéphane dans sa réponse à Jean : claro Hucbaldi pedes dedisti (MGH, Poetae, 5, 3), op. cit., p. 567). 3 MGH, Poetae, 5, 1-2, op. cit., p. 375 : Pontifici Erluino sit salus in Domino. 4 Vita Rictrudis metrica (MGH, Poetae, 5, 3), op. cit., p. 566-567. Cf. supra note 1.

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mais un moine de Saint-Amand, connu pour avoir composé plusieurs œuvres hagiographiques5. La mise en vers de la Vita Rictrudis est une commande épiscopale dont il convient d’établir les raisons6. D’abord, l’auteur reprend les thèmes développés par Milon ou Hucbald sur la nécessité de relations correctes entre les pouvoirs laïques et ecclésiastiques. Une telle remarque sur la pratique de la concordia, alors que d’autres considérations provenant des récits de Milon ou d’Hucbald sont omises, ne peut s’expliquer que par un caractère d’actualité qui vise le comte Baudouin IV de Flandre. Celui-ci, après avoir voulu en vain placer son oncle Azelin sur le siège épiscopal de Cambrai, fait tout pour saper le pouvoir d’Erluin7. De plus, la création, à l’initiative du comte, d’un chapitre canonial au sein de l’abbaye Saint-Amand provoque d’évidentes tensions8. Plusieurs fois l’auteur souligne, beaucoup plus qu’Hucbald, la prééminence de l’abbaye de Saint-Amand sur celle de Marchiennes. En particulier, Jean insiste sur la fondation, œuvre d’Amand et non de Rictrude, et rappelle la soumission de cette dernière à l’évangélisateur. On voudrait créer ou rappeler un lien de dépendance de l’abbaye de Marchiennes envers Saint-Amand qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Si rien ne permet de lier cette Vita metrica à un quelconque événement marchiennois, cette composition vise toutefois à relancer le culte de Rictrude. En effet, Jean, à la différence d’Hucbald, manifeste un peu plus d’intérêt pour les miracles de Rictrude mais cette Vita versifiée utilisée lors de l’office nocturne ne pouvait pas atteindre un large public9. De fait, une telle œuvre sophistiquée, compte tenu de la difficulté du latin employé, ne pouvait avoir qu’un impact interne et ne pouvait être appréciée que par des moines lettrés. Plus intéressant est de constater que Jean, à la différence d’Hucbald qui dissertait longuement sur les différents états successifs de Rictrude (vierge, épouse, mère, veuve et religieuse), évacue tous les aspects d’exemplarité de ces différents états, ce qui, à l’évidence, démontre que le but visé n’est plus celui qui justifiait la composition de 907. Alors qu’Hucbald indiquait avoir écrit pour des moniales et des moines, Jean, dans la lettre adressée au moine de Gand Étienne, dit 5 Sont dues à ce moine trois œuvres consacrées à saint Ghislain : une Vita, un Sermo et des Miracula (cf. A. Poncelet, « De Vita sancti Gisleni auctore Rainero », Analecta Bollandiana, 6 (1887), p. 218-233) ; pour l’identification de Rainier, voir A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques, op. cit., p. 331-332. 6 Lettre de Jean au moine Stephanus : rogante immo praecipiente episcopo Cameracensis ecclesiae et aliisque (cf. note précédente). 7 D. C. Van Meter, « Count Baldwin IV, Richard of Saint-Vanne, and the inception of monastic reform in eleventh-century Flanders », Revue bénédictine, 107 (1997), p. 130-148, ici p. 132. Le comte soutient les châtelains contre l’évêque. 8 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 119-121, étudie la seule et unique charte conservée de l’abbé Radbod (996-1013) qui fait état de la création d’une communauté rivale des moines, le chapitre Saint-André ; voir aussi B. Meijns, « L’ordre canonial dans le Comté de Flandre depuis l’époque méro­ vingienne jusqu’à 1155. Typologie, chronologie et constantes de l’histoire de fondation et de réforme », Revue d’histoire ecclésiastique, 97 (2002), p. 5-58, ici p. 27. 9 R. Jonsson, Historia : Études sur la genèse des offices versifiés, Stockholm, 1968, (Studia Latina Stockholmiensia, 15), p. 19, 98, 182 et 226 ; C. Bottiglieri, « I versus in confirmatione operis. Maestri e allievi nella tradizione di Saint-Amand », in Parva pro magnis munera. Études de littérature tardo-antique et médiévale offertes à François Dolbeau par ses élèves, éd. M. Goullet, Turnhout, 2009, p. 159-178 (Instrumenta patristica et mediaevalia 51).

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écrire pour des clercs10. Outre cette différence, Jean insiste, mais plus qu’Hucbald, sur l’origine masculine du monastère dont la fondation incombe à Amand qui installa son disciple Jonat comme premier abbé. La présentation différente du rôle du missionnaire et fondateur par les deux auteurs à un siècle de distance pourrait signifier que l’abbaye de Saint-Amand envisage d’évincer les moniales et d’absorber Marchiennes. Un tel projet aurait nécessité l’accord de l’ordinaire diocésain. Or Marchiennes relève de Cambrai tandis que Saint-Amand dépend de Tournai. On imagine mal l’évêque de Cambrai passer commande d’une Vita qui justifierait la disparition ou la mise en tutelle d’un monastère de son diocèse par une abbaye d’un diocèse voisin. Par conséquent, le but de l’évêque est tout autre. La composition des Vitae du début du xie siècle s’inscrit dans le mouvement de restauration monastique du comté de Flandre où l’étroite imbrication, à cette période-là, entre de sincères soucis spirituels et de concrets intérêts politiques ouvre la voie, dans cette principauté et dans le diocèse de Cambrai, à une remise en ordre confiée à Richard de Saint-Vanne et à ses disciples11. La commande de nouveaux textes par l’évêque Erluin et quelques autres que l’auteur ne nomme pas invite à penser que ce dernier projetait une réforme de Marchiennes, à l’image de ce qui se réalise à Saint-Vaast depuis 1008. Si la documentation manque pour étayer cette hypothèse, la logique géographique et politique vient la conforter. S’il y a remise en ordre de Saint-Vaast à partir de 1008 et de Saint-Amand en 1013, deux monastères situés aux deux extrémités de la Scarpe, on ne comprend pas pourquoi celui de Marchiennes, situé entre ces deux abbayes et lui aussi sous contrôle du comte de Flandre, aurait échappé à la politique épiscopale de restauration monastique. Compte tenu de la détermination de l’évêque de Cambrai Gérard Ier (1012-1051), successeur d’Erluin, qui avait entrepris à son tour une remise en ordre des monastères de son diocèse, on pourrait donc envisager une première tentative de réforme à Marchiennes qui aurait échoué et un second projet lancé une décennie plus tard et conduit à bien en 1024. 10 Cf. supra note 1, p. 85. 11 Richard, issu d’une famille noble, ancien chanoine de Reims et doyen, rejetant à la suite d’une conversion ces honores qui le contraignaient à mener une vie séculière, décida avec son ami Frédéric, comte de Verdun, de devenir moine. Ils optèrent d’abord pour l’abbaye Saint-Vanne de Verdun alors dirigée par l’irlandais Fingen. Mais, peu satisfaits, ils partirent pour Cluny où l’abbé Odilon (994-1048) les persuada que leur présence serait plus utile à Verdun. En 1004, à la mort de Fingen, Richard est nommé abbé de Saint-Vanne par l’évêque de Verdun. Les liens d’amitié entre Richard et Frédéric, qui appartenait à la maison d’Ardenne, permirent au premier d’entrer en contact avec les plus hauts personnages de son temps : l’empereur Henri II, le roi de France Robert, le comte de Flandre Baudouin IV, les évêques de Cambrai et de Liège. Dès lors, l’abbaye devint, dans l’espace lotharingien et aussi en Flandre, un centre de rayonnement monastique où affluèrent les donations laïques et où de nombreux aristocrates désirèrent se faire inhumer. Parmi les nombreuses études, voir dans la bibliographie les travaux cités d’H. Dauphin, É. Sabbe, A. Dierkens ; F. G. Hirschmann, Verdun im hohen Mittelalter. Eine lothringische Kathedralstadt und ihr Umland im Spiegel der geistlichen Institutionen, Trèves, 1996 (Trierer historische Forschungen, 27), p. 153 ; S. Vanderputten, « Identité collective et mémoire des réformes ‘richardiennes’ dans l’historiographie bénédictine en Basse-Lotharingie et au Nord-Est de la France (xie-xiie siècles) », Le Moyen Âge, 117 (2011), p. 259-289 et du même, Monastic reform as process : realities and representations in medieval Flanders, 900-1100, Cornell University Press, Ithaca and London 2013, p. 100-104.

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La politique du prélat est d’abord minutieusement préparée par la rédaction de deux vitae consacrées aux saints évêques fondateurs du diocèse, Géry et Aubert. Composée vers 1015, la Vita sancti Autberti episcopi12 exalte le rôle de l’évêque du viie siècle dans la conversion des saints locaux fondateurs de monastères. C’est un texte habile destiné à montrer que toutes ces institutions doivent en définitive leur existence à Aubert et que, par conséquent, Gérard, son lointain successeur, a un droit de regard et d’intervention dans ces établissements. La réalisation de l’ouvrage fut confiée à un certain Fulbert qui, contrairement à une hypothèse longtemps retenue, n’est pas l’évêque de Chartres13. Tel qu’il est présenté, le rôle de l’évêque pour Marchiennes se manifeste par la consécration du monastère et par la dédicace de l’église14, ce qui, somme toute, constitue une des prérogatives de l’ordinaire mais qui est aussi le moyen de rappeler à la fois le soutien épiscopal à la démarche de Rictrude et le droit canonique de contrôle ou d’intervention. Beau projet idéologique qui réaffirme et justifie l’autorité épiscopale dans le diocèse et en particulier sur les monastères, ce qui pour Marchiennes correspond à la réalité canonique du xie siècle mais pas à celle du viie15. Par conséquent, la remise en ordre opérée en 1024 à l’abbaye de Marchiennes qui, rappelons-le, est située dans le comté de Flandre, tenu par Baudouin IV, mais aussi dans le diocèse de Cambrai présidé par Gérard Ier, trouve ainsi sa justification par cette Vita Autberti. Ce qui fut alors entrepris à Marchiennes n’est qu’un élément d’une vaste politique de restructuration religieuse16. Une tradition historiographique, qui commence au début du xie siècle et qui s’est poursuivie jusque vers 1980, fait du comte Baudouin IV (988-1035) l’initiateur et le promoteur de la réforme monastique en Flandre, faisant venir Richard pour lui confier la remise en ordre des abbayes flamandes et, en premier lieu, de SaintVaast d’Arras. Cette lecture erronée des faits commence paradoxalement avec les

12 AASS Belgii, 3, Bruxelles, 1785, p. 538-565. 13 Sur la Vita Auberti, voir en dernier lieu Ch. Mériaux, « Hagiographie et réformes à Cambrai au début du xie siècle : La vita Autberti et son auteur », in Zwischen Niederschrift und Wiederschrift, Hagiographie und Historiographie im Spannungsfeld von Kompendienübertlieferung und Editionstecknik, dir. R. Conrradini et M. Diesenberger, Vienne, 2010, p. 335-352 (Forschungen zur Geschichte des Mittelalters). 14 Le rôle de l’évêque de Cambrai ayant conseillé Rictrude dans son projet de devenir religieuse et de fonder un monastère n’apparaît que dans les années 1120 dans l’Histoire-polyptyque. Il faut sans doute voir dans cet élément tardif l’un des indices de la résistance à la nouvelle géographie religieuse qui avait, en 1094, établi le diocèse d’Arras dont Marchiennes dépendait. Aucun manuscrit liturgique médiéval de l’abbaye ne cite une dédicace ou une consécration à ce jour (27 octobre). 15 L. Jégou, « L’évêque entre autorité sacrée et exercice du pouvoir. L’exemple de Gérard de Cambrai (1012-1051) », Cahiers de civilisation médiévale, 47 (2004), p. 37-56, ici p. 53-54. Rappelons que l’abbaye dépend jusque vers 769/782 du diocèse de Tournai (cf. supra note 107, p. 73). 16 E. van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes, évêque de Cambrai († 1051) », in DHGE, 16, (1983), c. 742-751. D’autres monastères sont concernés autour de 1025 : Saint-Ghislain, Maroilles, Maubeuge (A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques, op. cit., p. 286-290). Voir aussi D. J. Reilly, The art of reform in eleventh-century Flanders : Gerard of Cambrai, Richard of Saint-Vanne and the Saint-Vaast Bible, Leiden-Boston, 2006 (Studies in the history of Christian traditions, 128), p. 77, 80, 150-151, 156. Voir aussi les différentes contributions relatives à la composition et à la mise en contexte des Gesta cambrésiens dans Les représentations de l’autorité épiscopale au xie siècle : Gérard de Cambrai et les Gesta episcoporum Cameracensium (Textes réunis par Charles Mériaux), Revue du Nord, 410 (2015).

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informations contenues dans les Gesta, récit élaboré vers 1024/1025 sous contrôle épiscopal, et se poursuit jusqu’à l’ouvrage de H. Dauphin17. L’appréciation actuelle est à l’opposé de cette interprétation traditionnelle18. La réalité est moins flatteuse pour Baudouin car celui-ci, au moins dans les trente premières années de son long principat, est surtout soucieux d’expansion territoriale. S’y ajoute, mais en second plan, le souci de remédier aux défaillances les plus criantes du fonctionnement des monastères, dans la mesure où ces établissements sont susceptibles de relayer le pouvoir comtal. Mais dire du comte qu’il est l’introducteur de la réforme richardienne dans sa principauté est une erreur d’appréciation. Une erreur tout aussi grave serait de croire que la remise en ordre se limite à la restauration de la discipline intérieure et des vertus monastiques. Dans ses objectifs fondamentaux, une réforme devient, pour son initiateur, le moyen par excellence d’assurer un contrôle sur un groupe de religieux dignes, d’exercer un pouvoir sur une communauté réorganisée et d’utiliser cette dernière comme relai de sa volonté. La restauration d’une abbaye est donc une lutte pour son contrôle. C’est dans cette perspective que s’éclaire le recours à Richard dont l’action et surtout les idées qu’il appliquait à Verdun étaient connues. Sa réforme repose sur des principes d’ordre et d’obéissance qui redonnaient un second souffle à la vie monastique mais surtout qui n’empiétaient pas sur les droits épiscopaux. En Lotharingie où les survivances carolingiennes au sujet du rôle et de la place de l’évêque sont grandes, le respect de la juridiction épiscopale est l’élément fondamental du succès et de l’impact de Richard19. Pour des prélats, héritiers de traditions carolingiennes et formés au système de l’église impériale, l’appel à Richard pour opérer des restaurations monastiques dans les diocèses de Liège ou de Cambrai est une garantie pour le maintien des droits épiscopaux. Aussi, les évêques Wolbodon de Liège (1018-1021) et Gérard Ier de Cambrai (1012-1051), agissant de concert, ont bien compris l’esprit et la portée des conceptions richardiennes20. Le mouvement initié par Richard, souvent interprété comme un programme structuré par le retour au capitulaire monastique de 817, est aujourd’hui apprécié de façon plus nuancée21. Richard fut ainsi chargé de remettre en ordre Saint-Vaast en 1008. Tour à tour, sous son influence mais rarement sous son action personnelle, ont été restaurées les abbayes de Saint-Amand (1013), Hautmont (1016), Saint-Bertin (1021), BerguesSaint-Winoc (1022), Saint-Bavon de Gand (1024), Marchiennes (1024) et Saint-Pierre

17 Le rôle du comte est particulièrement souligné par J. Dhondt, Les origines de la Flandre et de l’Artois, Arras, 1944, p. 67-69 et H. Dauphin, Le Bienheureux Richard, abbé de Saint-Vanne de Verdun, mort en 1046, Louvain-Paris, 1946, p. 173-182. 18 D’ailleurs, dans sa notice sur Gérard Ier, E. Van Mingroot suggérait déjà une autre lecture (cf. supra note 16, p. 88), reprise de façon pertinente dans l’article cité de D. C. Van Meter, « Count Baldwin IV ». 19 Sur les conceptions richardiennes et celles, opposées, de Cluny, cf. J. Wollasch, Mönchtum des Mittelalters zwischen Kirche und Welt, Munich, 1973 (Münsterche Mittelalter-Schriften, 7), p. 150-151, 156, 158-161. 20 J.-L. Kupper, Liège et l’Église impériale xie-xiie siècles, Paris, 1981 (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, 228), p. 359-360. 21 Voir en dernier lieu, S. Vanderputten, « Oboedientia. Réformes et discipline monastique au début du xie siècle », Cahiers de civilisation médiévale, 53 (2010), p. 255-266.

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de Gand (1029)22. Le mouvement parti de Saint-Vaast gagne donc au fil de l’eau les communautés de la vallée de la Scarpe puis se propage en Flandre, non sans résistance23. Si chacune des abbayes s’inscrit dans la ligne commune de la réforme richardienne, chacune présente aussi ses traits propres en raison d’une situation de départ différente. Une fois la réforme lancée à Saint-Vaast, Richard transmit sa charge à un de ses disciples, Léduin (1023-1047), qui reçut aussi mission de reprendre en main l’abbaye de Marchiennes24. La notice des Gesta cambrésiens mérite que l’on s’y arrête. D’abord, les quelques lignes consacrées à Marchiennes sont contemporaines de cette remise en ordre. Il a été démontré que la partie de la geste des évêques de Cambrai dressant un inventaire et un état moral des maisons religieuses du diocèse a été composée en 1024/102525. La notice sur Marchiennes la présentant comme un fait acquis, la réforme est donc antérieure à cette date. Comme Léduin est abbé de Saint-Vaast depuis 1023, le choix chronologique se restreint à 1024, année où les annales de Marchiennes signalent Léduin comme abbé du lieu, lequel a donc personnellement pris en main les destinées du monastère car, apparemment, il y a urgence. Les Gesta brossent un tableau général et convenu sur la décadence qui frappe le monastère, avec une dégradation déjà ancienne qui perdure. Il est bien loin le temps du monastère exemplaire fondé par Rictrude26 car le rédacteur des Gesta déplore que les moniales en prennent à leur aise27. Quelle réalité d’inconduite l’adverbe utilisé (turpiter) recouvre-t-il ? Comme il s’agit de justifier des mesures radicales de reprise en main, il est tout à fait évident qu’il convient de forcer le trait. On peut simplement admettre que la règle bénédictine n’était plus appliquée et que les entorses et les accommodements étaient certainement nombreux. Mais l’image négative que l’on veut donner de la situation marchiennoise doit être à la hauteur des méthodes employées pour y mettre un terme. Il faut sauver le monastère car il y a péril (satisagere). Léduin expulse donc les moniales et établit canoniquement (instituit) des moines qui serviront Dieu bien mieux (melius) et de façon conforme aux valeurs monastiques (religiosus). Certes, tout ceci est cohérent, trop même, car tout le vocabulaire péjoratif concerne les femmes, tout le vocabulaire mélioratif renvoie aux hommes. L’action est ainsi totalement justifiée. Il faut sauver une institution qui trouve sa raison à perdurer dans l’invérifiable exemplarité de ses débuts, mais,

22 K. Hallinger, Gorze-Kluny, Gorze-Kluny. Studien zu den monastischen Lebensform und Gegensätzen im Hochmittelalter, Rome, 1950-1951 (Studia anselmiana philosophica, theologica, fasc. 22/23-24/25), p. 287-288, 290-291, 300. 23 Par exemple à Saint-Bertin, l’installation du moine védastin Roderic déclencha une opposition au sein de la communauté jusqu’en 1035 (Gesta abbatum Sancti Bertini Sithiensium, éd. O. Holder-Egger, MGH SS, t. 13, Hanovre, 1881, p. 606-635, ici p. 636-637). 24 Voir dernier lieu, S. Vanderputten, B. Meijins, « Realities of Reformist Leadership in Early Eleventh-Century Flanders : The Case of Leduin, Abbot of Saint-Vaast », Traditio, 65 (2010), p. 47-74, ici p. 57-58. 25 Sur la datation des Gesta, E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek omtrent de datering van de Gesta Episcoporum Cameracensium », Revue belge de philologie et d’histoire, 53 (1975), p. 281-332. 26 L’auteur souligne cette moderatio au temps de Rictrude (monasterium ubi sanctimonialibus ad serviendum delegatis, ipsa etiam abbatissa habenas regiminis moderata est ; Gesta episcoporum Cameracensium, p. 461). 27 Ibidem, p. 461 : feminas turpiter viventes mundato loco exturbavit…

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pour ce faire, il est nécessaire d’y mettre des hommes. On rejoint là la méfiance ecclésiastique constante envers les congrégations féminines. Au-delà de ce tableau savamment construit, il faut souligner que, si le diplôme de 877 et le prologue de la Vita Rictrudis de 907 attestent de la présence de frères et de sœurs, en 1024 les fratres de Marchiennes avaient disparu et le monastère double de Rictrude était devenu, à cette date, un monastère de moniales. Or les besoins liturgiques nécessitaient la présence d’au moins deux clercs, dont un prêtre. À quel moment ces frères avaient-ils disparu ? D’ailleurs ont-ils disparu ? En effet, non loin de Marchiennes, à trois kilomètres de là mais sur la rive droite de la Scarpe, ce qui représente à peine une demi-heure de marche, se trouvait l’abbaye d’Hamage, fondée au viie siècle et qui avait été, nous l’avons vu, dirigée par Eusébie, une des filles de Rictrude. L’établissement, lui aussi selon les stéréotypes des Gesta, est dans une grande décadence. À lire Hucbald dans sa Vita Rictrudis, il ne semble plus y avoir de communauté, ce que les fouilles confirment, bien que les Gesta notent la présence d’à peine (vix) quelques chanoines. Les fouilles ont montré à la fois que rien n’avait été construit entre le cloître carolingien des années 820 et la restauration de 1133 mais que le site n’est pas abandonné puisqu’il est drainé, labouré et loti en parcelles, preuve d’une mise en valeur réelle, et que la chapelle est modifiée et entretenue28. Ces quelques chanoines évoqués plus haut ne sont-ils simplement les deux clercs indispensables à la vie liturgique des moniales, mais résidant à Hamage et se rendant à Marchiennes selon les nécessités ? Cependant, l’opération vigoureuse conduite par Léduin, voulue et soutenue par l’évêque de Cambrai, prend une dimension supplémentaire si on la rapproche de celle intervenue au monastère de moniales de Denain où, entre 1024/1025 et 1035, est rétablie la situation d’origine en faisant revenir des religieuses là où il n’y avait plus que des clercs. Une hypothèse séduisante permet de relier les remises en ordre de Marchiennes et de Denain. Dans ce monastère des bords de la Scarpe, les religieuses sont expulsées et remplacées par des hommes ; à Denain, les hommes sont remplacés par des femmes. Envisager une permutation entre ces deux monastères distants à vol d’oiseau de dix kilomètres n’est pas à exclure d’autant que Léduin est impliqué dans les deux cas29. À la préoccupation religieuse s’ajoute sans doute une nécessité sociale. L’éviction des moniales de Marchiennes rendait nécessaire la réouverture d’un monastère de femmes pour accueillir les cadettes des lignages aristocratiques. De ces opérations conjointement menées en ces deux abbayes ressortirait une preuve d’une vision globale de la politique monastique de la part de l’évêque mais aussi du comte de Flandre. Plus tard, lorsque le comte Baudouin V (1035-1067) fonde en 1065 à Messines une abbaye de femmes, il vient chercher l’embryon de la communauté et la première abbesse à Denain30. La direction de Léduin à Marchiennes dura neuf années, jusqu’en 1033. Les décisions fondamentales de cet abbatiat nous échappent. Mais les informations que

28 É. Louis, « Sorores ac fratres », art. cit., p. 38-39. 29 Denain (Nord, Valenciennes, ch. l. c.) ; cf. J.-P. Gerzaguet, L’abbaye féminine de Denain, op. cit., p. 56-58. 30 N. Huyghebaert, « L’abbesse Frisilde et les débuts de l’abbaye de Messines », Revue d’histoire ecclésiastique, 50 (1955), p. 141-157, ici p. 154-155.

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l’on a sur la mise en application de la réforme richardienne ailleurs et notamment l’action menée à Saint-Vaast permettent d’envisager ce qui s’est passé à Marchiennes. Léduin est nécessairement venu avec quelques moines védastins indispensables pour créer la nouvelle communauté masculine où l’embryon religieux devait être acquis et rôdé aux nouvelles pratiques monastiques. De plus, Richard avait, à Saint-Vaast, confié le poste de prieur, auxiliaire immédiat de l’abbé, à un fidèle disciple, Poppon. Compte tenu du fait que Léduin exerçait simultanément la charge abbatiale à Arras et à Marchiennes, il ne pouvait être présent dans les deux établissements à la fois. Par conséquent, un moine de confiance, peut-être son futur successeur, assurait la continuité de l’application de la réforme au quotidien. Mais, à la différence de l’abbaye arrageoise, on peut penser qu’il n’y a pas eu de résistance une fois les religieuses expulsées31. Il ne subsiste aucun acte de l’abbatiat de Léduin. Or, on sait que toute réforme passe par la reconstitution du temporel et le renouveau des pratiques monastiques32. Le premier aspect implique que des chartes viennent garantir et conforter le patrimoine reconstitué. Rien de tel pour éclairer l’action de Léduin à Marchiennes. En revanche, la notice des Gesta33, composée autour de 1025 et donc contemporaine de la réforme marchiennoise, donne des indications significatives et différentes de celles contenues dans la Vita Rictrudis d’Hucbald. Pour la première fois, trois éléments nouveaux apparaissent et orientent de façon nouvelle l’image des débuts du monastère. D’abord, il est affirmé que Rictrude a fondé le monastère sur ses propres biens, alors que la Vita attribue la fondation à Amand et qu’Hucbald ne signale pas que les biens fonciers appartenaient à son époux Adalbald ou à son lignage. Ensuite, le monastère, avec Rictrude comme fondatrice et Amand relégué ou promu au rang de conseiller, devient une communauté de femmes. La notice contredit donc la Vita, selon laquelle c’est Amand qui avait fondé une abbaye d’hommes et que l’arrivée de femmes était due à Jonat. Le but manifeste est de créer une nouvelle version de la fondation, centrée sur Rictrude afin d’en faire la patronne exclusive et vénérée. La terre de Marchiennes devient la « terre de Rictrude ». L’expulsion des moniales se justifie alors parce qu’elles n’ont pas su maintenir l’intégrité du patrimoine. Par conséquent, la politique de récupérations de terres spoliées va se construire sur la dévolution des biens de la sainte à de pieux moines qui sauront les préserver, tandis que la politique de mémoire de la communauté va se structurer autour de Rictrude et de sa famille. Cette promotion familiale est la manifestation la plus nette de la dimension spirituelle de la réforme. Jusqu’au milieu du xie siècle, outre la Vita Rictrudis dont on ignore précisément quel pouvait en être l’usage liturgique, les seuls éléments de culte repérables étaient ceux accordés à Rictrude et à sa fille Eusébie sous 31 Rappelons la tentative d’assassinat contre Richard perpétrée par le moine Léduin qui, repentant, devient ainsi l’un des religieux les plus actifs pour propager la réforme monastique (Hugues de Flavigny, Chronicon, MGH SS, t. 8, p. 377-379). 32 F. G. Hirschmann,« Klosterreform und Grundherrschaft : Richard von St. Vanne », in Grundherrschaft – Kirche – Stadt zwischen Maas und Rhein während des hohen Mittlealters, éd. A. Haverkamp et F. G. Hirschmann, Mayence, 1997, p. 125-170 (Trierer historische Forschungen, 37), ici p. 135-136. 33 Gesta episcoporum Cameracensium, op. cit., c. 26, p. 461.

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forme de litanies. Ainsi figurent-elles dans les calendriers de Saint-Amand datés du ixe siècle au 27 octobre et 18 novembre34. Désormais, dans ce contexte et dans cette perspective, la memoria va s’amplifier de récits complémentaires. Ainsi se comprend la composition d’une Vita Eusebiae en prose et sa mise en vers. Les deux versions sont anonymes et il n’existe aucune lettre dédicatoire. Traditionnellement, on affirme que Jean, moine de Saint-Amand, auteur de la Vita Rictrudis en vers, est aussi celui des deux versions de la Vita Eusebiae. Une telle identification repose sur un passage de l’Histoire-polyptyque, composée entre 1116 et 112335. Y avait-il à Marchiennes une tradition orale qui permette d’attribuer les deux vies d’Eusébie au moine Jean ? Rien ne permet de l’affirmer. L’auteur de l’Histoire-polyptyque n’a-t-il pas considéré que les deux Vitae Eusebiae avaient un seul et même auteur parce que les deux récits figurent ensemble dans les deux traditions manuscrites les plus anciennes36 ? À partir de considérations stylistiques (un déroulement du récit identique, la façon de compter les années, des mots particuliers), L. Van der Essen avait conclu un peu vite que, comme la Vita Eusebiae metrica n’est que la mise en vers de celle en prose et qu’elle suit la Vita metrica Rictrudis du moine Jean, il apparaissait donc comme évident que Jean était l’auteur des trois récits. À mon sens, les similitudes observées prouvent simplement que le rédacteur avait sous les yeux les textes sur lesquels il s’appuie et ne prouve en aucun cas une paternité unique. Cette vie consacrée à la fille de Rictrude puise ses informations dans la Vita de sa mère, celle composée par Hucbald en 907, tout en ajoutant quelques éléments destinés à valoriser Eusébie. Les passages consacrés à son père sont plus développés mais, comme il n’y a pas de véritables informations nouvelles, il s’agit d’une amplification stylistique destinée à valoriser Adalbald. L’homme aux origines nobles devient un personnage richement possessionné tenant une place importante au Palais. De même, la mention du meurtre d’Adalbald s’enrichit de l’existence immédiate d’un culte. Mais deux éléments chronologiques nouveaux sont à relever. Le premier situe la fondation de Marchiennes au temps du roi Clotaire (584-629), ce qui est incompatible, à suivre la Vita Rictrudis, avec une fondation faite par le missionnaire Amand au temps de Dagobert. Le second attribue à Eusébie la direction de l’abbaye d’Hamage pendant

34 M. Coens, « Anciennes litanies des saints », in Recueil d’Études Bollandiennes, Bruxelles, 1963, p. 131-322 (Subsidia Hagiographica 37), ici p. 271-274. 35 B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, op. cit., p. 75 : Hujus sacratissimae virginis vitam vel actionum gesta non mihi propositum est currente calamo plenius explicare : quia quidam scientiae profundioris prosa et metro ea luculentissime edidit. Cette Histoire-polyptyque figure dans un codex de la BM de Douai, ms. 850 qui contient des œuvres narratives marchiennoises : les Miracula Rictrudis par le moine Galbert (voir N. Huygebaert, « Galbert », in DHGE, 19, c. 739-740), un Chronicon, bref récit des origines de l’abbaye, suivi par un Polyptyque décrivant les biens de l’abbaye. Comme l’a bien montré B. Delmaire, l’ensemble, chronique et polyptyque, constitue une œuvre de combat contre les laïques dans le cadre de la remise en ordre matérielle et spirituelle du monastère à partir de 1116. L’ouvrage anonyme constitue « la plus ancienne description de seigneurie que l’on ait conservée pour le nord de la France et même de la Belgique au xiie siècle » (p. 43). 36 Douai, BM, ms. 840, fol. 129vo-132vo et 849, fol. 31ro-42ro et tous deux du xiie siècle, sans qu’il soit possible d’être plus précis.

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vingt-trois ans alors qu’Hucbald indique qu’elle survécut à peine à l’agression dont elle fut victime et qu’elle mourut au milieu de son « adolescence ». Deux épisodes nouveaux qui ne figurent pas non plus dans la vie consacrée à sa mère sont aussi à souligner. Première nouveauté, le bâton dont usait Eusébie pour diriger sa barque, lorsqu’elle quittait nuitamment Marchiennes pour aller à Hamage, fut planté en terre, prit racine et fleurit. Seconde nouveauté, c’est une translation des reliques d’Eusébie. À sa mort, Eusébie fut inhumée dans l’église abbatiale de Marchiennes dédiée aux saints Pierre et Paul, dédicace non rapportée par Hucbald. Une abbesse nommée Gertrude, veuve d’un certain comte Ingomar37, décida de construire une nouvelle église et d’y faire transporter les reliques d’Eusébie. La translation se fit sous la présidence de l’abbé de Saint-Vaast Hatta (vers 680-700). Tous ces éléments visent à affirmer l’existence d’un culte ancien et à développer le rôle d’Eusébie, ce qui est normal dans le cadre d’une Vita qui lui est consacrée, mais aussi à faire d’Hamage la terre de la sainte. Par conséquent, une telle démarche laisse supposer que la vénérable et modeste abbaye fondée par Gertrude était alors un enjeu et un objet de convoitise. Le contenu de ces écrits est cependant contradictoire. Alors que le lien filial entre Eusébie et Rictrude est rappelé avec insistance pour montrer la dépendance d’Hamage envers Marchiennes, parallèlement sont soulignés tous les éléments qui expriment l’indépendance de la fille envers sa mère et qui donc justifient l’autonomie d’Hamage. La question difficile à trancher est d’identifier ceux qui ont des visées sur l’établissement. En définitive cette Vita est-elle une commande de l’abbaye de Marchiennes ou des pauci canonici d’Hamage ? Quoi qu’il en soit, cette œuvre reflète et transcrit les tensions qui existaient, autour de l’an Mil, entre les deux monastères38. En tout état de cause, ces trois compositions (les deux récits en vers et la Vita Eusebiae en prose) appartiennent à un même moment d’écriture que l’on peut relier à la réforme de Marchiennes, celle avortée dans les années 1010 et celle réussie en 1024. Cette hypothèse est confortée par un manuscrit de l’abbaye daté du début du xie siècle qui contient ces œuvres39. Une peinture y représente Rictrude, ses enfants et Jonat40. La maladresse globale du dessin qui contraste avec les réalisations postérieures laisse penser que l’abbaye ne disposait pas encore de bons enlumineurs41. Mais surtout dans ce codex, destiné à célébrer Rictrude et sa famille ne figure pas de Vita Mauronti. Il est curieux de constater que Mauront, unique garçon évoluant entre

37 On rencontre un comte de Thérouanne de ce nom vers 640-660 dans la Vie de saint Éloi (H. Ebling, Prosopographie der Amtsträger des Merowingerriches. Von Chlotar II. (613) bis Karl Martell (741), Münich, 1974, p. 176-177, no 218. 38 A. Taylor, « Mothers and Daughters : Affiliation and Conflict in the Lives of Rictrude and Eusebia », in Epic Lives and Monasticism in the Middle Ages, 800-1050, Cambridge University Press, 2013, p. 237-286. 39 Cf. supra note 1, p. 85. 40 Douai, BM, ms. 849, fol. 71vo et 72ro ; reproductions dans H. Oursel et alii, Nord roman : Flandre, Artois, Picardie, Laonnois, Zodiaque, 1994 (La Nuit des temps, 82). 41 P. Cerny, « Les manuscrits à peinture de l’abbaye de Marchiennes jusqu’à la fin du 12e siècle », Bulletin de la commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, 11 (1981), p. 49-70.

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une mère et trois sœurs, ne fit pas partie de la campagne de composition des récits au début du xie siècle. Dans les premières décennies de ce siècle, le cycle de récits de fondation se focalise sur la mère et l’une des filles. La composition ultérieure d’une Vita Mauronti correspond à la volonté de promouvoir un culte du fils de Rictrude et peut-être aussi de placer l’abbaye de Marchiennes sous la protection de l’élément mâle de la famille. Si les trois premiers chapitres de cette Vita suivent ceux de la Vita Rictrudis, le quatrième introduit une différence significative. Lors des derniers instants de Rictrude, Mauront vient à Marchiennnes au chevet de sa mère et lui succède comme abbé de Marchiennes. Une telle affirmation s’oppose à ce qu’écrit Hucbald dans la Vita Rictrudis où c’est Clotsinde, fille de Rictrude, qui succède à sa mère. Par cette réécriture des faits, il y a la volonté manifeste de montrer que la direction de l’abbaye avait jadis été confiée à un homme et donc de justifier l’éviction définitive des femmes. Un miracle attribué à Mauront, au temps de l’abbé Albéric (1033-1048), ce qui situe la composition du récit après cet abbatiat, renforce la place, certes tardive, mais combien significative prise par le fils de Rictrude dans la mythologie marchiennoise qui s’élabore dans le sillage de la réforme opérée depuis 1024. Ainsi donc au début du xie siècle, les différentes compositions reflètent une mobilisation de lettrés qui ont naturellement agi sur commande. Le dénominateur commun, au-delà des différences et nuances des Vitae, consiste à faire passer au premier plan le rôle des hommes, Amant, Mauront et Jonat, face à Rictrude, Clotsinde, Gertrude, Eusébie. Soulignons qu’Adalsinde, la dernière des filles, est d’ailleurs totalement oubliée. Le résultat de cette réorientation des origines du binôme monastique se lit dans la réforme opérée à partir de 1024 et dont la base est l’éviction des femmes. Cinq ans après le début de l’abbatiat de Léduin, l’évêque de Cambrai procède à la dédicace de l’église abbatiale en 102942. A-t-on totalement construit un nouvel édifice ? A-t-on procédé à quelques aménagements du lieu de culte existant ? Toujours est-il que les travaux furent suffisamment importants pour qu’une nouvelle consécration soit nécessaire. Cette église est ravagée par un incendie en 1035 ou en 104243, mais les sources sont muettes sur les éventuels travaux qui s’imposèrent alors. Puis, selon toute vraisemblance, le processus de restauration était suffisamment assuré pour que l’abbé Léduin parte appliquer la réforme à Saint-Bavon de Gand et confie la charge abbatiale de Marchiennes à l’un de ses disciples, Albéric, moine venu de Saint-Vaast. Une telle démarche est tout à fait classique et fut régulièrement employée par Richard de Saint-Vanne. L’abbatiat d’Albéric (1033-1048) n’est documenté que par trois chartes fausses44, et par un récit dans les Miracula Rictrudis, composés au xiie siècle mais qui relatent des faits du milieu du xie siècle. Les Miracula permettent ainsi de comprendre la réalité de tensions, notamment à propos de la villa de Haines dont

42 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16), op. cit., p. 614. 43 Annales Marchianenses, ibidem. Les Miracula placent l’incendie en 1042 (AASS, Maii 3, p. 94, c. 19). 44 Deux faux médiévaux : chartes nos 8 et 9 ; celle de 1047 (no 10) a été fabriquée au xviie siècle. Voir la présentation de ces chartes dans notre édition, p. 163.

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Osbert, avoué domanial par auto-proclamation, exigeait de l’abbaye une redevance pour une maison tenue par un paysan45. Pour obtenir satisfaction, Osbert comptait sur le jugement rendu par le tribunal échevinal local qu’il contrôlait. L’abbaye, dans un évident but d’intimidation, préféra faire venir, à l’improviste dit le récit, les reliques marchiennoises, celles de Rictrude et de Mauront que l’avoué récusa. Victoire immédiate et apparente d’Osbert qui contraint le paysan à payer le cens réclamé ; triomphe différé des moines puisque l’avoué est victime, peu après, d’un accident de cheval qui le contraint à reconnaître sa faute avant de mourir46. C’est ce contexte qui, par deux chartes, éclaire la politique conduite par l’abbé Albéric avec un règlement d’avouerie de 1038 et une confirmation de biens de 104647. Ces deux documents élaborés vers 1125 sont certes des faux, ce qui pourrait d’emblée justifier leur exclusion de tout développement, si ce n’est qu’ils reprennent peut-être des éléments de vraies chartes de 1038 et 1046, fondent la sainteté foncière de l’abbaye et vont en quelque sorte servir à définir la « terre de sainte Rictrude ». La charte de 1038 énonce la protection de l’abbaye, promulguée à la demande de l’abbé. L’exposé des motifs mérite quelque attention. Le comte Baudouin V reconnaît que l’abbaye de Marchiennes est franche de tout droit d’avouerie48 depuis sa fondation, il y a plus de quatre cents ans49, mais que la malice du monde l’emporte et qu’il faut désormais à cette église un avoué fidèle et un défenseur50. À la demande de son épouse Adèle, le comte se fait le défenseur de la communauté dont il reçoit, en contrepartie à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Douai, deux moulins

45 Sur la récupération de cette villa en 975, cf. charte no 5 ; sur les exactions d’Osbert et le châtiment infligé par la sainte, voir les Miracula, AASS, Maii 3, p. 93, c. 17, étudiés par H. Platelle, « Crime et châtiment à Marchiennes. Étude sur la conception et le fonctionnement de la justice d’après les Miracles de sainte Rictrude (xiie siècle) », Sacris Erudiri, 24 (1980), p. 155-202, ici p. 195-198. 46 Le récit ne dit rien sur le rituel suivi. Sur cet aspect, voir le dossier présenté par P. Geary, « L’humiliation des saints », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 34 (1979), p. 27-42. 47 Charte no 8. Le dossier sur les débuts de l’avouerie marchiennoise se compose de deux chartes fausses du comte Baudoin V (nos 8 et 9) auxquelles il faut ajouter le diplôme interpolé de Charles le Chauve (no 4). Voir les notes critiques de l’édition et se reporter à G. Declercq, « Van privaatoorkonde tot vorstelijke oorkonde. De oorkonden van de eerste graven van Vlaanderen, inzonderheid voor de Sint-Pietersabdij te Gent (10de-11de eeuw) », in Chancelleries princières et Scriptoria dans les anciens Pays-Bas, xe-xve siècles : Vorstelijke kanselarijen en Scriptoria in de Lage Landen. 10de-15de eeuw, Bulletin de la commission royale d’histoire, 177 (2011), p. 41-78 ; J.-F. Nieus et S. Vanderputten « Diplôme princier, matrice de faux, acte modèle. Le règlement d’avouerie du comte Baudouin V pour Saint-Bertin (1042) et ses réappropriations sous l’abbatiat réformateur de Lambert (1095-1123) », The Medieval Low Countries. An Annual Review, 1 (2014), p. 1-59 ; J.-F. Nieus, « ‘Cum signo auctoritatis et excellentie mee sigillo’. Sceaux et identité symbolique des comtes de Flandre à la fin du xie siècle », Cahiers de civilisation médiévale, 58 (2015), p. 43-64. 48 L’avouerie de l’abbaye a fait l’objet d’une étude ancienne par R. Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes (1038-1262), Paris, 1924 ; pour une approche récente de la sous-avouerie et de ses pratiques, voir M. Clauss, Die Untervogtei. Studien zur Stellvertretung in der Kirchenvogtei im Rahmen der deutschen Verfassungsgeschichte des 11. und 12. Jahrhunderts, Siegburg, 2002 (Bonner historische Forschungen, 61), p. 281-289. 49 Charte no 8 : per quadringentos vel eo amplius annos, hoc est, a sui constitutione semper fuisse ab omni redditu advocationis liberam… Sur l’authenticité de cette charte, voir la note critique. 50 Charte no 8 : quoniam prevalente secularium nequitia ad sui defensionem advocato indiget, ut sim aecclesiae fidelis advocatus et defensor…

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situés à Brebières et deux charruées de terre à Noyelles qu’il donne immédiatement à Hugues d’Aubigny, personnage non négligeable puisqu’il est à l’origine du lignage châtelain de Douai51. En charge de l’avouerie de Marchiennes à compter de 1024, il est aussi avoué de Saint-Amé de Douai. Par la charte de 1038, le comte délègue la responsabilité de protection à Hugues, qui est ainsi investi d’une fonction de sous-avoué avec des droits et des devoirs définis. Tout le problème est de savoir si les chartes comtales fausses ont été fabriquées ex nihilo vers 1125, auquel cas tout ce qui précède est sans fondement ; ou si les chartes fausses ont été substituées à des chartes vraies de 1038 et 1046 dans le but de clarifier les pouvoirs des avoués. Le sous-avoué se voit attribuer des compétences de police et de justice. Son rôle de protecteur s’exerce contre tous les auteurs de violences envers l’abbaye mais seulement dans le cas où celle-ci demande secours en raison d’un forfait commis. Si elle obtient satisfaction, le sous-avoué recevra le tiers du dédommagement. Mais si les moines règlent un problème sans recourir au sous-avoué, celui-ci ne peut prétendre à rien. L’attribution d’un tiers des amendes à son profit laisse entendre qu’il était l’exécuteur des sentences. Cette attribution de juridiction connaît cependant des limites : sont exclues les personnes qui appartiennent à l’abbaye ou à son dominicatum, et des lieux comme l’église de Marchiennes et les curtes dominicatae. Il s’agit d’éviter une ingérence directe du sous-avoué et de laisser le soin aux ministeriales du monastère de régler les problèmes qui pourraient survenir. De même, le sous-avoué ne peut tenir un plaid contre la volonté des religieux. Bref, ses attributions judiciaires sont particulièrement réduites et ses compétences dans l’évolution du temporel le sont tout autant. Les sous-avoués ne sont que très rarement présents comme témoins de transaction52. Le sous-avoué ne peut exercer non plus le droit de ban qui reste dans la main de l’abbé, lui seul pouvant réglementer pour tout le territoire de Sainte Rictrude. À ce protecteur les maires de villages doivent chaque année à Noël deux setiers de vin et deux chapons, et le sous-avoué doit leur donner pain, viande et vin ce jour-là. À Pâques, ils lui doivent deux setiers de vin, sans contrepartie. Si guerre il y a, d’une durée de quatre à cinq semaines, le sous-avoué recevra, des domaines de l’abbaye, deux sols pour une charruée, un sol pour une demi-charruée, trois deniers d’un riche artisan mais non d’un pauvre. Le sous-avoué et ses sergents doivent respecter les biens monastiques et ne peuvent intervenir dans leur administration. De même, il leur est interdit de molester les hôtes et colons de la seigneurie et de les appeler en champ clos lors d’actions judiciaires. Cette sous-avouerie, système par délégation, apparaît ici clairement dans une acception strictement limitée. Notons aussi que les chartes qui mentionnent cette fonction ou son titulaire usent des termes d’advocatia et d’advocatus, masquant ainsi le caractère subalterne de cette délégation. D’ailleurs, 51 La connaissance de l’homme et de son lignage, initiée par un article P. Feuchère « La véritable origine des châtelains de Douai : les premiers seigneurs d’Aubigny-en-Artois », Bulletin de la Société d’études de la province de Cambrai, 42 (1947), p. 66-77, plus ou moins suivie par E. Warlop (De Vlaamse Adel, op. cit., t. 1, p. 149-151, et t. 2, no 15), critiquée par B. Delmaire (L’histoire-polyptyque, op. cit., p. 121-122), a été totalement revue par J.-F. Nieus, Un pouvoir comtal en Flandre et France : Saint-Pol, 1000-1300, Bruxelles, 2005, p. 286-289. 52 Chartes nos 10 (1047) et 113 (1187).

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des chartes plus tardives qualifient le comte de summus advocatus53 et rappellent que cette avouerie déléguée est tenue en fief (beneficium)54. Hugues paraît être le seul de son lignage à avoir exercé cette charge. Son fils aîné le châtelain Gautier (1051-1096) et son fils cadet Hugues II d’Aubigny (1065-1093) ainsi que leurs descendants respectifs ne sont jamais qualifiés d’avoués de Marchiennes. L’hérédité dans la charge ne s’est pas faite au profit de ce lignage et l’avouerie, à l’évidence, est passée en d’autres mains, celles des sires de Landas. Ce sont eux qui sont concernés par les dénonciations de comportements spoliateurs, par les rappels de leurs droits et devoirs que consignent les chartes du xiie siècle. Nous reviendrons sur le changement du lignage protecteur de l’abbaye. Tout au long du xiie siècle, le conflit est endémique. En 1125, le comte de Flandre renouvelle la fausse charte de 1038 ; en 1166, Thierry d’Alsace et son fils Philippe font de même55 pour contrer toute une série d’abus et de voies de fait. Aussi les abbés de Marchiennes lutteront-ils avec constance pour faire disparaître l’avouerie, chose faite en 1262 quand la comtesse de Flandre rachète la charge à Jeanne, avouée de Marchiennes, pour 1250 livres56. Pour revenir au xie siècle, la seconde charte du comte de Flandre de 104657, toute aussi fausse que celle de 1038, consiste en une confirmation de biens de l’abbaye avec une énumération détaillée qui dresse l’inventaire supposé des possessions et droits de l’abbaye. Le processus de reconstitution du temporel est donc considéré comme clos et le comte, par cette charte solennelle, en garantit l’intégrité. La charte comtale se place, en tout état de cause, après l’incendie qui ravagea l’abbaye au plus tard en 1043, avant la mort de l’abbé Albéric58. Comme pour la charte de 1038, le problème est de savoir si sa fausseté résulte du remplacement d’une vraie charte de 1046 ou de la création ex nihilo d’un acte comtal. Dans un cas comme dans l’autre, l’abbé Albéric apparaît comme celui qui fait aboutir les principes et les réalités qui découlent de la réforme initiée en 1024 par Richard de Saint-Vanne. En dépit de cet incendie, les moines n’ont pas abandonné les lieux et l’abbé Albéric s’emploie à effacer les traces de la catastrophe. Le financement providentiel est assuré grâce à la découverte à Abscon, une des villae de l’abbaye, d’un trésor constitué par de nombreuses pièces de monnaie d’origine romaine. L’ensemble de métal précieux est suffisamment important pour permettre à l’abbé de construire Chartes nos 95 (1176) et 100 (1180). Chartes nos 31 (1125) et 83 (1167). Chartes citées à la note précédente et charte no 82 (1167). Lille, ADN, 10 H 56/969 (édition partielle, R. Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, op. cit., p. 30-31, d’après l’original). 57 Cf. supra note 44, p. 95. 58 Deux dates différentes sont données par les sources. Les AASS, Maii 3, p. 93-94, c. 19, disent que le sinistre (concremationem templi et aedificorum) survint cinq ans avant la mort de l’abbé, donc en 1043. Un autre texte sur le même fait donne 1036 mais indique aussi que l’abbé vécut encore cinq ans (A. Poncelet, « Catalogus codicum hagiographicorum latinorum bibliothecae publicae Duacensis », Analecta Bollandiana, 20 (1901), p. 361-470 (Miracula s. Rictrudis et s. Eusebiae, p. 448-462, ici p. 454). La seconde version du récit contient des considérations étymologiques fantaisistes sur le nom du village : Abscon (absconditum), le [village] caché. 53 54 55 56

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une puissante tour en pierre adossée à l’abbatiale, de faire aussi réaliser des châsses en or et en argent et une table d’autel en argent et dorée sur le devant. Il se procura aussi des livres liturgiques. Cette acquisition de livres est sans doute à relier avec une liste de codices qui détaille le contenu de la bibliothèque du lieu. Aussi, s’il est difficile de reconstituer dans le détail les opérations entreprises depuis 1024 dans ce qui apparaît comme une seconde fondation du monastère plutôt qu’une réforme, ce document sur la bibliothèque monastique, daté du milieu du xie siècle et qui vient d’être récemment édité, est particulièrement précieux et intéressant59. Grâce à ce document faisant état de trente-sept codices, même s’il est incomplet60, la reconstitution du passé marchiennois du xie siècle peut s’appuyer sur d’autres sources que celles qui révèlent les reconstitutions foncières et les luttes menées par les moines pour leurs droits. Cette liste de trente-sept ouvrages, qui nous permet d’éclairer l’univers intellectuel et spirituel des moines, contribue à cerner la réalité d’un monastère rénové qui devient définitivement une communauté masculine et qui puise ses ressources morales dans les pratiques bénédictines, héritées de la remise en ordre carolingienne, revivifiées par Richard de Saint-Vanne. Les approches de la restauration ou de la réforme ne se cantonnent plus aux aspects matériels mais peuvent prendre alors une autre dimension61. Les auteurs nommés, ou déduits à partir des titres des ouvrages, sont des Pères de l’Église ou des théologiens réputés, pour la plupart de la période carolingienne. Si les noms repérés, les auctoritates, ne constituent pas une surprise, en revanche plus significatifs sont les ouvrages mentionnés qui constituent le substrat idéologique de la bibliothèque monastique. Certes, la liste conservée ne présente, dans l’énumération des titres, aucun ordre apparent, mais il est toutefois possible de montrer la cohérence de l’ensemble des ouvrages détenus et d’appréhender ainsi les principes spirituels qui structuraient la vie des moines marchiennois dans le cadre d’un monastère réformé. Chaque ouvrage, qu’il soit dans son texte complet ou sous forme de florilège, se nourrit des autres, structure la formation monastique et construit cheminement spirituel. L’énumération des codices se présente sans logique si ce n’est celle du rangement, mais il est possible de donner de la cohérence en répartissant ces livres en quatre groupes. Un premier ensemble de codices est celui des œuvres théologiques constituées par les commentaires scripturaires composés par Augustin, Haymon d’Auxerre, Grégoire le Grand et Paterius. Le Traité sur l’évangile de Jean d’Augustin, premier 59 Il s’agit d’un feuillet du manuscrit conservé à Bruxelles, Bibliothèque de la Société des Bollandistes, 506, fol. 51vo ; édition S. Vanderputten, « Echoes of Benedictine Reform in an eleventh-century Booklist from Marchiennes », Scriptorium, 63 (2009), p. 79-88, ici p. 86-88. 60 En effet, un ultime titre a été effacé et deux autres codices du xie siècle non cités et appartenant à l’abbaye aujourd’hui conservés à Douai permettent de porter le total des codices à quarante volumes. 61 À titre de comparaison, on peut citer pour le contenu de la bibliothèque des monastères voisins : SaintAmand et l’Index major, éd. J. Desilve, De schola Elnonensi Sancti Amandi a saecula IX ad XII usque, Louvain, 1890, p. 154-178 ; à Hasnon, Fr. Dolbeau, « La bibliothèque de l’abbaye d’Hasnon, O. S. B. d’après un catalogue du xiie siècle », Revue des études augustiniennes, 34 (1988), p. 237-246 ; Anchin, J. Gessler, « Une bibliothèque scolaire du xie siècle d’après le catalogue provenant de l’abbaye d’Anchin », L’Antiquité classique, 4 (1935), p. 69-114 (attribution de cette liste à cette abbaye remise en cause par A. Boutemy, Revue belge de philologie et d’histoire, 18 (1939), p. 765, et 20 (1941), p. 356.

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ouvrage de la liste, expose une quête mystique menée dans la contemplation62. Haymon d’Auxerre est représenté par deux œuvres : les commentaires sur les Épîtres de Paul63, synthèse patristique concise, à but pédagogique, dont la diffusion se fit essentiellement en milieu monastique et où figurent les éléments de la tripartition sociale carolingienne et la place réservée aux moines dans la société64. Le Commentaire sur Isaïe, sensiblement plus court que l’ouvrage de même titre composé par Jérôme, est une œuvre qui s’inspire du grand prédécesseur mais qui sait s’en éloigner par des remarques originales. Cette œuvre d’Haymon a connu un réel succès dans le monde monastique. La présence à Marchiennes d’une œuvre plus simple et plus accessible que celle de Jérôme montre la volonté d’initier rapidement les moines à tous les signes qui annoncent le Messie65. Les Homélies sur l’Évangile66 de Grégoire le Grand, sermons qui suivent le déroulement du calendrier liturgique, sont marquées par les événements qui frappent la partie occidentale de l’Empire au temps du pontife (guerres, épidémies, famine, inondation de Rome). Grégoire y voit une dimension eschatologique et invite vivement au repentir et à la pénitence, en choisissant la voie de la compassion envers les plus faibles, et en aidant les plus pauvres. Les Homélies sur Ézéchiel67, rédigées vers 593–594, alors qu’Agilulf menace d’assiéger Rome, sont d’un niveau plus élevé que les homélies sur l’Évangile. Le premier livre, dédié à Marinien de Syracus, traite du charisme prophétique. Il s’adresse principalement aux prédicateurs et aux évêques. Le second livre, qui s’adresse aux moines du Monte Celio, commente la structure du Temple de Jérusalem. Par la symbolique des nombres, il explique la voie d’accès au silence contemplatif. À l’évidence, ces deux recueils d’homélies de Grégoire permettent d’initier les moines de Marchiennes à l’interprétation des signes et à méditer sur les malheurs des temps présents. Les Moralia in Job68 sont une œuvre fondatrice pour deux raisons. D’une part Grégoire y énonce la pratique de la triple lecture de la Bible où tout texte a un sens littéral, allégorique et moral. D’autre part, cette œuvre a profondément marqué l’univers mental médiéval dans la mesure où, parmi les nombreuses réflexions de Grégoire, figure celle où l’auteur montre comment les vices constituent une armée en rangs serrés toujours prête à mener l’assaut contre l’esprit humain. Il en arrive ainsi à établir la liste et l’ordre des péchés capitaux, clarifiant, organisant et structurant les réflexions de deux auteurs précédents qui n’avaient pas eu ce talent (Évagre le

62 S. Vanderputten, « Echoes », art. cit., p. 87, no 1 (probablement Douai, BM, ms. 255). 63 Ibidem, p. 87, nos 6-7 (probablement Douai, BM, ms. 343-344). 64 Dans une bibliographie importante sur ce thème et sa diffusion, retenons : Ed. Ortigues, « L’élaboration de la théorie des trois ordres chez Haymon d’Auxerre », Francia, 14 (1986), p. 27-43 ; D. Iognat-Prat, « Entre anges et hommes : Les moines ‘doctrinaires’ de l’an Mil », in La France de l’an Mil, éd. R. Delort, Paris, 1990, p. 245-263. 65 S. Vanderputten, « Echoes », art. cit., p. 87, no 12 (probablement Douai, BM, ms. 342). 66 Ibidem, p. 87, no 8 (probablement Douai, BM, ms. 307). 67 Ibidem, p. 87, no 2 (probablement Douai, BM, ms. 306). 68 Ibidem, p. 87, no 3 (probablement Douai, BM, ms. 300-303).

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Pontique et Cassien)69. Il s’agit donc de former les moines de Marchiennes à repérer les vices, tant les évidents que les sournois, afin de se prémunir de tout comportement peccamineux. L’ouvrage Liber testimoniorum veteris et novi testamenti70 est un florilège que Paterius, notaire du pape Grégoire le Grand, a composé à partir des Moralia in Job du pontife. Paterius en a extrait les nombreuses citations de l’Écriture avec leurs commentaires et les a remis dans l’ordre de la Bible. De fait si, sur les trois livres annoncés par le compilateur, seul le premier est conservé, l’ensemble ainsi agencé constitue un recueil commode qui véhicule la pensée du pape71. À Marchiennes, on veut assurer aux moines une culture biblique à partir d’une sorte de manuel qui va à l’essentiel et qui garantit les connaissances élémentaires. Un second groupe de manuscrits est formé par des œuvres homélitiques et des traités d’Augustin, Bède, Isidore de Séville et Paschase Radbert. Pour les homélies, il s’agit d’expliquer les composantes de la Foi. Ainsi trouve-t-on les sermons d’Augustin consacrés à initier au mystère pascal72. Figurent aussi les sermons De laude caritatis ; dans le premier, l’évêque d’Hippone expose les trois sortes d’amour ; dans le second sermon, il montre que l’aboutissement de la Loi est dans la charité ; dans le dernier, que c’est de la charité que naît l’homme nouveau73. Les homélies de Bède sont des sermons portant exclusivement sur les Évangiles. Quant aux trois traités qui figuraient dans la bibliothèque du monastère, ils me paraissent particulièrement significatifs sur les principes que l’on veut inculquer aux moines de Marchiennes. Le traité De tabernaculo Domini composé par Bède est un ouvrage visant à expliciter la signification de l’église-bâtiment, celle des objets et vêtements liturgiques74. L’ouvrage d’Isidore de Séville, le Synonymorum de lamentatione animae peccatricis75, est un dialogue entre le pécheur et la raison qui se propose de conduire à la conversion par la maîtrise des mots et de leurs synonymes fondée sur des citations bibliques, patristiques et classiques. Enfin, le dernier traité est l’ouvrage de Paschase Radbert intitulé De corpore et sanguine Domini76. Il porte sur l’Eucharistie et l’exemplaire à Marchiennes est à mettre en relation avec les débats sur la présence réelle liés à l’hostie consacrée. Certes, les thèses de Bérenger ne se diffusent que vers 1050 mais elles ont des antécédents avec les conceptions de Jean Scot. Or, on sait que Richard de Saint-Vanne développa les pratiques de pénitence dans son abbaye de Verdun lorsqu’une faute de comportement avait eu lieu face à l’hostie ou le vin. La dévotion à l’Eucharistie est donc une des composantes de la spiritualité richardienne qui s’est transmise naturellement dans

69 C. Casagrande, S. Vecchio, Histoire des péchés capitaux au Moyen Âge, Paris, 2003, p. 7-12. 70 S. Vanderputten, « Echoes », art. cit., p. 87, no 11 (ms. perdu). 71 Voir R. Wasselynck, « Les compilations des Moralia in Job du viie au xiie siècle », Recherches de théologie ancienne et médiévale, 29 (1962), p. 5-32, ici p. 6-8. 72 S. Vanderputten, « Echoes », art. cit., p. 87, no 20 (ms. non identifié). 73 Ibidem, p. 88, no 21 (ms. non identifié). Les trois sermons d’Augustin qui constituent le de laude caritatis sont les sermons 349, 350 et 350 A. 74 Ibidem, p. 87, no 13 (probablement Douai, BM, ms. 328). 75 Ibidem, p. 88, no 21 (ms. non identifié). 76 Ibidem, p. 87, no 14 (ne peut être le Douai, BM, ms. 349, daté du xiie siècle).

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les communautés réformées sous sa houlette ou celle de ses disciples. Mais, dans un contexte plus proche chronologiquement et géographiquement, il faut sans doute aussi établir un lien entre les actes du synode d’Arras (1025) qui font grand usage du traité de Paschase Radbert et la condamnation prononcée contre des hérétiques d’Arras qui rejettent l’Eucharistie77. Le troisième groupe d’ouvrages, formé d’écrits ascétiques, vise à nourrir la spiritualité monastique. La règle de Benoît se trouve dans trois codices dont aucun n’a survécu. Que l’abbaye de Marchiennes détienne l’ouvrage de Smaragde, Diadema monachorum78, reflète aussi la dimension carolingienne de la réforme de Richard. En effet, cet ouvrage en une centaine de chapitres sur l’ascétisme monastique déroule, par des emprunts à Cassien et Grégoire le Grand, les éléments essentiels des vertus que les moines doivent atteindre ou pratiquer. Il est en de même pour le De humilitate vel opere monachorum d’Éphrem79. Un quatrième et dernier ensemble s’ordonne autour des Vies et Passions des saints. Nous avons présenté plus haut les œuvres composées à l’abbaye, en particulier celles du début du xie siècle, destinées à développer, renforcer et structurer la mémoire et le cycle liturgique des saints fondateurs ou plus exactement des deux saintes fondatrices, Rictrude et Eusébie. Ce sont ces codices que nous retrouvons dans la liste avec les œuvres consacrées à Rictrude, Amand, Jonat. Cette quinzaine de textes hagiographiques constitue un ensemble cohérent et édifiant de modèles qui, par la lecture, devaient assurer aux moines de Marchiennes une imprégnation des grandes figures qui justifient l’idéal monastique. En premier lieu s’imposent les illustres initiateurs que sont Antoine et Basile dont les Vitae permettent de montrer aux moines les deux voies idéales de la vie monastique qu’ils doivent combiner : la solitude et la vie dans une communauté. De même, la réunion dans un même codex des vies de Jean l’Aumônier et de Martin laisse à penser qu’il s’agissait d’exalter auprès des moines la vertu de charité. Notons que, pour Martin, il y avait à Marchiennes deux Vitae dont l’une est certainement celle de Sulpice Sévère et l’autre n’est pas identifiée. Quant aux cinq autres Vitae et Passiones, pour lesquelles leur présence à Marchiennes ne peut trouver d’explication pertinente, elles devaient constituer trois codices distincts : Denis, Vincent et Agathe, Léger et Grégoire ; mais rien ne permet d’établir le lien entre ces textes et les codices encore conservés. Reste à expliquer la présence d’un codex consacré aux actes des Apôtres et l’absence des autres textes du Nouveau Testament80. Certes, la liste de la bibliothèque n’est pas complète et sans doute les ouvrages à usage liturgique devaient-ils être conservés ailleurs81. Mais les Actes ont indiscutablement un côté exemplaire par le récit des premiers temps du christianisme et leur place parmi les codices hagiographiques 77 G. Lobrichon, « Arras, 1025, ou le vrai procès d’une fausse accusation », in Inventer l’hérésie ? : discours polémiques et pouvoirs avant l’Inquisition, sous la direction de M. Zerner, Nice, 1998, p. 67-86. 78 S. Vanderputten, « Echoes », art. cit., p. 88, no 26 (ms. non identifié). 79 Ibidem, p. 87, no 37 (ms. non identifié). 80 Ibidem, p. 88, no 25 (probablement Douai, BM, ms. 14). 81 On a conservé sept codices marchiennois datés entre le ixe et xie siècle contenant des livres de la Bible (Douai, ms. 4, 6, 11, 12, 13, 247, 494) qui ne figurent pas dans cette liste.

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n’est pas incongrue. En effet, depuis Cassien, la vie de la communauté chrétienne de Jérusalem, décrite dans les Actes des Apôtres, est assimilée à une communauté monastique. En définitive, deux enseignements résultent de cette précieuse liste. La composition de la bibliothèque marchiennoise, au regard des auteurs et des ouvrages énumérés, révèle un souci de formation rapide à la vie monastique, sans originalité mais avec efficacité. La cohérence de la liste des ouvrages, contemporaine de la réforme initiée en 1024, montre qu’il y a eu, avec Léduin et son disciple et successeur, la volonté de constituer, comme l’on dirait aujourd’hui, un fonds primitif ou une dotation initiale pour former et nourrir la spiritualité monastique. Le second enseignement concerne l’importance de la bibliothèque monastique, miroir de l’activité du scriptorium, qui apparaît si on met en regard les 37 volumes énumérés et la vingtaine de manuscrits marchiennois antérieurs au xiie siècle qui ne figurent pas dans cette liste et encore conservés aujourd’hui. Le monastère disposait donc d’une soixantaine de volumes82. Pour cette production, œuvre de copistes souvent anonymes, on peut ici citer trois noms : Amand, Teboldus et Fulbert. Tous les trois sont signataires d’un codex mais le premier a à son actif au moins une douzaine de manuscrits83. Au total, malgré les éléments phares que sont les chartes d’acquisition ou de confirmation des biens, preuves d’une assise matérielle retrouvée, et la liste de manuscrits de la bibliothèque, témoin d’un encadrement spirituel, le renouveau ou mieux la refondation opérée à partir de 1024 ne doit pas être perçue comme un mouvement irrésistible vers la réussite. Des tensions transparaissent ici ou là, en particulier la violence qui, avec ses manifestations les plus extrêmes, figure dans des récits de miracles. Dans la seconde moitié du xie siècle, ces récits laissent entrevoir des conflits, comme le montrent des morts brutales, expression du châtiment divin qui frappe des avoués rapaces. Mais les violences prennent aussi des formes humaines comme le meurtre de l’avoué Dodon tué par un chevalier valeureux ou celui du maire d’Alnes Robert occis par un paysan à qui il reprochait une infraction forestière. Donc, à partir de 1024, l’abbaye de Marchiennes, véritablement refondée en s’appropriant un passé franc revu et corrigé, est devenue une communauté exclusivement masculine, dirigée jusqu’en 1091 par des abbés venus de Saint-Vaast et pénétrés de l’esprit richardien : Albéric (1033-1048), Poppon (1048), Gui (1048-1068), Alard Ier (1068-1090). Puis viennent deux frères, Richard (1091-1102) et Alard II (1102-1103), tous deux issus du courant spirituel de la Vita apostolica84. Mais il faut reconnaître que les informations sur ces sept décennies sont particulièrement minces. Si l’abbé Gui, témoin lors du sacre de Philippe Ier, fait élever des bâtiments claustraux, son successeur Alard Ier est le bénéficiaire de la seule et unique donation attestée 82 Il subsiste deux autres listes énumérant les codices de l’abbaye : une de la fin du xiie siècle avec 118 titres (Douai, BM, ms. 217, fol. 59) et une du xiiie siècle (Douai, BM, ms. 540, fol. 92vo-95), cf. infra note 116, p. 112. 83 Douai, BM, ms. 47, 200, 255, 300 (le moine Amand signale qu’il a réalisé seul ce codex), 303 (réalisé par Teboldus, Fulbertus et Amandus), 306, 328, 342, 343, 344, 345, 494. 84 Sur ces abbés, voir annexe 1 (Liste abbatiale), notices nos 3 à 8, p. 381-383.

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pour l’abbaye pendant ces sept décennies85. Alard Ier a participé cependant à deux grands moments liturgiques locaux : la dédicace de l’abbaye d’Hasnon en 1070 et la translation des reliques de sainte Bertille en 108186. Cette présence de l’abbé illustre son implication et donc celle de sa communauté dans la vitalité monastique du diocèse. Les deux derniers abbatiats assurés par deux frères, Richard et Alard II, témoignent de la diffusion du nouveau climat spirituel. Les liens qui unissent les personnes ont ici une signification éclairante. Richard a été le disciple d’Odon, réformateur de Saint-Martin de Tournai dans les années 1090 et futur évêque de Cambrai (1105-1113). Alard II, qui a fait carrière comme archidiacre de Cambrai (1076-1100) auprès de Gérard II (1076-1092), a participé à la fondation d’Anchin (1079) par des donations et y est devenu moine. Or Anchin incarne le renouveau monastique soutenu par l’évêque Gérard II et contribue à sa diffusion à Affligem en 1086, à Tournai en 1092, à Fescau entre 1093 et 1102. L’arrivée d’Alard à Marchiennes s’inscrit dans cette perspective. L’abbatiat de Fulcard (1103-1115), dont nous allons analyser les raisons de l’image noire qu’il véhicule, constitue en réalité une parenthèse ou plutôt une vive réaction contre l’action menée à Marchiennes par l’abbaye d’Anchin avant 1102. En revanche, succèdent à Fulcard les abbés Amand de Castello (1116-1136), ancien moine de Saint-Martin de Tournai, disciple d’Odon et prieur d’Anchin, puis Lietbert (1136-1141), lui aussi moine d’Anchin. L’abbatiat de Fulcard (11031115), une douzaine d’années vilipendées par les sources postérieures, prend donc un relief particulier et apparaît comme une césure dans un vaste mouvement de renouveau spirituel initié au début du xie siècle et revivifié dans la dernière décennie. Il convient donc de scruter les causes de l’arrivée de Fulcard et les raisons des critiques qui l’accablent.

Une abbaye menacée de disparition : l’abbatiat de Fulcard (1103-1115) Lorsque meurt l’abbé Alard II, le 22 septembre 1103, le choix des moines de Marchiennes se porte sur Fulcard, moine d’Hasnon et frère du sire de Landas. Le nouvel abbé resta à la tête de l’abbaye jusque vers 1115, moment où il dut démissionner. Si les modalités internes de l’élection sont inconnues, en revanche on peut examiner la situation de tous ceux pour qui la succession marchiennoise présentait de l’intérêt. L’évêque d’Arras Lambert, de qui dépend l’abbaye maintenant, doit faire reconnaître son autorité dans un diocèse mis en place en 1093-1094, où les abbayes d’Anchin et de Marchiennes sont rétives à accepter la nouvelle géographie religieuse. Comme l’abbé défunt venait d’Anchin, une pression sur le choix du successeur aurait pu venir de l’abbé d’Anchin Gelduin. Mais celui-ci, ancien reclus élu en octobre 1102, peine à installer son autorité sur sa communauté et ne semble pas tenté par une

85 Charte no 11. 86 Voir en annexe 1 (Liste abbatiale), notice no 6, p. 382.

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intervention extérieure87. Ajoutons que la situation confuse du siège épiscopal de Cambrai annihile toute possibilité d’action. On peut même parler d’un véritable vide épiscopal perceptible puisque l’archevêque de Reims est à Cambrai le 20 septembre 1103 pour mettre de l’ordre dans les affaires du diocèse. Des deux compétiteurs au siège épiscopal, Manassès, prélat grégorien, a renoncé depuis l’été, et Gaucher, prélat impérial, ne peut résider dans sa cité, tenue par les partisans de son rival88. Autrement dit, une élection abbatiale à Marchiennes à l’automne 1103, qui ne peut être orientée par des ecclésiastiques, peut devenir une affaire de laïques, voire une revanche de ces laïques que les principes grégoriens et l’esprit monastique nouveau exaspèrent et spolient. Un lignage voisin va saisir l’opportunité pour placer l’un des siens sur le siège abbatial. Toutes les informations relatives à l’abbé Fulcard sont péjoratives et son abbatiat d’une douzaine d’années est toujours présenté comme un temps désastreux pour l’abbaye. La documentation est formée de trois lettres de l’évêque Lambert89 et de deux récits qui retracent l’abbatiat dénigré : l’un consiste en de longs passages du Patrocinium de Galbert composé vers 1125-112790 et l’autre occupe plusieurs paragraphes des Miracula Rictrudis d’André écrits vers 116591, les deux auteurs, moines de Marchiennes, ayant à cœur de construire la mémoire de leur abbaye. Si, à l’aune des nouvelles pratiques monastiques qui se développent, le comportement de l’abbé Fulcard est effectivement condamnable, il n’en reste pas moins que les sources narratives consacrées à cet abbé nécessitent un décryptage. En effet, comme la direction assurée par son successeur, l’abbé Amand (1116-1136), est, à l’inverse, présentée avec louanges, il convient de disséquer la légende noire de Fulcard. Pour ce faire, s’imposent l’examen des reproches faits à l’abbé indigne et l’étude du rôle et des actions du lignage auquel il appartient. Le comportement de Fulcard et les reproches dont on l’accable ne peuvent se réduire aux éventuelles turpitudes d’un individu. Si ce dernier focalise l’attention et concentre les indignations, son comportement jugé scandaleux prend sens s’il est replacé dans le contexte des deux décennies qui marquent le changement de siècle. Fulcard appartient au lignage des Landas dont la puissance se développe à partir d’une implantation dans un village situé en comté de Flandre, au nord des trois abbayes bénédictines de la vallée de la Scarpe, rivière qui marque la limite avec le comté de Hainaut. Le centre de cette seigneurie se situe à une dizaine de kilomètres de Marchiennes, une quinzaine d’Hasnon et autant de Saint-Amand. Cette zone, au sud-est du comté de Flandre, constitue une marche, un territoire qui, par nature, est toujours tiraillé entre les deux entités politiques auxquelles elle confine. Les tensions

87 J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin de sa fondation (1079) au xive siècle. Essor, vie et rayonnement d’une grande communauté religieuse, Villeneuve-d’Ascq, 1997, p. 75-79. 88 Sur les tensions et violences dans la cité épiscopale, voir A. Cauchie, La querelle des investitures dans les diocèses de Liège et de Cambrai, 2 vol., Louvain-Paris, 1891 (Université de Louvain. Recueil de travaux publiés par les membres de la conférence d’histoire, iie et ive s.), 1, p. 131-132 et 194-196. 89 Charte no 15 et Cl. Giordanengo, Le Registre de Lambert, évêque d’Arras (1093-1115), Paris, 2007 (Sources d’histoire médiévales, 34), nos E 109 p. 476, Q 88 p. 288-290 et 92, p. 294-298. 90 AASS, Maii 3, p. 139-153. 91 AASS, Maii 3, p. 98-100.

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sont d’autant plus fortes que Flandre et Hainaut s’affrontent depuis 1070/1071. Les Landas sont donc des instruments des comtes flamands, ce qui n’exclut pas qu’ils peuvent œuvrer pour leur propre compte. Ils ne s’en sont pas privés entre les années 1080 et 1160. Les accumulations de violences, méfaits et autres coups de force, complaisamment relatés et dénoncés avec virulence, expliquent que cette famille soit particulièrement honnie à en croire André de Marchiennes92. Le lignage, sans doute prestigieux mais aux origines inconnues, se manifeste avec un premier représentant Amauri, comte de Valenciennes, attesté entre 957 et 97393. Puis, plus rien avant Amauri Ier cité entre 1077 et 1085, mort avant 1096, année où apparaît son fils Amauri II cité jusqu’en 1121/1124. Ce dernier avait deux frères : Gérard et Étienne. Par déduction, mais avec précaution, on peut retenir l’hypothèse, sur la foi d’une mention des annales marchiennoises, que Fulcard serait un troisième frère94. Le rôle et l’impact de cette famille seigneuriale sont éclairés ponctuellement à l’occasion d’ententes ou de conflits avec des communautés monastiques voisines. Passons en revue ces quelques cas car ils permettent de donner un peu d’épaisseur et de consistance à ce lignage et aussi d’évaluer leur rôle dans les stratégies de domination. Avant 1085, Bovon Ier, abbé de Saint-Amand (1077-1085), avait dû aliéner une partie du trésor de son abbaye (des pièces d’orfèvrerie offertes à l’abbaye avant 1023 par Suzanne, reine de France) et accorder une rente de cent sous à Amauri de Landas dans le but d’obtenir le soutien de laïques pour affronter la révolte de ses moines qui allèrent jusqu’à la sécession95. Une autres affaire se déroule quelques années plus tard et oppose, à propos de l’installation d’un moulin, la vénérable abbaye de Saint-Amand à celle d’Hasnon, restaurée sous la houlette de Saint-Amand depuis 1065. L’affaire prit une telle importance qu’un récit d’un auteur anonyme écrit entre 1091 et 1093 en consigne les péripéties96. Le comte de Hainaut Baudouin voulait équiper Hasnon d’un moulin sur la Scarpe, ce qui nécessitait l’accord de son père le comte de Flandre. Ce dernier, sous la pression de l’abbé de Saint-Amand, arguait d’un risque d’entrave à la navigation et avait refusé. À la faveur d’un changement d’abbé à Hasnon et du nouveau contexte politique opposant la comtesse de Hainaut Richilde au comte de Flandre Robert, le projet resurgit et, soutenu par Richilde, fut réalisé. Mais Lotbert, abbé d’Hasnon, voulut un second moulin, ce qui provoqua la colère des moines de Saint-Amand et un appel au comte de Flandre en 1093. La décision comtale de destruction du second

92 AASS, Maii 3, p. 98, c. 1 : de iniqua progenie Laudastensium, frater eorum qui tunc temporis perversae nationis illius quasi caput esse videbantur. Mais il faut préciser que l’auteur écrit dans les années 1160 et que le conflit avec les Landas est particulièrement vif dans ces années-là (voir les chartes nos 52, 83, 85, 87). 93 Voir annexe 2 (Le lignage seigneurial des Landas), p. 392-393. 94 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16), op. cit., p. 615 : 1103. Obiit Alardus abbas, succedit Fulcardus nonus, monachus Hasnoniensis, frater domni de Landasto. 95 L’affaire est relatée dans une notice de 1123 (ADN, 12 H 1, fol. 43ro-44ro ; éd. Miraeus-Foppens, Opera diplomatica et historica, 4 vol., Louvain, 1723-1748, t. 3, p. 34 ; H. Platelle, « Le premier cartulaire de Saint-Amand », Le Moyen Âge, 62 (1956), p. 301-329, ici p. 303-304 ; idem, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 125-126). 96 De lite abbatiarum Elnonensis et Hasnoniensis, éd. G. Waitz, MGH SS, t. 14, Hanovre, p. 158-160.

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moulin fut exécutée par Amauri de Landas et le prévôt laïque de Saint-Amand. L’ultime rebondissement fut une procédure d’appel devant l’archevêque de Reims, intentée par l’abbé d’Hasnon, qui aboutit à un compromis (avant Pâques 1093) : un moulin construit à frais communs et à revenus partagés dut être construit aux limites des domaines des deux abbayes. Quelques années plus tard, l’abbé Bovon II de Saint-Amand (1107-1121) céda à Amauri II une terre et quelques revenus contre sa protection face aux agissements d’un seigneur local, Radbod de Rumes97. Amauri II apparaît donc comme le défenseur des intérêts de l’abbaye. S’est-il imposé ou a-t-il été choisi ? Toujours est-il qu’Amauri se sent pousser des ailes et que les comtes de Flandre vont tenter de canaliser, comme nous le verrons ensuite, les ambitions de ce lignage. Ainsi, en 1111, le comte de Flandre Robert tranche un conflit qui opposait Étienne de Landas à Saint-Amand en confirmant aux domaines de l’abbaye situés à Saméon et à Lecelles (respectivement à trois et huit kilomètres à l’est de Landas) l’exemption du droit de songnie (taxe de rachat sur le droit de gîte). Étienne de Landas contestait cette exemption et exigeait le versement de la taxe98. Si une telle dispense protège les cours abbatiales des abus des avoués, le comte rappelle ainsi clairement qu’il est l’avoué de Saint-Amand et qu’il veut ainsi bloquer toute tentative d’Étienne pour se substituer à lui ou se faire reconnaître comme sous-avoué. Ces trois exemples, peu nombreux mais significatifs, échelonnés entre les années 1080 et 1110, montrent, de façon très ponctuelle mais réelle, la volonté du lignage des Landas de se constituer une zone d’influence en contrôlant deux des trois abbayes. Dans le cadre de cette politique de construction d’une puissance seigneuriale locale, le choix d’un cadet du lignage comme abbé de Marchiennes prend toute sa signification et sa cohérence. D’abord, arrêtons-nous sur la période monastique de Fulcard. Pourquoi a-t-il fait profession monastique, vraisemblablement dans la dernière décennie du xie siècle, à Hasnon et non à Saint-Amand ou Marchiennes ? Le conflit à propos des moulins qui a opposé Saint-Amand et Hasnon peut suggérer une explication. L’abbaye d’Hasnon est sous influence et contrôle hennuyers. Si Amauri II de Landas a participé à la destruction du moulin litigieux, les moines d’Hasnon ont sans doute voulu se ménager un lien avec la Flandre en prenant avec eux un rejeton des Landas, le lignage bien en cour auprès des comtes flamands qui accroît sa puissance aux confins de la Flandre et du Hainaut. Pourquoi ensuite y a-t-il eu un glissement vers Marchiennes ? Là aussi, l’arrivée de Fulcard comme abbé illustre un épisode qui se solde par un échec dans la construction de la domination de ce lignage. L’abbatiat de celui qui fut ensuite considéré comme un personnage indigne prend son sens si on le replace dans un contexte chronologique plus large lié à la fois au contrôle exercé

97 H. Platelle, La Justice de la Seigneurie de Saint-Amand : son organisation judiciaire, sa procédure et sa compétence du xie au xvie siècle, Paris-Louvain, 1965 (Bibliothèque de la Revue d’histoire ecclésiastique, 41), p. 98 et 113. 98 F. Vercauteren, Actes de comtes de Flandre, op. cit., p. 126-129, no 50.

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par les avoués, en réalité les sous-avoués, de cette abbaye et aussi à la mise en œuvre des principes grégoriens. Depuis 1038, si l’on se fie à cette charte fausse, le comte de Flandre détiendrait l’avouerie de Marchiennes qu’il aurait déléguée à Hugues Havet d’Aubigny, ce dernier ayant créé un niveau supplémentaire de sous-inféodation par la division cette charge en plusieurs sous-avoueries. Parmi les titulaires de cette partition, il y a Amauri Ier de Landas et, à la fin du xie siècle et au début du xiie, on peut en citer trois autres : Amauri II, Phramredus et Hiluin, ce dernier étant qualifié d’usurpateur99. Toujours est-il que la volonté de puissance d’Amauri II permet de comprendre la place tenue par son fils Amauri III (1121/1124-vers 1154) et surtout Étienne, frère d’Amauri, premier du lignage à être qualifié d’avoué de Marchiennes. Le sous-avoué Amauri II, au tournant du xiie siècle, pour conforter sa puissance montante, avait probablement des visées sur Marchiennes, et la succession abbatiale de septembre 1103 lui fournit l’occasion d’installer son frère comme abbé. L’opportunité pouvait apparaître aussi comme une compensation. En effet, au printemps 1103, le comte Baudouin III de Hainaut, propriétaire de la vénérable collégiale de Saint-Saulve qui est inféodée à une multitude de vassaux, cède cette dernière comme prieuré à Cluny, chargée de promouvoir une restauration monastique en mettant fin aux ingérences séculières, ce qui impliquait la disparition de tout le système d’inféodation100. Parmi les gens spoliés de fait, il y a Gérard, sous-avoué de Saint-Saulve et frère d’Amauri. C’est dans ce contexte que Fulcard devient abbé de Marchiennes. Face à la diffusion des nouvelles conceptions ecclésiastiques, avec la remise en cause des inféodations qui pouvaient aller jusqu’à la disparition des avoués, il valait mieux avoir quelqu’un dans la place. Les modalités de l’élection de Fulcard nous échapperont toujours et le fait qu’il vienne du monastère d’Hasnon ne doit pas donner lieu à une interprétation hâtive. Si le parachutage vient immédiatement à l’esprit, il faut signaler cependant que de 1024 à 1103, sur les sept abbés qui ont précédé Fulcard, aucun n’était moine de Marchiennes. Même s’il y eut des pressions, Fulcard semble avoir été élu régulièrement. En effet, le sourcilleux évêque Lambert, tout à sa volonté d’affermir son autorité sur son diocèse d’Arras créé ou rétabli depuis 1093, n’aurait pas accepté de bénir un abbé élu de façon suspecte101. D’ailleurs, pendant plusieurs années, Fulcard ne pose aucun problème et est même particulièrement absent puisqu’il n’est jamais témoin ni dans les chartes épiscopales arrageoises, cambrésiennes ou tournaisiennes, ni dans les actes comtaux flamands ou hennuyers, ni dans les chartes abbatiales des communautés voisines. Cette discrétion pourrait être la preuve qu’il ne fréquente pas les milieux ecclésiastiques réformateurs et qu’il ne partage pas leurs convictions. Alors que son prédécesseur Alard II et son successeur Amand sont témoins dans des chartes épiscopales arrageoises, lui n’apparaît 99 Phramredus, à la fin xie-début xiie (Miracula Rictrudis, p. 133, c. 46) ; Hiluin, au temps de l’abbé Richard (1091-1102) (Miracula, p. 137, c. 62). 100 Ch. Dereine, « La donation par Baudouin III, comte de Hainaut, de Saint-Saulve de Valenciennes à Cluny (1103) », in Album amicorum Nicolas Huyghebaert, Steenbrugge 1982, Sacris Erudiri 26 (1983), p. 119-153. 101 Voir charte no 14.

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qu’une seule fois en 1108 dans une charte de l’évêque d’Arras qui règle à Cappy, au château de Robert de Péronne, donc hors de son diocèse et sur ordre pontifical, un litige entre le chapitre de Tournai et la récente abbaye de Saint-Martin102. Pourquoi Lambert a-t-il impliqué Fulcard dans le règlement de ce litige ? La personnalité des autres dignitaires ecclésiastiques sollicités, l’évêque de Thérouanne et l’abbé de SaintVaast, apporte une réponse : tous sont des partisans zélés du renouveau grégorien sauf Fulcard, qui paraît donc isolé. La convocation à participer au règlement d’un litige qui ne le concerne pas était-elle déjà une occasion pour l’évêque Lambert de sermonner l’abbé ou de l’impliquer dans les affaires du moment ? C’est peu après que les choses se gâtent et qu’apparaissent au grand jour les difficultés. Si la notice des annales marchiennoises dénonce succinctement le mode de vie de l’abbé et suggère que celui-ci fut répréhensible dès le début de son abbatiat, le récit des Miracula Rictrudis dresse en revanche un réquisitoire très sévère. Fulcard s’empressa de distribuer les biens et revenus du monastère à ses parents tandis que lui-même vivait de façon scandaleuse103, dispersant la communauté religieuse dont seul subsista un convers qui assurait modestement par sa présence la prière104. L’abbé avait même donné à l’un de ses parents, un chevalier lépreux, les revenus du prieuré d’Hamage qui dépendait de l’abbaye et dont les terres étaient cultivées par un couple de paysans105. L’abbaye est alors en voie de disparition, ce que constatent deux moines de Saint-Amand qui passent à Marchiennes à l’occasion de la fête de Toussaint. À suivre les éléments livrés par le récit, une telle visite ne doit cependant rien au hasard. Or, l’évêque d’Arras, de qui relève l’abbaye de Marchiennes, aurait dû dépêcher des religieux de son diocèse. Par conséquent, la présence des deux moines amandinois peut sans doute s’expliquer par la responsabilité morale que l’efficace abbé de Saint-Amand Bovon II (1107-1121) pensait avoir envers le monastère de Marchiennes fondé par l’évangélisateur du Nord de la France, à moins que l’on ait retenu la proximité géographique. Suite au rapport de situation fait par ces émissaires, l’évêque Lambert convoque Fulcard qui se garde bien de se présenter, attitude qui en dit long sur la réalité des accusations et sur le peu de cas que l’abbé fait de son supérieur. D’où une seconde impérieuse convocation, où l’évêque rappelle son pouvoir hiérarchique (ea qua tibi auctoritate praesumus), assortie d’une menace de suspension de la charge abbatiale : le but est d’interroger l’abbé sur sa conduite personnelle (religio tua) et de celle (conversio) de son monastère106. Le scandale est donc public et l’évêque se doit

102 B.-M. Tock, Les chartes des évêques d’Arras (1093-1203), Paris, 1991 (Collection de documents inédits sur l’histoire de France, section d’histoire médiévale et de philologie, 20), p. 21-23, no 13. 103 AASS, Maii 3, p. 98, c. 1 : cervicosus fuit ad disciplinam, spurcus ad vitam, abbas nomine, re mercenarius. 104 AASS, Maii 3, p. 99, c. 3 : orabat sine intermissione simpliciter ut laicus : nec ab altero quippiam ad divinum officium pertinens audiebat. 105 Miracula Eusebiae, AASS, Mart. 2, p. 458-459, c. 9 : Fulchardi Abbatis ad summam paupertatem cum Marchianensi redactus, in tantum idem locus Hamaticensis venit despectum, ut cuidam rustico et uxori ejus monasterii custodiam delegarent. Abbas quoque cuidam militi cognato suo debili et leproso totum concessit, quidquid ibi ad sui sustentationem posset accipere. 106 Charte no 15.

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d’y mettre fin d’autant plus rapidement qu’il doit participer avant octobre (1110 ?) à un concile107 sous la présidence du cardinal-évêque Richard d’Albano, légat du pape Pascal II, qui est au courant de certains désordres dans le diocèse d’Arras108. Si ceux-ci ne concernent pas directement Fulcard, le scandale marchiennois non résolu risque d’être évoqué et d’entacher l’image et la réputation de l’évêque Lambert, celles d’un prélat exigeant et ardent promoteur de la réforme monastique, notamment en faisant adopter, et ce depuis peu, par les communautés religieuses de son diocèse les coutumes de Cluny. C’est ainsi qu’en 1109, l’abbé de Saint-Vaast avait demandé à Lambert, avec l’accord du comte, l’envoi à Arras de moines de Saint-Bertin109. Une escouade y arrive conduite par Alvise, promu prieur, qui impose les nouvelles coutumes. Toujours en 1109, l’abbaye d’Anchin se voit dotée d’un prieur rallié aux usages clunisiens, Amand de Castello, le futur successeur de l’abbé Fulcard tandis qu’Alvise, devient abbé d’Anchin en 1111 à la suite d’une crise abbatiale. Les années 1109-1110 sont celles de troubles à Saint-Vaast avec des moines rétifs aux réformes et à Anchin, avec deux abbés dépassés qui démissionnent respectivement en 1110 et 1111. Mais à Marchiennes, ce ne sont pas les moines, ou le peu qui en reste, qui semblent poser problème mais l’abbé. Bref, dans cette abbaye, la situation n’a que trop duré et il est temps de crever l’abcès. La chronologie de l’éviction de Fulcard ne peut être très précise, la seule date assurée étant le concile d’octobre 1110. Un passage du Patrocinium laisse entendre que des moines de Saint-Bertin seraient venus relancer la vie religieuse à Marchiennes. Cette démarche qui pourrait se situer dans les années 1110-1111 est plausible car des moines bertiniens sont déjà, nous l’avons vu, à Saint-Vaast et à Anchin. L’expérience fut un échec et ces moines auraient laissé place à des religieux d’Anchin110. Parallèlement, Fulcard cherche à gagner du temps, tergiverse, démissionne, revient sur sa décision en invoquant la protection du comte de Flandre, en réalité le rôle éventuel d’intermédiaire de son frère Amauri111. Il tente en vain de s’approprier les chartes de la communauté auprès d’un dénommé Fulcard, moine homonyme. Il aurait aussi essayé d’acheter la complaisance de l’évêque, ce qui est improbable, Lambert étant un des champions de la lutte contre la simonie. Mais lancer une telle accusation, c’était vouloir ruiner l’homme et son action dans son diocèse. Furieux, Fulcard tente même d’assassiner l’évêque. Bref, le personnage 107 Sur l’identification de concile, voir la note critique de la charte no 15. 108 Cl. Giordanengo, Le Registre de Lambert, op. cit., no E 109 : Audivimus morem abhorrendum et sacris canonibus prohibitum in ecclesia vestra inolevisse… ; S. Weiss, Die Urkunden der päpstlichen Legaten von Leo IX. bis Coelestin III. (1049-1198), Köln-Weimar-Wien, 1995 (Beihefte zu J. F. Böhmer, Regesta Imperii, 13), p. 47, VII-4-11. 109 Sur la diffusion des coutumes clunisiennes en Flandre, voir en dernier lieu S. Vanderputten, « A Time of Great Confusion. Second-Generation Cluniac Reformers and Resistance to Monastic Centralization in the County of Flanders », Revue d’histoire ecclésiastique, 102 (2007), p. 47-75. 110 Hormis la mention du Patrocinium, aucune source n’indique une tentative bertinienne de remise en ordre. Par exemple, rien dans le Tractatus de moribus Lamberti abbatis sancti Bertini qui rappelle l’action réussie conduite à Saint-Vaast (MHG, SS, t. 15-2, p. 951). 111 Amauri II est témoin dans une charte comtale de 1111 (F. Vercauteren, Actes de comtes de Flandre, op. cit., p. 126-129, no 50). Voir annexe 2 (Le lignage seigneurial des Landas), p. 394, no 4.

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s’accroche et s’enferre malgré les assauts épiscopaux et la colère de la comtesse de Flandre qui, selon André de Marchiennes, aurait renouvelé son soutien à l’abbaye en octroyant une charte de confirmation de biens et de droits. Si la comtesse Clémence ne pouvait que soutenir une reprise en main de Marchiennes, une charte comtale aurait laissé des traces et aurait été utilisée par l’abbé Amand dans le cadre de son action pour reconstituer le temporel marchiennois. Non seulement on n’a conservé aucune charte de Clémence pour l’abbaye, mais il n’y a pas non plus la moindre trace d’un tel acte, hormis la mention du moine-historien des années 1160. Le conflit trouve son point final en 1115. L’évêque Lambert est mort le 16 mai et son successeur Robert, élu avant le 15 juin, fait reconnaître devant l’archevêque de Reims l’élection d’Amand comme abbé de Marchiennes, tandis que l’abbé destitué a sans doute négocié en compensation deux villae de l’abbaye dont on ignore les noms et dont il dissipe très vite les revenus. Si Fulcard a fini par renoncer à l’abbatiat, il semble qu’il ait eu encore des soutiens locaux auxquels le moine Galbert attribue l’incendie de l’hospice de l’abbaye. Peu après, il est condamné à faire un pèlerinage à Saint-Gilles. L’ultime chapitre consacré à Fulcard, dans les Miracula Rictrudis, s’emploie à présenter un pénitent repenti qui meurt pieusement pendant le voyage. Si, pour justifier et exalter l’action réformatrice de son successeur Amand, la gestion de Fulcard a été nécessairement noircie, il n’en reste pas moins que l’individu était particulièrement honni puisqu’il est le seul de tous les abbés du xie et xiie siècle à ne pas figurer dans le nécrologe de Marchiennes. De même, tout au long du xiie siècle, aucun membre du lignage seigneurial des Landas n’y figure et il faut attendre le xiiie siècle pour en rencontrer un112. Indiscutablement l’abbé Fulcard et sa famille sont frappés d’une véritable damnatio memoriae. Les années 1110-1115 constituent en définitive une crise de direction de l’abbaye, due à un affrontement entre les conceptions monastiques marquées par les principes grégoriens et les pratiques de l’aristocratie locale. Les enjeux sont donc beaucoup plus profonds que les péripéties évoquées et ne peuvent se réduire à un abbé dont on veut se débarrasser et qui s’incruste. Par delà les individus, les événements révèlent un affrontement de conceptions et de pratiques religieuses qui ont réellement mis en cause l’existence même de l’abbaye.

L’intervention de l’abbaye d’Anchin dans la réforme marchiennoise (1116-1141) Le départ de Fulcard met un terme aux affrontements et quatre religieux, sans doute reliquat de la communauté marchiennoise, choisissent comme abbé Amand de Castello, prieur d’Anchin. L’évêque approuve le choix, mais Amand refuse dans un premier temps cette charge, insistant de façon classique sur son incapacité à l’accomplir,

112 Un Amauri de Landas est inscrit au 16 janvier dans la colonne des monachi nostri dans une large strate paléographique comprise entre 1228 et 1310 (Douai, BM, ms. 889, fol. 69vo). Voir annexe 2 (Le lignage seigneurial des Landas), p. 399 et 401, nos 26 et 30.

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d’autant que Fulcard et les siens n’ont pas renoncé à la mainmise sur Marchiennes. Difficile de trancher entre l’humilité de l’élu, une situation interne incertaine et le topos du refus de la charge pour finalement l’accepter. Amand vient alors s’installer à Marchiennes avec des moines d’Anchin, des frères lettrés et des frères illettrés (fratres litteratos et alios sine litteris), donc des moines et des convers. Comme une communauté monastique suppose la présence de douze religieux, on peut en déduire qu’au moins huit moines sont venus d’Anchin. L’évêque se rend à Marchiennes pour procéder à l’installation canonique du nouvel abbé et offre le minimum nécessaire, notamment de la vaisselle, pour relancer la vie monastique dans ses aspects les plus quotidiens, signe d’une dilapidation totale des biens. Le nouvel abbé, originaire de Tournai, avait d’abord été chanoine de cette ville (attesté entre 1080 et 1090). Puis, converti à une forme de vie religieuse plus stricte, il était devenu moine à Saint-Martin de Tournai où, profondément marqué par son maître Odon de Tournai, il fut imprégné de l’esprit nouveau113. Prieur à Anchin entre 1109 et 1116, il joua un rôle déterminant dans la résolution de la crise de direction que cette abbaye avait connue en 1110-1111 en favorisant l’arrivée d’Alvise à Anchin114. L’influence de ce dernier, dans l’élection marchiennoise, ne peut qu’être déduite du fait que l’accord de l’abbé d’Anchin était indispensable pour que son prieur puisse quitter le monastère. Alvise n’était sans doute pas ravi de perdre un prieur efficace, ce qui permet de comprendre le premier refus d’Amand. Finalement, Alvise se ravisa et estima que, vu l’urgence, Amand serait plus utile à restaurer Marchiennes. Amand s’emploie à redonner vie à la communauté marchiennoise en menant une action dans les deux directions traditionnelles de toute restauration monastique : une réorganisation de la vie conventuelle et la reconstitution d’un temporel solide115. Pour le premier aspect, il fallait suppléer aux silences de la règle bénédictine sur bien des aspects concrets de la vie quotidienne : les modalités précises de l’élection de l’abbé, la place de la parole et du silence, les autorisations de sortie du monastère, l’hygiène, etc. Amand imposa des usages monastiques clairs : le texte choisi fut le coutumier de Bernard, moine de Cluny, composé autour de 1080. Le texte marchiennois conservé en original peut être daté des environs de 1131. En effet, ce manuscrit contient dans sa première partie (fol. 1-69) les coutumes de Bernard. L’inscription au folio 69vo, d’une écriture contemporaine au reste du texte, mentionne la société de prières instituée en 1131 lors du premier chapitre bénédictin de la province de Reims116. 113 Liber de restauratione S. Martini Tornacensis ecclesiae (MGH SS, t. 14, p. 306) : eo siquidem tempore etiam ex canonicis Sancte Mariae aliqui ibidem conversi sunt : domnus scilicet Amandus, qui pluribus annis prioratum Aquicinensis ecclesie tenuit, deinde abbas Marcieniensis effectus… ; voir J. Pycke, Répertoire biographique des chanoines de Notre-Dame de Tournai, 1080-1300, Louvain-la-Neuve, 1988. Bruxelles (Recueil de travaux d’histoire et de philologie, 6e série, 35), no 135. 114 J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 75-83. 115 Liber de restauratione (MGH SS, t. 14, p. 306) : ecclesiam illa pene destructam tam interius in religione quam exterius in divitiis renovando correxit… 116 Douai, BM, ms. 540. Cf. Chr. Dehaisnes, Catalogue général, op. cit., p. 341. Ce codex (290 × 210 mm), daté par erreur de la fin du xiiie siècle, est formé de deux ensembles : le coutumier proprement dit (fol. 1-69), suivi d’un ordinarium et de nombreuses indications liturgiques (fol. 70-104). Les folios 92vo-95vo contiennent une liste des ouvrages à lire au réfectoire (De libris in refectorio legendis) qui a été étudiée

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Cette indication permet donc de penser que ce coutumier fut rédigé sous l’abbatiat d’Amand (1116-1136). Ce dernier devait connaître particulièrement bien ces usages venus de l’abbaye bourguignonne puisqu’il les avait pratiqués lorsqu’il était moine à Saint-Martin de Tournai, établissement qui aurait usé de coutumes clunisiennes depuis 1092, puis comme prieur d’Anchin où ces coutumes furent introduites en 1111. L’abbé Amand avait donc pu se procurer facilement un exemplaire du texte dans l’abbaye d’où il venait. Une comparaison attentive des textes de Cluny, Anchin et Marchiennes montre de façon probante non seulement la parenté mais aussi la dépendance des deux coutumiers des abbayes de la Scarpe117 : des inversions de mots, des déplacements de paragraphes à l’intérieur des chapitres, des phrases originales, autant d’éléments qui diffèrent du texte de Cluny, mais qui figurent à l’identique dans les coutumiers des deux autres monastères. Les liens entre les deux manuscrits sont patents. Lequel dépend de l’autre ? On peut proposer l’hypothèse suivante. Anchin disposait d’un texte des coutumes clunisiennes de Bernard à partir de l’arrivée d’Alvise à la tête de l’abbaye en 1111. Ce texte provenait lui-même de l’abbaye Saint-Bertin, passée aux usages clunisiens depuis 1100. Amand, de par sa fonction de prieur à Anchin entre 1109 et 1116, avait dû les mettre en application. Devenu abbé de Marchiennes, il les imposa à l’abbaye et en fit copier le texte sur l’exemplaire d’Anchin. Cette chaîne de transmission des usages clunisiens est à replacer dans une double perspective : fascination exercé par l’abbaye de Bourgogne, mais aussi résistance à la mainmise clunisienne. La première manifestation de la fascination se situe en 1100 lorsque un trio déterminé (la comtesse Clémence, l’évêque Jean de Thérouanne et l’abbé Lambert de Saint-Bertin) impose les usages clunisiens à la vénérable abbaye flamande. Les enjeux ne se réduisent pas à des pratiques quotidiennes de la vie monastique. Ces usages, instrumentalisés et promus comme idéal-type, permettent aux abbés réformateurs et à leurs soutiens ecclésiastiques et laïques de mettre en place un fonctionnement des monastères clairement hiérarchisés et donc mieux contrôlés. par U. Berlière, « Les lectures de table des moines de Marchiennes au xiiie siècle », Revue bénédictine, 11 (1894), p. 27-35 et D. Nebbai-Dalla Guarda, « Les listes médiévales de lectures monastiques. Contribution à la connaissance des anciennes bibliothèques bénédictines », Revue bénédictine, 96, 1986, p. 271-326, ici 290-299. Voir aussi S. Ceglar, « Guillaume de Saint-Thierry et son rôle directeur aux premiers chapitres des abbayes bénédictines, Reims 1130 et Soissons 1132 », in Saint-Thierry, une abbaye du vie au xxe siècle. Actes du Colloque international d’histoire monastique, Reims-St.-Thierry, 11 au 14 octobre 1976, réunis par M. Bur, 1979, p. 299-350. 117 M. Herrgott, Bernardi Cluniacensis Ordo Cluniacensis. Vetus disciplina monastica, Paris, 1726. Á propos du renouveau des études sur les coutumiers, voir les différentes contributions dans From dead of Night to End of Day. The medieval Customs of Cluny. Du cœur de la nuit à la fin du jour. Les coutumes clunisiennes au Moyen Âge, sous la dir. de S. Boynton et I. Cochelin, Turnhout 2005 (Disciplina monastica 3). Une édition critique, établie par L. Schlieker, est prévue dans le Corpus consuetudinum, Continuatio medievalis. S. Boynton et I. Cochelin travaillent à l’édition, avec traduction anglaise et française, du plus ancien ms. des coutumes de Bernard (Paris, Bnf, ms. 13875). Le coutumier de l’abbaye d’Anchin, texte qui a servi de modèle à Marchiennes, a disparu et nous n’en avons plus que la refonte opérée dans la seconde moitié du xiiie siècle (Douai, BM, ms. 541 ; édition dans la version dactylographiée de notre thèse sur l’abbaye d’Anchin) alors que celui de Marchiennes (Douai, BM, ms. 540) est un manuscrit original des années 1130.

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Mais cette fascination a son revers car ces pratiques impliquent juridiquement la soumission à l’abbaye bourguignonne, ce que les abbayes du Nord n’acceptent pas. La situation ne s’apaise qu’à partir des années 1130 pour Marchiennes. Nous y reviendrons118. Quant à la reconstitution du temporel, elle s’opère non sans difficultés et oppositions car la récupération des biens perdus ou aliénés par l’abbé Fulcard suscite réactions et conflits. La documentation permet de mesurer ces difficultés. Les saints du monastère sont mobilisés dans ces actions foncières : Rictrude et Eusébie, mais aussi, et c’est une nouveauté, le premier abbé Jonat. Les miracles de sanction alors opérés illustrent l’âpreté des conflits qui opposèrent les moines au sujet des questions domaniales. Plusieurs récits contemporains de l’abbé Amand témoignent de sa détermination à reconstituer le temporel et à défendre les droits de son abbaye. Ces conflits trouvent une issue favorable pour l’abbaye quand Rictrude, Eusébie ou Jonat manifestent leur courroux par des châtiments qui frappent les spoliateurs. L’intérêt de ces récits réside, pour notre propos, non pas dans les interventions miraculeuses mais dans les péripéties des démêlés qui opposent des laïques, convaincus de leur bon droit mais présentés dans les récits ou les chartes comme des spoliateurs, à un abbé déterminé à récupérer biens et droits légitimes de sa communauté. L’abbé Amand, soutenu par ses moines, veut mettre fin à l’hérédité des charges détenues par les laïques et réintégrer dans les biens de l’abbaye la totalité des droits perdus en raison de la négligence de ses prédécesseurs (predecessores meos ecclesiae jura diripuisse). Ainsi donc, les difficultés de l’abbaye ne peuvent pas être toutes imputées au réprouvé abbé Fulcard. Amand s’emploie à récupérer ces charges détenues par des officiers contre des dédommagements (mercedem) qui ne les satisfont pas119. Devant l’hostilité des familles qui se sentent dépossédées, l’abbé fait valoir que la pratique héréditaire résulte de faiblesses ou de tolérances (sufferentia) mais que cela ne constitue en rien un droit puisque aucune décision capitulaire (commune capitulum) ne l’atteste. Une telle remise en cause de situations acquises depuis des décennies provoque chez les gens concernés une profonde stupeur (stupefacti). Un certain Enguerran Payen, neveu d’un maître meunier, prend alors la tête du mouvement de révolte et menace de venir au monastère dans les trente jours avec des hommes en armes. Au jour dit, c’est son corps qui fut apporté par ses proches car, entre temps, il avait été tué lors d’une opération militaire en Ostrevent. Cette mort accidentelle fut interprétée comme un signe de la colère divine. Mais, dans la suite du récit, rien ne dit si les offices détenus par les laïques furent tous récupérés. La détermination de l’abbé est illustrée par un autre épisode qui l’oppose au maire du village de Sailly, Étienne, qui dénie aux religieux la possession de biens cédés par un certain Omer, devenu moine. Le maire se considérait comme l’héritier légitime

118 Sur les enjeux des coutumiers en usage dans les abbayes flamandes, voir en dernier lieu, S. Vanderputten, « Monastic Reform, Abbatial Leadership and the Instrumentation of Cluniac Discipline in the Early Twelfth-Century Low Countries », Revue Mabillon, 23, (2012), p. 41-65. 119 Patrocinium, AASS, Maii 3, p. 151.

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des biens donnés, sans que le lien de parenté ne soit précisé. À en croire le récit, extorsions, rapines, humiliations, tout était bon à Étienne pour se dédommager car il voit dans le monastère une puissance cupide. Là aussi une mort accidentelle clôt le conflit120. Une autre affaire implique le châtelain de Lille qui, de façon scandaleuse si l’on en croit la charte épiscopale (audaciam malefactoris), avait usurpé des biens à Lorgies : la dîme et divers revenus. Ils sont restitués en 1121 à l’abbaye qui rétrocède au châtelain quelques biens en fief121. Dans les environs de l’abbaye, il s’agit aussi de calmer les appétits et ambitions des Landas qui, depuis l’éviction de l’un des leurs de la charge abbatiale, n’ont pas exercé de domination visible sur l’abbaye, mais n’y ont pas non plus renoncé. Deux épisodes des années 1133 et 1136 sont significatifs. En 1133, l’abbé organise une solennelle translation des reliques d’Eusébie, signifiant par le retour de la sainte à Hamage, la réappropriation par l’abbaye de ce lieu qui avait été donné par Fulcard à un parent122. Hamage devient alors le seul et unique prieuré de l’abbaye. Quelques années plus tard, en 1136, une charte de l’évêque de Tournai notifie un accord avec Roger et Étienne, les deux frères d’Amauri III de Landas. Ceux-ci, qui avaient usurpé des terres de l’abbaye dans deux villages voisins (Brillon et Beuvry), acceptent de les restituer dans la mesure où ils les reçoivent à nouveau et immédiatement de l’abbaye, mais cette fois en fief123. La reconstitution du temporel est bien sûr jalonnée par les nombreux actes de confirmation de biens que l’abbé obtient des différentes autorités, mais s’appuie aussi sur l’Histoire-polyptyque, composition d’un véritable dossier des possessions de l’abbaye qui rappelle les pratiques de description des biens des temps carolingiens avec l’énumération par localité des terres, des hommes et des services dus. B. Delmaire a montré que la composition de ce texte se situe entre l’arrivée de l’abbé Amand (1116) et avant la restitution de la villa de Lorgies en 1121124. À cette lecture, on s’interroge sur ce qui restait du domaine primitif. Le moine qui compose l’ouvrage gémit sur les spoliations et constate que là où tout appartenait à Rictrude, il n’y a plus qu’un « résidu » ou un ou deux courtils. La phase de restitution, initiée en 1116, est garantie par un grand privilège du pape Calixte II daté du 1er novembre 1123 qui, malgré la falsification des signatures125, est tout à fait exploitable. Comparée au diplôme de Charles le Chauve et à quelques autres chartes, elle permet de mesurer l’accroissement

120 Ibidem. Voir L. Little, Benedictine maledictions : liturgical cursing in Romanesque France, Cornell University Press, 1993, p. 138-139 et 145-146. 121 Charte no 17. 122 Le récit de cette translation figure dans la seconde version des Miracula Eusebiae, revue par André de Marchiennes après 1164 (éd. A. Poncelet, « Catalogus codicum hagiographicorum », art. cit., p. 461). 123 Charte no 40. 124 Sur l’Histoire-polyptyque, op. cit., cf. supra note 35, p. 93. Pour la restitution de Lorgies, voir no 17. L’inventaire des biens repose-t-il sur des traditions orales ou sur une documentation écrite ? Une charte des années 1130/1131 (no 37) semble renvoyer à des documents plus anciens (in antiquis descriptionibus nostri monasterii) que l’histoire-polytyque. 125 Charte no 24 ; voir la note critique.

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du temporel marchiennois. L’obtention d’une confirmation des biens et droits émanant de la plus haute autorité d’Occident était indispensable pour la communauté malgré la longueur du voyage, les risques encourus, les frais engagés et le temps nécessaire126. Sept ans après son élection, la politique de restauration des droits et des biens marchiennois conduite par l’abbé Amand, avec neuf confirmations entre 1120 et 1125, était suffisamment avancée pour justifier une telle démarche. Parallèlement, Amand entreprend la reconstruction de l’abbaye, aspect sur lequel nous reviendrons. À la mort d’Amand (27 mai 1136) s’ouvre une phase particulièrement troublée qui dure une dizaine d’années. Son successeur Lietbert (1136-1141), également moine d’Anchin, démissionne après quelque quatre années d’abbatiat, ce qui provoque ainsi une crise sérieuse à rebondissements multiples qui oppose les moines à l’évêque d’Arras Alvise, l’ancien abbé d’Anchin promu à l’épiscopat en 1131. Ce conflit, bien que banal, prend des proportions telles que la communauté marchiennoise s’en trouve perturbée pendant plusieurs années. Les péripéties en sont exposées dans plusieurs chapitres des Miracula Rictrudis127. Tout commence à la suite du renoncement de Lietbert à la charge abbatiale, renoncement dont les raisons ne sont pas explicites, les formules utilisées (laborem coepit abhorrere et stricti examinis futuri timere discussionem) ne permettant que des explications hypothétiques. Faut-il y voir les atteintes de l’âge qui handicapent l’abbé ou des tensions internes qui le minent et rendent la charge impossible à remplir ? Après cette démission, survenue dans le courant de 1141, l’évêque Alvise enjoint aux religieux de choisir un nouveau guide selon la règle mais, mécontent de leur choix, il refuse alors d’installer le nouvel abbé élu dont on ignore tout et met le monastère sous interdit. L’évêque s’étant rendu à l’abbaye d’Anchin, l’abbé Gossuin (1131-1166), un de ses disciples et homme de grande réputation128, manifeste son hostilité à ce que Lietbert, l’abbé démissionnaire, reprenne sa charge. On ne connaît pas les raisons invoquées par Gossuin pour contrer l’idée d’Alvise, moyen de débloquer la situation. L’évêque exige alors des moines de choisir un abbé parmi trois noms imposés. La communauté monastique se divise. Plusieurs religieux marchiennois, les plus anciens c’est-à-dire ceux qui avaient participé aux élections précédentes, veulent faire appel au pape et trois d’entre eux partent pour Rome. D’autres sont tiraillés entre l’obéissance à l’évêque, le renoncement à la liberté d’élection et le résultat hypothétique et lointain de l’appel. Aussi disaient-ils : Quand nous devons céder par nécessité, il vaut bien mieux céder devant le fouet129. L’un des trois noms imposés est choisi : Hugues, moine de Saint-Remi de Reims.

126 Les mésaventures de deux moines marchiennois, partis à Rome au début du xive siècle et totalement dévalisés en cours de route, en sont la preuve (péripétie relatée dans le petit cartulaire de Marchiennes, Londres, British Library, Add. ms. 16611, page de garde). Sur ces voyages à Rome, et notamment ceux qui concernent les démarches d’ecclésiastiques, voir A. D’haenens, « Aller à Rome au Moyen Âge », Bulletin de l’Institut Historique Belge de Rome, 50 (1980), p. 93-129. 127 AASS, Maii 3, p. 108-112, c. 48 à 54. 128 J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 91-95. 129 Ibidem, p. 110, c. 51 : cum tandem necessitate cessuri sumus, ante flagellum cedere multo melius. Cf. aussi note suivante.

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Pendant ce temps, à Rome, le pape, compte tenu de la liberté d’élection de l’abbé que Marchiennes détient, condamne l’attitude d’Alvise, lève l’interdit lancé par l’évêque d’Arras et ordonne aux moines de choisir pour abbé une personne idoine (première bulle du 1er novembre 1141)130. De plus, l’évêque doit affronter la colère pontificale. Innocent II reproche vivement à Alvise le mépris de la Sainte Église Romaine et de nousmêmes et de beaucoup d’autres choses qu’une sinistre rumeur a portées à nos oreilles sur ta personne. Pour ces raisons, l’évêque est convoqué à Rome pour le 3 mai 1142 (seconde bulle du 1er novembre 1141). Et à toutes fins utiles, Innocent II prend le monastère sous sa protection (décembre 1141)131. Mais c’est peu avant l’arrivée de ces deux bulles du 1er novembre 1141 que les moines de Marchiennes contraints par Alvise avaient élu, nous l’avons vu, Hugues, moine de Saint-Remi de Reims. Le jour de son intronisation, les trois religieux qui, avec leurs barbes longues et leur visage brûlé par le soleil, ne ressemblaient plus à des moines mais à des pèlerins132, sont de retour de Rome. On présente les lettres pontificales à l’évêque et on les lit. L’abbé Hugues renonce immédiatement et de lui-même à l’abbatiat, après l’avoir exercé pendant douze jours : l’appel à l’autorité du Saint-Siège condamnait tout ce qui avait été établi. S’il avait voulu rester, les moines, de son vivant, sauf révérence au seigneur pape, n’auraient pas pu en élire un autre133. Cependant, l’affaire était sortie du cadre arrageois et le scandale était suffisamment important pour être parvenu aux oreilles de Bernard de Clairvaux. Ce dernier écrit au pape une lettre, véritable diatribe contre ces moines qui avaient l’outrecuidance de s’en prendre à un évêque si respectable : Les religieux de Marchiennes sont venus devant vous dans un esprit de mensonge et d’erreur, pour attaquer le Seigneur et son Christ. Dans un esprit injuste, ils portèrent l’accusation contre l’évêque d’Arras dont la vie et le comportement avaient embaumé jusqu’à présent et en tous lieux. Qui sont ces hommes qui mordent comme des chiens, qui appellent le bien le mal, qui prennent la lumière pour les ténèbres ? Qui sont ces gens qui, en dépit de la loi, disent des injures à un sourd et placent méchamment un caillou sur le passage de l’aveugle ?

Il en profite aussi pour défendre Alvise : Nous avons entendu de nos propres oreilles avec quelle sincérité et quelle fermeté il a défendu la foi et l’Église Romaine en face du roi et des princes. Il viendra dans son innocence vers vous au jour de sa convocation ; il a envoyé en avant le porteur de ces présentes, son fils, archidiacre, dont nous recommandons la personne et les mœurs à votre mansuétude134

130 Ici la charte no 44. La lettre pontificale rappelle ce privilège de liberté accordé par le pape Calixte II en novembre 1123 (cf. no 24). 131 Cf. charte no 46. 132 AASS, Maii 3, p. 110, c. 52 : quia barbis prolixis et adusti caumate non monachi sed peregrinorum similitudinem induerant… 133 AASS, Maii 3, p. 110, c. 52 : quia quaeque post appellationem constituta Sedis Apostolicae damnabat auctoritas. Qui si stare voluisset, monachi eo vivente, salvaque Domini papae reverentia, nequaquam alterum elegissent. Voir la notice abbatiale, no 12, p. 384. 134 Sancti Bernardi opera, éd. par J. Leclercq, H. Rochais, t. 8, Rome, 1974, p. 279-280, epist. 339 : … Marcianenses monachi venerunt ad vos in spiritu mendacii et spiritu erroris, adversus Dominum, et adversus Christum ejus. Verbum iniquum constituerunt adversus Atrebatensem episcopum, cujus conversationis et

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P r e m i è r e pa rt i e

Au concile de Lagny, au début de l’année 1142135, l’affaire donne lieu à vif débat, quelque peu théâtralisé dans le récit inséré dans les Miracula Rictrudis. Le cardinal-légat, Yves, cardinal-prêtre de Saint-Laurent136, s’étonne de l’absence des moines de Marchiennes convoqués. Alvise, soutenu par Bernard de Clairvaux, se lance dans une diatribe contre eux, les accusant de mensonges. Mais, sur ces entrefaites, les moines arrivent, sont immédiatement reçus et entendus. L’un d’eux relate les décisions pontificales de l’entrevue à Rome, propos confirmés par le légat qui y avait assisté. Alvise tente encore de gagner du temps en demandant au légat un délai de réflexion qui lui est refusé. Il doit alors se soumettre et Bernard reconnaître s’être trompé137. Les religieux choisissent alors comme abbé non pas un des leurs mais Odon, un moine de l’abbaye parisienne de Saint-Martin-des-Champs qui dépendait de Cluny. Cette élection curieuse est l’indice manifeste d’un choix manipulé et de tractations faites sans doute au cours du concile. Alvise reçoit de la part du pape Innocent II une lettre de pardon (décembre 1142) justifié par l’antiqua familiaritas, la religio et l’honestas de l’évêque138 et Bernard de Clairvaux reconnaît avoir été mal informé. Mais la situation reste instable à Marchiennes puisque Odon démissionne, pour des raisons inconnues, après un abbatiat de deux ans. Il réintègre son monastère d’origine à Paris dont il devient le prieur (attesté en septembre 1144), puis est contraint, pour incapacité, à la démission en 1150. On peut donc penser que son manque de compétences avait dû déjà sévir à Marchiennes et qu’il avait déjà été poussé à renoncer. La restauration efficace initiée par Anchin à partir de 1115 explique que la jeune abbaye, fondée en 1079, pensait pouvoir se prévaloir d’une prééminence sur l’antique monastère de Marchiennes auquel elle avait donné deux de ses moines comme abbés, et sur laquelle elle avait exercé une influence directe pendant 25 ans. Les tribulations abbatiales postérieures sont à replacer également dans le contexte de l’imposition des coutumes clunisiennes ce qui, tant à Marchiennes qu’ailleurs, provoqua des résistances. Or Alvise, nous l’avons vu, fut un des promoteurs de l’adoption de ces coutumes en Flandre. Les interventions de l’énergique et autoritaire Alvise139 dans vitae bonus odor fuit hactenus in omni loco. Qui sunt isti, qui ut canes mordent, qui dicunt bonum malum, qui ponunt lucem tenebras ? Qui sunt isti, qui contra legem maledicunt surdo, et coram caeco ponunt offendiculum ? … Auribus nostris audivimus quam fideliter, quam constanter locutus sit in conspectu Regis et principum profidelitate Romanae Ecclesiae. Veniet ad vos in innocentia sua in die vocationis suae : praemisit ante filium suum archidiaconum praesentium latorem, cujus personam et mores vestrae mansuetudini commendamus… Dans la même lettre, il s’en prend aussi à l’abbé de Saint-Vaast. 135 O. Pontal, Les conciles de la France capétienne jusqu’en 1215, Paris, 1995, p. 320. 136 S. Weiss, Die Urkunden der päpstlichen Legaten, op. cit., p. 145, XII-12. 137 AASS, Maii 3, p. 111, c. 54 : peccavi, inquit, et culpam humiliter confiteor… 138 Lettre du 27 décembre 1142 au clergé du diocèse d’Arras (PL, t. 179, col. 616, lettre 547) : …Venientem ad nos venerabilem fratrem nostrum Alvisum episcopum vestrum, et super quibusdam sinistris quae de ipso nobis nuntiata fuerant se excusantem, tam pro antiqua familiaritate, religione quoque et honestate ipsius quam multorum religiosorum precibus debita benignitate suscepimus, et gratiam nostram ei reddidimus… 139 Sur le caractère d’Alvise, rappelons la crainte qu’il inspirait aux moines d’Anchin, telle qu’elle apparaît dans un poème consacré à ce vigoureux personnage (Historia monasterii Aquicinctini, éd. G. Waitz, MGH SS, t. 14, Hanovre, 1883, p. 584-592, ici p. 587) : Non miles Franciae ensem Theutonicum Arcum vel lanceam, pila vel clypeum

D’u ne ré fo rme à l’au t re

les affaires de la communauté marchiennoise d’abord comme abbé d’Anchin (11111131), puis comme évêque d’Arras (1131-1147), se comprennent dans la mesure où il considérait que celle-ci était devenue en quelque sorte la fille d’Anchin. Mais face à cette tutelle canoniquement infondée mais concrètement pesante, l’intervention pontificale a rappelé sans ambiguïté la liberté de choix des religieux de Marchiennes. Aussi les relations entre les deux communautés, si proches géographiquement, furent-elles toujours ambiguës avec des tensions chroniques bien concrètes portant, en particulier, sur les droits de pêche le long de la Scarpe. Mais les garanties pontificales n’assurent pas un retour à la quiétude, comme le montrent l’origine du successeur d’Odon et son abbatiat écourté. En effet, l’élection de l’ abbé Engueran, prieur de Corbie depuis 1136, ne laisse pas penser à un choix spontané de moines inspirés140. Là aussi, la décision des religieux a dû être orientée. Comme l’évêque d’Arras, toujours Alvise, confirme à l’abbaye deux donations d’autels en 1146141, on peut penser que l’abbé Enguerran avait les faveurs épiscopales. Compte tenu des péripéties abbatiales évoquées, si les quatre années de l’abbatiat d’Enguerran paraissent constituer enfin un temps de sérénité retrouvée marqué par l’obtention d’une grande bulle de confirmation détaillée des biens émanant d’Eugène III142, le transfert de cet abbé au siège de Saint-Médard de Soissons par décision du concile de Reims (mars 1148) laisse perplexe. Enguerran voulait-il quitter Marchiennes et la vacance abbatiale à Soissons fut-elle une opportunité saisie ? Cela suppose donc la persistance de tensions dans la communauté marchiennoise. Le choix d’un successeur encore extérieur à Marchiennes, Hugues, venu de Saint-Martin de Tournai, le laisse également penser.

Umquam sic timuit instinctu procerum Ut timet monachus Alvisi baculum (Le chevalier de France, à l’instigation des grands, n’a jamais craint l’épée teutonique, l’arc, la lance ou le javelot comme le moine craint le bâton d’Alvise). 140 Voir en annexe 1 (Liste abbatiale), la notice no 14, p. 385. 141 Chartes nos 48, 49. 142 Charte no 50.

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Chapitre 3

Le temps de l’épanouissement (seconde moitié du xiie siècle)

La communauté monastique : composition et organisation Si l’on en croit les sources narratives, l’abbaye connaît à partir de l’abbatiat d’Amand un temps de gloire manifesté par : la stabilité du patrimoine, à défaut d’un accroissement significatif ; l’activité du scriptorium dont les codices subsistants sont les témoins ; la construction de bâtiments monastiques et d’une vaste abbatiale, preuve de la conception d’un programme architectural et de ressources assurées. Rien de ceci n’exclut, loin s’en faut, troubles et tensions. Le premier signe du dynamisme se manifeste par les effectifs, indice de l’attraction exercée par l’abbaye1. L’ensemble des chartes présentées ici ne peut nous informer de façon précise sur l’importance de la communauté religieuse car les listes de témoins livrent rarement des informations sur le nombre de religieux et permettent seulement de glaner des indices sur l’organisation hiérarchique. Pour le nombre des moines, l’enquête donne des résultats décevants car figurent, dans ce type de liste, des officiers du monastère avec éventuellement quelques religieux : en général, sauf exception, dix à vingt personnes. Cela permet tout au plus de reconstituer partiellement la hiérarchie interne de la communauté car bon nombre d’offices et d’officiers n’apparaissent pas, alors que le coutumier énumère l’ensemble des charges à remplir pour encadrer la communauté2. La première liste de religieux marchiennois figure dans une charte de 1167 avec une énumération de vingt religieux3 ; une seconde charte de 1184 en cite six4. Il est donc exclu de tirer le moindre enseignement sur la taille de la communauté à partir de ces maigres et très ponctuelles indications chiffrées5. Il faut donc exploiter d’autres 1 Sur les effectifs antérieurs au xiie siècle, notre ignorance est totale (cf. supra note no 122, p. 77). La mention d’une formule de bénédiction des oblats dans un manuscrit de la fin du xie siècle atteste une pratique mais ne permet pas d’en dire plus (Douai, BM, ms. 68, fol. 3vo). 2 Cf. supra notes 116 et 117, p 112-113. 3 Charte no 84. 4 Charte no 112. 5 Il en est de même pour d’autres monastères. Ainsi à Saint-Vaast, une charte de 1162 donne douze noms, une de 1167 neuf noms, une de 1177 dix-sept noms, une de 1189 dix noms (E. van Drival, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras rédigé au xiie siècle par Guiman, Arras, 1875, p. 412-420 ; A. Guesnon, « Un cartulaire de Saint-Vaast d’Arras, codex du xiie s. », Bulletin philologique et historique. Comité des travaux historiques, 1896, p. 240-305, ici p. 281-283). À Saint-Amand, deux actes de 1153 comportent onze et vingt et un noms et trois chartes de 1172, 1174 et 1176 en citent treize, douze et quatorze (H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., op. cit., p. 168-169).

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P r e m i è r e pa rt i e

documents en particulier le nécrologe domestique qu’il convient d’utiliser avec précaution et rigueur6. D’abord, les chiffres bruts du nombre de moines inscrits ne sont pas immédiatement significatifs ; ils sont tout au plus révélateurs d’une tendance. Ensuite, l’inscription des moines n’a pas toujours été régulière, surtout au-delà de la première moitié du xive siècle. À partir des calculs établis par B. Delmaire, qui vont du xie au xive siècle, on peut estimer le nombre, pour le xiie siècle et jusque vers 1230, à une cinquantaine de religieux7. Les effectifs fléchissent ensuite puisqu’en 1385 le pape Clément VII charge l’évêque d’Arras d’enquêter sur l’état des revenus de l’abbaye et éventuellement d’accroître le nombre des religieux jusqu’à vingt-quatre, ce qui suppose que ce nombre n’est plus atteint8. Indiscutablement, l’abbaye a fait le plein de ses effectifs aux xiie et xiiie siècles. L’encadrement des religieux présents en permanence à compter du milieu du xiie siècle, lorsque la remise en ordre de l’abbaye a assuré un recrutement massif et régulier, n’est guère éclairé par les chartes dont trois seulement permettent de situer dans le temps quelques officiers monastiques. L’existence de ces hommes de confiance, remarqués en raison d’aptitudes diverses qui sont mises au service de la communauté, conduit ainsi à une hiérarchisation définie dans les coutumiers, valorisant les compétences au détriment de l’ancienneté. Nommés par l’abbé, ces officiers sont révoqués par ce dernier. La première de ces charges est celle de prieur, vivement déconseillée dans la règle de Benoît. Mais la nécessité de seconder l’abbé en avait imposé l’usage, malgré les risques que cette fonction de « vice-abbé » risquait de générer. Son rôle est particulièrement important lors de l’élection d’un nouvel abbé et, si la situation est délicate, pendant la vacance abbatiale, lorsque l’élection est contestée, comme à Marchiennes en 1141. Les chartes signalent aussi un deuxième et un troisième prieur. Il s’agit du prieur claustral et d’un adjoint qui veillent au respect par les moines des prescriptions de la vie quotidienne. Le prieur claustral vérifie la présence des moines aux matines ou au dortoir. Ces mentions permettent de dresser une liste très sommaire de ces charges et de leurs titulaires. Le fonctionnement des offices à Marchiennes est globalement inconnu. Mais un acte de 1240 permet de constater qu’il y a, comme dans les autres monastères, des sommes précises affectées aux différents offices sans qu’il soit possible de déterminer quand se met en place cette pratique9. 6 En réalité, il y a deux nécrologes : Douai, BM, ms. 889 (du début du xiiie siècle intégrant un nécrologe antérieur des années 1130) et ms. 890 (copie figurée du précédent des années 1430) (cf. J.-L. Lemaître, Répertoire des documents nécrologiques français, Paris, 1980 (Recueil des historiens de la France, Obituaires, t. VII, 1-2), nos 1812 et 1813). 7 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du xive siècle. Recherches sur la vie religieuse dans le Nord de la France au Moyen Âge, Arras, 1994 (Mémoires de la Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, 31), p. 220. 8 Lille, ADN, 10 H 31/500 (original, inédit). 9 Lille, ADN, 10 H 44/712, original inédit de Jeanne, comtesse de Flandre : Volumus statuimusque et rogamus ex parte dicti comiti ut redditus ipse quamdiu vixerimus ex toto transferatur ad infimariam vestram colligendus et distribuendus infirmis per manus illius qui alias elemosinas vestras servaverit prout viderit expedire nec aliquid omnino de redditu illi convertatur in usus cellerarie Marchianensis…

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt

Un seul prieur est nommément cité dans l’ensemble des chartes : André, religieux par ailleurs bien connu, qui a exercé longuement sa fonction priorale de 1167 à 1202. Auteur prolixe de nombreux ouvrages malgré les responsabilités exercées au sein de sa communauté pendant plus de trente ans, il fut reconduit dans la charge d’auxiliaire immédiat par cinq abbés successifs10. Les récits hagiographiques ne livrent qu’un seul autre nom pour l’ensemble du xiie : Walbertus. S’agit-il de Galbert, poète et hagiographe, auteur notamment des Miracula S. Rictrudis composés en 1127, qui assiste à la translation des reliques d’Eusébie en 1133 et est inscrit dans le nécrologe au 28 janvier dans une strate paléographique antérieure à 1138 ? Quant aux autres officiers, un seul dépasse la simple mention au bas d’une charte : le prévôt Gerulfus, inscrit au 10 août dans le nécrologe de Marchiennes, avait fondé un anniversaire au temps de l’abbé de Marchiennes Jean Ier (1158-1179)11. Il est tentant à la lecture de cette courte liste de pressentir des carrières monastiques et d’imaginer que le cellérier Roger cité en 1184 est devenu prévôt peu après ; le tiers-prieur Hugues cité en 1167 est peut-être le sous-prieur de 1184. Mais au total, l’ensemble des informations sur les officiers monastiques reste bien maigre. Le nécrologe permet d’ajouter quelques noms sans qu’il soit possible de placer ces religieux dans un cadre chronologique précis. Le tableau 3 qui suit rassemble les rares mentions de ces officiers monastiques, ce qui ne permet pas de reconstituer les carrières monastiques avec la durée de charge, les promotions, les mutations ou les disgrâces. On sait que les monastères bénédictins comptaient, aux côtés des moines, de nombreux convers et converses. Le nécrologe de Marchiennes montre que les moines représentent 60% de la communauté et les convers 40%, à part égale entre les hommes et les femmes12. Si on regarde les chartes marchiennoises, un seul frère convers est cité et pas une seule converse13. Ce n’est donc pas la documentation diplomatique qui permet d’appréhender la réalité de la composition de la communauté monastique14. 10 Il est cité comme scriptor en 1153 (Douai, BM, ms. 347, dernier feuillet) : Anno Domini MoCoLIIIo, temporibus domini Hugonis abbatis, scriptus est liber iste ab Andrea monacho istius ecclesiae. Il est l’auteur du Chronicon Marchianense et de l’Historia succinta de gestis et successione regum Francorum (cf. K. F. Werner, « Andreas von Marchiennes und die Geschichtssreibung von Anchin und Marchiennes in der zweiten Hälfte des 12. Jahrhunderts », Deutsches Archiv, 9, 1952, p. 402-463, ici p. 156-158). André est inscrit au 27 janvier dans le nécrologe de Marchiennes comme Andreas Du Bos avec officium plenum (Douai, BM, ms. 889, fol. 71ro). 11 Douai, BM, ms. 889, fol. 135ro : Gerulfi prepositi. Quarto idus augusti obiit Gerulfus prepositus, hic in hac ecclesia multum laboravit et profecit. Statuit autem domnus Johannes I abbas annuente capitulo ut anniversaria dies ejus, sicut unius abbatum sollempniter celebretur, et eodem die copiosa refectio de vino et piscibus a monacho de Sailli preparetur, vinum accipiet in cellario, si fuerit. 12 Le premier nécrologe de Marchiennes permet de relever jusqu’en 1340 les inscriptions de plus de 420 convers et converses (cf. B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, op. cit., p. 216). 13 Charte no 23 (1119-1123). 14 Cette remarque vaut pour d’autres abbayes. À Anchin, un convers et deux converses figurent dans les chartes alors que le nécrologe permet d’en repérer plus de 650 ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 102) ; à Denain, dont le nécrologe est perdu, un seul convers est cité ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye féminine de Denain, op. cit., charte no 97).

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P r e m i è r e pa rt i e 3. Les offices et officiers monastiques au xiie siècle

 

Nom

Dates

Références (chartes ou autres)

Prieurs

Galbert André Fulpadus Hugo Hugo Nicolas Jean Baudouin Roger Gautier Gerulfus Baudouin Hugo Roger

1133 1167-1202 1167 1184 1167 1184 1167 1167 1184 1200 1167 1178 1184 1188

Poncelet, p. 461 ; nécrologe (28 janvier) ; nos 85, 112 ; nécrologe (27 janvier) no 85 no 112 no 85 no 112 no 85 no 85 ; nécrologe (28 février) ; no 112, 121 ; nécrologe (11 juin) no 85 ; nécrologe (10 août) no 99 no 112 no 115

Sous-prieurs Tiers-prieur Armarius Camérier Cellériers Prévôts

Difficile aussi d’éclairer de façon satisfaisante l’origine sociale et géographique des religieux. À Marchiennes, on est frappé par le nombre de moines étrangers à la communauté devenus abbés (tableau 4). Au cours du xie siècle, les abbés sont issus de l’abbaye Saint-Vaast, centre de réforme (déjà évoqué) sous l’impulsion de Richard de Saint-Vanne15. Dans la première moitié du xiie siècle, ils proviennent du centre monastique actif qu’est Anchin16. Pour la seconde moitié du siècle, chaque abbé vient d’une abbaye différente. Si la continuité de provenance (St-Vaast puis Anchin) éclaire le rayonnement de ces deux monastères, véritables pépinières de religieux zélés, les origines géographiques dispersées des abbés postérieurs à 1141 laissent perplexe sur les motivations et les tractations qui ont guidé ou orienté le choix des moines. Sur les dix abbés de cette seconde moitié du siècle, seuls deux peut-être, Jean et Étienne, à la fin du xiie siècle sont des moines du lieu, déduction qui repose sur un argument a silentio, aucune source ne mentionnant leur origine. Soulignons donc l’extrême diversité des abbayes d’origine de ces abbés : Saint-Remi de Reims, Saint-Martin-des-Champs, Corbie, Saint-Martin de Tournai, Saint-Bertin, Cluny, Auchy, Saint-Médard de Soissons. À cette pratique du choix de l’abbé hors de la communauté monastique, signe pour cette dernière de son incapacité ou de son impossibilité à porter ses suffrages sur un moine, s’ajoute l’ignorance sur les origines familiales des abbés sauf pour l’abbé Fulcard (1103-1115) qui était apparenté aux sires de Landas. Il est donc impossible de détecter, hormis le cas de Fulcard, l’éventuelle

15 Au cours du xie siècle, huit moines védastins sont devenus abbés ailleurs, dont cinq à Marchiennes et les trois autres à Saint-Bertin, Saint-Winoc et à Ename ; au xiie, outre Marchiennes, trois védastins furent abbés à Saint-Valéry-en-Caux, Honnecourt et Liessies. 16 Sur la douzaine de religieux issus d’Anchin et élus abbés, voir J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 185-200.

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt 4. Origine et fonctions des abbés de Marchiennes avant leur élection

Abbés

Origine et fonction précédente

Léduin (1024-1033) Albéric (1033-1048) Poppon(1048) Gui (1048-1068) Alard Ier (1068-1090) Richard (1091-1102) Alard II (1102-1103) Fulcard (1103-1116) Amand (1116-1136) Lietbert (1136-1141) Hugues Ier (1141) Odon Ier (1142-1144) Enguerran (1144-1148) Hugues II (1148-1158) Jean Ier (1158-1179) Henri (1179-1183) Jean II (1183-1193) Étienne (1193-1199) Simon (1199-1201) Milon (1201-1202)

St-Vaast (abbé) St-Vaast (moine) St-Vaast (abbé) St-Vaast (moine) St-Vaast (prieur) St-Martin de Tournai (moine) Anchin (moine, ex-archidiacre de Cambrai) Hasnon (moine) Anchin (prieur) Anchin (moine) St-Remi de Reims (moine) St-Martin des Champs (prieur) Corbie (prieur) St-Martin de Tournai (prieur) St-Bertin (moine) Cluny (moine) Marchiennes (moine) Marchiennes (moine) Auchy (abbé et ex-moine de St-Bertin) Soissons (St-Médard)

mainmise d’un lignage sur le siège abbatial, ni même de déceler la moindre pratique de népotisme17. Quant aux religieux, il faut attendre les xiiie et xive siècles pour que des surnoms d’origine géographique soient signalés dans le nécrologe. Ces surnoms, pour la plupart d’entre eux, sont issus du diocèse d’Arras. Ce recrutement local tient au fait que le seul prieuré de Marchiennes, celui d’Hamage, n’était distant de l’abbaye que de trois kilomètres, et que la majorité des cours (curtes) était implantée dans le diocèse d’Arras. Des cours comme La Bassée18, Lorgies19 et Haisnes20 fournirent plusieurs religieux et, à partir du xiiie siècle, trois abbés : Nicolas del Biez (1205-1219), Gilles de Haisnes (1225-1245) et Jean de La Bassée (1326-1348). La possession des cours de Beuvry21

17 Par exemple, à Anchin, l’abbé Simon II (1207-1233) est neveu de Simon Ier (1174-1201) ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 304-305) ; à Saint-Amand les abbés Foucart-Lambert (1062-1076) et Hugues Ier (1085-1107) sont aussi oncle et neveu (H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 126) ; à Saint-Vaast, même lien familial entre Martin (1155-1183) et Jean (1186-1190). 18 La Bassée (Nord, Lille, Annoeullin). 19 Lorgies (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin). 20 Haisnes (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin). 21 Beuvry (Pas-de-Calais, Béthune, Beuvry).

125

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et de Ronchin22 dans le diocèse de Tournai, et de l’importante cour de Vregny23 dans celui de Laon permet d’expliquer quelques autres provenances. En revanche, une autre cour importante, celle de Reninge24 dans le diocèse de Thérouanne, n’a pas, semble-t-il, joué le rôle d’intermédiaire dans le recrutement. Finalement, le xiiie siècle donne l’image de promotions abbatiales issues du vivier marchiennois alors que les xie et xiie siècles présentent des choix plus diversifiés, mais surtout extérieurs à l’abbaye. Enfin, sur les seize abbés dont les antécédents sont connus, trois avaient été abbés ailleurs, neuf de simples moines et cinq étaient des prieurs dont la promotion se situe toujours dans des périodes délicates ou difficiles pour l’abbaye, notamment entre 1141 et 1148. Le choix d’hommes expérimentés s’imposait pour gérer une communauté instable et divisée.

Stabilisation et évaluation du temporel de l’abbaye Si les notions d’apogée ou de décadence sont relatives et subjectives, il n’en reste pas moins que l’abbaye connaît une période faste entre les années 1120 et 1200 et plus particulièrement dans la seconde moitié du siècle, ce que reflètent à la fois, comme nous l’avons montré plus haut, les donations, les effectifs, la politique de constructions, l’acquisition de reliques, l’appartenance à un vaste réseau monastique et l’activité soutenue de son scriptorium. Ce dynamisme, qui n’exclut pas des tensions internes, peut s’apprécier par l’exploitation d’un ensemble documentaire qui ne peut être exclusivement diplomatique mais dans lequel les chartes tiennent une place indiscutable, rythmant tantôt l’accroissement du temporel par les notifications de donations et par la répétition des confirmations, tantôt sa défense par les restitutions après arbitrage et les rappels à l’ordre des comtes à l’égard des avoués. Pour reconstituer le temporel de l’abbaye jusqu’à la fin du xiie siècle, on dispose d’une grosse centaine d’actes. Mais, parmi eux, sept seulement, précèdent la réforme lancée par l’abbé Amand en 1116. Aucune de ces sept chartes n’offre une vue d’ensemble des biens marchiennois et quatre seulement en éclairent certaines composantes. Le diplôme de Charles le Chauve de 877 détaille la mense conventuelle, celui de Lothaire en 975 concerne la restitution de la villa de Haines, la charte du comte Baudouin V de 1046 énumère les biens en Flandre seule, celle du comte de Hainaut de 1089 confirme une donation25. Quant au polyptyque composé entre 1116 et 1121, si riche soit-il en informations sur le monde rural des débuts du xiie siècle, il est incomplet quant à l’inventaire des biens de l’abbaye. On ne peut alors que se tourner vers la première grande bulle de confirmation des biens de l’abbaye délivrée par le pape Calixte II en novembre 112326, qui dresse un état des biens au moment où l’abbaye reprend 22 23 24 25 26

Ronchin (Nord, Lille, Lille-4). Vregny (Aisne, Soissons, Soissons-1). Reninge (Belgique, Flandre occidentale, Ypres). Respectivement les chartes nos 4, 5, 9 (charte fausse mais aux informations utilisables) et 11. Charte no 24. L’interpolation de cette bulle, par l’ajout de signatures fausses, n’est pas un handicap pour l’exploitation de l’énumération des biens ; voir la note critique de l’édition.

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vigueur sous l’action de l’abbé Amand, puis analyser les cinq autres bulles délivrées en 1141, 1146, 1172, 1184 et 119527. C’est la confrontation de cet ensemble documentaire qui permet d’approcher la réalité des biens, droits et revenus de l’abbaye. Parmi ces biens, accordons la première place aux autels détenus par l’abbaye, c’est-à-dire aux paroisses. L’abbaye a sans doute inauguré sa politique d’acquisition d’autels avant le xiie siècle, mais cette politique, qui se renforce à partir de 1103, s’inscrit parfaitement dans l’application des principes grégoriens dans le diocèse d’Arras. Depuis l’érection du diocèse d’Arras et sous la houlette successive des évêques Lambert (1093-1115) puis Robert (1115-1131), de nombreux autels détenus jusque-là par des laïques sont rendus à l’évêque qui, à son tour, les cède à des abbayes. Voyons d’abord la chronologie des acquisitions marchiennoises. Dès 1103, l’abbaye reçoit de l’évêque Lambert confirmation de huit autels, ce qui laisse entendre que les donations étaient antérieures. Aucune charte ne permet d’en déterminer le moment mais ce fut vraisemblablement avant la partition du diocèse de Cambrai, ce qui place ces donations vraisemblablement sous l’évêque Gérard II28. On sait que ce dernier, évêque impérial, s’était vu reconnu par Grégoire VII et maintenu sur son siège épiscopal à la condition de s’engager à appliquer dans son diocèse les conceptions grégoriennes. Les libéralités de l’évêque de Cambrai seraient donc à la fois la traduction concrète de son engagement et la preuve de la bonne tenue de l’abbaye de Marchiennes, sous l’abbé Alard (1068-1091). Comme la nouvelle géographie ecclésiastique avec la création du diocèse d’Arras en 1094 ne suscite pas notamment l’adhésion de Marchiennes, le premier évêque du nouveau diocèse s’emploie à rassurer les monastères en confirmant des donations effectuées avant la création de la nouvelle circonscription religieuse mais situées sur le territoire nouveau dont il a la charge. L’abbaye détient donc des autels dans le comté de Flandre (Lorgies, Auchy, Mazingarbe, Haisnes), en Artois (Boiry), en Ostrevent (Aniche, Abscon, Hamage). En 1122, l’évêque Robert confirma de nouveau et par deux fois ces autels avec une variante dans la liste : l’autel de Mazingarbe y est remplacé par celui de Sailly. Les chartes ultérieures montrent que la cession de l’autel de Mazingarbe a posé difficulté au regard de sa situation canonique ; nous y reviendrons. Tous les autels confirmés en 1103 ont été donnés à Marchiennes librement (liberaliter) : le système de la 27 Chartes nos 24, 46, 50, 91, 111, 120. La grande pancarte de Calixte II de février 1123 (no 22) est un faux des années 1170 (voir la note critique). Sur les raisons d’être de ces confirmations pontificales et les buts recherchés par le bénéficiaire, voir D. Lohrmann, Kirchengut im nördlichen Frankreich. Besitz, Verfassung und Wirtschaft im Spiegel der Papstprivilegien des 11.-12. Jahrhunderts, Bonn, 1983 (Pariser historische Studien), p. 79, 293, 306, 310. 28 Dans les limites du diocèse d’Arras, Gérard II a opéré dix-neuf cessions d’autels mais aucune connue pour Marchiennes (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, op. cit., p. 114) ; J.-M. Duvosquel, « Les chartes de donation d’autels émanant des évêques de Cambrai aux xie-xiie siècles éclairées par les obituaires. À propos d’un usage grégorien de la chancellerie épiscopale », in Hommage à la Wallonie. Mélanges offerts à M.-A. Arnould et P. Ruelle, Bruxelles, 1981, p. 147-163. Voir aussi les chartes de Gérard II dans la minutieuse édition d’E. van Mingroot, Les chartes de Gérard Ier, Liébert et Gérard II, évêques de Cambrai et d’Arras, Comtes du Cambrésis (1012-1092/93), Louvain, 2005 (Mediaevalia Lovaniensia, Series 1, 35), p. 161-382.

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persona est donc supprimé29. Un schéma général établi par les historiens depuis longtemps montre que les églises rurales, par droit de fondation, par concession ou par usurpation, sont aux mains de grands propriétaires laïques et échappent au contrôle épiscopal. Cette mainmise laïque, qui connaît son apogée aux xe et xie siècles, se traduit par le choix des prêtres et l’accaparement des revenus paroissiaux au détriment des desservants et des évêques. À cette vision globale et générale, il convient d’apporter des nuances pour les diocèses du nord de la France. Là, pour sauver les revenus du clergé, se pratiqua une habile distinction entre l’ecclesia, qui désigne le bâtiment du culte avec les terres qui en dépendent, et l’altare, qui désigne les revenus liés à l’activité paroissiale (offrandes, célébrations des messes et des sacrements). Ce distinguo permet alors à l’évêque de confier la cure à un curé de droit, souvent clerc de haut rang et probablement membre de la famille du propriétaire laïque. Ce clerc, souvent un dignitaire, désigné sous le terme de persona et muni du personatus, choisit à son tour un prêtre chargé du service paroissial, tout en percevant à son profit la part du bénéfice paroissial appelée autel. Détenir l’autel, c’est détenir un tiers des revenus, tandis que les deux autres tiers restent aux mains laïques. Le droit de propriété des laïques se trouve ainsi limité et les évêques conservent un droit de regard sur la nomination des curés. Le xie siècle constitue l’apogée de ce système de la persona individuelle qui se rencontre dans quelques diocèses de la province de Reims. Mais dans la dernière décennie de ce siècle émerge une nouvelle pratique. Jusque-là, les communautés religieuses pouvaient détenir telle ou telle église sub personatu, c’est-à-dire avec une persona qu’elles ne nomment pas. Or, et c’est cela la nouveauté, elles obtiennent de l’autorité épiscopale la concession d’autels sine persona, c’est-à-dire libres de persona ou encore liberaliter. Ce sont alors ces communautés religieuses qui deviennent la persona de l’église et ont canoniquement la responsabilité du lieu, ce qui les oblige à faire assurer le service paroissial par un desservant. La communauté religieuse détient donc l’autel et ses revenus qui sont intégrés dans son patrimoine. Ainsi s’opère l’incorporation des paroisses dans le domaine des abbayes et des chapitres, avec deux conséquences. Lors de la concession d’un autel, l’évêque accorde la liberté canonique définie par l’exemption des droits de mutation liés aux changements des titulaires, car on passe d’un système de la persona individuelle, personne physique qui meurt, à un système de persona communautaire, personne morale qui ne meurt pas. Ensuite, l’évêque exige la reconnaissance de son autorité : la participation obligatoire aux synodes diocésains de l’établissement religieux en tant que persona de telle ou telle paroisse. L’évêque prend soin aussi de définir les conditions du choix du desservant. Les deux chartes de cession d’autels à Marchiennes en 1122 sont claires sur ce dernier point. L’abbaye, en la personne de l’abbé, présente à l’évêque le desservant souhaité. Pour entériner le choix et octroyer la cura animarum, l’évêque vérifie les capacités

29 Cf. B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, op. cit., p. 91-120, qui éclaire la norme et la pratique du personat par de nombreux exemples.

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du postulant qui doit faire profession et donc promettre l’obéissance30. C’était pour la communauté religieuse l’occasion de fixer la part des revenus attribués au desservant et, éventuellement, de la modifier pour se ménager un bénéfice plus important. Détenir l’autel était donc une source de revenus appréciables : les biens de la dîme, les offrandes faites lors des messes, les oblations à l’occasion des sacrements. Face à une situation aussi privilégiée, l’évêque prend bien soin de sauvegarder ses droits par la perception d’une redevance, annuum obsonium, versée à l’occasion du synode diocésain annuel auquel l’abbé doit assister31. Mais la présence impérative au synode ne figure dans aucune des chartes pour Marchiennes alors qu’elle est exigée ailleurs32 ; comme un oubli de la chancellerie épiscopale est peu crédible, il faut donc supposer l’existence d’une grande confiance entre l’évêque Robert et l’abbé Amand. Au final, détenir ces autels revêt une double importance spirituelle et économique. L’abbaye nomme le desservant et perçoit des revenus : les dîmes et différentes offrandes (oblationes) faites à l’occasion des baptêmes, mariages et funérailles, ou lors de certaines fêtes. Ces revenus, partagés entre l’abbaye et le desservant, furent la source de conflits chroniques au xiiie siècle, comme le montrent bon nombre de chartes conservées. Ce cadre général explicité, revenons aux autels détenus par l’abbaye de Marchiennes. Les trois chartes épiscopales s’éclairent par le contexte particulier de la nouvelle géographie religieuse que l’évêque de Cambrai n’acceptait pas. La charte de 1103 souligne bien le changement de tutelle juridique et les évêques d’Arras veulent ainsi manifester leur droit sur ces autels33. En 1122, l’évêque de Cambrai Burchard fait toujours de la résistance34. Il est donc nécessaire pour l’évêque d’Arras d’obtenir, grâce à des libéralités, le ralliement des abbayes de son diocèse. Mais l’autel de Mazingarbe pose problème : bien qu’il soit supposé être sans persona depuis 1103, la persona est encore citée en 1124 et en 1163 lorsque Ghislain, écolâtre d’Arras, renonce définitivement à son statut de persona. L’autel de Sailly concédé en 1122 le fut avec abandon de la persona par son détenteur Hugues l’Abbé. À noter que la cession de Gouy et de Sailly s’est faite suite à l’intervention d’Alvise, alors abbé d’Anchin, qui

30 Charte no 21 : ea tamen conditione ut, defunctis presbiteris locorum illorum, alii idonei ab abbate ad episcopum deducantur eisque curam animarum ab episcopo gratis impendatur, salvo in omnibus jure Atrebatensis episcopi et redditibus ejus ministrorumque ejus. 31 Cf. par ex. la charte de 1118 de l’évêque Robert pour Denain ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye féminine de Denain, op. cit., no 5) : Abbatissa autem Dononiensis monasterii, vos videlicet honorabilis in Christo soror Maria et succedentes vestræ abbatissæ, Atrebatensi synodo interesse non negligant, nisi cum benevolentia episcopi relaxatæ fuerint aut archidiaconi ejus si vices pontificis exequendo synodum tenuerit. 32 L’évêque signifie cette obligation à d’autres communautés : Saint-Pierre de Douai, Denain, Étrun, Saint-Bertin, Avesnes (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, op. cit., nos 26, 28, 29, 38, 46). 33 Charte no 13 : ut altaria quę personaliter et juste tenuerant dum Cameracensis ęcclesia et haec cui nunc Deo auctore presidemus sub uno pontifice regerentur, liberaliter predicte congregationi firmaremus possidenda. 34 En 1123, lors du concile de Latran II, l’évêque Burchard mettait toujours en cause la partition du diocèse : tunc etiam domnus Burchardus apud papam super diremptione Atrebatensis ecclesiae Cameracensi gravem queremoniam intulit cujus clamorem ille benigne suscipiens, tempus de hoc negatio illi constituit (Chronicon S. Andreae Castri Cameracensii, éd. L. Bethmann, MGH SS, t. 7, Hanovre, 1846, p. 526-550, ici p. 547).

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voulait ainsi soutenir Marchiennes en pleine restauration monastique sous la conduite d’Amand, ex-prieur d’Anchin35. À ces autels s’ajoutent les quatre autres cités dans la bulle d’Innocent II de 1141 : Marchiennes, Bouvignies, Petit-Ligny et Erre. Aucun acte relatif à ces donations n’est conservé et seul le document pontifical en est le garant. L’acquisition des autels de Marchiennes et de Bouvignies est récente puisque ceux-ci sont encore dans la liste des biens du chapitre Sainte-Croix de Cambrai confirmés par l’évêque Nicolas en 113936. L’abbaye qui tient ces deux autels contre un cens de treize sous à verser au chapitre voulait renforcer son contrôle sur les populations de ses terres en nommant le prêtre de paroisse. Les bulles d’Eugène III (1146), Alexandre III (1172), Lucius (1184) et Célestin III (1195) ne mentionnent pas d’autel nouveau. La liste des acquisitions d’autels est donc close en 1141 et, au milieu du xiie siècle, Marchiennes a définitivement constitué son lot d’autels : une douzaine dont il faut sans doute en soustraire deux : ceux d’Erre et d’Hamage. Si dans les différents documents pontificaux est cité Erre avec son église, l’Histoire-polyptyque (vers 1120) ne signale là qu’un secours d’Abscon37 et un document tardif signale qu’une paroisse n’a été créée qu’entre 1295 et 1316 par division de celle d’Abscon38. Quant à Hamage, le terme d’ecclesia paraît désigner le prieuré alors que l’Histoire-polyptyque mentionne clairement la paroisse distincte du prieuré39. Les bulles n’usent, en effet, du mot ecclesia qu’au singulier. La certitude de l’existence à Hamage d’une église paroissiale de plein droit ne date que de 1231-124640. Jusque-là, l’édifice n’était qu’un secours dépendant de l’église prieurale. Il s’agit de l’église Saint-Pierre à distinguer de l’église prieurale dédiée à la Vierge41. Marchiennes possède donc une dizaine d’autels dont tous sauf un, celui de Beuvry, se situent dans le diocèse d’implantation de l’abbaye, ce qui constitue un ensemble bien modeste au regard des monastères voisins de la vallée de la Scarpe, comme le montrent les chiffres du tableau suivant qui reflètent la situation jusqu’à la fin du xiie siècle42. 35 Charte no 49 datée de 1146 mais qui rappelle une situation ancienne. 36 Lille, ADN, 6 G 3/18 (original, éd. A. Le Glay, Glossaire topographique de l’ancien Cambrésis suivi d’un recueil de chartes et diplômes, Cambrai, 1829, p. 41-43, no 29). 37 B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, op. cit., p. 89 : Juxta confinium villae [Abscon] hujus viculus est continguus qui Hedera vocatur. Est ibi similiter curtis indominicata cum castitiis suis, membrum majoris ecclesie Absconii. 38 Acte non daté qui se place pendant l’épiscopat de Gérard Pigalotti (1295-1316), transcrit dans le cartulaire (Lille, ADN, 10 H 323, p. 340-341). 39 B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, op. cit., p. 83-84 : Trans fluvium est viculus Alnus…Parrochiae Amagiensi incolae subjecti sunt, eundem villicum, eadem placita, easdem leges, eosdem judices habentes. La dépendance des habitants d’Alne envers Hamage est donc totale : même maire, mêmes plaids, mêmes lois, mêmes juges. 40 Acte sans date et situé entre 1231 et 1246 par les mentions de l’abbé Gilles (1225-1247) et d’Asson, évêque d’Arras (1231-1246) ; l’original est perdu mais figure dans le cartulaire (Lille, ADN, 10 H 323, p. 340) : Egidius, Dei patientia abbas sancte Rictrudis Marchianensis, de unanimi assensu et voluntate totius conventus ejusdem loci, constitui et stabilivi parochiam de Hamage tali modo… À noter que dans cette charte Alnes, Tilloy et Warlaing sont qualifiés de hameaux (hamelli). 41 É. Louis, « Sorores ac fratres », art. cit., p. 27-28. 42 Les acquisitions de paroisses au xiiie siècle font passer le nombre à dix-sept : outre les deux secours devenus paroisses (Erre et Hamage), il faut ajouter : Azincourt (village disparu à côté d’Aniche), Hornaing, Ligny-le-Petit, tous acquis avant 1255 selon une bulle d’Alexandre IV (Lille, ADN, 10 H 1/8, original, inédit).

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt 5. Les autels détenus par les abbayes de la vallée de la Scarpe

 

Diocèse

Nombre d’autels dans le diocèse d’implantation

Ailleurs

Total

Anchin Marchiennes Hasnon Saint-Amand

Arras Arras Arras Tournai

24 9 5 21

32 1 8 25

56 10 13 46

À côté de ces biens de nature un peu particulière que sont les autels, où les aspects matériels et spirituels sont particulièrement imbriqués, figure un ensemble foncier structuré autour des villae et curtes de l’abbaye. Ces cours, l’une des marques caractéristiques de l’organisation des temporels pour les abbayes, notamment celles de la vallée de la Scarpe, sont un regroupement de terres autour d’un centre d’exploitation agricole. Ces grosses fermes sans vie conventuelle, gérées par un système d’exploitation en faire-valoir direct, sont supervisées par un moine aidé par des convers. Marchiennes connaît ce système bien avant que le terme curtis n’apparaisse pour la première fois dans la bulle de novembre 1123 de Calixte II pour désigner l’ensemble des biens situés à Vregny, alors que pour les autres concentrations foncières le document pontifical use du terme classique de villa. Le vocabulaire ne paraît donc pas strictement fixé et, au gré des énumérations des différents documents, on rencontre aussi bien les termes de villa, curtis, mansum, grangia. Pour s’en tenir au xiie siècle, on compte treize ensembles fonciers qualifiés de cours dont sept sont gérées par au moins un moine venu de Marchiennes (Boiry, Erre, Gouy, Haisnes, Ronchin, Sailly, Vregny)43. Neuf de ces domaines sont situés dans le diocèse d’Arras (Abscon, Boiry, Erre, Gouy, Haisnes, Ligny, Lorgies, Mazingarbe, Sailly) ; trois sont implantés dans celui de Tournai (Beuvry, Reninge, Ronchin) et un dans celui de Soissons (Vregny)44. L’enracinement régional de l’abbaye, avec des biens majoritairement implantés dans le diocèse où elle se situe, apparaît comme un trait majeur de son temporel. L’examen de cette liste montre aussi une corrélation très nette à établir avec certains éléments du domaine primitif dont sept (Beuvry, Boiry, Gouy, Haisnes, Reninge, Ronchin, Vregny) sont cités dans le diplôme de Charles le Chauve. Un cas particulier est celui de Reninge où l’abbaye n’avait à l’époque carolingienne que les dîmes et où la cour ne fut créée que dans les années 1170, suite à d’importants travaux de défrichement. La constance avec laquelle les religieux marchiennois ont défendu leurs droits à Reninge, comme le montrent 18 chartes sur ce sujet (soit 16,5% des chartes du xiie siècle), mérite attention45.

Ce nombre de paroisses reste globalement faible comparé aux soixante-quatorze paroisses détenues par l’abbaye d’Anchin à la fin du xiiie siècle ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 217) ou des quarante-six de l’abbaye de Saint-Amand (H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 192-194). 43 Le concile de Latran III (1179, canon 10) avait interdit qu’un moine puisse être seul dans une dépendance. Pour l’application de cette injonction, voir B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, op. cit., p. 235, note 15. 44 Voir l’annexe 3 (Les cours de l’abbaye), p. 404-408. 45 Le dossier est constitué par les nos 25, 27, 28, 29, 30, 36, 38, 39, 41, 42, 43, 47, 55, 70, 71, 78, 117, 123.

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L’abbaye se trouve en conflit chronique à la fois avec les chanoines de Voormezele et avec les seigneurs de Termonde et leurs vassaux, le lignage local des sires de Reninge. En 1046, les moines ne détenaient que les deux tiers de la dîme. L’Histoire-polyptyque consacre un paragraphe à dénoncer les spoliations opérées à Reninge alors que les revenus étaient jadis affectés aux serviteurs de l’abbaye46. Tous ceux qui ont œuvré au démantèlement du domaine de Rictrude méritent un châtiment éternel sauf à opérer restitutions et dédommagements. Aussi, tout au long du xiie siècle, les terres et forêts de Reninge furent-elles source de disputes que dix-huit chartes permettent de repérer. Une série de litiges sur la répartition des dîmes oppose tout d’abord l’abbaye de Marchiennes aux chanoines réguliers de Voormezele. Ces derniers revendiquent la possession d’un tiers de la dîme de Reninge, en s’appuyant sur un privilège de Pascal II. Le litige est soumis à Calixte II par les deux communautés, qui obtiennent chacune un privilège de confirmation détaillé de leurs biens à la même date (1er novembre)47 et un mandement pontifical ordonnant à l’archevêque de Reims une enquête sur le litige (3 novembre)48. Dans les premiers mois de 1124, l’archevêque de Reims informe le pape Calixte II qu’il a mis fin au conflit mais rien n’est dit sur les modalités pratiques49. Trois chartes de 1140 et 114150 émanant de l’abbé de Marchiennes, de l’évêque de Thérouanne et de l’archevêque de Reims sur le même sujet et pour les deux communautés religieuses montrent à l’évidence que les points de litige ont subsisté. Les chanoines conservent les droits sur l’autel et la dîme de Reninge, mais n’en ont aucun sur la terre que Marchiennes détient en ce lieu. Si les tensions avec les chanoines semblent désormais apaisées, il n’en fut pas de même avec des seigneurs laïques. Pendant des décennies et jusque dans le courant du xiiie siècle, Marchiennes combat les empiétements et usurpations des seigneurs de Reninge : Thierry et son petit-fils Gérard. En 1135, le comte Thierry de Flandre remet à l’abbaye de Marchiennes les deux tiers de la dîme qui avaient été usurpés par le seigneur de Termonde et inféodés au lignage local51. Une translation des reliques de Rictrude organisée en 1140 vient manifester la détermination de l’abbaye dans sa politique de récupération des biens en ce lieu, avec la mobilisation de la population qui accueille la sainte comme sa mère52. Cependant, Reninge reste un objet de convoitise car, en quelques décennies, la forêt disparaît dans le cadre d’opérations de défrichement et de mise en valeur d’une wastina (terre inculte), ce qui polarise un nouveau conflit. Dans cette vaste opération foncière, le comte de Flandre donne en 1160/1161 à l’abbaye de Marchiennes, déjà

46 B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, op. cit., c. 29, p. 86-87 : tout le domaine fut spolié. 47 Pour Marchiennes, charte no 24 ; pour Voormezele, U. Robert, Bullaire du pape Calixte II (1119-1124). Essai de restitution, 2 vol., Paris, 1891, p. 223-225, no 416. Le privilège pour les chanoines confirme les droits à Reninge. 48 Charte no 25. 49 Chartes nos 27 et 28. 50 Chartes nos 41, 42, 43. 51 Charte no 38. 52 AASS, Maii 3, c. 45, p. 109.

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détentrice de la dîme ou d’une part de dîme de Reninge, une dîme ou la dîme sur l’essart53 et un manse (mansionem) pour y bâtir une église et des cellules (habitacula). Mais ce n’est qu’en 1163 que les seigneurs de Termonde et le lignage local renoncent à leurs prétentions sur les deux tiers de cette dîme54. Le conflit semble enfin terminé puisqu’il faut attendre 1191 pour qu’un nouvel accord soit notifié par la comtesse Mathilde55. Mais en fait, ces trente années de silence ne doivent pas faire illusion comme le montre la teneur de la charte qui fait mention d’une interminable contestation et qui précise la répartition des droits des deux parties sur la dîme de l’essart, ce que l’acte de Thierry ne mentionnait pas en 1160/1161 : 2/5e à Gérard et 3/5e à l’abbaye. Cet accord fut renouvelé en 120256. Longueur et âpreté du conflit de Reninge, multiplication et contestation des accords sont autant d’éléments qui prouvent l’intérêt majeur que ces terres de Reninge représentaient pour l’abbaye. D’ailleurs, les litiges portant sur les mêmes contestations se sont poursuivis tout au long du xiiie siècle57. La clé explicative de la détermination marchiennoise se trouve dans un document de 1269/1270 qui indique que l’ensemble des biens possédés par Marchiennes à Reninge avait rapporté en 1268, outre des revenus en nature, deux cents livres parisis58. On comprend alors la persévérance marchiennoise. Aux côtés des curtes figurent aussi d’autres biens fonciers qualifiés de villae, citées dans le diplôme de Baudouin V en 1046 : Sailly, Mazingarbe et Lorgies. Sur l’ensemble des treize cours attestées à la fin du xiie siècle, dix furent donc installées sur des biens fonciers appartenant à l’abbaye avant la seconde moitié du xie siècle. Abscon, Erre et Ligny sont des acquisitions postérieures sans qu’il soit possible d’en préciser les moments. Nous retrouvons là un phénomène classique, celui du lien entre cours et villae carolingiennes déjà souligné pour l’abbaye de Saint-Amand59. Au final, il ressort de cet inventaire que l’abbaye a su conserver l’essentiel de la mense conventuelle établie en 877 puisque seules deux localités non identifiées ont disparu : Lis en Cambrésis et Nantgiacum dépendant de Haines ; cette dernière a pu être absorbée par Haisnes, seule Lis reste un mystère. Entre la fin du ixe siècle et le début du xiie siècle, aucune acquisition importante n’est effectuée hormis la donation de Vésignon faite par un chevalier noble en 1089 : un alleu de ving-sept courtils avec une curtis dominica, un verger, deux brasseries, deux fours, cinq charruées de terre

53 Le latin ne permet de faire la distinction entre la totalité ou une part de dîme. Voir la charte no 70 :… decimam ejusdem terrę sicut saltus ipse continebat predictę Marcianensi ęcclesię et fratribus in ea Deo et beatę Rictrudi devote deservientibus ab omni exactione liberam prona animi devotione concessi et contradidi. Mansionem etiam sufficientem ubi ęcclesia construatur et ubi fratrum habitacula ędificentur liberam ab omni exactione seculari concessi. 54 Charte no 78. 55 Charte no 117. 56 Charte no 123. 57 Série de chartes comtales, seigneuriales et épiscopales de 1238/1239 (cf. Lille, ADN, 10 H 231/3688 à 3695, originaux ; O. Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, (500-1159), 2 vol., Saint-Omer, 1904-1907, nos 1561 et 1671). 58 B. Delmaire, « Un état des recettes affermées de l’abbaye de Marchiennes en 1269-1270 », Sacris Erudiri, 24 (1980), p. 267-287, ici p. 270, 281-282 et 284. 59 H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 258-259.

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et des prés60. Reste à savoir si les villages ignorés en 877 mais cités dans la charte de 1046 (Sailly, Mazingarbe et Lorgies) appartenaient déjà ou non à Marchiennes depuis les temps carolingiens. On peut le penser car, s’il y avait eu acquisitions, des actes en garderaient trace ou une tradition le souvenir ; de plus le xie siècle n’est pas tant celui des acquisitions de biens fonciers que celui des spoliations par les turbulents milites et des luttes rythmées par des récits de miracles. De même, le domaine de Battignies ne figure pas dans les chartes antérieures à 1100. Sa première mention apparaît lors d’une restitution de dîme en 1120. Le prêtre Obert, persona de Waudrez, rend à l’abbaye le tiers de la dîme de Battignies qu’il avait usurpée. Mais l’abbaye la lui rétrocède à titre viager et promet de lui accorder à cens les deux autres tiers donnés par l’empereur Charles si elle arrivait à les récupérer61. Si l’on relève les mentions de curtes dans les chartes du xiiie siècle pour mieux cerner la situation du siècle précédent, la liste s’allonge d’une demi-douzaine d’autres lieux : Bilhem (1239), Carreau (1255), Fenain (1241), Hiverchies (1239), Prisches (1239), Saudemont (1250). Au fil des décennies, des achats de terres autour d’un noyau ancien permettent de faire accéder au rang de cour des biens qui formaient jusque-là un agrégat peu important. Le cas typique est celui de Saudemont qui n’apparaît comme bien marchiennois qu’en novembre 1123 dans la bulle de Calixte II62. Tout au long du xiie siècle, les confirmations pontificales signalent que l’abbaye possède la moitié de cette villa à proximité de deux autres, Écourt et « Wasched » détenues également chacune pour moitié. Cette possession partielle est à relier avec les terres et revenus du chapitre Saint-Amé de Douai qui possédait l’autre moitié de ces lieux, comme il est précisé à la fois dans la charte de 1076 du comte de Flandre Robert le Frison énumérant et confirmant les biens de la collégiale et en 1081 dans celle de l’évêque de Cambrai Gérard II63. Au regard de cette situation foncière des deux institutions religieuses, une hypothèse séduisante est de voir dans cette répartition territoriale des biens l’écho d’un partage opéré sur la volonté de Rictrude dans les années 680 lors de la fondation du monastère de Breuil-sur-Lys/Merville par son fils Mauront64. Soulignons cependant que ni Saudemont ni ses annexes ne sont cités dans les documents marchiennois antérieurs à 1123 et qu’en particulier ils ne figurent pas dans l’Histoire-polyptyque composée entre 1116 et 1120 qui dresse le catalogue des biens de l’abbaye. Les acquisitions à Saudemont se poursuivent en 1171 et 1178. 60 Charte no 11. 61 Charte no 16 : …qui etiam ex antiqua traditione Karoli imperatoris ad sepefatę ęcclesię pertinere debent possessionem… 62 Chartes no 24 : In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Wasched et de Sandemont et de Tribocurt cum omni integritate, redditum quoque triginta et unius modiorum puri frumenti singulis annis a mansionariis de Ailcort et reliquos redditus. 63 Lille, ADN, 1 G 11/41 (original, édit. F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, p. 6-11, no 4) : Item in eadem pene mansum et ejusdem mansi decimam. In villa quæ Sanctusmons dicitur et in cæteris villulis ad eam pertinentibus videlicet Ahilcurt, Tributcurt, Vuaschet, Morandisclusa, medietatem terrarum cultarum et incultarum, vivarii, molendinorum et transitum Morandisclusae et decimam totius corporis æcclesiæ, cum Rathericurtis et Hapelencurt decimis. 64 B. Meijns, « Les premières collégiales des comtes de Flandre, leurs reliques et les conséquences des invasions normandes (ix-xème siècles) », Revue belge de Philologie et d’Histoire, 85, 2007, p. 573.

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Toujours est-il que l’ensemble est suffisamment important en 1201 pour qu’un moine réside déjà sur place65 ; mais c’est seulement en 1250 que Saudemont est qualifié de cour66. Á noter qu’Écourt ne devint jamais une cour de l’abbaye et que le domaine proche non identifié de « Wasched » disparaît, peut-être absorbé par Saudemont. De même Carreau, qui n’est qu’un mansus entre 1172 et 1195, se développe pour devenir une curia en 1225, acquiert le statut de cour en 1255 et vient donc renforcer en Soissonnais la présence de Marchiennes, déjà installée à Vregny67. Ces deux cas, Saudemont et Carreau, illustrent la politique foncière cohérente menée par l’abbaye sur le long terme et la promotion de certains points d’ancrage géographique pour y conforter sa présence. Ces curtes sont gérées directement par des religieux dont les noms apparaissent dans les chartes sous la formulation : « le moine de… ». Mais les rares mentions trouvées dans les actes du xiie siècle ne permettent pas de tirer des enseignements significatifs : un moine à Vregny, un prévôt à Gouy et un procurateur à Sailly. Difficile de penser qu’un moine pouvait être envoyé seul dans une dépendance plus ou moins lointaine. Ils devaient être au moins deux, sans doute un moine et un convers. Le silence documentaire ne permet pas d’aller plus avant. Si l’on veut dresser un bilan global de ce temporel marchiennois, force est de constater que, au cours du xiie siècle, il n’y a pas d’acquisitions véritablement substantielles. L’essentiel du domaine reste constitué de la dotation primitive accrue de quelques récupérations ici ou de quelques donations là, comme l’atteste une douzaine de chartes : un champ à Vregny en 114668, des gavènes69, des droits de vinage70, quelques terres ou droits notamment à Boiry, à Sailly et Saudemont71. On retrouve toujours la même pratique : accroître les biens là où on est déjà installé. Mais l’abbaye paraît surtout sur la défensive et son énergie est mobilisée non pas pour acquérir des biens mais pour lutter contre les avoués en 1125 et vers 1160-1170, et donc obtenir le respect de ses droits. Parfois, il faut cher payer la récupération d’un bien comme en 1180 : quatre cents marcs d’argent pour la dîme d’Aniche72. Il faut aussi négocier avec les maires, comme ceux de Marchiennes ou de Beuvry qui exigent plus et l’obtiennent. À y regarder de plus près, on voit dans la démarche des abbés le souci de contrôler le bois, son exploitation et par conséquent les défrichements. Dans une zone particulièrement ingrate comme celle de la vallée de la Scarpe, les revenus 65 Charte no 121. 66 Cartulaire, 10 H 323, p. 250-251. Mathieu de Montmirail, sire d’Oisy, a enjoint à ses officiers de faire réparation pour avoir brisé la porte de la curtis de Saudemont et avoir appréhendé les hôtes de l’abbaye de Marchiennes. 67 Cartulaire, 10 H 323, p. 265. Les acquisitions se poursuivent et sont attestées en 1236 (Lille, ADN, 10 H 310/4767). La bulle d’Alexandre IV (1255, Lille, ADN 10 H 1/8, original, inédit) est la première à citer Carreau comme villa. 68 Charte no 51. 69 Chartes nos 56 et 73. 70 Chartes n os 53, 61, 65, 66. 71 Chartes nos 67, 68, 69, 73, 76, 90, 99. 72 Charte no 106.

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tirés du bois grâce aux forêts étaient sensiblement plus rentables que ceux des terres lourdes péniblement mises en culture73. Un événement que l’on situe entre 977 et 1024 a profondément bouleversé l’environnement et l’écosystème : la modification, par décision comtale, du cours de la Scarpe en amont de Douai par le détournement de la Satis. La conséquence fut d’aggraver en aval une situation hydrographique malsaine, multipliant marais et bras divagants de la Scarpe74. Déjà, dans le premier tiers du viie siècle, les eaux stagnantes existaient dans le paysage, comme le montre un passage de la vie de saint Amand évoquant le « visqueux marécage de l’Elnon ». Mais, à partir du xie siècle, en aval de Douai, le lit de la Scarpe, dans une zone à très faible pente, ne pouvait absorber l’afflux des eaux concentrées à Douai pour faire tourner les moulins du comte. L’humidité et les eaux stagnantes ont alors transformé cet espace en zone amphibie. De fait, la terre arable est rare et difficile à travailler75. On comprend alors que les abbés aient choisi, dans ce site originel, la valorisation de l’espace forestier. Aussi les profits escomptés sur la forêt sont-ils source de conflits chroniques et onéreux. En 1184, pour les réduire et les éviter, l’abbaye rachète contre huit marcs d’argent des champs, des prés, des rentes en bois sec. Trois ans plus tard, même opération avec le maire de Beuvry. Il y a donc une politique cohérente et consciente de rachat dans l’environnement immédiat de l’abbaye. Parallèlement, l’évolution des termes qui désignent certains lieux détenus par l’abbaye permet de repérer des zones gagnées sur les eaux ou la forêt. Ainsi, au milieu du xie siècle, la charte de 1046 signale la forêt (silva) de Faux avec ses dépendances de Mohies et de Planches et les forêts de Bilhem, d’Elpret, de Sechenies et d’Hiverchies ; autant de lieux proches, distants d’un à deux kilomètres de l’abbaye. Mais, quelque 130 ans plus tard, la bulle de 1172 cite le vivier d’Hiverchies et son moulin qui sont appelés en 1234 cour d’Hiverchies. De même pour Mohies et Planche, devenus des terres de marais où l’on pouvait pêcher, ramasser du bois et faucher l’herbe. Plus tardive est l’évolution de la forêt de Bilhem, lieu qui n’est qualifié de cour qu’en 1239. On a donc dans le dernier tiers du xiie les indices d’évolution et de transformation du paysage remontant aux années 1150. Suite à des déboisements importants, de vastes espaces sont devenus marécageux76. La nécessité de les drainer ne se manifesta

73 Par exemple, c’était le cas au xvie siècle à l’abbaye de Saint-Amand pour laquelle les bois rapportaient quatre fois plus que les terres (H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 268-270). 74 Voir D. Lohrmann, « Entre Arras et Douai, les moulins de la Scarpe au xie siècle et les détournements de la Satis », Revue du Nord, 263 (1984), p. 1023-1047 et C. Deligne, La vallée de la Scarpe inférieure aux xiie et xiiie siècles, Douai, 1998 (Archeologia Duacensis, no 13), ici p. 12-46. 75 Un passage de l’Histoire-Polytyque (B. Delmaire, op. cit., c. 3, p. 67) est éloquent : « Le site de Marchiennes est entouré par les eaux et un marais de roseaux ; légèrement surélevée dans un méandre à l’écart, la terre est infertile, bien que ses occupants ne cessent d’y déverser du fumier. Si les hommes y sont installés, c’est avant tout parce qu’ils sont de remarquables bûcherons de bois d’œuvre et de bois de chauffage ; au long de l’an, ils gagnent leur pain quotidien en les transportant de la forêt proche au rivage sur leurs épaules, en chariot et en bateau ». 76 L’omniprésence de l’eau se voit encore aujourd’hui et de nombreux toponymes en attestent l’ancienneté (marais du vivier, marais des vaches, les bois noyés, la grande tourbière, etc.). Chartes, descriptions, enquêtes évoquent cette situation répulsive qui dura jusqu’au milieu du xixe siècle malgré tous les travaux effectués et ne s’améliora qu’avec la canalisation de la Scarpe.

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qu’au xiiie siècle avec les premiers fossés attestés en 122077. Mais ceci sort du cadre de cette étude. À partir de la documentation rassemblée, peut-on proposer une évaluation de l’emprise foncière de l’abbaye à la fin du xiie siècle ? Compte tenu de la permanence des limites de terroirs, la méthode régressive, confortée par les relevés topographiques anciens, permet de dire que la commune actuelle de Marchiennes correspond à la paroisse d’Ancien Régime dont le territoire est fixé au xie siècle. Cette paroisse primitive comprenait les territoires de Marchiennes (2700 ha, auxquels il faut ajouter MarchiennesCampagne, commune indépendante jusqu’en 1946 et rattachée à Rieulay), Bouvignies (870 ha, détaché en paroisse autonome après 1181), Beuvry (1252 ha) : un minimum de 5000 ha paraît donc assuré. Avec l’incorporation, au début du xie siècle, des biens de l’abbaye d’Hamage, transformée en prieuré dépendant de Marchiennes, la superficie foncière s’accroît d’environ 1600 ha avec les terres d’Hamage, Wandignies, Warlaing, Alnes, Tilloy. Cet important groupe foncier de 6500 ha correspond globalement et vraisemblablement à la villa de la famille d’Adalbald. Le groupe d’Hamage reflète la dotation primitive du monastère fondé par Gertrude, grand-mère d’Adalbald, et le groupe de Marchiennes celle de l’abbaye fondée par Rictrude. Dans les deux cas, ces biens représentaient certainement les douaires respectifs des deux femmes78. Le noyau du temporel de l’abbaye reste donc fondamentalement marqué par l’origine patrimoniale de la fondation des deux communautés religieuses primitives. En définitive, en regard du grand nombre de dépendances aux dénominations diverses (prévôtés, prieurés et cours) détenues par d’autres communautés comme Saint-Vaast79, Anchin et Saint-Amand, l’abbaye de Marchiennes fait pâle figure car elle ne possédait, comme on l’a déjà dit, qu’un seul prieuré, Hamage, ancienne abbaye fondée au viie siècle et transformée, dès la restauration de 1024, en dépendance de Marchiennes. Dans le cadre de la reprise en main opérée par Amand de Castello (1116-1136) après le désastreux abbatiat de Fulcard (1103-1115)80, Hamage devint une annexe destinée à abriter quatre ou cinq moines malades81, petite communauté à la

77 Jeanne, comtesse de Flandre, confirme à Marchiennes plusieurs possessions : le vivier du Mouy, le moulin d’Hiverchies et le fossé de Rieulay (Lille, ADN, 10 H 210/3426, original, inédit). Comme d’autres documents postérieurs le montrent, c’est un vaste fossé de drainage qui, d’ouest en est, coupe en deux le vaste marais de Marchiennes (cf. C. Deligne, La vallée de la Scarpe, op. cit., p. 37-39). 78 É. Louis, « Sorores ac fratres », art. cit., p. 20. 79 L’abbaye Saint-Vaast comptait dans le diocèse d’Arras 4 prévôtés et 34 cours (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, op. cit., p. 579-580 et 585-587) auxquelles s’ajoutaient les biens dans d’autres diocèses (L. Ricouart, Les biens de l’abbaye de Saint-Vaast dans les diocèses de Beauvais, de Noyon, de Soissons et d’Amiens, Anzin, 1888) ; à Anchin, 3 prieurés et 75 cours ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 213-258) ; à Saint-Amand, 3 prévôtés et 51 cours (H. Platelle, Le temporel de Saint-Amand, op. cit., p. 185-212) ; à Hasnon, une douzaine d’autels, un seul prieuré, Notre-Dame-la-Grande à Valenciennes, et 15 cours (8 dans le diocèse d’Arras et 7 dans les diocèses voisins de Cambrai, Thérouanne, Tournai, Laon) (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 587). 80 En 1122, l’évêque d’Arras confirme Hamage comme dépendance de l’abbaye (cf. charte no 18). 81 Miracula Rictrudis, AASS, Maii 3, p. 103, c. 19 : a diebus illis quatuor vel quinque fratres ad serviendum Domino, illic deputati sunt et est locus ille fratribus infirmis de conventu Marchianensi pro viribus corporis reparandis valde necessarius.

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tête de laquelle se trouvait un prieur82. Cette nouvelle attribution a engendré des travaux sans doute achevés en 1133, date de la translation du corps d’Eusébie, fille de Rictrude, qui avait été abbesse d’Hamage83. Cette dévolution particulière à abriter des malades n’est pas sans rappeler la situation de la prévôté Saint-Michel de l’abbaye Saint-Vaast d’Arras. Quant aux cours, on n’en compte à la fin du xiie siècle qu’une douzaine, nombre qui passe à seize au cours du siècle suivant. Enfin la dizaine d’autels, c’est-à-dire en fait l’emprise paroissiale, est plutôt modeste même si elle s’accroît et passe à seize au xiiie siècle. Si l’on fait une lecture économique de ces possessions, la diversité de l’assise foncière de l’abbaye répond à une indispensable nécessité. Marchiennes détenait des terres à Beuvry en Pévèle, à Ronchin dans le Mélantois, dans plusieurs villages d’Ostrevent (Gouy, Sailly, Abscon, Erre, Fenain), en Artois (Haisnes, Lorgies, Ligny-le-Petit, Mazingarbe, Boiry-Sainte-Rictrude), dans le Tournaisis (Prisches) et dans le Laonnois (Vregny), grosse dépendance qui approvisionne l’abbaye en vin84. Cette énumération non exhaustive montre une implantation dans des zones de productions agricoles différentes : céréales, pâturages, vignes. Il est toutefois difficile d’évaluer l’emprise foncière de l’abbaye car, hormis le noyau primitif, l’abbaye ne détient pas toutes les terres des villages cités. Si ces biens forment dans les différents lieux des cours, c’est-à-dire des grosses exploitations agricoles dans lesquelles résident un ou deux moines aidés par des frères convers, à partir du milieu du xiiie siècle la documentation montre que l’abbaye abandonne le faire-valoir direct et cède, dans le cadre d’un bail, ses fermes à des paysans. Ainsi, sur les neuf cours appartenant à l’abbaye situées dans le diocèse d’Arras, sept sont affermées. Cette mutation traduit le développement de l’économie monétaire, et un état des recettes de 1269-1270, heureusement conservé, mentionne les sommes que rapportent ces neuf cours et quelques autres revenus, soit 5000 livres85. Cette recette ne constitue certainement pas l’ensemble des revenus de l’abbaye, car le compte ignore certaines localités et beaucoup de domaines ne sont pas affermés, pas plus que l’immense massif forestier. De ces revenus incomplets, on ne peut rien déduire pour les recettes du siècle précédent. Au total, l’ensemble des propriétés terriennes peut être évalué à une superficie comprise entre 10 000 et 12 000 ha. Pour situer Marchiennes dans une hiérarchie des richesses foncières par rapport aux abbayes voisines, les reconstitutions et estimations des temporels des autres communautés donnent les évaluations suivantes qui, si elles ne sont pas strictement exactes, offrent à tout le moins un ordre de grandeur : 15 000 ha pour Anchin, 12 000 ha pour Saint-Amand et 3000 ha pour Hasnon. Ainsi donc, si, pour son assise foncière, Marchiennes se situe à l’avant-dernier rang de la 82 Le plus ancien prieur connu, Jean, figure au nécrologe de l’abbaye au 9 mai et peut être situé dans le premier tiers du xiiie siècle (Douai, BM, ms. 889, fol. 83vo). 83 Miracula Eusebiae, AASS, Mart. 2, c. 8, p. 455. 84 Cf. charte no 59 ; voir H. Van Werveke, « Comment les établissements belges se procuraient-ils du vin au haut Moyen Âge ? », Revue belge de Philologie et d’Histoire, 2 (1923), p. 643-662. 85 B. Delmaire, « Un état des recettes affermées », art. cit., p. 272.

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nébuleuse monastique de la vallée de la Scarpe, elle appartient cependant au groupe des établissements les mieux dotés. Pour donner tout son sens à ce classement il faut l’éclairer par les éléments qui différencient les quatre abbayes. La récente et opulente Anchin a peu d’emprise locale (quelque 2100 ha avec Vred et Pecquencourt) car toutes les terres étaient prises quand elle fut fondée en 1079 ; la riche Saint-Amand concentre la quasi-totalité de ses terres autour d’elle-même avec la permanence de sa dotation primitive, héritée des largesses de Dagobert. Hasnon, la parente pauvre des abbayes de la Scarpe, semble vivoter sur sa petite dotation primitive qui l’environne86. Marchiennes présente donc une situation originale avec, en gros, la moitié de ses biens fonciers située autour de l’abbaye, dans une zone de marais et de forêts, et l’autre moitié apparemment dispersée mais en fait diversifiée dans des zones de céréalicultures. Au final, l’emprise de l’abbaye correspond aux lieux où les moines de Marchiennes ont créé une cour et détiennent aussi la paroisse. Cette combinaison, assurée dans dix villages, fait du lieu un centre agricole important et assure les revenus substantiels des dîmes. Ce qu’il convient de souligner, ce sont les trois cas (Reninge, Ronchin et Vregny) où l’association n’existe pas parce que la possession ancienne des paroisses par d’autres communautés religieuses y a fait obstacle. Reninge dépendait de l’abbaye de Voormezele, Ronchin du chapitre Saint-Pierre de Lille, Vregny de l’abbaye de Nogent-sous-Coucy.

Les manifestations du dynamisme Pour chanter les louanges à Dieu, pour célébrer la mémoire des défunts, pour abriter la communauté religieuse, un cadre monumental adapté s’imposait. Des bâtiments de la période médiévale, il ne subsiste rien. Tout fut démantelé entre 1796 et 1820 et seuls ont échappé aux destructions l’entrée monumentale reconstruite en 1748, la maison du prévôt et l’ancien presbytère87. Heureusement, quelques documents iconographiques, notamment les peintures des albums de Croÿ et plusieurs gravures, donnent une idée du cadre dans lequel a vécu la communauté marchiennoise. Quelques sources permettent aussi de reconstituer les étapes de ces constructions destinées à manifester le dynamisme de l’abbaye. Pour remplir les missions dont était investi un monastère, il était nécessaire de disposer de locaux décents. On pense naturellement à l’abbatiale dont les étapes générales d’édification dans la seconde moitié du xiie siècle peuvent être cernées. Mais il ne faut pas oublier non plus, compte tenu des effectifs de ces religieux, tous les bâtiments conventuels sur lesquels nos informations sont généralement vagues.

86 La dotation foncière primitive de l’abbaye d’Hasnon, fondée vers 670, pâtissait de l’existence des deux abbayes voisines de Marchiennes et de Saint-Amand. Cf. supra note 79, p. 137. 87 Aucune fouille n’a eu lieu sur le site de l’abbatiale aujourd’hui occupé par des maisons particulières et leurs jardins. Sous l’emplacement de la cour qui se trouvait devant l’abbatiale, aujourd’hui place Gambetta, des travaux menés par EDF-GDF en 1997 ont révélé des traces d’habitations gallo-romaines.

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Si les campagnes de construction et de reconstruction de l’abbatiale sont connues par quelques repères chronologiques, il est difficile de faire la part entre la nécessité d’un lieu de prières où la modestie architecturale serait bienséante et les manifestations monumentales qui peuvent se justifier par la taille de la communauté. Le débat entre triomphalisme et humilité agitera la communauté de Marchiennes, nous le verrons plus loin. Le monument est à la fois l’instrument visible de domination et le symbole de la place que l’abbaye affirme tenir dans la hiérarchie du sacré. À Marchiennes, on s’accommode des bâtiments anciens, sur la construction desquels on ne sait rien, jusque dans le courant du xiie siècle. La restauration entreprise par Léduin, qui avait expulsé les moniales en 1024, s’est traduite par des travaux et la dédicace d’une abbatiale en 1029 par l’évêque de Cambrai88. Des indices postérieurs tendent à prouver que l’on s’est contenté, en fait, de réaménager et non de reconstruire un édifice de culte. Cette église est ravagée par un incendie en 1035 ou en 104289. Les travaux nécessaires furent financés, nous l’avons vu, grâce à un trésor opportunément découvert à Abscon, village proche appartenant à l’abbaye. L’abbé Albéric fait alors édifier une imposante tour en pierre du côté occidental de l’abbatiale90. Puis le silence sur la réalité monumentale s’installe pour près d’un siècle, jusque vers 1130, quand le moine Galbert compose les Miracula Rictrudis. À l’occasion d’un récit d’accident, l’auteur livre des indications qui montrent que le site de l’abbaye est un chantier permanent. Les bâtiments sont vieux et les murs en piteux état, les structures en bois sont pourries et les pierres se désagrègent. Des matériaux (bois et pierres) sont alors rassemblés en grand nombre. Il faut réparer et reconstruire car tout prend eau et est envahi par les mouches et les moustiques, preuve d’un environnement marécageux important91. L’ensemble des moines est consulté et, sur l’impulsion de l’abbé et le contrôle du camérier, les vieux bâtiments sont mis à bas et un nouveau dortoir sort de terre. Le récit est particulièrement vivant, truffé de remarques concrètes et précises qui montrent l’état déplorable de l’abbaye, l’urgence des travaux et la mobilisation de la communauté92. L’auteur se plaît aussi 88 Annales Marchianenses (MGH SS, t. 16), op. cit., p. 614. 89 Ibidem. Pour la date de l’incendie en 1042 (AASS, Maii 3, p. 94, c. 19). Cf. supra note 58, p. 98. 90 A. Poncelet, « Catalogus codicum hagiographicorum », art. cit., p. 455 : In hac igitur villa supradictus abbas non modicum repperit thesaurum de quo omnia in melius reparavit quaeque deperierant per incendium. Turrem quoque lapidem ad occidentalem templi partem satis pro tempore sublime, latam et fortem aedificavit. 91 Ces désagréments perdurent puisque, en novembre 1248, l’évêque d’Arras, à qui Innocent IV avait renvoyé la demande, autorise les religieux à porter le chapeau (pilleos) en raison de l’humidité des lieux et des maladies que les religieux contractent (nonnumquam multas et graves infirmitates incurrunt), en particulier des rhumes (locum ipsum valde frigidum et humidum, palustrem et aquosum et nimis reumaticum) (Lille, ADN, 10 H 37/640, original inédit). La même concession avait été accordée par le même pape aux moines de Saint-Amand le 4 décembre 1246 (12 H 1, fol. 69vo, no 123o). 92 AASS, Maii 3, c. 27, p. 128 : Exinde coeperunt vetera, prout necessarium videbatur, dirui ; nova, prout oportunum ducebatur et res patiebatur ædificari ; ligna, lapides, coementa comportari ; parietes longo situ neglecti, resarciri, novi veteribus inserti altius erigi. Inter alias tamen ædes sive officinas monasterii, domus requietionis magis indigebat manu reparatoris artificis ; ad quam fratres, tam post diurnam quam post nocturna, tum in hyeme tum in æstate ; synaxim, intendebant pausaturi. Igitur tam Abbas, quam ille qui præerat vestibus, idem qui vulgari editione fertur camerarius, consensu seu prece totius congregationis, illic vestium impensas contulerunt ; malentes carere solita vestimentorum libratione, quam perfundi adeo pluviarum, præsertim hiemalium

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à souligner la participation massive et volontaire de la population qui se rassemble, comme un jour de fête, au son des cloches et afflue comme des abeilles qui regagnent leur ruche93. Ces travaux concernèrent aussi l’abbatiale, celle remise en état après l’incendie de 104294, comme l’attestent quatre notices de consécrations d’autels de 1144, 1146 et deux de 115095. Les opérations menées étaient suffisamment importantes pour rendre nécessaire la liturgie de sacralisation des lieux concernés. D’ailleurs, la consécration de 1144 s’applique à l’autel-majeur donc au chœur de l’abbatial. L’abbé Amand, dans le cadre de la restauration qu’il conduit, s’est donc employé en priorité à faire construire ou remettre en état des bâtiments monastiques, ce qui laisse entendre qu’il n’y avait pas d’urgence à édifier un nouveau lieu de culte, même s’il y eut des transformations, ou qu’il y avait des oppositions à cette idée, ce que signale un passage des Miracula Rictrudis. Comme ces consécrations d’autels interviennent huit années et plus après la mort de l’abbé Amand (1136), il est évident que ses successeurs ont poursuivi les travaux. Mais, à peine vingt ans plus tard, l’abbatiale n’est manifestement plus adaptée à l’accroissement des effectifs et, lorsqu’une nouvelle église est entreprise à partir de 1153-1154 sous l’abbé Hugues II, quelques moines s’opposent au projet parce qu’ils ne voulaient pas que disparaisse ou soit modifié l’antique oratoire lié à saint Amand. Finalement, l’abbé Hugues persuade les religieux hostiles au projet qu’ils perçoivent comme une folie des grandeurs, aussi bien inutile qu’orgueilleux. Le long développement consacré à cette affaire dans la Vita Hugonis révèle bien la division de la communauté qui s’apparente à une querelle des anciens et des modernes96. infestissima collisione ; quam etiam inquietari minutarum muscularum, quæ cyniphes melius nuncupantur, maligna et intolerabili susurratione ; nec minus pulverulenti squaloris antiquatae materiei, atque ideo resolutae in minutias cariei seu putrefacti ligni, immundorum etiam animalium, quæ non est necesse nominatim per singula exprimi, sordida ejectione. Itaque omni cum festinatione, supputata merce, ab alienis fundis, lapidum, trabium, lignorumque ad hoc opus oppido necessariorum advecta congerie, cum multa solicitudine, interposita cetera fere domus Dei necessitudine, ædes quiescentium post laborem fratrum quasi ab integro coepit componi ; sed et quadam nova novi parietis insitione cum veteri ex utroque latere, manu coementariorum, duorum scilicet monachorum (alter quorum pater, alter filius) Ecclesiæ fidelium altius excrescere. 93 Ibidem, c. 28 : …quae convenerant illic quasi ad diem festum aut veluti fere apes ad alvearium ad classicum signorum auditum… 94 Cf. supra note 58, p. 98. 95 Voir ci-dessous le tableau no 6 et l’annexe 4 (Consécrations d’autels et reliques), p. 409-413. 96 H. Platelle, R. Godding, « Vita Hugonis Marchianensis († 1158), Présentation, édition critique et traduction française », Analecta Bollandiana, 111 (1993), p. 301-384, ici c. 22, p. 356-357 : Hic vir sic conformis ad unitatem, locum cui præerat, per Dei gratiam, religione decoravit : et Dominus bonis temporalibus foris amplius, intus etiam bonorum fratrum numero cumulavit. Monasterium igitur Marchianense vetus erat et permodicum, a Beato constructum Amando : sed quando ædificatum est, satis amplum videbatur et diebus illis sufficiens. Nunc vero tam fratrum numero, quam bonis exterioribus ampliatis, angustum erat, nec aliqua compositione acceptum. Quod cum Abbas iste (de cujus multiplici gratia nihil me dignum dixisse fateor) graviter ferret, in honorem Domini et fratrum commodum, visum est ei, ut aliud construere deberet. Sed quia legerat, ad evitandam poenitentiam, omnia cum consilio facienda, super hoc abbates et plures religiosos viros. Consuluit : et omnes, ut in nomine Domini opus inciperet, concorditer responderunt. Eorum igitur hortatu et consilio, accito conventu, manu sua primum lapidem a fundamento collocavit, quibusdam tamen obedientiariis, propter imminentem sumptuum quantitatem renuentibus. Nobis, aiunt, sufficiebat monasterium antiquum, quid opus est opere superfluo tam superbo ? Unde nobis sumptus ad perficiendum ?

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L’abbé impose son projet mais les moyens mobilisés en hommes et en argent nous échappent. Difficile de retrouver dans les chartes les acquisitions ou les récupérations de biens destinés à financer les travaux. Même les exemptions de péage ne sont pas explicites97, alors que l’on sait que de tels privilèges permettent d’alléger sensiblement la charge financière des transports de matériaux98. Soulignons leur concentration dans le temps : trois exemptions en quatre années (1155-1159) et surtout aucune avant et aucune après. Toujours est-il que les travaux furent menés avec suffisamment de célérité, sans doute moins vite que les récits le laissent entendre, même si certains murs sont déjà d’une hauteur impressionnante99. L’abbé Hugues étant mort en 1158, il est impossible que tout ait été réalisé en quatre ou cinq ans. Mais l’avancement était suffisamment significatif pour justifier une série de consécrations d’autels dont la chronologie est attestée par des notices de consécrations figurant dans le second nécrologe de l’abbaye. Le tableau 6 qui suit rassemble les données essentielles de ces notices de consécrations dans l’ordre chronologique. Quelques-unes sortent du cadre chronologique retenu mais montrent que l’essentiel des campagnes de construction fut réalisé au milieu du xiie siècle, entre 1160 et 1165. Sur les dix-neuf consécrations énumérées, dont deux seulement sont sans date (notices 18 et 19), quatre sont du xiiie siècle (entre 1234 et 1255 : notices 17, 4, 5, 6), treize échelonnées entre 1144 et 1165 nous intéressent directement100. Ces renseignements chronologiques sont donc précieux pour connaître l’avancement de la seconde abbatiale. Trois notices sont antérieures aux travaux lancés par l’abbé Hugues et prouvent qu’il y eut des réagencements de l’abbatiale existante, en particulier du chœur avec une nouvelle consécration de l’autel majeur (notice 1). Dix concernent la nouvelle abbatiale et rythment la progression des travaux. Ainsi les notices nos 7 et 9 signalent une translation des reliques du transept de l’ancienne église vers la nouvelle. Parmi les déplacements de reliques liés à l’avancement des travaux, une place particulière doit être faite à celles de Rictrude, fondatrice du monastère (notice 10). La solennité de 1164 est signifiée par les participants : l’archevêque de Reims, l’évêque d’Arras, ordinaire du lieu, les abbés de Saint-Vaast, Hasnon, Saint-Winoc, Ypres et

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Cur tum amplum jacitis fundamentum, cujus structura modum excedet, vincet vires, superabit facultates ? Facile est inchoare quidquid volueritis, sed possibilitas de consummando opere prius esset consulenda. Ad quod ille, Fratres, inquit, cessando a querelis, desinite molesti esse. Oratorium, quod incepi, grande erit et pulchrum valde, multi quoque perfectum videbunt, Domino et Beata Rictrude, quidquid in eo expensum fuerit, sufficienter providentibus. Erat enim cor ejus fiduciam habens in Domino. Voir aussi AASS, Maii 3, p. 112, c. 63. Une charte de 1155 (charte no 59) se rapporte au transport du vin depuis Vregny jusqu’à Marchiennes ; une de 1157 concerne toutes marchandises qui traversent les terres du seigneur de Ham (no 61) ; une de 1159 accordée par le châtelain de Tournai exempte tout transport de Tournai jusque Mortagne (no 65). Ce qui est le cas pour l’abbaye d’Anchin ( J.-P. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, op. cit., no 235). AASS, Maii 3, p. 113, c. 65 : Verum cum jam maceria quadraginta pedum altitudinis vel eo amplius habere diceretur… Voir annexe 4 (Consécrations d’autels et reliques), p. 409-413.

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt 6. Notices de consécration d’autels à Marchiennes

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No d’ordre Prélat consécrateur des notices

1146, 5 mars 1150, 27 octobre 1150, 27 octobre 1160, 23 octobre 1160, 23 octobre 1160, 24 octobre 1160, 25 octobre 1161, 19 février 1161, 20 février 1161, 20 février 1164, 2 août 1164, 2 août 1165 1234 1244, 15 avril 1255, 3 novembre 1255, 3 novembre Sans date

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Alvise, évêque d’Arras Gérald, évêque de Tournai Gérald, évêque de Tournai Godescalc, évêque d’Arras Godescalc, évêque d’Arras Godescalc, évêque d’Arras Godescalc, évêque d’Arras Godescalc, évêque d’Arras Godescalc, évêque d’Arras Godescalc, évêque d’Arras Henri, archevêque de Reims André, évêque d’Arras André, évêque d’Arras   Asson, évêque d’Arras Hugues, évêque d’Apros Hugues, évêque d’Apros  

Sans date

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Autel Vierge Grand autel St-Jean et St-Benoît St-Jean-Baptiste St-Martin St-Benoît Onze mille Vierges St-Étienne St-Jacques St-Laurent Translation de Rictrude St-André Ste-Croix et galilée Réception de reliques Ste Marie (infirmerie) St-André St-Nicaise Réalisation d’un reliquaire Description d’un phylactère

Saint-Quentin de Beauvais. L’absence de l’abbé d’Anchin, Gossuin, s’explique par sa vieillesse : il délégua Alexandre, son prieur et futur successeur101. La notice ne dit pas où se trouvaient les reliques de la sainte, mais on n’a pas voulu attendre la fin du chantier pour donner aux restes de Rictrude une place solennelle. Après vingt-trois années de travaux, la consécration de l’abbatiale eut lieu le 24 juillet 1177 et fut présidée par Henri de France, archevêque de Reims et légat, entouré des évêques d’Arras et de Tournai. Si aucun texte ne relate cette liturgie de façon précise, la mention dans la continuation de la chronique de Gembloux confirme l’antique patronage de Pierre et Paul et non celui de Rictrude102. Quant aux constructions des bâtiments claustraux, les sources sont totalement muettes. Une seule mention tardive signale la consécration le 15 avril 1244 d’une 101 A. Poncelet, « Catalogus codicum hagiographicorum », art. cit., p. 460. 102 Continuatio Aquicinctina (1149-1237), éd. G. H. Pertz, MGH SS, t. 6, Hanovre, 1844, p. 405-438, ici p. 416) : Nono Kal. Augusti, die dominica, ipso die quo pax inter imperatorem et papam facta est, dedicata est Marcianensis ecclesia, in honore sanctorum apostolorum Petri et Pauli, a Willelmo Remensi archiepiscopo, apostolice sedis legato, et duobus episcopis ipsius suffraganeis, Frumaldo scilicet Atrebatensi et Everardo Tornacensi.

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chapelle à l’infirmerie du monastère103. Ainsi donc, hormis l’édification de l’abbatiale, l’essentiel des campagnes de constructions nous échappe. Cette abbatiale, écrin de pierre naturellement destiné aux offices monastiques, était le lieu d’exaltation des reliques spécifiquement marchiennoises mais aussi d’autres acquises au fil du temps. La dévotion aux reliques de Rictrude est attestée par de nombreux éléments dispersés. La plus ancienne mention du culte de Rictrude se trouve dans le sacramentaire d’Hildoard composé par l’évêque de Cambrai en 812 sur l’exemplaire de la chapelle palatine à Aix dans le cadre de la diffusion dans son diocèse de la liturgie romaine. On y trouve donc toutes les innovations (le déroulement de la messe selon le sacramentaire grégorien, les textes relatifs aux ordinations, les prières concernant les infirmes, les pénitents, les mourants, la consécration des vierges) mais aussi la reprise de pratiques locales illustrées par les litanies des saints septentrionaux : Vaast, Amand, Médard, Géry, Achaire, Bertin, Wasnon, Rictrude, Eusébie et Remfroie104. Une autre preuve du culte rendu est donnée par des litanies qui figurent dans un manuscrit du début du xie siècle105. Le diplôme de Charles le Chauve mentionne la tutela de la sainte. Cette protection implique de la part de la communauté des remerciements sous forme de prières. Après le retour des reliques mises à l’abri lors des destructions normandes de 879, la composition d’une Vita Rictrudis par Hucbald en 907 dénote le souci de promouvoir un culte soutenu par la lecture du texte lors des offices de son dies natalis fixé au 12 mai. Quelques rares données chronologiques sur les reliques marchiennoises peuvent être établies à partir d’informations tardives des années 1160 livrées par André de Marchiennes, montrant une focalisation mémorielle autour des pieux restes. À leur retour à la fin du ixe siècle, ces reliques furent installées dans un sarcophage en pierre devant l’autel de saint Jean-Baptiste. Plus tard, les reliques de Rictrude, Mauront et Jonat furent installées de façon plus digne dans une crypte. Il y a donc une volonté indiscutable d’associer la fondatrice, du moins présumée telle, son fils, qui ne fut jamais abbé de Marchiennes, et Jonat, le premier abbé. L’événement qui est commémoré le 7 février remonte à 120 ans selon André de Marchiennes qui écrit entre 1164 et 1166106. Les faits sont donc à situer au temps de l’abbé Albéric (1033-1048), sans doute à la suite de l’incendie déjà mentionné qui a ravagé le monastère (1042 ?). La découverte du trésor à Abscon, cité plus haut, permit, outre la reconstruction des édifices, la confection de reliquaires, d’une table d’argent doré et la réalisation d’évangéliaires

103 En 1340, à l’occasion d’opérations militaires liées à la guerre de Cent ans, Marchiennes, comme d’autres abbayes (Hasnon, Saint-Amand et Saint-Martin de Tournai), subit des dégâts importants avec le sac de l’abbaye au début du mois de septembre. 104 Cambrai, BM, ms. 164, fol. 223vo (D. Muzerelle, Manuscrits datés des bibliothèques de France. 1- Cambrai, Paris, 2000 (Institut de recherche d’histoire des textes), p. 33-34 et fac-similé, pl. 6, p. 146 ; M. Coens, « Anciennes litanies des saints », art. cit., p. 280). 105 Sur ce ms., cf. infra note 117, p. 146. 106 AASS, Maii 3, c. 13, p. 90-91 : Nos vero diem elevationis ipsius beatissimae VII idus februarii secundum morem a predecessoribus nostris traditum, jam per annos sexagies viginti devotissime celebramus.

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et d’ornements liturgiques107. Deux actes comtaux, l’un de Baudouin V de Flandre (1046)108, l’autre de Baudouin II de Hainaut (1089)109, attestent la présence du corps de Rictrude et d’autres saints. Plus tard, Galbert, dans son récit composé vers 1125, rapporte, dans le passage consacré au moine Fulcard qui vivait au temps de l’abbé homonyme Fulcard (1103-1115), que les reliques de Rictrude étaient installées dans une crypte et que l’on pouvait les voir grâce à une fenêtre vitrée devant laquelle un autel permettait de dire la messe. Une pierre descellée menaçant quotidiennement les célébrants110, le moine Fulcard, malgré ses infirmités, s’emploie à replacer la pierre branlante de cette crypte où sont déposés les corps saints111. Si un cycle liturgique s’est construit à partir de Rictrude et autour d’elle, à l’image de ce que l’on trouve dans d’autres monastères liés à un groupe familial112, il est impossible de déterminer à quelle époque fut composé un office propre à Rictrude. Les sources liturgiques médiévales qui détaillent l’office de sainte Rictrude sont au nombre de quatre. La source majeure est un bréviaire marchiennois que l’on peut dater du premier tiers du xiie siècle113. Il permet de reconstituer le cycle de la mémoire familiale, construit sur quelques personnalités liées à cette famille et sur les temps forts que constituent les consécrations de lieux de culte. L’intérêt de ce bréviaire, outre qu’il est l’un des plus anciens témoins liturgiques du culte rendu à Rictrude, réside dans le moment de sa mise en forme car, s’il présente une belle homogénéité d’écriture, quelques ajouts d’une autre main permettent de dater sa réalisation au premier tiers du xiie siècle, donc de faire état des pratiques cultuelles autour de Rictrude avant que n’interviennent les amplifications ultérieures. S’y ajoutent provenant de l’abbaye de Saint-Amand un lectionnaire probablement réalisé au temps de l’abbé Hugues II (1150-1169)114 et un antiphonaire daté du dernier quart du xiie siècle115. Enfin, plus tardif et provenant de Marchiennes, un antiphonaire du début du xvie siècle116. L’étude du contenu de ces textes liturgiques concernant Rictrude montre qu’ils prennent tous

107 A. Poncelet, « Catalogus codicum hagiographicorum », art. cit., p. 454-455 : Lipsana quoque sanctorum auro et argento cooperuit ; tabulam argenteam ex parte deauratam ante altare apposuit. Textus etiam evangeliorum et reliquos ecclesiae ornatus de praedicto thesauro decenter composuit. Le codex réalisé pourrait être l’actuel ms. 494 de la BM de Douai. 108 Charte no 9 : …quas ei beata Rictrudis in eadem corpore quiescens… ; … in qua ipsa sancta, ut dictum est, corpore quiescit cum aliis sanctorum corporibus… 109 Charte no 11 : …in qua beatarum Rictrudis et Eusebie corpora cum aliorum plurimorum sanctorum pigneribus venerabiliter requiescunt… 110 AASS, Maii 3, p. 140, c. 6 : in fenestra cryptae vitrae de eminitiore parte ruina saxi quod casum suum quotidie et interitum illius qui missam celebraret in altari fenestrae supposito minabatur. 111 AASS, Maii 3, p. 141, c. 8 : ante lipsana sacrorum corporum. 112 A. G Hornaday, « Les saints du cycle de Maubeuge et la conscience aristocratique dans le Hainaut médiéval », Revue du Nord, 293 (1991), p. 583-596. 113 Douai, BM, ms. 134, fol. 201-203 : Rictrudis super psalmos. Sont ajoutés d’une seconde main l’obit du comte Charles, assassiné le 2 mars 1127, la dédicace de l’église d’Hamage du 17 mai 1133, l’obit de l’abbé Amand le 27 mai 1136. Le bréviaire est donc antérieur au dernier événement, ce qui permet de relier la réalisation de ce codex à la restauration de l’abbaye initiée par l’abbé Amand à partir de 1116. 114 Valenciennes, BM, ms. 516 (4), fol. 176vo-179vo : In natale sanctae Rictrudis. 115 Valenciennes, BM, ms. 114, fol. 129ro-130vo : In natale sancte Rictrudis ad vespras. 116 Douai, BM, ms. 117, fol. 116vo-124vo : Depositio sancte Rictrudis ad vesperas.

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appui sur la Vita Rictrudis composée par Hucbald (907) et la Vita metrica due à Jean de Saint-Amand (début xie), sans qu’il soit cependant possible d’en préciser la date de composition textuelle et musicale117. Rictrude a droit à une depositio au 12 mai, jour anniversaire de sa mort survenue en 687/688, et à une octave jusqu’au 19 ; une elevatio se place au 7 février, liée à la reconstruction des années 1040118. Sa fille Eusébie, placée à la direction du monastère d’Hamage à la mort de sa grand-mère Gertude, fut aussi l’objet de célébrations liturgiques. D’abord est fêtée sa depositio au 16 mars, jour anniversaire de sa mort survenue vers 664/671. Puis on note une elevatio célébrée au 28 octobre qui est double puisqu’elle concerne aussi Gertrude119 ; la translatio au 18 novembre correspond sans doute au passage de la Vita Eusebiae qui attribue à l’abbesse Gertrude II, veuve d’Ingomar120, vir illuster, la construction à proximité de l’église Saint-Pierre, où était inhumée Eusébie, d’une nouvelle église dédiée à la Vierge. Les reliques d’Eusébie y furent déposées avec celles de sa grand-mère Gertrude, fondatrice d’Hamage. La cérémonie eut lieu en présence d’Hatta, abbé de Saint-Vaast, vers 679-703121. Le dépôt des reliques d’Eusébie, effectué dans une nouvelle châsse d’or et d’argent par l’abbé Amand le 17 mai 1133, n’a pas donné lieu à une solennité commémorative. S’il y en eut une, elle se trouvait englobée dans l’octave de Rictrude. Mauront, fils de Rictrude, mort en 701, était célébré le 5 mai à Marchiennes. Au moment de mourir, il avait fait don d’une partie de ses biens à la communauté et fut enterré dans la partie orientale de l’église à proximité d’un puits dont l’eau avait des propriétés miraculeuses122. Mais ces reliques furent plus tard transférées à Douai123. Ce culte rendu au fils de Rictrude ne peut être dissocié de celui envers Amé, évêque de Sion. Ce dernier, déposé et exilé par ordre de Thierry III (675-691) et recueilli par Mauront mourut dans le monastère que celui-ci avait fondé à Bruel-sur-la-Lys (13 septembre 690). Les reliques d’Amé et de Mauront transférées à Soissons lors des invasions normandes furent ramenées non à Bruel mais à Douai de par la volonté du comte Arnoul (918-965)124. La réorganisation du chapitre Saint-Amé de Douai en 1076 débouche sur une valorisation des reliques de Mauront et d’Amé par une translation en

117 J.-F. Goudesenne, Les offices historiques ou « historiae » composés pour les fêtes des saints dans la province ecclésiastique de Reims (775-1030), Turnhout, 2002, p. 93-94, 103-104, 324-326. 118 C’est par distraction que B. Delmaire place une seconde elevatio au 28 octobre ; il s’agit en fait de l’élévation d’Eusébie et de sa grand-mère Gertrude (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, op. cit., p. 369). 119 Douai, BM, ms. 134, fol. 5vo. 120 Cf. supra note 37, p. 94. 121 AASS, Mart. 2, p. 449-450. La présence de l’évêque de Cambrai Vindicien (mort en 713 ?) est un ajout des années 1120 dans l’Histoire-polyptyque. 122 AASS, Maii 3, p. 96, c. 27. L’église paroissiale actuelle conserve un « puits de saint Mauront », daté de 1520, devenu fonts baptismaux et une pierre tombale en marbre noir (2 m × 0,75) du xvie siècle représentant Rictrude couchée et les bras croisés sur la poitrine. 123 Gesta pontificum Cameracensium, op. cit., p. 460, c. 21 ; AASS, Maii 3, p. 103 : Reliquias S. Mauronti in Marchianensi monasterio longo tempore quievisse ; postea seu permittente seu volente Deo, furtim sublatas, et Duacum translatas fuisse… Cf. supra note 51, p. 61. 124 Charte du comte de Flandre Robert, cf. supra note n° 45, p. 59.

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1078 sous la présidence de Gérard II. Le culte de Mauront s’est donc trouvé relancé125. Une nouvelle translation eut lieu en 1139 sous la présidence de l’évêque d’Arras Alvise, de l’abbé d’Anchin Gossuin et de celui de la Chaise-Dieu126. Un autre personnage fut aussi associé au cycle familial. Il s’agit de Jonat, premier abbé de Marchiennes, ou en tout cas considéré comme tel depuis la réforme de 1024. Nous avons déjà signalé plus haut la translation dont il fut l’objet au temps de l’abbesse Judith, dans le dernier tiers du xe siècle. Quelques lignes dans le récit de translation livrent de trop rares informations sur le tombeau de Jonat avant la décision de l’abbesse. Les qualificatifs employés pour définir le lieu du tombeau laissent penser à une crypte dans laquelle le sarcophage repose sur deux poutres. Ces détails ne sont pas suffisants pour avoir une vision archéologique de cet espace sacré127. Quant à l’époux de Rictrude, Adalbald, sa fête est fixée au 2 février. Mort en pays gascon vers 635, son corps fut ramené à l’abbaye de Saint-Amand. Une partie de ses reliques (tête et bras) fut transférée à Saint-Amé de Douai le 15 avril 1231128. Signalons enfin que deux membres de cette famille ne furent l’objet d’un culte qu’à partir de la période moderne : Clotsende qui succéda à sa mère à la tête de la communauté jusque vers 703129 est célébrée au 30 juin ; sa sœur Adalsende, morte entre 673 et 680, est fêtée le 25 décembre. À ces liturgies qui perpétuent la mémoire de personnes liées à l’histoire de la communauté s’ajoutent les commémorations des différentes dédicaces : une pour l’abbatiale de Marchiennes et deux pour Hamage (église paroissiale et église prieurale). Le tableau 7 rassemble les moments du calendrier liturgique marchiennois et montre la périodicité et la densité des solennités qui interviennent tout au long de l’année, au moins une fois par mois. Seul le mois de janvier est absent de ces manifestations liturgiques qui, au total, de février à décembre, en compte une vingtaine. À ces éléments de sacralité, structurés dans le temps et construits autour de Rictrude et de l’histoire du monastère, s’ajoute une dimension géographique fondée sur la répartition dans l’espace des reliques familiales et des reliques acquises ultérieurement. Les listes de reliques déposées dans les différents autels de l’abbatiale, connues par les notices de consécrations évoquées plus haut et aussi par la dénomination de la chapelle à l’arrière du chœur comme « chambre aux reliques », se recoupent avec celles des litanies marchiennoises connues par plusieurs manuscrits130. On y trouve 125 AASS, Sept. 4, p. 131-133. Voir aussi, Fr. Dolbeau, « Le dossier hagiographique de saint Amé », art. cit. 126 Notae Duacenses, éd. G. Waitz, MGH SS, t. 24, Hanovre, 1879, p. 28-31, ici p. 28. 127 AASS, Aug. 1, p. 74. 128 Cf. supra note 51, p. 61. 129 VR, c. 6, col. 834. 130 Douai, BM, ms. 170, fol. 61vo-62ro, postérieur à 993 car on y trouve signalé Ulric d’Augsbourg, mort en 973 et canonisé vingt ans plus tard. Compte tenu du temps nécessaire pour inclure un nouveau saint, le ms. doit dater du début du xie siècle. Ne pourrait-on pas y voir un codex établi après la réforme de Léduin à Marchiennes en 1024 ? Dans le codex 540 (fol. 42ro, coutumier), composé en 1131, on trouve une litanie avec les invocations à Rictude et Eusébie. Les ms. 134 et 136 sont des bréviaires de la première moitié du xiie et de la seconde moitié du xiiie siècle. Enfin la liste d’un ms. bruxellois (Bibliothèque royale de Belgique, ms. 14682) est éditée par M. Coens, « Anciennes litanies des saints », art. cit., p. 280.

147

148

P r e m i è r e pa rt i e 7. Le cycle liturgique de Marchiennes

 

 

Événement Attestation Références liturgique liturgique de la solennité

2 fév. 7 fév. 16 mars 8 avril 28 avril 4 mai

Adalbald Rictrude Eusébie Jonat, abbé Amé Hamage

xvies. v. 1045 v. 679/703 977/1024 vers 950 679/703

Antiphonale (xvie, Douai, BM, ms. 117). AASS, Maii 3, p. 90-91 ; charte no 10. Vita Eusebiae, AASS, Mart. 2, c. 23-24. Lectiones (Miracula Jonati, v. note 96). Actes Philippe Ier, no 81 (charte de 1076). Vita Eusebiae, AASS, Mart. 2, c. 23-24.

5 mai

Mauront Hamage

dies natalis elevatio depositio translatio translatio dédicace église prieurale Ste-Marie dies natalis

?

dédicace église paroissiale St-Pierre Rictrude depositio Rictrude octave Clotsende dies natalis Hamage fieste Marchiennes dédicace

 ? (viie s.)

Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134). Histoire-polyptyque, p. 71, c. 8.

12 mai 19 mai 30 juin 14 juil. 24 juil. 1er août 13 sept. 19 oct. 28 oct.

Jonat Amé Amé Eusébie et Gertrude 18 nov. Eusébie 6 déc. Gertrude 24 déc. Adalsende

depositio depositio translatio elevatio

687/688 ? xvies. xvies. 1029 et 1177 977/1024 ? ? ?

translatio 679/703 Dies natalis ? dies natalis xvies.

Vita Rictrudis, c. 22, col. 848. Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134). Antiphonale (xvie, Douai, BM, ms. 117). Antiphonale (xvie, Douai, BM, ms. 117). Annales Marchianenses, p. 614 et Continuatio Sigeberti Aquicinct. MGH SS, t. 6, p. 416. Lectiones (Miracula Jonati, v. note 98). Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134). Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134). Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134) Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134). Bréviaire (xiie, Douai, BM, ms. 134). Antiphonale (xvie, Douai, BM, ms. 117).

des noms attendus, mais l’intérêt réside dans la concordance entre les listes liturgiques et la présence de reliques de saints locaux dans l’abbatiale131 : Rictrude (no 12) et ses enfants (nos 8, 9, 12, 13) ; ceux qui ont contribué à l’évangélisation de la région proche comme Amé (nos 8, 12), Amand et Éloi (no 16), Jonat, disciple d’Amand et abbé de Marchiennes (nos 8, 12). Une mention particulière doit être faite pour Grodebaldus

131 Cf. annexe 4 (Consécrations d’autels et reliques), p. 409-413.

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt

(no 8) qui aurait été prévôt de l’abbaye au temps de Jonat. Aux reliques prestigieuses liées directement au monastère s’ajoute un ensemble de pieux restes accru et renforcé par des acquisitions dont il n’est guère possible de fixer les moments d’arrivée à Marchiennes. Sans surprise, on y trouve des éléments sacrés des temps bibliques, des reliques christiques, mariales, apostoliques sans oublier les martyrs, papes, évêques et confesseurs. Cette volonté d’accroître ce capital spirituel fut poursuivie au cours des xiie et xiiie siècles. Un folio hélas endommagé, ajouté à la fin d’un manuscrit, indique qu’une quête de reliques fut entreprise par l’abbé Enguerran (1144-1148) et poursuivie par ses successeurs. Ces reliques furent installées solennellement un 29 septembre. Une autre notice incomplète du même folio rapporte que deux moines marchiennois, Martin et André, furent envoyés à Cologne pour obtenir des reliques des Onze mille Vierges qui furent données en 1172 par l’archevêque Philippe de Heinsberg (1167-1191) et l’abbé de Saint-Héribert132. Les acquisitions se poursuivent au siècle suivant et le pieux don offert plus tard, en 1234, par le prieur de Cantorbéry confirme le souci de disposer de reliques récentes (no 17). Une tradition affirmait également que Thomas Becket, à la suite de son exil, avait séjourné à Marchiennes vers 1165-1170 et avait offert à l’abbaye une croix, une chasuble et des tuniques133. La démarche du prieur anglais s’inscrit dans une tradition de relations et s’est prolongée par la fondation d’une société de prières pour Étienne Langton, archevêque de Cantorbéry (1207-1228)134. La précieuse liste des notices de consécrations d’autels permet de dresser une liste, sans doute non exhaustive, des reliques patiemment accumulées, subtilement réparties dans l’espace sacralisé et, on peut en être sûr, surveillées avec vigilance (tableau 8). L’abbaye de Marchiennes et toutes celles de la vallée de la Scarpe qui remontaient à l’époque franque, revitalisées par les effets de la réforme richardienne, ne constituaient en aucun cas un ordre. Toutes autonomes, tout en adhérant aux mêmes valeurs monastiques, elles n’avaient entre elles que des contacts liés aux intérêts communs, même si cinq abbés du xie siècle étaient issus de Saint-Vaast, et trois au xiie provenaient d’Anchin. L’émergence d’un nouveau monachisme dans cette vallée avec la fondation d’Anchin en 1079, l’influence de Cluny qui se manifeste dans le nord de la France à la fin du xie siècle et la mise en place des chapitres généraux bénédictins à partir de 1131 vont faire sortir les communautés de leur relatif isolement. Ces communautés s’insèrent alors dans des réseaux spirituels plus au moins denses où l’on prie pour le repos des âmes des communautés associées. Il fallait donc tenir des listes funéraires

132 Douai, BM, ms. 795, fol. 141ro-vo avec en titre : Sanctae reliquiae in monasterium Marchianense asportatae. La liste, incomplète au commencement, est datée de 1172 ; voir L. Moulinier, « Élisabeth, Ursule et les Onze mille Vierges : un cas d’invention de reliques à Cologne au xiie siècle », Médiévales, 22/23 (1992), p. 173-186. 133 J. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, Douai, 1624-1625, p. 244. Une vue en perspective de Marchiennes établie en 1635 par le graveur douaisien Hattu, sur l’ordre de l’abbé Jean de Jonquoy (1620-1650), nomme l’une des tours de l’enceinte de l’abbaye « Tour de Thomas de Cantorbéry » (reproduction du plan, dans L. Spriet, Histoire de Marchiennes, op. cit., p. 99-100). La même tradition rapporte qu’un Pontificale ad usum ecclesiarum Anglicanarum fut offert à l’abbaye (Douai, BM, ms. 67). 134 J.-P. Gerzaguet, « Les confraternités de l’abbaye de Marchiennes du xiie au xve siècle », Revue bénédictine, 110 (2000), p. 301-354, ici p. 350, no 19.

149

150

P r e m i è r e pa rt i e 8. Les reliques de Marchiennes135

Reliques

Autel

Notice no

Laurent (m), Maurice (m), Hélie (proph), Abdias (proph) Laurent et Maurice (m) André (ap), Laurent, Gentianus, Maurice, Pancrace, Tristan, Darius (m), Silvestre (p), abbé Alard (cf) Procope, Cosme, Damien, Serge, Aretas, Nichanor (m) Éosine (v), Maurice, Mamert, Longin, Théodore (m) Élisabeth de Hongrie Aretas (m) et d’autres Procope, Théodore, tête de Longin, Mercure, Cosme et Damien (m), Éosine (v) Élie, Abdias (p) Sébastien, Quentin, Adrien (m) St Sépulcre Vital, Martial, Pancrace (m) Loup, Honoratus, Amé (ev) Ratbert, Jonat, Mauront, Grodebaldia, Évremund, St Sépulcre Jean l’Évangéliste (vêtement) Gentien (doigt) Hippolyte (m), Nicolas (ev), Jonat, Mauront Bois de la croix St Sépulcre Rictrude

Autel majeur

1 (1150)

André (ap) et d’autres saints St Sépulcre Éponge Pierre de lapidation Pierre de Bethléem Vêtements de Marie Clément (p et m), Félicien (m), Willebrord (ev et m), Lambert (m), Amé (ev), Mauront, Jonat Rictrude et Eusébie Théodore (m), Willebrord (ev et m), vêtements de Marie, Cyrille (v et m), Arthémia (v et m), Hirailde (v) ; Eusébie, Pierre de Bethléem Pierre du St Sépulcre

St-Jean et St-Benoît 2 (1150) Vierge Marie 3 (1146) Ste-MarieMadeleine (infirmerie) St-André St-Nicaise

4 (1240) 5 (1255) 6 (1255)

 St-Jean-Baptiste (vieille église)

7 (1170)

St-Martin

8 (1170)

St-Benoît (vieille église)

9 (1170)

 devant l’autel majeur St-André  Ste-Croix (galilée)

10 (1164) 11 (1164) 12 (1165)

Onze mille Vierges 13 (1168)

135 Abréviations du tableau 8 : ap (apôtre), cf (confesseur), ev (évêque), m (martyr), p (pape), proph (prophète), v (vierge).

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt

Reliques

Autel

Notice no

Innocents, Maurice, Étienne (p et m), Urbain (p et m), Ambroise (ev et cf) Jacques (ap), Philippe et Jacques (ap) Cyprien, Crespin et Crispinien (m), Sébastien (m), Hippolythe (m), Adrien (m), Pierre de lapidation Laurent, Pancrace (m) Léger, Lambert, Nicolas, Léon, Amand, Éloi, St Sépulcre Thomas Becket Blaise Triphon Cheveux de Jésus Chemise de Marie Laurent Catherine, Anastasie Linceul du Christ Cheveux d’Abraham et bélier Thomas (ap), Georges (m) Éponge Joseph (ev et m), Romain (m) Bois de la croix Cheveux de Marie Éponge Cheveux de Marie Balise (m) Pierre, André Croix d’André Boix de la croix Colonne Laurent, Jean-Baptiste, Longin (m) Bertin

St-Étienne

14 (1161)

 St-Jacques

15 (1161)

St-Laurent

16 (1161)

 (inconnu)

17 (1234)

Partie haute de la Croix reliquaire Partie basse À droite À gauche Au milieu

18 (sans date)

phylactère

19 (sans date)

régulièrement mises à jour. Les porteurs de rouleaux, qui allaient d’abbaye en abbaye, présentaient en quelque sorte des faire-part de décès. Les noms étaient alors inscrits dans le nécrologe de la communauté ainsi informée. Marchiennes, comme sa voisine l’abbaye d’Anchin, a donc ouvert un nécrologe vers 1130, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu antérieurement des documents nécrologiques dans ces deux abbayes. Ce livre structuré permettait de noter tous les défunts propres à chaque communauté et les défunts extérieurs des communautés associées. Parallèlement, des chartes créent ou rappellent ces associations spirituelles qui permettent à l’abbaye de Marchiennes de s’insérer dans un réseau d’établissements, d’être unie par la prière commune et réciproque en faveur des vivants et des morts à un nombre infini de religieux et de bénéficier de la sorte des effets de cette solidarité spirituelle.

15 1

1 52

P r e m i è r e pa rt i e

L’intérêt de ce type de réseaux n’est plus à démontrer. Si les modalités et finalités en sont connues, ce qui importe ici, c’est de cerner l’espace géographique ainsi embrassé par l’abbaye. Comme il a été déjà signalé, c’est à partir de la création des chapitres généraux bénédictins de 1131 et conformément à la volonté de cette première réunion des abbés que Marchiennes a construit son réseau spirituel136. En effet, le coutumier marchiennois qui consigne la décision du chapitre général mentionne ensuite que les abbayes de Marchiennes, Hasnon, Anchin et Saint-Amand ont créé entre elles une société de prières137. Ces associations spirituelles locales restent globalement modestes et le réseau marchiennois est nettement moins développé que celui d’autres communautés puisqu’il ne compte que vingt communautés bénédictines, dont deux de moniales, deux abbayes cisterciennes, sept monastères de chanoines réguliers. Mais soulignons qu’il n’y a pas concordance entre les associations attestées et les 68 communautés représentées dans le nécrologe. La même inégalité d’inscriptions se constate avec 50 établissements qui ont moins de dix inscrits, mais aussi avec sept monastères particulièrement présents. La proximité géographique n’est pas la seule raison d’être de ces inscriptions. Les mentions de religieux d’Anchin (1020 inscrits), de Saint-Amand (444), de Saint-Martin de Tournai (382) et d’Hasnon (241) reposent sur les implications dans l’histoire de Marchiennes de ces monastères qui ont fourni des abbés. Les même raisons éclairent la forte présence de Saint-Vaast (345 inscrits). Plus inattendue, en apparence, est l’intensité des liens avec Corbie (290) et Saint-Winoc (125). Ceux avec Saint-Winoc s’expliquent par les biens que Marchiennes détenait en Flandre et ceux avec Corbie remontent peut-être à l’époque où Enguerran, prieur de Corbie, devint abbé de Marchiennes (1144-1148). L’abbaye est inscrite aussi deux fois dans la liste des confraternités de Cluny138. Malgré l’appartenance à ce réseau spirituel qui assurait concrètement une réserve de médiateurs pour régler des conflits éventuels avec d’autres monastères, l’abbaye de Marchiennes n’a vu aucun de ses moines, de 1024 à la fin du xiiie siècle, être promu à l’abbatiat ailleurs. Ce fait qui constitue une exception pour les abbayes bénédictines de la vallée de la Scarpe souligne à lui seul les limites de l’influence marchiennoise et démontre, une fois de plus, l’ancrage local de cette abbaye. Les éléments chiffrés du tableau suivant révèlent le fort contraste entre les abbayes à la dynamique expansionniste comme Saint-Vaast et Anchin face aux trois autres où seule émerge très modestement la peu puissante abbaye d’Hasnon. Les liens établis par Marchiennes avec d’autres communautés n’ont donc pas servi de relais pour soutenir une stratégie d’influence. Si ces liens spirituels marchiennois peuvent être reconstitués grâce aux deux nécrologes de l’abbaye et à des listes diverses, il arrive aussi que subsistent des chartes établissant des liens de confraternité. C’est le cas pour quatre d’entre elles, datant du

136 Sur les abbés présents, S. Ceglar, « Guillaume de Saint-Thierry et son rôle directeur », art. cit., p. 316. 137 J.-P. Gerzaguet, « Les confraternités de l’abbaye de Marchiennes », art. cit., p. 346. 138 Obituaires de la province de Lyon. Tome I et II, éd. G. Guigue et J. Laurent, Paris, 1950-1965, t. 2, p. 478 et 481.

L e t e m p s d e l’é pano u i sse me nt 9. Nombre de moines des abbayes de la Scarpe promus à un abbatiat extérieur

Moines originaires de St-Vaast Anchin Marchiennes Hasnon St-Amand

xie

xiie

xiiie

Total

8 1 0 2 0

5 12 0 1 0

2 3 0 0 1

15 16 0 3 1

dernier quart du xiie siècle139. Leur conservation parmi des titres de propriétés montre bien l’importance que cette communauté attachait à ces associations de prières et permet de discerner les motivations de tels liens. La première qui lie l’abbaye à Saint-Vaast est une association décidée en 1177 lors du règlement d’un conflit pour lequel l’abbé de Marchiennes s’était déplacé jusqu’à Arras. Le but clairement exposé est de resserrer les liens entre les deux communautés pour éviter qu’à l’avenir un conflit ne s’éternise. Entre 1180 et 1183, le lien établi avec Cluny s’explique sans doute par des raisons de prestige mais sans doute surtout parce que l’abbé de Marchiennes était originaire de Cluny. Il faut souligner que l’abbé de Cluny Thibaud de Vermandois use des termes de frater et amicus pour désigner celui de Marchiennes. Si ces termes peuvent paraître conventionnels, ce cas unique pour Marchiennes mérite d’être souligné. Sans doute aussi, comme Thibaud avait été précédemment prieur de Crépy-en-Valois puis abbé de Saint-Crépin de Soissons, l’abbaye de Marchiennes ne lui était pas inconnue en raison des possessions de cette dernière dans le pays soissonnais. L’abbatiat marchiennois confiée à un clunisien permettait donc à l’abbaye de la Scarpe d’entrer dans le vaste réseau spirituel de l’abbaye bourguignonne. L’intérêt de la troisième association établie en 1192 et qui unit Marchiennes à Saint-Crépin-en-Chaye, abbaye de l’ordre d’Arrouaise, est qu’elle montre la capacité de sortir du cadre monastique bénédictin. Quel pouvait être l’avantage pour l’abbaye des bords de la Scarpe à s’unir à un établissement canonial soissonnais ? D’abord, la notice copiée dans le nécrologe indique que l’abbé de Soissons est présent à Marchiennes, sans doute pour régler quelque affaire. Si les clauses sont classiques, les liens établis visent peut-être, pour Marchiennes, à se ménager un médiateur pour des conflits éventuels qui pourraient survenir en raison des biens détenus dans le Soissonnais, notamment la cour de Vregny qui fournit l’essentiel du vin à l’abbaye. Le dernier exemple plus significatif, la confraternité établie avec Saint-Riquier en 1192 au temps de l’abbé Jean II, participe à la construction ou reconstruction de la mémoire de l’abbaye. Les liens anciens avec l’abbaye Saint-Riquier se seraient distendus bien que rien ne permette de dire qu’ils aient existé auparavant, car aucun moine de Saint-Riquier ne figure dans le nécrologe marchiennois où l’on ne trouve que trois abbés du xiiie siècle. Certes, la Vita Rictrudis avait fait de Riquier l’un des parrains de Mauront, le fils de Rictrude, et l’on a vu comment, en fait, Hucbald a créé là une indiscutable fiction. De fait, des liens

139 Chartes nos 98, 107, 118, 119.

15 3

1 54

P r e m i è r e pa rt i e

spirituels, si le parrainage prestigieux avait été réel, auraient pu alors être établis. La fiction hucbaldienne l’exclut. En revanche, l’association établie avec l’abbaye picarde prend tout son sens si on la relie avec la fondation non datée d’un anniversaire en l’honneur de Dagobert voulu aussi par ce même abbé Jean II (1183-1193)140. Certes la notice de fondation d’obit rappelle la donation royale par Dagobert opérée en faveur d’Eusébie et signalée dans le diplôme de Charles le Chauve de 877. Mais, si c’est là l’unique motif d’une commémoration, la décision aurait pu intervenir plus tôt. Indiscutablement, dans les années 1190, la communauté marchiennoise revisite, revivifie et reconstruit son passé. D’ailleurs, en 1187, à l’abbaye de Saint-Amand, on prend une décision similaire141. Qui imite l’autre ? Question sans réponse. Cette fondation d’anniversaire concernant un membre de la première dynastie royale est à replacer dans l’ensemble des inscriptions au nécrologe de l’abbaye où figurent les comtes de Flandre depuis Robert Ier (1093-1111) jusqu’à Philippe d’Alsace (1191), donc des dynastes lointains ou proches. Sans doute aussi prépare-t-elle son avenir. Promouvoir le souvenir de Dagobert, c’est vouloir rappeler ou établir que l’abbaye a bénéficié jadis des faveurs royales, au moment où la mort du comte Philippe d’Alsace (1191) et sa succession ouvrent une période politique délicate permettant au roi de France Philippe Auguste d’accentuer sa pression sur les contrées septentrionales avec la mainmise sur l’Artois. Si le rappel des faveurs royales anciennes justifie d’éventuelles faveurs royales nouvelles, l’abbaye, puisqu’elle peut invoquer Dagobert et présenter un diplôme de Charles le Chauve, montre ainsi qu’elle a bénéficié de l’attention des deux dynasties précédentes. D’ailleurs, l’abbaye célèbre la mémoire capétienne avec Louis VII. Le moment venu, le nom de Philippe Auguste fut ajouté.

140 Douai, BM, ms. 889 fol. 111vo et ms. 890, fol. 133ro : Dagoberti regis Franchorum. Tertio decimo kalendas februarii obiit Dagobertus rex Francorum. Constitutum est autem a domno Johanne IIo abbate et universo capitulo ut dies anniversarius ejus sollempniter celebretur pro eo, quod idem gloriosus rex et Nanthildis, regina ejus, cum beatam virginem Eusebiam de fonte salutari suscepissent villam Verniacum et vinum quod ad usus nostros de Francia adducitur, regali munificentia contulerunt. Refectionem autem plenariam debet ipsa die monachus de Hera fratribus procurare. 141 À Saint-Amand, cet anniversaire a été fixé au 19 janvier avec officium plenum par l’abbé Eustache en 1187 (Lille, ADN, 12 H 2, fol. 41vo-42vo).

Conclusion

Au terme de ce panorama historique, quelques caractéristiques nettes et fortes se dégagent pour cerner les spécificités de l’abbaye bénédictine de Marchiennes. D’abord, du point de vue de l’évolution historique, on peut clairement distinguer deux périodes : celle, jusqu’en 1024, du monastère où coexistent des hommes et des femmes, globalement mal connue, et celle du monastère masculin à compter de l’éviction forcée des moniales, période dont la documentation étoffée permet d’en cerner l’évolution. Si la fondation du monastère vers 640 et les modalités de son fonctionnement restent insaisissables, le rôle tenu par Rictrude n’a cessé d’être amplifié et valorisé au fil des siècles dans le cadre d’une reconstruction mémorielle de la communauté. Malgré les obscurités, cette abbaye apparaît comme l’un des deux éléments du pôle monastique familial, l’autre étant Hamage. Notre méconnaissance des éventuels liens familiaux, impossibles à établir, entre le clan aristocratique d’Adalbald qui fonde Marchiennes-Hamage, celui des fondateurs d’Hasnon vers 670 et celui des fondateurs de Denain vers 780 ne permet pas de donner corps à une hypothèse bien tentante, celle d’une politique familiale de grande ampleur, inscrite dans la durée et visant à quadriller l’Ostrevent d’établissements monastiques familiaux. Quoi qu’il en soit, les pratiques carolingiennes ont fait passer le monastère de Marchiennes, comme d’autres, sous contrôle royal. Puis les invasions normandes et les nouvelles échelles de pouvoirs, avec la montée en puissance des princes, ont perturbé la vie religieuse de ce pôle spirituel. La réorganisation religieuse en Flandre, inspirée et dirigée par Richard de SaintVanne ou ses disciples, conduit à la seconde naissance de l’abbaye. Quand il répond à l’appel de l’évêque de Cambrai, l’abbé de Saint-Vanne de Verdun n’est pas encore la figure charismatique qu’il deviendra. Mais son impulsion, relayée par ses disciples, a véritablement remodelé le paysage bénédictin de la vallée de la Scarpe. Cependant, le topos du retour à une vie régulière stricte rendue nécessaire par la scandaleuse décadence morale ne peut à lui seul éclairer les raisons profondes des restaurations monastiques. L’action fondamentale conduite ici par les évêques de Cambrai a été de vouloir « libérer » les abbatiae de la mainmise laïque pour les restituer à des communautés religieuses. La clarification institutionnelle, avec la fin des communautés doubles, et la reconstitution des temporels garantis permettent de redonner de la consistance à la vie communautaire mais aussi de tenir dans l’obéissance canonique des monastères désormais contrôlés. C’est donc dans cette perspective qu’est décidée l’expulsion des religieuses de Marchiennes en 1024, événement qui constitue, en réalité, le préalable à une refondation, à l’image de ce qui se passe en même temps à Denain. Les refondateurs s’appuient

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naturellement sur l’élément local : le site sacralisé depuis près de quatre siècles sous la protection tutélaire de Rictrude, promue fondatrice originelle et vénérée par un culte fortement développé auquel sont associés les membres de sa famille. Parallèlement, l’abbaye, implantée dans une zone de marge aux confins de la Flandre et du Hainaut, passe clairement sous le contrôle des comtes de Flandre. Sur la Scarpe ne se trouvent donc implantées que des abbayes masculines : du côté de la rive gauche, deux sous contrôle flamand (Marchiennes et Saint-Amand) encadrant, côté rive droite, celle tenue par les comtes de Hainaut (Hasnon). La dimension politique de cette répartition des influences ne doit pas masquer la réalité d’un renouveau spirituel soutenu par les conceptions richardiennes qui n’ont rien de révolutionnaires mais qui visent, en fait, à rétablir un monachisme structuré dans la lignée de celui qui avait été pensé par Benoît d’Aniane en 816-817. Aussi le xie siècle marchiennois est-il essentiellement un temps de construction de l’identité monastique en présentant les biens de l’abbaye comme ceux de la sainte et en assurant aux moines une formation spirituelle qui puise aux sources du monachisme ou qui se nourrit des principes de la vita apostolica à la fin du xie siècle. Ces pratiques sont mises à mal au début du xiie siècle lorsqu’arrive Fulcard, un abbé issu d’un lignage nobiliaire local. L’homme, à suivre les sources, incarne le rejet des éléments destinés à revivifier le monachisme bénédictin traditionnel et le refus des principes grégoriens qui pénètrent le diocèse d’Arras, restauré (ou créé) depuis 1094. L’abbatiat de Fulcard (1103-1115), tentative de prise de contrôle de l’abbaye par un lignage local (les Landas), est certes un accident dans l’évolution marchiennoise mais, en réalité, cet épisode, à contre-courant des conceptions ecclésiastiques qui se diffusent sous le nom réducteur de réforme grégorienne, clôt la phase initiée en 1024. En effet, la réforme qui se met en place à partir de 1116 sous la houlette de l’abbé Amand (1116-1136) n’est pas un retour aux pratiques du xie siècle. L’adoption des coutumes clunisiennes, la pratique de l’association spirituelle et la participation aux chapitres généraux bénédictins montrent que Marchiennes, comme nombre de monastères, cherche à sortir de son isolement et à pratiquer un monachisme rénové au moment où se développent des formes spirituelles concurrentes, dont l’exemple local se manifeste à moins de vingt kilomètres par la fondation de l’abbaye de chanoines réguliers de Vicoigne en 1129. L’élan ainsi impulsé se manifeste aussi par la gestion et l’accroissement mesuré d’un temporel solide et bien groupé. Les quelque 10 000 ha supportent la comparaison avec les 12 000 attribués à Saint-Amand. L’originalité marchiennoise est d’avoir récupéré ce que les moines considéraient comme les composantes de la dotation primitive et d’avoir mené une politique d’acquisitions complémentaires afin de rendre l’ensemble cohérent. Les biens fonciers de l’abbaye présentent donc une caractéristique fondamentale, celle de la permanence : la « terre de Rictrude » correspond pour l’essentiel à la dotation initiale. Certes, il y a eu, au fil du temps, des acquisitions nouvelles (autels, dîmes), des opérations de compléments fonciers pour étoffer l’emprise à tel ou tel endroit, mais, d’une façon globale, la répartition géographique des biens ne se modifie pas. La marque franque primitive, qui persiste et survit au cours des siècles, reflète l’action continue menée par les abbés du xie et surtout ceux du xiie siècle à travers leur politique foncière.

co nc lu si o n

Ainsi, les années 1120-1150, grâce aux revenus assurés et au contrôle des paroisses, permettent-elles alors à l’abbaye de se lancer dans un projet monumental, la construction d’une nouvelle abbatiale, reflet de l’accroissement des effectifs, preuve des moyens accumulés et volonté de traduire cette réussite dans le paysage lors de la seconde moitié du xiie siècle. Le prestige monumental se renforce par l’attrait des reliques conservées qui attirent les foules et par conséquent les dons. Plus les reliques sont nombreuses et vénérables, plus la foule des pèlerins s’accroît, plus les dons affluent et plus les fondations d’anniversaires se multiplient. Communauté spirituelle mais aussi communautés de biens, l’abbaye de Marchiennes illustre de façon classique, voire banale, deux réalités largement diffusées et profondément imbriquées. En définitive, où se trouve la spécificité de l’abbaye de Marchiennes ? Comme ailleurs, les moines marchiennois ont recherché une vie monastique idéale, ont contribué à structurer la société autour du culte des défunts et se sont heurtés au monde. Hormis Fulcard (1103-1115), objet d’un véritable opprobre dans les sources narratives, aucun abbé n’a été scandaleux. Certes, par deux fois, au cours des années 1141-1144 et des années 1199-1204, l’abbaye connaît des successions abbatiales rapides, avec démissions d’abbés et élections difficiles. Mais les abbés concernés ne sont pas des hommes indignes et les troubles reflètent des interventions extérieures, manifestes ou insidieuses, mal vécues par ces abbés et leurs moines. La spécificité de l’abbaye me paraît être d’avoir su exister et subsister dans un espace restreint et ingrat où les pôles de sacralité sont nombreux et les possibilités d’expansion foncière limitées. Ne pouvant accroître les biens de l’abbaye, les moines de Marchiennes ont veillé, avec beaucoup de détermination, à garder et à valoriser les terres qu’ils détenaient. Les possessions foncières, les revenus divers, la détention des paroisses et des dîmes sont autant de contacts avec les réalités terrestres. Les conflits furent donc inévitables, les arbitrages également. Cependant, le recours aux grands de ce monde par ces moines, retirés du monde mais pas coupés de celui-ci, fut un savant jeu de bascule, et par conséquent de calculs, entre le pouvoir des comtes de Flandre et de Hainaut, les évêques des diocèses concernés et les papes, sans oublier les potentats locaux. Marchiennes a dû en particulier canaliser la violence de ses protecteurs, en particulier les sires de Landas, avoués envahissants de l’abbaye. Ces frottements au monde ont eu pour effet de développer, dans un mouvement général connu, l’usage de l’écrit comme en témoignent l’augmentation du nombre des chartes et la confection des cartulaires. Les uns et les autres nécessitent la mise en ordre et la mise au point de classements efficaces comme le montre la bonne conservation du fonds de Marchiennes pour lequel il faut souligner l’existence de forgeries, notamment une lettre pontificale, pour justifier ses droits, pour mettre un terme aux contestations provenant d’héritiers de donateurs ou pour lutter contre diverses spoliations. L’écrit, mis au service de la gestion, l’est aussi au service de la mémoire communautaire avec la composition d’œuvres spécifiques dans le scriptorium où s’élaborent pour la postérité des récits destinés à fixer et valoriser certaines heures ou certains religieux. L’écrit sert alors à exprimer un idéal monastique qui sera inculqué aux novices et rappelé

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aux profès. Le dynamisme de ce scriptorium s’inscrit dans le cadre d’une production écrite originale et abondante entre les années 1120 et 1180, particulièrement dense entre 1150 et 1180, mais qui se réduit à la fin du siècle. Des auteurs sont connus comme Galbert et André de Marchiennes, mais d’autres sont anonymes. Tous contribuent à forger une conscience marchiennoise tandis que les deux grandes abbayes proches, Anchin ou Saint-Amand, font de même. Ces ouvrages composés ne sont pas neutres, car ils visent à justifier des prétentions, des revendications et à asseoir l’image que chaque communauté veut donner d’elle-même. Le cœur du xiie siècle apparaît donc comme le moment où, sur environ cinq décennies, chacune des communautés, par le discours monastique issu des scriptoria respectifs, veut être considérée comme la communauté modèle. Mais cet idéal à Marchiennes, à la différence des abbayes voisines, est tourné sur lui-même. Aucun moine de Marchiennes, jusqu’à la fin du xiie siècle, n’est devenu abbé ailleurs. Dans la nébuleuse monastique de la vallée de la Scarpe, l’abbaye de Marchiennes n’a jamais été sollicitée pour venir en aide à un monastère défaillant. Isolement, choix délibéré ? Volonté de se démarquer de l’omniprésente, envahissante voire impérialiste abbaye d’Anchin ? Bref, Marchiennes a-t-elle voulu présenter un contre-modèle face aux pratiques d’Anchin ? Face à la présence active d’une jeune abbaye fondée en 1079, Marchiennes, forte de son antiquitas, a usé d’une influence mesurée qui s’exprimait non pas tant dans un espace géographique limité que dans un espace social qui déborde largement du cadre d’implantation. En effet, si les rivalités, les émulations et la concurrence entre les abbayes de la vallée de la Scarpe constituent le ressort du dynamisme monastique auquel l’abbaye de Marchiennes participe pleinement, celle-ci, à partir d’un pôle, le locus, c’est-à-dire l’abbaye et ses reliques qui constituent le contact concret entre les mondes visible et invisible, organise par le biais de dépendances plus ou moins éloignées les relais d’une domination réelle sur la terre et les hommes. Articulé avec le locus, l’ensemble constitue, en définitive, l’espace ponctuel et discontinu d’influence et de rayonnement de l’abbaye de Marchiennes qui couvre la Flandre, le Hainaut et la Picardie.



Les monastères bénédictins du diocèse d’Arras aux xiie-xiiie siècles

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Deuxième partie

Les chartes de l’abbaye de Marchiennes

Présentation du chartrier de l’abbaye de Marchiennes

Classement chronologique Le présent corpus, avec ses 124 numéros, embrasse une vaste période, du milieu du viie siècle à 1202. Le cadre chronologique retenu nécessite d’être explicité. Il est évident de retenir comme point de départ la date de fondation vers 640, même s’il n’existe aucun document avant la période carolingienne hormis la mention tardive d’un hypothétique testament de Rictrude morte en 688 et, à la fin du viiie siècle, une notice qui rapporte un échange concernant Marchiennes effectué entre les évêques de Cambrai et de Tournai. Dans la mesure où ce présent travail concerne les chartes établies jusqu’à la fin du xiie siècle, le terme retenu aurait pu être la démission de l’abbé Simon en 1201. Mais un acte sans date qui peut être placé entre 1195 et avril 1202 (départ du comte de Flandre pour la quatrième croisade), document ultime qui inclut l’abbatiat de l’abbé Milon, transféré à l’abbaye Saint-Martin de Tournai cette année-là, a repoussé le terme jusqu’à cette date. Une édition des chartes du xiiie siècle serait un travail d’une autre ampleur qui ajouterait quelque 350 numéros. La moisson de chartes rassemblées ici illustre tous les cas de figure de conservation des documents avec 89 originaux ou pseudo-originaux (c’est-à-dire les documents faux ou falsifiés à la période médiévale)1, 24 copies dans des cartulaires ou des manuscrits2, deux éditions anciennes3, cinq mentions et un acte perdu4 et trois faux du xviie siècle5. Au total, 72% des chartes éditées ici sont conservés en originaux ou considérés comme tels. À cette répartition globale que le graphique ci-dessus permet de percevoir, il convient d’apporter des précisions affinées, raison d’être des tableaux qui suivent : la répartition chronologique, le lien entre cette répartition et les formes de tradition des chartes, la répartition des chartes selon les abbatiats. Autant de critères qui permettent une approche nuancée et plus précise de la documentation marchiennoise.



1 Liste des originaux : 4, 5, 8, 9, 11, 13, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 27, 31, 32, 34, 35, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 46, 50, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 79, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 90, 91, 93, 94, 95, 96, 97, 99, 100, 101, 102, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 111, 112, 113, 115, 117, 119, 120, 122, 123, 124. 2 Copies : 12, 14, 15, 16, 25, 26, 28, 29, 30, 33, 36, 47, 48, 49, 69, 78, 80, 92, 98, 103, 110, 116, 118, 121. 3 Éditions anciennes : 44, 45. 4 Mentions : 1, 2, 7, 51, 60, 114. 5 Faux de l’époque moderne : 3, 10, 19.

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D e u xi è m e pa rt i e 10. Répartition des chartes selon la tradition

11. Répartition chronologique des chartes

Pour les deux tableaux qui suivent, les tranches chronologiques choisies ne sont pas égales : périodes de demi-siècle jusque 1050, puis décennies jusque 1200. Ce choix a inévitablement un impact sur la présentation visuelle des résultats mais résulte du très faible nombre d’actes antérieurs à 1050.

P r ése ntat i o n d u chart ri e r 12. Tableau de la tradition par tranches chronologiques

Période

Nombre d’actes

Originaux ou pseudooriginaux

Copies

650-800 801-850 851-900 901-950 951-1000 1001-1050 1051-1060 1061-1070 1071-1080 1081-1090 1091-1100 1101-1110 1111-1120 1121-1130 1131-1140 1141-1150 1151-1160 1161-1170 1171-1180 1181-1190 1191-1202 Total

2 1 1 0 3 3 0 0 0 1 1 3 1 20 6 9 18 18 16 13 8 124

    1   2 2       1   1   12 6 3 16 16 13 10 6 89

                    1 2 1 7   3 1 2 3 2 2 24

Édition Mentions ancienne                               2           2

2       1                     1 1     1   6

Faux du xviie   1       1               1               3

Le graphique 11 et le tableau 12 montrent un Haut Moyen Âge très faiblement représenté avec, jusqu’en 1100, un nombre de documents particulièrement faible : une douzaine. Le xiie siècle offre un ensemble plus important mais l’observation par décennie révèle des inégalités patentes qui méritent explication. Des sept documents antérieurs à 1001, trois ne sont que des mentions (nos 1, 2, 7). Le diplôme de Charlemagne de 813 (no 3) est un faux fabriqué au xviie ou au xviiie siècle. Celui de Charles le Chauve de 877 (no 4), qui n’est probablement pas un faux, présente cependant toute une série d’éléments suspects. Seuls deux actes sont sûrs : un diplôme du roi Lothaire de 975 (no 5) et un acte de l’abbesse Judith, unique abbesse connue de Marchiennes, que l’on peut dater de la fin du xe siècle (no 6). C’est dire si les périodes carolingienne et postcarolingienne sont particulièrement mal documentées. Les décennies des deux siècles suivants sont certes mieux fournies, mais de façon inégale. Le graphique 13 permet de mieux saisir la répartition dans le temps en retenant le cadre chronologique des abbatiats à compter de la restauration de 1024. En effet, le critère de la tranche décennale doit être affiné en prenant en compte les abbatiats car le comptage par décennie manifeste une sécheresse statistique qui ne rend pas

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D e u xi è m e pa rt i e 13. Répartition des chartes selon les abbatiats

compte de l’action efficace de tel abbé ou de l’atonie d’un autre6. Cette approche qui fournit un éclairage complémentaire sur la pratique de l’écrit à Marchiennes permet de mettre en relation le nombre d’actes avec la durée de l’abbatiat. À compter de la restauration de 1024, avec 116 actes recensés sur une durée de 175 ans occupés par vingt abbatiats, le nombre moyen théorique d’actes par abbé s’élève à près de six actes, soit une rédaction d’acte tous les ans et demi. Mais la disparité entre les deux siècles est patente. Le xie siècle livre cinq chartes pour six abbatiats. Datées de 1038 et 1046 (nos 8 et 9), les deux premières, émanant du comte Baudouin V, sont des chartes dont la fausseté a été récemment démontrées7. Bien que fabriquées au plus tard en 1125, on peut les comptabiliser pour la date donnée car rien ne permet d’exclure qu’elles ont remplacé deux vraies chartes. En revanche, la troisième est une forgerie du xviie siècle (no 10). Une lacune documentaire caractérise l’essentiel de la seconde moitié du xie siècle où on ne compte qu’une banale et modeste confirmation de donation du comte de Hainaut en 1089 (no 11). Le dernier document du siècle, connu par de nombreuses copies, est une bulle d’Urbain II (no 12) qui, à l’occasion de la création du diocèse d’Arras en 1094, énumère les abbayes, dont celle de Marchiennes, relevant de la nouvelle circonscription épiscopale. La documentation prend de la consistance à partir du xiie siècle, ce qui est banal, avec 112 chartes, soit 90,3% du corpus. Cependant, les deux premières décennies sont



6 Détail des chiffres selon les abbatiats : Léduin (1024-1033) : 0 - Albéric (1033-1048) : 3 - Poppon (1048) : 0 - Gui (1048-1068) : 0 - Alard Ier (1068-1091) : 1 - Richard (1092-1102) : 1 - Alard II (1102-1103) : 1 - Fulcard (1103-1115) : 2 - Amand (1116-1136) : 24 - Lietbert (1136-1141) : 4 - Hugues Ier (1141) : 1 - Odon Ier (1142-1144) : 3 - Ingerran (1144-1148) : 5 - Hugues II (1148-1158) : 13 - Jean Ier (1158-1179) : 35 - Henri (1179-1183) : 8 - Jean II (1183-1192) : 12 - Étienne (1192-1199) : 1 - Simon (1199-1201) : 1 - Milon (1201-1202) : 3. 7 Travaux de J.-F. Nieus et S. Vanderputten. Voir les notes critiques de ces deux chartes.

P r ése ntat i o n d u chart ri e r

encore chichement représentées (quatre numéros) pour deux raisons. L’abbaye est en proie à des difficultés dues à l’incurie de l’abbé Fulcard (1103-1115), période où à la dissipation des biens s’ajoute la quasi-disparition de la communauté monastique. Il est significatif que les chartes épiscopales conservées se placent avant (1103, no 13) et après l’abbatiat de Fulcard (1120, no 16). Les deux documents relatifs à l’abbé Fulcard révèlent une opposition à l’autorité diocésaine (nos 14 et 15). D’autre part, on aurait pu s’attendre à recenser des actes épiscopaux à l’occasion de la reprise en main conduite par l’abbé Amand à partir de 1116. Or rien n’émane de l’autorité épiscopale avant 1121. Certes, on peut y voir les délais nécessaires pour conduire les récupérations de biens avant de solliciter une confirmation par l’ordinaire. Toutefois, cette absence arrageoise est à relier à la volonté des évêques de Cambrai jusqu’en 1123 de remettre en cause la création du diocèse d’Arras pour revenir à la situation antérieure et donc récupérer les deux archidiaconés perdus, celui d’Arras et celui d’Ostrevent où se situe l’abbaye. Faut-il penser que l’évêque d’Arras Robert opte alors pour une gestion discrète et se garde de promulguer des chartes en faveur des abbayes implantées en Ostrevent ? Ne serait-ce pas plutôt que Marchiennes, comme Anchin, se tourne vers Cambrai ? En effet, au sein des deux abbayes, une partie des moines s’oppose à la nouvelle géographie diocésaine qui, au-delà de la réorganisation administrative ecclésiastique, fait du jeune diocèse et de son premier évêque Lambert l’avant-poste et le fer de lance septentrional de la réforme grégorienne. L’opposition monastique à ces nouveautés territoriales et aux conceptions ecclésiales et ecclésiastiques qui les sous-tendent se traduit par les crises abbatiales qui affectent les deux abbayes : Marchiennes sous l’abbé Fulcard (1103-1115), Anchin avec les démissions des abbés Gelduin en 1109 et Robert et 1111. Les abbés suivants de ces deux monastères ont eu pour mission de faire accepter ce découpage des diocèses et il leur a fallu du temps. La première charte épiscopale arrageoise pour Marchiennes est de 1121. À Anchin, c’est en 1122, alors que pour cette abbaye on compte cinq chartes épiscopales cambrésiennes entre 1115 et 1120 ; à Hasnon, rien avant 11248. L’acceptation du nouveau diocèse par Cambrai permet enfin à l’évêque d’Arras de garantir par son sceau les biens et droits des communautés de la vallée de la Scarpe (nos 17, 18, 20, 21) et de manifester ainsi son autorité reconnue d’ordinaire. C’est à compter de cette acceptation tardive par Cambrai, au début des années 1120, de la géographie religieuse décidée par la papauté en 1093 que l’accroissement net mais non régulier des chartes intervient. Sous la direction de l’abbé Amand (11161136) se multiplient les récupérations de biens, les donations et les confirmations. La décennie 1121-1130 est particulièrement fournie avec vingt chartes, soit deux chartes par an en moyenne mais les deux périodes suivantes présentent un chute importante avec, toujours en moyenne, un document tous les deux ans. Si à la remise en ordre opérée correspond le nombre élevé des chartes entre 1121 et 1130, la rétraction qui suit s’explique par une pause dans les récupérations et donations due aux troubles

8 J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, op. cit., nos 37, 38, 39, 40, 42 : pour Hasnon, B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, op. cit., no 40.

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internes liés à des successions abbatiales difficiles : démission de l’abbé Lietbert dans le courant de 1141, conflit entre les moines et l’évêque d’Arras pour le choix du successeur, démission rapide de l’abbé Hugues (abbé pendant une douzaine de jours en octobre 1141), démission de l’abbé Odon (1144), élection de son successeur Enguerran transféré cinq ans plus tard à Saint-Médard de Soissons (1148). Ainsi, après la stabilité des vingt années de l’abbatiat d’Amand (1116-1136), l’abbaye connut quatre abbés en douze ans (1136-1148) : trois démissionnaires et un transféré. Avec la stabilité retrouvée où l’on compte seulement quatre abbés entre 1148 et 1193, si le nombre de chartes pendant plus de quatre décennies redevient élevé, il est régulièrement décroissant. Le reflux visible qui s’amorce dès les années 1180 s’accentue dans la dernière décennie du xiie siècle. Il est difficile de proposer une explication déterminante pour ce constat. Sans doute cette chute est-elle due à la conjugaison de différents facteurs dont notamment l’instabilité interne dont le corrélat est une gestion moins dynamique marquée par une diminution des transactions. Force est de constater que, comme dans les années 1140, l’abbaye est perturbée dans sa direction. L’abbé Henri (1179-1183) est transféré à Saint-Vaast ; l’abbé Étienne (1193-1199) démissionne et les trois abbés suivants ne font que passer sur le siège abbatial jusque 1204 (une démission, deux transferts). Voilà pourquoi les deux plus longs abbatiats, celui d’Amand (1116-1136) et de Jean Ier (1158-1179) totalisent respectivement vingt-quatre et trente-cinq chartes, soit 53% des chartes du xiie siècle. Mais, à durée égale d’abbatiat, le nombre plus élevé du second s’explique par l’essor général de la production de chartes. En définitive et sans surprise, une corrélation nette s’établit entre stabilité abbatiale, gestion vigilante et production de l’écrit. Si l’on ne considère que le xiie siècle dans son ensemble, la moyenne dépasse tout juste l’acte annuel. Si l’on compare avec l’abbaye voisine d’Anchin, la différence est sans appel. Face aux 112 actes de Marchiennes, le chartrier d’Anchin présente quelque trois cents documents, soit en moyenne trois actes par an. Autre différence, alors que le corpus marchiennois montre un fléchissement régulier à partir des années 1180, celui d’Anchin se maintient à un niveau élevé. Pour la même période, on compte pour l’abbaye d’Hasnon (dont les archives sont moins bien conservées) cinquante-quatre chartes, donc en moyenne une charte tous les deux ans ; quant à Saint-Amand, les 130 chartes offrent une moyenne annuelle atteignant à peine un acte et demi9. De cette arithmétique sur les actes de la pratique se dégagent deux enseignements sur l’importance d’une communauté. D’abord, le flux des actes est le révélateur du nombre de donations, de confirmations, de litiges réglés, donc des évolutions de l’assise temporelle de la communauté. Par conséquent aussi, un nombre réduit d’actes reflète des accroissements limités de biens et de droits, donc un temporel qui connaît peu de modifications. Ce relatif immobilisme foncier en dit long sur les limites de l’influence et du rayonnement de l’abbaye de Marchiennes. À l’évidence, cette abbaye souffre d’une implantation trop exclusivement centrée sur la Scarpe, vallée largement colonisée par d’autres communautés religieuses anciennes (Saint-Amand, Hasnon) ou récentes (Anchin depuis 1079, les chanoines de Vicoigne depuis 1129). Tout était

9 Pour Hasnon et Saint-Amand, ces chiffres sont ceux d’un comptage personnel.

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pris dans cet horizon géographique limité et Marchiennes n’a pas su ou pu susciter de nouvelles donations foncières ailleurs, comme l’abbaye d’Anchin qui, à partir de son île d’implantation à cinq kilomètres en amont, a su se constituer un temporel en Artois, en Picardie et en Avesnois. Notons que les seules possessions importantes marchiennoises véritablement éloignées et situées dans la région de Reninge furent source de nombreux litiges liés à la mise en valeur de terres nouvelles. Pour faire face à ces conflits chroniques qui à eux seuls représentent 18 actes (16,5% des chartes du xiie siècle)10, l’abbaye avait même envisagé d’assurer une présence permanente. Mais ce projet n’aboutit pas. Le nombre de chartes est aussi un indicateur sur les moyens dont dispose une communauté pour payer la rédaction d’un acte, même si nous n’avons aucune information sur le coût de chaque opération. Si obtenir une charte d’une autorité proche, évêque ou comte, ne devait pas impliquer des dépenses importantes, en revanche il n’en était pas de même pour les actes pontificaux. Faire le voyage en cour de Rome pour solliciter une confirmation des biens et droits est une indiscutable charge financière. Outre les frais du déplacement d’au moins deux moines, même si l’hospitalité monastique permet de limiter les dépenses, il faut assumer les démarches à la durée indéterminée auprès des bureaux de la curie, avoir des appuis sur place ou les susciter. Si une bulle obtenue a un coût objectif, elle occasionne aussi des dépenses périphériques. Une démarche auprès du pape doit donc présenter une réelle nécessité. À cet égard, deux chiffres sont révélateurs. Alors que l’abbaye d’Anchin a obtenu au cours du xiie siècle vingt-quatre lettres pontificales, une douzaine fut adressée à Marchiennes11. Les abbayes voisines en reçurent encore moins (six pour Saint-Amand ; cinq pour Hasnon)12. Tout ceci n’empêche pas le recours à des moyens moins onéreux fondés sur la distinction des deux étapes de la procédure : la demande d’un acte, en exploitant une circonstance de proximité géographique, et sa rédaction dans la chancellerie dont le coût était fixe. La demande pouvait se faire en profitant de la présence du pape à l’occasion d’un voyage ou de celle d’un légat pontifical. L’un ou l’autre recevait les délégués des églises et monastères des régions traversées. Le coût s’en trouvait sensiblement réduit. On peut penser que cette possibilité a été utilisée par l’abbaye de Marchiennes. La vraie lettre pontificale de novembre 1123 résulte vraisemblablement sinon d’une demande faite lors de la présence de Calixte II au concile de Reims (octobre 1119)13, où plus de deux cents abbés furent présents, du moins d’une petitio à l’occasion du concile de Beauvais (octobre 1120) ou de Soissons (mars/avril 1121) présidé par le légat Conon de Prénestre ou lors d’une

10 Voir les nos 25, 27, 28, 29, 30, 36, 38, 39, 41, 42, 43, 47, 55, 70, 71, 78, 117, 123. 11 Urbain II : no 12 ; Calixte II : nos 22, 24, 25 ; Innocent II : nos 44, 45, 46 ; Eugène III : no 50 ; Alexandre III : nos 80, 91 ; Lucius III, no 111 ; Célestin III : no 120. 12 Anchin ( J.-P. Gerzaguet, Les chartes d’Anchin, op. cit., nos 9, 23, 33, 48, 49, 53, 56, 61, 90, 151, 162, 166, 167 , 171, 172, 181, 188, 189, 211, 229, 241, 251, 255, 281) ; pour Saint-Amand (H. Platelle, Le temporel de SaintAmand, op. cit., p. 162-164) ; pour Hasnon ( J. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden (Belgien, Luxemburg, Holland und Französisch-Flandern) (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-historische Klasse, 3. Folge, 9), Berlin, 1934, nos 61, 178, 181, 264, 265). 13 O. Pontal, Les conciles de la France capétienne, op. cit., p. 275-278.

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autre assemblée non repérée14. L’abbé Amand, tout à sa politique de reconstitution du temporel marchiennois, a dû saisir une de ces opportunités. Pour les lettres ou privilèges de 1141, 1146, 1172, 1184 et 1193, on ne peut de façon convaincante opérer le lien entre une demande lors d’un concile connu et l’obtention du document pontifical. En revanche, le concile de Compiègne (novembre 1193) en présence de deux légats est peut-être à l’origine de la confirmation de biens de Célestin III (1195)15.

Classement par type de document Si les originaux ou considérés comme tels (89 chartes) représentent quasiment 72% du corpus, le reste du chartrier ne présente pas la même homogénéité de provenance. Une place particulière doit être faite aux documents suspects qui sont au nombre de sept et que l’on peut répartir en deux catégories : ceux de la période médiévale et ceux des temps modernes. Les éléments et arguments de suspicion, de falsification ou de forgerie sont exposés dans une note critique avant l’édition de l’acte concerné. Pour la période médiévale sont concernés le diplôme de Charles le Chauve de 877 (no 4), les chartes comtales de 1038 (no 8) et de 1046 (no 9), les deux bulles du pape Calixte II de 1123, l’une fausse sans aucun doute possible et l’autre falsifiée (nos 22 et 24). Au total, si l’on prend le critère le plus général qui soit, celui d’une mise en cause d’authenticité, l’abbaye de Marchiennes avec les cinq documents cités n’apparaît pas numériquement comme un centre de faussaires à l’image de Saint-Pierre de Gand où l’on compte quatre-vingt-deux documents falsifiés, interpolés ou fabriqués entre le xe et 120016. De plus, il n’y a pas véritablement de campagne intensive de fabrications de faux. Le diplôme de Charles le Chauve a sans doute été interpolé dans le second quart du xie siècle tandis que les chartes de 1038 et 1046 le furent vers 1125, peut-être à partir de chartes vraies. La vraie bulle de novembre 1123 s’est vu ajouter des signatures de cardinaux vers 1140 et la bulle datée de février 1123, mais fabriquée en 1167, constitue le dernier cas patent de forgerie. Pour les temps modernes furent fabriqués au xviie siècle un faux diplôme de Charlemagne daté de 813 (no 3), un acte comtal de 1047 (no 10), une charte d’un seigneur local de 1122 (no 19), tous vraisemblablement dus au faussaire Jean-Baptiste Carpentier (1606-1670). Si ces fabrications de faux de la période moderne ne présentent pas un grand intérêt, il est toutefois utile de présenter ce prolixe faussaire afin d’éclairer ses pratiques. Jean-Baptiste Carpentier (vers 1606-vers 1670) a fait l’objet de différentes notices biographiques plus ou moins précises, se recopiant l’une l’autre. Au xviiie siècle, on

14 Ibidem, p. 294-295, 320. 15 Ibidem, p. 364-365. 16 G. Declercq, « Centres de faussaires et falsification de chartes en Flandre au Moyen Âge », in Falsos y falsificaciones de documentos diplomaticos en la edad media, éd. A. Canellas López, Zaragoza, 1991, p. 65-74, ici p. 66.

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peut citer celles déjà critiques de J. Lelong (1665-1721)17 et de J.-F. Foppens (16891761)18. Une courte notice biographique négative sur ce personnage est due à Émile Dibos en 181819. En 1833, A. Le Glay (1785-1863), médecin, archiviste et bibliothécaire de Cambrai puis premier archiviste du département du Nord (1835)20, rédige une biographie plus nuancée21 qui s’appuie sur ses propres recherches, sur une lettre inédite de novembre 1652 qu’il publie, écrite par Carpentier à ses confrères chanoines et sur des informations trouvées chez des érudits du xviiie siècle : Lelong22, Mutte, doyen du chapitre cathédral de Cambrai23, Maloteau de Villerode24 ou Foppens25. Tous ces auteurs, hormis Le Glay moins abrupt mais réticent, considèrent Carpentier comme un faussaire tout comme Félix Brassart, érudit et archiviste de Douai26. Carpentier, né à Abscon (Nord, Valenciennes, Denain) vers 1606, devint chanoine régulier de l’abbaye Saint-Aubert de Cambrai grâce à son oncle. En 1649, il fut chargé par les chanoines de défendre les intérêts de l’abbaye devant le conseil supérieur de Malines dans un procès qui l’opposait au chapitre cathédral. Après quoi, il visite Anvers, Amsterdam puis, voulant retourner à Anvers, il se trompe de bateau et embarque pour la Norvège. Son bateau est pris par des pirates et il est vendu comme esclave. Un marchand suédois paie sa rançon. De retour à Cambrai en 1652, il connaît des difficultés avec sa communauté religieuse qu’il quitte en 1655, abandonne la prêtrise et part en Hollande avec sa concubine. Il obtient des États généraux, on ne sait par quels moyens, le titre d’historiographe à l’Académie de Leyden avec une pension modeste. Il est mort en Hollande vers 1670. Parmi les ouvrages de Carpentier, deux retiennent ici notre attention. L’un expose l’origine des Sohier, issus de la famille des comtes de Vermandois27 ; l’autre reconstitue 17 J. Lelong, Bibliothèque historique de la France, Paris, 1719, t. 1, p. 575-576, no 8539 ; t. 3, p. 610, no 39041 et p. 721, no 40640 (l’auteur de la notice no 8539 est le doyen de Cambrai H.-D. Mutte, cf. infra note 23). 18 J.-F. Foppens, Bibliotheca belgica, sive virorum in Belgio vita scriptisque illustrium catalogus, Bruxelles, 1739. t. 23, p. 606-607. 19 É. Dibos, « Notice sur les hommes remarquables que Cambrai a produits », Mémoires de la Société d’émulation de Cambrai, 4 (1818), p. 186-187. 20 Sur cet historien, voir G. Dailliez, « M. André Le Glay », Mémoire de la société d’émulation de Cambrai, 69 (1931), p. 171-195. 21 A. Le Glay, « Notice sur J.-B. Carpentier, historiographe du Cambrésis, suivie d’une lettre inédite de cet écrivain et de l’examen critique de l’un des diplômes qu’il a publiés », Revue du Nord, 1 (1833), p. 291-304 (Il existe un tiré-à-part, Valenciennes, 1833, 16 pages) et « De Jean Carpentier et de sa fuite en Hollande », Mémoires de la Société des sciences de Lille, 4 (2e série) (1857), p. 220-223. Le Glay montre que l’article « Le » qui parfois précède le patronyme de ce généalogiste n’a pas lieu d’être. 22 J. Lelong, op. cit., cf. supra note 17. 23 Henri-Denis Mutte, chanoine de Saint-Géry, chanoine de Cambrai (1737), grand-chantre (1740), doyen du chapitre cathédral (1752). Homme d’une immense culture, sa bibliothèque se composait de plus de deux cents manuscrits (cf. R. Roland, Les manuscrits de l’abbé Mutte, érudit et généalogiste cambrésien, 1706-1774. Analyse du manuscrit français 32427 de la Bibliothèque nationale de France, Boulogne-Billancourt, 1997). 24 Voir la note de cet érudit éditée par Le Glay, p. 296, note 2 (cf. supra note 19). 25 Cf. supra note 18. 26 F. Brassart, Histoire du château et de la châtellenie de Douai, Douai, 1877, 3 (Preuves), p. 40, no 25 : Notes sur les chartes fausses contenues dans les Preuves de l’Histoire de Cambray par Carpentier… 27 J.-B. Carpentier, La véritable origine de la très-illustre maison de Sohier, avec une table généalogique de sa ligne : principale et directe, embellie d’un court récit des branches qui en sont sorties…, Leyde, 1661.

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les généalogies de la noblesse cambrésienne28. Le débat lié à ces deux ouvrages porte sur l’authenticité des documents édités et par conséquent sur le crédit de cet auteur. Carpentier, dans l’avertissement au lecteur du second ouvrage, affirme29 : « …Je n’y ai mis que les chartes rares, nouvelles, tantôt presque entières et tantôt fort raccourcies et nécessaires à mes desseins, avec une désignation à la marge des lieux où je les y ai tirées ou des personnes qui me les ont communiquées afin que ceux qui ne voudront pas se fier au rapport que j’en fais, les puissent plus facilement trouver… Les pièces que je puis soutenir estre hors de doute et infaillibles dans cet (sic) œuvre, sont les chartes que j’asseure avoir moy-mesme trouvées, leues, copiées et prises hors des archives que j’ay alleguées… ». Mais au fil des publications d’ouvrages d’histoire dans le siècle qui suit, les réserves et doutes apparaissent çà et là. J. Lelong a des phrases sévères sur l’auteur de l’Histoire généalogique des Païs-Bas : « Grand nombre de ces pièces sont fabriquées à loisir ou altérées et interpolées… Une chose caractérise l’effronterie de Carpentier : il produit de faux titres et néanmoins il ose mettre des indications à la marge pour désigner le lieu du dépôt et les archives où se trouve l’original »30, et « ce livre est plein de fables et fausses citations et on l’a accusé d’avoir produit de faux titres »31. L’abbé Dupont, chanoine de Saint-Aubert, affirme que l’on ne peut pas lui faire crédit32 ; l’érudit abbé Henri Mutte, doyen de l’Église de Cambrai (1706-1774), le présente comme un faussaire33. Louis-Paul Coliette rend certes grâce à son travail mais émet des réserves34. Émile Dibos, membre de différentes sociétés savantes, écrit en 1818 : « On ne peut généralement ajouter foi à tout ce que rapporte cet historiographe dont la moralité est au moins suspecte. On sait qu’il gagnait sa vie à composer des généalogies et on l’accuse d’en avoir inséré plusieurs dans son livre à prix d’argent. Il cite souvent faux et renvoie à des archives cartulaires qui n’existent pas »35. C’est A. Le Glay qui prend sa défense en 1833, même s’il l’avait quelque peu éreinté précédemment36. S’il reconnaît que certaines pièces sont fausses, il estime que l’on a exagéré la part des documents fabriqués ou manipulés. On peut rétorquer que c’est bien là l’habileté d’un faussaire de placer des faux documents parmi de nombreux autres authentiques37. Quoi qu’il en soit, la présence de pièces

28 J.-B. Carpentier, Histoire généalogique des Païs-Bas, ou Histoire de Cambray et du Cambresis… enrichie des généalogies, éloges et armes des comtes, ducs, évesques et archevesques…, Leyde, 1664. 29 Histoire généalogique des Païs-Bas, t. 2, preuves, p. 3. 30 J. Lelong, op. cit., cf. supra note 17, p. 171. 31 Ibidem, t. 3, p. 721, no 40640. 32 J.-J. Dupont, Histoire ecclésiastique et civile de Cambrai, Cambrai, 1759, t. 2, p. 83, 101. Soulignons que cet auteur ne trouve pas grâce aux yeux du père J. Lelong. 33 Sur le doyen Mutte, cf. supra note 23, p. 171. 34 L.-P. Coliette, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, civile et militaire de la province du Vermandois, 3 volumes, Paris, 1772, t. 1, p. 672 : « Nous ne le suivrons pas dans toute sa marche ». 35 Cf. supra note 19, p. 171. 36 A. Le Glay, Recherches sur l’église métropolitaine de Cambrai, Paris, 1825 : « Jean Carpentier, toujours hyperbolique » (p. 9) ; « s’il faut en croire l’historien Carpentier » (p. 15) ; « le fabuleux Carpentier » (p. 42). 37 Par exemple, Carpentier édite une charte comtale destinée à Marchiennes parfaitement authentique (cf. no 82).

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fausses dans les deux ouvrages historiques de Carpentier est patente. Peut-être a-t-il été abusé par ceux qui lui fournissaient la matière de son travail ? Toujours est-il que dans l’ouvrage sur les comtes de Vermandois les sept chartes utilisées pour démontrer que, aux xie et xiie siècles, le lignage des Sohier descend d’Eudes de Vermandois sont toutes fausses38. Dans l’Histoire généalogique des Païs-Bas qui reprend les chartes fausses de l’ouvrage précédent, on trouve en particulier, outre la charte fausse dite du Tournoi d’Anchin39, les trois chartes concernant Marchiennes indiquées plus haut qui n’ont aucune tradition antérieure au travail de Carpentier. En particulier, ces trois chartes ne figurent dans aucun des inventaires anciens de l’abbaye de Marchiennes : un rouleau du xive siècle (10 H 44/718) contenant des mentions ou analyses d’actes, l’inventaire de 1494 (10 H 320), celui de 1533 (10 H 321), ni d’ailleurs dans tous les inventaires postérieurs, en particulier le manuscrit 1109 de la bibliothèque municipale de Douai, répertoire méthodique des archives de l’abbaye, intitulé Répertoire des droicts, privilèges, cartulaires, chartes. Au final, éditeur prolixe de documents, mais aussi falsificateur et faussaire, tels sont les caractéristiques de Jean-Baptiste Carpentier. On peut constater qu’à Marchiennes la stratégie de confection de faux destinés à se renforcer les uns les autres est circonscrite dans le temps (vers 1125 et en 1167) et s’inscrit dans un contexte précis que l’on s’est efforcé d’éclairer dans les notes critiques de l’édition. Les deux moments d’élaboration des chartes incriminées, si ceux-ci ont été correctement établis, présentent tous un point commun lié à leur teneur. Il s’agit de contrer l’appétit des membres de l’aristocratie locale, de prémunir l’abbaye contre les agissements et les méfaits des avoués ou plus exactement des sous-avoués, les seigneurs de Landas. Si l’on retrouve au fil des préambules et des dispositions la rhétorique monastique, que l’on considère aujourd’hui comme un discours modélisé avec des plaintes exagérées, il n’en est pas moins vrai que les violences et les abus étaient réels, perçus comme un fléau et que les abbés de Marchiennes ont usé du poids nouveau pris par l’écrit pour limiter au maximum toute ingérence laïque. Des vingt-quatre chartes connues uniquement par copies, dix-huit proviennent de différents cartulaires. Le cartulaire primitif de l’abbaye composé autour de 1170 38 Liste des sept documents : 1/ testament d’Herbert IV, comte de Vermandois de 1059 (La véritable origine… Sohier, p. 261-262 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr, p. 7-8) ; 2/ acte de réparation d’Hugues d’Oisy, châtelain de Cambrai de 1065 (La véritable origine… Sohier, p. 51-53 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr. p. 9) ; 3/ fondation du chapitre Sainte-Croix de Cambrai par Ellebaud le Rouge de 1071 (La véritable origine… Sohier, p. 62-63 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr, p. 10-11) ; 4/ testament de Sohier, fils d’Eudes de Vermandois de 1080 (La véritable origine… Sohier, p. 45-47 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr, p. 11-12 ; 5/ charte de Manassès, évêque de Cambrai de 1095 pour Honnecourt (La véritable origine… Sohier, p. 219-221 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr, p. 13) ; 6/ charte de l’évêque Gautier de 1097 (La véritable origine… Sohier, p. 66-67 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr, p. 16) ; 7/ testament (en langue romane) de Renaud de Haucourt de 1133 (La véritable origine… Sohier, p. 228-229 ; Histoire généalogique des Païs-Bas, pr, p. 18). 39 J.-P. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, op. cit., p. 138-143, no 15.

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fournit onze chartes et quatre autres proviennent de sa seconde partie mise en œuvre en 125740. S’ajoutent les copies figurant dans d’autres cartulaires (deux dans le cartulaire du xive siècle de Marchiennes ; une dans celui de Voormezele)41. Les copies de cartulaires représentent donc au total 19% des chartes pour lesquelles les originaux ont disparu. À cela s’ajoutent six copies de provenances diverses : quatre copies médiévales (du xie pour une bulle d’Urbain II ; une copie du xiiie et deux du xve)42 ; deux copies modernes43 et trois faux de la même période44. Enfin, la totalité de ces document est rédigée en latin, sauf un en langue romane45. Si la plupart des chartes émanent des chancelleries épiscopales ou comtales, certaines proviennent de l’abbaye elle-même. Une étude minutieuse conduite par B.-M. Tock sur les originaux a permis, à partir de deux critères, de déterminer un ensemble de dix-neuf chartes rédigées à Marchiennes46. Le premier de ces critères s’appuie sur un ensemble d’éléments formels du dictamen : formulaires identiques que l’on trouve dans des chartes déjà détenues par l’abbaye, dispositifs qui sont recopiés d’une charte à l’autre. L’autre critère est la scriptio avec la présence de particularités dans le tracé des lettres qui permettent de reconnaître sinon des scribes du moins trois types d’écriture nettement différenciés (type 1, 2, 3 dans le tableau 13). Il arrive que les deux critères puissent se combiner et conforter l’hypothèse d’un document réalisé par l’impétrant, ce qui se produit dans quatre cas. Le tableau 14 qui présente ce petit ensemble de chartes rédigées par l’abbaye permet de dégager quelques enseignements. Le premier atteste l’existence au sein de l’abbaye de moines compétents pour élaborer des chartes conformes aux pratiques et aux usages des chancelleries épiscopales ou comtales en suivant un modèle éventuellement adapté aux circonstances. Ce que l’on sait de l’actif scriptorium de l’abbaye permet de le comprendre. La seconde observation porte sur la répartition chronologique avec la particularité des deux décennies 1130/1150 qui constituent un hiatus dans la production interne de chartes. Or cette phase correspond à une chute globale du nombre des chartes de l’abbaye (une dizaine, soit moitié moins par rapport à la décennie précédente) liée, au moins pour les années 1141-1148, aux troubles internes qui déchirent l’abbaye et rythmés par la succession abbatiale rapide de trois abbés : deux démissionnaires et un transfert. La reprise de la seconde moitié du siècle manifeste la capacité et la volonté de produire de nouveau des chartes au sein de l’abbaye. La stabilité abbatiale retrouvée, avec trois abbés en trente-cinq ans, y est pour beaucoup. La troisième observation concerne 40 Sont connus par le cartulaire de Marchiennes les nos 16, 26, 29, 33, 36, 47, 48, 49, 69, 78, 80, 92, 103, 110, 116. Sur les phases de réalisation du cartulaire, voir plus bas, p. 184-189. 41 Nos 25, 28 et 30. 42 Nos 12, 98, 118, 121. 43 Nos 14, 15. 44 Nos 3, 10, 19. 45 No 121 (liste de redevances). Il existe un relevé de biens daté du début du xiiie siècle en langue romane et non retenu (Douai, ms. 840, page de garde et fol. 224 vo, édition M. Gysseling, « Les plus anciens textes français non littéraires en Belgique et dans le nord de la France », Scriptorium, 2 (1949), p. 190-210, no 4. Le texte fait référence à l’abbé Gilles (1225-1247). 46 B.-M. Tock, Une chancellerie épiscopale au xiie siècle : le cas d’Arras, Louvain-la-Neuve, 1991, p. 43-46 et 63-64.

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les chartes appartenant au type 2 qui présentent des similitudes avec l’écriture du copiste du cartulaire. Quand on compare les originaux avec leur copie, on retrouve les caractéristiques suivantes : le R à l’intérieur des mots qui descend sous la ligne d’écriture, la haste du s et du f qui se poursuit par un prolongement sur le côté, le bas de la boucle du g bien recourbé, la même forme de S qui introduit le signum des témoins. Outre ces aspects techniques, on perçoit dans les deux cas la même composition aérée, régulière et nette avec cependant pour le cartulaire un module d’écriture un peu plus épais, lié sans doute à la plume utilisée. Pour clore cet ensemble de remarques sur le type 2 d’écriture marchiennoise, il faut souligner que toutes ces caractéristiques se retrouvent dans la fausse bulle de février 1123 composée en 1167, sauf une. Le g du faux document pontifical est tout à fait original avec le bas de la boucle faisant un tour sur lui-même lui donnant ainsi un aspect de lacet. Or cette particularité se trouve dans la bulle authentique de novembre 1123. Donc le type 2 ou mieux le scribe 2 de Marchiennes, au-delà de ses particularités d’écriture, a voulu manifestement imiter la lettre pontificale authentique pour donner plus de crédit à sa forgerie. Il est de ce fait tentant, même s’il n’y a aucune preuve décisive, de penser à un scribe unique, un moine qui avait en charge la production écrite des actes de la pratique au sein de l’abbaye : mettre en forme quelques chartes de la communauté, fabriquer la fausse bulle et composer le cartulaire. Bien sûr, on ne peut exclure qu’une culture graphique commune à l’abbaye et à son scriptorium puisse expliquer ces caractéristiques et que plusieurs moines purent opérer de concert. Mais les hypothèses sur l’identification d’un unique moine seront abordées plus loin lors de la présentation du cartulaire. Quant au sceau qui constitue le moyen de validation par excellence et engage celui qui l’a apposé, la diffusion de cette pratique d’authentification s’est faite lentement et ne s’est vraiment généralisée qu’au cours du xiie siècle. De l’ensemble de notre corpus, si l’on exclut les faux, l’apposition d’un sceau est mentionnée dans 102 documents. Si l’on ne prend en compte que les documents originaux, les sceaux subsistent, dans des états de conservation variables, pour quarante-six d’entre eux ; un acte, malgré la mention de l’apposition du sceau, n’a jamais été scellé (no 117). Conformément aux pratiques connues, le diplôme de Charles le Chauve et celui de Lothaire étaient munis d’un sceau plaqué aujourd’hui disparu. Pour les actes des comtes de Flandre de 1038 et 1046 (nos 8 et 9), les chartes présentent une incise en bas du parchemin laissant penser à la présence d’un sceau pendant. Cependant, il ne semble pas que les comtes de Flandre aient usé d’un tel sceau avant Robert le frison (1071-1093)47. C’est un des éléments qui conduit à considérer ces deux chartes comme des faux. La charte de 1089 du comte de Hainaut (no 11) est scellée selon une pratique attestée chez Baudouin II (1076-1098) à partir de 108648. Les chartes épiscopales ou archiépiscopales du xiie siècle sont scellées conformément aux pratiques

47 R. Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges du xe siècle à 1482, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 1993, 1, p. 149 ; J.-F. Nieus, « ‘Cum signo auctoritatis et excellentie mee sigillo’ », art. cit., p. 43-64. 48 Ibidem, p. 356.

17 5

176

D e u xi è m e pa rt i e 14. Chartes rédigées à l’abbaye

Année

Charte similitude Auteur de la charte no d’écriture

1121 1122 1124 1129 1130/1131

17 20 26 34 37

         

1153 1157 1159 1160 1163 1162/1163

58 62 65 67 74 75

  type 1 type 1 type 1 type 2  

1162/1163 76

 

1160/1163 77 1164 79 1171 89

type 2 type 2 type 3

1176

94

type 3

1181 1183 1183

104 106 109

type 3 type 3 type 3

Objet de la charte

évêque d’Arras évêque d’Arras évêque d’Arras évêque d’Arras évêque d’Arras

restitution de terres à Lorgies restitution de terres à Lorgies donation d’une terre accord sur une dîme à Mastaing arbitrage pour des droits sur la Scarpe évêque d’Arras donation à Boiry évêque d’Arras donation à Mastaing châtelain de Tournai exemption de péage évêque d’Arras donation à Boiry évêque d’Arras donation d’un cens à Sailly évêque d’Arras restitution de l’autel de Mazingarbe évêque d’Arras restitution de l’autel de Mazingarbe évêque d’Arras restitution de la dîme de Neuville évêque d’Arras donation de l’autel de Mazingarbe chapitre cathédral restitution de la dîme de d’Arras Mazingarbe comte de Flandre arbitrage pour des droits sur la Scarpe et confirmation de biens abbé de Marchiennes accord sur un vivier évêque d’Arras restitution de la dîme d’Aniche chapitre cathédral restitution de la dîme d’Aniche d’Arras

des chancelleries respectives. La généralisation de la possession d’un sceau se traduit par la pratique du scellement attestée, mais avec le sceau souvent perdu, par des ecclésiastique de moindre rang : un archidiacre (1172), le chapitre cathédral d’Arras (1171, 1183), le doyen du chapitre cathédral de Thérouanne (1124), un doyen de chrétienté (1188). Le constat est le même pour les laïques : un sceau du comte de Saint-Pol en 1147/1153, ceux des châtelains de Cambrai (1160, 1171, 1178) et de Tournai (1159), un seigneur (1157). Il convient aussi de dire quelques mots sur les quatre sceaux marchiennois qui subsistent, aucun n’étant complet49. Deux sceaux détériorés de 1167 et 1187 présentent des

49 Nos 84 (1167), 97 (1177), 112 (1184), 113 (1187). U. Berlière, « Le sceau conventuel », p. 308-309, n’en signale que deux (1167 et 1187).

P r ése ntat i o n d u chart ri e r

similitudes qui permettent de reconstituer ce qu’était le sceau du monastère. Le premier mutilé (no 84) et le second (no 113), pour lequel à ce jour il ne reste que la coque de cire mais que G. Demay avait en son temps pu décrire et en noter l’inscription, permettent de reconstituer la légende : Sigillum sanctae Rictrudis Marcianensis ecclesiae. Un sceau à moitié brisé au bas d’une charte de 1177 (no 97) et un autre fragmentaire (no 112) pourraient être un sceau abbatial. On y voit un personnage assis et donnant sa bénédiction. La légende tronquée (Marcianensis ecclesiae) pourrait être complétée par Sigillum abbatis. Il s’agirait alors du sceau de Jean Ier. Les expressions employées dans les autres chartes pour annoncer le scellement n’offrent aucune information particulière puisque le terme est singulièrement neutre : sigillum. C’est le cas en 1182 (no 108) et en 1187 (no 113) où est mentionné le sigillum capituli. Deux types de sceaux ont donc été utilisés, un sceau abbatial et un sceau conventuel, sans que, compte tenu de la rareté documentaire, on puisse tirer des conclusions sur la répartition de l’usage de ces deux signes de validation. Dix-neuf chartes sont des chirographes (tableau 15). Ce mode de contrat est établi en double exemplaires sur un seul parchemin. Chacun des textes est partagé par une devise qui sert de guide pour le découpage du parchemin en deux parties, chacune constituant le titre authentique remis à l’une et l’autre des deux institutions concernées. Ce type d’actes doubles qui ne sont présents qu’au xiie siècle représente 16% des chartes de ce siècle50. 15. Les chirographes

No d’acte Année Auteur

Destinataire d’un des deux chirographes autre que l’abbaye de Marchiennes

23 40 42 52 84 85 87 88 93 97 102 104 105 108 112 113 117 119 123

chapitre St-Pierre de Douai avoué de Marchiennes prévôté de Voormezele Étienne et Roger de Landas abbaye St-Vaast Amaury de Landas Amauri de Landas chapitre cathédral d’Arras Évrard de Vregny abbaye St-Vaast abbaye de Bourbourg Jean de Hailly village de Marchiennes abbaye de Cysoing maire de Marchiennes maire de Beuvry Gérard de Reninge abbaye de St-Riquier Gérard de Reninge

1123 1136 1140 1151 1167 1168 1169 1171 1172 1177 1180 1181 1183 1183 1184 1187 1191 1192 1201

abbé de Marchiennes évêque de Tournai archevêque de Reims évêque de Tournai abbé de Saint-Vaast évêque de Tournai comte de Flandre évêque d’Amiens archidiacre de Soissons abbé de Saint-Vaast évêque d’Amiens abbé de Marchiennes évêque d’Arras abbé de Marchiennes abbé de Marchiennes abbé de Marchiennes comtesse de Flandre abbé de Marchiennes comte de Flandre

50 La proportion est comparable à l’abbaye d’Anchin (15%) avec 46 chirographes sur les 305 chartes du xiie siècle, cf. J.-P. Gerzaguet, Les chartes d’Anchin, op. cit., p. 66.

17 7

1 78

D e u xi è m e pa rt i e 16. Répartition des chartes selon les auteurs

Les caractéristiques des chirographes marchiennois ne présentent aucune originalité. Toutes les devises sont identiques (CYROGRAPHVM) sauf une où l’on trouve des lettres (no 102 : ABCDEFG). La répartition chronologique en place quinze dans la seconde moitié du xiie siècle dont l’amplification à partir des années 1170 correspond bien au développement de ce phénomène observé partout. S’il n’y a donc pas de précocité marchiennoise, il faut mentionner les six chirographes dont l’auteur est abbé du lieu, preuve évidente d’une pratique archivistique locale. Mais, dans ces six cas, les chartes ne font pas partie du lot de celles qui ont été rédigées par l’abbaye. Enfin, c’est sans surprise aussi que l’on voit les auteurs ecclésiastiques dominer (quinze) les deux chartes laïques émanant de l’autorité comtale. À signaler, pour finir, le cas d’un acte de même teneur rédigé en deux exemplaires qui ne constitue pas un chirographe (no 40).

Classement par auteur La répartition montre la prépondérance attendue des autorités d’Église qui à elles-seules représentent 70% des chartes.

P r ése ntat i o n d u chart ri e r

Papes (12) Urbain II Calixte II Innocent II Eugène III Alexandre III Lucius III Célestin III Légat (1)

Pierreléon

1 3 3 1 2 1 1

1

Souverains (3) Charlemagne Charles le Chauve Lothaire

1 1 1

Archevêques de Reims (5) Raoul Samson

2 3

Évêques (40) – Amiens (2) Thibaut Thierry

1 1

– Arras (24) Lambert Robert Alvise Godescalc Frumaud André

2 7 2 10 2 1

– Cambrai (2) Burchard Nicolas

1 1

– Noyon (2) Gislebert Baudouin

1 1

17 9

1 80

D e u xi è m e pa rt i e

– Thérouanne (4) Jean Milon Ier

1 3

– Tournai (6) Simon Gérard Évrard Gautier

1 2 2 1

Chapitre cathédral – Arras (2)

2

Officiers épiscopaux (1) – Soissons Archidiacre Nivelon

1

Doyens de Chrétienté (2) – Péronne (Ansbert) – Thérouanne (Gosselin)

1 1

Abbés, Abbesses, moines (20) – Cluny Thibaut

1

– Marchiennes Judith Fulcard Amand Liétbert Henri Jean moine

2 1 1 1 1 5 1

– Nogent

Jean

– St-Crépin-en-Chaye Thibaud

1

1

P r ése ntat i o n d u chart ri e r

– St-Riquier Richard

1

– Soissons, St-Léger Robert

1

– St-Vaast

Martin

3

Comtes, comtesses (30) – Flandre

– Hainaut

Baudouin V Charles Clémence Thierry Philippe Mathilde Baudouin IX

3 3 1 7 7 1 3

Baudouin II Baudouin IV Baudouin V

1 1 1

– Saint-Pol Enguerran

1

– Vermandois Raoul

1

Châtelains (4) – Cambrai Hugues Simon

2 1

– Tournai

Évrard

1

181

1 82

D e u xi è m e pa rt i e

Seigneurs (2) – Ham Lancelin – Hordain

Goduin

Échevins (1) Saudemont

1

1

1

Quelques observations se dégagent de cet ensemble. D’abord, seize documents proviennent des autorités suprêmes : trois actes de souverains, dont seul le troisième est un original, le premier est un faux et le second est pour le moins suspect. À cela s’ajoutent les douze lettres pontificales et celle d’un légat. Le tout dépasse légèrement 1% du corpus. De la douzaine de lettres pontificales, sept obtenues entre 1123 et 1195 sont des confirmations détaillées des possessions de l’abbaye51. La première datée de février 1123 est, comme déjà signalé, un faux fabriqué entre 1167 et 1172, mais les autres révèlent le souci de faire confirmer régulièrement l’état patrimonial du monastère. Il ne s’agit pas tant d’actualiser la situation patrimoniale que de pouvoir présenter en cas de litige des lettres de différents pontifes. En effet, les privilèges de Lucius III et Célestin III sont identiques et l’on ne relève que trois différences entre la confirmation d’Alexandre III et celle de Lucius III. Cette dernière confirme en 1184 les exemptions de vinage accordées par le comte de Vermandois en 1155 et par le châtelain de Mortagne en 1159 qui, curieusement, ne figurent pas dans la bulle d’Alexandre III de 1172. Y figure aussi la possession d’un lieu-dit à Marchiennes. Ces compléments pas toujours exhaustifs montrent que l’abbaye voulait à l’évidence se doter de documents pontificaux émanant des pontifes les plus récents. Par l’accumulation, elle renforçait ainsi ses droits. Des cinq autres documents pontificaux, deux sont liés à un conflit de biens à Reninge. Trois relèvent d’aspects disciplinaires : une lettre due à la création du diocèse d’Arras en 1094 dont relève l’abbaye et deux liées à la crise abbatiale de 1141. Quant aux interventions épiscopales, elles sont naturellement liées aux zones d’implantation du patrimoine foncier de l’abbaye, l’essentiel se situant dans le diocèse d’Arras (24 actes sur 40), avec deux moments importants : les sept chartes de l’évêque Robert qui garantissent la remise en ordre conduite par l’abbé Amand ; les dix chartes de l’évêque Godescalc qui pérennisent les acquisitions faites dans les années 1150 et 1160. Les manifestations des autres évêques sont tout à fait occasionnelles, en lien avec les quelques possessions marchiennoises situées en dehors du diocèse d’implantation. Signalons cependant celles de l’évêque de Thérouanne qui dut intervenir plusieurs fois, ainsi que le pape et l’archevêque de Reims, pour défendre les intérêts de l’abbaye à Reninge face à l’abbaye de Voormezele ou au seigneur local. D’ailleurs, les cinq

51 Cf. supra note 11, p. 169.

P r ése ntat i o n d u chart ri e r

actes archiépiscopaux sont relatifs à ce conflit chronique qui perdure jusqu’au début du xiiie siècle. Ajoutons que les interventions comtales flamandes ou hainuyères vinrent plus ou moins régulièrement conforter les droits de l’abbaye, en particulier cinq interventions destinées à définir les droits de l’avoué, ou plus exactement du sous-avoué, dans le but de limiter les abus auxquels les titulaires successifs de cette charge se livraient. Des interventions d’autres notabilités ecclésiastiques ou laïques, mais dans une proportion peu élevée, s’expliquent par des raisons de proximité géographique, de relations de voisinage ou de responsabilités administratives. Il est frappant de constater que les actes de petits seigneurs laïques ne sont qu’au nombre de deux. Enfin, une vingtaine de chartes émanent de différents abbés ou abbesses, tant de Marchiennes que d’ailleurs. La teneur de ces documents est globalement sans surprise avec des confirmations de biens fonciers et de droits divers, des transactions et des règlements de litiges. Aussi faut-il souligner la présence de quatre chartes d’associations de prières dont deux conservées en originaux. Ces textes au contenu particulier, qui créent ou renforcent des liens spirituels avec d’autres communautés, ne représentent pas, loin s’en faut, la totalité des unions de prières contractées par l’abbaye dont l’espace spirituel peut être entrevu grâce à d’autres documents qui n’ont pas leur place ici (inscriptions et notices d’associations dans les nécrologes, rouleaux des morts). Ces quatre chartes, preuve de leur importance pour l’abbaye, dépassent en intérêt leur faible nombre au sein du corpus.

Les cartulaires de Marchiennes Dans la quête qui préside à la reconstitution du chartrier d’une institution, le ou les cartulaires de cette dernière, quand ils existent, tiennent une place particulière évidente. L’abbaye de Marchiennes compte six ouvrages qualifiés de cartulaires52 : – 1) un codex entrepris au xiie siècle vers 1170, avec des additions jusqu’au xviie siècle. C’est un grand in-folio constitué de 207 feuillets, comprenant 328 documents allant de 877 à 1448 (Lille, ADN, 10 H 323 ; Stein 2327). On peut y ajouter une table composée au xviiie siècle (10 H 324). Nous analyserons ce cartulaire plus bas. – 2) un codex du xive siècle : ce Liber privilegiorum sanctae Rictrudis Marchianensis (titre au verso du folio de garde) contient 188 folios numérotés en parchemin et 3 blancs non numérotés (Londres, British Library Additional ms. 16611 ; Stein 2331). Il est composé de quatorze cahiers signés I à XIIII ; il n’y a pas de réclame. De petite dimension (120 × 85 mm), ce codex in-12o constitue un « cartulaire de poche ». C’est une copie allégée du précédent constituée de morceaux choisis avec une sélection de bulles pontificales, de chartes comtales et épiscopales, c’est-à-dire les éléments du chartrier marchiennois utiles pour défendre les

52 Voir la base de données : cartulR – Répertoire des cartulaires médiévaux et modernes ; et B. Delmaire, « Cartulaires et inventaires », p. 320.

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1 84

D e u xi è m e pa rt i e



– – –

intérêts de l’abbaye : un condensé commode et de manipulation facile. Un récit sur la page de garde, dans une écriture du début du xive siècle, est éloquent. Deux moines, partis à Rome pour défendre les intérêts de l’abbaye, se sont fait dévaliser en chemin. Le cartulaire fut sauvé parce que l’un des frères avait eu la bonne idée de le dissimuler dans son caleçon ! 3) un cartulaire réalisé en 1540 (Château de Gommecourt, Pas-de-Calais, perdu ; Stein 2326). C’était un grand in-folio sur vélin, écrit à longues lignes, qui contenait 556 feuillets. Lors de la suppression de l’abbaye en 1792, le dernier abbé Alexis Lallart, mort chanoine à Arras en 1819, réussit à emporter ce cartulaire et le diplôme de Charles le Chauve. Ces deux pièces ont été conservées par les descendants, parents du religieux, au château de Gommecourt. Si le diplôme impérial a rejoint les archives départementales du Nord, le cartulaire a été exploité par Charles de Linas dans une étude consacrée à l’abbé qui en ordonna l’exécution53, et aussi décrit par L. Quarré-Reybourbon54. S’il est encore signalé en 190255, on perd sa trace après la première guerre mondiale, le château ayant brûlé. À noter que le diplôme de Charles le Chauve conservé au même lieu a été sauvé (cf. notre édition no 3). 4) un cartulaire : Privilegia Marchianensia, copie sur papier de 110 folios réalisée au xviiie siècle contenant soixante-dix actes allant de 813 (faux diplôme de Charlemagne) à 1256 (Bruxelles Bibliothèque royale, ms. 5205 ; Stein 4387). 5) un cartulaire factice : Codex secundus chartarum de 130 feuillets composé en 1770 par dom Queinsert ou d’après ses copies, contenant quarante-sept documents allant de 1038 à 1594, avec tables (Lille, ADN, 10 H 325 ; Stein 2328). 6) copie figurée du cartulaire de Marchiennes (10 H 323) par Ulysse Robert en 1872 (Bibl. Nat. France, N. Aq. Lat. 1204, papier, 566 pages).

À noter que deux numéros du répertoire d’H. Stein (nos 2329 et 2330) n’ont plus leur raison d’être. Le numéro 2329 (Codex tertius chartarum) était un recueil factice de 180 feuillets réalisé au xixe siècle contenant soixante-dix-sept documents allant de 975 à 1318 ; le numéro 2330 (Codex quartus chartarum) était un recueil factice réalisé lui aussi au xixe siècle et contenait 44 documents allant de 813 à 1394. Après vérification chronologique, toutes ces copies ont été réparties à leur place, avec les originaux, lors de la réalisation du classement du fonds H opéré entre 1913 et 1928 par Max Bruchet, archiviste du département du Nord56. Le document majeur est sans contexte le premier mentionné plus haut, le cartulaire 10 H 323 des Archives du Nord. Ce cartulaire est un in-folio composé de seize feuillets liminaires puis de 189 feuilles de texte, numérotées au xixe siècle

53 Ch. de Linas, Étude sur Dom Jacques Coëne, abbé de Marchiennes 1501-1542, Amiens, 1856. 54 L. Quarré-Reybourbon, Les miniatures et la reliure artistique du cartulaire de Marchiennes, Paris, 1890. 55 A. De Loisne, « Les miniatures du cartulaire de Marchiennes », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1903, p. 476-489. 56 M. Bruchet, Répertoire numérique. Série H. Tome I, op. cit., p. 184-221.

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de 1 à 379, ce qui forme au total un ouvrage de 395 pages de vélin dans lequel sont copiés 328 documents. L’examen visuel de ce cartulaire permet de distinguer trois ensembles bien que l’organisation primitive soit totalement bouleversée avec non seulement un complet démontage et réagencement des cahiers mais aussi avec des cahiers ajoutés, des actes copiés au fil de pages jusque-là restées blanches. Si les deux premiers ensembles ont eu chacun leur scribe, ce qui leur donne une homogénéité rédactionnelle et une cohérence propre, en revanche le troisième se distingue par son extrême hétérogénéité, avec des additions rarement par phases mais souvent au fil du temps. Le premier ensemble est formé de deux éléments couvrant les pages 27-71 et 104-131. Avec soixante-six chartes copiées, on est en présence du cartulaire primitif de l’abbaye. La cohérence de ces folios repose sur un classement hiérarchique décroissant et sur une mise en page qui obéit à des critères constants. Chaque page, préparée par une réglure à la mine de plomb, comporte deux colonnes. Les actes des papes et souverains (p. 27-39) sont introduits par un titre en lettres hautes alternativement d’une encre rouge ou verte. Les titres des chartes des autres auteurs (évêques, comtes, châtelains) sont rubriqués. S’impose d’emblée aux yeux une homogénéité dans la décoration illustrée par vingt-quatre initiales ornées sur fond d’or représentant des papes, empereurs, rois, archevêques, évêques, hauts seigneurs laïques qui servent à signaler leurs actes57. Le dessin des têtes ne vise pas le réalisme car tous ces portraits ont une allure stéréotypée et se ressemblent. Les quarante-quatre autres actes sont annoncés par une grande initiale ornée d’entrelacs. Si, sur chaque page, chacune des deux colonnes comporte trente-sept lignes, il est des exceptions. La colonne qui correspond à un début ou à une fin de texte peut ne contenir qu’une trentaine de lignes pour laisser de la place à une initiale ornée, à la reproduction d’une rota pontificale ou d’un monogramme royal. Le scribe unique qui use d’une écriture homogène et régulière signe en quelque sorte ses transcriptions par sa façon particulière de faire le S du signum des témoins : S majuscule traversé par une flèche, à la manière de la flèche de Cupidon. Cette homogénéité d’écriture et de décoration plaide pour un même moment de composition traditionnellement placé, mais par erreur, dans la dernière décennie du xiie siècle. Cette datation erronée repose sur l’affirmation d’A . de Loisne qui, dans son étude sur les miniatures de ce cartulaire58, signale que l’acte le plus récent, copié aux pages 125-126 par le premier scribe, est du 27 octobre 1189. Or de Loisne a commis, sans explication autre qu’une distraction, une énorme bévue de lecture alors que la qualité de la copie ne présente aucune ambiguïté. L’acte en question, émanant de Philippe d’Alsace, est daté sans contestation possible de 1169 (cf. no 87). De ce fait, la composition 57 Les papes Calixte II, Eugène III, Alexandre III ; les rois Charles le Chauve et Lothaire ; l’archevêque de Reims Samson ; les évêques d’Arras Lambert, Alvise, Godescalc et André ; l’évêque de Thérouanne Milon ; l’évêque de Cambrai Burchard ; les évêques de Tournai Nicolas et Simon ; ceux de Noyon Géraud et Baudouin ; le comte de Flandre Baudouin V ; le comte de Hainaut Baudouin ; le comte de Vermandois Charles ; Simon d’Oisy, châtelain de Cambrai. Cf. A De Loisne, Les miniatures du cartulaire de Marchiennes. 58 Cf. supra note 55, p. 184.

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du cartulaire vieillit d’une vingtaine d’années. En effet, trois chartes de 1171 figurant dans le cartulaire déterminent forcément la date la plus ancienne possible de l’achèvement de la première partie du l’ouvrage : un litige réglé par l’évêque d’Amiens opposant l’abbaye au chapitre cathédral d’Arras, un accord des chanoines du chapitre cathédral d’Arras au sujet de la restitution de l’autel de Mazingarbe et une donation par le châtelain de Cambrai (cf. nos 88, 89, 90). Les deux actes qui suivent chronologiquement sont de 1172 et se révèlent être, en raison de leurs caractéristiques paléographiques, les plus anciens de la seconde partie : un privilège du pape Alexandre III du 20 avril 1172 et un règlement de litige par l’abbé de Saint-Léger de Soissons postérieur au 16 avril (nos 91 et 92). Le cartulaire primitif a donc été réalisé avant l’arrivée de cette bulle, sinon le copiste aurait inclus dans son travail ce document majeur qui énumère dans le détail les biens et les droits de l’abbaye. Si la datation des chartes de 1171 ne peuvent être davantage précisée, on peut avancer qu’elles furent promulguées après le changement d’année intervenu, quel que soit le style usité, au plus tôt le 25 décembre 1171 et au plus tard le 28 mars 1172 (Pâques). On peut donc proposer pour la réalisation du premier cartulaire une entreprise initiée dans le courant de 1171, poursuivie pendant l’hiver 1172 et achevée avant que le privilège d’Alexandre III, daté du 20 avril 1172, n’arrive au début de l’été de cette même année. Le contexte et le moment de la rédaction du cartulaire établis, peut-on déterminer qui en fut le rédacteur ? De Loisne, avec sa datation erronée d’une vingtaine d’années, avait cru y reconnaître la main du moine Gui, connu par ailleurs comme copiste d’un manuscrit de lettres de saint Jérôme59. Compte tenu de la nouvelle datation, il faut revoir l’identification du copiste. Quel moine, dans les années 1170, aurait été à même de réaliser une telle entreprise ? La tentation est grande d’y voir André de Marchiennes. Ce moine lettré, auteur prolixe, apparaît comme le seul scribe capable d’avoir entrepris ce travail60. Il est vrai qu’il a à son actif un nombre considérable d’ouvrages61 : deux versions des Miracula S. Rictrudis62, l’une de 1164/1166 et l’autre avant 1174, les Genealogiae Aquicinctinae63, écrites entre 1181 et 1184, l’Historia regum Francorum64, terminée en 1196, une Continuatio Aquicinctina65 pour la période 1189 à 1197, le Chronicon Marchianense66 rédigé à l’extrême fin du xiie siècle sur l’ordre de l’abbé de Marchiennes Simon (1199-1201), des compléments aux Annales Marchianenses67. La production de cet auteur est donc considérable, mais il paraît 59 Douai, BM, ms. 245. On lui attribue aussi les ms. 259, 265, 271 et 281. 60 K. F. Werner, Andreas von Marchiennes, op. cit., particulièrement p. 459-462 où l’auteur passe de l’hypothèse à l’affirmation. 61 De la liste des œuvres attribuées à ce moine, il faut définitivement exclure le Poleticum Marchianense pour lequel B. Delmaire, a démontré qu’il fut composé entre 1116 et 1121 et ne pouvait pas avoir André pour auteur (cf. L’histoire-polyptyque, p. 34-36). 62 La première version (AASS, Maii 3, p. 88-154) ; la seconde (Analecta Bollandiana, t. 20, 1901, p. 448-460). 63 Genealogiae Aquicinctianae, éd. O. Holder-Egger, MGH SS, t. 14, Hanovre, 1883, p. 620-622. 64 Historia succincta de gestis et successione regum Francorum, éd. G. Waitz, MGH SS, t. 26, Hanovre, 1882, p. 205-212. 65 Continuatio Aquicinctina (1149-1237), éd. G. H. Pertz, MGH SS, t. 6, Hanovre, 1844, p. 405-438. 66 Douai, BM, ms. 850, fol. 103-118 ; S. Vandersputten, « Compilation et réinvention », art. cit. 67 Annales Marchianenses, op. cit., MGH SS, t. 16, p. 609-617.

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difficile d’attribuer à André tout ou à peu près tout ce qui fut écrit à Marchiennes dans la seconde moitié du xiie siècle. Il est vrai que, dans la chronologie reconstituée de sa production littéraire, il y a une période vide entre 1165 et 1174. S’il est le copiste du cartulaire, cela signifie que le prologue justificatif qui manque dans cette œuvre pourrait être en fait constitué par les Miracula Rictrudis composés juste avant la mise en chantier du cartulaire et que ceux, composés juste après en 1174, forment une sorte de conclusion. Le cartulaire, ouvrage de gestion et catalogue de titres, est alors encadré par les récits exaltant les vertus de la fondatrice et par conséquent les droits intangibles de la terre de sainte Rictrude. Le moine connaissait bien les archives de son monastère comme on peut le déduire de quelques détails. Dans les Miracula Rictrudis, il évoque le diplôme de Charles le Chauve de 877 et précise que le document original est encore visible muni de son sceau68. Une autre fois, emporté par le mouvement du récit, il use d’une formule diplomatique inattendue dans un contexte hagiographique, preuve qu’il avait l’habitude de lire et de manier ce genre de phrase69. Autant d’indices mais pas de certitudes. N’oublions pas que l’abbaye comptait d’autres moines lettrés anonymes. L’abbaye avait une école où se formaient aux arts libéraux les moines. C’est toujours André qui livre l’information dans ses Miracula Rictrudis70. Parmi ces moines lettrés, il y avait en particulier celui qui fut chargé d’écrire la vie de l’abbé Hugues (1148-1158), ouvrage composé vers 116371. Si la figure d’André masque les autres, n’oublions pas qu’il fut prieur de 1167 à 1202. Cette charge était une fonction qui lui permettait de confectionner le cartulaire ou d’en superviser la réalisation72. Au total, considérer André comme le copiste du cartulaire est séduisant car cette hypothèse fait de ce moine le maître d’œuvre de toute la production écrite ou presque de son abbaye mais, hélas, elle ne repose sur aucune preuve déterminante, et, au final, plusieurs moines pouvaient se partager la tâche, entre cartulaire et récits, et œuvrer à la rédaction de l’ensemble, monuments d’écriture, preuves tout à la fois d’un patrimoine foncier rétabli, d’une bonne gestion et d’une vie religieuse conforme aux idéaux monastiques. Le cartulaire, mis en forme en 1171-1172, fut donc élaboré sous l’abbé Jean Ier (1158-1181) qui avait succédé à Hugues, homme de grande spiritualité et grand dépressif. Jean, originaire de Saint-Bertin, doit assurer la continuité des décisions de son prédécesseur et particulièrement la construction de la nouvelle abbatiale entreprise depuis 115473 et dont la consécration se fit le 24 juillet 1177 sous la présidence de l’archevêque de Reims, Henri de France, entouré des évêques d’Arras et de Tournai. Mais, comme le montrent les notices marchiennoises de consécrations d’autels, des cérémonies ponctuelles rythmèrent l’avancement soutenu des travaux :

AASS, Maii 3, p. 91 : Est autem in archivis ecclesiae subscriptio imperatoria, annuli ejus impressione roborata. Ibidem : Noverint itaque tam futuri quam presentes quod… AASS, Maii 3, p. 103. H. Platelle et R. Godding, « Vita Hugonis Marchianensis », art. cit. ; H. Platelle, « La Vie d’Hugues de Marchiennes († 1158). Les différentes facettes d’un document hagiographique », Bulletin de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques. Académie Royale de Belgique, 6e série, 3 (1992), p. 69-97. 72 Voir aussi la note critique, en particulier le moment de la forgerie de la fausse bulle de février 1123 (no 22). 73 GC, t. 3, c. 397. 68 69 70 71

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1160, 1164, 1165, 1168, 117074. Dépenses et soucis de gestion ont présidé à la réalisation du cartulaire. Si, par rapport au cartulaire de Saint-Amand réalisé entre 1117 et 1123, l’abbaye de Marchiennes accuse un retard certain dans la mise en œuvre de documents de gestion, elle est sur la même ligne que l’abbaye Saint-Vaast où le moine Guiman se mit à composer un cartulaire à partir de 1170. Mais l’ouvrage marchiennois, à la différence des cartulaires de Saint-Vaast et de Saint-Amand, est fondamentalement un document de la pratique, sans prologue ni textes non diplomatiques, où la finalité administrative est patente, même si ce cartulaire ne doit être dissocié ni du reste de la production littéraire locale qui, d’un point de vue chronologique l’environne, ni d’une mise en scène de l’écrit où les actes de la pratique copiés ont été sélectionnés et ordonnés dans un écrin somptueux destiné à les valoriser et à les pérenniser. Un second ensemble, parfaitement identifiable dans l’organisation du cartulaire dans son état actuel, fut composé un peu après le milieu du xiiie siècle et résulte d’une nouvelle campagne de copies constituant non seulement une mise à jour mais une sorte de second cartulaire. Le scribe chargé de cette mission a copié 200 actes qui, dans l’organisation actuelle du codex, ne forment pas un bloc mais se trouvent répartis ainsi : d’abord huit bulles pontificales d’Alexandre IV de 1254-1255 (pages 21-26) ; un ensemble de 190 actes occupe les actuelles pages 136 à 288 ; une lettre d’un légat est séparée du reste et figure à la page 296. Aux pages 1 à 10, dans une même écriture, se trouve une table analytique correspondant à cette phase de copie ; elle est hiérarchisée selon les dignités et dans l’ordre alphabétique des auteurs (actes pontificaux ; actes épiscopaux d’Arras, Amiens, Thérouanne, Reims, Tournai ; officiers épiscopaux ; les autorités laïques). Qu’un unique copiste se soit chargé de ce travail se déduit des critères constants de mise en page et de décoration. Chaque page réglée à la mine de plomb contient trente-sept lignes d’un texte réparti sur deux colonnes. Chaque document est introduit par une initiale rubriquée. Il y a à l’évidence une tendance globale à imiter la mise en page du premier cartulaire réalisé au début des années 1170, le copiste voulant donc ainsi montrer la continuité du travail avec celui de son prédécesseur. Ce « second cartulaire » fut réalisé après décembre 1257, date des deux actes copiés les plus récents75, mais avant la charte promulguée par la comtesse de Flandre en avril 1260 dont une copie figure parmi les nombreuses additions intervenues après 128076 ; de même ne figurent pas deux actes de juillet 1260 relatifs à un accord entre l’abbaye et le chapitre Saint-Pierre de Douai77. Ces éléments chronologiques placent l’opération de copie entre 1258 et le début de 1260 lors du court abbatiat de Gilles II (1256-1260). Ce « second cartulaire » contient aussi 24 chartes situées entre 1172 et 1204 dont trois n’existent plus en originaux78. 74 Voir annexe 4 (Consécrations d’autels et reliques), p. 409-413. 75 Hommage d’Arnould de Cysoing (cartulaire, p. 287 ; original perdu) et confirmation par la comtesse Marguerite (cartulaire, p. 276 ; original perdu). 76 Cartulaire, p. 16-17 ; Lille, ADN, 10 H 210/3436 (original). 77 Lille, ADN, 10 H 163/2539 et 2540 (originaux). 78 Nos 92, 110, 116.

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Un troisième ensemble, très hétérogène d’un point de vue paléographique, comprend diverses copies faites depuis la seconde moitié du xiiie siècle jusqu’au commencement du xvie siècle. Cette mise à jour du cartulaire effectuée au fil du temps n’obéit à aucun plan d’ensemble et ne résulte pas de la volonté particulière d’un abbé. Ainsi des pages 11 à 21 se trouvent des actes des comtes de Flandre et d’Arras entre 1260 et 1286. Ils ont sans doute été copiés par une même main. Des pages 21 à 27 a été recopiée la série d’actes d’Alexandre IV de 1254-1255, par une main différente du rédacteur de la seconde partie du cartulaire. Les pages 71-103 contiennent des copies d’actes entre 1269 et 1332. Aucun document de ce troisième ensemble ne concerne la période dont nous éditons les chartes dans le présent volume. Au total, dans le cartulaire 10 H 323 ont été ainsi transcrits 328 actes, des années 877 à 1448. Si l’on déduit du cartulaire les trente-neuf actes postérieurs à la seconde moitié du xive siècle, il en reste 289 ; si on les met en rapport avec les 427 actes antérieurs à 1350 repérés, le tri opéré apparaît nettement ; le cartulaire ne retient environ que les deux tiers des actes. Mais dans cette sélection, une distinction importante doit être soulignée selon les campagnes de copies et les dates des chartes. Sur l’ensemble du corpus, trois chartes ne peuvent naturellement figurer dans le cartulaire, les trois faux tardifs de la période moderne79. Par rapport au total, trente-deux documents ne figurent pas dans le cartulaire. Si l’on ne prend en compte, toujours en excluant les faux tardifs, que les documents jusqu’en 1171 (87), année qui correspond à la fin de la réalisation du cartulaire primitif, vingt-quatre font défaut, soit 27,5%80. Au final, l’intérêt est de déterminer les critères d’élimination. Pour les faux tardifs, l’explication va de soi. En revanche, il convient d’examiner le cas des documents originaux non transcrits. Par commodité, les documents sont cités avec le numéro de la présente édition. En 1122, l’évêque Robert a accordé deux chartes de confirmation à l’abbaye (nos 18 et 23). Or la seconde, avec une confirmation qui est plus développée que la première, ne figure pas dans le cartulaire sans que l’on y trouve une explication satisfaisante. La bulle authentique de Calixte II de novembre 1123 (no 24) a été écartée car elle aurait suivi la fausse lettre du même pape de février 1123 (no 22) et la lecture enchaînée aurait révélé la supercherie. Les chartes relatives à la procédure d’un règlement de conflit à Reninge (nos 25, 27, 28, 43) sont omises mais les règlements, ce qui est essentiel, sont consignés (nos 29, 36, 38, 39, 41, 47, 69). Curieusement, si le no 30, une excommunication liée au chronique conflit à Reninge, ne figure pas dans le cartulaire, il a été transcrit dans celui du xive. Le no 35 n’a pas été retenu car, comme il s’agit d’un transfert de bien foncier au détriment de Marchiennes, l’abbaye n’ayant plus aucun droit sur cette terre n’avait pas à le consigner. Les nos 51 et 60 sont attestés par des mentions et rien ne dit que des actes ont existé. Le no 64 (original) est un affranchissement et n’a pas d’intérêt dans la longue durée. Quant au no 76, il n’est que la répétition du no 75 qui

79 Nos 3, 10 et 19. 80 Sont absents des cartulaires de l’abbaye les numéros suivants : 1, 2, 3, 6, 7, 10, 12, 14, 15, 19, 21, 24, 25, 27, 28, 30, 35, 43, 44, 45, 51, 60, 64, 75, 93, 98, 107, 108, 109, 114, 117, 118, 119, 121.

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a été copié. Enfin, le cartulaire est précieux pour 11 actes, et non des moindres, dont les originaux sont perdus depuis un moment indéterminé : notamment, une bulle, trois chartes comtales, cinq chartes épiscopales81. Soulignons enfin que sur les cinq actes connus liés à l’abbatiat d’Enguerran (1143-1148) quatre le sont exclusivement par la copie contenue dans le cartulaire. Au total et sans surprise, l’utilité apparaît donc comme le critère fondamental des choix opérés. Il était inutile de transcrire des actes de procédure mais indispensable de copier des chartes d’arbitrage ; inutile aussi de noircir du parchemin avec des actes dont la teneur n’avait qu’une valeur ponctuelle dans le temps. En revanche, ce qui aurait pu discréditer l’abbaye a été soigneusement occulté. Voilà pourquoi la vraie bulle de novembre 1123, peu intéressante au regard des prétentions de l’abbaye, ne figure pas dans le cartulaire mais qu’a été retenue la fausse datée de février de la même année, forgée vers 1167, plus développée et surtout plus avantageuse. La présence côte à côte des deux lettres pontificales aurait révélé des pratiques douteuses et ruiné la fiabilité des chartes de l’abbaye. Le tableau 17 met en évidence le phénomène de sélection quand on compare le total des actes connus avec la colonne des chartes transcrites dans le cartulaire (87). Ce tableau montre la relation entre les chartes originales et leur transcription dans le cartulaire. Les faux de la période médiévale sont naturellement pris en compte. Lorsque l’abbaye de Marchiennes se dote d’un cartulaire dans les années 1170, la démarche n’est pas originale mais s’inscrit dans un courant bien connu que suivent les abbayes implantées le long de la Scarpe. Imitation des pratiques et nécessité président à l’élaboration du cartulaire marchiennois. Plus d’un demi-siècle auparavant, l’abbaye de Saint-Amand a été la première à se doter d’un tel instrument de gestion82. Le cartulaire de Gautier, aujourd’hui disparu mais dont la reconstitution est possible grâce à plusieurs copies dispersées, fut réalisé à partir de 1117 par un moine de ce nom qui était l’armarius de la communauté, et ce, sous les ordres de son abbé Bovon II (1107-1121)83. La raison d’être de ce cartulaire est liée à la remise en ordre conduite par l’abbé sous l’abbatiat duquel une véritable prise de conscience de la nécessité de l’écrit se fait jour. Anchin avait aussi au moins un cartulaire, aujourd’hui perdu, cité en 1409 et encore attesté au xviiie siècle84. On peut supposer, par déduction, que cette abbaye en avait commencé la rédaction au xiie siècle, hypothèse d’autant plus plausible que l’un des trois prieurés de cette abbaye, Saint-Georges d’Hesdin, a réalisé un liber

81 Nos 33, 36, 47, 48, 49, 69, 70, 80, 92, 103, 110, 116. 82 L. Morelle, « The Metamorphosis of three Monastic Charter Collections in the Eleventh Century (Saint-Amand, Saint-Riquier, Montier-en-Der) », in Charters and the use of Written Word in Medieval Society, éd. K. Heidecker, Turnhout, 2000, p. 171-204 ; voir aussi du même, « Instrumentation et travail de l’acte : quelques réflexions sur l’écrit diplomatique en milieu monastique au xie siècle », Médiévales, 56 (2009), p. 41-74. 83 H. Platelle, « Le premier cartulaire de Saint-Amand », art. cit. 84 J.-P. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, op. cit. p. 16-17. Des quelque six cents chartes que Dom Queinsert copia en 1770, 68 au moins proviennent du Liber primus archiviarum coenobii Aquicintensis.

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17. Originaux et leurs copies

 

  viie-viiie (813) (877) Judith (… 975-988…) Léduin (1024-1033) Albéric (1033-1048) Poppon (1048) Gui (1048-1068) Alard Ier (1068-1091) Richard (1092-1102) Alard II (1102-1103) Fulcard (1103-1115) Amand (1116-1136) Lietbert (1136-1141) Hugues Ier (1141) Odon Ier (1142-1144) Ingerran (1144-1148) Hugues II (1148-1158) Jean Ier (1158-1179) Henri (1179-1183) Jean II (1183-1192) Étienne (1192-1199) Simon (1199-1201) Milon (1201-1202) Total

Chartes

Copiées dans Non transcrites dans les cartulaires et connues par : les cartulaires marchiennois

Total

dont originaux

 

2 1 1 3 3 1 1 1 2 24 4 3 5 13 35 8 12 1 1 3 124

    1 2   2     1   1   15 4   1 1 12 30 7 8 1   3 89

    1 1   2     1   1   18 3   1 4 11 32 7 6 1   3 92

original copie mention édition ancienne                         4 1       1 2 1 4       13

  1   1           1   2 1           1   1   1   9

2     1                         1 1     1       6

traditionum85 dans le courant de ce siècle, avec des copies de notices et de chartes. Il paraît difficile d’admettre qu’une dépendance a réalisé un tel ouvrage au cours de son premier siècle d’existence et que l’abbaye-mère n’aurait pas procédé de même. S’il existait aussi à l’abbaye Saint-Vaast un cartulaire86, pour Hasnon la réalisation d’un 85 R. Fossier, Cartulaire-chronique du prieuré Saint-Georges d’Hesdin, Paris, 1988 (Documents, études et répertoires publiés par l’Institut de recherches et d’histoire des Textes). 86 Arras, BM, ms. 1266 (Stein 209) ; A. Guesnon, « Un cartulaire de Saint-Vaast d’Arras, codex du xiie s. », Bulletin philologique et historique. Comité des travaux historiques, 1896, p. 240-305. Sur les différents cartulaires védastins, G. Besnier, « Le Cartulaire de Guiman d’Arras. Ses transcriptions. Les autres cartulaires de Saint-Vaast », Le Moyen Âge, 62 (1956), p. 453-478.

          1             1     2                 4

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tel recueil est largement plus tardive et se situe dans le courant du xiiie siècle87. En comparaison, Marchiennes, pour mettre en œuvre des documents de gestion, se situe, parmi les cinq abbayes de la Scarpe, chronologiquement à l’avant-dernière place88. Le caractère tardif de cette confection d’un cartulaire mérite quelques explications. D’abord, il ne faut pas oublier la composition de son histoire-polyptyque dans les années 1120, œuvre qui dresse un inventaire de biens tout en reconstruisant le passé. Rappelons qu’à Marchiennes, avant 1120, il n’y a à peine qu’une petite dizaine de chartes attestées, ce qui ne justifie pas la réalisation d’un cartulaire. Mais la composition du polyptyque, œuvre de combat adaptée à la restauration initiée à Marchiennes, a pu être inspirée par la réalisation du cartulaire amandinois en 1117. L’augmentation du nombre des chartes (plus de 70 en 1170), la multiplication des litiges et les recours qu’ils impliquent ont conduit l’abbé Jean Ier (1159-1179) à vouloir un cartulaire pour son monastère. L’ouvrage s’inscrit tout à fait dans le courant du dernier tiers du xiie siècle où dominent les éléments techniques à finalités utilitaires. Cependant, le dynamisme du scriptorium de Marchiennes et les ressources de l’abbaye permettent de donner à cet ouvrage une autre dimension que la simple mise au net et le classement cohérent des titres et des droits. La dimension utilitaire rejoint, par la majesté du support, la construction de l’image du monastère. Si l’Histoire-polytyque des années 1120 fut une œuvre de combat d’une abbaye renaissante, le cartulaire des années 1170 fut l’expression de la maturité d’une communauté monastique dynamique, sûre de ses droits et déterminée à les préserver.

Règles d’édition De l’ensemble de ces 124 chartes, 103 ont été déjà éditées, selon les critères du moment, entre le xviie siècle et ces dernières années ; treize originaux sont inédits89 ; deux actes ne sont connus que par copie dans le cartulaire de Marchiennes90. Les faux

87 Mons, Archives de l’État, cartulaire no 29 (Stein 1670), daté du xiiie siècle. Il se compose de deux éléments distincts. Les dix premiers folios (de 24 à 34, car les premiers folios manquent) sont d’une belle écriture gothique homogène comparable à celle de manuscrits liturgiques de cette abbaye datés de la première moitié du xiiie siècle. L’acte le plus ancien est de 1082 et le plus récent de la première main est de 1261 à propos d’un litige entre Hasnon et Anchin. Mais la majorité des actes copiés est d’une écriture de la seconde moitié du xiiie siècle. Impossible de déterminer si ce cartulaire complète ou se substitue à un cartulaire primitif. Un second cartulaire fut réalisé au xve siècle : Cartularium monasterii Petri Hasnoniensis, xve siècle, Stein 1671, papier, 166 folios (Douai, BM, ms. 1342). 88 Nous pouvons signaler que l’abbaye d’Arrouaise se dota d’un tel instrument vers 1182-1183 (B.-M. Tock et L. Milis, Monumenta Arroasiensia, Turnhout, 2000 (Corpus Christianorum Continuatio medievalis, 175). L’abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai et le chapitre Saint-Amé de Douai rédigèrent également des cartulaires à la fin du xiie siècle. Voir la base de données : cartulR – Répertoire des cartulaires médiévaux et modernes ; et B. Delmaire, « Cartulaires et inventaires de chartes dans le Nord de la France », in Les cartulaires. Actes de la Table ronde [Paris, 1991], réunis par O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse, Paris, 1993) (Mémoires et documents de l’École des Chartes, 39), p. 310-323, ici p. 320. 89 Nos 23, 41, 42, 43, 47, 53, 59, 61, 90, 92, 93, 97, 99, 104, 115. 90 Nos 47 et 92.

P r ése ntat i o n d u chart ri e r

et les deperdita sont à leur place selon la datation afin de ne pas rompre la cohérence globale des textes édités ; une note signale leur particularité. Afin de donner un état complet des informations relatives à chaque charte, les règles pour cette édition sont les suivantes. Chaque acte comporte une analyse. Dans le tableau de la tradition, la description de l’original précise s’il s’agit d’un chirographe avec sa légende, donne les dimensions et le mode de scellement, présente le sceau et le contre-sceau éventuel (forme, couleur de la cire, dimensions, légende) et fournit la cote d’archive. Vient ensuite le relevé des mentions dorsales de l’acte : analyses et cotes anciennes d’archives. La paléographie a permis de distinguer les siècles dans les différentes annotations. Cet ensemble de données est présenté selon un ordre chronologique avec une indication de siècle entre parenthèses. Le tableau de la tradition se poursuit par la présentation chronologique des copies avec toutes les indications utiles. On a distingué par un paragraphe les copies médiévales de celles postérieures. On trouvera ensuite les mentions des éditions. Pour les copies et les éditions sont données, dans la mesure du possible, les filiations. Puis viennent les indications figurant dans les catalogues anciens, les ouvrages ou études. Pour les bases de données, outils de travail incontournables, signalées à part à la suite de la bibliographie, nous avons choisi de les citer sur une ligne particulière car ces supports informatisés livrent des données variées et évolutives qui n’entrent pas dans les rubriques classiques des tableaux de tradition. Il est en effet difficile d’assigner aux références de ces bases le statut de citation, d’édition ou de reproduction car on peut y trouver les trois avec la possibilité de changement. Sont donc ici concernées les bases : Abbildungsverzeichnis der europäischen Kaiser-und Königsurkunden (http:// www.hgw online.net/abbildungsverzeichnis/dka)91, l’Artem (http://www.cn-telma.fr/ originaux)92, Chartae Galliae (http://www.cn-telma.fr/chartae-galliae)93, Diplomata Belgica (http://diplomata-belgica.be)94, Thesaurus diplomaticus95. De l’ensemble du corpus édité ici, trois ne sont pas dans les différentes bases de données96.

91 Cette base se propose de mettre à disposition l’ensemble des données relatives aux souverains européens du Haut Moyen Âge. 92 La base de données de l’Artem est rattachée aujourd’hui au Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (CRULH). Sur l’Artem, voir M. Courtois et M.-J. Gasse-Grandjean, La diplomatique française du Haut Moyen Âge. Inventaire des chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, 2 vol., Turnhout, 2001 (Artem). 93 Chartae Galliae est une base de données consacrée aux actes écrits relatifs à la France (dans ses frontières actuelles) jusqu’à la fin du xiiie siècle (http://www.cn-telma.fr/publication/chartae-galliae). 94 Diplomata Belgica. Les sources diplomatiques des Pays-Bas méridionaux au Moyen Âge. The Diplomatic Sources from the Medieval Southern Low Countries ([email protected]). 95 Le Thesaurus Diplomaticus, un CD-Rom, Turnhout, 1998, recense les actes relatifs à la Belgique, y compris le Nord/Pas-de-Calais (parce que faisant partie des comtés de Flandre ou de Hainaut), jusque 1200 et donne le texte d’un grand nombre d’entre eux. Voir Ph. Demonty, Le Thesaurus Diplomaticus, un instrument de travail pour une nouvelle approche en diplomatique médiévale, dans La diplomatique urbaine en Europe au Moyen Âge [Actes coll. Gand, 1998], éd. W. Prevenier et Th. de Hemptinne, Louvain-Apeldoorn, 2000, p. 123-132. 96 Sans tenir compte des mentions et des actes perdus, il s’agit de trois actes de confraternités : nos 98, 107, 119.

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D e u xi è m e pa rt i e

Enfin, le cas échéant, on trouvera une note sur la datation, bien souvent établie par la présence de personnages identifiés, pour lesquels on trouvera les références dans l’index, et une note critique exposant les remarques nécessaires sur l’acte. Aux identifications des personnes et des lieux à la suite de chaque acte, on a préféré la réalisation d’un index. Selon les informations recueillies, ces personnes sont l’objet d’informations plus au moins importantes. Toutes les indications d’ouvrages sont signalées de façon écourtée mais suffisamment claire pour que les références complètes puissent être retrouvées dans la bibliographie. Chaque acte conservé est édité intégralement. Lorsqu’un acte est indiqué dans le corps d’un autre, cette mention est extraite et trouve sa place chronologique avec la mention d’acte perdu. Si l’original est conservé, sa publication peut signaler en note une éventuelle correction en cas de faute évidente. Quand une seule copie subsiste, son édition comporte la ou les corrections éventuelles qui s’imposent ; dans ce cas, le texte fautif est indiqué en apparat critique. Dans le cas où la tradition serait assurée par plusieurs copies, la plus ancienne sert à l’édition, avec les variantes indiquées en apparat critique. Lorsque l’acte n’est connu que par une analyse dans un inventaire ancien ou une mention, le texte en est donné. Pour la mise en forme des textes, ont été appliquées les règles habituelles avec une ponctuation et un usage des majuscules conformes aux normes actuelles. Dans un certain nombre de documents, les éléments empruntés (citations bibliques ou patristiques) ne sont pas entre guillemets mais en italique afin de ne pas rompre la fluidité du texte et montrer leur insertion naturelle dans le texte latin.

Éd i t i o ns d e s chart e s

1 (faux) [645-657], 27 octobre Rictrude lègue au monastère de Marchiennes, le jour de sa dédicace, tous ses biens en présence d’Aubert, évêque de Cambrai, de Vindicien, futur évêque de Cambrai, d’Honoré, archidiacre d’Arras, d’Amand, Jonat et Credebold, du maire du Palais Maldegaire, de l’illuster Amalfrid et de Badilon. Indiqué : Chronicon Polyptycon. Douai, BM, ms. 850, fol. 122vo-123ro et fol. 129ro-130ro (xiie siècle). a. Fortia d’Urban, Histoire de Hainault par Jacques de Guyse, t. 8, p. 6-11, c. 15 (fusion des c. 5 et 15 de l’Histoire-polyptyque ; cf. b). – b. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 69-70, c. 5 et p. 77-79, c. 15. L’hypothèse d’un testament de Rictrude repose sur deux paragraphes de l’Histoire-polyptyque. Cet ouvrage (Douai, BM, ms. 850) est formé de deux ensembles distincts comme l’a montré B. Delmaire (cf. b). L’inventaire de biens (Polyptycon) a été établi vers 1120 et la chronique (Chronicon Marchianense) qui, dans le manuscrit, le précède a été composée à l’extrême fin du xiie siècle par André de Marchiennes afin de relater les débuts du monastère. C’est dans l’inventaire de biens, composé dans les années 1120, qu’apparaît par deux fois la mention du « testament » de Rictrude : un premier texte court et second développé. La pratique du testament est une démarche connue par ailleurs et Rictrude aurait pu tout à fait y recourir. Mais le doute vient de ce qu’il n’y a aucune trace antérieure à la mention de l’Histoire-polyptyque. Hucbald n’en souffle mot dans la Vita Rictrudis, sauf un lieu commun allusif (post abjectas a se onerosas praediorum et divitiarum sarcinas, Vita Rictrudis, c. 11). De plus, la liste des importants personnages, témoins de ce testament, laisse perplexe. On trouve l’évêque de Cambrai Aubert (645-667), son futur successeur Vindicien, l’archidiacre Honoré, cité lors de l’élévation des reliques de Vindicien au milieu du xe siècle (Gesta Cameracensium, MGH, SS, 7, c. 30, p. 414), Amand mort vers 675, Jonat, le premier abbé de Marchiennes et Credebold qui fut prieur d’Elnone du temps d’Amand. On relève aussi la présence de grands aristocrates : le maire du Palais Maldegaire, futur fondateur de l’abbaye d’Hautmont, et l’illuster Amalfrid, futur fondateur du monastère d’Honnecourt. Cette liste accumule donc les garants prestigieux. De l’ensemble de ces noms, ce sont l’évêque de Cambrai Aubert (645-667) et la mention du roi Clovis II (639-657) qui donnent la chronologie la plus serrée pour cet acte hypothétique avec une rédaction située entre 645 et 657. Cette chronologie possible ne balaie cependant pas le doute sur la réalité du testament issu de trois incongruités. D’abord, la présence de l’évêque de Cambrai. En effet Marchiennes relève jusqu’à la fin du viiie siècle du diocèse de Tournai : c’est donc le prélat tournaisien qui aurait dû être là pour procéder à la dédicace. Ensuite, la mention d’une fonction d’archidiacre exercée par Honoré dans la seconde moitié du viie siècle est pour le moins problématique. Enfin figure une phrase tout à fait anachronique, extraite des Gesta Cameracensium (MGH SS, 7, c. 43, p. 464 : Baidolo… attulisse fertur) et qui fait référence aux reliques de Marie-Madeleine rapportées à Vézelay par le moine Badilon dans la seconde moitié du ixe siècle. Le souvenir du « testament » peut donc être considéré comme un concept du début du xiie siècle fabriqué pour justifier de façon non contestable la politique de reconstitution du temporel de l’abbaye conduite par l’abbé Amand (1116-1136), ce que formule clairement la dernière phrase du second texte.

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D e u xi è m e pa rt i e Néanmoins, ces deux mentions tardives ont été retenues ici car elles nourrissent le mince dossier sur les débuts du monastère.

Histoire-polyptyque, Douai, ms. 850, fol. 122vo-123ro. Marceniarum denique coenobio rite composito, et a duobus venerabilibus episcopis Autberto videlicet et Amando monasterio in honore apostolorum Petri et Pauli, sexto kalendas novembris solempniter dedicato, /fol. 123ro/ nobilis matrona Rictrudis voti compos universa quę sibi residua videbantur esse, testamentum legitimum faciens, perpetuo jure possidenda liberaliter sanctis Dei et eidem contulit monasterio, quę singula annotari suo loco non incongruum videtur. Est enim proficuum et utile posteris si harum rerum necessaria monimenta litteris invenerint scripta. Histoire-polyptyque, Douai, ms. 850, fol. 129ro-130ro. His itaque pro tempore vel rerum varietate sufficienter expeditis, sicut superius promissum est, nunc jam ordiri aggrediamur testa-/fol. 129vo/-mentum quod in vita sua ęclesię suę fecit domina Rictrudis, mater mirabilis et bonorum memoria digna, de donariis et alodiis suis. In hoc rite confitiendo firmiterque corroborando, sub rege Clodovicoa), Sigeberti fratre, quorum pater fuit Lotharius rexb), magnorum virorum auctoritas solempniter affuit et legitima testatio, memorati videlicet sancti Autberti antistitis, sancti quoque Vinditiani nondum episcopi sed post ejusdem sancti Autberti successoris, Honorati Atrebatensis dioceseos archidiaconi qui, post vitę suę, excessum tumulatus est in monte sancti Eligii juxta sepulchrum sancti Vinditiani episcopi, sepedicti quoque pontificis sancti Amandi, Jonathi et Credeboldi servorum Christi qui auditores fuerunt ejusdem viri Dei, plurimorum etiam canonicorum illustrium ordinis sui proprietatem conservantium. Canon etenim regula dicitur ; inde canonicus regularis nuncupatur. Interfuerunt etiam in hujus donationis confirmatione proceres palatini laici Maldegarius, major domus, Vincentius postea dictus qui, per revelationem angelicam, Altum Montem monasterium construxit et in loco quem Soneias dicunt aliud constituit, Amalfridus quoque illustris qui in Ho-/ fol. 130ro/-nulficurte monasterium fundavit ubi deputatis sanctimonialibus filiam suam Aurianam pręfecit, Baidolo etiam qui corpus sanctę Marie Magdalenę de Hierusalem in Burgundiam in locum Vercellianum attulisse fertur1). Beati denique predicti sacerdotes Amandus scilicet atque Autbertus quorum linguę divino munere factę sunt cęli claves in virtute ligandi et solvendi, assensu regis et palatinorum procerum necnon et acclamatione cleri et populi, horribili anathemate excommunicaverunt ut de collatis in presentia beneficiis ęcclesię Marceniensi vel in futuro tempore conferendis nullus umquam quippiam auferre seu diminuere quolibet modo presumat, sed ęcclesia ibique famulantes Deo sua cum integritate possideant et Domino fideliter in omni tempore deserviant. Amen. a) sic pour Dagoberto. – b) sic pour Clotharius. 1) Gesta Cameracensium, MGH SS, 7, p. 464, c. 43, dans la notice consacrée au monastère de Leuze, fondé par saint Amand.

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2 [769-782, 23 mai] Gislebert, évêque de Noyon-Tournai, renonce aux droits sur le monastère et le village de Marchiennes qui dépendent de son diocèse. En échange, l’évêque de Cambrai cède à l’abbaye d’Elnone (Saint-Amand) l’église Saint-Martin située sur la rive droite de la Scarpe et relevant de son diocèse. Acte perdu ? Cet échange, consigné dans deux notices amandinoises, peut laisser penser à la rédaction d’un acte aujourd’hui perdu. La première notice figure dans le Breve chronicon abbatum Elnonensium composé peu après 1169 et copié dans le premier cartulaire perdu de Saint-Amand (Platelle, « Une chronique inconnue »). La seconde notice se trouve dans la Chronica brevis de fundatione et abbatibus Elnonensibus, composée après 1218, peut-être au milieu du siècle. Le second récit s’inspire du premier. Ces deux notices rapportent le même échange opéré sous l’épiscopat de Gislebert (769-782) qui était aussi abbé de Saint-Amand. Leur tradition tardive et exclusivement amandinoise incite à la prudence quant à l’authenticité du document. Néanmoins, elles ont été retenues ici car elles constituent l’unique document du viiie siècle sur le monastère. Tradition du Breve chronicon. A. Original perdu, copié dans le premier cartulaire de Saint-Amand, fol. 50vo-51ro. B. Copie du xviie siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. II 2661 (1), ex registro quondam. – C. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, lat. 11731, fol. 19ro, ex cartario Elnonensi. – E. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, lat. 12658, fol. 300, ex pervetusto manuscripto. – D. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, fr. 20890, fol. 315, ex manuscripto codice. a. Platelle, « Une chronique inconnue », p. 224, d’après C. Indiqué : Platelle, Le temporel de Saint-Amand, p. 54, note 4 ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 728. Tradition de la Chronica brevis. B. Copie du xviie siècle. Amiens, BM, ms. 499, fol. 115. – C. Copie du xviie siècle par N. Dufief. Tournai (ms. détruit). – D. Copie du xviie siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. II 2661 (1). – E. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, lat. 12658, fol. 300. a. Catalogus abbatum S. Amandi Elnonensis uberior, MGH SS, 13, p. 386, note 16, d’après B.

Texte du Breve chronicon. Hic etiam Gislebertus, cum esset episcopus Noviomensis et Tornacensis, abbatiam Marcianensem, cum aliis ecclesiis que erant de suo episcopio pro ecclesia

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Sancti Martini supra Scarb sitam, que ad diocesim Atrebatensem seu Cameracensem pertinebat, concambiavit ut villa ex integro responderet abbati et monachis. Texte de la Chronica brevis. De Gisleberto : qui inter cetera que gessit commutavit cum episcopo Atrebatensi jus diocesanum quod habebat in villa ac monasterio de Marcianis ad parochiam Beati Martini de Sancto Amando. Cetera operum ejus in chronicis Noviomensibus reperiri credimus. 3 (faux) 813, 1er août. – Paris Charlemagne, roi des Francs et empereur des Romains, confirme en les énumérant les biens de l’abbaye de Marchiennes : la villa de Marchiennes, le pont, le moulin, le tractus navium sur la Scarpe. Il y ajoute Warlaing, Beuvry, Sailly, Boiry-Sainte-Rictrude, des bois et autres terres proches de l’abbaye. A. Pseudo-original perdu B. Copie du xviiie siècle sur papier où on lit : Huic diplomati lectu perdifficili appensum sigillum ad plicas duas fuisse cognoscitur, ex eo quod ejus superior particula spherica figura superest, plicis adhaerescens in cera flava expressum sed quod vetustate corrosum in frusta detritum perierit. Lille, ADN, 10 H 6/8. – C. Copie du xviiie siècle. Bruxelles, AGR, mss divers, 5205, fol. 87ro-vo. a. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 156-161, d’après B (avec une notice de L. Vanderkindere sur le moment et les motifs probables de la fabrication du faux). – b. de Hemptinne, « Un prétendu diplôme de Charlemagne », p. 10-13, d’après B. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 139-140 ; Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 11 ; Brühl, Regesta Imperii, t. 1, p. 945. Base de données : ThDipl W 4902 ; Diplomata Belgica 4902. De Hemptinne (b) apporte des éléments nouveaux sur la fabrication de ce diplôme dont la fausseté évidente est depuis longtemps établie (Le Glay). L’intérêt de l’article (b) est d’identifier la charte qui a servi de modèle (un acte de Philippe d’Alsace du 1er août 1169 pour le chapitre d’Aire, voir de Hemptinne, De Oorkonden… Filips, no 308) et de dater, de façon satisfaisante, la fabrication du faux non au xiie siècle comme le pensait Vanderkindere (cf. a), mais au xviie voire xviiie siècle. Ce diplôme n’est connu que par une copie du xviiie siècle (B) et ne figure pas dans le cartulaire du xiie (10 H 323), ni dans celui du xive (Londres, Add. ms. 16611), ni dans les inventaires anciens de 1494 (10 H 320) et de 1533 (10 H 321), ni dans un rouleau du xive siècle contenant des extraits d’actes (10 H 44), ni dans le recueil des copies faites par Dom Queinsert en 1770 (10 H 325). Bref, un diplôme prestigieux qui n’est jamais mentionné avant le xviiie siècle. Si le faussaire suit le diplôme de 1169 déjà cité, il reproduit les variantes de l’édition de Miraeus, comme s’il la suivait (Diplomata Belgica, Bruxelles, 1628, p. 134). Les raisons de cette forgerie tardive restent inconnues car le temps

Éd i t i o ns d e s chart e s n’est plus à la fabrication de faux pour justifier des prétentions ou défendre des droits plus ou moins légitimes. Peut-être le faussaire, trompé par une analyse d’un inventaire ancien citant un diplôme de l’empereur Charles, a-t-il cru qu’il s’agissait de Charlemagne et non de Charles le Chauve (cf. no 4). Ou bien a-t-il été abusé par l’expression Karolus magnus qui figure dans la charte fausse de 1046 du comte Baudouin et désignant là-aussi le petit-fils de Charlemagne (n° 9) ? Ne trouvant pas dans les archives de l’abbaye le diplôme du premier empereur carolingien, il a cru bon d’en fabriquer un. Ce diplôme ne figure pas dans l’édition des diplômes carolingiens des MGH.

In nomine Domini, amen. Ego Karolus, Dei gratia Francorum rex et imperator Rommanoruma), tam futuris quam praesentibus in perpetuum. Studio voluptatis humanae mentes hominum de facili ad terrena incurvantur, et in lubricum proclivi admodum celeritate discurrunt quod ad nos usque a prima radice vitiorum originaliter pervenit. Quapropter necessarium valde omnibus fidelibus esset, ut inter vitiorum tumultus et virtutum naufragia respirare aliquando per pia suffragia possent. His ergo documentis admonitus quamvis in modico, in aliquo tamen contra vitiorum importunitates alicujus pietatis beneficium ecclesiae sanctae Rictrudis de Marcianis in Ostrebano regio ordinavi, cujus parietates de fundamentis cognationis nostrae excreverunt, sperans me cumulato fructu in coelestibus stipendia recepturum. Hoc autem tenaci formitudine corroboratum ad oculos venture posteritatis transmisi ut nec aerugo scrinii nec tinea oblivionis posset demoliri1). Hoc igitur pietatis beneficium nostrum praesentis paginae series sic explicat, ut nimirum nobilem villam Marcianas prenominatam, cum ponte, molendino et tractu navium suarum per fluvium Scarp, ea omnimoda libertate, pace et quiete, qua eam prius possidebant Adabaldus dux et Rictrudis uxor ipsius, praefatae ecclesiae Marcianensi possidendam sub eleemosinae titulo perenniter assignaverunt, ut ex hoc beneficio accresceret proventus et numerus fratrum et sororum in dicta ecclesia sanctae Rictrudis de Marcianis Deo devote servientium, ea lege et conditione ut ab alia persona qualibet, de proventibus et libertate omnimoda, qui in supradicta villa, ponte, molendino et aqua ipsis proveniunt, nihil penitus exigi ab ipsis possit. Sic enim eidem ecclesiae prioriter ab antecessoribus nostris concessum et regulariter adscriptum recognovi. Insuper praedia, silvas, Warlenium, Basriacum, Saliacum, Boiriacum et alias nobiles terras circa eam ecclesiam sitas, libere possidendas ecclesiae praetaxatae pariter adscripsi. Hanc autem paginam ut inconcussa permaneat legitima definitione celebratam sigilli mei munimine roboravi et ad hoc idoneos testes subnotavi. Signum Karoli Francorum regis et imperatoris Rommanoruma). S. Michaelis constabularii. S Rozelli dapiferi. S. Walteri buticularii. S. Rollonis camerarii. S. Rogeri cancellarii. S. Bozonis notarii. Actum Parisiis anno Verbi incarnati DCCCoXIIIo, kalendis augusti, per manum R. cancellarii nostri, imperante semper Domino Nostro Jesu Christo. Amen. a) sic. 1) Matthieu, 6, 9-20.

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4 (acte falsifié ?) 877, 11 juillet. – Ponthion Charles le Chauve, empereur, à la demande de son ministérial Bernon et ayant pitié des besoins des frères et des sœurs de Marchiennes, confirme les possessions et droits de l’abbaye et donne différentes terres et villae situées dans les pagi de Cambrai, d’Arras, d’Ostrevant, de Pévèle, du Mélantois et de la Lys. A. Original sur parchemin, hauteur 738/735 mm ; largeur 510/505 mm ; sceau plaqué disparu (attesté sur un cliché photographique antérieur à la première guerre mondiale). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Karoli imperatoris (xiie s.) – Calvi magni (xve s.) – De possessionibus (xviie s.). 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge) – no 1 (xviiie s.). Lille, ADN, J 423, musée 358. B. Copie du xiie siècle. Lille, ADN, 10 H 5/39. – C. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Karoli imperatori. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XIII-XV [p. 37-38], d’après A. D. Copie sous forme de vidimus de 1518. Lille, ADN, 10 H 5/39b. – E. Copie de 1544. Lille, ADN, 10 H 8/39a. – F. Copie de la fin du xvie siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 7747, fol. 477vo-479ro. – G. Copie de 1749. Lille, ADN, 10 H 8/39, d’après D. – H. Copie de 1770 avec dessin du sceau par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 2, fol. 168, d’après A. – I. Copie partielle du xviie siècle, avec description du sceau, par Peiresc. Carpentras, BM, ms. 1791, fol. 444, d’après A. – J. Copie de 1770. Lille, ADN, 10 H 8/39 h. – K. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, lat. 17709, p. 137. – L. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, nouv. acq. fr. 7385, fol. 289, d’après B. – M. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/39. – N. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/39e. – O. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/39g. – P. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 47, d’après C. – Q. Copie du xixe siècle. Lille, ADN, 10 H 6. a. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 340. – b. Miraeus, Diplomaticum belgicorum libri duo, p. 30. – c. Miraeus, Noticia ecclesiarum Belgii, p. 69, d’après b (fragment). – d. Miraeus, Opera diplomatica, t. 1, p. 138, d’après b. – e. RHGF, t. 8, p. 666, no 279, d’après b. – f. Tessier, Recueil des actes et diplômes de Charles II le Chauve, t. 2, p. 471-475, no 435, d’après A. – g. Courtois, Chartes originales, p. 40-41, d’après A. Fac-similé : Paris, Bibliothèque des Archives nationales, MIII 39 atlas (référence donnée par Tessier ; correspondance actuelle non trouvée) ; Artem 353. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 128 qui déplore que l’original n’existe plus ; Georgisch, Regesta, t. 1, c. 146 ; Bréquigny, Table chronologique, t. 1, p. 311 ; Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 293 et 648 ; Böhmer, Regesta, no 1318 ; Finot, Liste des diplômes des rois carolingiens, p. 145-146, no 9 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 242, 249 ; Tessier, « Un diplôme de Charles le Chauve pour Marchiennes », p. 427 ; Naz, L’avouerie de Marchiennes, p. 13 ; Lot et Lauer, Diplomata Karolinorum, t. 5, p. 4, no 1 ; De Hemptinne, « Un prétendu diplôme de Charlemagne », p. 3 ; Delemotte, Ronchin, 2000 ans, p. 49 (fac-similé de B) ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 723, 727-730 et 732 ; Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 201, note 58 ; Tock, Courtois, Gasse-Grandjean, La diplomatique française, t. 1, p. 141 et t. 2, p. 62 ; Kery, Die Errichtung des Bistum Arras, p. 244, note 20 ; Mériaux, Gallia irradiata, p. 101 et 297.

Éd i t i o ns d e s chart e s Base de données : Abbildungsverzeichnis der europäischen Kaiser-und Königsurkunden (dka-ii-435) ; Charte Artem/CMJS no 353 ; ThDipl W 3881/D 4187 ; Diplomata Belgica 3881. « Ce diplôme n’a pas toutes les apparences d’un acte sincère ». Ainsi commence la note critique de l’édition proposée par Tessier (f) qui fait un inventaire des anomalies. On pourrait se contenter de reprendre les observations de Georges Tessier qui considère, au final, ce diplôme comme vrai. Or quelques observations complémentaires qui portent sur une phrase m’amènent à opter pour une falsification. Le diplôme présente une mise en forme solennelle telle qu’elle se pratique à la chancellerie impériale. Dans un format plus haut que large, le texte est rédigé par une seule main (sauf une interpolation) et les lignes sont plus espacées dans la première moitié (40 mm) que dans la seconde (30 mm). Á l’évidence, il a fallu resserrer la mise en page pour faire tenir les dispositions impériales. Si l’écriture présente quelques particularités (« a » fermé, « n » en capitale), rien ne permet d’identifier le scribe au sein du personnel connu de la chancellerie de Charles le Chauve. On doit aussi noter la forme excessivement large de la ruche. Cependant, ces éléments décrits par Tessier ne sont pas suffisants pour mettre en cause l’authenticité du diplôme. D’ailleurs, Tessier n’envisage pas cette hypothèse. Plus récemment, dans sa thèse soutenue en 2003 et consacrée à l’Étude comparée des diplômes de Louis le Germanique et de Charles le Chauve (829-877), Nicholas Brousseau montre que, jusqu’en 858, les diplômes de Charles sont élaborés avec soin et perpétuent le modèle impérial. Toutefois, les aspects externes changent à partir de 858. Si le modèle impérial survit, le nombre croissant d’actes rédigés hors chancellerie conduit à l’éclatement des formes et la multiplication des formats variés. Dans le cas présent, ce sont plusieurs éléments internes qui éveillent les doutes. Si la date est cohérente, en revanche la formule de dévotion est abrégée par rapport à celle qu’utilise la chancellerie. On aurait dû trouver non Karolus misericordia Dei mais Karolus ejusdem Dei omnipotentis misericordia. Étrange est également la formule de corroboration à la fin de l’acte (hanc paginam… signavimus), qui est unique dans l’ensemble des diplômes conservés de Charles le Chauve. À ces remarques s’ajoutent des observations sur la teneur de l’acte. Le souverain, sensibilisé par la démarche de son ministérial Bernon, prend en considération la situation des frères et des sœurs de l’abbaye pour concéder des possessions à Marchiennes dans une formule générale (Concedimus igitur memorato coenobio circa ipsum monasterium terras, aquas et nemora cum omni integritate) et énumérer en détail les nouveaux biens accordés. La décision impériale mêle donc confirmation générale et donations précises, pratique que l’on retrouve dans deux autres chartes impériales datées aussi de 877. La première fut délivrée pour Saint-Bertin (Tessier, Recueil des actes et diplômes de Charles II le Chauve, t. 2, p. 458-463, no 430) et la seconde pour le monastère voisin d’Hasnon (ibidem, p. 475-477, no 436). Mais, outre la maladresse dans l’expression de la décision impériale qui s’ajoute aux critiques émises plus haut, ce qui est tout à fait inconcevable et ouvre le débat d’un acte falsifié, c’est la clause qui interdit de placer à la tête du monastère par la violence toute personne et qui oblige à conduire celle-ci devant l’évêque après son élection (Nulla ibi praeponatur per violentiam persona, sed ad episcopum ducatur electa ; ligne 15 du parchemin). Cette phrase que Tessier qualifie « d’insolite » est à peine lisible et l’on peut envisager qu’elle ait été écrite sur un grattage (le cliché photographique des bases de données, à l’inverse de l’examen de l’original, n’est pas probant). L’hypothèse prend

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D e u xi è m e pa rt i e de la consistance du fait que certaines lettres sont différentes de celles du reste du texte (o de persona ; a de hanc et de paginam). Enfin, le plus troublant est la mention du notaire Adalgarius. En effet, ce dernier, évêque d’Autun depuis 875, n’est pas aux côtés de Charles le Chauve en juillet 877. Depuis février, il a été envoyé en ambassade auprès du pape et n’a rejoint l’empereur qu’en septembre (Annales de Saint-Bertin, p. 256). C’est en qualité d’évêque et non de notaire qu’il est cité dans un diplôme du 10 septembre 877 (Tessier, Recueil des actes et diplômes de Charles II le Chauve, t. 2, no 446). À cette accumulation de doutes s’ajoute une observation supplémentaire. Puisque les archives de Marchiennes ont disparu lors des raids des vikings de 880, selon ce que dit Hucbald dans la Vita Rictrudis qu’il compose en 907, il est curieux que, si le diplôme de Charles fut le seul document marchiennois à avoir échappé à la destruction, Hucbald n’y fasse aucune allusion. Ce diplôme impérial semble toutefois cité mais de façon allusive dans celui de Lothaire de 975 (no 5) qui ne pose aucun problème d’authenticité. Les deux diplômes carolingiens sont mentionnés explicitement dans la charte fausse de Baudouin V de 1046 fabriquée vers 1125 (voir no 9). C’est sans doute à cette occasion que la phrase interpolée fut insérée. On peut donc conclure à l’authenticité de l’acte de Charles le Chauve de 877 qui a subi une interpolation avec la phrase significative citée plus haut. Tessier avait repéré cette bizarrerie sans en tirer la conséquence. Cette manipulation prend sens dans le contexte des années 1120 (reconstitution du temporel de l’abbaye et lutte contre les avoués) avec la fabrication des fausses chartes de 1038 et 1046 (voir les commentaires sur les chartes nos 8 et 9). Les éléments peu lisibles de A sont restitués entre crochets à partir de B.

(Chrismon). [In] nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus misericordia Dei imperator Augustus. Si servorum Dei utilitatibus subveniendo conferimus, profuturum nobis hoc ad aeternam beatitudinem fore nullo modo ambigimus. Quapropter noverit omnium sanctae Dei ecclesiae fidelium nostrorumque tam praesentium quam et futurorum industria quoniam sororum et fratrum necessitatibus in coenobio Marcianas nuncupato, videlicet sito in comitatu Atrebatensi, in pago Ostrebanno super fluvium Scarbum sub tutela sanctae Rictrudis Deo militantium subvenire cupientes, eorum indigentiis nobis per Bernonem venerabilem diaconum palatinum dilectum ministerialem nostrum patefactis, decernimus per ejusdem Bernonis deprecationem nostrae altitudinis praecepto eis confirmari res, quatinus per nostram munificentiam ad augmentum et utilitatem eorum eas perpetualiter possideant, quae inferius descry[p]ta habentur. Concedimus igitur memorato coenobio circa ipsum monasterium terras, aquas et nemora cum omni integritate, in pago Cameracinse villam de Lis cum omni integritate, et in pago Atrebatins[e] villam B[aria]cum cum integritate. Similiter concedimus [et in pago Ostrebanno] villam Ga[u]giacum sub omni integritate et in eodem pago Ostrebanno in Lambras mansum I cum molendino suo, similiter et in praedicto pago, videlicet Ostrebanno, de villa Rullagio anguillas CCCC, atque in pago Pabulinse villam Bebrogium cum omni integritate. Pari etiam tenore largimur in pago Medenentin[se] villam Rumcinium cum appendice villa Templ[o]vio, necnon et in pago Leticaa) villam Haignas cum appendice villa Nantgiaco, similiter et in ipso comitatu Letico de villa Rinenga de omnibus scilicet rebus majoribus seu minoribus ac de omni adquisitione omnem decimam. De villa namque Viriniaco

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jubemus tres partes fieri de vino, unam partem ad opus senioris, alteram quoque ad usus sororum ac fratrum in Marcianis consistentium, tertiam quidem ad opus sororum ac fratrum in Hamatico degentium, omnia jure perpetuo habenda. Insuper etiam concedimus ad opus ecclesiae infra ipsum monasterium [mansum unum, et] in villa Ampleias mansos II, atque in luminaria ejusdem ecclesiae de ind[ominicato] de argento libras III, et ad vinaticum similiter de indominicato de vino modia XII, ad hospitale ejusdem coenobii infra ipsum monasterium mansum I et in villa Ampl[ei]as mansos II atque in Rulliaco [seticos] II. Necnon et de omnibus villis tam de indominicatis quam et ex beneficiis totius abbatiae omnem decimam pleniter statuimus largiendam. Praeterea statuendo sancimus ut, si in aliquo aliquid horum vobis defuerit, quia unum [sunt] et sub uno praeposito, ex altero suppleatur, id est si vinum aut annona in uno superabundaverit et alteri defuerit, ex superabundanti deficienti necessaria tribuantur, et si neutrum horum usibus fratrum seu sororum suffecerit, ex indominicato cuncta necessaria suppleantur. Nulla ibi praeponatur per violentiam persona, sed ad episcopum ducatur electa. Hanc paginam, ut sit stabilis, anulo nostro signavimus. Signum Karoli (Monogramma) gloriosissimi imperatoris augusti. Adalgarius notarius ad vicem Gauzlini recognovit et subscripsit (Signum recognitionis ; locus sigilli). Datum V idus julii, indictione X, anno XXXVIII, regni [domini] Karoli regis in Francia [et imperii ejus] secundo. Actum Pontione [palatio] imperiali. In Dei nomine feliciter. Amen. a) sic A pour Letico.

5 975, [après le 11 novembre]. – Douai Lothaire, roi des Francs, à la prière de la reine Emma son épouse, restitue à Judith, abbesse de Marchiennes, la villa de Haisnes qui avait été enlevée au temps du comte Arnoul. A. Original sur parchemin, hauteur 455/430 mm, largeur 510/517 mm ; fragments de sceau plaqué ; Dom Queinsert (H) indique avoir lu : + LOTHARIVS. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Lotharii regis gloriosi (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 6/40, musée 29. B. Copie du xiie siècle ; titre : Lotharii regis. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XIIII [p. 38-39], d’après A. – C. Copie du 3 décembre 1422 par le chapitre Saint-Amé de Douai. Lille, ADN, 10 H 6/40a. D. Copie de 1620. Lille, ADN, 10 H 6/40d. – E. Copie du xviie siècle Paris, BnF, nouv. acq. fr. 7385, t. 55, fol. 289vo, d’après B (fragment). – F. Copie de 1749. Lille, ADN, 10 H 6/40e. – G. Copie de 18 janvier 1768 par Dom Queinsert. Lille, ADN, 10 H 6/40b, d’après A. – H. Copie du 27 août 1770 par Dom Queinsert. Lille, ADN, 10 H 6/40f, d’après A. – I. Copie du 27 août 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 11, fol. 169, d’après A. – J. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/40c. – K. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/40g. – L. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 49, d’après B. a. Miraeus Diplomata belgica, t. 1, p. 43. – b. Miraeus, Notitia ecclesiarum Belgii, p. 124. – c. Miraeus, Opera diplomatica, t. 1, p. 143. – d. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 342. – e.

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D e u xi è m e pa rt i e RHGF, t. 9, p. 640, no 29, d’après a. – f. Acta Sanctorum Belgii, t. 4, p. 510 – g. Halphen et Lot, Recueil des actes de Lothaire, p. 93-94, no 39. – h. Courtois, Chartes originales, p. 52, d’après A. Indiqué : AA SS, p. 93, c. 17 ; Georgisch, Regesta, t. 1, p. 260 ; Mabillon, Annales ordinis S. Benedicti, t. 3, p. 639 ; Bréquigny, Table chronologique, t. 1, p. 456 ; Böhmer, Regesta, no 2052 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 129 ; Le Glay, « Revue des opera diplomatica », p. 22 ; Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 396 ; Spriet, Histoire de Marchiennes, p. 5-6 (traduction) ; Finot, Liste des diplômes des rois carolingiens, p. 18, no 3 ; Tock, Courtois, Gasse-Grandjean, La diplomatique française, t. 1, p. 353 et t. 2, p. 62 ; Mériaux, Gallia irradiata, p. 297 et 358. Fac-similé : Lot et Lauer, Diplomata Karolinorum, t. 8, pl. XIV ; Charte Artem/CMJS no 360. Base de données : Charte Artem/CMJS no 360 ; ThDipl W 6354 ; Diplomata Belgica 6354. La 22e année du règne de Lothaire va du 12 novembre 975 au 11 novembre 976. Cependant, Halphen-Lot (g) émet des doutes sur la pratique de datation des actes de cette période à partir de l’avènement, p. XLVII et XLVIII de l’introduction.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Lotharius misericordia Dei Francorum rex. Si servorum Dei utilitatibus subveniendo conferimus, profuturum nobis hoc ad aeternam beatitudinem fore nullo modo ambigimus. Quaproter noverit omnium sanctae Dei ecclesiae fidelium nostrorumque tam presencium quam et futurorum industria quod karissima conjunx nostra Hemma, adiens nostram presentiam, humiliter deprecata est ut quandam villam nomine Aines, quę tempore Arnulfi comitis sororibus ac fratribus in coenobio sanctae Rectrudis degentibus injuste sublata fuerat, ob remedium nostrarum animarum seu antecess[orum nostrorum]a) pręcedencium jam dicto coenobio redderemus. Cui assensum prebentes, more precessorum nostrorum regum, reddidimus atque concessimus predictam villam Aines in integrum cum omnibus adb) se pertinentibus, ut deinceps habeant tam abbatissa Judit quam predictae sorores necnon fratres ipsius monasterii sanctae Rectrudis potestatem faciendi quicquid voluerint sine ulla nostra successorumque nostrorum prohibitione. Et si quis eis per quovis ingenium auferre quesiverit, iram Dei omnipotentis et beatae Rectrudis sanctorumque omnium incurrat, libras vero auri persolvat C, medietatem kamerae nostrae, medietatem vero predicto monasterio. Et ut firmius maneat hoc inconvulsumque servetur, manu propria subtersi[gnavi]mus et anulo nostri palacii jussimus insigniri. Signum domni Lotharii (Monogramma) gloriosissimi regis (Sigillum). Adalbero notarius ad vicem domni Adalberonis archiepiscopi summique cancellarii recognovit et susc[ripsit]. Actum Doacense castello, anno dominicae incarnacionis D[CCCC]LXXV c), regnante domno Lothario anno XXII. Feliciter. a) déchirure. – b) un mot gratté entre omnibus et ad. – c) déchirure sur une partie de la date. Finot croit voir un I à la fin de la date, ce qui donnerait 976 ; cependant le cartulaire donne la date complète et en toutes lettres de 975.

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6 [988 – avant 1024] Judith, abbesse de Marchiennes, donne à cens à Durand et à son frère Renaud trois manses situées à Ouvert. A. Original sur parchemin (?). Lille, ADN, 10 H 6/40, musée 29 (au dos de l’acte précédent). a. Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 155-156, note 4 (incomplet et placé de façon très générale au xe siècle), d’après B. – b. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 162-163, d’après B, daté de façon hésitante en 976 (?). Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 129-130 ; Finot, Liste des diplômes des rois carolingiens, p. 19, no 4 ; Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 660 et t. 11, p. 33 ; Vanderkindere, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, t. 1, p. 79, qui date le document du règne de Baudouin III (958-962) en négligeant totalement sa tradition et en prenant le roi Lothaire (955-986) pour un témoin, comme l’avait déjà fait Le Glay ; Finot, Liste des diplômes des rois carolingiens, p. 158, no 1, qui au regard des caractères paléographiques place l’acte dans la seconde moitié du xie siècle et doute de son authenticité, arguant qu’il ne figure pas dans le cartulaire ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 731. Base de données : ThDipl W 5116 ; Diplomata Belgica 5116. L’acte est copié au dos du diplôme précédent promulgué par le roi Lothaire. On imagine mal la chancellerie royale établir une charte sur un parchemin dont un côté est déjà occupé par une notice. De plus, l’acte de Lothaire est rédigé sur le côté chair, c’est-à-dire celui que l’on utilise naturellement. On peut donc en déduire que cette charte est postérieure à l’acte royal daté de 975. Pour situer dans le temps notre document, on dispose de la liste des 31 témoins dont un seul est identifiable : le marquis Baudouin qui ne peut être que le comte de Flandre Baudouin IV (988-1035). Mais cet acte est nécessairement antérieur à la réforme de 1024, sans que l’on puisse pour autant fixer le terme de l’abbatiat de Judith. Le Glay (a) n’a pas édité les dix-neuf derniers noms qui sont de la même écriture que la première série de témoins. De plus, il avait lu après le témoin Amolberga : S. Lotharii regis gloriosi qui est en réalité l’analyse d’archive du xiie siècle de l’acte précédent. Cette mention se trouve naturellement à sa place de ce côté du parchemin mais Le Glay fait ainsi du roi Lothaire un témoin de la charte de Judith.

Ratio dictat et usus approbat ut quisque necessitati providens oportune singula queque dispensent. Quapropter ego Judita abbatissa, cum omni concregationea) sanctab) Rictrudis, a petitionemc) fideles dedimus cujusdam viros nomine Durandum sive fratrem suum Rainoldum, in pago Leodio in villa que dicitur Over, mansos III in jure habendi transfudimus, ut silicet habeant et posideant ipsi et filii eorum. A respectum date precarie singulis annis, ad festivitatem sancti Vedasti que est kalendis octobris, solidos III persolvant ; quod si de hoc censumd) negligens umquam usus fuerit, secundum legem salicam cogatur emendaturus. Ad notitiam

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ergo et hujus facti probationem, duas istas fecimus cartulas ut et eas usquam habuerit et nostra pari ratione confirment. Et ut ratio […]e). Actum dominico publice coram testis multis et videntibus plurimisf) quorum nomina et signacula subter habeant. Signum Martini prepos[iti]. S. Grimoldi. S. Grimberti. S. Gisleberti. S. Richariig). Balduini march[isi]. S. Vuerini. S. Seiheri. S. Rotbertih) S. Beva. S. Vuisegart. S. Amolbergai). Tambolt, Bova, Raingart, Stabur, Emma, Raingar, Amolreda, Godica, Manachin, Rainart, Stabur, Amatus, Alestens, Helette, Gerardus, Geldulfus, Raingardus, Emma, Herierus. a) sic B. – b) sancta sic B pour sanctae. – c) sic B pour ad petitionem. – d) censum répété et entouré de pointillés pour annulation, B. – e) deux ou trois mots illisibles en B, déjà pour a et b, malgré le recours à la lampe de Wood. – f) plurimis suscrit remplaçant multis entouré d’un trait, B. – g) Les douze premiers noms sont répartis en trois colonnes ; fin de la première colonne. – h) fin de la deuxième colonne. – i) fin de la troisième colonne.

7 [975/988 – avant 1024] Judith, abbesse de Marchiennes, donne à un chevalier, son neveu, la terre de Warlaing appartenant à l’abbaye et devenue depuis possession des seigneurs de Landas. Cette donation est consignée dans deux textes du xiie siècle, l’Histoire-polyptyque (Douai, BM, ms. 850, fol. 134vo) et dans Miracula s. Rictrudis (AASS, Maii 3, p. 92), le second donnant des indications patronymiques. L’abbesse qui fit ce don et la date de cette donation sont inconnues. Mais une tradition remontant au xiie siècle considère qu’il s’agit de l’abbesse Judith, encore citée en 975 et entre 988 et 1024 (cf. actes 5 et 6). Comme les seigneurs de Landas, dès qu’ils apparaissent dans les sources en 1031, sont seigneurs de Warlaing (Warlop, De Vlaamse Adel, t. 1, p. 39 ; annexe 2), on en déduit que l’abbesse Judith était de ce lignage, déduction étayée par la tradition qui affirme que le chevalier était neveu de l’abbesse (AASS, p. 92). Une main anonyme des xve-xvie siècles a porté en marge de B le nom de Judith. Malgré le caractère tardif de ce texte, il a été retenu compte tenu du petit nombre de documents qui concerne le xe siècle.

Texte de l’Histoire-polyptyque (éd. par Spriet, Bouvignies et ses seigneurs, p. 6, note 1 et Delmaire, Histoire-polyptyque, p. 84, c. 23) : Erat etiam Warlennium supradictum quoddam vicinum prędiolum ad sanctos pertinens juxta quod, ut fama est, minoris prudentię minusque provida quędam abbatissa cuidam militi de genere suo, quod non oportuerat, inconsulte donavit et exinde sibi ęcclesięque dampnum non modicum insipienter ingessit. Texte des Miracula s. Rictudis (AASS, Maii 3, p. 92, c. 14). Nam sicut ab antiquis nostris nobis relatum est, quaedam abbatissa Judith, cujus supra mentionem fecimus, ita coepit possessiones ejusdem ecclesiae dissipare, ut cuidam militi nepoti suo villas circa monasterium mira temeritate ausa sit jure

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hereditario tradere. Inter quas villam cui nomen Warlen antiquitas imposuit, dedit in qua nunc dominum Laudastensisa) speluncam latronum construxit. a) sic pour Landastensis.

8 (faux) 1038. – Arras, chapelle Saint-Benoît Baudouin V, comte de Flandre, reconnaît que l’abbaye de Marchiennes est franche de tout droit d’avouerie. À la demande de l’abbé Albéric, il se proclame, avec le consentement de son épouse Adèle, avoué de l’abbaye et en reçoit deux moulins à Brebières et deux charruées de terre à Noyelles. Il les cède à Hugues Havet pour qu’il soit le défenseur de cette église et établit les droits de ce dernier. A. Original sur parchemin (?), hauteur 550 mm (pas de repli), largeur 375/360 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum Balduini comitis Flandrie de advocatione (xiie s.) – Balduinus de advocatione (xvie s.). 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 56/960. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium Balduini Insulani comitis de advocatione. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXI [p. 104-105], d’après A. C. Copie du xviie siècle Paris, BnF, coll. Duchesne, ms. 22, fol. 202ro-vo. – D. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Duchesne, ms. 66, fol. 129ro. – E. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 325, fol. 1ro-2ro. a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 5-6, d’après B. – b. Miraeus, Opera diplomatica, t. 1, p. 659, d’après A. – c. Guérard, Le polyptyque de l’abbé Irminon, p. 356-357, no 21, d’après a. – d. Warkoenig, Flandrische Staats-und Rechtsgeschichte, t. 3, p. 5, no CLV, d’après A. – e. Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 148-151, no 1, d’après A. – f. Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 20-22, d’après A. – g. Courtois, Chartes originales, p. 62-63, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 130 ; Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 479 et 669 ; Leuridan, Les châtelains de Lille, p. 192, no 2 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 267, 275 ; Ganshof, « Les transformations de l’organisation judiciaire », p. 45 ; Milis, De onuitgegeven oorkonden, p. XXIV-XXVI ; Milis, De voogdijregeling voor Ename, p. 124-126 ; Huyghebaert, « Een valse oorkonde van graaf Boudewijn V », p. 185 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 121, note 2 ; Laurent, Les sceaux des princes belges, p. 67 et 149, note 59 ; Tock, Courtois, GasseGrandjean, La diplomatique française, t. 1, p. 167 et t. 2, p. 62, 242, 264, 348 ; Vanderputten, « Monastic Literate Practices », p. 114-115 (note 85) et « Fulcard’s Pigsty. Cluniac Reformers », p. 99-100 ; Declercq, « Van privaatoorkonde tot vorstelijke oorkonde », p. 46-48 ; Nieus et Vanderputten, « Diplôme princier, matrice de faux, acte modèle », p. 44-47. Base de données : Charte Artem/CMJS no 368 ; ThDipl W 3822/D 4128 ; Diplomata Belgica 3822. L’authenticité de cette charte ou sa mise en cause ont provoqué d’importants commentaires. Naz et Milis (De onuitgegeven oorkonden) optent pour l’authenticité tandis que N. Huyghebaert penche pour la forgerie, mais sans présenter d’arguments (Een valse oorkonde van graaf Boudewijn V, p. 185). Milis, revenant partiellement sur sa position première (De voogdijregeling voor Ename, p. 125), émet l’hypothèse fondée sur des éléments paléographiques et diplomatiques que cette

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D e u xi è m e pa rt i e charte, si elle n’est pas authentique, a été fabriquée dans la seconde moitié du xie siècle. Il relève notamment des a très ouverts comparables à ceux de la charte du comte de Hainaut datée de 1089 (cf. no 11). Si M. Courtois (e) émet simplement un doute mais retient l’acte comme original, L. Laurent comme B. Delmaire ignorent le problème. La base de données de l’Artem le range comme pseudo-original ; celles du Thesaurus Diplomaticus et des Diplomata Belgica le classent comme un original non suspecté. G. Declercq (« Van privaatoorkonde tot vorstelijke oorkonde », p. 46-48 et 65) opte pour la fausseté. Le préambule et le protocole de la charte se trouvent dans un acte du comte Robert de 1093 pour Saint-Bertin (Vercauteren, Actes de comtes de Flandre, p. 48-52, no 15). Le document annonce un sceau quelque quarante ans avant que la pratique sigillaire des comtes de Flandre ne soit attestée (G. Declercq (« Van privaatoorkonde tot vorstelijke oorkonde », p. 65 ; J.-F. Nieus « ‘Cum signo auctoritatis et excellentie mee sigillo’ », p. 43-46 ; J.-F. Nieus et S. Vanderputten, « Diplôme princier, matrice de faux, acte modèle », p. 44-47). Il faut donc appréhender le moment de la fabrication de cette charte datée de 1038. Les arguments paléographiques que L. Milis repère (cf. supra) peuvent conduire à placer la fabrication de la charte beaucoup plus tard, autour de 1120-1130. En effet, on note des similitudes d’écriture avec une charte de l’évêque d’Arras Robert, datée de 1122, et destinée elle aussi à Marchiennes (ici no 20). Ainsi la charte de 1038 pourrait-elle dater de l’abbatiat d’Amand (1116-1136), abbé connu pour sa reprise en main de l’abbaye fondée notamment sur la mise par écrit des biens et des droits marchiennois (composition de l’Histoire-polyptyque vers 1120 et de récits de miracles) et sur sa détermination à contrer les prérogatives des laïques. Comme une charte de même nature du comte Baudouin VII fut élaborée à l’abbaye voisine de Saint-Amand en 1116 (Vercauteren, Actes de comtes de Flandre, no 81) et qu’une autre charte comtale sur le même sujet fut délivrée à l’abbaye de Marchiennes par le comte Charles en 1125 (ici no 31) rappelant sur la foi du présent acte les droits de l’avoué et surtout leurs limites, tout conduit à penser à une opération menée en vue d’obtenir et de justifier la charte du comte Charles. Sur les 28 témoins, 18 sont identifiés et attestés dans d’autres chartes des années 1030/1040. Comme le dispositif correspond à la réalité de ces mêmes années, on pourrait envisager l’existence d’une vraie charte de 1038 à laquelle aurait été substitué au plus tard en 1125 un document fabriqué à l’abbaye plus conforme aux attentes de l’abbé et présenté au comte. En l’état, les recherches récentes (cf. les études citées supra de G. Declercq, J.-F. Nieus et S. Vanderputten) optent pour une forgerie dont le modèle fut le diplôme (règlement d’avouerie) délivré par le comte Baudouin V pour Saint-Bertin en 1042. Cependant, la date de 1038 et le lieu de l’acte comtal ne pourraient-ils pas être deux indices d’une substitution de document ? En effet, le comte délivra aussi à Douai le 30 août 1038 un acte de même nature contre l’avoué de Douchy (possession de Saint-Amand) (M. Gysseling M., A. C. F. Koch, Diplomata Belgica, 1, p. 94-95 et 122).

In nomine sancte et individuę trinitatis. Prudenter satis antiquorum excogitavit sollertia ut litteris commendarent et confirmarent quae honeste ac recte a se facta posteros latere nolebant. Unde et ego Balduinus, Dei gratia Flandrensium comes, ad noticiam tam futurorum quam presentium hic annotari jussi qualiter beate Rictrudis Marcianensis abbatiam per quadringentos vel eo amplius annos, hoc est a sui constitutione, semper fuisse ab omni redditu advocationis liberam, coram baronibus meis cognoverim et testatus sim, annuens humili petitioni Albrici abbatis et fratrum ipsius ęcclesię, suggerente eciam et concedente Adela comitissa conjuge mea, filia regis Roberti. Sed quoniam prevalente secularium nequitia ad sui defensionem

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advocato indiget, ut sim aecclesiae fidelis advocatus et defensor, supradictus abbas michi dedit duos molendinos qui sunt in villa Berberia et duas carrucatas terrae in villa Nigella, aecclesia tamen in sua antiqua libertate semper manente. Ego autem molendinos illos cum terra supradicta per manum ipsius abbatis dedi Hugoni Havet de Albiniaco, eo tenore ut in omnibus sit aecclesiae Marceniensi promptus adjutor. Quod si neglexerit, me presente coram baronibus meis judicavit ut et successores ejus et ipse dictum supradictum et advocationem, quam de me tenent, perdant. Et haec sunt quę in potestatibus aecclesiae accipiet. De omni forisfractura ubi ęcclesia ope indigens eum in auxilium vocaverit, si per justiciam ejus aliquid adquisierit, ipse terciam partem habebit. Quod si non fuerit vocatus, nichil omnino debebit habere. Majores dabunt ei in Nativitate duo sextaria vini et duos capones, et ipse cibabit eos et homines eorum pane et carne et vino ; in Pascha dabunt ei duo sextaria vini tantum. Adjutorium tempore obsidionis vel hostilitatis generalis quatuor vel quinque ebdomadarum accipiet in potestatibus, id est de carruca duos solidos, de dimidia unum ; de operario divite an paupere tres denarios. Coccus aecclesiae, magister pistorum, cambarius, et qui cum carro de nemore ligna adducit, nichil dabunt ei, quia omnino ab omni redditu semper liberi erunt. In hoste quoque regali per manus ministrorum abbatię in potestatibus accipiet VIIIto palefridos ; et hoc semel in anno, si necessitas evenerit, sin autem nichil omnino. Palefridos ferrare faciet. Hominibus qui eos ducent in victu et calciamentis providebit. Cum fuerit reversus, statim omnes palefridos illos restituet dominis suis. Quod donec fecerit, nichil pro eo faciet aecclesia, nec homines aeclesiae. Preter haec nichil debet habere advocatus in aecclesia, nec ista accipere nisi per manus ministrorum abbatiae. Pro supradictis enim molendinis et terra servire debet aecclesię et semper promptus esse adjutor. Non bannum faciet nec precarias nec latronem accipiet nec corveias nec palefridos nec ministri ejus aliquid accipient. Sciendum quoque quod non interpellabit quemquam ad campum de hominibus acclesiae ; sed ille contra quem aget judicio scabinorum cum sacramento sola manu purgabit se. Nec licet ei nec alicui terrenę potestati in aliqua villa sanctę Rictrudis contra voluntatem abbatis vel monachorum manere nec convivia preparare, nec placita tenere, nec denariorum vel pecunię collectionem ab incolis exigere nec ullam violentiam inferre. Equalem potestatem habebunt omnes hospites potestatum tam advena quam indigena. Iterum non licet ei terras ęcclesiae emere aut in vadimonium accipere, nec servos nec ancillas ejusdem ęcclesiae in feodo militibus dare, nec aliquid ab illis per violentiam exigere. In silvis quoque sancte Rictrudis vel in aquis vel in terris nullus habet potestatem, nec homines ęcclesiae contra voluntatem abbatis manutenere potest. Et ut hec firma et inconvulsa maneant, studui sigilli mei impressione hoc privilegium roborare et testes inferius designarea). S. Balduini marchionis qui fieri jussit hęc. S. Adele comitisse. S. Eustachii comitis Bolonię. S. Rogerii comitis de Sancto Paulo. S. Gerardi episcopi Cameracensis. S. Drogonis episcopi Morinensis.

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S. Fulchonis episcopi Ambianensis. S. Lietduini abbatis Sancti Vedasti. S. Roderici abbatis Sancti Bertini. S. Malboldi abbatis Sancti Amandi. S. Wicardi abbatis. S. Gerardi abbatis. S. Rodulfi Tornacensis. S. Rodulfi Gandensis. S. Roberti advocati. S. Johannis advocati Attrebatensis. S. Hugonis Aldenardensis. S. Hugonis Valencianensis. S. Saswalonis, Freardi, Walteri, Berneri, Ogeri, Dominici, militum. Hoc placitum fecerunt quatuor milites advocati : Udo, Ursio, Garderus, Mainbodo. Actum Attrebati curte publice in capella sancti Benedicti anno Domini MoXXXoVIIIo, indictione VIa, epacta XII, anno IIIIo Balduini gloriosi comitis, rege Francorum Henrico. a) Les seize premiers témoins sont cités par groupe de quatre noms sur quatre colonnes.

9 (faux) 1046. – Arras Baudouin V, comte de Flandre, à la demande de l’abbé Albéric, énumère et confirme les possessions de l’abbaye de Marchiennes. A. Original sur parchemin, hauteur 412/415 mm (pas de repli), largeur 367/365 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Balduini comitis Flandrie Balduini Barbati filius de nostris libertatibus (xiie s.) – S. Balduini comitis Flandrie de appendiciis nostris (xive s). 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 6/41. B. Copie du xiie siècle ; titre : Balduinus Barbati filius de nostris possessionibus. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXIII [p. 107-108], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : De nostris possessionibus. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. C [p. 240], (fragment). – D. Copie en forme de vidimus de 1274 par Pierre, évêque d’Arras. Lille, ADN, 10 H 6/41a. E. Copie du xvie siècle. Lille, ADN, B 19466, fol. 147ro-vo. – F. Copie de 1518 par le bailliage d’Amiens. Lille, ADN, 10 H 6/41b. – G. Copie de 1698. Lille, ADN, 10 H 6/41d. – H. Copie de 1749. Lille, ADN, 10 H 6/41e. – I. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Duchesne, ms. 22, fol. 202ro-vo. – J. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Duchesne, ms. 66, fol. 129. – K. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41f, d’après D. – l. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41g, d’après D. – M. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41h, d’après D. – N. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41i. – O. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41j. – P. Copie de 1770. Cartulaire factice de Marchiennes (Stein 2328). Lille, ADN, 10 H 325, fol. 1ro-2ro, d’après A. – Q. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41g. – R. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41k. – S. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 6/41m. – T. Copie du xviiie siècle Lille, ADN, 10 H 6/41 n.

Éd i t i o ns d e s chart e s a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 7-8, d’après B. – b. Miraeus, Opera diplomatica, t. 4, p. 179. – c. Courtois, Chartes originales, p. 64-65, d’après A. – d. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 97-99, no 1, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 130 ; Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 489 et 670 ; t. 7, p. 133 ; t. 11, p. 59 ; Spriet, Histoire de Marchiennes, p. 18-21 (traduction) ; Huyghebaert, « Compte-rendu Milis », p. 558 et « Hugo Tornacensis », p. 239 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 16 ; Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, pl. 4 ; Tock, Courtois, Gasse-Grandjean, La diplomatique française, t. 1, p. 169 et t. 2, p. 62, 242, 264, 348 ; Vanderputten, « Monastic Literate Practices », p. 118 ; Declercq, « Van privaatoorkonde tot vorstelijke oorkonde », p. 65 ; Nieus et Vanderputten, « Diplôme princier, matrice de faux, acte modèle », p. 13, 19, 44-47. Base de données : Charte Artem/CMJS no 369 ; ThDipl W 3823/D 4129 ; Diplomata Belgica 3823. L’authenticité de cette charte est remise en cause par plusieurs arguments développés récemment (cf. dans l’acte précédent les études de G. Declercq, J.-F. Nieus et S. Vanderputten). Comme pour la charte no 8, les moines marchiennois ont-ils utilisé une vraie charte de 1046 à laquelle aurait été substitué au plus tard en 1125 et présenté au comte un document fabriqué à l’abbaye correspondant aux buts du monastère dans le cadre de sa remise en ordre et de sa lutte contre un lignage aristocrate local, celui des sires de Landas ? L’état des recherches récentes opte pour une forgerie dont les modèles furent le diplôme du comte Baudouin V pour Saint-Bertin en 1042 et celui, qui en est dérivé, délivré par Baudouin VII en faveur de l’abbaye de Saint-Amand en 1116. De plus, l’écriture et la formulation sont proches de la charte comtale de 1125 (no 31). Le présent acte confirme les biens de l’abbaye et vise aussi, comme le précédent, à encadrer et à restreindre les attributions des agents laïques. Outre les emprunts textuels et la présence de douze témoins sur seize déjà présents dans la charte précédente, cette charte mentionne aussi un scellement anachronique. Le choix de l’année 1046 est-il l’indice d’une substitution de document ? Les deux fausses chartes (nos 8 et 9) et la falsification du diplôme de Charles le Chauve (no 4) apparaissent donc comme les pièces d’un dossier destinées à justifier la décision comtale de 1125 (no 31).

In nomine sanctę Trinitatis. Ego Balduinus, Balduini Barbati et Ogive comitisse filius, per bonam erga me Dei voluntatem comes Flandrensis, reputans mecum quia cum nobis a Deo augentur dona, rationes etiam crescunt donorum, optimum duxi mihi pre omnibus fore ad impetrandam misericordiam Domini, ejus aecclesias nostra sollicitudine honorare et ab omni oppressione et injusticia earum exteriora bona defendendo integra conservare. Sic enim paci et quieti servorum Dei qui in eis Christo militant consulitur, et sanctorum patrocinia quibus ipsi deserviunt, sine dubio adquiruntur. Noverint ergo tam futuri quam presentes quod, sicut predecessores principes, Karolus videlicet magnus imperator et Lotharius rex, possessiones Marcianensis ęcclesię quas ei beata Rictrudis in eadem corpore quiescens, ad sustentandum Deo ibi servientes, dum adhuc viveret munifica largitate contulit, suis confirmatas privilegiis reliquerunt, ita mihi et uxori meę Adele comitisse, ad humilem viri venerabilis Albrici Marcianensis abbatis et monachorum petitionem, sub testimonio baronum nostrorum, et sigilli nostri impressione, supradicti monasterii possessiones presente pagina placuit confirmare. Villa igitur Marcianensis in qua ipsa

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sancta, ut dictum est, corpore quiescit cum aliis sanctorum corporibus, cum locis hinc inde adjacentibus, nemorosis scilicet aquosis, herbosis et palustribus usque ad terram vicinarum aecclesiarum sive hominum comitis Flandriarum, et relique omnes villę ad supradictam ęcclesiam pertinentes : villa scilicet de Bevrui, de Goi, de Sali, de Bairi, de Hainas, de Masengarba, de Lorgiis, de Runcinio, et decima de Rinenga ita sunt de dominicatu ipsius sanctę, ut nullus hominum ibi aliquod jus habeat, exceptis hospitibus sanctę qui propter hoc serviunt ęcclesie et redditus suos solvunt. Sciendum quoque est quod in silvis ęcclesię nemo habet potestatem contra voluntatem abbatis vel monachorum quamlibet arborem parvam vel magnam succidere. In silva autem Pabulensi et loco qui denominabitur, hospites aecclesię ligna accipient ad focum faciendum vel domos reparandas, aut etiam ad suorum clausuram ortorum, quandiu hoc eis aecclesia concesserit. Eandem vero silvam absque ullius contradictione, cum ceteris omnibus silvis, habet potestatem ęcclesia, quandocumque voluerit, succidere, vendere, seu ad culturam segetum redigere aut nutrire, sub quorumque voluerit forestariorum custodia. Silva autem quę Fagus dicitur cum appendiciis suis, hoc est Mohies et Planches, et silva de Bileham et de Pratea et de Sechenies et de Erlevercies et de Gislaufait et de Busch, ita sunt proprię et indominicate Marcianensis monasterii ut in eis preter aecclesiam nullus omnino jure habeat aliquid vel parvum vel magnum. Sciendum quod piscatio flumini Scarpi a Vuasconis curva usque ad Brachiorum locum propria sit ejusdem ęcclesie, cujuscumque sit litus ex utraque parte, excepto quod domino Vuarlennii in angulo suo licet habere tres tantummodo lacunas palis et viminibus compositas, et dominus ville Vereti, a rascia Pomeries usque ad rasciam Rulagii potest piscando transire. Sciendum quoque est quod nullus de villicis potest, absente monacho vel abbate, placitare. Abbas vel monachus possint sine eis. Non tamen amittent jus suum si acciderit. Postquam major alicui rusticorum diem vel horam constituerit placitandi, non potest concordiam accipere, nisi per abbatem aut ejus prepositum monachum. Vadium etiam, si pro qualibet forisfractura acceperit ab aliquo, non alibi quam infra dominicam curtem commendabit. Omnes curtes dominicę ab omni potestate et dominatione advocati et villici immunes erunt et libere, tam ipse quam et servientes earum. Et de omni indominicatu intus vel foris disponendo se non intromittet aliquis villicus, nisi jussus ab abbate vel preposito monacho. Licentiam maritandi nemo a villicis unquam accipiet. Censum de familia sanctę Rictrudis vel sancte Eusebie nullus colliget, nisi quem abbas ad hoc elegerit vel ordinaverit. Denique sciendum est quod non licet hospitibus sanctę Rictrudis vel villicis sibi invicem terras suas dare, vendere, emere vel in vadimonium accipere, nisi concedente ecclesia. Ut hec igitur perpetuam optineant firmitatem, sicut predictum est, sub testimonio baronum nostrorum et personarum quę interfuerunt, sigilli nostri impressione presentem paginam confirmavi. S. Balduini marchionis qui hanc fieri precepit. S. Adele comitissę. S. Roberti et Balduini filiorum eorundem. S. Gerardi episcopi Cameracensis. S. Drogonis episcopi Tervanensis. S. Lietduini abbatis Sancti Vedasti. S. Rumoldi abbatis Sancti Winnoci. S. Malbaldi abbatis Sancti Amandi. S. Eustachii comitis Boloniensis. S. Rogerii comitis. S. Johannis advocati. S. Roberti advocati. S. Rodulfi Tornacensis. S. Rodulfi Gandensis. S. Hugonis Havet. Actum anno Domini MoXLoVIo, indictione XIIIIa, concurrentibus II, epactis XI, apud Atrebatum, regnante Henrico Francorum rege.

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10 (faux) 1047, 12 mai Baudouin V, comte de Flandre, à la demande de son épouse Adèle, donne à l’abbaye de Marchiennes tout ce qu’il possédait dans le pagus d’Ostrevent entre l’Escaut et le Scarpe. A. Original perdu. a. J.-B. Carpentier, Histoire généalogique des Païs-Bas ou Histoire de Cambray, t. 2, p. 6, ex abbatia Marchianensi. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 493 ; Leuridan, Sources de l’histoire de Roubaix, no 2, p. 3 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 130 ; Brassart, Histoire du château et de la châtellenie de Douai, 3 (Preuves), p. 40 ; Huyghebaert, « Compte-rendu L. Milis », p. 558. Base de données : ThDipl W 7937 ; Diplomata Belgica 7937. Une accumulation d’éléments curieux permet d’affirmer que cette charte est fausse. Sa teneur ne présente pas pour l’abbaye un intérêt majeur en raison du caractère général de la formulation : quidquid possideo in pago Austrebatensi inter Schaldim et Scharpam. Pourquoi rédiger un acte aussi vague et mobiliser une aussi longue liste de témoins (34 noms) pour ne rien garantir de précis ? De plus, ces noms dont la plupart ont un surnom d’origine géographique, ce qui n’est pas l’usage du milieu du xie siècle, sont pour beaucoup ceux de personnages qui figurent dans un grand nombre de chartes du xiie siècle. Cette longue liste apparaît comme une copie extraite d’un ou plusieurs actes vrais. Á ces éléments formels s’ajoutent d’autres interrogations. Cette charte ne figure pas dans les cartulaires de l’abbaye alors que tous les actes des comtes de Flandre s’y trouvent. La teneur de cet acte n’est jamais reprise dans les confirmations pontificales du xiie siècle. Bref une absence d’existence comparable au faux diplôme de Charlemagne (cf. no 3). En outre, aucune mention de cette charte comtale ne figure dans les inventaires anciens : ni dans le rouleau du xive siècle (10 H 44/718), contenant des mentions ou analyses d’actes, ni dans les inventaires de 1494 (10 H 320), de 1533 (10 H 321), ni dans tous les inventaires postérieurs. L’inventaire de 1533 donne des analyses des actes du comte Baudouin V, ceux de 1038 et 1046 (cf. actes faux nos 8 et 9) mais omet celui de 1047. Cette absence dans le cartulaire et dans tous les inventaires anciens conforte l’idée de l’inexistence du document comtal et celle d’une invention postérieure à 1533. Comme la tradition de cet acte ne commence qu’avec J.-B. Carpentier dont on sait les talents de faussaire (voir supra, p. 170-173), on peut conclure à une fabrication au xviie siècle.

Ego Balduinus, Flandrorum comes, Balduini barbati et Ogivae Lussenburgensis comitissae filius, notum facio universis fidelibus quod de beneplacito Athalidis ducissae ussoris meae dono insuper ecclesiae Martianensi quidquid possideo in pago Austrebatensi inter Schaldim et Scharpam pro intuitu animae meae et animarum praedecessorum meorum Flandriae comitum, etc. Ut haec igitur firma et rata permaneant, sub testimonio baronum meorum et militum qui mecum interfuerunt, in sanctae Rictridis festo solempni sigilli mei impressione praesentem paginam communivi. Signum Balduini comitis. Signum Athalidis comitissae. Signum Johannis castellani.

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Signum Joannis advocati. Signum Roberti advocati. Signum Radulfi Tornacensis. Signum Walteri Duacensis. Signum Rodulfi et Reingoti Gandensium. Signum Anselli Calonnensis. Signum Roberti Avoiensis. Signum Berneri de Ymericorte. Signum Walteri de Harcicorte. Signum Roberti de Fossa. Signum Elnardi de Landast. Signum Guidonis de Aldenarda. Signum Radulfi de Haviskerka. Signum Rogerii de Bevera. Signum Adami de Nevels. Signum Roberti de Rubaix. Signum Bovonis de Bullers. Signum Alulfi de Hesdin. Signum Godefridi de Wallincorte. Signum Eustachy de Novavilla. Signum Ernolfi de Burnevilla. Signum Hugonis de Incys. Signum Rasonis de Gavera. Signum Hellini de Wavrinio. Signum Iberti de Liskercka. Signum Sigeri de Lens. Signum Fulconis de Pucks. Signum Alardi de Cominiis. Signum Widonis de Belliolo. Signum Hugonis Havet de Albiniaco militum et aliorum armigerorum et puerorum meorum multorum. Datum anno MXLVII, mense maio, regnante Henrico semper augusto. 11 1089 Baudouin II, comte de Hainaut, confirme à l’abbaye de Marchiennes une donation située à Vésignon faite par le noble chevalier Thierry, consistant en un alleu de vingt-sept courtils, un verger, deux brasseries, deux fours, cinq charruées de terre et des prés. A. Original sur parchemin, hauteur 550 mm (pas de repli), largeur 390/395 mm ; sceau rond de cire verte plaqué (diamètre 75 mm) ; légende : SIGILLVM BALDVINI COMITIS DE MONTIS (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 1, p. 32, no 194). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum comitis Balduini Hainoensis de allodio de Vesinii (xiie s.) – Donation du fief dit allodium de Vesinii 1089 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/686 musée 54. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium Balduini comitis Hainoensis de allodio Vesinio. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXII-XXXIII [p. 106-107], d’après A. a. D’Outreman, Histoire de la ville de Valenciennes, preuves, p. 4. – b. Miraeus, Opera diplomatica, t. 1, p. 517. – c. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 19-21, d’après A. – d. Courtois, Chartes originales, p. 133-134, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 571 et t. 11, p. 87 ; Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 1, p. 32, no 194 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 257 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 45 ; Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 356, no 1 ; Tock, Courtois, Gasse-Grandjean, La diplomatique française, t. 1, p. 191 et t ; 2, p. 62, 348. Base de données : Charte Artem/CMJS no 412 ; ThDipl W 2985/D 3262 ; Diplomata Belgica 2985.

In nomine sanctae et individuae Trinitatis Patris et Filii et Spiritus sancti, Amen. Ego Balduinus, Balduini junioris comitis ac Richeldis comitisse filius, Hainacensium et Valentianensium necnon et Duacensium et Austrovantensium simul comes, volo ut omnes undique longe lateque veraciter agnoscant, tam hi qui

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in presentiaruma) sunt quam qui post nos futuri sunt, quod quidam miles nobilis nomine Theodericus, divino instinctu, permotus proprium sui juris alodium Vesinium nuncupatum ęcclesię Marceniensi, in qua beatarum Rictrudis et Eusebie corpora cum aliorum plurimorum sanctorum pigneribus venerabiliter requiescunt, pro salute anime suae conferre disponens venit ad me consulens et expetens ut per meum consilium et meam corroborationem illud solenniter perficere valeret. Ego vero et ęcclesię Dei profectum et illustris viri devotum intuens affectum, et suum salutiferum collaudavi votum et ratum duxi me adquiescere ipsius consultui et satisfacere expeticioni. Igitur coram me in presentia principum meorum ceterorumque silicet ęquestris ordinis fidelium et curialium ac multorum civium, idem vir bonus predictum Vesinii alodium cum omni integritate manu sua cum impositione manus meae liberum ab omni exactione contulit religioso ejusdem cenobii nomine Adelardo ad opus prenominate ęcclesię abbati. Sunt autem ipsius predii XXVII cultilia situsque dominice curtis infra quam sunt privata hędificia et arboretum, situs etiam duarum cambarum duorumque furnorum, terra arabilis quantum plene sufficit quinque carrucis, quamque coloni illius loci ad medietatem per omnes sationes faciunt et excolunt, tria quoque prata cum palustribus locis. Placuit ergo mihi quatinus hanc subscriptionis kartam juberem conponi, ne ullus in perpetuum audeat resistere vel contradicere seu aliquam violentiam presignatis ęcclesię bonis inferre quę tanta subnixa constant auctoritate veratiumque testium astipulatione. Quod si forte quispiam malignus istud meae confirmationis decretum aliquando temerare presumpserit, principatus nostri judicii severitatem sentiat et experiatur in detrimento centum librarum si liber homo fuerit, non liber autem oculorum amissionem. Haec sunt nomina testium qui traditioni predicti allodii vel hujus kartę confirmationi interfuerunt. Signum comitis Balduini qui hoc fieri precepti. Signum Walcheri de Cerviab). Signum Fastredi de Fossato. Signum Baldrici de Rosisgin. Signum Hugonis de Valencenis. Signum Gerulfi de Hum. Signum Walcheri de Cavren. Signum Almanni pueri. Signum Godefridi castellani. Signum Gerardi Arnulfi filii. Signum Willeloti castellani. Signum Goberti de Anzeng. Signum Walandi. Signum Huberti de Lothes. Signum Hugonis de Foro. Signum Hugonis de Sancto Albino. Signum Hugonis de Rumaltcurt. Signum Alberti de Curcellis. Signum Bernardi Berneri filii.

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Signum Walteri villici. Signum Alberti villici. Signum Diberti villici. Signum Hiluini villici. Signum Walteri villici. Signum Ragineri villici. Actum anno ab incarnatione Domini millesimo octogesimo nono, indictione duodecima, concurrentibus VII, epacta sexta, regnante Philippo Francorum rege, ęcclesię Cameracensi pontificante Gerardo secundo. Signum Hugonis cancellarii. Signum Bertuini notarii. a) sic A. – b) Les 24 témoins sont répartis par groupe de six noms sur quatre colonnes.

12 [1094, 25 mars. – Rome] Le pape Urbain II délie les abbés et abbesses du nouveau diocèse d’Arras de leur sujétion à l’évêque de Cambrai et les invite à reconnaître pour évêque Lambert qu’il a sacré en cette qualité. Sont cités les abbés Alold de Saint-Vaast, Richard de Marchiennes, Albert d’Hasnon, Aimeric d’Anchin et, sans leur nom, les abbesses de Denain et d’Étrun. A. Original perdu. B. Copie partielle de la fin du xie s. Boulogne, BM, ms. 84, fol. 147vo (l’eschatocole manque), d’après A. – C. Copie du xiiie s. Cartulaire du chapitre cathédral d’Arras (Stein 214). Paris, BnF, lat. 9930, fol. 56ro-vo. D. Copie vers 1587-1589 par Jean de Thélus. Paris, BnF, lat. 12827, fol. 106vo-107. – E. Copie de 1690. Arras, BM, ms. 1051, p. 31-32. – F. Copie du xviie s. Arras, BM, ms. 1062, fol. 13ro-vo. – G. Copie du xviiie s. Cambrai, BM, ms. 841 (copies diverses), p. 26-28, d’après D. a. d’Achéry, Spicilegium, t. 5, c. 552-553. – b. Labbé, Sacrosancta concilia, t. 10, c. 452, d’après a. – c. Baluze, Miscellanea, t. 2, c. 133. – d. Mansi, Conciliorum amplissima collectio, t. 20, c. 674, d’après a. – e. PL, t. 151, c. 382-383, d’après a. – f. RHGF, t. 14, p. 749, d’après b. – g. Kéry, Die Errichtung des Bistums Arras, p. 179-180, no 37. – h. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, p. 97-98, no 9, d’après g. – i. Giordanengo, Le Registre de Lambert, p. 147-150, no G 29. – j. Gerzaguet, Histoire… Denain, p. 150-152, no 3, d’après g. Indiqué : Arras, BM, ms. 964, fol. 27vo (analyse de la fin du xiie s.) ; JL, 1, p. 674, no 5514 ; Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 585 et 7, p. 173 ; de Loisne, Le cartulaire du chapitre d’Arras, p. 3, no 3, sous la date non justifiée du 24 février 1094 ; Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 55. Base de données : Chartae Galliae, charte 211677 ; ThDipl W 8179 ; Diplomata Belgica 8179. Cette lettre de mandement a fait l’objet de nombreuses copies complètes ou partielles dont la filiation a été minutieusement reconstituée avec un stemma commode par Kéry, op. cit., p. 147. Une traduction a été donnée par C. Giordanengo (i). La datation résulte d’une

Éd i t i o ns d e s chart e s bulle de teneur identique, datée du 25 mars 1094, et adressée aux deux archidiacres du diocèse restauré (cf. Kéry, op. cit., p. 178-179, no 36). Baluze (a) indique, en renvoyant au document adressé aux deux archidiacres, datum ut supra, c’est-à-dire Data Romę VIII kal. Aprilis. L’année s’impose par le voyage à Rome effectué par le nouvel évêque pour être consacré par le pape.

Urbanusa), episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiisb) Aloldo Sancti Vedasti, Richardo Marcianensic), Alberto Hasnonensid), Hamerico Aquicinensie) abbatibus, item abbatissę Sanctę Ragenfredisf) et abbatissę Strumensi, salutem et apostolicam benedictionem. Apostolicę sedisg) nos compellit auctoritas universis per orbem terrarum ęcclesiis providere et sua jura poscentibush) paterna compassione succurrerei). Quoniamj) igitur Atrebatensis ęcclesia multis jam temporibus propria carens dignitate Cameracensis ęcclesię jugum pertulitk), dignum profectol) duximus, ut ejusdem ęcclesię filiis amissam repetentibus dignitatem nostrę benignitatis inclinaremus assensum. Nequem) enimn) subjectionem Atrebatensis ęcclesię aliquodo) Romanę auctoritatisp) cyrographumq) Cameracensibusr) vendicat et Atrebatensis urbis populositas longe illam cui hactenus subdita fuerat antecedit. Et kanonum itaque decretis et predecessorum nostrorum exempliss) freti nunc tandem annuente Domino Atrebatensium votis justist) et petitionibus importunis effectum dedimus, et venerabilem virum Lambertum quem communi assensuu) electum ad nos cum communi decreto deduxerantv) in episcopum consecravimus et quęquew) ad Atrebatensem parochiam antiquitus pertinuisse noscuntur ipsi et ipsius successoribus perpetuo regenda etx) episcopali jure possidenda firmavimusy), nominatimz) archidiaconias duasaa) quarum una Atrebatensis, altera dicitur Obstrevandensisab). Vestram ergo dilectionem litteris presentibus ammonemus atque precipimus ut ei deinceps tanquam cardinali episcopo, tanquam beati Petri manibusac) consecrato subesse et obœdire curetis, unde et vos et clericos universos qui in predictis archidiaconiis sunt a professione Cameracensis ęcclesię absolvimus. Si qui vero inter vos hujus nostręad) constitutionis tenore prospectoae) predicto confratri nostro Atrebatensi episcopo obœdire contempserint, quamcumque in eos sententiam ipse episcopali moderationeaf) dictaverit, firma permaneatag). a) précédé de Urbanus monet hac epistola quosdam abbates et abbatissas Lamberto obtemperare EG. – b) précédé de suis b. – c) Marchiensi C ; Marchian. D ; Marchiansi, FG ; Marcianensi a. – d) Hannonensi C ; Hasnoniensi G. – e) Aquichinensi C ; Aquicinetensi FG. – f) Reagenfredis F. – g) omis a de nos compellit à dignum profecto duximus. – h) presentibus b. – i) surcurrere B. – j) quia FGab ; en b le texte s’arrête ainsi : cetera quę de hac epistola restant, require in Atrebatensis ęcclesia (sic) monumento, inquit mss codex : verum non alia videntur ab iis quę in precedenti habentur epistola. – k) omis a. – l) omis a. – m) nec C. – n) omis en a de subjectionem à episcopali jure. – o) aliquando C. – p) dignitatis G. – q) chyrographum EG. – r) Cameracensis C. – s) exemptis G. – t) justis votis EGd. – u) sensu d. – v) deduxerunt FGa. – w) quecumque C. – x) etc, jusque dictaverit firma en a. – y) firmamus C. – z) omis a. – aa) suas G. – ab) Ostrevandensis EGd. – ac) manibus beati Petri C. – ad) nostrę hujus FGa. – ae) perspecto CEGd. – af) omis a. – ag) Datum ut supra a.

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13 1103, 2 mars. – Arras Lambert, évêque d’Arras, confirme à Alard, abbé de Marchiennes, les autels concédés à cette abbaye, libérés du personat : dans le comté de Flandre, Lorgies, Auchy, Mazingarbe, Haisne ; en Artois, Boiry ; en Ostrevent, Aniche, Abscon, Hamage. A. Original sur parchemin, hauteur 496/493 mm, largeur 460 mm ; sceau en navette de cire brune plaqué (90 × 80 mm), représentant un évêque, tête nue, tenant crosse et bénissant ; légende : + LAMBERTI D[E]I GR[ATI]A ATREBATENSIS EP[ISCOPU]S. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Domni Lamberti Atrebatensis episcopi de libertate altarium (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : +. I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 5/33. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Lamberti episcopi de libertate altarium. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XVI [p. 41-42], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 44ro-vo. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 40ro-42ro. – E. Copie du 24 août 1770 par Dom Queinsert. Cartulaire factice de Marchiennes (Stein 2328). Lille, ADN, 10 H 325, fol. 3ro-4ro, d’après A. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 41, fol. 144-145, d’après A. – G. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 53-54, d’après B. a. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 163-166, d’après A. – b. Courtois, Chartes originales, p. 172-173, d’après A. – c. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 15-17, no 9, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 131 ; Wauters, Table chronologique, t. 9, p. 99 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 270 ; Warlop, De Vlaamse Adel, t. 2, no 65/4 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 45 ; Tock, Chancellerie, p. 27 ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 723, 727, 728, 731, 732 ; Morelle, « Archives épiscopales », p. 257-258 ; Tock, Courtois, Gasse-Grandjean, La diplomatique française, t. 1, p. 207 et t. 2, p. 62, 261, 348. Base de données : Charte Artem/CMJS no 440 ; Chartae Galliae, charte 200645 ; ThDipl W 5117 ; Diplomata Belgica 5117. L’original étant abîmé, quelques passages sont édités d’après B. Il s’agit des passages entre crochets droits.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, veri ac summi Dei. (Crux) Ego Lambertus, Dei miseratione Attrebatensis episcopus, sepe et multum imploratus, satisfacere volui dulcissimis et dignis precibus domni Adalardi venerabilis abbatis de titulo beatorum apostolorum Petri et Pauli Marceniensis cenobii, ceterorumque fratrum ejusdem ęcclesię, ut altaria quę personaliter et juste tenuerant dum Cameracensis ęcclesia et haec cui nunc Deo auctore presidemus sub uno pontifice regerentur, liberaliter predicte congregationi firmaremus possidenda. Unde, cum fidelibus nostris communicato assensu et consilio, tibi frater et fili abba Adalarde, tuisque successoribus legitimis regulariter viventibus, pro peccatorum nostrorum redemptione sine aliqua turpis lucri exactione ipsa altaria non solum concedimus, verum etiam auctoritate

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qua non nostris meritis sed per divinam misericordiam presidemus in perpetuum possidenda confirmamus, ea tamen conditione ut defunctis presbiteris, sicut ratio exposcit et decreta precipiunt, alii qui digni sint preesse ab abbate ad episcopum deducantur, quibus cura animarum ab ipso episcopo gratis impendatur, salvo in omnibus jure Attrebatensis episcopi et redditibus ejus et archidiaconi ministrorumque ejus ; preterea promi[tte]nte nobis et profitente supradicto abbate sicut filio nostro carissimo, in privatis et publicis negotiis ęcclesię beatę Mariae Attrebatensis et in capitulo et extra capitulum fideliter et obedienter se deserviturum, si vocetur ab eadem ęcclesia. Haec autem sunt nominatim altaria : [in] comitatu Flandrensi pago Letico, Lorgias, Alcis, Masengarba, Hainas ; in pago Attrebatensi, Bairis ; in comitatu Hainoensi, pago Ostrevanno, Hanic, [Ascon], Hamaticum. Hęc igitur altaria que in nominatis villis continentur ad ęcclesiam Marceniensem pertinere notum sit tam futuris quam presentibus. Unde, si quis post hanc nostram diffinitionem aliquod de altaribus istis manu sacrilega a prefata ęcclesia cui Deo disponente annuimus alienare vel auferre aut pro eisdem altaribus aliquando pecuniam exigere vel redditus ipsorum imminuere presumpserit, anathema sit. Cujus rei gratia pignus hoc fraternę caritatis humilitati nostrę volumus recompensari, quatinus, audito obitu nostro, exequias et tricenarium nostrum, successorum quoque nostrorum necnon anniversarium tam presentes fratres et abbates eorum quam ipsorum successores perpetualiter et devote celebrare procurent. Sane, quoniam in deterius defluunt tempora et actiones humanę non possunt venire in noticiam posterorum nisi per litteras, hoc libertatis donativum consignari libuit presente pagina. Quod ut inconvulsum et sine refragatione permaneat, sigilli nostri impressione roborari, in augmentum etiam firmitatis annotari testium subscriptorum nomina precepi. S. domni Lamberti episcopi. S. domni Clarenbaldi archidiaconi. S. Roberti archidiaconi. S. Aloldi abbatis Sancti Vedasti. S. Hildeguini abbatis Aquicinensis. S. Alberti abbatis Hasnoniensis. S. Johannis abbatis de Monte Sancti Eligii. S. Odonis prepositi. S. Anastasii cantoris. S. Roberti magistri. S. canonicorum Rogeri, Balduini presbiterorum. S. Algisi, Balduini, Arnoldi, Rogeri diaconorum. S. Roberti, Bernaldi, Gerardi, Hugonis, Anselli, Petri subdiaconorum. S. Walteri, Rodulfi, Bertulfi, Andreę, Petri canonicorum. S. decanorum Mascelini, Athsonis, Guarneri, Johannis, Bonardi, Alardi, Balduini, Gerardi, Radulfi, Johannis de Duaco, Amolrici de Masten. Ego Lambertus, Dei miseratione Attrebatensis episcopus, relegi et subscripsi, (Crux) et in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, propria manu confirmavi. Actum Attrebati anno ab incarnatione Domini et salvatoris nostri Jhesu Christi MoCoIIIo, indictione XIa, VIo nonas martii, anno autem pontificatus domni Lamberti VIIIIo. 14 [fin 1103 – début 1104] ? Fulcard, abbé de Marchiennes, reconnaît l’autorité de Lambert, évêque d’Arras. A. Original perdu. B. Copie de 1587-1589 par Jean de Thélus. Paris, BnF, lat. 12827, fol. 123ro-vo : Formulae quibus usi sunt abbates diocesis Atrebatensis promittentes obedientiam Lamberto episcopi. – C. Copie du xviie

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D e u xi è m e pa rt i e siècle. Paris, BnF, collection Picardie, t. 60, fol. 11ro : Formulae quibus usi sunt abbates diocoesis (sic) Atrebatensis promittentes obedientiam Lamberto episcopi. Seule la première des cinq formules est complète, les autres sont abrégées par etc après subjectionem et reverentiam. – D. Copie du xviiie siècle. Cambrai, BM, ms. 841, p. 85-86, d’après B. a. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 182, note 35. – b. Vanderputten, « Abbatial obedience, liturgical reform », p. 270, d’après B, C, D. Indiqué : Kéry, Die Errichtung des Bistums Arras, p. 32 ; Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, annexe 3, p. 388, no 3 ; Vanderputten, « Fulcard’s Pigsty », p. 101. Ce document qui n’est pas une charte a cependant toute sa place ici car c’est un document important et significatif pour l’affirmation de l’autorité de l’évêque d’Arras dans son diocèse créé en 1093. Cette formule de serment concerne les abbés Gelduin d’Anchin (1102-1110), Henri de SaintVaast (1104-1130), Alvise d’Anchin (1111-1131), Fulcard de Marchiennes (1103-1115) et Richard du Mont-Saint-Éloi (1108-1130). Seul Gelduin est qualifié d’ordinatus alors que pour les autres on trouve ordinandus. Compte tenu des dates d’entrée en fonction de ces abbés, on peut dater ce formulaire de la fin de 1103 ou du début de 1104.

Ego Fulcardus nunc ordinandus abbas ad titulum sanctę Rictrudis Marchianensis subjectionem et reverentiam a sanctis patribus constitutam et obedientiam secundum preceptum et regulam sancti Benedicti huic sedi sanctę Atrebatensis ecclesię tibique, pater Lamberte episcope, tuisque successoribus perpetuo me exhibiturum promitto et propria manu confirmo. 15 [1110 ?, avant le 1er octobre] Lambert, évêque d’Arras, ordonne à Fulcard, abbé de Marchiennes, qu’il avait convoqué sans succès, de se rendre auprès de lui pour lui rendre compte de l’état de son abbaye avant la tenue du concile que veut réunir le cardinal-légat Richard d’Albano. Lambert suspend Fulcard de sa fonction si l’abbé ne se soumet pas. A. Original perdu. B. Copie de 1690. Arras, BM, ms. 1051, p. 201. – C. Copie du xviie s. Arras, BM, ms. 1062, fol. 101vo-102ro. a. Baluze, Miscellanea, p. 351-352 : Epistola CXIII Lamberti ad F. abbatem, d’après une copie de Jacques Crignon, chanoine d’Arras, faite pour Baluze sur B ou C. – b. PL, t. 162, c. 688-689 : Epistola CXIII Lamberti ad F. abbatem, d’après a. – c. RHGF, t. 15, p. 202, d’après a. – d. Giordanengo, Le Registre de Lambert, p. 480-481, no E 111, d’après B, C, a. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 49 ; Schieffer, Die päpstlichen Legaten in Frankreich, p. 182-183. Base de données : ThDipl W 8942 ; Diplomata Belgica 8942.

Éd i t i o ns d e s chart e s L’identification du concile prévu en octobre dans cette lettre et réunissant les abbés de la province de Reims pose difficulté car aucune tradition indépendante de la lettre de Lambert ne mentionne une telle assemblée dans la ville métropolitaine en 1110. Une mention unique et suspecte signale un concile à Reims en avril 1109 (Pontal, Les conciles, p. 254-255 et 420). La lettre de Richard (Giordanengo, Le Registre de Lambert, p. 476, no E 109) ne contient pas de convocation à un concile. Dans une lettre non datée d’un autre légat, Odon, attesté en 1110, l’évêque Lambert et ses collègues sont convoqués à Corbie un 20 mars (Giordanengo, Le Registre de Lambert, p. 464-465, no E 99 ; Weiss, Die Urkunden, p. 60, VII-9-1). Un concile tenu à Fleury/Saint-Benoît-sur-Loire le 11 octobre 1110 et présidé par le cardinal Richard, légat dont la mission se termine en 1111 (Pontal, Les conciles, p. 255), est la seule assemblée qui pourrait convenir à la mention contenue dans la lettre épiscopale.

Lambertusa), Dei miseratione Atrebatensis episcopusb), dilecto in Christo fratri F[ulcardo]c) abbati, spiritu ambulare et desideria carnis non perficere1) sed quae illi praecepit Deus cogitare semper et facere. Cum litteras nostras nuper tibi miserimus et per obedientiam tibi praeceperimus quatenus in quinta praeterita feria ad nos venires, et necdum venisti nec quare non veneris mandasti, non sicut hactenus aeque portamus. Mandamus ergo tibi et ea qua tibi auctoritate praesumus constanter praecipimus quatenus, remota omni occasione, in instanti quinta feria sive prima sequenti sexta feria ante horam sextam te nobis praesentare non differas. Habemus enim tecum de religione tua et de conversatione monasterii tui collationem facere quia cardinalis domnus Richardus episcopus, apostolicae sedis legatus, concilium celebrare ante festivitatem sancti Remigii disposuit et abbates Remensis provinciae adesse mandavit. Quoniam ergo melior est obedientia quam victima2) et juxta beatum Gregorium usus rectae conversationis est ut obedientiam subditis non imperet qui eam praelatis exhibere non novit3), et vera obedientia moram non habet, interdicimus tibi et locum et sedem abbatis nisi quod mandamus adimplered) cum diligentia studueris. a) en marge de C : Sçavoir si le frère de Lambert ne s’appelloit pas Foulques et si ce n’est pas ce Foulques de Ghisnes qui – b) Lambertus etc B ; Dei… episcopus om. B. – c) F B, C, a. – d) adimprere B. 1) Gal. 5, 16. – 2) 1 Sam., 15, 22 : oboedentia victimis jure preponitur, commenté par Grégoire le Grand dans Moralia in Job, l. 35, c. 13. – 3) Quoniam… novit : réminiscence du commentaire de Grégoire le Grand au premier livre des Rois : Rectus quoque ordo electae conversationis est ut obedientiam non injungat aliis quam ipse aliis impendere non curavit (éd. P. Verbraken, Turnhout, 1963, Corpus Christianorum. Series Latina, 144, p. 396).

16 1120, [4 juil – 25 décembre] Burchard, évêque de Cambrai, confirme à l’abbaye de Marchiennes la restitution du tiers de la dîme de Battignies qu’Otbert, persona de Waudrez, lui avait injustement prise. L’abbaye cédera une part de cette dîme à Otbert, mais contre un cens de deux sous payables à Noël. Si l’abbaye récupérait les deux autres tiers, Otbert les tiendrait également jusqu’à sa mort avec un accroissement de cens.

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D e u xi è m e pa rt i e A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Boucardus episcopus Cameracensis de decima de Badegnies. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVI [p. 63-64], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 146vo-147ro. D. Copie du 4 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 50, fol. 39-40, d’après B. – E. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 307/4722, d’après B. a. Duvivier, Recherches sur le Hainaut ancien, p. 524-525, no 110, d’après B. – b. Goodvaerts, Un village inconnu, p. 323, no 6. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 107-108 ; Reusens, « Chancellerie inférieure », p. 172 ; Hayez, Catalogue des actes des évêques de Cambrai, no 194 ; Delmaire, L’histoirepolyptyque, p. 20 ; Tock, Chancellerie, p. 43 ; Van Mingroot, « Indictio », p. 156-157 et « Liste provisoire », p. 47, no 40. Base de données : ThDipl W 5625/D 5288 ; Diplomata Belgica 5625. Les quantièmes sont proposés par E. Van Mingroot à partir des éléments de datation de la charte.

Burcardusa), Dei gratia Cameracensium episcopus, tam futuris quam presentibus in perpetuum. Nichil est quod nostrę sollicitius incumbat providentię quam ęcclesiarum dispersa fideliter recolligere et ad unitatis utilitatem redacta solide conservare. Tocius igitur decime Baddiniensis territorii tercium manipulum quem Marcianensisb) ęcclesia multo tempore canonice tenuerat, sed eum per injustam occupationem cujusdam Oberti personę de Waldrec) aliquandiu perdiderat, eidem ęcclesie hoc quidem tenore restituimus quod idem Otbertus, injuste usurpationis in presentia nostra culpam professus, ab eadem ęcclesia et abbate suo venerabili Amando fratre nostro eundem manipulum censualiter teneat, ita quidem quod in singulis natalibus Domini duos solidos ęcclesię persolvat. Statuimus enim quod, si idem abbas vel ęcclesia sua duos reliquos ejusdem decimę manipulos, qui etiam ex antiqua traditione Karoli imperatoris ad sepefatę ęcclesię pertinere debent, possessionem quocumque tempore quocumque modo comitis Hainoensis et comitissę sopita controversia recuperare poterit, duas partes cum tercia prelibatus Otbertusd) quoad vixerit censualiter obtineat censu tamen augmentato secundum considerationem et consilium personarum nostrarum. Eodem vero decedente, prenominata ęcclesia decimam illam, utpote jus suum est, ex integro libere et absolute in perpetuum possideat. Ad sopiendam autem cujuslibet detractoris audaciam hujus pactionis seriem scripto commendavimus et sigilli nostri impressione signavimus. Si quis vero importunus pervasor vel quecumque persona hujus constitutionis paginam infringere presumpserit, communione christiana privatus excommunicationis periculo subjaceat, conservatoribus autem ęternę beatitudinis tribuatur consortium. S. Erlebaudie) prepositi. S. Johannis archidiaconi. S. Anselli archidiaconi. S. Radulfi archidiaconi. S. Theoderici archidiaconi. S. Evrardi archidiaconi. S. Oilardi decani. S. Roberti cantoris. S. canonicorum. Actum incarnati Verbi anno MoCoXXo, indictione XIIIa, presulatus domini Burcardih) Vo. Ego Werenbaldusi) cancellarius scripsi et confirmavi.

Éd i t i o ns d e s chart e s a) Bulcardus C. – b) March’ C. – c) Vuadre C. – d) Obertus C. – e) Ellebaudi C. – f) Fulchonis C. – g) et Gerardi C. – h) Bucardi C. – i) Werebaldus C.

17 1121, [juin au plus tard] Robert, évêque d’Arras, notifie que par son intervention la paix est rétablie entre Amand, abbé de Marchiennes, et Roger, châtelain de Lille. Celui-ci restitue à l’abbaye de Marchiennes des terres usurpées situées à Lorgies. L’abbé en cède immédiatement au châtelain une partie en fief. A. Original sur parchemin, hauteur 470 mm (dont repli 35 mm), largeur 200 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte et rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Domni Roberti episcopi de solo Rogero castellano (xiie s.) – S. Roberti Attrebatensis episcopi de concordia inter Rogerum castellanum et ecclesiam Marchianensem (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 191/3029. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de Rogero castellano. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XVII [p. 44-45]. – C. Copie du xve siècle sur papier. Lille, ADN, 10 H 191/3029a. D. Copie de 1661 sur papier. Lille, ADN, 10 H 191/3029b. – E. Copie du 8 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 50, fol. 151-152, d’après B. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 56-58, d’après B. a. Leuridan, Les châtelains de Lille, p. 182-184, no 25, d’après A. – b. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 45-47, no 31, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 208-209 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 111 ; Tock, Chancellerie, p. 43. Base de données : Chartae Galliae, charte 200664 ; ThDipl 7428 ; Diplomata Belgica 7428. La sixième année de prélature de Robert va de juin 1120 à juin 1121.

Robertus, Dei gratia Atrebatensis episcopus, tam futuris quam presentibus, ęternam in Christo salutem. Post animarum salutem nichil est quod nostrę sollicitius incumbat providentię quam ęcclesiarum dispersa fideliter recolligere et ad fratrum utilitatem redacta solide conservare. Notum itaque fieri volumus dilectioni vestrę nos, Deo auxiliante, inter fratrem nostrum Amandum abbatem Marceniensem et Rogerum castellanum Islensem tandem post diversarum controversias actionum pacem reformasse et terras sanctę Rictrudis in parrochia de Lorgiis sitas, quas ipse castellanus injuste sibi usurpaverat, ad antiquam Marceniensis ęcclesię possessionem revocasse. Verumtamen, qualiter res acta sit atque inter eos ordinata concordia, breviter litteris commendare curavimus, ut et prefata ęcclesia in terris illis, quod nobis presentibus utrimque concessum est, in pace denuo possideat et castellanus vel heres ejus constitutum pactionis terminum transgredi non presumat. Decretum

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est itaque inter eos ut terragium et decimam insuper et quinque modios avenę ad mensuram illius regionis et centum gallinas in predictis terris sanctę Rictrudis singulis annis habeat Marceniensis ęcclesia, ita dumtaxat ut rustici, qui terras illas excolunt, terragium et decimam sine misso abbatis non eiciant. Si autem aliquis eorum de terragio et decima sive de censu fraudem vel damnum ęcclesię inferre presumpserit, villicus sanctę Rictrudis eum Lorgiam venire ad justitiam commonebit, ubi juxta judicium scaviniorum eum prosequi justitiam oportebit. Si vero justitiam prosequi noluerit et castellanus, postquam hoc ei per nuntium abbatis manifestabitur, illum ad justitiam infra quindecim dies venire non fecerit, tunc terra illius injuriosi in manu abbatis deveniet, donec redditus, qui sibi de illa terra debentur, plenarie per legem solvantur. Illos autem quinque modios avenę et gallinas, quas diximus, hospites ęcclesię Marceniensis in predicta parrochia Lorgiarum commanentes pro terris sanctę Rictrudis, quas a castellano hactenus tenuerant, apud Hainas in festivitate sancti Remigii annuatim persolvent, sed amodo de his terris ad castellanum non respicient, quia sicut ipsi ita et terrę eorum in manu abbatis et ęcclesię omnino consistent. Si vero hospites ęcclesię de prefatis terris tantum non habuerint, ut prefatum censum valeant persolvere, castellanus per suos hospites, qui de terris illis tenent, quodcumque deerit ad integrum supplebit. Sciendum quoque quia de omnibus quę ad villicum sanctę Rictrudis pertinent nichil omnino concessum est castellano. Preter hęc igitur quę hic determinata seu denominata sunt, constitutum est ut Rogerus castellanus cętera quę prius injuste tenuerat nunc ab abbate in feodum accipiat et tam ipse quam heres ejus hominium et fidelitatem abbati et ęcclesię Marcianensi faciat. Ad comprimendam vero cujuslibet malefactoris audaciam, hujus pactionis seriem scripto commendavimus et sigilli nostri impressione signantes, in augmentum firmitatis venerabilium personarum nomina subscripsimus. Si quis itaque importunus pervasor vel quęcumque persona hujus constitutionis paginam infringere presumpserit, communione christiana privatus excommunicationis periculo subjaceat, conservatoribus autem ęternę beatitudinis tribuatur hereditas. Signum domni Roberti episcopi. S. Drogonis archidiaconi. S. Roberti archidiaconi. S. Odonis prepositi. S. domni Alvisi abbatis. S. domni Richoardi abbatis. S. Anastasii cantoris. S. Andreę, Hugonis, Roberti, Gerardi canonicorum. S. Karoli comitis Flandriensium et baronum ejus in quorum presentia a Rogero castellano factum est hominium Amando abbati Marceniensi et facta fidelitas. Actum anno incarnati Verbi millesimo CXXI, indictione XIIII, presulatus domni Roberti episcopi anno VI. 18 1122, 7 mars. – Marchiennes Robert, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Marchiennes la possession de l’église d’Hamage et des autels de Gouy et Sailly. L’abbé lui présentera les prêtres auxquels l’évêque confiera la cura animarum. Les moines prieront pour lui après sa mort et célébreront son anniversaire.

Éd i t i o ns d e s chart e s A. Original sur parchemin, hauteur 470 mm (dont repli 35 mm), largeur 380 mm ; sceau en navette de cire brune (80 × 60 mm) pendant sur double queue de parchemin représentant un évêque debout, tête nue, tenant crosse et bénissant ; légende : + ROBERTI D[E]I GR[ATI] A ATREBATENSIS EP[ISCOPV]S. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Roberti episcopi de altaribus Salli, Goi (en rouge, xiie s.) – Domni Roberti episcopi de altaribus Salli, Goi et Hamatici (xiie s. ; Hamatici, d’une autre main). Pas d’anciennes références d’archives. Lille, ADN, 10 H 5/34. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de altaribus Sali, Goi, Hamaticum. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323 fol. XVIII [p. 46-47]. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 46. D. Copie partielle du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 44ro-45ro. – E. Copie du 12 octobre 1771 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 50, fol. 249-250, d’après A. – F. Copie partielle du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 5/34a, d’après A. – G. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 5/34b, d’après A. – H. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 60-61, d’après B. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 99-100, no 2, d’après A. – b. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 48-49, no 33, d’après A. Indiqué : Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 45. Base de données : Chartae Galliae, charte 200665 ; ThDipl W 5561 ; Diplomata Belgica 5561.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, unius, veri et summi Dei (Crux). Ego Rotbertus, Dei miseratione Atrebatensis episcopus, sepe et multum imploratus, satisfacere volui dulcissimis precibus domni Amandi abbatis de titulo beatorum apostolorum Petri et Pauli Marceniensis cenobii et domni Alvisi abbatis ęcclesię Aquicinensis, ut ęcclesiam Hamagiensem ab omni redditu liberam et altaria de Salli et de Goi prędictę Marceniensi ęcclesię liberaliter possidenda firmaremus. Unde cum domno Rotberto archidiacono nostro cęterisque fidelibus nostris communicato consilio, tibi frater et fili abba Amande tuisque successoribus legitimis regulariter viventibus, pro peccatorum nostrorum redemptione, sine aliqua turpis lucri exactione ipsa altaria non solum concedimus, verum etiam qua presidemus auctoritate liberaliter in perpetuum confirmamus, ea tamen conditione ut, defunctis presbiteris locorum illorum, id est de Salli et de Goi, alii idonei ab abbate ad episcopum deducantur eisque cura animarum ab episcopo gratis impendatur, salvo in omnibus jure Atrebatensis episcopi et redditibus ejus ministrorumque ejus. Si quis autem post hanc nostram diffinitionem manu sacrilega ab ęcclesia cui Deo disponente annuimus auferre vel pecuniam exigere pręsumpserit, dator et acceptor cum Symone mago anathema sit. Cujus rei gratia pignus hoc caritatis nobis volumus recompensari quatinus, audito obitu nostro, exequias et tricenarium nostrum necnon et anniversarium tam pręsentes fratres quam et succedentes perpetualiter celebrare procurent. Sane, quoniam in deterius defluunt tempora nec actiones humanę possunt memorari nisi per litteras, hoc libertatis donativum consignari libuit pręsente pagina. Quod ut inconvulsum et sine refragatione permaneat, in augmentum firmitatis pręsentium testium subscripsimus nomina. S. domni Rotberti archidiaconi. S. Drogonis archidiaconi. S. domni Alvisi abbatis Aquicinensis. S. Lantberti abbatis Hasnoniensisa). S. Bertulfi,

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Bernardi canonicorum Sanctę Marię Atrebatensis. S. Saswalonis decani de Monte Sancti Eligii. S. Guarneri, Amolrici decanorum. S. Theoderici archidiaconi de Condet. S. Erlebaldi prepositi Cameracensis ęcclesię. S. Hugonis dicti Abbatis, Mazelini, Goeranni, Geroldi canonicorum Sanctę Marię Cameracensis ęcclesię. S. Heriberti Valentianensis. Ego Rotbertus, Dei gratia Atrebatensis episcopus, hoc libertatis donativum relegi, subscripsi (signum crucis) et in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti propria manu confirmavi. Actum Marcianis, anno Christi Dei MCXXII, indictione XV, nonis martii, anno autem pontificatus domni Rotberti Atrebatensis episcopi septimo. a) Hasnoniensis, qui se situe au milieu d’une ligne, est suivi d’un espace blanc qui termine la ligne et se poursuit jusqu’au milieu de la ligne suivante.

19 (suspect) 1122, mai. – Bouchain Godinus, chevalier de Hordain, avec l’accord de son épouse et de ses enfants, donne à l’abbaye de Marchiennes un cours d’eau situé près d’Estrun et qu’il avait acquis du châtelain de Bouchain. A. Original perdu. a. Carpentier, Histoire généalogique des Païs-Bas ou Histoire de Cambray, t. 2, preuves, p. 17, ex abbatia Marchianensi. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 115. Base de données : ThDipl W 7496 ; Diplomata Belgica 7946. Comme l’acte no 10, celui-ci n’est mentionné dans aucun inventaire ancien et aucune tradition autre que celle de Carpentier n’a été retrouvée. On sait la réputation de faussaire de cet érudit (cf. supra, p. 170-173) et la mention ajoutée à la suite du texte (A cette charte pend un seel representant une coupe à l’antique) ne donne pas plus de crédit au document. Un Godinus, chevalier de Hordain, fils du sénéchal Adam, est cité dans une charte du 30 novembre 1065 dans laquelle Hugues d’Oisy, châtelain de Cambrai, fait sa soumission à l’évêque Lietbert et dans une charte de 1097. Or ces deux chartes sont fausses et, comme celle-ci, n’ont pas d’autre tradition que l’édition de Carpentier (Histoire généalogique des Pays-Bas, t. 2, preuves, p. 9 et p. 14-16 ; pour l’acte de 1097, cf. aussi Gerzaguet, Les chartes d’Anchin, p. 106-110, no 15). Un sénéchal de Hainaut, Adam de Hordain, ayant un fils Godinus, est attesté dans la seconde moitié du xiie siècle (1150/1158-1174 ; Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 123-124 et Actes, 2, p. 78-81, no 41). Un Amand de Haspres est cité en 1097 (Les chartes d’Anchin, no 15) et en 1180 et 1183 (Chartes de Marchiennes, nos 100 et 106) ; deux Jean de Bruille sont attestés dans la seconde moitié du xiie (Les chartes d’Anchin, nos 180, 233, 259). On retrouve ici le procédé habituel de Carpentier qui, pour donner du crédit aux chartes qu’il fabrique, énumère des noms de témoins, certains en langue vulgaire, empruntés à des chartes du xiie siècle.

Éd i t i o ns d e s chart e s

Notum sit omnibus presentibus et futuris quod ego Godinus miles de Hordeing, filius Adami senescalci, acquisivi a castellano Bucciniensi jus et proprietatem michi et posteris meis in perpetuum in certo aquarum decursu prope Estrung etc. Ego autem de consensu ussoris meae Deode de Oberchicurte, filiorum meorum Adami, Danielis et Johannis, praedictum jus omne in aquas et terras offero Deo sancteque Rictrudi Martianensi in perpetuum pro salute animae meae et omnium progenitorum meorum Ostrevandie senescalcorum. Ad hanc etiam elimosinam consensum dederunt Reinerus frater meus primogenitus et Walterus. Ut autem illud comperiatur a posteris irrefragabile et inconvulsum, id sigilli mei novi appensione corroborari et muniri feci. Actum Buccinii in presentia Johannis dou Bruille, Jacobi de Baudrengiens, Amandi de Haspra, Johannis le Maire militum. Anno Domini MCXXII mense maio. 20 1122, [juin au plus tard]. – Arras Robert, évêque d’Arras, confirme l’accord qui met fin au litige entre Roger, châtelain de Lille, Lietald de Biez et l’abbaye de Marchiennes au sujet de terres situées à Lorgies. A. Original sur parchemin, hauteur 485 mm (dont repli 40 mm), largeur 345 mm ; sceau perdu, lacs disparus. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum Roberti episcopi de Rogero castellano et Lietaldo de Biez (xiie s. ; en rouge) – Sigillum Roberti episcopi de Rogero castellano et Liettaldo (xiie s.) – Pour dismes, terrages et autres a Lorgies (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 191/3033. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de eodem Rogero et Lietaldo de Biz. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327), Lille, ADN, 10 H 323, fol. XVII-XVIII [p. 45-46]. – C. Copie du xve siècle sur papier. Lille, ADN, 10 H 191/3030. D. Copie de 1661 sur papier. Lille, ADN, 10 H 191/3030a. – E. Copie du 9 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 50, fol. 224-225, d’après B. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 56-58, d’après B. a. Leuridan, Les châtelains de Lille, p. 184-186, no 26, d’après A. – b. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 50-52, no 35, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 210 ; Tock, Chancellerie, p. 43. Base de données : Chartae Galliae, charte 200666 ; ThDipl W 7429 ; Diplomata Belgica 7429. La septième année de prélature de Robert va de juin 1121 à juin 1122.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Robertus, Dei gratia Attrebatensis episcopus, tam futuris quam presentibus, ęternam in Christo salutem. Post animarum salutem nichil est quod nostrę sollicitius incumbat providentię quam ęcclesiarum dispersa fideliter recolligere et ad fratrum utilitatem redacta solide conservare. Notum itaque fieri volumus dilectioni vestrę nos, Deo auxiliante, inter fratrem nostrum Amandum abbatem Marceniensem et Rogerum castellanum Islensem et

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Lietaldum de Biez tandem post diversarum controversias actionum pacem reformasse et terras sanctę Rictrudis in parrochia villę Lorgiarum sitas, quas ipse castellanus et Lietaldus injuste sibi usurpaverant, ad antiquam Marceniensis ęcclesię possessionem ęcclęsiastico judicio revocasse. Qualiter autem res acta sit atque inter eos ordinata concordia, breviter litteris commendare curavimus ut et prefata ęcclęsia in terris illis, quod nobis presentibus utrimque concessum est, in pace denuo possideat et illi constitutum pactionis terminum transgredi non presumant. Decretum itaque est in presentia nostra Rogerum et Lietaldum de omnibus terris sanctę Rictrudis, quas ipsi vel alii per eos prius injuste tenuerant, terragium et decimam ęcclęsię Marceniensi in posterum dare, prata, saltus et nemora in illis terris consistentia ad culturam segetum redigere et si quid de eisdem nemoribus venderetur, partem precii sicut de terragio et decima ęcclęsiam accipere, rusticos quoque castellani, qui terras sanctę Rictrudis excolunt, pro retentis terragiis ceterisque institutis per ministros ęcclesię Marcęniensis ad justiciam Lorgias in atrium venire ; Lietaldum vero apud Hainas de similibus causis in placito per scavinios similiter justificari debere, unumquemque etiam eorum, id est Rogerum et Lietaldum, preter terragium et decimam pro censu terrę suę centum gallinas et quinque modios avenę singulis annis persolvere, sed tamen eundem Lietaldum avenam et gallinas, quas debet, cum pomerio et manso suo sicut se habet vetus fossatum Wenemari ab abbate in feodum tenere, excepto jure altaris et villici ; hospites quoque sanctę Rictrudis circumquaque manentes in terris ipsius Lietaldi ad opus animalium suorum pascua communia gratis habere eundemque aut terragium terrę suę in horreum sanctę Rictrudis Lorgias deducere aut ad subvehendum idem terragium monachis equum unum quotannis accomodare. Censum vero, quem debet castellanus, id est quinque modios avenę et centum gallinas, per hospites ęcclęsię circumquaque manentes pro terris, quas ab eodem castellano prius tenuerant, reddi debere et easdem terras, pro quibus hoc persolvunt, in abbatis potestate amplius permanere, eundemque castellanum hominium, fidelitatem, servitium pro beneficio quod ab ęcclęsia tenet abbati ejusque successoribus facere. Sciendum quoque quod quidam miles de villa Isel, Wenemarus nomine, judicio clericorum nostrorum excommunicationem incurrerit propter injustam pervasionem terrarum seu hospitum sanctę Rictrudis in villa Bachelerot noncupata consistentium. Hic tandem abbati et ęcclesię Marceniensi satisfaciens, in nostra presentia culpam suam recognovit, michi quoque ad opus ejusdem ęcclęsię prefatas terras et hospites in manum reddens et securitatem pacis in posterum faciens veniam postulavit et impetravit. Ad comprimendam vero cujuslibet malefactoris audatiam, hujus pactionis seriem scripto commendavimus et sigilli nostri impressione signantes personarum venerabilium nomina subscripsimus. Si quis itaque importunus pervasor vel quecumque persona hujus constitutionis paginam infringere presumpserit, communione christiana privatus excommunicationis periculo subjaceat, conservatoribus autem ęternę beatitudinis tribuatur hereditas. Signum domni Roberti episcopi. S. Drogonis et Roberti archidiaconorum. S. Odonis prepositi. S. Anasthasii cantoris. S. Petri et Bertulfi canonicorum. Actum Atrebati anno incarnati Verbi MoCoXXIIo, indictione XVa, anno autem pontificatus domni Roberti Atrebatensis episcopi VIIo.

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21 1122, [après mars]. – Marchiennes Robert, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Marchiennes, à charge de célébrer son anniversaire, l’église d’Hamage et les autels de Lorgies, Auchy, Haisnes, Boiry-[sainte-Rictrude], Abscon, Aniche, Sailly et Gouy. Il règle les conditions de désignation des desservants. A. Original sur parchemin, hauteur 385 mm (dont repli 30 mm), largeur 365 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge, verte et blanche. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum Roberti de omnibus altaribus nostris (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : + I (en rouge). Lille, ADN, 10 H 5/35. B. Copie de la fin du xvie siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 7747, fol. 495vo-496vo. – C. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 5/35a, d’après A. –D. Copie du 24 août 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 50, fol. 218-219, d’après A. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 100-101, no 3, d’après A. – b. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 52-53, no 36, d’après A. Indiqué : Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 723, 728. Base de données : Chartae Galliae, charte 200667 ; ThDipl W 5562 (qui signale par erreur une copie dans le cartulaire p. 46-47 ; confusion avec l’acte no 18) ; Diplomata Belgica 5562 (même confusion). Cette charte est postérieure ou contemporaine à l’acte no 18. Le sceau est perdu depuis 1535, comme en témoigne une attestation des échevins de Douai certifiant que le sceau de l’acte de l’évêque Robert s’est brisé sur le chemin qui va de Douai à Arras (ADN, 10 H 5/36).

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Ego Robertus, Dei gratia Attrebatensium episcopus, sepe et multum imploratus, satisfacere volui dulcissimis precibus domni Amandi abbatis de titulo beatorum apostolorum Petri et Pauli Marcianensis cenobii et domni Alvisi abbatis ęcclesię Aquicinensis, ut ęcclesiam Hamagiensem, quę priscis temporibus abbatia fuerat, ab omni redditu liberam predictę Marcianensi ęcclesię liberaliter possidendam firmaremus, cetera quoque ejusdem ęcclesie altaria, quorum hęc sunt nomina : in comitatu scilicet Flandrensi, pago Letico, Lorgias, Alcis, Hainas ; in pago Attrebatensi, Bairis ; in comitatu Hainoensi, pago Ostrevanno, Ascon, Hanic cum tota decima territorii ejusdem villę ; in eodem pago altaria de Sali et de Goi, quę per manus nostras Hugo dictus abbas pręfatę ęcclesię in elemosinam contulit. Hęc igitur altaria, cum domno Roberto archidiacono nostro ceterisque fidelibus nostris communicato consilio, Amando abbati ejusque successoribus legitimis regulariter viventibus pro peccatorum nostrorum redemptione sine aliqua turpis lucri exactione ipsa altaria cum decimis non solum concedimus, verum etiam qua presidemus auctoritate liberaliter in perpetuum confirmamus, ea tamen conditione ut, defunctis presbiteris locorum illorum, alii idonei ab abbate ad episcopum deducantur eisque cura animarum ab episcopo

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gratis impendatur, salvo in omnibus jure Attrebatensis episcopi ministrorumque ejus. Si quis autem post hanc nostram diffinitionem manu sacrilega ab ęcclesia, cui Deo disponente annuimus, auferre vel pecuniam exigere presumpserit, dator et acceptor cum Symone mago anathema sit. Cujus rei gratia pignus hoc caritatis nobis volumus recompensari quatinus, audito obitu nostro, exequias et tricenarium nostrum necnon et anniversarium tam presentes fratres quam et succedentes perpetualiter celebrare procurent. Ut autem hęc rata et inconvulsa permaneant, hanc paginam sigilli nostri impressione et testium annotatione confirmavi. Signum Drogonis et Roberti archidiaconorum. S. Alvisi abbatis Aquicinensis. S. Lamberti abbatis Hasnoniensis. S. Bertulfi et Bernardi canonicorum. S. Guarneri et Amolrici decanorum. S. Hugonis Abbatis. Actum Marcianis anno Domini MoCoXXoIIo. 22 (faux) 1123, 5 février. – Latran Le pape Calixte II confirme et énumère les possessions et privilèges de l’abbaye de Marchiennes, placée sous la protection apostolique. A. Original sur parchemin, hauteur 740 mm (dont repli 40 mm), largeur 450 mm ; bulle sur lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Calixti pape II (xiie s.) – Privilegium Calixti pape II (xve s.) – De confirmatione et privilegiis Calixti II (xve s.) – Marchianensis anno 1123 nonis februarii, indictione prima (xviiie s.) – Abbaye de Marchiennes 1123 le jour des nones de fevrier a Latran (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : +. I (en rouge). Lille, ADN, 10 H 1/1. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Calixti pape. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. VIIIvo-Xro [p. 27-30], d’après A. C. Copie en forme de vidimus du 14 août 1563 par l’échevinage de Douai. Lille, ADN, 10 H 1/1a, d’après A. – D. Copie authentique partielle du 25 septembre 1545. Lille, ADN, 10 H 1/2b, d’après A. – E. Copie de la fin du xvie siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 7747, fol. 481vo-484vo. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 28, d’après B. a. Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 2, p. 97-100, no 337, d’après B. – b. Pietresson de SaintAubin, « Une fausse bulle du pape Calixte II », p. 30-34, avec fac-similé partiel, d’après A. Indiqué : JL, 1, p. 810, no 7010 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 119 ; t. 11, p. 122-123 ; Robert, Histoire du pape Calixte II, p. 243 ; Naz, L’avouerie de Marchiennes, p. 111 ; Pietresson de Saint-Aubin, « Meta Sanctae Rictrudis », p. 292 ; Ramackers, « Ist das privileg Calixts II » ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 44 ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 723 ; Vanderputten, « Monastic Literate Practices », p. 115. Base de données : ThDipl W 6159 ; Diplomata Belgica 6159. Les archives de l’abbaye conservent deux bulles du pape Calixte II, l’une du 5 février 1123 et l’autre du 1er novembre de la même année, réputées originales. Toutes deux contiennent l’énumération détaillée des biens et droits de l’abbaye. Mais leur examen attentif permet d’affirmer que le privilège pontifical de février est un faux et que celui de novembre a été falsifié (cf. no 24).

Éd i t i o ns d e s chart e s Le 5 février 1123, la chancellerie pontificale délivre à l’abbaye de Marchiennes une première lettre de confirmation, conservée sous la forme d’un original qui présente tous les caractères externes d’un vrai document pontifical. Rédigé sur un parchemin de bonne qualité, le texte est réglé à la pointe et son allure ressemble fortement à une bulle délivrée quelques jours avant, le 31 janvier, en faveur de l’abbaye d’Anchin (Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, p. 144-146, no 48). L’écriture est régulière, sans ratures ni additions. Titulature pontificale, adresse, préambule, dispositif, formules imprécatoires, souscriptions, toute la mise en page et les signes (Rota, Benevalete) sont totalement conformes aux usages de Calixte II. Seule restriction, l’écriture de la date est de la même main alors que généralement elle est différente, l’acte ayant été mis en forme préalablement par un scribe avant d’être daté officiellement par le bibliothécaire. Malgré cela, tout dans la datation est correct. L’itinéraire du pape prouve qu’il réside bien au Latran le 5 février. Le bibliothécaire Hugues est attesté du 16 septembre 1122 au 26 avril 1123. L’indiction I (1er septembre 1122-1131 août 1123) est correcte et le millésime ne pose pas problème. Même l’année du pontificat est exacte : le pontificat de Calixte ayant commencé un 2 février (jour de l’élection), et non un 9 comme souvent dit (jour du couronnement), le 5 février 1123 correspond donc bien au début de la cinquième année et au système de datation de la chancellerie pontificale (Robert, Bullaire du pape Calixte II, p. XLVII). L’exactitude de tous ces éléments précis qui souvent permettent de confondre facilement un faussaire pourrait donc éliminer de façon définitive tout soupçon sur l’authenticité du document. Voilà sans doute pourquoi U. Robert ne considère pas cette lettre pontificale comme fausse (Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 1, p. LXXVIII-LXXXII). Cependant l’examen du contenu apporte la preuve d’une fabrication totale. En effet, cette lettre attribue à l’abbaye des biens et droits qui ne figurent pas dans la seconde lettre délivrée aussi par la chancellerie de Calixte II en novembre 1123 : les droits de gavène à Boiry et à Sailly ; le droit d’entretenir un pêcheur à perpétuité au vivier de Lécluse ; des biens dans plusieurs villages d’Artois (Gavrelle, Oppy, Neuvireuil, Fresnes-lès-Montauban, Izel-lezEsquerchin, Méricourt). Ces droits et biens, ignorés dans la bulle de novembre, figurent dans celles des papes Alexandre III (1172 ; acte no 91), Lucius III (1184 ; acte no 111), et Célestin III (1195 ; acte no 120) mais pas dans celles d’Innocent II (1141 ; acte no 46) et Eugène III (1146 ; acte no 50). Autrement dit, la bulle de février 1123 énumère des biens et droits acquis après 1148 et avant 1172. Le recours aux pièces d’archives originales et non suspectes permet d’éclairer ces incohérences. La gavène de Boiry n’appartient en réalité à l’abbaye que depuis 1150/1153 (original, acte no 57) et celle de Sailly que depuis 1162 (original, no 73). Les différents droits en Artois sont acquis par l’abbaye entre 1161 et 1166 (trois originaux, nos 72, 73, 77). La bulle de février 1123 garantit donc des possessions et droits obtenus trois à quatre décennies plus tard ! Outre ces biens confirmés de façon anachronique, la bulle de février 1123 contient une clause comminatoire extrêmement sévère à l’égard des avoués auxquels il est interdit de séjourner à l’abbaye, d’y rendre la justice, d’y donner des banquets ou d’exiger des subsides. Toutes ces interdictions, omises aussi dans la bulle de novembre, pourraient peut-être s’appliquer à une situation tendue au début des années 1120 lorsque l’abbé Amand récupère les biens de l’abbaye, ce qui suscite des conflits, relatés par les Miracula Rictrudis. Mais il s’agit d’affaires qui se déroulent sur des possessions lointaines et non sur le site même de l’abbaye. Aucun conflit avec l’avoué sur le site de l’abbaye n’est connu entre les années 1120 et 1150, et le silence des Miracula permet de penser qu’il n’y en eut pas. En revanche depuis le milieu des années 1160, les tensions sur place sont vives entre la communauté et l’avoué. L’avoué Étienne fut expulsé

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D e u xi è m e pa rt i e de Marchiennes par les comtes de Flandre Thierry et Philippe en 1167 (originaux, actes nos 82 et 83). Les interdits formulés en février 1123 correspondent tout à fait à l’attitude de l’avoué Étienne sanctionnée par les comtes de Flandre. Le privilège de février précise enfin les conditions de l’élection de l’abbé et rappelle l’interdiction, même à l’évêque ou l’archevêque, d’imposer aux moines un candidat. Une telle injonction, ignorée aussi de la bulle de novembre, montre que l’abbaye veut se prémunir de toute intervention ecclésiastique extérieure. Une telle précaution envers les prélats ne peut guère s’expliquer par le contexte des années 1120. En revanche, de telles dispositions peuvent être reliées avec les péripéties consécutives à la démission de l’abbé Lietbert en 1141 et à l’élection de son successeur, même si cela peut paraître assez lointain. Les troubles liés à ces événements sont sans doute encore en mémoire, d’autant qu’il existe des documents qui en conservent le souvenir (actes nos 44, 45). Cette disposition apparaît plutôt comme une précaution voulue par l’abbé Jean (1158-1179) qui veut prémunir sa communauté contre toute tentative d’ingérence extérieure lorsque que viendra le moment de sa succession. Cette disposition traduit une réelle méfiance face aux interventions laïques et épiscopales. Mais cette suspicion envers les évêques disparaît assez vite puisque la formule de méfiance à leur égard ne figure plus dans les bulles de 1172, 1184 et 1195 alors que les interdits envers les avoués perdurent. Après cet examen sur le fond, il convient de s’interroger sur la tradition de ce privilège de février 1123 comparée à celle des autres reçus par l’abbaye. Les sept privilèges du xiie siècle sont tous conservés en originaux : les deux de 1123 (nos 22, 24), ceux de 1141 (no 46), 1146 (no 50), 1172 (no 91), 1184 (no 111), 1195 (no 120). Le cartulaire de l’abbaye, composé pour sa partie la plus ancienne vers 1170, contient tous ces grands documents pontificaux sauf un, celui de novembre 1123. Envisager un regrettable oubli, c’est ignorer que la composition d’un cartulaire est une œuvre qui mobilise toute l’attention du commanditaire, en l’occurrence l’abbé du lieu, et du scribe qui copie. Composer un cartulaire, c’est se doter d’une arme juridique redoutable et efficace qui repose sur le choix des pièces et leur agencement. Rien ne se fait dans la précipitation. D’ailleurs, le scribe marchiennois a poussé le souci du détail jusqu’à reproduire en imitation les signes de validation des différents originaux transcrits. Compte tenu de l’importance de la confection d’un cartulaire, un acte étant copié, la copie suivante résultait non d’un automatisme mais d’un choix réfléchi. L’oubli, par distraction malencontreuse, du privilège de novembre 1123 est à exclure et, si tel avait le cas, le document aurait été ajouté plus loin. Le texte de novembre 1123 a été volontairement écarté et seul celui de février a été retenu. En effet, si les deux privilèges avaient été copiés dans le cartulaire, ils se seraient suivis sur le parchemin et la comparaison entre des deux textes aurait nui au long document de février, détaillé et nettement favorable à l’abbaye mais révélant ses contradictions avec le texte de novembre. Le scribe a donc décidé de pérenniser la fausse lettre de février et d’exclure la vraie, celle de novembre, pour défendre les droits et intérêts de l’abbaye. Il est difficile de croire que le scribe ait agi de son propre mouvement et la responsabilité de cette forgerie incombe indiscutablement à l’abbé. Il convient toutefois d’abord de déterminer le moment de fabrication du faux. La bulle est nécessairement postérieure aux acquisitions citées dont la dernière est de 1166 (no 81). La charte la plus tardive dont les dispositions sont reprises de façon anachronique par la bulle de février 1123 est celle du comte Philippe envers l’avoué Étienne en février 1167 (no 83). Une explication évidente s’impose. Afin de se prémunir contre toute action néfaste de l’avoué présent ou futur, les moines de Marchiennes décident de fabriquer un document qui, de par son ancienneté, couperait court à toute tentative d’abus. Comme le privilège de novembre 1123

Éd i t i o ns d e s chart e s ignore les devoirs de l’avoué, il fallait donc créer un document antérieur qui les mentionne. Un moine du scriptorium confectionne donc une lettre pontificale datée du 5 février dans laquelle on intègre les décisions comtales de 1167, les acquisitions opérées dans les années 1160 et un rappel sur le choix de l’abbé. C’est ce texte qui est présenté à la curie romaine et repris dans la bulle d’Alexandre III en avril 1172. Le privilège du 5 février 1123 a donc été composé après février 1167 et avant avril 1172. Mais on peut affiner davantage. En effet, alors que le faussaire en profite pour inclure dans le faux document de 1123 diverses acquisitions opérées dans les années 1160, la dernière acquisition de 1167, une transaction avec l’abbaye Saint-Vaast d’Arras passée au plus tard en juin, n’apparaît pas. Cela permet de dire que la fausse lettre fut fabriquée après la décision du comte de février 1167 (no 82) et avant l’accord conclu avec Saint-Vaast (no 84). Notons que la teneur des chartes des années 1167-1171 est incluse dans le privilège d’Alexandre III. Le faux privilège a donc été conçu au printemps 1167 et on peut dire que les moines de Marchiennes n’ont pas perdu de temps pour fabriquer, juste après l’intervention comtale, un document pontifical attribué à Calixte II et destiné à contrer toute action des avoués. Restent à élucider deux autres aspects. Quel est le vrai document pontifical que le faussaire a utilisé pour fabriquer le sien ? Les éléments qui suivent montrent qu’il y en eut deux. Le premier est la vraie bulle, même falsifiée, de novembre 1123 que le scribe avait à disposition et dont il imité la forme : suscription, formulaire, clauses comminatoires et bien sûr le dispositif qui lui fournit la base de son travail. L’examen de l’écriture permet de faire deux constats. Ce scribe qui avait donc sous les yeux un vrai document émanant de la chancellerie romaine en a imité la forme particulière du g, sans doute pour donner une allure plus vraie à son travail. Mais ce scribe a aussi ses habitudes de graphie avec une façon particulière de faire le R au milieu d’un mot, en faisant descendre la haste en dessous de la ligne d’écriture, particularité qui correspond au scribe 2 (André de Marchiennes ?), celui qui a rédigé plusieurs chartes pour son abbaye avant que celles-ci ne soient promulguées par l’autorité épiscopale ou comtale (Tock, Une chancellerie épiscopale au xiie siècle, p. 43-46 et 63-64 ; voir supra, la présentation du chartrier). Le faussaire devait être aussi bien renseigné sur le début du pontificat de Calixte II. Il devait avoir sous les yeux une bulle, originale ou copie, du 5 février 1123 car, sinon, il aurait été trahi par le nombre d’années de pontificat de Calixte II puisque le changement se fait le 2 février. Le scribe, s’il a donc été bien inspiré de ne pas utiliser le privilège d’Anchin du 31 janvier 1123 qui lui aurait fait commettre une erreur sur ce nombre d’années, a obéi à une autre précaution. L’abbé Jean ne tenait sans doute pas à ce que sa puissante voisine soit au courant de l’existence d’un faux, ce qui aurait pu ruiner le crédit de toute présentation d’un document en cas de litige. Les deux abbayes étaient souvent en friction, voire en conflit, notamment pour des questions de droits d’eau sur la Scarpe. Anchin aurait pu étendre le soupçon de fausseté à tout document gênant ses propres droits. La même précaution excluait aussi toute démarche vers Hasnon (pour laquelle on n’a de toute façon pas conservé de bulles) ou Saint-Amand (qui a reçu un privilège de Calixte II le 20 novembre 1119 : Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 1, p. 154-157, no 105). Il fallait donc trouver sans risque un modèle de bulle provenant d’une abbaye suffisamment éloignée. L’enquête conduite à travers les lettres de Calixte II n’offre qu’une possibilité, celle d’une confirmation de biens délivrée à l’abbaye d’Auchy le 5 février 1123 (Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 2, p. 95-97, no 336). Risquons une hypothèse et la forgerie prend alors une autre dimension car un scribe marchiennois ne pouvait pas de sa propre initiative se lancer dans une telle entreprise. Il fallait la complicité de l’abbé d’Auchy pour que celui-ci accepte que le privilège reçu par son abbaye soit copié afin de fournir la trame à la fabrication du

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D e u xi è m e pa rt i e faux. Un telle affaire ne peut se déterminer qu’au plus haut niveau, entre les abbés concernés Jean de Marchiennes et Guillaume d’Auchy qui ont dû se rencontrer et qui se connaissaient car ils avaient été tous deux moines de Saint-Bertin. Or une charte datée de 1166 de l’évêque de Thérouanne, réglant dans la cité diocésaine un litige entre les abbayes de Saint-Winoc et des Dunes, mentionne dans une importante liste des témoins ces deux abbés (Pruvost, Chronique et cartulaire de Bergues-Saint-Winoc, t. 1, p. 127-130). C’est vraisemblablement lors de son séjour à Thérouanne que l’abbé de Marchiennes a dû sonder ses collègues pour savoir qui détenait une lettre authentique de Calixte II. Cet aspect de la forgerie éclairé, il subsiste toutefois un point d’ombre. D’où provient le vrai scellement de plomb qui pend au bas du faux document, d’autant que la vraie lettre pontificale de novembre a encore le sien ? Il est vrai que celui d’Auchy a disparu mais quand ? (Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 2, p. 95, no 336 et AD du Pas-de-Calais, 2 H 1/2). Dernière question. Pourquoi l’abbé Jean voulait-il un privilège pontifical daté de 1123 ? Sans doute parce que la communauté monastique, comme les notables ecclésiastiques et laïques voisins savaient que Calixte II avait délivré une confirmation des biens et droits à l’abbaye cette année-là et que, si besoin était, montrer un faux document pontifical daté de l’année connue ne soulèverait pas de contestation en jouant sur la similitude d’aspect avec le vrai, la lettre fausse étant ainsi substituée à la lettre vraie.

Calixtus episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio Amando abbati Marceniensis monasterii ejusque successoribus regulariter substituendis, in perpetuum. Pię postulatio voluntatis effectu debet prosequente compleri. Proinde nos petitioni tuę benignitate debita impertimur assensum et Marceniense monasterium, cui Deo auctore presides, protectione sedis apostolicę communimus. Statuimus enim ut quęcumque bona, quascumque possessiones idem monasterium vel in presenti legitime possidet vel in futurum, largiente Deo, juste atque canonice poterit adipisci, firma tibi tuisque successoribus et illibata permaneant in quibus hęc propriis duximus nominibus annotanda : ex donariis et beneficiis beatę Rictrudis et ipsius filię venerabilis virginis Eusebię, locum ipsum in quo monasterium situm est cum habitationibus et mansionibus suis, cum arboretis et ortis a decimis, redditibus et advocatione liberis ęcclesiam quoque Hamagiensem liberam sicut et Marceniensem cujus filia est cum appendiciis suis Alno, Tiloit et Wandegiis ; villas, terras et nemora abbatię cum justicia, banno, legibus, teloneo et invento, cum decimis et integritate sua ; piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Guasconis Curvuam juxta Lalinium, excepto jure Aquicinensis ęcclesię, et super ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites ; in villa de Wasirs decimam de terris ęcclesię et de terragio earum censum sex solidorum. In pago Pabulensi, villam Beurui cum altari et Teoderici mansum et utrique cum omni integritate sua ; apud Bovingeias, quindecim cultilia et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa quę dicitur Espelcin terram decem solidorum et in villa quę Horca dicitur terram duorum solidorum. In Braibanto, in villa de Havinies, terram quattuor solidorum. In pago Melentois, apud Peronam villam terram quinque solidorum, villam Roncinium cum integritate, in Insula castro, duos hospites, in Formestraus unum et in Eschelmes unum. In pago Letigo, villam Hainas cum omni integritate et altari, altare etiam de Alci et dimidiam carrucatam

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terrę cum undecim hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam et terras sub omni integritate et, in eodem comitatu, de villa Rinenga de omnibus scilicet rebus majoribus sive minoribus ac de omni acquisitione, omnem decimationem ; apud Lorgias juxta Basceiam, altare et totam decimam parrochię et societatem terrę ; villam quoque Parvi Lemni cum terris quę continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eodem loco tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sanctę Rictrudis quę est in publico itinere, et a meta sanctę Rictrudis usque ad viam quę tendit ad ęcclesiam de Lorgiis et ad Parvum Lemnum ; in eadem regione, in villa Overt, terram ad censum duodecim solidorum. In pago Attrebatensi, villam Bariacum cum integritate et altari et gaulo ejusdem villę ; in villa Frasne, hospites quinque. In pago Obstrevanno, villam Saliacum cum altari et gaulo sub omni integritate ; in eodem quoque pago, villam Gaugiacum cum altari sub omni integritate et in eodem pago, villas Absconium et Heram cum ęcclesiis et saltu Bruilo cum omni integritate, in Horninio unum cultile et decimam quę ad Heram pertinet, in Helemmis cultile unum, in Mastingeio septem cultilia et decimam ejusdem villę in dominicatu, in Marcheta quattuor cultilia, in Lorcio super fluvium Scaldi, duo molendina ; in eadem regione Obstrevanni, alodium Vesinium sub omni integritate, altare de Enice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum quinque solidorum, in eodem castro familiam sanctarum Rictrudis et Eusebię a theloneo liberam. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Wasched et de Sandemont et de Tribocurt cum omni integritate, redditum quoque triginta et unius modiorum puri frumenti singulis annis a mansionariis de Hailcort et reliquos redditus ; in vivario quoque de Sclusa habet ęcclesia Marceniensis piscatorem unum perpetuo, eo quod pars quedam ejusdem vivarii sit in alodio sanctę Rictrudis. In comitatu Hainoensi, predium Batingeiarum cum proxima silva Pelices nomine cum omni integritate. In episcopatu Suessionensi, in villa Viriniaco hospites et curtem in dominicatu cum terris et vineis ad eam pertinentibus et in proximo mansum Carraus cum terris et vineis suis. In territorio de Gaverella et de Ulpi decimas quasdam, in potestate Novillule decimam LXIII raseriarum terrę, in potestate de Frasne similiter tantum habet et quinque hortos, in potestate de Ulpi decimam ad XXXta raserias, in potestate de Hiser ad XII modios Duacenses, in potestate de Gaverella ad LXIII raserias Duacenses, in potestate de Menricurt ad XVI raserias. Quę videlicet universa in consuete libertatis immunitate decernimus permanere quatinus fratres quiete omnipotenti Deo debita possint servitia exhibere. Nulli ergo hominum omnino liceat idem cenobium temere perturbare, nec advocato, nec alicui terrenę potestati in villa aliqua ejusdem cenobii contra voluntatem abbatis vel monachorum manere, nec placita tenere, nec convivia preparare, nec pecunię collectionem facere, nec aliquid ab hominibus ęcclesię vel ab ipsa ęcclesia accipere, nisi hoc solum quod in autentico scripto comitis Balduini concessum est advocato. Idem quoque cenobium possessiones suas in terris, in aquis, in nemoribus et hospitibus et ceteris redditibus suis, sicut antiquitus ab omni exactione et reclamatione aliena liberas possedit, ita de cetero nostra apostolica auctoritate sub eadem libertate possideat. Nulli liceat illas ei auferre vel ablatas retinere, minuere vel temerariis vexationibus monasterium fatigare, sed omnia integra conserventur eorum pro quorum sustentatione et gubernatione concessa sunt usibus omnibus profutura, salva Attrebatensis episcopi canonica

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reverentia. Obeunte te, nunc ejus loci abbate vel tuorum quolibet successorum, nullus ibi qualibet subreptionis astucia seu violentia archiepiscopi vel episcopi preponatur, nisi quem fratres communi consensu vel fratrum pars consilii sanioris secundum Dei timorem et beati Benedicti regulam, eligerint. Sepulturam quoque ejusdem loci omnino liberam esse decernimus, ut eorum qui illic sepeliri deliberaverint devotioni et extremę voluntati, nisi forte excommunicati sint, nullus obsistat, nec pro communi parrochię interdicto locus idem a divinis cesset officiis. Si qua igitur in futurum ęcclesiastica secularisve persona hanc nostrę constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit, secundo terciove commonita, si non satisfactione congrua emendaverit, potestatis honorisque sui dignitate careat reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacratissimo corpore et sanguine Dei et Domini Redemptoris nostri Jhesu Christi aliena fiat atque in extremo examine districte ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco justa servantibus sit pax Domini nostri Jhesu Christi, quatinus et hic fructum bone actionis percipiant et apud districtum judicem premia ęternę pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Firmamentum est Dominus timentibus eum). Ego Calixtus, catholicę Ęcclesie episcopus, subscripsi. (Benevalete) Datum Laterani per manum Hugonis sanctę Romanę Ecclesię subdiaconi, nonis februarii, indictione prima, incarnationis dominicę anno MoCoXXoIIIo, pontificatus autem domni Calixti secundi pape anno quinto. 23 [1119-1123, av. le 21 octobre] Amand, abbé de Marchiennes, concède au chapitre Saint-Pierre de Douai les dîmes de Douai, Sin et Waziers contre un alleu nommé Clémentiennes situé dans le village de Rieulay et dont les revenus sont destinés au luminaire. Robert, évêque d’Arras, confirme cet acte en le souscrivant. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende : CYROGRAPHVM) sur parchemin, hauteur 570 mm (pas de repli), largeur 360 mm ; sceau en navette en cire brune (hauteur 60 mm, largeur 50 mm), pendant sur lacs de soie beige, représentant un évêque debout, tête nue, tenant crosse et bénissant ; légende : + ROBERTI DEI GRATIA ATREBATENSIS EPISCOPVS (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 108, no 5791). Mentions dorsales : 1) Sommaire : De canonicis sancti Petri Duacensis et Wasiers (xiie s., en rouge) – Cyrographum de canonicis sancti Petri Duacensis de Waseirs (xiie s.) – Robertus Atrebatensis episcopus (xiiie s.) – Privilegium Amandi abbatis Marcianensis (xiiie s.) – Contract de A. Transaction 1200 (xviiie s., barré). 2) Anciennes références d’archives : H II. 1200 (barré) 1120 (xixe s.). Lille, ADN, 10 H 163/2533. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche) perdu, connu par D. B. Copie du xiie siècle ; titre : Cyrographum ejusdem et Amandi abbatis de canonicis Sancti Petri Duacensis de Wasirs. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XX [p. 49-50], d’après A1. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Amandi abbatis Marchianensis de ecclesia Sancti Petri Duacensis. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XCVIIvo-XCVIIIro [p. 236-237], d’après A. – C. Copie authentique du xve siècle. Lille, ADN, 10 H 163/2534.

Éd i t i o ns d e s chart e s D. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 163/2535, d’après A2. – E. Copie du xviiie siècle. Douai, BM, ms. 893-891, fol. 9ro-vo. Indiqué : Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 108, no 5791. Base de données : ThDipl W 11407 ; Diplomata Belgica 11407. Amand est abbé de Marchiennes de 1116 à 1136. Si parmi les témoins de A1, la présence de l’abbé d’Hasnon Lambert (1118/1119-17 mars 1126) permet de réduire la tranche chronologique, plusieurs témoins de D permettent de resserrer davantage. La présence de l’abbé Henri, probablement celui de Saint-Vaast (1104-1130), n’est d’aucun secours. En revanche, les deux archidiacres Drogon et Robert sont attestés à partir de 1119 ; le prévôt Odon est mort le 21 octobre 1123 (R. Berger, « Archidiacres », p. 514).

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, unius, veri ac summi Dei, Amen. Ego Amandus, Dei miseratione Martianensis abbas, communi assensu capituli nostri concedo ęcclesię Sancti Petri de Duaco decimas illas quas in territorio Duacensi, Siniensi et Wasers sancta Rictrudis dinoscitur habuisse libere et secure possidendas, eo tenore quo a predecessoribus nostris Ricardo, Alardo et Fulchardo abbatibus predicta Sancti Petri ęcclesia obtinuit, pro commutatione scilicet alodii quod dicitur Clemencenas et sufficienti servitio candelarum. Si ego vel successores nostri apud Duacum de nocte moraturi presentiam nostram exhibuerimus, cum augmento etiam census fertonis argenti singulis annis in festivitate sancti Johannis Baptistę ęcclesię nostrę persolvendi, ea quoque pactione ut prepositus Sancti Petri mihi et successoribus nostris hominium et fidelitatem pro predicto beneficio faciat et, si necesse fuerit, cum equo suo et nostrę ęcclesię procuratione intra archiepiscopatum Remensem nobis auxiliaturus adveniat. Si vero aliquos ejusdem ęcclesię canonicos nobiscum adhibere voluerimus, illos omnimodo procurabimus. Quod si ex predicta possessione aliqua querimonia exorta fuerit, justicia christianitatis absque nostro gravi dampno causam predictę Sancti Petri ęcclesię pro posse nostro sustentabimus. Si autem aliqua oppressione causa ista in presentiam nostri advenerit, communi defensione utrobique eamdem tutabimur. Et si aliquo modo ab ęcclesia Sancti Petri alienata fuerit, nullam proinde a nobis commutationem recipiens, alodium Clemencenas remoto predicto servitio atque hominio sicut antiquitus obtinuit sine contradictione suscipiat. Quod si ad eamdem possessionem predicta Sancti Petri ęcclesia redire quoquomodo valuerit, eadem pactione que primitus inter nos stabilita fuerat firmiter deinceps possideat. Ut autem hujus nostrę paginę scriptum stabile et inconvulsum amodo permaneat, sigilli nostri impressione ac testimonio fratrum nostrorum aliorumque virorum corroboravimus. Signum Johannis Calvi. S. Gualteri Cassani. S. Gualberti. S. Alardi. S. Hermeri. S. Andreę. S. Rohardi. S. Gualteri Flandrensis. S. Petri. S. Johannis conversi. S. Cherini majoris de Runcin. S. Raineri majoris de Bevrui. S. Amolrici majoris. S. Hugonis majoris de Alna. S. Bernardi militis. Egoa) Robertus, gratia Dei Atrebatensis episcopus, has cartas relegi et propria manu subscripsi et in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti testimonio bonorumb) Vedasti. S. Alvisi Aquicinensis

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abbatis. S. Lamberti Hasnoniensis abbatis. S. Ricoardi abbatis de Monte Sancti Eligii. S. Gualteri abbatis de Sancto Autberto. S. Warembac). (Signum crucis). Témoins de A2, d’après D. La liste est identique à celle de A1 jusqu’à S. Bernardi militis. La souscription épiscopale (Ego Robertus… Waremba) est omise, laissant place à un grand espace blanc sans doute parce qu’elle était illisible ; la liste reprend ainsi :

virorum confirmari corroboravimus. S.d) Roberti Ostrevandensis archidiaconum. S. Odonis prepositi. S. Anastasii cantoris. S. Henrici abbatis Sancti [espace blanc] et S. decani Sancti Amati. S. Richardi venerabilis sacerdotis de Monte Sancti Eligii. a) Á partir de ego et jusqu’à la fin, autre main et écriture d’un module deux fois plus petit. – b) Il manque virorum. – c) Le nom est incomplet en A1, le a final étant au ras de la bordure du parchemin. – d) Le copiste a tracé le S de signum d’une façon imitative maladroite qui fait penser à un D.

24 (acte interpolé) 1123, 1er novembre. – Mont-Cassin Le pape Calixte II confirme et énumère les possessions de l’abbaye de Marchiennes. A. Original sur parchemin, hauteur 580 mm (dont repli 30 mm), largeur 460 mm ; bulle détachée, lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Calixti pape secundi de altaribus Sali et Goy (xiie s.) – Aliud privilegium Calixte II pape de confirmatione privilegiorum nostrorum (xviie s.). 2) Anciennes références d’archives : +. I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 1/2. B. Copie authentique du 1749 par Robert Dufetz, huissier du conseil provincial. Lille, ADN, 10 H 1/1b, d’après A. – C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 51, fol. 28. – D. Copie du xviiie siècle. Cartulaire factice de Marchiennes (Stein 2328). Lille, ADN, 10 H 325, fol. 5ro-6ro. – E. Copie authentique du xviiie siècle par D. M. Carlier. Lille, ADN, 10 H 1/2a, d’après A. a. Le Glay, « Nouveaux analectes », p. 308-317, d’après A. – b. Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 151-161, no 2 (édition qui combine le texte de la présente bulle et celui de la bulle du 5 février 1123), d’après A. – c. Duvivier, Recherches sur le Hainaut ancien, p. 527-531, no 112. – d. Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 2, p. 220-223, no 415, d’après A. – e. Pietresson de Saint-Aubin, « Une bulle fausse du pape Calixte II pour l’abbaye de Marchiennes », p. 30-34, d’après A. Indiqué : JL, 1, p. 814, no 7080 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 131 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 120 et t. 11, p. 123 ; Robert, Histoire du pape Calixte II, p. 248 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 242 ; Pietresson de Saint-Aubin, « Meta Sanctae Rictrudis », p. 292 ; Pietresson de Saint-Aubin, « Une fausse bulle du pape Calixte II » ; Ramackers, « Ist das privileg Calixts II… » ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 727-731, 735 ; Vanderputten, « Monastic Literate Practices », p. 115. Base de données : ThDipl W 6160 ; Diplomata Belgica 6160.

Éd i t i o ns d e s chart e s Ce privilège original suscite bien des questions, pas seulement dues à la présence parmi les témoins du cardinal Conon de Préneste, mort le 9 août 1122 (R. Hüls, Kardinäle, p. 113-116), soit plus d’une année auparavant. Faire signer un mort est une preuve évidente de fausseté et a priori clôt tout débat sur l’authenticité du document. Mais, à y regarder de plus près, la réalité est plus complexe et affirmer que cette bulle est un document fabriqué est, nous allons le voir, sans doute hâtif. Un examen complet de cette bulle apporte des résultats d’autant plus sûrs que l’on peut travailler sur le document original. Comparée à d’autres bulles, celle qui nous occupe provient sans hésitation possible de la chancellerie pontificale. Rédigé sur un parchemin de bonne qualité, le texte est réglé à la pointe et son allure ressemble fortement à d’autres lettres du même pape. L’écriture est régulière, sans ratures ni additions. Titulature pontificale, adresse, préambule, dispositif, formules imprécatoires, toute la mise en page et les signes de validation (Rota, Benevalete) sont conformes aux usages de Calixte II. Seule la souscription du pape présente une légère différence car, dans presque toutes ses bulles, le pontife abrège Aecclesiae episcopus (Aecclae eps) ; or ici, comme pour la bulle délivrée à Anchin le 31 janvier 1123 (Gerzaguet, Les chartes d’Anchin, p. 144-146, no 48), la souscription ne présente aucune abréviation. L’écriture est celle d’un scribe qui a aussi rédigé une quinzaine de bulles conservées sous forme originale (scribe no 13 de Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 1, p. LVII-LVIII). Relevons quelques aspects significatifs : écriture longue de la première lettre du nom du pape, s et f fins et pointus et la signature caractéristique du pape. Enfin, le mot susbscripsi lui-même est abrégé selon les usages constatés pour d’autres bulles datées par le chancelier Aimeric : ssss. La date et le lieu mentionnés ne posent aucune difficulté. Le cardinal-diacre Aimeric est en charge de la chancellerie pontificale depuis le 8 mai 1123 (Brixius, Die Mitglieder, p. 32) et a inscrit son nom avec son très caractéristique « A » sur l’emplacement laissé libre par le scribe et destiné à cet effet. Tous ces éléments plaident pour un acte authentique. Les choses prennent une tout autre tournure quand on s’intéresse aux quatre cardinaux qui figurent sur le document : le cardinal-évêque Lambert d’Ostie, le cardinal-évêque Conon de Préneste, le cardinal-prêtre Pierre du titre de Saint-Nérée-et-Saint-Achille et le cardinal-diacre Grégoire du titre de Saint-Ange. Le premier, le cardinal Lambert est attesté comme évêque d’Ostie de 1117 au 16 décembre 1124, quand il devient le pape Honorius II (Brixius, Die Mitglieder, p. 36). C’est le seul témoin dont la présence ne pose pas difficulté. Le second, le cardinal-évêque Conon de Préneste était mort, nous l’avons déjà dit, depuis quatorze mois quand la bulle fut souscrite (Hüls, Kardinäle, p. 113-116), Le cardinal-prêtre Pierre ne pouvait pas en 1123 être pourvu du titre de Saint-Nérée-et-Saint-Achille puisque le détenteur en était Amicus, attesté dans cette dignité de 1117 jusqu’en 1130 (Brixius, Die Mitglieder, p. 32). Quant au quatrième, le cardinal Grégoire (futur pape Innocent II), il n’était pas dans l’entourage pontifical étant parti en septembre 1123, et sa présence est signalée en tant que légat du pape à Sées en Normandie le 27 octobre (Schieffer, Die päpstlichen Legaten, p. 214). Donc quatre témoins dont trois impossibles : un cardinal mort, un cardinal absent et un cardinal qui n’existe pas. La cause semble entendue. De plus, aucune des souscriptions n’est précédée de la traditionnelle croix faite par les signataires. Certes, le fait n’est pas exceptionnel et on peut parfois constater une omission de croix près des signatures de tel ou tel cardinal dans les privilèges de Calixte II. Mais ici les quatre croix font défaut. Si la teneur de la bulle ne soulève pas de difficultés, ce sont les souscriptions des cardinaux qui posent problème. En effet, si l’on se reporte à d’autres documents originaux de ce pape,

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D e u xi è m e pa rt i e on constate que certains éléments des signatures de Lambert, de Conon et de Grégoire apparaissent de façon différente dans la bulle pour Marchiennes. Il y a donc un faussaire pour les signatures : celle de Lambert et de Conon paraissent de la même main et sont d’une même encre. Pour Pierre et Grégoire, il y a un aspect imitatif dans l’écriture qui laisse penser à une autre main ; de plus, l’encre est plus pâle. La disposition matérielle des deux dernières souscriptions est curieuse : sur deux lignes différentes, la première à gauche du document, l’autre à droite. Une autre anomalie consiste dans l’ordre occupé par ces souscriptions. Une hiérarchie prévaut lors de l’apposition des signatures, fondée sur l’ancienneté définie par la date de la bénédiction et donc de l’entrée dans la dignité cardinalice. La souscription de Conon aurait dû suivre immédiatement celle du pape, mais rappelons-nous que ce cardinal est mort. Hiérarchiquement, Conon, cardinal depuis 1108/1111, a préséance sur Lambert lequel aurait donc dû signer plus bas. Mais comme Conon est mort et qu’il n’a pas pu souscrire, Lambert est naturellement à sa place. Ces remarques permettent d’exclure l’hypothèse d’un document signé bien avant qu’il ne soit daté. Si Conon avait été vivant, il aurait dû précéder Lambert. Ainsi, les indices liés à l’existence, la préséance et la présence de ces cardinaux prouvent que les signatures de trois des quatre cardinaux dans ce privilège ne peuvent pas être authentiques. Elles sont des ajouts ultérieurs à un document qui, lui, est tout à fait sincère. Il faut donc déterminer les raisons et le moment de l’interpolation par l’ajout de fausses signatures. Il s’agissait sans doute de donner une apparence plus solennelle au privilège en y ajoutant des signatures dans le vaste espace blanc qui sépare les souscriptions de Calixte et du cardinal Lambert de la datation en bas du document (80 mm). Or les souscriptions de plusieurs cardinaux sont rares au temps de Calixte II et cette pratique se développe après. Le faussaire a dû choisir des noms et en prenant soin aussi que soient représentées les trois composantes du collège : évêques, prêtres, diacres. Le choix des deux cardinaux-évêques et du cardinal-diacre Grégoire est facile à expliquer, car ces trois prélats étaient parmi les plus connus du collège cardinalice sous Calixte II. Il faut aussi rappeler que le cardinal Grégoire est devenu le pape Innocent II. Il est toutefois plus difficile d’expliquer le choix du cardinal-prêtre, puisque le titre « de Saint-Nérée-et-Saint-Achille » était à l’époque détenu par une autre personne. L’explication la plus probable est une confusion avec Pierre, cardinal-diacre de Saint-Côme-et-Saint-Damien (Brixius, Die Mitglieder, p. 38). Reste à élucider le moment où ces signatures furent ajoutées. Sans doute a-t-on voulu donner à la première lettre pontificale accordée à l’abbaye l’allure externe de celle accordée par le pape Innocent II en décembre 1141 (no 46) qui, avec cinq cardinaux témoins, rappelait en outre la liberté du choix de l’abbé. En ajoutant la souscription d’un cardinal devenu pape en exercice, c’était renforcer l’impact de cette bulle de novembre 1123. L’interpolation est donc vraisemblablement intervenue à l’occasion de la crise abbatiale liée à la démission de l’abbé Lietbert en 1141.

Calixtus episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio Amando abbati monasterii Marceniensis ejusque successoribus regulariter substituendis, in perpetuum. Pię postulatio voluntatis effectu debet prosequente compleri. Proinde nos petitioni tuę benignitate debita impertimur assensum et Marcienense monasterium, cui Deo auctore presides, protectione sedis apostolicę communimus. Statuimus enim ut quęcumque bona, quascumque possessiones idem monasterium vel in presenti legitime possidet vel in futurum, largiente Deo, juste atque canonice

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poterit adipisci, firma tibi tuisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hęc propriis duximus nominibus annotanda : ex donariis et beneficiis beatę Rictrudis et ipsius filię venerabilis virginis Eusebię, locum ipsum in quo monasterium situm est cum habitationibus et mansionibus suis, cum arboretis et ortis a decimis, redditibus et advocatione liberis, Ecclesiam quoque Hamagiensem liberam sicut et Marceniensem cujus filia est cum appendiciis suis Alno, Tiloit et Wandegiis ; villas, terras et nemora abbatię cum justicia, banno, legibus, teloneo invento, cum decimis et integritate sua ; piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Guasconis Curvam juxta Lalinium, excepto jure Aquicinensis ęcclesię et, super ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites ; in villa de Wasers decimam de terris ecclesię et de terragio earum censum sex solidorum. In pago Pabulensi, villam Beurui cum altari et Teoderici mansum et utraque cum omni integritate sua ; apud Bovingeias quindecim cultilia et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa que dicitur Espelcin terram decem solidorum et in villa quę Horca dicitur terram duorum solidorum. In Braibanto, in villa de Hanines terram quattuor solidorum. In pago Melentois, apud Peronam villam terram quinque solidorum, villam Roncinium cum integritate, in Insula castro duos hospites, in Formestraus unum et in Eschelmes unum. In pago Litigo, villam Hainas cum omni integritate et altari ; altare etiam de Alci et dimidiam carrucatam terrę cum undecim hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam et terras sub omni integritate ; et in eodem comitatu, de villa Rinenga de omnibus scilicet rebus majoribus sive minoribus ac de omni acquisitione, omnem decimationem. Apud Lorgiis, juxta Basceiam, altare et totam decimam parrochię et societatem terrę ; villam quoque Parvi Lemni cum terris quę continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eo loco tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sanctę Rictrudis quę est in publico itinere, et a meta sanctę Rictrudis usque ad viam quę tendit ad ecclesiam de Lorgiis et inde iterum usque ad Parvum Lemnum. In eadem regione, in villa Overt terram ad censum duodecim solidorum. In pago Atrebatensi, Bariacuma) cum integritate et altarib), in villa Frasne hospites quinque. In pago Obstrevanno, villas Saliacum et Gaugiacum cum altaribus sub omni integritatec), in eodem pago villas Absconium et Heram cum ecclesiis et saltu Brulio cum omni integritate, in Horninio unum cultile et decimam quę ad Heram pertinet, in Helemmis, cultile unum, in Mastangeo septem cultilia et decimam ejusdem villę in dominicatu, in Marcheta quatuor cultilia, in Lorcio, super fluvium Scaldi, duo molendina ; in eadem regione Ostrevanni, alodium Vesinium sub omni integritate, altare de Enice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum quinque solidorum, in eodem castro, familiam sanctarum Ritrudis et Eusebię a theloneo liberam. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Wasched et de Sandemont et de Tribocurt cum omni integritate, redditum quoque triginta et unius modiorum puri frumenti singulis annis a mansionariis de Ailcort et reliquos redditusd). In comitatu Hainaonensi, predium Batingeiarum cum proxima silva Pelices nomine et cum omni integritate. In episcopatu Suessionensi, in villa Viriniaco hospites et curtem indominicatame) cum terris et vineis ad eam pertinentibus et in proximo mansum Carrays cum terris et vineis suisf). Quę videlicet universa in consuetę libertatis immunitate decernimus permanere quatenus fratres quiete omnipotenti Deo debita possint servitia exhibere. Nulli ergo omnino hominum

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liceat idem cenobium temere perturbareg) aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere, minuere vel temerariis vexationibus fatigare, sed omnia integra conserventur eorum pro quorum sustentatione et gubernatione concessa sunt usibus omnimodis profutura, salva Atrebatensis episcopi canonica reverentia. Obeunte te, nunc ejus loci abbate vel tuorum quolibet successorum, nullus ibi qualibet surreptionis astucia seu violentiah) preponatur, nisi quem fratres communi consensu vel fratrum pars consilii sanioris secundum Dei timorem et beati Benedicti regulam, elegerint. Sepulturam quoque ejusdem loci omnino liberam esse decernimus, ut eorum qui illic sepeliri deliberaverint devotioni et extremę voluntati, nisi forte excommunicati sint, nullus obsistat, nec pro communi parrochię interdicto locus idem a divinis cesset officiis. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona hanc nostrę constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit, secundo tertiove commonita, si non satisfactione congrua emendaverit, potestatis honorisque sui dignitate careat reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et Domini Redemptoris nostri Jhesu Christi aliena fiat atque in extremo examine districtę ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco justa servantibus sit pax Domini nostri Jhesu Christi, quatenus et hic fructum bonę actionis percipiant et apud districtum judicem premia eternę pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Firmamentum est Dominus timentibus eum). Ego Calixtus, catholicę Ęcclesie episcopus, subscripsi. (Benevalete) Ego Lambertus Ostiensis episcopus subscripsi. Ego Conon Prenestinus episcopus subscripsi1). Ego Petrus presbiter cardinalis tituli ss. Nerei et Achillei subscripsi2). Ego Gregorius diaconus cardinalisi) S. Angeli subscripsi3). Datum apud Montem Casinum per manum Aimerici sanctę Romanę ecclesię diaconi cardinalis et cancellarii, kalendis novembris, indictione IIa, incarnationis dominicę anno MoCoXXIIIo, pontificatus autem domni Calixti secundi pape anno Vto. a) villam omis. – b) La fausse bulle précédente (no 22) ajoute : et gaulo ejusdem villę. – c) La fausse bulle ajoute : In pago Obstrevanno, villam Saliacum cum altari et gaulo sub omni integritate ; in eodem quoque pago, villam Gaugiacum cum altari sub omni integritate – d) après redditus, la fausse bulle ajoute : In vivario quoque de Sclusa habet ecclesia Marceniensis piscatorem unum perpetuo, eo quod pars quędam ejusdem vivarii sit in alodio sancte Rictrudis. – e) in dominicatu, dans la fausse bulle. – f) après vineis suis, la fausse bulle ajoute : In territorio de Gaverella et de Ulpi, decimas quasdam, in potestate Novillule, decimam LXIII raseriarum terrę, in potestate de Frasne similiter tantum habet et quinque hortos, in potestate de Ulpi, decimam ad XXXta raserias, in potestate de Hiser ad XII modios Duacenses, in potestate de Gaverella ad LXIII raserias Duacenses, in potestate de Menricurt ad XVI raserias. – g) après perturbare, la fausse bulle ajoute : nec advocato, nec alicui terrenę potestati in villa aliqua ejusdem cenobii contra voluntatem abbatis vel monachorum manere, nec placita tenere, nec convivia preparare, nec pecunię collectionem facere, nec aliquid ab hominibus ęcclesię vel ab ipsa ęcclesia accipere, nisi hoc solum quod in autentico scripto comitis Balduini concessum est advocato. Idem quoque cenobium possessiones suas in terris, in aquis, in nemoribus et hospitibus et ceteris

Éd i t i o ns d e s chart e s redditibus suis, sicut antiquitus ab omni exactione et reclamatione aliena liberas possedit, ita de cetero nostra apostolica auctoritate sub eadem libertate possideat. – h) après violentia, la fausse bulle ajoute : archiepiscopi vel episcopi. – i) tituli omis. 1) les deux souscriptions se suivent sous celle du pape. – 2) Souscription sous la précédente mais à gauche. – 3) Souscription sous celle de Conon, sur une ligne différente de celle de Pierre, mais à droite.

25 1123, 3 novembre. – Ceprano Le pape Calixte II déclare que le litige entre l’abbaye de Marchiennes et la prévôté de Voormezele au sujet de la possession du tiers de la dîme de Reninge sera tranché en faveur de Voormezele si celle-ci prouve par trois témoins qu’elle possède cette dîme sans contestation depuis trente ans. Le pape charge l’archevêque de Reims de recueillir ces témoignages dans les quarante jours qui suivront la réception de cette lettre. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle. Londres, British Library, Add. ms. 32343, fol. 15vo (fragment) ; au recto, un plan de la Jérusalem céleste. – C. Copie du xiiie siècle. Cartulaire de Voormezele. Bruges, Archives de l’État, Aanwinsten 3472, fol. 21ro. a. Van de putte et Carton, Chronicon Vormeselense, p. 30, d’après C. – b. Robert, Bullaire du pape Calixte II, t. 2, p. 225-226, no 417, d’après C. Indiqué : JL, 1, p. 814, no 7082 et 2, p. 393, no 14079 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 129 et 609, t. 7, p. 334-335, t. 11, p. 123 ; Robert, Histoire du pape Calixte II, p. 248 ; Monasticon belge, t. 3, p. 703. Base de données : ThDipl W 3411/D 3701 ; Diplomata Belgica 3411.

Calyxtus, episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri Rodulfo Remensi archiepiscopo, salutem et apostolicam benedictionem. Controversiam que inter Marceniensem et Formoselensem ecclesias super decimis de villa Rininga mota fuerat, nos cum fratribus nostris in utriusque partis presentia diebus aliquot pertractavimus. Et quidem monachi decimam omnem ipsius ville suo monasterio pertinere tam per regis Karoli donationem quam per nostrum privilegium allegabant. Clerici vero ecclesiam Formoselensem terciam partem decime de Rininga per XXXta et eo amplius annos sine interruptione sinodali vel legitima possedisse omnimodis asserebant, necnon in privilegio eis a domino predecessore nostro sancte memorie Paschale papa concesso ejusdem decime confirmationem monstrabant. Nos vero utriusque allegationibus diligenter perspectis et scriptis diligentius indagatis, decrevimus quod, si ecclesia Formoselensis terciam partem decime per triginta annos quiete et inconcusse se possedisse per tres idoneas personas potuerit probare, eam deinceps sine inquietatione possideat. Propter quod diligentie tue mandamus ut infra quadraginta dies post harum litterarum acceptionem, utraque parte ante tuam presentiam convocata, a

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Formosellensis ecclesie clericis probationem prefato modo deliberatam suscipias. Datum Ceperani III nonas novembris. 26 1124, [juin au plus tard] Robert, évêque d’Arras, notifie que l’abbaye de Marchiennes a donné à l’église de Mazingarbe une terre pour établir un cimetière. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de atrio de Mazingarba. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XIX [p. 47-48], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331), Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 46ro-vo, d’après A ou B. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 45ro-46ro. – E. Copie du 9 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 51, fol. 145-146, d’après B. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 61-62, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 58-59, no 42, d’après B. Indiqué : Flach, Les origines de l’ancienne France, 1, p. 205 ; Tock, Chancellerie, p. 43. Base de données : Chartae Galliae, charte 200673 ; ThDipl W 11406 ; Diplomata Belgica 11406. La neuvième année de prélature de Robert va de juin 1123 à juin 1124.

Robertus, Dei gratia Attrebatensis episcopus, tam posteris quam presentibus. Nullum latet fidelium ad nostrum specialiter spectare officium in omnibus ęcclesiarum paci prospicere et omne quod vel in presenti vel in futuro turbare potest fraternę pacis unitatem et concordiam, quantum in nobis est, modis omnibus procul arcere. Ecclesiola itaque, in villa quę Masengarbe dicitur, hactenus carebat atrio et in alienis atriis circumquaque vicinarum ęcclesiarum sepeliendi mortuos suos calamitosa necessitas incumbebat presbitero. Petente igitur Symone, ejusdem altaris persona, Amandus abbas Marcianensis ęcclesię Sanctę Rictrudis, cujus prefata villa esse dinoscitur, de terra sua adjacente, quod sepulturę mortuorum sufficeret ad benedicendum ibidem concessit atrium, ea sane conditione ut nichil in eo sicut nec in tota villa libertatis sibi debeat deperire, sed illic quemadmodum prius ęcclesia Marcianensis possideat quicquid est vel esse potest juris et justicię. Quod ut firmum sit et inrefragabile, nec in atrio illo preter sepulturam mortuorum sepefati altaris persona in posterum sibi aliquid vendicare presumat, et unde magis illi debitor esse debuit, inde adversus Marcianensem ęcclesiam scandalum sumat, tam presentis scripti attestatione quam etiam sigilli nostri impressione necnon et honestarum personarum astipulatione in atrio illo ut in libero alodio debita jura Marcianensi firmamus ęcclesię, districtum scilicet ac theloneum vel quicquid ibi jure antiquitatis primitus habuit potestatis et justicię. Si qua igitur persona

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hanc nostrę constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit et ab incepto cessare noluerit, anathematis vinculo colligetur et in tenebras exteriores proiciatur. S. Roberti episcopi. S. Drogonis et Roberti archidiaconorum. S. Anastasii cantoris. S. Bertulfi et Hugonis canonicorum. Actum incarnati Verbi anno MoCoXXoIIIIo, indictione IIa, anno autem pontificatus domni Roberti Atrebatensis episcopi VIIIIo. 27 [1123, 3 novembre – avant le 23 juillet 1124] Raoul, archevêque de Reims, fait savoir au pape Calixte II qu’il a mis fin au différend qui opposait l’abbaye de Marchiennes à la prévôté de Voormezele au sujet du tiers de la dîme de Reninge : Voormezele a fourni les témoignages requis. A. Original. Bruges, Archives de l’Évêché. Fonds Voormezele, C 219/5a (dimensions et mentions dorsales ignorées car la charte n’est plus dans sa boîte). Transcription à partir du cliché des Diplomata Belgica. B. Copie du xiiie siècle. Cartulaire de Voormezele. Bruges, Archives de l’État, Aanwinsten 3472, fol. 21vo. a. Ramackers, Papsturkunden in Niederlanden, p. 108-109, no 17, d’après B. Base de données : ThDipl W 3232/D 3522 ; Diplomata Belgica 3232. Cette lettre est postérieure au mandement de Calixte II (cf. no 25) et antérieure à la mort de l’archevêque Raoul.

Reverendo patri et domino C[alixto] summo pontifici, R[adulfus], divina propiciatione Remensis ęcclesię humilis minister, perhennem in Domino salutem et debitam in omnibus obędientiam. Susceptis auctoritatis vestrę litteris, juxta mandatum vestrum utraque parte Marcianensis videlicet et Formosellensis ęcclesiarum ante nostram presentiam convocata, presentibus religiosis abbatibus et personis ęcclesię nostrę et nonnullis aliis honestis clericis, a Formosellensis ęcclesię clericis probationem secundum vestram deliberationem suscepimus. 28 [1123, 3 novembre – 1124, 23 juillet] Raoul, archevêque de Reims, fait savoir à l’évêque et au chapitre de Thérouanne que, sur commission pontificale, il a mis fin au différend qui opposait l’abbaye de Marchiennes à la prévôté de Voormezele (voir acte précédent). A. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle. Cartulaire de Voormezele. Bruges, Archives de l’État, Aanwinsten 3472, fol. 21ro.

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D e u xi è m e pa rt i e a. Ramackers, Papsturkunden in Niederlanden, p. 109, no 18, d’après B. Base de données : ThDipl W 3231/D 3521 ; Diplomata Belgica 3231. Sur la datation, voir l’acte précédent. La liste des témoins ne permet pas une datation plus précise.

Radulphus, Dei gratia Remorum archiepiscopus, dilectis sibi in Christo Johanni venerabili fratri et coepiscopo, Herberto et Gualtero archidiaconis, Goscelino decano totique congregationi beate Marie Tarvanensis ecclesie, salutem. Apostolice auctoritatis litteras de causa Marcianensis et Formosellensis ecclesie suscepimus, quibus profecto debitam exhibentes obedientiam, utraque parte ante nostram presentiam convocata, a Formosellensis ecclesie clericis probationem secundum apostolicarum litterarum tenorem suscepimus. Testes autem hujus probationis a nobis suscepte sunt : Oddo abbas Sancti Remigii, Jorannus abbas Sancti Nicasii, Ursio abbas Sancti Dionisii, Elifridus abbas Sancti Vincentii, Nicholaus et Hugo archidiaconi, Elbertus Cathalaunensis archidiaconus, Letulfus, Boso, Stephanus, Hugo Morinensis et Eustacius Casletensis cum multis aliis. Valete. 29 [1124, avant le 14 août] Gosselin, doyen, et le chapitre de Thérouanne notifient à Charles, comte de Flandre, que l’évêque de Thérouanne a tranché en faveur de l’abbaye de Marchiennes le conflit qui opposait celle-ci à Lambert de Reningelst. Ce dernier avait usurpé l’autorité de l’abbaye sur la familia du lieu et avait refusé de comparaître. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Capitulum Tervanense de Lamberto de Rinenges ad comitem Flandrensium. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVI [p. 62-63], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 76ro, d’après A ou B. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 49, fol. 29, d’après B. – E. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 231/3674, d’après B. a. Wauters, « Analectes de diplomatique », t. 10, p. 27-28, no 4, d’après D. – b. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 101-102, no 4, d’après B. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 212 ; Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, 1, p. 114, no 476 ; Sproemberg, Alvisus, p. 158, no 29 ; Tock, « Le chapitre cathédral de Thérouanne », p. 645, no 3. Base de données : ThDipl W 4604/D 4818 ; Diplomata Belgica 4604. Lambert, abbé de Saint-Bertin, est remplacé pour cause de paralysie par Jean le 14 août 1124 (Gesta abbatum S. Bertini, MGH SS, 13, p. 657) ; Ingelbertus est abbé de Saint-Jean de Thérouanne de 1112 à 1124 (Monasticon belge, t. 3, p. 29) ; Étienne, abbé de Ham, est attesté à partir de 1124 (Berger, « Colligite fragmenta », p. 608).

Éd i t i o ns d e s chart e s

Domino suo Karolo, Dei gratia Flandrensium comiti strenuissimo, G[autelinus] decanus et capitulum Tarvennensisa) ecclesie, salutem et fideles orationesb). Domnus Amandus Marcianensis abbas clamorem fecit ad domnum episcopum nostrum de Lamberto de Rithnengellac), de hoc scilicet quod ille Lambertus invaserat familiam sanctę Rictrudis et per rapinam et pacis infractionem eam tenebat, videlicet nec per abbatem nec per ęcclesiam et inde predictę ecclesię damnum X librarum Flandrensis monete fecerat. Lambertus respondit : non nego familiam eam quę clamatur Sanctę Rictrudis Marcianensis esse et eam neque ab abbate neque ab ecclesia teneo, sed a Daniheled) de Teneramunda et Danihele) a comite, et ideo hic volof) placitare. Nec tamen ille Lambertus aliam warandiam pretendit. Tunc domnus episcopus secundum tenorem clamoris et responsi judicium fieri precepit, sed judices respectum et inducias inde acceperunt. Die igitur qua judicium illud reddi debebat, venit predictus abbas Amandusg), ille vero Lambertus nec venit nec responsalem premisit et sic igiturh) et in banno remansit. Iterum ex precepto domni episcopi XVa die predictus abbas rediit auditurus si legitimam excusationem pro qua die prefixa non venisset ille Lambertus pretenderet. Ille vero nec ea die venit nec responsalem premisit. Judicavimus igitur nos et honesti viri quos subscripsimus quod ille Lambertus tamdiu in excommunicatione maneret donec ęcclesię et abbati Marcianensi satisfaceret reddendo ei familiam quam injuste auferebat et restituendo damnum quod ei inde intulerat, scilicet X libras. Hec autem sunt nomina eorum qui judicium de hoc placito fecerunt cum canonicis Sancte Marie : Herbertus archidiaconus, Walterus archidiaconus, Lambertus abbas Sancti Bertini, Alvisus abbas Aquicinensis, Stephanus abbas Hamensis, H[ugo] abbas Blanziaci, Ingelbertus abbas Sancti Johannisi). a) Tarvenensis C. – b) et fideles orationes om. C. – c) Rinenguella C. – d) Daniele C. – e) Daniel C. – f) hic nolo inde C. – g) A. abbas C. – h) gititus B. – i) à partir d’Alvisus, la liste des témoins figure ainsi en C : A. Aquicincti, H. Blansiaci, J. Sancti Johannis abbates et Stephanus Hamensis.

30 [1124, vers juin] Pierre de Léon, légat pontifical, informe Jean, évêque de Thérouanne, que le concile de Beauvais a, sur l’ordre du pape Calixte II, excommunié Thierry de Reninge qui s’était emparé aux dépens de l’abbaye de Marchiennes des dîmes de Reninge, et lui ordonne de l’excommunier à son tour. A. Original perdu. B. Copie du xive siècle ; titre : de decima de Reneng contra Theodericum. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 145. a. Ramackers, Papsturkunden in Niederlanden, p. 107-108, no 16, d’après B. Indiqué : Schieffer, Die päpstlichen Legaten, p. 217, no 29 ; Weiss, Die Urkunden, p. 87, no 13. Base de données : ThDipl W 5707 ; Diplomata Belgica 5707.

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D e u xi è m e pa rt i e Il est impossible de dater plus précisément ce concile connu uniquement par une seule mention (Pontal, Les conciles, p. 294) et qui s’est déroulé lors de la seconde légation du cardinal Pierre (1123-1124 ; cf. Weiss).

Petrus Leonis, Dei gratia sancte Romane ecclesie cardinalis presbiter et legatus, venerabili fratri Johanni Morinorum episcopo, salutem. Notum facimus fraternitati tue quod Theodericum de Rinengis in concilio Belvacensi judicio fratrum nostrorum qui ibi presentes fuerunt excommunicavimus pro decima de Rinengis quam aufert Marchianensi ecclesie et ibidem Deo servientibus. Ex precepto enim domini pape Calixti accepimus quod, quia ipse vidit et audivit regium preceptum Karoli imperatoris, qui eidem ecclesie eandem decimam concedebat, ex parte sua concessit ipse et confirmavit precipiens tibi, ut ille Teodericum, nisi eamdem decimam prefate ecclesie restitueret, excommunicaretur. Mando itaque et in virtute obedientie precipio quatenus eundem Teodericum excommunicatum nostrum in ecclesia Tarvennensi excommunices et per diocesim tuam excommunicatum pronunciari facias. Vale. 31 1125. – Lille Charles, comte de Flandre, confirme à l’abbaye de Marchiennes la charte du comte Baudouin V datée de 1038, relative aux droits de l’avoué. A. Original sur parchemin, hauteur 450 mm (dont repli 25 mm), largeur 305 mm ; sceau brisé de cire brune pendant sur lacs de soie. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Karoli comitis de advocatione (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A. I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 56/961. B. Copie du xiie siècle ; titre : Karolus comes Flandrensium de advocatione Marchianensi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXV-XXXVI [p. 111-113], d’après A. C. Copie informe du xvie siècle. Lille, ADN, 10 H 961b. – D. Copie informe de 1749. Lille, ADN, 10 H 961c. – E. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 961d. a. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 172-174, d’après B. – b. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, p. 269-271, no 118, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 131 ; Leuridan, Châtelains de Lille, p. 188, no 29 ; Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 210 et t. 11, p. 129 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 88-89, 92 et 112 ; Sproemberg, Alvisus, p. 158, no 31. Base de données : ThDipl W 149/D 150 ; Diplomata Belgica 149.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, Amen. Ego Karolus, per bonam Dei erga me voluntatem comes Flandriarum, reputans mecum quia, cum nobis a Deo augentur dona, rationes etiam crescunt donorum, ad impetrandam misericordiam Domini optimum mei fore pre omnibus duxi ejus ęcclesias nostra largitate honorare, et ab omni oppressione et injusticia earum exteriora bona defendendo integra conservare, et queque mala instituta vel depravata in melius restituere. Quapropter

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notum fieri volo tam futuris quam presentibus me, ad petitionem viri venerabilis Amandi abbatis et monachorum Sanctę Rictrudis, Marcianense monasterium in antiquam libertatem revocasse consilio et judicio baronum meorum, in melius restituens queque ab advocato injuste sustinebat. Cum enim in villa ejusdem sanctę, temporibus Fulcardi abbatis, aliquandiu injuste mansisset, ęcclesiam et hospites ejus multis ac variis afflixerat injuriis. Nos igitur privilegium quod comes Balduinus proavus meus Insule sepultus et uxor ejus Adela filia regis Roberti de libertate ęcclesie Marcianensis fieri jusserunt intuentes, nostrum quoque privilegium de eadem libertate ipsi ęcclesię tradidimus confirmantes, juxta scriptum supradicti comitis, quid in ea advocatus habere debeat et a quibus se debeat abstinere. De omni forisfractura ubi ęcclesia ope indigens eum in auxilium vocaverit, si per justiciam ejus aliquid adquisierit, ipse terciam habebit partem. Si vocatus non fuerit, nichil habebit. Majores dabunt ei in Nativitate duo sextaria vini et IIos capones et ipse cibabit eos et homines eorum pane, carne et vino. In Pascha, IIo sextaria vini tantum. Adjutorium tempore obsidionis vel hostilitatis generalis IIIIor vel Ve ebdomadarum accipiet in potestatibus, id est de carruca IIos solidos, de dimidia unum, de operario divite an paupere IIIes denarios. Coccus ęcclesię, magister pistorum, cambarius et qui cum carro de nemore ligna adducit nichil dabunt ei quia omnino ab omni redditu semper liberi erunt. In hoste quoque regali per manus ministrorum abbatię in potestatibus accipiet VIIIo palefridos ; et hoc semel in anno si necessitas evenerit, sin autem nichil omnino. Palefridos ferrare faciet, hominibus qui eos ducent in victu et calciamentis providebit. Cum fuerit reversus, omnes palefridos illos restituet dominis suis. Quod donec fecerit, nichil faciet pro eo ecclesia nec homines ęcclesię. Preter hęc nichil debet habere advocatus in ęcclesia nec ista accipere, nisi per manus ministrorum abbatię. Non bannum faciet nec precarias nec latronem accipiet nec coreuvias nec ministri ejus aliquid accipient. Sciendum quoque quod de hominibus ęcclesię non interpellabit quemquam ad campum, sed ille contra quem aget judicio scabinorum cum sacramento sola manu purgabit se. Nec licet ei nec alicui terrenę potestati in aliqua villa sanctę Rictrudis contra voluntatem abbatis vel monachorum manere, nec convivia preparare vel placita tenere, nec denariorum vel pecunię collectionem ab incolis exigere nec ullam violentiam inferre. Equalem libertatem habebunt omnes hospites potestatum, tam advena quam indigena. Iterum non licet ei terras ecclesie emere aut in vadimonium accipere, nec servos nec ancillas ejusdem ęcclesię in feodo militibus dare, nec aliquid ab illis per violentiam exigere. In silvis quoque sanctę Rictrudis vel in aquis ipsius nullam habet potestatem nec homines ęcclesię contra voluntatem abbatis manutenere potest. Hęc superius litteris comprehensa inventa sunt a Balduino, proavo meo, comite Flandri[arum], Atrebati confirmata presente Hugone Havet cui ipse comes beneficium quod a supradicta ęcclesia pro advocatione acceperat dedit, ut esset in omnibus ęcclesię promptus adjutor et res ejus tamquam advocatus defenderet et tueretur alioquin et datum et advocationem quam de eo accepit perderet ipse et successores ejus, et hoc presentibus comite et baronibus suis judicavit, Eustachio et Rogero comitibus, Gerardo, Drogone, Fulchone episcopis, Lietduino, Roderico, Malboldo, Gerardo et Wicardo abbatibus, Rodulfo Tornacensi, Roberto advocato, Johanne advocato, Hugone Valentianensi, Hugone de Aldenardo et aliis qui ibi describuntur. Ego quoque Karolus, Dei gratia comes Flandri[arum],

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statuo et decerno sub sigilli mei impressione et annotatione testium ut hęc libertas, sicut a predecessore meo comite Balduino constituta inventa est, perpetuam obtineat firmitatem. S. Karoli comitis. S. Alvisi abbatis Aquicinensis. Signum Absalonis abbatis Sancti Amandi. S. Willelmi de Ipra. S. Roberti advocati. S. Balduini dapiferi. S. Rogeri castellani Islensis. S. Widonis de Steinfort. S. Willelmi de Wervi. S. Stephani de Landast. Actum Insule, curte publica, anno Domini MoCoXXVo. 32 1125. – Lille Charles, comte de Flandre, à la demande de l’abbé Amand, déclare protéger les habitants de Haisnes et du pagus de Weppes contre les exactions des avoués. Il établit les droits respectifs de chacun d’eux en ces lieux et dans toutes les possessions de l’abbaye de Marchiennes. A. Original sur parchemin, hauteur 560 mm (dont repli 30 mm), largeur 350 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum Karoli comitis Flandriarum de advocatione Wepes et Hainas (xiie s.) – S. Karoli comitis Flandriarum de advocatione Wepes et Hainas (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en noir, xvie-xviie s.). Lille, ADN, 10 H 56/962. B. Copie du xiie siècle ; titre : Karolus comes Flandrie de advocatione Haines et Wepes. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXIIII [p. 109-110], d’après A (nombreuses coupures). C. Copie du xviiie s. Lille, ADN, 10 H 56/962a. a. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 528 (fragment). – b. A. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 20 (fragment). – c. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 166, d’après B. – d. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, p. 272-275, no 119, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 130-131 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 132 et t. 11, p. 129 ; Leuridan, Les châtelains de Lille, p. 204, no 28 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 44-45, 57 et 111 ; Sproemberg, Alvisus, p. 158, no 32 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 18. Base de données : ThDipl W 150/D 151 ; Diplomata Belgica 150.

In nomine sanctę et individue Trinitatis, amen. Ego Karolus, divina ordinante clementia comes Flandr[ie], notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod Amandus abbas et monachi sanctę Rictrudis de monasterio Marceniensi nostram benivolentiam humiliter postulaverunt, quatinus hospites ejusdem sanctę qui manent in regione que Weppes dicitur contra pravorum hominum incursiones ob amorem Dei tueremur et maxime contra eorum violentiam qui se advocatos et defensores verbis dicunt, factis autem negant. Sunt enim oppressores pauperum et, sicut lupi vespertini caulis ovium, ita substantiolis eorum diripiendis tam per se quam per officiales suos cotidie insidiantur. Hoc abbas et monachi sancte Rictrudis, hoc

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etiam eorum rustici, ferre non valentes ad nostram justiciam quasi ad portum confugerunt. Quibus quod justum erat humiliter petentibus facile adquievi, sciens animę meę profuturum eripere inopem de manu fortiorum ejus, egenum et pauperem a diripientibus eum. Omnes igitur hospites Marceniensis monasterii qui manent apud Hainas et in omni regione Weps nuncupata, ab oppido Basceię per circuitum usque ad metam sanctę Rictrudis, in nostram suscepimus advocationem atque defensionem, tale super hac re facientes decretum ut ipsi rustici, soluto ęcclesię censu de suis capitibus, de reliquo sint immunes et omnino liberi ab omni exactione advocationis, excepto quod si qua legitima debent advocato sancte Rictrudis de antiquis institutis, illa persolvant, deinceps tam ab illo quam ab aliis liberi permanentes. Equalem libertatem habeat tam advena quam indigena et nulli hominum liceat eos perturbare vel quolibet modo quę eorum sunt auferre vel adversus eos placitare, nisi in domo sancte Rictrudis apud Hainas, per monachum loci et villicum et scabinos. Et ut hoc decretum nostrum tam a nobis quam a successoribus nostris firmius conservetur, placuit predicto abbati et monachis suis, ut sicut eorum rustici de villa Masengarba juxta antiquum morem dant ad elemosinam nostram singulis annis XXti solidos pro respectu nostrę advocationis, ita et isti persolvant annuatim XXti, in memoriam scilicet nostrę erga eos liberalitatis et suę ipsorum libertatis. Nunc igitur adjuramus omnes successores nostros, per nomen Domini Jhesu, ob cujus amorem miseris rusticis succurrimus, ut nullus eorum presumat hos XL solidos alicui dare aut commutare vel in alios usus detorquere, nisi ad elemosinam ad quam pie deputati sunt tam a me quam a predecessoribus meis. Post hęc supradictus abbas et monachi precati sunt benivolentiam nostram ut, ad hęc quę de antiqua libertate ejusdem ęcclesię comes Balduinus, proavus meus, coram conjuge sua comitissa Adela et coram baronibus suis, Eustachio scilicet comite Bol[onie], Rogero comite de Sancto Paulo, Drogone, Gerardo et Fulchone episcopis et aliis multis tam religiosis quam secularibus viris, testificatus est et scripto suo confirmatum reliquit, meum quoque testimonium et confirmationem adhiberem et ex his quedam breviter hic annotari preciperem. Eorum igitur humili petitioni libenter annuens, quod comes ille confirmavit hic breviter annotatum omnimodis observandum decerno. Itaque advocato nec alicui terrenę potestati in aliqua villa beatę Rictrudis contra voluntatem abbatis vel monachorum manere liceat, quia Marceniensis ęcclesia libera est ab omni redditu advocationis, et villa in qua ipsa sancta corpore quiescit et reliquę omnes villę ad eam pertinentes ita sunt de dominicatu ipsius sanctę ut nullus hominum in eis vel solum pedem terrę habeat, exceptis hospitibus sanctę qui ęcclesię serviunt. Item non licet advocato in potestate ęcclesię preparare convivia, nec latronem accipere nec corevias nec bannum nec precarias nec collectionem pecunię facere nec placita tenere. Omnes hospites ęcclesię equalem habent libertatem tam advena quam indigena. Advocato non licet eos perturbare vel aliquid ab eis accipere vel per violentiam exigere. In aquis et nemoribus ęcclesię et ceteris rebus quę ad eam pertinent, nullum omnino jus habet advocatus. Ejus terras nec emere nec in vadimonium accipere potest. Sciendum quoque quod Marceniensis ecclesia, a beato Amando et nobili matrona beata scilicet Rictrude nobiliter fundata, per quadringentos annos, hoc est a sui constitutione, ab omni redditu advocationis semper libera exstitit. Sed quia temporibus predicti comitis, pravorum hominum prevalente nequitia, ad sui

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defensionem advocato indigebat, Albricus abbas, qui diebus illis eidem ęcclesię preerat, ipsi comiti dedit de proprio alodio beatę Rictrudis IIas carrucatas terrę in villa Nigella, IIos molendinos in villa Berberia, ut bonus esset ęcclesię advocatus et defensor. Comes autem terram illam cum molendinis iterum per manum abbatis dedit Hugoni Havet de Albiniaco, ut loco ejus esset ęcclesię in omnibus promptus adjutor ; quod si negligeret idem Hugo, coram comite et baronibus suis judicavit ut datum et advocationem perderent ipse et successores ejus. Pro his igitur advocatus servire debet ęcclesię. De forisfractura quoque ubi ęcclesia eum in auxilium suum vocaverit, si per justiciam ejus aliquid adquisierit, dabit ei terciam partem. Quod si non fuerit vocatus, nichil habebit. Adjutorium vero tempore obsidionis vel hostilitatis generalis IIIIor vel Ve ebdomadarum accipiet in potestatibus, id est de carruca II solidos, de dimidia unum, de operario divite an paupere III denarios, liberis semper remanentibus IIIIor ministris ęcclesię : coco, pistore, cambario et illo qui cum carro de nemore ligna adducit. In hoste quoque regali, accipiet in potestatibus ęcclesię VIIIo palefridos cum reversus fuerit dominis suis restituendos ; famulis qui illos ducent providebit in victu et calciamentis. Hęc etiam quę prediximus non poterit accipere nisi semel in anno, et tunc si necessitas evenerit. Quę omnia non accipiet, nisi per manus ministrorum abbatię. Item non licet ei provocare quemquam ad campum de hominibus ęcclesię, sed hic contra quem aget judicio scabinorum cum juramento sola manu purgabit se, nec licet ei servos vel ancillas ęcclesię affligere. In Nativitate dabunt ei villici II sextaria vini et II capones, quorum famulos cibat pane, carne et vino. Preter supradicta nichil omnino ab ęcclesia, nichil ab hominibus ejus accipere debet advocatus. Ipsa tamen ęcclesia semper in sua antiqua libertate permaneat, quia non ad servitutem sed ad defensionem sui comitem Balduinum, proavum meum, advocatum constituit, dato ei predicto beneficio. Sicut igitur idem comes et pater ejus, comes Balduinus cognomento Barbatus, ęcclesiam Marceniensem manutenuerunt, a multimoda oppressione eam liberantes et in bonum statum eam relinquentes, et ego quoque eam in presenti propter dominum manuteneo, hortor et precor successores nostros ut et ipsi idem faciant. Nunc vero sciendum quod terras de Bachelerot, quę sunt a meta sancte Rictrudis e regione australi versus Batsceiam, recognovit Willelmus de Ipra, nepos meus, coram me et baronibus meis esse de jure Marceniensis ęcclesię. Hoc autem fecit juxta voluntatem et concessionem Wenemari de Isel et Odonis qui dicitur Pes Lupi, qui easdem terras, eo quod erant contiguę terris suis, injuste sibi usurpaverant dicentes se a Willelmo eas tenere in feodum. Sed Willelmus, tandem agnita veritate per eosdem, per justiciam christianitatis et testimonio antiquitatis de hac injusta pervasione convictos et confessos, suggessit mihi ipse et Balduinus senescalcus de Isim ut prefatas terras nostra auctoritate confirmarem esse Marceniensis ęcclesię. Hic enim Balduinus quasi vice nostra hoc a predicto Odone pactum fidei in manum acceperat, quod eas terras nec ipse nec heres ejus amplius reclamaret, nec alicui reclamanti de hac re vuarandiam portaret. Exigente ergo a nobis censura justicię simulque propter salutem animę meę, possessionem de qua agimus tam in terris quam in decimis et in hospitibus reddidi beatę Rictrudi et ęcclesię Marceniensi libere perpetuo possidendam contradidi. Ut autem ista traditio et superius descripta advocatio perpetuam obtineant firmitatem, testamentum inde factum sigilli mei impressione confirmavi et curialium nostrorum testimonio roborari precepi. Signum

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Karoli comitis. S. Absalonis abbatis Sancti Amandi. S. Alvisi abbatis Aquicinensis. S. Hugonis monachi filii Hugonis Havet. S. Willelmi de Ipra. S. Balduini dapiferi. S. Rogeri castellani Islensis. S. Roberti advocati. S. Stephani de Landast. S. Widonis de Steinfort. S. Willelmi de Wervi. Actum Insule, indictione IIIa, concurrente IIIo, epacta XIIIIa, regnante glorioso rege Ludovico in Francia, anno Verbi incarnati Mo Co XXo Vo. 33 [1122-1126]. – Lille Charles, comte de Flandre, notifie que, en présence de sa cour, un accord a été conclu entre Amand, abbé de Marchiennes, d’une part et Roger, châtelain de Lille, et Lietard de Biez d’autre part au sujet de la restitution des terres de l’abbaye sises à Lorgies, des cens et droits que les intéressés y possèdent. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Karolus comes Flandrensium contra Rogerum castellanum et Lietaldum de Biez ; en marge : non est in armario. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXIV-XXXV [p. 110-111], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 151ro-152ro, d’après A ou B. D. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 191/3032, d’après B ou C. a. Leuridan, Les châtelains de Lille, p. 203-204, no 27, d’après B. – b. Flach, Les origines de l’ancienne France, t. 1, p. 278, note 1, d’après B (fragment). – c. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 166-170, d’après B. – d. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, p. 254-257, no 111, d’après B. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 71, p. 210 et t. 11, p. 129. Base de données : ThDipl W 142/D 143 ; Diplomata Belgica 142. Une charte de l’évêque Robert de 1121 (no 17) notifie la réconciliation entre l’abbaye et le châtelain Roger ; une autre charte du même évêque datée de 1122 (juin au plus tard ; no 20), notifie celle opérée avec Lietard. Comme la teneur de la charte comtale reprend un passage du second acte épiscopal, l’acte du comte est nécessairement postérieur. Il pourrait donc être daté, mais sans éléments décisifs, de 1122. Le sénéchal Baudouin est encore attesté en 1125 et 1126 (Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, nos 120 et 121).

Karolus, per Dei misericordiam comes Flandriarum, tam futuris quam presentibus. Si utilitatibus sanctę matris ęcclesię pia sollicitudine deservire studemus, profuturum nobis ad ęternam beatudinem fore certa spe confidimus. Quapropter noverit dilectio vestra terras sanctę Rictrudis in parrochia Lorgiarum villę sitas me Marcianensia) monasterio ubi et ipsa Dei famula corpore quiescit restituisse, quas domnus Amandus abbas ejusdem loci adversusb) malefactores qui eas invaserant se ęcclesiastico judicio clamabat derationasse. Sed cum idem malefactores, id est Rogerus castellanus Islensis et quidam Lietaldusc) de Biezd), neque propter illatam

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eise) excommunicationem neque propter suam christianitatem ab illa injusta pervasione vellent desistere, tandem post multarum diversitates actionum diem quo ante me tam abbas quam et illi convenirent constitui et, sic audita utriusque partis controversia, pacem bonam inter eosf) propitiante superna clementia reformavi. Decretum namque est in presentia nostra, baronum etiam meorum astante frequentia, Rogerum et Lietaldum de omnibus terris sanctę Rictrudis, quas ipsi vel alii per eos prius injuste tenuerant terragium et decimam ęcclesię Marcianensig) in posterum dare, prata, saltus et nemora in illis terris consistentia ad culturam segetum redigere et si quid de eisdem nemoribus venderetur partem precii sicut de terragio et decima ęcclesiam accipere ; rusticos quoque castellani qui terras sanctę Rictrudis excolunt pro retentis terragiis ceterisque institutis per ministros ęcclesię Marcianensish) ad justiciam Lorgias in atrium venire ; Lietaldum vero apud Hainas dei) similibus causis in placito per scaviniosj) similiter justificari debere ; unumquemque etiam eorum, id est Rogerum et Lietaldum, preter terragium et decimam pro censu terrę suę centum gallinas et quinque modios avenę singulis annis persolvere ; sed tamen eundem Lietaldum avenam et gallinas quas debet cum pomerio et manso suo, sicut se habet vetus fossatum Wenemari ab abbate in feodum tenere, excepto jure altaris et villici ; hospites quoque sanctę Rictrudis circumquaque manentes in terris ipsius Lietaldi ad opus animalium suorum pascua communia gratis habere ; eundemque aut terragium terrę suę in horreo sanctę Rictrudis Lorgias deducere aut ad subvehendum idem terragium monachis equum unum quotannis accommodare ; censum vero quem debet castellanus, id est quinque modios avenę et centum gallinas, per hospites ęcclesię circumquaque manentes pro terris quas ab eodem castellano prius tenuerant reddi debere, et easdem terras pro quibus hoc persolvunt in abbatis potestate amplius permanere ; eundemque castellanum hominium, fidelitatem et servicium pro beneficio quod ab ęcclesia tenet abbati ejusque successoribus facere. Ut autem hoc decretum ratum et inconvulsum tam nostris quam futuris sit temporibus, placuit mihi hanc subscriptionis cartam jubere componi ne ullus in perpetuum audeat resistere vel contradicere seu aliquam violentiam presignatis ęcclesię bonis inferre. Quod si quispiam malignus istud meę confirmationis privilegium aliquando temerare presumpserit, principatus nostri severitatem sentiat et experiatur in detrimento substantię domus suę usque ad valensk) quinquaginta librarum publice monete. S. Karoli comitis. S. Roberti advocati. S. Balduini dapiferi. S. Rogeri castellani. S. Hugonis de Aqua. S. Guidonis de Steinfortl). Actum est Insulę in presentia Karoli comitis, curte publica. a) Marchianensi C. – b) adversus om. C. – c) Lietardus C et D. – d) Bies D. – e) eis om. D. – f) Deo ajout C. – g) Marchianensi C. – h) Marchianensi C. – i) pro C. – j) scabinos C. – k) valorem D. – l) Stainfort C.

34 1129, [avant juin] Robert, évêque d’Arras, notifie un accord au sujet d’une dîme entre l’abbaye de Marchiennes et Amauri, doyen de Mastaing, et Hugues son frère. Ces derniers restituent

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en aumône à l’abbaye deux muids, l’un de blé, l’autre d’avoine, qu’ils reconnaissent détenir non en fief mais en bénéfice. A. Original sur parchemin, hauteur 465 mm (dont repli 40 mm), largeur 350 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Roberti Atrebatensis episcopi (xiie s.) – de Mastaing (xiiie s.) – de duobus modiis grani (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 222/3605. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de Mastaing. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XIX [p. 48-49], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 46vo-47vo, d’après A ou B. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 46ro-48ro. – E. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 62-63, d’après B. a. Thelliez, Histoire de Mastaing, p. 169-170, d’après A. – b. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 103-104, no 5, d’après A. – c. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 64-66, no 48, d’après A. Indiqué : Tock, Chancellerie, p. 44. Base de données : Chartae Galliae, charte 200679 ; ThDipl W 5564 ; Diplomata Belgica 5564. La 14e année de prélature de Robert va de juin 1128 à juin 1129.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Robertus, Dei gratia Attrebatensis episcopus, tam futuris quam presentibus. Nullum latet fidelium ad nostrum spectare offitium in omnibus ęcclesiarum paci prospicere et omne quod vel in presenti vel in futuro turbare potest fraternę pacis unitatem et concordiam, quantum in nobis est, modis omnibus procul arcere. Postulante itaque venerabili fratre nostro Amando, abbate Marceniensis monasterii, et fratribus ejusdem loci, conventionem quandam inter Amolricum decanum de Masten et prefatum abbatem in pręsentia nostra terminatam litteris jussimus annotari ut, si quis eam conventionem in futuro annullare voluerit, ex hac nostra descriptione cognoscat quomodo inter eos res acta est et ex sententia excommunicationis quam hic invenerit pertimescat violare quod decretum est. Igitur Amolricus decanus noster duos modios annonę, alterum frumenti et alterum avenę, quos ab ęcclesia Marceniensi et preter quos nichil aliud ab ea tenebat, eidem ęcclesię in elemosinam reddidit, et quod eandem annonam non in feodum sed in beneficium hactenus tenuisset coram omnibus recognovit. Hugo etiam, cognomento decanus, frater Amolrici, et uxor ejusdem Hugonis et filii similiter fecerunt et quod de eadem annona nullum dampnum, nullam calumpniam ulterius ęcclesię inferrent fide et sacramento promiserunt. Tunc consequenter omnes casati ęcclesię qui presentes aderant tam Amolrico et Hugoni fratri ejus quam et filiis ejusdem Hugonis ceterisque heredibus annonam illam abjudicaverunt, dicentes a nullo juste repeti debere in posterum quod isti spontanee pro animabus suis in elemosinam ęcclęsię contulerunt. Eorum igitur nomina qui nobiscum his presentes affuerunt, premisso meo nomine, inferius assignantur ut, si quis contra hęc verba insurgere voluerit, in testimonium assumantur. S. domni Roberti episcopi. S. Roberti et Drogonis archidiaconorum. S. Petri prepositi. S. Bertulfi et Roberti

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canonicorum. S. Amolrici, Werinbaldi et Willelmi decanorum. S. Amolrici majoris, Bernardi, Baldulfi, Rohardi, Walteri, Olbaldi cognomento Ferein, abbatis casatorum. Sciendum quoque quod duas partes decimę de Masten, quas ex antiquo tempore Marceniensis ęcclesię fuisse non dubium est, iste predictus Hugo aliquandiu sibi injuste usurpaverat, sed post multas vexationes et dampna quę pro eadem decima per eum ęcclęsia perpessa est, tandem resipiscens se coram nobis apud Asconium in pęnitentia prostravit et contestans se eandam decimam cum filiis suis jam coram multis abjurasse et ęcclęsię Marceniensi restituisse, prioris illius offensę veniam et absolutionem habere promeruit. Ad reprimendam autem cujuslibet pervasoris audatiam hujus actionis seriem pontificali auctoritate ratam fore decrevimus et sigilli nostri impressione signavimus. Si qua vero ęcclesiastica vel secularis persona sciens hanc descriptionis paginam contra eam temere venire presumpserit, communione christiana privetur et a corpore et sanguine Domini nostri Jhesu Christi separata anathematis vinculo colligetur, cunctis vero eidem loco justa servantibus ęternę vitę consortium largiatur. Actum incarnati Verbi anno MoCo XXVIIIIno, indictione VI, presulatus domni Roberti, anno XIIIIo. 35 1129 Clémence, veuve de Robert II, comte de Flandre, donne aux moniales de l’abbaye de Faumont une terre qu’elle avait achetée à l’abbaye de Marchiennes. A. Original sur parchemin, hauteur 90 mm, largeur 150 mm. Paris, BnF, coll. Flandre, t. 192, no 18. B. Copie du xvie siècle. Cartulaire de Bourbourg (Stein 576). Paris, BnF, lat. 9126, fol. 26ro. a. Brassart, Histoire du château et de la châtellenie de Douai, 3 (Preuves), p. 410-411, no 167. – b. de Coussemaker, Cartulaire de l’abbaye de Bourbourg, 1, p. 33, no 38, d’après B. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, no 1, p. 135. Base de données : Chartae Galliae, charte 238471 ; ThDipl W 8799 ; Diplomata Belgica 8799.

Ego Clementia, considerans illud Euuangelicum1) sicut aqua extinguit ignem, ita elemosina extinguit peccatum2), emi terram ad ecclesiam Marcinensem pertinentem, assensu domni Amandi abbatis et totius capituli ejusdem ecclesie, quam pro remedio anime mee et antecessorum meorum ad mensam sanctimonialium in ecclesia Fauni Montis sancte Marie servientium adtribui. Ut autem inconvulsum permaneret, sigillo nostro confirmari haut inutile duximus. Nomina autem testium hec sunt : domnus Alvicus abbas, Walterus monacus, Herbrandus monacus, Wilelmus de Ipra, Walterus de Bruile, Johannes de Malcicort, Walterus castellanus, Gerardus de Cans, Sigo, Godinus, Hugo de Custices, Odo de Alci, Lambertus de Beuvri, Stephanus de Lanbris, Robertus prepositus et fratresa) sui, Asso de Mari, Teobaldus de Hali. Actum est hoc anno MCXXVIIIIa).

Éd i t i o ns d e s chart e s a) A donne l’abréviation sres, qu’il faut sans doute lire fratres plutôt que sorores. – b) hoc anno MCXXVIIII, ajout d’une autre main. 1) sic. – 2) Eccl., 3, 33.

36 [1124-1130, 27 janvier] Jean, évêque de Thérouanne, notifie que, par jugement de ses clercs et de ses abbés, Amand, abbé de Marchiennes, a obtenu gain de cause contre Lambert de Reningelst qui a reconnu avoir usurpé la familia et l’avouerie de l’abbaye en ce lieu. L’évêque lève la sentence d’excommunication portée contre Lambert. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Johannes episcopus Morinensis de decima de Renenges. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXV [p. 60]. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Additionnal ms. no 16611, fol. 71vo et 145ro-vo. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 54, fol. 115-116, d’après B. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 104, no 6, d’après B. Indiqué : Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, t. 1, p. 118, no 506. Base de données : ThDipl W 5565 ; Diplomata Belgica 5565. L’acte se situe après le no 29 dont il reprend les décisions et pourrait avoir été rédigé au même moment sans qu’aucun élément décisif ne le prouve ; l’évêque Jean est mort le 27 janvier 1130.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ego Johannes, Dei gratia Morinorum episcopus, notum facio Christi fidelibus tam futuris quam presentibus quod familiam et advocationem Sanctę Rictrudis de Marcianis quam Lambertus de Rinengeles sibi injuste usurpaverat, eandem scilicet domnus Amandus Marcianensis abbas in presentia nostra Tarvenne judicio clericorum et abbatum nostrorum legitime derationavit. Et ipse Lambertus, injuriam suam recognoscens, de excommuniatione et forisfacto illo se absolvi fecit. Nos autem causam illam, ut firmior et inviolabilior permaneret, litteris nostris signavimus, et ne quis hoc factum nostrum violare presumat, sub anathematis vinculo interdiximus. 37 [1130, 25 mai – 1131, 22 avril] Robert, évêque d’Arras, notifie que les six abbés choisis comme arbitres par les abbés d’Anchin Alvise et de Marchiennes Amand au sujet du conflit qui opposait les deux abbayes

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à propos du droit de pêche dans la Scarpe, ont tranché cette querelle en faveur de l’abbaye de Marchiennes à condition qu’un des servi de Marchiennes jure que c’est à cette abbaye qu’appartenait le droit en question. A. Original sur parchemin, hauteur 380 mm (dont repli 30 mm), largeur 280 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Roberti episcopi de piscatione nostra (xiie s., une fois en rouge, une fois en noir). 2) Anciennes références d’archives : A II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 220/3572. B. Copie du xiie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. 16-17 [p. 42-43]. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. no 16611, fol. 44vo-45vo. D. Copie du xviiie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 42ro-44ro. – E. Copie du 21 septembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 47, fol. 249-250, d’après A. – F. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 220/3573, d’après A. – G. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 55-56, d’après B. a. Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 165-167, no 5, d’après A. – b. Delmaire, L’histoirepolyptyque, p. 105-106, no 7, d’après A. – c. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 66-67, no 49, d’après A. – d. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, p. 150-152, no 54, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 132 ; Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 247 (qui attribue cet acte à l’abbé Alvise) ; Sproemberg, Alvisus, p. 181, no 164 ; Tock, Chancellerie, p. 44. Base de données : Chartae Galliae, charte 210974 ; ThDipl W 5566 ; Diplomata Belgica 5566. Le Glay n’a pas cherché à dater précisément l’acte et retient un cadre chronologique large : 1130-1147. Delmaire et Tock fondent leurs argumentations respectives à partir de la liste de témoins. Le premier situe l’acte entre 1127 (début de l’abbatiat d’Hériman de Tournai) et le 22 avril 1131 (mort de l’évêque Robert) ; Tock retient 1129, en raison de la présence des abbés Hugues d’Hasnon (1129-1139) et Hugues de Hénin (1129-démission en 1131 et mort un 14 septembre). À ces éléments, j’ajoute que Gautier, abbé de Saint-Vaast (1130-1147), a été élu après le 25 mai 1130, date de la mort de l’abbé Henri (GC, t. 3, col. 381-382).

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Robertus, Dei gratia Atrebatensis episcopus, tam futuris quam presentibus. Nullum latet fidelium ad nostrum spectare officium in omnibus ęcclesiarum paci prospicere et omne quod vel in presenti vel in futuro turbare potest fraternę pacis unitatem et concordiam, quantum in nobis est, modis omnibus procul arcere. Igitur juxta peticionem Marceniensium monachorum contentionem quandam inter suam et Aquicinctensem ęcclesiam de piscatione fluminis Scarpi obortam sed, Deo volente, in presentia nostra tandem consopitam, litteris jussimus annotari, quatinus, audita utriusque partis controversia et pace postmodum in invicem restituta, non presumat aliquis in futuro ad litem revocare, quod de lite ad pacem nunc constat transmigrasse. Dicebat itaque domnus Alvisus, abbas Aquicincti, quia a Wasconis curva usque ad Bellosam rasciam ubi ripa Scarpi fluminis ex una parte sua esset et ex altera sanctę Rictrudis, ibi etiam piscatio sibi cum Marceniensibus deberet esse communis et ibi piscatores sui jure possent usque ad

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medium alvei palos figere, lacunas statuere et ad pisces capiendos ingenia parare. Per aquam vero suam, id est aquam villę Vereti, dicebat Marcenienses monachos nullam secum habere communionem piscandi. Ad hęc domnus Amandus abbas Marceniensis respondebat, dicens certe juxta vocem populi testimonium perhibentis et sicut habetur in antiquis descriptionibus nostri monasterii, meatus Scarpi fluminis et omnimoda piscatio a Wasconis curva usque ad Brachiorum locum proprie est Marceniensis ęcclesię, cujuscumque sit litus ex utraque parte, excepto quod in aqua villę Vereti quę est a rascia Pomeries usque ad rasciam Rulagii licet Aquicinensibus ministris cum quibuslibet retibus piscando transire et quod domino Warlennii in angulo suo licet habere tres tantummodo lacunas palis et viminibus compositas, sed nullam jure licet ei cum retibus exercere piscationem per decurrentes aquas. Hęc erat controversia inter predictas ęcclesias et causa contentionis ; sed tandem apud Atrebatum judicio episcoporum, sex abbatibus ab utraque parte electis, res tractanda committitur ut quod Deo inspirante inde decernerent, sine aliqua refragatione semper ratum haberetur. Decreverunt itaque assensu utriusque partis quod prefata possessio fluminis Scarpi seu piscatio superius descripta ęcclesię Marceniensi in pace remanere deberet, si unus de servis sanctę Rictrudis jussu abbatis ipsius ęcclesię illam possessionem seu piscationem de jure monasterii Marceniensis esse juraret. Quod juramentum cum protinus factum fuisset in presentia nostra et pro arbitrio abbatum res esset definita, rogaverunt me Marcenienses monachi ut hujus actionis series pontificali auctoritate a nobis confirmaretur, ne iterum ex simili occasione inter suam et Aquicincti ęcclesiam in futuro per ignorantiam discordia oriretur. Ad comprimendam igitur cujuslibet pervasoris audaciam, quę in presentia nostra dicta vel gesta sunt pontificali auctoritate rata fore decrevimus et sigilli nostri impressione signantes personarum, quę ibi affuerunt, testimonio astipulavimus. Si qua vero ęcclesiastica vel secularis persona sciens hanc nostrę descriptionis paginam temere contra eam venire presumpserit, anathemati subjaceat et, nisi congrua emendatione satisfecerit, in extremo examine reatus sui penas exsolvat. Signum Roberti Atrebatensis episcopi. S. Walteri abbatis Sancti Vedasti. S. Absalonis abbatis Sancti Amandi. S. Hugonis abbatis Hasnoniensis. S. Hermanni abbatis Tornacensis. S. Gervasii abbatis. S. Hugonis abbatis de Henin. S. Ogeri abbatis. S. Drogonis et Roberti archidiaconorum. S. Petri prepositi. 38 1135, 10 août. – Arras, in camera episcopi Thierry d’Alsace, comte de Flandre, notifie que Daniel de Termonde a rendu les deux tiers de la dîme de Reninge à l’abbaye de Marchiennes qui les tenait en fief de lui. Il confirme aussi la teneur des chartes données à l’abbaye de Marchiennes au sujet de l’avouerie par ses prédécesseurs, les comtes Baudouin et Charles. A. Original sur parchemin, hauteur 425 mm (dont repli 25 mm), largeur 250 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum Teoderici comitis de decima de Rinengis (xiie s.) – S. Theoderici comitis de decima de Rinengis (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge). Lille, ADN, 10 H 231/3675.

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D e u xi è m e pa rt i e B. Copie du xiie siècle ; titre : Theodericus Flandrensium de duabus partibus decime de Renenges. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXVI-XXXVII [p. 113-114], d’après A. – C. Copie du xive siècle ; titre : Privilegium Theoderici comitis Flandrensis de decima de Renenges. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 154ro-155vo, d’après B. D. Copie authentique du 16 septembre 1608. Paris, AN, K 1160, no 21, d’après B. – E. Copie du xviiie siècle par Godefroy. Lille, ADN, 10 H 231/3675a, d’après B. – F. Copie du 11 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau t. 56, fol. 155ro-vo, d’après B. – G. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 7385, fol. 287vo, d’après B (fragment). – H. Copie du 23 juin 1817 par Godefroy. Lille, BM, ms. Godefroy 231, fol. 70 quater, d’après A. a. Duchesne, Histoire de la maison de Guînes, preuves, p. 71, d’après B (fragment). – b. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 24, d’après B (fragment). – c. de Vlaminck, Cartulaire de Termonde, p. 31, d’après b (fragment). – d. Verhulst et de Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 57-58, no 28, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 178 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 225, no 32 ; Sproemberg, Alvisus, p. 166, no 73. Base de données : ThDipl W 4956/D 4999 ; Diplomata Belgica 4956.

In nomine sanctae et individue Trinitatis. Ego Theodericus, per Dei misericordiam comes Flandriarum, tam futuris quam presentibus. Si per potestatem a Domino Deo nobis traditam eorum qui pauperes opprimunt injusticiam reprimamus et ea quę in comitatu nostro ab ęcclesiis injuste subtracta vel depravata sunt in pristinam earum possessionem revocemus, tam nobis quam predecessoribus nostris et eis qui nobis successuri sunt ad ęternam beatitudinem profuturum certa spe confidimus. Dilectioni igitur vestrę notum fieri volumus quod duę partes tocius decimę de Rinengis, tam in segetibus et in animalibus quam et in aliis rebus de quibus ibi decima datur, quondam fuerint Marceniensis ecclesię, sed injuste eas per aliquantulum temporis possederunt laici. Unde tandem Danihel de Tenremunda qui maxime predictam decimam in feodo a comite Flandrensi se tenere confirmabat, excommunicationi cedens, ab injusta possessione illa resipuit et in presentia nostra episcopique Attrebatensis domni Alvisi, necnon abbatum et clericorum et baronum nostrorum eam abjuravit et a baronibus nostris ei abjudicata est. Postea vero nos et ipse Danihel in manum abbatis presentis et monachorum eam reddidimus et ad sustentandos fratres Deo servientes super altare cum ramo et cespite posuimus et ab excommunicatione nos et predecessores nostros absolvi impetravimus, et de eadem decima Marceniensem ęcclesiam amodo infestaturos excommunicari monuimus. Tunc quoque, ostensis mihi et baronibus meis de libertate supradictę ęcclesię privilegiis, quicquid in eis de advocatione ejusdem ęcclesię a predecessoribus meis, Balduino comite proavo meo et Karolo, provide et bene statutum inveni, precibus supradicti episcopi et abbatis nostra etiam auctoritate ut ratum et inconvulsum permaneret hic confirmavi. Ut autem hoc decretum tam nostris quam futuris temporibus firmum permaneat, placuit mihi hanc subscriptionis cartam jubere componi et sigilli mei impressione signari, ne ullus in perpetuum

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audeat resistere vel contradicere seu aliquam violentiam inferre presignatę ęcclesię. Quod si quispiam indignus istud meę confirmationis privilegium aliquando temerare presumpserit, nunc nostra ammonitione a predicto episcopo excommunicatus, principatus nostri severitatem sentiat et experiatur in detrimento domus suę usque ad valens quinquaginta librarum publice monetę. S. mei Theoderici comitis. S. domni Alvisi episcopi Attrebatensis. S. Walteri abbatis Sancti Vedasti. S. Absalonis abbatis Sancti Amandi. S. Roberti archidiaconi Attrebatensis. S. Petri prepositi. S. Anastasii cantoris. S. Willelmi advocati de Betunia. S. Gisleberti castellani de Bergis. S. Razonis de Gavera. S. Wenemari castellani de Gandavo. S. Tietbaldi de Vitri. S. Segardi de Quinci. S. Gozuini de Odenghim. S. Walteri de Subrenghim. S. Tietbaldi de Verm[ant]. Actum Attrebati in camera episcopi anno ab incarnatione Domini nostri Jhesu Christi MoCoXXXoVo, indictione XIIIa, in die festivitatis sancti Laurentii gloriosi martyris. 39 1135, 18 août. – Reninge Milon, évêque de Thérouanne, notifie que Daniel de Termonde a rendu à l’abbaye de Marchiennes les deux tiers de la dîme de Reninge. A. Original sur parchemin, hauteur 410 mm (dont repli 60 mm), largeur 370 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigillum Milonis episcopi de Rinengis (xiie s., en rouge) – Sigillum Milonis episcopi de Rinengis (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 231/3676. B. Copie du xiie siècle ; titre : Milo Morinensium episcopus de duabus partibus decime de Renenges. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXV [p. 60-61], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 145vo-146ro. D. Copie du 11 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau t. 54, fol. 157ro-vo. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 106-107, no 8, d’après A. Indiqué : Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, t. 1, p. 124, no 542 ; Delmaire, L’histoirepolyptyque, p. 17. Base de données : ThDipl W 5567/D 5275 ; Diplomata Belgica 5567.

In nomine sanctę et individuę trinitatis. Milo, Dei gratia Morinorum episcopus, omnibus fidelibus tam futuris quam pręsentibus. Dilectioni vestrę notum volumus fieri quod duę partes totius decimę de Rithnengis tam in segetibus et animalibus quam et in aliis rebus de quibus decima ibi datur, fuerint ęcclesię Marceniensis, sed injuste eas per aliquantum temporis possederunt laici. Cum vero ejusdem ęcclesię regimen vir venerabilis Amandus abbas suscepisset, pręfatos ęcclesiastici juris invasores quęrimonia ad nostram sedem delata canonice excommunicari impetravit. Unde tandem Danihel de Tenremunda qui maxime prędictam decimam de comite Flandrensi in beneficio tenebat, excommunicationi cedens, ab

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injusta possessione resipuit et in pręsentia nostra archidiaconorumque nostrorum nec non venerabilium abbatum ac clericorum easdem duas partes totius decimę super feretrum sanctę Rictrudis cum filio suo Waltero reddidit et cum eo se nichil ulterius in eis clamaturum, sed ubicumque posset monachos inde adjuturum super sanctas reliquias jurejurando promisit aliquosque ex hominibus suis idem secum jurare fecit sicque humi prostratus de preteritis absolutionem recipere meruit. Nos itaque ibidem continuo, sacris vestibus induti, petentibus abbate et monachis ęcclesię Marceniensis, in omnes qui ulterius eandem ęcclesiam super hac decima inquietare pręsumpserent, horribiliter sententiam excommunicationis intulimus, pręsenti etiam carta eandem redditionem simul et excommunicatione confirmavimus ipsamque cartam sigilli nostri impressione et testium qui interfuerunt subnotatione roborari pręcipimus. S. Milonis archidiaconi. S. Philippi archidiaconi. S. Hugonis Hasnoniensis abbatis. S. Herimanni abbatis Sancti Martini Tornacensis. S. Helfridi prępositi Sancti Martini Iprensis. S. Gerardi prępositi Loiensis. S. Nicholai canonici Boloniensis. S. Amolrici decani. S. Balduini decani. S. Danihelis. S. Walteri filii ejus. S. Lamberti de Rithnengellis. S. Arnulfi de Isenghim. S. Raingoti de Rithnengis. Actum apud Rithnengas anno ab incarnatione Domini MCXXXV, indictione XIII, pontificatus domni Milonis anno V, dominica infra octavas Assumptionis sanctę Mariae. 40 [1136, après le 27 mai]. – Tournai, in synodo Simon, évêque de Tournai, règle un différend entre l’abbaye de Marchiennes et les chevaliers Étienne et Roger de Landas qui contestaient à l’abbaye la possession de terres et de bois situés entre la Morte-Eau à Beuvry et la râche (marais) de Brillon, terres en partie dans le diocèse de Tournai et en partie dans celui d’Arras. A1. Original sur parchemin (chirographe ; légende à droite, partie basse : CYROGRAPHVM), hauteur 610 mm (dont repli 40 mm), largeur 250 mm ; sceau en navette de cire rouge (75 mm × 45 mm) très usé, pendant sur cordelette de cuir ; légende effacée. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Symonis episcopi Tornacensis (en rouge) et Noviomensis de Tilloit (xiie s.) – De l’accord fait pour certains prés et bois séan entre la Morte eau à Buvry et le rasse de Brillon, sans datte (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 53/909. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche) perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Simon Tornacensis episcopus de concordia inter Marchianenses et Stephanum de Landast, Rogerum fratrem ejus. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVII-XXVIII [p. 65-66], d’après A1. C. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 55vo-56vo. – D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 51, fol. 108. – E. Copie du xviie siècle dans la layette Landas du chapitre de la cathédrale NotreDame à Tournai. Tournai, Archives de la cathédrale, fonds du chapitre cathédral, localités, Landas, VA 1/3, fol. 1ro-vo. a. Pycke et Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, I, p. 396-397, no 280, d’après A.

Éd i t i o ns d e s chart e s Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 132 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 16 ; Pycke, Répertoire biographique, no 96. Base de données : ThDipl W 10502 ; Diplomata Belgica 10502. En 1136, Lietbert, cité dans cette charte, succède comme abbé de Marchiennes à Amand, mort le 27 mai 1136 (voir notice abbatiale no 10). Le témoin Amandus, non identifié, ne peut donc être l’abbé de Marchiennes. La même année, Simon, abbé de Saint-Bertin, est déposé et Herman de Tournai démissionne ; l’écolâtre Guerric n’est attesté qu’en 1131/1136 (Pycke, Répertoire biographique, no 96).

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Symon, Dei gratia Tornacensium atque Noviomensium episcopus, universis ęcclesię filiis in perpetuum. Quoniam officii nostri est pacem Dei ęcclesiis providere, dicente Domino beati pacifici quoniam filii Dei vocabuntur1), concordiam quam inter ęcclesiam Marceniensem et duos milites, Stephanum scilicet de Landast et Rogerum fratrem, ejus composuimus vobis notificare curamus. Contentio siquidem erat inter eos de quadam terra cujus pars in diocesi nostra, pars in Atrebatensi sita est, a Mortua scilicet Aqua quę jacet in parrochia de Beverui, sicut rivus de Beverui portat usque ad rasciam de Breilun et sicut divisio terrę sancti Amandi portat usque ad eandem rasciam de Breilun. Hanc ergo litem ita terminare curavimus ut totius terrę et silve que intra hunc terminum jacet medietatem ęcclesia Marceniensis, medietatem vero prefati milites teneant in feodo de abbate ipsius ęcclesię ita ut, pro ea legii homines ejus sint, una tamen sola legietate et una post mortem requisitione. Si alter ex eis obierit, alteri totum feodum remanebit. Si uterque absque herede desponsatę conjugis decesserit, ęcclesię pro animabus suis remanebit. Quod si heredes ex desponsata habuerint, duę tantummodo personę hereditabunt. Munitionem vel domum illic absque consensu abbatis et fratrum non licebit eis construere, hospites quoque nec abbas, nec milites nisi communi assensu ibi poterunt ponere. Si forte communi assensu positi fuerint, de omnibus quę ab eis accipient, medietas erit ęcclesię, medietas militum, excepta decima et advocatione quia tota decima erit ęcclesię et advocatio militum. Si agricultura ibi facta fuerit, decima quidem tota ęcclesię erit ; de eo vero quod ultra acceperint, medietas ęcclesię, medietas militibus remanebit. Si communi assensu silvam ibi nutrierint, neuter alteri quin eam vendat prohibere poterit ; de precio tamen quod inde sumptum fuerit sub testimonio custodis sui medietas ad ęcclesiam et medietas ad milites pertinebit. Sunt preterea tres orti ibi quos monachi emerunt in quibus milites nichil habebunt. Hęc itaque concordia, sicut hic descripta est in synodo Tornacensi in presentia nostra et archidiaconi nostri domni Roberti abbatumque multorum atque personarum recitata est et tam ab abbate Marceniensi domno Letberto monachisque ejus quam a prefatis militibus concessa atque confirmata et si forte eam, quod absit, excessise prefati milites comprobari potuerint, ut publice a nobis excommunicentur concesserunt meque et archidiaconum nostrum ut inde fidejussores essemus petierunt. Ne ergo nostris seu futuris temporibus contentio aliqua ex inde rursus possit oriri, auctoritate Dei, presenti carta proibemus, ipsamque cartam, rogatu prefati abbatis,

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sigilli nostri impressione et testium subnotatione roboramus. S. domni Symonis episcopi. S. Amandi. S. Roberti archidiaconi. S. Gualteri decani. S. Teoderici prepositi. S. Goteri decani ęcclesię. S. domni Absalonis abbatis Sancti Amandi. S. domni Symonis abbatis Sancti Bertini. S. Hermanni abbatis Sancti Martini. S. Hugonis cancellarii. S. Movini, Gerrici magistri, Gualteri cantoris. 1) Matt., 5, 9.

41 1140, 5 octobre. – [Arras ?] – Thérouanne Notice rapportant l’accord conclu en présence d’Alvise, évêque d’Arras, et de Milon, évêque de Thérouanne, entre l’abbaye de Marchiennes et la prévôté de Voormezele au sujet de l’autel de Reninge et du tiers de la dîme de ce lieu : Voormezele conserve tous ses droits sur l’autel et la dîme de Reninge, mais n’aura aucun droit sur la terre que Marchiennes possède en ce lieu. A1. Original sur parchemin, hauteur 145 mm (pas de repli), largeur 180 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Alvisi Attrebatensis episcopi de concordia Marchianensi et Formosolensi (xiie s.) – 1140 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : aucune. Lille, ADN, 10 H 231/3677. A2. Original sur parchemin, hauteur 220 mm, largeur 110 mm. Mentions dorsales : Controversia in Reninga (xive s.) – Dezen heeft in handen van ghezijn anno 1580 (xvie s.) – Actum in 1140 IIIa nonas octobris (xviie s.). Bruges, Archives de l’Évêché. Fonds Voormezele, C 219/5b. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item Milo de concordia Marchianensi et Formosolensi. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXV [p. 61-62], d’après A. C. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 73ro-74vo. – D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 58, fol. 170-171. Indiqué : Monasticon belge, t. 3, p. 704 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 17. Base de données : ThDipl W 10499 ; Diplomata Belgica 10499. Il existe deux originaux de même teneur mais d’écriture différente avec des variantes dans quelques formulations et une liste des témoins plus courte. Le Datum semble indiquer une procédure en deux temps qui aurait été tenue d’abord à Arras (ou ailleurs), puis à Thérouanne : Actum est hoc… in presentia… et post Tervanne, his presentibus : … Les dimensions des deux parchemins étant différentes, il ne s’agit pas d’un chirographe. Plutôt que de signaler les variantes qui surchargeraient l’édition, les deux textes sont donnés en synopse. L’expression presentia nostra concerne l’évêque de Thérouanne qui n’est jamais cité.

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Texte A2

(Crux). In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Inter ęcclesiam Marchianensem et ęcclesiam Formosellensem diu habita controversia, tandem ante domni Alvisi episcopi Atrebatensis presentiam et nostram, in hunc modum per compositionem sopita et terminata est. Marchianensis abbas et monachi cum altarea) de Rininga et terciam partem decimę ejusdem villę reclamassent, et econtra Formosellensis abbas et fratres altare illud et decimam juri suo asseverassent et de diuturnitate possessionis ac privilegiorum auctoritatibus multa allegassent, pars utraque Attrebati convenit. Abbas Marchianensis, assensu capituli sui, quicquid juris in predicto altari et tercia parte decimę habuisse aut reclamasse videbatur Formosellensi ęcclesię concessit et ab omni actione voluntarie destitit, pacemque cum predicta ęcclesia perpetuo se habiturum concessit et firmavit. Abbas vero Formosellensis et fratres ad confirmandam eandem concordiam Marchianensi ęcclesię concesserunt ut tertia pars decimę totius terrę quam in parrochia de Rininga ęcclesia Marchianensis illo die per carrucas proprias, aut colonos, aut censuarios propriam possidebat, in usus Marchianensium cederet, ita tamen ut, si ab ęcclesia Marchianensi eandem terram aliquando venditione vel commutatione alienari contingeret, decima quam diximus ad usum Formosellensium libera rediret et concordia firmata nichilominus perduraret. Ipsam vero terram propria denotatione diximus assignandam. De terra Ramberti XVIII mensurę infra quam curtis Marchianensium quam Formosellenses per hanc concordiam ab omni decimatione libera concesserunt. De terra Everardi XIIII mensurę, de terra Gualteri XII, de terra Hugonis VI, de terra Meilin I, de terra Gualteri duas partes unius

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Inter ęcclesiam Marcianensem et ęcclesiam Formoselensem diu habita controversia, tandem ante domni A[lvisi] Atrebatensis episcopi presentiam et nostram, in hunc modum per compositionem sopita et terminata est. Marcianensis ęcclesię abbas et monachi cum altarea) de Rininga et terciam partem decimę ejusdem villę reclamassent, et econtra Formoselensis abbas et fratres altare illud et decimam juri suo asseverassent et de diuturnitate possessionis et privilegiorum suorum auctoritatibus multa allegassent, pars utraque Atrebati venit. Abbas Marcianensis, assensu capituli sui, quicquid juris in predicto altari vel tercia parte decimę habuisse aut reclamasse videbatur Formoselensi ęcclesię concessit et ab omni actione voluntarie destitit, et pacem cum predicta ęcclesia perpetuo se habiturum concessit et firmavit. Abbas vero Formoselensis et fratres ad confirmandam eandem concordiam Marcianensi ęcclesię concesserunt ut tercia pars decimę totius terrę quam in parrochia de Rininges ęcclesia Marcianensis illo die per carrucas proprias, aut colonos suos, aut censuarios propriam possidebat, in usus Marcianensium cederet, ita tamen ut, si ab ęcclesia Marcianensi eandem terram aliquando vel venditione vel commutatione alienari contingeret, decima quam diximus ad usum Formoselensis ęcclesię libera rediret et concordia firmata nichilominus perduraret. Ipsam autem terram propria denotatione diximus assignandam. De terra Remberti XVIII mensurę infra quam curtis Marcianensium quam Formoselenses salvam secundum tenorem hujus concordię ab omni decimatione liberam concesserunt. De terra Everardi XIIII mensurę, de terra Gualteri XII mensurę, de terra Hugonis VI mensurę, de terra Meilin I mensura, de terra Gualteri duas

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mensurę. Summa LI mensurę et sema. Duę autem partes decimarum totius villę et earum que ad altare deportantur ad jus Marchianensium procul dubio pertinent. Acta est hec compositio anno Domini MoCoXLo, indictione IIIa, III nonas octobris, his presentibus Philippo et Milone archidiaconibus, et post Tarvennę his presentibus : Hermanno decano, Gerbodone cantore, Bernardo, Everardo, Herenboldo, Guntardo, Roberto, Odone, Alexandro.

partes unius mensurę. Summa mensurarum LI et sema. Duę autem partes totius decimę sive terrarum sive aliarum decimarum quę ad altare deportantur ęcclesię Marcianensis juri attinere noscuntur. Actum est hoc anno ab incarnatione Domini MoCoXLo, indictione IIIa, nonas octobris, in presentia domni A[lvisi] Atrebatensis et nostra, his presentibus, Philippo et Milone archidiaconibus, et post Tervannę his presentibus : Hermanno decano, Gerbodone cantore.

a) sic A1-2.

42 1140, [après le 14 avril – avant le 1er septembre]. – Reims Samson, archevêque de Reims, confirme l’accord intervenu entre l’abbaye de Marchiennes et la prévôté de Voormezele au sujet de la dîme de Reninge. A1. Original sur parchemin (chirographe en bas ; légende, partie haute : CYROGRAPHVM) sur parchemin, sceau pendant perdu (dimensions et mentions dorsales ignorées car la charte n’est plus dans sa boîte). Bruges, Archives de l’Évêché. Fonds Voormezele, C 219/5. Transcription à partir du cliché des Diplomata Belgica. A2. Original sur parchemin (chirographe en haut ; légende, partie basse : CYROGRAPHVM) sur parchemin, hauteur 310 mm (dont repli 10 mm), largeur 210 mm ; sceau mutilé pendant sur lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Sansonis archiepiscopi concordia cum canonicis de Formosella de altari de Rinenga (xiie s.) – S. Sansonis archiepiscopi Remensis (xiiie s.) concordia cum canonicis de Formosella de altari de Rinenga (xiiie s., autre main). 2) Anciennes références d’archives : A II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 231/3678. B. Copie du xiie siècle ; titre : Sanson Remorum archiepiscopus de concordia cum canonicis de Formosella et de altari de Rinenga. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XIVvo-XVro [p. 39-40], d’après A². – C. Copie du xiie-xiiie siècle. Cartulaire de la prévôté de Voormezele (Stein 4136). Bruges, Archives de l’État, Aanwinsten, no 3472, fol. 23vo. D. Copie du 11 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau t. 54, fol. 210-211, d’après A2. – E. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 231/3678a, d’après A2. Indiqué : Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, p. 129, no 578 ; Monasticon belge, t. 3, p. 704, note 3. Base de données : ThDipl W 10500 ; Diplomata Belgica 10500. Le chirographe est coupé de manière étrange : au milieu, une sorte de créneau a été découpé au bas de l’exemplaire A1, de sorte que les lettres RA sont entièrement dans l’exemplaire A². L’archevêque a été consacré le 14 avril 1140 (Demouy, p. 624) et le changement d’indiction intervient au 1er septembre (Pycke, Monasticon belge, t. 3, p. 704). Une apparente incohérence avec le millésime de 1140 provient de la mention de la huitième année de règne de Louis VII.

Éd i t i o ns d e s chart e s Si l’on retient le jour de décès de son père, 1er août 1137, on serait dans la troisième année de règne. Si l’on retient le jour du couronnement le 25 octobre 1131, la huitième année court entre le 25 octobre 1138 et le 24 octobre 1139.

(Chrismon) In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ego Samson, divina miseratione Remorum archiepiscopus, universis catholicę ęcclesię filiisa) in perpetuum. Ęquitatis et justicię ratio persuadet nos ęcclesiis perpetuam rerum suarum firmitatem et vigoris inconcussi munimenta conferre pacique et quieti ęcclesiarum pro injuncto nobis officio invigilare. Idcirco ad presentium et futurorum noticiam pertrahere dignum duximus controversiam inter ęcclesiam Marcianensem et ęcclesiam Formosellensem diu habitam in hunc modum sopitam esse et terminatam. Abbas Marcianensis, assensu capituli sui, quicquid juris in altari de Rinenga et tercia parte decimę ejusdem villę habuisse aut reclamasse videbatur Formosellensi ęcclesię concessit et ab omni actione voluntarie destitit, pacemque cum predicta ęcclesia perpetuo se habiturum concessit et firmavit. Abbas vero Formosellensis et fratres sui ad confirmandam eandem concordiam Marcianensi ęcclesię concesserunt ut tercia pars decimę totius terrę quam in parrechiab) de Rinenga ęcclesia Marcianensis illo die per carrucas proprias, aut colonos, aut censuarios propriam possidebat, in usus Marcianensium cederet, ita tamen ut si ab ęcclesia Marcianensi eandem terram aliquando venditione vel commutatione alienari contingeret, decima quam diximus ad usus Formosellensium libera rediret et concordia firmata nichilominus perduraret. Summa predictę terrę LI mensurę et sema. Et duę autem partes decimarum totius villę, etiam earum quę ad altare deportantur ad jus Marcianensium procul dubio pertinent. Hęc ut prelibata sunt probabilium personarum testimonio et sigilli nostri impressione corroborari fecimus. S. Bartholomei Laudunensis episcopi. S. Joffridi Catalaunensis episcopi. S. Symonis Noviomensis episcopi. S. Nicholai Cameracensis episcopi. S. Alvisi Attrebatensis episcopi. S. Petri Silvanectensis episcopi. S. Milonis Morinensis episcopi. S. Guillelmi et Hugonis archidiaconorum. Actum Remis anno incarnati Verbi millesimo Co XLo, indictione IIIa, regnante Ludovico Francorum rege anno VIIIo, archiepiscopatus domni Samsonis anno Io. Drogo cancellarius recognovi, scripsit et subscripsit. a) filiis ęcclesię A². – b) sic A1 et A² pour parrochia.

43 1141, [après le 25 décembre 1140 – avant le 1er septembre] Lietbert, abbé de Marchiennes, notifie, en présence de Milon, évêque de Thérouanne, et d’Alvise, évêque d’Arras, l’accord conclu entre son abbaye et la prévôté de Voormezele au sujet de l’autel de Reninge et du tiers de la dîme de cette localité. A. Original sur parchemin, hauteur 200 mm, largeur 150 mm. Mentions dorsales : de monasterio Marcianense (xive s.) – Que carta confitetur concordatum super decimis et aliis in Reninga (xive s., d’une autre main et encre plus claire) – Dezen heeft in handen van ghezijn anno 1580 (xvie s.) – Actum in 1141 (xviie s.). Bruges, Archives de l’Évêché. Fonds Voormezele C 219/7b.

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D e u xi è m e pa rt i e B. Copie du xiie-xiiie siècle. Cartulaire de la prévôté de Voormezele (Stein 4136). Bruges, Archives de l’État, Aanwinsten, no 3472, fol. 23vo. Indiqué : Monasticon belge, t. 3, p. 704. Base de données : ThDipl W 10501 ; Diplomata Belgica 10501. La datation est selon toute probabilité en style de Noël, les autres styles ne s’imposant, de façon variable, que beaucoup plus tard (Tock et Guyotjeannin, « Mos presentis patrie », p. 67) ; l’indiction 4 implique une rédaction avant le 1er septembre. Lietbert a démissionné dans le courant de 1141 ; les difficultés pour élire son successeur sont connues du pape en novembre.

In nomine summę et individuę Trinitatis. Ego Letbertus, Dei gratia sanctę Marcianensis ęcclesię abbas, et fratres totius conventus et capituli nostri paci, ac concordię in omnibus studentes, ab omni querimonię reclamatione quam adversus ęcclesiam Formosellensem super altari et tercia parte decimę de Rinenga diu habuimus, communi consensu spontaneaque voluntate destitimus et omnino quievimus atque perpetuę concordię firmitatem, data fraternitatis nostrę societate cum eadem ęcclesia perfecimus. Predicta autem Formosellensis ęcclesia, ad ejusdem concordię confirmationem, curtem et terram nostram quam apud Rinengam possidemus quamdiu ad proprios usus nostros pertinebit ab omni decimatione liberam nobis concessit. Verum, ne quis in posterum hujus pactionis paginam infringere conetur, prefatam concordiam, sicuti in privilegio quod utraque ęcclesia habet domni videlicet Milonis Morinensis episcopi ordinata et conscripta, et in presentia domni Alvisi Atrebatensis episcopi audita et collaudata, atque ante domnum Samsonem Remensis ęcclesie archiepiscopum, audientibus episcopis, abbatibus et clericis plurimis lecta, et privilegio ejus confirmata est, ita etiam et nos hac litterarum nostrarum annotatione et sigilli nostri impressione collaudamus, determinamus et confirmamus. Summa autem predictę terrę a decimatione liberę LI et sema mensurę. Acta sunt hęc anno Domini MoCoXLoIo, indictione IIII. 44 [1141], 1er novembre. – Latran Le pape Innocent II annule l’interdit lancé contre l’abbaye de Marchiennes par Alvise, évêque d’Arras, et ordonne aux moines de procéder à l’élection d’un abbé selon la règle de saint Benoît. A. Original perdu. a. Martène et Durand, Veterum scriptorum, t. 1, c. 719-720, ex ms. Marchianensi. – b. PL, t. 179, c. 554-555, d’après a. – c. RHGF, t. 15, p. 403, d’après a. Indiqué : JL, 1, p. 898, no 8156 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 229 ; Sproemberg, Alvisus, p. 173, no 114 ; Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 59-60.

Éd i t i o ns d e s chart e s Base de données : ThDipl W 8089 (qui renvoie au cartulaire avec une référence fausse : 10 H 323, p. 140-143, ce qui correspond à la bulle du 1er décembre, infra no 46) ; Diplomata Belgica 8089 (avec le même renvoi erroné). Aucune tradition manuscrite n’a été retrouvée. Cette lettre ainsi que les deux suivantes sont à replacer dans le contexte troublé qui suit la démission de l’abbé Lietbert et la volonté d’Alvise, évêque d’Arras, d’imposer un abbé de son choix.

Innocentius, episcopus, servus servorum Dei, dilectissimis filiis monachis Marcianensibus salutem et apostolicam benedictionem. Super injuriis et oppressionibus quas ex litteris et fratrum vestrorum relatione, Johannis videlicet et Andreae, qui nostro se conspectui praesentarunt, a fratre nostro A[lviso], Atrebatensi episcopo, vobis illatas esse accepimus, debita affectione compatimur, et vobis tanquam dilectis filiis nostris in quibus secundum Deum possumus opem et auxilium libenter impendimus. Quia ergo praefatus frater noster electionem vestram secundum b[eati] Benedicti regulam, et praedecessoris nostri papae Calixti bonae memoriae et nostri etiam privilegii tenorem, a vobis communiter celebratam omnimodis impedivit, et ad majorem suae malitiae evidentiam post appellationem ad sedem apostolicam factam, vestrum monasterium a divinis interdicere praesumpsit officiis, nos idem interdictum irritum esse censuimus et vobis divina celebrare officia apostolica auctoritate praecipimus. Si vero mutationem aliquam vel constitutionem in eodem monasterio vel locis sibi pertinentibus post appellationem ad sedem apostolicam fecisse cognoscitur totum evacuamus et omnia in eo statu in quo tempore appellationis fuisse noscuntur, revocari praecipimus. Vobis autem praecipiendo mandamus quatenus secundum b[eati] Benedicti regulam, et sedis apostolicae privilegia religiosam et idoneam personam vobis in abbatem communi vel sanioris partis assensu eligatis per cujus nimirum prudentiam et religionem idem monasterium tam temporaliter quam spiritualiter auxiliante Domino, proficere valeat. Datum Laterani kalendis novembris. 45 [1141], 1er novembre. – Latran Le pape Innocent II reproche à Alvise, évêque d’Arras, d’avoir empêché l’élection régulière de l’abbé de Marchiennes et d’avoir jeté l’interdit sur le monastère. Il lui rappelle quelle doit être l’attitude d’un évêque, en citant Grégoire le Grand, et lui enjoint de venir s’expliquer à Rome le deuxième dimanche après Pâques, soit le 3 mai 1142. A. Original perdu. a. Martène et Durand, Veterum scriptorum, t. 1, c. 720, ex ms. Marchianensi. – b. PL, t. 179, c. 555, d’après a. – c. RHGF, t. 15, p. 402, d’après a. Indiqué : JL, 1, p. 898, no 8157 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 229 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 112 ; Sproemberg, Alvisus, p. 173, no 115 ; Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 59-60.

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D e u xi è m e pa rt i e Base de données : ThDipl W 8090 ; Diplomata Belgica 8090. Voir le no précédent. L’édition utilisée est a.

Innocentius, episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri A[lviso] Atrebatensi episcopo, salutem et apostolicam benedictionem. Miramur et dolemus super injuriis et oppressionibus et damnis et aliis multis gravaminibus quae monasterio et fratribus Marcianensibus a fraternitate tua illata esse accepimus. Haec namque ordini et religioni tuae sunt valde contraria et his quae a b[eato] Gregorio de monasteriis et religiosis locis statuta sunt, probantur adversa. Cum enim eorum abbas, sicut asserunt, tuis gravaminibus monasterium ipsum relinquere compulsus sit, et ipsi secundum b[eati] Benedicti regulam, et praedecessorum nostrorum et nostrum etiam privilegium abbatem videlicet religiosum et honestam personam elegerint, tu, contemptis apostolicae sedis decretis, eos super hoc omnimodis infestasti, et ad majorem tuae malitiae cumulum contra appellationem ad sedem apostolicam factam praefatum monasterium a divinis officiis interdicere praesumpsisti. Quae praesumptio quanta severitate puniri debebat, b[eati] Gregorii sententia demonstratur. Ait enim : Nihil prius de eo quod ad sinum sanctae Romanae confugit Ecclesiae ejusque implorat auxilium, decernatur quam ab ejusdem Ecclesiae fuerit praeceptum auctoritate quae vices suas ita aliis impertivit Ecclesiis, ut in partem sint vocatae sollicitudinis et in plenitudinem potestatis. Si tamen, quod non arbitramur, a quoquam secus praesumptum fuerit, ab officio cleri submotus apostolicae auctoritatis reus ab omnibus judicetur1). Et quoniam beati Petri et sanctae Romanae Ecclesiae contemptum inultum praeterire non possumus, per praesentia tibi scripta mandamus atque praecipimus quatenus praefatum monasterium et fratres in pace omnino dimittas, et in nullo eis per te vel per alios impedire praesumas. De contemptu vero sanctae Romanae Ecclesiae et nostro et multis aliis quae nostris auribus sinistro rumore de persona tua sunt nuntiata, proxima dominica qua legitur Ego sum pastor bonus2) ad nostram praesentiam venias responsurus. 1) Lettre de Grégoire IV, 2 juillet 837 (MGH, Epistulae Karolini aevi, t. 3, p. 74), citée par Yves de Chartres, Correspondance, 1 (1090-1098), lettre no 8, édit. J Leclercq, Paris, 1949, p. 26-27 et reprise dans le Polycarpus, 1.8.6, p. 28 (texte disponible sur le serveur des MGH : www. mgh. de/arbeitsmittel /polycarp/polycarp). 2) Jean, 10, 11. Ce thème est celui qui domine tout le deuxième dimanche après Pâques.

46 1141, 1er décembre. – Latran Le pape Innocent II prend l’abbaye de Marchiennes sous sa protection contre un cens annuel et confirme ses droits et possessions qu’il énumère. A. Original sur parchemin, hauteur 710 mm (dont repli 40 mm), largeur 530 mm ; bulle sur lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Innocentii pape II (xiie s.) – De omnibus possessionibus nostris (xiiie s.) – Privilegium Innocentii pape secundi de confirmatione

Éd i t i o ns d e s chart e s privilegiorum ecclesie nostre (xive s.) – Privilegium Innocentii pape secundi de confirmatione privilegiorum ecclesie nostre (xve s.). 2) Anciennes références d’archives : +.I. (en rouge). 1141 (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 1/3. B. Copie du xiie siècle ; titre : Epistolae duae Innocentii papae II ad episcopum Atrebatensem et ad abbatem Marchianensem, anno 1141. Douai, BM, ms. 362/2 (Hugonis de S. Victore liber secundus de sacramentis), fol. 139. – C. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Innocentii pape. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. Xro-XIvo [p. 30-33], d’après A. – D. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Innocentii pape. De omnibus possessionibus nostris. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIXvo-LIvo [p. 139-143], d’après A. – E. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 28. – F. Copie de 1445. Lille, ADN, 10 H 1/3a, d’après A. G. Copie de 1698. Lille, ADN, 10 H 1/3b, d’après A. – H. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, ms. divers 5205, fol. 9ro-14ro. – I. Copie du 25 août 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 59, fol. 118, d’après C. – J. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 39 et 191, d’après C. a. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 347-348 (fragment). – b. PL, t. 179, c. 559, d’après a. – c. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden, p. 137-140, no 37, d’après A. Indiqué : JL, 1, p. 898, no 8161 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 229 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 132 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 94-95 ; Sproemberg, Alvisus, p. 173, no 116 ; Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 59-60. Base de données : Chartae Galliae, charte 206811 ; ThDipl W 5712 ; Diplomata Belgica 5712.

Innocentius, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis monachis Marcianensibus tam presentibus quam futuris regulariter substituendis in perpetuum. Officii nostri nos monet auctoritas religiosa loca diligere et ea oportune consolationis munimine confovere. Hujus rei gratia, dilecti in Domino filii, vestris justis postulationibus paterna benignitate impertimur assensum et Marcianense monasterium in quo divino mancipati estis obsequio, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quecumque bona prefatum monasterium in presentiarum juste et canonice possidet aut in futurum concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis Deo propitio poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hęc propriis duximus exprimenda vocabulis : ex donariis et beneficiis beate Rictrudis et ipsius filię venerabilis Eusebie virginis locum ipsum in quo monasterium situm est, cum habitationibus et mansionibus suis, cum arboretis et ortis a decimis, redditibus et advocatione liberis, altare de Marcienes quod ab ecclesia Sancte Crucis de Cameraco cum altari de Bovenniis sub censu XIII solidorum tenetis, sclusam quoque Scarpi a Marcineis usque prope silvam de Somania, ecclesiam etiam Amagiensem liberam sicut et Marceniensem cujus filia est cum appenditiis suis Alno, Tilloit, Wandegiis ; villas, terras et nemora abbatię cum justicia, banno, legibus, theloneo invento, cum decimis et integritate sua ; piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Guasconis Curvam juxta Lalinium, excepto jure Aquicinensis ecclesie et super ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites ; in villa

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de Wasers decimam de terris ecclesie et de terragio earum censum VI solidorum. In pago Pabulensi, villam Beurui cum altari et Theoderici mansum et utraque cum omni integritate sua ; apud Bovingeias XV cultilia et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa que dicitur Espelcin terram decem solidorum et in villa que Horca dicitur terram duorum solidorum. In Braibanto, in villa de Havines terram IIIIor solidorum. In pago Melentois, apud Peronam villam terram quinque solidorum, villam Runcinium cum integritate, in Insula castro duos hospites, in Formestraus unum et in Eschelmes unum. In pago Letigo, villam Hainas cum omni integritate et altari, altare etiam de Alci et dimidiam carrucatam terrę cum XI hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam et terras sub omni integritate et, in eodem comitatu, de villa Rinenga de omnibus scilicet rebus majoribus seu minoribus ac de omni acquisitione, duas partes totius decimę ; apud Lorgias juxta Basceiam, altare et totam decimam parrochię et societatem terrę ; villam quoque Parvi Lemni cum terris quę continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eo loco tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sancte Rictrudis quę est in publico itinere, et a meta sancte Rictrudis usque ad viam que tendit ad ecclesiam de Lorgiis et inde iterum usque ad Parvum Lemninum ; in eadem regione in villa Overt, terram ad censum XII solidorum. In pago Attrebatensi, Bariacum cum integritate et altari, in villa Frasne hospites quinque. In pago Obstrevanno, villas Saliacum et Gaugiacum cum altaribus sub omni integritate ; in eodem pago, villas Absconium et Heram cum ecclesiis et saltu Bruilio cum omni integritate, in Horninio unum cultile et decimam quę ad Heram pertinet, in Helemmis cultile unum, in Mastangeo VII cultilia et decimam ejusdem villę in dominicatu, in Marcheta IIIIor cultilia, in Lurcio super fluvium Scaldi duo molendina ; in eadem regione Obstrevanni, allodium Vesinium sub omni integritate, altare de Nice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum V solidorum, in eodem castro, familiam sanctarum RICTRUDIS et Eusebię a theloneo liberam. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Wasched et de Sandemont et de Tribocurt cum omni integritate et insuper IIIIor petias terrę cum decimis, redditum quoque XXX et unius modiorum puri frumenti, singulis annis a mansionariis de Hailcort et reliquos redditus. In comitatu Hainaonensi, predium Batingeiarum cum proxima silva Pelices nomine et cum omni integritate. In episcopatu Suessionensi, in villa Viriniaco hospites et curtem in dominicatu cum terris et vineis ad eam pertinentibus, et in proximo mansum Carraus cum terris et vineis suis. Sicut autem altare de Marcineis vobis confirmamus, ita ejus pertinentia vobis rata manere decernimus, salvo prefato censu ecclesie Sanctę Crucis. Que videlicet universa in consuete libertatis immunitate decernimus permanere quatinus fratres quietę omnipotenti Deo debita possint servitia exhibere. Ad hęc adicientes sanccimus ut nulli omnino liceat prefatum monasterium et ecclesiam Hamagiensem absque manifesta et probata culpa a divinis officiis interdicere. Nullus quoque ibidem qualibet subreptionis astutia vel violentia in abbatem preponatur, sed liceat vobis communi consilio vel parti consilii sanioris secundum Dei timorem et beati Benedicti regulam, absque ullius contradictione abbatem eligere. Chrisma vero, oleum sanctum, consecrationes altarium seu basilicarum, benedictionem abbatis, ordinationem monachorum vel clericorum vestrorum qui ad sacros ordines fuerint promovendi, a diocesano suscipiatis episcopo, siquidem catholicus fuerit et gratiam

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atque communionem sedis apostolice habuerit et ea gratis et absque pravitate aliqua voluerit exhibere ; alioquin liceat vobis catholicum quemcumque malueritis adire antistitem, qui nimirum nostra fultus auctoritate quod postulatur indulgeat. Sepulturam quoque ipsius loci liberam esse concedimus ut quicumque se illic sepeliri deliberaverint, nisi forte excommunicati sint, nullus obsistat. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat idem cenobium temere perturbare aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere, minuere vel temerariis vexationibus fatigare, sed omnia integra conserventur eorum pro quorum sustentatione et gubernatione concessa sunt usibus omnibus profutura, salva Atrebatensis episcopi canonica reverentia. Ad indicium autem hujus a sede apostolica perceptę protectionis IIIIor bisantios aureos nobis nostrisque successoribus annis singulis persolvetis. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit, secundo tertiove commonita, si non satisfactione congrua emendaverit, potestatis honorisque sui dignitate careat reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et Domini Jesu Christi redemptoris nostri aliena fiat atque in extremo examine districte ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco justa servantibus sit pax Domini nostri Jesu Christi, quatinus et hic fructum bone actionis percipiant et apud districtum judicem premia eterne pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Adjuva nos, Deus salvator noster). Ego Innocentius catholicę ęcclesie episcopus subscripsi. (Benevalete) † Ego Gerardus presbiter cardinalis titulo sanctę Crucis in Jerusalem subscripsi. † Ego Stephanus Prenestinę ecclesię episcopus subscripsi. † Ego Goizo presbiter cardinalis titulo sancte Cecilie subscripsi. † Ego Gregorius diaconus cardinalis sanctorum Sergii et Bachi subscripsi. † Ego Hubaldus diaconus cardinalis sancte Marię in via lata subscripsi. Datum Laterani, per manum Baronis capellani et scriptoris, kalendas decembris, indictione V, incarnationis dominicę anno MoCoXLoIo, pontificatus vero domni Innocentii pape II anno duodecimo. 47 [1133/1138-1144] Milon Ier, évêque de Thérouanne, notifie que Gérard de Reninge a reconnu ses torts envers l’abbaye de Marchiennes au sujet de dîmes dont il s’était emparé. En dédommagement des torts commis, évalués à cinq marcs, il a donné quatre marcs à l’abbaye. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Milo Morinorum episcopus de decima de Renenges ; en marge : XXXIIII. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVI [p. 62], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 54, fol. 133, d’après B. – D. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 231/3682, d’après B. Indiqué : Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, 1, p. 124, no 541.

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D e u xi è m e pa rt i e Base de données : ThDipl W 12942 ; Diplomata Belgica 12942. La tranche chronologique traditionnellement retenue pour cet acte sans date est l’épiscopat de Milon Ier (1130-1159), cadre chronologique large que l’on peut réduire. L’archidiacre Milon est attesté de 1133 à 1159 et devient évêque de Thérouanne le 20 août 1159 (SV, p. 306). L’archidiacre Philippe est cité de 1133 à 1166 (Bled, Regestes, 1 p. 15-16). Gérard Ier de Reninge est attesté entre 1122 et 1128 (Warlop, De Vlaamse Adel, no 183/2) ; Gérard II, fils du précédent, est cité entre 1162 et 1214 (ibidem, no 183/3). Pierre de Saint-Omer est attesté de 1127 à 1144 (Warlop, De Vlaamse Adel, 1, p. 291). Odon, écolâtre de la collégiale de Saint-Omer, n’est attesté qu’en 1138. On peut donc retenir un cadre compris entre 1133/1138 et 1144. La sentence de cette charte est confirmée par l’archevêque de Reims entre 1150 et 1153 (cf. no 55).

Ego Milo, Dei miseratione Morinorum minister humilis et episcopus dictus, notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod Gerardus de Renega, cum decimam ejusdem villę que propria est ęcclesię Marcianensis injusta pervasione usurpatam distraxisset et damnum V marcarum de eadem distractione ęcclesię intulisset, cumque propter hoc ipsum Remensis ęcclesię atque nostre judicio et archiepiscopi ad quem ille appellaverat precepto diu excommunicatus fuisset, tandem culpam suam recognoscens, pro impetranda absolutione ęcclesie satisfecit et IIIIor marcas pro dampni restitutione exsolvit. Hujus rei testes sunt archidiaconi Philippus et Milo, magister Odo, Balduinus diaconus, Petrus de Sancto Audomaro et multi alii. 48 1146, [avant le 2 septembre]. – Arras Alvise, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Marchiennes la possession des autels de Sailly et Gouy, donnés par son prédécesseur Robert. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Alvisi Atrebatensis episcopi de altaribus Goi et Sali. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XX [p. 50-51], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 47vo-48. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, ms. divers 5205, fol. 48ro-49ro. – E. Copie du 25 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 62, fol. 160-161, d’après B. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 64-65, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 102-103, no 88, d’après B. Base de données : Chartae Galliae, charte 200711 ; ThDipl W 9743 ; Diplomata Belgica 9743. Cette confirmation est reprise dans la bulle du pape Eugène III en date du 2 septembre 1146 (no 50).

Ego Alvisus, Dei gratia Attrebatensis episcopus, notuma) esse volo omnibus fidelibus tam futuris quam presentibus pie memorie domnumb) Robertum predecessorem

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nostrum precibus nostris, cum Aquicinctensis cenobii adhuc abbas essem, altaria de Saillic) et de Goi ęcclesię Marcianensid) episcopali liberalitate et auctoritate contulisse atque sigillo suo ac multarum ęcclesiasticarum et legitimarum personarum testimonio prefatę ęcclesię Marcianensie) confirmasse et insuper hanc donationem suam quomodocumque perturbare molientes anathematis vinculo obligasse. Nos quoque omnium beneficiorum predecessoris nostri fautores et confirmatores, hoc precipue quod nostro instinctu inceptum et peractum est, enixius confirmare volumus et confirmamus duo scilicet predicta altaria de Saillif) et Goi, sicut ea predecessor noster pie memorię domnus Robertus donaverat ęcclesię Marcianensi, concedentes et episcopali auctoritate ac sigillo nostro confirmantes et hujus donationis et concessionis nostre temeratores ęterni anathematis ultione plectentes. S.g) Luce archidiaconi. S. Petri prepositi. S. Nicholai decani. S. Anselmi cantoris. S. Hugonis, S. Johannis, S. Symonis canonicorum. Actum Attrebati, anno Domini MoCoXLVIo, indictione VIIIIa h). a) notum fieri D. – b) domnum, omis D. – c) Sally D. – d) Marcianensis (sic) ecclesie D. – e) ecclesie Marcianensi ecclesie D. – f) Sally D. – g) S. Luce…canonicorum, omis D. – h) nona D.

49 [1146, avant le 2 septembre] Alvise, évêque d’Arras, dans une lettre adressée au pape Eugène III, rappelle que, lorsqu’il était abbé d’Anchin, il avait incité Robert, alors évêque d’Arras, à faire don des autels de Sailly et de Gouy à l’abbaye de Marchiennes, donations qu’il avait lui-même confirmées. Il demande au pape de confirmer à l’abbaye de Marchiennes la possession de ces autels. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem [Alvisi] Eugenium papam pro altaribus confirmandis. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXvo [p. 51], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Litere Alvisi episcopi, Atrebatensis pro altaribus confirmandis Sailli et Goi ad papam Eugenium. D’une autre main : bis scripte sunt. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. 58ro [p. 156], d’après A. D. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 65, d’après B. a. von Pflugk-Harttung, « Briefe aus den Jahren 1047-1146 », p. 635-636, d’après B. Indiqué : Sproemberg, Alvisus, p. 179, no 158. Base de données : ThDipl W 11408 ; Diplomata Belgica 11408. Cette lettre se situe avant la bulle de confirmation de biens accordée à Marchiennes par le pape Eugène III le 2 septembre 1146 (no 50). La donation des autels de Gouy et Sailly est intervenue le 7 mars 1122 (cf. acte no 18), le même jour qu’une donation pour Anchin (cf. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, no 43, p. 139-140). Le texte de C est identique à celui de B, sauf la disparition des e cédillés.

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Domino et patri Eugenio, Dei gratia sanctę Romanę ęcclesię summo pontifici, Alvisus Dei patientia Attrebatensis ęcclesię minister indignus, salutem et in omnibus obedientię et subjectionis reverentiam. Paternitatis vestrę sublimitati notum facimus altaria duo de Sailli et Goi a predecessore nostro bonę memorię Roberto prece nostra, cum adhuc abbatis officio fungeremur, Marcianensi ęcclesię collata esse et predecessorum vestrorum privilegio confirmata. Nos quoque, postquam ad episcopale onus per Dei patientiam licet indigni pervenimus, eadem altaria prefatę ęcclesię confirmavimus. Unde sanctitatem vestram humiliter obsecramus quatinus ne in posterum pax ęcclesię perturbetur, quod diu canonice et quiete Marcianensis ęcclesia tenuit, eam in futurum in pace tenere faciatis et auctoritatis vestre privilegio roboretis. Valeat et vigeat sanctitas vestra semper in Domino. 50 1146, 2 septembre. – Viterbe Le pape Eugène III énumère les droits et possessions de l’abbaye de Marchiennes et rappelle le cens de quatre besants d’or dû en contrepartie de la protection apostolique. A. Original sur parchemin, hauteur 700 mm (dont repli 40 mm), largeur 590 mm ; bulle sur lacs de soie rouge et jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Eugenii pape tercii (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : +. I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 1/4. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Eugeni pape. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323 fol. XIvo-XIIIro [p. 33-36], d’après A. C. Copie partielle de 1698. Lille, ADN, 10 H 1/4a, d’après A. – D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, ms. divers 5205, fol. 14ro-19ro. – E. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 62, fol. 109. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 43-47, d’après B. a. von Pflugk-Harrtung, Acta Pontificum, t. 1, p. 188-190, no 205, d’après A. Indiqué : Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 348 ; JL, 2, p. 35, no 8945 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 132-133 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 95 et 112. Base de données : ThDipl W 7762 ; Diplomata Belgica 7762.

Eugenius, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Ingramno, abbati Marcianensis monasterii, ejusque fratribus tam presentibus quam futuris regularem vitam professis in perpetuum. Officii nostri nos monet auctoritas religiosa loca diligere et ea oportune consolationis munimine confovere. Hujus rei gratia, dilecti in domino filii, vestris justis postulationibus paterna benignitate impertimur assensum et Marcianense monasterium, in quo divino mancipati estis obsequio, ad exemplar predecessoris nostri, felicis memorię pape Innocentii, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripti privilegio communimus, statuentes, ut quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium in presentiarum juste et canonice possidet aut in futurum

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concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis Deo propitio poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hęc propriis duximus exprimenda vocabulis : ex donariis et beneficiis beatę Rictrudis et ipsius filię, venerabilis Eusebie virginis, locum ipsum, in quo monasterium situm est, cum habitationibus et mansionibus suis cum arboretis et ortis a decimis et redditibus et advocatione liberis, altare de Marcianes quod ab ęcclesia Sanctę Crucis de Cameraco cum altarea) de Bonenniis sub censu XIII solidorum tenetis, sclusam quoque Scarpi a Marcineis usque prope silvam de Somania, ecclesiam etiam Amagiensem liberam sicut et Marceniensem cujus filia est cum appenditiis suis Alno, Tilloit, Wandegiis, villas, terras et nemora abbatię cum justitia, banno, legibus, theloneo, invento cum decimis et integritate sua, piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Wasconis curvam juxta Lalinium, excepto jure Aquicinensis ęcclesię et super ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites ; in villa de Wasers decimam de terris ęcclesię et de terragio earum censum VI solidorum. In pago Pabulensi, villam Beurui cum altari et Theoderici mansum et utraque cum integritate sua ; apud Bovingeias XV cultilia et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa que dicitur Espelcin terram decem solidorum et in villa quę Horca dicitur terram II solidorum. In Braibanto, in villa de Havines terram IIII solidorum. In pago Melentois, apud Peronam villam terram quinque solidorum, villam Runcinium cum integritate, in Insula castro II hospites, in Formestraus unum et in Eschelines unum. In pago Letigo, villam Hainas cum omni integritate et altari, altare etiam de Alci et dimidiam carrucatam terrę cum XI hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam et terras cum omni integritate et, in eodem comitatu, de villa Rinenga de omnibus scilicet rebus majoribus seu minoribus ac de omni acquisitione duas partes totius decimę ; apud Lorgias juxta Basceiam, altare et totam decimam parrochię et societatem terrę ; villam quoque Parvi Lemni cum terris quę continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eo loco tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sanctę Rictrudis quę est in publico itinere, et a meta sanctę Rictrudis usque ad viam quę tendit ad ecclesiam de Lorgiis et inde iterum usque ad Parvum Lemnum ; in eadem regione, in villa Overt terram ad censum XII solidorum. In pago Atrebatensi, Bariacum cum integritate et altari, in villa Frasne hospites quinque. In pago Obstrevanno, villas Saliacum et Gaugiacum cum altaribus cum omni integritate, in eodem pago villas Absconium et Heram cum ęcclesiis et saltu Brulio cum omni integritate, in Horninio unum cultile et decimam que ad Heram pertinet, in Helemmis cultile unum, in Mastangeo VII cultilia et decimam ejusdem villę in dominicatu, in Marceta IIII curtilia, in Lurcio super fluvium Scaldi II molendina ; in eadem regione Obstrevanni, allodium Vesinium cum omni integritate, altare de Nice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum V solidorum, in eodem castro familiam sanctarum Rictrudis et Eusebię a theloneo liberam. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Wasched et de Sandemont et de Tribocurt cum omni integritate et insuper IIII petias terre cum decimis, redditum quoque XXX et unius modiorum puri frumenti singulis annis a mansionariis de Ahilcort et reliquos redditus. In comitatu Hainaonensi, predium Batingeiarum cum proxima silva Pelices nomine et cum omni integritate. In episcopatu Suessionensi,

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in villa Viriniaco hospites et curtem in dominicatu cum terris et vineis ad eam pertinentibus, et in proximo Carraus cum terris et vineis suis, sicut autemb) altare de Marcineis vobis confirmamus, ita ejus pertinentia vobis rata manere decernimus, salvo prefato censu ęcclesię Sanctę Crucis. Quę videlicet universa in consuetę libertatis immunitate decernimus permanere, quatinus fratres quiete omnipotenti Deo debita possint servitia exhibere. Ad hęc adjcientes sancimus, ut nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium et ecclesiam Hamagiensem absque manifesta et probata culpa a divinis officiis interdicere. Nullus quoque ibidem qualibet surreptionis astutia vel violentia in abbatem preponatur, sed liceat vobis, communi consilio vel parti consilii sanioris secundum Dei timorem et beati Benedicti regulam, absque ullius contradictione abbatem eligere. Crisma vero, oleum sanctum, consecrationes altarium seu basilicarum, benedictionem abbatis et ordinationem monachorum vel clericorum vestrorum, qui ad sacros ordines fuerint promovendi, a diocesano suscipiatis episcopo, siquidem catholicus fuerit et gratiam atque communionem sedis apostolicę habuerit, et ea gratis et absque pravitate aliqua voluerit exhibere. Alioquin liceat vobis catholicum quemcumque malueritis adire antistitem, qui nimirum nostra fultus auctoritate, quod postulatur, indulgeat. Sepulturam quoque ipsius loci liberam esse concedimus ut quicumque se illic sepeliri deliberaverint, nisi forte excommunicati sint, nullus obsistat. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat idem cenobium temere perturbare aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere, minuere vel temerariis vexationibus fatigare, sed omnia integra conserventur eorum, pro quorum gubernatione et sustentatione concessa sunt usibus omnimodis profutura, salva sedis apostolicę auctoritate et Atrebatensis episcopi canonica reverentia. Ad indicium autem hujus a sede apostolica preceptę protectionis quatuor bizantios aureos nobis nostrisque successoribus annis singulis persolvetis. Si qua igitur in futurum ecclesiastica sęcularisve persona hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit, secundo tertiove commonita, si non satisfactione congrua emendaverit, potestatis honorisque sui dignitate careat, reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat, et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et Domini redemptoris nostri Jesu Christi aliena fiat, atque in extremo examine districte ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco justa servantibus sit pax Domini nostri Jesu Christi, quatinus et hic fructum bonę actionis percipiant et apud districtum judicem premia ęternę pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Fac mecum, Domine, signum in bonum). Ego Eugenius catholicę ęcclesie episcopus subscripsi. (Benevalete) † Ego Guido presbiter cardinalis tituli sancti Grisochoni subscripsi. † Ego Humbaldus presbiter cardinalis tituli sanctorum Johannis et Pauli subscripsi. † Ego Conradus Sabinensis episcopus subscripsi. † Ego Theodewinus sanctę Rufinę episcopus subscripsi. † Ego Oddo diaconus cardinalis sancti Georgii ad velum aureum subscripsi. † Ego Octavianus diaconus cardinalis sancti Nycolay in carcere Tulliano subscripsi. † Ego Gregorius diaconus cardinalis sancti Angeli subscripsi. † Ego Petrus diaconus cardinalis sancte Marie in via lata subscripsi. † Ego Jordanus presbiter cardinalis tituli sanctę Susannę subscripsi.

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Datum Viterbi, per manum ROBERTI sanctę Romanę ecclesię presbiteri cardinalis et cancellarii, IIII nonas septembris, indictione VIIII, incarnationis dominicę anno MCXLVI, pontificatus vero domni EUGENII III papę anno secundo. a) sic A. – b) alitem corrigé en autem.

51 1146 G., moine de Vregny, achète un champ à Gervais, fils d’Arnould d’Atre. Indiqué : Douai, BM, ms. 288, t. 3 (Cassiani Collationes XXIV), codex du xiie siècle, page de garde. La précision de la mention laisse supposer l’existence, sinon d’un acte, du moins d’une notice. L’édition de cette mention ambiguë se justifie par l’attestation de la présence d’un moine résidant à la cour de Vregny, indication sur la gestion de cette possession éloignée de l’abbaye.

Texte de la mention : In anno MCXLVIo, G., monachus de Verniaco, Gervasio filio Arnulfi de Atrio quemdam campum comparavit. 52 1151. – Tournai Gérald, évêque de Tournai, à propos du litige entre l’abbaye de Marchiennes et deux chevaliers, Étienne et son frère Roger de Landas, au sujet d’une terre entre Brillon et Beuvry, rappelle les termes d’un accord établi au temps de son prédécesseur Simon et met fin au différend. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende, partie basse : + CYROGRAPVM), hauteur 405 mm (dont repli 15 mm), largeur 320 mm ; sceau en navette (55 mm × 45 mm) de cire brune pendant sur double queue de parchemin, représentant un évêque siégeant, crossé et bénissant ; légende : + SIGILLVM GIRAVDI DEI GRATIA TORNACENSIS EPISCOPI. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Geraldi Tornacensis episcopi de concordia Rogeri de Landast (xiie s.) – de concordia Rogeri de Landast (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : C (en rouge). Lille, ADN, 10 H 53/911. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende, partie haute : + CYROGRAPVM), hauteur 370 mm (dont repli 10 mm), largeur 295/285 mm ; sceau en navette (55 mm × 45 mm) de cire brune pendant sur double queue de parchemin, représentant un évêque siégeant, crossé et bénissant ; légende : + SIGILLVM GIRAVDI DEI GRATIA TORNACENSIS EPISCOPI. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Geraudi Tornacensis episcopi de concordia inter nos et Stephanum, Rogerum de Landast de terra a mortua aqua de Beuvrio usque ad rasciam de Brellun (xiie s.). Beuvry (xve s.). 2) Anciennes références d’archives : C (en rouge). Lille, ADN, 10 H 53/910.

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D e u xi è m e pa rt i e B. Copie du xiie siècle ; titre : Geraldus Tornacensis episcopus de concordia inter Marchianum et Stephanum de Landas et R. fratrem ejus. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVIIIro-vo [p. 66-67], d’après A. C. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 52vo-55vo. – D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 94ro-vo. – E. Copie du xviie siècle dans la layette Landas du chapitre de la cathédrale Notre-Dame à Tournai. Tournai, Archives de la cathédrale, fonds du chapitre cathédral, localités, Landas, VA 1/3, fol. 2ro-3ro, d’après B. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 65, p. 217, d’après B. a. Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 161-164, no 3, d’après A. – b. Pycke et Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, II, p. 40-43, no 20, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 133 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 344 (avec erreur dans le renvoi bibliographique : au lieu de lire Le Glay, « Notice… Bourbourg », p. 37, corriger en Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 133 ; l’auteur de la notice sur Bourbourg est I. de Coussemaker) ; Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, 1, p. 139, no 660 ; Monasticon belge, 1, p. 61, no 2 ; Vleeschouwers, Chronologische problemen, p. 15, note 28 ; Vleeschouwers et Van Melkebeek, « Le rôle de l’entourage des évêques de Tournai », p. 19. Base de données : ThDipl W 7960 ; Diplomata Belgica 7960. Cet acte fait référence au no 40.

(Crux). In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Geraldus, Dei gratia Tornacensium episcopus, universis ęcclesię filiis in perptuum. Notum sit omnibus tam presentibus quam futuris quod concordia quę inter ęcclesiam Marceniensem et duos milites, Stephanum scilicet de Landast et Rogerum fratrem ejus, jam dudum facta fuerat et privilegio predecessoris nostri Symonis episcopi confirmata, coram nobis renovata est. Contentio siquidem inter eos de quadam terra extiterat cujus pars in diocesi nostra, pars in Attrebatensi sita est, a Mortua scilicet Aqua quę jacet in parrochia de Bevrui, sicut rivus de Bevrui portat usque ad rasciama) de Breilun et sicut divisio terrę sancti Amandi portat usque ad eandem rasciama) de Breilun. Hęc ergo concordia ita facta est ut tocius terrę et silvę quę intra hunc terminum jacet ęcclesia Marceniensis medietatem habeat, medietatem vero alteram prefati milites teneant in feodo ab abbate ipsius ęcclesię ita ut pro ea legii homines ejus sint, una tamen sola legietate et una post mortem requisitione. Si alter ex eis obierit, alteri totum feodum remanebit. Si uterque absque herede desponsatę conjugis decesserit, ęcclesię pro animabus suis remanebit. Quod si ambo heredes ex desponsata habuerint, duę tantummodo personę hereditabunt. Nullam munitionem vel domum firmam ibi construere eis licebit, et hospites, quia magnę molestię monachis fuerant et dampno, ipsi milites recedere facient ; nec ibi mansio fiet preter unam curtimb) quę ibi in plano campo erit ; in qua ęcclesia unum agricultorem qui terras excolat et pecora nutriat quę ibi communiter posita fuerint deputabit. Tocius agriculturę quę ibi fiet medietatem pro labore suo agricola habebit, alteram vero medietatem ęcclesia et milites inter se ęqualiter divident, excepta decima quę tota solius ęcclesię erit. Si

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communi assensu silvam ibi nutrierint, neuter alteri quin eam vendat prohibere poterit ; de precio tamen quod inde sumptum fuerit sub testimonio custodis sui medietas ad ęcclesiam et medietas ad milites pertinebit. Per omnia autem quicquid adquisitionis vel emolumenti, sive in advocatione seu in districto vel in terra ibi habebunt, ęqualiter ęcclesia et milites inter se divident. Preterea concessum est ut ęcclesia de sumptu et expensis tamen militum quoddam molendinum secus silvam super rivum de Bevrui situm et vivarium reficeret ; nec tamen propter hoc in adjacenti nemore vel in terra, extra vivariumc) et molendinum, jus aliquod seu possessionem reclamare poterunt. Statutum est etiam quod eo tempore quo prata adjacentia custodiri incipiunt, ne mundatione vivarii herba pratorum depereat, ex consuetudine aqua de vivario transcurrere dimittetur. Postquam autem semel molendinum et vivarium ex sumptibus militum extructum fuerit, tam in vivario quam in molendino medietatem, milites in vita tantum sua habebunt et ęcclesia alteram medietatem ita ut, si alter eorum obierit, alter qui vivus remanserit, quod duo prius habebant fratres solus habebit. Sicut autem communiter tam ęcclesia quam milites postea redditus accipient, ita et expensas quę necessarię fuerint communiter ponent. Post mortem vero nullus heres eorum neque in molendino neque in vivario reclamare poterit sed totum pro animabus suis in elemosina ęcclesię remanebit. Hęc itaque concordiad), sicut hic descripta est, Tornachi in presentia nostra tam ab abbate Marceniensi domno Hugone monachisque ejus quam a prefatis militibus concessa eorumdemque militum sacramento confirmata est, ut si forte, quod absit, eam excessise prefati milites comprobari potuerint, ut publice a nobis excommunicentur concesserunt meque ut inde fidejussor essem petierunt. Ne ergo nostris seu futuris temporibus contentio aliqua exinde rursus possit oriri, auctoritate Dei, presenti carta sigillique nostri impressione et testium subnotatione sub anathemate prohibemus. S. domni Geraldi episcopi. S. domni Milonis Morinorum episcopi. S. Desiderii Tornacensis archidiaconi. S. archidiaconorum Morinorum Philippi atque Milonis. S. domni Leonis abbatis Sancti Bertini. S. domni Franconis abbatis Lobiensis. S. domni Marsilii Aldeburgensis abbatis. S. domni Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. domni Ingeranni abbatis Sancti Medardi Suessionise). Actum Tornaci, anno ab incarnatione Domini MoCLIo. a) raciam A². – b) sic pour curtem ; curtim est omis en A², ajouté en interligne par la même main. – c) viviarium A1. – d) concordia est omis en A², ajouté en interligne par la même main. – e) La mise en forme de A1 et A2 est identique. La liste des témoins est présentée sur une seule colonne à gauche ; un espace blanc sur toute la largeur du parchemin et sur une hauteur de 40 mm sépare cette liste de la datation.

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53 Sans date. [avant le 14 octobre 1152] Raoul, comte de Vermandois, accorde à l’abbaye de Marchiennes la franchise des droits de vinage et de péage pour le transport des vins à la villa de Vregny par Chauny, Péronne et Athies. A. Original sur parchemin, hauteur 80 mm (pas de repli), largeur 115 mm ; sceau pendant perdu, simple queue de parchemin. 1) Sommaire : Radulphus comes Veromandensis pour le vinage du pais de Vermandois. sans datte (xviiie s.) – Pour les vins venant de Vregny (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : G II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 8/79. B. Copie du xiie siècle ; titre : Radulphus comes de wienago Viromandensi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIIIro [p. 127], d’après A. Base de données : Diplomata Belgica 10507 (renvoie à Newman, Les seigneurs de Nesle en Picardie, t. 2, p. 25 et 29, où cette charte ne figure pas ; on y trouve quelques éléments chronologiques relatifs au comte de Vermandois). Le comte ne peut être que Raoul Ier, sénéchal de France, attesté depuis 1117 et mort le 14 octobre 1152, son fils Raoul II étant né vers 1147 (Duval-Arnould, « Les dernières années du comte lépreux Raoul de Vermandois », p. 81-92). Cet acte est confirmé par l’évêque de Soissons en 1155 qui précise que le comte Raoul est mort (cf. no 59).

Radulfus, Viromandorum comes, omnibus servientibus suis de Perona, de Atheiis, de Calniaco et dea) tota terra sua qui winagia et pedagia sua recipiunt, salutem et dilectionem. Notum vobis omnibus sit quod nos, pro remedio animarum patris et matris mee et antecessorum meorum, condonavimus monachis de Marcenis winagium et pedagium de vino suo quod ducitur ad opus fratrum de villa Verni. Mandamus itaque vobis et mandando precipimus quod vinum eorum per transitus nostros libere transire permittatis et nichil omnino a ductoribus vini exigatis. Hoc totum dedimus et concessimus prefatis monachis in elemosinam. a) de écrit en interligne par la même main.

54 1152 Nicolas, évêque de Cambrai, confirme à l’abbaye de Marchiennes la dîme de Battignies comme l’avait fait son prédécesseur Burchard ainsi que la dîme et la culture des terres nouvellement défrichées à Prisches. A. Original sur parchemin, hauteur 440 mm (dont repli 55 mm), largeur 305 mm ; fragment de sceau sur courroie de cuir. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Nicholai episcopi Cameracensis de decima de Batininensi (xiie s., en rouge) – S. Nicholai Cameracensis episcopi de decima de Batiniensi (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 307/4723.

Éd i t i o ns d e s chart e s B. Copie du xiie siècle ; titre : Nicholaus Cameracensis de decima Baddiniensi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVII [p. 64], d’après A. a. Duvivier, Recherches sur le Hainaut ancien, p. 573-574, no 126, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 359 ; Berlière, « La prévôté de Prisches », p. 156 ; Hayez, Catalogue des actes des évêques de Cambrai, no 417 ; Tock, Chancellerie, p. 44 ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 728. Base de données : ThDipl W 7355/D 5743 ; Diplomata Belgica 7355. Cet acte fait référence à la charte donnée par l’évêque Burchard en 1120 (no 16).

(Chrismon) In nominę sanctę et individuę Trinitatis. Ego Nicholaus, Dei gratia Cameracensium episcopus, tam futuris quam presentibus, in perpetuum. Notum sit omnibus quod ęcclesia Marceniensis in propriis culturis suis quę sunt in territorio Batiniensi omnem decimam ex antiqua possessione habuerit idque in privilegio predecessoris nostri domni Burchardi episcopi confirmatum sit. Quocirca, monachis ejusdem ęcclesię privilegii nostri auctoritatem super hoc requirentibus benigne annuentes, tam in propriis culturis quam etiam in novalibus quę fiunt in loco qui Pelices dicitur, quoniam unius ejusdemque alodii est omnem decimam liberam habere concedimus. Et ut hoc ratum permaneat, sigilli nostri impressione et testium subscriptorum adnotatione corroboramus atque ne quisquam amplius eos super hoc inquietare ausu temerario presumat sub anathemate prohibemus. Signum Theoderici prepositi. Signum Johannis archidiaconi. S. Evrardi archidiaconi. S. Rodulfi archidiaconi. S. Hugonis decani. S. Walteri cantoris. S. Johannis, S. Warini, S. Erleboldi presbiterorum. S. Bartholomei, S. Willelmis S. Walteri diaconorum. S. Johannis, S. Mathei, S. Roberti subdiaconorum. S. Parvini abbatis Sancti Sepulcri. S. Walteri abbatis Sancti Autberti. S. Egerici abbatis Sancti Gisleni. Actum incarnati Verbi anno MoCoLoIIo, indictione XVa, assensu capituli Sanctę Marię Cameracensis. 55 [1150-1153, juillet au plus tard] Samson, archevêque de Reims, confirme à l’abbaye de Marchiennes la restitution de la dîme de Reninge qui avait été usurpée par Gérard de Reninge. A. Original sur parchemin, hauteur 360 mm (dont repli 30 mm), largeur 290 mm ; sceau pendant perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Sansonis archiepiscopi de decima de Rinenga (en rouge, xiie s.) – S. Sansonis archiepiscopi de decima de Rinenga (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 231/3680. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de decima de Rinenga. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XVvo [p. 40], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 70, fol. 140-141, d’après B.

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D e u xi è m e pa rt i e a. Wauters, « Analectes de diplomatique », t. 7, p. 352-353, no 19, d’après C. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 277. Base de données : ThDipl W 4019/D 4330 ; Diplomata Belgica 4019. La datation résulte de la présence de l’archidiacre Barthélemi (1146-1162), de l’archidiacre Boson (1144-1153) qui devient évêque de Châlons entre avril et juillet 1153 et du chancelier Robert (1150-1165…) dont le prédécesseur Drogon est encore attesté en 1149.

(Chrismon) In nomine sancte et individue Trinitatis, amen. Ego Sanson, divina miseracione Remorum archiepiscopus, universis sanctę matris Ęcclesię filiis tam presentibus quam futuris in perpetuum. Ut officii nostri nomen impleamus, oportet nos filiis nostris intendere et ex officio pastorali ne quam inquietudinem sive detrimentum ęcclesia paciatur quantum possimus cavere. Idcirco memorię posterorum transmittere curavimus Gerardum de Rinenga decimam ejusdem villę, quę propria est ęcclesiae Marcianensis, aliquando invasisse et dampnum quinque marcarum usurpacione sua ęcclesię intulisse, sed cum curię nostrę judicio, quia post appellationem quam ad nos fecerat legitime expectatus non venit, excommunicatus esset, tandem reatum suum agnoscens, ut absolvi mereretur, satisfecit et marcas quatuor propter dampnum quod intulerat restituit. Ne vero iterum, quod absit, predictam decimam presumat invadere, presenti pagine rei ordinem mandari jussimus quam et sigilli nostri impressione idoneorumque testium subnotatione roborari decrevimus, adicientes ut si se ab hac temeritate non cohiberet anatemate denuo feriatur. Bartholomeus et Boso archidiaconi, Drogo prepositus, Leo decanus, Gregorius cantor, Henricus et Petrus sacerdotes, Herluinus et Letoldus diaconi, Rogerus et Erlaudus subdiaconi. Robertus cancellarius recognovit, scripsit et subscripsit 56 [1150, 30 juillet – 1153] Enguerran, comte de Saint-Pol, avec l’accord de son frère Anselme, de sa sœur Agelina et de son beau-frère Anselme d’Houdain, donne à l’abbaye de Marchiennes le droit de gavène à Boiry qu’il tenait en fief du comte de Flandre. A. Original sur parchemin, hauteur 260 mm (dont repli 20 mm), largeur 430 mm ; sceau rond (65 mm de diamètre) pendant sur lacs de soie rouge, type équestre, représentant le comte, tête nue, portant un long bouclier à ombo ; légende détruite (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 1, p. 286, no 45). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sigilla comitum et Ingelranni de S. Paulo de gaulo de Bairi (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/690. B. Copie du xiie siècle ; titre : Ingelrannus comes de Sancto Paulo de gaulo de Bairi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIIvo [p. 126], d’après A. – C. Copie du

Éd i t i o ns d e s chart e s xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 86ro-vo, d’après B. D. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Duchesne, ms. 22, fol. 206ro. – E. Copie du 11 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 59, fol. 206ro, d’après B. – F. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 43/687, d’après B. a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 29-30, d’après B. – b. Turpin, Comitum Tervanensium, p. 75-76, d’après a. – c. Havenith, Recherches sur Heusden, p. 355, d’après A (édition fautive). – d. Nieus, Les chartes des comtes de Saint-Pol, p. 106-107, no 21, après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 314, 401, 732 et t. 11, p. 180 ; Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 1, p. 286, no 45. Base de données : Chartae Galliae, charte 211922 ; ThDipl W 7951 ; Diplomata Belgica 7951. Le comte Enguerran partit en croisade en juin 1147 et revint vers 1150 (Nieus, Le pouvoir, p. 92-96). Cette donation se situe avant la confirmation sans date émanant du comte de Flandre Thierry et celle notifiée par l’évêque d’Arras en 1153 qui fait référence à l’acte comtal (cf. nos 57 et 58). Dans l’acte de confirmation du comte Thierry, il est indiqué que la donation s’est faite au temps d’Hugues, devenu abbé de Marchiennes en mars 1148 lors du concile de Reims. Comme Enguerran est parti avant l’élection de cet abbé, la donation a été faite à son retour d’Orient. Comme cette charte cite Philippe, second fils du comte Thierry, elle est postérieure à la mort du fils aîné de Thierry (30 juillet 1150).

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ego Ingerrannus, Dei gratia comes de Sancto Paulo, omnibus tam futuris quam presentibus, notum fieri volumus quod ego feodum meum, qui vulgo gaulum dicitur, de Baeri villa sanctę Rictrudis totum sicut de comite Flandrię tenebam in universa potestate et justitia villę ejusdem, intusa) scilicet villam et exterius, ęcclesię Marcianensi pro anima mea et anima patris mei, concessu fratris mei Anselmi et Anselmi de Hosden sororii mei et sororis meę Agelinę et filius ejus Roberti1) in elemosinam tali ordine contradidi : in manum comitis fęodum reddidi qui, cum mihi successuroque heredi meo judicio barronum in curia comitis abjudicatus fuisset, comes de manu mea accipiens eidem ęcclesię Marcianensi perpetuo possidendum contradidit et petitione mea idem comes et comitissa Sibilla et filius ejus Philippus et frater meus Anselmus et sororius meus Anselmus de Hosden et homines mei inde fidejussores fuerunt. Ut igitur hoc in perpetuum ęcclesia Marcianensis libere et absque aliqua cujuscumque infestatione possideat, ego et Anselmus frater meus fide per manum data firmavimus et sigilli nostri utriusque impressione et testium subscriptorum annotatione apposuimus. S. Hugonis presbiteri de Sancto Paulo. S. Balduini de Orivilla. S. Gualteri de Averdon. S. Hugonis de Hestrus. S. Elberti de Carenci. S. Laviuli de Montinocurte. S. Balduini de Salli. S. Balduini prepositi de Sancto Paulo. S. Hugonis prepositi de Albini. S. Vualonis prepositi de Buscoit. S. Johannis de Buscoit. S. Hugonis de Buscoit. S. Roberti de Iverni. S. Guillelmi de Burvilleir. S. Anselmi de Pas. S. Ogeri Vuireis.

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D e u xi è m e pa rt i e a) sic. La paléographie stricte donne intus, peut-être par attraction avec exterius. Le scribe dont l’écriture présente des similitudes avec celle de l’acte suivant a pu user de la même abréviation erronée. Dans ce dernier cas, inter serait paléographiquement possible, mais n’est pas satisfaisant pour le sens. Il faudrait intra. 1) après Roberti, espace blanc de 20 mm.

57 [1150, 30 juillet – 1153] Thierry d’Alsace, comte de Flandre, confirme à l’abbaye de Marchiennes la donation, avec sa permission, du fief de gavène de Boiry par Enguerran, comte de Saint-Pol. Le comte Thierry, son épouse et son fils se portent garants de cette donation. A. Original sur parchemin, hauteur 300 mm (dont repli 15 mm), largeur 435 mm ; sceau pendant perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Theoderici comitis Flandrie de gaulo de Bairi (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/689. B. Copie du xiie siècle ; titre : Theodericus comes Flandriarum de gaulo de Bairi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXVII [p. 114-115], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 85ro-vo, d’après B. – D. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 128vo-129ro. E. Copie du xviie siècle. Bruxelles, AGR, ms. 4516, fol. 89ro, d’après B. – F. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 89ro. – G. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 43/687, d’après un fol. XLII non identifié. – H. Copie du 11 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 53, fol. 139ro-vo, d’après B. – I. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, nouv. acq. fr. 7385, fol. 287vo, d’après B (fragment). a. Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 288-290, no 92, d’après A. – b. Verhulst et de Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 228-229, no 142, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 198 ; Tock, Chancellerie, p. 44. Base de données : ThDipl W 5218/D 5063 ; Diplomatica Belgica 5218. Cette charte est postérieure à la mort du fils aîné de Thierry (30 juillet 1150) puisque cet acte cite le second fils Philippe. La charte suivante datée de 1153 fait référence à cet acte, ce qui le place nécessairement avant.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Ego Theodericus, Dei gratia Flandrensium comes, omnibus tam futuris quam presentibus notum fieri volumus quod Ingerrannus, comes de Sancto Paulo, feodum quem de me tenebat, qui vulgo gaulum dicitur, de Baeri villa sanctę Rictrudis pro anima sua et anima patris sui consensu fratris sui Anselmi volens in elemosinam dare ęcclesię Marcianensi ut concederem expostulavit. Et ut ego et comitissa mea Sibilla et filius meus Philippus inde adjutores et fidejussores essemus, impetravit. Cumque fęodum in manum meam

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reddidisset et sibi successuroque heredi suo in curia mea judicio barronum meorum abjudicatus fuisset, justis petitionibus facilem assensum prebentes, abbati Hugoni et ęcclesię Marcianensi sicut idem Ingerrannus tenebat, omne gaulum in tota potestate et justitia villę et territorii totius de Baeri et intraa) scilicet villam et exterius, perpetuo possidendum contradidimus et ne quisquam amplius inde molestiam et injuriam ęcclesię faciat prohibemus. Ut autem hoc ratum in perpetuum permaneat, sigilli nostri impressione et testium suppositorum annotatione roboramus. Quisquis igitur huic privilegio nostro obviare temptaverit, iram Dei et nostram incurret et reus majestatis quinquaginta libras pro emendatione temeritatis suę exsolvet. S. Guuerricib) abbatis de Sancto Vedasto. S. Rogeri prepositi Brugensis. S. Symonis de Oisi. S. Henrici constabularii. S. Gisleberti castellani Bergensis. S. Hugonis fratris ejus. S. Balduini castellani de Lens. S. Radulfi castellani Brugensis. S. Eustacii camerarii. S. Rogeri de Vuavrim. S. Anselmi de Hosden. S. Gualteri Tunicę. S. Anselmi de Dovrim. S. Hugonis de Blarevilla. a) Voir la remarque de l’acte précédent. – b) sic A pour Guerrici.

58 1153. – Arras Godescalc, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Marchiennes la donation du fief de la gavène à Boiry par Enguerran, comte de Saint-Pol. A. Original sur parchemin, hauteur 415 mm (dont repli 25 mm), largeur 300 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Godescalci Atrebatensis episcopi de gaulo de Bairi (xiie s.) – Boiri (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge) – 1153 (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 43/691. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium Godescalci episcopi Atrebatensis de gaulo de Bairi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIro-vo [p. 51-52], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes. Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 48ro-vo. D. Copie du xviie siècle. Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 49vo-50vo. – E. Copie du 27 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 66, fol. 194-195, d’après B. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 66, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 117, no 104, d’après A. Indiqué : Tock, Chancellerie, p. 44. Base de données : Chartae Galliae, charte 200725 ; ThDipl W 9750 ; Diplomata Belgica 9750.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Ego Godescalcus, Dei gratia Atrebatensium episcopus, universis fidelibus tam futuris quam pręsentibus notum fieri volumus quod Ingerrannus, comes de Sancto Paulo, feodum suum, quod vulgo dicitur gaulum de Baeri villa sanctę Rictrudis, volens dare in elemosinam ęcclesiae Marcianensi pro anima sua et patris suis, in manum comitis Flandrensium Theoderici,

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sicut illud tenebat, scilicet et infra villam et extra, reddidit et per eum, de quo feodum erat, ęcclesiae supradictę contulit, concedentibus Anselmo fratre suo et Anselmo de Hosden sororio suo et sorore sua Agelina et filio ejus Roberto comitemque et comitissam Sibillam et filium eorum Philippum teste inde et fidejussores fecit. Simili quoque modo me, cujus parrochianus erat, ut testis et fidejussor inde essem et privilegio nostro confirmarem, expostulavit, quod et impetravit. Ut igitur hoc ratum et inconvulsum permaneat, sigilli nostri auctoritate et testium subscriptorum annotatione roboramus, et ne quisquam amplius ęcclesię Marcianensi injuriam inde sive molestiam faciat, secundum petitionem ejusdem comitis Ingerrani sub anathemate prohibemus. S. Luce archidiaconi. S. Clarenbaldi prepositi. S. Nicholai decani. S. Anselmi cantoris. S. magistri Frumaldi. S. Hermeri. S. Herberti. S. Hugonis presbiterorum. Actum Attrebati anno Verbi incarnati MoCoLoIIIo. 59 1155. – Noyon Baudouin II, évêque de Noyon, notifie que Raoul, comte de Vermandois, a accordé à l’abbaye de Marchiennes la franchise des droits de vinage et de péage pour le transport des vins à la villa de Vregny par Chauny, Péronne et Athies. L’évêque notifie aussi qu’Albéric de Roye a renoncé devant lui au profit du monastère à la part du vinage de Chauny qu’il tenait de son épouse Helwidis. A. Original sur parchemin, hauteur 160 mm (dont repli 15 mm), largeur 145 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Balduini Noviomensis episcopi de winagio de terra comitis Radulfi (xiie s.) – S. Balduini Noviomensis episcopi de winagio de terra comitis Radulfi (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : G II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 8/80. B. Copie du xiie siècle ; titre : Balduinus Noviomensis de wienagio Viromandensi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIXro [p. 69], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 61ro. D. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 77, d’après B. Base de données : ThDipl W 10503 ; Diplomata Belgica 10503. Cette charte confirme le no 53.

Ego Balduinus, Dei gratia Noviomensium episcopus, notum volo fieri tam presentibus quam successuris quod Radulfus, comes Viromandensis, quandam elemosinam dum adhuc viveret ob salutem animę suę et predecessorum suorum ęcclesię de Marceniis dedit, sicut intelleximus ex litteris ejusdem comitis signatis. Condonavit siquidem wienagium et pedagium de vino quod ministri ejusdem ęcclesię adducerent ad opus fratrum de villa quę dicitur Verni ubicumque idem ministri sive per Calniacum vel per Atheias aut per Peronam seu per alios transitus terrę comitis transirent. Albericus vero Roiensis ante nos veniens partem wienagii

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Calniacensis quam tenebat ex parte uxoris suę Helvidis, eadem concedente, ob remedium animarum suę videlicet et uxoris et parentum suorum jamdictę ęcclesię condonavit. Ut hęc igitur elemosina deinceps rata maneat et inconvulsa, presenti eam scripto firmamus et tam sigillo nostro quam testium suppositorum testimonio corroboramus. S. Alulfi Calniacensis abbatis. S. Absalon abbatis Sancti Bartholomei. S. Hugonis cancellarii. S. Drogonis, Raineri, Gualberti, Radulfi clericorum episcopi et canonicorum. S. Guidonis Noviomensis castellani. S. Symonis de Maigni. Actum Noviomi anno dominicę incarnationis Mo Co LoVo. 60 1156. – in synodo Restitution de dîmes à Marchiennes, conformément aux décisions de Samson, archevêque de Reims, et de Godescalc, évêque d’Arras. Acte perdu, cité dans une charte de Godescalc, évêque d’Arras (acte no 77) et établi sur un preceptum de l’archevêque. On notera que l’archevêque Samson était à Arras le 24 mai 1156, jour de l’Ascension (Annales Cameracenses, p. 530).

Texte de la charte de Godescalc Ad decimam omnium istarum potestatum rediit Marceniensis ęcclesia anno Verbi incarnati MoCoLoVIo, precepto Sansonis venerabilis Remorum archiepiscopi et nostro episcopali judicio et canonicorum et omnium personarum quę tunc temporis synodo interfuerunt et quarum nomina ex parte subscripta sunt. 61 1157 Lancelin, seigneur de Ham, accorde à l’abbaye de Marchiennes une exemption de vinage pour toutes les marchandises qui traversent ses domaines, à condition que les religieux célèbrent son anniversaire et celui de ses parents, de son vivant et après son décès, comme ils le font pour un des leurs. A. Original sur parchemin, hauteur 110 mm (pas de repli), largeur 100 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Lanscelini domni Hamensis de wienagio de Ham (xiie s.) – de winagio de Ham (xve s.). 2) Anciennes références d’archives : G II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 8/81. B. Copie du xiie siècle ; titre : Lanszelinus Hamensis castri dominus de wienagio. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIIIro [p. 127], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 68, fol. 208-209, d’après B. – D. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/81a, d’après B. Base de données : ThDdipl. W 10504 ; Diplomata Belgica 10504.

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D e u xi è m e pa rt i e Dans le nécrologe de Marchiennes (Douai, BM, ms. 889, fol. 75vo) figure un unique Lanscelinus, sans autre précision, au 7 mars dans la colonne des familiares.

Ego Lanszelinus, Hamensis castri dominus, notifico tam futuris quam presentibus quod reditum quem accipere solebam de negociis ecclesie de Marcegnes que transibant per meum castrum, tam pro anima mea quam pro animabus antecessorum meorum, omnino ei liberum dimisi. Ipsi autem promiserunt se facere anniversarium diem obitus mei et parentum meorum, pro me vero tam in vita quam in morte quasi pro uno de fratribus suis agere decreverunt. Hujus rei testes sunt Rainaldus abbas, Rainerus prior, Gerardus thesaurarius, Drogo magister, Radulfus, Albricus presbiteri, Walterus de Dulli, Engelbertus de Pont, Gonherus filius Herberti prepositi, Radulfus de Pieton milites, Odo filius prefati Lanzcelini et Grinbertus famulus ejus, Arnulfus armiger ejus et alii plures. Actum anno Verbi incarnati MCLoVIIo. 62 1157 Godescalc, évêque d’Arras, déclare qu’Amand de Denain a donné en aumône à l’abbaye de Marchiennes neuf portions de terre et deux courtils situés à Mastaing, dont il avait hérité de ses ancêtres, et sept autres parties de terre situées dans la même villa qu’il tenait en fief de l’abbaye. A. Original sur parchemin, hauteur 455 mm (dont repli 40 mm), largeur 275 mm ; sceau en navette de cire brune (hauteur 70 mm, largeur 50 mm) pendant sur lacs de soie brune, représentant un évêque debout, mitré, tenant crosse et bénissant ; légende : [...]LLVM . GODESC[...] TREBATENSIS . EPISCOP[.] (semblable à Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 108, no 5792). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. episcopi Atrebatensis Godescalci de terra Amandi de Donen (xiie s.) – S. episcopi Atrebatensis Godescalci de terra Amandi de Donen (xiiie s.) apud Mastain (xve s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/692. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus episcopus Attrebatensis de terra Amandi de Doneng. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXI [p. 53], d’après A. C. Copie du 27 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 68, fol. 216-217, d’après B. – D. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 67-68, d’après B. a. Theillez, Histoire de Mastaing, p. 171-172, no 2, d’après A. – b. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 137-138, no 119, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 133 ; Tock, Chancellerie, p. 45 et 64. Base de données : Chartae Galliae, charte 200738 ; ThDipl W 6347 ; Diplomata Belgica 6347.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, Amen. Ego Godescalcus, Dei miseratione Atrebatensis dictus episcopus. Notum fieri volumus omnibus fidelibus tam futuris quam presentibus, quod Amandus de Donen novem portiones terrę et duo

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curtilia, quę ei a progenitoribus suis hereditario jure apud Masten obvenerant, alias etiam septem terrę portiones, quas in eadem villa ab ęcclesia Marceniensi tenebat, eidem ęcclesię in elemosinam dederit et primum quidem eandem terram in manus nostras reddiderit. Nos vero eam prefatę ęcclesię libere et quiete in perpetuum possidendam tradiderimus. Noverint itaque tam futuri quam presentes quod hęc elemosina legitime in presentia nostra et clericorum nostrorum facta fuerit et concessione tam filiorum ejusdem Amandi quam cęterorum parentum et amicorum ejus confirmata. Ne qua igitur surreptionis astutia in posterum a quoquam hominum de pręfata elemosina possit suboriri calumpnia et ne ęcclesię Marceniensi aliqua deinceps pro hac terra legitime adquisita inferatur injuria, rei veritatem pręsenti privilegio et sigilli nostri testimonio corroborari et subscriptorum testium astipulatione confirmari precępimus ac contra omnium reclamantium calumpniam conservandę pacis gratia nos obsides et christianitatem suam vadem dedit. Quod ne quis nefario ausu temerare presumat, anathematis sententia interdicimus. Nomina quoque clericorum nostrorum qui interfuerunt subscribi jussimus. Ego Godescalcus Atrebatensis episcopus subscripsi. S. Frumaldi Ostrevandensis archidiaconi. S. magistri Gisleni Atrebatensis canonici. S. Guidonis canonici. S. Roberti canonicia). S. Guiberti decani. S. Gerardi presbiteri. S. Lamberti presbiteri. S. Sasgawonis Albiniensis canonicib). Eorum etiam nomina qui hoc concesserunt apposuimus, quę sunt hęc : Matheus, Johannes, Amandus, Walterus filii ejusdem Amandi de Donnen, Galterus frater ejus, Gerardus de Donnen, Amandus de Asvesnis, Theodericus de Wasleirs, Balduinus de Scauden, Hugo Vitulus, Robertus de Montenni, Johannes de Havului, Theodericus de Harten et fratres ejus, Hugo de Wasleirs, Gobertus filius Balduini de Scauden, Robertus Niger, Adam li Senescaus et filii ejus, Florus frater ejus, Walcherus de Bruilo et filii ejus, Galterus maritus Ogivę et Margareta soror ejus filię ejusdem Amandi, Symon et Hywens, Gobertus et Huwars et Rainerus, fratres Theoderici de Wasleirs, Rainerus Crettuns. Actum anno incarnati Verbi MoCoLoVIIo. a) Fin de la première colonne portant les noms des témoins, en A. – b) Fin de la seconde colonne, en A.

63 1157. – Valenciennes Baudouin IV, comte de Hainaut, déclare qu’Amand de Denain a donné en aumône à l’abbaye de Marchiennes neuf portions de terre et deux courtils situés à Mastaing, dont il avait hérité de ses ancêtres, et sept autres parties de terre situées dans la même villa qu’il tenait en fief de l’abbaye. A. Original sur parchemin, hauteur 390 mm (dont repli 40 mm), largeur 440 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte et jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. comitis Hainoensis Balduini de terra Amandi de Doninio (xiie s.) – S. Balduini comitis Hainoensis de terra Amandi de Dononio (xiiie s.) – Mastaing (xve s.) – In Mastaing anno 1157 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : B (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/693. B. Copie du xiie siècle ; titre : Balduinus comes Hainoensis de terra Amandi de Donen. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIIIro [p. 127], d’après A.

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D e u xi è m e pa rt i e C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 68, fol. 210-211. a. Duvivier, Actes et documents, t. 2, p. 51-52, no 24. – b. Thelliez, Histoire de Mastaing, p. 173-174, no 3. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 133 ; Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 200 ; Tock, Chancellerie, p. 45. Base de données : ThDipl W 2996/D 3273 ; Diplomata Belgica 2996.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Ego Balduinus, Dei gratia comes Hainoensis, notum fieri volo omnibus fidelibus tam futuris quam presentibus quod Amandus de Donen novem portiones terrę et duo curtilia quę ei a progenitoribus suis hereditario jure apud Masten obvenerant, alias etiam septem terrę portiones quas in eadem villa ab ęcclesia Marceniensi tenebat eidem procul dubio ęcclesię in elemosinam dederit et primum quidem eandem terram in manus meas reddiderit. Ego vero eam prefatę ęcclesię libere et quiete in perpetuum possidendam tradiderim. Noverint itaque tam futuri quam presentes quod hęc elemosina legitime in presentia mea et procerum meorum facta fuerit et concessione tam filiorum ejusdem Amandi quam ceterorum parentum et amicorum ejus confirmata. Ne qua igitur subreptionis astucia in posterum a quoquam hominum de prefata elemosina possit suboriri calumnia et ne ęcclesię Marceniensi aliqua deinceps pro hac terra legitime adquisita inferatur injuria rei veritatem pręsenti privilegio et sigilli mei testimonio corroborari et subscriptorum testium astipulatione confirmari precepi ac contra omnem reclamantium calumniam conservandę pacis gratia me obsidem et fidejussorem pręfatę Marceniensi ęcclesię dedi. Eorum etiam nomina qui hoc concesserunt jussi subscribi quę sunt hęc : Matheus, Johannes, Amandus, Walterus, filii ejusdem Amandi de Donen, Walterus frater ejus, Gerardus de Donen, Amandus de Asvesnis, Theodericus de Waslers, Balduinus de Scauden, Hugo Vitulus, Robertus de Monteni, Johannes de Havului, Theodericus de Harten et fratres ejus, Hugo de Waslers, Gobertus filius Balduini de Scauden, Robertus Niger, Adam li Senescaus et filii ejus, Florus frater ejus, Walcherus de Bruilo et filii ejus, Walterus de Escalon, Simon et Anselmus filii Gerardi de Forest, Walterus et Hugo de Aubi, Walterus de Mauritania, Henricus de Binc et Willelmus frater ejus, Walterus maritus Ogive et Margareta soror ejus filię ejusdem Amandi, Rainerus de Tians et fratres ejus, Symon et Hywens, Gobertus et Huwars et Rainerus, fratres Theoderici de Vuaslers, Rainerus Crettins, Stephanus Busches et filii ejus, Gerardus Garbeta et frater ejus. Facta sunt hęc in presentia mea et presentia eorum qui subscripti sunt. S. Fulchonis abbatis Hasnoniensis. S. Johannis decani. S. Eustachii de Rot. S. Roberti de Asunvilla. S. Theoderici de Waslers. S. Karoli de Frasnaa). S. Walteri de Alnoit. S. Hauwelli de Keuvren. S. Willelmi Pessimi. S. Johannis majoris de Valentianis. S. Herberti Peletb). Actum Valentianis anno Verbi incarnati MoCoLoVIIo. Ego Balduinus, Dei gratia comes Hainoensis, subscripsi. a) Fin de la première colonne portant les noms des témoins, en A. – b) Fin de la seconde colonne, en A.

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64 1157. – Arras Thierry d’Alsace, comte de Flandre, affranchit deux femmes de Warlaing et les met sous la protection de l’abbaye de Marchiennes. A. Original sur parchemin, hauteur 60 mm (pas de repli), largeur 105 mm ; sceau rond de cire brune (diamètre 75 mm) pendant sur lacs de soie rouge et brune, type III ; légende : + THEODERICVS D[EI GRA]TIA FLANDREN[SIV]M COMES ; pas de contre-sceau (Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 154-156, nos 14-15). Mentions dorsales : 1) Sommaire : aucun. 2) Anciennes références d’archives : A II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 302/4669. a. Le Glay, « Mémoires… Marchiennes », p. 164-165, no 4, d’après A. – b. Verhulst et De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 268, no 168, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 407 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 272, no 131 ; Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 154-156, nos 14-15. Base de données : ThDipl W 5246/D 5088 ; Diplomata Belgica 5246. Cette charte fut renouvelée en 1180 (no 103).

Ego Theodericus, Dei gratia comes Flandr[ensium], notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod has duas feminas, scilicet Odam de Warlennio et Erenburgem sororem ejus, quondam meę familie, liberas trado sancte Rictrudi et liberos earum. Sed et liberos Erenbtrudisa) sororis earum liberos trado. Et ut de cetero nullus illi progeniei molestus sit nec ecclesie sancte Rictrudi, hanc cartulam sigilli mei impressione et testium subscriptorum annotatione firmavi. S. Walteri prepositi Furnensis. S. Balduini de Area. S. Eustachii camerarii. S. Guisfridi de Hamelencurt. Actum Attrebati, anno Domini MoCoLVIIo. a) sic.

65 1159. – Marchiennes Évrard, châtelain de Tournai, accorde à l’abbaye de Marchiennes une exemption de péage à Tournai et à Mortagne. A. Original sur parchemin hauteur 350 mm (pas de repli), largeur 160 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Everard chastelain de Tournay pour les vinages de Tournai et Mortaigne 1159 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : G II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 8/82.

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D e u xi è m e pa rt i e B. Copie du xiie siècle ; titre : Evrardus castellanus Tornacencis de wienagio Tornacensi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIII [p. 128-129], d’après A. – C. Copie en forme de vidimus de 1401 par les échevins de Douai. Lille, ADN, 10 H 8/82a. D. Copie du xvie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/82c, d’après C. – E. Copie du xvie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/82e. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 69, fol. 162-163, d’après B. – G. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/82b, d’après B. – H. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/82d. a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 27. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 419 ; D’Herbomez, Histoire des châtelains de Tournai, 1, p. 52 et 220-221. Base de données : ThDipl W 9011 ; Diplomata Belgica 9011.

In nomine sanctę Trinitatis. Ego Evrardus, Tornacensis castellanus, notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod monachis Marcianensis ęcclesię trans­ euntibus per terram meam winagium juris mei de Tornaco et de Mauritania clementer indulsi et res suas eveerea) terra et aquis absque ulla tributi exactione libere et secure in perpetuum ex parte mea concessi. Ne quis igitur veniens ex adverso nostrum hoc beneficium perturbare presumat, noverint tam presentes quam posteri me hanc elemosinam pro anima mea et natorum meorum et antecessorum et successorum apud Marcenas fecisse et astante loci abbate Johanne et conventu ejusdem ęcclesię, hominibus quoque meis presentibus Robodone, castri custode de Mauritania, Almanno milite de Tuns, Lamberto de Burburc et aliis christianis fidelibus, super sanctum altare per ramum manu mea imposuisse. Quod ut inconvulsum et ratum permaneat, scripti nostri attestatione et sigilli impressione corroborari voluimus et in monumentum et munimentum ęcclesię conservari precepimus, ut si quis, quod absit, ulterius de hac re fratres illos molestare presumpserit, divina se ultione feriendum cognoscat et ut revera raptorem proprii juris ęcclesię absque ambiguitate ęternę dampnationi obnoxium sciat. Actum Marcianis, anno Domini MoCo quinquagesimo nonob). a) sic pro evehere. – b) Actum… nono, d’une autre main.

66 1159 Gérard, évêque de Tournai, à la demande d’Évrard, châtelain de Tournai, confirme à l’abbaye de Marchiennes l’exemption de péage à Tournai et à Mortagne que le châtelain et son fils viennent de concéder pour le repos de leurs âmes. A. Original sur parchemin, hauteur 446 mm (dont repli 43 mm), largeur 168/172 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. episcopi Geraudi de wienagio Tornacensis et de Mauritania (xiie s.) – S. Geraudi episcopi Tornacensis de wienagio Tornacensis

Éd i t i o ns d e s chart e s et de Mauritania (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : 1159 G II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 8/83. B. Copie du xiie siècle ; titre : Geraldus episcopus Tornacensis de wienagio Tornacensi et de Mauritania. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIX [p. 68], d’après A. C. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/83a. – D. Copie du xviie siècle dans la layette Landas du chapitre de la cathédrale Notre-Dame à Tournai. Tournai, Archives de la cathédrale, fonds du chapitre cathédral, localités, Landas, VA 1/3, fol. 3vo, d’après B. – E. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 8/83b, d’après B. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, coll. Moreau, t. 69, fol. 164, d’après B. a. D’Herbomez, Histoire des châtelains de Tournai, 2, p. 6-7, no 5, d’après A. – b. Pycke et Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, II, p. 67, no 38, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 203 ; Warlop, De Vlaamse Adel, t. 2, no 65/4 ; Vleeschouwers, Chronologische problemen, p. 16, note 42. Base de données : ThDipl W 7380/D 5754 ; Diplomata Belgica 7380.

In nomine sanctę Trinitatis. Ego Geraudus, Dei miseratione Tornacensis dictus episcopus. Notum sit omnibus tam futuris quam presentibus quod castellanus Tornacensis Evrardus et filius ejusdem ęquivocus Evrardus, cognomento Radullus, winagium juris sui de Tornaco et de Mauritania pro animabus suis Marcianensi ęcclesię in elemosinam contulerunt, videlicet ut fratribus ejusdem cęnobii res suas evehere terra et aquis in eadem sua potestate absque ulla tributi exactione libere et secure liceat in perpetuum. Nos quoque eandem donationem approbantes ejusdem castellani precatione et filii ipsius concessione scripti nostri attestatione et sigilli impressione corroboravimus. Et ne ab aliqua persona eisdem fratribus de eadem re aliquid molestię ulterius inferatur sub anathemate interdicimus, omnemque controversiam in posterum de medio tolli nominum eorum qui interfuerunt appositione voluimus. Ego Geraudus, Dei miseratione Tornacensis episcopus, subscripsi. S. Galteri Tornacensis abbatis. S. Fulchonis Hasnoniensis abbatis. S. Anselmi Cisoniensis abbatis. S. Bedę Sancti Bavonis abbatis. S. Sigeri abbatis Sancti Petri de Ganda. S. Balduini prioris Sancti Amandi. S. Lamberti Sancti Martinia). S. Galteri decani Sanctę Marię. S. Lietberti prepositi. S. Lietberti cancellarii. S. magistri Symonis. S. Henrici canonici. S. magistri Gozuini canonicib). Actum anno Verbi incarnati MoCoLoVIIIIo c). a) Fin de la première colonne portant les noms des témoins. – b) Fin de la seconde colonne. – c) Actum… VIIIo, d’une autre main.

67 1160 Godescalc, évêque d’Arras, notifie que Nicolas de Hendecourt a donné tous ses biens de Boiry[-Sainte-Rictrude] à l’abbaye de Marchiennes.

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D e u xi è m e pa rt i e A. Original sur parchemin, hauteur 250 mm (dont repli 25 mm), largeur 140 mm ; sceau en navette de cire verte ébréché et usé, pendant sur lacs de soie jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Godescalci de Nicholao de Hendecurt (xiie s.) – S. Godescalci Atrebatensis episcopi de Nicholao de Hendecurt (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/695. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus Attrebatensis de terra de Hendecourt. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXII [p. 53-54], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 70, fol. 69-70, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 144, no 126, d’après A. Indiqué : Tock, Chancellerie, p. 63. Base de données : Chartae Galliae, charte 200745 ; ThDipl W 9762 ; Diplomata Belgica 9762.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Ego Godescalcus, Dei miseratione Atrebatensis dictus episcopus, notum fieri volumus tam presentibus quam futuris quod Nicholaus de Hendecurt quicquid in territorio, in districto et in potestate de Bairi sui esse juris affirmabat, per manus nostras in elemosinam ęcclesię Marcianensi reddiderit nostramque humilitatem et suam christianitatem fidejussores effecerit. Nos autem et bone voluntati hominis congaudentes et paci et quieti ęcclesię in posterum providentes, ne deinceps hac de causa ab aliquo qualicumque modo predictum monasterium perturbetur, sub anathemate interdicimus sigilloque nostrę episcopalis auctoritatis impresso scripti presentis attestatione signavimus et clericorum nostrorum et personarum nomina qui presentes fuerunt et rem gestam noverunt apponi jussimus. Ego Godescalcus, Dei gratia Atrebatensis episcopus, subscripsi. S. Clarebaldi archidiaconi. S. Frumaldi archidiaconi. S. Rogeri prepositi. S. Rollandi canonici. S. Roberti canonici de Albeni. S. Petri canonici. S. Hugonis canonici. S. magistri Hugonis canonicia). S. Martini abbatis Sancti Vedasti. S. Gozuini abbatis Aquicinensis. S. Fulconis abbatis Hasnoniensis. S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Balduini abbatis de Marol. S. Radulfi abbatis de Monte Sancti Eligii. S. Godescalci abbatis de Ham. S. Hugonis abbatis Sancti Nicholai de Silva. S. Balduini abbatis de Aeucurtb). S. Balduini castellani Atrebatensis. S. Anselmi de Hosden. S. Johannis fratris ejusdem Nicholai. S. Gerardi hominis ipsius de Hasbartc). Actum anno Domini MoCoLXo. a) La liste des témoins est divisée en trois colonnes. Ici s’arrête la première colonne en A. – b) Fin de la deuxième colonne de la liste des témoins en A. – c) Fin de la troisième colonne de la liste des témoins en A.

68 1160. – Arleux et Marchiennes Simon d’Oisy et son fils Gilles donnent à l’abbaye de Marchiennes une terre sise à Sailly-en-Ostrevent, jadis tenue en fief par Robert Fercon.

Éd i t i o ns d e s chart e s A. Original sur parchemin, hauteur 320 mm (pas de repli), largeur 195 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte et jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Symonis de Osgi de terra Fercons (xiie s.) – Simonis de Osgi touchant certaines terres a Sailly tenues autrefois de Robert de Fercons donnees depuis à ceux de Marchiennes par ledit Simon de Osgy (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : 1160. D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/694. B. Copie du xiie siècle ; titre : Simon de Oisi de terra Fercon. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIIIIvo-XLVro [p. 129-130], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 70, fol. 63-64, d’après B. a. Flach, Les origines de l’ancienne France, t. 1, p. 206, note 1 d’après B (fragment). Base de données : ThDipl W 11410 ; Diplomata Belgica 11410. Les aspects externes de cet acte attirent le regard avec une calligraphie peu assurée qui indique probablement une rédaction par un clerc du seigneur d’Oisy. On peut aussi souligner la minceur et la blancheur du parchemin utilisé. Cependant, Il n’y a aucune anomalie ni dans la liste des témoins ni dans l’usage des e cédillés et cette charte figure dans le cartulaire réalisé vers 1170 (B). De plus, l’acte suivant, émanant de l’évêque d’Arras, reprend les mêmes dispositions.

Ego Symon de Osgi notum facio tam presentibus quam futuris quandam terram in territorio Saliacensi, quę de feodo meo descenderat, quam Robertus Fercons et post eum Hugo filius ejus similiter cognomento Fercons de Richero de Roelvilla et Richerus de Bernardo de Hamblan, Bernardus vero de me in feodo tenuerat, facta alterutrum redditione, cum scilicet Hugo Fercons Richero, Richerus Bernardo, Bernardus autem mihi reddidisset quam de me in feodo tenebat me et filium meum Egidium dedisse in elemosinam ęcclesię Marcianensi, emancipatam et liberam ab omni consuetudine et seculari justicia jure et usu alodii possessione ęcclesiastica possidendam ab ęcclesia in perpetuum. Ego igitur per omnia paci et quieti ęcclesię providens in futurum et ut beneficium meum ratum permaneat et inconcussum, facto prius judicio ab hominibus meis, me et illos nichil in terra illa posse ulterius reclamare convocatis meis et ipsius ęcclesię hominibus in monte de Allues, ipsis presentibus testamentum feci et filio meo presente Egidio qui testamentum confirmavit scriptique presentis attestatione et sigilli mei impressione corroborari et nomina hominum meorum et ęcclesię qui presentes fuerunt et rem gestam noverunt apponi precepi que subscripta sunt. Ego Symon de Osgi et filius meus Egidius qui elemosinam fecimus, Bernardus de Hamblan, Richerus de Roelvilla, Hugo Fercons, Hugo de Lambres, Galterus Brisgepot frater ejus, Johannes Papetlars, Landricus de Guetletsin, Alardus de Paluel, Hugo de Salci, Johannes Bocars, Paganus de Albetni, Herbertus de Sains, Galterus capellanus, Alardus filius Hugonis Bordel, Eustachius de Hamecurt, Hugo clericus, Guillelmus major de Salli, Guillelmus major de Ascon, Hubertus de Goi, Galterus miles, Willelmus dormitor de Ascon qui ligii homines sunt ęcclesię. Facta autem est hec elemosina a me et a filio meo Egidio in monte de Alloes, presentibus istis quos supra diximus et apud Marcenas recognita et confirmata ab eis, qui feodum reddiderant, tam mea quam eorum petitione anathematizatis omnibus qui de eadem re aliquam deinceps ęcclesię molestiam inferre presumerent et conscripta et consignata. Anno Domini MoCo sexagesimo.

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69 1160 Godescalc, évêque d’Arras, notifie la donation faite à l’abbaye de Marchiennes par Simon d’Oisy et son fils Gilles, consistant en une terre sise à Sailly-en-Ostrevent, jadis tenue en fief par Robert Fercon. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus episcopus Attrebatensis de terra Fercon in territorio de Sailli. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXII [p. 54-55], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 130vo-131ro. – D. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 142vo 143ro. E. Copie du 28 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 70, fol. 82vo-83ro, d’après B. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 69-70, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 145-146, no 127, d’après B. Base de données : Chartae Galliae, charte 200746 ; ThDipl W 9763 ; Diplomata Belgica 9763.

Ego Godescalcus, miseratione divina Atrebatensis episcopus, tam futuris quam presentibus fidelibus Christi in perpetuum. Notum sit discretioni vestrę, quod Symon de Oysy quandam terram in territorio Saliacensi, quę de feodo ipsius descenderat, quam Robertus Fercons et post eum Hugo filius ejus cognomento Fercons de Richero de Roelvilla et Richerus de Bernardo de Hamblan, Bernardus vero de Symone in feodum tenuerat, facta alterutrum redditione, cum scilicet Hugo Fercons Richero, Richerus Bernardo, Bernardus autem Symoni reddidisset, de quo in feodum tenebat, notum sit, inquam, ipsum Symonem et filium ejus Egidium dedisse in elemosinam ęcclesię Marcianensi, emancipatam et liberam ab omni consuetudine et seculari justicia jure et usu allodii possessione ęcclesiastica possidendam ab ęcclesia in perpetuum. Volens itaque Symon paci et quieti ęcclesię providere et elemosinam suam ratam permanere, facto prius judicio ab hominibus suis ipsum et illos nichil in terra illa posse ulterius reclamare, convocavit et suos et ęcclesię homines in monte de Allues et coram ipsis testamentum fecit et Egidius filius ejus confirmavit et scripto commendari et sigilli sui impressione corroborari et nomina hominum ipsius et ęcclesię, qui presentes erant, precepit apponi, quę subscripta sunt : ipse Symon et filius ejus qui elemosinam dederunt, Bernardus de Hamblan, Richerus de Roelvilla, Hugo Fercons, Hugo de Lambres, Walterus Brisgepot frater ejus, Johannes Papelars, Landricus de Golesin, Alardus de Paluel, Hugo de Salci, Johannes Bocars, Paganus de Albeni, Herbertus de Sans, Walterus capellanus, Alardus filius Hugonis Bordel, Eustachius de Hamelencurt, Hugo clericus, Willemus major de Sali, Willelmus major de Ascon, Hubertus de Goi, Walterus miles, Willelmus dormitor de Ascon. Facta est hęc elemosina in monte de Allues, presentibus supradictis et apud Marcianas recognita et confirmata ab eis qui feodum reddiderant, et scripta et consignata tam Symonis et filii ejus quam aliorum, qui feodum reddiderant, petitione, excommunicatis omnibus qui de eadem re aliquam

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deinceps ęcclesię molestiam inferre presumerent. Actum anno Domini MoCoLXo. Nos autem a Deo nobis concessa episcopali auctoritate hanc elemosinam ęcclesię Marcianensi confirmamus et presenti scripto commendatam sigilli nostri impressione corroboramus. Et ne quis temerario ausu pro hac elemosina tam sollemniter ęcclesię collata ipsam ęcclesiam inquietare presumat, sub anathemate interdicimus. 70 [1160, 25 décembre – 1161, avant le 28 mars]. – Arras Thierry d’Alsace, comte de Flandre, ouvre aux colons le bois de Reninge presque totalement défriché et donne à l’abbaye de Marchiennes, détentrice de la dîme de Reninge, la dîme sur l’essart et un manse pour y bâtir une église et des cellules monacales. A. Original sur parchemin, hauteur 390 mm (dont repli 65 mm), largeur 430 mm ; à gauche, sceau rond de cire rouge (diamètre 80 mm) sur lacs de soie rouge ; légende : + THEODERIC[VS DEI GRAT]IA FLANDRENSIVM COMES ; contre-sceau ovale (27 mm × 30 mm), légende : + THEODERIC DEI GR[ATI]A FLA[N]DRE[N]SIVM COMES (Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 155, nos 14-15) ; à droite, sceau perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Theoderici de decima saltus de Rinengis (xiie s.) – Theoderici comitis de saltu de Rinengis (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/696. B. Copie du xiie siècle ; titre : Theodericus comes Flandriae de saltu de Renenges. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXVIIvo-XXXVIIIIro [p. 115-116], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 155ro-vo, d’après B. D. Copie authentique sur papier de 1754 par C. L. Duché, notaire royal à Marchiennes. Lille, ADN, 10 H 43/696a. – E. Copie du 29 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 56-57, d’après B. – F. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, nouv. acq. fr. 7385, fol. 287vo, d’après B (fragment). a. Verhulst et De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 300-301, no 193, d’après A. Indiqué : Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 279, no 146 ; Verhulst, « Les franchises rurales », p. 424-425 ; Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 155, nos 14-15. Base de données : ThDipl W 5259 ; Diplomata Belgica 5259. La datation se déduit de l’acte archiépiscopal de confirmation (no 71) qui repend la teneur de l’acte comtal et qui cite comme témoin l’évêque de Châlons Boson mort le 28 mars 1161. Le projet de création de prieuré mentionné dans cet acte ne fut jamais réalisé.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Quoniam decorem domus Dei diligere1) et servorum Dei in ea Deo deservientium utilitati ac paci in futurum pro potestate a Deo nobis concessa providere debemus, ego Theodericus, Dei gratia comes Flandrię, notum volo fieri tam presentibus quam futuris fidelibus quod saltum de Rinengiis qui erat meus dominicatus, penitus extirpatum ad habitandum ibidem manere volentibus concessi. Et quoniam Marcianensis ęcclesia decimam

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de Rinengiis ab antiquo tenere dinoscitur, utilitati prefatę ecclesię consulens, communicato fidelium meorum consilio, pro salute animę meę et antecessorum meorum seu posterum, decimam ejusdem terrę sicut saltus ipse continebat predictę Marcianensi ęcclesię et fratribus in ea Deo et beatę Rictrudi devote deservientibus ab omni exactione liberam prona animi devotione concessi et contradidi. Mansionem etiam sufficientem ubi ęcclesia construatur et ubi fratrum habitacula ędificentur liberam ab omni exactione seculari concessi. Ut autem hujus nostrę liberalitatis devota concessio firma et inconvulsa perpetuo maneat neque ab aliquo successorum meorum vel ministrorum infringatur, sigilli mei impressione et filii mei Philippi eam roboravi, testium etiam qui huic concessioni interfuerunt nomina subter annotari feci. S. Martini abbatis Sancti Vedastia). S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Godescalci abbatis de Ham. S. Rogeri dapiferi. S. Hellini filii ejus. S. Roberti advocati. S. Eustachii camerarii. S. Gusfridi de Amelaincurt. S. Balduini castellani Attrebatensis. S. Gualteri filii Guerenfridi. Actum Atrebati, anno Domini MoCoLXoIo. a) La qualité de tous les témoins est indiquée en interligne. 1) réminiscence de Ps 25, 8 : Domine, dilexi decorem domus tuae.

71 [1160, 25 décembre – 1161, 28 mars au plus tard]. – Reims Samson, archevêque de Reims, confirme l’acte de Thierry d’Alsace, comte de Flandre, qui permet l’installation de colons dans le bois de Reninge presque totalement défriché et qui donne à l’abbaye de Marchiennes, détentrice de la dîme de Reninge, la dîme sur l’essart et un manse pour y bâtir une église et des cellules monacales. A. Original sur parchemin, hauteur 400 mm (dont repli 50 mm), largeur 280 mm ; sceau en navette (90 × 70 mm) pendant sur lacs de soie jaune, représentant un évêque, vu de face, mitré, tenant crosse et bénissant ; légende SIGILLVM SANSONIS D[E]I GR[ATI]A REMORVM ARCHIEPISCOPI. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Sansonis archiepiscopi de saltu de Rinengis (xiie s.) – Sansonis archiepiscopi de saltu de Rinengis (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 231/3679. B. Copie du xiie siècle ; titre : Item ejusdem de saltu de Rinenga. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XVvo-XVIro [p. 40-41], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Sansonis archiepiscopus Remensis de decima saltus de Renenges. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXIXro-vo [p. 178-179]. D. Copie authentique de 1754. Lille, ADN, 10 H 231/3679a, d’après A. – E. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 70, fol. 55-56, d’après B. a. Wauters, « Analectes de diplomatique », t. 7, p. 349-350, no 17, d’après D. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 276. Base de données : ThDipl W 4020/D 4331 ; Diplomata Belgica 4020.

Éd i t i o ns d e s chart e s La teneur de cet acte le place après le no 69, donc après le 25 décembre 1160, ce qui correspond bien à la 24e année du règne de Louis VII (1er août 1160-31 juillet 1161), à la 21e année de l’archiépiscopat de Samson (1160-1161) et à l’indiction 9. La datation est fixée au plus tard par le jour de décès de Boson, évêque de Châlons.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Ego Sanson, divina miseratione Remorum archiepiscopus, universis sanctę matris Ęcclesię filiis tam presentibus quam futuris in perpetuum. Cum ceterorum fidelium utilitati, tum maxime monasteriorum quieti, studere nos oportet ut tranquillam vitam agere valeant in omni castitatę, propterea decimam totam saltus de Renengies, quem extirpatum venerabilis filius noster Theodericus comes Flendrensis hominibus ad habitandum concessit fratribus Marcianensibus, quorum villę predictę decima fuerat, in possessionem perpetuam confirmamus, utpote jure canonico per manum nostram assensu et petitione comitis ab eisdem fratribus receptam, locum ętiam sufficientem ubi capella construatur et ubi fratrum habitacula edificentur ab omni exactione seculari liberum ejusdem comitis benignitate fratribus eisdem indultum approbamus, et ne qua persona super decima totius saltus et loco habitationis molestus esse presumat, auctoritate metropolitana prohibemus presentemque paginam sigilli nostri impressione testiumque idoneorum subnotatione communiri ac roborari fecimus. Signum Bosonis Cathalaunensis episcopi. Signum Balduini Noviomensis episcopi. Signum Bartholomei, Signum Bosonis archidiaconorum. Signum Drogonis prepositi. Signum Leonis decani. Signum Henrici. Signum Gregorii cantoris. Signum Petri, Signum Thomę presbiterorum. Signum Herluini, Signum Mathei, Signum Letoldi diaconorum. Signum Segardi, Signum Herlondi, Signum Stephani subdiaconorum. Actum Remis anno incarnati Verbi millesimo CoLXoa), indictione VIIIIa, regnante Ludovico nobilissimo Francorum rege anno XXoIIIIo, archiepiscopatus autem nostri anno XXoIo. Robertus cancellarius recognovit, scripsit et subscripsit. a) suit un espace blanc de 65 mm destiné à porter le jour et le mois manquant.

72 1161, 28 avril Godescalc, évêque d’Arras, confirme que Liétard d’Annequin a restitué à l’abbaye de Marchiennes une dîme à Méricourt. A. Original sur parchemin, hauteur 210 mm (dont repli 10 mm), largeur 145 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Godescalci episcopi de decima de Menricurt (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 180/2872. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus episcopus Atrebatensis de gaulo de Sailli. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. 23ro [p. 55], d’après A. C. Copie du 9 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 71, fol. 3-4, d’après B. – D. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 70, d’après B.

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D e u xi è m e pa rt i e a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 147-148, no 129, d’après A. Base de données : Chartae Galliae, charte 200748 ; ThDipl W 9764 ; Diplomata Belgica 9764.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis, Amen. Ego Godescalcus, divina miseratione Atrebatensium minister humilis, omnibus Christi fidelibus quibus hec audire, videre vel legere contigerit, salutem et benedictionem a Domino. Notum sit tam posteris quam modernis quod Letardus de Anekin quandam decimam apud Menricurt sibi injuste usurpaverat, quę ad jus sanctę Rictrudis et ęcclesię de Marcenis justius pertinebat. Cum ergo predictus Letardus ab abbate et monachis Marcianensis ęcclesię sepius conveniretur et, ut ęcclesię jus suum recognosceret diligentius ammoneretur, tandem penitens injurię et saluti suę cupiens providere, venit ad nos extra villam de Harnes in viam quę ducit ad Lens, et ibi manu ad manum nobis dictam decimam reddidit et nos eandem per manum Johannis monachis sanctę Rictrudis et ęcclesię Marcianensi resignavimus. Et ne quis deinceps ęcclesię injuriaretur, sub anathemate interdiximus ; et ut posteris in noticiam veniret, scripto commendari et sigilli nostri impressione confirmari eorumque, qui aderant, nominibus in parte subscriptis precepimus : Petrus de Betunia, Atrebatensis canonicus et presbiter, Gillenus magister, Franco capellanus, Johannes presbiter de Harnes, Tizelinus de Anekin, Ingelrannus patruus Letardi. Actum anno Domini MoCoLXoIo, IIIIo kalendas maii mensis. 73 [1161, 25 décembre – 1162, 24 décembre]. – Douai, Saint-Amé Thierry d’Alsace, comte de Flandre, confirme à l’abbaye de Marchiennes la donation de la gavène de Sailly après abandon fait entre ses mains par Hugues de Saint-Aubin et Gautier d’Auby qui le tenaient de lui-même en fief. A. Original sur parchemin, hauteur 490 mm (dont repli 45 mm), largeur 310 mm) ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Theoderici et Philippi de gawlo de Salli (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge, xiiie s.) – cotté a 10 (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 43/697. B. Copie du xiie siècle ; titre : Theodericus comes Flandrensium de gaulo de Sailli. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXVIIIro [p. 116], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 92vo-93ro, d’après A. – D. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 85vo-86ro, d’après B. E. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Duchesne, t. 22, fol. 363ro, d’après B (fragment). – F. Copie du 5 décembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 71, fol. 187ro-vo, d’après B. – G. Copie du xviiie siècle. Paris, BnF, nouv. acq. fr. 7385, fol. 287vo, d’après B (fragment). a. Brassart, Histoire du château et de la châtellenie de Douai, t. 3, p. 48, no 34, d’après A (fragment). – b. Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 302-303, no 152, d’après A. – c. Verhulst et de Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 317-318, no 205, d’après A.

Éd i t i o ns d e s chart e s Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 211 ; Vanderkindere, La formation des principautés, p. 138, note 5 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 282, no 152 ; Feuchère, « Une châtellenie comtale inconnue », p. 14, no 6. Base de données : ThDipl W 5268/D 5109 ; Diplomata Belgica 5238.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Ego Theodericus, Dei gratia comes Flandrensium, notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod Hugo de Sancto Albino gaulum de Sali villa sanctę Rictrudis quod tenebat in feodo de Waltero de Albi et Walterus de me jure hereditario, in presentia mea et filiorum meorum Philippi et Mathei et procerum meorum ipse Hugo de Sancto Albino reddidit Waltero de Albi et Walterus michi. Cumque feodum de manu Walteri recepissem et inquisissem utrum ipsi vel heredes eorum post mortem ipsorum inde aliquid reclamare possent, judicio hominum meorum definitum est quod nec ipsi nec heredes eorum in feodo qui michi erat redditus ullum jus ostendere possent. Et cum res ita definita fuisset, gaulum quem illi in feodo de me tenuerant, assensu filii mei Philippi ęcclesię Sancte Rictrudis Marcianensis, pro anima mea et pro animabus predecessorum meorum et filiorum meorum in perpetuum tradidi possidendum. Et ne quisquam ulterius de hac elemosina quam supradictę ecclesię contuli ullam illi molestiam inferat vel pacem ejus inquietare presumat, hoc privilegium sigilli mei et filii mei Philippi impressione et testium qui huic rei interfuerunt annotatione corroboravi. Signum Mathei comitis Bolonięa). Signum Symonis de Oisi. Signum Bernardi de Sancto Walerico. Signum Eustachii camerarii. Signum Hugonis de Ulmo. Signum Rogeri castellani Curtriacensis. Signum Rogeri dapiferi. Signum Rogeri de Cison. Signum Gerardi prepositi Duacensis. Signum Hugonis fratris Walteri de Albib). Signum Michahelis castellani Duacensis. Signum Walteri de Rasciac). Actum Duaci in claustro Sancti Amati, anno Domini MoCoLoIIo. a) Les témoins sont repartis en deux colonnes. – b) Fin de la première colonne. – c) Fin de la seconde colonne.

74 1163, 11 novembre. – Anchin Godescalc, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Marchiennes la donation d’un cens à Sailly faite par Hugues de Saint-Aubin. A. Original sur parchemin, hauteur 340 mm (dont repli 35 mm), largeur 260 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie jaune et blanche. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Godescalci episcopi de gaulo de Sali (xiie s.) – Godescalci episcopi Attrebatensis de gaulo de Salli (xiiie s.). Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/698. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus episcopus Atrebatensis de gaulo de Sailli. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIII [p. 56-57], d’après A. C. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 62vo-63vo. – D. Copie du 1er novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll.

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D e u xi è m e pa rt i e Moreau, t. 72, fol. 34-35, d’après B. – E. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 72, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 156-157, no 137, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 213 ; Tock, Chancellerie, p. 45. Base de données : Chartae Galliae, charte 200753 ; ThDipl W 8689 ; Diplomata Belgica 8689. Cette charte paraît être la dernière connue de l’évêque Godescalc avant sa démission (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166). La copie du cartulaire (B) ajoute comme témoin, après la souscription de l’évêque, l’abbé d’Anchin Gossuin.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Ego Godescalcus, Dei gratia Attrebatensium episcopus, universis fidelibus tam futuris quam presentibus notum fieri volumus, quod Hugo de Sancto Albino feodum suum, quod vulgo dicitur gaulum de Sali, villa sanctę Rictrudis volens dare in elemosinam ęcclesię Marcianensi in manum Walteri de Albi, de quo illud tenebat, et Walterus in manum Theoderici comitis Flandrensium reddidit et per eum, de quo feodum venit, ęcclesię supradictę contulit, annuente filio ejusdem comitis Philippo, presentibus principibus Matheo comite Bolonię, Symone de Oysi, Bernardo de Sancto Walerico, Rogero castellano Curtriacensi, Rogero dapifero, Rogero de Landast, Gerardo preposito Duacensi, Waltero castellano de Rascia, Michahele castellano Duacensi, Hugone de Albi, Hugone de Ulmo et suprascriptum comitem et filium ejus et principes superius nominatos testes inde et fidejussores fecit. Simili quoque modo me, cujus parrochianus erat, ut testis et fidejussor inde essem et privilegio nostro confirmarem, expostulavit, quod et impetravit. Ut igitur hoc ratum et inconvulsum permaneat, sigilli nostri auctoritate et testium subscriptorum annotatione roboramus et, ne quisquam amplius ęcclesię Marcianensi injuriam sive molestiam faciat secundum petitionem ejusdem Hugonis, sub anathemate prohibemus. Ego Godescalcus episcopus subscripsia). Signum Frumoldi archidiaconi. S. Gisleni magistri. S. Henrici canonicib). S. Franconis cappellani. S. Wiberti decani. S. Petri prioris de Casa Deic). Actum Aquicincti, anno Domini MoCoLXoIIIo, die festivitatis sancti Martini, o III idus novembris. a) Dans le cartulaire (B), le premier témoin après l’évêque est S. Gozuini abbatis Aquicinensis, puis les listes de A et de B sont identiques. – b) La liste des témoins est divisée en colonnes. Ici s’arrête la première colonne en A. – c) Ici se termine la deuxième colonne de la liste des témoins en A.

75 [1163, 2 mars – 1163, nov/déc] Godescalc, évêque d’Arras, notifie que Ghislain, écolâtre d’Arras, a restitué à l’abbaye de Marchiennes l’autel de Mazingarbe.

Éd i t i o ns d e s chart e s A. Original sur parchemin, hauteur 290 mm (dont repli 20 mm), largeur 260 mm ; sceau en navette de cire brune (hauteur 70 mm, largeur 50 mm) pendant sur lacs de soie brune, représentant un évêque debout, mitré, tenant crosse et bénissant ; légende détruite. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Godescalci episcopi Atrebatensis de altari de Masengarbe (en rouge, xiie s.) – Godescalci episcopi Atrebatensis de altari de Masengarba (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge). Lille, ADN, 10 H 223/3608. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus Attrebatensis episcopus de altari de Masengarba. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXII-XXIII [p. 55-56], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 48vo-49vo. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 50vo-52ro. – E. Copie du 2 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 71, fol. 202-203, d’après B. F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 71, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 160, no 139, d’après A. Indiqué : Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 46 ; Tock, Chancellerie, p. 45 ; Vanderputten, « Monastic Literate Practices », p. 101-102. Base de données : Chartae Galliae, charte 200755 ; ThDipl W 9770 ; Diplomata Belgica 9770. Cet acte rapporte la restitution opérée le 2 mars 1162 ; la confirmation épiscopale est antérieure à la démission de l’évêque, survenue en novembre-décembre 1163 (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166).

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Ego Godescalcus, Dei gratia sanctę Atrebatensis ęcclesię humilis episcopus, universis catholicę ecclesię filiis, in pręsenti vita bonis operibus abundare et in futura fructum justitię a Domino percipere. Quoniam ęcclesiarum, quibus Deo auctore pręsidemus, astringimur sollicitudine, nostra potissimum circa earum utilitatem desudare debet intentio pervigilique cura nobis laborandum est ne per incuriam nostram rerum suarum aliquam sustinere videantur jacturam. Unde quia abundante iniquitate multorum refrigescit caritas1) et malorum de die in diem crescit perversitas, sollicite providere curamus ut res, quas ęcclesię Dei devotio contulit fidelium, vendicare sibi non prævaleat improbitas pravorum. Notum sit itaque omnibus fidelibus tam futuris quam pręsentibus quod ęcclesia Marceniensis, quę in diocesi nostra esse dinoscitur, dudum prevalente tam pręlatorum ejusdem ęcclesię quam subditorum incuria, tantam rerum suarum jacturam sustinuit, ut pene ad nichilum redacta sit. Inter cętera igitur, quę tunc temporis amisit, etiam altare de Masengarba, quod diu legitime possederat, negligentia possidentium in manus laicas devenit et sic pręfata ęcclesia possessione ejusdem altaris diu caruit. Quia igitur Deo donante vigor monastici ordinis in eadem ęcclesia honeste pręfulget, veritatem rei gestę non ignorantes et ne aliquod inde peccatum contraheremus, si ecclesiam illam a possessione quondam habita exheredari sineremus, metuentes, prefatum altare tam nostra benivola voluntate quam domni Henrici venerabilis archiepiscopi Remensis petitione eidem ęcclesię sollemni donatione restituimus. Itaque a persona ejusdem altaris, scilicet magistro Gisleno, qui illud tenebat,

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D e u xi è m e pa rt i e

hoc idem altare recępimus et tam ipso quam aliis Atrebatensis ęcclesię personis assentientibus illud pręfatę ęcclesię Marceniensi perpetuo jure possidendum anno incarnationis dominice millesimo centesimo sexagesimo secundo, VI nonas martii tradidimus, et pręsentis scripti tenore ac sigilli nostri impressione confirmavimus et omnes, qui deinceps idem altare ab eadem ęcclesia vel vi vel subreptione aliqua alienare temptaverint, anathematis vinculo innodavimus. Signum Geraldi abbatis Viconiensis. S. Clarebaldi archidiaconi. S. magistri Gisleni. S. Franconis capellani episcopi. S. Theoderici canonici Sancti Vindiciani. 1) Matthieu, 24, 12.

76 [1163, 2 mars – 1163, nov/déc] Godescalc, évêque d’Arras, notifie que Ghislain, écolâtre d’Arras, a restitué à l’abbaye de Marchiennes l’autel de Mazingarbe. A. Original sur parchemin, hauteur 235 mm (dont repli 15 mm), largeur 255 mm ; sceau en navette de cire brune pendant sur lacs de soie jaune, représentant un évêque debout, mitré, tenant crosse et bénissant ; légende : SIGILLVM . GODESCALCI . ATREBATENSIS . EPISCOPI. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Godescalci Attrebatensis de altari de Masengarbe (en rouge, xiie s.) – S. Godescalci Attrebatensis de altari de Masengarbe (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge). Lille, ADN, 10 H 223/3609. B. Copie du 7 septembre 1775 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 72 fol. 149-150, d’après A. – C. Copie xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 223/3609a, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 161, no 140, d’après A. Indiqué : Tock, Chancellerie, p. 45-46. Base de données : cette charte ne figure pas dans la base de données Chartae Galliae ; ThDipl W 9770 et Diplomata Belgica 9770 donnent les mêmes références d’archives que pour la charte précédente. Les nos 75 et 76, conservés en originaux et rédigés par deux scribes différents, concernent la même affaire : la restitution d’autel de Mazengarbe. Ils énoncent une datation de cette restitution (jour, mois, millésime) sans ambigüité dans la formulation mais qui toutefois intrigue : le premier donne le 2 mars 1162, le second le 2 mars 1163 soit le même jour mais deux années différentes pour deux chartes relatives à la même affaire dans un texte identique aux variantes mineures avec une même liste de témoins où seul leur ordre diffère. Comme l’a envisagé B.-M. Tock, la date de la restitution et celle de l’établissement de l’acte ne sont pas nécessairement les mêmes, même si on aurait spontanément tendance à les confondre. Pourquoi une année sépare-t-elle les deux actes ? Une erreur de millésime est peu probable. Y-a-t-il eu contamination du jour du no 75 sur celui de la date de la seconde charte ? Par prudence, le terme de datation est placé à la démission de l’évêque Godescalc survenue en novembre-décembre 1163 (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166).

Éd i t i o ns d e s chart e s

In nomine sanctę et individue Trinitatis. Ego Godescalcus, Dei gratia sancte Atrebatensis ęcclesię humilis episcopus, universis catholicę ecclesię filiis, in presenti vita bonis operibus habundare et in futura fructum justicię a Domino percipere. Quoniam ęcclesiarum, quibus Deo auctore presidemus, sollicitudine nostra potissimum circa earum utilitatem desudare debet intentio, pervigilique cura nobis laborandum est ne per incuriam nostram rerum suarum aliquam sustinere videantur jacturam. Unde quia habundante iniquitate multorum refrigescit karitas1) et malorum de die in diem crescit perversitas, sollicite providere curamus ut res, quas ęcclesie Dei devotio contulit fidelium, vendicare sibi non prevaleat improbitas pravorum. Notum sit itaque omnibus fidelibus tam futuris quam presentibus quod ecclesia Marceniensis, quę in diocesi nostra esse dinoscitur, dudum prevalente tam prelatorum ejusdem ęcclesię quam subditorum incuria, tantam rerum suarum jacturam sustinuit, ut pene ad nichilum redacta sit. Inter cetera igitur, quę tunc temporis amisit, etiam altare de Masengarba, quod diu legittimea) possederat, negligentia possidentium in manus laicas devenit et sic prefata ęcclesia possessione ejusdem altaris diu caruit. Quia igitur Deo donante vigor monastici ordinis in eadem ęcclesia honeste pręfulget, veritatem rei gestę non ignorantes et ne aliquod inde peccatum contraheremus si ęcclesiam illam a possessione quondam habita exheredari sineremus metuentes, prefatum altare tam nostra benivola voluntate quam domni Henrici venerabilis archiepiscopi Remensis petitione ejusdem ęcclesię sollemni donatione restituimus. Itaque a persona ejusdem altaris, scilicet magistro Gilleno, qui illud tenebat, hoc idem altare recepimus et tam ipso quam aliis Atrebatensis ęcclesię personis assentientibus illud pręfatę ęcclesię Marceniensi perpetuo jure possidendum anno incarnationis dominicę millesimo centesimo sexagesimo tercio, VI nonas martii tradidimus, et presentis scripti tenore ac sigilli nostri impressione confirmavimus et omnes, qui deinceps idem altare ab eadem ęcclesia vel vi vel subreptione aliqua alienare temptaverint, anathematis vinculo innodavimus, subscriptis signis et nominibus illorum qui tunc presentes erant. Signum Clarenbaldi Atrebatensis S. magistri Gilleni canonici. S. Geraldi abbatis de Viconia. S. Theodrici fratris episcopi. S. Franconis capellani. a) sic A. 1) Matthieu, 24, 12.

77 [1160-1163, novembre/décembre] Godescalc, évêque d’Arras, notifie la restitution à Marchiennes de la dîme de Neuvireuil par Hugues de Roclincourt et rappelle les possessions de l’abbaye. A. Original sur parchemin, hauteur 360 mm (dont repli 60 mm), largeur 260 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Godescalci episcopi Atrebatensis de decima Hugonis de Roclancurt (en rouge, xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 180/2870. B. Copie du xiie siècle ; titre : Godescalcus Attrebatensis de decima Hugonis de Rocelaincourt. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXI [p. 52], d’après A.

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D e u xi è m e pa rt i e C. Copie du 27 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 68, fol. 67-68, d’après B. – D. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 66-67, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 163-164, no 143, d’après A. Base de données : Chartae Galliae, charte 200758 ; ThDipl W 9772 ; Diplomata Belgica 9772. Pour la date de cette charte, qui mentionne un acte de 1156 perdu, on notera parmi les témoins l’archidiacre Clarembaud et le prévôt Robert, qui n’apparaissent qu’en 1160. L’évêque Godescalc démissionne en novembre/décembre 1163 (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166). L’identification de Nova Villula par Neuvireuil (et non Neuville ou Neuvillette) résulte de la mention d’autres localités voisines (Fresnes, Oppy, Izel[-lès-Esquerchin], Gavrelle, Méricourt). Neuvireuil est cité sans ambigüité dans les chartes nos 22, 91, 97, 111, 120.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Godescalcus, Dei miseratione Attrebatensium episcopus, notum fieri volumus tam futuris quam presentibus quod in potestate Novę Villulę Hugo de Rochelencurt olim sibi injuste usurpaverat decimam quandam Sanctę Rictrudis de Marcenis, La XIIIcim raseras terrę parum plus minusve. Hanc reddidit ęcclesię Marceniensi nostra humili justicia. Unde nunc ęcclesia habet gelunas duas et terciam. In potestate de Frasne, similiter tantum habet et Ve hortos. In potestate de Ulpi ad XXX raseras. In potestate de Hyser ad XII modios Duacenses. In potestate de Gaverella ad LXIII raseras Duacenses parum plus minusve. In potestate de Menricurt ad XVI raseras, unde Robertus de Fuschiris terram tenebat. Ad decimam omnium istarum potestatum rediit Marceniensis ęcclesia anno Verbi incarnati MoCoLoVIo, precepto Sansonis venerabilis Remorum archiepiscopi et nostro episcopali judicio et canonicorum et omnium personarum quę tunc temporis synodo interfuerunt et quarum nomina ex parte subscripta sunt. Ego Godescalcus episcopus subscripsi. Signum Clarenbaldi archidiaconi. S. Frumaldi archidiaconi. S. Rogeri prepositi. S. Balduini abbatis de Marola). S. Martini abbatis Sancti Vedasti. S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Gozuini abbatis Aquicinensis. S. Fulchonis abbatis Hasnonieb). Et quoniam nostra interest, in quantum possumus, paci ęcclesię in posterum providere, Marceniensium fratrumc) precibus libentissime annuentes quidquid supradictum est idoneis testibus annotatis sigilli nostri impressione signavimus. Quod ne quis deinceps in irritum deducere presumat, sub anathemate interdicimus. a) Fin de la première colonne de témoins en A. – b) Fin de la deuxième colonne de témoins en A. – c) fratrum répété en A.

78 1163, 1er décembre. – Lille Thierry d’Alsace, comte de Flandre, confirme à l’abbaye de Marchiennes que Gérard de Reninge renonce à ses prétentions sur les deux tiers de la dîme de Reninge qu’il avait tenus de Daniel de Termonde.

Éd i t i o ns d e s chart e s A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Theodericus comes Flandrensium de decima integra. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXVIIIro-XXXIXro [p. 116-118], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 155vo-156ro, d’après B. D. Copie authentique du 16 septembre 1608. Paris, AN, K 1160, no 21, d’après B (fragment). – E. Copie du 1er décembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 72, fol. 36ro-37ro, d’après B. a. Duchesne, Histoire de la maison de Guînes, preuve, p. 106, d’après B (fragment). – b. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuve, p. 39, d’après B (fragment). – c. De Vlaminck, Cartulaire de Termonde, p. 44, d’après a (fragment). – d. Verhulst et de Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 330-331, no 212, d’après B. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 446 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 282-283, no 154 ; Verhulst, « Les franchises rurales », p. 424-425. Base de données : ThDipl W 5272/D 5113 ; Diplomata Belgica 5272.

Theodericus, Dei miseratione comes Flandrensium, tam futuris quam presentibus. Quoniam ęcclesiarum quę in nostro comitatu Deo auctore sitę sunt astringimur sollicitudine nostra, potissimum circa earum utilitatem desudare debet intentio, pervigilique cura nobis laborandum est, ne per incuriam nostram rerum suarum aliquam sustinere videantur jacturama). Unde quia abundante iniquitate multorum refrigescit caritas1) et malorum de die in diem crescit perversitas, sollicite providere curamus, ut res quas ęcclesię Dei devotio contulitb) fidelium vendicare sibi non prevaleatc) iniquitas malorum. Notum itaque sitd) omnibus fidelibus quod ęcclesia Marcianensise) quę in nostro comitatu sita est, dudum prevalente tamf) prelatorum ejusdem ęcclesię quam subditorum incuria, tantam rerum suarum jacturamg) sustinuit ut pene ad nichilum redacta sit. Inter cętera igitur que tunc temporis amisit etiam decimam de Rinenga, duas scilicet partes tocius decimę supradictę ville, tam in segetibus et animalibus quam et in aliis rebus de quibus ibi decima datur, quam diu legitime possederat et per privilegium domni Karoli gloriosi regis Francorum et imperatoris Romanorum2) confirmatam tenuerat perdidit, que negligentia possidentium in manus laicas devenit et sic prefata ęcclesia possessione ejusdem decimę diu caruit. Unde tandem Danihel de Tenremunda qui supradictas duas partes tocius decimę in feodo a comite Flandrensium tenere se confirmabat, excommunicationi cedens, ab injusta possessione resipuit et in presentia nostra episcopique Atrebatensish) domni Alvisi, necnon abbatum et clericorum et baronum nostrorum, eam abjuravit et ab eisdem baronibus nostris ei abjudicata est. Postea vero nos et ipse Danihel et Walterus filius ejus in manum abbatis presentis et monachorum eam reddidimus et ad sustentandos fratres Deo servientes super altare cum ramo et cespite posuimus et ab excommunicatione nos et predecessores nostros absolvi impetravimus, et de eadem decima Marcianensemi) ęcclesiam amodo infestaturos excommunicari monuimus et sigillo nostro hoc decretum roboravimus. Ęcclesia vero Marcianensisj) post predictam confirmationem prefatam decimam longo tempore pacifice detinuit. Postea vero Gerardus de Rinenga nepos Theoderici qui eandem decimam de prefato

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Danihele injuste tenuerat, cepit multis modis supradictamk) infestare ęcclesiam, conquerens se ab ea exheredari possessione sibi relicta a progenitoribus suis. Ego autem, utpote advocatus ęcclesię, non sustinens eam injuste affligi, petitione fratrum supradictę ęcclesię conveniens Gerardum monui, ut ab infestatione monachorurn quiesceret tam ipse quam parentes sui. Tandem facti penitens in presentia mea et filii mei Philippi et comitissę et principum meorum, quicquid in predicta decima reclamabat abjuravit, tam ipse quam filii ejus et Johannes frater ejus. Uterque tamen filiorum ejus ut assensum preberet huic abjurationi duos solidos a monachis accepit. Gerardus quoque, fide interposital) sua, pollicitus est se ulterius supradictam ęcclesiam pro hac re nullomodo infestaturum, et me fidejussorem et filium meum Philippum inde ęcclesię dedit necnon et parentes suos et amicos, id est Desiderium prepositum Insulę, Rogerum castellanum Curtriacensem, Rogerum dapiferum, Rogerum de Cison, Walterum de Formesella, Willelmum et Balduinum de Comminis, Balduinum Canem, Willelmum Morant et Balduinum filium ejus. Ut autem hoc decretum ratum et inconvulsum permaneat, placuit mihi hanc subscriptionis cartam jubere componi et sigilli mei et filii mei Philippi impressione signari et testium subscriptorum annotatione roborari. S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Desiderii prepositi Sancti Petri Insulę. S. Walteri de Subrenghim monachi Tornacensis. S. Roberti advocati de Betuniam). S. Alardi prepositi Insulę. S. Anselmi de Lambrisn). S. Walteri et Rogeri filiorumo) castellani Curtriacensis. S. Rogeri de Ruma. Actum Insulę, anno Domini Mo CoLXo IIIop), kalendis decembris. a) jacturam videantur C. – b) contulit devotio C. – c) valeat C. – d) sit C ; om. B. – e) Marchianensis C. – f) prevalente tam prevalente C. – g) jacturam om. C. – h) Attrebatensis C. – i) Marchianensem C. – j) Marchianensis C. – k) suprascritam C. – l) interposita C ; om. B. – m) Bethunia C. – n) Lambres C. – o) filiorum om. C. – p) MoCoLXo tercio C. 1) Matthieu, 24, 12. – 2) Diplôme de Charles le Chauve (voir no 4).

79 1164, 10 juin André, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Marchiennes la possession de l’autel de Mazingarbe. A. Original sur parchemin, hauteur 340 mm (dont repli 30 mm), largeur 255 mm ; sceau en navette de cire rouge (hauteur 75 mm, largeur 55 mm) pendant sur lacs de soie brune, représentant un évêque debout, mitré, tenant crosse et bénissant ; légende : SIGILLVM . ANDREE . ATREBATENSIS EP[ISCOP]I (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 109, no 5793). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Andree Attrebatensis episcopi de altari Masengarba (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge) – 1164 (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 223/3610. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Andree episcopi Atrebatensis de altari de Masengarba. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIIII [p. 57-58], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 49vo, d’après B.

Éd i t i o ns d e s chart e s D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de l’abbaye (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 52ro-vo. – E. Copie du 8 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 73, fol. 9-10, d’après A. – F. Copie du 1er novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 73, fol. 7-8, d’après B. – G. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 223/3610a, d’après A. – H. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 73, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 166, no 147, d’après A. Indiqué : Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 109, no 5793 ; Tock, Chancellerie, p. 46. Base de données : Chartae Galliae, charte 200760 ; ThDipl W 9774 ; Diplomata Belgica 9774.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, amen. Ego Andreas, Dei gratia Attrebatensis ęcclesię episcopus, presentibus et futuris notum esse volumus quod altare de Masengarba tam prelatorum quam subditorum incuria ab ęcclesia Marcianensi dudum alienatum est. Dominus vero Godescalcus bonę memorię antecessor noster, attendens quod dicta ęcclesia altare illud libere et quiete antiquitus possederit, postulante domino Henrico venerabili Remensi archiepiscopo et religiosis personis nostre amministrationis, eidem ęcclesię altare restituit et impressione sigilli sui confirmavit. Nos igitur antecessoris nostri honeste confirmationi contraire nolentes, restitutioni quam fecit assentimus et eandem sigilli nostri auctoritate in perpetuum firmamus, anathematis vinculo eos innodantes, qui hujus nostrę confirmationis paginam infringere attemptaverint vel supradictam ęcclesiam super hoc infestare presumpserint. Actum Attrebati anno incarnati Domini MoCoLXoIIIIo, IIIIo idus junii, sub testimonio eorum quorum nomina subscripta sunt. S. Martini abbatis Sancti Vedasti. S. Clarenbaldi archidiaconi. S. Frumoldi archidiaconi. S. Nicholai decani. S. Rogeri prepositi. S. Hugonis presbiteri de Dicia). S. Johannis cantoris Duacensis. S. Adam de Corbeia. S. Roberti de Albeni. S. Gisleni magistri. S. Guidonis cancellarii. S. Guidonis de Sancto Martinob). a) La liste des témoins est divisée en deux colonnes. Ici se termine la première colonne en A. – b) Fin de la deuxième colonne de la liste des témoins en A.

80 [1164], 19 novembre. – Sens Le pape Alexandre III confirme à Jean Ier, abbé de Marchiennes, le patronage de l’autel de Mazingarbe injustement détenu par maître Gilbert, et que Henri, archevêque de Reims, et Godescalc, ancien évêque d’Arras, s’étaient employés à faire restituer. A. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Privilegium domni Alexandri pape de altari de Masengarba. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XIIIvo-XIVro [p. 36-37], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 24ro.

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D e u xi è m e pa rt i e D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 1ro-vo. – E. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 47, d’après B. a. von Pflugk-Harttung, Acta Pontificum, t. 1, p. 236, no 253, d’après B. Indiqué : JL, 2, p. 177, no 10980. Base de données : ThDipl 7769 ; Diplomata Belgica 7769. Le pape est à Sens en 1163 et 1164 ; Godescalc, mentionné comme ancien évêque d’Arras, a démissionné en novembre/décembre 1163 (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166). Le dernier acte connu de son épiscopat est du 11 novembre 1163 (cf. supra no 74). Le pape ne pouvait pas déjà connaître cette démission le 19 novembre 1163. Cette bulle se place donc en 1164.

Alexander, episcopus servus servorum Dei, dilectis filiis Johannia) abbati et fratribus Marcianensibusb), salutem et apostolicam benedictionemc). Justis postulantium desideriis dignum est facilem nosd) prebere consensum et vota quę a rationis tramite non discordant effectu sunt prosequente complenda. Eapropter, dilecti in Domino filiie), vestris justis postulationibus grato concurrentes assensu, altare de Masengarba quod negligentia predecessorum vestrorum quondam perditum fuerat et nunc studio et diligentia venerabilisf) fratris nostri Henrici Remensisg) archiepiscopi de manibus magistri Gislenih) rationabiliter ęcclesię vestrę favente Domino recuperatum, sicut in autentico scripto dilecti nostri Godescalci quondam Attrebatensis episcopi quii) ad hoc recuperandum etiam operam adhibuit efficacem, exinde facto continetur, vobis et per vos ęcclesię vestrę auctoritate apostolica confirmamus et presentis scripti patrocinio communimus, statuentes ut nulli omninoj) hominum liceat hanc paginam nostrę confirmationis infringere vel ei aliquatenus contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit, indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorumk) ejus se noverit incursurum. Dat’ l) Senonis XIII kalendas decembris. a) Joanni D. – b) Marchianensibus C. – c) et apotolicam benedictionem om. C, D qui indiquent etc. – d) nos facilem D. – e) dilecti filii in Domino D. – f) venerabilis om. D. – g) Remensis ecclesiae D. – h) Gilleni C, D. – i) qui om. D. – j) omnino om. D. – k) beatorum apostolorum D. – l) Dat’ etc C ; Datum etc D.

81 [1162-1166, 14 juillet] Gérald, évêque de Tournai, confirme à l’abbaye de Marchiennes la restitution de dîmes à Gavrelles et Oppy indûment détenues par Hugues d’Arbre et par d’autres qui le tenaient injustement de lui. Hugues et son frère Roger ont juré de ne plus spolier l’abbaye. A. Original sur parchemin, hauteur 210 mm (dont repli 30 mm), largeur 180/185 mm ; sceau en navette (55 mm × 45 mm) de cire brune pendant sur double queue de parchemin, représentant un évêque siégeant, mitré, tenant crosse et bénissant ; légende : SIGILLV[M] . GERALDI . D[E]I GR[ATI]

Éd i t i o ns d e s chart e s A . TORNACENSIS E[PISCOP]I (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 129, no 5947 ; Vleeschouwers et Van Melkebeek, « Le rôle de l’entourage des évêques de Tournai », p. 19). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. episcopi Tornacensis Geraudi de decimis de Gavrella et de Wulpi (xiie s.) – S. Geraudi Tornacensis episcopi de decimis de Gavrella et de Wulpi (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Sans datte 1149-1160. Lille, ADN, 10 H 180/2871. B. Copie du xiie siècle ; titre : Geraldus Tornacensis episcopus de decimis de Gaurele et Wlpi. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIX [p. 67-68], d’après A. C. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 72vo-73ro. a. Pycke et Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, II, p. 105-106, no 70, d’après A. Indiqué : Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 129, no 5947 ; Vleeschouwers, Chronologische problemen, p. 17, note 43 ; Vleeschouwers et Van Melkebeek, « Le rôle de l’entourage des évêques de Tournai », p. 19. Base de données : ThDipl W 10505 ; Diplomata Belgica 10505. La datation au plus tôt est donnée par le doyen Baudouin dont le prédécesseur Eustache est attesté jusqu’en 1162 (Hautcœur, Cartulaire de Saint-Pierre de Lille, 1, p. 36-37, no 27) ; la datation se détermine au plus tard par la mort de l’évêque Gérard.

Ego Geraldus, Dei gratia Tornacensis episcopus, universis fidelibus tam futuris quam presentibus in perpetuum. Notum fieri volumus omnibus quod quidam miles Hugo de Arbroia, peccatum suum recognoscens, reddidit ęcclesię Sanctę Rictrudis Marceniensi quasdam decimas quę sunt in territorio de Gaverella et de Wulpi quas ipsę et alii ab ipso aliquandiu injuste tenuerant et, ut hoc ratum esset in perpetuum, nos sigilli nostri auctoritate et testium subscriptorum attestatione confirmare rogavit. S. Balduini decani de Insula, Symonis capellani nostri, Ludovici canonici de Insula, Wiberti presbiteri de Sancto Stephano, Berengeri presbiteri de Sancto Mauricio, Walteri presbiteri de Canfin, Hugonis militis de Aqua, Anselmi de Lambris, Johannis de Fossa, Walcheri de Leschin, Nicholai de Bonancis, Rogeri fratris ejusdem Hugonis. Hic ambo fratres fide data se ulterius ęcclesię molestiam nullam sive damnum illaturos spoponderunt. Si quis autem hoc amplius temerare presumpserit sententię excommunicationis subjaceat. 82 1167 (n. st.), 16 février. – Lille Thierry d’Alsace, comte de Flandre, à la demande de Jean Ier, abbé de Marchiennes, renouvelle les dispositions relatives à l’avouerie arrêtées en 1038 par le comte Baudouin V et en 1125 par le comte Charles. Il enjoint à l’avoué Étienne et à son fils Rainier de les respecter. A. Original sur parchemin, hauteur 560 mm (dont repli 15 mm), largeur 380 mm ; sceau rond (75 mm) de cire rouge pendant sur lacs de soie jaune ; légende : + THEODERICVS D[E] I GRATIA FLANDRENSIVM COMES ; contre-sceau ovale (27 × 30 mm), légende :

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D e u xi è m e pa rt i e + THEODERIC[VS] DE[I] GRA[TIA FL]A[N]DRE[N]SIV[M] COMES (Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 154-155, nos 14-15). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Theoderici comitis de advocatione (xiie s.) – Thederici [sic] comitis de advocatione (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A I (en rouge) ; recto, en bas à droite sur le pli : Matheus (xiie s.). Lille, ADN, 10 H 56/964. B. Copie du xiie siècle ; titre : Theodericus comes Flandrensium de advocatione Marchianensi. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXXIXro-vo [p. 118-120], d’après A. – C. Copie du xive siècle ; titre : Privilegium Theoderici comitis Flandrensium de advocatione Marchianensi. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 162ro-163ro, d’après B (fragment). D. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Duchesne, no 22, fol. 363ro, d’après B (fragment). – E. Copie du 6 septembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 74, fol. 238ro-239ro, d’après A. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Lille, ADN, 10 H 325, fol. 7ro-8ro, d’après A. a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuve, p. 34, d’après D (fragment). – b. Carpentier, Histoire généalogique des Païs-Bas ou Histoire de Cambray, t. 2, preuve, p. 20, ex abbatia Marchianensi (fragment). – c. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 175-177, d’après A. – d. Verhulst et de Hemptinne, De oorkonden… Diederik, t. 1, p. 402-404, no 254, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 133-134 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 479, t. 7, p. 293 et t. 11, p. 226 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Thierry », p. 288, no 166 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 92 et 112. Base de données : ThDipl W 488/D 492 ; Diplomata Belgica 488. Cette charte fait référence aux actes nos 8 et 31. Voir aussi l’acte suivant.

(Crux). In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Prudenter satis antiquorum excogitavit sollertia ut litteris commendarent et confirmarent quę honeste ac recte a se facta posteros latere nolebant. Unde et ego Theodericus, Dei gratia Flandrensium comes, ad noticiam tam futurorum quam presentium hic annotari jussi qualiter comes Balduinus marchio, proavus meus, beatę Rictrudis Marcianensis abbatiam per CCCC vel eo amplius annos, hoc est a sui constitutione, ab omni redditu advocationis semper fuisse liberam coram baronibus suis Attrebati cognoverit et testatus sit, annuens humili petitioni Alberici abbatis et fratrum ipsius ęcclesię, suggerente etiam et concedente Adela comitissa conjuge sua, filia regis Roberti. Sed quoniam, prevalente secularium nequitia, ad sui defensionem advocato indigebat, supradictus abbas dedit ipsi comiti duos molendinos qui sunt in villa Berberia et duas carrucatas terrę in villa Nigella, ut esset ęcclesię fidelis advocatus et defensor, ipsa tamen ęcclesia in sua antiqua libertate semper manente. Comes autem molendinos illos cum terra supradicta dedit Hugoni Havet de Albiniaco, eo tenore ut in omnibus esset ęcclesię Marcianensi promptus adjutor. Quod si negligeret, coram comite et baronibus suis judicavit ut et ipse et successores ejus datum supradictum et advocationem quam de eo tenebant perderent. Et hęc sunt que ei in potestatibus ęcclesię concessa sunt. De omni forisfractura, ubi ęcclesia ope indigens eum in auxilium vocaverit, si per justiciam ejus aliquid adquisierit, ipse terciam habebit partem. Quod si non fuerit vocatus, nichil omnino debebit habere.

Éd i t i o ns d e s chart e s

Majores ęcclesię dabunt ei in nativitate Domini IIo sextarios vini et IIos cappones et ipse cibabit eos et famulos eorum pane, carne et vino. In Pascha dabunt ei IIo sextarios vini tantum. Adjutorium tempore obsidionis vel hostilitatis generalis IIIIor vel Ve ebdomadarum accipiet in potestatibus, de carruca scilicet IIos solidos, de dimidia unum, de operario divite vel paupere IIIes denarios. Coccus ęcclesię, magister pistorum, cambarius, magister pistoruma) et qui cum carro de nemore ligna adducit, nichil dabunt ei quia omnino ab omni redditu semper liberi erunt. In hoste quoque regali per manus ministrorum abbatię in potestatibus accipiet VIIIo palefridos ; et hoc semel in anno, si necessitas evenerit, sin in autem nichil omnino. Palefridos ferrare faciet ; hominibus qui eos ducent in victu et calciamentis providebit. Cum fuerit reversus statim omnes palefridos illos restituet dominis suis. Quod donec fecerit, nichil pro eo faciet ęcclesia nec homines ęcclesię. Preter hęc nichil debet habere advocatus in ęcclesia, nec ista accipere nisi per manus ministrorum abbatię. Pro supradictis enim molendinis et terra ut prediximus servire debet ęcclesię et semper promptus esse adjutor. Non bannum faciet, nec precarias, nec latronem accipiet, nec corevias, nec palefridos nec ministri ejus aliquid accipient. Sciendum quoque quod non interpellabit quemquam ad campum de hominibus ęcclesię, sed ille contra quem aget judicio scabinorum cum sacramento sola manu purgabit se. Nec licet ei nec alicui terrenę potestati in aliqua villa sancte Rictrudis contra voluntatem abbatis vel monachorum manere, nec convivia preparare, nec placita tenere, nec denariorum vel pecunię collectionem ab incolis exigere, nec ullam violentiam inferre. Equalem libertatem habebunt omnes hospites potestatum tam advena quam indigena. Iterum non licet ei terras ęcclesię emere aut in vadimonium accipere, nec servos, nec ancillas in feodo militibus dare, nec aliquid ab illis per violentiam exigere. In silvis quoque sancte Rictrudis vel in aquis ipsius nullam habet potestatem nec homines ęcclesię contra voluntatem abbatis manutenere potest. Hęc superius litteris comprehensa a Balduino comite, proavo meo, Attrebati confirmata et sigilli sui impressione et subscriptione testium corroborata sunt. Comes etiam Karolus, ejus successor, scripto suo auctoritate sui sigilli impresso et suorum testimonio baronum hęc eadem confirmavit. Ego etiam Theodericus, Dei gratia Flandr[ensium] comes, ad humilem Johannis abbatis et monachorum quę apud Insulam facta est petitionem, suggerente etiam filio meo comite Philippo, dictante etiam justicia et baronibus meis judicantibus quod antecessorum meorum privilegia per me tenenda et adimplenda essent, in hac pagina statuo et decerno, sub sigilli mei impressione et annotatione testium, ut libertas prefatę ęcclesię, sicut a supradictis predecessoribus meis constituta inventa est et hic annotata, perpetuam optineat firmitatem, nec advocatus, nec quilibet alius eorum quę in privilegiis nostris communiter scripta sunt quicquam audeat infringere. S. mei Theoderici comitis. S. Philippi comitis filii mei. S. Mathei comitis Bolonię, filii mei. S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Hugonis abbatis Sancti Petri Gandensis. S. Roberti prepositi de Area. S. Roberti advocati Betuniensis. S. Eustachii camerarii. S. Rogeri dapiferi. S. Hellini filii ejus. S. Michahelis conestabuli. S. Rogeri de Cison. S. Rogeri castellani Curtriacensis. S. Willelmi castellani Sancti Audomari. S. Balduini castellani Yprensis. S. Hugonis castellani Insulensis. S. Walteri de Locris. S. Walteri Attrebatensis. S. Sigeri de Subrenghim. S. Gerardi prepositi Duacensis. S. Bernardi

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D e u xi è m e pa rt i e

de Rusbais, Amolrici de Landast, Wenemeri de Biez, Gerardi de Forest, Hugonis de Lambris, Gerardi et Roberti de Landast. S. Willelmi de Ruma. Actum Insule, anno Domini MoCoLXoVIo, XIIIIo kalendas martii, feria quarta. Noverint quoque tam futuri quam presentes quod Stephanus qui quandam partem hujus advocationis tenebat et eandem ęcclesiam valde infestabat, a filio meo Philippo, cum essem Iherosolimis, submonitus, die denominata cum Rainero filio suo Insulę venit in presentia mea. Cum fuissem reversus, in presentia quoque filiorum meorum et principum suprascriptorum, ibi quicquid in advocatione supradicta injuste reclamabat cum fide et sacramento guerpivit. a) sic A.

83 1167 (n. st.), 16 février. – Lille Philippe d’Alsace, comte de Flandre, notifie à la demande de Jean Ier, abbé de Marchiennes, qu’il a expulsé de l’abbaye l’avoué Étienne qui abusait du droit de gîte. Il confirme aussi les chartes de ses prédécesseurs concernant l’avouerie. A. Original sur parchemin, hauteur 730 mm (dont repli 20 mm) largeur 510 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Document détérioré dans sa partie inférieure par quelques trous. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Philippi comitis Flandrie contra Stephanum advocatum Marchianensem (xiie s.) – Sigillum Philippi comitis de advocatione (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A I (en rouge). Lille, ADN, 10 H 56/963. B. Copie du xiie siècle ; titre : Philippus comes Flandrensium de advocatione Marchianensis. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLro-XLIvo [p. 120-123], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 163ro-164ro, d’après B (fragment). – D. Copie de la fin du xve siècle ou début du xvie collationnée par Leseure. Lille, ADN, B 19466, fol. 148ro-149vo, d’après A. E. Copie authentique du 4 juillet 1764. Lille, ADN, 10 56/963a, d’après A, (fragment). – F. Copie du 9 septembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 74, fol. 236ro, d’après A. – G. Copie de 1770. Lille, ADN, 10 H 325, fol. 9ro-vo, d’après F (fragment). – H. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, B 19466, fol. 151ro-vo, d’après A ou D. a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuve, p. 34, d’après B (fragment). – b. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 177-180, d’après A. – c. Verhulst et de Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. 404-407, no 255, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 134 ; Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 293 et t. 11, p. 226 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 19, no 48 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 85, 89 et 92 ; Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 46. Base de données : ThDipl W 489/D 493 ; Diplomata Belgica 489. Quelques mots effacés au bas de l’original ont été restitués entre crochets d’après la copie B. Voir aussi l’acte précédent.

Éd i t i o ns d e s chart e s

(Crux). In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Provide satis et sollerter antiquorum excogitavit sollertia ut ad memoriam posteris transmittendam litteris commendarent et confirmarent quęque juste instituerant vel a predecessoribus suis bene instituta esse cognoverant. Unde ego Philippus, per Dei misericordiam comes Flandriarum, notum volo fieri tam futuris quam presentibus, patre meo comite Theoderico Iherosolimis existente, Johannem Marcianensis ęcclesię abbatem et monachos in mei et baronum meorum presentia frequenter querimoniam deposuisse pro injuriis et variis oppressionibus quas Stephanus dictus advocatus eidem ęcclesię inferebat et maxime quia apud Marcianas villam sanctę Rictrudis contra voluntatem abbatis et monachorum manebat, et in hoc predecessorum meorum instituta et privilegia transgrediens. Ad audiendam igitur utriusque partis controversiam, tam abbati quam Stephano diem denominavi. Ad hanc itaque apud Insulam convenerunt Stephanus cum parentela sua, abbas quoque et monachi cum cartis et privilegiis suis, que antecessores mei, comes scilicet Balduinus marchio et comes Karolus, conscribi et suorum impressione sigillorum corroborari fecerant. Quę cum in audientia omnium qui convenerant lecta essent, et Stephanus prout melius poterat respondisset, ipso et fratribus suis audientibus, a baronibus meis juste et concorditer judicatum est quod continentia privilegiorum que ibi allata erant usquequaque per me teneri et adimpleri deberet, et libertas prefatę ęcclesię in omnibus conservari, nec debebat nec poterat aliquis advocatus nec aliqua terrena potestas, nolente ęcclesia, manere ubicumque potestatem haberet beata Rictrudis ; et si quis per violentiam ibi manere aliquando presumpserit, a comite Flandr[iarum] inde expellendus est. Dictante ergo justicia et concordi baronum meorum judicio, ejeci Stephanum cum suis heredibus de villa Marcianensi in omnibus jure suo eis reservato, sicut antecessores mei scriptum reliquerant et hic quoque subnotatum invenitur. Hęc sunt igitur quę in potestatibus ęcclesię accipiet advocatus : de omni forisfractura ubi ęcclesia ope indigens eum in auxilium vocaverit, si per justiciam ejus aliquid adquisierit, ipse terciam partem habebit. Quod si non fuerit vocatus, nichil omnino habebit. Majores dabunt ei in Nativitate Domini IIo sextaria vini et IIos capones et ipse cibabit eos et homines eorum pane et carne et vino. In Pascha dabunt ei IIo sextaria vini tantum. Adjutorium tempore obsidionis vel hostilitatis generalis IIIIor vel Ve ebdomadarum accipiet in potestatibus de carruca IIos solidos de dimidia unum de operario divite an paupere IIIes denarios. Coccus ęcclesię, pistor, cambarius et qui cum carro de nemore ligna adducit nichil dabunt ei quia liberi sunt. In hoste quoque regali per manus ministrorum abbatię accipiet in potestatibus VIIIo palefridos ; et hoc semel in anno, si necessitas evenerit, sin autem nichil omnino accipiet. Palefridos ferrare faciet ; hominibus qui eos ducent in victu et calciamentis providebit. Cum fuerit reversus, statim omnes palefridos illos restituet dominis suis. Quod donec fecerit nichil pro eo facient nec ęcclesia nec homines ęcclesię. Preter hęc nichil debet habere advocatus in ęcclesia, nec ista accipere nisi per manus ministrorum abbatię. Pro molendinis enim IIobus qui sunt in villa Berberia et pro II carrucatis terre que sunt in Noella, quas Albricus abbas dedit supradicto comiti B[alduino] et comes idem beneficium dedit Hugoni Havet de Albiniaco, qui post eundem comitem primus ęcclesię constitutus est advocatus, debet servire ęcclesię et promptus semper esse adjutor advocatus. Sciendum quoque est quod equalem potestatem habebunt omnes hospites potestatum tam advena quam

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indigena, et quia advocatus bannum non faciet nec precarias nec latronem accipiet nec corevias nec palefridos, nec ministri ejus aliquid accipient. Non interpellabit quemquam ad campum de hominibus ęcclesię sed ille contra quem aget judicio scabinorum cum sacramento sola manu purgabit se. Nec licet ei nec alicui terrene potestati in dominicatu nec in villa aliqua sancte Rictrudis contra voluntatem abbatis vel monachorum manere, nec convivia preparare, nec placita tenere, nec denariorum vel pecunię collectionem ab incolis exigere nec violentiam aliquam inferre. Iterum non licet ei terras ęcclesię emere aut in vadimonium accipere nec servos nec ancillas ejusdem ęcclesię in feodo militibus dare, nec aliquid ab illis per violentiam exigere. In silvis quoque et nemoribus sancte Rictrudis, vel in aquis ipsius, nullum habet jus nec potestatem, nec homines ęcclesię contra voluntatem abbatis manutenere potest. Hęc superius litteris comprehensa a Balduino comite Attrebati confirmata et sigilli sui impressione et subscriptione testium corroborata sunt, presente Hugone Havet cui comes supradictos molendinos et II carrucatas dedit, ut esset ęcclesię promptus adjutor. Quod si negligeret, coram comite et baronibus suis judicaverit ex ore suo, ut ipse et successores ejus datum supradictum et advocationem quam de comite tenebant perderent. Comes etiam Karolus, ejus successor, scripto suo auctoritate sui sigilli impresso et suorum testimonio baronum hęc eadem confirmavit. Ego etiam Philippus, Dei gratia Flandriarum comes, ad humilem Johannis supradicti abbatis et monachorum, quę apud Insulam facta est, petitionem, suggerente etiam et concedente comite Theoderico patre meo, qui reversus erat de Iherosolimis, dictante etiam justicia et baronibus meis judicantibus quod antecessorum meorum privilegia per me tenenda et adimplenda essent, in hac pagina statuo et decerno sub sigilli mei impressione et annotatione testium, ut libertas prefatę ęcclesię, sicut a supradictis predecessoribus meis constituta inventa est et hic annotata, perpetuam optineat firmitatem, nec advocatus, nec quilibet alius eorum quę in privilegiis nostris communiter scripta sunt quicquam audeat infringere. S. Theoderici comitis. S. Mathei comitis Boloniea). S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Hugonis abbatis Sancti Petri Gandensis. S. Roberti prepositi de Area. S. Walteri monachi de Subrenghimb). S. Roberti advocati Betuniensis. S. Eustachii camerarii. S. Rogeri dapiferi. S. Hellini filii ejus. S. Michahelis conestabuli. S. Rogeri de Cisonc). S. Rogeri castellani Curtriacensis. S. Balduini castellani Yprensis. S. Willelmi castellani Sancti Audomari. S. Hugonis castellani Insulensis. S. Walteri de Locris. S. Sigeri de Subrenghimd). S. Walteri Attrebatensis. S. Gerardi prepositi Duacensis. S. Amolrici de Landast. S. Bemardi de Rusbais. S. Wenemari de Biez. S. Roberti de Landaste). S. Hugonis de Lambris. S. Gerardi de Forest. S. Gerardi de Landast. S. Willelmi de [Ruma]. S. Johannis [de Balos]. S. Roberti de Gondulcurtf). Noverint quoque tam futuri quam presentes quod, in presentia [nostra et c]urię nostre, Stephanus et Rainerus filius ejus quicquid barones mei judicaverant et carte presentes attestabantur se omnino observaturos fide et sacramento ibi polliciti sunt, patre meo et me inde fidejussoribus constitutis. Actum apud Insulam, anno Domini MoCoLXoVIo, XIIII kalendas martii, feria quarta.

Éd i t i o ns d e s chart e s a) La liste des témoins est organisée en cinq colonnes – b) Fin de la première colonne. – c) Fin de la deuxième colonne. – d) Fin de la troisième colonne. – e) Fin de la quatrième colonne. – f) Fin de la cinquième colonne.

84 1167, [janvier – juin] Charte en forme de notice qui rapporte que l’abbé de Saint-Vaast concède à l’abbaye de Marchiennes un arrentement pour un fief sis à Écourt et à Saudemont que tient Jean de Villers, hôte de Saint-Vaast, contre le paiement, à Biache-Saint-Vaast, d’un cens annuel de deux mencaudées de froment et de deux chapons. Les redevances sont doublées l’année du décès de l’abbé de Marchiennes. A1. Original sur parchemin (chirographe). Arras, AD Pas-de-Calais, 1 H 1379/1 (détruit en 1915), connu par a et b. A2. Original sur parchemin (chirographe ; légende à gauche, partie basse : CYROGRAPHVM), hauteur 415 mm (dont repli 35 mm), largeur 275 mm ; deux sceaux pendant sur double queue de parchemin ; à gauche, sceau en navette de cire rouge (60 mm × 40 mm) à moitié brisé représentant un abbé siégeant, tenant crosse ; légende ébréchée : [...] VEDASTI ; à droite, sceau en navette de cire blanche ébréché (60 mm × 55 mm) représentant une abbesse siégeant sur un trône à tête d’animaux, tenant crosse et livre ; légende : S. S[AN]CTE RICTRUD. [...] IANENSIS EC[CLESIA]E (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 224, no 6769). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. [intercalé au xive s. abbatis Sancti] Vedasti de terra de Sandemont (en rouge, xiie s.) – S. Vedasti de terra de Sandemont (xiiie s.) pro quodam feodo empto a Johanne de Vilers (xive s.) – Accord entre St Vaast et Marchiennes (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 129/2086. B. Copie du xiie siècle ; titre : Abbas Sancti Vedasti de quodam feodo de Saudemont. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLVro-vo [p. 130-131], d’après A2. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Abbas Sancti Vedasti et abbas Marchianensis pro quodam feodo empto Johannis de Vilers. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIXvo-XXXro [p. 239-240], d’après A2. D. Copie du xvie siècle. Arras, AD Pas-de-Calais, 1 H 1, fol. 88. – E. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Saint-Vaast (Stein 208 bis). Arras, AD Pas-de-Calais, 9 J AA, fol. 179ro. – F. Copie du xviie siècle. Arras, BM, ms. 1266, fol. 47vo, no 99. – G. Copie du xviiie siècle. Arras, BM, ms. 316, fol. 7vo-8ro. – H. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 74, fol. 57-58. – I. Copie du xviiie siècle. Arras, BM, ms. 316, fol. 31vo (fragment). – J. Copie du xviiie siècle. Arras, BM, ms. 316, fol. 141ro. – K. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 129/2086a, d’après B. – L. Copie du xixe siècle. Cartulaire de Saint-Vaast. Arras, Pas-de-Calais, 1 H 2, fol. 137vo-138ro. a. Tailliar, Recherches pour servir à l’histoire de l’abbaye de Saint-Vaast, p. 451-452, d’après D. – b. Van Drival, Cartulaire de Saint-Vaast d’Arras, p. 269-271, d’après A1. – c. Loriquet, Inventaire sommaire… série H, 1 H (fonds de l’abbaye Saint-Vaast d’Arras), p. 145 (traduction avec liste des témoins) d’après A1. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 486 ; t. 7, p. 293 ; Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 224, no 6769.

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D e u xi è m e pa rt i e Base de données : ThDipl W 10506 et W 11411 ; Diplomata Belgica 10506 et 11411 (deux entrées pour la même notice). La 12e année d’abbatiat de Martin et la 9e de Jean se terminent en juin 1167.

(Crux). In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Notum sit omnibus tam futuris quam presentibus quod Johannes de Vilers feodum quendam de abbate Sancti Vedasti et eundem feodum de eodem Johanne quidam Walterus tenebat, qui feodus in territorio de Ailcurt et Sandemont es Aez jacebat. Conventione autem inter eos facta, eundem feodum et Walterus presentibus et concedentibus uxore sua Aaliz et filio suo Balduino et fratre suo Fulchone, domino suo Johanni et idem Johannes abbati Sancti Vedasti liberum reddidit, et quesito ab hominibus Sancti Vedasti consilio, universa curia abbatis Sancti Vedasti eundem feodum utrique penitus abjudicavit. Cum igitur abbas Sancti Vedasti feodum sibi redditum liberum teneret, ęcclesię Sanctę Rictrudis Marcianensis in alodium censualiter tenendum contradidit, eo pacto ut ęcclesię Sancti Vedasti singulis annis ab ęcclesia Marcianensi duo mancoldi frumenti et duo cappones in Nativitate Dominia) apud Bigartium persolvantur, et quando abbatem Marcianensem vel mori, vel abbatiam dimittere, vel deponi, vel in eadem ęcclesia novum abbatem surgere contigerit, idem census ęcclesię Sancti Vedasti illo dumtaxat anno dupplicetur. Quod ut stabile et inconvulsum permaneat et ut nulla utrique ęcclesię oriatur molestia, a venerabilibus utriusque ęcclesię abbatibus presenti cyrographo, appensis sigillis et legitimis subsignatis testibus, confirmatum est. Nomina monachorum Sancti Vedasti : Bartholomeus prior et prepositus, Balduinus cellerarius, Rainelmus camerarius, Christianus hospitarius, Henricus elemosinarius, Evrardus thesaurarius, Fulcho prior II, Ysaac prior III, Robertus armarius, Boamundus, Wimannus, Gerardus, Johannes presbiteri, Johannes, Anscherus, Lambertus, Hugo diaconi, Hugo, Ingelbertus, Tezo, Aschricus subdiaconi. Nomina monachorum Marcianensis ęcclesię : Andreas prior, Fulpaldus prior II, Hugo prior III, Gerulfus prepositus, Johannes camerarius, Balduinus cellerarius, Rohardus, Walterus, Johannes, Hugo presbiteri, Walterus, Stephanus, Danihel, Hugo diaconi, Robertus, Balduinus, Balduinus, Nicholaus subdiaconi, Johannes de Sandemont, Ingrannus de Goi. Nomina hominum Sancti Vedasti : Hellinus dapifer, Walterus de Attrebato, Petrus de Balol, Alelmus d’Imercurt, Balduinus de Simoncurt, Johannes de Bailuez, Willelmus de Foro, Sawalo de Heis, Dodo et Bartholomeus de Blangi, Gerardus de Bernivilla, Bernardus de Rochelencurt, Hugo de Tiulut, Christoforus de Warluz, Godefridus de Balol, Bernardus de Gaverella, Stephanus et Wazo de Bigartio, Paganus de Pabula. Actum anno Verbi incarnati MoCoLXoVIIo, anno domni Martini abbatis Sancti Vedasti XIIo, anno vero domni Johannis abbatis Marcianensis IXo. a) in nativitate Domini, suscrit en interligne et en lettres capitales.

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85 1168. – Tournai Gautier, évêque de Tournai, notifie qu’Amauri de Landas et l’abbaye de Marchiennes ont conclu un accord au sujet du vivier et du moulin situés entre Marchiennes et Bouvignies : l’abbaye cède à Amauri un quart du marais et se voit enjoindre de mieux garder ses biens. A1. Original (chirographe) perdu. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende, partie haute : CYROGRAPHVM) sur parchemin, hauteur 470/480 mm (dont repli 30 mm), largeur 320 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge et jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Walteri (barré) Galteri episcopi Tornacensis de compositione vivarii inter Amolricum et ecclesiam Marcianensem (en rouge, xiie s.) – S. Galteri Walteri episcopi Tornacensis de compositione vivarii inter Amolricum et ecclesiam Marcensem (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A II (en rouge) ; 1168 ; 1168 ; no 49. Lille, ADN, 10 H 210/3420. B. Copie du xiie siècle ; pas de titre ; note marginale d’une écriture du xiiie s. : non habetur in armario. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIIIIvo-XXVro [p. 58-59], d’après A. Le préambule qui attribue l’acte à l’évêque d’Arras André est rayé ; une note en marge attribue l’acte à Gautier, évêque de Tournai et renvoie à la charte de cet évêque copiée partiellement cinq folios plus loin : Hoc privilegium est de Galtero Tornacensi episcopo require privilegium V folia infra ad hoc signum % (cf. C). – C. Copie partielle du xiie siècle ; titre : Galterus episcopus Tornacensis de compositione vivarii inter Amourricum de Landast et ecclesiam Marchianensem. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIX [p. 68-69], d’après A. Cette copie, qui ne reproduit que la suscription, le préambule et la liste des témoins, renvoie à B : Sequentia require in privilegium Andreę Atrebatensis episcopi retro. D. Copie du xviie siècle dans la layette Landas du chapitre de la cathédrale Notre-Dame à Tournai. Tournai, Archives de la cathédrale, fonds du chapitre cathédral, localités, Landas, VA 1/3, fol. 4ro. – E. Copie authentique de 1741. Lille, ADN, 10 H 210/3420a. – F. Copie informe de 1745. Lille, ADN, 10 H 210/3420b. – G. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 75, fol. 112ro-113ro. a. Deligne, La vallée de la Scarpe, p. 92-93, d’après A. – b. Pycke et Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, II, p. 115-116, no 78, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 134 ; Spriet, Bouvignies et ses seigneurs, p. 10 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 62 ; Warlop, De Vlaamse Adel, t. 2, no 65/4 ; Pycke, Répertoire biographique, no 8 ; Vleeschouwers et Van Melkebeek, « Le rôle de l’entourage des évêques de Tournai », p. 20, note 73. Base de données : ThDipl W 10508 ; Diplomata Belgica 10508. Le moulin et l’étang peuvent être identifiés grâce à d’autres chartes au lieu-dit Mouy (Mohies) (cf. actes nos 9, 87, 91, 96).

(Crux) In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Galterus, Dei gratia Tornacensium episcopus, universis catholicę ęcclesię filiis in perpetuum. Quoniam ad episcopale spectat officium paci ęcclesiarum perspicere,

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indignum est nos dum aliquid pro eadem observanda rationabiliter postulamur contraire. Unde compositionem quandam factam inter ęcclesiam Marcianensem et Amolricum de Landast notam esse volumus tam futuris quam presentibus quę coram nobis recitata est et presenti paginę commendata. Prędicta itaque ęcclesia de vivario et molendinis quos fecit in proprio alodio suo inter Marcenas et Bovenies, prefato militi quartam concessit partem, non solum quia aque vivarii partem aliquam terrę illius occupant sed ut ab his qui res monachorum vi vel furto diripere moliuntur sollicite defendat et fideliter tueatur. Qui propterea in accipiendo minus recipit quia vivarium de terra illius partem satis minorem occupavit et de alodio beatę Rictrudis multo ampliorem. De omnibus vero que in reparandis molendinis et vivario deinceps expendentur, ille quartum operariis solvet denarium. Qui in vivario et molendinis non piscatores vel custodes secundum suam voluntatem constituet, sed ęcclesia sine alicujus contradictione ad hec servitia quoscumque voluerit libere assumet vel mutabit. Famuli autem illi cum ab ęcclesia conducti fuerint, statim et deinceps quotienscumque rogabuntur fidelitatem ipsi ęcclesie se observaturos fide et sacramento pollicebuntur, et cum Amolrico eadem fidelitas assumpta a sepefata ęcclesia sufficiat nec aliam quasi propriam requirat, ipse tamen nichilominus in solvenda eorum mercede quartam precii dabit partem. A quibus nichil de jure suo accipiet, nichil requiret sed pacis conservandę gratia. Quicquid de vivario et molendinis conquisitum fuerit ad ęcclesiam deferetur et sua pars militi supradicto reservabitur. Querere piscem et capere prorsus ęcclesię licebit usque ad pontem de Bovenies. Si vero ęcclesię visum fuerit ut ad tempus pro nutriendis piscibus a piscatione cessari debeat, hoc communi fiet consilio. Sciendum quoque quod triticum ęcclesię moletur absque moltura et triticum similiter Amolrici ad sui scilicet et eorum opus qui proprio ejus pane sustentantur. Extra vivarium in potestate sancte Rictrudis miles prefatus nichil habebit, nec receptaculum aliquod, nec fossatum in terra sua, nec alibi faciet, ut aquas de vivario defluentes ad commodum suum ibi retineat. Ęcclesię autem in decursu aque quę de vivario exibit ubicumque super alodium beatę Rictrude defluat vel detineatur sine reclamatione aliqua et sine questus participe, piscium servatorium vel quicquid aliud in posterum sibi utile perspexerit disponere et construere licebit preter molendinum. In vivario et molendinis quolibet modo deliquentes Amolricus non judicabit, nec manum mittet in eos, nec aliquam eis violentiam inferet, nec ministri ejus sed tota offensionis correptio potestati et judicio ęcclesię reservabitur a quocumque sive ab Amolrico, sive ab altero deliquentes ęcclesię judicandi offerantur. Quę si ab his qui offenderint aliquid dictante justitia acceperit Amolrico quartum dabit denarium et licet ipsa ęcclesia post dictatam justiciam partem suam aliquando condonare voluerit, tamen miles ad condonandum suam urgeri non poterit. Et si casu aliquo terra in solitudinem redacta, regio vastata fuerit et vivarium cum molendinis destructum, ad terram suam sicut antiquitus ex integro possidendam ęcclesia libere revertetur et Amolricus ad suam quam possidebat ante compositionem istam. Quod si vivarium cum molendinis denuo restauretur hujus compositionis forma non mutabitur. Denique ad omnem consopiendum discordię fomitem, sciendum est ex utraque parte concessum esse atque concorditer sancitum quod Amolricus sive successores ejus quavis urgente necessitate partem suam de vivario et molendinis nulli vendere nec in vadimonium alicui dare possunt. Quam partem inter suos ille

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solus hereditate successoria possidebit cui in dominatum cedet castellum de Landast. Huic compositioni interfuerunt ligii homines abbatis : Hellinus Flandr[ie] dapifer, Wido de Goi, Gomarus de Beurvi, Rainerus villicus, Willelmus de Ascon, Amolricus Calderon. Interfuerunt etiam homines Amolrici : Gerardus de Landast, Willelmus et Theodoricus fratres ipsius Almorici, Nicholaus de Letliu, Tetbaldus de Bovenies, Robertus Covisels, Gilius de Remelgies. Hęc igitur que suprascripta sunt, ut rata et inconvulsa permaneant, presentis scripti tenore et sigilli nostri impressione confirmamus, vinculo anathematis eos innodantes qui post compositionem istam de vivario et molendinis Marcianensi ęcclesię quolibet modo injuriam inferre presumpserint. S. GaIteri episcopi. S. Lietberti decani. S. Symonis capellani. S Amolrici presbiteri. S. Raineri, Galteri, Thomę diaconorum. S. Heribrandi, Lamberti, Oliveri, Henrici, Gozuini subdiaconorum. S. Galteri de Subrenghin monachi Sancti Martini. Actum Tornaci, anno Domini MoCoLXoVIIIo. Ego Lietbertus Dei gratia Tornacensis ęcclesię cantor et cancellarius legi et subscripsi. 86 1169, 27 octobre. – Arras Philippe d’Alsace, comte de Flandre, règle, suite aux déclarations du comte Anselme de Saint-Pol, un différend opposant le chevalier Robert de Bailleul à l’abbaye de Marchiennes. Robert, qui avait usurpé une partie de la gavène de Boiry, renonce à toute prétention sur cette gavène donnée jadis à l’abbaye par Enguerran, comte de Saint-Pol. A. Original sur parchemin, hauteur 460 mm (dont repli 50 mm), largeur 350 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte et jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Philippi comitis Flandriae de gaulo de Beiri (xiie s.) – [plusieurs mots illisibles] Bairi (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/699. B. Copie du xiie siècle ; titre : Philippus comes de gaulo de Bairi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIIvo-XLIIIro [p. 125-126], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de l’abbaye (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 129ro-130ro, d’après B. D. Copie du 20 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 76, fol. 5ro-6ro, d’après B. – E. Copie du 17 juillet 1817 par D. J. Godefroy, Lille, BM, mss Godefroy, no 231, no 92 bis, d’après A. a. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, p. 57-59, no 309, d’après A. Indiqué : Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 28, no 70. Base de données : ThDipl W 11409 ; Diplomata Belgica 11409.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, Amen. Ego Philippus, Dei gratia Flandrensium et Viromansiuma) comes, notum fieri volo tam futuris quam presentibus Ingelrannum, quondam comitem de Sancto Paulo, gaulum de Bairi, villa sanctę Rictrudis, sicut illud tenebat de comite Flandrie totum et extra villam et intus in

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omni potestate supradicte sanctę ęcclesię Marcianensi dedisse pro anima sua et patris et matris suę. Huic autem largitioni assensum prebuit Anselmus frater ejus, qui nunc est comes Sancti Pauli, et Agelina soror ejus et Robertus, filius supradicte Ageline, et Anselmus de Hosden, sororius ejus. Modo autem subscripto gaulum illum ęcclesię dedit in manu comitis Theoderici de quo illud tenebat reddidit. Comes vero per manum Hugonis abbatis Sanctę Rictrudi contulit, cumque abbas feodum de manu comitis accepisset, tam Ingelranno quam successoribus ejus ab hominibus comitis qui intererant in perpetuum abjudicatus est. Deinde Ingelrannus comitem exoravit ut rem scripto firmaret et, ne aliquis malefactor futuris temporibus de eadem re ęcclesiam infestaret, inde fidejussor existeret, comitissam etiam Sibillam matrem meam et meipsum ipsi ęcclesię fidejussores dedit. Comite igitur Ingelranno defuncto, Robertus, quidam miles de Bailos, quandam partem supradicti gauli per annos aliquot injuste tenuit. Pro qua injuria Marcianensi ęcclesię illata, monachi sepius querimoniam ante me deposuerunt. Ego vero militem prefatum conveniens, ut ab inquietatione monachorum resipisceret precepi. Qui respondit se illis nullam facere injuriam quia partem illam gauli de qua conquerebantur tenebat de comite Sancti Pauli. Quo audito, precepi utrique parti ut de hac re certam diffinitionem audituri in meam Attrebati convenirent presentiam. Et convenerunt die a me denominata monachi scilicet cum suis privilegiis et Robertus cum suis amicis et Anselmo comite Sancti Pauli. Lectis ergo privilegiis, comes ille Anselmus a me cunctis audientibus interrogatus est utrum in scriptis illis aliquid falsitatis deprehenderet et si Roberto contra privilegiorum decreta faveret. Qui respondit in privilegiis quidem nullam se deprehedere falsistatem de elemosina quoque quam frater suus cum suo assensu ęcclesię dederat Marcianensi et de qua nunc agebatur, nec Roberto, nec alicui unquam aliquid dedisse, nec dare velle. Robertus vero hęc audiens et suo se destitutum videns advocato, tandem suum recognoscens reatum, in conspectu meo et prefati comitis baronum quoque meorum fide data promisit se supra memorate ęcclesię de gaulo illo nullam ulterius facturum injuriam, nec damnum aliquod illaturum. Ne igitur aliquis temerarius in posterum de hac causa juste terminata Marcianensem ęcclesiam infestare presumat, cartulam scribi et sigillo meo insigniri testium quoque idoneorum annotatione roborari feci. S. Roberti prepositi Brugensis. S. Anselmi comitis Sancti Pauli. S. Symonis de Oysi. S. Hellini dapiferi. S. Michahelis conestabuli. S. Walteri de Attrebato. S. Gerardi prepositi Duacensis. S. Balduini de Orivilla. S. Walteri de Averdun. S. Hugonis de Averdun. S. Balduini de Noella. Actum Attrebati, anno Domini MoCoLXoVIIIIo, in vigilia apostolorum Symonis et Jude. a) sic A.

87 1169. – Lille Philippe d’Alsace, comte de Flandre, notifie le règlement intervenu entre l’abbaye et Amauri de Landas à propos du vivier et du moulin de Mohies (Mouy) situés entre Marchiennes et Bouvignies.

Éd i t i o ns d e s chart e s A1. Original sur parchemin (chirographe à droite, partie basse ; légende : CYROGRAPHVM), hauteur 390 mm (dont repli 30 mm), largeur 290 mm ; sceau pendant perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Cyrographum Philippi comitis Flandrie de concordia vivarii et molendini (xiie s.) – Philippi comitis Flandrie et Viromandie concordia de vivario de Mohies (xiiie siècle). 2) Anciennes références d’archives : A II. Lille, ADN, 10 H 210/3421. A2. Original perdu. B. Copie du xiie siècle ; titre : Philippus comes de vivario de Mohies. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLIvo-XLIIro [p. 123-125], d’après A. – C. Copie dans un vidimus d’août 1258 de Jacques, évêque d’Arras. Lille, ADN, 10 H 210/3421a. – D. Copie insérée dans une charte originale de 1258 émanant de la comtesse de Flandre. Lille, ADN, 10 H 210/3436. – E. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 156ro-157ro. F. Copie du 16 septembre 1608 authentifiée par les échevins de Marchiennes, Paris, AN, K 1160, no 21, d’après B. – G. Copie du xviie siècle, coll. Duchesne, no 22, fol. 363ro, d’après B. – H. Copie authentique sur papier de 1741. Lille, ADN, 10 H 3421c. – I. Copie sur papier du 18 février 1745 par Le Barbier, conseiller du roi a la gouvernance du souverain baillage de Douay et Orchies, Lille, ADN, 10 H 3421b, d’après A. – J. Copie du 15 septembre 1770 par Dom Queinsert, Paris, coll. Moreau, t. 76, fol. 66ro-vo, d’après A. a. duchesne, Histoire de la maison de Guînes, preuves, p. 121, d’après G (fragment). – b. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 34-35, d’après G (fragment). – c. Hemptinne, De oorkonden… Filips, p. 70-73, no 318, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 135 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 501 et t. 7, p. 299 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 29, no 73. Base de données : ThDipl W 8534/D 6232 ; Diplomata Belgica 8534.

(Crux). Ego, Philippus, Dei gratia Flandr[ie] et Viromand[ie] comes, compositionem quandam factam inter ecclesiam Marcianensem et Amolricum de Landast notam volo fieri tam futuris quam presentibus quę in mei baronumque meorum presentia recitata est et presenti paginę commendata. Predicta itaque ęcclesia de vivario et de molendino quos fecit in proprio alodio suo inter Marcianam et Bovenies prefato militi quartam concessit partem, non solum quia aquę vivarii partem aliquam terrę illius occupant sed ut ab his qui ad res monachorum vi vel furto diripiendas inhiant, sollicite defendat et fideliter tueatur. Qui propterea in accipiendo minus recipit quia vivarium de terra illius partem satis minorem occupaverit et de allodio beatę Rictrudis multo ampliorem. De omnibus vero que in reparando molendino et vivario deinceps expendentur, ille quartum operariis solvet denarium. Qui in vivario et molendino non piscatores vel custodes secundum suam voluntatem constituet, sed ęcclesia sine alicujus contradictione ad hęc servicia, quoscumque voluerit libere assumet vel mutabit. Famuli autem illi cum ab ęcclesia conducti fuerint statim et deinceps quotienscumque rogabuntur fidelitatem ipsi ęcclesię se observaturos fide et sacramento pollicebuntur ; que fidelitas ipsi Amolrico sufficiat, nec aliam quasi propriam requirat. Ipse tamen nichilominus in solvenda eorum mercede quartam precii dabit partem. A quibus de jure suo nichil accipiet, nichil requiret sed pacis conservandę gratia, statutum est ut quicquid de vivario et molendino conquisitum

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fuit totum ad ęcclesiam libere deferetur et ibi supradicto militi pars sua reservabitur. Querere piscem et capere prorsus ęcclesię licebit usque ad pontem de Bovenies. Si vero ęcclesię visum fuerit ut ad tempus pro nutriendis piscibus a piscatione cessari debeat, hoc communi fiet consilio. Sciendum quoque quod triticum ęcclesię moletur absque moltura et triticum similiter Amolrici ad sui scilicet et eorum opus qui proprio ipsius pane sustentantur. Extra vivarium in potestate sanctę Rictrudis miles prefatus nichil habebit, nec receptaculum aliquod, nec fossatum in terra sua, nec alibi faciet ut aquas de vivario defluentes ad commodum suum ibi retineat. Ecclesię autem in decursu aquę quę de vivario exibit ubicumque super alodium suum defluat vel detineatur sine reclamatione aliqua et sine questus participe, piscium servatorium vel quicquid aliud in posterum sibi utile perspexerit disponere et construere licebit preter molendinum. In vivario et molendino quolibet modo delinquentes Amolricus non judicabit, nec manum mittet in eos, nec aliquam eis violentiam inferet, nec ministri ejus, sed tota offensionis correptio potestati et judicio ęcclesię reservabitur a quocumque sive ab Amolrico, sive ab altero deliquentes ęcclesię judicandi offerantur. Que si ab hiis qui offenderint aliquid dictante justicia acceperit, Amolrico quartum dabit denarium et licet ipsa ęcclesia post dictatam justiciam partem suam aliquando condonare voluerit, tamen miles ille ad condonandum suam urgeri non poterit. Et si casu aliquo terra in solitudinem redacta, regio vastata fuerit et vivarium cum molendino destructum, ad terram suam sicut antiquitus ex integro possidendam ęcclesia libere revertetur et Amolricus ad suam quam possidebat ante compositionem istam. Quod si vivarium cum molendino denuo restauretur hujus compositionis forma non mutabitur. Denique ad omnem consopiendum discordie fomitem, sciendum est ex utraque parte esse concessum atque concorditer sancitum quod Amolricus sive successores ejus quamvis urgente necessitate partem suam de vivario sive molendino alicui vendere vel in vadimonium dare nunquam poterunt. Quam partem inter heredes suos ille solus hereditate successoria possidebit cui in dominatum cedet castellum de Landast. Huic compositioni interfuerunt ligii homines abbatis : Hellinus Flandrie dapifer, Wido de Goi, Gommerus de Bevrui, Rainerus villicus, Willelmus de Ascon, Amolricus Calderons. Interfuerunt etiam homines Amolrici : Willelmus et Theodoricus fratres ipsius, Gerardus de Landast, Nicholaus de Leliu, Tetbaldus de Bovenies, Robertus Covisels, Gilius de Remelgies. Ut hęc ergo compositio tam futuris quam nostris temporibus rata et inconvulsa permaneat, presentis scripti tenore et sigilli nostri impressione, sub testimonio baronum meorum quorum nomina subscripta sunt, eam corroboravi rogatu quoque et precibus supradicti militis fidejussor constitutus ipsum et ejus successores ex integro eam observaturos. S. Balduini comitis de Ghinnis. S. Walteri de Tenremunda. S. Hugonis de Oysy. S. Roberti advocati de Betunia. S. Arnulfi advocati de Tervania. S. Arnulfi vicecomitis de Arda. S. Eustachii camerarii. S. Hellini dapiferi. S. Michahelis constabularii. S. Razonis de Gavera. S. Walteri de Lochris. S. Hugonis castellani Insule. S. Rogeri castellani Curtriarcensisa). S. Roberti de Landast. S. Walteri de Attrebatob). Actum Insule, anno Domini Mo Co LXoIXo. a) sic A. – b) espace blanc de 25 mm avant Actum.

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88 1171. – Amiens Thibaud, évêque d’Amiens, et le doyen du chapitre cathédral Raoul, juges délégués par le pape Alexandre III, règlent un litige qui oppose l’abbaye de Marchiennes au chapitre cathédral d’Arras à propos de l’autel d’Auchy. L’abbaye recevra du chapitre un demi-marc d’argent annuel. A1. Original perdu. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende, partie haute : + CYROGRAPHVM), hauteur 510 mm (dont repli 30 mm), largeur 380 mm ; des quatre sceaux pendants sur lacs de soie verte et jaune, il ne subsiste, détaché, que celui du doyen Raoul en cire rouge ; sceau rond (diamètre 45 mm), représentant un personnage à mi-corps, tête nue, tenant une palme et un livre ; légende : + SIGNVM RADVLFI (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 154, no 6142). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Theobaldi Ambianensis episcopi de concordia pro altari de Aucy inter canonicos Attrebatenses et monachos Marcianenses (xiie s.) – Concordia inter canonicos Attrebatenses et monachos Marcianenses (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge). Lille, ADN, 10 H 147/2268. B. Copie du xiie siècle ; titre : Teobaldus Ambianensis episcopus de concordia inter ecclesiam Atrebatensem et Marchianensem. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXX, p. 69-70], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Carta Theobaldi episcopi Ambianensis de concordia inter capitulum Atrebatum de parrochia de Auchi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXIV [p. 169], d’après A. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 81ro-82vo. – E. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 91-92. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 85, fol. 111-112. – G. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 147/2268a. – H. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 224, d’après B. a. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden, p. 269-270, no 130, d’après A. Indiqué : Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 154, no 6142. Base de données : Chartae Galliae, charte 206834 ; ThDipl W 5746 ; Diplomata Belgica 5746. Le mandement pontifical d’Alexandre III signalé dans la charte n’a pas été retrouvé.

(Crux). In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Ego Theobaldus, divina miseratione Ambianensis ęcclesię episcopus, et Rodulfus ejusdem decanus, universis catholicę ęcclesię filiis in perpetuum. Ęquitatis et justicię ratio persuadet nos ęcclesiis perpetuam rerum suarum firmitatem et vigoris inconcussi munimenta conferre pacique et quieti ecclesiarum pro injuncto nobis officio invigilare. Iccircoa) ad presentium et futurorum noticiam transmittere dignum duximus controversiam inter clericos beatę Marię Atrebatensis ęcclesię et monachos Marcianenses diu habitam ex precepto domni Alexandri pape in hunc modum sopitam esse et terminatam. Johannes abbas Marcianensis, assensu capituli sui, quicquid juris in altari de Alci ultra molendinum

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de Juvenci habuisse videbatur, canonicis supradictis causa pacis et amicitię quod diu tenuerat sine querela concessit et ab omni actione voluntarię destitit pacemque cum sepefata ęcclesia perpetuo se habiturum concessit et firmavit. Canonici vero beatę Marię ad confirmandam eandem concordiam dimidiam marcam argenti annuatim persolvendam pro recompensatione possessionis diu habitę Marcianensi ęcclesię concesserunt et in Pascha apud Kyri de communi eorum redditu accipiendam esse in perpetuum assignaverunt. Sane quoniam in deterius defluunt tempora nec actiones humanę possunt memorari nisi per litteras, hanc concordiam inter prefatas ęcclesias per nostram humilitatem ex precepto domini papę ordinatam consignari libuit presente pagina. Ad comprimendam igitur cujuslibet pervasoris audaciam, quę in presentia nostra dicta vel gesta sunt, pontificali auctoritate rata fore decrevimus et sigilli nostri utrarumque ęcclesiarum sigillorum impressione signantes personarum quę ibi fuerunt testimonio astipulamus et ne aliquis indignus de hac causa prefatis ęcclesiis aliquam molestiam inferat sub anathemate interdicimus. S. Guillelmi prepositi. S. Engelranni archidiaconi. S. Roberti cancellarii. S. Richardi de Gerberroi canonici. S. magistri Gaufridi de Abbatisvilla. Actum Ambianis, anno dominicę incarnationis MoCoLXXoIo. a) sic A.

89 1171 Roger, prévôt du chapitre cathédral d’Arras, le doyen Nicolas, les archidiacres Clarembaud et Frumaud, le chantre Anselme, l’écolâtre Ghislain approuvent, comme l’avaient fait auparavant les évêques Godescalc et André, la restitution à l’abbaye de Marchiennes de la dîme de Mazingarbe. A. Original sur parchemin, hauteur 345 mm (dont repli 25 mm), largeur 180 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium capituli beate Marie Attrebatensis æcclesiæ de Masengarba (xiie s.) – Sigillum beate Marie Attrebatenis ecclesie pro altari de Masengarbe (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge) – 1171. Lille, ADN, 10 H 223/3611. B. Copie du xiie siècle ; titre : Sigillum beate Marie Attrebatenis ecclesie pro altari de Masengarbe. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXX [p. 70-71], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXIII [p. 186], d’après A. D. Copie du 6 novembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 85-86, d’après B ou C. – E. Copie du 13 décembre 1770 par Dom Queinsert, Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 87-88, d’après B ou C. – F. Copie du xviiie siècle sur papier. Lille, ADN, 10 H 223/3611a, d’après B. – G. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 90-91, d’après B. – H. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 246, d’après B. a. Tock, Les chartes promulguées, p. 62-63, no 3, d’après A. Indiqué : Tock, Chancellerie, p. 64.

Éd i t i o ns d e s chart e s Base de données : Chartae Galliae, charte 200906 ; ThDipl W 10509 ; Diplomata Belgica 10509.

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Rogerus prepositus, Nicholaus decanus, Clarenbaldus et Frumaldus arcidiaconia), Anselmus cantor, Gislenus magister et totum capitulum Beatę Marię Atrebatensis ęcclesię, Johanni abbati et fratribus Marcianensis ęcclesię, salutem. Justis postulantium desideriis dignum est nos facilem prebere consensum, et vota quę a rationis tramite non discordant effectu sunt prosequente complenda. Eapropter, dilectissimi in Domino fratres, justas postulationes vestras exaudientes, altare de Masengarba, quod negligentia predecessorum vestrorum quondam perditum ut audivimus fuerat et nunc studio et diligentia venerabilis Remorum archiepiscopi Henrici de manibus magistri Gisleni rationabiliter ęcclesię vestre, favente Domino, redditum sicut in episcoporum, Godescalci videlicet qui ad hoc recuperandum operam adhibuit efficacem et Andreę qui subsequenter benivolum adhibuit assensum, privilegiis inde factis continetur, vobis unanimiter assentientes concedimus et presentis scripti patrocinio et sigilli beatę Marię impressione et testium subscriptorum annotatione testimonium perhibemus. S. Rogeri prepositi. S. Nicholai decani. S. Clarenbaldi et Frumaldi archidiaconorum. S. Anselmi cantoris. S. Gisleni magistri. S. Petri, Walteri, Anastasii canonicorum presbiterorum. S. Johannis, Widonis, Saswalonis, Mathei, Hugonis canonicorum diaconorum. S. Herberti, Henrici, Hugonis, Sigeri, Henrici canonicorum subdiaconorum. Actum Atrebati anno Domini MoCoLXXoIo. a) sic A.

90 1171 Hugues d’Oisy et son épouse Gertrude confirment à l’abbaye de Marchiennes la possession de terres sises à Ravina Vallis, lieu-dit de Saudemont, terres que Hugues Foret et son frère Gilles tenaient d’eux en fief et avaient données aux moines. A. Original sur parchemin, hauteur 315 mm (dont repli 65 mm), largeur 230 mm ; sceau pendant perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Hugonis de Oisi de terra Hugonis Foret (xiiie s.) – au terroir de Saudemont donnée depuis aux religieux de Marchiennes, cartulaire folio 81 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 242/3912. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Hugo de Oysi de terra Hugonis Foret. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLV [p. 130], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Hugonis de Oysi de terra Hugonis Foret. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXXI [p. 202], d’après A. – D. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Hugonis de Oysi de quadam terra in Ravina valle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XXIX [p. 239], d’après A. E. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 81-82. – F. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 242/3912a, d’après C. Base de données : ThDipl W 10510 ; Diplomata Belgica 10510.

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In nomine Domini nostri Jhesu Christi. Ego Hugo de Oysy notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod Hugo Forez et frater ejus Egidius duas portiones terrę quę jacent in Ravina Valle in ecclesia beatę Rictrudis de Marceniis apposuerunt, et quia de feodo meo descendebant, michi eas reddiderunt. Ego vero et Gertrudis uxor mea in libero alodio et in elemosina prefatę ęcclesię per manum Symonis monachi de Sandemont in perpetuum tradidimus possidendas. Hęc autem elemosina sub testimonio sigilli nostri et hominum nostrorum bene et honeste confirmata est. Nomina testium : S. Hugonis de Lambris. S. Hugonis et Stephani filiorum ejus. S. Landrici de Golesin. S. Hugonis de Heninel. S. Johannis Papalart. S. Garneri de Montiniaco. S. Alardi de Salci. S. Stephani de Aicort. S. Walteri capellani. S. Johannis presbiteri. S. Hellebaldi capellani. S. Johannis Bochardi. S. Walteri clerici. S. Hugonis clerici. S. Anselli Marchionis et filiorum ejus. S. Thome filii Mathei Papelart. S. Gerardi pincernę. S. Thome de Aicort. S. Hugonis Morelli. Actum anno Verbi incarnati MoCoLXXoIo. 91 1172, 20 avril. – Tusculum Le pape Alexandre III énumère et confirme les possessions et droits de l’abbaye de Marchiennes. A. Original sur parchemin, hauteur 820 mm (dont repli 40 mm), largeur 710 mm ; bulle sur lacs de soie rouge et jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : De omnibus possessionibus nostris (xve s.) – Privilegium Alexandri tertii datum anno incarnationis Domini 1172 pontificatus vero Alexandri pape tertio decimo (xviie s.). 2) Anciennes références d’archives : III – +. I. (en rouge) – cotté H (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 1/5. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Alexandri pape de omnibus possessionibus et libertatibus Marchianensis ecclesie. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LIII-LV [p. 147-151], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 36, d’après B. D. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 81ro-82vo. – E. Copie partielle du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/5b, d’après A. – F. Copie partielle du 18 février 1745. Lille, ADN, 10 H 1/5a, d’après A. – G. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 199, d’après B. a. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden, p. 275-278, no 135, d’après A. Indiqué : Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 348 ; JL, p. 260, no 12151 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 135 ; Plugk-Harttung, « Beiträge », p. 101 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 97 et 112. Base de données : Chartae Galliae, charte 206839 ; Diplomata Belgica 5750.

Alexander, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Johanni, abbati Marcianensis monasterii, ejusque fratribus tam presentibus quam

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futuris regularem vitam professis in perpetuum. Religiosam vitam eligentibus apostolicum convenit adesse praesidium, ne forte cujuslibet temeritatis incursus aut eos a proposito revocet aut robur, quod absit, sacre religionis infringat. Eapropter, dilecti in Domino filii, vestris justis postulationibus clementer annuimus et Marcianensem monasterium, in quo divino mancipati estis obsequio, predecessorum nostrorum felicis memorie Innocentii et sancte recordationis Eugenii Romanorum pontificum vestigiis inherentes, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium inpresentiarum juste et canonice possidet aut in futurum concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis prestante Domino poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis : ex donariis beate Rictrudis et ipsius filie, venerabilis Eusebie virginis, locum ipsum in quo monasterium situm est, cum habitationibus et mansionibus suis, cum arboretis et ortis a decimis et reditibus et advocatione liberis ; preterea villam Martianensem, in qua sancta Rictrudis corpore quiescit cum locis hinc inde adjacentibus, nemorosis scilicet, aquosis sive palustribus usque ad terram vicinarum ecclesiarum sive hominum comitis Flandriarum ita liberam esse decernimus, ut circummanentium nemo, Bovinensium scilicet Landastensium, Orciensium vel aliarum villarum ibi aliquod jus habeat, exceptis hospitibus ecclesie, qui propter hoc eidem serviunt et redditus suos solvunt ; altare de Martianis quod ab ecclesia Sancte Crucis de Cameraco cum altari de Bovenniis sub censu tredecim solidorum tenetis, silvam que Fagus dicitur cum appendiciis suis, hoc est Mohies et Planches et silvas de Bileham, de Peule, de Erleveceis, de Gillaufait, de Busc, de Felcheria cum omni integritate, vivarium cum molendinis inter Marcianas et Bovenies in dominicatu, excepto jure domini de Landast qui quartam inde partem ab ecclesia accipit et quartam in eisdem reficiendis ponit, is tamen in vivario et molendinis non piscatores vel custodes constituet, sed ecclesia ad hujusmodi servitia quoscumque voluerit libere assumet vel mutabit ; quicquid de vivario vel molendinis conquisitum fuerit ad ecclesiam deferetur et sua pars militi supradicto reservabitur ; extra vivarium prefatus miles nichil habebit nec receptaculum aliquod vel fossatum in terra sua nec alicubi faciet, ut aquas de vivario defluentes ad commodum suum inibi retineat, ecclesie autem de aquis vivarii quicquica) et ubicumque super proprium alodium libuerit, construere licebit preter molendinum, sclusam quoque Scarpi a Marcineis usque prope silvam de Somania, ecclesiam etiam Amagiensem liberam sicut et Marcianiensem cujus filia est cum appendiciis suis Alno, Tilloit, Wandegiis, villas, terras et nemora abbatie cum justitia, banno, legibus, theloneo, invento cum decimis et integritate sua, piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Wasconis curvam juxta Lanium, excepto jure Aquicinensis ecclesie, et super ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites, vivarium quoque de Leverceis cum molendino suo ; in villa de Wasers decimam de terris ecclesie et de terragio earum censum sex solidorum. In pago Pabulensi, villam Beurui cum altari et Theoderici mansum et utraque cum integritate sua ; apud Bovingeias XV cultilia et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa que dicitur Espelcin terram decem solidorum et in villa que dicitur Horca terram duorum solidorum. In Braibanto, in villa de Havines terram IIIIor b)

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solidorum. In pago Melentois, apud Peronam villam terram quinque solidorum, villam Runcinium cum integritate, in Insula castro duos hospites, in Formestraus unum et in Escelmes unum. In pago Letigo, villam Hainas cum omni integritate et altari, altare etiam de Alci et dimidiam carrucatam terre cum undecim hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam cum altari et terras sub omni integritate et, in eodem comitatu, de villa Rinenga de omnibus scilicet rebus majoribus seu minoribus ac de omni acquisitione duas partes totius decime ; apud Lorgias juxta Basceiam, altare et totam decimam parrochie et societatem terre ; villam quoque Parvi Lemni cum terris que continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eo tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sancte Rictrudis que est in publico itinere, et a meta sancte Rictrudis usque ad viam que tendit ad ecclesiam de Lorgiis et inde iterum usque ad Parvum Lemnum ; in eadem regione, in villa Overt terram ad censum XII solidorum. In pago Atrebatensi, Bariacum cum altari et gauulo sub integritate, in Frasne hospites quinque. In pago Obstrevanno, villam Saliacum cum altari, vivario, molendino, gavulo et terras cum omni integritate ; in eodem pago, villam Gaugiacum cum omni integritate et altari, in eodem etiam pago villas Absconium et Heram cum ecclesiis et saltu Brulio cum omni integritate, in Horninio unum cultile et decimam que ad Heram pertinet, in Helemmis cultile unum, in Mastangeo septem cultilia et decimam ejusdem ville in dominicatu, in Marcheta quattuor curtilia, in Lurgio super fluvium Scaldi duo molendina ; in eadem regione Obstrevanni, alodium Vesinium cum omni integritate, altare de Nice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum quinque solidorum, in eodem castro familiam sanctarum Rictrudis et Eusebie a theloneo liberam, capitaliciam earundem sanctarum familiam non cujuslibet ordinis professionem subire vel in clericatum recipi absque notitia et abbatis assensu. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Wasched et de Sandemont et de Tribocurt cum omni integritate et insuper quattuor portiones terre cum decimis, redditum quoque XXX et unius modiorum puri frumenti singulis annis a mansionariis de Hailcort et reliquos redditus ; in vivario quoque de Sclusa habet ecclesia piscatorem unum perpetuo, eo quod pars quedam vivarii ejusdem sit in alodio sancte Rictrudis. In pago Hainonensi, predium Baptingerarum cum proxima silva Pelices nomine et cum omni integritate, in eodem quoque predio censum decem solidorum a comite Hainoensi annuatim persolvendum. In episcopatu Suessionensi, in villa Viriniaco hospites et curtem in dominicatu cum terris et vineis ad eam pertinentibus et in proximo mansum Carraus super Axonam fluvium situm cum terris et vineis et redditibus suis, sicut autem altare de Marcenies vobis confirmamus, ita ejus pertinentia vobis rata manere decernimus, salvo prefato censu ecclesie Sancte Crucis ; a canonicis Atrebatensis ecclesie dimidiam marcam pro commutatione cujusdam partis parrochie de Alci in villa que vocatur Chiri annuatim persolvendam. In territorio de Gaverella et de Ulpi decimas quasdam, in potestate Novevillule decimam LXIII raseriarum terre, in potestate de Frasne similiter tantum habet et quinque hortos, in potestate de Ulpi ad XXXta raserias, in potestate de Hyser ad duodecim modios Duacensensesc), in potestate de Gaverella ad LXIII raserias Duacenses, in potestate de Menricurt ad XVI raserias. Que videlicet universa in consuete libertatis immunitate permanere decernimus, quatinus fratres quiete omnipotenti Deo debita possint servitia exhibere. Ad hec adjcientes sancimus, ut

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nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium et ecclesiam Hamagiensem absque manifesta culpa a divinis officiis interdicere. Nullus quoque ibidem qualibet subreptionis astutia vel violentia in abbatem preponatur, sed liceat vobis communi consilio vel parti consilii sanioris secundum timorem Dei et beati Benedicti regulam, absque ullius contradictione abbatem eligere. Crisma vero, oleum sanctum, consecrationes altarium seu basilicarum, benedictionem abbatis et ordinationem monachorum vel clericorum vestrorum, qui ad sacros ordines fuerint promovendi, a diocesano suscipiatis episcopo, siquidem catholicus fuerit et gratiam atque communionem apostolice sedis habuerit, et ea gratis et absque pravitate aliqua vobis voluerit exhibere. Alioquin liceat vobis catholicum quemcumque malueritis adire antistitem, qui nimirum nostra fultus auctoritate, quod postulatur, indulgeat. Sepulturam quoque ipsius loci liberam esse decernimus, ut eorum devotioni et extreme voluntati qui illic sepeliri deliberaverint, nisi forte excommunicati vel interdicti sint, nullus obsistat, salva nimirum justitia ecclesiarum illarum a quibus mortuorum corpora assumuntur. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat idem cenobium temere perturbare nec comiti nec advocato nec alicui terrene potestati in villa aliqua ejusdem cenobii contra voluntatem abbatis vel monachorum manere, nec placita tenere, nec convivia preparare, nec pecunie collectionem facere, nec aliquid ab hominibus ecclesie vel ab ipsa ecclesia accipere, nisi hoc solum quod in autentico scripto comitis Balduini concessum est advocato. Idem quoque cenobium possessiones suas in terris, in aquis, in nemoribus et hospitibus et ceteris redditibus suis, sicut antiquitus ab omni exactione et reclamatione alienas liberas possedit, ita de cetero nostra apostolica auctoritate sub eadem libertate possideat et nulli liceat illas ei auferea) vel ablatas retinere, minuere vel temerariis vexationibus monasterium fatigare, sed omnia integra conserventur eorum pro quorum sustentatione et gubernatione concessa sunt usibus omnimodis profutura, salva sedis apostolicae auctoritate et Atrebatensis episcopi canonica reverentia. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit, secundo tertiove commonita, nisi presumptionem suam digna satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui dignitate careat reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et domini redemptoris nostri Jhesu Christi aliena fiat, atque in extremo examine districte ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco sua jura servantibus sit pax Domini nostri Jhesu Christi, quatinus et hic fructum bone actionis percipiant et apud districtum judicem premia eterne pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Vias tuas, Domine, demonstra michi). Ego Alexander catholice ecclesie episcopus subscripsi. (Benevalete) † Ego Johannes presbiter cardinalis sanctorum Johannis et Pauli titulo Pamachii subscripsi. † Ego Johannes presbiter cardinalis sancte Anastasie subscripsi. † Ego Guillelmus presbiter cardinalis titulo sancti Petri ad vincula subscripsi. † Ego Boso presbiter cardinalis sancte Pudentiane titulo Pastoris subscripsi. † Ego Petrus presbiter cardinalis titulo sancti Laurentii in damaso subscripsi. † Ego Hubaldus Hostiensis episcopus subscripsi.

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† Ego Bernardus Portuensis et sancte Ruphyne episcopus subscripsi. † Ego Ardicio diaconus cardinalis sancti Theodori subscripsi. † Ego Cinthyus diaconus cardinalis sancti Adriani subscripsi. † Ego [Hugo diaconus] cardinalis sancti Eustachii juxta templum Agrippe subscripsi. † Ego Petrus de Bono diaconus cardinalis sancte Marie in Aquiro subscripsi. Datum Tusculani per manum Gratiani sancte Romane ecclesie subdiaconi et notarii, XII kalendas madii, indictione V, incarnationis dominice anno MCLXXII, pontificatus vero domni Alexandri pape III anno tertio decimo. a) sic A. – b) IIIIor écrit sur un mot gratté. – c) sic A pour Duacenses.

92 1172 Robert, abbé de Saint-Léger de Soissons, confirme que Pierre de Ploisy a renoncé à ses prétentions sur la terre dont il était l’avoué à Carreu et dont l’abbaye de Marchiennes détenait la possession depuis le règne de Dagobert. A. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Carta Roberti abbatis sancti Leodegarii Suessionensis de terra de Karreu. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXII [p. 265-266], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 207-208, d’après B. – D. Copie du xviiie siècle. Cartulaire de Vregny. Lille, ADN, 10 H 1248, fol. 1, d’après B. Base de données : ThDipl W 11413 ; Diplomata Belgica 11413.

Ego R[obertus], Dei gratia abbas Sancti Leodegarii Suessionensis, et capitulum notum facimus tam futuris quam presentibus quod ecclesia de Marchianis quandam terram apud Karreu a tempore Dagoberti tenuerat. Petrus vero de Ploisi advocatus illius terre postmodum eam terram adversus predictam ecclesiam clamavit. Tandem coram hominibus de Minci et de Kerreu se injuste eam clamasse recognovit, astantibus Lisiardo decano de Buchi, Radulfo sacerdote de Vergni, Widone vicecomite, Theoderico fratre ejus et de Vergni Everardo, Joscelino, Theoderico et Huberto. Et etiam in presentia nostra hoc ispum recognovit, astantibus uxore sua et filio suo qui terram illam perpetuo jure predicte ecclesie possidendam concesserunt. Quod ut ratum permaneat, sigillo nostro roboravimus. Actum anno Domini MoCoLXXo secundo. 93 1172 Nivelon, archidiacre de Soissons, notifie que l’abbaye de Marchiennes et Évrard de Vregny ont conclu un accord au sujet de l’exploitation par les moines d’une vigne qu’Évrard tenait du monastère.

Éd i t i o ns d e s chart e s A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende, partie basse : CYROGRAPHVM) hauteur 185 mm (dont repli 25 mm), largeur 230 mm ; sceau en navette (50 mm × 25 mm) pendant sur double queue de parchemin, représentant un personnage à mi-corps, tête nue, tenant devant lui une banderole portant une inscription illisible ; légende [...]NE[..]LONIS SVESS[IONENSIS] ARCHI[....] (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 154, no 6137). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Nivelonis archidiaconi de quadam vinea apud Verniacum (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : G I (en rouge). Lille, ADN, 10 H 310/4766. A2. Original perdu. Indiqué : Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 154, no 6137. Base de données : ThDipl W 10511 ; Diplomata Belgica 10511.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Nivelo, Dei gratia Suessionensis archidiaconus, tam futuris quam presentibus notum fieri volo quod domnus abbas et capitulum Marcinensis cenobii Everardo de Vereni XX libras Cathalaunensium super unam vineam conmodaverunt, quam vineam cum alia terra idem Everardus a predicto abbate in feodum tenebat. Talis autem inter eos fuit conventio, quod capitulum Marcinensis cenobii vineam illam X annis coleret et fructum ejus haberet. Post X vero annos licebit Everardo vel suis heredibus predictam vineam redimere et pretaxatam peccuniam reddere a vindemia usque ad medium marcium. Everardus vero usque ad redemptionem vinee de medietate servicii quod pro feodo illo debet relaxabitur. Hanc conventionem inconcusse tenendam Everardus ipse et Maria uxor sua et Aubericus filius ejus et Theodoricus et Erardus generi ejus fiduciaverunt. Eandem conventionem Girardus filius ejus et filie ejus laudaverunt et concesserunt. Super hoc plegii sunt Guido vicecomes et Theodoricus frater ejus et Hugo vicecomes et Odo de Atrio. Hujus rei testes sunt Lesiardus decanus de Buci, Radulfus presbiter de Verni, Theodoricus et Wibertus filii Hugonis, Symon et Adam filii Petri, Joscelinus, Bernardus et Matheus de Marcenis. Ut igitur memoriter teneatur ratumque permaneat quod in nostra presentia pars utraque concessit, utriusque partis rogatu scripsi et pro bono pacis sigillum meum in testimonium apposui. Actum anno ab incarnatione Domini MoCoLXXIIo. 94 [1173, 22 janvier – 1176, 23 mars] Évrard, évêque de Tournai, notifie qu’Amauri de Landas et Aehelidis, sa mère, ont donné à l’abbaye de Marchiennes cent trente-trois livres, quatre sous et quatre deniers pour payer une partie des frais engagés par les moines, correspondant à la part qui leur incombait pour l’entretien de l’étang de Mohies (Mouy). A. Original sur parchemin, hauteur 265 mm (dont repli 15 mm), largeur 180 mm ; sceau en navette de cire brune brisé et usé sur double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Everardi Tornacensis episcopi de Amolrico de Landasto de vivario de Mohies (xviie s.) – 1173-1190 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : E II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 210/3422.

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D e u xi è m e pa rt i e B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Everardi episcopi de debito Amolrici de Landast et Aalidis matris ejus. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXVI [p. 173], d’après A. C. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 77, fol. 205ro, d’après B. a. Pycke et Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, II, p. 149-150, no 104, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 135 ; Pycke, Répertoire biographique, no 200 ; Tock, Chancellerie, p. 63 ; Vleeschouwers, Chronologische problemen, p. 26, note 80 ; Vleeschouwers et Van Melkebeek, « Le rôle de l’entourage des évêques de Tournai », p. 23, note 103. Base de données : ThDipl W 10515 ; Diplomata Belgica 10515. La datation au plus tôt correspond au début de l’épiscopat d’Évrard. La datation au plus tard est fixée par la présence du chancelier Lietbert cité dans cette charge de 1146 au 23 mars 1176.

Ego Evrardus, Dei gratia Tornacensis episcopus, notum fieri volumus omnibus quod Amolricus de Landast et Aalidis mater ejus, pro debito quod debebant ęcclesię Marcianensi de opere vivarii quod est inter Marcen[ies] et Boven[ies], scilicet C et XXXIII librarum, IIIIor solidorum et IIIIor denariorum, concesserint prefatę ęcclesię partem vivarii que ad eos pertinebat, donec pecuniam nominatam de moltura sive de piscibus recipiat. Expense autem que necessarię fuerint in molendinis reficiendis vel sclusis vivarii seu mercedes operariorum vel servientium de communi persolventur. De parte vero reliqua Amolrici debitum ejus, ut dictum est, persolvetur. Hoc Amolricus et Gozuinus frater ejus Aalidis quoque mater eorum se servaturos fide et sacramento polliciti sunt et parentes suos et amicos in fidejussores ęcclesię dederunt. Hujus rei fidejussores et testes sunt isti : Theodericus, Robertus et Gerardus de Landast, Alardus de Spineto, Stephanus de Lambris et Rainerus filius ejus, Fulchardus de Ais, Gerardus de Muscin, Helbertus de Helenis, Nicholaus de Leliu, Lietbertus de Samiun, Theoboldus de Boven[ies], christianitatem etiam suam inde vadem dederunt et ut hanc cartulam sigillo meo roborare petierunt. Quod et feci et testes subscribi precepi et ne aliquis de hac re Marcianensi ęcclesię molestiam inferat sub anathemate prohibui. S. Liberti decani. S. Lietberti cancellarii. S. Gonteri decani. S. Rogeri capellani. 95 1176, 26 avril. – Arras Philippe d’Alsace, comte de Flandre, à la suite de la plainte de Jean, abbé de Marchiennes, contre Amauri de Landas, met fin à un litige en confirmant les droits de pêche de l’abbaye dans la Scarpe. Il énumère et confirme aussi les biens et droits du monastère. A. Original sur parchemin, hauteur 620 mm (dont repli 40 mm), largeur 410 mm ; sceau rond (diamètre 90 mm) de cire rouge, type équestre à l’épée sur lacs de soie rouge et jaune ; très abîmé et légende usée ; contre-sceau type équestre à l’épée ; légende : + ET . VIROMANDIE

Éd i t i o ns d e s chart e s (semblable à Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 157, nos 17-18). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Philippi comitis Flandrie de omnibus terris nostris (xiiie s.) – Philippus comes de omnibus terris nostris et contra Almorico de Landast super piscatum in flumine Scarpi (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 210/3423. B. Copie en forme de vidimus de décembre 1251 de Jacques, évêque d’Arras. Lille, ADN, 10 H 210/3423b. – C. Copie en forme de vidimus de 1272 de Pierre, évêque d’Arras. Lille, ADN, 10 H 210/3423a. – D. Copie du xiiie siècle ; titre : Philippus comes contra Amolricum de Landast super piscatione Scarpi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXXXIV [p. 237-239], d’après A. – E. Copie du xiiie siècle ; pas de titre. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXLIIII [p. 326], d’après A (fragment). – F. Copie du xiiie siècle ; pas de titre. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLVI [p. 133-134]. – G. Copie en forme de vidimus de 1302 par Guillaume, bailli de Vermandois. Lille, ADN, 10 H 210/3423c. – H. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 152ro-153ro. I. Copie de la fin du xvie siècle par François de Bar, grand-prieur d’Anchin, Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. divers no 7747, fol. 479ro-481vo. – J. Copie authentique du 18 février 1745 par Barbier, conseiller du roi a la gouvernance du souverain bailliage de Douai et Orchies. Lille, ADN, 10 H 210/3423g, d’après A. – K. Copie du 18 février 1745. Lille, ADN, 10 H 210/3423h, d’après J (fragment). – L. Copie authentique du 10 mai 1749 par R. Dufetz, huissier du conseil provincial d’Artois. Lille, ADN, 10 H 210/3423h, d’après A. – M. Copie du 17 octobre 1770 par dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 80, fol. 55-58. – N. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 210/3423d. – O. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 210/3423e. – P. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 210/3423 f. – Q. Copie informe du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 210/3423g (fragment). a. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 351-352, d’après A. – b. Miraeus, Noticia, p. 439, d’après a. – c. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 40 (fragment). – d. Miraeus et Foppens, Opera diplomatica, t. 2, p. 712-713, d’après a (fragment). – e. Le Glay, « Revue des opera diplomatica », p. 64-68, d’après A. – f. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, p. 182-185, no 394, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 135 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 558 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 80, no 31 et p. 51, no 131 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 242, 243, 267, 275 ; Feuchère, « Une châtellenie inconnue », p. 14, no 18 ; Tock, Chancellerie, p. 64 ; Delmaire, « Les limites de la cité des Atrébates », p. 732. Base de données : ThDipl W 7543/D 5865 ; Diplomata Belgica 7543.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Ego Philippus, per Dei misericordiam comes Flandr[ie] et Viromand[ie], notum fieri volo tam futuris quam presentibus Johannem Marcianensis ęcclesię abbatem et monachos in mei et baronum meorum presentia frequenter querimoniam deposuisse de Amolrico de Landast qui quandam partem aquę fluminis Scarpi que propria erat ęcclesię injuste usurpabat et in hoc predecessorum meorum privilegia transgrediens. Ad audiendam igitur utriusque partis controversiam tam abbati quam Amolrico diem apud Ariam denominavi. Ad hanc itaque abbas et monachi cum privilegiis predecessorum meorum convenerunt. Quibus visis et lectis in audientia omnium a baronibus meis juste et concorditer judicatum est quod secundum privilegiorum suorum continentiam tota piscatio

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fluminis Scarpi libera ęcclesię Marcianensi remanere deberet a Wasconis scilicet curva usque ad Brachiorum Locum cujuscumque sit litus ex utraque parte, excepto eo quod ibi habet Aquicinensis ęcclesia a rascia Pomeries usque ad rasciam Rullagii et quod domino Warlennii in angulo suo licet habere tres tantummodo lacunas palis et viminibus compositas, sed nullam ex jure licet ei exercere piscationem per decurrentes aquas. Proinde notum sit omnibus quod supradictus abbas et monachi nostram benivolentiam humiliter postulaverunt quatinus quod eis in curia mea a baronibus meis juste judicatum est, cum possessionibus suprascripte ęcclesię que a beata Rictrude dum adjuveret munifica largitate facto testamento in elemosinam eidem ecclesie collatę sunt, meo privilegio ad instar privilegii comitis Karoli et predecessorum meorum contra pravorum hominum incursionem sub testimonio baronum meorum confirmarem. Ego autem abbatis et monachorum petitioni condescendens adquievi et monasterii Marcianensis antiquam libertatem in hac pagina confirmavi. In primis, villam Marcianensem in qua ipsius sanctę corpus cum aliis sanctorum corporibus requiescit liberam decernimus cum locis hinc inde adjacentibus nemorosis videlicet et aquosis a terra scilicet quę descendit a feodo Duacensi usque ad terram sancti Amandi sanctique Petri Hasnonie, et a terra de Fanen usque ad terram comitis Flandrie in pago Pabulensi. Sclusam quoque Scarpi a Marcianis usque prope silvam de Somania. Sclusam etiam de Donca) cum vivario et molendino juxta villam de Alno, locum quoque Hamaticensem cum appendiciis suis Alno et Tilloit et Wandegiis, vivarium cum molendino de Erlevecies et silvam ejusdem loci. In Ostrebanno, villas Absconium et Heram cum terris et terragiis et silvam de Bruilo ; in eodem pago, villam Saliacum cum vivario, molendino, furno et gaulo, villam etiam Gaugiacum cum omni integritate et totum gaulum ejusdem ville quod ego predicte ęcclesię pro anima mea et predecessorum meorum in elemosinam condonavi. In pago Attrebatensi villam Bariacum et gaulum cum omni integritate, in pago Cameracensi Sandemont cum appenditiis suis, in pago Letigo villam Hainas et Masengarbam et Lorgias cum appendiciis suis, in Melentois villam Roncinium, in pago Pabulensi villam Bevrui cum vivario et molendino et terris ad eam pertinentibus, de turre quoque Duacensi censum quinque solidorum, et in eodem castro familiam sanctarum Rictrudis et Eusebię a theloneo liberam. In potestate de Rinenga, duas partes tocius decimę secundum etiam predecessoris nostri comitis Radulfi scriptum et elemosinam winagium et pedagium de omni vino quod fratres ducunt ad ęcclesiam ad opus suum per transitus nostros libere transire et nichil omnino a ductoribus vini exigere similiter et de omnibus victualibus fratrum per totam terram meam liberum transitum. Has itaque beatę Rictrudis villas seu possessiones quas suprascripsimus sic liberas esse sicut ab antiquo fuerunt, decernimus que omnes cum appenditiis suis sub mea protectione et advocatione sunt qui ejusdem ęcclesię summus sum advocatus et advocati earumdem possessionum de me suas tenent advocationes. Ut autem hujus nostrę liberalitatis devota descriptio firma et inconvulsa perpetuo maneat neque ab aliquo successorum meorum vel ministrorum infringatur, sigilli mei impressione eam roboravi, baronum etiam meorum et testium qui interfuerunt nomina subter annotari feci. Signum Eustachii camerarii. Signum Walteri de Locris. Signum Roberti advocati. Signum Hellini dapiferi. Signum Michahelis conestabuli. Signum Hugonis de Oysi. Signum

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Walteri de Attrebato. Signum Michahelis castellani Duacensis. Signum Rainaldi de Area. Signum Gisleberti de Aria. Signum Walteri castellani de Rascia. Signum Roberti prepositi Insulani. Signum Gerardi de Mescinis notarii et sigillarii mei. Actum anno Domini MoCoLXXoVIo, VIo kalendas maii, in civitate Attrebatensi. a) sic A.

96 1177, [avant le 12 juin] Philippe d’Alsace, comte de Flandre, donne à l’abbaye de Marchiennes une rente annuelle de soixante sous à percevoir tous les ans aux Rameaux à Douai sur l’officium d’Adélaïde de Douai, pour l’achat du pain et du vin nécessaires à la célébration de la messe. A. Original sur parchemin, hauteur 70 mm (dont repli 10 mm), largeur 220 mm ; sceau rond (90 mm) de cire rouge de type équestre sur lacs de soie rouge ; légende : + SIGILLVM . PHILIPPI . COMITIS FLANDRIE ; contre-sceau représentant un écu au lion ; légende : + ET . VIROMANDIE (Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 158, nos 19-20). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Philippi comitis Flandrie et Viromandie de LX solidis (xiie s.) – Philippus comes de redditu LXa solidorum (xiiie s.) – Cist LX s. furent vendu et li argens convertis en le disme d’Auchi (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/700. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Philippi comitis Flandrensis de LX solidis pro sacrificio altaris. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CII-CIII [p. 245-246], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, 132vo. D. Copie du 5 décembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 81, fol. 99ro. a. De hemptinne, De oorkonden… Filips, p. 321, no 495, d’après A. Fac-similé : Pirenne, Album belge de diplomatique, t. 1, pl. 22, H (fragment). Indiqué : Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 67, no 181 ; Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 158, nos 19-20. Base de données : ThDipl W 8561/D 6258 ; Diplomata Belgica 8561. La datation est liée au départ en croisade du comte Philippe.

In nomine sancte et individue Trinitatis in perpetuum. Ego Philippus, Flandr[ię] et Viromand[ię] comes, notum esse volo omnibus quod, pro salute animę meę, dedi in helemosinam ęcclesię de Marcenes LX solidos singulis annis accipiendos Duaci in dominica Palmarum, ex officio Adelidis Duacensis. De istis vero denariis statui ut solummodo procurentur vinum et panis ad conficiendum sacrificium altaris. Ne igitur hec helemosina possit ab aliquo infringi vel cassari, sigilli mei auctoritate eam confirmari precepi. Anno Domini MoCoLXXVIIo.

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97 1177. – Saint-Vaast d’Arras, in capitulo Martin, abbé de Saint-Vaast, et Jean, abbé de Marchiennes, concluent un accord au sujet de dîmes à Oppy et à Neuvireuil. Les moines arrageois paieront chaque année une redevance de vingt-quatre mencaudées de froment pour les dîmes que les moines de Marchiennes tiennent à Oppy et Neuvireuil. A1. Original (chirographe à droite) perdu. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende, partie haute : CYROGRAPHVM), hauteur 225 mm (dont repli 15 mm), largeur 200 mm ; sceau en navette de cire brune (70 mm × 55 mm) à moitié brisé et usé, pendant sur double queue de parchemin, représentant un personnage siégeant et bénissant ; légende : […] MARCIANENSIS ECCLESIAE […]. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Concordia inter Marcianensem capitulum et Atrebatensem de decima de Wulpi et Nueviriel (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 180/2873. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Concordia inter ecclesiam Sancti Vedasti et Marcianensem de terra Wulpi et Nuevuruele. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXX [p. 280], d’après A2. – C. Copie authentique de 1590. Lille, ADN, 10 H 180/2873a, d’après A2. D. Copie du xvie siècle. Copie du cartulaire de Saint-Vaast d’Arras dit de Guiman, xvie siècle (Stein 473). Arras, Pas-de-Calais, 1 H 2, fol. 138ro. – E. Copie du xviie siècle. Copie du cartulaire de Saint-Vaast d’Arras, dit Guiman de l’évêché (Stein 208 bis). Arras, Pas-de-Calais, 9 J AA, fol. 179ro. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 81, fol. 94, d’après B. – G. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 81, fol. 95, d’aprè B. Base de données : ThDipl W 10512 ; Diplomata Belgica 10512. L’homogénéité d’écriture de cette charte est rompue à la dernière ligne pour la datation. Pour celle-ci, la main a tracé d’un module plus épais MoCo et d’un plus grand et plus fin LXXoVIIo.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Notum sit omnibus tam futuris quam presentibus quod ecclesia Beati Vedasti et ecclesia Marcianensis, utroque capitulo concedente et abbatibus presentibus Martino Atrebatensi et Johanne Marcianensi, hanc concordiam fecerunt pro decima quam ecclesia Marcianensis in potestate de Huppi et Novirelle habebat, quod ecclesia Beati Vedasti, pro decima, eadem ecclesie Marcianensi, viginti quatuor mancaldos frumenti, quod de eadem decima provenerit vel quod tantum valuerit, solvet singulis annis. Actum in capitulo Atrebatensi anno Verbi incarnati MoCoLXXoVIIo. 98 1177. – Saint-Vaast d’Arras, in capitulo Notice rapportant que Martin, abbé de Saint-Vaast, et Jean, abbé de Marchiennes, établissent entre leurs deux communautés une société de prières.

Éd i t i o ns d e s chart e s A. Original perdu. B. Copie du xve siècle. Douai, BM, ms. 890, fol. 1vo (nécrologe de Marchiennes). a. Gerzaguet, Les confraternités de l’abbaye de Marchiennes, p. 348, no 11, d’après B.

Sancti Vedasti Attrebatensis. Ecclesiae Beati Vedasti et Sancte Rictrudis Marchianensis isto dilectionis vinculo collectuntur, ut obeuntibus abbatibus una missa ab unoquoque sacerdote et officium celebre cum tricenario et annotatione nominum in regula, fratribus vero obeuntibus officium in conventu cum tricenario et annotatione nominum in regula. Est et aliud pactum mutue societatis additum quod ne per succedentia tempora ab hiis qui non interfuerunt aut oblivione negligatur aut aliqua ratione violetur, litteris signari decretum est scilicet ut, si quemlibet ex predictorum locorum fratribus aliqua interveniente discordia locum proprium relinquere contigerit, retinebit eum abbas ad quem fugerit, donec aut proprio loco eum restituat aut causam discessionis justam vel injustam esse cognoscat. Quisquis istius communionis insolubile scriptum legerit, noverit has duas congregationes in Christo esse unitas. Actum in capitulo Beati Vedasti anno Domini MoCoLXXVIIo, agente abbate Attrebatensi Martino et Marchianensi Johanne primo. 99 1178. – Saudemont Hugues d’Oisy donne à l’abbaye de Marchiennes deux portions de terre sises à Tillemont et Ronsoy, lieux-dits de Saudemont. Il notifie que cette donation s’est faite avec l’accord de Robert d’Oisy[-le-Verger] qui tenait de lui ces biens en arrière-fief. A. Original sur parchemin, hauteur 180 mm (dont repli 30 mm), largeur 280 mm ; sceau perdu, lacs disparus. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Hugonis de Oysi de Tillemont (xiie s.) touchant deux pieces de terre a Saudemeont et Ecourt données aux religieux de Marchiennes 1178 cartulaire fol. 86 (xviiie s.) 2) Anciennes références d’archives : D (en rouge). Lille, ADN, 10 H 43/701. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Hugonis de Oysi de terra de Tillemont et de Ronsoi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXXVI [p. 213-214], d’après A. Base de données : ThDipl W 11412 ; Diplomata Belgica 11412.

In nominę sancte et individuę Trinitatis. Notum sit omnibus tam futuris quam presentibus quod Hugo de Oysi ęcclesię Beatę Rictrudis Marceniensis duas portiones terrę ad mensuram unius modii Duacensis quę jacent sub Tillemont et ad Ronsoi redditas michi a Roberto de Oysi et Waltero fratre ejus hominibus meis ligiis in elemosinam reddidi. Tenebat enim eas idem Robertus de me ligiali consuetudine in feodo. Quas portiones cum michi spontanee reddidissent astantibus hominibus meis et audientibus ab eodem Roberto quęsivi utrum amplius ipse aut heres ejus in illa terra aliquid clamaret. Ipse vero et uxor ejus Maria et Walterus frater ejusdem Roberti quasi ex uno ore responderunt se aut heredes suos in illa terra nichil ultra habituros vel clamaturos. Hęc illis respondentibus, adjuravi homines meos ut edicerent

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si Robertus aut quilibet heres ipsius aliquid juris in illa terra amplius habere deberent quippe qui spontanei eam penitus abjurassent. Illi autem cum consilio loquuti responso nobis reddiderunt prefatum Robertum universosque heredes ejus ab illa terra penitus exclusos, his ita se convenienter habentibus fidem ab ipso Roberto et Waltero fratre ejus, et ab omnibus quos ex parte Roberti suspectos habebam, accepi quod ecclesia Marceniensis nichil controversie vel calumpnię pro hac elemosina ab ipsis vel eorum successoribus in perpetuum sustineret. Facta ergo michi redditione sollempni, ego compos factus hereditatis meę eam utpote meam ramo et cespite super altare sancti Leodegarii beatę Rictrudi in elemosinam contuli, assensu ipsius Roberti et Marię uxoris ejus Walteri fratris ejusdem Roberti, Balduini et Mathildis uxoris ejus, Roberti et Gillę uxoris ejus, Arnulfi et Fraessendis uxoris ejus et Ode innuptę sororum Roberti. Ego Hugo de Oysi hujus actor operis subscripsi et testes adhibui. S. Hugonis de Oysi. S. Hugonis de Lambres. S. Hugonis de Heninel. S. Eustachii majoris de Ahicort. S. Walteri de Sandemont. S. Balduini de Ahicort. S. Stephani de Ahicort. S. Balduini de Sauci. S. Petri Canis. S. Johannis Pelerin. S. Gofridi, Arnulfi, Roberti scabinorum de Marcenis. S. Warini Boriart scabini Sancti Amati Duacensis. S. Hugonis presbiteri de Sandemont qui anathematizavit omnes qui super hac elemosina monachos Marcenienses amplius inquietare presumerent. Actum anno Verbi incarnati Mo Co LXXo VIIIo, presidente sanctę Romanę ęcclesię Alexandro tercio, regnante Ludovico rege Francorum, principante Flandrensibus et Virmandensibus Philippo, cathedre Cameracensi presidente Rogero electo, Attrebatensi domno Frumaldo. Actum apud villam Sandemont, temporibus domni Johannis abbatis, Balduini prepositi, Ingranni et Hugonis monachorum. 100 1180, 27 mars. – Aniche ; 31 mars. – Valenciennes Philippe d’Alsace, comte de Flandre, notifie qu’Étienne d’Auberchicourt, fils de Gautier de Bruille[-lez-Marchiennes], a restitué à l’abbaye de Marchiennes la dîme d’Aniche usurpée contre elle au siècle précédent par Anselme le Barbu, alors comte d’Ostrevent. L’abbé devra toutefois s’acquitter d’une somme de quatre cents marcs d’argent qui sera partagée entre Étienne d’Auberchicourt, Étienne de Landas, avoué de Marchiennes, et Adalmannus de Haspres. Ces deux derniers ont renoncé à leurs prétentions sur la dîme par l’entremise de Baudouin V, comte de Hainaut. La restitution a eu lieu à Aniche le 27 mars ; le 31 mars, le comte de Flandre s’est porté garant de l’accord à Valenciennes. A. Original sur parchemin, hauteur 540 mm (dont repli 60 mm), largeur 340 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Philippi comitis Flandrensis et Viromandensis de decima de Henic (xiie s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 146/2251. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Philippus comes Flandrensis et Viromandensis de restitutione decime de Anich. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CVIII [p. 257-258], d’après A. Cette copie, d’une écriture de la fin du xiiie siècle, a été effectuée à l’emplacement d’un acte entièrement gratté qui occupait les trois quart de la colonne de droite de la page 257

Éd i t i o ns d e s chart e s et toute la colonne de gauche de la page 258 ; il n’en subsiste en haut dans la colonne de droite que la fin de la datation : VII ab anno incarnatione Domini MoCoLXXXoVIIo. Le seul acte de 1187 conservé en original et déjà copié dans le cartulaire (p. 183-184) ne peut être celui-là (cf. no 113) car la formulation de la datation est différente. a. Duvivier, Actes et documents, t. 2, p. 106-109, no 54, d’après A. – b. De hemptinne, De oorkonden… Filips, p. 56-60, no 554, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 135-136 ; Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 263 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 80, no 224 ; Vanderkindere, La formation des principautés, t. 1, p. 134 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 61, 80 et 113 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 270 ; Prevenier, « Du style de Noël au style de Pâques », p. 247. Base de données : ThDipl W 3022/D 3300 ; Diplomata Belgica 3022.

(Crux). In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti, amen. Notum est omnibus quod universi fideles teneantur ęcclesiarum jura custodire, dispersa recolligere, ablata vi vel fraude restituere ; et si infimi quique vel mediocres hoc nodo tenentur astricti, multo magis nos, quos Deus constituit terrarum principes ęcclesiarumque defensores, tenemur obnoxii. Unde ego Philippus, per Dei erga me piam benivolentiam Flandrię vel Viromandię comes, notum fieri volo tam futuris quam presentibus ęcclesiam Marcianensem, cujus auctore Deo summus existo advocatus, magnam rerum suarum per incuriam prelatorum seu subditorum sustinuisse jacturam in quibus recuperandis tam ego quam predecessores mei diligentissimam adhibuimus operam. Inde est quod decimam de Henice quę tota fuit, sicut privilegia Romanorum pontificum testantur, ejusdem ęcclesię, per industriam Balduini comitis Hainoensis et meam recuperavit hoc modo. Hanc enim illi abstulerat Ansellus Barbatus Ostrevantensis comes, tempore Roberti comitis predecessoris mei. Walcherus autem quidam miles de Bruilo, qui post alios injustos possessores et ipse prefatam decimam injuste tenebat, ab Amando abbate Marcianensi eam suscepit, censum Ve solidorum annuatim inde ęcclesię persolvens. Stephanus autem, filius predicti militis, in hac ei possessione succedens, prefatam decimam ęcclesię supranominatę, ipse et Roscela uxor ejus cum duobus filiis, assensu Goberti, Johannis et Raineri, non solum in elemosina reddiderunt sed et vendiderunt. Stephanus quoque advocatus et Gertrudis uxor ejus cum filiis Rainero, Stephano, Hugone et Amolrico, Almannus quoque de Haspra cum uxore et filiis, prece et precio a comite Hainoensi deliniti, nam prefatę decimę reclamatores videbantur, quicquid in ea reclamabant, coram Henrico abbate et fratribus Marcianensis ęcclesię, videntibus meis et prefati comitis hominibus, fide data factoque sacramento, tam possessores quam reclamatores super corpus beate virginis Eusebię suprascriptam decimam restituerunt. Ibidem statim, hominum meorum et comitis seu eorundem restitutorum judicio, definitum est in sepe nominata decima nichil eos habere nec in futuro aliquid reclamare posse. Actum est hoc anno Domini MoCoLXXXo, in basilica sancti Martini de Henice, VIo kalendas aprilis, ante sacras beate Eusebię virginis reliquias. Notum vero sit omnibus quod

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Henricus, abbas Marcianensis, CCCC argenti marcas Balduino comiti prefatis possessoribus seu reclamatoribus distribuendas, dederit. Post hec, cum essem Valentianis, Stephanus advocatus et filii ejus, in presentia comitis Hainoensis, a me expetierunt ut, pro hac re magis confirmanda, tam ego quam successores mei ęcclesię Marcianensi obsides et fidejussores existeremus. Ego autem, ęcclesię utilitati magis quam eorum petitioni consulens, precibus eorum adquievi. Si quis autem, post hanc hujus decimę restitutionem legitimam, ęcclesiam quam manutenuere debeo pro hoc infestare presumpserit, non solum iram Dei et beatę Eusebię sed etiam nostram successorumque nostrorum in detrimentum suę sentiet substantię. Ut autem hęc carta perpetuam obtineat firmitatem, eam sigilli mei impressione et baronum meorum, nec non et illorum qui interfuerunt testimonio confirmavi. S. Philippi comitis Flandrię seu Viromandię. S. Balduini comitis Hainoensis. S. Henrici abbatis Marcianensis. S. Johannis abbatis Sancti Amandi. S. Lamberti abbatis Laubiensisa). S. Evrardi castellani Tornacensis. S. Rogeri castellani Curtriacensis. S. Razonis de Gavera. S. Michahelis conestabuli. S. Jacobi de Avesnisb). S. Gerardi prepositi Duacensis. S. Anselli de Lambris. S. Rainaldi de Aria. S. Roberti de Monteni. S. Almanni de Provic). Actum Valentianis, II kalendas aprilis, indictione XIIIa, regnante Ludovico VIIo in Francia a) La liste des témoins est organisée en trois colonnes. Fin de la première colonne. – b) Fin de la deuxième colonne. – c) Fin de la troisième colonne.

101 1180, 27 mars. – Aniche ; 31 mars, 1er avril. – Valenciennes Baudouin VI, comte de Hainaut, notifie la restitution faite par Étienne de Bruille à l’abbaye de Marchiennes de la dîme d’Aniche usurpée contre elle au siècle précédent par Anselme le Barbu, alors comte d’Ostrevent. A. Original sur parchemin, hauteur 540 mm (dont repli 70 mm), largeur 335 mm ; sceau rond de cire rouge (diamètre 65 mm) de type équestre ; légende : + SIGILLVM BALDVINI COMITIS HAINOENSIS (Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 359, no 7). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Balduini comitis Hainoensis de decima de Anic (xiie s.) – Balduini comitis Hainoensis de decima de Anic (xive s.) – Anno 1180 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 146/2250. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Balduinus comes Hainoensis de quadam decima in villa de Anich. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXVII [p. 275-276], d’après A. a. Duvivier, Actes et documents, t. 2, p. 109-112, no 55, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 135 ; Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 263 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 91 ; Prevenier, « Du style de Noël au style de Pâques », p. 247 ; Tock, Chancellerie, p. 46.

Éd i t i o ns d e s chart e s Base de données : ThDipl W 3023/D 3301 ; Diplomata Belgica 3023. L’indiction 13 correspond à l’année 1180.

(Crux). In nomine sanctę et individuę Trinitatis, amen. Balduinus, Dei gratia comes Hainoensis, tam futuris quam presentibus. Principatus nobis a Deo commissi exigit honor, ut subjectos nostros juste judicemus, dissidentes pacificemus, unicuique sua pro posse restituamus. Inde est quod vobis notum facimus ęcclesiam Marcianensem quandam decimam ab antiquo possedisse in villa de Henice quę meus est dominicatus, quam injusta pervasione ei abstulit Ansellus Barbatus, Ostrevantensis pagi dominus, eamque injustius possidendam suis dedit hominibus. Temporibus autem Amandi abbatis Marcianensis, quidam miles Walcherus scilicet de Bruilo, qui eam post alios injuste tenebat, a predicto abbate eam suscepit, censum quinque solidorum annuatim ęcclesię persolvens. Stephanus autem, filius ejus hereditarius, post eum possessor effectus, predictam decimam ęcclesię pręfatę tam ipse quam ceteri qui ejusdem reclamatores esse videbantur, partim in elemosinam partim pro precio reddiderunt. Facta est autem hec legitima hujus decimę restitutio in monasterio sancti Martini de Henice, supra sacrum corpus beatę virginis Eusebię, in presentia Henrici abbatis Marcianensis et monachorum ejusdem ęcclesię, videntibus meis et comitis Flandrię hominibus. Possessores hii erant : Stephanus de Obercicurt, filius Walcheri de Bruilo, et Roscela uxor ejus et duo filii eorum, Gobertus, Johannes et Rainerus fratres ejusdem Stephani ; porro reclamatores : Stephanus advocatus et Gertrudis uxor ejus, Rainerus, Stephanus, Hugo et Amolricus filii eorumdem, Almannus de Haspra, uxor ejus et duo filii eorum. Hii omnes fide data et sacramento facto predictam decimam guerpiverunt. Quo facto, tam ipsi quam homines mei terrarumque mearum cultores ore proprio judicaverunt in predicta decima nichil habere, nichil deinceps illos reclamare posse. Henricus autem Marcianensis abbas CCCC argenti marcas per manum meam distribuendas illis dedit. Nomina hominorum meorum et comitis Flandrie qui interfuerunt : Eustachius de Rues, Almannus de Provi, Adam dapifer, Ansellus de Lambris, Hugo de Ruet, Jacobus frater ejus, Robertus de Monteni, Stephanus prepositus de Sancto Amando, Hugo frater ejus, Symon de Lalen, Ansellus frater ejus, Gozellus villicus de Henice, Gerardus Garbes, Rainerus Cretins, Amandus frater Ade dapiferi, Robertus li Bailes, Gozuinus de Tuin ; fratres etiam Roscele, uxoris Stephani, qui decimam vendidit, Theobaldus, Balduinus et Petrus, Gonterus, prepositus Aquicinensis ; homines quoque abbatis Marcianensis : Wido et Alelmus de Goi, Amolricus Calderons, Rainerus villicus Marcianensis, Hugo de Bevrui, Hugo de Ponticulo. Actum VIo kalendas aprilis. Hęc autem actio, sicut prescripta est, in presentia illustris comitis Flandrię Philippi et mea II kalendas aprilis est recitata. Ut vero hęc predictę hujus decime justa restitutio firmam obtineret stabilitatem, comitem Flandriarum et me nostrosque successores obsides et fidejussores prefati restitutores ęcclesię Marcianensi dederunt in perpetuum. Ne quis autem malignus pro hac causa ęcclesiam supra nominatam deinceps infestare presumat, hanc paginam sigilli mei impressione et testium qui interfuerunt annotatione roboravi. S. Balduini Hainoensium comitis hujus nominis quinti. S. Henrici abbatis. S. Eustachii de Rues. S. Almanni de Provi. S. Karoli de Frasnaa).

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S. Ludovici de Frasno. S. Stephani de Donengio. S. Adam dapiferi. S. Walteri de Boziesb). S. Raineri de Trit. S. Roberti. S. Gozuini de Tuin. S. Nicholai de Rumenic). Actum Valentianis, kalendas aprilis, anno Verbi incarnati MoCoLXXXo, XIIIa indictione, Romanis imperante Frederico. a) Les témoins sont répartis sur trois colonnes ; fin de la première colonne. – b) fin de la seconde colonne. – c) fin de la troisième colonne.

102 1180. – Doullens Thibaud, évêque d’Amiens, et Raoul, archidiacre d’Arras, juges délégués par le pape Alexandre III, mettent fin à un conflit entre les abbayes de Marchiennes et de Bourbourg au sujet d’une terre dite « Groscassel » (Vaulx-Vraucourt). A1. Original (chirographe) perdu. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende, partie haute : ABCDEFG), hauteur 430 mm (dont repli 20 mm), largeur 330 mm ; sceau mutilé de cire verte de l’évêque pendant sur lacs de soie rouge. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Theobaldi Ambianensis episcopi de concordia (xiie s.) inter Marchienes et Bourbourg (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : L (en rouge). Lille, ADN, 10 H 199. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Theobaldi Ambianensis episcopi et Radulphi Atrebatensis archidiaconi de concordia de Gros Cassel. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXIIIro [p. 166-167], d’après A. – C. Copie du xiiie siècle. Cartulaire de Bourbourg. Paris BnF, lat. 9920, fol. 26ro. D. Copie du xvie siècle. Cartulaire de Bourbourg. Paris, BnF, lat. 9926, fol. 159vo. – E. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 199/3144a. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 83, fol. 178, d’après B. – G. Copie du xviiie siècle. Bruxelles, AGR, mss divers, 5205, fol. 77ro-78vo. – H. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 221, d’après B. a. de Coussemaker, Cartulaire de l’abbaye de Bourbourg, p. 71-72, no 72, d’après A2. – b. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden, p. 369-371, no 225, d’après A2. Indiqué : Coussemaker, « Notice sur les archives de Bourbourg », p. 306, no 51 ; Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 604. Base de données : Chartae Galliae, chartes 204013 et 206916 ; ThDipl W 5789 ; Diplomata Belgica 5789. Le mandement pontifical d’Alexandre III signalé dans la charte n’a pas été retrouvé.

In nomine domini nostri Iesu Christi. Teobaldus, Dei gratia Ambianensis episcopus, et Radulfus, Attrebatensis archidiaconus, omnibus tam futuris quam presentibus. Officii nobis a Deo commissi cogit auctoritas ęcclesias manutere, easque dissidentes pacificare. Inde

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est quod vobis notum facimus ęcclesiam Marcianensem et Broburgensem pro territorio quia) dicitur Grossus Cassellus magnam diutinamque inter se habuisse litigationem. Tandem post multas in locis diversis placitationes, a sede apostolica nobis injunctum est ut has ęcclesias in presentiam nostram advocaremus, et facto judicio, causam terminaremus. Nos vero, auctore Deo, hoc modo eas pacificavimus. Ordinatum itaque est ab utraque ecclesia, ex licentia etiam et voluntate nostra qui judices a domino papa inde constituti eramus, concessumque est et firmatum quod de toto territorio de Groscassel, unde questio inter ęcclesias illas mota fuerat, assignabuntur ęcclesię Broburgensi XX bonarii, si tot ibi per inquisitionem pure veritatis inventi fuerint, et pro unoquoque bonario persolvet ęcclesia Broburgensis Marcianensi, singulis annis, III solidos Duacensis monetę que nunc currit. Si autem plures bonarii quam XX in territorio de Groscassel inventi fuerint, similiter et pro unoquoque bonario, III solidos persolvet ; si vero pauciores, similiter pro unoquoque III solidos. Numerati sunt post hęc ab utraque ęcclesia predicti territorii bonarii, et XVI per inquisitionem pure veritatis sunt reperti, et redacta III solidi pro uno quoque bonario, in unum summa XL et VIII solidorum sunt reperti. Et ne de mutatione monete posset inter prefatas ęcclesias oriri discordia, statutum est ut finum argentum Broburgensis ęcclesia Marcianensi I scilicet marcam in festo sancti Remigii annuatim persolvat. Et quia non sufficiebant XVI bonarii ad comparationem marce fini argenti, de alia terra secus posita tantum accipiet Broburgensis ęcclesia que ei omnino sufficiat. Est etiam utrobique condictum quod ecclesia Marcianensis in tota terra illa decimas et jus parrochiale recipiet. Nomina testium qui huic compositioni interfuerunt : Theobaldus Ambianensis episcopus, Frumaldus Atrebatensis episcopus, Radulfus Attrebatensis archidiaconus, Henricus abbas Marcianensis, Eustachius abbas Montis Sancti Eligii, Bernardus prior Abbatisville et alii multi. Actum anno Domini MoCoLXXX apud Dorlens, in presentia Mathildis, abbatisse Broburgensis ęcclesię. a) sic A.

103 1180. – Arras Philippe d’Alsace, comte de Flandre, confirme la charte de son père Thierry lequel avait affranchi trois femmes de Warlaing qui appartenaient à l’abbaye de Marchiennes. A. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Philippi comitis Flandrie de feminis de Warlaing. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXVIII [p. 197-198], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 92ro. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 84, fol. 52-53, d’après B. a. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 180, d’après B. – b. De hemptinne, De oorkonden… Filips, p. 84-85, no 572, d’après A.

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D e u xi è m e pa rt i e Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 259 ; Coppieters-Stochove, « Regestes de Philippe », p. 83, no 233. Base de données : ThDipl W 495/D 499 ; Diplomata Belgica 495. Cette charte fait référence à celle de 1157 (no 64).

Ego Philippus, Dei gratia comes Flandrie et Viromandie, omnibus hec legentibus vel audientibus salutem. Omnibus tam futuris quam presentibus notum sit quod felicis memorie Theodericus comes, genitor meus, duas quondam sue familie feminas sciliceta) Odam de Warlenio et Eremburgemb) sororem ejus sed et Ermentrudem earum sororem et universam eorum sobolem ecclesie sancte Rictrudis de Marchiennis ob anime sue remedium donavit ; quam donationem nos quoque confirmamus. Et ne quis super hoc eidem ecclesie molestus sit presenti carta et sigilli nostri auctoritate et testium subscriptione roboramus. Signum Michaelis conestabulisc). S. Michaelis castellani de Duaco. S. Amolrici de Landast. S. Gerardi de Messines. S. Roberti clerici comitis. Interfuit etiam Theobaldus major de Orchies. Actum Atrebati anno Verbi incarnati MoCoLXXX. a) silicet B. – b) Erentrudem D. – c) sic B.

104 1181 Henri, abbé de Marchiennes, inféode à Jean de Hali, chevalier, le vivier situé à côté d’une terre nommée Groscassel, contre un cens annuel de dix sous à la saint Remi et dix autres à Noël. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite), perdu. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende, partie haute : CYROGRAPHVM), hauteur 290 mm (dont repli 30 mm), largeur 210 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Henrici abbatis Marchianensis de vivario de Hali (xiie s.) – Vivier de Haly pres du gros Casselet tenu en fief de Messieurs de Marchiennes par Jean de Hally a X s. de relief (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : L (en noir). Lille, ADN, 10 H 199/3145. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Cyrographum Henrici abbatis Marchianensis de viviario de Hali concesso Johanni militi ejusdem ville. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXII-LXXIII [p. 185-186], d’après A. C. Copie du xvie siècle sur papier. Lille, ADN, 10 H 199/3145a. Indiqué : Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, p. 62 ; Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 1268 ; Tock, Chancellerie, p. 64. Base de données : ThDipl W 10943 ; Diplomata Belgica 10943.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, Amen. Notum sit omnibus tam futuris quam presentibus quod ego Henricus, Dei gratia abbas Marcianensis,

Éd i t i o ns d e s chart e s

concesserim annuente capitulo nostro Johanni militi de Hali vivarium juxta territorium Grossi Casselli situm, sicut veteribus aggeribus concluditur, ea tamen conditione ut pro hoc beneficio X solidos in festivitate sancti Remigii et in Natali Domini annuatim ęcclesię persolvat et hominium, tam ipse quam successores Meinsendis filię ejus, et consuetum post mortem relevamen hujus feodi faciat nobis nostrisque successoribus ; nullam ibi mansionem omnino faciet. Si autem in vivario aqua defecerit, poterit per fossatum parvum suo sumptu ad hoc preparatum aquas ex nostro fossato mutare ita ut nostro vivario illi proximo nullum inferat dampnum et, cum aquam sufficientem habuerit, aquę obturabit meatum, et hoc ter in anno si necesse fuerit, pisces predicti meatus ejus erunt. Si autem aliquis malefactor pro hac causa eum infestare presumpserit, ęcclesia debet auxilium ferre. Ab ęcclesia submonitus vel vocatus debet adjutor promptus adesse. Huic concessioni quam nos fecimus predicto Johanni cognomento Ravinel et Brictię uxori ejus ejusque successoribus interfuerunt homines nostri : Wido et Alelmus de Goi, Hugo de Bevrui, Lietbertus de Rullagio, Amolricus Calderons et scabini ęcclesię. Actum anno Domini MoCoLXXXoIo. 105 1183, [avant le 20 avril] Frumaud, évêque d’Arras, notifie l’accord qui fixe les droits que l’abbaye et les habitants du village de Marchiennes exerceront dorénavant sur la forêt commune. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende, partie haute : CYROGRAPVM), hauteur 285 mm, largeur 265 mm ; moitié de sceau en navette de cire verte pendant sur lacs de soie jaune et verte, représentant un évêque debout, tenant crosse et bénissant ; légende détruite ; contre-sceau, légende effacée. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Frumaldi Atrebatensis episcopi de concordia inter [effacé] (xiie s.) – De concordia inter ecclesiam Marcianensem et homines ejusdem ville de nemore (xiiie s.) – Frumaldi Atrebatensis episcopi de concordia facta inter religiosos Marchianenses et communitatem dicti loci de nemoribus (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A III (en rouge). Lille, ADN, 10 H 53/912. A2. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Frumaldus episcopi Atrebatensis de concordia inter nos et homines nostros de Marchienes de nemore. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXVIII [p. 176-177], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 69vo-70vo, d’après B. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Lille, ADN, 10 H 53/912a, avec dessin du sceau, d’après A1. – E. Copie du 17 septembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 86, fol. 161162. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 233-234, d’après B. a. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 215-216, no 190, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 136 ; Wauters, « Analectes de diplomatique », t. 10, p. 52 ; Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 343 ; Spriet, Histoire de Marchiennes, p. 32-33 ; Naz, L’avouerie de Marchiennes, p. 85 et 113. Base de données : Chartae Galliae, charte 200796 ; ThDipl W 5441 ; Diplomata Belgica 5441.

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D e u xi è m e pa rt i e L’évêque Frumaud est mort le 20 avril 1183 (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166).

In nomine Patris et Filli et Spiritus Sancti. Ego Frumaldus, Dei gratia Atrebatensis episcopus, notum facio tam futuris quam presentibus quandam discordiam inter Marcianensem ęcclesiam et homines ejusdem villę hoc modo pacificatam. Prefati enim homines in silvis ejusdem ęcclesię sitis in pago Pabulensi, excepta silva quę Fagus dicitur, usus sibi necessarios, contradicente ęcclesia, reclamabant. Abbas vero et fratres prefatę ęcclesię eis compatientes, quandam silvam, quę communis dicitur, eis concessit tali conditione, ut ipsi quidem necessaria ęcclesię preter focum infra villam Marcianensem tantummodo cum eis placuerit sumerent hominibus vero villę, quibus juste competit, ad arbitrium cellerarii sub testimonio villici et scabinorum darentur necessaria de eadem silva. Accidit autem eisdem hominibus quoddam infortunium, quia quidam ex illis, inconsulto comite Flandriarum Philippo, super terram Sancti Amandi predam facere presumpserunt. Qua de causa indignatus, comes CC libras omnibus villę habitatoribus indixit solvendas. At illi de tanta pecunia diffisi solvenda, Johannem abbatem et fratres ęcclesię obnixius rogare ceperunt, ut predictam silvam venundarent et predictam pecuniam pro se comiti darent. Abbas vero, communicato cum fratribus consilio, quod petebant eis concessit. Ipsi vero, quicquid in silvis beatę Rictrudis reclamabant, excepta silva quam supradiximus, eis concessam guerpiverunt statutumque est quod, si aliquis illorum inventus fuerit a silvę custodibus precidens vel accipiens lignum parvum vel magnum, III solidos de unoquoque ligno parvo vel magno judicio scabinorum ęcclesię persolvat. Cum autem silva propter predictam necessitatem succisa in pristinum statum crescendo redierit, ęcclesia et homines ęcclesię modo supradicto in ea accipient necessaria. Hęc autem silva nunquam venundari poterit, nisi magna necessitate cogente. Hanc compositionem, quam supradicti villę Marcianensis habitatores cum monachis ęcclesię fecerunt fide et sacramento, videntibus comitis hominibus, se observaturos polliciti sunt, in presentia quoque mea recognoverunt et christianitatem suam obsidem dederunt. Nomina testium qui huic compositioni interfuerunt : Petrus frater castellani Duacensis, Willemus de Rascia, Amolricus de Gant Duacensis, Amolricus Cauderons, Soibrandus, Hugo de Ponticulo, Robertus Gallus, hii IIIIor scabini villę Marcianensis. Multi etiam alii testes interfuerunt. Ut vero hoc cyrographum firmam optineat stabilitatem et ne quis malignus pro hac causa ęcclesiam supranominatam deinceps infestare presumat, hanc paginam sigilli mei impressione et testium, qui huic recognitioni interfuerunt, annotatione roboravi et omnes qui ecclesiam Marcianensem pro hac re deinceps infestare presumpserint excommunicavi. S. Radulfi archidiaconi. S. Rogeri prepositi. S. Mathei decani. S. Sigeri magistri. S. Balduini cantoris. S. Radulfi de Aria. S. Nicholai de Canisvilla. S. Henrici Noradin. Actum anno Domini MoCoLXXXoIIIo. 106 1183, [27 mars – avant le 20 avril]. – Arras Frumaud, évêque d’Arras, notifie que la dîme d’Aniche a été restituée à l’abbaye de Marchiennes contre quatre cents marcs d’argent, en l’église Saint-Martin d’Aniche, sur

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le corps de sainte Eusébie. Cette dîme jadis usurpée par Anselme de Ribemont avait été donnée par celui-ci à ses hommes. Gaucher de Bruille l’avait reçue d’Amand, abbé de Marchiennes, contre cinq sous annuels de cens. Étienne, fils de Gaucher, la rend à l’abbaye partie en aumône, partie en argent. A. Original sur parchemin, hauteur 440 mm, largeur 340 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte. Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. Frumaldi Attrebatensis episcopi de decima de Anice (xiie s.) – Anno 1183 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge, xiie s.) – no 14 (xixe s.). Lille, ADN, 10 H 146/2252. B. Copie du xiiie siècle : Privilegium Frumaldi episcopi Atrebatensis de decima de Anich. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXIX-LXX [p. 179-180], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 71vo-72vo, d’après B. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 86, fol. 159-160. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 107-109, no 9, d’après A. – b. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 216-218, no 191, d’après A. Indiqué : Delcambre, « L’Ostrevent », p. 270 ; Tock, Chancellerie, p. 46. Base de données : Chartae Galliae, charte 200797 ; ThDipl W 5568 ; Diplomata Belgica 5568. Cet acte et le no 109 sont de même teneur mais contiennent une contradiction. Le no 106 fait état d’une première donation, faite à Aniche le 27 mars (sans doute 1183), et d’une répétition de cette donation faite à Arras, en présence de l’évêque, donc avant le 20 avril, date de la mort de Frumaud. (Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166). Mais l’acte no 109 signale que l’évêque était déjà mort quand Étienne est venu à Arras et que sa donation a été reçue par le chapitre sede vacante. Peut-être cet acte no 106 a-t-il été concédé post mortem, dans le cadre d’une fiction en raison de la crainte d’une longue vacance épiscopale. De fait, le successeur Pierre ne fut sacré à Vérone qu’en novembre 1184 (Berger, Notes sur les évêques d’Arras, p. 170 ; Delmaire, ibidem ; Tock, « Les élections épiscopales à Arras », p. 717-718).

In nomine sanctę et individuę Trinitatis. Ego Frumaldus, Dei gratia Attrebatensis episcopus, notum facio tam futuris quam presentibus Marcianensem ęcclesiam quamdam decimam ab antiquo possedisse in villa de Hanice, quam injusta pervasione ei abstulit Ansellus Ostrevandensis pagi dominus eamque injustius possidendam suis dedit hominibus. Temporibus autem Amandi abbatis Marcianensis, quidam miles Walcherus scilicet de Bruilo, qui eam post alios injuste tenebat, a predicto abbate eam suscepit censum V solidorum annuatim ęcclesię persolvens. Stephanus autem filius ejus, hereditarius post eum posssessor effectus, predictam decimam, tam ipse quam ceteri ejusdem reclamatores, prefatę ęcclesię partim in elemosinam, partim pro precio reddiderunt. Facta est autem hęc legitima hujus decimę restitutio in monasterio Sancti Martini de Hanice supra sacrum corpus beatę virginis Eusebię in presentia Henrici abbatis Marcianensis et monachorum ejusdem ęcclesie, sub testimonio baronum Flandrensis et Hainoensis comitum. Possessores prefatę decimę hii erant : Stephanus filius Walcheri de Bruilo et Roscela uxor ejus duoque filii eorum, Gobertus quoque, Johannes et Rainerus fratres ejusdem

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Stephani. Reclamatores autem : Stephanus dictus advocatus et Gertrudis uxor ejus, Rainerus etiam, Stephanus, Hugo et Amolricus filii eorundem, Almannus de Haspra, uxor ejus et duo filii eorum. Hii omnes, fide data et sacramento facto, predictam decimam guerpiverunt. Quo facto, homines supradictorum comitum et cultores terrarum comitis Hainoensis ore proprio judicaverunt in predicta decima nichil habere nichil deinceps illos reclamare posse. Henricus autem abbas CCCC argenti marcas per manum comitis Hainoensis distribuendas illis dedit. Nomina testium qui interfuerunt : Eustachius de Rues, Almannus de Provi, Adam dapifer, Ansellus de Lambris, Hugo de Ruet, Jacobus frater ejus, Robertus de Monteni, Stephanus prepositus Sancti Amandi, Hugo frater ejus, Simon de Lalen, Ansellus frater ejus, Gozellus villicus de Hanice, Gerardus Garbes, Rainerus Cretins, Amandus frater Ade dapiferi, Robertus Bajulus, Gozuinus de Tulin, fratres etiam Roscele uxoris Stephani qui decimam vendidit, Theobaldus, Balduinus et Petrus, Gonterus prepositus Aquicinensis. Homines abbatis Marcianensis : Wido et Alelmus de Goi, Rainerus villicus Marcianensis, Amolricus Calderons, Hugo de Bevrui, Hugo de Ponticulo. Actum VIo kalendas aprilis. Idem quoque Stephanus, ut rem bene inceptam melius consummaret, Attrebatum venit et in presentia nostra canonicorumque nostrorum prefatam decimam per manus nostras ęcclesię Marcianensi reddidit et ut omnes malefactores, qui pro hac re ęcclesiam supranominatam infestarent, anathematizarem exoravit, quod et feci. Ut autem hęc pagina perpetuam obtineat firmitatem, sigilli mei impressione et testium subscriptione eam roboravi. S. Radulfi Ostrevandensis archidiaconi. S. Rogeri prepositi. S. Mathei decani. S. Sigeri magistri. S. Balduini cantoris. S. Johannis abbatis. S. Nicholai de Castello. S. Henrici Noradin. S. Hugonis Vituli. S. Evrardi Pedis Argentei. S. Walteri Maraduis. S. Roberti de Aria. S. Nicholai de Canisvilla. S. Johannis de Ambrin. Hęc prescripta sepenominatę decimę restitutio recognita est apud Attrebatum in presentia testium suprascriptorum anno Domini MoCoLXXXoIIIo. 107 [1180 – avril 1183] Thibaud, abbé de Cluny, à la demande d’Henri, abbé de Marchiennes, conclut une société de prières avec cette abbaye. A. Original sur parchemin, hauteur 70 mm (pas de repli), largeur 160 mm ; sceau pendant, perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Societas nostra Cluniacensis (xve s.) – Confraternité de Cluny sans datte (xviiie s.) – Marchiennes 1183 ou 1184 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : + I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 14/265. a. Gerzaguet, Les confraternités de l’abbaye de Marchiennes, p. 340, no 1, d’après A. Thibaud fut abbé de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons (après le concile de Latran III de mars 1179) et devint abbé de Cluny quinze mois plus tard (GC, t. 13, c. 399), donc au milieu de 1180. Henri, abbé de Marchiennes, est attesté d’août 1179 à avril 1183 (notice abbatiale, no 17).

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Notum sit omnibus qui presens scriptum legerint vel audierint quod ego frater Theobaldus, humilis Cluniacensis abbas, assensu et voluntate tocius conventus ad peticionem venerabilis et karissimi fratris et precipui amici nostri donni Heinrici, abbatis Marciniensis, concessi fraternitatem sive societatem Cluniacensis ecclesie fratribus Marciniensibus presentibus et futuris, tam in vita quam in morte, ut scilicet capitulum nostrum habeant et eandem nobiscum bonorum temporalium et spiritualium participationem et ut pro aliquo eorum defuncto cum obitus illius apud nos innotuerit, tantum per omnia fiat quantum pro quolibet Cluniacensis ecclesie professo. Eadem ipsi nobis concesserunt. Ut autem hujus mutue concessionis memoriale inter nos et ipsos firmiter observetur, presenti scripto sigillum nostrum apponi fecimus. 108 [1183, après avril – avant le 21 août 1183] Jean II, abbé de Marchiennes, et Simon, abbé de Cysoing, concluent un accord sur la répartition de la dîme portant sur treize portions de terres situées à Aniche. Cysoing perçoit la dîme de quatre portions et Marchiennes des neuf autres. A1. Original perdu (chirographe). A2 Original sur parchemin (chirographe en haut ; légende, partie basse : CYROGRAPHVM), hauteur 150 mm (pas de repli), largeur 220 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : anno 1182 (xviie s.) – 1184 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : CXXXIX (xvie s.). Lille, ADN, 38 H 64/321. B. Copie de 1517. Cartulaire de Cysoing (Stein 1114). Mons, Archives de l’État, cartulaire no 12, fol. 238. – C. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, coll. Colbert, t. 73, fol. 93. – D. Copie du xviiie siècle. Lille, BM, coll. Godefroy, ms. 137, p. 231. a. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, p. 62-63, no 46, d’après A2. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 1268. Base de données : ThDipl W 7156 ; Diplomata Belgica 7156. L’abbé Simon de Cysoing (1183-1191) succède à Samuel, mort le 28 février ou 1er mars 1183 (Vos, « L’abbaye de Saint-Médard ou de Saint-Nicolas-des-Prés près Tournai », 1, p. 344 ; GC, t. 3, col. 288). Gilbert est attesté comme abbé de Saint-Jean de Valenciennes jusqu’en 1182 (ADN, 40 H 164/1088) et est mort le 21 août 1182 ou 1185 (GC, t. 3, col. 157). Jean devient abbé de Marchiennes dans le courant de l’année 1183 (son prédécesseur Henri est attesté jusqu’en avril 1183) et Étienne d’Auberchicourt n’est plus cité après cette date (dernière mention connue dans l’acte suivant, no 109). La cohérence entre ces éléments chronologiques nécessite que l’abbé de Valenciennes soit mort le 21 août 1183. La charte peut alors être située après avril, mais avant le 21 août 1183.

Notum sit tam futuris quam presentibus quod discordia quę erat inter Johannem, abbatem Marcianensem, et Symonem Cisoniensem pro quibusdam terrę portionibus in parrochia de Anic existentibus per bonos viros et circummanentes, rei veritate

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inquisita, hac partitione sit pacificata. In his IIIIor portionibus, canonici Cisonienses habent decimam et terragium : in terra Stephani Galli et Eve de Hali, in terra etiam Helechine quam tenet Hugo Flamiger, in terra quoque quę dicitur ad Petras. In his autem VIIIIem quę subscribuntur, monachi Marcianenses habent decimam in terra Alulfi le Pele versus Ermencicurt et Roberti et Heldiardisa) Nigri, in terra etiam Bernardi de Dici, de campo de Donain apud Landrebus, de terra Auberti Botol et de terra Bernardi Guiart, de terra Sigeri de Collehus, de terra Berte matris Jordanis, de terra Goberti quam tenet Disderus, de terra juxta pratum de Cuva. Ne autem aliqua inter utramque ecclesiam pro hac re oriatur deinceps discordia, hoc cyrographum utriusque ecclesie confirmavimus sigillo et eorum qui interfuerunt testimonio. S. Gilleberti abbatis Sancti Johannis de Valencenis. S. Nicholai thesaurarii Duacensis. S. Nicholai presbiteri de Fanen. S. Johannis de Hasencurt. S. Stephani de Obercicurt. S. Lamberti Regis monachi Aquicinensis. S. Gozelli villici de Anic. a) Heldiardis, ajout suscrit.

109 1183, [après le 20 avril]. – Arras Roger, prévôt du chapitre cathédral d’Arras, le doyen Mathieu, le chantre Baudouin, l’écolâtre Siger notifient que Jean, fils de Gaucher de Bruille, a rendu à l’abbaye de Marchiennes une dîme jadis usurpée par Anselme de Ribemont et qu’il détenait injustement à Aniche. A. Original sur parchemin, hauteur 420 mm (dont repli 60 mm), largeur 360 mm ; sceau en navette de cire rouge (80 mm × 45 mm) pendant sur lacs de soie rouge, représentant la Vierge debout nimbée et coiffée d’un voile ; légende mutilée : + SIGILLVM [...] ECCLESIAE (semblable à Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 138, no 6022). Mentions dorsales : 1) Sommaire : S. capituli Attrebatensis de quadam decima in territorio de Anic (en rouge, xiie s.) – Anno 1183 (xviiie s.) – no 12 (xixe s.). 2) Anciennes références d’archives : B II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 146/2253. a. Tock, Les chartes promulguées, p. 70, no 15, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 136 ; Tock, Chancellerie, p. 46 et 64. Base de données : Chartae Galliae, charte 200912 ; ThDipl W 10513. ; Diplomata Belgica 10513. Sur cette charte, voir la notice de l’acte no 106.

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen. Rogerus prepositus, Matheus decanus, Balduinus cantor, Sigerus magister totumque capitulum Sanctę Marię Attrebatensis ęcclesię, omnibus quibus litteras istas videre contigerit salutem. Ęcclesia Marcianensis quandam decimam in pago Ostrevanno, in territorio scilicet villę de Enice, ab antiquo possedisse dinoscitur quam injusta pervasione ei abstulit

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Ansellus ejusdem pagi dominus. Temporibus autem Amandi abbatis supradictę ęcclesię, quidam miles Walcherus videlicet de Bruilo qui eandem decimam post alios injuste tenebat, ab eodem abbate eam suscepit, censum V solidorum annuatim ęcclesię persolvens. Johannes autem filius ejusdem militis, post decessum ipsius, partem prefatę decimę quam tenebat, partim in elemosinam, partim pro precio, predictę Marcianensi ęcclesię reddidit hoc modo. Idem Johannes, assumpto Walchero filio suo et Juliana quondam uxore sua, assumptis etiam fratribus suis Goberto et Stephano, in presentia Johannis abbatis et monachorum ęcclesię Marcianensis, sub testimonio Almanni de Provi et aliorum Hainoensis comitis hominum, astantibus etiam quibusdam presbiteris secularibus, reddidit sepefatam decimam cum cespite et ramo super altare apud Absconium. Ipsoque petente ibidem excommunicati sunt omnes qui de prefata elemosina aliquod ęcclesię inferrent damnum. Sub eodem tempore, vacante ęcclesia nostra episcopo post transitum bonę memorię domni Frumaldi episcopi, prenominatus miles ut rem bene ceptam melius consummaret, Attrebatum venit et in presentia nostra prefatam decimam per manus nostras ęcclesię Marcianensi reddidit et ut omnes malefactores qui pro hac re ęcclesiam sepius nominatam infestarent excommunicaremus, exoravit. Quod et fecimus. Ut autem hęc pagina perpetuam obtineat firmitatem, sigilli capituli nostri impressione et canonicorum nostrorum qui interfuerunt subscriptione eam roboravimus. Signum Johannis archidiaconi Attrebatensis. Signum Radulfi archidiaconi Ostrevandensis. Signum Johannis archidiaconi Cameracensis. Signum Gerardi presbiteri. Signum Eremberti presbiteri. Signum Walteri Maradus. Signum Henrici Noradin. Signum Evrardis Pedis Argentei. Signum Philippi. Signum Nicholai de Castello et ceterorum. Actum apud Attrebatum anno ab incarnatione Domini Mo Co LXXXo IIIo. 110 [1172-1183] Jean, abbé de Nogent-sous-Coucy, constitue tributaire de sainte Eusébie de Marchiennes une femme nommée Amelina, épouse de Laurent de Vregny. A. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Carta I. abbatis de Nongento de ancillatione cujusdam mulieris apud Vregni. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXIIIro [p. 266], d’après A. a. Boeren, Étude sur les tributaires, p. 120, no 11, d’après B. Base de données : ThDipl W 7104 ; Diplomata Belgica 7104 L’initiale I du nom de l’abbé peut se rapporter à Enguerran (1148-1160) ou à Jean Ier (1164-1182/1183 ; GC, t. 9, col. 608). Comme la copie dans le cartulaire appartient à la deuxième campagne de rédaction et non à la première close en 1172 (voir la présentation de cartulaire), l’acte lui est nécessairement postérieur et peut être attribué à Jean.

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Ego J[ohannes], Dei gratia dictus abbas de Noviant, notum fieri volo tam presentibus quam futuris, Emmelinam uxorem Laurentii de Vergni sancte Eusebie de Marchienes perpetuo esse ancillam, et licet ejus origo et sororibus et cognatis, maxima ex parte nostre ecclesie censuali debito acclinis, in prefata tamen muliere et ejus successione tanquam in alieno jure aliquid nostrum usurpare anathematis vinculo interdictu declinamus. 111 1184, 15 juin. – Numana Le pape Lucius III prend l’abbaye de Marchiennes sous sa protection, confirme ses privilèges et possessions qu’il énumère. A. Original sur parchemin, hauteur 700 mm (dont repli 40 mm), largeur 550 mm ; bulle et lacs disparus. Mentions dorsales : Sommaire : Privilegium Lucii pape (en rouge) III (en noir ; xiie s.) – de omnibus possessionibus nostris (xve s.) – 1184 (xviiie s.). Anciennes références d’archives : +. I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 1/6. B. Copie du xiiie siècle : titre : Privilegium Lucii pape de possessionibus et libertatibus nostre Marchianensis ecclesie. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. XLVIIro-XLIXvo [p. 136-139], d’après A. – C. Copie authentique du xve siècle. Lille, ADN, 10 H 1/6b, d’après A. D. Copie authentique du xvie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/6a. – E. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 3ro-9ro. – F. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 87, fol. 103-104. – G. Copie partielle du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/6d, d’après A. – H. Copie partielle du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/6e, d’après A. – I. Copie partielle du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/6f, d’après A. – J. Traduction du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/6c. – K. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 187-191, d’après B. a. von Pflugk-Harttung, Acta Pontificum, t. 1, p. 315-318, no 361, d’après A. Indiqué : Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 348 ; Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 136 ; JL, 2, p. 466, no 15055 ; Naz, L’avouerie de Marchiennes, p. 45, 97 et 113 ; Delcambre, « L’Ostrevent », p. 247-248. Base de données : ThDipl W 7791 ; Diplomata Belgica 7791.

Lucius, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Johanni, Marcianensi abbati, ejusque fratribus tam presentibus quam futuris regularem vitam professis, in perpetuum. Ideo nobis est, licet immeritis, omnium ecclesiarum sollicitudo commissa, ut super earum utilitatibus impigro studio vigilemus et ipsarum quieti, quantum nobis Dominus dederit, intendamus. Eapropter, dilecti in Domino filii, vestris justis postulationibus clementer annuimus et prefatum monasterium, in quo divino estis obsequio mancipati, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium in presentiarum

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juste et canonice possidet aut in futurum concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis, prestante Domino, poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis : locum ipsum in quo monasterium vestrum situm est, cum habitationibus et ceteris pertinentiis suis, villam Marcianensem cum locis hinc inde adjacentibus nemorosis et aquosis sive palustribus usque ad terram vicinarum ecclesiarum sive hominum comitis Flandrensis ita liberam ut nemo circummanentium vel aliarum villarum ibi aliquod jus habeat exceptis hospitibus ecclesie qui propter hoc eidem serviunt et redditus suos solvunt ; altare de Martianis quod ab ecclesia Sancte Crucis de Cameraco cum altari de Boveniis sub censu tredecim solidorum tenetis, silvam que Fagus dicitur cum appendiciis suis, excepta illius silve particula que communis appellatur, silvas de Eleverchies et Gillaufait, de Busc, de Felcheria cum omni integritate, vivarium cum molendinis inter Marcianas et Bovenies, excepto jure domini de Landast qui quartam partem inde ab ecclesia recepit et quartam in eisdem reficiendis ponit, sclusam Scarpi a Marcianis usque prope silvam de Sommania, ecclesiam Hammagiensem cum appenditiis suis, Alno, Tolloit et Wandennies villas et terras abbatie cum justitia, banno, legibus, teloneo cum decimis et integritate sua, piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Wasconis curvam juxta Lanium, excepto jure Acquicinensis ecclesie, et juxta ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites, vivarium de Eleverchies cum molendino ; in villa de Wasiers decimam de terris ecclesie et de terragio earum censum sex solidorum. In pago Babulensi, villam Beveui cum altari et Theoderici mansum et Fornels et omnem terram arabilem seu palustrem vel pascualem usque ad terras domni de Bovenies cum integritate sua ; apud Bovengeias quindecim ortos et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa que dicitur Espelchin terram decem solidorum et in villa que dicitur Orke terram duorum solidorum. In Braibanto, in villa de Havines terram quatuor solidorum ; apud Peronem villam terram quinque solidorum, villam Runcinium cum integritate sua, in Insula duos hospites, in Formestraus unum hospitem et in Eschelmes unum. In pago Letigo, villam Hainas cum omni integritate et altari, altare de Auchi et dimidiam carrucatam terre cum undecim hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam cum altari et terras cum omni integritate, in villa Reinenga de omnibus rebus majoribus seu minoribus ac de omni acquisitione duas partes totius decime ; apud Lorgias altare et totam decimam parrochie et societatem terre ; villam Parvilemni cum terris que continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eo tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sancte Rictrudis et a meta sancte Rictrudis usque ad villam que tendit ad ecclesiam de Lorgies et inde usque ad Parvum Lennum ; in villa Overt terram ad censum duodecim solidorum. In pago Atrebatensi, Barriacum cum altari, terris, decimis, terragiis et gavulo, in Frasne hospites quinque. In pago Ostrevandensi, Saliacum cum altari, vivario, molendino, gavulo et terris, villam Gaugiacum cum altari, terris et gavulo ; in eodem pago, Absconium et Heram cum ecclesiis, terris, decimis, terragiis et saltu Bruilo, in Horninio unum curtile et decimam que ad Heram pertinet, in Helemmis curtile unum, in Mastangeo septem curtilia et decimam ejusdem ville, in Lurcio duo molendina, in Marcheta quatuor portiones terre, alodium Vesinium, altare de Anice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum

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quinque solidorum et oboli, in eodem castro familiam sanctarum Rictrudis et Eusebie a teloneo liberam. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Waschiet et de Sanlemont et de Tribocort quatuor portiones terre cum decimis, redditum triginta et unius modiorum frumenti puri a mansionariis de Hailcort annis singulis persolvendum et reliquos redditus. In pago Hainoensi, predium Batingeiarum et censum decem solidorum a comite Hainoensi persolvendum annuatim. In episcopatu Suessionensi, in Vinniaco hospites et curtem cum terris et vineis et aliis pertinentis, mansum Carraus super Axonam fluvium situm cum terris et vineis et ceteris redditibus. In territorio de Gaverella et de Ulpi, decimas quasdam, in Novavillula decimas sexaginta trium raseriarum terre, in Frasno tantumdem et quinque ortos, in potestate de Ulpi triginta raserias, in potestate de Hisiers duodecim modios Duacenses, in Gaverella sexaginta tres raserias Duacenses, in villa de Menricort sedecim raserias, a canonicis Atrebatensibus dimidiam marcam pro commutatione cujusdam partis parrochie de Alchi, in villa que vocatur Chiri annuatim persolvendam, winagium Viromandie ex dono comitis Radulfi ecclesie vestre concessum, winagium Flandrie et winagium de Moretagne. Interdicimus etiam ut nulli ecclesiastice persone in monasterium vestrum vel in ecclesiam Hammagianensem que ad vos pertinet, fas sit, sine manifesta et rationabili causa, interdicti sententiam promulgare. Cum autem generale interdictum terre fuerit, liceat vobis, clausis januis, non pulsatis campanis, suppressa voce divina officia celebrare. Sane novalium vestrorum, que propriis manibus vel sumptibus colitis, sive de nutrimentis animalium vestrorum nullus a vobis decimas exigere vel extorquere presumat. Prohibemus insuper ne comiti vel advocato suo seu alicui terrene potestati, nisi ei ex causa rationabili debeatur, in aliqua villa monasterii vestri vobis invitis mansionem facere, tenere placita, convivia preparare aut exactiones in hominibus monasterii facere, vel ab eodem monasterio liceat aliquid extorquere, eo dumtaxat excepto quod juste per autenticum scriptum comitis Balduini concessum est advocato ; fertonem quoque, quem ab ecclesia Sancti Petri Duacensis in festo Johannis Baptiste singulis annis de jure debetis habere, vobis et monasterio vestro auctoritate apostolica confirmamus. Nichilominus etiam per hujus scripti paginam interdicimus, ne prepositus Sancti Petri Duacensis hominium quod abbati vestro facere aut procurationem candelarum quam et ei apud Duacum ipsum pernoctari contigerit de antiqua et rationabili consuetudine dare tenetur ei temeritate qualibet subtrahendi habeat facultatem. Illud autem adjicentes statuimus ne pro benedictione abbatis palafredum vel quicquam aliud a vobis facultas cuilibet pateat extorquendi cum id de multa cupiditate procedat et in notam simoniace pravitatis erumpat. Obeunte vero te, nunc ejusdem loci abbate vel tuorum quolibet successorum nullus ibi qualibet subreptionis astutia seu violentia preponatur, nisi quem fratres communi consensu vel fratrum pars consilii sanioris secundum Dei timorem et beati Benedicti regulam, providerint eligendum. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium temere perturbare aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere, minuere, seu quibuslibet vexationibus fatigare sed omnia integra conserventur eorum pro quorum gubernatione ac sustentatione concessa sunt usibus omnibus profutura, salva sedis apostolice auctoritate et diocesani episcopi canonica justitia. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere venire tentaverit, secundo tertiove commonita, nisi reatum suum congrua

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satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui careat dignitate, reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat, et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et Domini redemptoris nostri Jhesu Christi aliena fiat, atque in extremo examine divine ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco sua jura servantibus sit pax Domini nostri Jhesu Christi, quatenus et hic fructum bone actionis percipiant et apud districtum judicem premia eterne pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Adjuva nos, Domine salutaris noster). Ego Lucius catholice ecclesie episcopus subscripsi. (Benevalete) † Ego Laborans presbiter cardinalis sancte Marie Transtiberim titulo Calixti subscripsi. † Ego Pandulfus presbiter cardinalis titulo basilice XII apostolorum subscripsi. † Ego Theodinus Portuensis et sancte Rufine sedis episcopus subscripsi. † Ego Henricus Albanensis episcopus subscripsi. † Ego Teobaldus Hostiensis et Velletrensis episcopus subscripsi. † Ego Arditio diaconus cardinalis sancti Theodori subscripsi. † Ego Gratianus sanctorum Cosme et Damiani diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Soffredus sancte Marie in via lata diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Albinus diaconus cardinalis sancte Marie Nove subscripsi. Datum Numane per manum Hugonis sancte Romane ecclesiae notarii, XVII kalendas julii, indictione secunda, incarnationis dominice anno MoCoLXXXoIIIIo, pontificatus vero domni Lucii pape III anno IIIo. 112 1184 Jean, abbé de Marchiennes, notifie l’accord conclu avec Gautier, maire de Marchiennes, au sujet de différents biens et droits. Celui-ci renonce, contre huit marcs d’argent, à ses droits sur les bois de l’abbaye et à tout ce qu’il possédait à Fulchonis prato. L’abbé accorde à Gautier l’état monastique à la fin de sa vie. A1. Original perdu. A2. Original sur parchemin (chirographe ; légende à gauche, partie haute : CYROGRAPHVM), hauteur 250 mm (dont repli 20 mm), largeur 180 mm ; fragment de sceau en navette de cire brune pendant sur double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Cyrographum Johannis abbatis Marchianensis de concordia facta inter ecclesiam Marchianensem et Walterum villicum (xiie s.) – anno 1184 (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A I (en rouge). Lille, ADN, 10 H 199/3146. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Cyrographum inter ecclesiam Marchianensem et Walterum villicum suum ejusdem ville. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXIIII [p. 188-189], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331), British Library, Add. ms. 16611, fol. 80vo-81ro, d’après B. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 88, fol. 16-17. a. Spriet, Histoire de Marchiennes, p. 29-30, d’après A (avec traduction). – b. Delmaire, L’histoirepolyptyque, p. 109-110, no 10, d’après A2.

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D e u xi è m e pa rt i e Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 272. Base de données : ThDipl W 5569 ; Diplomata Belgica 5569.

Ego Johannes, Dei gratia abbas Marcianensis, totumque capitulum notam facimus tam futuris quam presentibus concordiam quę facta est inter nos et Walterum Marcianensem villicum. Predictus enim Walterus in silvis nostris multa reclamabat quę sui juris esse hereditaria successione asseverabat et sepenumero inde querimoniam in presentia nostra deponebat, ęcclesia tamen multa que reclamabat ei denegabat. Nos autem predictam discordiam ad concordiam revocare volentes, cum monachis, hominibus et amicis nostris, communicato consilio, subscriptę compositioni nos et idem Walterus communiter assensum dedimus. Octo denique argenti marcas in instanti ei dedimus et quicquid in Fulchonis prato possidebamus preter silvam quam Walterus in vita sua tantummodo possidebit. Plantationes vero quę inter illud pratum et silvam Fagi sunt, ęcclesię erunt ; illę vero quę versus flumen Scarpi continentur, tam Walteri quam ejus heredis erunt, insuper et pratum de Parco. De his duobus pratis debet ęcclesię quotannis tam ipse quam heres ejus censum XII denariorum. Foragium etiam medi quod in villa venundabitur in vita sua tantummodo possidebit, post decessum vero ejus ęcclesię remanebit. Quadringentos quoque lignorum fasciculos ad focum faciendum, duas etiam carrucatas ramę et unum modium frumenti, duas etiam raserias de pisis tam ipsi quam heredi ejus a nobis accipiendas singulis annis a festivitate sancti Remigii usque ad Nativitatem Domini, quando accipere voluerit, insuper et monachatum ipsi Waltero soli concessimus. Post hanc compositionem quicquid in silvis sancte Rictrudis sepefatus Walterus reclamabat audientibus monachis et hominibus nostris, fide data et sacramento facto, tam ipse quam filii ejus in perpetuum guerpiverunt. Actum anno Domini MoCoLXXXoIIIIo. Hujus compositionis testes sunt isti : Johannes abbas, Andreas prior, Hugo subprior, Nicholaus armarius, Hugo prepositus, Rogerus cellerarius, Wido de Goi, Walterus de Binc, Lietbertus de Rullagio, Johannes de Ascon, Hugo miles, Rohardus de Ascon, Hugo de Ruet, Gobertus de Scauden, Balduinus pater ejus, Rainerus de Trit, Gobertus de Bruilo, Johannes frater ejus et scabini de Ascon cum aliis multis. 113 1187. – Marchiennes Jean, abbé de Marchiennes, confirme que Rainier, maire de Beuvry, renonce à ses droits sur les différentes parties de la forêt de Pévèle contre soixante livres, une rente annuelle d’un muid de froment, de deux rasières de pois, de quatre cents fagots de bois de chauffage et de deux cents fagots de branchages ainsi qu’un terrage. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende, partie basse : CYROGRAPHVM), hauteur 220 mm, largeur 245 mm ; sceau en navette de cire brune (50 mm × 35 mm) pendant sur double queue de parchemin, représentant sainte Rictrude siégeant, tenant sa crosse et un livre ; légende : […]CE. RECTRV[…] […]CIANE (Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre,

Éd i t i o ns d e s chart e s t. 2, p. 224, no 6770 ; il ne subsiste plus aujourd’hui que la coque vide). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Johannis abbatis Marchianensis de concordia inter Marchianensem ecclesiam et Renerum majorem (xiie s.) – De Beuvry (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : C (en noir). Lille, ADN, 10 H 53/913. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende partie haute : CYROGRAPHVM), hauteur 220 mm, largeur 245 mm ; sceau perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Johannis abbatis Marchianensis de concordia inter Marchianensem ecclesiam et Renerum majorem (xiie s.) – De Beuvry (xiiie s.). 2) Anciennes références d’archives : A (en rouge). Lille, ADN, 10 H 53/913a. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Concordia inter ecclesiam Marchianensem et Rainerum majorem suum de Bevrui. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXI-LXXII [p. 183-184], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 75vo-76ro, d’après B. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, coll. Moreau, t. 90, fol. 35-36. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 110-111, no 11, d’après A. Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 136 ; Demay, Inventaire des sceaux de la Flandre, t. 2, p. 224, no 6770 ; Naz, L’avourie de Marchiennes, p. 50 et 113. Base de données : ThDipl W 5570 ; Diplomata Belgica 5570.

Ego Johannes, Dei gratia abbas Marcianensis, totumque ejusdem ęcclesię capitulum, notum facimus omnibus nobis successuris tam monachis quam ceteris fidelibus quod Rainerus major de Bevrui, homo noster ligius, in silva Pabulensi quę nostra est et diversa secundum locorum divisionem sortitur vocabula, multa nostris temporibus reclamabat quę a predecessoribus suis ab ecclesia in feodo possessa dicebat. Nos autem, sepenumero ejus audita super his querela, rationi ut justum erat concordantes, quedam ei in reclamatis recognovimus, quedam vero denegavimus. Tandem post multas verborum lites, ego cum fratribus nostris, ipse quoque cum parentibus et amicis suis communicato consilio, subscriptę compositioni unanimiter assensum dedimus. Per singulos annos, Rainerus predictus successoresque ejus ab ęcclesia nostra unum frumenti modium et duas raserias de pisis in initio quadragesime accipiet et CCCCtos lignorum fasciculos ad focum faciendum et CC rame. Pratum etiam de Canebrai quod tenebat ad redditum IIIIor solidorum possidebit solvens censum VI denariorum. Insuper de VI raseriis terrę quę de ejus feodo non erant, concessimus ei terragium. Hęc omnia accepit de manu nostra in commutationem silvę quam reclamabat. De beneficio quoque ęcclesię LXta ei dedimus libras. Post hanc compositionem, Rainerus et Gisla uxor ejus, Amolricus etiam filius ejus cui X solidos in recognitionem hujus pacti dedimus, super majus altare Marcianensis ęcclesię, nobis astantibus, per cespitem et ramum quicquid in silvis sancte Rictrudis reclamabat guerpiverunt. Testes et obsides hujus rei hii sunt : Stephanus advocatus Marcianensis et filii ejus Rainerus, Stephanus, Hugo, Nicholaus filius Raineri predicti, Anselmus de Vilers, Nicholaus de Letliu, Lietbertus de Samiun et Almannus frater ejus, Walterus Gallus, Walterus villicus Marceniensis, Johannes et Rohardus de Ascon, Robertus Gallus et Soibrandus, scabini de Marceniis. Ne ergo de hoc aliqua ecclesie

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vel Rainero ejusque successoribus suboriatur molestia, hanc paginam sigilli capituli nosti impressione roboravi. Actum Marcianis anno Domini MoCoLXXXoVIIo. 114 1187 Acte perdu. Dans le cartulaire de Marchiennes (10 H 323, fol. CVIIIvo-CIXro [p. 257-258]), a été copiée sur une page entièrement grattée la charte du comte Philippe de 1187 (ici no 100). Du texte soigneusement effacé subsiste cependant, en haut dans la colonne de droite sur le recto, un élément de datation : VII ab anno incarnatione Domini MoCoLXXXoVIIo. Il ne peut s’agir de l’unique acte de 1187 conservé en original et déjà copié dans le cartulaire (p. 183-184) car la mention de la date est différente (no 113 : Actum Marcianis anno Domini MoCoLXXXoVIIo). La mention VII ne correspond pas à l’indiction de 1187 qui est 5. Le chiffre peut éventuellement correspondre à une 7e année d’entrée en fonction, soit en 1180 ou pour partie 1180-1181. Une telle déduction ne correspond ni à un prince flamand ou hennuyer, ni à un évêque d’Arras ou de Thérouanne ayant émis des chartes pour l’abbaye. La seule possibilité serait une charte non retrouvée de l’évêque Roger de Wavrin, évêque de Cambrai, consacré lors du concile de Latran III en mars 1179, mais la 7e année d’épiscopat se place entre mars 1185 et mars 1186. Aucune solution n’apparaît si on élargit la démarche à la 17e ou la 27e année. Le texte perdu, copié sur la colonne droite du verso et la colonne gauche du recto, comptait 64 lignes, si l’on prend en compte la réglure originale des deux autres colonnes. Cette charte perdue est précédée par la copie d’une charte en français du comte de Flandre Thomas du 29 janvier 1241 (fol. CVIIIro-vo [p. 256-257] ; original, Lille, ADN, 10 H 174/2796). Elle est suivie par la charte du comte Baudouin datée du 11 novembre 1201 (ici no 122). Comme elle est encadrée par deux actes comtaux, on pourrait envisager une charte comtale mais rien ne permet d’aller plus avant. Les bases de données n’ont fourni aucune piste.

115 1188, septembre. – Péronne Ansbert, doyen de chrétienté de Péronne, et le chapitre des prêtres [de cette chrétienté] notifient que Robert Malsrois, fils de Mathieu de Buires, a exempté les moines de Marchiennes du paiement du droit de péage qu’ils lui devaient à Doingt, Boucly, Roisel, Péronne et Cléry. A. Original sur parchemin, hauteur 120 mm (pas de repli), largeur 245 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Mentions dorsales : 1) Sommaire : de quodam pedagio in terre de Perona (xiie s.) – Ansbertus decanus Peronensis (xve s.). 2) Anciennes références d’archives : G II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 8/84. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Litere Ansberti decani Peronensis de quodam pedagio in terra de Perona. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. LXXII [p. 184], d’après A. Base de données : ThDipl W 10514 ; Diplomata 10514.

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Ego Ansbertus, christianitatis Peronensis dictus decanus, et universum presbiterorum capitulum, notum fieri volumus presentibus et futuris quod Robertus Malsrois, filius Mathei de Buires, pedagium quod a fratribus ecclesie Sancte Rictrudis de Marcienes sive apud Domnium sive apud Bucli sive apud Roisest sive apud Peronam sive apud Clari sibi deberi, ut ipsi quidem necessaria ęcclesię preter focum infra villam Marcianensem tantummodo cum eis in elemosinam resignavit seque decetero eidem ecclesie nullam exactionem sive molestationem super hoc illaturum juramento prestito promisit. Actum hoc Perone anno Domini Mo Co LXXXo VIIIo, mense septembri, presentibus quorum nomina subscripta sunt. S. Andree de Clari. S. Hugonis de Alanea. S. Petri de Moileins. S. Gaufridi de Liheralmont. S. Alardi de Lulli. S. Lanselini de Runssoi. S. Oilardi de Marchais. S. Gregorii de Taiencort. S. Fulconis de Driencort. S. Roberti prioris Domnii. S. Johannis de Soibaldi Sclusa. S. Wernonis de Sterpeni. S. Roberti de Barlues. S. Hugonis de Beeloi. S. Remigii d’Estrees. S. Wermundi de Bekincort. S. Werrici de Herbecort. S. Renoldi de Cappi. S. Walteri de Guimercort. S. Fursei de Buiescort. S. Huberti prioris de Corbi presbiterorum. 116 1188 Notice d’un accord sur le fief du maire de Boiry[-Sainte-Rictrude] conclu entre l’abbaye de Marchiennes et le maire Godefroi et ses frères. A. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle ; titre : De Guifrido majore de Bairi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXXIII [p. 286], d’après A. – C. Copie du xive siècle ; titre : N. abbas Marchianensis de majore de Bairi (il n’y a pas d’abbé N. au xiie siècle ; erreur du copiste ?). Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 184ro-185ro, d’après B. D. Copie de 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 90, fol. 188-189. a. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 111-112, no 12, d’après B et C. Base de données : ThDipl W 5571 ; Diplomata 5571. Dans la liste des témoins, peut-être faut-il distinguer G. de Iberti.

Super feodum Godifridia) majoris de Bairi IX marcas fini argenti et XXII marcas de paiement, IX ex altera parte LX bone monete Flandrensis, hac conditione quod nemo debet vel potest redimere nec feodum nec partem sartorum suorum, nisi ipse G[odefridus], suo proprio argento tribus terminis in festo sancti Remigii super stipulam frumenti. Preterea predictus G[odefridus] super partem sartorum LXX solidos et unum marcam fini argenti et dimidium freton et III denarios predicta conditione. Nichilominus sciendum est quodb) fratres predicti G[odefridi], scilicet Gillenus, Assoc) et Garnerus eandem sententiamd) debent super partem sartorum, unusquisque LXX solidos et unam marcam fini argenti et dimidium freton et III

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denarios, hac conditione solvendam scilicet suo proprio argento suam partem redimet. Preterea Guenemarus et Havidis super partem sartorum que est in tribus locis XIII libras monete Flandrensis redimendam uno solo termino in die festo sancti Remigii quando stipula frumenti erit apud marchais Herberti Torti. Istud etiam non est pretermittendum quod, si predictus G[odefridus] major obierit absque legitimo herede, Gillenus frater ejus major natu omnia que ad ipsum pertinent redimere potest, sed uno solo termino in die festo sancti Remigii et suo proprio argento, et sic alii fratres juxta privilegium majoris etatis. Ut autem hec pactio firma et inviolabilis observetur, predictus Guifridus major et fratres ejus Gillenus, Azo et Garnerus fidem interposuerunt et sacramentum prestiterunt in presentia Rogeri prepositi, Arnulphi et Petri monachorum et Theobaldi decani et multorum hominum qui tunc manebant apud Bairi : B. de Novilla, G. Iberti, H. Panetarii, R., A., B., I., vavassoris, R. Fabri, D., B. Longi et omnes omnis homoe). Pactiof) recognita fuit in presentia Autberti presbiteri de Bailues, B. de Melle Castel, Bartholomei de Barala, R. Mali vicini et G. filii ejus et multorum aliorum ; fide et sacramento etiam pactum fuit quod hii tres fratres non gravarent ecclesiam Marchianensem ad valensiamg) V solidorum pro omni hac conditione. Actum anno Domini MoCoLXXXVIIIo. a) Guifridi C. – b) quo B. – c) Azo C. – d) sic B, C corrige en summam. – e) sic en B et C. – f) Huic pactio C. – g) valens, avec abréviation en B et C.

117 1191, 25 mars Mathilde, comtesse de Flandre, notifie et confirme avoir mis fin à un litige entre Gérard de Reninge et l’abbaye de Marchiennes au sujet la dîme de ce lieu : la wastina (terre en friche) reviendra au monastère ; le reste des dîmes sera partagé entre les moines qui en percevront trois cinquièmes et Gérard qui percevra les deux cinquièmes restants A. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende, partie haute : CYROGRAPHVM), hauteur 530 mm (pas de repli), largeur 235 mm ; la charte n’a pas été scellée. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Transcriptum Mathildis regine pro decima de Renenghes (xiiie s.) – S. Mathildis regine de decima de Rinengis (xive s.). 2) Anciennes références d’archives : E (en noir). Lille, ADN, 10 H 231/3681. B. Copie du 12 octobre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 93, fol. 167-168. – C. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 231/3681a. – D. Copie du 20 juillet 1817 par Godefroy. Lille, BM, ms. Godefroy 231, fol. 118ter. a. Duvivier, Actes et documents, t. 2, p. 161-164, no 79, d’après A. – b. De Hemptinne, De ookonden… Filips, p. 449-450, no 845, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 298 ; Callewaert, « Les origines du style pascal », p. 124. Base de données : ThDipl W 3044/D 3322 ; Diplomata Belgica 3044.

Éd i t i o ns d e s chart e s La date portée sur la charte (25 mars 1191) a été convertie en nouveau style, donc 1192, par Duvivier (a). Pour maintenir l’année 1191, on peut objecter que Mathilde intervient en tant qu’épouse du comte Philippe qui, parti en croisade, meurt en juin 1191. Ce décès est connu en Flandre au mois de septembre. Dès lors, la date de la charte ne pourrait être corrigée que si Mathilde avait indiqué son état de veuve, ce qu’elle fait à partir d’octobre 1191 (cf. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, p. 16-20, no 2).

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ne in irritum revocetur quod agimus, ego regina Matildis, comitis Flandrie et Viromandie uxor, universis notum fieri volo presentibus pariter et futuris quod querela quędam versabatur inter ecclesiam Marcianensem et Gerardum de Renenges super quadam decima in Renenges quam idem Gerardus versus ecclesiam Marcianensem calumpniabat. Tandem post longam discordiam et contentionem tam abbas predicte ecclesie quam prefatus Gerardus in me compromiserunt ut quicquid de eadem querela inter illos decernerem immobiliter observarent. Ego vero, consilio baronum curie et sapientum virorum, abbate et capitulo Marcianensi concedentibus ad quos negocium ecclesie spectabat, concedente etiam predicto Gerardo et fratribus ejus et omnibus illis quos negocium ejus tangebat, concedentibus etiam et assensum prestantibus Willelmo de Betunia et Matilde uxore ejus, domina videlicet Tenremunde, a qua feodum illud jure hereditario descendebat quod predictus Gerardus calumpniabat litem et contentionem inter ecclesiam et Gerardum ad concordiam revocavi. Statui igitur ad voluntatem utrorumque ut tota decima de Wastina, quam comes Theodoricus ecclesie Marcianensi dedit in elemosinam, eidem ecclesie remaneat deinceps in quiete. Verum totam aliam decimam tam in segetibus quam in pecoribus quam in quibuslibet aliis fructibus debent dividere Gerardus et ecclesia Marcianensis in quinque portiones equales, et duas illarum quinque portionum habebit Gerardus et successores ejus, relique vero tres portiones remanebunt ęcclesię. Quod si contigerit expensam aliquam fieri in collectione istius decime sive in trituratione segetum eadem proportione solvet Gerardus expensam illam cum ecclesia qua proportione fructus decime debent dividere inter se. Nam Gerardus solvet duas portiones totius expense et ecclesia alias tres portiones. Ecclesia vero unam grangiam, que tempore istius compositionis erat ad colligendam decimam, statuit in perpetuum ad colligendum et conservandum decimam illam. Si autem ipsa eadem aliquando vetustate aut incendio aut quocumque alio casu defecerit, ecclesia et Gerardus aliam construere debent communiter aptam ad colligendam decimam tamen, ita quod Gerardus ponet duas partes sumptus, sicut predictum est, ecclesia vero reliquas tres. Statutum est etiam ut tot insimul conducant flagellatores ad triturandum segetes decimę quot infra Purificationem omnes garbe sint triturate et, si ecclesia et Gerardus consenserint, ut omnes fructus hujus decimę sive pars communiter vendantur antequam dividantur, precium venditi dividetur per quinque portiones, ut predictum est, ita quod Gerardus semper de quinque portionibus sumet duas. Si vero contigerit quod Gerardus velit partem suam vendere aliqua necessitate vel etiam spontanea voluntate et ecclesia voluerit partem suam servare diutius, ille qui partem Gerardi emit veniet ad grangiam, ibique cum monachis vel servientibus ecclesie Marcianensis dividet quod emit sicut Gerardus divideret. Econtra si Gerardus diutius voluerit partem suam servare quam ecclesia,

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illi qui partem ecclesie habere debuerint, venient similiter in grangiam, ibique cum Gerardo divident sicut ecclesia debuit dividere. Ut autem hęc compositio rata maneat, deinceps et illibata hoc scriptum exinde factum sigilli mei appositione et subscriptarum personarum testimonio confirmavi. S. Hugonis abbatis Sancti Petri Gandensis, Henrici abbatis Sancti Bavonis, Gerardi quondam abbatis de Alno, Willelmi de Tenremundia, Johannis castellani Insule, Sygeri castellani Gandensis, Rozonis de Gavera, Petri Duacensis, Roberti de Ercha, Martini notarii mei. Actum anno Domini MoCoXCIo, VIIIo kalendas aprilis. 118 1192. – Marchiennes Jean II, abbé de Marchiennes, et Thibaud, abbé de Saint-Crépin-en-Chaye de Soissons, établissent une société de prières. A. Original perdu. B. Copie du xve siècle ; titre : Sancti Crispini. Douai, BM, ms. 890, fol. 2ro-vo. C. Copie du xviie siècle. Lille, ADN, 10 H 327, p. 11, d’après B. a. Gerzaguet, Les confraternités de l’abbaye de Marchiennes, p. 350, no 18. Indiqué : Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana, t. 1, p. 356 ; Wauters, Table chronologique, t. 3, p. 23. Base de données : ThDipl W 12730 ; Diplomata Belgica 12730.

Ecclesia Marchianensis et ecclesia Sancti Crispini Suessionensis in Cavea isto dilectionis vinculo conjunguntur ut obeuntibus abbatibus, monachis et canonicis omnia signa sollempniter pulsentur, missa in conventu celebretur et ab unoquoque sacerdotum missa una cantetur, a non sacerdotibus L psalmi cum tricenario et septenario et annotationem nominum in regula. Actum anno Domini MoCoXCIIo in capitulo Marchianensi, agentibus Johanne abbate IIo Marchianensi, Theobaldo Suessionensi. 119 [1191-1192]. – Marchiennes Jean II, abbé de Marchiennes, et Richard, abbé de Saint-Riquier, désirant raviver des liens anciens, concluent une association de prières. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende, partie basse : CYROGRAPHVM, hauteur 230 mm (dont repli 10 mm), largeur 115 mm ; sceau en navette de cire brune (45 mm × 30 mm) pendant sur double queue de parchemin, représentant un abbé debout tenant livre et crosse ; légende : SIGILLVM RICHARDI […] Mentions dorsales : 1) Sommaire : De societate sancti

Éd i t i o ns d e s chart e s Richarii et nostra (xive s.) ab anno 1185 ad 1195 (xviiie s.) – sans date (xviiie s.). 2) Anciennes références d’archives : + I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 14/266. A2. Original perdu. Détruit probablement dans l’incendie de l’abbaye de Saint-Riquier en 1719. B. Copie du xviie siècle. Paris, BnF, ms. lat. 12890. Continuation de la chronique de Saint-Riquier par Victor Cotron (sub anno 1196), d’après A2. a. Hénocque, Histoire de l’abbaye et de la ville de Saint-Riquier, t. 1, p. 46-47 (traduction d’après B). – b. Gerzaguet, Les confraternités de l’abbaye de Marchiennes, p. 341, no 2, d’après A1. Jean II est abbé de Marchiennes de 1183 au 15 janvier 1193 ; Richard III est abbé de Saint-Riquier de 1191 (première mention ; Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 249-250, no 223) à 1206/1207 (GC, t. 10, col. 1255). Cette association spirituelle ne peut donc pas être de 1196 (cf. B). Peutêtre y a-t-il confusion avec un acte de même nature conclu entre Saint-Riquier et le chapitre cathédral d’Arras cette année-là (A. De Loisne, Le cartulaire du chapitre d’Arras, p. 60-61, no 84).

Pristinas sanctorum familiaritates sęequentia) frequenti colloquio recitare est piorum animos ad sanctitatis imitationem provocare. Inde venerabiles sancte Rictrudis sanctique Richarii abbates, ejusdem sancte cum sancto dudum habitam familiaritatem diebus novissimis pie renovantes, utriusque capituli consensu, hanc ad invicem societatem statuerunt, scilicet communionem utriusque capituli et detentionem et in necessariis rebus procurationem cujuslibet fratris quolibet modo ab ecclesia sua exturbati usque ad reconciliationem capituli sui, nisi forte, quod absit, irrecuperabiliter ab abbate suo et capitulo ablato ei habitu ejectus sit. Obeuntes autem fratres allato brevi sicut fratres ejusdem ecclesie defuncti, sollemmne habeant officium et septenarium, cum prebenda et tricenarium, et annotationem in regula ; super hoc addita uniuscujusque sacerdotis missa una et aliorum psalmodia ordinata. Pro abbatibus vero obeuntibus fiet tricenarius, cum singulari debito trium missarum, et ordinate psalmodie et prebenda et anniversarius dies cum pulsatione campanarum. Statutum est etiam quod abbas Marcianensis singulis annis sollemnitatem sancti Richarii in ejusdem sancti ecclesia celebrabit, et similiter abbas sancti Richarii festum sancte Rictrudis in ejusdem ecclesia sancte sollemnizabit, nisi justa et excusabilis occupatio intercesserit. Actum temporibus Johannisb) abbatis Marcianensis secundi et Richarii abbatis Sancti Richarii in capitulo Marcianensi. a) sic A. – b) suscrit.

120 1195, 8 juillet. – Latran Le pape Célestin III prend l’abbaye de Marchiennes sous sa protection et confirme ses biens. A. Original sur parchemin, hauteur 810 mm, largeur 640 mm ; bulle sur lacs de soie jaune. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Privilegium Celestini pape (xiie s., en rouge). 2) Anciennes références d’archives : + I. (en rouge). Lille, ADN, 10 H 1/7. Musée 196.

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D e u xi è m e pa rt i e B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Celestini pape de possessionibus et libertatibus Marchianensis ecclesie. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323 fol. LIvo-LIIIvo [p. 143-147], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 33, d’après B. D. Copie du xvie siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 7747, fol. 485vo-490ro. – E. Copie du 5 janvier 1697 par Tilory, Maudhuy et Cauchy, auditeurs royaux. Lille, ADN, 10 H 1/7b, d’après A. – F. Copie de 1698. Lille, ADN, 10 H 1/7a. – G. Copie partielle du 18 février 1745 par Le Barbier, conseiller du roi à la gouvernance de Douai et Orchies « dans l’enquete des abbés et religieux de l’abbaye de Marchiennes defendeurs contre les mayeurs, echevins, manans et habitans du village de Bouvignies ». Lille, ADN, 10 H 1/7c, d’après A. – H. Copie du xviie siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 4387). Bruxelles, AGR, mss divers 5205, fol. 19ro-26ro. – I. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/7d, d’après G (fragment). – J. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/7e (fragment). – K. Copie du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/7f (fragment). – L. Traduction française partielle du xviiie siècle. Lille, ADN, 10 H 1/7g. – M. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 194. a. Buzelin, Gallo-Flandria sacra et profana t. 1, p. 348-350 (fragment commenté). – b. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden, p. 495-496, no 359, d’après A (fragment). Indiqué : Le Glay, « Mémoire… Marchiennes », p. 137 ; JL, 2, p. 615, no 17264 ; Wauters, Table chronologique, t. 3, p. 50 ; Naz, L’avouerie de l’abbaye de Marchiennes, p. 98 et 113. Base de données : ThDipl W 5828 ; Diplomata Belgica 5828.

Celestinus, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Stephano Marcianensi abbati ejusque fratribus tam presentibus quam futuris regularem vitam professis, in perpetuum. Ideo nobis est licet immeritis omnium ecclesiarum sollicitudo commissa ut super earum utilitatibus impigro studio vigilemus et ipsarum quieti quantum nobis Dominus dederit intendamus. Eapropter dilecti in Domino filii nostri justis postulationibus clementer annuimus et prefatum monasterium, in quo divino estis obsequio mancipati ad exemplar felicis recordationis Lucii pape predecessoris nostris sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quecumque bona idem monasterium in presentiarum juste et canonice possidet aut in futurum concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis, prestante Domino, poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabulis : locum ipsum, in quo monasterium vestrum situm est, cum habitationibus et ceteris pertinentiis suis, villam Marchianensem cum locis hinc inde adjacentibus, nemorosis et aquosis sive palustribus usque ad terram vicinarum ecclesiarum sive hominum comitis Flandrensium ita liberam ut nemo circummanentium vel aliarum villarum ibi aliquod jus habeat exceptis hospitibus ecclesie qui propter hoc eidem serviunt et redditus suos solvunt ; altare de Marcianis quod ab ecclesia Sancte Crucis de Cameraco cum altari de Boveniis sub censu tredecim solidorum tenetis, silvam que Fagus dicitur cum appendiciis suis, excepta illius silve particula que communis appellatur, silvas de Eleverchies et Gillaufait, de Busc, de Felcheria cum omni integritate, vivarium cum molendinis inter Marcianas et Bovenies, excepto jure domini de Landast qui quartam

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partem inde ab ecclesia recipit et quartam in eisdem reficiendis ponit, sclusam Scarpi a Marcianis usque prope silvam de Sommania, ecclesiam Hammagiensem cum appenditiis suis, Alno, Tolloit et Wandennies villas et terras abbatie cum justitia, banno, legibus, teloneo cum decimis et integritate sua, piscationem fluminis Scarpi a Brachiorum loco usque ad Wasconis curvam juxta Lanium, excepto jure Acquicinensis ecclesie, et juxta ejusdem fluminis alveum, in loco qui dicitur Ad flumen, terram arabilem et hospites, vivarium de Eleverchies cum molendino ; in villa de Wasers decimam de terris ecclesie et de terragio earum censum sex solidorum. In pago Babulensia), villam Beverii cum altari et Theoderici mansum et Fornels et omnem terram arabilem seu palustrem vel pascualem usque ad terras domni de Bovenies cum integritate sua ; apud Bovengeias quindecim ortos et terras cum terragio et decima. In pago Tornacensi, in villa que dicitur Espelchin terram decem solidorum et in villa que dicitur Orke terram duorum solidorum. In Braibanto, in villa de Havines terram quatuor solidorum. Apud Peronem villamb) terram quinque solidorum, villam Runcinium cum integritate, in Insula duos hospites, in Formestraus unum hospitem et in Eschlemes unum. In pago Letigo, villam Hainas cum omni integritate et altaric), altare de Auchi et dimidiam carrucatam terre cum undecim hospitibus ; in eodem pago, villam Masengarbam cum altari et terras cum omni integritate et in villa Reinenga de omnibus rebus majoribus seu minoribus ac de omni acquisitione duas partes totius decime ; apud Lorgias altare et totam decimam parrochie et societatem terre ; villam Parvilamni cum terris que continentur ab eadem villa usque ad Spumerel, et ab eo tendunt per Petrosam Beccam usque ad Scotam Hervini, et inde usque ad metam sancte Rictrudis et a meta sancte Rictrudis usque ad villam que tendit ad ecclesiam de Lorgies et inde usque ad Parvum Lemnum ; in villa Ouvert terram ad censum duodecim solidorum. In pago Atrebatensi, Bariacum cum altari, terris, decimis, terragiis et gavulo, in Frasne hospites quinque. In pago Ostrevandensi, Saliacum cum altari, vivario, molendino, gavulo et terras, villam Gaugiacum cum altari, terris et gavulo ; in eodem etiam pago, Absconium et Heram cum ecclesiis, terris, decimis, terragiis et saltu Bruilo, in Horninio unum curtile et decimam que ad Heram pertinet, in Heleminis curtile unum, in Mastangeo septem curtilia et decimam ejusdem ville, in Lurcio duo molendina, in Marcheta quatuor portiones terre, allodium Visinium, altare de Anice et totam decimam. In Duaco, hospites et de turre comitis censum quinque solidorum et oboli, in eodem castro familiam sanctarum Rictrudis et Eusebie a teloneo liberam. In pago Cameracensi, dimidium villarum de Hailcort et de Waschiet et de Sanlemont et de Tribocort quatuor portiones terre cum decimis, redditum triginta et unius modiorum frumenti puri a mansionariis de Hailcort annis singulis persolvendum et reliquos redditus. In pago Hainonensi, predium Batingeiarum et censum decem solidorum a comite Hainonensi persolvendam annuatim. In episcopatu Suessionensi, in Vinniaco hospites et curtem cum terris et vineis et aliis pertinentis, mansum Carraus super Axonam fluvium situm cum terris et vineis et ceteris redditibus. In territorio de Gaverella et de Ulpi decimas quasdam, in Novavillula decimas sexaginta trium raseriarum terre, in Frasno, tantumdem et quinque hortos, in potestate de Ulpi triginta raserias, in potestate de Hisers duodecim modios Duacenses, in Gaverella sexaginta tres raserias Duacenses, in Menricort sedecim raserias, a canonicis Atrebatensibus dimidiam marcam pro commutatione

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cujusdam partis parrochie de Alchi in villa que vocatur Cheri annuatim persolvendam, winagium Viromandie ex dono comitis Radulfi ecclesie vestre concessum, winagium Flandrie et winagium de Mouretanis. Interdicimus etiam, ne quis in vos vel ecclesiam vestram vel ecclesiam Hammagianensem que ad vos pertinet sententiam interdicti vel excommunicati sine manifesta et rationabili causa promulgare presumat seu novas et indebitas exactiones vobis vel hominibus vestris imponat. Cum autem generale interdictum terre fuerit, liceat vobis, clausis januis, non pulsatis campanis, suppressa voce divina officia celebrare. Sane novalium vestrorum, que propriis manibus vel sumptibus colitis, sive de nutrimentis animalium vestrorum nullus a vobis decimas exigere vel extorquere presumat. Stationes quoque publicas a diocesano episcopo in monasterio vestro fieri auctoritate apostolica inhibemus. Liceat quoque vobis clericos, laicos, liberos et absolutos e seculo fugientes ad conversationem recipere et eos absque contradictione aliqua retinere. Prohibemus insuper ut nulli fratrum vestrorumque post factam in eodem loco professionem fas sit absque abbatis sui sine licentia de eodem loco nisi arctioris religionis obtentu discedere. Discedentem vero absque communium litterarum cautione nullus audeat retinere. In parrochialibus autem ecclesiis quas habeatis, liceat vobis sacerdotes eligere et diocesano episcopo presentare quibus si idonei fuerint curam animarum committat ut ei de spiritualibus, vobis vero de temporibus debeant respondere. Statuimus etiam infra fines parrochiarum vestrarum, nullus ecclesiam nec oratorium sine diocesani episcopi et vestro assensu de novo edificare presumat, salvis tamen privilegiis Romanorum pontificum. Inhibemus preterea ne comiti vel advocato suo seu alicui terrene potestati, nisi ei ex causa rationabili debatur, in aliqua villa monasterii vestri vobis invitis mansionem facere, tenere placita, convivia preparare aut exactiones in hominibus monasterii facere, vel ab eodem monasterio liceat aliquid extorquere, eo dumtaxat excepto quod juste per autenticum scriptum comitis Balduini concessum est advocato ; fertonem quoque, quem ab ecclesia Sancti Petri Duacensis in festo Johannis Baptiste singulis annis de jure debetis habere, vobis et monasterio auctoritate apostolica confirmamus. Nichilominus etiam per hujus scripti paginam interdicimus, ne prepositus Sancti Petri Duacensis hominium quod abbati vestro facere aut procurationem candelarum quam et ei si apud Duacum ipsum pernoctari contigerit de antiqua et rationabili consuetudine dare tenetur si temeritate aliqua subtrahendi habeat facultatem. Illud autem adjicentes statuimus ne pro benedictione abbatis palafredum vel quicquam aliud a vobis facultas cuilibet pateat extorquendi cum id de multa cupiditate procedat et in notam symoniace pravitatis erumpat. Crisma vero oleum sanctum consecrationes altari seu basilicarum, benedictionem abbatis, ordinationes monachorum vel clericorum vestrorum qui ad sacros ordines fuerint promovendi a diocesani episcopo si quidem catholicus fuerit et gratiam aut communionem apostolice sedis habuerit gratis et absque exactione aliqua vobis precipimus exhiberi. Preterea libertates et immunitates vobis et ecclesie vestre concessas necum antiquas et rationabiles consuetudines hactenus observatas ratas habemus et eas futuris temporibus illibatas manere sanccimus. Sepulturam quoque ejusdem loci liberam esse decernimus, ut eorum devotioni et extreme voluntati qui se illic sepeliri deliberaverint, nisi forte excommunicati vel interdicti sint, nullus obsistat, salva tamen justitia illarum ecclesiarum a quibus mortuorum corpora assumuntur. Obeunte vero te, nunc ejusdem loci abbate

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vel tuorum quolibet successorum nullus ibi qualibet surreptionis astutia seu violentia preponatur, nisi quem fratres communi assensu vel fratrum pars consilii sanioris secundum Dei timorem et beati Benedicti regulam, providerint eligendum. Electus autem nullius laicalis persone contra juris ecclesiastici disciplinam sub obtentu alicuius prave consuetudinis presentiam adire cogatur, sed tantum diocesano episcopo, sicut justum est, presentatur ab eo benedictionis munus, sicut est consuetudinis, recepturus. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium temere perturbare aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere, minuere, seu quibuslibet vexationibus fatigare, sed omnia integra conserventur eorum pro quorum gubernatione ac sustentatione concessa sunt usibus omnibus profutura, salva sedis apostolice auctoritate et diocesani episcopi canonica justitia. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere venire tentaverit, secundo tertiove commonita, nisi reatum suum congrua satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui careat dignitate, reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat, et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei et domini redemptoris nostri Jhesu Christi aliena fiat, atque in extremo examine divine ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco sua jura servantibus sit pax Domini nostri Jhesu Christi, quatenus et hic fructum bone actionis percipiant et apud districtum judicem premia eterne pacis inveniant. Amen. Amen. Amen. (Rota : Perfice gressus meos in semitis tuis). Ego Celestinus catholice ecclesie episcopus subscripsi. (Benevalete) † Ego Albinus Albanensis episcopus subscripsi. † Ego Octavianus Hostiensis et Velletrensis episcopus subscripsi. † Ego Johannes Prenestinus episcopus subscripsi. † Ego Petrus Portuensis et sancte Rufine episcopus subscripsi. † Ego Pandulfus basilice XII apostolorum presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Petrus titulo sancte Cecilie presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Jordanus presbiter cardinalis sancte Pudentiae titulo Pastoris subscripsi. † Ego Johannes titulo sancti Clementis cardinalis Biterbiensis et Tuscanensis episcopus subscripsi. † Ego Guido presbiter cardinalis sancte Marie trans Tiberim titulo Calixti subscripsi. † Ego Hugo presbiter cardinalis sancti Martini titulo Equitii subscripsi. † Ego Johannes titulo sancti Stephani in Celio monte presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Cinthius titulo sancti Laurencii in Lucina presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Soffredus titulo sancte Praxedis presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Bernardus sancti Petri ad vincula presbiter cardinalis titulo Eudoxie subscripsi. † Ego Fidantius titulo sancti Marcelli presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Johannes titulo sancte Prisce presbiter cardinalis subscripsi. † Ego Gratianus sanctorum Cosme et Damiani diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Gerardus sancti Adriani diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Gregorius sancte Marie in porticu diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Gregorius sancte Marie in Aquiro diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Gregorius sancti Georgii ad velum aureum diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Lotarius sanctorum Sergii et Bachi diaconus cardinalis subscripsi.

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† Ego Nicolaus sancte Marie in Cosmidin diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Gregorius sancti Angeli diaconus cardinalis subscripsi. † Ego Petrus sancte Marie in via lata diaconus cardinalis subscripsi. Datum Laterani per manum Centii sancte Lucie in Orphea diaconi cardinalis, domini pape camerarii, VIII idus julii, indictione tertia decima, incarnationis dominice anno MoCoXCoVo, pontificatus vero domni Celestini pape tertii anno quinto. a) sic A. – b) In Melentois manque. – c) sic A.

121 [1200, 25 mars – 1201, 21 mars] Notification, établie par les échevins de Saudemont, des redevances dues à l’abbaye de Marchiennes par les détenteurs de manses à Saudemont. A. Original perdu. B. Copie du xiiie siècle. Douai, ms. 540 (coutumier de l’abbaye) fol. 104ro. Copiée après le dernier chapitre du coutumier, cette notice ne porte aucun titre. Hormis la datation qui occupe le bas du folio, le texte est copié sur deux colonnes dont celle de droite présente des difficultés de lecture déjà signalées en 1776 par les espaces blancs indiqués par dom Queinsert dans sa copie (C). C. Copie authentique du 22 janvier 1776 par Dom Queinsert à partir du manuscrit Constitutum monasterii Marchianensis, Lille, ADN, 10 H 242/3913, d’après B. a. Fossier, Chartes et coutumes de Picardie, p. 235-237, no 47, d’après C. Base de données : Chartae Galliae, charte 211257 ; ThDipl W 27640 ; Diplomata Belgica 27640. Les paragraphes sont destinés à faciliter la lecture de ce texte. Un passage, effacé en B, est restitué entre crochets droits avec C. Fossier (a) n’a pas eu connaissance de B.

Notum sit presentibus et futuris quod mansionarii de Sandemonta) redditus frumenti puri et optimi debent ducere propriis vehiculis et expensis usque super solium Marciniensis ecclesie in quo frumentum custodiendum reponitur, et si infra festum beati Martini solutum non frumenti fuerit, cum lege deinceps tenetur solvi. Debitorum nomina sunt haec : Ansellus de Micturab) I modium ; Havuidis Toloppec) I modium ; Dodinus I modium ; Walterus Stul I modium ; Gislebertus scabinus I modium ; Frumentinus I modium ; Walterus Cloches I modium ; Michahel scabinus I modiumd) ; Balduinus nepos ejus I modium ; Goffridus I modium ; Maria Li Peleee) VI raseras ; filia Alaidis VI raseras ; Rainbaldus VI raseras ; Maria de Vadis I modium ; Adam del Wakies I modium ; Wibertus I modium ; Riceldis del Waskie VI raseras ; Riceldis de Portaf) I modium ; Vilaine VI raseras ; Hugo Veciere I modium ; Walterus Burgarsg) I modium ; Petrus Dalaingh) II modia ; Ada de Buissi II modiai). Summa modiorum est XXI modia et dimidium modii.

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Singuli mansionarii pro unoquoque capone, tres obolos debent solvere. Preterea anno tercio quo habemus bladium in terra nostra apud Binetel, mansionarii prescripti debent VI solidos : in festo beati Laurentii XII nummos, infra festum sancti Martini V solidos. Omnes qui tenentur solvere decimas curie monachorum de Sandemontj), ipsas decimas debent ducere propriis vehiculis et expensis ad orrea curie de Sandemontk) ; et de bonis terre sue non debent moverel), nisi prius nun-(m)-tiaverint vel monachis vel nuntiis eorum. Quod si fecerint, satisfactionem solvant prout scabinis justum fuerit. Isti sunt qui debent redditus monachis de Sandemontn), pro mansionibus in quibus manent, ad Natale Domini, ad Pascha, ad festum sancti Remigii. Item et quidam ex istis debent IIos nummos singulis temporibus placitorum, scilicet ad festum sancti Remigii, ad Natale Domini et ad Pascha. Ad Natale Domini, Riceldis de Porta VII denarios et duos pro placito ; Adam Li Caretons tantum et III capones ; Adam del Waskiet IIII solidos et II capones ; Roscela Judas VII denarios et pro placito II ; Hugo filius du Ruel III capones ; Micael scabinus III capones, et si obierit, pro relevatione tantum ; [Frumentinus II solidos et duos capones, Matildis Li Kokine II solidos ; Balduinus Simons VII denarios et II de placito ; Wilelmus Cantemine III solidos et IX denarios ; Nicholaus Li Arsii VII denarios et II de placito ; item de alio orto XII denarios et II capones et, si obierit, succedens in hereditatem ejus persolvet de relevamine II solidos et IIII capones. In Pascha solummodo, Mathildis II solidos. Ad festum sancti Remigii, Wido Haves VI denarios et II capones ; Ermena de Waskeno II gallinas ; Nicholaus Li Trapes XII denarios et II capones ; Thomas de Goi XII denarios et IIII puilles et, cum obierit, succedens debet II solidos et VIII poilles ; unusquisque mansionarius prescriptus debet de consuetudine inter festum sancti Johannis Baptiste et beate Marie Virginis augusto mediante bis centum dou biez Waratos algeo], in potestate beati Jonati et beate Rictrudis solvendos et tali loco ponendos quo cum biga vel curru eos possent monachi ducere quo voluerint. Mane collatores waratorum, solummodo debent habere panem, in vespera panem et caseum et de cibario preparato ad edendumo). Actum est hoc anno Domini MoCCo et sub testimonio scabinorum Michaelis scilicet, Gisleberti, Anselli et villici nostri Johannis, et monachorum Walteri cellerarii, Arnulfi prepositi de Baira, Mathei procuratoris de Goy, Hugonis […]p) procuratoris de Sandemont, qui hoc testatus est veraciter cum omnibus testibus predictis […]q) recipisse. a) Saudemont C. – b) tous les surnoms sont ajoutés en interligne B. – c) Havidis Tolloppe C. – d) Michahel… modium en marge C. – e) Lipele C. – f) Porte C. – g) Bulgars C. – h) Delaing C. – i) Petrus Delaing II modia ; Ada de Buissi II modia placé plus haut après Riceldis de Porte I modium et avant Vilaine VI raseras C. – j) Saudemont C. – k) Saudemont C. – l) mot souligné C. – m) fin de la première colonne B. – n) Saudemont C. – o) fin de la seconde colonne B ; l’actum occupe toute la largeur du folio. – p) mot illisible B ; 5 points de suspensions C. – q) mot illisible B ; 6 points de suspensions C.

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122 1201, 11 novembre. – Lille Baudouin, comte de Flandre (IX) et de Hainaut (VI), dispense les religieux de Marchiennes de charrois de vin. A. Original sur parchemin, hauteur 90 mm (dont repli 20 mm), largeur 155 mm ; sceau pendant sur double queue de parchemin (diamètre 90 mm) ; légende : S[I]GILLVM [BALDVINI COMITIS F]LANDRIE ; contre-sceau, légende : + ET HAINOIE (Laurent, Les sceaux des princes territoriaux belges, p. 160, no 26-27). Mentions dorsales : 1) Sommaire : Balduinus comes Flandrie et Haynonie de non adducendo vino (xiiie s.) – 1201 (xviiie s.) 2) Anciennes références d’archives : + II (en rouge). Lille, ADN, 10 H 6/42. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Balduini comitis Flandrensis et Hainoensis de non adducendis vinis ejusdem. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CIX [p. 258], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 170ro-vo, d’après A. D. Copie du 8 septembre 1770 par Dom Queinsert. Lille, ADN, 10 H 325, fol. 11ro, d’après A. – E. Copie du 8 septembre 1770 par Dom Queinsert. Paris, BnF, coll. Moreau, t. 102, fol. 116ro, d’après A. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 335, d’après B. a. Duvivier, Actes et documents, 2, p. 293, no 153, d’après A. – b. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, p. 361-362, no 166, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 343 ; Spriet, Histoire de Marchiennes, p. 23. Base de données : ThDipl W 13075 ; Diplomata Belgica 13075.

In nomine Domini. Ego Balduinus, Dei gratia Flandrie et Hainonie comes, omnibus tam futuris quam presentibus notum volo fieri quod abbatem de Marchenis et monachos liberos in perpetuum dimisi de vinis meis adducendis, nisi hoc faciant per suam voluntatem. Actum apud Insulam, anno Domini MoCCoIo, die dominica in festo sancti Martini. 123 1202, 7 mars. – Ypres Baudouin, comte de Flandre (IX) et de Hainaut (VI), rappelle que lors d’une curia comtale présidée par Mathilde, épouse du comte Philippe, celle-ci avait mis fin à un litige qui opposait l’abbaye de Marchiennes à Gérard de Reninge au sujet des dîmes de ce lieu et en avait déterminé la part qui revenait à chacun. A1. Original sur parchemin (chirographe à droite ; légende [partie basse] : CYROGRAPHVM), hauteur 490 mm (dont repli 40 mm), largeur 230 mm ; sceau pendant perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : In parrochia Reningense (xive s.) – Actum anno mense martii ; Dezen heeft in handen van ghezijn anno 1580 (xvie s.) – Decima de Renynge, no 8, no 1 ; Dit origineel is

Éd i t i o ns d e s chart e s de linkerzijde van een chirograf ; aan de rechterzijde van deze oorkonde bevindt zich de onderste helft van het devies CYROGRAPHVM (xviie s.). Bruges, Archives de l’évêché Bruges, Fonds Voormezele, Chartes, ad datum 1203. A2. Original sur parchemin (chirographe à gauche ; légende [partie haute] : CYROGRAPHVM), hauteur 490 mm (dont repli 40 mm), largeur 230 mm ; sceau pendant perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Cyrographum Balduini comitis Flandrie et Hainonie de decima de Reninga (xiiie s.) – S. Balduini comitis de decima de Reninges (xive s.) – 1202 (xviiie s.) 2) Anciennes références d’archives : E (en rouge). Lille, ADN, 10 H 231/3683. B. Copie du xiiie siècle, sans titre. Cartulaire de Voormezele. Bruges, Archives de l’État, Aanwinsten 3472, fol. 27vo-28ro. – C. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium comitis Flandrensis et Hainoensis de decima de Renenges contra Gerardum militem de Renenge, loquitur de compositione facta inter nos et militem predictum G. a regina Mathilde, comitissa Flandrensi. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. CII [p. 244-245], d’après A. – D. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 131vo-132vo, d’après C. E. Copie du 16 septembre 1608 par Baudouin Rys, maire de Marchiennes, et le greffier Joseph. Paris, Archives nationales, série K, no 1160, pièce no 19, fol. 3vo. – F. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, BnF, nouv. acq. lat. 1204, p. 317-319, d’après C. a. Duchesne, Histoire de la maison de Béthune, preuves, p. 81 (fragment). – b. Van de Putte, F. Carton, Chronicon Voormezele, p. 46, no 32, d’après B. – c. De Vlaminck, Cartulaire de Termonde, p. 71-72, no 95, d’après a (fragment). – d. Duvivier, Actes et documents, t. 2, p. 312315, no 164, d’après A2. – e. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen p. 397-400, no 190, d’après A. Indiqué : Bréquigny, Table chronologique, t. 4, p. 325 ; Wauters, Table chronologique, t. 3, p. 168 et 11, p. 347 ; Petit, Histoire de ducs de Bourgogne de la race capétienne, t. 3, p. 389, no 1069. Base de données : ThDipl W 13175 ; Diplomata Belgica 13175. Baudouin est à la tête des deux comtés à partir du 17 décembre 1195 et part en croisade le 14 avril 1202. La charte fait référence au no 117.

In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Ne in irritum revocetur quod regina Matildis, Philippi comitis Flandrie et Viromandie uxor, egit, ego Baldeuinus, Flandrie et Hainoie comes, universis notum fieri volo presentibus pariter et futuris quod querela quedam versabatur inter ecclesiam Marchianensem et Gerardum de Renenges super quadam decima in Renenges quam idem Gerardus versus ecclesiam Marchianensem calumpniabat. Tandem, post longam discordiam et contentionem, tam abbas predicte ecclesie quam prefatus Gerardus in predictam reginam M[atildam] compromiserunt ut quicquid de eadem querela inter illos decerneret, inviolabiliter observarent. Ipsa vero, consilio baronum curie et sapientium virorum, abbate et capitulo Marcianensi concedentibus ad quos negocium ecclesie spectabat, concedente etiam predicto Gerardo et fratribus ejus et omnibus illos quos negotiuma) ejus tangebat, concedentibus etiam et assensum prebentibusb) Willelmo de Betunia et Matilde uxore ejus, domina videlicet Tenremunde, a quo feodum illud jure hereditario descendebat quod predictus Gerardus calumpniabat, litem et contentionem inter ecclesiam et

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Gerardum ad concordiam revocavit. Statui igitur ad voluntatem utrorumque ut tota decima de wastina quam comes Theodericus ecclesie Marcianensi dedit in elemosinam, eidem ecclesie remaneat deinceps in quiete. Verum totam aliam decimam tam in segetibus quam in pecoribus quam in quibuslibet aliis fructibus, debent dividere Gerardus et ecclesia Marcianensis in quinque portiones equales et duas illarum quinque portiones habebit Gerardus et successores ejus, relique vero tres portiones remanebunt ecclesie. Quod si contigerit expensam aliquam fieri in collectione istius decime, sive in trituratione segetum, eadem proportione solvet Gerardus expensam illam cum ecclesia, qua proportione fructus decime debent dividere inter sec) : nam Gerardus solvet duas portiones totius expense et ecclesia alias tres portiones. Ecclesia vero unam grangiam que tempore istius compositionis erat ad colligendam decimam, statuit in perpetuum ad colligendum et conservandum decimam illam. Si autem ipsa eadem aliquando vetustate aut incendio aut quoque alio casu defecerit, ecclesia et Gerardus aliam construere debent communiter aptam ad colligendam decimam tamen ita quod Gerardus ponet duas partes sumptus, sicut predictum est, ecclesia vero reliquas tres. Statutum est etiam ut tot insimul conducant flagellatores ad triturandum segestes decime, quot infra Purificationem omnes garbe sint triturate ; et si ecclesia et Gerardus consenserint ut omnes fructus hujus decime sive pars communiter vendantur antequam dividantur, precium venditi dividetur per quinque portiones, ut predictum est, ita quod Gerardus semper de quinque portionibus sumet duas. Si vero contigerit quod Gerardus partem suam velit vendere aliqua necessitate vel etiam spontanea voluntate, et ecclesia partem suam voluerit servare diutius, ille qui partem Gerardi emit, veniet ad grangia, ibique cum monachis vel servientibus ecclesie Marcianensis dividet quod emit, sicut Gerardus divideret. Contra, si Gerardus voluerit diutiusd) partem suam servare quam ecclesia, illi qui partem ecclesie habere debuerint, venient similiter in grangiam, ibique cum Gerardo divident, sicut ecclesia debuit dividere. Hanc quoque compositionem, secundum predictum tenorem, scripto et sigilli appositione sepe dicte regine M[atilde] confirmatam, intellexi. Ut autem hec compositio firmius rata maneat deinceps et illibata, hoc scriptum exinde factum sigilli mei appositione et subscriptarum personarum testimonio, ad petitionem utrarumque partium, confirmavi. Signum Gerardi cancellarii Flandrie et prepositi Brugensis, Baldeuinie) camerarii de Grammines, Baldeuinif) de Prat, Rogeri de Marke, Eustacii de Maschelines. Actum anno Domini MoCCo secundo, nonas martii, apud Ipram. a) negocium A2. – b) prestantibus A2. – c) inter omis en A1. – d) diutius voluerit A2. – e) Balduini A2. – f) Balduini A2.

124 [1195, 17 décembre – 1202, 14 avril] Baudouin, comte de Flandre (IX) et de Hainaut (VI), ordonne à ses officiers de protéger le charretier de l’abbaye de Marchiennes lorsqu’il se rend à la mer ou qu’il en revient.

Éd i t i o ns d e s chart e s A. Original sur parchemin, hauteur 50 mm, largeur 95 mm) ; sceau perdu. Mentions dorsales : 1) Sommaire : Balduinus comes Flandriae et Hainonie de summario Marchianensi. 2) Anciennes références d’archives : G II (en rouge, xiiie s.) – sans datte (xviiie s.). Lille, ADN, 10 H 8/85. B. Copie du xiiie siècle ; titre : Privilegium Balduini comitis Flandrensis et Hainoensis de summario nostro eunte. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2327). Lille, ADN, 10 H 323, fol. 79ro [p. 198], d’après A. – C. Copie du xive siècle. Cartulaire de Marchiennes (Stein 2331). Londres, British Library, Add. ms. 16611, fol. 93ro. – D. Copie de 1872 par U. Robert. Paris, Bnf, nouv. acq. lat. 1204, p. 261, d’après B. a. Duvivier, Actes et documents, t. 2, p. 217, no 110, d’après A. – b. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, p. 467-468, no 220, d’après A. Indiqué : Wauters, Table chronologique, t. 11, p. 319. Base de données : ThDipl W 436/D 440 ; Diplomata Belgica 436. Baudouin est à la tête des deux comtés à partir du 17 décembre 1195 et part en croisade le 14 avril 1202.

B[alduinus], comes Flandrie et Hainonie, omnibus ad quos littere iste pervenerint, salutem. Noverit universitas vestra quod summarium Marchianensis ecclesie euntem ad mare et redeuntem in mea tutela et protectione conductuque suscepi, et liberum ei processum per terram mee ditioni subjectam concessi. Mando igitur vobis quatinus eum ubicumque videritis conservetis, nec aliquod eum incurrere offendiculum quantum in vobis est permittatis.

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Annexe 1

Liste abbatiale

Pour établir la chronologie abbatiale de l’abbaye de Marchiennes, il faut combiner naturellement les informations provenant des chartes, des récits hagiographiques (Vitae, Miracula) et historiques (chroniques, annales). Rien n’est sûr ni précis pour la période qui s’étend de la fondation, vers 640, à la réforme de 1024. Des quatre noms donnés par les sources, les trois premiers proviennent des récits hagiographiques, seul le dernier est attesté par une charte. Pour la période qui s’ouvre en 1024, les annales de l’abbaye (MGH SS, t. 16, p. 609-617) présentent malheureusement une longue lacune entre 1121 et 1196. Néanmoins, l’exploitation de différentes sources diplomatiques ou narratives permet non seulement d’établir une liste sûre mais aussi de corriger les dates d’abbatiat d’Alard Ier, Richard, Jean Ier et Henri que j’avais données dans mon étude sur les confraternités de Marchiennes. Les Annales du monastère font, à partir de 1024, de Léduin le deuxième abbé, d’Albéric le troisième. C’est qu’elles comptent comme premier abbé Jonat, dans le but de rappeler que la communauté était à l’origine une abbaye d’hommes et ainsi légitimer l’éviction des moniales en 1024. D’ailleurs, le nécrologe ne retient que les noms d’abbés à compter de la réforme du xie siècle. On mesure donc ainsi comment la mémoire du monastère s’est structurée, à compter du xie siècle, sur un très sélectif passé masculin. Pour ne pas allonger inutilement les notices, les références justificatives sont données sous une forme abrégée explicite et aisée à retrouver dans la bibliographie du présent ouvrage.

Abbés et abbesses jusqu’à la réforme de 1024 1 – Jonat (640 ? – 690 ?) Disciple d’Amand, il aurait reçu du missionnaire la direction de Marchiennes (Annales Marchianenses, p. 610 ; VR, c. 10, col. 838) où il accueillit Rictrude et ses filles comme moniales. Mort le 1er août (vers 690) (GC, t. 3, col. 393), il ne figure pas dans le nécrologe de l’abbaye mais est inscrit au calendrier des saints (missel de Marchiennes, xiie s., V. Leroquais, Les sacramentaires et missels, t. 1, no 128). Il subsiste une composition intitulée Lectiones in commemoratione et transitu sancti Jonati confessoris qui celebratur kalendis Augusti (Douai, BM, ms. 849, milieu du xie s., éd. AASS, Aug. 1, p. 74-75). Ce texte fut longtemps attribué à Hucbald (mort en 930) mais le réexamen du contenu permet de placer la composition à la fin du xe ou au début du xie siècle (A.-M. Helvetius, Abbayes, évêques et laïques, p. 330, note 97, propose après 977 ; puis autour de 1024, dans « La réécriture hagiographique », p. 218). Ces lectiones, à finalité liturgique, étaient lues le jour du dies natalis de Jonat

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A n n e xe s

et ne sont d’aucune utilité historique sur le personnage. La tradition assimile Jonat de Marchiennes à Jonas de Bobbio. L’examen critique des sources conduit à rejeter cette identification (voir L. Pagani, Ionas-Ionatus). – Rictrude (… – 12 mai 687/688) Les informations liées à Rictrude sont toutes de nature hagiographique avec une Vita Rictrudis composée en 907 par Hucbald de Saint-Amand et des amplifications ultérieures (Vita metrica, Miracula, et les compositions du xiie siècle, notamment celles d’André de Marchiennes). Épouse du noble franc Adalbald, assassiné en 636 (?), elle eut de lui quatre enfants : Mauront, Eusébie, Clotsende, Adalsinde. Veuve, elle se retire vers 640 à Marchiennes, abbaye fondée peu de temps avant par Amand et dont la direction avait été confiée à Jonat. Elle assure, au sein de l’abbaye, la direction du groupe des moniales jusqu’à sa mort le 12 mai 687 ou 688 tandis que Jonat aurait eu celle des hommes. La mention la plus ancienne du culte de Rictrude figure dans le sacramentaire d’Hildoard composé par l’évêque de Cambrai en 812 (Cambrai, BM, ms. 164, fol. 223vo ; D. Muzerelle, Manuscrits datés …Cambrai, p. 33-34 et fac-similé, pl. 6, p. 146). Rictrude ne figure pas au nécrologe. – Clotsende (687/688 – 30 juin 703 ?) Succédant à sa mère, elle est qualifiée de rectrix de la communauté et meurt le 30 juin 703 (AASS, junii 5, p. 587). Elle ne figure pas au nécrologe. Un manuscrit intitulé Series abbatum monasterii Sanctae Rictrudis extracta ex diversis monumentis loci (ADN, 10 H 327, folios 17-28, d’une écriture du xvie siècle avec des annotations dans les marges par le prieur du lieu dom Adrien Pottier effectuées vers 1630), livre une série de noms d’abbés ou abbesses de Marchiennes postérieurs. Certes, si ce manuscrit contient d’autres documents attestés par ailleurs (les notices de confraternités notamment), rien ne permet d’accorder le moindre crédit à cette courte liste des plus suspectes avec quatre noms de femmes dans cet ordre : Clotsende, Gomatrude, Clarisse, sans aucune date, et Eustachie, placée au début du ixe. Sont indiqués après ces femmes : Hinard, abbé aussi de Saint-Pierre et de Saint-Bavon de Gand (il faut donc lire Eginhard, 818/819-840) et Gérard, abbé aussi de Saint-Ghislain (il s’agirait de Gérard de Brogne). Aucune source n’atteste comme abbé de Marchiennes ces deux personnages éminents. – Judith (…975 – 988/1024) Elle n’est qu’un nom cité en 975 par une charte du roi Lothaire (Charte de Marchiennes, no 5) qui, sur les instances de son épouse, la reine Emma, confirme une restitution de biens. Judith est citée aussi dans une charte sans date au verso du diplôme royal (no 6). Dix plus tard, les annales du monastère signalent encore cette abbesse (Annales Marchianenses, p. 613). Les Lectiones consacrées à Jonat (cf. la notice no 1), mentionnent une invention des corps de Rictrude, de son fils Mauront et de Jonat au temps de cette abbesse. Dans le Chronicon Marchianense, composé entre 1199 et 1201, est relatée la gestion imprudente d’une abbesse qui n’est pas nommée mais que la tradition, dès le xiie siècle, a identifiée comme étant Judith (B. Delmaire, Histoire-polyptyque, p. 84, c. 23).

ANNEXE 1 : LI S T E AB B AT I AL E

Abbés depuis la réforme de 1024 2 – Léduin (1024 – 1033) Léduin, noble de la région de Berclau et moine de Saint-Vaast, apparaît à l’occasion d’un complot destiné à éliminer Richard de Saint-Vanne, venu en 1008 pour réformer l’abbaye arrageoise. Au moment de frapper, Léduin prend conscience de l’abomination qu’il va commettre, y renonce, avoue sa faute et devient alors un religieux zélé pour appliquer la réforme (Hugues de Flavigny, Chronicon, MGH SS, t. 8, p. 377-379). Il succède à Richard comme abbé de Saint-Vaast en 1023 au plus tard ; en effet, le 1er mai 1023 il participe au concile de Compiègne et se montre un actif propagateur de la réforme monastique. Il devient abbé de Marchiennes à partir de 1024 (Annales Marchianenses, p. 614 ; Gesta Cameracensium, p. 461, c. 26) et pendant neuf années (AASS, Maii 3, p. 93, c. 16) ce qui conduit à 1033. Il prit ensuite la direction de Saint-Bavon de Gand en 1034 pour résigner l’année suivante. La seule attestation de son action à Marchiennes est la dédicace de l’abbatiale effectuée par l’évêque de Cambrai Gérard Ier en 1029 (Annales Marchianenses, p. 614). En revanche, il est attesté comme abbé de Saint-Vaast en 1023 (acte de Garin, évêque de Beauvais ; M. Prou, « Charte de Garin », p. 396-398, fac simil.), 1024 (échange avec Jumièges ; L. Ricouart, Les biens de l’abbaye de St-Vaast, p. 41-42), 1024 (bulle de Benoît VIII ; H. Zimmermann, Papsturkunden 896-1046 II., no 532), 1029/1030 (lettre de l’évêque Gérard Ier après l’incendie de la cathédrale d’Arras ; E. Van Mingroot, Chartes des évêques de Cambrai, annexe, 0.07), 1031, 1036, (ibidem, no 1.01 ; no 1.02), 1036 (règlement de tonlieux à Arras, H. Fagniez, Documents relatifs à l’histoire du commerce, 1, no 98), 1036 (droits de l’abbaye ; E. Van Drival, Cartulaire… Saint-Vaast, p. 175-176) ; 1038 (Chartes de Marchiennes, no 8, charte fausse), 1041 (acte pour Saint-Amand, Ch. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 31-33), 1042 (acte du comte Baudouin V ; D. Haigneré, Les chartes de Saint-Bertin, 1, no 71). La dernière mention est en 1046 (Chartes de Marchiennes, no 9, charte fausse). Il est mort le 2 janvier 1047 (Annales Marchianenses, p. 614 ; E. van Mingroot, Les chartes de Gérard Ier, p. 329-330 ; P. George, « Un réformateur lotharingien de choc », p. 109) et figure comme abbé de Saint-Vaast dans le nécrologe de l’abbaye (E. Van Drival, Le nécrologe, p. 10). On le trouve deux fois dans le nécrologe de Marchiennes : au 2 janvier dans la colonne des familiares (Douai, BM, ms. 889, fol. 68ro) et au 27 novembre comme abbé du lieu (ms. 889, fol. 106vo). Il est inscrit aussi au 2 janvier dans le nécrologe de Saint-Vanne (H. Bloch, Die älteren Urkunden des Klosters S. Vanne, p. 134) (voir S. Vanderputten, B. Meijins, « Realities of Reformist Leadership »). 3 – Albéric (1033 – 2 janvier 1048) Ce disciple de Léduin est désigné abbé en 1033 (Annales Marchianenses, p. 614). Son abbatiat est marqué par un conflit au sujet de la villa de Haines et par l’incendie (1043 ?) qui détruisit le monastère, sinistre qu’il s’employa à effacer pendant les cinq dernières années de son abbatiat (AASS, Maii 3, p. 93, c. 17-19). Il est attesté dans deux chartes fausses en 1038 et 1046 (Chartes de Marchiennes, nos 8 et 9). Mort le 2 janvier 1048 (Annales Marchianenses, p. 614), il figure au nécrologe de Marchiennes (Douai, BM, ms. 889, fol. 68ro).

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A n n e xe s

4 – Poppon (début janvier 1048 – 25 janvier 1048) Cet actif disciple de Richard de Saint-Vanne, outre les abbayes de Stavelot et de Saint-Vaast, eut en charge Marchiennes pendant un mois (Vita Popponis, MGH SS, t. 11, p. 310, c. 27 ; Annales Marchianenses, p. 614). Mort le 25 janvier 1048 (Annales, p. 614 ; Vita, p. 313 ; GC, t. 3, col. 395), il figure à ce jour au nécrologe de l’abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 71ro) (Voir P. George, « Un réformateur lotharingien de choc » ; H. Platelle, « La mort précieuse », p. 163-166 ; S. Krauss, Christi iugum). 5 – Gui (7 juillet 1048 – 19 septembre 1068) Moine de Saint-Vaast, il devient abbé de Marchiennes le 7 juillet 1048 (Annales Marchianenses, p. 614). Les Miracula Rictrudis lui attribuent un abbatiat de 36 ans (AASS, Maii 3, c. 26, p. 95) ce qui est impossible, puisque son prédécesseur est attesté en 1048 et son successeur en 1070. Les Miracula soulignent aussi les bienfaits de son abbatiat au cours duquel furent construits plusieurs bâtiments du monastère (AASS, Maii 3, c. 23, p. 94). Cet abbé n’apparaît dans aucune charte mais il est témoin, avec 28 autres abbés, au sacre du roi Philippe Ier (23 mai 1059, procès-verbal du sacre par l’archevêque Gervais, éd. M. Prou, Recueil des actes de Philippe I, p. 1-3). Il est mort en 1068 (GC, t. 3, col. 395) et figure au 19 septembre dans le nécrologe de l’abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 100ro). 6 – Alard Ier (1068, après septembre – 31 décembre 1090) Moine de Saint-Vaast, il fut momentanément abbé de cette abbaye (1067), destitué par Alexandre II et relégué comme prieur (GC, t. 3, col. 381 et 395). Abbé de Marchiennes dès 1068 et non en 1075 (Annales Marchianenses, p. 614), il est attesté lors de dédicace d’Hasnon le 3 juin 1070 (Tomellus, MGH SS, t. 14, p. 157), et participe à la translation du corps de sainte Bertille de Maroeuil en 1081 (P. Bertin, La chronique et les chartes… Maroeuil, no 2 ; E. Van Mingroot, Chartes des évêques de Cambrai, no 0.19). Il est mentionné lors d’un miracle non daté de Rictrude (AASS, Maii 3, c. 26, p. 95). Il est cité aussi en 1089 (acte de Gérard II ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 4 ; E. Van Mingroot, Chartes des évêques de Cambrai, no 3.23), 1089 (Chartes de Marchiennes, no 11), 1090, mars/avril (acte de Gérard II, E. Van Mingroot, Chartes des évêques de Cambrai, no 3.29). Mort le 31 décembre 1090 (et non en 1091, par cohérence avec l’abbatiat suivant ; Annales Marchianenses, p. 615), il est inscrit au nécrologe de l’abbaye à ce jour (Douai, BM, ms. 889, fol. 111ro). 7 – Richard (1091, janvier – 29 août 1102) Moine de Saint-Martin de Tournai (Annales Marchianenses, p. 615), il est attesté en 1091 (entre janvier et juillet) dans une charte de Gérard II (E. Van Mingroot, Chartes des évêques de Cambrai, no 3.36). Il est cité en 1094 dans la lettre d’Urbain II liée à la création du diocèse d’Arras (Chartes de Marchiennes, no 12), en 1097 et en 1101 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 2, 3, 5, 8). Mort le 29 août 1102 (Annales Marchianenses, p. 615), il est inscrit au nécrologe de l’abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 97vo).

ANNEXE 1 : LI S T E AB B AT I AL E

8 – Alard II (1102, septembre – 22 septembre 1103) Connu comme archidiacre du diocèse de Cambrai (1076- ? ; E. Van Mingroot, « De kamerijkse stichtingsbrief », p. 31-32), il participe à la fondation de l’abbaye d’Anchin où il devient moine (Annales Marchianenses, p. 615 ; J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 71). Frère de l’abbé Richard (AASS, Maii 3, p. 137), il lui succède et est attesté en 1103 (Chartes de Marchiennes, no 13). Mort le 22 septembre 1103 (Annales Marchianenses, p. 615), il est inscrit à ce jour au nécrologe de l’abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 100vo) et au 21 septembre dans le celui d’Anchin (Douai, BM, ms. 888, fol. 144vo). 9 – Fulcard (1103 – vers septembre 1115) Moine d’Hasnon et frère d’Amauri, sire de Landas (Annales Marchianenses, p. 615 ; Miracula Rictrudis, AASS, Maii 3, p. 98-99, 139 et 148-150 ; cf. annexe 2), on a conservé son serment d’obéissance à l’évêque d’Arras (Chartes de Marchiennes, no 14). Il est témoin en 1108 dans une charte de l’évêque d’Arras chargé de régler un litige entre le chapitre de Tournai et l’abbaye Saint-Martin (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 13). Il est convoqué par l’évêque Lambert pour répondre de sa gestion calamiteuse (Chartes de Marchiennes, no 15). Contraint à la démission en 1115 (Annales Marchianenses, p. 615), deux villae lui sont accordées par l’archevêque de Reims (AASS, Maii 3, p. 150, c. 46). Il meurt au cours d’un pèlerinage à Saint-Gilles et fut inhumé par deux chevaliers à Milliacum (lieu non identifié ; AASS, Maii 3, p. 150, c. 47). Il est inscrit un 4 février dans la version marchiennoise de la chronique d’Anselme de Gembloux (Douai, BM, ms. 798, fol. 86vo). Il ne figure pas dans le nécrologe de l’abbaye. 10 – Amand De Castello (1116 – 27 mai 1136). Chanoine de Tournai en 1090 ( J. Pycke, Répertoire, no 135), il devient moine à l’abbaye de Saint-Martin de Tournai, restaurée par Odon. Devenu prieur d’Anchin (…1109-1116 ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 6 et 9 et p. 389), il compose une Epistola de vita Odonis Cameracensis consacrée à son maître devenu évêque de Cambrai en 1103 et mort à Anchin le 19 juin 1113 (MGH SS, t. 15, p. 942-945). On lui attribue aussi des commentaires des épîtres de Paul (Douai, BM, ms. 47). Amand est élu abbé de Marchiennes en 1116 (Annales Marchienenses, p. 615 ; AASS, Maii 3, p. 99) et s’emploie à restaurer son abbaye malmenée par la gestion catastrophique de son prédécesseur Fulcard (1103-1115 ; Liber de restauratione, MGH SS, t. 14, p. 306). Il réorganise la vie conventuelle et reconstitue un temporel solide. Pour ce faire, Amand impose des usages monastiques clairs, ceux de Bernard de Cluny, contenus dans un coutumier conservé et que l’on peut dater de 1131 (Douai, BM, ms. 540). Il récupère les biens perdus ou aliénés par son prédécesseur, ce qui suscite réactions et conflits, obligeant l’abbé à faire rédiger une sorte de mémoire des possessions de l’abbaye : l’Histoire-polyptyque (Douai, BM, ms. 850, édité par B. Delmaire). La reconstitution du temporel est rythmée par les nombreux actes de confirmation de biens que l’abbé sollicite des différentes autorités : comte de Flandre, évêque d’Arras, pape. Parallèlement, Amand entreprend la reconstruction de l’abbaye dont le dortoir est achevé sous son abbatiat (AASS, Maii 3, p. 128, c. 27) tandis que l’infirmerie est

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consacrée en avril 1144 (Douai, BM, ms. 832, fol. 188vo). Il figure es-qualité de 1120 à 1135 dans des chartes relatives à son abbaye (Chartes de Marchiennes, nos 16, 17, 18, 20,  21, 22, 23, 24, 26, 29, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 39). Il est aussi témoin en 1126 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 46), 1129 (I. de Coussemaker, Cartulaire de Bourbourg, no 38), en 1133 (cartulaire de St-Amand, ADN, 12 H 1, fol. 107ro-108ro, no 162). Il meurt le 27 mai 1136, et non 1133 comme on le trouve souvent écrit, car il est encore cité en 1135 (Chartes de Marchiennes, no 39) et son successeur est mentionné en 1136). Il figure au 27 mai dans le nécrologe de son abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 85vo) et dans celui d’Anchin (Douai, BM, ms. 888, fol. 131ro). 11 – Lietbert (1136, après mai – démission entre mars et septembre 1141 ; mort le 5 avril 1144). Moine de Saint-Remi de Reims puis d’Anchin (GC, t. 3, col. 396), il est cité en 1136 (Chartes de Marchiennes, no 40), en 1138 et 1140 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 62, 64 et 67) et en 1141 (Chartes de Marchiennes, no 43). Il démissionne au cours de l’année 1141 et l’évêque d’Arras Alvise qui refuse alors d’installer le nouvel élu met le monastère sous interdit. Les moines portent le débat devant le pape qui condamne l’attitude d’Alvise (novembre 1141, PL, 179, col. 555, lettre no 484) et prend le monastère sous sa protection en décembre 1141 (Chartes de Marchiennes, no 45). Pendant ce temps, les religieux, contraints par Alvise de choisir un abbé parmi trois religieux proposés, élisent Hugues, moine de Saint-Remi de Reims. Celui-ci, à peine installé, apprend la décision pontificale et renonce de lui-même à l’abbatiat après l’avoir exercé pendant douze jours (GC, t. 9, col. 233-234) ; il deviendra abbé de Saint-Remi (1151-1165). Au concile de Lagny (1142), Alvise, soutenu par Bernard de Clairvaux ( J. Leclercq, H. Rochais, Sancti Bernardi opera, t. 8, p. 279, epist. 339), attaque vivement les moines de Marchiennes. Le cardinal-légat prend en défaut Alvise qui doit se soumettre. Les religieux choisissent alors Odon, prieur de Saint-Martin des Champs. Alvise reçoit une lettre de pardon de la part du pape Innocent II (décembre 1142, PL, 179, col. 616, lettre no 547). Mais la situation reste instable comme le montre la brièveté des deux abbatiats suivants. Lietbert figure au 5 avril dans le nécrologe de l’abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 79ro) et dans celui d’Anchin (Douai, BM, ms. 888, fol. 125ro). 12 – Hugues Ier (1141, novembre) Moine de Saint-Remi (GC, t. 3, col. 396), il renonce à sa charge au bout de 12 jours (voir notice précédente) et retourne à son monastère où il devient prieur puis abbé (1151-mort le 18 avril 1165 ; GC, t. 9, col. 233-234). Il figure au nécrologe de Marchiennes au 28 avril non comme ancien abbé du lieu mais comme familier (Douai, BM, ms. 889, fol. 82ro) et de même dans le nécrologe d’Anchin (Douai, BM, ms. 888, fol. 127vo). 13 – Odon Ier (1142 – démission en 1144) Prieur de Saint-Martin-des-Champs, Odon, élu abbé après concile de Lagny tenu au début de l’année 1142 (AASS, Maii 3, p. 111, c. 54 ; O. Pontal, Les conciles de la France capétienne, p. 320) dans le contexte difficile évoqué dans les deux notices précédentes, est attesté en 1142 (Th. De Hemptinne, Oorkonden… Diederik, no 64)

ANNEXE 1 : LI S T E AB B AT I AL E

et 1143 (acte postérieur au 4 avril et antérieur à juin : B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 83). La vita de l’abbé Hugues, son deuxième successeur (1148-1148), indique qu’Odon démissionna après un abbatiat de moins de deux ans, soit dans le courant de 1143. Odon ne figure dans aucune charte de Marchiennes. Toujours selon la Vita Hugonis, il aurait été élu abbé de Marchiennes une seconde fois en 1148, après le transfert de son premier successeur, Ingeramm, à Saint-Médard de Soissons, ce qui est manifestement une erreur. Comme Odon avait été prieur de Saint-Martin des Champs à Paris, les chartes de cette dépendance de Cluny permettent de reconstituer en partie sa carrière monastique ( J. Depoin, Recueil de chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs). Il est sans doute le custos ordinis cité en 1134 (no 205), puis le sous-prieur de 1137 (nos 216 et 240). Après sa démission de Marchiennes, il retourne à Saint-Martin des Champs. Le prieur Thibaut (1133-1144), élu à l’évêché de Paris au printemps 1144, conserva encore quelque temps la charge priorale (no 276) dans laquelle Odon lui succède en septembre 1144 (no 278). En 1150, l’abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, le contraint à démissionner en raison de sa faiblesse qui a conduit l’abbaye à la ruine (no 320). On perd alors la trace d’Odon. Il figure au 30 juin dans les nécrologes de Marchiennes et d’Anchin. (Douai, BM, ms. 889, fol. 90ro et 888, fol. 135ro) et dans un rouleau des morts de l’abbaye parisienne ( J. Dufour, Recueil des Rouleaux des morts, t. 1, p. 681, no 146). 14 – Enguerran (1144 – mars 1148) Il est prieur de Corbie entre 1132 et 1144 (L. Morelle, Les chartes de l’abbaye de Corbie, tableau 10ter et n os 45-47, 49, 58-60). Élu abbé de Marchiennes, il est attesté en 1145 dans une charte pour Hasnon (B.-M. Tock, Monumenta arroasiensia, no 41), en 1146 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 88). Par décision du concile de Reims (mars 1148), il est transféré à Saint-Médard de Soissons dont le siège abbatial était devenu vacant par la mort de l’abbé Gautier. Il y reste jusqu’à sa mort en le 7 juillet 1177 (GC, t. 9, col. 416). Il figure à ce jour au nécrologe de Marchiennes (Douai, BM, ms. 889, fol. 91ro). 15 – Hugues II (1148 – 11 juin 1158) Les étapes de sa biographie ont été reconstituées à partir de la Vita qui lui a été consacrée par un moine du lieu (H. Platelle, R. Godding, « Vita Hugonis Marchianensis » ; H. Platelle, « La mort précieuse », p. 167-171, « La vie d’Hugues de Marchiennes » et « Un homme angoissé »). Né vers 1102/1103 d’une riche famille tournaisienne, il entre au monastère de Saint-Martin de Tournai (vers 1122/1123). Sa formation se fit à Laon où il eut pour maître Robert des Dunes, successeur de saint Bernard à Clairvaux. Il devient sous-prieur de Saint-Éloi de Noyon (avant 1144), puis prieur de Saint-Martin de Tournai (1144), et abbé de Marchiennes après mars 1148. Cet abbé à la psychologie complexe figure dans deux actes de son abbaye (Chartes de Marchiennes, nos 52, 57) et comme témoin en 1152 (E. M. Meijers, J. J. Salverda de Grave, Des lois et coutumes de S. Amand, no 4 ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 95 ; J. Pycke et C. Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, 2, no 23), en 1153 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 101, 104 ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 96, 97, 98), en 1154, 1155 (B-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos

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108, 112, 113), 1156 (Th. de Hemptinne, Oorkonden… Diderick, no 153), en 1157 (B.M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 119 et 121). Mort le 11 juin 1158, il figure à ce jour dans les nécrologes de Marchiennes et d’Anchin (Douai, BM, ms. 889, fol. 87vo ; ms. 888, fol. 133ro). 16 – Jean Ier (1158, après juin – 24 juillet 1179) Moine de Saint-Bertin (GC, t. 3, col. 397), il est attesté en 1159 (Chartes de Marchiennes, nos 65), 1160, 1161, 1163, 1164, 1166 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 126, 127, 129, 137, 139, 140, 143, 147 ; Chartes de Marchiennes, no 80), 1166 (A. Pruvost, Chronique et cartulaire de l’abbaye de Bergues-Saint-Winoc, p. 127-130), 1167 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83, 84), 1169/1170 (C. Vleeshouvers, De oorkonden van de Sint Baafsabdij, no 52), de 1171 à 1178 (Chartes de Marchiennes, nos 88, 89, 91, 95, 97, 98, 99). Il est cité aussi dans deux notices non datées de fondations d’obit figurant dans le nécrologe de l’abbaye (Douai, BM, ms. 889, fol. 113ro et 135ro). Son abbatiat est marqué par l’installation des reliques de Rictrude dans une nouvelle châsse (A. Poncelet, Catalogus codicum, p. 460) et surtout la consécration de la nouvelle abbatiale en 1177 (Continuatio Aquicinctina, MGH SS, t. 6, p. 416). Mort le 24 juillet 1179 (son successeur est attesté en mars 1180), il est inscrit à ce jour dans les nécrologes de Marchiennes et d’Anchin (Douai, BM, ms. 889, fol. 93ro ; ms. 888, fol. 137vo). 17 – Henri (1179, juillet/août – avril 1183) Originaire de Cluny (GC, t. 3, col. 397), il est attesté en mars 1180 (Chartes de Marchiennes, nos 100, 101, 102), en 1181 (Chartes de Marchiennes, no 104 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 180 et 181 et Ch. Duvivier, Actes et documents, t. 2, nos 54 et 55), en avril 1183 (Chartes de Marchiennes, no 106) et dans une charte sans date (ibidem, no 107). Au milieu de l’année 1183, il devient abbé de Saint-Vaast, succédant à Martin (1155-2 juin 1183), charge qu’il occupa pendant cinq mois jusqu’à sa mort en janvier 1184, ce qui fait commencer son abbatiat en juillet/août (GC, t. 3, col. 384). Mort le 4 janvier 1184 (son successeur Jean est attesté en avril 1184 ; J. Ramackers, Papsturkunden… Artois, no 138) lors d’un voyage à Rome, il est inscrit à ce jour au nécrologe de Marchiennes dans la colonne des familiares et non des monachi nostri (Douai, BM, ms. 889, fol. 68ro) et dans celui de Saint-Vaast (E. Van Drival, Le nécrologe, p. 24). 18 – Jean II (1183, après avril – 16 janvier 1193) Peut-être moine du lieu, il est mentionné comme abbé en avril 1183 et au cours de cette même année (Chartes de Marchiennes, no 105, 108, 109), en 1184 (Chartes de Marchiennes, nos, 111, 112) et en 1187 (Chartes de Marchiennes, no 113 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 206 ; J. Becquet, L’Abbaye d’Hénin-Liétard, no 18). Son abbatiat aurait duré une décennie (GC, t. 3, col. 397). Il est cité dans une fondation d’obit non datée (nécrologe du xve s., Douai, BM, ms. 889, fol. 136ro). La dernière mention est de 1192 (Chartes de Marchiennes, no 118). Avec une inscription au 16 janvier dans les nécrologes de Marchiennes et d’Anchin (Douai, BM, ms. 889, fol. 69vo ; ms. 888, fol. 116ro), on peut fixer sa mort en ce jour de 1193.

ANNEXE 1 : LI S T E AB B AT I AL E

19 – Étienne (1193, après janvier – démission en 1199) Sa mention dans un acte connu par une analyse et daté de 1191 pose problème (même si on corrige l’année en nouveau style ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 223) puisque son prédécesseur est encore attesté en 1191-1192 (Chartes de Marchiennes, nos 118, 119), mort en janvier qui ne peut donc être que 1193. Il est cité dans une lettre d’Étienne de Tournai que l’on peut dater de 1193 ( J. Desilve, Lettres d’Étienne de Tournai, no 269). La première mention sûre est de 1195 (Chartes de Marchiennes, no 120). On le retrouve en 1197 (Somme, Amiens, AD, 25 H 1, no 3, fonds Saint-Riquier ; Monasticon Belge, 3, Flandre occidentale, I, p. 190-197). Il est encore cité comme témoin dans une charte de 1198 de l’évêque de Cambrai Hugues pour l’abbaye Saint-Saulve de Valenciennes (S. Leboucq, Histoire ecclésiastique, p. 59). Il accorde, dans une notice sans date, une fondation d’anniversaire en faveur d’une converse (Douai, BM, ms. 889, fol. 111vo). Il démissionne en 1199 (Annales Marchianenses, p. 616) dans un contexte ignoré mais sans doute troublé car son successeur Simon devient abbé par transfert depuis l’abbaye d’Auchy. Étienne figure au 3 août dans le nécrologe de Marchiennes (Douai, BM, ms. 889, fol. 94ro) et au 8 dans celui d’Anchin (Douai, BM, ms. 888, fol. 139vo). 20 – Simon (1199 – début 1201) Moine de Saint-Bertin (GC, t. 10, col. 1600) ou de Saint-Médard de Soissons (GC, t. 3, col. 397), il devient abbé d’Auchy-les-Moines (1188-1199), ce qui plaide pour une origine bertinienne compte tenu du droit de regard dans le choix des abbés par Saint-Bertin. Il se trouve encore attesté dans cette charge en 1198 dans une charte de l’archevêque de Reims (A. Cardevacque, Histoire de l’abbaye d’Auchy, p. 204, no 29). Il devient abbé de Marchiennes en 1199 et démissionne en 1201 (Annales, p. 615) après une prélature de 14 mois (Series abbatum monasterii Sanctae Rictrudis extracta ex diversis monumentis loci, ADN, 10 H 327, fol. 20vo) pour retourner sur le siège abbatial d’Auchy où il est attesté en 1203 (A. Cardevacque, op. cit., p. 208-209, no 36). Aucune charte marchiennoise ne le cite mais André de Marchiennes indique dans l’épilogue de sa chronique qu’il a composé celle-ci à la demande de l’abbé Simon qui déplorait l’absence d’une histoire du monastère (S. Vanderputten, « Compilation et réinvention à la fin du douzième siècle. André de Marchiennes… », Sacris Erudiri, 42 (2003), p. 403-436). Simon est mort à Auchy en 1207 et figure 24 avril dans le nécrologe de Marchiennes comme ancien abbé (Douai, BM, ms. 889, fol. 81vo). La démission de Simon ouvre à Marchiennes une période d’instabilité abbatiale jusque 1204. 21 – Milon De Bazoches (début 1201 – avant avril 1202) Moine de Saint-Médard de Soissons, membre du lignage champenois des sires de Bazoches et cousin, par sa mère, du comte de Hainaut Baudouin V (W. M. Newman Les seigneurs de Nesle en Picardie, t. 1, p. 125, tableau généalogique, et p. 129 g), il fut abbé de Marchiennes pendant 11 mois (GC, t. 3, col. 397) ou 13 mois (Annales). Aucune charte marchiennoise ne le mentionne. Il est cité comme abbé de Saint-Martin de Tournai dans une charte comtale de 1202, antérieure au 14 avril, jour du départ du comte pour la croisade (W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, no 228, p. 479-481) et est attesté à Tournai jusque 1205 (Monasticon belge, 1, p. 279). En

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1206, il est transféré à Saint-Remi de Reims et en 1207, à Saint-Médard de Soissons où il meurt le 25 octobre 1219 (GC, t. 9, c. 234 et 417). Il figure à ce jour dans le nécrologe de Marchiennes comme abbé de Saint-Médard (Douai, BM, ms. 889, fol. 102vo). Pour clore cette liste, le successeur de Milon à Marchiennes fut Odon préalablement prieur de Saint-Médard de Soissons (Annales, p. 615). Son bref abbatiat se place entre le transfert de Milon à Tournai avant avril 1202 et juillet 1204, moment où Odon fut transféré à Saint-Vaast après la destitution de l’abbé Raymond par Innocent III (GC, t. 3, col. 386) et ou son successeur à Marchiennes est attesté. Pour l’abbatiat marchiennois d’Odon, un seul acte sans date, antérieur à juillet 1204, concernant la dépendance de Vregny est connu (Cartulaire de Marchiennes. ADN, 10 H 323, fol. CXIII, [p. 266]). Mort à Saint-Vaast en 1228, Odon figure dans le nécrologe de Marchiennes le 15 octobre comme abbé de Saint-Vaast (Douai, BM, ms. 889, fol. 102vo). Nicolas Delbiez, successeur d’Odon à Marchiennes, est attesté dans une charte de la comtesse Mathilde datée de juillet 1204 (ADN, 10 H 56/965, original ; W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, 2, no 276, p. 605-608). C’est avec l’abbatiat de Nicolas Delbiez (juillet 1204-13 juin 1219) que revient la stabilité dans la direction de l’abbaye.

Annexe 2

Le lignage seigneurial des Landas

Tableau 1 : les Landas des origines au xiiie siècle Baudouin I ∞ Judith comte de Flandre † 879

Raoul † 896

Baudouin II comte de Flandre † 918

Isaac ∞ fille comte de Cambrai Amauri1 ∞ Judith (957-973)

Judith2 abbesse de Marchiennes (975-988) Amauri I3 ∞ Emma (1077/85- † av 1096)

Amauri II4 ∞ Ermentrude (1096-†1123)

Amauri III8 ∞ Aelidis (1096-1123)

Gerulfus9

Rainier22

Amauri IV15 ∞ Mathilde (1139-1181/82)

Amauri V26 ∞ Marguerite (1221-av. 1271)

Gérard5 ∞ Comitissa

Étienne10 ∞ Gertrude

Gérard11

Étienne23 Hugues24

Étienne6

Roger12 ∞ Pétronille de Cysoing

Marie28 (1260)

Robert13

Hugues14

Amauri25

Guill.16 Thierry17 Rob.18 Gérard I19 ∞ 1)Mathilde (1168-1190) 2) Aelidis

Alard27 (1226-1252)

Fulcard7 abbé de Marchiennes (1103-1115)

Arnould29 (1171-1245)

Gossuin20

Richesende21 ∞ Simon de Lalaing

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A n n e xe s Tableau 2 : descendance d’Amauri V Amauri V26 ∞ Marguerite (1221-av.1271)

Amauri30 mort jeune (1260)

Jean32 (1254- av.1281)

Gilles31 (1271-1295)

Béatrice33 ∞ Baudouin de Mortagne (1287- ap. 1294)

Idain34 (1295)

Amauri35 (1281)

Jean36 (1281)

André37 (1294/95)

Tableau 3 : descendance de Gérard I Gérard I19 ∞ 1) Mathile (1168-1190) 2) Aelidis 3) Alborgis Arnoul29 ∞ Mathilde (1171-1246) (1200)

Gérard38 ∞ 1) Aelidis (1216-1280) 2) Marguerite de Corroy

Jean41 (1285-1300)

Arnould39 (1218-1253)

Aelidis40 (1220-1225)

Marie42 (1266)

Ce lignage a donné lieu à des généalogies approximatives, aux assertions fantaisistes ou fausses, en particulier sur les origines, les filiations et les alliances matrimoniales pour la période médiévale ; pour les temps modernes, les informations sont plus assurées. Le bilan historiographique et les notices qui suivent donnent les références justificatives sous une forme abrégée explicite et aisée à retrouver dans la bibliographie du présent ouvrage. Dressons un rapide bilan historiographique sur ce lignage. La plus ancienne généalogie paraît être celle dressée en 1627 par le moine cistercien Christophe Butkens (1590-1650) dans un ouvrage inédit cité par A. Le Glay1. Jean-Baptiste Carpentier (vers 1606-1670) esquisse une généalogie dans son Histoire généalogique2. Miraeus 1 A. Le Glay, « Mémoire sur les archives de l’abbaye de Marchiennes », Mémoires de la Société d’agriculture de Douai, 2e série, 2 (1854), p. 127-194, ici p. 162, note 2. Sur Christophe Butkens, Biographie nationale de Belgique, t. 3, p. 210-211. 2 J.-B. Carpentier, Histoire généalogique des Païs-Bas, ou Histoire de Cambray et du Cambresis… enrichie des généalogies, éloges et armes des comtes, ducs, évesques et archevesques…, Leyde, 1664, p. 522-530. Sur cet érudit, voir p. 170-173.

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(1573-1640), repris par Foppens, donne deux généalogies différentes : la première couvre les années 955-1313 et la seconde va de 1099 à 13273. Les pages consacrées à cette famille par Ferdinand Malotau de Villerode (1682-1752), érudit et membre du Parlement de Douai4, ne sont pas plus exactes que toutes celles qui précèdent. Tout aussi fautives sont celles de Casimir de Sars de Solmon (1766-1859) datant du début du xixe siècle5. Enfin, Paul-Armand Du Chastel de la Howarderie (1847-1936) propose sa propre construction de ce lignage avec quelques renvois allusifs à des sources archivistiques. Mais pour les premières générations des sires de Landas, sa reconstitution du lignage reste tributaire des travaux précédents6. Au total, toutes ces imposantes contributions ne sont d’aucune valeur scientifique car elles accumulent, surtout pour la période médiévale, les confusions de générations dues aux similitudes des prénoms, les erreurs grossières avec des invraisemblances chronologiques et onomastiques, comme souvent d’ailleurs les travaux anciens qui portent sur l’ensemble des familles nobiliaires. Ce n’est qu’en 1968 que paraît une vaste étude sur la noblesse flamande due à E. Warlop7 et où 237 lignages sont reconstitués dans le cadre d’une démarche pertinente, rigoureuse et fiable fondée, pour la majorité des sources utilisées, sur les informations tirées des chartes. Parmi les lignages étudiés figurent les seigneurs de Landas. Ce sont les éléments rassemblés sur ce lignage que nous reprenons ici, en les complétant jusqu’à la fin du xiiie siècle avec nos propres recherches, Warlop s’étant surtout intéressé aux seigneurs d’Eine, branche cadette des Landas8. Pour chaque individu, la référence entre crochets renvoie, s’il y a lieu, à la notice d’E. Warlop. Les dates indiquées pour chaque notice de personnage signalent les mentions chronologiques extrêmes données par les sources diplomatiques dans la quasi-totalité des cas. Intégrant l’état des connaissances et mes recherches personnelles, les notices individuelles présentent un suivi chronologique plus ou moins détaillé, justifié par des références bibliographiques citées de façon abrégée explicite pour être retrouvées facilement dans la bibliographie, ou archivistiques (archives départementales du Nord, sauf autre précision). Malgré un large dépouillement des sources archivistiques, ces notices sont sans doute encore incomplètes et pourront donc être augmentées.

3 A. Miraeus, J.-F. Foppens, Opera diplomatica et historica, 4 vol., Louvain, 1723-1748, t. 1, p. 411 et 686. 4 Douai, BM, ms. 950, tome 10, Généalogies nobiliaires (sub nomine). Sur cet érudit, voir une courte biographie avec liste de ses manuscrits (pour la plupart conservés à la bibliothèque municipale de Douai), dans R.H Duthilloeul, Galerie douaisienne ou biographie des hommes remarquables de la ville de Douai, Douai, 1844, p. 263-269. 5 Valenciennes, BM, ms. 815 (sub nomine) : Recueil de généalogies, fragments, notes et épitaphes des provinces du Nord, recueillies d’anciens manuscrits, renseignements particuliers et autres ouvrages, rédigées par ordre alphabétique (en 13 volumes). 6 P.-A. Du Chastel de la Howarderie, Notices généalogiques tournaisiennes, Tournai, 1881-1887, t. 1, p. 37-55. Sur cet érudit, voir Nouvelle biographie nationale, 3, p. 152. 7 E. Warlop, De Vlaamse Adel voor 1300, 2 t. en 3 vol., Handzame, 1968, p. 193-198, no 65. 8 E. Warlop n’a pas reconstitué la descendance d’Amaury IV, cf. no 15.

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1– Amauri, (953 ? – 973) [Warlop, no 65/1] Comte de Valenciennes. Ce comte, attesté entre 953 et 973, appartient à un haut lignage du Hainaut : comes ex pago Hainou [sic], vir genere nobilissimus (Gesta Cameracensium, p. 427, cap. 74) et épousa une fille d’Isaac, comte de Cambrai. L’évêque Fulbert (mort en 956) imposa la séparation des deux époux pour parenté trop proche (proximae cognitionis consanguinitate) (Gesta, ibidem). La décision épiscopale peut être datée entre 953 et 956, car, dans les Gesta, elle suit la mention de l’incursion des Hongrois à Cambrai et l’évêque Fulbert est mort en 956. Des déductions de parenté font de la mère de cette épouse une fille du comte Raoul, frère du comte de Flandre Baudouin II (L. Vanderkindere, La formation, t. 2, p. 51, note 3, et 71-72). Le 12 février 973, l’empereur Otton Ier confirme et accroît les biens de l’abbaye de Crespin à la demande de Richizonis atque Amelrici comitum (MGH, Diplomata, p. 579-580, no 426). La notice que lui consacre Malotau de Villerode, en citant deux documents de 955 et 970, indique qu’Amauri portait le même nom que son père. La charte de 955 n’a pas été retrouvée et quant à celle 970, il peut s’agir de celle de 975 (cf. notre édition, no 5) : Amaury premier du nom dit le jeune à la distinction de son père fut seigneur de Landas comme parait par charte de l’abbaye de Marchiennes l’an 955. Il rendit de grands services aux rois de France et fut père d’Amaury 2e du nom qui suit et de Judith de Landas, abesse (sic) de Marchienne par titre de l’an 970. À noter que le généalogiste douaisien ne reprend pas à son compte l’affirmation de nombreuses généalogies selon laquelle Amauri serait à l’origine des comtes de Montfort[-l’Amaury]. Des affirmations sans justification affirment tantôt que Guillaume, le premier seigneur de Montfort-L’Amaury, était fils du comte de Valenciennes Amauri, tantôt qu’il était petit-fils du comte Régnier II de Hainaut. Certes, après la fin des rébellions du comte de Hainaut Régnier III et son exil en Bohème (958), quelques membres du lignage se réfugièrent auprès du roi des Francs dont seuls les deux fils du comte exilé sont assurés : le futur Régnier IV et son frère Lambert, futur comte de Louvain (Chronica Sigeberti, p. 350, anno 959). Quelque soixante ans plus tard, Amauri de Montfort-L’Amaury, second seigneur de Montfort (vers 1020-1060) est dit avoir pour père Guillelmus Hanoensis (mort avant 1022) sans qu’on puisse identifier cet Hennuyer (Orderic vital, Historia ecclesiastica, vol. 4, lib. 7, c. 14 ; A. Rhein, « La seigneurie de Montfort en Iveline, (xe-xive siècle) », p. 26-29). Au total, les liens éventuels entre le comte de Valenciennes ou la dynastie des Régnier et les seigneurs de Montfort-l’Amaury, si séduisants soient-ils, paraissent bien ténus au regard de la documentation disponible. Ce silence documentaire se poursuit : entre le comte de Valenciennes Amauri cité dans le troisième quart du xe siècle et Amauri Ier attesté à la fin du xie siècle, aucune source ne mentionne un membre du lignage. Rien ne permet d’établir que le témoin Amalricus, cité en 1038 dans un règlement d’avouerie du comte de Flandre Baudouin V après Hugues de Valenciennes, soit un membre de ce lignage (M. Gysseling, A. C. F. Koch, Diplomata Belgica, 1, p. 94-95 et 122). Ferdinand Malotau de Villerode et Casimir de Sars signalent, dans cet espace chronologique d’un siècle, trois seigneurs de Landas appelés tous Amauri. Voici les

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notices de Villerode, plus développées que celles de Sars, suivies d’un bref commentaire critique. 1- Amaury 2e du nom sire de Landas est mentionné dans une charte de l’abbaye de Cysoing sous l’année 966 qui le qualifie Homo libens Deum et sorti de très noble lignage. On luy donne pour femme Brunichilde fille de Crépin de Morchipont, gisent en l’église de Cysoing. Ils eurent pour fils Amaury 3e du nom qui suit. 2- Amaury 3e du nom sire de Landas et aussi de Warlaing par la donation que luy en fit sa tante Judith ainsi qu’il apparait dans la chronique de Marchiennes de l’an 976. Il fut père d’Amaury 4e du nom qui suit. 3- Amaury 4e du nom chevalier, sire de Landas et de Warlaing, épousa Melisende fille du chastelain de Binche, gisent sous belle tombe en l’église de Landas. Ils laissèrent Amaury 5e du nom qui suit et une fille qui n’est point nommée dans les chartes. Pour la première notice, il subsiste une charte de Cysoing datée de 968 par laquelle un nobilissimus Almuricus et ses deux frères non nommés donnent une villa nommée Arboreta (L’Arbrisseau) à l’abbaye de Cysoing mais s’en réservent l’usufruit contre un cens annuel de cinq sous pour en conserver la jouissance. Cette donation ne fut sans doute pas effective puisqu’en 1164, c’est le comte de Flandre qui verse ces cinq sous (I de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, nos 7 et 25). Dans cette charte de 968, rien n’indique l’appartenance au lignage présenté ici. La seconde notice suit deux sources narratives dont elle dépend : l’Histoire-polyptyque et les Miracula Rictrudis (cf. notre édition, charte no 6). Quant à la troisième, elle ne peut être confrontée à d’autres sources. Ces trois notices, prises en compte par la généalogie de Du Chastel, ont des effets sur la numérotation des « Amauri », avec un décalage d’autant chez Warlop dont les notices font litière des affirmations péremptoires et fantaisistes. Amauri V, chez Villerode et Du Chastel, correspond à Amauri Ier chez Warlop. 2– Judith, abbesse de Marchiennes (975-988/1024). Voir la notice abbatiale, p. 380. 3– Amauri Ier (1077/1085 – avant 1096) [Warlop, no 65/2] Sire de Landas, et de Warlaing. Il est attesté dans le dernier quart du xie siècle, comme on peut le déduire d’une notice de 1123 se rapportant aux abbés de Saint-Amand : Bovon (1077-1085) et Hugues (1085-1107). Cette notice relate les démêlés de cet avoué avec l’abbaye (ADN, 12 H 1, fol. 43ro-44ro, no 86 ; A. Miraeus, t. 1, p. 685, no 86 ; H. Platelle, Le premier cartulaire, p. 303-304 ; De lite abbatiarum Elnonensis et Hasnoniensis, MGH SS, t. 14, Hanovre, p. 159). Amauri est aussi mentionné dans le conflit qui, entre 1091 et 1093, oppose l’abbaye de Saint-Amand à celle d’Hasnon (De lite, MGH SS, t. 14, p. 160 ; H. Platelle, Le temporel, p. 130-131). Sa mention dans la fausse charte de 1096/1097 pour Anchin ne peut être retenue ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 15). Amauri est mort avant 1096, ses fils étant cités à cette date dont un Amauri

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(voir notice 4) qui paraît être le chef du lignage (F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, no 20). L’épouse d’Amauri Ier, Emma, que les généalogies anciennes disent être du lignage des Ittre, sans aucune preuve, est qualifiée de veuve en 1105 ( J. Pycke et C. Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, 1, no 133). Leurs enfants furent : Amauri II (no 4), Gérard (no 5), Étienne (no 6) et peut-être Fulcard, abbé de Marchiennes (no 7). 4– Amauri II (1096 – 1123) [Warlop, no 65/3] Sire de Landas, et de Warlaing. Fils d’Amauri Ier (notice 3), il est cité avec ses frères Gérard et Étienne en 1096 (F. Vercauteren, Actes comtes de Flandre, no 20) et en 1103 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 22). Il participe en 1105 à la donation de sa mère au chapitre cathédral de Tournai (cf. notice 3). On le trouve en 1110, 1111, 1116, 1117 (F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, nos 44, 50, 80, 81, 85) et avec ses frères Étienne et Gerulfus dans une charte sans date, entre 1112/1117 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 41). Entre 1107 et 1121, il obtient, contre une protection à l’abbaye de Saint-Amand, une aulnaie à Bruille[-Saint-Amand] et une terre à cens ; en 1123, à l’article de la mort, il y renonce (cf. no 3 ; H. Platelle, Le temporel, p. 123, 126, 128, 209), En effet, il est dit fractus diutina infirmitate, meurt peu après et est inhumé dans l’abbatiale de Saint-Amand. La notice amandinoise de 1123 cite sa femme Ermentrude (les généalogies anciennes la disent être du lignage des seigneurs de Béthune, sans aucune preuve) et ses fils : Amauri III (notice 9), Gerulfus (notice 10), Étienne (notice 11), Gérard (notice 12) Roger (notice 13), Robert (notice 14) Hugues (notice 15). 5– Gérard (1103) Avoué de Saint-Saulve Fils d’Amauri Ier (notice 3), cité en 1096 (F. Vercauteren, Actes comtes de Flandre, no 20), il est attesté en 1103 comme avoué de Saint-Saulve dans la charte par laquelle le comte de Hainaut cède cette abbaye à Cluny (A. Bernard et A. Brunel, Chartes de l’abbaye de Cluny, 5, no 3816 ; Ch. Dereine, « La donation par Baudouin III »). La même charte indique qu’il a pour épouse Comitissa qui n’est pas un titre mais un surnom (on le trouve porté, par exemple, par Pétronille, bienfaitrice du prieuré de Sart-les-Moines, Chronicon Laetiense, MGH SS, t. 14, p. 494). 6– Étienne (1096 – 1136) Fils d’Amauri Ier (notice 3), il est cité en 1096 comme frère d’Amauri II (F. Vercauteren, Actes comtes de Flandre, no 20). On le rencontre en 1111 (F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, no 50), en 1112/1117 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 41), en 1123 (charte de Gautier de Saint-Amand ; A. Miraeus, t. 1, p. 685 ; H. Platelle, Le temporel, p. 129), en 1125 (Chartes de Marchiennes, nos 31, 32), 1127 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, 1, no 44), 1129 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 50), 1136 (Chartes de Marchiennes, no 40). Contrairement à ce que l’on trouve dans les généalogies anciennes, ce n’est pas lui qui a épousé l’héritière de la

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seigneurie de Cysoing mais son neveu Roger (cf. le lignage de Petegem à Cysoing, E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 171/7). 7– Fulcard, abbé de Marchiennes (1103-1115) Il est probablement un fils d’Amauri Ier (voir la notice abbatiale, no 9, p. 383). 8– Amauri III (1123 – 1157) Sire de Landas et de Warlaing. Avoué de Marchiennes. Fils d’Amauri II (notice 4), il est cité en 1096 (F. Vercauteren, Actes comtes de Flandre, no 20) et en 1123 avec sa mère et ses frères dans une charte de Gautier, abbé de Saint-Amand (cf. ci-dessus no 3). On le retrouve en 1139, 1146, 1147 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 51, 96, 100), 1146/1148 ( J. Pycke et C. Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, 2, no 7), 1154 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 140), sans date (vers 1154 : 59 H 95, no 71) et 1157 (Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 1277). Il fut marié à Aelidis (Chartes de Marchiennes, no 94) que les généalogies anciennes disent, sans preuve, être du lignage des Escornaix. Ses enfants furent : Amauri IV (notice 15), Guillaume (notice 16), Thierry (notice 17), Robert (notice 18), Gérard Ier (notice 19), Gossuin (notice 20). 9– Gerulfus (1096 – 1117) Frère d’Amauri II (notice 4), il est cité en 1096 (F. Vercauteren, Actes des comtes de Flandre, no 20), en 1111 (ibidem, no 50) et en 1112/1117 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 41). Il n’est pas cité dans la notice amandinoise de 1123 (notice 3). 10– Étienne (1151 – 1187) Avoué de Marchiennes. Ce fils d’Amauri II (notice 4) peut être confondu avec son oncle Étienne (notice 6), ce qui rend délicate l’attribution des mentions du milieu du xiie siècle. Étienne, avoué de l’abbaye, est cité en 1151 (Chartes de Marchiennes, no 52), 1154 et 1155 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 140, 147), 1160 ( J. Vos, Cartulaire de SaintNicolas de Tournai, no 22), 1161/1169 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 310), 1167 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83), 1173, 1175, 1178 avec son fils Rainier ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 173, 187, 209), 1179 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, no 124), en 1180 (Chartes de Marchiennes, nos 100, 101) et en 1183 avec son épouse Gertrude, de lignage inconnu (Chartes de Marchiennes, nos 106) et 1187 (Chartes de Marchiennes, no 113). Ses enfants furent : Rainier (22), Étienne (23), Hugues (24), Amauri (25). 11– Gérard (1123) Fils d’Amauri II (notice 4), il est nommé en 1123 dans la charte de Gautier de Saint-Amand (notice 3). Il est frappé d’incapacité physique et mentale (qui desipuerat et impotens erat). L’abbaye de Saint-Amand lui verse, sa vie durant, une rente annuelle de quarante sous.

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12– Roger (1123 – 1169) Avoué de Marchiennes puis de Cysoing. Roger, fils d’Amauri II (notice 4), est appelé aussi de Petegem et Cysoing depuis son mariage, en 1154, avec Pétronille d’Avesnes, veuve de Jean Ier de Petegem et Cysoing et sœur de l’évêque de Tournai Évrard (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 171/8 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 140). On le rencontre en 1123 (cf. no 4), en 1136 (Chartes de Marchiennes, no 40), 1149, 1150 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 118, 120, 126), 1151 (Chartes de Marchiennes, no 52 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 130), 1154, 1155, 1156, 1157, 1157/1159 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 140, 147, 151, 152, 171, 178, 180, 181, 182, 184), 1157 (Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 1277), 1159 où il est avoué de Cysoing (I. De Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 20), 1161/1162 (Chartes de Marchiennes, no 73), 1160/1161 et 1158/1162 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 198 et 206), 1163 (Chartes de Marchiennes, no 78 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 207 et 211), 1147/1163 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 213), 1164 ( J. Pycke et C. Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, 2, no 55) 1163/1164, 1165 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 229, 23 1, 240, 245, 248, 249, 250, 251), 1167 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83), 1168 ( J.P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 145 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, nos 299, 305), 1150/1168, 1159/1168 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 284, 285, 287, 288), 1159-1168 (Chartes d’Anchin, no 142), 1169 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 319). Sa descendance constitue le lignage des seigneurs de Cysoing (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 171/13). Son fils Jean fonde un anniversaire en 1197 à l’abbaye SaintMartin de Tournai à célébrer le 2 juillet (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, no 169). Il figure à ce jour dans le nécrologe de l’abbaye tournaisienne (U. Berlière, « Le nécrologe de l’abbaye Saint-Martin de Tournai », p. 195) et dans celui de Cysoing (I. De Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, p. 738). 13– Robert (1123 – 1153) Fils d’Amauri II (notice 4), il est nommé en 1123 dans la charte de Gautier de Saint-Amand (notice 3). Son épitaphe selon laquelle il serait mort en 1153 et inhumé à l’abbaye Saint-Aubert de Cambrai est à prendre avec réserve ( J.-.B. Carpentier, Histoire généalogique…, p. 530) : Hic quiescit Robertus Cognomine Landastus Ut Mars fuit bellator Huic da pacem creator Obiit anno MCLIII 14– Hugues (1123) Fils d’Amauri II (notice 4), il est nommé en 1123 dans la charte de Gautier de Saint-Amand (notice 3). L’affirmation par les anciennes généalogies d’un mariage avec Adélaïde, issue du lignage des Wavrin, n’a pu être confirmée.

A NNEXE 2   :   L E L I G N AG E SE I G NE U RI AL D ES LA N DA S

15– Amauri IV (1163 – 1181/1182) Fils d’Amauri III (notice 8), sire de Landas et de Warlaing. Avoué de Marchiennes. On le rencontre en 1163, 1156/1166 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 219, 262), 1167, 1168 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83, 85 ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 144 et 145), 1168/1169 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 319), 1169, Chartes de Marchiennes, nos 87), 1171 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 334), 1176, 1177 (Chartes de Marchiennes, nos 94, 95), 1179 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, no 124), 1180 (Chartes de Marchiennes, no 103), 1181/1182 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 610). Les généalogies anciennes lui attribuent, sans preuve, comme épouse Mathilde de Joigny. Les enfants connus furent : Amauri (26), Alard (27), Marie (28). 16– Guillaume (1146/1148 – 1174) Sire de Saméon. Fils d’Amauri III (notice 8), il est attesté en 1146/1148 (J. Pycke et C. Vleeschouwers, Les actes des évêques de Tournai, 2, no 7), 1168 et 1169 (Chartes de Marchiennes, nos 85, 87), en 1173 (ADN, 12 H 2, fol. 182ro-vo ; H. Platelle, Le temporel, p. 135, note 73) et 1169/1174 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 179). 17– Thierry (1168 – 1192) Sire de le Gruerie à Templeuve en Pévèle. Frère d’Amauri IV (notice 15), il est cité en 1168, 1169, 1177 (Chartes de Marchiennes, nos 85, 87, 94) et 1192 (ADN, 12 H 2, fol. 44 ro, no 50). 18– Robert (1150/1157 – 1177) Fils d’Amauri III (notice 8), il est cité en 1157 (Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 1277), 1150/1157, 1163 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 164, 221, 224), en 1164/1166 (L. Milis, De oorkonden… Ename, p. 22, no 31), en 1167 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83), 1169 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 314 ; Chartes de Marchiennes, no 87) et 1177 (Chartes de Marchiennes, no 94). 19– Gérard (1167 – 1203 ?) [Warlop, no 65/5] Frère d’Amauri IV (notice 8), il est cité en 1167, 1168 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83, 85), 1169 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 302 ; Chartes de Marchiennes, no 87), 1171 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 334). En 1172, un litige l’oppose à Agnès, fille de Baudouin d’Esne ( JL 2, no 11937 = PL, t. 200, col. 747-748). La même année, il rejoint avec son fils Arnoul l’armée du comte de Hainaut pour soutenir le comte de Namur contre les attaques d’Henri de Limbourg (Chronique de Gislebert de Mons, p. 108, no 68, p. 112, no 71). Il est cité en 1177 (Chartes de Marchiennes, no 94), 1180 (I. Diegerick, Inventaire…Messines, no 24, p. 27), 1181 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 588), 1182 (Ch. Piot, Cartulaire… Ename, p. 59, no 64), 1183 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 659), 1186 (36 H 64/692), 1187 (Ch. Piot, Cartulaire… Ename, p. 74, no 88). En 1190, il est templier et héritier de Gautier II de Eine (Cartulaire de Saint-Amand, ADN, 12 H 2, fol. 112vo-113ro, no 150).

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Il épouse en premières noces Mathilde (Cartulaire A chap. Cath Tournai, fol. 115vo-116ro), morte probablement en 1186 (36 H 64/692) ; sa seconde épouse Aelidis est citée en 1224 (cartulaire D chap. Cath Tournai, fol. 237vo-238ro). On lui connaît une troisième épouse, Alborgis (Archives du royaume, Ronse, chapitre de Eine, no 444). On lui connaît un fils du premier mariage : Arnould (notice 29). Il serait mort en juin 1203 si l’épitaphe qui se trouvait dans l’abbaye Saint-Aubert de Cambrai se rapporte à lui : Chy gist, chy kouck un Girars d’Aynes Ki despleja meintes enseignes. Chil fuet molt boen, proux et molt saige Et de molt honneré lingnaige. Chil mouruet il en li parfins Krouné de Dius, kieri des sints Li ans de grasce M.CC.III en joing. (cité par A. Le Glay, Notice sur le village d’Esne en Cambrésis, Cambrai, 1835, p. 6, sans doute d’après BM Cambrai ms. 941 de l’abbé Tranchant). Gérard est son épouse Alborgis figurent dans le nécrologe d’Eine au 3 novembre ( J. Claeys Bouuaert, « Het necrologium en het obituarium van Eine », p. 69). 20– Gossuin (1177) Frère d’Amauri IV (notice 15), il est cité avec sa mère Aelidis en 1177 (Chartes de Marchiennes, no 94). 21– Richesende (1181/1182) Fille d’Amauri III (notice 8) et sœur d’Amauri IV (F. Brassart, Choix de documents… comtes de Lalaing), elle est l’épouse de Simon de Lalaing en 1181/1182 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 610). 22– Rainier, avoué (1167 – vers 1200) Avoué de Marchiennes. Fils de l’avoué Étienne (notice 10), il est cité en 1167 (Chartes de Marchiennes, nos 82, 83), en 1173, 1175, 1178 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 173, 187, 209), en 1180, 1184, 1187 (Chartes de Marchiennes, nos 100, 101, 106, 113) et en 1195 comme avoué de Marchiennes (Chartes d’Anchin, no 283). Son successeur à l’avouerie de Marchiennes est attesté en 1204 (ADN, 10 H 56/965). 23– Étienne (1180 – 1187) Fils de l’avoué Étienne (notice 10), il figure avec son père et ses frères en 1180, 1183, 1184, 1187 (Chartes de Marchiennes, nos 100, 101, 106, 113).

A NNEXE 2   :   L E L I G N AG E SE I G NE U RI AL D ES LA N DA S

24– Hugues (1180 – 1187) Fils de l’avoué Étienne (notice 10), il est cité avec son père et ses frères en 1180, 1183, 1184, 1187 (Chartes de Marchiennes, nos 100, 101, 106, 113). 25– Amauri (1180 – 1184) Fils de l’avoué Étienne (notice 10), il est aux côtés de son père et de ses frères en 1180, 1183, 1184 (Chartes de Marchiennes, nos 100, 101, 106). 26– Amauri V (1221 – avant décembre 1271) Sire de Landas, Warlaing et Saméon. Avoué de Marchiennes. Il apparaît tardivement, au regard de son prédécesseur Amauri IV (notice 15) qui n’est plus cité après 1182. Faut-il intercaler un sire de Landas entre les deux ? Il est à noter qu’une charte de 1198 pour Vicoigne cite une domina de Landas (Ch. Duvivier, Actes et documents anciens, 2, no 132). La première mention d’Amauri V est de 1221 (I. De Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 84). En 1224, il est cité avec son épouse Marguerite (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, 1, nos 299 et 309) et en 1229 (ADN, 1 H 10/176 ; éd. F. Brassart, Histoire du château… Douai, no 182). Il est cité avec son frère Alard en 1226, 1230 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin Tournai, nos 318, 345, 346), 1233 (F. Brassart, Histoire du château… Douai, no 184), 1235 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 16), 1236 (ADN, 10 H 161/2521 ; Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, nos 20 et 21), 1237 (L. Douet d’Arcq, Collection de sceaux, no 2526), 1238 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 23), 1239 et 1240 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, 1, nos 318, 345, 472, 484, 485). On le trouve en 1248 (ADN, 12 H 2, no 308), en 1253 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 104), 1254 (ADN, B 1471/1108 ; éd. E. A. Escallier, L’abbaye d’Anchin, p. 162-164), 1256 ( J. de Saint-Genois, Monuments anciens, 1, p. 234, no 76). Amauri et son épouse Marguerite sont encore cités en 1260 (ADN, 1 H 181/2241 et 10 H 210/3436). Amauri est mentionné en 1265, 1267 (Brassart, Histoire du château… Douai, nos 184 et 185) et en 1269 (ADN,10 H 210/3438). Il est mort avant décembre 1271 (ADN, 10 H 210/3439 et 3440). Peut-être est-ce lui qui est inscrit au 16 janvier dans la colonne des monachi nostri dans une large strate paléographique comprise entre 1228 et 1310 (Douai, BM, ms. 889, fol. 69vo) à moins qu’il s’agisse de son fils Amauri, mort vers 1260 (voir notice 30). Trois fils sont connus : Amauri (notice 30), Gilles (notice 31) et Jean (notice 32). 27– Alard (1226 – 1252) Seigneur de Gruon et de Fontaine. Fils d’Amauri IV (notice 15), il est cité avec son frère Amauri V en 1226, 1230, 1239 et 1240 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, 1, nos 318, 345, 472, 484, 485), en 1247, 1248 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, nos 76, 77, 86). En 1252, Alard de Landas, seigneur de Gruson, vend à Nicolas Heldebrant l’avouerie de Marchiennes après le renoncement fait entre ses mains par Marie, veuve de l’avoué Aumant (ADN, 10 H 56/967 et 968 ; G. Demay, Sceaux de Flandre, no 1176).

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28– Marie (1260 – 1273) Sœur d’Amauri V (notice 26), elle est attestée en 1260 (ADN, 10 H 210/3436), en 1271 où elle est veuve d’Henri Trollet, bourgeois de Lille (ADN, 10 H 210/3439 et 3440) et 1273 (10 H 210/3443). 29– Arnoud I (1171 – 1246/1247) [Warlop, no 65/6] Fils de Gérard (notice 18), il est summus Hannonie pincerna à noël 1171 car il avait épousé la veuve du grand bouteiller Gilles d’Aunoit dont le fils était trop jeune pour remplir cet office (Chronique de Gislebert de Mons, p. 112, no 68 ; G. Alquier, « Les grandes charges du Hainaut », p. 14). Il rejoint en 1172 avec son père Gérard l’armée du comte de Hainaut pour soutenir le comte de Namur contre les attaques d’Henri de Limbourg (Chronique de Gislebert de Mons, p. 112, no 68). En juin 1172, une excommunication pour avoir malmené des membres du clergé est levée ( JL, 2, no 12083 = PL, t. 200, col. 834). Il est cité en 1173 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’ Anchin, no 174), en 1178 (Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 143), en 1180 (I. Diegerick, Inventaire…Messines, no 24, p. 27), en 1193 (ADN, 36 H 15/246 ; G. Demay, Sceaux de Flandre, no 1177 ; A. Le Glay, Glossaire, no 60 ; R. Fossier, Chartes de Picardie, no 34), en 1196/1197 (W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, nos 76, 77, 97), en 1198 (AD Aisne, cartulaire du Mont-Saint-Martin, H 1116, fol. 54vo-55ro, no 6), en 1199 (W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, no 148), en 1200 comme seigneur d’Eine avec son épouse Mathilde (L. Milis, De oorkonden… Ename, no 108, p. 89 ; W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, no 148), en 1201 (L. Delisles, Chartes de Sainte Waudru, no 39 et 43 ; J.-F. Boehmer Urkunden Deutscher Koenige 1, no 230 ; ADN, 36 H 66/707 et 708). Cité en 1205 (ADN, 37 H 32/133), 1207 (ADN, 8 H 198/2298), il est pair de Flandre en 1213 (Ex Historiis ducum Normanniae et regum Angliae, MGH SS, t. 26, p. 710 ; H. Malo, Un grand feudataire : Renaud de Dammartin, no 97), et fait prisonnier en juillet 1214 lors de la bataille de Bouvines (Catalogus captivorum, MGH SS, t. 26, p. 392). Cité en 1218 (ADN, 12 H 2, fol. 114vo-115ro, no 153 ; 59 H 29/118), il fonde une chapellenie à Esne en 1219 ( J.-B. Carpentier, Histoire généalogique de Pays Bas, preuves, p. 26). On le trouve en 1220, 1222 (Miraeus, 1, p. 412 et 2, p. 321), 1225 (Th. Luykx, Johanna van Constantinopel, no 24 ; M. Gysseling, « Les plus anciens textes français non littéraires », p. 205, no 23), en 1226 (I. De Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 89), 1223/1230 (Bruges, Archives de l’État, Bl no 6692), 1231 (ADN, B 1159 et 1149), 1232 (ADN, 1 G 454/2355 et 2356 ; 36 H 380/5181), 1233, 1237 (ADN, 1 H 289/2997 ; G. Demay, Sceaux de Flandre, no 1178 ; L. Douet d’Arcq, Collection de sceaux, no 2527 ; ADN, 1 H 53/608 ; 36 H 69/773), 1239 (L. Devillers, Inventaire analytique …Ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte, p. 195), 1240 (ADN, 36 H 220/4073), 1242 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, nos 509, 510, 511 ; Archives de l’hôpital Saint-Julien de Cambrai, édit L. Boniface, Histoire d’Esne, p. 394-395), 1243 (L. Devillers, Inventaire analytique… Ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte, p. 195-196), 1244 (ADN, B 1485 ; 30 H 59/934 ; Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, nos 37 et 38), 1245 (ADN, 8 H 190/2135 et 2136 ; 27 H 43/6331), juillet 1246 (30 H 59/936). Un acte échevinal de Douai de juillet 1247 rappelle un emprunt contracté par Arnoul à rembourser par son fils Gérard (E. Taillar, Recueil d’actes des xiie et

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xiiie siècles, no 81). La dernière mention est de 1249 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 88). Arnould figure dans le nécrologe d’Eine au 7 novembre ( J. Claeys Bouuaert, « Het necrologium en het obituarium van Eine », p. 71) et son épouse Mathilde au 6 octobre (ibidem, p. 63, 127 et 128). Avec son épouse Mathilde citée en 1200 (L. Milis, De oorkonden… Ename, p. 89, no 108) et en 1232 (ADN, 36 H 380/5181), trois enfants sont connus : Gérard (notice 38), Arnoud (notice 39), Aelidis (notice 40). 30– Amauri (1260) Fils d’Amauri V (notice 26), cité comme mineur en 1233, il est mort jeune (F. Brassart, Histoire du château… Douai, no 184). 31– Gilles (1271 – avant août 1295) Sire de Landas, Bouvignies, Roupy (écart de Nomain). Fils d’Amauri V (notice 26), il est cité en juillet 1271 (ADN, 10 H 323, p. 307 ; Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 171), 1272 (ADN, 10 H 199/3148 et 10 H 323, p. 313 ; G. Demay, Sceaux de Flandre, no 1181), 1273 (ADN, 10 H 199/3149 et 3150), 1276 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 185). Une lettre d’août 1295 ( J. de Saint-Genois, Inventaire analytique des chartes, no 779) envisage un partage de biens entre ses deux filles qui implique une mort récente. Son épouse non nommée est encore vivante à cette date. On lui connaît deux filles : Béatrice (notice 33) et Idain (notice 34). 32– Jean (1254 – av 1281) Seigneur de Warlaing. Fils d’Amauri V (notice 26), il est cité en 1254 (ADN, B 1471/1108 ; éd. E. A. Escallier, L’abbaye d’Anchin, p. 162-164) et en 1260 (ADN, 10 H 210/3436). Sa future épouse Boussarde de Bourghelles, dame de Belleforière et dame d’Auby, est citée en 1268, vraisemblablement mariée à un sire d’Auby (F. Brassart, Histoire du château… Douai, p. 805 ; G. Demay, Sceaux de Flandres, no 546). Veuve, elle épouse en secondes noces Jean de Landas dont elle est veuve en 1281 (BnF, collection Moreau, t. 204, fol. 239). On lui connaît deux enfants assurés : Amauri (notice 35) et Jean (notice 36), et peut-être un troisième, André (notice 37). 33– Béatrice (1287 – après août 1295, avant 1313) Dame de Landas, Bouvignies, Roupy (écart de Nomain). Fille de Gilles (notice 31), elle est citée comme épouse de Baudouin de Mortagne, fils du châtelain Arnoud de Tournai, le 21 septembre 1287 (ADN, 12 H 2, no 87 et B 1561, fol. 111ro-vo, no 393). Ce Baudoin est cité comme sire de Landas en 1290 (ADN, 10 H 141/2213). Le couple est cité en 1292 (ADN, 10 H 210/34446b) et en 1294 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 323). Elle vit encore en 1295 (notices 31 et 34). Baudouin vendit la baronnie de Mortagne et la châtellenie de Tournai en 1313 à Philippe IV le Bel et la terre de Landas fut alors érigée en baronnie (acte de Philippe IV, éd. F. Brassart, Histoire du château… Douai, nos 187 et 188). Dans ces deux actes, Jean, fils de Baudouin et Béatrice, est héritier de sa mère, donc décédée avant.

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34– Idain (1295) Fille de Gilles (notice 31), elle est citée comme sœur de Béatrice (notice 33) dans une lettre d’août 1295 ( J. de Saint-Genois des Mottes, Inventaire analytique des chartes, no 779). Cette lettre implique une mort récente de son père. 35– Amauri (1281) Fils de Jean (notice 32), il est cité en 1281 (BnF, collection Moreau, t. 204, fol. 239). 36– Jean (1281) Seigneur de Sainghin-en-Mélantois Fils de Jean (notice 32), il est cité en 1281 (BnF, collection Moreau, t. 204, fol. 239). 37– André (1294/1295) Les généalogies anciennes en font un fils de Jean (notice 32). Il est échevin de Lille en 1294-1295 (M. Aubry, 4000 bourgeois de Lille au xive siècle, p. 221-227 (liste échevinale). 38– Gérard II (1216 – 1280) [Warlop, no 65/7] Fils d’Arnoul (notice 29), il est cité en 1216 (Archives du chapitre cathédral de Tournai, cartulaire D, fol. 59 vo), en 1218 (ADN, 59 H 96, fol. 114vo-115ro, no 232), 1231 (Archives du royaume, Tournai, cartulaire 73, fol. 34ro-vo), 1232 (L. Boniface, Histoire d’Esne, p. 391393), 1247 (E. Taillar, Recueil d’actes des xiie et xiiie siècles, no 81). On le trouve en 1253 (I. De Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 129), 1255 (M. Vanhaeck, Cartulaire de l’Abbaye de Marquette, 1, no 178 ; B. Guérard, Chartes de Saint-Bertin, 3, no 148), 1260 (Éd. Hautcoeur, Cartulaire de Flines, no 126 ; ADN, 65 H 12/59 ; G. Demay, Sceaux de Flandre, no 1179), 1264 (ADN, 65 H 1/8), 1266 (ADN, 36 H 259/4324), 1269 (ADN, 65 H 45/215), 1277 (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 207) et 1280 (ADN, 65 H 3/19). En 1310, il est mentionné comme mort (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 383). Gérard figure dans le nécrologe d’Eine au 29 janvier et 14 mai ( J. Claeys Bouuaert, « Het necrologium en het obituarium van Eine », p. 21, 40, 105) Sa première épouse Adèle de Bauvois est dite décédée en 1260 (ADN, 65 H 12/59). Elle figure dans le nécrologe d’Eine au 23 juillet (J. Claeys Bouuaert, « Het necrologium en het obituarium van Eine », p. 115). Sa seconde épouse Marguerite de Corroy est citée en 1279 (ADN 65 H 3/17 ; G. Demay, Sceaux de Flandre, no 1180). Elle figure dans le nécrologe d’Eine au 14 avril (J. Claeys Bouuaert, « Het necrologium en het obituarium van Eine », p. 35). Deux enfants sont connus : Jean (notice 41) et Marie (notice 42). 39– Arnould (1218 – 1253) [Warlop, no 65/8] Fils d’Arnoul I (notice 29), il apparaît en 1218 (ADN, 12 H 2, fol. 114vo-115ro, no 153). Il est mort en 1253 (Chronique de Baudouin d’Avesnes, MGH, SS 25, p. 461). Arnould figure dans le nécrologe d’Eine au 11 février ( J. Claeys Bouuaert, « Het necrologium en het obituarium van Eine », p. 89). 40– Aelidis (1220 – 1225) [Warlop, no 65/9] Fille d’Arnould I (notice 29), elle est citée en 1220 (ADN, 12 H 2, fol. 114 vo-115ro, no 153) et en 1225 (ADN, 59 H 96, fol. 121ro-vo, no 248).

A NNEXE 2   :   L E L I G N AG E SE I G NE U RI AL D ES LA N DA S

41– Jean (1232 – 1300) [Warlop, no 65/10] Fils de Gérard II (notice 30), il est cité en 1232 (L. Boniface, Histoire d’Esne, p. 391-393). On le retrouve vers 1270/1276, mais dans un acte de 1310, comme ayant fait une donation quelque quarante ans plus tôt au temps de l’abbesse Jeanne de Flines (1270-1276) (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 388). Il est cité en 1285 ( J. de Saint-Genois des Mottes, Inventaire analytique des chartes des comtes de Flandre, Gand, 1843-1846, p. 112, no 365), 1292 (Th. De Limburg-Stirung, Coutumes de la ville d’Audenarde, 2, no 15), en 1293 (ADN, 12 H 2, fol. 105ro-106ro, no 141) et en 1300 (Cartulaire de Termonde, no 446). Il est inscrit au 5 mai dans le nécrologe de Marchiennes (Douai, ms. 889, fol. 83 ro, dans une écriture du début du xive siècle) et dans celui de Notre-Dame des Prés de Douai (Valenciennes, BM, ms. 838, fol. 2vo). 42– Marie [sans prénom, Warlop, no 65/11] Fille de Gérard II (notice 38), elle est citée comme religieuse à Flines en 1266 (ADN, 36 H 259/4324) et en 1270/1276 dans un acte de 1310 relatant une donation au temps de l’abbesse Jeanne de Flines (Éd. Hautcœur, Cartulaire de Flines, no 388). Quatre personnages n’ont pu être placés dans la présentation du lignage étudié. – Elnardus de Landas (1047) Cité dans une fausse charte de 1047 (Chartes de Marchiennes, no 10), il n’apparaît pas ailleurs. – Gerulfus de Landas (1157) Cité en 1157 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 117), il est peu probable, d’un point de vue chronologique, que ce personnage soit identique à celui cité entre 1096 et 1117 (cf. notice no 9). – Gilles de Landas (1202) Il participa à la quatrième croisade et fut tué à Zara en novembre 1202 lors d’une rixe avec les Vénitiens (La conquête de Constantinople – Villehardouin, éd. Ed. Faral, Paris, 1961, t. 1, p. 90-91, no 90). – Roger de Landas (1191 – 1195) Il participa à la troisième croisade. En 1191, Philippe-Auguste, en tant qu’exécuteur testamentaire du comte de Flandre Philippe d’Alsace, se porta caution à hauteur de 700 marcs d’argent empruntés à des marchands génois par neuf chevaliers relevant du défunt comte. Parmi eux figure Roger de Landas (M. Prou, Recueil des actes de Philippe Auguste, no 387, p. 477-478 ; charte suspecte). Roger est cité en juillet 1195 dans une charte du comte Baudouin IX pour Saint-Amand (W. Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen, no 34). Ce Roger ne peut, d’un point de vue chronologique, être identique à celui de la notice no 12.

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Annexe 3

Les cours de l’abbaye de Marchiennes au xiie siècle

Les grands ensembles fonciers de l’abbaye n’ont été appelés « cours » (curtes) que progressivement comme le montrent les informations recueillies au fil de la documentation1. Sur les treize cours attestées à la fin du xiie siècle, il faut souligner que Marchiennes détenait aussi l’autel du lieu dans neuf cas, c’est-à-dire qu’elle contrôlait la paroisse en nommant le curé et en percevant les revenus liés à cette cellule religieuse. Détenir l’autel, c’était donc s’assurer des sources de revenus : la dîme, les offrandes lors des messes, les oblations lors des sacrements. Dans trois cas (Reninge, Ronchin et Vregny), la paroisse échappait à l’abbaye. Mais dans neuf cas, l’addition de la présence foncière et du contrôle de la paroisse assurait à Marchiennes une mainmise économique et spirituelle d’importance. Dans huit cas, la documentation atteste de la présence sur place d’un ou deux moines du monastère qui contrôlait ainsi la gestion du domaine. Seules quatre cours sont en dehors du diocèse d’Arras : Beuvry et Ronchin dans celui de Tournai, Reninge dans celui de Thérouanne et Vregny dans celui de Soissons. Les notices donnent les termes utilisés pour désigner les biens détenus dans les différentes localités et signalent la forme de la présence monastique avec toutes les références justificatives ; les numéros entre crochets droits renvoient aux actes de la présente édition. 1– Abscon, Absconium, Ascon, Asconium (Nord, Valenciennes, Denain) À lire les Miracula Rictrudis, le village appartient à l’abbaye depuis les années 1030 selon le récit de la découverte d’un trésor au temps de l’abbé Albéric (AASS, Maii, 3, p. 94), mais le texte date des années 1160 et reprend les informations de l’Histoire-polyptyque (c. 31). Vers 1120, l’abbaye y détient 44,5 courtils et perçoit 31 deniers de cens. – mansus indominicatus et dominaca curtis (v. 1120, B. Delmaire, Histoire-polyptyque, p. 88-89, c. 31 et 32). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – grangia (1188/1189 et 1209/1215, Douai, BM, ms. 889, fol. 111vo et 113ro, création de pitances dans le nécrologe). – curtis (acte de 1214 faisant état de la situation en 1188 ; ADN, 10 H 146/225). 1 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 558, a dressé un inventaire des cours marchiennoises situées dans le diocèse d’Arras.

A NNEXE 3  : L ES CO U R S D E L’AB B AY E

– le procureur (v. 1120, Histoire-polyptyque, p. 88-89, c. 31 et 32). L’abbaye détient l’autel depuis 1103 [no 13]. 2– Beuvry, Bebrogium, Beruvi, Beurui, Beuvrui, Beverui, Bevrui (Nord, Douai, Sin-le-Noble) Élément du domaine primitif, Beuvry appartient à la mense conventuelle en 877. Vers 1120, l’abbaye détient 44 courtils et perçoit 12 deniers de cens (Histoirepolyptyque, c. 26). – villa (877 [no 4], 1046 [no 9]). – mansus indominicatus (v. 1120, Histoire-polyptyque, c. 26). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – grangia (1227, ADN, 10 H 256/4076a). La possession de l’autel par l’abbaye est attestée à partir de 1123 [no 24]. 3– Boiry-Ste-Rictrude, Baeri, Baira, Bairi, Bairis, Bariacum, Barriacum, Batris, Boiriacum (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte) Le domaine appartenait à Rictrude (Vita Rictrudis, PL, c. 8, col. 836) et fit partie de la mense conventuelle établie par Charles le Chauve en 877. Il n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque. – villa (877 [no 4], 1046 [no 9]). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – le prévôt (avec deux moines en 1188 [no 116] ; 1201 [no 121]). L’abbaye détient l’autel depuis 1103 [no 13]. 4– Erre, Hera (Nord, Douai, Sin-le-Noble) Vers 1120, l’abbaye détient 14 courtils, les cens versés ne sont pas distingués de ceux perçus à Abscon (Histoire-polyptyque, c. 32). – curtis indominicata (v. 1120, Histoire-polyptyque, c. 32). – le moine d’Erre (1184/1187 et début xiiie s., Douai, BM, ms. 889, fol. 111vo et 113vo : notice de création de pitances dans le nécrologe). La paroisse tenue par l’abbaye, distinguée de celle du village voisin d’Abscon, apparaît entre 1295 et 1316 (cartulaire, ADN, 10 H 323, p. 340-341). 5– Gouy-sous-Bellone, Gaugiacum, Goi (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) Élément du domaine primitif, Gouy appartient à la mense conventuelle en 877 et n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque. – villa (877 [no 4], 1046 [no 9]). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – le procureur (1201 [no 121]).

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– le prévôt (avant 1230, Douai, BM, ms. 890, fol. 135vo : notice de création d’une pitance dans le nécrologe). L’abbaye détient l’autel depuis 1122 [no 21]. 6– Haisnes, Hainas (Pas-de-Calais, Béthune, Beuvry) Élément du domaine primitif, Haisnes appartient à la mense conventuelle en 877. La villa, perdue dans des circonstances ignorées au temps du comte Arnoul (918-965), est restituée à l’abbaye en 975 ; elle n’est pas citée dans l’Histoire-polyptyque. – villa (877 [no 4], 975 [no 5], 1046 [no 9]). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – domus avec un moine (1125 [no 31]). – le prévôt (1205/1219 et 1212, Douai, BM, ms. 890, fol. 113vo et 135vo : notices de création de pitances dans le nécrologe). L’abbaye détient l’autel depuis 1103 [no 13]. 7– Ligny-le-Petit, Parvum Lemnium, Parvum Lennum (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin, hameau de Lorgies) Vers 1120, l’abbaye perçoit 12 deniers (Histoire-polyptyque, c. 48). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). La cour n’est citée qu’en 1351 (ADN, 10 H 55/949). La possession de l’autel par l’abbaye est attestée à partir de 1141 [no 46]. 8– Lorgies, Lorgias, Lorgiis (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin) Ce domaine n’apparaît qu’en 1046 mais il est possible qu’il ait appartenu à l’abbaye dès l’origine. Vers 1120, l’abbaye y perçoit 12 deniers (Histoire-polyptyque, c. 45). – villa (1046 [no 9]). – societas (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). L’abbaye détient l’autel depuis 1103 [no 13]. 9– Mazingarbe, Masengarba (Pas-de-Calais, Lens, Bully-les Mines) Ce domaine n’apparaît qu’en 1046 mais il est possible qu’il ait aussi appartenu à l’abbaye dès l’origine. Il n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque. – villa (1046 [no 9]). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). L’abbaye détient l’autel depuis 1103 [no 13], non sans contestation jusque dans les années 1160 [nos 13, 75, 76, 79, 80].

A NNEXE 3  : L ES CO U R S D E L’AB B AY E

10– Reninge, Reinenga, Renega, Renenge, Renenges, Rinenga Rinengies, Rinengis, Rininga, Rithnengas, Rithnengis (Belgique, Flandre-Occidentale, Dixmude) Élément du domaine primitif, la dîme de Reninge appartient à la mense conventuelle en 877. Le lieu n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque. – curtis (1140 [nos 41 et 42]). – grangia (1191 [no 117]). Le village ne constitue pas une paroisse. Le projet de construction d’une église (1160/1161 [no 70]) n’a pas abouti. Marchiennes doit faire face, tout au long du xiie siècle, aux contestations de l’abbaye de Voormezele et à celles du lignage chevaleresque local. 11– Ronchin, Roncinium, Rumcinium, Runcinium (Nord, Lille, Lille-4) Le domaine appartenait sans doute à Rictrude et fit partie de la mense conventuelle établie par Charles le Chauve en 877. Il n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque. – villa (877 [no 4], 1046 [no 9]). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – le moine (1205/1219, Douai, BM, ms. 890, fol. 113ro : notice de création de pitances dans le nécrologe). L’abbaye ne possédait pas l’autel détenu par le chapitre Saint-Pierre de Lille (É. Hautcœur, Histoire de l’église collégiale et du chapitre de Saint-Pierre de Lille, t. 1, Lille, 1886, p. 139-140). On ignore pourquoi l’abbaye ne détenait pas la paroisse et à quel moment précis le chapitre lillois l’a obtenue puisqu’une charte ne l’atteste qu’en 1250 (É. Hautcœur, Cartulaire du chapitre Saint-Pierre de Lille, no 439, p. 340). 12– Sailly[-en-Ostrevent], Sali, Saliacensis, Saliacum, Salli (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) Ce domaine n’apparaît qu’en 1046 mais il est possible qu’il ait également appartenu à l’abbaye dès l’origine. Il n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque. – villa (1046 [no 9]). – villa (bulles de 1123 [no 24], 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – le convers (1127/1128, Douai, BM, ms. 850, fol. 87). – le moine (1158/1182 et 1212, Douai, BM, ms. 890, fol. 135vo : notice de création d’une pitance dans le nécrologe, et ADN, 10 H 237/3). – En 1181, la Continuatio Aquicinctina signale en ce lieu la naissance d’un agneau à deux têtes et sept pattes (MGH SS, 6, p. 419). L’abbaye détient l’autel depuis 1122 [no 21]. 13– Vregny, Vereni, Verni, Vinniacum, Viriniacum (Aisne, Soissons, Soissons-1) Élément du domaine primitif, il aurait été donné par Dagobert à Eusébie lors de son baptême. Ce domaine appartient à la mense conventuelle en 877 mais il n’est pas cité dans l’Histoire-polyptyque.

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– villa (877 [no 4]). – curtis indominicata (bulle de 1123 [no 24]). – villa (bulles de 1141 [no 46], 1146 [no 50], 1172 [no 91], 1184 [no 111], 1195 [no 120]). – le moine (1146 [no 51] ; 1202/1204 (Cartulaire de Marchiennes. Lille, ADN, 10 H 323, fol. CXIII, [p. 266]). – le prévôt (1219/1225, Douai, BM, ms. 890, fol. 136ro : notice de création d’une pitance dans le nécrologe, sous l’abbé Michel). L’autel n’est pas tenu par Marchiennes mais par l’abbaye de Nogent-[sous-Coucy] ( J. Ramackers, Papsturkunden in Frankreich (Picardie), no 46, p. 140-143).

Annexe 4

Les consécrations d’autels et reliques à l’abbaye de Marchiennes

Ces inscriptions dédicatoires dont l’intérêt est de fournir des informations variées, cultuelles et chronologiques sur l’évolution de l’abbatiale et la spiritualité de la communauté monastique figurent au début du second nécrologe de l’abbaye de Marchiennes copié entre 1426 et 1444 (Douai, BM, ms. 890, folios 4ro-6vo). Cet ouvrage est une copie allégée, par la pratique de la réduction des obits, du premier nécrologe en usage à l’abbaye, mis en œuvre à partir des années 1130, aujourd’hui toujours conservé mais incomplet (Douai, BM, ms. 889)1. Aussi les notices éditées ici n’y figurent-elles plus. À cet ensemble de notices de consécrations d’autels recopiées dans le second quart du xve siècle on peut en ajouter quelques autres qui se trouvent dans un évangéliaire du xiie siècle, d’une écriture de ce même siècle (Douai, BM, ms. 93, page de garde (ici, nos 3, 1, 2 et dans cet ordre) et fol. 122 vo-123 ro (ici nos 10, 11, 12). Les dix-neuf notices de consécrations retrouvées se répartissent ainsi. Trois concernent l’abbatiale du xie siècle (1146, no 3 ; 1150, nos 1, 2), dix sont liées à l’avancement des travaux de la nouvelle abbatiale entrepris à partir de 1154 (1160, nos 7, 8, 9 ; 1161, nos 14, 15, 16 ; 1164 : nos 10, 11 ; 1165 : nos 12 ; 1168 : no 13). Quatre concernent le xiiie siècle (1234 : no 17 ; 1244 : no 4 ; 1255 : nos 5, 6). Deux sont sans date (nos 18, 19). [1] Dies consecrationis altarium nostrorum. Et primo majus altare. /fol. 4vo/. Anno verbi incarnati millezimo centesimo quinquagesimo, indictione XIIIa, concurrente VIa, epacta XXa, VIo kalendas novembris, consecratum est majus altare istius ecclesie a domno Geraldo Tornacensi episcopo1, in honore sanctorum apostolorum Petri et Pauli et sancti Stephani prothomartiris sanctique Laurentii archidiaconi et sancti Mauricii martiris et sanctarum Rictrudis, Eusebie et Gertrudis. Ibique in altare recondite sunt reliquie sanctorum martirum Laurentii atque Mauricii et sanctorum prophetarum Helysei et Abdie. 1- Gérald, évêque de Tournai (1148-14 juil. 1166).

[2] Altare sancti Johannis evangeliste et sancti Benedicti. Eodem quoque anno et eodem die ab eodem episcopo consecratum est altare, in sinistra parte ecclesie, in honore sancte Dei genitricis Marie et sancti Johannis evangeliste et sanctorum martirum Laurentii atque Mauricii et sanctorum confessorum Benedicti atque Donati. Ibique recondite sunt reliquie supradictorum martirum Laurentii atque Mauricii.

1 J.-L. Lemaître, Répertoire des documents nécrologiques français, op. cit., nos 1812 et 1813.

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[3] Oratorium sancte Marie virginis. Anno ab incarnatione Domini millezimo centesimo quadragesimo sexto, concurrente primo, epacta sexta, indictione quinta, IIIo nonas martii, consecrata est ecclesia beate Marie a domno Aluiso episcopo Attrebatensi1, qui exposuit in altare reliquias apostolorum martirum et confessorum scilicet sancti Andree apostoli, Laurentii, Gentiani, Mauricii sociorumque ejus Panchratii, Trisanti et Darie martirum, Silvestri pape, Alardi abbatis confessorum. 1- Alvise, évêque d’Arras (mai 1131-6 sept. 1147).

[4] Oratorium beate Marie Magdalene in infirmaria. Anno Domini millezimo ducentesimo quadragesimo quarto, XVIIo kalendas maii, dedicatum est oratorium de infirmaria Marchianensi ab Assone venerabili Attrebatensi episcopo, in honorem Domini nostri Jeshu Christi et sancte Marie genitricis Dei et sancte Marie Magdalene. In cujus altari posuit idem episcopus reliquias sanctorum quorum hec sunt nomina : sancti Procopii martiris, Cosme et Damiani, Sergii martiris, Arethe martiris, Nichanoris martiris, sancte Eosenis virginis, sancti Mauricii martiris, sancti Mammerti martirisa episcopi et matiris, sancti Longini martiris et Theodoris militis, sancte Elizabeth de Maboure. a) martiris, cancellé. 1- Asson, évêque d’Arras (sept-déc. 1231-22 mars 1246).

[5] Altare sancti Andree apostoli. Anno Dominice Incarnationis MoCCo quinquagesimo quinto, tertio nonas novembris, consecratum est altare sancti Andree apostoli retro majus altare a venerabili patre Hugone episcopo Apprensi1, ex licentia / fol. 5ro/ reverendi patris Jacobi Attrebatensis episcopi2, in honorem Domini nostri Jeshu Christi et sancte Dei genitricis virginis Marie et ejusdem apostoli et omnium sanctorum martirum, confessorum atque virginum, tempore dompni Robodonis3 tunc abbatis. In quo altari posite sunt reliquie ejusdem apostoli Arethe martiris et aliorum sanctorum martirum, confessorum atque virginum. 1- Hugues, évêque d’Apros (Macédoine), en exil depuis 1235, attesté jusqu’en 1263 (à compter de 1244, sur ordre d’Innocent IV, un subside lui est versé par les abbayes de Saint-Médard de Soissons, Marchiennes, Anchin et Saint-Amand, Registres du pape Innocent IV, 1, no 725). 2- Jacques de Dinant, évêque d’Arras (4 oct. 1247-17 avril 1259). 3- Radbod, abbé de Marchiennes (1247-31 oct. 1256).

[6] Altare sancti Nychasii sociorumque ejus. Eodem anno et eodem die, consecratum est altare sancti Nichasii sociorumque ejus retro majus altare ab eodem episcopo, in honore Domini nostri Jeshu Christi et beate Marie virginis et ejusdem sancti et omnium sanctorum martirum confessorum atque virginum. In quo posite sunt reliquie sanctorum quorum hec sunt nomina : de ossibus sancti Procopii martiris, Theodori martiris, de capite sancti Longini martiris, Mercurii martiris, Cosme et Damiani, Eosenis virginis. [7] Sancti Johannis Baptiste. In altare sancti Johannis evangelistea Baptiste quod consecratum est anno Domini MoCoLXo, Xo kalendas novembris, a domino Godescalco Attrebatensi

A NNEXE 4   :   L ES CO NS ÉC R AT I O NS D’AU T EL S ET R E LI Q U ES

episcopo1, in honorem Domini nostri Jeshu Christi et sancte Dei genitricis Marie et ejusdem sancti Johannis Baptiste et sanctorum Sebastiani, Clementis, Dionisii, Quintini et Adriani martirum, Remigii, Vedasti et Medardi pontificum. Posite sunt reliquie iste : Helisei et Abdie prophetarum, Sebastiani martiris, Quintini martiris, Adriani martiris et aliorum sanctorum, qui in majori altari veteris ecclesie positi fuerant, et de sepulchro Domini. a) evangeliste : cancellé. 1- Godescalc, évêque d’Arras (1151-nov/déc. 1163).

[8] Sancti Martini Turonensis episcopi et confessoris. In altare sancti Martini, quod consecratum est eodem anno et eodem die ab eodem episcopo, in honorem Domini nostri Jeshu Christi et sancte Dei genitricis Marie et ejusdem sancti Martini et sanctorum Gregorii, Ambrosii, Amati, Honorati atque Lupi pontificum, Jheronimi, Ratberti, Gratiani, Evremundi et sanctorum omnium confessorum. Posite sunt reliquie iste : Vitalis, Marcialis et Panchratii martirum, Lupi episcopi, Honorati episcopi, Amati episcopi, sancti Gratiani, sancti Ratberti, sancti Jonati, sancti Mauronti, sancti Grodebaldia, sancti Evremundi et de sepulchro Domini. a) en marge : Grodebaidus fuit prepositus Marcianensis […] sancti Jonati. Il s’agit d’un ajout de la main de Raphaël de Beaucamps, religieux à Marchiennes (1571-1647). Le texte a été coupé lors de la reliure.

[9] Sancti Benedicti abbatis. In altare sancti Benedicti quod consecratum est eodem anno ab eodem episcopo, die sequenti id est nono kalendas novembris, in / fol. 5vo/ honorem Domini et sancte Dei genitricis Marie et sancti Johannis evangeliste et sanctorum Yppoliti martiris, sociorumque ejus et ejusdem sancti Benedicti, Jonati, Egidii, Mauronti et Mauri. Posite sunt reliquie iste : de vestimento ejusdem sancti Johannis evangeliste, de digito sancti Gentiani martiris, de ossibus sancti Yppoliti martiris, sancti Nicholai episcopi, sancti Jonati abbatisa, sancti Mauronti abbatis et pars reliquiarum que in majori altari veteris ecclesie fuerunt, de ligno Domini et sepulchro Domini. a) abbatis, écrit deux fois ; la seconde fois cancellée.

[10] Repositio corporis sancte Rictrudis. Anno Domini MoCoLXIIIIo recondite sunt reliquie beate Rictrudis in scrinio argenteo toto deaurato, in quo nunc eedem reliquie venerantur, IIIIo nonas augusti, a domno Henrico Remensi archiepiscopo1, qui fuit filius Ludovici regis Franchorum2, et ab Andrea Attrebatensi episcopo3, presentibus abbatibus Martino Sancti Vedasti4, Fulchone Hasnoniensi5, Waltero Bergensi6, Balduino Ypprensi7, Henrico Sancti Quintini Belvacensis8, astante quoque magna multitudine monachorum, clericorum et laicorum ante majus altare Marcianensis ecclesie, die dominica, indictione XIIa. 1- Henri, archevêque de Reims (14 janv. 1162-13 nov. 1175). 2- Louis VII, roi de France (1er août 1137-18 sept. 1180). 3- André, évêque d’Arras (nov/déc. 1163-8 août 1171). 4- Martin, abbé de Saint-Vaast (1155, après le 26 mai-2 juin 1183).

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A n n e xe s 5- Foulques, abbé d’Hasnon (1140-15 avr. 1179). 6- Gautier, abbé de Saint-Winoc (1164-1130 nov. 1170). 7- Baudouin, abbé d’Ypres (mort le 6 septembre 1167 ; GC, t. 5, c. 305). 8- Henri, abbé de Saint-Quentin de Beauvais (1161-1170).

[11] Sancti Andree apostoli. Eodem die consecratum est altare sancti Andree apostoli, quod est in presbyterio retro majus altare, a supradicto Andrea Attrebatensi episcopo, presente eodem archiepiscopo, in quo posuit reliquias ejusdem apostoli et aliorum sanctorum martirum, confessorum atque virginum. [12] Altare sancte Crucis quod est in Galilea. In altare sancte Crucis quod consecratum est anno Domini MoCoLXV ab Andrea Attrebatensi episcopo1. Posite sunt iste reliquie : de sepulchro Domini, de spongia Domini, de lapide vestigii Christi, de lapide ubi Dominus in Bettleem natus est, de vestimento sancte Dei genitricis Marie, de ossibus sancti Clementis pape et martiris primi et Feliciani martiris, Wilbrordi episcopi et martiris, Lamberti martiris, Amati episcopi, Mauronti et Jonati confessorum, de capillis sanctarum Rictrudis et Eusebie. 1- André, évêque d’Arras (nov/déc. 1163-8 août 1171).

[13] Undecim milium Virginum. In altare virginum quod consecratum est anno Domini MoCoLXoVIII kalendas novembris a domno Godescalco Attrebatensi episcopo1, in honorem Domini et sancte Dei genitricis Marie et sancti Cristophori martiris et Theodori martiris sociorumque ejus et sanctarum Gertrudis, Eusebie. Agnetis, Scolastice, Arthemie atque Cristine et omnium sanctarum virginum. Posite sunt reliquie iste : de ossibus sancti Theodori martiris sociorumque ejus, Wille-/ fol. 6ro/ -brordi episcopi et martiris, de vestimento sancte Marie semper virginis, sancte Chirille virginis et martiris et de ossibus sancte Arthemie virginis et martiris et sancte Hiraildis virginis et de capillis sancte Eusebie virginis, de lapide ubi Christus in Bettleem natus est, et de sepulchro Domini. 1- Godescalc, évêque d’Arras (1151-nov/déc. 1163).

[14] Sancti Stephani prothomartiris. In altare sancti Stephani quod consecratum est, anno Verbi incarnati MoCoLXIo XIo kalendas martii a domno Godescalco Attrebatensi1 episcopo, in honorem Domini nostri Jeshu et sancte Dei genitricis Marie et ejusdem sancti Stephani prothomartiris et sanctorum Innocentum et sanctorum Mauricii sociorumque ejus et sanctorum martirum et confessorum Stephani et Urbani et sanctorum confessorum Hylarii et Ambrosii. Posite sunt iste reliquie : de digito unius innocentis et de ossibus plurimorum Innocentum, Mauricii sociorumque ejus, Stephani pape et martiris, Urbani pape et martiris, Ambrosii episcopi et confessoris. 1- Godescalc, évêque d’Arras (1151-nov/déc. 1163).

A NNEXE 4   :   L ES CO NS ÉC R AT I O NS D’AU T EL S ET R E LI Q U ES

[15] Sancti Jacobi fratris sancti Johannis evangeliste. In altare sancti Jacobi apostoli fratris Johannis evangeliste quod consecratum est eodem anno ab eodem episcopo, Xo kalendas martii, in honorem Domini nostri Jeshu Christi et sancte Dei genitricis Marie et ejusdem sancti Jacobi et sanctorum apostolorum Philippi et Jacobi fratris Domini et sancti Vincentii martiris et sanctorum martirum Cornelii et Cypriani, Crispini et Crispiani, Ypolliti sociorumque ejus Sebastiani atque Adriani. Posite sunt iste reliquie : de costa sancti Jacobi apostoli, de pulvere sanctorum apostolorum Philippi et Jacobi, tres dentes trium martirum Cipriani, Crispini et Crispiniani, de ossibus sancti Sebastiani martiris, Ypolliti martiris, Adriani martiris, de lapide vestigii Christi. [16] Sancti Laurentii archidiaconi et martyris. In altare sancti Laurentii martiris quod consecratum est eodem anno et eodem die ab eodem episcopo, in honorem Domini nostri Jeshu Christi et sancte Dei genitricis Marie et ejusdem sancti Laurentii et sanctorum martirum Panchratii, Leodegarii, Lamberti et sanctorum confessorum Nicholai, Leonis, Eligii, Amati atque Amandi. Posite sunt iste reliquie : de ossibus sancti Laurentii martiris, Panchratii martiris, Leodegarii episcopi et martiris, Lamberti episcopi et martiris, de ossibus sancti Nicholai episcopi, Leonis et Amanti episcopi, de digito sancti Eligii episcopi, de sepulchro Domini. [17] Quedam reliquie nobis misse per priorem Cantuariensis. Anno Domini Mo ducentesimo trigesimo quarto, vir venerabilis magister Johannes prior Cantuariensis1 misit nobis, per litteras suas / fol. 6vo/ testimoniales, reliquias istas : platas de sacrario Cantuariensis ecclesie, de ossibus beati Thome martiris, item alia particula de ossibus et de cuculla ejusdem, item alia particula de substantia corporis ejus, item capillis ipsius, item de casula de Dalmatica et de staminea ejusdem, item de alba et de cilitio ipsius inventis in sepulchro suo, item de linteaminibus quibus corpus martirizati extersum fuit post ablutionem, item junctura beati Blasii martiris, item de ossibus aliorum sanctorum que sine titulo nobis missa sunt, item os de capite sancti Triphonii martiris quod eidem priori allatum fuit de Roma. 1- Jean, prieur de Cantorbéry, sans doute celui déjà associé spirituellement à l’abbaye au temps de l’abbé Nicolas Delbiez (1205-1219) (cf. J.-P. Gerzaguet, Les confraternités, p. 351).

[18] Reliquie recondite in nostra cruce aurea. In nostra cruce aurea reposite sunt iste reliquie : in superiori parte, de capillis Domini, de camisia matris Domini et de sancto Laurentio martire ; in inferiori parte, de sancta Katerina et de beata Anastasia, de Sindone munda ; in dextera parte, de capillis Abrahe et de ariete quem sacrificavit, et de beato Thoma apostolo et de beato Georgio martire ; in sinistra parte, de spongia Domini, de beato Joseph episcopo et martire et de beato Romano martyre ; in medio, de ligno Domini, de spongia Domini, de capillis beate Marie et de beato Blasio martire. [19] In philacterio. In philacterio quod factum est in honore beati Petri apostoli sunt reliquie iste : de ossibus et capillis et vestimentis ejusdem apostoli, de sancto Andrea apostolo et de cruce ejus, de ligno Domini et de columpna ad quam fuit ligatus, de sancto Laurentio, de sancto Johanne Baptista, de sancto Longino martire, de sancto Bertino abbate.

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Index des chartes

L’index renvoie aux numéros des chartes. Les noms de lieux de France sont identifiés, selon les normes de la réforme administrative intervenue en 2015, par le département, l’arrondissement et le canton, et éventuellement la commune, s’il s’agit d’un hameau ; pour les toponymes belges, par la province et l’arrondissement. Le classement alphabétique est soumis aux critères suivants : les personnes dont la qualité ou la fonction est connue, qu’elles soient à nom simple ou à nom double ; les personnes à nom double sans qualité ou fonction connue ; les personnes pour lesquelles des liens de parenté sont indiqués. En fonction de l’état des connaissances et de mes recherches personnelles, les personnes sont l’objet de précisions chronologiques plus ou moins détaillées, justifiées par des références citées dans la bibliographie et abrégées ici de façon suffisamment claire pour être retrouvées facilement, ou par des données archivistiques. Pour les abbés de Marchiennes et le lignage des Landas, voir le détail des références dans les notices abbatiales (annexe 1) et la reconstitution de la famille seigneuriale (annexe 2).

Liste des abréviations utilisées ab. abbé, abbesse abb. abbaye ADN Archives départementales du Nord archev. archevêque archid. archidiacre card. cardinal cath. cathédral chan. chanoine chap. chapitre ch.l. ar. chef-lieu d’arrondissement ch.l. dép. chef-lieu de département ch.l. c. chef-lieu de canton ch.l. pr. chef-lieu de province col. colonne DHGE Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques doy. doyen ép. époux, épouse év. évêque GC Gallia Christiana

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in d e x de s c h art e s

l. n. i. lieu non identifié MB Monasticon belgicum NBW Nationaal Biografisch Wordenboek OSA ordre de saint Augustin OSB ordre de saint Benoît OC ordre de Cîteaux prév. prévôt s.-diacre sous-diacre St Saint Ste Sainte SV Strubbe et Voet, De chronologie v. voir A., habitant de Boiry : 116. Aalidis, mère d’Amauri IV de Landas (cf. annexe 2) : 94. Aaliz, ép. de Gautier : 84. Abbeville, Abbatisvilla, Abbativilla, (Somme, ch.l. ar.). – prieuré clunisien St-Pierre. – prieur, v. Bernard. – v. Godefroi. Absalon, Absalo, – ab. de St-Amand (10 mars 1124-20 sept. 1145 ; H. Platelle, Le temporel, p. 163 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 31, 32, 37, 38, 40. – ab. de St-Barthélemi de Noyon (1154-démission le 8 juillet 1157 ; GC, t. 9, col. 1116) : 59. Abscon, Absconium, Asconium (Nord, Valenciennes, Denain) : 13, 21, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 109, 111, 120. – dormitor, v. Guillaume. – échevin : 112. – maire, v. Guillaume. – v. Jean, Rohardus. Acquicinensis, Acquicinctensis, v. Anchin. Ada de Buissi : 121. Adalardus, v. Alard. Adalbald, Adabaldus, ép. de Rictrude : 3. Adalberon, Adalbero, – archev. de Reims et archichancelier (969-23 janv. 988) : 5. – notaire, à partir de 974, peut-être le futur évêque de Laon (977-1031) : 5. Adalgaire, Adalgarius, notaire, ab. de Montier-en-Der puis évêque d’Autun (875-893) : 4. Adalmannus, v. Almanus. Adam, – [de Hordain], sénéchal de Hainaut (1150/1158-1174 ; Ch. Duvivier, Actes et documents, 1, p. 123-124 et Actes, 2, no 41) : 62, 63, 101, 106. – sénéchal, père de Godinus : 19. – de Corbie : 79. – de Nevel : 10.

i nd e x d e s chart e s

– del Wakies : 121 – Li caretons : 121. – fils de Godin : 19. – fils de Pierre : 93. Adélaïde de Douai (1158-1187), veuve du châtelain Gautier II (mort en 1158 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 61/6) : 96. Adelardus, v. Alard. Adèle, comtesse de Flandre (morte en 1071 ; L. Vanderkindere, La formation, 1, p. 298299 ; SV, p. 391) : 8, 9, 10, 31, 32, 82. Adelidis, v. Adélaïde. Ad flumen, lieu-dit de la Scarpe : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Ad Petras, lieu-dit à Aniche : 108. Aeucurt, v. Eaucourt. Aez, lieu-dit à Saudemont : 84. Agelina, soeur du comte de St-Pol, attestée de 1145 à 1169 ( J.-F. Nieus, Le pouvoir comtal, p. 142 et ici) : 56, 58, 86. Agny (Pas-de-Calais, Arras, Beaumetz). – lieu-dit, v. Hargicorte. – v. Gautier d’Hargicorte. Ahicort, Ahilcort, Aicort, Ailcort, Ailcurt, v. Écourt. Aimeric, Aimericus, – ab. d’Anchin (sept. 1088-19 oct. 1102 ; J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 302) : 12. – card.-diacre de l’Église romaine, chancelier pontifical (1123-1141 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 32) : 24. Aines, v. Haisnes. Aire[-sur-la-Lys] (Pas-de-Calais, St-Omer, ch.l. c.) : 95 ; v. Baudouin, Gilbert, Raoul, Renaud. Ais, v. Aix. Aisne, rivière : 91, 111, 120. Aisonville (Aisne, Vervins, Guise), v. Robert. Aix[-les-Orchies] (Nord, Douai, Orchies), v. Fulcard. Alaidis, fille de Marie Li Pelee : 121. Alanea, v. Allaines. Alard, Alardus, – [II], ab. de Marchiennes (1102-29 septembre 1103) : 11, 13, 23. – doy. : 13. – moine de Marchiennes : 23. – prév. de Lille (1156-1169 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 154) : 78. – de Comines (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 122) : 10. – d’Épinoy (1145-1177 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 83) : 94. – de Loeuilly : 115. – de Palluel (1160-1194 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 127 ; A. de Loisne, Cartulaire du chapitre d’Arras, no 71 ; ADN, 36 H 251/4276, 37 H 12/130 et 37 H 31/121 ; B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, no 143) : 68, 69.

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41 8

in d e x de s c h art e s

– de Sauchy (1180-1198) ; A. de Loisne, Cartulaire du chapitre d’Arras, no 71 ; ADN, 36 H 251/4276, 37 H 12/130 et 37 H 31/121 ; B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, nos 27, 28, 109, 125, 143, 160) : 90. – fils d’Hugues Bordel : 68, 69. Albeni, Albetni, v. Aubigny. Albéric, Albericus, – ab. de Marchiennes (1033-1048) : 8, 9, 32, 82, 83. – prêtre : 61. – de Roye (1142-1142/1163 ; B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, nos 37, 105) : 59. Albert, Albertus, – ab. d’Hasnon (1090-21 mars 1109 ; J. Dewez, Histoire d’Hasnon, p. 109-113 ; première mention en 1090, E. Van Drival, Cartulaire Saint-Vaast, p. 146-149 ; dernière mention le 17 juil. 1108, B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 13) : 12, 13. – villicus : 11. – de Courcelles : 11. Albi, v. Auby. Albini, Albiniacum, Albiniensis, v. Aubigny. Albinus, card.-diacre de Ste-Marie-Nouvelle (1172-1189) puis card.-év. d’Albano (1189-1196 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 76-77) : 111, 120. Albricus, v. Albéric. Alchi, Alci, Alcis, v. Auchy. Aldeburgensis, v. Oudenbourg. Aldenardensis, Aldenardum, v. Audenarde. Alelme, Alelmus, – de Gouy : 101, 104, 106. – d’Imercourt : 84. Alestens : 6. Alexandre, Alexander : 41. – [III], pape (7 sept. 1159-30 août 1181) : 80, 88, 91, 99, 102. Algisus, chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1097 à 1109 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 1 ; ici) : 13. Allaines, Allanea (Somme, Péronne, Péronne), v. Hugues. Alles, Allues, v. Arleux. Almanus, Almannus, – d’Haspres (1097, acte faux, J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 15) : 19. – d’Haspres : 100, 101, 106. – de Prouvy, attesté de 1151 (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 17) à 1191 où il meurt au siège d’Enghien (Chronique de Gislebert de Mons, c. 178, p. 265) : 100, 101, 106, 109. – de Thun, chevalier, attesté en 1153/1154 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 140) : 65. – puer : 11. Alnes (Nord, Douai, Sin-le-Noble, commune de Warlaing) : 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. – maire, v. Hugues. – v. Donc.

i nd e x d e s chart e s

Alnoit, v. Aulnoy. Alnum, v. Alne. Alold, Aloldus, ab. de St-Vaast (1068-1104 ; A. de Cardevacque, L’abbaye Saint-Vaast, p. 114-124 ; dernière mention en 1103, B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 9) : 12, 13. Altus Mons, v. Hautmont. Alulfus, – ab. de Chauny (1139-1161 ; GC, t. 9, col. 1126) : 59. – d’Hesdin (comte légendaire, 1000-1056 ; J.-F. Nieus, Le pouvoir comtal, p. 66-67) : 10. – le Pele : 108. Alvise, Alvicus, Alvisus, – ab. d’Anchin (1111-1131 ; J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 302-303) : 17, 18, 21, 23, 29, 31, 32, 35, 37. – év. d’Arras (mai 1131-6 sept. 1147 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 38, 41, 42, 43, 44, 45, 48, 49, 78. Amagiensis, v. Hamage. Amalfridus, fondateur du monastère d’Honnecourt vers 680 (Ch. Mériaux, Gallia irradiata, p. 286) : 1. Amalricus, v. Amauri. Amand, Amandus : 40. – saint : 1, 32. – ab. d’Elnone (mort ap. 675) : 1. – ab. de Marchiennes (1116-27 mai 1136) : 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 26, 29, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 39, 100, 101, 106, 109. – d’Avesnes (1157, mort avant 1195, J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 283) : 62, 63. – de Denain (1138-1174/1183 ; J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. – fils d’Amand de Denain ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. – frère de Lietbert de Somain : 113. – frère du sénéchal Adam (1172-1183 ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 30 et ici) : 101, 106. Amatus : 6. Amauri, Amolricus, – chan. de Tournai (chap. cath., prêtre), attesté de 1165 à 1171 ( J. Pycke, Répertoire biographique, no 106) : 85. – doy. (dioc. de Thérouanne) : 39. – doy. de Mastaing (1103-1129) : 13, 18, 21, 34. – Calderon, échevin de Marchiennes : 85, 87, 101, 104, 105, 106. – maire de Marchiennes : 23, 34. – de Gand de Douai : 105. – [IV] de Landas (1163-1181/1182 ; cf. annexe 2) : 82, 83, 85, 87, 94, 95, 103. – fils de l’avoué Étienne : 100, 101, 106. – fils du maire Rainier : 113. Ambianensis, Ambianis, Amiens. Ambrines, Ambrin (Pas-de-Calais, Arras, Avesne-le-Comte), v. Jean. Amelaincurt, v. Hamelaincourt.

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in d e x de s c h art e s

Amiens (Somme, ch.l.) : 88. – chancelier épiscopal, v. Robert. – chap. cath. : – chan., v. Richard. – doy., v. Raoul. – prév., v. Guillaume. – év., v. Foulque, Thibaud. Amolberga : 6. Amolreda : 6. Amolricus, v. Amauri. Ampleias, l. n. i. dans la région de Douai (M. Gysseling, Toponymisch woordenboek, p. 54) : 4. Anastase, Anastasius, – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1153 à 1178 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 115 et 175) : 89. – chantre du chap. cath. d’Arras (1097-16 oct. 1135 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 519) : 13, 17, 20, 23, 26, 38. Anchin (Nord, Douai, Sin-le-Noble). – abb. St-Sauveur (OSB) : 22, 24, 37, 46, 48, 50, 74, 91, 95, 111, 120. – ab., v. Aimeric, Alvise, Gelduin, Gossuin. – moine, v. Lambert Roi. – prév., v. Gontier. André, Andreas, – chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1122 à 1130 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 31, 53) : 13, 17. – év. d’Arras (nov./déc. 1163-8 août 1171 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 79, 89. – moine de Marchiennes : 23, 44. – prieur de Marchiennes (1167-1202). Cité comme scriptor en 1153 (Douai, BM, ms. 347, dernier feuillet) : 84, 112. – de Clary : 115. Anekin, v. Annequin. Aniche, Anic (Nord, Douai, Douai) : 13, 21, 22, 24, 46, 50, 91, 100, 101, 106, 108, 109, 111,  120. – église St-Martin : 100, 101, 106. – lieu-dit, v. Ad Petras, Cuva, Hali, Helechines, Landrebus. – village disparu, v. Azincourt. – villicus, v. Gozellus. Annequin (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin), v. Letardus, Tizelinus. Ansbert, Ansbertus, doy. de chrétienté de Péronne : 115. Anscherus, moine de St-Vaast (diacre) : 84. Anselme, Ansellus, Anselmus, – ab. de Cysoing (fin 1128-8 oct. 1181 ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, nos 8 et 42) : 66.

i nd e x d e s chart e s

– archid. de Cambrai (1101-1130 ?), chan. (1095-1099), chancelier (1101) de Cambrai (E. Van Mingroot, « Een decennium » p. 727 ; id., « Het stichtingsdossier… Geraardsbergen », p. 25) : 16. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 13. – chantre du chap. cath. d’Arras (1146-26 mai 1181/1182 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 519) : 48, 58, 89. – le Barbu, comte d’Ostrevent, tué à la bataille de Cassel en fév. 1071 ( J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 58-59) : 100, 101. – comte de St-Pol (1164-1172 ; J.-F. Nieus, Le pouvoir comtal, p. 142) : 86. – échevin de Saudemont : 121. – de Calonne : 10. – de Douvrin (1150/1155-1157 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 142 et 171) : 57. – de Houdain, beau-frère du comte de St-Pol (1145-1155/1157 ; J.-F. Nieus, Le pouvoir comtal, p. 142) : 56, 57, 58, 67, 86. – de Lambres, cité de 1155 à 1183 (A. de Loisne, Cartulaire du chapitre d’Arras, no 25 et ici) : 78, 81, 100, 101, 106. – Marquion : 90. – de Mictura : 121. – de Pas (1137-1169/1170 ; J.-F. Nieus, Le pouvoir comtal, p. 290) : 56. – de Ribemont, fils d’Anselme le Barbu (1071-1099 ; J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 57-61) : 106, 109. – de Villers : 113. – fils de Gérard de Forêt et frère de Simon, attesté de 1157 à 1183 (ici) : 63, 101, 106. – frère du comte de St-Pol (v. comte de St-Pol) : 56, 57, 58. Anzin, Anzeng (Nord, Valenciennes, ch.l. c.), v. Gobert. Aqua, v. Breucq (Le). Aquicinensis, v. Anchin. Arbroia, v. Labroye. Arda, v. Ardres. Arditio, card.-diacre de St-Théodore (1157-1186 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 58) : 91, 111. Ardres (Pas-de-Calais, St-Omer, ch.l. c.), v. Arnoul. Area, Aria, v. Aire. Arleux (Nord, Douai, Aniche) : 68, 69. Arnoul, Arnoldus, Arnulfus, Arnulphus, – avoué de Thérouanne : 87. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), n’est cité qu’ici : 13. – comte de Flandre (918-965 ; SV, p. 391) : 5. – échevin de Marchiennes : 99. – écuyer de Lanzelinus de Ham : 61. – moine de Marchiennes : 116. – prév. de Boiry : 121. – vicomte d’Ardres (1157-1190 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 169) : 87. – de Atrium : 51.

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in d e x de s c h art e s

– de Berneville : 10. – d’Izegem (1122-1135 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 118/3) : 39. – ép. de Fressende : 99. Arras (Pas-de-Calais, ch.l.) : 8, 9, 13, 20, 31, 37, 38, 41, 48, 58, 64, 70, 79, 82, 86, 89. – abb. St-Vaast (OSB) : 97, 98. – ab., v. Alold, Gautier, Guerric, Henri, Léduin, Martin. – armarius, v. Robert. – aumônier, v. Henri. – camérier, v. Rainelmus. – cellérier, v. Baudouin. – hospitalier, v. Christian. – moine, v. Anscherus, Aschricus, Boamundus, Gérard, Guiman, Hugues, Ingelbertus, Jean, Lambert, Tezo. – prieur, v. Barthélemi. – sous-prieur, v. Foulque. – tiers-prieur, v. Isaac. – trésorier, v. Évrard. – archidiaconé : 12. – archid., v. Clarembaud, Drogon, Honorat, Jean, Lucas, Raoul, Robert. – avoué, v. Guillaume de Béthune, Jean, Robert de Béthune. – chancelier épiscopal, v. Gui. – chapelain épiscopal, v. Franco. – chapelle St-Benoît : 8. – chap. cath. : 88, 91, 109, 111, 120. – chan., v. Algisus, Anastase, André, Anselme, Arnoul, Baudouin, Bernaldus, Bernard, Bertulfus, Bonardus, Erembertus, Gautier, Gautier Maraduis, Gérard, Gui, Henri, Henri Noradin, Herbert, Hermerus, Hugues, Hugues Vitulus, Jean, Jean l’Abbé, Mathieu, Nicolas de Hondegem, Philippe, Pierre, Pierre de Béthune, Raoul, Raoul d’Aire, Robert, Robert d’Aire, Roger, Roland, Sawalon, Siger, Simon. – chantre, v. Anastase, Anselme, Baudouin. – doy., v. Mathieu, Nicolas. – écolâtre, v. Ghislain, Siger. – prév., v. Odon, Pierre, Roger. – châtelain, v. Baudouin, Jean. – diocèse : 2, 12, 14, 40. – doy. de chrétienté, v. Baudouin, Garnier, Mazelin. – év. : 2 ; v. Alvise, André, Frumaud, Godescalc, Lambert, Robert. – magister, v. Hugues, Siger. – pagus : 4, 13, 21, 22, 24, 46, 50, 52, 91, 95, 111, 120. – ville : 95, 103, 106, 109. – v. Gautier. Aschricus, moine de St-Vaast (s.-diacre) : 84. Ascon, Asconium, v. Abscon. Asson, Asso, – doy. de chrétienté de Béthune : 13.

i nd e x d e s chart e s

– de Mari, frère du prév. Robert : 35. – frère du maire Godefroi : 116. Asunvilla, v. Aisonville. Athalidis, v. Adèle. Athies, Atheias, Atheiis, (Somme, Péronne, Ham) : 53, 59. Athso, v. Asso. Atrebatensis, Atrebatinsis, Atrebatum, Attrebatensis, Attrebatum, v. Arras. Atrium, l. n. i. près de Vregny, v. Arnoul, Gervais, Odon. Auberchicourt (Nord, Douai, Aniche). – v. Deoda, Étienne, Jean, Rainier. – village disparu, v. Azincourt. Aubericus, fils d’Évrard de Vregny : 93. Aubert, Aubertus, – év. de Cambrai, mort entre 667/674 : 1. – prêtre de Boisleux : 116. – Botol : 108. Aubigny[-en-Artois] (Pas-de-Calais, Arras, ch.l. c.). – prieuré du Mont-St-Éloi (OSA). – chan., v. Robert, Sawalon. – prév., v. Hugues. – v. Hugues Havet, Païen. Auby (Nord, Douai, Douai), v. Gautier, Hugues. Auchy[-les-Mines] (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin) : 13, 21, 22, 24, 46, 50, 88, 91, 111, 120 ; v. Odon. Audenarde (Belgique, Flandre-Orientale, ch.l. ar.), v. Gui, Hugues. Aulne (Belgique, Hainaut, Thuin). – abb. N.-D. (OC). – ab., v. Gérard. Aulnoy[-Aymeries] (Nord, Avesnes-sur-Helpe, ch.l. c.), v. Gautier. Auriana, fille d’Amalfridus, abbesse d’Honnecourt (vers 680 ; B. Guérard, Cartulaire de Saint-Bertin, 1, p. 29-31, no 11) : 1. Austrebatensis, Austrovantensis, v. Ostrevant, Ostrevent. Autbertus, v. Aubert. Averdoingt, Averdon, Averdun (Pas-de-Calais, Arras, St-Pol-sur-Ternoise), v. Gautier, Hugues. Avesnes[-le-Sec], Avesnis (Nord, Valenciennes, Denain), v. Amand. Avesnes[-sur-Helpe] (Nord, ch.l. ar.), v. Évrard, Jacques. Awoingt, Avoiensis, (Nord, Cambrai, Le Cateau-Cambrésis) v. Robert. Axona, v. Aisne (rivière). Azincourt, village disparu entre Aniche et Émerchicourt, v. Jean. B., – habitant de Boiry : 116. – Longus, habitant de Boiry : 116. – de Mercatel : 116.

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– de Neuville, habitant de Boiry : 116. Babulensis, v. Pévèle. Bacquerot, Bachelerot (aujourd’hui Neuve-Chapelle) (Pas-de-Calais, Béthune, Beuvry) : 20, 32. Baddiniensis, v. Battignies. Badilon, moine d’Autun (Ch. Mériaux, Gallia irradiata, p. 291) : 1. Badulfus, chasé de l’ab. de Marchiennes : 34. Baeri, v. Boiry. Baidolo, v. Badilon. Bailleul[-aux-Cornailles] (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Godefroi, Gui, Pierre, Robert. Baillues, v. Boisleux. Bailol, v. Bailleul. Bailuez, v. Boisleux. Baira, Bairi, Bairis, v. Boiry. Bajulus, v. Robert Li Bailes. Baldevinus, v. Baudouin. Baldiniensis, v. Battignies. Baldricus, v. Baudri. Balduinus, v. Baudouin. Balol, v. Bailleul. Balos, v. Boisleux. Baptingerarum, v. Battignies. Baralle (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), v. Barthélemi. Bariacum, Barriacum, v. Boiry. Barleux, Barlues, (Somme, Péronne, Péronne), v. Robert. Baro, chapelain pontifical et scribe : 46. Barthélemi, Bartolomeus, – archid. de Reims (1146-1162 ; P. Demouy, Genèse, p. 660) : 55, 71. – chan. de Cambrai (chap. cath., diacre) : 54. – [de Joux], év. de Laon (1113-démission en 1151 ; A. Dufour-Malbezin, Actes, p. 1820) : 42. – prieur et prév. de St-Vaast, attesté de 1167 à 1181 (ici ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 181) : 84. – de Baralle : 116. – de Blangy : 84. Basceia, v. Bassée (La). Basriacum (forme latine rare de ce lieu, inconnue de M. Gysseling, Toponymisch woordenboek). v. Beuvry. Bassée (La), Batsceia, (Nord, Lille, ch.l. c.) : 22, 24, 32, 46, 50, 91 ; lieu-dit, v. Meta sancte Rictrudis. Batris, v. Boiry. Battignies-lès-Binche, Batingeiarum, Batiniensis (Belgique, Hainaut, Thuin, Binche) : 16, 22, 24, 46, 50, 54, 91, 111, 120 ; forêt, v. Prisches. Baudouin,

i nd e x d e s chart e s

– ab. d’Eaucourt (milieu du xiie siècle, inconnu de GC, t. 3, col. 446 ; un abbé Simon est attesté de 1142 à 1161, B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 75, 131 ; Baudouin est attesté ca 1200, DHGE, t. 14, c. 1263) : 67. – ab. de Maroeuil (28 sept. 1138-12 mars 1172 ; P. Bertin, Les chartes, p. 31 et 63, et B.M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 62) : 67, 77. – cellérier de Marchiennes : 84. – cellérier de St-Vaast, attesté dès 1148 (M. Tailliar, Recherches… abbaye de Saint-Vaast, no 17) : 84. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1097 à 1122 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 1, 35) : 13. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre) : 13. – chan. de Thérouanne (chap. cath., diacre) : 47. – chantre du chap. cath. d’Arras (1182-2 sept. 1202 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 519) : 105, 106, 109. – [III], châtelain d’Arras (1145-1166 ; P. Feuchère, « De l’épée », p. 11-12) : 67, 70. – châtelain de Lens (1150/1152-1157/1160 ; L. Dancoisnes, Précis de l’historie de Lens, p. 27) : 57. – [de Belle], châtelain d’Ypres (1123-1176 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 18/4) : 82, 83. – [IV], comte de Flandre (30 mars 988-30 mai 1035 ; SV, p. 391) : 6, 9, 10. – [V], comte de Flandre (30 mai 1035-1er sept. 1067 ; SV, p. 391) : 8, 9, 10, 22, 31, 32, 38, 82, 83, 91, 111, 120. – [IX], comte de Flandre (1195-1205 ; SV, p. 393) : 122, 123, 124. – [II], comte de Guînes (1169-1205) : 87. – [I], comte de Hainaut (1051-1070 ; SV, p. 365) : 11. – [II], comte de Hainaut (1070-1098 ; SV, p. 365) : 11. – [V], comte de Hainaut (6 nov. 1171-17 déc. 1195 ; SV, p. 366) : 63, 100, 101. – [VI], comte de Hainaut, v. Baudouin IX, comte de Flandre. – doy. d’Arras (de chrétienté ?) (1097-1116 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 3, 24) : 13. – doy. de Lille (de chrétienté ?) : 81. – doy. de Thérouanne (de chrétienté ?) : 39. – [II], év. de Noyon (1148-4 mai 1167) : 59, 71. – moine de Marchiennes (s.-diacre) : 84. – prév. de Marchiennes : 99. – prév. de St-Pol : 56. – prieur de St-Amand : 66. – de Grammines, camérier de Flandre : 123. – de Lysel, sénéchal, attesté de 1114 à 1126 (F. Vercauteren, Actes, p. LXXXIILXXXIII) : 31, 32, 33. – [II] d’Aire (1157-1190 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 3/10) : 64. – Canis (1139-1176 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 48, 51, 212) : 78. – de Comines, frère de Guillaume (1129-1163 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 122/5) : 78. – d’Écourt : 99.

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– d’Escaudain, attesté de 1157 (ici) à 1174/1183 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 194) : 62, 63. – de Noyelle : 86. – d’Orville (1150/1162-1169 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 15/9) : 56, 86. – de Prat : 123. – de Sailly, cité en 1157 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 163) : 56. – de Sauchy : 99. – de Simencourt (1150/1157-1167/1168 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 163) : 84. – Simons : 121. – époux de Mathilde : 99. – fils de Baudouin V (futur Baudouin VI, 1067-1070), attesté à partir de 1045 (L. Vanderkindere, La formation, 1, p. 300) : 9. – fils de Guillaume Morant (1163-1205 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 112/3) : 78. – frère de Roscela : 101, 106. – neveu de l’échevin Michel : 121. – père de Gobert d’Escaudain, attesté de 1162 à 1184 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 134 et ici) : 112. Baudrengiens, v. Jacques. Baudri de Roisin : 11. Beauvais (Oise, ch.l. dép.), concile : 30. Bebrogium, v. Beuvry. Becquincourt (Somme, Péronne, Ham), v. Wermundus. Beda, v. Betto. Beeloi, v. Belloy. Bekincort, v. Becquincourt. Belliolum, v. Bailleul. Bellosa rascia, lieu-dit à Marchiennes : 37. Belloy[-en-Santerre] (Somme, Péronne, Chaulnes), v. Hugues. Belvacensis, v. Beauvais. Benoît, saint : 14, 22, 24, 44, 45, 46, 50, 91, 111, 120. Berberia, v. Brebières. Bérenger, Berengerus, prêtre de St-Maurice de Lille : 81. Bergues, Bergensis, (Nord, Dunkerque, ch.l. c.). – châtelain, v. Gilbert. – v. Hugues. Bernaldus, chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 13. Bernard, Bernardus : 41. – card.-év. de Porto (1158-1176 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 53) : 91. – card.-prêtre de St-Pierre-aux-liens (1193-1204 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 89-90) : 120. – chan. d’Arras (chap. cath.) : 18, 21. – chasé de l’ab. de Marchiennes : 34. – chevalier : 23. – moine de Marchiennes : 93.

i nd e x d e s chart e s

– prieur d’Abbeville : 102. – de Dechy : 108. – de Gavrelle (1148-1180 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 111) : 84. – Guiart : 108. – d’Hamblain : 68, 69. – de Roclincourt : 84. – [III] de Roubaix (1136-1169 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 190/3) : 82, 83. – de St-Valéry (1162-1186 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, nos 306, 820 ; B.M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 137 ; ADN, 37 H 31/116) : 73, 74. – fils de Bernier : 11. Berneville (Pas-de-Calais, Arras, Avesne-le-Comte), v. Arnoul, Gérard. Bernier, Bernerus, – chevalier : 8. – de Imercourt : 10. Bernon, diacre du palais et ministérial de Charles le Chauve, attesté en 856 et 877 (G. Tessier, Recueil, no 180 et ici) : 4. Berthe, Berta, mère de Jordan : 108. Bertuinus, notaire du comte de Hainaut : 11. Bertulfus, chan. d’Arras (chap. cath.) (1097-1129 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 1, 48) : 13, 18, 20, 21, 26, 34. Beruvi, v. Beuvry. Béthune (Pas-de-Calais, ch.l. ar.). – doy. de chrétienté, v. Asson. – v. Guillaume, Pierre, Robert. Betto, ab. de St-Bavon de Gand (1151-3 nov. 1177 ; C. Vleeschouwers, De oorkonden van de Sint-Baafsadbij te Gent, p. XXXI) : 66. Beuvry, Beurui (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 3, 4, 9, 22, 24, 40, 46, 50, 52, 91, 95, 111, 120. – lieu-dit, v. Canebrai, Morte-eau. – v. Gomarus, Hugues, Lambert, Rainier. Beva : 6. Beveren[-Waas], Bevera (Belgique, Flandre-Orientale, Anvers), v. Roger. Beverui, Bevrui, v. Beuvry. Biache[-St-Vaast] (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 84 ; v. Étienne, Wazo. Biarulus, v. Robert. Biez (Le) (Pas-de-Calais, Béthune, Laventie), v. Lietaldus, Wenemerus. Bigartium, v. Biache. Bilhem, Bileham, Bilehma, lieu-dit à Marchiennes : 9, 91. Binche, Binc (Belgique, Hainaut, Thuin), v. Gautier, Guillaume, Henri. Binetel, lieu-dit à Saudemont. Blairville (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Hugues. Blangy, Blanziacum (Pas-de-Calais, Arras, Auxi-le Château). – abb. Ste-Berthe (OSB). – ab., v. Hugues. – v. Barthélemi, Dodon. Blarevilla, v. Blairville.

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Boamundus, moine de St-Vaast (prêtre) : 84. Bocars, Bochart, v. Jean. Boelare (Belgique, Flandre-Orientale, Alost), v. Bovon. Boiry[-Ste-Rictrude], Boiriacum (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte) : 3, 4, 9, 13, 21, 22, 24, 46, 50, 56, 57, 58, 67, 86, 91, 95, 111, 120. – habitants, v. A., B., B. Longus, B. de Neuville, D., G. Ibertus, H. Panetarius, I., R., R. Faber. – maire, v. Godefroi. – prév., v. Arnoul. Boisleux[-au-Mont] (Pas-de-Calais, Arras, Croisilles), prêtre, v. Aubert ; v. Jean. Bolonia, Boloniensis, v. Boulogne. Bonancis, v. Nicolas. Bonardus, chan. d’Arras (chap. cath. ; n’est attesté qu’ici) : 13. Bonenniis, v. Bouvignies. Boriart, v. Garin. Boson, Boso : 28. – archid. de Reims (1144-1153 ; puis évêque de Châlons, P. Demouy, Genèse, p. 660) : 55, 71. – card.-prêtre de Ste-Pudentienne (1165/1166-1178 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 58) : 91. – év. de Châlons (1153-28 mars 1161 ; ancien archid. de Reims ; M.-J. Gut, Liste critique, p. 124) : 71. – notaire impérial, attesté de 856 à 877 (G. Tessier, Recueil, no 180) : 3. Botol, v. Aubert. Bouchain (Nord, Valenciennes, Denain) : 19. – châtelain, v. Godefroi. Boucly, v. Tincourt-Boucly. Boulogne (Pas-de-Calais, ch.l. ar.), comte, v. Mathieu. Bourbourg (Nord, Dunkerque, ch.l. c.). – abb. N.-D. (OSB) : 102. – ab., v. Mathilde. – v. Lambert. Bousies (Nord, Avesnes-sur-Helpe, Avesnes-sur-Helpe), v. Gautier. Bouvignies (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 22, 24, 46, 50, 85, 87, 91, 94, 111, 120 ; v. Thibaud. Bova : 6. Bovegnies, Bovenies, Bovennis, Bovinensium, Bovingeias, v. Bouvignies. Bovon, Bovo de Boelare (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 27) : 10. Bozies, v. Bousies. Bozo, v. Boson. Brabant, pagus : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Brachiorum locus, ancien lieu-dit de la Scarpe (auj. La Baraque du leu ?) : 9, 22, 24, 37, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Braibantum, v. Brabant. Brebières, Breberia, (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 8, 32, 82, 83. Brebogium, v. Beuvry.

i nd e x d e s chart e s

Breilun, v. Brillon. Breucq (Le) (Nord, Lille, Croix, lieu-dit à Flers-lez-Lille), v. Hugues. Brévillers (Somme, Amiens, Doullens), v. Guillaume. Brictia, ép. de Jean Ravinel : 104. Brillon (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux) : 40, 52. Brisgepot, v. Gautier de Lambres. Broburgensis, v. Bourbourg. Bruges (Belgique, Flandre-Occidentale, ch.l. pr.). – châtelain, v. Raoul. – prév., v. Robert, Roger. Bruilius (saltus de) (ancien bois à Abscon) : 22, 24, 46. Bruille-lez-Marchiennes, Bruile, Bruilum, Brulium (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 50, 91, 95, 111, 120 ; v. Étienne, Gaucher, Gobert, Jean, Juliana, Rainier, Roscela. Bucciniensis, Buccinium, v. Bouchain. Buchi, v. Bucy. Bucli, v. Boucly. Bucquoy (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), prév., v. Walo ; v. Hugues, Jean. Bucy[-le-Long] (Aisne, Soissons, Fer-en-Tardenois), doy., v. Lisiard. Buiescort, v. Bussu-en-Vermandois. Buire[les-Courcelles] (Somme, Péronne, Péronne), v. Mathieu. Buissi, v. Ada. Bullers, v. Boelare. Burbuc, v. Bourbourg. Burchard, Burcardus, Burchardus, év. de Cambrai (1115-3 janv. 1130 ; Lexikon des Mittelalters, t. 2, c. 943) : 16, 54. Burgars, v. Gautier. Burgensis, v. Bruges. Burgondie : 1. Burnevilla, v. Berneville. Burvilleir, v. Brévillers. Busch, Busc, l. n. i. à Marchiennes : 9, 91, 111, 120. Busches, v. Étienne. Buscoit, v. Bucquoy. Bussu-en-Vermandois (Somme, Péronne, Péronne), v. Fursy. Calderon, Calderons, v. Amauri. Calixte [II], Calixtus, pape (2 fév. 1119-13 déc. 1124) : 22, 24, 25, 27, 30, 44. Calniacensis, Calniacum, v. Chauny. Calonne[-sur-la-Lys], Calonnensis (Pas-de-Calais, Béthune, Lillers), v. Anselme. Cambrai, Cameracensis, Cameracinsis (Nord, ch.l. ar.). – abb. St-Aubert (OSA). – ab., v. Gautier. – abb. St-Sépulcre (OSB). – ab., v. Parvin. – archid., v. Anselme, Jean, Raoul, Thierry.

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in d e x de s c h art e s

– chancelier, v. Werembaldus. – chap. cath. : – chan., v. Barthélemi, Erlebold, Foulque, Garin, Gautier, Gérard, Geroldus, Goerannus, Guillaume, Haduinus, Hugues l’Abbé, Jean, Mathieu, Mazelin, Raoul, Robert, Werembaldus. – chantre, v. Gautier, Robert. – doy., v. Hugues, Oilard. – prév., v. Erlebold. – châtelain et famille, v. Hugues d’Oisy, Simon d’Oisy ; Jean Papelart. – collégiale Ste-Croix : 46, 50, 91, 111, 120. – diocèse : 2, 11, 12. – év., v. Aubert, Burchard, Gérard, Nicolas, Roger, Vindicien. – pagus : 4, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Camphin-en Pévèle (Nord, Lille, Templeuve), v. Gautier. Campum de Denain, lieu-dit : 108. Canebrai, lieu-dit à Beuvry : 113. Canfin, v. Camphin. Canis, v. Baudouin. Pierre. Canisvilla, v. Hondegem. Cans, v. Gérard. Cantemine, v. Guillaume. Cappy, Cappi (Somme, Péronne, Bray-sur-Somme), v. Renaud. Carency, Carenci (Pas-de-Calais, Arras, Bully-les-Mines), v. Elbert. Carreu, Carraus, Carrays, lieu-dit près de Vregny : 22, 24, 46, 50, 91, 92, 111, 120. Casa Dei, v. Vicoigne. Casletensis, v. Cassel. Cassanus, v. Gautier. Castelet, lieu-dit à Flines ; v. Hailly, Ravinel. Catalaunensis, Cathalaunensis, v. Châlons-en-Champagne. Cauderons, v. Calderon. Cavren, v. Quiévrain. Célestin [III], Celestinus, pape (30 mars 1191-8 janv. 1198) : 120. Centius, – card.-diacre de St-Adrien (1159-1179 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 58) : 91. – card.-diacre de Ste-Lucie in Orphea (1193-1200 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 111-113) : 120. – card.-prêtre de St-Laurent in Lucina (1191-1217 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 104-107) : 120. Ceprano, Ceperanium (Italie, Latium) : 25. Cervia, v. Chièvres. Châlons[-en-Champagne] (Marne, ch.l. dép.). – archid., v. Elbert. – év., v. Boson, Geoffroy. – monnaie : 93. Charlemagne, empereur (768-814) : 3.

i nd e x d e s chart e s

Charles, – comte de Flandre (1119-2 mars 1127 ; SV, p. 392 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 17, 29, 31, 32, 33, 38, 82, 83, 95. – le Chauve, empereur (840-877) : 4, 9, 16, 25, 30, 78. – de Fresnes (1171-1206 ; L. Devillers, Chartes… Ste-Waudru, no 12 ; J. De Smedt, Cartulaire de Cambron, no 8 ; J. Longnon, Les compagnons, p. 174) ; fils de Louis (P. Feuchère, « Pairs », p. 979, note 1) : 63, 101. Chauny (Aisne, Laon, ch.l. c.) : 53, 59. – abb. N.-D. (OSA) (St-Éloi-Fontaine). – ab., v. Alulfus. Cherinus, maire de Ronchin : 23. Chiévres (Belgique, Hainaut, Ath), v. Gaucher, Nicolas (évêque). Chiri, v. Quiéry-la-Motte. Christian, Christianus, hospitalier de St-Vaast : 84. Christofore, Christoforus de Warlus : 84. Cinthius, Cinthyus, v. Centius. Cisconiensis, Cison, v. Cysoing. Clarembaud, Clarebaldus, Clarenbaldus, archid. d’Arras (1160-31 déc. 1175 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 509) : 13, 58, 67, 75, 76, 77, 79, 89. Clary, Clari, (Nord, Cambrai, ch.l. c.) : 115 ; v. André. Clémence, Clementia, comtesse de Flandre (ca 1090-ca 1133 ; NBW, t. 9, c. 148-150) : 35. Clémenciennes, Clemencenas, (Nord, Douai, Sin-le-Noble, Rieulay) : 23. Cloches, v. Gautier. Clotaire, Clotharius, roi des Francs (613-629) : 1. Clovis [II], roi des Francs (638-657) : 1. Cluny, Cluniacensis (Saône-et-Loire, Mâcon, ch.l. c.), – abb. St-Pierre et Paul (OSB) : 107. – ab., v. Thibaud. Collehus, v. Siger. Comines, Cominiis, Comminis, (Nord, Lille, Quesnoy-sur-Deûle), v. Alard, Baudouin, Guillaume, Lambert (chan.). Condé[-sur-Escaut] (Nord, Valenciennes, ch.l. c.) : 18. – archid., v. Thierry. Conon, Cono, card.-év. de Préneste (1107/1108-1122 ; R. Hüls, Kardinäle, p. 113-116, no 10) : 24. Conrad, Conradus, card.-év. de Sabine (1128-1153 ; pape Anastase IV ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 26) : 50. Corbie, Corbeia (Somme, Amiens, ch.l. c.). – abb. St-Pierre (OSB). – prieur, v. Hubert. – v. Adam. Courcelles[-les-Lens] (Pas-de-Calais, Lens, Hénin-Beaumont), v. Albert. Courtrai (Belgique, Flandre-Occidentale, ch.l. ar.), châtelain, v. Roger. Coutiches (Nord, Douai, Orchies), v. Hugues ; lieu-dit, v. Hailly. Covisels, v. Robert.

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in d e x de s c h art e s

Credeboldus, disciple de saint Amand : 1. Cretins, Crettins, Crettuns, v. Rainier. Curcellis, v. Courcelles. Curtriacensis, v. Courtrai. Custices, v. Coutiches. Cuva, lieu-dit à Aniche : 108. Cysoing (Nord, Lille, Templeuve), – abb. St-Calixte (OSA) : 108. – ab., v. Anselme, Simon. – v. Roger de Cysoing. D., habitant de Boiry : 116. Dagobert, Dagobertus, roi des Francs (629-639 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 92. Daniel, Danihel, – moine de Marchiennes (diacre) : 84. – de Termonde (1122-1136 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 53/6) : 29, 38, 39, 78. – fils de Godin : 19. Dechy (Nord, Douai, Aniche), v. Bernard ; prêtre, v. Hugues. Delaing, v. Pierre. Denain (Nord, Valenciennes, ch.l. c.) : 108. – abb. Ste-Remfroie (OSB) : 12. – v. Amand, Étienne, Gautier, Gérard, Jean, Marguerite, Mathieu, Ogiva. – lieu-dit, v. Campum. Deoda d’Auberchicourt, ép. de Godinus de Hordain : 19. Desiderius, v. Didier. Dibertus, villicus : 11. Dici, v. Dechy. Didier, – [de Coutrai], archid. de Tournai (1145-1169 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 34) : 52. – prév. de St-Pierre de Lille (1132-1169 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 34) : 78. Dimercurt, v. Imercourt. Disderus : 108. Doacensis, v. Douai. Dodinus : 121. Dodon, Dodo, de Blangy : 84. Doingt (Somme, Péronne, Péronne). – prieuré d’Arrouaise. – prieur, v. Robert. Dominicus, chevalier : 8. Domnium, v. Doingt. Donain, v. Denain. Donc, écluse sur la Scarpe (à proximité d’Alnes) : 95. Donen, Donengium, Donnen, v. Denain. Dorlens, v. Doullens.

i nd e x d e s chart e s

Douai (Nord, ch.l. ar.) : 5, 22, 23, 24, 46, 50, 91, 95, 96, 111, 120. – chap. St-Amé : 73. – chantre, v. Jean. – doy. : 23 ; v. Werimbaldus. – trésorier, v. Nicolas. – chap. St-Pierre : 23, 111, 120. – châtelain et lignage, v. Adélaïde, Gautier, Michel, Pierre. – comté : 11. – doy. de chrétienté, v. Jean. – échevin de St-Amé, v. Garin Boriart. – mesure : 22, 77, 91, 99, 111, 120. – monnaie : 102. – tour (la « vieille tour », donjon de Douai ?) : 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. – v. Amauri de Gand. Douilly (Somme, Péronne, Ham), v. Gautier. Doullens (Somme, Amiens, ch.l. c.) : 102. Douvrin, Dovrim (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin), v. Anselme. Driencourt, Driencort (Somme, Péronne, Péronne), v. Foulque. Drogon, Drogo, – archid. d’Arras (1119-24 fév. 1131/1132 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 508) : 17, 18, 20, 21, 23, 26, 34, 37. – chancelier archiépiscopal de Reims (1129-1149 ; P. Demouy, Genèse, p. 668) : 42. – chan. de Noyon : 59. – év. de Thérouanne (1030-21 août 1078) : 8, 9, 31, 32. – magister de Ham : 61. – prév. du chap. cath. de Reims (1140-1178 ; P. Demouy, Genèse, p. 663) : 55, 71. Duacensis, v. Douai. Dulli, v. Douilly. Durand, Durandum, frère de Rainoldus : 6. Du Ruel, v. Hugues. Eaucourt (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume, Warlecourt-Eaucourt), – abb. N.-D. (OSA). – ab., v. Baudouin. Écaillon (Nord, Douai, Aniche), v. Gautier, Gérard II de Forêt. Écourt[-St-Quentin] (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume) : 22, 24, 46, 50, 84, 91, 111, 120. – maire, v. Eustache. – v. Baudouin, Étienne, Thomas. Egericus, ab. de St-Ghislain (1142-1160 ; MB, 1, p. 254-255) : 54. Egidius, v. Gilles. Elbert, Elbertus, – archid. de Châlons : 28. – de Carency, cité de 1147/1153 à 1191/1192 (ici et B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 230) : 56. Elifridus, v. Seifridus.

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in d e x de s c h art e s

Elnardus de Landas (cf. annexe 2) : 10. Elnonensis, v. St-Amand. Elpret, hameau de Marchiennes : 9, 112. Émerchicourt (Nord, Valenciennes, Denain) : 108. Emma : 6. – reine (morte après 988), ép. du roi Lothaire IV : 5. Emmelina, ép. de Laurent de Vregny : 110. Engelbertus de Pont : 61. Enguerran, Engelrannus, – ab. de Marchiennes (1143-1148) : 50. – ab. de St-Médard de Soissons (1148-1177 ; GC, t. 9, col. 416 ; ex-prieur de Corbie (1132/1136-1142/1143 ? L. Morelle, Chartes… Corbie, actes nos 45-47, 49, 58-60), exab. de Marchiennes (1143-1148) : 52. – [d’Heilly], archid. de Ponthieu (1169-1178 ; W. M. Newman, Le personnel, nos 42, 43, 44) : 88. – comte de St-Pol (1144/1145-1164 ; J.-F. Nieus, Le pouvoir, p. 92-96) : 56, 57, 58, 86. – moine de Marchiennes : 99. – de Gouy, moine de Marchiennes : 84. – patruus de Letardus : 72. Enice, Eniche, v. Aniche. Épinoy (Pas-de-Calais, Lens, Carvin), v. Alard. Erardus, v. Évrard. Erchin, Ercha (Nord, Douai, Aniche), v. Robert. Erembertus (pour Alembertus), chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1162 à 1191 (B.M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 133 et 227) : 109. Eremburgis, Erenbtrudis, Erenburgis, soeur d’Oda de Warlain : 64, 103. Erlaudus, chan. de Reims (chap. cath., s.-diacre) : 55. Erlebold, Erlebaldus, Erlebaudus, Erleboldus, – chan. de Cambrai (chap. cath., prêtre) : 54. – [II], prév. du chap. cath. de Cambrai (1096-1136 ; E. Van Mingroot, « En decennium », p. 728) : 16, 18. Erleveceis, Erlevercies, v. Hiverchies. Ermena de Waskeno : 121. Ermencicurt, v. Émerchicourt. Ernolfus, v. Arnoul. Erre (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Escallon, v. Écaillon. Escaudain (Nord, Valenciennes, Denain), v. Baudouin, Gobert. Escaut, fleuve : 10, 22, 24, 46, 50, 91. Escelmes, Eschelines, Eschelmes, v. Esquermes. Esplechin, Espelchin, Espelcin (Belgique, Hainaut, Tournai) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Esquermes (Nord, Lille, quartier) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Estrées[-Deniécourt] (Somme, Péronne, Chaulnes), v. Remi. Estrun, Estrung (Nord, Cambrai, Cambrai) : 19. Éterpigny (Somme, Péronne, Péronne), v. Wernon.

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Étienne, Stephanus : 28. – ab. de Ham (1124-1131, R. Berger, « Colligite fragmenta », p. 608) : 29. – ab. de Marchiennes (1193-1199) : 120. – card.-év. de Préneste (1139-1144 : J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 47) : 46. – chan. de Reims (chap. cath., s.-diacre) : 71. – moine de Marchiennes (diacre) : 84. – prév. de St-Amand (1152-1196 ; A. Bocquillet, « Les prévôts », p. 167-169) : 101, 106. – d’Auberchicourt-Bruille, attesté de 1169 à 1183, fils de Gautier de Bruille (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 29 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 191), époux de Roscela : 100, 101, 106, 108, 109. – de Biache : 84. – de Bruille, fils de Gaucher ; aussi nommé É. d’Auberchicourt (cf. supra). – Busches : 63. – de Denain (1172-1200/1201 ; J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 126) : 101. – d’Écourt : 90, 99. – Gallus : 108. – de Lambres, cité qu’ici : 35. – [II] de Lambres (1170-1204), fils d’Hugues Ier, frère d’Hugues II (B.M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 156 et Chartes de Vaucelles, nos 55, 65, 67, 68, 105, 109, 143, 160, 169) : 90, 94. – de Landas, fils d’Amauri Ier (cf. annexe 2) : 31, 32, 40. – de Landas, avoué de Marchiennes (1166-1187), fils d’Amauri II (cf. annexe 2) : 52, 82, 83, 100, 101, 106, 113. – fils de l’avoué Étienne de Landas (cf. annexe 2) : 100, 101, 106, 113. Étrun (Pas-de-Calais, Arras, Arras-1). – abb. N.-D. (OSB) : 12. Eugène [III], Eugenius, pape (15 fév. 1145-8 juil. 1153) : 49, 50, 91. Eusébie, Eusebia, fille de Rictrude : 9, 11, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 100, 101, 106, 110, 111, 120. Eustache, Eustacius, Eustachius, – ab. du Mont-St-Éloi (1165-7 novembre 1181 ; O. Barubé, L’abbaye, p. 201) : 102. – [de Grammene], camérier du comte de Flandre (1140-1184 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 83) : 57, 64, 70, 73, 82, 83, 87, 95. – Ier, comte de Boulogne (mort vers 1049 ; L. Vanderkindere, La formation, 1, p. 333) : 8, 9, 31, 32. – maire d’Écourt : 99. – de Cassel (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 120) : 28. – d’Hamelincourt (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 101 ; plusieurs personnages de ce lieu dans B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, index) : 68, 69. – de Malines : 123. – de Neuville : 10. – Ier de Roeulx (1143-1192 ; ADN, 59 H 95, fol. 16ro-vo, no 7 ; H. Van Werveke, « La contribution », p. 88) ; fils d’Arnoul de Hainaut, frère de Baudouin III, comte de Hainaut (Chronicon Hanoniense, c. 28 p. 46-48) : 63, 101, 106. Ève, Eva d’Hailly : 108. Évrard, Everardus, Evrardus : 41, 92.

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– archid. d’Anvers (1105-1124 ; Tournai, AE, cart. 81, p. 96 ; ADN, 4 G 107/1476) : 16. – [d’Avesnes], archid. de Valenciennes (1149-1170 ; ADN, 4 G 685/6869 et 4 G 513/5891) : 54. – [II], châtelain de Tournai (1135-1159 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 59/7 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes au 16 oct.) : 65, 66. – [III], Radoul, châtelain de Tournai (1157-10 déc. 1189 ou 7 mars 1190 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 59/16) : 100. – [d’Avesnes], év. de Tournai (1173-28 sept. 1198 ; J. Pycke, Le chapitre cathédral, p. 327) : 94. – trésorier de St-Vaast : 84. – Pied d’Argent : 106, 109. – de Vregny : 93. – gendre d’Évrard de Vregny : 93. Fagus, Fagusc, v. Faux. Fanen, v. Fenain. Fastredus de Fossato : 11. Faumont, Fauni Mons (Nord, Douai, Orchies) : 35. Faux, bois à l’ouest de Marchiennes : 9, 91, 105, 111, 112, 120. Felcheria, lieu-dit à Marchiennes : 91, 111, 120. Fenain (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 95. Ferein, v. Olbaldus. Fidantius, card.-prêtre de St-Marcel (1193-1197 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 113-114) : 120. Flamiger, v. Hugues. Flandre, Flandria, Flendrensis, – camérier, v. Baudouin de Grammines, Eustache de Grammines. – chancelier, v. Gérard d’Alsace. – clerc comtal, v. Robert. – comte, v. Arnoul, Baudouin, Charles, Philippe, Robert, Thierry ; v. Boulogne. – comté : 13, 21, 95, 111, 120. – comtesse, v. Adèle, Clémence, Gertrude, Mathilde, Ogiva, Sybille. – connétable, v. Henri de Moorslede, Michel de Harnes. – monnaie : 116. – sénéchal, v. Baudouin de Lysel, Hellin de Wavrin, Roger de Wavrin. – v. Gautier (moine). Flines-lez-Râches (Nord, Douai, Orchies), lieu-dit, v. Castelet, Hailly, Ravinel. Florus, frère du sénéchal Adam, cité de 1157 à 1187 (ici et F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 3, no 71) : 62, 63. Forêt (Nord, Valenciennes, Marly, Odomez), v. Anselme, Gérard, Simon. Forez, v. Hugues. Formesella, Formoselensis, Formosollensis, v. Voormezele. Formestraus, v. Fourmestraux. Fornels, lieu-dit à Marchiennes : 111, 120. Foro, v. Hugues.

i nd e x d e s chart e s

Fossa, l. n. i. ; v. Robert. Fossatum, v. Fastredus. Foulque, – ab. d’Hasnon (1140-15 avr. 1179 ; J. Dewez, Histoire d’Hasnon, p. 116 et 137-139 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 63, 66, 67, 77. – chan. de Cambrai (chap. cath.) : 16. – év. d’Amiens (1036-1058) : 8, 31, 32. – sous-prieur de St-Vaast : 84. – de Driencourt : 115. – de Poeke : 10. – frère de Gautier : 84. Fouquières[-lès-Lens] (Pas-de-Calais, Lens, Harnes), v. Robert. Fourmestraux, lieu-dit à Lesquin : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Fraessendis, ép. d’Arnoul : 99. France, – reine, v. Emma. – roi, v. Charlemagne, Charles le Chauve, Clotaire, Clovis II, Dagobert, Sigebert. Franco, – ab. de Lobbes (1149-29 oct. 1159 ; MB, 1, p. 214-215 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 52. – chapelain épiscopal d’Arras (1151/1154-1159/1164 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 106, 142) : 72, 74, 75, 76. Frasna, Frasne, v. Fresnes-lès-Montauban. Frasnes, v. Fresnes. Freardus, chevalier : 8. Frédéric Ier, empereur (1155-1190) : 101. Fresnes-lès-Montauban (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 22, 24, 46, 50, 77, 91, 111, 120. Fresnes[-sur-Escaut] (Nord, Valenciennes, Anzin), v. Charles, Louis. Frumaud, Frumaldus, – archid. d’Ostrevent (1157-1173 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 512) : 62, 67, 74, 77, 79, 89. – év. d’Arras (nov.-déc. 1173/Pâques 1174-20 avr. 1183 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 99, 102, 105, 106, 109. – magister, écolâtre (1142-1156 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 522) : 58. Frumentinus : 121. Frumoldus, v. Frumaud. Fulcard, Fulcardus, Fulchardus, – ab. de Marchiennes (1103-1115) : 14, 15, 23, 31. – d’Aix : 94. Fulcho, Fulco, v. Foulque. Fulchonis pratum, lieu-dit à Marchiennes : 112. Fulpaldus, sous-prieur de Marchiennes : 84. Furnes, Furnensis (Belgique, Flandre-Occidentale), v. Gautier. Fursy, Furseus, de Bussu : 115. Fuschiris, v. Fouqières.

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in d e x de s c h art e s

G., – habitant de Boiry, fils de R. Malus : 116. – moine de Vregny : 51. Galbert, Galbertus, – chan. de Noyon : 59. – moine de Marchiennes, peut-être l’auteur du Patrocinum et prieur en 1133 : 23. Gallus, v. Étienne, Gautier, Robert. Galterus, v. Gautier. Gand, Gandensis (Belgique, Flandre-Orientale, ch.l. pr.). – abb. St-Bavon (OSB). – ab., v. Betto, Henri. – abb. St-Pierre (OSB). – ab., v. Hugues, Siger, Wicardus. – châtelain, v. Raoul, Siger, Wenemar. – v. Amauri de Gand, Reingotus de Gand. Garbes, v. Gérard. Garderus, chevalier de l’avoué : 8. Garin, Garinus, – chan. de Cambrai (chap. cath., prêtre) : 54. – Boriart, échevin de St-Amé de Douai : 99. Garnier, Garnierus, – doy. de chrétienté (?), attesté de 1103 à 1123 (ici et B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 38) : 13, 18, 21. – de Montigny, cité en 1170 (B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, no 55) : 90. – frère du maire Godefroi : 116. Garraus mansum, v. Carreu. Gaucher ou Gautier, – de Bruille, cité de 1129 à 1162 (I. de Coussemaker, Cartulaire de Bourbourg, no 38 ; B.M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 191) : 35, 62, 63. – de Bruille, fils du précédent, cité de 1157 à 1183 (Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 127-127 et ici) : 100, 101, 106, 109. – de Chièvres, cité en 1088 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 3) : 11. – de Lesquin (1136-1171 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 30) : 81. – de Quiévrain (1064-1090 ; D. Schwennicke, Les familles féodales de France, t. 13, no 31b) : 11. – fils de Jean de Bruille : 109. Gaudefridus, Gaufridus, v. Godefroi. Gaugiacum, v. Gouy. Gautelinus, v. Goscelinus. Gautier : 41, 84. – ab. de St-Aubert (1116-nov. 1159, démission ; J. Voisin, Liste, p. 90-92) : 23, 54. – ab. de St-Martin de Tournai (1136-7 avr. 1159 ; MB, 1, p. 277-278 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 66. – ab. de St-Vaast (1130, après le 25 mai-1147 ; GC, t. 3, col. 382-383) : 37, 38. – archid. de Thérouanne (1119-1132 ; O. Bled, Regestes, p. 14) : 28, 29.

i nd e x d e s chart e s

– bouteiller : 3. – cellérier de Marchiennes : 121. – chan. d’Arras (chap. cath.), attesté en 1101 et 1103 (B. M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 8 et ici) : 13. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1155 à 1171 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 112, 162) : 89. – Maraduis, chan. d’Arras (chap. cath.) attesté de 1183 à 1201 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 191, 293) : 106, 109. – chan. de Cambrai (chap. cath., diacre) : 54. – chan. de Tournai (chap. cath., diacre) : 85. – chantre de Cambrai cité de 1136/1148 à 1169 (Bnf, lat. 10968, fol. 84 ; ADN, 4 G 769/7145) : 54. – [de St-Piat], chantre de Tournai (1130-1138 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 68) : 40. – chapelain des sires d’Oisy, attesté de 1160 à 1189 (B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, nos 42, 119) : 68, 69, 90. – chasé de l’ab. de Marchiennes : 34. – [Ier], châtelain de Douai (1047 ?-1086 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 61/4) : 10. – [II], châtelain de Douai (1120-sept. 1157/1158 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 61/6) : 35. – chevalier : 8. – chevalier : 68, 69. – clerc : 90. – doy. du chap. cath. de Tournai (1147-1166 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 7) : 40, 66. – év. de Tournai (1166-19 août 1172 ; J. Pycke, Le chapitre cathédral, p. 327) : 85. – moine : 35. – moine de Marchiennes (diacre) : 84. – moine de Marchiennes (prêtre) : 84. – Cassanus, moine de Marchiennes : 23. – de Flandre, moine de Marchiennes : 23. – prêtre de Camphin : 81. – prév. de Furnes : 64. – villicus : 11. – villicus de Marchiennes : 112, 113. – d’Arras (1155/1157-28 avr. 1185 ; cadet de la famille châtelaine ; P. Feuchère, « De l’épée », p. 12-17) : 82, 83, 84, 86, 87, 95. – d’Auby (1157-1188 ; F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 2, p. 693-696 ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 48) : 63, 73, 74. – d’Aulnoy, mort lors de la 3e croisade (H. Van Werveke, « La contribution », p. 85) : 63. – d’Averdoingt : 56, 86. – de Binche : 112. – de Bousies (1174-1185 ; Ch. Duvivier, Actes et documents, 2, no 41 ; Gislebert de Mons, c. 117, p. 180) : 101.

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– de Bruille, v. Gaucher de Bruille. – Burgars : 121. – Cloches : 121. – de Douilly, cité vers 1150 (B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, no 512) : 61. – d’Écaillon, cité de 1157 à 1178 (ici ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 209) : 63. – Gallus : 113. – de Guyencourt : 115. – de Hargicorte : 10. – de Lambres dit Brisgepot, frère d’Hugues Ier de Lambres (1160-1166 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 127 et Chartes de Vaucelles, no 38) : 68, 69. – [II] de Locres (1139-1184 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 134/7) : 82, 83, 87, 95. – de Mortagne (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, nos 59 et 60) : 63. – de Râches (1162-1188 ; peut-être un fils de Godefroi de Râches ; P. Feuchère, « Une châtellenie inconnue », p. 7 et 14) : 73, 74, 95. – de Saudemont : 99. – Stul : 121. – de Termonde (1129-1171 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 53/7) : 39, 78, 87. – Tunica, cité en 1150/1157 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 165) : 57. – de Voormezele (1139-1168 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 221/6) : 78. – de Zomergem (1122-1145) moine de St-Martin de Tournai (1163-1168 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 235/2) : 38, 78, 83, 85. – époux d’Ogiva : 62, 63. – fils d’Amand de Denain ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. – fils de Guerenfridus : 70. – fils de Roger, châtelain de Courtrai, (1163-1172 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 124/13) : 78. – frère d’Amand de Denain ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. – frère de Godin de Hordain : 19. – frère de Robert d’Oisy : 99. Gauzelin, Gauzlinus : 4. Gaverella, v. Gavrelle Gavre, Gavera (Belgique, Flandre-Orientale, Gand), v. Razo. Gavrelle (Pas-de-Calais, Arras, Arras-2) : 22, 77, 81, 91, 111, 120 ; v. Bernard. Gelduin, Gelduinus ab. d’Anchin (oct. 1102-démission en juil. 1110 ; mort le 4 juil. 1123 ; J.P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 302) : 13. Geldulfus : 6. Geoffroy, Godefridus : 121. – év. de Châlons (10 août 1131-21 juin 1143 ; M.-J. Gut, « Liste critique », p. 122-123) : 42. Gérald, Geraldus, – ab. de Vicoigne (1151-déposé en 1168 ; B. Ardura, Abbayes, p. 571) : 75, 76. – év. de Tournai (1148-14 juil. 1166 ; J. Pycke, Le chapitre cathédral, p. 327) : 52, 66, 81. Gérard, Gerardus : 6. – ab. non identifié : 8, 31. – [de Grez], ab. d’Aulne (1168-1184 ; MB, 1, p. 331-332) : 117.

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– card.-prêtre de St-Adrien (1182-1208 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 7879) : 120. – card.-prêtre de Ste-Croix (1123-1144 ; pape Lucius II ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 33) : 46. – [d’Alsace], chancelier de Flandre et prév. de Bruges, attesté depuis 1183 et mort en 1206 (Th. De Hemptinne, Le chancelier, p. 302-311) : 123. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1181 à 1197 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 180, 261) : 109. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre), attesté de 1097 à 1120/1127 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 1, 44) : 13, 17. – chan. de Cambrai (chap. cath.) : 16. – doy. de chrétienté, attesté de 1101 à 1115 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 8, 21) : 13. – échanson : 90. – Ier, év. de Cambrai (1er janv. 1012-14 mars 1051 ; DHGE, t. 20, 1984, c. 742-751) : 8, 9, 31, 32. – [II de Lessines], év. de Cambrai (juil. 1076-11/12 août 1092 ; DHGE, t. 20, 1984, c. 751755) : 11. – moine de St-Vaast (prêtre) : 84. – prêtre : 62. – [II], prév. de Douai, (1166-1187), successeur du prév. Robert (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, nos 443, 610 ; F. Brassart, Châtellenie de Douai, p. 281 et 322-323) : 73, 74, 82, 83, 86, 100. – prév. de Lo (1119-1149 ; MB, 3, p. 894-896) : 39. – trésorier de Ham : 61. – de Berneville : 84. – de Cans : 35. – de Denain (1143-1188 ; J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127 ; Chronicon Hanoniense, c. 140, p. 213) : 62, 63. – [II] de Forêt ou Lallaing (1154-1177 ; fils de Simon, ép. d’Adélaïde et père d’Anselme, Gérard, Nicolas, Simon ; frère de Gautier d’Écaillon ; F. Brassart, « Notice… Lalaing », p. 2 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 174) : 63, 82, 83. – Garbes : 101, 106. – Garbeta : 63. – d’Habacq : 67. – de Landas (1168-1190 ; cf. annexe 2) : 82, 83, 85, 87, 94. – de Messines, notaire comtal : 95, 103. – de Mouchin : 94. – [II] de Reninge (1162-1214 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 183/3) : 47, 55, 78, 117, 123. – fils d’Arnoul : 11. – fils d’Évrard de Vregny : 93. Geraudus, v. Gérald. Gerberoy, Gerberroi (Oise, Beauvais, Grandvilliers), v. Richard. Gerbodo, chantre de Thérouanne, attesté en 1133 (O. Bled, Regestes, p. 25) : 41. Geroldus, chan. de Cambrai (chap. cath.) : 18.

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Gerricus, magister : 40. Gertrude, Gertrudis, – de Flandre, fille de Thierry d’Alsace, ép. en secondes noces d’Hugues d’Oisy peu après 1158, puis religieuse à l’abbaye de Messines (L. Vanderkindere, La formation, 1, p. 311) : 90. – ép. de l’avoué Étienne : 100, 101, 106. Gerulfus, – prév. de Marchiennes : 84. – de Hum : 11. Gervais, Gervasius, – ab. d’Arrouaise (1121-18 sept. 1147 ; L. Milis, L’ordre d’Arrouaise, p. 114-123) : 37. – fils d’Arnoul de Atrium : 51. Ghinnis, v. Guînes. Ghislain, – écolâtre d’Arras (1157-4 fév. 1175 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 522) : 62, 72, 74, 75, 76, 79, 80, 89. – frère du maire Godefroi : 116. Gilbert, Gilbertus : 6. – ab. de St-Jean de Valenciennes (1142-21 août 1183 ; GC, t. 3, col. 157) : 108. – châtelain de Bergues (1122-1155 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 202/9) : 38, 57. – échevin de Saudemont : 121. – év. de Noyon-Tournai (771-782) : 2. – d’Aire (1160-1190 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 3/11) : 95. Gilius, v. Gilles. Gilla, ép. de Robert : 99. Gillaufait, nom d’un ancien bois près de Marchiennes : 9, 91, 111, 120. Gillenus, v. Ghislain. Gilles, Gilus, – de Rumegies : 85, 87. – fils de Simon d’Oisy ; cité de 1156 à sa mort le 29 juillet 1164 (ADN, 12 H 1, fol. 16vo17ro ; Lambert de Watrelos, Annales Cameracenses, MGH SS, t. 16, p. 536) : 68, 69. – frère d’Hugues Forez : 90. Girardus, v. Gérard. Gisèle, ép. du maire Rainier : 113. Gislaufait, v. Gillaufait. Gislebertus, v. Gilbert. Gislenus, v. Ghislain. Givenchy[-les-La-Bassée] (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin) : 88 ; lieu-dit, v. Ouvert. Gobert, Gobertus : 108. – d’Anzin (1087-1096 ; Ch. Duvivier, Actes et documents, 2, no 6 ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 15) : 11. – de Bruille (1151-1186 ; fils de Gautier, père de Gobert, Jean, Nicolas ; frère d’Étienne d’Auberchicourt ; un fils Jean (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 170, J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 180, 187, 233, 246 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 209) : 100, 101, 106, 109, 112.

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– d’Escaudain (1157-1184 ; attesté ici), fils de Baudouin : 62, 63, 112. – frère de Thierry de Wallers, attesté en 1151 et 1157 (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 17 et ici) : 62, 63. Godefroi, Godefridus, Godifridus, – [de Bouchain], châtelain (1089-av. 1135), fils d’Anselme de Ribemont (Ch. Duvivier, Actes et documents, 2, no 7 et Recherches, no 115 bis ; GC, t. 10, instr. col. 41 et Ch. Dereine, « Emmissa », p. 215-245) : 11, 19. – échevin de Marchiennes : 99. – d’Abbeville, magister : 88. – maire de Boiry : 116. – de Bailleul : 84. – de Liéramont : 115. – de Walincourt : 10. Godescalc, Godescalcus, – ab. de Ham (1150-1163 ; R. Berger, « Colligite fragmenta », p. 608) : 67, 70. – év. d’Arras (été 1151-nov/déc. 1163 ; mort le 7 août 1170 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 58, 60, 62, 67, 69, 72, 74, 75, 76, 77, 79, 80, 89. Godica : 6. Godinus : 35. – chevalier de Hordain : 19. Goerannus, chan. de Cambrai (chap. cath.) : 18. Goeulzin (Nord, Douai, Aniche), v. Landri. Goi, v. Gouy. Goizo, card.-prêtre de Ste-Cécile (1140-1144 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 42) : 46. Golosin, v. Goeulzin. Gomarus, Gommerus, de Beuvry : 85, 87. Gondecourt, Gondulcurt (Nord, Lille, Faches-Thumesnil), v. Robert. Gonherus, fils du prév. Herbert : 61. Gontier, Gunterus, – doy. de chrétienté de Tournai et chan. (1169-1201 : J. Pycke, Répertoire biographique, no 196) : 94. – prév. d’Anchin (1170-1186 ; J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 315 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 101, 106. Goscelinus, doy. de Thérouanne (1105-1138 ; O. Bled, Regestes, p. 20) : 28, 29. Gossuin, Gossuinus, – ab. d’Anchin (1131-9 oct. 1166 ; J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 303-304 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 67, 77. – chan. de Tournai (chap. cath.), attesté de 1159 à 1185 ( J. Pycke, Répertoire biographique, no 187) : 66. – [de St-Piat], chan. de Tournai (chap. cath., s.-diacre), attesté de 1158 à 1184 ( J. Pycke, Répertoire biographique, no 183) : 85. – de Ooigen, cité de 1133 à 1148 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, nos 21, 112) : 38. – de Tuin : 101, 106.

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– frère d’Amauri de Landas (cf. annexe 2) : 94. Goterus, doy. du chap. cath. de Tournai, attesté de 1103 à 1138/1140 ( J. Pycke, Répertoire biographique, no 4) : 40. Gouy-sous-Bellonne (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 4, 9, 18, 21, 22, 24, 46, 48, 49, 50, 91, 95, 111, 120 ; v. Alelme, Enguerran, Gui, Hubert, Mathieu, Thomas. Gozellus, villicus d’Aniche : 101, 106, 108. Gozuinus, v. Gossuin. Grammines, v. Baudouin. Gratien, Gratianus, – card.-diacre des SS-Côme-et-Damien (1178-1205 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 71-73) : 111, 120. – notaire pontifical, s.-diacre de l’Église Romaine (1168-1178 ; DHGE, t. 21, c. 1233-1235) : 91. Grégoire, Gregorius, – card.-diacre de St-Ange (1116-1130 ; pape Innocent II ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 34) : 24. – card.-diacre de St-Ange (1143-1154 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 49) : 50. – card.-diacre de St-Ange (1190-1202 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 9899) : 120. – card.-diacre de St-Georges-au-voile d’or (1190-1211 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 96-97) : 120. – card.-diacre de Ste-Marie in Aquiro (1188-1200 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 90-92) : 120. – card.-diacre de Ste-Marie in Porticu (1188-1202 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 92-94) : 120. – card.-diacre des SS-Serge-et-Bacchus (1123-1145 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 17) : 46. – chantre du chap. cath. de Reims (…1147-1170… ; P. Demouy, Genèse, p. 665) : 55, 71. – [Ier] le Grand, pape (590-604) : 15, 45. – de Tincourt : 115. Grimbertus : 6. Grimoldus : 6. Grinbertus, familier de Lancelin de Ham : 61. Groscassel, Grossum Catsellum, Grossus Casselus, lieu-dit à Vaulx-Vrancourt : 102, 104 ; v. Hali. Gualbertus, v. Galbert. Gualterus, v. Gautier. Guarnerus, v. Garnier. Guasconis curva, v. Vuasconis curva. Guenemarus : 116. Guerenfridus, père de Gautier : 70. Guerric, Guerricus, – ab. de St-Vaast (1147-27 mai 1155 ; GC, t. 3, col. 383-384 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 57. – d’Herbécourt : 115.

i nd e x d e s chart e s

Guetletsin, v. Goeulzin. Gui, Guido, – card.-prêtre de St-Chrysostome (1138-1157 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 43) : 50. – card.-prêtre de Ste-Marie in Transtevere (1191-1206 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 99-101) : 120. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), cité de 1153 à 1174 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 155, 166) : 62, 89. – chancelier d’Arras (…1146-1157… ; B.-M. Tock, Chancellerie, p. 179-180) : 79. – châtelain de Noyon (1142-1155 ; O. Guyotjeannin, Episcopus, p. 273) : 59. – vicomte (Soissons ?) : 92, 93. – d’Audenarde (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 166) : 10. – de Bailleul (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 18) : 10. – de Gouy : 85, 87, 101, 104, 106, 112. – Haves : 121. – de St-Martin : 79. – de Steenwoorde (l’un des meurtriers de Charles le Bon ; pendu le 11 août 1127 ; cité sans date, E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 39/26) : 31, 32, 33. Guiart, v. Bernard. Guibert, Guibertus : 121. – doy. (1157-1163 ; ici et B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 118, 137) : 62, 74. – prêtre de St-Étienne de Lille : 81. Guido, v. Gui. Guillaume, Guillelmus, – [de Passavant], archid. de Reims (1137-1144 ; P. Demouy, Genèse, p. 660) : 42. – card.-prêtre de St-Pierre-aux-liens (1158-1176 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 118) : 91. – chan. de Cambrai (chap. cath., diacre) : 54. – [III], châtelain de St-Omer (1132-1170 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 195/10) : 82, 83. – dormitor d’Abscon : 68, 69. – doy. (1120-1129 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 30 et ici) : 34. – maire d’Abscon : 68, 69. – maire de Sailly : 68, 69. – [de Breteuil], prév. du chap. cath. d’Amiens (1164-1188), frère de l’archid. Garin (W. M. Newman, Le personnel, nos 38, 49) : 88. – d’Abscon (identique au dormitor ou au maire ci-dessus ?) : 85, 87. – [Ier] de Béthune, avoué d’Arras (1123-1138 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 20/10) : 38. – [II] de Béthune, avoué d’Arras (1177-1214 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 20/18) : 117, 123. – de Brévillers, encore attesté en 1166 (B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, no 116) : 56. – Cantemine : 121. – de Comines, frère de Baudouin (1138-1163 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 122/6) : 78. – de Foro : 84. – Morant [d’Hondschoote] (1136-1166 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 112/1) : 78. – Pessimus : 63. – de Râches : 105.

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– de Rumes (1159-1166 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 193/4) : 82, 83. – de Wervicq, complice du meurtre de Charles le Bon (E. Warlop, De Vlaamse Adel, 1, p. 235, 241, 242, 245) : 31, 32. – d’Ypres (v. 1104-1164 ; E. Warlop, Willem van Ieper) : 31, 32, 35. – frère d’Amauri de Landas ; peut-être un fils d’Amauri III (cf. annexe 2) : 85, 87. – frère d’Henri de Binche : 63. Guiman, moine de St-Vaast (prêtre ; auteur du cartulaire védastin ?) : 84. Guimercort, v. Guyencourt. Guînes (Pas-de Calais, Calais, Calais-2), comte, v. Baudouin. Guisfridus d’Hamelincourt, attesté de 1146 à 1161 (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 101 et ici) : 64, 70. Guntardus : 41. Guuerricus, v. Guerricus. Guyencourt[-Saucourt] (Somme, Péronne, Péronne), v. Gautier. H. Panetarius, habitant de Boiry : 116. Habarcq (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Gérard. Haduinus, chan. de Cambrai (chap. cath.) : 16. Hadvidis Toloppe : 121. Haignas, v. Haines. Hailcort, v. Écourt-St-Quentin. Hailly, lieu-dit à Coutiches, v. Thibaud. Haimblain, v. Hamblain. Hainacensis, Hainaonensis, v. Hainaut. Hainas, v. Haisnes. Hainaut, Hainoensis, Hainonensis, – chancelier, v. Hugues. – comte : 15 ; v. Baudouin. – comté, pagus : 11, 13, 21, 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. – comtesse, v. Richilde. – notaire, v. Bertuinus. – sénéchal, v. Adam, Adam de Hordain. – v. Eustache de Roeulx. Haisnes (Pas-de-Calais, Béthune, Beuvry) : 4, 5, 9, 13, 17, 20, 21, 22, 24, 32, 33, 46, 50, 91, 95, 111, 120 ; v. Nangy (village disparu). Hali, v. Hailly. hali, lieu-dit à Aniche, v. Éve. Hali, lieu-dit à Groscassel, v. Jean. Halmericus, v. Aimeric. Ham (Somme, Péronne, ch.l. c.). – abb. N.-D. (OSA). – ab., v. Étienne, Godesclac, Renaud. – magister, v. Drogon. – prieur, v. Rainier. – trésorier, v. Gérard.

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– Arnoul, écuyer. – Lancelin, seigneur. – Gonherus, fils du prévôt Herbert. – Odo, fils de Lancelin. – v. Albéric, Engelbertus de Pont, Gautier de Douilly, Grinbertus, Raoul, Raoul de Pieton. Hamage, Hamagiensis, Hamaticum (Nord, Douai, Sin-le-Noble, Wandignies-Hamage) : 4, 13, 18, 21, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Hamblain[-les-Prés], Hamblan (Pas-de-Calais, Arras, Brebières), v. Bernard. Hamelincourt, Hamelencurt, Hamelincurt (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), v. Eustache, Guisfredus. Hamensis, v. Ham. Hamericus, v. Aimeric. Hammagiensis, v. Hamage. Hanic, Haniche, v. Aniche. Hanines, v. Havines. Harcicorte, Hargicorte, lieu-dit à Agny, v. Gautier. Harnes (Pas-de-Calais, Lens, ch.l. c.) : 72 ; prêtre, v. Jean ; v. Michel. Hartaing, Harten (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux, Wallers), v. Thierry. Hasbart, v. Habarcq. Hasencourt, v. Azincourt. Hasnon (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux). – abb. St-Pierre (OSB) : 95. – ab., v. Albert, Foulque, Hugues, Lambert. Haspres, Haspra, (Nord, Valenciennes, Aulnoy-lez-Valenciennes) : 19 ; v. Amand. Haumont (Nord, Avesnes-sur-Helpe, ch.l. c.). – abb. St-Pierre et Paul (OSB) : 1. Hauwellus de Quievrain, cité de 1157 à 1186 (ici ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 246) : 63. Haveluy (Nord, Valenciennes, Aulnoy-lez-Valenciennes), v. Jean. Haverskerque (Nord, Dunkerque, Hazebroucq), v. Raoul. Haves, v. Gui. Havidis : 116. Havines, Havinies (Belgique, Hainaut, Tournai) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Haviskerka, v. Haverskerque. Havului, v. Haveluy. Heis, v. Sawalon. Helbert, Helbertus, d’Hellemmes : 94. Heldiardis Niger : 108. Helechines, lieu-dit à Aniche : 108. Hélesmes, Heleminis, Helemmis, Helenis, (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Helette : 6. Helevrechies, v. Hiverchies. Helfridus, prév. de St-Martin d’Ypres (1123-24 janv. 1138 ; MB, 3, p. 943-944) : 39. Hellebaldus, chapelain : 90.

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Hellemmes, Hellemmis (Nord, Lille, Lille-3), v. Helbert. Hellin, Hellinus, – Ier de Warin, sénéchal de Flandre (1155-1191 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 228/6) : 70, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 95. – de Wavrin (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 228) : 10. Helvidis, soeur d’Albéric de Roye : 59. Hemma, v. Emma. Hendecourt[lès-Ransart], Hendecurt (Pas-de-Calais, Arras, Beaumetz-lès-Loges), v. Nicolas. Heniche, v. Aniche. Henri, Henricus, – ab. de Marchiennes (1179-1183) puis de St-Vaast (1183-1184) : 100, 101, 102, 104, 106, 107. – [de Daknam], ab. de St-Bavon de Gand (mars 1189-3 nov. 1192 ; C. Vleeschouwers, De oorkonden van de Sint-Baafsadbij te Gent, p. XXXI) : 117. – ab. de St-Vaast (1104-25 mai 1130 ; GC, t. 3, col. 381-382) : 23. – archev. de Reims (14 janv. 1162-13 nov. 1175 ; P. Demouy, Genèse, p. 628-631) : 75, 76, 79, 80, 89. – aumônier de St-Vaast : 84. – card.-év. d’Albano (1179-1187 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 61-62) : 111. – chan. d’Arras (chap. cath.) : 74. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 89. – Noradin, chan. d’Arras (chap. cath.) : 105, 106, 109. – chan. de Reims (chap. cath.) : 55, 71. – [Palea], chan. de Tournai (chap. cath., s.-diacre) (1145/1150-1186 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 175) : 66, 85. – châtelain de Binche, attesté de 1150 à 1190 (H. Van Werveke, « La contribution », p. 86) : 63. – [de Moorslede], connétable de Flandre (1151-1168 ? ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 150/1) : 57. – [III], empereur (1039-1056) : 10. – [Ier], roi de France (2 juil. 1031-4 août 1060) : 8, 9. Hera, v. Erre. Herbécourt, Herbecort (Somme, Péronne, Bray-sur-Somme), v. Guerric. Herbert, Herbertus, – archid. de Thérouanne (1109-1133 ; O. Bled, Regestes, p. 14-15) : 28, 29. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 58, 89. – prév. : 61. – Pelet : 63 – de Sains : 68, 69. – Tortus : 116. Herbrandus, moine : 35. Herenboldus : 41. Héribert, Heribertus, de Valenciennes : 18. Heribrand, Heribrandus, chan. de Tournai (chap. cath., s.-diacre) (1126-1171 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 164) : 85.

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Herierus : 6. Herlondus, chan. de Reims (chap. cath.) : 71. Herluinus, chan. de Reims (chap. cath., diacre) : 55, 71. Herman, Herimannus, Hermannus, – ab. de St-Martin de Tournai (1127-démission en 1136 ; MB, 1, p. 276) : 37, 39, 40. – doy. de Thérouanne (1138-1150 ; O. Bled, Regestes, p. 20) : 41. Hermerus, – chan. d’Arras, prêtre : 58. – moine de Marchiennes : 23. Hesdin (Pas-de-Calais, Montreuil, Auxi-le-Château.), v. Alulfus. Hestrus (Pas-de-Calais, Arras, St-Pol-sur-Ternoise), v. Hugues. Hierusalem, v. Jérusalem. Hildeguinus, v. Gelduin. Hiluinus, villicus : 11. Hiser, Hisier, Hisiers, v. Izel-lès-Esquerchin. Hiverchies, lieu-dit à Wandignies-Hamage : 9, 91, 95, 111, 120. Hondegem (Nord, Dunkerque, Bailleul), v. Nicolas (chan.). Hondschoote, Hondschote, (Nord, Dunkerque, Wormhout), v. Guillaume Morant. Honnecourt (Nord, Cambrai, Le Cateau-Cambrésis). – abb. St-Pierre (OSB) : 1. – v. Amalfridus, Auriana. Honorat, Honoratus, archid. d’Arras : 1. Honufilcurtis, v. Honnecourt. Horca, v. Orcq. Hordain, Hordeing (Nord, Valenciennes, Denain). – sénéchal, v. Adam. – v. Godinus. Hornaing, Horminium, Horninium, (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Houdain, Hosden (Pas-de-Calais, Béthune, Bruay-la-Buissière), v. Anselme. Huard, Huardus, (1151-1157), frère de Thierry de Wallers (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 17 et ici) : 62, 63. Hubaldus, – card.-diacre de Ste-Marie in via lata (1134-1143/1144 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 44) : 46. – card.-év. d’Ostie (1159-1181 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 43) : 91. – card.-prêtre des SS-Jean-et-Paul (1140-1158 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 43) : 50. Hubert, Hubertus, – prieur de Corbie (inconnu de L. Morelle, Chartes de Corbie, tab. p. 10) : 115. – de Gouy : 68, 69. – de Loos : 11. – fils d’Hugues : 92, 93. Hugues, Hugo : 41. – ab. de Blangy (1097-1137 ; GC, t. 3, col. 1590) : 29.

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– ab. d’Hasnon (1128-1140 ; GC, t. col. 402 et J. Dewez, Histoire d’Hasnon, p. 115-116) : 37, 39. – ab. d’Hénin (1129-1131 ; J. Becquet, L’abbaye, p. 122) : 37. – [II], ab. de Marchiennes (1148-11 juin 1158) : 52, 57, 86. – [II], ab. de St-Amand (1150-12 sept. 1169 ; ex-ab. d’Homblières ; H. Platelle, Le temporel, p. 163-164 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 52, 67, 70, 77, 78, 82, 83. – ab. de St-Nicolas-aux-Bois (1157-1166 ; GC, t. 9, col. 612) : 67. – [Ier], ab. de St-Pierre de Gand (1163-1177 ; MB, 7, p. 111-112) : 82, 83. – [II], ab. de St-Pierre de Gand (1190-démission 1201, mort en 1203 ; MB, 7, p. 114) : 117. – archid. de Reims (1121-1144 ; P. Demouy, Genèse, p. 660) : 28, 42. – card.-diacre de St-Eustache (1166-nov./déc. 1177 ; DHGE, t. 25, c. 176) : 91. – card.-prêtre de St-Martin (1190-1206 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 107) : 120. – chancelier comtal de Hainaut : 11. – [de Roye], chancelier épiscopal de Noyon-Tournai (1130-1146) puis Noyon (1146-1163 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 81) : 40, 59. – Vitulus, chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1157 (ici) à 1201 (B-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 293) : 106. – l’Abbé, chan. de Cambrai (chap. cath.) attesté jusqu’en 1122 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 32, 33, 36) ; puis moine à Anchin (F. Brassart, Liste des bienfaiteurs, p. 163) : 18, 21. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre) : 89. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre) : 58. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 13, 17, 26, 48, 67. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 89. – chan. d’Arras, magister, attesté de 1141 à 1170 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 71, 155) : 67, 152. – [III] d’Oisy, châtelain de Cambrai (1170-1189), fils de Simon ; ép. de Marguerite de Blois, mort à la 3e croisade (A. de Cardevacque, Oisy, p. 115-123) : 87, 90, 95, 99. – châtelain de Lille (1166/1170 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 185/14) : 82, 83, 87. – châtelain de Valenciennes, fils d’Anselme II de Ribemont (cité en 1089 et 1125 ; C. Dereine, « Emissa », p. 224) : 8, 11, 31. – chevalier : 112. – clerc : 68, 69, 90. – dit le doyen, frère d’Amauri de Mastaing : 34. – [II de Morchies], doy. du chap. cath. de Cambrai (1148-1195 ; ADN, 4 G 2/9 ; 36 H 65/701) : 54. – maire d’Alnes : 23. – moine de Marchiennes : 99. – moine de Marchiennes (diacre) : 84. – moine de Marchiennes (prêtre) : 84. – moine de Marchiennes, fils de l’avoué Hugues Havet (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 15/8) : 32. – moine de St-Vaast (diacre) : 84. – moine de St-Vaast (s.-diacre) : 84.

i nd e x d e s chart e s

– notaire de l’église de Rome : 111. – prêtre de Dechy : 79. – prêtre de St-Pol : 56. – prêtre de Saudemont : 99. – prév. d’Aubigny : 56. – prév. de Marchiennes : 112. – procurateur de Saudemont : 121. – s.-diacre de l’église de Rome : 22. – sous-prieur de Marchiennes : 112. – tiers-prieur de Marchiennes : 84. – vicomte (de Soissons ?) : 93. – d’Allaines : 115. – d’Auby, attesté de 1157 à 1163 (ici) : 63, 74. – d’Audenarde (1038-1064 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 166/1) : 8, 31. – d’Averdoingt : 86. – de Belloy : 115. – de Beuvry : 101, 104, 106. – de Blairville (1150/1155-1150/1157 ; Th. De Hemptinne, De orkoonden… Diederik, no 142) : 57. – Bordel : 68, 69. – [Ier]du Breucq (1097 (?)-1136 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 37/2) : 33. – du Breucq (1136-1163 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 37/3) : 81. – de Bucquoy : 56. – de Coutiches : 35. – Fercons, fils de Robert : 68, 69. – Flamiger : 108. – Forez, cité en 1186/1189 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 268) : 90. – de Foro : 11. – Ier Havet d’Aubigny (1024-1046 ; J.-F. Nieus, Un pouvoir comtal, p. 287) : 8, 9, 10, 31, 32, 82, 83. – d’Héninel (1160-1178 ; B.-M. Tock, Monumenta Arroasensia, no 88 ; ici) : 90, 99. – d’Hestrus : 56. – d’Inchy : 10. – de Labroye : 81. – [Ier] de Lambres (1142-1187 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 78 ; F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 3, no 78, p. 124-125) : 68, 69, 82, 83, 90, 99. – de Lomme (1152-1183 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 135) : 73, 74. – Morel (1139/1147-1184 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 1/151) : 90. – Morinensis : 28. – d’Oisy, v. Hugues, châtelain de Cambrai. – du Pontoit, échevin de Marchiennes : 101, 105, 106. – de Roclincourt : 77. – de Roeulx (1180-1216 ; Chronicon Hanoniense, c. 98, p. 134 ; F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 3, no 83, p. 130-131) : 101, 106, 112. – de Rumaucourt (1089-1101 ; ici et J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 21) : 11.

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in d e x de s c h art e s

– de St-Aubin : 11. – de St-Aubin, frère de Gautier d’Auby (vers 1150-1172 ; F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 2, p. 692-697) : 73, 74. – de Sauchy, cité en 1160 et 1166 (ici et B.-M. Tock, Monumenta Arroasensia, no 115) : 68, 69. – de Thélus (1148-1167 ; Th. De Hemptinne, De oorkoonden… Diederik, no 111 ; ici) : 84. – de Wallers, frère de Thierry, attesté de 1157 à 1189 (ici et B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 119) : 62, 63. – Vecière : 121. – Vitulus : 62, 63. – fils de l’avoué Étienne de Landas : 100, 101, 106, 113. – fils d’Hugues Ier de Lambres (1171-1207 ; ici et F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 3, nos 39, 78, 80 et 81) : 90. – fils de Ruel : 121. – frère du châtelain de Bergues Gilbert, attesté de 1121 à 1150/1152 (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 202/10) : 57. – frère du prév. Étienne : 101, 106. Hum (non identifié), v. Gerulfus. Humbaldus, v. Hubaldus. Huppi, v. Oppy. Huwars, v. Huard. Hyser, v. Izel. Hywens, v. Ivain. I., habitant de Boiry : 116. Ibert, Ibertus, – habitant de Boiry : 116. – de Liedekerke : 10. Iherosolimis, v. Jerusalem. Imercourt (auj. St-Laurent-Blangy) (Pas-de-Calais, Arras, Arras-2), v. Alelme, Bernier. Inchy[-en-Artois], Incys (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), v. Hugues. Ingelbertus, – ab. de St-Jean de Thérouanne (1100/1112-1121 ; N. Huyghebaert, Les origines de l’abbaye Saint-Jean, p. 468) : 29. – moine de St-Vaast (s.-diacre) : 84. Ingelrannus, Ingerannus, Ingramnus, v. Enguerran. Innocent [II], Innocentius, pape (14 fév. 1130-24 sept. 1143) : 44, 45, 46, 50, 91. Insula, v. Lille. Ipra, Iprensis, v. Ypres. Isaac, tiers-prieur de St-Vaast : 84. Isel, v. Lysel. Isenghim, v. Izegem. Isim, v. Lysel. Ivain : 62, 63.

i nd e x d e s chart e s

Ivergny, Iverni (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Robert. Izegem (Belgique, Flandre-Orientale, Roulers), v. Arnoul. Izel-lès-Esquerchin (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 22, 77, 91, 111, 120. Jacques, Jacobus, – d’Avesnes (1156-7 sept. 1191 ; NBW, t. 6, c. 483-490) : 100. – de Baudrengiens : 19. – frère d’Hugues de Roeulx ; attesté de 1183 à 1216 (ici et F. Brassart, Châtellenie de Douai, t. 3, no 83, p. 130-131) : 101, 106. Jean, – [Ier], ab. de Marchiennes (1158-24 juil. 1179) : 65, 80, 82, 83, 84, 88, 89, 91, 95, 97, 98, 99. – [II], ab. de Marchiennes (1183-1193) : 105, 108, 109, 111, 112, 113, 118, 119. – ab. du Mont-St-Éloi (1068-1108 ; O. Barubé, L’abbaye, p. 201) : 13. – ab. de Nogent-sous-Coucy (1164-1182/1183 ; GC, t. 9, col. 608) : 110. – [II], ab. de St-Amand (1169-démission en 1182 ; mort le 8 oct. 1187 ; H. Platelle, Le temporel, p. 164 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 100. – archid. d’Arras (1181-1191 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 509) : 109. – archid. de Cambrai (1109-1162 ; Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 97 ; J.P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 119) : 16, 54. – archid. de Cambrai (1183-1190 ; ADN, 37 H 31/117 bis et 4 G 108/1498) : 109. – avoué d’Arras (1038- ? ; P. Feuchère, « De l’épée », p. 6) : 8, 9, 10, 31. – camérier de Marchiennes : 84. – card.-év. de Prenestre (1190-1196 : W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 70-71) : 120. – card.-prêtre de St-Clément (1189-1199 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 9495) : 120. – card.-prêtre de St-Étienne in Celius (1190-1208 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 107-109) : 120. – card.-prêtre de Ste-Anastasie (1158-1179 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 55-56) : 91. – card.-prêtre de Ste-Prisca (1193-1205 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 114117) : 120. – card.-prêtre des SS-Jean-et-Paul (1151-1180 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 55) : 91. – l’Abbé, chan. d’Arras (chap. cath) : 106. – chan. d’Arras : 48. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre) : 89. – chan. de Cambrai (chap. cath., prêtre) : 54. – chan. de Cambrai (chap. cath., s.-diacre) : 54. – chantre de St-Amé de Douai et chan. d’Arras (1164-1177/1183) (ici ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 194) : 79. – châtelain d’Arras : 10. – châtelain de Lille (1174-1200 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 185/18) : 117. – Bocars/Bochart, clerc : 68, 69, 90. – convers de Marchiennes : 23. – doy. : 63. – doy. de chrétienté de Dainville (1097-1103 ; B.-M. Tock ; Chartes des évêques d’Arras, no 3 ; ici) : 13.

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in d e x de s c h art e s

– doy. de chrétienté de Douai (1097-1106 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, n os 3, 11) : 13. – [de Warneton], év. de Thérouanne (24 juil. 1099-27 janv. 1130 ; W. Simons, « Jean de Warneton », p. 35-54) : 28, 30, 36. – maire de Valenciennes : 63. – moine de Marchiennes : 44, 72. – moine de Marchiennes (prêtre) : 84. – Calvus, moine de Marchiennes : 23. – moine de St-Vaast (diacre) : 84. – moine de St-Vaast (prêtre) : 84. – prêtre : 90. – prêtre de Harnes : 72. – villicus de Saudemont : 121. – d’Abscon : 112, 113. – d’Ambrines (1163/1171-1198 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 164, 275) : 106. – d’Azincourt (1151-1184 ; fils de Gaucher de Bruille et frère de Gobert ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 17 et J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 233) : 108. – de Boisleux : 83, 84. – de Bruille (1151-1184 ; fils de Gaucher et frère de Gobert ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 17 et J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 233) : 100, 101, 106, 109, 112. – dou Bruille : 19. – de Bucquoy, cité en 1150/1162 (Th. De Hemptinne, De oorkoonden… Diederik, no 202) : 56. – de Fossa (1151/1154-1194 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 106, 243) : 81. – d’Hailly, dit Ravinel, cité en 1172 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 163) : 104. – d’Haveluy : 62, 63. – Li Maire : 19. – de Monchecourt, cité en 1096 et 1103 (ADN, 12 H 1, fol. 105-107 et J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 22) : 35. – Papelart (1149-1177), parent des châtelains de Cambrai, familiaris cubicularius de l’ép. du châtelain Simon (Annales Cameracenses, p. 526 ; B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, nos 18, 22, 28, 30, 42, 55, 65, 66, 67 ; J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, nos 104, 173, 204) : 68, 69, 90. – Pelerin : 99. – de Saudemont : 84. – de Soibaldi Sclusa : 115. – de Vilers : 84. – fils d’Amand de Denain, cité de 1157 à 1173/1183 ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. – fils d’Étienne d’Auberchicourt : 100, 101. – fils de Godin : 19. – frère de Gérard de Reninge (inconnu d’E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 183/3) : 78. – frère de Nicolas d’Hendecourt : 67.

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Jean-Baptiste, saint : 23, 111, 120, 121. Jérusalem, Iherosolima : 1, 82, 83. Joannes, v. Jean. Joffridus, v. Geoffroy. Johannes, v. Jean. Jonat, Jonathus, ab. de Marchiennes : 1, 121. Jorannus, – ab. de St-Nicaise de Reims (1103-23 mai 1138 ; J. Cossé-Durlin, Cartulaire de SaintNicaise de Reims, p. 45) : 28. Jordan, Jordanes, – card.-prêtre de Ste-Pudentienne (1188-1206 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 86-88) : 120. – card.-prêtre de Ste-Suzanne (1144-1154 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 52) : 50. Joscelin, Joscelinus, moine de Marchiennes : 92, 93. Judas, v. Roscela. Jude, saint : 86. Judith, Judita, ab. de Marchiennes (…975-988…) : 5, 6, 7. Juliana, ép. de Jean de Bruille : 109. Juvenci, v. Givenchy. karolus, v. Charles. Karreu, Kerreu, v. Carreu. Keuvren, v. Quiévrain. Kyri, v. Quiéry. Laborans, card.-prêtre de St-Calixte (1180-1189 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 63-64) : 111. Labroye (Pas-de-Calais, Montreuil, Auxi-le-Château), v. Hugues, Roger. Lallaing, Lalen, Lalinium (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. – v. Gérard de Forêt, Simon. – lieu-dit, v. Vuasconis Curva. Lambert, Lambertus, – ab. d’Hasnon (1118/1119-17 mars 1126 ; J. Dewez, Histoire d’Hasnon, p. 113-115 ; première mention en 1120, B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 30 ; dernière en 1126, J. Vos, Cartulaire, no 2) : 18, 21, 23. – ab. de Lobbes (mars-oct. 1180 ; MB, 1, p. 216) : 100. – ab. de St-Bertin (1095 ; démission en 1123 ; mort le 22 juin 1125 ; Lexikon des Mittelalters, t. 5, Münich, 1991, c. 1625-1626 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 29. – card.-év. d’Ostie (1117-1124 ; pape Honorius II ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 36) : 24. – [de Comines], chan. de Tournai (chap. cath., s.-diacre) (1153-1186 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 178) : 85. – [de Guînes], év. d’Arras (1093-16 mai 1115 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, p. 39-60 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 12, 13, 14, 15. – moine de St-Martin de Tournai : 66. – moine de St-Vaast (diacre) : 84. – Roi, moine d’Anchin : 108.

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– prêtre : 62. – de Beuvry : 35. – de Bourbourg : 65. – de Reningelst, ministérial de St-Bertin de Poperinge (1112-1135 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 11) : 29, 36, 39. Lambres-lès-Douai, Lambras, Lanbris (Nord, Douai, Douai) : 4 ; v. Anselme, Étienne, Gautier, Hugues, Rainier. Landas, Landast, Landastensium (Nord, Douai, Orchies). – castellum : 85, 87. – seigneurs (cf. annexe 2) : 7, 91, 111, 120. – v. Aalidis, Amauri, Elnardus, Étienne, Gérard, Gossuin, Guillaume, Hugues, Rainier, Robert, Roger, Thierry. – v. Cysoing. Landrebus, lieu-dit à Aniche : 108. Landri, Landricus, de Goeulzin (1166-1171 ; B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, no 38 et ici) : 68, 69, 90. Lancelin, – châtelain de Ham, cité en 1144, 1153, 1159 (frère de Gérard et père d’Odon ; B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, nos 44, 64, 174, 175 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 182) : 61. – de Ronssoy : 115. Lanium, v. Lallaing. Lanselinus, Lanszcelinus, Lanzelinus, v. Lancelin. Lantbertus, v. Lambert. Laon (Aisne, ch.l. dép.). – abb. St-Vincent (OSB). – ab., v. Seifridus. – év., v. Barhélemy. Latran, Lateranum, v. Rome. Laudastensis, v. Landas. Laudunensis, v. Laon. Laurent, Laurentius, – saint : 38, 121. – de Vregny : 110. Laviulus de Montenescourt, attesté au milieu du xiie siècle ( J.-F. Nieus, Le pouvoir, p. 363) : 56. Lécluse (Nord, Douai, Aniche) : 22, 91, 111. Léduin, Leduinus, ab. de St-Vaast (1023-22 janv. 1047 ; GC, t. 3, col. 379-380) et de Marchiennes (1024-1033) : 8, 9, 31. Leliu, v. Letlieu. Lens (Pas-de-Calais, ch.l. ar.) : 72. – châtelain, v. Baudouin. – v. Siger. Leodium, v. Leticus. Léon, Leo,

i nd e x d e s chart e s

– ab. de St-Bertin (1136-26 janv. 1163 ; Biographie nationale de Belgique, t. XI, c. 822-824 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 52. – doy. du chap. cath. de Reims (1128-1167 ; P. Demouy, Genèse, p. 664) : 55, 71. Le Pele, v. Alulfus. Lesquin, Leschin (Nord, Lille, Templeuve), v. Fourmestraux. Letardus de Annequin : 72. Letbertus, v. Lietbert. Leticus, Letigus, pagus entre la Deûle et la Lys : 4, 6 13, 21, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Letlieu, Letliu, auj. rue Lélier, hameau de Saméon, v. Nicolas. Letoldus, chan. de Reims (chap. cath., diacre) : 55, 71. Letulfus : 28. Leverceis, v. Hiverchies. Li Arsii, v. Nicolas. Li Bailes, v. Robert. Libertus, v. Lietbert. Li Caretons, v. Adam. Liedekerke (Belgique, Brabant, Asse), v. Ibert. Liedvinus, Lietduinius, v. Léduin. Liéramont (Somme, Péronne, Péronne), v. Godefroi. Lietaldus de Biez : 20, 33. Lietbert, Lietbertus, – ab. de Marchiennes (1136-démission en 1141) : 40, 43. – [Le Blond], chancelier épiscopal de Tournai et chantre (1146-1179 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 9) : 66, 85, 94. – [de Bailleul], doy. du chap. cath. de Tournai (1168-1176 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 8) : 85, 94. – [de Bailleul], prév. du chap. cath. de Tournai (1145-1168 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 8) : 66. – de Rieulay, cité en 1186 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 246) : 104, 112. – de Saméon, cité jusqu’en 1192 (H. Platelle, Le temporel, p. 195) : 94, 113. Ligny-le-Petit, hameau de Lorgies : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Liheralmont, v. Liéramont. Li Kokine, v. Mathilde. Lille (Nord, ch.l.) : 22, 24, 31, 32, 33, 46, 50, 78, 82, 83, 87, 91, 111, 120, 124. – châtelain, v. Hugues, Jean, Roger. – collégiale St-Pierre. – chan., v. Louis. – doy., v. Baudouin. – prév., v. Didier. – paroisse St-Étienne, curé, v. Guibert. – paroisse St-Maurice, curé, v. Bérenger. – prév., v. Alard, Robert. Li Pelee, v. Marie. Lis, v. Viesly. Lisiard, Lisiardus, doy. de Bucy : 92, 93.

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Liskerka, v. Liedekerke. Liticus, litigus, v. Leticus. Li Trappes, v. Nicolas. Lo (Belgique, Flandre-Occidentale, Roesbrugge-Haringe). – prévôté St-Pierre : 39. – prév., v. Gérard. Lobbes, Lobiensis (Belgique, Hainaut, Thuin), – abb. St-Pierre (OSB). – ab., v. Franco, Lambert. Lochris, Locris, v. Lokeren. Loeuilly (Somme, Amiens, Ailly-sur-Noye), v. Alard. Loiensis, v. Lo. Lokeren (Belgique, Flandre-Orientale), v. Gautier. Lomme (Nord, Lille, Lomme), v. Hugues. Longus, v. B. Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais, Lens, Wingles), v. Hubert. Lorcium, v. Lourches. Lorgies, Lorgias, Lorgiis (Pas-de-Calais, Béthune, Douvrin) : 9, 13, 17, 20, 21, 22, 24, 33, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Lothaire, Lotharius, – card.-diacre des SS-Serge-et-Bacchus (1190-1198 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 101-104) : 120. – roi des Francs (955-986) : 5, 9 ; v. aussi Clotaire. Lothes, v. Loos. Louis, – chan. de Lille : 81. – [VI], roi de France (1108-1er août 1137) : 32. – [VII], roi de France (1er août 1137-18 sept. 1180 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 42, 71, 99, 100. – de Fresnes : 101. Lourches (Nord, Valenciennes, Denain) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Lucas, archid. d’Arras (1142-1155 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 509) : 48, 58. Lucius [III], pape (1er sept. 1181-25 nov. 1185) : 111, 120. Ludovicus, v. Louis. Lulli, v. Loeuilly. Lurcium, Lurgium, v. Lourches. Luxembourg, Lussemburgensis, v. Ogiva, comtesse. Lysel, faubourg de St-Omer, v. Baudoin, Wenemar. Magny[-La-Fosse], Maigni (Aisne, St-Quentin, Bohain-en-Vermandois), v. Simon. Mainbodo, chevalier de l’avoué : 8. Malbold, Malbaldus, Malboldus, ab. de St-Amand (1018-28 avr. 1062 ; H. Platelle, Le temporel, p. 122-123) : 8, 9, 31. Malcicort, v. Monchecourt. Maldegaire, Maldegarius (Vincent-Maldegaire), fondateur d’Hautmont : 1.

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Mâlines, v. Eustache. Malsrois, v. Robert. Malus, v. R. Manachin : 6. Mansum Carraus, v. Carreu. Maraduis, Maradus, v. Gautier. Marcegnes, Marcenae, Marceniensis, Marcenies, Marceniis, Marceninis, Marcianensis, Marcianis, Marcienes, Marcineis, Marcinensis, v. Marchiennes. Marceta, Marcheta, v. Marquette. Marchais, v. Marquaix. Marchiennes, Marchenis, Marchianensis, Marchienes (Nord, Douai, Sin-le-Noble), passim. – abb. St-Pierre (OSB). – ab., v. Alard, Albéric, Amand, Enguerran, Étienne, Fulcard, Henri, Hugues, Jean, Jonat, Judith, Léduin, Lietbert, Richard. – armarius, v. Nicolas. – avoué, v. Amauri, Étienne, Rainier. – camérier, v. Jean. – cellérier, v. Baudouin, Gautier, Roger. – chasé, v. Badulfus, Bernard, Gautier, Olbaldus dit Ferein, Rohard. – convers, v. Jean. – moine, v. Alard, André, Arnoul, Baudouin, Bernard, Daniel, Enguerran, Enguerran de Gouy, Étienne, Galbert, Gautier, Gautier Cassanus, Gautier de Flandre, Hermerus, Hugues, Jean, Jean Calvus, Joscelin, Mathieu, Nicolas, Pierre, Robert, Rohard, Simon. – prév., v. Baudouin, Gerulfus, Hugues, Roger. – prieur, v. André. – sous-prieur, v. Fulpaldus, Hugues. – tiers-prieur, v. Hugues. – échevin, v. Amauri Calderon, Arnoul, Godefroi, Hugues du Pontoit, Robert, Robert Gallus, Soibrandus. – lieu-dit, v. Bellosa rascia, Bilhem, Busch, Elpret, Faux, Felcheria, Fornels, Fulchonis pratum, Gillaufait, Mohies, Pratum, Theoderici mansum, Vuasconis curva. – maire, v. Amauri. – villicus, v. Albert, Gautier, Rainier. – v. Adalbald, Eusébie, Rictrude. Marchion, v. Marquion. Marguerite, Margareta, fille d’Amand de Denain ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. Mari, v. Asson. Marie, Maria, – sainte : 121. – Li Pelee : 121. – de Vadis : 121. – ép. d’Évrard de Vregny : 93.

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– ép. de Robert d’Oisy : 99. Marie-Madeleine (sainte) : 1. Marke, v. Roger. Maroeuil, Marol (Pas-de-Calais, Arras, Arras-1). – abb. Ste-Bertille (ordre d’Arrouaise). – ab., v. Baudouin. Marquaix (Somme, Péronne, Péronne), v. Oilard. Marquette-en-Ostrevant (Nord, Valenciennes, Denain) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Marquion (Pas-de-Calais, Arras, ch.l. c.), v. Anselme. Marsilius, ab. d’Oudenbourg (1145 ?-1154 ? ; MB, 3, p. 61) : 52. Martianensis, Martianis, v. Marchiennes. Martin, Martinus, – saint : 121, 124. – ab. de St-Vaast (après le 26 mai 1155-2 juin 1183 ; GC, t. 3, col. 384 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 67, 70, 77, 79, 84, 97, 98. – notaire comtal : 117. – prév. : 6. Mascelinus, v. Mazelin. Maschelines, v. Mâlines. Masengarba, v. Mazingarbe. Mastaing, Mastageum, Mastangeum, Masten, Mastingeium (Nord, Valenciennes, Denain) : 22, 24, 34, 46, 50, 62, 63, 91, 111, 120. – doy., v. Amauri. – v. Hugues dit le doyen. Mathieu, Matheus, – chan. d’Arras (chap. cath., diacre) : 89. – chan. de Cambrai (chap. cath., s.-diacre) : 54. – chan. de Reims (chap. cath., diacre) : 71. – [d’Alsace], comte de Boulogne (1159-25 juil. 1173 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 73, 74, 82, 83. – doy. du chap. cath. d’Arras (1181-1184 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 516) : 105, 106, 109. – moine de Marchiennes : 93. – procurateur de Gouy : 121. – de Buire, père de Robert Malsrois, cité en 1172/1173 (B.-M. Tock, Chartes de Vaucelles, nos 63, 64) : 115. – fils d’Amand de Denain, cité de 1157 à 1174/1183 ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. Mathilde, Mathildis, – ab. de Bourbourg (citée de 1178 à 1189 ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Bourbourg, nos 71 et 74 ; J. Ramackers, Papsturkunden in den Niederlanden, nos 310 et 311 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 30/15) : 102. – comtesse de Flandre (1183-6 mars 1218 ; SV, p. 393), ép. de Philippe d’Alsace : 117, 123. – ép. de Baudouin : 99. – [de Termonde], ép. de Guillaume de Béthune, morte le 14 avril 1224 (E. Warlop, De Vlaamse Adel, nos 20/18 et 56/13) : 117, 123.

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– Li Kokine : 121. Mauritania, v. Mortagne. Mazelin, Mazelinus, – chan. de Cambrai (chap. cath.) : 16, 18. – doy. de chrétienté d’Arras (1097-1099/1115, B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 1, 21) : 13. Mazingarbe (Pas-de-Calais, Lens, Bully-les-Mines) : 9, 13, 22, 24, 26, 32, 46, 50, 75, 76, 79, 80, 89, 91, 95, 111, 120. Medenentinse, pagus, v. Mélantois. Meilin : 41. Meinsendis, fille de Jean d’Hailly : 104. Mélantois, Melentois, pagus : 4, 22, 24, 46, 50, 91, 95. Melcicort, v. Monchecourt. Melle Castel, v. Mercatel. Menricurt, v. Méricourt. Mercatel (Pas-de-Calais, Arras, Arras-3), v. B. Méricourt (Pas-de-Calais, Arras, Avion) : 22, 72, 77, 91, 111, 120. Messines, Mescinis (Belgique, Flandre-Occidentale, Ypres), v. Gérard. Meta sancte Rictrudis, borne, ancien lieu-dit au nord de La Bassée : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Michel, Michaelis, – châtelain de Douai (1161-1187/1195 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 61/7) : 73, 74, 95, 103. – connétable : 3. – [II de Harnes], connétable de Flandre (1157-1195 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, nos 87/4 et 103/4) : 82, 83, 86, 87, 95, 100, 103. – échevin de Saudemont : 121. Mictura, v. Anselme. Milon, Milo, – archid. de Thérouanne (1133-1159 ; év. de 1159 à 1169 ; SV, p. 306) : 39, 41, 47, 52. – [Ier], év. de Thérouanne (1130-1158 ; SV, p. 306) : 39, 41, 42, 43, 47, 52. Missy[-sur-Aisne] Minci (Aisne, Soissons, Fère-en-Tardenois) : 92. Mohies, v. Mouy. Moislains, Moileins (Somme, Péronne, Péronne), v. Pierre. Monchecourt (Nord, Douai, Aniche), v. Jean. Mons Sancti Eligii, v. Mont-St-Éloi. Mont-Cassin, Monte Casinum : 24. Montenescourt (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Laviulus. Montigny[-en-Ostrevent], Monteni, Montenni (Nord, Douai, Aniche), v. Garnier, Robert. Montinocurte, v. Montenescourt. Mont-St-Éloi, (Pas-de-Calais, Arras, Arras-1), – abb. St-Vindicien (OSA) : 1. – ab., v. Eustache, Jean, Raoul, Richard. – chan., v. Thierry.

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– doy., v. Sawalon. – prieuré, v. Aubigny. Morant, v. Guillaume. Morel, v. Hugues. Moretagne, v. Mortagne. Morinensis, v. Thérouanne. Mortagne (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux) : 65, 66, 111, 120 ; v. Gautier, Robodon. Morte-eau, Mortua aqua, lieu-dit à Beuvry : 40, 52. Mouchin (Nord, Lille, Templeuve), v. Gérard. Mouretanis, v. Mortagne. Mouy, lieu-dit à Marchiennes : 9, 85, 87, 91, 94. Movinus : 40 Muscin, v. Mouchin. Namur, Namucensis, v. Baudouin V, comte de Hainaut. Nangy, Nantgiacum, localité disparue dépendant d’Haisnes : 4. Neuve-Chapelle, v. Bakelrot. Neuville[-St-Vaast] (Pas-de-Calais, Arras, Arras-1), v. B., Eustache. Neuvireuil (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 22, 77, 91, 97, 111, 120. Nevel, Nevels (Belgique, Flandre-Orientale, Gand), v. Adam. Nice, v. Aniche. Nicolas, Nicholaus, Nicolaus, – archid. de Reims (1115-1127 ; P. Demouy, Genèse, p. 660) : 28. – armarius de Marchiennes : 112. – card.-prêtre de Ste-Marie in Cosmedin (1191-1200 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 97-98) : 120. – de Hondegem, chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1178 à 1174/1183 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 175, 195) : 105, 106. – chan. de Boulogne : 39. – doy. du chap. cath. d’Arras (1138-26 juin 1171 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 516) : 48, 58, 79, 89. – [de Chièvres], év. de Cambrai (mars 1136-1er juil. 1167 ; SV, p. 264) : 42, 54. – moine de Marchiennes (s.-diacre) : 84. – prêtre de Fenain : 108. – trésorier de St-Amé de Douai : 108. – de Bonancis : 81. – de Castellum : 106, 109. – d’Hendecourt : 67. – de Letlieu, cité en 1167 (ADN, 12 H 2, fol. 81ro, no 102) et 1168 et 1174 (Ch. Duvivier, Actes et documents, 1, p. 79-80 et Actes, 2, no 41) ; Arnoul de Letlieu, son fils (?) est cité à partir de 1190 (A. D’Herbomez, Les châtelains, no 17) : 85, 87, 94, 113. – Li Arsii : 121. – Li Trappes : 121. – [IV] de Rumigny, mort en 1206 : 101.

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– fils de Rainier : 113. Nigella, v. Noyelles. Niger, v. Heldiardis, Robert. Nivelon [de Quierzy], Nivelo, archid. de Soissons puis év. de Soissons (9 août 1176-13 sept. 1207 ; GC, t. 9, col. 361-364) : 93. Noella, v. Noyelles. Nogent-sous-Coucy (Aisne, Laon, Vic-sur-Aisne), ab., v. Jean. Noradin, v. Henri. Novavillula, Novevillula, v. Neuville, Neuvireuil. Noviant, v. Nogent. Novillula, v. Neuville, Neuvireuil. Noviomensis, Noviomum, v. Noyon. Novirelle, v. Neuvireuil. Noyelles[-sous-Bellone] (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 8, 32, 82, 83 ; v. Baudouin. Noyon (Oise, Compiègne, ch.l. c.) : 2, 59. – abb. St-Barthélemi (OSA). – ab., v. Absalon. – chancelier épiscopal, v. Hugues de Roye. – chap. cath. : – chan., v. Drogon, Galbert, Rainier, Raoul. – châtelain, v. Gui. – év., v. Baudouin, Gilbert, Simon. – v. Tournai. Numana (Italie, Marche, Ancône ; ville disparue dont l’évêché a été uni à celui d’Ancône en 1422) : 111. Oberchicurte, Obercicurt, v. Auberchicourt. Obstrevannum, v. Ostrevant, Ostrevent. Octavien, Octavianus, – card.-diacre de St-Nicolas in carcere (1138-1151 ; pape Victor IV ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 45) : 50. – card.-év. d’Ostie (1189-1206 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 80-83) : 120. Oda, – de Warlaing : 64, 103. – soeur de Robert : 99. Odenghim, Odinghim, v. Ooigen. Odon, Oddo, Odo : 41. – ab. de St-Remi (1118-10 juin 1151 ; GC, t. 9, col. 233) : 28. – card.-diacre de St-Georges-au-voile d’or (1132-1162 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 45) : 50. – écolâtre de St-Omer : 47. – prév. du chap. d’Arras (1097-21 oct. 1123 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 514) : 13, 17, 20, 23. – de Atrium : 93.

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– d’Auchy : 35. – dit Pes Lupi : 32. – fils de Lancelin de Ham : 61. Oger, Ogerus, – ab. de St-Médard-St-Nicolas des Prés (1126-1140, démission ; MB, 1, p. 429-430) : 37. – chevalier : 8. – Vuireis : 56. Ogiva, – fille d’Amand de Denain ( J.-P. Gerzaguet, Denain, p. 127) : 62, 63. – mère de Baudouin V (morte le 21 fév. 1030 ; SV, p. 391) : 9, 10. Oilard, Oilardus, – doy. du chap. cath. de Cambrai (1119-1133 ; Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, nos 107 bis, 115 ter, et Actes, 1, p. 113, 152, 268, 314) : 16. – de Marquaix : 115. Oisy[-le-Verger] (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume). – chapelain des sires, v. Gautier. – seigneur et famille, v. Gilles, Hugues, Jean Papelart, Simon. – v. Robert. Olbaldus dit Ferein, chasé de l’ab. de Marchiennes : 34. Olivier [de Mortagne], chan. de Tournai (chap. cath., s.-diacre) (1158-1190 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 184) : 85. Ooigen (Belgique, Flandre-Orientale, Alost), v. Gossuin. Oppy (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 22, 77, 81, 91, 97, 111, 120. Orca, v. orcq. Orchies, Orciensium (Nord, Douai, ch.l. c.) : 91 ; maire, v. Thibaud. Orcq, Orke (Belgique, Hainaut, Tournai) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Orville, Orvilla (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Baudouin. Osgi, v. Oisy. Ostrevant, Ostrevent, Ostrebanum, Ostrebannum, Ostrevandensis, Ostrevantensis, pagus entre la Scarpe et l’Escaut : 3, 4, 10, 11, 12, 13, 19, 21, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 100, 101, 106, 109, 111, 120. – comte, v. Anselme le Barbu, Anselme de Ribemont. – sénéchal, v. Adam. Otbert, Otbertus, persona de Waudrez : 16. Oudenbourg (Belgique, Flandre-Orientale, Gistel). – abb. St-Pierre (OSB). – ab., v. Marsilius. Ouvert, Over, Overt, lieu-dit à Givenchy-lès-La-Bassée : 6, 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Oysy, v. Oisy. Pabula, Pabulensis, Pabulinsis, v. Pévèle. Païen, Paganus, – d’Aubigny : 68, 69. – de Pévèle : 84. Palluel (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), v. Alard.

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Pandulfus, card.-prêtre des Douze-Apôtres (1183-vers 1210 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 79-80) : 111, 120. Panetarius, v. H. Papelart, Papetlart, v. Jean, Simon, Thomas. Paris, Parisiis : 3. Parvin, Parvinus, ab. du St-Sépulcre de Cambrai (1128-23 oct. 1166 ; GC, t. 3, col. 120) : 54. Parvum Lemnium, Parvum Lennum, v. Ligny-le-Petit. Pascal [II], Paschalis, pape (19 août 1099-21 janv. 1118) : 25. Pas[-en-Artois] (Pas-de-Calais, Arras, ch.l. c.), v. Anselme. Paul, Paulus, saint : 1, 13, 18, 21, 80. Pelerin, v. Jean. Pelet, v. Herbert. Pelices, v. Prisches. Péronne, Perona, Peronnis (Somme, ch.l. ar.) : 53, 59, 115 ; v. Ansbert, doy. de chrétienté. Péronne-en-Mélantois, Peronna, Peronnis (Nord, Lille, Templeuve) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Pes Lupi, v. Odon. Pessimus, v. Guillaume. Petrosam Beccam, l. n. i. ; A. Le Glay propose Piètre, lieu-dit à Ennetières (Nord, Lille, Lille-6) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Peule, v. Pévèle. Peumières, râche (marais), lieu-dit à Vred : 9, 37, 95. Pévèle, pagus entre la Marque et la Scarpe : 4, 9, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 105, 111, 113, 120. Philippe, Philippus, – archid. de Thérouanne (1133-1166 ; O. Bled, Regestes, p. 15-16) : 39, 41, 47, 52. – chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1167 à 1190 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 153, 222) : 109. – [d’Alsace], comte (17 janv. 1168-1er juin 1191, co-régent de Flandre à partir du 12 mai 1157 ; NBW, t. 4, c. 290-329 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 56, 57, 58, 70, 73, 74, 78, 82, 83, 86, 87, 95, 96, 99, 100, 101, 103, 105, 123. – [Ier], roi de France (1059-29/30 juil. 1108) : 11. Pied d’Argent, v. Évrard. Pierre, Petrus, – saint : 1, 12, 13, 18, 21, 45, 50, 80, 91, 111, 120. – de Bono, card.-diacre de Ste-Marie in Aquiro (1166-1173 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 65) : 91. – card.-diacre de Ste-Marie in via lata (5 mai 1145-3 juin 1147 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 56) : 50. – card.-diacre de Ste-Marie in via lata (1193-1200 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 117-124) : 120. – card.-év. de Porto (1191-1212 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 95-96) : 120. – card.-prêtre de St-Laurent in Damase (1188-1190 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 77) : 91. – Diana, card.-prêtre de Ste-Cécile (1188-1208 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 83-85) : 120.

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in d e x de s c h art e s

– de Léon, card.-prêtre [de Ste-Marie au Transtévère] (1113-1130 ; futur pape Anaclet II (T. Schieffer, Die päpstlichen Legaten, p. 217, no 29) : 30. – card.-prêtre des SS-Nérée-et-Achille (personnage qui n’existe pas) : 24. – chan. d’Arras (chap. cath.) : 13. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1160 à 1181 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 126, 179) : 67, 89. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 13, 20. – de Béthune, chan. d’Arras (chap. cath., prêtre) attesté de 1157 à 1171 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 117, 160) : 72. – chan. de Reims (chap. cath.) : 55, 71. – év. de Senlis (1134-8 avr. 1151 ; P. B. Gams, Series, p. 628) : 42. – moine de Marchiennes : 23, 116. – prév. du chap. d’Arras (1127-1146 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 514) : 34, 37, 38, 48. – prieur de Vicoigne, attesté de 1153 à 1163 ( J. Gennevoise, Vicoigne, 1, p. 228 et ici) : 74. – de St-Omer, sénéchal attesté de 1127 à 1144 (E. Warlop, De Vlaamse Adel, 1, p. 291) : 47. – de Bailleul : 84. – Canis : 99. – Delaing : 121. – de Douai (1183-1221), fils du châtelain Gautier II (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 61/9) : 105, 117. – de Moislains : 115. – de Ploisy, avoué de Carreu : 92. – frère de Roscela : 101, 106. Pieton, v. Raoul. Planches, lieu-dit à Wandignies-Hamages : 9, 91. Ploisy, Ploisi (Aisne, Soissons, Soissons-2), v. Pierre. Poeke (Belgique, Flandre-Orientale, Gand), v. Foulque. Pomeries rascia, v. Peumières. Pommereau (Nord, Annoeullin, Aubers, hameau) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Pont, v. Engelbertus. Ponthieu, archid., v. Enguerran d’Heilly. Ponthion (Marne, Vitry-le-François, Sermaize-les-Bains) : 4. Ponticulum, v. Pontoit (Le). Pontione, v. Ponthion. Pontoit (Le) (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux), v. Hugues. Poperinge (Belgique, Flandre-Occidentale, Ypres), v. Reningelst. Porte, v. Riceldis. Prat, v. Baudouin. Pratea, Pratum, Pratum de parco, v. Elpret. Préneste, Prenestra (Italie, prov. Rome) ; év., v. Conon. Prisches, forêt à Battignies-lez-Binche : 22, 24, 46, 50, 54, 91. Prouvy (Nord, Valenciennes, Aulnoy-les-Valenciennes), v. Amand. Pucks, v. Poeke. Quiéry[-la-Motte] (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 88, 91, 111, 120.

i nd e x d e s chart e s

Quiévrain (Belgique, Hainaut, Mons), v. Gaucher, Hauwellus. R., – habitant de Boiry : 116. – Faber, habitant de Boiry : 116. – Malus, vicinus : 116. Râches (Nord, Douai, Orchies), v. Gautier, Guillaume. Radullus, Radulphus, v. Raoul. Raginerus, villicus : 11. Rainaldus, v. Renaud. Rainart : 6. Rainbaldus : 121. Rainelmus, camérier de St-Vaast : 84. Rainerus, v. Rainier. Raingar : 6. Raingardus : 6. Raingart : 6. Raingotus de Reninge : 39. Rainier, Rainerus, – chan. de Noyon : 59. – [de St-Piat], chan. de Tournai (chap. cath., diacre) (1145-1182 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 168) : 85. – de Landas, avoué de Marchiennes (… 1195-1200…), fils d’Étienne (voir annexe 2) : 82, 83, 101, 106, 113. – de Thiant : 63. – de Trith (participe à la 4e croisade ; J. Longnon, Les compagnons, p. 150-152) : 101, 112. – maire de Beuvry : 23, 113. – prieur de Ham : 61. – villicus de Marchiennes : 85, 87, 101, 106. – Cretins : 101, 106. – Crettins/Crettuns : 62, 63. – fils d’Étienne de Lambres : 94. – fils d’Étienne et Gertrude : 100, 101. – frère d’Étienne d’Auberchicourt-Bruille : 100, 101, 106. – frère de Godinus de Hordain : 19. – frère de Thierry de Wallers ; cité de 1157 à 1169 (ici et Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 127-127 ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, no 29) : 62, 63. Rainoldus, frère de Durandus : 6. Rambertus, Rembertus : 41. Raoul, – ab. du Mont-St-Éloi (1154-8 mars 1164 ; O. Barubé, p. 201) : 67. – le Vert, archev. de Reims (1106-23 juil. 1124 ; P. Demouy, Genèse, p. 619-621) : 25, 27, 28. – archid. d’Anvers (vers 1145/1147-1161 ; Anvers, AE, cartulaire St-Michel, p. 16-17 ; J.P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 112) : 54.

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in d e x de s c h art e s

– archid. d’Arras ou d’Ostrevent (1175-1204 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 512) : 102, 105, 106, 109. – archid. de Cambrai (1093-1126 ; E. Van Mingroot, « Een decennium », p. 726) : 16. – chan. d’Arras (chap. cath.) : 13. – d’Aire, chan. d’Arras (chap. cath.), cité de 1170 à 1190 ( J.-P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 152 et B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 222) : 105. – chan. de Cambrai (chap. cath.) : 16. – chan. de Noyon : 59. – châtelain de Bruges (1134/1153-1150/1157 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 39/33) : 57. – châtelain de Gand (1031/1034-1052 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 1/3) : 8, 9, 10. – châtelain de Tournai (1038-1066 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 59/2) : 8, 9, 10, 31. – comte de Vermandois (1117-14 oct. 1152), sénéchal de France (1131-1152 ; A. Luchaire, Études, p. 44-46) : 53, 59, 95, 111, 120. – doy. du chap. cath. d’Amiens (1140-1178 ; W. M. Newman, Le personnel, nos 23, 26, 29, 32, 34, 38, 41, 43, 44) : 88. – doy. de chrétienté, attesté de 1098 à 1099/1115 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 6, 21) : 13. – prêtre : 61. – prêtre de Vregny : 92, 93. – de Haverskerque (E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 106) : 10. – de Pieton, chevalier : 61. Rascia, v. Râches. Raso, Rasso, v. Razo. Ravina vallis, lieu-dit à Saudemont : 90. Ravinel, lieu-dit au Castelet ; v. Jean d’Hailly. Razo, – de Gavre (1034-1067 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 86/1) : 10. – [II] de Gavre (1114-21 mai 1149 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 86/5) : 38. – [IV] de Gavre (1156-1190 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 86/8) : 87, 100, 117. Rectrudis, v. Rictrudis. Reims (Marne, ch.l. ar.) : 42, 47, 71. – abb. St-Denis (OSA). – ab., v. Ursio. – abb. St-Nicaise (OSB). – ab., v. Jorannus. – archevêque : 23 ; v. Adalbéron, Henri, Raoul, Samson. – archid., v. Barthélemi, Boson, Guillaume, Hugues, Nicolas. – chancelier archiépisc., v. Drogon, Robert. – chap. cath. : – chan., v. Erlaudus, Étienne, Henri, Herlondus, Herluinus, Letoldus, Mathieu, Pierre, Roger, Segard, Thomas. – chantre, v. Grégoire. – doy., v. Léon. – prév., v. Drogon. – province : 15.

i nd e x d e s chart e s

Reinenga, v. Reninge. Reingotus de Gand : 10. Remelgies, v. Rumegies. Remi, Remigius, – saint : 15, 17, 102, 104, 112, 116, 121. – d’Estrées : 115. Remis, v. Reims. Renaud, Renaldus, Renoldus, – ab. de Ham (1143-1155/1160 ; GC, t. 10, col. 1122) : 61. – d’Aire (1150/1157-1203 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 164 ; note 7) : 95, 100. – de Cappy : 115. Reninge, Renega, Renenge, Renenges (Belgique, Flandre-Occidentale, Dixmude) : 9, 22, 24, 25, 30, 36, 38, 39, 41, 42, 43, 46, 47, 50, 55, 70, 71, 78, 91, 95, 111, 117, 120, 123 ; v. Gérard, Jean, Raingotus, Thierry. Reningelst, Renengeles, (Belgique, Flandre-Occidentale, Poperinge), v. Lambert. Ribemont (Aisne, St-Quentin, ch.l. c.), v. Anselme, Godefroi de Bouchain. Ricardus, v. Richard. Riceldis, – de Porte : 121. – del Wakies : 121. Richard, Richardus, Richarius : 6 – ab. de Marchiennes (31 déc. 1091-29 août 1102) : 12, 23. – [Ier] de Wattrelos, ab. du Mont-St-Éloi (1108-15 mars 1130 ; O. Barubé, L’abbaye, p. 212) : 17, 23. – ab. de St-Riquier (1191-1206/1207 ; GC, t. 10, col. 1255) : 119. – [d’Albano], card.-légat (1101-1111, mort vers 1114 ; S. Weiss, Die Urkunden, p. 45-57) : 15. – de Gerberoy, chan. d’Amiens (chap. cath.) : 88. Richer, Richerus, de Roelvilla : 68, 69. Richildis, comtesse de Hainaut (1071-18 mars 1086 ; SV, p. 365) : 11. Richoardus, Ricoardus, v. Richard. Rictrude, Rictrudis, Ritrudis, fondatrice de Marchiennes : 1, 3, 4, 5, 6, 8, 9, 11, 14, 17, 19, 20, 22, 23, 24, 26, 29, 31, 32, 33, 36, 37, 39, 46, 50, 56, 57, 58, 64, 70, 72, 73, 74, 77, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 90, 91, 95, 98, 99, 103, 105, 111, 112, 113, 115, 119, 120, 121. Rieulay (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 4, 9, 37, 95 ; v. Lietbert. Rinenga, Rinengies, Rinengis, Rininga, v. Reninge. Rinengeles, Rithnengella, Rithnengellis, v. Reningelst. Rithnengas, Rithnengis, v. Reninge. Robert, Robertus : 6, 41, 99, 101. – [II], ab. de St-Léger de Soissons (…1174-1178…) (B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, no 154) : 92. – archid. d’Arras (idem que suivant) : 38. – archid. d’Ostrevent (1119-1141/1142 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 511 et B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 68) : 13, 17, 18, 20, 21, 23, 26, 34, 37. – [de Lille], archid. de Tournai (1114-1138 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 24) : 40.

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in d e x de s c h art e s

– armarius de St-Vaast : 84. – [II de Béthune], avoué de St-Vaast (1033-1067 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 20/2) : 8, 9, 10. – [IV de Béthune], avoué de St-Vaast (1090-1128 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 20/5) : 31, 32, 33. – [V de Béthune], avoué de St-Vaast (1145-1191 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 20/11) : 70, 78, 82, 83, 87, 95. – card.-prêtre et chancelier (1145-1146 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 52) : 50. – [Gigans], chancelier d’Amiens (1160-1192 ; W. M. Newman, Le personnel, p. 19) : 88. – chancelier de Reims (…1150-1165… ; P. Demouy, Genèse, p. 668) : 55, 71. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 13, 17, 34, 62. – d’Aire, chan. d’Arras (chap. cath.) : 106. – chan. d’Aubigny : 67. – chan. de Cambrai (chap. cath., s.-diacre) : 54. – chantre du chap. cath. de Cambrai (1111-1139 ; M. Courtois, Chartes, p. 196 ; B.M. Tock, Monumenta Arroasiensia, no 25) : 16. – clerc du comte de Flandre, attesté en 1180/1182 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Filips, no 572) : 103. – [II], comte de Flandre (1087-1er/2 oct. 1111 ; L. Vanderkindere, La formation, 1, p. 302303 ; SV, p. 392 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 100. – échevin de Marchiennes : 99. – Gallus, échevin de Marchiennes : 105, 113. – év. d’Arras (mai-juin 1115-22 avr. 1131 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 17, 18, 20, 21, 23, 26, 34, 37, 48, 49. – magister : 13. – moine de Marchiennes (s.-diacre) : 84. – prév. : 35. – prév. d’Aire (1157-assassiné le 5 oct. 1174 ; NBW, t. 4, c. 697-706) : 82, 83. – prév. de Bruges : 86. – prév. de Lille : 95. – prieur de Doingt (attesté en 1194 ; B.-M. Tock, Monumenta Arroasiensia, no 219) : 115. – [II], roi de France (24 oct. 996-20 juil. 1031) : 8, 31, 82. – d’Aisonville (1133-1170) (conseiller de Baudouin IV : ADN, 59 H 3/26 ; Ch. Duvivier, Actes et documents, 1, p. 207) : 63. – d’Aubigny : 79. – d’Awoingt : 10. – Bailleul, chevalier : 86. – Bajulus, v. li Bailes. – de Barleux : 115. – Covisels : 85, 87. – d’Erchin : 117. – Fercons : 68, 69. – de Fossa : 10. – de Fouquières : 77.

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– de Gondecourt (1163-1177 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 226 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 92) : 83. – d’Ivergny : 56. – [de Jemappes] (1172-1182/1184) : 101, 106. – de Landas, fils d’Amauri III (cf. annexe 2) : 82, 83, 87, 94. – li Bailes, v. Robert de Jemappes. – Malsrois : 115. – de Montigny (1157-1173 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 119 et J.P. Gerzaguet, Chartes d’Anchin, no 174) : 62, 63. – de Montigny (1168-1195), fils du précédent (F. Brassart, t. 3, Châtellenie de Douai, no 48, p. 66-67, et no 83, p. 130-131) : 100, 101, 106. – Niger : 62, 63, 108. – d’Oisy : 99. – de Roubaix : 10. – ép. de Gilla : 99. – fils de Baudouin V, futur comte de Flandre (1071-mort le 3 oct. 1093 ; L. Vanderkindere, La formation, 1, p. 301-302 ; SV, p. 365) : 9. – neveu du comte de St-Pol et fils d’Agelina et d’Anselme de Houdain (1145-1169 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 83 et J.-F. Nieus, Un pouvoir comtal, p. 142) : 56, 58, 86. Robodon, garde du château de Mortagne : 65. Roclincourt, Rochelencurt (Pas-de-Calais, Arras, Arras-1), v. Bernard, Hugues. Rodéric, Rodericus, ab. de St-Bertin (1021-29 juillet 1042) : 8, 31. Rodulfus, v. Raoul. Roelvilla, l. n. i. (M. Gysseling, Toponymisch woordenboek, p. 852), v. Richer. Roeulx (Le) (Belgique, Hainaut, Soignies), v. Eustache, Hugues, Jacques. Roger, Rogerus, – cellérier de Marchiennes : 112. – chancelier : 3. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1101 à 1117 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 8, 25) : 13. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1103 à 1113 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 9, 20) : 13. – [de Porte-Chacre], chan. de Reims (chap. cath., s.-diacre), attesté à partir de 1148 (P. Demouy, Genèse, p. 666) : 55. – chapelain épiscopal de Tournai : 94. – châtelain de Courtrai (1128/1133-1190 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 124/9) : 73, 74, 78, 82, 83, 87, 100. – châtelain de Lille (1096-1130 ; E Warlop, De Vlaamse Adel, no 183/2) : 17, 20, 31, 32, 33. – comte de St-Pol (1024-1067 ; J.-F. Nieus, Un pouvoir comtal, p. 43-55) : 8, 9, 31, 32. – [de Wavrin], év. de Cambrai (1177-1191 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 227/8) : 99. – prév. du chap. cath. d’Arras (1160-15 sept. 1187 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 514) : 67, 77, 79, 89, 105, 106, 109. – prév. de Bruges (1127-14 janv. 1157 ; Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, p. LIV-LV) : 57.

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in d e x de s c h art e s

– prév. de Marchiennes : 116. – [de Wavrin], sénéchal de Flandre (1139-1168 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 228/4) : 57, 70, 73, 74, 78, 82, 83. – de Beveren (inconnu d’ E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 22) : 10. – de Cysoing/Landas (1149-1169 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 60/9) : 40, 52, 73, 74, 78, 82, 83. – de Marke : 123. – de Rumes (1159-1176 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 193/3) : 78. – fils du châtelain de Courtrai Roger et futur Roger II (1163-mort av. 1198 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 124/12) : 78. – frère d’Hugues de Labroye : 81. Rohard, Rohardus, – chasé de l’ab. de Marchiennes : 34. – moine de Marchiennes : 23, 84. – d’Abscon : 112, 113. Roiensis, v. Roye. Roisel, Roisest (Somme, Péronne, ch.l. c.) : 115. Roisin (Belgique, Hainaut, Mons), v. Baudri. Roland, Rollandus, chan. d’Arras, attesté de 1131 à 1163 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 55, 138) : 67. Rollon, camérier : 3. Rome, – camérier, v. Centius (card.). – cardinaux, v. Aimeric, Albinus, Arditio, Bernard, Boson, Centius, Conon, Conrad, Étienne, Fidantius, Gérard, Goizo, Gratien, Grégoire, Gui, Guillaume, Henri, Hubaldus, Hugues, Jean, Jordan, Laborans, Lambert, Lothaire, Nicolas, Octavien, Odon, Pandulfus, Pierre, Richard, Robert, Soffredus, Theodewinus, Theodinus, Thibaud. – chancelier, v. Aimeric, Robert. – chapelain pontifical, v. Baro. – Latran : 22, 44, 46, 120. – notaire, v. Gratien, Hugues. – pape, v. Alexandre, Calixte, Célestin, Eugène, Grégoire, Innocent, Lucius, Pascal, Urbain. – s-diacre, v. Hugues. Ronchin, Roncinium (Nord, Lille, Lille-4) : 4, 9, 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120 ; v. Cherinus. Ronsoi, lieu-dit à Saudemont : 99. Ronssoy (Somme, Péronne, Roisel), v. Lancelin. Roscela, – Judas : 121. – ép. d’Étienne de Bruille : 100, 101, 106. Rosisgin, v. Roisin. Rotbertus, v. Robert. Roubaix (Nord, Lille, ch.l. c.), v. Bernard, Robert. Roye (Somme, Montididier, ch.l. c.), v. Albéric. Rozellus, sénéchal : 3.

i nd e x d e s chart e s

Rozo, v. Razo. Rubaix, v. Roubaix. Rues, Ruet, v. Roeulx. Rulagium, Rullagium, Rulliacum, v. Rieulay. Ruma, v. Rumes. Rumaucourt, Rumaltcurt (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), v. Hugues. Rumcinium, v. Ronchin. Rumegies (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux), v. Gilles. Rumeni, v. Rumigny. Rumes (Belgique, Hainaut, Antoing), v. Guillaume, Roger. Rumigny (Ardennes, Charleville-Mézières, ch.l. c.), v. Nicolas. Rumoldus, ab. de St-Winoc (1031-1068) : 9. Runcinium, v. Ronchin. Runssoi, v. Ronssoy. Rusbais, v. Roubaix. Sagaswalo, v. Sawalon. Sailly-au-Bois (Pas-de-Calais, Arras, Pas, hameau), v. Baudouin. Sailly-en-Ostrevent (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 3, 9, 18, 21, 22, 24, 46, 48, 49, 50, 68, 69, 73, 74, 91, 95, 111, 120. – maire, v. Guillaume. – v. Baudouin. Sains, v. Herbert. St-Amand-les-Eaux (Nord, Valenciennes, ch.l. c.). – abb. (OSB). – ab., v. Absalon, Hugues, Jean, Malbod. – prév. laïque, v. Étienne. – prieur, v. Baudouin. – église St-Martin : 2. – terre de : 40, 52, 95, 105. St-Aubert, v. Cambrai. St-Aubin-lès-Douai (Nord, Douai, Douai), v. Hugues. St-Bavon de Gand, abb., v. Gand. St-Bertin (Pas-de-Calais, St-Omer, ch.l. ar.). – abb. (OSB). – ab., v. Lambert, Léon, Rodéric, Simon. St-Crépin-en-Chaye, v. Soissons. St-Denis de Reims, abb., v. Reims. St-Éloi-Fontaine (Aisne, Laon, Chauny, Commenchon). – abb. N.-D. (OSA), v. Chauny. St-Ghislain (Belgique, Hainaut, Mons). – abb. (OSB). – ab., v. Egericus. St-Léger, v. Soissons. St-Martin de Tournai, v. Tournai.

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in d e x de s c h art e s

St-Nicaise de Reims, abb., v. Reims. St-Nicolas-aux-Bois (Aisne, Laon, La Fère). – abb. (OSB). – ab., v. Hugues. St-Pierre de Gand, v. Gand. St-Pierre de Lille, v. Lille. St-Pol (Pas-de-Calais, Arras, ch.l. c.), – comte et famille, v. Agelina, Anselme, Anselme de Houdain, Enguerran, Robert, Roger. – prêtre, v. Hugues. – prév., v. Baudouin. St-Riquier (Somme, Abbeville, Rue). – abb. (OSB) : 119. – ab., v. Richard. St-Sépulcre, v. Cambrai. St-Vaast, v. Arras. St-Valéry-sur-Somme (Somme, Abbeville, ch.l. c.), v. Bernard. St-Winoc (Nord, Dunkerque, Coudekerque-Branche). – abb. (OSB). – ab., v. Rumold. Salci, v. Sauchy. Sali, Saliacensis, Saliacum, Salli, v. Sailly-en-Ostrevent. Saméon, Samiun (Nord, Douai, Orchies), v. Lietbert, Nicolas de Letlieu ; lieu-dit, v. Letlieu. Samson [de Mauvoisin], Sanson, archev. de Reims (1140-21 sept. 1161 ; P. Demouy, Genèse, p. 624-628) : 42, 43, 55, 60, 71, 77. Sancta Crux, v. Cambrai, Ste-Croix. Sancta Rictrudis, v. Marchiennes. Sanctum Sepulchrum, v. Cambrai, St-Sépulcre. Sanctus Albinus, v. St-Aubin-lès-Douai. Sanctus Amandus, v. St-Amand. Sanctus Aubertus, v. Cambrai, St-Aubert. Sanctus Bartolomeus, v. Noyon, St-Barthélemi. Sanctus Bavo Gandensis, v. Gand, St-Bavon. Sanctus Bertinus, v. St-Bertin. Sanctus Crispinus in Cauca, v. Soissons, St-Crépin-en-Chaye. Sanctus Gislenus, v. St-Ghislain. Sanctus Leodegarius, v. Soissons, St Léger. Sanctus Martinus, v. Tournai, St-Martin. Sanctus Nicolas de Silva, v. St-Nicolas-aux-Bois. Sanctus Paulus, v. St-Pol. Sanctus Petrus, v. Douai, chap. St-Pierre ; v. Gand, abb. St-Pierre. Sanctus Petrus Gandensis, v. Gand, St-Pierre. Sanctus Richarius, v. St-Riquier. Sanctus Vedastus, v. Arras, St-Vaast. Sanctus Walericus, v. St-Valéry.

i nd e x d e s chart e s

Sanctus Winnocus, v. St-Winoc. Sandemont, Sanlemont, v. Saudemont. Sans, v. Sains. Saswalo v. Sawalon. Sauchy[-Cauchie] ou Sauchy[-l’Estrée], Sauci (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), v. Alard, Baudouin, Hugues. Saudemont (Pas-de-Calais, Arras, Brebières) : 22, 24, 46, 50, 84, 91, 95, 99, 111, 120, 121. – échevin, v. Anselme, Gilbert, Michel. – lieu-dit, v. Aez, Binetel, Ravina vallis, Ronsoi, Tillemont, Tribocurt, Waratos alge, Wasced. – moine, v. Simon. – prêtre, v. Hugues. – prév., v. Hugues. – procurateur : Hugues. – St Léger, autel : 99. – villicus, v. Jean. – v. Gautier, Jean. Sawalon, Sawalo, – chan. d’Arras (chap. cath., diacre) : 89. – chan. d’Aubigny : 62. – chevalier : 8. – doy. du Mont-St-Éloi : 18. – de Heis : 84. Scarpe, Scarb, Scarbum, Scarp, Scarpum, rivière : 2, 3, 4, 9, 10, 22, 24, 37, 46, 50, 91, 95, 111, 112, 120. – lieu-dit, v. Ad flumen, Brachiorum locus, Vuasconis curva. Scauden, v. Escaudain. Schaldim, v. Escaut. Scharpa, v. Scarpe. Sclusa, v. Lécluse. Scotam Hervini, l. n. i. : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Sechenies, l. n. i. : 9. Segard, Segardus, – chan. de Reims (chap. cath., s.-diacre) : 71. – de Quincy : 38. Seifridus, ab. de St-Vincent de Laon (1120-27 mars 1129 ; GC, t. 9, col. 577) : 28. Seiherus : 6. Senlis (Oise, ch.l. ar.), év., v. Pierre. Sens, Senonis (Yonne, ch.l. ar.) : 80. Sibilla, v. Sybille. Sigebert [III], roi des Francs (634-656) : 1. Siger, Sigerus, – ab. de St-Pierre de Gand (25 oct. 1138-22 sept. 1159 ; MB, 7, p. 109-110) : 66. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre), magister (écolâtre de 1180 à 1206 ; R. Berger, « Archidiacres », p. 522) : 89, 105, 106, 109.

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in d e x de s c h art e s

– [II], châtelain de Gand (1163-1202 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 87/27) : 117. – de Collehus : 108. – de Lens : 10. – de Zomergem (1157-1190 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 235/6) : 82, 83. Sigo : 35. Silvanectensis, v. Senlis. Simencourt (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Baudouin. Simon, Symon : 62, 63. – saint : 86. – le mage : 18, 21. – ab. de Cysoing (après 7 oct. 1181-1er mars 1183 ; GC, t. 3, col. 157) : 108. – [Ier], ab. de St-Bertin (1131-déposé en 1136 ; mort le 4 fév. 1148 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 40. – chan. d’Arras : 48. – chapelain épiscopal de Tournai : 81, 85. – d’Oisy, châtelain de Cambrai (1135 ?-1170), fils d’Hugues II d’Oisy et d’Hildiarde, ép. d’Ada ; dernière mention en 1169 (M. Peigné-Delacourt, Cartulaire, no 817 et ici) : 57, 68, 69, 73, 74, 86. – év. de Tournai (1123-10 mars 1146 ; J. Pycke, Le chapitre cathédral, p. 327) : 40, 42, 52. – magister, chan. de la cath. de Tournai (1149-1176 ; J. Pycke, Répertoire biogragphique, no 174) : 66. – moine de Marchiennes résidant à Saudemont : 90. – persona de Mazingarbe : 26. – de Lallaing, attesté de 1170 à 1184 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 155 ; Ch. Duvivier, Actes et documents, 2, no 61) : 101, 106. – de Magny : 59. – fils de Gérard de Forêt : 63. – fils de Pierre : 93. Simoncurt, v. Simencourt. Simons, v. Baudouin. Sin-le-Noble, Siniensis (Nord, Douai, ch.l. c.) : 23. Soffredus, card.-diacre de Ste-Marie in via lata (1182-1193) puis de Ste-Praxède (11931208/1210 ; W. Maleczek, Papst und Kardinalskolleg, p. 73-76) : 111, 120. Soibaldi Sclusa, l. n. i. (environs de Péronne ; peut-être Éclusier-Vaux), v. Jean. Soibrandus, échevin de Marchiennes : 105, 113. Soignies (Belgique, Hainaut, ch.l. ar.), abb. : 1. Soissons (Aisne, ch.l. ar.). – abb. St-Crépin-en-Chaye (ordre d’Arrouaise). – ab., v. Thibaud. – abb. St-Léger (OSA). – ab., v. Robert. – abb. St-Médard (OSB). – ab., v. Enguerran. – archid., v. Nivelon. – diocèse : 22, 24, 46, 50, 91, 111.

i nd e x d e s chart e s

– pagus : 120. – vicomte, v. Gui, Hugues. Somain, Somania, Sommania (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 46, 50, 91, 95, 111, 120. Soneias, v. Soignies. Spinetum, v. Épinoy. Spumerel, v. Pommereau. Stabur : 6. Steenwoorde, Steinfort, (Nord, Dunkerque, Wormhout), v. Gui. Stephanus, v. Étienne. Sterpeni, v. Éterpigny. Stul, v. Gautier. Subrenghim, Subrenghin, Subringhiem, Subringhim, v. Zomergem. Suessionensis, v. Soissons. Sybille, Sibilla, comtesse de Flandre (1134-1165 ; SV, p. 392) : 56, 57, 58, 86. Taiencort, v. Tincourt. Tambolt : 6. Tarvanensis, Tarvannensis, Tarvenna, tarvenne, Tavernnae, v. Thérouanne. Templeuve, Templovium, (Nord, Lille, Templeuve) : 4. Teneramunda, Tenremunda, v. Termonde. Teobaldus, v. Thibaut. Teodoricus, v. Thierry. Termonde (Belgique, Flandre-Orientale, Dendermonde) : 117, 123 ; v. Daniel, Gautier, Guillaume, Mathilde. Tervanensis, Tervania, v. Thérouanne. Tetbaldus, v. Theobaldus. Tezo, moine de St-Vaast (s.-diacre) : 84. Thélus (Pas-de-Calais, Arras, Arras-2), v. Hugues. THeobaldus, v. Thibaud. Theoderici mansum (Thierrymez ? lieu-dit de Marchiennes ; v. B. Delmaire, Histoirepolyptyque, p. 148) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Theodericus, v. Thierry. Theodewinus, card.-év. de Porto-Rufine (1134/1135-1151 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 47) : 50. Theodinus, card.-év. de Porto (1179-1186 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 66) : 111. Theodoricus, v. Thierry. Thérouanne (Pas-de-Calais, St-Omer, Fruges) : 28, 29, 36, 41. – abb. St-Jean (OSB). – ab., v. Ingelbertus. – archid., v. Gautier, Herbert, Milon, Philippe. – avoué, v. Arnoul. – chancelier épiscopal, v. Gerbodo. – chapitre cath. : – chan., v. Baudouin. – doy., v. Baudouin, Goscelinus, Herman.

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in d e x de s c h art e s

– doy. (de chrétienté ?), v. Amauri. – év., v. Drogon, Jean, Milon. Thiant, v. Rainier. Thibaud, – [de Vermandois], ab. de Cluny (1180-1183 ; DHGE, t. 13, c. 75-76) : 107. – ab. de St-Crépin-en-Chaye (vers 1177-1197 ; GC, t. 9, col. 465) : 118. – doy. : 116. – card.-év. d’Ostie (1183-1188 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 60 ; précédemment abbé de Cluny ; v. ci-dessus) : 111. – III [Briton], év. d’Amiens (1169-30 avr. 1205 ; P. Desportes, Fasti ecclesiae, no 86, p. 4950) : 88, 102. – maire d’Orchies : 103. – de Bouvignies : 85, 87, 94. – d’Hailly : 35. – frère de Roscela : 101, 106. Thierry : 93. – [de Nesle], archid. de Cambrai et prév. du chap. cath. (1145-1180/1183 ; W. M. Newman, Les seigneurs, t. 1, p. 63, note 17) : 54. – archid. de Condé ou Valenciennes (1096-1140 ; E. Van Mingroot, « Een decennium », p. 726) : 16, 18. – chan. du Mont-St-Éloi, frère de l’évêque Godescalc : 75, 76. – [d’Alsace], comte de Flandre (mars 1128-17 janv. 1168 ; NBW, t. 13, c. 224-242 ; inscrit au nécrologe de Marchiennes) : 38, 57, 58, 64, 70, 71, 73, 74, 78, 82, 83, 86, 103, 117, 123. – prév. de Tournai (1132-1143 ; J. Pycke, Répertoire biographique, no 54) : 40. – d’Hertaing, attesté en 1157 (ici) et 1159 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 124) : 62, 63. – de Reninge (1116-1129 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 183/1) : 30, 78. – de Wallers, attesté de 1138 à 1181 (ADN, 59 H 5/39 ; B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, no 184) ; frère d’Hugues : 62, 63. – fils d’Hugues : 92, 93. – frère d’Amauri IV de Landas (cf. annexe 2) : 85, 87, 94. – frère du vicomte Gui : 92, 93. – gendre d’Évrard de Vregny : 93. – noble : 11. Thomas, – [de Chaudarde], chan. de Reims (chap. cath., prêtre), attesté à partir de 1154 (P. Demouy, Genèse, p. 667) : 71. – [de Salines], chan. de Tournai (chap. cath., diacre), attesté de 1145 à 1186 ( J. Pycke, Répertoire biographique, no 169) : 85. – d’Écourt : 90. – de Gouy : 121. – fils de Mathieu Papelart : 90. Thulin (Belgique, Hainaut, Mons), v. Gossuin. Thun[-St-Amand] (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux), v. Almanus. Tians, v. Thiant.

i nd e x d e s chart e s

Tietbaldus, – de Vermand : 38. – de Vitry, attesté de 1130 à 1135 (Th. De Hemptinne, De oorkonden… Diederik, no 13 et ici) : 38. Tillemont, lieu-dit à Saudemont : 99. Tilloy-lès-Marchiennes, Tilloi, Tilloit, Tiloi (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Tincourt-Boucly (Somme, Péronne, Péronne) : 115 ; v. Grégoire. Tiulut, v. Thélus. Tizelinus de Annequin : 72. Tolloit, v. Tilloy. Tornacensis, Tornachum, Tornacum, v. Tournai. Tortus, v. Herbert. Tournai (Belgique, Hainaut, ch.l. ar.) : 40, 52, 65, 66, 85. – abb. St-Martin (OSB). – ab., v. Gautier, Herman. – moine, v. Gautier de Zomergen, Lambert. – archid., v. Didier, Évrard, Robert. – chancelier épiscopal, v. Hugues, Lietbert. – chapelain épiscopal, v. Roger, Simon. – chap. cath. : – chan., v. Amauri, Gautier, Gossuin, Henri, Heribrand, Lambert, Olivier, Rainier, Simon, Thomas. – chantre, v. Gautier. – doy., v. Gautier, Goterus, Lietbert. – prév., v. Lietbert, Thierry. – châtelain, v. Évrard, Raoul. – doy. de chrétienté, v. Gontier. – év., v. Évrard, Gautier, Gérald, Gilbert, Simon. – magister, v. Simon. – pagus : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. – v. aussi Noyon. Toloppe, v. Hadvidis. Tribocurt, l. n. i. (A. Le Glay propose sans vraisemblance Tréhout, hameau de Vitry-enArtois ; l’association de ce lieu dans les chartes avec Saudemont permet d’envisager un village à proximité aujourd’hui disparu) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Trith[-St-Léger], Trit, (Nord, Valenciennes, Aulnoy-lez-Valenciennes), v. Rainier. Tuin, Tulin, v. Thulin. Tuns, v. Thun. Turre, v. Douai (« vieille tour »). Tusculum (Italie) : 91. Udo, chevalier de l’avoué : 8. Ulmo, v. Lomme. Ulpi, v. Oppy.

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in d e x de s c h art e s

Urbain [II], Urbanus, pape (12 mars 1088-29 juil. 1099) : 12. Ursio, – ab. de St-Denis de Reims (1119-1129 ; év. de Verdun de 1129 à 1131 puis de nouveau abbé de 1131 à 1150 ; GC, t. 9, col. 290-291) : 28. – chevalier de l’avoué : 8. Vaast, saint : 6. Vadis, v. Marie. Valenciennes, Valencianensis, Valentianensis, Valentianis (Nord, ch.l. ar.) : 63, 100, 101. – abb. St-Jean (OSA). – ab., v. Gilbert. – archid., v. Évrard, Thierry. – châtelain, v. Hugues. – comté : 11. – maire, v. Jean. – v. Héribert. Vaulx-Vrancourt (Pas-de-Calais, Arras, Bapaume), lieu-dit, v. Groscassel. Veciere, v. Hugues. Vercellianum, v. Vezelay. Vereit, Veretum, v. Vred. Vereni, v. Vregny. Vermand, Vermant (Aisne, St-Quentin, St-Quentin-1), v. Tietbaldus. Vermandois, – comte, v. Philippe d’Alsace, Raoul. – comté : 111, 117, 120. – comtesse, v. Mathilde. Verni, v. Vregny. Vésignon, Vesinium, hameau de Lewarde : 11, 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Vézelay (Yonne, Avallon, Joux-la-Ville) : 1. Viesly (Nord, Cambrai, Caudry) : 4. Vilaine : 121. Vilers, v. Jean. Villers[-campeau] (Nord, Sin-le-Noble, commune de Somain), v. Anselme. Vincent, v. Maldegaire. Vindicien, év. de Cambrai, mort en 713 (?) : 1. Vinniacum, Viriniacum, v. Vregny. Viromandensis, Viromendia, v. Vermandois. Viterbe (Italie, Latium) : 50. Vitry-en-Artois, Vitri (Pas-de-Calais, Arras, Brebières), v. Tietbaldus. Vitulus, v. Hugues. Voormezele (Belgique, Flandre-Occidentale, Ypres) : 25, 27, 28, 41, 42, 43. Vred (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 9, 37 ; lieu-dit, v. Peumières. Vregny (Aisne, Soissons, Soissons-1) : 4, 22, 24, 46, 50, 51, 53, 59, 91, 111, 120. – lieu-dit, v. Atrium, Carreu.

i nd e x d e s chart e s

– moine, v. G. – prêtre, v. Raoul. – v. Aubericus, Emmelina, Gérard, Laurent, Marie, Thierry. Vualo, v. Walo. Vuarlennium, v. Warlaing. Vuasconis curva, ancien lieu-dit de la Scarpe entre Lallaing et Marchiennes : 9, 22, 24, 37, 46, 50, 91, 95, 111, 120. Vuaslers, v. Wallers. Vuavrim, v. Wavrin. Vuerinus : 6. Vuireis, v. Oger. Vuisegart : 6. Waconis curva, v. Vuasconis curva. Wakies (del), v. Adam, Riceldis. Walandus : 11. Walcherus, v. Gaucher. Waldre, v. Waudrez. Walincourt (Nord, Cambrai, Clary), v. Godefroi. Wallers (Nord, Valenciennes, St-Amand-les-Eaux), v. Hugues, Thierry. Wallincorte, v. Walincourt. Walo, prév. de Bucquoy : 56. Walterus, v. Gautier. Wandignies, Wandegiis, Wandennies (Nord, Douai, Sin-le-Noble, WandigniesHamage) : 22, 24, 46, 50, 91, 95, 111, 120 ; lieu-dit, v. Hiverchies, Planches. Waratos alge, lieu-dit à Saudemont. Waremba : 23. Warinus, v. Garin. Warlaing, Warlain, Warlen, Warlenium, Warlennium (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 3, 7, 37. – seigneur : 9, 95. Warlus, Warluz (Pas-de-Calais, Arras, Avesnes-le-Comte), v. Christofore. Wasced, Wasched, Waschiet, l. n. i. (en Cambrésis, entre Écourt et Saudemont) : 22, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Wasconis curva, v. Vasconis curva. Wasers, Wasirs, v. Waziers. Waskeno, v. Ermena. Wasleirs, Waslers, v. Wallers. Wastina, v. Woesten. Waudrez (Belgique, Hainaut, Mons) : 16 ; v. Otbert. Wavrin, Wavrinium (Nord, Lille, Annoeullin), v. Hellin, Roger. Waziers, Wazers, Wazirs (Nord, Douai, Sin-le-Noble) : 22, 23, 24, 46, 50, 91, 111, 120. Wazo de Biache : 84. Wenemar, Wenemarus, – [II], châtelain de Gand (1114-1135 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, no 87/20) : 38.

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in d e x de s c h art e s

– de Lysel, chevalier, attesté de 1093 à 1129 (F. Vercauteren, Actes, no 13 et ici) : 20, 32. – Wenemar (fossé de) : 33. Wenemerus de Biez : 82, 83. Weppes, Weps, région au sud de Lille entre la Lys, la Deûle et l’Artois : 32. Werembaldus, Werenbaldus, Werinbaldus, – chancelier épiscopal de Cambrai et écolâtre (1100-1148 ; M. Courtois, Chartes, p. 166 ; Ch. Duvivier, Recherches sur le Hainaut, no 121) : 16. – chan. de Cambrai (chap. cath.) : 16. – doy. de St-Amé de Douai, attesté de 1120 à 1123 (B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, nos 30, 37) : 34. Wermundus de Becquincourt : 115. Wernon d’Éterpigny : 115. Wervik, Wervi (Belgique, Flandre-Occidentale, Ypres), v. Guillaume. Wibertus, v. Guibert. Wicardus, ab. de St-Pierre-au-mont-Blandin (1035-1058 ; MB, 7, p. 109) : 8, 31. Wido, v. Gui. Willelmus, v. Guillaume. Willotus, châtelain : 11. Wimannus, v. Guiman. Woesten (Belgique, Flandre-Occidentale, Ypres) : 117, 123. Wulpi, v. Oppy. Ymericorte, Ymericourt, v. Imercourt. Ypres (Belgique, Flandre-Occidentale, ch.l. ar.) : 123. – châtelain, v. Baudouin. – collégiale St-Martin. – prév., v. Helfridus. – v. Guillaume. Ysaac, v. Isaac. Zomergem (Belgique, Flandre-Orientale, Gand), v. Gautier, Siger.

Table des matières

Avant-propos5 Liste des sigles et titres abrégés 11 Bibliographie13 Sources manuscrites 13 Sources imprimées et littérature 19 Bases de données 44 Iconographie44 Première partie L’abbaye de Marchiennes des origines (milieu viie) au début xiiie siècle Le temps du monastère double (milieu viie-xie siècle)49 La fondation du monastère : le délicat décryptage des sources 49 La mainmise carolingienne sur le monastère 74 Un obscur xe siècle 81 D’une réforme à l’autre (xie siècle – première moitié du xiie siècle) 85 La réforme de Richard de Saint-Vanne et ses effets à Marchiennes (1024) 85 Une abbaye menacée de disparition : l’abbatiat de Fulcard (1103-1115) 104 L’intervention de l’abbaye d’Anchin dans la réforme marchiennoise (1116-1141)111 Le temps de l’épanouissement (seconde moitié du xiie siècle) 121 La communauté monastique : composition et organisation 121 Stabilisation et évaluation du temporel de l’abbaye 126 Les manifestations du dynamisme 139 Conclusion155 Deuxième partie Les chartes de l’abbaye de Marchiennes Présentation du chartrier de l’abbaye de Marchiennes 163 Classement chronologique 163 Classement par type de document 170 Classement par auteur 178 Les cartulaires de Marchiennes 183 Règles d’édition 192 Édition des chartes195

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ta bl e d e s m at i è r e s

Annexes Annexe 1 : Liste abbatiale Abbés et abbesses jusqu’à la réforme de 1024 Abbés depuis la réforme de 1024 Annexe 2 : Le lignage seigneurial des Landas Annexe 3 : Les cours de l’abbaye de Marchiennes au xiie siècle Annexe 4 : Les consécrations d’autels et reliques à l’abbaye de Marchiennes Index des chartes

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Liste des tableaux et graphiques

Graphiques 1. Réseau de parenté possible d’Adalbald et de Rictrude 2. Le contrôle de Charles le Chauve sur les abbayes septentrionales 3. Les offices et officiers monastiques au xiie siècle 4. Origine et fonctions des abbés de Marchiennes avant leur élection 5. Les autels détenus par les abbayes de la vallée de la Scarpe 6. Notices de consécration d’autels à Marchiennes 7. Le cycle liturgique de Marchiennes 8. Les reliques de Marchiennes 9. Nombre de moines des abbayes de la Scarpe promus à un abbatiat extérieur Les monastères bénédictins du diocèse d’Arras aux xiie-xiiie siècles 10. Répartition des chartes selon la tradition 11. Répartition chronologique des chartes 12. Tableau de la tradition par tranches chronologiques 13. Répartition des chartes selon les abbatiats 14. Chartes rédigées à l’abbaye 15. Les chirographes 16. Répartition des chartes selon les auteurs 17. Originaux et leurs copies

58 80 124 125 131 143 148 150 153 159 164 164 165 166 176 177 178 191

Tableaux Tableau 1 : les Landas des origines au xiiie siècle Tableau 2 : descendance d’Amauri V Tableau 3 : descendance de Gérard I

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